La Statistique Coloniale en Algerie 1830 1962
La Statistique Coloniale en Algerie 1830 1962
besoin de se compter : pas de service militaire, pas de fiscalit individualise, absence dinstruction publique, la scolarisation relevant de la famille, etc.) Il sagit plutt dune intrusion de la modernit, dans un espace territorial et culturel o les conditions conomiques et sociales de la construction dun tat moderne sont loin dtre runies et ne sont mme pas envisageables. Cet appareil de collecte de donnes statistiques se constitue et sorganise pour rpondre aux besoins dabord dinventaire, ensuite de gestion des nouveaux
dpartements franais. Il est, de ce fait, profondment influenc par les conceptions franaises et correspond au modle construit en France (un appareil centralis o le travail statistique et denqutes sont du ressort exclusif de ltat). Par consquent, parmi les pays coloniss, lAlgrie, par lanciennet de la collecte et de la publication des donnes statistiques aussi bien conomiques que dmographiques, offre un terrain dinvestigation particulirement favorable la rflexion. De nombreuses tudes et recherches se sont intresses lhistoire des institutions et des pratiques statistiques dans les pays occidentaux (A. Blum, A. Desrosires, K. Ipsen, Stanziani, et dautres) ; trs peu, en revanche, ont concern les pays anciennement coloniss. Le prsent travail se fixe pour objectif de dcrire et tudier les conditions de mise en place dune organisation dont le rle premier est de fournir au gouvernement franais des informations chiffres sur la situation des tablissements franais en Algrie . Nous limiterons cependant ce travail la statistique dmographique, car elle nous semble tre la plus mme de
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nous clairer sur les objectifs et le rle assigns cet appareil de collecte de donnes statistiques, et celle sur laquelle les contraintes sont les plus fortes. En consquence, les objectifs de ce travail consistent dcrire le processus dlaboration de lappareil
statistique en Algrie et les tches qui lui sont confies pendant les diffrentes tapes de sa construction. Nous montrerons que ce processus reste intimement li aux objectifs de lappareil politique colonial et que son action et la fiabilit des rsultats
sont conditionns en premier lieu non seulement par les conceptions et le rle de la statistique qui ont cours dans la socit franaise de lpoque, mais aussi par la vision qua ladministration franaise de la population indigne algrienne.
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niale et de guerre, que le premier recensement de lAlgrie est effectu en 1856. Cest la premire tentative de recensement gnral de la population (indigne algrienne et europenne) sur tout le territoire soumis ladministration civile et ladministration militaire, soit peu prs lactuelle Algrie du Nord (sauf la Kabylie) et quelques lments des territoires du Sud : Biskra Laghouat, Djelfa, Gryville. Jusqu lindpendance, les recensements se feront tous les cinq ans, aux mme dates que ceux effectus en France. Les techniques de dnombrement sont transposes de France, mais ntant pas adaptes lAlgrie coloniale, elles se heurtent rapidement aux conditions locales, malgr des efforts continus pour les amliorer. Le Gouverneur gnral rpercute aux prfets les instructions labores pour la France, mais la spcificit du pays (notamment lhabitat et le genre de vie, par exemple le fait quune grande partie de la population soit nomade) impose sur le terrain de multiplier les techniques de dnombrement des populations. La population recense est alors divise en trois groupes : Le premier fait lobjet dun dnombrement nominatif, par inscription sur un questionnaire de famille, des personnes domicilies en territoire civil (villes, centres de colonisation) et dans les centres de colonisation du territoire militaire. Le second fait lobjet dun dnombrement sommaire par le comptage des tentes et des douars des tribus du territoire de commandement (administr par les autorits militaires). La population est dduite du nombre de tentes et de gourbis en appliquant un ratio de cinq sept habitants par tentes. Le troisime fait lobjet dun dnombrement numrique pour les populations inscrites en bloc, aujourdhui dites comptes part (Breil, 1957). Jusquau dbut du vingtime sicle, les oprations de recensement sta-
lent sur plusieurs mois ; par consquent, les doubles comptes et les omissions sont possibles. Les proccupations la base de ces oprations sont le dnombrement des populations des divisions administratives pour des raisons de fiscalit ou dordre politique. La particularit vient du fait que rapidement sinstalle une dualit, dun ct une socit vivant dans le territoire civil et gre statistiquement selon les normes franaises de lpoque, et de lautre une socit vivant dans les territoires de commandement militaire et gre sommairement du point de vue statistique.
Encadr 1. Le docteur R. Ricoux Anatole Ren Joseph Ricoux, n le 21 janvier 1843 Philippeville (aujourdhui Skikda), est le fils de Louis Toussaint Ricoux, courtier Philippeville et de Juana Moncada. Mdecin chef lhpital de Constantine dans les annes 1870 et 1880, il se signale par ses tudes dmographiques portant principalement sur la population europenne dAlgrie. Ses relations avec les Bertillon (pre et fils) et par la suite avec les milieux internationaux de la dmographie lui valent doccuper le poste de responsable du bureau de la statistique au gouvernement gnral de lAlgrie. Cependant ce poste semble avoir sonn le glas de son activit scientifique en dmographie tout au moins. La proccupation du docteur R. Ricoux est dtudier les modalits dacclimatement des Franais en Algrie ; mais il entend viter le mtissage avec une race qui polluerait le sang franais, ce qui aurait une consquence ngative pour la civilisation franaise. Cest ainsi quil affirme que lhistoire des civilisations est assez riche de faits pour clairer la question : les tats-Unis dAmrique, o le mtissage est presque nul, ont une colonisation et une civilisation plus avances que le Mexique, le Brsil et les rpubliques du Sud . Il mourra le 22 avril 1933, lge de 90 ans, dans sa ville natale.
Principales publications : Contribution ltude de lacclimatation des Franais en Algrie , Paris, 1874. La dmographie figure , ditions Masson, 304 p., Paris, 1880. Recherches sur la mortalit de la premire enfance , in Annales de dmographie internationale, Paris, 1882. Population europenne en Algrie pendant lanne 1884 , 1885.
la Statistique gnrale de lAlgrie . Selon lui, la rpartition selon la nationalit et la discrimination entre citoyens franais ne tient pas suffisamment compte de la ralit des populations vivant en Algrie. Il y a dabord confusion entre les indignes isralites et les Franais, ensuite les Franais ne sont pas diffrencis des naturaliss. Enfin, il propose pour les indignes une rpartition qui diffrencierait les races en Algrie. Les catgories statistiques dfinissant les populations indignes sont ainsi avances. Les Algriens seront caractriss dabord par leur appartenance religieuse, ensuite par leur appartenance ethnique apparente, Arabe ou Berbre. Concernant ltat civil, il signale labsence dindications relatives la nationalit, lge des dcds, et labsence de rfrences aux lieux de naissance des maris et des dcds. Finalement, les efforts dvelopps par Ricoux et ses amis semblent, en apparence, aboutir la cration dun Bureau de statistique de la population en Algrie . Sur proposition des dputs, MM. Paul Bert et Thomson,
un amendement dans ce sens est dpos lors de ladoption du budget de lAlgrie pour lanne 1881 ; il est vot par le parlement franais. Cette mise sur pied est annonce dans la chronique dmographique du fascicule n 2 des Annales de dmographie internationales de 1880. Le fascicule n 1 des annales de lanne 1881 annonce que le bureau fonctionnera partir du 15 aot 1881 sous la direction du docteur R. Ricoux, qui est un collaborateur des Annales et un adhrent au congrs international de dmographie. Ce bureau tarde cependant tre cr et finalement le docteur Ricoux ne sera que le chef des travaux de la statistique dmographique et mdicale au sein du bureau de statistique du Gouvernement gnral. Le docteur Ricoux a le dsir de confier le travail de collecte et de traitement des donnes statistiques des spcialistes qui mneraient leur acti1. Cette publication ne se dbarrassera de lhritage de sa devancire quen 1891 ; elle abandonne la partie de louvrage rserve larme et la marine, pour se consacrer aux seuls problmes statistiques.
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vit en coopration avec les milieux universitaires et scientifiques. Il veut que la statistique dmographique soit laffaire des savants beaucoup plus que celle des bureaucrates. Il propose la cration Alger dun institut de statistique dmographique destin la formation des professionnels et qui assure en mme temps un prolongement scientifique leurs travaux quotidiens. Mais en dfinitive, ces projets ne correspondent pas aux objectifs du Gouverneur gnral de lAlgrie. Laction de R. Ricoux sinscrit dans les dbats ouverts par les statisticiens au congrs international de Berlin de 1867 qui visent dgager les statisticiens de lemprise des politiques et des bureaucrates, en crant des bureaux centraux de statistique. En France, il semble que ce soit la tradition bureaucratique2 qui lemporte avec ses rpercussions sur lAlgrie. Le Dr Ricoux joue, en plus, un rle non ngligeable dans lintrt quexpriment les dmographes franais du dbut du vingtime sicle pour ltude des populations algriennes, dont il ouvre le chemin avec sa dmographie figure ; ce livre constitue le premier travail systmatique danalyse dmographique des populations europennes en Algrie et secondairement des populations indignes. Lanonymat des auteurs des travaux (dont il se plaint dailleurs), qui a cours dans les publications statistiques, ne permet pas davoir une ide prcise du rle que joue Ricoux dans le bureau de statistique. En 1885, il publie nanmoins, avec lautorisation du Gouverneur gnral de lAlgrie Tirmann, un bulletin qui traite de la population europenne en Algrie pendant lanne 1884 . Les proccupations exprimes pendant les congrs internationaux (sparation des Franais, des Isralites indignes et des naturaliss, discrimination des populations indignes par ethnies, centralisation du dpouillement, recensement jour fixe, etc.) sont prises en compte dans les vingt annes qui suivent sa nomination. En dfinitive, la tentative de mettre sur pied en Algrie un bureau de statistique libr de la tutelle des politiques et des bureaucrates choue en mme temps que lespoir de crer un institut de statistique dmographique. Bien que lensemble des recommandations faites par les milieux de la dmographie internationale soient mises en uvre, il ne semble pas que, sur le plan du traitement des statistiques de population et des recensements, il y ait des changements substantiels. La mthode reste celle qui prvaut depuis le dbut. Le service de la Statistique gnrale regroupe les statistiques de lAlgrie et les publie avec une trs grande rgularit dans la Statistique Gnrale de lAlgrie , avec comme mention sur la page de garde : dress par ordre du Gouverneur Gnral . Au dbut du vingtime sicle, la structure administrative est pratiquement acquise avec les moyens matriels correspondants pour raliser les missions qui lui sont confies. Il reste cependant rgler le problme du personnel qualifi pour le faire voluer dun bureau denregistrement et de collationnement des statistiques un vritable bureau de statistique producteur de donnes, dinformations et danalyses statistiques. Si lon en croit J. Breil, le personnel qualifi dans ce domaine est pratiquement inconnu en Algrie jusquen 1940 (Breil, Boyer, 1958).
2. Stanziani, A : Les sources dmographiques entre contrle policier et utopies technocratiques, le cas russe, 1870-1926. in Sminaire dHistoire de la statistique dmographique ; dcembre 1996 ; Paris Ined. 3. Gouvernement gnral de lAlgrie : Bulletin Officiel anne 1900, Alger 1901, Imp. Administrative et commerciale.
sur place, de la part des agents communaux chargs des oprations, cette enqute a t vicie en ses rsultats, dans une proportion telle que le service charg du dpouillement na pu remdier que dans une faible mesure aux erreurs et aux lacunes contenues dans la documentation de base qui lui a t transmise... De trs nombreux bulletins individuels se sont rvls insuffisamment ou incorrectement remplis. Pour la majeure partie des indignes pars, les feuilles de familles ont t fort mal tablies ou contrles. Trs nombreux, furent parmi les formulaires de ces deux catgories, ceux qui nindiqurent ni lge, ni le sexe, ni le degr dinstruction, ni le nombre denfants, ni mme la commune du domicile 6. Bien que des amliorations soient apportes aux bulletins individuels et au recensement lui-mme, le dpouillement systmatique des bulletins individuels du recensement de 1931 rvle les mmes insuffisances que celles constates lors du dpouillement de celui de 1926. Ds lors, le service technique de dpouillement [charg du report du contenu des questionnaires dans des tableaux] prouve dassez nombreuses difficults. Cest ainsi que les rponses consignes sur les questionnaires individuels par les habi-
tants eux-mmes laissent souvent dsirer, en raison de leur caractre obscur, incertain ou fragmentaire. Nombre de ces documents, en effet, nindiquent ni la nationalit, ni lge, ni le sexe, ni le degr dinstruction, ni le nombre denfants, ni mme la commune du domicile. Enfin les mentions consignes sur des dizaines de milliers de bulletins sont rdiges en langue arabe 7. Cet chec est, dans les deux cas, imput par les services statistiques aux agents recenseurs et aux contrleurs. Ils sont toujours recruts par les mairies qui ont charge lensemble des frais affrents aux dnombrements. Leur formation et leur contrle sont assurs par des contrleurs communaux, agents occasionnels et temporaires, souvent insuffisants avec les manques gagner que cela induit. Il nest cependant pas tonnant que de tels problmes se posent
4. Gouvernement gnral de lAlgrie : Annuaire statistique de lAlgrie 1926 ; Alger 1927. 5. Cette commission prside par le S.G. du gouvernement gnral comprend, outre les diffrents directeurs du Gouverneur gnral de lAlgrie et le chef du Service central de statistique, le premier prsident et le procureur gnral de la cour dappel dAlger, ainsi que le doyen de la facult de droit, auquel sajoutent deux enseignants de cette mme facult et enfin, un professeur de linstitut de gographie dAlger. 6. Gouvernement gnral de lAlgrie : circulaire du 26 janvier 1931. 7. Gouvernement gnral de lAlgrie : Statistique de la population algrienne ; TI septembre 1934 ; Alger.
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pour les bulletins individuels. Ce qui est surprenant cest que le problme ne soit soulev qu cette date. Les agents recenseurs ont affaire une population dont lanalphabtisme est considrable. En 1954, les chiffres fournis par le recensement donnent 86,3 % danalphabtes du sexe masculin et 95,4 % du sexe fminin. Les agents recenseurs doivent par consquent remplir eux-mmes tous les questionnaires dans la mme journe ; cest une tche probablement impossible raliser dans les zones rurales, lorsquil y a un agent recenseur pour cent mnages et de grandes distances parcourir. Par consquent, les efforts dvelopps pour que le traitement des recensements ne soient plus laffaire des seuls maires, avec la supervision des sous-prfets et des prfets, est pratiquement un chec. Les tentatives de traitement centralis des bulletins individuels du recensement sont renouveles loccasion de lexploitation du recensement de 1936 avec un succs partiel. Elles donnent lieu, de la part du service central des statistiques de la direction des services conomiques du gouvernement gnral de lAlgrie, la publication de lexploitation du recensement concernant le dpartement dOran, sous le titre de statistique de la population algrienne ; elle donne la rpartition des habitants par nationalit ou race, sexe, ge, lieu de naissance, tat matrimonial, degr dinstruction et profession. Le second point du programme du Gouverneur gnral dAlgrie porte sur le traitement centralis des actes dtat civil. A partir du premier janvier 19358 est introduit en Algrie, pour la seule population europenne, le systme des fiches individuelles remplies ou modifies par les diffrentes communes pour tout acte de ltat civil au moment de son enregistrement. Ce systme, en vigueur en France depuis 1907, transfre au service central de statistique llaboration des tableaux des naissances, dcs et mariages, qui jusqualors sont remplis annuellement dans chaque commune aprs dpouillement des registres dtat civil, puis centraliss par lintermdiaire des sous prfectures et des prfectures. Ces dernires nont plus qu centraliser trimestriellement les bulletins remplis au niveau communal et les diriger vers le service statistique du Gouverneur gnral qui se charge partir de cette date de leur dpouillement. Les communes sont ainsi dcharges du travail dlaboration statistique qui leur incombe depuis des dcennies. Le processus de centralisation de la statistique dmographique est alors progressivement men son terme, tout au moins en ce qui concerne la population dorigine europenne, car ltat civil des indignes a daprs linstruction du Gouverneur Gnral de lAlgrie des modalits particulires, qui exigeront peut-tre par la suite, une adaptation du nouveau mode de notation . Ceci va conduire llaboration des tables de nuptialit, natalit, mortalit et causes de dcs pour la population europenne. Lannuaire Statistique consacrera ainsi une soixantaine de pages aux statistiques de population europenne et une vingtaine de pages celles de la population musulmane. Le troisime point du programme porte sur les publications des services de la statistique du GGA. Le Service central de statistique publie la statistique gnrale de lAlgrie , le Rpertoire statistique des communes de lAlgrie tous les cinq ans loccasion de la publication des rsultats du recensement, et une statistique de la population algrienne . En 1928, la Statistique Gnrale de lAlgrie est remplace par lAnnuaire statistique de lAlgrie . Malgr une volont manifeste damliorer le processus de collecte et de traitement des donnes statistiques, il reste marqu par son caractre administratif. Il y a peu ou pas de statisticiens et de dmographes impliqus dans ce travail. Le Service central de statistique narrive pas chapper la mthode qui consiste confier une seule personne le soin de regrouper et de collationner les statistiques labores par les mairies et les prfectures. Il nest par consquent pas tonnant que lactivit du service central de statistique fasse lobjet de critiques qui lamnent par deux fois ragir contre les attaques supposes ou relles9 et justifier son travail et ses difficults10. Les critiques portent sur lutilit des donnes statistiques publies, sur labsence dindices et danalyse accompagnant les donnes statistiques ainsi que sur le degr de fiabilit des donnes elles-mmes, enfin sur les dlais de publication. Ces critiques transparaissent travers les justifications publies en 1933 et en 1934 dans les avertissements faisant office dintroduction lAnnuaire Statistique de lAlgrie . Les rponses ces critiques, dveloppes par le Service central de la statistique, portent sur le rle et la porte des statistiques dans le monde et en Algrie et sur leur ncessit dans un tat moderne. Elles insistent sur la faiblesse des moyens humains, matriels et financiers mis la disposition du Service central de la statistique comparativement aux moyens mis la disposition des bureaux de statistique dont disposent dautres pays. Les critiques de lentre deux guerres sont reprises au lendemain de la Seconde guerre mondiale. En 1948, linspecteur gnral de lInsee G. Bournier, dans une srie darticles consacrs aux services statistiques dOutre-mer (Bournier 1948), met un jugement trs ngatif sur lactivit du Service Central de la Statistique de lAlgrie. Il estime quil nexiste en son sein aucun agent qui ait un minimum de formation statistique. Et selon ses dires, jusquen 1941, la carence en matire de statistique y est complte et cong-
8. GGA : texte de linstruction du 30 septembre 1934, concernant la statistique de ltat civil ; in Annuaire statistique de lAlgrie, anne 1935. 9. De qui viennent ces attaques ? Les archives ne permettent pas de le savoir, seuls les griefs tant cits. 10. Service central de Statistique : Annuaires statistiques de lAlgrie, 1933 et 1934.
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de naissance qui est demande), ltat matrimonial, le nombre denfants, la nationalit, la langue parle, la connaissance du franais crit, la profession. Dans les agglomrations de plus de mille habitants, et exclusivement composes dindignes, le dnombrement se fait au moyen du bulletin individuel du type prcdent mais la feuille de mnage est remplace par un bordereau de famille, simple tat numrique des membres de la famille prsents ou momentanment absents, et des htes de passage. Enfin, les populations indignes vivant dans des zones dhabitat parses ou dans des agglomrations de moins de mille habitants sont dnombres au moyen dune feuille de famille ; elle comporte, sur sa premire page, un questionnaire relatif au chef de famille, portant les mmes questions que celles figurant sur le bulletin individuel indigne et, sur les autres pages, des indications relatives aux membres de la famille prsents ou momentanment absents, aux domestiques et aux htes de passage. Dans les territoires du Sud sous commandement militaire, dans les communes dites indignes, il nest pas tabli de bulletin individuel. On se borne en dresser un relev numrique dune faon globale par fraction de tribu, par Ksour ou centre important au moyen de listes fournies par les chefs indignes, vrifies et contrles par les autorits locales. Ils sont mentionns sur des tats comportant, par douar ou tribu, les renseignements sur le sexe, lge, ltat civil, la nationalit et la profession. En matire dtat civil, Les Tableaux des tablissements franais en Algrie publient ds leur parution les donnes statistiques relatives aux naissances et dcs. Si la collecte de ces donnes est satisfaisante pour les populations europennes, il nen est pas de mme pour la population indigne. Cette dernire na aucune tradition de dclaration des naissances, dcs et mariages. Des registres sont progressivement ouverts son intention et des dispositions administratives sont prises partir de 1852 par le Gouverneur gnral dans le but dlargir les enregistrements. La mise en place des services de ltat civil en dehors des villes et des centres de colonisation devient indispensable pour amliorer le niveau des enregistrements de ces donnes mais elle savre insuffisante. Les mesures partielles engages ne suffisent pas assurer une couverture satisfaisante de ces enregistrements. De plus, le systme didentification des individus dans la population indigne, caractris par labsence de nom patronymique, est une entrave au fonctionnement du march foncier qui doit se substituer aux mesures administratives et rpressives de rcupration des terres au profit de la colonisation. Cest pourquoi une opration denvergure est engage dans les deux dernires dcennies du dix-neuvime sicle. Lenregistrement des actes de ltat civil, point de dpart de toute la chane de travail qui aboutit la production des chiffres sur le mouvement naturel de la population, devient obligatoire ds 1882 (loi du 23 mars). En plus de son caractre de mise aux normes et dordre public (le refus dinscrire les vnements dtat civil est considr comme un refus de lautorit publique, dans une priode o le code de lindignat est appliqu en Algrie), cette constitution de ltat civil sinscrit, aussi et sans nul doute, dans le processus dindividualisation de lindigne face aux services administratifs, aprs lavoir rendu saisissable face aux services de contrle et de rpression policire. Les pouvoirs publics mobilisent des moyens humains et financiers importants pour fonder un tat civil indigne (registre matrice, octroi de nom patronymique, constitution darbre gnalogique, dlivrance de carte didentit). Cependant, la fin de lopration de constitution de ltat civil, seulement un peu moins de la moiti de la population totale est enregistre ltat civil. Il semble que ce processus ne soit pas fait sans difficults et que les zones couvertes par lopration connaissent des omissions qui sont signales par diffrentes administrations ds 1909. Ainsi, en 1913 les renseignements fournis par les prfectures faisaient ressortir pour la colonie un nombre domissions suprieur 100 000 (Benet, 1937). Les listes nominatives des recensements de 1906 et 1911 montrent que lopration na pas touch toutes les populations, y compris celles du Nord du pays. Ainsi, dans la tribu des Guenadza (commune mixte de Djebel Nador, arrondissement de Mostaganem), les indignes algriens nont ni nom patronymique ni date de naissance prcise, y compris pour les nouvelles naissances. Par contre, dans larrondissement voisin de Mascara, la liste nominative de la commune de Palikao montre que les indignes algriens, y compris ceux habitant la zone parse (habitat non agglomr), sont pourvus dun patronyme. Cest la preuve que lopration est concrtise dans cette localit. Lopration de correction est engage, mais elle est interrompue par le dclenchement de la Guerre 191418. Elle reprend en 1924 et est poursuivie jusquen 1934 puis connat une reconduite annuelle exceptionnelle jusqu 1938. Les communes ayant fait lobjet dune opration dhomologation dans le cadre de la mise en place de ltat civil, voient chaque anne des listes souvrir en mairies pour des oprations de rgularisation qui font lobjet dun jugement collectif. Les frais judiciaires sont assums par ltat, ce qui nest pas le cas lorsque la rgularisation rsulte dun jugement individuel. Le Sahara, contrl par larme, passe en matire denregistrement des actes dtat civil sous lautorit dofficiers dtat civil partir de 1901 (arrt du 19 juin 1901 et du 20 septembre 1901). La totalit du territoire actuel de lAlgrie est lpoque, selon la loi en vigueur, soumise enregistrement. Seuls les nomades y chappent. Ce nest quen 1952 quils y seront soumis avec linstitution de bureaux dtat civil itinrants. Mais en ralit une grande partie de la population saharienne nest pas enregistre ltat civil (Tabutin Vallin, 1973).
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bre de questions poses par les bulletins prvus pour la mtropole. Comme vous le remarquerez lexamen des imprims-types que je vous adresserai prochainement, ces innovations visent surtout les indications relatives la nationalit ou lorigine ethnique, ainsi quaux naturalisations de divers modes 13. Si la publication des rsultats du recensement de 1936 par les services statistiques du gouverneur gnral de lAlgrie en 1939 privilgie la rpartition des populations par nationalit ou race , dans le fond la rpartition selon la religion est prsente, bien que les objectifs officiellement exprims soient la rpartition selon la nationalit et les groupes ethniques. Aprs la deuxime guerre mondiale, la rpartition des populations prendra une autre caractrisation. En ce qui concerne la rpartition des populations selon les nationalits, le sujet musulman disparat. Lindigne ne sera plus dsign par son statut juridique. Les populations sont rparties en deux grands groupes, musulmans et non musulmans , et lintrieur de chaque groupe, on trouve deux sous-groupes, franais et trangers . La population algrienne musulmane est dans sa globalit dans le groupe franais (les trangers tant essentiellement des tunisiens, marocains, italiens, espagnols, anglais). Ainsi on retrouve une diffrenciation entre les Franais musulmans et non musulmans, de mme quentre trangers musulmans et non musulmans. Nous passons sans transition dune identification religieuse implicite une identification religieuse explicite par rapport la seule religion musulmane. La nationalit devient un sousgroupe, et cette fois pour lensemble de la population recense, alors que jusqu prsent cela ne concernait que la population indigne. En dernire analyse, la tradition franaise de rpartition de la population selon
(rapport de force dmographique entre les populations en matire de peuplement) que connat ce pays. En 1886, dj, la circulaire rpercute par le Gouverneur Gnral de lAlgrie aux prfets diffre de celle de la mtropole par une partie relative aux nationalits11. Mais elle est quand mme introduite par lhabituel : Les instructions ont t calques sur celles de M. le ministre de lintrieur aux prfets de la mtropole 12. La rpartition des populations selon la nationalit constitue une diffrence fondamentale avec les recensements de la mtropole. Tout dabord, ladministration franaise a du mal classer et identifier la population indigne algrienne : arabe, arabe des tribus, musulmans, sujets franais auxquels on adjoint les qualificatifs arabes, mzabites, kabyles, isralites indignes. Ensuite, la population franaise isralite dorigine indigne est discrimine jusquen 1931 (les catgories statistiques distinguent ces Franais des autres Franais). La commission, installe en 1929 pour prparer le recensement de 1931, a pour mission de trouver une solution cet pineux problme : Mes services ont modifi spcialement pour lAlgrie un certain nom-
11. Source : BOGGA, anne 1886, n 1014, p. 308. 12. GGA : circulaire de 1886 et 1891 aux prfets et gnraux commandants de division. 13. GGA : circulaire du 26 janvier 1931 destine aux prfets, p. 24.
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carnets de prvision et les feuilles de contrles sont conservs, la rcapitulation par une liste nominative de commune nest plus ralise quen un exemplaire, les maillons intermdiaires constitus par les sousprfectures et les prfectures sont supprims ; en dfinitive, seuls huit sortes dimprims sont maintenues au lieu des dix-neuf en 193614. Ces modifications sont le rsultat du rapport dexpertise labor par J. Breil (administrateur de lInsee et futur responsable des services statistiques du gouvernement gnral de lAlgrie).
Encadr 2. La mthodologie et les sources Cet article rsulte dun travail entam depuis plusieurs annes, portant sur lhistoire statistique des populations de lAlgrie pendant la priode coloniale. Il est plus prcisment centr sur lmergence du problme ethnique, son traitement pendant la colonisation, lassimilation politique, et enfin son traitement dmographique. Il fallait par consquent inventorier, tudier et analyser les statistiques des populations produites pendant la priode de colonisation de lAlgrie. Par une analyse critique des sources (recensements, tat civil et archives de ladministration franaise), les dynamiques dmographiques des diffrentes populations de lAlgrie sont mises en relation avec lhistoire politique (conqute, assimilation la France, processus de dcolonisation), conomique (bouleversement du cadre foncier, destruction du systme agropastorale dominant et dclin de lartisanat face la pntration des produits industriels mtropolitains) et sociale (nomadisme, organisation tribale, structures familiales) de lAlgrie coloniale. Il est apparu trs rapidement que ce travail serait incomplet sil ne sintressait pas au mode de production des donnes statistiques et leur organisation. Pour cela, il a t ncessaire de consulter, en plus de la littrature produite lpoque, les archives de lAlgrie disponibles dans trois endroits : le Centre des archives historiques de larme de terre (CAHAT), les archives du Muse du Val de grce (service de sant des armes), enfin le Centre des archives dOutre-mer Aix-en-Provence (CAOM). Les archives de lAlgrie disponibles au CAOM sont le fond le plus important ; elles stalent sur toute la priode (1830-1962), contrairement celles dposes au CAHAT qui, elles, concernent principalement les priodes 1830-1871 et 1954-1962. Les archives du CAOM sont constitues par les fonds des ministres, les fonds du Gouvernement gnral de lAlgrie, ceux des diffrents dpartements de lAlgrie (Alger, Oran et Constantine) et les dons des personnalits. Ces fonds concernent tous les aspects de la vie de la colonie (gestion des affaires indignes, justice, migration, colonisation, affaires lectorales, rformes administratives, instruction publique, tat civil) et nont pas en gnral de classement thmatique unique, en dehors des fonds 1G du dpartement dOran qui regroupent les rsultats des recensements de 1906 et 1911 ; ils contiennent les listes nominatives et les tableaux rcapitulatifs qui correspondent ces recensements. Une partie non ngligeable du fonds reste non communicable en vertu des lois et dcrets sur la gestion des archives. Elles concernent tous les dossiers personnels et les dossiers o sont cits des noms de personnes encore vivantes. Les actes dtat civil (naissances, dcs) communicables, microfilms, sont accessibles en libre service. En plus des archives, le CAOM gre un fonds documentaire assez important concernant lAlgrie, comprenant un nombre considrable de livres traitant des diffrents aspects de la vie de lAlgrie (ethnographie, histoire, gographie, dmographie, etc.) On y trouve aussi un certain nombre de revues (Annales de gographie, Bulletin de la socit de gographie dAlger et de lAfrique du Nord, Bulletin de la socit de gographie et darchologie dOran) dans lesquelles ont t publis des articles sur les diffrents recensements de lAlgrie. Y figure enfin toute la srie des annuaires de la statistique gnrale de lAlgrie (sauf ceux de lanne 1913).
la nationalit cde la place en Algrie une rpartition selon des catgories ethnico-religieuses puis religieuses. Aprs la Seconde guerre mondiale, le dtachement permanent de spcialistes de lInsee et les missions frquentes pour un certain nombre dautres spcialistes aboutissent des modifications dans la ralisation mme des recensements. Au
14. Gouverneur gnral de lAlgrie : rsultats statistiques du dnombrement de la population 1948, volume 1. 15. Statistiques gnrales de lAlgrie : dnombrement de 1948.
dnombrement jour fixe est substitu le dnombrement de priode. Les oprations de distribution et de collecte des questionnaires stalent sur une priode allant de huit trente jours selon la nature et ltendue de la commune. Il y a une simplification des questionnaires et une rduction de leur nombre, par la suppression du bulletin individuel dune part, et dautre part ladoption dune feuille de famille (modle 1) rdige en franais, arabe et kabyle, dune feuille de famille (modle 2) pour les trangers, et dune liste nominative pour les populations comptes part. Les
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Kamel Kateb
Lauteur Kamel Kateb, titulaire dun doctorat en dmographie de lcole des hautes tudes en sciences sociales (EHESS), est chercheur dmographe lInstitut National dtudes Dmographiques (INED). Il participe dans ce cadre aux travaux des units de recherche migrations internationales et minorits et histoire critique des sources et des mthodes . Ses recherches portent sur lhistoire des populations des pays du Maghreb, sur les systmes ducatifs de ces pays et sur les migrations entre le Maghreb et lEurope. Publications concernant lAlgrie coloniale : Kateb Kamel, 2001, Europens, indignes et Juifs en Algrie (1830-1962) , Paris, Ined/PUF ; XXVI + 386 p. Kateb Kamel, 2000, Les politiques franaises dassimilation en Algrie , in Linvention des populations , Paris, diteur Odile Jacob, mars, pp. 201-222. Kateb Kamel, 2001, Immigrs et Indignes dans lAlgrie coloniale (la gestion des flux migratoires), dans Identifications ethniques. Rapports de pouvoir, compromis, territoire , ouvrage collectif sous la direction dHlene Bertheleu, Paris, dition LHarmattan, septembre 2001, pp. 23-43. Kateb Kamel, 1998, La gestion statistique des populations dans lempire colonial franais : le cas de lAlgrie, 1830-1960 , in Histoire & Mesure, Paris, juillet 1998, XIII-1/2, pp. 77-111. Kateb Kamel, 1997, La gestion administrative de lmigration algrienne vers les pays musulmans au lendemain de la conqute de lAlgrie (1830 1914) , in Population, n 2, Paris, avril 1997, pp. 399-428. Kateb Kamel, 1998, Algrie 1954 : faible esprance de vie la naissance et surmortalit fminine aux diffrents ges , in Population, n 6, Paris, novembre-dcembre 1998, pp. 1207-1.
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