D'
BIBLIOTH?QUE
HUMANISME
ET
RENAISSANCE
TRAVAUX & DOCUMENTS
Tome V
LIBRAIRIE
E.DR02
25, RUE DE TOURNON
PARIS,VIe
1944
09:43:24 AM
BIBLIOTH?QUE D"
HUMANISME
ET
RENAISSANCE
PtUkation nonp?riodique
09:43:24 AM
Tirage limit?
? 360 exemplaires
Exemplaire N?
de laLibrairieDroz S.A.
R?imprim? avec l'autorisation
et de
Mademoiselle
E. Droz
par
Librairie Droz
S.A.
SlatkineReprints
Swets& Zeitlinger
09:43:24 AM
D*
BIBLIOTH?QUE
HUMANISME
ET
RENAISSANCE
TRAVAUX & DOCUMENTS
Tome V
LIBRAIRIE
E.DR02
25, RUE DE TOURNON
PARIS
VIe
1944
09:43:24 AM
TRAVAUX
LES MOYENS
D'EXISTENCE
D'?RASME
I
sont
Les trente premi?res ann?es de la vie d'?rasme
sans int?r?t pour l'histoire de ses ressources. Malgr? sa
naissance
irr?guli?re, il a une enfance prot?g?e par une
m?re d?vou?e
et tendre. ?lev?
dans un milieu
ais?, puis
il
?
n'a
souffrir.
A
18 ans,
?coles,
pas
au
il entre
couvent o? toujours et pour tous, la table est
dans
les meilleures
sort, ? 26 ans, que pour devenir le client
d'un pr?lat, Henri de Berghes, ?v?que de Cambrai et,
en 1495, lorsque cette tutelle lui fait d?faut, il se r?fugie
mise.
Il n'en
comme boursier. Jusqu'? Tage
au coll?ge de Montaigu,
de 29 ans, ?rasme n'a jamais affront? la vie ; il a tou
jours mang? ? la table commune ; il n'a jamais eu d'ar
gent ? lui.
*
ans, il essayera de voler de ses
tous
les intellectuels sans place, il
propres ailes,
cherchera ? enseigner ce qu'il sait, en l'occurrence, le latin.
dans les milieux universitaires
Des appuis consid?rables
Lorsqu'enfin,
? 30
comme
:
des ?l?ves riches, ? peine une demi-douzaine
et
fils
d'un
Henri Northoff,
les deux fr?res Christian
L?beck
marchand
de
gros
qui devinrent eux-m?mes des
lui valent
09:43:31 AM
JEAN
marchands
tard
HOYOUX
Thomas
? de hautes
Grey, Robert Fisher, appel?
destin?es 2, etWilliam
Blount,
plus
lord
Mountjoy.
Nous ignorons tout des le?ons orales qu'?rasme
a pu
leur donner et m?me s'il leur en a donn?. Ce qui est s?r,
c'est qu'il leur a fait un cours par correspondance
dont
il nous reste des fragments dans des lettres que trop de
ont eu le tort de prendre au s?rieux. ?tant
biographes
donn?e
l'horreur
avons m?me
d'?rasme
les meilleures
nous
l'enseignement,
raisons de croire qu'il n'a
pour
gu?re donn? de le?ons, qu'il a gagn? ses cachets en en
voyant ? ses ?l?ves des lettres, qui ne sont que des mo
d?les de narration et de style ?crits sur n'importe quel
aux
d?j? la p?dagogie
qui aboutira
sujet. Il pratique
Colloques 3.
Uu
jour, par exemple
(f?vrier 1497), il raconte
une
banale sc?ne de rue :
Christian Northof?
? J'ai
vu
ma
aujourd'hui
matrone
d'une
fa?on
blement
avait
sonn?
bien
bien
servante
?nergique.
avant
le
lutter
La
contre
trompette
on
combat,
une
du
forte
rassem
s'?tait
lanc?
1
en f?vrier 1498, dans
d'une
la suseription
lettre, Erasme
D?j?
de ?mercator
Lubecensis
Northof?
Christian
?, Allen,
qualifie
Er asmi Roter odami, 1.1, p. 196, ep. 70.
Opus EpistolarumDes.
2 Si les
nous savons que Robert
origines de Grey sont peu connues,
de Rochester.
Fisher
futur ?v?que
?tait le cousin de Jean Fisher,
nous le retrouvons
tard
fit sa carri?re dans l'Eglise,
Lui-m?me
plus
?Windsor.
Erasme
chanoine
?crivit pour lui, vers 1500, une para
ne parut
sur les Elegantise
travail
de Laurent
Valla,
qui
phrase
l'humaniste
1531,
repris pour lutter contre Gymnich
l'ayant
qu'en
? Co
de son premier manuscrit,
s'?tant
empar?
l'imprimait
qui,
et contre Robert
?tienne
fa?on frauduleuse,
logne, en 1529, d'une
en 1530, l'ouvrage
vol? de Gymnich,
apr?s avoir
qui ?ditait ? Paris,
en fran?ais.
traduit les notes allemandes
3 Erasme
a cependant
tel le De
?crit des ouvrages
p?dagogiques,
ratione studii compos?
I, p. 193, ep. 66),
pour Thomas
(Allen,
Grey
?crite en 1523
mais dans la lettre ? Botzheim,
I, p. 9, ep. 1),
(Allen,
a ?crit cet ouvrage
en l'honneur
de Petrus
Erasme
pr?tend
qu'il
dont nous aurons bient?t ? parler.
trait de caract?re
Viterius,
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
des gros mots de part et d'autre, puis on s'?tait s?par? avec
une
rage
?gale,
ne
personne
s'avouant
vaincu.
se
Cela
passait
dans le jardin ; de ma chambre, je suivais la sc?ne sans rien
dire, en proie ? une bien douce joie. Mais voici comment les
se
choses
servante
Ma
g?t?rent.
et monte
revient
pour
ar
ranger le lit ; nous parlons, je la f?licite d'un courage qui
ne faiblissait pas devant les coups de gueule, mais je lui
dis regretter que la vaillance de, ses bras n'?gal?t pas l'agi
lit? de sa langue. Car hier, cette jument, v?ritable hercule,
avait battu ? coups de poings la pauvre fille qui n'avait
m?me pas r?sist?. ? Mais tu n'as donc pas d'ongles pour te
laisser traiter de pareille fa?on ? ? Elle me r?pondit, un peu
sa
que
g?n?e,
force
n'?galait
pas
son
? Mais
courage.
est-ce
que tu penses que la force seule joue un r?le ? la guerre.
La ruse ne triomphe-t-elle pas partout ? ? Et comme elle me
demandait ce qu'il fallait faire : ? Il faut, quand tu la rencontre
lui
ras,
On
peigne
et
lui
aux
sauter
cheveux
sans peine le r?sultat de pareil
l'humaniste ne nous fait gr?ce d'aucun
devine
pourtant
et
accourut
On
son
arracher
avec ma
1 ?.
parer
on
conseil,
d?tail :
se roulant
la matrone
retrouva
?...
servante et c'est ? grand peine qu'on put
terre
les s?
envoie ?
(4 f?vrier 1497), ?rasme
Montjoy une esp?ce de r?daction sur l'hiver et les diffi
scolaire :
cult?s des voyages, le tout relev? de mythologie
autre
Une
? Enfin
nous
fois
sommes
les dieux
Pourtant
arriv?s
infernaux
et, malgr?
tout,
c?lestes
?taient
et
sains
et saufs.
contre
nous.
Quel ?pouvantable chemin !Quel Hercule ou quel Ulysse n'ai
je pas le droit de m?priser maintenant ? Junon qui harc?le
nouveau elle implo
toujours les po?tes luttait contre moi, de
rait
Eole
et
les vents
s'acharnaient
contre
nous,
nous
com
battaient de toutes leurs armes, le froid, la neige, la gr?le, la
pluie,
1
le brouillard...
Allen,
de
tous
leurs maux...
La
terre
?tait
I, p. 170, ep. 55.
09:43:31 AM
cou
10
JEAN
HOYOUX
verte de glace qui ne formait pas une surface plane mais de
petites ?l?vations pointues qui ?mergeaient ?? et l?... Les
arbres
rev?tus
paraissaient
d'un
manteau
?.
glac?...1
ont pris ? la lettre ces belles
et les citent comme preuve de sa mi
d'auteurs
Beaucoup
phrases d'?rasme
s?re et de son courage.
De plus, inaugurant une m?thode
qui lui est ch?re
dans
les
tard
et qu'il appliquera
plus
Colloques, il bourre
ses lettres d'exercices de vocabulaire,
exprimant plusieurs
fois la m?me id?e avec des mots diff?rents. Citons des
? Tu
de ces jeux litt?raires
exemples
parais plus pr?s de l'?l?gance de Timon que de celle de
Cicer?n,
mieux
cependant
j'aimerais
que
tu
suives
Cicer?n.
La beaut? attique est beaucoup meilleure. Tu es loin de la
forme asiatique. La rhodienne n'est pas celle que tu cherches.
Tu parais rappeler le genre punique etm?me allobroge quoique
ce soit de tr?s loin et qu'il paraisse m?l? d'Arabe et d'Espagnol,
de C?lin
le patois
y cachant
son dard...
2 ?.
? Quel Cerb?re, quel Sphynx, quelle Chim?re, quelle Tisi
phone,
est assez
larve
quelle
mauvaise
pour
?tre
compar?e
cauchemar que vient de nous vomir la Gothie ? Quel
serpent
pieds, quel
quel mille
? Je
vaurien,
t'appellerai
venimeux
bourreau,
est plus
gibier
de
? ce
scorpion,
?...3
dangereux
pen
potence,
sc?l?rat, bandit, monstre, fain?ant, fumier, fosse ?
malheur, infamie, fourbe, dissipateur, porte de
peste,
purin,
et si je
prison, prison, honte d'?cole, compagnon du fouet,
dard,
pouvais
une
trouver
l'endosserais
tout
de
expression
en
suite,
plus
plus
de
infamante
toutes
encore,
celles-l?...
je
te
4. ?
id?al trac? par le professeur, ses
le programme
se
?l?ves, pour
perfectionner, devaient r?pondre ? toutes
Dans
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
4
Allen,
I, p.
1, p.
I, p.
I, p.
224, ep. 88
169, ep. 54.
176, ep. 58, Paris,
juillet 1497, ? Thomas
13 f?v. 1498, ? Christian
96, ep. 70, Paris,
Grey.
Northof?.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
11
ses lettres aussi
longuement et aussi soigneusement que
possible. Mais ils n'en faisaient rien, les louanges exces
sives dont ils sont accabl?s au moindre de leur billet1
avec des reproches cinglants2
certaine de leur n?gligence.
alternant
preuve
En
de
sont, je pense,la
cet
par correspondance,
enseignement
?
des
?l?ves
demeure, chez lui, pour leur
prend
donner une ?ducation compl?te. C'est le syst?me habi
plus
?rasme
sur une grande
que pratiquaient
l'?poque
?chelle ce James Voecht et cet Augustin Caminade dont
nous parle M. Renaudet,
?
qui avaient des Acad?mies
tuel
de
eux, avec
Nous
3.
leur internat et leurs pensionnaires
ses
de
?l?ves
pour
que deux
ne connaissons
il ?tait un v?ritable
pr?cepteur,
Northof? qui
inconnu de L?beck,
quels
le fr?re de ce Christian
Henri
suivait
les
Northof?,
les cours
amen? du reste
lettres, et un
sont
par Henri. Avec eux, les rapports de l'humaniste
vraiment ?troits. Il les a aim?s d'un amour profond et
par
et man
Ils logent chez ?rasme,
tendre de professeur.
ils sont soi
gent ? sa table ; quand ils tombent malades,
comme
en
de ses
ma?tre
parle toujours
qui
gn?s par le
petits
gar?ons
4. Mais
ses pr?f?rences
vont
nettement
1
1497, ? Christian
Allen,
I, p. 169, ep. 54, Paris,
Printemps
: Ita me deus omet, haud expectaram
abs te tantum elegantiae,
Northoi?
vel potius eloquentiae
; nom elegantem futurum facile prospexi.
Quare
te hortor ut isto
in primis fuerunt. Proinde
tuae l?terae voluptati mihi
evasurus.
cursu per gas, propediem
tui pr ceptoris simillimus
2
f?v. 1498, ? Christian Northof?.
Allen,
I, p. 196, ep. 70,13
3
? Paris,
et Humanisme
A. Renaudet,
Paris,
1916,
Pr?r?forme
pp.4 287 et 398.
1498, ? un homme de
Allen,
I, p. 215, ep. 82, Paris, d?cembre
:
sed convoluti Dei
et
L?beck
beneficio
graviter nuper,
Aegrotavit
ei
medicorum
in tutela mea complusculos
menses,
quibus
opera. Fuit
09:43:31 AM
12
? Henri
JEAN
; dans une
HOYOUX
lettre du 13 f?vrier 1498 ? Christian
il l'appelle unicae vitae meae deliciae1. Aucun
n'a attir? l'attention sur cette passion toute
Northof?,
biographe
de l'homme de
paternelle
aurait pu ?tre son enfant.
32 ans pour
le gar?on
qui
?tait-il digne de ce grand amour ? Cette figure
d'enfant reste dans l'ombre puisque l'unique lettre sign?e
Henri, dat?e du mois d'ao?t 1497 et envoy?e ? Christian
2a
?t? souffl?e d'un bout ? l'autre par ?rasme.
Northof?,
est l? pour nous le
Seul le t?moignage de l'humaniste
Henri
peindre
lui 3. ?
: ? Christian,
imite ton fr?re, sois aussi
sage que
ces diff?rentes activit?s ?
rapportaient ? ?rasme
tout de suite que nous ignorons combien il pou
Rien n'en
vait retirer de son cours par correspondance.
Que
Disons
a transpir?
ses lettres et le proc?d? est par trop
seulement de trouver
que l'on essaye
dans
original pour
En revanche, nous
ailleurs .des points de comparaison.
sommes bien renseign?s sur les comptes de son pr?cep
il nous l'apprend
torat. Comme
lui-m?me, dans une
lettre du mois
de d?cembre
1498 o? il r?clame
ses hono
il recevait par ?l?ve 32 cou
raires ? l'inconnu de L?beck,
ronnes et un v?tement chaque ann?e 4. Les ?valuations
en monnaie
d?finition
moderne
m?me
sont ?videmment
?
peu s?res, et par
nous
cependant
caution,
sujettes
ces
ne repr?sentaient
couronnes
affirmer
32
que
pouvons
nos
de
francs d?pr?ci?s.
pas plus
quelques milliers de
erat opus
Mense
Octobri
in familiam
puerum
suppeditavi.
quibus
meam adjunxi
sed ex me natus...
; curatur a me non ut alienus
1
Allen,
I, p. 196, ep. 70.
2
Allen,
I, p. 181, ep. 61.
3
Allen,
I, p. 199, ep. 72, Paris, mars 1498.
4
tuus apud me vivit et a me doce
Allen,
I, p. 215, ep. 82 : Filius
tur, Us quidem conditionibus
quas ab Henrico
qui mihi nomine
accepi,
tuo triginta duos cor?nalos et v?stem promisit.
09:43:31 AM
MOYENS
D'EXISTENCE
d'?RASME
13
? ce point besogneux,
? la
Lorsque Ton voit ?rasme
merci de tous et m?me d'un seul ?l?ve, on est effray?
de la rapidit? et de la violence avec laquelle l'humaniste
rejette comme un carcan cet enseignement
qu'il d?
ces
teste,
rab?chages qui l'assomment.
printemps de l'ann?e
de l'accompagner
?rasme
Au
propose ?
et celui-ci,
1499, Mountjoy
en Angleterre
avec un m?pris total de ses ?l?ves et de sa vie, aban
donne tout et y va. Avec une impr?voyance
inou?e, il
comme dans une vie d?fini
s'installe dans ces vacances
ce pays ?tranger o? il est uniquement
l'invit?
son
se
?
sent
On
le comprend
de Mountjoy, ?rasme
aise.
tive. Dans
au
ton de
ses lettres. Certaines
un enthou
trahissent
ne songe
siasme qui ?tonne, qui ?meut m?me. ?rasme
pas au lendemain, il se croit devenu un homme nouveau,
qui peut s'int?resser ? la chasse, aux chevaux et aux
Faustus
cette
T?moin
femmes.
lettre
en 1499
Andrelinus
extraordinaire
et unique
dans
?crite
toute
la
Tout
correspondance.
l'?picurisme d'?rasme,
brusque
ment d?brid? apr?s trente ans de contrainte et trois ans
de mis?re,
?clate
enfin avec une joie na?ve
?Moi aussi
je fais des progr?s en Angleterre.
que
tu as
cavalier
connu
passable,
jadis,
le voil?
devenu
de
homme
cour
presque
habile,
Cet ?rasme
bon
sachant
chasseur,
saluer
et sourire avec gr?ce et tout cela comme malgr? lui. Si tu
?tais raisonnable, tu volerais bien vite jusqu'ici. Comment
un homme tel que toi peut-il supporter de vieillir parmi ces
? merdas
gallicas
charmes,
tu
?...
accourrais,
Si
tu
des
connaissais
ailes
aux
ses
et
l'Angleterre
tu
souhaiterais
talons,
?tre D?dale... Il y a ici des nymphes aux traits divins, gentilles
et faciles, bien sup?rieures ? vos muses. Et n'oublie pas qu'il
09:43:31 AM
14
y a en Angleterre
une
JEAN
HOYOUX
coutume,
que
nous
ne pouvons
assez
pas
louer, qui veut que, o? qu'on aille, on soit re?u par des baisers.
Si tu prends cong?, on t'embrasse. Si tu reviens, on t'accueille
des
par
te
baisers.
quitte,
des
baisers. O Faustus,
sont
parfum?s
dix
pas
ti?re,
ans
pour
l'on
Si
encore
ces
l'on
Si
on
t'embrasse.
se rencontre,
Si
l'on
des
toujours
si tu avais go?t? une fois combien doux et
tu voudrais
baisers,
seulement,
la passer
te visiter,
vient
baisers.
comme
toute
en
?tre
Solon,
Angleterre
mais
1
un
voyageur,
pendant
non
la vie
en
?.
Au surplus, ne nous y trompons pas. ?rasme n'est pas,
?. Son euphorie vient sur
ne sera jamais un ? mondain
tout de ce qu'il jouit de bonnes conditions de travail.
intelligence, pour s'?panouir, a besoin d'un certain
il travaille ?norm?ment. C'est
confort. En Angleterre,
l'?poque de la premi?re rencontre avec Thomas More,
avec Colet sur la Sueur de
des discussions passionn?es
Son
la p?riode
Sang,
veau
de pr?paration
et du Nou
des Adages
Testament.
*
revient en
anglaise, ?rasme
la mis?re puisqu'il n'a plus
pour suivre
ayant abandonn?,
apr?s cette accalmie
et c'est ?videmment
Mais
France
le soutenir,
ses moyens
rien pour
Mountjoy,
?l?ves. L'hiver
rassemble
derniers
de
1500-1501
c'est-?-dire
subsistance,
lui est surtout p?nible.
ses
Il
ses maigres ressources, fait le compte de ses
? Batt qu'il
amis, ?crit des lettres d?sesp?r?es
de Bergen et qui, dans
secr?taire municipal
est
devenu pr?cepteur du jeune Adolphe,
l'entretemps,
de Veere. Deux jours de suite2, il re
fils de la marquise
avait
connu
1
Allen,
I, p. 238, ep. 103.
I, p. 320 et p. 325,
Allen,
1500.
cembre
ep.
138
et 139, Orl?ans,
11 et 12
09:43:31 AM
d?
MOYENS
d'?RASME
d'EXISTENCE
15
vient ? la charge, suppliant Batt d'intervenir aupr?s
en qui il s'obstine ? voir sa derni?re chance
de la marquise
il lui ?crit m?me une
de salut. Comme rien n'arrive,
laquelle il essaye de la flatter en lui
litt?raire ne d?pend
que son avenir
que
expliquant
il cite les illustres
d'elle. Pour stimuler sa g?n?rosit?,
longue
lettre dans
des
protecteurs
lettres
: Alexandre
le Grand, M?c?ne,
Il voudrait aller en Italie
de M?dicis.
Vespasien, Laurent
pour y obtenir son grade de docteur. Il l'informe qu'il a
en chantier un livre qu'il
lui destine et deux autres
pour ses fils. S'ils paraissent
plus tard, sa lenteur n'en
sera pas responsable, mais sa malchance
L'hiver
est p?nible.
? Je suis au
fond de
la mis?re,
?crit-il ? Batt, janvier 1501. Tu me dis que la marquise
n'a pas d'argent, mais tu sais aussi bien que moi qu'elle
soutient de ces pr?cheurs bavards qu'on ne peut quand
m?me pas me comparer ; d'ailleurs, que peut lui faire un
2
pr?t de 200 francs ?. Mais les secours n'arrivent pas et
l'inqui?tude et l'irritation d'?rasme
augmentent.
l'histoire p?cuniaire
Jusqu'ici,
ses
alternatives
de succ?s
;
simple
d'?rasme
est
tr?s
et de revers, on les
comprend. Jusqu'? 29 ans, il est sous tutelle ; de 29 ? 34, il
ne conna?t que la g?ne d'un donneur de le?ons et d'un
oblig? des grands, avec toutefois quelques mois de r?pit
pendant son s?jour en Angleterre.
Ce sont les ann?es
les ?crivains,
1
Allen,
2
Allen,
que
de d?but difficiles communes
connaissent
I, p. 342, ep. 145, Paris,
I, p. 347, ep. 146.
tous
27 janvier
? tous
les intellectuels
1501.
09:43:31 AM
16
JEAN
moins
d'une
HOYOUX
chance
anormale, d'une carri?re extraor
a laiss? ? ?rasme
un souvenir
Elle
dinairement rapide.
cruel ; ? c'est le temps, dira-t-il lui
particuli?rement
en
en
m?me,
parlant plus tard, o? j'ai tra?n? mis?rable
ment une existence
travailler
pouvoir
se procurer
des
inutile, o? je n'ai fait que vivre sans
Et il sait que s'il n'arrive pas ?
ressources,
il devra
rentrer
au
couvent.
loue une
p?riode de g?ne, ?rasme
un
un
a
il
le
domes
et, pour
servir,
puer,
tique qu'il ne paye peut-?tre pas, mais qu'il nourrit et
qu'il habille 3. Il n'a pas d'?curie, ou du moins il n'a que
des rosses. Pour voyager, il demande ? Batt de lui en
Pendant
chambre
cette
: ? Je ne d?sire pas, ?crit-il, un Buc?
sur
phale mais je voudrais quand m?me une monture
laquelle on soit d?cent ?. Puis tout de suite, il demande
voyer des chevaux
un second
cheval
l'emmener avec
pour
lui 4.
son valet,
car il a l'intention
de
il a un peu d'argent,
c'est pour acheter des
Quand
? cette
livres grecs. La toilette passe apr?s 5. ?rasme
son
tr?s
de
?tre
mal
devait
raffine
habill?,
?poque
quoi
ment
la vie
dans
souffrait peut-?tre. Entre
simple de ma?tre ? valet
les Colloques
lui et son puer, c'est
d?crite
si plaisamment
1
:vixit verius
vitae Erasmi
Allen,
I, p. 50, Compendium
quam
studuit. Le texte n'est peut-?tre
pas authentique
(cf. R. Crahay,
t. VI, 1939, pp. 7 et 135) mais
et Renaissance,
Humanisme
l'expres
le sentiment
d'Erasme.
sion rend exactement
2
: Cubiculi
29 nov. 1498, ? J. Batt
Allen,
I, p. 209, ep. 80, Paris,
locationem
persolvi.
3
: De
12 d?c. 1500, ? J. Batt
I, p. 329, ep. 139, Orl?ans,
Allen,
tarnen
veste quod scribis nimis
contumeliose,
jac ut ? videbitur. Mihi
Le domestique
alere et non vestire.
ridiculum
videtur puerum
qui
un certain Louis
men
servait Erasme
?tait, en 1501 du moins,
tionn? dans
4
Allen,
5
Allen,
etc.
les lettres 146,151,155,157,
I, p. 211, ep. 80, Paris, 29 nov. 1498.
I, p. 288, ep. 124, Paris, 12 avril 1500,
? J. Batt.
09:43:31 AM
MOYENS
d'?RASME
d'EXISTENCE
17
?? Quel ma?tre
imp?rieux j'ai l?, dix serviteurs d?gourdis
ses
ordres seraient ? peine assez. ? Que dis-tu fain?ant ??
?
tout.
du
Rien
Est-ce
que
je
ne
?
?
pas murmurer
t'entends
Tu dis, je crois, ton Pater ? rebours. La
En effet, je prie.
?
pri?re du ma?tre ?, tu la dis ? l'envers. Qu'est-ce que tu grognes
au sujet de l'ordre ??
Je demande que tu sois fait g?n?ral
en chef.? Et moi que, de souche que tu es, tu sois fait homme
de nouveau. Suis-moi jusqu'? l'?glise. Cours ? la maison et
pr?pare les lits.Mets-moi tout cela en ordre. Fais que toute la
maison brille. Nettoie le vase de nuit. ?carte des yeux ces
salet?s.
Peut-?tre
je vois
quelque
en effet
connais
?
sage.
Mais
tu
ta
omis,
?
bont?.
en attendant,
recevras
Prends
aucune
me
viendront
courtisans
certains
chose
force
donc
garde,
du
mention
coups.
repas.
voir.
?
Si
Je
si tu n'es
?
Voil?
ce qu'il a dans l'esprit ce fripon. Je ne mange pas ? lamaison,
c'est
moi
vers
pourquoi,
l? o? je mangerai.
10 heures,
?
C'est
viens
me
ce que
et
rejoindre
tu te proposes
conduis
en effet,
Si tu n'as pas de
Personne ne peut
mais ici, entre temps, je n'ai rien ? manger.
?
quoi manger, tu as de quoi avoir faim.
?
a
en
Il y du pain. ?Oui,
mais tout
je?nant.
apaiser sa faim
?
noir et plein de son.
Quel homme d?licieux tu fais. Il te
faudrait du foin si on te donnait une nourriture digne de toi.
Est-ce que tume demandes pour toi, ?ne, un plein chargement
de g?teaux. Si le pain te d?go?tes, ? d?faut de viande, ajoutes-y
du poireau
ou de
l'oignon
1 ?.
1500-1501 sont pour ?rasme
les pires
sa
est
?
d?crit
dans
il
fameuse
boutade
;
s'y
?
: Si tu veux te repr?senter ?rasme
Guillaume Hermans
tel qu'il est, n'imagine pas un arrogant ou un f?tard,
mais figure-toi un homme triste, afflig?, m?pris? de tous
Ces deux ann?es
de toutes
tr?s malheureux,
pas de sa faute, mais
? Cette
la
p?riode pass?e,
quand m?me 2.
et de lui-m?me,
malheureux
1
Er. Coll. F am.
Lipsiae,
t. I, p. 33.
2
I, p. 219, ep. 83.
Allen,
H erMa,
Rabinus
Syrus,
?d. Holtze,
09:43:31 AM
18
JEAN
HOYOUX
tourne. D'abord,
il fait un long s?jour aux Pays
la
chez
de
Veere puis ? Saint-Omer. Par
Bas,
marquise
tout, il est re?u chez des amis. En 1504, il fait un cours
de rh?torique ? l'Universit? de Louvain,
c'est l'?poque
chance
son Pan?gyrique
? Bruxelles, en l'honneur
de Philippe
le Beau.
Il rentre ensuite ? Paris. En 1505,
nous le retrouvons dans sa bien aim?e
chez
Angleterre
o? il prononce
Mountjoy.
A Cambridge, ?rasme
rencontre deux jeunes
devaient
l'?le
pour aller poursuivre
qui
quitter
gar?ons
leurs ?tudes
? Bologne.
Boerio, m?decin
C'?taient
les fils du
?tabli
Baptiste
g?nois
au service du roi. On propose ? ?rasme
docteur
en Angleterre et
de les accompa
gner, afin de diriger leurs ?tudes. Il accepte d'embl?e et
r?alise ainsi son r?ve de voyage en Italie.
Il y s?journe deux ans sans que l'on sache bien ce qu'il
est tr?s rare pendant ces
y fait, car sa correspondance
ann?es 1506-1508. On s'aper?oit seulement qu'il corrige
les ?preuves de ses Adages
chez Aide et surtout qu'il y
le moyen de s'enrichir car, ? partir de ce mo
et
les trente derni?res ann?es de son
ment,
pendant
ne
il
conna?tra plus que la vie large et ais?e.
existence,
d?couvre
comme nous l'avons fait pour la
Exposons,
premi?re
la
situation
de
mat?rielle
l'humaniste
partie,
pendant
ces
trente
ann?es
de
chance,
en nous
basant
sur
sa corres
et les Colloques, mais faisons-le avec prudence,
pondance
car la litt?rature, on le sait, est essentiellement une fonc
tion de
le confort,
adorait
Or, ?rasme
compensation.
la vie large, ais?e, d?barrass?e de tout souci d'argent. Sa
lui avait
laiss? un tr?s mauvais
jeunesse besogneuse
souvenir. Aussi ne nous ?tonnons pas si dans
les Colloques
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
19
on trouve inscrits
quelques uns de ses r?ves, telle la mai
son d'Eus?be,
dans le Convivium Religiosum,
ch?teau
entour? d'un jardin d'agr?ment,
d'un potager, de par
terres o? l'on cueille des herbes m?dicinales,
de pelouses
et de vergers. Il y a des ruches et une basse-cour
; il y a
aussi une chapelle pour les visiteurs pieux. Autour de
l'habitation
court une galerie orn?e de fresques et de
l'histoire ancienne
qui racontent l'?vangile,
mosa?ques
et aussi l'histoire naturelle. Une magnifique
biblioth?que
domine le jardin et donne acc?s ? la chapelle. Chapelle,
: ce
jardin, biblioth?que
triptyque symbolise exactement
tout l'?picurisme ?rasmien. Au bout de la
propri?t?, il y a
un pavillon o? l'on soigne les gens atteints de maladies
: voil?
Thomas More, d?cri
contagieuses
l'utopisme.
vant l'?le de Nulle-Part,
met
aussi
des cliniques d'iso
y
lement.
ce qui est s?r, c'est qu'?rasme,
pendant cette
ne
loue
de
mais
habite
des mai
chambre,
plus
p?riode,
sons. Rappelons
la confortable maison
du Cygne, ?
en
il
o?
mois
passa
Anderlecht,
1521, et tout le
quelques
charme de son beau jardin. Une ?tude r?cente 1 nous
sur la fa?on princi?re dont
apporte des renseignements
Mais
il v?cut
? Fribourg (1529-1535). Le conseiller et tr?sorier
? zum
Jacob Villinger lui pr?ta la somptueuse maison
un
Weifisch
v?ritable palais qui avait ?t? b?ti comme
?,
r?sidence
pour l'empereur lui-m?me. La demeure a un
et un portail
encorbellement
tr?s orn? ;
magnifique
c'est un des chefs-d' uvre de l'architecture priv?e du
gothique tardif. Apr?s deux ans, les choses se g?t?rent ;
il y eut des d?m?l?s entre l'humaniste et le conseil com
1
Gerhard
Ritter,
am Oberrhein,
1937,
und
Erasmus
Fribourg
en
der
Brisgau,
deutsche
p. 6.
Humanistenkreis
09:43:31 AM
20
JEAN
? la suite de quoi
Il acheta alors la maison
munal
HOYOUX
on l'invita
? se loger ailleurs.
? zum kindlein Jesu ? et en
fit une demeure
Il mourut, on le
des plus confortables.
? zum Luft ?
sait, ? B?le, dans la belle maison
qui lui
avait ?t? pr?t?e par Froben.
vit et vit bien. A vrai dire, il est sur ce point
extr?mement discret, mais quelques mots, dans sa corres
?rasme
permettent
pondance,
de vie.
de juger ce que
fut son standard
? des haridelles que l'on a
Il n'en est plus maintenant
honte de monter, il poss?de des ?curies et des chevaux
de prix qui le suivent m?me en Angleterre. A Cambridge,
c'est un ami de l'endroit, William
Gonell, qui en prend
?crit ? plusieurs
soin. L'humaniste
reprises pour lui
?
sa
26
Le
satisfaction.
septembre 1513 : Mon
exprimer
cheval me
mon
point
besoin
toujours plus facile et plus alerte,
rien
;
qu'? le voir, je comprends ? quel
?
tu le soignes 1. En octobre 1513 : ? Si le cheval a
revient
cher Gonell
ferr?, fais-le, car je pense qu'il aura, d'ici
?
peu, une dure ?tape ? fournir 2. En avril 1514 : ? Tu me
donnes des nouvelles de ma monture avant m?me de me
dire
d'?tre
si toi-m?me
s'appelle
m'annonces
tu es en bonne
un h?te aimable
3. ? Et
sant?, voil?
le 28 avril 1514
ce qui
: ? Tu
des choses bien agr?ables au sujet de mon
? 4.
cher
Gonell, et je reconnais bien l? ta gentillesse
cheval,
de chevaux, pour qui un domestique
Paroles d'amateur
un
devient
personnage
important par le seul fait qu'il
soigne une b?te favorite.
du Convivium
Le menu
1
Allen,
8
Allen,
3
Allen,
4
Allen,
I,
I,
I,
I,
p.
p.
p.
p.
532,
534,
555,
561,
ep.
ep.
ep.
ep.
religiosum,
repas
o?
274.
276.
289.
292.
09:43:31 AM
l'on
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
21
mange bien sans doute, mais sans exc?s, est le suivant :
une ?paule de mouton, un chapon et quatre perdrix,
sans compter les hors-d'oeuvres et les desserts 1.
?rasme
ach?te
lui-m?me ses vins, indice d'un
connais
seur. Ses
tonneaux
le pr?occupent,
t?moins les lettres
? J'avais trois tonneaux
:
1526
Le
7
voici.
que
septembre
avec lesquels je comptais passer l'hiver.
de Bourgogne
Mais pendant que j'en bois un, voil? qu'il devient pi
; j'ouvre alors les deux autres et je m'aper?ois
beaucoup
qu'ils sont ?galement g?t?s. Tu m'obligerais
un gros tonneau de rouge, non
si tu voulais m'envoyer
quette
du* tout ? fait alcoolis?, mais du g?n?reux quand
2 ?. Le 1er avril 1529 :
m?me, assez ancien ?videmment
pas
? Pendant
m'annoncer
un messager
est venu
je t'?crivais ceci,
en
et
chemin
que le vin ?tait
qu'il serait ici
ou demain. D'apr?s
?
la lettre d'?tienne
que
aujourd'hui
J?r?me Froben,
pas ?t? pay?.
bien
donnerai
j'ai compris que le camionneur n'avait
Il demande
trois couronnes,
je les lui
volontiers.
autant qu'il faudra 3 ?.
Le 3 mars
1531, Jean
S'il
demande
plus,
il aura
de
Choler, vicaire
g?n?ral
?
:
lui
Je
m'?tonne
?crit
de
Coire,
l'?v?que
d'Augsbourg
que tu ne nous aies pas encore donn? des nouvelles du
vin que nous t'avons envoy? par ces charretiers de Fri
le n?tre, et par les
bourg qui nous apportent d'ordinaire
quels Jean Baugartner
exp?diait quelques
d'Augsbourg
tonneaux ? Zasius 4. ? Le 4 avril 1531, ?rasme
?crit ?
: ? A propos du tonneau de vin que
Antoine
Fugger
1
: Convivium
Er. Coll. Fam.
; ?d. Holtze,
Lipsiae
religiosum
p. 118.
2
VI, p. 411, ep. 1749, ? Ferry Carondelet.
Allen,
3
de Gruy?res.
Allen,
VIII,
p. 124, ep. 2139, ? L?onard
*
IX, p. 149, ep. 2438.
Allen,
09:43:31 AM
t. I,
22
JEAN
HOYOUX
?. Et le 6 avril
envoy? par un autre convoyeur...1
: ? Aujourd'hui,
nous avons
1531 ? L?onard de Gruy?res
2
? Trois lettres en un
go?t? le vin que tu nous as donn?...
m'as
mois, trois envois de vin !
Il consid?re la bi?re comme
l'ayant toujours accus?e,
lui avoir amen? des calculs
la source de tous les maux,
les rares fois o? il en a bu, de
aux reins pour le reste de sa
lui, c'est ce que boivent les
? l'eau, pour
chiens 4. Or, la goutte l'accabla tr?s t?t. Elle est cruelle
ment traduite dans le portrait de D?rer qui nous montre
vie 3. Quant
un ?rasme
aux doigts tordus, d?form?s, qui contrastent
si curieusement avec la beaut? parfaite d'un vase rempli
avec une minutie
de fleurs dessin?es
Cette
gracieuse.
goutte, maladie
douloureuse
la trop bonne
qu'aggrave
ch?re, ?rasme,
par une aberration opini?tre et d?con
5
et du vin
ufs battus
certante, la soignait avec des
d?licat. On voit son id?e : le vin est la seule boisson qui
ne soit pas nocive, tout ce que l'on peut faire, dans les
cas graves, c'est y ajouter de l'eau sucr?e et bouillie ou
en boire de l'autre plus d?licat, mais jamais de qualit?
inf?rieure. Le bon vin n'am?ne pas les maladies,
c'est la
bi?re et la piquette qui les causent 6.
? la bonne ch?re, ?rasme aime les beaux v?te
Habitu?
ments
et il est loin le temps o? il devait choisir entre les
il voyage, deux
livres et les habits. Maintenant
quand
chariots remplis d'effets le pr?c?dent. En juillet 1529,
1
Allen,
2
Allen,
8
Allen,
Allen,
IX, p. 249, ep. 2476.
IX, p. 250, ep. 2479.
I, p. 549, ep. 285, ? William Warham,
I, p. 552, ep. 288,14
mars
1514,
? Antoine
VI,4 p. 47,14 mars 1525, ?Willibald Pirckheimer.
: Convivium
Er. Coll. Fam.
Lipsiae
?
p. 306.
igitur bibebat Romulus
Quid
5
Allen,
VI, p. 169, ep. 1610, Baie,
6
Allen,
VI, p. 422, ep. 1759, B?le,
janvier 1514,
de Berghes,allen,
t. I,
Fabulosum
; ?d. Holtze,
??
Idem quod bibunt canes.
1525, ? No?l Beda.
septembre
octobre
1526, ? Jean Francis
etVII, p. 507, ep. 2057,B?le, 1eroctobre 1528, ? Er. Schets.
09:43:31 AM
MOYENS
?rasme
d'EXISTENCE
d'?RASME
23
de quitter Baie pour Fribourg
o? il
ans
sa
et voici
six
lettre ? Willibald
Pirckhei
d?cide
s?journera
mer : ? J'avais
de quitter B?le, mais je ne savais
pas si je devais le faire en me cachant ou d'une fa?on
ouverte. Me cacher ?tait plus s?r, mais l'autre moyen
d?cid?
?tait plus digne. J'ai pr?f?r? le digne au s?r, D?j?, j'avais
envoy? en avant deux chariots
(plaustra)
charg?s de
coffres et de bagages : car cela il n'y avait pas moyen de
est dans cette sorte
le faire en secret x. ? Tout ?rasme
de grandeur o? il se compla?t na?vement.
Enfin, il vit dans une atmosph?re de luxe faite de mille
bibelots, objets futiles et pr?cieux, vases, coupes d'or,
sans doute cadeaux pour la plupart qui flattaient en en
tretenaient ses go?ts de grand seigneur.
de ces ca
les lettres, quelques-uns
Citons, d'apr?s
: des gobelets en argent (cyathos arg?nteos)
que
2
lui envoie lem?decin Henri Afinius au mois d'ao?t 1517
;
deaux
une coupe remplie de fruits ?trangers (vasculum fructuum
que lui transmet, en janvier 1526, Eras
Barbaricorum)
mus Schets 3 ; en septembre 1526, une horloge en or, une
cuiller et une fourchette en or, qui lui viennent de Chris
4
chancelier du roi de Pologne
;
tophe de Schydlowyetz,
en juillet 1529, une pat?re ouvr?e et un anneau, dons de
Pirekheimer, un vase ? boire (poculum) mer
veilleux de forme et rehauss? d'or que lui offre Antoine
5 en mars
;
1530, une coupe en argent, cadeau
Fugger
du jeune duc de Cl?ves qui le remercie de lui avoir d?di?
Willibald
le De pueris
1
Allen,
2
Allen,
8
Allen,
4
Allen,
statim ac liberaiiter instituendis 6...
VIII,
p. 232, ep. 2196.
III, p. 60, ep. 638.
VI, p. 246, ep. 1658.
VI, p. 413, ep. 1752.
5
2196.
6Allen, VIII, p. 233, ep.2298.
Allen, VIII, p. 399, ep.
09:43:31 AM
24
JEAN
Si on offre souvent
des objets pr?cieux
donner beaucoup.
Dans
le Convivium
HOYOUX
? ?rasme
des vases,
des
coupes,
sortes, il doit, de son c?t?,
Il semble que c'?tait alors l'usage.
religiosum, Eus?be, ? l'issue du repas,
de toutes
fait des cadeaux
? chacun de ses h?tes. A Timoth?e,
sur parchemin
contenant les Proverbes
un
de
petit volume
une
montre qui vient des confins
Salomon
; ? Sophron,
un Evangile
de la Dalmatie
selon saint
; ? Th?ophile,
Matthieu
les Epitres de saint Paul ; ? Chryso
; ? Eulale,
une
et des plumes
?critoire
; ? Urane, un trait?
glotte,
; ? N?phale, une montre
il
recevait, devait sacrifier ? cet usage
?rasme, quand
qu'il d?crit si bien dans les Pieuses Agapes.
Il ne nous reste malheureusement
rien de tout cela.
grec de Plutarque
ce que nous savons, c'est qu'un jour l'humaniste a
envoy? un anneau d'or b?ni par le roi d'Angleterre ? la
Tout
femme d'Erasmus
trouv? d'autre
licorne qu'elle
Ces quelques
Schets
en s'excusant
de ne rien avoir
2. Il lui avait donn? auparavant
avait perdue.
une petite
signes de richesse sont diss?min?s dans
une correspondance
aux trois quarts litt?raire o? ?rasme
tout
autre chose que de ses affaires
parle forc?ment de
int?rieures.
Ils nous permettent
cependant de conclure
un
luxe tranquillement
que la vie d'?rasme
respire
cet
N'oublions
homme, qui n'?tait ni
pas que
magnifique.
en
mourant une fortune ?va
avare, ni ?conome, laisse
lu?e ? 7.000 ducats.
Lui qui, dans le Convivium Religio
?
con
sum,
s'indignant de voir des sommes excessives
sacr?es ? l'embellissement
alors que trop
de monast?res
1 Er.
t. I, p. 135 et suiv.
?d. Holtze,
Coll. Fam.
Lipsiae,
?
2
24 d?cembre
Sur ces
1525.
VI, p. 241, ep. 1654, Bale,
Allen,
anneaux
les
rois
M. Bloch,
voir
b?nis
par
d'Angleterre,
magiques
Les rois thaumaturges,
1924, pp. 159-172.
Strasbourg,
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
25
de chr?tiens, temples vivants de Dieu, souffrent de pau
comme l'exemple le plus typique de
vret?, mentionne,
ces
le cas de la Chartreuse de Pavie qui
exag?rations,
re?oit des legs ?normes faisant un total de 3.000 ducats
par an, ? consacrer ? des constructions.
les moines,-ne
Somme
tellement
exag?r?e que
qu'en faire, d?mo
ce
lissent
qui existe et le r??difient, afin de se conformer
? la volont? des testateurs 1 ?. Et
qui, dans le m?me
colloque de 1522, consid?re un legs de 2.000 ducats comme
sachant
ce ne peut ?tre qu'une plaisan
terie : ? Timoth?e :Pieuse chasse :Le Christ vous aide, en
: Cette proie me sou
lieu et place de Diane. ?
Eus?be
rirait plus qu'un legs de 2.000 ducats 2. ?
tellement
fabuleux
que
II
D'o?
?rasme
tire-t-il les revenus
mener une vie aussi
capables
de lui faire
large ?
?
Il
n'en
donne plus. Impossible d'ailleurs
le?ons
de vouloir expliquer un luxe pareil par de pauvres ca
Des
chets.
Est-ce
des pensions qu'il re?oit ? C'est
Les
admise.
?crivains vivent
l'opinion g?n?ralement
les
parce que
grands s'occupent d'eux et leur servent des
On
: P?trarque qui a
cite m?me des exemples
pensions.
uniquement
v?cu
longtemps ? la remorque des Colonna. Pourtant,
?rasme n'a pas de protecteur officiel. Mountjoy,
le pre
nom
mier
qui vient ? l'esprit, semble ne lui avoir fait
que des pr?sents isol?s...
Pour ne pas conclure h?tivement,
1 Er.
Coll. Fam.
2
Ibid., p. 140.
Lipsiae,
?d. Holtze,
sans
preuves
t. I, p. 130.
09:43:31 AM
cer
26
JEAN
taines, faisons rapidement
servir ? ?rasme.
HOYOUX
le compte des rentes qu'on a pu
En dehors des dons occasionnels
qu'on fit ? ?rasme
au d?but de sa carri?re, ? l'?poque o? il pouvait les rece
?
en 1511, il se demande si
voir encore sans trop de g?ne
? donnera 20 nobles 1 ; en 1514, il ?crit
son ? M?c?ne
: ? En
? Andr? Ammonius
s'en allant,
de
l'?v?que
Durham m'a donn? six nobles, sans que je lui demande
2
fois qu'il le fait ? ;
rien, et c'est, je pense la quatri?me
citons ?galement une lettre fort tardive de 1528 : ? Je
t'envoie
100 pi?ces
d'or
t'arriveront
de Hongrie,
j'esp?re qu'elles
D?s que tu les auras re?ues,
rapidement.
faire signe ? l'?v?que de Cracovie, de cette fa?on,
?
Les bienfai
il verra que je n'ai pas ?t? n?gligent3.?
forment deux groupes : le groupe
teurs de l'humaniste
veux-tu
anglais et le groupe belge.
est
Warharn
William
chef du groupe
anglais.
son
d?s
tr?s
t?t,
premier
para?t
cet homme ?minent appel? suc
s?jour en Angleterre,
aux plus hautes
cessivement
situations, master of the
de Canterbury,
rolls, ?v?que de Londres,
archev?que
?rasme
avoir
le
connu
Il lui a, en tous cas, ?crit sou
d'Angleterre.
sur
un
ton
servait
et
vent
presque amical. L'archev?que
? l'humaniste une rente annuelle de 20 livres sterlings,
contribution modeste
peut-?tre mais qui ?tait pay?e
chancelier
avec une r?gularit? extr?me, puisque nous ne trouvons
pas une seule r?clamation dans toute la correspondance
d'?rasme,
esprit pourtant grincheux. Le seul reproche
?tait de payer ?
faire ? l'archev?que
que l'on pouvait
la r?gularit? de la pension,
terme ?chu. Pour prouver
1
Allen,
2
Allen,
8
Allen,
I, p. 495, ep. 248, ? Andr? Ammonius.
I, p. 563, ep. 295.
VII, p. 337, ep. 1958, de Justus Decius.
09:43:31 AM
MOYENS
rappelons
encore
d'EXISTENCE
cette
r?flexion
d'?RASME
d'?rasme
27
? William
en 1530, alors que l'archev?que
Blount,
:
avait plus de 80 ans et qu'on annon?ait sa fin prochaine
? Les nouvelles
sont mauvaises,
de l'archev?que
s'il
lord Mountjoy,
lui arrive malheur, je pense que les pensions seront bien
finies pour moi x. ?
Mais la rente arrivait souvent rogn?e ? cause des diff?
rences de change et des commissions que pr?levaient
les
entre les mains desquels elle passait 2.
? ?crit ?rasme
? Je n'en touche
en
plus que le quart
8
sa boutade
il exag?re, mais
doit
1530
'y?videmment,
contenir une grande part de v?rit? et, tous comptes faits,
interm?diaires
lui ?tait une aide m?diocre,
la pension de Canterbury
ainsi d'ailleurs que l'autre pension anglaise, une rente
de 10 livres dont il ne parle presque jamais 4.
La
Le groupe belge est constitu? par Charles-Quint.
correspond
pension que l'empereur sert ? l'humaniste
? une place de conseiller ? la cour, qu'il d?tenait depuis
5
et ? laquelle ?tait attach? un revenu de 200 flo
1515
rins ou 300 livres. Cette contribution plus importante
?tait
ment.
incapable toutefois de le faire vivre m?me petite
Elle ?tait d'ailleurs pay?e on ne peut plus irr?
guli?rement.
La charge
cr??e et donn?e
n'avait
par Charles-Quint
pas ?t? ratifi?e par les organismes officiels, d'o? des diffi
cult?s pour en obtenir le r?glement. Cette pension qui
n'en
n'?tait inscrite sur aucun budget r?gulier, ?rasme
1
Allen,
VU,
396,
2295.
p.
ep.
?
Allen, VI, p. 110, ep. 1583, juillet 1525, ? Erasmus Schets.
8
Allen, VIII, p. 458, ep. 2332, ? Christophe de Stadion.
4
Simple allusion dans la lettre 2332 : E duabus Angliae pen
minus
sionibus
debentur
ducenti
quotannis
plus
ad me pervenit accisa.
per negociatores
pecunia
6
Allen,
II, p. 161, note 18.
floreni,
sed
09:43:31 AM
ea
28
JEAN
le paiement
obtenait
HOYOUX
force de r?clamations
qu'?
et de
moyen d'envoyer
par la
pri?res.
fili?re administrative
; il fallait supplier l'empereur qui
sur
sa
cassette
personnelle1, mais en g?n?
parfois payait
? ?rasme.
ral, accordait peu d'attention
de protestations
Pas
livres furent pay?es une seule fois en entier
lui
Barbirius
? ?rasme,
et alors, comble de malchance,
en d?tourna le tiers 2. Pour les autres ann?es, il re?ut des
Les
300
au prix de plaintes
plus ou moins consid?rables
dont est remplie la correspondance.
25 f?
nombreuses
?
:
me
ans.
Il
On
doit plus de 3
m'avait
vrier 1525
pro
avances
mis un paiement extraordinaire,
j'ai re?u de bonnes pa
?
roles, mais rien de plus 3. 30 octobre 1525 : ? La pen
sion de l'Empereur,
je n'ai aucun espoir de la toucher
si je ne rentre pas. Ici la vie est ch?re, les rentr?es ? peu
me
pr?s nulles. Tu (Pierre Barbirius) passes ton temps ?
promettre
mon
tas
des
d'or...
affaire4. ? 24 d?cembre
mus
un
peu
1525
de
terre
ferait
mieux
: ? Je t'envoie
(? Eras
tr?s fid?le ami et
Schets) Charles Hartus, mon
famulus qui va en Angleterre y recueillir le peu d'argent
ne me
Car l'Empereur
de mes pensions.
(pecuniolas)
d'eau b?nite de
rien ; en revanche, on m'arrose
5
?
?
cour
; 29 avril 1526 : Aucun espoir de pension 6. ?
1er septembre 1527 : ?Aucune chance de toucher la pen
donne
1
VI, p. 35, ep. 1553, 24 f?v. 1525, ? Maximilien
Allen,
Transsyl
;
;Allen,
VI, p. 36, ep. 1554, 24 f?v. 1525, ? Jean Alemannus
VIII,
Allen,
p. 225, ep. 2192, 7 juillet 1529, ? Antoine
Fugger.
2
Rhenanus.
1517, ? Beatus
Allen,
III, p. 52, ep. 628, 23 ao?t
d'avoir
cette ?poque,
Erasme
para?t heureux
Remarquons
qu'?
de
son argent, ce n'est que plus tard qu'il accusera
Barbirius
touch?
l'avoir vol? :Allen,
1526, ? Erasmus
VI, p. 440, ep. 1769, d?cembre
vain
Schets.
3
Allen,
4
Allen,
5
Allen,
6
Allen,
VI,
VI,
VI,
VI,
p.
p.
p.
p.
36, ep. 1554, ? Jean Alemannus.
183, ep. 1621.
241, ep. 1654.
327, ep. 1700, ? M. Gattinara.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
29
sion de l'empereur si je ne rentre pas. Par deux fois ila
ordonn? qu'on me fasse un paiement extraordinaire, mais
on lui ob?it quand il commande de faire rentrer de l'ar
?
gent, non quand il ordonne d'en laisser sortir *. 7 juillet
?
n'a plus ?t? pay?e
1529 : La pension de l'Empereur
on
ans
souvent
7
m'a
de
fait
belles promesses,
;
depuis
on n'a jamais
a ?crit
rien envoy?. L'Empereur
mais
pour qu'on me paie, mais Mar
plus d'une fois d'Espagne
:
et
guerite a dict? cette loi Que je rentre en Brabant
des montagnes
d'or, plus grandes que celles qu'on a
jamais vues
sion 2. ?
en Perse
m'attendent,
mais
de pen
pas
n'est presque pas aid? par les pensions qu'il
ce
re?oit ; n'est donc pas l? qu'il faut chercher le secret de
sa richesse consid?rable. Mais ?rasme
est un ?crivain et
?rasme
les ?crivains
mancier
passe
vivent
un
de leur plume. Actuellement,
contrat
avec
son
?diteur
qui
lui
le ro
aban
sur la vente de ses livres.
donne un certain pourcentage
? l'auteur et sur le
Le livre est un capital appartenant
quel
on lui paye une rente. Cette propri?t?,
c'est le droit
d'auteur.
Mais
mythe.
d'?rasme
au
xvie
si?cle,
le droit
d'auteur
vole
Caminade,
par exemple,
3 en
;
1513, Froben
r?imprime
n'est qu'un
les Colloques,
sans autorisa
tion l'?dition aldine des Adages4" et parvient, peu apr?s,
? employer, sans ?tre inqui?t? lemoins du monde, un ma
1
VII,
p. 157, ep. 1871.
Allen,
2
Allen,
VIII,
p. 225, ep. 2192.
3Bibliotheca
t. VIII,
2e s?rie, nov. 1518.
Belgica,
4
? la lettre 269.
Allen,
I, p. 521, introduction
09:43:31 AM
30
JEAN
HOYOUX
nuscrit amplifi? et corrig? de la m?me
uvre, subtilis? par
?
Il a imprim? ? B?le quel
lui d'une fa?on malhonn?te.
? ?crit ?rasme ?
? la
mes
de
ques-uns
Ammonius,
Adages
copie de l'?dition aldine est si bien faite qu'il faut vrai
ment de bons yeux pour faire la diff?rence 1. ?
A son tour, Froben est bient?t victime de cette ind?li
courante.
catesse
saisi de cette nouvelle affaire
?rasme,
et oblig? de s'y int?resser, puisqu'il
s'agit encore une fois
ne
ses
d'un de
livres,
peut, pour d?fendre Froben, que
une
composer
pr?face qui indiquera au lecteur la bonne
foi de l'imprimeur b?lois. Lettre du mois de juillet 1517,
: ? Badius
a imit? ton
uvre...
adress?e ? Jean Froben
lutter contre lui, ajoute
plaires :
cette pr?face
Pour
? tes exem
Jean Froben au lecteur honn?te : ? En imprimant des livres,
j'ai toujours eu en vue l'int?r?t des bonnes ?tudes et non pas
le mien
propre,
j'ai
toujours
voulu
pour
mes
uvres
l'assenti
ment de l'?lite et non pas de la foule. Si tous les imprimeurs
comme
agissaient
Mais
et
cela
maintenant,
se moquent
des
!..
beaucoup
?tudes.
n'?coutent
Sachant
que
combien
leur soif d'argent
peu
nombreux
sont les vrais connaisseurs de livres, les ?diteurs ne tentent
les lecteurs que par le bas prix de leurmarchandise... 2 ?
se rend compte du ton g?n?ral : il s'agit d'argu
ments d'ordre
sentimental et non pas de droit qu'on
On
exige.
Comme
? plus
autoris?,
on vole les ouvrages
forte raison
bien mieux,
et lesmanuscrits
d'?rasme,
ses livres sans qu'il l'ait
? son insu. Quand
il l'apprend par
traduit-on
?
1
1513.
Allen,
1, p. 547, ep. 283, 21 d?cembre
que
J'imagine
?
caract?res
de l'?dition aldine
Froben
s'?tait
imiter
les
appliqu?
se
non
et
celle-ci
?tait
vendait
mieux
parce que
pas
plus renomm?e,
la fraude.
pour dissimuler
2
III, p. 13, ep. 602.
Allen,
09:43:31 AM
MOYENS
d'?RASME
d'EXISTENCE
hasard,
il ne songe pas
langue
(l'allemand),
31
? s'en f?cher. En
1525, J?r?me
?
: Ta
Emser le pr?vient candidement
paraphrase de Jean
a ?t? tr?s bien traduite par un de mes amis dans notre
nous
l'avons
cet hiver1?.
imprim?e
Le 17mai 1527,?rasme ?critde B?le ? Jean Lasky : ? Il
a ?t? traduit chez les Espagnols
para?t que YEnchiridion
au
en langue vulgaire,
des moines 2. ?
grand scandale
Le 15 mars 1528, ? Alfonso Vives : ? Je ne savais pas que
avait
traduit
3. ?
Enchiridion
l'archidiacre
Alcorano
Le
1527 : ? Je ne sais pas si ceux qui tra
ouvrages en espagnol ont en vue mon in
13 novembre
duisent mes
ce que
t?r?t ;mais
moi
bien de la haine
je sais, c'est qu'ils
4. ?
accumulent
contre
Les historiens qui ont ?tudi? les droits d'auteur dans le
pass? n'ont gu?re fait remonter leurs investigations plus
haut que le xvne si?cle. Pour l'?poque qui nous occupe,
ils se bornent ? citer les faits qu'ils ont pu r?unir et qui
sont loin de circonscrire la question. Tout ce qu'ils peu
vent ?tablir c'est que la propri?t? litt?raire, ? l'?poque
?tait
apparut,
les
pas, et que
fait pour prot?ger
le privil?ge, lorsqu'il
les imprimeurs, non
n'existait
d'?rasme,
auteurs.
ce que dit J. de Borchgrave
Voici
5 :
? Au d?but, sous le r?gne de Louis XII,
exceptionnel. Ses rares titulaires ?taient
teurs,
l'exclusion
des
auteurs
et
le privil?ge ?tait
les libraires-?di
la reproduction
des
ou
vrages anciens en ?tait l'objet presque exclusif. C'est ainsi
que l'on vit, en 1507, accorder ? Antoine V?rard le privil?ge
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
VI,
VII,
VII,
p. 29, ep. 1551.
p. 66, ep. 1821.
p. 355, ep. 1968.
*
Allen, VII, p. 244, ep. 1904.
5
J. de BoncuGKA\E,Evolution
p. 11.
historique
du droit d'auteur,Bruxelles
1916,
09:43:31 AM
32
JEAN
HOYOUX
d'imprimer les Ep?tres de saint Paul, traduites en fran?ais
par un Docteur en Th?ologie ; et, plus tard, en 1516, ? Jean
de Lagarde, libraire de l'Universit? de Paris, le privil?ge de
des
l'impression
de
Coutumes
France.
on
Ailleurs,
vu
avait
d?j? le S?nat de Venise conc?der des privil?ges ayant un
r?el caract?re de protection industrielle. C'est ainsi que,
en 1469, il avait accord? ? Jean de Spire un privil?ge de
librairie pour avoir ? par ses soins et ses ?tudes, introduit
dans l'illustre Cit? de Venise l'art d'imprimerie ? et, en 1495, ?
Aide Manuce, un privil?ge pour l'usage exclusif des caract?res
italiques dont il ?tait l'inventeur et aussi, pour le r?compenser
uvres d'Aris
de cette invention, le privil?ge d'imprimer les
tote.
tous
Dans
les cas,
de
l'?rudition
son m?rite,
l'imprimeur,
et son habilet? professionnelle constituaient le titre d?termi
nant l'octroi du privil?ge ; et le but de celui-ci, tout en assurant
?
de
penser
de
l'imprimeur
son
?.
initiative
Et plus r?cemment,
? Aux
s'orienta
temps de
vers
effet, publier
de tous
l'immense
port?e
tines
premiers
que
privil?ges
leur que
les
humanistes
et
dans
de
l'imprimerie, la protection
nouveaux
du
les monopoles
ou
les pays
On
l'?diteur.
tr?sor
Stolfi ?crit1
Nicola
naturellement
en
tant,
autre
la plus
n'?tait
que
soign?e,
ses frais et avances
et de le r?com
la reproduction
l'ouvrage
d'indemniser
livres,
des
ne
que
cultures
temps
voulait
portaient
grecques
les provinces
qui
les
la
et
si haut...
?videmment
n'avaient
pas
mettre
la
Les
de
va
conf?raient.
Tel fut, par exemple, le fameux privil?ge accord? le 25 f?
vrier 1496 par la R?publique de Venise ? Aide Manuce
pour
l'?dition
des
auteurs
grecs
?.
nous disons qu'un humaniste vit de la vente
Lorsque
ses
donc de prendre la formule
de
livres, gardons-nous
au sens moderne. Aucun ?diteur ne lui envoyait le re
lev? annuel des pourcentages
1
Nicola
Stolfi,
1932.
Il Diritto
qui
di Autore,
lui ?taient d?s. En
tome
I, p.
Ill,
re
3e ?dition,
Milan,
09:43:31 AM
MOYENS
vanche,
qu'?rasme
d'EXISTENCE
il connaissait
un
d'?RASME
proc?d?
lui-m?me d?finit comme
33
bien plus simple,
ceci : ? Si vous ne
parvenez pas ? vendre un ouvrage, offrez-le aux Grands,
en voyageant, vous en retirerez
beaucoup de profit, plus
m?me que si vous l'aviez vraiment vendu l. ?
?tait possible parce que les auteurs recevaient de
dont ils
l'imprimeur un certain nombre d'exemplaires
Cela
disposer ? leur guise. Cette stipulation, qui
figure encore, mais en ordre secondaire, dans les contrats
?tait essentielle dans ceux du xvie si?cle 2.
modernes,
pouvaient
Comme
nous
le verrons
le nombre d'exem
ci-dessous,
un ?rasme
?tait beaucoup
plus
auteur re?oit de nos jours. Cependant,
recevait
plaires que
?lev? que ce qu'un
m?me la vente de ces livres n'e?t
pu le faire vivre s'il
la
m?thode
avait
r?sume
dans son mot ?
joint
n'y
qu'il
:
Cuthbert Tunstall, ? savoir
utiliser le livre comme ca
deau qui sera largement r?mun?r?.
Pratiquement,
voici
comment
les auteurs
s'y pre
1
Allen,
Tunstall
22 octobre 1518, ? Cuthbert
III, p. 424, ep. 886, Louvain,
: Opus
vendi non potest, donat magnatibus
obam
quoniam
bulans, atque ita charius vendit quam si venderet.
2
de contrat
tir? de W.
et E. Roswell,
Greg
Records
Exemple
,
1576-1602,
of the court of the stationers'Company
from register
2 Augusti
1930 :Monday,
Mr Stove.
It is ordered
Londres,
(1602).
that Mr Stove
shall have IIJ li et XI
t' copies for his paynes
in the
the survey of London,
book called
And XXs
and L copies
for his
?
in the brief cronicle.
Sur ce contrat
voir Frank
paynes
c?l?bre,
s. d., Londres,
Arthur Mumby,
and Bookselling,
p. 89 :
Publishing
John Stove,
the most
accurate
historian
of his age,
told Mannin
is true that he received L3 and
gham...it
forty copies for his great
?
of London.
Sur cette habitude
des imprimeurs
de donner
Survey
un certain nombre
aux auteurs,voir
d'exemplaires
?galement Egirio,
Il diritto di Autore,
Rivista
trimestrale della societ?
italiana
degli
autori ed editori, 1931, IX, pp. 128 sq., d'apr?s
lui, la formule dot et
concedit ad imprimendum
faisant
abandon
de
indique que l'auteur
son manuscrit
? l'imprimeur,
celui-ci ?ditait ? ses frais, risques
et
fournir un certain nombre
? l'au
profits et devait
d'exemplaires
teur. Et pourtant,
dans
le contrat
entre Galliot
et N.
de
Dupr?
il n'est pas question
d'ex,
d'auteur
d'Huma
; voir Bibl.
Mailly,
t. IV (1944), p. 435.
nisme etRenaissance,
3
09:43:31 AM
34
JEAN
HOYOUX
; ils composaient une d?dicace
qu'ils mettaient
en t?te de l'?dition et ils envoyaient un exemplaire ? un
influent et riche qu'ils int?ressaient ainsi ?
personnage
naient
eux. Celui-ci, en r?compense, les soutenait, leur faisait
parvenir un don de l'importance duquel il ?tait juge.
des d?dicaces
L'?tude
des livres d'?rasme
va nous faire
le syst?me. Dressons
la liste des
comprendre
dans
d?dicatoires
qui figurent
?p?tres
YOpus d'Allen,
et en
de 1495 ? 1532, en suivant l'ordre chronologique
nom
et
l'
titre
le
de
et
la
date
le
la
uvre,
qua
indiquant
mieux
? qui elle ?tait adress?e. Nous suppri
les d?dicaces portant cette mention vague
rien.
lecteur ? et qui n'apprennent
lit? du personnage
mons
?Au
toutes
8 novembre 1495. Carmen de
casa
natalitia
7 novembre
obscur
Boece,
ami
an
glais.
1496.
Hermani...
Sylva Odarum
Mars 1498. De Conscribendis
Epistolis
Mars 1499. Lucubratiuncuise
Octobre
Hector
Henri de Berghes, archev. de
Cambrai.
Robert
Fisher,
de Veere, fils de la
Adolphe
1499. Lucubratiun -
de Veere.
marquise
Jean
son ?l?ve.
Colet,
un
ami.
Cul 83
William Blount, Lord Mount
Juin 1500. Adagia
28 avril 1501. Officia Cicero
joy.
Jacques
un ami.
Voecht,
nis
Automne
1501.
un
Jean
Lucubratiun
ami.
cul 83
13 f?vrier 1503. De precellen
tia potestatis imperatorias
Jacques Anthoniz, vicaire g?
n?ral
de
l'archev.
de
Cam
brai.
Septembre
puero
1503. Concio
de
Iesu
17 novembre
Declamatiuncul
1503. Aliquot
Rob. de Keysere,
instituteur
gantois.
Nicolas Ruistre, Chancelier de
Bourgogne.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
F?vrier
1504. Panegyricus
ad Philippum, Archiducem
Austrise... de triumphali
profectione Hispaniensi de
que foelici eiusdem in p?
tri?m reditu
F?vrier
1504.
d'?RASME
Nicolas Ruistre.
Jean
Panegyricus...
Mars 1505. Vallensis Adnota
tiones
1er janvier 1506. Luciani
puscula
24 janvier 1506. Euripidis He
cuba et Iphigenia
1er mai 1506. Luciani Opus
cula
un
Desmarais,
Juin 1506. Luciani Opuscula
Canterbury.
Richard Whitford,
Thomas
Opus
cula
Ruthall,
chapelain
?v?que de
Durham.
Christophe
Urswick,
favori
roi.
du
Juillet 1506. Luciani
ami.
Christophe Fisher, un Anglais
au service de la cour papale.
Richard Foxe, homme d'?tat
de Henri VII.
William Warham, archev. de
de Foxe.
Juin 1506. Luciani Opuscula
Jean Paludanus, prof, ? Lou
vain.
Ao?t
1506. Luciani Opuscula
17 novembre 1506. Luciani
Opuscula
Novembre
35
1507. Hecuba
et
Iphigenia
Septembre 1508. Adagiorum
Chiliades
9 juin 1511. Moriae Encomium
Septembre 1511. Enchiridion
29 avril 1512. De duplici co
pia
29 avril 1512. Luciani
Dia
log!
1er janvier 1513. Plutarchi de
valetudine precepta
Juillet 1513. Plutarchi Opus
Ren? d'Illiers, ?v. de Chartres
J?r?me Busleiden, futur fon
dateur du Coll?ge des trois
? Louvain.
langues
William Warham.
William
Blount, Lord Mount
joy.
Thomas
More.
Jean
Fisher.
Jean
Colet.
William Warham.
Jean Yonge,
homme d'?tat
anglais.
Henri VIII.
cula
09:43:31 AM
36
JEAN
Juillet 1514. Plutarchi Opus
HOYOUX
Thomas Wolsey.
cula
1er ao?t 1514. Opuscula
ali
Jean de Neve, prof, puis rec
teur ? Louvain.
quot
15 octobre 1514. De Copia
15 octobre 1514. Parabol??
sive Similia
1515. Senecae
7 mars
Lucu
Mathias Sch?rer, imprimeur.
Pierre Gilles.
Thomas Ruthall.
brationes
13 avril 1515. Lucubrationes
Ins
1er f?vrier 1516. N?vum
Rhenanus.
Beatus
L?on X.
trumentum
Mars
1516. Institutio Princi
pis Christiani
1er avril 1516. Hieronymi 0
pera
1er avrii 1516. Naucleri Com
mentarli
juin 1516. Grammatica
Institutio Gazae
5 septembre 1516. De Copia
Mars 1517. Querela Pacis
23
Charles-Quint.
William Warham.
Thomas Anshelm, imprimeur
b?lois.
Jean
Caesareus,
prof,
et hu
maniste.
William
Jean
Nesen,
Huttich,
un
imprimeur.
auteur
?
Juillet 1517. Querela Pacis
(fils
Philippe de Bourgogne
naturel de Philippe le Bon),
Juillet 1517. Querela Pacis
1517. Disticha Catonis
Henri
d'Utrecht.
?v?que
humaniste.
Glareanus,
Alard
d'Amsterdam,
profes
seur.
4 novembre
1517. Quintus
Duc Ernest de Bavi?re.
Curtius
13 novembre 1517. Paraphra
sis ad Romanos
22 d?cembre 1517. Ratio Ve
rae Theologiae
20
f?vrier
1518.
Gazae...
insti
tutio
13 mars 1518. Querela Pacis
Mai 1518. Josephi liber
Domenico Grimani, futur do
ge de Venise.
Albert de Brandebourg.
Jean
Caesareus.
Henri Afinius, m?decin.
Helias
Marcaeus,
moine
dictin.
09:43:31 AM
b?n?
MOYENS
d'?RASME
d'EXISTENCE
37
15 juillet 1518. Institutio Prin
cipie Christian!
14 ao?t 1518. Enchiridion
17 octobre 1518. Eobani Ho
Jean le Sauvage, chancelier
du futur Charles-Quint,
L'abb? Paul Volz.
Conrad Mutien, prof, et hu
doeporicon
17 octobre 1518. Eobani Ho
Jean
maniste.
?tudiant.
Draco,
doeporicon
17 octobre 1518. Eobani Ho
Henri Bemyng, ?tudiant.
doeporicon
19 octobre 1518. Eobani Ho
Helius Eobanus.
doeporicon
19 octobre 1518. Eobani Ho
doeporicon
24 octobre 1518. Argumenta
Jonas.
Jodocus
Nicolas
de Malaise,
abb? de
St-Hubert.
5 f?vrier 1519. Paraphrasis ad
Corinthos
Avril 1519. Paraphrasisda
Erard de laMarek.
Antoine de laMarek.
Galatas
31 juillet 1519. Opera Cypria
ni
Novembre 1519. Paraphrasis
ad Timotheum
5 f?vrier 1520. Paraphrasis ad
Ephesios
Juin 1520. Antibarbari
Juin 1520. Paraphr. in Epist.
P?tri et lud se
D?cembre 1520. Paraphrases
inEp?stolas Can?nicas
17 janvier 1521. Paraphrasis
ad Hebraeos
13 janvier 1522. Paraphrasis
inEvan g.Matthaei
28 f?vrier 1522. Colloquiorum
Lorenzo
Pucci,
Philippe
de Bourgogne,
?v?
d'Utrecht.
que
Lorenzo
Jean
cardinal.
Campegio,
Sapidus,
cardinal.
humaniste*
Thomas Wolsey.
Mathieu
Schinner, cardinal.
Sylvestre Gigli, ?v?que.
Charles-Quint.
Jean
Erasmius
Froben.
Formul?e
25 mai
1522. De conscriben
dis epistolis
1er ao?t 1522. Arnobii opera
Nicolas
Beraldus
(B?rault),
professeur et ?diteur.
Le pape Adrien VI.
09:43:31 AM
38
JEAN
5 janvier 1523. Paraphrasis
in Evang.
opera
1er juin 1523. Ratio verae
Theologiae
Ao?t 1523. Spongia adversus
aspergines Hutteni
23 ao?t 1523. Paraphrasis in
Jean Carondelet, haut digni
taire de la cour de Charles
Quint.
Albert de Brandebourg.
Ulrich
win gli.
Henri Vili.
Lucae
Octobre
1523.
Tusculanae
Quaestiones
Octobre 1523. Virginis matris
apud Lauretum cultae Li
turgia
Octobre 1523. Precatio
Do
minica
D?cembre 1523. Paraphrasis
inEvang. Marci
D?cembre
Prince Ferdinand d'Autriche.
Ioannis
5 janvier 1523. Hilarii
Evang.
HOYOUX
1523.
Commenta
rius inNucem Ovidii
25 d?cembre 1523. Commen
tarius in Nucem Ovidii
31 janvier 1524. Paraphrasis
inActa Apostolorum
24 f?vrier 1524. Exomologesis
25 f?vrier 1524. Exomologe
sis
1ermars 1524. Exomologesis
1er juin 1524. Hieronymi Epis
Jean Vlatten, alors ?tudiant.
Theobald Bietricus,cur? d'une
petite ville pr?s de B?le.
Louis Decius, secr?taire du roi
de Pologne.
Ier.
Fran?ois
Jean More,
le fils de Thomas
More.
Marguerite Rop er, fille a?n?e
de Thomas
More.
Le pape Cl?ment VII.
Fran?ois Molinius, ?v?que.
th?olo
Melchior Viandalus,
gien.
Jean
Faber,
conseiller
du
prince Ferdinand.
William Warham.
tolae
29 juillet 1524. De immensa
Dei misericordia
30 juillet 1524. De immensa
Dei misericordia
1erao?t 1524. Farn. Colloquio
Christophe d'Utenheim, ?v?
que de B?le.
Helias Marcaeus, moine b?n?
dictin.
Jean
Erasmius
Froben.
rum Formulae
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
10 octobre 1524. Hieronymi
d'?RASME
39
William Warham.
opera
11 d?cembre
1524. Libellus
alter
Joachim
?tu
Camerarius,
diant.
5 janvier 1525. In Psalmum
Concio
quartum
8 f?vrier 1525. Plinii Historia
Jean Longlond,
?v?que
an
glais.
Stanislaus Turzo, ?v?que po
lonais.
14 mars 1525. Chrysostomi
De sacerdotio
30 mars 1525. Chrysostomi De
orando
Deum
Willibald
L'abb?
Pirckheimer.
Maximilien
de Bour
gogne, petit-fils naturel de
Philippe leBon.
30 avril 1525. Plutarchi Li
bellus
Alexius Turzo,
Juillet 1525. Adversus
remApologia
Jean
Selva.
30 janvier 1526. Chrysostomi
De fato
Jean
Claymond,
3 f?vrier 1526. Plutarque
Fran?ois Dilft, un jeune ami.
28 avril 1526. Galeni Exhor
Jean
Suto
fr?re de Sta
nislaus.
eccl.
anglais.
un m?decin.
Antoninus,
tatio
15 juillet 1526. Christ, matri
monii
Catherine
d'Aragon.
Inst.
19 ao?t 1526. Chrysostomi in
Ep. ad Phil.
27 ao?t 1526. Irenaei Opus.
3mars 1527. Chrysostomi Lu
Polydore Vergile, ?crivain.
Bernard de Cles, ?v?que.
Jean
Longlond.
cubrationes
24 mars
1527. Chrysostomi
Jean III de Portugal.
Lucubrationes
6 juillet 1527. Fragmentum
commentariorum
in Evangelium
Origenis
de Diesbach,
Nicolas
noine b?lois.
cha
secundum
Matthaeum
13 ao?t 1527. Ambrosii Opera
Jean Lasky,
primat de Po
logne.
09:43:31 AM
40
JEAN
14 ao?t
1527. Chrysostomi
Babylas
23 ao?t 1527. Chrysostomi
HOYOUX
Nicolas Varius, pr?sident du
Coll?ge des Trois Langues.
Robert Aldridge, eccl. anglais.
Babylas
Septembre 1527. Apologia
monachos
ad
Alfonso
archev?
Manrique,
que.
Hispanos
5 f?vrier 1528. Justa Querela
F?vrier 1528. De Pronuntia
tione
Henri Eppendorf?, ?tudiant.
de Bourgogne,
Maximilien
fils
d'un
ancien pu
jeune
pille de Batt.
25 juin 1528. Fausti De gra
tia Dei
1er ao?t 1528. Interpretatio
in Ps. LXXXV
Carondelet.
Ferry
Jean
Longlond.
1er ao?t 1528. Interpretatio
in Ps. LXXXV
Alfonso Valdes,
13 ao?t 1528. Adagiorum 0
Charles Blount,
secr?taire de
l'empereur.
fils de Wil
liam.
pus
Janvier 1529. Senecae Opera
Pierre Tomiczki,
de
?v?que
Cracovie.
1er f?vrier 1529. Chrysostomi
Charles
?tudiant.
Utenhove,
Opuscula
F?vrier
1529. Vidua
Chris
Marie de Hongrie.
tiana
1er juillet 1529. De pueris ins
tituendis
1er septembre 1529. De pro
Guillaume, duc de Cl?ves.
Charles
Utenhove.
nuntiatione
F?vrier 1530. Enarratio
Ps. XXII
in
13 f?vrier 1530. Xenophontis
Thomas Boleyn.
Antoine Fugger.
Hieron.
Mars 1530. De civilitate mo
rum puerilium
5 ao?t 1530. Chrysostomi O
pera
21 f?vrier 1531. Enarratio
Ps. XXXIII
Henri de Bourgogne.
Christophe de Stadion,
?v?
que.
in
Conrad de Thuengen, ?v?que.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
26 f?vrier 1531. Apophteg-
d'?RASME
41
Guillaume, duc de Cl?ves.
mata
f?vrier 1531. Aristotelis
27
Opera
1ermars 1531. T. Livii... His-
Jean More.
Charles Blount.
toriae
13 f?vrier 1532. Enarratio
Psalmum XXXVIII.
in
Stanislaus Turzo.
?num?ration, qui n'a pas besoin d'?tre exhaus
nous
am?ne ? formuler les conclusions suivantes :
tive,
les destinataires
On trouve aux d?dicaces
les plus va
Cette
ri?s, les plus diff?rents. Les ?tudiants, les ?v?ques, les rois
sans ordre au
et les simples humanistes
s'entrecroisent
gr? de la fantaisie. On ne sent pas dans cet ?trange ?nu
m?r?
d'un
directrice
la volont?
syst?me. Beaucoup
non
s'adressent
influents et riches,
pas ? des personnages
mais
qui ne pouvaient pas fournir ?
contribution capable de le faire vivre. Ses
? des amis obscurs
?rasme
une
grands ouvrages
di?s ? de hauts
William
Fisher,
ne
sont g?n?ralement
pas d?
sont offerts ?
les Adages
personnages,
m?me
encore bien jeune, YEnchiridion
? John
les Colloques ? Jean Erasmius Froben, trois ou
Blount,
vrages sont d?di?s ? Colet qui n'est pas riche et YEloge
? Thomas More qui, en 1511, est un jeune
de la Folie
avocat
sans
fortune.
Ce n'est donc pas encore ce moyen,
? le
syst?me de la d?dicace
appeler
?rasme.
Mais
nous
avons
que nous pourrions
?, qui a fait vivre
fait maintenant
lui procurer
le tour des
des revenus.
Lui
qui pouvaient
o? soi disant
il lui
m?me, dans sa lettre ? Botzheim,
:
r?v?le le secret de sa vie, n'en mentionne
pas d'autre
1
les le?ons, les pensions, les d?dicaces
et ces moyens-l?
proc?d?s
Allen,
I, p. 1, ep. 1.
09:43:31 AM
42
JEAN
ne peuvent
lui rapporter
HOYOUX
grand chose. Certains histo
avec eux-m?mes,
se rendant
riens d'ailleurs,
logiques
compte que les revenus avou?s
par l'humaniste sont com
font de lui un mis?reux
et un
insuffisants,
pl?tement
: Zweig, examinant
les moyens de subsis
qu?mandeur
nous parle d'un professorat occasionnel,
tance d'?rasme
d'une place de correcteur d'imprimerie
chez Aide
?
r?mun?r?es et il conclut :
Venise, surtout de d?dicaces
?
sa
ann?e... ?rasme vit de dons,
Jusqu'?
cinquanti?me
voire d'aum?nes.
Ses cheveux
grisonnent
d?j? qu'il
doit encore se courber et ployer l'?chin? ; le nombre de ses
et de ses ?p?tres flatteuses est
louangeuses
infini ; elles tiennent une place incroyable dans sa corres
pondance et, en les rassemblant, on en ferait un excellent
d?dicaces
tant
formulaire de suppliques
d?note d'art et de finesse \ ?
le style de
ses requ?tes
ceux qui ont lu la correspondance
ne
d'?rasme
en
un
?
lui
voir
con
Nous
songent pas
qu?mandeur...
clurons simplement de tout ce que nous avons vu
jusqu'?
Or
maintenant
qu'?rasme
cette belle aisance d'une
divulguer
et qu'il tirait
source cach?e qu'il n'aimait pas
?tait
tr?s riche
en dehors de l'intimit?.
d?
Jusqu'? pr?sent, nous avions suppos? qu'?rasme
diait l'?dition enti?re ? un personnage
riche et puissant
qui, en ?change lui donnait un cadeau capable de le faire
vivre pendant quelque temps. Mais il faisait bien mieux
en divisant ses livres
les d?dicaces
que cela. Il multiplie
par fascicules qu'il
1
St. Zweig,
Erasme,
offre chacun
Grandeur
? des personnages
et d?cadence
d'une
diff?
id?e, p. 44.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
43
sont d?di?es
ainsi que les Lucubratiunculae
officiellement en mars 1499 ? Adolphe de Veere, en oc
tobre 1499 ? John Colet, en automne 1501 ? Jean. Les
rents. C'est
le sont le 1er janvier 1506 ? Richard
Opuscula
? Richard Witford, en juin 1506 ?
1er
mai
le
1506
Foxe,
en juin 1506 ? Christopher Urswick,
Thomas Ruthall,
Luciani
en ao?t 1506 ? Ren?
en juillet 1506 ? Jean Paludanus,
d'Illiers et le 17 novembre 1506 ? J?r?me B?sleiden.
Il r?dige des d?dicaces
diff?rentes pour le m?me vo
lume ; leDe immensa Dei misericordia envoy? le 29 juillet
1524 ? Christophed'Utenheim et le 30 du m?me mois ?
Helias
donnant
?Jarcaeus...
Il imprime dans ses livres une lettre
fois de ses nouvelles ? un lecteur d?
chaque
termin?. Bien des
d'autre
?p?tres de YOpus
Et cette multitude
d'Allen
n'ont
pas
ainsi
origine.
d'ouvrages
les envoie dans toutes les directions.
accommod?s,?rasme
:
Tout ceci explique bien des points encore obscurs
:
ce n'est plus seulement
?rasme peut vivre maintenant
une personne par ouvrage, mais peut-?tre dix
qui vont
se croire oblig?es de lui faire un cadeau plus ou moins
uvre ? peu pr?s
c'?tait une man
important. Assur?ment,
frauduleuse puisque
chaque destinataire
supposait que
avait ?t? imprim? exclusivement
pour lui,
l'ouvrage
et cette circonstance explique pourquoi ?rasme, dans sa
ne parle pas des ressources qu'il en
lettre ? Botzheim,
ce que nous savons des con
trats d'imprimerie
d'alors, dans lesquels nous voyons
chaque fois l'imprimeur promettre un certain nombre
tire. Elle
cadre bien avec
? l'auteur.
d'exemplaires
L'?tude
de la correspondance
? penser que ces exemplaires
d'?rasme
?taient
nous
am?ne
tr?s nombreux
compensation
l?gitime pour l?s ? droits ? absents. Ce
ou
5
n'?tait pas
10 exemplaires par ouvrage que l'huma
09:43:31 AM
44
JEAN
HOYOUX
50 et peut-?tre 100. Parfois davan
en 1507, Aide s'engage ? fournir ?
?
tage, puisque d?j?
2 ? 300 exemplaires
de sa traduction d'Iphi
?rasme
niste vendait
mais
Et il ajoute dans sa lettre : ? Si le
g?nie et d'H?cube.
nous essayerons
colis est trop grand pour le messager,
?
d'acheter un cheval *.
Nous
arrivons
commerce
ainsi
? mettre
voir
? la t?te d'un
librairie, sans pouvoir
reprendre une ? une toutes
de
consid?rable
faire l'histoire
?rasme
compl?te,
exactement
en
les
? qui les ouvrages
ont ?t?
n'avons pour b?tir pareil ?difice
?ditions,
nous
vendus, puisque
que des lettres qui, malgr? leur nombre ?norme, plusieurs
milliers, ne donnent forc?ment que des renseignements
Citons
simplement des extraits caract?ris
:
tiques pour 1525, le lecteur les multipliera
? la
Le 22 mars 1525, il ?crit ? Jean de Lorraine,
sporadiques.
fin d'une
livre Du
?
le
longue lettre : Nous t'envoyons maintenant
Libre Arbitre que nous avons ?crit contre
2 ? le
Pirckheimer
les
;
25, il envoie ? Willibald
il
?
livres grecs de Chrysostome3
le
demande
Pierre
;
26,
Gilles d'envoyer des livres ? Corneille de Berghes 4 ; le
Luther
9 avril, il s'informe aupr?s de Pirckheimer
pour savoir
5
s'il a re?u le Chrysostome et la pr?face
; le 25 ao?t, il
? No?l Beda : ? Je n'ai pu
?crit cette phrase remarquable
charger le porteur d'un plus gros paquet de livres, mais
? ; le 4 oc
j'ai du moins ajout? un catalogue du reste6
lui demande
des nouvelles
tobre, L?onard Casembroot
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
4
Allen,
5
Allen,
6
Allen,
I, p. 439, ep. 207.
VI, p. 55, ep. 1559.
VI, p. 56, ep. 1560.
VI, p. 58, ep. 1562.
VI, p. 63, ep. 1568.
VI, p. 148, ep. 1596.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
45
il parle
? l'?v?que de Londres 2 ;
Cricius de Cracovie le remercie pour un
de la r?impression des Adages
d'un livre qu'il vient d'envoyer
le 20 d?cembre,
; le 5 octobre,
lui
livre re?u 3. Le 21 janvier 1526, Jean Antoninus
?
ne pourrait d?dier son De Con
?crit : Ta Grandeur
Jean
4. Rectius ?, enten
Henckel
cionando mieux qu'?
dons
: d'une
fa?on plus
Jean Antoninus
dire que
13 mars,
Le
de nouveaux
r?mun?ratrice.
Cela
revient
? un bon
?
?.
lui donne
tuyau
il promet ? Michel Boudet de lui envoyer
livres en lui donnant un r?sum? de l'?tat
: ? Je n'avais
de ses travaux
d'avancement
rien ? t'en
de Plutarque
traductions
voyer si ce n'est quelques
et une r?plique ? Luther. Mon Saint J?r?me est termin?
assez heureusement
et les Adages
consid?rablement
?
augment?s 5.
Le 17 avril, Louis
:
de Berquin lui fait une commande
? Si tu veux
ton Pan?gyrique
pour notre roi
m'envoyer
de retour en France 6, comme je te l'ai d?j? demand?,
fais en sorte de me le faire parvenir, ou si tu pr?f?res
m'envoyer
Articuli,
rer,
c'est
ce Pan?gyrique
apr?s que j'aurai re?u les
c'est comme tu voudras. Ce que je peux t'assu
que
ton
secr?taire
ne
s'en
retournera
pas
?. 7 Comment
? munus
sans
traduire ces mots
honorificum
alors que l'id?e m?me qu'ils expriment ne correspond
? Voil? pour une seule ann?e
plus ? rien aujourd'hui
sur la consid?rable
quelques
renseignements
entreprise
de librairie ? la t?te de laquelle
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
4
Allen,
6
Allen,
6
Allen,
7
Allen,
VI,
VI,
VI,
VI,
VI,
VI,
VI,
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
190,
194,
236,
250,
284,
284,
317,
ep.
ep.
ep.
ep.
ep.
ep.
ep.
se trouve ?rasme.
1626.
1629.
1652.
1660.
1678.
1678.
1692.
09:43:31 AM
46
JEAN
HOYOUX
? ce commerce
tant d'importance
ses
uvres
des
de
pour en vendre
catalogues
qu'il envoie
lui conseille
Le 13 ao?t 1516, John Watson
davantage.
Encore
attache-t-il
ce qui prouve qu'elle n'avait rien d'inso
cette m?thode,
2
n'est au fond qu'un
lite \ La c?l?bre lettre ? Botzheim
uvres
ses
envoy? par l'humaniste.
catalogue g?n?ral de
Puis,
veau,
en y ajoutant un article nou
livres ? splendides reliures, ?
? ceux qu'il
et enlumin?es,
semblables
il l'amplifie bient?t
la vente des beaux
lettres dor?es
envoya lui-m?me ? Erard de la Marek 3, ? l'archev?que
de Canterbury 4, ? Marie de Hongrie 5.
Puis allant plus loin encore, estimant que ses livres, si
nombreux pourtant, ne lui rapportaient pas assez, il en
vint ? vendre ses lettres. D'abord,
il publia plusieurs
recueils d'?p?tres
dont
il avait
gard?
na?t :
Epistole
tens. Oct.
Auctarium
les con
4?, Louvain,
Th. Mar
elegantes, 4?, Louvain,
Th. Mar
selectarum epistolarum, 4?, Bale,
J. Froben.
aliquot
1516.
ad Erasmum,
sane quam
Epistole
tens. Avr. 1517.
Ao?t
copie. On
1518.
Farrago
1519.
nom
epistolarum,
4?, B?le,
J. Froben,
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
nunc Card.,
Oct.
II, p. 316, ep. 450.
I, pp. 1-46, ep. 1.
30 janvier 1523 -.Episcopo Leodiensi
I, p. 43, ep. 1, B?le
cui libellum
ad Corinthios,
cui
inscripsimus
Ep?stolas
duo v?lumina
Novi
cui donavimus
Testamenti
inauratum misimus,
non ineleganter adornata neque predi mediocris.
inmembranis
*
29 mai 1527, ? William
War
Allen,
VII,
p. 78, ep. 1831, B?ie,
: Scripsi
inauratum.
ham
nuper misique Hieronymum
6
23 mars
1529, de F?lix
Allen,
VIII,
p. 101, ep. 2130, Spires,
:Feci,
ac una accessimus
cui dedi libellum
inauratum de
Rex
Regem
Vidua
Christiana.
09:43:31 AM
MOYENS
ad diversos, Fol.,
Epistolae
1521.
Selectae
d'?RASME
d'EXISTENCE
Bale,
31 ao?t
J. Froben,
J. Herwagen
epistolae, 4?, Bale,
47
et H. Froben,
1528.
Opus epistolarum, Fol., Baie,
et N. Episcopius,
1529.
Epistolae
Fol.,
Florid??,
H. Froben,
Baie,
1531
Peu
? peu,
consid?raient
ceux qui recevaient
la chose comme une
J. Herwagen.
une
Sept.
lettre de
lui
faveur qui deman
b?n?vole.
?rasme
?change une gratification
jouait ?videmment de ce sentiment.
Voici des passages de lettres qui prouvent
de v?ritables ? lettres pay?es ?.
dait
en
J. Herwagen
qu'il
y eut
19 f?vrier 1528, Sigismond Ier lui ?crit : ? Ta
nous a ?t? remise... nous t'envoyons
100 ducats
2. ?
veuille les recevoir amicalement
lettre
Le
d'or,
Le 20 f?vrier 1528, J. Lasky : ?Notre prince a r?pondu
? la lettre avec moins de talent, mais autant d'amit? et il
a ajout? 100 ducats d'or 3. ?
: ? L'archev?que
Le 28 juin 1528, Jean Vergara
(de
? la suite de ce que tu m'as
?crit a
Tol?de, Fonseca)
d?cid? aussi de t'envoyer 200 ducats d'or, tu en trouveras
4. ?
ci-joint la reconnaissance
Le 15 mai 1529, d'Alphonse Vald?s : ? Je t'ai ?crit qu'?
on serait bien heureux si ?rasme voulait ?crire
Tol?de
quelques mots. Je pense que tu as re?u les 200 ducats
?
au sujet desquels
je t'ai ?crit ? plusieurs reprises 5.
1
On trouvera
Allen,
app. VII.
2
Allen,
VII,
3
VII,
Allen,
*
VII,
Allen,
6
VIII,
Allen,
une
?tude
p. 331,
p. 333,
p. 411,
p. 171,
compl?te
sur ces recueils
de
lettres dans
ep. 1952.
ep. 1954.
ep. 2004.
ep. 2163.
09:43:31 AM
48
JEAN
HOYOUX
: ? Peu
?crit ? J. Vlatten
1529, ?rasme
apr?s avoir re?u ma lettre, il (Ant. Fugger) m'a envoy?
?
une coupe dor?e tr?s belle, qui vaut bien 40 florins
Le 20 octobre
Il est superflu d'insister sur les sommes consid?rables
que pouvait rapporter ? ?rasme
pareille activit?. Elles
?taient d'autant
plus grandes que l'humaniste n'exigeait
pas pour ses livres de contribution fixe. Sans doute, ses
d?marcheurs
?taient parfois d??us, comme ce fut le cas
avec Erard
de
? qui ?rasme
avait d?di? son
et qui r?pondit simplement en
? venir le voir. Cette invitation
la Marek
aux Corinthiens
Epitre
invitant
l'humaniste
sans r?mun?ration
la consid?ra tou
p?cuniaire, ?rasme
jours comme une insulte, il engloba m?me Li?ge dans la
haine qu'il portait au cardinal comme le prouve ce billet
extraordinaire
ten en ao?t
envoy? de Li?ge
1514 : ? Je m'?tais
? Andr?
de Hoogstrae
d?tourn? de mon itin?
raire pour visiter un vieil ami et pour jouir un peu du
spectacle de cette ville tant vant?e. Bien mal m'en prit.
Jamais je ne suis sorti d'une ville avec le m?me d?go?t,
avec
la m?me
Mais,
en
accueillis,
de vases,
volont?
de ne
jamais
y retourner
2. ?
les envoy?s
?taient bien
revanche,
quand
ils rapportaient
gros. Nous avons d?j? parl?
de coupes d'or et
de gobelets, d'horloges,
il y avait bien d'autres
choses. Citons
d'argent 3,mais
: Une
avec
au hasard
coupe
l'inscription
'Aya?ou
4
du duc de Cl?ves
a
; deux coupes de l'?v?que
d'Autun
Juliers
contenant
5
; une
1
VIII,
Allen,
2
Allen,
II, p.
3
Voy. supra p.
4
VIII,
Allen,
5
Allen,
VIII,
6
VIII,
Allen,
coupe
coupe du duc de
6 une autre
de
de Jean Henckel
;
200 florins
; une
p. 285, ep. 2222.
3, ep. 299.
23.
1529.
novembre
p. 301, ep. 2234,10
3 mars 1530.
p. 367, ep. 2277, ? Jean Botzheim,
13 avril 1530.
p. 420, ep. 2309, de Jean Henckel,
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
49
; de l'?v?que de Baie, un cheval
2 en
;
1516,
parvient ? revendre 50 florins
qu'?rasme
un
un
du
Nouveau
cheval
Testament,
pour
exemplaire
3 en
et un calice avec couvercle
;
1518, pour le m?me ou
Conrad
de Thuengen
vrage, un cheval encore4; en juin 1529, un anneau avec
5
rubis de l'?v?que polonais Andr? Cricius
; en 1531,
6
?...
un vase rempli de fruits rares du Portugal
dont nous n'avons donn? qu'un faible
ne
sont que des ? c?t?s. C'est l'argent qui reste le
aper?u
Sans doute, on en parle
mode de payement habituel.
moins dans les lettres parce que l'argent est une chose
Et
ces cadeaux
laisse passer le
plus sordide, mais par ci, par l?, ?rasme
bout de l'oreille et il ?crit des phrases
qui nous en
cite
parce qu'elle
apprennent
long, telle celle-ci, que je
? commis
?
(un de ses
typique : Fran?ois
un
b?n?fice de
voyageurs
?) soutient qu'il aurait fait
2.000 florins s'il avait pu emporter une plus grande
est vraiment
charge
de
livres 7. ? Or
lettre est de 1516, ? une
n'est pas encore com
d'?rasme
cette
o? la r?putation
ans plus tard.
parable ? la gloire qu'il conna?tra 10
?poque
Maintenant
richesse
provenait
1
Allen,
gen.
2
Allen,
3
Allen,
4
Allen,
5
Allen,
6
Allen,
7
Allen,
que
d'?rasme
d'une
VIII,
nous
avons
?tudi?
les sources
et que nous avons d?couvert
vaste entreprise de librairie,
p. 428,
ep. 2314,
9 mai
1530,
de Conrad
de
la
qu'elle
il nous
de Thuen
II, p. 242, ep. 412, 3 juin 1516, ? Thomas More.
II, p. 331, ep. 457, 27 ao?t 1516, ? Jean Reuchlin.
III, p. 241, ep. 786, 5 mars 1518, ? John Golet.
VIII,
p. 189, ep. 2174.
IX, p. 287, ep. 2511.
II, p. 375, ep. 483.
4
09:43:31 AM
50
JEAN
reste ? examiner
HOYOUX
la structure,
l'organisation
mat?rielle
de ce puissant commerce.
Au d?but, ?rasme
vend
ses livres lui-m?me, ou du
moins il les envoie ? des amis qui se chargent de les r?par
des
tir. Batt, par exemple, place une s?rie d'exemplaires
Lettre du mois de juillet 1500
Adages ? Saint-Omer.
?
livres
?rasme
: ? Si tu crois arriver ? vendre quelques
dans
le paquet 1. ?
Saint-Omer,
prends-les
? J. Batt
adress?e
fait ?galement
accord
gustin Caminade,
un professeur, Au
les Adages ? son cours ?
avec
qui expliquera
obligeant ainsi les ?tudiants ? acheter les livres de
l'humaniste chez l'auteur 2.Lettre du mois de juillet 1500
Paris,
adress?e
J. Batt
: ? Augustin
les Adages
explique
un tr?s nombreux
auditoire 3. ?
en public,
devant
quitte Paris, la vente
Lorsque Caminade
vendre
rien
parce qu'Augustin
peux plus
cesse.
? Je ne
a cess?
son
cours, il a d? fuir ? cause d'une peste 4. ?
Ensuite, ?rasme pense ? envoyer des livres ? des amis
plus lointains. En Angleterre par exemple, c'est Thomas
More qui joue le r?le d'interm?diaire. Dans la m?me ann?e
Testament ? Thomas Linacre,
1516, il vend le Nouveau
Lettre du 17 f?
S?n?que ? l'?v?que Thomas Ruthall.
vrier 1516 : ? Je suis profond?ment heureux que J?r?me
et le Nouveau Testament r?ussissent si bien. Il est curieux
et d?sir? partout. Et tu me
Linacre a la meilleure opinion
de voir comme il est demand?
peux
croire, cher ?rasme,
1
Allen,
I, p. 297, ep. 128.
2Renaudet
le pro
p. 397) modernise
(Pr?r?forme etHumanisme,
le libraire organisa
?crit : ? Selon
c?d?
quelques
l'usage,
lorsqu'il
et le
? l'Universit?,
le titre de l'ouvrage
conf?rences
pour r?pandre
un tr?s nombreux
nom de l'auteur.
devant
Caminade
s'en acquitta
?.Assur?ment,
c'est ainsi qu'on
auditoire
s'y prendrait
aujourd'hui
de 1500 ?taient plus directes.
pour lancer un livre. Les m?thodes
3
Allen,
I, p. 298, ep. 129.
4
Allen,
I, p. 300, ep. 129.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
d'?RASME
51
de Durham
de toi et fait partout ta r?clame...L'?v?que
a tr?s bien accueilli ta d?dicace *. ? Il place des livres
au cardinal d'Yorck
(sans autre sp?cification)
des lettres et le Nouveau
Testament
v?nitien
nian, ambassadeur
?
:
J'ai donn?
tembre 1516
2. Il remet
? Sebastian
Giusti
? Londres. Lettre du 3 sep
tes lettres ? l'ambassadeur.
Je pense qu'il a ?t? bien heureux de recevoir le Nouveau
Testament 3. ? Et en m?me temps, il r?colte lui-m?me
en Angleterre.
l'argent, fait tous les comptes d'?rasme
Il indique chaque fois dans ses relev?s le cours de la livre.
Lettre du 21 juin 1516 : ? Tu recevras pour chacune de
nos livres 30 sous, 4 deniers de Flandre
nait 8 deniers de moins par livre 4. ?
don
en arrive ? faire ses affaires tout
?rasme
Finalement,
;Maruf?us
d'un livre
par lui-m?me. L'envoi
seul, compl?tement
ne se fait gu?re sans l'envoi d'une lettre qui l'introduit et
courant et
le recommande.
C'est un usage absolument
bien ancr? dans
les m
urs, ? tel point que lorsque l'on
lettre, on s'en ?tonne et on la r?
re?oit un livre sans
et de
clame 5. Sous ce rapport, le portrait d'?rasme
Pierre Gilles, peint par Quentin Metzeys est un symbole ;
il repr?sente d'un c?t? l'?crivain,
c'est un diptyque,
? sa table de travail, et de l'autre le vendeur,
?rasme
Pierre Gilles, nous offrant d'une main les Antibarbares
et de l'autre nous tendant une lettre. Vers la cinquan
1
Allen,
2
Allen,
8
Allen,
*
Allen,
5
Allen,
II,
II,
II,
II,
p.
p.
p.
p.
198, ep. 388.
261, ep. 424.
339, ep. 461.
260, ep. 424.
II, p. 151, ep. 362, B?le, 16 octobre 1515, ?Willibald
:Libell?m
abs te versum Brugis
exhibait mihi
Pirckheimer
quendam
?
Voici
le contraire,
la lettre
Thomas Morus...
de litteris nulla mentio.
sans le livre : Allen,
1516,
p. 348, ep. 469, Francfort,
septembre
:
vidi (non enim Basileae
de William
Nesen
nondum
sed
Copiam
tuas litteras recep?) quam tu scribis esse meam.
Franchfordiae
09:43:31 AM
JEAN
52
HOYOUX
cesse de prier des amis de bien vouloir
amis, il envoie directement
aupr?s d'autres
taine, ?rasme
interc?der
des
commissionnaires.
il s'agit d'un livre de prix ? re
doute, quand
le cas est un peu diff?
mettre ? un puissant personnage,
il faut savoir la donner
rent, car la lettre d'introduction,
Sans
au moment
mauvais
souvent de
; les grands connaissent
c'est
; tomber chez eux ? Pimproviste,
voulu
jours
de tout
simple commissionnaire,
perdre. Un
risquer
d'autre part, ne peut esp?rer ?tre re?u en personne par
un prince ou un ?v?que. L'envoyer,
c'est en r?alit? se
et
confier ? des subalternes, gens souvent malveillants
presque
habitu?
maladroits.
des
?rasme,
toujours
et fin vendeur de livres, avait r?solu toutes ces
grands,
difficult?s. Il avait
r?ussi ? s'attacher
dans
les diff?rentes
cours des familiers de l'?v?que ou du prince, il leur con
fiait ses envois et ces gens, qui lui ?taient absolument
d?vou?s,
les sortaient
au moment
propice.
Li?ge,
de Bierset,
par exemple, c'est Pascal
jeune humaniste
et en m?me temps grand
tout ? la d?votion d'?rasme
cardinal, qui est charg? de passer toute la
et tous les livres ? Erard de la Marek.
correspondance
favori du
de
la Paraphrase
lui que le prince recevra
un
aux
au
?
ch?teau
moment
de
Romains,
Huy,
VEp?tre
1.
choisi entre tous, ? la fin d'un banquet
C'est
de
un mot
des famuli d'?rasme
qui
et ses employ?s.
il s'av?re comme un
D?s 1516, Pierre-qui-n'a-qu'un2. On l'envoie d?j?
actif sinon scrupuleux
messager
Disons
maintenant
sont ? la fois ses secr?taires
1
de Bierset.
Allen,
III, p. 182, ep. 748, janvier 1518, ed. Pascal
2
la premi?re
More.
C'est
Allen,
II, p. 243, ep. 412, ? Thomas
dans un texte de Pierre le Borgne.
mention
09:43:31 AM
MOYENS
d'?RASME
d'EXISTENCE
en
o?
Angleterre,
de lettres
volumes
il est
charg?
53
d'apporter
de
l'archev?que
et aussi de visiter toutes les connaissances
quatre
Canterburyx,
en
d'?rasme
Angleterre pour leur porter des lettres ou des livres.
Nous le savons parce que tous ces personnages, Thomas
Colet 3, John Fisher 4, Andr? Ammo
More 2, John
6, Thomas
Lupset 7, r?pondent en
mentionnant
chaque fois le nom du Borgne, sans com
mentaire d'ailleurs, ? part Thomas More qui. par cette
nius 5, John
Sixtin
ce que c'est que de se servir d'un
r?flexion : ? Voil?
8
?,montre combien il le tenait en petite estime.
borgne
L'ann?e
^suivante,
en
effet,
il de
Pierre-qui-n'a-qu'un-
singuli?rement de la confiance de sonma?tre.
ces m?mes ann?es, ?rasme
emploie encore comme
autres
commissionnaires,
quatre
domestiques
qu'il
vait abuser
En
d?nomme
1
Allen,
2
Allen,
3
Allen,
: Fran?ois9,
II, p. 245, ep. 413.
II, p. 259, ep. 424,
Jacques
10, le Frison
u,
le Ba
21 juin 1516.
II, p. 257, ep. 423, 20 juin 1516 :Non facile credideris
tua quam modo ad me attulit
leticia af/ecit epistola
Erasme,
quanta
noster.
Unoculus
4
Allen,
II, p. 268, ep. 432, 30 juin 1516 :Etsi plurimis
negociis
tarnen ut is tuus Petrus
nolui
meis
litteris vacuus
ad te
impediar,
rediret.
5
: Coclitem
discessisse
Allen,
II, p. 266, ep. 429, 26 juin 1516
arbitratus...
6
: Cum monoculum
nos
Allen,
II, p. 267, ep. 430, 26 juin 1516
trum...
7
: Tradidissem
Petro
Allen,
II, p. 268, ep. 431, 28 juin 1516
ex tuis abstuli...
qu
8
Allen,
II, p. 260, ep. 424 :Vide quid est unoculum mittere tabella
rium.
9
Allen,
Franciscum
10
Allen,
per meum
gratissimas.
11
Allen,
II, p. 429, ep. 511,? Augustin Agge, 10 janvier 1517 :Per
fideliter, ut putotradentur.
III, p. 54, ep. 631, ? Henri Stromer, 24 ao?t 1517 :Accepi
literas tuas multis
famulum Jacobum
quidem nominibus
omnia
:
III, p. 59, ep. 637, ? Pierre Gilles, 28 ao?t 1517 Mitte
?
Virorum.
ad nos Ep?stolas
Obscurorum
per Phrysium
D'apr?s
?
?
Allen
le
Frison
serait Jean de Frise
lettre),
(note 12, m?me
et il serait entr? au service d'?rasme
en
? Anvers,
1516.
septembre
Le Frison
est souvent cit? dans les lettres.
09:43:31 AM
54
JEAN
HOYOUX
qui font le service avec Pierre-qui-n'a-qu'un
il qui reste le commissionnaire principal 2.
Dans la suite, le nombre des mentions de domestiques
tave1et
diminue, ou plut?t, ?rasme n'emploie plus comme com
autant que
missionnaires
que des famuli, collaborateurs
serviteurs.
en 1518, M?nard
de Hoorn,
envoy? par
Signalons
?rasme ? Froben ? pour lui porter le restant du texte du
3 ? en
nouveau Testament
1525 et 1526, Carolus Harstus
;
d?l?gu? le 23 ao?t 1525 ? Padoue 4, le 3 octobre ?
5, le 17 f?vrier 1526 ? Londres 6, le 7 mars ? An
vers 7, puis en Pologne
8, et en qui ?rasme
para?t avoir
une enti?re confiance puisqu'il ?crit ? Erasmus
Schets,
en lui envoyant ce famulus de Baie le 11 mars 1526 : ? Je
Rome
n'ai pas besoin de te r?pondre sur tous les points puisque
tu as vu Carolus Harstus
9. ? Rappelons
que l'huma
niste envoie le 6 mars 1529 ? 150 couronnes ? son famulus
ser
Talesius
pour le remercier de ses bons
Quirinus
vices pendant
voudra
10
?rasme,
plusieurs
ann?es,
il pourra
en faire ce qu'il
?.
de plus, entretient chez lui une s?rie de jeunes
1
1517
16 septembre
Clava,
Allen,
III, p. 91, ep. 665, ? Antoine
Misi
;Allen,
III, p. 91, ep. 666, ? Marcus
per Batavum
Apol?gi?m
:
Laurinus
Scripsi nuper per Batavum.
2 II est
de Pierre
o? Ton parle
inutile de relever tous les passages
et
sont nombreux
il, retenons
qu'ils
simplement
qui-n'a-qu'unavec un air entendu ou m?prisant.
parle toujours du Borgne
qu'on
3
Allen,
III, p. 421, ep. 885.
4
VI, p. 139, ep. 1594.
Allen,
5
Allen,
VI, p. 183, ep. 1621.
6
Allen,
VI, p. 261, ep. 1666.
7
Allen,
VI, p. 272, ep. 1671.
8
Allen,
VI, p. 281, ep. 1674.
9
Allen,
VI, p. 283, ep. 1676 :Non
respon
opus est ut de singulis
deam quandoquidem
apud vos fuisse.
?pinor Carolum
10
:D. Erasmus
Talesius
VIII,
Allen,
p. 74, ep. 2113, ? Quirinus
com
Talesio
Roterodamus
pro fideli ministerio
famulo meo Quirini
et valens centum et
dono dedi sanus
annis mihi praestito,
pluribus
volet.
cor?nalos solatos, ut de his facial quicquid
quinquaginta
09:43:31 AM
'
MOYENS
d'EXISTENCE
55
d'?RASME
gens (juvenes) dont les attributions ne sont pas bien
1.
d?finies et qu'il emploie au besoin comme messagers
ses
l'Eu
Avec
?rasme
commissionnaires,
parcourt
Ils remplissent le monde de leurs aventures h?ro?
comiques, telle celle de cet aventurier ? qui l'humaniste
rope.
confi? un Nouveau
le porter ?
Rome au Pape et qui s'?tait promen? deux mois en Suisse,
s'en servant pour mendier
pour son propre compte.
avait
Lettre
du 3 novembre
Testament
1517,
pour
? Jean Caesareus
: ? Je
pense que c'est le borgne (luscus) qui se vantait d'avoir
?t? envoy? par nous ? Rome. Nous
l'avions en effet,
Testament parce
l'ann?e pass?e, charg? d'un Nouveau
qu'il allait ? Rome, avec des lettres pour deux cardi
naux qui auraient pr?sent? le volume au Pape, nous lui
avions m?me donn? un viatique. Mais notre homme s'est
en
partout
promen? deux mois en Suisse, mendiant
notre nom, en montrant partout notre livre ; il a ?t? jus
l'Empereur m?me et il en a re?u 7 pi?ces d'or
qu'?
?
(aurea) 2.
Ce ? luscus ? doit ?tre Pierre-le-Borgne
aura gris? et qui
confiance d'?rasme
lui-m?me que la
aura fini par en
ces jeunes gar?ons ma
que tous
fort importantes et sans contr?le
la notion de prix fixe n'existait pas.
possible puisque
Comment l'auteur aurait-il v?rifi? leurs comptes ? Il ne
abuser.
niaient
pouvait
quitte
Remarquons
des sommes
que se fier ? l'honn?tet? de ses d?marcheurs,
? savoir par l'une ou l'autre lettre quelle somme
1
Allen,
III,
: Hune
Hatten
Novi Testamenti
p. 420,
ep. 882, Louvain
meo sumptu
VII,
p. 321,
juvenem
;Allen,
20 octobre 1518, ? Maternus
mitto Basileam
ob exemplar
5 f?vrier 1528
ep. 1944, Bale,
? Philippe Melanchton :Qui has tibi reddit, juvenis est candidissim
14 mars
;Allen,
1529, ? Ber
VIII,
p. 85, ep. 2121, Baie,
pectoris
:
cum literis Christophorus
nard de Cles
Adfert autem libellum simul
Carlevitzius,
juvunis genere nobilis...
2
Allen,
III, p. 126, ep. 701.
09:43:31 AM
56
JEAN
ils avaient
n'?taient
?rasme
Cyclope
exactement
HOYOUX
re?ue. Mais
les recoupements
pas toujours possibles.
a mis en sc?ne, dans le colloque
intitul? le
un
nomm? Poly
personnage
Porte-Evangile,
ph?me, qui s'en va en chasse pour trouver de l'argent,
en guise d'escopette,
d'un Nouveau
arm? uniquement,
Testament
?dit? par ?rasme.
Le
Cyclope
poss?de
toutes les qualit?s d'un bon d?marcheur.
S'il
d'ailleurs
vend
les
livres comme
il d?biterait
du savon, du moins
est-il persuad? du bon droit de son patron et de la bonne
il ne sait la d?fendre
;mais
qualit? de la marchandise
sinon ? coups de poings et il se vante d'avoir fortement
contre l'?dition
secou? un Franciscain
qui d?blat?rait
d'?rasme.
a en grec le sens
Se basant sur le fait que Polyph?me
de fameux, qui est aussi celui de Felix en latin, M. A.
avec
a identifi? le Cyclope
Roersch
Porte-?vangile
identification qui fut accept?e
l'humaniste F?lix Rex,
par Allen
Roersch
et par Preserved
Smith *. Nul doute que M.
du
raison de voir dans l'interlocuteur
n'ait
dont ?rasme
Cannius,
nom.
de
le
Mais
modifier
je
jug?
ici une autre interpr?tation du personnage
proposerai
2
du Colloque
doit
de 1528
Le Polyph?me
principal.
son
il unique ? Pierre, le d?marcheur
certainement
Cyclope
n'a pas
le Hollandais
Nicolas
n?cessaire
borgne qui, en 1517, compromit, nous l'avons dit, la
Ce souvenir mit onze ans
bonne r?putation d'?rasme.
1A.
de la Renaissance.
l'Humanisme
Roersch,
belge ? V?poque
?
et portraits,
?tudes
Bruxelles,
1910, p. 83 et suiv.
Allen,VIII,
?
to
99.
A
the
P.
Smith,
p.
Cambridge
of Erasmus,
key
Colloquies
studies, XIII.
1927, Harvard
theolog.
2 Le
la
fois chez Eucharius
Cervicor
parut pour
dialogue
premi?re
nus ? Cologne,
en 1528. C'est le seul des Colloques
dont Ted.
princeps,
n'ait pas ?t? imprim?e chez Froben.
09:43:31 AM
MOYENS
? se d?canter.
d'EXISTENCE
d'?RASME
57
dans le Colloque qui nous occupe,
l'a non pas transcrit, mais transpos?. Au lieu d'un vul
gaire diff?rend entre un ma?tre et son valet, nous lisons
?rasme,
une antith?se
riche de sens entre les deux fa?ons de por
: sous son bras ou dans son c ur. Et Nico
ter l'?vangile
la r?plique au portefaix
las Cannius donne noblement
non
brutal et goinfre, mais
d?nu? de bonne volont?. Tout
ce qui, dans les Colloques,
est ?l?ment r?el, ? Erleb
sur
nis ?, est ainsi ?lev?
le plan d'une v?rit? plus f?conde,
Et
aventure
la
banale
de Pierre
le
plus
g?n?rale.
Borgne devient un d?bat entre le mat?rialisme
religieux
et la d?votion en esprit. Cependant, remarquons qu'avec
une habilet? infinie ?rasme
se sert de ce colloque et de la
personne
de Cannius
droit dont
le z?le
une grande
fois cong?di?,
livres par d'autres
avait
une
le serviteur mala
pour d?savouer
l'a jadis compromis. Ceci
importance puisque, Pierre le Borgne
indiscret
?rasme
continua
ses
d?marcheurs.
Dans
nombre de biographies
?A
partir de 1510, ?rasme vit de
sions ?,et on imagine trop ais?ment
? l'humaniste, ? la fin de chaque
sur la vente
? faire vendre
des volumes.
Rien
on lit :
?rasmiennes,
sa plume et de ses pen
des ?diteurs remettant
ann?e, un pourcentage
de tel : l'?crivain rece
ses exemplaires,
les envoyait ? des destinataires
choisis, avec des d?dicaces
qui, multipli?es,
repr?sen
taient chacune une sorte de petite
imposture. Pour
vait
chaque volume, il acceptait en ?change un cadeau plus
ou moins
important, mais toujours tr?s sup?rieur ? la
valeur marchande
du livre. Ainsi le voulait l'?tiquette
du temps.
09:43:31 AM
58
JEAN
Ce
proc?d?
avait-il
HOYOUX
chose
quelque
d'humiliant
avec
il fau
exactitude,
r?pondre ? cette question
il
?tait
savoir jusqu'?
g?n?ral ou si
quel point
?rasme
y a fait preuve d'une virtuosit? particuli?re.
Pour
drait
un savant de 1520 n'aurait-il pas vendu ses
Pourquoi
vendent bien leurs le?ons.
livres ? Ceux d'aujourd'hui
eu l'en
?rasme aurait pu vendre les siennes s'il n'avait
seignement en horreur. Lui reprocher d'avoir v?cu du
commerce de ses livres serait faire comme Platon qui
se moque
des sophistes parce qu'ils se faisaient payer
Platon
?tait riche et son ironie
leurs conf?rences.
Mais
n'est pas
de pharisa?sme.
exempte
em
se pose en terminant. La m?thode
probl?me
?tait-elle celle de tous les auteurs de
ploy?e par ?rasme
ce temps ? Je ne le pense pas. Certains textes indiquent
Un
que la vente faite par les libraires rapportait ? l'auteur 1.
Il est probable que les ?diteurs offraient le choix entre
: ou bien ils conc?
diff?rents proc?d?s de r?tribution
?
ori
daient une part de b?n?fice sur les livres vendus
?
?
?
ou bien ils
en usage aujourd'hui
droits
gine des
remettaient
d'exemplaires.
l'auteur
Cette
un nombre
seconde
assez
m?thode
consid?rable
ne pouvait
1Commodum
se
ex nostris
etHebraea
Graeca
advecta erant exemplaria
ne si caetera
tot
ut
est
sint
libri
Me
venditi,
praesente
nugis.
effectum
rursum absolutae
sunt
desint hieme fames non sit nos cruciatura. Heri
nom 500 exem
Institutiones
dicatae Hoverio,
typis excusae Colinaei,
sunt divendita...
Cl?nard
Corr. de Nicolas
his diebus
omnia
plaria
1530 ? Fran?ois
p. 13, lettre du 21 octobre
pubi, par A. Roersch,
ont certainement
?t? vendus
Hoverius.
Les livres dont parle Cl?nard
r??ditant
par des libraires et non par lui-m?me. Et Simon de Colines,
nous
en vente personnellement.
Mais
les Institutiones,
les mettait
sommes
en 1530. Bien des choses
les d?buts
avaient
chang? depuis
d'?rasme.
09:43:31 AM
MOYENS
d'EXISTENCE
59
d'?RASME
au commerce
g?n?raliser, car elle eut ?t? pr?judiciable
de la librairie, tel qu'il s'est d?velopp?
ind?pendamment
de l'?dition elle-m?me. Mais elle ?tait avantageuse
pour
un ?rasme parce que sa grande r?putation lui permettait
chaque ouvrage offert, un antid?ron
d'une valeur sup?rieure ? celle du cadeau. On comprend
qu'il l'ait employ?e, ? l'exclusion, semble-t-il, de toute
de recevoir
autre,
car
pour
on
ne
trouve
dans
sa
aucune
correspondance
de sommes qu'il aurait re?ues de ses ?diteurs,
au titre de droits d'auteur. Des monographies
analogues
? celles que je pr?sente ici, permettront peut-?tre de
mention
d?crire un jour, avec plus de pr?cision, le statut des au
teurs du xvie si?cle par rapport ? leurs ?diteurs et ?
leurs libraires.
Jean
Hoyoux.
09:43:31 AM
LOUISE LAB? ET SA FAMILLE
AVANT-PROPOS
Les
documents
relatifs ? Louise
peine en compte-t-on
sonnellement
Aussi
Lab?
sont rares,
six ou huit qui la concernent per
nous a-t-il paru int?ressant de
en ?tudiant le
compl?ter ces indications biographiques
milieu m?me dont est sortie la Belle Cordi?re et celui o?
elle a v?cu. Pour
ce faire, nous avons d?pouill? les s?ries
?t EE des Archives de Lyon, les registres
les insinuations de la ville de Lyon, les sen
BB, CC, DD
des notaires,
tences de la S?n?chauss?e
et celles
les archives
du Pr?sidial
celles
outre,
hospitali?res,
et celles du fonds des dames de St-Pierre
; en
de l'Archev?ch?
ont ?t? mises ?
a permis de recueillir plus
tous in?dits et que
de deux cents documents,
presque
nous ne publierons pas ici, mais dont nous citerons une
contribution
2.Ce travail nous
grande partie, et qui tous ont trait ? la famille et ? l'en
tourage de la po?tesse.
1 Les
connus ont tous ?t? cot?s et analys?s
documents
par D. O*
sa vie et son
dans sa th?se sur Louise
Connor
uvre, Paris,
Lab?,
1926.
2
en fin de cette
Voir Table
des documents
chronologique
publi?e
?tude.
09:43:40 AM
louise
et
lab?
sa
famille
61
PARTIE
PREMI?RE
LA FAMILLE DE LA PO?TESSE
I. ?
Pierre
p?re
Charly
la
de
dit Labb?
poetesse
les registres d'imp?ts de la fin du xve si?cle,
Dans
on rel?ve Jacques Humbert dit Labb?,
cordier en la rue
de l'Arbre sec, tax? 24 s. pour les frais de l'entr?e de
Charles VIII
en 1492, les deux professions
L'ann?e
suivante, sa nomm?e
; il r?unissait,
de cordier et d'af?aneur.
le porte encore comme propri?taire de la maison haute,
et basse de la rue de l'Arbre sec, bien
moyenne
qu'il
?tait
; sa veuve, Guillemette
Decuchermois,
d?s 1489, ? et ? pr?sent, Pierre Charlieu 1 et sa
femme poss?dent lad. maison ? lisons-nous dans les pa
de St-Pierre. En effet, Pierre
piers fiscaux des Dames
soit mort
remari?e
eut pour premi?re
Charly dit Labb?
de Jacques Humbert
qui lui apporta,
femme
la veuve
comme
l?gataire
de son premier mari, la maison de la rue de
l'Arbre sec et le commerce de cordier qui y ?tait exploit?.
Elle continua en son second mariage
la gestion de son
universelle
propre et y ?tait assez attentive pour se
patrimoine
faire octroyer quelques admod?rations d?taxe. Vers 1510,
la veuve d'Humbert
s'?teignit ? son tour sans enfant,
laissant
passa
D?s
? son second mari
d?claration
sa fortune dont Pierre Charly
aux nomm?es de 1515.
sous son nom
lors, Pierre Charly dit Labb?
2, propri?taire
d'une
1
On
trouve tour ? tour et simultan?ment
les graphies
Charly,
etc.
Charlin, Charlieu,
2
?
? ?tait
Nous
diet
Labb?
croyons
que
l'appellation
Charly
comme une
:
cor
de firme commerciale
dit Labb?,
esp?ce
Charly
? Humbert
diet Labb?,
succ?d?
la m?me
cordier dans
dier, ayant
maison.
09:43:40 AM
62
GEORGES
? la t?te d'un
TRICOU
commerce
bien achaland?,
jeune
un
encore, devint,
artisanal,
parti ais?.
1 il
se
ne
lui restait qu'?
Il
remarier
; convola, vers 1511,
avec Etiennette Roybet, qui lui apporta la propri?t? de la
Gela 2. De cette seconde union Charly eut trois fils :
maison,
en son milieu
et Mathieu,
et deux filles : Clau
Barth?l?my, Fran?ois
encore tous mineurs
au d?c?s de leur
dine et Louise,
m?re
survenu en 1523 ou 1524.
notre pauvre Pierre de nouveau veuf avec cinq
enfants en bas ?ge ? soigner et ? diriger, un atelier ? sur
veiller, une client?le ? suivre. Il ne pouvait faire autre
ment que de se remarier pour la troisi?me fois ; c'est ce
Voil?
qu'il fit (bien qu'?g? de plus de soixante ans) avec An
?tait de famille de bouchers,
Elle
toinette Taillard.
son p?re s'appelait Jean Taillard
et sa m?re N. Maignin,
fille d'un boucher
?galement. Antoinette devait ?tre tr?s
ou
1527, et bien inapte ? r?genter les en
jeune en 1526
fants de son mari et ceux qu'elle allait avoir elle-m?me.
Pour peu qu'elle ait ?t? indolente, mal dispos?e pour sa
belle-famille
(ce qui n'est pas absolument
d?montr?) et
en plus illettr?e, comme nous le verrons par la suite, il
que les quatre enfants d'?tiennette
?tant mort tout jeune) se soient
Roybet
(Barth?l?my
?lev?s tout seuls et suivant leur go?ts.
n'est pas
On
?tonnant
a voulu
voir
dans
cette
alliance
bouch?re
une
1
II avait environ 45 ans lors de ce second mariage.
2 Nous
verrons vers la fin de ce travail, que la Gela
fut l?gu?e, ?
sa s ur, femme Rosset,
et ? Marguerite
Etiennette
par un
Roybet
dit Compagnon.
Cette mutation
oncle par alliance Benoit Deschamps
a ?t? r?v?l?e
le 3 juillet 1570, au cours d'un proc?s en p?tition d'h?
de Jacques,
le dernier des Charly dit Labb?,
de la succession
cousin germain
du
intestat et sans enfant. Un Jean Rosset,
sans obtenir
ce que
nous
de la succession,
s'?tait empar?
d?funt,
sans res
lui accorda
l'envoi en possession,
que le tribunal
appelons
eu sous les yeux
le testament
de Benoit
Des
triction, apr?s avoir
r?dit?,
d?c?d?
champs (voirpage 73).
09:43:40 AM
LABE
LOUISE
ET
SA
FAMILLE
63
d?ch?ance
pour Pierre Charly, et surtout,
p?cuniaire
une d?ch?ance
sociale pour sa fille Louise. Si l'on com
pare la situation de la communaut? des bouchers avec
celle des cordiers, on ne peut ?tre que d'un avis oppos?.
leur
effet, d?s le xnie si?cle, les bouchers avaient
banni?re sp?ciale, alors qu'il n'?tait pas encore question
En
; aux
de cordiers
entr?es
solennelles
de
la reine ?l?o
nore (1533) et d'Henri II (1548), on put voir ? la suitede
et tambours battant, une bande de
capitaines,
340 ? 400 bouchers ? bien acoustr?s ? pour 1533, ? tous
leurs
portant piques dor?es ? en
toute r?mun?ration,
les conseillers de 1533
de velour
habill?s
1548. Pour
cramoisi
5 aunes de taffetas jaune et 12 livres de
de
1548 laissent tous les frais ? la charge de
Ceux
poudre.
ce temps, on ne voit dans les
la corporation. Pendant
leur allouent
: ils ?taient m?l?s
cort?ges ni cordiers, ni canabassiers
au bas peuple pour voir passer la parade. Au xvie si?cle,
les cordiers sont toujours class?s apr?s les bouchers, dans
l'ordre des m?tiers.
De
deux
cette
troisi?me
union, Pierre Charly n'eut que
: Jeanne n?e vers 1528 et Pierre II Charly
enfants
dit Labb?.
permettent de se faire quel
id?e des affaires du p?re de la po?tesse. De 1512 ?
Les documents
que
d'archives
1548, la ville de Lyon sera sa cliente attitr?e ; ceci est
tout ? l'honneur de sa fabrication. Bien entendu, on
ne conna?t pas l'ampleur de son commerce, mais on sait
que
les cordiers n'?taient
satisfaire
du
aux
ligotage
besoins
des
ballots
de
qu'une trentaine ? Lyon pour
la batellerie,
du voiturage,
et autres. Ils ?taient group?s
: au
et au
quartiers
sp?cialement
Bourgchanin
bas del? colline Saint-S?bastien,
l? o? on pouvait se loger
et avoir un jardin ou cour suffisants pour y ?tendre un
en deux
09:43:40 AM
64
cable.
GEORGES
C'?tait
un
TRICOU
commerce
facile, faisant de petites
?
des
besoins multiples.
correspondant
Charly a ?t? tr?s favoris? par la prosp?rit?
affaires, mais
Pierre
lyonnaise de la premi?re moiti? du xvie si?cle. Il a pu,
ou sur taxe,
sans perte, pr?ter au Roi, volontairement
sommes
relativement
des
importantes pour lui, de 15 ?
25 et ? 50 ?cus d'or, ou de 18 ? 30 et 56 livres t. dont il fut
toujours rembours?. Il emploie ses fonds pour s'agrandir
rue de l'Arbre sec, ou pour construire sur le terrain de la
Gela
qu'?tiennette
apport? en mariage
sa seconde femme, lui avait
Roybet,
et qu'elle avait l?gu? ? ses trois gar
?ons.
ne connaissons
affaire o? il aurait pu
qu'une
con
subir une perte sensible, c'est un cautionnement
senti ? un nomm? Boisson, commis ? la recette des fonds
Nous
lev?s pour les r?parations de la Ville en 1527. Sur ce cau
tionnement de 6800 1. t. , il s'en tira avec 144 1. 5 s. de
perte.
On a voulu
la puissante
Le livre des
faire de Pierre Charly un des courriers de
confr?rie de la Trinit?
; c'est inexact.
confr?res de la Trinit?
(?dit? par Guigue)
au
et jusqu'en
f?t
avant
monde
bien
que Charly
donne,
1789, les noms des courriers ; le sien n'y figure pas. Nous
supposons que l'on a d? confondre avec la bien plus mo
deste
confr?rie paroissiale
fut effectivement membre
du Pl?tre
en
St-Esprit, dont il
sans qu'on
sache
1538,
s'il a pu ou non en devenir courrier. On l'a vu en 1533
son quar
charg? des qu?tes de l'Aum?ne g?n?rale dans
on aurait pu voir aussi que l'insucc?s des qua
terniers ? faire une recette suffisante, inspira aux rec
teurs la pr?caution de les faire accompagner
par un des
on
trouve
ma?tre
le
membres du bureau. En 1533 encore,
tier, mais
des m?tiers
pour
les canabassiers.
Mais
cet honneur
09:43:40 AM
ne
ET
LABE
LOUISE
SA
FAMILLE
65
lui fut pas renouvel? ; pour qui voulait aller plus haut,
une seule ann?e de ma?trise n'?tait pas une recommanda
tion.
1523 ? 1533, il est quaternier en la rue de l'Arbre
sec et notable de 1537 ? 1546. Comme notable, Charly
n'est appel? qu'? renforcer avec ses pairs l'autorit? des
De
; il se rend aux convocations
conseillers
sans
une
une fois sur deux,
et se
personnelle,
opinion
ses
beaucoup
coll?gues, ? se ranger ?
1. Nous avons la preuve qu'il ?tait
celle de la majorit?
exprimer
jamais
borne, avec
de
? ceux ne sachant ni A ni
?. En 1529, le tr?
illettr?, de
sorier de la ville l'invite ? passer ? la maison commune
pr?t de 30 1.
enfants de France.
d'un
le remboursement
recevoir
pour
a souscrit pour la ran?on des
qu'il
On le paye en l'invitant ? signer l'acquit au dos de la c?
? tracer une ma
dule. Il arrive d'une main maladroite
ni?re de marque
commerciale et, comme il ne sait faire
? ? la
requeste dud.
mieux, le tr?sorier ajoute ? son texte
Charly
D?s
? et fait
authentiquer
il en
lors,
aura
qu'il
l'?ducation
et
italienne,
sera
de m?me
pour
la quittance
toutes
par notaire.
autres
quittances
a ?crit qu'il s'est inspir?, pour
de sa fille, de toute une litt?rature fran?aise
? donner. On
or
lire. Sa
nous
en
sommes
nous
s'il
demander
troisi?me
femme, Antoinette
Taillard,
situation et, en 1571, elle d?cla
?tait dans la m?me
rera en fin de son testament ? qu'elle ne sait signer ?.
savait
au
et notables
des m?tiers
Sur
le r?le des ma?tres
appel?s
il faut consulter
si?cle aux assembl?es
les Privi
consulaires,
de Rubys
(Lyon, Gryphe,
l?ges et franchises...
1574). Ce sont, dit-il,
?
pour la plupart gens ignares qui ne savent ni A ni B. Pour contenter
on peut
leur app?tit,
leur octroyer
de l?g?res charges
de peu de
?. Le tr?s aristocrate
ou quaterniers
dizeniers
cons?quence,
Sympho
: ? Les conseillers
rien Champier
est encore plus acerbe
sont
de Lyon
eslus par les maistres
des mestiers,
commun?ment
sont
lesquels
venus et estrangers
?.
nouveauls
gens imb?ciles d'entendement,
xvie
09:43:40 AM
66
GEORGES
TRICOU
sentant
le poids des ans, et Antoinette
il
fit un testament le 15 ao?t 1543,
Taillard
l'y poussant,
? l'?ge de 78 ans et, cinq ans plus tard, il y ajouta un
codicille augmentant au profit de sa troisi?me femme les
Pierre
Charly
lui avait d?j? l?gu?s A.C'est dans l'?tat de
que Pierre Charly dit Labb?
s'?teignit
entre 1548 et 1550. Son fils et h?ritier Fran?ois figure
avantages qu'il
ces dispositions
sur un
avril
livre de taxes
2
; le m?me
1550
vendre
au d?tail
au
quartier
commence,
des terres ? Vaulx
de
l'Arbre
sec en
le 26
juin 1552, ?
en Velin provenant
de la succession
Les
paternelle.
testamentaires
dispositions
de
?taient
Charly
ce n'est
des int?ress?s depuis
le d?c?s, mais
sa
de
le
convoi
Antoinette
veuve,
1553, apr?s
qu'en
avec
le notaire Popon, que
l'entente entre
Taillard,
connues
Fran?ois
Charly
et sa belle-m?re
fut momentan?ment
recours aux voies judiciaires pen
rompue : discussions,
dant 5 ans. Tout cela nous est cont? dans une transac
tion dress?e
10 ao?t
devant
Me Dechalles,
notaire,
? Lyon,
le
1558.
en pr?sence Fran?ois Charly, seul h?ri
de son p?re, et Antoinette Taillard assist?e
son second mari, et fait un r?cit sommaire des
Le notaire met
tier universel
de Popon,
difficult?s
? Entre
plusieurs l?gats, le testateur, (feu Charly p?re) a
l?gu? ? Antoinette Taillard, lors sa femme : Io 100 livres et
des meubles et ustensiles de m?nage ; 2? une pension de 4 an
n?es de vin et d'une ann?e de bl? ; 3? l'usufruit de sa maison
et jardin contigu en rue de l'Arbre sec 3. Il a institu? pour l?ga
1
du notaire Noyer,
de ces
Les protocoles
charg? de la r?daction
actes, sont perdus, nous n'en avons plus qu'une
trop courte analyse.
2
de vin (Arch, de Lyon, CC 3864).
d'entr?es
Registre
3 Parmi
nous savons,
ces plusieurs
par
l?gats hors de discussion,
300 livres, 2
le contrat de Jeanne Charly,
que son p?re lui a laiss?
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
67
taires universels Fran?ois et Mathieu Charly, ses enfants n?s
de son second mariage avec ?tiennette Roybet, et Pierre (II)
son fils n? du troisi?me mariage avec Antoinette Taillard *.
Par le codicille de 1548, il convertit l'usufruit de la maison de
la rue de l'Arbre sec, l?gu? ? la Taillard, en une pleine propri?t?,
pour en faire et disposer ? son plaisir et volont?, se remariant
ou non.
A cet expos? pr?liminaire,
il est ajout?
? Pierre Charly est d?c?d? en icelle volont? ; ensemble les
dits Mathieu et Pierre II Charly ses enfants et coh?ritiers et
sont
demour?s
Fran?ois,
h?ritier
mari?e avec Claude Popon. ?
Il rappelle que
sec provenaient
deux acquisitions
et
survivant,
la veuve
re
et jardin de la rue de l'Arbre
de la r?union en un seul tenement de
la maison
distinctes
: l'une,
de
l'h?ritage des
en propre ?
Humbert,
appartenait
?poux
Jacques
Pierre Charly ; l'autre, du c?t? de la rue Pizay,
le mariage
Charly-Roybet,
pendant
acquise
avait ?t?
et avait
sur la
pass? au moins en partie, au d?c?s de leur m?re,
survivait
t?te de ses enfants m?les, dont seul Fran?ois
en 1558. La veuve Charly pr?tendait mettre la main sur
la part de sa m?re.
le tout ; son beau-fils revendiquait
cette situa
Le notaire Popon ?tait ? m?me d'appr?cier
ses
et
C'est
certainement
cons?quences.
juridique
sur ses conseils que se fit, au bout de cinq ans, la transac
tion
tion : l'immeuble
de la rue de l'Arbre sec fut restitu? ?
Fran?ois ? charge d'une pension de 15 livres ; la pension
de vin et de bl? fut convertie en une rente annuelle de
Nous
robes et 2 cotes nuptiales
pour tous droits dans sa succession.
et
bien qu'il n'a pas oubli? ses deux autres filles : Claudine
pensons
Louise.
Voir p. 83.
1 Pierre
trouv? une fa?on ?l?gante
avait
de reconna?tre
Charly
trois fois, sans citer sa premi?re
femme ; c'est
qu'il avait ?t? mari?
de plain pied par la seconde.
de commencer
09:43:40 AM
68
georges
15 livres. Quant
aux meubles
Les
et ustensiles,
Popon
les
30 livres.
racheta moyennant
II. ?
tricou
enfants
de
Pierre
Charly
dit
Labb?
son premier mariage, Pierre Charly n'eut, comme
nous l'avons dit, pas d'enfant ; sa femme semble avoir
?t? trop ?g?e pour lui en donner.
De
il eut, en les citant dans
Roybet,
dont il s'est servi sur la reconnaissance
de 1524 :
D'?tiennette
Io Barth?l?my,
qui ne repara?t plus, mort
l'ordre
sans doute
en bas ?ge.
2? Fran?ois,
3? Mathieu,
l'apprenent
qui suivra (voir p. 70).
mort ? homicid? ? en 1555, ainsi que nous
deux actes de Popon du 5 octobre ; Fran
?ois Charly dit Labb?, marchand
cordier, tuteur de Clau
s
ur
sa
s
dine
ur,
?galement du d?funt, y d?clare que
sa pupille ne pr?tend ? ? aucuns despens, domages et
interests contre Jehan Noyaulx
2, cordier de Vienne,
de
(sic) fait ? la personne
son
fr?re. Puis, il ajoute,
?,
au nom de ladite Claudine, un consentement ?
pour raison de l'omicide
Mathieu
Charly dit Labb?
toujours
l'enterrinement
des lettres de gr?ce que pourrait obtenir
ledit Noyaulx. Le m?me jour, devant le m?me notaire,
et Antoine Noyer
Jeanne Charly, s ur consanguine,
son mari, donnent, dans les m?mes termes, leur renon
? dommages
et int?r?ts, et
l'enterrinement des lettres de gr?ce.
ciation
consentement
1 Ces renonciations
on en trouve souvent dans
?taient fr?quentes,
tant?t gratuites,
des notaires,
tant?t pay?es.
les protocoles
2
cordiere
Ces Noyauls
?taient de Lyon.
L'un
demeurant
d'eux,
rue Pizay,
futm?l? ? la Rebeyne
de 1529.
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
69
ce consentement
? paralyser
l'action
?videmment,
fait supposer qu'il y a eu, non pas assassinat
publique
sur la personne de Mathieu, mais homicide par
impru
sc?ne de pugilat. Ces deux
dence, ou peut-?tre quelque
actes soul?vent une question. En admettant, ce qui para?t
tr?s probable, que Mathieu
f?t mort c?libataire et intes
tat,
il semble
Jeanne
que les d?sistements
auraient d? ?tre accompagn?s
et de
de Claudine
au moins
de ceux
tous les autres succes
Charly et de Fran?ois,
: p?re, m?re et fr?res ?tant
pr?d?c?d?s. On peut
et Louise
soient all?s eux
que Fran?ois
conjecturer
de Louise
sibles
m?mes
en audience
se faire octroyer acte de leurs d?sis
tements.
4? Claudine, que nous venons de voir en tutelle en 1555,
et ce, non pour cause de minorit? d'?ge, puisque
sa
m?re ?tait morte au d?but de 1524. C'?tait donc une
minorit? morale
?minus habens
5? Louise,
ou maladive,
chose comme une
quelque
?. Elle dut mourir avant 1570 1.
dite la Belle Cordi?re, dont nous reparlerons
(voirpage 75).
Pierre Charly eut encore
6? Pierre II, qui est. indiqu? comme pr?d?c?d?
de la transaction de 1558.
D'Antoinette
Taillard,
lors
7? Jeanne qui, le 11 octobre 1553, quelques
semaines
le remariage de sa m?re avec le notaire Popon,
2
Antoine
clerc praticien
de Lyon.
Noyer,
?pousait
?
?
en
son
nom
est
donc
3.
qui y agit
L'?pouse
majeure
avant
intervient au contrat et
Fran?ois
Charly dit Labb?
:
ur
sa
s
?
2
donne
300 livres,
robes et 2 cottes nuptiales
1
Car
on ne
la rencontre
pas
lors de
dit? qui s'est jug?e le 10 juillet 1570.
2
Me Deschalles,
:Est n?e au plus
l'instance
en p?tition
d'h?r?
notaire.
tard en 1528.
09:43:40 AM
70
GEORGES
TRICOU
en drap ? compris en ladite donation le l?gat fait ? lad.
Jane par led. feu Pierre Charly, son p?re, par la teneur de
son testament... donation faite pour tous droits de hd.
de son p?re ?. Antoi
et son p?re Jean, boucher ? Lyon, ajou
un
t?rent
cadeau de 100 livres.
future ?pouse
nette Taillard
dans
la succession
que nous apprenons
que Pierre Charly
avait song? ? sa fille Jeanne dans son testament. Mais
fait pour Claudine et Louise n?es du mariage
qu'avait-il
C'est
ainsi
Roybet ?
ne f?t insinu? que vers fin
de mariage
ao?t
1556, pr?s de trois ans apr?s sa date : formalit?
au d?c?s de l'un des
tardive qui doit correspondre
Ce
contrat
?poux. En tous cas, Jeanne Charly ?tait morte lorsque
sa m?re Antoinette Taillard, veuve Popon, fit son testa
ment, en 1571.
?tait, nous le savons, le
Fran?ois
Charly dit Labb?
et
second fils de Pierre Charly
d'?tiennette
; il a,
Roybet
entre
et
1514
na?tre
1523.
par cons?quent, pu
Quant ? sa
elle se place apr?s le 6 d?cembre 1563, o? il com
para?t sur un acte, et avant le 28 avril 1565, date du
testament de sa s ur Louise.
Pour
la premi?re fois,
mort,
II ?
le rencontrons, en 1548, ? l'entr?e d'Henri
Lyon, o? il tient le r?le de joueur d'?p?es pour lequel il
2 ?cus d'or sol.
re?oit, comme ses onze compagnons,
nous
et un pourpoint de satin et taffetas pour la repr?senta
tion d'une ? batterie aux armes ? et d'une guerre navale.
:
des Louanges de Louise Lab? y fait allusion
L'auteur
09:43:40 AM
LOUISE
.deux
Dont
Tun
LABE
ET
vaillans
fr?res
allaigre
escrimeur...
SA
FAMILLE
71
L'autre de hardi courage
Inventa le premier l'usage
De joindre au char le coursier (un charretier probablement)
Nous
n'h?sitons pas ? voir, dans le second, Mathieu
?
dont
le hardi courage ? causa la mort violente en 1555?
Fran?ois a succ?d? ? son p?re comme cordier vers 1550
et aussi comme confr?re du Pl?tre St-Esprit d?s 1557.
le trait? de 1558, le p?re Charly avait institu?
D'apr?s
trois l?gataires universels, ? d?faut les uns des autres,
et Pierre II. On peut donc s'?tonner
Fran?ois, Mathieu
de voir, d?s le 26 juin 1552, Fran?ois vendre seul les terres
de la succession ? Vaulx en Velin, et le 21 juin 1553, donc
avant
la mort
des Dames
l? l'indice
de Mathieu,
seul au profit
hypoth?quer
de St-Pierre, la propri?t? de la Gela. Il y a
d'une combinaison
juridique qui a ?chapp?
: tr?s probablement une clause de substi
tution de m?le en m?le, qui s'?teindra en 1570 par le
d?c?s du dernier des Charly dit Labb?, sans enfant.
? nos recherches
Le 6 d?cembre
sa maison
1553, il loue ? un Taillard un local dans
rue
de la
de l'Arbre sec ; la m?me ann?e et la
lui que se signent les contrats de
de Jeanne, sa s ur, avec Antoine Noyer, et
mariage
sa belle-m?re,
avec Claude
Le
d'Antoinette,
Popon.
28 juillet 1554, il est t?moin au testament de la veuve de
suivante,
c'est
chez
Jacques de Croso, procureur es cours de Lyon. Le 28 juin
1561, il est d?j? engag? dans les liens d'un mariage qui
peut remonter ? 1543 ; ce dit 28 juin, il se charge <*upro
Pinard, sa femme, de la dot qui lui a ?t?
constitu?e par Marguerite Cortin ou Cottin, m?re d'icelle
Catherine. Cette Marguerite
avait ?t? mari?e vers 1516
fit de Catherine
09:43:40 AM
72
avec
TRICOU
GEORGES
le boucher
Millet
Taillard,
parent d'Antoinette.
une
maison vers l'H?pital du
Ces deux ?poux avaient
Pont du Rh?ne et vivaient encore en 1556. On peut ima
giner que la troisi?me femme de Pierre Charly, Antoi
aura intrigu? pour faire aboutir ce ma
nette Taillard,
riage qui, dans son esprit, devait superposer la famille
encore vivace,
Taillard,
? la famille Charly
qui
se mou
rait.
entre 1563 et 1565, lais
Charly succomba
sant de Catherine Pinard deux enfants m?les : Jacques et
de Louise
Pierre
III, les futurs l?gataires universels
Fran?ois
Ils ?taient
Lab?.
d'un
tutelle
tous deux
sieur Andr?
encore mineurs
de Ryno
ou
et sous
d'un
la
nomm?
Taillard.
Raphael
ne leur laissa pas une situation bien ais?e et
m?me pas claire, car on le voit, dans les derni?res ann?es
de son existence, emprunter, sous forme de cession de
Fran?ois
revenus de ses immeubles, et vendre ? la h?te les terres de
son p?re. Il conserva pourtant sa maison de la rue de
rue
sec, sa propri?t? de la Gela et une maison
de Popon,
le protocole
St-Marcel. Dans
notaire, on le
l'Arbre
voit
faisant des emprunts
encore pr?tant
lui-m?me
teurs de solvabilit?
Le
Pierre
27
III
formes
et cautionnant
des
; ou bien
emprun
douteuse.
janvier 1567, les deux mineurs
sont en butte aux r?clamations
cier de la succession
la vente
exigible de
la fontaine. Ces deux
tant, mais
sous diverses
et
Jacques
d'un cr?an
: il s'agit du prix devenu
paternelle
rue St-Marcel pr?s
d'une maison
jeunes gens sont sans argent comp
un
trouvent
bailleur de fonds en la personne
crieur public, Jean Bruy?re, qui leur avance 260 1.,
quitte ? racheter deux ans plus tard la propri?t? de
Saint-Jean de Thurigneu.
d'un
09:43:40 AM
LABE
LOUISE
ET
SA
FAMILLE
73
III Charly mourut quelques semaines plus tard
son
et
fr?re Jacques, assist? cette fois du m?me de Ryno,
devenu curateur, revend quelques parcelles de terre qui
Pierre
ne lui rapport?rent
pour ainsi dire rien. Aussi le 3 ao?t
Charly dit Labb?
compara?t de nouveau
1568, Jacques
le magistrat
de Lange pour lui exposer sa d?
de divers cr?anciers r?clamant 1.000 ?
devant
tresse en pr?sence
1.200 1. Il s'est fait accompagner
de cinq parents ou
amis et le pr?sident, apr?s avoir pris leur avis, autorise
d'un
des Pinard
immeuble
l'ali?nation
provenant
? pour
en faire profit le mieux qu'il sera possible ?. Ce
dont personne ne souffla mot, c'est que Jacques Charly,
allait ou venait de se
certainement
d?j? tr?s malade,
marier
900
Cette
avec
1. qui
dot
la ni?ce de Denys Bernico, qui
ne seront quittanc?es
qu'apr?s
a-t-elle
?t?
r?ellement
la dotera
de
le mariage.
? Trois mois
pay?e
en
?tait mort.
novembre
1568,
Charly
apr?s,
Jacques
Sans enfants et intestat, il ne laissait que des colla
t?raux, parmi eux Jean Rosset, marchand
imagier ?
qui ne fut pas long ? se mettre en possession de
l'h?ritage. Celui-ci comprenait : une maison en la grande
rue de l'H?pital
; une autre en la
(origine, les Pinard)
Lyon,
rue de l'Arbre sec (origine, Jacques Humbert dit Labb?)
;
la fontaine St-Marcel et la propri?t? de
la Gela
diet Compagnon).
(origine, l'oncle Deschamps
une autre vers
fit plus, il commen?a ? vendre sans avoir obtenu
les lettres de sauvegarde
de la S?n?chauss?e
(nous di
Il ne les re?ut que le 18
rions l'envoi en possession).
Rosset
juillet 1570 \
1 Par un
car ils
les termes,
dont nous
reproduisons
jugement
: ? ... consent
d'une part, la g?n?alogie
des filles Roybe
prouvent,
et gard?
et accorde
fut maintenu
led. Rosset,
demandeur,
que
en la pleine possession,
et saisine d'icelle
d?finitivement
jouissance
comme
estant
le plus proche
lesd. lettres
hoyrie et fonds suivant
09:43:40 AM
74
georges
III.
veuve
tricou
Antoinette
de Pierre
Taillard
Charly
dit Labb?
En moins
d'un si?cle, le p?re de famille, deux de ses
trois femmes, ses sept enfants, ses deux petits-enfants,
se r?partissant
des gendres, des belles-filles,
sur trois
tous
ne
?taient
morts
il
restait qu'An
;
g?n?rations,
toinette Taillard,
d'ailleurs
qui n'avait
gu?re
ans
une
et
soixante
conservait
belle sant?.
plus de
le 7 octobre 1571, elle est malade,
au lit
N?anmoins,
sa
dans
chambre d'habitation
d'une maison
apparte
nant ? l'h?pital du Pont du Rh?ne,
en rue Confort, et
elle fait venir
le notaire
Folliet
? qui elle dicte
ses der
ni?res volont?s.
un pr?ambule
elle fait ?lection de
catholique,
en
o? elle veut ?tre
de
l'H?tel-Dieu
s?pulture
l'?glise
enterr?e avec grand messe. Elle l?gue 10 1. ? chacun de
Apr?s
l'H?pital
souvenir
de
et de l'Aum?ne
g?n?rale, un
les aider ? se ma
l'H?tel-Dieu
? ses deux chambri?res pour
rier ; 50 1. ? son fr?re Jean Taillard, boucher. Enfin, elle
sa
institue pour l?gataire universelle Claudine Mollin,
?
belle-s
de
femme
Beno?t
Planson.
Parmi
ur, pr?sent
les t?moins, on remarque Michel
p?dagogue
qui d?clare
Tous
pi?montais.
? ne le savoir ?.
libraire, et un
sauf la testatrice
Arnollet,
signent,
estant
? succ?der
aud. Jacques
led. Rosset
Charlin,
lignager habile
et l?gitime de feue Marguerite
et led. feu Jacques
fils naturel
Rybet,
fils de feu Fran?ois
de ?tiennette
Charlin,
Charlin, fils et h?ritier
s ur ? lad. Marguerite,
?.
m?re dud. demandeur...
Rybet,
la parent?
de Benoit Deschamps
et des
Ils prouvent,
par ailleurs,
: ?... le d? Rosset,
et remys
filles Roybet
auroit baill?
demandeur,
sa demande
ses fins et [auroit fourni] le
contenant
Nous
pardevant
testament
de feu Beno?t
oncle desd.
diet Compagnon,
Deschamps
ses h?ri
et Estiennette
institu?
auroit
Ribet,
qu'il
Marguerite
ti?res... ?.
09:43:40 AM
louise
et
labe
sa
famille
75
curieuse, il n'y a dans ce factum pas un mot de
pour son premier mariage ni pour ses propres
et, ? plus forte raison, pour ceux de son pre
Chose
souvenir
enfants
se contente de se qualifier de ? honn?te
veuve
femme Antoinette
d?laiss?e
de feu
Taillard,
Elle
mier mari.
Popon ?.
On ne conna?t pas exactement
la date de la mort de
?
Claude Popon,
quand vivoit notaire ? Lyon ?. Son pro
tocole aux Archives d?partementales
du Rh?ne va de
Claude
1554 ? 1564. Doit-on
tur?ment
lui aussi
en conclure qu'il mourut pr?ma
ne le croyons pas car son fr?re Pierre,
notaire ? Lyon, cessa d'exercer aussi en 1564.
? Nous
fr?res ?taient protestants, nous sommes
tent?s de voir une corr?lation entre la cessation de leurs
Comme
les deux
fonctions et les guerres de religion de 1562.
la mort de
Quelle que soit la date de ce pr?d?c?s,
Claude Popon entra?nait, au profit de sa veuve, la cadu
cit? de
la donation
r?ciproque que les ?poux s'?taient
faite par leur contrat de mariage re?u* par Me Folliet le
30 janvier 1553. Antoinette Taillard, ainsi lib?r?e de cet
sans h?ritier l?gitime, et au surplus ma
engagement,
ne
dut
lade,
pas diff?rer longtemps de d?signer un h?ri
tier. On peut donc conjecturer que Claude Popon mou
rut vers 1571.
DEUXI?ME
LAB?, LIONNOISE
LOUISE
I.
Nous
avons
qu'?tiennette
PARTIE
montr?
Roybet
La
jeunesse
ci-dessus
a donn?s
que les cinq enfants
? son mari naquirent
09:43:40 AM
76
GEORGES
TRICOU
: en admettant, ainsi que nous l'avions
f?t l'a?n?, la naissance des quatre
fait, que Barth?l?my
autres enfants se placerait entre 1514 et 1523 et Louise
entre 1512 et 1523
vers 1520, et m?me vers 1519
de Louise
n'offre plus de diffi
Le lieu de naissance
a
sait
l'on
cult? depuis
que
Roybet
qu'?tiennette
serait venue
au monde
apport? en mariage
de son oncle Benoit
se reporte
la propri?t? de la Gela, qui lui venait
dit Compagnon. Que l'on
Deschamp
aux Vers ? la louange de darne Louise Lab?
et l'on verra que chacun des passages
Lionnoise,
:
? sa naissance
s'y rapportent exactement
relatifs
Un peu plus haut que la plaine
O? leRh?ne imp?tueux
Embrasse la Sa?ne humaine
En moy tu fus engendr?e
Joignant le gracieux bord
O?
la Sa?ne
toute
quoye
Fait une paisible voye
S'en allant fendreLion
Dans
laquelle
on voit
encore
Un mont o? Ton me d?core 2
Qui
retient
de moy
son nom...
Le lieu o? tu fus con?ue
Ne futville ne chateau,
Ains une forest tissue
De maint
A Parcieu
plaisant
de Thurignieu, que l'on a
ily avait plus de vigne
Il y avait m?me ? la
futaie que d'arbrisseaux.
ou ? Saint-Jean
?tre le berceau
suppos?
et de haute
1 Elle
arbrisseau...
de Louise,
aurait eu 25 ans en 1544, lors de son mariage,
fait, d'un
port? ? croire que le p?re Charly aurait
fille de sa tutelle l?gale ? l'autorit? maritale.
2
C'est V?nus qui parle ? sa fille Louise.
et nous
bond,
serions
sa
passer
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
SA
ET
FAMILLE
? cette fontaine dont l'eau coulait
Gela
77
contre le val
?, et
qui y coulait encore au xvne si?cle quand les Carm?lites
en firent l'acquisition
La
pour leur usage domestique.
du groupe scolaire
propri?t?
occupait
l'emplacement
la place Morel, et se trouvait ? la jonction de l'ac
et du chemin du Buffet
tuelle c?te des Carm?lites
de
rue des Chartreux).
On peut encore se
(aujourd'hui
rendre compte, malgr? l'encombrement des constructions
du prospect magnifique
que l'on avait sur
modernes,
sous Fourvi?re,
la ville : le cours de la Sa?ne partageant,
Lyon en deux quartiers
(Royaume et Empire) et enfin,
la fuite des deux fleuves r?unis vers le sud. Comment
supposer qu'? St.-Jean de Thurignieu ou ? Parcieu l, ?
20 kilom?tres de Lyon, on puisse, ? travers les m?andres
de la Sa?ne, entrevoir la ville ?La Gela, bien qu'en dehors
des anciens murs,
les nomm?es
le prouve.
Louise
soit
Elle
Charly
d?pendait de Lyon
de Benoit Deschamps
relevait
de
: la mention,
sur
dit
Compagnon,
o?
St.-Vincent,
baptis?e, ? moins que ce
la paroisse
fut probablement
St-Pierre-St-Saturnin.
*
jamais o? et de quelle fa?on la jeune fille
les heureuses dispositions dont le Ciel l'avait
d?veloppa
combl?e ? Ce dont on ne peut douter, c'est que ce fut
hors de sa famille et loin de ses parents illettr?s 2 (cordiers
Saura-t-on
1
Ces deux
? Pierre
propri?t?s
n'appartinrent
jamais
Charly,
sans
en aurait h?rit?,
son l?gataire universel,
Charly,
quoi Fran?ois
et il n'en est pas
dans
la transaction
de 1558. On
les re
question
en vain sur les nomm?es
cherche
de 1493, 1515, 1528 et 1545
que
Pierre Charly dut souscrire.
2
?
?
sur
]\|iie O'Connor
s'?tend
? l'italienne
l'?ducation
longuement
? ! Tout
?
que Pierre Charly
porte ? croire que,
fit donner ? sa fille
son esprit
dans sa jeunesse, Louise
n'eut gu?re la possibilit?
d'?lever
et fuseaux ?.
par dessus ses ? quenoilles
09:43:40 AM
78
TRICOU
GEORGES
et bouchers). Au d?but du xvie si?cle, il n'?tait pas
d'usage d'instruire les filles, et on les pla?ait tout au plus
? l'abbaye de la D?serte pour y apprendre leurs heures, ?
raison d'un
ou on les confiait ? quelque
leur apprenait ? coudre et ? filer.
?cu par mois
femme veuve,
qui
historiens de la litt?rature pr?tendent que Louise
de jeux et de
pr?ta son concours aux repr?sentations
si
fut
dont
th??tre.
le
Malheureusement,
myst?res
Lyon
Les
nous connaissons,
soit par
soit par les pi?ces d'archives,
les imprim?s ? des r?cits au vray ?, les r?les des acteurs,
nous ignorons presque
toujours leur nom. Les r?jouis
sances lyonnaises auxquelles
Louise
aurait pu parti
ciper vont de 1533
(o? elle avait environ 15 ans) ? 1564
? faire
elle songeait davantage
o?, gravement malade,
son testament qu'? parader sur les ?chafauds.
26 et 27 mars 1533. ?
Les deux entr?es de la reine
et de son fils, le futur Henri II, ont ?t? impri
? Lyon, chez Crespin dit du Quarre. Elles com
?l?onore
m?es
portent
r?les
ving-trois
Diane, Daphn?,
Aglaia,
Justice,
Dauphin?,
Science,
Virago
Religion,
Bretagne,
f?minins
: Thalie,
celeste, Carthage,
Pasyt?e,
Cyr?ne,
Foi, Magnanimit?,
Fortune,
fran
Junon, Providence
Bellone,
et Temporalit?.
Les
?aise, France, Josaba, Spiritualit?
conseillers pay?rent pour les acteurs la somme de 748 1.
12 s. et 8 d. de drap de soie, 126 aunes de taffetas de
toutes couleurs,
tas bleu. Seules
15 aunes de velours
deux
actrices
et 5 aunes de taffe
sont nomm?es
: une de
Tholom?
qui de
Schompt et une demoiselle
?
?
vaient jouer
l'entr?e du cardinal Du Prat,
la suite de
celles de la cour ;mais cette troisi?me entr?e n'eut pas
moiselle
Cf.
Lyonnais
au xvie
de M.
l'?tude
o? l'auteur
si?cle.
sur les Livres
Ant. Vachez
de raison
a relev?
les chiffres de scolarit?
des
le
dans
enfants
09:43:40 AM
LABE
LOUISE
ET
SA
FAMILLE
79
lieu 1. On ne peut ni affirmer ni infirmer le concours
Louise Lab? ? cette c?r?monie.
Mai
polite
1540.?M?me
observation
l'entr?e d'Ryp
de
archev?que
pour
cardinal
de Ferrare,
d'Est?,
et
;
pourtant, la forme des histoires
Lyon
Guillaume
1542. ?
Meslier
et ? Maurice
Sc?ve
de
fut confi?e ?
2.
fond?e sur le r?cit de l'auteur
Une l?gende,
de la Louange et sur une allusion de la 3e El?gie, veut que
Louise Lab?, alors ?g?e de 22 ? 24 ans, ait suivi l'arm?e
du dauphin au si?ge de Perpignan
en 1542. Cete tradi
tion a ?t? remplac?e
de nos jours par une hypoth?se qui
ait ?t?
voudrait
que le souvenir de cette exp?dition
?
une
o?
aurait
dans
l'h?ro?ne
rappel?
Lyon
parade
ses galons de capitaine. Nous craignons que l'hy
poth?se ne vaille pas mieux que la tradition, car on ne
peut envisager une parade militaire de cette nature que
sur les rues et places publiques,
et avec l'assentiment du
gagn?
ces r?jouissances
Consulat,
qui lui-m?me n'autorisait
sur
ordre du Roi. Or, les registres consulaires n'en
que
nulle
part, pour la bonne raison qu'il n'y a eu
parlent
ni parade
parce
ni projet
de
r?jouissance
du Roussillon
comm?morative,
fut un insucc?s
que l'exp?dition
complet. Pendant que l'on pr?parait ? Lyon, avec forces
et bagages,
munitions
le d?part de l'arm?e royale 3,
l'Empereur avait le temps de fortifier Perpignan et de la
et provisions. La
de troupes, armes, munitions
semaines, et les pluies de
garnison put r?sister plusieuis
garnir
1
Arch, de Lyon, CC, vol. 838, fol. 15, 26 et 47 ; vol. 840, fol. 31 ;
vol. 848, fol. 6.
2
Arch, de Lyon, BB, 58 et CC, 934.
3
Un acte du notaire
du 27 juillet 1542 contient une
Cussonnal
liste des pi?ces
de tout
mat?riel
d'artillerie,
munitions,
copieuse
dans ses pays de Languedoc,
genre ? que l'on m?ne ? Mgr le Dauphin
le tout baill? et fourni par les mains
de Fran?ois
de la
Salla, capitaine
ville ?.Arch, d?p., 3 E 3849, f?XXX.
09:43:40 AM
80
Parri?re-saison
GEORGES
TRICOU
du dauphin
et il est invraisemblable
firent le reste. L'arm?e
le si?ge sur cet insucc?s,
l'on ait song? ? le comm?morer
Il faut donc s'en tenir au texte d'Antoine
leva
que
du Verdier,
: ? Elle
froid compilateur peut-?tre, mais exact
picquoit
fort bien un cheval, ? raison de quoy les gentilshommes,
le capitaine
acc?s
chez elle, l'apeloyent
qui avoient
?
Loys.
du
22 janvier 1543. ?
Feu de joie pour la naissance
fils du dauphin. Pas de repr?sentation
sc?nique 2.
24 septembre 1544. ?
Feu de joie ? l'occasion de la
paix entre le Roi et l'Empereur. Le r?cit en a ?t? publi?
3 :
Jean d'Albon,
chez Pierre de Sainte-Lucie
gouver
neur de Lyon, alluma les feux de la maison de ville et
de MM. de la justice, de
pont du change, accompagn?
et
MM. de la ville et de plusieurs dames, damoyselles
Et
ban
fut
maison
fait
de
la
y
ville) grand
bourgeoises.
(?
quet ? tous allans et venans. Aucun nom n'est cit?.
23 et 24 septembre 1548. ?
de l'en
La magnificence
a ?t? publi?e
II et de Catherine deM?dicis
tr?e d'Henri
en 1927, avec tous les documents
y
Guigue,
ont voulu
de la po?tesse
ayant trait. Les biographes
son talent, d'autant que
qu'elle y ait tenu un r?le digne de
Sc?ve avait ?t? charg? d'en ?crire les paroles.
Maurice
par G.
est vrai que Pierre Charly ait fourni les cordes, et
que son fils Fran?ois ait figur? dans la bande des joueurs
d'?p?es, nous ne trouvons pas trace de la fille parmi les
quinze ou vingt femmes habill?es aux frais de la ville
S'il
et dont les six principales
sont :
de Paradin,
de Rubys
3Ceci est confirm? parle mutisme
a pris part ? l'exp?dition.
de Nicolai,
de Nicolas
qui
2
Arch. Lyon, BB 60, fol. LXXI.
8
Bibl.
Baudrier,
p. 184.
lyonnaise, t. XII,
et surtout
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
81
la ni?ce de Jean Gu?raud
Diane,
drapier,
de l'Entr?e des draps. Elle a deux suivantes
1 et celle
Grand Andr?
de Jacques Bripio,
chand et bienfaiteur
contr?leur
: la fille du
gros mar
de l'Aum?ne
g?n?rale.
Simon
Cotti?res, le principal
Immortalit?,
son
et
orf?vre. De
atelier sortent les pr?sents,
joaillier
or et pierreries que la ville offre aux rois, reines, prin
la fille de
cesses
et
princes.
Palas, fille de feu Montaignard.
Vertu, fille d'Andr? de la Roze,
agent de la Monnaie
de
Chamb?ry.
?t? choisies dans le gros
Ces six coryph?es avaient
une
caste
bien
dans
commerce,
sup?rieure ? celle des
cordiers Charly et Perrin. Le reste des actrices, d?esses,
Foi, Religion, Esp?rance,
Justice, etc., est
? des
englob?, sans nom de famille, sous la rubrique
sur
fai
filles qui estoient
les eschafauls ?. Louise Lab?
sait-elle partie de ce groupe ? On peut m?me douter
nymphes,
qu'elle l'e?t accept?.
24 ao?t 1554. ?
Entr?e
de Mgr
et lieutenant
le Mar?chal
de Saint
gouverneur
g?n?ral pour le Roi
et pays de Lyonnais. Outre le traditionnel d?fil?
du clerg?, des autorit?s civiles, militaires et judiciaires,
Andr?,
? Lyon
comporte des ?chafauds et des histoires o?
on donna leur
hommes et femmes auxquels
la c?r?monie
figuraient
habillement.
Le
par
Aneau,
sc?nario,
Barth?l?my
semble perdu 2.
II de Tour
28 septembre 1552. ?
Entr?e de Fran?ois
non, archev?que
de Lyon
3.
1 Peut-?tre
dont
le nom
le grand Andr?
figure
drapier
du vin. Arch. Lyon, CC 3864, en 1549.
registres d'entr?e
2Arch.
Lyon, BB 70, fol. 308, 313, 315.
3Arch.
et 66.
Lyon, BB 74, fol. 27
sur
09:43:40 AM
les
82
georges
tricou
4 juin 1556. ? Entr?e du cardinal Caraffa, l?gat 1.
1er au 26 septembre 1561. ?
Seconde entr?e du cardi
nal de Ferrare, l?gat 2. Ces trois entr?es n'ont comport?
qu'un d?fil? des autorit?s,
13 juin 1564. ?
Entr?e
nie a pr?c?d? de dix mois
ment
de Louise
Nos
sans ?chafauds
de Charles
? peine
ni myst?res.
IX. Cette
la r?daction
c?r?mo
du testa
Lab?.
dans
recherches
dont Jean Gu?raud
v?es,
sant et le narrateur
la cat?gorie des momeries
pri
s'est fait le t?moin complai
prolixe, sont rest?es infructueuses.
L? encore, pas mention de Louise Lab?, parce que le re
crutement des vedettes se faisait exclusivement
dans le
proche entourage du Consulat
auquel n'appartenaient
et
doctes
les
belles
pas
po?tesses
lyonnaises dont l'his
nom.
a
conserv? le
toire
II.
?-
Le
mariage
de
Louise
Charly
dit
Labb?
ou Gilles Perrin, cordier, est connu depuis 1483,
avec
basse et jardin derri?re, en ? la rue ten
dant de N. D. de Confort ? l'H?pital du Pont du Rh?ne,
Gillet
sa maison
devers bize, joignant la ruette estant sur le t?nement des
Jacobins, de soir ?. En 1512, il est mort, et ses h?ritiers
sont tax?s pour lui. Ce d?c?s ne devait pas remonter bien
car, si sur les nomm?es de 1515, ce m?me article
:
est encore au nom de Gilles Perrin, une note marginale
haut
? tient Ennemond
intervenu dans
Perrin
? cadet
Perrin
?, indique qu'un r?glement ?tait
la famille. Ce fils est nomm? Ennemond
? sur un autre
registre de 1515, logeant
chez ses coh?ritiers, et tax? seulement pour son ?meuble ?
(fonds de commerce) estim? 18 1.En tout cas, la maison
*Arch. Lyon,
2Arch.
Lyon,
BB
CC
78, fol. 240-250.
1084, p. 1, fol. 51.
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
83
reb?tie ? neuf, ce qui fera passer son esti
ce temps, Pierre Charly
mation de 10 ? 38 1. Pendant
dit Labb?,
le futur beau-p?re, voyait estimer son fonds
venait
d'?tre
100 1. t. et ses immeubles
168 1., non compris la Gela qui
aux h?ritiers m?les de sa femme. Cette pro
appartenait
entre
la situation du beau-p?re
et du futur
portion
gendre, environ 2 /3 pour Charly contre 1 /3 pour Perrin,
se maintiendra
1544, o?, pour une contribu
jusqu'en
tion de pr?t au Roi, la proportion passe ? environ 1 /2
chacun. Ce changement ne provient-il pas du mariage
d'Ennemond
de
Perrin
avec Louise
Lab?
? Nos
recherches
leur contrat
notre
apr?s
dit de
de mariage
n'ont pas abouti *. Mais
une quasi
devenir
certitude
peut
supposition
examen du grand plan sc?nographique
de Lyon,
1550, mais
termin? en 1553 2.
commenc?
en r?alit?
vers
1545
et
ou
la petite mette
Ce plan donne tr?s exactement
cul de sac tendant de la rue Confort ? Bellecour o? ?tait
de Perrin, et l'appelle rue de la Belle Cordi?re3,
or les caract?res de la l?gende sont contemporains
du
la nomment
plan. En 1562, les registres consulaires
lamaison
aussi
? rue de
la Cordi?re
? 4. Dans
la Congratulatio
en
?crite probablement
ad Gabriel de Saconay de Calvin,
1560 et tr?s certainement en 1561 (date o? elle fut pu
5
meretrix quam, partim
bli?e en latin), on lit : ? Plebeia
1
En
somme
aurait
ait dot? sa fille Louise
d'une
admettant
que Pierre Charly
la dot de Louise
?gale ? celle qu'il a l?gu?e ? sa fille Jeanne,
de
francs or, d'apr?s
l'article
de Vital
4.800
repr?sent?
sur le domaine
ordinaire du Lyonnais
(M?moires de la Soci?t?
Valous,
litt?raire, Lyon, 1866).
2
sur les
Notice
plans de la ville de Lyon, 1891.
3 En
? ruette de Belle
cour
les Jacobins
1542,
l'appellent
fol. LXXVII).
Inventaire
Catharina,
Ramette,
4
Arch. Lyon, BB. 83, doc. 77, 234.
5Notons
ce plebeia,
dont est issue Louise
souvenir du milieu
(Cf.
Lab?.
09:43:40 AM
84
GEORGES
a propria venustate,
Corderiam vocabant
TRICOU
partim ab opificio mariti, Bellam
?. Il faut que le mariage de Louise
Charly ait pr?c?d? de quelques mois au moins le travail
nos con
de l'auteur du plan sc?nographique.
D'apr?s
Louise
alors
?nonc?es
environ
avait
plus haut,
jectures
; quant au mari, il avait atteint la cinquantaine
si on le fait majeur en 1515, lors de sa prise de possession
de la maison et du fonds de Gilles Perrin.
25 ans
et son ins
Charly, c'est bien son mariage
chez Ennemond
Perrin qui la fit sacrer ? Belle
? conform?ment ?
so
l'usage qui voulait que le
Pour Louise
tallation
Cordi?re
sur la profession du mari.
briquet de la femme f?t fond?
de la maison paternelle
Jugeant que les dimensions
Perrin en acheta une
ne lui suffisaient plus, Ennemond
le 2 avril 1551, dont il passa
autre, avec jardins adjacents,
lui
tant pour
reconnaissance
que pour Louise Charly, sa
femme, au profit de la fabrique du Pont du Rh?ne sei
on ne
gneur direct. L'acte de cet acqu?t est perdu, mais
en y entrevoyant
l'emploi
risque gu?re de se tromper,
Cette acquisition
Louise.
des fonds dotaux de
juxtapo
immeubles
sait ainsi deux
d'origines diff?rentes et il
faudra pour les r?unir sur une seule t?te, l'entente et la
bonne volont? des ?poux Perrin Charly, ce qui est certai
nement
quelle forme
tions ?
Outre
sans
arriv?
: donation
nous
seigneurs
Pont du Rh?ne.
d'eux
du
L'exactitude
terroir. Les
dualit?
la fabrique du
ressort territorial de
estomp?e par
et recteurs du Pont
qu'Archev?que
m?rent leurs droits de cens, de
substitu
il y avait
s'?tant
fois sur le m?me
avec
ou testaments
de propri?taires,
directs : l'Archev?ch?
sous
exactement
sachions
la dualit?
de
chacun
que
laods
et
la suite,
il arriva
du Rh?ne
r?cla
et mi-laods
deux
recteurs, plus diligents que
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
85
n'avaient
pas tard? ? se faire payer en
sans
et
arriva l'Arche
doute
1583
1551,
apr?s. Quand
v?que, il ne trouva plus qu'? faire un proc?s aux d?ten
teurs des immeubles.
commenc? vers 1750,
Ce proc?s,
l'Archev?ch?,
n'?tait
termin?
pas
en 1789
; c'est dire qu'il
ne
le fut
jamais.
Ennemond
Perrin ne fut ni fournisseur du Consulat,
de son quartier
des m?tiers, ni quaternier
ni ma?tre
son beau-p?re. Une fut pas aussi riche que lui et
ses maison
et jardin, rue Belle Cordi?re, mirent plus de
ans
dix
.pour atteindre le prix de deux mille livres. Fut
il heureux en m?nage 1 ? Ses dispositions derni?res ten
draient ? le faire croire. Sa femme ne le fut certes pas ;
comme
elle eut cependant assez d'adresse pour n'exprimer
sa rancune qu'apr?s
le d?c?s d'Ennemond
qui eut lieu
mais
avant
fiscal o? figure le cor
de 1555, dues par divers par
1557. Le dernier document
dier est un ?tat des pensions
ticuliers aux ?glises et monast?res
sons de la ville. Les
contre Ennemond
de Lyon
sur les mai
c?lestins y figurent pour trois livres
Perrin, et cette rente provient d'une
faite en 1531
assise
Varinier,
par Fran?ois
?
fut
ensuite
pr?s du Pont du Rh?ne,
qui
son fils. 2 ?
de Gilles Perrin et d'Ennemond,
fondation
sur la maison
: le
indice du pr?d?c?s du mari de la po?tesse
privil?ge accord? ? Louise Lab?, sur sa seule supplica
uvres, est du 13 mars
tion, pour l'impression de ses
Autre
soit 1555 n. st. Nous savons que ce
P?ques,
ressort des droits du Roi, qui peut sous son
1554 avant
privil?ge
1 Olivier
homme
de
du ? bon
et Antoine
ont parl?
de Magny
du Verdier
un mari
cordier ? qui fut, semble-t-il,
le
commode, mais
du premier
est sujet ? caution,
d'un
c'est la vengeance
t?moignage
amoureux
d??u.
2Voir
de la ville de
des C?lestins,
Bibl.
Inventaire
Peccolet,
p. 494.
Lyon, ms. n? 263,1.1,
09:43:40 AM
86
tricou
georges
dans la pra
bon plaisir faire acte l?gislatif. N?anmoins,
avant d'arriver au Roi, pas
tique, ces supplications,
saient par la chancellerie, puis ?taient d?lib?r?es en Con
risqu?, en se passant du consentement de
Perrin, de voir la faveur royale mise en ?chec par l'auto
rit? maritale,
qui ?tait un des plus solides principes
du droit ?crit ? Car s'il y avait un t?moignage flatteur
seil. Aurait-on
? obtenir,
il y avait
aussi un acte
commercial
? risquer
pour les frais d'impression avec l'al?a du d?bit
En tous cas, Ennemond
?tait mort en septembre
2 o?
1557
Louise
Charly, dit Labb?, ach?te seule, sans
d'un mari, devant un notaire de Tr?voux,
assistance
et Genay, paroisses
de petites parcelles de terre ? Massieu
C'est encore sous le nom de
limitrophes de Parcieu.
tout court qu'elle
livre de taxe extraordinaire
Louise
un
Lab?
est port?e,
en raison
en 1563, sur
des
troubles
de 1562 3.
III. ?
La
cousine
Yvard
la seconde
femme de Pierre
Roybet,
un chi
Charly, avait une s ur Marguerite
qui ?pousa
Antoine Rosset.
rurgien-barbier attach? ? l'H?tel-Dieu,
Cet homme, fils d'un cordier, exer?ait d?j? en 1508, et
?tiennette
d?missionna
en septembre
1519, probablement
? cause
1 Je ne connais
? des
de privil?ges
accord?s
que peu d'exemples
ne porte aucune
indication
: celui de Louise
femmes
Lab?,
qui
alias
sur son ?tat matrimonial,
de la Voulpe
et celui de Diamante
? femme de
en 1577, o? la requ?rante
est port?e comme
Morandina,
de Rubys
de notre am? et f?al Claude
?, qui du reste autorisait
sa femme.
2
en 1560-1.
Olivier de Magny mourut
3
Ennemond
n'y figure pas.
4
Louise Lab?. Le
voir l'article
d'A. Cartier,
Sur l'affaire Yvard,
t. II
des livres anciens,
? Gen?ve...
in Revue
(1917),
proc?s Yvard
p. 321-332.
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
87
d'?pid?mie de peste qui rendait le s?jour
? l'h?pital dangereux 1. Les capacit?s et qualit?s d'An
toine Rosset nous sont attest?es en 1515 par la notule
?
qui suit sa taxe de 9 sols 8 den. : En contemplation des
il fait aux pauvres
services que journellement
dud.
'
H?tel-Dieu, MM. luy ont quiet? ce taux pour ceste fois ?.
d'une
pouss?e
dut ?tre c?l?br? vers 1515. A son d?c?s,
Le mariage
sa veuve, trois
laissait ? Marguerite Roybet,
Antoine
croyons-nous
enfants,
nous verrons
Jean, que
imprimeur, revendiquant
de plus proche
qualit?
Charly
en 1570, marchand
imagier
contre Antoine du Rosne
la
lignagier
des Roybet
et des
sa m?re, Marguerite
Roybet, gratifia en 1560 du cinqui?me de ses biens ;
Et enfin, une certaine Antonia 2,qui trouva mari dans
Benoit,
qui
fut barbier
et que
les relations de son p?re,en la personne de Jean Yvard
dit Varoz, que nous pouvons rattacher ? Michel Yvard,
rencontr? en 1506 au quartier de l'H?pital, et ? un Jac
ques Yvard, qui ?tait, en 1535, dizainier au m?me quar
tier.
fut, de 1539 ? 1544, barbier-chirurgien de
ce temps, il recevait chaque
; pendant
de satisfaction
des Recteurs,
t?moignage
Jean Yvard
H?tel-Dieu
ann?e
un
pour les soins donn?s aux malades
toujours plus nom
?
et ? cause de la nouvelle chambre des v?rolez ? 3.
breux
Malgr?
cette
r?ussite, Yvard
donnait,
le 1er janvier
1 Les
de cette conduite. Du 4 sep
donnaient
dirigeants
l'exemple
?MM.
1ombre au 18 octobre,
il n'est pas tenu de Consulat
les con
seillers estans aux champs
retirez, tant pour vendanges
que pour
?. Communication
le doubte
de
de la peste regnant pr?sentement
M. le Dr Audry, d'apr?s un document
recueilli par le Dr Lacassagne.
2 Ceci n'est
qu'une
hypoth?se.
3
de M. le Dr Audry.
Communication
09:43:40 AM
88
TRICOU
GEORGES
et remettait ? son successeur les
1544-5, sa d?mission
lui avait con
outils que l'administration
hospitali?re
fi?s.
et
?taient les motifs de cette d?termination,
Quels
trois ou quatre ans plus tard ?
celle de fuir ? Gen?ve
ses malheures
Seraient-ce
qu'il exposera au
conjugaux,
Consistoire
Lyon
de
1552
pour adh?sion
? Serait-ce
la crainte
? la R?forme
d'ennuis
? Peut-?tre
les deux
s'ajoutait
l'espoir de faire rompre ? Gen?ve
auxquels
son mariage
avec Antonia Rosset qu'il accusait de ten
sur lui, et de paillardise
d'empoisonnement
sa
cousine Louise Lab?.
la fr?quentation de
tative
en
Des Lyonnais
?migr?s ? Gen?ve pour cause de religion
: l'un, d'une notori?t?
servirent de t?moins au plaignant
assez grande par son titre de m?decin
de Calvin, Phili
a
bert Sarrasin, se borne ? certifier
qu'il avait entendu
faisant la navette
parler des faits all?gu?s ?. D'autres,
entre Lyon et Gen?ve pour le plus grand profit de leurs
affaires et du plein exercice de leur libert? de conscience,
libraire ou relieur de
Robinet,
livres de 1533 ? 1554, entre temps agent du Consulat
pour la recherche ? Gen?ve d'un nomm? Presteau, accus?
tel un
certain ?tienne
Robinet
de malversations.
meront
du m?me genre affir
m?me la tentative d'em
et d'autres
tous les dires d'Yvard,
poisonnement, bien que la proc?dure ait r?v?l? qu'Yvard
et sa femme vivaient s?par?s depuis plusieurs ann?es.
A ce moment, il y avait ? Gen?ve tension entre Calvin
et le parti des Libertins, notamment sur le d?lit ou crime
assez embar
de paillardise. Les membres du Consulat,
rass?s du d?faut de l'inculp?e et par les ?v?nements, con
clurent de renvoyer le prononc? de la sentence et ? d'en
?crire aux
Sieurs
ou r?quisitoyre
de Lion
au meilleur
affaire soit par lectres,
mode que faire se pourra ?.
dud.
09:43:40 AM
labe
louise
et
sa
famille
89
C'?tait, en deux lignes, un redressement de proc?dure.
Ces lettres ou r?quisitoire ont-elles ?t? envoy?es et ?
trace de cette
trouv? aucune
qui ? On n'a jusqu'ici
Au surplus, la mort du demandeur
correspondance.
arriv?e cette m?me ann?e 1552 vint terminer le proc?s.
? Le seul
chose ? l'affaire, c'est Cal
qui gagna quelque
vin qui a bien retenu le nom de la cousine d'Antonia
pour s'en servir contre son ennemi le chanoine Gabriel
de Saconay.
gratulation
n'a d'autre
en deux lignes, ? la fin de la Con
?voqu?
? v?n?rable pr?tre, le nom de Louise
Lab?
objet
que
de renforcer d'un
trait final et
ac?r? cette attaque.
IV. ?
Le
d?c?s
Il est possible de fixer
Charly, veuve d'Ennemond
de Louise
la date
Charly
du d?c?s
de Louise
avec plus de pr?ci
cela, quelques mots
Perrin,
sion que celle de sa naissance. Pour
sur la proc?dure notariale sont indispensables. Me Dela
forest, notaire ? Lyon, est appel? au chevet des malades.
Il ?crit sous leur dict?e,
derni?res volont?s qu'il
et sur des feuilles volantes, leurs
fait signer au testateur et aux
t?moins, quand ils savent le faire. Pour Louise \ la tes
leur
tatrice et cinq de ses t?moins sur sept, appos?rent
est
Cette
aujourd'hui
perdue,
pi?ce originale
signature.
ce qui nous prive d'un autographe
int?ressant. Ceci
son
serre
cet
le
dans
notaire
?crit
fait,
coffre, o? il de
meurera secret, et d'o? il ne sortira que sur l'annonce du
d?c?s
de
la testatrice.
Pour
parer
aux
?ventualit?s
de
1
Ce texte a ?t? publi? pour la premi?re
fois dans les Archives
histo
t. I, 1825, avec
du Rh?ne,
erreurs, peu
riques...
quelques
impor
ni l'interpr?tation
ni la nature
tantes, de lecture qui ne modifient
du document.
09:43:40 AM
90
GEORGES
TRICOU
ou de destruction,
en a minut?
une
le notaire
copie sur son registre courant, sur laquelle il grossoyera
les copies ? d?livrer aux h?ritiers ou aux l?gataires uni
perte
De m?me
versels.
que
ceux-ci, les h?ritiers particuliers
un extrait en forme de grosse de
demander
pouvaient
ce qui arriva dans la premi?re quinzaine
C'est
leurs legs.
de f?vrier 1566, sur l'annonce du d?c?s de Louise, par
une grosse
Thomas Fortin qui r?clama imm?diatement
de ce qui lui ?tait l?gu?. Le notaire dressa proc?s-verbal
de cette r?quisition sous cette forme :
?Comme ainsi soit que dame Loyse Charlin dit Labb?... ai
fait son testament devant le notaire soussign? le 28 avril 1565,
par
elle
lequel
Fortin,
a fait...
florentin
marchand
les l?gats
entr'autres
se peuvent
extraire
un
? Thomas
legs d'usufruit
et parce
? Lyon...
que
sous
led. notaire
testaments.,
demeurant
des
sign? auroit ?t? requis par led. Fortin extraire dud. testament
ce qui lui a ?t? offert... ?
tout ce que comprenait
le testa
ment en faveur de Fortin. Quelques
pages plus loin, le
a
texte
sorte que, gr?ce ?
minut?
le
de
notaire
int?gral
ce document
cette pr?caution,
important est parvenu
contient
Cet extrait
jusqu'? nous et a ?t? publi? ? plusieurs reprises.
Ces extraits et copie au registre du notaire ne compor
tent pas de dates sp?ciales
;mais en ce qui concerne
l'extrait
encadr?
sur le registre,
de Fortin, nous le trouvons
4
et
f?vrier 1566
d'un acte du
d'un autre du
18 f?vrier. Le
17 f?vrier ?tait un dimanche
Fortin
sur les fonts de St.-Paul
tenait
; le samedi 16,
un enfant de son
le vendredi 15 f?vrier 1566
; par cons?quent,
est la date extr?me de la vie de Louise Lab?.
cordonnier
1565, Louise Charly dictait son testament,
Lorsqu'en
couch?e dans un des lits de Thomas Fortin, au quartier
St-Paul,
malade
au point de n'?tre pas
s?re du
lieu de
09:43:40 AM
LOUISE
ET
LABE
SA
FAMILLE
91
son d?c?s, elle n'?tait pas afflig?e d'un mal accidentel.
Ce que l'on devine de son ?tat entre les lignes de son tes
tament, sa hantise de la mort si souvent exprim?e dans
son
uvre, sont l'indice d'une maladie
chronique. Quel
ce
est
mal qui la mena au tombeau vers la cinquan
taine ? Nous n'en savons rien, mais, par contre, nous
pouvons affirmer que la po?tesse fut malade pendant de
longs mois
puisque l'apothicaire Martin Pr?vost, que
Th. Fortin avait prudemment amen? au chevet de la ma
lade comme t?moin du testament, ?tablit une facture se
& 36 livres. A un autre pharmacien
Jacques ?*
?tabli ? la Grenette, Louise reconna?tra devoir 8 livres.
montant
pour sa Grange de Par
pr?dilection de la malade
2
?tait trop manifeste pour ?chapper ?
cieu en Dombes
son
Il faut croire que
testamentaire.
ex?cuteur
Fortin,
La
la maladie
la retenait
qui
au
lit le 28 avril
1565 ?tait
pas exprim? le d?sir
formel d'une inhumation ? Parcieu, au lieu d'une alter
ind?termin?e. Aux
native entre Lyon et une paroisse
grave pour que
la testatrice
n'ait
jours de 1565, une accalmie permit del? trans
? o? elle fait sa de
de campagne
? la maison
beaux
porter
meure ? et o? elle mourut.
Nous
ainsi ? l'ex?
arrivons
cution de ses volont?s pour sa s?pulture
? Elle
?lit la s?pulture de son corps, en cas qu'elle d?c?de
dans cette ville de Lyon, en l'?glise N.-D. de Confort, et (au
cas) o? elle d?c?dera ailleurs, veult estre enterr?e en la pa
roisse du lieu o? elle d?c?dera. Et veult ?tre enterr?e sans
pompe...
quatre
scavoir
prestres
outre
dites en l'?glise du
de
nuit,
les porteurs
la
lanterne,
du
corps...
lieu o? elle d?c?dera
1
ses apothicaires,rien
Si nous connaissons
de citer le nom de son m?decin.
2 Et non
comme r?crivaient
Esparcieu
rest.
accompagn?e
de
ordonne
estre
Et
(diverses messes
ne peut
les clercs
nous
permettre
de Me
Delafo
09:43:40 AM
92
TRICOU
GEORGES
grandes et petites)... Et donne ? l'?glise o? elle sera enterr?e
la somme de 100 1. dont 25 pour lesd.messes, et le reste pour
aux
employer
?.
reparations
? Item, ladite testatrice esmue de devotion a... l?gu? ? lad.
?glise de Parcieu en Dombes une pension annuelle et perp?
tuelle
asn?e
d'une
sur
qu'elle
impose
?.
de Parcieu
de
vin
sa
grange
et
une
et
mesure
tenement
de
bled
froment,
a
qu'elle
aud.
lieu
Or, de m?me que nous avons vu Th. Fortin requ?rir
son notaire de minuter
les parties du testament en sa
de Parcieu
faire
faveur, nous verrons les Luminiers
requ?te pour leur paroisse. Nous verrons aussi,
apr?s l'ouverture qui ne tarda gu?re, de la substitution
au profit de l'Aum?ne g?n?rale, les recteurs payer aux
Luminiers, un ? compte sur les 75 1. qui revenaient ? leur
la m?me
?glise et non ? l'H?pital de Parcieu, comme l'a ?crit par
erreur le scribe de l'Aum?ne. Cette preuve du d?c?s de
Louise
et
corrobor?e
tumulaire
son
de
par
portant
enterrement
l'?rection
sur
un ?criteau
Parcieu
sa
tombe
est
en
outre
d'une
et les armes
pierre
(?) de la d?
funte.
A plusieurs reprises, nous avons fait allusion au testa
ment de Louise Lab?, document bien connu mais dont
nous voudrions
Le
voque
d?but
Dieu
relever quelques particularit?s
est une formule de catholicit?
le P?re, J?sus-Christ
:
o?
elle
in
son fils et sa tr?s sacr?e
impose un nombre important de messes pour
sa
famille et ses amis. Pour en revenir ? la question
elle,
de sa religion, notons
la co?ncidence de son s?jour ?
lors de l'occupation protestante de 1562, puisque
Parcieu,
m?re. Elle
le 8 ao?t,
elle signe en l'?tude de Me Dufour,
notaire de
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
93
d'un lopin de terre proche de
l'acquisition
ceux
de
chez elle. ?tait-elle
qui, de gr? ou de force, ?mi
?
gr?rent de Lyon surtout en Bresse et en Dombes
Tr?voux,
Ses dispositions
fun?raires, dont nous venons de par
ler, sont d'une forme de simplicit? et de modestie
qui
n'est pas fr?quente1. Tous les legs particuliers de la d?
: les charges fonci?res ont ?t? in
corpor?es aux immeubles et ceux-ci vendus avec obliga
tion de les supporter ; les autres ont ?t? pay?es en esp?ces
funte ont ?t? ex?cut?s
nous en ont ?t? conserv?es. En
et quelques quittances
on
voit Fortin c?der gratuitement
?
novembre
1566,
l'Aum?ne g?n?rale, 351. de pension ? prendre sur le cr?dit
que la testatrice avait dans le grand parti du Roi.
Enfin, avant de descendre dans la tombe, Louise eut,
lui est
pour sa famille, un souvenir dont l'expression
jusque-l?
demeur?e
inconnue
? ses neveux
bien
aim?s
Jacques et Pierre, fils de feu Fran?ois ?. En m?me temps,
elle a oubli?, dans la solennit? de ses volont?s derni?res, le
nom
de
Louise
pour reprendre ceux
et son mari : ? Loyse
veuve de feu sire Ennemond Perrin ?.
Lab?
lionnoise,
donn?s son p?re
que lui avaient
Charlin dite Labb?,
La mort de Louise
bonne
heure
n'eut m?me
connue de
certainement
Lab?,
ne souleva aucune curiosit?. Elle
? Lyon,
pas la faveur du
? tombeau
? que
les in
times en po?sie se faisaient un devoir d'?crire en m?
moire du d?funt. Et pire encore, son nom ne figure pas
que je sache, sur les listes, o? l'Aum?ne g?n?rale inscri
vait
les noms de ses bienfaiteurs.
sid?rable,
Pourtant,
le chiffre de ses legs n'?tait
sans ?tre con
point ? d?daigner
1
ceux qui r?glent
et cite
leurs fun?railles,
Montaigne
critique
ceux qui ? d'aller
se
et se passionnant
? ce
soignant
sp?cialement
et inusit?e
dernier point, ? r?gler son convoi ? quelque
particuli?re
? un serviteur et une lanterne ?,Essais,
livre I, chap. 3.
parcimonie,
09:43:40 AM
94
georges
tricou
: 2.000 1.1.
rue Bellecordi?re, vendues
de Parcieu, vendu : 5.000 1.1.
La grange de St-Jean de Thurigneu vendue : 8001.1.
Une cr?ance sur les imp?ts et taxes de Rouen.
Les maisons
Le domaine
tout peu entam? par quelques
d'esp?ces ou de pensions, par quelques
*
maladie et frais fun?raires.
Le
legs particuliers
frais de derni?re
cette mort
laissa dans l'esprit rancunier
de de Rubys un souvenir, qu'il rumina pendant 30 ans
? v?ritable ? de
avant de le publier dans son Histoire
uvre.
Lyon qui n'avait aucun besoin de ce hors-d'
Par
contre,
V.
Fils
Thomas
Fortin
de Fortinis
de Cherubinus
1,Thomas
Fortin
ou
? Florence
le 22 septembre 1512 ; il ?tait
ou
ans
huit
l'a?n? de Louise Charly 2.Nous
donc de sept
le rencontrons pour la premi?re fois ? Lyon, le 10 mars
de Gabiano,
1557, o? Luxembourg
imprimeur-libraire,
Fortini
naquit
lui loue une maison
sans autre
d?tail
et jardin. Ce document est ?nonc?
le corps de l'inventaire, dress?
dans
en 1568,
des biens et papiers de feu Luxembourg
de
3.A noter qu'en cette m?me ann?e 1557, Louise
ach?te devant notaire de Tr?voux des lopins de
Gabiano
Lab?
terre pr?s de Parcieu. Si l'on retrouvait cet acte, nous ne
serions pas ?tonn? d'y voir ? ses c?t?s Thomas Fortin
la guidant de ses conseils, ? d?faut du mari pr?d?c?d?.
Nous
le serions d'autant
moins que la liaison de la
1
avant
1568.
d?c?da
Lequel
2 Ceci
uvres de Louise
Ch. Boy,
?diteur
des
Labe,
d'apr?s
en 1887. Il semble avoir connu des documents
florentins, dont il ne
su retrouver.
donne pas la source, et que nous n'avons
3
t. VII,
Publi?
Bibl.
par Baudrier,
p. 44.
Lyonnaise,
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
FAMILLE
95
et du banquier
italien d?frayait d?j? la chro
et que
scandaleuse
l'auteur
la
de
lyonnaise
nique
Chanson
nouvelle de la Belle Cordi?re de Lyon1, qui ?tait
po?tesse
fort au courant de ces aventures
dit :
amoureuses,
Il y vint un Florentin,
Luy
monstra
argent
? grant
somme,
Tout habill? de satin,
Il faisoit le gentilhomme.
le receut doucement
Pour avoir de la pecune,
Le but o? elle pretend
E1
C'est
pour
avoir
de
l'argent.
De 1565 ? 1569 2,le s?jourde Fortin ? Lyon est jalonn?
actes re?us par le notaire Delaforest
par de nombreux
o? il est toujours qualifi? de ?marchand
florentin ? ou de
?
citoyen florentin fr?quentant les foires de Lyon ?. Le
d?tail de ces contrats nous montre
qu'il
attach?
?tait marchand
comme associ?
c'est-?-dire banquier,
d'argent,
ou facteur ? d'importantes maisons
italiennes de Lyon :
les Capponi, Strozzi et Manelli. Sa sp?cialit? est le place
ment des emprunts royaux, notamment
la tranche assi
gn?e sur le produit de taxes per?ues ? Rouen. C'est vrai
ce qui valut ? Louise Lab? la quatri?me
semblablement
uvres ? Rouen,
?dition de ses
chez J. Garou en 1556,
en m?me temps qu'un placement que Fortin lui fit faire
sous son nom.
Si les Florentins
l?ges fiscaux,
la Belle
Cordi?re
b?n?ficiaient
en profita.
de privi
liaison
La
1
aux
en appendice
uvres de Louise
Ch. Boy,
Lab?,
D'apr?s
t. II, p. 94 et suiv. La
?t? publi?e
Chanson
d?s 1557,
la
ayant
et du banquier
est par cons?quent
liaison de la po?tesse
ant?
rieure ? cette date.
3
Un Thomas
Fortin
figure de 1549 ? 1556 sur les registres d'en
avec
tr?e de vin, et semble pouvoir
?tre identifi?
de Louise
l'ami
Lab?. Arch. Lyon, CC 3865, 3910, 3916, 3917, 3924.
09:43:40 AM
96
GEORGES
TRICOU
et de la po?tesse dura environ huit ans.
du banquier
Au d?c?s de Louise Charly, Th. Fortin fut son l?gataire
particulier et son ex?cuteur testamentaire
: apr?s
un assez m?diocre
usufruitier
Il se montra
avoir occup? Parcieu pendant trois ans, aid? d'un servi
teur et d'une servante, il fit ses pr?paratifs de d?part.
l'un
deux mandataires,
Le 15 juillet 1569, il nomme
de ses droits d'usufruit,
l'autre pour r?
gler ses int?r?ts commerciaux. Le premier ne para?t pas
avoir us? de ses pouvoirs, et son r?le dut s'effacer devant
pour
l'exercice
l'autorit? d'un s?questre nomm? ?
ne savons qui. Serait-ce par Raphael
?t? tuteur de Jacques et Pierre III
l?gataires universels de leur tante ?
usufruitier, mandataire
la requ?te de nous
Taillard qui avait
Charly dit Labb?,
Quoi qu'il en soit,
se d?sint?ress?rent
ou s?questre
de la Grange de Parcieu
? qui mieux mieux
fruits et revenus devaient
dont
suffire ?
les
l'entre
pourtant
de la propri?t?. En six ans, b?timents
et terres tomb?rent dans un ?tat lamentable. Gr?ce ? la
tien convenable
lui avait impru
dispense de caution que Louise Lab?
demment accord?e, Fortin abusait de son droit d'usu
en outre, ? son r?le d'ex?cuteur
fruit et contrevenait,
du do
qui lui imposait la conservation
et
des
Pauvres.
maine entre les mains des Charly
n'?tait
Au lieu d'attaquer
pas un adver
Fortin, qui
saire commode et qui, de Florence, aurait pu trainer le
testamentaire
proc?s en longueur, les recteurs prirent le parti le plus
ou au Pr?sidial de
sage de s'adresser ? la S?n?chauss?e
Lyon et d'obtenir
l'usufruit en une
1
sur
Spontan?ment
les restes de
son
la nue propri?t? et de
Fortin fut-il inform? de
la r?union de
seule vente.
et ? ses
amie.
frais,
il fit poser
une
pierre
tombale
09:43:40 AM
LOUISE
ET
LABE
SA
FAMILLE
97
ne savons pas qu'il ait protest?, ni per
lui ; on n'en trouve plus aucune trace ? la
l'affaire ? Nous
sonne apr?s
S?n?chauss?e
ou au Pr?sidial
fort bien que
de Tr?voux
les proc?dures
dont Parcieu
de Lyon et il se pourrait
se soient pass?es au bailliage
d?pendait.
CONCLUSION
ce long expos?,
artisanale
d'extraction
De
il ressort que Louise
Charly est
; elle l'est non seulement par ses
ses grands-parents
et tous les alli?s de sa
avec un cordier,
famille, mais encore par son mariage
son
ce
a
A
mari
confr?re de
p?re.
qui
d?j? atteint la
p?re et m?re,
cinquantaine,
c ur facile
elle
?
une
apporte
s'enflammer
un
aisance,
br?l? pour
et des aptitudes
coquette
(qui a d?j?
soupirants) et aussi des go?ts
qui ne sont en g?n?ral pas ceux de son milieu.
riage lui donne la libert? ? laquelle aspiraient
d'autres
Le ma
tant de
femmes, libert? impossible ? trouver dans le c?libat.
Cette union, qui ne dura qu'une dizaine d'ann?es, Louise
sans scandale notoire
Charly la supporta patiemment,
et, bien qu'elle
tous ses biens.
n'e?t
pas
d'enfant,
son mari
lui laissa
A peine veuve, elle publie les
uvres, qu'elle avait
certainement compos?es pendant les ann?es de son ma
riage, et elle les r?imprime et les corrige deux fois en
l'espace de deux ans. Mais le petit livre ne contient pas
seulement ses vers (exactement 652), ils y sont accompa
1, de Jean de
gn?s de ceux de ses amis et admirateurs
de Maurice
Vauzelles,
Sc?ve,
prieur de Montrottier,
8
Voir
Revue
l'article
d'histoire
d'Alfred Cartier^
Les po?tes
de la litt?rature fran?aise,
1894.
de Louise
Lab?,
7
09:43:40 AM
dans
98
georges
tricou
comme elle, mais de
Lyonnais
de
d'Antoine
Claude
Taillemont,
souche
de
patricienne,
Du Moulin, de Charles
? cause de ses deux ma
Lyonnais d'adoption
riages, d'Olivier de Magny et d'autres qui ont gard? l'ano
Fontaine,
nymat.
ce qui ? l'?poque ?tait un
Ayant pass? la quarantaine,
une
rencontre un ban
avanc?
Louise
pour
femme,
?ge
quier italien qui ne cultivait pas les Muses, mais g?rait
ses affaires. Vraisemblablement
avec perspicacit?
inexp?
sans appui
riment?e,
tive d'aide
protecteur
mort. Par
ou marital,
sans perspec
ce
dans
Florentin un
tut?laire
familiale,
elle trouva
et fid?le qui l'entoura
sa
jusqu'?
lui, elle connut certainement les Italiens fix?s
tout un milieu
et d'affaires dans
de banque
bienvenu
? Lyon,
lequel elle n'avait
jamais ?t? re?ue du temps de son p?re
et de son mari. Mais elle n'?crit plus. Elle meurt dans la
propri?t?
?
ses
qu'elle
neveux,
tout
a acquise
en
en
en Dombes
et qu'elle
r?serv?
ayant
pour
l?gue
vingt
ans
l'usufruit au Florentin.
De
ture
tous ces ?l?ments
sauront
r?els,les
certainement
historiens
tirer profit
Lab?.
de la litt?ra
pour
?clairer
l' uvre encore si obscure de Louise
Georges
Tricou.
09:43:40 AM
ET
LABE
LOUISE
SA
FAMILLE
99
TABLE CHRONOLOGIQUE DES DOCUMENTS
CONCERNANT LES CHARLY DITS LABB?1
1428. ?
S^P.
Les Decuchermois, rue de l'Arbre sec
1471-36. ?
Les Joguet et Gillet cordier
AL, 17EE
?
sa
Ant.
Decuchermois,
1472, f?v. 15.
femme et ses filles S*-P
Jean Rosset, cordier en l'Arbre sec
1483. ?
AL, CC 160.
?
en
sec
l'Arbre
S*-P.
Humbert
1488, sept.
Jacques
? J. Humbert et P.
St-P.
1489, janv.
Charly
1490-1493. ?
Deniers mis sus pour l'entr?e de Charles
1491. ?
1492. ?
1493. ?
.?
.?
.?
.?
?
?
?
?
1494. ?
1495. ?
1499. ?
VIIIAL, CC 217 et 219
Jacques
et sa veuve,
Humbert
30
EE
220
?
CC 7
CC 9
CC 12
?
?
Nomm?es Decuchermois, la Gela
?
Taxes pour leRoi, la Gela
Deniers mis sus pour l'entr?e de la Reine
Deniers mis sus pour l'entr?e du Roi
4 janv.
1501,
Revue d'armes en la rue de l'Arbre sec
?CC
Deniers mis sus en ao?t
Nomm?es Gillet Perrin ? CC 6
Nomm?es J. Humbert dit Labb?
Nomm?es B. Compagnon, la Gela
Nomm?es Pierre Charly, l'Arbre sec
Arbre
CC 19
?
?
CC 19
CC 222
CC 107
sec
S*-?.
? la ville par P. Charly AL, CC 554
559,568,573,594
Taxe de 8 d. pour un pr?t au Roi AL, CC 112 et 113
1502-1509.?Fournitures
1503. ?
?
ao?t.
Re?u
par
les
?poux
Gela
1504. ?
Deniers mis sus
Benoit
La
Compagnon.
St-P.
CC 239
AL,
1 R?f?rences
:
Archives Lyon, BB, CC, DD, EE.
AL.
Arch, d?part. Les notaires sous leur nom.
Arch, d?part, ou Lyon Ville insinuations S?n?chauss?e,
?
SS.
Sentences.
?
sentences de l'audience.
SP.
Pr?sidial,
Arch, hospitali?res. AH.
Arch, d?part. Archev?ch?.
AA.
?
fonds dames de St?Pierre.
St.
P.
09:43:40 AM
100
GEORGES
TRICOU
1505-1507. ?
Establie en cas d'effroi
AL, EE 19
? CC 252
Taxe de 18 deniers mis sus
1512-3. ?
?
?
sus
CC 115
Taxe de 18 deniers mis
1512.
?
CC 118
1512. ?
Taxe de 18 deniers mis sus
?
CC 119
1513. ?
Taxe pour les r?parations
?
? CC 121
Taxe pour les r?parations
1513. 14 juillet.
1514. ?
Taille de 4 deniers pour les fortifications ? CC 323
?
? CC 254
1514- 5.
Taxes au nom de la Commune
?
et Ennemond
Per
B. Compagnon
1515.
Nomm?es
? CC 20
rin
?
.?
? CC 22
Nomm?es Ennemond Perrin
?
?
.
Nomm?es B. Deschamps dit Compagnon ? CC 22
?
.?
?
Nomm?es Pierre Charly
CC 23
?
.?
?
Taxes mises sus
133
CC
?
?
.?
712
CC
Taxes mises sus
?
.?
Fourniture de 114 1. de corde par P. Labb?
AL, CC 637, no 8
? CC 24
Nomm?es B. Deschamps, P. Charly
1515- 18. ?
?
? CC 31
Nomm?es Taillard Rousset
1516- 17.
?
CC
26
Nomm?es P. Charly
1516-18. ?
1517_18. _ Nomm?es P. Charly
AL, CC 34, 35, 39, 40
?
CC 135
Taxes au nom du Roi
1522. ?
?
? CC 710
Taxes trav. du pont du Rh?ne
1523.
20
EE
1523. ?
Establies en cas d'effroi ?
?
1524.
Deniers mis sus ? CC 358
St-Paul 136-348
1524. ?
La Gela
?
Rue de l'Arbre sec St-P.
1524, 10 avril.
?
Rousset, P. Charly
AL, DD Gravier, not.
1526, mars.
?
et
P.
sept.
Charly, pr?t ? Decombes, teintu
1527, ao?t
rierAL, DD, Gravier, not?
?
Nomm?e Ennemond Perrin
1528- 9.
AL, CC 39
P. Labb?, caution de Boisson AL, DD, Gravier, not.
1529. ?
1529. ?
Taxe pour la ran?on de Fran?ois Ier et ses en
fants AL, CC
Ier et
Emprunt pour la ran?on de Fran?ois
?
enfants
CC
?
.?
?
Taxe militaire
CC
? CC
Taxe pour un pr?t au Roi
1529- 1532. ?
?
Pierre Charly, la Gela S*-P.
1533, mai.
1529. ?1
09:43:40 AM
136
ses
325
748
765
LOUISE
LAB?
ET
SA
101
FAMILLE
AH, E 138
Charly quaternier et qu?teur
Papiers de St-Jean-Thurigneu ? l'Aum?ne
g?n?rale AH, D 1
1535. ?
Establies en cas d'effroi
AL, EE 21
?
1535, septembre.
Charly, la Gella S^-P.
BB 58-64
1537-46. ?
AL,
Charly, notable
1537. ?
AL, CC 887
Charly, pr?t au card, de Tournon
?
1537-?. ?
CC 141
Charly, pr?t au Roi
?
? CC 143
1538.
Charly et Perrin, empruntmilitaire
1538. ?
Charly, Arbre sec SVP.
?
1538- 54.
Rousset, taxes au nom du Roi
AL, CC 145
?
1540-46.
Insuffisance des qu?teurs de l'Aum. g?n. AH, E 6
1542-44. ?
Pr?t au Roi par Charly et rermV AL, CC 949-955
vendent
1542- 6.
Les Rosset-Roybet
leur part de la
Gela Challiard, not.
1543. ?
Yvard, barbier-chirurgien
AL, BB 60
1543- 1548. ?
Testament et codicille de Pierre
Charly Noyer, not.
au nom du Roi. Rosset
et Tail 1544- 46. ?
Taxes
1533, mai.
1534-89. ?
lard AL, CC 144
? CC 955
1544. ?
Taxes au nom du Roi. Perrin et Charly
?
? CC 41
Taux des meubles et pratiques
1545.
?
1545- 53.
Plan dit de 1550
1548. ?
Entr?e d'Henri II publi? par G. Guigue
1550. ?
Rue Belle Cordi?re d'apr?s le plan dit de 1550
1551. ?
Nomm?es des louages Fran?ois Charly AL, CC 42
1551. ?
?
?
& 43
Nomm?es
des
louages
Perrin,
Antoine
avril
d?c.
L. Charly
?
1551, d?c.
?
1551, d?c.
?
1552, f?vr.
1552-7. ?
Reconnaissance
AL, CC 44
?
Directe du Pont du Rh?ne, Taillard
et
achat
Rosset
E.
DD
Perrin
172
et
AL, DD 71& 160BB 71,72.
DD
Reconnaissance Taillard Cottin
Pierre Charly, d?j? mort CC 45
et ses ni?ces Roybet
B. Deschamps
Richard,
Marg. Roybet vend sa part de la Gela
?
1553, juin.
Engagement Fr. Charly-dames Pierre
160
not.
div. not.
S*.
Deschalles,
09:43:40 AM
not.
102
GEORGES
1553- 4. ?
1553, juin.
TRICOU
Les Noyer
?
Reconnaissance
Challiard, not.
Fr. Charly-dames
de St
Pierre S* P., terrier Dechalles, not.
?
1553, oct.
Mariage Noyer-Charly
Deschalles, not.
? Mort de
l'oncle Barth. Roybet
1553, 26 ao?t.
Arch. cap. S^-Nizier
?
1554, n. st.
Mariage Popon-Taillard
Foillet, not.
1554- 55. ?
D?c?s probable d'Ennemond Perrin
1555, ?
Pensions des ?glises sur Fr. Charly et E. Per
rin AL, CC 57
?
n.
:
st.
mars
1555
Privil?ge pour les uvres de L. Lab?
?
juill. :Adresse ? Cl?mence de Bourges
?
1556,
?
uvres
des
Impression
1555. ?
Fran?ois Charly
?
avril.
mai.
Fr.
Les
not.
Deschalles,
Popon,
not.
Popon,
not.
canabassier
Charly,
Taillard-Cortin
oct.? Affaire du meurtre de Math. Charly Popon, not.
1555- 6. ?
Commerce de Fr. Charly
Popon, not.
?
Fr.
1556, juin.
Charly
Louage
Popon, not.
1557. ?
Establies en cas d'effroi
AL, EE 23
?
Fr. Charly loue des locaux en Arbre sec
1557, mars.
?
?
?
?
?
mars.
not.
Popon,
Fr.
Charly
confr?re
du
du
St-Esprit
Pl?tre
not.
Popon,
?
juillet.
Mariage Taillard-Giraud
Popon, not.
?
Fran?ois Charly, louage
septembre.
Popon, not.
d?cembre. ?
Fran?ois Charly et P?tigny Popon, not.
? Vente de terre ? Louise
septembre.
Charly
Farjon,
1557-69. ?
Thomas Fortin, 25 mentions
?
1558, ao?t.
Transaction
Fr.
Charly
not.
? Tr?voux
Delaforest,
not.
Deschalles,
not.
et Ant.
Taillard
not.
Deschalles,
?
Fran?ois Charly
1559, ao?t.
Popon, not.
?
?
terre
ao?t.
Louise
10
Vente
Lab?
d'une
? Par
1560,
cieu Farjon, not. ? Tr?voux
? Bail
1560, 9bre.
Charly en rue de l'Arbre sec Popon, not.
sept.
Donation
par
la veuve
Rosset-Roybet
fils Bochard,
son
not.
09:43:40 AM
LOUISE
LABE
ET
SA
103
FAMILLE
1561. ?
D?partement de Lyon par quartiers ; Fr. Labb?
AL, EE 24
quaternier
?
?
juin.
Mariage Charly-Pinard
Popon, not
?
Louise Charly ach?te terre en Dombes
1562, ao?t.
Dufourt,
not.
? Tr?voux
1562. ?
Le nom de la rue de la Cordi?re est officiel
1563. ?
AL, BB 83
Taxes ? cause des troubles des protestants
AL, CC 1110 et 1111
?
Fran?ois Charly, emprunt
1564. mai.
Popon, not.
?
de
ao?t.
Labb?
28
Testament
Louise
1565.
Charly
not.
Delaforest,
1566. ?
Extraits pour les l?gats particuliers Delaforest, not.
? D?c?s de Louise
1566, f?vrier.
Delaforest, not.
Charly
?
Sa pierre tombale
1566, septembre.
Delaforest, not.
?
Donation par Th. Fortin ? l'Aum?ne
1566, novembre.
g?n?rale AH
?
1567, janvier.
Jacques et Pierre III h?ritiers de Fran?ois
et Louise Labb? SS. SP
?
? Paiement de
Pr?vost, apothicaire Delaforest, not.
juin.
?
?
?
R?m?r?
l'encontre des h?ritiers de Louise
juin.
III
sauf
Pierre
Labb?,
pr?d?c?d? depuis janvier 1567
1568
?
?
circa.
ao?t. ?
Fran?ois
recens?
S^-P.
Mariage
Jacques
Pr?sid.
Verrier
Charly-Louise
Dumas,
?
1569, d?c.
?
Jacques,
fils de
La g?ne financi?re de Jacques Charly
avr.-oct.
not.
Delaforest,
d?c. ?
?
not.
Offre de Jean Bruy?re pour St.-Jean Thurignieu
AH, E 11
rue
loue
la
L'Aum?ne
Confort
g?n?rale
AH, E 11
Nouvelle offre de J. Bruy?re
AH, E 11
Nouvelle offrepar Dufour
AH, E 11
?
Les recteurs h?sitent ? vendre S^-Jean
1570, avril.
Thurignieu AH, E 11
?
S?n?ch. S.
avril. ?
Jacques Charly est d?j? mort
?
S?n?ch. S.
P?tition
d'h?r?dit?
Rosset
juillet.
?
?
vend
St.-Jean
L'Aum?ne
AH, E 11
g?n.
juillet.
1570, janv.
?
mars. ?
09:43:40 AM
104
?
GEORGES
dec.
Les
recteurs
TRICOU
dressent
un
?tat
sommaire
de
succession de Louise Charly
AH,
?
Testament d'Antoinette Taillard
1571, oct.
?
sept. L'affaire de la grange de Parcieu
la
283
Foillet, not.
? l'Aum?ne
g?n?raleAH, E 11-12
Ant.
Rousset
aux
reconnaissance
de
Dames
S^-Pierre
St.-P.
1571. ?
1572. ?
Taxes au nom du Roi
Mariage de Jacques
AL,
CC 151
Sa veuve
et Rosset
S?n?ch. Presidiai
1573-4. ?
Ent?rinement du testament de Louise Charly
au Luminaire de Parcieu
Delaforest, not.
?
rue
de
la
Confort
l'Aum?ne
1573.
par
g?n.
Louage
Charly.
AH, E 178
Paiement du legs au Luminaire de Parcieu AH, E 13
1574. ?
?
nov. ?
Vente de la Grange de Parcieu
AH, E 13
?
mars.
Paiement
d'un
1575.
legs partie, par l'Aum?ne
?
1577, oct.
St.-Pierre
1578-1581. ?
1580,
oct.
de Parcieu
?
1583, juin.
fort,
Reconnaissance
AH, E 13
de
de la Gela pour les Dames
SVP.
Vente de la maison
Les
recteurs
de
rue Confort
l'Aum?ne
confirment
AH, E
19
la vente
arch, de Mr Chalandon
Les ?poux Berthier, acqu?reurs de la rue Con
reconnaissent
au
profit
de
AA.
l'Archev?que.
09:43:40 AM
LE PROC?S ET LA MORT
DE JACQUESSPIFAME
Parmi
les nombreuses
familles
lombarde
d'origine
et se firent un nom en France, celle des
qui prosp?r?rent
Spifame m?rite une attention
particuli?re en raison de
fortune qu'elle amassa et du r?le important
jou?rent tant aux xive
plusieurs de ses membres
l'immense
que
et xve
si?cles qu'au xvie. Le plus c?l?bre repr?sentant
du nom est sans conteste Jacques Spifame.
N? en 1502, Jacques-Paul
Spifame, apr?s de brillantes
?tudes ? Paris et ? Orl?ans, d?bute en 1527 comme con
2
seiller du Roi et ma?tre des comptes ? Montpellier
puis,
entre en septembre 1529 au Parlement de Paris, comme
conseiller-clerc
3. Intelligent
et ambitieux,
il devient,
le
1 Voir
Mirot
des Spifame,
Lucquoises,
(L?on), Etudes
L'origine
1938
Barthelemi
de la Bibl.
de VEc. des
; extrait
Paris,
Spifame,
t. XGIX
Chartes,
p. 67-81.
(1938),
2 II faut surtout
au xive
s., Barth?lemi
signaler,
Sp. souche de
la branche
du roi et, au xve s.,
fran?aise, mercier
puis changeur
Jean IV Sp.
tr?sorier de l'extraordinaire
des guerres.
(1459-1503),
sur Gaillard,
Pour
le xvie
travail
et Raoul
s., voir notre
Jacques
d'une
Etude
si?cle. Positions
des th?ses
famille au XVIe
Spifame.
nat. des Chartes,
de l'?cole
fr?res de Jacques
1943, p. 55-61. Deux
receveur
furent: Gaillard
de Normandie,
Sp. (1485-1535),
g?n?ral
des guerres
et enfin
puis tr?sorier de l'extraordinaire
(1525-1528)
des finances, qui, emprisonn?
et mal
pour d?tournements
g?n?ral
se suicida
sa condamnation
avant
carr?e
versations,
;
par la Tour
et Raoul
au
avocat
de Paris,
auteur
Sp.
(1500-1563),
parlement
d'un
les Dicaearchiae
Henrid
ouvrage
remarquable
r?gis christia
nissimi
d'?tre
intern? comme
fou ;
progymnasmata
qui lui valut
enfin au xvne
et
s., Samuel
Sp. (mort en 1632), fut conseiller d'?tat
en
ambassadeur
Le nom de Spifame
en 1642.
Angleterre.
s'?teignit
8
de l'H?rault,
Arch,
341, f? 91.
d?part,
* Arch.
Nat., XlA 1533, f? 48.
09:43:53 AM
106
16 mars
versit?
ANDR?
DELMAS
1533, chanoine et chancelier de l'?glise et Uni
1 et se
de Paris
donne enti?rement ? la r?forme
des coll?ges : les statuts des coll?ges d'Autun
(1543), de
et
du
Narbonne
Cardinal-Lemoine
(1544)
(1545), en
ses
uvre, lui permettent d'appliquer
grande partie son
conceptions hardies. Enfin, il parvient en 1544 ? la pr?
2. Jacques
sidence de la Petite Chambre des Enqu?tes
Spifame, seigneur de Passy 3, pr?v?t de Chablis, doyen
sur Vanne
de Saint-Marcel de Paris, abb? de Saint-Paul
pr?s de Sens, ?rudit, lettr?, ami des plus grands huma
sa
Pourtant,
nistes, est alors un tr?s haut personnage.
vie priv?e est, depuis 1537, souill?e par une liaison pu
le Gresle 4,
blique avec l'?pouse, puis la veuve d'?tienne
: son cr?dit et les m urs de
de Gasperne
Catherine
l'autorisent et, malgr? elle, il obtient en 1546
l'?poque
l'?v?ch? de Nevers 5. Apr?s s'?tre impos? comme cano
niste au concile de Trente, de 1547 ? 1548 6, il revient
r?sider dans son dioc?se jusqu'en 1556, o?, nomm? ma?tre
Il fait
des requ?tes 7, il regagne d?finitivement Paris.
8
alors partie du Conseil priv? de Catherine de M?dicis
et assiste aux ?tats g?n?raux de 1558.
Brusquement,
son plus violent
le 20 f?vrier 1559, quelques
jours apr?s
sermon contre les r?form?s, et apr?s
LL
Arch. Nat.,
139, p. 28.
2
n? 49.
Ibid., M80,
3
arr. et cant, de Sens.
d?p. de l'Yonne,
4 Passy,
en 1539, paralys?
au Ch?telet
il mourut
de Paris,
Procureur
;
un enfant, Andr?
?tait n? quatre mois
auparavant.
5
ecclesie catholice eddidit...
Gams
(P. P. B.), Series
episcoporum
Ratisbonnae,
1673, p. 586.
0
t. IV, f? 259 v?-311
Voir Massarelli,
; publi?
Diarium,
par
Tridentinum...
Merkle
; Friburgi
Brisgoviae,
(S.) dans Concilium
1901.
7
1*
Arch. Nat.,
8620, ?? 244 et X*a 1583, f? 381.
8
n? 118.
n? 2724, Spifame,
Bibl.
nat., Pi?ces
originales,
09:43:53 AM
PROCES
avoir
r?sign?
Gen?ve \
Presque
au Conseil
ET
son ?v?ch?
imm?diatement
JACQUES
et ses b?n?fices,
re?u habitant
que
reconnu. Le Consistoire
107
SPIFAME
il s'enfuit ?
2, il se pr?sente
qu'il est depuis
puis au Consistoire, d?clare
secr?tement mari? avec Catherine
longtemps
perne et demande
jadis vu
DE
MORT
de Gas
son mariage
soit publiquement
entend Calvin, qui assure avoir
le contrat de mariage,
reconna?t le mariage
et
ses deux enfants Andr?
et Anne : Spifame
l?gitime
?pouse Catherine dans les formes 3. Quelques mois apr?s,
4
il est bourgeois de Gen?ve
et devient, sous le nom de
un
M. de Passy,
des conseillers les plus ?cout?s de la cit?
r?form?e 5.
Quoique d?cr?t? de prise de corps par le parlement de
Paris, il revient en France ? la fin de 1561 comme pas
teur de la communaut?
d'Issoudun
civile lui fournit ? nouveau
6. La premi?re guerre
de jouer un grand
? Orl?ans, Cond? re?oit
l'occasion
r?le : gr?ce ? l'action de Spifame
secours des ?glises de France et peut r?sis
d'importants
ter ? l'arm?e royale. Et tout naturellement,
lorsqu'il
1 Voir Haton
M?moires,
par Bourquelot
publi?es
(Claude),
in?dits sur Vhistoire de France,
Paris, 1857,
(Fr.) dans les Documents
t. I, p. 84.
2 Arch, d'?tat
de Gen?ve,
vol. 55, f? 32 v?.
registres du Conseil,
cit?es passim,
la plus grande
En dehors des sources imprim?es
partie
nous
ont ?t? aimablement
fournis par
des documents
genevois
M. Ch. Roth,
archiviste-pal?ographe.
8
de Gen?ve,
Arch, d'?tat
1559, f? 136 v?.
reg. du Consistoire,
4
vol. 55, f? 136 v?. Il est curieux de cons
Ibid., reg. du Conseil,
tater que parmi
les 28 personnes
re?ues bourgeois
et Th?odore
on trouve Calvin
? c?t? de Spifame,
6
comme membre
du
II est, en 1561,
choisi
cette
1559
ann?e
de B?ze.
conseil
des Deux
Cents (Ibid., f? 146).
? B?get
(A.), Hist, du Peuple de Gen?ve depuis la R?forme jus
qu'?
l'Escalade
; Gen?ve,
1831,
t. VI,
p.
152.
09:43:53 AM
108
ANDR?
DELMAS
implorer l'empereur ? la di?te de Franc
fort, il est choisi1.
Le succ?s qu'il y remporte fait, qu'? son retour en
il est choisi comme superintendant
des affaires
France,
s'agit
d'aller
de la ville de Lyon que
encore lorsqu'en janvier
les r?form?s occupent.
1564 Jeanne d'Albret,
Il y est
reine de
Navarre, demande aux Seigneurs de Gen?ve de bien vou
loir le lui d?p?cher, car elle d?sire l'employer ? pour r?
et Test?t de sa justice, attendu qu'en ce
gler sa maison
est
requis
Dieu ? 2.
un
tel personnage
vertueux
et
craignant
par le Conseil, Spifame gagne Pau o? il est
Il s'occupe aussit?t de
de grands honneurs.
r?organiser les finances et la justice de la reine et pen
dant quelque
temps tout semble aller pour le mieux.
Autoris?
re?u avec
Puis
nous
plus
son z?le diminue, son autorit? d?cro?t et, sans que
l'entente ne r?gne
sachions exactement pourquoi,
: des heurts de
entre le conseiller et sa souveraine
plus en plus s?rieux se produisent. En janvier 1565, un
son
diff?rend si grave les oppose que Passy demande
au
ses
Il
derni?res
semaines
milieu
d'une
passe
cong?.
cour hostile
que Merlin 3, qu'il avait supplant?, m?ne
A la fin mars, il est revenu ? Gen?ve o?
il retrouve son ancien prestige :mais il se garde bien de
donner les v?ritables, raisons de son retour !
maintenant.
En
Servin, contr?leur ordinaire de la
juin, Jacques
maison de Navarre, que Spifame a accus? ? Pau de s'?tre
1 En novembre
son
Ier doit y faire couronner
1562, Ferdinand
roi de Boh?me.
fils Maximilien,
y justifie la prise d'armes
Spifame
de foi des calvinistes
et y lit une profession
de Cond?
fran?ais qu'il
sont promis.
des secours
a lui-m?me
; gr?ce ? son habilet?,
r?dig?e
2 Arch,
vol.
de Gen?ve,
du
d'?tat
58, f? 153 v?.
Conseil,
reg.
8
son
et th?ologien
ministre
avait
r?form?,
?t?, avant
Merlin,
de Jeanne
le conseiller
d'Albret.
? Pau,
arriv?e
09:43:53 AM
ET
PROC?S
MORT
DE
JACQUES
SPIFAME
109
livr? au pillage dans le quartier qu'il administrait ? Lyon
sous l'occupation
protestante, profite d'un voyage ? Ge
n?ve pour lui demander, devant le Consistoire, de se r?
tracter. Bien que niant ?nergiquement avoir tenu de tels
de peine ? esquiver le proc?s car,
propos, il a beaucoup
? ce m?me moment, Th?odore
de B?ze rend publique
une lettre qu'il a re?ue de Navarre et o? l'ancien ?v?que
est d?peint sous un assez vilain jour. Il est oblig? de se
par ?crit tandis que Servin re
justifier publiquement
tourne, tr?s irrit? de son ?chec, pr?s de la reine 1.
Sa faveur n'en para?t pas atteinte, mais il comprend
que ce n'est qu'un r?pit et cherche d?s lors ? quitter cette
dont il conna?t trop la rigueur des lois. Pourquoi
ne rentrerait-il pas dans le sein de l'?glise catholique ro
maine ? Il ?crit donc aux amis qu'il a conserv?s en
Gen?ve
pour leur demander appui et conseil et profite
de ces lettres pour r?pandre de perfides insinuations sur
ceux qui sont devenus ses ennemis et sur Jeanne d'Al
France
seule de ces lettres,tr?s mod?r?e
a ?t? connue, mais elle est suffisamment
bret elle-m?me2.
certes, nous
Une
significative. Elle est adress?e, en f?vrier 1566, ? l'amiral
3 : il lui
ses d?
demande d'appuyer
Gaspard de Coligny
marches en France et, faisant allusion ? l'?v?ch? de Toul
qui est alors vacant 4, l'assure que, si on le lui donnait,
il y ?tablirait le culte protestant. Les termes m?mes de,
1 II fait
sieur de
que Jacques
imprimer Les Responses
Spifame,
de
jaict en toute humilit? aux articles et m?moires
Passy,
aport?s ? M.
sa tr?s
Beze
de par la reyne de Navarre,
par le sieur de Beauregard
eu que des analyses.
honnor?e dame et maistresse
dont nous n'avons
2
C'est alors qu'il lance, semble-t-il,
le bruit selon lequel Henri
IV
uvres de Merlin,
serait n? des
bruit que plus tard Lestoile
d?men
tira (L'Estoile
par Bru
(Pierre de), M?moires
journaux...
publi?s
net
(G.), Champollion
(A.), Halphen
(E.), Lacroix
(P.), Read
de Larroque,
Paris,
1878, t. V, p. 109).
(Ch.) et Tamizey
3
Roget,
p. 179.
op. cit?; t. VU,
4
Son titulaire, Toussaint
?tait mort le 30 juillet 1565.
de Hocedy,
09:43:53 AM
110
ANDRE
DELMAS
la lettre nous r?v?lent que ce n'?tait pas la premi?re fois
: la crainte seule de voir
qu'il lui ?crivait sur ce sujet
son imposture d?couverte,
et peut-?tre aussi son ?ter
le font agir, et il ne faut pas y voir, ?
nelle ambition,
avec le dessein
la suite de Roget, un rapport quelconque
le prince de Cond?,
qu'on avait alors form? de marier
veuf d'?l?onore
de Roye, ? Marie Stuart ou ? la veuve
de Fran?ois
ne lui laissent pas le temps de
fin ses n?gociations.
Le retour inopin?
qui n'a pas accept? sa d?faite, pr?cipite leur
? bonne
de Servin,
cours
1.
les ?v?nements
Mais
mener
de Guise
2.
: il poss?de
1566, Servin arrive ? Gen?ve
son
contre
des preuves
voyage n'a d'autre but
Spifame,
que de le confondre 3. D?s le lendemain, il se pr?sente
Le
10 mars
alors
Roget,
p. 179. Le fait que Spifame
op. cit?, t. VII,
agissait
est confirm? par Gond?
dans son int?r?t personnel
qui
uniquement
son ?vcch? de Nevers
aurait
d?clar?
que pour
quitt?
qu'il n'avait
un autre.
en reprendre
2
:
pas ? l'origine du proc?s criminel
Goligny n'est certainement
une de ses lettres nous
le prouve
(voir plus loin, p. 121).
3 Pour
tout ce qui est du proc?s m?me de J. Spifame, nous n'avons
en plus des analyses
du Registre
succinctes
des affaires
pu utiliser
de Rogei,
criminelles
(vol. IV, ann?e 1566, f? 11-23) que les expos?s
de Gen?ve
p. 180 et sq., de Gautier
op. cit?, t. VII,
(J. A.), Histoire
? Vann?e 1691
des origines
; Gen?ve,
1901, t. IV, p. 542 et sq. et
ds la Revue
de Paris,
XVIIIe
Servin
(Cte), Le proc?s de Spifame
eu que des extraits
n'avons
Nous
ann?e
(1911), t. IV, p. 139-154.
et une copie sommaire
de la Soci?t?
du Protes
? la Biblioth?que
du proc?s cri
tantisme
fran?ais d'un opuscule
imprim? La Coppie
minel
syndiques,
juges des causes
faict par les tr?s honor?z seigneurs
et pros?cution
? l'instance
criminelles
de la ville et cit? de Gen?ve,
contre Jacques
du sieur lieutenant
esdictes causes,
Spifame,
natif de
et bourgeois de Ge
Paris,
seigneur de Passy
jadis evesque de Nevers,
?
estant au lieu du supplice.
n?ve. Avec
la confession dudit Spifame
?
le vingt et troisi?me de Mars,
Audit Gen?ve.
Faict
Van M.D.LXV1,
? ? la Bibl. nat.
?
disparu
qui est port?
09:43:53 AM
ET
PROC?S
MORT
DE
JACQUES
111
SPIFAME
contre lui sa plainte de Tann?e
Il peut maintenant
d?montrer qu'il a bien
pr?c?dente.
?t? accus? de pillage, il en exige raison, il se porte partie
au Conseil
et renouvelle
instants plus tard
civile. Spifame, averti, vient quelques
?
son
tour
une
?
contre
d'outrageantes
plainte
d?poser
? et,
demande au Conseil
plein d'assurance,
inculpations
de juger.
Mais, tandis qu'il statue sur cette double plainte, Th?o
dore de B?ze intervient, une lettre de Jeanne d'Albret
: elle lui fait part des graves calomnies que
a
Passy
prof?r?es contre elle et sa famille, de ce qu'elle
soup?onne de la vie pass?e de son ancien ministre et de
en mains
de Gasperne, et de ce qu'elle pense de son pr?
secret ; elle lui r?v?le surtout
contrat de mariage
et son
cach?es de Spifame en France
les n?gociations
Catherine
tendu
dessein
d'obtenir
l'?v?ch? de Toul
en revenant
? sa reli
? de sa vie,
gion primitive ; elle termine en assurant que
vu
un
homme plus menteur, ny plus ambi
elle n'avoit
tieux ?. Th?odore de B?ze ajoute qu'il est en ce moment
au Conseil
sur l'ordre de
la reine de Navarre,
puis se
ces graves r?v?lations, d?
devant
retire. L'assembl?e,
cide aussit?t de transformer
minel
et de
les mettre
le proc?s civil en proc?s cri
tous deux en prison. Servin se
porte partie criminelle.
On les rappelle presque
imm?diatement
afin d'en
et
leurs d?fenses. Servin, le premier,
tendre leurs preuves
trois
lettres
calomnieuses
parmi les nombreuses
produit
Spifame aurait adress?es ? des officiers de la Cour
: on
et qui sont parvenues
entre ses mains
de Navarre
les accusations
de l'ancien
y rel?ve particuli?rement
que
sur la conduite de Servin ? Lyon ; les mots
?v?que
? et ? vols ?
?
s'y ?talent en toutes lettres. Mais,
pillage
en
il s'empresse
aussi de montrer une copie vidim?e
09:43:53 AM
112
ANDR?
DELMAS
forme des comptes qu'il a rendus de sa gestion
en 1562, une attestation du secr?taire du Conseil priv?
du Roi ? ce sujet et une lettre ?crite par Soubise ? l'Ami
ral de Coligny o?, en 1563, il est rendu hommage ? sa
bonne
probit?, ? sa droiture, ? sa fid?lit?. Tout ceci, dit-il, d?
montre suffisamment l'inanit? des accusations
que Spi-;
contre
Il
lui.
formule
fame
ajoute que, parlant un jour
? la reine et ? l'amiral, il les a pri?s d'imposer silence au
nouveau ministre, sinon il serait forc? ? d'accompagner
la vie de cet homme-l?
avec
honte
?. Spa
sa
de maintenir
au tombeau
iarne, introduit ? son tour, se contente
le loisir de pr?parer
plainte et demande
Tous
deux
sont alors
reconduits
sa d?fense.
en prison
pour
la nuit.
passer
le fils et le gendre de Spifame
matin,
une
requ?te afin que leur p?re et beau-p?re
pr?sentent
soit ?largi, offrant une caution de mille ?cus d'or ;mais,
?
vu la gravit? de l'affaire, le Conseil refuse d'acc?der
Le
lendemain
et charge le syndic Chevallier,
les con
avec
et
de
Germain Coliadon,
seillers Bernard
Roset,
leur demande
:
poursuivre l'instruction. Servin est entendu ? nouveau
ne
accuser
se
veut
?
et
il
donner plus de d?tails
refuse
chose que de calomnies. Ce
le sieur de Passy d'autre
dernier, ? qui son habilet? a montr? le danger de pour
suivre son attitude, et qui ne tient sans doute pas ? ce
qu'une enqu?te plus pouss?e suive, se r?tracte purement
et simplement et retire sa plainte.
11 est trop tard. Le syndic, les conseillers et surtout
le lieutenant des causes criminelles, qui en ont appris
? la fois trop et pas assez, d?cident de m?intenir les deux
adversaires en prison et de mener le proc?s ? son terme.
uvre de Spifame
sera faite sur sa vie.
La man
est d?jou?e
: toute la lumi?re
09:43:53 AM
PROCES
ET
MORT
DE
113
SPIFAME
JACQUES
accus? et ancien accusateur
sont con
L'apr?s-midi,
front?s : Servin demeure laconique mais on le somme
de dire, sous serment, tout ce qu'il sait. Il dit alors
il a ?t? inform?, lors d'un de ses r?cents voyages
? Paris, par l'int?ress? lui-m?me, Jean Spifame, seigneur
du proc?s qui depuis de longues ann?es
de Bisseaux,
comment
tra?nait au parlement entre lui et son oncle, proc?s qui
vient d'?tre tranch? en sa faveur ; la seigneurie de Passy,
que Jacques lui avait donn?e, en ?tait l'enjeu. Allait-elle
ou bien retourner ? Andr? et ?
demeurer au donataire
Anne,
les enfants de Catherine
de Gasperne
?t? consid?r?s comme
vingt ans, avaient
times d'Andr? le Gresle
a consid?r?
comme
nulle
? Il dit comment
qui, jusqu'?
enfants l?gi
le parlement
la reconnaissance
du mariage
comment le contrat
secret par
les seigneurs de Gen?ve,
de mariage pr?sent? ? l'appui a ?t? rejet? comme faux
et comment la seigneurie est demeur?e ? Jean. Il dit
aussi que celui-ci s'est plaint de m?disances
que son oncle
a r?pandues
uvres
man
sur lui ? la cour de Navarre
et de certaines
que de trom
qui
en
sa
tout
lui extorquant
confiance
de l'argent. Il
per
de celui qui, profes
dit enfin la conduite scandaleuse
sant la religion r?form?e, vit toujours des revenus de
ses anciens
toute
n'avaient
d'autre
but
et qui ose, pour couper court ?
se d?clarer seigneur de Saint-Paul
sur
b?n?fices
attaque,
Vanne.
les commissaires
ins
par ces d?clarations,
se retournent vers Spifame et l'interrogent sur
des points que la lettre de Jeanne d'Albret ou
Troubl?s
tructeurs
chacun
de Servin ont soulev?s. Passy nie avoir ?crit
ou prof?r? des calomnies contre des membres de la mai
son de Navarre, s'en remettant au m?moire qu'il a ?crit
la d?position
contre le sieur de Beauregard.
S'il a poursuivi
des n?go
8
09:43:53 AM
114
ANDR?
DELMAS
secr?tes, s'il a cherch? ? obtenir l'?v?ch? de Toul,
c'est dans l'int?r?t de la religion r?form?e : il ne voulait
ciations
rien tenir du Pape mais d?sirait gagner une nouvelle ville
? la bonne cause, gr?ce ? l'appui de Coligny : il y aurait
? celle de Gen?ve.
semblable
?tabli une organisation
? ses rapports avec son neveu, ils ne regardent
que lui, et le tribunal n'a pas le droit de faire intervenir
ici ce conflit familial ; de toutes fa?ons, il oppose le d?
Quant
le plus
menti
lui a
jamais
formel aux all?gations de son neveu, il ne
demand?
d'argent, c'est un jaloux et un
ingrat.
Ses r?ponses ne satisfont gu?re le lieutenant et le pro
cureur g?n?ral qui, d?cidant une nouvelle fois de faire
toute la lumi?re sur cette affaire, font ramener les deux
en prison.
lendemain 13 mars,
hommes
Spifame subit un nouvel in
terrogatoire. Les magistrats n'en tirent que quelques d?
sont relev?es
des contradictions
tails nouveaux mais
Le
Son habilet?, son exp?rience, n'y
:
en vain qu'il s'efforce de r?tablir
rien
c'est
peuvent plus
: ses aveux et ses d?n?
une situation d?j? compromise
dans
ses d?clarations.
gations ont si bien indispos? ses juges qu'une nouvelle
demande de mise en libert? sous caution est rejet?e sans
examen.
suivants, les interrogatoires succ?dent aux
: il se contredit de
interrogatoires
plus en plus. Il doit
d'abord reconna?tre qu'il a ?crit ? Catherine de M?dicis
Les
jours
pour avoir un emploi ? la cour de France, sans en r?f?rer,
selon la r?gle de Gen?ve, au Conseil. Puis, une lettre de
lui a ?t? apport?e ? la prison,
et que l'on vient de saisir, r?v?le une nouvelle perfidie :
? elle aussi, il a fait des offres de services. Enfin, de
menus
faits viennent aggraver sa situation.
la duchesse
de Savoie
qui
09:43:53 AM
PROC?S
Pourtant,
ET MORT DE
JACQUES SPIFAME
115
1 et
Cathe
fois, Chabouill?
se pr?sentent au Conseil avec la m?me
une
troisi?me
rine de Gasperne
requ?te que les jours pr?c?dents et tentent une derni?re
man
uvre : Chabouill?
a beau faire ?tat de la confiance
lui t?moigne Coligny qui l'envoie en mission en Pi?
et
mont, il a beau s'engager au nom de son beau-p?re
et n'en
promettre que l'accus? restera dans sa maison
que
sortira que pour le sermon, Catherine a beau proposer de
lire le testament de son mari en t?moignage de ses bons
pour la religion, la requ?te est encore re
:
pouss?e
pr?sent?e le premier jour sous cette forme, elle
aurait certainement r?ussi et rien ne nous montre mieux
sentiments
le peu de cr?dit qu'on lui accorde d?sormais. L'accus?
s'en rend d'ailleurs
si bien compte qu'il en arrive ? des
: il ose faire demander par sa
d?marches
d?sesp?r?es
femme ? Th?odore
de B?ze
et ? Coliadon
d'intervenir
pour qu'on lui applique un traitement de faveur. Il main
tient cependant encore que toutes ses demandes n'?taient
que des projets et qu'il est demeur? parfait r?form?.
Le 18, Catherine est ? son tour cit?e ? compara?tre :
lui a ?crit de demeurer
ferme, mais press?e de
avouer
finit
elle
par
que si son fils Andr? est
questions,
uvres de Passy, c'est avant la mort de son
bien n? des
Spifame
mari Andr?
le Gresle
et qu'il n'y a eu ni mariage
secret
:
il a fabriqu? de toutes
entre eux
ni contrat de mariage
pi?ces deux faux contrats auxquels elle se d?fend d'avoir
particip?. En pleurs, elle reconna?t tout ce que l'on veut.
les
Spifame,
ils le forcent ?ga
les deux contrats sont
les v?h?mentes
Malgr?
protestations
commissaires sont ?difi?s : peu ? peu,
lement ? avouer
bien son
1 Procureur
uvre
du
: il reconna?t que
; celui sur papier qu'il
roi ? Melun,
?poux
d'Anne
de
a pr?sent?
? Cal
Spifame.
09:43:53 AM
116
ANDR?
DELMAS
faux que celui, sur parchemin, qu'il a
ans plus t?t ? son proc?s au parlement de
vin est tout aussi
produit deux
Paris, et qu'il
il r?clame
1539. Abattu,
un
adult?re qui remonte
l'indulgence de ses juges pour
m
urs
ans
et
de l'?poque excu
les
trente
? plus de
que
a dat? du 2 ao?t
saient ;ne l'a-t-il pas rachet? par sa conduite post?rieure ?
n'a-t-il pas ?t? excellent ministre, bon p?re, bon mari,
veuillent donc bien le
bon citoyen ? Que les magistrats
laisser continuer son apostolat
apr?s avoir donn? ses
ce vieillard
biens pour le profit de la religion. Devant
en larmes, les enqu?teurs
se s?parent
sans oser rien d?ci
der.
de B?ze, mod?rateur,
: Passy ne m?rite au
exemplaire
le sort de
la rigueur des lois genevoises,
le lendemain,
un
ch?timent
r?clame
Mais
cune excuse. Vu
Spifame
phases
est, d?s
de
Th?odore
lors, virtuellement
r?gl?. Les derni?res
se
poursuit n'y changeront
qui
la proc?dure
rien.
Le 21 mars,
que
le pr?venu,
l'instruction
est close et le tribunal arr?te
convaincu
de la fausset? du contrat de
exhib?, est enti?rement
qu'il a publiquement
mariage
avec la plus grande
:
sera
son
continu?
proc?s
coupable
en usant, s'il le faut, de la torture.
diligence possible,
en
est
inform?, Spifame se jette aux genoux des
Lorsqu'il
et les supplie de ne pas le condamner ? une
magistrats
: il reconna?t tout, il avoue tout. Mais
peine infamante
qu'il s'est
justement d'apprendre
ment conduit envers la servante de la prison
rudement qu'ils le rel?vent.
ils viennent
indigne
et c'est
22, le lieutenant et le procureur donnent
Ils rapportent les aveux et
conclusions.
leurs
lecture de
une peine des
les r?ticences de Spifame et demandent
chefs
Les
que l'ambassa
d'accusation,
plus rigoureuses.
Le
lendemain
09:43:53 AM
PROC?S
ET
MORT
DE
JACQUES
117
SPIFAME
deur du roi d'Angleterre en Suisse r?sume parfaitement
oont au nombre de vingt-deux 2. La duplicit? et l'hypo
crisie de Spifame, qui ?tait hier encore un des plus puis
sants de la cit?, y sont amplement d?montr?es.
Il a certes rendu de grands services ? la religion, mais
la sinc?rit? de sa conversion doit ?tre mise en doute car
il aurait d? rejeter, ? avec un vray desplaisir et repen
tance, toutes choses concernantes l'idolatrie et pollutions
?. Or, il a accumul?
les preuves de son in
papistiques
famie : il est ? all? vers celluy auquel il avoit r?sign? son
avec luy ? ;
evesch?, en auroit traficqu? et marchand?
il a ? escript ? aulcuns seigneurs et princes fid?les pour
imp?trer en son nom et en sa faveur du Roy de France
un evesch? auquel est annex?e une comt? pour, soubz
ombre de quelque
r?formation, s'atribuer les noms et
tiltres d'evesque, de pasteur et docteur, ensemble de gou
verneur et lieutenant du Roy ? ; enfin, il a cherch? ?
entrer en relations avec d'autres princes. Mais surtout,
et de faux. En France, il a
il est convaincu d'adult?re
? entretenu en
et adult?re la femme qu'il a
paillardise
de present, et mesmes durant la vie du premier mary
d'icelle,
s?duicte
et, pendant une longue maladie d'icelluy l'ayant
et suborn?e, elle auroit con?u dudit adult?re
un leur filz qui nasquit
trois mois
avant
la mort
dudit
il a fait ? acroire
premier mary ?, puis
du St. Evangile
tables ministres
? l'un des spec
en ceste cit? et aux
1 ?
him that notwithstanding
he has abjured Romanism
Accusing
a
had become
of the true religion and a citizen
of
preacher
he had been guilty of simony, had debauched
his present,
Geneva,
wife and had a son by her during the lifetime of her former hus
to seduce a girl whilt in prison...
band, and that he had endeavoured
?
Found
(23 mars
1566) Calendars
guilty of all counts...
oj State
series. Elisabeth
and
papers.
Foreign
by Stevenson
(1566-1568)
1863-1871.
Crosby
; London,
2 Voir
n? I.
pi?ce
justificative,
and
09:43:53 AM
118
DELMAS
ANDR?
spectables Seigneurs du consistoire de ceste ?glise qu'il
avoit espous?
ladite femme en pr?sence
de quelques
fid?les, et que ledit filz estoit nay depuis et pendant leur
dit mariage et apr?s la mort dudit premier mary d'elle...
il luy
et, pour mieulx couvrir telle faulse supposition,...
un suppos? et faulx contract de
monstra et communiqua
en
et
mariage
soubzsign? de faulses signatures ?.
papier
Il a ?t? plus loin : pour faire r?voquer une donation faite
? son neveu, il a pr?sent? devant le parlement de Paris
un contrat de mariage
sur parchemin, dat? du 2 ao?t
1539, qu'il a jur? v?ritable, alors qu'il venait de le fabri
quer en y mettant de fausses signatures et de faux ca
il a induit une fois de plus en erreur le
chets. Ensuite,
con
consistoire en lui faisant authentifier ce deuxi?me
trat au moyen
rait ? prouver
fausse d?position.
son enti?re culpabilit?
commis hier encore une nouvelle
au mylieu
sollicit? ? une
ment desbord?
nement
Tout
d'une
faute
cela
suffi
et pourtant
il a
: il s'est ? telle
qu'il auroit vilai
servante
afin qu'elle
pauvre
ne
aucune
lui. Il
m?rite
excuse, un
de la prison...
? avec
paillardast
ch?timent exemplaire doit lui ?tre appliqu?.
Spifame a ?cout?, la t?te haute, cet implacable acte
La lecture termin?e, il retrouve tout son
d'accusation.
?
et, calmement, reconna?t que du point de vue
juridique tout a ?t? et est r?gulier et qu'il acceptera
comme venant de Dieu
la sentence qu'on prononcera.
courage
que les magistrats
instants dans une pi?ce
Tandis
dans
la salle du Conseil,
d?lib?rent,
il se retire quelques
Introduit ? nouveau
contigu?.
il entend la sentence
qu'un
con
seiller lui lit
En
cons?quence
1Voir
des
chefs d'accusation
dont
il a ?t?
pi?ce jutificative n? II.
09:43:53 AM
PROC?S
ET MORT DE
JACQUES SPIFAME
119
apr?s que le faux contrat aura ?t?
coupable,
lac?r? et que le cachet qui lui a servi ? le fabriquer aura
?t? bris?,
reconnu
? toy, Jacques
men? ? la place
les espaulles ?
fe?par?ede ton
aux
exemple
Spifame, condamnons ? estre li? de cordes,
du Mollard et l? avoir la teste coup?e de dessus
la fa?on accoustum?e, tellement que l'?me soit
corps et ainsy finissant tes jours pour estre en
autres
qui
telz
cas
voudroient
commestre
?.
Spifame accepte fi?rement l'arr?t de mort qu'on vient
de lui signifier ;maintenant
que tout est consomm?, il
tient ? prouver ? ses concitoyens qu'il sait regarder la
mort en face. Bri?vement,
il remercie ses juges, les assure
qu'il les comprend et les approuve et termine en d?cla
rant qu'il n'a aucun ressentiment
contre Servin, cause
de ce qui lui arrive. Puis, sans y ?tre invit?, d'un pas
assur?, il regagne la prison. Durant tout ce temps, Th?o
dore de B?ze n'a pas boug? :m?me devant le ch?timent
supr?me,
il n'a rien fait pour
son vieil ami.
Ce jour fatal se termine tandis que Spifame, tr?s calme,
r?conforte dans sa prison sa femme et ses enfants en
pleurs. La n?it se passe ? mettre ses affaires en ordre,
et peut-?tre ? prier le Seigneur pour le pardon de ses
fautes.
il est pr?t : il fait appeler le notaire Claude
?
et, devant ses t?moins
parmi lesquels il a
Au matin,
G?llaton
voulu
Th?odore
Apr?s
avoir rendu gr?ces ? Dieu
de B?ze ?,
il dicte
son testament1.
et reconnu
ses fautes,
*Voir
pi?ce justificativen? III.
09:43:53 AM
120
ANDR?
DELMAS
il fait diff?rents legs, donne dix mille livres et la moiti?
de ses meubles ? la femme qu'il a s?duite et d?shonor?e,
et les terres de Passy et
l'autre moiti? de ses meubles
? son fils Andr?
et ? son ?pouse Odette de Bri
ont
?t?
quemaut qui
tromp?s et abus?s, et laisse tous ses
autres biens ? sa fille Anne et ? son gendre Jean Cha
bouill?. Son neveu est exh?r?d?, mais il peut, s'il veut
Cochepie
reconna?tre
de Cesson
ses torts envers son oncle, h?riter de la terre
1,plus douze cents ?cus. L'heure de l'ex?cution
: les ministres
sont l? pour accompagner
le con
damn? jusqu'? la place du Molard. Le visage serein, Spi
le trajet, il ne
fame les re?oit et sort avec eux. Durant
sur
cesse de prodiguer aux amis qui se sont assembl?s
a sonn?
son passage
Dieu.
en
des paroles de r?confort et d'esp?rance
Sur la place, la foule est venue nombreuse, attir?e
par la r?putation du sieur de Passy. Lorsqu'il
arrive, les
et en
trompettes sonnent : il se dirige vers l'?chafaud
monte d'un pas ?gal les degr?s. A ce moment, M. de Cur
tille, son parent par sa femme, arrive en poste porteur
de lettres o? les seigneurs de Berne prient leurs Excel
cau
lences de Gen?ve
d'?largir M. de Passy moyennant
tion, et, en consid?ration de sa qualit? et de l'anciennet?
des crimes imput?s, de r?viser son proc?s. Les magistrats
: il est trop tard, ? la trompette
s'interrogent bri?vement
estant d?j? sonn?e ?, il faut passer ? l'ex?cution
;malgr?
les supplications de l'envoy? qui fait remarquer la rapi
dit? du proc?s et l'absence d'enqu?te ? l'?tranger, l'ordre
en est donn?.
Spifame
foule :
Cesson,
demande
d?p.
alors
de Seine-et-Marne,
la parole
arr.
et, tourn? vers
et cant,
de Melun.
09:43:53 AM
la
ET
PROC?S
vous
Messieurs,
DE
MORT
en moy
voyez
SPIFAME
JACQUES
un
spectable
et
121
juste
juge
ment de Dieu. Mes p?ch?s seuls m'ont men? jusqu'ici. Que
mon exemple vous soit donc profitable : oubliez ce monde et
aspirez plut?t au royaume c?leste. Que Dieu pardonne mes
fautes, qu'il remplisse de ses gr?ces mes juges et qu'il ait piti?
de moi. ?1
pri?re ? voix basse, puis il s'agenouille
et tend sa nuque au bourreau. Quelques
secondes plus
ce
mars
23
tard,
1566, Jacques Spifame, sieur de Passy,
ancien ?v?que de Nevers, ancien ministre de la religion
Une
derni?re
r?form?e, rachetait
sa mort
par
ses fautes temporelles.
Le jour m?me, Gen?ve r?pond ? Berne : ? Vos lettres
nous ayant est? rendues si tard..., encor que de bon c ur
eussions d?sir? de pouvoir vous gratifier en cela, nous
avons
outre...
pass?
Ce
n'a
pas
est?
au
reste
sans
nostre
grand regret qu'il nous a fallu user de telle justice envers
un personnage
tenu, pour
que nous avions
toujours
homme de bien et d'honneur 2... ?. Et avec cette r?ponse,
la nouvelle
passait ? l'?tranger.
elle n'est pas encore connue ? Ch?tillon
?crit, mais bien trop tardivement, en faveur
de l'ex?cution
Le 30 mars,
o? Coligny
de l'accus?
?
Magnifiques seigneurs, j'ay entendu que M. de Passy estoit
d?tenu pour raison de quelques choses pass?es pour l'evesch?
de Toul et pour ce qu'il y a quelque temps qu'aulcuns m'en
escripvit
une
lettre mesme,
me
souvient
qu'il m'en
envoy?
des
m?moires par lesquels je congneus que son intention ne ten
doit en cela qu'? la gloire de Dieu et au service du Roy, chose
1
Voir
n?
pi?ce
justificative,
2
A. Roget,
Hist,
de Gen?ve...,
IV.
t. VII,
p. 185.
09:43:53 AM
122
ANDR?
DELMAS
toutefoys plus ? d?sirer qu'? esp?rer, vous en ay bien voulu
escrire cette lettre et vous prier, magnifiques seigneurs, aul
tant affectionnement que je puys, que si au reste il se trouvoit
avoir commis quelque faulte, comme il advient que les plus
excellents font le plus souvent, vous veuilliez pr?f?rer douceur
et cl?mence ? rigueur de justice, en consid?ration de son ?ge
et du fidel debvoir qu'il a fait en plusieurs grandes charges
et des services qu'il a semblablement faits et pourra faire en
core aux Eglises chr?tiennes pour l'advancement du r?gne de
?
Dieu
Ce ne devait
Th. de B?ze,
?tre que
le 15 ao?t,
que Coligny devait
par une
apprendre
lettre de
la fatale nou
velle.
Et
tandis que
naissaient
la grandeur
tandis que B?ze
au bourreau,
et ?tait bien
m?rites
ses juges m?me, recon
de celui qu'ils venaient de livrer
ses accusateurs,
lui a attribu?s
l'inflexible
admettait
ses
les vers
indignes
?loign? d'?crire
?
tout
le
monde
oublier
cherchait
2,
qu'on
bien vite qu'il avait exist?...
?
attitude vraie ou
Sauf pour quelques
privil?gi?s,
?
la v?ritable
raison de l'ex?cution de Spifame
feinte
savaient
?tait inconnue. Mais de tr?s rares observateurs
? quoi s'en tenir et c'est ? eux que nous devons de
conna?tre la v?rit?. Sans vouloir r?futer ici toutes les
interpr?tations qu'on a donn?es de cette mort, il faut
au moins relever la grossi?re erreur de Moreri qui ?crit
? Calvin
qui ?tait alors le grand calife de Gen?ve fit mou
rir Spifame ? 3, alors que Calvin ?tait mort depuis deux
ans !
1A.
t. VII,
Hist,
de Gen?ve...,
Roget,
2
de messire
Les M?moires
Castelnau,
1659-1660
J. Le Laboureur.
; t.
Paris,
8
Moreri
dictionnaire
(L.), Le Grand
art. Spifame.
p. 188.
Michel
II, p. 49.
historique
de...
publi?s
; Paris,
09:43:53 AM
par
1759
PROC?S
ET MORT DE
Un de ces t?moins
JACQUES SPIFAME
impartiaux
123
nous dit :
? It is known what was meant by sending count Brissac
and the duke De Nemours, captain Strozzi and other noblemen
under colour to go to Malta : the duke of Savoy has levied
men in all Savoy, the marquis d'Elbeuf also went towards
Provence. The treason is discovered and M. de Spifame
who was the queen's secretary... has been long there [? Ge
n?ve] in good reputation, changed and corrupted by money
was taken upon it and beheaded at Geneva, which has broken
their enterprise : Strozzi's regimentwas already in Roanne. It
is reported that Spifame's treason was discovered by this
manner : he wrote a letter to the cardinal of Lorraine, saying
what he might send the power when he would, all was ready
within. This to be more surely conveyed without suspicion
was superscribed to the Queen of Navarre and the messenger
delivered it to her and she send it to Geneva, whereupon
he was apprehended and confessed that and other thing. In
the articles by him confessed and in his sentence there
appear no such thing : the 18.000 francs was part of all, as
it is said, paid by the Queen to him under pretence for resi
gnation of his mastership of Requests and an abbey which
he had long ago...1 ?
avant tout pour crime de haute trahison
a
?t? d?capit?.
Il avait combin? avec le duc
que Spifame
de Savoie, et peut-?tre Catherine de M?dicis, d'enlever
C'est
donc
aux r?form?s et d'y r?tablir le culte catholique
;
ses men?es en France n'avaient pas d'autre motif. Sans
Gen?ve
depuis Lyon o? il avait, avec la cour, rencontr?
le duc de Savoie, tout ceci se tramait en secret. Trahi
doute
par une de ses lettres, accus? par Servin et Jeanne d'Al
bret, le Conseil de Gen?ve a dissimul? le motif v?ritable
sous d'autres
1
son
inculpations.
Pour
Calendars
of State papers. Foreign
and Crosby.
1863-1871
London,
{Paris, 28 avril 1566).
tous, l'ex?cution
a ?t?
series. Elisabeth
by Steven
; ann?es
1566-1568,
p. 54-55
09:43:53 AM
124
andr?
delmas
un acte de justice purement int?rieure et, sans troubler
les rapports de Gen?ve et de la France et de
davantage
la Savoie,
Si nous
le tra?tre a ?t? puni.
en doutions
encore, une
lettre de Morillon,
de
Malines,
g?n?ral
toujours bien inform?, ? son
le cardinal de Granvelle,
confirmerait ce que dit
vicaire
ma?tre
l'ambassadeur
anglais
? Spifamius
qui at est? evesque de Nevers et s'estoit refugi?
? Geneve pour les sectez, est ex?cut? avec plusieurs aultres
audict lieu, pour estre coulpable de l'avoir voulu livrer ? M. de
Nemours au prouffit du duc de Savoie, du consentement du
Roy de France 1. ?
Et
ment
cent ans plus
tard, Leti ne dira pas tr?s diff?rem
? La verit? ? che f? sospettato di tenere
corrispodenza con
la Regina et col Papa sopra ? qualche mezo d? far cadere
quella citt?, nella sua antiqua Chiesa Romana ; sospetti che
furono str?men ti bastevoli alla fabrica del Palco e della man
naia.
Vogliono
vere
confessato
che
quii
tormentato
che mai
aspramente
fatto
havea...
per tali
2 ?
indizi
ha
entendue : Jacques Spifame a ?t?
? in
nous
ce
ex?cut? pour
que
appellerions
aujourd'hui
telligences avec l'ennemi ?. Et tous les int?ress?s ont
La
cause
est donc
cherch? ? ?touffer ? jamais la v?rit?, qui, gr?ce aux t?
d'observateurs
?trangers, peut ?tre aujour
moignages
d'hui r?tablie 3.
Andr? Delmas.
1
t. Ill, p. 205.
de Besan?on,
Lettres de Morillon,
Biblioth?que
2 Leti
t. III
Genevrina
; Amsterdam,
;
1656,
(Gr.), Historia
p. 162-164.
3 En
de Gasperne,
de ses aveux,
Catherine
r?compense
qui avait
comme
le 26.
le 18 mars
fut rel?ch?e
?t? emprisonn?e
complice,
et promit de ne pas quitter
la ville sans
Elle fit r?paration
publique
:moyennant
les biens que Spifame
lui avait
l?gu?s
quoi,
permission
09:43:53 AM
et
proces
de
mort
spifame
jacques
125
PI?CES JUSTIFICATIVES
I
1566, 22 mars, Gen?ve.
des
Conclusions
du
commissaires
de
proc?s
jacques
instructeurs
1
SpIFAME
Le proc?s criminel faict et form?par devant noz tr?s honor?
syndiques, juges des causes criminelles de ceste cit?, ? l'ins
tance,
du
pros?cution
seigneur,
desdites
lieutenant
ins
causes,
tant contre Jacques Spifame, filz de Jehan Spifame, natif de
Paris, jadis evesque de Nevers, seigneur de Passy, bourgeois
de
Geneve.
Lequel
s'estant
constitu?
prisonnier
a volontairement
con
fess? que, s'estant retir? en ceste cit? d?s l'an 1559 pour quitter
et renoncer sa vie pass?e et fere profession de la vraye reli
gion et pure r?formation du S* Evangile icy estably par la
gr?ce de Dieu, il a est? soubz ceste couleur re?eu de nosdits
seigneurs
et
sup?rieurs
gratieusement
et
et
honorablement,
depuys admis au nombre de leurs bourgeois, et appell? en la
compaignie de leur conseil des deux centz et des soixante,
mesmes
ayant
est?
tant
honor?
de nosdits
seigneurs
ont
qu'ilz
prins souventes foys advis de luy touchant les affaires de la
justice pour la reputation qu'il avoit acquise d'avoir faict d?s
ses enfants. Elle v?cut d?s lors dans le
lui furent laiss?s, ainsi qu'?
et l'oubli ? Gen?ve
o? elle fit venir sa famille. Le 21 avril,
calme
et les h?ritiers de
innocent
?tait ? son tour d?clar?
Servin
Spifame
il faisait cons
devaient
payer les frais de son proc?s. Le jour m?me,
?
cause de la mort
et prison de feu
tater qu'il n'avait
point, est?
? mais
son innocence
avait
seulement
M. de Passi
qu'il
poursuivi
? sans la colorer d'aucune
?.
faute dudit Passi
Quelques
jours apr?s,
de Gen?ve.
il repartait
i Bibi.
v?. Cette
nat., fr. 5689, fol. 243-244
copie nous a paru la
meilleure.
La m?me
de l'Institut,
copie se trouve ? la Biblioth?que
sont extraites
deux
coll. Godefroy, ms. n? 514, f? 36-40. Toutes
du
Registre des Affaires criminelles (v. p. 110), ou plut?t de la petite
? La
brochure
de l'affaire.
coppie
du proc?s
criminel...
?, compte-rendu
officiel
09:43:53 AM
126
ANDR?
DELMAS
longtemps profession du droit civil et est? promeu ? de grandz
honneurs estatz et dignitez de justice et aux gouvernementz
des affaires de plusieurs grandz princes et seigneurs.
Item, que suyvant telle bonne r?putation qu'on avoit de
luy et de sa pi?t? il a est? appelle au minist?re de la parolle
de Dieu et l'a exerc?e en diverses ?glises r?form?es de la France,
ce qui le debvoit bien ?mouvoir ? bonne conversation et ser
vice de lumi?re et bonne exemple aux aultres en toute sa vie,
et rejett? avec un vray desplaisir et repentance toutes choses
concernantes l'idolatrie et pollutions papistiques desquelles le
Seigneur l'avoit retir? par sa gr?ce et esquelles il faisoit sem
blant d'avoir renonc?, ayant comme il donnait ? entendre
quitt? et deslaiss? avant son partement son evesch? et plusieurs
aultres b?n?fices papistiques
desquels il avoit longuement
un
an
en ?a il serait party de ceste
ce
nonobstant
depuis
jouy ;
vers celluy auquel il avoit
comme
et
?
all?
cachettes
?glise
r?sign? ledit evesch?, en auroit traficqu? et marchand? avec
luy en le quittant de plusieurs pensions qu'il s'estoit r?serv?es,
faisant ladite r?signation par lemoyen d'un procure qu'il luy
passa pour r?signer l'abbaye de Sainct Paul pr?s la ville de
Sens,
qu'il
entre
ses
avoit
en
tenue,
faveur
d'un
moine
de
ladite
abbaye,
auquel il vendit la dite procuration pour le prix de dix huict
centz escuz qu'il luy debvoit payer partie comptant et le reste
debvoit estre envoy? ? Lyon pour Je lui fere tenir en ceste
ville. Depuis celluy qui luy avoit pass? ladite procuration,
icelle revocqu?e et, voyant que ledit moine ne luy tenoit
promesse, ledit Spifame se seroit de cela plainct ? un autre,
luy escripvant certaines lettres dont l'original a est? trouv?
papiers
en
luy offrant
faire passer
une
aultre
procu
ration semblable en faveur du parent de celluy ? qui il escri
vait, et pour mieulx ? cela l'attirer luy avoit promis luy
faire meilleur march? de trois centz livres.
Item,
et encore
plus
nagueres
escript
? aulcuns
seigneurs
et princes fid?les pour impetrer en son nom et en sa faveur
du Roy de France un evesch? auquel est annex?e une comt?
pour soubz ombre de quelque r?formation, s'attribuer les noms
et
tiltres
d'evesque,
de
pasteur
et docteur,
ensemble
de
gou
verneur et lieutenant du Roy, qui sont choses du tout incom
patibles, et dont s'est ensuyvi grand scandale et blasph?mes
09:43:53 AM
PROCES
ET
MORT
DE
JACQUES
127
SPIFAME
contre la vraye religion et r?formation de ceste cit? et plusieurs
fid?les parmi ceux qui ont eu communication desdites lettres
et qui ont est? advert?s de ladite requeste et ambition dudit
Spifame.
Item, et continuant de plus en plus en icelle, contre et au
prejudice du serment par luy preste ? ceste cit? et ?glise, il
a faict plusieurs sollicitations et m?moires pour estre appell?
au service d'aultre prince et a aultres charges sans en advertir
nos dits seigneurs et sup?rieurs de ce lieu ny demander licence.
Item, aussy a volontairement confess? que devant que de
se retirer par de??, ayant entretenu en paillardise et adult?re
la femme qu'il a de present etmesmes durant la vie du premier
mary d'icelle et, pendant une longue maladie d'icelluy l'ayant
s?duicte et suborn?e, elle auroit con?u dudit adult?re un leur
filz qui nasquit troismois devant lamort dudit premier mary ;
pour couvrir cet adult?re ils auraient faict nommer leur dit
filz du nom dudit premier mary, mesmes ledit Spifame son
p?re l'ayant pr?ssent? ? l'?vesque de Paris pour luy fere bailler
la tonsure papistique le nomma du nom dudit premier mary.
Item, et neantmoings, d?s l'ann?e 1559 que luy sa dite
femme et leur dit filz vindrent par de?? il feit acroire ? l'un
des spectables ministres du St ?vangile en ceste cit? et aux
spectables seigneurs du consistoire de ceste ?glise qu'il avoit
espous? ladite femme en pr?sence de quelques fid?les, et que
ledit filz estoit nay depuis et pendant leur dit mariage et apr?s
la mort dudit premier mary d'elle.
Item, et pour mieulx couvrir telle faulse supposition et in
duyre ledit spectable ministre ? la croire, il luy monstra et
communiqua un suppos? et faulx contract de mariage en papier
et soubzsign?
de
leur dit mariage.
Item,
faulses
et par mesmes
contenant
signatures
moyens
et
tousjours diet et maintenu que
con?eu et nay en loyal mariage et
entre luy et sa dite femme et apr?s
et en telle qualit? auroit faict les
suppositions
les promesses
faulses
de
auroit
leurdit premier filz estoit
depuis les promesses faictes
lamort dudit premiermary ;
testaments et donations en
faveur d'icelluy premier filz.
Item, et par mesmes moyens et suppositions faulses il l'au
roit depuis mari? en ceste ville ? une demoiselle honneste et
09:43:53 AM
128
DELMAS
ANDR?
de maison noble et de parente honorable comme s'il eust est?
nay en mariage l?gitime.
Item, et dans un proc?s par luy intent? au royaulme de
France
le recouvrement
pour
de
ses biens
un
contre
sien nep
veu, sur l'opposition qui es toit faicte contre son pr?tendu ma
riage et nativit? dudit premier filz, il a faict serment et main
tenu qu'il estoit nay en loyal mariage apr?s la mort dudit
premier mary et de ce a faict plusieurs escriptures etm?moires
de sa propre main ;pour lesquelles maintenir il auroit depuis
en
ans
deux
?a
sa propre
escript
de
du
contract
la teneur
chemin
en une
main
et promesse
lettre
en par
en date
de mariage
de 1539 du deuxiesme aougst contenant, que luy et sa femme
auroient d?s lors en pr?sence du p?re d'icelle et de l'oncle
d'icelluy et par leur advis et consentement faict les dites pro
messes de mariage. Et pareillement faisantmention que leurdit
filz estoit con?u et nay depuis
en propres
affermant
termes
la mort dudit premier mary
devant
luy
et
en
jurant
sa pr?
sence et devant sa face le contenu en icelle estre veritable et
par
contract
icelluy
accordz
faictz
et
d'hypotecque
coramu
nault? de biens en faveur de ladite femme et aussy donations
de lamoiti? des seigneuries de Passy et Cochepied en faveur
de
filz
leurdit
comme
le droict
par
et ce
d'esnaiesse,
combien
qu'au susdit proc?s le nepveu dudit Spifame pretendisi ladite
seigneurie de Passy luy appartenir par donation ? luy faite
avant qu'il partist de France. Ainsi ledit Spifame par lemoyen
dudit fauls contract auroit faict prejudice ? ladite donation
faicte
son
nepveu
dudit
l'antidate
par
contract.
Item, pour mieulx valider et soustenir ledit fauls contract,
il aurait apposer ? icelluy avec sa signature celle de sondit
oncle de sa propre main et faict appos?e par un aultre nomm?
au proc?s la signature du p?re de sa femme combien que leur
dit
et beau-p?re
oncle
Item,
et davantage
les cachetz
des
fussent
auroit
de
armoiries
mortz
longtemps
faulsement
sesdits
appos?
oncle
auparavant.
audit
contract
et beau-pere.
Item, et pour applicquer les armoiryes dudit oncle il auroit
cherch? et trouv? moyen de faire faire un cachet de laton.
Item,
auroit
depuis
un
an
en
?a
en
l'estude
de
sa maison
en ceste cit? induict sa femme ? soubzigner ledit contract et
cacheter de son cachet semblable ? celluy du p?re d'icelle.
09:43:53 AM
ET
PROCES
DE
MORT
SPIFAME
JACQUES
129
Item, et pers?v?rant de pis en pis en telles faulset?s, en la
derni?re plusieurs foys faict proposer par devant les spectables
seigneurs du consistoire de ceste cit? qu'il y avoit erreur en
la date du registre du consistoire tenu des l'an 1559 quand il
se pr?senta
lors
d?s
en supposant
premi?rement,
ledit mesme
consign?
faulsement
en
contract
avoit
qu'il
soubz
parchemin
au spectable ministre qui en
sign? et cachet? comme dessus
avoit faict d?s lors rapport audit consistoire bien qu'il n'en
fust faictmention audit registre. Et ce combien qu'? la v?rit?
ledit fauls contract dernier ayt est? faict depuis et qu'il eust
un
comuniqu?
en
contract
aultre
fauls
pareillement
papier
audit spectable ministre sans qu'il eust est? produit au consis
toire.
Item, et par telle faulse supposition joinct qu'on ne pouvoit
penser ne pr?sumer qu'il eust est? si desloyal de mentir audit
consistoire veu sa qualit? etmesmes qu'il avoit faict profession
du minist?re, auroit requis un autre spectable ministre de ceste
cit? de fairemention audit acte que son mariage auroit est?
par
approuv?
mier
ledit
acte,
le moyen
contract
dudict
; et par mesmes
ministre
instamment
requ?rant
monstre
auroit
simulations
ledit
que
ce dit
faict
dernier
pre
corriger
contract
fauls produict ? son instance au consistoire fust enregistr? es
libvres d'icelluy pour y donner plus grande auctorit? et couvrir
sa
faulset?.
Item, ayant lev? ledit acte y a faict apposer les scaulx de
ceste
acte
seigneurie
avec
ledit
contract
Item,
fauls
et pour
et, non
ceste
de
content
contract
fauls
mieulx
de
ce, a faict
et
iceulx
attacher
annexes
a
icelluy
un aultre
seigneurie.
desguiser
et
soustenir
les dictes
faul
set?s, auroit faict des m?moires amples par lesquelles il soute
noit ledit contrat estre v?ritable et avoir icelluy communiqu?
? nos syndicqz et aux spectables ministres de ceste cit? et
?glise d?s l'ann?e qu'il se retira en icelle.
Item,
pers?v?rant
en ses
faulset?s
auroit
escript
de
sa propre
main une d?position soubzlenom d'une chambri?re qui avoit
servi sa femme en France, par laquelle il suppose faulsement
que ladite servante tesmoigne que son dit filz estoit nay plus
d'un an apr?s la mort dudit premier mary et qu'elle mesmes
avoit est? pr?sente quand il nasquit et fust baptis? ; d?clarant
9
09:43:53 AM
130
DELMAS
ANDR?
plusieurs aultres circonstances pour faire tenir et graduer sa
d?position ? justifier la nativit? dudit filz comme elle estoit
advenue apr?s la mort dudit premier mary et depuis les sup
pos?es promesses de mariage entre luy et sa dite femme.
Item, estant constitu? prisonnier et interrog? sur les choses
et crimes susdits plusieurs foys et par serment solennel auroit
obstynement deny? la v?rit?, prenant le nom de Dieu a tes
moing
et
vaincu
du
Item,
faisant
apr?s
a
et crimes
combien
ex?crations
grandes
fust
qu'il
con
contraire.
este
avoir
encores
suffisamment
cherch?
mesmes
convaincu
moyens
pour
desdits
cas
couvrir
son
et ? ces fins a escript dans la prison plusieurs lettres et
m?moires ? sa femme, par lesquels il recitoit les interrogatoires
? luy faicts et ses responses pour la suborner et induyre ? men
tir et se parjurer comme luy.
mal
auroit
Item,
et
ments
qui
donn?
aussi
instructions
pourroient
retirast
qu'on
donner
ses
ses
? descouvrir
servir
pour
d'entre
m?moires
estant
et ses confessions
?videntes
des
aultres
il s'estoit servy ?
contract.
et finallement,
Item,
conscience
tions
fauls
ledit
sceller
ceulx
papiers
et entre
crimes,
choses le cachet de son dit oncle duquel
advertisse
cas
dits
non
convaincu
mais
aussy
et crimes,
par
sans
avoir
en
seulement
sa
et produc
preuves
aul?une
repen
tance ne recordation d'iceulx et du jugement de Dieu qui le
debvoit presser pour invocquer lamis?ricorde d'icelluy et appai
ser son
ire, il se seroit
recentemens,
tellement
desbord?
au my.
lieu de la prison depuis quatre jours en ?a que luy estant en
voy? une jeune fille servante desdites prisons pour luy chauffer
ses n?cessitez, sans qu'on doubtast
quelque linge et administrer
d'aulcune chose sinistre de luy ? l'endroict de ladite fille veu
son grand aage et mis?rable est?t auquel il estoit, qu'il auroit
vilainement sollicit? la dite fille pour consentir qu'il paillar
dast avec elle, et mesmes l'auroit tir?e luy estant au lict par
les bras vers soy pour la bayser et manier ; pareillement se
seroit efforce l'induyre ? se desrobber de nuict de sa chambre
pour
venir
gent
pour
avec
coucher
l'attirer
luy, ayant
ses meschancetez
auparavant
dont
present?
il avoit
ar
certaine
d?lib?ration, comme il l'a confess?, et l'eust ex?cut?e si ladite
fille y eust voulu consentir.
09:43:53 AM
proc?s
et
mort
de
131
spifame
jacques
II
1566, 23 mars, Gen?ve.
Sentence
contre
prononc?e
Jacques
Spifame
Nous syndiques, juges des causes criminelles de cette citt?,
ayant veu le proc?s criminel faict et form? par devant nous ?
l'instance et poursuite de nostre lieutenant esdictes causes,
instant contre toy Jacques, fils de sire Jean Spifame, de Paris,
jadis evesque de Nevers, sgr de Passy, bourgeois de Gen?ve,
par lequel et tes volontaires confessions plusieurs foys r?it?r?es
plusieurs fois (sic), nous conste et appert qu'ayant s?duit et
desbauch? la femme que tu as maintenant et eu d'elle un filz
pendant la vie et maladie de son premier mary, tu as, apr?s
lamort dudict mary, surnomm? ton fils du nom d'icelluy, et
de telle quallit? l'as nourry et entretenu longuement et jus
qu'? ce que tu aies pans? le pouvoir advouer pour tien ouver
tement con?u et nai en loyal mariage de toy et ladicte femme,
contract? apr?s la mort du mary d'icelle. Pour ? quoy donner
plus grande coulleur et apparance, t'estant retir? en cette citt?
soubz l'ombre de faulset? et aussi donn? ? entendre d'avoir reni?
et quitt? ton premier train et est?t papistique avec touttes
ses
commoditez
guement
jouy,
et
tu as
revenus
s?pose
dont
d'icelluy,
un
fauls
contract
tu
avais
si
de mariage
lon
entre
toy et ladicte femme par lequel icelluy ton filz ?tait d?clar?
nay depuis ton pr?tendu mariage ; depuis estant honor? de
nous, te (f? 270 v?) recevant bourgeois de notre conseil et peu
apr?s appell? et employ? ? la pr?dication de la parolle de Dieu
en plusieurs lieux de la France, au lieu de montrer par effet le
desplaisir que tu debvois avoir de la vie pass?e et surtout des
abominations esquelles tu avois chemin?, tu as comme du tout
profan? et condamn?
de Dieu
descouvert
1 Arch. Nat. U
785, fol. 270-271 v?. Copie,
avons consult?es et qui sont,
copies, que nous
? celle-ci :Bibl. nat., fr. 5689, f? 244-245, Bibl.
120 et Bibl. de l'Institut, Coll. Godefroy, ras.
l'hypocrisie qui
in?d. Il existe plusieurs autres
? peu de chose pr?s, identiques
nat., Coll. Dupuy, n<> 137, f? 119
n? 514, f? 40-42.
09:43:53 AM
132
DELMAS
ANDR?
estoit en toy ; estant all? en France
marchandise
des
simoniaque
faire traffique et
pour
tu
que
pensions
r?ser
t'estois
v?es passant la resignation de tes b?n?fices. Qui plus est a
voullu emploier certains grands seigneurs pour te faire avoir
un
au
evesch?
scandai
grand
et tous
d'ieeux
autres
qui
en ont
ouy parler quoy que tu ayes voullu collorier ton intention.
Davantage au lieu de panser au mal que tu avois commis en
la confestion fausse du contract de ton mariage et employ?
tant d'ann?es qui se sont escoull?e depuis ? la m?ditation de
ta fausset? pour la r?parer, tu t'es plong? de plus fort es liens
de Satan ayant depuis 2 ans en ?a, de propos et malice d?li
b?r?s, escript de ta main un autre contract de ton diet mariage
du tout faulx, faict en la date qui est de l'an 1539, en la suppo
sition de la naissance l?gitime de tondict filz qu'en la signa
ture, suscription et sigillature de ton oncle et du p?re de ladite
femme, desquels signature tu as contrefaict l'ung et faict faire
le second ? un g autre, ayant en oultre faict graver le cachet
de ton diet oncle pour le sceller. Il y a plus, que pour lemieux
autoriser et faire valoir (f?271) au proffitde tondit filz suppos?
et
l?gitime
faict
apposer
ruse
aussy
audit
au dos
contract.
d'icelle
Et
non
en
pr?sent?
es livres
et appro
attestation
as aussy
seulement
faict
enregistr?
obtenu
ayant
tu nous
non
l'as
estre
pour
Et
mariage
sceau
notre
mais
attestation,
et
acte.
tondict
de
tu
loyal mariage,
consistoire
et en avoir
d'icelluy
bation
telle
en
conceu
honorable
nostre
au
circonvenus
dessoubz
annex?e
par
content
de
ayant
de
ladicte
cau
grande
as
ta
de
ce,
propre main escript et fabriqu? certaines d?positions de tes
moins pour v?rifier que ton filz estoit nay en ton diet mariage
et non
Le
auparavant.
comble
de
et hypocrisie
ta meschancet?
s'est encores plus manifest?e en plus grands parjurements et
ex?crations
que
tu
as
faites
en nos
mains,
estant
asserment?
de dire v?rit?, laquelle tu as obstin?ment ni?e du commence
ment, combien que tu fusses bien plus que suffisamment con
vaincu,
et principalement
et parachev?.
carcerier
qui
en requestant
Tu as voulu
t'estoit
envoy?e
ton procez
comme
clos
s?duire la chambri?re de nostre
pour
te
servir
en
tes n?cessitez,
luy baillant lettres et m?moires pour porter ? ta femme pour
la destourner de dire v?rit?, puis apr?s luy avoir present? de
sans penser ? tant
l'argent tu as este si villain et deshont? que
09:43:53 AM
et
proc?s
mort
de
133
spifame
jacques
de crimes par toy commis ny au jugement de Dieu qui te me
nassoit (f?271 v?) tu Tas sollicit? ? paillardise, la voulant bai
se desrober la nuit de sa chambre
ser et
priant instamment de
ce
avec
coucher
pour
que tu avois deliber? d'accomplir
toy,
si elle y eust
? ce que,
voullu
nous
seans
pro
ces
condescendre.
au
tribunali
causes
et autres
justes
lieu de nos
evesques
selon
nos anciennes coustumes, apr?s bonne participation de conseil
avec
nos
ayant
citoyens,
Dieu
et ses
saintes
escritures
devant
noz yeux, et invoqu? son sainct nom pour faire droit jugement,
disons au nom du pere et du filz et du saint esprit, amen,
nostre deffinitive sentence, laquelle donnons icy par escript ;
ordonnons que ledict contrat et d?position comme faux et de
nulle valleur soient lacerez pr?sentement et ledict cachet bris?,
cela faict toy Jacques Spifame condamnons a estre li? de
cordes, men? en la place du Mollart et l? avoir la teste coup?e
de dessus les espaulles ? la fa?on accoustum?e tellement que
l'?me soit s?par?e de ton corps, et ainsy finissant tes jours
pour
estre
commestre
en
exemple
; et a vous
aux
nostre
autres
telz
qui
lieutenant
cas
voudroient
commandons
mettre
nostre pr?sente sentence [? ex?cution].
III
1566, 23 mars, Gen?ve
Extraits
du
testament
de
Jacques
Spifame
Au nom de Dieu tout puissant, ainsy soit il.
A tous que la teneur du present public instrument soit no
toire etmanifeste, que l'an pris ? la nativit? de nostre seigneur
Jesus Christ courant 1566 et le samedi vingt troisi?me mars
en la pr?sence de moy, Claude Gallatin, citoyen, notaire public
jur? ? Geneve et l'un des secretaires de ladite cit? soubzign?
et des
tesmoings
cy-apres
nommes,
s'est
personnellement
cons
I Bibl.
de l'Institut, coll. Godefroy, ms. n? 307, fol. 108-109. Copie m?d. Nous
n'avons pu consulter que ces extraits du testament, Une copie int?grale de la
Bibl. de l'Arsenal. Recueil 4111, t. VI, p. 1043-1055 ?vacu?e, et une autre
? la Bibl. du S?nat n'ont pu ?tre consult?es.
II faut constater que Spifame ne mentionne pas un premier testament, bien
diff?rent,,du 28 octobre 1561, qu'il annule par celui-ci (Arch. d'?tat de Ge
; protocole, t. IV, p. 480-487).
n?ve, notaire Jean Ragueau
09:43:53 AM
134
DELMAS
ANDR?
titu? et estably Jacques Spifame, fils de feu noble Jean Spi
fame, natif de Paris, seigneur de Passy, bourgeois de ceste diete
cit?, lequel voyant la mort corporelle luy estre pr?sentement
annonc?e pour les crimes et demerittes pour lesquelz il a est?
debtenu prisonnier, a, par la permission de noz tres honorez
seigneurs et sup?rieurs, faict son testament et disposition de
derni?re volont? qu'il m'a pri? rediger par escript en la forme
et maniere suivante, ai?in d'obvier ? touttes querelles qui
pourroient souldre pour le regard de ses biens apr?s sa mort.
Premi?rement, il a rendu graces ? Dieu le cr?ateur de tant
de curie et de b?n?fice qu'il luy a faietz, singuli?rement de ce
qu'il luy a pieu l'appeller ? la congnoissance de sa sa?nete pa
roli? et par icelle lui donner ? congnoistre le vray moyen de
son salut qui est en nostre seigneur Jesus Christ nostre seul
sauveur et r?dempteur, au nom duquel je le prie de lui par
donner une infinit?d? faultes qu'il a commis allencontre de sa
dite Majest? et qu'il luy plaise recepvoir aujourd'huy son
aame au repos ?ternel, qu'il a prepar? a tous ses fidelles et elluz
nombre
du
desquels
s'assurant,
en vouldra
ricorde,
pulchre
il s'assure
quant
compter
d'estre
son
?
au
corps,
jour
de
par
pure
que
la
grace
et mis?
terre
et
la ressurection
le se
gener?li?
et quand aux biens terrestresque Nostre Seigneur luy a donn?s,
il en a dispos? et ordonn? ainsy que s'ensuit :
Io II a donn?, legu? au coll?ge nouvellement fond? en ladicte
cent
cit?
2? Aux
escus.
escolliers
pauvres
et estudiants
cinquante
escuz,
les
quels seront distribuez a la discretion de spectable Theodore
de Besze, ministre de la parole de Dieu et Nicolas Col?don,
aussy
3?
et recteur
ministre
Il fait divers
templation
des
aultres
honneurs
du
legz
coll?ge.
aux pauvres
et bons
traitements
en
et mesme,
qu'il
re?uz
con
en
ladicte ville, il legue cent escus pour la fortifficationd'icelle,
pour la s?ret? des fidelles seigneurs citoyens, bourgeois et
habitans de ladite ville [f? 108 v0].
4? Il fait quelques legs a deux de ses gardes, au concierge
des
prisons,
ses
servantes
et filles.
5? A Lamoti, allemand, et a Th?odore
son
l'ameriquain
(sic),
serviteur.
6? Item, en contemplation de ce que ledict testateur a s?
09:43:53 AM
ET
PROC?S
MORT
DE
135
SPIFAME
JACQUES
duit noble Catherine Gasperne sa femme, des le temps de son
premier mary, ce qui luy tourne a grand dommage et des
honneur, il luy legue la somme de dix mil livres avec lamoity?
de
ses meubles
pour
en
jouir
durant
sa vie
en
faisant
toutes
fois residence avec Andre son filz et sa femme et leurs enfans
et
leur
qu'apr?s
decedz
le tout
aux
retournera
dudit
enfans
Andre leur filz et sans qu'elle en puisse disposer ny que ledict
l?gat ne vienne au proffit des a?ltres enfans d'icelle de son
premier mariage luy permettant neantmoing de pouvoir dis
poser de certaines sommes dudict legs en uvres pies ou aul
trement, et il prie sa femme de demeurer en ladicte ville et
egHse de Geneve pour y vivre selon la saincte reformation qui
y est par la grace de Dieu.
7? Item en consideration de ce que soubz sa faveur a este
traite le mariage d'entre ledit Andre son filz et damoiselle
Odette de Bricquemault fille de messire Fran?ois de Bricque
mault chevallier de l'ordre du Roy, estimant ladicte damoi
selle et ses parents que ledict Andre futs nay en loyal mariage
dont le contraire tourne au grand dommage et regret de ladicte
damoiselle et de ses enfants et de leurs parents et que de ce
testateur
ledict
ne
assez
pourroit
ladicte
recompenser
demoi
selle ny ses dictz enfants, il donne a icelle damoiselle et a ses
dictz enfans descendans du diet mariage sa maison qu'il avoit
en Geneve,
chevaux
l'aultre
moiti?
et la somme
de
de quinze
tous
mil
son mullet,
ses meubles,
livres
et encores
ses
leur donne
des biens qu'il avoit en France la terre et seigneurie de Passy
et Cochepied, la terre de Soissons en Brie ? la condition que
ladite demoiselle, ses enfans et ledit Andre leur pere demeure
ront en la ville et ?glise de Geneve vivans soubz la saincte
reformation d'icelle et que du tout ledict Andre en jouisse en
ussusfruict
sa vie
pendant
et aultres
clauses
sur
ce
legs
en
cas
de survivance du diet Andre ou de sa femme et que le survi
vant
se voullust
8? Lesquelles
testateur
veult
remarier.
donations et legatz faicts au diet Andre ledict
estre
observez
en
consideration
mesmemens
que la faulte de sa generation ne doive retomber sur luy ny
aussy ce qui a este fait par ledict testateur pour lui conserver
ses bien et dont le diet Andre estoit ignorant et persuade par
son diet pere qu'il estoit nay en loyal
mariage.
09:43:53 AM
136
delmas
andr?
[f? 109]. 9? Ledici testateur nomme pour h?ritiers de tous
ses aultres biens dame Spifame sa fille, femme de noble homme
Jean Chabouille procureur du Roy a Melun et les enfans des
cendans d'elle et d?clare qu'il luy avoit ja baill? en mariage
neuf mil livres et o? elle deceddera et ses enfans substitue les
enfans dudit Andre et de sa femme.
10? Et en cas que l'on querelle a ladicte Anne sa fille ou ses
enfans lesdictz biens et succession et ne les peut obtenir il
les donne la moicty? au college de la ville et l'aultre aux
et ne
pauvres
veult
qu'ilz
a aulcuns
appartiennent
de
ses pa
rens lesquelz il exerrede moyennant dix livres qu'il leur donne
a chascun
et nomm?ment
exerrede
me
Jean
Spifame,
Seigneur
de Bizeaux son nepveu pour le cas d'ingratitude par lui commis
allencontre de luy son oncle pour lesquels il a obtenu lectres
de revocquation a certaines donnations sur lesquelles il y a
au
instance
escuz
en cas
et
parlement
son diet nepveu
qu'il
declare
neanmoings
veille
reconnoistre
qu'il
nonobstant
que
donne
en Brie et douze
la terre de Soissons
cens
les dictes
donnations il tenoit ladicte terre de Passy en garde et despost
pour la rendre au testeteur et aux siens quand ilen seroit requis
et en
ce
cas
pardonne
son nepveu
toutes
les injures
du pass?
et le porte de se joindre ? l'?glise de Dieu et de recongnoistre
ses
faultes.
11? Entre
dore
aultres
tesmoings
du
est nomme
testament
Theo
de Beze.
IV
1566, 23 mars, Gen?ve
Confession
A
LA
adress?e
FOULE
DU
par
HAUT
Spifame
1
Jacques
DE
l'?CHAFAUD
Messieurs vous voyez enmoy un spectable et juste jugement
de Dieu et je recongnois par sa grace que c'est justement et
pour mes p?chez que je suis icy ; et voila o? on tombe quand
on
embrasse
1 Bibl.
Nat.,
tant
ce monde
et que
fr. 7605, f? 455 v?. Copie
l'on
se veut
du xviie
tant
agrandir
s.
09:43:53 AM
ET
PROC?S
et
ses
eslever
DE
MORT
et amasser
enfans
tant
p?re que Jesus-Christ monstrera
mort
en mon
et resurection
de
richesses
; mais
j'es
la vertu de sa
aujourd'huy
et qu'une
endroit
137
SPIFAME
JACQUES
seule
go?te
de
son sang espandu sufira pour esfacer mes p?chez, et qu'il me
ce
sauvera
son
en
jourd'huy
celeste.
royaume
vous suplie aprendre ? oublier ce monde,
gneusement
que
celeste,
est
qui
ce peut
notre
qu'est-ce
de
blanche
comme
estre
?ternel
vie
ce monde
de
et que
nostre
encores
que
Cependant
je
et consid?rer soi
au
prix du royaume
nous
a donn?,
car
Dieu
nous
attendions
jusques
en l'?ge de cinquante ou soixante ans jusques ? avoir la barbe
vous
la me
et que
voiez
nous
y ayons
eu beau
coup de biens, qu'est-ce, di-je, de ceste vie au prix de l'?ternit?.
J'esp?re oncques que Dieu me pardonnera mes p?chez et me
sauvera, mai priez Dieu pour moy tant que je demeureray
en ce monde ; et le remercie de tant de biens qu'il m'a fait en
toute ma vie desquelz j'ay abus? grandement, m'en suis rendu
indigne ;mais singuli?rement je le remercie de ce qu'il m'a
donn? ? cognoistre son fils Jesus Christ pour mon salut, et
qu'au jourd'huy ilme fait la gr?ce qu'en mourant mes p?chez
me soient remonstrez par ceulz qu'il a establis en son ?glise
et sont ses vrays serviteurs ; lesquelz je remercie et vous prie
aussy de les honorer. Je remercie aussy messieurs, de ce qu'ilz
m'ont fait bonne justice ; je vous prie aussy honorez-les, car
ils sont
vos
aussy
seigneurs
est r?gl?e par l'esprit de Dieu
cette
H?las
compaignie
et vous
ordonnez
de
et
Dieu
leur
justice
; et je prie Dieu qu'il sauve toute
augmente
? tous
ses
sa?netes
graces.
! j'ay est? la brebis esgar?e, mais mon Dieu me recevra
aujourd'huy
en son
royaume
celeste
par
nostre
Jesus
seigneur
Christ auquel j'ay toute mon esp?rance ; et je leprie qu'il ayt
piti? de moy, et me pardonne mes p?chez, et me re?oive en
son
royaume
?ternel
gr?ce, ainsy soit-il.
comme
je m'asseure
qu'il
fera
par
09:43:53 AM
sa
UN MARCH? DE GERMAINPILON
POURLA S?PULTUREDE FRAN?OISEDE BR?Z?
DUCHESSE
DE BOUILLON
des ouvraiges de sculpture et architecture qu'il
convient faire pour la sepulture de feue haulte etpuissante
son vivant duchesse
dame Madame
Fran?oise de Bresz?en
Est?t
douairi?re
es lieux et ainsi
de Buillon
est cy apr?s
qu'il
declar? \
Et premierement faudra faire ung fomdement de pro
fondeur et largeur suffisant avec moillon(s),
chaux et
sable(s)
chauss?e
et choses
ce n?cessaires
au rez de
jusques
(et) a haulteur de l'aire.
Sur lequel fondement sera (poss?) poz? un plimte ou de
de liaiz de haulteur de demy pied.
sur icelluy plimte sera pos(s)? un aultre plimte de
marbre noir de haulteur
convenable,
lequel syndra au
un
avec
et le plimte
fillet
membrom
pourtour
so(m)ra
Et
fera retour pour
rachepter
les rettraictes
des
tables
et
armoiries.
en forme de
Sur lequel plimte sera pos? un pi?destal
freze qui fera retour et saillie a l'endroict des grandes
tables et au millieu d'icelluy, en la frize, seront des tro
ph?es funesbres et seront icelles troph?es de bronze qui
sont au nombre
de deux
et pour
l'accompaignement
1
:
la transcription
la convention
On a adopt?
suivante
pour
ont ?t? barr?s dans
en
entre parenth?ses
les mots
les mots
l'acte,
ont ?t? ajout?s
d'une
?criture diff?rente qui para?t
?tre la
italique
: ?Honnorable
m?me
que celle de la derni?re partie de l'acte depuis
?
homme...
09:44:00 AM
UN
MARCHE
DE
GERMAIN
139
PILON
seront quatre testes de ch?rubins de
pi?destal
bronze, c'est a scavoir deux a chacun cost? de la grande
fasse qui serviront pour le (soutesnement)
soubstenment
d'icelluy
tables et (vasses) vazes et aux quatre fasses seront
des tables de marbre blano et noir et aussy
aux deux boutz ? l'endroit du pi?destal seront deux an
d'icelle
incrust?es
rollementz
servant
de
seront
harpies qui
aornees de (fuillance) feullances et enrichissement conve
nables (ainssy qu'il est design?) ainsi que le demonstre le
(d'arpies)
portraict de ce faict.
Et dessus iceluy pi?destal
grand
?vas(s)e,
sera un forme
(de un) d'un
sera
lequel vas(s)e
rachept? de deux
c'est a scavoir aux deux grandes fasses
grands quadres,
pour mettre et apliquer deux grandes tables de marbre
noir pour escrire, graver et dorer ce qui luy sera baill?,
laquelle table sera aorn?e de une petite moulure de marbre
blanc
puisera enrichie de enrichissement conve
sera incrust?e dedans
laquelle moulure
[fol.
(laquelle)
nable^),
vi il v?] le marbre
l'u(m)n
d'avec
noir pour mieulx
(degester) degecter
l'aultre et aux deux
fasses
grandes
seront quatre
chifres de (bramche)
d'icelluy vas(s)e
branches de laurier ou sedre de bronze
le marbre
noir
et aux
deux
incrust? dedans
boutz
d'icelluy
vas(s)e
seront racheter deux grandz carrez ou seront les armoi
ries de Madame
qui seront incrust?e dedans le marbre
noir acompaign?
de sa coronne ducalle et au pourtour
d'icelle armoirie un laz de cordelierre aorn? de branche
de laurier ou sedre et au pourtour d'icelles armoiries sera
aussy une aultre petite moulure de marbre blanc enri
chie et semblables
a celle du pourtour des tables
qu'il
fault escrire a celle fin que la sym?trie y soit observ?e
lesquelz grandz quarrez seront enrichis de marbre blanct
et noir incrust? dedans lemarbre noir.
09:44:00 AM
140
M.
Et au dessus
frize de marbre
de mort
CONNAT
a l'endroit dudict vase
sera une forme de
gris et a laquelle
frise seront quatre testes
d'ossemens, c'est ascavoir
?orn?es
(d'ossature)
des grandes fasses de ladicte sepulture
aux deux cost?s des testes de mort des tri
a chacune
deux
et ?orn?es
glifes.
Et pour
sepulture sera une
grande table de marbre noir de sept piedz de long sur
troys pieds huict pouces de large et de haulteur conve
nables laquelle grande table sera taill?e en forme de cor
le coronnement
et a l'endroict
niche
retour
quatre
fases d'icelle
apliquees
l'emdroict
quatre
d'icelle
du menbrom
des dictes
d'icelle
corniche
et vases
tables
grande table(s) ou corniche
testes de ch?rubins de bronze.
fera
et aux
seront
Laquelle
sepulture depuys le rez-de-chauss?e
jusques
a la (sime) cyme de la grande table ou corniche aura
quatre piedz de hault ou (environ) en plus. Et pour
sera le pourtraict et
et acompaignement
amortissement
figure de (ma) madide dame de la mesme grandeur de
natures laquelle dame sera aorn?e et habilli?e en (forme)
habit de cordelliere (lequel) et sera Jediet habilliement
de marbre
gris avec
son voille de marbre
noir et le visage
et son petitit
[sic]
de marbre
et pieds
blanc, mains
le
du pourtour de la teste et celluy de dessoubz
sera au mieulx
du visage
menton,
lequel pourtraict
voille
faire ce pourra selon et ainsy que le pourtraict
luy sera baill? pour c'est effect et au dessoubz
qu'il
[fol. vi? m] de la teste de (ma) la dicte dame seront deux
orilieres de marbre blanc qui seront enrichis de houppes
que
et aultre enrichissement
que
faire
se
pourra,
et
de broderies
aussy
une
le plus convenable
coronne
ducalle
ses
et dorer
piedz qui sera enrichie de doubletz et cristaulx
au
et
d'icelle
dessoubz
naturel
le
mieulx
pour
repr?senter
09:44:00 AM
UN
MARCHE
DE
GERMAIN
141
PILON
et aornement
d'icelle
pour
l'acompaignement
un
sera
matelas
de
convenable
grandeur
grand
figure
qui sera de bronze pour mieulx desgetter la dicte figure
figure
lequel matelas
lemieulx qu'il
sera enrichi et grav? en forme de broderie
se pourra faire.
Plus pour mettre et pour le c ur de ladicte dame de
ainsi qu'elle Va ordonn?
dans V?glise de Nogent-le-Roi,
rez
son
au
sera
de chauss?e un double
testament,
par
pos?
triangle de demy pied de haulteur sur la largeur conve
nable qui sera de liaiz, lequel triamgle sera enrichi
de (troys) six chifres de marbre noir qui seront incrustez
le liaiz.
dedans
[sic] d'icelluy triangle sera ung rond
de marbre noir qui sera enrichi au pourtour d'un petit
membron et au dessus du diet rond au retour des angles
Et
au dessoubz
ses des [sic] chifre de bromze de ma dicte dame
le diet marbre noir.
incrust?es
dans
Et
sur le plimte
doubles
corniche
rond sera une collonnette
triangle qui
sera enrichi de
icelle (basse)
(et d'icelluy)
sera
tout
de marbre
triangle
en forme de
sa
(basse) baze et
baze et corniche et
noir except? qu'iZ
sera incrust? tant bas que hault deux moulure de bronze,
c'est a scavoir en hault un petit talion enrichi d'enri
double
et un menbryon qui sera
[sic] convenables
est
le
bas.
enrichi
aussy
pour
qui
un vaze de
Et au dessus sera pour amortissement
chisemenent
pour mettre le c ur de la dicte dame (lequel
c ur sera pint comme repr?sentant
le naturel)
lequel
vasse sera aorn? de testes de ch?rubins et de trois cou
bromze
leuvres pour servir de poser la coronne ducalle et depuis
le rez de chauss?e jusques a la sime aura (sept) huit pietz
(et demy de hault) de haulteur.
Honnorable
homme Me
Germain
Pillon
sculpteur
09:44:00 AM
du
142
m.
connat
[fol. vic m v?] et contrerolleur general sur la fa
a Paris,
de France, demeurant
brique de ses monnayes
en
a promis et promect a Reverend
Pere
Dieu, messire
Roy
comme ex?cuteur
Loys de Bresz?, evesque de Meaulx,
testament
du
de la dicte def?untcte dame de Buillon
a ce present et acceptant
de faire (pour la sepulture)
tous et chacun les ouvraiges cy-dessus d?clarez selon et
ainsi qu'il est port? en chacun article cy devant escript
[en marge] et que le d?montrent deux desseings para
phez des notaires ne varietur, demeurez par devers le
sieur reverend [sign?] Pillon, Louis de Bresz?, Franque
pour quoy faire il fournira toute la bronze,
et autres choses n?cessaires,
pierres d'ouvriers
lin, Croiset,
marbre,
et rendra tous les diets
loyalles marchandises
faietz et parfaietz au diet
ouvraiges bien et deuement
en
ce
d'ouvriers, pour gens
congnoissans, assis et pozez
es lieux et ainsi qu'il est port? par le diet devis dedans
bonnes,
venant ou plustost, si faire ce
ung ans prochainement
la somme de seize cens soixante
peult, moyennant
sur quoy le diet Pillon
confesse
avoir eu et receu du diet Sieur Reverend evesque quatre
cens seize escuz deux tiers [en marge] a luy payez
six escuz deux
presens
tiers
les notaires
en
debniers
pariziz
monnaie
cou
rante [sign?] Pillon, Louis de Bresz?, Franquelin,
Croiset
dont quittance, et le reste montant douze cens cinquante
escuz icelluy Sieur Reverend
evesque sera tenu, promet
et gaige bailler et payer au diet Pillon ou au porteur sca
voir est iiiic xvi escuz deux tierz dedans quatre moys
somme dedans quatre
venans, pareille
prochainement
autres moys ensuivans
et le surplus qui est de 1111e
xvi escuz deux tiers si tost et incontinent que les ou
et
faietz, parfaietz
vraiges seront bien et deuement
posez
es lieux et ainsi que diet est et le diet Pillon
09:44:00 AM
les
un
fera conduyre
mettant,
double
marche
et placer
de
germain
143
pilon
a ses despentz.
Car ainsy, pro
Faict et pass?
chacun, renon?ant.
obligeant
Tan mvc lxxix
le lundy sixiesme
jour
de
juillet 1.
Loys
de Bresz?,
Franquelin,
e. de M?aulx,
Pillon,
Croiset.
COMMENTAIRE
Mademoiselle
Connat
a eu la main heureuse
en mettant
au jour un document dont la valeur est exceptionnelle
tant par la qualit? des personnages
qu'il concerne que
par le nom de l'artiste.
de Br?z?, duchesse de Bouillon,
?tait fille
de Diane
de Poitiers.
En
1538, elle avait
?pous?
IV de La Marek, qui fut le premier duc de
Robert
Fran?oise
et que l'on appelle souvent, dans les ?crits
En
de Bouillon.
temps, le mar?chal
1553, il fut
Bouillon,
du
? Hesdin o? il s'?tait jet?, et mis
pris par les Espagnols
eux.
? ran?on par
Les contemporains
ajoutent que ces
en
avant
le
de
ennemis,
rendre,
1556, ? la suite de la
lui firent absorber un poison lent
de Vaucelles,
?
une grand
dont il mourut,
qui fut, ?crit Brant?me,
:
?
conscience
prendre l'argent d'une personne
charge
tr?ve
et puis la faire mourir
si mis?rablement
d?ment
ensuite cette
dire, Brant?me
? 2. A
vrai
histoire, mais
1
Minutier
Archives Nationales,
386, fol. 602.
Central, VIII,
2
uvres compl?tes,
?d. Laianne,
Grands
III,
fran?ais.
capitaines
IV de La Marek,
l'Art de v?rifier les dates,
190. Voir aussi, sur Robert
et Fleury-Vindry,
de l'Etat-Major
Dictionnaire
fran?ais au xvie
si?cle, Paris 1903, p. 318.
09:44:00 AM
P.
144
on verra
DU
COLOMBIER
du
l'?pitaphe
l'?poque pour v?rit?.
La veuve mourut, d'apr?s
qu'elle
passait
la plupart des ouvrages, le
les auteurs qui ont vu le tombeau
14 octobre
donnent
tombeau
par
1574, mais
1577 1 et cette seconde
si l'on consid?re
date
que
semblable,
est de 1579.
semble plus vrai
pour le tom
le march?
beau
Le personnage qui traite avec le sculpteur est Louis de
cou
ex?cuteur testamentaire,
Br?z?, ?v?que de Meaux,
sin germain de la d?funte ; il ?tait fils en effet de Gaston
Il fut
le p?re de Fran?oise.
de Br?z?, fr?re de Louis,
grand aum?nier de France.
On notera
souvent,
que,
le march?
du tombeau,
? d?couvrir.
mais
?t? sp?cifi?e par
elle avait
D'abord,
le testament
de
2.
Fran?oise
? Aussi
tost
que
le service
et commande
je veulx
billez,
? ce qui se passe tr?s
n'indique pas le lieu de destination
cette destination
n'est pas difficile
contrairement
sera
qu'on
diet
et mes
me
face
serviteurs
porter
mon
avecq
une
ha
corps
? l'?glise Sainct Yved de Brayne, pr?s de feuMadame Guille
mette de Sablebruche, ma belle-m?re, auquel lieu j'ordonne
qu'y
soit
faict
une
tombe
de
marbre
noir
repr?
sentation de femme le plus resemblant ? moy que l'on pourra,
habill?e en cordelli?re d'un grand manteau par dessus et ma
couronne
armes
de
duchesse
et devises
aux
et chiffre
piedz
autour
sur
et
ung
carreau
l'occasion
de
mes
avecq
cest
acous
1
du Duch?
Histoire
de Valois,
Gardel,
1764, 111,
apud Garlier,
et Second
Pi?ces
X?X,
voyage litt?raire de deux reli
justificatives
gieux b?n?dictins, Paris 1724, p. 31, 32.
2
le
T. 159 9. Ce testament
avait
?t? signal?
dans
Arch. Nat.,
t. XXI,
lecture en a ?t? faite par
Cabinet Historique,
2, p. 166. La
Il est dat? du 4 juillet 1574, ce qui pourrait
Mlle Gonnat.
para?tre
en faveur de la date du 14 octobre
une pr?somption
1574 pour la
mort de Fran?oise
de Br?z?.
09:44:00 AM
M?re co??c ?u.Temleau.
?s? escr?jr
obvct* a??m?
Aiufxs oyt??hv? rao imi x?-r
,.
R*fT?rVTT E SV?9VRBSyE* KOSTE BSCCTTAff,
**
wee ?
bvcva ?
?N?si?o?iWERKA^A??eT??c'e
ev?MEwwo eoM?TB ?AKeT?RvMfWTefrftAmscEeTd*
du.
Fig.
?
1.
pt^edtnt
Toinbtau.
Tombeau
Gaigni?res
t:
de Fran?oise
de Br?z?,
des
3897
(Cabinet
duchesse
de Bouillon.
Estampes).
09:44:00 AM
? eau
tom
'&
Fig.
^^
d? J* Y-utd doBrauio.
2.
Tombeau
Gaigni?res
ddks
tfy? f^l?&?&
de Br?z?,
duchesse
de Fran?oise
n? 7013
(Cabinet des Manuscrits).
de Bouillon.
09:44:00 AM
DE
MARCHE
UN
GERMAIN
145
PILON
trement est pour le nom que je porte et la d?votion que j'ay ?
Sa?nete Claire. ?
?taient, en effet, comtes de Braine et
le lieu habituel de leur s?pulture
(encore que
IV e?t ?t? inhum? ? Sedan). Le tombeau de
La Marek
Les
c'?tait
Robert
se trouvait
Fran?oise
la chapelle des comtes, la
du ch ur, la seconde des cha
dans
?tait, en partant
ur qui font
pelles plac?es ? l'angle du transept et du ch
Il voisinait en effet
l'originalit? du plan de Saint-Yved.
quelle
sa belle-m?re.
de Sarrebr?ck,
?tait c?l?bre sous l'ancien r?gime. ? Cette
L'ouvrage
his
statue fort remarquable,
Prioux
?crit Stanislas
avec
celui de Guillemette
torien de Braine,
au c?l?bre sculpteur Jean
avoir une ressemblance parfaite
et attribu?e
pour
Goujon,
passait
avec l'original. ? Il ?tait certainement
en place en 1764,
de Valois par Carlier ; il
quand parut YHistoire du Duch?
devait donc exister ? la R?volution.
assez obscure,
Yved
Sa disparition est
comme celle des autres tombeaux de Saint
2.
Mais
nous pouvons
en d?pit de cette
heureusement,
?tablir l'identit? du tombeau tel
disparition d?plorable,
qu'il fut r?alis?, avec les termes du march?.
11 en existe
en effet trois repr?sentations
dans le recueil Gaigni?res.
Deux, au Cabinet des Estampes, montrent les deux faces
une vue en
lat?rales, une, au Cabinet des Manuscrits,
plan et la face ant?rieure 3. Fait assez curieux, ces des
sins, qui
1
Histoire
?taient
de Braine
m?me,
Monographie
Paris 1859.
2Marcel Aubert
mentionne
d?pouill?e
3
3896,
tout bonnement
rest?s
leur place,
et de ses environs, Paris
1846
; voir aussi, du
de Braine,
l'ancienne
Saint-Yved
abbaye
de
(Congr?sarch?ologiquede Reims, 1911), qui ne
de Fran?oise,
pas le tombeau
que
l'abbaye
indique
en 1793.
de ses tombeaux
3897 et 7013 de l'inventaire
de Bouchot,
Paris, 1891.
10
09:44:00 AM
fut
146
P.
DU
semblent
avoir
tombeaux
de Saint-Yved
COLOMBIER
? Stanislas
Prioux
?chapp?
qui s'est
donn? beaucoup de mal pour relever ? Oxford les calques
des dessins du recueil Gaigni?res
relatifs aux autres
vol c?l?bre dans
Cabinet
Cabinet
et qui avaient fait l'objet d'un
le monde de l'?rudition. Les dessins du
sont fort sup?rieurs ? celui du
et
paraissent d'une autre main.
? repr?senter en
second dessinateur
des Estampes
des Manuscrits
du
L'impuissance
plan les pieds de la morte
est presque comique, la figure
de
tr?s
diff?rente de la figure ?maci?e
Fran?oise,
?largie
sur
lui
autres
voit
les
dessins, semble suspecte.
qu'on
On voudra bien lire l'acte avec soin en se servant des pho
est indiscutable et il y eut m?me,
tographies. L'identit?
? l'ex?cution, moins
de corrections qu'on
n'en ren
contre souvent en des cas analogues.
Il semble seule
ment que les t?tes de ch?rubins qui devaient se trouver
au coin de la plaque
tombale aient ?t? plac?es, par la
suite, de part et d'autre des plaques qui portent l'?pi
taphe x.
de
le monument
de Fran?oise
de Br?z? est sorti
Donc,
l'atelier de Germain Pilon. S'il ?tait de la main du
sculpteur, c'est ce que nous sommes hors d'?tat de dire.
Au cours de ces ann?es voisines de 1580, l'atelier a d?j?
pris cette allure industrielle qu'il aura de plus en plus.
1Nous
lat?rales
se
sur les deux faces
cette ?pitaphe
traduisons
poursuit
qui
:
du tombeau
de Br?z?, noble des deux parts,
issue,
Ci-git le corps de Fran?oise
de Pierre de Br?z? qui, le premier, marcha
par la souche paternelle,
en armes pour le roi contre les
et rendit aux siens les villes
Anglais
; elle ne fut pas moindre
prises ? l'ennemi
par la souche maternelle,
du comte Guillaume
de Poitiers mis sur les autels. Ainsi
provenant
le duc de Bouillon
et le re?ut,prisonnier,de
n?e, elle ?pousa
l'ennemi,
lui que n'avaient
ni argent, ni menaces,
vaincu
rachet? au prix de
Elle prot?gea
et pourvut
d'or, mais moribond.
beaucoup
cependant
sa
? son m?nage
des parents
post?rit?
priv?e d'un p?re, joignant
sa
dans
le
elle
Ainsi
cultiva
maison,
royaume.
puissants
gouverna
la religion, secourut
les pauvres.
09:44:00 AM
UN
DE
MARCHE
147
PILON
GERMAIN
des monnaies,
fort occup? par tous ses tra
Pilon semble avoir exerc? surtout un r?le de sur
Contr?leur
vaux,
veillance.
En
1578-1579,
numents
il a pris la commande des mo
: Maugiron,
et
du Roi
Qu?lus
des mignons
Saint-M?grin. En 1580, ce sera le monument
de Guil
La m?me
ann?e, il
Pot, seigneur de Roches.
son
saint
?
Fran?ois, aujourd'hui
sculpte
l'?glise Saint
laume
Jean-Saint-Fran?ois.
De
tous
les monuments
de Germain
Pilon,
celui de
Fran?oise de Br?z? est le seul, ? ma connaissance, dont
nous soyons assur?s qu'il ?tait form? de marbres de di
verses
couleurs.
l'artiste
Sans
avait
que
et les documents
manteau
doute,
sculpture polychrome,
ce qui est singulier ? que le
de Birague, dans une statue de
pratiqu?
attestent ?
du Chancelier
bronze, ?tait peint en rouge.
Mais il s'agit ici d'une pratique
couleurs
tr?s diff?rente, et les
? notre m?moire
aussit?t
adopt?es rappellent
un monument
c?l?bre ex?cut?
auparavant,
habit de religieuse,
la statue
une
trentaine
d'ann?es
en
Philippe
le chef-d' uvre de Ligier Richier,
se trouve aux Cordeliers de Nancy. A
le tombeau
dont
point
n'ignorions-nous
une
de Gueldre
de
dire, cette statue n'est point de marbre mais de
et peinte. Comme
pierre de Saint-Mihiel
encaustiqu?e
dans le tombeau de Fran?oise
de Br?z?, la gisante est
vrai
?tendue, la couronne ducale ? ses pieds (port?e ? vrai
dire par une petite religieuse). Les mains sont ?tendues
au lieu d'?tre jointes.
le parti est sensible
Cependant
et je ne serais point surpris que Fran?oise
de Br?z?, duchesse de Bouillon, en tra?ant le programme
de sa s?pulture, ait song? ? Philippe de Gueldre, duchesse
ment
le m?me
et que Germain
de Lorraine,
?
Richier.
song? Ligier
Pilon,
en l'ex?cutant,
09:44:00 AM
ait
148
P.
DU
COLOMBIER
concerne aussi un autre monument,
c ur de Fran?oise
de Br?z?, et qui devait
?tre ?lev? en l'?glise de Nogent-le-Roi.
Les Br?z? ?taient
Mais
le march?
au
destin?
en effet seigneurs de cette ville et Fran?oise y avait
d?j?
fait enterrer ceux de ses enfants morts en bas ?ge. Le
testament
s'exprimait
ainsi
? Je veulx
qu'on porte mon c ur sans c?r?monie ? Sedan
avec cestuy-la de feuMonsieur mon mary ne faisant dire ung
service
et donner
accoustum?
l'aumosne
tous
les pauvres
qui se trouveront, chacun ung grand blanc et dix francz ?
l'?glise, c'est-?-dire si les seigneurs de Sedan sont catholicques
et non aultrement ;mais s'ilz ne l'estoient, je veulx qu'il soit
port? ? Nogent, ? la parroisse aupr?s de mes petitz-enfants, et
veulx qu'on donne cinq cens francz ? l'?glise dud. Nogent pour
fonder
une
petite
messe
? perp?tuit?
et
de Notre-Dame
qu'on
en use de fa?on ? la fondation qu'elle ne faille point ? se dire... ?
Or
l'histoire
de
ce monument
pose
une
?nigme
cu
rieuse.
Il y a bien eu, dans le ch ur de l'?glise de Nogent-le
destin? au c ur d'un grand person
Roi, un monument
nage. Il est reproduit dans les documents Gaigni?res et se
le m?me volume que la vue en plan du
de Fran?oise de Brez? et juste au folio suivant *;
nous reproduisons ce dessin aquarell?
(fig. 3). L'inscrip
tion est fort claire : ? Piramide de marbre pour le ch ur
rencontre dans
tombeau
du Marquis
de Mauny proche le pulpitre au milieu du
?. Ce mar
ch ur de l'?glise paroissiale de Nogent-le-Roy
?tait Louis de La Marek, petit-fils de
quis de Mauny
1
Pi?ces
Bouchot.
originales
1841,
fol. 127
recto
; n?
7014
de
l'Inventaire
09:44:00 AM
un
149
pilon
germain
11 devint premier ?cuyer de la reine
et mourut, en 1626, sans enfants. De
de Br?z?.
Fran?oise
Anne
de
marche
d'Autriche
somme le monument. La
fait, une couronne de marquis
Il ne s'agit point du
para?t donc entendue.
question
monument vis? par lemarch?.
Lisons pourtant avec attention lemarch? et comparons
ses informations ? celles du dessin, en allant de bas en
haut :
Dessin
March?
Double
triangle de liais
enrichi de chiffresde marbre
?toile de pierre blanche in
crust?e de marbre noir, pos?e
noir
sur un cercle
incrust?s.
de
Rond
marbre
richi d'un
avec
en
noir
Rond
de pierre
de marbre
blanche.
noir.
petit membron,
de
chiffres
bronze
in
crust?s.
Base
form?e
d'une
de
Colonnette
de marbre
noir
en forme de double triangle.
Moulure
avec
Base
moulure
de bronze.
de bronze ? talon
form?e
d'une
moulure
bronze.
Colonnette
de marbre
noir
en forme de double triangle.
Chapiteau
de bronze.
conve
enrichissement
nable.
Vase
d'un
de
c
ur
bronze
peint
surmont?
au
naturel
orn? de t?tes de ch?rubins.
Trois
couleuvres
la couronne
Hauteur
supportant
ducale.
:8 pieds ou 8 pieds
Vase
d'un
de
c
ur
bronze
surmont?
au
peint
naturel,
orn? de t?tes de ch?rubins.
Trois rinceaux
tant
la couronne
Hauteur
(?) suppor
de marquis.
:8 pieds 1
/2.
1/2.
09:44:00 AM
DU
P.
150
COLOMBIER
les diff?
point cherch? ? dissimuler
ont de quoi
rences, on confessera que les ressemblances
Nous
n'avons
troubler.
ce n'est
ses Notes historiques et
pas tout. Dans
sur
un ?rudit
de
Nogent-le-Roi1,
arch?ologiques
V?glise
local, Alexandre Gillard, a reproduit une description en
Mais
vers de l'?glise par un cur? bel esprit, Laurent
qui futen place de 1670 ? 1672.On y lit :
Voy ce pilier de marbre avecque
ces serpens,
il n'est
arme,
c ur de bronze,
ce beau
Cette
Voy
O? l'art du grand Pilon
Voy
dessus
Qui
donne
tout
un
cette
de plus,
Voy,
la corniche,
rien de plus
riche,
artistement
poz?
semble s'?tre ?puiz?,
cette
cela
dernier
Bouchet,
riche
lustre
couronne
? ce noble
avec
estoille,
exagone,
ces beaux
dictons
Sans doute compos?s par quelqu'un des Catons,
Ces O entrelassez d?un mistique triangle
Marquent
avec
ces vers
croire
Indispensablement
J'ai
?
soulign?
?
serpens
d?couvrons
et qu'h?risse
faut
qu'il
soustient
baze
Qu'une
les mots
encore
?, motif
les
essentiels.
retrouvons
Nous
couleuvres
? O
nous
angle
l'unit?
en la Trinit?...
les
2, c'est-?-dire
maint
dans
entrelac?s
avions
du march?.
les
Nous
d'un mystique
rencontr? sur le
que
d?j?
de Fran?oise
(voir la figure). Nous apprenons
ce qui est capital ?
1670 une tradition
qu'en
? Germain Pilon. Il sied d'ajou
attribuait ce monument
triangle
tombeau
encore ?
ter que
quelque
son style, naturel ? la fin du xvie
chose de singulier post?rieurement
si?cle, aurait
? 1626. Exis
1
1897.
Dreux,
2
une
du dessin en sont ?videmment
Les rinceaux
interpr?tation
du pi?destal
:
maladroite.
du reste en avertir
L'inscription
pouvait
Auro cor purum puro latet, orbe, columna.
Perfectum,
constans,
prudens,
triplici angue
vigilque.
09:44:00 AM
UN
MARCHE
DE
GERMAIN
151
PILON
tait-il cependant un second monument
du m?me genre
dans le ch ur de l'?glise de Nogent-le-Roi
? Non. Lau
rent Bouchet n'aurait point manqu?
de le signaler.
le monument
Mais
de
repr?sent? par le dessinateur
d?crit
par Laurent Bouchet, n'a pas disparu.
Gaigni?res,
Dans un autre ouvrage du m?me Gillard x, est repro
duit le proc?s-verbal
suivant :
? Le 31 octobre
1753, le lutrin compos?- d'un aigle et d'un
pied d'estail, a ?t? plac? o? il est actuellement, l'aigle a co?t?
300 1.et p?se avec sa boule et ce sur quoi il tourne, 122 livres,
son pied d'estail est fait d'une colonne de marbre
plac?e ? peu
pr?s dans lem?me endroit o? est le lutrin, en haut de cette
colonne
?tait
repr?sent?
un
ur
couronn?,
sous
l'orbe
du pied
d'estail on a trouv? une bo?te carr?e en plomb, incrust?e vers le
milieu du triple angle et dans cette bo?te ?tait le c ur d'un
dont
seigneur
on
ignore
le nom,
ainsi
que
on
l'ann?e,
a con
jectur? que ce c ur pouvait ?tre le c ur d'un M. de Br?z?, an
cien seigneur de Nogent, la bo?te, avec le contenu, a ?t? lev?e
et replac?e dans lem?me endroit sous l'orbe du
pied d'estail du
lutrin par le Sr Cur? de Nogent en pr?sence d'un
grand
nombre d'habitans, je certifie ceci v?ritable par moi (sign?)
?.
Pelluche
On en peut conclure qu'en 1753 rien ne
rappelait plus
le marquis
de Mauny,
dont le souvenir s'?tait effac?
aussi bien que celui de Fran?oise
Le
monument
ment ?
mais
maux
sauf
bien
de Br?z?.
entendu,
son
couronne
existe toujours dans l'?glise de Nogent-le-Roi,
il a ?t? rel?gu? dans la chapelle des fonts
baptis
avec l'ancien lutrin. Le cur? actuel de
Nogent-le
Roi a bien voulu me
le confirmer.
conclusion
tirer de ces documents
contradic
Quelle
toires que j'ai tenu ? mettre loyalement sous les yeux de
1
Annales
de la ville de Nogent-le-Roi
en Beauce,
Chartres,
1887.
09:44:00 AM
p.
152
mes
du
colombier
? 11me para?t difficile d'une part de ne pas
admettre que le monument
repr?sent? par le dessinateur
de Gaigni?res ?tait celui-l? m?me que pr?voyait le mar
lecteurs
ch?, impossible d'autre part de r?cuser l'inscription du
dessin. Existe-t-il un accord possible ? Peut-on
supposer
c
ur
le
de
Br?z?
?t?
de
enlev?
que,
Fran?oise
ayant
pour
une
on mit ? sa place celui de son
quelconque,
la couronne ? Ce serait tr?s ro
petit-fils, en modifiant
mais le romanesque ne suffit pas ? faire reje
manesque,
cause
ter une hypoth?se.
vraisemblable
que,
Il me para?t du moins extr?mement
dans
le pi?destal
du vieux
lutrin
nous avons cette curiosit? : le reste
de Nogent-le-Roi
d'un monument
ex?cut? dans l'atelier de Germain Pilon
pour
le c ur de Fran?oise
de Br?z?,
fille de Diane
Poitiers.
M.
Connat,
P.
du
Colombier.
09:44:00 AM
de
rnmz
w???m
PIJ$^ dcMfUu^prode
Fig.
3. ?
Monument
1704
Gaigni?res
dans
l'?glise de Nogent-le-Roi.
des Manuscrits).
(Cabinet
09:44:00 AM
NOUVELLES
?TUDES
MALHERBIENNES
ant?
Le pr?sent article fait suite ? nos publications
rieures sur les po?sies de Malherbe
1, ses traductions de
2, ses travaux de critique litt?
S?n?que et de Tite-Live
raire 3, ses lettres 4, ses enfants 5, ses amis 6, et ses affaires
1
? Du P?rier
Le myst?re de la Consolation
d'Huma
(Biblioth?que
et Renaissance,
M. Gabriel
nisme
III.,
pp. 52-59,
1943).
Depuis,
a bien voulu
? notre demande,
le testament
Raibaud
examiner,
en d?cembre
1600 ; il a constat?
fait par Mme de Malherbe
l'exacti
? tort que
tude del? copie de N. Coste. D'autre
part, nous
croyions
: elle a ?t?
et du P. Martin
de Huet
?tait in?dite
la correspondance
dans la Revue
Gast?
de 1895 ? 1898, par Armand
publi?e,
catholique
en poss?de
un
la Biblioth?que
nationale
de Normandie;
exemplaire,
les bonnes
feuilles. Ces revues
sont tr?s
form? avec
provinciales
ce sont souvent des oubliettes
; et il est singulier que per
utiles, mais
sur Malherbe,
sonne, pas m?me
Gast?,
qui a fait des recherches
: les biblioth?
Moralit?
n'ait vu l'int?r?t des lettres de 1703-1704.
en t?te des manuscrits
bien mentionner
et
sur
caires devraient
ont ?t? l'objet.
les publications
dont ces manuscrits
leurs catalogues
2
du De
naturalibus
traduction
La
par Malherbe
quaestionibus
du 33e livre de
(R. H. L., XXV,
1918), et La traduction par Malherbe
et Renaissance,
Tite-Live
d'Humanisme
I, pp. 173
(Biblioth?que
185,1941).
3
des Inscriptions,
de VAcad?mie
octobre
1932,
Comptes-rendus
etMalherbe
correcteur de trag?die (R. H. L., XLI,
1934). Le r?le que
nous attribuons
la refonte de la Sophonisbe
? Malherbe
dans
de
a ?t? contest? par G. O. Seiver dans
son ?dition cri
Montchrestien,
de Pennsyl
tique de YAman du m?me po?te (Philadelphie,Universit?
? ce jeune savant am?ricain,
nous
contrairement
;
vanie, 1939)
mais,
et en
, qu'en
?crivant
croyons, apr?s avoir relu le 1er acte d'Aman
cette trag?die biblique,
a observ?
remaniant
Montchrestien
la plu
de style et de versification
de grammaire,
part des pr?ceptes
qu'il
avait appliqu?s
dans la 2e ?dition de Sophonisbe
et qui sont d'inspi
ration malherbienne.
4
des lettres de Malherbe
La publication
(R. H. L., XXIX-XXX,
1922-1923).
5Malherbe et son
fils (R.C. C, XXXIV,
6
Ibidem,
XXVI,
et Les
relations
2e s?rie, 1925).
de Malherbe
s?rie,1933).
et de Racan
(R. C.
09:44:07 AM
C.t
154
raymond
leb?gue
pr?ciserons, cette fois-ci, ses rapports
italienne et avec la litt?rature antique
nous
et n?o-latine
avons cru utile de revenir, apr?s
; et
F. Brunot, sur ses relations avec le plus illustre de ses
du Vair.
amis : Guillaume
Nous
d'argent1.
avec la pastorale
I.
et
Malherbe
les
pastorales
italiennes
n? 5168 des Nouvelles
Le manuscrit
fran
acquisitions
la
de
nationale
contient
des
?aises
Biblioth?que
papiers
en
de Malherbe,
que Libri avait vol?s
autographes
dans le fonds Baluze,
et qui nous
France, probablement
un
sont revenus apr?s
s?jour ? Ashburnham Place.
J'en ai d?j? tir? le texte de la traduction des Questions
naturelles de S?n?que. Aujourd'hui
j'en extrais des notes
sur les pastorales italiennes 2.Malherbe affichait lem?me
d?dain
Racan
notes
;
pour les po?tes italiens que pour les po?tesgrecs
en t?moigne, et d'autre part un bon nombre des
les marges
de son exemplaire
qui remplissent
de Desportes,
celui-ci. Mais
sont s?v?res pour
il n'est pas douteux
les mod?les
italiens
de
connais
que Malherbe
:
sait bien les po?tes italiens du xvie si?cle et P?trarque
en fait foi, et ses vers
son commentaire
de Desportes
refl?tent souvent
cento 3. 11 avait
de
la po?sie du Cinque
lu surtout les sonnettistes et les auteurs
l'influence
1
? Toulon
Malherbe
pp. 524
(Revue bleue, LXVIII,
sp?culateur
?
En outre, nous ferons para?tre prochainement
dans la
528, 1930).
un article sur Malherbe
et Rubens.
Revue arch?ologique
2 Emile
eu l'amabilit?
avait
le pr?sent
Roy
d'annoncer
travail
ce
dans
la Revue
d'histoire
litt?raire de 1924. Je n'ai r?alis?
projet,
un coup d'oeil
comme
En
bien d'autres,
tardivement.
que
jetant
ans d'?tudes
sur vingt-cinq
de gra
malherbiennes,
j'ai une pens?e
:P. Bonnefon,
Ferd. Brunot,
titude pour ceux qui les ont encourag?es
Em. Roy, Fort. Strowski.
Edm. Huguet,
Abel Lefranc,
3
sur Malherbe
et ses sources
Gounson
Cf. dans le livre d'albert
de l'?dition La vaud.
le copieux
chapitre vi, et l'appendice
09:44:07 AM
NOUVELLES
?TUDES
155
MALHERBIENNES
de po?sies lyriques ;mais il ne pouvait ignorer, quoiqu'il
se soit peu int?ress? ? l'art dramatique,
les pastorales
un
car
nous
chez
elles
avaient
tr?s grand
italiennes
;
dont Talle
reste, selon Mme de Rambouillet,
et M?nage
le
rapportent
t?moignage,
fort YAminte du Tasse
Si sa correspondance
succ?s. Du
mant
des R?aux
il admirait
ne
fait aucune
mention
une
des pastorales,
par
? deux
contre
composa
personnages,
?glogue
nous a conserv? le sujet, et des vers liminaires pour
pastorale de Philine de La Morelle.
Les
il
dont Racan
feuillets 116 et 134-139 de ce manuscrit
la
sont cou
relatives ? six pastorales
italiennes : le
amoroso de L. Groto, dit l'Aveugle d'Adria
verts de notes
Pentimento
Andreini
(1585), la Myrtilla d'Isabella
(1588), le Pastor
Fida
de
Guarini
la
de
Francesco Con
fido
Nymfa
(1590),
tarmi (1598), leFilarmindo de Ridolfo Campeggi (1605)
et laFilli di Sciro de Bonarelli (1607).Le filigranede ces
feuillets repr?sente les armes de France et de Navarre,
le n? 1854 ;mais les
et porte dans l'ouvrage de Briquet
:
sp?cimens dat?s s'?tendent sur une vingtaine d'ann?es
de
1598
? 1617. Nous
le
pouvons pr?ciser davantage
terminus a quo, puisque la Filli di Sciro a paru en 1607
et que les r?f?rences donn?es par Malherbe
s'appliquent
? l'?dition v?nitienne de 16092. Ces notes me semblent
des vers galants qu'il
contemporaines
pour Caliste, pour Charlotte de Montmorency,
donc
composait
etc..
1
? Malherbe
et le livre de
consacr?e
men
Cf. l'historiette
M?nage
tionn? par Counson,
op. cit., p. 174.
2
amoroso
le Pentimento
il a utilis?
Pour
l'?dition
v?nitienne
de
les nombreuses
?ditions du Pastor
1605. Parmi
fido qui ont paru ?
une seule poss?de
le ?oliotage qu'il
cette ?poque,
celle que
indique,
J. Mettayer
L'?dition
publia ? Tours en 1592 (Biblioth?que
Rondel).
dont il s'est servi, diff?re de celles de 1598 et 1603
de la Fida Nymfa
entre
par la fin de la pi?ce et par la conversation
par la pagination,
et Alcippo,
Tirinto
qui passe de l'acte II ? l'acte I ; je n'ai pu con
sulter celle de 1610.
09:44:07 AM
156
RAYMOND
LEB?GUE
Une premi?re s?rie de notes remplit les fos 134-137 et le
f? 116, qui a ?t? mal plac? par le relieur, et concerne le
Pastor fido (acte I, sc?nes 4 et 5^ laFida Nymfa, laFilli
di Sciro, le Pentimento amoroso et la Myrtilla
Une autre s?rie se rapporte ? la Fida Nymfa,
mindo et au Pentimento
(acte I).
au Filar
amoroso.
Ces notes de lecture consistent,
le Pentimento
l'analyse
Myrtilla
amoroso,
des
sc?nes
pour la Fida Nymfa,
et
le Filarmindo,
dans
laMyrtilla
et pour toutes les pi?ces sauf la
et le Filarmindo,
dans
de th?mes,
l'indication
de
de concetti.
d'images,
comparaisons,
d'expressions,
Les analyses ne pr?sentent gu?re d'int?r?t litt?raire, et
sont ?crites dans un style n?glig? 2.
con
Mais ces listes d'expressions
qui, naturellement,
cernent
surtout
d'?tre
l'amour, m?ritaient
nous voyons
comment Malherbe,
prenant
m?me
chez des auteurs
qu'il affectait de
:
publi?es
son bien
d?daigner,
en traits et en images pour ses
uvres
s'approvisionnait
galantes.
Ces
quelques
expressions au
pages
fournissent
de Malherbe
plusieurs
: f? 134,
mots
et
rapporter
lexique
; f? 136, postposer, desmouvoir, se coherer ;
f? 116, s'entrecrier mercy ; f? 138, congratuler ? quelqu'un
de quelque chose. On remarquera aussi aux fos 136 et 137,
bonne maitresse
le futur orra, oirra.
reproduit entre crochets obliques les pre
a biff?es, et mis en ita
mi?res r?dactions que Malherbe
lique lesmots en langue italienne et ceux qu'il a ?crits dans
Nous
avons
les interlignes. Nous avons ajout?
quelques
signes de ponctuation.
1
Malherbe
2
Voir, par
que.
les accents
laisse de c?t? les prologues.
? la fin du f? 137, une phrase
exemple,
qui
graves
et
contient
six
09:44:07 AM
nouvelles
157
malherbiennes
?tudes
fido.
[134] Atto 1, scena 4. Pastor
Montano raconte son songe ? Tityre. L? dessus ilz disputent
de la foyqu'il faut adjouster aux songes, p. 24 a.
5 a.
Scena
bien compar? au feu par la nature, p. 26 a. Belle
L'amour
contre
plainte
l? mesme.
l'amour,
Contre les artifices des femmes ? couvrir leursdeffautz, 27 a,
et l? mesmes
contre
et contre
et dissimulation
leur m?chancet?
la folie de ceux qui souspirent pour elles.
Mirtile raconte comme il devint amoureux, p. 31 b.
Contre les perruques, 51. Contre ceux qui aiment les ri
52.
chesses,
Corisque dissuade Myrtile d'aimer ce qui la fuit,p. 70-71.
Jalousie de Myrtile qui a mauvaise opinion de sa me par
l'artifice de (sic).
Fida
Liride
la chasse
laisser
et
Darinello
d'aimer
particuli?rement
va
servir Arist?e,
de
ses
lettres
sous
Ersilia
eli'
duquel
? Dorine
et Florindo
suivre>
fr?re Florindo.
du
chevrier
Darinello
et luy sert ? porter
il est amoureux.
dont
se
son
2.
le nom
est amoureuse
Se.
Tirinte
1.
faire l'amour et <
de
Se.
<
1, se.
1. Att.
Nymfa
conseille ? Dorine
3.
rencontrent.
Florindo
ses amours <T Tyrinte luy>.
Se.
luy
raconte
4.
Aristeo et Niso. Niso conte ? Aristee qu'il aime Ersilia,
Arist?e luy dit qu'autrefois il en a est? aim?.
Se.
Tyrinte et Alcipe. <
quii
croit
estre
amoureuse
5.
Tyrinte >
Alcipe
se plaint de sa fille
de Darinello.
1 La succession
des sc?nes n'est pas identique ? celle que l'on trouve dans les
premi?res ?ditions de la Fida Nymfa.
09:44:07 AM
158
RAYMOND
LEB?GUE
Tyrinte le console et luy dit quii a perdu sa fille aussy et
la recouvrer.
espere
quii
Acte
2,
sc.
1.
(Niso
j Darinello,
Hircin
\Dorine,
\Liride. Dorine aime Darinel, et prie
Ircin son compa??n de luy ayder. Ircin le luy promet. Liride
trouve
s'en
honteuse
de descouvrir
le pouvoir
d'amour.
en
r?sout.
fin
1, puis
s'y
2.
Se.
Arist?e
Darinello.
Aristeo,
d'aimer
chi
proque,
mais
de
professe
son
fr?re
Dorine
est
et m?prise
Darinel
sur
excuse
Elle
Dorine. Darinel
aime
Dorine
que
estrange
Florindo.
n'aimer
que
jamais
s'en fache et luy d?conseille tant quii peut
l'odia,
luy
en vain.
les plaisirs
represente
de
l'amour
reci
3.
Se.
Le Satyre seul se plaint de Lirida.
4.
Se.
Lirida et le Satyre. Le Satyre la prie de l'aimer,luy remonstre
que la beaut? est chose passag?re 2. Elle se deffait de luy par
une <C f>
ruze de l'envoyer qu?rir un chevreul quii luy
promettoit.
Cependant
Act.
2,
s'enfuit.
elle
y va,
quii
sc.
5.
Darinello etNiso. <T Darin > Niso prie DaxraeL de Luy aider
envers <C Ars >> Ersilia. Il dit quii ne peut. Nise demeure
r?solu
encor
d'aimer
ne
quii
soit pas
aim?.
Chor
Discours
de
l'amour.
Si
l'amour
s'engendre
par
destin
ou par
election.
Act.
3.
Sc.
1.
Lirida et Dorina. Lirida continue de prier Dorine d'aimer
son
fr?re. Elle
s'en
excuse
et dit quelle
ne peut.
Elles
tendent
des filetz pour prendre le Satyre qui avoit promis ? Lirida de le
(sic)
venir
trouver.
Se.
2.
Le Satyre seul. Il se r?sout ? la force, dit que cest folie de
1 D?couvrir son amour.
2 Dans
les stances Si les maux renaissans,
Malherbe a trait? lui aussi ce th?me c?l?bre :
Et vos jeunes beautez
qui
furent pub
li?es enl6l1,
flestriront comme l'herbe.
09:44:07 AM
NOUVELLES
159
MALHERBIENNES
?TUDES
penser gaigner les femmes par services. 11voit Lirida de l'autre
cost? d'un foss? o? elle luy avoit promis de l'attendre. Il
veut
sauter
le foss?
et est attrapp?.
3.
Se.
Satiro, Dorina, Liride. Il se plaint d'estre <
tromp?.Elles se rient de luy et s'enfuyent.
moqu? >
4.
Se.
Satiro et Satire. Elle se plaint de sonmary qui fait l'amour,
ctonfesse sa jalousie, le va chercher, le trouve pris, et le de
gage.
5.
Se.
Ircino, Darinello. Ircino fait ce quii peut pour luy persuader
d'aimer Dorina. Il s'en excuse, et dit qu'il seroit infidelle ?
son me
Aristee
qui
en est amoureux.
6.
Se.
Dorina,
Ircino,
Darinello.
Dorina
prie
c'est-?-dire
Darinel,
Ersilia habill?e en gar?on, de l'aimer. Ircino de son cost? luy
aide ? le persuader. Enfin il est contraint de se declarer et de
confesser quii est fille. Elle se r?sout de reprendre son vray
habit, et Dorine luy promet de luy aider envers Arist?e.
7.
Se.
Arist?e, Florindo, Dorina. Hz disputent devant Dorine de
leur amour, et la prient de declarer qui elle aime le mieux.
Elle
leur
dit
de
conseille
tous
les aime
quelle
n'avoir
dessein
d'autre
point
comme
deux
avec
culi?rement conseille ? Arist?e d'aimer Ersilia.
peut
rien aimer
ses
fr?res,
elle,
leur
et parti
Il dit quii ne
quelle.
Se.
8.
Niso, Lirida. Elle le prie de l'aimer, il n'en veut point ouyr
parler, il dit qu'il aime Ersilia et ne peut aimer quelle. Il s'en
va <C che >
? l'oracle luy demander des nouvelles d'Ersilia.
Ch.
Quii se faut opiniastrer, quelque
Ion serve,
et en esp?rer
bonne
yssue.
Atto
Niso
s'entretient
avec
une
rigoureuse maitresse que
sc.
4,
1.
Echo.
Se.
2.
Tirinto, Florindo, Niso, Alcippo. Florindo fit sa harengue ?
Alcipe, pere de Dorina sa maitresse Dorine ;Niso aussy fait
09:44:07 AM
160
RAYMOND
LEB?GUE
la sienne ? Tyrinte pour luy donner sa fille Ersilia.
pas
rapportent
bonne
Il s'en
ma?tresse.
retourne
Hz n'en
la chercher.
Alcipe et Tirinte s'en vont vers Demonides, magicien.
[135] Atto 4y se. 3.
Dorina et Darinello. Ersilia en son habit de Nymphe. Ersilia
prie Dorina de s'employer pour elle vers Aristeo. Elle luy
promet.
4.
Se.
Satyro, Dorina. Le Satyre se veut venger de Dorina, qui
avoit aid? ? <C lu >> tendre le filet o? il avoit est? pris, elle
crie ? l'aide.
5.
Se.
Florindo, Dorina, Satyro. Florindo vient au secours de Do
le>
rme, elle se depesche de luy, bande son arc, elle blesse <
Florindo pensant blesser le Satyre. Elle se fasche d'avoir bless?
celuy
qui
l'avoit
secourue.
Se.
6.
Demonide, Mago, Dorina, Lirida, Florindo. Dorine conte ?
Liride comm'ell'a bless? Florindo, Demonide leur promet de le
gu?rir,
il part
pour
aller
des
qu?rir
herbes.
Sc. 7.
< Dor >
Dorina, Lirida, Florindo. Dorine et Liride s'entretiennent
de la blessure de Florindo, cependant que Demonide est all?
qu?rir
des herbes
le penser.
pour
Sc.
8.
Florindo, Lirida, Demonide, Dorina. Demonide <
gu?rit>
pense Florindo. Dorine promet mariage ? Florindo, s'en va
d?s l'heuremesme chez luy, prie Demonide des noces.
Scena
9.
Lirida, Demonide. Demonide fait des enchantements pour
faire que Niso soit amoureux de Liride. L'enchantement suc
cede.
Le
Que
les charmes
ne >
<
Atto
Messager,
ayant
pour
veu
Ersilie.
comme Dorina
l'amour
de Dorine.
cheur.
sont
5?,
Il luy raconte
s'estoit
en amour,
inutiles
scena
donn?e
Premierement
etc.
1.
la mort d'Arist?e
? Florindo,
il s'estoyt
s'estoit
donn?
qui,
tu?
dans
le sein un coup de fleche, puis, ayant est? empesch? d'en faire
09:44:07 AM
nouvelles
161
malherbiennes
?tudes
davantage, il feignit d'avoir perdu l'envie de mourir et se pro
mena (?) sur le bord d'une eau o? il se noya.
2.
Se.
Ersilia, Dorina, Florindo. Ersilia se veut tuer, sachant la
mort d'Arist?e, Dorina et Florindo font ce qu'ils peuvent
pour l'en dissuader. < Elles >> Hz s'en vont ensemble au lieu
o? lemessager avoit dit qu'il s'estoit noy?.
Se.
3.
Niso sentant les ef?etz de l'enchantement devient en un mo
ment amoureux de Lyride qui l'aimoit, et la va chercher.
4.
Se.
Ircino seul dit que c'est une folie d'aimer des ma?tresses
cruelles, et quand ? luy ilne l'a jamais fait1. Il s'en va chercher
Lirida pour luy porter nouvelles du langage qu'il a ouy tenir
? Niso touchant l'amour qu'il est r?solu de luy porter.
5.
Se.
Aristeo, Ircino. Aristeo declame contre l'infid?lit? de Dorine,
et se r?sout de tuer Florindo ? qui elle s'estoit mari?e. Ircine
le luy d?conseille, et en fin fait tant qu'il luy promet de vivre.
6.
Se.
Aristee
seul.
contre
Il declame
Ersilia, Aristeo, Dorina, Florindo.
pour
le faire
r?soudre
c'estoit elle qui
chevrier
l'avoit
et contre
l'amour
? espouser
Ils pressent tous Arist?e
et
Ersilia,
sous le nom de Darinello
servy.
les femmes.
7.
Se.
il s'accorde
Enfin
luy d?clarent
Hz
? Pespouser.
donnent la foy l'un ? l'autre.
que
et sous l'habit de
se
8.
Se.
Choro, Florindo, Messo, Aristeo, Ersilia, Dorina. Le messa
ger leur apporte nouvelles du mariage de Niso et de Liride.
Le
Philli
di
cheur.
Sciro.
Atto
Io,
sc.&
Melisso, Sireno. Sireno dit ? Melisse que Oronte, l'exacteur
du tribut des enfantz, est venu. Il s'en va au port s?avoir s'il
aura point quelque nouvelle de Fillis, sa fille, et de Tyrsis,
1
Malherbe non plus, si l'on en croit la lettre dans
Racan de s'obstiner ? courtiser Mme de Termes.
laquelle
il reprochait ?
11
09:44:07 AM
162
RAYMOND
LEB?GUE
filz d'Ormin, qui en la precedente levee qu'avoit
avoient
Oronte,
vous
Moquez
fait lemesme
emmenez.
est?
tant
d'amour
vous
quii
mais
plaira,
vous
serez
le premier des ennemis d'amour de qui Amour n'ait tir? sa
1.
raison
Paroles
53
meure,
d'une
qui veut
femme jalouse
que
son amant
2.
Contre un qui s'en va quand il voit venir sa maitresse, ? pur
coiwien chi? vada quasi notturnoau gel fugendo il sole.
Pour la vieillesse, 61.
Qui soupire d'autre chose que d'amour, il baille, il ne sou
3
pire pas, 64
II lagrimar del core fa sdrucciolar la lingua, 65.
A che gratar il capo, s'el prurito ? nel core,68.
In sua ragione Amici Amor non cura, 69 4.
Son troppo fieri mostri, con la chioma di neve un cor di
fuoco,
70.
La mort,
en me
fermant
Fureurs qui m'enseignez
comme
larmes
5.
les d?sirs de lamort, enseignez moy
Filli di Sciro.
[136]
ne
qu'elle
chera mes
72.
je mourray,
Puis
est?n
les yeux,
veut
ouyr
mes
elle
douleurs,
oirra
ma
mort,796.
Les
femmes
Fiamma
feindre
s?avent
si grande
apena
80.
naturellement,
accesa,
ha consumato
il core, 80.
Les dons sont propres en amour, 81 <C filli>.
Il faut
Yeux
donner
autre
chose
vous
malheureux,
monde a de beau, 92 7.
Tandis
que
vous
me
que
voyez
gardez
le cueur,
devant
de mourir,
83.
vous
vous
tout
m'empeschez
la tombe, mais non pas lamort, 125 8.
< Crie> Niso Tyrsis crie mercy ? Chloris Fillis <
1
Acte
2
Acte
8Acte
4Acte
5Acte
6Acte
7Acte
8Acte
I, sc?ne V.
II, sc?ne II.
II, sc?ne III.
II, sc?ne IV.
III, sc?ne I. Noter
III, sc?ne III.
III, sc?ne V.
V, sc?ne II.
ce que
dit >,
l'alexandrin.
09:44:07 AM
le
nouvelles
163
malherbiennes
?tudes
veut mourir puis quii a offenc? sa maitresse, 128. Voy la res
ponse de Chloris, ib. 1.
Le cose del ciel sol colui vede che serra gli occhi e crede, 154 2.
Fin.
amoroso.
Pentimento
Att.
s.
1,
1.
Nicogin et Ergaste disputent du commencement et ? la
fin se battent chacun soustenant qu'il est lemieux aim? de sa
sa M.
AL 1, se. 2.
Pan dieu, Nie, Erg. tls racontent lun et l'autre ? Pan
comme ilz furentpris. Nicogin la vit ? l'?glise8. Ergaste la trouva
prise d'un Satire, et la d?gagea de sesmains, ilne veut pas dire
les faveurs qui luy font <Z di >> croire quii est mieux aim?
<C que > pource que la louange d'un amant est d'estre segret.
Ainsy Pan les renvoy? ? leurmaitresse pour dire ellemesme ce
qui
en est.
Se.
3.
jouent ? qui parlera
Ergaste et Nicogin. Hz < disputent >
et font>> Ergaste gagne. Hz s'en vont la
le premier, <
trouver.
Se.
4.
Ergasto, Nie, Dieromene. Hz disputent leur cause. Le juge
ment
est
quelle
donna
une
couronne
quell'avoit
print une qu'avoit Erg. et se lamit sur la teste.
Se.
et
? Nicogin,
5.
Nie, Erg. Ce jugement les remet encor plus en doute que
devant. Hz s'en rapportent ? Pan < qui juge pour Nicogin >.
Se 6.
leurs raisons ? Pan, qui les ayant
Ils
disent
Pan, Nie, Erg.
ouys juge pour Nicogin.
Att.
Panurgia
ont
veu
faire
2.
Sc.
1.
et Fenicia. Elles content chacune un coup quelles
? deux
autres
nymphes,
l'une
qui
tua
une
ourse
1 Acte
V, sc?ne III.
* Ce sont les deux derniers vers de la
pi?ce.
s Le texte italien
porte tempio ; il s'agit d'un sacrifice ? Pallas. Malherbe
bue ? Nicogin ce qui est arriv? ? Ergaste, et inversement.
09:44:07 AM
attri
164
RAYMOND
une
l'autre
pleine,
d'un mesme
LEB?GUE
un
airondelle,
coup.
Se.
se plaint de <
Filovenia
et un
poisson
se couchent
Elles
estantz
tout
chevreul
lasses
de
la chasse.
2.
son>
de ce que l'amour luy fait
souffrir.
Se.
Filovenia,
bonne
promet
3.
s'entretiennent
Echo
de
elle
amour,
en
luy
yssue.
Se.
Filovenia,
son
4.
Filovenia
Ergasto.
declare
son
amour
? Ergasto,
se plaint de sa rigueur,mais en vain. Il la prie de faire pour luy
quelque chose envers Dieromene et qu'apr?s il fera quelque
chose
pour
elle.
Se. 5\
le
Ergasto solo, s'estonne des effetz d'amour, qui <
luy >
fait1 par Filovenie qu'il ne peut voir, et luy fait aimer Diero
mene qui le postpose ? un autre povre pasteur. Puis il se ravise
et dit que peut estre Pan a failly en son jugement et dit qu'il le
veut
mesme.
d'elle
s?avoir
Sc. 6X
Il
la prie
de
declarer
ouvertement
Dieromene,
Ergaste.
Dieromene
seule dit que Ion ne gagne rien de voulloir des
qui
ell'aime mieux de Nicogin ou de luy. Elle luy dit que c'est
Nicolin (sic), il se plaint d'elle, mais il ne gagne rien.
Se.
2 une
mouvoir
amour
d'une
femme
>.
Se.
Dieromene
Nicogino,
? quoy
elle s'est
de
s'entretiennent
qu'ilz se portent. Il luy demande quelques
les unes
accorde
Acte
Menfestio
seul
l'extr?me
amour
faveurs. Elle luy en
les autres.
et luy reffuse
trouve
r?solue.
8*.
3,
sc.
1.
sa maitresse
Panurgia
endormie
et
delibere s'il se servira de l'ocasion. Il se r?sout ? prendre seule
ment un baiser, il en veut prendre un second. Elle s'esveille et
se met
en colere.
Sc.
Panurg.,
Menfest.,
1
aimer.
2 Suppl?er
D?tourner, dissuader
Felicia
2.
(sic).
Panurgia
se
colere
contre
(cf.dictionnaire Huguet).
09:44:07 AM
NOUVELLES
Menfestio.
Il s'en
165
MALHERBIENNES
?TUDES
tient le party de Panurgie.
Il s'excuse, Felicia
va.
Se.
3.
se repent d'avoir si
(sic). Panurgia
Panurgia et Felicia
rabrou? Menfest., et se r?sout de faire sa paix par le moien
Fenicie luy fait un
Cependant <C elle fait>
d'Ergaste.
a
faict.
d'un
songe quell'
compte
[137] Pentimento amoroso. Dieromene. Nicogin. Panurgia.
Atto
3,
sc.
4.
Filovenia.
Ergasto.
Dieromene.
Ergasto, Melibeo capraio. Panurgie conte ? Ergasto ce qui
s'est pass? entre Menfest. et elle, le prie de faire leur paix.
Elle luy promet. Ergasto en revenche la prie de luy aider ? faire
croire ? Dieromene que Nicogin aime une autre maistresse, le
fera en sorte quii m?nera
moyerl sera que Melibeo <C fait>
se promener. Ergaste de l'autre cost? fera sortir
disant tout haut que Panurgie a un segret pour
En
Nicogin.
on est aim? de sa m. Nicogin viendra
si
v?ritablement
s?avoir
trouver Panurgie pour l'apprendre, et alors Panurgie l'entre
tiendra aveque des fa?ons que Dieromene qui les verra de loin
et n'orra point ce qu'ils disent, croira qu'ils seront bien en
Dieromene
semble. Panurgie trouve l'invention bonne et promet de faire
merveilles.
Se.
5.
Panurgie seule delibere si elle fera ce quell'
Ergaste pour donner jalousie ? Dieromene.
Se.
a promis ?
6.
Dieromene, Melibeo, Panurgie. Melibeo dit ? Dieromene que
Menfestio a eu advis que Panurgie se laisse voir ? un appelle
Nicogin, et quii luy a command? de les espier. Dieromene se
trouble de jalousie. Ils trouvent Panurgie qui seule s'entrete
noit de son amant et le nummoit Nicogin. L? dessus ilz voyent
arriver Nicogin, ilz se cachent pour voir ce qu'ilz feront.
Se.
7.
Nicogin, Panurgia, Melibeo, Dieromena. Dieromene etMeli
beo voyent de loin ce qui se passe entre Panurgie et Nicogin,
et croyent que l'affaire est exp?di?e.
Se.
Dieromene
8.
seule, se plaint de Nicogin.
09:44:07 AM
166
RAYMOND
LEB?GUE
Sc.
9.
Filovenie, Dieromene. Filovenie prie Dieromene d'aimer
Ergaste ; Dieromene s'en estonne, veu que Filovenie aime
luy dit quii est vray quell'alme Ergaste,
Ergaste. Elle
et
< mais >
quelle ne luy a sceu desobeyr. Dieromene n'en
veut point ouyr parler.
10.
Sc.
Filovenie, Panurgie, Menfestio. Dieromene
attaque Panurgie. Filovenia la veut < de >> excuser, mais
Dieromene ne veut rien ouyr. Menfestio arrive, qui entre en
estrevray
<
jalousie > colere contre Panurgie, croyant < ?>
ce que Dieromene luy reprochoit. Panurgie dit qu'il n'en est
Dieromene,
rien.
Hz
ne veulent
rien
ouyr.
Se.
11.
Nicogin, Dieromene. Nicogin vient pour < embrasser >
saluer Dieromene. Elle luy dit quii s'en aille, l'acuse de perfi
die, sans luy voulloir dire dequoy elle l'accuse, ny luy demander
de se justiffier. Il jure qu'il n'aime rien quelle, elle n'en veut
Ils se s?parent >.
Elle le laisse. Il demeure
rien [un trou],<
seul.
amoroso.
Pentimento
Atto 3. Scena 12.
se
seul
desespere de voir que sa me l'acuse de per
Nicogin
fidie et ne le voulloit pas ouyr en ses justifications.
Interm?de.
Louange
du mois
d'avril.
Atto
4. Sc.
1.
Ergaste, Melibeo. Ergaste dit ? Melibeo que ce quii n'est
point aim? de Dieromene, c'est quell'a peur de d?plaire ? Fi
Il>
lovenie. Il le prie de la mener dans un bois, et la tuer. <
Comme ils sont sur lemarch?, ilz la voyent venir.
Se.
2.
Filovenia, Melibeo, Ergasto. Ergasto dit ? Filovenia qu'une
sorci?re luy a dit qu'il faut quii ait quelques herbes quelle luy
a monstrees pour se faire aimer ? qui < Ion>
Ion veut,
mais quii faut quelles soient cueuillies de la main dune vierge
et quii la prie de les aller cueuillir.
Se.
Filovenia
3.
et Melibeo vont cueuillir les herbes. Melibeo
luy dit
09:44:07 AM
NOUVELLES
M ALHERBIENNES
?TUDES
167
la> a charge de sonme de la tuer. Elle dit quelle en est
quii <
bien aise, Melibeo vaincu de piti? ne la veut point tuer et luy
dit quelle s'en aille loin d'Arcadie et qu'il dira ? son me qu'il
l'a
tuee.
Se.
4.
ce quelle fera. Elle
si elle>
Dieromene seule discourt <
croit avoir veu Nicogin luy faire une infid?lit? ; d'ailleurs elle
dit quell'a ouy dire que Nicogin se veut tuer du d?plaisir quii
a de la fausse opinion quell'a quii puisse aimer autre quelle. L?
dessus elle voit venir Ergaste et Panurgia. Elle se cache pour les
escouter.
5.
Se.
Dieromene cachee entend Ergaste et Panurgie conter la perte
de [1 mot ili.] qui luy avoit donn? jalousie < ? >.
E1P est
et se repent
contente
de
creu.
l'avoir
6.
Se.
Dieromene seule, se deplaist d'avoir si l?g?rement creu que
son amy Nicogin luy eust fait une infidellit?, craint quii ne se
soit tu?, part pour l'aller chercher.
<C Acte 5, sc. 1> L'interm?de.
de Venus.
Louanges
Acte
sc.
5?,
1.
Fenicia dit ? Menfestio que sa Panurgie a est? acus?e comme
et quell' a est? condamn?e ?
impudique ? Diane, <C il dit>
combattre une ourse. Il dit que c'est luy qui l'a acus?e. Elle
l'en blasme, ils contestent l? dessus. Elle s'en va.
2.
Se.
Menfestio
battre
l'ours
seul,
se
pour
elle.
repent
de
l'avoir
acusee,
se r?sout
com
de
[116] Acte 5, se. 3 du Penf? amoroso.
Nicogin desesper? de se voir si injustement en la mauvaise
grace
de
sa maitresse,
se veut
tuer,
fait
ses adieux
? son
trou
peau, ? ses chiens et ? tout le reste.
Se.
Dieromene, Nicog. <
Hz font leur paix.
4.
Elle
l'emp >.
Se.
l'empesche de se tuer.
5.
Panurgia, Menfestio, Dieromene, Nicogino.
Ils s'entrecrient
09:44:07 AM
168
raymond
leb?gue
mercy. L? dessus ilz oyent un bruit d'Ergaste
qu'on menoit
prisonnier.
6.
Se.
Pan, Ergaste, Menfestio, Panurgia, Dieromene, Nicogino.
Hz trouvent que le bruit quilz oyoyent, c'est d'Ergaste qu'on
menoit au supplice pour avoir <
fait tuer Filovenia.
>
Sc.
7.
Melibeo, Filovenia, Dieromena, Pan, Nicog., Panurgia,
Menfestio, Ergasto. Pan veut faire punir Ergasto, Filovenia
intercede pour luy. Pan luy fait grace, <
Il promet
Erg >
espouser Filovenia. Elle s'esvanouyt de joye.
Fin del pentim t0amoroso.
Myrtilla.
Acte
1, sc.
1.
Uranio e Tirsi. Uranio se plaint d'Amour, Tyrsis se moque
de luy et de l'amour, et contestent long temps ensemble du
bien et du mal que fait l'amour. En fin il luy dit que sil veut
avoir de l'amour, que ce soit pour quelquun qui en ait pour luy.
Il ne veut ouyr parler d'amour autre que Ardelie. Il luy conte
ses beautez
il en <
et comme
fu>
Se.
<
devint
amoureux.
2.
Fillis seulle fait une belle plainte d'amour et de la cruaut?
de son > ?'Uranio.
Sc.
3.
Fillis, Igilio. Igilio loue Fillis, et proteste de l'aimer ?ternelle
ment. Elle luy dit quell' est bien faschee de ne <
le>
pou
voir
reconnoistre
son
amour,
mais
quelle
ne
peut
rien
aimer
qu'Uranio.
Acte
[138]
Fida
21.
Nymfa.
Conseil de suivre l'amour et quitter la chasse.
Et l? dessus louange et blasme d'Amour. F. N. 7, 8, 9, 10,
11,12,13,14.
Plainte d'un amant mal trait?, et consol? par son amy, 17,
18,19,
etc. F. N.
1 Le verso du f? 116 et le f? 117 sont rest?s en blanc.
09:44:07 AM
nouvelles
malherb
?tudes
ne
169
Louange de la vie et exercice des pasteurs. F. N. 30.
Louange d'amour, et exaltation de son pouvoir, F. N.
chorus, 35, 36, 37.
Conseil de quitter une maitresse de qui on n'est point aim?,
et l? dessus des contestations. F. N. 48, 49.
Beaut? est chose peu durable, 57, 58.
Resolution d'aimer, encor que Ion ne soit point aim?, 60,64.
Les femmes veulent estre forc?es, 74.
Contre la jalousie, 78.
La beaut? se passe, il faut employer le temps, 57, 81, 82, 83.
Pri?res d'aimer ? une personne qui ne s?ait que c'est, 86, 87,
88, 100, 101.
Rencontre de deux rivaux devant leurmaitresse, 95, 96.
Enchantement pour faire quelquun amoureux, 133, 134.
Il faut se r?soudre ? avoir du mal quand on est amoureux,
mais le port est plus doux apr?s la tempeste
132.
Les charmes ne peuvent rien en amour, 136,137,138.
Les femmes vieilles se repentent de n'avoir aim?, 140.
Un amant qui se veut tuer pour voir sa M. en la possession
d'un autre, 141,142.
Un
amy
dissuade
son amy
de
se venger
de
sa maitresse,
au
trement qu'en l'oublyant, 156, 157, 158.
Contre l'amour, et les femmes, 159,160.
De
Fillarmindo.
Acte
1,
se.
1.
Filarmindo seul, Il se plaint de sa misere et de ne pouvoir
voir Laurinde, pour laquelle il est venu en Arcadie aveque
tant
de
danger.
Se.
2.
Vespilla et Chlori. Vespilla luy dit que ce jour l? mesme
El fico avoit promis sa fille Laurinde ? Coridon pour son filz
Arminio. Chlori se fasche, Vespilla luy commande de bien
esp?rer et tire d'elle ceste confession qu'Arminio l'aimoit.
Vespilla luy promet de l'assister.
1
Dans des stances publi?es par Malherbe en 1609 on retrouve cette image,
mais sous une forme concentr?e et antith?tique :
O Beaut? qui de mes amours
Estes le port et le naufrage...
09:44:07 AM
170
RAYMOND
LEB?GUE
Sc.
3.
discourt si elle rompra la
Vespilla.
?
Filarmindo, ou si elle desobeyra ? son
foy quell'a promise
pere, elle en demande advis ? Vespilla qui ne le r?sout point.
Laurinde
Laurinde,
Sc.
4.
Elfice pere de Laurinde et Corindo pere d'Armenio Ph?ar
mindo devisent de faire la paix avec ceux de Messene, et en fin
se resolvent de faire les noces d'Armenio et de Laurinde.
Cheur
Souhaittent
de
pasteurs.
la paix, et plaignent
leur condition durant la
guerre.
Atto, 2, sc. 1.
se
Arminio seul,
plaint de son pere qui lemarie contre son
gr?.
Se.
2.
Clori et Armenio. Elle se plaint de son infid?lit?. Il s'excuse
et en fin luy promet qu'il mourra plutost que de l'espouser.
Elle s'appaize.
Se.
3.
Elfice, choro. Il leur demande leur advis touchant la paix.
Hz la d?sirent. En fin il leur fait s?avoir qu'il marie sa fille.
Se.
4.
Laurinda, Elfice, choro. Il luy dit qu'il lamarie. Elle respond
qu'elle
n'a
volont?
que
la sienne.
Se.
5.
Filarmindo seul, se plaint de l'infid?lit? de Laurinde.
Se.
6.
Arminio, Erbillo. Arminio se r?sout de n'?pouser point Lau
rinda. Erbillo luy remonstre quii doit obeyr ? son pere, mais
enfin
il n'avance
rien.
Se.
7.
Vespilla, Erbilo, Arminio. Arminio remercie Vespilla
bons offices.
Se.
de ses
8.
Coridon, Vespilla, Erbillo, Arminio. Coridon emmen? son
filz pour lemarier. Il fait bonne mine et faint d'y aller de bon
cueur.
09:44:07 AM
NOUVELLES
171
MALHERBIENNES
?TUDES
Se 9.
Filarmindo seul, se plaint derechef de l'infid?lit? de Lau
rinda, dit quii l'aimera tous jours.
Se.
10.
Alcasto et Arenio messenois parlent de la paix, <
Aleaste regrette Philarmindo son fils.
Se.
puis de >
11.
Cheur de pasteurs, cheur de nymfes, et Armenio. Hz
1
qui feint de l'avoir
congratulent de mariage ? Armenio
agr?able.
Cheur.
Loue
amour.
l'honneste
[139] Atto 3 de F?armindo, se. 1.
Arminio et Vespilla. Arminio discourt de son amour.
Se.
2.
Clori prie Laurinde de luy dire ce qui la
rend triste. Laurinde luy dit que c'est la memoire de Filar
mindo qui luy a est? rafreschie par les ambassadeurs de
Chloris luy dit quelle doit encores bien
Messene. <
La >
Clori et Laurinda.
esp?rer.
Se.
3.
Erbillo seul dit que l'affaire d'Arminio va bien, mais quii
craint la precipitation de Coridon.
Se.
4.
Elfice, Coridon, Erbillo, Alcasto, Arenio, cheur de pasteurs.
Hz remercient dieu de la paix. Elfice voit venir Laurinde toute
troubl?e.
Se.
5.
Elfice, Laurinde, Coridon, Aleaste, Arenio, Erbillo, cheur de
pasteurs.
contre
Laurinde
elle pour
leur
raconte
qu'un
Messenois
estoit
couru
la tuer.
Atto 4, sc. I.
Choridone, servo. Corindo demande ? son serviteur quii
avoit envoy? vers l'oracle, ce qu'il avoit appris. Il luy rapporte
ceste response : cuando fia per morir, trovera ilfiglio.
1 Sur la construction
congratuler ? quelqu'un de quelque chose, voir le diction
naire Huguet.
09:44:07 AM
172
RAYMOND
LEB?GUE
Sc.
2.
Laurinda et choro.Elle conte un mauvais songe qu'eu" a fait.
Le Cheur la fait r?soudre ? n'y penser point.
Se.
3.
Custode, Laurinde, Filarmindo, choro.<
est men?
au
supplice.
Lau >
Filarmindo
le reconnoist.
Laurinde
Se.
4.
Laurinde seule, s'affligede Test?t de Filarmindo.
Se.
5a.
Alcasto, Elfice, Arenio, Coridone. Hz parlent ensemble de la
faute
le criminel
que
ticuli?rement
tous
commise,
la condamnent,
et par
Alcasto.
Se.
6.
Custode, Filarmindo, Alcasto, Arenio, Elfice, Coridone. Hz
regardent conduire au supplice Filarmindo. Aleaste le recon
noist, prie Elfice de retarder l'ex?cution. Il ne veut pas.
Se.
7.
Filarmindo baille, estant prest ? mourir, une bague ? Coridon
pour rendre ? Laurinde. Corindon la reconnoist et par elle re
connoist
son fils.
Il le fait d?livrer.
Se.
8.
Elfice, Coridon, Arenio. Elfice plaint l'amour que porte Filar
mindo ? Laurinda, pource quell'est fiancee ? son filz. Coridon
dit quii est si joyeux d'avoir trouv? son filz que pour l'heure
il ne veut penser ? autre chose et que le temps remedie ? tout.
Se.
9.
Cloris apporte nouvelle que Laurinde estoit morte < de >
d'enuy d'avoir veu mener Filarmindo au supplice, son pere
Elfice fait discours.
Cheur.
Plainte de la vanit? des choses mondaines.
Atto
5o,
5a 2a.
Scena
2.
Filarmindo voit tout lemonde en deuil, il demande que c'est.
Cheur de nymfes, de pasteurs, de prestres. Filarmindo,
Elfice, Alcasto, Arenio, Coridon pleurent la mort de Lorinde,
Filarmindo l'oyant nommer se desespere, fait des lamentations
sur sa mort.
09:44:07 AM
NOUVELLES
173
MALHERBIENNES
?TUDES
3*.
Scena
Vespilla, choro.Elle veut mourir, sachant lamort de Lorinda.
Se.
4*.
Erbillo, choro.Erbillo raconte que Laurinde est vivante et la
fa?on
elPest
comm'
revenue
de
ce pr >
<
son
evanouysse
ment.
Se.
5*.
Elfice, Alcasto, Arenio, Coridone d?lib?rent ce quii faut faire
en ceste amour de Filarminde et de Laurinde, veu quell' est
fiancee au fr?re de Filarmindo. Aleaste conseille quii le face
envoyer
voyager.
est du mesme
Arenio
advis.
S. 6\
Vespilla, Arminio, Cloris, Erbillo, Coridone, Alcasto,
Vespillo, Elfice. Armenio et Cloris demandent pardon ? leurs
peres de s'estre mariez, le mariage est alors r?solu de Filar
mindo et de Laurinde. Erbill' est envoy? ? Filarmindo luy
porter cette nouvelle quii estmari?.
Se.
7.
Elfice, Coridon, Alcasto, Arenio. Ils admirent la providence
de dieu aux moyens quell'a de parvenir ? ce que bon luy semble.
Se. 8\
Choro, Filarmindo, Laurinda, Erbillo. Filarmindo se res
jouyt, convie Laurinde
de
luy avoir
apport?
? faire le semblable, remercie Erbillo
ceste
bonne
nouvelle.
Choro.
Il n'est rien de si beau que l'eau claire, le chameau cependant
la veut
trouble.
Il n'est rien si beau que le soleil. Le chahuan ne le peut voir.
Chacun
a son goust,
p. 32 b. Pentim
davantage,
ib.
t0 amoroso.
fruitz cueuilliz trop tost sont aigres, trop tard sont
pourriz, 35, ib.
Je desire cent yeux quand je te voy, quand je ne te voy je
voudrois estre aveugle, 37 ib. Je voudrois cent cueurs pour
Les
t'aimer
Si vous scaviez la peine que j'ay ? vous reffuser,vous ne me
prieriez jamais, 37 ib.
Vous m'avez desrob? le cueur et si n'en ay pas fait le bruit
que vous faites pour un baiser, 41.
09:44:07 AM
174
II.
raymond
Les
relations
leb?gue
de Du
Vair
et
de Malherbe
entre le po?te et le moraliste
ont dur?
ans.
On peut distinguer trois p?
pendant plus de vingt
riodes : 1600-1605, 1606-1616, 1616-1621. Dans la pre
Les
mi?re,
relations
l'un et l'autre habitent
Aix. Malherbe
a d?
en
tendre parler de Du Vair ? la fin de son pr?c?dent s?jour
en Provence
; car celui-ci ?tait arriv? en
(1595-1598)
vers
?
Marseille
la fin de l'ann?e 1596, et ils ont
mission
ils ne se sont fr?quent?s
pu se rencontrer. Mais
la nomination de Du Vair ? la t?te du Parlement
qu'apr?s
m?me
de Provence
possession
Malherbe
; il arriva ? Aix
de ses nouvelles
le 2 juillet 1599 pour prendre
fonctions, et six mois plus tard
quittait Caen pour
Le nouveau Premier Pr?sident
retourner
en Provence.
s'entoura des parlemen
taires qui avaient le go?t des lettres et des sciences \ et
des autres beaux esprits de la capitale de la Provence
;
?tait re?u en son h?tel d'Aix et ? sa maison de
Malherbe
; dans les entretiens de Du Vair et de ses amis
campagne
il trouvait un plaisir ?gal ? celui qu'il avait go?t?, vingt
ans plus t?t, dans la soci?t? du Grand Prieur. C'est alors
? Lucilius 2 ; il
les Lettres de S?n?que
qu'il traduisit
fut certainement encourag? dans cette t?che par lemora
liste qui
avait
traduit
le Manuel
d'Epict?te
et publi?
1
en 1610-1611,
? Paeius
nous
adressa
lettres que Peiresc
Les
la lunette astronomique
de Du Vair.
En
apprennent
qu'il utilisait
? acheter
la biblioth?que
de l'?rudit De
?tait dispos?
1629 celui-ci
toutes ses m?dailles.
Il l?gua ? Peiresc
de Tournai.
chanoine
Villers,
2 Les
de Mlle Travert,
d'?tudes
recherches
dipl?m?e
sup?rieures,
: ? La traduction
en les pr?cisant,
les dires de Pitton
des
confirment,
?
? Aix...
(Histoire de la ville d'Aix,
compos?e
?p?tres de S?n?que
a utilis?
a ?t?
des Ep?tres
l'?dition
; en effet, Malherbe
qui
1666)
uvres
des
? Paris en 1602 ; il n'a fait usage ni de l'?dition
publi?e
en 1607, ni de la traduction
? Paris
de S?n?que
qui a ?t? imprim?e
a vu le
en 1604.
Ghalvet,
qui
jour
09:44:07 AM
NOUVELLES
175
MALHERBIENNES
?TUDES
morale des Sto?ques ; peut-?tre Du Vair
la Philosophie
la lui demanda-t-il. Quand Malherbe vivra loin du philo
sophe fran?ais qui s'?tait le plus int?ress? au Sto?cisme,
il laissera
inachev?e
cette traduction
; et elle ne verra
le
sa mort.
jour qu'apr?s
D'autre
part, F. Brunot
a not? entre l'?loquence
officielles de Malherbe
cielle de Du Vair et les po?sies
ressemblances
dont certaines
r?v?lent une
offi
des
imitation de
l'un par l'autre ; il en a conclu ? l'influence du premier
sur le second *. Cette th?se est discutable.
Sans doute
Malherbe
a d? lire attentivement
les ?crits d'un homme
qui avait acquis une grande et l?gitime r?putation d'ora
teur et de moraliste
il estimait
; d'apr?s le Segraisiana,
son
il
est
excessif d'attribuer
talent d'?crivain 2.Mais
fort
avec Du Vair
la plus grande partie de sa
doctrine litt?raire. Ils avaient ? peu pr?s le m?me ?ge ;
Du Vair professait une grande admiration pour le talent
; enfin, d?s son pr?c?dent s?jour
po?tique de Malherbe
en corrigeant la
en Normandie,
celui-ci avait appliqu?,
? ses rapports
3, la doctrine qui lui inspi
Sophonisbe de Montchrestien
rera plus tard, ? Paris, son commentaire des po?sies de
Desportes.
avec prudence que l'admiration ?tait r?ci
que Du Vair n'a pas ?t? ?tranger au projet de
proque
et que pour ses odes
traduction des Ep?tres ? Lucilius,
Concluons
Malherbe,
peu
imaginatif et lent dans
l'ex?cution,
a d?
1
les plus
La doctrine de Malherbe,
pp. 59-72
(les rapprochements
se trouvent pp. 65 et 67).
probants
2 ?Malherbe
en son tems qu'il n'y avoit pas un meilleur
trouvoit
?
en notre langue que M. du Vair
?crivain
1721, p.
(Segraisiana,
son
la
des
lettres de Balzac,
;
mais,
premi?res
apr?s
publication
191)
: ?... il r?pondoit
diminua
admiration
que Du Vair n'avoit
pas mal
?
content
de son stile...
n'?toit
?crit, mais
pas encore
(ib.,
qu'il
p. 8110).
correcteur de trag?die (Revue d'his
Cf. mon
article sur Malherbe
aux pages 162-163
et 495-496.
toire litt?raire, 1934), principalement
09:44:07 AM
176
RAYMOND
aux
emprunter
harangues
LEB?GUE
de Du
Vair
quelques
lieux
communs.
l'?t? de 1605, Malherbe
accompagne Du Vair
? Paris. Mais le Premier Pr?sident re
Pendant
son voyage
dans
et ils ne se reverront plus
retournera ? Aix pour un
Malherbe
qu'en 1616, lorsque
court s?jour. Pendant
dix ans ils ont correspondu
l'un
une
avec
l'autre
; mais,
par
regrettable malchance,
la Provence,
bient?t
gagne
les lettres qu'ils ont ?chang?es sont perdues. On
n'en a qu'une connaissance
sommaire et indirecte, par la
m?me
entrete
la
correspondance
?poque Malherbe
qu'?
toutes
nait avec
Une
leur ami commun,
le jeune conseiller Peiresc.
? Peiresc rapporte un reproche
adress?, sur un ton badin, ? tous les
lettre de Malherbe
que Du Vair
deux :
avait
Comme si j'estoys quelque
croit
que
une
par
communiqu?e
archetype de poltronnerie1, il
transpiration
imperceptible
je
la vous
aye
(mai 1609).
lui ?crivit souvent 2. Il lui
1606 ? 1613, Malherbe
ses
derni?res po?sies sous forme de copies ma
envoyait
De
ou de feuilles volantes.
Il lui adressait surtout
3
il ne s'agit que
des lettres de nouvelles
; quelquefois,
4
d'un ballet de Cour
; mais, en g?n?ral, ces nouvelles
nuscrites
?taient en rapport avec la gravit? et la haute situation du
et concernaient
les affaires politiques
5.
destinataire
1
Paresse.
2
Pas assez
souvent
au gr? de Du
?Malherbe, le 13 juin 1607 :
Vair.
Peiresc
?crit ? son
sujet
Je Tay ouy plaindre plusieurs fois de ce que vous ne recepv?s pas la moiti?
des lettres qu'il vous escript par la poste, et qu'il en est bien regretteux ; car
j'ay veu quelquesfois des lettres qu'il vous escript, desquelles il ne veoit jamais
la responce.
3
uvres de Malherbe,
?d. Lalanne,
Cf. les
III, pp. 54, 246, 265.
*
III, p. 24.
Ibidem,
Ibidem, III, pp. 27, 33, 128, 145, 205.
09:44:07 AM
NOUVELLES
177
MALHERBIENNES
?TUDES
1613, soit par ? poltronnerie ?, soit ? cause d'occu
se font plus
les lettres de nouvelles
pations diverses,
tire argument de ce que Peiresc com
rares, et Malherbe
Apr?s
ses lettres ? Du Vair, pour ?crire moins souvent
munique
? celui-ci. Mais, chaque fois qu'il ?crivait ? Peiresc,
il
ne manquait
au
transmettre
de
le
de
Premier
pas
prier
Pr?sident
ses civilit?s. Mieux
: certaines
encore
ses
de
lettres contiennent, ? l'?gard de Du Vair, les t?moignages
1
d'une solide affection
; de fait, il para?t s'?tre tenu ?
l'?cart des intrigues men?es contre le Premier Pr?sident
de sa femme, Chasteauneuf,
que sou
2.
tenaient plusieurs de ses beaux-parents
nous
ne
?
Du
Vair
les jugements
connaissons
Quant
uvres de Malherbe,
que par les
qu'il portait sur les
par
le beau-fr?re
lettres que
bon Peiresc
celui-ci
de
recevait
leur ami
commun.
Le
?tait naturellement
;
port? ? l'hyperbole
il
n'a
mais
d'admiration
pas invent? les marques
qu'il
et
il
Malherbe
pas quand
?crivit,
rapporte,
n'exag?rait
:
apr?s la mort de Du Vair, ? son neveu G. Aleaume
Vous
s?avez,
combien
Monsieur,
ce
grand
moit etm'estimoit au del? de mon m?rite 3.
?grenons ce chapelet d'?loges qui, venant
aussi illustre, d?velopp?rent
certainement
du po?te en son g?nie.
... M.
le premier
pr?sidant
Du
Vair...
ne
m'ai
personnage
regrette
d'un homme
la confiance
rien tant
en
ce sien sesjour de Provence que d'estre priv? de la doulceur
de vostre compagnie (17 octobre 1606).
II... attend voz vers avec une indicible impatiance (10 jan
vier 1607).
1
Ibidem, III, pp. 100, 112, 117, 246, 251, 354, et Brunot, Doc
trine, p. 61.
2
3 Gf.i6?dem,III,p.312.
Le texte autographe
Mus?e
Dobr?e.
de
cette
lettre
est
conserv?
? Nantes
12
09:44:07 AM
au
178
RAYMOND
LEB?GUE
M. le premier pr?sidant a est? deux ou trois jours qu'? toute
heure il les 1 relisoit et ne se pouvoit soulier de les lire et de les
admirer, quoy qu'il vous escrive ; car j'entendz qu'il y a une
partie dress?e avec M. de La Garde pour vous donner la
baye 2, s'ilz peuvent (24 f?vrier 1607).
... Ce beau sonnet de
MMgrs le Dauphin et duc d'Orleans 3...
M. le premier pr?sidant l'a leu et releu tant de fois que vous ne
le s?auri?s croyre, et l'admire incessamment (27 juillet 1607).
Nous avons veu la lettre que vous av?s escripte ? Mme de
Montlor 4, laquelle est sans man tir la plus belle que j'aye jamais
en ce
veu
genre-l?...
M.
le premier
pr?sidant
y a prins
ung
sin
gulier plaisir, comme aussy M. du Perier et tous voz serviteurs
(23mai 1608).
Au demeurant le petit M. Anthoine 5 est tousjours plus en
plus gallant. M. le premier president le void fort souvent chez
luy et si volontiers que derni?rement, luy faisant reciter
par c ur vostre beau sonnet de M. d'Anjou 6, il prenoit la
peyne de luy monstrer la vraye prononciation fran?oise, si
labbe par silabe ; ce que vostre petit retenoit si bien que dans
deux
il le pronon?a
coups
aussi
na?fvement
dont il demeura du tout ravy, et moy
que
M.
encor plus
mesmes,
(8 juillet
1608).
... les beaux
feme...
M.
vers
que
le premier
vous
president
avez
les
faict
sur
trouvez
le despart
d'une
extr?mement
beaux, et surtout le couplet ant?p?nulti?me qu'il releust plus
de six fois 7 (15 juillet 1608).
1
Les
belles
odes
sur
l'attentat
du
19 d?cembre
1605
et
sur le
de Sedan.
voyage
2
ici un Du Vair fac?tieux.
Nous d?couvrons
Mystification.
8 Le sonnet
il est
l'?dition Lavaud,
; dans
Destins,
je le connois
dat? ? tort de 1608.
4
une lettre de consolation
Elle
C'?tait
pour la mort de son mari.
une r?ponse,
? Malherbe
adressa
que Du Vair avait r?dig?e.
5 Sur le fils de
alors ?g? de sept ans,
cf. mon
article
Malherbe,
15 et 30
et son fils (Revue des cours et conf?rences,
intitul? Malherbe
1933).
janvier
6
C'est le sonnet Mon
roy, s il est ain&i, compos?
pour la naissance
duc d'Anjou,
de Gaston,
plus tard duc d'Orl?ans.
7
Ce sont les stances Le dernier de mes jours. Soit dans la version
recueil
soit dans
du Nouveau
l'?dition
de Chantilly,
du manuscrit
? relue
ne m?ritait
pas d'?tre
plus de six fois ?!
(1609), la 6e strophe
09:44:07 AM
NOUVELLES
... Nous
avons
veu
179
MALHERBIENNES
?TUDES
un nouveau
de poesies
recueil
fran?oises,
o? nous avons bien admir? deux ou trois pieces nouvelles de
vostre fa?on, et surtout celle de M. le Grand 1, laquelle M. le
president a leu durant cinq ou six soyr?es incessamment... Il
la s?ait presque par c ur (20 janvier 1609).
Nous
avons
veu
ces beaux
vers
du
ballet
M.
de Madame...
le
premier pr?sidant y a prins aultant de plaisir qu'? chose quel
conque qu'il eust encores veu de vous (12mai 1609).
Vos vers d'Arcandre (sic)... M. le premier president ne se
2
pouvoit soulier de les relire (9 d?cembre 1609).
... les
segonds Regrets de l'Amant 3,M. le premier president
dit qu'il admire tous jours plus la perfection de vos ouvrages
(15 f?vrier 1610).
Voz vers 4 ont tenu tout lemonde ravy en admiration durant
je ne s?ay combien de jours, et M. le premier president sur tous
les autres, lequel, ? chasque couplet qu'il lisoyt et relisoyt trois
ou
quatre
tesmoigner
fois
par
sans
toute
se
pouvoir
sorte de
soulier,
favorables
ne
se
pouvoyt
parolles
tenir
de
le contente
ment qu'il y prenoit et l'estime qu'il faisoyt de la raret? de vos
conceptions et de la douceur de vostre langaige (24 janvier
1611).
1L'ode
? Bellegarde,
; dans son premier
grand ?cuyer de France
340 vers.
?tat elle comptait
2 Ce sont les stances
mentionn?es
dans sa lettre du
par Malherbe
19 octobre,
celles
commencent
probablement
qui
par Quelque
ennui donc.
8
Ce sont les stances Que d* espines, Amour.
se
C'est ? elles que
cette phrase d'une
lettre que Valavez
avait
rapporte probablement
?crite le 3 d?cembre
? son fr?re Peiresc
et que l'on rapprochera
de la
: ?M. de Malherbe
fin de la lettre de Malherbe
du 19 octobre
tra
vaill?
fort ? des vers que le Roy
pour avoir une
luy a demandez,
comme
?. Elles
il a promis ? la Reine
font l'objet des pas
pantion,
des lettres que le m?me
adressa
? Peiresc
le 30 d?
sages suivants
a faict des vers pour le
cembre 1609 : ?M. de Malherbe
sur ce
Roy
au
les luy presantera
despart
qui sont admirables,
je crois qu'il
et que par la premiere
ou
commodit?
il vous les envoyera
jourdhuy
; cependant
moy
j'en ay mis deux couplets
icy pour arres, que j'ay
les a dictz ?, et le 9 janvier 1610, en lui envoyant
retenus, lorsqu'il me
: ? De vous dire comme
les vers au complet
ils sont rares, ce seroit
folie. Qu'il vous suffise de s?avoir que le Roy luy avoit defandu de les
?
donner ? personne
(Bibl. nat., ms. fonds fran?ais n? 9539).
4 C'est
la belle ode Nymphe
ne sommeilles,
qui jamais
que Ch?
ni?f admirait
et dont la derni?re
particuli?rement
strophe est juste
ment c?l?bre.
09:44:07 AM
180
RAYMOND
avons
Nous
veu
et admir?
LEB?GUE
votre
M.
C'est
pseaulme...
le pre
mier president qui Ta receu de la part de M. Maurin (?) que je
crois. Il Ta trouv? excellent et bien choisi pour le temps 1
(1ermai 1614).
Vostre
? Mme
epistre
la princesse
de
est
Conty...
certaine
ment la plus belle piece qui se soit faicte en pareil sujet. Je la
vis lire par deux fois ? M. le premier president, qui en fist l'es
time qu'il s'appartient 2 (10 novembre 1614).
... voz
vers
admirables
du
ballet
3, que
M.
a treuvez
du Ver
? son gr? ; ? propos desquels et de l'excel
lence qu'il y trouvoit, ilme dit qu'il avoit tenu vostre epistre
de Mme de Conty ? sa maison de Beauvoisin, et qu'autant de
fois qu'il y alloit, autant de fois il la relisoit, et qu'il y voulloit
porter voz vers. Il trouvoit quelque petit regret au second cou
merveilleusement
Mais,
plet.
M.
du
Peyrier
nous
ayant
une
monstr?
correction
il en demeura grandement
d'iceluy escritte de vostre main,
satisfait (21 avril 1615).
Il ressort de ces
lettres que Du Vair a t?moign? son
lettres de consolation et pour une
admiration
: po?sies oratoires et emphatiques,
douzaine de po?mes
pour deux
paraphrase
de
psaume,
stances
il fut sans doute
Apr?s Peiresc,
uvres de Malherbe.
admirateur des
ballet.
Malherbe
revint d'Aix
en avril
vers
amoureuses,
1616
le plus
de
fervent
avec Peiresc
et
qui venait d'?tre nomm? garde des sceaux.
sauf pendant quelques mois, ils habiteront
D?sormais,
tous les trois la m?me ville jusqu'?
la mort de Du Vair.
Du
Vair,
Par
suite,
la correspondance
entre Malherbe
et Peiresc
du psaume
C'est
la paraphrase
dont Malherbe
faisait
CXXVIII,
au jeune Roi,
par les Princes.
l'application
attaqu?
2
re
cette copieuse
Dans
lettre de consolation
Du Vair
pouvait
en pa
conna?tre
les lieux communs
que les Sto?ciens
employaient
reille circonstance.
3
le dernier auquel
C'est le ballet de Madame,
d'Espagne,
princesse
ait collabor?.
Malherbe
09:44:07 AM
NOUVELLES
181
MALHERBIENNES
?TUDES
cesse presque compl?tement,
et nous n'avons gu?re de
pr?cisions sur les rapports entre le po?te et le ministre.
nous pouvons
C'est une lacune regrettable. N?anmoins
faits certains 1.
quelques
fois au gouvernement, Du Vair, qui ?tait un bon
patriote et un honn?te homme, s'affligea de voir le d?
sordre et le pillage qui r?gnaient dans l'administration
rassembler
Une
: c'?tait
partout
royale, et l'anarchie qui se d?veloppait
ce
bien pire que
qu'il avait pr?vu. La correspondance
de Peiresc
contient d'?mouvants
?chos des tristes r?
le Garde
flexions que
des Sceaux
faisait devant
ses amis
intimes 2.Nul doute qu'il ne trouv?t un ? divertissement ?
? ses ennuis dans la conversation des amis proven?aux qui
?taient de passage ? la Cour, et encore plus dans
de Peiresc et de Malherbe.
la soci?t?
1616, quand Du Vair, disgr?ci?, dut
au Roi, il dit, en revenant du Louvre,
? ses serviteurs, ? Malherbe
et ? Peiresc que ? c'?tait la
plus heureuse journ?e de sa vie ?, et il retint ? souper
Le
25*novembre
rendre les sceaux
ses deux fid?les amis 3.Et
savait
combien
Provence
touchante
son neveu Guillaume
ils lui ?taient
? Peiresc,
Aleaume
?crivait de
chers, puisqu'il
le 27 d?cembre 1616, cette phrase
1Voici
: Racan
faits d'importance
et Talle
secondaire
plusieurs
une boutade
mant
en d?
rapportent
par Malherbe
prononc?e
des Sceaux.
cembre 1618 chez le Garde
vit chez Du Vair l'exem
lui avait
donn?
du Trait?
de l'oeconomie
plaire que Montchrestien
son opinion
il ne nous a pas rapport?
sur ce remar
;mais
politique
En mai
la duchesse
ne sa
de Longueville,
1620,
ouvrage.
quable
de Malherbe,
vint trouver Du Vair et le
chant pas l'adresse
chargea
un avis
de lui transmettre
important.
2
au conseiller Thoron
Cf. la lettre de Peiresc
de Thoars,
du 21 oc
: ? une abisme
tobre 1616
de rompemens
de teste...
d'amertume,
?,
? M. de S?guiran
les lettres du m?me
de Roue,
et le livre de Cougny
sur Du Vair, p. 67.
3
tir?es de la bouche de Du Vair
et autres, publi?es
Anecdotes
en
1858 ? la suite des M?moires
de Marguerite
de Valois,
p. 318.
09:44:07 AM
182
RAYMOND
Je vous
conjure
de
continuer
vent avec M. de Malerbe
Sceaux pour le rejouir
Du
Quand
Vair
LEB?GUE
de m'aimer,
mondit
r?sidait
et de visiter
seigneur le Guarde
sou
des
en Provence,
il t?moignait
; nous avons vu tout ?
de l'affection au fils de Malherbe
l'heure
la le?on de
avait bien voulu
r?citation
donner
que
le Premier
au bambin
Pr?sident
; il le recevait
? sa
table, et se plaisait ? le faire parler. En novembre 1615,
il avait daign? assister ? la soutenance de th?se du
jeune
Marc Antoine, et il fut charm? par son talent d'argumen
tation. Trois
Paris,
pour
Malherbe,
ans plus tard, Malherbe
fit venir
un
faire de lui
gentilhomme d'?p?e
elle, pr?f?rait
soit au service
lements,
le voir entrer soit dans
de Du
Vair.
Peiresc
son fils ?
;Mme de
les Par
fit com
prendre ? la m?re que celui-ci ne pouvait plus prendre per
sonne ;Du Vair et lui persuad?rent
? Malherbe de laisser
son fils faire des ?tudes de droit.
Malherbe
n'?tait pas homme ? n?gliger le profit qu'il
l'amiti? d'un personnage
aussi haut
pouvait
plac?. Dans une de ses lettres, il fait part ? un inconnu
2
de son entremise aupr?s du Garde des Sceaux
; dans
tirer de
une autre, qui est dat?e du 10 novembre
son cousin Du Bouillon-Malherbe
qu'il
Vair
1620, il pr?vient
entretiendra Du
de
l'affaire qui l'int?resse 3. Du Vair
?tait trop
ou
l?ser
la
les
int?r?ts
de l'?tat
scrupuleux pour
justice
en faisant plaisir ? un ami ;mais il rendit ? Malherbe
au
moins un service. Le po?te avait demand? au Roi, en 1615,
de lui accorder deux terrains sur le port de Toulon 4.
1
ms. n? 1878, f? 266.
de Carpentras,
Biblioth?que
2
de cette lettre a appar
?dition
IV, p. 128. La minute
Lalanne,
tenu ? La Caille, puis ? Louis Barthou.
*
Ibidem,
IV, p. 56. La lettre, que Libri avait vol?e, a ?t? r?int?
n? 133 du fonds Baluze.
gr?e dans lemanuscrit
*
ne tira finalement
Sur cette affaire dont Malherbe
aucun profit,
09:44:07 AM
NOUVELLES
?TUDES
183
MALHERBIENNES
Malgr?
l'opposition des consuls de cette ville, les tr?so
riers g?n?raux de Provence ?mirent, le 21 novembre 1616,
un avis favorable. Apr?s force d?marches de Malherbe
fit bon accueil, le 20
et de ses amis, le Conseil d'?tat
sa
?
30
le
1617
juin, les lettres patentes
requ?te ; et,
juin
ses remercie
lui accordaient
les terrains. En adressant
ments
au d?vou?
n'oublia pas
Peiresc, Malherbe
qui revenait, dans ce succ?s, au Garde des Sceaux
la part
:
... la
plus grande [joie] a est? la confirmation que j'y voy
de la bienveuillance de Mgr le Garde des seaux. S'il m'en vient
quelque chose, je ne le tiendray d'autre que de luy, comme
certainement son appuy est la seule consideration qui me tient
? la Court. Dieu me fera, s'il luy playt, la grace que, devant
que je prenne le dernier cong? des Muses, je feray quelque ou
vrage qui me deschargera, non de ce que je luy doy, car il y
auroit de la presumption de l'esp?rer, mais du blasme d'ingra
titude que je meriteroys infailliblement si je ne disoys rien
d'une vertu si grande et que j'ay eu l'honneur de connoistre
de si pr?s.
Certes
et
la reconnaissance
obligeaient
un
Malherbe ? composer
po?me en l'honneur de Du Vair ;
mais, de 1615 ? 1623, sa veine po?tique fut presque tarie :
il ne sut m?me pas ?crire une pi?ce de vers pour le favori
l'amiti?
du jour, le conn?table de Luynes
!Tout ce qu'il fit pour
:
en
Du Vair tient
trois phrases
dans la d?dicace de sa
traduction
il glissa un bref ?loge du Chance
des Sceaux
; quand il apprit la mort de
de Tite-Live
lier et du Garde
celui que Peiresc pleurait comme son p?re, il adressa
? Guillaume Aleaume une courte lettre de condol?ances,
1
; et,
qui lui co?ta peu de peine et qu'il n'a pas publi?e
cf. mon
article
1930, p. 524).
1
II avait
son disciple
intitul? Malherbe
sp?culateur
? Toulon
(Revue
sur la mort de Du Vair, une lettre
envoy? ? Racan,
elle n'a pas ?t? conserv?e
avait trouv?e belle
;mais
09:44:07 AM
bleue,
que
(cf,
184
raymond
leb?gue
en 1625, il collabora
avec J. Bignon
et Valavez
pour
un
uvres de
donner
? la r??dition des
titre pompeux
M essire Guillaume
du Vair,
de France
et Garde des Sceaux
evesque et comte de Lizieux
1.
;mais,
avis, il y a pire : cinq ans
immolait ? la gloire
apr?s la mort de Du Vair, Malherbe
2 il ne
de Richelieu
les ministres qui l'avaient pr?c?d?
;
nommait pas Du Vair, mais il ne l'exceptait pas de cette
? mon
C'est mince
et on pouvait
g?n?rale,
la phrase suivante :
condamnation
appliquer
facilement
lui
Il n'y a pas longtemps que nous avons eu des ministres qui
du nom
avoient
Certes
politiques du temps ont critiqu? la
Vair avait exerc? ses fonctions ;mais
les hommes
dont Du
mani?re
le monde...
dans
aurait pu, en faveur d'un ami de vingt ans, re
noncer ? son habitude de sacrifier au puissant du jour le
ministre ou le favori de la veille.
Malherbe
III.
Les
au
tournois
temps
de
po?tiques
a Aix
malherbe
et les
Prieur Henri d'Angoul?me
?taient
lettr?s proven?aux
re?us par lui, s'exer?aient
qui
1585 il
? faire des vers. C'est ainsi qu'en
volontiers
son
au
adressa ? Etienne Pasquier,
sujet de
portrait sans
On sait que
le Grand
trois quatrains
compos?s par lui-m?me, par son
ans plus tard, avant
grand-vicaire et par Malherbe. Vingt
mains,
et le
amis de Peiresc,
Grotius
l'?dition Laianne,
IV, p. 24). Deux
vers
firent, sur lem?me
sujet, des pi?ces de
belge Bertius,
g?ographe
de celle de Grotius
fit une critique minutieuse
latins
; Malherbe
leur exemple.
il s'abstint
d'imiter
;
III, p. 545) mais
(ib.,
1
tome VI, p. 176.
Cf. les Lettres de Peiresc,
2Lettre
en 1627
de Malherbe
? M. de Mentin,
(?d. La
publi?e
lanne,
IV, p. 105).
09:44:07 AM
NOUVELLES
185
MALHERBIENNES
?TUDES
le d?part de Malherbe pour la Cour, il y eut ? Aix un
autre tournoi po?tique
; on avait eu communication d'un
petit po?me en vers latins, que le jeune Grotius avait
?crit sur le si?ge d'Ostende par les Espagnols.
Du Vair,
et d'autres Aixois le traduisirent en vers fran
Malherbe
; le po?me de Du Vair n'a pas ?t? conserv?, celui de
a ?t? publi? en 1607. Comme on attribuait la
Malherbe
?ais
latine ? Joseph Scaliger,
ann?es, entretenait des
pi?cette
quelques
avec l'illustre professeur
suivante :
D'Aix,
... Nous
avons
veu
Peiresc,
qui,
depuis
relations
?pistolaires
lui ?crivit la lettre
de Leyde,
le 12 f?vrier 1605.
en ceste
ville
huict
ou dix
vers
h?ro?ques
sur le suject d'Ostende, quelques jours avant qu'on s'y rendit1,
lesquels ont est?z treuv?z si beaux (mesmement que le bruit
estoit que vous en esti?s l'autheur) que plusieurs beaux esprits
sont
qui
en
ce
pa?s
se voulurent
exercer
de
les
tourner
en
fran?oys, chascun selon sa capacit?, et entr'aultres (car je les
taisray hormis cez deux) M. le premier pr?sidant du Vair et
M. de Malerbe (personnes ass?z cogneues en France par leurs
belles
uvres).
Je vous
envoy?
leurs
vers,
vous
suppliant
de
me vouloir confesser franchement si les latins sont de vostre
besoigne
2...
On retiendra ce t?moignage surla c?l?brit? de Malherbe
son arriv?e ? la Cour, ?
c?l?brit? que Peiresc
fois ? d?velopper.
s'employa maintes
avant
1Ostende
2
Minute
se rendit
autographe,
le 20 septembre
1604.
conserv?e
? la Biblioth?que
de Carpentras
(ms. 1809, f?361). Cette lettre faitd?faut dans lesEp?tres fran?oises
? M.
nom
La
de La Scala.
de Scaliger,
le
r?ponse
qui r?v?la ? Peiresc
a ?t? r?sum?e par Gassendi
de l'auteur du po?me,
dans la Vita
? l'ann?e
1604. Sur les relations
de Peiresc
avec
Peireskii,
Scaliger
sur les Correspondants
et Grotius,
cf. mon ouvrage
de Peiresc
dans les
Office de publicit?,
anciens Pays-Bas,
1943.
Bruxelles,
09:44:07 AM
186
raymond
IV.
Le
cr?dit
leb?gue
de
Malherbe
la
cour
v?cut ? la Cour, ceux de ses pa
Tant que Malherbe
avec qui il ?tait en bons
rents et de ses beaux-parents
termes, compt?rent sur son appui. Le 5 janvier 1623, son
cousin normand Fran?ois du Bouillon-Malherbe
?crivait
? Peiresc
cette phrase d'un cynisme
ing?nu
... il nous
importe grandement que la reputation et le credit
qu'il
en Cour
acquis
Comme
Bouillon
autres
ne meure
le po?te
?tait
pas.
Du
presque
septuag?naire,
son int?r?t et dans celui des
souhaitait, dans
parents de Normandie,
fils
que Marc Antoine,
un
trouv?t
unique de Malherbe,
emploi ? la Cour. Et
voici un texte in?dit qui provient de sa belle-famille pro
de Malherbe
avait un cousin, Fran?ois
sieur
de
Porch?res, qui, lui aussi, fut po?te.
d'Arbaud,
Ce Porch?res, qu'il ne faut pas confondre avec un autre
ven?ale.
Mme
sieur de Porch?res,
po?te proven?al, Honor?t
Laugier,
f?t
de Malherbe
n'attendit m?me
pas que Fran?ois
1
un
lui
recommander
Gar
arriv? ? Paris
certain
pour
les accents et la
siny 2. Je publie sa lettre, en ajoutant
mais
;
j'ai respect? l'orthographe de ce futur
ponctuation
membre
de l'Acad?mie
Monsieur
mon
fran?aise.
cousin,
Monsieur de Malerbe
en Cour
Monsieur
M.
Garsiny,
mon
present
cousin,
porteur,
s'an
va
vers
vous
et
vous atraper en chemin, comme je luy ay persuad?.
1
II ?tait parti d'Aix, avec Du Vair et Peiresc,
2
en Provence.
II existe encore des Garsin
au d?but
croit
de
Je l'ay
d'ao?t.
09:44:07 AM
nouvelles
assur?
vous
que
l'assisteriez
187
malherbiennes
?tudes
de
ur
et d'ame
tant
son
pour
m?rite que ? ma consideration, ores que je ne vous aye jamais
randu aucun service qui m?rite. Mais je prie Dieu qui m'an face
netre
ocasi?n
quelque
vous
pour
ma
temonier
<
vo >
bone
voulont? ? vostre service. Et lors vous jugerez que les efez sur
passet
cousin,
sur
et
les parolles,
sieur mon
vostre
ceste
bien
assurance
humble
je
De
A St-Maxemin, ce VIIIe
V.
M?nage
Mon
Porchi?res.
aoust 1605 \
le
et
Malherbe
demeure,
et cousin.
serviteur
portrait
de
Cassandre
a introduit parmi les po?sies
qui, dans l'?dition de Ronsard
de Malherbe
un
publi?e ? Paris
se lit sans nom d'auteur, sous le portrait de
Il affirme que ? cette ?pigramme... est cons
Cassandre.
quatrain
en 1623,
tamment
de Malherbe
?. Il s'est montr?
un copiste bien
la m?diocrit?
de ces vers en
n?gligent ; car il a aggrav?
les copiant inexactement. Ce quatrain
d'autres pi?cettes liminaires, n'ajoute
qui, comme tant
rien ? la gloire de
de lui ?M. Lavaud,
le premier,
Malherbe, est-il vraiment
a ?lev? des doutes sur son authenticit?,
date. En effet le vers
Mais
et surtout sur sa
si ne sui-je poinct t?lle
mais
si, dont on ne
archa?que
l'expression
conna?t pas d'autre exemple dans les po?sies de l'auteur ;
et il n'emploie gu?re l'adverbe si qu'en prose 2. Consul
contient
tons donc,
comme
nous y invite H.
Franchet,
les ?di
1
ms.
f? 32. Sur le papier
de Carpentras,
de
1801,
Biblioth?que
a ?crit une
Peiresc
cette lettre autographe,
Saint-Maxi
g?n?alogie.
min est situ? entre Aix et Brignoles.
2
?d. Streicher,
Cf. Vaugelas,
p. 62 ; F. Brunot,
Remarques,
Histoire
de la langue fran?aise,
III, p. 369.
09:44:07 AM
188
RAYMOND
LEB?GUE
tions plus anciennes 1. Celle de 1604 (Paris, Buon) ne
contient ni le portrait de Cassandre, ni le quatrain
; par
contre, dans celle de 1609 (ibidem), les portraits de Ron
se font face, et ? gauche on lit un
se trouvait d?j? dans les ?ditions de 1597
sard et de Cassandre
quatrain,
qui
et de 1604 :
Tel futRonsard, autheur de cest ouvrage,
les quatre vers que M?nage
herbe. Ces deux quatrains
anonymes
sonnet sign? Cl. Garnier C. P. :
et ? droite
attribue
? Mal
sont suivis d'un
Voicy les deux Amans qui renomment la France.
Ainsi donc le quatrain date au plus tard de 1609.
Il n'a pas ?t? conserv? dans l'?dition de 1617 (Paris,
aussi le portrait de Cassandre
; par
Buon), o? manque
contre, Cl. Garnier y est repr?sent? par le sonnet et
uvres
contre lesm?disants des
par une ? ode pindarique
?. Quant ? la derni?re ?dition (Paris, He
1629), elle ne renferme aucune de ces pi?ces limi
de Ronsard
nault,
naires.
Ce quatrain, qui a ?t? imprim? deux fois avant l'?dition
?
en 1609 et en 1623, ?
de M?nage,
a-t-il Malherbe
auteur
?
1609
il
ait
J'admets
pour
accept? de four
qu'en
: tout en expri
nir quelques vers ? une ?dition de Ronsard
sur ses
uvres des critiques qui devinrent de plus
en plus s?v?res, il les avait beaucoup
et il le
pratiqu?es,
un assez grand po?te pour lui emprunter des
jugeait
id?es et des expressions 2. On s'?tonnera peut-?tre que le
mant
nom de Malherbe,
dont treize pi?ces
avaient
?t? ins?r?es
1
uvre d'apr?s Ronsard,
Le po?te et son
1922, p. 324.
2
et ses sources,
Malherbe
Cf. Albert
1904,
Counson,
206.
pp.
09:44:07 AM
199
NOUVELLES
le Parnasse
dans
de
n'ait
1607,
l'obscur Claude
tandis que
189
MALHERBIENNES
?TUDES
Garnier
pas ?t? mentionn?,
est nomm? en toutes
lettres ;mais, en 1609, ce Garnier ?tait dans le royaume
des lettres une mani?re de personnage
; on le consid?rait
comme un des plus dignes successeurs de son ami Des
portes. H exprima plus d'une fois son aversion pour les
id?es litt?raires de Malherbe \ Qui sait ? Peut-?tre a-t-il
demand?
le nom de celui-ci ne voisin?t
que
pas avec
le
au commentateur
de Ronsard, Nicolas Ri
le portrait s'?tale sur une page de l'?dition
in-f? de 1623, il n'?tait pas moins hostile aux ? syco
aux ?maies herbes ? 2.
phantes de mots ?,
est m?diocre,
avons-nous
Le quatrain
de Cassandre
sien. Quant
chelet, dont
ce n'est pas une raison suffisante pour l'enlever
? Malherbe.
Il est en vers de sept pieds, et, ? cette ?poque,
: dans les
a
notre po?te
plusieurs fois employ? ce m?tre
dit
;mais
sur la prise de Marseille
et sur le voyage de Sedan,
n? XLIII),
et dans l'?pi
dans une chanson (?d. Lavaud,
entre
du
duc
d'Orl?ans.
le portrait
L'antith?se
taphe
est bien de son
grav? et les vers descriptifs de Ronsard
odes
style. Si l'opposition entre l'art et la nature n'appartient
en propre ? personne, du moins cette banalit?
faisait
elle partie du stock de lieux communs et d'images dans
ne se lassait pas de puiser ; sous une
lequel Malherbe
il ?crira vers 1620 :
de
Catherine
sainte
image
aussi
L'Art
et les fleurs peintes
vers
bien
que
par Rabel
la Nature...
en 1624 lui inspireront ce
:
y surmonte
L'Art
1
Cf. F. Brunot,
Lavaud,
Desportes.
2 Cf.
Ronsard,
La
doctrine
uvres,
la Nature.
de Malherbe,
?d. Laumonier-Droz,
pp.
84 et 553-554,
VIII,
p. 139.
09:44:07 AM
et J.
190
raymond
leb?gue
ce qui emporte ma conviction, c'est le t?moi
gnage, qui n'a ?t? cit? que dans l'?dition Becq de Fou
d'un jeune ami de notre po?te, Guillaume
qui?res,
1 ces
Golletet ; il ?crivait en 1648 dans sa Vie de Ronsard
Enfin,
a probablement
lignes, o? M?nage
pris son information:
...A propos de quoy l'on s?aura que les quatre vers fran?ois
sont
qui
au-dessous
du
portrait
de
Cassandre,
dans
ceste
der
ni?re ?dition des uvres de Ronsard, sont de la fa?on de Fran
?ois de Malherbe, comme il me l'a diet souvent luy-mesme.
Les voicy.... Ce que je remarque d'autant plus volontiers qu'ils
sont
sans
dans
ses propres
le nom
de
l'autheur
et qu'ils
ne
se rencontrent
pas
uvres.
On peut ici faire confiance ? Colletet, car Malherbe
?tait assez li? avec lui pour lui adresser des vers de condo
cause me para?t entendue : celui qui devait
a fourni
plus que tout autre ruiner la gloire de Ronsard,
ces quatre vers pour l'?dition de 1609, et il est piquant
l?ances. La
avec les vers et la prose
qu'ils voisinaient
de fervents admirateurs de Ronsard,
qui ont v?h?men
tement critiqu? la nouvelle ?cole et son chef 2.
de constater
VI.
Malherbe
Malherbe
arbitre
n'a pas ?t? seulement
une chambre mal meubl?e,
tenait
litt?raire
le p?dagogue
conf?rence
qui, dans
avec une
1 Elle a ?t?
en t?te des
en 1855 par Pr. Blanchemain
r?imprim?e
cit? se trouve ? la page 58.
uvres in?dites de Ronsard
; le passage
la donne en r?f?rence.
son commentaire
du quatrain, M?nage
Dans
2 Dans
re
Ph. Martinon
son ?dition des po?sies
de Malherbe,
les ?ditions
anonyme
qui figurait dans
produit, p. 252, un quatrain
des Essais
de 1608 et de 1611, au bas du portrait de Montaigne
par
C'est Jamet,
? la nature.
Thomas
de Leu
; l? aussi, Tart est oppos?
ce
? Malherbe
;
du xvme
si?cle, qui a attribu?
quatrain
bibliophile
mais nous ignorons ses arguments.
09:44:07 AM
NOUVELLES
191
MALHERBIENNES
?TUDES
de po?tes
; il fut de bonne heure un
beaux
les
esprits soumettaient leurs
juge respect?,
?crits ou bien posaient des questions
de langue ou de
demi-douzaine
? qui
versification.
a rapport? de piquantes
anec
le Grand Prieur, un Pr?sident de Pro
Tallemant
dotes o? Ton voit
un homme de
IV, Bellegarde,
Chapelain,
sur la mani?re d'?crire, sur une
robe consulter Malherbe
devise, sur cueiller et cueill?re, sur d?pens? et d?pendu, et
vence, Henri
surtout sur leurs propres vers ou ceux d'autrui
On
?
?
et je me propose de revenir sur ce point,
sait
qu'en
1616 Scipion du P?rier, fr?re de la c?l?bre Marguerite,
le texte d'une
confia ? Malherbe
harangue
qu'il devait
et la remania
prononcer ? Aix, et que le po?te l'?plucha
de fond en comble. D?s 1598-1599, il avait rendu un ser
vice analogue ? son compatriote Montchrestien
pour la
on
En
de
outre,
peut tirer de la
trag?die
Sophonisbe.
de Peiresc
correspondance
ce magist?re que Malherbe
quelques ann?es qu'il passa
sur
renseignements
exer?a pendant les vingt et
quelques
? la Cour. En 1620, Guillaume
au Parlement
avocat
de Toulouse,
demande
? son ami un opuscule
qu'il vient
?
se
l'histoire du
de publier, et qui
rapportait, semble-t-il,
et
il
Moins
sollicite
de
l'avis
Malherbe2.
temps,
hardi,
au m?me, dans une
recommande
Aub?ry du Maurier
d'Abbatia,
? Peiresc de montrer
lettre du 25 juillet 1618, de ne pas soumettre son r?cent
? au
cui submitto
po?me
jugement de M. de Malherbe,
? 3.
fasces
Voici un personnage
Cf. Tallemant
des
peu connu, un M. de La Verri?re,
R?aux,
163,168-170,176 et 183.
2 Cf.
de
Tamizey
et 4.
1885, pp.
:Aix, Biblioth?que
Historiettes,
Les
Larroque,
M?janes,
ms.
?d. Mongr?dien,
correspondants
de Peiresc,
n? 207.
09:44:07 AM
I, pp.
X,
192
RAYMOND
LEB?GUE
conseiller du roi et auditeur
? la Chambres
des Comptes
lui a envoy? seulement deux lettres, qui
ont ?t? ?crites de Rouen en d?cembre 1617. Il y est ques
de Paris. Peiresc
que La Verri?re faisait fondre ou
en
l'honneur de Louis XIII
; il en avait envoy?
frapper
? Peiresc des moulages,
qui avaient ?t? admir?s par les
tion d'une m?daille
beaux esprits de Rouen, et il avait propos? au choix de
? cette m?
Malherbe
plusieurs devises se rapportant
daille. Peiresc donna, le 26 d?cembre, l'opinion de Mal
herbe :
Je vous eusse plustost rendu responce, si plustost j'eusse peu
faire que M. de Malherbe se resolut au choix du mot ;mais il
n'y a point eu de moyen de luy faire approuver aucun de
ceulx
vous
que
m'aviez
La
marqu?s.
est
raison
que
ce
sont
proprement diverses testes de l'hydre qui sont coupp?es, et ce
n'est pas ce que peut dire le mot. Il y aymeroit mieux dire
sic tolenda fuit,parlant de l'hydre et d'ung seul coup, non pas
tant
de
faute
de
divers
d'estre
coups
portez
au
le regard
de
qui heludoient
tronc
et racines
le
labeur
desdictes
bien en langue fran?oise oVun seul coup, ou bien
cadunt
pour
la forme
de
l'hydre...
d'Hercule,
testes,
ou
sic cuneta
1.
A ma
la m?daille n'a pas ?t? conserv?e ;
connaissance,
il en existe une reproduction dans la France m?tal
lique que le graveur Jacques de Bie a publi?e en 1636.
Elle porte la date de 1618. Au revers, au-dessous de deux
mais
mains
deux
sortent de nuages et qui
serpents et, l'autre, une massue,
qui
?treignent, l'une,
l'hydre est ?ten
; le sang s'?chappe de ses sept cous, tandis
?
nunc major ma
que les t?tes jonchent le sol. La devise,
?
avait con
est-elle de celles que Malherbe
jora domat,
? A-t-elIe, au contraire, ?t? fournie par lui ?
damn?es
due ? terre
Biblioth?que
de Carpentras,
ms.
n? 1876,
f? 563.
09:44:07 AM
nouvelles
193
malherbiennes
?tudes
; en tous cas, si le rapprochement de
est conforme ? la rh?torique de
major et de majora
et de ses ?mules, la r?daction d?finitive a le
Malherbe
Nous
ne le savons
tort de ne pas
s'appliquer
? l'hydre plut?t qu'?
un autre
monstre.
VIL
projet?es
De Malherbe
de
traductions
Les
par
on poss?de
romans
malherbe
la traduction
de trois ou
(Trait? des Bienfaits,
quatre-vingt
vrages de S?n?que
onze EpUres de S?n?que, et le 1er livre des Questions natu
de YHistoire de Tite
relies) et celle du livre XXXIII
Live.
seulement
reproduit ; il reste
auto
des manuscrits
texte a ?t? correctement
Leur
? ?tudier
les variantes
et celles
graphes des Bienfaits et des Questions naturelles
? dater approximative
des ?ditions du livre XXXIII,
et ? appr?cier
la va
ment les traductions de S?n?que,
leur de ces divers
on ignorait jusqu'?
sur le tard ? traduire deux
\ Mais
qu'il avait song?
: les Amours de Rhodante
et
bien post?rieures
et
de
Pr?dromos
Bar
de Th?odore
YArg?nis
pr?sent
uvres
Dosicl?s
clay
travaux
2.
Ces
deux
semble
pas
ne
sont des romans. Malherbe
ouvrages
de go?t pour ce
avoir ?prouv? beaucoup
1 Un m?moire
en 1942, par Mlle Tra
en Sorbonne,
a ?t? soutenu
n. a. f.
? Lucilius.
Le manuscrit
sur la traduction
des Ep?tres
notes auto
contient
nationale
5168 de la Biblioth?que
quelques
sur le trait? des Bienfaits
du
de Malherbe
; elles datent
graphes
: ?Encore
cette r?flexion
que
IV, t?moin
piquante
r?gne d'Henri
est pareille,
ce que Von vous donne ne vienne pas ? effet, Vobligation
leRoy donna une abaye.
exemple de moy ? qui
2 Sur Malherbe
avaient
?t? don
indications
et YArg?nis
quelques
?
dans des notes consacr?es
Gollignon
n?es en 1902 par Albert
vert
ce roman.
13
09:44:07 AM
194
RAYMOND
genre litt?raire. Une
portes
prouve
LEBEGUE
remarque du commentaire de Des
l' uvre du c?l?bre ro
connaissait
qu'il
ait
; mais,
espagnol Montemayor
quoiqu'il
v?cu ? une ?poque o? l'on imprimait de tr?s nombreux
1 et
romans anciens et modernes
qu'il ait ?t? li? avec
on chercherait vainement
dans ses ?crits une
D'Urf?,
mancier
uvres du m?me genre. Pour
? YAstr?e et aux
ce
choix
?
On
donc
peut supposer que, pour le ro
quoi
comme pour les livres de Tite-Live
et
man de Pr?dromos
allusion
il a ?t? invit? au travail par un ami : soit
de S?n?que,
soit Du Vair, soit un autre ; pour VArg?nis
Peiresc,
c'est Peiresc qui l'a pouss? ? se mettre ? l'ouvrage. En
cherchait ? profiter de l'actualit?
outre, Malherbe
uvres de S?n?que avaient beaucoup
d'admirateurs
France au d?but du xvne si?cle ; le livre XXXIII
?tait tout nouvellement
Tite-Live
aux
en
de
d?couvert
; VArg?nis
en avaient
lu des
lettr?s qui
plu
beaucoup
romans
et
?taient ? la mode.
les
grecs
fragments,
sauf Daphnis
Les romans grecs, qui, aujourd'hui,
avait
: les
et
Chlo?, sont tomb?s dans un oubli m?rit?, ont joui, pen
dant les xvie et xvne si?cles, d'une grande vogue. On les
recherchait sans tenir compte du talent, de l'originalit?,
de
la vraisemblance
et de
se
Nos anc?tres
l'?poque.
les aventures compliqu?es
de Th?a
pour
passionnaient
et
Charicl?e : leur succ?s est attest? par les r??ditions
g?ne
du texte grec, de la traduction
latine, et surtout de la
d'Amyot, par les adaptations
dramatiques
et de Hardy, et par les uvres d'art 2.
traduction
Genetay
1 En
de
? les romans ont
constatait
1628, le P. Mersenne
qu'en France
tous seuls le regne ? (Correspondance,
1936, II, p. 110) .
presque
*
sur Amyot,
ch. I ; Eue
Essai
Cf. De
Bligni?res,
Rigal,
Alexandre
1889, p. 435 ;Mme de Borch-Bonger,
Hardy,
L'influence
les pays du Nord
de la traduction de Th. et Ch. sur la peinture dans
1938, p. 377).
Strasbourg,
(Actes du 3e congr?s Bude,
09:44:07 AM
NOUVELLES
?TUDES
MALHERBIENNES
195
de ces romans il y avait un savant,
nomm? Gilbert Gaulmin, qui est connu surtout comme
Parmi
les amateurs
l'avaient d?cid? ? publier tous les
? en un beau volume in-f? ? D?s 1617
grecs
?rotiques
il avait mis au jour les Amours oVIsmenias d'Eustathius,
en les accompagnant
d'une traduction
latine. Puis Cl.
Ses amis
orientaliste.
Saumaise
copia pour lui, sur un manuscrit de la Biblio
et Dosicl?s
les Amours de Rhodante
palatine,
th?que
et lui en envoya le texte. Sur le conseil de Philippe de
et du savant flamand Gevartius,
il traduisit en
Maussac
latin ce second roman, et il prit tant de plaisir ? ce tra
vail qu'il l'acheva en une semaine. Mais il y avait une
lacune ; sur l'entremise de l'obligeant Peiresc, elle fut
combl?e par Barclay,
cane
qui utilisa un manuscrit
de la Vati
2.
les lettres que Peiresc lui adressait ? Moulins,
o?
Gaulmin
?tait lieutenant du bailliage,
il le pressait de
au
ses
?
fur
et
mesure qu'ils
grecs
Erotiques
publier
Dans
?taient pr?ts
un
nouvel
; et, le 18 septembre
argument
1620, il faisait valoir
M. de Malherbe attand cella impatiamment, car il vouldroit
mettre
vostre
Rhodante
en fran?ois,
et, si vous
la nous
il la traduiroit ce pendant tout ? son aise 8.
C'est la seule fois que Peiresc
ses lettres ? Gaulmin
envoyez,
a nomm? Malherbe
dans
aux r?ponses de Gaulmin,
sauf une. Le seul t?moignage
; quant
elles ont toutes ?t? perdues,
1Lettre de Peiresc ?
Barclay, Paris, 22 septembre 1619 [Lettres
VU, p. 401). Ce volume n'a jamais paru.
2Cf. les Lettres de
Peiresc, VII, pp. 401-402, 407 et 411, et les
lettres in?dites de Peiresc ? Gaulmin des 24 novembre 1619 et
22mai 4620.
de Peiresc,
8Lettre
? la biblioth?que
in?dite
, conserv?e
n? 1873, f? 484 ; copie d'un secr?taire
de Peiresc.
de Carpentras,
09:44:07 AM
ms.
196
RAYMOND
LEB?GUE
c'est la phrase que
qui reste de ce projet de Malherbe,
nous venons de citer. Il est facile d'imaginer ce qui a d?
se passer. Peiresc qui habitait alors ? Paris, dut entrete
comme ses autres amis, des d?couvertes
nir Malherbe,
et lui vanter le ? grand nombre de jolies
de Gaulmin
inventions ? que contenaient
les Amours de Rhodante 1.
Et Malherbe,
qui a ce moment-l? n'avait gu?re d'autre
que sa r?vision du 33e livre de Tite-Live
2,
occupation
con?ut le projet de traduire en fran?ais le roman galant
de Pr?dromos.
L'e?t-il
traduit sur le texte grec ? Il
3
savait du grec
; mais
je crois volontiers qu'il aurait
utilis?
Mais
la version
latine de Gaulmin.
celui-ci ne c?da pas aux objurgations de Peiresc
;
de l' uvre de Pr?dromos, et c'est seule
en 1625 que, sur les instances de ses amis, il publia
il se d?sint?ressa
ment
le texte et la traduction
latine des Amours
de Rhodante.
avait cess? de correspondre avec Gaulmin
quitt? Paris pour la Provence, et les lettres qu'il
ne contiennent
aucune
? Malherbe
allusion
Peiresc
uvre. La
qu'un
traduction
des Amours
projet de courte dur?e
de Rhodante
; il avait
?crivait
?
ne
cette
fut
1606, Peiresc ?tait en relations avec le po?te
Depuis
lorrain Jean Barclay, et d?j? ? cette date Malherbe
por
uvres. En 1615, Barclay
vint ?
tait de l'int?r?t ? ses
1
du 22 septembre
1619. Krumbacher
Cf. la lettre pr?cit?e
juge
ce long roman
(Geschichte derbyzantini
beaucoup
plus s?v?rement
schen Litteratur,
1897, p. 751).
2
en ces ann?es-l?
est attest?e
Sa st?rilit? po?tique
par le tableau
de l'?dition Lavaud.
qui figure ? la page XXVIII
chronologique
3
etRenaissance,
d'Humanisme
Cf. Biblioth?que
I, p. 178.
4
le surnom de
Ce n'est pas ce roman qui a pu fournir ? Malherbe
de Rambouillet
donna ? la marquise
Rodanthe
; car il l'em
qu'il
d?s 1618. ?
par F. de Rosset
ploya dans une lettre qui fut publi?e
sur les langues orientales
du m?me Gaulmin
Les travaux
inspir?rent
a trouv? bon de rapporter.
une boutade
? Malherbe
que Racan
09:44:07 AM
NOUVELLES
?TUDES
197
MALHERBIENNES
; il y revit Peiresc, qui le pr?senta ? ses amis. S?
il entretint avec Peiresc un
journant ensuite ? Rome,
Paris
?pistolaire assez nourri. A partir de la fin de
1618, il lui envoya, au fur et ? mesure de la r?dac
commerce
l'ann?e
inti
tion, les livres de son roman moral et all?gorique
avec
et
tul? YArg?nis
les
lisait
les
Peiresc
;
admiration,
? des amis choisis : le garde des sceaux Du
communiquait
le
P.
R.
Arnoux, le pr?sident de Sevin, Grotius, et
Vair,
sans doute Malherbe.
son
uvre ? Paris,
Charg? par Barclay de faire ?diter
il s'acquitta avec z?le de cette commis
Apr?s la mort de l'auteur, survenue le 12 ao?t
1621, il continua de s'occuper de l'?dition 2, et il fit des
d?marches en faveur de sa veuve et de son fils.
sion
Or, le 20 juillet1621, il ?crivait? Barclay :
Malherbe avoit quasi envie de le traduire. Il ne demandoit
qu'un commandement de la Reyne mere qu'il se vouloit faire
faire luy-mesme. Il est all? ? [Caen]. Si la Reyne mere revient
icy comme on l'attend puisqu'elle en a le cong?, je remettray
cela sur le tapis 3.
Neuf jours plus tard, il ? remettait cela sur le tapis ?, et,
il essayait de le prendre par la
?crivant ? Malherbe,
vanit? :
Au surplus j'oubliois de vous dire qu'enfin nous avons receu
tout le supplement de YArgenis de M. Barclay, laquelle je
trouve tousjours plus excellente ? mon gr?. Je pense que l'ou
vrage
sera
bientost
achev?
d'imprimer
et
je
ne manqueray
point de vous en envoyer incontinent un exemplaire bien
complet pour vous donner un peu de divertissement pendant
1
Cf. Lettres
de Peiresc,
VI,
p. 78, et VII,
pp.
383-4,
386, 389,399,
402, 404, 413, 417, 421, 429, 438, 449, 457-462, 465, 469-481, 488,
491-2,497-500,
503-7,537-8.
2
sous
La biblioth?que
de Carpentras
poss?de
du cabinet
de Arg?nis
; il provient
autographe
3
Lettres de Peiresc,
VII,
p. 478.
le n? 401 lemanuscrit
de Peiresc.
09:44:07 AM
198
RAYMOND
LEB?GUE
vostre s?jour de par del?, o? je trouvois bien que vous eussiez
trouv? plus de loisir qu'icy et que l'humeur vous eust prins de
faire parler cette princesse en meilleur fran?ois que le latin,
ce que personne ne peut faire que vous seul. C'est bien la
v?rit? que les evenemens y sont fort bien invent?s et bien
enfil?s, et que, si la piece se pouvoit veoir en aussy bon fran
chois que latin, elle auroit encores beaucoup plus de grace ?
mon avis. L' uvre n'est pas de plus de 3 alphabettes, ou envi
en gros
ron,
et par
romain,
consequent
de moins
ha
longue
leine que je n'avois pens?. Il ne faut qu'un peu de courage pour
; car
commencer
ne vous
cela
apr?s,
coustera
pas
et il ne
tant,
mancqueroit pas du temps pour fairedonner les commandemens
de la Royne dont vous me parliez un jour. Si vous l'aviez
faict, vous
ne voudriez
rien du monde
pour
Le 7 ao?t, Malherbe
le romman
Pour
Barclay,
l'avoir
en Normand
r?pondait
de M.
ne
entre
pas
que vous y prendrez 1.
pris pour le plaisir que jem'asseure
vous
s?avez
prudent
comme
j'estime
tout ce qui vient d'un si bon autheur ;mais je me doute qu'?
mesure qu'on a imprim? le latin, l'imprimeur n'ait fait travailler
? la traduction. Tellement que je feroys inutilement ce qui
auroit desja est? fait. Il eust fallu, ce me semble, pour bien
faire, que la traduction eust est? faite devant que de rien im
primer.
envoyer
Le
tous
un
vous
hazards,
m'obligerez
extr?mement
de m'en
exemplaire...
14 ao?t
Peiresc
et se faisait
r?futait l'objection
plus insinuant et accommodant
que jamais
Quant au livre de M. Barclay, j'en fis expedier un privilege
tant pour le texte latin que pour la version fran?oise, et ne l'ay
point voulu remettre ? Buon sans une declaration qu'il ne
pourroit
faire
imprimer
en aucune
version
fran?oise
quine
vinst
de ma main, de sorte qu'il a lesmains li?es tout ? fait ; et puis,
il est si honneste homme qu'il ne vouldroit pas avoir manqu?
de paroli?
1
Lettre
en cela
in?dite
ne
autre
; Carpentras,
chose.
ras.
Vous
n? 1874,
en aurez
un
exemplaire
f? 533.
09:44:07 AM
NOUVELLES
199
MALHERBIENNES
?TUDES
par le premier ordinaire, s'il ne peult estre prest ? temps pour
celuy-ci ; et crois qu'il vous sera moings incommode ? la lec
ture tout imprim? que si vous l'eussiez voulu lire sur l'auto
graphe, lequel estoit si ratur? et si plein de renvois et d'apos
tilles que vous n'eussiez pas eu la patience d'en lire un livre
entier. Au reste, encor qu'il soit achev? d'imprimer, ou bien
pr?s, il ne s'exposera point en vente plustost qu'? la fin de no
vembre au retour des livres de la foire ; et, quand il ne tien
droit qu'? cela, nous la retarderions encores jusques ? Pasques
facilement. Qu'il ne tienne point ? cela que vous n'entrepre
niez cet ouvrage, puisque vous n'en estes pas trop alien? 1 ; et,
si la piece est trop grosse, n'en prenez que deux ou trois livres,
se feront
et les autres
? quelque
venue
autre
? vostre
como
dit?. Si vous prenez cette peine, jem'asseure que vous y aurez
du contentement, car ily a des conceptions bien nobles et bien
que
gentilles,
vous
trouverez
? votre
en s?rte
gr?,
que
vous
ne
voudriez enfin pour rien au monde estre ? recommencer. Le
libraire a donn? une assez honeste cognoissance 2 ? l'autheur, et
je m'asseure qu'il fera volontiers une bonne partie de son
debvoir en vostre endroict, si vous l'en grattifiez. Il ne fault
peu
qu'un
de
et vous
courrage
? commencer
resouldre
; car,
si
une foisvous en avez faict lamoyti? d'un livre, la delicatesse.de
l'
uvre
le pourrez
pouvez
vous
alleschera
insensiblement
? votre
faire
resouldre,
aise
vous
qu'il
? peu
mandez-moy
et vous
? poursuyvre,
en
vous
Si vous
plaira.
ce que vous
d?sire
pr?s
riez du libraire, et j'en traitteray avec luy avec aultant de bon
mesnage que j'ay faict pour l'autheur. Je ne vous donneroie
pas
cette
presse
sans
estant
mesl?e
l'inclination
vous
qu'il
me monstrer
pieu
? tourner 3 quelque jolie piece de cette mati?re, et vous n'en
s?auriez jamais choisir une plus propre que celle-l? pour vostre
humeur,
comme
elle
est,
et morales parmy les grotesques d'une
sinon
au
livre,
et lors vous
sens
commun,
vous
au
moings
resouldrez,
de
rencontres
s?rieuses
fa?on fort revenante,
au mien.
je m'asseure
1
Vous n'?tes pas trop ?loign? de l'entreprendre.
2
Reconnaissance,
r?compense.
*
A traduire. Ainsi Malherbe,
qui ne faisait presque
?tait dispos? ? revenir ? la traduction.
4
Lettre
in?dite. Ibidem,
f? 534.
Vous
verrez
4.
plus de po?sies,
09:44:07 AM
le
200
RAYMOND
ce que Malherbe pouvait d?sirer : le privil?ge, les
l'argent, le bon Peiresc l'offrait. Aussi Malherbe
Tout
d?lais,
son objection
abandonna
Pour
la traduction
veux
et si mon
rien
stile
Le
28 ao?t,
exp?diant
avec
Peiresc
les
au
bien
l'essay
feray
sien,
sur un
vous
jene
livre,
en
vous
et
ses exhortations,
renouvelait
en
un exemplaire
? Malherbe
toutes
ce que
s?avez
jusques ? ce que j'aye veu ce que
;mais
J'en
promettre.
vous
il est question,
s'accommodera
en feray juge.
de faire un essai
et d?cida
dont
vous pouvez surmoy
c'est
LEB?GUE
reformations
l'autheur
que
y a d?sir?es,
pour
lesquelles on a refaict des quartons pour plus de trois feuilles ;
et ay est? bien ayse que l'ayez en la forme qu'il doit demeurer.
Il n'y a que les deux derniers livres dont l'?dition n'a pas en
cores
est?
nous
les aurons
1
nant...
En
veue
l'autheur
par
bientost,
pour
et
je
y marquer
vous
les
les Errata,
envoyray
mais
inconti
lui accusant
affirma qu'il
r?ception, Malherbe
se
? l'ou
mettre
il
sa
donc
tiendrait
;
promesse
comptait
vrage. Il le priait de signaler ? l'auteur, dont il ignorait
la mort, un d?faut dans le d?but du roman 2. Le 10 sep
longuement ? la critique de
n'est pas
fiction romanesque
l'action une date tr?s pr?cise
;
tembre, Peiresc r?pondait
: l'auteur d'une
Malherbe
astreint
Malherbe
? donner
verra
le v?ritable
sujet de
l'ouvrage
dans
le
livre II,
... par o? vous
il a affect?
coliigerez facilement que, quand
un temps plus ancien que l'Empire, ?'a est? de peur qu'on se
voulust imaginer qu'il eust voulu purement descrire le temps
1Lettre
*Lettre
f? 535.
in?dite. Ibidem,
non dat?e
(?d. Lalanne,
III,
p. 544).
09:44:07 AM
NOUVELLES
201
MALHERBIENNES
?TUDES
present, comme il y en a quelques parcelles fort judicieusement
et discr?tement
la fable,
dans
ench?ss?es
entre
autres
les
fac
tions de noz Huguenotz soubs le nom d'Hyperephaniens de la
secte d'Usinulcas, qui est l'anagramme de Calvinus, et ainsy
de quelques autres qui ne sont mentionn?es que pour enri
chissement de la fable, comme les contes et les vies de saincts
que
a entrelass?s
l'Arioste
Dans
une
r?ponse
se d?clarait
Malherbe
dans
1.
ouvrage
qui doit ?tre du 17 septembre,
satisfait des explications
fournies
et r?p?tait qu'il tiendrait sa pro
par son correspondant
messe aussit?t qu'il aurait
moment
son
ses occupations
du
avait ?crit ?
Peiresc
termin?
2. D?s
le 8 septembre.
en se fondant sur une lettre de Malherbe
Barclay,
semble perdue
qui
...M. de Malherbe travaille ?ia version du
premier libvre qu'il
me promect dans quelques jours, disant par modestie que si
son stile ne desplaict, il ach?vera la version du reste dans le
moings de temps qu'il luy sera possible 3.
Mais
Amours
il en fut de cette traduction
de Rhodante
ou
et Dosicl?s
; elle resta ? l'?tat de
interrompue. Malherbe
apprit le 1er octobre la mort de Barclay, et il ne fut plus
question de VArg?nis dans les lettres qu'il ?changeait
avec son ami. On a affirm? qu'il renon?a ? continuer sa
projet
d'?bauche
comme de celle des
aussit?t
en apprenant que Marcassus
s'?tait d?j? mis ?
la besogne 4. D'autres
que lui tent?rent de participer au
succ?s de VArg?nis : ? ce fat de Marcassus
?, Faret 5,
traduction
1
Lettre
2 Lettre
p. *551).
in?dite. Ibidem
dat?e
par Malherbe
du
17e d'aoust
(?d. Lalanne,
Lettres de Peiresc, VII, p. 492.
*
des manuscrits
Cf. C. G. Lambert,
Catalogue
1862,1,
pp. 237-240.
6
et 676.
Lettres de Peiresc, VII,
pp. 503-504
de
III,
Carpentras,
09:44:07 AM
202
raymond
Robert
teau
Arnauld
d'Andilly
2, Abraham
LEB?GUE
19Guibert, du Ryer, Coeffe
3... On se demande pourquoi,
R?my
apr?s avoir publi? sa traduction refondue du 33e livre
de Tite-Live, Malherbe
renon?a presque compl?tement
? l'activit?
VIII.
litt?raire.
?
conjectures
Deux
sur
le
texte
de
de Malherbe
tacite
1602 Henri
rapporte qu'avant
de
IV, ?tant un jour dans un ch?teau pr?s de Meaux,
le sens d'un vers grec qui ornait une pi?ce. Quel
manda
Tallemant
des R?aux
des requ?tes
l?, firent
qui se trouvaient
ne
de Biron
semblant de
pas entendre. Mais le mar?chal
se mit ? les traduire ; aussit?t qu'il eut fini, il s'enfuit, de
peur de para?tre plus savant que des gens de robe. Je
ques ma?tres
crois,
avec
?mile
Roy4,
qu'?
cette
?poque maints
? l'instar de Biron,
gentilshommes d'?p?e s'appliquaient,
? cacher leur instruction et que, par crainte de passer
ils affichaient du m?pris
pour la
pour des cuistres,
assez
de
Malherbe
avait
science. Pareillement,
Fran?ois
et plus tard, pour
appris ? Caen, ? Baie, ? Heidelberg,
5
il
des gens savants
soutenir la conversation
; mais
aimait mieux ?voquer ses faits de guerre et ses bonnes
fortunes, et
Vanter
en
tous
endroits
sa
race
Plus que celle des Rois de Thrace.
1
Une
lettre
de Peiresc
deVArg?nis
(VII, p. 38).
2
nous
apprend
qu'il
traduisit
trois pi?ces
Nicolas
Cf. Ch. Urbain,
1893, pp. 129, 259 et 356.
Coefleteau,
3
Cf. R. H. L.,t.
II, p. 222.
4
Cf. R. H. L., 1896, t. III, p. 618.
5
men
iv du livre I de Faeneste
Au chapitre
(1617), d'Aubign?
?
savantas
tionne une conversation
?,
que trois
grands
philosophique
tenue
et P. Matthieu,
Bertaut
avaient
(mort en 1611), Malherbe
? l'H?tel de Guise.
09:44:07 AM
nouvelles
En
203
malherbiennes
?tudes
il modernise hardiment tout
S?n?que,
ce qui concernait la vie antique. En 1621, il pr?vient le
lecteur de sa version de Tite-Live
qu'il ne s'asservit
traduisant
pas au mot ? mot : ? Je s?ay bien le goust du college, mais
1 ?.
l'inutilit?
proclame
je m'arreste ? celuy du Louvre
des
travaux
sur Arithm?tique
de Dio
sur la langue punique. Ne fallait
2
?
l'air cavalier
de M?ziriac
et de Gaulmin
phante,
il pas se donner
s'aide, pour sa traduction de
ou des remarques de Polybe, de
et de Sigonius,
de Glareanus,
de Casaubon,
le m?me Malherbe
Mais
Tite-Live,
des ouvrages
Machault,
et de Querengius
; il propose des corrections de texte, et
s'efforce de justifier ses interpr?tations. Selon Mlle Tra
vert, sa traduction des Ep?tres ? Lucilius, qui a ?t? faite
sur l'?dition publi?e ? Paris en 1602, avec les notes de
Muret, ?rasme, et autres, contient peu de grosses erreurs.
il feuillette de gros et s?v?res in-f?, et ce
n'est pas toujours pour se renseigner sur d'antiques
Malherbe,
qu'il revendique, ? tort ou ? raison, pour ses
anc?tres. Apr?s l'ann?e 1613, il eut une discussion avec
A
l'occasion,
de
pasteur J?r?mie Ferrier sur les compagnes
gte Ursule
; Ferrier affirmait avoir lu dans un ouvrage
l'ancien
d'un J?suite ou d'Aubert
?tait
un
consulta
lapsus
pour
Le Mire que xi mil. virginvm
aimil.
virg.
; son
contradicteur
les Fasti
Sanctorum du j?suite belge Rosweide,
et l'informa qu'il ne s'y trouvait rien de tel 3.Et, en 1617
1
il cl?t une discus
Cf. aussi la remarque
par laquelle
d?daigneuse
sion de texte : ? Je n'aime
pas tant le travail que j'en veuille
prendre
?
I, p. 462).
pour une chose de si peu de fruit
(?d. Lalanne,
2
un peu affect?e avec
dans des lettres
la modestie
Noter
laquelle,
en 1621, il fait suivre la discussion
?crites ? Peiresc
tournure
d'une
ou
latine
d'une
d'un
m?daille,
toutefois ? vous,
l'interpr?tation
doctes (?d.Lai., III, pp. 545 et 560).
8
J'ai publi?
R. H. L.,XXX,
la r?ponse
p. 21.
de Ferrier
? Malherbe
en
1923
dans
09:44:07 AM
la
204
RAYMOND
LEB?GUE
ou 1618, il fit part ? Gevartius
de deux corrections au
texte de Tacite, que ce jeune ?rudit ins?ra dans ses
Electa (Paris, Cramoisy, 1619) ; seul, de nos jours, Marcel
les a bri?vement
Hoc
signal?es
1. Nous
les exa
allons
miner.
en 1593, arriva ? Paris en 1617,
1619 chez un parlementaire
tr?s
et y s?journa jusqu'en
Il fr?quenta alors
lettr?, le pr?sident Henri de Mesmes.
Gevaerts,
n? ? Anvers
:Peiresc, qui \ivait alors
esprits de la Capitale
? Paris, le garde des sceaux Du Vair, les fr?res Dupuy,
Nicolas
le P. Denis P?tau,
Nicolas Rigault,
Gaulmin,
les beaux
2. Le 1er mars
1619, il d?die ? Henri de Mesmes
ce recueil, qui suit la tradition des
commente
lectiones du xvie
si?cle, Gevartius
Bourbon
ses Electa.
Variae
divers
Dans
d'auteurs
passages
latins, et il cite parfois des
Hoc a lou? l'?rudition et le
de ses amis.
conjectures
caract?re judicieux de ses remarques.
Les conjectures de Malherbe
occupent
les pages 102
104 des Electa. Le premier passage est tir? du livre IV,
: la veuve de Germanicus
de
chapitre 53, des Annales
mande
? Tib?re
ainsi le discours
...
neque
aliud
de lui donner un ?poux. Tacite
qu'il lui pr?te :
probis
civitate Germanici
quam
ex matrimonio
termine
solatium
esse
: in
conjugem, ac liberos ejus recip?re digna
retur.
Le passage est incompr?hensible.
Juste-Lipse ne veut
ce
?
texte
toucher
lui
pas
para?t mutil?. Mais Muret
qui
et d'autres avaient fait une petite addition, que les au
teurs modernes
ont adopt?e
; ils ?crivent
1
sur
son Etude
Dans
Gevaerts,
Jean-Gaspard
p. 70.
2
et Y errata.
Cf. les Electa,
pp. 19, 29,54,160,
: esse in civitate
Bruxelles,
09:44:07 AM
1922,
NOUVELLES
?TUDES
205
MALHERBIENNES
etc.. Gevartius
rejette avec d?dain
qui Germanici,
:
comment la fi?re Agrippine peut-elle
cette conjecture
? dire qu'il se trouverait des Romains
s'abaisser
qui
aux
auteurs
bien
l'accueillir1?
voudraient
Quant
d'autres
il les traite avec
corrections,
cette rudesse que
avaient
l?gu?e ?
de la grande ?poque
les philologues
: ceux-l?, dit-il, furent pour ce passage
successeurs
leurs
et non pas
des m?decins
! Par
des croque-morts,
et ici je ne puis mieux
que de citer le jeune Belge :
bonheur,
Malherbe
vint,
faire
Verus enim iEsculapius illimodo contigit, nobilissimi atque
am nissimi ingenii vir, Fr. Malherbius, qui, cum nuper de hoc
loco ageremus, pro in cwitate, exili mutation e in ea aetatele
gendum esse mihi asseruit. Qua re nil certius est. Nam jamante
juventam suam Caesari objecerat Agripppina.
Par suite, il faut comprendre ainsi lepassage : ? elle est
jeune encore, et ? cet ?ge les femmes vertueuses ne peu
?. Et, d'apr?s
vent tirer de consolation que du mariage
tout devient clair, facile, ? la port?e m?me
Gevartius,
d'un enfant. Nous, nous dirons que, m?me si la pal?o
la conjecture de Malherbe,
graphie admettait
l'adjonc
tion de in ea aetate affaiblirait
mation
d'Agrippine,
gem... prendrait un
avec
la port?e morale de l'affir
et que la phrase Germanici conju
sens bien plat et s'accordant mal
le contexte.
la seconde conjecture. Elle se rap
au
porte
chapitre 95 du livre II des Histoires. Tacite y
une
fois
de plus, le proc?s de Vitellius et de sa s?
fait,
:
quelle
Voici maintenant
Je
fais toutes
r?serves
sur la valeur
de cet argument
psycholo
gique.
09:44:07 AM
206
RAYMOND
LEB?GTJE
in illa aula probitate aut industria certavit :unum ad
potentiam iter, prodigis epulis et sump tu gaianae aquae sa
tiare inexplebiles Vitellii lib?dines.
Nemo
voyait dans cette gaiana aqua un
ce n'est pas
commenc? par Ca?us C?sar, mais
aqueduc
d?sirs
! Juste
de Vitellius
l'eau qui pouvait rassasier les
?
Gevartius
Lipse propose sumptu saginaque, qui para?t
commentateur
Un
trop
du
?loign?
texte
des manuscrits.
Mais,
ajoute
t-il,
omnium acutissime Malherbius conjiciebat : sumptu ganeae
aleaeque. Quae lectio non conjectura, sed res ipsa est.
est ing?nieuse, et on ne peut
nier que le couple ganea aleaque
(la taverne et les jeux)
ressemble ? caiana aqua ; cependant une confusion entre
Certes
cette
et
aleaeque
correction
est
aquae
peu
vraisemblable.
D'autre
part
omet de nous informer que lemeilleur de cette
correction n'est pas de Malherbe, mais de Palmerius.
Gevartius
Dans
son ?dition de Tacite
avait
Lipse
cit? avec
(Anvers, Plantin, 1607), Juste
?loge la conjecture de Palmerius
; deux ans plus tard, l'italien Curtius
sumptu ganeaque
Pichena, dont l'?dition de Tacite parut ? Gen?ve, citait
? l'appui de cette conjecture les passages
o?
des Annales
se trouve
le mot
teurs modernes
ganea.
Elle
a ?t? adopt?e
par
les ?di
Citons, pour finir, le chaleureux
termine ce chapitre :
?loge par
lequel Ge
vartius
Has
ego praestantissimi viri emendationes, velut gemmulas
1 J'avoue
mots
concrets
avec deux
que le terme g?n?ral
sumptu en coordination
ne me satisfait gu?re ; ? toutefois ? vous, doctes ?!
09:44:07 AM
NOUVELLES
207
MALHERBIENNES
?TUDES
hisce observatiunculis nostris intertexere volui, ut quod per
se
non
posset,
earum
splendore
nostrum
opusculum
eni
tesceret.
H est regrettable qu'il n'ait pas indiqu? les endroits o? il
ces doctes entretiens. Avaient-ils
avait avec Malherbe
? Dans
fr?quentait Peiresc
la famille de Mesmes
de Malherbe,
lieu ? l'h?tel de Mesmes,
que
la correspondance
n'est jamais mentionn?e. A celui de Jacques-Auguste
de
Thou ? Ce c?l?bre historien est parfois nomm? dans cette
; c'est chez lui que logeaient, depuis 1617,
correspondance
les fr?res Dupuy, qui y recevaient Peiresc et bien d'au
il semble bien qu'ils n'avaient
tres savants. Mais
pas
de rapports avec Malherbe \ Je pense plut?t ? l'h?
tel du garde des sceaux Du Vair, dont nous avons
et qui, selon Peiresc,
dit l'amiti? pour Malherbe,
esti
?moit
?
la vertu et le m?rite
de Gevar
grandement
tius.
Ce qui, dans ce chapitre, est digne de remarque, c'est
le respect avec lequel un philologue qui avait d?j? acquis
de la notori?t? par son copieux commentaire de Stace,
accueillait
l'assurance,
les conjectures
?
legendum
Et
de Malherbe.
esse
asseruit,
c'est aussi
avec
laquelle
ce po?te de Cour r?solvait un probl?me philologique
qui
lui-m?me. Peu importe que
avait d?courag? Juste-Lipse
ces
conjectures
ne
puissent
?tre
accept?es
: nous
savons
n'est ni un Lambin, ni un Muret. Mais
faut retenir que, m?me en dehors de ses traductions,
que Malherbe
il
il
1
avait
Si Malherbe
les Dupuy,
Peiresc
e?t-il ?prouv?
fr?quent?
? est bien de ses
le besoin de leur ?crire en juin 1627 que cet ?crivain
amis ? et en ao?t 1629 qu'il l'a ? aim? comme son propre p?re ? (Lettres
de Peiresc, I, p. 262, et II, p. 161) ? Il leura demand? une seule fois
de faire une commission
avant
seulement
la mort
et ce fut quelques
aupr?s de Malherbe,
du po?te
(ib., I, p. 574).
09:44:07 AM
mois
208
s'int?ressait
raymond
leb?gue
? ces jeux savants et ne s'y montrait pas
et qu'il passait aupr?s de certains pour une
malhabile,
autorit? en mati?re
de langue
latine \
Raymond
Leb?gue.
1 Cf. aussi
sur la devise
son jugement
latine d'une m?daille.
En
le pria de lui confier en toute
outre, en septembre
1609, Peiresc
sur une
libert? son opinion
latine compos?e
;
par Du Vair
inscription
en 1614, Malherbe
une ?pitaphe
s'offrit ? expliquer
latine conserv?e
? Aix ; et en 1621 il critiqua
la langue et le style d'un po?me de Grotius
III, pp. 107,381,424,
432,
surlamortdeDuVair(cf.l'?d.Lalanne,
et 545).
09:44:07 AM
?TUDE SUR B?ROALDE DE VERVILLE
Introduction
de Parvenir.
? la lecture du Moyen
Que
S'asseoir
vaut-il
mieux
dans une
taverne,
examen
de
puis faire son
ou
se pros
conscience,
terner dans une mosqu?e,
l'?me
close ?...
Cepen
dant,
j'ai
car
confiance,
j'ai
?t? sinc?re.
toujours
Khayyam.
Omar
luim?rite, sinon la
Le premier visage qu'offre B?roalde
curiosit? :
sympathie, du moins quelque
?
un humaniste du grand si?cle ?
c'est le xvie que
?
et disert,
au savoir encyclop?dique
je veux dire
comme les hommes du moyen ?ge,
parlant d'alchimie
et de l'homme, comme ceux de la Renaissance
;
?
une vie curieusement
situ?e (l'a-t-on remarqu? ?)
les Regrets et
avant que paraissent
qui commence
: un
l'ann?e o? Corneille fait jouer sa M?lite
s'ach?ve
contemporain des Essais et de Don Quichotte ;
?
de dix ouvrages
l'auteur v?tust?
p?dantesques,
redevable d'une curieuse jeunesse ? un seul livre qui,
disent certains, n'est pas de lui ; duquel, disent les autres,
il n'a ?crit que les parties les plus m?diocres
;
?
? l'?ton
d'un
livre
en tout cas, l'auteur pr?sum?
38 impressions entre 1600 et
nant succ?s (au moins
14
09:44:20 AM
210
v.-l.
saulnier
d'un
livre qui semble avoir brav? toutes les
et qui n'eut jamais l'heur d'une
modes
monographie,
alors m?me qu'on d?terrait sans cesse des minores plus
1940),
n?gligeables ;
?
de Rabelais
; le mod?le,
souvent,
l'imitateur,
;
parfois, de La Fontaine
?
selon tous les compositeurs
de synth?ses, un re
pr?sentant
perdu de la litt?rature stercoraire ; selon
de ses analystes, un collaborateur
pesant
la
dans
de
initiateur
veine humoristique
l'anonyme
lettres europ?ennes.
de
trouve en
regard moins paresseux
caract?res d'un tr?s grand artiste m?connu
et po?te excellent, qui m?rite
prosateur
les
quelqu'un
Un
tir? de l'ombre. L'un
lui tous
les
: bon esprit,
enfin
d'?tre
facteurs, avec Malherbe,
ceux-l?
de Sales et R?gnier,
des bons
Du
Vair, saint Fran?ois
d?j? salu?s comme tels, qui vers la fin de notre Re
naissance ont, travaillant
le vers et la prose, pr?par? les
formes de l'art nouveau.
I.
La
vie
dit B?roalde
de
Brouard
Fran?ois
de Verville
fut
de Verville
plus belle trouvaille de B?roalde
Il se nommait
de s'inventer
Fran?ois
pareil nom.
Brouard. A ses origines picardes, peut-?tre, il dut ce go?t,
La
d'ailleurs
bien
fran?ais,
des
fac?ties
diverses
son
tiers gaillardes,
que trahit parfois
cards ont, dit-on, pour elles, l'humeur
et volon
uvre. Les
Pi
tout sp?ciale
au
ment enjou?e
leur province naquit,
moyen ?ge,
le jeu figur? du r?bus, connu encore au xvie si?cle sous
: ainsi l'appellent Cl?ment
le nom de Rebus de Picardie
: de
09:44:20 AM
?TUDE
et Tabourot
Marot
des Accords
211
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
1?
un jeu de devinette
semble ne s'?teindre
qui fit fureur jadis et dont la vogue
que de nos jours.
? Bruxelles,
eut
Simon Brouard,
chirurgien-barbier
un fils,
en Picardie,
de Jehanne Fluste, de Gamache
? en
?
en
?
n?
France
Matthieu
Brouard,
Saint-Denys
15162.
Sa
femme morte,
noces Martine
en secondes
?pousa
en
et
de Breteuil
Picardie,
Simon
du Moncel,
? son tour (1526), laissant ainsi Martine ?pouser
Ces unions redoubl?es
Jean Pezin, barbier ? Saint-Denis.
mourut
en quinconces
et ces mariages
tradition familiale.
Martine
se trouvait
semblent
avoir
?t? une
?tre cousine du savant h?bra?sant
Fran?ois Vatable, par sa s ur Jeanne Vatable. Elle ?tait
Va
aussi sa payse. Elle lui confia le jeune Matthieu.
ne
son
cessera
il
le
de
bienfaiteur
table,
pro
(comme
au
du
le
Lemoine.
recueillit
cardinal
clamer),
coll?ge
Nous
pensons
que Matthieu
y connut Antoine
Chevalier,
le futur professeur d'h?breu dans la c?l?bre Acad?mie
de Calvin 8.Ma?tre ?s arts en 1543, professeur au coll?ge
de 1543 ? 1547, Matthieu
Cardinal
enseigna ensuite,
?tant mort, ? Bordeaux;
le pr?ceptorat d'Hector
m?ne de Paris ? Agen
le
de
Jean
Fr?gose,
Fr?gose, puis
en
connut
sans
doute Scaliger
1550) puis en Italie.
(il y
Vatable
1 ? Une
veau,
estrille,
une
faulx,
un veau
| C'est
? dire
? ?p?tre XLIX,
I En bon rebus de Picardie.
?d. Grenier,
Paris,
1931,
compl?tes de Cl. Marot,
?
Voir
aussi Tabourot,
Les
p. 217.
bigarrures
r?
?d.
f?
Accords,
Poitiers,
1615,
16,
cbap. n,
sqq.
2 La
: estrille
in
2 vol. in-16,
du seigneur
Fau*
uvres
t. I,
des
tradition dit : vers 1520. Mais Charles Borgeaud : 1516 ;
reconstitu?e
celle de sa mort
et l'?ge indiqu?
pour sa
d'apr?s
de Gen?ve.
Cf. Ch. Borgeaud,
par les registres de l'Acad?mie
I. L'acad?mie
L'universit?
de Gen?ve.
de Calvin,
1900.
Gen?ve,
1 Antoine
sa
Chevalier
?tait n?, pr?s de Vire, en 1507, et nous
vons qu'il
sous Vatable
?tudia
? Paris.
date
m?ft
09:44:20 AM
d?j?
de
m?re
et
:
f?vrier
3?
61576Gabrielle
de
Benelle
sieur
veuve
de
Pestei.,
de
Merle
Auvergne,
endu
d'Arsein
village
du
pasteur
Tour
la
de
Jean
Saint-Denis).
?pouse
?barbier
Pezin,
la
mort
Simon,
de
Picardie
Breteuil
deen?(qui,
Martine
2?
du
Moncei
Ren?et1583
[1572
1573]
ou apr?s
15-11-76
t
Marthe
1-5-71
12-3-69
t1583
apr?s
Anne
Picardie
Gamache
de
en
11526
Simon
Brouard
Jehanne
IoFluste,
?pouse
:
n? ?
?chirurgien-barbier
Bruxelles
G?n?alogie
B?roalde
Verville
de
t15
juillet
1576
Gen?ve,
fille
Pasquier,
Me
de
feu
notaire,
janvier
10
2?
io63
trois
mariages
:I
en
Matthieu
Brouard,
dit
B?roalde
Jeanne
Pasquier
France,
1516.
27-IX-1575
t
Saint-Denis
Marie
t1583
apr?s
14-XI-66
3-IX-65
Matthieu
t
29-X-65
-XI1-63
21 11566
Judith
11629
?tmars
28-1-1563
1572
t
t1562
1551
IoenMarie
Bletz
Vatable
de
27-IV-1556
26-11-1560
janv.
1563
Fran?ois
Marguerite
Rachel
ni?ce
le
Jeune
B?roalde
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
DE VERVILLE
213
Il rentre? Paris le 16 f?vrier1555. Il a, en 1551, ?pous?
Marie
Bletz,
Fran?ois
la ni?ce de Vatable.
Brouard,
son fils a?n?, qui
fut B?roalde
de
Verville, na?t ? Paris le 27 avril 1556 ; il est baptis? ?
: ses parrains sont Jean Mercier,
et Louis Chesneau,
d'h?breu,
professeur
principal du
Tours.
de
gymnase
Cependant
qu'il grandit, Matthieu
fonde une sorte de cours pour jeunes gens : il est alors
Saint-?tienne
du Mont
?coles.
actuel du n? 2 bis, rue des
l'emplacement
On l'honorera d'avoir compt? parmi ses ?l?ves
Pierre
de
install?
Fran?ois,
l'Estoile, Agrippa
d'Aubign?,
puis son
surtout cette curiosit?
lui transmettant
garr?e qui le portait lui-m?me des math?matiques
et ? l'histoire. 1
m?decine
fils
bi
? la
religieux chassent Matthieu Brouard de
?
Il falut quieter tout, dira-t-il dans son Livre de
Paris.
raison, et gagner le haut ? cause de la conspiration des
? C'est
la premi?re des guerres civiles du
meschans.
Les
troubles
de Vassy
r?gne de Charles IX, celle dont le massacre
fut le signe. Le 2 juin 1562, il part, emmenant sa femme,
son fils, deux serviteurs et deux ?l?ves : Louis Blanche
et Agrippa d'Aubign?.
mais
la peste ravage
;Matthieu
r?chappent
Par Gien, ils gagnent Orl?ans
;
et d'Aubign?
en
la ville. Blanche
et son fils sont indemnes ;mais
sa femme en meurt.
Sans plus attendre, il la remplace
le 10 janvier 1563 par Jeanne Pasquier.
?
novembre
1562, il est lecteur d'h?breu
Depuis
Orl?ans.
Prot?g?
son enseignement
le math?maticien
il y poursuit
de France,
par Ren?e
de 1562 ? 1568. Il y eut pour coll?gue
grenoblois Jean Besson, dont Fran?ois
1
On n'a plus aujourd'hui
de Touraine,
l'historien
que
? Tours.
de Louis
Chesneau,
aucune
Fran?ois
raison de croire, avec Chalmel,
ait fait ses ?tudes au
coll?ge
09:44:20 AM
214
V.-L.
plus tard un ouvrage : en effet,
nomm?s ensemble sur la liste des hu
commentera
Brouard
nous
SAULNIER
les trouvons
guenots d'Orl?ans pr?tant serment de fid?lit? ? Charles
la troisi?me guerre civile chasse Matthieu
IX \ Mais
d'Orl?ans
Sancerre
: vers Montargis,
qu'il quitte pour
en septembre 1569, y revenant en juin 1571 :
en 1568
comme principal
? B?rauld
il succ?de
du
ans
la
Mais
deux
de
d'Orl?ans.
Saint
apr?s
paix
coll?ge
se
la
civile
rallume : le
Germain
guerre
(ao?t 1570),
et
la quatri?me
24 ao?t 1572, c'est la Saint-Barth?l?my,
D?s
ao?t
s'enfuit de
s'ouvre.
Matthieu
1572,
guerre
ann?e
o?
Apr?s une conduite h?ro?que au
cours du si?ge, il rentre ? Montargis
apr?s la capitula
tion (28 ao?t 1573). La m?me ann?e, l'?dit de La Ro
un terme provisoire
aux guerres reli
chelle mettait
? Sancerre.
nouveau
gieuses.
fut successivement
B?roalde
un ?tudiant
humaniste
en qu?te de m?c?ne
un po?te fam?lique
; un soldat
po?te dans le go?t de Le Digne, de Claude de Trellon
ou de d'Aubign?
; un chanoine curieux et fac?tieux dans
comme Gilles
gens d'?glise satiriques
au xve si?cle ou Jean Dagoneau,
seigneur de
au xvie.
la tradition
B?liem?re
Choli?res,
D?s
avant
des
1573, Fran?ois
et fui ? Gen?ve.
Une
a quitt? son p?re
lui adresse Matthieu,
Brouard
lettre que
et
dont nous pouvons
lire copie,
1572,
? cet exil en des termes qui permettent de
le 29 d?cembre
fait allusion
1
? Maistres
Mathieu
Beroual
1568
Berault,
Fran?oys
? ; cf. Haag,
Besson,
publics
professeurs
Beroald],
Jacques
2e ?dit., t. IV, p. 564.
protestante,
[il signe
France
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
215
DE VERVILLE
placer vers la fin de 1572 le d?part de Fran?ois
doute Matthieu
l'envoya-t-il au loin le 25 ao?t
alors que lui-m?me se r?fugiait ? Sancerre :
; sans
1572,
? A mon fils yFran?ois B?roalde. Mon d?sir le
plus cher est
de te voir rempli de la crainte de Dieu et d'une science pro
fende
: en cela, Dieu,
t'assistera,
j'esp?re,
? exaucera
mes
ux.
a fait trouverdans ton voyage des compagnons
Aussi, si Dieu
et des guides gr?ce auxquels tu puisses aller l? o? te combleront
la crainte divine et la science [c'est-?-dire ? Gen?ve], c'est la
pl?s douce joie que je pourrai go?ter1. Mais garde-toi cepen
dant de faire ?quipe avec aucun personnage de mauvaises
m urs, ou qui m?prise Dieu : l'habitude du vice
risquerait de
te corrompre, et tu attirerais ainsi sur toi la col?re de Dieu.
Esquiver ce p?ril, voir toujours Dieu t'assister : tu gagneras
ces gr?ces par des pri?res constantes au nom du Christ J?sus
Notre-Seigneur, lui demandant de t'?clairer par la lumi?re de
l'esprit saint, et de temontrer la voie droite, pour la suivre sans
d?faillance. Le 29 d?cembre 1572 [? Sancerre].?
Cette
belle
lettre, o?
le mot Dieu
fait songer ?
ligne, et qui
? Pantagruel
gantua
re?ut
sans doute
l'admirable
?tudiant
? Gen?ve.
? chaque
?p?tre de Gar
revient
? Paris
2, Fran?ois
Il se trouve en tous
la
cas
inscrit sur les registres do r?fugi?s de cette ville ? la date
du 8 septembre 1573, sous le nom de ? Fran?ois Brou
il retrouvait
escolier de Paris ? 8. A Gen?ve,
Beroard,
son
ancien
et
toute
une colonie
4,
d'Aubign?,
condisciple
fran?aise,
imposait
constitu?e
1545,
depuis
aux
Fid?les
l'immigration
alors
que Calvin
comme l'?preuve
1 ?
Id... futurum est mihi gratissimum
de donner
?, ce qui emp?che
? la premi?re
le sens classique
de puisque
: ? si tibi...
proposition
ob t?lit ?.
Deus
8
Rabelais,
II, 8.
Pantagruel,
8
des Habitants.
Gen?ve, Archives
d'Etat, Registre
*
s'en fut, en 1565, ?tudier ? Gen?ve.
Cf. ses
uvres
D'Aubign?
et de Caussade,
6 vol. in-8?, t. I, p. 11.
compl?tes, ?d. R?aume
09:44:20 AM
V.-L.
216
S AULNIER
: ainsi
?crivait-il en 1540 ? Madame
de Cany
?
renoncer
tout
?
l?
o?
venir
Dieu est
pour
qu'elle
purement ador? ?1 : formule ? rapprocher de celle par
B?roalde
laquelle Matthieu
d?signait tout ? l'heure Ge
d?cisive
devait
n?ve
la lettre ? son fils.
dans
Apr?s avoir profess? la chronologie ? Sedan, et pris
? cette occasion
les eaux de Spa, Matthieu
rejoint son
fils en octobre 1574. D?s le 4 ao?t, puis le 27 ao?t 1574,
de B?ze
insistait, par deux lettres, pour qu'il v?nt ?
Il se d?cida, et
calviniste.
Gen?ve, dans la m?tropole
vint occuper la chaire laiss?e libre par le d?part de Sca
liger au mois de septembre. Il est re?u bourgeois de Ge
de B?ze, professe au coll?ge
n?ve, se lie avec Th?odore
de la ville les belles-lettres et la philosophie
chr?tienne.
femme meurt
le 27 septembre 1575 : il lui
fait succ?der d?s f?vrier 1576, Gabrielle
de Pestel, de
en
veuve
du
Merle
sieur de Benelle.
Il meurt
Auvergne,
seconde
Sa
au Coll?ge de Gen?ve, o? il habitait, le 15 juillet 1576,
des
suites
de la pierre. Voici Fran?ois
l'op?ration
?
libert? h?tive ?, jet?, dit un
Brouard, du fait de cette
? tant?t dans des exc?s de
vertueux biographe,
travail,
tant?t dans de pires exc?s ?.
Vatable
de
avait
ce nom ? barbare
invit? Matthieu
? ;
quand
Brouard
? renoncer
il fut ma?tre
?s arts, c'est-?
il prit le nom de B?roalde,
dire en somme bachelier,
?
fait auparavant
duquel je m'estois
appeler, mon bien
faiteur le trouvant bon et aftprochant du surnom de mon
1 Cf.
Calvin,
Imbart
Paris,
de
1935,
La
Les
Tour,
origines
in-8?, p. 433 sqq.
de
la R?forme,
t.
09:44:20 AM
IV,
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
217
VERVILLE
? On sait
feu p?re Simon Brouard.
qu'il existait deux
:
nom
ce
savants italiens de
l'ancien,
Philippo Beroaldo
son
neveu
et
litt?rateur bolonais
(1453-1505)
Philippo
(1472-1518), auteur de
connues
en France par
latines, quelques-unes
po?sies
Il nous para?t vrai
des traductions de Cl?ment Marot.
Beroaldo
le jeune, po?te bolonais
semblable
que
le nom de B?roalde
f?t un sobriquet dont
sur le nom, appel?rent d'abord
ses condisciples,
jouant
: d'autant
Matthieu
Brouard
le nom de B?roalde
que
se prononcer populairement
Beroual1.
Ajoutons
surnom
ce
Beroaldus
de
avait d?j? ?t? choisi par
que
un ?rudit, Nicolas
B?rauld,
qui florissait vers 1530.
devait
sait enfin que la fortune de ce patronyme ne finit
pas l? : un ?conomiste de la fin du xixe si?cle, Antonio
On
lui aussi
choisit
Monzilli,
le pseudonyme
de Beroaldo
(Filippo).
? qui Matthieu
le
avait donn?
nom
et qui reprit le
de B?roalde
pr?nom de Vatable,
son
m?me
le
y ajouta,
Vatable,
accept? pour
p?re par
? la mode nobiliaire,
le titre de Verville, pour parfaire
Fran?ois
son nom
Brouard,
: du nom
d'un
o?
hameau,
pr?s Montargis,
il
Matthieu
avait habit? et o?
avait s?journ? lui-m?me.
Il signera pour
fois son nom complet :
la premi?re
B?roalde
Fran?ois
de Verville,
Amoureux.
en
1583, au titre des
il signait successive
sans qu'il faille s'exa
Soupirs
Auparavant,
ment : Beroard, Beroald, B?roalde,
g?rer l'importance de ces diff?rentes
peut-?tre
Noble,
le?ons qui ne sont
ou
de prote.
que caprices de scribe
il le disait du moins, B?roalde
s'invente un
Ou plut?t il en adopte un qui avait appartenu
? diff?rents personnages,
entre autres au cardinal
blason.
d?j?
1
Cf.
supra,
page
214,
note
1.
09:44:20 AM
218
V.-L.
SAULNIER
: ? d'azur, ? un ch?rubin d'argent, ayant six
?. Il le donna ? J?r?me de Bara pour l'ins?rer en
Bucafoco
ailes
des armoiries : plus tard, apr?s
sa
famille portait des armes authen
1597, il apprit que
cette pr?tention
il
sans plus de
?nonce
mais
tiques,
de B?roalde,
d?tails1. Sur les titres et armes v?ritables
1579 dans
son Blason
les enqu?tes
invite ? tous les
doutes. Dans
l'?pisode du Glorieux riche 2, il parle bien
sont cottees 8 ?,
d'un contrat o? ses ? qualitez d'escuyer
: ? le suis
et r?torque ? son interlocuteur
gentilhomme
?
vous.
Les contemporains
le qualifient d'?cuyer
auant
le r?sultat nul de toutes
le traite de
gentilhomme : La Croix du Maine
des Cu
Gentilhomme Parisien
; le privil?ge du Pafais
et de
rieux est accord?
au
sieur de B?roalde.
Tous
ces titres
Il para?t bien que son titre de Ver
gratuits.
il
ne
choisi
Tait
ville,
que pour distinguer son nom de
celui de son p?re, c?l?bre ? l'?poque. Nulle de ces pr?
tentions nobiliaires ne semble fond?e.
semblent
de son p?re le firent fr?re d'un
trois mariages
: un
fort secondaires
nombre de personnages
La plupart
suffira ? les mentionner.
arbre g?n?alogique
Les
certain
d'ailleurs
moururent
conclure
de pr?cis
en bas
touchant
?ge. On n'en saurait rien
l'?tat de sant? de B?roalde
lui-m?me.
1
en marge
une note manuscrite
de B?roalde
d'un
Ceci d'apr?s
: exemplaire
retrouv?
1597
de l'?dition du Blason,
Paris,
exemplaire
: cf. sa Notice,
Cette note, p. 128,
et acquis
p. xxxvn.
par Royer
: C'est cy l'armoirie
en
: ? D'azur,
? un ch?rubin...
est ainsi con?ue
armes
et j'avois
choisie auant que je sceusse quelles
forme de devise
?
nous portions,
et la donn? ? maistre
Ierosme
icy.
qui Ta mise
2
Palais
des Curieux,
p. 87.
8 Je
de 1583 dont
volontiers
s'agit de la donation
penserais
qu'il
mus
reparlerons.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
VERVILLE
219
ann?es apr?s la mort
quelques
de son p?re. De Gen?ve, sans doute, il fit un voyage ?
Baie, o? il s'initia ? l'horlogerie et ? l'orf?vrerie1 :voulant
? avant de de
de ?manipulaire
faire son apprentissage
Il demeure
venir ? s?auant
des
fonctions
? Gen?ve
et artiste ?. Il remplissait tout ensemble
Il ?tait encore ? Gen?ve
de pr?cepteur.
en 1578, collaborant ? l'ouvrage d'h?raldique
de Bara.
ses
sont
muets.
Sur la p?riode 1578-1593,
biographes
que nous avons pu tirer de la colla
textes
tion de quelques
?pars.
? Gen?ve 2,B?roalde
En 1575 ou 1576, probablement
Voici
les indications
dut soutenir une th?se de m?decine.
Le
titre de doctor
lui sera en effet d?cern? par ?tienne
Clavier,
son ancien condisciple. Or, dans son journal, qui s'ach?ve
ne fait aucune allusion ?
en d?cembre
1574, Matthieu
medicus
un fait de ce genre ; d'autre part, ? partir -de 1577 et
tout en voyageant
au moins
1584, B?roalde,
jusqu'en
beaucoup, s'absorbe en travaux et publications ?trangers
? lam?decine. Sa vie d'?tudiant semble s'achever en 1576.
? Il ne dut la pratiquer
la m?decine
?
et
pour rendre service : Je fay plus
que par occasion,
la m?decine pour ce qu'il me plaist de faire du bien au
monde, que pour profit que j'en attende ?, dit-il dans le
des Curieux, o? il fait encore allusion au traite
Palais
B?roalde
exer?a-t-il
1
420.
des Curieux,
Palais
2 On
:
en Italie
de m?decine
souvent
les th?ses
allait
passer
dans
B?roalde
de Matthieu
de La F aye, successeur
ainsi Antoine
?taient
et de Padoue
facult?s de Pavie
de Calvin.
Les
l'Acad?mie
de B?ze
Mais
pour les ?tudes m?dicales.
r?put?es
particuli?rement
Cf. Ch. Bor
une iacult?
de m?decine.
de fonder ? Gen?ve
venait
de Gen?ve.
L'universit?
geaud,
09:44:20 AM
220
ment
V.-L.
SAULNIER
d'? une fille semante
d'un de mes amis, laquelle je
bilieuse ?, et ? Y ? envie ? que
gouvernois d'une colique
?. Tou
ses talents ? excitfent]... de quelques M?decins
il du m?decin
le coup d'
le Palais,
perce
jours dans
enfin dans la sc?ne de l'Abstinente 1. Selon La Croix du
Maine,
Cardan
il aurait
encore traduit des
uvres m?dicales
de
2.
11 reste ? Gen?ve
jusqu'au mois de juillet 1578. En
des ar
alors avec Bara ? son Blason
effet, il travaille
moiries : ?En 77 et 78. Nous...
ses inventions
s'accomplit
et o? parut
et moy
? Gen?ve,
la premi?re
ce livre, luy de
? 3 ; or, ce travail
b?tissions
du discours
o? Bara
r?side de
1569
?dition de l'ouvrage
? 1585
en 1579 4.
Mais le travail ?tait termin?en juillet 1578 : le privil?ge
est dat? du 8 juillet. Il est ? Lyon ? la
fin de 1578. C'est l? et cette ann?e qu'il publie son Inter
du Dauphinois
des figures math?matiques
pr?tation
accord?
? Bara
ancien coll?gue de son p?re. A Lyon, sans doute,
son travail et en dirigea la publication
5.
il pr?para
en
1579. C'est
Il est 'revenu ? Gen?ve
janvier-f?vrier
en ces mois qu'il faut placer
n?cessairement
(si elle
Besson,
existe)
la premi?re ?dition du Blason
dont parle B?roalde,
1
120, 70, 271,121-128.
Palais,
2 ?
uures de Hierosme
m?decin
des
Cardan,
Milanois,
Abr?gez
?
et Vari?t?
des choses, non encores imprimez.
la Subtilit?
touchant
Cf. la Bibl.
fr., ?d. 1584, pp. 91 et 480.
8 Note manuscrite
sur l'exemplaire
f? ij v?. Sur J. de
Royer,
en 1569, veuf en 1571, remari?
n? vers 1540, venu ? Gen?ve
Bara,
en 1579
? Lyon
en 1573, qui s?journe
(on perd sa trace
longuement
des armoiries
et son auteur
cf. A. Cartier,
Le Blason
1585),
apr?s
II (1914-17), p. 225.
J. de Bara, Rev. des Livres
anciens,
4
Ibidem, au v? du titre. Cette ?dition nous est inconnue.
5
de math?matiques
n? ? Grenoble,
Besson,
professeur
Jacques
en 1568-9. On a de lui De ratione extrahendi
? Orl?ans
olea, Zurich,
et la science de trouver les eaux et les fontaines
in-8? ; L'art
1559,
in-4? : Le cosmolabe,
cach?es sous terre, Orl?ans,
1567,
Paris,
1569,
et usage du compas
1571 ; Thea
in-4? ;Description
euclidien,
Paris,
et machinarum,
trum instrumentorum
1578, in-f?.
Lyon,
09:44:20 AM
?TUDE
car, d?s
SUR B?ROALDE
DE VERVILLE
221
transf?re son privil?ge
libraire lyonnais ; or B?roalde
donna
Ravot,
: il
ses soins ? l'?dition genevoise
en
d'un
effet
parle
? que ie fis a la
quatrain
premiere impression a Geneue,
1579 1 ? .
le 28 f?vrier 1579, Bara
? Claude
On
? Lyon
le retrouve
date, en effet, va para?tre
aujourd'hui
la premi?re
en f?vrier-mars
1579. A
cette
la deuxi?me
connue.
?dition du Bhson,
est ? Lyon
le
Bara
28 f?vrier1579 (il date de Lyon ce jour, le transfert
du
privil?ge ? Ravot) et le 10 mars (il date de Lyon ce
? Monsieur
de Langres). Et
jour, l'?p?tre d?dicatoire
l'achev? d'imprimer est ?galement du 10 mars.
Il est
vraisemblable
Il
Bara.
que B?roalde
accompagna.
quitte
absent
le Sud-Ouest
lors de
avant
la r??dition
1581, car il ?tait
du Blason
dont l'achev?
f?vrier
est du 11 f?vrier 1581. En
d'imprimer
de ? feinte ?dition
? l'?dition
nouveau
effet, il qualifie
de 1597, qui n'est qu'un
tirage de celle de 1581, ajoutant que l'auteur
?
a fait rapetasser ? le livre ? par un autre ? 2 et y relevant
plusieurs erreurs. Et ce d?part est d?finitif, car il n'est
pas non plus pr?s de Lyon quand y para?t, en 1582, la
:
r?impression de l'?dition latine du Th??tre de Besson
?
en effet, l'ouvrage porte alors : per Iulium Paschalem
?
Nobilem Messanensem.
et Lyon : curieux contraste. Gen?ve, vers les
1580, c'est toujours la cit? sainte du calvinisme,
cette La Mecque
fougueuse vers laquelle la pr?dication
Gen?ve
ann?es
a appel? les purs, et ? laquelle il a
impos? sa
f?rule. Et ce sont les ann?es prosp?res de son Acad?mie,
et
la crise de 1586. Une ville de calvinisme
jusqu'?
de Calvin
Exemplaire
Exemplaire
Royer.
Royer,
Note
verso
au verso du titre.
du titre, et f? vj v?.
09:44:20 AM
222
V.-L.
d'autorit?.
de quelque
mauvais
Lyon,
SAULNIER
au contraire,
c'est une cit? d?sireuse
tr?s
d'un
autonomie
(on regarde toujours
il la citadelle ?difi?e par Charles
IX
sur la
et de
foi catholique
colline Saint-S?bastien)
(la Ligue
bient?t y fera ses progr?s). Aux ?tats g?n?raux de 1576,
l'unit? du culte catholique,
Lyon demande
l'expulsion
des ministres
de conscience,
?
Citadelle.
l'interdiction
de la libert?
protestants,
en m?me temps que la d?molition de la
Tels
sont
les deux
milieux
hostiles
o?
con
temp?rament
ses
amis de l'?poque, outre
tradictoire. Comptent, parmi
le
ancien coll?gue de
math?maticien,
Jacques Besson,
B?roalde
alimente
la formation d'un
son p?re : J?r?me de Bara,
r?fugi? comme lui ? Gen?ve,
dut ?galement conna?tre
sera l'un de ses f?aux.
un peintre-verrier parisien
et Nicolas Le Digne, qu'il
dans
la ville
de Calvin
et qui
Il est peut-?tre ? Paris d?s 1581 : si l'on admet l'au
thenticit? du roman Les aventures d'Ali, publi? ? Paris
en 1582, et qu'il ?crivit sans doute dans la m?me ville :
car en 1581
il n'est ni dans le Sud-Ouest,
ni chez du
or
sont
et
Paris
Les
les seuls
Gast,
Gen?ve-Lyon,
Loges
avant 1585.
que nous connaissions
s?jours de B?roalde
Il travailla
et publia sans doute son livre ? Paris
le lieu o? para?t un
Certes, en g?n?ral,
donc
(1581-1582).
livre n'implique
de
la pr?sence
pas n?cessairement
il s'agit d'une premi?re ?dition,
l'auteur ; mais quand
surtout quand
c'est au moins une indication plausible,
il s'agit d'un premier ouvrage : or, ceci serait le premier
une
uvre roma
livre ?crit enti?rement par B?roalde,
nesque
et non plus
un modeste
commentaire
presque
09:44:20 AM
En
anonyme.
outre,
on
223
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
?TUDE
observera
l'identit?
du
lieu
d'?dition
et du lieu de s?jour de B?roalde
pour la plu
nous
cas
o?
des
documents
des
part
indiquent ce
pr?cis
s?jour.
: une
En 1582, il fit sans doute un s?jour en Anjou
des Curieux nous le montre en compa
sc?ne du Palais
de
sieur du Faux, et d'un gentil
Paschal
Robin,
gnie
homme
de Morannes,
faisant
visite
? une
abstinente
en Anjou, pr?s de Mo
sc?ne
angevine
rannes 2. A cette ?poque
(1582-83), il s?journe pr?cis?
ment en Anjou, dans le domaine des Loges, chez Ren?
se passe
1. La
etc., conseiller
Crespin, seigneur du Gast, des Loges,
:
nous
ce que
du roi en son conseil priv?
enseigne cette
en t?te des Appr?hensions
allusion de l'?p?tre plac?e
?
spirituelles (1583) : Aussy ay-ie dress? ces meslanges
en l'hermitage qui est au pied de vostre maison
des
Loges.
encore
? Or ce recueil est une
uvre de longue haleine
faut-il y ajouter deux trag?dies, perdues
?crites avant novembre
1583, dont
pour
nous, mais
parle
l'?p?tre liminaire de la Pierre Philoso
phale 8. Ce long travail nous autorise ? supposer aux
Loges un s?jour de plusieurs mois ant?rieur au 26 ao?t
B?roalde
1583, date du privil?ge des Appr?hensions.
B?roalde
dans
s?jour des Loges dans le Parvenir4.
Et nous verrions volontiers
dans Yhermitage de du
Gast
aujourd'hui
l'origine d'un opuscule de B?roalde
fera allusion
au
perdu, YHermitage
d'honneur
5.
1
Palais,
l'Abstinente
avec
n'a
rien de commun
L'anecdote
121-128.
pp.
et
B?roalde
de Verville
Cf. H. Clouzot,
de Confolens.
du xvie s., II (1914), p. 322.
la Querelle de VAbstinente, Rev.
2
arr. de Baug?
de Durtal,
Canton
(Maine-et-Loire).
3
? Le Digne,
Adress?e
p. 79 v?.
4 Au
chap. 39.
5 Attest?
dans YHistoire
? cet opuscule
; allusions
par Goujet
v?ritable.
09:44:20 AM
224
V.-L.
SATJLNIER
s'installe ? Paris.
1583, B?roalde
17 ao?t
Il y est en tous cas ? avant midy, le mercredi
rue
?
1583, habitant
l'enseigne de la
Saint-Jacques,
1
Croix ? : ce que nous r?v?le un acte
pass? par devant
et
et Nicolas
le Camus, notaires
Guillaume
de Netz
Vers
le milieu
de
royaux au Ch?telet
garde-nottes
tion faite ? ses s urs paternelles
; il s'agit d'une dona
Marie, Anne et Ren?e
B?roalde
;Marie et Anne ?taient alors sous la garde de
? damoiselle
Marye Gohory, veuve de feu noble homme
en la Court
Me Philibert Cenet, en son vivant advocat
du
Parlement
? ; B?roalde
se dessaisit
ainsi
de
tout
sa m?re
et de
l'h?ritage qui lui revient de Matthieu
revenus
?
touch?s
des
par lui.
Marie,
d?j?
l'exception
Priv? de ressources, il devra d?sormais chasser lem?c?ne.
A
Paris,
B?roalde
retrouve
un ancien
?l?ve
de
son
devenu
p?re, qu'il avait connu : Pierre de l'Estoile,
en
?
?
1582
Colombe
audiencier
la Chancellerie,
remari?
dont il aura une nombreuse
famille. Depuis
Marteau,
il r?dige jour ? jour son pr?cieux Journal.
Il ne
de quelque munificence,
tarda pas ? gratifier B?roalde
car celui-ci lui jure une reconnaissance
?ternelle d?s la
1574,
n?cessaires 2.
des Cognoissances
vient
Paris, quand y
B?roalde, est d?j? la p?ture de la
Ligue. Cette ville d'un catholicisme
fanatique
s'impa
d?dicace
du roi, et s'exasp?rera
jusqu'?
de
devant
Paix
la
1576,
Monsieur,
qui
concessions aux R?form?s, Paris s'agite ;
tiente de la mod?ration
le chasser.
D?s
faisait quelques
ans plus tard, querelles et rixes entre les gens du
et Qu?lus,
Balafr? et les mignons du roi, dont Maugiron
un
en
meurent
autre
Saint
;
qui
qui
mignon,
M?grin,
deux
Archives
Y 125, f? 50 v?.
nationales,
Non dat?e
la plupart
des opuscules
;mais
du 1er novembre
recueil sont d?dicac?s
1583.
parus
dans
le m?me
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
225
VERVILLE
de Guise, est assassin? par les
en
Lorrains. Quand,
1584, un r?form?, Henri de Bour
bon, devient h?ritier pr?somptif du tr?ne, Paris en rage
compromet
la duchesse
se livre ? la Ligue. Guise amasse des armes, recrute des
troupes : le roi renforce la garde aux portes et se donne
une garde personnelle nouvelle,
celle des 45. A partir
?chauf?ou
1587, l'?meute gronde en perp?tuelles
:
se
contre
d?cha?nent
le roi, les
r?es
les pr?dicateurs
se
armes
III
Henri
d?fend
les
;
mal,
Ligueurs prennent
de
malgr?
un
dessein
autres mesures
13 mai
de Blois
des
arrestations
et
11 s'enfuit,
finalement,
le
par
d'?nergie,
de
police.
1583, fait assassiner Guise
: Paris, ? cette nouvelle,
aux ?tats
G?n?raux
entre en ouverte
r?
royale, se donne une adminis
conseil
des 16 : il faudra que Henri III
tration de Ligue, le
en entame le si?ge, men? ensuite ? bien par Henri IV,
bellion
contre
l'autorit?
converti au catholicisme.
Une ville fanatique, farouche,
l? que B?roalde,
l'?tudiant
po?te,
humaniste, vient chercher fortune et cultiver
; c'est
?meuti?re
l'aspirant
les Muses,
Quels
pi?ces
en qu?te d'un m?c?ne qui le rente.
? Ses d?dicaces
sont ses amis de l'?poque
liminaires
qu'ils
donnent
ses
et les
recueils,
celles
nous
permettent au
qu'il leur donne r?ciproquement,
Le Digne,
Nicolas
moins de les apercevoir.
D'abord,
sieur de l'Espine Fontenay, n? vers 1550, qui fut long
temps soldat errant avant d'obtenir les prieur?s de Cond?
et
de
l'Enfourchure
; il m?lera,
po?te,
?
l'inspiration
sacr?e
l'inspiration
1601)
(Les Fleurettes,
uvres
chr?tiennes,
1600). Puis, Pierre de
(Premi?res
son
ancien
l'Estoile
grand
condisciple,
(1546-1611),
profane
audiencier
de
la
chancellerie
de France
(1580-1601),
semble n'?tre pas parvenu ? se
de qui B?roalde
pousser, et qu'il ne conna?tra plus gu?re quand, pen
15
aupr?s
09:44:20 AM
226
V.-L.
SAULNIER
les troubles, l'Estoile aura pris le parti de la Ligue.
Il y a aussi de simples lettr?s, comme J?r?me d'Avost,
de Laval,
l'italianisant, un des champions de P?trarque,
ou Nicole Estienne,
la fille de Charles, n?e ? Paris vers
dant
1545, mari?e
Pierre
? Jean Li?baut.
Brochard,
et Ren?
conseiller
Crespin,
du roi
Et
surtout deux m?c?nes
sieur de Marigny,
conseiller du roi,
et
sieur du Gast
des Loges, ?galement
Les ann?es qui suivent 1583 sont occup?es par la pu
et la recherche d'un
de plusieurs
opuscules
blication
:plusieurs allusions des d?dicaces nous le laissent
? Le Digne
clairement. Donnant
le premier
il se d?clare pr?t ? faire
livre de la Pierre Philosophale,
m?c?ne
entendre
para?tre
la v?rit?
? si d'auanture
cette
pourroit appartenir
des petits)
souhettant
s'auise de me pr?ster
de
quelque
grand
(? qui
cognoissance
qui s'estrange
se dorer si heureusement
faueur, et faisant ma fortune,
de
secrets que
veuille entendre
moy les plus occultes
2
?. Il publie plusieurs opuscules, de
i'ay veus en nature
:
tr?s
vari?s
genres
po?sie amoureuse,
religieuse, poli
; essais en prose de philosophie, de phy
tique et morale
et
3. Il tient ? montrer
de morale mondaine
la
sique
f?condit? et la diversit? de sa veine
que
ce n'est qu'un
commencement
; et ? laisser entendre
: qu'un m?c?ne avec
C'est
fut pr?sent?
? du
par l'Estoile
que B?roalde
peut-?tre
car ils ?taient beaux-fr?res,
du Gast
de
Gast,
ayant
?pous? Marie
s ur d'Anne,
femme de l'Estoile.
Cf. L'Estoile,
B?illon,
premi?re
et passim.
?d. Lemerre, XII,
Du Gast mourut
Journal,
pp. xxxvm,
en 1585
? Paris
ainsi
ans, privant
?g? d'un peu ? plus de soixante
d'un appui
Nicole
B?roalde
auteur
des Mi
Estienne,
pr?cieux.
et litt?raires, p. p.
cf. Vari?t?s
s?res de la femme mari?e,
historiques
t. Ill, p. 321. ?
Sur son mari
Ed. Fournier,
Jean Li?
1855-64,
et agronome,
n? ? Dijon,
cf. L'Estoile,
bault, m?decin
f 1596,
65 ; IX, 227.
VII,
Journal,
2 Recueil
des Cognoissances,
p. 80 r?.
3
Cf. Bibliographie,
infra.
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
227
VERVILLE
lui ne perdrait pas ses soins, qu'une bonne
: le titre ? premier
sur sa t?te bien plac?e
en
Pierre
rente serait
livre? de
la
esp?rer un se
codeste ou Vamour divin (1583)
laisse
au moins
Philosophale
; de m?me la Muse
?
porte, in fine : Fin du premier
1 ?.
volontairement
leste
Dessaisi
cond
livre de
coe
la Muse
de son patrimoine,
: la recherche
il devait vivre de protections changeantes
d'un prince g?n?reux et stable dut ?chouer, car le second
ni de la Muse
Codeste
livre de la Pierre Philosophale
ne semble avoir jamais paru2. Bient?t
courra
vers
de
nouvelles
Il est ? Paris,
d'ailleurs, B?roalde
aventures.
le 1er novembre
il date plu
chez Timoth?e
1583, d'o?
3. Il y publie en 1584,
son
de la vertu ; la m?me
il
Jouan,
ann?e,
Dialogue
donne une po?sie liminaire ? la Fiammella
de
pastorale
4
sur
ainsi qu'aux Essais
Bartolomeo
Rossi, de V?rone
sieurs d?dicaces
les sonnets du divin P?trarque
de J?r?me d'Avost
de
5. En 1585, il rend le m?me service ? la nouvelle
Laval
uvres po?tiques de Philippe
le dernier document sign? de lui avant
?dition des Premi?res
Des
portes. C'est
1589.
1
p. 135, v?.
8 Cognoissances,
Le 2e livre de la Pierre Philosophale
est attest? par La Croix
du
en sa
:mais
Maine
le
Fran?oise
Biblioth?que
pas
qui ne signale
livre. Peut-?tre
a-t-il voulu d?signer de ce titre un ouvrage
premier
sous un autre nom ; nous ne
de B?roalde
connaissons
que nous
la Biblioth?que
?tant de 1584. Mais
pas
voyons
lequel,
plusieurs
uvres de B?roalde
ainsi plus tard sous des titres variables,
parurent
: Le r?tablissement
selon les ?ditions
ou
de Troye
les Amours
d'Ae~
sionne ; Cinqui?me partie de Floride ou leCabinet deMinerve.
8
: de V?me et de ses
Opuscules
facult?s (Cognoissances,
p. 25 v?)
de Vhonneste amour
et de la bonne grace
dialogues
(ibid., 49 v?)
la Pierre philosophale (80 v?) avec faute d'impression MD
:
XXLIII?
4
6
Paris, Abel
Paris, 1584,
Angelier,
in-8?.
1584,
in-4?.
Il signe Fran?ois
de B?roalde.
09:44:20 AM
;
;
228
V.-L.
SAULNIER
par son p?re dans la foi des ?glises r?form?es,
avait abjur?. Nous ignorons ? quelle date, sa
B?roalde
chant seulement que ce fut apr?s la mort de son p?re et
?lev?
1593. Sans doute
avant
fut-ce au cours des ann?es
t?n?
cette ?poque
breuses 1586-88.
correspond un renou
dans la situation de B?roalde.
vellement
consid?rable
A
sa r?sidence, mais ses protecteurs,
ses
amis ne seront plus les m?mes ;nous l'avons quitt? po?te
et polygraphe, nous le retrouverons romancier, et bient?t
Non
seulement
chanoine.
Il nous para?t d'autant
que B?
plus vraisemblable
roalde ait abjur? aux premiers mois de 1586 que l'on vit,
? partir de d?cembre
1585, ? la suite de deux ?dits
royaux
guenots.
Pr?tendue
un
de ralliement des hu
grand mouvement
de la,Religion
d?cembre
1585, ? beaucoup
et leurs
sauver
leurs
biens
R?form?e,
pour
En
de leur religion ?, ?crit Pierre de
vies, font abjuration
une
Sur ce reniement du protestantisme,
l'Estoile2.
:
seule pr?cision nous est donn?e, ? vrai dire m?diocre
3,B?roalde y pense sans doute
?
: Il y en a qui oyans dire Tel a chang? sa
quand il ?crit
De moy il ne m'en esmeut
religion, s'en esmerveillent...
dans
le Palais
des Curieux
au changement que l'es
point, car il n'y a rien si sujet
?
a
cette
dit que
On
conversion fut peu
prit humain.
1
comme
le catholicisme
du 18 juillet 1585 reconnaissant
aux
en France
ordonnant
; et du 16 octobre,
hugue
religion
les quinze
la France
dans
de quitter
r?fractaires
jours. Ces
Cf. Pierre
de L'Estoile,
la guerre.
rallum?rent
Journal
?dits
p. p. Brette, pp. 65, 68).
(extraits
2
entre autres. Un des
de l'H?pital,
Ibid., p. 69. La chanceli?re
du Cerceau.
fut Andr?
les plus admir?s
r?fractaires
3
113.
Page
?dit
seule
nots
09:44:20 AM
229
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
?TUDE
; que ce fut avant tout une
1
?
: supposition tout arbitraire.
? fructueuse
sp?culation
sera
Il est vrai que la situation catholique de B?roalde
:
connue jusqu'alors
plus reluisante que celle qu'il avait
il ne s'ensuit pas que la conversion f?t le r?sultat d'un
sont
humains
car les mobiles
pur calcul d'int?r?ts,
sinc?re
: nous
l'ignorons
toujours complexes.
La p?riode 1586-88
reste la plus obscure ; nous ne le
en ces
voyons plus ? Paris, et pas encore ? Tours. C'est
? sa guerre ?.
t?n?breuses
ann?es
que nous pla?ons
Ce qu'aucun m?c?ne n'a pu lui donner, il le demandera au
son ami Nicolas
avec
des armes. Guerroya-t-il
Le Digne, qui, nous le savons,
m?tier
fut soldat
nous
mais
avant
d'?tre
connaissons
? C'est possible,
trop
d'?glise
mal la vie de Le Digne pour en ?tre ?clair?s le moins du
sur B?roalde
2. Nous ne le sommes gu?re davan
monde
des Curieux, qui, on le
tage par les allusions du Palais
sait, contiennent
bien des souvenirs
autobiographiques,
Dans
l'?pisode du
et m?l?s.
mais
singuli?rement ?pars
il parle en termes tr?s vagues
Glorieux Riche,
? Laissez vos grandes richesses qui ne sont qu'une ombre ;
nous
en avons
; la guerre
pass?e
l'a
faict
paroistre
: car nous
y auons plus despenc? en croppieres pour les asnes de mon
ne listes
bagage, que vous, qui estiez de notre compagnie,
?
3,
au
vostre
de
oncques
plus magnifique
equipage
1
G. Raynaud,
La France
II, col. 407.
protestante de Haag,
2
sans doute
exacte
le Digne
Sur Nicolas
(floruit 1583-1610,
de
de B?roalde),
ment
sieur de l'Espine-Fontenay,
contemporain
auteur
de po?sies
et de l'Enfourcheure,
Cond?
(Premi?res
pieuses
uvres chr?tiennes, 1600) et de po?sies m?l?es
Paris,
(Les Fleurettes,
1601), qui pla?a des pi?ces liminairesdans de nombreux livres de
B?roalde,
fran?aises
8 Palais
et r?ciproquement,
cf. Fleuret
du XVIe
si?cle, Paris, Gamier,
88.
des Curieux,
et Perceau,
Les
t. II, p. 73.
satires
1922,
09:44:20 AM
230
V.-L.
SAULNIE
1 :
?
reportons cette guerre ? aux ann?es 1586-88
sa biographie
nous para?t remplie sans
car jusque-l?,
laisser de place ? un assez long ?pisode guerrier (assez
Nous
le montre), et qu'apr?s
1588
: il sera absorb? en travaux
long, la derni?re citation
nous retrouvons sa trace
litt?raires au moins
1600,et d'ailleurs
jusqu'en
chanoine:
et puis l'?ge vient. Or, ensuite, l'?re des grands troubles
guerriers ? travers le royaume semble r?volue 2.
C'est sans doute ? la m?me ?poque que se rapporte un
autre
? Je
un
suivois
estant
seigneur...
les
selon
r?cr?ation
du Palais
?pisode
objects...
petite porte d'une ?glise,
miliers...
passer,
et
Je m'attaquay
leur dis, tenant
Un
sa
jour...
suitte
je
ie me
me
donnois
?
trouvay
dont les Chanoines m'estoient
tous
mon
les Chanoines
esp?e
en ma
la
fa
vouloient
qui
main,
queje
s?a
vois bien nommer mes armes en latin, et qu'il falloit qu'ils me
nommassent
ou
qu'ils
aussi
la leur qui
n'entreroient
pas,
est
ains
l'Aumusse,
feroyent
en mesme
le tour
langue,
; j'asseurois
que cela m'estoit command? de faire pour l'instruction du fils
de celuy que j'affectionnois 3. ?
Il ne se servait pas seulement de l'?p?e pour de tels
tours de Panurge
; il en jouait aussi en duel, et, dit-il,
non sans go?t :deux duellistes le choisirent un jour pour
directeur de combat, et ? ce qui fit qu'ils m'esleurent
pour cet affaire, est que lors j'estois tousjours prest pour
en faire dire : je disputois des duels, j'en amenois mes
resolutions ? 4. C'est tout ce que nous savons de l'?poque
o? B?roalde
porta
l'?p?e.
S'agit-il
de v?ritables
cam
1
Si, comme nous l'avons
propos?
(p. 218, n. 3), le contrat dont
au Glorieux
est vraiment
la donation
Riche
de 1583,
parle B?roalde
c'est un argument
de plus.
2
des Curieux
Le Palais
est, soit de 1602, soit de 1612.
3
Palais,
p. 136.
4
Ibidem, p. 148.
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
B?ROALDE
DE
231
VERVILLE
sanglante ? Ces
?quip?e moins
pagnes ou de quelque
deux ann?es sont les moins claires. C'?tait l'?poque de
guerre de religion, opposant les trois Henri,
de Navarre, Henri de Guise (1585-93) :
avait contraint Henri III ? interdire le culte
la huiti?me
Henri
III, Henri
la Ligue
calviniste
; Henri
de Navarre
battait
le duc de Joyeuse
de Guise ?tait vain
(1587) tandis qu'Henri
sa
en
et
chassait
que
queur
popularit?
Champagne,
le roi ? le faire
Henri III de Paris vers Tours, poussait
aux ?tats
G?n?raux
de Blois
assassiner
(d?cembre
??Coutras
1588) : ensuite, la r?conciliation du roi et du B?arnais,
le si?ge de Paris, l'assassinat d'Henri III et le triomphe
d'Henri
IV. Il nous appara?t comme tr?s vraisemblable
servit en 1586-88, non chez le Navarrais
ni chez le Guisard, mais dans les troupes du Roi, comme
nous invite ? le croire son repli ? Tours. Et c'est une
f?t
raison de plus de supposer qu'? cette date B?roalde
que B?roalde
d?j?
converti.
Tours,
loyaliste,
dans
qui
contribution,
: une ville
o? y vivra B?roalde
un
mette
la
peu trop ?
qu'on
qu'elle est par bien des traverses.
les ann?es
se plaint
?prouv?e
De 1589 ? 1594, la ville fait figure de capitale : elle
est le s?jour de la Cour et du Parlement
; mais, si la
du
les envi
dans
roi
ville
la
ob?issante,
pr?sence
garde
rons Ligueurs
et Protestants
font ravages. Tours s'ap
?
? s'?tend : du fait des guerres
la
pauvrit,
gueuserie
religieuses, du constant entretien de troupes, des frais
du s?jour royal, des imp?ts divers, alors que plus des
ont fui, et ? l'heure o?
deux tiers de la population
:
le cas est grave ; avant
l'industrie de la soie d?cline
les guerres religieuses,
Tours
avait
800 ma?tres
et 6.000
09:44:20 AM
232
V.-L.
compagnons
d?videurs
SAULNIER
; l'industrie
de
la
soie
faisait
40.000
?mes ; aujourd'hui,
200 ma?tres, pas de
ni
c'est
mis?re
la
; on employait
compagnons
d'apprentis,
2.000 balles de soie de 2.500 livres, l? o? l'on en travaille
vivre
maintenant
la soie n'arrive m?me plus,
100; d'ailleurs,
elle est arr?t?e ? la descente de la Loire : d?tails que
nous enseigne un Cahier de dol?ances dress? pour l'as
sembl?e
de notables
suivent
voient
de
de Rouen
nouvelles
en 1596. Les
ann?es qui
: les ?pid?mies
?preuves
de peste (1603-1607,1631-33) ; en 1608, un froidterrible
et des
inondations, en 1630 une disette grave ; et tou
et protestants,
des rixes, des
jours, entre catholiques
pillages, des arrestations, tumultes et ?meutes. Des dis
d'un nouveau
l'organisation
f?tes aussi, par
Des
genre d'assembl?e
municipale.
cour
de Louis XIII
la
exemple quand
s?journe dans la
putes
communales
pour
il s'y r?concilie avec Marie de M?di
(1616), quand
cis (1619). 11ne faut donc pas pousser au noir le tableau.
Comme d'habitude,
les chroniqueurs
rel?vent surtout
est vrai que les peuples heureux
les infortunes, puisqu'il
ville
n'ont pas d'histoire et que chaque ville se plaint de son
sort pour obtenir du pouvoir royal des all?gements de
charges. Milieu turbulent n?anmoins, agit? de questions
et d'int?r?ts
naisons
combi
mat?rielles,
divers, pr?occupations
le tout offrant une riche mati?re ?
politiques,
la m?dita
l'observateur
satirique en m?me temps qu'?
tion du sage sur l'homme.
install?
C'est en 1589 que nous trouverons B?roalde
Il donne d?s cette date une pi?ce liminaire au
? Tours.
Premier
livre du
th??tre tragique de
1
in-4?, selon
1590,
Tours,
1589 selon les indications
mais
libres et satiriques,
p. 109.
Roland
de
le catalogue
de F. Lach?vre,
la Bibl.
Recueils
Brisset
nationale
de po?sies
09:44:20 AM
*.
;
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
233
VERVILLE
Ce qui implique d'ailleurs qu'il ne fut pas alors tout ?
venu ? Tours : son arriv?e dut pr?c?der
fait nouveau
cette publication.
mois
de quelques
C'est vers 1590
qu'il commence son grand roman des Aventures de Flo
ride. S'il choisit Tours pour demeure, c'est que la ville,
en ces ann?es, est le centre loyaliste. Henri III a quitt?
Paris au lendemain de la journ?e des Barricades
(mai
: pour Chartres,
1588)
d'abord
; il portera
sa r?sidence
? Tours ? la findes ?tats de Blois (janvier 1589). D?s
le d?but de l'ann?e 89, il fait passer ? Tours la Cour de
et la Chambre
Et
des Comptes.
la cour
Parlement
l'exemple d'un exode vite imit?. Le
plus significatif, pour les lettres, est celui de sept li
: Jamet Mettayer, Marc Orry,
braires ?diteurs parisiens
Jehan
Claude de Montre'
Guille
il,
Richer, Matthieu
royale donne
ainsi
du Molin
S?bastien
mot,
? Paris,
situation,
en mars
mort
devenait
et Georges
Drobet
du
s?re
Gast
;
peu
La
?tait
1585 ; tous ses protecteurs
possibles
?
Tours avec ses libraires (au premier chef, des
fuyaient
conseillers d'?tat, comme Fran?ois d'Amboise
; non pas
:
?
suivit
B?roalde
Pierre de l'Estoile, qui restait
Paris)
le mouvement
g?n?ral.
braires
vais
Contraints
ce repli, les li
ensemble les mau
?
s'organisent pour supporter
jours : d?s l'arriv?e, Claude de Montre'
Richer
s'associent
; Orry
il et Jehan
lie sa fortune ? celle de
son
; bient?t, du Molin et Guille
beau-p?re, Jamet Mettayer
mot s'associent ? leur tour pour un an 2. Finalement,
le
1 Cf. Dr.
et imprimeurs
de libraires
association
Une
Giraudet,
Le
au XVIe
de Paris
1877, in-40.?
si?cle. Tours,
r?fugi?s ? Tours
on ne sait,
ou Drobet,
de Robet
dernier
libraire cit? se nommait
sur le do
car il ne savait pas ?crire : une croix lui sert de signature
cument de 1591.
2
1592. Giraudet,
Acte du 1er septembre
op. cit., p. 45.
*
Document
Pass?
publi?
par devant Me Ch. Bertrand.
brochure
cit?e de Giraudet,
pp. 20 sqq.
dans
09:44:20 AM
la
234
V.
L.
SAULNIER
de pr?
1591, les sept libraires, ? demourants
sent en ceste ville de Tours et y estans reffugiez ? cause
6 octobre
des troubles
consortium
forment un
?, s'adjoignent Abel Langelner,
au 1er oc
1er
du
1591
effet
octobre
ayant
tobre 1593, par un contrat renouvelable
Les libraires
ne
leur ville qu'en
parisiens
regagneront
1594, apr?s
l'entr?e de Henri IV en sa capitale 2.
Leur
de
contrat de 1591 concerne en particulier un projet
: uvres de Desportes,
de huit ouvrages
r??dition
S?n?que, Montemagior
(sic), etc.. La Diane
de Montemayor,
de r?imprimer, avait
s'agissait
qu'il
?t? traduite en fran?ais par Nicolas
Colin, chanoine
de Reims,
pour la premi?re partie 3, et par Gabriel
Garnier,
de Lyon, pour la deuxi?me
et troisi?me.
des parisiens
parut ? Tours
tourangeaux
1592 4. Or, trouvant que la traduction
composite
Chappuis,
r??dition
La
en
de
comme aussi
Colin-Chappuis
manquait
d'homog?n?it?,
? B?roalde
Jamet
avait
demand?
d'?l?gance,
Mettayer
de r?viser l'ensemble
; il ajouta,
cents vers. Travail qu'il
quinze
milieu
en particulier, environ
commencer d?s le
dut
ou la fin de l'an 1591,
d'apr?s
libraires.
A
le programme
des
la m?me
lui demandait
?poque, Jamet Mettayer
la Constance de Juste Lipse 5, travail qui fut
en 1592. ?
dit : ni la
Autrement
?galement
de traduire
achev?
1
Sauf S?b. Molin,
en juin 1594.
qui se fixe ? Tours
2
Reims,
1578, in-12.
3
1582 : ?dition perdue
de la traduction
; les trois parties
Lyon,
r??dit?es
? Paris par Nicolas
ensemble
en 1587.
Bonfons
4
La Diane...
reveu? et corrig?e outre les pr?c?dentes
impressions.
in-16.
Tours,
1592,
6 ?
en
ie
mis
la
d'un
Constance
docteur
Quand
fran?ois
que Iamet
ce fut a la solicitation
de l'Imprimeur
des Cu
imprima,
?, Palais
de lust Lipsius,
rieux, 309. Les deux liures de la Constance
Tours,
Jamet Mettayer,
1592.
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
d'un
recherche
il la demande
? des commandes
B?roalde
DE
235
VERVILLE
ni l'aventureuse
carri?re des
m?c?ne,
une situation mat?
donn? ? B?roalde
armes n'ayant
rielle confortable,
brairie,
B?ROALDE
eu
avait
Vincent
Barth?l?my
parisien : Timoth?e
? des
travaux
de
li
de traductions.
d'abord
et Claude
des
?diteurs
lyonnais,
Ravot
(1578-79), puis
ses ann?es
(1583-84). En
il
consortium
le
travaille pour
tourangeau
tourangelles,
et
Jamet
Guillemot
Matthieu
Mettayer,
parisien,
S?bastien
Molin
consortium
Mallard'et
dont
Jouan
les maisons
sont li?es ; et avec
le
du Petit Val, Thomas
de Rapha?l
Th. Reinsart
les
maisons sont ?galement
(dont
rouennais
li?es) pour ses Florides.
Dans ses ann?es tourangelles,
il a pour amis des gens
de lettres locaux, et, comme d'habitude, des gens de cour.
Dans le premier groupe, Rolland Brisset, ? gentilhomme
?
auteur de trag?dies, qui ?crit
tourangeau
(1560-1647),
pour lui bien des billets liminaires fran?ais et latins ;
et le bon po?te Guy de Tours. Dans
le second, Charles
de La Rochefoucauld,
sieur de Barbezieux,
conseiller
du roi 1 ; de la Grange Rivi?re,
conseiller
?galement
du roi ; Pierre Forget de la Picardi?re, d'une famille de
robe bien en cour ; la mar?chale
Claude
de
de La Ch?tre, femme de
la Ch?tre, mar?chal
de France
; Fran?ois
1
? de B.
lui que d?signe
Nous
c'est
la mention
pensons
que
sieur de la Roche
F ? en t?te de la S?rodokimasie.
Sur lui, cf. L'Es
TOiLE, I, 305. Le Barillaud
(pi?ce liminaire en t?te de Floride,
1593)
du Grand
?tre Bariot,
cf. L'Estoilf,
Conseil,
peut
pr?sident
II,
?
?
320, 347. Il y aurait un int?ressant
r?pertoire des amis de B?roalde
? faire, en s'aidant
et d?dicaces
des pi?ces
liminaires
et
diverses,
du journal de l'Estoile,
etc.
au
Michel Guy, dit Guy de Tours (1562 P-1611), filsd'un procureur
avocat.
Cf. Premi?res
de Tours,
uvres et soupirs
pr?sidial
amoureux
et mignardises
d'amour
r??d.
amoureuses,
; Paradis
?
J. D. Maublanc,
Blanchemain,
1878, 2 v. in-12.
Guy de Tours,
1931
Paris,
(hors commerce).
09:44:20 AM
236
de
V.-L.
la Guesle,
Guesle,
archev?que
procureur
g?n?ral
S AUL NIE
de Tours, et Jacques
du Parlement
de Paris
de
la
(1557
1
conseiller d'?tat en 1604
;
1612) ; Fran?ois d'Amboise,
et Pierre Brochard,
sieur de Marigny,
conseiller du roi,
assez
personnages
Le 3 novembre
obscurs.
1593, il est nomm?
chanoine
de l'?glise
2. Il trouvait
enfin
Saint-Gatien
de Tours
coll?giale
dans cette pr?bende la s?curit? mat?rielle
avec la possi
se
consacrer
bilit? de
enti?rement aux lettres. De fait,
les vingt ann?es 1592-1612
le voient produire une s?rie
d'ouvrages
consid?rable
: romans,
m?me.
langes curieux, po?sie
peu de documents biographiques
Cabinet
Lipse,
Lipse
Cruce.
m?
livres moraux,
part quoi, nous avons
sur cette p?riode. Son
de Minerve
(1596) lui valut l'animosit? de Juste
une
pour
remarque qu'il contenait3 et dont Juste
aurait ?t? jaloux : comme l'atteste son livre de
Sa S?rodokimasie
dans
(1600) inscrit B?roalde
une affaire historique de plus de relief. Avec elle, il prend
sa place dans une v?ritable campagne de presse men?e ?
l'instigation du nouveau roi Henri IV. La paix revenue,
encourageant
le redressement
?conomique
du
pays,
1
en 1550, mort
sieur de Vezeuil,
n? ? Paris
d'Amboise,
Fran?ois
en 1620 ; fils de Jean d'Amboise,
? Paris
Ier
chirurgien de Fran?ois
et de ses successeurs.
aux frais du Roi, au
?lev?
;
coll?ge de Navarre
au m?me
en 1568 ; des ?tudes
de droit
r?gent de seconde
coll?ge
lui ouvrent
le Parlement
au grand
de Bretagne.
Avocat
(1572)
conseil
du conseil priv? et ma?tre
des requ?tes
du
(1586), membre
en 1604. Il avait
roi (1589), conseiller
d'?tat
suivi Henri
III en Po
Il signait baron de la Ghastre
sur Loire,
sieur d'Emery
et de
: aucune
de ces pr?tentions
ne semble
nobiliaires
fond?e
sous
Il publia
le pseudonyme
de Thierry
(d'Hozier).
Timofile,
sa com?die
: cf.
des Neapolitaines
gentilhomme
picard,
(1584)
Ed. Fournier,
Th??tre
du XVIe
si?cle, Paris, s. d. 2 vol.
fran?ais
in-16. On lui doit aussi une ?dition des
uvres d'Ab?lard,
1616.
8 Date
donn?e
les registres de la coll?giale.
par Niceron
d'apr?s
8 F. 15.
Ceci d'apr?s
le Palais
des Curieux,
309 : ? il a parl? de
mon
comme
observation
ne l'avoit
par d?dain,
par ce qu'il
pas
?
trouv?e premier, et
qu'il estoit Espagnol.
logne.
Vezeuil
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
237
VERVILLE
de gagner l'opinion ? la s?riciculture :
fut un des tracts ainsi publi?s.
l'ouvrage de B?roalde
sont
ses G?orgiques. On a vu l'im
ce
La S?rodokimasie,
IV essaya
Henri
: importance
portance de la question de la soie ? Tours
n'ait pas
reste
du
vitale. On comprend
que B?roalde
cour s'y installe : le
la nouvelle
regagn? Paris quand
1589.
Il dispose, en 1593,
m?me
cas n'est plus le
qu'en
et s'assure
stable, d'amis provinciaux,
position
concours
Son
installation
dee imprimeurs rouennais.
le
sans doute plus
? Tours est d?finitive.
Il ne quittera
d'une
l'y avons vu en 1593. Il y est encore en
Et, selon Colletet, mais aussi selon toute
la ville. Nous
1601 et 1623
il y mourra.
vraisemblance,
?poque
? 1629, o? B?roalde
1612
ne publie plus. C'est devant ce fait
le fait mourir vers 1612, mais ? tort.
la tradition
que
: ce sont les ann?es
connue
reste mal
Une
seule hypoth?se plausible est de placer en ces ann?es
l'?laboration du Parvenir. Selon Colletet, en ces ann?es
:
aurait men? une vie de pire d?bauche
B?roalde
La
? La
vie
pauvret?
assez
luy fit traisner
l'accabloit
qui
turbulente,
agit?e
et
fort
incomode...
longtemps
Il aymoit
une
ces
bons mots que Ton appelle mots de gueulle, jusques au point
que
gnoit
sortes
Soubs.
pour
de
en
de
apprendre
les
fr?quenter
de personnes
pr?textes
arts
m?chaniques,
?
d?bauches.
et son canonicat
pour
de
nouveaux
brelans
rustiques
s'instruire
il se
rendoit
n'aurait
tous
et
les
les
tavernes
il ne fei
jours,
avec
toutes
et abjectes
dans
souvent
fussent...
qu'elles
termes
les propres
des
compagnon
fait qu'aggraver
lemal
de
leurs
1
dont M. Vincent,
trois actes notari?s
notaire honoraire,
D'apr?s
au Congr?s
des Soci?t?s
savantes
de 1898.
donne
communication
a ?chapp?
? la curiosit? des critiques. Malheureuse
Ce texte capital
ment
la nature des pi?ces n'est pas indiqu?e.
09:44:20 AM
238
V.-L.
SAULNIER
? ayant plus de moyen de fournir aux frais de ses voluptez,
il donna plus commod?ment aux mouvemens
imp?tueux de
ses sens et de ses passions desreglees tout ce qu'ils exig?rent
de
luy...
plus, B?roalde
:
religion
Bien
aurait
une
abjur?
fois encore
sa
? il se deffit simoniaquement de son b?n?fice, abjura la reli
gion de ses p?res, et embrassant les opinions nouvelles, il fit
profession publique de la secte de Calvin, ? laquelle apr?s tout,
quelque mine qu'il fist, il n'ajoutoit pas encore beaucoup de
foi1.
sait que le t?moignage de Colletet n'est pas sans
d?faut. Il a pu fort bien brouiller ses souvenirs, en par
On ne voit pas quel
seconde abjuration.
lant d'une
On
int?r?t y aurait engag?
b?n?fice, sans satisfaire
: c'?tait
B?roalde
son
perdre
sa conscience, puisqu'il
para?t
de conviction. Mais en l'absence de toute
avoir manqu?
autre indication,
sans y croire,
B?roalde
c'est
il faut bien mentionner
au moins,
f?t-ce
ces all?gations.
mourut
inexact.
? Tours. En 1612, selon la tradition2:
S?rement
apr?s le 14 septembre 1623,
signe alors un acte notari? 3. Aux environs de
puisqu'il
dit
C'est tout ce qu'on en peut savoir.
Colletet.
1629,
Il reste possible que B?roalde
ait renonc? ? son cano
et adopt?
le protestantisme
remarier. On a vu que le c?libat
nicat
pour se marier ou se
n'?tait point pr?cis?
ment le fait de sa famille ; et Colletet dit qu'il se d?fit
simoniaquement
1
Colletet,
8
Histoire
de son b?n?fice.
Or, peut-?t'e
Vie de B?roalde.
de la Litt?rature
de B?dier-Hazard,
etc.
de Lach?vre,
8 Cf.
supra, p. 237, n. 1.
Recueils
conna?t
satiriques
09:44:20 AM
sur
?tude
on de
xvne
de
b?roalde
239
verville
lui un fils ; la fin du xvie
si?cle et le d?but du
:
nous offrent au moins trois nouveaux B?roalde
B?roalde
Christophe
(on a de
lui une pi?ce
de vers de
1586), Gilles B?roalde (auteur d'une pi?ce de 1584) et
surtout un
le Jeune 1. F. La ch?vre
certain B?roalde
2. Au vrai,
propos? d'y voir un fils de notre B?roalde
ce nom nous semble bien calqu? sur celui du B?roalde
le Jeune italien, neveu du premier B?roalde
s urs de B?roalde
pas
qui ne moururent
semblent ne pas avoir fait souche. Au total,
; or, les trois
en bas
?ge
l'hypoth?se
3. En tout ?tat
sans plus
reste plausible,
fut le fils de Verville,
si
B?roalde
le
Jeune
cause,
nous verrions Volontiers en lui un fils naturel. L? aussi,
de Lach?vre
de
lui avait montr?
Rabelais
?
II.
Le
vrai
L'incertitude
ont jusqu'ici
visage
la voie.
de
B?roalde
de
Verville
la confusion de l' uvre
biographique,
voir
clair dans la conscience
emp?ch? d'y
l'homme.
de
se pr?senta
B?roalde
yeux des contemporains,
un peu maniaque,
un philosophe
un abscons
abstracteur
d'?nigmes. Ou bien, sur la foi de certains
Aux
comme
?rudit et verbeux
titres, on faisait de lui le moraliste
sous la plume duquel
le mot vertu revient comme le
se le
d'un tel visage
motif souverain. Qui s'ennuyait
1 Deux
des modernes
po?tes fran?ois,
pi?ces de lui dans l'Acad?mie
contient
du Brueil,
deux
des
1599,
in-12, qui
Paris, Ant.
pi?ces
lre partie.
de Floride,
Aventures
Bibliographie des recueils collectifsde po?sie du XVIIe
si?cle,
t. I, p. 108.
8
:Verville
avait alors 43 ans.
?crivait en 1599
Ce jeune B?roalde
vers 1579, veuf avant
le supposer mari?
Ce qui pourrait
1593, et
en pr?sence
nous sommes
si?cle. Mais
de
remari? au d?but du xvne
pour affirmer.
trop pr?caires
pr?somptions
09:44:20 AM
240
V.-L.
comme
figurait
S AULNIER
un d?bauch?
de
la vieille
souche,
un
compagnon
qui raille.
sont les l?gendes : alchimiste, censeur ou immo
choisit un de ces termes, en g?n?ralise
raliste. Chacun
de ces
l'aspect, et va conclure comme gratuitement
1
sur la paternit? du Parvenir
consid?rants
sp?cieux,
et autres points d'ex?g?se b?roaldienne.
D'o? des oppo
paillard
Telles
entre critiques : le p?ch? majeur
?tant
censeur ou immora
la vie. Alchimiste,
liste : on a trop voulu qu'il f?t l'un ou l'autre ; puis, on
en
la port?e de termes que l'on alla jusqu'?
exag?ra
tendre ? contresens. Sur un seul point, l'accord est ?
sitions farouches
de sch?matiser
: B?roalde,
nous dit-on, ne sut jamais
peu pr?s acquis
uvres sign?es ne sont qu'un fatras
?crire, et toutes ses
une quatri?me
sans gloire. Et c'est l?, croyons-nous,
l?gende.
la l?gende de l'alchimiste, je choisis Niceron pour
et
de B?roalde
Sur le savoir p?dantesque
responsable.
se
en
il
ses pr?tentions
d?lecte
gorges
herm?tiques,
De
La pierre philosophale,
de la sympathie,
chaudes.
les myst?res
Encore
dienne.
sans
biage
alambics
la
la quadrature du cercle,
voil? la mati?re b?roal
lui pardonnerait-on
supr?me maladresse
cet ennuyeux ver
: ce familier des
les dames. Pr?
pr?tend faire le beau devant
tention ridicule. Une sorte de Vadius qui jouerait Ch?
rubin. Le portrait ne manque pas d'une saveur burlesque.
Il manque
Nous
peut-?tre
abr?geons
ainsi
tout
simplement
le titre du Moyen
d'exactitude.
de Parvenir.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
241
VERV1LLE
? Le caract?re de Verville est d'?tre un discoureur m?ta
en toute
physicien sur toutes sortes de sujets et d'afiecter,
occasion, de para?tre instruit des secrets les plus cach?s de la
comme de la pierre philosophale, du mouvement
perp?tuel, de la quadrature du cercle, des causes et des effets
de la sympathie, des ph?nom?nes les plus singuliers de la phy
sique, des myst?res de la m?decine, etc.. ; de faire le th?olo
gien et de moraliser ? perte de vue ; de vouloir passer pour
habile dans l'architecture, en faisant, dans la plupart de ses
nature,
ouvrages, des descriptions circonstanci?es de palais ; et avec
tout ce fatras et cet attirail d'?rudition de t?cher de para?tre
?
galant avec les dames V
Que
B?roalde
initi?s ; qu'il
aime
tienne
? para?tre profond, ? jouer les
uvre aux rares
? r?server son
esprits qui l'entendent ; admettons-le. Nous dou
tons toutefois qu'il faille chercher un sens occulte ?
bons
ces
tous
D?s
termes.
1655,
le savant
Petrus
Borellus
trouvait
un
des Princes
dans YHistoire
symbolisme
herm?tique
: jouant au
il d?
Fortun?s
petit jeu des anagrammes,
de Quimal?e et
couvrait VAlquemie sous le personnage
A si bonne
le Mercure
fixe sous celui de Mexifurrece.
?cole, Charles Sorel se sent devenir ing?nieux : il ?tudie
le Songe de Polyphile et d?couvre YElixir sous le tendre
nom de la nymphe Xyrile,
Nous voil? bien avanc?s.
des romans
leSol fin sous le nom de Lofnis.
a fait souvent
Oui, B?roalde
? clef. Les
lettres initiales des chapitres de
sa traduction du Polyphile forment la phrase : ? Fran?ois
Colomne
serviteur fid?le de Polia
?, tout comme dans
: ? Poliam Frater Franciscus
Columna pera
l'original
mavit. ? Le Voyage des Princes Fortun?s porte en sous
a ?crit
?. Et B?roalde
uvre st?ganographique
titre : ?
1
Cf. Niceron,
M?moires,
XXXIV,
224-238.
16
09:44:20 AM
242
V.-L.
SAULNIER
un ou deux
livres de recherches de la pierre philosophale.
Ce n'est point pour autant que tous ses ouvrages soient
et de cornues.
encombr?s, ? l'arri?re-plan, d'alambics
Il nous para?t m?me peu n?gligeable d'interroger, sur le
sens du mot
alchimie, B?roalde
de nous r?pondre ? plusieurs
:
des Curieux
dans le Palais
lui-m?me.
reprises,
Il a pris soin
et notamment
? Je ne cesseray
jamais de mesler parmy mes escrits quelque
gentillesse qui tende ? l'alkemie... cette belle et unique science...
Je rejette le vain soufleur charbonnier, j'honore le s?avant
alquemiste dont les op?rations sont les anatomies des sujets
de Nature... Tout Physicien qui n'est point alquemiste (c'est
? dire manipulaire), va filosofant ? cloche pied ; comme tout
m?decin qui n'est pas empyrique, est ainsi qu'un Prestre qui
n'est pas ?lerc ; je voudrois que la science et la practique fus
sent
bien
unies
ensemble
1. ?
tout leur poids ? ces confidences. Par alchi
des corps,
entend
l'analyse
mie, B?roalde
pratique
n'est pas
antidote des savoirs livresques. L'alchimiste
Donnons
un docteur
un man
en Kabbale,
mais
uvrier d'exp?rience.
tise son pr?tendu
un appel ardent
peine ? concevoir
un ouvrier,
dont on stigma
formel sont au contraire
au
contraire
Les mots
dogmatisme
? l'empirisme
le plus
pareil contresens.
concret
: on a
est un esprit scientifique, un authentique
savant. On dirait presque un pr?curseur de la m?thode
si l'on n'y risquait le soup?on d'anachro
exp?rimentale,
B?roalde
Il a dit sa passion du savoir en de fortes formules
:
qui m?ritent lam?moire
nisme.
? Le z?le de la v?rit? m'eslance, et si je voy ou oy quelque
chose qui me semble contre la raison, je viens incontinent ? ce
1
Palais
des Curieux,
281
et 119.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
DE
B?ROALDE
243
VERVILLE
qui la peut juger, pour en estre asseur?, et adonq sachant, je
en s?avant.
parle
? Je ne me
soucie
d'o?
pas
la
science
vienne,
pourveu
que
je la puisse avoir... Il n'y a point de plaisir ?gal ? celuy d'ap
car
tousjours,
prendre
mon
unique
passion
le d?sir
n'a
de
pas
rassasiment...
C'est
1. ?
son premier ouvrage
en
litt?raire, il ?voquait
termes chaleureux
la joie de l'esprit devant la science, le
D?s
tresgrand contentement qu'il peut recevoir cependant
qu'esgar? es t?n?bres de cette lumi?re sensuelle il va ? tastons
apr?s les choses qui aujourd'huy le semblent surmonter, les
?
quelles seront apr?s les jours ses inf?rieures 2.
de fait, son bagage scientifique
:
son culte de la math?matique
Et
Il a dit
?tait vari?.
? Je suis Math?maticien, je ne conc?de rien en science que ce
qui m'est demonstr?, et surtout ?s sujets o? les sens sont
requis.
? D?s la sortie de mon enfance, les
Math?matiques ont est?
mon
et
bien
de
le souuerain
croy que si j'eusse eu en ce
esprit,
un
mecenas
pour m'y aider, j'eusse atteint une
temps l?
grande
perfection.
n'aye
m?canique
Neantmoins
? descouvrir
tasch?
je n'ay
quelque
jamais
cess?
que
et surtout
excellence,
en
je
la
o? j'ay quelquefois excell? 3. ?
il consid?re
comme nul
le savoir th?orique que
du
Il a pris soin
n'?taye pas l'exp?rience
manipulaire.
?
?
et
de s'initier
l'orf?vrerie, du temps qu'il
l'horlogerie
?tait ? Baie 4. Il est m?decin, comme Rabelais
; pratique
Mais
son art en tout d?sint?ressement
succ?s
1
pour
s'attirer
la jalousie
Ibid., 581 et 423.
2
spirituelles,
8 Appr?hensions
45 et 463.
Palais,
1584,
mais
de
avec
assez
de
ses confr?res. Et
p. 55.
tbid., 420 ; cf. 185, 551.
09:44:20 AM
244
V.-L.
SAULNIER
toujours, il affirmera la supr?matie des sens comme cri
:
t?re de v?rit?, m?me dans le domaine de Dieu
? Es choses sensuelles les sens sont nostre
regle : et quelque
beaut? de filosofie que ce soit relevant l'esprit pour vouloir
flestrir la perfection des sens, est de n?ant, car sans les sens
nous
n'entrons
l'ouye
nulle
; si nous
part
aux
rien nous
n'oyions
est un savant.
B?roalde
Le
biens
celestes.
ne
croirions
contresens
La
rien
est
Foy
1. ?
de
de l'Alchimiste
est, nous semble-t-il, tout entier fond? sur un seul
titre : les Recherches de la pierre philosophale
; ces simples
mots ont pu faire prendre B?roalde
pour un aust?re
adepte de Raymond Lulle. Et nous conviendrons volon
tiers que ce trait? est d'une lecture ?pineuse :mais dans
sa pr?face, l'auteur a soin, prenant position ? contre les
et sophistes
?, d'indiquer
qu'il
une promotion
de la m?decine
;
de m?taux,
les pr?tendues
transmutations
soufleurs, imposteurs
entend par alchimie
de
r?futer
qui ne sont en r?alit? que des ?purations,
une
connaissance
exacte
des
corps
et non
permises
on
par
ne
par
sait
: c'est dans une connaissance
quelle diablerie magique
exacte des corps, l?, et l? seulement, qu'est
la science
en
au
sens
est
science
b?roaldien,
profonde. L'alchimie,
physique, par rapport au commun savoir de son ?poque,
ce qu'en biologie la physiologie et l'anatomie de la dis
section sont par rapport ? une simple description externe
et paresseuse
des corps. Si l'on a pu croire autre chose,
c'est
le vocabulaire
que
: s'il est maladroit,
imparfait
ces dissertations
Encore
sont-ils
maladroit
Ce savant,
1
Ibid.,
est
de B?roalde
scientifique
son
en
?
est
la faute
?poque.
scientifiques et ce vocabulaire
uvres.
toutes ses
loin d'encombrer
on le verra,
fut aussi
un mondain
: un bel
540.
09:44:20 AM
?TUDE
esprit,
SUR
DE
B?ROALDE
un bon po?te
pr?cieux
245
VERVILLE
et bien
d'autres
choses
encore.
la l?gende du censeur, c'est ? Royer que nous
ferons surtout reproche. On l'a d?j? vue dans les lignes
de Niceron
; Colletet y insistait d?j?, mais non exclusi
De
vement.
Royer,
psychologique
p?re et quelques
pages du Pafais des Curieux, va jusqu'?
? est avant tout et fonci?rement religieux1 ?.
nous r?v?le que vers la fin de sa
le Palais
?crire, qu'il
De vrai,
le chanoine
vie,
mules
de
fondant son portrait
contraire,
sur des indications de son
de B?roalde
au
cultive
B?roalde
l'amour
les saines et drues for
divin
? Je languis apr?s l'Eternel...
La
J'ay
cognoissance
mis ma
de
Dieu
contemplation
est
exquise...
en Dieu...
saine conscience, il faut confesser qu'il n'y a qu'une
science, qui est de s?avoir J?sus Christ,... m?diter aux arrests
de sa volont?, et esplucher dignement les commoditez de
En
nostre
salut
: car par
on
ce moyen
s'humilie,
on est
charitable,
et puis on a la vie ?ternelle... C'est cette science dont il faut
faire est?t, des autres il s'en faut ayder pour servir cette l?
sur elles pour y prendre mon
qui est leur Royne... Je jette l' il
plaisir, comme chose ordonn?e de Dieu, pour le contentement
de mon esprit 2. ?
Rien
n'emp?cherait
le converti
B?roalde,
un romantique de voir en
une conscience ma
l'apostat,
m?me
ou
tourment?e par l'impossible qu?te
lade perp?tuellement
de Dieu. R?ve ainsi qui voudra. Nous nous contenterons
de remarquer :
1
Moyen
de Parvenir,
?dition
Palais, 152, 288, 530, 57.
Royer,
p. xx.
09:44:20 AM
246
V.-L.
si B?roalde
Que
son
d?s avant
canonicat
SAULNIER
semble
honn?tement
religieux
(dans les vers de saMuse C?leste,
comme sur ses vieux jours dans le
il a pu n?anmoins
?voluer au cours
1583, par exemple),
des Curieux,
Palais
des ans ; que bien d'autres
ce ne
quand
pr?occupations,
ont longtemps
son
que la mondanit?,
partag?
on
sans
et
?tre
de
Dieu
devenir
;
peut
qu'enfin
?pris
un censeur aust?re : il y a aussi de l'?vang?lisme,
? c?t?
des railleries gaillardes, chez l'autre chanoine, Rabelais
;
serait
?me
un tel m?lange
est commun au moyen ?ge, encore au
xvie si?cle, M. E. Gilson en a fait, pr?cis?ment ? propos
une p?n?trante ?tude 1.
de Rabelais,
?
Que si le mot de Vertu revient sans cesse sous la
et dans les titres ou sous-titres de ses
plume de B?roalde
livres, ce n'est pas au sens moral et chr?tien, mais au
sens latin et renaissant de m?rite, dans la mesure o? la
mondanit?
m?me,
l'?l?gance
et l'esprit,
sont aussi
des
vertus.
se souvenant peut-?tre de l'habit
une
fois, comme on l'a vu, soumettre
qu'il porte, para?t
des choses di
les sciences terrestres ? la pr??minence
sa
est
vines,
beaucoup plus ?pi
philosophie personnelle
curienne, et sa formule de l'honn?tet? s'inscrit imm?dia
Que,
si B?roalde,
tement dans
pas
d'o?
le sillage de Montaigne.
la science vienne pourveu
soucie
que je la puisse
disait : ? Je festoie et
? dit B?roalde.
avoir
? Je ne me
Montaigne
la v?rit? en quelque main que je la trouve.
ne croirait-on pas lire, au troisi?me livre des Essais,
formules comme celles-ci :
caresse
1 E.
1932,
Rabelais
Gilson,
197-241.
franciscain,
in Les
Id?es
et
? Et
des
les Lettres,
pp.
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
247
DE VERVILLE
? Je ne me suis
jamais donn? grand peine que du present,
pour m'y d?lecter. ?
? Je suis du monde,
je vay coulant sur le glissant qui attire
la
le plus le peuple apr?s
vanit?. ?
?
J'ay plus de grandeur au c ur que je ne suis grand. ?
?
J'all?gue hardiment que je n'ay jamais faict tort ? per
1. ?
sonne
Quand, dans les Princes fortun?s, ? l'?poque m?me du
trace le tableau de Hermitage
d'hon
Palais, B?roalde
son
en
de
Rabelais
neur, s?jour ?videmment
inspir?
de Th?l?me,
abbaye
pas une v?ritable
n'est-ce
profes
sion de foi ?
? Ceste maison est dite
Hermitage d'honneur, non que
l'honneur y soit hermite et solitaire, au contraire il est icy
accompagn? de toutes les vertus qui le costoyent incessamment,
mais
autant
pour
nous
que
sommes
avec
Hermites
honneur,
il a pieu au Roy qu'il fust ainsi nomm?, afin que Test?t de
nostre vie, conforme ? la bont? des Hermites, selon ce qu'elle
estre
doit
duicte
Et
l'honneur.
par
ne
sainctement,
prise
fust
d'avantage,
autre
estim?e
nostre
con
que
n'est
Hermitage,
point retir? pour estre seul escart? et melancholique,
pour
estre
dont
le monde
s?par?
de
en
les vices
abonde,
: estant
du monde
la malice
sont
bannis
d?sert
ains
ce
de
?ternellement,
et si on en apper?oit quelque petite racine, elle est plustost
arrach?e
que
Ceux
cognu?.
sont
qui
retirez
auec
nous
en
ce
bon Hermitage, y passent leur vie contens : Et bien que ce
pourpris semble petit, si est-il capable de recevoir tous les
beaux esprits qui veulent savourer leur vie, esloignez de la
pers?cution
des
ames,
suadez
pour
tentent
de
les vrays
soulagement,
sont
qui
et voyans
les passades
ou s'en
s'esgarer
leurs
amants
car
belles
ayans
declar?
avec
agiter
selon
et y
icy
?
bourreaux
en
estre
per
ind?cence,
se
con
sans
d'amour
occupations
viennent
et l'ambition
l'envie
l'avarice,
la vertu.
sont
la F?e
D'avantage
receus
leurs
Palais,
leur
deportemens,.
elle les console et descharge du faix de leursmauvaises
1
pour
amours,.
89,451,150,206.
09:44:20 AM
248
v.-l.
saulnier
et les continue au plaisir de leurs l?gitimes passions, et ver
tueuses affections : tellement qu'ils deviennent quittes de
toute obligation mondaine, et libres du pouvoir des vanitez,
qui destournent les courages pour les jetter ?s lieux des objets
p?rissables, par ainsi ils jouyssent de leurs bonnes amours.
Ne
s?avez-vous
pas
le plus
que
amour
bel
que
nous
ayons
au
c ur est la belle et pressante intention, qui nous porte en
d?sirs vers les subjets d'excellence ? L'amour est le d?sir
l?gitime qui nous fait appr?hender le s?avoir de ce que nous
ne s?avons point, pour en jouyr avec liesse d'esprit, c'est ce
qui en cest Hermitage nous rend heureux, esloignez de tout
mal, et principalement de celuy que les hommes se font eux
mesmes en se privant de joye par leurs mutuelles incursions,
ruynans leur libert? acquise par Nature, et se retranchants
de la bonne commodit?, et ce malheur s'effectu? par troubles
irraisonnables, ? cause qu'ils sont ignorans de la juste et,hon
neste volupt?, qui consiste en plaisirs spirituels, plus exquis
que les vanitez mondaines, lesquelles apportent douleur et
tourment, ce que jamais l'?quitable volupt? ne fait, car elle se
renge ? tel limite de perfection, qu'elle ne cause ny disgrace,
ny
ennuy,
elle
plustost
admet
ce
est bon,
qui
et ne
tollit
rien
de ce qui est agr?able : Et de fait, quel plaisir y auroit-il au
monde, si on ostoit les belles m?ditations ? les beaux objets
des yeux, les accords des tons pour l'ouye ? les d?lices d'amour
et les bonnes douceurs vertueuses ? joint que, si vous s?parez
la vertu du plaisir, il n'y a plus de gr?ce, ny de juste volupt?,
de laquelle on apprend icy ? user avec fruit heureux, et selon
l'ordonnance
divine,
qui
par
sa
comble
faveur
les
saincts
c urs de parfaites voluptez, dont le symbole heureux est
Estre sain de corps, tranquile de c ur, accommod? des biens
brave
de Fortune,
de
courage,
r?solu
d'entendement,
orn?
de
science, et avoir la crainte de Dieu. En la compagnie de ceux
qui sont tels, ou en approchent, par d?sirs, et effets, comme le
font plusieurs qui sont trouvez dignes d'entrer c?ans, on vit
?quitablement. Entre nous le droit est gard? commun et ?gal
? tous, en la patience est nostre consolation. Parquoy icy est
l'examen
des
esprits,
la pierre
de
touche
des m
quoy sont chass?z de ce lieu les volages,
ceux
qui
n'approuvent
que
leurs
resveries,
urs,
suyvant
les opiniastres, et
et
bruslent
09:44:20 AM
au
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
249
VERVILLE
maintien d'opinions, lesquelles ils condamneroient ?s autres
on trouve en ce lieu la
qui les viendroient soutenir. En fin
en
l'abondance de bonnes inten
justice, la pi?t?, et le devoir
tions ? (p. 334).
sa vie ?, ne pas s' ? opiniatrer ? : tout cela
comme la liaison n?cessaire
du Montaigne,
? Savourer
est encore
de la Volupt? et de la Vertu. Nous sommes loin du Cen
seur aust?re. B?roalde est, dans tous les sens du mot, un
il n'est pas fonci?rement reli
esprit d'honn?tet?. Mais
gieux. Il est fonci?rement dilettante, et son dilettantisme
de science, de religion et d'es
d'un m?lange
C'est un des derniers hommes de la Re
prit mondain.
mais
le premier th?o
c'est en m?me temps
naissance,
s'alimente
ricien de l'Honn?te
B?roalde
homme.
ne fut qu'un d?bauch?, nous dit-on ailleurs!
la question de la conversion ou des
Il y a d'abord
conversions.
eut-il une
seconde
conversion
? nous
sommes r?duits au doute. La premi?re fut-elle int?ress?e,
ayant pr?f?r?, comme dit la France Protestante
B?roalde
de Haag, ? un gras canonicat ? la religion de ses p?res ? ?
On comprend de reste que tout ici est hypoth?se. Les
sont complexes,
et il arrive tout de
mobiles humains
qu'on fasse une bonne affaire sans trahir sa cons
cience. En tout cas, B?roalde
songe sans doute ? se
m?me
justifier de tels griefs quand
il ?crit, on l'a vu
? Il y en a
qui oyans dire Tel a chang? sa religion, s'en es
mer veillent... De moy, je ne m'en esmeus point, car il n'y a
rien si sujet au changement que l'esprit humain ? (Palais,
113).
09:44:20 AM
250
V.-L.
SAULNIER
Et puis, surtout, il y a l'histoire des beuveries de ca
de ses vieux jours, tradition qui
baret et des d?bauches
remonte ? Colletet, dont nous avons cit? les dires. Nous
aco
f?t un d?bauch?
que B?roalde
vulgaire,
aux
en
lui qui voudra une
quin?
pires cr?atures. Voie
sorte de J?r?me Coignard goguenard
et fin sceptique,
aussi prompt et propre ? lever le coude qu'? manier
le
doutons
palimpseste. Ou bien un autre fr?re Jean. Nous sommes
port?s ? ne pas rejeter trop vite le t?moignage de Colle
tet ;mais nous avons appris ? ne pas trop le croire sur
parole. B?roalde nous semble avoir ?t? de ces moralistes
ne r?pugnait pas, et
d?vots ? qui l'usage du monde
porte le curieux t?moignage d'une ?poque o? ? lemonde ?
pas toujours au salon. Il est d'un temps qui sent
o? l'on mange avec ses doigts et o? l'on rit
le B?arnais,
tr?s fort. On ne trouve pas inconvenant
de passer du
n'?tait
ou du cabinet de
cercle o? l'on cause, de la biblioth?que
travail, voire m?me de la chaire, aux s?ances de bien
boire. Ce genre de ga?t? n'implique pas paillardise, mais
peut facilement en faire na?tre la l?gende. Par ailleurs,
on ne s'?tonnera pas que B?roalde
n'ait rien exploit?
dans ses livres romanesques,
?rudits et
au contraire d'acclimater
il essayait
une
notion nouvelle de la Politesse.
de cette veine
moraux,
o?
? la l?gende de l'illisible, elle est partout. Ni
sans scrupule. Or ici,
ceron, par exemple, la d?veloppe
il nous appartient de juger sur pi?ces, et cette l?gende
nous para?t particuli?rement
absurde.
Quant
? Son
style, ?critNiceron, est affect?, surcharg? de pr?ten
dus agr?ments et alambiqu? par la m?taphysique qu'il y a
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
251
VERVILLE
r?pandue, ce qui rend la lecture de ses livres ennuyeuse ? la
mort...
Le
de Minerve...
Cabinet
est
extr?mement
ennuyeux,
et il n'est pas possible d'en soutenir la lecture. Le Voyage des
Princes
est un
Fortunez
ouvrage
s'il en fut jamais...
ennuyeux
qu'on en fera surtout grief, parce
que, pour lui, le caract?re essentiel de notre auteur est
d'?crire mal. Il parle de (d'?criture pr?cieuse, all?gorique
C'est
? L.
et monotone
Sain?an
tous
de
les ouvrages
?, du ? caract?re
B?roalde
de
authentiques
de tout le fatras
p?dantesque
litt?raire de notre polygraphe
?, o? ? tout est compass?,
? ; ? Le Palais des Curieux n'est pas moins
arrang?, class?
ennuyeuk que le reste du fatras litt?raire de B?roalde.
style affect? et froid en rend
table ? *.
Le
la lecture
insuppor
Et, pour montrer que le Parvenir ne peut pas ?tre
l' uvre du seul B?roalde,
et qu'il y eut n?cessairement
un remanieur, Sain?an ?tablit ce qu'il nomme un Paral
l?le instructif : il cite deux pages du Palais
des Curieux
est d'un style
qu'il qualifie d'illisibles ; or, le Parvenir
le Parvenir n'est pas de B?
est
roalde. Vraiment, le jeu
trop commode. Admettons
soient illisibles : alors,
que les deux pages du Palais
tout auteur
sera condamn?
? l'illisibilit? perp?tuelle
alerte
et agr?able,
donc
d?s qu'il se sera rendu coupable d'une page m?diocre,
? Une telle m?
disons m?me
d'un ouvrage m?diocre
nous m?nerait,
sur la foi
? Balzac,
appliqu?e
relev?s par Lanson, ? lui renier
de passages douloureux
la paternit? de tous ses chefs-d' uvre ou ? y faire jouer
thode,
les ciseaux m?morables
Mais
de
l'?cole
hyper critique.
le moment
la question
les dires de Sain?an perp?tuent
laissons de c?t? pour
paternit?.
Sain?an,
Reste
que
Probl?mes
litt?raires du XVIe
si?cle,
pp.
233
sqq.
09:44:20 AM
de
la
SAU L NI E R
252 V.-L.
l?gende de l'illisible. J'ose dire, contre cette l?gende, que
B?roalde
n'est pas toujours ennuyeux, et surtout qu'il
adroit et
sait bien ?crire. Bon po?te, bon prosateur,
vari?.
est un de nos plus grands po?tes. Qu'on ne
s'en soit jamais aper?u, passe encore, mais qu'on ne lui
B?roalde
ait jamais fait l'aum?ne de quatre pages d'anthologie,
Il est tr?s largement de
c'est ? peu pr?s un scandale.
ses
de Bertaut,
l'envergure de d'Aubign?, de Desportes,
?
et
l'ennuyeux
sup?rieur
largement
contemporains,
du Bartas, ? qui l'on a parfois fait des succ?s.
ici. pour le montrer, que
Nous ne pouvons
?chantillons de son talent.
quelques
donner
La po?sie philosophique.
[La cr?ation du monde.]
?ternel qui conduis des vo?tes ?th?r?es,
Selon ta volont?, les peines mesur?es,
Les vagues de la Mer, et tiens sous ton pouvoir
Tout
ce que
l'univers
nous
cache
ou nous
fait voir
P?re qui as en main les vents et le tonnerre,
Les arcs boutants du ciel, les piliers de la terre,
Qui as, saint et parfait, la gr?ce et les douceurs
De la belle science avou?e aux neuf s urs,
Souverain, immortel, suffisant, invisible,
Dieu qui gouvernes tout, ? qui tout est possible,
Qui pr?tes quand tu veux, et quand tu veux retiens
Les discours, le savoir, le courage, les biens,
Veuille que d'un saint vers que je voue ? ta gloire,
Je chante de tes faits la sacr?e m?moire,
Me donnant ton esprit qui fasse qu'ais?ment
Je
les puisse
comprendre
en mon
entendement.
Car je veux, inspir? de ta gr?ce divine,
Montrer de quel brasier s'?chauffema poitrine,
09:44:20 AM
ET?DE
Je veux
Ce qu'en
SUR
d'un
DE
B?ROALDE
brave
accent
gravement
253
VERVILLE
entonner
l'ordre d'ici as voulu ordonner.
Je recherchede tout la forme int?rieure,
La mati?re du monde, et de ce qui demeure,
Dessous l'enclos du ciel, et les justes accords,
Qui tiennent les esprits arr?t?s ? leurs corps...
Le
temps
n'avait
grand
Dieu
encor
d'une
suite
arr?t?e
Ramen? plusieurs ans dont la fin limit?e
Fut nombre ? sa grandeur, et les cieux n'avaient pas,
Existant quelque part sous un juste compas,
Environn? le tour dont l'?gale ordonnance
Du
termina
la nombreuse
cadence.
Seulement tout ?tait en la Divinit?,
Et rien n'?tait fors Dieu qui par l'?ternit?
Soi-m?me en soi vivant, comme il est et peut ?tre
Suffisant, immortel, et parfait en son ?tre,
Tel qu'il ?tait d?j?, car sans changer il est
Pour ?tre ce qu'il fut et cela qu'il lui pla?t.
Rien n'existait encor, et des choses cr??es
Les corps n'avaient v?tu les fatales Id?es,
:
Et lemonde non monde encor n'apparaissait
Car invisible en Dieu en Dieu il demeurait,
Et Dieu rempli de soi en son heureuse essence
N'avait
encor
form?
la
seconde
substance
Des corps inf?rieurs, que lors qu'il le voulut
Il fit de rien ce tout ?tre ce qu'il lui plut...
(Les Cognoissances
La
n?cessaires, d?but).
po?sie religieuse.
Vous, airs, faites-moi large, or que volant aux Cieux
J'?chappe des liens de la terrestremasse,
Et que loin de mon sang la vanit? je chasse
Pour y graver un nom saint, chaste, et glorieux.
09:44:20 AM
254
SAULNIER
.V.-L.
Vers les vo?tes d'en haut je dresserai mes yeux,
Pour voir cette beaut? des beaut?s l'outrepasse,
Et qui avec le temps par le temps ne se passe,
Que je veux adorer d'un c ur d?votieux.
Veuille, sainte beaut?, me changer en toi-m?me,
Et doubler le vouloir qui fait que mon c ur t'aime
Dressant tous mes d?sirs selon ta volont?.
las si tu connais par trop faible mon ?me,
Attendant qu'elle puisse en supporter la flamme,
Fais que je suive au moins Vombre de ta clart?.
Mais
(La Muse
leste, V).
Le grand lyrisme moral.
[La Vie]
...Tout ce qui est ?a bas n'est rien que changement,
Tout est naissance et mort : car ?ternellement
un
Comme
Et
?tat
se perd,
conclure
pour
un
autre
rien
mieux,
sa
prend
ne meurt
forme.
ici-bas,
Mais tout au lieu de cheoir sous l'effortdu tr?pas
Pour toujours exister jour ? jour se transforme.
...Il
n'y
rien
plus
doux
que
vivre
librement,
Il n'y a rien plus grand que ce grand firm?ment,
Et
encor
toutefois
en
prison
nous
sommes
Est-on pas en prison, quand on n'a pas pouvoir
De suivre les objets o? pousse le vouloir ?
Ainsi
nous
en
trouvons-nous
ces
images
d'hommes...
(Stances de la Mort
La
et de la Vie).
po?sie d'amour.
[Autre adieu]
Je ne
puis
sans
regret
vous
?loigner,
ma?tresse,
Je ne puis sans douleur, sans peine et sans tristesse
Absent
de
vos
beaut?s,
vivre
sous
autres
cieux.
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
255
VERVILLE
Las doncques permettez, mon c ur, que je soupire,
Et baisant cette main qui heureusement tire
ma
Par
mon
bouche
et
?me,
la
en vos
loge
yeux...
H? que je baise encor cette main, ma D?esse,
Que je baise ce doigt qui doucement me presse,
Par le n ud amoureux de ma fid?lit?,
Ha ce m'est trop de bien, mon ?me trop contente
S'envole
de mon
Pour
dans
vie
mon
vos
et dans
sang,
c ur laisse
yeux
votre
vivante
beaut?.
(Soupirs amoureux, p. 44 r?).
[?l?gie]
...Ha vie qui m'estois une si douce vie,
Envie qui m'?tais une si belle envie;
D?sir parfait d?sir :
de mes
Douceur
Du
douceurs
amour
parfait
plus
l'essence
la rencontre
plus
heureuse
amoureuse,
Plaisir de tout plaisir.
Dous yeux qui nourrissiez de parfaites d?lices
Mes esprits languissants, si doucement propices
c
A mon
Votre
De
lumi?re
h?las
ur
g?missant,
est maintenant
?teinte,
ce que vous ?tiez vous n'?tes que la feinte
Et
l'ombre
p?lissant...
(Le Cabinet de Minerve,
p. 86).
[Odelette]
...Amour,
Plus
Pers?v?rant
Ma
? ma
pardonne
je ne me r?volterai,
ma?tresse
toute
ma
folie,
vie
je servirai.
Fuyez, f?cheuses fantaisies,
Et
venez,
les douceurs
d'amours,
Afin que nos ?mes unies
Se
puissent
entr'aimer
toujours.
09:44:20 AM
256
V.-L.
SAULNIER
Ma belle, croyez que mon ?me
Jamais plus ne s'engagera
A d'autres desseins qu'? la flamme
vous
pour
Qui
la consumera.
(Les Princes Fortun?s, p. 477).
[Madrigal]
On
assez
reconna?t
cous
Que
les
feintes
c
vos
dedans
cachez
urs,
Sans vous parer de ces fleurs peintes
De
la couleur
Ces
fleurs
de vos
sur vos
humeurs.
cheveux
volantes,
Sont les t?moignages constants
Que vous ?tes trop plus changeantes
Que ne sont les fleurs en tout temps.
Ceux qui vous offrent leur service
Contraints
Puisque
Ils se
bien
vous
font vos
souvent
aimez
sont menteurs,
l'artifice,
imitateurs.
Plus ne vous plaignez doncques, belles,
comme
Quand
vous
on
se feindra
Le plus fid?le des fid?les,
Est tel que sa Dame voudra.
S'il vous en advient du dommage,
en vos l?g?rt?s,
Accusez
Les
feintes
de votre
courage,
L'artifice de vos beaut?s.
(Les Princes Fortun?s, p. 98).
[Po?me]
Gloire de mes d?sirs, lumi?re de ma vie,
Guide de mes desseins, terme de mon bonheur,
Belle que m'ont les cieux pour Ma?tresse ?tablie,
Oyez la v?rit? que soupire mon c ur.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
257
DE VERVILLE
D?s le jour qu'il vous plut m'accepter d'alliance,
Mes d?sirs n'ont ?t? que pour vous d?sirer,
Et suis tant r?solu ? la pers?v?rance,
Que je n'esp?rerai que pour vous esp?rer...
Soyez fi?re ? mon c ur, soyez rude ? mon ?me,
Rien ne m'?trangera de l'objet de mes v ux,
Vos beaux d?dains seront l'?ventail de ma flamme
Vos fiert?s donneront un doux air ? mes feux.
Retenez mon service, ou faites la f?cheuse,
Si ferai je pourtant votre d?votieux,
J'y suis d?termin?, ma fortune est heureuse,
Soit que je vive ou meure au d?sir de vos yeux.
Quand le temps vous fera juger de mon m?rite,
Vous penserez possible ? mes fid?lit?s,
Ainsi qu'on vous conna?t des parfaites l'?lite,
Vous
me
reconna?trez
parfait
en volont?s...
Vous pouvez d?daigner mon service fid?le,
Vous pouvez rejeter tout ce qui vient de moi,
Mais
vous
Vos
d?dains
ne me
n'ont
sauriez
pouvoir
d?tourner
de
de mon
corrompre
z?le,
ma
foi...
Si vous me rejetez, j'endurerai ma perte :
Et seul je m'en iraime pa?tre de regrets :
Dolent irai chercher quelque grotte d?serte,
Ou
je m'entretiendrai
de mes
d?sirs
secrets.
Ainsi je me r?sous et je le d?lib?re,
Ainsi je le ferai, je le proteste ainsi,
Je n'ai point d'autre soin que de vous satisfaire,
Puisque je vous d?plais, je me d?plais aussi.
(Les Princes Fortun?s, p. 330).
Po?sie
encomiastique.
[Sur la naissance
d'un Dauphin
de France]
Voici le jour promis au bonheur de la France,
Jour plus jour que le jour, le beau jour des Fran?ois,
1 C'est
du Dictionnaire
le style des Pr?cieux,
de Somaize
d?j?
lemiroir conseiller des gr?ces, le fauteuil commodit? de la conversation,
et autres telles gentillesses.
17
09:44:20 AM
258
V.-L.
SAULNIER
Tout lemonde aujourd'hui plein de r?jouissance
Pour bien chanter se change en une belle voix.
Ceux qui ont du lis d'or la fleur au c ur empreinte,
Voyent l'?ge dor? rena?tre avec la paix,
Et tous ces malheureux qui n'aiment que par crainte
Se
trouvent
Fran?ois,
en
confondus
ce
marquons
desseins
leurs
jour
mauvais.
notre
dedans
m?moire,
Qu'on honore ce jour, entre les jours plus beaux,
Le jour auquel est n? de nos Princes la gloire,
L'appui de notre bien, la fin de nos travaux.
Les c urs d?votieux, les fid?les au Prince
Viendront
Les
peuples
ici chanter
amass?s
en accents
de
province
?ternels,
en
province,
En diront devant Dieu les hymnes solennels.
Tout relev?s de c ur, tout ?pris de louange,
Passionn?s de joie, ?perdus de plaisirs,
nos chants, pouss?s jusques aux Anges,
?point?s de
Nous montrerons ? Dieu nos fid?les d?sirs.
(Les Princes Fortun?s, p. 458)
Epigramme.
[L'arc-en-ciel]
Il est un pont du ciel port? sur les nu?es,
Du d?luge bridant les c?lestes fureurs,
Il est
dessus
Il s'emplit
les eaux,
les muant
et des
eaux
en diverses
termin?es,
couleurs.
(Les Princes Fortun?s, p. 528).
s'avisera de chasser le
Qui, de fa?on plus cavali?re,
? beau vers ?, s'arr?tera devant des r?ussites de ce genre
sur
(il s'agit de peindre l'impression fugitive que fait
nous tout ce que la m?moire ne retient pas) :
Et comme peint au vent sa peinture s'efface. (De V?me.)
Il n'est pas indiff?rent de noter que la plupart des ci
tations que nous venons de faire sont extraites des
09:44:20 AM
uvres de B?roalde,
premi?res
259
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
?TUDE
notamment
du recueil des
n?cessaires, de 1583 : l'auteur avait 27 ans ;
Cognoissances
il fut donc tr?s t?t en possession d'un bon m?tier po?
tique. Il a cultiv? tous les genres : outre le po?me ou
le grand po?me lyrique moral et
le madrigal,
l'ode, l'?pi
l'?l?gie, l'odelette,
religieux,
gramme, dont nous avons donn? des exemples, on trouve
par exemple d'agr?ables
?glogues 1.
?pop?e
philosophique,
les rythmes avec souplesse. On a
une certaine vari?t? de formes
Il a su enfin varier
trouv? dans nos extraits
rythmiques et de strophes. Citons encore de ce point
de vue une adroite utilisation du rythme aub?pin dans
le lyrisme
psaumes)
religieux
chez les auteurs
d?j?
(comme
de
:
Ainsi que la tourterelle
A part elle
Veuve
ses
pleure
ennuis,
Et
sous le triste feuillage
Va
soupirant jours et nuits,
Son
Je me
veuvage
je
plains,
Je
me
tourmente,
lamente,
Plein de peines et douleurs,
Et
avec
larmes
am?res,
En pri?res
Je
passe
mes
nuits
en
pleurs...
(La Muse
c leste).
Dans la prose aussi B?roalde sait d?ployer une fermet?
Ici la solide p?
et une vari?t? de style remarquables.
riode, trop pleine ? notre gr? de pronoms relatifs, mais
:
nettement charpent?e et membr?e
1
Cf. les Princes
Fortun?s,
p. 754.
09:44:20 AM
260
SAULNIER
V.-L.
[Sur l'amour]
Lorsque l'infinie puissance du cr?ateur eut mis fin ? l'ex
cellent ouvrage, dont la capacit? tient en soi la mati?re de
tout, et les formes v?tues de corps, il voulut que les humains,
les autres animaux, et l'univers en g?n?ral, fut en continuel
entretien, pour quoi ex?cuter il y mit la perfection qui le fait
subsister, en laquelle il a pos? la convenance de tous les futurs
accords, qui par le tout colloqu?s en leur lieu, d?lectent ce qui
y subsiste par la volont? du cr?ateur, lequel y ordonna tout
selon amour, qu'il a constitu? moyenneur. Parquoi il mit en
icelui tout ce qu'il y avait de doux au monde. Afin que par
l'heureux glissement de sa d?sirable mignardise, les essences
s?par?es se vinssent ? conjoindre, si gracieusement que tout
le bien de leur ?tre f?t pos? en cette conjonction, qui divine
met en leur entier les choses qui autrement sont divis?es.
Et tout ainsi que l'?me est ce qui nous fait jouir de l'esprit,
l'amour est le seul moteur des f?licit?s qui entretiennent notre
vie.
Vhonneste
(De
P?riode
au moins
amour).
solide, un peu bourrue, mais qui nous montre
avait fait ses classes. Voici o?
que B?roalde
nous trouverons, outre la cadence, un art de la formule
savoureuse
s'?tait sans doute form?
auquel B?roalde
chez Montaigne
:
[Les f?licit?s transitoires]
Et
qu'il
certes aussi n'y a-t-il rien au monde, quoi qu'agr?able
soit,
qui
nous
puisse
donner
contentement,
si nous
pen
sons qu'il soit sujet ? se perdre et ?couler ainsi : toutefois ce
petit espace du passage d'une vaine clart?, que nous appelons
vie, est tel, et cependant
nous
l'aimons
tant
que
nous
ne
fuyons
rien plus que l'occasion de l'?loigner, sans rechercher en nous
le gentil courage que nous devrions ramasser ? tel besoin. Il est
bien vrai que comme belle, et re?ue d'un tel seigneur, nous
devons aimer, non pas ? cause d'elle, mais de celui qui nous a
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
261
DE VERVILLE
fait la gr?ce que cependant que nous en usons nous ayons le
d?sir de le conna?tre et moyen d'entendre que nous sommes
? lui, qui nous en r?serve une plus excellente, et non sujette
? la d?loyaut? d'un aventureux changement.
(Du bien de la mort commune).
Veut-on
plus de fermet? et de concision
dans Tart de d?finir :
? par exemple
[D?finition de la bonne gr?ce]
La bonne gr?ce est une adresse, et propri?t? ? tout ce qu'on
fait,
qui
accompagnant
une
personne,
cause
que
toutes
ses
actions lui soient s?antes, et agr?ables ? ceux qui les voient.
(De la bonne gr?ce).
cela est extrait d'opuscules
de jeunesse. Ouvrons
un ouvrage
de Minerve,
maintenant
le Cabinet
qui
de
ann?es
du
Parvenir. Est-ce
pr?c?de
quelques
l'?poque
Tout
un
et mal ?crit ?
livre illisible, monotone
une
et originale d'un
Voici
excellente
description
aspect de la nature qu'on ne ? voyait ? pas si bien, de son
temps.
[Soir]
Les objets commen?aient ? se confondre. Car le Soleil, qui
en son devoir accoutum? avait ?clair? le Monde, comme
?chauff? de sa course, approchant l'extr?mit? de sa carri?re,
laissait aller un Rayon languissant, et, se baissant en la part
o? se perdent les richesses du jour, se h?tait pour s'aller ra
fra?chir au sein amoureux de la Mer, et j? la housse de ses
chevaux ondoyait avec les vagues. La lumi?re qui avait ?t?
vive et subtile semblait se changer, pource que suivant son
astre qui s'abaissait de plus en plus, tombant si vitement au
pendant du Ciel, faisait allonger les ombres ? vue d' il. La
moiteur se pr?parait pour s'amasser sur les feuilles, les oi
09:44:20 AM
262
V.-L.
seaux
aux
avec
s'accommodaient
bois
prochains.
SAULNIER
Les
le silence,
fen?tres
ouvertes
ayant
ne
pris
nous
le couvert
donnaient
plus qu'un petit reste de jour, et encor ? regret, si que nos
yeux avaient douleur de se bander pour remarquer ce qui
leur ?tait oppos?, cette violence nous t?moignant que leur
lumi?re avait besoin d'aide (p. 73).
il garde cette particu
le style philosophique,
Dans
li?re saveur sensuelle de la formule, qui, lorsqu'il d?guste
:
l'art divin de Platon
l'Id?e, ?voque
Mais les Id?es se pr?sentent ? moi avec mille promesses de
leur faveur si je me souviens d'elles, et pourtant je leur veux
faire ici place, au prix que je les vois voleter mollement au
tour de leur sujet, o? Nature les doit arr?ter : car elles sont
caract?res d'impressions n?cessaires ?tablies en la loi de l'Uni
vers, auxquelles la force que Dieu a mis en Nature contraint
tout ce qui prend ?tre pour former de m?me et remplir le
monde de ce qu'il doit avoir, leur facon ayant ?t? donn?e ? la
premi?re cr?ation des choses (p. 28).
On
encore
aspects vari?s
du
dans ses petites dissertations
le
sel, p. 107) ou grammaticales
scientifiques (sur
(il faut
dire allier, et non alloy er, p. 134, etc). Mais ce n'est l?
de son talent.
que la monnaie
pourrait all?guer
style de B?roalde,
B?roalde,
Fortun?s,
ma?tre
de
en des
d'autres
uvres comme Floride
est un v?ritable
pr?curseur
ou les Princes
des Pr?cieux, un
? laquelle
il pr?te
l'analyse psychologique
de l'exa
surtout, plus que la finesse et la p?n?tration
men
la
mais
qu'il poss?de,
plus banales),
(qualit?s
fermet? de l'expression, ?galement distante de la vision
superficielle et de l'amphigouri, autrement dit classique.
:
Ainsi dans cette ?p?tre des Princes Fortun?s
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
? Ma
un
vie,
amant
DE
B?ROALDE
d?sol?
ne
qui
s'arr?terait
n'eussent
ceux
rencontr?
jamais
senti
qu'au
: ?Pl?t ? Dieu que mes
ment de sa douleur, dirait avec passion
yeux
263
VERVILLE
de ma
afin
Ma?tresse,
que je fusse en repos : car l'amour qui m'afflige n'e?t point eu
de
sur mon
puissance
ur
tant
de
le troubler
pour
tra
de
verses, dont l'absence l'afflige. ?Mais moi, plus r?solu en mes
desseins, glorieux de l'?tat de ma fortune, servant l'unique
entre celles qui sont de m?rite, je b?nis l'heure de votre
rencontre,
autre
n'ayant
regret
que
eu
n'avoir
t?t
plus
ce
bien.
Si je suis afflig? pour ?tre absent de mon soleil, ce m'est
t?moignage de f?licit? prochaine, pource que retournant voir
cette lumi?re, je ressentirai tant de contentement, que les
ennuis que je souffre ne seront plus estim?s, ains s'an?anti
ront
avec
la m?moire
d'iceux,
comme
flo?ettes
aussit?t
nues,
dissip?es que form?es. Toutefois, quoi que je me puisse ima
ma
giner,
s?paration
de
votre
pr?sence
tant
m'apporte
d'en
nui, que la peine en est insupportable, pource que me ramen
tevant le soulagement de mes pens?es, lors que j'avais l'heur
de vivre heureusement pr?s de vos eux qui causent tant de
belles
en mes
diff?rences
agr?ables
passions,
et m'en
f?cheux
discours
trouvant
si ?loign?, j'ai tant d'affliction que j'estime lamort plus ais?e
? go?ter, que cette langueur ? supporter; vous serai-je tant
ne
importun,
changerai-je
ce
point
? Croyez
ma belle que je ne puis feindre le succ?s de ce qui me
l'esprit. Et ? qui est-ce que je d?couvrirai les effetsdu
mon ?me, qu'? vous qui l'avez allum? ? Je ne vous
point l'?tat auquel je suis pour vous persuader ce que
l'esprit
:mais
pour
vous
d?clarer
ce que
vous
touche
feu de
d?duis
j'ai en
si vous
savez,
avez tant soit peu essay? quelle douleur cause l'?loignement
du
sujet
aim?.
Pardonnez-moi
doncques
et connaissant
que
l'occasion de mes agitations vient de vous, croyez que les
effets ? la fin n'en peuvent ?tre que raisonnables. Soit que je
regrette votre pr?sence, ou que je m?dite lesmoyens de vous
d?montrer la perfection de ma fid?lit?, ? quoi je m'adonnerai
avec
telle
constance,
que
vous
m'estimerez
v?ritable
en l'offre
et continuation de mon ob?issance, en laquelle je vivrai pour
vous servir : Tenez le pour vrai, ma vie, et favorisant d'un
peu de souvenance mon espoir, gratifiez votre fid?le, ? ce qu'il
09:44:20 AM
264
V.-L.
SAULNIER
vive, et vous serve selon la d?votion de son z?le immortel ?
(pp. 382-383).
ait su
m?me, dira-t-on, que B?roalde
ou
ou
tout
?l?
est
oratoire
cela
?crire,
philosophique
: tout cela est du style noble. O? est
giaque ou lyrique
En
admettant
ce style prirnesautier du
p?tillante,
? On n'en voit pas d'exemple dans les uvres
Parvenir
?
ici les
Voire. Sans collectionner
sign?es de B?roalde.
ce
du
Cabinet
de
o?
citons
l'on
Minerve,
passage
prises,
cette
familiarit?
trouve d?j?
telle verve
[ON]
Je vous dirai mon intention : je suis en
est ON. Car s'il se fait ou dit ou pratique
ou anciennet?, cela est rapport? ? cet ON.
du Roi, en celle des Dames, il devise de
fait quelque chose, c'est ON, et je ne sais
melle,
car
Si
Dames.
les hommes
une
Damoiselle
peine de savoir qui
quelque nouveaut?
Il va ? la chambre
tout ; si quelqu'un
s'il est m?le ou fe
de leur part,
le prennent
a une
robe nouvelle,
et aussi
c'est
les
comme
ON les porte aujourd'hui ; si elle est d'autre sorte, c'est
comme ON les portait le temps pass?. Et ON fait tout ou pis
ou mieux ou de m?me. Il est le but de la perfection et le but
du d?faut, il est v?ritable, il est menteur, il cause, il se tait, il
est sain, il est malade, bref tout passe par ses mains. ON fait
bonne ch?re, ON je?ne, ON fait bien, ON fait mal. ON fait
d'un en un pays et d'autre en l'autre pays, ainsi c'est lui qui
gouverne et perd, parquoi si vous me l'all?guez je ne pourrai
que vous dire (p. 215).
l'humeur gaillarde n'est pas n?e chez B?roalde
Certes, elle s'est estomp?e singuli?re
du chanoine de Tours, mais
dans les ouvrages
Enfin,
avec
ment
le Parvenir.
les derni?res pi?ces des Soupirs amou
est
reux, celles qui eurent le plus de succ?s : le Pallemail
sous le voile trans
une description de l'acte d'amour
elle s'?talait
parent
d'un
dans
jeu de maillet
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
265
DE VER VILLE
le plus grand pfaisir que, jouant deux ? deux,
Joindre le gentilhomme avec la damoiselle...
C'est
est la m?me
L'Alchemiste
la pr?paration
termes
du Grand
sous le voile
description,
uvre, et toute h?riss?e
de
de
savants
...Puis
tandis
naturalisant
r?verb?re...
qu'on
Tant que dessous Veffect de sa derni?re flamme
Soit cogneu le plaisir de la projection.
Le May,
c'est la demande,
adress?e ? une dame, de
un
laisser le po?te planter
mai d'amour ? long et gros et
fort ?galement ? sur ? la petite motte ? de son jardin.
pas, l? encore,
?
refus?e ? B?roalde
N'est-ce
l'inspiration
que
gaillarde
l'on a
Ce ne sont l? que des ?chantillons.
Ils ne prouvent pas
ait
bien
que B?roalde
?crit, mais ils prouvent
toujours
qu'il savait bien ?crire, et en styles vari?s. Est-ce l? ce
fatras, cette litt?rature illisible dont on nous a tant parl??
Et, soit dit sans aigreur, Sain?an lui-m?me, qui reproche
si vivement
bout
? Paulin
le Parvenir
beaucoup
Paris
de n'avoir pas
de conclure, avait-il
uvres de B?roalde
?
avant
d'autres
lu jusqu'au
lui-m?me lu
Sain?an, ont eu tort de ne s'int?resser qu'au
uvre
? peu pr?s contemporaine
de B?roalde
Palais,
du Parvenir. C'est au contraire dans ses
uvres de jeu
Royer,
nesse
que
se trouve
son
secret.
Car
tout
se passe,
comme
si cette carri?re comptait trois ?tapes :un apprentissage
vari?, solide, o? B?roalde pratique avec adresse et verve
tous les genres de style ; puis, un glissement vers la
litt?rature
haute
romans
hautaine,
correspondant
litt?rature
litt?rature morale,
? son canonicat
officielle, et grands
Enfin, un retour
d'aventures
psychologiques.
? des jeux de style plus libres (et l'inspiration
originale
09:44:20 AM
266
V.-L.
dominant maintenant
SAULNIER
le m?tier),
dans
le Parvenir.
B?
roalde est un styliste.
?
III.
B?roalde
id?es
Les
varie
ses livres. Notre
de B?roalde
et
ses
livres
son style suivant le contenu vari? de
propos n'est pas de consacrer ? chacun
l'?tude minutieuse
chaque
qu'il m?rite, et qui vaudrait
Nous nous soucions seulement de
fois une monographie.
d?finir ? leur lumi?re quelques-unes
des principales
curiosit?s de son esprit, et d'en d?gager
la valeur durable.
de ces livres qui ne sont pas les moins dignes
d'int?r?t, en offrent surtout au bibliographe. Retenons-en
et le Polyphile.
la S?rodokimasie
Certains
Tr?s
florissante
l'industrie
de
en France
au milieu
du xvie
si?cle,
vue
ruin?e par les guerres
8.000 m?tiers en 1546 ;en 1598,
la soie s'?tait
civiles. Tours
comptait
la
tr?s pauvres. Avec
plus que 200 ma?tres,
on
et
d'Henri
l'av?nement
IV,
put esp?rer qu'elle
paix
prendrait un nouvel essor, encore que l'?dit royal in
de soie, d'or
terdisant l'importation des marchandises
elle n'a
et d'argent, publi? en 1599, e?t ?t? rapport? d?s 1600.
tailleur et
Sous l'impulsion de Barth?l?my
Laffemas,
de
valet de chambre du roi, une v?ritable
campagne
presse
fut lanc?e
prise.
Olivier
m?me
pression,
pour
de Serres
le public ? cette re
La cueillette de la soie
int?resser
publie
(1599), Laffemas Les propri?t?s des m?riers, J. B. Le
Tellier un Brief discours concernant la mani?re de nourrir
sous la
les vers ? soie (1602), etc. C'est probablement
et avec
l'encouragement
du corps mu
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
nicipal de Tours,
1.
S?rodokimasie
BEROALDE
que
DE
B?roalde
267
VERVILLE
compose
en
1600
sa
C'est une suite de 300 quatrains, de facture m?diocre.
et historiques, ?loges ? l'adresse
Allusions mythologiques
du roi, conseils et descriptions techniques, se combinent
de fa?on souvent p?nible. On y a relev? quelques strophes
d'int?r?t documentaire,
o? parfois un beau vers ne n?
se
comme
cette description du travail
de
glige pas
glisser,
de la fileuse
Une fille mouvant la machine bruyante,
La broche dans la main, fait un double devoir,
Et coulant pas ? pas bien souvent elle chante
Les accords d?sir?s qu'amour lui fait savoir.
il s'agit surtout d'un livre commercial,
cit? faite pour les ?toffes de Tours :
Mais
d'une publi
Sachez que nostre soye est si franche et unie
Qu'il n'en est point de telle en tous*autres quartiers.
Ce qu'elle a de parfait est qu'elle multiplie
De la huiti?me part ?s mains des tinturiers.
Ce sont des vers que seul lemirliton r?clame. Cet ouvrage
anodin valut ? B?roalde une invective assez sotte :
Que dit-on du sieur de Verville,
Et
de
son
ouvrage
nouveau
Un chacun dit parmi la ville
Que
son
ver
Subtile et mordante
procedde
d'un
Veau
2.
sottise dont on conna?t une variante
Que dit-on du sieur de Verville ?
On dit que son ?crit nouveau
1 Cf. H.
La
s?riciculture
dans B?roalde
de Verville,
Clouzot,
du xvi* s., III
(1915), pp. 281-286.
ou la Seille aux bourriers, r??d.
Les Muses
incogneues
Gay, p. 50.
Rev.
2
09:44:20 AM
V.-L.
268
SAULNIER
A bien fait voir en nostre ville
Qu'il peut sortir des vers d'un veau 1.
autres
lui-m?me, et quelques
Guy de Tours, B?roalde
de ses amis, r?pondirent sur lem?me ton ? cette attaque
dans un petit recueil collectif, Les Muses
incognues ou
la Seilte aux
bourriers.
Mon veau mort est bien plus fertile
Ayant produit infinis vers
Que toy veau vivant inutile :
Qui
te r?sous
en quatre
vers.
Tu es un vrai veau si cach?
Aussi beau devant que derri?re
Que si les veaux portoient cropi?re
Ton cul seroit tout escorch? 2.
non sans une certaine forme de verve.
disait B?roalde,
Le Songe de Polyphile, du moine Francesco
Colonna,
n'est pas seulement, dans sa traduction fran?aise, le plus
livre illustr? fran?ais du xvie si?cle. C'est aussi l'un
s'est davantage
de ceux o? notre Renaissance
complu
Sur les
? se former de l'antique une vision pittoresque.
beau
l'architecture, du costume, des motifs d?co
c'est un des textes
ratifs all?goriques ou mythologiques,
clefs qui, r?v?lant aux yeux plus qu'? l'intelligence, nous
d?tails
de
aident
le mieux
? comprendre
l'?me m?me
du si?cle re
naissant.
L'original
italien parut ? Venise en 1499 sous le titre :
omnia non
ubi humana
Hypnerotomachia,
Poliphili
nisi somnium
Biblioth?que
?dit.
Gay,
esse ostendit,
d'Amiens,
52-53.
ms
atque
563. Relev?
obiter plurima
par Lach?vre.
pp.
09:44:20 AM
scitu
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
269
VERVILLE
de
quam digna comm?mor?t? :L'Hypnerotomachie
il
o?
montre
toute
chose humaine n'est
que
Polyphile,
en
et
chemin
mainte
chose tr?s digne
que songe,
rappelle
?
?
un
2e
Sur
?dition
m?moire.
la
de
(1545),
gentilhomme
sane
anonyme
? d'une
le traduisit
en fran?ais
: traduction
abr?g?e :
il l'a reduict a une
plus que Asiatique,
de gens ?,
Fran?oise,
qui contentera beaucoup
se
contenta de la revoir avant de
dit Jean Martin, qui
prolixit?
bri?vet?
en 1546, sous le titre : ?Hypnerotoma
du songe de Poliphile, d?duisant comme
Amour le combat ? Voccasion de Polia.
Soubz la fiction
de quoy Vaucteur monstrant que toutes choses terrestres
ne sont que vanit?, traicte de plusieurs mati?res profitables
l'?diter ? Paris,
chie, ou Discours
et dignes de m?moire.
C'est en 1600 que B?roalde publie ? son tour un Poly
?
phile : Le tableau des riches inventions couvertes du
Voile des feintes Amoureuses
qui sont repr?sent?es dans
le Songe de Poliphile desvoil?es des ombres du Songe et
subtilement expos?es par B?roalde \ ? Il est inexact de
dire, comme fait encore Sain?an, que ce n'est l? qu'une
de Jean Martin.
Sans
r?impression de la traduction
son
livre
les
illustrations
de
celui
de
doute,
reprend
son
et
souvent
texte
?
suit
Martin,
ligne
ligne la transla
il a toujours tra
traducteur. Mais
tion du pr?c?dent
sur
texte
le
Son
vaill?
contient des
original.
Polyphile
2
traduction
pages enti?res absentes de la premi?re
;
1 Cf.
ou Discours
du songe de
r??d.
Hypnerotomachie
Poliphile,
1926. Note
Gu?gan,
Payot,
p. 313 (trad. Jean
bibliographique,
Martin).
2 Cf. traduction
B?roalde,
p. 72, r?, un passage
(original italien
B.
fol.
5) qui n'est pas dansMartin (?d.Gu?gan, p. 131) : depuis : ?ne
: ? entre les colonnes
?, jusqu'?
et
comparable
luy estoit nullement
?.?
la muraille
tout le d?but du
De m?me,
de la lre partie,
chap,
?
chez B?roalde,
le banquet
achev?
p. 38 v?-39 r?, jusqu'?
?,
prodigue
etc.
chez Martin,
manque
09:44:20 AM
270
V.-L.
SAULNIER
et, dans le d?tail de l'expression, un travail pr?cis varie
sans cesse les formules, se rapprochant
le plus souvent
de l'original ; sans se soucier d'ailleurs d'une exactitude
ajoutant
parfois des
fid?le que Jean Martin.
scrupuleuse,
m?me moins
gloses, quelquefois
Il y a l? un travail
complexe et particulier de raffinement, dont on ne sau
conclusion
rait gu?re tirer d'autre
d'ensemble
qu'un
sans
d?sir de se rapprocher de l'original latino-italien
en copier servilement la lourdeur et l'emp?tement. On en
en comparant
jugera mieux
:
passage
lampe du Temple]
[La
La
malore
como
lampada,
ces trois versions d'un m?me
de
e dicto,
sopra
era
de
spherica
mundissimo crystallo, ne al torno tale justitia harebbe usurpata,
subtilmente exscalpata, opera di grande exquisitione et factura
incredibile. Laquai verso orificio haveva quatro ansulette, justa
mente
in
distribute
quatro
per
locatione,
pendeva la bucea di semibracio aperta. Et
intromisso
un altro
vaso
o vero di
urinaceo,
similmente di crystallo purissimo.
Il
quale
tanto
regularmente
intromisso
concatenata
lequale
in questa bucea era
cucurbitacea,
forma
centro
che nel
pendeva,
el lume della lampada ardeva. Poscia tuttoel corpo della maiore
lampada era completo de aqua ardente, cinque fiate reiterata
al stillamento. Perche lo effecto suspicare mi fece, imperocch?
tuttoel sphaerico corpo ardere simulava, per essere locato el ly
chno nel mediano puncto. Et per questo el viso h?bilmente non
come malamente nel sole, essendo la
potevasi in quello firmare,
materia di mira perspicuitate et de factione subtile (Colonna,
.
mi).
fol
La grande lampe estoit pareillement ronde, faicte de crystal,
? quatre
Elle
dedans
anses,
par
lesquelles
port?it pour
estoit
mis
un
on
le moins
autre
vase
l'avoit
en
aux
attach?e
demybrasse
forme
chaisnes.
d'ouverture
d'urinai
ou
; et
courge
creuse, pareillement de crystal, pendant ? plomb sur lemylieu
09:44:20 AM
sur
?tude
de
b?roalde
271
verville
du grand vase rond, lequel estoit plein d'une eau ?rdante
par cinq fois distill?e, comme l'effectm'en donna congnois
sance, pource qu'il sembloit que le tout feust en feu ; de sorte
que la veue ne s'y pouvoit arrester, non plus que contre le
soleil (Traduction J. Martin, r??d. B. Gu?gan, pp. 130-131).
La grande lampe estoit pareillement ronde, faicte de Crystal,
? quatre
anses
attach?e
aux
Elle
de
pr?s
son
ouverture,
port?it pour le moins
estoit
dedans
par
lesquelles
on
l'avoit
cha?nes.
mis
un
demy brasse d'ouverture
vase
autre
en
forme
de
courge
: et
creuse,
pareillement de crystal, pendant ? plomb sur le milieu du
grand vase rond, lequel estoit plein d'une eau de vie ou esprit
de vie, tant de fois distill? qu'il n'ait point de flegme : l'effect
m'en donna cognoissance, pour ce qu'il sembloit que le tout
feust en feu : de sorte que la veu? ne s'y pouvoit arrester, non
plus que contre le Soleil (Traduction B?roalde, fol. 71-72).
On
m?me
trois
comparera
curiosit?
par
chez Rabelais,
passage
:
la transposition
la plus
scrupuleuse
du
des
Au dessouz d'icelle lampe, environ deux pieds et demy, les
trois
chesnes
en
leurs
figures
premi?res
estoient
emboucl?es
en trois anses, lesquelles issoient d'une grande
lampe orn?e
de cristalin trespur, ayant en diam?tre une coud?e et demye,
laquelle au dessus estoit ouverte environ deux palmes ;
par
ceste
talin
pareil,
ouverture
estoit
en
de
forme
au milieu
coucourde,
un vaisseau
de cris
pos?
ou comme
un urinai,
et
descendoit jusques au fond de la grande lampe, avec telle
quantit? de la susdicte eau ardente que la flamme du lin as
bestin estoit droictement au centre de la grande lampe. Par
ce moyen sembloit donc tout le corps
sph?rique d'icelle ardre
et enflamboyer, parce que le feu estoit au centre et poinct
moyen.
Et estoit difficile d'y asseoir ferme et constant regar?t,
comme on ne peut au corps du soleil, obstant la mati?re ?le si
merveilleuse perspicuit?, et l'ouvrage tant diaphane et subtil...
(Pantagruel, livre V, chap. xli).
09:44:20 AM
272
V.-L.
SAULNIER
sa part de
Aux beaux
tr?s bien
d?finissait
total, B?roalde
il disait dans l'avertissement
labeur quand
Au
esprits avoir revu la traduction pr?c?dente sur l'original,
?mesmes
conf?rant les deux exemplaires
j'ay laiss? ce
que le premier avoit obmis, ayant toutesfois adioust?
par cy par l? ce qui estoit trop tronqu?, et le familiarisant
? nostre langue ?, ? conf?rant tout sur Voriginal ?.
Gardent
une
valeur
?ternelle
les
uvres
de haute
ou
et les
politique)
(religieuse, philosophique
curieux.
m?langes
Le sentiment religieux inspire ? B?roalde
le recueil de
surtout de sonnets, et une
C leste, compos?
la Muse
po?sie
transposition des T?n?bres de J?r?mie. Tout ici est ?vi
demment de tradition dans le sentiment. Mais
dans
n'a pas la fougue de d'Aubign?,
l'accent, si B?roalde
et si quelque pr?ciosit? fait sentir en lui le contemporain
de Bertaut, on pressent aussi le pr?curseur du Corneille
de Imitation. La fermet? drue de son vers, parfois rude
mais presque toujours plein et charnu, marque une ?tape
dans l'histoire de notre lyrique sacr?e.
la po?sie philosophique,
les chefs-d' uvre b?roal
n?cessaires et le
diens sont sans doute les Cognoissances
une fois
V?me.
Les
relatent
de
Cognoissances
petit trait?
de plus, sous la forme d'une petite ?pop?e, les grandes
De
?tapes de la Gen?se
Nature, la naissance
: la cr?ation
de l'Homme
du monde, le sens de la
et de la Femme, l'origine
sur un bref tableau
de l'?ge d'or.
ici
d'une longue
le plan g?n?ral, B?roalde
s'inspire
tradition encore bien nourrie au xvie si?cle, en particu
Sc?ve et la Premi?re
de Maurice
lier par leMicrocosme
de l'amour, et s'ach?ve
Dans
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
273
DE VERVILLE
*. Quelques
?pisodes, comme la
de l'astrologie, s'inspirent sans doute de
:B?roalde ne les trouvait pas dans la tradition bi
Semaine
de du Bartas
condamnation
Sc?ve
on
blique de la Gen?se. Et dans certaines cadences,
retrouve la patte de ses pr?curseurs, en particulier dans
la d?finition du pouvoir divin, que nous avons cit?e.
Mais
l'ensemble
est bien venu, de bon aloi, et d'une
fac
ture solide, et rec?le des trouvailles po?tiques. Le trait?
de VAme est un petit expos? passablement
scolastique
des fonctions de l'?me humaine,
?me v?g?tative, ?me
nutritive, expulsive, augmentative et g?n?rative, sensitive,
app?titive, etc. : il rec?le sporadiquement
plus d'un vers
beau
comme diamant
lyse de l'Invention
noir
: en
particulier
dans son ana
Cette appr?hension et r?ception nue
Qui re?oit simplement la chose retenue...
L'intellect
est
compris,
et
s'embrassant
Re?oit de l'entendu lemillieuet
soy mesme
l'extresme... (p. 45 v?).
Uld?e
de la R?publique
n'est pas non plus un fatras
un
mais
bon
livre de sagesse politique.
m?prisable,
C'est la mis?re des guerres civiles qui encourage B?roalde
? m?diter,
s'aidant
? la lumi?re de
aussi
des
de l'?tat.
religieuse mais en
sur le
des philosophes,
la v?rit?
sp?culations
?O
quelle
probl?me
estrange advanture que
tout soit ainsy renvers? !V?ritablement
le ciel, indign?
de nos iniquitez, respand ? bon droit sur nous l'aigreur
de sa vengeance,
et nous bandant
nous
faict demeurer
propre vice,
les yeux par nostre
ignorant en nostre
1
? Tout
II s'inspire
d'eux
aussi parfois dans
le d?tail.
estoit en
? Cf. du Bartas
: ? Dieu
la Divinit?.
tout en tout estoit et tout estoit
? ;mais,
en Dieu
au vrai, il
s'agit ici de formules qui sont ? tout le
monde.
18
09:44:20 AM
274
V.-L.
SAULNIER
donc d'y voir clair et de d?finir
opinion...1 Essayons
les conditions de dur?e de la bonne constitution. Car
tout ce qui
bon. L'usage
est, est essentiellement
seul,
son
en
faire
l'ab?tardissant,
corrompt
principe jusqu'?
un germe de mal par l'abus. Revenons
? l'id?e premi?re,
nettoyons chaque objet de sa cro?te de routine et d'abus,
et son fonctionnement
redeviendra
sain. Ici B?roalde
se souvient du de Rep?blica
de Cic?ron, il baigne dans le
et de retour aux principes que
m?me esprit d'?puration
les hommes
de
la R?forme, mais
il laisse d?j? pr?sager
Montesquieu.
L'id?e fondamentale
tinuit?
de l'?tat, c'est la dur?e, la con
Pour assurer cette con
d?veloppement.
d'un
: l'amiti?, la raison, le devoir,
tinuit?, six lois s'imposent
Leur but est d'ins
la justice, la pi?t?, la connaissance.
? la dur?e : ? l'?galit? et
l'?quilibre n?cessaire
convenance doit ?tre en la soci?t?, en laquelle rien ne doit
nuire par deffaut ny empescher par excez. ?
taurer
de l'harmonie, c'est l'amour, l'amiti? comme
chez Platon
la philia, qui seule fonde la solidarit? et la
La
base
concorde. Mais
de la raison
l'amour bien compris exige les lumi?res
: et la vertu n'est rien autre que la liaison
:
de la raison et de l'amour ; on songe ? ce mot de Fouill?e
? Le c ur sans
l'esprit est aveugle, l'esprit sans le c ur
? D'o?
un petit trait?, o? s'?voque
est paralytique.
le
De Officiis de Cic?ron, des diff?rents aspects traditionnels
de
la Vertu
(prudence, justice, temp?rance,
force) qui
est fonci?rement une et consiste en somme en une sage
: ? Establissons
en nous l'heur d'une R?pu
mesure
blique parfaite en petitesse, autant grande en soy que
ce qui est sans deffaut. ? On songe ? l'image de Des
1
R?publique,
p. 2.
09:44:20 AM
?TUDE
275
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
: Un
cartes
petit vaisseau peut ?tre aussi plein qu'un
encore qu'il contienne moins de liqueur. ?
So
grand,
le fondement
cialement,
de
est dans
la morale
la Fa
mille, ?tablie sur l'?galit? ?vang?lique de l'homme et de
la femme, sans abus d'autorit?
;bienveillance affectueuse
chez la femme, dont
l'homme, fid?le d?vouement
non
la v?ritable parure est la puret? et
l'?clat physique.
chez
Sur
les devoirs
les serviteurs,
sur
(B?roalde pr?conise l'allaitement
il se souvient ici et l? de YEconomique
de
: de telles r?miniscences
ou de Plutarque
?
l'autorit? de ses revendications. ?
rien
maternel),
X?nophon,
n'enl?vent
cellules
en une
envers
des enfants
l'?ducation
Ces
des ma?tres
doivent
sociales
saine monarchie
; et B?roalde
la Justice
s'organiser politiquement
: le grand devoir du roi, c'est
de reprendre, non sans verve, le
contre les len
grand r?quisitoire de tous les Renaissants
teurs de la proc?dure
et les ? mille papiers confus ? ;
la corruption
Or
par
Or
par
Articles,
Pi?ces,
et la paperasserie
appointemens,
Le
solu
et ores
m?moires
conclusions,
examens,
arrests,
racolemens,
par
et
qui
jugent
requestes,
enquestes,
productions,
interrogations,
Reproches,
contredis,
Demandes,
actions,
Adiournements,
des Bridoyes
salvations,
faites
deffauts,
surprises,
ou
? prendre
prises,
et confrontations...
roi doit ?tre juste, son pouvoir
:
temp?r?
(49
v?).
et non ab
En tout ce qu'il fera, reng? sous le devoir,
Mod?rera tousiours par advis son vouloir.
Encor qu'il soit premier et que prince il commande,
Si faut-il que raison de ses actes il rende (42 v?).
09:44:20 AM
276
V.-L.
SAULNIER
est bonne, ? condition qu'elle compense par
la pratique de la vertu le caprice de l'h?r?dit?. Enfin
l'autorit? supr?me est celle de Dieu, la pi?t? est le v?ri
La noblesse
table
ciment des ?tats, et B?roalde
le c?l?bre adage
un roi ;
de
formule ? peu pr?s
: une loi, une
l'Ancien R?gime
foi,
Et chacun au pays fera profession,
Sous un Dieu, sous un Roy, d'une religion (47 v?).
intentions ne suffisent pas. Les
doivent
inspirer surtout une vie de
De bonnes
nions
saines opi
labeur. Le
en revue les pro
est la grande loi, et, passant
? d?gager
de
s'attache
la noblesse
fessions, B?roalde
un
reflet du Cr?ateur,
chacune : l'architecte est comme
travail
le potier doit voir en son tour l'image de la vie en mouve
ment sans fin, etc. Plus heureux, certes, que tous autres,
: et nous
leur bonheur
s'ils connaissaient
les paysans,
et chez Virgile.
le
selon
B?roalde,
proc?d? connu, pr?sentait son livre
et le d?diait ? l'instruction des petits en
modestement,
fants :
retombons
Tant
Eussent
ici chez Cic?ron
de
divins
pu
autheurs
mieux
que
qui
moy
honorent
ce
sujet
la France...
entreprendre...
Et possible ma frase, agr?able et facile,
Instruira des petits l'entendement debile.
Au vrai, ni les petits ni les grands n'iront plus s'ins
truire chez lui, ? supposer qu'ils y soient jamais all?s.
on trouvera dans son livre quelques
Mais
agr?ables
peintures,
comme
le portrait
de la Coquette
09:44:20 AM
?TUDE
Or
troussant
Et
ore
DE VERVILLE
SUR B?ROALDE
ses
cheveux
en demi-rond
par
tous
dessus
uniment
277
les tourne,
les destourne,
Et meslant les floquets nou?s diversement,
Se donne du plaisir de si beau changement.
On y trouvera de saines pens?es en formules concises.
est souvent un souvenir de Platon, de Cic?ron,
L'id?e
ou d'autres, et rel?ve de la morale
Plutarque, X?nophon,
; mais
traditionnelle
quelques-unes,
comme
ce primat
et f?condes.
loi de Travail,sont
personnelles
Et puis, dans tous les cas, lem?rite de la formule reste,
et les saines pens?es ne perdent pas ? ?tre adroitement
accord?
?ia
redite*. Enfin, la notion de la Vertu qui se d?gage n'a
: nous sommes, entre
et d'indulgent
rien que d'humain
sur la
et l'Honn?te
de Moli?re,
Homme
Montaigne
grande voie de p?n?tration historique de la Vertu imi
table qui est celle de l'esprit fran?ais.
aux m?langes
les deux bons livres
Quant
curieux,
en sont le Cabinet
de Minerve
et le Palais
des Curieux.
Le premier est fait pour une part de morceaux emprunt?s
au recueil de 1583, en particulier aux vers des Cognois
sanees n?cessaires et aux dialogues de VHonneste amour
est longue
gr?ce : la s?rie d'emprunts
Le second, que certaines ?ditions donnent artificielle
comme
ment (et sans doute dans un dessein publicitaire)
et de
la Bonne
la Ve partie
du grand
roman de B?roalde
Les Aventures
1
semble avoir ?t? pour
n?cessaires
Le recueil des Connaissances
ses livres
un v?ritable
il consid?re
B?roalde
grenier, et en g?n?ral
une r?serve o? il puise des morceaux
qu'il reprend dans
publi?s comme
ses nouveaux
livres. Comparer
p. 1 r? sqq ; 15 v? ;
Cognoissances,
?
de Minerve,
8 r? ; ? : Cabinet
p. 19, sqq ; 53 v? sqq ; 22 v? sqq.
?
de la bonne gr?ce, etc.
De m?me,
Cabinet,
p. 205 et Dialogue
?
De
de Minerve,
Cabinet
v?ritable, p. 465, etc.
p. 86 et Histoire
20
Sous
15
Venus
le
;
v?,
v?,
Amoureux,
m?me,
p.
Lorsque
Soupirs
au Bleu
le
mal
; 34 r?, L'un
; 32 r?, Ode
; 22 r?, Par mille
coups
Mirthe
; 44 r?, Je ne puis sans regret, et Aventures
; 40 r?, Complainte
de Floride, 2? partie, pp. 457, 297, 315, 375, 377, 224, 391. Etc.
09:44:20 AM
278
SAULNIER
V.-L.
contient, plus ou moins larv?s, une collection
de souvenirs et de notes autobiographiques.
Mais, malgr?
le dessein est analogue
cette diff?rence de composition,
de Floride,
de celui du Parvenir).
(et proche, mutatis mutandis,
Il s'agit au vrai de ce qu'on nommera
plus tard des
ou
R?cr?ations
scienti
Promenades
litt?raires,
propos
se prom?ne ? travers
fiques, etc. L'auteur
la
connaissance
de
maine
(comme dans
dans tous les domaines
sujets
les anecdotes,
tout
le do
le Parvenir
de la fac?tie), et ?gr?ne sur tous
les explications,
les allusions,
les
et les souvenirs de lectures, sans
opinions personnelles
autre loi que d'?tre bref sur chaque sujet, afin d'instruire
de tout sans d?go?ter de rien, et encha?nant les propos
avec autant de caprice que dans une libre conversation.
Deux
domaines
riosit? de l'auteur
vation
Tout
double
la cu
particuli?rement
: les sciences de la nature et l'obser
sollicitent
du
langage.
est s?rieux ici ; Sans
liminaire
devise
libert? nul pZaisir 1 : cette
ne d?
du Cabinet de Minerve
?
finit-elle pas un dessein classique d'Instruire et Plaire
:
va
de
est
loin
but
la
de
le
connaissance
B?roalde
plus
nous donner la ga?t?, le rire v?ritable et d?licieux, que
Ventretenement des pens?es fait profond et savoureux, au
lieu que la folle fantaisie le donne superficiel et fugace :
ici encore il se souvient
? Vous
ostez
de Montaigne,
l'entretenement
des
seulement
pour
pens?es
rire, et si on rit sans que la pens?e en soit entretenue, on rira
?
et
l'avanture,
sans
savourer
le plaisir
qu'il
aura
[Mon
:
:
taigne aurait dit le ret?ter] S?achez, Belle, que quiconques
entretient
ses
pens?es,
met
comme
devant
soy
1
la r?cr?ation
; ? Joindre
Cabinet,
p. 256 (table)
a 3
s?rieux ?, dit-il encore
r?).
(Cabinet,
tout
avec
son
esprit,
ce qui
09:44:20 AM
est
?TUDE
SUR B?ROALDE
279
DE VERVILLE
et se trouvant entre toutes id?es, en choisit selon le contente
ment qu'il appette le plus, et s'eslevant magnifiquement en ses
imaginations, se trouve tout en soy, uniquement plein de tout
aise...
rit,
Qui
il dilate
son
esprit,
son
ur
s'ouvre,
et,
ses
pens?es se manifestans, paroist comme en l'?ge de desirable
sans
innocence,
fard
et
sans
donner
occasion
de
sinistre
juge
ment... En riant de c ur franc, on fait voir ce qu'il y a de
bon en ce petit cabinet d'affections ; au contraire, un esprit
et resveur
songeard
met
des
?s pens?es
c'est
rablement,
s'entretient
soy-mesme,
ingratement
qui
autres
des opinions
Rire
d?si
estranges...
en une
estre
de
ravi
dilatation
courage,
comme au ciel en comble de liesse... L'esprit riant est en la
perfection de son excellence, desja le jugement luy a fourni
de mati?re, tellement qu'il n'a plus affaire que suivre la belle
trace de plaisir o? il est... (fol. 36-37).
l?, soit dit une
Est-ce
morne
censeur,
alchimiste
fois encore,
et mauvais
d'un
le langage
?crivain ?
du p?lican, de la salamandre,
des
sans
et
du
la
les
de
masles
?,
sauge
poules qui pondent
lierre ; de la turquoise et de l'aimant ; du vent, de la
Ainsi
parlera-t-il
mer, de la lune, des rivi?res
de l'existence du vide ; de
l'?me,
de
la n?cessit?.
Plus
; des couleurs et des ombres,
la science, de la nature, de
rarement,
d'histoire
et de
: du Calendrier,
de la mode des bonnets
philologie
?
ronds ; de Mo?se, de Ca?n et d'Abel
; d'?tymologie,
? propos de
propos du mot Etrennes ; de s?mantique,
Leste ou de Contenance
comme Ceia
des
d'ortho
vicieuses,
d'expressions
Et accessoirement
de tout le
de prononciation.
termes
graphe,
reste.
vous
locutions archa?ques
; d'agr?ables
? dire ou Entregens
; de propri?t?
? propos
y a plus de morale dans le Cabinet, plus de phi
et la curiosit?
la m?thode
lologie dans le Palais, mais
sans doute
montre
sont au fond les m?mes. B?roalde
s'y
plus ing?nieux que profond. Mais,
outre que, par exemple,
09:44:20 AM
280 V.-L.
SA U L
IE R
il est un pr?cieux t?moin
qu'on gagnerait ? interroger, il est toujours curieux et
voire agr?able, et c'est bien la loi du genre.
Les notes de philologie sont souvent pleines de saveur :
sur des questions
de langage,
telle cette remarque
sur le mot
escroquer (Palais,
p. 53) :
? De mesme
s'est introduit le mot ?'escroquer, qui vaut
autant ? dire que prendre laschement, et principalement aussi
le dit-on du faict de celuy qui a vol? une pauvre eshont?e,
qu'il a honteusement press?e, au lict de paillardise, c'est-?-dire
qui, au lieu de l'envoyer avec une petite recompense, luy aura
pris
sa bouree
ou
son
vestement
ou
ses
bagues.
Un historien de la langue trouverait beaucoup ? glaner
chez lui. En toutes ces
? glaner
uvres, il y a beaucoup
tout
le
monde.
C'est
est
B?roalde
pour
que
toujours
adroit. L'adresse,
dira-t-on, est la qualit? des esprits
et de peu d'invention. Rien ne servirait de nier
souvent dans
B?roalde
la forme d'une
s'inspire
scolaires
que
bonne
l'id?e
formation
d'une
de rh?torique classique,
culture g?n?rale gr?co-latine
comme
assez
dans
solide.
est farci de citations, sans y
ces mati?res, B?roalde
les
perdre l'originalit?. Toutes
en
en
Et
sort
il
une
notion
de la
repense.
particulier
Sagesse qui m?rite examen ? part.
Mais Montaigne
lui-m?me
Un troisi?me groupe d' uvres pr?sente
surtout un
int?r?t historique.
?
la lumi?re des
Contentons-nous,
extraits que nous avons cit?s plus haut,
seu
d'indiquer
lement ici quelques
orientations de pens?e. On trouve
chez B?roalde
l'amorce de trois genres qui vont faire
fureur peu d'ann?es
le
apr?s lui : la po?sie pr?cieuse,
trait? de politesse, le grand roman d'aventures
psycho
logiques.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
281
VERVILLE
La po?sie pr?cieuse, caract?ris?e par le th?me d'assez
fade galanterie, relev? dans le style par toutes les res
sources de la recherche (pouss?e parfois jusqu'?
l'affec
tation) : certes, elle est d?j? chez Saint Gelais, chez Ron
sard parfois, et souvent chez Desportes
; est-il exag?r?
des Soupirs amou
pourtant de consid?rer le B?roalde
reux, outre la valeur intrins?que de tels po?mes, comme
un trait d'union
la pr?ciosit? p?trarquiste
de la
et la pr?ciosit? des cercles du d?but du
Renaissance
xvne
Rien
entre
si?cle ?
ne montre mieux
interm?diaire
roalde,
ce sonnet
cette place
entre Ronsard
?minente
de B?
et Voiture,
que
Je ne suis point belle, docte guerri?re,
Ce forgeron imprudemment hagard,
Qui furieux, sans honte et sans ?gard
Voullut
tenter
ta
jeunesse
premi?re...
Fuyant les fous, vainquant les orgueilleux
Tu fis beaucoup, tu feras encor mieux
Si tu fais vivre une ?me ob?issante.
(Amours de Minerve).
dont
le mouvement
initial s'inspire
de Ronsard1
Je ne suis point, ma guerri?re Cassandre,
Ne
Myrmidon,
ne
Dolope
qui se termine sur une molle
soupirs ? l'Uraniste.
mais
souldart...
langueur ?l?giaque
de
1 Amours
sonnet IV ; le cas est chez B?roalde
de 1552,
moins
banal
Ron
que chez son ami Guy de Tours,
qui pille litt?ralement
sard. Cf. par exemple,
amoureux,
I, 3, et
Guy de Tours,?
Soupirs
?d. Blanchemain,
Amours
de 1552, sonnet L.
Ronsard,
Soupirs,
uvres, ?d. Cohen,
II, p. 775 et 1,57, II,
pp. 35 et 64 et Ronsard,
672, etc.
09:44:20 AM
282
V.-L.
SAULNIER
Plus importante encore est cette d?finition de Yhon
n?te homme que comportent de courts ouvrages de B?
de VHonn?te amour et de la
roalde comme les Dialogues
de la vertu, le livre de la Sagesse.
gr?ce, leDialogue
:
cette
c'est
forme
aussi que le chevalier de M?r?
Dialogue
Bonne
aux livres o? il traitera le m?me
probl?me,
comme les mod?les
et qui sont consid?r?s aujourd'hui
du genre. Dans
la forme, par le souci de la clart?, de
donnera
l'?l?gance et de l'agr?ment ; dans l'id?e, par la d?fini
sans rigueur mais
tion d'une vertu traitable, moyenne,
sans d?faillance
;B?roalde m?rite de faire figure de pr?
et M?r?.
entre
curseur,
Montaigne
des romans de B?roalde,
enfin l'importance
les Aventures de Floride et le Voyage des Princes
fortun?s. Il est trop facile de les qualifier d'ennuyeux,
Reste
surtout
surtout en un si?cle o? la vogue des romans anglais nous
a appris ? ne plus confondre l'interminable
et l'en
nuyeux. B?roalde
mans de Nerveze
ici le contemporain
des ro
et de des Escuteaux
;mais on ne voit
est bien
pas autour de lui de roman o? se fasse pr?sager aussi
nettement que dans les siens ce go?t de l'aventure psy
chologique qui va faire la fortune de YAstr?e et du Grand
offrant un cadre pitto
compliqu?es,
de
la passion
d'amour
minutieuse
resque
l'analyse
d?
contrari?e par toutes les traverses, emp?chements,
:
tout
du
est
chez
l'essentiel
genre
dains, pudeurs
d?j?
Cyrus.
Situations
?
en prose et de
de parties narratives
vers
en
chantant le d?sespoir et l'espoir
parties lyriques
d'amour, trahit bien la double nature du genre, souvenir
lui. L'alternance
de l'?pop?e aventureuse et p?re du pur roman d'analyse.
Et la curiosit? alchimique, si elle d?termine parfois le nom
des h?ros et le parcours de leurs errances,
symbolique
ne g?te pas
comme on l'a dit la saveur
des sentiments.
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
De
toutes
ces
uvres
283
DE VERVILLE
la renomm?e
fut courte. Les
pi?ces gaillardes des Soupirs amoureux (Le Pallemail, etc.)
semblent avoir seules joui d'une certaine vogue jusque
vers 1610 : ? il n'y eut rien alors de plus commun ? dit
Colletet. Depuis
lors, c'est l'oubli : aucun de ces livres
?t? r?imprim?. Seul le Parvenir
: de nos jours, m'a-t-on
connaisseurs
n'a
consid?re
r?gal des
dit, T'Serstevens
comme son livre de chevet un
exemplaire du
don de Fernand Fleuret.
surnage,
Parvenir,
11 y a un cas B?roalde.
On aura du mal ? expliquer
cette ?trange conspiration du silence qui le tient ?loign?
Il y a quelques mois
de toute vell?it? de r?habilitation.
une
D.
M.
encore,
Aury publie
Anthologie de la po?sie
P. Villey donne,
religieuse fran?aise : rien sur B?roalde.
dans Montaigne
devant la post?rit?, l'histoire de la vogue
? la charni?re xvie-xviie
des Essais
si?cle : rien sur
B?roalde.
On
fait l'histoire
homme de Montaigne
de suite.
? M?r?
de
la notion
'de YHonn?te
: rien sur B?roalde.
Et ainsi
seule raison se propose : il est l'auteur d'un livre
qu'une tradition plus solide que juste pr?sente comme un
une pornographie
tissu d'obsc?nit?s,
sans valeur. C'est,
Une
ce qui jeta le discr?dit sur toute l' uvre.
pensons-nous,
Il en va de lui comme du marquis de Sade ou de R?tif
de la Bretonne, mais avec bien moins de raison. Encore
R?tif et lemarquis ont-ils ?t? r?habilit?s
;B?roalde, non.
en
veut
si
l'on
Tel est,
un, lemotif de l'oubli de B?roalde.
ne faut-il pas oublier que l'oubli ne se justifie pas ;
il est ce qu'il est, il s'impose et s'efface ; il n'y a pas
en lui la logique d'une mar?e, mais
l'absurdit? d'un
Encore
09:44:20 AM
284
V.-L.
SAULNIER
remous sur un flot de rivi?re,
de tout ce qui
l'absurdit?
vit.
IV.
Le
Moyen
uvre
chef-d'
Sur
le
Parvenir
reste
de B?roalde
?videmment
le
Ici du moins,
la tradition ne s'est
sans
sa
fut
Ce
doute
derni?re
uvre, con
de Parvenir.
pas tromp?e.
du Palais
des Curieux. Le bon chanoine
temporaine
il d?passe
? peine la cin
(qui n'a rien d'un vieillard,
Pahis
le
le
de son exp?
bilan
fait
dans
quantaine)
un bilan de vie fac?tieuse.
rience, il fait du Parvenir
Pour
le Parvenir,
Nous
n'avons
la tradition
rien trouv?
firmer cette date
maintenant
d'un
xvne
Le
fix?e
manuscrit
pr?cise
depuis
remontant
donne
la date
1610.
de
qui vienne confirmer ou in
semble
; du moins,
l'?poque
a
l'existence
qu'on
signal?
aux
premi?res
ann?es
du
si?cle
livre est-il bien de B?roalde
et
en est le genre
? Comment m?le-t-il la
? Quel
le proc?d?
de composition
r?alit? historique ? l'anecdote en une formule baroque
Telles sont les questions qui se posent.
Sur la question
r?sumons d'abord
ments
de paternit?, pour plus de clart?, nous
en huit propositions
les faits et docu
de base.
1. Dans
le Palais
des Curieux,
B?roalde
?crit
Je vous avise que comme icy je donne des atteintes ? plu
sieurs fautes, que j'ay fait un uvre lequel est une satyre uni
verselle o? je reprends les vices de chacun. Je pensois vous le
Cf. Bibliographie, p. 319?
09:44:20 AM
SUR B?BOALDE
?TUDE
faire voir sous*un tiltre qui
mais on me l'a voil?, si que
attendrez encor. Je l'ay mis
mien, au lieu que l'exemplaire
285
DE VEKVILLE
est tel Le Moyen de Parvenir,
pour en avoir le plaisir, vous
en tel est?t que je l'avoueray
dont on m'a fait tort, est inso
et
estre
de moy, aussi qu'il n'est pas de
lent,
que je denierois
mon escriture, et avec cela il n'est pas de m?rite pour estre
leu, ? cause des convi?es que l'onm'a rapport? qui y sont, pour
ce qu'il y a des contes d?sagr?ables. Ce qui n'est pas au mien,
o? je taxe ny moine, ny prestre, ny ministre, ny nonnain, et
n'y a point des contes qu'on tire ? telle cons?quence, mais
rencontres joyeuses et toutes tendantes ? reproduction (p. 461).
2. En
t?rieux
plus
le bout
que
de
l'oreille
Les
un mys
de Parvenir,
trois endroits du Moyen
laisse pointer
remanieur
que
meslanges
vous
sont
trouverez
survenus
cause
de l'antiquit? de ce volume et des annotations, apostilles et
interpr?tations qui y estoient mises ; et le gentilhomme qui le
transcrivit
escrit
pour
d'une
votre
suite,
en
avancement,
meslant,
sans
toute
distinction,
sagesse,
glose
et
tout
texte...
Je vous assure que ce livre estoit simple et net, beau comme le
jour, ainsi qu'il est encore, bien qu'il soit peslemesl? de notes
et
Le
consid?rations...
ces
honneur
saints
personnage,
m?moires
vous
qui
de
perfection,
produit
a
pens?
en
tout
que
le
texte ne valoit pas mieux que le commentaire ;par quoy il les
a fait aller ensemble (chap.
).
vous
Monsieur,
estes
agr?able
? tous
nous
autres,
tant
pour
ce que vous estes bel homme que principalement ? cause qu'il
n'y
a ny
rime ny
raison
? tout
vostre
fait.
L'autre. ? Ainsi en est-il de ce livre qui jadis fut fait en
belle rime crois?e :mais celuy qui l'a transcrit, sans y aviser,
meslant ce qui estoit de?? et del?, a fait qu'il n'y a, ce semble,
ne
rime
ne
raison
en apparence,
non
plus
qu'?
l'eslection
d'un
cardinal de ce temps, selon l'ordre hi?rarchique du bon temps,
(chap,
xxxviii).
Allusion en ces termes ? un livre authentique de B?roalde,
09:44:20 AM
v.-l.
286
saulnier
les Florides : ?Ainsi qu'il se trouve ?s Florides*, quand sous le
nom de Stratin il eut la teste tranch?e ? Sancerre, tourn? en
Rancresse, tesmoin Verville qui me Va dit, ainsi qu'il l'a es
?
crit
lxxxviii).
(chap,
3. Dans
B?roalde
et demy
t. II, p.
leMoyen de Parvenir, l'auteur ?crit que quand
est n?, ? il n'y avoit pas plus de quatre mois
?
que sa mere estoit mari?e
(?dition Royer,
? la m?re de
Insulte
faite
grave, dit-on,
18).
: fait d'ailleurs
inexact, puisque B?roalde na
quit en 1556 d'un mariage contract? en 1550.
4. Vers l'?poque du Parvenir, Martial Roger de Li
B?roalde
moges
?crit
? On a mis au jour deux livres de Lucianist?es
t?es, dont
j'oserais
assure
Rabelais
que
? peine
en est
les
prononcer
l'auteur.
noms...
On
de Parvenir
5. Le Moyen
contient des
ou
choses lyonnaises, sites
expressions.
6. Il contient des souvenirs de Gen?ve
tions,
et d'Icadis
terribles
souvenirs
: sites,
de
locu
personnages.
7. Il y a dans
caract?ristiques,
ditionnels, ?rotomanie
qui s?parent
8. B?roalde,
un
le Parvenir
? souvenirs
ensemble
rabelaisiens
traits
de
et motifs
tra
et scatologie ? (Sain?an, p. 229)
uvres sign?es de B?roalde.
le livre des
nous
dit-on,
?crit tr?s mal.
Or
le Par
venir est bien ?crit.
ces consid?rants,
les critiques, refusant (sur la foi
comme l'au
I ? III) de saluer B?roalde
des propositions
De
teur du livre, l'attribuent
un
? Rabelais (le bibliophile Jacob) : Rabelais dont
recueil
de
libres et irrespectueux)
Supposition
: de m?langes
(entendez
aurait ?t? refondu par B?roalde.
Lucianist?es
purement
gratuite.
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
DE
B?ROALDE
287
VERVILLE
: en
du Troncy
(P?ricaud, G. Brunet)
vertu de la proposition V.
?
en vertu de la pro
? Henri Estienne
(Blavignac),
position VI.
?
? un remanieur, qui aurait utilis? un texte, pro
bablement
illisible, de B?roalde, pour en faire un chef
d'
? Beno?t
uvre
(Royer,
VII et VIII.
: en vertu
Sain?an)
des propositions
A quoi nous r?pondrons :
Que les propositions V et VI
ne sont pas probantes.
fut en son temps et genevois et lyonnais, et
B?roalde
put aussi bien qu'un autre en laisser le t?moignage dans
ce livre : livre plein de bien d'autres provincialismes,
? commencer par
relev?s par Sain?an,
soigneusement
ceux de la Touraine, o? B?roalde a longtemps v?cu.
IV ne prouve rien puisque
l'assi
Que la proposition
milation
du Parvenir
? un des recueils
lucianistes
pr?cis
dont parle Martial Roger ne repose sur rien.
ne vaut rien. Nous avons
VIII
la proposition
Que
uvres sign?es, B?roalde
ses
montr?
sait
que, dans
parfois bien ?crire.
Les seules constatations
ne
(I, II, III, VII)
que B?roalde n'est pas l'auteur
prouvent pas davantage
du Parvenir.
seulement
Elles montrent
qu'il tint ?
cacher
cette paternit?.
n'est pas
solides
"go?t des autres livres de
?
Mais les Contes drolatiques
B?roalde
(proposition VII)
de Balzac ne sont pas non plus ?crits de la m?me encre
que la Com?die humaine ; le Baron de Foeneste de d'Au
Le Parvenir
du
son Histoire universelle, etc.
bign?, de la m?me encre que
?
uvre
A supposer m?me que tout le reste de son
soit mauvais,
le cas d'un ?crivain abondant qui se r?v?le
dans un ouvrage
ais? est bien connu
: c'est celui de l'abb?
09:44:20 AM
288
V.-L.
SAULNIER
avec Manon
Lescaut, celui de F?lix Arvers avec,
son sonnet, et de bien d'autres. ?
Les pr?occupations
du Parvenir ne sont pas celles que B?roalde
r?v?le d'or
Pr?vost
? mais
dinaire
l'exutoire
si
le Parvenir
repr?sentait
d'une
que
justement
sa fonction
personnalit?
gaillarde,
ou toute autre obligation
astreignait d'or
?
? quelque
contrainte ?
Le style du Parvenir
de chanoine
dinaire
n'est pas
n'est
? Mais B?roalde
le style ordinaire de B?roalde
se
il
d'un
l'homme
pas
style,
distingue au con
traire par
Beuve
la vari?t?
donne-t-il
de l'expression
aux Lundis la m?me
; et puis, Sainte
savoureuse ?cret?
dans ses carnets intimes, Mes
de
genre change de style. Un ro
change
mancier
fonctionnaire ne r?dige pas ses notes de service
de la m?me encre que ses romans. M?me ? l'int?rieur du
de verbe
Poisons
qu'il
? Qui
domaine
Siegfried et le Limousin
n'est pas non plus ?crit exactement de la
sous sa forme romanesque et sous sa forme
litt?raire,
de Giraudoux
m?me
s'autorise
plume
th??trale.
le m?me
l' uvre,
se
le pr?tendu
remanieur
un
mauvais
signale, et en particulier par
propos contre
ne pas
I
?
?
comment
B?roalde
Mais
III)
(proposition
4
voir que, plus l'alibi est solide, plus il a de chances d'?tre
B?roalde
renie
l? une re
de B?roalde,
fabriqu? ? Ici, une d?n?gation
vendication
hos
de l'Anonyme, et l? une manifestation
contre sa m?re (une calomnie, notons-le,
tile ? B?roalde,
: or la calomnie est plus ais?e ?
et non une m?disance
d?mentir
: tout cela trahit un arrange
aurait pu
int?r?t, en particulier,
?ventuellement)
ment
soigneux. Quel
pousser ? montrer le bout de l'oreille un remanieur qui
restait anonyme et n'avait donc rien ? attendre de cette
? Pr?cautions
demi-confession
que tout cela. Is fecit cui
prodest. Pr?caution
de la part du chanoine
qui tenait ?
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
289
DE VERVILLE
se disculper d'un ouvrage compromettant
;que d'ailleurs
le livre ait ?t? publi? avec ou sans son aveu, peu nous
: il est de lui, et de lui seul.
importe
?
artis
sociale
mais aussi arrangement
Pr?caution
tique. Comment ne pas voir que le but de tout le Par
venir, c'est de d?router le lecteur ? Oui, Sain?an l'aper
?
nous dirions plus
?oit, il s'agit d'un livre d'humour
un sp?cimen de litt?rature baroque. Et n'est
ce pas un des proc?d?s de la litt?rature d'humour que de
le lecteur sur l'identit? de l'auteur ?
pseudo-mystifier
volontiers
Qui
croira que
le Manuscrit
un
trouv? dans
chapeau
trouv? dans un chapeau par A. Salmon ?
Ce soir on improvise,
Que dans la pi?ce de Pirandello,
les acteurs improvisent pour de bon ? Le truc du ma
fut vraiment
nuscrit
vol?
et remani?
est vieux
comme
le monde,
aussi vieux que celui du journaliste en mal de copie qui
? un lecteur m'?crit...
? pour se payer le luxe
pr?tend
d'une r?ponse triomphale. A qui n'est pas d'accord,
autant
vaudrait
alors
authentiquement
?
je ?.
de
croire que tout romancier parle
fois qu'il ?crit
lui-m?me chaque
Si la protestation de B?roalde
est sinc?re, au surplus,
ne serait-ce pas que, l'ouvrage ?tant enti?rement de lui,
il e?t souhait? ?dulcorer son texte avant de le publier,
ce qu'une ?dition
l'emp?cha de faire ? Enfin, si le texte
avait ?t? vraiment corrompu par un ?diteur fac?tieux,
B?roalde n'aurait-il pas, comme il est d'usage, publi? en
? S'il ne l'a pas fait,
r?ponse une ?dition authentique
c'est que, m?me en conc?dant que la premi?re ?dition
f?t subreptice, c'?tait un acte de m?disance
mais non
pas de calomnie : on ne pouvait gu?re d?mentir.
Que le style du Parvenir ne soit pas celui des autres
livres de B?roalde,
l'argument
ne
serait pas
probant.
19
09:44:20 AM
290
Mais
V.-L.
il n'est m?me
Nic?ron
pas
?crit d'abord
? d'une
Parvenir,
SAULNIER
solidement
sa Notice
dans
na?vet?
charmante
fatras de ses autres
uvres
est ?crit de la m?me
plume
d'?crire
sa mani?re
? l'autre
?tabli.
Le m?me
que le style du
?, tranche sur le
; et, un peu plus bas, qu'il
: ? on y reconno?t d'un bout
et son caract?re
(pp. 226
Il n'y a rien ? tirer de telles impressions.
la critique d'attribution,
l'argument de dissem
blance (cet ouvrage ne ressemble pas ? ceux de tel auteur
il n'est donc pas
qui sont certainement
authentiques,
et 236).
Dans
en g?n?ral
de lui) n'a
exactement
aucune
valeur
en lui
le
parce qu'un auteur a, Dieu merci, toujours
droit de faire autre chose. Mais quand le livre anonyme
? l'?tat social et ? la situation
r?pugne mat?riellement
m?me,
pr?sum?
(ici, un livre de haute
gauloiserie, peu convenable m?me ? l'?poque ? un cha
si une tradition assez
noine et ? un Honn?te
homme),
litt?raire
de
l'auteur
forte le lui attribue tout de m?me, cette fum?e r?v?le
un feu ; en ce cas, plus le syst?me de d?n?gation
est
telle
pr?cis, plus il est suspect. On peut parier qu'une
ne
sont
nette
si
de
mines
n'est
elles
jamais
ligne
quand
en barrage, dans l'int?rieur m?me
pas dispos?es d'avance
de l' uvre. Et l'on ne pr?pare un barrage que lorsqu'on
veut prot?ger d'avance
chose. C'est mal voir
quelque
de la Renaissance
(ici proche h?ritier de l'hu
de
que
m?di?val)
r?pugner ? attribuer ? un
chanoine, sous pr?texte qu'il a ?crit des pages savantes
ou ?difiantes, un trait? de libre satire. Gilles B?liem?re,
l'homme
manisme
le canoniste
du xve
si?cle, n'est-il pas l'auteur actuelle
des
pr?sum?
Quinze Joyes de mariage ? Et n'est-il
pas probable que le seigneur de Choli?res, le divertissant
ne fait qu'un
auteur des Matin?es
et des Apr?s-din?es,
ment
avec
le prieur du Mont
Dieu,
Jean Dagoneau,
l'auteur
09:44:20 AM
?tude
sur
b?roalde
de
de livres de pi?t? c?l?bres comme
? la vie religieuse 1 ?
l'humaniste,
sa
compose
le R?veil des chrestiens
: ce sont les divers visages de
qui ne m?prise ni le rire ni le savoir et
et de ga?t?. Chaque
sagesse d'?rudition
science,
Pi?t?,
291
verville
fac?tie
comme Guillaume
des Autels,
compose, ?
humaniste,
part de ses livres s?rieux, aux heures de d?tente, des
Repos de plus grand travail o? sourd souvent la fac?tie,
?
est
Le Parvenir
dont il ne n?glige pas les droits.
ne
l' uvre de B?roalde, et de B?roalde
seul. Rien
permet
d'en douter,
dition
qui
moignage
tout invite ? le croire
: et surtout une tra
dont le t?
remonte ? Agrippa
d'Aubign?,
a tout de m?me plus d'autorit? que des im
de lecture. Au surplus, un t?moignage allusif,
pressions
de B?roalde
cette phrase
lui-m?me, semble parler du Parvenir. C'est
:
du Cabinet qui n'a pas retenu l'attention
et le
Cependant que je mets ? part pour vostre plaisir
nou
vous
des
dont
si
entendez
nouveaut?
mien, quelque
velles, et que la d?siriez je la vous donneray librement, et de
tel courage que je souhaite qu'en toute douceur et libert?
vous
alliez
esgayant
apr?s
ces
traverses
(a 3 v?).
?
? Le
uvre contenant la raison
Moyen de Parvenir.
de tout ce qui a est?, est, et sera : avec d?monstrations cer
selon la rencontre des effects de
taines et n?cessaires,
?
Et adviendra
Vertu.
que ceux qui auront nez ?
: ainsi qu'il est escrit au
porter lunettes s'en serviront
1
et les Quinze
1597. Sur B?liem?re
Reims,
joyes, cf. Coville,
sur quelques
?crivains du XVe
Recherches
si?cle, Paris, 1935, pp. 129
?
Le myst?rieux
cf. L. Loviot,
Sur Dagoneau-Choli?res,
174.
in Rev.
I (1913-14),
des Livres
anciens,
p. 37.
seigneur de Choli?res,
09:44:20 AM
292
SAULNIER
y.-L.
? dormir en toutes langues. S. ?
Recensuit
? Nunc
vocat
iter est
Hac
Z.
ad
ab
res,
A,
ipsa
Sapiens
?
?
(Suit, au
Imprim? cette ann?e.
(Aeneid. IX, 320^.
un
verso,
quatrain).
Dictionnaire
Ce
titre composite m?rite quelque
glose. Le moyen
:
une
de parvenir
c'est
parodie du titre du trait? de B?
il est traict?
De
la
livre
roalde
Sagesse,
premier. Auquel
de parvenir au parfaict est?t de bien vivre.
em
Tours, 1593, in-12. C'est une formule que B?roalde
xiii des Re
ployait d?s sa jeunesse au titre du chap,
: ? si nostre recherche est l?gi
cherches philosophiques
du Moyen
d'y parvenir ?. Les sous-titres
savants de l'?poque.
ouvrages
: ? Le Blason
Comparer, pour citer des livres de B?roalde
escus dif?e
traict? contenant plusieurs
des armoiries...
time, et s'il y a moyen
sont dans le go?t des
desquels on peut discerner les autres ;
avec Vinter
Theatre des Instrumens de laques Besson...
?
?
Quant ? l'allusion
pretation des figures d'iceluy...
aux effets de Vertu, c'est une parodie des sous-titres
: ? Premi?re partie des
des diverses parties des Floride
on
Avantures de Floride. En ceste Histoire
Fran?oise
rens, par lemoyen
peut voir...
la Vertu
divers
combien
; Seconde
succez
plusieurs
partie...
Vertueux-,
troph?es de
les fruits de
sont en fin agr?ables
en
laquelle...
Quatriesme
partie...
se
rencontrent
ou
se voyent
du Vice.
triomphante
se voyent plusieurs
troph?es
du Vice. ?
la Vertu
ou
partie...
Cinquiesme
de la Vertu triomphante
sur les lunettes
La plaisanterie
est ?videmment
une
? dormir en
; on la rapporte au Dictionnaire
lapalissade
toutes langues, c'est-?-dire, selon nous, la Bible : la mode
des Bibles polyglottes
(m?me avant celle de Walton)
Plantin ? Anvers en publie
est r?pandue au xviesi?cle:
in-folio ; une autre est
une en 1569-72, en 8 volumes
09:44:20 AM
?TUDE
SUR
B?ROALDE
DE
293
VERVILLE
1587, 2 vol. in-folio,
publi?e, ex officina Sanctandreana,
etc. Comparer
les livres de fac?ties ? la Bible, c'est une
:
dans la pr?face de Pantagruel
plaisanterie de Rabelais,
des
la Bible pr?sent?e
implicitement comme le mod?le
avec
et
livres c?l?bres
les
ennuyeux, par opposition
la
graisse. Le reste du titre parodie
des livres savants ; la citation et la r?f?
pr?sentation
?
?
rence ? YEn?ide
sont exactes.
Imprim? cette ann?e
au quatrain, B?
est une nouvelle
Quant
lapalissade.
livres de haute
roalde est dans l'usage d'en disposer un de m?me cadence
au d?but ou ? la fin de ses livres : ainsi au d?but de la
Sagesse) au d?but et ? la fin des Princes fortun?s, etc.
Au total, le proc?d? de la farce consiste ? entourer
d'un appareil d'?rudition une s?rie de na?vet?s, et ? leur
donner un ton doctoral.
tout en parodiant, dans
savants en cours, et, dans
Le
trac? g?n?ral, les trait?s
d?tail, des habitudes de B?roalde.
Le
livre est une
longue suite d'anecdotes
sans souci d'encha?nement
le
le
souvent
gauloises, d?bit?es
logique,
et souvent en coq ? l'?ne, par un certain nombre de
comp?res r?unis en un banquet. Le tout d?coup? assez
en courts chapitres
arbitrairement
(5 ou 6 pages en
g?n?ral) portant des titres ?tranges.
a lieu ? chez le bon homme nostre
banquet
p?re
?
?
). 11 est pr?sid? par Madame
spirituel
(chap.
qui est
entre
les
la
des
sages,
entendues, et le
l'unique
perle
Le
de perfection
parangon
par ces ?pi
(recognoissez-la
?
vous
ne
et
elle
th?tes,
enqu?rez plus qui
est)
(chap. ?v).
?
?
On voit figurer ? ce
notable sympose ? une foule
d'hommes
illustres de tous les si?cles, de l'antiquit?
09:44:20 AM
? la
294
V.-L.
SAULNIER
les premiers nomm?s
(chap, vi),
Jean Bodin,
Socrate,
Alexandre,
Pline,
Pythagore,
en
etc.
tout
Jean
D?mosth?ne,
Rabelais,
Hus,
Et,
? ?toffant des m?choires
?, on d?bite les joyeux propos.
Renaissance
Cette
parmi
en banquet
de Platon
pr?sentation
peut ?tre inspir?e des
ou d'Ath?n?e.
Mais
le
antiques
particulier vient d'ailleurs. On remarque qu'en
g?n?ral, il ne se trouve rien de commun entre le nom du
et les propos qu'il tient, en sorte qu'on peut
personnage
Banquets
proc?d?
si ces noms
se demander
illustres ne seraient
pas
des
choisis
pseudonymes
illustres. D'autant
que
comme
des
obscur
ce
de
; nous
qui
y
parlons,
temps
et y vivons,
si ne sommes
et la
trompez,
en leur si?cle,comme
ont vescu
de ceux du temps pass?
et vous
au vostre,
sommes
et pource
nostre,
que nous
Nous
nous
sommes,
en
sommes,
pluspart
au
nous
gens
moins
buveurs
par
quelques
l'auteur pr?sente ses personnages
en un passage
d'ailleurs
contemporains,
tenons
nostre
qualifiez,
assembl?e
est?
de menus
r?par?e
suf
frages de la magnifique m?lodie de l'antiquaille et nouveaut?,
congr?geant ainsi le plus c?l?bre, scientifique, et v?n?rable
Senat qui fut jamais, et jamais sera ; et de faict la gloire de
remembrance
l'antique
autres
?ges
du
temps,
des
n'a
gestes
fait
que
et parure
fueille
de
l'enfance,
? nostre
et
congr?ga
tion, y apportant une gel?e de sagesse, qui resplendissant par
tout, nous a fait triomphamment agir ? (chap. ?v).
Il nous
d'alchimie
para?t que le proc?d? est repris d'un trait?
c?l?bre au moyen
?ge, et que l'alchimiste
dut conna?tre, la Turba Philosophorum.
On sait
ce
comme
une
s'offre
que
livre, qui
adaptation
abr?g?e
du Synode de la Philosophie
de Pythagoras,
figure un
sous
noms
les
des phi
congr?s d'alchimistes,
pr?sent?s
B?roalde
losophes
grecs antiques
(Pythagore,
D?mocrite,
Anaxi
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
DE VERVILLE
295
Socrate, X?nophane,
Emp?docle,
etc.), d'ailleurs
d?form?s par leurs transcriptions successives de grec en
et en latin (Anaximandre
arabe
devient
Ixidimus
;
? On touche l?
Socrate, Frictes ;X?nophane,
Acsabofen).
mandre,
du doigt, conclut W. Ganzenm?ller,
l'effort fait pour
?tablir un rapport [des doctrines alchimiques]
avec la
grecque, rapport qui demeure ici tout ? fait
superficiel, limit? aux noms ; en effet, ce que chaque
philosophe expose n'a rien ? faire avec ses propres doc
trines x. Le proc?d? de B?roalde
n'est-il pas une trans
philosophie
position burlesque du m?me proc?d?, en un livre dont
toute la pr?sentation n'est que parodie ? Et par ailleurs,
le fait que la Turba se donne pour un remaniement d'un
ant?rieur n'est-il pas un encouragement de plus,
pour B?roalde, ? pr?senter son livre comme un ? remanie
ment ? d'un livre de B?roalde
d? ? un myst?rieux
ano
ouvrage
nyme
Avec la Turba, le livre qui a le plus nettement influ?
sur la conception g?n?rale du Parvenir, c'est le Satiricon
de P?trone, en son ?pisode central, le Festin de Trimal
cion. Le
cadre d'un d?ner plaisant,
le m?lange des anec
de tous ordres ;
dotes, des propos, des divertissements
dans le d?tail, un m?lange
de
consid?rations
piquant
de citations et d'allusions
savantes, de
philosophiques,
?
et
de
de
de
l'?ne
d'?clats
rire
mots,
; le tout
coq
jeux
une
sans illusion, et
servant
ironie indulgente mais
au
mettant
convive
de
service
la ga?t? toute
chaque
son exp?rience de la vie et du savoir : sous presque tous
ses aspects, le dessein du Festin de Trimalcion a d?teint
1
Cf. W. Ganzenm?ller,
Die Alchimie
au moyen
1938. Trad,
fran?. L'alchimie
s. d., p. 38.
taigne
imMittelalter,
Paderborn,
?ditions Mon
Paris,
?ge,
09:44:20 AM
296
V.-L.
sur celui du Parvenir.
P?trone
plac?
Comme
SAULNIER
Et
c'est
justice que B?roalde
de ses convives.
au nombre
dans la Turba,
les noms des convives
ait
sont donc
distribu?s au petit bonheur. Quant ? chercher l'identit?
et du Bon homme, c'est perdre son temps.
de Madame
est B?roalde
Qu'on dise si l'on veut que le Bonhomme
: on n'en
la philosophie
avanc?. Les mots m?me dont
et Madame
plus
sera pas beaucoup
on a vu B?roalde
sont bien faits pour piquer la curiosit?
d?signer Madame
du lecteur, l'engager ? telle recherche. Mais dans un
roman d'humour,
plus on nous engage sur une piste,
nos pas (que l'on songe plut?t
plus nous devons mesurer
le
? Jacques
de Diderot). Au surplus, dans la
Fataliste,
mesure o? ces personnages du Bonhomme
et de Madame
la supercherie pour repr?senter des sym
d?passeraient
il
d'autant
devient
boles,
plus inutile de leur qu?rir
une identit? : de m?me que pour le Grand Courbe du
ou la Bouche d'Ombre
Gynt d'Ibsen
symbole est ici le contraire de l'all?gorie.
Peer
de Hugo
; le
ces personnages
anonymes
qu'entrelacent
en
une s?rie d'?pisodes aux titres
s'encha?nent librement
bizarres. Voici les premiers de ces 111 titres : Question,
Les propos
Point, Paraphrase,
Axiome,
Songe, Proposition,
C?r?monie,... Conclusion, Corollaire,Dessein,
Or, il est impossible de trouver un rapport
Couplet,
Hom?lie, etc.
logique entre
le titre du chapitre et sa mati?re :alors m?me qu'on croit
en d?celer un, comme dans le chapitre Confession, il faut
aussi bien ? la
prendre garde que le titre conviendrait
mati?re
chapitre
tion des
parodie.
Pour
autre titre de
chapitre, et qu'un
?
celle-ci. La distribu
conviendrait
aussi bien
d'un
autre
titres est toute
le plus
formelle,
gros, B?roalde
et l? encore,
parodie
il y a
sur ce point
09:44:20 AM
la
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
297
VERVILLE
des trait?s
ouvre par
Qu'on
scolastiques.
1 : on
de
de
Jean Gerson
Abr?g?
th?ologie
y
exemple
rel?vera une suite de sous-titres marginaux
de ce genre :
pr?sentation
tractatus, diffinitio, divisto,
argumentum,
ceptum,
declaratio,
effectus, assignatio,
dubium,
expositio,
responsio,
objectio,
distinctio,
solutio,
prae
exemplum,
opinio,
analogia,
difficult?s, petitio, conclusio, puncti
causa, etc. S?rie de titres tout ? fait
propositum,
positio,
: certains m?me sont dans
?
Parvenir
du
celle
analogue
questio,
les deux
listes,
tels
exposition, distinction, question,
conclusion, point, proposition, cause, etc. Les titres qui
ne sont pas emprunt?s
? la rh?torique
scolastique
souvent de la liturgie ou de la litt?rature
viennent
: hom?lie, canon, epistre, circoncision,
sacr?e
b?n?diction,
concile, r?mission, confession. Tout cela est
: et c'est bien comme un br?
donc mati?re de br?viaire
consistoire,
viaire
burlesque
que
le Parvenir
se pr?sentera. Excep
sont m?l?s
farcesques
titres
tionnellement,
quelques
? cette suite de titres sacr?s : coq ?
ris?e, coyon
?ne,
nerie.
C'est
bien,
au reste, comme une r?union de rh?teurs
et de sophistes que
l'auteur pr?sente
la sc?ne de
? Ce sympose et souper
philosophie, le plus autentique qui
fut jamais, et auquel toutes questions, propositions, th?or?mes,
probl?mes,
et
d?monstr?es,
ont est? solues,
autres
plusieurs
en
et fid?lement
recongneues
r?solues,
toute
trouv?es,
perfection,
pource que tout y fut d?battu, esgratign?, escorch?, tourn? et
entendu, et ce selon les gr?ces dont estoient barr?z messieurs
les
assistants,
approuv?z
qui
doctes
pourtant
et s?avants,
furent,
ayants
et
au
ont
reste
est?,
tous
et
seront
si bon
esprit
qu'ils ne mirent gu?res ? devenir fous ; ainsi soit-il de vous^
1
Egregium
Petit, 1516.
perutileque
sacre
th?ologie
compendium,
Paris,
09:44:20 AM
Jean
298
V.-L.
SAULNIER
Amen. Ils avoient les yeux ouverts comme chiens qui chassent
aux puces. Or ils s'estoient r?par? l'entendement ? trois sous
pour livre, y ayant fait des arcs-boutans de m?moire au ra
A
bais...
voir
tous
ces
gens
de
en bel
bien,
vous
ordre,
eussiez
dit et pens? avoir devant vos yeux une belle, joyeuse et sa?nete
?
(chap. xi).
congr?gation, comme une bande de Pr?lats
Cette rh?torique scolastique de th?ses, de propositions,
il ne faut pas enfin oublier que B?roalde
de conclusions,
en critiquait d?j? l'abus, sur le mode s?rieux alors, et
l'usage
dans
le domaine
en son Id?e de la
juridique,
cit? le passage
o? il accumule
; nous avons
R?publique
les allusions ? ces fatras de distinctions
appointements,
enqu?tes, articles, exa
requ?tes, conclusions, m?moires,
mens, arr?ts, etc. On ne remarquera pas sans curiosit?
que plusieurs de ces termes seront des titres de chapitres
du Parvenir.
En
pas
le choix des titres de chapitres n'est
conclusion,
fait au hasard ; il r?v?le un double dessein. Un
dessein
d'humour
du
superficiel, par
l'inadaptation
la parodie formelle des trait?s savants
titre ? la mati?re,
en un livre de sujet fac?tieux et l'introduction de quelques
dans une suite de termes doctes ; plus
titres burlesques
de l'abus
profond?ment, une critique ch?re ? B?roalde
du Culte de la Forme que la routine scolastique imposait
? tous domaines,
tous les
et contre qui depuis Rabelais
Renaissants
avaient
On a parfois voulu
du trait? de B?roalde
aspect,
exerc?
leur verve.
voir dans
le Parvenir
de la Sagesse
fac?tieux mais critique, de
une parodie
; ou l'autre
(Haag)
la pens?e
politique
de B?roalde (Coigny) 1, Vid?e de la R?publique repr?
1 Cf. E.
de Verville
B?roalde
Coigny,
de la Soc. des Se. de Seine-et-Oise,
M?m.
: Vid?e de la R?publique,
t. XII
(1880), pp. 185 sqq.
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
sentant
BEROALDE
construens
la pars
DE
299
VERVILLE
et le Parvenir
la pars
des
truens. De
telles conceptions
fausses. Le
paraissent
se ? rattache ? si l'on veut ? l' uvre complet
Parvenir
: comme Pantagruel
se rattache aux livres
de Rabelais,
les livres ?difiants de B?liem?re et
aux Quinze Joyes et aux Apr?s-d?n?es,
de Dagoneau
et
en g?n?ral les livres fac?tieux des humanistes
? leurs
de B?roalde
savants
science.
livres de haute
Le
du volume
dessein
? Ce
est fort ambitieux.
livre
est partout plein de fidelles instructions et sens par
fait... Il est un globe d'infinie doctrine... Il n'y a ligne,
endroit, verset ou passage
(afin de parler niaisement
aussi bien que les doctes) qui ne soit tout farcy de science
?
et concluante
). Donc, ouvrage
mystigorique
(chap.
savant. Plus : br?viaire de toute sagesse. Ce sont ? pr?
cieuses reliques des richesses du monde ?, c'est ? ce docte
ce joyeux r?pertoire
ce pr?cieux m?morial,
monument,
cette
de perfection, cet antidote contre tout malheur,
affiloire de
gr?ces, Ce
de r?solutions
bonnes
moyen
de
parvenir,
et parti
universelles,
unique br?viaire
culi?res ? (chap. xi). Et d'?tirer la comparaison du Par
venir avec un br?viaire
; le Parvenir a toutes les qualit?s
: il est bref (entendez-le
du br?viaire
il
ironiquement),
est gras, il vous donne le chemin de la vie, etc. (chap. xii).
Comme le livre de Rabelais,
le Parvenir s'adresse aux
doctes
tr?s illustres. D?s
buveurs
le cas de
entonne
le chapitre v, B?roalde
le dire, avec un affreux calem
(c'est
bour qui lui aurait plu) les louanges du Vin ; il y revient
pour se recommander ? ceux
plus bas (chapitres xi-xn)
?
s'amuser ? boire, que penser ? mal,
qui aiment mieux
ou perdre le temps inutilement. ?Comme le livre de Ra
belais,
le Parvenir
m?dullaire
pour
demande
d?couvrir,
? son lecteur de briser l'os
sous
l'appr?t
burlesque,
09:44:20 AM
la
300
V.-L.
SAULNIER
: il est vou? ?
substantifique moelle de toute sapience
vous, ? belles petites mignonnes ?mes qui venez icy succer
les rainceaux du rameau d'or, pour savourer la science ?
?
les secrets afin qu'ils ne
(chap. ?v). Ainsi je disposeray
de ceux qui ont bon nez, lesquels
ceste
soubs
plaisante escorce chercheront
le noyau qui est cach? en l'un et en l'autre ? (chap.
).
Cette sagesse, elle existe. On a vu que dans le Palais
soient entendus
que
par ce moyen
des Curieux,
B?roalde
pr?sente
son livre comme
?une
Satyre universelle, o? je reprends les vices de chacun ?.
Il n'est pas indiff?rent de remarquer que c'est l?, presque
de Boissiere
mot pour mot,
la d?finition que Claude
:
du Coq ? Vane, la vari?t? d'?p?tre marotique
? couvertement
reprenant les
esp?ce de satire fran?aise
?
vices d'un chacun
; d'autant moins indiff?rent que, on
donnait
l'a vu, le mot
du Parvenir.
coq ? V?ne sert de titre ? l'un des chapitres
Au vrai, si B?roalde
rapporte en son livre
o? sont vus en plaisante posture des
les robes et de tous les gothas, en parti
bien des anecdotes
gens de toutes
il ?gratigne sans ?corcher. Ce
culier des gens d'?glise,
n'est pas tellement satire que ? blague ? traditionnelle,
? Tout est
de pr?senter un moine
goulu ou paillard.
sous ces ?nigmes ? dit-on encore (chap,
?
xii) : ?nigmes satir?s ?, c'est le nom que Barth?l?my
donnait au Coq ? V?ne. Au
Aneau
(Quintil Horadan)
fort bien cach?
total,
m?rite
le Parvenir
revendique
le nom de m?langes
le titre de coq ? l'?ne, il
libres et satiriques, de satire
m?nipp?e.
La vraie
sagesse du Parvenir, elle n'est point si loin
taine de cette formule qu'un vieux capitaine nous pro
?
posait nagu?re en des temps plus sombres : ne pas se
?
frapper et boire frais. C'est une sorte de sagesse rabe
du samedi
soir ; qui,
laisienne, un pantagru?lisme
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
B?ROALDE
DE
301
VE R VILLE
se d?finit par une volont?
le pantagru?lisme,
les coups du sort, les ? choses for
sereine de m?priser
comme
tuites ?, par fermet? d'?me, mais qui, plus que le pan
tagru?lisme, met l'accent sur le confort et sur le bien
formule du b?roaldisme,
c'est celle-ci : trouver
tout bon, ne se formaliser de rien, laisser venir les choses,
les examiner, ne s'en point marrir. ? C'est une bonne
boire. La
personne pour une
au chapitre Histoire
femme, est-il dit dans le Parvenir,
: elle trouve tout bon afin de ne se
Faites-en
ainsi, mes amis du c ur. ? Re
marir
point.
il aigu et gogue
garder les hommes et les choses d'un
nard ; go?ter la plaisance d'un tel spectacle du monde,
en main
plein d'un
vin frais et doux (et
aimerait ajouter, pipe au bec),
?
l'ombre
table dans
assis
soleilleuse, vous devisez avec
du haut
du tabouret
o?,
le gobelet
? conter l'anecdote trucu
quelques amis, aussi prompts
lente qu'? citer Juste Lipse et Justinian et ? conf?rer
les beaux textes. C'est la sagesse b?roaldienne. Elle a ses
; elle a sa valeur.
limites
le livre fut-il compos? ?
Il ne r?v?le pas d'intrigues. L'anecdote
Comment
courtes histoires
associations
fortuites
; elles
propos
? chapitre,
c?d?
de
tours
de
au
est reine. Les
s'encha?nent
capricieusement,
favorise le proc?d?
que
s'enchev?trent
soit ?
m?me,
par des
de l'?
soit de
chapitre
chapitre, par le pro
: avec des re
la parenth?se
sous pr?texte
par exemple
l'int?rieur d'un
la digression,
de
sujet pr?c?dent,
laisser un interlocuteur
se ressaisir
(chap, vin) ;
elles se lient par des jeux sur un mot, par des transitions
sommaires, ou m?me sans transition, par une formule
ne soit.
? tout faire comme Qu'ainsi
09:44:20 AM
302
V.-L.
SAULNIER
la loi que
c'est
Le m?lange,
il en fait la th?orie
l'auteur
s'est
(chap. x).
tout en son ?cuelle
Guyon m?lait
donn?e
le bonhomme
Comme
?pain, chair, souppe,
dessert
ensemble
?, disant ? puisqu'ils
potage, vin, sert,
se doivent mesler au ventre, il n'y a point de danger de
lui envoyer tout desj? mesl? ? : ? de mesme cecy doit estre
en vostre
mesl?
mesl?.
? Autre
vous
commenciez
il le vous
cervelle,
tout
faut bailler
: on peut ouvrir le livre n'im
avantage
?
porte o?, il n'exige pas une lecture suivie : que vous
:
non
ou
?
le lisiez
d'un bout
l'autre), ou que
(entendez
icy ou l?, n'importe, ce livre est par
tout plein de fidelles instructions et sens parfait, telle
ment que c'est tout un par o? vous le lisez. ?
de buveurs ?rudits. Qu'y fit-on ?
C'est un banquet
le dit en une des pages
(chap, xi) :
B?roalde
de verve
les plus pleines
? Et que faisoient tant de bonnes gens de loisir ? voire, mais
que fit-on l? ? On parla, on mangea, on beut, on fit st, on se
on
teut,
fit du
on
baaila,
on
s'estonna,
entendit,
on trinca
on
l'un
Et
disputa,
on admira,
on
on
passa
on
on
on
le temps,
le livre s'est
joyeux devis
goul?e,
Cf.
on
gaussa,
on d?battit,
remarqua,
on
se teut
on
s'avisa,
on
douta,
se
reprit,
on
redouta,
fait du compte-rendu
on
raporta,
on
on
bas,
on
s'accorda,
on
tout
on
v?ridique
tr?
haut,
se con
s'assagit,
de ces
aussitost
la citation
on
on
rit,
on moucha,
tout
on
1 ?
on
rencontra,
cracha,
fit carroux,
cria
on
? Si tost que
quelqu'un
sa
on
s'esclaircit,
l'autre,
parvint.
on
protesta,
on murmura,
devint,
tenta,
s'esbahit,
s'accouda,
se mocqua,
on
on
on brouilla,
on
moussa,
on
bruit,
entendit,
les
ouvroit la bouche pour prononcer
secr?taires
du Cabinet
le mettoient
de Minerve,
par
est?t,
faite supra.
09:44:20 AM
et
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
303
VERVILLE
colligeoient les paroles et propos, comme belles et bonnes
?
perles ?s rives d'Asie, dont ce volume a est? compil?
(chap.
XIl).
Et peut-?tre Colletet n'avait-il pas compl?tement tort
quand il rimait cette pauvre chose, ? propos du Parvenir,
? ceux de son
qui ne lui plaisait gu?re, contrairement ?
? :
?ge
Lecteur,
s'il
advient
d'avanture
Que ton esprit industrieux
Ne trouve dans cette lecture
Rien qui soit digne de tes yeux,
Sache
qu'un
cabaret
enfanta
cet
Entre la poire et le fromage,
De sorte que pour faire cas
De ce fantasque livre,
ouvrage
Il faut que tu sois yvre,
Car ceux qui sont ? jeun ne l'approuveront pas 1.
trop dire, mais non sans vrai.
Or voici, nous semble-t-il, comment
C'est
pass?rent.
dont nous
B?roalde
aimait
les choses
se
ces r?unions de haute
graisse
a parl? Colletet, o? l'on buvait et narrait
Il a effectivement compil? dans son livre
alertement.
les anecdotes qui d?filaient sur les l?vres des conteurs
: contes du
de provenances
diverses
sou
folklore de terroir, histoires v?cues et arrang?es,
inconnus,
narr?s
venirs de lectures de livres plaisants.
Il a pu ajouter tout
un lot d'histoires puis?es ? ses propres lectures et d'his
toriettes de son invention. Mais
l'essentiel
est sorti des
devis de ces repues franches.
Sain?an a relev? dans l'?tude des sources du Parv?f?w ;
?
une trentaine de contes qui semblent de Pinven-~
Colletet,
Divertissements
Po?tiques,
Paris,
1631,
in-8?, p.
09:44:20 AM
204
V.-L.
tion de B?roalde
SAUL NIER
(ou emprunt?s
rience personnelle)
;
?
contes
qui
quelques
? la r?alit? de son exp?
semblent
sortir de traditions
orales ;
?
une quarantaine
de contes repris de livres fac?
tieux : les Fac?ties de Pogge, les Cent nouvelles nouvelles,
les Joyeux devis de Des P?riers, les Contes d'Eutrapel de
du Fail, les S?r?es de Bouchet.
Tout cela sans compter les r?miniscences
en particulier.
de Rabelais
Nous
ne pensons
pas
de
esp?ce de br?viaire
secret de son cabinet.
que B?roalde
de d?tail,
ait ?labor?
la fac?tie Renaissance
Il a cueilli ses anecdotes
cette
dans
le
et d?ve
lopp? son go?t d'en inventer dans des r?unions authen
? la disposition
des autres
tiques, o? chacun mettait
convives le fruit plaisant de sa culture, lectures et ex
p?riences, voire inventions farcesques. Voil? pourquoi
il peut ? bon droit parler du ? gentilhomme qui trans
crivit ? ces histoires. Ce gentilhomme n'est pas un rema
lui-m?me : et Ton sait
c'est B?roalde
anonyme,
assez comme il tenait ? son titre de gentilhomme pour ne
pas s'?tonner qu'il se d?signe par ce mot.
(Ainsi, plus
nieur
d'une fois, l? o? les ?ditions comment?es
indiquent une
? source ? d'un texte, l'auteur
put fort bien recueillir
son information non d'une
d'un
lecture directe mais
dans une con
?chang?es
aux
contes
ainsi glan?s, c'est
versation.) Ce qu'il ajouta
invent?es ou retenues par
d'une part un lot d'histoires
fait part
lui-m?me, dont il avait sans doute d'ailleurs
propos
de
salon,
sa contribution.
repr?sentaient
conter.
surtout, et partout, l'art de
? ses convives,
C'est
d'allusions
et qui
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
305
DE VERVILLE
L? est tout le charme et toute l'originalit? savoureuse
des his
du livre : dans l'art de pr?senter plaisamment
toires vieilles
ou neuves,
de faire du neuf avec du vieux.
s'en aviser, il faut lire le livre. D?tachons-en
pour
nous
nous
en
?
mettre
et
attirer
tant, pour
go?t,
quitte
le reproche d'avoir mal choisi, une historiette qui, entre
Pour
cent autres,pr?sente
surtout le haut m?rite del? bri?vet?
[Monsieur de la Rose
et les notaires]
Monsieur de la Rose dit ? ces messieurs les notaires, qu'il
avoit grand d?sir de manger des pois pass?s par devant no
taires, partant il les priait de les voir passer. Sa servante se
mit l? devant eux ? les passer. Ces notaires se mutin?rent, et
se fasch?rent, et l'injuriant l'appel?rent mocqueur, et qu'il
s'en ressentiroit ; ils se prirent aux paroles, jusques ? dire qu'ils
alloient qu?rir leurs esp?es pour s'aller battre hors la porte :
? Allez, dit-il,
?
je le veux bien, passez par icy et m'appelez.
Il prent son esp?e, et se mit ? la fen?tre, incontinent les autres
?
pass?rent et rappell?rent : Ho, meschant, qui abuses les offi
? Non
ciers du Roy, viens hardiment.
feray, dit-il, je ne suis
ne
vous
veux
mie tuer ? (chap. ).
courc?
[courrouc?], je
plus
s'ennuiera
Qui
nous,
avoir
d'un
tel conte
et non ? B?roalde,
lu quelque
anecdote
tel celui de la Belle
ne
s'en prenne
et ne nous
qu'?
r?ponde qu'apr?s
de plus long d?veloppement,
Imp?ria ou des Cerises de Marciole.
ce livre n'est qu'un recueil d'anecdotes
n'eurent qu'? y d?couper
s?par?es, que
tel ou tel passage de belle venue pour en faire le sujet
de leurs contes en vers, souvent d'ailleurs
p?teux ou
Il est si vrai que
les imitateurs
an?miques.
La grande qualit?
de B?roalde
conteur,c'est
la bri?vet?,
20
09:44:20 AM
306
V.-L,
SAULNIER
11ne se soucie ni d'annoncer, ni de
il r?duit l'affaire ? son expression
la plus
conclure,
ne
se refuse pas ? l'art du trait savou
simple. Certes, il
la nettet? du dessin..
reux ou pittoresque, mais c'est encore chez lui, comme
chez tous les grands artistes, une mani?re de faire plus
court.
ses proc?d?s
D'autres
Rabelais.
De
nons
pour
en trouvait
le faux lapsus. B?roalde
la tradition fac?tieuse, en particulier dans
qu'un
nommerons
dans
sont repris ?
de d?tail, beaucoup
lui sont plus personnels. N'en rete
Il s'agit de ce que nous
exemple.
tistoire barragouyne de Fanfreluche
des Autels. Mais
bu?e ? Guillaume
l'usage
la Mi
et Gaudichon, attri
il lui donne une telle
qu'il en fait une recette ? lui :
?... refugi? ? Gen?ve pour la concupiscence
(hoy, je
cuidois dire, conscience) ? (chapitre :Attribution).
? vous ne
parlez que par fariboles, je cuidois dire
extension
?
paraboles
(Satyre).
?
J'imiteray Platon quand je parleray de Yend?l?chie,
?
j'ay pens? dire de Y endroit o? Von ch...
(Circoncision).
a
ce
souvent
De
que B?roalde
exploit? en ses plai
le domaine stercoraire, on ne saurait conclure
une
condamnation
d'ensemble.
par
Apr?s tout, Rabe
et de moins grands auteurs
lais y tombe quelquefois,
santeries
on a fait des succ?s. Le secret de Rabelais,
auxquels
c'est qu'il puisse tant parler de la mati?re de Cambronne
sans perdre ni rire aimable, ni plaisante vigueur. C'est
aussi le secret de B?roalde.
Enfin,
historique
comment,
qu'il
dans
?voque
le narr? b?roaldien,
souvent se m?le-t-elle
la r?alit?
? l'inven
09:44:20 AM
EROALDE
SUR
?TUDE
DE
307
VERVILLE
tion farcesque ? Un exemple pr?cis est ici n?cessaire.
:
Choisissons ce passage du chapitre xxxvm
[L'affaire des Ubiquitaires]
?
Gonteri.
ruisseau
que
J'attendois que vous parleriez de ce petit
nous
passasmes
avec
cette
compaignie-l?,
quand
nous y [au village de Versoix pr?s Gen?ve] fusmes pour les
affaires des ubiquitaires. Je me souviens qu'ayant pass? le
pont de beurre, Curion, nostre hoste de Basle, nous fit baisser
pour voir le ruisseau tant c?l?bre. Le Seigneur Chevalier,
grand H?breu, et si s?avant qu'il en estoit bossu, (en) a mis
l'histoire dans le Talmud, qu'il a reveu quand nous le faisions
imprimer ? Basle.
Essayons
(sans trop nous fier aux identifications du
Jacob, souvent fausses) de d?gager de cette
bibliophile
histoire les ?l?ments
personnages
1572), savant
h?bra?sant,
il fut en Suisse
l'Acad?mie
r?els qu'elle peut comporter. Les
c'est Antoine Chevalier
(1507
: Chevalier,
dont
la carri?re fut orageuse ;
professeur, en particulier ?
(1554-67),
de Calvin. Curion,
rioni
(1503-1569),
particulier ? Baie
c'est Celio
Secondo
Cu
latine en
d'?loquence
professeur
?
Gonteri, c'est
(1547 ?-1569). Quant
sans doute Jean Gontery
j?suite pr?dica
(1562-1616),
teur et controversiste qui se signala en particulier par
sa campagne
contre le pasteur Du Moulin 1.
Quant
au nom des Ubiquitaires,
il demande une ex
: il ne
para?t pas qu'il y ait eu une v?ritable
plication
?glise distincte
semble
sous
?tre de m?me
Ce terme
le titre ?'ubiquitaire.
ordre que sacramentaire, dont les
1 Curion ?tait
des enfants de Messieurs
directeur du ? pensionnat
vers 1550 l'Acad?mie
? Lausanne
de Lausanne.
(1540) qui devint
?
Cf. H. Vuilleumier,
de Lausanne,
1891.
VAcad?mie
Lausanne,
Sur Gonteri,
cf. L'Estoile,
passim.
09:44:20 AM
308
V.-L.
SAULNIER
nomment
les protestants,
dont les luth?
catholiques
nomment
et zwingliens, dont les cal
riens
calvinistes
vinistes nomment les zwingliens. La doctrine de Y ubi
quitas
est ?difi?e par Luther
dans ses derniers ?crits
sa conception de la pr?sence r?elle. Elle
pour d?fendre
affirme la pr?sence universelle du corps du Christ gr?ce
? la communication
r?elle des attributs de sa nature
divine
aux attributs
ubiquitaire
sition aux
de sa nature
humaine.
En
ce sens,
semble bien d?finir les luth?riens par oppo
les luth?
Parmi
zwingliens et calvinistes.
le nom d'ubiquitaire
riens eux-m?mes,
semble plus con
venable aux r?dacteurs de la Formule de Concorde (1577)
David
Chytraeus,
Jacques Andreae, Martin Chemnitz,
d?fendaient
l'orthodoxie luth?rienne, contre l'?cole
qui
de M?lanchthon
qui penchait ? la conciliation avec les
autres ?glises r?form?es 1. Les ?glises suisses avaient
adh?r? au contraire ? la Confession de B?le
(1534-36)
et ? la Seconde confession helv?tique
(1564).
Les
suisses, d'inspiration
synodes
anti-luth?rienne,
? partir de 1530. Pendant
se multiplient
tout le si?cle,
est l'une des plus discut?es.
la question de l'Eucharistie
la querelle semble le plus vive entre 1571
Cependant,
et 1578 : protestations
des Suisses (Bullinger, de Zurich)
2
contre le synode de La Rochelle
(1571)
qui condam
nait la n?gation de la pr?sence substantielle
; tentatives
d'union
Concorde
? Francfort
(1577) ; r?daction
les
Luth?riens.
par
de la Formule
1
Histoire
des Variations,
in
Voir Bossuet,
1862, t. IV, pp. 553, 560, 668 et passim.
Bar-le-Duc,
de V?glise
mier, Histoire
r?form?e du pays de Vaud,
34.
2
Henri
Cf. A. Bouvier,
Paris,
1940,
Bullinger,
vin
ment
consacr?
? Bullinger
et les
le chapitre
pp. 384-414.
de
uvres Compl?tes,
?
H. Vuilleu
1927
Lausanne,
et particuli?re
synodes fran?ais,
09:44:20 AM
SUR B?ROALDE
?TUDE
B?roalde
semble
colloques qui
o? fut discut?
? Tun des nombreux
faire allusion
se tinrent autour
le probl?me
309
DE VERVILLE
vers 1577,
et condamn?e
de Gen?ve
de PEucharistie
luth?rienne.
l'attitude
On peut admettre toutefois qu'un tel synode eut lieti
entre 1554 et 1567 : ? l'?poque o? Chevalier et Gurion
se trouvaient en Suisse. Curion m?riterait
le titre de
? leur h?te de B?le ?. Enfin, Chevalier, Curion et Gonteri
?taient de nature ? s'int?resser aux querelles de dogme.
l? s'arr?tent les ?l?ments de r?alit? possible. Les
Mais
que Gonteri ne put par
en
?
et
m?me
uq synode
temps (jue Chevalier
ticiper
Curion ; vers 1610, quand B?roalde
publie le Parvenir,
sont morts
et Curion
Chevalier
depuis
longtemps ;
il
enfin, Chevalier est bien un h?bra?sant notoire, mais
dates
n'a
des trois vies montrent
pas
traduit
ni ?dit?
ou
lois orales),
juives
juives de
(traductions
le Talmud
(r?daction
des
lois
il a donn?
plusieurs Targoums
: Targum
en aram?en)
in Pentateuchum
; targum pseudo
hierosolymitanum
:
in Pentateuchum,
etc.
encore ces. Targoums
Jonathanis
n'ont-ils
Walton
la Bible
?t? publi?s que dans la Bible polyglotte de Brian
(1657). Il existe, mais bien distincte, une ?dition
confond tout cela.
(1579) : B?roalde
se
En r?sum?, B?roalde
soucie peu de faire un ex
en
Il se contente
fid?le.
pos? historique
d'?voquer
une
ou
?
halo
s?rie de d?tails familiers
tel
tel public,
du Talmud
? B?le
notes historiques exacte chacune,mais
combin?es d?telle
sorte que l'enchev?trement
et les liaisons fallacieuses les
confondent.
On
m?le
Cette
en trouvera
?trange m?thode
la clef chez Rabelais.
les anecdotes
afin de
s'attacher
d'accro?tre
ainsi
concernant
les lecteurs
son public,
peut
surprendre.
Comme Rabelais
toutes
de
les provinces,
et
toutes provinces
B?roalde
(qui
pratique
09:44:20 AM
V.-L.
310
SAULNIER
recette) jette n?gligemment dans son
r?cit des noms de lieux ou de personnes propres ? piquer
la curiosit? du lecteur : plus, sans doute, qu'? la satis
la m?me
d'ailleurs
une
faire ; mais
sources
d'autres
fois n?e,
s'alimentera
la curiosit?
d'un
d'int?r?t.
Il s'agit
v?ritable truc
de camelot.
Voici
encore
conclusion
rapides
quelques
cette
de
illustrations
conte qu'Alexandre,
sui
chapitre vi, Aphtonius
?
des
avoit
invent?
maximes
les
gymnosophistes,
en despit des
sans braguettes,
les hauts de chausses
Au
vant
Turcs
?. Bien
entendu,
? Alexandre
les allusions
et aux
sont de fantaisie. Mais, qui a la puce ? l'oreille
? d?sista
narrant comment Panurge
songe ? Rabelais
?
porter sa magnificque
braguette
(Pantagruel, 111, 7), et
? Les Turcs ne sont
aptement arm?z, veu que
ajoutant
Turcs
?
porter est chose en leurs loix d?fendue.
braguettes
ne
le halo y est. Il
cite
dit le contraire, mais
B?roalde
?
et
il
la
curiosit?
fait
mais
lui,
penser
pas Rabelais,
s'?veille.
: ? C'est
chapitre, on dit de Pythagoras
a
sans
libre
livre des Inventions,
craincte,
luy qui,
comme
es
ment prononc? h?r?tiques
excommuniables,
Dans
le m?me
au
des choux avee une
soleil, ceux qui mangent
cuillier. ? Or, on ne conna?t pas de livre des Inventions
cus au
de Pythagore, mais
connus ? l'?poque,
ce nom
le De
?voque
Inventione
deux
livres bien
de Cic?ron
et
le
De
inventoribus rerum de Polydore
Virgile. En outre,
le savant grec se souciait fort peu de la fa?on dont on
dont il est ici
la condamnation
les choux, mais
mange
?voque
question
saint Bonaventure
femme du doge
celle
de
de
la fourchette
par
: une princesse grecque du xie si?cle,
de Venise Domenico
Silvio, se servait
l'usage
09:44:20 AM
SUR
?TUDE
DE
B?ROALDE
VERVILLE
311
cor
pour manger de petites fourches d'or ; d?plorable
?
le ch?timent de
ruption : voyez, conclut Bonaventure,
: subitement son corps fut atteint d'une maladie
Dieu
? Au xvie
hideuse qui le changea tout en pourriture.
ses
et
on
couteau
avec le
si?cle encore,
mange
doigts.
dit se servir tr?s peu de la cuiller et de la
Montaigne
?
une ?vocation
fourchette 1.
inexacte, mais
Toujours
avec une sorte de transposition de souvenirs pr?cis.
Dans
le m?me
d'Aristote
chapitre,
l'histoire
de D?mosth?ne
et
II... nous en
Voicy arriver le bon D?mosth?ne...
ce
homme, le d?finissant
que c'est qu'honneste
seigna
: ?Honneste personne est
ainsi qu'il se trouve au Talmud
? Aristote,
trouv? ceste
celle qui...
despit de n'avoir
belle d?finition,
se noya,
et luy desroba celle de bonne
comme
est ins?r?e en ses Oeconomiques,
mesnag?re, qui
l'a remarqu? Cyriaque
celle
personne...
Strosse.
? Bonne
mesnag?re
est
? etc.
farcesques, et D?
: ana
peu du Talmud
une
a
chronisme ;mais Aristote
bien ?crit
;
Economique
ne
se
dit
dans
Aristote
noya
pas,
Platon,
l'histoire,
si,
s'enfuit pour ne pas avoir ?
on, se noya, et Aristote
Or
les citations
sont ?videmment
se souciait
mosth?ne
sans doute
Strozzi est un philosophe
; enfin, Kiriac
p?ri
xvie
si?cle (f 1565) qui a annot? les uvres
pat?ticien du
un m?lange
d'Aristote.
fac?tieux, mais avec
Toujours
l'imiter
allusions
? des mati?res
? la mode
la compilation erron?e des allusions,
larv?es de notions exactes.
Disproportion,
1 Cf. Edm.
Paris,
1898,
dans
le titre,
Etudes
Bonnaffe,
in-8?, pp. 35 sqq.
et, dans
(le Talmud)
des r?miniscences
entre
sur ta vie priv?e
les na?vet?s
de
la Renaissance,
09:44:20 AM
et
312
l'appareil
assistants
et
saulnier
v.-l.
savant.
les noms
et
entre
entre
Disproportion
leurs dires. Disproportion
la mati?re
annonces
d'un
Disproportion
sagesse et la menue
chapitres.
trait? de haute
cole d'anecdotes
le titre
entre
des
divertissantes.
Disproportion
des
les
bri
entre les
et le fond
?voqu?s
sporadiquement
de fausse v?rit? historique.
un chef-d' uvre
Le Parvenir
n'est pas seulement
?l?ments
de r?alit?
l'art de conter. C'est,
dans
la pr?cision de ses pro
et continue, un chef
dans
c?d?s
de mystification
diverse
uvre de la litt?rature baroque.
d'
son dessein
dans
bien r?ussi qu'on
l'ach?te,
qu'on
faire
Voil?
pourquoi,
de toujours d?router le lecteur, il a si
ne le lit gu?re : on le lit moins encore
le chiffre ?lev?
illusion. Voil?
: c'est,
l'ombre
avec
des ?ditions ne doit pas
est rest? dans
B?roalde
pourquoi
la tendance
qu'on a tant
? son discr?dit et,
triviale
exag?r?e, l'autre motif qu'on trouve
chez ceux-l? m?me qui le lisent, ? la m?connaissance
son
sens
profond.
B?roalde
son
uvre,
plus
m?ritait
comme
; le Parvenir,
?aises
de
originaux,
d'?tre
pour l'ensemble de
ouvrier des lettres fran
reconnu,
un ma?tre
comme un de nos
comme
une
chefs-d'
uvre
les
somme
toujours
jeune de
:
comme
les ma?tresses
le lecteur est
ga?t? fran?aise. Mais
il aime bien, quand on lemystifie, qu'on y mette assez de
et non victime.
soit complice
pour qu'il
gentillesse
ne paie que quand elle
dit, la mystification
lui, a si bien r?ussi qu'il n'a pas ?t?
B?roalde,
Autrement
?choue.
pay?.
Verdun
L.
Saulnier.
09:44:20 AM
?tude
V.
sur
313
verville
b?roaldienne
Bibliographie
I.
Les milieux
de
b?roalde
Biographie.
Sur Gen?ve : Ch. Borgeaud,
VUniversit? de Gen?ve. I.
L'acad?mie de Calvin. Gen?ve, 1900. ?
Jean Picot, Histoire
de Gen?ve, Gen?ve, 1811, 3 vol. in-8?.
Sur Lyon : Montfalcon,
Histoire de Lyon. Lyon-Paris,
?
1847, II, 657 sqq., 694 sqq.
P?ricaud, Notes pour servir
? l'histoire de Lyon pendant la Ligue, Lyon, 1844. ? Klein
clausz, Histoire de Lyon.
Sur Paris : L. Dubech et P. d'Espezel, Histoire de Paris,
? Et les livres de P. Cham
Paris, 1931, 2 v. in-4?, 1,142 sqq.
pion, La Jeunesse de Henri III (Grasset, 2 v. 1941-1942) ;
Paris au temps des guerres de religion et Paris au temps de
Henri III (?d. C. L. 1938 et 1942)
Sur Tours : Giraudet, Histoire de Tours, 1873, t. I, II,
42 sqq.
Sur la vie de Matthieu
?
Son
Journal
B?roalde
autographe,
Bibl.
nat.,
Manuscrits
Dupuy,
vol. 630, fol. 157-182 (testament ; journal du si?ge de Sancerre ;
minutes de lettres et pri?res ; extraits d'auteurs anciens ;
liste de ses ?l?ves).
?
Eug. et ?mile Haag, La France Protestante, 2e ?dit.,
t. II, Paris, 1879, col. 394 sqq.
?
Bulletin de la Soci?t? de l'Histoire du protestantisme fran
?ais, passim. Cf. ses Tables, Paris, 1927, in-8?, t. I, p. 130.
Sur la vie de Fran?ois
?
venir,
Charles Royer,
pp.
B?roalde
Notice, en t?te de son ?dition du Par
x-xxx.
Haag, France Protestante, t. II, col. 406 sqq
r?vis? par Gaston Raynaud).
(article
09:44:20 AM
314
V.-L.
saulnier
Le d?tail doctor medicus est pris dans : ?tienne Clavier
(Stephanus Claverius), Annotations sur Perse, Paris, 1607,
in-8?, p. 131.
Le document de 1623 est all?gu? d'apr?s : Vincent
(Note
sur une communication de Vincent au congr?s des soci?t?s
savantes, 12 avril 1898) : Trois actes de 1601 et 1623 sign?s
de Fran?ois B?roalde de Verville (Bull, histor. et philolog. du
Comit? des travaux histor. et seientif., Paris, 1898, in-8?,
p. 108). Malheureusement, la nature de ces actes n'est m?me
pas indiqu?e.
Notice de Colletet,
Vie de Fran?ois B?roalde (manuscrit
?
du Louvre, 1871 ; copies ? la Bi
br?l?
l'incendie
original
et
de
?
la
Tours
Nationale, Mss. nouv. acq. fran?.
blioth?que
3074).
Peu de choses dans Nic?ron, M?moires pour servir ? his
toire des hommes illustres, t. XXXIV,
Paris, 1736, in-12,
pp. 224-238.
II.
uvres.
Addenda
uvres de
La bibliographie des diff?rentes ?ditions des
B?roalde est ?tablie par :
Ch. Royer, dans son ?dit. du Moyen de Parvenir, Paris,
Lemerre, 1896, 2 vol. in-12 (Biblioth. d'un curieux). Notice,
pp.
xxxii-lxii.
Fr. Lach?vre,
Bibliographie des recueils de po?sies libres
et satiriques publi?s de 1600 ? 1626. Paris, Champion, 1914,
2 vol. in-4?, t. I, pp. 100 sqq.
Ces deux travaux ne font pas double emploi.
On les compl?tera par les indications suivantes :
Io Le manuscrit nouveau et les ?ditions r?centes du Par
venir cit?s infra, IV.
2? Les
uvres in?dites attribu?es ? B?roalde par La Croix
du Maine
cit?es infra, III.
3? Une traduction de la Diane de Montemayor : La Diane
deMontemayor, divis?e en trois parties, et traduites d'Espagnol
en Fran?ois
(par
N.
Colin).
Reveu?
et corrig?e...
Tours,
S?b.
Molin et Mathieu Guillemot (ou Jamet Mettayer), 1592, in-16.
?
:
Cette traduction restitu?e ? B?roalde par Fr. Lach?vre
09:44:20 AM
?tude
sur
de
b?roalde
315
verville
bibliographiques. Une ?dition de la Diane de Monte
mayor traduite en fran?ais, restitu?e ? B?roalde de Verville.
Bull, du Bibliophile, 1925, p. 233 (1ermai 1925).
4? Aventures oV
Ali-el-Moselan
(Nicolas Flamel), surnomm?
dans ses conqu?tes Slomnal calife (Nicolas Flamel), de Tepisone
Glanes
(Pontoise), au pays de Sterpile (? sept lieues de Paris). Traduit
de Varabe de Rabi el Ulloe de Deon (B?roalde de Verville).
?
Cette attribution, selon Barb?er, Dic
Paris, 1582, in-12.
tionnaire des anonymes, p. 1427 ; Qu?rard,
Supercheries
notes manuscrites
litt?raires ; abb? Mercier de Saint-L?ger,
sur l'?dition Rigoley de Juvigny des Biblioth?ques de La Croix
du Maine etDu Verdier, II, 160, exemplaire de la Bibl. nat. ?
notera
On
que
cependant
les anagrammes
ne
propos?es
sont
pas rigoureusement exactes ; pour qu'elles le soient, nous li
rions volontiers, dans le titre :Ali elMofclan et non Moselan
(confusion typographique assez plausible) ; mais il faudrait
en outre lire :Ulloe deDerve ou de Devre, et non deDeon.
5? Les deux livres de la Constance de Just Lipsius. Tours,
Jamet Mettayer, 1592 (traduction revendiqu?e par B?roalde,
Palais des Curieux, p. 15).
Brunet distingue ? tort de Vid?e de la R?publique un po?me
en sept livres dont l'Utopie de Thomas Morus a donn? l'id?e.
Il s'agit du m?me ouvrage.
h'Aide-m?moire
du
libraire
et de
amateur
de
livres,
Paris,
une
1906, 2 vol. in-8?, indique (de m?me que Lach?vre)
?dition s?par?e des Deux dialogues, un de Vhonneste amour,
Vautre de la bonne gr?ce, Paris, 1602, in-12.
III.
Nomenclature
m?thodique
de
1?
des
uvres
B?roalde
uvres de jeunesse.
Sonet
liminaire in : La
navigation du capitaine Martin
Forbisher, Anglois. Gen?ve, Ant. Chuppin, 1578, in-8?.
et mechaniques de
Th??tre des Instrument magmatiques
Jacques Besson, Dauphinois. Lyon, 1578, in-f?.
Le Blason des Armoiries, auquel est monstr?e la mani?re de
laquelle les Anciens etModernes ont us? en icelies. Lyon, 1579,
pet.
in-f?.
09:44:20 AM
316
V.-L.
SAULNIER
2? Po?mes.
Les Soupirs amoureux. Paris, 1583, in-12.
Vid?e de la R?publique... en ce po?me il est discouru du de
voir de chasquun. Paris, 1583, in-12.
Les Cognoissances n?cessaires. Paris, 1583, in-12.
Stances de la mort.? De V?me et de ses facult?s.? La Muse
c?leste de B?roalde de Verville (tous ces opuscules ? la suite des
Cognoissances).
V?me et de ses excellences, po?me en six chants. Tours,
1593, in-12 (avec une r?impression de la Muse c?leste).
Amours deMinerve en faveur de la belleDorist?e. Tours, 1593,
in-12 (avec les Avantures de Floride, lre partie), recueil de
De
sonnets.
Les T?n?bres, qui sont les lamentations de J?r?mie (trad,
fran?.) avec un Hymne sur la nativit? deN. S. Paris, 1599, in-12
(in : La deuxi?me partie des Muses Francoises, recueil collec
tif).
VHistoire
des vers qui filent la soye (La S?rodokimasie). Tours,
1600, in-12).
3? Trait?s de morale
et de philosophie.
Les Appr?hensions spirituelles. Paris, 1583, in-12.
?
Dialogue de la bonne gr?ce.
Dialogue de Vhonneste amour.
? Du bien de la mort.? Recherches de la
pierre philosophale.
Tous ces opuscules ? la suite des Appr?hensions.
Dialogue de la vertu. Paris, 1584, in-12.
De la Sagesse, livre premier. Auquel il est traict? du Moyen
de parvenir au parfaict est?t de bien vivre. Tours, 1593, in-12.
4? Romans.
Trad. :La Diane deMontemayor. Paris, 1592, in-16.
Les Avantures de Floride : lre partie, Tours, 1593, in-12 ;
2e partie, Rouen, 1594, in-12 ; 3e partie, Rouen, 1594, in-12 ;
4e partie, YInfante d?termin?e, Lyon et Tours, 1596, in-12 ;
5e partie : cf. leCabinet deMinerve.
Le r?tablissement de Troye. Tours, 1597, in-12 (publi? sous
le titre Les amours oVAesionne, Paris, 1598, in-12).
09:44:20 AM
sur
?tude
de
b?roalde
317
verville
La Pucelle d'Orl?ans, Tours, 1599, in-12.
L'histoire d'H?rodias. Tours, 1600, in-12.
L'histoire v?ritable, ou le voyage des princes fortun?z.Paris,
1610, pet. in-8?.
5? M?langes
curieux.
Le Cabinet de Minerve. Paris-Tours, 1596, in-12 ; pr?sent?
comme la 5e partie des Avantures de Floride dans l'?dition de
Rouen, 1601, in-12.
Trad.
: Tableau
riches
des
dans le Songe de Poliphile
inventions...
qui
sont
repr?sent?es
(de Colonna). Paris, 1600, in-4?.
uvre
de Parvenir,
Le Moyen
a est?, est, et sera...
s. 1. n. d.
qui
contenant
Situ?
la
raison
de
tout ce
vers
traditionnellement
1610.
Le Palais des Curieux. Paris, 1612, in42 (d?s 1602 selon
Carr? de Busserolle, Dictionnaire a"Indre-et-Loire, 1878).
uvres incertaines ou perdues.
Attribu?es par La Croix du Maine (Biblioth?que fran?oise,
Paris, 1584, in-f? ; ?d. Rigoley de Juvigny, Paris, 1772, in-f?,
t. I, pp. 208-209). Les Elemens m?caniques, in?dits ; La Du
plication du cube, imprim?e. Le second livre des recherchesde la
Pierre
Abr?g?
Philosophale.
uvres
des
de Hierosme
Cardan,
m?decin milanois (in?dit). Deux trag?dies fran?oises, in?dites :
cf. la D?dicace des Recherches de la pierre, ? Le Digne.
Attribu?e
par
Colletet
VHermitage
d'honneur,
en vers.
Il est question de cet ouvrage dans YHistoire v?ritable, pp. 206,
221, 334, etc.
:Aventures d'Ali elMoselan.
Attribu?e par Barbier
le Duc
Attribu?e par Viollet
(Catalogue) : Le Voyage
d'Hercueil, en vers ; aurait ?t? imprim? dans un recueil ? la
suite des Appr?hensions, des Cognoissances, de la R?publique,
et du Dialogue de la Vertu.
Pi?ces
liminaires.
B?roalde
nombre
a plac? un billet po?tique
d'ouvrages
de
ses
amis
en t?te d'un
certain
09:44:20 AM
318
v.-l.
saulnier
Fiammella pastorale di Bartolomeo Rossi. 1584.
Essais deHierosme d'Avost, de Laval. 1584.
Les premieres uvres de Philippe Desportes. 1585.
Le premier livre du th??tre tragique de Roland Brisset. 1589.
Les premi?res uvres po?tiques de Guy de Tours. 1598 ou 1599.
Recueil des premi?res uvres chr?tiennesdeNicolas Le Digne.
1600.
Les Fleurettes de Nicolas Le Digne, 1601.
Les amours de Paris et oVOenone de Guy de Tours. 1602.
Le jardin et cabinet po?tique de P. Contant. 1609.
originales ins?r?es dans des recueils collectifs.
Pi?ces
des
(Nous laissons de c?t? les pi?ces de B?roalde reprises dans
en
recueils collectifs mais imprim?es d?s auparavant
volume.)
Les Muses
incogneues, ou la Seille aux bourriers (par Guy
de Tours). Rouen, 1604, in-16. Recueil publi? en r?ponse aux
attaques suscit?es par la S?rodokimasie. Contient, pp. 54,
56, 57, cinq quatrains originaux de B?roalde contre son cri
tique :
vers
Mon
Si
mon
Garde
Mon
Un
est
proc?d?
vers
proc?de
va te retirer...
toy,
veau mort
est bien
alquemiste
veau...
d'un
d'un
veau...
plus
tout nouveau...
fertile...
Ce recueil a ?t? r?imprim? chez Gay, Paris, 1862, ? 100 exem
plaires.
fol?tre, 1er livre, Rouen, 1603, in-24, contient une
pi?ce originale de B?roalde :Le jeu du volant.
La Muse
IV.
?ditions
du
moyen
de
parvenir.
Addenda.
et
Le relev? des ?ditions anciennes a ?t? fait par Royer
:
le
Lachevre. On
compl?tera ainsi
Les ?ditions actuellement accessibles sont :
Le Moyen de Parvenir, nouvelle ?dit. Paris, Garnier, s. d.
(J879), in-16. Avertissement sign? Ch. P. Contient, pp. vin
XIV, la Dissertation de La Monnoye.
09:44:20 AM
sur
?tude
Id.
Notices,
variantes,
Charles Royer
a
Il y
lieu
de
b?roalde
et
glossaire
319
verville
index
des
(op. cit.).
ne
de
se
reporter
aux
prudence
qu'avec
noms
par
notes
abondantes de l'?dition P. L. Jacob, Paris, 1841 (nombreuses
r??ditions).
Un
xvne
du
ann?es
?ons
?, portant
a ?t?
nouveau
manuscrit
mi?res
au
si?cle,
verso
du
titre
? des
:manuscrit
signal?
offrant
donc
un
pre
le
les meilleures
? sans
quatrain
doute
in?dit ? (Vente Ed. .Moura, 3-8 d?cembre 1923, Ed. Cham
pion). Cf. Rev. d'Hist. litt?r.de la France, 1924, p. 141.
Une
nouvelle
: Le
?dition
Moyen
avec
les textes anciens
collationn?e
sur
analytique
436 pp.
et index alphab?tique.
Deux
?ditions
de
luxe
ont
de Parvenir...
nouv.
notes,
sommaire
Paris,
dans
paru
notices,
?d.
1911, in-12, xiv
l'entre-deux
guerres
?dition illustr?e par Martin van Ma?le (8 eaux-fortes
et 65 illustrations dans le texte) ; introd. de Pierre Dufay.
Paris, Jean Fort, 73 fbg Poissonni?re, 1921, in-8?.
?
?dition de Henri Leduc, illustr?e d'aquarelles et dessins
originaux d'Uzelac. Paris, aux ?ditions de la Belle ?toile,
1937, in-8?. 125 fr.
Au total, du d?but du xvne si?cle (?dition originale) ? 1940,
on compte 38 ?ditions connues de cet ouvrage. Celle de 1757,
2 vol. in-12, s. L, est la premi?re o? figure en t?te le nom de
B?roalde.
V.
Io Le
d'encre.
probl?me
On
sur
?tudes
le
moyen
d'attribution
consultera
pour
s'en
de
parvenir.
fait couler beaucoup
convaincre
Y Interm?diaire
des chercheurs et des curieux (1875, pp. 42, 118, 146 ; 1876,
p. 585 ; 1878, pp. 461, 502, 529, 591, 630, 656, etc..) o? il y a
d'ailleurs
peu
xvie
B?roalde
p.
? glaner.
si?cle
de Verville,
Palais
des Curieux, Objet LXI,
461.
Agrippa d'AuBiGN?, La confession deM.
1660, in-12, I, 8.
de Sanc?. Cologne,
09:44:20 AM
v.-l.
320
si?cle :
xviie
G.
saulnier
Vies.
Colletet,
Naud?, Advis pour dresser une biblioth?que. Paris, 1627,
in-8?.Dialogue deMascurat et Saint-Ange, 2e ?d., p. 579.
Ch. Sorel, Le berger extravagant. Paris, 1627-1633, 2 v.
in-8? (remarques sur le dernier livre).
M?moires
(sur les illustres Touran
v.
2
in-f?
; 2e partie, p. 255.
geaux). Paris, 1656-1657,
Ch. Sorel, Biblioth?que fran?oise. Paris, 1664, in-12, p. 194.
La Mothe le Vayer, Doubte sceptique : si Vestude des belles
lettresest pr?f?rable ? touteautre occupation. Paris, 1667, in-12
Abb?
de Marolles,
(pr?face).
xvnie
si?cle
1727-1745, t. 34, p. 235.
Niceron, M?moires...,
Lenglet
De
Dufresnoy,
Le
Duchat,
Amsterdam,
Abb?
18 v.
ou
Ducatiana,
2 v.
1738,
Goujet,
des
Vusage
1734, 2 v. in-8?.
remarques
romans.
de
Amsterdam,
feu M.
Le Duchat.
in-8?.
fran?oise. Paris,
Biblioth?que
1740-1756,
in-12.
Ant.
Gachet
m?moires
Nouveaux
d'Artigny,
d'histoire,
de critique et de litt?rature.Paris, 1749-1756, 7 v. in-12.
Cl?ment David, Biblioth?que curieuse. Hanovre et Leipzig,
1750-60, 9 t. en 8 v. in-4<>,III, 213 (L'exemplaire de la Bi
Sainte-Genevi?ve
blioth.
cier
de
porte
notes
des
manuscrites
St.-L?ger).
Ladvocat,
Dictionnaire
historique. Paris,
de Mer
1752, 2 v. in-8?
(et plusieurs r??ditions).
J. F.
Dreux
du
et F.
Radier
L.
Jamet,
Essai
historique,
critique. Dole, 1755, in-8?.
B.de La Monnoye, Dissertation sur leMoyen de Parvenir ;
en t?te de l'?dition du Moyen ? ? Chin on, chez Fran?ois Rabe
lais, l'ann?e pantagru?line ?, 2 t. in-12 (environ 1700, Hol
lande,
selon
Taschereau).
Imprim?e
dans
le Menagiana,
?
Paris, 1715, 4 v. in-12 ; t. IV, p. 313.
R?imprim?e en t?te
de plusieurs ?ditions (nulle part, 1732, in-8? ; 1757 ; etc.)
jusqu'? l'?dition Garnier, 1879.
(et A. G. Contant d'Orvide), M?
Marquis de Paulmy
09:44:20 AM
sur
?tude
de
b?roalde
321
verville
langes tir?s d'une grande biblioth?que. Paris, 1779-1788, 70 t.
in-8o ; t. G, 1780, p. 353 ; t. P. 1781, p. 163.
xixe
si?cle :
Charles Nodier, Des auteurs du XVIe si?cle qu'il convientde
r?imprimer. Paris, 1835, in-8?.
Id. Des livres deM. de Pix?r?court (in :Catalogue des livres
M.
de
de Pix?r?court, par P. Lacroix). Paris, 1838, in-8?,
n? 1411.
(P. Lacroix), Le Moyen de Parvenir, revu, corrig?, par Paul
L. Jacob, bibliophile. Paris, Gosselin, 1841, gr. in-8o.
Paulin Paris, La deuxi?me sur leMoyen de Parvenir, en
t?te du t. II du tirage sur Hollande de l'?dition pr?c?dente.
Cette ?tude ?galement in Bull, du Bibliophile, 1841, p. 743.
P?ricaud, Notes pour servir ? l'histoire de Lyon pendant la
Ligue. Lyon, 1844, p. 181 (extrait de l'Annuaire de Lyon).
Marquis Aug. du Roure, Catalogue des livres. Paris, 1848,
in-8?.
Le Moyen de Parvenir, ?tude historique et litt?
Blavignac,
2e
raire.
?d., Gen?ve, Chanard, 1872, in-8?.R?unit deux disser
tations, de 1865 et 1872.
Voir ?galement l'?dition Royer
(1896) et les travaux de
Reiche
(1927) cit?s infra.
(1913) et Sain?an
2? La question des sources :
Herbert
Reiche,
Le
Moyen
de
Parvenir,
mit
besonderer
Ber?cksichtigung der Quellen- und Verfasserfrage.Ein Beitrag
zur franzoesischen Novellistik. Cobourg, 1913, in-8?, 78 pp.
(Sources, indiqu?es chapitre par chapitre, pp. 20-50 ; pro
bl?me d'attribution, pp. 59-69 ; cette derni?re contribution
moins
pr?cieuse).
On trouvera le bilan de la question chez Sain?an, pp. 175
sqq. (1927). L'assertion de La Monnoye dans sa Dissertation,
selon laquelle B?roalde aurait d? beaucoup ? l'Apologie pour
H?rodote de Henri Estienne, a ?t? reconnue sans fondement.
Par contre, on n'a pas parl? de l'influence possible de P?
trone. Sur l'influence de P?trone en France, on peut voir :
Alb. Collignon, P?trone en France, Paris, Fontemoing, 1905,
in-16.?
P?trone, Le Satyricon suivi des po?sies attribu?es
21
09:44:20 AM
322
saulnier
v.-l.
Paris, Garnier, 1934, in-16, pp. xxi
? P?trone, ?d. M. Rat,
xxviii.
Rien
sur B?roalde.
3? L'influence
des lieux.
Sur ce que l' uvre doit ? la connaissance de Lyon, cf. P?
ricaud,
cit?
ouvrage
notes.
; quelques
Sur ce qu'elle doit ? la connaissance de Gen?ve, cf. Blavi
gnac, ouvr. cit? (sites, idiotismes, anecdotes).
Sur tous les provincialismes, voir surtout Sain? an, pp. 108
sqq.
4? Etude
linguistique.
si?cle (Le Cin
Probl?mes litt?raires du XVIe
les
le
de
Parvenir,
Joyeux devis). Paris,
qui?me livre, Moyen
Cf. compte rendu
de Boccard, 1927, in-8?, pp. 99-250. ?
in Revue du XVIe si?cle, t. XIV (1927), p. 403.
J. Plattard,
L. Sain?an,
du texte.
5? Eclaircissement
Cf.
l'?dition
Jacob,
consulter
avec
prudence.
Henri Clouzot, B?roalde de Verville et la Querelle de Vabsti
nente, Rev. du XVIe
si?cle, II (1914), p. 322 : ?claircit une
allusion du chap,
(Remonstrance) ? l'abstinente de
Confolens.
6? Etude
H.
du comique.
Geschichte
Schneegans,
der grotesken
Satire.
Strasbourg,
1894, in-8?,pp. 287-289. Note superficielle sur les jeux de mots
dans leMoyen et l'influence de Rabelais qu'ils supposent.
VI.
sur
?tudes
Io Sur le Blason
des
armoiries
anciens,
2? Sur
ouvrages
les
autres
uvres
auteur
B?roalde
: A. Cartier,
des armoiries
et son
de
de Bara.
J?r?me
Rev.
Le Blason
des
livres
II (1914-17), pp. 225 sqq.
B?roalde
suivants
alchimiste,
quelques
lignes dans
09:44:20 AM
les
sur
?tude
J.
L.
Cologne,
Attribue
F. G.
Leipzig,
Via
Hannemann,
de
b?roalde
vera
et
323
verville
tuta
ad
ophir
auriferum.
1712, in-4?, ad finem :Epistola adChymiaestudiosos.
? B?roalde deux livres d'alchimie.
Analecta litteraria de libris rarioribus.
Freytag,
1750, in-8?, p. 88 (d?ment cette affirmation de Hanne
mann).
Cl?ment
David,
Biblioth?que curieuse. Op. cit., III, 213.
3? Sur les Cognoissances
n?cessaires
(1583) :
A. M. Schmidt, La po?sie scientifique en France au XVIe
si?cle. Paris, 1938, in-8?, pp. 330-331. Note explicative sur
quelques
vers.
4o Sur Pld?e de la R?publique (1583) :
si?cle. B?roalde de Ver
Edme Coigny, Etudes sur leXVIe
ville : Id?e de la R?publique. M?moires de la Soci?t? des
sciences
des
morales,
t. XII.
Versailles,
d'ailleurs
verbeux,
lettres
et
des
arts
de
Seine-et-Oise,
1880, in-8?, pp. 185 sqq. Simple r?sum?,
de
l'ouvrage.
Le livre de la R?publique ? selon la pens?e de quelques-uns,
est une imitation de Thomas Morus ? (Colletet).
Il ne semble
pas que cette affirmation soit fond?e. Consulter Thomas
Moore, L'Utopie, texte latin publi? par Marie Delcourt.
Paris, Droz, 1936, in-12.
5? Sur la S?rodokimasie
(1600) :
Henri Clouzot, La s?riciculture dans B?roalde de Verville.
Rev. du xvie si?cle, III (1915), pp. 281-286 (Dans quel mou
vement d'opinion l' uvre de B?roalde vient s'ins?rer).
6? Sur le songe de Polyphile (1600) :
Ch. Sorel, Biblioth?que fran?oise. Paris, 1667, in-12, p. 173.
Donne un sens herm?tique ? l'ouvrage ; quelques lignes.
Sur les diff?rentes ?ditions du Polyphile en fran?ais, cf.
Introduction ? la traduction litt?rale du Polyphile par Clau
dius Popelin,
Paris 1888.
09:44:20 AM
v.-l.
324
saulnier
7? Sur le Voyage des Princes fortun?s (1610) :
Petrus Borellus,
p.
46. Quelques
Bibliotheca
lignes.
Donne
un
chymica. Paris, 1655, in-12,
sens
herm?tique
l'ouvrage.
Quellestudien zu dem Roman Le Voyage des
von
B?roalde de Verville. G?ttingen, Sch?n
princes fortun?z
h?tte, 1933, in-8? (dissertation de G?ttingen).
E. Vordemann,
VII.
1? Pi?ces
La
de
destin?e
B?roalde
reproduites dans des recueils collectifs :
Les Diverses po?sies nouvelles donn?es ? Rapha?l du Petit
Val par ses amis (Rouen, 1597) reproduisent six pi?ces des
Soupirs amoureux (1583) :
:
quelqu antre escari? m iray je retirer.
El?gie Dans
Sonet ? Madame :Faites la d?daigneuse, il vous sied bien,
madame.
?l?gie
Le
: Faut-il
May
qu incessamment passionn? je tra?ne.
:Maintenant
que
Vamour
renaist
heureusement.
:
?l?gie Mon ?me languissoit et d'une longue haleine.
Sonet du destin : Si d'une juste loi toutmestoit ordonn?.
La Muse fol?tre.Paris, Anth. du Brueil, 1600, in-12 : repro
duit le Pallemail et YAlchimiste (des Soupirs amoureux).
Le Sandrin ou Verd galand, Paris, 1609, in-12 : reproduit le
R?cit des Nopces de Chariot (des Avantures de Floride, 2e par
tie, chap, ix) et les Amours deMauricette (Avantures de Flo
ride,
lre p.).
Les
Satyres
in-12,
bastardes...
reproduisent
Muses
incognues
du
cadet
un
Paris,
Angoulevent.
1615,
en
dans
les
original
tout nouveau.
paru
quatrain
: Un
en 1604
alquemiste
Le Cabinet satyrique. Paris, 1618 (et 1620), in-12, contient le
Pallemail
(des Soupirs amoureux).
Sur
les autres
collaborateurs
de
ces
recueils,
voir
Lach?vre,
Bibliographie des recueils collectifs de
XVI*
si?cle
du
(1502-1609). Paris, Champion, 1922,
po?sies
Fred.
in-4?.
Id. ?
Bibliographie des recueils de po?sies
riques, (1600-1626), d?j? cit?e.
libres et sati
09:44:20 AM
?TUDE
SUR B?ROALDE
325
DE VERVILLE
Id. ? Bibliographie des recueils collectifs de po?sies publi?s
de 1597 ? 1700. Paris, H. Ledere, 1905, 4 vol. in-4?.
2? Contes en vers imit?s du Moyen
de Parvenir.
Un choix de ces contes est joint ? certaines ?ditions du Par
venir ? partir du xvme si?cle (1757, 2 v. in-12 ; 1773, 2 v.
in-12) ; en t?te de chaque tome, les contes dont il a fourni la
mati?re.
Il existe des libelles contenant seulement quelques imita
tions. Ainsi un mince factum du d?but du xixe si?cle, imprim?
en
rouge,
contenant
trois
imitations
de
l'?pisode
des
Cerises.
Cf. enfin : Contes en vers imit?s du Moyen de Parvenir par
Autreau, Dor?t, Gr?court, par un membre de la Soci?t? des
bibliophiles gaulois. Paris, Willem, 1874, in-16.
3? L'h?ritage
b?roaldo-rabelaisien.
La Nouvelle fabrique des excellens traitsde v?rit?,de Philippe
oVAlcripe sieur de Neri en Verbos (Philippe le Picard, sieur de
Rien en Bourse) est peut-?tre, comme le dit l'?diteur du xvine
si?cle (1732 ?), imit?e du Moyen de Parvenir. Mais on ne con
na?t pas au juste la date de parution, qui remonte peut-?tre ?
1579, date ant?rieure ? celle du Parvenir. Cf. la r??dition de
la Nouvelle Fabrique, Paris, 1853, dans" la Biblioth. elz?vi
rienne.
d'O? ville
(Antoine Le Metel, sieur), Les Contes du sieur
oVOuvi?le. Paris, 1643, in-8? ; 1644, 4 v. in-8? (r??dit. Amster
dam 1732, Paris 1913). Pages choisies : VEslite des Contes.
?
Selon
Rouen, 1680 ; Lyon s. d. ; Paris, 1876 ; Paris 1883.
La Monnoye (Dissertation) ce livre est de Boisrobert et fut
seulement publi? sous le nom de son fr?re d'Ouville ;La Mon
noye ajoute que le meilleur livre est emprunt? au Moyen de
Parvenir
1.
Une
?tude curieuse de l'h?ritage b?roaldo-rabelaisien
trouverait
ou non, de
la source, avou?e
le Parvenir
dans
particulier
plu
sieurs passages
des grands
livres fac?tieux
suivants:La
Fontaine,
Contes
Mon
oncle Benjamin
; Claude Tillier,
Silvestre,
; Armand
Contes joyeux Marcel
Le Brelan
de joie, (1924) ;Marcel Aym?,
;
Arnac,
La jument verte, (1933)
;Gabriel
Chevalier,
Clochemerle,
(1934).
en
09:44:20 AM
326
v.-l.
saulnier
4? Varia.
D. Huet, ?v?que d'Avranches, Commentarius de rebus ad
eum pertinentibus, Hagae, 1718, in-12, p. 127
(un exemplaire
de la Bibi. nat. porte des notes manuscrites de La
Monnoye)
? ami tr?s docte du docte Saumaise ?
indique que Huet est
dont La Monnoye dit dans sa Dissertation qu'il lui a fait con
na?tre la pr?dilection de Saumaise pour le Parvenir.
Enfin les Analectes du Bibliophile, 2e livraison, ?t? 1876,
parlent de l'obscurit? ?nigmatique du Parvenir.
5? Place de B?roalde
dans les ouvrages de synth?se.
Sur la place insignifiante ou nulle, r?serv?e ? B?roalde, on
peut voir par exemple :R. Mor?ay, Histoire de la Litt?rature
fran?aise, La Renaissance, Paris, 1933-35, 2 vol. (B?roalde
ex?cut?, t. I, p. 252 : leParvenir ? rel?ve de la litt?rature ster
coraire ?).? Quelques lignes sur leParvenir, mais rien sur les
autres
Histoire illustr?e de la
uvres, in : B?dier-Hazard,
Litt?rature fran?aise, Paris, 1923, 2 vol., t. I, p. 227.
09:44:20 AM
DOCUMENTS
UNE REPR?SENTATIONDU MYST?RE
DE LA PASSION? MONTFERRANDEN 1477
?num?rant dans Tordre chronologique diff?rentes repr?sen
tations de Myst?res, qui ont eu lieu au moyen ?ge, Petit de
Julleville, ? la date de 1477, donne les indications suivantes :
? ... Vers
cette
ann?e-l?,
on
dut
jouer
la Passion
? Clermont
Ferrand, ou du moins en Auvergne ; le seul indice que nous
poss?dons de ce fait oubli?, c'est une pi?ce satirique en patois
auvergnat,
dat?e
de
1477...1
?.
Si l'on admet cette date, inscrite sur un feuillet du ms. n.
acq. fr. 462 de la Biblioth?que nationale, pour celle d'une re
pr?sentation, il faut alors la rapprocher d'un groupe de docu
ments conserv?s aux Archives d?partementales du Puy-de
D?me 2 qui concernent la repr?sentation d'un
myst?re de la
Passion donn?e en 1477, non pas ? Clermont, mais ? Mont
ferrand.
Le registre des comptes municipaux pour 1477 a malheureu
sement disparu, mais nous disposons d'un certain nombre de
pi?ces comptables, quittances pass?es devant notaire, ordre
de paiement
sont
malgr?
des
tout
notes
consuls,
assez
abondants
d'artisans,
pour
etc.
fournir
Ces
documents
sur cette
repr?
sentation des renseignements qui m?ritent d'?tre relev?s.
La ville de Montferrand 8, longtemps rivale de Clermont et
1 Petit de
Les Myst?res, Paris, 1880, tome II, p. 40-41.
Julleville,
*Archives du
Puy-de-D?me. Fonds de Montferrand, CC 352 et 2 pi?ces da?i
CC 353.
8 Sur
Montferrand
A. Tardieu,
Histoire de la ville de Montferrand et du
?
Em. Teilhard
de
bourg de Chamali?res en Auvergne. Moulins, 1875, in-4?.
Chardin, Montferrand avant sa charte de commune. M?m. Acad. de Clermont,
t. XXIV,
1882 ; H. et Em. du Ranquet,
Montferrand, ses vieilles pierres...
Clermont-Ferrand, 1936.
09:44:32 AM
328
ET
NOTES
DOCUMENTS
de Riom, connaissait ? la fin du xve si?cle un regain d'activit?.
D?s le xne si?cle, elle avait poss?d? des foires importantes qui
durent ?tre ? l'origine de son futur d?veloppement. Ville
royale depuis le r?gne de Philippe le Bel, elle avait manifest?
un grand attachement ? la royaut? et ses habitants aimaient
? rappeler que pendant les guerres anglaises, au cours des
troubles de la Praguerie, plus r?cemment encore, pendant la
guerre du Bien Public, elle avait donn? l'exemple d'une fid?lit?
in?branlable ? la couronne et son attitude avait chaque fois
contribu? ? l'?chec des tentatives de d?sordre. Incorpor?e au
duch? d'Auvergne cr?? pour Jean de Berry en 1360, elle en avait
?t? distraite en 1425 quand le duch? ?tait pass? aux mains
de la famille de Bourbon et Charles VII en avait fait le si?ge
d'un bailliage royal. Depuis, la ville avait disput? ? Cusset
le si?ge de la juridiction des exemptions d'Auvergne, c'est
?-dire des ?glises qui continuaient ? d?pendre des juges royaux
lui avait donn? satisfaction. La ville y
et en 1464, Louis XI
non
gagnait
un
seulement
de
pratique
un
tants,
avocats,
chicane.
la
nombre
On
in?puisables
y
de
notaires
qui
mais
prestige,
r?servait
que
de
hommes
praticiens,
sans
pouvaient
la
ses habi
assuraient
trouvait,
imposant
procureurs,
de
accroissement
encore les ressources
mieux
crainte
loi,
riva
liser avec ceux de Clermont et de Riom. Si?ge de juridiction
royale, Montferrand abrite en 1477 le bailli du roi, Antoine de
Mohet, seigneur de Vilaines et de Lavaugarde, flanqu? de son
lieutenant
reur
et
g?n?ral
de
ses
et de
du
l'avocat
roi,
lieutenants
sans
du
particuliers,
oublier
les
procu
Il
sergents.
?galement le ch?telain qui occupe le ch?teau des anciens comtes
d'Auvergne, et se fait aider dans l'exercice de ses fonctions
par plusieurs lieutenants. Les descendants des grandes familles
bourgeoises,
enrichies
autrefois
par
le
n?goce,
recherchent
avec avidit? ces postes honorifiques et sans doute lucratifs.
Ils construisent, ? la fin du xve si?cle, ces h?tels ?l?gants aux
quels la ville doit encore ? l'heure actuelle un pittoresque
qu'on
ne peut
L'administration
lui refuser.
municipale
est
aux mains
des
consuls
?lus
:
chaque ann?e par les habitants. En 1477, il y en a quatre
Pierre Albiat, Me ?tienne G?divel, licenci? en lois, Jean Per
cheron
et Colas
Riollet.
Ils ont
sous
leurs
ordres
des
receveurs
09:44:32 AM
NOTES
ET
329
DOCUMENTS
qui centralisent les diff?rentes ressources municipales, des
?
? uches et des
qui font l'office de nos modestes
gastiers
et
veillent ? la tranquillit? publique.
gardes-champ?tres
La ville de Montferrand enfin se recommandait par ses ins
titutions religieuses et charitables. Sa maladrerie d'Herbet,
fond?e sans doute ? la fin du xne si?cle, avait la haute main
sur les l?preux de l'Auvergne et des r?gions voisines. A la
t?te du clerg?, venait le chapitre coll?gial de Notre-Dame qui
comprenait 12 chanoines. L'?glise, ancienne chapelle du ch?
teau, avait ?t? reconstruite ? partir du milieu du xive si?cle.
Plusieurs fois interrompus, les travaux avaient repris depuis
peu.
Vers
la date
qui
nous
occupe,
on
travaillait
activement
? la construction des clochers, en particulier ? celle du clocher
nord qui servait de tour de guet x.
En dehors de la ville s'?levait le Mo?tier Saint-Robert,
prieur? b?n?dictin fond? au d?but du xiie si?cle par un
comte d'Auvergne sous le vocable du saint fondateur de
l'abbaye de la Chaise-Dieu dont il d?pendait. C'est devant le
Moutier Saint-Robert, qui occupait l'emplacement actuel du
cimeti?re, que fut donn?e la repr?sentation du myst?re de la
Passion en 1477.
Nos documents ne nous disent pas pour quelle raison la ville
de Montferrand se d?cida ? monter cette repr?sentation. Mais
nous savons qu'il ?tait de tradition ? Montferrand de r?citer
solennellement tous les vendredis, depuis la Croix de mai jus
qu'? la Croix de septembre, la Passion de Notre-Seigneur,
afin de demander ? Dieu de pr?server la ville et les campagnes
avoisinantes de la gr?le et de la foudre 2. C'est le diacre
d'office du chapitre qui en ?tait charg? et, pour sa peine, la
ville lui octroyait g?n?reusement un salaire de six livres tour
nois. Cette m?me ann?e 1477, le chapitre recevait soixante
sous tournois pour avoir ? dict? la Passion et sign? le temps
pour le bien de terre jusques ? la feste Saincte-Croix... ? A
cette occasion, on dressait un ?chafaud. Enfin trois processions
solennelles avaient lieu dans le courant de l'ann?e : une le
dimanche de Quasimodo, l'autre ? l'Ascension, une enfin le
1Du
Ranquet, Montferrand, p. 111 et suiv.
2 A.
Tardieu, Hittoire de la ville deMontferrand, p. 46.
09:44:32 AM
330
NOTES
ET
DOCUMENTS
jour de la Pentec?te. L'?clat des processions ?tait relev? par la
pr?sence de m?n?triers, de joueurs de tambourins et de corne
muses. L'id?e de repr?senter un myst?re peut ?tre li?e ? ces
solennit?s
traditionnelles
auxquelles
on
aura
voulu
donner,
pour des raisons qui nous ?chappent, une importance parti
culi?re en 1477. La derni?re repr?sentation d'un myst?re de
la Passion ? Montferrand remontait ? 1452 1.
La construction des ?chafauds semble avoir surtout pr?oc
cup? l'autorit? municipale. Le 20 mars 1477, les consuls con
clurent un march? ? forfait avec quatre charpentiers de Mont
ferrand qui s'engag?rent ? les construire pour la somme de
quinze livres payables en deux fois.Mais les consuls devaient
fournir le bois et tout ce qui ?tait n?cessaire 2.On alla chercher
le bois dans le Forez, ? Noir?table et ? Vollore, car la r?gion de
Montferrand ?tait sans doute aussi pauvre en for?tsqu'? l'heure
actuelle.
Ces ?chafauds devaient servir de sc?ne puisqu'on nous parle
en effet de l'?chafaud d'enfer, qu'on entoura d'?pines venues
de Montrodeix. Mais, au cours des repr?sentations, il fallut
demander aux charpentiers d'?largir les ?chafauds.
Les
d?cors
qui
nous
sont
signal?s
sont
ceux
de
des
l'Enfer,
et du D?sert o? se jouait sans doute la Tentation du
nous savons que la ? golle d'enfer ? fut faite de
et
Christ,
Limbes
cercles.
Un
peintre
verrier
de
Antoine
Clermont,
Chanesson,
travailla ? la d?coration g?n?rale et on eut recours ?galement ?
l'emploi de tapisseries qu'on emprunta probablement aux habi
tants de la ville. Elles furent l'objet d'une garde particuli?re.
Les ?l?ments de l'orchestre furent fournis par des orgues
qu'on alla demander ? Riom et par un nombre imposant de
m?n?triers, de trompettes et de tambourins. Ceux de Cler
mont et ceux de Riom vinrent pr?ter leur concours ? ceux de
Montferrand. Les deux trompettes de la tour furent occup?s
pendant deux jours ? ?mener de leur mestier en jouant le
mistere
Quant
de Resurrecion
aux
personnages
?.
deux
eux-m?mes,
signal?s. Le r?le de la Sainte-Vierge
seulement
sont
fut tenu par le fils de
1Arch.
Puy-de-D?me, Fonds Montferrand, CC 175.
8
Cf. Fds Montferrand, CC 352, pi?ce 3.
09:44:32 AM
NOTES
ET
331
DOCUMENTS
Jacques Barr? qu'un gastier de Montferrand dut aller chercher
? Giat. Enfin, le chanoine Guillaume de Reboul re?ut de la
ville quinze sous tournois pour l'aider ? payer son ? abilhement
du personnaige de la Mort ?. Ce personnage, nous dit-on,
figu
rait dans lemyst?re de la R?surrection. Il s'agit peut-?tre de
la Mors Inferni ? qui un r?le, de peu d'importance d'ailleurs,
est r?serv? dans la Passion de Semur *. La Mort dit
quelques
mots quand l'Enfer mobilise ses forces pour abattre
J?sus,
puis, au moment de la R?surrection, elle n'a plus qu'un r?le
muet : L'Anima Christi se pr?sente aux portes de l'Enfer et
interpelle les d?mons : ? Modo cadant porte Inferni. Mors
scilicet quartus diabolus, cadat ad terram :Deus ponatpedem
suum dextrum super collum ejus et dicat : Mort
d'Enfer,
tres punaise et orde. Il est escript que
je te morde, etc. ?
?tait-ce l? le r?le de Guillaume de Reboul ?
Les repr?sentations termin?es, les ?chaufauds furent d?
mont?s par les soins des charpentiers qui les avaient construits
et il ne resta plus qu'? payer les frais. En
g?n?ral, ce soin
revint ? l'un des consuls, Jean Percheron, collecteur des r?para
tions et compositions de la ville. Mais
beaucoup de paiements
furent assign?s sur le receveur de la barre, droit d'octroi per?u
? l'entr?e de certaines marchandises dans Montferrand ou sur
le collecteur des tailles. Les consuls v?rifi?rent avec soin les
notes qu'on leur pr?sentait et ils rabattirent sans
piti? le
montant
du m?moire
du
serrurier
en r?duisant
m?me
l'indem
nit? qu'il r?clamait pour avoir risqu? sa vie ? au service de la
dicte Passion, dans Enfer... ?Certains fournisseurs de bois et de
lattes furent oblig?s de s'adresser ? la justice pour obtenir
les huit sols six deniers qui leur ?taient dus.
Sur
donnent
la
repr?sentation
que
peu
de
elle-m?me,
renseignements.
nos
ne
documents
Cependant,
nous
nous
savons
que le ? conducteur du mistere ? ?tait Guillaume Morichon,
docteur ; sans doute fut-il le r?gisseur g?n?ral, car c'est lui
qui donna aux charpentiers toutes les indications utiles ? la
construction des ?chafauds. Les r?les du myst?re de l'Ascen
sion furent faits par Antoine Garnier, dont la
personnalit?
Em. Roy, Le myst?re de la Passion
enFrance, p. 171.
09:44:32 AM
332
ET
NOTES
reste
nous
pour
aussi
DOCUMENTS
obscure
celle
que
de Guillaume
Morichon.
Il re?ut 10 sous tournois par march? fait entre lui et les consuls.
au
Quant
texte
Pamparel,
mandeur
des
lui-m?me,
? Courpi?re
alla
un
gastier
de Montferrand,
de
Hospitaliers
Herv?
sans
le demander,
Courteserre.
doute,
en
C'est,
au
com
ce
effet,
qui semble r?sulter d'une quittance de quatre sous six deniers
que le gastier toucha pour sa peine x. Le texte m?me du mys
t?re
devait
donc
se trouver
dans
la r?gion.
Peut-?tre
avait-il
servi ? la repr?sentation pr?c?dente de 1452. En tous cas, en
1477, c'est le cycle complet de la Passion qui fut repr?sent?. Nos
documents nous signalent en effet lemyst?re de la R?surrection
et
celui
de
l'Ascension.
Les
repr?sentations
s'?chelonn?rent
au moins sur six dimanches. L'entr?e du Christ ? J?rusalem fut
repr?sent?e le 4 mai 2.On peut penser qu'il y eut une repr?sen
tation le lundi de la Pentec?te, puisqu'il fallut, pour ce jour-l?,
?largir les ?chafauds.
On sait que la Biblioth?que nationale conserve les fragments
d'une Passion d'Auvergne qui ont fait l'objet de maintes
?tudes 3 et dont ?mile Roy a donn? quelques extraits. L'en
semble n'a pas encore ?t? publi?. Le premier fragment contient
la D?collation de saint Jean-Baptiste (f?3, f? 13 v?), J?sus au
temple de Nazareth, la P?che miraculeuse, leMiracle de l'en
fant du centurion, J?sus ? B?thanie, la Conversion de laMade
leine (f? 15, f? 38). Le deuxi?me fragment, d'une autre main
que
Pilate
toire,
le premier,
au
commence
songe
de
Percula,
femme
de
(f?40), puis il continue par les sc?nes de Pilate au pr?
la Condamnation
de
J?sus,
la
fabrication
des
instru
ments de la Passion, la Mont?e au Calvaire, la Mort de J?sus,
la D?position de Croix, la Mise au tombeau, l'Arrestation de
Joseph d'Arimathie, l'Extase de la Vierge (f?40-f?83). Il se
termine par une invocation de 12 vers ? Dieu en faveur des
spectateurs.
1 Cf. Fds Montferrand CC
352, pi?ce 4,1? 11 v?.
2 Cf. Fds
Montferrand, CC 352, pi?ce 4, f? 13.,
8 Bibl.
nat., n. acq. fr. 462. Sur la Passion d'Auvergne, voir Petit de Julle
ville, Les Myst?res, Paris, 1880, 2 vol. ; Jeanroy et Teuli?, Myst?res pro
venceaux du xve si?cle, Toulouse, 1893 ;Emile Roy, Le Myst?re de la Passion
en France, Revue Bourguignonne, t. XIV, 1909.
09:44:32 AM
et
notes
333
documents
... Prince
es ?s cieulx assis,
qui
Tous nous jours te remercions
Et ceulx qu'on
regard? prions
soit tout jour noz bons amis
Qu'il
1.
Cette conclusion ne pr?juge nullement que lemyst?re s'arr?
tait l?. Il ne s'agit ici que de la fin d'une journ?e, celle qui a ?t?
consacr?e ? la Passion du Christ proprement dite ; ce n'est pas
forc?ment la fin du myst?re. E. Roy estime que l'ensemble de
vait compter environ 30.000 vers. Ce sont l? des fragments
en vue
ex?cut?s
de
la repr?sentation.
en pr?sence du livre qu'Herv?
de
commandeur
en
?tait
fragments,
Le
Courteserre.
cas
tous
un
sommes-nous
Peut-?tre
alla demander au
Pamparel
scribe,
scribe
? qui
nous
m?ridional.
devons
ces
Certaines
formes comme filhe, veulhe, bailharay, etc. permettent de
l'affirmer.Mais le texte primitif a pu ?tre r?dig? dans une r?
gion de langue d'o?l et nous avons d?j? vu que la pr?sence du
personnage de laMort le rapprocherait de la Passion de Semur.
Nous renvoyons ? des critiques plus qualifi?s le soin de r?
ces
soudre
probl?mes.
ce qui nous int?resse ici, c'est que du f? 26 au f? 30
s'intercale une sorte d'interm?de satirique en dialecte de la
Limagne, o? l'auteur fait allusion aux vexations dont les Au
Mais
vergnats sont l'objet 2. La pr?sence de cette sc?ne, o? sont
mentionn?es
C?bazat,
t?re
?vident.
donne
etc.,
Vie,
Royat,
auvergnat
de
localit?s
certaines
Or
comme
Gerzat?
Limagne
un
carac
cette
Passion
ce morceau
est
dat?
de
l'ann?e
1477, ann?e o? eut lieu la repr?sentation de Montferrand.
Nos
ne
documents
Tout
matifs.
vergne,
telle
ce
nous
permettent
dire
d'?tre
affir
plus
si la Passion
d'Au
gu?re
c'est
que,
peut
qu'on
nous
a ?t? transmise,
a bien
qu'elle
?t? repr?sent?e
en Auvergne en 1477, ily a les plus grandes chances pour qu'elle
l'ait
?t?
cette
? Montferrand
ann?e-l?
et,
tion, nos documents apportent quelques
peut-?tre
pas
inutile
de
faire
sur cette
repr?senta
d?tails qu'il n'?tait
conna?tre.
Andr?
Bossuat.
1 Bibi.
.acq. fr. 462, f? 83.
nat.,
2 Cet
interm?de en patois a ?t? copi? par Dulaure,
Bibl. Clermont-Ferrand
ms. 623, f? 360-368, et publi? par Ad. Michel,
YAncienne Auvergne et le Velay,
t.
et par H. Doniol,
la
de
52
Moulins, 1847,
Ill, p.
Dulaure)
copie
(d'apr?s
Le patois de Basse-Auvergne, Paris, 1887, p.73-78.
09:44:32 AM
334
NOTES
ET
DOCUMENTS
PI?CES JUSTIFICATIVES
1. Archives
ferrand
CC
Establys
Albiat,
consulz
et
pour
d?partementales
352, p. 3.
du
honnestes
discretz,
Estienne
G?divel
\
ceste pr?sente
de Montferrand,
personnellement
maistre
bourgeois,
de la ville
Jehan
Percheron
et Colas
Fonds
Puy-de-D?me.
Riolet
de Mont
et saiges Pierre
en loix,
licenci?
ann?e, pour eulx
dudit
consulz
2, aussi
contenu
en
ces pre
fere ratiff?er le
promettane
et baillent
de leur bon gr? etc. ont baill?
par
lesquelz
ces presentes
a foref?ait a Michiel
Jehan Giolet,
Jehan
Crestin,
a faire les eschaffaulx
Coraill et Pierre Bicameys
du
3, charpentiers,
Montferrand,
sentes, etc.
de la Passion
que lesdiz consuls et ladite ville ont entrepris a
en ladite ville, pour le pris ou somme
fere jouer par les habitans
seront
de XV
ladite somme,
lesdits charpentiers
1. t. et moyennant
tenus fere les dits eschafaulx
leur sera par maistre
ainsi que devis?
mistere
dudit mistere.
Et a est?
conduicteur
docteur,
Morichon,
et
enconvenenc?
lesdits consulz
que pour fere les dits eschafaulx,
tenuz fornir lesdits charpentiers
de tout marain
ladite ville seron
a faire lesdits
comme
fustes 4 et autres
choses necesseres
hays,
entre les dites parties que
Et oultre a est? enconvenenci?
eschafaulx.
seront
tenus payer
lesdiz
la moyti?
esdits
consulz
charpentiers
Guillaume
somme qui sont vii 1. t. x. s. t., avant
et le surplus
la main
a la fin dudit mistere,
lesdits consulz
soubz l'obli
ainsi l'ont promis
et lesdits charpentiers
soubz l'obliga
gation des biens dudit consulat
etc. jur? etc. et hincinde,
etc.. Presens
tion de leurs biens meubles,
de ladite
Pierre Bourstron,
Anthoine
Estienne
Berier, Pierre
Chasluz,
Pierre Serbier, Jehan Foullouze,
Lorans
messire
Foehier,
Baquellin,
l'an mil iiiic lxxii. Donn?
de Reboul
Guillaume
5, le xvie jour de mars
maistre
par rapport.
Faugerat.
dits Giollet,
Corrail
ont certifi? estre
(Au dos) :Les
dedans
nomm?s,
et Michel
bien
Crest?n,
charpentiers
des consulz
dedans
pay?s
con
de la somme dedans
et Percheron
ledit Albiat
nommes,
presens
tenue. Et en ont quiet?
consulz
lesdits
promettant
envers les autres charpentiers
dedans nommes
quietes
les
fere tenir
et tous autres.
3Et. G?divel ?tait en 1483 lieutenant du bailli de Montferrand. Fds Mont
ferrand FF 33, pi?ce 27.
2 On
trouve, en 1469, un Colas Riollet d?sign? comme franc-archer. Fds
Montferrand, CC 344, pi?ce 1.
3 Pierre
et charpentier, Cf. du Ranquet,
Bicameys ou Bucaneys, ma?on
p. 42.
Montferrand,
4
: bois de charpente ; hay ou haye : instrument pour enfon?er les
Mar?in
; fustes :poutres.
pieux
?
5Voir
infraCC 352, pi?ce 4., f 14.
09:44:38 AM
NOTES
Presens
Estienne
d'aoust
mil
Augustin
iiiic lxxvii.
2. Arch.
d?p.
(cahier de papier
Item
[f? 11].
ET
et Anthoine
Puy?de-D?me.
de 19 feuillets
335
DOCUMENTS
Fonds
couvert
Garnier
Montferrand
en parchemin.
1t le xiiie
CG
352,
jour
p.
en presence
et tesmoins
du notaire
cy desoubz
Jehan Giollet
et Michel
Corailh,
Crest?n,
charpen
certifi? avoir eu et receu de saiges hommes Pierre Albiat,
et Colas Riolles,
Jehan Percheron
consuls
l'ann?e
de la
presente
ville de Montferrand,
la somme de six livres tourn.reaul
presens,
Jehan'
nomm?*,
tiers, ont
ment
en deduction
leur preffait de fere les chaf?aulx
pour jouer
et Pierre
de Laygne
Guillaume
etc..
Bicaneys
Fait
l'an mil
le xxe jour de mars
iiic lxxvi. Constat
de vi 1. t. Fait
et donn? comme dessus. S. vi 1.1. Grivaud.
la Passion.
de
Presens
Pierre Juze,
[f? 11]. Item Estienne
Reynault,
certiffi? avoir eu et receu desdits consulz presens,
de Charenssat2
ont
la somme de iiii s. t.
et quatre d. t. pour iiii journ?es
et de leurs bous qu'ilz
rent
vacqu
a fere lesdits chaf?aulx,
les madriers
pour ayder a charrier
presens,
fait et donn? comme dessus.. S. iiii s. iiii d. Grivaud
notaire.
Item Michel
Ballut
certifie avoir eu desdits
consulz
la somme de
iii s a cause de vente de cent de taches 3 pour fere lesdits chaf?aulx...
fait et donn? comme dessus. S. iii s. Grivaud
notaire.
Presens,
4 a certifi?
Item maistre
Pierre Fogerelles
avoir eu desdits consulz
la somme de cinq solz a cause d'avoir
envoy? qu?rir le filz de Jacques
au lieu de Giat
Barr?
de Nostre
Dame
6, lequel faisoit personnaige
a la dite Passion.
comme
s.
fait et donn?
dessus.
S.
Presens,
Grivaud
notair?.
[f?ll
0]. Item plus fut bailh? par ledit Percheron audit Colas
XV d. pour une faysse de cercles pour
comme dessus, xv d., Grivaud
notaire.
Item Herv?
fere
la
golle
d'enfer...
fait
gastier6, a certiffi? avoir eu et re?u desdits
la somme de iiii s ii d. pour
dudit Percheron
7
a Corpiere
avoir
pour porter lettres pour
le commandeur
de Courte
Serre 8...
que monseigneur
Pamparel,
et par le mains
sa despence
d'estre
all?
consulz
ledix
livres
1 On retrouve Antoine Gamier
charg? de copier les r?les du myst?re de
l'Ascension. V. CC 352, pi?ce 15.
2
arr.
de Riom, cant, de Saint-Gervais.
Charensat, Puy-de-D?me,
3 Taches :
gros clous.
4 Sans doute le m?me
que Pierre de Faugerolles qui fut consul en 1493
de Chardin,
Inv. du Fonds de Montferrand, II, p. 43, col. 1) et
(Teilhard
substitut du procureur du roi au bailliage de Montferrand en 1498 (FF 15,
21,f?l).
pi?ce
6
arr. de Riom, cant, de Pontaumur.
Giat,
6 GastierPuy-de-D?me,
: Cf. Godefroy, garde public charg? de veiller ? la conservation
des moissons.
7
arr. de Thiers, ch. 1.cant.
8 Courpi?re, Puy-de-D?me,
Courtesserre, vili. com. de Courpi?re, poss?dait encore au xvine si?cle, une
commanderie de l'ordre de Malte dont subsiste la chapelle ?lev?e au xve si?cle.
Cf. A. Tardieu, Diet. hist, du Puy-de-D?me, qui donne les noms de quelques
09:44:38 AM
336
NOTES
Pressens
Pigay
s ii d.. Grivaud
Item
vante
et Anthoine
ET
DOCUMENTS
Durhier
notaire.
les jours et an que
dessus.
S. iiii
la somme de xxiii s. iiii d. pour
Durand
la
d'Embert,
livres de podre de canon pour la Passion.
Presens Jehan
l'an comme
le xxiiie
dessus.
S. xxiii s. iiii d.
jour de mars,
Jehan
de xiiii
Serre,
Grivaud.
Item Anthoine
Russias,
1
la somme de xx
Pierre Burias,
fustiers de la paroisse
de
s. t. pour reste de la vente de deux char
rettes de post acheptees
Presens
Jehan le Vaux
et
pour la Passion.
Jehan Serul, le xx jour de mars
S. xx s. Grivaud.
du lieu de Blanzar
Item Guillaume
2, a confess?
[f? 12].
Maigne,
avoir eu et receu des consulz de Montferrand
de Jehan
par les mains
Vollore
consul
l'ann?e
la somme de
Percheron,
presente dudit Montferrand,
dix solz t. et ce par raison et a cause du boys de quoy a est? fait le
desert pour jouer la Passion.
et Jehan Fornier,
Presens Pierre Helon
l'an mil iiiic lxxvii. Martin
notaire.
jour de mars
ledit Percheron
Item bailla
ledit boys
d.
pour l'omme qui coupa
3
a confess? avoir eu
de Montferrand,
Item Jehan Fornier,
boyer
la somme de cinq solz pour aler qu?rir
ledit boys pour fere ledit
le xxviiie
desert.
Presens
et an. Martin.
ledit Pierre
Heylon
et Guillaume
Maigne
lesdits
jour
4a
et confess?,
Plus Pierre Noel
du lieu de Mont Rodez
cogneu
eu
et
etc.
lesdits
avoir
consulz
de Jehan
re?eu
par les mains
cognoit,
l'un d'iceulx
la somme de cinq solz, troys d. t. a cause de la
Percheron
vente
a
fut achaptee
d'une
charret?e
de espine que
pour mectre
du chaffault d'Enfer
somme de
pour jouer le jeu, de laquelle
s. iii d. a quiet?,
etc..
et Pierre Vacher
Presens
Rioulet
Gabriel
de Montferrand
le xxvi jour de mars
l'an mil iiiic lxxvii. S.
s. iii d.
l'entour
notaire.
Delesclause,
a
Jehan Allasseur
en ma
que tant pour luy
pr?sence
rapport?
ont despendu
en despense
menestriers,
cinq personnes
en la maison
de la Passion
de Jehan Per
par le premier dimenche
la somme de sept solz, six d. t. que
cheron, consul de Montferrand,
a pai?s. Fait presens
ledit Percheron
et Guillaume
Loys Reynault
sarrurier 5. Fait le xxxe jour de mars mil iiiic lxxvii. Beuf.
Mercier,
[f? 12
0]. Je certifie a tous qu'il
que Guillaume,
appartiendra
que
autres
serviteur
de Pierre
Mayne,
a receu
reaument
et de
fait de
Jehan
; 1485, Fran?ois, Imbert de Beau
commandeurs : 1419-1452, Louis Trenlande
bost. En 1477, c'?tait peut-?tre Imbert de Beauvoir, signal? en 1463. (Commu
nication de M. l'abb? Adam, cur? de Joze).
1
Vollore, Puy-de-D?me, arr. de Thiers, cant, de Courpi?re. D'apr?s Godefroy,
le fustier est un menuisier-charpentier, sans doute ici un marchand de bois.
2
Blanzat, Puy-de-D?me, arr. et cant, de Clermont-Ferrand.
3 C'est le bouvier
communal.
4
Montrodeix, village, de la commune d'Orcines, arr. de Clermont-Ferrand,
Puy-de-D?me.
5Voir
plus haut CC 352, pi?ce 16, le m?moire de Guillaume Mercier, dit
Miton.
09:44:38 AM
NOTES
ET
337
DOCUMENTS
la somme
de quinze
sols et
de Montferrand,
consul
Percheyron,
de Clermont,
des menestriers
gastiers,
troys deniers par la despense
1 et autres
uches
de la Passion
gens et serviteurs, du second dimenche
et Loys Reynault.
Ad ce ont est? presens Jehan Allasseur,
trompete
mars mil iiiic lxxvii en la court. Beuf.
jour de
de moy
et des tesmo?ns
notaire
cy dessoubz
2a
de la paroisse
de Neyrestable
certifi?
nomm?s,
George Boullet
l'ann?e presente de la
consulz
avoir eu et receu de Jehan Percheyron,
la somme de xvii s. vi d. et ce, par cause de la
ville de Montferrand,
vente de deux douzenes
de potz 3 qui ont est? prinses a fere les limbes
somme a quiet?
les consulz et ledit Percheron.
dans yfer. De laquelle
Fait
En
le penultime
la presence
en la presence
Jamot Vaisses
de Me Jehan Chatusat,
notaire,
l'an mil iiiic lxxvii. Bouschet.
4, le xie jour d'avril
et par
consulz
avoir eu et receu desdits
les
[f? 13]. Je confesse
mains
la somme de deux solz viii d. t,
que dessus
[Jean Percheron]
Fait
de Gornon
ma
de la ville dumanche
que firent les serviteurs
pour la despence
en amassant
la
tin ensemble
lesdits consulz pour le quart dumanche
5
l'an que
dessus.
ladite ville
le xxe jour d'avril,
pour
tapisserie
d. Grivaud.
S. ii s. vili
et
consulz
[f? 13]. Item plus je certifie avoir eu et receu desdits
dudit Percheron
la somme de vii s.
d. t. pour
le
par les mains
et servi
de la Passion
que firent les menestriers
boyre et despence
teurs de ladite ville le dimanche
le
de
fut
e, iiiie
que
jo?
jour
Rapans
l'an mil iiiic lxxvii
Fait
le ve jour dudit moy de may,
jour de may.
S. vii s.
d. Grivaud.
a
Item Guillaume
serviteur de Pierre Maige,
Bastoriere,
eu desdits
et par les mains
la
dudit Percheron
consulz
et pour la despence
de xx person
de xiiii s. ii d. t. a cause
tant menestriers
firent en sa
que gastiers
que autres qu'ilz
et Gilbert
le jour de la Passion.
Presens
Robert
Genevier
[f? 13 v?].
certifi? avoir
somme
naiges
maison
Bonnel,
Grivaud
le vie
notaire.
jour de novembre
l'an mil
iiiic lxxvii.
S. xiii
s. ii d.
de Reboul
Guillaume
de
chanoine
7, prestre
[f? 14]. Je, messire
de Nostre-Dame
de Monfterrand,
confesse
et
avoir heu
l'?glize
receu de messeigneurs
et par les mains
les consulz
de Montferrand
de Jehan Percheron,
l'un desdits
la somme de xv s. t. et
consulz,
1 Huche ou uche : crieur
public.
2
Noir?table, Loire, arr. de Montbrison, ch. 1.de cant.
8 Post :
madrier.
poteau,
4
Cournon, Puy-de-D?me, arr. de Clermont-Ferrand, cant. Pont-du-?h?teau.
5 Sur
l'emploi des tapisseries dans la d?coration, cf. G. Cohen, Le livre de
conduite du r?gisseur... du myst?re de la Passion, Paris, 1925, pp. xliii et xliv.
6 Sans doute les
de Chardin, Inventaire des archives
Rameaux, Cf. Teilhard
deMontferrand, t. II, p. 17.
7Guillaume de Reboul
une
appartenait ?
importante famille de Montferrand.
Un autre Guillaume de Reboul avait ?t? avocat du roi au bailliage ? partir
de 1432 (Fds Montferrand AA 12, pi?ce 16). En 1464, un Pierre de Reboul ?tait
lieutenant du bailli (FF 5, Pi?ce 8).
22
09:44:38 AM
338
ET
NOTES
DOCUMENTS
a payer mon abilhement
du personnaige
de la
ayder
somme
De
pour jouer le jour de la Rezuression.
laquelle
je
mon
lesdits consuls.
si mys
le jour
quycte
Tesmoing
seing manuel
l'an lxxvii. G. Reboulh.
de Seint-Pierre
d'aoust
c'est
pour moy
Mort
du notaire
[f? 15]. En la presence
1
de
la
Ram?e
avoir
certifie
George
et tesmoings
cyampr?s
et par
desdits
consulz
nomm?s,
les mains
la somme
de six solz t. que ledit de
la
present
et plusieurs
autres
par toute une nuyt et la
despendirent
se joua le mistere
de la Passion,
vespre dont lendemain
pour garder
tout tandue
la tapisserie
la nuyt. Pressens
Jean Laluau
qui demeura
et Jehan
Fauvel
l'an mil
iiiic
2, le jeudi xxine
jour de janvier
lxxvii. S. vi s. Grivaud.
dudit
Percheron
Ram?e
3. Fonds
Montferrand
GG 352, p. 6 (cahier de papier de 6 feuillets).
et des
la presence
de moy
notaire
cy
0]. En
tesmoings
dessoubz
de la paroisse
de Neyrestable,
nommez,
George Boullet,
certifie avoir eu et receu des consulz de la ville de Montferrand
et par
f? 3
les mains
de
Pierre
xvii
s. vi d. t. pour
tant aux
est? mises
necesseres
l'un
Albiat,
cause de deux
Limbes
que
desdits
douzenes
aux
consulz,
de pots
chaf?aulx
la
somme
de
ont
lesquelles
la ou elles estoient
somme
les a quict?s.
Fait,
laquelle
et Jamet Vaisses
Me Jehan Chatusat
le xie jour
de Cornon,
l'an mil iiiic lxxvii. Bouschet.
S. xvii s. vi d.
present
d'avril,
de
la Passion.
De
En la presence
de moy notaire et des tesmoings
cy dessoubz
et Herv?
Texier
Anthoine
gastiere de la ville de
Pampari?,
eu et receu de messeigneurs
ont certiffi? avoir
les
Montferrand,
[f? 4].
nomm?s,
consulz
mains
de
et par les
ceste presente
ann?e,
la somme de deux
Albiat,
consulz,
ung desdits
tourn. a cause de leur despanse
les
pour aller qu?rir
ch?s le greniatier
de Riom,
pour la Passion
laquelle
la ville
de Montferrand,
de sire Pierre
solz ung denier
a Riom
orgues
somme
de n s.
d. lesdits Paimparie
et Doucher
(sic) ont quiet?
et quittent
lesdits consulz,
et
etc..
Presens
Pierre Blay,
taneur,
le Grefier, habitants
Robinet
Fait
le xiie jour
de Monftferrand.
d'avril
l'an mil iiiic soixante
dix-sept.
en la court.
lettre sobz la chancellerie
de Montferrand
Octroy?
Pierre Maurel.
S. ii. s. i d.
[f? 4
dessoubz
Jehan
t?borin,
Arnault
la pr?sence
0]. En
nomm?s
messire
le Musnier
aussi
Jean Alasseur,
de
la Voloye,
de moy,
notaire,
et des
tesmoings
Gendre,
Symon
organiste, Guillaume
Jehan
tronpete,
de Gerzat,
Loys
prebstre
le Barbier,
Jehan
Roselet,
Jehan
Sabatier,
cy
organiste,
barabarat
trompete,
tronpete,
1 G.
de la Ram?e ?tait tondeur de drap. Le 23 mai 1477, il re?oit 3 sous tourn.
pour avoir tondu le drap des livr?es des huches et du sergent de la ville. Cf. CC
352, pi?ce 4, f? 13.
2 Jean
Laluau
?tait collecteur des tailles, voir infr. CC 352, pi?ce 33. Jean
Fauvel ?tait chanoine de Montferrand, Cf. Teilhard,
Inv. des Arch, deMontfer
rand, t. II, p. 19, col.l.
09:44:38 AM
NOTES
ET
339
DOCUMENTS
Pierre
le Barbier,
de Riom,
tronpetes
Loys
Cipierre,
plates
Jacques
ont certifi?
et Anne Meniers
de Monfterrand,
Guillaume
Nodal,
en Tostel de sire Pierre Albiat
avoir despendu
l'ann?e pre
consulz,
sente de ladicte ville de Monfterrand
tiers de
la
pour le dumenche
tant en pain, vin, cher que a leur pidance
la somme de dix
Passion,
et illec a est? cont? dont de
solz
d. tourn. comme
presente
[.[
en a requis avoir ces presentes
ladite certiffication
ledit Albiat
qui
et
pour valoir a luy ladite somme en temps
luy ont est? octroy?es
lieu.
Furent
Bort
le xne
et Michel
Jehan Lebaix,
Asole
marchant,
presens
l'an mil iiiic lxxvii. Delasaignole
notaire.
jour d'avril
4. Fds MontferrandCC 352, pi?ce 8 :
En
la presence
de moy
de la Gete
escriptz, Guillot
les consulz
l'ann?e
Bertrand
Champe
tourn. a cause
niers
somme
laquelle
autres,
et des
notaire
a confess?
avoir
tesmoings
eu et receu
cy dessoubz
de messieurs
de Montferrand
et par les mains
presente
la somme de trente solz
c'est assavoir
de
de sire
six de
de sapin et de verge, de
les consulz
et tous
seigneurs
et Jehan Grolier
Corail
de Mont
d'une
charret?e
quiet?
mesdits
de potz
etc. Fait,
Jehan
presens
le ixe jour de may l'an mil iiiic lxxvii.
en la court. Cervi?re.
? Montferrand
Octroy?
ferrand,
5. Fds Montferrand
En
S. xxx
s. vi d.
CC 352, pi?ce 9:
Jesus Maria.
et des tesmoings
de moy
notaire
cy dessoubz
pr?sence
et escriptz, Jehan Corailh,
dit l'Archier,
de la
charpantier
a receu des consulz
de Montferrand,
l'ann?e presente de la ville
la
nomm?s
ville
et par les mains
la somme de
de Bertrand
Champe
solz t. bonne monnoie
ro?ale pour cause de l'achapte
somme de, xlii s. t. ledit
des croix de la Passion,
de laquelle
a quiet?
et
et quiete
et Bertrand
lesdits consulz
Champe
de Montferrand
quarante
du boix
Corailh
autres
Petit
xxue
a ce pour tesmoings
Fait presens
Jehan
qu'il
apartiendra.
et Jehan
Monteilh
le
de Montferrand,
Jolet,
charpantier
l'an mil iiiic soixante-dix-sept.
jour de may
Octroy?
En
deux
lettre de Montferrand
en la court. Brunei
notaire
xlii
s. t.
la presence
Estienne
confess?
de moy notaire et des tesmoings
cy ampr?s nomm?s
de Cornon,
de son bon gr?, etc. a
Roqueton,
peissonier
avoir eu et receu de messieurs
les consulz de Montferrand
et par les mains
de Bertrand
fermier de la
presente
Champe,
ladite ville ledit an present, a ce pr?sent et se portant pour
lesdits consulz...
la somme de cinq solz t. et ce a cause
du poisson
2
aux mostres
de la
pour jouer a ung des dimenches
qui fut bailli?
l'ann?e
barre
de
1 Bertand
?
Champe ?tait fermier de la barre ?.
*
Mostres : est-ce un d?riv? local de magister. ?
Les poissons apparaissent
comme accessoires de la
repr?sentation dans la sc?ne de la multiplication des
pains et des poissons et dans l'?pisode de la p?che miraculeuse. Cf. G. Cohen, Le
Livtede conduite... p. 446, 509.
09:44:38 AM
340
ET
NOTES
DOCUMENTS
ladite presente
ann?e, dequels
Seigneur
passion Nostre
a quiet?
lesdiz consulz et Champe.
Tesmoings
Roqueton
et Guillaume
de Montferrand,
Pierre Mage,
Glandon,
jour de may
le xxmie
6.
Pi?ce
l'an mil
iiiic lxxvii.
10. Bertrand
Champe,
fermiers l'ann?e
s. t. ledit
a ce presenz
de Cornon,
Pegot.
Giraudin
et vous
Assallit
Ber
de ladite
Geneviere,
presente
la
ville. Pay?s a Anthoine
Chanesson,
peintre et varrier de Clermont,
somme de vingt-sept
tant a cause
solz et six den. t. que luy devons
thomi?
de
la barre
la
les deux estandars
fait et peinct
choses pour
que autres
a est?
du mistere
car, en les luy
jou? puis le jourdhy,
qui
ces presentes
et certifficacion,
et nous
de luy
rapportant
payant
s. vi d. sur ce que vous pouvez
vous tiendrons
xxvii
desdits
quietes
le xxixe
l'an mil
devoir. Fait soubz nos seings manuels
jour de may
d'avoir
Passion
iiiic lxxvii.
Albiat
xxvii
Au
consul,
s. vi d.
dos
:En
Anthoine
et receu
de Bertrand
consul,
Colas
G?divel,
Riollet.
S.
et tesmoings
cy dessoubz
et verrier,
avoir eu
confesse
1 de
ceste presente
la
ann?e,
Champe,
torn, en quoy
sols et six deniers
les consulz
la presence
nomm?s
somme
Percheron
de moy
Taneusson,
notaire
peintre
barrer?
de vingt-sept
ladicte ville lui estoient
tenus. De
somme
la quelle
de
les quiete. A
ce presens Robert
et Perrin Normant.
Fait
le venredi
xxx*
Roy
l'an mil iiiic lxxvii.
jour de may
Octroy?
en la court de Montferrand.
7. Pi?ce 10 bis. Bertrand
Champe,
fermiers de la barre de
Geneviere,
a
et deslivr?s
Pay?s
Symon Daussot,
s. vi d. t. pour la
la somme de xxvii
de
potz de sappin que avons achapt?
Gastery.
Girardin
et Berthomi?
Assallit
Montferrand
l'ann?e
presente.
fustier de la perroisse de Vollore
vente de iiii douzennes
et vint
luy pour eslargir les
et fere ce qu'il estoit necesseire
du lundi de
pour lemistere
coste pour fere jouer la Passion
car en les luy payant
et nous
tant ces presentes
et certif fication de luy, vous tiendrons
somme
ladite
Fait
dessusdite.
le xxiiie
l'an
jour de may
chaf?aulx
la Pente
rappor
quiete de
mil
iiiic
lxxvii.
Colas Riollet,
Parcheron
consul.
:
venredi xxiiie jour de may l'an mil iiiic Jxxvii,
Aujourd'huy
Simon Daussot,
fustier de la parroisse
a confess? avoir eu
de Volore,
et receu de messieurs
les consulz
de la ville
de
l'ann?e
presente
Montferrand
la somme de vingt-sept
de
solz et demy pour et a cause
vante
de potz. Et ce par les mains
et de Gi
de Bertrand
Champe
raudin Assallit,
barriers de l'ann?e presente
dudit Montferrand,
de
G?divel,
Au dos
somme les
Fait le jour et an que
laquelle
quiete.
Martin
presens
nfotaire],
fuy.
dessus.
3Barr?res ou fermiers de la barre.
09:44:38 AM
NOTES
nomm?s,
341
DOCUMENTS
et tesmoings
cy ampr?s
et Michel
Giollet
Crest?n,
hommes Pierre Albiat, Estienne
du notaire
la presence
Corail, dit l'Archier, Jehan
12.
8. Pi?ce
ET
En
Jehan
ont confess?
charpentiers,
Jehan Percheron
G?divel,
de la ville de Montferrand,
que saiges
et Colas Riollet,
consulz
leur ont bailh?
par
de fustailhe
Tann?e
presente
foys la somme
pour fere en partie
et une autre
foys
une
solz tourn. pour achapter
de la Passion
des chaffaulx
autre
solz tourn. et une
trente-deux
foys trente solz tourn. tant
1
et postalhe
de fustailhe
pour croytre lesdits chaf
pour achapter
et Anthoine
le xiiie jour
Estienne
faulx. Presens
Garnier,
Augustin
d'aoust
Tan mil iiiic lxxvii.
de soixante
le commancement
Summa
vi s. ii d. Grivaud.
nostre collecteur
des reparacions
15. Jehan Parcheron,
9. Pi?ce
la somme de dix solz
?
Anthoine
et compositions.
Garnier,
Pay?s
fait entre nous et luy et du vouloir
de march?
tourn. que luy devons
2 d'avoir
derrenier de l'Ascen
fait les r?les du mistere
du beau pere
ces presentes
et certif fica
et nous rapportant
sion car ?n luy payant
cions de luy vous tiendrons quiete de ladicte somme sur ce que nous
Fait
en la fin de votre compte.
soubz
desdites
dev?s
reparacions
Tan mil iiic lxxvii.
noz seings manuels,
le xiiie jour de septembre
G?divel.
Albiat
consulz, Colas Riollet,
dudit Jehan Parcheron
Au dos :Re?u
Garnier,
par moy Anthoine
cy dedans
mil iiiic lxxvii. A. Garnier.
10. Pi?ce
16. S'ensuit
Guillaume
la somme
le xxiie
de dix
de
jour
solz tourn.
novembre
et travaulx
que
fa?on, poines
Touvraige,
a present a' fait par messieurs
demourant
et ce au fait de
la
et a leur requeste
menuz
aucuns
et
affaires de
autrement
que
sarurier,
Mercier,
de Montferrand
les consulz
Passion
Nostre-Seigneur
choses
ville. En
lesquelles
et
satisfait3.
estre
poi?
quierts
:
demande
Premi?rement
ladicte
[xv s] Pour
Nostre-Seigneur
[vii s vi d.].
mis
en ladicte
[iii s. iiii d.
ledit Mercier
desdiz
la fa?on et forlure des fers des troys
xx s.
du jour de ladite Passion.
cloz
consulz
de
re
la croix
trois cloz de fern qui furent
plus pour aultres
s. t.
le cruxificement,
pour ce
ampres
de fern qu'il
feist et
bendes
.]. Item plus pour deux
Item
croiz
1
: fournitures de bois de charpente et de madriers.
Fustalhe,
a Ce terme postalhe ? diff?rentes
reprises dans les archives de Montferrand.
para?t
t. II, p. 20, col. 1) pense
de Chardin
Teilhard
(Inv. des Arch, deMontferrand,
s'agit du pr?dicateur du car?me.
qu'il
8Nous
ne donnons ici que les parties du m?moire de G. Mercier qui int?
ressent la Passion. En marge de chaque article figure le prix rectifi? par les
consuls. A la fin de son m?moire, G. Mercier ?pour ce qu'il est homme pour fere
et aux consuls d'i celi e ? demande ? ?tre habill? ? la livr?e de la
plaisir ? la ville
ville. Son m?moire rectifi? le 29 octobre 1477, lui fut acquitt? le 19 d?cembre.
09:44:38 AM
342
NOTES
a fait au pilier
faulz pour ce
ont
len fit la
s.
ET
DOCUMENTS
elevaci?n
Nostre
Se
ign sur
les chau
livres de pouldre
de cola
[ s.] Item pour la fa?on de quatorze
a forny, pour ce xv s. t.
brunes et pour le charbon que ledit Mercyer
une
de vin aygre
qu'il
pinte
achapta
[vi d.] Item plus pour
viii
d.
dite
la
faire
pour
qui lui co?ta, pour ce
pouldre
s. vi d. .]. Item plus pour troys grans gof?es1 et deux talons
[vii
et de deux larrons
soubz les pi?s Nostre
de fern pour mettre
Seigneur
s.
pour ce
ce qu'il
audit Mercier
ramuer
failhoit
plus,
[N?ant].
s'en rompit
sa et la les colabrunes
pour et au nom desdits consulz,
tant pour
une et la faillut ref?aire et rendre enti?re a Jehan Eynard
2 d'icelle
xx s. t.
l'interestz
que pour la fa?on pour ce
(barr?).
ledit Mercier
tant
ausdits
consulz
demande
[xxti
s.]... Plus,
au service de la
son varlet
pour avoir vacqu?
pour luy que pour
et mistaires
ont
dans Enfer tant que ladite Passion
dicte Passion
le jour
de
ladicte
Passion
Item
pour
en
et
de sa personne
et pour ce fere se mist
grand
dangiers
out il y a mis
et vacqu?
de
tu? de colabrunes
beaucoup
et y tant vacqu?
le visaige
que les char
temps et se cuida gast?
ce iiii
1. t.
pour
pentiers
...
l'an iiiic lxxvii, ledit
samedi xixe jour de d?cembre
Aujourd'hui,
et par
a confess? avoir eu la somme de six livres dessusdite
Mercier
dur?
d'estre
Percheron
consul de ladite ville et pour les causes
somme ledit Mercier
lesdits
De laquelle
quiete
cy devant.
dits et sign? par le commande
les jour et an devant
Fait
consulz.
:Mayne.
S. vi 1. t. present
ment dudit Mercier
ay est?.
les mains
de Jehan
contenues
3.
11. FdsMonfterrandCG352,p.l7
et composi
des reparacions
nostre
collecteur
Percheron
Jehan
a Jehan
de la ville de Montferrant,
l'ann?e
cions
payez
presente
de Montferrant,
de Nostre-Dame
du chapitre
Gerelle,
secrestaing
la somme
Passion
ment
sonn? la
solz t. que luy devons a cause d'avoir
a la feste Seincte Croix darniere
le bien de terre jusques
en ce faisant et nous rappourtant
et de nostre ann?e,car
de soixante
pour
pass?e
et certificacions
ces presentes
Ix s. t. et a la fin de vostre
iiie jour de novebre
G?divel.
Colas Rioll?,
de luy, vous tiendrons
quiete
sur ce que nous deves.
compte
et sept. Albiat,
iiiic septante
l'an mil
desdits
Fait
le
consul,
1 Goffe : travail de serrurerie. Cf.
Godefroy : penne de serrure, d'apr?s un
mot gofetus, Ducange
cite un
compte des Cordeliers d'Orl?ans de 1544. Au
texte tir? du Tr?sor des Chartes de Turenne, rapport? par Baluze
(Hist, de la
Maison d'Auvergne) :quod dictus Johannes sinatus fuerat vestes sive verroilhs,
au mot goffon.
et
Compar. goffonCf. V. Gay, R?p. d'arch.
padenas
2 Cf. Fds gofetos.
Montferrand CC 344, pi?ce 1, f? 23 : ?... la somme de trente sols
tourn. qui leur ont est? bailh?s tant par Vinterests de la salade dudit Bastonier
la salade dudit Clamans... ?
qui3 estoit rote que pour eschiver de forbir
Cette pi?ce et la suivante n'int?ressent pas directement la repr?sentation.
Nous les donnons cependant parce qu'elles concernent les c?r?monies tradi
tionnelles en usage ? Montferrand ? l'occasion de la Passion.
09:44:38 AM
NOTES
ET
343
DOCUMENTS
12. CG 352 p. 18:
noustre
des reparacions
collecteur
Parcheron,
de la ville de Montferrant,
Tann?e
payes
presente
de soixante
de Nostre-Dame
de Montf errant la somme
Jehan
cions
et composi
a chappitre
solz tourn.
et sign? le temps pour
dict? la passion
que luy devons a cause d'avoir
a la feste Seinete-Croix
darnierement
le bien de terre jusques
pass?e
ces presentes
et de nostre ann?e, car en ce faisant et nous repourtant
ou des bailles
vous
dudit chappitre,
dudit chappitre
sur ce
lx solz et a la fin de vostre compte
quiete desdits
Tan mil ecce soixante
que nous dev?s. Fait le iiixe jour de novembre
et dix et sept. Albiat
consul, Colas Riollet.
consul, G?divel
et certification
tiendrons
13. CC 352, p. 19:
Jehan
Jehan
treze
deffait
les chaf?aulx
estoient
qu'ilz
nostre
Percheron
Corailh,
charpentiers
sols et quatre
deniers
pour
qu'ilz
chacun
? Jehan Giollet
et a
pay?s
de Montf errand, la somme de
a cause
tourn. que leur devons
d'avoir
iiii personnaiges
faits et pour
avoient
et nous
iii s. t. iiii d. t. ; car en les payant
collecteur,
de la ville
ou de Tun d'iceulx
ses presentes
d'eulx
et certiffications
rapportant
vous tiendrons
s. iiii d t. sur les repparacions
que
quiete desdits xiii
a nous. Fait
Tan mil
iiiic lxxvii.
devez
le viie jour de novembre
P. Albiat
consul.
consul, G?divel
de
a certifi? avoir eu et receu des consulz
Au dos :Ledit Giollet
dans nomm?s
ladite
somme
aussi
dedans
et par les mains
dudit Percheron,aussi
contenue
de xiiii s. iii d. t. dedans
contenuez.
xxiiiie
mercredi
Presens
jour de d?cembre
dedans
nomm?s
les causes
par
Jehan
le
Pierre
N?ant,
Beuf,
Tan mil ?iiie lxxvii. s. xiii s. iiii
d. Grivaud.
GG 352, p. 26:
et tesmoings
de moy, notaire,
la presence
femme de Jehan Eynard,
Jehanne
Demoles,
de la ville de Montferrand
re?eu des consulz
la somme de
Colas Riolet,
consulz,
ung desdits
14.
En
tourn.
aux
nomm?s,
cy desoubz
avoir eu et
confesse
et par les mains
de
six solz et huit den.
de asur pour mettre
de vante
raison et a cause
etc..
somme
les quiete
jur?,
promis,
\ de laquelle
clerc et par Bertrand
Ce par Anthoine
Champe.
Saigne,
en la court de
iiiic lxxvii. Octroy?
jour de may, mil
vi s. 8 d.
Gastery.
et ce pour
estandars
oblig?,etc...
le xie
Fait
Montferrand.
15. CC 352, p. 28:
de la
et Anthoine
Item ledit Jehan Fogeyre
tronpetes
Stargne,
la somme de xxv s. t. pour
consuls
tour ont certif fi? avoir eu desdits
en jouant
le
a mener
de leur mestier
de deux
leurs journ?es
jours
1 Cette
de la pi?ce n? 6
pi?ce est sans doute ? rapprocher
toine Chanesson, peintre).
(Paiement ? An
09:44:38 AM
344
ET
NOTES
de
mistere
la Resurrection.
DOCUMENTS
Fait
les
s. t.
plus
CC 352, p. 33.
nostre
Laluau,
16.
jour
et ans
comme
dessus,
a Guillaume
ou desduyes
payes
de quarante
cinq solz tourn. que
a cause de la vante de neuf livres podre de
seelpetre que
car en les
de luy pour jouer la Passion
et
achaptasmes
luy payant
ces presentes
et certifications
nous rapportant
de luy vous tiendrons
a la fin de vostre
desdits xlv s. t. sur ce que devez
compte.
quiete
le xxixe
soubs nos seings manuels
Fait
l'an mil
jour de d?cembre
Jehan
de Laygne
luy devons
sur ses tailles
collecteur,
la somme
G?divel
consul, Percheron
consul, Colas Riollet.
: Je certifie que ledit de Laygne
a est?
sur Jehan
assign?
a le payer ledit contenu
collecteur
le xxve jour de
dessusdit,
iiiic lxxvii.
Au
dos
Laluau
dit. Grivaud
l'an dessus
janvier
notaire.
17. CC 353, pi?ce 4:
tous
bachelier
homme
ceulx qui
es droitz
Jehan
Polart,
du
chambellan
Salut.
ces presentes
verront
et orront,
Jehan Loste,
canon
et civil et lieutenant
de noble
g?n?ral
escuier,
seigneur
sire et son
roy nostre
faisons que
de Chardenay,
et
conseillier
chastellain
de Montferrand,
se sont
date des presentes,
Savoir
aujourduy,
nous
et pr?sent?s,
Jehan Ta
par devant
comparus
judiciellement
Denis
lande, fornier 1, demandeur
pour soy, d'une part. Et maistre
en lettres de procuration
souf?isamment
fondee
Armand,
procureur
d'autre part.
def?endeurs,
pour les consulz del? ville de Montferrand
lesdites comparessances,
au
Faites
Denis Armand,
par ledit maistre
nom desdits
devoir
audit
deman
consulz, a est? cogneu et confess?
deur la somme de huit solz et quatre deniers tourn. et ce pour raison
et a cause
de
la vante
de certaine
d'aiz que ont eu dudit
quantit?
aux
chafaulx
emploier
pour
joer la
ainsi faite par devant
Veue
Passion.
confession
nous judi
lasqualle
au nom desdits
ciellement
consulz
par icellui procureur
def?endeurs,
avons
et condempnons
a payer au dit
par ces presentes
condempn?
demandeur
Jehan
Talande
iceulx
demandeur
aiz
ladite
entre ycy et la mycaresme
Si donnons
greffier et sergent.
tourn.
du
pour
somme
de huit
prouchain
en mandement
et quatre den.
et aux
despens
par ces mesmes
solz
venant
au premier sergent du roy nostre sire en ladite chastellenie
presentes
a la
sur ce requis
et instance
ces
dudit demandeur,
requeste
qu'il,
en ce que requiert a
a
mecte
deue
presentes,
exeeqution,
exeeqution
de point en point sellon leur forme et teneur. En
a ce
contraignant
faire et souffrir lesdits consulz def?endeurs
et expec
par prinse,vante
tation de leurs biens et par toutes voyes
et manieres
et rai
deues
car de ce faire donnons
sonables
audit
et
sergent
plain
pouvoir
et mandement
auctorit?
et commandons
a tous
especial. Mandons
1 Fournier
: celui qui tient le four communal.
09:44:38 AM
NOTES
ET
345
DOCUMENTS
a vous,
les justiciers,
du roy nostre sire qu'ils
officiers et subgets
en ce faisant, ob?issent.
a Montferrand,
soubz
le seel royal
Donn?
de la court de ladite chastellenie,
le samedi xiiiie
jour de f?vrier
l'an mil iiiic soixante dis-sept. Gastery.
18.
CC 353, p. 5.
arr?t rendu
le 2 mars
1478
(n. st.) par Antoine
Lancement,
en lois, lieutenant
de Jean Polard,
ch?telain
de Montferrand,
entre Girardin Pagenel
et Colas Riollet
et les consuls de Montferrand
?
Armand
Leur procureur...
par Denis
repr?sent?s
par ledit Colas
a est? cogneu et confess? devoir
Riolet
audit demandeur
la somme
de huit solz et quatre
deniers
tournois
de certaine
pour raison...
Autre
licenci?
aux chaf?aulx
de late pour
icelle late emploier
quantit?
?
au Mostier...
la Passion
qui fust johee derrenierement
pour
09:44:38 AM
joer
LE MS. 1674 DE LA BIBLIOTH?QUE
MUNICIPALE D'ORL?ANS
1938, la Biblioth?que municipale d'Orl?ans a fait l'ac
quisition d'un ms. qui avait figur? dans la collection de Sir
Thomas Philipps ? Cheltenham, sous le n? 9289, et avait ?t?
vendu ? Londres, en juin 1935 ; il est aujourd'hui catalogu?
sous le n? 1674.
En
Ce ms. a appartenu ? Germain Audebert, humaniste ori
ginaire d'Orl?ans, qui passa une partie de sa jeunesse en Ita
lie 1. Il contient une quantit? de po?mes latins, connus ou
in?dits, d'humanistes pour la plupart Orl?anais ou Italiens.
C'est un volume de 142 f?. de papier (les premiers pagin?s
de ? 1 ? 97), de 178 X 262 mm., avec une reliure en maroquin
fauve ? filets, portant au dos le titre : Poemata latina Ita
lorum
inedita
Voici
F0
de
; tranches
dor?es.
l'indication de son contenu :
couverture
: Germanus
Audebert.
: Phi
Au-dessous
lipps ms. 9289.
P. 1 :Lettre latine du Cardinal Pietro Bembo 2 ? Paul
pape,
pour
le remercier
de
l'avoir
nomm?
cardinal.
III,
Incipit
Petrus Bembus Paulo IIIo Pontifici Maximo S. P. D. Quod
me in amplissimum Romanae Reipublicae Cardinalium colle
gium...
P. 2 :Explicit :... Vale. Pridie Calendas ?prilis MDXXXVIII
Venetiis. In?dit.
1 Sur Germain
Audebert, po?te latin, n? ? Orl?ans en 1518, mort en 1598,
ds. Michaud,
cf. notice de Weiss,
Biographie universelle, nouvelle ?d., t. II,
pp. 399, col. 2 et 400, col. I ; l'auteur renvoie ? Gaucher de Sainte-Marthe,
? Trippault,
Gallorum doctrina i?lustrium... Elogia,
Celth?llisme, p. 35, au
Dictionnaire de Bayle, au P. Niceron, M?moires des hommes illustres, t.XXIV,
au ms. de Dom G?rou
d'Orl?ans), t. I, p. 400. Cf.
(auj. ? la Bibl. municipale
et Lapierre,
Les hommes illustres
aussi notice dans Brainne, D?barbouillier
de l'Orl?anais, Orl?ans, 1852, in-8?, 2 vol., t. I, p. 186 et ?mile Picot, Les
t.
153-8.
au
XVIe
italianisants
si?cle,
II, pp.
Fran?ais
2 Pietro
Bembo, cardinal
(1470-1547).
09:44:44 AM
ET
NOTES
347
DOCUMENTS
: Correspondance
en vers latins entre Bourdineau x,
Truchon2, Viart9, Groslot*, et Jean de Damp ierre5. ?p?tre
liminaire en prose : Burdineus, Viartius, Groslotius, Truchius
Dampetro S. D. Prandium tibi, Dampetre humanissime...
P.
...present?a
tua
accedere
condimentum
Vale.
potest.
P. 5 : Truchio, Burdineo, Viartio, Groslotio Dampetrus.
O
faustum
quater,
quater
beatam
felicemque sodalium quadrigam.
P. 46 : Explicit :
Dicite in Paean, et Jovis dicite Paean :
Dampetrum
nacta
est
nostra
quadriga
ducem.
Vers latins de Claude
inet ?.
Xenia Bineti ad Truchium.
Non, mihi sunt Rubro deprompte ex Aequore
Quae
vestrum
corpus,
Truchi,
animamque
gemmae...
beet.
In?dit.
P. 47 : Bineti
in mur em qui citharae chordas corrosemi.
Mus, nigrae noctis Stygiique proles.
1 Ce Bourdineau
sans doute, ? une famille de bourgeoisie
appartenait,
orl?anaise, touchant au clerg? et ? l'Universit?. Peut-?tre est-ce le Jean Bour
dineau qu'on trouvait pr?tre, puis ?colier ? Orl?ans, dans les minutes du no
taire Pierre Jogues. Nous avons analys? ces actes en 1939, aux Archives du
Loiret, ils ont p?ri dans l'incendie de 1940. Dans l'un de ces actes, du 12 juin
1540, honorable homme Fran?ois Bourdyneau, marchand bourgeois d'Orl?ans,
son fils, cur? de Saint
agit comme portant fort de ma?tre Jehan Bourdyneau
Germain d'Andeglou. Dans un autre, du 18 f?vrier 1541 (n. st.), lem?me Fran
?ois Bourdyneau, marchand bourgeois d'Orl?ans, confessait que d?s le mois
Jehan Bourdyneau,
de septembre pr?c?dent, il avait fait certains dons ?
son fils, ? escollier estudiant en l'Universit? d'Orl?ans... pour luy subvenir a
avoir ses vivres, livres et autres n?cessitez qui luy convient chaque jour... ?.
2
Truchon, humaniste Orl?anais, sur lequel nous n'avons pas d'autres ren
seignements.
3 Viart est
D?barbouil
;voir Brainne,
peut-?tre l'architecte de Louis XII
lier et Lapierre,
Livre cit., t. I, p. 1.
4 Sur
Groslot, Ibid., p. 183-187.
6 Jean de
Dampierre ou Jean Dampierre, po?te latin n? ? Blois, avocat ?
et
Blois
? Paris, entra dans les ordres et mourut vers 1550, aum?nier des reli
gieuses de la Madeleine pr?s d'Orl?ans. Cf. Michaud,
Biographie universelle,
t. X, p. 79, col. 2 et ?mile Picot, Les Fran?ais
italianisants...,t. II, p. 156. Nous
ne publions pas les po?sies in?dites de cet auteur, contenues dans le ms. 1674
de la Biblioth?que d'Orl?ans, ni les po?sies de Bourdineau, Truchon, Viart et
Groslot, qui sont en rapport avec les siennes, ? cause de leur ampleur exces
sive. Nous esp?rons en donner au moins la substance et des extraits dans un
article que nous consacrerons ? Jean de Dampierre.
6 Claude
Binet, l'ami et l'?diteur de Ronsarol, cf.Michaud, Livre cit?, t. IV,
Ronsard et l'humanisme, p. 234-7.
p. 548, col. I et Pierre de Nolhac,
09:44:44 AM
348
P. 48
ET
NOTES
DOCUMENTS
: Imp etat rap tum cerebrumque morsu
uno.
Devoret
In J. Joannis de Magdalena,
quondam praefecti monasterii
dicti oie la Charit?.
P. 49 : Qui jacet hic paucis non possum dicere lector,
In?dit.
Quid sit et in coelis experiamur ait.
In
Monasteria
eundem.
multa
multa,
terris
Terris nil ubi certum adimi astra
In?dit.
In
eundem.
Multis aedificando contigisse
P. 50
In?dit.
In coelis famulo domum parabat.
In
Est
eundem.
lis, qui aedif?cant parata
Terras,
astra
petens,
reliquit
In?dit.
In
ferme
istas.
eunden.
Vir saxo tegitur, viator, isto
Dignatur
Dominus
manere
coeli.
In?dit.
P. 51 : Ode latine du Cardinal Du Bellay sur la victoire de
C?r isoles :
Quis
dabit
nostrae
num?ros
Thaliae...
Juliodunensis Odarum libri III
(?d. dans Salmoni Macrini
Jo. ellaii Cardinal is
Matisconum.
adP. Castellanum pontificem
amplissimi poemata aliquot elegantissima ad eundem Matis
conum pontificem, Parisiis, ex officina Rob. Stephani typo
graphi regii, 1546, p. 130-2).
P. 52 : Explicit.
?
Vers latins de Jean de Damp ierre.
09:44:44 AM
ET
NOTES
in obitum Guielmi Lorii per Joannem Dampe
Querelae
trum
349
DOCUMENTS
O nos, o miseros (queruntur horti
nostri), o nos miseros (queruntur una
sic
vites),
cohors
queritur
et
omnium...
P. 53 : Explicit :
Ilii ne gravis ergo mortuo sis 1
Viventi levis usque que. fuisti.
In?dit.
?
Po?sies latines de Bembo :
Scyt? poet? Feltini epitaphium. pubi, dans Deliciae CC. poe
tarumItaliae... Ranutio Ghero collectore [Francfort], 1608, in-16,
t. I, p. 377.
Certaldi ph?osophi epitaphium, pubi. Ibid., p. 377-8.
Leonici epitaphium, pubi. Ibid., p. 378.
Caroli Bembi epitaphium, pubi. Ibid., p. 377.
P. 54 :Marci Antonii Gabriellis epitaphium, pubi. Ibid.
Telesillae epitaphium, pubi. Ibid., p. 378.
Catelli epitaphium, pubi. Ibid.
Fictum pro antiquo, pubi. Ibid.
Jacobi Synceri Sannazarii epitaphium, pubi. Ibid.
Canino inscriptum, pubi. Ibid., p. 374.
P. 55 : Pegasus equus paternum insigne, pubi. Ibid.
et humaniste
du math?maticien
Po?me
2.
Mondor?
Pierre
Montaurei.
P?tri
Hic ubi lenis Arar Rhodani torrentibus undis... publi? dans
C.
Deliciae
Gallorum...
Poetarum
collectore
Ghero
Ranutio
[Co
logne], 1609, in-18?. pp. 711-2. Dans lems., le po?me est suivi
de la date de composition : Lugduni, Xo Cal., octo. 1548.
P.
Scis
56
Epigramme
ab Hollando
quid
P. 57 : Epitaphium
Dime
Magdalenes
anonyme
Francus
Budaeus
Fratris Augustini
quondam
Multos
Qui
latine
inven?as,
patris,
amice
Erasmo...
6 vers.
Sevini, monasterii
Jo. Dampetro
author
lector,
gentes domuere, quique monstra
vicer?...
1 Cf.
. 5.
page 347,
2
cf. L?on Dorez,
Pierre Mondor?
(Petrus Montaureus),
l'Ecole fran?aise de Rome, t. XII,
1892, pp. 179-194.
ds. M?langes
09:44:44 AM
de
350
ET
NOTES
DOCUMENTS
In?dit.
Joannes
Germano
Dampetrus
Audeberto.
Te legisse meum asseris libellum...
In?dit
P. 59-92 : Epigrammes latines et po?sies en partie in?dites
de Th?odore de B?ze. Le travail d'identification et la biblio
graphie de ces vers ont ?t? enti?rement faits par M. Fernand
Aubert, biblioth?caire honoraire ? la Biblioth?que publique
et universitaire de Gen?ve. Un relev? d?taill? de celles qui sont
et l'?dition des in?dites seront donn?s dans cette
publi?es
revue
M.
par
et moi-m?me.
Aubert
: Po?me anonyme sur un ?chec de Charles-Quint
P. 93
movens
Conjurata
in Francos
Caesar
agmina
Carolus, oppiduli restitit ante fores...
Staret
Autre
adhuc
po?me
Dum
clausas
?galement
anonyme.
nuper
memor?sa
leporem
in mentem
Antique,
Carolus
mi
ante
per
rediere
fores.
sector
avia
faces...
similis victae praeda suprema jacet.
Transposition anonyme en hexam?tres de l'Ode II, 1, d'Ho
race Motum exMetello consule civicum :
Quum
Proelia qui tractas ex consule gesta Metello
Fol.
v?
47
: Metra
Dionaeo
fundas
leviora
sub
antro.
Fol. 48 :Po?me anonyme sur la retraitedeMichel de VHospital :
In secessum Mica?lis Hospitalis viri clarissimi,
Galliarum cancellarli, Al. M. Magistri Libellorum
re
gii
Unde
carmen.
hue
consilii
princeps
summique
senatus...
Fol. 49 : Ut videat gemini tranquillos Castoris ignes.
:
Epitaphe de Pierre de VEsto?le par J. de Dampierre
ad
I.
auctore.
Petri
Stallae
Aureliam,
Dampetro
Epitaphium
?
Isthoc
cum
voluit
niter?
in orbe...
Cf. supra, p. 347, note 5.
09:44:44 AM
ET
NOTES
351
DOCUMENTS
In?dit1.
?
Autre ?pitaphe de Pierre de VEstoille par le m?me :
tuas
fie
Aurelia,
Luge,
tenebras,
Nam Stella occidit ilia qua nitebas.
In?dit 2.
adress?
par J. de Damp
Quatrain
Vis Truchio
ascribi
culpam
quod
ierre
? Truchon
nobis...
scribere
In?dit 3.
?
Autre
ego
In?dit 4.
:Po?sie
49 v?
Fol.
pierre.
au
du m?me
quatrain
Invitavi
m?me
sed
unum...
te, Truchi,
latine
anonyme,
de J. de Dam
peut-?tre
In puellam capillos ad solem siccantem
Et
se solem
sol
lumin e soles...
converso
ambo
Constiterant
esse meum.
crederet
In?dit 5.
?
Deux
de
pi?ces
en
vers
bel
1mio
Stavasi'
italien
sol
al
sol
assiso...
et
Locar
gli abissi
sopra
i fondamenti...
Fol. 51 : Sylves, ?pigrammes, ?pitaphes, etc. latines de Th.
de
B?ze.
M?me
pour
les pages
remarque
que
la maladie
et convalescence
59-92.
Fol. 81 : Traduction en forme d'?l?gie latine du Cantique
de
la Royne
sur
du Roy,
de Cl?ment
Marot (?d. Guif?rey, t. V, pp. 112-5)
Fol. 82 : Traduction en vers latins de V?p?tre deMarot, De
Maguelonne ? son ami Pierre de Provence (?d. Guif?rey, t. V,
p.
5).
In?dits,
auteur
inconnu.
Fol. 84 : Po?me latin de Louis Aleaume (Lud. Aleaume) 6,
sur le duel de Jarnac et La Ch?taigneraie, pubi, dans les
Delitiae
C.
poet.
Gall.,
t.
I, p.
46.
Fol. 84 v? : Plusieurs po?sies latines de Bembo.
1 Cf.
supra, p. 347, note 5.
2 Cf. Ibid.
8 Cf. Ibid.
4 Cf. Ibid.
5 Cf. Ibid.
6 Louis Aleaume
(1525-1596).
09:44:44 AM
352
ET
NOTES
DOCUMENTS
embus de Galeso etMaximo pubi, dans Del. CC.
t. I, pp. 364-5.
Ital.,
poet.
Fol. 85 : Ad Lucretiam Borgiam, pubi. Ibid., pp. 354-5.
Fol. 85 v? : Ad Gallum amica, pubi. Ibid., pp. 355-8.
Fol. 87 : Ad Melinum, pubi. Ibid., p. 353.
Petrus
Fol. 87 : v? Ad Lygdamum, pubi. Ibid., pp. 358-9.
Fol. 90 :Julii Secundi Pontificatus Maximus, pubi, dans Car
mina
illustrium
quinqu?
Florentiae
poetarum...
apud
Lauren
tinum Torrentinum, 1552, p. 13.
Ad Sempronium a quo fuerat reprehensus quod materna lingua
scripserat, publi? dans Del. CC. poet. Ital., t. I, p. 365.
Fol. 90 v? : Ad Telesillam, pubi. Ibid., pp. 353-4.
in serpentis
Arm?la aurea Lucretie Borgie Ferrari? Ducis
effigiemformata, pubi. Ibid., p. 374.
Fol. 91 : Tranquilli Molossi1 ad Bernardum Bergontium mo
nomachia, pubi, dans Joannis Secundi Hagiensis basia et alia
quaedam, Lugduni, Seb. Gryphium, 1539, p. 35-36.
Fol. 98 : Fin de ce po?me.
?
Hieronymi Grolotii versus
tuos
Usque
p. 955.
99
Fol.
mea
: Po?me
mens.
Pubi,
anonyme
dans
Del
C.
poet.
Gall.,
t.
I,
Ad Cardinalem Farnesium Pauli III ex filio nepotem in
:
Galliam profectum. 1540. Mol.
Absentem nuper cum Delia fleret Alexim
100 : Augur?t et niveos florida sylva dies.
In?dit.
Po?mes de Bembo
Lege et arguti, Pallas, dum scripta Galesi...
Fol.
In?dit.
Astre? superas depopulatus
Po?me de Mario Molsa.
Ad Paulum III, Mo?se
Cingeret
1 Baldassare
aeternam
Molossi
Paulus
opes.
:
cum
moenibus
Urbem.
(1466-1528).
09:44:44 AM
NOTES
ET
353
DOCUMENTS
Fol. 100 v? : Tarn laetos orbi qui facis ire dies.
In?dit.
Po?me de Julius Camillus 1, d?di? ? Bembo, pubi, dans Del.
CC. poet. Ital., t. I, pp. 551-4.
Fol. 101 v? : Anonyme :De mortedementis VII. P. M. :
dementem eripuit nobis dementia fati
102 :Aeneadae et laetis solvite corda jocis.
Po?me de Lisisa Philaenus 2 :
Lisias Phil?nus Ach?i Bocchio :
Fol.
Quanquam
ego absens tandiu fuerim, nostre tarnen
103 : Inepte con tinere videntur. Vale cum amicis/
In?dit.
Anonyme :
Fol.
Immemor ingeniis hominum studiisque videndis
105 : Numinibus
Anonyme :D. M.
Fol.
Si
fata
venderent
sic stant immotis omnia fatis.
aut
permutarent
animas.
Hoc illi vivens monumentum collocat.
Po?me de Girolamo Fracastoro 3 ? Giberti, ?v?que de V?
rone 4, pubi, dans Del. CC. Poet. Ital, t. I, pp. 1098-1100.
Fol. 106 : Autre po?me du m?me au m?me, dont les pre
miers vers sont publi?s dans Hieronymi Fracastorii Veronensis
Opera omnia... ex tertiaeditione... Venetiis, apud Juntas, 1584?
fol. 213.
Autre po?me Ad eundem :
Hos
catulos
genus
audacum
de
stirpe
laronum...
Crescentem sobolem tu tibi s?nete lege.
In?dit.
Autre po?me du m?me au m?me, pubi. Ibid., fol. 213 v?,
1 Giulio Camillo
(1479-1550), professeur ? Bologne.
2 Nous
sur ce
n'avons aucun
8 Girolamo Fracastoro renseignement l'auteur po?te.
de la Syphilide
(1483-1553),
gallico.
4
Giovanni Matteo Giberti (1495-1553), ?v?que de V?rone.
swe de morbo
23
09:44:44 AM
354
ET
NOTES
Po?me de Franchini1
DOCUMENTS
Franchini Consentini.
O fons Gargafiae sucer
Fol. 107 : Usquam sede quiescam.
In?dit.
Po?me d'Andrea Alciati 2 :
Andre?? Alciati :
Si pro muneribus mittam tibimu?era,
dices
Pristina libertas reddita, Roma, tibi.
Extractum a registrisCuriae Romanae de mortedementis
tertii sequentis Pontificis.
Pape septimi et electionePauli
Fol. 108 : Po?mes de Marco-Antonio Flaminio 3 :
?
in Pana, pubi, dans Carmina quinqu? ?lustrium
additis
nonnullis M. Antonii Flaminii libellis nun
poetarum...
ante
quam
impressis, Florentiae, apud L. Torrentinum, 1552,
Hymnus
p.
99.
Fol.
108 v?
:Hymnus
in bonam valetudinem, pubi. Ibid.,
p. 104.
Hymnus inDian?m, pubi. Ibid., p. 105.
Fol- 109 :Hymnus in Auror?m, pubi. Ibid., p. 106.
De Corytii sacello, pubi. Ibid., p. 111.
Fol. 109 v? :
Abibo, sylvae, nam Gybertus accivit
Valete,
In?dit.
Formosa
sylvae,
jam
convalles.
valete,
sylva, vosque lucidi fontes, pubi.
Venisti
tandem,
Fol 110 : Expectans
In?dit.
Hieronimo
tandem
mea
sola
Ibid., p. 116.
voluptas,
una vel nocte puella senescit.
Frastorio
S.
1 Francesco
et de Populonia,
Franchini, de Cosente,
?v?que de Massa
mort en 1554.
2 Andrea Alciati
(1429-1550), le jurisconculte qui enseigna ? Bourges. Cf.
Jean Second, Les baisers et V?pithalame... trad, de Maurice Rat, t. II.
3 Marco Antonio Flaminio
(1498-1550).
09:44:44 AM
ET
NOTES
Frastori
355
DOCUMENTS
venerande,
anima
mihi
charior
ipsa.
111 : Carminibus, tabemque meo de corpore pelle.
In?dit.
Fol.
Po?me ? Stephanus Saulius 1, pubi. Ibid., p. 211.
Fol. 111 v? : Quid mirare tuo si r?gn?t corde Lycima.
Fol. 112 v? : Omnis amor longo vincitur obsequio.
In?dit.
Ergo
adeo
cep tum
Fol. 113 v? :Nescio,
In?dit.
mors
improba
cursum
sed tantum sentio quod pereo.
suo
De
peraget
et
Nigellae
amore.
Intonsi colles et densae in collibus umbrae
Dum
In?dit.
sedet in gremio cara Nigella meo.
Fol. 114 : Po?me in?dit de Buchanan 2.
Ad Briandum Vallium senatorem B?rdegalensem, pro laena.
Posse putet fieri quisquam, doctissime Valli
CC.
Fol.
117 : Si factum credas, ne vitium esse putes.
Fol.
117
Poet
v?
Ital.,
: Po?me
t.
d'Annibal
I, pp.
Cruceius
3, pubi,
dans
Del.
361-4.
Fol. 118 v? :Cruceii in nuptias.
Sancta maritalis qui credit vincula lecti
Fol.
119.
Cerberus
In?dit.
infaustum
tune
Hymenaeon
agit.
Po?me d'Andrea Alciati ? Jean Second 4.
Andreae Alciati ad Joannem Secundum.
Extremum si post tarn dulc?a basia finem
Quae
jam reeepit commoda.
1 Stefano
Sauli, d'une famille c?l?bre en Italie (cf. Moreri).
2
Buchanan
George
(1506-1582).
8 Annibal
della Croce, de Milan, mort en 1577.
* Sur la vie de Jean
Second, cf. ?dition Maurice Rat, Introduction,
09:44:44 AM
i-ix.
356
NOTES
ET
DOCUMENTS
In?dit.
d*Annibal Cruceius pour Jean Second, pubi, dans
Joannis Secundi Hagiensis
basia et alia quaedam, Lugduni,
Seb.
Gryphium, 1539, in-4?, 61 p., p. 60-61.
apud
Po?me de Hieronymus Montius ? Jean Second, signal?
Po?me
dans Jean Second,
uvres, ?d. Maurice Rat, Paris, Garnier,
n.
356.
1942, p. 271,
Fol. 120 : Po?me du m?me, au m?me.
Postquam putasti et supputasti rectius
Vos
aucta
inter
nunc
amor
concordia
In?dit.
Po?me de Jean Second, sur Charles-Quint et la
de Barbarie, publi? dans Joannis Secundi... Basia...
1539, p. 25.
Fol. 120 v? : Epitaphe de Thomas Morus,1, par
pubi. Ibid., pp. 25-26.
Fol. 121 : Po?sies de Lombartius Vitriacensis 2
campagne
Lugduni,
le m?me,
:
Lombartii Vitriacensis basiolum.
Julia Virgin eos inter non ultima flores
Fol.
121
v?
: Ludit
amatorem
blanda
suum.
colomba
Ejusdem.
Recenter
causam
nuptae
sit purpurei
quare
adfert
coloris.
Quod modo verna mihi nitido rosa purpurat ore
conjugis ille color.
Venit ab amplexu
Ejusdem.
Maritus contra causam adfert cur sit flacci.
Quod mihi ut informi facies tarn flaccida larva
Venit
ab amplexu
conjugis
ille color.
Pasquellus
Impubes nupsi egregio nunc fortior annis
Imminue
1 Saint Thomas
2 Nous
n'avons
More
aucun
aut
annos,
(1480-1535).
renseignement
aut
mihi
redde
virum
sur ce po?te.
09:44:44 AM
NOTES
ET
357
DOCUMENTS
In idem Lombardi Vitriacensis.
viro nupsi primis infantula taedis
Parva
Facque virum, aut cunis me modo redde meis.
Ces cinq po?mes sont in?dits.
Fol. 122 : Po?me de Bartholomaus Pratianus 1 sur le nau
frage de Charles-Quint.
Post delubra deum donis spoliata tyrannus
Fol.
122 v? : En primos belli motus
elementa dedere.
In?dit.
Quatre po?mes anonymes :
Gavia dum carpo geminis pugnantia
Si mora
suxissent haec mihi
linguis
labra animam.
Arcum leva gerit, celerem tua dextra sagittam.
Sed tu quae media est vulnera parte facis.
B.
quid agis ? nunquid pro verbis vina dedisti
Heu,
Quam merito doctis carminibusque tuis.
Ad Claram
Mane
mihi
Aurora
es,
sol
luce,
et nocte
Diana,
Clara mihi es, claris clarior una tribus.
Fol. 123 : Po?me de Salmon Macrin 2 :
Vestali incestae cum plena tumesceret alvus
In?dit.
Po?me
Precipitur nobis quo reticere loco.
anonyme
De maire Getula impudica, et?ia
juvene pudica.
Apta magis Veneri quamvis sit filia matre
Esse
timet matef filia matre magis.
1 Nous n'avons aucun
renseignement sur ce po?te.
J
Salmon Macrin, consid?r? au xvie si?cle, comme le plus grand des
po?tes '
n?o-latins de France. Cf. Le probl?me de l'incroyance au XVIe si?cle. La
religion
de Rabelais, par L. Febvre,
et
21
Jean
n.
e.
?d.
t.
M.
p.
Second,
Rat,
II,
09:44:44 AM
358
ET
NOTES
Epigramme
de
Germain
DOCUMENTS
avec
Audehert,
sa
traduction.
In Gelliam Audebertus.
Esse, Gellia, me putas spadonem,
Quod
te
et
tuos
concubitus
recuso
Ne me, Gellia, ne virum putato.
Traduction du pr?c?dent ?pigramme :
Quand je me le te veulx faire
Ne luy prouvois que je suis homme.
deux
derni?res pi?ces sont biff?es.)
(Ces
Fol. 123 v? : Ode de Michel de VHospital au Cardinal de
Tournon, pubi, dans Del. C, Poet. Galliae, t. II, pp. 9-16.
(Le po?me publi? est plus court que le manuscrit).
Fol. 127 : Po?mes d'Hadrianus Marius 1 :
Cimba amoris, publi?e ds. Poemata et effigies trium fratrum
Grudii Nie... Hadriani Marii
Nie,
Belgarum, Nicolai
Joannis Secundi Nie... accessit Luschi Antonii Vicentini Do
mus pudicitae etDominici Lampsii Brugensis Typus vitae hu
manae. Lugduni Batavorum, 1612, in-18, IIe partie, pp. 12-20.
Fol. 130 v? : Autre po?me pubi. Ibid., p. 3-5.
Fol. 131 v? : Autre po?me, pubi. Ibid., p. 1-2.
Fol. 132 : Autre po?me, pubi. Ibid., p. 2-3.
Fol.
Fol.
132 v? : Autre po?me.
Subdolus intentis amor ad me
133 : Prescidit
In?dit.
Po?me du m?me
forte sagittis
innocua haud passus abire fuga.
:De Laide anu} pubi. Ibid., p. 46, avec une
variante.
Quatre
autres distiques du m?me
vaccam
In
Myronis.
Aut bos aerata tota h?c circumdata pelle
Est foris, aut aes hoc intus habet animam.
In?dit.
In
Vacca
bovem hune
1 Fr?re de Jean
Second,
eandem.
ariens aut finxit ventre, Myronis
cf. ?d. M. Rat, p. 11
09:44:44 AM
ET
NOTES
non
Aut
In?dit.
Fol. 133 v?
Medee
sed
celarunt
statua
hec
taurus,
leo,
alter
ocellus,
pastor,
arator
pascit, arare jubet.
semblable est publi? Ibid., p. 48.)
p. 67.
p. 67.
:
inconnu
d'auteur
furit
Myronis.
vitulus,
Ardet, mugit, hiat,
In?dit. (Un distique presque
Autre distique pubi. Ibid.,
Autre distique pubi. Ibid.,
po?mes
ut
immaduit lachrymis.
vaccam
In
cernens
cerne
est,
In?dit.
Deux
manus.
eperere
: In statuam Mede?.
Alter maternis
Me
359
DOCUMENTS
"A
Pontifici summo fi?rent quum fu?era nuper
Ipse sibi vivo fu?era constituet.
"A
Testudo,
fui in sylvis, sum dura occisa securi ;
Dum vixi silui, mortua dulce cano.
Fol. 134 : Po?mes d'Antonius Thylesius 1.
Araneola, pubi, dans Del. CC. Poet. Ital, t. II, p. 1168-70.
Fol. 134 vo Sicindela, pubi. Ibid., p. 1170-71.
Viva
Fol.
135
v?
: Po?me
Nobilis
d'auteur
inconnu,
sur Orl?ans
urbe daret Gallis Aurelia
regnis
Fol. 138 :Nusquam vieta cades, nullus te leserit hostis.
Fol. 138 v? : Po?mes de Pietro Bembo :
Galatea,
?d.
ds.
Carmina
quinqu?
?lustrium
poetarum...,
Florentiae, 1552, p. 14.
Fol. 139 : Pastorum chorus, publi? ds. Del. CC. Poet. Ital.,
t. I, pp. 342-345.
Fol. 140 : Faunus ad Nymphas, publi? Ibid., p. 346-347.
Fol. 140: v?: Ad Faunum Daphnis, publi? Ibid.,]). 347.
Pallas ad Faunum, publi? ds. Carmina quinqu? ?lustrium
poetarum...,
Florentiae,
1552,
p.
17.
1 Antonius
Thylesius, auteur de po?sies latines publi?es
et Naples, Cf. Brunet, Manuel...,
t. V, col. 854.
? Rome,
09:44:44 AM
Venise
360
notes
et
documents
Thestyl?s ad Faunum,. publi? ds. Del. CC. Poet. Ital., t. I.
p. 347.
Fol. 141 : Faunus
ad Nympeum fluvium, publi? Ibid.,
pp. 345-346.
Fol. 141 v? :Macippi
et Alconis tumulus, publi? Ibid.,
pp. 352-353.
Fol. 142 : Politiani
tumulus, publi? Ibid., p. 375.
Bembi filii epitaphium, publi? Ibid., p. 379.
Christophori Longolii
epitaphium, publi? ds. Carmina
?lustrium
quinqu?
poetarum... Florentiae, 1552, p. 18.
Fol. 142 v? : Galli epitaphium, publi? ds. Del. CC. Poet.
Lacii
Ital, t. I, pp. 375-376.
Herculis Strossae epitaphium, publi? Ibid., p. 377.
Ph?ippi Beroaldi Minoris epitaphium, publi? Ibid., p. 377.
J. Boussard.
09:44:44 AM
GUIRAUD
TOULOUSAIN
AGRET, GRAVEUR
A l'image de la litt?rature et de l'humanisme toulousains,
l'art et le commerce du livre du xvie si?cle dans la grande cit?
du Languedoc jouissent d'une renomm?e en demi-teinte qui,
pour ?tre certaine, manque du rayonnement d'un grand nom.
Ils y conservent un caract?re local parce que Toulouse ?tait,
en ce domaine, vassale de Lyon et que les grands libraires
sur les bords de la Garonne des d?posi
taires qui concurren?aient lourdement les artisans de l'en
droit. Si Nicolas Vieillard tient ? Toulouse, toutes proportions
gard?es, le r?le d'un Claude Nourry ou d'un Barnab? Chaus
sard, Jacques Colomi?s ne peut se comparer ? S?bastien
Gryphe ou ? Guillaume Roville et Guyon de Boudeville n'est
qu'un Jean de Tournes au petit pied. Quant aux d?corateurs
de livres, ils sont rest?s inconnus. Il en existait un cependant :
rhodaniens avaient
le graveur Guiraud Agret.
C'est une entreprise sans ?gale en France que la r?daction
pendant cinq si?cles, de 1295 ? 1787, de ces fameuses Annales
manuscrites
de Toulouse,
qui
forment
douze
1. D'abord
volumes
?crites par des notaires ou des greffiersde laMaison commune,
puis par des collaborateurs occasionnels, ?tudiants de l'Uni
ou
versit?
2, ces
avocats
jeunes
chroniques
annuelles
furent
confi?es, de 1537 ? la fin du si?cle, ? des gens de lettres, des
professeurs
ou
des
avocats
au
?margeant
budget
municipal
au titre d'historiographes de la ville. Leurs noms pour la plu
part
ont
sombr?
dans
l'oubli,
mais
nous
relevons
cependant
parmi eux ceux de Guillaume de la Perri?re et de son gendre
Antoine Noguier.
Ce dernier, pauvre licenci? ?s droits, d?buta dans les lettres
en 1552 par un fortmauvais po?me intitul? YEr idographie qui
1 Sur ces
Annales, voir : Les douze livres de l'histoire de Toulouse, chroniques
municipales, mss. du xme au xvin6 si?cle, ?tude critique par E. Roschach.
Toulouse, 1887, in-8 de 338 p.
2 Parmi
lesquels Jean-Jacques de Mesmes, auteur de la chronique de 1511.
09:44:55 AM
362
ET
NOTES
DOCUMENTS
trouva cependant un admirateur puisque ce livre, dont le
l'un des plus rares du
seul m?rite est d'?tre aujourd'hui
xvie si?cle, fut ?dit? aux frais d'un toulousain nomm? Henri
Dugua1.
Puis
les capitoulslui
confi?rent
trois
pendant
ans con
s?cutifs, de 1556 ? 1558, les chroniques pr?cit?es ; il les r?digea
dans le style pompeux, p?dant et biscornu qui lui ?tait fami
lier et qu'il croyait sans doute, beau, noble, et convenable
pour une t?che si glorieuse. Mais, d?s 1555, il avait re?u des
?diles la commande d'une histoire g?n?rale de la ville. Les
archives
toulousaines
lui furent
ouvertes
et les travaux
qu'il
accomplit furent r?compens?s ? la fin de l'ann?e par une allo
cation de dix livres tournois 2. D?s janvier 1556, il toucha des
appointements mensuels ?quivalents. A fin mai, l'impression
du livre futmise en route ; la ville acheta pour 16 1. 10 s.
trente rames de papier ? l'apothicaire Gervais de Nohault 3,
fournisseur habituel des capitouls pour la cire, la confiture
et les drag?es 4 et un premier acompte de 10 1. fut vers? ?
Guyon Boudeville, imprimeur jur? de la ville et de l'Universit?,
pour d?but du travail. Les quatre compagnons de Boudeville
re?urent
chaque
samedi
1. t. ?
se partager
et
leur
patron
fut pay? jusqu'? la fin de l'ann?e par acomptes irr?guliers.
Les ?preuves furent corrig?es par ?tienne Sagrenat qui per?ut
5 1. t. par mois ? partir d'ao?t 5. Le 12 d?cembre, les capitouls
pay?rent de nouveau ? G. de Nohault 99 1. 18 s. 6 d. tournois
pour la fourniture du papier, plomb et ?tain qu'il a faite ?
Guyon Boudeville, imprimeur, pour l'impression du livre inti
1U Erido
graphie //contenant ??la Descriptio de Proc?s //Qui le nourrit, et que
fault il II auoir pour Veuiter. //Par Antoine Noguier Tohsain.
// Imprim? ?
Tolose par Guyon Boudeuille,
iur? ??de ladite Ville, & Vniuersit? d'icelle, //
aux despends de Henry Dugua,
du
//habitant dudit Tolose. //Auec Priuil?ge
Roy pour six ans. //M.D.LII.
// [1552], in-8 de 122 pp. et 1 f. d'errata, car.
?
ital. [Toulouse, R?s. D. xvi. 3, ex. Desbarreaux-Bernard.
Bibi. nat., R?s.
m. Ye 66]. La devise de l'auteur est Ne tropne peu. La d?dicace
? Etienne
Ma?tre des Requ?tes, est sign?e d'A. Noguier et de H. Dugua.
Poytier,
2Archives
CC 748 (Comptes de 1554-1555, p. 66).
8 ? Plus de municipales,
payer ? me Gervais de Nohault, marchant appoticaire de Thlse,
Irsomme de seize livres dix sols a luy ordonn?e pour vente de trente rames de
a Guyon Boudeville
papier bon blanc qu'il a baill? de nostre mandement
maitre imprimeur de Thlse a raison de onze sols chacune rame et ce pour im
primer le livre de l'Histoire tholozaine composee par me Anthoine Noguier,
licenci? et varlet... le 22 may ?. (Arch,mun., CC 750, pp. 36 et 37).
4 Ces
drag?es et confitures ?taient donn?es chaque ann?e par la ville ? cer
tains personnages la veille de No?l (Comptes de 1535-1536, CC 1150, p. 11).
5
Ibid., passim.
09:44:55 AM
NOTES
tul?
l'histoire
tolosaine...
ET
363
DOCUMENTS
?. Le m?me
jour,
?tienne
Sagrenat,
Boudeville et le peintre Servais Cornouaille re?urent chacun
5 livres d'?trennes, tandis que Noguier en touchait 10 en tant
que chroniqueur de la ville 1.Enfin, en janvier et f?vrier 1557,
les nouveaux capitouls rachet?rent 128 rames de papier pour
en
rames pour 27 1.10 s. t., vers?rent
8 s. t. puis 50 autres
ses compagnons
son correc
et
32 1. t. pour
l'imprimeur,
? a lui ordonn?e
somme
teur et allou?rent
30 1. t. ? l'auteur,
701.
core
pour se nourrir et alimenter ensemble sa famille en continuant
l'histoire tolozane par lui j? commenc?e ? 2. Et le livre parut,
probablement vers la fin de f?vrier 3.
C'est un beau volume, noble et a?r?, digne du temps qui l'a
vu na?tre, et dont la typographie fait honneur ? Guyon Bou
deville 4. Le texte est illustr? d'un dessin repr?sentant un por
tail romain du Ch?teau Narbonnais r?cemment d?moli et dont
Noguier voulait ainsi conserver le souvenir ? la post?rit?,
dessin grav? sur bois d'apr?s Servais Cornouaille, ainsi que le
dit l'auteur
lui-m?me 5. Chacun
des deux
titres est plac?
?
1Arch,
L'ann?e municipale commen?ait
mun., CC 749, pp. 49, 57 et 60.
? Toulouse ? la Sainte Luce (13 d?cembre), jour de l'entr?e en charge des nou
veaux Capitouls.
2Arch,
mun., CC. 753, pp. 58, 59, 69.
8
Histoire// tolosaine //par// Antoine Noguier //TolosainAueq
Priuilege du
roi/11556. //A Tolose, par G. Boudeuille
//Iur? de l'Vniuersit?. //
In-fol. de 8 ff.pr?lim. n. ch., 408 pp. mal ch. 368 ; 4 ff. pr?lim. n. ch., 133 pp.
et 1 f. [blanc ou privil?ge ? ]. 11 existe des ex. dat?s de 1569.
La premi?re partie contient les deux premiers livres et est pr?c?d?e d'une
d?dicace aux Capitouls de 1555-1556 dat?e de Tolose, la quatri?me Ide de
D?cembre 1556 [10 d?c.]; la seconde partie, avec une d?dicace aux Capitouls de
1556-1557 dat?e du 11 f?vrier 1557, contient le 3e livre et est pr?c?d?e du titre
particulier suivant : Tiers livre \\ de j JVhistoire // tolosaine // Par Antoine
//A Tolose, par G. Boudeuille
Noguier \\Tot?sain. //1557.
// Iur? de l'Vni
uersit?. // [Toulouse, 2 ex. ?
Bibi. nat., R?s. Lk7 9723]. ?
Ant. Noguier
n'avait peut-?tre compos? cette seconde d?dicace que pour obtenir 30 1. de
des nouveaux ?diles... Elle manque
? la plupart des exemplaires.
plus
4
Notons, au v? du premier titre, un int?ressant avis de l'imprimeur ? au lec
teur d?bonnaire ? dans lequel G. B. explique l'orthographe particuli?re qu'il a
ce volume.
adopt?e
5A lapour26. Et
p.
Noguier ?crit, p. 27, ? la suite de la description du portail
d?moli : ?Et t'asseure, Lecteur, que sans le scavoir et bon vouloir de M. Servais
Cornoaille
(qui ?t au reng des bons peintres de notre temps comme dou? des
grandes excellences qu'un peintre fameux doit avoir) la post?rit? eut ?t? d'une
si rare anciennet? d?pouill?e ?. D'autre part, le 22 septembre 1556, la ville
? a Cerve Cornalhe, mre
payait
painctre de Thlse, la somme de vingt deux soulz
et huit deniers pour avoir faict le pourtraict du portai qui soulloit ?tre au palays
pour iceluy agraver et lemettre a la suytte de l'histoire tholozaine. ? (Arch.
Mun., CC 750, p. 62). Le 8 ao?t, Ant. Noguier avait re?u 41.1. pour l'achat d'un
livre de parchemin et ? pour avoir faict tirer le pourtraict de la porte de la ville
09:44:55 AM
364
dans
ET
NOTES
un
tr?s
bel
DOCUMENTS
encadrement
avec
architectural
atlante,
cariatide, mascaron, blasons de France et de Toulouse, guir
lande de fruits,du plus pur style Henri IL Or, les comptes de
1555-1556 nous apprennent que la gravure de ce portail et de
ce frontispice est l' uvre de Guiraud Agret. En effet, le 15 sep
tembre 1556, la ville payait ? ? Guiraud Agret, painctre de
Thlse, la somme de une livre quatorze solz tournois pour avoir
engrav? une pi?ce de boys pour mettre ? la suytte de l'his
toire tholozaine ? et, en fin d'ann?e, le 12 d?cembre, ? la somme
de quatre livres t. pour la talheure de l'histoire tholozaine ? 1.
Qui ?tait ce peintre-graveur ? Les archives de Toulouse
restentmuettes ? son ?gard jusqu'au 28 ao?t 1556 o? son nom
appara?t ? l'occasion d'un payement de 5 sols tournois pour
? uvres d'armoiries
qu'il a faictes pour la ville ? 2. Mais ?
l'occasion des grandes d?corations pr?par?es ? Toulouse en
1564-1565 pour l'entr?e de Charles IX, les comptes du tr?so
riermentionnent ? plusieurs reprises un Jehan Agret qualifi?
de ma?tre-peintre, de tailleur l'histoires ou de tailleur d'i
:
mages
: Ordre
9 octobre
de 5 1. t. ? J. A. ? talheur
1564
de payement
en d?duction
de la besogne
fait de notre mande
d'istoires,
qu'il
ment pour l'entr?e du roi ?.
:Ordre de payement
17 octobre
de 4 ?cus sols t. a J. A. ? tailheur
d'histoires
pour
en boys ?.
23 d?cembre
Thlse
la
fait escousson
avoir
: Ordre
somme
[de]
des armes
de
de
5
et armoyries
? J. A.
payement
1. t. en d?duction
du
? mre
de
la
roy
talh?es
painctre
talheure
de
et
?.
la Reyne
et de monseigneur
d'Orl?ans
m?re
5 janvier 1564 [1565 n. s.] : Ordre de payement
de 30 1. t. ? J. A.
?mre
? en d?duction
de la Royne
de la besogne
du Roy,
painctre
et autres...
3.
m?re, de monsr d'Orl?ans
molles
17 f?vrier
1565.
de
A Me
talheur d'images,
pour deux
Agret,
1. 4 s. 4.
la somme del
? ; il de
?mre
de Thlse
painctre
? 10 d. pi?ce
la somme de 162 1. 2 s.
Jehan
journ?e
journ?es ? douze soulzpor
de J. A.
26 f?vrier. Supplique
mande
pour
3891
armoiries
de Thlse qui estoit au temps de Belletus ?. [Ibid., p. 52),? A propos de la d?
molition du Ch?teau Narbonnais,
voir la pr?cieuse ?tude de H. Graillot
sur Nicolas Bachelier (Bibl. m?ridionale, 2e s?rie, t.XIV, 1914).
1Arch.
Mun., CC 750, p. 61 et 81.
*Arch.
Mun., CC 750, p. 57.
? Arch.
Mun., CC 1201 (Pi?ces ? l'appui des comptes..., ff. 224, 218,193,188).
4 Arch.
Mun., CC 1209 (Comptes de l'entr?e de Charles IX, p. 125).
09:44:55 AM
NOTES
6 d. t. plus
le rappel
de 132
[Re?u 15Lie 27 f?vrier]1.
ET
365
DOCUMENTS
1. 2 s. 6 d. t. dont
il voudrait
?tre
pay?.
D'autre part, les comptes capitulaires de 1534 ? 1542 nous
le nom
r?v?lent
1535
de Gervais
? cartaire
: 2 1. 5 s. t. ? G. A.
: 2 1. 10 s. t. ? G. A.
1536
11 octobre
et ? cartaire
peintre
Agret,
de Thlse
pour
mettre
? :
la fa?on de 36 ?cussons
aux torches de la ville
en papier
des armes de la ville pour
du jour de la F?te-Dieu.
port?es ? la procession
13 ao?t 1537 : 61. 2 s. ? G. A. peintre et cartaire pour les peintures
en signe de d?fense
des armes de la ville mises
des onze ?cussons
faits de nouveau.
remparts
20 juillet 1538 : 2 1.1. ? G. A. cartaire.
de la ville
d'armoiries
6 juillet 1539 : 20 s. t. pour deux douzaines
aux cierges donn?s par ladite ville cette
en
peintes
papier attach?es
la
tant des arceaux
de l'?glise St Sernin qu'?
ann?e aux luminaires
aux
et Chapelle
S. Loys.
: 30 s. t. ? G. A. ma?tre
cartaire
pour 36 cartes
juin 1542
cette derni?re
le nom de Gervais
d'armes
de la ville.
[Dans
pi?ce,
le nom de Jehan, qui est biff?] 2.
surcharge
Daurade
19
Ces comptes r?p?tant avec une indiscutable nettet? les pr?
noms de Jean et de Gervais, il s'agit certainement de trois
personnages diff?rents.Guiraud et Jehan seraient-ils les deux
fils de Gervais ? 3Mais revenons au frontispice de YHistoire
tolosaine, grav? par Guiraud. Rien ne s'oppose ? ce que cet
artiste
en
soit
aussi
le dessinateur,
le fait d'?tre
en ar
peintre
moiries lui supposant l'habitude du dessin d'ornement pr?cis.
Remarquons cependant qu'il ne fut,pour le dessin du Ch?teau
Narbonnais,
que
l'interpr?te
de
Servais
Cornouaille
et
cette
diff?rencede prix pour les deux planches sugg?re deux explica
tions :Guiraud s'est fait payer pour le frontispice sa composi
tion et sa gravure alors que la gravure seule lui ?tait d?e pour le
?
1Arch. Mun. CC
Ces armoiries grav?es sur bois furent tir?es
1201, f. 253.
par Jacques Colomi?s (Ibid., f. 179, 215, 216) qui avait rachet? le 16 juillet 1562
? ex?cut? ? mort ? peu avant
pour 120 1. 10 s. l'imprimerie de G. Boudeville,
au moment des troubles religieux. G. B. ?tait protestant.
2 Arch.
Mun., CC 725, p. 28 ; CC 1150, p. 23 ; CC 726, p. 6 ; CC 727, p. 25
CC 728, p. 45 ;CC 729, p. 37 ;CC 730, p. 18 et 153.
8 Guiraud
Agret, qui n'a pas travaill? pour l'entr?e de Charles IX, aurait-il
disparu dans la r?pression des troubles protestants de 1562 ? Jehan aurait
ainsi b?n?fici? de ce tr?s important travail de 3891 armoiries repr?sentant
de Toulouse
la totalit? de la d?coration
pour
h?raldique
probablement
l'entr?e de Charles IX ?
09:44:55 AM
366
ET
NOTES
DOCUMENTS
portail, ou bien le travail du frontispice qui est, chose ?vidente?
beaucoup plus artistique, long et d?licat, justifie ce prix plus
?lev?.
Mais
Guiraud
semble
bien
n'avoir
?t? qu'un
artisan
gra
veur. Nous ne voyons pas qu'il ait jamais ?t? choisi pour
peindre les portraits traditionnels des capitouls en charge ou les
d?corations des b?timents municipaux comme S. Cornouaille
ou
le fut si souvent,
un
guelin,
? d?faut
de
Charles
un Bernard
comme
et tant
Pingault,
nous
la renomm?e,
ont
un
Nalot,
d'autres
conserv?
dont
Jean
Fa
les archives,
les noms.
D'apr?s ce frontispice plein de noblesse et d'aisance, Guiraud
Agret ?tait un bon graveur, au trait libre et d?cid?. Les
ombres, l?g?res, sont obtenues par quelques tailles franches
et espac?es qui n'emp?tent jamais un dessin ferme et ?lanc?.
Qualit? primordiale, cette planche d'une composition tr?s s?re
a du style ; c'est un frontispice que l'on n'oublie pas, pas plus
les
que
le portrait
encadrements,
d?rations des Quatre Mondes
de
la Perri?re,
Guiraud
que
nous
et
les vignettes
et de laMorosophie
n'h?sitons
pas
des
Consi
de Guillaume
? attribuer
au m?me
Agret.
Les Consid?rations des Quatre Mondes
furent publi?es ?
Lyon et ? Toulouse en 1552, mais imprim?es ? Lyon par Mac?
Bonhomme, l'une des c?l?brit?s de l'art du livre de la Renais
sance
est
1. Ce
illustr?
encadr?es
recueil
d'un
de
de
cents quatrains
d?nu?s
de po?sie
et toutes
sont
les pages
portrait
montants
de
douze
de
form?es
paires
quatre
admirable
bordures
1Les
?I consid?rations 11 des qvatre mondes //? sauoir est: //Divin, //An
en quatre Centuries de qua
geliqve, //Celeste, & //Sensible : //Comprimes
trains, Il Contenans la Cresme de Diuine
// & humaine Philosophie. //Par
Gvillavmede la Perri?re Tolosan. //Redime me a calumnijs hominum. // [Mar
que 2 de Mac? Bonhomme], //A Lyon, Par Mac? Bonhomme. //1552. //Auec
: ] Im
priuilege pour dix ans.// [Au verso du dernier f., dans un cartouche
prime //par Mace Bonhomme //A Lyon.// In-8 de 118 f?.n. ch. les deux
derniers blancs, sign. A-O8, P6.
et Jean
Au v? du titre, privil?ge du 11 ao?t 1551 accord? ? Jean Moulnier
suivi de cette mention : Par le consentem?t
Perrin, libraires de Toulouse,
et accord des susdictz impetrane ont este acheuees d'imprimer ces presentes conside
rations ? Lyon par Mac? Bonhomme ce 4 novembre 1552.
Le portrait de l'auteur est au f.A2 v? ; au f.B3 v?, sonnet d'Antoine Noguier
sign? Ne trop ne peu. Les exemplaires destin?s ? ?tre vendus ? Toulouse portent
comme adresse :A Lyon par Mac? Bonhomme A Toulouse chez Jean Moulnier
? M. Bonhomme a eu la moiti? de l'?dition et les deux
[ou Jean Perrin] 1552.
libraires toulousains chacun un quart.
? Rouen. ?
? Arsenal. ? Br.
Ste Gene
Museum, C. 8. c. 11.
Aix, M?janes.
vi?ve, etc..
09:44:55 AM
ET
NOTES
avec
s'alliant
douze
367
DOCUMENTS
et autant
inf?rieurs
bandeaux
de bandeaux
sup?rieurs. Deux de ces bandeaux portent les initiales I M
et I qui sont celles de Jean Moulnier et Jean Perrin ;un troi
si?me est dat? de 1551.
Le portrait est celui de La Perri?re ? cinquante-deux ans ;
il est repr?sent? ? mi-corps, debout, coiff? d'un bonnet carr?
et
une
tenant
dont
balance
sont
les plateaux
d'une
charg?s
marotte et d'un livre qui s'?quilibrentx. De toute ?vidence, La
est
Perri?re
de
frappant
; ces
ressemblance
gros
a?x
yeux
lourdes paupi?res d'un homme vieillissant, ce long nez busqu?,
ces
un
?paules
larges
fran?ais
portraits
Il est
celui-ci.
au
grav?s
ex?cut?
ne
tass?es,
peu
xvie
? longs
s'inventent
si?cle
traits
sont
vivants
assur?s
purs,
de
Peu
pas.
aussi
mais
que
l?gers,
d'une ferme et libre souplesse et cette ?conomie dans le dessin
n'emp?che pas un relief obtenu par des ombres claires et fort
simples qui paraissent spontan?es et rapides. Cet art se situe
ainsi entre la gravure souvent charg?e des lyonnais et le dessin
presque lin?aire des parisiens.
Les
sont
encadrements
tecturaux
et
et d'atlantes,
leur
de
de
trois
est
ornementation
balustres
sortes.
uns
Les
de
corinthiennes,
sont
de
compos?e
archi
cariatides
frontons
avec
fi
gures humaines ou t?tes d'animaux, de lambrequins charg?s de
fruits
ou
sance
enjoliv?s
du
celui
sont
d?les
dessins
autour
ordonn?s
l'italienne.
YHistoire
de
frontispice
sur
faits d'entrelacs
de
reliures
et
d'?cussons
de mascarons
du m?me
de
tolosaine.
fond
temps
motifs
azur?,
Renais
style est
mo
autres
leur
Bref,
Huit
dans
le go?t
des
offre une origi
; l'ensemble
nalit? certaine. Enfin, les huit derni?res vari?t?s pr?sentent des
arabesques
loin?
position
Ce
filigran?es
en noir
fond
blanc,
rappelant
les admirables motifs de Bernard Salomon
est assez
portrait
et
le m?me
Mac?
?-
de
; leur com
en est
l'ex?cution
simple, mais
parfaite.
ces encadrements
l'ann?e
reparaissent
vante dans laMorosophie
par
sur
sui
imprim?e dans lesm?mes conditions
Bonhomme
2. Mais
ce nouveau
recueil
pos
?
1
On trouve l'explica
Reproduit dans le Cat. J. de Rothschild, V, p. 109.
tion de ce symbole dans ce quatrain de laMorosophie, o? l'on retrouve ce por
trait : Comme chacun sait par usage /Que n'est si bon vin qui n'ait lye. /?ussi
n'est il homme si sage /Qu'il n'ait contrepois de folie.
2 La
?IMorosophie
??de Guillaume de la H Perri?re To- // losain, ?? Con
09:44:55 AM
368
ET
NOTES
DOCUMENTS
s?de en plus un encadrement de titre, une figure all?gorique du
Temps et cent vignettes rectangulaires en hauteur plac?es ?
des
l'int?rieur
au
architecturaux
encadrements
chaque feuillet pour faire face aux quatrains
imprim?s au recto du feuillet suivant1.
On
retrouve
adroitement
dans
conjugu?s
verso
de
correspondants
l'encadrement
du
titre la plupart des ?l?ments des bordures architecturales et
on peut signaler en passant le go?t de l'artiste pour lesmotifs
de fruits. Sa construction est bien adapt?e au formatmoyen de
la page et l'ensemble reste clair et l?ger. Il s'agit l? de composi
tions bien moins savantes que celles des ma?tres lyonnais et,
du moins d'apr?s son interpr?tation grav?e, le dessin reste
assez
de
entach?
fruste,
quelques
archa?smes
qui
proviennent
sans doute d'une technique insuffisante de ce travail du bois,
dont
souffrent
?galement
des
quelques-unes
bordures.
Le f. B3 v? est occup? par la figure all?gorique du Temps
repr?sent? sous forme d'un faune ail? ? trois t?tes et six bras,
tenant
une
palme
et une
couronne
et
foulant
ses
pieds
la
faux traditionnelle 2.
Enfin, les cent vignettes constituent l'une des plus jolies
suites embl?matiques d'un si?cle qui eut un go?t si vif pour
cette
forme
sentencieuse
d'art
et de
po?sie.
L'embl?me
? l'?tat
pur n'est souvent repr?sent? chez Alciat ou Th?odore de B?ze
que par un simple objet, mais les vignettes de laMorosophie
offrentplus de pittoresque. Presque toujours les humains s'y
meuvent
dans
ou devant
leurs maisons
ou
leurs
palais,
au mi
tenant Cent Embl?mes //moraux, illustrez de Cent //Tetrastiques Latins, re //
duitz en autant de Qua- // trains Fran?oys. //A Lyon, //Par Mac? Bon
homme. // 1553. //Auec Priuilege pour dix ans. // [F. 113 v?] Imprim? ?
: //
Lyon par //Mac? Bonhomme
In-8 de 114 f?.n. ch. le dernier blanc, sign. A-O8, P2. Le privil?ge est lem?me
que celui des Consid?rations ; il est suivi de :Par le consentement, & accord des
? Lyon par Mac? Bon
susditz impetrans ha est? acheu?e la presenteMorosophie
homme, ce 12 Feurier. 1553.
?
? Br.
Bibl. nat., R?s. p. Yc 1672.
Toulouse, R?s. D. xvi. 96.
Mus., 637.
?
Cat. J. de Rothschild, V, 3328, etc.,
d. 7 et 98 a. 28.?
Coll. Dutuit, 316.
etc..
1 Le titre et la
vignette 20 sont reproduits par Baudrier, Bibl. lyonnaise, X,
pp. 236-237.
2
L'all?gorie est expliqu?e par ce quatrain de Bernard du Poey du Luc ? G. de
la Perri?re, en face de la vignette : Le temps pass? t'est d'honneur rede
vable, / Ia?oyt qu'il t'a de gloire environn? : /Mais au pr?sent tu es tant
admirable, /Que du futur faut que soys coronn?.
09:44:55 AM
ET
NOTES
359
DOCUMENTS
lieu des campagnes, dans des jardins ou sur lamer. L'une des
vignettes les plus r?ellement embl?matiques est ici un portrait
peu
connu
mais
curieux
et tr?s
ressemblant
de La
Per
ri?re ;notre toulousain y est repr?sent? de face et de sa bouche
jaillit
l'arbre
sance
et nous
de
sagesse
dans
enracin?
son
ur, que
Baude
laire dirait mis ? nu1. Que dire du dessin et de la gravure sinon
qu'ils offrent les m?mes caract?res de nettet?, de l?g?ret?,
d'?conomie et d'imperfection d?j? signal?s ? Ces bois tout
blonds suivent fid?lement les canons artistiques de la Renais
retrouvons
les personnages
tr?s
?lanc?s
d?me
sur?ment parfois, comme chez Bernard Salomon,
les paysages
de convention, la mer moutonneuse ? souhait et les nacelles en
coquille ?videmment impropres ? toute navigation s?rieuse.
Le genre noble voisine avec les sc?nes famili?res qui sont ici
charmantes et sinc?res tandis qu'une figure de danse des morts
rappelle discr?tement cet art si populaire.
un
Enfin,
autre
fort peu
portrait,
connu,
s'apparente
de
tr?s
pr?s ? celui de La Perri?re. C'est celui de Bernard du Poey de
Luc,
po?te
et professeur
au
coll?ge
d'Auch,
que
nous
avons
vu
plus haut c?l?brer l'auteur de laMorosophie
son ami, et qui est
notamment
Carmen,
l'auteur
du De
Collegio
Auscitano
rarissime
plaquette imprim?e par Guyon Boudeville en 1551 et orn?e du
portrait en question 2. Du Poey y est repr?sent? ? mi-corps,
dans une niche analogue ? celle qui sert de fond au portrait de
laMorosophie. Au sommet s'inscrit l'?ge du po?te : vingt-deux
ans.
Les
yeux
timidement
baiss?s,
l'air modeste
et, disons-le,
assez niais, Du Poey tient un rouleau de papier de la main
droite
et, de
l'autre,
un
rameau
d'olivier.
La
?mise
en page
du sujet est identique dans ces deux portraits et le style de la
gravure, sans ?tre tout ? fait ?gal en perfection, s'identifie avec
celui des bois ?tudi?s ci-dessus.
1 F.
O5 v?, fig. 97. Le quatrain correspondant explique :Regarde et voy, que
l'arbre de sagesse / (Duquel convient que l'homme soit instruit) /Prend sa ra
cine au c ur, et tant se dresse /Que par la bouche il fait sortir le fruit.
2 De
I collegio Auscitano /Bernardi Podij Lucensis Carmen ad /Posteritor
Bou
tem, I Eiusdem aliquot epigrammata. / Tolosae, /Ex officina Guidonis
deuill i /Academise Typographi.
/ 1551. / , In-8 de 36 ?\ n. ch. sign, a-i4,
?
car. ital.
21629 ; un autre ex. appartint ? l'abb? L. Couture,
Mazarine,
?
Ce sont les deux seuls ex. connus ;
d'Auch, mais il a disparu depuis sa mort.
le portrait est reproduit dans L. Benetrix
Les origines du coll?ge d'Auch
[Paris, 1908, in-8], p. 119.
24
09:44:55 AM
370
ET
NOTES
DOCUMENTS
Mais une chose est s?re : le graveur de tous ces bois est
l'artiste qui fit cinq ans plus tard l'encadrement du titre de
YHistoire tolosaine. C'est donc Guiraud Agret.
1 avaient
D?j? Baudrier et M. Robert Brun
remarqu? que
les d?corations et illustrations des livres de La Perri?re
n'?taient pas d'origine lyonnaise. De plus, les privil?ges men
avec
tionnent
inaccoutum?e
pr?cision
et
consentement
le
par
une
que
Mac?
Bon
imprim? les Consid?rations et laMorosophie
homme n'a
l'accord
des
deux
que
toulou
libraires
sains qui se r?serv?rent la moiti? des ?ditions et dont les ini
tiales
sur deux
figurent
pri?t?.
Cela
comme
bandeaux
? dire,
revient
pensons-nous,
une marque
que
Mac?
de pro
Bonhomme
fut choisi par La Perri?re lui-m?me et que l'illustration lui fut
enti?rement
de
fournie
lyonnais
son fonds
l'imprimeur
trouver
dans
en faire graver
faute
Toulouse,
les
encadrements
d'ailleurs,
quoi,
embarrass?
G.
de La
pour
ou
n?cessaires
2. Pourquoi
d'originaux
de
?t? nullement
n'aurait
Perri?re
pour
tenait
il tant ? faire imprimer ? Lyon des livres qu'il aurait pu confier
sur place ? d'excellents artisans tels que Guyon Boudeville
ou
Jacques
? Nous
Colomi?s
n'en
savons
rien mais
peut-?tre
n'?tait-il s?duit que par des possibilit?s de vente beaucoup plus
importantes
en
et, quoiqu'il
soit,
il faut
remarquer
que
la pro
toulousaine des livres illustr?s ?tait nulle depuis
ans,
vingt
depuis la publication en 1534 par Jacques Colomi?s
duction
des
Controverses
Pont
de
Drusac,
des
sexes
dont
masculin
l'illustration
et
de Gratien
f?minin,
est d'ailleurs
rest?e
du
ina
chev?e.
Mais
si nous
avons
pu montrer
que
Guiraud
Agret
est
le
1
Bibi. lyonnaise, X, pp. 190-191. ?
R. Brun, Le livre illustr?
Baudrier,
en France au xvie s., pp. 124 et 245. ? Mais Baudrier ?crivait cependant que
les vignettes de laMorosophie
?taient probablement l' uvre d'un dessinateur
lyonnais.
2
que Mac? Bonhomme n'a jamais rendu ces encadrements. En
Remarquons
1560, il r??dita lePegme, de Pierre Cousteau, avec un m?lange des bordures de
l'?dition de 1555 et de celles de G. Agret,en prenant soin d'?chopper les initiales
I M et I
des anciens propr?taires. Mais quand il imprima en 1555 leMiroir
politique,du m?me La Perri?re qui n'aimait d?cid?ment pas les typographes tou
lousains, il prit bien soin de faire sp?cifier dans le privil?ge qu'il s'?tait ? mis
en frais et despence pour faire tailler figures et histoires respondantes ? la
vari?t? de lamati?re y comprise ?. Ces figures sont, d'apr?s Baudrier, de Georges
; elles diff?rent du tout au tout de celles de laMorosophie
[Baudrier,
Reverdy
X, pp. 243-244 .fac-simil?].
09:44:55 AM
NOTES
ET
371
DOCUMENTS
graveur des Consid?rations, de laMorosophie,
Auscitano
assurer
cise
en
qu'il
aurait
preuve,
et de
Carmen
?t?
Guiraud
soit
YHistoire
tolosaine,
le dessinateur.
la bienvenue...
Agret
ne
clu De
collegio
rien ne peut
nous
Une
pi?ce
si, comme
Et
fut que
d'archives
graveur,
le
je
c'est
vers
crois
pr?
sans
le milieu
des artistes attitr?s des Capitouls qu'il faudrait s'orienter. La
Perri?re a r?dig? plusieurs Annales de 1539 ? 1553 et son
Miroir politique est un travail qui lui fut command? et pay?
par la ville 1. Il futm?me log? par les soins des capitouls 2.
Antoine Noguier, qui devint son gendre en ao?t 1564, ?tait,
comme
on
l'a vu,
un
personnage
non
moins
officiel.
De
m?me
que La Perri?re avait fourni des devises en 1535 pour les arcs
de triomphe au moment de l'entr?e d'Henri d'Albret et de
Marguerite de Navarre 3,Noguier fut charg? du m?me travail
lors de l'entr?e de Charles IX en 1565 4. Tous deux ?taient
donc en rapport avec les peintres ? qui la ville demandait
chaque ann?e les portraits des capitouls en charge pour en
orner le livre des Annales ou les salles de l'h?tel de ville ou
bien, ? l'occasion des entr?es royales ou princi?res, lesmotifs
d?coratifs des arcs de triomphe. Il n'y aurait donc rien de
surprenant
qu'un
Servais
Comouaille
5, un Bernard
Nalot,
un
1Arch.
Mun., CC 743, p. 48 : Plus ay pay? ? me Guilhaume de La Perri?re
licen. ez droictz la somme de trente ecus sol vailhant soixante neuf livres ?
luy
tauxee pour ses peynes et travaulx par luy prinses et expouzees pour auoir
faict et compouse le livre intitule lemirouel politique... [25mai
1553].
2
Ibid., CC 743, p. 49 : Plus ay paie a noble Durand Ydriard bourgeois de
Thlse la somme de quarante cinq livres t. dues pour reste de fin de
paie d'une
maison que le sindic de la ville luy a prinse qu'est a la rue de villeneufve
pour
bailler habitation a me Guille La terriere licen. es droictz au lieu du
college de
St Maturin a ce comprins trente livres pour le louaige d'une ann?e et demie...
?
La rue de Villeneuve, longeant le Capitole, est
la
[9 juin 1553].
aujourd'hui
rue Lafayette.
3 E.
RoscHACH, Un voyage princier en 1535 (M?moires de l'Acad. des Sc.,
et Belles-Lettres de Toulouse, 1902, pp. 54 et
Inscript,
suivantes).
4Arch.
Mun., CC 1201 [Pi?ces ? l'appui des comptes de l'Entr?e de Charles
f?.
213
curieuses
192,
IX],
(deux
suppliques autographes).
5Dans le
Th??tre des bons engins [Lyon, J. de Tournes, 1545, in-16], autre
recueil embl?matique de La Perri?re, souvent r?imprim?
depuis 1539 ? Paris
puis ? Lyon, l'auteur d?clare dans sa d?dicace ? Marguerite de Navarre ? avoir
bien employ? et colloqu? les bonnes heures ? l'invention et illustration de ces
embl?mes ?.Mais ce terme d'illustration n'avait pas le sens que nous lui attri
buons aujourd'hui et signifiait plut?t recherche de
perfection. M. R. Brun re
marque que ces cent vignettes sont ? d'une facture tr?s particuli?re et n'ont
pas l'?lancement des figures de l'?cole lyonnaise ; leur taille est sobre et expres
sive ?. Peut-?tre auraient-elles aussi ?t? grav?es ? Toulouse ?
09:44:55 AM
372
notes
et
documents
Ferret, un Martin Le Goys, un Aim? Maupin, un
Jean Faguelin, soit l'artiste que nous cherchons ? identifier.
Et un nouveau point de l'histoire artistique de Toulouse se
rait ainsi d?finitivement ?clairci, pour la plus grande gloire
de saint Luc, ?patron de toute pourtraicture ?.
Antoine
Jacques
M?gret.
09:44:55 AM
TABLEAU DE LA TRAG?DIE FRAN?AISE
DE
1573 A 1610
Dans mon histoire des d?buts de la trag?die religieuse, j'ai
publi? un tableau chronologique qui embrassait les impres
sions et les repr?sentations des trag?dies fran?aises de 1500
? 1573. En le compl?tant jusqu'? l'ann?e 1610, date ? laquelle
commence VHistory of french dramatic Literature de
Henry
Carrington Lancaster, je pense faciliter l'?tude d'une p?riode
peu connue de notre vie dramatique. Je laisserai de c?t? les
? trag?dies ? qui ne sont tir?es ni de
l'histoire, ni du roman
(par exemple, les ? trag?dies ? ? personnages all?goriques, celle
de Fran?ois S p?ra, etc.), et je mentionnerai en caract?res
gras les traductions de trag?dies anciennes et en italiques les
trag?dies ? sujet religieux.
composition
representation
impression
Entre
1572 et 1584, 1572-73, G. de Parthenay
Cath. de Parthenay : Holoferne
(La Rochelle)
fr.
? plusieurs trag?dies
:
Chateauvieux
1573, Jean de La Taille:
?
Jac
Gab?onites,
:
ques de La Taille
Alexandre, Daire,
A. de Ba?f :Antigon?i
Alaigre.
Entre 1573 et 1584, De|
et prologue
d'H?l?ne,]
?
Gerland : Montgou
R. Garnier :Hip
mery.
polyte.
:N?ron
1574, Saint-Pol
(C, 1574, Jodelle : Cl?o
? Gar
du Plessis).
p?tre, Didon,
: nier : Corn?iie.
Vers 1574 (?), Jean M?ot
trag?diesf r. (C. du Mans),
:Co-|
1575, Kanut roi de Da-j
1575, Chantelouve
nemark.
ligny.
Entre
1575 et 1584,
:
N.
de Montreux
Hannibal,
Gamma,
Isabelle, Fleurdelys,|
none.
Paris et
09:45:00 AM
NOTES
374
COMPOSITION
ET
DOCUMENTS
REPRESENTATION
Entre 1576 et 1584, Fr. 1576, Hippolyte
B?roalde de Verville : Maixent) .
deux trag?dies fran
(Saint
1576, Chantelouve
? Le Jars
Pharaon,
Lucelle.
?aises.
Avant 1577, Adr. d'Am
boise :Holoferne, ?
:
Jacques Simonaut
M?d?e.
Avant 1579, G. Le Bre 1578, Marc Antoine et Cl?o-i 1578, Garnier : Marc]
?
ton : Didon, Tullie,
Antoine.
p?tre (Saint-Maixent),
Charit?.
trag?die (ib.).
:
Le
Breton
1578-79,
Adonis)
.C de Boncourt).
: La!
Avant 1580, Cl. de Pon 1579, Cl?op?tre
(Champ? 1579, Garnier
?
? Le
toux :deux trag?dies
Flac? : Elips
Breton:]
gny),
de| Troade, ?
fr.
Adonis,
Salbery (Le Mans).
Pomp?e
:
1580, Trag?dies
(Saint-Mai 1580, Garnier
Anti-|
?
?
Jules C?sar]
A. d'Am
gone,
xent), ?
Fr. du Duc
boise :H Oloferne,
(ib.),
?[
: Trag?die.,
Histoire tragique de la Pu
Lecoq
celle (Plombi?res).
du meurtre commisi
par Ca?n.
: le jeune 1581, Fr. du Duc :His
1581, Montreux
?
toire tragique de la
Cha
Cyrus (Poitiers),
teauvieux :Rom?o et Ju
Pucelle.
?
liette
(Neufch?tel),
Adonis,
Polydore, Cha
le furieux!
rite, Roland
(Saint-Maixent).
Avant ao?t 1582, G. du
Jodelle : Cl?o
[Avant 1582,
?
Guersens
Tronchay projette un]
p?tre,
(?)
Clotaire.
Panth?e.
: R?
Avant 1584, R. Brisset : 1582, trag?die (Basoche de 1582, Beaubrueil
?
?
gulus,
Thyeste,
Paris),
Heyns :Holo
Boussy :
Androma-j
?
che (?), Baptiste,
La
ferne (Anvers).
M?l?agre,
Des Caurres : David\
Grange : Didon.
combattant
Goliath,
?
: Estherl 1583, Garnier
: les]
Flac? : plusieurs 1583, Matthieu
?
?
J.
de La
Juives.
trag, fr.,
(Verceil),
Cl?andre|
: plusieurs
Jess?e
(Saint-Maixent).
?
.Le
trag.,
Digne:
Asarc?, Hercule
?
Fr.
teus, Jephth?,
:Susanne,
Le Duchat
?
:
Paul de Volant
?
Michel]
Pyrrhus,
Bourr?e de La Porte
trag. lat. sur la morti
de Fr. de Guise, et?
plusieurs trag, fr.,
: trag, et 1584, Trag?dies
: Sopho
Passerat
(Saint-Mai 1584, Mermet
?
?
com. lat. et fr.
Robelin : la
Sa?l
xent),
furieux] nisbe,
?
Robelin
:' Th?ba?de.
(Amiens),
la Th?ba?de
(Pont-?
?
Mousson)
09:45:00 AM
NOTES
COMPOSITION
ET
375
DOCUMENTS
REPRESENTATION
interdiction
1585,
trag?die (Lille).
IMPRESSION
d'u
1585, Du Monin :Orbec,
?
Matthieu
Oronte,
:|
Esther.
1586, Philone :Adonias.
1587, Bosquier :Petit rasoirl
.
(Bruxelles) ?
Avant
1588,
trag?dies
(?coles de la r?gion d(
Troyes).
1588, les Innocents (C. d(
Besan?on).
: Vas-\
1589, Matthieu projette] Avant 1590, trag?dies (co 1589, Matthieu
le Sacril?ge.
m?diens ? Paris).
thi, Aman,
Clytem
nestre, la Guisiade,
?
Perrin : Sichern]
?
ravisseur,
Bos-|
quier : le Petit rasoir,
? A. Favre : les
Gor
dians et les Maxi-|
?
R. Brisset :
mins,
Hercule
furieux,
Agamem
Thyeste,
non, Octavie, Bap
tiste.
1591, L. Herbodeau
furieux.
Hercule
:
Yeuwain
Hippolytej
(S?n?que).
Percheron
L.
1592, trag?dies (Bordeaux) 1592, Belyard : le Guy
1592,
?
R.
dui 1593, trag?die
sien.
(Bayonne),
Pyrrhe,
?
Jardin : les Aveugles.
trag?dies saintes et]
profanes (Tournai, Arras,
Aire,
Saint-Omer),
trag?dies de Jodelle, co-|
et trag?dies bi
m?dies
Stras
bliques
(Rouen,
bourg, Langres,
Metz,|
Francfort).
[Avant 1594, J. Godard : la
Franciad?.
: Isa
1594, interdiction de Ghil 1594, Montreux
?
?
tra
J. Godard
belle,
p?ric II (Paris),
la Franciad?.
g?die
(J?suites de Gar-|
pentras).
1594- 95, Garnier (?) : Cl?o
p?tre (couvent paris en'
Avant 1595, Poullet : Gha-|
rite (C. de Justice).
: Cl?o
1595, Du Fort :Jephi?. 1595, Bounin : la SoltaneJ 1595, Montreux
?
?
B?ze
Poullet
(Francfort),
p?tre,
Abraham
Charit?.
? sacrifiant]
trag?dies!
(Leyde),
(C. d'Arles).
1595- 96, Montchrestien
(Caen).
Sophonisbe
09:45:00 AM
376
NOTES
COMPOSITION
ET
DOCUMENTS
REPRESENTATION
: S.
1596, Bardon
Jacques] 1596, Montchrestien
?
?
(Limoges),
Sophonisbe,
trag?die]
Bar-|
don : iS. Jacques,
(C. de Chalon-sur-Sa?ne)
?j
: Horace,!
Laudun
?
Diocl?tian,
Heyns :
Holoferne. j
1597, L. L?ger : trag?die ? 1597-1601, P. Thierry!
:
personnages
quatre
(C. de Monjustin
Corio-|
de Montaigu).
lanus.
Avant 1598, L?ger : nom-?
breuses trag?dies (ib.).
: Esa?
: Esa?,
Behourt
1598, Behourt
(C. 1598,
?
: Cammate,
de Rouen), ?
5te Cathe
Hays
?
?
:
tra
rine (C. de D?le),
Heudon
Pyrrhe.
?
g?die (C. de Bayonne),
trag?die
(Saint-Maxi
min).
: lai
De
1599, De Virey
1599,
Virey : laMacha
?
b?e (Valognes), ?
Machab?e,
Du]
trag?
dies (Tournai).
Souhait :Radegonde,
?
: S,
Heudon
?
Re
Clouaud,
?
gnault : Octavie,
:
Clorinde.
Veins
: la
Entre 1600 et 1610
J?zabel (C. de D?le)
1600, De Virey
(?),| 1600,
: Isa
Victoire des Macha
Jean Thomas
?
: Bi
belle.
b?es,
Pageau
?
sathie, Monime,
J. de F. : Cl?ophon
Vers
Vers 1600, Chrestien :
1600, les fr?res]
: Psam
Montbesnard
g?dies (Argentan).
?
m?nite,
[Veins]
Sophronie.
1601, J. de La Taille : Ga-\ 1601, Montchrestien
:|
?
les La
baonites
l'?cossaise,
(B?thune),
: l'?cos
Montchrestien
c?nes, David, Aman^
? Montreux :
saise (Paris), ?
S. Sigis
Sopho
?
:
De Mare?
mond roi de Bourgogne]
nisbe,
?
?
Fiefmelin :
Achab,
(C. de D?le),?
trag?die
(Cambrai),
Jepht?.
trag?dies]
(Saint-Quentin).
sacr?es
1602, trag?dies
(Ar
?
S. Alexis
ras),
(Pont
?-Mousson).
Montchrestien
1603,
1603, Jeanne d'Arqu?s,
?
:Acou
Du Hanlei
l'?cossaise
(Orl?ans), ?|
?
:
Soliman
bar,
(Pont-?-Mous
?Champrepus
Chrestien :
Ulysse,
Rosemonde.
: Hypsi
1603-04, Behourt
crat?e (C. de Rouen).
Montchrestien
1604. Montchrestien
1604,
1604, R. du Jardin
?
?
Behourt
la Dalida.
l'?cossaise
Hector,
(Paris),
Garnier : les Juives (Bar
Hypsicrat?e.
jols).
09:45:00 AM
ET
NOTES
COMPOSITION
REPRESENTATION
1606, Fr. Perrin
Jepht? ?
Avant
1608, J. L?ger : Trag?
die de Rhodes.
Avant 1609, Dominique!
: la Mercu
Gaspard
riad e.
Rien
ne
peut
377
DOCUMENTS
IMPRESSION
1604-05, B?ze : Abraham]
sacrifiant (La Haye).
:Vers
Berthrand
1605, Garnier : les\1605,
?
?
Bauter
Juives,
[Berthrand]
Priam,
le Ravissement d'H?l?ne|
la Rodomontade,
la
Mort de Roger.
(Angoumois).
.
:
:
Romain
Maurice
Romain
MauA
1606,
1606,
?
? ?
: fa'
Soret
rice,
(Pont-?-Mousson)
mar
les
Trois
C?ciliade.
Barberon,
tyrs (Valence).
: Dina,
Nancel
16?7, Nancel :Dina, Josu?] U07,
Debora
Josu?, D?bora,
(Dou?).
?|
: Sophonisbe,
Garel
?
N?r?e : le Triom
phe de la Ligue.
:
1608, Thillois : Soliman (G, 1608, Schelandre
Tyr|
et Sidon, ?
de Reims) ?
Chres
:
tien
les Portugais!
infortun?s, Amnon et\
Thamar, Alboin, ?|
Le Saulx : l'Adaman
?
Gu?rin Da
tine,
ronni?re : Panth?e.
1609, Chevalier : Philis,
Vers 1610, Phalante
: Poly
Billard
(H?tel] 1610,
de Bourgogne).
x?ne, Gaston de Foix
M?rov?e,
Panth?e,
?
Bel
Saul, Alboin,
:
lone
d<
Amours
Dalcm?on
et
de]
Flore.
mieux
que
ce tableau
r?v?ler
l'abondance
des
trag?dies, r?guli?res ou irr?guli?res, qui ont ?t? ?crites, jou?es
ou imprim?es ? cette ?poque. On constate aussi le grand d?ve
loppement, chez les Catholiques, de la trag?die religieuse en
fran?ais,
au moment
o?
elle
s'?tiolait
chez
du reste, ? la m?me ?poque, les Catholiques
rivaliser
avec
les Protestants
en
paraphrasant
les Protestants
s'effor?aient de
les Psaumes
en
fran?ais.
Les d?couvertes ult?rieures auront certainement pour effet
d'enrichir la premi?re et surtout la seconde colonne ;mais elles
ne modifieront pas sensiblement la composition de la troisi?me,
qui contient les trag?dies imprim?es. Examinons-la de pr?s.
De 1573 ? 1610 inclus, au moins 101 trag?dies ont ?t? impri
m?es. Neuf l'ont ?t? ? l'?tranger : une ? Chamb?ry, deux ?
09:45:00 AM
378
ET
NOTES
en Lorraine
trois
Lausanne,
DOCUMENTS
et trois
aux
; parmi
Pays-Bas
elles,
cinq ont un sujet religieux : YHistoire tragique, Adonias,
Petit
ornements
des
rasoir
mondains,
et Judith,
Holoferne
le
Mau
rice, et sur les cinq, quatre sont irr?guli?res. Les 92 trag?dies
imprim?es en France se r?partissent ainsi : lre d?cade : 20,
dont 4 religieuses. ?
2e d?cade : 15, dont 6 religieuses. ?
3e d?cade : 30, dont 9 religieuses. Huit derni?res ann?es :
27, dont 6 religieuses 1. En France, la moyenne s'?tablit, de
1573 ? 1582, ? deux par an ; entre 1583 et 1592, p?riode extr?
mement troubl?e, elle tombe ? 1,5 ; dans la d?cade suivante,
elle double ; de 1603 ? 1610, elle d?passe
Cette
est
statistique
sur une
fond?e
base
le chiffrede 3.
so
relativement
lide ;mais elle ne donne qu'une id?e tr?s incompl?te du th??tre
tragique
de
En
l'?poque.
effet,
la 2e colonne
nous
fait conna?tre
le titre ou la nature de 17 trag?dies qui ont ?t? perdues :
YHoloferne de Catherine de Parthenay, N?ron, Elips comtesse
de Salbery, Rom?o et Juliette, olydor e 2, Charit? 3, Roland le
furieux 4, le jeune Cyrus, Cl?andre, les Innocents, Chilp?ric II,
une trag?die ? quatre personnages, Ste Catherine, J?zabel,
S. Sigismond, S. Alexis et Soliman ; quant ? celle des Trois
martyrs,
sentations,
?t?
conserv?e
six
ont
eu
elle
lieu
en manuscrit.
en Lorraine
ces
Parmi
repr?
et en Franche-Comt?
cinq fois sur six, il s'agissait de pi?ces religieuses.
Dans
?a premi?re
colonne,
j'ai
inscrit
les titres
trag?dies in?dites que La Croix du Maine
mentionn?es,
tions ne sont
sont
en
fort utiles,
d'analogue
1584,
pas
pour
dans
absolument
et il est bien
la production
leurs Biblioth?ques.
ces
s?res
;mais
regrettable
litt?raire
de nombreuses
et Du Verdier ont
Leurs
deux
que
nous
des
trente
affirma
ouvrages
n'ayons
ann?es
rien
sui
vantes. Ces deux bibliographes nous r?v?lent les titres de treize
trag?dies en fran?ais : Alaigre, Montgoumery, Hannibal,
1 Je crois
pouvoir ranger parmi les trag?dies religieuses Histoire tragique
de la Pucelle ;mais j'en exclus le S. Clouaud, qui, en d?pit du titre, n'est pas
consacr? ? la vie ou ? la mort d'un saint. Je compte pour une unit? la Rose
monde et YAlboin de Chrestien.
2 II n'est
pas impossible que ce titre cache la Troade de Garnier, qui ?tait
r?cemment parue.
3 Ne
pas confondre cette trag?die avec la Charit? de Poullet, qui a ?t? pu
bli?e bien plus tard ; ?tait-ce celle de Le Breton, qui a ?t? compos?e ? cette
mais qui est rest?e in?dite ?
?poque,
4 C'?tait
peut-?tre une tragi-com?die.
09:45:00 AM
NOTES
Camma,
Paris
Fleurdelys,
Goliath,
ET
et
Hercule
Asarc?,
379
DOCUMENTS
none, Pyrrhus,
teus,
David
combattant
Susanne,
Jephth?,
Andro
mache (?) Ajoutons-y les trois pi?ces de Le Breton qui n'ont
jamais vu le jour, Kanut roi de Danemark et laM?d?e de Si
monaut. De 1585. ? 1610, ma r?colte est moins fructueuse :
dix trag?dies, dont deux ?crites en Lorraine et dans les Pays
; trois ont disparu, mais la Jepht? de Perrin n'a peut-?tre
jamais exist? ; celles du Montois Yeuwain, de ^Percheron et
de J. Thomas ont ?t? ?dit?es aux xixe et xxe si?cles.
Bas
En
tous
tenant
ces
renseignements
pour
exacts,
on peut
donc
en France.
La
ajouter au chiffrede 92 celui de 38 trag?dies, dont nous con
naissons
les
titres
1 et
qui
ont
?t?
compos?es
moyenne annuelle s'?tablit ? 3 1 /3, et, si l'on ajoute les 17 tra
g?dies ?trang?res, ? 3 3/4. Ce n'est pas tout : songeons aussi
? celles de Catherine de Parthenay, B?roalde de Verville,
Bourr?e de La Porte, Claude de Pontoux, Flac? et Jean de la
Jess?e, dont nous ignorons les titres, et ? toutes celles dont
aucune trace n'a ?t? retrouv?e. Sur ces 130 pi?ces, 32 sont des
trag?dies religieuses, soit un quart ; le plus grand nombre de
leurs auteurs sont catholiques. Ces 32 pi?ces sont loin de cons
tituer tout le r?pertoire des drames religieux dont le titrenous
est connu : il faut y ajouter les trag?dies scolaires en latin,
dont le sujet ?tait g?n?ralement emprunt? ? la Bible ou au
les tragi-com?dies
Martyrologe,
religieuses,
les com?dies
telles
que Joseph le chaste, les pi?ces all?goriques ? sujet religieux,
et les Histoires et Vies de saints qui ?taient jou?es dans toute
la France.
Les villes o? ont paru les ?ditions princeps des trag?dies,
sont, par ordre d'importance : Paris, Rouen (surtout ? partir
de 1599 2) ; loin en arri?re, Lyon, Poitiers, Limoges ; et, cha
cune
pour
une
seule
impression,
Bordeaux,
Orl?ans,
Angers, Caen, Troyes, Reims, Metz, Pontoise
ger
Chamb?ry,
Gen?ve,
Lausanne,
Nancy,
Tours,
(?). A l'?tran
Pont-?-Mousson,
M?ns, Leyde, Amsterdam. Alors qu'? Rouen les Du Petit-Val
et les Cousturier lancent de nombreuses ?ditions de pi?ces de
1
Toutefois, pour une des trag?dies de L. L?ger, nous connaissons seulement
le nombre des personnages.
2 Cf. la liste dress?e
? la fin de ses Recherches sur les origines du
par Gosselin
th??tre? Rouen (1868), et J. Marsan, La pastorale, pp. 293-296.
09:45:00 AM
380
et
notes
documents
th??tre, je ne vois pas d'?diteur parisien qui, ? cette ?poque,
se soit sp?cialis? dans la litt?rature dramatique.
Voici maintenant la liste des endroits o? se sont d?roul?s
: Saint-Maixent, dont la vie
les spectacles tragiques. Ouest
a ?t?
dramatique
ann?e
retrac?e,
par
dans
ann?e,
des m?moires
de l'?poque, Poitiers, La Rochelle, Champigny pr?s de Chin on,
Le Mans,
Caen.
Valognes,
et
com?diens),
coll?giens
?
: Reims,
Est
Orl?ans,
(Basoche,
Rouen.
Neufch?tel-en-Bray,
?
Midi
Chal?n.
Metz,
Langres,
: Paris
parisien
?Bassin
: Valence,
Arles, S. Maximin, Barjols, Bayonne, Limoges, P?rigueux, An
?
goumois.
: Arras,
?trangers
Pays
son,
Francfort,
Strasbourg,
?
(?),
Verceil,
Dole,
B?
Saint-Omer,
Aire,
thune, Lille, Cambrai, Tournai, Bruxelles
Pont-?-Mous
?
Carpentras.
Cette liste est peu fournie, et les provinces fran?aises, sauf une
partie
de
l'Ouest,
sont
pauvrement
nous
Mais
repr?sent?es.
n'y avons pas fait entrer les pi?ces scolaires en latin et celles
dont
la qualit?
ne
nous
est
connue.
pas
Et
surtout,
comme
nous ignorons ? peu pr?s compl?tement l'itin?raire et le r?per
toire des premi?res troupes et que dans beaucoup de localit?s
les archives de cette ?poque n'ont pas ?t? conserv?es ou n'ont
gu?re
?t?
serait
donc
seulement
explor?es,
imprudent
remarquer
est
elle
d'en
que
dans
tr?s
certainement
tirer des
les bourgades
du
Il
incompl?te.
Nous
d?ductions.
pouvons
d?partement
du Var o? M. Poup? a fait de si fructueuses recherches, et dans
la ville du Puy, que les montagnes s?parent des courants de
civilisation, on a longtemps pr?f?r? le vieux nom d'histoire ?
celui de trag?die 1.
Il nous reste ? donner au lecteur les pr?cisions et rectifica
tions relatives au pr?sent tableau et ? celui que nous avons
publi? en 1929. Ces notes bibliographiques sont arides ;mais
nous avons ?t? si souvent g?n? par les difficult?s de la docu
mentation
et
induit
en
erreur
par
les
travaux
ant?rieurs
que
nous d?sirons faire profiter autrui d'une exp?rience lentement
1 Dans les textes d'archives
publi?s par M. Poup?, lemot trag?die (estropi?
en 1611 en trezodie et en 1659 en tragudie) n'est employ?, avant 1660, qu'en
1598 (Saint-Maximin), 1604 (Barjols), 1611 (Le Val), et 1659 (Pourri?res). Il
ne devient usuel qu'? partir de 1660.
09:45:00 AM
ET
NOTES
et
acquise.
p?niblement
Nous
381
DOCUMENTS
avec
accepterons
reconnaissance
les additions et les corrections qu'on voudra bien nous adresser.
Il nous a paru inutile de surcharger le pr?sent tableau en y
faisant figurer les trag?dies latines jou?es dans les coll?ges de
J?suites, la traduction latine ?9Ajax publi?e par Joseph Sca
liger en 1574, et la repr?sentation de VAdamus exul de Grotius
en 1602 devant le jeune prince de Cond?.
Sur le premier tableau, dans la lre colonne, remplacer pour
la Medea de Buchanan la date ? 1526-29 ? par ? 1528-31 ?.
Beauchamps, s'appuyant sur un ?loge hyperbolique rim? par
J. Bouchet en 1532, a rang? Nicolas Petit parmi les auteurs
tragiques ;mais, ? mon avis, si ce versificateur poitevin, mort
cette ann?e-l? ? l'?ge de trente-cinq ans, a fait une
trag?die,
?
et rien n'est moins s?r,?
elle ?tait en latin Ajouter :
? 1536-47, les Suppliantes
? ; cf. le
d'Euripide
catalogue de
vente de la biblioth?que F.-D., 4 novembre 1938, n? 51, avec
un fac-simil? de la reliure du manuscrit aux armes du
dauphin
Henri. Ajouter : ? avant 1541, traduction anonyme d'Antigone
en prose fran?aise ? ; cf. R. H.L.,
1913, p. 271. Ajouter les
mots ? en fran?ais ? apr?s ? Prom?th?e ?. Entre l'article B?ze
et l'article Ba?f ajouter : ? Dor?t :Hippolyte en latin ?? ; cf.
P. de Nolhac, Ronsard et humanisme, p. 74. Ce que Beau
champs a ?crit d'Ino est tr?s vague ; deux autres Fran?ais du
temps
mais
ont mis
nous
ne
la sc?ne
pouvons
l'histoire
rien
d'Athamas
tragique
au
certifier
sujet
de
l'
et
Ino,
uvre
de
l'obscur Vigneau. Ajouter : ? Vers 1570, Fran?ois d'Amboise :
plusieurs trag?dies et com?dies ? ; cf. La Croix du Maine.
Parmi les pi?ces de Chateauvieux, Du Verdier mentionne
; c'?tait s?rement une trag?die, car l'histoire d'Al?gre,
?laigre
qui figure dans le Printemps d'Yver (1572) et qui lui a servi
de mod?le,
se
termine
par
trois
morts
violentes.
VHod
poricum de R. B?tolaud, publi? en 1576, contient
une pi?ce adress?e au m?decin poitevin Jacques Simonaut. Il
avait compos? une M?d?e en fran?ais, que son ami louait ?
l'?gal de celles de S?n?que et du pseudo-Ovide :
1 Sur
Nicolas
Petit, cf. le Jean Bouchel d'Auguste
Hamon.
09:45:00 AM
382
ET
NOTES
iEetiadem
DOCUMENTS
te
ad
nuper
nisi
fallor, Medeam
sermone
exululantem
Vidi,
Gallo
suorum
Saevumque
innocuorum
Membra
natorum
laniantem.
L'Angevin Georges du Tronchay, mort ? l'?ge de quarante
trois ans le 20 ao?t 1582, ?crivait ? Pascal Robin :
je veux
je veux
Tantost
Tantost
de vers
Tantost
ourdir
un Clotaire
chanter
les beaut?s
faire g?mir
plaintifs
fran?ois,
de Clym?ne,
la sc?ne
1.
Le dernier vers prouve qu'il songeait ? ?crire une trag?die.
D'autre part, la vie de Clotaire Ier et de Clotaire II, lesmeurtres
ont
qui
?t? commis
par
eux,
et surtout
par
le premier2,
conve
naient beaucoup mieux ? une trag?die qu'? un po?me ?pique.
C'est La Croix du Maine qui a mentionn? les pi?ces in?dites
de Le Devin 3, Navi?res 4, Cath. de Parthenay, B?roalde de
Verville, Des Caurres, Le Digne, Le Duchat, Flac?, De Vo
lant, Bourr?e et N. de Montreux ; en outre, il dit avoir vu le
textemanuscrit de trois trag?dies de R. Brisset :Thy este,Bap
tiste
et Andromache.
a-t-il
peut-?tre
Cette
derni?re
avec
confondu
pi?ce
YAgamemnon
n'a
jamais
du m?me
paru
auteur.
Du Verdier cite les trag?dies de Gerland et de Pontoux. Celles
de
La
Jess?e
sont
annonc?es
la fin de
fran?oises (Anvers, 1583).
Un
ancien
manuscrit
une
copie.
Le manuscrit
roi de Danemark
de Kanut
la biblioth?que J. de Rothschild
du
uvres
ses Premi?res
se trouve
(n? 3025) ; l'Arsenal en poss?de
Jepht?
de
Du
Fort
est
conserv?
? la biblioth?que de Carpentras, et celui de la Trag?die de
Rhodes ? la Biblioth?que nationale. v
A la fin de la Guisiade (1589), Matthieu annonce son inten
tion de faire une trag?die, intitul?e le Sacril?ge, sur lemeurtre
du cardinal de Lorraine et la mort de Catherine de M?dicis
ce projet ne para?t pas avoir ?t? ex?cut?.
1 Cf. H.
Chardon, Robert Garnier, p. 126.
2 Cf. le S. Clouaud de Heudon.
3 II d?clare les avoir vues.
4 Nous savons seulement
que son Philandre
?tait ?crit en alexandrins.
09:45:00 AM
ET
NOTES
383
DOCUMENTS
Dans la Biblioth?que historique du Poitou (II, p. 514, 1754),
Dreux du Radier cite deux po?sies que Banchereau adressait
? Louis Herb od eau, vernacule Herculem furentern exprimenti
(1591 ) ; cette trag?die a disparu et j'ignore si la date se rapporte
? son ach?vement, sa repr?sentation, ou sa publication. Le
manuscrit de la bibl. de Tours qui contenait la traduction des
Aveugles, trag?die d'Antoine Caracciolo, par Roland du Jar
din (Tours, 1592), a ?t? br?l? en juin 1940. Jean Thomas, dont
Cioranescu a ?dit? Y Isabelle en 1938, s'est mari? en 1600 et
est mort en 1634 ; une fiche d'?mile Picot
assigne ? cette tra
g?die la date de 1603, sans donner de r?f?rence. Beauchamps
attribue au chanoine Perrin une traduction in?dite de Jephthes
de Buchanan ;mais Du Verdier, dans la notice
qu'il consacre
? l'auteur de Sichern, ne la mentionne pas. La collection So
lemne poss?dait un manuscrit ancien contenant trois
trag?dies
lorraines : la Th?ba?de, YHistoire tragique de la Pucelle et la
Mercuriade. Cette derni?re trag?die ?tait due au moine Domi
nique Gaspard et avait pour sujet la mort du chevalier lorrain
Mercueur au .si?ge de Bude ; elle ?tait d?di?e au duc Charles
de Lorraine, mort en 1608 ; je ne l'ai pas retrouv?e.
Pour les trag?dies n?o-latines, je renvoie le lecteur ? la biblio
graphie dress?e par Boite dans la Festschrift Johannes Vahlen
(Berlin, 1900). Mais je signale les essais dramatiques de l'histo
rien De
Thou,
qui
sont peu
connus
et au
sujet
Scaliger lui ?crivait, le 13 d?cembre 1595 :
Je vous
trouve
vous
remercie
tr?s humblement
bien
avez
et l'argument
gentile,
sceu trouver les personnes
de
et
vostre
l'oeconomie
desquels
Joseph
Tragedie.
Je
la
o?
ing?nieuse,
vostre argument
propres pour
auront
leu diligemment
le Pro
meth?e
en vostre
invention...
Vous
plus de plaisir
en
bien faire le mesme
du sacrifice d'Isaac,
l?
pourri?s
l'argument
o? la petite Tragedie
vous aideroit
de B?ze
Il
fran?oise
beaucoup.
ne fault que
la paraphraser
pour faire une tres belle Tragedie.
? l'imitation
Ceus
d'iEschylus.
encore
prendront
qui
Cette trag?die, c'est le Parabata
que
De
Thou
venait
de
faire
vinctus (Satan encha?n?),
para?tre
sous
l'anonymat
chez
P?tisson (1595, la d?dicace est de 1592 ; collection Rondel) et
qui est fortement imit? de Prom?th?e. Il repara?tra en 1599
dans ses Poemata sacra ;mais De Thou n'a rien publi? sur le
sacrifice
d'Isaac.
09:45:00 AM
384
ET
NOTES
DOCUMENTS
C'est l'article publi? par Lanson en 1903, dans la Revue
d'Histoire litt?raire,qui m'a fourni la plupart des repr?senta
tions. Plusieurs des trag?dies scolaires qui figurent dans la se
conde
colonne,
ont
?t?
peut-?tre
?crites
en
latin.
cette colonne, ajouter : ?Vers 1527, trag?die (Basoche
de Bordeaux) ? ? cf. une ?p?tre de J. Bouchet cit?e dans la
R. H. L., 1904, p. 573, et dans ma Trag?die fran?aise de la Re
naissance (Bruxelles, 1943). Ajouter : ?Vers 1540, M?d?e jou?e
en grec par H. Estienne (Paris) ? ; cf. la pr?face de ses Poetae
graeci (1566). Ajouter : ? Vers 1555, Milles de Norry : trag?
dies (?) bibliques (Enfants-sans-souci) ? ; cf. Du Verdier. Si
Dans
l'on
retrouver
peut
et
consulter
le manuscrit
de
Saint-Gelais
qui a ?t? vendu par Mme Th. Belin en 1928 (catalogue n? 370),
on saura de fa?on s?re si sa Sophonisbe a ?t?
jou?e d?s 1554
ou seulement en 1556 i. Nous
le
10 mars 1559,
ignorons si,
son
Gr?vin
vit
la
fois
pour
quand
premi?re
Olimpe, il jouait
une trag?die ou une com?die. Au sujet des deux trag?dies que
Chateauvieux a tir?es des Histoires tragiques de Bandello
on
Boaistuau,
peut
consulter
R.
Sturel,
en France,
Randello
1918, pp. 2-5, et G. Liebau, K?nig Eduard III von England
und die Gr?fin von Salisbury, 1900. Ajouter : ? 1566, Imbert
Lafont : trag?die (C. d'Auch) ? ; cf. P. B?n?trix, Les origines
du coll?ge d'Auch (1908). Les pi?ces de J. M?ot, r?gent au
coll?ge de Gourdaine, au Mans, sontmentionn?es par La Croix
du Maine.
Pour
coll?ge
les repr?sentations donn?es
de
Pont-?-Mousson,
livre d'Eug?ne Martin
ouvrages
de premi?re
on
par les J?suites en leur
consultera,
de
pr?f?rence
au
(1891), les textes contemporains et les
main.
Le
R.
P.
Nicolas
Abram,
mort
en
1655,avait laiss? une copieuse histoire manuscrite de ce coll?ge;
le R. P. Carayon en a publi?, en 1870, une traduction libre et
incompl?te.
D'apr?s
ce manuscrit
et
les archives
de Meurthe
et-Moselle (H 1803-2294), Maggiolo a dress? un r?pertoire du
th??tre classique en Lorraine de 1574 ? 1736 2. Ces ouvrages
1 Cf. R. H.
L., 1903, p. 196, et 1928, p. 608. Dans cemanuscrit, l'introduction
in?dite r?dig?e par Saint-Gelais r?v?le la collaboration d'Amyot ? cette tra
duction libre. Quant au monologue de M?g?re, il est l' uvre de J. A. de Ba?f.
2M?moires de V
Acad?mie de Stanislas, ann?e 1886, pp. 265-308.
09:45:00 AM
NOTES
ET
385
DOCUMENTS
nous font conna?tre les titres des drames repr?sent?s ;mais,
dans bien des cas, nous ignorons s'ils ?taient ?crits en latin
et s'ils portaient le nom de trag?die. Voici la liste des pi?ces
? caract?re tragique : en 1577, la ? trag?die ? de Calvin fait
une tr?s vive impression sur le public 1 ; en 1580 (ou 1579
?),
la trag?die de Julien Apostat, du P. Fronton du Duc, est
jou?e devant la famille ducale ; la m?me ann?e, il compose
en fran?ais YHistoire tragique de la Pucelle, destin?e ? ?tre
jou?e devant Henri III ; elle fut repr?sent?e ? Plombi?res de
vant le duc. En 1584, selon Lepage et Maggiolo, on joue au
coll?ge de Pont-?-Mousson la trag?die fran?aise de la Th?ba?de
de Robelin ; dans sa d?dicace au duc de Lorraine, Robelin ne
dit rien de cette repr?sentation. En 1588 2, on joue devant la
foule, qui avait enfonc? les portes, le Si?ge de J?rusalem ; la
pi?ce ?tait probablement en fran?ais. En 1599, on fait voir au
duc les Fureurs de Sa?l ou Sa?l furieux ; si la trag?die ?tait
en fran?ais, ce devait ?tre l' uvre de Jean de La Taille. En
1601, S. Paulin; et plus tard, la trag?die de Darius vaincu par
Alexandre, qui constituait un hommage au duc de Merc ur
et o? la mise en sc?ne fut splendide ; il y eut deux repr?sen
tations, et le texte ?tait probablement en fran?ais. En 1602,
selon Martin, S. Alexis, d'abord en latin, puis en fran?ais.
L'ann?e suivante, d'apr?s le m?me auteur, Soliman, en fran
?ais. En 1603, Crispus, trag?die latine du P. Stephonius ; en
1604, la trag?die latine de Julien par le P. Perrin. En 1606,
selon Maggiolo, la trag?die fran?aise de Maurice, par N. Ro
main, qui avait d?j? fait jouer ? ce coll?ge, en 1602, une pasto
rale
de
circonstance
; sa pr?face
ne mentionne
pas
la
repr?
sentation.
Sur le th??tre de Pierre Heyns, on consultera la th?se de
Riemens intitul?e YEnseignement du fran?ais en-Hollande (1919,
pp. 54-56). Le Journal de Michel Le Riche, inexactement cit?
par Clouzot et par Lanson, relate, ? la date du 13 mai 1584, le
festin du maire et la repr?sentation de quelques trag?dies par
les Enfants de la ville dans la halle de l'abbaye
; dans l'article
1 Cf. l'?dition
et 103.
Carayon du livre d'A?RAM, pp. XXXIX
2 C'est la date fournie
par Abram-Carayon. Maggiolo place cette repr?sen
tation en 1595.
25
09:45:00 AM
386
NOTES
ET
DOCUMENTS
de Lanson, on corrigera donc la date du 13 mai 1582. Saul
?
c'est ?videmment la trag?die de La Taille, ?
fut
furieux,
repr?sent? en 1584 par les joueurs de la paroisse Saint-Jacques
d'Amiens, le jour de la f?te du saint (25 juillet) ; cf.H. Duse
vel, Les joueurs de farces ? Amiens, 1860, p. 6. Selon V. Four
nel [Curiosit?s th??trales, 1859, p. 76), les ?l?ves du coll?ge de
Nazareth ? Bruxelles jou?rent en 1587 trois pi?ces plus ou
moins all?goriques : YEnfer po?tique de Voron (1586), le Petit
rasoir de Bosquier (1589) et la Peste de la peste de Du Monin
(1584) ; les loges s'?croul?rent, et un incendie se d?clara ;
selon
malheureusement,
l'usage
des
?rudits
de
son
temps,
Four
nel s'est gard? de donner lamoindre r?f?rence. Pour la trag?die
des Innocents, jou?e en 1588 au coll?ge de Besan?on, cf.Ulysse
Robert, Les origines du th??tre? Besan?on [M?moires de la
soci?t? nationale des antiquaires, LIX, 1900).
Pour
les
de
repr?sentations
trag?dies
nous
Paris,
ren
voyons au passage de la Trag?die espagnole de Kyd, que Lan
son a reproduit ; en outre, il est probable que les pi?ces sur
Amadis et sur la guerre de Troie que les com?diens jouaient ?
cette ?poque ? l'H?tel de Bourgogne, portaient le titre de tra
g?die.
L'important t?moignage de Gaufreteau sur le s?jour de
Valieran Leconte ? Bordeaux, en 1592, a ?t? cit? par H. C. Lan
caster dans YHistory of frenchdramatic Literature, lre partie,
p. 16. Je ne mentionne pas la trag?die d'Esther, qui fut jou?e,
en novembre 1592, par les coll?giens de P?rigueux devant le
et
gouverneur
la municipalit?
; car
elle
?tait
en
latin
(cf.
P. Barri?re, La vie intellectuelle en P?rigord, 1936, pp. 24 et
226). J. de Pas vient de r?v?ler le passage de trag?diens ?
Tournai, etc., en 1593 [Biblioth?que d'Humanisme etRenais
sance, III (1943), p. 51). La trag?die jou?e ? Carpentras par
les ?l?ves des J?suites estmentionn?e dans le Th??tre proven?al
? Avignon de P. Pansier (1932). A tort, Lanson range parmi
les trag?dies la Susanne de P. Heyns, jou?e en 1594 ; c'est une
com?die, tandis que l'auteur qualifie de ? trag?die joyeuse ?
sonHoloferne. Le coll?ge de Justice, o? fut jou?e la Charit? de
Poullet,
se
trouvait,
non
? B?thune,
comme
le dit
Lanson,
mais ? Paris. L'abb? Rance-Bourrey a publi?, en 1887, un
arr?t? du conseil municipal d'Arles, en date du 17 novembre
09:45:00 AM
ET
NOTES
387
DOCUMENTS
1595, concernant la repr?sentation de trag?dies par les ?l?ves
du coll?ge ; c'est lamunicipalit? qui payait les frais de l'?cha
faud dress? par Verdier, r?gent principal ; le 25 f?vrier 1600,
Verdier fera jouer dans lesm?mes conditions son ? histoire de
Jonas ? (Une f?te scolaire au coll?ge des J?suites oVAix, p. 6).
lettre de Scaliger ? De Thou que nous avons cit?e, men
tionne une repr?sentation de YAbraham sacrifiant donn?e ?
Leyde, ? l'?t? pass? ?, par quelques Enfants-sans-souci ; c'est
? tort que Cohen place cette repr?sentation en 1594 (Ecrivains
fran?ais en Hollande, p. 237). A la fin de son Art po?tique
(Paris, 1597), Laud un d'Aigaliers ?crit, apr?s avoir mentionn?
La
la repr?sentation de la trag?die ? quatre personnages de L. L?
:
ger
Il en a faict aussi
mon
jugement
d'autres
beaucoup
d'un
mais
seulement,
aussi
chacun
belles,
non
point
selon
ces pi?ces ?taient donc jou?es au coll?ge de
Montaigu, o?
L?ger ?tait r?gent principal. Edmond Poup? a d?couvert, dans
les archives de Saint-Maximin (Var), que le principal du coll?ge
avait compos? et fait jouer en 1598 un ? jeu et trag?die ?
(Bulletin historique et philologique, 1904, p. 25) ; il ?tait sans
doute ?crit en fran?ais. A Dole, en 1598, le jour de la distri
bution des prix, les ?l?ves du coll?ge de l'Arc jou?rent devant
l'assembl?e
un
par
des
des
?tats
professeurs
une
trag?die
ne
; nous
de Ste Catherine,
poss?dons
pas
de
compos?e
sur
d?tails
les trag?dies de J?zabel et de S. Sigismond roi de Bourgogne
qui furent repr?sent?es par eux en novembre 1600 et en 1601 ;
cf. Julien Feuvrier, Le coll?ge de Arc ? Dole, 1887, p. 69.
Les repr?sentations des deux trag?dies fran?aises de Behourt,
que Lanson a oubli?es, sont mentionn?es sur le titre de l'?di
tion. C'est G. Lecocq qui signale, dans sonHistoire du th??tre
de Saint-Quentin, la repr?sentation de trag?dies dans cette
ville en 1601. Celles de YEcossaise ont ?t? l'objet d'un curieux
article de Yates (Modern language review, 1927, pp. 285-297).
En d?diant sa Rosemonde ? M. de La Saucerye, N. Chrestien
des Croix ?crivait, le 23 mai 1602 :
Ce me
que,
tan.
sera donner
ces ann?es
sujet de rensanglanter
pass?es,
j'animay
pr?s
par mes vers les Theatres
de vostre Saucerie
d'Argen
09:45:00 AM
388
NOTES
ET
DOCUMENTS
Les ? tragedies d'histoire sacr?e ? que de jeunes com?diens
ont jou?es ? Arras pendant l'?t? de 1602, ont ?t?
signal?es par
Ad. de Cardevacque
(Le th??tre? Arras, 1884, p. 36 sq.).
L'autobiographie de Constantin Huygens rapporte une repr?
sentation de YAhraham sacrifiant qui eut lieu chez son p?re
? La Haye et qui avait ?t? pr?par?e par son pr?cepteur An
toine Lancel et par Christian Huygens (cf. Riemens, op. cit.,
p. 56, et J. Fransen, Les com?diens fran?ais enHollande1, 1925,
p. 33). Je pense avec H. C. Lancaster que leRavissement d'H?
l?ne qui fut jou?, selon Balzac, en Angoumois, pourrait ?tre
identifi? avec le Priam de Berthrand ; aussi je situe cette
repr?sentation aux environs de 1605. Le 17 septembre 1606,
on joua ? Valence la Trag?die des troismartirs, saincts F?lix,
Fortunat etAchille, lesquels ont est?m?rtirizez dans la ville de
Valence ; l'auteur ?tait Barberon, d'Annonay ; l' uvre est
conserv?e en manuscrit ? la biblioth?que de Grenoble.
Minier nous informe qu'? Bordeaux, en 1607, la foule fit
(sic) ; mais,
grand succ?s ? la Sophonisbe d'H?lie Gadel2
comme il ne pr?cise pas les circonstances de la repr?sentation,
je soup?onne qu'il l'a d?duite de la publication de cette tra
g?die ? Bordeaux en 1607. Au reste, Detcheverry n'en souffle
pas mot dans son Histoire des th??tresde Bordeaux (1860), et
la chronique d'?tienne de Cruseau n'en fait pas mention. Aussi
n'ai-je
pas
mis
cette
Sophonisbe
dans
la colonne
des
repr?sen
tations.
Sur la repr?sentation ? Reims de l' uvre de Georges Thillois,
le renseignement
le plus
ancien
est
fourni
par
J. B.
G?ruzez,
qui ?crivait, en 1817, dans sa Description de la ville de Reims :
?
[En 1608], un ?colier de rh?torique nomm? Thillois avait com
?
(II, p. 412). L. Paris, dans son histoire du th??tre
pos?, etc..
? Reims, et l'abb? Cauly, qui a publi? une copieuse monogra
phie du coll?ge r?mois des Bons-Enfants, n'ont apport? aucun
d?tail nouveau. Cette pi?ce, o? l'on retrouve l'histoire tragique
de Moustapha et de sa belle-m?re, a ?t? publi?e seulement en
1 Dans ce dernier
ouvrage nous apprenons qu'en 1589, un ma?tre d'?cole
fran?ais ? Amsterdam voulut faire jouer par ses ?l?ves l'histoire d'Abraham
(c'?tait probablement la trag?die de De B?ze) et que le Consistoire y fit oppo
sition.
2 Le th??tre ?
Bordeaux, 1883, p. 19.
09:45:00 AM
NOTES
ET
389
DOCUMENTS
1617, sous le titre de YAmphith??tre du grand coll?ge de Reims.
Solyman II ; la d?dicace ne fait pas d'allusion ? une repr?sen
tation.
La Biblioth?que nationale poss?de les
uvres po?tiques du
Douaisien Jean Loys, licenci? ?s-droits (Douai, 1613) ; elles con
tiennent les arguments en vers fran?ais de Joseph, trag?die en
cinq actes, jou?e au coll?ge du Roi, ? Douai, le 22 juin 1609
(cf. le catalogue Soleinne, n? 952). Cette pi?ce, qui embrassait
toute la vie de Joseph, depuis son d?part pour
l'?gypte jus
qu'? la mort de son p?re, ?tait probablement en latin, puis
qu'on avait jug? utile d'en faire pr?c?der les actes de ces r?
sum?s explicatifs.
Un ouvrage de Bruscambille publi? en 1615 contient un pro
logue pour la trag?die de Phalante ; cette pi?ce, qui est sans
doute lePhalante du Toulousain Jean Galaut, a donc ?t? jou?e
? l'H?tel de Bourgogne \
Faute de date, je n'ai pas utilis? un passage des actes muni
cipaux de Francfort, qui nous apprend que des Fran?ais, qui
venaient de jouer des com?dies bibliques ? Metz, Strasbourg
et
autres
villes
rh?nanes,
cette ville une trag?die 2.
se
proposaient
de
repr?senter
dans
Dans la 3e colonne, remplacer, pour H?cube le nom d'Amyot
par celui de Bochetel. A l'ann?e 1557, supprimer la pi?ce de
Cardin, qui est, en r?alit?, de 1657. Beauchamps a rang? parmi
les pi?ces de th??tre Y Isabelle de Laval (1576) ; c'est un po?me
(cf. Cioranescu, VArioste en France, 1938, I, p. 138) ; Beau
champs
et
les fr?res Parfaict
ont
commis
la m?me
erreur
pour
les Amours de Marc-Antoine et de Cl?op?tre, par G. Belliard.
La Suzanne de Didier Oriet est aussi un po?me (1581). Je n'ai
pas non plus inscrit dans la liste la Double trag?die du duc et
du cardinal de Guise (1589), qui est un court po?me dialogu?
et dont le titre signifie : les deux morts tragiques, etc.. L?ris
attribue, sous r?serves, ? Cl. Bin?t une M?d?e imprim?e en
1577 ; en r?alit?, c'est celle de La P?ruse, que Binet avait fait
1 Cf.
Rigai., Le th??tre fran?ais avant la p?riode classique, 1901, p. 322.
2 Cf.
Franz?sische Schauspieler
Trautmann,
{Jahrbuch f?r m?nchener Ge
schichte, 1888, p. 199) ; il croit pouvoir placer en 1583 la venue de ces com?diens.
09:45:00 AM
390
ET
NOTES
DOCUMENTS
suivre de po?sies de son cru ; laM?d?e que cite Burner dans la
R. H. L. de 1931, p. 54, para?t ne faire qu'un, elle aussi, avec
l' uvre de La P?ruse. Le Pomp?e qui futpubli? sans nom d'au
teur ? Lausanne, en 1579, a ?t? r??dit? en 1934 par H. Jahn
dans
une
dissertation
d'Erlangen.
La Troade et Antigone ayant ?t? imprim?es en 1579 et 1580,
il est impossible que Sc?vole de Sainte-Marthe les ait vis?es,
comme
l'affirme
dans
Haraszti1,
le Prologue
de
la
tragi-co
m?die de Job, qui fut publi? dans ses uvres en 1573.
Je n'ai rencontr? aucun exemplaire du M?l?agre de Boussy
(Caen, 1582) et de la Didon posthume de La Grange (Lyon,
1582) ;mais ces deux trag?dies figuraient dans la collection
Soleinne (n<>s815 et 819).
La Biblioth?que nationale poss?de une ancienne copie ma
nuscrite de la Guisiade de Matthieu (fonds fran?ais, n? 15072).
L'exemplaire du Premier livre du th??tretragique de R. Brisset
qui se trouve ? l'Arsenal, porte la date de 1589. Mertens a
r?imprim? en 1863 le Petit rasoir.
Le catalogue de la biblioth?que J. de Rothschild
signale
l'existence au British Museum d'un exemplaire de la Trag?die
uvre
de Coriolanus,
A.
de
de
Pierre
sieur
Thierry,
de Mon-Justin.
la pr?face de sa Clorinde (Paris, Ant. du Breuil, 1599),
Dans
Veins
annon?ait
une
pi?ce
sur
Sophronie
et une
tragi
com?die ?'Armide. Ce dernier drame ne semble pas avoir ?t?
publi? ;mais D. Cousturier mit en vente ? Rouen une trag?die
anonyme
de Sophronie,
qui
est
tr?s probablement
l'
uvre
pro
mise par Veins. Quoi qu'en dise La Valli?re, cette ?dition n'est
pas dat?e. L'?diteur troyen N. Oudot r?imprimera Sophronie
en 1619 2.
Le Cl?ophon, ? trag?die conforme et semblable ? celles que
la France
a vues
durant
les guerres
civiles
?, retrace
sous
des
noms suppos?s lemeurtre d'Henri III par J. Cl?ment.
Je place ? cette ?poque Psamm?nite, trag?die en quatre
actes, dont il existait un exemplaire dans la collection Soleinne
1 i?. H.
L., 1904, p. 682.
2
L'Arsenal poss?de Clorinde et Sophronie (8?BL 14137 et 14059). H. C. Lan
caster a analys? le texte de l'?dition de 1619 (History, 1 ?
partie, p. 179).
Un ras. de Sophronie, pr?sentant quelques variantes, faisait partie de la biblio
th?que des Cond? ; il se trouve actuellement ? Chantilly (n? 623)
09:45:00 AM
ET
NOTES
391
DOCUMENTS
(n? 878) ; le catalogue ne fournit aucune indication de lieu et
de date. Le bibliophile Jacob nous apprend que, sur la sc?ne,
Cambyse
reau
;
? son
avaler
faisait
Psamm?nite
puis
une
tasse
devant
les
ennemi
mourait
de
de
sang
tau
La
spectateurs.
pi?ce est d?di?e ? Nicolas de Pellev?, comte de Fiers, filleul
de son cousin, le cardinal de Pellev? ; sa femme ?tait le 11e
enfant de Louis VI de Rohan, prince de Gu?m?n? (1540-1611).
Les fr?res Parfaict attribuent la date de 1600 au Priant de
Berthrand, au David de Montchrestien, ? YAdamantine, et aux
Amours
; comme
de Dalcm?on
leur
est
chronologie
souvent
ar
bitraire, je n'ai tenu aucun compte de leurs dates, quand elles
n'?taient
confirm?es
pas
par
les exemplaires
connus.
Pour
les
Amours de Dalcm?on, j'ai donn? la date de 1610, que m'a
fournie l'exemplaire de la collection Soleinne.
La trag?die anonyme de Jeanne d'Arqu?s a eu plusieurs ?di
tions dans le premier tiers du xvne si?cle. Guessard et De Cer
tain signalaient en 1862 ? la Biblioth?que imp?riale un exem
1 en
;
plaire portant la date de 1600
fait, le second z?ro n'est
qu'un six gratt?. La premi?re ?dition connue a paru en 1603 ;
Soleinne en poss?dait un exemplaire (2e suppl?ment, n? 115)
qui
avait
?t?
annot?
pour
une
repr?sentation
; se
d'amateurs
lon le bibliophile Jacob, elle eut lieu vers 1616.
La date de 1586, que les fr?res Parfaict et La Valli?re
assignent
? la lre
?dition
d'Acoubar,
est
erron?e
; car
le roman
d'o? la trag?die de Du Hamel est tir?e, a paru seulement en
1601. Elle a ?t? r?imprim?e, il y a quelques ann?es, ? New
York par M. A. White.
Il y avait dans la collection Soleinne un
exemplaire de la
Sophonisbe de l'Angevin H?lie Garel, imprim?e ? Bordeaux en
1607
; dans
son
avant-propos
en vers,
l'auteur
affirmait
sa fid?
lit? aux r?gles, en particulier ? celle de l'unit? de temps. La
biblioth?que Rondel poss?de la trag?die de N. Chrestien des
Croix intitul?e Rosemonde ou la Vengeance et publi?e ? Rouen
en 1603 chez Th. Reinsart ; elle
repara?tra en 1608 chez le
m?me ?diteur sous le titre d'Alboin ou la Vengeance.
La Biblioth?que nationale conserve un
exemplaire de Philis,
1 Le
mist?re du si?ge d'Orl?ans, p. 790. Ce livre porte actuellement
R?s. Yf 3954.
la cote
09:45:00 AM
392
NOTES
ET
DOCUMENTS
trag?die en trois actes, avec prologue de Guillaume de Cheva
lier (cf.La Valli?re, et catalogue Solemne). Le Gaston de Foix
de Billard a ?t? r?imprim? par Polinger ? New-York en 1931.
La Valli?re mentionne une trag?die anonyme de Phalante
qui aurait paru en 1610 sans indication de lieu ; c'est la pi?ce
m?lodramatique de J. Galaut (mort en 1605), dont on conna?t
une ?dition publi?e ? Toulouse en 16111.
Pi?ces ? retrouver : la Philox?ne d'Antoine du Verdier (cf.
La Valli?re, I, p. 186), et cinq ouvrages ayant appartenu ?
Solemne, leM?l?agre de Boussy, la Didon de La Grange, le
Psamm?nite des fr?resMontbesnard, la Sophonisbe de Garel,
et le manuscrit de laMercuriade de Gaspard.
Terminons sur une note gaie. Jusqu'? cette ann?e, je m'?tais
abstenu, par principe, d'ouvrir le journal manuscrit du th??tre
fran?ais, d? au chevalier de Mouhy 2. La curiosit? m'ayant
pouss? ? le feuilleter, cette lecturem'a procur? autant d'?tonne
ment que de joie. En effet, l'imposture y est beaucoup plus
;
grossi?re que dans les lettres fabriqu?es par Vrain-Lucas
aussi jeme demande comment cette ?m?prisable compilation 3 ?
a pu faire illusion ? Faguet et ? d'autres. Pour la lre moiti?
du xvie si?cle, Mouhy ne s'est pas mis en frais de recherches
ou d'imagination : il a utilis? les indications que les biblio
graphes avaient donn?es sur les impressions de pi?ces ; soit
chez les Confr?res, soit dans tel ou tel h?tel parisien, il a in
vent?
une
repr?sentation
correspondant
chaque
impres
sion. Le proc?d? ?tait simple et facile ;mais comme ce jour
naliste besogneux et ses scribes ont ajout? leurs bourdes ?
celles des Beauchamps et des Parfaict, ce Journal nous r?v?le,
entre
autres
choses,
que
les Confr?res,
basochiens,
et Enfants
sans-souci ont jou? les uvres d'auteurs qui ?taient ? la ba
vette ou qui n'avaient pas encore vu le jour ; et, chaque fois,
ce pince-sans-rire ajoute que le succ?s fut grand, que la pi?ce
1 Collection Rondel.
Cf. l'article de H. C. Lancaster
[Modem language
noUs, 1927).
2 Sur ce chevalier d'industrie cf. l'article de Paul d'EsTR?E
IV,
(R.H.L.,
pp. 195-238).
8
est de Petit de Julleville ;H. Chardon, Eug. Rigai et lui ont
L'expression
eu le m?rite de d?masquer
le soi-disant historien du th??tre fran?ais.
09:45:00 AM
notes
recueillit
beaucoup
et
393
documents
On
d'applaudissements...
ne me
croirait
pas, si je ne donnais quelques exemples :Antoine de Ba?f (n?
en 1532) fait jouer chez les Confr?res son Antigone en 1530 ;
Larivey (n? vers 1540) obtient un grand succ?s en 1520 avec
la repr?sentation des Ecoliers ; et Bassecourt (n? en 1570) fait
repr?senter en 1514 au th??tre de la Trinit? sa tragi-com?die
pastorale.
En
compensation,
un mort,
Antoine
(sic)
Gr?ban,
ressuscite pour faire jouer en 1537 ses Actes des Ap?tres. En
1553, les Confr?res repr?sentent dans la banlieue parisienne (!)
YHomme justifi? par foi, et cette tragi-com?die (dont l'auteur
est un protestant) est chaleureusement applaudie par des doc
teurs eccl?siastiques. En 1557, les Enfants-sans-souci jouent
le Champ deMartel de Cardin, qui date de cent ans plus tard.
En 1581, la Suzanne d'Oriet (qui n'est pas une pi?ce) est jou?e
par l'auteur ? l'h?tel de Boncourt. Mais il est inutile d'allonger
la liste de ces dr?leries 1.
davantage
Raymond
Lebegue.
1 P. S. ?
La Biblioth?que nationale poss?de un manuscrit de la traduction
de la Dalida de Groto, par R. du Jardin, dat? de 1604 (f. fr. n? 2305), et un
manuscrit d'une trag?die mi-latine, mi-fran?aise de 5. Sigismond, qui date du
? si?cle
(f. fr. 24719) ; est-ce le S. Sigismond qui fut jou? ? D?le en 1601 ?
Selon la Croix du Maine, Passerai
avait compos? des trag?dies et des
com?dies latines et fran?aises. Du Bartas, n? en 1544, songea dans son ado
lescence ? ?crire des trag?dies (cf. son Uranie).
09:45:00 AM
UN LIVRE DE RAISON CHAMPENOIS
En
ces
un
ouvrant
reliure
avait
attir?
?ph?m?rides
calendrier
notre
nous
attention,
contenaient
xvie
du
allemand
avons
de nombreuses
s.,
dont
d?couvert
notes
la
que
manuscrites
constituaient le livre de raison d'une famille huguenote
qui
champenoise.
est celui de Paul Eber, Calendarium histori
L'almanach
cum 1,Wittemberg, 1559, ? la suite
duquel on trouve, du m?me
une
Brevis
historia
auteur,
populi judaici, Wittemberg, 15602.
Ces deux volumes sont reli?s d'ais de bois recouverts de peau
de truie estamp?e ? froid ; un fermoir est conserv?. La reliure,
ex?cut?e en Allemagrie, est au chiffredu premier possesseur,
F. V. W. [Frederich von Weide] et dat?e de 1560.
L'ouvrage d'Eber est un calendrier ? ?ph?m?rides histo
riques destin? ? ?tre compl?t? manuscritement et ? servir soit
d'album
amicorum,
soit de
livre de
raison.
Sur
la page
de garde,
il est question d'un calendrier en fran?ais de Jean
d'Ongoys
qui
concurremment
servait,
? celui
d'Eber,
de
liber
amicorum.
Une note manuscrite, ? la page de titre, nous apprend que
le premier possesseur de ce livre fut Fr?d?ric de Weighe
ou
Weyde,
nant
cette
d?ric
? Saxon
famille.
de W.
? ; c'est
La
premi?re
l'auteur
indique
de
deux
notices
la naissance
concer
de
Fr?
le 8 novembre 1539 et la seconde, la mort de
Conrad de W., le 23 mai 1562, date apr?s laquelle ce livre a
?t? donn? ? Christophe de Egek, ami de Fr?d?ric.
A la suite de quelles vicissitudes et quand ce livre tomba-t-il
1
Calendarium historicum conscriptum a Paulo Ebero Kilthingensi
et recens
ab eodem auctum. Viteberge excusum in officina Haeredum
Georgii Rhauu,
1559, in-8? de 16 ff., 432 pp. et 28 ffnc.
2 Brevis
historia populi judaici a rediiu ex Babyfonico exilio, usq. ad ultimum
excilium Jerosolymae, cum accurata descriptione trium familiarum Sacerdotatis,
emenda
Asmoneae, etHerodianae. Autore Paulo Ebero Kitthingensi. Recusa
a Vito Creutzero, anno 1560, in-8?, 12 fine, 126 ?c. et
tius. Wuittebergae,
2 ff. bl. (Toulouse, Bibi. municipale, R?s. D.
XVI.163).
09:45:06 AM
et
notes
395
documents
entre les mains de Thierry de Marolies, bailli de Jamets 1 ?
Sans doute au cours des guerres entreprises par Guillaume de
La Marek, qui avait ? son service des mercenaires allemands
En tout cas, les notices d?taill?es consacr?es aux La Marek
prouvent que, vers 1580, ce livre ?tait entre lesmains d'un de
leurs familiersmais il est peu vraisemblable que Thierry de
en
Marolles
soit
car
l'auteur,
celles
qu'il
consacr?es
sa
famille, et ?crites de sa main, sont d'une ?criture bien diff?
rente de celles qui concernent les Bouillon. Les notes de
Thierry de Marolles datent de l'extr?me fin du xvie s. ou du
d?but du xvne ; elles ont trait, le plus souvent, ? des ?v?ne
ments familiaux (ce sont les plus longues) ; les autres, assez
br?ves,
des
rapportent
faits historiques
contemporains.
Il semble, par cons?quent, que ce livre soit tomb? entre les
mains du bailli de Jamets apr?s 1590, date de la derni?re notice
qui n'est pas de sa main ; apr?s sa mort (1615), son filsBar
th?l?my de Marolles en h?rita et compl?ta d'un seul trait, car
l'?criture est tr?s homog?ne, les notices de son p?re. La der
ni?re mention est de 1618.
Pour les autres notices, on ne peut gu?re identifier le r?dac
teur
sans
au
et tout
qu'on
puisse,
trois mains
reconna?t-on
plus
par
le contenu,
d?cider
bien
distinctes,
de Conrad
s'il-s'agit
d'Egek, de membres de la famille de Marolles ou d'autres per
sonnes.
Nous
avons
pu,
gr?ce
? ces notices,
dresser
une
g?n?alogie
de
trois g?n?rations de Marolles ? la fin du xvie si?cle et au d?but
du
si?cle
inconnus
suivant.
des
Ces
fr?res Haag
sont
renseignements
2 et
des r?dacteurs
pour
la plupart
et collaborateurs
du Bulletin de la Soci?t? d'Histoire du protestantisme fran?ais.
Nous les publions, non pas dans l'ordre des ?ph?m?rides, mais
class?es
par
ann?es,
ce
qui
facilitera
les recherches.
Suzanne
Dobelmann.
1
D'apr?s Haag, La France protestante, le duc de Bouillon, Guillaume de La
Marek, avant son d?part de Sedan (1587), lui confia cette place dont il n?gocia
la reddition par la suite.
2 La France
protestante, lre ?dition, t. IV.
09:45:06 AM
396
Page
NOTES
de garde
langue
ET
DOCUMENTS
: Jean
fran?oise
a fait un calendrier
Morinien
d'Ongoys
//de
1 Le
intitul?
Promptuaire
//de tout ce qui est
avenu de plus digne //dememoire depuis la Cr?ation du Monde //
en //la seconde
? pr?sent. Auquel
sont adjoustes
Edition
jusques
et Roys
de 1579 le catalogue
des
de France
Empereurs
Papes,
//
avec
et diferentes
des Roys
d'Angleterre
// trois genealogies
//
et Portugal
contenans
le temps que
ils
Espagne
// pr?cis?ment
ont regne et leurs gestes plus
Ensamble
le nombre
//memorables.
et les evesques
des Arche vesques
d'iceux
dependans
//de France
A la fin dudit calendrier
y a //un Miroir
par // led. d'Ongoys.
on ne peut quotter
des evenemens
le jour
desquels
pr?cis?ment
mais
seulement
l'ann?e.
Page de titre:A c?t?de Vitebergae : sub Poli elevatione Grad // 52,8
// in p. 24.
via mea ad te domine
dirigantur
suo
ab
amico
Egek
//
Christophoro
Saxo.
Weighe
Minutis
min.
Utinam
125,12 mars
Page
inter secundum
neum.
(suite)
//et
//Nobili
singulari
;Gregorius
Laminoeus,
tertiam horas matutinas
: Remy
de Marolles
de
289, 16 ao?t
Page
1535 //,meurt
1606, 3 feb. 3.
: Natali
s Friderici
378, 8 novembre
Page
et egregio juvenis
Fridericus
//a
nascitur
Laegia
anno 1523
2 Eburo
Sainte-Manehoulde,
n?
a Wey de in hanc
//
4.
inter 6 et 7 // horam matutinum
mon
:Nativit?
de Marolles,
de Me Thierry
400, 30 novembre
Page
5.
l'an
i.
1540.
413
?
Mort.
Ste-Manehould
p?re,
//
aure putre
: Surda Christum
ominum negligit
Fol.
68, 19 janvier
//
facta corr?it ?.
lucem
editi
anno
1539
a Weida
: Gonradus
moritur
intra 3a et 4a hora //
200, 23 mai
anno gratia
76 7.
1562, aetatis
post meridiem
a Marcha
: Guilelmus
f?lius Henrici
Robertus
50, Ier janvier
Page
a //Marcha
dimidi a^ hora post //
nascitur
Roberti
ducis Bullonei,
anno 1563 8.
matutinem
quintam
Page
1 Cet
t. IV, p. 187. Il servait,
ouvrage est signal? sous ce titre par Brunet,
comme nous l'avons vu, de Liber amicorum.
2
(Belgique).
8 Li?ge
Cette notice est de l'?criture de son fr?reThierry, p?re de Barth?l?my de M.
4 M?me ?criture
celle
que la d?dicace de la page de titre ;vraisemblablement
de Fr?d?ric de Weyde.
6 La note est de la main de
Barth?l?my, son fils.
6 Texte
de Francia
Delphinus
primo genitus Henrici
imprim? : Franciscus
secundi r?gis Galli
filius, ex Catharina Medicea nascitur Aquis Bellis anno 1544
inter 4 et 5 horam post meridiem.
7 ?criture de Fr?d?ric de
Weyde.
8 Les
biographes et g?n?alogistes font na?tre ce prince en 1562. Sans doute
un
1er
janvier 1563.
parce qu'il naquit
09:45:06 AM
NOTES
D'une
autre
Franciscae
omnium
:moritur
?criture
tus a Marcka
ET
filius Henrici
Genevae
Robert
Borboniae
1588.
Rober
//Guilelmus
et
ducis Bullonii
//a Marka
con bonorum
Genevae
magno
// Moritur
anno. M. V. LXXXV1IL,
anno aetatis XXV.
25 juillet : Ferdinandus
archidux
imper?tor Romanorum
Carlo V. fratri // suo successit
imperio, moritur Viennae
luctu
266,
Page
Austriae
397
DOCUMENTS
hora s?ptima
1564.
post
//meridiana
: 26 novembris
1570 die dominica
Carolus
596, 26 novembre
Page
1
9 Francorum
Rex
2 connubii
// filiae
imperatoris Maximiliani
2
est // urbe Mezera
in fmibus
ad Mosam.
junctus
campaniae
:
Nativit?
de M. Barth?l?my
de Marolies
a
328, 22 septembre
Page
Ste-Manehould
3.
// 1571, un sabmedy
: Anne Tousset,
femme bien aym?e de M. G.
343, 6 octobre
Page
de Marolies,
a Saincte-Manehould
meurt
//
?g?e de 18 ans, 1571
a dix heures
du // soir.
anni 1572 et hora prima
et dimi
87, 5 f?vrier : Die Martii
Page
diata a meridie
est filius, felicibus auspiciis,
sacro
// natus mihi
santi
Charart
dei candidatus
die Jovis 7a menses
// baptimatis
februarii
in ecclesia
Christi Sedani
collecta
// baptizandum
domina
Francisca
Borbonia
comitissa,
// illustrissima
4 natu
ducis
uxor
et dominus
// Bullionaei
maior,
ejus filius
comes a
aetatem
infantem
tamdiu
// Brayna
qui cum propter
non posset,
sustinere
brachiis
dum verbi minister
batismi
ratio
nem
nobilis
ab ecclesiae
Viennensis
// explicaret
Christopherus
Austriachus
sublevandi
morabatur,
// qui tum in arce Sedana
causa parvulum
clarissimi
ulnis continuit 6,
hujus
// adolencentuli
quem
obtulerunt
corniti. Eo anno mise
// tarnen, ab ipso domino
af?licta fuit ecclesia Christi per universam
Gal
liam Regis
Galliorum
in perpetuum
// astu et perfidia
detestanda,
6
coesus
fuit Gaspar-us
Galliorum
mul
admirallus,
// Colignus
imposito
randum
tisque
insignes
quenti
nomine
in modum
secum
nobiles
Christi
contigit.
ao?t
297, 24
Page
miserandum
illustreque
martyres,
quid
: Die
dominico
est
interfectus
1572, Lutetiae
est insignis Christi martyr
// contratus
cum multisillustribus
Galliae
et
//admiral)is
et / / Guisiarum
; et paulo
Regis
proditione
in modum
Gasparus
Collignius
aliis viris, nefanda
post per totam Galliam
Christi
et
//viri verse religionis assertores
die 24a
inse
augusto
// mense
per universum
et arsit
prope
// hoc
Regum
incendium
// Gallicum
fuitque
af?licta.
ecclesia
1
?lisabeth d'Autriche.
2
M?zi?res (Ardennes).
3 Fils de
Thierry ; a r?dig? une partie des notices les plus r?centes et celle-ci,
4 II
de La Marek, duc de Bouillon, n?
s'agit du jeune Guillaume-Robert
1563.
6
fet Soulign? dans le texte.
09:45:06 AM
398
ET
NOTES
DOCUMENTS
1 : Die
597, 27 novembre
Page
meus
Senalius
regius
veneris
papistarum
importunis
a viva Christi
religione
: Die
125, 12 mars
Page
anno domini
12a martii
96,
14 f?vrier
obiit
Rhemis
2 socer
fuit, et quamvis
sepultus
// ibique
non potuit tarnen
lateribus
/ / urgeretur,
dimoveri.
Veneris
paulo
1574
obtulerunt
quam
baptizandam
nomine
D. ab Ully,
Robertus,
4.
uxoris mea, mater
Page
1573,
elector
: obiit
//nata
16 mensis
335,
Page
a Chaalons,
//un vendredy
: Dominus
121, 8 mars
Page
septiman matutinam
3
nomine
filia, Anna
in ecclesia
Christiana
// Sedani
et socera mea, D. Anna
Pioche,
:Nativit?
16 novembre
ante
est mihi
octobris
de Marie
anno
1576
Lestaches
5.
6ma
femme,
7.
1577
Johannes
Heilinus
f?delis minister
verbi // dei et pedag?gus illustrissimi Principis // Guilhelmi
a Marcita
Roberti
ducis
Buillonei
// obiit,
anno
reparato
salutis
// est in tempio Sedanensi.
: Ludovicus
et
dei
minister
verbi
54, 5 janvier
Capellus
Page
in Domini
hora //mortis precedentis
invocatione,
obdormivit,
//
anno 1586.
in tempio sedantensi,
et hoc die sepultus
8
a Marc
: Francisca
Borbonia
Roberti
Henrici
194, 17 mai
Page
etc...
obiit 17 Mai Anno
ita // Ducis
Bullonii
// 1587
conjunx
1582.
Et
sepultus
paulo post quintam
343, 6 octobre
Page
Sedani.
pomeridianam,
9 comes
a Marcka
: Joannes
f?lius
illustris
simi //principi Henrici Roberti ducis Bullonii et //Franciscae
frater minor
Borboniae,
nii etc...
Gallicarum
liam
natu Wuilhelmi
in expeditione
// Germanici
libertate
// ecclesiarum
acciti,
febri, continua
a Leignes
cui nomen
dulo
XXX VII.
Page
vire
ducis
Bullo
exercitus
pro
a rege Navarrae
in // Gal
obiit //in Burgundi??
oppi
correptus
10
tribuitur, VI octob. anno M. C. L
: Henricus
dum
dux Guisius
Lotharingius
a rege congregatorum,
ad Ligerim
//ordinum Blasiis
inser
et nefariis
institutis
// ritatem suis conspirationibus
in regis et principum
denuo
regio
sanguine
cogit, // atque
424, 23
Gallici
Regni
autho
// Robert
et Helvetii
satorum
d?cembre
caput
// extrema
queque
molitur
; ex medio
ipsorum
1 M?me ?criture
qu'en 1572 (p. 297) et 1573 (p. 597).
2 Reims
(Marne).
3 M?me ?criture
qu'en 1572, p. 297 et 1573, p. 597.
4
de Marolles
Anne, fille de
(?).
5 Dans le texteduThierry.Anno 1515 nascitur
Fridicus Palat?nus Rhemi, ducis
jour
Johannis Simmerensis filius, elector, qui anno 1559, mortuo electori Otthoni
Henrico successit.
6 La famille Lestaches
est, semble-t-il, originaire de Chalons-sur-Marne.
7 ?criture de
Barth?l?my de M.
8
Fran?oise de Bourbon, fille de Louis II de Montpensier et de Jacqueline
de Longwy, qui avait embrass? la religion protestante, ?pousa en 1558 Henri
Robert de La Marek.
9 Jean comte de La
Marek, n? le 4 mai 1564, fr?re de Guillaume.
10
Leignes, arr. Ch?tillon-sur-Seine
(C?te d'Or).
09:45:06 AM
NOTES
ordinum
ET
399
DOCUMENTS
coctu
ecitus atque
ad
(sic), regis // mandato
dum // inde in secretius
eubiculum
evocatus,
a quibusdam
tent?t,
ipso rege jubente
//et spectante,
ad id // desi gnatis
et constitutis
custodiae
satellitibus
eubiculum
sternitur.
pro
gressum
regiae
sicarum
et tandem
ictibus vulneretur,
et criminum
laesae
// Continuo
Archiepiscopi
ejus
majestatis
ejus
delictorum
// veniam
superiorum
a rege pet?re
recurans mortuus
1
fr?ter cardinalis
Guisius
Rhemensis
// (altera regni Gallici pestis et belli civilis fax)
// ;qui ob fra tris necem dum adversis gueminis
cum petulancia
// temere et summa
pronunciat,
die // qui 24 erat, suorum scelorum
sequenti
ipse etiam a quibus
dam pedestris
mortem
reci
// regiae custodiae militibus
proemium
inte
pit. Horum
/ / cada vera per unum aut alterum diem servata
custodiae
extremas
traditur
minat
s
summum
et primum crimen
// (ut l
majestatis
//
in cinerem a carnif?cibus
in occluso
cubiculo
Gallos) meretur
in fossas arcis dejiciuntur.
Regia
// arcis rediguntur
qui postea
//
424 : Carolus
cardinalis
Borbonius
Joivillgeus
2, princeps
Page
3,
Guisii
Albasius
// primogenitus,
ejus cognatus, Marchio
4, archi
gra,
tandem
apud
episcopus
// Lugdunenis
- torum
gener merca
//
tur. Anno
Christi 1588.
5, praeses
praefectus
de Nully
Parisiensis
6, Parisiennis,
ejus
tradun
custodi?
: Katharina
Medicola
Florentina
55, 6 janvier
Page
ri?i 2 vidua
et Henrici
3 mater
// Franc isci 2 Caroli
p??
// christianae
lium et exteriorum
pestis,
regni Gallici
faxi furia, sanguinis
urna
et
// inexplebilis
terrae et
// coelo, mari,
tanda
//Blesiis
paulo post Guisii
ex inchoata
et in //morbum
et
rorem quem
ob // ingentem m
sitiebat
venefica
regis Hen
totius Eur?
bellorum
civi
flagellum,
Christiani
quem perpetuo
:
spongia
sort?lega,
foedifraga,
et detes
ipsis infer?s abominanda
necem
febri pleuritica
correpta
tenui valetudine
facta
recidiva
ex Guisii
morte
contraxerat,
annum
agens 68 vivere et furere desiit anno 1589.
// aetatis
: Johannes
'moritur Argentina
Sturmina
1589 //
116, 3 mars
Page
aetatis
81 mensibus
5 8.
: Anno
1590 ad pagum Yvraei
Hen
127, 14 mars
Page
Aggenis9
ricus // quartus
et Navarrae
Rex Galliae
mediocri
// cum exer
citu copias
ducis a Mayne
hos
reliquorumque
// conjuratorum
1 Louis II de
le 6 juillet 1555.
Lorraine, cardinal de Guise, n? ? Dampierre
Assassin? le 24 d?cembre 1588.
2
fr?re
d'Antoine
de
roi
la
de
Charles,
Bourbon, proclam?
Ligue sous le nom
de Charles X, mort en 1590.
8
Prince de Joinville, fils a?n? du duc de Guise (1571-1640).
4
Charles de Lorraine, duc d'Elbeuf
(1556-1605).
5
Pierre IV d'Espinac, archev?que de Lyon (1573-1599).
6
Pr?sident de Neuilly.
7
Jean Sturm, c?l?bre humaniste allemand, n? le 1er octobre 1507 ? Schlei
den pr?s Cologne, mort le 3 mars 1589 ? Nordheim;
pr?s de Strasbourg.
8
?criture de Thierry de Marolies.
*
cant,
de
Louviers
A?quigny,
(Eure).
09:45:06 AM
400
NOTES
ET
DOCUMENTS
eo Galliae
lio // commisso, magna
virtute et animi
pr
comitis Aguimontani1
// fudit et fuga vit. Cadaver
//
deferendum
concessit.
suis in patriam
Belgae
2
: Garnutes
obsidionem
156, 10 avril
post
longam
Page
regis
exercitu pressi regi subdantur
1591 3.
tium Christi
alacritate
: Henricus
4 francorum
266, 25 juillet
a qua numquam
veram
presens
religionem
//
et papisticam
1593 4.
amplectitur
Page
304, 31 ao?t
Page
Marie
d'Estaches,
nistre,
consomm?
Page
135,
22 mars
Page
151,
5 avril
Page
222
: Pax
avec //
de M. Barth?l?my
de Marolies
mi
? Dompmartin
par Mr.
//Wyriot,
et festoy? ? Ghaalons
// Tan 1595 5.
c?l?br?
: Lutetia
quae
civili bello
civili
: Trecenses
regi ipsi subditi 1594 7.
//1598 9.
longo civili bello
defferat deserit
//
: Mariage
rico 4 //regi reddita 1594.
ni
res
8 inter Henricum
qui
4 regem
a rege defereat
bello
Galliae
rege
Hen
deferavit
et regem
Hispa
10
mon
fils
de Marolles,
Nativit?
de Thierry
61, 12 janvier:
Page
entre troys
le Fransoys
Tan 1600, un mercredy
aisn?, a //Vitry
a Vitry en Per
: Baptis?
et // quatre
du matin
par Mr. Yolland
:Mr.
de Marolles
suyvant,
Thierry
parein
//le dimanche
: Rachel
maraine
femme de //
Bescheile,
// ayeul paternel,
n.
son ayeulle Maternelle
Lestaches,
Jacques
:
12.
Anno
26
1601
236,
juin
glacies
Page
: M.
?
advocat
de Marolles,
Claude
335, 29 septembre
Page
en la ville de Vitry
en l'an 1601 avec
mort
Sainte-Menehould,
thois
son
selon les ?glises r?for
de //la foy chrestienne
confession
ans et XL mois
13.
aag?
// de 26
mon
de Marolles,
: Nativit?
de
109, 26 f?vrier
Jacques
Page
entre six et //
l'an 1602 un mardy
2e filz,- audit Vitry
le Francoys,
a
par le sieur Yolland,
Vitry
//en Per
sept du matin.
Baptiz?
ouverte
m?es,
1 Comte
(1522-1568).
2 Chartresd'Egmont
(E. et L.).
3
?criture de Thierry de Marolles.
4 ?criture de
de MaroJJes.
5 De la main Thierry
de Barth?l?my de Marolles.
6
Troyes (Aube).
7 Les
deux notices sont de la main de Thierry de Marolles.
8 Trait? de Vervins.
9 De la main de
Thierry de Marolles.
30
la
D'apr?s un R?le des habitants de Vitry-le-Fran?ois faisant profession de
du Protestantisme, t. XI,
religion r?form?e (Bulletin de la Soci?t? d'Histoire
eut une fille,
page 372) il ?pousa Marie Jacob?, veuve de J?r?mie Viriot. Il
Judith, qui ?pousa en 1628 Philippe Lef?vre. Figure comme d?put? au synode
de Loudun de 1659 (Ibid., t. VIII, p. 150).
11
?criture de Barth?l?my de Marolles.
12 De la main de
Thierry de Marolles.
33 Fils de
de son oncle
Jacques de M., cousin de Barth?l?my. De la main
Thierry de Marolles.
09:45:06 AM
ET
NOTES
401
DOCUMENTS
:
Son parein
thois, le dimanche
suyvant.
Jacques
// Lestaches
: Jeanne
son aieul maternel,
tante1.
Lestaches
mareyne
//sa
ma
: Fran?oyse
femme de
Roussel,
tan^e,
110, 27 f?vrier
Page
a Ste-Manehould
meurt
l'an 1602 2.
Me Remy
de Marolles,
? Vitry 1603 3.
Page 157, 11 avril :Le Roy Henry IV fait son entr?e
4
: Nativit?
mon
de Claude
de Marolles,
28 novembre
a Vitry
entre
l'an 1603.
Un vendredy
//le Fran?oys
a Vitry en
et cinq du matin.
par le Sieur YolJand,
Baptiz?
quatre
: son
:Benjamin
Brichot
Perthois
suyvant
parein
//
//le dimanche
sa tante,
: Claude
son oncle, Mareine
de Marolles,
// femme dudit
5.
Brichot
Page
3e
398,
filz,
: Ce jour, mourut
? Nancy Madame
Catherine
de
du Roy Henry
4e, femme de Henry
6, seure unique
de Metz
Loraine
par un m?decin
//nomm?
// duc de Bar, deceue
le sire Loup,
estoit enceinte
//et
qui luy avait persuade
qu'elle
95, 13
Page
de Bourbon
ne voulut
mourant
f?vrier
m?decine
print aucune
qu'elle
7.
ferme en la religion
reform?e
oncques
tous jours
3 octobre
340,
Page
femme de
: Rachel
// Jacques
lons // l'an 1605 8.
356, 19 octobre
Page
Beschelee,
meurt
Lestaches,
// 1604,
de
ma
belle-mere,
premiere
de flux de sang ? Chaa
: Jacques
mon beau-fr?re, meurt
Lestaches,
l'an 1605 9.
sang //a Chaalons
de
85, 3 f?vrier :Ce jour 1606 entre midy et une heure, Remy
Page
a Sainte
en sa maison
sire de Maf?rescourt
Marolles,
10, est d?c?d?
ans cinq mois
Manehoulde
// d'une retention de veine, ?g? de 70
du flux de
huit
11.
jours
: Me.
? Vitry, meurt
advocat
Jacob?,
en Jesus-Christ,
?
1606
6 heures
//et
//de
12.
demye du soir au grand regret de toute la // ville de Vitry
: Nativit?
mon 4e filz,
de Marolles,
de Henry13
252, 11 juillet
Page
a
entre quatre
l'an 1606, un mardy
le Fran?oys
//et cinq
Vitry
en Perthoys
le
du matin,
par le Sieur Yol land a //Vitry
baptis?
158,
Page
asseur?
12
avril
son
Jean
salut
1 De la main de
de M.
2 De la main de Barth?l?my de M.
3 De la main de Barth?l?my
de M.
4 De la main deThierry
de M.
5 Vivait en 1667. Barth?l?my
en qualit?
Assista au synode de Clermont-en-Beauvaisis
d'ancien de l'?glise de Vitry.
6 Catherine de
B., princesse de Navarre et duchesse d'Albret, n?e ? Paris
en 1558, ?pousa en 1598 Henri de Lorraine, duc de Bar.
7 De la main de
Thierry de Marolles.
8 De la
main de Barth?l?my de M.
9
?criture de Barth?l?my de M.
10
Maf?r?court, cant, de Sainte-Menehould
(Marne).
11 Fr?re a?n? de
Thierry et de Jacques. ?criture de Thierry de M.
12 De la main
de Thierry de M.
13
H. de M. 1606-1641 (Haag, France protestante, p. 260), mort ? Troyes.
Mari? ? Marguerite de M. Deux enfants morts en bas-?ge.
26
09:45:06 AM
402
NOTES
lendemain
de Marolles
ET
DOCUMENTS
Son parein
mardy.
sa tante 1.
// Loys
Jaeob?,
: Anne
Marreine
: Suzanne
420, 19 d?cembre
Page
meurt
// soudainement
589, 19 novembre
Page
femme de Fleurigny,
Jacob?,
? 10 heures du soir 1606 2.
avec
: Anne
ma fille, mari?e
de Marolles,
Samuel
Servaisot
// 1606 3.
: Marguerite
de Marolles,
fille de Jacques
591, 21 novembre
Page
avec David
en l'?glise reform?e
de Marolles,
mari?e
Sirvaisot
//
de Vitry //1607 4.
Fol.
63,
: Nativit?
mon
de Charles
de Marolles,
5e filz,
janvier
l'an 1608, un lundy a huit heures du soir.
le // Fran?oys,
un dimanche
en Perthoix
Yolland
par Monsieur
//a Vitry
: Me Daniel
mesme moys.
Maucler
esleu et
Son parein
14
Vitry
Baptis?
27e //du
sa tante 5.
de Marolles,
: Ce jour en l'an 1608, mourut
a Chalons
en //
Me. Pierre Wyriot,
aag? de 76 ans, // fidel ministre
Champaigne
ont
en l'?glise
reform?e
audit
lieu, la vie //et meurs
duquel
sa doctrine.
souvenance
de sa vie servira
presch? ainsy que
//La
de le?on a tous // ceuls qui l'ont ouy et cognu 6.
Mareyne
Page
84,
Page
314,
: Susanne
f?vrier
: 1609
8 septembre
ce jour fut baptis?e
en l'?glise
refor
m?e de Vitry //Marie de Bellenger, fille de Philippes de Bellen
et damoiselle
Jahel de Thourottes
ger, //Sire de Laudonardi?re
//
:
:M.
de Marolles,
dame de Blazy
7, parrain
Thierry
//marraine
8.
de
femme
Claude
Picart
Guillemin,
Fran?oise
: Ce
4 du
191, 14 avril
Page
jour, le grand Roy de France, Henry
rue de la Ferronnerie,
sur les cinq // heures
nom, // tu? ? Paris,
du soir, de deux
1610
goulesme,
coups
9.
de couteau
par
// Fran?ois
d'An
Ravaillac
ans
: Jacques
de Marolles,
316, 10 septembre
aag? de 64
//
Page
au Seigneur
et my, meurt
? Vitry, 1611, // environ les 7 heures du
est parle,
i. au 29 de ce // mois10.
soir pere de // Claude
duquel
: Ce
au Seigneur
Marie
287, 13 ao?t
//
jour 1612 meurt
Page
de Marolles
vefve de Jacques
Domine,
// de. i sept. 10 u.
au nouveau
tem
: Premi?re
307, 1er septembre
Page
pr?dication
le Fran?oys
ple de Vitry
l'an 1613 12.
1
?criture de
2 De la main
8 De la main
4 De la main
8 De la main
6 De la main
7
cant,
8 Blacy,
?criture de
9
?criture de
10
?criture de
11?criture de
18
?criture de
par
le Sieur
Yolland
un
jour
de Cene,
Barth?l?my de M.
de Thierry de M.
de Thierry de M.
de Thierry de M.
de Barth?l?my de M.
de Thierry de M.
de Vitry-le-Fran?ois
(Marne).
Thierry de M.
Thierry de M.
Thierry de M.
Thierry de M.
Barth?l?my de M.
09:45:06 AM
NOTES
ET
403
DOCUMENTS
: Nativit?
ma
de Marolies,
d'Anne
76, 17 janvier
Page
premiere
fille a Vitry //le Fran?oys
l'an 1614, un lundy a quatre heures du
Chevillette
par Monsieur
baptiz?e
//matin
pr?cis?ment,
//au
:
suivant.
Son parein
temple neuf, le mercredy
//Me Jacques
: Judith de
mareine
sa tante
Mauclerc
advocat,
//Marolles,
: Patris Theodorici
de Marolles
Jametiae
413, 12 d?cembre
Page
obitus
in domo sua, die Sabbatis
Baillivii
//Vitriaci
sesqui pome
ridiana
75 et duobus
diebus. Natus
ultius
1615,
// anno aetatis
Novembris
// 1540.
i. p. 400
2.
Page 53, 4 janvier : Jean deMarolles, mon 6e filz,estn? ? Vitry //
l'an 1618, un jeudy entre cinq et six du soir ; //baptis? par Mon
sieur Chevillette
moys
rolles
ses
3.
parein
au temple dudit
//lieu, un mercredy
et //maraine,
et Elisabeth
Jean Jacob?
10 dudit
de Ma
1 De la main
de Barth?l?my de M.
2
?criture de Barth?l?my de M.
3
de
?criture
Barth?l?my de M.
09:45:06 AM
Marguerite
en
1607 Servaisot
?pouse
David
t1612
Jacques
Marolles
de 1542-1611
Marie
Domine
?pouse
Jean
1618
Marolles
de 1575-1601
Claude
1614
1608
Charles
Anne
Judith
Suzanne
Henry
1606-1641
Marolles
de 1540-1615
Arbre
g?n?alogique
la
famille
de
de
Marolles. Thierry
?pouse
1606
Samuel
Anne Servaisot
en
1667)
Claude
1603
(vivait
Benjamin
?pouse
Claude
Brichot
Jacques
1602
Marie
1577
n?e
en
1595 Lestaches,
1571?pouse
Barth?l?my
(?)
veuve
deJ?r?mie
Jacob?
?pouse
Thierry
1600
Viriot
Marie
sire
Marolles,
de
Remy
de
1602
t
rescourt.
1535-1606
Maff
Roussel
?pouse
Fran?oise
09:45:06 AM
TABLE DES MATI?RES
Travaux
Jean
Les
Hoyoux.
Tricou.
Georges
IL
III.
Les
IL
III.
La
IV.
Le
V.
du
R.
Leb?gue.
86
89
Lab?.
94
Fortin.
97
99
chronologique.
et la mort
proc?s
Pi?ces
justificatives
Le
Un march?
?
Colombier.
?tudes
IL
Les
III.
Les
et
relations
malherbiennes.
Le
V.
Malherbe
cr?dit
VI.
Malherbe
de Malherbe
et
la s?pulture
154
et de Malherbe.
? Aix
le portrait
de
arbitre
litt?raire.
153
italiennes
au
herbe . 184
IV.
105
143
(3 pl.).
les pastorales
de Du Vair
tournoispo?tiques
pour
Spifame..
139
Texte.
Commentaire
Nouvelles
L Malherbe
de Jacques
125
Pilon
de Germain
de Br?z?.
Fran?oise
P.
Yvard
de Louise
d?c?s
Delmas.
Connat.
de
75
82
mariage.
cousine
Conclusion.
Table
68
Lab?.
jeunesse.
Thomas
61
Charly.
. 74
Taillard
: Louise
Le
P.
de
enfants
Antoinette
2e partie
I. La
M.
famille.
60
: La
famille.
partie
I. Pierre
dit Labb?.
Charly
lre
d'?rasme.
et sa
Lab?
Louise
Avant-propos.
Andr?
d'existence
moyens
temps
la cour.
Cassandre.
174
de Mal
186
187
190<
09:45:15 AM
406
table
La
VII.
traduction
Deux
VIII.
des
des
conjectures
matieres
romans
par Malherbe
projet?e
sur le texte de Ta
de Malherbe
193
cite . 202
V.-L.
Saulnier.
vie.
Le
vrai
IL
III.
209
210
de B.
visage
de B?roalde
Les
id?es
Sur
le Parvenir.
IV.
de Verville.
B?roalde
I. La
de Verville.
et
ses
239
266
livres.
284
[V. Bibliographie b?roaldienne. 313
et
Notes
A.
Bossuat.
Une
d'Orl?ans.
ms.
Le
Guiraud
R. Leb?gue.
Tableau
Dobelmann.
de
la Passion
334
justificatives.
1674
de
327
la Biblioth?que
municipale
346
J. Megret.
S.
du Myst?re
en 1477 .
repr?sentation
? Montferrand
Pi?ces
J. Boussard.
Documents
Un
graveur
Agret,
de la trag?die
livre
de
raison
toulousain.
fran?aise
de 1573
361
? 1610
373
394
champenois.
09:45:15 AM
ACHEV? D'IMPRIMER
SUR LES PRESSESOFFSET DE L'IMPRIMERIEREDA S.A.
A CH?NE-BOURG (GEN?VE),SUISSE
JANVIER1974
09:45:15 AM