Physiopath Defmot MD 111-130
Physiopath Defmot MD 111-130
2. Des voies de transmission : les voies nerveuses centrales et les nerfs priphriques. 3. Des effecteurs : lappareil locomoteur des organes moteurs : les muscles, un outil sur lequel agissent les muscles : le squelette (os et articulations). Afin de comprendre les consquences des atteintes de la motricit, il faut connatre le fonctionnement normal des structures qui permettent le mouvement. Seront donc abords successivement ci-dessous : un rappel anatomique des structures de ce quon pourrait appeler lappareil moteur : systme nerveux, musculature, squelette ; la motricit normale travers le schma simplifi de la ralisation dun mouvement ; les perturbations possibles de la motricit, les grands syndromes quelles entranent.
Dendrites
Axone
Le systme nerveux est un ensemble dorganes dont lunit fondamentale est la cellule nerveuse ou neurone. Il sagit dune cellule de forme et de fonctionnement trs particuliers, qui a pour rle fondamental la transmission de linflux nerveux, dun neurone lautre, ou dun neurone vers lorgane innerv (un muscle par exemple). Linflux nerveux, qui vhicule les messages (stimulations sensitives ou sensorielles, ordres de rponse, rponses rflexes, etc.) peut tre compar un courant lectrique parcourant le neurone dun bout lautre, transmis dun neurone lautre par lintermdiaire de substances chimiques (neurotransmetteurs).
Le neurone comporte (fig. 1) un corps cellulaire contenant le noyau de la cellule et prsentant des ramifications ou dendrites, relies par des connexions ou synapses avec dautres neurones ; la synapse est un espace dchange de produits chimiques (neurotransmetteurs) entre deux terminaisons nerveuses, qui assure la transmission et le sens du message transmis ; les corps cellulaires constituent la substance grise du tissu nerveux ; un axone qui est un prolongement du corps cellulaire qui va conduire les messages nerveux, notamment travers les nerfs, jusqu leur destination. Laxone, la sortie de la substance grise, sentoure dune gaine de myline, qui joue un rle capital dans la rapidit de transmission des messages nerveux et donc la ralisation des mouvements.
Axone
Collatrale de laxone
Figure 1. Le neurone.
114
Le systme nerveux, sur un plan physiologique (concernant son fonctionnement), peut tre spar en : systme neurovgtatif, qui assure les fonctions cardio-respiratoires (rythme cardiaque et respiratoire, tension artrielle), de nutrition (digestion, transit intestinal) et de reproduction. Comprenant un certain nombre de centres nerveux centraux, il utilise les nerfs sympathiques et parasympathiques et ses fonctions sont assures de faon involontaire et inconsciente (on ne pense pas respirer, on ne choisit pas sa tension artrielle) ; systme crbro-spinal ou systme nerveux de la vie de relation (ou systme nerveux somatique), qui comprend des centres de lencphale, la moelle, les nerfs crniens et rachidiens. Dans le cadre de cet article, sauf prcision, seul le systme crbro-spinal sera abord. Ce systme est compos par : le systme nerveux central ; le systme nerveux priphrique.
Cerveau Encphale Cervelet Tronc Pont crbral (protubrance) Bulbe rachidien Plexus cervical et nerf phrnique (vers le diaphragme) Plexus brachial (racines des nerfs innervant le membre suprieur et lpaule)
Moelle pinire
Plexus lombaire
Cne mdullaire
Queue de cheval
115
er
le nta fro
2e fro nta le
fron tale asc end ant e Par ita le a sce nda nte
Lobe parital
Sillon perpendiculaire
le cipita 1er oc
le nta fro
Lobe occipital
Scissure de Sylvius
Figure 3
Lobe temporal
Vue de lextrieur, chaque hmisphre crbral prsente quatre parties ou lobes (lobes frontal, temporal, parital, et occipital : cf. fig. 3), diviss eux-mmes en un grand nombre de sous-parties ou circonvolutions spares par des sillons ou scissures. Chaque partie du cerveau, ou aire , est soit spcialise dans une fonction donne (exemple : laire frontale ascendante a une fonction de commande motrice), soit a une fonction associative , permettant aux diffrentes parties du cerveau un fonctionnement coordonn extrmement complexe. Les hmisphres crbraux droits et gauche sont relis entre eux par des ponts de substance blanche ou commissures (appeles : corps calleux, trigone, petite commissure blanche) permettant leur coordination (fig. 4).
2 3
e
Tronc crbral
Pdoncule crbral Pont de Varole (protubrance) Bulbe rachidien Moelle Canal de lpendyme Cervelet
Figure 4
116
conscientes volontaires. Le cerveau peut tre compris globalement comme un lieu complexe dintgration et de slection des donnes, de rgulation, mais aussi de formulation et dlaboration des ordres. la base et sur la face interne des hmisphres crbraux se trouvent un certain nombre de structures de substances grises (striatum ou corps stris, thalamus) qui ont un rle important dans la rgulation des mouvements. Le cervelet, situ larrire et en bas de la boite crnienne. Reli au cerveau et au tronc crbral (et par lui la moelle) par de nombreux faisceaux de fibres nerveuses, le cervelet joue un rle essentiel dans la coordination des mouvements et lquilibre. Le tronc crbral, qui est le prolongement de la moelle pinire dans la bote crnienne, comprend trois parties principales (de haut en bas, et davant en arrire) : les pdoncules crbraux, la protubrance, ou pont de Varole, le bulbe rachidien (fig. 2 et 4).
Bulbe et protubrance comprennent un certain nombre de structures qui sont des relais et des centres de connections pour les voies motrices entre cerveau, moelle et cervelet. Le tronc crbral est travers par les voies longues entre cerveau et moelle pinire, et comprend les noyaux (corps cellulaires des neurones) des 12 paires crniennes : nerfs
LA MOELLE PINIRE
(allant par deux : droit et gauche) innervant en particulier la tte et la face (mobilit oculaire, muscles masticateurs, langue, muscles de la dglutition, muscles et sensibilit de la face, des lvres, etc.) ainsi que les fonctions sensorielles suivantes : vision (nerf optique), audition (nerf auditif), olfaction (nerf olfactif), gustation.
La moelle est un cordon de 50 cm environ de longueur et de 1cm de diamtre, log dans le canal rachidien form par les vertbres. Elle se termine en pointe (cne mdullaire) au niveau de la deuxime vertbre lombaire. La moelle contient un grand nombre de voies nerveuses, et est le sige de centres de rflexes importants.
Cordon postrieur Corne postrieure Racine postrieure du nerf priphrique
Cordon latral
Canal pendymaire
Cordon antrieur
Vue en coupe transversale (fig. 5), la moelle prsente deux domaines distincts : au centre, la substance grise en forme dailes de papillon, avec deux cornes antrieures et deux cornes postrieures ; la substance grise contient en particulier le corps des neurones moteurs (innervant les muscles) et les centres rflexes mdullaires ;
PHYSIOPATHOLOGIE DES DFICIENCES MOTRICES 117
autour, la substance blanche, divise de chaque ct par les racines antrieures et postrieures des nerfs rachidiens qui sortent de la moelle ou y arrivent en trois cordons : antrieurs, postrieurs, latraux. Chacun de ces cordons contient un grand nombre de faisceaux de fibres nerveuses (fig. 5) montantes : remontant des informations (sensitives en particulier) de la priphrie vers lencphale, ou descendantes : transmettant des ordres, notamment moteurs, de lencphale vers les organes effecteurs (muscles notamment).
peut dterminer quels segments de moelle sont atteints (fig. 7). Le caractre segmentaire de la moelle a aussi pour consquence un mode dominant de fonctionnement qui est le rflexe segmentaire : la stimulation sensitive dun mtamre (exemple : la brlure dun territoire de peau de la main) entrane de la part dun centre situ dans la moelle une rponse son niveau (retrait de la main). Mtamres et niveaux vertbraux : de la moelle se dtachent 31 paires de nerfs rachidiens (voir ci-dessous). Ils sortent
I II III IV V VI VII I II
4 5 6 7
IV V
C1 2 3 4 5 6 7 8 D1 2 3 4 5 6 7 8
Nerfs cervicaux C1 C8
C5
D4
D6
VI VII VIII IX X
8 9
VIII IX
D10
C6
C7
10
9
X XI XII
11 12 1
XI XII
10 11
I II
L1
2 3 4 I 5
II
12 L1 2
III
L2
L3 S2
Queue de cheval
V
III IV IV V
3 4 5
Nerfs lombaires L1 L5
L4
L5 S1
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de la colonne vertbrale (fig. 6) juste aprs leur naissance de la moelle, mais avec un lger dcalage : il y a 7 vertbres cervicales mais 8 (paires de) nerfs rachidiens cervicaux (12 dorsaux, 5 lombaires, 5 sacrs) ; le premier nerf cervical sort entre la premire et la deuxime vertbre cervicale, etc. Lorsquon parle, propos de lsion mdullaire (para/ttraplgie notamment), de niveau C6, on voque en principe le niveau neurologique (le nerf touch, repr par le mtamre o sont observes les anomalies neurologiques) et non le numro de la vertbre, ce qui peut prter confusion (une fracture de C5 peut correspondre ainsi une ttraplgie de niveau C6). Cela est encore plus vrai avec les derniers nerfs rachidiens issus du cne mdullaire, qui font un certain trajet dans le canal rachidien avant de sortir entre les vertbres bien en-dessous de leur merLES NERFS RACHIDIENS
gence de la moelle (fig. 6). Filets nerveux issus de la moelle, ils forment dans le canal rachidien une touffe de racines nerveuses appele queue de cheval. On peut encore noter que lhabitude franaise est de dsigner le niveau neurologique le plus haut qui est atteint (une ttraplgie C7 signifie que les 7e nerfs rachidiens sont touchs) alors que partout ailleurs dans le monde on dsigne le numro des derniers mtamres sains (une ttraplgie C7 signifie alors que les 7e nerfs rachidiens sont indemnes et correspond une ttraplgie C6 selon la terminologie franaise ; toutefois, les rducateurs et neurologues franais tendent de plus en plus utiliser des grilles de cotation internationales et donc utiliser le systme de dsignation international des niveaux touchs).
Issus de la moelle pinire (et les nerfs crniens issus du tronc crbral), ils sont les lments fondamentaux du SNP. Chaque nerf rachidien vhicule des influx nerveux sensitifs et moteurs, et est reli la moelle pinire par deux racines (ou racine mdullaire) (fig. 8) : une racine postrieure, relie la corne postrieure de la moelle, qui vhicule les informations sensitives issues des organes :
Nerf rachidien
Figure 8. Coupe du rachis et de la moelle pinire (dans la rgion cervicale) : naissance des nerfs rachidiens (priphriques).
sensibilit superficielle ou cutane ou extroceptive (douleur, temprature, sensations tactiles), sensibilit profonde, quelle provienne de lappareil locomoteur (muscle et squelette) et informe sur la position des parties du corps dans lespace (sensi-
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Gaines conjonctives
Fibres nerveuses
bilit proprioceptive), ou des organes profonds (viscres : sensibilit introceptive) ; une racine antrieure, qui part de la corne antrieure de la moelle et vhicule linflux moteur vers les muscles. La corne antrieure de la moelle contient en particulier le corps cellulaire du motoneurone priphrique (neurone moteur) qui innerve les fibres musculaires. Les deux racines runies forment le nerf priphrique qui contient les axones des fibres nerveuses motrices et sensitives, et innerve un territoire prcis dorganes : peau, muscle, viscres. Un mme nerf comprend une multitude daxones diffrents, regroups en faisceaux visibles en coupe transversale (fig. 9). Les axones des nerfs priphriques moteurs se terminent au niveau de la plaque motrice ou jonction neuromusculaire (cf. ci-dessous) pour transmettre les ordres de contraction aux muscles.
Vaisseaux sanguins
Tissu conjonctif
LES MUSCLES
Les muscles sont des organes dont la caractristique est dtre excitables (par un influx nerveux) et contractiles (capacit se contracter). On distingue : les muscles stris (rouges), volontaires, ou muscles de la vie de relation, innervs par le systme nerveux crbro-spinal : ils seront seuls considrs ci-dessous (fig. 10 et 11) ; le terme de volontaire signifie quon peut les commander volontairement, mais leurs contractions ou leurs relchements peuvent tre rflexes, involontaires, ou inconscients (exemple : on tient sa tte droite sans y penser) ; les muscles lisses (blancs) involontaires, ou muscles de la vie vgtative, innervs par le systme neurovgtatif (muscles de la paroi des vaisseaux sanguins, du tube digestif, de certains sphincters, etc.) ; le muscle cardiaque (myocarde) est part, car de structure strie mais innerv par le systme neurovgtatif. Fixs aux os par des terminaisons tendineuses (tendons), les muscles stris volontaires sont les moteurs du mouvement par contraction (raccourcissement) ou relchement (allongement) des fibres qui les constituent. Les muscles participant une mme action (exemple : flexion de lavant-bras sur le bras) sont dits agonistes, ceux dont les effets sont opposs (exemple : flchisseur et extenseur de lavant-bras) sont antagonistes. Cette notion est importante car beaucoup de paralysies prdominent sur des groupes musculaires prcis, et entranent un dsquilibre entre groupes antagonistes : par exemple, si les extenseurs dun membre sont paralyss, le membre se mettra en flexion permanente, avec risque de rtraction musculaire (diminution permanente de la longueur du muscle), voire dankylose articulaire, qui viendront aggraver le handicap. Les contractions des muscles stris du tronc et des membres sont dclenchs par un influx moteur transmis par les grands neurones de la corne antrieure de la moelle, dont les axones aboutissent aux fibres musculaires par la jonction neuromusculaire. Chaque fibre musculaire ne reoit quune terminaison nerveuse, mais un seul axone peut, par ramification, commander la contraction de plusieurs fibres musculaires. Cest pourquoi, concernant la motricit, llment cl est lunit motrice qui reprsente lensemble des fibres musculaires innerves par un seul axone, donc un seul motoneurone.
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frontal orbiculaire de lil masster sterno-clido-mastodien zygomatique orbiculaire des lvres abaisseur de la lvre infrieure trapez
deltode grand pectoral brachial dentel antrieur biceps brachial brachioradial flchisseur radial du carpe long palmaire iliaque et psoas flchisseur des doigts pectin grand droit de labdomen oblique externe de labdomen
long aducteur droit interne de la cuisse vaste latrale droit de la cuisse vaste mdical sartorius
jumeau solaire
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sterno-clido-mastodien
trapze
deltode sous-pineux grand rond grand rhombode triceps brachial grand dorsal
brachioradial oblique externe de labdomen cubital antrieur cubital postrieur moyen fcier
grand fcier
solaire
tendon dAchille
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LE SQUELETTE
Le squelette, qui avec la musculature constitue lappareil locomoteur, est constitu par : les os ; les articulations, qui les unissent et conditionnent la direction de leurs mouvements.
LES OS
Les os (et les cartilages) forment le squelette (fig. 13, page suivante) : crne et face, tronc (colonne vertbrale et cage thoracique) et membres. Le crne est une boite osseuse rigide renfermant lencphale ; les os de la face lui sont juxtaposs. Le tronc comprend la colonne vertbrale et la cage thoracique : la colonne vertbrale est constitue de lempilement de 33 vertbres articules entre elles (fig. 12) : 7 vertbres cervicales (cou), 12 vertbres dorsales (dos), 5 vertbres lombaires (bas du dos), 5 vertbres sacres soudes en un seul os, le sacrum, de mme que les 4 vertbres coccygiennes (coccyx). Les vertbres, creuses en leur milieu, ralisent par leur empilement un canal osseux (canal mdullaire) dans lequel passe la moelle ; la cage thoracique comprend les ctes (12 paires) et le sternum. Les ctes sont articules en arrire avec les vertbres Le squelette de chaque membre comprend une ceinture : ceinture scapulaire (omoplate et clavicule) pour les membres suprieurs ; ceinture pelvienne (os du bassin) pour les membres suprieurs, et trois segments ou articles : bras, avant-bras et main (membre suprieur), cuisse, jambe et pied (membre infrieur).
LES ARTICULATIONS
Surfaces articulaires
Disque cartilagineux
Ce sont des dispositifs mobiles entre deux ou plusieurs os (sauf exceptions : os du crne articulations fixes ; vertbres entre elles (fig. 12) articulations semi-mobiles dans lesquelles les os sont spars par un disque souple de cartilage fibreux). Les zones osseuses en contact sont appeles surfaces articulaires (fig. 14) et sont recouvertes de cartilage. La capsule articulaire est un manchon fibreux solide insr sur les pourtours de larticulation qui maintient en contact les deux os articuls. Elle dlimite la cavit articulaire, qui est recouverte lintrieur sauf au niveau des cartilages dune membrane : la synoviale. Cette membrane produit un liquide lubrifiant larticulation : la synovie (ou liquide synovial). Lors de la contraction dun muscle insr sur deux os relis par une articulation, le raccourcissement du muscle provoque une traction sur ses points dinsertion sur les os et, en fonction de lemplacement de ces points, provoque un mouvement prcis. Exemple (fig. 15) : au niveau du bras ; la contraction du biceps ramne lavant-bras sur le bras (flexion), celle du triceps tend lavant-bras sur le bras (extension).
Corps de la vertbre
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os du crne os de la face clavicule ceinture scapulaire omoplate (scapula) sternum ctes humrus
ceinture pelvienne
colonne vertbrale
fmur rotule
tibia pron
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Os
Figure 15. Exemple de production de mouvement : contraction du biceps (flexion de lavant-bras) ; du triceps (extension).
1 Commande et rgulation
2 Voies de transmission
Organes 3 effecteurs
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Cerveau Encphale
Tronc crbral
Cervelet
Moelle pinire
Corne postrieure Corne antrieure Muscle Fibre musculaire Neurone moteur (motoneurone) Tendon
Os Articulation
Figure 17. Structures en jeu dans la motricit volontaire : reprsentation schmatique (dans un souci didactique, les proportions des diffrents organes ne sont pas respectes).
126 III. PHYSIOPATHOLOGIE DES DFICIENCES MOTRICES
lmentaires (atteinte dun seul nerf, dune seule articulation) ou diffuses (ttraplgie, polyarthrite) ; entranes par des mcanismes trs diffrents : lsions par anoxie (privation doxygne sanguin, notamment des cellules crbrales), par blessure, par infection, inflammation, dgnrescence, etc. ; tre de nature compltement diffrente, isole ou associe : paralysies, amputation, ankylose, contractures, mouvements involontaires, troubles de lquilibre, etc. Le handicap en rsultant sera donc extrmement variable en fonction des atteintes, la localisation des lsions conditionnant non seulement le type datteinte motrice mais galement le risque de dficiences associes (exemple : une dficience intellectuelle et/ou psychique pourra tre prsente en cas de lsion crbrale, des troubles sphinctriens seront frquents en cas datteinte mdullaire, etc.). En gardant lesprit le fait que le handicap ne se rsume pas aux dficiences, motrices ou associes, mais englobe les incapacits quotidiennes et surtout les dsavantages sociaux qui peuvent en dcouler.
VOIES NEUROLOGIQUES DE LA MOTRICIT : TYPOLOGIE DES ATTEINTES Les grandes voies de la neurologie de la motricit Tout acte moteur peut tre considr comme une rponse une stimulation sensitive ou sensorielle. La rponse motrice linformation reue va dpendre du niveau auquel la stimulation est intgre : si lacte moteur nimplique ni la conscience ni la volont, on le qualifie de rflexe. Lorsquon produit un mouvement, de faon consciente ou non, lordre donn part de centres prcis puis, par neurones successifs, suit un certain nombre de voies fondamentales : voies pyramidale, extrapyramidale, arcs rflexes, etc. La connaissance sommaire de ces voies permet de comprendre les consquences des lsions qui les touchent.
LES CENTRES DE COMMANDE OU DE RGULATION SONT DE PLUSIEURS TYPES :
Centres corticaux : il sagit des aires motrices du cortex (fig. 19) et notamment laire motrice principale (circonvolution frontale ascendante), vritable centre de commande des mouvements volontaires. Elle assure la contraction de chaque muscle squelettique. Seules les rponses motrices lies aux centres corticaux sont conscientes et volontaires.
LES VOIES MOTRICES PRINCIPALES
Centres segmentaires (au niveau de la moelle et du tronc crbral) : cornes antrieures de la moelle (o se situe le corps des neurones moteurs), noyaux gris du tronc crbral (point de dpart des nerfs moteurs crniens). Ces centres sont notamment impliqus dans les activits rflexes (cf. ci-dessous). Centres supra-segmentaires sous-corticaux (entre tronc crbral et cortex) : il sagit de structures de rgulation et de relais entre cortex crbral et centres segmentaires : elles sont situes dans le tronc crbral ou la base du cerveau et constituent ce quon appelle les noyaux gris centraux qui jouent un rle cl dans la coordination des mouvement et le contrle du tonus musculaire (cf. fig. 18B).
La voie pyramidale est la voie motrice volontaire principale. Elle est ainsi nomme en raison de la pyramide que forme au niveau du bulbe les fibres la constituant (fig. 18A). Le faisceau (de fibres nerveuses) pyramidal part du cortex moteur (aire motrice) et descend dans le tronc crbral. Dans la protubrance et le bulbe, les fibres destines aux nerfs crniens sen dtachent. Il se divise ensuite en deux : 80 % des fibres passent du ct oppos (faisceau indirect) et descendent dans la moelle (cordon latral) alors que les 20 % restants restent du mme ct et descendent dans le cordon antrieur de la moelle. Cela explique quune lsion crbrale gauche entrane une paralysie (hmiplgie) droite et inversement. Les neurones du faisceau pyramidal transmettent leurs messages aux motoneurones priphriques (corne antrieure de la moelle) qui innervent les muscles. Les voies extrapyramidales sont des voies complexes de rgulation des mouvements (fig. 18B). Les fibres nerveuses issues des aires motrices corticales ou sous-corticales font relais au niveau de diffrents centres : noyau rouge, olive bulbaire, etc., ou tablissent des drivations avec le cervelet.
PHYSIOPATHOLOGIE DES DFICIENCES MOTRICES 127
Bulbe
Pyramide Protubrance
Moelle
Moelle
Figure 18. Les grandes voies neurologiques de la motricit. (A) voies pyramidales ; (B) centres relais des voies extrapyramidales.
Aire prmotrice
Ganglion spinal
Interneurones
Motoneurone
Muscle
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Les arcs rflexes mdullaires (fig. 20) interviennent de faon incessante dans le contrle inconscient de la motricit ou la rponse involontaire certains stimuli. Lexemple type est celui du retrait de la main lors du contact avec un objet brlant : le rcepteur sensitif de la peau transmet linformation au neurone sensitif (en bleu sur le schma) qui fait relais au niveau du centre segmentaire dont il dpend et dclenche la rponse motrice de retrait par lintermdiaire du motoneurone qui innerve les muscles adquats (le cerveau nest pas du tout impliqu dans lacte moteur qui en rsulte). Mais les rflexes mdullaires ont aussi un rle essentiel dans le maintien postural (on tient Les grandes typologies datteinte de la motricit La proximit des structures sensitives et motrices explique lassociation frquente des troubles moteurs et sensitifs, que ce soit par lsion crbrale (exemple : accident vasculaire touchant les aires motrices et sensitives), mdullaires (exemple : paraplgie traumatique touchant lensemble des cordons de la moelle), ou neurologique priphrique (exemple : section dun nerf priphrique). Les diffrentes dficiences touchant les organes de la motricit entranent, de faon plus ou moins svre, de faon plus ou moins diffuse ou associe, des symptmes (signes cliniques) en rapport direct avec les structures touches. Lassociation caractristique de plusieurs symptmes ralise un syndrome. Un syndrome est souvent vocateur dune atteinte prcise, mais celle-ci peut relever de causes parfois trs diffrentes (par exemple : un syndrome parkinsonien ne sobserve pas que dans la maladie de Parkinson). On peut voquer de faon brve et schmatique les plus rpandus (dans lordre du schma, fig. 17).
EN CAS DE LSION ENCPHALIQUE, PLUSIEURS NIVEAUX DOIVENT TRE DISTINGUS
assis sans y penser, par contractions incessantes des muscles antigravitaires) et dautres fonctions, y compris non motrices (contrle sphinctrien par exemple). NB : Les voies sensitives empruntent des chemins parallles, en particulier les voies transmettant les informations sensitives priphriques (sensibilit superficielle ou profonde) : vhiculs par les nerfs priphriques, les messages parviennent la moelle par la racine postrieure des nerfs rachidiens, puis empruntent les diffrents cordons de la moelle pour remonter verts le tronc crbral puis les aires sensitives du cerveau.
Latteinte de la voie pyramidale entrane un syndrome pyramidal, caractris par des signes dficitaires de la motricit volontaire (paralysies compltes ou partielles), gnralement suivis par des signes dhypertonie de type spastique ou spasticit (par libration dactivits motrices rflexes normalement inhibes par le systme pyramidal). Latteinte pyramidale, qui peut relever de causes diverses, peut se faire aux diffrents niveaux de la voie pyramidale : latteinte des aires motrices dun hmisphre crbral, ou de la voie pyramidale motrice au niveau crbral (accident vasculaire crbral, trauma crnien), entrane une hmiplgie controlatrale : paralysie de la moiti du corps (du ct inverse de la lsion car les fibres motrices croisent la ligne mdiane dans le bulbe). latteinte de la voie pyramidale aprs son croisement dans le bulbe (et notamment dans la moelle) entranera des paralysies du mme ct que la lsion. des lsions bilatrales ou diffuses du cerveau (exemple : IMC, SEP, trauma crnien grave, encphalopathies diffuses) entraneront des tableaux paralytiques bilatraux (ttraplgie plus ou moins complte).
Latteinte des noyaux gris centraux ou des voies extrapyramidales entrane un syndrome extrapyramidal, caractris par des troubles perturbant la motricit par des mouvements involontaires ( anormaux ) et/ou des troubles du tonus musculaire, selon les cas : tremblement, athtose, chore, hypertonie dite extrapyramidale, dyskinsies Ces troubles sassocient de faon diverse, notamment en fonction des noyaux gris centraux touchs. On les rencontre en particulier dans la maladie de Parkinson et les syndromes parkinsoniens, dans lIMC (athtose), la maladie (ou chore) de Huntington, les atteintes crbrales diffuses. Syndromes pyramidal et extrapyramidal ne sont pas du tout exclusifs et sassocient dans les atteintes crbrales diffuses (grandes encphalopathies, polyhandicaps, etc.). Latteinte des voies ou des aires sensitives superficielles ou profondes au niveau crbral entranera des troubles de la sensibilit de type et de territoire en rapport avec les structures touches. En particulier, latteinte des voies de la sensibilit profonde proprioceptive (perception de la position des parties du corps dans lespace) entrane une ataxie, cest--dire un trouble de la coordination du mouvement volontaire non expliqu par un dficit moteur (qui peut cependant lui tre associ). Latteinte du cervelet entrane un syndrome crbelleux, prsent dans un grand nombre daffections neurologiques centrales, associ ou non des signes datteintes crbrales ou mdullaires (SEP, ataxies crbelleuses, traumatismes crniens, etc.). Le syndrome crbelleux (voir glossaire) est caractris par des troubles de la coordination des gestes, des troubles de lquilibre et un tremblement dintention (accentu lors des mouvements volontaires).
EN CAS DE LSION MDULLAIRE
Les consquences seront directement lies aux structures mdullaires touches (cf. p. 235) : atteintes de voies qui parcourent la moelle : atteinte pyramidale motrice, atteinte sensitive superficielle et/ou profonde (ataxie), etc. ; atteinte de centres mdullaires qui contrlent la motricit rflexe mais aussi un certain nombre dautres fonctions. En cas de lsion complte des structures de la moelle un niveau donn, les centres mdullaires sous-jacents sont dconnects du contrle quexerce habituellement sur eux le cerveau et
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fonctionnent de faon autonome. Au niveau moteur, cette dconnection est responsable dune frquente spasticit (hypertonie musculaire par exagration dun phnomne rflexe rgulant normalement le tonus musculaire). Ce peut tre aussi le cas des centres rgulant le contrle des sphincters ou des fonctions gnito-sexuelles (lactivit rflexe est conserve, lactivit volontaire impossible) ; en cas datteinte de la corne antrieure de la moelle, o se trouvent les corps des neurones moteurs, il sagit en fait de lsions neurologiques priphriques (dans le cadre de lsion globale de la moelle exemple : paraplgie ; ou de faon isole exemple : maladie de Charcot, amyotrophies spinales), entranant des paralysies marques par un retentissement important sur le volume des muscles paralyss (amyotrophie).
EN CAS DATTEINTE DES NERFS PRIPHRIQUES (neuropathies)
Les troubles seront trs diffrents selon quils concernent la croissance des os (cf. p. 343) lors de lenfance ou ladolescence, leur structure et leur solidit (exemple : ostognse imparfaite, cf. p. 311), ou sil sagit de consquences traumatiques (squelles de fractures graves).
LES DFORMATIONS OSTO-ARTICULAIRES (SCOLIOSE, LUXATIONS, ETC.)
Quelles soient ou non la consquence datteintes paralytiques ou musculaires prexistantes, elles entranent par ellesmmes des dficiences motrices ou aggravent celles dj prsentes.
EN CAS DE LSIONS ARTICULAIRES
La paralysie touchera les muscles sous la dpendance du (des) nerf(s) touch(s), et sera galement marque par une fonte musculaire importante.
LES LSIONS DE LA JONCTION NEUROMUSCULAIRE
Le retentissement sur le mouvement de la partie du corps concern est direct, que latteinte soit inflammatoire ou infectieuse (arthrite), dgnrative (arthrose), traumatique, etc. Le type darticulation touch, la diffusion des atteintes plusieurs articulations, mais aussi le caractre douloureux des atteintes, seront les cls de linvalidit occasionne. NB : lensemble des structures contribuant la motricit est en troite relation de dpendance : la lsion dune structure retentit sur les organes quelle contribue faire fonctionner, par exemple : latteinte dun nerf nentrane pas seulement la paralysie du muscle quil innerve, mais aussi une amyotrophie (fonte du muscle) par non-utilisation ; la paralysie dun segment de membre peut entraner la raideur voir le blocage des articulations qui ne bougent plus ; la paralysie asymtrique des muscles du tronc peut conduire une scoliose.
Latteinte directe des muscles entrane une perte de force musculaire touchant, selon les pathologies en cause, lensemble de la musculature squelettique (plus ou moins le muscle cardiaque) ou prdomine sur des groupes de muscles particuliers (exemple : muscles des ceintures).
Pour en savoir plus Castaigne A., Neurologie, Paris, Abrg Masson. Delmas J. et A., Voies et centres nerveux, Paris, Masson. Robert C. et Vincent P., Biologie et physiologie humaines, Paris, Vuibert, 1995. Viel E., Plas F. et coll., Neurologie centrale chez ladulte et radaptation, Dossiers de kinsithrapie, Paris, Masson, 1993. Vincent P., Le corps humain, Paris, Vuibert, 1994.
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