Protectorat franais de Tunisie
promulgu par Mohammed Bey[1] , et la constitution
octroye le 23 avril 1861[2] , qui la suite d'meutes
est suspendue ;
Protectorat franais de Tunisie
( ar)
1881 1956
la persistance des fodalits entretenues par les rvoltes rcurrentes provoques par une scalit trop
lourde ;
Devise : Libert, Ordre, Justice,
Hymne : Hymne beylical
la modernisation de l'conomie (agriculture et commerce en particulier) entreprise par Kheireddine Pacha, successeur de Khaznadar ; il ne parvient toutefois pas redresser la barre par ses rformes et dmissionne en juillet 1877[3] ; les eorts de Mustapha
Ben Ismal qui le suit la tte du gouvernement ne
connaissent gure plus de succs.
Localisation de la Tunisie en bleu fonc ; le reste des colonies franaises est reprsent en bleu clair
Entits prcdentes :
Rgence de Tunis
Entits suivantes :
Royaume de Tunisie
Le protectorat franais de Tunisie (
soit Al-imyah Al-Fransyyah f Tnis) est institu par
le trait du Bardo du 12 mai 1881. Transformant les structures politiques, conomiques et sociales du pays, il est
nalement aboli le 20 mars 1956 au terme de ngociations constituant l'aboutissement du mouvement national
tunisien.
Histoire du protectorat
1.1
Contexte
Le protectorat franais trouve sa place dans un contexte
d'aaiblissement progressif du pouvoir beylical. Cette autorit sest en eet tiole du fait d'une situation intrieure
caractrise par la diminution des ressources de l'tat et
d'une situation extrieure se traduisant par un interventionnisme tranger accru qui ont permis la France de
prendre position.
Carte de la rgence de Tunis en 1843
Quant la situation extrieure, elle se traduit par un
interventionnisme tranger accru. En eet, les puissances occidentales, principales crancires de la Tunisie, mettent sur pied une commission internationale,
le 5 juillet 1869[4] , qui aerme certaines recettes an
d'apurer la dette, sans succs. Elles voient aussi miroiter les perspectives d'emplois oertes aux capitaux gnrs par la rvolution industrielle et cherchent de nouveaux territoires, sous-tendant ainsi leurs pressions imprialistes. Dans le mme temps, l'Empire ottoman tente de
restaurer son emprise sur la Tunisie en contrant la volont d'indpendance beylicale. Car, sappuyant sur la diplomatie et les forces navales europennes, les beys de Tunis
parviennent progressivement rduire l'tat de ction
le lien de suzerainet rattachant la Tunisie Istanbul.
La dgradation des comptes beylicaux a pour causes la
disparition des revenus provenant de la piraterie, interdite depuis 1818, la quasi absence de personnalits ayant
le sens ou l'aptitude du service de l'tat le ministre
Mustapha Khaznadar btit sa fortune durant 35 ans en
ruinant le pays et un endettement croissant du trsor.
Cette situation est aggrave par les dboires des tentatives
de mutations inspires de celles de l'Europe occidentale :
l'chec de la modernisation des institutions initie
par le Pacte fondamental du 10 septembre 1857,
1
HISTOIRE DU PROTECTORAT
Sign le 13 juillet 1878, le trait concluant le Congrs
de Berlin entrine presque explicitement le partage des
zones d'inuence des principales puissances coloniales,
en particulier la dvolution de la Tunisie l'orbite
d'inuence de la France. C'est dans ce contexte que cette
dernire cherche compenser les eets de sa dfaite lors
de la guerre de 1870, en particulier la perte de l'Alsace
et de la Lorraine[5] . De plus, le percement du canal de
Suez, inaugur en 1869, fait de la mer Mditerrane un
axe commercial attractif sur lequel la Tunisie occupe des
positions stratgiques, militairement et commercialement
convoites par les puissances coloniales.
Les agents conomiques (banques et maisons de ngoce de Paris, Lyon et Marseille) et diplomatiques franais considrent aussi dfavorablement les manuvres de
l'Italie tout juste unie ; elle cherche en eet, bien que
Signature du trait du Bardo le 12 mai 1881
signataire du trait de Berlin, tendre son emprise naturelle la Tunisie.
1.2
Conqute de la Tunisie par la France
Article dtaill : Conqute de la Tunisie par la France.
1.2.1
Premire campagne
Prenant prtexte des incidents de frontire entre la tribu algrienne des Ouled Nahd et la tribu tunisienne des
Kroumirs les 30 et 31 mars 1881, le gouvernement franais prsid par Jules Ferry dcide lenvoi dun corps expditionnaire de 24 000 hommes plac sous le commandement du gnral Lonard-Lopold Forgemol de Bostqunard la frontire entre lAlgrie et la Rgence de Tunis.
Le 24 avril 1881, les troupes franaises pntrent en Tunisie par le nord (Tabarka), le centre de la Kroumirie et
la ville de Sidi Youssef[6] . Tabarka est investie ds le 26
avril[7] . La ville du Kef tombe le mme jour. Les trois
armes peuvent alors faire leur jonction pour craser les
tribus montagnardes qui rsistent jusquau 26 mai[8] .
Encourag par linertie de larme tunisienne qui na pas
boug pour dfendre la ville du Kef contre lattaque franaise, Jules Ferry dcide denvoyer un corps de 6 000
hommes sous le commandement du gnral Jules Aim
Brart dbarquer Bizerte ds le 1er mai. La ville noppose aucune rsistance et le 8 mai, la colonne militaire
prend la route de Tunis[9] . Le 12 mai, les soldats franais
campent La Manouba, non loin du palais du Bardo[10] .
de tout son tat-major et de la plupart des ociers suprieurs de la colonne. Des soldats tunisiens leur rendent
les honneurs. On les introduit dans le salon o Sadok Bey
et le consul de France Thodore Roustan les attendent.
Craignant dtre destitu et remplac par son frre, Taeb
Bey, le monarque signe le trait 19 heures[11] . Il obtient
toutefois que les troupes franaises nentrent pas dans la
capitale[12] .
Par ce texte, la France prive l'tat tunisien du droit de
lgation actif en chargeant les agents diplomatiques et
consulaires de la France en pays trangers [...] de la protection des intrts tunisiens et des nationaux de la Rgence . Quant au bey, il ne peut plus conclure aucun acte
caractre international sans en avoir auparavant inform l'tat franais et sans avoir sa permission. Par ce trait, la France sengage galement assurer la prennit du
rgime monarchique beylical et conserver au bey son
statut de souverain ; l'article 3 indique que le Gouvernement de la Rpublique prend l'engagement de prter un
constant appui S.A. le bey de Tunis contre tout danger
qui menacerait la personne ou la dynastie de Son Altesse
ou qui compromettrait la tranquillit de ses tats . La
faible porte des concessions imposes au bey vise rassurer les pays europens qui tiennent conserver les privilges quils ont obtenus en Tunisie, tels que limmunit
judiciaire ou les droits rduits sur les taxes dimportation.
Les derniers coups de feu sont tirs le 26 mai. Quatorze
soldats franais et un nombre inconnu de Tunisiens sont
morts au combat[13] .
1.2.3 Deuxime campagne
Le retour en France de la moiti du corps expditionnaire
encourage le pays prendre les armes. Le signal de la
rvolte est donn par la ville de Sfax qui se soulve le 27
Article dtaill : Trait du Bardo.
juin. Les autorits locales sont dpasses et les Europens
16 heures, escort par deux escadrons de hussards, doivent vacuer la ville en catastrophe[14] . La rbellion est
Brart se prsente devant le palais du bey accompagn mate dans le sang par les fusiliers marins de lescadre de
1.2.2
Signature du Trait du Bardo
1.3
tablissement de la structure administrative
Reprsentation de la prise de Sfax par douard Detaille
Mditerrane qui reprennent la ville le 16 juillet au bout
de quatre heures de combats de rue[15] . La ville de Gabs
tombe son tour le 30 juillet.
Cest tout le pays qui imite lexemple des sfaxiens. En
aot, la ville de Kairouan est investie par les rvolts.
Tout larrire-pays est parcouru par des tribus qui protent de la situation insurrectionnelle pour piller. Le camp
militaire du Kef est assig par 5 000 combattants emmens par le chef de la tribu des Ouled Ayar, Ali Ben
Ammar[16] . Prs de Hammamet, une colonne franaise
est harcele par 6 000 insurgs entre le 26 et le 30 aot et
perd trente hommes[17] . Les civils europens ne sont pas
pargns. Le 30 septembre, la gare dOued Zarga est at- Premire page des conventions
taque et neuf employs sont massacrs[18] . la suite de
cette tuerie, Tunis est occupe le 7 octobre par les troupes
de lexcution des traits actuellement existants entre le
franaises pour rassurer la population trangre.
Gouvernement de la Rgence et les diverses Puissances
Des troupes sont envoyes en renfort depuis lAlgrie. Le
europennes , sans oublier larticle 7 par lequel le Gou26 octobre, la ville de Kairouan est reprise aux insurgs
vernement de la Rpublique franaise et le Gouvernepar larme franaise. Les combattants de Ben Ammar
ment de Son Altesse le Bey de Tunis se rservent de xer,
sont mis en droute le 22 octobre ; les derniers rsistants
dun commun accord, les bases dune organisation nansont encercls le 20 novembre[19] . Les colonnes franaises
cire de la Rgence, qui soit de nature assurer le service
qui parcourent le pays traquent impitoyablement les tride la Dette publique et garantir les droits des cranciers
bus insurges qui fuient vers la Tripolitaine toujours aux
de la Tunisie.
mains de lEmpire ottoman. Les derniers combats cessent
Seule une garantie de la France sur la dette tunisienne
la n du mois de dcembre[20] .
peut justier la suppression de la commission. Il est donc
convenu de convertir la dette tunisienne en obligations
1.3 tablissement de la structure adminis- avec la garantie de la Banque de France. Cest cette solutrative
tion qui est expose dans larticle 2 des Conventions de la
Marsa qui sont signes le 8 juin 1883 par Paul Cambon
1.3.1 Conventions de la Marsa
et Ali III Bey qui a pris la succession de son frre dcd
le 29 octobre 1882.
Article dtaill : Conventions de la Marsa.
Mais ces conventions ocialisent surtout la mainmise de
Thodore Roustan est remplac le 28 fvrier 1882 par
ladministration franaise sur le gouvernement tunisien
Paul Cambon au poste de ministre rsident de France en
par son article 1 qui dicte :
Tunisie. Il a la lourde tche dimaginer la future organisation administrative du pays alors que son ministre de
tutelle ne lui a donn aucune consigne[21] . Mais il sait que
An de faciliter au Gouvernement franla priorit est de dissoudre la commission nancire interais l'accomplissement de son Protectorat, Son
nationale qui continue de grer les nances de la rgence
Altesse le Bey de Tunis sengage procder
en vertu de larticle 4 du Trait du Bardo par lequel le
aux rformes administratives, judiciaires et Gouvernement de la Rpublique franaise se porte garant
nancires que le Gouvernement franais jugera
HISTOIRE DU PROTECTORAT
utiles.
sont chargs de collecter les impts. Mais ces circonscriptions sont redcoupes sur des bases gographiques et non
Paul Cambon a maintenant les mains libres pour rformer plus tribales ce qui va prendre plusieurs annes.
les structures de la rgence tel quil lentend.
Pour contrler ce qui sy passe, un corps de contrleurs
civils est cr par le dcret du Prsident de la Rpublique
en date du 4 octobre 1884[30] . Il est en eet prvu de di1.3.2 Rforme judiciaire
viser le pays en contrles civils appels remplacer les
La deuxime priorit de Paul Cambon est de supprimer circonscriptions mises en place par les militaires franais
les quatorze tribunaux consulaires qui ont toujours ba- qui veulent administrer la Tunisie comme ils administrent
fou la souverainet tunisienne. Fruits des accords pas- lAlgrie.
ss entre le bey et les puissances trangres, ces tribu- Des municipalits sont cres dans les principales villes
naux sont comptents pour tous les litiges opposant tuni- de la rgence partir de 1884. Les conseillers municipaux
siens et trangers. Mais chaque consul a aussi ses protgs, sont nomms par dcret et non lus. Comme pour le cas
souvent tunisiens, qui chappent ainsi la justice de leur des contrles civils, on veut retirer la gestion des aaires
pays. Pour mettre n ces abus justis par la dance courantes aux militaires.
vis--vis de la justice tunisienne, le dcret beylical du 18
avril 1883 cre un tribunal franais et six justices de paix
en Tunisie (Tunis, Bizerte, La Goulette, Le Kef, Sousse 1.4 Opposition civils-militaires : laaire
et Sfax[22] ) pour le jugement de toutes les aaires civiles
Tesi
et commerciales concernant des Franais, des Europens
ou des protgs[23] . Ces mesures rassurent les gouvernements trangers qui ferment leurs tribunaux consulaires
entre le 1er janvier et le 1er novembre 1884[24] .
1.3.3
Crations de ministres
Les ministres tunisiens de la Guerre et de la Marine sont
supprims ds 1881 en vertu du Trait du Bardo qui dlgue la dfense du territoire larme franaise. Pour
viter les drapages budgtaires qui avaient entran la
ruine de la Tunisie, des directions gnrales sont cres
dont les directeurs ont rang de ministre. Chacun deux
doit dresser un budget prvisionnel de son administration
qui doit tre valid avant promulgation au Journal Ociel Tunisien. Face aux partisans de lannexion du pays,
Cambon veut convaincre ses dtracteurs que le budget de
la Tunisie peut faire face aux dpenses dquipement et
au remboursement de la dette sans aucune aide nancire
du gouvernement franais.
Les directions cres sont celles des Travaux Publics (3
septembre 1882[25] ), de lEnseignement (6 mai 1883[26] ),
des Finances (2 octobre 1884[27] ), de lOce Postal (1er
juillet 1888[28] ) et de lAgriculture, du Commerce et de
la Colonisation (8 fvrier 1896[29] ). En outre, le commandant des troupes doccupation devient ministre de la
guerre du gouvernement tunisien ; le rsident gnral en Le gnral Boulanger par Nadar.
devient son ministre des Aaires trangres.
Aprs la conqute, larme a dcoup le territoire en
Jusqu la n du protectorat, la Tunisie fera face ses dvingt-deux cercles et annexes quelle administre direcpenses, lexception des frais des troupes doccupation
tement comme en Algrie. Cette organisation adminisfranaises qui restent la charge du ministre franais de
trative est double de vingt-deux bureaux de renseignela Guerre.
ments dits des Aaires Indignes [31] . Avec lappui
du ministre de la Guerre, Jean-Baptiste-Marie Campenon, les militaires refusent de reconnatre lautorit de
1.3.4 Rorganisation administrative
Cambon[32] . Ils voient, juste titre, dans la cration du
Cambon dcide de conserver le dcoupage du pays en ca- corps des contrleurs civils une tentative de leur retirer
dats, eux-mmes diviss en cheikhats o les reprsentants leurs attributions et refusent toute collaboration. Le dif-
1.5
Lge dor du protectorat : les trente premires annes
frend se concentre sur la ville du Kef que larme ne
veut pas lcher alors que Cambon insiste pour y crer le
premier contrle civil de lintrieur du pays avec Bernard
Roy sa tte[33] . Il nit par obtenir gain de cause le 1er
mai 1885.
Le 2 juin 1885, la sortie dun thtre Tunis, un ressortissant italien, Tesi, porte des coups de poing un ofcier franais. Le surlendemain, le tribunal correctionnel de Tunis condamne lagresseur six jours de prison.
Scandalis par ce verdict beaucoup trop clment ses
yeux, le commandant des troupes doccupation le gnral
Boulanger adresse lordre du jour suivant ses troupes :
En consquence, il est ordonn tout militaire de faire
usage de ses armes, toutes les fois quil sera, sans provocation de sa part, assailli ou frapp par un individu de
nationalit quelconque [34] . Cest lmoi dans la communaut europenne qui craint pour la scurit de ses nationaux mais aussi chez les juges franais qui nacceptent
pas ces pressions. Face cette mise en cause de son autorit, Cambon demande le rappel du gnral et une mise
au point claire sur ses attributions. Il obtient satisfaction
par le dcret du 23 juin 1885 qui lui confre le titre de
Rsident gnral, le dclare dpositaire des pouvoirs de
la Rpublique dans la rgence et place sous ses ordres les
commandants des troupes de terre et de mer et tous les
services administratifs. Mais le ministre de la Guerre encourage Boulanger ne pas tenir compte du dcret[35] .
Face au risque de crise gouvernementale, les deux adversaires sont convis Paris o ils restent jusqu la n de
lanne. Les journaux franais et tunisiens prennent fait
et cause pour lun ou lautre des protagonistes. Les partisans de lannexion de la Tunisie prennent fait et cause
pour Boulanger qui en prote pour soigner sa popularit.
La crise se dnoue lorsque Boulanger est nomm ministre
de la Guerre le 8 janvier 1886[36] .
Pont Gabs au passage d'un train
est construite entre 1892 et 1916. La dcouverte des
mines de phosphates de Mtlaoui justie la construction
dune voie ferre entre Gafsa et Sfax qui est acheve
en 1899. Des embranchements secondaires permettent
de relier Mateur, Bja, Tabarka, Kairouan, Kasserine ou
Moknine[39] .
Des travaux dadduction deau sont lancs partout dans le
pays. Sousse et Monastir sont quipes en 1905, Sfax en
1909. Mais la rnovation du rseau de Tunis est lorigine de la premire manifestation de mcontentement,
lAaire des Eaux de Tunis. la suite du changement
de concessionnaire, le prix de leau est quadrupl. Pendant que les Franais entament des procs contre la nouvelle compagnie adjudicataire, les Tunisiens se rendent
en cortge en avril 1885 auprs du bey pour rclamer son
concours. Celui-ci leur avoue son impuissance : Vous
venez pleurer dans la maison des larmes ! La rpression sabat alors sur les fonctionnaires tunisiens qui ont
particip au mouvement. Ils sont rvoqus et les leaders
sont loigns de Tunis. La dmarche des protestataires
Lopposition diminue au fur et mesure que les contrles franais a plus de succs puisque les augmentations sont
civils stendent tout le pays. Le dernier (Gafsa) est inau- reportes.
gur en 1895. Impropre au dveloppement agricole et
longtemps en proie linscurit, les Territoires du Sud
1.5.2 Dveloppement de la colonisation europenne
restent sous administration militaire.
Pour fournir des terres aux colons franais, la loi foncire
er
1.5 Lge dor du protectorat : les trente du 1 juillet 1885 est promulgue. Elle incite les propritaires tunisiens faire immatriculer leurs terres pour les
premires annes
vendre plus facilement aux nouveaux arrivants qui se ment juste titre du peu de abilit des titres de proprit
1.5.1 Dveloppement des infrastructures
existants. Ceux-ci sont examins par un tribunal mixte
compos de sept juges dont trois tunisiens dont lavis est
Les trente premires annes du protectorat voient le lan- sans appel. En vingt ans, plus de 1 000 000 dhectares sont
cement dinnombrables chantiers. Ds 1895, les ctes tu- ainsi relevs et enregistrs.
nisiennes sont claires par 53 phares[37] . La construction du port de Tunis est termine en 1893 ; les ports de Les terres domaniales, anciennes proprits du bey, sont
Sousse et Sfax sont en voie dachvement. On construit aussi mises contribution jusqu leur puisement vers
une immense base navale Bizerte. Si le rseau routier 1907.
ne compte que 550 kilomtres en 1890, il stend sur 1 Malgr les risques de se heurter aux sentiments religieux
400 kilomtres en 1896, 2 200 kilomtres en 1901, 3 des Tunisiens, on incite la djemaa des habous propo100 kilomtres en 1907 et 4 100 kilomtres en 1914[38] . ser sous forme denchres publiques la location des terres
Une voie ferre le long du littoral entre Bizerte et Gabs qui lui sont cones. Cette administration, cre en 1874,
gre, suivant les prceptes musulmans, des biens qui lui
sont cds an que les revenus quelle en tire soient utiliss des ns charitables. Le gouvernement du protectorat
loblige donc par des dcrets proposer chaque anne des
terrains la location sous forme dune rente perptuelle,
lenzel. Tunisiens comme Europens se partagent ces opportunits qui font lobjet denchres publiques.
HISTOIRE DU PROTECTORAT
La seule alerte a lieu en 1906 lors de lAaire de ThalaKasserine. Lhiver 1905-1906 est particulirement rude.
Le village de Thala est coup du monde par la neige pendant huit jours et une part importante du btail meurt de
froid[42] . Dans cette rgion isole, la population rduite
la famine et la misre suit la prdication enamme
dun marabout dorigine algrienne, Omar Ben Othman.
Le 26 avril 1906, les meutiers investissent des fermes
de colons. Trois Europens sont tus et les biens sont
pills. Seuls ceux qui acceptent de se convertir lislam en prononant la chahada sont pargns. Le lendemain, ils attaquent le contrle civil de Thala dans lequel se
sont barricads les habitants europens. Face aux insurgs
qui ne possdent que des btons, des mousquets ou des
tromblons, les fusils des dfenseurs laissent une dizaine
de morts parmi les assaillants. Les survivants passent
en jugement devant le tribunal de Sousse en dcembre
1906. Trois dentre eux sont condamns mort[43],[44]
avant de voir leur peine commue en travaux forcs
perptuit[45] .
Oliveraie de Sfax
Contrairement lAlgrie o des concessions gratuites
avaient t attribues, toutes les terres sont vendues pour
viter toute spculation et encourager la venue de colons
solvables. On accorde juste des facilits de paiement en
permettant aux acqureurs franais de ne verser que la
moiti lacquisition et le solde aprs trois et quatre ans.
Cela nempche pas les reventes des Tunisiens ou des
Italiens.
1.5.4 Rformes
Diverses rformes sont promulgues an de rapprocher
les structures franaises et tunisiennes. Ainsi les droits
dimportation des produits franais sont supprims en
1888 et le gouvernement franais supprime en 1890 les
droits de douane sur la plupart des produits alimentaires
tunisiens, ce qui a pour eet dencourager les changes
entre les deux pays[46] .
La plus belle russite est la mise en valeur des terres
sialines dans la rgion de Sfax. Les 113 000 hectares
sont vendus des investisseurs qui dveloppent des plantations doliviers suivant le contrat de mgharsa. Le travail
de plantation et dentretien est con un cultivateur tunisien qui reoit la proprit de la moiti des terres lorsque
les arbres entrent en production au bout de sept huit annes. Ainsi, plus de 25 000 Tunisiens accdent la proprit de type melk dans la rgion[40] .
Daprs les documents de la Direction gnrale de
lagriculture, en 1914, 920 000 hectares de terres sont
aux mains des Europens dont 85% aux mains des
Franais[41] sur une surface productive estime 9 000
000 hectares.
Des garanties sont prvues pour les occupants tunisiens de
ces terres acquises par des colons europens. Mais lobligation dattendre la n de leur contrat de location ou la
priorit qui leur est accorde pour lacquisition des terrains habous proposs lenzel ne susent pas viter
de nombreuses expropriations. Malgr ces risques, le pays
reste calme pendant toutes ces annes.
1.5.3
Aaire de Thala-Kasserine
Article dtaill : Aaire de Thala-Kasserine.
Billet de un franc tunisien - 1920
De multiples rformes rapprochent les administrations
franaises et tunisiennes : le calendrier musulman est remplac par le calendrier grgorien en 1890 [47] , la piastre
est remplace par le franc tunisien en 1891[48] , ltat-civil
des habitants tunisiens est institu partir de 1908 avec
lobligation dadopter un nom patronymique.
Laugmentation de la population franaise incite ses reprsentants exiger que ses avis soient couts et pris en
compte. Ds 1885, une chambre de commerce franaise
est cre pour reprsenter les intrts des plus importants de ses membres. En 1891, la Confrence consulta-
1.5
Lge dor du protectorat : les trente premires annes
tive tunisienne est cre. Compose des reprsentants des
chambres de commerce et dagriculture ainsi que des reprsentants des municipalits, elle est charge de donner
son avis sur toutes les questions la concernant. En 1896,
elle est tendue aux Franais qui ne sont ni commerants,
ni agriculteurs. Mais les Tunisiens en sont toujours exclus.
7
lobjet de la Convention de Tripoli qui est signe le 19 mai
1910 entre reprsentants des gouvernements tripolitains
et tunisiens. Le bornage de la frontire est achev le 26
fvrier 1911[52] .
1.5.5 Premire manifestation de nationalisme : Le
discours de Bchir Sfar
Journal italien en Tunisie
La volont du gouvernement du protectorat de privilgier une immigration de colons franais solvables a pour
consquence inattendue une surreprsentation de la population italienne qui rassemble 66% de la population europenne en 1901. Le trait italo-tunisien de 1868 arrivant chance en 1896, de nouvelles conventions sont
signes le 28 septembre 1896 pour tenir compte de cette
situation particulire. Il est tablie une pleine et entire
libert de commerce entre la Tunisie et lItalie et les bateaux italiens sont soumis aux mmes taxes que les bateaux franais. Aux marchandises en provenance dItalie, on applique le tarif de la nation la plus favorise
(France excepte). Enn, une convention consulaire garantit la conservation par les Italiens de leur citoyennet
et leur permet de conserver les coles, les tablissements
et les associations italiennes dj existantes[49] . Signes
pour une dure de dix ans, ces conventions sont proroges danne en anne partir de 1906 puis de trois mois
en trois mois partir de leur dnonciation par le gouvernement franais le 9 septembre 1918[50] . Elles sont nalement remplaces par les accords Laval- Mussolini du
7 janvier 1935 qui stipulent que les enfants italiens deviendront franais partir de 1965, les coles italiennes
seront franaises partir de 1955 et les Italiens exerant
des professions librales avant 1945 pourront continuer
exercer aprs cette date[51] .
La dlimitation des frontires de la rgence navait jamais
t faite ce qui avait t la cause de nombreux incidents
entre tribus algriennes et tunisiennes avant la conqute.
Loccupation franaise en Tunisie retire son caractre
durgence cette dlimitation qui ne fut jamais formellement eectue. Le voisinage de lempire ottoman la
frontire tripolitaine incite le gouvernement du protectorat eectuer ce bornage pour viter tout incident. Cest
Bchir Sfar
Le 24 mars 1906, Bchir Sfar, prsident de la djemaa des
habous, loccasion de linauguration dun tekia (asile de
vieillards), prononce devant le rsident gnral Stephen
Pichon un discours o il demande des rformes srieuses
en faveur des Tunisiens. Devant la colre des reprsentants des grands propritaires, connus sous le nom de
prpondrants , il est mut Sousse. Lanne suivante, le 7 fvrier 1907, il fonde avec Ali Bach Hamba
l'hebdomadaire Le Tunisien, publi en franais dans le
but de dfendre les intrts du peuple tunisien. Ils y rclament le droit des autochtones linstruction, lexercice de toutes les charges administratives et la participation aux dcisions gouvernementales par lintermdiaire
dun conseil lu. Abdelaziz Thalbi les rejoint en 1909 et
assure ldition en langue arabe du Tunisien[53] .
1.5.6 Rforme de la Confrence Consultative
Pour rpondre aux revendications des Jeunes Tunisiens,
une section tunisienne rejoint la Confrence Consultative.
Ses seize membres sont nomms vie par le gouvernement au contraire des reprsentants franais qui sont lus
au surage universel. Et ils sont minoritaires face aux 45
HISTOIRE DU PROTECTORAT
dlgus dj en poste. Un reprsentant du mouvement
nationaliste, Abdeljelil Zaouche, fait toutefois partie des
dlgus tunisiens ce qui assure des sessions trs mouvementes qui obligent les deux sections siger sparment ds 1910. La mission de la Confrence volue galement puisquelle est maintenant charge de donner son
avis sur les projets de budget du gouvernement.
1.5.7
Aaire du Djellaz
Article dtaill : Aaire du Djellaz.
La nouvelle du dbarquement de larme italienne en Tri- Tramway Tunis
de nembaucher que des Italiens particulirement mprisants vis--vis de la clientle tunisienne. Un comit de
boycott se cre avec Ali Bach Hamba et ses amis, tous
Jeunes Tunisiens. Ils revendiquent le renvoi des conducteurs italiens et lgalit de traitements et davancements
dans tout le personnel, Tunisiens compris.
Cimetire du Djellaz de nos jours
politaine et en Cyrnaque dbut octobre 1911 provoque
une norme motion en Tunisie. Les premires nouvelles
des exactions des soldats italiens font monter la tension
Tunis o la communaut italienne est trs nombreuse.
Lannonce que le cimetire du Djellaz doit tre immatricul par la municipalit tunisoise met le feu aux poudres.
Les habitants y voient en eet la volont du gouvernement du protectorat de saisir son prot ce terrain trs
vnr. Le 7 novembre 1911, la foule qui sest runie devant les portes du cimetire o les opposants la procdure sont pris de faire valoir leurs arguments apprend
que limmatriculation est annule. Incrdules, ils commencent jeter des pierres sur le service dordre qui est
compltement dbord. Des policiers sont lynchs, des
soldats tirent. Au bout de deux jours dmeute, on compte
une dizaine dEuropens tus et entre dix et trente morts
tunisiens. Au mois de juin 1912, 71 personnes ayant particip lmeute sont juges, 35 sont condamnes dont
sept la peine de mort[54],[55] . Cinq de ces derniers voient
leur peine commue en travaux forcs perptuit. Ltat
de sige est proclam. Il ne sera lev quen 1921.
1.5.8
Boycott des tramways tunisois
Leervescence de laaire du Djellaz est toujours vive
quand, le 8 fvrier 1912, un enfant tunisien est cras par
un tramway conduit par un Italien. Pour protester contre
larrogance de ces conducteurs, un mot dordre de boycott
est lanc contre la compagnie de tramways quon accuse
Ces revendications sont juges inacceptables par la rsidence gnrale qui y voit des revendications politiques.
Des concessions sont proposes aux reprsentants tunisiens (diminution de la vitesse, achage en arabe, augmentation des traitements de dix salaris tunisiens sur
soixante) qui les refusent.
Le 13 mars 1912, sept membres du comit sont arrts et
expulss de Tunisie. Le journal Le Tunisien est interdit.
Malgr la rpression, le boycott continue avant de sessouer. Le 6 mai, la compagnie sengage limiter le nombre
de ses employs italiens 30% partir de janvier 1916 et
aligner les salaires des employs tunisiens sur les europens par lavancement individuel[56] .
1.5.9 Attaques franaises contre le protectorat
En mars 1911, la Ligue des droits de lhomme et du citoyen publie une brochure intitule Larbitraire en Tunisie rdige suivant lenqute dun de ses membres,
lavocat Goudchaux-Brunschwicg[57] . Lauteur y dnonce
le scandale des spoliations des terres tunisiennes dont
beaucoup protent des hommes politiques. Certains,
tels Georges Cochery, Joseph Chailley, Lon Mougeot,
Alphonse Pedebidou ou Henry Boucher ont mme t
rapporteurs du budget tunisien ce qui alimente laccusation de conits dintrts. De nombreux journaux mtropolitains reprennent ces rvlations[58] . On est galement
en pleine aaire Couitas du nom de cet homme daffaires qui a demand lexpulsion des 8 000 indignes tunisiens qui habitaient sur le domaine de 65 000 hectares
quil prtendait avoir achet. Aprs avoir t dpossd
de ses titres en 1908, il alerte ses amis parlementaires qui
dfendent sa cause la Chambre des dputs. Mis au courant du vritable fonds de laaire, Jean Jaurs prend fait
et cause pour les tribus tunisiennes spolies.
1.7
L'entre-deux-guerres
La mme anne, Paul Vign d'Octon publie La sueur du
burnous o il conrme les rvlations de la Ligue des
droits de lhomme tout en dcrivant leroyable misre
des paysans tunisiens, les injustices dont ils sont continuellement victimes et le racisme des colons qui les oppriment.
Les dputs obtiennent quune enqute soit cone au dput Auguste Bouge[58] . Ses rsultats font lobjet dun dbat anim au dbut de lanne 1912 au point de dcider le
rsident gnral Gabriel Alapetite venir dfendre la gestion du protectorat devant la Chambre des dputs avec
un certain succs.
Poste militaire de Oum Souigh pendant les combats de 1915-1916
1.6
Premire Guerre mondiale
les dserteurs sont nombreux lors de lincorporation, le
courage des soldats tunisiens est apprci sur le front et
Article dtaill : Tunisie pendant la Premire Guerre de nombreuses dcorations en apportent la preuve.
mondiale.
Bien que non-belligrante, la Tunisie se retrouve impli- La guerre atteint le sud tunisien lorsque les troupes italiennes en Tripolitaine sont dfaites par les tribus locales
soutenues par des ociers turcs. Elles doivent reuer en
Tunisie o les postes franais sont assigs par leurs poursuivants bientt rejoints par plusieurs tribus du sud tunisien. Le 2 octobre 1915, le poste de Oum Souigh est attaqu et rsiste pendant six jours jusqu ce quune colonne
venue de Tataouine vole son secours et mette les assaillants en droute. Les combats reprennent entre mars
et juin 1916 et sachvent par la dfaite des assaillants. La
mise en place de surveillance arienne permet de djouer
toute nouvelle oensive jusqu la n de la guerre[60] .
Militaires rassembls l'occasion d'un dl, le 14 avril 1917
Tunis
Selon le ministre franais de la Guerre, le nombre de
soldats tunisiens tus slve 10 723 hommes[61] . On
ne connat pas le nombre de blesss et mutils mais 10
000 soldats tunisiens ont t rforms la suite de leurs
blessures[62] .
que dans le conit mondial en raison de lincorporation
de ses soldats dans une arme tunisienne aux ordres dun
commandant franais. Cest pourquoi, ds le dbut des 1.7 L'entre-deux-guerres
hostilits, 26 000 Tunisiens sont rappels sous les drapeaux pour partir combattre en France. 9 000 Franais 1.7.1 Cration du Destour
sont galement mobiliss.
Article dtaill : Destour.
Les premiers retours des soldats font comprendre que Le sacrice des soldats tunisiens pendant la guerre et
la guerre sera longue contrairement lopinion qui avait
prvalu jusque l. Face aux risques de mcontentement
dans un pays dsert par ses forces militaires, la rsidence gnrale rsiste vigoureusement aux demandes de
renfort rclames par la mtropole. De 1914 1916, la
rgence nenvoie que 8 000 soldats supplmentaires. Cest
insusant pour ltat-major qui convainc le rsident gnral, Gabriel Alapetite, dutiliser tous les moyens pour
augmenter le contingent tunisien. la n du conit,
62 461 soldats et 24 442 travailleurs coloniaux, soit au
total quelques 86 903 hommes sur une population de
1,7 millions dhabitants (recensement de 1911) ont t
mobiliss[59] .
Dlgation envoye auprs de Naceur Bey
Malgr les appels la guerre sainte lancs par le sultan
ottoman, la population tunisienne reste calme. Mme si la volont du prsident des tats-Unis Woodrow Wilson,
10
HISTOIRE DU PROTECTORAT
grand vainqueur du conit, de prendre en compte le droit 1.7.3 Cration du Ministre de la justice
des peuples disposer d'eux-mmes font natre lespoir
dune volution favorable de la situation de la population tunisienne. Les anciens Jeunes Tunisiens dcident
de rassembler leurs revendications dans un pamphlet rdig par Abdelaziz Thalbi. Le 29 dcembre 1919, les
2 000 exemplaires de La Tunisie martyre. Ses revendications sont imprims et envoys aux reprsentants du
gouvernement franais, aux parlementaires et aux responsables des partis politiques franais, ainsi qu'aux principaux organes de presse en France et l'tranger[63] .
Le succs du livre dcide les auteurs crer un parti pour
appuyer les revendications qui y sont exposes en neuf
points dont une assemble dlibrative lue au surage
universel. Le 6 juin 1920, le Destour est cr. Le 18 juin
1920, les revendications sont prsentes Naceur Bey
par une dlgation de trente membres rassemblant des
religieux comme des journalistes ou des fonctionnaires.
Dans le mme temps, des dlgations, menes par Ahmed
Essa puis Tahar Ben Ammar, sont envoyes auprs du
gouvernement franais. En janvier 1921, ils rencontrent
le prsident du Conseil Georges Leygues et son successeur Aristide Briand ainsi que le futur rsident gnral
Lucien Saint. Mais des dissensions apparaissent bientt
entre nationalistes et pragmatiques. Ces derniers savent
que la revendication dune assemble na aucune chance
daboutir et prfrent faire voluer le rgime du protectorat par des rformes successives. Emmens par Hassen
Guellaty, ils fondent le Parti rformiste destourien.
1.7.2
Crise davril 1922
Plusieurs membres de la famille beylicale, tel le prince
Moncef, futur Moncef Bey, sont acquis aux ides nationalistes. Pouss par ses ls et excd par les relations quil
entretient avec ses ministres et la rsidence, Naceur Bey
annonce Lucien Saint le 3 avril 1922 son intention dabdiquer et lui remet un programme revendicatif inspir de
celui du Destour. Ds le surlendemain, une foule nombreuse vient jusqu son palais pour lassurer de son soutien.
Tahar Kheireddine premier ministre de la Justice
La cration de ce ministre dvolu un Tunisien parat
pour le gouvernement du protectorat une rponse au mouvement nationaliste qui rclame plus de responsabilit
dans le gouvernement. Par cette nomination, il y a maintenant trois ministres tunisiens contre neuf franais.
Le dcret du 26 avril 1921 crant le ministre de la justice est laboutissement dun long processus entam depuis 1881. La justice est alors rendue par le bey qui est
seul habilit traiter les aaires judiciaires. Devant la
longueur des procdures et malgr la crainte de modier
une lgislation inspire des textes saints, on rforme linstitution en permettant aux magistrats tunisiens de rendre
la justice au nom du bey. On cre des sections civiles, criminelles et correctionnelles. Le bey ne donne son avis que
sur les conclusions de la procdure. Mais en matire criminelle, ce sont toujours les parents qui traduisent euxmmes les coupables devant le tribunal et, la culpabilit tant reconnue, se rservent le choix de la sentence,
soit la mort, soit le paiement du prix du sang, cest--dire
une indemnit pcuniaire. La rforme met n ce mode
d'instruction.
Inquiet de cette dcision quelques jours de la visite du
prsident de la Rpublique franaise Alexandre Millerand, le rsident gnral alterne les menaces et les concessions pour le faire revenir sur sa dcision. Le 15 avril, Naceur Bey cde et renonce toute revendication. Plus rien Le dcret retire au bey ses attributions judiciaires et ne lui
ne soppose la visite prsidentielle qui se droule sans conserve que le droit de grce. En complment de cette
rforme, un Code de procdure pnale est promulgu le
anicroche du 24 au 30 avril[64] .
30 dcembre 1921[65] .
La rpression sabat sur ceux qui ont soutenu le bey. Des
fonctionnaires sont rvoqus. On sacharne contre le Destour, traquant ses membres et empchant les runions. Le 1.7.4 Dcrets sur les naturalisations
parti est peu peu vid de ses forces vives. Habilement,
Lucien Saint utilise les promotions ou les menaces pour Limportance de la communaut italienne inquite touinciter ses membres abandonner la politique. Dcoura- jours le gouvernement du protectorat qui cherche rg, Abdelaziz Thalbi quitte la Tunisie n aot 1923. Le duire sa proportion dans la population europenne. Cest
parti entre alors en lthargie.
le but du dcret du 8 novembre 1921 qui nonce que
1.7
L'entre-deux-guerres
tout tranger europen n en Tunisie de parents qui euxmmes y sont ns devient automatiquement franais.
Ce dcret ne concerne pas les Italiens protgs par la
convention du 28 septembre 1896. Les Europens dorigine maltaise, par contre, sont nombreux demander la
naturalisation[66] . La communaut franaise rattrape litalienne en 1931.
11
se dgager de la tutelle du syndicat franais, Mohamed
Ali El Hammi tente de crer un mouvement spciquement tunisien. C'est fait le 31 octobre 1924 lors de la
cration de la Confdration gnrale des travailleurs tunisiens (CGTT). De nombreuses grves clatent entre
octobre 1924 et janvier 1925. Pour y mettre n, on arrte les meneurs : le leader communiste Jean-Paul Finidori, le chef syndicaliste Mohamed Ali El Hammi et
quatre secrtaires gnraux de syndicats. Le procs dit
du complot destouro-communiste souvre le 12 novembre 1925. Les Tunisiens sont dfendus par des avocats du Destour : Ahmed Essa, Salah Farhat et Taeb
Jemal. Le verdict est svre : tous les accuss sont expulss de Tunisie. Le calme revient chez les ouvriers[68] .
Un autre dcret du 20 dcembre 1923 cherche faciliter
laccs la nationalit franaise pour les Tunisiens. Les
anciens combattants, les diplms et les fonctionnaires
sont maintenant ligibles la naturalisation. Malgr les
protestations des destouriens qui y voient une atteinte
lislam puisque les naturaliss relvent maintenant des tribunaux franais et non plus musulmans, le dcret est sign
par Habib Bey. Mais la principale motivation de ceux qui Le 29 janvier 1926, par crainte du retour de lagitation,
vont demander la nationalit franaise est le tiers colo- les dcrets dits sclrats sont promulgus. La presse
nial[67] .
est maintenant strictement rglemente, la rpression des
[69]
Depuis un dcret de dcembre 1919, tout fonctionnaire crimes et dlits politiques est accrue .
franais jouit en eet dune indemnit dexpatriation
de 33% alors que beaucoup sont ns dans le pays. Cette
1.7.6 Renaissance du mouvement national
majoration totalement discriminatoire provoque le mcontentement de tous les fonctionnaires tunisiens et un
Article dtaill : No-Destour.
excellent argument mobilisateur pour les mouvements
Article dtaill : Mouvement national tunisien.
nationalistes.
1.7.5
Naissance du syndicalisme tunisien
Portrait de Bourguiba son retour de Bordj le Buf en 1936
Portrait de Mohamed Ali El Hammi
Les manifestations tunisiennes pendant la tenue du
Les revendications sociales sont alors prises en compte Congrs eucharistique de Carthage qui se tient entre le
par la fdration tunisienne de la Confdration gnrale 7 et le 11 mai 1930 rappelle au gouvernement que le
du travail alie au Parti communiste franais. Voulant sentiment national est toujours prsent. La procession de
12
HISTOIRE DU PROTECTORAT
jeunes catholiques en tenue de croiss dans les rues de prts. Pour rguler le march qui soure de surproducTunis a ainsi t vue comme une provocation gratuite par tion, des silos sont construits pour stocker les rcoltes exune nouvelle gnration de nationalistes[70] .
cdentaires ce qui permet de garantir aux producteurs la
certitude de lcoulement de leur rcolte un cours pralablement x[77] . Lamlioration de la situation conomique aprs 1937 ne permet pas au pays de retrouver
les quilibres conomiques antrieurs. Cest la n de lexpansion foncire europenne. Les annes suivantes sont
consacres consolider les situations acquises face au
mouvement nationaliste qui gagne en ampleur.
1.7.8 Crise nationaliste de 1938
Dlgus au congrs du Destour Ksar Hellal
Article dtaill : vnements du 9 avril 1938.
La dtente provoque par larrive du Front populaire
Le 1er novembre 1932 parat le premier numro de
L'Action tunisienne avec sa direction Habib Bourguiba, Mahmoud El Materi, Bahri Guiga, M'hamed Bourguiba, Tahar Sfar et Ali Bouhageb[71] . Dnonant les ingalits subies par les Tunisiens, ils protent de la polmique cre par linhumation en cimetire musulman
dun naturalis franais pour dclencher une campagne
de presse de ce qui deviendra lAaire des naturaliss tunisiens. Face aux dsordres, le rsident gnral Franois
Manceron cde et ordonne que les naturaliss tunisiens
soient inhums dans des cimetires spciaux[72] . Ce succs galvanise les nationalistes qui intgrent les membres
du journal dans la Commission excutive du Destour le
12 mai 1933.
Abdelaziz Thaalbi et Habib Bourguiba en 1937
Mais les dissensions clatent bientt entre anciens et nouveaux destouriens. Ces derniers quittent le parti et fondent
le 2 mars 1934, Ksar Hellal, le No-Destour[73] qui
est bientt rejoint par de nombreux militants qui se reconnaissent dans les mthodes nergiques du parti. Cette
scission inquite le nouveau rsident gnral Marcel Peyrouton. Le 3 septembre 1934, il fait arrter et interner
ses leaders en esprant diviser les nationalistes. Cest un
chec ; les manifestations unitaires, parfois violentes, se
multiplient partout dans le pays. Dautres chefs sont arrts et interns dans le sud tunisien Bordj le Buf[74] . Le
remplacement de Peyrouton par Armand Guillon permet
la libration des dports le 19 mai 1936[75] .
1.7.7
en France laisse esprer une solution ngocie aux revendications tunisiennes. cette n, Bourguiba se rend
Paris en aot 1936 pour ngocier avec les ministres
socialistes[78] . Mais ces ngociations sont trs mal vues
par les reprsentants de la colonie franaise qui critiquent
dans la presse ce quils prennent pour de la faiblesse gouvernementale. Quant aux Tunisiens, ils simpatientent,
exasprs par les consquences de la crise conomique
qui sont catastrophiques dans le centre et le sud du pays o
des populations entires trouvent refuge dans des camps
dhbergement pour ne pas mourir de faim. Plusieurs
mouvements de grve clatent avec parfois des consquences meurtrires (Mtlaoui, Jrissa, Metline)[79] .
Crise conomique
La crise conomique mondiale des annes 1930 frappe
la Tunisie de plein fouet. La chute des exportations entrane une intervention croissante de ltat pour viter une
faillite gnralise des producteurs. Face la multiplication des saisies, le dcret beylical du 2 octobre 1934
dcide larrt des poursuite immobilires, la cration de
commissions arbitrales et un moratoire des dettes[76] . Des
crdits sont accords aux agriculteurs. Pour aider les Tunisiens dont les titres de proprit ne sont pas inscrits au
cadastre, on adopte une immatriculation simplie qui
leur permet dapporter des garanties leurs demandes de
Foule de manifestants le 8 avril 1938
Le retour dexil dAbdelaziz Thalbi le 5 juillet 1937 fait
clater la tension entre Destour et No-Destour. Bourguiba voit dun trs mauvais il le retour du vieux leader
qui a lintention de runier les deux partis frres sous sa
direction. Exaspr par sa popularit, il envoie des militants fanatiques saboter ses runions, causant un mort
1.8
Seconde guerre mondiale
Mateur le 25 septembre 1937 et un autre Bj le 2 octobre [80] . Pour protester contre la ligne dure impose par
Bourguiba, Materi dmissionne de la prsidence du NoDestour le 3 janvier 1938[81] . Cela ne calme pas son ami
qui exhorte les militants se prparer au combat.
Les arrestations se multiplient dbut avril. Une grande
manifestation est organise le 8 avril 1938 mais la prsence de Materi en tte du cortge empche les dbordements, la grande colre de Bourguiba qui exige que
le sang coule et convoque une nouvelle manifestation
pour le 10 avril. Mais dans ce climat dextrme tension, la
convocation dAli Belhouane au palais de justice le 9 avril
met le feu aux poudres. Au terme dune journe de gurilla urbaine, on relve un mort parmi les policiers[82] , 22
morts chez les manifestants, et plus de 150 blesss[83] . Le
No-Destour est dissous ; ses chefs sont arrts ainsi que
3 000 militants. Le 10 juin 1939, Habib Bourguiba et 18
autres prvenus sont inculps pour incitation la guerre
civile et conspiration contre la sret de ltat. Le dclenchement de la guerre empche toutefois leur procs[84]
1.7.9
Le problme italien
Les revendications nationalistes tunisiennes ne sont pas
les seules sources de tension dans les rues du pays pendant
les annes 1930. Larrive la tte de lItalie de Benito
Mussolini a relanc les revendications italiennes sur la
Tunisie. La moiti de la population europenne est alors
italienne et, mme si dans leur grande majorit ils sont
satisfaits de leur situation dans leur nouveau pays dadoption, il est dicile dchapper lembrigadement dans les
nombreuses organisations fascistes mises sur pied par les
autorits de la pninsule. En eet, depuis les conventions
de 1896, la population italienne dispose de ses propres
coles, hpitaux et autres journaux sur lesquels le pouvoir fasciste italien impose ses vues. Bientt, des manifestations de jeunes Italiens en uniforme fasciste dlent
dans les rues en chantant : Avec la barbe des Franais,
nous ferons des brosses pour faire reluire les souliers de
Benito Mussolini [85] .
13
breuses sympathies. Le 20 septembre 1937, un jeune militant communiste et syndicaliste, Giuseppe Miceli, qui
tenait une permanence dans le principal local antifasciste
dans le centre de Tunis est assassin par des cadets qui venaient tout juste de dbarquer de deux navires de guerre
italiens La Goulette. Trois dentre eux, arrts sur place,
sont emprisonns et incarcrs dans lattente de leur jugement par la Cour dAlger. Un an plus tard, ils sont relchs et exltrs vers Rome o ils sont accueillis en hros. Les obsques de Miceli donnent lieu de nombreuses
manifestations de solidarit dans toute la Tunisie rassemblant ouvriers italiens, franais et tunisiens. Beaucoup se
demandent jusquo le gouvernement franais est prt
aller pour prserver la neutralit de lItalie dans le conit
qui sannonce et craignent une remise en cause de la prsence franaise dans la Rgence[87],[88] .
Mais les entrevues entre Mussolini et Adolf Hitler le 25
septembre 1937 ainsi que ladhsion de lItalie au Pacte
anti-sovitique le 6 novembre suivant indiquent que le
Duce a choisi son camp. Cela nempche pas le gouvernement du protectorat de continuer faire preuve de tolrance vis--vis des organisations fascistes qui continuent
parader en Tunisie. Ainsi, le 9 juillet 1938, dans le
contexte des rpressions anti-destouriennes, la rsidence
gnrale interdit le port dinsignes politiques dans la rue
sauf pour les rsidents appartenant un pays parti
unique, dans ce cas, seuls les insignes de ce parti sont autoriss [89] . Pourtant certains tmoignages accusent des
provocateurs italiens dans lenchanement fatal qui devait
aboutir lmeute du 9 avril 1938[90] .
La tension est son comble quand, le 10 novembre 1938,
le comte Ciano se fait acclamer devant la Chambre des
Dputs aux cris de Tunisi, Gibuti, Corsica, Nizza, Savoia ! [91] . Les accords Mussolini-Laval sont dnoncs
par Rome le 17 dcembre suivant[92] .
Cest dans ce contexte que le prsident du Conseil
douard Daladier eectue une visite ocielle en Tunisie
dbut janvier 1939. Il est accueilli par un dl militaire
impressionnant rassemblant 2 000 fantassins, 26 chars,
des avions de chasse et des bombardiers sans compter les
marins du croiseur Foch qui a dbarqu Daladier Bizerte. Le but est dimpressionner aussi bien la population
italienne que les Tunisiens encore sous le coup de la rpression des manifestations davril. Les Franais ne sy
trompent pas qui lui font un accueil triomphal dans toutes
les villes traverses par le cortge ociel[93] .
Face au danger que reprsente ce voisin belliqueux, le
gouvernement franais fait prol bas inquiet des possibilits de rapprochement du Duce et du pouvoir nazi. Le
7 janvier 1935 les accords signs entre le prsident du
Conseil Pierre Laval et Mussolini remplacent les conventions de 1896 arrives expiration depuis 1906. Les privilges de la population italienne de Tunisie sont conrms. Pour sattirer les bonnes grces du dictateur, les fron- 1.8 Seconde guerre mondiale
tires entre la Libye italienne et les possessions franaises
en Algrie et au Tchad sont dplaces pour agrandir la co- 1.8.1 Mise en place dun rgime vichyste
lonie transalpine[86] .
chappant la rpression politique dans la pninsule, les
antifascistes trouvent refuge en Tunisie o communistes
et socialistes italiens sont solidement organiss. Mais ils
ne sont pas pour autant labri dans le protectorat o
la police politique du Duce, lOVRA, bncie de nom-
La dfaite de larme franaise en juin 1940 a jet la
consternation dans la population franaise, caus de la
jubilation dans la population tunisienne et provoqu lenthousiasme chez les Italiens acquis au fascisme. La dclaration de guerre de lItalie la France le 10 juin 1940 alors
14
HISTOIRE DU PROTECTORAT
que le front franais a dj t enfonc par les chars allemands est vcue comme un coup de poignard dans le
dos . En reprsailles, ds le 11 juin, neuf cents militants
italiens (fascistes et antifascistes) sont emprisonns. Des
milliers dautres rejoignent des camps dinternement. La
n des hostilits permettra leur libration progressive. Le
refus de Hitler daccorder la Tunisie Mussolini apaise
trs vite les tensions entre les deux communauts[94] .
Nouveau billet de 1 000 francs tunisiens dit en 1941
gnons de France.
Le rsident gnral Jean-Pierre Esteva
Un nouveau rsident gnral, Jean-Pierre Esteva, est
nomm par le rgime de Vichy qui collabore avec
les Allemands. Fin juillet, une commission darmistice
germano-italienne est mise en place Tunis pour vrier le dsarmement des troupes militaires franaises qui
sont rduites au strict minimum.
Disciplin, Esteva met en application les lois vichystes sur
le sol de la rgence. Ds le 22 aot, un dcret beylical supprime les socits secrtes , ce qui vise surtout les loges
franc-maonnes, le Grand Orient et la Loge de Carthage
auxquelles adhrent de nombreux fonctionnaires.
Le statut des juifs est proclam le 20 novembre 1940
sur dcret beylical ; ils sont pour la plupart exclus de la
fonction publique et interdits dexercer des professions
librales[95] . Dans ce climat dltre, des manifestations
antismites avaient clat ds le mois daot quand des
musulmans tunisiens pillent les quartiers juifs au Kef,
Ebba Ksour ou Siliana[96] .
Face la baisse des changes avec la France, une politique
dautarcie est mise en uvre. On rouvre des mines, on favorise les productions locales, la motorisation gazogne
est encourage, lartisanat est relanc, des chantiers dassistance sont ouverts. limitation de ce qui se passe en
France non occupe, des chantiers de jeunesse sont ouverts pour y enrler les jeunes franais qui ne peuvent
plus faire leur service militaire en France. Un mouvement
paramilitaire de jeunesse voit mme le jour, les Compa-
Le nouveau commandant des troupes doccupation, Jean
de Lattre de Tassigny rsiste aux exigences des Allemands qui veulent ravitailler leurs troupes qui se battent
en Libye partir des ports tunisiens. leur demande,
il est remplac par le gnral Georges Barr le 8 fvrier
1942. Le gouvernement tente ainsi de louvoyer entre les
belligrants qui se battent ses frontires. Un accord est
trouv avec les Amricains qui fournissent la Tunisie
des matires premires et des textiles la condition quils
ne soient pas rexports. Pour vrier l'absence de dtournement, ils envoient des dlgus dans la rgence ce
qui leur permet de reprer les lieux avant la campagne
militaire qui sannonce[97] .
Malgr quelques attentats secondaires, la situation reste
calme en Tunisie. Les dirigeants no-destouriens ont t
transfrs au fort Saint-Nicolas le 27 mai 1940. Les tentatives de Rachid Driss et Habib Thameur de reconstituer le
parti dissous restent vaines. Quant Bourguiba, il exhorte
ses partisans ne pas sengager du ct de lAxe. Le 10
avril 1942, il parvient faire parvenir ses consignes Habib Thameur : LAllemagne ne gagnera pas la guerre ;
elle ne peut plus la gagner. [] Notre soutien aux Allis
doit tre inconditionnel [98] .
1.8.2 Avnement de Moncef Bey
Lavnement de Moncef Bey le 19 juin 1942 est une divine surprise pour les Tunisiens. Trs populaire depuis
quil avait dcid son pre dfendre le programme du
Destour en avril 1922, il a la rputation justie dtre
proche de son peuple. Ds le 10 aot, il nhsite pas
entrer en conit avec Esteva en lui prsentant un mmorandum regroupant seize revendications inspires par ses
amis nationalistes. Le 15 septembre, cest une n de nonrecevoir que le gouvernement de Vichy envoie en rponse
au monarque[99] . Le 12 octobre, cest labsence de Tunisiens parmi les directeurs franais de ladministration qui
provoque sa colre[100] .
1.8
1.8.3
Seconde guerre mondiale
Dbut de la Campagne de Tunisie
15
1.8.4 Nomination dun nouveau gouvernement tunisien
Article dtaill : Gouvernement M'hamed Chenik (1).
Tunis, le rsident gnral est progressivement mis
Deux soldats britanniques sur une colline surveillant Mateur
Article dtaill : Campagne de Tunisie.
Dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942, cest par une
lettre personnelle du prsident Roosevelt remise par
le consul des tats-Unis Tunis quEsteva apprend le
dbarquement des troupes allies en Algrie et au Maroc. Face aux ordres et aux contrordres de Vichy quil reoit, lamiral, incapable de prendre une dcision, laisse
les avions allemands investir laroport dEl Aouina ds
le 9 novembre, aroport qui sera bombard par laviation anglaise ds le lendemain. Le 11 novembre, le gnral Barr fait replier les troupes franaises, soit 12 000
hommes vers louest Medjez el-Bab. Pendant ce temps,
communistes, gaullistes, antifascistes italiens, espagnols
fuient vers lAlgrie.
Prvenu en mme temps que le rsident gnral, Moncef Bey dcide de proclamer la stricte neutralit de la rgence tout en assurant aux Amricains quil souhaite leur
victoire.
Les combats dbutent le 19 novembre quand les troupes
allemandes tentent de reprendre Medjez el-Bab aux
troupes franaises qui y sont retranches. Mais celles-ci
parviennent les repousser[101] . Les troupes anglaises,
arrives en renfort, continuent leur progression jusqu
Mateur et Djedeida. Tebourba est occupe le 27 novembre[102] . Mais la contre attaque allemande appuye
par un soutien arien sans aucune opposition repousse
les troupes allies. Fin dcembre, le front se stabilise le
long dune ligne passant par Sidi Nsir, Medjez el-Bab,
Bou Arada, se prolongeant ensuite le long de la dorsale
orientale jusqu Maknassy avant de nir dans le dsert
du sud tunisien[103] .
M'hamed Chenik grand vizir en 1943
lcart. Un ministre plnipotentiaire, Rudolf Rahn, est
nomm. Il cre une administration franaise parallle, occupe par des collaborateurs zls de loccupant nazi[104] .
Des Tunisiens juifs sont rquisitionns pour eectuer
des travaux forcs sous lordre des soldats allemands.
Le 1er dcembre 1942, tous les dtenus destouriens sont
librs[105] . Le 23 novembre, Georges Guilbaud arrive
Tunis envoy par le ministre de lInformation de Vichy.
Il prend la direction de Tunis journal, pour en faire lorgane de la collaboration avec les puissances de lAxe. Il
obtient galement les pleins pouvoirs pour purer ladministration de tous les lments susceptibles de sopposer
Vichy[106] .
Protant de laaiblissement dEsteva, Moncef Bey dcide de nommer un nouveau gouvernement sans en aviser
la rsidence gnrale. Le 1er janvier 1943, les trois ministres tunisiens sont remplacs par trois hommes proches
du mouvement nationaliste dont Salah Farhat, prsident
du Destour, et Mahmoud El Materi, ancien prsident du
No-Destour. Un nouveau ministre est cr en remplacement de la Djemaa des Habous. Des dcrets favorables
aux Tunisiens paraissent comme la n des mises en vente
des habous ou lapplication aux fonctionnaires tunisiens
du tiers colonial. Mais les tentatives de Materi de modi-
16
HISTOIRE DU PROTECTORAT
er le corps des cads seront interrompues par la n des 1.8.6 Dposition de Moncef Bey
combats[105] .
La n des combats signie le retour en force de la puisLes dirigeants no-destouriens emprisonns en France
sance franaise la tte de la rgence de Tunis. La presont librs par les Allemands en dcembre 1942 et rapamire victime est Moncef Bey qui a prot de laaiblistris en Tunisie lexception de Bourguiba qui est remis
sement des protecteurs pour faire avancer la cause
aux autorits italiennes. Emmen Rome, il prononce un
tunisienne. Peu suspect davoir collabor avec les puisdiscours sur Radio-Bari o il sabrite derrire la prmisances de lAxe, on ne peut lui reprocher que les dconence du bey pour viter de prendre parti malgr les presrations dcernes le 12 avril des gnraux allemands et
sions italiennes. Il est nalement renvoy Tunis o il aritaliens[108] . Il est pourtant dpos par un dcret du gn[107]
rive le 9 avril
.
ral de la France libre, Henri Giraud, le 13 mai 1943 et
exil Laghouat dans le Sud algrien[109] .
1.8.5
Fin des combats
Il est remplac par Lamine Bey qui accepte le trne malgr les conditions dans lesquelles sont prdcesseur a t
contraint dabdiquer. Mpris par une grande partie de
la population tunisienne, il ne gagne sa lgitimit qu la
mort de Moncef le 1er septembre 1948 qui met n aux
espoirs des Tunisiens de voir revenir au pouvoir le bey
nationaliste .
1.9 Laprs-guerre
Article dtaill : Gouvernement Slaheddine Baccouche
(1).
Article dtaill : Gouvernement Mustapha Kaak.
Article dtaill : Gouvernement M'hamed Chenik (2).
Dl de la libration Tunis en 1943
Aprs sa dfaite El Alamein en novembre 1942, larme
germano-italienne du marchal Rommel parvient se replier sur la Tunisie quelle atteint la n de lanne. Aprs
avoir rorganis la ligne Mareth dans le sud tunisien pour
empcher la progression de larme anglaise qui arrive de
Libye, Rommel dcide de percer le front tunisien. Le 14
fvrier 1943, lattaque sur Sidi Bouzid bouscule les forces
amricaines qui se replient sur Sbetla avant de labandonner le 17 fvrier. Le 18 fvrier, Kasserine est prise.
La prise de la passe de Kasserine ds le lendemain ouvre
la route de Thala. Mais face la rsistance des forces anglaises qui sont arrives en renfort, Rommel dcide de
battre en retraite pour faire face loensive anglaise dans
le sud tunisien.
La dfaite des armes italiennes permet au gouvernement
franais de mettre n au problme italien . Les ressortissants compromis avec les fascistes sont expulss vers
lItalie et leurs biens mis sous squestre. Les tablissements italiens (hpitaux, coles) passent aux mains de
ladministration franaise. Les conventions de 1896 et les
accords de 1935 sont dclars caducs la date du 10 juin
1940 o lItalie dclar la guerre la France. Les rgles
de naturalisation des enfants ns de parents italiens sont
maintenant les mmes que celles des autres nationalits
europennes[110] .
Le gouvernement Chenik ayant t pouss la dmission,
un nouveau gouvernement est nomm peu suspect de nationalisme. Lheure est la reconstruction aprs les destructions causes par la guerre. Quant aux nationalistes,
ils militent pour le retour de Moncef Bey qui a t transfr Pau aprs avoir sign son abdication. Linvasion du
pays et la dposition du monarque ont prouv que le gouLes troupes germano-italiennes reculent sur tous les fronts vernement franais ne peut mme plus invoquer le Trait
face loensive venue de Libye. La ligne Mareth est du Bardo pour justier sa lgitimit en Tunisie.
contourne et prise la n du mois de mars. La ligne Partout dans le monde, des pays accdent lindpende repli sur loued Akarit prs de Gabs tombe le 6 avril. dance. La Ligue arabe est cre au Caire le 25 mars 1945.
Les armes de lAxe se replient vers le nord, poursuivies la recherche de soutiens, Bourguiba gagne lgypte o
par les armes amricaines et anglaises qui ont fait leur de nombreux militants viennent le rejoindre. Des reprjonction. Lestocade est porte le 6 mai lors dune of- sentations du No-Destour sont ouvertes dans plusieurs
fensive gnrale dans la rgion de Medjez el-Bab. Tunis pays. Un bureau du Maghreb arabe est cr pour uniest libre le lendemain. Les dernires forces germano- er les mouvements nationalistes tunisien, algrien et maitaliennes, encercles dans le Cap Bon, se rendent le 13 rocain. Les recherches de soutien auprs des dirigeants
mai.
amricains lONU demeurent vains en ces temps de
1.10
Les annes noires
17
1.10 Les annes noires
Discours prononc par Bourguiba Bizerte le 15 janvier 1952
Farhat Hached
guerre froide.
Pendant ce temps, destouriens et no-destouriens
sunissent pour rclamer lindpendance lors de la Nuit
du destin le 23 aot 1946. Un nouveau syndicat sinvite
galement dans le combat. Fond le 20 janvier 1946
par Farhat Hached, lUnion gnrale des travailleurs
tunisiens (UGTT) tente de fdrer les ouvriers tunisiens
dans un mouvement indpendant des grandes centrales
syndicales franaises mais proche du mouvement
nationaliste[111] . Face ces multiples revendications,
la rsidence gnrale ne rpond quen augmentant le
nombre de ministres tunisiens pour assurer la parit avec
les ministres franais.
La situation semble se dbloquer lorsquun nouveau
rsident gnral, Louis Prillier, est nomm en 1950
avec pour mission damener la Tunisie vers lIndpendance [112] . Avec lappui de Bourguiba, un nouveau
gouvernement est nomm comprenant des nationalistes
tels Mahmoud El Materi, Hamadi Badra et Salah Ben
Youssef. Une premire srie de rformes est annonce
le 8 fvrier 1951 qui rduit les pouvoirs des administrateurs franais et augmente lembauche des Tunisiens dans
la fonction publique. Leur porte limite doit les nationalistes qui reoivent le soutien de Lamine bey lors du
discours du trne le 15 mai suivant. linvitation du gouvernement franais, les ministres tunisiens sont invits
Paris pour y exposer leur programme de rformes. Le 31
octobre, lors de cette visite, un mmorandum dtaillant
les revendications est remis Robert Schuman, ministre
des Aaires trangres franais. La rponse ne parvient
que le 15 dcembre. Cest une n de non recevoir cinglante qui insiste sur la reconnaissance du caractre dnitif du lien qui unit la France et la Tunisie . Dsavou,
Prillier quitte son poste le 24 dcembre.
Le 13 janvier 1952, le nouveau rsident gnral, Jean de
Hauteclocque, arrive Tunis bord dun croiseur. Venu pour mater les nationalistes, il exige, ds son arrive
le renvoi du gouvernement tunisien ce que refuse nergiquement Lamine Bey. Le mme jour, deux ministres
quittent Tunis pour aller dposer une requte auprs de
lONU au nom du gouvernement.
Ds le 18 janvier, une srie darrestations envoie leaders communistes et no-destouriens en prison provoquant lembrasement du pays. Lamine Bey refuse de lancer un appel au calme tant que Bourguiba et ses amis sont
emprisonns. Les arontements entre forces de lordre et
manifestants font plusieurs morts dans le pays. Le ratissage du Cap Bon par larme franaise la recherche de
dpts darmes cause la mort de trente civils.
Ministres du cabinet Chenik exils en mars 1952 : de gauche
droite Mohamed Salah Mzali, Mhamed Chenik, Mahmoud El
Materi et Mohamed Ben Salem
Le 25 mars 1952, face aux refus du bey de congdier ses
ministres, de Hauteclocque les fait arrter et interner
Kbili do ils ne sont librs que le 6 mai. Un nouveau
gouvernement est nomm mais le monarque refuse de travailler avec lui. Pour rpondre au programme de rformes
propos par le rsident gnral, il convoque une assemble de quarante personnalits tunisiennes de toutes opi-
18
HISTOIRE DU PROTECTORAT
nions politiques qui concluent au rejet le 9 septembre.
Le 5 dcembre 1952, Farhat Hached est assassin par la
Main rouge. Aaibli par la perte de son ami, Lamine bey
cde aux pressions du rsident gnral et signe la rforme
des lections municipales le 20 dcembre 1952.
Celles-ci doivent se tenir dbut mai 1953. Mais les menaces des nationalistes envers ceux qui veulent y participer entranent leur chec. Ceux qui bravent le mot dordre
de boycott sont assassins. Des actions de gurilla menes
par des bandes de fellagas sment la terreur dans les campagnes.
Face lchec de sa politique, Jean de Hauteclocque est
rappel et remplac par Pierre Voizard le 23 septembre
1953. Voulant ramener le calme dans le pays, il lve le
couvre-feu, libre des prisonniers, nomme un nouveau
gouvernement o les ministres tunisiens sont largement
majoritaires. Mais le refus de librer Bourguiba toujours
intern sur lle de La Galite incite le No-Destour refuser ces avances et intensier la lutte arme. Jusque
l pargns, des colons franais sont maintenant pris pour
cible et assassins. Le gouvernement Mzali dmissionne
le 17 juin 1954 laissant le pays sans aucun dirigeant.
1.11
Retour de Salah Ben Youssef Tunis en 1955
la n de la lutte arme. Il est suivi par le conseil du NoDestour qui appelle les rsistants dposer les armes ce
quils font au mois de dcembre.
Les accords dautonomie interne sont signs le 3 juin
1955 malgr lopposition de Ben Youssef qui dplore les
concessions accordes aux Franais de Tunisie. Bourguiba peut rentrer triomphalement Tunis le 1er juin o il
est attendu par une mare humaine qui conrme son exProclamation de lautonomie interne ceptionnelle popularit.
et de lindpendance
Salah ben Youssef rentre Tunis le 13 septembre et
marque tout de suite son opposition Bourguiba et aux
conventions quil a acceptes. Partisans et opposants des
deux leaders sarontent dans les rues de Tunisie, provoquant une atmosphre de guerre civile. Craignant pour sa
vie, Ben Youssef quitte le pays le 28 janvier 1956.
Linscurit provoque par ces luttes fratricides convainc
le gouvernement franais que les accords dautonomie interne ne permettent pas la Tunisie dassurer sa scurit
intrieure. Des ngociations sont rouvertes, encourages
par lannonce de la prochaine indpendance du Maroc.
Le 20 mars 1956, le Trait du Bardo est dclar caduc et
lindpendance de la Tunisie solennellement reconnue.
Signature par Tahar Ben Ammar des conventions de lautonomie
interne Matignon le 3 juin 1955
Article dtaill : Gouvernement Tahar Ben Ammar.
Le 31 juillet 1954, le prsident du conseil Pierre Mends France arrive Tunis et proclame que lautonomie
interne de ltat tunisien est reconnue et proclame sans
arrire-pense par le gouvernement franais .
Le 7 aot, un gouvernement, incluant le No-Destour,
est form sous la direction du nationaliste indpendant
Tahar Ben Ammar. Les ngociations entre reprsentants
franais et tunisiens dbutent ds le 4 septembre. Mais
elles sont trs vite bloques par le problme des fellagas
qui continuent leurs actions. Contrairement Salah ben
Youssef qui veut les utiliser comme moyen de pression
sur le gouvernement franais, Bourguiba est partisan de
1.12 Dcolonisation
Les administrations cres au cours des 75 annes du protectorat sont peu peu remises au gouvernement tunisien. Les derniers ministres tre dirigs par des directeurs franais (Travaux publics, Finances, Enseignement
et Postes et tlcommunications) sont remis aux nouveaux titulaires tunisiens lors de la constitution du second
gouvernement Ben Ammar. Les contrles civils disparaissent galement aprs la signature des conventions sur
lautonomie interne. Leurs attributions sont transfres
aux cads lexception de celles concernant la population
franaise[113] . La signature du protocole dindpendance
moins dun an plus tard entrane leur quasi disparition
lexception de ceux qui deviennent des consulats. Les immeubles et le mobilier des contrles doivent tre remis
1.12
Dcolonisation
aux autorits tunisiennes entre le 10 et le 18 octobre 1956
avec un inventaire et un procs-verbal[114] .
Le 28 novembre 1955, ladministration des forces de police est transfre aux autorits tunisiennes, ce qui a une
porte symbolique considrable et permet Bourguiba
de rassurer beaucoup de ses concitoyens sur la porte des
conventions quil a approuves[115] .
Ds le 3 aot 1956 les tribunaux de louzara et du chara
sont supprims. La justice tunisienne est alors unie suivant une organisation identique lorganisation judiciaire
franaise[116] . Quant aux ressortissants franais, ils deviennent justiciables des juridictions pnales tunisiennes
ds le 13 novembre 1956. Les juridictions franaises sont
nalement supprimes le 8 juillet 1957[117] . Les tribunaux rabbiniques sont les derniers tre supprims par
la loi du 27 septembre 1957[118] .
Les chambres de commerce, franaises comme tunisiennes, sont dissoutes par le dcret du 9 octobre
1957[119] .
Les biens habous, dont la mise disposition de la colonisation europenne avait t combattue par les nationalistes pendant tout le protectorat, sont nationaliss par les
dcrets du 31 mai 1956[120] (habous publics) et du 19
juillet 1957[121] (habous privs).
19
produisent dailleurs en 1958 42% des crales, 54% des
fruits et produits marachers, 20% de lhuile, prs de 30%
de la production totale du pays. la recherche de surfaces
pour les agriculteurs tunisiens, le gouvernement cherche
rcuprer ces terres par le biais de ngociations avec
son homologue franais ou par des procdures dexpropriations, ce qui lui permet den transfrer prs de 320
000 hectares entre 1956 et 1963[127] . Finalement, le 12
mai 1964, date anniversaire du Trait du Bardo, les exploitations franaises sont nationalises, le cheptel et le
matriel agricole saisi et les agriculteurs expropris.
Toutes ces direntes mesures ont provoqu le dpart
massif des populations franaises et italiennes. Daprs le
recensement de 1966, ils ne sont plus que 32 767 contre
255 224 en 1956 soit une diminution de 83%. Cest aussi
une communaut chrtienne qui disparat et des lieux de
culte qui sont dserts. Un Modus Vivendi est donc
sign entre la Tunisie et le Vatican le 10 juillet 1964 et paru au Journal Ociel Tunisien le 24 juillet[128] . Cet accord prvoit la cession ltat tunisien titre gratuit et
dnitif des lieux de culte mentionns en annexe de laccord (ils napparaissent pas dans le Journal Ociel) avec
lassurance quils ne seront utiliss qu des ns dintrt public compatibles avec leur ancienne destination .
Lide directrice est de faire disparatre laspect extrieur
et visible de lglise et dentrer en possession de tout ce
qui peut tre utilis[129] .
Les compagnies franaises sont peu peu nationalises
lissue de leur concession comme les activits de la
Compagnie des phosphates et des chemins de fer de Gaf- Mais la n du protectorat a aussi donn lieu des rglesa qui sont cones la Socit nationale des chemins de ments de compte. Ds le 21 juin 1956, un dcret supprime le corps des cads. Souvent membres des grandes
fer tunisiens (SNCFT) le 31 dcembre 1966[122] .
familles tunisiennes, le makhzen, on leur reproche davoir
Le problme des troupes militaires franaises toujours apport leur collaboration ladministration du protectostationnes en Tunisie est voqu par Bourguiba ds le rat. Ils sont remplacs par des cadres du No-Destour et
18 juin 1956 dans un discours prononc Tataouine : les cadats deviennent des gouvernorats. Mais cest surtout
Lindpendance contient en puissance lvacuation des la proclamation de la Rpublique et le renversement de
troupes trangres. Cette vacuation se ralisera progres- la dynastie beylicale le 25 juillet 1957 qui donne le coup
sivement au fur et mesure de la constitution de larme denvoi de la rpression. Le mme jour, Lamine bey, son
tunisienne. Il ne peut en tre autrement dans un pays ind- hritier Hassine Bey, ses trois ls et son gendre Mohamed
pendant [123] . Le Bombardement de Sakiet Sidi Youssef Ben Salem sont assigns rsidence. Ds le lendemain,
le 8 fvrier 1958 donne loccasion Bourguiba daccl- les biens de la famille rgnante, soit 43 personnes, sont
rer le mouvement. Des barrages sont mis en place devant consqus. Une loi portant conscation des biens mal
les cantonnements franais, les centraux militaires sont acquis est promulgue le 17 aot pour justier rtroacticoups. Les consulats franais de Gafsa, Souk el Arba, vement ces dpossessions. Elle permet dtendre les spoMedjez el-Bab et la chancellerie du Kef sont ferms[124] . liations seize autres notables, danciens ministres, des
Ce nest quau bout de quatre mois de blocus, le 12 juin, cads ou lancien directeur du collge Sadiki Mohamed
que le gouvernement franais accepte dvacuer toutes les Attya[130] . Le 9 octobre 1957, la Chambre d'Agriculture
positions militaires franaises en Tunisie lexception de tunisienne, surtout compose de gros propritaires terla base de Bizerte[125] . Lopration de transfert prendra riens tunisiens tel Tahar Ben Ammar, est dissoute. Enn,
quatre mois. La tension renat en 1961 lorsque le gou- le 3 dcembre 1957, une autre loi relative l'indignit
vernement tunisien organise des manifestations devant la nationale est promulgue et stipule :
base de Bizerte pour obtenir sa restitution ltat. La
Crise de Bizerte provoque de nombreux morts et le dpart
de milliers de Franais. La base est nalement rtrocde
Est coupable d'indignit nationale et frapaux Tunisiens le 15 octobre 1963[126] .
p de la peine criminelle prvue l'article
4 (privation des droits civiques, renvois des
lindpendance, les 2 200 agriculteurs franais cultivent
emplois publics, interdiction d'enseigner, etc.)
715 000 hectares soit 10% des surfaces agricoles souvent
tout Tunisien qui aura sciemment, entre le 18
situes dans les parties les plus productives du pays. Ils
janvier 1952 et le 31 juillet 1954, entrav ou
20
2
tent d'entraver la lutte pour l'indpendance de
la Tunisie.
L'indignit nationale est constitue par
le fait d'avoir sciemment apport, durant
cette priode, une aide directe ou indirecte
aux autorits du Protectorat ou aux pseudogouvernements ayant exerc leur autorit en
Tunisie.
La dure de la dgradation nationale
est xe par l'arrt de la Haute Cour de
Justice[131]
FONCTIONNEMENT
sonnages inuents de chaque rgion et, aussi, ltat desprit des populations[135] .
Le gouvernement est constitu dun grand vizir, du
ministre de la Plume, charg des services de ladministration gnrale, du ministre de la guerre et du ministre
de la marine.
Le territoire tunisien est divis en 22 cadats dont dix-huit
ont une population mixte, cest--dire des habitants xs
au sol et des nomades, et quatre une population exclusivement sdentaire. En outre, trente et une tribus nomades,
arabes ou berbres, dissmines dans toute ltendue du
Le 24 juin 1958, tous les membres des ministres pays, ont chacune un cad qui les administre part.
Baccouche et Mzali sont arrts. Dfrs devant la Haute Les 22 cadats sont ceux de Tunis, Sidi Bou Sad,
Cour en fvrier 1959, ils sont condamns la prison, Bizerte, Mateur, Tabarka, Bja, El Kef, Mohamedia
lindignit nationale et la conscation de leurs biens[132] . et Mornaguia, Hammam Lif, Soliman, Tboursouk,
Hdi Ben Ras est quant lui condamn mort[133] .
Testour, Tebourba, Sahel et Sousse, Monastir, Mahdia,
Le 12 novembre 1959, tous les ministres bncient Sfax et les Kerkennah, Kairouan et Arouch Sandjak,
[136]
.
dune mesure de libert conditionnelle, mesure de cl- Gafsa, Tozeur (Djerid), El Arad, Ile de Djerba
mence intervenant trop tard pour Mohamed Saadallah, Une grande part de la souverainet tunisienne est dj
Mohamed Dinguizli et Taeb Belkhiria morts pendant passe en des mains trangres. Les revenus nanciers
leur dtention[134] .
sont ainsi grs depuis 1869 par une commission nancire internationale qui nen reverse que la moiti pour
couvrir les besoins de la Rgence.
2.1
2.1.1
Fonctionnement
Pouvoir politique et administratif
Situation avant 1881
Beaucoup doccupants du pays chappent galement aux
lois tunisiennes par le biais des capitulations, ensemble
de conventions signes entre le bey et divers pays europens qui garantissent leurs ressortissants dtre jugs
par leurs autorits consulaires et non par la justice tunisienne. Mais cette protection est galement tendue
certains Tunisiens qui bncient de la qualit de protg qui leur fait bncier des mmes privilges que les
ressortissants europens.
2.1.2 Protectorat ou annexion ?
An de sassurer de la neutralit des nations europennes,
les termes du trait du Bardo taient volontairement trs
limits : occupation militaire de quelques points de la Rgence, mise au point dune nouvelle organisation nancire du pays et reconnaissance de tous les traits internationaux signs auparavant par le rgime beylical.
Larme franaise qui quadrille le pays se verrait bien
le diriger comme elle dirige lAlgrie. Ils sont soutenus
dans cette voie par les premiers colons qui arrivent dans
le pays. Venus pour la plupart de lAlgrie voisine, ceuxLa Tunisie est gouverne par un Bey dont les pouvoirs ci apprcient les avantages de ladministration directe qui
absolus sont hrditaires. Aux termes de larticle 1er de la leur permet de faire prvaloir leurs intrts, souvent au
loi organique de 1857, la succession au pouvoir est hr- dtriment de la population indigne.
ditaire entre les princes de la famille husseinite, par ordre Mais malgr ces fortes pressions, le gouvernement frandge et non par la liation. Le successeur dsign prend ais ne cde pas sur sa volont dviter les erreurs comle nom de Bey du Camp. Son rle se limite la percep- mises dans la colonie voisine en imposant une administration, deux fois par an, des impts des tribus rcalcitrantes. tion franaise des populations dune culture trs loigne
A cette n, il prend la tte dune colonne militaire qui par- de celle de la mtropole. Il existe dj une administration
court les rgions concernes pour rcolter les sommes r- tunisienne qui, bien quimparfaite, est dj prsente en
clames. Il apprend ainsi connaitre le royaume, les per- tous points du pays et est accepte par ses administrs. Le
Gravure montrant, de gauche droite, un hamba (gendarme tribal), un soldat irrgulier turc, un scribe hante et un garde mamelouk du bey
2.1
Pouvoir politique et administratif
21
cendants d'une socit trs police, organise
depuis des sicles sur les ruines de la Carthage
romaine et phnicienne[137] .
Et Jules Ferry clt le dbat en 1884 en justiant son soutien rsolu la formule du protectorat :
Nous conserverons la France en Tunisie cette situation de protectorat, de puissance
protectrice. Elle a pour nous de trs grands
avantages. Elle nous dispense dinstaller dans
ce pays une administration franaise, cest-dire dimposer au budget franais des charges
considrables, elle nous permet de surveiller de
haut, de gouverner de haut, de ne pas assumer
malgr nous la responsabilit de tous les dtails
de ladministration, de tous les petits faits, de
tous les petits froissements que peut amener le
contact de deux civilisations direntes[138] .
Portrait de Paul Cambon
Rsident gnral de France
de 1882 1886.
2.1.3 Mise en place des institutions
Les limitations imposes par le trait du Bardo empchent la rforme de lorganisation du pays telle que
lentend Paul Cambon. Il est donc ncessaire de rsoudre
lpineux problme de la commission nancire internationale qui a toujours son mot dire sur la gestion de
la Rgence. Cest chose faite lorsque la dette tunisienne
est convertie en obligations mises sous la garantie de la
Banque de France[139] . Cet accord est entrin par les
Conventions de la Marsa qui dictent galement dans leur
article premier :
An de faciliter au Gouvernement franais l'accomplissement de son protectorat, Son
Altesse le Bey de Tunis sengage procder
aux rformes administratives, judiciaires et nancires que le Gouvernement franais jugera
utiles
Portrait de Jules Ferry
nouveau ministre rsident, Paul Cambon, prcise mme :
Nous n'avons pas en face de nous des anthropophages, des Peaux-Rouges, mais les des-
Cambon a maintenant les mains libres pour rformer le
pays tel quil lentend. Le dcoupage de la Rgence en
cadats est conserv mais les cads sont surveills par des
contrleurs civils franais chargs de viser tous les courriers des autorits locales indignes avec Tunis. Le gouvernement tunisien ne se compose plus que du grand vizir
et du ministre de la plume. Toutes les correspondances
du gouvernement tunisien doivent tre vises par un secrtaire gnral franais. Des Directions techniques (nances, travaux publics, instruction publique, commerce,
agriculture) sont cres avec des directeurs franais
leurs ttes ayant rang de ministres. Quant au bey, ses attributions se limitent approuver les textes de lois que lui
soumet le ministre rsident franais qui devient rsident
gnral de France le 23 juin 1885 [140] .
22
2.1.4
2
Gouvernement de la Rgence
Aux dbuts du protectorat Reprsentant du gouvernement franais auprs du bey, le rsident gnral a des
pouvoirs trs tendus. Ds le 9 juin 1881, un dcret beylical en fait lintermdiaire ociel et unique dans les
rapports avec les puissances amies ce qui lui confre
le rang de ministre des Aaires Etrangres[141] . Aucun
dcret ne peut tre promulgu sil ne la pas vis pour approbation et tout ce qui se passe dans le pays doit lui tre
rapport[142] . Cest galement lui qui prside le conseil des
ministres.
FONCTIONNEMENT
Avnement de Moncef bey
Article dtaill :
Gouvernement M'hamed Chenik (1).
Le 1er janvier 1943, protant de laaiblissement des autorits franaises lors de l occupation de la Tunisie par
les troupes allemandes, Moncef Bey nomme de nouveaux
ministres tunisiens sans demander lassentiment du rsident gnral. Le ministre de la Plume est alors renomm en ministre de lIntrieur et le ministre des Habous est cr portant quatre le nombre de ministres
tunisiens[147] .
Malgr la dposition de Moncef bey en juin de la mme
Les premiers ministres tunisiens supprims en 1881 sont
anne, le ministre des habous est conserv.
ceux de la Guerre et de la Marine en vertu du trait du
Bardo qui rend les troupes franaises responsables de la
dfense du pays. Cest donc leur chef qui devient ministre Cration du ministre des Aaires Sociales Article
de la Guerre sous le titre de Gnral Commandant des dtaill : Gouvernement Slaheddine Baccouche (1).
troupes doccupation.
Le 17 fvrier 1945, le ministre des Aaires sociales
Le 4 fvrier 1883 est cr le poste de secrtaire gnral.
Cest lui qui est charg de la rception et de la rpartition de toutes les correspondances adresses au gouvernement. Il est linterlocuteur oblig du grand vizir et est
galement charg de la prsentation et de la promulgation
des dcrets et des lois[143] .
Le conseil des ministres runit alors[144] :
Le rsident gnral ;
Le secrtaire gnral ;
Le Gnral commandant les troupes doccupation,
ministre de la guerre ;
Le directeur des Travaux Publics (direction cre le
3 septembre 1882[25] ) ;
Le directeur de lEnseignement (direction cre le 6
mai 1883[26] ) ;
Le directeur des Finances (direction cre le 2 octobre 1884[27] ) ;
Le directeur de lOce Postal (direction cre le 1er
juillet, 1888[28] ) ;
Le directeur de lAgriculture, du Commerce et de la
Colonisation (direction cre le 8 fvrier 1896[29] ) ;
LAmiral Prfet maritime, ministre de la Marine ;
Mohamed Salah Mzali
Ministre des Aaires Sociales
de 1945 1947.
est cr et attribu un ministre tunisien. Le ministre
des Habous est rattach au grand vizirat et disparat. Ce
nouveau ministre comprend dune part la Sant publique
Le ministre de la Plume.
et lAssistance et dautre part le Travail et la Prvoyance
Un troisime ministre tunisien vient rejoindre le conseil sociale. Pour la premire fois, un ministre tunisien aslorsquest cr le ministre de la Justice le 26 avril sume pleinement la responsabilit de ses fonctions sans
avoir besoin du visa de lagent de contrle franais qui le
1921[145] .
surveille[148] .
Le conseil des ministres se runit mensuellement au Dar
el Bey dans le cabinet du grand vizir mais cest le rsident
gnral qui prside. En son absence, il est remplac par Rformes de 1947 Article dtaill : Gouvernement
le Dlgu la rsidence ou, dfaut, par le directeur des Mustapha Kaak.
Finances[146] .
Le grand vizir ;
2.1
Pouvoir politique et administratif
23
La rpartition des ministres entre Tunisiens et Franais et la Reconstruction est cr ainsi quun ministre de
est modie pour arriver un conseil des ministres ayant lIntrieur attribu un Tunisien.
la rpartition suivante[149] :
Pour la premire fois, le conseil des ministres est prsid par le grand vizir. Les conseillers franais auprs des
Le rsident gnral (franais) ;
ministres tunisiens sont supprims[150] .
Le secrtaire gnral (franais) ;
Le secrtaire gnral adjoint (franais) ;
Rformes de mars 1954
Article
Gouvernement Mohamed Salah Mzali.
dtaill
Le directeur des Finances (franais) ;
Le ministre de la Dfense (franais) ;
Le directeur des Travaux Publics (franais) ;
Le directeur de linstruction publique et des beauxarts (franais) ;
La rpartition des ministres est nouveau modie
en faveur des Tunisiens pour arriver la rpartition
suivante[151] :
Grand vizir ;
Le grand vizir (tunisien) ;
Ministre dtat charge des Institutions musulmanes
et des Habous ;
Le ministre de la Sant publique (tunisien) ;
Ministre de la Sant publique ;
Le ministre du Travail et de la Prvoyance sociale
(tunisien) ;
Ministre de la Justice ;
Le ministre de lAgriculture (tunisien) ;
Ministre de lAgriculture ;
Le ministre de la Justice (tunisien) ;
Ministre du Travail ;
Le ministre du Commerce et de lArtisanat (tunisien).
Ministre de lUrbanisme et de lHabitat.
Chaque ministre tunisien est assist dun conseiller
charg de donner son avis ou de faire des suggestions. Ils
visent tous les actes et tous les textes communiqus au
secrtaire gnral[150] .
Ministre du Commerce et de lArtisanat ;
Directeur des Finances ;
Directeur des Travaux Publics ;
Directeur de lEnseignement ;
Directeur des PTT (ne dlibre que sur les questions
de son ressort).
Rformes de 1950 Article dtaill : Gouvernement
Le secrtaire gnral et le secrtaire gnral adjoint, qui
M'hamed Chenik (2).
Il est dcid dtablir la parit au conseil des ministres auparavant contrlaient les actes du grand vizir, ne sont
plus ministres mais deviennent ses collaborateurs. Ce dernier est proclam prsident du Conseil et chef du gouvernement, charg de coordonner laction de lensemble des
ministres et directions, et de prsider les commissions
interministrielles.
Les cads, qui auparavant recevaient leurs ordres du secrtaire gnral via les contrleurs civils, sont maintenant
chefs de leur circonscription et dlgataires des pouvoirs
du grand vizir[152] :
Lassentiment rsidentiel sur les actes du gouvernement
est supprim : le rsident gnral ne vise plus que les dcrets beylicaux.
Rformes daot 1954
Article dtaill :
Gouvernement Tahar Ben Ammar.
entre Tunisiens et Franais. Le rsident gnral et le mi- La composition du gouvernement charg de ngocier
nistre de la Dfense nen font plus partie. Un nouveau mi- les accords dautonomie interne est remanie pour faire
nistre dirig par un commissaire franais au Relogement place aux ministres dtat chargs des ngociations :
Ministre Chenik de 1950
24
Ministre Ben Ammar de 1955
FONCTIONNEMENT
Signature des conventions
de l'Autonomie Interne
entre la Tunisie et la France 1955
Grand vizir ;
Ministre d'tat ;
Ministre d'tat ;
Ministre d'tat ;
Ministre des Transports ;
Ministre de l'Agriculture ;
Ministre de la Justice ;
Ministre de la Sant ;
Ministre du Commerce ;
Ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat .
Directeur des Finances ;
Directeur des Travaux Publics ;
Directeur de lEnseignement ;
Directeur des PTT (ne dlibre que sur les questions
de son ressort).
De plus, par dcret beylical du 5 aot, le rsident gnral
est nomm Ministre des Aaires Etrangres[153] .
Accords dautonomie interne Les accords dautonomie interne sont signs le 3 juin 1955 et remanient profondment les instances gouvernementales :
Les conventions de la Marsa qui avaient permis de mettre
ladministration tunisienne sous tutelle sont maintenant
abroges. Seul le trait du Bardo qui avait concd la
France la politique extrieure de la rgence est encore
applicable. Cest pourquoi le but de ces conventions est
de rendre au gouvernement tunisien ses prrogatives tout
en assurant la population franaise une reprsentation
politique dans les direntes assembles. Ngociateurs
tunisiens et franais nissent par sentendre sur les points
suivants :
la Tunisie reconnat tous ceux qui vivent sur son
territoire la jouissance des droits et des garanties de
la personne noncs par la Dclaration universelle
des droits de lhomme ;
larabe est reconnu langue nationale et ocielle
de la Tunisie mais la langue franaise nest pas
considre comme une langue trangre [154] ;
la France est maintenant reprsente par un hautcommissaire qui remplace le rsident gnral. Il ne
sera plus que lintermdiaire entre le gouvernement
franais et les autorits tunisiennes ;
la politique extrieure et la dfense restent du ressort
de la France ;
concernant la police, le directeur de la scurit sera
franais pendant deux ans. Pendant les cinq ans suivants, il relvera la fois du chef du gouvernement
tunisien et du haut-commissaire franais. Le commissaire central de Tunis restera franais ainsi que
les commissaires des agglomrations comprenant un
fort pourcentage dEuropens. La proportion des policiers franais Tunis ne sera pas infrieure au tiers
des eectifs ;
les conseils municipaux des villes forte prsence europenne (Tunis, Bizerte, Ferryville, Sfax,
Sousse, An Draham, Fochville, Mgrine, SaintGermain et Tabarka) comprendront 3/7 de reprsentants franais. Dans les autres municipalits o la
population franaise est suprieure 10 %, la proportion de conseillers franais sera du tiers. L o
elle est infrieure 10 % mais suprieure 100 habitants, un Franais doit faire partie du conseil ;
en matire judiciaire, les tribunaux franais (pour
les Europens) et tunisiens sont conservs pour une
dure de quinze ans. Des tribunaux mixtes, avec parit de juges tunisiens et franais, seront comptents
pour juger les dirends entre Tunisiens et Franais ;
2.1
Pouvoir politique et administratif
la Tunisie continue de faire partie de la zone franc.
La Banque de l'Algrie et de la Tunisie conserve le
privilge de lmission[155] .
Les directions franaises devenant des ministres tunisiens, le conseil des ministres est maintenant compos
des[156] :
Grand vizir ;
Ministre de l'Intrieur ;
Ministre de la Justice ;
25
librement ralise entre les deux pays en organisant leur coopration dans les domaines
o leurs intrts sont communs, notamment en
matire de dfense et de relations extrieures.
Les accords entre la France et la Tunisie tabliront les modalits du concours que la
France apportera la Tunisie dans ldication
de larme nationale tunisienne.
Les ngociations reprendront le 16 avril
1956 en vue de conclure, dans les dlais aussi
brefs que possible, et conformment aux principes poss dans le prsent protocole, les actes
ncessaires leur mise en uvre[158] .
Ministre de l'ducation ;
Ministre des Finances ;
2.1.5 Organisation territoriale
Ministre de la Sant ;
Ministre de l'Agriculture ;
Ministre des P.T.T. ;
Ministre de l'conomie ;
Ministre des Travaux publics ;
Ministre de l'Urbanisme ;
Ministre des Aaires sociales.
Bien que nomm ministre des Aaires trangres du gouvernement tunisien, le haut-commissaire franais nas- Habitation du cad du Kef vers 1930
siste pas au conseil des ministres pour mnager les susRedcoupage des cadats Lors de linstauration du
ceptibilits tunisiennes[157] .
protectorat, la rgence de Tunis tait divise en 53[136]
80[159] cadats suivant les sources. Dirige par un cad,
Protocole dindpendance Le 20 mars 1956, le pro- chacune de ces circonscriptions est galement divise en
tocole daccord franco-tunisien sur lindpendance de la cheikhats correspondant des fractions de tribus ou des
Tunisie est sign par Tahar Ben Ammar et Christian Pi- villages. Contrairement aux cads qui taient nomms par
neau, ministre des Aaires trangres. Il nonce :
le bey, les cheikhs taient choisis par les notables de la
tribu qui se portaient ainsi garants de leur gestion nan La France reconnat solennellement lincire. Leur principale fonction tait en eet de recouvrer
dpendance de la Tunisie.
les impts de leur cheikhat pour les remettre au cad ou
Il en dcoule :
son supplant, le khalifa.
a) que le trait conclu entre la France et la
Le nombre important et imprcis du nombre de cadats
Tunisie le 12 mai 1881 ne peut plus rgir les
sexplique par le caractre nomade des administrs. Les
rapports franco-tunisiens ;
limites de ces circonscriptions ntaient donc pas gograb) que celles des dispositions des convenphiques mais correspondaient aux tribus qui devaient y
tions du 3 juin 1955 qui seraient en contradicpayer leurs impts. Cest pourquoi certains cadats taient
tion avec le nouveau statut de la Tunisie, tat
immenses et dautres minuscules[159] .
indpendant et souverain, seront modies ou
Les autorits du protectorat dcident de conserver cette
abroges.
organisation qui prsente lavantage dtre connue et acIl en dcoule galement :
cepte par les Tunisiens malgr les innombrables cas de
c) lexercice par la Tunisie de ses responsacorruption quelle entrane. Un nouveau dcoupage des
bilits en matire daaires extrieures, de scadats est toutefois entrepris an de les rquilibrer et de
curit et de dfense, ainsi que la constitution
leur donner des limites gographiques et non plus tribales.
dune arme nationale tunisienne.
Les autorits militaires franaises sont mises contribuDans le respect de leurs souverainets, la
tion dans cette tche par le dcret beylical du 10 juin 1882
France et la Tunisie conviennent de dnir ou
qui les charge dassurer la surveillance du territoire et par
complter les modalits dune interdpendance
26
FONCTIONNEMENT
les instructions reues qui leur demandent dtudier lor- les dlits qui nentranent pas un emprisonnement dune
ganisation politique et administrative des tribus et de re- dure suprieure 15 jours, ni une amende de plus de 20
censer tous les notables[160] .
francs[165] .
Les accords dautonomie interne signs le 3 juin 1955
leur dlguent les attributions des contrleurs civils chargs auparavant de les surveiller. Leurs fonctions sont nalement supprimes lindpendance par le dcret du 21
juin 1956. Les cadats deviennent des gouvernorats et les
cads sont remplacs par des cadres du No-Destour[132] .
Contrle civil au Kef
Cration des contrles civils Des dcrets beylicaux
successifs permettent cette rorganisation. An de retirer
progressivement leurs pouvoirs aux autorits militaires,
un corps de contrleurs civils est cr par le dcret du
Prsident de la Rpublique en date du 4 octobre 1884[30] .
Il est en eet prvu de diviser le pays en contrles civils
appels remplacer les circonscriptions militaires. Les
premiers sont crs par le dcret beylical du 1er mai 1885
La Goulette, Nabeul, Sousse, Sfax et au Kef[161] . Mais
devant lopposition de lArme, il faudra attendre 1895
pour que la dernire circonscription de Gafsa passe sous
administration civile[162] . Larme franaise ne garde plus
sous son contrle que les Territoires du Sud comprenant
le sud tunisien et limit au nord par les contrles civils de
Gabs et de Gafsa. Ltendue du territoire, sa proximit
avec la Tripolitaine et la prsence de tribus longtemps en
tat dinsurrection expliquent cette particularit[163] .
Attributions des contrleurs civils La tche principale du contrleur civil est de renseigner la rsidence gnrale sur tout ce qui se passe dans sa circonscription.
cette n, il encadre trs troitement les administrations tunisiennes. Toutes les correspondances adresses
aux cads ou mises par eux doivent lui tre communiques pour visa. Il donne son avis sur toutes les nominations des fonctionnaires tunisiens, y compris les muftis,
les cadis, les imams et les amines. Les dlibrations des
conseils municipaux lui sont envoyes. Il tient aussi les
registres dtat-civil de la population franaise[166] . Des
pouvoirs de police lui sont attribus ; la police locale est
place sous son autorit et doit lui adresser un rapport
quotidien[167] .
La signature des accords dautonomie interne en 1955
sonne le glas de leurs pouvoirs. Le contrle civil devient la Dlgation du haut-Commissariat et ils en deviennent les dlgus. Leurs attributions sont transfres
aux cads lexception de celles concernant la population
franaise[113] .
La signature du protocole dindpendance moins dun an
plus tard entrane leur disparition lexception de Tunis,
Bizerte, Sfax et Sousse qui deviennent des consulats gnraux, Medjez el Bab, Souk el Arba, Gafsa et Gabs qui
deviennent des consulats. Les immeubles et le mobilier
des contrles doivent tre remis aux autorits tunisiennes
Liste des contrles civils et des cadats Le territoire entre le 10 et le 18 octobre 1956 avec un inventaire et un
procs-verbal[114] .
de la Rgence est alors divis comme suit[164] :
Attributions des cads Intermdiaire entre les sujets 2.1.6 Institutions reprsentatives
du bey et le pouvoir central, le cad est charg du recouvrement des impts et du maintien de la scurit. Cest Confrence consultative tunisienne
galement lui qui tient les registres de ltat-Civil des Tu- Confrence consultative tunisienne.
nisiens et qui prside les municipalits.
Il a galement des attributions judiciaires puisquil reoit
les dclarations dinfraction, de crimes, de dlits ou de
contravention commis dans le lieu o il exerce ses fonctions, dclarations quil transmet au commissaire du gouvernement dans le ressort duquel se trouve son cadat.
Cest galement lui qui fait parvenir les citations aux justiciables de nationalit tunisienne. Dans les villes non pourvues dun tribunal tunisien, il est comptent en matire civile (personnelle ou mobilire) dans les aaires mettant
en prsence exclusivement des Tunisiens et dont limportance ne dpasse pas 500 francs, et en matire pnale pour
Article dtaill :
Face la demande de la population franaise dtre entendue et que son avis soit pris en compte, le gouvernement
de la Rgence dcide de crer une Confrence Consultative en 1890[168] . Compose au dbut des reprsentants
des agriculteurs, des commerants et des municipalits,
sa reprsentation est tendue aux fonctionnaires, ouvriers
et professions librales en 1896. Son rle, comme son
nom lindique, est purement consultatif. Elle est charge
de donner son avis sur les questions touchant les intrts de la colonie franaise et sur les dcrets nanciers
la concernant[169] .
2.1
Pouvoir politique et administratif
27
En 1907, une section tunisienne de seize dlgus rejoint la section franaise qui comprend alors 45 membres.
Contrairement aux dlgus franais qui sont lus au suffrage universel, les tunisiens sont dsigns par le gouvernement et nomms vie[170] .
Ces problmes de reprsentativit et les attributions limites de linstitution provoquent une crise en 1920 entranant la dmission de nombreux dlgus franais et
tunisiens[171] . La Confrence consultative est alors remplace par le Grand Conseil le 13 juillet 1922 comprenant 44 dlgus franais et 18 dlgus tunisiens. Ces
derniers sont maintenant en partie lus au surage indirect ce qui permet la nomination de fortes personnalits
qui joueront un grand rle dans le mouvement national
tels M'hamed Chenik ou Tahar Ben Ammar[172] . Des rformes successives modieront ces rpartitions jusquau
dcret du 15 septembre 1945 qui tablira la parit entre
les deux sections avec 53 dlgus chacune.
Les attributions du Grand Conseil nvoluent gure par
rapport sa devancire. Il na toujours quun rle consultatif puisquil se borne examiner le budget au cours
dune session annuelle qui dure 20 jours. Il ne peut
qumettre des avis que le gouvernement est libre daccepter ou de refuser bien que ce dernier ne peut passer
outre un avis conforme exprim par les deux sections
en matire budgtaire . Mais il peut aussi mettre des
vux tendant modier des textes rglementaires en vigueur [173] . Bien que la discussion de tout vu dordre
politique ou constitutionnel soit interdite , les dlgus
deviendront bien vite les porte-paroles de leur lectorat.
Prguration dune assemble parlementaire, le Grand
Conseil eut le mrite de permettre des opinions et des
intrts divergents de saronter et de grandes personnalits tant franaises que tunisiennes de sarmer. Les
reprsentants franais formeront nalement une force de
lobbying bloquant toute tentative dvolution du rgime
en vigueur en Tunisie. Quant aux reprsentants tunisiens,
ils deviendront les interlocuteurs du gouvernement franais lors des tentatives de 1951 et 1954 pour instaurer
lautonomie interne du pays.
La dernire session du Grand Conseil se tiendra le 9 dcembre 1951. Laggravation de la situation scuritaire du
pays entrane sa suspension jusquen 1954[174] . Il est alors
remplac par une Assemble Tunisienne qui ne verra jamais le jour, linscurit empchant la tenue des lections.
Municipalits En 1881, Tunis est la seule ville dote
dun conseil municipal. Cr par le dcret beylical du 30
aot 1858, il comprend un prsident (le cheikh el medina), un vice-prsident, un secrtaire et douze membres
choisis parmi les notables de la commune. Le texte constitutif stipule que les membres du conseil sont remplacs
par tiers chaque anne au terme dun vote des notables
de la ville. Le mandat peut tre renouvel une fois[175] .
Le dcret du 21 octobre 1883 modie la composition du
conseil municipal de la capitale o sigent maintenant 8
Municipalit de Tunis vers 1950
Tunisiens musulmans, 1 isralite et 8 Europens. Paradoxalement, le mode de dsignation des conseillers tunisiens au surage censitaire est conserv alors que les
europens sont nomms par dcret[176] .
Ds lanne suivante, toujours pouss par le dsir de
transfrer le maximum de responsabilits des institutions militaires vers les institutions civiles, le gouvernement nomme des municipalits dans les grandes villes
commencer par La Goulette, Le Kef, Sfax, Bizerte et
Sousse. Mais cest le dcret du 1er avril 1885 qui xe
les rgles de fonctionnement des communes. Les nouveaux conseils municipaux sont mixtes (Europens et Tunisiens). Tous les membres sont nomms par dcret. Le
prsident est gnralement le cad de la municipalit et
le vice-prsident est franais mais le texte prvoit que le
prsident peut dlguer ses pouvoirs de faon permanente
au vice-prsident[177] , ce qui devient la rgle. Ce dernier
nhsite pas alors prendre le titre de maire[178] . Le dcret du 10 juin 1885 tend Tunis le mode de dsignation des membres par dcret comme pour toutes les autres
communes[179] . Dans une Tunisie o la majorit de la population europenne est italienne et non franaise, il ne
peut tre question de surage universel pour dsigner les
conseillers municipaux[180] .
Le nombre de conseillers europens et tunisiens est x
dans le dcret constitutif de chaque commune. Il est
prvu lorigine de renouveler chaque anne le tiers
des conseillers municipaux mais dans les faits, les mandats sont renouvels automatiquement comme le montre
lexemple du Kef[181],[182] .
La n du problme italien la n de la Seconde Guerre
28
mondiale incite le gouvernement mettre en place des
lections municipales. Le dcret beylical du 15 septembre
1945 rforme le conseil municipal de Tunis dont les 36
membres (18 Franais et 18 Tunisiens) sont maintenant
lus, les premiers au surage universel majoritaire un
tour et les seconds au surage censitaire et capacitaire
indirect[183] . Tunis est dcoup en 17 secteurs territoriaux dans lesquels les lecteurs tunisiens votent pour
des dlgus raison de un dlgu pour 500 habitants.
Les dlgus lus dsignent alors parmi eux un conseiller
municipal[184] .
FONCTIONNEMENT
signs le 3 juin 1955. Il y est stipul que les conseils municipaux des villes forte prsence europenne (Tunis,
Bizerte, Ferryville, Sfax, Sousse, An Draham, Fochville,
Mgrine, Saint-Germain et Tabarka) comprendront 3/7
de reprsentants franais. Dans les autres municipalits
o la population franaise est suprieure 10 %, la proportion de conseillers franais sera du tiers. L o elle
est infrieure 10 % mais suprieure 100 habitants,
un Franais doit faire partie du conseil[188] . La signature
du protocole dindpendance moins dun an aprs rendra
caducs ces accords. Le nouveau gouvernement tunisien
dcide alors de reprendre son compte la nomination
des conseils municipaux sans passer par la voie lectorale. Cest toujours la rgle en Tunisie.
Liste des 67 communes cres pendant le protectorat
par ordre chronologique[189]
Municipalit du Kef vers 1955
Conseils de cadats Crs en 1922, les conseils de
cadats doivent jouer au niveau local le mme rle que
le Grand Conseil en tudiant les aaires conomiques
et en formulant des propositions pour leur rglement. Ils
doivent galement donner leur avis sur toutes les questions locales que le grand vizir juge utile de soumettre au
rsident gnral[190] .
La rforme municipale du 20 dcembre 1952 a pour
but dappliquer les lections municipales dans tout le
pays. Mais an dassurer la prdominance des reprsentants europens dans les villes o elle est fortement implante, le dcret prcise la rpartition des conseillers
municipaux[185] :
Crs dans chaque cadat, ces conseils regroupent des reprsentants de chaque cheikhat raison de deux dlgus
par cheikhat pour un mandat de six ans. Le rsident gnral peut galement dsigner un ou plusieurs Franais pour
en faire partie. Les conseils de cadats se runissent une
fois par semestre pendant deux jours.
La rforme du 20 dcembre 1952 modie le mode de
Nombre de communes dont les conseils municipaux nomination des dlgus qui sont maintenant lus raicomprennent un nombre gal de Franais et de Tu- son dun membre par cheikhat. Le corps lectoral est le
mme que celui des lections municipales. Lorsque le
nisiens : 39
cadat est galement une municipalit, des dlgus des
Nombre de communes dont les conseils municipaux conseils municipaux en font partie raison de un dlgu
comprennent une majorit de Tunisiens : 11
pour les villes de moins de 10 000, deux pour les villes
entre 10 000 et 25 000 et quatre au-del[191] .
Nombre de communes dont les conseils municipaux
Les conseils de cadats sont supprims lindpendance
ne comprennent que des Tunisiens : 14
lorsque les cadats sont remplacs par des gouvernorats.
Contrairement Tunis, le surage est maintenant universel pour tous les lecteurs bien que les Tunisiennes
ne bncient toujours pas du droit de vote. Cest un
scrutin majoritaire deux tours. Une liste runissant
ds le premier tour la moiti des surages exprims et
le quart des lecteurs inscrits est lue. Au second tour,
llection a lieu la majorit relative quel que soit le
nombre des votants[186] . Les appels au boycott des partis nationalistes et les assassinats des candidats tunisiens
entranent lchec de ces premires (et dernires) lections municipales[187] . On revient donc aux dsignations
conseillers municipaux dans les villes o le nombre dlus
est insusant.
Chambres de commerce et dagriculture
Chambre de Commerce Franaise de Tunis Cre
en 1885, elle est charge de reprsenter les intrts commerciaux, industriels et agricoles des Franais de la Rgence. Mais partir de 1892, sa comptence se limite au
nord de la Tunisie (Tunis, Zaghouan, Grombalia, Medjez
El Bab, le Kef, Teboursouk, Makthar).
Elle comprend 24 membres lus par tous les Franais
commerants, industriels, banquiers, fonds de pouvoir,
etc. pour six ans renouvelables par tiers tous les deux
Une nouvelle tentative de mettre sur pied des lections ans. Le rsident gnral en est prsident de droit. Elle lui
municipales a lieu lors des accords dautonomie interne donne des avis ainsi que les renseignements qui lui sont
2.2
Pouvoir judiciaire
29
demands sur les questions commerciales et industrielles ; Elle a la mme organisation que les Chambres de Comelle gre les tablissements quelle peut crer pour lusage merce et son rle se limite thoriquement donner des
du commerce (magasins de courtage, entrepts, etc.) [192] . avis et mettre des vux sur toutes les questions agricoles.
sur les milieux gouvernementaux est
Sa cration en 1885 est due la volont du rsident g- En fait, son inuence
[194]
considrable
.
nral Paul Cambon dorganiser une reprsentation de la
colonie franaise en lieu et place du dput de la Nation qui tenait ce rle avant ltablissement du protectorat. Le dcret du 13 dcembre 1885 conrme dailleurs
cette volont en fusionnant les deux titres. Cest le dbut dun long conit entre la rsidence gnrale et la
chambre de commerce qui refuse de cautionner la formule du protectorat. Face ce blocage, la cration de la
Confrence consultative tunisienne est alors dcide an
davoir des interlocuteurs reprsentatifs des intrts conomiques franais[193] .
Chambres dAgriculture tunisienne Cre en 1920,
elle reprsente essentiellement les gros agriculteurs tunisiens du Nord, tel Tahar Ben Ammar qui en est le prsident ds 1928 [196] . Elle est compose de 21 membres
lus selon un scrutin deux degrs favorisant les notabilits locales. Jusquen 1938, ceux-ci sont nomms par dcret parmi les candidats dsigns par les lections. Aprs
cette date, les membres sont lus directement.
Comme les autres chambres, son rle nest que consultatif. Elle aide en principe le gouvernement vulgariser
parmi les agriculteurs tunisiens les mthodes modernes
dagriculture et sert dintermdiaire entre agriculteurs tunisiens et franais pour accrotre la production agricole
de la Rgence[197] .
Chambre de Commerce Franaise de Bizerte Cre
en 1906, elle est compose de 14 membres reprsentant
les villes de Bizerte (7), Ferryville (2) et Mateur (2) et
les contrles civils de Bja, Tabarka et Souk el Arba (un
reprsentant chacun). Elle a le mme recrutement et les
mmes attributions que la Chambre de Commerce Fran- Elle est dissoute aprs lindpendance par le dcret
du 9 octobre 1957 en mme temps que toutes les
aise de Tunis[194] .
autres chambres de commerce et dagriculture franaises
comme tunisiennes[119] .
Chambre de Commerce Tunisienne du Nord Elle
est la seule Chambre de Commerce entirement forme
de Tunisiens. Elle est cre en 1920 sous le nom de 2.2 Pouvoir judiciaire
Chambre Consultative des intrts commerciaux et industriels indignes du Nord. Le dcret beylical du 25 mars 2.2.1 Avant 1881
1928 la renomme en Chambre de Commerce Indigne du
Nord avant de devenir la Chambre de Commerce Tunisienne du Nord en 1934. Son rayon daction se limite aux
rgions de Bizerte, Tunis et le Kef. Ses 22 membres sont,
jusquen 1938, nomms par dcret pour 6 ans et renouvelables par tiers tous les 2 ans. Ils sont directement lus
par la suite.
Cette Chambre na quun rle consultatif, le mme que celui de la Chambre de Commerce franaise. Elle doit aussi
aider le gouvernement vulgariser les mthodes professionnelles modernes parmi les oprateurs tunisiens et leur
apporter un appui pour dvelopper les exportations[194] .
Chambres mixtes du Centre et du Sud Cres en
1905 pour reprsenter les agriculteurs, les commerants Salle du Bardo o le bey rendait justice
et les industriels franais des rgions du Centre et du Sud,
elles accueillent des sections tunisiennes partir de 1928. Suivant le type de contentieux, les aaires concernant des
Les reprsentants franais sont dabord majoritaires (12 sujets tunisiens sont traites par trois juridictions :
contre 7) avant que la parit soit tablie avec 16 membres
pour chaque section (8 commerants et 8 agriculteurs)
Le Chara, tribunal religieux, traite toutes les queslus dans les mmes conditions que les autres chambres
[195]
tions relatives au statut personnel, aux successions,
.
de commerce tunisiennes
la proprit immobilire et aux manquements la
loi religieuse musulmane[24] .
Chambres dAgriculture franaise du Nord Cre
Le tribunal rabbinique a les mmes comptences
en 1895, elle reprsente les intrts des agriculteurs franais du Nord o la colonisation agricole est la plus dense.
que le chara concernant la communaut isralite.
30
FONCTIONNEMENT
Contrairement au tribunal musulman qui juge sui- ms deviendraient justiciables de tribunaux franais dans
vant la jurisprudence coranique, celui-ci utilise la loi les mmes cas et les mmes conditions que les Franais
[23]
mosaque ;
. Ces mesures rassurent les Anglais qui renoncent
leur tribunal consulaire le 1er janvier 1884[201] . Les Ita LOuzara traite les infractions pnales et les aaires liens les imitent le 15 juillet 1884 [202] . Ceux deux pays reciviles et commerciales. Seul le bey est habilit prsentent alors la quasi intgralit des trangers prsents
rendre la justice. Cest pourquoi, pour viter le d- sur le sol tunisien, les Maltais tant considrs comme des
placement Tunis, les petites infractions sont g- sujets anglais depuis loccupation de leur le en 1816. Les
nralement traites par les cads ou les charas qui autres consulats trangers suivent le mouvement en renonexistent partout dans le pays.
ant leur tour leurs privilges. La dernire juridiction
consulaire put tre supprime le 1er novembre 1884[24] .
Le cas des trangers est plus compliqu. Le rgime des Le systme judiciaire restera alors inchang jusqu la n
capitulations implique que ceux-ci ne peuvent tre jugs du protectorat. Toute aaire o lun des protagonistes est
que par leur tribunal consulaire. Cest pourquoi chaque tranger relve des tribunaux franais. Seules les aaires
consul entretient une garde personnelle, des janissaires et ne concernant que les Tunisiens relvent du chara ou de
mme sa propre prison. Et un contrevenant ne peut tre louzara. Les Algriens, sujets franais, relvent des triarrt que par les janissaires de son consul. Si ceux-ci re- bunaux franais.
fusent de se dplacer, ltranger est relch. Les consuls
sont trs attachs cette prrogative car la justice beylicale a la rputation dtre expditive et arbitraire.
2.2.3 Rformes de louzara
En matire immobilire, les tribunaux tunisiens sont les
seuls comptents. Mais si un tranger est condamn, la Alors que le systme du chara nest pas modi, le goupeine ne sera excute que si le consul conrme la sen- vernement rforme en profondeur lorganisation de louzara ds linstauration du protectorat. Il est maintenant
tence et ne la conteste pas.
divis en deux sections, lune civile, lautre pnale. Cette
Cette impunit ne concerne pas que les trangers. Chaque
dernire se subdivise galement en deux sections crimiconsul a tendu sa protection des protgs, souvent tuninelle et correctionnelle. Chaque aaire civile est instruite
siens, qui chappent ainsi aux poursuites, aux impts, au
par un dlgu du ministre qui conduit la procdure, arservice militaire, etc. Cette exception confre certains
rte contradictoirement avec les parties leurs conclusions
consuls une importance excessive alors quils nont auet prsente un rapport au chef de la section. Celui-ci exa[198]
cun ressortissant sur le sol tunisien
. Le consul de Holmine le rapport, le soumet au ministre qui donne son avis ;
lande, connu pour vendre sa protection, revendique plusur cet avis, le bey statue. Pour les aaires pnales, linssieurs centaines de familles tunisiennes protgrs. Aprs
truction est mene de mme.
vrication, cette protection ne sera valide en 1899 que
[199]
Les petits dlits sont toujours jugs par les cads mais ils
pour 79 familles (71 isralites et 8 musulmanes)
.
nont plus le droit diniger des amendes ; ils ne peuvent
condamner plus de dix jours de prison ou de contrainte
2.2.2 Fin des tribunaux consulaires
par corps, et toutes leurs dcisions sont susceptibles dappel devant louzara[203] .
La France stait engage, par le trait du Bardo, reconnatre tous les accords anciennement passs par le r- Le dcret du 18 mars 1896 modie nouveau cette orgime beylical. Les quatorze tribunaux consulaires (Angle- ganisation. Tous les services judiciaires sont groups en
terre, Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie, Sude, Nor- une direction unique, cone un magistrat franais qui
vge, Danemark, Russie, tats-Unis, Espagne, Belgique, prend le titre de Directeur de la Justice. Dautre part, des
Pays-Bas, Grce et Portugal) continuent donc assurer tribunaux rgionaux sont ouverts en 1896 Sfax, Gabs
limpunit de leurs ressortissants et de leurs protgs aprs et Gafsa, en 1897 Kairouan et Sousse, en 1898 au
le 12 mai 1881 [200] . Conscient quil est inutile de deman- Kef et en 1900 Tunis. La justice y est rendue par dlder aux autres nations de renoncer leurs privilges judi- gation du bey, ce qui allge considrablement le service
bey reste juge dappel
ciaires tant quil nexiste pas de solution de remplacement et hte la solution des aaires. Le [204]
.
et
conserve
les
aaires
criminelles
satisfaisante, la rsidence gnrale sattache renforcer le
systme judiciaire franais en Tunisie. Cest chose faite Le gouvernement nit par mettre n ce systme arpar la loi franaise du 27 mars 1883, promulgue par un chaque o les pouvoirs judiciaires et excutifs relvent
dcret beylical du 18 avril suivant, qui cre un tribunal du bey ce qui entrane une confusion des pouvoirs trs
franais et six justices de paix en Tunisie (Tunis, Bizerte, loigne du systme judiciaire franais. Daprs le dLa Goulette, Le Kef, Sousse et Sfax[22] ) pour le juge- cret du 26 avril 1921, louzara et le chara relvent du
ment de toutes les aaires civiles et commerciales entre ministre de la Justice nouvellement cr. Le bey renonce
Franais et protgs franais. La loi du 5 mai 1883 pr- ses attributions judiciaires et ne retient que le droit de
cise galement que les nationaux des autres puissances grce. Il est mis n lancien systme daprs lequel,
dont les tribunaux consulaires viendraient tre suppri- au criminel, les parents traduisaient eux-mmes les cou-
2.2
Pouvoir judiciaire
pables devant le tribunal et la culpabilit tant reconnue
se rservaient le choix de la sentence, soit la mort, soit le
paiement du prix du sang, cest--dire une indemnit pcuniaire. Dsormais, les parents ou hritiers ne dfendent
plus que leurs intrts civils, laccusation publique est soutenue par des commissaires du gouvernement qui constituent le Parquet[205] .
En complment de cette rforme, un Code de procdure
pnale est promulgu le 30 dcembre 1921 [65] . Dautres
codes avaient t promulgus auparavant : Code Civil des
obligations en 1906, Code de Procdure Civile en 1910
et Code Pnal en 1913.
La Chambre des Requtes de lOuzara joue le rle de
tribunal de cassation qui est prsid de 1926 1947 par
un magistrat franais[206] .
31
Tribunal Civil de Sousse (cr en 1887) :
Justice de paix de Sousse ;
Justice de paix de Mahdia ;
Justice de paix de Kairouan ;
Justice de paix de Thala ;
Tribunal Civil de Bizerte (cr en 1942) :
Justice de paix de Bizerte ;
Justice de paix de Bja ;
Tribunal Civil de Sfax (cr en 1942) :
Justice de paix de Sfax ;
2.2.4
Rformes du systme judiciaire franais
Justice de paix de Gabs ;
Justice de paix de Gafsa ;
Les tribunaux franais ont comptence en matire civile,
commerciale, pnale et administrative pour toute aaire
mettant en prsence des Europens ou des Tunisiens et
des Europens.
En matire immobilire, les tribunaux franais ont comptence pour les immeubles immatriculs quelle que soit
la nationalit des parties en prsence et, pour les immeubles non immatriculs, lorsque les parties en cause
ne sont pas tunisiennes.
Tribunal du Kef vers 1908
En outre, la justice franaise est seule comptente en matire de rpression des dlits politiques (dcret beylical du
29 janvier 1926).
Lorganisation judiciaire est calque sur celle de la Les crimes sont jugs par le Tribunal Criminel. Cest le
France :
Tribunal Civil correctionnel auquel on ajoute six assesseurs qui ont voix dlibrative et qui sont tirs au sort sur
la base, la justice de paix qui traite les une liste dresse chaque anne. Les assesseurs peuvent
contraventions mais leur comptence est tendue tre franais, trangers ou tunisiens. Mais si laccus ou
aux aaires correctionnelles ;
lun des accuss est franais ou protg franais, les six
assesseurs doivent tre tous franais[207] .
Le Tribunal Civil de premire instance ;
La loi de 1883 avait dcrt que les appels des jugements
La Cour dAppel ;
seraient interjets la Cour dAppel dAlger. Malgr les
demandes rptes de la rsidence gnrale, cette solution
Au sommet, la Cour de Cassation.
provisoire devait durer jusqu la promulgation de la loi
du 15 juin 1941 qui cre une Cour dAppel Tunis[208] .
Le Tribunal civil de Tunis et les six justices de paix crs
en 1883 sont bientt rejoints par dautres tribunaux :
Tribunal Civil de Tunis (cr en 1883) :
Justice de paix de Tunis Canton-Nord ;
Justice de paix de Tunis Canton-Sud ;
Justice de paix de Grombalia ;
Justice de paix du Kef ;
Justice de paix de Medjez el-Bab ;
Justice de paix de Souk el-Arba ;
2.2.5 Accords dautonomie de 1955
Les accords dautonomie interne signs le 3 juin 1955
prvoient un dlai de quinze ans pour raliser lunit des
juridictions tunisiennes et franaises. Dans lintervalle, les
tribunaux tunisiens et franais sont conservs. Des tribunaux mixtes avec parit de juges tunisiens et franais sont
crs pour juger les dirends entre Franais et Tunisiens. En matire pnale, ils seront prsids par un magistrat de la mme nationalit que linculp.
32
Ce systme est destin fonctionner pendant quinze ans,
ce qui doit permettre la rdaction dun nouveau code tunisien et la formation de cadres judiciaires. Ce dlai expir,
la justice doit devenir entirement tunisienne[209] .
2.2.6
Indpendance de la Tunisie
Moins de cinq mois aprs lindpendance, le tribunal de
louzara est supprim en mme temps que le chara par
le dcret du 3 aot 1956. La justice tunisienne est alors
unie suivant une organisation identique lorganisation
judiciaire franaise[116] .
FONCTIONNEMENT
1874, les habous publics sont grs par un conseil :
la Djemaa des Habous[211] .
Les terres arch sont des terres possdes en commun par une tribu. Justi par le caractre aride
dune grande surface du territoire tunisien, ces terres
sourent de limprcision de leurs limites qui entranent souvent des conits entre tribus voisines.
Les terres domaniales sont des territoires consqus
par le bey des tribus rvoltes ou des personnalits tombes en disgrce. Elles sont le plus souvent
occupes par des cultivateurs et leurs familles qui
en possdent lusage moyennant une rente annuelle
sous condition de mise en valeur.
Bien dcid supprimer les juridictions franaises et
mixtes le plus rapidement possible, le gouvernement tunisien promulgue un dcret le 13 novembre 1956 rendant
les ressortissants franais et autres trangers justiciables 2.3.2 Lois dimmatriculation
des juridictions pnales tunisiennes.
Les premiers colons franais qui tentent dacheter des
terres connaissent de cruelles dconvenues. Certains,
aprs avoir achet un terrain un propritaire nayant
pour toute garantie que le tmoignage de ses voisins, se
voient dpossds par un nouvel arrivant exhibant un titre
Les tribunaux rabbiniques sont les derniers tre suppride proprit des plus vagues. Les recours devant la charaa
[118]
ms par la loi du 27 septembre 1957
.
peuvent durer des annes sans aucune garantie de succs.
Une nouvelle convention judiciaire est nalement signe
avec le gouvernement franais le 9 mars 1957. Les juridictions franaises sont ociellement supprimes le 8
juillet 1957[117] .
2.3
2.3.1
Politique foncire
Avant 1881
Diverses formes de proprits issues du droit musulman
cohabitent avant linstauration du protectorat[210] :
La proprit melk ou privative est la plus proche de
la proprit telle quelle est conue en Europe. Elle
est garantie par lexistence de titres, de tmoins mais
aussi par la mise en valeur agricole. Elle se transmet
par vente, donation, testament ou succession. Souvent possde en indivision entre membres dune
mme famille, parents et voisins disposent galement dun droit de premption (chefaa) qui permet
de sopposer toute vente. De plus, en labsence de
cadastre, les limites de la proprit sont trs imprcises.
Le habous priv est une proprit cone une institution pieuse mais dont la famille conserve la jouissance jusqu lextinction de la ligne. Cette forme
de proprit est une garantie contre les conscations
du pouvoir beylical ou des tribus voisines. lextinction de la ligne, la proprit devient un habous
public.
Pour mettre n cette incertitude, le dcret du 1er juillet
1885 propose aux propritaires tunisiens dimmatriculer leur terrain. Celui-ci doit fournir ladministration
ses titres de proprits prouvant ses droits. Sa demande
est transmise au cad pour achage local. La demande
est galement insre dans le Journal Ociel Tunisien.
Aprs deux mois, les titres de proprit et les oppositions
ventuelles sont transmises un tribunal cr spcialement cet eet : le Tribunal mixte. Celui-ci est compos de sept membres : un magistrat franais qui le prside, trois membres proposs par les tribunaux franais et
trois membres tunisiens proposs par le charaa. Sa tche
est de valider la demande dimmatriculation ou de la refuser. Une fois celle-ci accepte, il ny a pas de recours
contre la dcision. Le terrain peut alors tre born et ses
limites prcisment releves par un gomtre. Limmatriculation reste facultative mais elle est une garantie pour le
propritaire tunisien de vendre facilement son bien un
Europen. Ce dernier sait galement que toute contestation sera juge par les tribunaux franais au contraire des
biens non immatriculs qui restent soumis lancienne lgislation tunisienne[212] .
Malgr tous ces avantages, les propritaires tunisiens restent rticents, conscients que cette ocialisation de leurs
titres de proprit peut tre lorigine de futurs impts.
De plus, jusquen 1892, la procdure est onreuse. La
baisse des tarifs lance le mouvement. Le dveloppement
des rseaux bancaires convaincra galement beaucoup de
propritaires la recherche de prts qui ne peuvent tre
garantis que par des actes ociels. Cette loi fondatrice
est lorigine du cadastre tunisien.
Le habous public est une proprit cde une fondation pieuse pour quelle consacre ses revenus des
actions charitables. Il devient donc inalinable. Mais
ses occupants ont la possibilit de le louer titre perptuel moyennant une rente xe et invariable, transmissible aux hritiers : lenzel. Depuis le 19 mars Par cette procdure, le gouvernement espre encoura-
2.3
Politique foncire
ger des investisseurs franais sinstaller en Tunisie. On
veut viter lerreur commise en Algrie o des concessions gratuites ont t donnes des ouvriers sans aucun
moyen et qui devaient bientt tre rapatris pour ne pas
mourir de faim. Cette colonisation dite prive est un
demi-chec. En eet, de larges domaines sont achets par
des investisseurs qui les revendent en petits lots rachets
par des Tunisiens ou des Italiens. Ces derniers arrivent
en nombre, prts tous les sacrices pour de meilleures
conditions de vie que dans lItalie quils ont quitte. Les
faibles salaires quils acceptent empchent larrive de
nouveaux immigrants franais[214] . An de faire venir ces
colons mtropolitains rebuts par de telles ralits, le gouvernement lance la colonisation ocielle .
2.3.3
33
Des facilits de paiement sont accordes aux acheteurs
franais qui peuvent occuper leur terrain aprs avoir vers
la moiti du montant avec un minimum de 1 000 francs.
Le surplus se divise en deux termes gaux : lun payable
trois ans aprs lentre en jouissance et le dernier aprs la
quatrime anne, le tout sans intrt. Si le terrain est occup par des locataires tunisiens, une clause prcise que
lacqureur est tenu pendant cinq ans de ne pas demander aux locataires indignes un prix plus lev que celui
quils payaient au Domaine [219] . Pour viter la spculation, le dcret du 12 juillet 1910 interdit la revente pendant une priode de dix ans, conditions encore durcies
par le dcret du 1er juillet 1924 qui oblige l'acqureur
y rsider pendant vingt ans et y construire une maison
d'habitation, des btiments d'exploitation et entamer la
mise en valeur du terrain[220]
Mise en valeur des terres sialines
Le succs est tellement rapide que les possibilits de vente
de terrain provenant de lancien domaine beylical sont
Les premires terres mises en vente par ladministration
puises ds 1906. Laugmentation du prix des terrains
sont les terres dites sialines du nom de la famille Siarduit galement les possibilits dacquisition par le fonds
la qui en avait t dpossde par Sadok bey en 1871.
de colonisation[221] .
Situes dans la rgion de Sfax, elles sont propices la
culture de lolivier. Le dcret du 8 fvrier 1892 demande Les pertes humaines dues la Premire guerre mondiale
aux habitants tunisiens de faire valoir leurs droits sur les entranent de nombreuses reventes de proprits franterres quils occupent. Le mme dcret prcise les condi- aises des Tunisiens ou des Italiens, soit plus de 75
tions de vente des terres vacantes sous condition dy plan- 000 hectares sur les 787 000 possds en 1914[222] . Le
ter des cultures dans un dlai de quatre ans[215] . Le succs gouvernement tente alors de relancer la colonisation par
est immdiat. Une grande partie des 113 000 hectares est un assouplissement de la loi sur les terres mortes et une
vendue des acqureurs franais qui ralisent des planta- augmentation du fonds de colonisation. Ces eorts pertions doliviers suivant le contrat de mgharsa. Le travail mettent aux surfaces franaises de saccrotre de 187 496
de plantation et dentretien est con un cultivateur tuni- hectares entre 1920 et 1929[223] .
sien qui reoit la proprit de la moiti des terres lorsque La crise conomique des annes 1930 porte un coup fatal
les arbres entrent en production au bout de sept huit an- la colonisation. Lendettement massif des colons rvle
nes. Ainsi, plus de 25 000 Tunisiens accdent la pro- leur fragilit au contexte international. Seule une interprit de type melk dans la rgion[216] .
vention massive de ltat les sauve de la banqueroute. Les
2.3.4
Colonisation ocielle
Le meilleur moyen de faire venir des agriculteurs franais est de leur proposer des lots de colonisation de petite taille avec des facilits de paiement. En labsence de
dlimitation prcise des biens domaniaux, on commence
par prciser ltendue du domaine public (routes, rivires,
etc..) par le dcret du 24 septembre 1885.
Toujours hant par lide de ne pas rpter les erreurs
commises en Algrie, le gouvernement utilise la lgislation musulmane pour augmenter les surfaces disponibles
la vente. Le dcret du 13 janvier 1896 place dans le domaine de ltat les terres vaines et vagues, et gnralement tous les immeubles que la loi musulmane comprend
sous la dsignation de terres mortes [217] .
Enn, une caisse spciale dite de colonisation et de remploi domanial est mise en place par le dcret du 1er dcembre 1897. Alimente par les excdents budgtaires et
les ventes de lots domaniaux, elle est utilise pour racheter des proprits des vendeurs particuliers an de les
remettre en vente sous forme de lots de colonisation[218] .
annes suivantes seront consacres prserver les positions acquises alors que la colonisation franaise noccupe
que 10% des terres cultivables[224] .
2.3.5 Cas des terres collectives
Les terres collectives utilises comme terrain de parcours ou de pacage par les nombreuses tribus nomades
couvrent alors les deux tiers du territoire tunisien[225] . Devant le risque de ne plus trouver susamment de terres
pour les colons franais, le gouvernement du protectorat dcide, par le dcret du 14 janvier 1901 de dlimiter ces terres an den dnir la situation juridique ainsi que les conditions auxquelles pourra y tre constitue
la proprit privative . Quant aux tribus qui y vivent,
on ne leur accorde que le droit de jouissance, malgr les
quelques titres de proprit qui sont rejets pour cause
dimprcision[226] .
Le texte soulve une trs forte polmique en Tunisie,
dautant que les relevs mettent trs vite en vidence que
les droits des tribus tunisiennes sont compltement ignors. Devant le toll, la Direction de lAgriculture dcide
34
FONCTIONNEMENT
en mai 1922 de considrer comme terres de tribus
tous les terrains collectifs sans exception la seule condition que ltat et le droit den faire lacquisition [227] .
La situation soulve mme la colre des colons les plus
extrmistes qui crivent en 1936 dans La Tunisie Franaise[228] :
entre 1888 et 1909 alors que les autres trangers nen acquirent que 4 791 hectares. Pour rsoudre le problme
des paysans tunisiens qui vivent sur ces terres, le dcret
du 12 avril 1913 leur ore la possibilit dacqurir enzel sans enchres la parcelle sur laquelle ils vivent, le reste
tant mis aux enchres[234] .
Le squestre provisoire mis sur lensemble des terres prsumes collectives a pendant trente cinq ans pes de tout son poids
sur des rgions entires de la Tunisie. Leur
inliabilit absolue, empchant toute espce
de mobilisation du sol, en faisait une sorte
de royaume arabe ferm au rgime foncier entirement anarchique, ne permettant aucun eort de mise en valeur rationnelle de se
produire, pas plus de lintrieur que de lextrieur.
Un autre moyen dacqurir la jouissance dun bien habous
est la voie dchange. Le dcret du 13 novembre 1898 stipule que la Djemaa des Habous mettra chaque anne
disposition de la Direction de lAgriculture un minimum
dhectares de terres agricoles publics en change dune
somme dargent. Ces terres sont alors vendues par ladministration des colons franais. Cela concerne 380 hectares ds 1898, puis 3 500 hectares en 1899, 4 412 en
1900, 5 925 hectares en 1901. Sil y a un locataire sur
place, lacqureur doit attendre le terme de son bail de
trois ans avant de lvincer ou de reprendre le contrat de
location son avantage[235] .
La polmique prend n par la promulgation du dcret du 30 dcembre 1935 qui accorde aux tribus une
personnalit civile qui leur permet de revendiquer la possession des terres sur lesquels elles vivent. Larticle 2 dnit ainsi la notion de tribu comme tout groupement
administratif ou familial ou quelconque de sujets musulmans, qui justie dun droit de jouissance collectif sur
une des terres prcdemment dnies comme telles, quel
que soit lorigine de ce droit . Dans les annes suivantes,
chaque tribu est dote, par dcret individuel de la personnalit civile[229] , avec parfois des consquences nfastes
puisque la reconnaissance de leurs droits de proprit incite certains revendre les terres entranant lclatement
de la tribu[230] .
Jusqu la n du protectorat, la question des habous reste
un sujet de friction entre Franais et Tunisiens, ces derniers considrant comme sacrs ces biens que le gouvernement cherche cder aux colons franais pour leur
mise en valeur.
2.3.7 Le cas des fellahs tunisiens
La prise de possession des lots de colonisation provoque
souvent lexpropriation des paysans tunisiens qui y vivent
en location. La forte mcanisation des colons trangers
rduit les besoins de main duvre. Pour viter des soulvements, on leur attribue des lotissements de faible
surface et rarement constitus de bonnes terres. Jusque
l, pour compenser la faible qualit de leur quipement
(charrue un soc en bois) et le peu de rendement de leurs
2.3.6 Cas des habous
cultures, ils ensemenaient de larges surfaces, ce qui leur
Remettre sur le march foncier les terres habous a tou- est maintenant impossible. Beaucoup renoncent lagrijours t une priorit pour le gouvernement du protecto- culture et rejoignent les villes o ils forment un sousrat. Mais le caractre religieux de ces biens la toujours proltariat urbain.
retenu dans sa volont dappropriation. Sa premire dci- Une autre consquence de ces bouleversements majeurs
sion est le recensement de ces surfaces qui taient primi- est la quasi-disparition du khamessat trs largement prativement estimes entre le tiers et le quart de la Tunisie. tiqu avant le protectorat. Ce systme, apparent au
En fait les relevs n 1897 chirent les biens immobiliers servage est codi depuis le dcret du 13 avril 1874[236] .
126 704 hectares dont une grande partie est aline[231] . Il permet un propritaire de coner lexploitation dun
Le premier moyen dacqurir la jouissance dun bien habous est la location enzel qui se pratiquait dj avant
linstauration du protectorat. La seule modication apporte par le lgislateur franais est lobligation de passer
par des enchres publiques pour les adjudications (dcret
du 22 juin 1888[232] ). Ainsi, en 1889, sur 6 068 hectares
mis aux enchres, 3 430 sont acquis par des Franais, 800
par des Franais associs des Tunisiens, 1 553 par des
musulmans et le reste par des propritaires trangers[233] .
Le caractre inalinable du habous est cass par le dcret
du 22 janvier 1905 qui permet lenzeliste de racheter
la rente en versant vingt fois son montant, ce qui prote
aux propritaires franais qui acquirent 19 396 hectares
terrain un khamms. En change du prt dune paire de
bufs, dune charrue et de semences, celui-ci se charge de
la mise en culture et de la rcolte du terrain en change
du cinquime de la rcolte auquel on retire les frais qua
avancs le propritaire. Cette dernire condition explique
pourquoi le khamms reoit toujours beaucoup moins
que promis et se retrouve trs vite endett vis--vis du
propritaire. Pour payer sa dette, il na plus dautre choix
que de travailler pour lui jusqu son dernier jour[237] .
Ce systme impliquant une complte dmotivation du
khamms na gure les faveurs des colons europens qui
prfrent payer leurs employs agricoles la tche ou
au temps. Les grands propritaires tunisiens nissent par
2.3
Politique foncire
labandonner peu peu face la dicult de trouver
des candidats et convaincus dobtenir de meilleurs rendements avec les techniques modernes agricoles qui se
diusent de plus en plus[238] .
35
le fellah cdait sa hodja moyennant une petite somme et on lui donnait alors une chemise, une chchia et une paire de babouches,
ou bien il refusait de vendre et on le chassait
purement et simplement. Quant aux autres colons, ils employaient suivant les circonstances
lun ou lautre des deux procds. Devant le
danger, certains fellahs recoururent une immatriculation ruineuse et impopulaire. Mais le
tribunal mixte opposa aux requrants des difcults qui se traduisirent dans la majorit des
cas par des spoliations[241] .
partir de 1907, on incite les enseignants des coles
franco-arabes enseigner des techniques agricoles modernes aux coliers tunisiens. Lcole dagriculture Sidi
Naceur est ouverte en 1921 Smindja prs de Zaghouan
pour y former les enfants des gros et moyens agriculteurs tunisiens. La mme anne, lcole dagriculture des
Souassi est cre avec lobjectif denseigner les techniques de production olicoles[239] . Peu peu, de nombreux Tunisiens rattrapent leur retard sur leurs concurLe dcret de 1922 sur les terres collectives a pour consrents franais.
quence le recensement des terres labourables, c'est--dire
des surfaces de tout ce qui nest pas immeuble urbain,
oasis, olivettes, jardins, terres immatricules soit 21 174
2.3.8 Lexemple des environs de Sfax
hectares. Une commission est alors institue pour rpartir
Abdelmajid Douib (1928-2012), coauteur de lHistoire ces terres entre les habitants :
de la Tunisie, dcrit dans son ouvrage Zarzis et ses en La commission tait compose du chef
virons[240] crit en 1956, comment la politique de colonidu Bureau des aaires indignes, du khalisation a t mene dans cette rgion dont il est originaire :
fa des Accara, du cadi de Zarzis, dun interprte, de deux amines dagriculture et de deux
Dans notre rgion, les habous sont rares,
membres. Les mandataires (il y en a deux par
les terres mortes et susceptibles dtre mises en
fraction) demandrent, ds que la commission
valeur plus rares encore. Il ny avait donc que
stait runie au bordj dAllouet El Gounna de
des terres melk et les indignes ntaient pas asdterminer lavance et par voie de tirage au
sez riches pour les faire immatriculer. On achesort lordre dans lequel se faisait le partage. Ils
ta une partie de ces terres sans dfense et on
expriment, en outre, le dsir de chaque fraction
jugea quelles ntaient pas indispensables aux
davoir accs, soit sur la mer, soit sur le lac des
indignes.
Biban. []
On emploiera pour obtenir ces terres deux
Comment va se faire le partage ? Va-t-il se
mthodes : dans la premire, on invitait le
faire
au prorata du nombre de familles comme
fellah vendre, dans la deuxime on le chasle
souhaitent
les Mouensa et les Zaouia ou
sait par la force. La Socit Franco-tunisienne
au
prorata
du
nombre de quittances disititan,
employa la deuxime mthode. Aide par des
comme
le
dsiraient
les autres fractions ? La
gardiens arms, sa directrice rpandait la terpremire
solution
tait
la plus quitable mais
reur autour de son domaine Les Mimosas. Tous
on
trouva
quun
certain
nombre de Mouenles indignes fuirent leurs terres. Un seul rsissa
habitaient
Ben
Gardane
et possdaient dj
ta et dfendit hroquement son olivette, cerla
jouissance
de
parcelles
collectives
chez les
ne de tous cts par les nouvelles acquisitions
Touazine.
On
dcida
alors
de
ne
tenir
compte
de la Socit. Plusieurs gardiens prirent. On
que
des
quittances
distitan.
En
avril,
partage
et
retrouvait leurs corps dans la sebkha El Melah
dlimitation
taient
termins.
[]
toute proche.
Dans ce partage, la chance avait souQuant la Socit des Olivettes de Sidi
ri aux Mouensa et aux Ouled Sad car les
Chemmakh, elle fut moins brutale et laissa des
meilleures terres se trouvaient du ct de la
souvenirs moins areux. Cette socit sapfrontire tuniso-lybienne. Quant aux Ouled
puyait sur deux agents qui lui achetaient des
Bou Ali et les Zaouia, ils furent dsavantags
terres. Le premier, indigne, connaissait plus
et durent se contenter dun sol ruin par lroquaucun autre le pays et les gens. Le deuxime,
sion olienne[242] .
europen, contrlait le premier. Ces agents,
tout en se rservant eux-mmes des tendues
Vers 1930, deux colons europens et la Socit Francoassez coquettes de terres pour une plantation
tunisienne font faillite. 4 000 hectares passent entre les
ultrieure doliviers, travaillaient avec zle pour
mains de Tunisiens originaires dautres rgions de la
le compte de la Socit.
Tunisie[243] .
Ils invitaient les fellahs un banquet. On
En 1955, sur les 63 000 hectares de terres cultivables,
leur servait un bon couscous la viande et
les Europens sen partagent 6 750 hectares dont 6 000
on les priait de vendre leurs terres. On bien
36
pour la Socit des Olivettes de Sidi Chemakh, le solde
tant entre les mains de quatre colons franais et un britannique. Les Tunisiens en possdent 56 000 partags
entre terres collectives (21 000 hectares), proprits melk
(33 000 hectares) et proprits immatricules (2 000
hectares[244] .
2.3.9
Surfaces des proprits europennes
FONCTIONNEMENT
dans le courant de lanne 1963 et dexcuter en 1964 une
deuxime tranche supplmentaire de 50 000 hectares de
terres principalement cralires [253] .
Le 12 mai 1964, date anniversaire du Trait du Bardo,
Habib Bourguiba signe sur la mme table o le trait avait
t sign 83 ans auparavant la loi N64-5 qui stipule :
La proprit des terres vocation agricole ne peut appartenir qu des personnes
physiques de nationalit tunisienne. [] Sont
transfres au Domaine Priv de ltat les proprit agricoles qui ne se trouvent pas dans ce
cas. Est galement transfr au Domaine Priv de ltat le cheptel vif et mort et, dune
manire gnrale, tous les quipements ncessaires lexploitation des terres agricoles et la
transformation de leurs produits. [] La prise
de possession des proprits interviendra ds la
notication au propritaire intress[254]
Les relevs des surfaces des proprits europennes ne
sont plus communiqus aprs 1914 car on saperoit quils
ne prennent pas en compte les reventes aux acheteurs
dautres nationalits, dont les tunisiens. La rectication
eectue en 1921 value la surface franaise en 1914
560 000 hectares au lieu des 787 349 hectares annoncs. Cette surface dcrot fortement pendant les annes
qui suivent, certaines exploitations ayant perdu leur propritaire mort la guerre pendant que dautres protaient
de lenvole des prix des terrains pour faire une bonne affaire nancire[246] . De 1914 1921, 80 400 hectares sont
vendus principalement des Tunisiens (59 600 hectares) Les propritaires franais reoivent leur avis dexpropriamais aussi des Italiens (15 200 hectares) et dautres Eu- tion dans les jours qui suivent avec des dlais allant de
ropens (5 600 hectares)[248] .
quelques heures quinze jours[255] .
2.3.10
Aprs lindpendance
Ds lindpendance, le gouvernement tunisien tente de
rcuprer les terres agricoles occupes par des propritaires europens. Il reste alors en Tunisie 2 200 agriculteurs franais dont 1 800 propritaires occupant 715 000
hectares (sur 7 455 000 hectares de terres agricoles) dont
115 000 lous des Tunisiens. Les autres trangers occupent 70 000 hectares. Les terres franaises produisent
en 1958 42% des crales, 54% des fruits et produits marachers, 20% de lhuile, prs de 30% de la production
totale du pays[249] .
La dgradation de la situation scuritaire la frontire
algrienne justie le protocole franco-tunisien du 8 mai
1957 qui permet au gouvernement tunisien de racheter
avec des fonds franais les 288 proprits situes dans
la zone concerne et reprsentant une surface de 127 000
hectares[250] . En 1959, diverses mesures de rtorsion permettent dexpulser de leurs proprits 38 propritaires
dont les terres reprsentent 4 441 hectares tandis que 34
proprits franaises totalisant 13 313 hectares sont places sous squestre. En 1961, prenant prtexte de la crise
de Bizerte, 75 000 hectares sont saisis[251] .
Un protocole prvoyant le rachat de 100 000 hectares est
sign le 13 octobre 1960 mais la crise de Bizerte empche
sa mise en uvre. Il est nalement complt par le protocole additionnel du 2 mars 1963 qui augmente 150 000
hectares les surfaces cdes pour tenir compte des saisies
eectues en 1961. Les cessions doivent se faire sur la
base du volontariat des propritaires franais mais aussi partir des choix du gouvernement tunisien[252] . Les
deux gouvernements conviennent, en outre, dtudier
2.4 Pouvoir conomique
2.4.1 Avant 1881
La faillite du pays en 1870 a entran la cration dune
commission nancire internationale charge de grer les
revenus de la rgence an de garantir le remboursement
de la dette aux cranciers europens. La dette est alors
ramene 125 000 000 Francs portant intrt 5% soit
6 250 000 Francs par an [256] .
Les revenus de la rgence sont alors estims 13 000
000 Francs. La commission sen rserve la moiti constitue des droits de douane et des taxes municipales an de
payer les intrts de la dette. Lautre moiti est conserve par le bey, charge pour lui de rgler la liste civile
des dpenses de la famille princire ainsi que toutes les
dpenses de fonctionnement du pays. Les recettes qui lui
sont concdes sont les plus diciles recouvrer : taxes
dans les provinces sur les nomades, impt de capitation
(mejba), etc. Cest pourquoi, deux fois par an, une colonne militaire, la mhalla est mise sur pied pour rcuprer
le produit des impts. Mene par le prince hritier, le bey
du camp, elle sillonne le nord du pays en t et le sud en
hiver. Son rle est de dissuader les tribus de la tentation
dchapper aux taxes que les cheikhs et les cads sont chargs de prlever[257] . Cette situation explique la dicult
du gouvernement beylical tablir un budget comme le
souligne Paul Cambon la tribune de la Chambre des dputs franaise le 1er avril 1884 :
Jusqu prsent, il ny avait pas de budget
en Tunisie mais une simple liste de dpenses.
2.4
Pouvoir conomique
Quant la liste des recettes, elle tait trs variable parce que tout dpendait de lnergie du
gouvernement, du degr de complaisance des
populations. On a dni le gouvernement tunisien comme un gouvernement arbitraire tempr par les insurrections. Il tait donc trs
dicile un gouvernement pareil dtablir
lavance son budget des recettes puisquil ne savait pas quel degr de rsistance il rencontrerait
dans les populations[258] .
2.4.2
Cration de la Direction des Finances
La priorit du gouvernement du protectorat est la suppression de cette commission nancire internationale
qui a toujours son mot dire sur la politique conomique mener. La dette tunisienne est alors de 142 000
000 Francs. En avril 1884, la Chambre des dputs franaise accepte quelle soit convertie en une rente de 6 307
000 Francs 4% dintrts avec la garantie de la Banque
de France. La commission nancire internationale, qui
na donc plus de justication, est dissoute le 13 octobre
1884[259] .
Cest la direction des nances, cre par le dcret beylical
du 4 novembre 1882 qui prend le relais[27] . Son premier
directeur est Pierre-Marie Depienne qui connat bien le
sujet puisquil tait vice-prsident de la dfunte commission nancire.
37
rts ;
1912 : emprunt de 90 500 000 Francs 4% dintrts ;
1920 : emprunt de 255 000 000 Francs.
Malgr ces emprunts successifs, le service de la dette qui
reprsente 50% en 1881 nen rclame plus que 22% en
1914 et seulement 8% en 1940[261] .
An dencourager les changes avec la France, les droits
dimportation de la plupart des produits franais qui
taient de 8% sont supprims le 13 octobre 1888. Enn, le 17 juillet 1890, le parlement franais adopte une loi
supprimant les droits de douane pour les produits alimentaires en provenance de Tunisie[46] . Cette rforme assure
un norme march aux produits tunisiens et encourage la
production agricole.
Diverses rformes permettent de rapprocher lorganisation administrative tunisienne de ce qui se fait en France.
Les premiers budgets taient calculs en piastres et suivant le calendrier musulman. Depuis le dcret du 16 dcembre 1890, lanne budgtaire commence au 1er janvier et adopte le calendrier grgorien[47] ; le dcret du
1er juillet 1891 remplace lancienne monnaie beylicale,
la piastre, par le franc tunisien au taux dune piastre pour
0,60 franc. Les billets de la Banque de France et de
la Banque dAlgrie ont cours en Tunisie sans perte de
change. partir de 1904, la Banque dAlgrie a le privilge de lmission des billets de banque[48] .
Dcision est prise de rorganiser les dirents services
administratifs de la rgence sur le modle franais.
Chaque direction ou ministre doit prparer un budget 2.4.3 volution du budget de la Rgence
qui doit tre approuv en conseil des ministres avant dtre
prsent au bey pour signature et promulgation au Journal 2.4.4 Organisation de ladministration scale
Ociel.
Pour contourner les contraintes propres la Tunisie o Le mode de collecte en vigueur avant linstauration du
les recettes scales sont trs dpendantes des conditions protectorat est conserv. Les cheikhs sont chargs de colmtorologiques (une anne sur cinq est une anne de lecter les impts quils remettent aux cads. Mais pour
scheresse), les prvisions des recettes se fondent sur la viter les abus et les dtournements, chaque paiement
moyenne des cinq dernires annes, dduction faite des donne lieu la dlivrance dune quittance individuelle
lobjet du rglement et le mondeux annes extrmes. La rgle est de prsenter un budget sur laquelle sont inscrits
[285]
tant
de
la
somme
due
. Pour prix de leur service, les
toujours en excdent. Les dpenses dquipement qui ne
cads
et
les
cheikhs
conservent
chacun 5% des sommes
sont pas payes sur les recettes ordinaires ne peuvent tre
[286]
collectes
.
Quant
aux
Europens,
ils rglent leurs
inscrites au budget quaprs dgagement des ressources
[287]
. Hcontributions
directement
au
receveur
franais
ncessaires.
ritire de lpoque beylicale, une cour des comptes tuni partir de 1891, le budget doit tre prsent la sienne est charge de vrier les comptes des cads[288] .
Confrence consultative tunisienne qui donne un avis et Mais, ds 1905, cette fonction est transfre la cour des
met des recommandations non contraignantes[260] .
comptes franaise qui concentre alors la vrication de
[289]
.
Cette rigueur budgtaire permet un redressement spec- toutes les rentres scales
taculaire des nances du pays au point de pou- Les impts tunisiens se divisent alors en contributions divoir mettre de nouveaux emprunts pour nancer les rectes et indirectes[290] :
infrastructures[48] :
1902 : emprunt de 40 000 000 Francs 3% dintrts ;
1907 : emprunt de 75 000 000 Francs 3% dint-
Medjba ou impt de capitation, paye uniquement
par les Tunisiens ;
Kanoun portant sur la production des palmiers dattiers ;
38
FONCTIONNEMENT
Dme sur les huiles perue sur la production de vement dont ils bnciaient est abandonn en 1918[299] .
lhuile dans les rgions o le kanoun nest pas en vi- L'achour est nalement supprim en 1935[297] .
gueur ;
Ces volutions de la scalit expliquent le basculement
subi par la population contribuable au cours du protec Achour portant sur la production de bl et dorge ;
torat. En 1909, 75% de leort scal est support par
Mradjas frappant les terrains de culture de lOuthan- les Tunisiens[300] . Cinq ans avant lindpendance, les prKabli et certaines plantations doliviers dans les en- lvements scaux de la population franaise de Tunisie
virons de Sfax.
reprsentent 72% des impts directs et 30% des impts
indirects[301] .
Douanes : droits dimportation et dexportation,
droits maritimes, droits de pche
Monopoles : timbre, droit de caroube sur les loyers 2.4.5 volution de la situation conomique
et ventes dimmeubles, taxes sur les souks, taxes des
fondouks des huiles, rgie des tabacs, vente du sel, Toutes ces mesures favorisent les changes commerciaux
qui passent de 104 millions de francs en 1901 160 mildes briques, du pltre, etc.
lions en 1904, soit une progression de 54% dpassant lar[292]
.
Depuis lpoque beylicale, les impts indirects taient gement la moyenne mondiale qui tait alors de 24%
Malgr des annes agricoles diciles en 1907, 1909 et
1914, la situation nancire de la Rgence reste en quilibre. La mejba, aprs avoir t augmente 23,85 francs
en 1902 est rduite 18 francs en 1913 avant dtre remplace par listitan qui sapplique tous les habitants de
Les premires dcennies du protectorat sont consacres la Rgence. La n de la guerre relance les changes comhaut
rduire la pression scale qui avait entran le pays merciaux. Les exportations atteignent ainsi leur plus [302]
niveau
en
1929,
la
France
en
absorbant
prs
de
40%
.
la ruine. Les premiers eorts se portent sur les taxes
lexportation dont beaucoup sont supprimes ds les pre- La crise conomique mondiale des annes 1930 frappe
mires annes ce dont se flicitent les commerants euro- la Tunisie de plein fouet. La chute des exportations enpens principaux bnciaires de ces premires mesures. trane une intervention croissante de ltat pour viter une
La bonne sant nancire de la Rgence permet alors de faillite gnralise des producteurs. Ds 1932, la Caisse
supprimer ou de rduire certains impts directs tel que foncire, organisme de prts fonciers, est organise et
le droit de caroube (taxe immobilire) qui est rduit de ses moyens progressivement accrus. Le dcret beylical
moiti en 1902 ou la dme sur les huiles qui est supprime du 2 octobre 1934 dcide larrt des poursuite immobile 29 octobre 1904[292] . Le kanoun est supprim sur les lires, la cration de commissions arbitrales et un moplantations nouvelles pendant vingt ans an de les encou- ratoire des dettes[76] . Une caisse de crdit et de consorager. Limpt le plus lourd, la medjba, qui reprsentait lidation est cre pour attribuer aux agriculteurs endetts
plus de 21% des recettes scales en 1885[293] est rduit des prts leur permettant de rembourser leurs cranciers.
de 24 francs 22 francs le 1er janvier 1893 puis 20 Pour aider les Tunisiens dont les titres de proprit ne
francs le 1er janvier 1894 [294] . Il sera nalement suppri- sont pas inscrits au cadastre, on adopte une immatricum en 1913 et remplac par une taxe personnelle appe- lation simplie qui leur permet dapporter des garanties
le ada al-istitan. Celle-ci est due par toute personne de leurs demandes de prts. Dans le mme but, les tribus
sexe masculin domicilie en Tunisie et ge de plus de sont considres comme des personnes morales proprivingt ans ; seuls les soldats tunisiens et franais en sont taires de leurs terres collectives. Pour rguler le march
dispenss[295] . Elle est augmente quinze francs le 1er qui soure de surproduction, des silos sont construits pour
janvier 1922[296] avant dtre supprime le 24 dcembre stocker les rcoltes excdentaires. La cration, le 3 fvrier
1936[297] et remplace par un impt progressif sur le re- 1937, de la section tunisienne de lOce national intervenu.
professionnel du bl garantit aux producteurs la certitude
de
lcoulement de leur rcolte un cours pralablement
Les paysans tunisiens sont galement assujettis l'achour
[77]
. Lamlioration de la situation conomique aprs
x
calcul sur la production de crales par mchia. Sui1937
ne
permet pas au pays de retrouver les quilibres
vant les rgions, la mchia reprsente entre 12 et 18 hecconomiques
antrieurs.
tares. Les colons franais sont peu concerns par cet impour une grande part aerms des partenaires privs ce
qui entranait de nombreux abus et dtournements. Tous
ces contrats sont peu peu dnoncs an de faire revenir la perception de ces taxes au sein de ladministration
scale. Ce sera chose faite en 1900[291] .
pt puisqu'ils bncient d'une ristourne de 90% grce
l'utilisation de charrues franaises . Pour compenser
la baisse de la mejba en 1910, il est dcid de xer la valeur de la mchia 10 hectares ce qui a pour eet une
forte augmentation de l'achour qui aggrave encore un peu
plus la situation des fellahs tunisiens[298] . Les colons franais sont nalement mis contribution lorsque le dgr-
Le dclenchement de la Seconde Guerre mondiale et
loccupation de la France par larme allemande entranent une politique dautarcie pour faire face larrt des importations. Des mines dsaectes sont rouvertes, le petit commerce est facilit[303] . Les combats
de la Campagne de Tunisie entranent de nombreuses
destructions. Aprs la guerre, les besoins de reconstruc-
3.1
Infrastructures
tion, de lquipement et de la consommation des villes
provoquent une augmentation extraordinaire des importations dont la valeur passe de 3 580 000 francs en 1945
59 268 000 francs en 1954 (contre 44 477 000 pour
les importations). Jusqu la n du protectorat, la balance
commerciale du pays reste dcitaire[304] .
2.4.6
39
la Medjerda pour rendre les communications
possibles entre Tunis et louest de la rgence ;
de soi-disant grandes routes qui ntaient que
des sentiers sans piste dtermine, sarrtant
devant des passages plus ou moins guables de
rivires pour reprendre ensuite travers monts
et vaux[309] .
Indpendance du pays
La signature des accords dautonomie interne entrane le
transfert aux autorits tunisiennes de la Direction des Finances qui devient un ministre. Le franc tunisien est
remplac par le dinar tunisien le 18 octobre 1958 au taux
de 1 dinar pour 1 000 francs tunisiens[305] . Le mme jour,
le privilge dmission de la monnaie tunisienne est transfr de la Banque de lAlgrie et de la Tunisie vers la
Banque centrale de Tunisie.
La parit avec le franc franais est trs vite remise en
cause. La rforme montaire franaise crant le nouveau
franc tout en dvaluant la monnaie de 17.5% est loccasion de quitter la zone franc. Refusant la dvaluation de
sa jeune monnaie[306] , la Tunisie dcide de xer la valeur
du dinar par rapport lor et non plus par rapport au franc
franais. Cest chose faite par le dcret du 30 dcembre
1958 qui dnit la parit ocielle du dinar 2,11588
grammes dor n pour un dinar[307] .
Route de Sfax Gabs
Les premires routes construites traversent la Kroumirie
rebelle en reliant Tabarka au Kef en passant par AnDraham et Souk-el-Arba. On relie galement Bizerte
Sfax en passant par Tunis, Sousse, Monastir et Mahdia. Deux autres routes est-ouest relient Tunis au Kef et
Le rgime de lUnion douanire qui rgit les changes Sousse Kairouan. En 1890, 550 kilomtres de routes
commerciaux entre la France et la Tunisie depuis les d- empierres ont t livres la circulation[262] .
buts du protectorat est remplac, le 5 septembre 1959,
par une Convention Commerciale et Tarifaire, xant les Larrive de colons europens et le dveloppement de la
contingents et les tarifs des marchandises changes. production agricole acclrent lextension du rseau rouCette convention annuelle est renouvelable par tacite tier qui atteint 1 400 kilomtres en 1896, 2 200 kilomtres en 1901 et 3 100 kilomtres en 1907. De bonnes
reconduction[308] .
pistes sont aussi rgulirement entretenues et amliores.
partir de 1907, des emprunts lancs par le gouvernement permettent ltablissement dun vritable rseau. 1
3 Modernisation du pays
000 kilomtres de routes en macadam sont construites
entre 1907 et 1914. Grce de nouveaux emprunts, un
vaste programme de routes dtat (2 200 kilomtres) et de
3.1 Infrastructures
routes vicinales (900 kilomtres) est entrepris entre 1920
et 1940. La liaison entre lAlgrie et les ports tunisiens est
3.1.1 Rseau routier
maintenant assure.
Il nexiste au dbut du protectorat que 4 kilomtres En 1950, la Tunisie est quipe de 9 154 kilomtres de
de routes empierres reliant Tunis et le Bardo. Toutes routes bitumines (principalement dans le nord) et 5 000
les autres voies de communication sont ltat de kilomtres de pistes qui senfoncent jusquau cur du Sapistes uniquement accessibles aux vhicules lgers et hara tunisien. la veille de lindpendance, le rseau roule plus souvent impraticables en hiver. Seuls quelques tier est lun des plus importants du Tiers monde, mais
ponts permettent de traverser les cours deau les plus le parc automobile appartient majoritairement aux Euimportants[262] , ce que conrme un tmoignage contem- ropens puisque sur 25 000 voitures utilitaires ou de touporain :
risme qui roulent en Tunisie en 1950, 6 000 appartiennent
des Tunisiens musulmans[38] .
Il ny avait mme pas une route pour aller
de Tunis au Bardo ; les deux principales voies
de communication dans la ville, lune conduisant Bab-Souika, lautre Bab-Zira ntaient
que dpouvantables fondrires, pas un pont
pas mme un gu amnag sur les berges de
3.1.2 Rseau ferr
Seules deux lignes de chemin de fer existent au dbut du
protectorat, la ligne Tunis-La Marsa (le futur TGM) gr
40
MODERNISATION DU PAYS
mique de annes 1930 diminue considrablement le trac qui se stabilise autour de 3 250 000 tonnes composes
de 2 640 000 tonnes de minerai (dont 1 800 000 de phosphates et 500 000 de fer), 200 000 tonnes de crales,
80 000 tonnes dalfa et 300 000 tonnes de marchandises
diverses (huiles, lige, bois, etc.).
Mais le rseau soure du manque dinvestissements et
du double gabarit des voies. Les lignes du nord du
pays(507 kilomtres) sont cartement normal alors que
le reste du pays (1 558 kilomtres) est quip en voies
troites ce qui ncessite un transbordement aux points de
jonction[310],[39] .
Gare du Kef vers 1922
Le dcret du 2 fvrier 1956 retire la gestion des voies ferres la CFT pour la coner la toute nouvelle Socit
nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT)[311] .
par la compagnie italienne Rubattino et la ligne Tunis- lexpiration de sa concession le 31 dcembre 1966, les
Ghardimaou gre par la Compagnie des chemins de fer activits de la compagnie des chemins de fer de Gafsa
Bne-Guelma.
sont reprises par la SNCFT[122] .
Un grand programme de construction de voies ferres est
trs vite lanc pour permettre le dveloppement cono3.1.3 Ports
mique du pays et lexportation des produits miniers abondants dans le pays. La dcouverte en 1885 des gisements
de phosphate dans la rgion de Metlaoui est lorigine
de la construction de la voie ferre Gafsa-Sfax indispensable lexportation de la production. La concession est
accorde la Compagnie des phosphates et des chemins
de fer de Gafsa en 1897 charge pour elle de construire
et dentretenir la ligne. Ce sera chose faite ds 1899.
La compagnie Bne-Guelma est charge de la construction des autres lignes en complment de laxe TunisGhardimaou termin en 1884. Bizerte est bientt relie
Tunis en 1892. Puis on construit la ligne du littoral qui
joint Tunis Sousse avec des embranchements vers le
Cap Bon, Kairouan et Moknine. Acheve en 1908, elle
est prolonge jusqu Sfax quelle rejoint en 1911 puis
jusqu Gabs (1916). Les emprunts de 1902 et 1907 permettent douvrir successivement les liaisons Tunis-Kalaa
Djerda en 1906 qui assure Tunis et La Goulette le trac
des phosphates et des minerais de fer du centre du pays ;
Sousse-Moulars qui assure au port de Sousse lexportation des phosphates de la rgion.
Dans le nord du pays, un nouveau tronon relie Bizerte
Tabarka en passant par Mateur et Bja tandis que de
nouvelles liaisons desservent Kasserine et Gabs.
Les 1 610 kilomtres de voies ferres construits par
la compagnie Bne-Guelma sont rachets en 1922 par
le gouvernement. Leur exploitation est cone la
Compagnie fermire des chemins de fer tunisiens (CFT)
qui sacquitte de cette tche pour le compte de ltat. Mais
lge dor du chemin de fer est dj pass au prot du trac
routier. Le trac voyageurs qui tait de 5 000 000 de personnes transportes en 1920 tombe 3 000 000 en 1935.
Le rseau est surtout utilis pour le transport des marchandises (produits miniers, crales) qui passe de 250
000 tonnes en 1900 2 500 000 en 1910 avant datteindre
un pic en 1929 (5 000 000 de tonnes). La crise cono-
Le port de Tunis en 1953
Malgr la longueur de sa faade maritime, les installations
portuaires taient trs sommaires lors de linstauration du
protectorat. Tunis, une troite darse communique avec
la mer par un canal accessible aux barques de moins de un
mtre de tirant deau. Sousse, faute de port, les navires
mouillent en rade. Sfax, un appontement de bois ne
peut accueillir que de petites embarcations. Seul le port
de la Goulette dispose dune darse de cinq mtres de profondeur et de quais et des magasins construits en 1835
servant dentrepts et darsenal maritime.
La concession du port de Tunis avait t accorde ds
1880 la compagnie des Batignolles qui commence les
travaux en 1888. Les travaux sont achevs cinq ans plus
tard aprs le creusement d'un canal de 10 kilomtres de
long et 6,50 mtres de profondeur travers le lac de Tunis. Le port est inaugur le 28 mai 1893 mais laugmentation de la taille des navires rend ncessaire lapprofondissement du chenal 7,50 mtres. Les bassins et les quais
sont galement agrandis.
3.1
Infrastructures
41
public, lOce des Ports jusquau 1er avril 1947, date
laquelle est cre la Rgie des Ports de Commerce,
budget autonome. Ces activits sont reprises aprs
l'indpendance par l'Oce des ports nationaux tunisiens
cr en 1965[320] .
3.1.4 Transport arien
Sous-marins l'ancre Bizerte dans les annes 1920
Un port articiel est construit Sousse protg par des
digues et des jetes. Un bassin de 28 hectares profond
de 6,50 mtres assure la desserte maritime de larrire
pays. Sfax, un chenal long de 5 kilomtres est creus
dans la vase pour pouvoir accder au nouveau port qui assure lexportation des phosphates de la rgion de Gafsa.
La concession pour la construction et lexploitation de ces
trois ports est accorde lentreprise franaise DuparchyPrault qui prend le nom de Compagnie des ports de Tunis,
Sousse et Sfax. Laccord est entrin par le dcret beylical du 1er juillet 1894. Ces trois ports concentrent trs
vite 90% du tonnage maritime tunisien[312],[313],[314] . La
concession est rachete par le gouvernement du protectorat en dcembre 1937. Daprs Andre Viollis, ce rachat
serait d aux conditions scandaleusement avantageuses
accordes la compagnie concessionnaire lors de la signature de la convention[315] .
La situation stratgique de Bizerte qui lui permet de
contrler le passage entre les parties orientale et occidentale de la Mditerrane explique limportance des installations portuaires qui y sont construites. Le vaste lac
intrieur est idal pour la concentration des navires de
guerre. Cest pourquoi lAngleterre a toujours t oppose la construction dun port militaire qui lui fermerait laccs la Mditerrane orientale en cas de conit
avec la France. Pour contourner son veto, on concde
lentreprise Hersent, le 11 novembre 1889 le creusement
dun chenal et lexploitation dun port commercial[316] . La
concession est transfre lanne suivante pour une dure
de 75 ans la Compagnie du Port de Bizerte cre cette
n[317] . Malgr les rticences de lItalie et de lAngleterre,
un avant-port protg par deux jetes est construit. Le
chenal entre la mer et le lac est approfondi pour permettre
le passage des navires de lescadre de Mditerrane. La
construction dateliers, de dpts et dun arsenal donne
naissance la ville de Ferryville[318] . La vocation commerciale du port est alors relgue aux oubliettes jusqu
la n de la premire guerre mondiale. Le 30 avril 1920,
dcision est prise dagrandir le port de commerce dont les
installations ont montr leur utilit pendant le conit[319] .
Roland Garros en 1910
La Tunisie entre dans lre aronautique le 23 septembre
1913 lorsque Roland Garros russit pour la premire
fois traverser la Mditerrane entre Saint-Raphal et
Bizerte[321] . Laviation se dveloppe par la suite des
ns essentiellement militaires lors des combats dans le
sud tunisien en 1916. Lutilisation des reconnaissances
ariennes donne un avantage dcisif larme tunisienne
et lui permet de prendre lavantage dans les combats qui
lopposent aux troupes tripolitaines encadres par des ofciers ottomans[60] .
Ds la n de la guerre, les avions militaires sont reconvertis pour un usage civil. Le 26 janvier 1919, le premier avion postal relie Gabs Tunis en 3 heures 30. En
avril 1919, Jrme Donnet, lun des fondateurs de la rme
Donnet-Denhaut, cre en Tunisie la Compagnie Maritime
Arienne en exploitant des hydravions militaires DD-9
mais il doit cesser son activit en 1921 cause du manque
de abilit des appareils.
De mme qu Tunis, sa concession est rachete par Hydravion Donnet-Denhaut
le gouvernement le 1er mai 1942. LAdministration de
ces quatre ports est alors cone un tablissement Les liaisons reprennent en 1923 quand la Socit Mari-
42
MODERNISATION DU PAYS
time de Transports Ariens appele aussi Aronavale met
en service la ligne Marseille Tunis - Bne avec escale
Ajaccio en utilisant des hydravions Lior et Olivier LeO
H-13. Bien plus confortables que les anciens hydravions
militaires, ces appareils ne peuvent prendre que quatre
passagers. Ils sont remplacs par des modles LeO H-19
lorsque la compagnie arienne est absorbe par Air Union
en 1926. En 1930 et 1931, six aller et retour par semaine
sont assurs entre Marseille et Tunis. Malgr le prix lev
du billet (1 000 francs laller, 1 900 francs laller-retour),
le taux de remplissage est de 89% pour un taux de rgularit de 92% sur les annes 1931 et 1932[322] . Les avions
dcollaient alors de ltang de Berre prs de laroport de
Avion DC-4 de Tunisair sur l'aroport de Paris-Orly en 1957
Marignagne pour se poser sur le lac de Tunis.
Douglas DC-3 achets larme amricaine et arts
par Air France. Les pilotes et les techniciens sont dtachs de la compagnie franaise en attendant la formation
des premiers pilotes tunisiens : Habib Ladjimi, Nejib Soma et Michel Sitbon[325],[326] .
Aroport d'El Aouina en 1953
En 1933, les direntes compagnies ariennes franaises,
dont Air Union, sont fusionnes pour former Air France.
Les liaisons entre Marseille et Tunis sont alors eectues
sur des hydravions CAMS 53-1 (capacit 4 passagers)
remplacs en 1936 par des modles LeO H-242 (en) qui
peuvent transporter jusqu 15 passagers. Il tait prvu de
les remplacer en 1940 par des LeO H-246 pouvant transporter 23 passagers mais la guerre en empcha la mise
en service. Les derniers hydravions furent rforms en
1947[323] .
Pour assurer la maintenance et la mise labri des appareils, larobase de Tunis El Aouina est inaugure
le 22 juin 1924. Gravement endommage pendant la seconde guerre mondiale, larodrome est rapidement remis
en tat et agrandi pour faire face laugmentation du trac arien. Il devient en 1955 lAroport international de
Tunis-Carthage[324] .
Le trac arien est alors en pleine expansion, encourag par les perfectionnements des avions ainsi que par le
grand nombre darodromes militaires construits pendant
la campagne de Tunisie. la suite de la volont du gouvernement tunisien de crer une compagnie nationale,
la Compagnie arienne tunisienne de lair, aussi appele
Tunisair, est fonde par dcret le 21 octobre 1948. Le
capital est rparti entre le gouvernement tunisien et des
partenaires privs (51%) et Air France (49%). Lexploitation commerciale commence le 1er avril 1949 sur des
Si Air France assure lessentiel du trac passager
(42% en 1949), dautres compagnies ariennes desservent Tunis parmi lesquelles KLM (11.5%), Aigle
Azur (9.7%), Aro-Cargo (6.2%), Linee Aeree Italiane
(4.8%), T.W.A. (1.8%) et Maltair (1.2%)[327] . Quant
la toute jeune compagnie tunisienne, sa part dans le trac
passager passe de 12% en 1949 43% en 1956[328] . Elle
acquiert son premier DC-4 en 1954. Lanne 1956 voit
louverture de sa ligne directe Paris-Tunis[326] .
Lindpendance acclre le processus de formation de
personnel tunisien dans les infrastructures au sol et dans
la compagnie tunisienne. Le 25 juillet 1958, les activits
du Secrtariat Gnral lAviation Civile et Commerciale
sont transfres au Service de lAronautique et de la Mtorologie nouvellement cr achevant ainsi la tunisication du secteur[329] . Dans les annes qui suivent, le
gouvernement tunisien augmente sa participation dans le
capital de Tunisair au dtriment dAir France. En 2007,
celle-ci ne dtient plus que 5.6% du capital[330] .
3.1.5 Phares
En 1883, seules les approches de Tunis taient claires
par trois phares internationaux tablis au cap Bon, sur lle
du grand Cani et Sidi bou Sad[333] . Une commission
est alors cre pour quiper toute la cte tunisienne dun
programme complet dclairage.
la demande des autorits militaires, les ports de Sousse
et de Sfax sont trs vite quips en octobre 1882 et
juillet 1883[334] . Puis les tudes sont cones la direction des Travaux publics qui multiplie les mises en
service[335],[37] :
phare de lle Kuriat (juin 1888) ;
phare de lle plane (juin 1888) ;
3.1
Infrastructures
43
Par ailleurs ds 1888, une ceinture de boues lumineuses
est installe autour du banc des les Kerkennah pour avertir les navires du danger[337] . Enn, lclairage de laccs
au port de Tunis est achev en mai 1893 aprs lallumage,
dune part de douze feux de rive installs sur des tourelles
en maonnerie ou des candlabres en fonte disposs de
part et dautre du chenal de la Goulette et, dautre part,
dun feu de direction sur le terre-plein du canal de Tunis.
Ainsi donc, ds 1895, le programme dclairage des ctes
tunisiennes est pratiquement termin par lallumage de 53
phares[37] .
Des dicults de nancement reportent la construction
du phare de lle de la Galite en 1920 ; il est inaugur le
1er mai. Un deuxime phare doit tre construit proximit pour couvrir lcueil des Sorelles. Les travaux commencent en 1951 pour sachever en 1958, deux ans aprs
lindpendance[338] .
Aujourdhui encore, le service des phares et balises tunisien, plac ds 1956 sous lautorit de la marine militaire,
gre un parc dtablissements pratiquement identique
celui qui lui fut remis aprs lIndpendance[339] .
Phare de l'le Kuriat
3.1.6 quipements hydrauliques
phare de Klibia (juin 1888) ;
phare de Monastir (dcembre 1888) ;
phare de Sousse (mai 1890) ;
phare de Ras Enghela (30 juillet 1890) ;
phare de Mahdia (15 aot 1890) ;
phare du Cap Serrat (15 aot 1890) ;
phare de Gabs (avril 1893) ;
phare de Zarzis (avril 1894) ;
phare du Ras Thyna (mai 1895)[336] ;
phare du Ras Turgoness (aot 1895) ;
Phare de Kelibia
Barrage de l'oued Mellgue
mis en service en 1954
Aux dbuts du protectorat, seule la ville de Tunis dispose
dun rseau dadduction deau de ville depuis que lancien
aqueduc romain de Zaghouan avait t restaur par lingnieur franais Philippe Colin vingt ans auparavant[340] .
Les autres villes salimentent partir de citernes et de
puits[341] .
Pour faire face lextension de la capitale qui ncessite de
forts investissements, la concession du rseau de distribution deaux de la ville de Tunis est cde par la compagnie tunisienne qui le grait jusqualors pour tre cone
une entreprise franaise, la Compagnie du gaz et rgie
cointresse des eaux de Tunis. Le quadruplement du tarif
entrane une rvolte gnrale des Tunisois que lon appellera lAaire des Eaux de Tunis. Le report de laugmentation ramne le calme dans la ville. Mais lextension
continue de la ville ncessite de nouvelles infrastructures.
44
MODERNISATION DU PAYS
Un barrage sur loued Kebir est construit en 1927. Sa rserve deau assure 35% de lapprovisionnement de la capitale en 1951. Le rseau de distribution tente de suivre
lagrandissement urbain mais, si la ville europenne dispose de leau courante dans la majorit des logements, la
vieille ville arabe doit encore sapprovisionner aux fontaines publiques[342] .
Barrage d'El Aroussia
Barrage de Beni M'Tir
Des travaux dadduction et de distribution deau sont lancs en 1900 pour alimenter les villes de Sousse, Monastir ainsi que quinze villes et villages de la rgion, soit
une population totale denviron 100 000 habitants. On
construit une conduite de 90 kilomtres pour transfrer
les eaux de la nappe de loued Merguellil dans la plaine
de Kairouan. Les travaux sont achevs en 1905. Quant
la ville de Mahdia qui faisait initialement partie du mme
projet, on prfre lalimenter partir de la nappe des
puits de Sidi Jabeur dont les eaux sont leves au moyen
dune pompe[343] . Les bnces raliss sur cette premire tranche permettent de nancer lextension du rseau qui dessert la n des annes 1920 un ensemble de
villages du sud du sahel regroupant 60 000 habitants[344] .
Barrage du Mellgue en 2012
Laugmentation de la population et des surfaces urbaines
incite le gouvernement rformer en profondeur la gestion de la distribution de leau potable. En 1947, toutes
les direntes rgies charges de la gestion des quipements hydrauliques, lexception de Tunis et de quelques
centres urbains, sont regroupes en une rgie nationale
Les travaux dadduction deaux de la ville de Sfax com- cre sous le nom de Rgie conomique dtat [345] . En
mencent en 1909. Les eaux des sources de Sbetla sont 1953, le taux de desserte dans le milieu urbain slve
captes cette n et transfres au moyen dune conduite 75% de la population avec 52% de centres desservis[348] .
de 155 kilomtres[345] .
Lapprovisionnement en eau des zones rurales est beauLa construction du port de Bizerte de 1890 1897 nces- coup plus compliqu. La rpartition des eaux des oueds et
site une forte consommation deau. La compagnie char- des puits faisait lobjet depuis des sicles de rgles de rge des travaux soccupe de la rhabilitation des conduites partition non crites mais acceptes par tous. Le dcret du
damene deau existantes et ralise les travaux de dis- 24 septembre 1885 pose le principe de lappartenance au
tribution. Pour augmenter les ressources, la source dAn domaine public des sources, oueds, lacs et sebkhas mais
Bou-Ras 15 kilomtres au sud-est de la ville est cap- en respectant les droits antrieurs[349] . Devant les diculte en 1893. La concession est rachete par ltat en ts souleves par les habitants ds que de nouveaux tra1925[346] .
vaux hydrauliques sont entrepris, un nouveau dcret paLes travaux dadduction des villages miniers sont la ru en 1920 oblige dclarer les droits acquis pour quils
charge des compagnies prives qui exploitent les sites. soient reconnus de ladministration.
Malgr les dicults dapprovisionnement dans ces rgions recules, les agglomrations qui se sont constitues
autour des sites sont pourvues de rseaux de distribution
deau potable[347] .
En parallle de cette normalisation juridique, des travaux
de recherche de nappes sont entrepris aux ns dirrigation. De 1890 1940, 37 forages, presque tous situs dans
le sud, permettent, outre lalimentation des populations
3.1
Infrastructures
45
en eau potable, lirrigation denviron 2 500 hectares. Des
travaux de construction de barrages retenue ou de drivation y ajoutent 14 000 hectares. De 1880 1953, les
surfaces de terres agricoles irrigues passent de 6 700
34 000 hectares[350] .
Ce choix de centrales lectriques fonctionnant au diesel
est adopt par la plupart des compagnies qui assurent la
production dlectricit jusqu la cration de la FHET en
1952[353] . De nombreuses socits prives se partagent en
eet le march de la production et la distribution dlec[354]
:
Les activits de ces rgies continuent aprs lind- tricit, parmi lesquelles
pendance jusqu la cration de la Socit nationale
la Compagnie tunisienne dlectricit et de transd'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) en
ports (CTET), propritaire de la centrale de la Gou1968[351] .
lette et la plus importante de Tunisie ;
3.1.7
lectrication du pays
lUnion lectrique tunisienne (UET) produit et distribue llectricit sur la rgion de Sousse depuis sa
fusion en 1948 avec la Socit dnergie lectrique
de Sousse ;
lOmnium tunisien dlectricit (OTE), dont 85% du
capital est dtenu par lectricit et gaz dAlgrie
(EGA) distribue llectricit dans les rgions de Bja, Souk-el-Arba et Tadjerouine. Elle est aussi prsente Gabs o elle est productrice et distributrice ;
la Socit dnergie lectrique de la ville de Bizerte
(SEEVB) assure la production et la distribution sur
Bizerte et ses environs. Aprs la destruction de sa
centrale en 1943, elle achte la totalit de son nergie la CTET et la FHET ;
la Socit nord-africaine dlectricit gaz et eaux
(SNAEGE) produit et distribue Sfax ;
lUnion lectrique coloniale produit et distribue de
llectricit pour les villes du sud tunisien : Gafsa,
Tozeur, Zarzis et Mdenine ;
la Socit tunisienne dnergie lectrique alimente
lle de Djerba.
Installation d'un poste
de transformation au Kef
En 1872, la compagnie anglaise Foreign Gaz Company
obtient la concession pour la construction et lexploitation
dune usine gaz ainsi que lclairage public de la ville de
Tunis. La concession est cde en 1882 la Compagnie
du Gaz et Rgie cointresse des Eaux de Tunis. En 1900,
cette dernire obtient galement la concession de distribution dnergie lectrique dans la capitale. Les premires
annes, elle assure elle-mme la production dnergie
travers sa propre centrale avant de se fournir, partir
de 1906, auprs de la Compagnie des tramways de Tunis[352] . Cette dernire a construit une centrale lectrique
la Goulette fonctionnant au diesel an dalimenter le
TGM et les tramways.
Centrale lectrique de la Goulette
La Force Hydrolectrique de Tunisie (FHET) est cre
en 1952. Son capital est partag parts gales entre ltat
franais (reprsent par EDF et EGA), ltat tunisien et
les socits concessionnaires. Cette socit a sa charge
la construction de barrages dans la valle de la Medjerda.
46
MODERNISATION DU PAYS
la n des annes 1950, elle exploite trois centrales hydrauliques dune puissance installe de 28 MW. Les retenues deau servent galement lirrigation et la rgulation du dbit du euve.
la veille de lindpendance, le rseau lectrique mesure
entre 300 et 400 kilomtres. Mais la multiplicit des entreprises concessionnaires et la vtust des installations
empchent une interconnexion satisfaisante entre les diffrentes lignes[355] .
lindpendance, malgr les protestations, les compagnies lectriques sont nationalises entre 1956 et 1962.
La Socit tunisienne de l'lectricit et du gaz (STEG)
est cre le 3 avril 1962 pour en reprendre la gestion et Patio du Dar Soulaimania, annexe de la mdersa, avant 1960
dvelopper la production et la distribution lectriques sur
lensemble du territoire[356] .
religieuse et a pour objet ltude du Coran et de la sunna.
La langue arabe y est galement professe. Les tudes se
divisent en trois cycles correspondant approximativement
3.2 ducation
aux niveaux primaire, secondaire et suprieur. Des examens sanctionnent chaque n de cycle. Les titulaires du
3.2.1 Avant le protectorat
diplme suprieur accdent aux fonctions publiques de
ltat tunisien, aux charges de notaires, dimam, de cadi,
de mufti, davocats ou de membres de tribunaux[360] .
Conscient des limites de lenseignement dispens la Zitouna, le grand vizir Kheireddine cre le collge Sadiki
en 1875. En plus de lenseignement traditionnel, les 150
lves sinitient aux sciences mathmatiques et physiques,
lhistoire et la gographie ainsi quaux langues trangres, franais, italien ou turc. Les tudes y durent sept
ans et les meilleurs lves partent parfaire leur culture au
lyce Saint-Louis Paris[361] .
Mosque Zitouna, en 1890 avec l'ancien minaret, lieu des cours
avant 1960
Les seules institutions scolaires sont les coles coraniques
(kouttab) tenues par un moueddeb (matre) qui enseigne
aux enfants la lecture, lcriture et la rcitation du Coran.
Les enfants y restent conns une grande partie de la journe. Le moueddeb qui sait par cur tout le Coran quil
a tudi sans le comprendre et quil enseigne sans pouvoir
lexpliquer rcite haute voix les versets que doivent rpter les lves. Les sanctions corporelles sont courantes
allant jusqu la bastonnade des pieds du patient, tenus
en lair, au moyen de la falka, par deux grands lves . A
la sortie, part une faible minorit qui poursuit ses tudes
la Zitouna, la plupart des lves sont incapables de rdiger une lettre en arabe et de saisir le sens dune phrase dun
texte quelconque[357] . Ces coles sont alors au nombre de
1 250 regroupant 22 000 lves[358] .
Des coles prives, franaises et italiennes, accueillent
galement les enfants de la bourgeoisie. Le premier recensement en 1883 en dnombre 20 francophones cres
linitiative de congrgations catholiques et trois coles
de lAlliance isralite universelle. Un tablissement secondaire accueillant cinquante pensionnaires, le collge
Saint-Louis a mme t ouvert en 1880 Carthage linitiative du cardinal Lavigerie. Il est transfr en 1882
Tunis o il prend le nom de collge Saint-Charles. On
compte galement quatre coles italiennes : une cole de
garons et une cole de lles La Goulette et Sousse
ainsi quun collge de garons et un collge de lles
Tunis[362] .
3.2.2 Ouverture de nouvelles coles
coles primaires La direction de lEnseignement est
cre par le dcret beylical du 6 mai 1883. Son directeur
est charg, sous lautorit du ministre rsident gnral, de
intressant linstruction publique dans
La grande mosque de la Zitouna est lune des plus an- toutes les questions
[363]
.
la
rgence
ciennes universits du monde musulman. La majeure partie de ses 1 500 tudiants nest pas originaire de Tu- La volont de dvelopper limmigration de nombreux conis et loge gratuitement dans trente-deux foyers appels lons franais avec leurs familles encourage louverture
mdersas. Une bibliothque de 10 000 volumes est ta- dcoles dans toutes les grandes villes de Tunisie. Cest
blie leur disposition[359] . Lenseignement est dessence aussi le moyen denseigner la langue et la culture fran-
3.2
ducation
Ecole franco-arabe du Kef
dans les annes 1930
aise aux enfants tunisiens. Cest pourquoi les tablissements denseignement primaire se partagent en deux
catgories : les coles franaises fonctionnant avec les
mmes programmes et les mmes horaires quen mtropole, les coles franco-arabes, rserves aux enfants
musulmans o lenseignement est bilingue pour tenir
compte de leur ignorance absolue de la langue franaise. Les enfants juifs, par contre, rejoignent les coles
franaises ou restent dans les coles de lAlliance[364] .
Les programmes sont galement dirents puisque des
moueddebs viennent y enseigner larabe et faire rciter le
Coran[365] . Au 31 janvier 1889, il y a dj 67 tablissements, non compris les coles italiennes qui restent gres
par le consulat dItalie. Le directeur de lenseignement public, Louis Machuel peut alors annoncer qu il ny a plus
aujourdhui une seule localit renfermant un groupe dEuropens quelque peu important qui ne soit dote dune ou
plusieurs coles franaises. Bien des centres indignes en
sont galement pourvus [366] . Le revers de la mdaille
est la dicult construire des locaux en labsence de
budget. Cest pourquoi les premires coles occupent des
locaux en location qui sont souvent trop exigus[367] . Dans
les zones rurales, linstituteur est souvent aussi responsable du service postal et tlgraphique. Cest pourquoi
le btiment scolaire comprend ct de la classe et du
logement du matre, un bureau de poste et une cabine
tlphonique[368] .
47
Ecole de lles tunisiennes musulmanes
sements denseignement dcide le gouvernement ouvrir
des coles de jeunes lles musulmanes partir de 1908.
Conues pour leur apporter un enseignement professionnel, ces coles connaissent un succs immdiat y compris dans des villes comme Kairouan connues pour leur
conservatisme[371] . Le nombre de lles scolarises passe
alors de 66 en 1905 1 310 en 1912. En 1944, les coles
de jeunes lles musulmanes deviennent des coles francoarabes de lles et leurs programmes scolaires sont unis
avec ceux des coles de garons, lexception des travaux
manuels[372] .
Paralllement ces tablissement scolaires relevant de
la direction de lEnseignement, les kouttabs continuent
exister, nancs par les parents et les institutions musulmanes. Mais face linsusance de cet enseignement,
linstigation de Khairallah Ben Mustapha, on cre
partir de 1908 des kouttabs privs qui prennent le nom
dcoles coraniques modernes[373] . En 1954, ces dernires
accueillent 30 880 garons et 4 109 lles[374] .
Les conventions de 1896 entre la France et lItalie garantissent cette dernire la reconnaissance des coles italiennes existantes en Tunisie. Face laugmentation de
limmigration italienne, dautres coles sont ouvertes gres et nances par le consulat dItalie. On en compte
bientt une vingtaine dans tout le pays[375] . Aprs la dfaite de lItalie lors de la Seconde Guerre mondiale, elles
Mais pendant les vingt premires annes du protectorat, sont nationalises et intgres dans le circuit scolaire.
le programme de scolarisation de la population tunisienne
ne concerne que les garons. Les petites lles nont que coles secondaires
la possibilit de rejoindre les coles de lles franaises
ce qui explique quelles ne sont que 27 tre scolarises
en 1897 contre 4 629 petits garons. Pour y remdier, coles musulmanes Lorganisation du collge SadiLouise-Ren Millet, pouse du rsident gnral, dcide ki est revue. Jusqualors gr par la Djemaa des Habous
douvrir une cole rserve aux lles musulmanes. Sou- partir des revenus nanciers des terrains qui lui ont
tenue par le secrtaire gnral Bernard Roy qui en as- t allous en 1875, des dicults nancires amnent
sure le nancement, lcole ouvre le 1er mai 1900 dans le gouvernement lui faire rejoindre les autres tablisseune petite maison de la mdina de Tunis[369] . Son succs ment grs par la Direction de lEnseignement. Un conseil
est rapide puisque le nombre des lves passe de cinq en dadministration prsid par le directeur de lEnseigne1900 cent en 1905 et trois cents en 1910[370] . Ce d- ment est charg de sa gestion. Alors que les inscriptions
menti apport tous ceux qui pensaient que les parents se faisaient par tirage au sort pour viter tout passe-droit,
tunisiens ne coneraient jamais leurs lles des tablis- un concours dentre est maintenant institu. Lenseigne-
48
MODERNISATION DU PAYS
Collge Alaoui
Collge Sadiki
ment du franais devient obligatoire alors quil ntait suivi jusqualors que par le tiers des lves. Un programme
denseignement est institu ainsi quun systme de notations qui liminent les lves les plus faibles. Enn, cinq
annexes sont ouvertes, trois Tunis, une Sfax et une
Kairouan[376] . Mais le gouvernement se me dune
cole charge lorigine de former des cadres musulmans.
Aprs avoir envisag de la fusionner avec le lyce Carnot, on dcide en 1892 dorienter son enseignement vers
la formation de traducteurs dont on a un besoin urgent.
Les lves sont ainsi entrans au maniement des textes de
caractre exclusivement administratif et juridique. Mais
lapptit de savoir des tudiants amne la direction encourager lenseignement des matires scientiques. Beaucoup des diplms continuent alors leurs tudes en intgrant le lyce de Tunis avant de sorienter vers la mdecine ou le droit[377] . Le 23 dcembre 1905 est cre lassociation des anciens lves, la Sadikiya, qui se propose
de rpandre et de vulgariser dans le monde tunisien les
notions indispensables des sciences modernes [378] .
en 1884. Il se compose de deux parties distinctes : lcole
normale dinstituteurs charge de former des enseignants
et une cole primaire. Une troisime section est cre par
la suite comprenant une cole primaire suprieure prparatoire aux concours dentre dans diverses administrations. Face laugmentation des eectifs, cette dernire
section quitte nalement les locaux en 1909 pour sinstaller dans des btiments neufs tout en conservant le nom de
collge Alaoui[382] . Dautres tablissements secondaires
viennent les rejoindre ; le collge Stephen Pichon est inaugur Bizerte le 1er aot 1920[383] et le collge de Sousse
en 1926[384] . On compte 15 tablissements denseignement secondaires en 1956 Tunis, Bizerte, Sousse, Sfax,
Carthage, Ferryville, Rads et au Kef.
Une cole secondaire destination des lles ouvre ses
portes Tunis le 14 dcembre 1885. Son succs entrane
de multiples agrandissements de ses locaux avant quelle
prenne le nom dcole Jules Ferry le 25 avril 1903. En
1911, une partie des locaux est dtache de ltablissement pour crer une cole Normale dinstitutrices qui
peut dailleurs utiliser les coles lmentaires de sa voisine pour la formation de ses tudiantes. En 1914, les
classes secondaires sont dtaches des classes primaires
pour former le nouveau lyce Armand Fallires. Comme
au lyce Carnot, les lves de toutes nationalits se ctoient puisquen 1929, on trouve aux cts des 519 Franaises, 101 Tunisiens isralites, 12 Tunisiennes musulmanes, 31 Italiennes, 9 Maltaises et 9 tudiantes de diverses nationalits[383] .
Le dsir des Jeunes Tunisiens dencourager linstruction chez les tudiants musulmans les amne crer la
Khaldounia en 1896 linitiative de Bchir Sfar et avec
lappui du rsident gnral Ren Millet. Cette socit organise des cours et des confrences portant sur les matires scientiques et littraires tout en encourageant louverture de bibliothques. partir du 12 novembre 1898,
un diplme de connaissances pratiques sanctionne cet enseignement avec la possibilit dtre prioritaire pour cer- Une autre cole secondaire fminine, lcole Paul Camtains emplois rservs aux Tunisiens musulmans, tel que bon, ouvre en octobre 1914 avec lobjectif de former ses
amine, expert ou syndic[379],[380] .
lves, futures matresses de maison , aux travaux de
[385]
. Elle devient par la suite un collge technique
LUniversit de la Zitouna relve toujours du grand vizir couture
et non de la Direction de lEnseignement. De nombreuses dont lenseignement, spcialis dans les industries du v[381]
.
crises traversent son existence pendant le protectorat face tement, est sanctionn par un brevet industriel
aux dicults des tudiants obtenir des emplois lis- Lenseignement professionnel nest pas oubli. Lcole
sue dun cycle dtudes qui ne les prpare pas du tout aux professionnelle, ouverte le 1er avril 1898 prend le nom
bouleversements induits par lvolution de la socit. Ils dmile Loubet loccasion de la visite du prsident de
sont pourtant 12 000 frquenter les cours en 1953[381] la rpublique en 1903 qui lance les travaux des nouveaux
locaux. Ouverte aux lves ayant le certicat dtudes primaires, elle les forme aux mtiers de llectricit, de la
coles mixtes Un deuxime collge rejoint le collge menuiserie, de la mtallurgie et du tissage, cette dernire
Saint-Charles lorsque le collge Alaoui ouvre ses portes activit tant rserve aux lves tunisiens[386]
3.2
ducation
49
Mais ce nest que le 1er octobre 1945 quun dcret beylical annonce louverture de lInstitut des Hautes tudes
de Tunis. Plac sous le patronage de lUniversit de Paris, ltablissement prpare aux diplmes de droit, dhistoire ancienne et des matires scientiques sans oublier
les diplmes darabe puisquelle intgre lancienne cole
suprieure de langue et littrature arabe[392]
3.2.3 volution de la population scolaire
Lyce Carnot
Le retard des agriculteurs tunisiens sur leurs homologues europens incite le gouvernement mettre en
place un enseignement professionnel ds 1908. Cest
pourquoi chaque cole primaire est incite mettre en
place un jardin pour enseigner les techniques agricoles
aux enfants[387] . Des coles dapprentissage sont ouvertes
pour former les lves tunisiens aux techniques modernes,
comme Gabs o une section agricole est ouverte, Ferryville o on met en place des formations aux mtiers de
la mcanique ou Sousse o lcole Industrielle et Commerciale ouvre ses portes le 1er octobre 1930[388] .
Laugmentation de la population europenne rend indispensable louverture dun lyce. Cest chose faite en
novembre 1889 lorsque le collge Saint-Charles devient
le lyce de Tunis. Il prend le nom de Carnot en 1894 en
hommage au prsident franais Sadi Carnot assassin le
25 juin 1894. Il accueille les tudiants de toutes nationalits. Ainsi, en 1929, on trouve aux cts des 941 Franais, 534 Tunisiens isralites, 316 Tunisiens musulmans,
105 Italiens, 5 Maltais et 49 tudiants de diverses nationalits. Les programmes sont les mmes quen France
puisque certains tudiants intgrent les plus hautes coles
en mtropole[389] .
Enseignement suprieur Lenseignement suprieur
reste le parent pauvre de linstruction en Tunisie puisque,
jusquen 1945, seule lcole Suprieure de langue et littrature arabe, cre en 1911, permet de prparer le Brevet
et le Diplme dArabe ainsi que les Certicats de Licence
darabe que lon prsente lUniversit d'Alger.
Si la scolarisation de la population europenne a toujours t optimale, il nen est pas de mme de la population tunisienne. La forte proportion dhabitants vivant
dans des zones rurales, la mance vis--vis dun enseignement donn par le colonisateur, lattachement lenseignement religieux et le refus de laisser les lles sortir de la maison expliquent la lente progression du taux
de scolarisation des enfants tunisiens. Des pressions sont
alors exerces sur les parents, allant jusqu lemprisonnement, pour quils envoient leurs enfants lcole. On
essaie mme de convaincre les moueddeb denvoyer leurs
lves du kouttab lcole franco-arabe en change dune
prime dune piastre par mois[393] . A ces blocages sajoute
la mance des colons extrmistes qui craignent la volont dmancipation de ces tudiants qui ont suivi le mme
cursus que les tudiants franais. Malgr tous ces handicaps, la population scolaire tunisienne musulmane augmente au rythme des ouvertures des coles franco-arabes
en passant de 738 lves en 1885 4 656 en 1897 parmi lesquels seulement 27 lles. Pour la premire fois, le
nombre dlves musulmans dpasse celui des lves isralites.
Face cet engouement pour linstruction, une campagne
de presse se dclenche linitiative des colons les plus
racistes parmi lesquels Victor de Carnires, leur leader,
crit en 1897 : Plus lindigne est instruit, plus il nous
dteste. Nos pires ennemis sont ces jeunes gens des familles bourgeoises que la direction de lEnseignement a
levs la franaise Si jamais il y a une rvolte en Tunisie, ce sont eux que nous verrons la tte des insurgs . Ainsi, en apprenant aux Tunisiens lhistoire des
peuples civiliss et les mettant mme, par la connaissance de notre langue, de lire les publications franaises,
nous faisons brusquement surgir dans leurs mes des ides
de libert et dgalit auxquelles ils ne sont pas prdisposs par lducation de leur famille ni par les traditions du
milieu ambiant et qui, clatant tout coup dans leurs cerveaux mal prpars les recevoir, se traduisent par un
redoublement dorgueil et par des aspirations un idal
vague dont leurs pres navaient jamais prouv le besoin [394] .
Le Centre dtudes de Droits de Tunis est fond en
novembre 1922. Ds 1924, il sassure dun partenariat
avec la Facult dAlger qui reconnat les rsultats des tudiants qui prparent leur licence pendant trois ans. Une Ayant obtenu des appuis au ministre des Aaires tranfois reus lcrit, les candidats passent les oraux Alger gres franais, ils obtiennent gain de cause. On ferme des
pour valider leur licence[390] .
coles, on cre des obstacles aux inscriptions des enfants
Lcole des beaux-arts de Tunis est fonde en 1923 sous tunisiens musulmans dont le nombre seondre 2 979
le nom de Centre dEnseignement dArt. Elle change de en 1903. Les enfants isralites, scolariss dans les coles
de lAlliance Isralite Universelle et dans les coles frannom le 1er octobre 1930[391] .
50
MODERNISATION DU PAYS
aises, chappent cette rgression[395] . Le collge Sadiki nest pas pargn par cette volont de bloquer laccs
des Tunisiens un enseignement de qualit. Le nombre
de ses tudiants chute 75 lves en 1906 contre 150 en
1897[396] .
cole Suprieure du Droit et dune Centre dtudes conomiques destin former les cadres conomiques suprieurs et moyens. Enn, lUniversit de Tunis est cre
par le dcret du 31 mars 1960. Cette universit intgre la
facult zitounienne de thologie qui perd ainsi son autoLmeute de Thala-Kasserine en avril 1906. apporte la nomie et se retrouve rattache au ministre de lenseignemodernes avaient
preuve que cette politique est une lourde erreur. Dans ces ment suprieur. Les coles coraniques
[420]
1957
dj
t
supprimes
ds
rgions recules, labsence dcole et dinstituteur laisse le
champ libre au fanatisme musulman [397] . La construc- Un grand programme de scolarisation est lanc en 1959
tion dcoles franco-arabes est relance mais on tran- avec lambition de couvrir la totalit de la population
sige en favorisant un enseignement professionnel comme en ge daller lcole. Face lampleur des moyens
lcrit le rsident gnral :
mettre en uvre, on dcide de limiter les horaires de
cours. La scolarit primaire passe de 7 6 ans et le temps
de prsence est rduit 15 heures hebdomadaires les
Dans un pays comme la rgence, qui a bedeux premires annes et 25 heures les deux suivantes
soin avant tout dune main duvre abondante,
contre 30 heures hebdomadaires lpoque du proteclinstruction en gnral et linstruction primaire
torat. Cette limitation de lhoraire permet galement de
en particulier doivent avoir un caractre prapallier au manque de btiments puisque chaque local actique et mettre la disposition de lindustrie
cueille maintenant deux classes, lune le matin et lautre
et de la colonisation des travailleurs instruits et
laprs-midi[421] . Le taux de scolarisation grimpe alors
expriments. Tous les eorts de la Direction
de 33% en 1958[422] 65% en 1964 se dcomposant en
de lEnseignement ont t et sont dirigs dans
86.82% pour les garons et 44.39% pour les lles[423] .
ce sens[398]
La part du budget de lenseignement passe alors de 6.4%
en 1903 12.5% en 1909 puis 14.8% en 1913 avant que le
dclenchement de la premire guerre mondiale ne relgue
lenseignement en bas de lchelle des priorits. Quant au
nombre dlves musulmans, il retrouve ds 1908 son niveau de 1897. La progression est ds lors continue. On
atteint les 10 000 lves en 1912, les 20 000 en 1924,
les 40 000 en 1933 et les 80 000 en 1947. Mais on est
loin de couvrir les besoins du pays puisque si 94% des
petits Franais sont scolariss, seuls 12% des enfants tunisiens musulmans le sont[399] . Un Plan de dveloppement
de lInstruction Publique (1949-1969) est alors lanc prvoyant la scolarisation totale en vingt ans par franchissement de paliers successifs[400] . Le budget de la Direction
de lEnseignement passe alors de 10% du budget du gouvernement en 1950 15% en 1956, le cot de construction des coles margeant au budget de la direction des
Travaux Publics. Quant au nombre dlves tunisiens musulmans scolariss, il passe de 113 000 en 1950 290 000
en 1956.
3.2.4
3.3 Systme de sant
3.3.1 Avant le protectorat
Avant 1881, une vingtaine de mdecins trangers, forms
dans des coles de mdecine, ctoient des empiristes ,
sortes de praticiens, dtenteurs dun certain savoir pratique. Les mdecins sont alors superviss par lamine al
tibba, dsign par le bey. Les autres praticiens sont
tolrs, plus ou moins autoriss exercer une forme de
mdecine traditionnelle[424] .
Aprs lindpendance
Une refonte totale des programmes scolaires est ralise Hpital Sadiki au dbut du XXe sicle
pour en purger toute rfrence lempire colonial franais. Lenseignement de la langue arabe est renforc au Le nombre dtablissements de sant est trs faible. On
dtriment du franais.
trouve Tunis lhpital Sadiki cr par le dcret beyliPour faire face au manque cruel de cadres aprs le dpart cal du 20 janvier 1879 qui lui impose des rgles dhydes fonctionnaires franais, lenseignement suprieur est gine trs en avance pour lpoque (un seul malade par
renforc par la cration de lcole Normale Suprieure lit, obligation de se laver et de porter des vtements
charge de former des professeurs denseignement secon- propres, cration dune salle dattente)[425] . Il hberge les
daire, de lcole nationale dadministration qui se substi- patients sourant de pathologies chroniques et les alins.
tue lancienne cole Tunisienne dAdministration, dune Linfrastructure de lintrieur du pays se rsume deux
3.3
Systme de sant
51
inrmerie-dispensaires situes dans les villes ctires de 3.3.3 Construction dhpitaux
Sfax et de Sousse. De plus, Tunis, Bizerte et les autres
ports disposent de lazarets pour y maintenir en quarantaine les voyageurs susceptibles dtre atteints de la peste.
On trouve galement ce type de btiment sur les les de
Chikly et de Zembra.
Les Italiens et les Maltais disposent dune inrmerie dite
Sainte Marguerite situe rue des Teinturiers et les Franais sont soigns dans un petit hpital de huit lits, lhpital
Saint-Louis, rue Sidi Saber, qui est transfr en 1880 dans
une caserne dsaecte rue Sidi Ali Azzouz[426] .
Aucune rglementation nencadre les huit pharmacies que
compte alors la rgence. Denres alimentaires et pices
ctoient les remdes en vente dans ces tablissements o
aucun diplme nest requis aux prparateurs.
L'hpital civil franais vers 1900
Comme les autres pays du pourtour mditerranen,
le pays est priodiquement ravag par des pidmies
de peste (1818), de cholra (1849, 1856 et 1867) et
de typhus (1868 et 1874) qui causent des milliers de
morts[427] .
3.3.2
Dcret du 15 septembre 1888
Les premiers sinquiter de lorganisation sanitaire sont
les militaires conscients que 90% des soldats morts pendant la conqute de la Tunisie en 1881 sont dcds des
suites de maladie et non au combat. Des hpitaux militaires sont alors ouverts dans les villes de garnison qui
soignent aussi bien les militaires que les civils europens
et tunisiens. Celui de Tunis ouvre en 1886 dans le quartier
dEl Omrane, bientt imit par les annexes de Sfax, Gabs, Gafsa et Le Kef. Lhpital Sidi Abdallah est construit
en 1899 Bizerte lintention de la marine franaise[430] .
Il faut attendre sept ans aprs linstauration du protectorat
pour que le secteur mdical soit rglement par le dcret
beylical du 15 juin 1888[428] . Lexercice de la mdecine
est maintenant rserv aux praticiens qui en ont obtenu
lautorisation du secrtariat gnral du gouvernement tunisien au vu de leurs diplmes, autorisation qui est publie
dans le Journal ociel tunisien. Seuls sont tolrs les praticiens sans titre qui exercent la mdecine depuis plus de
cinq ans et qui prouvent quils ont fait au moins trois ans
dtudes dans une cole de mdecine, ainsi que les Tunisiens pratiquant lart dans des endroits o il ny a pas de
mdecin ou qui, gs dau moins soixante ans et exerant
depuis vingt ans sont en possession damra (autorisation)
beylical. Tous ces mdecins tolrs ne peuvent faire que
de la petite chirurgie. Il leur est de plus interdit de prendre
L'Institut Pasteur de Tunis vers 1900
le titre de Docteur ou un titre de nature faire croire la
possession dun diplme donnant droit lexercice.
Par crainte du retour des grandes pidmies, le dLexercice de la pharmacie est rglemente par le mme cret beylical du 4 avril 1894 transforme le laboratoire
dcret. Un diplme est maintenant exig pour exercer de vinication, cr lanne prcdente, en un laboracette profession. Les ventes dautres marchandises lui toire de vinication et de bactriologie auquel est annex
sont interdites et il ne peut possder plus dune phar- un institut pour le traitement antirabique qui deviendra
macie. La vente des mdicaments est maintenant inter- lInstitut Pasteur[431] . Son directeur le plus emblmatique
dite aux mdecins sauf dans les localits dpourvues de est Charles Nicolle qui obtient le Prix Nobel de physiopharmacie[427] .
logie ou mdecine en 1928 pour ses recherches sur le tyLes consquences de ce dcret ne se font pas attendre. A phus.
la n des annes 1890, on compte 165 mdecins civils
diplms contre 30 mdecins tolrs presque tous musulmans part un Italien et deux Isralites, ce qui ne met pas
n lexistence des barbiers, arracheurs de dents, rebouteux, matrones ou autres gurisseurs[426],[429] .
Face laugmentation de la population franaise, la
construction dun hpital civil franais est conrme par
le dcret du 9 juin 1897. Inaugur en 1898, il remplace
lhpital Saint-Louis. Il comprend ses dbuts 190 lits
avec un service de chirurgie et deux services de mde-
52
MODERNISATION DU PAYS
cine. Dabord rserv aux Franais, il est, en 1925 ouvert leur rle se bornant prter assistance aux mdecins de
aux isralites.
ladministration. Une autre cole dinrmiers ouvre ses
dlivrer un diplme dtat
Linrmerie anglo-maltaise de Saint Marguerite tant portes en 1925 et commence
[435]
franais
partir
de
1931
.
bientt insusante face laugmentation de la population
italienne, ceux-ci se cotisent pour lancer la construction
dun hpital de 200 lits sur la colline de Monteury. Inaugur en 1900 avec laide du gouvernement italien, il prend
le nom dHpital colonial italien avant dtre rebaptis en
1907 hpital Giuseppe Garibaldi[430] .
Aprs avoir t renomms en mdecins de lassistance mdicale gratuire dans les annes 1930, les mdecins de colonisation deviennent mdecins de la sant publique le
16 novembre 1944 puis mdecins de lassistance mdicosociale le 10 avril 1951[436] .
3.3.4
3.3.5 pidmies
Mdecins de colonisation
Mais ces infrastructures construites destination de la population europenne ne prennent pas en compte les besoins de la population tunisienne. Cest pourquoi le dcret
du 1er avril 1900 cre lAssistance Publique ayant pour
but de nancer les uvres qui se proposent lassistance
temporaire des indigents, des enfants abandonns et des
malades [432] .
Paralllement, des mdecins dits de colonisation sont
recruts pour apporter des soins mdicaux gratuits aux
populations civiles dans les toutes les rgions de Tunisie.
Recruts dans le corps des mdecins militaires ou chez
les jeunes diplms, ceux-ci sengagent pour une dure
de trois ans[433] . Jusque dans les annes 40, ils eectuent
leurs tournes cheval, seul moyen de locomotion dans
un pays o il faut parfois chevaucher pendant des heures
pour atteindre une ferme ou un douar loign. Relevant
de la fonction militaire, leur statut est dni par le dcret
du 1er janvier 1910[434] :
Chacune des inrmeries indignes est
pourvue dun mdecin de colonisation franais,
assist dun auxiliaire mdical indigne. Les
mdecins de colonisation sont choisis, de prfrence, parmi les mdecins stagiaires, ceuxci doivent tre franais, docteurs en mdecine dune Facult franaise et avoir moins de
trente-huit ans. Dans toute ltendue de leur
conscription, ils doivent leurs soins gratuits
tous les indigents, sans distinction de nationalit et aux agents des direntes administrations dont le traitement ne dpasse pas 1 700
francs ; le service de ces mdecins comprend,
en outre, des tournes priodiques dans les diffrents centres de la conscription, le service
de la vaccination publique, la visite priodique
des coles publiques, les constatations des dcs dans les localits o ils rsident ; ils assurent
enn gratuitement le service de linrmeriedispensaire du lieu de leur rsidence.
Mmorial du Dr. Ernest Conseil l'Hpital la Rabta de Tunis
Les dbuts dpidmie sont frquents dans les dbuts du
protectorat. Ds les premiers cas, les malades contagieux
sont dirigs sur le lazaret situ sur la colline de la Rebta Tunis o se trouve un vieux fort espagnol rhabilit
en annexe de la prison civile. Il est ainsi utilis pour les
pidmies de variole (1905 et 1907), de typhus (1906)
et de peste (1908). Lpidmie de cholra de 1911 dcide le gouvernement construire de nouveaux btiments
sur le site dsormais cltur. Le premier cas est dclar
le 24 juillet 1911. La contagion se rpand rapidement.
On compte une dizaine de cas chaque jour Tunis avant
que la maladie ne se rpande dans tout le pays. Le bureau
dhygine de la ville de Tunis dirig par Ernest Conseil
met en place les procdures dalerte et de dsinfection
ncessaires pour enrayer la progression du mal. Le succs des mesures prises est mis prot pour perfectionner
le systme dalerte sanitaire.
Le statut des auxiliaires mdicaux tunisiens avait t dni par le dcret du 17 octobre 1903. Aprs une premire
slection, les candidats sont soumis un stage dessai de
trois mois avant dintgrer lhpital Sadiki o ils tudient
durant trois ans. Il leur est interdit dexercer la mdecine, Le 16 dcembre 1929, un tunisois dcde de maladie.
4.1
Production agricole
Le dcs cinq jours plus tard de cinq voisins habitant le
mme immeuble alerte les autorits. Les analyses rvlent
que les victimes sont mortes de la peste. Dans la nuit du
30 au 31 dcembre, 57 immeubles sont vids de leurs
occupants avec laide de larme et de la police et leurs
470 habitants dirigs sur la prison civile de Tunis vide
pour loccasion. Les malades sont isols dans le lazaret
de la Rebta vid de ses prcdents malades. Des mdecins volontaires, tel Mahmoud El Materi[437] , partagent la
quarantaine des isols pour les soigner. Ds le 1er janvier
1930, plus aucun cas nest signal en ville. Lpidmie est
jugule mais le docteur Conseil meurt dpuisement la
n de cette preuve[438] . Le lazaret de la Rabta prend le
nom dHpital des Contagieux en 1924 puis celui dhpital Ernest Conseil en 1930 avant dtre dbaptis en hpital de la Rabta lindpendance.
Cest la dernire grande pidmie mais dautres maladies
restent ltat endmique dans le pays dont la tuberculose,
le paludisme le long de la valle de la Medjerda et le
trachome dans le sud du pays[430] .
3.3.6
Dveloppement des infrastructures mdicales
Face au manque de structures mdicales dans lintrieur
du pays, des dispensaires sont crs linitiative des habitants tels ceux de Nabeul et Medjez el-Bab dont lentretien est assur par ladministration des Habous. Les
dispensaires de Sousse et Sfax sont rigs en hpitaux
rgionaux. En 1939, le Prventorium de lAriana ouvre
ses portes. En 1950, on cre le centre Lamine 1er consacr la lutte antituberculeuse et lInstitut dOphtalmologie pour la lutte contre le trachome. La mme anne,
linrmerie-dispensaire du Kef est rige en hpital rgional pourvu dun prventorium.
53
de nombreux attelages de btes vigoureuses explique que
seuls les colons franais et tunisiens aiss ont les moyens
de les acqurir[444] . Cest pourquoi ce privilge scal est
nalement supprim en 1918[299] .
De nouvelles cultures sont introduites. Jusque l, le bl
dur tait majoritairement cultiv lusage du march intrieur. Les Franais se lancent dans la culture du bl tendre
utilis par leurs compatriotes et trs demand sur le march franais. En 1913, le Service Botanique de Tunisie est
cr. Gnticiens et spcialistes de crales sacharnent
y crer de nouvelles semences plus productives et adaptes au climat tunisien. Un Service de llevage est galement cr, qui deviendra lInstitut Arloing en 1913. Sa
collaboration avec lInstitut Pasteur de Tunis lui permet
de mettre au point des vaccins contre les maladies du
btail[445] .
Lutilisation de la mcanisation entraine une augmentation importante des rendements. Les tracteurs sont de
plus en plus utiliss de mme que les moissonneuses batteuses. Aide par un puissant rseau de coopratives soutenues nancirement par le gouvernement du protectorat et par les banques qui accordent de larges prts, lagriculture europenne en Tunisie devient lune des plus modernes du monde, dpassant mme largement lagriculture franaise[446] . La production de bl tendre passe de
400 000 quintaux dans les annes 1920 1 400 000 la
veille de lindpendance. Dans le mme temps, la production de bl dur suit une courbe semblable en passant de 1
400 000 3 600 000 quintaux.
Si la progression du nombre de mdecins tunisiens est
lente, elle sacclre sur la n du protectorat. En 1902, sur
les 170 mdecins diplms, on compte 81 Franais, 83
trangers et six Tunisiens dont deux musulmans et quatre
isralites. Mais en 1953, sur les 548 mdecins prsents
dans la rgence, on trouve 171 tunisiens et 350 Franais.
Lindpendance du pays provoque le dpart progressif
de ces derniers puisquils ne sont plus que 207 en 1958
Vendanges en Tunisie au dbut du XXe sicle
contre 130 musulmans tunisiens et 67 isralites[430] .
4
4.1
Production conomique
Production agricole
Larrive des colons europens bouleverse la production
et les techniques agricoles qui navaient gure volu depuis des sicles. Les outils en fer remplacent les outils en
bois qui ne peuvent retourner le sol que sur une faible
profondeur. Des exonrations scales tentent dencourager lutilisation des charrues vigneronnes et des charrues
Brabant plusieurs socs. Mais la ncessit de possder
La culture de la vigne, trs peu rpandue jusque l, est
en pleine expansion grce aux Italiens qui y trouvent l la
possibilit dutiliser leur force de travail sans avoir besoin
de capitaux importants puisque de faibles surfaces sont
susantes. Le vignoble tunisien qui stend sur 28 000
hectares en 1925 en couvre 50 000 en 1934. Mais cette
production soure de la faiblesse de la consommation intrieure due labsence de consommation de vin dans la
population musulmane. La majorit du million dhectolitres produit en moyenne chaque anne doit tre export,
le march tunisien nen absorbant que 300 350 000 hectolitres. La crise des annes 1930 avec leondrement des
exportations est fatale beaucoup de viticulteurs[447] .
54
PRODUCTION CONOMIQUE
Les plantations doliviers et la production dhuile dolive
sont galement en pleine expansion. Des presses modernes sont introduites qui permettent la sparation des
direntes catgories dhuile. Les huileries vapeur remplacent peu peu les huileries traction animale. Le
nombre de pieds doliviers en production passe de 7.6
millions en 1911 8.4 en 1921, 11.5 en 1931, 15.5 en
1941 et 19.3 en 1951.
tunisiens et les produire en grand nombre et faible
cot grce au machinisme qui se dveloppe. La situation
saggrave aprs 1881. La chchia qui tait lun des principaux produits tunisiens exports est concurrence sur
son propre sol par des chchias franaises, autrichiennes
ou tchcoslovaques. Les cotonnades et les soieries tunisiennes sont galement supplantes par des produits venus
dEurope et meilleur march. Mme les burnous sont fabriqus en France Yvetot ! Le constat est le mme pour
La crise des annes 1930 dmontre la fragilit de ce sys[462]
.
tme reposant essentiellement sur les exportations. Les les cramiques, meubles et les bijoux
nombreuses faillites de cette poque permettent une redistribution des terres et une plus grande diversication
des cultures. Les expulsions de nombreux Italiens la
n de la seconde guerre mondiale sont loccasion pour
les viticulteurs franais dacqurir les vignobles de leurs
concurrents. Llevation du niveau de vie la n de la
guerre entraine une baisse sensible des exportations de
crales maintenant consommes sur place. A la veille de
lindpendance, les colons europens produisent la majeure partie du bl tendre et du vin, un peu moins de la
moiti du bl dur, la moiti environ de la production olicole annuelle[448] .
4.2
Production artisanale
Tissage traditionnel de tapis de Kairouan
Lvolution de la socit amne galement les Tunisiens
les plus aiss dlaisser les produits artisanaux tunisiens
pour des articles europens qui font plus modernes .
Ainsi, de plus en plus de Tunisiens shabillent maintenant
leuropenne. La modernisation des moyens de transport entraine la diminution du nombre de carosses et la
dcadence des corporations de selliers ou des brodeurs
sur cuir. La quasi disparition de larme beylicale ruine la
corporation des armuriers[463] .
Face ce drame, le gouvermenent tente de ragir en ouvrant des coles professionnelles pour enseigner les techniques modernes. Ds 1888, le collge Alaoui est quip
dateliers pour le travail du fer et du bois. En 1898, une
cole professionnelle est fonde Bab Souika o on enseigne le travail du fer, du bois et de la reliure. Un atelier de tissage cr en 1909 initie les artisans au mtier
Jacquard. En 1913, on cre le Laboratoire dessais industriels et commerciaux indignes avec pour but de diuser
parmi les artisans de nouveaux procds et de nouvelles
techniques en mettant leur disposition des ateliers modles. Enn on cre en 1923 lOce de lEnseignement
Professionnel (futur Oce des Arts Tunisiens) qui ouvre
plusieurs centres pourvus dateliers pilotes de tissage ou
de peinture, dispensant une formation professionnelle et
dveloppant lesprit dinvention et de rnovation[464] .
Le ministre du Commerce et de lArtisanat est cr en
1947 et con un ministre tunisien avec pour tche
Vente artisanale de chchias
d organiser la production artisanale et daider son
coulement [465] . Larrive dune nouvelle clientle touAvant mme linstauration du protectorat, lartisanat tu- ristique et la dlit dune clientle locale permettent aux
nisien est touch de plein fouet par la concurrence des artisans de rsister lindustrialisation qui gagne aussi
produits europens qui nhsitent pas imiter les articles la Tunisie. Une enqute mene en 1953 value la main
4.4
Exportations et importations
55
duvre vivant de lartisanat 100 000 personnes et le Lautre principale industrie extractive est celle du fer.
nombre dexploitations 4 500 5 000 Tunis et 23 213 Le plus important gisement se trouve Jrissa dans le
en dehors de la capitale[466] .
nord-ouest tunisien. La Socit du Djebel Djerissa, cre
en 1907, en obtient la concession. La production augmente alors rgulirement pour atteindre 980 000 tonnes
en 1929. Egalement frappe par la crise mondiale, la pro4.3 Production minire
duction chute 215 000 tonnes en 1932 avant de remonter doucement. Mais il faut attendre 1952 pour retrouver
le niveau davant la crise. la n du protectorat, la production atteint un niveau record de 1 170 000 tonnes.
Sige de la Socit du djebel de Djerissa en 1907
La dcouverte et la mise en valeur des mines de phosphates et de fer permettent le dveloppement conomique de rgions trs recules de la Tunisie. Mais dans
un contexte colonial o le transfert des richesses vers la
France est privilgi, il nest jamais envisag la construction dusines de transformation en Tunisie. Les minerais
extraits sont exports directement vers la mtropole. Ils
forment dailleurs une part importante des exportations
pendant toute la priode du protectorat. Ainsi en 1952,
les phosphates reprsentent 15.1% des exportations (en
valeur), les minerais de fer 8.8% alors que le bl nen reprsente que 10.9%[468] .
De trs riches gisements de phosphate sont dcouverts
par Philippe Thomas dans le sud-ouest de la Tunisie entre
1885 et 1886. La Compagnie des phosphates et des chemins de fer de Gafsa est cre en 1897. Elle obtient la
concession des gisements dcouverts la condition de 4.4 Exportations et importations
construire une voie ferre entre les zones minires de
Gafsa et le port de Sfax.
Le commerce extrieur de la Tunisie reste, pendant toute
la priode du protectorat, caractristique dune structure
conomique de type colonial : les produits primaires (denres agricoles, matires minrales) lourds mais de faible
valeur marchande occupent une place dominante dans les
exportations (70 75% du total) alors que les importations comportent essentiellement des produits nergtiques et surtout manufacturs.
Jusquen 1914, les dcits de la balance commerciale ne
sont pas considrables ; seule la population europenne
consomme des biens dimportation. Mais partir de
1923, la balance commerciale ne cesse dtre dcitaire,
particulirement pendant la crise conomique des annes
1930 qui entraine une chute des exportations.
Train charg de minerais de phosphates dans la rgion de Metlaoui
Lexploitation commence ds 1899. Comme la teneur
du minerai est faible en acide phosphorique, des usines
denrichissement du minerai sont construites Mtlaoui,
Moulars et Mdhila, ce dernier gisement ayant t concd la Compagnie du Jebel Mdhila. Dautres gisements
sont galement dcouverts et exploits dans le nord-ouest
tunisien (Kalaat Jerda, Kalaat Senan, Rebiha, Mhiri Zebbs, Bir Lafou). La production de phosphates de chaux atteint un pic plus de 3 millions de tonnes en 1930 avant de
redescendre 1,7 millions de tonnes deux ans plus tard,
victime de la crise mondiale. La production se stabilise
par la suite autour de 2 millions de tonnes jusqu la n
du protectorat[467] .
Aprs la guerre, les besoins de reconstruction, dquipement et de consommation des villes provoquent une augmentation extraordinaire des importations dont la valeur
passe de 3 580 000 francs 59 000 000 francs en 1954
(contre 44 477 000 pour les exportations). La Tunisie est
mme oblige dimporter des crales alors quelle tait
exportatrice jusqualors.
Les dsquilibres sont particulirement importants avec
la zone franc qui a toujours t favorise par les multiples
rformes depuis 1881. Ainsi le pourcentage de couverture
des importations par les exportations vers cette zone est
de 53% en 1950, 64% en 1955 et 63% en 1956. Le dcit
avec la zone dollar est compens par un excdent quasi
permanent avec la zone sterling grce aux exportations
dalfa et de minerais[482] .
56
Dmographie
HRITAGE
ce qui tait rarement le cas jusqualors[496] .
Le caractre obligatoire de linscription ltat-civil est
5.1
Premires estimations de la population rappel par le dcret du 26 dcembre 1919 ce qui semble
Les rares estimations de la population tunisienne avant
1881 chirent le nombre dhabitants 950 000 daprs
le recensement de lempire ottoman fait en 1844 et 1
007 200 daprs les valuations ocielles tunisiennes en
1867[494] .
Labsence dtat-civil et la rticence des populations tunisiennes se faire recenser de peur dtre assujetti
de nouveaux impts expliquent quil faille attendre 1911
pour avoir une premire estimation de la population locale. Le dnombrement des immigrants europens est
plus ais puisquils sont enregistrs aux services consulaires ds leur entre en Tunisie. Et lobligation de mentionner aux services dtat-civil toute naissance ou dcs
permet de suivre leur volution dmographique.
conrmer la rticence des Tunisiens accomplir cette dmarche. La possibilit dobtenir des pensions pour les soldats de la premire guerre mondiale ou des allocations
pour charge de famille nombreuse sont mises en avant
par le gouvernement pour vaincre les rticences[497] .
Les recensements quinquennaux rendent compte de laccroissement de la population tunisienne partir de 1920
grce la diminution progressive de la mortalit (malgr
une forte mortalit infantile), la disparition des grandes
pidmies et des guerres intrieures, la faible frquence
des disettes ainsi que lamlioration de ltat sanitaire[498] .
De 1926 1936, laccroissement atteint un pic 25%
avant de redescendre 21% entre 1936 et 1946 et 19%
entre 1946 et 1956.
5.4 Statistiques de la population
5.2
volution de la population europenne
Le gouvernement du protectorat prend ainsi trs vite
conscience de la supriorit du peuplement italien sur la
population franaise. La proximit de la pninsule ainsi
que les dicults de vie en Sicile expliquent cet aux
permanent. Les incitations limmigration franaise restant insusantes, on recourt aux naturalisations pour tenter un rquilibrage entre les deux populations. Le dcret
du 8 novembre 1921 dclare que tout tranger europen
n en Tunisie de parents qui eux-mmes y taient ns devient automatiquement franais. Ce dcret ne concerne
pas les Italiens puisque le gouvernement franais sest engag ne pas toucher leur statut par la convention du
8 septembre 1896. Les Europens dorigine maltaise, par
contre, sont nombreux demander la naturalisation[66] .
Ces multiples mesures permettent la population franaise de dpasser les italiens ds 1931. La dnonciation
de la convention de 1896 aprs la dclaration de guerre de
lItalie la France en 1940 permet dappliquer aux nouveaux ns italiens le dcret de naturalisation de 1921. La
population franaise devient alors largement majoritaire
parmi la population europenne[495] . La proclamation de
lindpendance en 1956, limplantation de larme de libration nationale la frontire avec lAlgrie, la crise de
Bizerte en 1961 ainsi que la nationalisation des proprits
agricoles europennes en 1964 entranent le dpart progressif de ces populations.
5.3
volution de la population tunisienne
Ce nest que le 28 dcembre 1908 que linscription
ltat-civil devient obligatoire pour les Tunisiens. Ce dcret ne sapplique alors qu Tunis, Monastir, Kairouan et
Sousse. Mais son champ dapplication stend progressivement tout le pays en 1912. Lune des premires consquences est la ncessit dadopter un nom patronymique
6 Hritage
6.1 veil du nationalisme
Le contexte colonial a permis toute une gnration
de se sentir solidaire dans un combat commun. Ainsi,
Mohamed Ennafaa, n en 1917, se souvient de ses premires prises de conscience :
Pour ce qui me concerne, ma premire
prise de conscience, mon veil la vie sociale, ne dpassait pas lhorizon tribal. Javais
conscience dappartenir une tribu, celle des
Sadi, je me sentais solidaire de tous ses
membres, avec devoir de les dfendre et de les
soutenir dans tout dirend avec dautres tribus. [] Ma formation tribale allait cependant
sestomper au l des ans. Mais comme dautres,
jen gardai certaines valeurs et quelques bons
principes. Cest ainsi que se sont perptus en
moi un certain sens de lhonneur et de la dignit, le respect de la parole donne et le devoir
de solidarit.
Le milieu particulier o se passait ma vie
quotidienne, cest--dire linternat de la socit de bienfaisance musulmane, le contact avec
dautres jeunes tunisiens venus de rgions diverses, et par-dessus tout, les chos de la vie politique, sociale et culturelle de la capitale tout
cela nit par largir ma prise de conscience. Je
dcouvris progressivement lide de peuple tunisien et de patrie tunisienne ainsi que lide
dappartenance une culture bien dtermine,
cest--dire la culture arabo-musulmane. Ce
qui donnait mon identit un contenu bien
plus large que mon identit tribale. Du mme
6.2
Francophonie
coup, je pris conscience dune ralit historique, celle du systme colonial et de ses multiples consquences : politiques, sociales et
culturelles[505] .
57
phie, dducation civique sont devenus pauvres, superciels et propres encourager la fermeture sur soi. []
Le programme de philosophie a t expurg des doctrines qui sont de nature favoriser lesprit critique. Cela
sest produit paralllement larabisation de lenseigneCe sentiment est partag par Bourguiba comme il le ment de cette matire. Cette dernire opration a t effectue non par amour de la langue nationale, comme
cone Jean Daniel en 1955 :
on la prtendu, mais pour que les classes de terminale
cessent dtre des ppinires de formation de futurs tu Cest vrai que les civilisations sefdiants contestataires [511] . Et quand Mzali demande au
fondrent et que pour renatre, elles ont besoin
prsident Bourguiba les raisons de son renvoi en 1986,
dun choc. Je nai aucune gne reconnatre
celui-ci lui rpond : Si Mohamed, pourquoi avez-vous
quavant la France la Tunisie tait une sorte
arabis lenseignement ? Je vous avais dit de ne pas le
despace vide, sans ralit et sans me. Quand
faire . Le jour mme, il est dcid davancer lenseigneil y a une place vide, lhistoire est l pour nous
ment du franais la troisime anne du primaire[512] .
dire que la puissance suprieure et voisine est l
Chercheuse lInstitut suprieur d'histoire du mouvement
pour loccuper. Disons que ce travail historique
national, Kmar Bendana analyse la place qua prise la
a incomb la France. Les Franais nous ont
langue franaise dans la socit tunisienne :
fait renatre contre eux, par opposition, par raction. Nous avons pris deux le meilleur pour
Aprs lindpendance de la Tunisie, en
lutter contre la France. Maintenant, votre tra1956,
la relation coloniale avec la France bivail est fait, il faut que vous partiez. Je le dis
furque
pour se focaliser sur la question linguissans haine, malgr les traitements que jai sutique.
La
mobilisation de la langue dans la dbis en prison. Aprs tout, sil fallait un choc poir
nition
de
ltat-nation franais, transpose en
nous faire revivre autant que le choc soit veterre
tunisienne,
constitue un des eets miroirs
nu de la France. De ses militaires, mais aussi,
des
politiques
des
deux tats, dont les rapports
heureusement, de ses instituteurs. Si bien quau
ont
volu
entre
conjonctions
souterraines et
lieu dtre de simples rvolts nous sommes deconits
apparents.
La
France
incarne,
aujourvenus des matrialistes. On nous a exploits,
dhui
encore,
une
certaine
ide
de
la
modernion nous a rveills, il faut nous laisser nous dt dans un pays o les lites sont frues de cet
brouiller seuls[506] .
idal, depuis plusieurs gnrations. La colonisation franaise a permis dasseoir une domination dtat et une politique denseignement
6.2 Francophonie
qui, au bout de soixante quinze ans de protectorat, ont donn la culture franaise un statut
Sil est un dbat qui nest jamais clos en Tunisie, cest
de rfrence incontournable dans la culture tubien celui de la place de la langue franaise dans lennisienne contemporaine. []
seignement tunisien. Au lendemain de lindpendance,
Vers 1900, au bout de deux dcennies
il est dcid que lenseignement de toutes les matires
autres que religieuses (calcul, leon de choses, histoire
de protectorat, le bilinguisme arabe-franais
remplace ociellement le bilinguisme arabeet gographie) serait fait en franais[507] . Les premires
italien puis italien-franais. Une standardisatentatives tentatives darabisation de lenseignement ont
tion la Franaise, par lcole et par le relieu en 1972 lorsque le nouveau ministre de lducation
Mohamed Mzali repousse le dbut de lapprentissage du
crutement professionnel entre peu peu dans
franais de la premire anne de lcole primaire la
le fonctionnement de ltat beylical, justiant
quatrime[508] . partir de 1975, lenseignement de la
le choix des lites politiques bilingues (si ce
philosophie se fait en arabe[509] . Mais le vritable tournest biculturelles). Cette modalit de valorinant a lieu lors du retour de Mzali au ministre de ldusation par le haut devait imprgner la culture
cation en 1976. Sa volont de tunisier lenseignepolitique et les mthodes des cadres qui ont
ment lamne repousser dune anne supplmentaire
pris les rnes de ltat aprs lindpendance.
lenseignement du franais en cole primaire et arabiJusqu nos jours, la politique tunisienne dans
ser lenseignement de lhistoire et de la gographie dans
ses discours comme dans ses pratiques adle cycle secondaire[510] . Malgr les rticences des autres
ministratives est essentiellement faonne par
ministres, la rforme est entrine mais jamais accepune culture bureaucratique centralise, instaute. Des annes plus tard, Mohamed Char, ministre de
re par le protectorat franais. []
lducation de 1989 1994 crit : Je remarque que
La langue arabe est rige en langue ole niveau de lenseignement secondaire a normment
cielle par la Constitution de 1959, signe dune
baiss, la suite des direntes mesures prises au cours
inuence du constitutionnalisme franais qui
des annes 1970. Les programmes dhistoire, de gograperdure encore. Le d de ltat tunisien en
58
7
construction est alors double : redcouvrir des
racines perdues et rtablir sa place dans le
monde arabe. Un indice en dit long sur la persistance souterraine de linuence franaise :
jusque vers les annes 2000, la matrice du
Journal ociel de la Rpublique tunisienne
est rdige en franais avant dtre traduite en
arabe. []
Dans le langage courant, le couple arbi/souri (arabe/franais) recouvre couramment
la distinction traditionnel/moderne. Or, comme
tout clich, ces formules laissent chapper une
multitude de cas hybrides, de situations mixtes
et surtout une dynamique incontrlable. Les
termes dsormais clbres Normal et Dgage tmoignent dune appropriation tunisienne de la langue franaise. De son ct, la
langue arabe nationale a intgr des termes
comme Klniali (colonial), bien que son quivalent (Istimr) existe, ou birqrta (bureaucratie). Le jargon a transpos Jaghrasisiyya
(go-politique) et les expressions comme Nasb al assad (part du lion), hat saqu sshan
(mettre le pied dans le plat) ou lougha khachabiyya (langue de bois) sont un matriau chri
des humoristes et rgalent les socio-linguistes.
Ces traces nen sont pas moins des incrustations
dans la culture actuelle quaucun politiquement
correct ne peut eacer ni empcher[513] .
6.3
Culture franaise
La langue tant vecteur de culture, le mme article de
Kmar Bendana voque lhritage culturel laiss par le protectorat :
regarder la socit tunisienne aujourdhui, beaucoup dautres langages voquent
linuence culturelle franaise. Pour en prendre
la mesure, il sut de considrer un autre point
de vue, celui de la rception de la culture franaise par la population tunisienne. En eet,
en dehors des modles qui imprgnent la politique, son fonctionnement et ses rfrences, les
empreintes de la culture coloniale au niveau des
mentalits, des gots et des manires de vivre
et de faire sont multiples. []
Dans un premier temps, la diusion culturelle sous le protectorat est plus urbaine que
rurale, touche davantage les hommes que les
femmes mais elle imbibe graduellement la socit tunisienne. La cration dassociations et
dquipes sportives, lintroduction du cinma
Tunis ds 1896, peu aprs sa naissance, lapparition dune cole de peinture vers 1930, la
naissance des cin-clubs en 1946 sont autant
dinitiatives culturelles qui marquent une mi-
NOTES ET RFRENCES
norit de Tunisiens, considrs aprs lindpendance comme des pionniers dans leurs domaines. Linuence culturelle franaise joue
galement sur la vie familiale comme elle agit
sur la sensibilit des Tunisiens et jusque dans la
vie intime. titre dexemple, la conception de
lamour, de la vie conjugale, lducation des enfants, ont t largement transformes par la lecture (notamment fminine) des magazines, par
lcoute des chansons la radio et la frquentation des lms et spectacles. Cette dimension
intime de linuence rejoint celle qui est induite
par larchitecture publique et prive : la vie en
appartement qui se rpand en ville change le
rapport lespace, la famille largie et jusquaux gestes du quotidien[513] .
7 Notes et rfrences
[1] (fr) J. F. Ade Ajayi, Histoire gnrale de l'Afrique :
L'Afrique au XIXe sicle jusque vers les annes 1880, d.
Unesco, Paris, 1996, p. 509
[2] (fr) J. F. Ade Ajayi, op. cit., p. 549
[3] (fr) G. S. van Krieken, Khayr al-Dn et la Tunisie, 18501881, d. Brill Archive, Leyde, 1976, p. 267
[4] (fr) J. F. Ade Ajayi, op. cit., p. 498
[5] Quelques dices coloniaux ont conserv leur souvenir
dans leur architecture (tuiles vernisses).
[6] Camille Mifort, Combattre au Kef en 1881 quand la Tunisie devint franaise, d. MC-Editions, Carthage, 2014,
p. 49
[7] Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi, Quand le soleil sest lev
l'ouest, d. Crs Productions, Tunis, 1983, p. 80
[8] Ministre de la Guerre, L'expdition militaire en Tunisie.
1881-1882, d. Henri-Charles Lavauzelle, Paris, 1898, p.
42
[9] Ministre de la Guerre, op. cit., p. 30
[10] Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi, op. cit., p. 84
[11] Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi, op. cit., p. 85
[12] [PDF] Paul dEstournelles de Constant, La conqute de
la Tunisie. Rcit contemporain couronn par l'Acadmie
franaise, d. Sfar, Paris, 2002, p. 167
[13] Luc Galliot, Essai sur la vre typhode observe pendant
lexpdition de Tunisie, d. Imprimerie Charaire et ls,
Sceaux, 1882, p. 7
[14] Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi, op. cit., p. 101
[15] Narcisse Faucon, La Tunisie avant et depuis loccupation
franaise, d. Augustin Challamel, Paris, 1893, p. 308
[16] Camille Mifort, op. cit., p. 89
59
[17] Hachemi Karoui et Ali Mahjoubi, op. cit., p. 114-115
[18] Camille Mifort, op. cit., p. 93
[19] Camille Mifort, op. cit., p. 107-113
[20] Paul d'Estournelles de Constant, op. cit., p. 221-225
[21] Henri Cambon, Histoire de la Rgence de Tunis, d.
Berger-Levrault, Paris, 1948, p. 168
[22] Auguste Sebaut, Dictionnaire de la lgislation tunisienne,
d. Imprimerie de Franois Carr, Dijon, 1888, p. 205
[44] (fr) [PDF] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes
Tunisiens (1882-1912), d. Revue franaise dhistoire
doutre-mer, volume 54, N 194-197, 1967, p. 94-96
[45] (fr) [PDF] Archives nationales (site de Paris), Dossiers de
recours en grce de condamns mort (1900 1916), p.
1, 157, 197
[46] Franois Arnoulet, Rsidents gnraux de France en Tunisie... ces mal aims, d. Narration ditions, Marseille,
1995, p. 21-22 (ISBN 2909825086)
[47] Ahmed Kassab, op. cit., p. 345
[23] Henri Cambon, op. cit. , p. 177
[48] Ahmed Kassab, op. cit., p. 344
[24] Jean-Franois Martin, Histoire de la Tunisie contemporaine. De Ferry Bourguiba. 1881-1956, d. LHarmattan, Paris, 2003, p. 71 (ISBN 9782747546263).
[25] Auguste Sebaut, op. cit., p. 356
[26] Auguste Sebaut, op. cit., p. 160
[49] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 184
[50] Henri Cambon, op. cit., p. 248
[51] Henri Cambon, op. cit., p. 255
[52] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 79
[27] Auguste Sebaut, op. cit., p. 175
[28] Paul Lambert, Dictionnaire illustr de la Tunisie, d. C.
Saliba An, Tunis, 1912, p. 310
[53] Ahmed Ounaies, Histoire gnrale de la Tunisie, vol. IV.
Lpoque contemporaine (1881-1956) , d. Sud ditions, Tunis, 2010, p. 366-368 (ISBN 9789938010220).
[29] Paul Lambert, op. cit., p. 157
[54] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 117-119
[30] lisabeth Mouilleau, Fonctionnaires de la Rpublique et
artisans de lempire. Le cas des contrleurs civils en Tunisie
(1881-1956), d. LHarmattan, Paris, 2000, p. 37 (ISBN
2738497691)
[55] Taouk Ayadi, op. cit., p. 202-203
[31] lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 51
[32] lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 53
[33] lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 59
[34] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 75
[35] Henri Cambon, op. cit., p. 185
[56] Taouk Ayadi, op. cit., p. 223-254
[57] [PDF] Ligue franaise pour la dfense des droits de
lhomme et du citoyen, Larbitraire en Tunisie. Rapport de
M. Goudchaux-Brunschwicg, avocat la cour dappel de
Paris, d. Imprimerie R. Laroche, Paris, 1911, p. 4
[58] Taouk Ayadi, op. cit., p. 128
[59] ric Deroo et Pascal Le Pautremat, Hros de Tunisie : spahis et tirailleurs d'Ahmed Bey 1er M. Lamine Bey, 1837 1957, Tunis, Crs, 2005, p. 74
[36] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 76
[37] (fr) [PDF] Jean-Christophe Fichou, La signalisation maritime en Tunisie (1881-1920) ou les phares de la prsence
coloniale, Revue des mondes musulmans et de la Mditerrane, N28, dcembre 1910, p. 257
[38] Ahmed Kassab, Histoire gnrale de la Tunisie, vol. IV.
Lpoque contemporaine (1881-1956) , d. Sud ditions, Tunis, 2010, p. 351
[39] Ahmed Kassab, op. cit., p. 349
[40] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 89
[41] (fr) [PDF] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie. Anne 1914, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, 1915, Tunis, p. 247
[42] (fr) [PDF] Charles Monchicourt, La rgion du haut tell en
Tunisie, d. Librairie Armand Colin, 1913, Paris, p. 174
[43] Taouk Ayadi, Mouvement rformiste et mouvements populaires Tunis (1906-1912), d. Publications de lUniversit de Tunis, Tunis, 1986, p. 220
[60] Arthur Pellegrin, Histoire de la Tunisie, Tunis, Bouslama,
1975, p. 244
[61] Mahmoud Abdelmoula, La Tunisie, le Maghreb et le panislamisme pendant la Grande Guerre : limpt du sang, Tunis, MTM, 2007, p. 87
[62] Mahmoud Abdelmoula, op. cit., p. 84
[63] Abdelaziz Thalbi, La Tunisie martyre, d. Dar al-Gharb
al-Islami, Beyrouth, 1985, p. 235
[64] Moncef Dellagi, Abdelaziz Thaalbi. Naissance du mouvement national tunisien, d. Carthaginoiseries, Carthage,
2013, p. 163-195 (ISBN 9789973704269).
[65] Henri Cambon, op. cit., p. 224
[66] Franois Arnoulet, op. cit., p. 116
[67] Daniel Goldstein, Libration ou annexion. Aux chemins
croiss de lhistoire tunisienne, 1914-1922, d. Maison tunisienne de ldition, Tunis, 1978, p. 484-486
[68] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 389
60
[69] Roger Casemajor, Laction nationaliste en Tunisie, d.
MC-ditions, Carthage, 2009, p. 71
[70] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 121
NOTES ET RFRENCES
[99] Omar Khli, Moncef Bey, le roi martyr, d. MC-ditions,
Carthage, 2006, p. 114
[100] Franois Arnoulet, op. cit., p. 187-188
[71] Flix Garas, Bourguiba et la naissance dune nation, d. [101] Louis Audouin-Dubreuil, La guerre de Tunisie (novembre
1942-mai 1943), d. Payot, Paris, 1945, p. 23
Julliard, Paris, 1956, p. 71
[72] Elizabeth Mouilleau, op. cit., p. 402
[73] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 402
[102] Mohamed Noureddine Dhouib, La Tunisie dans le tourbillon de la seconde guerre mondiale, d. MC ditions,
Tunis, 2013, p. 27
[74] Anissa El Materi Hached, Mahmoud El Materi, pionnier [103] Mohamed Noureddine Dhouib, op. cit., p. 31
de la Tunisie moderne, d. Les Belles Lettres, Paris, 2011,
[104] Michel Abitbol, Les Juifs dAfrique du Nord sous Vichy,
p. 105
d. Riveneuve, Paris, 2008, p. 160-161
[75] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 407
[105] Franois Arnoulet, op. cit., p. 195
[76] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 141
[106] Franois Arnoulet, op. cit., p. 193
[77] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 142-143
[107] Franois Arnoulet, op. cit., p. 197
[78] Roger Casemajor, op. cit., p. 95
[108] Franois Arnoulet, op. cit., p. 198
[79] Mustapha Kraem, Mouvement national et Front populaire. [109] Franois Arnoulet, op. cit., p. 200
La Tunisie des annes trente, tome II, d. Institut suprieur
[110] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 192
dhistoire du mouvement national, Tunis, 1996, p. 165
[80] Mutapha Kraem, op. cit., p. 306
[111] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 213
[81] Anissa El Materi, op. cit., p. 157
[112] Louis Prillier, La conqute de lindpendance tunisienne,
d. Robert Laont, Paris, 1979, p. 73
[82] Roger Casemajor, op. cit., p. 120
[113]
[83] Charles-Andr Julien, LAfrique du Nord en marche, d.
[114]
Julliard, Paris, 1952, p. 90
[115]
[84] Pierre-Albin Martel, Habib Bourguiba. Un homme, un
sicle, d. du Jaguar, Paris, 1999, p. 40
[116]
[85] (fr) Andre Viollis, Notre Tunisie, d. Gallimard, Paris,
1939, p. 104
[86] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 189
lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 369
lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 372
Omar Khli, Lassassinat de Salah Ben Youssef, d. MCditions, Carthage, 2005, p. 138
(fr) [PDF] Dcret du 3 aot 1956 portant rorganisation
du Ministre de la Justice, Journal ociel de la Rpublique
tunisienne, N64, 10 aot 1956, p. 1101
[117] Ahmed Mestiri, Tmoignage pour lHistoire, d. Sud ditions, Tunis, 2011, p. 115-116 (ISBN 9789938010510).
[87] Serge La Barbera, Les Franais de Tunisie (1930
1950), d. LHarmattan, Paris, 2006, p. 146(ISBN [118] (fr) [PDF] Loi N57-40 du 27 septembre 1957 portant
9782296010758).
suppression du Tribunal Rabbinique, Journal ociel de la
Rpublique tunisienne, N19, 27 septembre 1957, p. 182
[88] Andre Viollis, op. cit., p. 106
[119] (fr) [PDF] Loi N57-45 du 9 octobre 1957 portant sup[89] Serge La Barbera, op. cit., p. 145
pression des Chambres conomiques, Journal ociel de
la Rpublique tunisienne, n23, 17 octobre 1957, p. 241
[90] Andre Viollis, op. cit., p. 111
[120] (fr) [PDF] Dcret du 31 mai 1956 portant prise en charge
[91] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 190
par ltat des dpenses caractre religieux ou social de la
Djemaa des Habous, transfrant les biens habous publics
[92] Serge La Barbera, op. cit., p. 167
au Domaine de ltat et prononant la mise en liquidation
de la Djemaa des Habous, Journal ociel de la Rpu[93] Serge La Barbera, op. cit., p. 168
blique tunisienne, N44, 1er juin 1956, p. 720
[94] Serge La Barbera, op. cit., p. 218
[121] (fr) [PDF] Dcret du 18 juillet 1957 portant abolition du
rgime des habous privs et mixte, Journal ociel de la
[95] Franois Arnoulet, op. cit., p. 175
Rpublique tunisienne, N58, 19 juillet 1957, p. 866
[96] Roger Casemajor, op. cit., p. 154
[122] (fr) Historique de la SNCFT
[97] Franois Arnoulet, op. cit., p. 176-181
[123] Omar Khli, Bizerte. La guerre de Bourguiba, d. MC[98] Pierre-Albin Martel, op. cit., p. 42
Editions, Carthage, 2006, p. 16
61
[124] Omar Khli, Bizerte. La guerre de Bourguiba, p. 25
[125] Omar Khli, Bizerte. La guerre de Bourguiba, p. 46
[126] Omar Khli, Bizerte. La guerre de Bourguiba, p. 194
[147] Omar Khli, Moncef Bey, le roi martyr, d. MC-ditions,
Carthage, 2006, p. 138
[148] Mohamed Salah Mzali, op. cit., p. 195
[149] Mohamed Salah Mzali, op. cit., p. 215
[127] (fr) [PDF] Hubert Thierry, La cession la Tunisie
des terres des agriculteurs franais protocoles franco- [150] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 303
tunisiens des 13 octobre 1960 et 2 mars 1963, Annuaire
[151] Louis Prillier, La conqute de lindpendance tunisienne,
franais de droit international, N 9, 1963, p. 934-946
d. Robert Laont, Paris, 1979, p. 191
[128] (fr) [PDF] Dcret N64-625 du 23 juillet 1964 portant
[152] Mohamed Salah Mzali, op. cit., p. 284
publication de laccord conclu entre le Gouvernement de
la Rpublique Tunisienne et le Saint-Sige, Journal ociel [153] Charles-Andr Julien, Et la Tunisie devint indpendante...
de la Rpublique tunisienne, N36, 24 juillet 1964, p. 902
(1951-1957), d. Jeune Afrique, Paris, 1985, p. 164
[129] Franois Dornier, Les Catholiques en Tunisie au l des [154] Convention du 03 juin 1955 - Dispositions gnrales - Arjours, d. Imprimerie Finzi, Tunis, 2000, p. 102
ticle 7
[130] (fr) [PDF] Bchir Turki, clairage sur les recoins sombres [155] Louis Prillier, op. cit., p. 248-252
de lre bourguibienne, d. Clairefontaine S.A., Tunis,
[156] Louis Prillier, op. cit., p. 286
2011, p. 57
[131] (fr) [PDF] Loi du 3 dcembre 1957 modiant la loi n57- [157] Khelifa Chater, Tahar Ben Ammar (1889-1985), d. Nirvana, Tunis, 2010, p. 242
59 relative l'indignit nationale, Journal ociel de la Rpublique tunisienne, n28, 3 dcembre 1957, p. 474
[158] Louis Prillier, op. cit., p. 294-295
[132] (fr) Khelifa Chater, Changements politiques et exclu[159] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 314
sions lors de la dcolonisation : le cas du Makhzen en Tunisie (1954 1959) , Cahiers de la Mditerrane, vol. 69, [160] Elie Fitoussi et Aristide Benazet, op. cit., p. 262-263
2004, p. 63-75
[161] Auguste Sebaut, op. cit., p. 101
[133] Noura Borsali, Bourguiba lpreuve de la dmocratie, d.
[162] lisabeth Mouilleau, op. cit., p. 66
Samed, Sfax, 2008, p. 111
[134] (fr) Azzedine Azzouz, LHistoire ne pardonne pas. Tu- [163]
nisie : 1938-1969, d. LHarmattan/Dar Ashraf, Pa[164]
ris/Tunis, 1988, p. 219 et suiv.
[165]
[135] (fr) Amde Rivire La Tunisie , d. Challamel An
diteur, Paris, 1887, p. 27
[166]
Ahmed Ounaies, op. cit., p. 318
Elie Fitoussi et Aristide Benazet, op. cit., p. 217bis
Ahmed Ounaies, op. cit., p. 317
Ahmed Ounaies, op. cit., p. 321
[136] (fr) H. Duveyrier La Tunisie , d. Librairie Hachette et [167] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 322
Cie, 1881, p. 14
[168] Arfaoui Khmais, Les lections politiques en Tunisie de
[137] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 303
1881 1956, d. LHarmattan, Paris, 2011, p. 17
[138] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 65
[169] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 18
[139] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 292]
[170] (fr) Rodd Balek, La Tunisie aprs la guerre, d. Publication du Comit de lAfrique franaise, Paris, 1920-1921,
p. 373
[140] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 306
[141] Elie Fitoussi et Aristide Benazet, Ltat tunisien et le pro- [171] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 365
tectorat franais, d. Rousseau & Cie diteurs, Paris,
[172] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 45-51
1931, p. 172
[142] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 307
[173] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 328-331
[143] Auguste Sebaut, op. cit., p. 335
[174] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 71
[144] Mohamed Salah Mzali, Au l de ma vie, d. Hassan Mzali, [175] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 84
Tunis, 1972, p. 282
[176] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 86
[145] Ministre des Aaires Etrangres, Rapport au Prsident de [177] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 625
la Rpublique sur la situation en Tunisie en 1921, d. Ch.
Weber & Cie, Tunis, 1922, p. 153
[178] David Lambert, op. cit, p. 183
[146] Mohamed Salah Mzali, op. cit., p. 283
[179] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 87
62
[180] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 99
[181] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 88-89
[182] (fr) Conseils municipaux du Kef
NOTES ET RFRENCES
[209] Louis Prillier, La conqute de lindpendance tunisienne,
d. Robert Laont, Paris, 1979, p. 252
[210] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 83-84
[184] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 105
[211] (fr) [PDF] Paul Zeys, Code annot de la Tunisie Tome I,
d. Imprimerie Berger-Levrault et Cie, 1901, Nancy, p.
437
[185] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 112
[212] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 335-336
[186] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 110
[213] (fr) [PDF] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie. Anne 1914, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, 1915, Tunis, p. 79
[183] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 103
[187] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 118
[188] Louis Prillier, La conqute de lindpendance tunisienne,
d. Robert Laont, Paris, 1979, p. 248-252
[214] Bchir Yazidi, La politique coloniale et le domaine de
ltat en Tunisie, d. Sahar, Tunis, 2005, p. 65(ISBN
[189] Arfaoui Khmais, op. cit, p. 138-139
9973281527).
[190] Franois Arnoulet, op. cit., p. 126
[191] Ahmed Ounaies, op. cit, p. 335
[192] Ahmed Ounaies, op. cit, p. 337
[215] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 20
[216] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 89]
[217] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 225
[193] David Lambert, Notables des colonies. Une lite de cir[218] Bchir Yazidi, op. cit., p. 85
constance en Tunisie et au Maroc (1881-1939), d. Presses
universitaires de Rennes, Rennes, 2009, p. 78(ISBN [219] Bchir Yazidi, op. cit., p. 102
9782753508484).
[220] Ahmed Kassab, op. cit., p. 44
[194] Ahmed Ounaies, op. cit, p. 338
[221] Bchir Yazidi, op. cit., p. 108
[195] Ahmed Ounaies, op. cit, p. 340
[222] Bchir Yazidi, op. cit., p. 130
[196] Khelifa Chater, Tahar Ben Ammar (1889-1985), p. 83
[223] Bchir Yazidi, op. cit., p. 160
[197] Ahmed Ounaies, op. cit, p. 339
[198] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 312-313
[224] Bchir Yazidi, op. cit., p. 181
[199] Albert-Armand Maarek, Les Juifs de Tunisie, d. Glyphe, [225] Bchir Yazidi, op. cit., p. 185
Paris, 2010, p. 129(ISBN 9782358150330).
[226] Bchir Yazidi, op. cit., p. 197
[200] Annie Deperchin, La ngociation de labandon des justices [227] Bchir Yazidi, op. cit., p. 218
consulaires in La justice franaise et le droit pendant le
protectorat en Tunisie ouvrage collectif sous la direction [228] Bchir Yazidi, op. cit., p. 220
de Nada Auzary-Schmaltz, d. Institut de recherche sur
le Maghreb contemporain Maisonneuve & Larose, Paris, [229] Bchir Yazidi, op. cit., p. 226
2008, p. 132(ISBN 9782706819971).
[230] Bchir Yazidi, op. cit., p. 228
[201] Henri Cambon, op. cit., p. 178
[231] Bchir Yazidi, op. cit., p. 241
[202] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 322
[232] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 450
[203] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 317
[233] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
[204] Henri Cambon, op. cit., p. 198
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie (1881-1890), d. Imprimerie nationale, Paris,
[205] Henri Cambon, op. cit., p. 223
1890, p. 42
[206] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 360
[207] Ahmed Ounaies, op. cit., p. 362
[234] Bchir Yazidi, op. cit., p. 249
[235] Bchir Yazidi, op. cit., p. 251
[208] Ali Noureddine, La Cour dappel de Tunis : une cration
[236] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 7
tardive (juillet 1941) in La justice franaise et le droit
pendant le protectorat en Tunisie ouvrage collectif sous [237] Paul Vign d'Octon, La sueur du burnous, d. Les Nuits
la direction de Nada Auzary-Schmaltz, d. Institut de reRouges, Paris, 2001, p. 84-88 (ISBN 9782913112124)
cherche sur le Maghreb contemporain Maisonneuve & La[238] Ahmed Kassab, op. cit., p. 51
rose, Paris, 2008, p. 120(ISBN 9782706819971).
63
[239] Ahmed Kassab, op. cit., p. 53
[265] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[240] Abdelmajid Dhouib, Zarzis et ses environs laube de
la Tunisie en 1896, d. Imprimerie nationale, Paris, 1897,
lindpendance, d. MC ditions, Tunis, 2014(ISBN
p. 164
9789938807752).
[266] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
[241] Abdelmajid Dhouib, op. cit., p. 53
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1901, d. Imprimerie nationale, Paris, 1902,
[242] Abdelmajid Dhouib, op. cit., p. 62-64
p. 366
[243] Abdelmajid Dhouib, op. cit., p. 54
[244] Abdelmajid Dhouib, op. cit., p. 65
[245] (fr) [PDF] Statistique gnrale de la Tunisie. Anne 1914,
p. 247
[246] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 334, 335
[247] Daniel Goldstein, op. cit., p. 96
[248] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 324
[249] (fr) [PDF] Hubert Thierry, La cession la Tunisie
des terres des agriculteurs franais protocoles francotunisiens des 13 octobre 1960 et 2 mars 1963, Annuaire
franais de droit international, N 9, 1963, p. 934
[250] Hubert Thierry, op. cit., p. 939
[251] Hubert Thierry, op. cit., p. 940
[252] Hubert Thierry, op. cit., p. 941
[253] Hubert Thierry, op. cit., p. 946
[254] (fr) [PDF] Loi N64-5 du 12 mai 1964 relative la proprit agricole en Tunisie, Journal ociel de la Rpublique tunisienne, n24, 12 mai 1964, p. 575
[267] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie (1881-1890), p. 144
[268] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1897, d. Imprimerie nationale, Paris, 1898,
p. 172
[269] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1901, p. 386
[270] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1903, d. Imprimerie nationale, Paris, 1904,
p. 404-405
[271] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1907, d. Imprimerie nationale, Paris, 1908,
p. 230-231
[272] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1903, p. 438-439
[273] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1906, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1907, p. 359
[255] Genevive Goussaud-Falgas, Franais de Tunisie. Les der- [274] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
nires annes du protectorat, d. Alan Sutton, Saint-Cyr
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
sur Loire, 2004, p. 119(ISBN 9782849100011).
la Tunisie en 1912, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1913, p. 306-307
[256] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 82
[275] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
[257] Paul dEstournelles de Constant, op. cit., p. 58
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1915, d. Socit anonyme de limprimerie
[258] (fr) [PDF] Journal ociel de la Rpublique franaise. Drapide, Tunis, 1916, p. 161
bats parlementaires. Sance du 1er avril 1884
[259] Paul d'Estournelles de Constant, op. cit., p. 288
[260] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 73
[276] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1918, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1919, p. 313
[261] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 74
[262] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie (1881-1890), p. 132
[277] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1908, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1909, p. 262-263
[263] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres, [278] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1892, d. Imprimerie nationale, Paris, 1893,
la Tunisie en 1917, d. Socit anonyme de limprimerie
p. 100
rapide, Tunis, 1918, p. 246
[264] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres, [279] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1893, d. Imprimerie nationale, Paris, 1894,
la Tunisie en 1919, d. Socit anonyme de limprimerie
p. 117
rapide, Tunis, 1920, p. 396
64
NOTES ET RFRENCES
[280] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres, [301] Note du rsident gnral Louis Prillier au ministre des
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
Aaires trangres franais Robert Schuman in Mohala Tunisie en 1915, d. Socit anonyme de limprimerie
med Sayah (texte runis et comments par), Histoire du
rapide, Tunis, 1916, p. 205
mouvement national tunisien. Document XII. Pour prparer la troisime preuve. 3 Le No-Destour engage un ul[281] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
time dialogue 1950/51, d. Imprimerie ocielle, Tunis,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
1974, p. 170
la Tunisie en 1918, d. Socit anonyme de limprimerie
[302] Franois Arnoulet, op. cit., p. 85
rapide, Tunis, 1919, p. 357
[282] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres, [303] Franois Arnoulet, op. cit., p. 180
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[304] Ahmed Kassab, op. cit., p. 136
la Tunisie en 1924, d. Albert Gunard, Tunis, 1925, p.
242-243
[305] (fr) [PDF] Loi n58-109 du 18 octobre 1958 portant rforme montaire, Journal ociel de la Rpublique tuni[283] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
sienne, no 83-84, 17-21 octobre 1958, p. 986
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1923, d. Albert Gunard et Franchi, Tunis, [306] Ahmed Mestiri, op. cit., p. 134
1924, p. 272-273
[307] (fr) [PDF] Loi no 58-140 du 30 dcembre 1958 portant
dnition du dinar, Journal ociel de la Rpublique tuni[284] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
sienne, no 104, 30 dcembre 1958, p. 1260
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1925, d. Albert Gunard, Tunis, p. 109
[308] Ahmed Mestiri, Tmoignage pour lHistoire, d. Sud ditions, Tunis, 2011, p. 136(ISBN 9789938010510).
[285] (fr) [PDF] Ministre des Aaires Etrangres Rapport au
prsident de la Rpublique sur la situation de la Tunisie
[309] Honor Pontois, Les odeurs de Tunis, d. Albert Savine,
(1881-1890), Paris, Imprimerie nationale, p. 25
Paris, 1889, p. 274
[286] [PDF] Najla Abdeddayem Chronique de lhistoire de la [310] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 107
scalit tunisienne, ladministration nancire pendant la
priode du protectorat , Magazine des lois scales, n1, [311] (fr) [PDF] Dcret du 2 fvrier 1956 relatif la gestion
2012, p. 154
des Chemins de Fer Tunisiens, Journal ociel de la Rpublique tunisienne, n 10, 3 fvrier 1956, p. 154
[287] Najla Abdeddayem, op. cit., p. 153
[312] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 112
[288] Najla Abdeddayem, op. cit., p. 161
[313] Franois Arnoulet, op. cit., p. 44
[289] Najla Abdeddayem, op. cit., p. 162
[314] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 783
[290] Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[315] Andre Viollis, op. cit., p. 143
la Tunisie (1881-1890), p. 28
[291] Franois Arnoulet, op. cit., p. 48
[316] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 239
[317] (fr) Sarra Touzi, La ncessaire volution des impratifs
d'quit et d'ecacit dans la gestion de l'eau potable
en Tunisie (thse de doctorat), d. Universit de Corse
[293] [PDF] Ministre franais des Aaires trangres, Rapport
Pascal-Paoli, Corte, 2009, p. 96
au prsident de la Rpublique sur la situation de la Tunisie (1881-1890), d. Imprimerie nationale, Paris, 1890, p. [318] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 114
132
[319] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 240
[294] (fr) [PDF] Ministre des Aaires Etrangres Rapport au
prsident de la Rpublique sur la situation de la Tunisie en [320] (fr) Oce de la marine marchande et des ports, Des ports
ancrs dans lHistoire
1894, Paris, Imprimerie nationale, 1895, p. 17
[292] Franois Arnoulet, op. cit., p. 76
[295] Dcret du 29 dcembre 1913, Journal ociel tunisien, no [321] (fr) Les traverses Aro-maritimes (1909-1914)
105, 31 dcembre 1913, p. 1305
[322] (fr) [PDF] Grard Hartmann, Le dveloppement du transport arien en Europe (1919-1932)
[296] Najla Abdeddayem op. cit., p. 116
[323] (fr) [PDF] Les hydravions Vitrolles
[297] Franois Arnoulet, op. cit., p. 151
[324] (fr) Clbration du 90me anniversaire de larodrome de
[298] Taouk Ayadi, op. cit., p. 120
Tunis
[299] Daniel Goldstein, op. cit., p. 82
[325] (fr) Marcel Berger, pionnier de Tunisair
[300] Damniel Goldstein, op. cit., p. 79
[326] (fr) Historique de Tunisair
65
[327] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire [356]
statistique de la Tunisie 1940-50, p. 83
[357]
[328] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, p. 94
[358]
[329] (fr) [PDF] Loi no 59-9 du 17 janvier 1959 portant cration du Service de lAronautique Civile et de la Mtorologie, Journal ociel de la Rpublique tunisienne, no 4,
[359]
20 janvier 1959, p. 48
[330] (fr) Turesse, Air France sortirait de Tunisair
Grgory Berthier, op. cit., p. 524
Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
p. 111
Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, Luvre scolaire de la France en Tunisie (1883-1930),
d. Imprimerie Victor Berthod, Bourg, 1931, p. 170
Mongi Smida, Histoire gnrale de la Tunisie, vol. III.
Les Temps Modernes (1247-1881) , d. Sud ditions,
Tunis, 2007, p. 340 (ISBN 9789973844767).
[331] (fr) [PDF] Marcel Chartier, Trac de laroport de Tu- [360] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 125
nis, in Annales de la gographie, volume 60, numro 318,
[361] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
1951, p. 73-74
p. 110
[332] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
[362] (fr) [PDF] Louis Machuel, Lenseignement public dans la
statistique de la Tunisie 1951-52, p. 83
rgence de Tunis, d. Imprimerie nationale, 1889, Paris,
[333] (fr) [PDF] Jean-Christophe Fichou, La signalisation map. 4
ritime en Tunisie (1881-1920) ou les phares de la prsence
coloniale, Revue des mondes musulmans et de la Mditer- [363] Louis Machuel, op. cit., p. 64
rane, N28, dcembre 1910, p. 252
[334] Jean-Christophe Fichou, op. cit., p. 253
[335] Jean-Christophe Fichou, op. cit., p. 255
[364] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 126
[365] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 146
[336] Ce phare est le premier au monde construit en bton et le [366] Louis Machuel, op. cit., p. 5
plus haut btiment lpoque construit dans ce matriau
[367] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 16
[337] Jean-Christophe Fichou, op. cit., p. 256
[338] Jean-Christophe Fichou, op. cit., p. 259
[339] Jean-Christophe Fichou, op. cit., p. 261
[368] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 21
[340] Honor Pontois, op. cit., p. 281
[369] Souad Bakalti, La femme tunisienne au temps de la colonisation, d. lHarmattan, Paris, 1996, p. 134
[341] Sarra Touzi, op. cit., p. 88
[370] Souad Bakalti, op. cit., p. 136
[342] Sarra Touzi, op. cit., p. 117
[371] Souad Bakalti, op. cit., p. 125
[343] Sarra Touzi, op. cit., p. 89-90
[372] Souad Bakalti, op. cit., p. 128
[344] Sarra Touzi, op. cit., p. 92
[373] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 171
[345] Sarra Touzi, op. cit., p. 93-94
[346] Sarra Touzi, op. cit., p. 95-99
[374] Souad Bakalti, op. cit., p. 131
[347] Sarra Touzi, op. cit., p. 100
[375] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 172-174
[348] Sarra Touzi, op. cit., p. 124
[376] Louis Machuel, op. cit., p. 22-24
[349] Auguste Sebaut, op. cit., p. 112
[377] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 67-70
[350] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 100
[351] Sarra Touzi, op. cit., p. 126
[378] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
p. 121
[352] Sarra Touzi, op. cit., p. 118
[379] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 167-169
[353] (fr) [PDF] Grgory Berthier, De llectricit coloniale
llectricit nationale : le cas tunisien 1952-1962, Revue
dHistoire dOutre-Mer, Volume 89, N334-335, 2002, p. [380] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
p. 120
517
[354] Grgory Berthier, op. cit., p. 515
[355] Grgory Berthier, op. cit., p. 518
[381] (fr) [PDF] Noureddine Sraieb, Mutations et rformes des
structures de lenseignement en Tunisie, in Annuaire de
lAfrique du Nord, d. Du CNRS, Paris, 1968, p. 51
66
NOTES ET RFRENCES
[382] Direction gnrale de linstruction publique et des beaux- [405] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
arts, op. cit., p. 87
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1896, p. 68-69
[383] Direction gnrale de linstruction publique et des beaux[406] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
arts, op. cit., p. 71-74
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[384] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxla Tunisie en 1897, p. 68-69
arts, op. cit., p. 84
[407] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
[385] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxRapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
arts, op. cit., p. 113-114
la Tunisie en 1898, d. Imprimerie nationale, Paris, 1899,
p. 63
[386] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 103
[408] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[387] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxla Tunisie en 1899, d. Imprimerie nationale, Paris, 1900,
arts, op. cit., p. 147
p. 106
[388] Direction gnrale de linstruction publique et des beaux[409] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
arts, op. cit., p. 146-153
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1903, p. 178-179
[389] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxarts, op. cit., p. 58-62
[410] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
[390] Direction gnrale de linstruction publique et des beauxla Tunisie en 1904, d. Socit anonyme de limprimerie
arts, op. cit., p. 53
rapide, Tunis, 1905, p. 420-421
[391] Direction gnrale de linstruction publique et des beaux[411] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
arts, op. cit., p. 52
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1907, p. 38-39
[392] Noureddine Sraieb, Lenseignement en Tunisie, p. 53
[393] (fr) [PDF] Noureddine Sraieb, Lidologie de lcole en Tu- [412] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
nisie coloniale (1881-1945), d. Revue du monde musulla Tunisie en 1908, p. 40-41
man et de la Mditerrane, n68-69, 1993, p. 245
[394] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens, [413] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
p. 114
la Tunisie en 1909, d. Socit anonyme de limprimerie
[395] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
rapide, Tunis, 1910, p. 88-89
p. 115
[414] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
[396] Charles-Andr Julien, Colons franais et Jeunes Tunisiens,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
p. 125
la Tunisie en 1910, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1911, p. 152-153
[397] (fr) [PDF] Benjamin Buisson, Nouveau dictionnaire de pdagogie et dinstruction primaire, d. Librairie Hachette et [415] (fr) [PDF] Direction gnrale de lagriculture, du comCie, Paris, 1911
merce et de la colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie. Anne 1914, d. Socit anonyme de limprimerie
[398] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
rapide, 1915, Tunis, p. 102-103
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1906, p. 101
[416] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
statistique de la Tunisie 1940-1950, d. Imprimerie
[399] Noureddine Sraieb, Lenseignement en Tunisie, p. 50]
S.A.P.I., Tunis, 1951, p. 24
[400] Noureddine Sraeb, Lenseignement en Tunisie, p. 63
[417] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
statistique de la Tunisie 1951-52, d. Imprimerie S.A.P.I.,
[401] Direction des Renseignements et des Contrles civils, StaTunis, 1952, p. 22
tistique gnrale de la Tunisie 1881-1892, d. Imprimerie
rapide (Louis Nicolas et Cie), Tunis, 1893, p. 120]
[418] Noureddine Sraeb, Lenseignement en Tunisie, p. 66
[402] Les eectifs de lAIU nont pas t communiqus
[419] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, d. Imprimerie SEFAN, Tunis, 1957, p.
[403] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
17, 20
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1893, p. 47
[420] Noureddine Sraeb, Lenseignement en Tunisie, p. 71-72
[404] (fr) [PDF] Ministre des Aaires Etrangres Rapport au [421] Noureddine Sraeb, Lenseignement en Tunisie , p. 79
prsident de la Rpublique sur la situation de la Tunisie en
[422] Secrtariat dtat la Prsidence, op. cit., p. 18
1894, p. 52
67
[423] Noureddine Sraeb, Lenseignement en Tunisie, p. 89
[453] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1912, p. 47
[424] Soane Bouhdiba, Mdecin du bled Sur les pas du mdecin de colonie dans le Protectorat tunisien (1881-1956), d. [454] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
LHarmattan, Paris, 2013, p. 24 (ISBN 9782343003542).
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921,
d. Socit anonyme de limprimerie rapide, Tunis, 1922,
[425] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 63
p. 214
[426] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 25
[427] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 28-31
[428] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 590
[429] Franois Arnoulet, op. cit., p. 31
[455] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1923, p. 154
[456] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921,
p. 215
[430] (fr) Amor Chadli, La mdecine en Tunisie de la veille du [457] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1932,
protectorat nos jours, in La Tunisie mdicale, vol. 89,
d. Imprimerie J. Aloccio, Tunis, 1932, p. 244-245
n05, 2011, p. 411-417
[431] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 24
[458] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
statistique de la Tunisie 1940-50, p. 55
[432] (fr) [PDF] Paul Zeys, op. cit., p. 74
[433] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 43
[434] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 51
[435] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 127
[436] Soane Bouhdiba, op. cit., p. 52
[437] Anissa El Materi Hached, op. cit., p. 48
[459] (fr) [PDF] Hildebert Isnard Le vignoble europen en Tunisie au lendemain de la guerre, in Linformation gographique, volume 13, n13-4, 1949, p. 160
[460] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, p. 50
[461] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, p. 52
[438] (fr) [PDF] Franois Boudier, Vie et uvre du Docteur Er- [462] Ahmed Kassab, op. cit., p. 91-92
nest Conseil, Human health and pathology, 2013
[463] Ahmed Kassab, op. cit., p. 96
[439] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
[464] Ahmed Kassab, op. cit., p. 106
la Tunisie 1956, p. 27
[465] Ahmed Kassab, op. cit., p. 107
[440] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
statistique de la Tunisie 1940-50, p. 32
[466] Ahmed Kassab, op. cit., p. 118
[441] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire [467]
statistique de la Tunisie 1951-52, p. 33
[468]
[442] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, p. 30
[469]
[443] (fr) Rodd Balek, op. cit., p. 11
[444] Ahmed Kassab, op. cit., p. 50
[445] Ahmed Kassab, op. cit., p. 78
[446] Ahmed Kassab, op. cit., p. 75
[447] Ahmed Kassab, op. cit., p. 80
[448] Ahmed Kassab, op. cit., p. 86
Ahmed Kassab, op. cit., p. 123
Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, op. cit., p.
158
(fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1907, p. 289
[470] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1911, p. 313
[471] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921,
p. 159
[472] (fr) [PDF] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la colonisation, op. cit., p. 127
[449] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
[473] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1910, p. 236-237
situation de la Tunisie en 1923, p. 54
[450] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
[474] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
situation de la Tunisie en 1909, p. 185
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1932,
[451] (fr) [PDF] Direction gnrale de lagriculture, du comp. 213
merce et de la colonisation, op. cit., p. 158
[475] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
[452] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921,
statistique de la Tunisie 1940-50, p. 52
p. 158
68
8 BIBLIOGRAPHIE
[476] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la [498] Ahmed Kassab, op. cit., p. 139
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1926,
[499] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
p. 184
situation de la Tunisie en 1911, p. 6, 27, 31
[477] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1932, [500] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921,
p. 212
d. Socit anonyme de limprimerie rapide, Tunis, 1922,
[478] (fr) [PDF] Lindustrie minire en Tunisie (1892-1937)
p. 2-3
[479] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire [501] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
statistique de la Tunisie 1940-50, p. 62
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1926,
d. Imprimerie gnrale J. Barlier & Cie, Tunis, 1927, p.
[480] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
2-3
statistique de la Tunisie 1951-52, p. 61
[502] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
[481] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1931,
la Tunisie 1956, p. 64
d. Imprimerie J. Aloccio, Tunis, 1932, p. 2-3
[482] Ahmed Kassab, op. cit., p. 135-136
[483] Direction des Renseignements et des Contrles civils, Statistique gnrale de la Tunisie 1881-1892, p. 301]
[484] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1900, p. 162-163
[485] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1900, p. 158-159
[486] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
situation de la Tunisie en 1912, p. 65
[503] Aim Dupuy, La Tunisie, d. Librairie Renouard H.
Laurens, Lige, 1939, p. 55, 83
[504] (fr) [PDF] Mahmoud Seklani, La population de la Tunisie,
d. CICRED, Tunis, p. 24, 27, 30, 179
[505] Mohamed Ennafa, Il tait une fois un jeune rvolt, d.
Publisud, Tunis, 2000, p. 44
[506] Mohamed Sayah (texte runis et comments par), Histoire
du mouvement national tunisien. Document XIV. Le NoDestour face la troisime preuve : 1952-1956, vol. 2
La victoire , d. Dar El Amal, Tunis, 1979, p. 555
[487] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1921, [507] Mohamed Mzali, Un premier ministre de Bourguiba tmoigne, d. Jean Picollec, Paris, 2004, p. 296 (ISBN
p. 258-259
9782864772101).
[488] (fr) [PDF] Rapport au prsident de la Rpublique sur la
[508] Mohamed Mzali, op. cit., p. 316
situation de la Tunisie en 1912, p. 67
[489] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la [509] Mohamed Mzali, op. cit., p. 319
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1926,
[510] Mohamed Mzali, op. cit., p. 329
p. 290-291
[511] Mohamed Char, Mon combat pour les lumires, d. Zel[490] Direction gnrale de lagriculture, du commerce et de la
lige, Lchelle, 2009, p. 220 (ISBN 9782914773256).
colonisation, Statistique gnrale de la Tunisie anne 1932,
p. 299
[512] Mohamed Mzali, op. cit., p. 20
[491] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire [513] Kmar Bendana, Linuence de la culture franaise en Tustatistique de la Tunisie 1940-50, p.95
nisie, entre hritage et appropriation, Maghreb Magazine,
n8, mai 2012
[492] Secrtariat gnral du gouvernement tunisien, Annuaire
statistique de la Tunisie 1951-52, p. 93
[493] Secrtariat dtat la Prsidence, Annuaire statistique de
la Tunisie 1956, p. 106
8 Bibliographie
[494] (fr) [PDF] Henri Duveyrier, La Tunisie, d. Librairie Hachette et Cie, 1881, Paris, p. 2
Juliette Bessis, La Mditerrane fasciste : l'Italie
mussolinienne et la Tunisie, d. Karthala, Paris, 1981
[495] Jean-Franois Martin, op. cit., p. 134
Paul d'Estournelles de Constant, La conqute
de la Tunisie. Rcit contemporain couronn par
l'Acadmie franaise, d. Sfar, Paris, 2002
[496] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1911, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1912, p. 23
[497] (fr) [PDF] Ministre franais des Aaires trangres,
Rapport au prsident de la Rpublique sur la situation de
la Tunisie en 1921, d. Socit anonyme de limprimerie
rapide, Tunis, 1922, p. 175
Louis Foucher, De l'volution du protectorat de la
France sur la Tunisie, d. Larose, Paris, 1897
Daniel Goldstein, Libration ou annexion. Aux chemins croiss de l'histoire tunisienne. 1914-1922, d.
Maison tunisienne de l'dition, Tunis, 1978
9.2
Liens externes
Genevive Goussaud-Falgas, Franais de Tunisie.
Les dernires annes du protectorat, d. Alan Sutton,
Saint-Cyr-sur-Loire, 2004
Jean Ganiage, Les origines du Protectorat franais
en Tunisie (1861-1881), d. Presses universitaires de
France, Paris, 1959
Serge La Barbera et Lucette Valensi, Les Franais de
Tunisie. 1930-1950, d. L'Harmattan, Paris, 2006
(lire en ligne)
Jean-Franois Martin, Histoire de la Tunisie contemporaine. De Ferry Bourguiba. 1881-1956, d.
L'Harmattan, Paris, 2003 (lire en ligne)
Louis Prillier, La conqute de l'indpendance tunisienne. Souvenirs et tmoignages, d. Robert Laont,
Paris, 1979
Voir aussi
9.1
Articles connexes
Protectorat franais au Maroc
Afrique franaise du Nord
Empire colonial franais
Protectorat
Algrie franaise
Les Prpondrants, roman de Hdi Kaddour (2015)
9.2
Liens externes
(fr) Morgan Corriou, Les Franais et la vie culturelle
en Tunisie durant la Seconde Guerre mondiale, thse
de l'cole nationale des chartes, Paris, 2005
(fr) Hassan El Annabi, L'Autre travers le journal
La Tunisie Franaise , Cahiers de la Mditerrane,
vol. 66, 21 juillet 2005
Portail du monde colonial
Portail de la Tunisie
69
70
10
10
10.1
SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE LIMAGE
Sources, contributeurs et licences du texte et de limage
Texte
Protectorat franais de Tunisie Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Protectorat_fran%C3%A7ais_de_Tunisie?oldid=122796991
Contributeurs : Ryo, Orthogae, Treanna, Alibaba, Lucas thierry, Jastrow, Marc Mongenet, MedBot, Kassus, Fahd.Walid, Leag, Moumou82, Indif, MisterMatt Bot, Zetud, Arnaud.Serander, EyOne, Gzen92, Necrid Master, Thierry Caro, Felipeh, Noel.guillet, Pautard,
JeanPaul, Liquid-aim-bot, Zyxwvut-Bot, Omar86, LeFit, Profburp, Madame Grinderche, Zawer, CommonsDelinker, Analphabot, Abjiklam, Salebot, VolkovBot, Cimoi, Louperibot, Citizen59, Jean-Jacques Georges, Alain valtat, Charlie Pinard, Gandolphe, NSV, HerculeBot,
WikiCleanerBot, LaaknorBot, Fabienamnet, Luckas-bot, Celette, Micbot, Vyk, DSisyphBot, Xqbot, Fab5669, Sutherland, Lomita, EmausBot, ZroBot, Danigold3, Mentibot, WikitanvirBot, Bagour, Mphisto38, Mezigue, Kostemer, OrlodrimBot, Jps726, N.Claud, Addbot,
Camille56, Aur-enge, Panam2014, Embu wiki, Sebk-Bot, Gzen92Bot et Anonyme : 19
10.2
Images
Fichier:1000_francs_-_1946_-_obverse_-_Tunisie_Algrie.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/14/
1000_francs_-_1946_-_obverse_-_Tunisie_Alg%C3%A9rie.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste
dorigine : DrFO.Jr.Tn
Fichier:1_franc_-_1920_-_Tunisie_-_obverse.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/84/1_franc_-_1920_
-_Tunisie_-_obverse.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : DrFO.Jr.Tn
Fichier:April_8th_1938_protests_in_Rue_des_Maltais_in_Tunis.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/
fd/April_8th_1938_protests_in_Rue_des_Maltais_in_Tunis.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.rcd.tn Artiste dorigine : Habib Osman (1910-1986)
Fichier:Atelier_Troudi_Belhassen_du_chechia_megidi.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/74/Atelier_
Troudi_Belhassen_du_chechia_megidi.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Troudi
Fichier:Bardo,_Tribunal_Chamber,_Tunis,_Tunisia_WDL2509.png Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/
26/Bardo%2C_Tribunal_Chamber%2C_Tunis%2C_Tunisia_WDL2509.png Licence : Public domain Contributeurs :
http://dl.wdl.org/2509.png
Artiste dorigine : ?
Fichier:BarrageMellegueTunisieJune2012.JPG
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/
BarrageMellegueTunisieJune2012.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Citizen59
Fichier:Barrage_ben-metir_tunisie.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7e/Barrage_ben-metir_tunisie.
jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Barrage_elaroussia.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/28/Barrage_elaroussia.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Barrage_mellegue_mars1954.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/91/Barrage_mellegue_
mars1954.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Ben_Youssef-Bourguiba.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d7/Ben_Youssef-Bourguiba.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Omar Khli, Lassassinat de Salah Ben Youssef, d. MC-Editions, Carthage, 2005, p. 46
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Bizerte_Poste_de_sous_marins.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6b/Bizerte_Poste_de_sous_
marins.JPG Licence : Public domain Contributeurs : carte postale scanne, collection prive Artiste dorigine : non connu
Fichier:Bourguiba_Bizerte.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c0/Bourguiba_Bizerte.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : http://www.bourguiba.com/pages/viewImage.aspx?id=61 Artiste dorigine : Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https:
//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Bchir_Sfar.jpeg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6f/B%C3%A9chir_Sfar.jpeg
Licence : Public domain Contributeurs : http://www.bouhageb.com/html/body_les_contemporains.html Artiste dorigine : Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https:
//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Caid_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/6f/Caid_du_Kef.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
Fichier:Carte_Tunisie_1843.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/42/Carte_Tunisie_1843.jpg Licence : Public domain Contributeurs : cartes gographiques anciennes du site histoirepostale.net Artiste dorigine : Alexandre Vuillemin (reproduit par
histoirepostale.net)
10.2
Images
71
Fichier:Centrale_Elctrique_Goulette.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/78/Centrale_Elctrique_
Goulette.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : M.Rais
Fichier:College_Sadiki__Tunis.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/79/College_Sadiki_%C3%A0_
Tunis.jpg Licence : CC BY-SA 2.0 Contributeurs : originally posted to Flickr as College Sadiki Tunis Artiste dorigine : Tijani A
Fichier:Collge_Alaoui_18.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/11/Coll%C3%A8ge_Alaoui_18.jpg Licence : CC BY-SA 4.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Touzrimounir
Fichier:Contrle_civil_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a1/Contr%C3%B4le_civil_du_Kef.
jpg Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
Fichier:Djellaz.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f8/Djellaz.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs :
Travail personnel Artiste dorigine : M.Rais
Fichier:Douglas_C-54A_F-BELH_Tunis_Air_Orly_31.05.57_edited-2.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/a/a9/Douglas_C-54A_F-BELH_Tunis_Air_Orly_31.05.57_edited-2.jpg Licence : CC BY 3.0 Contributeurs : Travail personnel
Artiste dorigine : RuthAS
Fichier:Dlgus_Destour_1934.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7b/D%C3%A9l%C3%A9gu%C3%
A9s_Destour_1934.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Institut suprieur d'histoire du mouvement national Artiste dorigine :
Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718' src='https://upload.
wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://
upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.
org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590'
/></a>
Fichier:Ecole_filles_indigenes_1914.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0d/Ecole_filles_indigenes_
1914.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Archives personnelles Artiste dorigine : Raspail
Fichier:Ecole_franco-arabe_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f6/Ecole_franco-arabe_du_
Kef.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
Fichier:El_aouina_1953.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ae/El_aouina_1953.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Electrification_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Electrification_du_Kef.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
Fichier:Fairytale_bookmark_gold.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Fairytale_bookmark_gold.svg
Licence : LGPL Contributeurs : File:Fairytale bookmark gold.png (LGPL) Artiste dorigine : Caihua + Lilyu for SVG
Fichier:Fairytale_bookmark_silver.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Fairytale_bookmark_silver.
svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : File:Fairytale bookmark silver.png (LGPL) + Travail personnel Artiste dorigine : Hawk-Eye
Fichier:Farhat_Hached.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Farhat_Hached.jpg Licence : Public
domain Contributeurs : http://nasra.free.fr/fhached-.jpg Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Flag_of_Tunisia.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ce/Flag_of_Tunisia.svg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.w3.org/ Artiste dorigine : entraneur : BEN KHALIFA WISSAM
Fichier:Gabes_route_de_Sfax.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d8/Gabes_route_de_Sfax.JPG Licence : Public domain Contributeurs : carte postale scanne, collection prive Artiste dorigine : non connu
Fichier:Gare_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/dc/Gare_du_Kef.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
Fichier:Georges_Boulanger_Nadar.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7e/Georges_Boulanger_Nadar.
jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Gouvernement_Ben_Ammar.JPG
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/Gouvernement_
Ben_Ammar.JPG Licence : Public domain Contributeurs : http://www.facebook.com/photo.php?fbid=122978704443746&
set=a.122978381110445.24486.122093187865631 Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Gouvernement_Chenik.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/df/Gouvernement_Chenik.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : [1] Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:
Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.
svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/
40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Gouvernement_Chenik_exil.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3b/Gouvernement_
Chenik_exil.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Institut suprieur d'histoire du mouvement national Artiste dorigine
:
Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
72
10
SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE LIMAGE
Fichier:Gtk-dialog-info.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b4/Gtk-dialog-info.svg Licence : LGPL
Contributeurs : http://ftp.gnome.org/pub/GNOME/sources/gnome-themes-extras/0.9/gnome-themes-extras-0.9.0.tar.gz Artiste dorigine :
David Vignoni
Fichier:Habib_Bourguiba_-_Return_from_Borj_Leboeuf_-Djerba_April_1936.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.
org/wikipedia/commons/0/00/Habib_Bourguiba_-_Return_from_Borj_Leboeuf_-Djerba_April_1936.jpg
Licence
:
Public domain Contributeurs : http://www.bourguiba.com/pages/PresidentsAlbum.aspx?cid=10&menuid=cat1928-1945 Artiste
dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Het_grote_Rijkswapen_van_Tunesie_als_Koninkrijk.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f7/
Het_grote_Rijkswapen_van_Tunesie_als_Koninkrijk.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.4dw.net/royalark/Tunisia/
orders.htm Artiste dorigine : De regering van Tunesie
Fichier:Hydravion_Donnet-Denhaut_sur_le_slipway_de_l'le-Tudy.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
f/f2/Hydravion_Donnet-Denhaut_sur_le_slipway_de_l%27%C3%8Ele-Tudy.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://
kbcpenmarch.franceserv.com/hydravions/index.html Artiste dorigine : Auteur inconnu (1917)
Fichier:Institut_Pasteur_de_Tunis_vers_1900_-_Tunis.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
4/46/Institut_Pasteur_de_Tunis_vers_1900_-_Tunis.jpg Licence : Public domain Contributeurs : [1] Artiste dorigine : Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https:
//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Jean-Pierre_Esteva.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/11/Jean-Pierre_Esteva.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Photographie Artiste dorigine : Studio Sabbah - Le Kef
Fichier:Jules_Ferry_Nadar.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Jules_Ferry_Nadar.jpg Licence : Public
domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Kuriat_island_lighthouse_1.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/8a/Kuriat_island_lighthouse_1.
jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Habib M'henni
Fichier:Le_dfil_de_la_libration_-_Tunis.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/61/Le_d%C3%
A9fil%C3%A9_de_la_lib%C3%A9ration_-_Tunis.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://site.voila.fr/documents-photos
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Le_phare_de_kelibia.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/ba/Le_phare_de_kelibia.JPG Licence :
CC BY-SA 4.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Noomen9
Fichier:Lycee_Carnot_Tunis_front.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e8/Lycee_Carnot_Tunis_front.
JPG Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Moumou82
Fichier:M'hamed_Chenik.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/62/M%27hamed_Chenik.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : http://proekt-wms.narod.ru/states/tunis.htm Artiste dorigine : Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.
wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Mohamed_Ali_El_Hammi.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1c/Mohamed_Ali_
El_Hammi.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.ugtt.org.tn/html/genese.htm Artiste dorigine : Inconnu<a
href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https:
//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Ms_mzali.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1c/Ms_mzali.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Back cover of Au l de ma vie book, edition Hassan Mzali 1972 Artiste dorigine : n/a
Fichier:Municipalit_de_Tunis_-_Annes_1950s.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4e/Municipalit%
C3%A9_de_Tunis_-_Ann%C3%A9es_1950s.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://site.voila.fr/documents-photos
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Municipalit_du_Kef.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c6/Municipalit%C3%A9_du_Kef.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : Camille56
Fichier:Oum_Souigh.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/ff/Oum_Souigh.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : ?
10.2
Images
73
Fichier:PatioDarSoulaimania.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/PatioDarSoulaimania.JPG Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Citizen59
Fichier:Paul_Cambon_01.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/Paul_Cambon_01.jpg Licence : Public
domain Contributeurs : Cette image est disponible sur la Prints and Photographs division de la Bibliothque du Congrs des tats-Unis sous
le numro didentication ggbain.03380.
Ce bandeau nindique rien sur le statut de luvre au regard du droit d'auteur. Un bandeau de droit dauteur est requis. Voir Commons : propos des licences
pour plus dinformations. Artiste dorigine : Unknown (Bain News Service, publisher)
Fichier:PithHelmetTruman.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d3/PithHelmetTruman.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.cr.nps.gov/museum/exhibits/hstr/image/obj/pithhelmet_exb_HSTR22230.html Artiste dorigine :
Harry S. Truman National Historic Site museum sta,[1] part of the National Park Service[2]
Fichier:Place_de_la_Ksabah_et_Hpital_Sadiki.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9e/Place_de_
la_Ksabah_et_H%C3%B4pital_Sadiki.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://profburp.com/tunis1900/tunis/image13.htm
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Port_de_Tunis_1953.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e5/Port_de_Tunis_1953.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://site.voila.fr/documents-photos Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/
wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718' src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/
ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Pre-1999_Flag_of_Tunisia.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/b3/Pre-1999_Flag_of_Tunisia.
svg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel (Original text : self-made, based on en ::Image:Flag of Tunisia.svg)
Artiste dorigine : Orange Tuesday at en.wikipedia
Fichier:Premire_page_de_la_convention_de_la_Marsa_-_Tunisie.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
8/83/Premi%C3%A8re_page_de_la_convention_de_la_Marsa_-_Tunisie.jpg Licence : Public domain Contributeurs : [1] Artiste dorigine :
Bey Husseinite of Tunis + French government
Fichier:Prise_de_Sfax_-_1881.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/12/Prise_de_Sfax_-_1881.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://bp3.blogger.com/_bgWdC6u3DCM/RzwVrHKxtCI/AAAAAAAADXs/e4-xULFlj2s/
s1600-h/Prise+de+Sfax+1881.jpg Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:
Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.
svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11'
srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x, https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/
40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Revue_du_14_avril_1917_-_Tunis.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/39/Revue_du_14_
avril_1917_-_Tunis.jpg Licence : Public domain Contributeurs : http://ouedmerda.free.fr/images/des_gens/imagepages/image37.html
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Roland_Garros_1910.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/9b/Roland_Garros_1910.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : <a data-x-rel='nofollow' class='external text' href='http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/
btv1b9018819x/'>Bibliothque nationale de France</a> Artiste dorigine : Photographie de presse de l'agence Meurisse
Fichier:Sfax_oliviers.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ac/Sfax_oliviers.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : Aucune source lisible par la machine fournie. Travail personnel suppos (tant donn la revendication de droit dauteur). Artiste dorigine : Pas dauteur lisible par la machine identi. Fle7a suppos (tant donn la revendication de droit dauteur).
Fichier:Siege_de_la_societ_de_djebel_de_djerissa_en_1907.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/ab/
Siege_de_la_societ%C3%A9_de_djebel_de_djerissa_en_1907.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : imed ben mouldi naimi
Fichier:Signature_des_conventions_de_l'Autonomie_Interne_entre_la_Tunisie_et_la_France_1955.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/8/88/Signature_des_conventions_de_l%27Autonomie_Interne_entre_la_Tunisie_et_
la_France_1955.jpg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Moncef Mestiri
Fichier:Taher_Kheireddine.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/45/Taher_Kheireddine.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Personal archives Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Tisserande_Kairouan.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/ea/Tisserande_Kairouan.jpg Licence :
CC BY-SA 2.0 Contributeurs : originally posted to Flickr as DSC_6891 Artiste dorigine : Alexandre Moreau
Fichier:Train_loaded_with_phosphate_rock,_Metlaoui_Tunisia-4298B.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/
commons/f/f0/Train_loaded_with_phosphate_rock%2C_Metlaoui_Tunisia-4298B.jpg Licence : CC BY-SA 2.0 Contributeurs : Flickr :
Tunisia-4298B Artiste dorigine : Dennis Jarvis
74
10
SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE LIMAGE
Fichier:Trait_du_Bardo.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c8/Trait%C3%A9_du_Bardo.jpg Licence :
Public domain Contributeurs : http://www.independance.tn/francais/index.php?Itemid=26&id=12&option=com_content&task=view
Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718' title='wikidata:Q4233718'><img alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png'
width='20'
height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png 1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050'
data-le-height='590' /></a>
Fichier:Tramway_tunis_kasbah.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Tramway_tunis_kasbah.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Tribunal_du_Kef.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/21/Tribunal_du_Kef.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Inconnu Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Troupes_irrgulire_du_Bey.JPG Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/66/Troupes_irr%C3%
A9guli%C3%A9re_du_Bey.JPG Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Charles de Chassiron
Fichier:Tunis_hopital_civil_1900.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3b/Tunis_hopital_civil_1900.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Tunisian_flag_till_1831.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/bf/Tunisian_flag_till_1831.svg Licence : CC BY-SA 3.0 Contributeurs : Travail personnel. Based on reproduction by Mario Fabretto, 13 July 1997 of an 18th century design
(according to Fabretto). The oldest reference cited explicitly is Flaggen Almanack (ca. 1844)". Latest known attestation as contemporary
is in Grand Dictionnaire Universelle du XIXe Sicle' (Paris 1865). First uploaded as GIF by DrFO.Jr.Tn. Artiste dorigine : Abjiklam
Fichier:Tunisie_Mmorial_Ernest_Conseil.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7d/Tunisie_M%C3%
A9morial_Ernest_Conseil.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Travail personnel Artiste dorigine : Rais67
Fichier:Tunisie_gabes_pont.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2f/Tunisie_gabes_pont.jpg Licence : Public domain Contributeurs : ? Artiste dorigine : ?
Fichier:Two_British_soldiers_on_a_hilltop_keep_watch_on_the_enemy-occupied_town_of_Mateur,_Tunisia,_2_January_
1943._NA383.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2b/Two_British_soldiers_on_a_hilltop_keep_watch_
on_the_enemy-occupied_town_of_Mateur%2C_Tunisia%2C_2_January_1943._NA383.jpg Licence : Public domain Contributeurs :
http://media.iwm.org.uk/iwm/mediaLib//47/media-47094/large.jpg Artiste dorigine : Loughlin (Sgt), No 2 Army Film & Photographic
Unit
Fichier:Unione_tunisi_31octobre1938.jpg
Source
:
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/5a/Unione_tunisi_
31octobre1938.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Collection personnelle Artiste dorigine : Profburp
Fichier:Vendanges_Tunisie.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a3/Vendanges_Tunisie.jpg Licence : Public domain Contributeurs : Scan old postcard Artiste dorigine : Unknown early 1900s
Fichier:Vieuxdestour.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/eb/Vieuxdestour.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : http://216.183.87.220/m2/vieux_destour.html Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
Fichier:Zitouna_1880.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fe/Zitouna_1880.jpg Licence : Public domain
Contributeurs : Transfr de fr.wikipedia Commons. Artiste dorigine : Original tlvers par Profburp sur Wikipedia franais
Fichier :_Flag_of_Tunisia.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/ce/Flag_of_Tunisia.svg Licence : Public domain Contributeurs : http://www.w3.org/ Artiste dorigine : entraneur : BEN KHALIFA WISSAM
Fichier :_Pierre_Mignard_001.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Pierre_Mignard_001.jpg Licence :
Public domain Contributeurs : The Yorck Project : 10.000 Meisterwerke der Malerei. DVD-ROM, 2002. ISBN 3936122202. Distributed by
DIRECTMEDIA Publishing GmbH. Artiste dorigine : Pierre Mignard
Fichier :____.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
a/ae/%D8%A7%D9%84%D8%B2%D8%B9%D9%8A%D9%85_%D8%A7%D9%84%D8%AD%D8%A8%D9%8A%D8%A8_
%D8%A8%D9%88%D8%B1%D9%82%D9%8A%D8%A8%D8%A9%D9%88%D8%B9%D8%A8%D8%AF_%D8%A7%D9%
84%D8%B9%D8%B2%D9%8A%D8%B2_%D8%A7%D9%84%D8%AB%D8%B9%D8%A7%D9%84%D8%A8%D9%8A.jpg
Licence : Public domain Contributeurs : Facebook Artiste dorigine : Inconnu<a href='//www.wikidata.org/wiki/Q4233718'
title='wikidata:Q4233718'><img
alt='wikidata:Q4233718'
src='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/20px-Wikidata-logo.svg.png' width='20' height='11' srcset='https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/
thumb/f/ff/Wikidata-logo.svg/30px-Wikidata-logo.svg.png
1.5x,
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/ff/
Wikidata-logo.svg/40px-Wikidata-logo.svg.png 2x' data-le-width='1050' data-le-height='590' /></a>
10.3
Licence du contenu
Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0