These LionelCharbonnel
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FACULT DE DROIT
THSE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR EN DROIT DE LUNIVERSIT DAVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE
Discipline : Droit Priv
Directeur de Thse
Mme Anne PLISSIER
Professeur lUniversit Montpellier I
JURY :
M. Arnaud MARTINON
M. Franck PETIT
M. Didier PORACCHIA
M. Pascal PUIG
REMERCIEMENTS
APD
AJDA
Ann. Loyers
AJDI
AJ pnal
Ass. Pln.
BJS
Bull. civ.
Bull. crim.
CC
CE
Civ. (1, 2, 3)
Coll.
Com.
Comm.
Concl.
Contrats, conc., consom.
Crim.
D.
DC
Defrnois
DH
DP
Dr. soc.
Dr. socits
Recueil Dalloz
Dalloz critique
Rpertoire du notariat Defrnois
Dalloz hebdomadaire
Dalloz priodique
Revue de droit social
Droit des socits
Fasc.
Fascicule
Gaz. Pal.
Gazette du Palais
Ibid
IIAP
Infra
J.-Cl.
JCP E
JCP G
JCP N
JO
Juris-classeur encyclopdie
Juris-classeur priodique dition entreprise
Juris-classeur priodique dition gnrale
Juris-classeur priodique dition notariale
Journal officiel.
LGDJ
LPA
Op. cit.
p.
PUAM
PUF
PUG
PUL
PUR
page
Presses Universitaires dAix-Marseille
Presses Universitaires de France
Presses Universitaires de Grenoble
Presses Universitaires de Lille
Presses Universitaires de Rennes
RDC
RDP
Rev. Dr. imm.
Rev. socits
Rp. Civ.
RFDA
RFDC
RIEJ
RIDE
RJ Com
RJDA
RJS
RRJ
RSC
RTD civ.
RTD com.
RTD comp.
RTD eur.
S.
Soc.
SSL
Supra
Recueil Sirey
Cour de cassation chambre sociale
Semaine Sociale Lamy
Ci-dessus
vol.
Volume
SOMMAIRE
A mes parents
INTRODUCTION
1.
Parmi les adages juridiques, il nen est peut-tre pas de plus goste que la vieille
maxime res inter alios acta aliis neque prodest neque nocet, maxime transpose presque
littralement dans larticle 1165 du Code civil Ainsi, le contrat parat vou un splendide
isolement . Cest par ces quelques mots que Lalou introduisait une chronique devenue
clbre crite en 19281. Le modle des relations contractuelles telles quelles avaient t
conues par les rdacteurs du Code civil avait dj vcu 2, le splendide isolement du
contrat appartenait au pass et Lalou, sattachant en apporter la preuve, nimaginait sans
doute pas combien, le sicle avanant, lisolement du contrat allait encore stioler.
2.
peine une dcennie plus tard, ouvrir la voie lrection en principe4, dsormais considr
H. LALOU 1382 contre 1165, ou la responsabilit dlictuelle des tiers lgard dun contractant ou dun
contractant lgard dun tiers , DH, 1928, chron., p. 69
2
Le problme nest neuf ni en doctrine ni en jurisprudence. Depuis longtemps les auteurs ont pos en principe
que le tiers qui sassocie sciemment la violation dun contrat encourt une responsabilit (toujours en
introduction de larticle cit).
3
A. WEILL, La relativit des conventions en droit priv franais, Thse Strasbourg, Dalloz, 1938 ; S.
CALASTRENG, La relativit des conventions, Thse, Toulouse, 1939
4
B. STARCK, H. ROLAND, L. BOYER, Droit civil, les obligations, Tome II, Le contrat, 6me dition, Litec,
1998, n 1482, p. 512 qui intitulent un paragraphe le principe de lopposabilit ; v. encore J. DUCLOS,
3.
rapidement comme llment dun ensemble plus vaste en relation avec dautres actes
juridiques. Limage dun contrat mcanisme clos, indiffrent aux contrats conclus ct de
lui 10 devait son tour voler en clats au fur et mesure que le groupe prenait
lascendant sur lindividu11. Les relations de la convention avec les actes juridiques
unilatraux furent remarques12, mais ce sont essentiellement ses rapports avec dautres
Lopposabilit, Essai dune thorie gnrale, (prface M. DIDIER), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv,
Tome 179, 1984, qui nomme la premire partie de sa thse le principe dopposabilit .
5
Ce nologisme est luvre de Monsieur J.-P. TOSI, Le manquement contractuel drelativis , in, Ruptures,
mouvements et continuit du droit (Autour de Michelle Gobert), Economica, 2004, p. 479
8
Ass. Pln. du 6 octobre 2006, Sur cet arrt v. D. 2006, p. 2825, Note G. VINEY ; Contrats conc. conso., 2007,
comm. 63, L. LEVENEUR ; JCP G., 2006, II, 10181, commentaire M. BILLIAU ; Rev. dr. imm. 2006, p. 504,
observations P. MALINVAUD ; RTD civ. 2007, p. 123, Note P. JOURDAIN ; V. galement la Rubrique Dbat
Contrats sans frontires de la Revue des Contrats davril 2007, Avec les contributions de Messieurs, A.
MAZEAUD, P. ANCEL, P.-Y. GAUTIER, C. GRIMALDI, P. JACQUES, J.-L. SOURIOUX, P. STOFFELMUNCK, G. WICKER, R. WINTGEN, B. MOORE et C. POPINEAU-DEHAULLON ; Plus gnralement, sur
la critique de lassimilation des fautes contractuelles et dlictuelles, v. M. BACACHE-GIBEILI, Groupes de
contrats et relativit des conventions, (Prface Y. LEQUETTE), LGDJ, Coll. Thse, Bibliothque de droit priv,
Tome 268, 1996, en particulier, n 56 et s., p. 52 et s.
9
Sur lesquels v. notamment, P. TERNEYRE, Les rapports hirarchiques entre Constitution, loi et contrat en
droit positif franais , in, Renouveau du droit constitutionnel, Mlanges en l'honneur de Louis FAVOREU,
Dalloz, Coll. Etudes, Mlanges, Travaux, 2007, p. 1435
10
J. CARBONNIER, Droit civil, Les biens, les obligations, PUF, Coll. Quadrige, 2004, n 1026, p. 2107
11
R. CABRILLAC, Lacte juridique conjonctif en droit priv franais, (prface P. CATALA), LGDJ, Coll.
Bibliothque de droit priv, Tome 213, 1990, n 2, p. 1 qui remarquait qu il devient un lieu commun de relever
que le groupe imprgne le droit du XXme sicle finissant .
12
NEAU-LEDUC P., La rglementation de droit priv, Litec, Coll. Bibliothque de droit de lentreprise, Tome
38, 1998 ; R. ENCINAS DE MUNAGORRI, Lacte unilatral dans les rapports contractuels, (Prface A.
LYON-CAEN), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 254, 1996
4.
ensemble plus vaste, pice des montages complexes17 ou lment densembles nous 18, de
manire interdpendante19, indivisible20 ou mme, hirarchique21. Cest dans cette perspective
consistant tudier le contrat dans ses interactions avec dautres actes de mme nature que
nous voudrions inscrire nos recherches, en poursuivant ltude dune relation, la relation
hirarchique, qui reprsentent sans doute la manifestation la plus aboutie des rapports interconventionnels . La question a dj fait lobjet dune premire tude qui a sans aucun doute
permis davancer sur la voie trace jusqu prsent. Nous proposerons de faire quelques pas
13
B. TEYSSIE, Les groupes de contrats, (prface J.-M. MOUSSERON), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit
priv, Tome 139, 1975
14
V. en particulier les arrts de la premire chambre civile de la Cour de cassation des 8 mars 1988, JCP 1988,
II, 21070, RTD civ. 1988, p. 760 Observations P. JOURDAIN, et 21 juin 1988 : dans un groupe de contrats, la
responsabilit contractuelle rgit ncessairement la demande en rparation de tous ceux qui n'ont souffert du
dommage que parce qu'ils avaient un lien avec le contrat initial , D. 1989, p. 5 note C. LARROUMET, JCP
1988, II, 21125 note P. JOURDAIN.
15
Par exemple, M. BACACHE-GIBEILI, Groupes de contrats et relativit des conventions, op. cit.
16
Entre autres, J. NERET, Le sous-contrat, (prface P. CATALA), LGDJ, Coll. Bibliothque que droit priv,
Tome 163, 1979 ; D. MAINGUY, La revente, (Prface P. MALAURIE), Litec, Bibliothque de droit de
lentreprise, Tome 35, 1996 ; B. MALLET-BRICOUT, La substitution de mandataire, (Prface C.
LARROUMET), Panthon-Assas, Coll. Droit priv, 2000
17
Sur ce point entre autres, D. PORACCHIA, La rception juridique des montages conus par les
professionnels, (prface J. MESTRE), PUAM, Coll. Institut de droit des affaires, 1998 (mme si les montages
envisags par lauteur ne sont pas exclusivement composs dactes contractuels).
18
La notion est consacre par le dernier projet connu de rforme de droit des obligations larticle 126 du projet
qui consacre lensemble contractuel .V. ce projet sur le Blog de Monsieur Houtcieff : http://www.dimitrihoutcieff.fr/files/projet%20DACS%20modifi%20mai%202009-numrot.pdf
20
J.-B. SEUBE, Lindivisibilit et les actes juridiques, (Prface M. CABRILLAC), Litec, Bibliothque de droit
de lentreprise, Tome 40, 1999
21
J. PERROUIN, La hirarchie des conventions en droit priv, (Direction L. ROZES), Thse Toulouse, 2000
I. Objet de la recherche.
Dfinition de la convention Quest-ce quune convention ? La rponse cette
5.
interrogation mriterait assurment bien plus que les quelques lignes que nous pouvons lui
consacrer dans cette introduction. Au demeurant, nous ne serions sans doute pas plus assurs
de pouvoir cerner mieux la convention en lui consacrant dimportants dveloppements22 tant
la dfinition du contrat est fonction des convictions et opinions de chacun. Peut-tre nexistet-il pas, de toute faon, de contrat en soi ou dide pure de contrat 23. La24 notion de
convention est vraisemblablement, linstar dautres notions pourtant fondamentales25,
introuvable26. Il est certainement plus facile de dire ce qui nest pas un contrat que de
dfinir ce qui en est un 27. Mais notre propos nest pas l. Il convient simplement de dfinir
ce que nous considrerons, dans la prsente tude, comme une convention, de manire
dlimiter le champ de nos investigations.
22
V. Cependant sur cette question, entre autres : G. ALPA, Le contrat individuel et sa dfinition , RID
comp., 1988, p. 327 ; J. GHESTIN, La notion de contrat , D. 1990, p. 147 et La notion de contrat au regard
de la diversit de ses lments variables, Rapport de synthse , in, La relativit du contrat, Travaux de
l'association Henri Capitant, Tome IV, 1999, LGDJ, 2000, p. 223 ; G. MONTANERI , Rgles et techniques
de la dfinition dans le droit des obligations et des contrats en France et en Allemagne : La synecdoque
franaise , RID comp., 1984, p. 7 ; G. ROUHETTE, Contribution l'analyse critique de la notion de contrat,
Thse, Paris, 1965; F. COLLART-DUTILLEUL, Quelle place pour le contrat dans l'ordonnancement juridique
? , in, La nouvelle crise du contrat (direction C. JAMIN et D. MAZEAUD), Coll. Actes, Thmes et
commentaires, Dalloz, 2003, p. 225 ; v. galement les numros des revues Droits, n 12, 1990 et les Archives de
philosophie du Droit, Le problme du contrat, 1940 et Sur les notions du contrat, Tome 13, 1968
23
24
Lutilisation de cet article dfini nest dailleurs sans doute pas trs heureuse tant il est acquis que les
dfinitions du contrat sont plurielles. V. Sur ce point, G. ROUHETTE, Thse prcite, p. 49 ; en ce sens
galement, J. GHESTIN, La notion de contrat au regard de la diversit de ses lments variables, Rapport de
synthse , prcit, p. 225 et p. 231, pour lequel lhypothse est douteuse .
25
26
crer des effets de droit. Elle serait le genre dune catgorie dactes juridiques dont, chacun le
sait, le contrat est une espce28. Elle sen distinguerait de par la nature de ses effets. Alors que
la convention serait susceptible de transfrer, dteindre ou de crer une obligation, le contrat
naurait que le dernier des effets dcrits (et la rigueur celui de transfrer la proprit 29). La
doctrine est unanime sur les termes de cette distinction, elle lest presque autant dans son
choix dassimiler, une fois la distinction pose, la convention et le contrat 30. Nous ne ferons
de ce point de vue l preuve daucune originalit. vrai dire, nous concevons assez
difficilement comment lon pourrait aujourdhui distinguer ces deux actes selon un critre,
lobligation, dont la doctrine a soulign quil ntait ni, loin sen faut, le seul effet produit par
le contrat31, ni mme, leffet principal de larchtype32 de lacte contractuel33. Contrat,
convention, les deux termes seront utiliss prsent comme de parfaits synonymes, ils
voqueront un accord de volont destin crer des effets de droit et auquel le Droit objectif
fait produire de tels effets34.
Conventions de droit priv Un bmol doit cependant tre apport cette
7.
conception a priori assez large de la convention. Elle sera exclusive des contrats
administratifs. Lexclusion de ces conventions nallait pas de soi. Contrats administratifs et
contrats de droit priv prsentent indniablement de grandes similitudes. Tous correspondent
28
Par exemple J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Doit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique,
14me dition, Sirey, Coll. Sirey Universit, 2010, n 80, p. 66
29
Sur ce point prcis et sur ceux qui prcdent, v. par exemple J. CARBONNIER, Droit civil, Les biens, les
Obligations, op. cit., n 930, p. 1942
30
Entre autres ; J. GHESTIN, La formation du contrat, 3me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit civil, 1993, n 5
p. 5 ; A. WEILL, F. TERRE, Droit civil, Les obligations, 4me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 1986, n 23, p. 25 ; v.
cependant contra P. MALINVAUD, D. FENOUILLET, Droit des obligations, 11me dition, Litec, Coll.
Manuels, 2010, qui juge que cest tort que lavant-projet de rforme du droit des obligations et de la
prescription abandonne cette distinction. Sur cet avant projet v. P. CATALA (direction), Rapport, Avant-projet
de rforme du droit des obligations et de la prescription, La documentation franaise, 2006
31
P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat , RTD civ., 1999, p. 771 ; v. galement,
A.-S. LUCAS PUGET, Essai sur la notion dobjet du contrat, (prface M. FABRE-MAGNAN), LGDJ, Coll.
Bibliothque de droit priv, Tome 441, 2005, en particulier, n 573 et s., p ; 330 et s.
32
Sur ce point, M.-E. ANCEL, La vente dans le Code civil : raisons et draisons d'un modle contractuel , in,
Code civil et modles, Des modles du code au code comme modle, (Direction T. REVET), LGDJ, Coll.
Bibliothque de l'Institut Andr Tunc, 2005, p. 285
33
34
Chacun reconnatra ici la dfinition emprunte Monsieur Ghestin, v. La notion de contrat , D. 1990, Ch.
p. 147 ; La formation du contrat, op. cit., n 8, p. 9
8.
est lune de ces notions dont on peut affirmer sans craindre de faire erreur quelle sige au
Panthon des notions dominantes sur le sol franais 37. La doctrine admet couramment la
hirarchie des normes comme une ide qui va de soi 38. Il est question de hirarchie des
normes dans diffrentes branches du droit, en droit constitutionnel39, en droit
communautaire40, en droit du travail41 ou dans diffrentes situations particulires, dans les
rapports entre les contrats-cadres et les contrats d'application42 ou encore entre les diffrents
niveaux de conventions et accords collectifs de travail43. On voque souvent la hirarchie des
35
L. CLERC, La validit des contrats administratifs, (direction J. PINI), Thse, Avignon, 2007, cette
singularit inhrente aux contrats administratifs remet en cause lexistence dune thorie gnrale des
obligations, n 512, p. 599
36
F. BRENET, La thorie du contrat administratif, volutions rcentes , AJDA 2003, p. 923 ; En droit priv,
v. par exemple, P. ANCEL, Laccroissement de la place de lunilatralit dans le contrat ?, in, La
contractualisation de la production normative, Dalloz, Coll. Thmes et commentaires, 2008, p. 307
37
P. AMSELEK, Une fausse ide claire: La hirarchie des normes juridiques , in, Renouveau du droit
constitutionnel, Mlanges en l'honneur de Louis FAVOREU, Dalloz, Coll. Etudes, Mlanges, Travaux, 2007, p.
983
39
L. FAVOREU (Direction), Droit constitutionnel, 12me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 2009, n 80, p. 62
40
J.-M. OLIVIER, Les conflits de sources en droit du travail in, Les sources du droit du travail, (direction B.
TEYSSIE), PUF, Coll. Droit, thique, Socit, 1998, p. 201
42
Par exemple, F. POLLAUD-DULIAN, A. RONZANO, Le contrat cadre, par del les paradoxes , RTD
com., 1996, n 39, p. 201; J. RAYNARD, Note sous Civ. 1, 25 novembre 2003, JCP G, 2004, II, 10046, n 6 ; J.
PERROUIN, Thse prcite, n 221 et s., p. 122 et s.
43
P. AMSELEK Rflexions critiques autour de la conception Kelsenienne de l'ordre juridique , RDP, 1978, p.
5
45
F. GRANET, Perturbations dans la hirarchie des normes juridiques , in, Le droit priv franais la fin du
XXme sicle, tudes offertes Pierre CATALA, Litec 2001, p. 41
46
P. AMSELEK Kelsen et les contradictions du positivisme juridique , APD, 1983, t. 28, p. 271
47
P. PUIG, La hirarchie des normes : du systme au principe , RTD civ., 2001, p. 749
48
Comme la en effet relev Monsieur ATIAS, plus les notions juridiques occupent une position centrale,
moins elles sont dfinies , Restaurer le droit du contrat , D. 1998, p. 137, n 1
49
J.-L. QUERMONNE, L'volution de la hirarchie des actes juridiques en droit public franais, Thse CAEN,
1952, p. 268, cit par P. AMSELEK, Une fausse ide claire : La hirarchie des normes juridiques , in,
Renouveau du droit constitutionnel, Mlanges en l'honneur de Louis FAVOREU, Dalloz, 2007, p. 983
51
N. ALIPRANTIS, La place de la convention collective dans la hirarchie des normes, (Prface H. SINAY),
LGDJ, Coll. Bibliothque douvrages de droit social, Tome 22, 1980, p. 39
52
H.L.A. HART, L'importance des dfinitions en droit , in, Le positivisme juridique, LGDJ, Coll. La pense
juridique, 1992, p. 90
53
55
Une autre illustration de cette situation paradoxale peut-tre trouve en droit du travail. Dans ce domaine,
comme dans les autres, la Constitution est suprieure la loi qui elle-mme est suprieure la convention
collective ou au contrat de travail au sens a. Or, si la hirarchie est envisage dans l'acception voque au point
g, (cest--dire x suprieure y si en cas de conflit entre le contenu de x et y, une troisime z, ordonne
d'appliquer x) on peut considrer parfois que le contrat ou la convention collective de travail sont
hirarchiquement suprieurs la loi. On sait qu'il existe en effet en droit du travail un principe fondamental
(...) selon lequel, en cas de conflit de normes cest la plus favorable au salari qui doit recevoir application
(Soc. 17 juillet 1996, SNCF et EDF, Bull. civ. V, n 296 et 297), plus simplement connu sous le nom de principe
de faveur. Il y a donc ici au sens g dfini par Michel Troper une hirarchie des normes. Une norme z, le principe
de faveur, ordonnant dappliquer une norme x (la plus favorable) en cas de conflit entre cette dernire et une
norme y (la moins favorable). On aboutit donc l encore au paradoxe suivant : le contrat de travail ou l'accord
collectif de travail, norme hirarchiquement infrieure la loi au sens a, est la norme hirarchiquement
suprieure au sens g.
56
57
N. ALIPRANTIS, op. cit. p. 39 et s., Selon cet auteur, le critre de la hirarchie est double. Au sens strict du
terme, sans doute faut-il lui donner raison. Mais il est indniable quune troisime acception du terme, la moins
prcise, est courante aujourdhui. Il sagit de celle que nous dcrirons la premire ; En ce sens encore, v. P.
9.
hirarchie des normes est comprise aujourd'hui dans un sens large ou trs simplifi 59.
Dans ce sens l, cette thorie se rsume l'exigence que les normes infrieures soient
conformes aux normes suprieures sans que ne soit livr de critre prcis de la supriorit
hirarchique, ni expliqu ce qu'il advient si, en contravention avec la thorie , des normes
ne sont pas conformes60. Ce terme est finalement utilis pour exprimer toute mise en ordre
des normes juridiques, n'importe quel principe satisfaisant le postulat de la cohrence de
l'ordre juridique 61. C'est une dfinition de cet ordre que donne un grand vocabulaire
juridique pour lequel la hirarchie est : l'ensemble des composantes dun systme
juridique considr dans leur coordination et fond sur le principe selon lequel la norme dun
degr doit respecter et mettre en uvre celle du degr suprieur 62.
Il peut alors tre question de hirarchie en matire de conventions si lon admet que ce
terme dsigne : un lien particulier qui ordonne, les uns par rapport aux autres, les contenus
normatifs de deux ou plusieurs conventions (...) Quand elle s'tablit entre deux conventions
distinctes la hirarchie a pour effet de subordonner le contenu de l'une celui de l'autre
place au-dessus d'elle 63. Entendue de la sorte, cette dfinition permet de rvler plusieurs
rapports hirarchiques entre deux conventions en droit positif64 : les contrats-cadres dj
cits65 ou les conventions et accords collectifs de travail66 ou locatifs67 seraient tous des actes
PUIG, La hirarchie des normes : du systme au principe , prcit, n 32, p. 783
58
O. PFERSMANN, Hirarchie des normes in, Dictionnaire de la culture juridique, (Direction S. RIALS et
D. ALLAND), PUF, Quadrige, 2003, p 779
59
Ibid.
60
O. PFERSMANN, Ibid.
61
62
G. CORNU, (direction), Vocabulaire juridique, 8me dition, PUF, Quadrige, 2007, p. 457
63
64
Pour une tude complte sur la question voir, J. PERROUIN, Thse prcite
65
66
67
10.
11.
labrogation, une norme est dite suprieure une autre si elle contient des dispositions qui
permettent de la priver de sa validit donc de l'liminer du systme 74. On retrouve ici la
hirarchie au sens d formule par Monsieur Troper. Une loi qui en abroge une autre est
considre comme tant suprieure en force drogatoire.
68
69
70
71
L. FAVOREU, op. cit., n 91, p. 69, drogatoire devant tre ici entendu comme le fait qu'une norme ne
s'applique pas, au moins directement, sous l'effet d'une autre rgle, soit que celle-ci la fasse dfinitivement
disparatre, soit qu'elle en empche provisoirement la concrtisation , v. galement Monsieur ALIPRANTIS,
op. cit., p. 42 qui parle de hirarchie selon la force juridique des normes
72
H. KELSEN, Thorie gnrale des normes, PUF, Coll. Lviathan, 1996, p. 146
73
74
Ibid.
10
Si l'on se place sur le terrain conventionnel un contrat peut tre considr comme
hirarchiquement suprieur un autre qui lie les mmes parties, puisque les parties peuvent
toujours, par un nouvel accord de volont, se dfaire de ce qu'elles ont antrieurement
voulu75. Leur nouvel accord sera hirarchiquement suprieur au premier en termes de force
drogatoire .
13.
la concrtisation de la norme, voque ce que lon dsigne couramment comme des rgles de
conflit ou de concours de normes. La supriorit hirarchique dune norme se manifeste alors,
en cas de concours de normes, par lapplication d'une norme par rapport une autre 76.
On retrouve ici la hirarchie dfinie au sens g par Monsieur Troper77. Dans cette acception
une rgle x est suprieure une rgle y si, lorsque les contenus de x et y sont incompatibles,
une troisime norme z78 ordonne lapplication de la norme x.
14.
15.
acception de la hirarchie pour dcrire les mcanismes d'articulation des diffrentes sources
du droit du travail. Cest par exemple le cas lorsquil sagit de rendre compte des rapports
entre
les
diffrents
niveaux
de
conventions
et
accords
collectifs
de
travail79
75
Larticle 1134 alina 2 du Code civil dispose en effet que les conventions peuvent tre rvoques du
consentement mutuel des parties, v. infra, n 523 et s.
76
77
Si, en cas de conflit entre le contenu de x et le contenu de y, une troisime norme z ordonne d'appliquer x ,
Souverainet de l'tat et hirarchie des normes dans la jurisprudence constitutionnelle : en guise
d'introduction : la thorie constitutionnelle et le droit constitutionnel positif , Les cahiers du Conseil
constitutionnel, n 9/2000, p. 143
78
Par exemple : les maximes lex posterior derogat priori ou specialia generalibus derogant ; le principe de
faveur ou encore, en droit pnal, la rgle selon laquelle en cas de concours de qualifications les faits doivent
tre poursuivis sous leur plus haute expression pnale.
79
Par exemple, G. VACHET, La rforme de la ngociation collective , JCP E., 2004, p. 1245 qui crit,
Jusqu' prsent, la hirarchie des normes en droit du travail reposait sur le principe dit de faveur .
80
Niveau lgalement consacr depuis 2004. V. J. GRANGE, Les conventions et accords collectifs de groupe ,
SSL, supp. n 1183, 27 septembre 2004, p. 73
11
81
Loi n 2004-391 relative la formation professionnelle tout au long de la vie et au dialogue social.
82
83
Au sens de la possibilit de () poser des normes moins favorables aux salaris , P. RODIERE, La loi
du 4 mai 2004 sur la dialogue social : une rforme en devenir , SSL, 27 septembre 2007, n 1183, p. 7
84
Y. CHALARON, Laccord drogatoire en matire de temps de travail , Dr. soc. n 4, avril 1998, p. 363 ; N.
DAUXERRE, Le rle de laccord collectif dans la production de la norme sociale, (prface B. TEYSSIE),
PUAM, Coll. Institut de droit des affaires, 2005, n 326, p. 378 ; M. MORAND, Faut-il renforcer la puissance
de l'accord collectif face au contrat de travail ? , Revue de droit du travail, 2007, p. 144 ; M.-A. SOURIAC,
Larticulation des accords de branche et dentreprise : une question de principe , SSL, supp. n 1084, 15 juillet
2002, p. 12
85
P. LANGLOIS, Approche critique des principales dispositions du projet de loi II , SSL, 26 janvier 2004, n
1153, p. 9
86
Sur cet article, S. STEIN, La scurisation des accords de branche commentaire de larticle 45 de la loi du 4
mai 2004 , SSL, 27 septembre 2007, n 1183, p. 64
87
Les dbats en matire de conventions collectives de travail illustrent encore la ncessit de dfinir avec
prcision les diffrentes acceptions de la hirarchie et celle pour laquelle nous opterons. Plusieurs auteurs ont en
effet vivement dnonc lutilisation du terme hirarchie pour rendre compte de larticulation entre les
diffrents niveaux de conventions et accords en estimant que lon parlait alors de hirarchie dans un sens
impropre (N. ALIPRANTIS, op. cit., p. 39). La hirarchie des normes, crit un auteur, n'est pas renverse
par l'opration de drogation () la hirarchie est [alors] confondue avec articulation (F. BOCQUILLON,
Vraies fausses ides sur les rapports entre la drogation et la hirarchie des normes , tudes offertes P.
ORTSCHEIDT, PU Strasbourg, 2003, p. 34). Au fond, il nous semble que la querelle aurait pu tre vite si
chacun avait prcis de quelle notion de hirarchie il tait question. Alors que certains emploient dans ce dbat le
terme hirarchie au sens de la force drogatoire, ceux qui contestent l'ide de l'existence de rapports
hirarchiques entre les conventions collectives de diffrents niveaux se rfrent la hirarchie au sens dun
rapport de production. Plus que lillustration de positions contraires, ce dbat est une preuve de la confusion qui
rgne autour de la notion de hirarchie et de limprieuse ncessit de fixer clairement les termes du dbat.
12
dsigner lexistence dun rapport de production89 entre plusieurs normes. On ne peut voquer
cette acception du terme sans parler immdiatement de lcole de Vienne, et plus
particulirement de Hans Kelsen, qui lon doit cette notion90. Pour le matre autrichien, le
fait que la validit dune norme fonde la validit dune autre norme, constitue le rapport entre
une norme suprieure et une norme infrieure . Une norme est avec une autre norme
dans un rapport de norme suprieure norme infrieure si celle-ci est fonde sur la validit
de celle-l. Si la validit de la norme infrieure est fonde sur la validit de la norme
suprieure par le fait que la norme infrieure a t cre de la manire prescrite par la norme
suprieure alors, la norme suprieure a le caractre dune norme de constitution au regard
de la norme infrieure 91. On dit alors d'une norme qui dtermine les conditions de validit
d'une autre norme qu'elle relve d'un statut hirarchique suprieur par rapport celle-ci 92.
On le constate donc (et Kelsen le disait93), la hirarchie dans ce sens l est plus stricte que la
dfinition que nous avons voque en premier. La pyramide94 kelsnienne est forme de
normes qui entretiennent lune par rapport lautre non de simples rapports de coordination
(visant mettre en uvre la norme suprieure au moyen de la norme infrieure), mais de
vritables liens existentiels. Ce qui fait la supriorit et linfriorit dune rgle de Droit par
rapport une autre, cest que la norme suprieure dtermine les rgles de production 95 de
la norme infrieure. La subordination de la norme infrieure rsulte de ce [quelle est] cre
en vertu des normes du degr suprieur 96.
89
Certains prfrant parler de hirarchie selon le conditionnement des normes N. ALIPRANTIS op. cit., p. 40 et
s.
90
Par exemple, H. KELSEN, Thorie gnrale des normes, op. cit., p. 346
91
Ibid. p. 345
92
93
Un ordre juridique positif reprsente un systme de normes non pas coordonnes, mais hirarchises .
94
Notion dont il ne faut pas perdre de vue quelle nest pas sous la plume de lauteur viennois une reprsentation
rigoureuse de lordre juridique mais tout au plus une simple mtaphore permettant de rendre compte de manire
simple de la forme de lordre juridique (or une mtaphore est par dfinition simplificatrice et donc
dformatrice) v. cet gard, H. KELSEN, Thorie pure du droit, Bruylant, LGDJ, Coll. La pense juridique,
1999, p. 224 ; G. TIMSIT, Les mtaphores dans le discours juridique , Revue europenne des sciences
sociales [En ligne], XXXVIII-117 | 2000, mis en ligne le 17 dcembre 2009, consult le 24 septembre 2010.
URL : http://ress.revues.org/712
95
96
R. BONNARD, La thorie de la formation du droit par degrs dans luvre dAdolph Merkl , RDP 1928
p. 676
13
hirarchie des normes que nous nous rfrerons. Une tude importante a dj t consacre
dans la premire acception du terme aux relations hirarchiques entre conventions. Sans doute
naurions-nous pas grand-chose ajouter au travail rcent et consquent de Monsieur
Perrouin. Nous formulerons seulement, lorsque loccasion se prsentera, quelques remarques
propos de diffrents points sur lesquels nos travaux se rejoignent invitablement. Une tude
de la hirarchie en termes de force drogatoire naurait sans doute en matire
conventionnelle pas non plus grand intrt. Au sens de labrogatio , nous naurions que
peu de choses ajouter aux travaux qui ont t consacrs llimination dune convention par
une autre, par le biais de techniques juridiques aussi diffrentes que varies (le mutuus
dissensus par exemple97).
collectives de travail qui cristallise une grande partie des dbats a dj fait lobjet de trs
nombreux travaux98. Hors de ce domaine, la question de larticulation entre des conventions
dont les termes peuvent se contredire a elle-mme fait lobjet dune thse rcente99.
18.
ou plusieurs conventions na jamais fait lobjet daucune tude spcifique. La question est
parfois traite de manire incidente loccasion de lanalyse de quelques rapports particuliers,
mais elle na jamais t aborde dans son ensemble. Nous nous proposerons donc dexaminer
lexistence de relations hirarchiques au sens dun rapport de production entre deux
conventions, en considrant quune premire convention est hirarchiquement suprieure
une seconde si elle en dtermine les conditions de validit100. Ce choix nous semble dautant
97
98
99
Prcisons que nous entendrons ici le terme validit comme synonyme de la validit au sens strict et de
la conformit . Une norme suprieure peut en effet dterminer deux types de conditions de validit que l'on
pourrait rsumer l'opposition connue entre les conditions de forme et les conditions de fond. Si la norme
suprieure ne fixe que des conditions de forme pour qu'une norme soit valable, on parle alors de systme
dynamique . Si la norme suprieure ne vise qu' instaurer une correspondance au fond entre son contenu et celui
de la norme infrieure, on parle de systme statique (Sur ces points v. H. KELSEN, Thorie pure du droit,
op. cit., p. 195 et 196). Si l'on considre que le droit est un systme dynamique alors, une distinction doit tre
faite entre la validit et la conformit d'une norme. Si une rgle de Droit ne peut pas tre conforme sans tre
valide, elle peut en revanche tre valide et non-conforme, c'est--dire, respecter les conditions de forme et non de
fond (L. FAVOREU, op. cit., n 89, p. 66 68). Cette distinction na aucune pertinence en droit positif. Comme
le relve Kelsen (et bien que lon oublie trs souvent cet aspect lorsque lon rsume la pense de lauteur) dans la
plupart des cas, le systme juridique ne se borne pas un simple complexe de cration de normes les normes
gnrales dictes par le lgislateur dtermin[ent] toujours non seulement la procdure des organes qui ont
14
19.
Enjeux pratiques On a beaucoup parl des crises du contrat. Batiffol dans les
annes soixante rendait compte de celle qui agitait ses contemporains et incitait certains
dentre eux se demander si la notion de contrat conservait quelque consistance 101. La
notion a gard toute sa consistance et cest bien pour cela que lon a pu parler il y a quelques
annes dune nouvelle crise du contrat102. Cest galement pour cela que des auteurs, partant
du constat que le phnomne est cyclique103, sessayent parfois esquisser les contours de ce
que pourrait tre la future crise du contrat104. En dpit de ces alertes rcurrentes le contrat se
porte bien. Les dclins voqus sont sans doute plus ceux de certaines conceptions du contrat
que du contrat lui-mme105. la vrit, cet acte na t confront depuis 1804 qu une seule
vritable crise, une crise de croissance 106. Le contrat est en plein essor. Le phnomne
tait annonc107, il a t dcrit diffrentes poques108, il nest sans doute pas achev109. Cet
appliquer ces normes, mais aussi le contenu de ces normes (H. KELSEN, Thorie gnrale des normes, op.
cit., p. 346). La validit dune norme ne tient alors plus seulement au respect dune procdure ddiction, mais
galement une correspondance de fond (P. PUIG, La hirarchie des normes : du systme au principe ,
RTD civ., 2001, n 3, p. 752). Pour cette raison, comme nous lavons annonc, nous considrerons la validit
comme synonyme de validit au sens strict et de conformit .
101
H. BATIFFOL, La crise du contrat et sa porte , APD, 1968, p. 13, Interrogation que ne partage pas
lauteur qui saccommode des interventions lgales sans pour autant que cela ne condamne pour lui la
qualification contractuelle.
102
104
V. sur ce point T. REVET, Objectivisation et subjectivisation du contrat. Quelle valeur juridique? , in, La
nouvelle crise du contrat, op. cit., p. 83, qui dcrivant les phases dobjectivisation et de subjectivisation du
contrat prdit une phase prochaine (peut-tre dj en cours) dobjectivisation du contrat.
105
106
Lexpression est de Monsieur G. CORNU, Lvolution du droit des contrats en France , in, Journes de la
socit de lgislation compare 1979, p. 449
107
H. SUMMER MAINE, Ancient Law: Its connection with the early history of society and its relation to
modern idea, (traduction Courcelle et Seneuil), Paris, Durand et Pedone, 1874, v. en particulier le Chapitre IX, p.
288 et s.
108
L. JOSSERAND, Lessor moderne du concept contractuel , in, Recueil dtude sur les sources du droit en
lhonneur de Franois Gny, Tome II, Sirey, 1934 p. 333 lauteur identifie un double essor du contrat, quantitatif
dabord, mais galement qualitatif ; M. VASSEUR, Un nouvel essor du concept contractuel , RTD civ. 1964,
p. 5
15
109
La France serait en effet en train de combler un retard important dans lutilisation du contrat et du phnomne
contractuel en gnral par rapport ses voisins. Ce retard trouverait ses causes dans lhistoire trs centralise de
notre pays. Sur ces points v. M. ROCARD, Le malaise franais en matire de contractualisation , in,
Approche critique de la contractualisation, (direction S. CHASSAGNARD-PINET , D. HIEZ), LGDJ, Coll.
Droit et socit, 2007, p. 179 et s.
110
A. HOLLEAUX, Vers un ordre juridique conventionnel , Bulletin de lIIAP, 32, 1974, p. 680
113
Il serait dailleurs impossible de dresser la liste des manifestations de cette contractualisation ni mme des
travaux qui y sont consacrs, v. cependant, S. CHASSAGNARD-PINET , D. HIEZ Approche critique de la
contractualisation, op. cit. et La contractualisation de la production normative, Dalloz, Coll. Thmes et
commentaires, 2008 ; v. galement en droit pnal : F. ALT-MAES, La contractualisation du droit pnal, mythe
ou ralit ?, RSC 2002, p. 501 ; J.-P. CERE, P. REMILLIEUX, De la composition pnale la comparution
sur reconnaissance pralable de culpabilit : le plaider coupable la franaise , AJ Pnal, 2003, p. 45 et le
dossier spcial consacr par la revue cette question ; en droit de la famille : P. DE VAREILLES-SOMMIRES
P., D. FENOUILLET, (Direction) La contractualisation de la famille, Economica, Coll. Etudes juridiques,
2002 ; en droit public : v. CONSEIL DETAT, Rapport public 2008, Volume II, Le contrat, mode daction
publique et de production de normes, La documentation franaise, Coll. Etudes et documents du Conseil dEtat,
2008
114
Il serait selon les mots dun auteur, emblmatique de la post-modernit juridique , J. CHEVALLIER,
Vers un droit post-moderne ? Les transformations de la rgulation juridique , RDP, 3-1998, p. 678
115
116
117
118
La question est particulirement prsente en droit du sport v. de manire non exhaustive, D. PORACCHIA,
Aux confins du contrat, lordre juridique sportif , Les cahiers de droit du sport, n 11, 2008, doctr. p. 17 ; G.
RABU, Lorganisation du sport par le contrat, Essai sur la notion dordre juridique sportif, (direction D.
PORACCHIA, F. RIZZO), Thse, Aix-Marseille III, 2008 et les nombreuses rfrences cites ; G. SIMON
Existe-t-il un ordre juridique du sport ? , Droits, 12, 1990, p. 97
16
119
Le droit du sport, linstant voqu, fournit de nombreux exemples de ces dsordres. V. par exemple, pour
une violation de la charte du football professionnel (charte de nature conventionnelle, mme si sa nature
juridique prcise est dbattue en particulier sur le point de savoir sil sagit dune convention collective) par un
contrat de travail, CA Lyon, 26 avril 2006, RTD civ. 2007, p. 339, note J. MESTRE, B. FAGES.
120
M.-L. MORIN, F. TEYSSIER, Laccord-cadre , Dr. soc., 1988, n 11, p. 741 ; S. FROSSARD,
Lencadrement des conventions collectives dentreprise par les conventions de champ dapplication plus
large , Dr. soc., 2000, p. 617 et s.
121
Sur ces points v. infra, n 315 pour laccord-cadre et n 532 pour les contrats-cadres.
123
B. STARCK, Des contrats conclus en violation des droits contractuels dautrui , JCP G, 1954, I, 1180
124
STARCK le relevait dj il y a plus dun demi-sicle qui crivait lincertitude surgit quant la nature
mme de laction () laction est-elle une action en nullit, en inopposabilit, ou en responsabilit ? , Ibid., n
13 ; Par exemple, en matire de conventions dindisponibilit, v. R.-N. SCHTZ, Rp. Civ. Dalloz, VInalinabilit, n 83
17
validit dune autre convention nous apparat comme tant dune utilit certaine. Lintrt de
la problmatique est dautant plus vif que lide de conditionner la validit dune convention
au respect des stipulations dune autre ne fait, a priori, gure recette en doctrine.
22.
Enjeux thoriques vrai dire, la question est le plus souvent ignore. Presque
aucun manuel ou prcis de droit des obligations naborde notre connaissance cette
problmatique en ces termes125. Seuls quelques rapports conventionnels sont parfois analyss
en termes de hirarchie. Les conventions et accords collectifs de travail dj cits, les
contrats-cadres et les contrats dapplication, les contrats principaux et les sous-contrats126 ou,
enfin, les normes socitaires. Lhypothse est assez limite dautant que la nature
conventionnelle de certains des actes cits ne fait pas lunanimit et que la doctrine prcise
rarement, lorsquelle indique la prsence de liens hirarchiques entre deux conventions,
quelle acception de ce terme elle se rfre. Lide de relations de nature hirarchique entre
conventions reste relativement vasive. Le plus souvent, les auteurs qui envisagent quune
convention puisse dfinir les conditions de validit dun autre acte juridique de mme nature
sont conduits, en raison de considrations trs diffrentes, condamner cette hypothse.
Mme le premier auteur avoir envisag de manire gnrale la possible existence de
rapports hirarchiques entre conventions semble ngliger lhypothse dun rapport de validit
entre deux actes. Il rpte en effet diverses reprises que la hirarchie est un lien qui
intresse la substance de la convention, non son existence 127. Cette indiffrence peut se
comprendre si lon prte attention aux importants obstacles thoriques auxquels la thse
envisage doit faire face.
23.
125
V. cependant louvrage de Madame FABRE-MAGNAN qui envisage les sources conventionnelles du droit
des contrats Les obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, 2me dition, PUF, Coll. Thmis Droit,
2010, p. 121 et 122. Lauteur traite alors des conventions collectives de travail, des contrats-cadres, ou encore du
contrat de socit
126
Sur ce point v. J. NERET, op. cit., qui intitule la premire partie de la thse quil consacre au sous-contrat
Contrat originaire et sous-contrat : Rapports de hirarchie , mme si le sens quil donne ce terme est alors
quelque peu diffrent de celui que nous avons retenu dans notre thse
127
J. PERROUIN, Thse prcite, n 924, p. 399, v. galement, n 846, p. 362, n 977, p. 418 ; Il consacre tout
de mme, la fin de sa recherche, une dizaine de pages (sur prs de 500) aux sanctions atteignant la validit de
la convention infrieure, v. n 1048 1072, pp. 448 459
18
N. ALIPRANTIS, Conflits entre conventions collectives de niveaux diffrents : tude comparative , RIDC,
1987, p. 10
129
130
Ibid., p. 251 et 252, qui rpond linterrogation quil formule de la manire suivante : lobjection serait
dcisive sil fallait entendre par hirarchie une supriorit dacte acte ; sil fallait dcider que la convention
conclue au niveau le plus gnral simpose par elle-mme et exclut la convention particulire non conforme qui,
en cela, serait entache dun vice . Lauteur propose ensuite dentendre de manire plus souple la notion de
hirarchie.
132
E. JEANSEN, Larticulation des sources du droit, Essai en droit du travail, (prface B. TEYSSIE)
Economica, Coll. Recherches juridiques, 2008, n 100, p. 84, lauteur rend compte des difficults quil existe
tablir un rapport hirarchique entre la convention collective et le contrat de travail dans la mesure o crit-il
les deux sources disposent dune position identique au regard de leur conditionnement , la loi fondant leur
validit .
134
P. PUIG, Le transfert au contrat des exigences de formulation dune source normative , in, La
contractualisation de la production normative, prcit, p. 286
135
J.-L. BERGEL, Thorie gnrale du droit, 4me dition, Dalloz, Coll. Mthodes du droit, 2004, n 170, p.
198 et 199, qui crit que la hirarchie inhrente aux institutions est parfois prsente comme une autre
diffrence fondamentale par rapport au contrat qui est thoriquement soumis au principe dgalit des parties
19
Cest ensuite le principe de leffet relatif des conventions qui se poserait son tour
25.
Le contrat ne serait pas une rgle de Droit. Le principe communment admis est [en
effet] que les normes juridiques ou rgles de Droit se limitent des dispositions par voie
gnrales et impersonnelles et sidentifient avec elles. En vertu de ces rgles () naissent des
137
Y. PUYO, Essai sur le contrat et linstitution, les relations entre les groupements institutionnels et le contrat
en droit priv, (Direction B. BEIGNIER) Thse, Toulouse, 2006, n 266 et s., p. 184
138
En ce sens, C. BOURRIER, N. BOUCHE, La sanction des clauses contractuelles contraires une
convention collective , D., 1999, p. 159 spc. n 9 ; J. PELISSIER, A. JEAMMAUD, A. SUPIOT, Droit du
travail, Dalloz, Coll. Prcis, v. la 20me dition, 2000, n 823, p. 818 la nullit pour mconnaissance des
stipulations dun autre contrat, serait au demeurant bien difficile expliquer et concilier avec la relativit des
actes juridiques (la phrase semble avoir disparu dans la dernire dition) ; v. encore, bien que les termes du
dbat ne soient pas exactement les mmes, v. J. PERROUIN, Thse prcite, n 13, p. 18, Dans lhypothse o
les parties la convention subordonne sont trangres la convention suprieure, le fait quelles subissent les
effets de lacte auquel elles nont pas particip constitue une entorse la relativit des conventions pose
larticle 1165 du Code civil .
139
L. DUGUIT, La rgle de Droit, le problme de ltat, Paris, E. De Boccard, 1927 . 39, p. 404
140
Duguit distingue trois catgories dactes juridiques. Les actes-rgles (qui sont des actes gnraux et abstraits
et qui sont faits avec lintention quil se produise une modification dans les rgles de droit () la suite
desquels se produit uniquement une modification dans le domaine du Droit objectif, sans quil soit touch en
quoi que ce soit la situation dun ou plusieurs individus dtermins 31, p. 327). Les actes-condition (que
Duguit dfinit comme les actes qui dterminent un individu de telle manire quune norme juridique qui ne lui
tait pas antrieurement applicable lui devient applicable ou tout acte la suite duquel nat pour un individu
un statut quil navait pas auparavant . Lauteur cite lexemple du mariage qui par sa clbration dclenche
lapplication dun ensemble de rgles. Lacte est la diffrence du prcdent, la fois objectif en ce quil na
dautre rsultat que de conditionner lapplication dune rgle du Droit objectif mais il possde galement une
dimension subjective en ce quil dtermine lapplication de cette rgle de Droit un individu dfini par lacte,
31, p. 328). Enfin une dernire catgorie dactes, les actes subjectifs, qui sont des actes la suite desquels
apparat la charge dun sujet une obligation spciale, concrte, individuelle, momentane, qui ntait point
cre par le Droit objectif, qui nexisterait point la charge de cet individu par lapplication dune rgle
quelconque de Droit objectif , dont le contrat est la meilleure illustration ; 31 p. 328 et 329). Les rfrences
cites sont tires de louvrage cit ci-dessus.
20
26.
La thse parat si trange que mme les partisans de la normativit du contrat semblent
parfois faire, incidemment, preuve dun certain scepticisme face laptitude du contrat tre
une norme fondatrice. Ces auteurs relayent en effet frquemment lide commune147 selon
laquelle le contrat serait une norme qui se situerait en bas de la pyramide des normes. Il en
serait le dernier niveau . Aprs lui, plus rien148. Diffusant cette ide, Monsieur Heuz
141
R. BONNARD, La thorie de la formation du droit par degrs dans luvre dAdolph Merkl , prcit, p.
673
142
En ce sens M. FABRE-MAGNAN, Droit des obligations, op. cit., p. 121, qui qualifie lhypothse
dtonnante .
143
V. infra, n 312 et s.
144
J.-M. MOUSSERON (Direction), Technique contractuelle, 3me dition, 2005, ditions Francis Lefebvre, n
127, p. 74
145
Effets qui seraient antinomiques avec la notion de contrat, en ce sens, P. RODIERE, La convention
collective de travail en droit international priv, Contribution ltude des normes juridiques de source
professionnelle, Litec, Coll. Institut des relations internationales, 1987
146
Alors que le contrat est dailleurs gnralement exclu de la liste des sources du Droit, la convention collective
trouve, elle, bonne place au sein de ces sources, v. par exemple, D. MAINGUY, Introduction gnrale au droit,
5me dition, Litec, Coll. Objectif Droit, 2010, n 183, p. 155 ; H. ROLAND, L. BOYER, Introduction au droit,
Litec, Coll. Traits, 2003, n 1554, p. 540 ; G. TAORMINA, Introduction ltude du droit, Librairie de
l'Universit d'Aix-en-Provence, 2005, n 276 et s., p. 138 et s. ; P. MALAURIE, P. MORVAN, Introduction
gnrale, 3me dition, Defrnois, Coll. Droit civil, 2009, n 313, p. 259 ; F. TERRE, Introduction gnrale au
droit, 8me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 2009, n 375 p. 305 et 306, lauteur voque ici les conventions
collectives de travail. Il aborde plus haut dautres conventions mais de manire moins affirmative.
147
Pour une illustration de ce lieu commun v., L. AYNES, Le contrat, loi des parties , Cahiers du Conseil
constitutionnel, 17, 2004, p. 121
148
Dans une conception normativiste de lordre juridique, toutes les normes sont conditionnantes et
conditionnes , deux exceptions prs. La norme hirarchiquement la plus leve nest que
21
V. HEUZE, La rglementation franaise des contrats internationaux, Etude critique des mthodes , Joly
ditions, 1990, n 49, p. 29. la vrit, telle nest pas exactement la pense du Matre Viennois. Pour cet auteur,
les normes figurant au niveau zro de la hirarchie sont les normes de contrainte. Il y a, crit-il, les actes
qui ne sont quapplication du droit et nullement cration du droit. Ce sont () les actes qui ralisent les actes de
contrainte status par les normes juridiques , v. sur ce point, Thorie pure du droit, op. cit., p. 237
150
P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat , prcit, p. 775, n 6, nous soulignons.
151
L. CLERC, Thse prcite, n 511, p. 598. V. galement, n 56 et s., p. 75 et s. o lauteur situe la convention
dans la hirarchie des normes et la place au dessous des normes constitutionnelles, lgales, rglementaires, et
galement au dessous des actes administratifs unilatraux.
152
D. DE BECHILLON, Le contrat comme norme dans le droit public positif , RFDA, 1992, 1, p. 34 et 35.
Lauteur attnue cependant quelques lignes plus tard ce propos dj mesur ; il semble sen loigner dans un
article ultrieur o il dnonce la solution de facilit consistant intgrer lensemble des actes [des personnes
prives] au degr zro (ou un) de la pyramide des normes, Sur la conception franaise de la hirarchie des
normes, Anatomie dune reprsentation , RIEJ, 1994, 32
153
Sur la distinction entre les rgles primaires et secondaires, la polysmie de ces termes, et un essai de synthse
v. lclairant article de N. BOBBIO, Nouvelles rflexions sur les normes primaires et secondaires , in, Essais
de thorie du droit, Bruylant, LGDJ, Coll. La pense juridique, 1998, p. 159 et s.
154
Le terme est emprunt au Professeur Joseph PINI qui, lors de ses cours dispenss en Master II Droit des
contrats privs et publics lUniversit dAvignon, enseignait que le contrat administratif est une norme
fonde et fondatrice ; Il est galement celui employ par Monsieur NEAU-LEDUC dans sa thse sur la
rglementation de droit priv pour dcrire le rle du contrat (norme fondatrice) lgard de lacte unilatral
rglementaire qui en dcoule. V. La rglementation de droit priv, op. cit., n 346, p. 219
22
Au regard des arguments qui viennent dtre exposs, lide quune convention puisse
dterminer lune au moins des conditions de la validit dune autre convention semble bien
dlicate soutenir. contre-courant de ce sentiment il nous semble au contraire que la chose
est parfaitement admissible. Les arguments avancs en dfaveur de la thse propose ne
semblent pas tre de nature y faire vritablement obstacle ; quant au droit positif, il semble
recler des situations dans lesquelles une convention dtermine manifestement les conditions
de validit dun autre acte de mme nature. Lexistence de rapports hirarchiques entre
normes conventionnelles est indniable (PREMIRE PARTIE).
28.
Une fois tablie lexistence de rapports de validit entre deux conventions nous
23
29.
introduction, se heurterait trois obstacles principaux. Leffet relatif des conventions, lgalit
juridique de ces actes, labsence de normativit juridique du contrat. Dmontrer lexistence de
relations de type hirarchique entre deux ou plusieurs conventions suppose donc
invitablement de lever, un un, les obstacles cette thse (TITRE I).
30.
assurment pas sassurer de lexistence de rapports hirarchiques en droit positif. Pour cette
raison, et cest pour nous lessentiel, encore faut-il vrifier dans le droit positif lexistence de
relations hirarchiques entre normes conventionnelles. Si lon admet quune hirarchie existe
entre deux normes lorsque lune dtermine un lment que lautre norme devra respecter sous
peine de ne pas tre valable, alors, ltude du droit positif nous permettra de dmontrer quen
plus dtre thoriquement admissible lexistence de rapports hirarchiques entres normes
conventionnelles est une ralit (TITRE II).
TITRE
PREMIER
LA
POSSIBILIT DE RAPPORTS
31.
normativit du contrat seraient donc les principales difficults auxquelles doit faire face
lopinion que nous voudrions soutenir. vrai dire, deux de ces prtendus obstacles peuvent
tre carts sans quil soit ncessaire den discuter trop longuement puisquils reposent sur
des prmisses que rien ne permet de soutenir a priori ou sur une vision trop simple de la
hirarchie des normes .
32.
Leffet relatif des conventions nest pas un obstacle Tel est en premier lieu le cas
33.
Largument est en partie une pure ptition de principe. Il repose, implicitement mais
ncessairement, sur le prsuppos selon lequel les deux conventions hirarchises ne lient pas
les mmes parties. Faire produire une convention liant primus et secundus un effet lgard
dune autre, liant secundus tertius, serait manifestement faire subir tertius leffet dun acte
auquel il nest pas partie. Or, rien nindique pour linstant quun lien hirarchique ne puisse
pas relier deux conventions liant les mmes parties. Nous aurons dailleurs par la suite
loccasion de dmontrer que cette alternative est parfaitement envisageable et quelle se
manifeste dans diverses situations en droit positif. Largument tir de leffet relatif des
conventions ne peut, ds lors, tre quun obstacle partiel rduit lhypothse suivante.
34.
Si lon envisage quun lien hirarchique puisse relier deux conventions ayant des
35.
Lgalit juridique des conventions nest pas un obstacle La seconde cause qui
devrait avoir pour consquence la condamnation de lopinion que nous avons form le dessein
de soutenir, tiendrait lgalit juridique des conventions. vrai dire, l encore, la remarque
ne rsiste pas lanalyse. premire vue lide est pleine de bon sens. Elle repose sur la
considration que les conventions sont dun point de vue formel des normes de mme niveau
hirarchique. Une convention est gale une convention, une loi est gale une loi, un arrt
municipal est gal un autre arrt municipal. Toutes les normes sont gales aux autres
normes qui appartiennent la mme catgorie de normes . Pour cette raison, on peut avoir
quelques difficults concevoir quune norme puisse dfinir les conditions de validit dune
mme catgorie de normes (et lui soit donc hirarchiquement suprieure); il peut donc tre
difficile de concevoir quune convention dtermine les conditions de validit dune autre
convention (et lui soit donc hirarchiquement suprieure).
36.
Une telle approche formelle est sans aucun doute trop rductrice. Lgalit formelle de
deux actes juridiques, le fait que leur valeur juridique soit identique, ne fait pas obstacle
lexistence de rapports hirarchiques entre deux normes en termes de rapport de production.
Nous en donnerons un unique mais probant exemple. La Constitution de la Vme Rpublique
prvoit dans son Titre XVI (dans un unique article 89) ses propres modalits de rvision. Les
rgles nonces cet article sont donc des normes de production de normes
constitutionnelles qui entretiennent, ce titre, un rapport hirarchique avec les normes
constitutionnelles () dont elles formulent les conditions de validit 157. Des normes de
valeur constitutionnelle dterminant les conditions de la validit dautres normes de
155
M. FABRE-MAGNAN, Les obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, 2me dition, PUF, Coll.
Thmis Droit, 2010, p. 506
156
Nous nous en tenons pour linstant ces quelques remarques. La question sera tudie de manire plus
dtaille ultrieurement, infra, n 543 et s.
157
C. BRAMI, La hirarchie des normes en droit constitutionnel franais, Essai danalyse systmique,
(Direction G. CALVES), Thse, Cergy-Pontoise, 2008 p. 228
27
37.
obstacle que nous avons relev. Jamais exprim, mais invitablement prsent dans tous les
esprits, celui de la non normativit du contrat. Le contrat serait un acte dexcution matrielle
du Droit et non un acte producteur de Droit. Cette prsentation nous lavons dit saccorde
assez mal avec lide quune convention puisse dterminer lune au moins des conditions de
validit dune seconde convention. Seule une rgle de Droit, autrement dit, un acte crateur de
Droit peut, comme son nom lindique, crer du Droit. Admettre que le contrat est une rgle de
Droit (autrement dit, une norme juridique158) savre donc indispensable si lon aspire
rendre compte des rapports inter-conventionnels en termes de hirarchie.
Il nous reviendra donc, la suite de quelques auteurs, de dmontrer que le contrat est,
en droit priv159 positif, une vritable norme juridique.
38.
Considrer le contrat comme une rgle de Droit nest certainement pas adopter une
position commune. La rception de cette thse est assez faible dans la doctrine civiliste
(mme si elle connat un indniable essor depuis quelques annes160) qui le plus souvent nie le
158
Nous nous rallions ici la position de plusieurs auteurs et nous emploierons tout au long de notre tude les
deux termes, normes et rgles, comme synonymes. En ce sens par exemple, P. AMSELEK, Lacte juridique
travers la pense de Charles EISENMANN , APD, 1987-2, p. 314 et Le droit, technique de direction publique
des conduites humaines , Droits, 10, 1989, p. 7; D. DE BECHILLON, Qu'est-ce qu'une rgle de Droit, Odile
Jacob, 1997, notamment p. 165; G. KALINOWSKI, Trois notions du droit , Droits, 10, 1989, p. 45; A.
JEAMMAUD, La rgle de Droit comme modle , D. 1990, p. 199, n 3 qui relve propos de la distinction
entre norme et rgle que tout est affaire de convention ; Contra, voir P. MAYER, La distinction entre rgles
et dcisions et le droit international priv, Dalloz, 1973 ; Lauteur distingue les deux concepts, les rgles tant
alors une sous catgorie de normes se distinguant, en partie, de par leur caractre gnral dune autre catgorie
de normes, les dcisions, v. en particulier, n 48 79, p. 35 55
159
Notamment les travaux de Monsieur P. ANCEL sur la distinction entre la force obligatoire du contrat et ses
effets obligationnels. V. encore la thse de R. LEVACHER, La rgle contractuelle dans lordre juridique,
contribution lanalyse normative du contrat, (Direction R. ENCINAS DE MUNAGORRI), Thse, Nantes,
2007 ; sans oublier les nombreux travaux de Messieurs GHESTIN, ROUHETTE ou de Monsieur ENCINAS DE
MUNAGORRI qui seront rgulirement cits.
28
Par exemple rcemment, L. IZAC, L'autorit du contrat, Essai sur l'ordre juridique subjectif, Thse,
Toulouse, 2006, (direction T. REVET), notamment, n 474, p. 435
162
Ne citant pas le contrat comme lune des sources du Droit objectif : J.-L. AUBERT, E. SAVAUX,
Introduction au droit et thmes fondamentaux du droit civil, 13me dition, Sirey, Coll. Sirey Universit, 2010,
n 77 et s., p. 59 et s. ; Y. BUFFELAN-LANORE, V. LARRIBAU-TERNEYRE , Droit civil, Introduction,
16me dition, Sirey, Coll. Sirey Universit, 2009, n 42 et s. p. 20 et s.; B. BEIGNIER, C. BLERY, Manuel
dintroduction au Droit, PUF, Coll. Manuels, Droit fondamental, 2004, n 74 et s., p. 123 et s. ; R.
CABRILLAC, Introduction gnrale au Droit, op. cit., n 91, p. 93; J. CARBONNIER, Droit civil, Introduction,
1re dition, Quadrige, PUF, 2004, n 106 et s., p. 194 et s. ;P. COURBE, Introduction gnrale au droit, op.
cit., 2009, p. 42 et s. ; G. CORNU, Droit civil, Introduction au droit, 13me dition, Montchrestien, Coll. Prcis
Domat, 2007, n 72 et s. p. 46 et s. ; M. DOUCHY-OUDOT, Droit civil, Premire anne, op. cit., n 76 et s., p.
51 et s. ; S. DRUFFIN-BRICCA, L.-C. HENRY, Introduction gnrale au droit, Gualino, Coll. Manuels, 2007,
n 331, p. 153 ; P. MALINVAUD, Introduction l'tude du droit, 12me dition, Litec, Coll. Manuels, 2008, n
58 et s., p. 49 et s; B. PETIT, Introduction gnrale au droit, 7me dition, PU Grenoble, 2008, n 41 et s. p. 41
et s. ; J.-L. SOURIOUX, Introduction au droit, 2me dition, PUF, Coll. Droit fondamental, 1989, n 96 et s. p.
121 ;H. ROLAND, L. BOYER, Introduction au droit, op. cit., n 482 p. 173 ; Voir aussi APD numro spcial
sources du Droit ; v. encore la thse de Monsieur P. MAYER, La distinction entre rgles et dcisions et le
droit international priv, (prface H. BATIFFOL), Dalloz, 1973, n 16 p. 12 o lauteur refuse de considrer le
contrat comme une norme argument pris du fait quil nest pas raisonnable de penser que ltat a accord un
blanc-seing gnral tous les citoyens pour sexprimer en son nom .
163
Voir cependant, dans la doctrine contemporaine qui affirme sans quivoque lappartenance de la convention
aux sources du Droit objectif : Parmi les manuels dintroduction au droit ou de droit des obligations, R.
ENCINAS DE MUNAGORRI , Introduction gnrale au droit, Champs Universit, Flammarion, Coll. Champs,
2006, qui est sans doute lauteur le plus affirmatif de la qualit de rgle de Droit de la convention. Il prsente en
effet dans un Chapitre intitul la formation des rgles de droit , et aprs deux sections consacres la
jurisprudence et la coutume, une troisime section ddie aux actes juridiques, subdivision elle-mme partage
en deux sous-sections dans lesquelles lauteur envisage successivement les rgles tablies par les particuliers
(contrats et actes juridiques unilatraux) puis les rgles dorigines tatiques (la Constitution, les lois et les actes
administratifs), p. 116 et s. ; J. GHESTIN, G. GOUBEAUX, M. FABRE-MAGNAN, Introduction gnrale,
4me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit civil, 1994, n 240 et s. p. 199 et s. ; J. GHESTIN, C. JAMIN, M.
BILLIAU, Les effets du contrat, 3me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit civil, 2001, n 1, p. 1 ; X. LABBEE,
Introduction gnrale au droit, Pour une approche thique, PU du Septentrion, 2006, qui consacre au Titre II
la norme voulue , parmi laquelle se trouve la convention, p. 101 ; C. LARROUMET, Droit civil, Tome I,
Introduction ltude du droit priv ,5me dition, Economica, Coll. Droit civil, 2006, n 183 et 184, p. 112 et
113 ; F. TERRE, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 373, 374 et 375 p. 303 306, mais lauteur prsente
le contrat comme une pratique (elle-mme source du droit, n 369 et s. p. 300 et s.) ce qui donne un sentiment
dambigut sur la porte exacte des propos tenus, sans doute nutilise-t-il pas ici la mme acception que nous du
terme sources ; quelques monographies ou thses dveloppent la mme ide ; D. DE BECHILLON, op. cit.,
en particulier, p. 50 et 51 ; L. CLERC, La validit des contrats administratifs, Thse, Avignon, 2007, (direction
J. PINI) p. 1 83; P. JESTAZ, Les sources du droit, Dalloz, Coll. Connaissance du droit, 2005, qui consacre la
seconde partie de cet ouvrage aux sources venues de la base , p. 79, le Chapitre premier tant consacr
lacte juridique des particuliers , p. 81 et s. ; R. LEVACHER, Thse prcite ; G. ROUHETTE, Contribution
l'analyse critique de la notion de contrat, Thse, Paris, 1965 ; quelques articles, P. ANCEL, Force
obligatoire et contenu obligationnel du contrat , prcit ; D. DE BECHILLON, Le contrat comme norme
29
39.
contrat est une norme juridique comme les autres. Cest souvent en tudiant ses effets que lon
remarque ici ou l que le contrat produit des normes, quil a, tel ou tel autre gard un effet
normatif . Il est presque devenu commun de souligner ces effets normatifs du contrat
(qui sont cependant souvent considrs comme tant exceptionnels). Ce nest cependant pas
parce que le contrat a des effets normatifs quil doit tre considr comme une norme.
Cest au contraire parce quil est une norme quil produit des effets normatifs . Nous ne
soulignerons donc pas ici les diffrentes manifestations de ces effets normatifs du contrat.
Nous nous attacherons, au contraire, souligner que la convention correspond la dfinition
qui est pour nous celle de la norme juridique. Cela nous conduira donc dans un premier temps
dmontrer que le contrat est une norme (CHAPITRE PREMIER) dont le caractre juridique (la
juridicit) nous semble acquis (CHAPITRE SECOND).
dans le droit public positif , prcit ; J. GHESTIN, La notion de contrat , D. 1990, Ch. p. 147 ; les donnes
positives du droit , RTD civ. 2002, p. 11 ; G. ROUHETTE, La dfinition du contrat et la mthode juridique
franaise , Droits, 12, 1990, p. 59 ; La force obligatoire du contrat, Rapport franais , in, Le contrat
aujourd'hui: comparaison franco-anglaise, (direction D. TALLON, D. HARRIS), LGDJ, Coll. Bibliothque de
Droit priv, Tome 196, 1987, p. 27
30
progressivement, et par limination, de souligner ce qui fait dans lunivers des normes la
spcificit des normes juridiques (SECTION I). Cette dmarche mene son terme, il sera alors
temps de comparer la convention cette dfinition pour vrifier si la convention peut tre
qualifie de norme (SECTION II).
42.
Aprs avoir donn une dfinition gnrale de la norme (1) nous prciserons donc les
spcificits de la norme juridique qui font delle une norme thique (2).
165
En ce sens, F. TERRE, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 243, p. 197, Nagure, on aurait pu se
passer de lemploi de ce mot, laissant le soin den disserter aux reprsentants dune certaine philosophie du
droit, inspire de Kelsen () Aujourdhui, la situation est diffrente dans la mesure o le mot norme a
dsormais conquis une place de choix dans notre ordonnancement juridique .
166
Il ne sagit pas de nier pour autant linfluence de cette doctrine sur notre conception du Droit.
31
43.
Le sens d'un nonc qui pose un modle Une tude de plusieurs dictionnaires de la
langue franaise nous enseigne que la norme est le plus souvent dfinie comme une rgle ou
une loi167. Assurment, cette dfinition ne nous claire que trs peu sur le sens du mot norme,
puisque nous avons pris le parti de considrer ces termes comme synonymes168. Il faut donc,
avant de revenir vers d'autres dfinitions proposes, sattacher un instant l'tymologie de ce
terme dont plusieurs auteurs s'accordent reconnatre le caractre trs instructif169.
44.
Norme est un driv du grec gnomon170 dont la traduction latine, norma, dsignait
comme le terme grec une rgle au sens de l'instrument de bois, de mtal ou de quelque autre
matire, qui sert guider la main quand on veut tracer des lignes droites171 (cette rgle
permettait galement de former des angles droits172). Les deux termes norme et rgle
taient donc dj synonymes. La norme est donc lorigine un outil, matriel, utilis par
l'homme qui va progressivement devenir une chose immatrielle. partir de l'intuition
vidente que ce quelque chose prsentait lui aussi fondamentalement une nature d'outil 173,
la norma, qui guidait la main de l'homme et lui servait de modle pour tracer des lignes et des
angles, devient un outil intellectuel guidant la conduite de lhomme et lui servant de modle
de comportement. L'instrument permettant de tracer des lignes devient ainsi une ligne de
conduite 174. Pour les stociens, dsireux d'imiter la sagesse de Socrate, ce dernier tait le
gnomon175.
167
Entre autres, ACADMIE FRANAISE, Dictionnaire de lacadmie Franaise, 9me dition, v Norme ; J.
REY-DEBOVE, A. REY, (Direction), Le nouveau petit Robert de la langue franaise, 2010, v Norme ; P.-E.
LITTR, Dictionnaire de la langue franaise, Tome III, v Norme.
168
Le mot Loi tant bien entendu pris dans son acception matrielle.
169
170
A. REY (Direction), Dictionnaire historique de la langue franaise, Dictionnaire le Robert, 2006, v Norme.
171
172
173
P. AMSELEK, Norme et loi , prcit, p. 91, qui relve mme que l'usage du mot norme pour dsigner un
outil matriel a, un temps, disparu pour ne laisser subsister que le seul usage de norme au sens psychique du
terme.
174
175
32
trouve d'ailleurs assez souvent, dans un certain nombre de dictionnaires, la norme dfinie
comme un modle176/177. La norme serait donc un modle, mais pas un modle imiter de
faon mcanique et servile 178. Elle est ce qui sert de rfrent pour une infinit d'actions
179 et plus prcisment, comme le dfinit Denys de Bchillon, l'ide ou le concept d'une
situation ou d'un comportement ou d'une chose auquel on veut rapporter une situation, un
comportement ou une chose rels par le biais d'une opration de jugement 180. Dans ce sens,
la norme n'est donc plus un lment accessible aux sens mais l'esprit. La norme ne se voit
pas, elle se comprend 181. Elle est pour reprendre une formule familire, le sens d'un
nonc182.
46.
Dire qu'une norme est le sens d'un nonc c'est exclure de la dfinition de la norme
son support. propos d'une norme juridique par exemple, celle-ci n'est pas la loi le dcret ou
tout autre texte de loi au sens matriel que l'on peut rencontrer en droit positif183. La norme est
retrouverait galement semble t-il des traces de l'utilisation du mot norme au sens figur chez Cicron qui
pourrait avoir t le premier dvelopper vritablement cette acception du terme v. S. AUROUX (Direction),
Les notions philosophiques, dictionnaire, Tome II, PUF, p. 1767.
176
Ibid., p.1768; Dictionnaire de lacadmie Franaise, prcit, v Norme, qui dfinit notamment la norme
comme un comportement qui peut tre pris pour rfrence ; modle, principe directeur qu'on tire de
l'observation du plus grand nombre ; Le nouveau petit Robert de la langue franaise, v Norme, p. 1704; S.
SIMHA, prcit, p. 567; Trsor de la langue franaise informatis, v Norme, qui dfinit la norme comme la
rfrence un modle .
177
V. galement, A. JEAMMAUD, La rgle de Droit comme modle , D. 1990, Ch., p. 199, en particulier n
9 17, p. 203 206.
178
179
Ibid.
180
D. DE BECHILLON, op. cit., p. 171 ; v. galement, reprenant peu prs les mmes termes A. JEAMMAUD,
La rgle de Droit comme modle , prcit, n 10, p. 203.
181
Ibid., p. 166.
182
Entre autres auteurs recourant au sens dun nonc dans leur dfinition de la norme, v. P. AMSELEK,
Norme et loi , prcit, p. 93 la norme, c'est le message dont les signes sont porteur, leur sens ; D. DE
BECHILLON, op. cit., p. 166, la norme comme signification d'une proposition ; H. KELSEN, Thorie
gnrale des normes, op. cit., p. 2, adapt la norme juridique, il la dcrit comme la signification d'un acte de
volont ; E. MILLARD, Qu'est-ce qu'une norme juridique , Cahiers du Conseil constitutionnel, n 21, 2006
p. 87.
183
En se sens, P. AMSELEK, Norme et loi , prcit, p. 93; D. DE BECHILLON, op. cit., p. 166; E.
MILLARD, Ibid., p. 88 et 89.
33
47.
Modle de survenance d'vnements dans le cours des choses La norme est donc
le sens d'un nonc. On peut sans doute prciser un peu plus encore la dfinition de la norme
au sens immatriel. Initialement rduite au sens d'un nonc constituant un modle de
comportement humain, la norme s'est largie un modle de survenance d'vnements dans le
cours des choses. Les normes et rgles au sens figur dpassent le champ de modles de
comportement pour s'tendre, outre les normes juridiques et morales ou thiques, aux normes
sociologiques, statistiques, mdicales, naturelles ou scientifiques (mme si les juristes tendent
parfois ne reconnatre que difficilement le caractre normatif aux rgles scientifiques186/187).
Les disciplines scientifiques ont donc bien, elles aussi, leurs normes, que l'on nomme le plus
souvent lois188 ou principes, et qui sont des modles de survenance d'vnements dans le
cours des choses.
On parle ainsi des lois de Newton en sciences physiques, de Pareto189 en conomie, de
la clbre loi de Moore en informatique, de la loi des grands nombres en statistique, ou encore
184
185
Le Prsident de la Rpublique signe les ordonnances et les dcrets dlibrs en Conseil des Ministres, v. E.
MILLARD, Ibid., p. 89.
186
187
Voir par exemple l'attitude ambigu de Kelsen sur cette question qui crit qu'il existe des normes qui peuvent
signifier une rgle normative et d'autres normes qui noncent des rgles de fait , ce qui semble alors tre
une catgorie de normes qui ne seraient pas des normes, Thorie gnrale des normes, p. 11 ; V. galement R.
CAPITANT, Introduction l'tude de l'illicite : L'impratif juridique, Dalloz, 1928, qui ds la premire page de
sa thse oppose la norme , ce qui doit-tre , la loi naturelle, ce qui est , p. 1.
188
Sur l'origine thologique du succs du terme loi en matire de sciences naturelles, voir J.-M. L.-L, in,
Dictionnaire culturel des sciences, V- Loi, dition Seuil-Regard.
189
34
48.
Il existe donc une grande varit de normes dans toute une srie de disciplines. Toutes
ne possdent cependant pas les mmes caractristiques. C'est en confrontant les normes
juridiques aux normes des autres disciplines que l'on dgagera les caractres principaux qui
font de la norme juridique une varit de normes, les normes thiques.
2. Varits de normes.
49.
La norme juridique est, nous le constaterons, une norme thique. Cette catgorie de
normes est une sous-catgorie des normes directives, que lon peut opposer aux normes
recognitives ou scientifiques. Avant d'tre une norme thique (2), la norme juridique est donc
une norme directive (1).
50.
Dualit des noncs des normes On peut distinguer deux grandes catgories de
normes : les normes recognitives et les normes directives193. Les normes recognitives (les
normes ou lois scientifiques ou naturelles) sont des modles de survenance des choses qui se
ralisent ou qui se produisent effectivement 194. Ces normes sont alors labores grce
l'exprience. Il s'agit de voir pour prvoir, tudier ce qui est afin d'en conclure ce qui sera
190
191
Loi de Newton.
192
Loi de Moore.
193
P. AMSELEK, Norme et loi , prcit, p. 96 et s. ; Sur ce point v. D. DE BECHILLON, op. cit., p. 164 qui
oppose les normes descriptives et prescriptives . Si les termes sont diffrents ils rendent compte de la
mme opposition.
194
35
51.
Les normes directives elles, sont des modles d'une toute autre nature. Ces normes ne
sont pas des modles de la survenance effective d'un vnement mais des modles
remplir, suivre, observer 196, des modles de comportement. Ce type de norme a donc
pour objet les conduites humaines qu'elles visent diriger, guider197. Elles ne sont donc plus
comme les normes scientifiques l'tablissement d'un lien de cause effet entre ce qui est et ce
qui sera. Du fait que la Constitution prvoit que Le Prsident de la Rpublique signe les
ordonnances et les dcrets dlibrs en Conseil des Ministres, on ne peut dduire qu'il les
signera effectivement198. De la mme manire, on ne peut dduire de la norme il est interdit
de mentir si un individu dira la vrit. Les normes directives ne prvoient pas, la
diffrence des normes recognitives, ce qui sera effectivement. C'est cette catgorie des
normes directives qu'appartiennent les normes juridiques.
52.
Au sein mme de cette catgorie de normes directives, une nouvelle prcision doit tre
apporte. Celle-ci est en effet subdivise en plusieurs catgories dont la comparaison nous
permettra d'affiner encore la spcificit des normes juridiques.
53.
Dfinition des normes thiques Toutes les normes directives ayant pour objet de
diriger un comportement humain ne sont pas des normes juridiques, ni mme des normes
thiques. Il est en effet des normes qui ont pour objet de diriger les comportements humains
pour leur permettre de parvenir un certain rsultat, une certaine fin 199/200 et qui sont
195
A. COMTE, Discours sur l'esprit positif, Carillan-Goeury et Vr. Dalmon, 1844, p. 17.
196
197
Ibid.
198
199
200
A. DREWS, Les normes sont des prescriptions ou des rgles qu'il faut observer si l'on veut qu'un certain
but soit atteint , Manuel de logique, Berlin, 1928, p. 10, cit par H. KELSEN, Thorie gnrale des normes, op.
36
54.
l'inverse, les normes juridiques sont des normes thiques qui ne reprsentent pas un
falloir tre mais, selon l'expression devenue clbre, un devoir tre 205. la diffrence
des normes techniques qui expriment une ncessit causale 206, les normes thiques et
juridiques expriment que quelque chose doit tre. Comme l'explique le chef de file de l'cole
de Vienne lorsque l'thique dcrit une norme morale gnrale dans la proposition si
quelqu'un est dans le besoin, on doit le secourir 207, ou si la science du droit dcrit une
norme juridique gnrale dans la proposition si quelqu'un a reu un prt, il doit le
rembourser 208, alors, la connexion de condition consquence n'a manifestement pas le
caractre d'une ncessit causale. Elle est exprime par un devoir tre et non par un
falloir tre . Il est possible que quelqu'un dans le besoin ne soit pas secouru, et que
quelqu'un ayant reu un prt ne le rembourse pas209 alors qu'il est par exemple impossible,
notre connaissance, de monter des blancs dufs en neige sans les battre.
55.
Les normes thiques peuvent donc tre dfinies comme la signification d'une
cit., p. 11.
201
202
Sur ce type de normes, nuanant la distinction de celles-ci et des normes juridiques, v., BOY L., Normes
techniques et normes juridiques , Cahiers du Conseil constitutionnel, n 21, 2006, p. 119 et s.; et F. VIOLET,
Ibid., en particulier lintroduction de louvrage.
204
205
H. KELSEN, Thorie pure du droit, op. cit., p. 13 Le mot norme exprime l'ide que quelque chose doit tre.
206
H. KELSEN, Thorie gnrale des normes, op. cit., p. 11, il faut ncessairement que quelque chose soit pour
qu'une autre chose soit galement.
207
Ibid., p. 27.
208
Ibid.
209
Ibid. p. 27 et 28.
37
56.
prcisions. Les normes thiques ne se bornent pas tablir des devoir tre au sens le plus
strict du terme212. Il ne s'agit pas, en posant le fait que les normes thiques indiquent un
devoir tre entendre par l qu'elles ne se bornent qu' commander, imposer, obliger. La
doctrine donne en effet au terme devoir un sens qui va bien au-del du sens commun de ce
terme. Il doit tre compris comme
pouvoir 213. Le contenu des normes peut tre d'une grande varit et peut indiffremment
consister en une autorisation, une permission214, une habilitation, une interdiction, une
obligation, etc.
215
disposant qu'il est interdit de mentir la morale nonce une interdiction ; elle peut poser une
obligation en imposant d'aimer son prochain. D'autres normes thiques, comme l'article 1984
du Code civil, habilitent (le mandataire accomplir des actes juridiques au nom et pour le
compte de son mandant). Enfin, l'article D. 143 du Code de procdure pnale prvoit des
permissions (de sortie au bnfice des personnes dtenues, pour passer un examen
universitaire par exemple).
57.
La norme au sens thique du terme tant dsormais dfinie, il nous faut maintenant
passer la convention travers la grille de cette catgorie, afin de dterminer si elle lui
210
En ce sens, A. SERIAUX, Jalons pour la rcupration dune conception mtaphysique du Droit , Droits,
10, 1989, p. 85 ; v. cependant, sinscrivant vigoureusement en faux contre cette opinion, A. JEAMMAUD, La
rgle de Droit comme modle , prcit, pour lequel si les rgles de Droit sont des modles, ces modles sont
autrement plus varis que des modles de comportement.
211
dfaut de poser un devoir tre , la norme nen serait plus une. V. cet gard, la jurisprudence du Conseil
constitutionnel qui censure dsormais les dispositions lgislatives qui ne contiennent aucune rgle, aucun
contenu normatif , et perdent ds lors leur caractre de norme juridique. CC, 21 avril 2005, dcision n
2005-512 DC, LPA 2005, n 100, p. 3, Note J.-E. SCHOETTL ; RTD civ. 2005, p. 564, Observations P.
DEUMIER ; RFDA 2005, p. 930, comm. W. SABETE ; JCP G. 2005, actu., n 250, observations, B. MATHIEU
; D. 2006, p. 826, observations V. OGIER-BERNAUD, C. SEVERINO.
212
213
Ibid.
214
Sur labsence de spcificit des normes permissives v., J.-M. FEVRIER, Remarques sur la notion de norme
permissive , D. 1998, p. 271.
215
E. MILLARD, Qu'est-ce qu'une norme juridique? , prcit, p. 89 ; v. galement ces mots de PORTALIS,
La loi permet ou elle dfend, elle ordonne, elle tablit, elle punit ou elle rcompense , cit par P. MAZEAUD,
La loi nest pas un rite incantatoire , JCP G. 2005, actu. 70.
38
58.
59.
Nous avons dfini les normes thiques comme la signification d'une proposition qui
indique un modle de comportement en vertu duquel quelque chose doit tre. Or, les
stipulations conventionnelles peuvent parfaitement s'intgrer dans cette dfinition. Toutes
indiquent en effet un modle de comportement en vertu duquel quelque chose doit tre.
L'tude des effets obligationnels et non obligationnels217 du contrat semble accrditer cela.
60.
Contenu obligationnel Du point de vue des obligations stipules par les parties la
convention d'abord, il nous semble que toutes peuvent s'exprimer selon la dfinition propose
de la norme. Les obligations cres conventionnellement nous semblent tre indiscutablement
des modles dun comportement humain. Outre le cas de l'obligation de donner dont
l'existence a t remise en question218 (et qui relve des effets non obligationnels du
216
La formule, le contrat est-il une norme est ici dlibrment simplificatrice. Nous avons en effet expliqu
que la norme se distingue de l'acte qui l'nonce et nous devrions donc poser la question de savoir si le contrat
cre des normes et non pas s'il est une norme. Par facilit de langage et parce que la question est le plus souvent
aborde sous l'angle du caractre de norme du contrat plus que sous l'angle de la question de la cration de
normes par le contrat, nous serons amens souvent identifier la norme au contrat plutt qu'au sens de l'nonc
qu'il contient.
217
Sur cette distinction voir bien entendu, P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat ,
prcit.
218
M. FABRE-MAGNAN, Le mythe de lobligation de donner , RTD civ., 1996, p. 85, qui dmontre que le
transfert de proprit est toujours un effet lgal, automatique du contrat, il a lieu de plein droit (...). Or il est
impossible de dire d'un fait qui se produit de plein droit qu'il correspond une obligation pesant sur une
partie .
39
61.
de leur adquation avec la dfinition retenue de la norme est sans doute plus dlicate 221.
ct des traditionnelles obligations caractristiques du contrat il est souvent prcis que la
convention peut transfrer la proprit, transmettre ou teindre des obligations.
62.
un devoir tre ? Nous le pensons. Il va de soi que celui-ci ne peut tre : si une vente est
conclue, on doit transfrer la proprit de l'objet de celle-ci (le transfert de proprit ayant
lieu de plein droit). Madame Fabre-Magnan propose que l'on considre que dans les
contrats translatifs de proprit, le propritaire initial ne puisse plus, une fois le contrat
conclu, s'opposer au transfert consenti 222. Ainsi exprim cet effet du contrat est l'expression
219
En ce sens, P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat , prcit, n 19, p. 783 et 784.
220
Dont nous rappelons que nous l'avons dfini (reprenant la dfinition de Monsieur de Bchillon) comme
l'ide ou du concept (...) d'un comportement (...) auquel on veut rapporter (...) un comportement par le biais
d'une opration de jugement .
221
En raison, sans doute, du fait qu'il est moins vident au premier abord de rsumer certaines stipulations
conventionnelles en termes de comportements humains, en termes de prescriptions. Certaines rgles ont fait,
comme nous l'avons dj dit, douter certains auteurs du fait que le comportement humain soit le seul objet des
rgles de Droit. Nous ne dvelopperons pas ce point ici, dans la double mesure o nous l'avons dj rejet plus
tt concernant la rgle de Droit et qu'il n'a aucun relief particulier au regard de la problmatique qui est la ntre.
Le fait que les rgles se rsument ou ne se rsument pas des mesures de comportements humains ne permet ni
d'affirmer ni d'infirmer l'ide selon laquelle la convention est une norme.
222
40
63.
laquelle les parties teignent une obligation par le biais d'une remise de dette ou d'une
transaction est sans aucun doute une norme au sens dfini. Comme le relve Monsieur Ancel,
si ces conventions ne produisent pas dobligations (ou ne produisent pas uniquement des
obligations224), des effets obligatoires sont produits qui imposent qu'un comportement humain
doive tre. Lauteur relve par exemple, propos de la transaction, que les parties ne
pourraient agir pour obtenir paiement d'une dette conventionnellement teinte en invoquant
l'inexcution d'une obligation. Labsence dobligation n'est pas synonyme d'absence de devoir
tre. Comme le dit encore Monsieur Ancel, ni les parties ni le juge ne peuvent mconnatre
cette extinction 225. C'est donc bien un devoir tre qu'exprime l'nonc dont le sens est
d'teindre une obligation. La transaction ou la remise de dette, mme si elles n'ont pas
directement pour objet d'imposer un devoir tre de comportement humain, nen n'imposent
pas moins un indirectement.
64.
Les conventions qu'elles produisent ou non des obligations nous semblent donc bien
toujours tre des modles exprimant ce qu'un comportement doit tre. D'ailleurs, si les
conventions correspondent la dfinition de la norme, elles peuvent en avoir tous les objets.
65.
Les normes thiques peuvent avoir une grande varit de contenus : autoriser, obliger,
interdire, habiliter, etc. Les conventions nous semblent remplir toutes ces fonctions.
66.
consistant remarquer que mme si la convention peut produire d'autres effets que la cration
d'obligations, cet effet reste trs largement le principal effet du contrat. Celui qui contracte
une obligation s'oblige bel est bien... Cette obligation est dclenche par la volont de
223
224
225
41
67.
Interdire Interdire est videmment aussi lun des objets de la convention. Cet objet
est dailleurs en pratique une sous catgorie de celui que lon vient dtudier. Interdire est sans
doute seulement obliger ne pas faire. Un interdit est ainsi exprim dans tout ce que l'on peut
qualifier d'obligation de ne pas faire, comme celle consistant prohiber l'exercice d'une
activit en application d'une clause de non-concurrence. Cette stipulation ne vise qu' interdire
un certain comportement puisque l'obligation de ne pas faire consiste dans l'interdiction
d'un fait prcis 226.
68.
pour objet d'autoriser une partie faire telle ou telle autre chose. Les exemples ne manquent
pas. L'objet d'une convention par laquelle une personne donne son accord pour l'utilisation de
son image, ce qui est souvent indispensable pour qu'il ne soit pas port atteinte l'article 9 du
Code civil, est une autorisation227. De la mme manire, pour se prvaloir des dispositions des
articles L. 145-47 et suivants du Code de commerce (relatifs la dspcialisation des locaux
commerciaux), le preneur bail commercial doit y tre autoris 228 par le propritaire. L
encore une convention229 a donc pour objet d'autoriser .
69.
226
F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE, Droit civil, Les obligations, 10me dition, Dalloz, Coll. Prcis,
2009, n 588, p. 595.
227
Civ. 1., 12 juin 1990, Bull. civ. I, n 164 p. 116, ... que la socit X n'avait pas sollicit et obtenu de M. X
(...), ainsi qu'elle en avait l'obligation, l'autorisation de faire figurer sa photographie sur les placards
publicitaires parus dans la presse (...) .
228
229
Civ. 3, 26 octobre 1971, Bull. civ. III, n 510 p. 364, qui nonce qu'un locataire ne peut se prvaloir d'une
activit exerce sans autorisation conventionnelle ou judiciaire pour obtenir la condamnation du propritaire
au payement d'une indemnit majore .
230
42
70.
en ce quelle pose toujours un modle de ce que doit tre un comportement humain. Elle a
dailleurs potentiellement les mmes objets que les normes thiques en gnral. La convention
habilite, autorise, interdit, permet. Tout conduit donc affirmer que la convention est (ou
pose) une norme.
*
*
71.
Conclusion du Chapitre premier La norme est par essence un modle. Elle peut
tre, comme les normes dites recognitives, un modle de la survenance effective dun
vnement ou, comme les normes directives, un modle suivre, un modle de
comportement. La norme juridique fait partie de cette dernire catgorie de normes. Elle est
mme plus prcisment une norme thique, c'est--dire une norme qui pose un modle de ce
que doit tre un comportement. Elle soppose en cela dautres normes, techniques, qui
posent, elles, un modle de ce quil faut faire pour parvenir un certain rsultat (telle une
recette de cuisine). La norme juridique, comme les normes morales ou religieuses, pose donc
un modle de ce que doit tre un comportement humain. Ce type de norme peut avoir pour
objet dobliger, dhabiliter, dinterdire ou dautoriser.
72.
dfinit toujours, de manire directe ou non, ce que doit tre un comportement humain. Tel est
le cas des effets obligationnels du contrat qui imposent un comportement aux parties (ou le
proscrivent). Tel est encore le cas des effets non obligationnels du contrat qui imposent
galement un modle de comportement de ce qui doit tre. Lune des parties une remise de
dette ne peut par exemple saisir le juge dune demande en excution des obligations teintes
par cet acte. Le contrat dicte en cela ce que doit tre ou ne doit pas tre le comportement du
contractant. Correspondant la dfinition de la norme thique la convention peut galement
231
43
73.
Le contrat est une norme. La chose nous semble acquise. Elle nous semble dailleurs
indiscutable. ce stade, le propos nest pas contradictoire, bien que sa formulation puisse le
laisser croire, avec les conceptions de la doctrine majoritaire. Lorsque cette dernire dbat de
la nature normative ou non du contrat elle procde en fait par ellipse. Ce nest pas le caractre
de norme que lon conteste au contrat, cest son caractre de norme juridique232, de rgle de
Droit. Autrement dit, le contrat peut bien tre une norme il nest pas pour autant une norme
juridique. Reste alors prciser ce qui fait de ces normes thiques des normes juridiques.
Quel est le critre de leur juridicit ? Constater que celui-ci est satisfait nous permettra
daffirmer que la convention est bel et bien une norme juridique.
232
V. par exemple, D. MAINGUY qui admet que le contrat est un acte normateur , mais pas une norme au
sens o on entend ce terme en thorie du droit, L'efficacit de la rtractation de la promesse de contracter ,
RTD civ., 1994, p. 1 spc. n 4.
44
gnrale, abstraite, obligatoire et dont la sanction est assure par lautorit publique 233.
Certes, certains de ces caractres sont contests234, dautres seraient manquants aux yeux de
quelques auteurs235. Mais la formule de Monsieur Cabrillac rsume assez bien ce qui fait pour
la majorit des auteurs contemporains la spcificit de la rgle de Droit. Celle-ci serait donc
obligatoire, sanctionne, gnrale et impersonnelle. Il ne nous revient pas ici de nous atteler
la tche combien difficile de dterminer quels sont les caractres de la rgle de Droit, mais
simplement de sattacher ceux qui pourraient exclure la convention de la catgorie des
normes juridiques.
75.
nen pas douter, les conventions remplissent, de lavis de chacun, les deux premiers
critres noncs de la rgle de Droit. Le contrat est videmment obligatoire236, le non respect
de ses stipulations est de manire tout aussi vidente sanctionn237. Les deux conditions
suivantes conduiraient au contraire a priori rejeter la convention hors de la catgorie des
normes juridiques. Assurment, le contrat nest le plus souvent ni gnral, ni impersonnel.
Lobstacle nest quapparent. La gnralit et labstraction ne sont aujourdhui, pas plus
quelles ne ltaient hier, caractristiques de la norme juridique (1).
76.
une attention particulire. Outre le fait quil soit nos yeux dcisif, sa prsence pourrait
compte tenu dune longue tradition juridique fondant la force obligatoire du contrat sur le
principe de lautonomie de la volont, tre douteuse en matire de conventions. Ce critre qui
233
234
Sur le caractre superflu de la sanction pour identifier la rgle de Droit v. D. DE BECHILLON, op. cit., p. 59
89.
235
Sur cette question des critres de la rgle de Droit, v. X. LABBEE, Les critres de la norme juridique, PUL,
Coll. Manuels, 1994.
236
Lalina premier de larticle 1134 du Code civil ne laisse aucune place au doute sur ce point.
237
Dire du contrat quil est obligatoire cest dire que son excution est juridiquement sanctionne , Y.-M.
LAITHIER, Etude comparative des sanctions de linexcution du contrat, (prface H. MUIR-WATT), LGDJ,
Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 419, 2004, n 512, p. 599.
45
77.
Le contrat est un acte juridique qui produit le plus souvent ses effets entre deux ou
plusieurs personnes nominativement dsignes dans l'acte. Or, la rgle de Droit est presque
toujours prsente comme une rgle gnrale. Dans ces conditions (et c'est sur cet argument
que repose souvent la contestation de la normativit du contrat238) la convention, parce qu'elle
vise nommment les parties, ne pourrait pas tre une rgle de Droit.
78.
lui seul la qualification de la convention comme une rgle de Droit. En effet, si la plupart
des conventions ne possdent pas ce prcieux caractre de gnralit, tel n'est pas le cas de
toutes. Nombre de conventions sont en effet rdiges de manire gnrale. Les conditions
gnrales de vente 239 (ou plutt de service240) du principal oprateur franais de tlphonie
mobile sont rdiges de manire gnrale. Elles sont galement destines s'appliquer un
nombre de personnes bien plus tendu que beaucoup de lois241. De la mme manire, les
dispositions d'une convention collective de travail sont le plus souvent rdiges de manire
gnrale et ont, pour les conventions nationales interprofessionnelles ou mme de branche, un
champ d'application bien plus large que bien des dispositions lgales. Le contrat n'est donc
pas ncessairement synonyme de rgle individuelle et ne devrait donc pas tre exclu a priori
de la catgorie des rgles de Droit (dautant que le phnomne de gnralisation du contrat va
238
G. MARTY De la place des conventions dans lordonnancement juridique , prcit, p. 80. Lauteur
condamne, pour cette raison, le caractre de rgle de Droit non de toutes les conventions, mais des conventions
(et plus gnralement des actes) individuelles.
239
C. LARROUMET, Droit civil, Introduction l'tude du droit priv, op. cit., n 26 p. 18.
240
Sur le recours abusif au modle de la vente, v. M.-E. ANCEL, La vente dans le Code civil : raisons et
draisons d'un modle contractuel , in, Code civil et modles, Des modles du code au code comme modle,
(Direction T. REVET), LGDJ, Coll. Bibliothque de l'Institut Andr Tunc, 2005, p. 285, en spc. n 18 p. 98.
241
En ce sens, J. GHESTIN, les donnes positives du droit , RTD civ. 2002, p. 11, spc. n 21.
46
79.
homme a incrimin un autre homme, et a jet sur lui un malfice, et ne l'a pas convaincu de
tort, celui qui l'a incrimin est passible de mort 244. Si un homme, dans un procs, s'est lev
pour un tmoignage charge, et s'il n'a pas justifi le propos qu'il a tenu, si cette cause est
une cause de vie (ou de mort), cet homme est passible de mort 245. Si l'acheteur n'a pas
amen le vendeur qui lui a livr, et les tmoins devant qui il a achet, alors que le
propritaire de l'objet perdu a amen les tmoins connaissant son objet perdu, l'acheteur est
assimil au voleur et passible de mort. Le propritaire de l'objet perdu reprendra son objet
perdu 246. Ds 1780 avant notre re Hammourabi, qui a fait rdiger ce qui reste l'un des
premiers exemples de codification247, donnait aux rgles de son code un caractre gnral.
Bien que toutes tires d'expriences jurisprudentielles les lois du roi de Babylone, comme
celles de Moise248, nonaient des prceptes valables pour tous les hommes 249. La
gnralit est prsente comme ayant toujours t consubstantielle la loi250. Aristote, plus de
trois cents ans avant J.-C., aurait affirm que la loi est toujours quelque chose de
242
P. PUIG, Le transfert au contrat des exigences de formulation dune source normative , prcit, p. 290 et s
243
244
245
246
Ibid., Paragraphe X.
247
Sur cette question v. R. CABRILLAC, Les codifications, PUF, Coll. Droit, thique, socit, 2002, p. 10 13.
Si le code dHammourabi est le plus complet et le plus connu, le premier code est selon lauteur le code dUrNammu datant de 2100 avant notre re.
248
Mme si les dix commandements sont rdigs sur le mode impratif, la deuxime personne du singulier.
249
A. HOLLEAUX, La fin des rgles gnrales , Bull. De l'IIAP, juillet-sept 1976, p. 419.
250
47
80.
aujourd'hui une vritable permanence et elle fait toujours preuve de vigueur dans les travaux
d'une trs grande partie de la doctrine. La plupart des manuels dintroduction au Droit256/257
251
thique Nicomaque, Librairie philosophique Jean Vrin, 1994, Livre V, Chap. XIV, 1137 b 10
252
253
C. EISENMANN, L'esprit des lois et la sparation des pouvoirs , in, Mlanges Raymond Carr de
Malberg, Fac-sim. de ldition, Sirey 1933, 1977, n 5 p. 190.
254
J.-J. ROUSSEAU, Du contrat social, in, uvres compltes de J.-J. Rousseau, Paris, Dalibon, 1826, Tome VI,
adde., La matire sur laquelle on statue est gnrale comme la volont qui statue. C'est cet acte que j'appelle
une loi (...) , p. 71 et 72.
255
J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Introduction au droit et aux thmes fondamentaux du droit civil, op. cit., n 8,
p. 8 ; J.-L. BERGEL, op. cit., La gnralit de la loi parat relever de sa nature et non dune option
constitutionnelle parmi dautres , n 36, p. 47 ; R. CABRILLAC, Introduction gnrale au droit, 8me dition,
Dalloz, Coll. Cours, 2009, La rgle de Droit n'est pas faite pour rgir des cas particuliers , n 6, p. 9; J.
CARBONNIER, Droit civil, Introduction, op. cit., n 5, p. 13 Un acte individuel ne peut pas tre une rgle de
Droit (...) Une rgle c'est une disposition abstraite cest--dire gnrale ; P. COURBE, Introduction gnrale
au droit, 11me dition, Dalloz, Coll. Mmentos, 2009, p. 5 ; G. CORNU, Droit civil, Introduction au droit, op.
cit., n 16 p. 19, Toute rgle se dfinit par un certain caractre de gnralit ; M. DOUCHY-OUDOT, Droit
civil, Premire anne, 5me dition, Dalloz, Coll. HypersCours, 2009, n 39, p. 30 ; S. DRUFFIN-BRICCA, L.C. HENRY, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 180, p. 83 ; P. MALAURIE, P. MORVAN, op. cit., n
246, p. 199 La loi (au sens matriel) possde tous les caractres de la rgle de Droit, abstraite gnrale (...)
; M. FABRE-MAGNAN, Introduction gnrale au droit, PUF, Coll. Licence, p. 31 ; J. GHESTIN, G.
GOUBEAUX, Introduction gnrale, 3me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit civil, 1990, n 232, p. 199 En
tant que rgle de Droit, la loi, au sens matriel, est gnrale, permanente et abstraite (v. cependant, la 4me
dition de louvrage, dans laquelle les auteurs reviennent sur cette position op. cit., n 240, p. 199) ; D.
MAINGUY, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 61, p. 61 ; MALINVAUD, P., Introduction ltude du
droit, op. cit., n 37 et 38, p. 32 et 33 ; B. PETIT, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 26 et s., p. 30 La
gnralit est inhrente la notion mme de rgle ; F. PETIT, J.-C. MASCLET, Introduction gnrale au
droit, 2me dition, SUP. FOUCHER, Coll. LMD Parcours juridiques, 2010, p. 31 ; F. TERRE, Introduction
gnrale au droit, 8me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 2009, Au point de vue (...) matriel, le mot loi dsigne les
rgles consistant en des dispositions abstraites cest--dire gnrales , n 246, p. 199 et 200 ; v. galement, la
position originale de Monsieur JEAMMAUD qui, sil admet le caractre gnral et abstrait de la rgle de Droit,
nen fait pas pour autant un critre distinctif de ce type de rgles. Pour lauteur, la rgle de Droit tient cette
qualit de sa nature gnrique de modle v. La rgle de Droit comme modle , prcit, n 18, p. 206.
48
81.
trouve son origine dans un objectif, l'idal d'galit262, et dans une ide, l'assimilation de la loi
au Droit dans son ensemble.
82.
La loi a longtemps t assimile au Droit. L'exemple le plus frappant est sans doute
l'utilisation du terme loi entendu dans son acception matrielle comme synonyme de
l'expression rgle de Droit 263 (on peut d'ailleurs relever que cette assimilation n'est pas
propre notre langue. L'anglais utilise galement le mme mot, law, pour dsigner le Droit et
la loi). Le Titre prliminaire du Code civil aujourd'hui intitul De la publication des effets et
de l'application des lois en gnral tait l'origine dans les travaux de la commission
charge de l'laboration d'un projet de Code civil, un Livre prliminaire alors intitul du
Droit et des lois en gnral 264. Portalis cultivait d'ailleurs cette confusion entre le Droit et la
loi lorsqu'il expliquait que selon les rdacteurs du Code civil : le droit est la raison
universelle, la suprme raison fonde sur la nature mme des choses. Les lois sont ou ne
257
V. encore, relevant avant nous le mme phnomne, J. GHESTIN, Les donnes positives du droit , RTD
civ. 2002, p. 11, n 18 et les rfrences cites.
258
L. DUGUIT, Manuel de droit constitutionnel, 4me dition, E. De Boccard, 1923, n 30, p. 92.
259
Par exemple, A. JEAMMAUD, La rgle de Droit comme modle , D. 1990, p. 199, n 18.
260
P. LOUIS-LUCAS, La loi D. 1964, Chron., p. 197; F. TERRE, La crise de la loi , APD, 1980, p. 17
et s. dans une vision matrielle (...) la loi est une rgle gnrale .
261
262
263
G. CORNU, Vocabulaire juridique, op. cit., 560 ; L. DUGUIT, dfinit la loi dans ce sens l comme Tout
acte manant de l'tat contenant une rgle de Droit objectif , Manuel de droit constitutionnel, op. cit., n 29, p.
92.
264
49
83.
l'ide selon laquelle la loi devait tre la principale voire la seule source d'un Droit fait de
dispositions gnrales prend sa source dans l'aspiration une plus grande galit qui a anim
cette poque273. Aprs une priode pendant l'ancien rgime marque par un Droit qui diffrait
pour chacun des trois ordres, les cahiers de dolances se sont fait l'cho de revendications
galitaires274. Les auteurs des textes rvolutionnaires ont traduit ces idaux dans les textes et
265
J.-E.-M. PORTALIS, Ibid.; Cette vision tait d'ailleurs traduite dans les premiers articles du projet de Code
civil, v. P.-A. FENET, Recueil complet des travaux prparatoires du Code civil, Videcoq, 1836, T. II, p. 3.
266
Par exemple l'article 5 Tout ce qui n'est pas dfendu par la Loi ne peut tre empch ou l'article 8 La
Loi ne doit tablir que des peines strictement et videmment ncessaires, et nul ne peut tre puni qu'en vertu
d'une Loi tablie et promulgue antrieurement au dlit, et lgalement applique .
267
V. RANOUIL, L'autonomie de la volont, naissance et volution d'un concept, PUF, 1980, p. 79.
268
269
270
271
272
Sur le caractre douteux de l'affirmation de la gnralit de la loi avant cette poque, infra, n 86 et s.
273
H. DUPEYROUX, Sur la gnralit de la loi , in, Mlanges Raymond Carr de Malberg, Sirey, 1933, n 5
p. 146.
274
Cette nation n'a qu'un seul Roi il y a lieu de croire qu'elle n'aura qu'une seule loi (...) tous tant les sujets
50
84.
de Droit, nous sommes contraints de relever, avec certains auteurs, que s'il est sans doute
vrai que la plupart des rgles de Droit sont des rgles gnrales et abstraites, on peut se
demander si on doit nier le caractre de rgle de Droit une rgle de conduite sous prtexte
qu'elle ne serait ni gnrale ni abstraite 280. La rponse apporter cette question doit selon
nous tre ngative. Il n'est pas possible de nier le caractre de rgle de Droit une norme au
seul prtexte qu'elle n'est pas gnrale. L'affirmation selon laquelle une rgle de Droit est une
rgle gnrale est on ne peut plus douteuse 281/282. Comme le relve un auteur, l'ide de la
du mme prince , Cahiers de dolances de la province de Bresse, rdig au nom des trois ordres, 1er Avril 1789,
Archives nationales, cit par A. HOLLEAUX, La fin des rgles gnrales , Bull. de l'IIAP, juillet-sept 1976,
p. 419.
275
Montesquieu cite par exemple les biens, propres, acquts ou conquts, dotaux, paraphernaux, paternels et
maternels, meubles de plusieurs espces, libres, substitus, du lignage ou non, nobles en franc-alleu, ou
roturiers, rentes foncires ou constitus prix d'argent , De l'esprit des lois, in, uvres compltes de
Montesquieu, Tome I, Paris, Lefvre diteur, 1839, p. 109.
277
J. CARBONNIER, Droit civil, Introduction, op. cit., n 5, p. 13 ; B. PETIT, Introduction gnrale au droit,
op. cit., n 27, p. 31.
278
279
280
C. LARROUMET, Droit civil, Introduction l'tude du droit priv, op. cit., n 23 p. 16.
281
51
85.
L'attribution de cette qualit la rgle de Droit, nous l'avons dit, repose sur la
conjugaison des ides selon lesquelles la loi, par nature gnrale, a t pendant longtemps la
source presque unique du Droit. La loi tant gnrale et la loi tant tout le Droit, le Droit ne
pouvait qu'tre gnral284. Or, cette conjugaison au pass est une faute au prsent (2). cela
s'ajoute selon nous le dfaut de vritables fondements philosophiques de l'ide de gnralit
de la loi (1).
86.
accorder beaucoup d'importance aux choses qui ont t crues pendant longtemps par de bons
esprits 285, or, les bons esprits qui l'on prte d'avoir au fil de temps grav dans le marbre la
gnralit de la loi sont lgion. Mais s'il est sans doute, comme l'affirmait Hauriou,
indispensable de rflchir deux fois avant d'essayer de dtruire les fondations des difices
les plus anciens, encore faut-il que ces difices aient vritablement de solides fondations. Or,
celles de la gnralit de la rgle de Droit semblent prsenter, si on les observe de prs, un
caractre parfois friable.
87.
propos d'Aristote, qui est le premier des philosophes cits au nombre de ceux qui
proclameraient la gnralit de la loi, deux passages trs souvent rapports appellent quelques
282
Au del, mme les auteurs qui formulent le vu de voir se maintenir la gnralit de la rgle de Droit
constatent son recul v., A. JEAMMAUD, La rgle de Droit comme modle , prcit, n 18.
283
284
285
52
286
ARISTOTE, thique Nicomaque, Librairie philosophique Jean Vrin, 1994, Livre V, Chap. XIV, 1137 b, p.
267.
287
Ibid.
288
Ibid.
289
On pourrait aujourdhui, rendant compte du droit positif crire que la loi est en principe toujours gnrale.
Cette description du droit positif ne prjuge en rien de lopinion que lon peut avoir sur la ncessit de ce
caractre.
290
53
291
292
293
294
Ibid.
295
ARISTOTE, Les politiques, (traduction, indite, de P. PELLEGRIN), 2me dition, Flammarion, 1993, Livre
III, Chapitre XV, 4, p. 262.
296
Le Livre III, Chapitre X, 4, devient dans cette nouvelle traduction le Livre III, Chapitre XV, 4.
54
88.
Les philosophes des lumires, qui l'on prte galement d'avoir beaucoup dvelopp
cette thse, ne sont pas ncessairement les partisans de la gnralit de la loi que l'on prsente.
L'auteur ne fait pas partie de ceux-l, par exemple, ARISTOTE, Les politiques, (traduction, indite, de P.
PELLEGRIN), 2me dition, Flammarion, 1993, Livre III, Chapitre XV, 11, p. 264, Il n'est sans doute pas
facile qu'il existe [aujourd'hui] encore une constitution autre qu'une dmocratie .
298
Ide que l'on retrouve d'ailleurs semble-t-il chez PLATON, uvres compltes, (traduction E. CHAMBRY),
Tome V, Le politique, Garni, 1950, n 294 a b p. 241, qui, quand il pose la question de l'attribution du pouvoir
un homme ou plusieurs hommes, crit dans un dialogue entre Socrate et l'tranger :
L'tranger : Il est vident que la lgislation appartient jusqu' un certain point la science royale, et
cependant l'idal n'est pas que la force soit aux lois, mais un roi sage. Sais-tu pourquoi?
Socrate : Et toi, comment l'entends-tu ?
L'tranger : C'est que la loi ne pourra jamais embrasser exactement ce qui est le meilleur et le plus juste pour
tout le monde la fois, pour y conformer ses prescriptions .
299
ARISTOTE, Les politiques, (traduction, indite, de P. PELLEGRIN), op. cit. Livre III, Chapitre XV, 4, p.
262.
300
Ibid. 5, p. 262.
55
Rousseau quant lui, l'un des chantres de cette philosophie des lumires, semble avoir
une conception trs particulire de cette gnralit. La gnralit de la rgle de Droit a comme
chacun sait une double dimension. Il y a d'abord la gnralit absolue 305 cest--dire le fait
que la loi sapplique sans distinction tous les membres d'une communaut. C'est dans ce
sens que l'on dit que la loi est la mme pour tous 306. Dans un autre sens, plus rcent, la
gnralit serait le caractre de la rgle de Droit qui ne dtermine pas nominativement la ou
les personnes qu'elle vise. Gnralit est ici synonyme d'abstrait ou d'impersonnel. Rousseau,
loin de plaider pour une vritable gnralit de la loi au double sens du terme, ne plaide en fait
que pour une loi gnrale dans la seconde acception voque. On peut en effet lire dans le
contrat social307 : quand je dis que l'objet des lois est toujours gnral, j'entends que la loi
considre les sujets en corps et les actions comme abstraites, jamais un homme comme
individu ni une action particulire. Ainsi la loi peut bien statuer qu'il y aura des privilges308,
mais elle n'en peut donner nommment personne ; la loi peut faire plusieurs classes de
citoyens, assigner mme les qualits qui donneront droit ces classes, mais elle ne peut
nommer tels et tels pour y tre admis ; elle peut tablir un gouvernement royal et une
301
L'auteur voque ici une partie du corps lgislatif constitue des nobles.
302
MONTESQUIEU, De l'esprit des lois, op. cit., p. 196. Pour carter tout risque de confusion, il nous faut
prciser ici qu'il n'est pas question de donner au lgislateur un vritable rle de juge, l'auteur prcise d'ailleurs
quelques lignes plus bas que la puissance lgislative ne peut pas juger .
303
Qui tait sans doute plus le philosophe dune collaboration des pouvoirs que de leur vritable sparation. V.
par exemple, Michel Troper, Sparation des pouvoirs , in, Dictionnaire lectronique Montesquieu [En ligne],
mis jour le : 14/02/2008, URL : http://dictionnaire-montesquieu.ens-lsh.fr/index.php?id=286.
304
305
Ibid., n 4, p. 143.
306
Ibid.
307
Dans le paragraphe suivant celui le plus souvent cit comme fondement de la gnralit de la loi!
308
56
Enfin, et pour conclure sur ce point, il faut relever que nombre d'auteurs majeurs de la
fin du XIXme et du dbut du XXme sicle n'ont pas non plus soutenu que la gnralit tait
une caractristique de la rgle de Droit. Kelsen, bien entendu, condamne cette ide. Cest
galement le cas de Jellinek qui aurait envisag l'hypothse thorique d'un systme juridique
uniquement constitu que de dispositions particulires312. Raymond Carr de Malberg enfin
condamnait galement cette exigence de gnralit313.
89.
Les ressorts philosophiques de la gnralit de la loi ne sont donc sans doute pas si
stables que ce que l'on a pu croire. Deux des philosophes qui semblent tre dans les manuels
d'introduction au Droit les principaux aptres de ce caractre de la rgle de Droit n'en ont sans
doute pas fait l'apologie, ou du moins, pas toute l'apologie que l'on croit. Au-del,
dimportants philosophes des lumires ou des juristes du dbut du sicle dernier nont pas
partag lunanimit qui se dessine aujourdhui autour de la gnralit de la rgle de Droit. Ce
caractre de la rgle de Droit prsente donc sans doute des fondations moins solides que ce
309
310
311
312
R. CARRE DE MALBERG, Contribution la thorie gnrale de l'tat, op. cit., Tome I, n 100, p. 302.
313
Il cite galement de nombreux auteurs dont il tait contemporain ayant abandonn cette conception gnrale
de la rgle de Droit, op. cit., n 99 et s. p. 300 et s.
57
90.
de limiter le risque d'arbitraire et garantit mieux qu'une rgle individuelle l'galit entre
citoyens, celle-ci n'est en rien une garantie absolue. On sait en effet que la loi peut
parfaitement sous couvert de gnralit crer des privilges314 ou mettre des obligations la
charge de quelques personnes seulement. On connait galement les exemples de lois qui nont
eu, malgr leur rdaction impersonnelle, que pour vocation que de rgir une situation
particulire315. L'galit formelle n'est donc pas parfaitement garantie par la gnralit de la
norme. De surcrot, cette notion d'galit formelle de tous les citoyens est de nos jours
largement dpasse. La conception de l'galit a bien volu depuis la Rvolution franaise.
Si cette poque tait celle d'une galit entendue comme une galit formelle, la qute
dgalit de nos socits passe par la recherche dune galit sociale316. Depuis longtemps le
lgislateur a pris conscience que l'galit relle doit parfois se traduire par une ingalit de
droits317. Parce que chaque situation est diffrente la loi ne peut pas tre la mme pour tous.
La vritable galit consiste traiter galement les choses gales et ingalement les choses
ingales 318. Cette vision des choses est approuve par le juge constitutionnel319.
Aujourd'hui, la gnralit d'application ne constitue plus une condition sine qua non de
l'galit des droits qu'elle tablit 320. De ce point de vue, la porte est donc ouverte
ladmission de normes juridiques non gnrales.
314
Rappelons nous des propos de Rousseau qui bien que prnant la gnralit de la loi envisageait de crer
plusieurs classes de citoyens , v. supra n 88.
315
V. par exemple, N. MOLFESSIS, La loi de la course , RTD civ. 1998, p. 778, propos de larticle 4 de la
loi du 6 mars 1998, qui sous lapparence dune loi gnrale visait satisfaire les demandes du cessionnaire
exclusif des droits dexploitation audiovisuelle des grands prix de Formule Un que la Cour de cassation venait de
dbouter de ses prtentions.
316
317
On trouve d'ailleurs des traces de cette ide chez les grecs. Aristote mentionnait le fait que certains
philosophes avaient imagin que lon pouvait rtablir assez promptement lgalit, en prescrivant aux riches
de donner une dot leurs filles, et de nen point recevoir ; tandis que les pauvres, au contraire, nen donneraient
point, mais en recevraient , ARISTOTE, Politique, in, La morale et la politique dAristote, Tome II, Firmin
Didot, Paris, 1824, p. 95.
318
L. DUGUIT, L'tat, le Droit objectif, la loi positive, Dalloz, Coll. Bibliothque Dalloz, 2003, p. 96.
319
Par exemple, CC, 16 janvier 1982, dcision n 81-132, considrant n 30, Considrant que le principe
d'galit ne fait pas obstacle ce qu'une loi tablisse des rgles non identiques l'gard de catgories de
personnes se trouvant dans des situations diffrentes , D. 1983, p. 169, note L. HAMON.
320
58
91.
aujourdhui aussi certains et pertinents que ce quils ont pu le paratre hier, lassimilation du
Droit la loi a galement vcu.
92.
gnralit de la rgle de Droit tait une rduction du Droit une loi gnrale. Le raisonnement
est aujourdhui doublement vici dans la mesure o la loi nest plus gnrale (a) et quil serait
irraliste de continuer assimiler le Droit la loi (b).
a. La loi nest pas gnrale.
93.
gnralit de la rgle de Droit est celui de la gnralit de la loi au sens formel du terme. La
loi n'est plus gnrale et ce pour deux raisons principales. Elle perd depuis de nombreuses
annes son caractre rare et commun au profit d'une multiplication de rgimes particuliers. Il
n'y a plus sur une question une seule loi, (...) mais des cascades de lois ou de dcrets 321.
La loi se balkanise . Pire encore, la loi prend parfois un caractre personnel incompatible
avec toute ide de gnralit.
94.
gnrale. Certains de ceux qui affirment la gnralit de la loi reconnaissent dans la foule le
caractre relatif de cette qualit322. Si l'on a pendant longtemps entretenu le mythe d'une loi
rare et unique, la loi connait aujourd'hui un phnomne d'miettement de moins en moins
compatible avec l'idal de gnralit. Devant la complexification de la socit, la gnralit de
la loi se trouve affecte 323. Cet miettement est au moins triple.
95.
Dans le discours prliminaire du Code civil Portalis constatait qu' un grand tat
321
322
323
59
96.
324
Ibid. p. 468.
326
P. MALAURIE, L. AYNES, P.-Y. GAUTIER, Les contrats spciaux, Defrnois, Coll. Droit civil, 2009, n
34, p. 25.
327
Ibid.
328
G. RIPERT, Lordre conomique et la libert contractuelle , in, Recueil dtudes sur les sources du droit
en lhonneur de Franois Gny, Tome II, Sirey, 1934, n 7, p. 351.
60
97.
330
331
332
La loi n 2004-800 du 6 aot 2004 relative la biothique prvoit ( l'instar de sa devancire) dans son article
40 la disposition suivante : la prsente loi fera l'objet d'un nouvel examen d'ensemble par le Parlement dans un
dlai maximum de cinq ans aprs son entre en vigueur .
333
Que consacre la rforme constitutionnelle du 28 mars 2003 qui insre dans la Constitution un article 37-1
disposant : la loi et le rglement peuvent comporter, pour un objet et une dure limits, des dispositions
caractre exprimental .
334
Allusion est faite ici la loi sur l'galit des chances, du 31 mars 2006 dont l'article 8, qui crait le contrat
premire embauche, a t abrog par la loi n 2006-457 du 21 avril 2006 aprs l'annonce faite par le Prsident de
la Rpublique le 31 mars de son intention de faire abroger cette disposition.
335
Article 521-1 du Code pnal, Les dispositions du prsent article ne sont pas applicables aux courses de
taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut tre invoque. Elles ne sont pas non plus applicables
aux combats de coqs dans les localits o une tradition ininterrompue peut tre tablie .
336
Article L. 3132-25 du Code du travail, dont lalina premier dispose que Sans prjudice des dispositions
de l'article L. 3132-20, les tablissements de vente au dtail situs dans les communes d'intrt touristique
ou thermales et dans les zones touristiques d'affluence exceptionnelle ou d'animation culturelle permanente
peuvent, de droit, donner le repos hebdomadaire par roulement pour tout ou partie du personnel .
337
Pour un point de vue d'ensemble sur cette question v. J.-M. WOEHRLING, J.-Cl. Alsace-Moselle, v
61
98.
C'est donc juste titre que l'on a pu crire que l'on se trouve devant un naufrage du
99.
nouveau. Les ouvrages d'introduction au Droit et autres manuels regorgent d'exemples de lois,
d'hier et d'aujourd'hui, n'ayant pour destinataire qu'un seul et unique individu nommment
dsign. Sont ainsi cites la loi ayant accord une pension la veuve de Clmenceau343, des
lois dcernant des obsques nationales d'illustres serviteurs de la Nation 344, celle accordant
douard Herriot l'usage gratuit du tlphone345, celle qui promut le Capitaine Dreyfus chef
d'escadron346 ou qui interdit le territoire Franais certains membres des anciennes familles
Article L 628-1 du Code de commerce Les dispositions du prsent Titre (Titre II Du redressement et de la
liquidation des entreprises, du Livre sixime) s'appliquent aux personnes physiques domicilies dans les
dpartements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle et leur succession qui ne sont ni des commerants ni
des personnes immatricules au rpertoire des mtiers, ni des agriculteurs lorsqu'elles sont en tat
d'insolvabilit notoire .
339
Collectivit laquelle le Livre IV du Code civil (dispositions applicables Mayotte) est entirement
consacr.
340
341
Ibid., p. 438.
342
F. TERRE, La crise de la loi , prcit, p. 17, La loi n'est plus ce qu'elle tait .
343
344
345
346
62
100.
gnralit de la loi est donc celui de l'assimilation de la loi au Droit. Ce terme l ne rsiste pas
non plus l'examen du Droit positif. On peut en effet affirmer aujourd'hui que le rgne de la
loi, dont les philosophes du XVIIIme sicle se firent les prophtes et dont 1791 devait
connatre l'avnement est l'histoire d'une grande esprance due 352. La loi n'est plus la
rgle presque unique qu'elle tait auparavant. C'est aujourd'hui un lieu commun de souligner
347
348
Loi n 93-923 du 19 juillet 1993 de privatisation, JO, n 166 du 21 juillet 1993 p. 10255.
349
Loi n 2006-1537 du 7 dcembre 2006 relative au secteur de l'nergie, JO, n 284 du 8 dcembre 2006 p.
18531.
350
J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Introduction au droit et thmes fondamentaux du droit civil, op. cit., Une
prtendue rgle qui viserait une seule personne ne serait, en ralit, quune dcision , n 8, p. 8 et 9 ; B.
BEIGNIER et C. BLERY, op. cit., n 9, p. 27 ; G. CORNU, Droit civil, Introduction au droit, op. cit., n 16, p.
19 cet acte, n'est pas une rgle de Droit , n 332, p. 184 ; J. CARBONNIER, Droit civil, Introduction, op. cit.,
n 5, p. 13 ; L. DUGUIT, Manuel de droit constitutionnel, op. cit., La disposition par voie individuelle et
concrte n'est pas une loi au sens matriel ; B. PETIT, Introduction gnrale au droit, op. cit., Une loi qui
viserait une personne unique et dnomme ndicterait pas une rgle de Droit , n 26, p. 30 ; J.-J.
ROUSSEAU, op. cit., ce qu'ordonne mme le souverain sur un objet particulier n'est pas une loi , p. 72 et 73.
351
352
63
101.
de la loi en se bornant mettre en uvre une loi encore source majeure de Droit, ds le milieu
du XIXme sicle, la jurisprudence a pris une part de plus en plus importante dans l'laboration
du Droit. Il semble difficile de la considrer encore comme une simple autorit. La part du
juge dans l'laboration des grands principes de droit de la responsabilit civile dlictuelle est
connue (on pense invitablement aux arrts Tffaine353, Franck354, Jand'heur355, Blieck356).
L'uvre du juge ne s'arrte pas cela. Certaines disciplines juridiques reposent
essentiellement aujourd'hui sur des rgles jurisprudentielles. Que serait le droit administratif
sans les arrts Blanco357, Bac d'Eloka358, Effimief359, Nicolo360 ? Le droit international priv
sans les arrts Lautour361, Rivire362, Caraslanis363, Scheffel364 ? Le travail du juge a port un
coup svre la loi. La Constitution du 4 octobre 1958 a achev ce travail.
102.
port un coup trs dur la vision d'une loi majestueuse qui prvalait jusqu'alors. Cette
Constitution met en effet en place une vritable hirarchie des normes dans laquelle la loi
n'occupe plus quune place subordonne. Elle est mme soumise (pour la premire fois
353
354
355
356
357
TC, 8 fvrier 1973, in, M. LONG, P. WEIL, G. BRAIBANT, P. DELVOLVE, B. GENEVOIS, Les grands
arrts de la jurisprudence administrative (GAJA), 17me dition, Dalloz, Coll. Grands arrts, 2009, n 1 p. 1.
358
TC, 22 janvier 1921, Socit commerciale de l'ouest africain, Ibid., n 36, p. 217.
359
360
361
Civ. 25 mai 1948, in, B. ANCEL , Y. LEQUETTE, Les grands arrts de la jurisprudence, franaise du droit
international priv (GA), 5me dition, Dalloz, 2006, n 19, p. 164.
362
363
364
64
103.
ce point qui a t abondamment comment et qui est connu de tous. Il suffira de rappeler que
les diffrentes tapes de l'intgration europenne ont conduit ce qu'aujourd'hui l'on estime
parfois que 70% du droit en matire conomique est directement inspir de Bruxelles 366. Dans
certains domaines tel le droit international priv, les rgles dorigine internationale (accords
bilatraux, multilatraux, ou encore rglements communautaires) sont les principales sources
de Droit. La part rserve aux rgles de droit commun d'origine interne est rsiduelle.
104.
Il est ds lors assez juste de parler d'un abandon de la concidence antrieure entre
loi et rgle de Droit 367. La loi n'est plus tout le Droit. La loi nest de toute faon plus
gnrale. Au-del, aucun argument ne fait obstacle ce que lon admette que des rgles de
Droit soient individuelles.
B. Une absence dobstacles au caractre individuel d'une norme juridique.
105.
plus le maintien de ce caractre de la rgle de Droit. Cela tant, le fait que les arguments
gnralement invoqus ne fondent pas la gnralit de la norme juridique ne fait pas obstacle
ce quil puisse exister d'autres arguments dcisifs permettant de justifier ce caractre de la
rgle de Droit. Or, il semble que rien ne fasse barrage ce qu'une norme juridique ne soit pas
gnrale, ni sur le plan thorique, ni sur le plan pratique.
106.
365
Sur l'histoire du contrle de constitutionnalit des lois en France, v. L. FAVOREU, op. cit., n 364 et s., p.
289 et s.
366
367
65
107.
Est-ce que la gnralit de la loi devrait alors se dduire, comme le pense Monsieur
108.
R. BONNARD, La thorie de la formation du droit par degrs dans luvre dAdolph Merkl , prcit, p.
674 ; v. encore D. DE BECHILLON, op. cit., p. 34, Il peut y avoir des normes de porte individuelle car il n'y
a aucune raison pour qu'il n'y en ait pas. Aucune diffrence de nature n'oppose la norme gnrale la norme
individuelle en regard de leur aptitude prescrire ; il n'existe entre elles qu'une diffrence de degr. Dans le cas
de la norme particulire, le devoir tre est simplement individualis, mais c'est toujours le mme genre
d'impratif que l'on met .
369
Impratif tant pour l'auteur synonyme de rgle de Droit , (R. CAPITANT, op. cit., p. 55). L'auteur n'aurait
cependant pas crit qu'une norme peut tre individuelle puisqu'il fait une distinction terminologique entre les
deux termes. Les normes tant pour lui une sous catgorie des rgles de Droit qui sont gnrales (p. 60). Nous ne
trahissons cependant pas ses propos puisque cette prcision est d'ordre purement terminologique. Le point
retenir tant qu'une rgle de Droit (que nous ne distinguons pas du terme norme) puisse tre individuelle sans
que cela ne remette en cause son aptitude prescrire.
370
Nous soulignons.
371
Ibid., p. 58.
372
373
Lauteur compare dailleurs la rgle de Droit dautres modles, tel le patron dun vtement, or, le vtement
peut tre taill sur mesure. La premire tape de la fabrication consiste alors en la fabrication dun patron aux
mesures de lindividu auquel le vtement est destin, nouvelle preuve que le modle peut tre individuel.
374
V. supra, n 44.
66
Absence d'obstacles juridiques Carr de Malberg relevait en son temps que les
seuls arguments conduisant exiger de la rgle de Droit qu'elle soit gnrale taient de nature
politique, historique, et qu'en vrit (...) toute base de droit positif fai[sait] compltement
dfaut [cette] doctrine 375. Aujourd'hui comme hier, dans ce que l'on peut appeler le bloc
de constitutionnalit , aucune norme ne semble exiger de la loi qu'elle soit gnrale. Cet
argument suffit lui seul condamner la gnralit de la loi. Certes, l'article 6 de la
Dclaration des droits de l'homme et du citoyen prcise bien que la loi est l'expression de la
volont gnrale , mais ce texte, parfois prsent comme le fondement de la gnralit des
lois376, n'exige rien de tel. C'est une chose de dire que la loi exprime la volont gnrale, c'en
est une autre de dire que cette rgle doive tre gnrale. Aucun texte de nature
constitutionnelle ne semble imposer la gnralit de la loi.
110.
caractre individuel tait vident377 ( propos de lois de nationalisation par exemple ou encore
lors des nombreuses lois de validation 378). Le juge constitutionnel a mme expressment
affirm la validit de normes individuelles. Dans une dcision du 20 juillet 1983 des dputs
et snateurs faisaient valoir le fait qu'aprs avoir donn du champ d'application de la loi des
critres gnraux, le lgislateur y a drog, soit en incluant dans ce champ, aux termes du 2
de l'article premier, des entreprises nominativement dsignes dans une annexe et ne
rpondant pas ces critres gnraux, soit en en excluant, au moins partiellement, aux
termes de l'article 4, d'autres entreprises rpondant ces critres gnraux et
nominativement dsignes 379 dans une autre annexe, ce qui devait tre considr comme
contraire la Constitution. Les neuf sages ont dcid que toutes les dispositions lgislatives
ayant la mme force juridique, aucun principe ou rgle de valeur constitutionnelle n'interdit
au lgislateur, aprs avoir adopt une rgle gnrale, d'y faire exception ou d'y droger ft-ce
375
R. CARRE DE MALBERG, Contribution la thorie gnrale de l'tat, op. cit., n 98, p. 296.
376
la suite des travaux de Jean-Jacques Rousseau qui estimait que le fait que la loi soit l'expression de la
volont gnrale signifie que la loi prend et doit prendre sa source et sa consistance dans la volont
universelle du peuple, mais encore qu'elle ne peut avoir un objet que gnral R. CARRE DE MALBERG,
Contribution la thorie gnrale de l'tat, op. cit., p. 277.
377
J. GHESTIN, Les donnes positives du droit , RTD civ. 2002, p. 11, n 19.
378
Visant par exemple confirmer par la loi des nominations ou dsignations faites par dcret et annules ou
susceptibles de l'tre par le Conseil d'tat, par exemple, CC, 22 juillet 1980, n 80-119, Loi portant validation
d'actes administratifs, AJDA 1980, p. 480.
379
CC, 20 Juillet 1983, n 83-162, Loi relative la dmocratisation du secteur public, considrant n 10.
67
111.
Le caractre nominatif de certaines conventions ne fait donc pas obstacle ce que lon
qualifie ces actes de rgles de Droit. Aucun argument rationnel ne fait obstacle ce quune
rgle de Droit soit individuelle382. La gnralit n'est pas une qualit de la rgle de Droit. En
revanche, une qualit est indispensable la juridicit d'une norme, c'est son intgration
l'ordre juridique.
112.
380
381
Dans le mme sens, H. DUPEYROUX, op. cit., n 6 p. 155 Nous avouons ne pas comprendre l'obstination
de nombreux auteurs qui refusent le caractre lgislatif de tel actes .
382
V. Sur ce point dailleurs la dmarche de G. MARTY De la place des conventions dans lordonnancement
juridique , prcit. Alors quil analyse la dmarche de KELSEN qui introduit les conventions dans lordre
juridique, il condamne un un tous les arguments thoriques des dtracteurs du Matre autrichien. Il nen conclut
pas moins, contre toute attente, lexclusion des conventions individuelles de lordre juridique pour des raisons
que lon pourrait qualifier de mtaphysiques (le qualificatif est celui employ par Monsieur J. HAUSER pour
rendre compte de la dmarche de G. MARTY, v. sur ce point, Objectivisme et subjectivisme dans lacte
juridique, LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 117, 1971, n 47 p. 61).
383
Le tmoignage mensonger fait sous serment devant toute juridiction ou devant un officier de police
judiciaire agissant en excution d'une commission rogatoire est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75000
euros d'amende .
68
113.
La rponse cette question peut sembler vidente. Les conventions ont force
obligatoire parce que larticle 1134 du Code civil en dispose ainsi. Pourtant, la doctrine
semble empreinte dun certain flou sur la question et la lecture de certains auteurs pourrait
parfois instiller un doute sur le fondement de la force juridique des conventions. Lide que la
convention tire sa force obligatoire de la volont, de lautonomie des parties, est expose
384
385
Les deux termes tant souvent employs comme synonymes. En ce sens, M. TROPER, Systme juridique et
tat , APD 1986, p. 30.
386
Sur cette dlicate question des systmes ou ordres juridiques que nous ne pouvons pas traiter sans nous
loigner trop du sujet qui nous occupe v. entre autres : Archives de philosophie du droit, Le systme juridique,
Tome XXXI, Sirey, 1986 ; D. DE BECHILLON, op. cit., p. 244 et s., G. TIMSIT, Systme , in, Dictionnaire
de la culture juridique, op. cit., p. 1462 et s., Thmes et systmes de droit, 1re dition, PUF, 1986 ; S.
ROMANO, L'ordre juridique, Dalloz-Sirey, 2002, M. VAN DE KERCHOVE et F. OST, Le systme juridique,
entre ordre et dsordre, 1re dition, PUF, 1988; R. VERNENGO, Le droit est-il un systme , APD, 1991, p.
253.
387
69
114.
parfaitement rvlateur de cette ambigut. Cet auteur pose en effet dans cet ouvrage la
question du fondement de la force obligatoire des conventions. Plusieurs doctrines sont alors
prsentes parmi lesquelles une vision positiviste de la force obligatoire du contrat389, la
thorie des attentes lgitimes390 (ou reliance) et la thorie de lautonomie de la volont391.
Dautres auteurs, attels la mme tche, prsentent galement au nombre des rponses
possibles (outre celles dj cites), les thses de Monsieur Ghestin sur l'utile et le juste392 ou
les thories solidaristes393. Toutes sont mises sur le mme plan laissant croire quelles
peuvent toutes fonder la force obligatoire du contrat en droit positif. Or, lautonomie de la
volont (ou au moins une certaine conception, absolue, de cette notion polysmique394), si elle
tait vritablement le fondement de la force obligatoire des conventions ferait obstacle la
thse que nous soutenons. Dire que la volont est autonome cest en effet ignorer la
hirarchie des normes juridiques 395. Cest donc condamner notre thse (1). Le droit positif,
nous le verrons, ne consacre cependant pas cette vision absolue de lautonomie. Il consacre au
contraire clairement la soumission du contrat au Droit et donc son intgration lordre
juridique (2).
1. Une intgration incompatible avec lautonomie de la volont.
115.
volont, nous essayerons dexposer le contenu qua pu revtir cette thorie au sens le plus
389
M. FABRE-MAGNAN, Les obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, 2me dition, PUF, Coll.
Thmis Droit, 2010, p. 61.
390
Ibid., p. 59 61.
391
Ibid., p. 57 59.
392
SIRI A., L'volution des interprtations du principe de la force obligatoire du contrat, de 1804 l'heure
prsente , RRJ, 2008-3, n 27, p. 1375.
393
394
J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Doit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique, 14me dition,
Sirey, Coll. Sirey Universit, 2010, n 95, p. 81.
395
70
116.
mme) et nomos (la rgle). L'autonomie de la volont est donc tymologiquement la proprit
de la volont de se faire elle-mme sa propre rgle, sa propre loi. Cette expression apparat
de lavis de chacun dans les travaux d'Emmanuel Kant 397 (dans les fondements de la
mtaphysique des murs en 1785) qui ont fait au XIXme sicle le fond de la philosophie
populaire et de la philosophie universitaire 398. C'est au cours de ce XIXme sicle que ce
concept a progressivement merg399 dans une doctrine juridique encore marque par
l'exgse et peu encline dvelopper une vision conceptuelle de la matire400.
396
Sur cette question v. en particulier, E. GOUNOT, Le principe de l'autonomie de la volont en droit priv,
contribution l'tude critique de l'individualisme juridique, Rousseau, 1912 ; V. RANOUIL, L'autonomie de la
volont, naissance et volution d'un concept, PUF, 1980, dans lequel nous avons souvent puis pour crire les
dveloppements qui suivent (de nombreuses notes de bas de page prciseront au lecteur les passages prcis).
397
Si les termes autonomie et volont sont rapprochs pour la premire fois par E. KANT, lide dune
volont souveraine est plus ancienne et apparat sans doute vritablement, aprs avoir muri au Moyen ge, dans
les travaux de GROTIUS pour lequel le respect de la parole donne est une rgle de droit naturel , en ce
sens, P. OURLIAC, J. DE MALAFOSSE, Histoire du droit priv, Tome I, Les Obligations, 2me dition, PUF,
Coll. Thmis, 1969, n 88 et s., p. 110 et s. en particulier p. 113.
398
399
L'influence de KANT sur l'mergence de cette notion dans le langage juridique est aujourd'hui controverse.
Si l'on a dans un premier temps pens que les juristes avaient emprunt cette dernire la philosophie (il serait
inutile de citer tous les auteurs qui attribuent l'influence de KANT l'adoption de l'autonomie de la volont par
la doctrine juridique. Citons E. GOUNOT qui crit propos de KANT s'il n'est pas l'initiateur de
l'individualisme franais, il lui fournit du moins des formules qui l'exprimaient excellemment , op. cit., p. 54),
l'ide a par la suite t conteste. Madame RANOUIL, a pour de multiples raisons - principalement parce que
l'auteur germanique n'est jamais cit par les premiers promoteurs de cette thse, et parce que l'autonomie de la
volont revt un sens diffrent sous la plume des juristes et sous celle de KANT, (sur ce point, outre les travaux
de Madame RANOUIL, v. l'article de Monsieur PUTMAN, qui accepte avec quelques nuances la thse de
Madame RANOUIL, et crit que Kant est le philosophe de l'autonomie de la volont mais pas celle des
juristes , v. les dveloppements qui suivent cette citation KANT et la thorie du contrat , RRJ, 1996-3, n 7,
p. 688; v. galement, C. ATIAS, Le contentieux contractuel, 4me dition, Librairie de Luniversit dAix-enProvence, 2008, n 17, p. 24 26 ; P. MALAURIE, La pense juridique du droit au XXme sicle , JCP G
2001, I, 283, spc. n 11) - avanc que cette expression n'avait pas t emprunte au philosophe allemand, mais
qu'elle avait t en ralit recre (Sur ces trois points, v. V. RANOUIL, prcit, p. 53 et 54) par les juristes a
partir de l'analyse scientifique du rle de la volont (Selon une formule de G. ROUHETTE). Certains
auteurs, dont Monsieur ROUHETTE, doutent de cette analyse et relvent qu'tant donn l'aura des thses du
natif de Knigsberg et le caractre populaire dans le monde universitaire de cette expression, la pure
concidence d'une cration ex nihilo (...) serait incomprhensible La force obligatoire du contrat, Rapport
franais , prcit, p. 41, n 14, et v. la convaincante dmonstration de l'auteur ce paragraphe et dans les deux
qui prcdent).
400
E. GOUNOT, remarque dans sa thse que les auteurs du XIX me sicle triomphent dans l'annotation du
71
Si l'autonomie est une notion connue des juristes et notamment du droit allemand
depuis longtemps401, son rapprochement avec la notion de volont ne se fait qu' partir de la
fin du XIXme sicle402, en droit international priv d'abord, sans doute en raison de la plus
grande libert dont bnficient les spcialistes d'une matire l'abri du poids que peut
constituer l'existence d'un Code403.
118.
internationalistes faire usage de la notion d'autonomie des parties ou des personnes, il est
simplement question de donner, a posteriori, une explication la rgle de conflit de lois
applicable en matire de contrats404. Mais trs vite, des auteurs vont faire de cette autonomie
non plus une explication des rgles de conflit retenues en matire conventionnelle, mais un
fondement de ces solutions. L'autonomie devient sous la plume de Laurent, suivi par une
majorit de la doctrine internationaliste405, un principe a priori406 de solution de conflit de
lois. Laurent dans son ouvrage de droit civil international crit ce propos qu'en matire de
Dalloz ou du Sirey. Mais (...) dcourags par le spectacle idologique de la rvolution, s'abstiennent presque
systmatiquement de toute ide d'ensemble sur les principes fondamentaux du droit. Ils ont comme une dfiance
instinctive pour tout ce qui s'appelle philosophie, mtaphysique, droit naturel, thorie gnrale du droit , op.
cit., p. 8, v. galement p. 23 ; Pour une vision plus nuance de lcole de lexgse, C. JAMIN, Loubli et la
science, Regard partiel sur l'volution de la doctrine privatiste la charnire des XIXme et XXme sicles , RTD
civ., 1994, p. 815 et les rfrences cites.
401
Les internationalistes allemands utilisaient en effet depuis quelques temps dj ce terme, v. dans ce sens, F.
LAURENT, Droit civil international, Tome II, Bruylant Ch. & Cie, Bruxelles, 1880, n 213, p. 383 ;
RANOUIL, op. cit., p. 22; G. ROUHETTE, La force obligatoire du contrat, Rapport franais , prcit, n 12,
p. 38.
402
Exception faite du cas d'ACCOLAS, qui ayant un profil pluridisciplinaire (V. RANOUIL, op. cit., p. 80)
voque cette ide ds 1866. V., Ncessit de refonte de l'ensemble de nos Codes et notamment le Code
Napolon, au point de vue de l'ide dmocratique, Librairie Centrale, Paris, 1866, qui crit p. 13 la premire
autonomie crer c'est l'autonomie de l'individu .
403
Cest un internationaliste, FOELIX (sur ce point. J.-L. HALPERIN, Histoire du droit priv franais depuis
1804, PUF, Coll. Quadrige, 2001, n 93, p. 145) puis quelques autres, qui commencent par rapprocher le terme
autonomie avec ceux d'homme , de citoyen , d'individu , de partie , pour justifier la solution de
conflit de lois retenue en matire de conventions. Ces expressions, comme le sens qui leur est attach, sont
dclines jusqu' ce qu'en 1883, pour la premire fois, soient associs sous la plume d'un juriste, BROCHER, les
termes autonomie et volont (V. De ce dernier auteur, Cours de droit international priv selon les principes
consacrs par le droit positif franais, Tome II, Paris et Genve, 1883, p. 41 et 67 Si la volont individuelle
pouvait apparatre comme souveraine se suffisant elle-mme et se dirigeant par sa propre autonomie, il
faudrait lui faire directement sa place dans notre doctrine ). Cette notion, sera reprise par WEISS qui l'utilise
plusieurs reprises dans son Trait lmentaire de droit international priv publi en 1886. Elle connatra alors un
vritable essor dans la doctrine internationaliste puis civiliste en raison sans doute du succs de cet ouvrage (en
ce sens, G. ROUHETTE, La force obligatoire du contrat, Rapport franais , prcit, n 12, p. 38).
404
405
Ibid. p. 37.
406
Ibid. p. 29 et s.
72
119.
dans le vocabulaire juridique que relativement tard par rapport son laboration dans le
domaine philosophique, l'ide qu'elle vhicule est elle, sans doute, majoritaire dans la doctrine
post-codification marque par un profond individualisme. Cependant, nous l'avons dit, c'est
l'autonomie de la volont dans un sens absolu qui peut constituer un obstacle l'intgration
des conventions dans un ordre juridique. Or, l'expression de cette conception de l'autonomie
de la volont est finalement assez rare dans les travaux d'une doctrine qui faisait de
l'autonomie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose : sans s'en apercevoir 412. Il est
407
408
Ibid.
409
Monsieur ROUHETTE a d'ailleurs relev que l'on ne retrouve pas chez le mme auteur dans ses principes de
droit civil des dveloppements de la mme importance sur l'autonomie des parties que ceux qui y sont consacrs
dans l'ouvrage de droit civil international La force obligatoire du contrat, Rapport franais , prcit, n 12, p.
38.
410
Dans la matire des contrats, la volont des parties est tout (...) c'est donc leur volont qui dterminera la
loi par laquelle elles sont rgies , Droit civil international, T. II, op. cit., n 213, p. 383.
411
F. LAURENT, Droit civil international, T. II, op. cit., n 212, p. 381, alors qu'il traite des conventions,
l'auteur crit que c'est l'article 1134 [qui] tablit la rgle fondamentale en cette matire .
412
73
120.
La lecture des auteurs les plus empreints d'individualisme permet cependant de se faire
une ide des conceptions qui couraient au XIXme sicle dans une partie de la doctrine. La
conception mme du Droit de Charles Beudant ouvre la porte une interprtation absolue de
l'autonomie de la volont. Le Droit affirme-t-il, c'est l'autonomie de l'tre humain. La
facult inhrente sa nature de ne dpendre que de lui mme dans la direction de sa pense
et de ses actes 416. Sur le terrain contractuel cela conduit tirer deux sries de consquences.
D'abord une libert contractuelle totale qui aurait pour consquence d'offrir aux parties la
facult de contracter leur guise et sur tout ce qui les intresse 417. Crtinon affirme ainsi
que tout engagement contractuel est licite (...) et [qu'en consquence] je peux m'engager
tout ce que je veux 418. Si une telle libert est possible c'est parce que dans cet esprit
autonomiste, et cest le second aspect de lautonomie, ce sont les parties qui par leur seule
volont donnent une force contraignante leurs engagements. Pour Toullier la loi tire sa
force de la seule volont du souverain ; la convention du consentement des deux parties 419.
413
Et de manire plus gnrale, lindividualisme juridique, v. J.-L., HALPERIN, op. cit., n 124, p. 186.
414
Il est d'ailleurs rvlateur de soulever que le premier vritable juriste avoir fait mention de l'autonomie de la
volont, BROCHER, aprs avoir crit si la volont individuelle pouvait apparatre comme souveraine se
suffisant elle-mme et se dirigeant par sa propre autonomie, il faudrait lui faire directement sa place dans
notre doctrine , poursuit de la manire suivante : nous sommes persuads que cette volont ne cesse pas un
instant de se trouver sous la dpendance de la loi , op. cit., p. 67.
415
V. RANOUIL, op. cit., p. 95, l'auteur relve que ce sont les dtracteurs de ces thses qui en feront la synthse
pour mieux en faire la critique.
416
C. BEUDANT, Le Droit individuel et ltat, introduction ltude du Droit, 3me dition, Rousseau, 1920 p.
146.
417
R. SAVATIER, La thorie des obligations en droit priv conomique, 4me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 1979,
n 103, p. 143.
418
CRETINON, Le point de vue individualiste et le point de vue social dans le droit , Semaine sociale de
Bordeaux, 1909, p. 134, Cit par E. GOUNOT, op. cit., p. 61.
419
C.-B.-M. TOULLIER, Le droit civil franais suivant l'ordre du Code, Tome I, 4me dition, Paris, Warree,
74
121.
1824, n 16 p. 17.
420
L'auteur ajoute ensuite c'est donc manquer d'exactitude que de dire comme nous l'avons fait que toute
obligation vient de la loi, que les conventions n'obligent qu'en vertu de la loi, qui commande de tenir la parole
que l'on donne Le droit civil franais suivant l'ordre du Code, Nouvelle dition, Tome VI, Bruxelles, 1838, n
3, p. 6.
421
L. LAROMBIERE, Thorie et pratique des obligations, Tome VII, Paris, Durand et Pedone-Lauriel, 1885, n
2 p. 390.
422
423
E. GAUDEMET, (publi par J. GAUDEMET J. et H. DESBOIS), Thorie gnrale des obligations, rdition
de l'dition de 1937, Sirey, 1965, p. 27.
424
425
L. LAROMBIERE, op. cit., Tome I, n 2, p. 379. Lauteur ajoute encore Que lon ne dise donc pas que les
conventions nont de force que parce que les lois civiles lont ordonn, comme sil leur avait t possible de
supprimer en lhomme la libert () Cest une grande erreur .
426
75
Dans cette vision autonomiste, comme lcrit Monsieur Aynes, le contrat n'est pas
intgr dans un ordre juridique. Il nest donc pas une norme juridique. La volont autonome
fait face loi427 elle cre le contrat, seule, et sans conditions. Se situant alors dans un ordre
diffrent de lordre juridique tatique le contrat ne peut en tre un lment. Le contrat pourrait
bien tre une norme thique, il pose toujours un modle en vertu duquel un comportement doit
tre, mais il nest pas une norme juridique. Il est une norme, mais une norme extrieure la
pyramide des normes 428 juridiques. dfaut dtre un lment de lordre juridique le
contrat ne pourrait pas crer de Droit, puisque seule une rgle de Droit peut avoir cet effet. Il
ne pourrait alors conditionner la validit dautres conventions.
123.
Le second obstacle la thse que nous soutenons rside dans le caractre auto-
fondateur proprement dit de la convention. Si lon admet que le contrat na pas tre soumis
la loi, sil ne doit pas tre soumis au Droit objectif ou lordre juridique en gnral, comment
pourrait-il tre soumis au respect dune autre convention ? La chose pourrait la rigueur
sexpliquer en prsence de deux conventions liant les mmes parties. Le fait quelles soient
lies par un premier accord pourrait justifier quune seconde convention dont elles sont les
auteurs soit conditionne au respect de leur premier engagement. Il ny aurait ici quune
manifestation de lautonomie des parties429. Toute ide de hirarchie entre conventions liant
des parties diffrentes serait en revanche condamne. Le contrat ntant pas soumis au Droit,
a fortiori, il ne pourrait pas tre soumis un acte dexcution du Droit form par des tiers.
124.
en droit positif.
427
G. CORNU, Vocabulaire juridique, op. cit., p. 94, qui dfinit lautonomie de la volont comme la thorie
fondamentale selon laquelle la volont de l'homme (face celle du lgislateur) est apte lui donner sa propre
loi (...) .
428
La formule est celle de Monsieur MAINGUY qui considre que le contrat est certes un acte normateur
() mais sans que l'on doive le rattacher imprativement la pyramide des normes , RTD civ. 2004, p. 1,
spc. n 4.
429
Comp. Avec la thse qui fonde lexercice du pouvoir de droit priv sur lexercice de la libert contractuelle.
V. par exemple, P. NEAU-LEDUC, Le pouvoir de droit priv, op. cit., p. 37 et s. ; En ce sens galement, v., G.
RABU, Lorganisation du sport par le contrat, Essai sur la notion dordre juridique sportif, op. cit. n 75 et s. p.
64 et s. La hirarchie entre lacte unilatral dexercice du pouvoir et la convention par laquelle est attribu le
pouvoir peut exclusivement tre explique par lautonomie des parties.
76
125.
L'autonomie de la volont dans le sens o nous l'avons dfinie n'est pas, et n'a sans
doute jamais t430, un obstacle au caractre de norme juridique du contrat, et pour cause,
cette thse relve plus du mythe431 que de la ralit. Lautonomie de la volont n'a jamais t
consacre par le Code civil (A). Elle est totalement absente aujourd'hui de notre droit positif
qui nadmet la force obligatoire du contrat que parce que ce dernier se soumet au Droit
objectif (B).
126.
Dans la doctrine classique Les prcurseurs du Code civil, Domat, Pothier, sils ont
orient le Code civil vers lindividualisme juridique nont jamais affirm le principe de
lautonomie de la volont432. La doctrine du XIXme sicle et du dbut du XXme sicle n'a
probablement jamais soutenu non plus une conception absolue de l'autonomie de la volont.
En dpit de linfluence des thses individualistes au XIXme sicle, les auteurs contemporains
du sicle ayant vu natre notre Code civil nont sans doute jamais adhr dans leur ensemble
une conception niant toute part d'htronomie dans le contrat 433. Outre le fait qu' l'origine les
termes d'autonomie et de volont aient t rapprochs par les dtracteurs de cette doctrine, la
plupart des auteurs qui mentionnent ou dfendent l'autonomie reconnaissent, implicitement
parfois, explicitement d'autres fois, la part d'htronomie du contrat. Weiss, premier
promoteur de l'expression d'autonomie de la volont prcise que celle-ci ne s'exprime que
dans les domaines o la loi n'impose rien aux parties faisant de cette autonomie une
430
En ce sens entre autres, J. CARBONNIER, Il faut prendre garde, toutefois, que l'autonomie de la volont
n'a jamais t pose comme absolue dans les lois ; Mme en 1804, l'affirmation philosophique avait d pour
passer dans le Code, se temprer de restrictions , Droit civil, Les biens, les Obligations, op. cit., n 931, p.
1945; C. LARROUMET, Droit civil, Tome III, Les obligations, le contrat,1re partie, Conditions de formation,
6me dition, Economica, Coll. Droit civil, 2007, n 117 p. 96 le principe de l'autonomie de la volont n'a
jamais eu une porte absolue en droit positif ; R. SAVATIER, En ralit la libert des parties n'a jamais t
complte , La thorie des obligations en droit priv conomique, op. cit., n 103, p. 143.
431
Mais les mythes prennent corps , G. CORNU, Lvolution du droit des contrats en France , in, Journes
de la socit de lgislation compare, 1979, p. 449.
432
433
En ce sens J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Droit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique,
prcit, n 106, p. 87; C. JAMIN, Une brve histoire politique des interprtations de l'article 1134 du Code
civil , D. 2002, p. 901 et s. et G. ROUHETTE, La force obligatoire du contrat, Rapport franais , prcit, p.
27 et s. et les nombreux auteurs cits par eux.
77
434
435
L'auteur se rtracte dans la suite de l'ouvrage et renie les propos ici cits, v. supra, n 120.
436
C.-B.-M. TOULLIER, Le droit civil franais suivant l'ordre du Code, Tome VI, 4me dition, Paris, Warree,
1824, n 3 p. 3.
437
438
Sur ce point, v. l'intressante analyse que Monsieur JAMIN, pour lequel les propos de TOULLIER et son
changement de cap apparent ne sont pas le fruit d'une prise de position thorique, mais le simple effet d'une
analyse exgtique du Code et, plus prcisment, des intituls des Titres III et IV du Livre III du Code civil,
Une brve histoire politique des interprtations de l'article 1134 du Code civil , prcit, p. 901 ; Dans le
mme sens, un auteur qui a consacr quelques annes plus tard un article au mme thme que celui de Monsieur
JAMIN (A. SIRI, L'volution des interprtations du principe de la force obligatoire du contrat, de 1804
l'heure prsente , RRJ 2008-3, en part. n 6, p. 1355) classe TOULLIER au nombre des auteurs qui fondent la
force obligatoire des contrats sur le fondement lgal et non avec les partisans de la thse de l'autonomie de la
volont. V. galement, le rcent article de F. CHENEDE, Charles Toullier, les sources de lobligation , RDC,
2010, n 3 p. 1015 et s.
439
C. AUBRY, C. RAU, Cours de droit civil franais, par C.S. ZACHARIAE, 2me dition, Tome I, Mline, Cans
et Comp., Bruxelles, 1850, 16, p. 17.
440
Ibid., Les auteurs citent alors l'article 913 du Code civil relatif la quotit disponible et la rserve
hrditaire titre d'exemple.
441
A. DURANTON, Cours de droit civil franais selon le Code civil, Tome X, 4me dition, Thorel et Guilbert,
Paris, 1844, n 20, p. 10.
442
78
F. GNY, Mthode d'interprtation et sources en droit priv positif : essai critique, 2me dition, Tome I,
LGDJ, 1919, n 80, p. 185.
444
Monsieur ROUHETTE n'en dnombre que deux, TOULLIER et LAROMBIRE, Monsieur JAMIN en ajoute
un troisime, BUFNOIR.
445
C. JAMIN, Une brve histoire politique des interprtations de l'article 1134 du Code civil , prcit, p.
906.
446
447
Ibid.; C. ATIAS, Le contentieux contractuel, op. cit., n 20, p. 28 Ils n'ont reconnu la place prtendument
donne l'autonomie de la volont que pour la combattre et en critiquer les excs ; F. TERRE, P. SIMLER, Y.
LEQUETTE, op. cit., n 19, p. 29, il est vident que plus la thse prise pour cible est caricaturale, plus la
rfutation en est aise .
448
G. ROUHETTE, La force obligatoire du contrat, Rapport franais , prcit, p. 48, note n 72.
449
M. PLANIOL, Trait lmentaire de droit civil, LGDJ, T. II, 6me dition, 1912, n 1165.
450
J. PERITCH, La volont des particuliers comme cratrice de droits privs , RTD civ., 1929, p. 7.
79
127.
Il ne nous parat donc pas exagr d'affirmer que le principe juridique de l'autonomie
de la volont n'a sans doute, dans son acception la plus stricte, jamais t prsent dans
l'histoire du droit civil451, au moins depuis 1804. Il ne l'est pas plus dans le droit positif.
128.
galement absente, en tant que principe juridique, du droit positif (1). Le contrat tire sa force
obligatoire et sa validit, dans ltat du droit actuel, de son respect du Droit (2).
1. Absence de lautonomie de la volont comme principe juridique dans le droit
positif.
129.
130.
Certains auteurs (sans adhrer ces propos), ont relev juste titre que c'tait un lieu
commun d'enseigner que les rdacteurs du Code civil, ont en matire contractuelle consacr
l'autonomie de la volont 452/453. Il semble pourtant que la chose soit moins vidente que
451
En ce sens entre autres, J. CARBONNIER, Droit civil, Les biens, les Obligations, op. cit., n 931, p. 1945 ; C.
LARROUMET, Droit civil, Tome III, les obligations, le contrat, op. cit., n 117 p. 96.
452
453
80
131.
On connait l'aversion de certains des auteurs du Code Napolon pour les thses
Kantiennes. Celle-ci poussa mme l'un d'entre eux consacrer plusieurs pages 457 la critique
du philosophe allemand au motif que chez Kant tout est faux 458 pour la raison, qui trouve
un cho particulier pour nous, que tout est absolu 459. Ce rejet des thses kantiennes ne
suffit pas lui seul carter le doute qui pourrait subsister quant une ventuelle volont des
rdacteurs du Code civil de consacrer le principe de l'autonomie de la volont. La paternit du
philosophe lgard de l'autonomie de la volont des juristes est en effet conteste. Il suffit
alors pour achever de se convaincre de l'absence de volont de Portalis et de ses co-auteurs de
consacrer le principe de lautonomie de la volont, de relire la prsentation faite par le
jurisconsulte aixois le 23 fvrier 1803 au corps lgislatif du Titre prliminaire du Code civil.
Alors quil aborde les dispositions de l'article 6 du Code civil lauteur provenal tient des
propos dnus de toute ambigut : des jurisconsultes , dit-il, ont pouss le dlire jusqu'
spc. n 4, le Code civil tentait de traduire dans des textes tels que les articles 1134 et 1165, le principe de
l'autonomie de la volont ; H. MAZEAUD, L. MAZEAUD, J. MAZEAUD et F. CHABAS, Obligations,
thorie gnrale, Tome II, 9me dition, Montchrestien, Coll. Leons de droit civil, 1998, n 116, p. 103, les
rdacteurs du Code civil ont adopt le principe de l'autonomie de la volont .
454
455
A.-J. ABRIAL, alors ministre de la justice, cit par FENET, Recueil complet des travaux prparatoires du
Code civil, Tome IX, Videcoq, p. 272.
457
J.-E.-M. PORTALIS, De l'usage et de l'abus de l'esprit philosophique durant le XVIII me sicle, 3me dition,
Tome I, Moutardier, Paris, 1834, v. en particulier, Chapitre VII, p. 183 et s.
458
Ibid. p. 200.
459
Ibid.
81
132.
dernier est logiquement absent du Code civil. Il serait vain de multiplier de trop nombreuses
illustrations de cette affirmation cela ayant dj t fait par d'autres 462. Il suffit 463 de citer
les articles 6 et 1134464 du Code civil. En vertu du premier, on ne peut droger, par des
conventions particulires, aux lois qui intressent l'ordre public et les bonnes murs ; le
second, dans son alina premier, dispose que les conventions lgalement formes tiennent
lieu de loi ceux qui les ont faites . L encore, autant que les affirmations de Portalis la
tribune du corps lgislatif, et bien que l'on ait souvent affirm le contraire465 sur la foi de la
formule tiennent lieu de loi 466, une lecture mme rapide 467 de ces dispositions
condamne fermement toute tentative d'riger en principe de droit positif l'autonomie de la
460
J.-E.-M. PORTALIS, cit par P.-A. FENET, Recueil complet des travaux prparatoires du Code civil, Tome
VI, op. cit., 362.
461
Sous laspect historique, v. HALPERIN J.-L., Histoire du droit priv franais depuis 1804, op. cit., n 14, p.
32.
462
L. LEVENEUR, La libert contractuelle en droit priv : les notions de base (autonomie de la volont, libert
contractuelle, capacit...) , AJDA, 1998, p. 676.
464
Par exemple E. GAUDEMET, Thorie gnrale des obligations, op. cit., p. 27 ; encore rcemment, P.
MALINVAUD, D. FENOUILLET, Droit des obligations, 11me dition, Litec, Coll. Manuels, 2010, n 77, p. 60.
466
Sur le sens de cette expression, v. J-P. CHAZAL, De la signification du mot loi dans l'article 1134 alina
premier du Code civil , RTD civ., 2001, p. 265.
467
82
133.
134.
135.
juridique qui en mettant la volont des parties hors d'atteinte de la loi pourrait permettre de
s'approcher d'une conception entire de cette notion, elle a toujours t carte par le juge
constitutionnel qui a en 1997 clairement nonc qu'il ne rsulte ni de l'article 4 de la
468
C. ATIAS, Prcis lmentaire de contentieux contractuel, 2me dition, PUAM, 2003, n 18, p. 31 ; J.
GHESTIN, la notion de contrat , prcit, p. 147.
469
Dcision n 59-1 FNR, du 27 novembre 1959; Dcision n 61-3 FNR du 08 septembre 1961; Dcision n 7380 L du 28 novembre 1973.
470
L'article 34 de la Constitution, qui dtermine le domaine de la loi, prcise que la loi, dtermine les principes
fondamentaux des obligations civiles et commerciales .
471
472
Ce principe semble de toute faon avoir disparu de la jurisprudence du Conseil depuis 1973. Sur ce point,
Ibid., n 8, p. 35; le propos est confirm par une recherche informatique des termes autonomie de la volont
sur le site internet du Conseil constitutionnel.
83
136.
Carbonnier considre par exemple qu'en dpit des atteintes de plus en plus frquentes
subies, la doctrine de l'autonomie de la volont conserve mme aujourd'hui valeur de
principe 475. Messieurs Malaurie, Ayns et Stoffel-Munck abondent galement en ce sens et
prcisent que l'on doit maintenir le principe 476 de l'autonomie de la volont, tout comme
Monsieur Bnabent aux yeux duquel les atteintes portes n'ont jamais remis en cause sa
fonction mme de principe 477. Monsieur Malinvaud et Madame Fenouillet affirment quant
eux que l'autonomie de la volont reste la ligne directrice du droit des contrats 478 et voient
dans cette doctrine un principe intangible 479. Enfin, on pouvait encore lire rcemment sous
la plume de Monsieur Aynes une tirade ne laissant aucun doute sur la persistance dudit
principe dans notre droit puisque cet auteur indiquait que lon peut () lire l'article 1134 du
473
Dcision n 97-388 DC du 20 mars 1997, loi crant les plans d'pargne retraite, considrant n 48; M.
FABRE-MAGNAN, Les principes de libert contractuelle et d'autonomie de la volont n'ont pas valeur
constitutionnelle , JCP G, 1997, I, 4039; L. FAVOREU, Constitutionnalit de la loi crant les plans
d'pargne-retraite , D. 1999 p. 234.
474
C. RADE, Rflexions sur les fondements de la responsabilit civile. 1 Limpasse , D. 1999, p. 313 spc.
n 2, pourrait-on en effet se passer du principe de non-rtroactivit des lois, () de la territorialit des lois de
police, de la prohibition du dni de justice et des arrts de rglement () du principe de l'autonomie de la
volont ? .
475
J. CARBONNIER, Droit civil, Les biens, les Obligations, op. cit., n 931, p. 1945.
476
P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK, Les obligations, v. la 3me dition, Defrnois, Coll. Droit
civil, 2004, n 748, p. 372 ; Cependant, laffirmation devient dans la dernire dition de louvrage, le principe
se maintient .
477
A. BENABENT, Droit civil, Les obligations, 12me dition, Montchrestien, Coll. Prcis, Domat, 2010, n 27
p. 22.
478
Ligne qui est dcrite par les auteurs comme tantt droite, tantt brise, tantt sinusodale , Droit des
obligations, op. cit., n 78, p. 61.
479
Ibid. ; F. VIOLET, Rupture de manire dlibre et de mauvaise foi de pourparlers , JCP E 2001, p. 423.
84
137.
Dans une large mesure les propos cits ne marquent pas l'adhsion de leurs auteurs
une conception absolue de l'autonomie de la volont. Cette doctrine rejette le plus souvent
480
L. AYNES, Le contrat, loi des parties , prcit, p. 121 ; laffirmation nous semble dailleurs recler une
contradiction.
481
De manire arbitraire et non exhaustive v. par exemple : D. CHOLET, La novation de contrat , RTD civ
2006, p.467, sp. n 21, La novation de contrat repose sur les principes d'autonomie de la volont et de libert
contractuelle ; E.-S. DE LA MARNIERE, Clause pnale : indemnit forfaitaire, ddit et pouvoir du juge de
modrer ou augmenter , D. 1990, p. 392 L'art. 1152 c. civ., al. 2, () donne au juge la facult, mme d'office,
de modrer ou d'augmenter la peine convenue si elle est manifestement excessive, ou drisoire. Ce qui est
une atteinte considrable au principe fondamental de l'autonomie de la volont ; L. EYRIGNAC, tendue
de l'action estimatoire et dsquilibre entre les prestations contractuelles , D. 2006, p. 1216, la lsion ne
constitue pas une cause gnrale de rescision des conventions parce qu'elle serait contraire au principe
d'autonomie de la volont ; M.-O. GAIN, Le droit de premption de la Safer et les ventes indivisibles , JCP
N 2002, p. 1396, spc., n 3 quel qu'il soit, le droit de premption, par nature, vient neutraliser le principe de
l'autonomie de la volont (le neutraliser nous paraissant ici particulirement rvlateur de la croyance en la
positivit du principe) ; P.-A. GIRARD, J.-P. PROHASZKA, La protection de lacqureur immobilier au
regard de la situation hypothcaire , JCP N., 2003, p. 1320, spc. n16, En vertu du principe de l'autonomie
de la volont les cocontractants pourront dcider de retarder la date du transfert de proprit ; J.-M. JUDE,
Le rglement par carte bancaire et par chque : unit ou dualit ? (au juriste de lire les cartes), D. 2003, p.
2675, spc. note de bas de page n 17, Il est possible d'admettre qu'en vertu du principe de l'autonomie de la
volont les parties puissent amnager le mandat et prvoir un tel recours ; N. MARTIAL-BRAZ, Fausse
note dans la symphonie de l'assurance-vie : quand la Cour de cassation joue le dsaccord l'gard du lgislateur
sur les consquences de l'acceptation du bnficiaire LPA, 2008, n 98, p. 13, spc. n 3 La Cour de
cassation ne fait donc en l'espce qu'une stricte application du principe de l'autonomie de la volont ; F.
OSMAN, Le pouvoir modrateur du juge dans la mise en uvre de la clause rsolutoire de plein droit ,
Defrnois, 1993, n2, p. 65, spc. n 2 La validit de principe de la clause rsolutoire de plein droit est fonde
sur le principe d'autonomie de la volont ; S. PIQUET, Lindivisibilit des contrats , D. 1996, p. 141, spc.
n 7, L'indivisibilit subjective, application du principe de l'autonomie de volont, est fonde sur la recherche
de l'intention des parties ; F. POLLAUD-DULIAN, propos de la scurit juridique , RTD civ 2001, p.
492 Mais on peut aussi bien fonder cette solution sur le respect du principe d'autonomie de la volont et de la
libert contractuelle ; F. RIZZO, Le principe de lintangibilit des engagements des associs , RTD com
2000, p. 27, spc. n 17 le fondement de la validit de la clause d'exclusion rside dans le principe de
l'autonomie de la volont lauteur voque dailleurs un peu plus loin, le principe de l'autonomie de la
volont dont les dispositions de l'article 1836, alina 2 du Code civil fournissent une illustration propre au droit
des socits .
85
138.
Monsieur Savatier reconnat que dans la pratique la libert des parties n'a jamais t
complte486 ; Monsieur Sriaux affirme nettement que l'on ne peut s'obliger tout et
n'importe quoi 487 ; Messieurs Flour Aubert et Savaux, noncent que l'autonomie de la
volont dans son sens originel ne peut expliquer le systme classique du contrat 488. Plus
radicaux encore, beaucoup d'auteurs se rangent ce qui sapparente, sur ce point, une vision
normativiste du contrat. Entre autres489, Madame Fabre-Magnan pour laquelle l'autonomie de
la volont n'est pas un principe juridique de droit positif 490 ajoute encore que c'est le
Droit qui dcide, qui pose, que les contrats sont obligatoires491. Elle rejoint ainsi dautres
auteurs tel Messieurs Terr Simler et Lequette, qui crivent dans leur prcis de droit des
obligations que la force obligatoire ne vient pas de la promesse mais de la valeur que le
Droit attribue la promesse, cette valeur procdant d'une norme extrieure. Le contrat
482
P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK, op. cit., 2004, n 748, p. 340 on doit maintenir le
principe, tout en soulignant que la puissance de la volont n'est pas absolue et la dernire dition de louvrage,
o les auteurs admettent que cette analyse nest plus admise , Droit civil, Les obligations, 4me dition,
Defrnois, Coll. Droit civil, 2009, n 748, p. 367. Cest cette dition que nous ferons rfrence dans les
dveloppements suivants, sauf prcision contraire.
483
484
Ibid.
485
M. FABRE-MAGNAN, Les obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, op. cit., p. 59, La
doctrine semble aujourd'hui s'accorder pour rejeter la thse de l'autonomie de la volont .
486
R. SAVATIER, La thorie des obligations en droit priv conomique, op. cit., 1979, n 103, p. 143.
487
A. SERIAUX, Droit des obligations, PUF, 1992, n 8, p. 27, Lauteur ne consacre plus dans la dernire
dition de dveloppements lautonomie de la volont.
488
J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Doit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique, op. cit., n
110, p. 90.
489
490
M. FABRE-MAGNAN, Les obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, op. cit., p. 59.
491
M. FABRE-MAGNAN, Les principes de libert contractuelle et d'autonomie de la volont n'ont pas valeur
constitutionnelle , JCP G. 1997, I, 4039, n 8.
86
492
493
494
PORCHY-SIMON S., Droit civil, 2me anne, Les obligations, 6me dition, Dalloz, Coll. HyperCours, 2010,
n 67, p. 30.
495
Ibid.
496
497
498
J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Droit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique, op. cit., n 95,
p. 81 ; B. STARCK, H. ROLAND, L. BOYER, op. cit., n 23, p. 8 v. en ce sens galement, M. ARMANDPREVOST, D. RICHARD, Le contrat dstabilis (de l'autonomie de la volont au dirigisme contractuel) ,
prcit, n 1.
499
R. SAVATIER, La thorie des obligations en droit priv conomique, op. cit., 1979, n 111, p. 155.
500
502
L. LEVENEUR, La libert contractuelle en droit priv : les notions de base (autonomie de la volont, libert
contractuelle, capacit...) , prcit, p. 677.
503
87
elle na alors plus le mme sens que celui que lon pouvait lui attribuer hier. La notion ne
survit quen raison dune double ambigut.
La premire, souvent releve504, rside dans lamalgame entre lautonomie de la
volont et la libert contractuelle. Les exemples de confusion sont lgion505 et ne peuvent
qu'entretenir la croyance qu'il existe un vritable principe juridique dit de l'autonomie de la
volont506/507.
La seconde, plus grave du point de vue qui est le ntre, se manifeste propos du dbat
sur le fondement de la force obligatoire du contrat. Lautonomie de la volont est alors place
sur le mme plan que les thories fondant la force obligatoire du contrat sur la loi, ce qui nous
semble tre une erreur. La rponse emprunte Kelsen du fondement de la force obligatoire
du contrat ne peut pas tre compare aux autres. Kelsen rpond une seule question qui est la
suivante : Pourquoi le contrat a-t-il juridiquement force obligatoire508 ? La rponse cette
question est connue. Le contrat a juridiquement force obligatoire parce que l'ordre juridique,
dans notre droit positif l'article 1134 du Code civil, enjoint aux parties de remplir leurs
engagements contractuels. Ensuite, peut se poser une seconde question : pourquoi les
lgislateurs de manire gnrale consacrent-ils dans la quasi-totalit des systmes juridiques
504
505
DEMOGUE dj, aprs avoir affirm que le principe de l'autonomie de la volont est l'un des principes les
plus importants du droit civil citait quelques exemples des consquences de l'autonomie de la volont hors du
droit des obligations puis prcisait qu' ce principe se rattachait en matire d'obligations la libert des
conventions... (Les notions fondamentales du droit priv, essai critique pour servir d'introduction l'tude des
obligations, Paris, Rousseau, 1911, p. 147). CARBONNIER parle de lautonomie de la volont que lon connait
sous le nom plus courant de libert contractuelle (Droit civil, Les biens, les Obligations, op. cit.,n 931, p.
1945) confondant ainsi sciemment les deux notions linstar de Messieurs FLOUR, AUBERT et SAVAUX qui
dfinissent l'autonomie de la volont comme la facult laisse aux sujets d'organiser leurs changes comme ils
l'entendent dans les limites fixes par le Droit objectif cest--dire leur libert contractuelle (n 110, p. 90).
Monsieur SRIAUX qui crit que l'autonomie de la volont n'est donc qu'une autre manire de dire: libert
contractuelle , adopte la mme dmarche (Droit des obligations, PUF, Coll. Droit fondamental, 1992, n 8, p.
28. La phrase a disparu des ditions suivantes), tout comme Messieurs MAZEAUD et CHABAS crivent
propos de notre principe l'autonomie de la volont, cest--dire la libert du contractant , (op. cit., n 28, p.
22). Les auteurs assimilent encore les deux notions en concluant une partie intitule l'autonomie de la volont
par ces mots : la libert de contracter a reu de nombreuses atteintes () Celle-ci demeure la rgle chaque
fois qu'elle ne nuit pas l'ordre public (n 127, p. 116).
506
J-P. CHAZAL, L'autonomie de la volont et la libre recherche scientifique , RDC, n 3, 2004, p. 621.
507
Sil nexiste pas de principe de lautonomie de la volont, il existe en revanche en droit positif un principe de
libert contractuelle.
508
88
J. GHESTIN, qui considre que le contrat est obligatoire parce qu'il est utile et la condition qu'il soit
juste , La notion de contrat D. 1990, p. 149; v. galement, L'utile et le juste dans les contrats , D. 1982,
ch. p. 1.
510
511
Ibid., p. 62.
512
En ce sens, C. ATIAS, Restaurer le droit du contrat , D. 1998, p. 137, n7, qui crit que l'autonomie de la
volont est aujourd'hui ce que la Doctrine du Droit voulait qu'elle ft, un postulat extrieur au droit ; M.
FABRE-MAGNAN, Les principes de libert contractuelle et d'autonomie de la volont n'ont pas valeur
constitutionnelle , JCP G, 1997, I, 4039, n 6; J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, op. cit., n 96, p. 81,
pour lesquels l'autonomie de la volont exprime une doctrine de philosophie juridique ; G. MARTY, P.
RAYNAUD, Droit civil, Les obligations, 2me dition, Tome 1, Les sources, Sirey, 1988, n 43, p. 38, Quant
savoir si la volont est autonome, il sagit dune question de philosophie du droit, lie la querelle du Droit
objectif et des droits subjectifs sur la quelle on peut se dispenser de prendre parti ds linstant que les solutions
du Droit positif sont claires ; H. KELSEN, La thorie juridique de la convention , prcit, n 13, p. 48 ;
Pour une conclusion identique en droit public, o lauteur remarque au terme de ses dveloppements que
l'autonomie de la volont se prsente moins comme un principe normatif que dot d'une fonction rhtorique et
qu'il convient d'admettre que lorsqu'une discipline juridique manifeste un choix dlibr d'en prendre une autre
comme source d'inspiration alors que rien ne l'y oblige, le recours cet emprunt satisfait moins une ncessit de
la technique juridique que certaines proccupations idologiques , v. S. SAUNIER, L'autonomie de la
volont en droit administratif franais : une mise au point , RFDA 2007, p. 609 ; A. SIRI, L'volution des
interprtations du principe de la force obligatoire du contrat, de 1804 l'heure prsente , prcit, n 19, p. 1367,
il s'agit bien l d'une position idologique et non d'une loi scientifique .
89
140.
les rles respectifs de chaque notion ayant t leves, seule demeure la question initiale. La
convention est-elle intgre lordre juridique ? La rponse ne fait pas mystre, nous lavons
plusieurs reprises annonce. La convention est intgre lordre juridique. Les explications
seront brves tant la question (une fois lautonomie de la volont remise la place qui est la
sienne) fait lunanimit en doctrine.
141.
norme conventionnelle. Les conventions lgalement formes tiennent lieu de loi ceux qui
les ont faites dispose cet article qui contient dans une formule efficace tous les lments de
rponse notre question. Il nest gure contestable 520 que ce qui fait des conventions
quelles sont obligatoires, ce qui fait de ces conventions quelles doivent tre respectes, cest
quelles sont lgalement formes. Autrement dit, elles sont fondes, elles sont en cela
514
Le degr de libert concd peut donc varier. Il peut-tre extrmement vaste dans un rgime conomique
libral ou plus rduit voire ananti dans un rgime communiste I. PELIKANOVA., Le droit priv dans les expays communistes , D. 2007, p. 1408.
515
516
Ibid.
517
518
Cette diffrence entre deux conceptions de l'autonomie de la volont s'illustre merveille dans la dmarche
suivie par Monsieur Sriaux qui, alors qu'il rejette clairement toute conception autonomiste du contrat au sens de
principe juridique, plaide en revanche pour que cette philosophie inspire plus largement le droit positif et appelle
de ses vux une vritable politique de l'autonomie de la volont , prcit, n 8.
519
Contra, bien quadoptant une analyse normativiste du contrat, R. LEVACHER, Thse prcite, p. 336 et s.
Lauteur carte cette thse, moins fermement cependant que celle de lautonomie de la volont, et estime que le
contrat tire sa force obligatoire de sa fonction de rgle de Droit le Droit tant par essence contraignant ,
en particulier, n 396, p. 340.
520
M. FABRE-MAGNAN, Droit des obligations, op. cit., p. 62, il n'est gure contestable que la force
obligatoire du contrat dcoule du systme juridique et en dernier ressort de l'tat qui est garant du systme .
90
523
524
525
En ce sens J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Droit civil, Les obligations, Tome I, L'acte juridique,
op. cit., n 110, p. 90.
526
La chose serait dailleurs historiquement consubstantielle la notion mme du contrat dans le Code civil.
Cette notion dfinie larticle 1101 du Code civil en rfrence lobligation , nest autre que la traduction
des Institutes de Justinien (sur ce point v. D. DEROUSSIN, Histoire du droit des obligations, Economica, Coll.
Corpus, 2007, p. 174). Or, les Institutes dfinissaient lobligation comme le lien de droit par lequel nous
sommes enchans, en raison de la ncessit quil y a, selon notre droit civil, de payer quelque chose (cites
par D. DEROUSSIN, Ibid., p. 14, qui ajoute quen droit romain, lobligation na dexistence et de signification
que relativement lordre juridique de la cit , p. 15).
527
528
Nous tenons sur ce point apporter une dernire prcision sur la porte de notre conclusion. La loi est, en
droit positif, le fondement de la force obligatoire des conventions. Voil tout ce que nous souhaitions dmontrer.
Rien de plus. Nous sommes bien entendu conscients (convaincus mme), que dun point de vue historique, le
contrat a sans doute prexist la loi ou, au moins, il a sans doute t efficient avant sa reconnaissance par une
norme dun systme juridique. Comme le relve un auteur, pour poser le principe du respect de la parole donne
il fallait dabord que la notion de contrat ait elle-mme vu le jour (A. SUPIOT, La relativit du contrat en
question. Conclusion gnrale , prcit, p. 202). Cela tant, comme lcrit Monsieur de Bchillon, ce primat
historico-sociologique ne fait rien laffaire au regard du Droit tatique () ce qui tait l avant relevait peuttre du Droit , mais seulement dans le cadre dune autre dfinition de la juridicit, antrieure celle
quimpose la forme moderne de ltat , ( Sur la conception franaise de la hirarchie des normes, Anatomie
dune reprsentation , prcit, p. 110 et 111).
529
V. Sur ce point la remarque de Monsieur J. HAUSER qui admet cette conclusion dans la formule alambique
suivante. Il semble que linclusion de la norme conventionnelle dans lordonnancement juridique ne soit pas
laspect le moins solide de la thorie kelsnienne, Objectivisme et subjectivisme dans lacte juridique, LGDJ,
91
la convention pouvait tre une norme juridique qui peut donc trouver sa place dans une
hirarchie de normes juridiques.
143.
comme une rgle de Droit a t lev en dmontrant que la gnralit ntait pas une qualit de
ce type de rgles. Les fondements philosophiques de cette primaut sont friables. Certains de
ceux que lon prsente comme tant les aptres de la gnralit de la loi nen ont certainement
jamais fait lapologie, et lassimilation entre le Droit et la loi qui devrait tre une rgle
gnrale ne repose plus aujourdhui sur rien. Le Droit ne se rsume plus, loin sen faut, la
loi. Quant aux facteurs idologiques qui ont contribu exiger une poque une loi gnrale,
ils sont aujourdhui largement dpasss. Les exemples de normes, et de lois en particulier,
ayant une dimension personnelle se multiplient. Aucun lment ne peut faire obstacle
lexistence de normes individuelles. Dun point de vue logique, les normes individuelles ont
la mme aptitude prescrire ce qui doit tre que des normes gnrales. Dun point de vue
juridique, rien nimpose que les rgles de Droit soient impersonnelles, le Conseil
constitutionnel la expressment admis.
144.
Les dveloppements sur ce point ont pu paratre longs, ils ont pu sembler sloigner
parfois de lessentiel. Cette richesse nous semblait indispensable sur plusieurs points.
Dabord, suivant les conseils dHauriou dj rapports, nous ne pouvions quaccorder
beaucoup dimportance ce point qui a t cru pendant si longtemps et qui, surtout, lest
toujours trs majoritairement par la doctrine contemporaine. La prgnance de la gnralit de
la rgle de Droit est encore telle que rfuter cette ide ne pouvait se faire que de la manire la
plus exhaustive possible. Cela simposait dautant que cette ide de gnralit omniprsente
dans la doctrine se prsentait comme un obstacle quasi-rdhibitoire la reconnaissance de la
qualit de rgle de Droit la convention, cette dernire tant par nature individuelle.
Lobstacle a t lev. Il nous semble avoir dmontr que cette thse aux fondements,
historiques, philosophiques et politiques trs friables, navait aucune consistance en droit
92
145.
Tout obstacle la possibilit de considrer une rgle particulire comme une rgle de
Droit tant lev, il restait dmontrer que cette rgle particulire revtait la qualit
transformant une norme thique en norme juridique, lintgration de cette rgle un ordre
juridique. Faire cette dmonstration supposait de lever cette fois-ci ce qui ressemble
finalement plus un malentendu qu un vritable obstacle, la place de lautonomie de la
volont dans le droit positif. L encore, les dveloppements consacrs cette tche ont pu
paratre trop gnreux. L encore, ces dveloppements nous paraissaient essentiels tant les
rfrences au principe de lautonomie de la volont sont communes, tant est rpandue
lide que lautonomie de la volont est un principe juridique sur lequel il est possible de
fonder un raisonnement juridique530. Un tel principe, qui implique de considrer que la
convention tire sa force obligatoire de la seule volont des parties, le contrat faisant alors
face la loi, nexiste pas en droit positif. La doctrine, comme le Code civil et le Conseil
constitutionnel, saccordent pour nier lautonomie de la volont le rle dun vritable
principe juridique. Cette conclusion nest dailleurs, nous lavons vu, sans doute pas propre au
droit positif. Lexistence de cette thse dans la doctrine classique, pourtant empreinte
dindividualisme juridique, est plus que douteuse. Au fond, si lautonomie de la volont
trouve encore droit de cit dans la littrature juridique contemporaine, ce qui est une source
indniable dune confusion qui justifie elle seule les dveloppements que nous avons
consacrs la question, cest en tant que synonyme de la libert contractuelle, ou comme
doctrine philosophique ou politique. Cest en aucun cas en tant que principe de droit positif.
En dpit de quelques formules parfois confuses, la doctrine semble presque unanime sur ce
point.
Lautonomie de la volont nexiste donc pas en droit positif et na vraisemblablement
jamais exist, mme dans les travaux de la doctrine classique. Cette condamnation de la
thorie de lautonomie de la volont emporte ncessairement la conscration de la thorie
fondant la force obligatoire du contrat sur son intgration un ordre juridique ( la pyramide
des normes , comme lon dit parfois). Il ny a nos yeux aucune autre alternative.
Lautonomie est ou elle nest pas. Lide dune autonomie limite par quelques dispositions
dordre public est, nos yeux, intenable en ce quelle recle une grave contradiction. Un
530
En ce sens, J-P. CHAZAL, De la thorie gnrale la thorie critique du contrat , op. cit,, p.32, qui relve
que lautonomie de la volont est toujours proclame comme principe .
93
*
*
94
147.
Cet acte est avant tout une norme qui, comme beaucoup dautres normes,
148.
La convention est donc bien une norme, elle est galement une norme juridique.
Son caractre concret ne peut suffire faire obstacle ce quon la considre comme
une rgle de Droit. Fruit dune assimilation entre le Droit et la loi, qui elle devrait tre
gnrale, lide de gnralit du Droit vole aujourdhui en clats. Les fondements
philosophiques de la gnralit de la loi sont douteux, son but, lgalit des citoyens, nest
plus ncessairement atteint par lgalit des droits. ct de cela, lassimilation de la loi au
Droit nest plus soutenable de nos jours. Les sources du Droit se multiplient et la plupart
dentre elles perdent de plus en plus leur caractre de gnralit pour embrasser un nombre
dhypothses, de sujets, de plus en plus prcis. Les rgles de Droit sont mme de plus en plus
souvent individuelles. Aucune rgle en droit positif ne fait dailleurs obstacle cette
volution. Dans ces conditions, tout pousse considrer que la gnralit nest pas une qualit
de la rgle de Droit, ce qui ouvre la porte ce que lon puisse admettre la juridicit de la
convention.
Pour cela, pour faire passer la convention au statut de norme juridique, il fallait
dmontrer que cet acte est intgr lordre juridique (autrement dit, quil est valable parce
quil est produit en conformit avec les rgles du Droit objectif). Le principe de lautonomie
de la volont, qui a pour consquence dapprhender le contrat comme un acte autonome
95
*
*
96
Admettre que le contrat est une norme juridique, c'est--dire un acte crateur de Droit,
permet denvisager que cet acte puisse dterminer les conditions de validit dun autre acte de
mme nature. Le contrat est une norme juridique, il y a donc tout lieu de penser quil
fonctionne de la mme manire 531 que toutes les autres normes. Ds lors, puisque Ltat
moderne hirarchise toutes les rgles de son Droit 532, les conventions doivent bien pouvoir
se hirarchiser entre elles. Dun point de vue technique si le contrat est une norme il a
invitablement un effet normatif (une force obligatoire533) qui peut dpasser, comme la
dmontr Monsieur Ancel, le cadre de la cration dobligations. Le contrat produit en effet
nombre deffets obligatoires non obligationnels : il transfre des droits, teint des droits, cre
des droits ou des situations juridiques nouvelles534. Il peut galement, puisque ces actes sont
soumis au Droit, et quil est un lment du Droit, conditionner la validit dautres
conventions. Le droit positif en apporte la preuve.
531
532
534
Ibid., n 13.
97
TITRE
SECOND
LA
RALIT
DES
RAPPORTS
150.
151. Rpondre cette question impose au pralable de dterminer avec prcision le critre
hirarchique que nous devons retenir. Nous lavons dj indiqu, la hirarchie est dans le sens
que nous avons retenu synonyme de rapport de validit. Cette notion de validit mrite un
certain nombre de prcisions lorsquon la rapporte lobjet de notre tude. Il nous faudra
donc dterminer ce que nous entendrons par validit dune convention . Ce sera lobjet de
dveloppements prliminaires (CHAPITRE PRLIMINAIRE).
152.
Une fois les termes du dbat solidement poss, nous pourrons apporter
linterrogation formule une rponse clairement positive. Comme la Constitution sert de rgle
de rfrence pour dterminer si la loi est ou non valable, comme le Code civil sert de
535
536
M. MONIN, 1989, Rflexions loccasion dun anniversaire : Trente ans de hirarchie des normes ., D.
1990, p. 27
98
153.
La preuve en sera apporte par ltude de quelques rapports conventionnels loin dtre
exhaustifs et loin dtre inconnus. Nous ne prtendrons pas dans cette dmarche faire de
grandes rvlations sur les rgles de droit positif. La plupart des situations exposes et des
solutions retenues sont connues. Nous voudrions en revanche clairer sous un angle nouveau
des phnomnes classiques, les apprhender en termes de hirarchie des normes , de
manire dmontrer qu contre-courant de lindiffrence, voire des rticences, que manifeste
souvent la doctrine lgard de la question, les conventions peuvent entretenir des rapports
hirarchiques. Notre modeste ambition sera de dmontrer que lon peut vritablement parler
de hirarchie des normes en matire conventionnelle. Elle sera galement de souligner que
loin dtre nouveau, rsiduel, ou exceptionnel ce phnomne est ancien, frquent, commun.
537
Ce parallle appelle dailleurs une prcision. L'ide selon laquelle la hirarchie des normes est un rapport
linaire c'est--dire que chaque norme n'est hirarchiquement suprieure et infrieure qu' une seule et unique
norme trouve un certain cho en doctrine, elle est mme selon certains majoritaire (O. PFERSMANN, Carr de
Malberg et la hirarchie des normes , RFDC, 1997, p. 482). Si tel tait le cas, l'ide de hirarchie entre deux
conventions serait exclue dans la mesure o il est acquis que les principales conditions de validit des
conventions, la capacit, le consentement, la cause et l'objet sont justement dtermines l'article 1108 du Code
civil. La loi serait donc la seule norme directement suprieure au contrat. Laffirmation na bien entendu aucun
fondement. La hirarchie des normes ne constitue pas un rapport linaire et trivialement pyramidal (Ibid., p.
488 et 489) puisqu'une famille de normes ne trouve pas ncessairement sa validit dans la famille de normes
immdiatement suprieure et rciproquement une famille de normes peut dterminer la validit de plusieurs
familles infrieures. Autrement dit, une norme peut avoir plusieurs normes qui lui sont hirarchiquement
suprieures. Lobservation du droit positif accrdite incontestablement cette thse. Il est indiscutable que la
Constitution de la Vme Rpublique dtermine les conditions de validit de la loi, mais galement celles du
rglement par le biais notamment de l'article 37 qui dtermine ce qui est du domaine du rglement. Or, si en ce
qui concerne le pouvoir rglementaire autonome, une premire lecture de la Constitution de 1958 pouvait
laisser supposer que le pouvoir rglementaire autonome ne serait pas soumis au respect de la loi puisqu'il
intervenait dans des domaines o, prcisment, le lgislateur n'tait pas comptent (V. TCHEN, J.-Cl.
Administratif, v Domaines de la loi et du rglement, fasc. n 106 n 142) il n'en est rien. Le pouvoir
rglementaire doit assurment dans l'exercice de ses attributions respecter (...) les dispositions des lois
applicables (CE, sect., 15 juin 1959, Syndicat des ingnieurs conseils, Rec. CE, 1959, p. 394) sous peine
d'entacher d'illgalit la mesure dicte. On le voit, deux normes au moins dterminent les conditions de validit
des rglements de l'article 37 de la Constitution. Il y a donc deux normes hirarchiquement suprieures ce type
de rgle. La validit des conventions collectives de travail est galement soumise au respect de deux catgories
de normes. Outre celles prvues aux articles L. 2231-1 et suivants du Code du travail, la convention collective
doit encore respecter la Constitution, en particulier larticle 7 du prambule de 1946 en vertu duquel le droit de
grve s'exerce dans le cadre des lois qui le rglementent . dfaut, la convention (ou la clause) contraire est
nulle ou inopposable (v. sur ces derniers points B. MATHIEU, Une convention collective ne peut rglementer
le droit de grve : encore un progrs dans l'application de la Constitution par le juge social , Note sous Soc. 7
juin 1995 D. 1996, p. 75). L encore, une norme voit ses conditions de validit dtermines par deux catgories
de normes.
99
CONVENTIONS.
100
154.
Une norme est hirarchiquement suprieure une autre si elle en dtermine les
155.
Pour certains auteurs parler de norme juridique valide relve du plonasme. Une
norme juridique est valide ou elle n'est pas. En matire conventionnelle, si une convention
n'est pas valide, si elle n'est pas, elle est nulle. L'article 1108 du Code civil qui dtermine
quatre conditions de validit des conventions frappe d'ailleurs le non respect de ces conditions
par la nullit. Cette sanction est sans aucun doute en matire conventionnelle la forme la plus
vidente de linvalidit. La doctrine assimile d'ailleurs invalidit d'un acte juridique et nullit
de cet acte de manire naturelle540. Comme le remarquent certains chaque annulation
538
J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Droit civil, Les obligations, Tome I, lacte juridique, op. cit., La
caducit concerne un contrat rgulirement conclu , n 322, p. 297 ; v. cependant, rattachant la caducit la
question de la formation du contrat, larticle 89 des propositions de rforme du droit des contrats, in, F. TERRE
(direction), Pour une rforme du droit des contrats, Dalloz, Coll. Thmes et commentaires, 2009, en particulier
la contribution de D. HOUTCIEFF, n 30 et 31, p. 236 et 237.
539
Ibid.
540
Voir par exemple A. JEAMMAUD, La rgle de Droit comme modle , D. 1990, p. 200, n 3 qui crit tel
acte priv demeure-t-il valide ou a-t-il t annul ? ; v. Encore sur ce point, M. MEKKI, Nullit et validit
en droit des contrats : un exemple de pense par les contraires , RDC 2006, n 3, p. 679, qui parle de La
validit, reflet invers de la nullit .
101
156.
Lacte nul nest assurment pas valable. La question ne pose aucun problme. Les
des tiers d'un droit n par suite de la passation543 d'un acte juridique 544), est-elle une preuve
de la non validit d'un acte juridique? Cest cette question quil nous revient imprativement
de rpondre. Les rares auteurs qui l'abordent ne font que l'voquer et semblent partags sur la
rponse y apporter. L'inopposabilit est tantt dfinie comme une sanction due la
circonstance que l'acte manque de l'une des conditions de son intgration l'ordre
juridique 545, tantt comme une sanction qui est retenue pour certaines raisons
indpendantes de [la] validit 546 d'un acte juridique. Nous expliquerons brivement
541
M. MONIN, 1989 : Rflexions l'occasion d'un anniversaire : 30 ans de hirarchie des normes , D. 1990,
p. 30 et 31.
542
O. GOUT, Le juge et l'annulation du contrat, (prface P. ANCEL) PUAM, Coll. Institut de droit des affaires,
1999, qui dmontre que lacte nest jamais nul automatiquement. Lacte est seulement annulable, lintervention
du juge tant presque toujours (sauf lhypothse des nullits conventionnelles) indispensable pour prononcer
cette sanction. V. sur ce point le Titre premier de la premire partie de la thse de lauteur, n 26 et s. p. 41 et s. ;
Dans le mme sens dj, H. KELSEN, Le contrle de constitutionnalit des lois. Une tude comparative des
constitutions autrichienne et amricaine , RFDC, 1990, p. 22 Dans un systme de droit positif, il n'y a pas de
nullit absolue. Il n'est pas possible de qualifier un acte qui se prsente lui-mme comme un acte juridique de
nul a priori. Seule est possible l'annulation d'un tel acte ; l'acte n'est pas nul il est seulement annulable (...) l'acte
doit juridiquement exister s'il veut faire l'objet d'un jugement par une autorit ; v. encore, Thorie pure du
droit, op. cit., p. 272.
543
ou par suite de la nullit prcise t-il encore. Cette hypothse ne nous intressera pas ici.
544
D. BASTIAN, Essai d'une thorie gnrale de l'inopposabilit, Thse Paris, Sirey, 1929, p. 3.
545
G. CORNU, Vocabulaire juridique, prcit, p. 494. N'tant pas intgr l'ordre juridique il ne serait donc pas
valable.
546
A. WEIL, F. TERRE, op. cit., n 288, p. 299; en ce sens galement, D. BASTIAN, op. cit., p. 11.
102
158.
dabord sur le plan de leurs causes550. Alors que la nullit sanctionne l'irrespect des
conditions lgales auxquelles est soumise la formation d'un acte juridique (...)
l'inopposabilit affecte[rait] un acte rgulier qui porte un prjudice illgitime un tiers (...)
551. Les causes de la nullit et de l'inopposabilit seraient donc diffrentes, la nature de ces
deux sanctions galement. Il nous semble au contraire qu'aucune diffrence significative
n'existe au stade de lorigine des deux sanctions. Les points communs entre les deux notions
sur le terrain de leurs causes, comme les critres trop peu pertinents qui permettent
aujourd'hui de dlimiter le champ d'application assign chacune delles, plaident pour un
rapprochement entre nullit et inopposabilit.
et inopposabilit ont en commun le fait dtre des sanctions frappant un acte qui est dans tous
547
R. JAPIOT, Des nullits en matire dactes juridiques, Thse Dijon, 1909, p. 15.
548
Ibid. p. 15.
549
Contra, D. BASTIAN, op. cit., p. 351 et s. C'est tout d'abord par leur nature que les deux institutions se
sparent nettement ; P. SIMLER, La nullit partielle des actes juridiques, LGDJ, Coll. Bibliothque de droit
priv, Tome 101, 1969, n 14, p. 15 L'inopposabilit n'est pas une nullit partielle .
550
551
Ibid. p. 334 et 335 ; Dans le mme sens, P. MALINVAUD, D. FENOUILLET, Droit des obligations, op. cit.,
p. 382, p. 296.
103
160.
ne nous parat pas satisfaisant. Il nest pas rigoureux dun point de vue thorique (a), il nest
pas convainquant sur le plan pratique (b).
161.
D'un point de vue thorique d'abord, il semble qu'il soit assez difficile de tracer une
frontire entre nullit et inopposabilit. Une ide trs rpandue veut que la nullit sanctionne
l'inobservation d'une des conditions de formation 556 ou de validit 557 du contrat, quand
l'autre sanction envisage ici viendrait frapper le non respect d'une rgle qui a pour seul
552
M. FALAISE, La sanction de lacte irrgulier (distinction entre inopposabilit et nullit), LPA, 1997, n
103, p. 5, n 1.
553
R. JAPIOT, Thse prcite, p. 14 ; En ce sens galement, J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, Droit
civil, Les obligations, Tome I, lacte juridique, op. cit., n 322, p. 297 ; F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE,
op. cit., n 82, p. 101 ; A. WEILL et F. TERRE, op. cit., n 288, p. 299.
554
555
Ibid. p. 25.
556
A. WEILL, F. TERRE, op. cit., n 285, p. 298; Dans ce sens galement, M. FABRE-MAGNAN, Droit des
obligations, Tome I, Contrat et engagement unilatral, op. cit., p. 440 ; M. FALAISE, Ibid.
104
162.
contrat, l'inopposabilit une atteinte aux droits des tiers. Ce critre de distinction nous semble
cependant tre trs incertain et la distinction entre les deux sanctions n'est en ralit pas
aussi simple qu'il y parat 559. En effet, les deux dfinitions respectives de la cause des
sanctions ici voques n'apparaissent pas comme tant exclusives lune de lautre. Cela
sexplique par le fait que le champ dapplication de chaque sanction est dfini par le recours
un critre diffrent. Alors que la dfinition de la nullit voque le critre d'une condition de
formation ou de validit de l'acte, la dfinition de l'inopposabilit voque le critre de la
violation d'une rgle ayant pour objet la protection d'un tiers. Ces deux critres ont le dfaut
dtredeux (sans tre exclusifs lun de lautre). Or, deux catgories juridiques
hermtiques ne peuvent tre traces qu' la condition de reposer sur un mme critre ou
sur plusieurs exclusifs les uns des autres560. Si lon en revient aux sanctions qui nous
proccupent, deux critres diffrents sont retenus ce qui ne permet pas de garantir
l'hermtisme de chaque catgorie. Cela se vrifie en pratique.
163.
Il est possible du fait de la dualit de critres voque, d'imaginer que les conditions de
formation d'un acte, ou conditions de validit , trouvent leur raison d'tre dans la protection
des tiers. L'article 1589-2 du Code civil, anciennement article 1840 A du Code gnral des
impts, en est une illustration. Ce texte impose sous peine de nullit561 la publication des
promesses unilatrales de vente. La publication562 est donc une vritable condition de
558
M. FALAISE, Ibid.
560
M.-L. MATHIEU-IZORCHE, Le raisonnement juridique, PUF, Coll. Thmis Droit priv, 2001, p. 30. Le
partage [dun jeu de cartes] en rois , rouges et noirs nest pas un classement, car si toutes les cartes
peuvent tre places dans une catgorie, certaines dentre elles appartiennent deux catgories la fois
(par exemple le roi de cur) , aussi crit lauteur, un niveau donn dune division, ou dune subdivision de
lunivers, le principe de division permettant de sparer les objets doit tre le mme .
561
Civ. 3, 2 juin 1993, Bull. Civ. III, n 80, L'omission de cette formalit rend la promesse, frappe de nullit,
insusceptible d'tre tablie par quelque mode de preuve que ce soit .
562
Les rgles de publicit sont dailleurs souvent prsentes par la doctrine comme des formalits dont
l'inobservation conduit rendre l'acte juridique inopposable v. P. MALINVAUD, D. FENOUILLET, op. cit, n
383 p. 296 L'inopposabilit sanctionne au profit des tiers le dfaut de publicit de certains actes ou
renseignements .
105
164.
Les deux champs d'application des peines tudies ne sont donc pas exclusifs les uns
des autres. moins de considrer quest une condition de formation ou de validit une
condition dont la violation entrane la nullit de lacte (on pourrait alors stigmatiser le
caractre circulaire de la dfinition), il faut bien admettre que la ligne de partage actuelle n'est
pas satisfaisante. La pratique le dmontre avec clat.
D'un point de vue pratique En pratique, le flou qui rgne quant la dfinition des
166.
D'abord, force est de constater que souvent les deux termes sont employs l'un la
563
P. MALAURIE, L. AYNES, P.-Y. GAUTIER, Contrats spciaux, v. la 14me dition, Cujas, 2001, n 115, p.
104.
564
R. MARTY, De lindisponibilit conventionnelle des biens , LPA, 2000, n 233, p. 11, n 17.
565
Dont l'alina 4 dispose L'usufruitier ne peut, sans le concours du nu-propritaire, donner bail un fonds
rural ou un immeuble usage commercial, industriel ou artisanal .
566
Civ. 3, 26 janvier 1972, Bull. Civ. III, n 69, p. 50, D. 1975, Juris., p. 22, Note J. PENNEAU.
567
La violation du pacte de prfrence entraine parfois la nullit de la vente faite en violation du pacte un tiers.
Or, la vente annule porte atteinte aux droits du bnficiaire du pacte qui est un tiers lacte de vente. Lavantprojet CATALA retient dailleurs larticle 1106-1 linopposabilit comme sanction dans cette situation ( la
diffrence du dernier projet chancellerie connu).
106
167.
Enfin, il est frquent qu'un acte irrgulier soit sanctionn d'abord par l'une des
568
569
570
Ibid.
571
C. ATIAS, Rp. Dr. Imm., Dalloz, v- Coproprit des immeubles btis, n 621.
572
Ces dispositions dplaces par la loi n 2006-728 du 23 juin 2006, l'article 779 du Code civil ont t
modifies et il est dsormais nonc que : L'acceptation n'a lieu qu'en faveur de ces cranciers et jusqu'
concurrence de leurs crances. Elle ne produit pas d'autre effet l'gard de l'hritier .
573
F. TERRE, SIMLER F., Y. LEQUETTE, Droit civil, Les obligations, v. la 9me dition, Dalloz, Coll. Prcis,
2005, n 1157, p. 1106.
574
M. FALAISE, prcit, n 7.
575
107
168.
dfinition de ces sanctions partir de leurs seules sources, dans la mesure o il rgne en la
matire une incohrence qui se traduit par l'application d'une nullit ou d'une inopposabilit
sans qu'aucun critre ne vienne justifier l'une plutt que l'autre 582. Les causes de la nullit et
de l'inopposabilit que l'on distingue souvent, ne semblent pas pouvoir l'tre sur la base des
critres classiquement retenus. Reste alors tudier les effets de ces sanctions qui sont
unanimement prsents comme la principale diffrence entre nullit et inopposabilit. L
encore cependant, la diffrence est mince.
576
L'article L. 621-107. I du Code de commerce nonce aujourd'hui que : Sont nuls, lorsqu'ils auront
t faits par le dbiteur depuis la date de la cessation des paiements, les actes suivant avant d'noncer
la liste des actes frapps de cette sanction.
577
Les parts sociales ne peuvent tre cdes qu'avec l'agrment de tous les associs.
Les statuts peuvent toutefois convenir que cet agrment sera obtenu une majorit qu'ils dterminent, ou qu'il
peut tre accord par les grants. Ils peuvent aussi dispenser d'agrment les cessions consenties des associs
ou au conjoint de l'un d'eux. Sauf dispositions contraires des statuts, ne sont pas soumises agrment les
cessions consenties des ascendants ou descendants du cdant .
578
H. LECUYER, note sous, CA Paris, sect. A, 6 dc. 2005, no 04/22426, Consorts S. c/ SCI Val Thorens et
autres, BJS, 01 avril 2006, n 4, p. 521.
579
Civ. 3, 19 juillet 2000, Bull. Civ. III, n 151 p. 104, Rev. Socits, 2000, p. 737, Note J.-F. BARBIERI.
580
581
582
M. FALAISE, prcit, n 6.
108
169.
Une diffrence mince Si la limite entre les deux peines envisages est parfois
difficile tracer sur le plan des causes de chacune d'elles, chacun s'accorde reconnatre une
diffrence entre les effets de celles-ci583. Alors que la nullit emporte la disparition rtroactive
de l'acte avec effets l'gard de tous, l'inopposabilit ne prive l'acte de ses effets qu' l'gard
des tiers demandeurs l'action584. Si cette diffrence est incontestable, elle ne doit pas tre
exagre.
D'abord, l'inopposabilit n'est pas une moindre sanction alors que la nullit serait une
sanction plus grave. Dans bien des cas, l'inopposabilit sera beaucoup plus dangereuse que
la nullit relative 585, dans la mesure o elle est ouverte un nombre de personnes plus
important586. Ensuite, elle peut s'avrer plus lourde encore que toutes les formes de nullit
dans la mesure o elle tient les auteurs de l'acte la fois des consquences de lexistence de la
convention entre eux, et de sa nullit envers les tiers587.
Ensuite, au niveau des effets prcis de l'inopposabilit, l encore, la diffrence est
relativiser. Du point de vue de l'auteur de la demande leffet produit [est] identique puisque
[l'inopposabilit] se traduira par une inefficacit de lacte son gard 588. Il y aura pour le
demandeur un retour au statu quo ante589. Si certains parlent d'inexistence relative 590, on
peut encore voir dans cette sanction une nullit relative 591 ou encore, selon la sduisante
583
D. BASTIAN, op. cit., p. 355; M. FALAISE, prcit, n 27; R. JAPIOT, Thse prcite, p. 33; P.
MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK , op. cit., n 669, p. 334 ; F. TERRE, P. SIMLER, Y.
LEQUETTE, op. cit., n 82, p. 101.
584
585
586
Ibid.
587
M. FALAISE, prcit, n 2.
588
Ibid. n 30.
589
Ibid.
590
S. SANA-CHAILLE DE NERE, J.-Cl., Civil Code, art 1304 1314, v Contrats et obligations, Nullit ou
rescision des conventions, fasc. 10, n 31.
591
Relative au sens des personnes vis--vis desquelles elle produit ses effets.
109
P. SIMLER, op. cit., n 14, p. 13, par la suite l'auteur prcise cependant qu'il n'assimile pas les deux notions
de nullit et d'inopposabilit.
593
594
595
Ibid. p. 13.
596
110
171.
597
Contra, considrant que linopposabilit nest pas une sanction de la formation du contrat, D. HOUTCIEFF
La sanction des rgles de formation du contrat , in, Pour une rforme du droit des contrats, Dalloz, Coll.
Thmes et commentaires, 2009, p. 223.
111
172. Lobjet du prsent chapitre sera donc, comme nous lavons annonc, de mettre en
relief lexistence et limportance du phnomne hirarchique entre normes conventionnelles.
Pour ce faire, nous adopterons pour ltude de chaque rapport conventionnel une mme
mthode. Nous proposerons dans chaque contrat spcial tudi, didentifier (sans tre
exhaustif), quelques stipulations purement contractuelles 598 en rfrence desquelles la
licit dune autre convention peut tre juge. Aprs avoir identifi ces stipulations
rfrences , nous rechercherons si la sanction laquelle donne lieu leur violation atteint la
validit de la convention irrgulirement conclue. Si tel est le cas, si la stipulation rfrence
conditionne la validit de lacte soumis, il sera alors possible de conclure lexistence dun
rapport hirarchique entre conventions.
173.
Dans cette dmarche, le regard sera initialement port vers un type de rapports
conventionnels dans lequel il nest sans doute, la rflexion, pas vritablement si surprenant
que cela de voir surgir une hirarchie des normes entre plusieurs actes. Monsieur Didier a
dgag, ct de celles consacres par le Code civil ou imagines par la suite par la doctrine,
une nouvelle opposition entre deux catgories de contrats. la catgorie des contrats
change , qui correspondrait la figure classique du contrat, serait oppose une catgorie
nouvelle, les contrats organisation 599. Les premires, au nombre desquelles lon compte la
vente ou le bail ont, selon lauteur de cette distinction, pour objet une permutation au terme
de laquelle le bien de A se trouve dans les mains de B et le bien de B entre les mains de
598
Puisque lon considre parfois que tout nest pas contractuel dans le contrat (E. DURKHEIM, De la division
du travail social, PUF, Coll. Quadrige, 2me dition, 1991, p. 189), nous choisirons presque toujours pour
souligner la supriorit de stipulations conventionnelles sur dautres conventions, des clauses sur lesquelles les
parties exercent une influence relle.
599
Sur cette distinction v. P. DIDIER, Le consentement sans lchange : Contrat de socit , RJ com,
novembre 1995, p. 74 et s., dans lequel lauteur pose une bauche de la distinction et, surtout, Brves notes sur
le contrat organisation , in, Lavenir du Droit, Mlanges en hommage Franois Terr, Dalloz, PUF, JurisClasseur, 1999, p. 635 ; v. galement la svre critique de cette distinction faite par Monsieur SEUBE, qui juge
la distinction la fois artificielle et archaque, La relativit de la distinction des contrats organisation et des
contrats change , Journal des Socits, avril 2008, p. 38.
112
174.
601
602
Ibid., p. 638.
603
Des dveloppements ce sujet seraient sans doute trop rptitifs avec ceux que nous accorderons, plus tard,
au mandat et aux statuts de la socit.
113
175.
Socit et hirarchie ne sont pas deux termes trangers lun lautre. La socit [dit-
on] est une organisation hirarchique 606, dont les statuts seraient la Constitution 607 ou
lordre normatif 608. Cette image ne nous semble pas galvaude puisque les statuts dune
socit noncent des stipulations qui simposent bien dautres actes de nature
conventionnelle ou non. Placs par la loi au sommet de la pyramide constitue de toutes les
conventions labores au sein dune socit, le contenu de tous les autres actes leur est
subordonn 609. Ainsi, le rglement intrieur dune socit, acte unilatral 610, est
604
J. CARBONNIER, Variation sur les petits contrats , in, Flexible droit : Pour une sociologie du droit sans
rigueur, 10me dition, LGDJ, 2001, p. 339.
605
La socit tant comme lont crit certains un nud de contrat , A. COURET, Le gouvernement
dentreprise : la corporate governance , prcit, p. 163.
606
Y. CHAPUT, Rp. Dr. Socit., Dalloz, v Objet social, n 45 ; Certains auteurs voquent mme un
principe de hirarchie des normes socitaires , J.-M. MOUSSERON (Direction), Technique contractuelle,
3me dition, 2005, ditions Francis Lefebvre, n 127, p. 74.
607
Y. CHAPUT, La libert et les statuts , Rev. Socit, 1989, p. 362 et 365 ; P. LE CANNU, Le rglement
intrieur des socits , BJS, 1986, n 7-8, p. 723, n 2.
608
609
610
Cet acte est prsent par certains comme une convention (J.-P. STORCK, La validit des conventions extrastatutaires , D. 1989, Ch., p. 267) par dautres comme un acte unilatral (P. LE CANNU, Le rglement
intrieur des socits , prcit, n 6) nayant alors pas un caractre contractuel (Y. CHAPUT, La libert
114
176.
Les conventions entre associs sont lune des hypothses majeures dans lesquelles
sillustre le caractre de rgle rfrence des statuts (1). Leurs stipulations simposent aux
associs lorsquils concluent entre eux une convention, sous peine de nullit (2).
1. Stipulations rfrences.
177.
Avant dtudier dans quelle mesure les statuts peuvent simposer aux conventions
entre associs (b), nous illustrerons brivement ce que recouvrent en pratique ces conventions
(a).
178.
115
179.
180.
Ce type de conventions peut prendre la forme dun rglement intrieur 619. Cet acte
612
Y. GUYON, Les socits, amnagements statutaires et conventions entre associs, 5me dition, LGDJ, Coll.
Trait des contrats, 2002, n 198, p. 303.
613
614
615
Y. GUYON, Les socits, amnagements statutaires et conventions entre associs, op. cit., n 203, p. 312.
616
Ibid.
617
Sur cette question : L. FAUGEROLAS et D. MARTIN, Les pactes dactionnaires , JCP G,, 1989, I, 3412 ;
Y. GUYON, Les socits, amnagements statutaires et conventions entre associs, op. cit., n 198 et s. p. 303 et
s. ; G. PARLEANI, Les pactes dactionnaires , Rev. socits, 1991, p. 1 ; D. VELARDOCCHIO-FLORES,
op. cit., en particulier, p. 25 184.
618
Voir, L. FAUGEROLAS et D. MARTIN, prcit ; J.-P. STORCK, La validit des conventions extrastatutaires , prcit, p. 267 ; D. VELARDOCCHIO-FLORES, op. cit., en particulier, p. 189 245.
619
Dont nous avons dj vu que la nature, conventionnelle ou non, dpend de son mode dlaboration. Prcisons
encore que le rglement intrieur peut galement (mais cela nentre pas dans le cadre de notre tude) tre intgr
aux statuts dont il ne se distingue alors pas sil a t adopt dans les mmes conditions queux , Y. GUYON,
Les socits, amnagements statutaires et conventions entre associs, op. cit., n 13, p. 33 et 34.
620
116
181.
transmission du capital social. Ils peuvent assurer une parfaite stabilit du capital625, en
cristallisant626 cet lment dans les mains de ses dtenteurs, par le biais de clauses
dinalinabilit627. Lamnagement peut tre plus souple et permettre de faire voluer le
capital tout en maintenant une certaine stabilit. Ces conventions peuvent alors instaurer de
classiques pactes de prfrence ou encore des promesses unilatrales dachat ou de vente628.
182.
Enfin, les parties peuvent amnager les droits rsultant de leur proprit sur leurs parts
sociales, par des conventions de vote , ou par des pactes relatifs la rpartition des
bnfices et des pertes629.
183.
Il existe donc une grande varit de conventions prenant plusieurs formes et ayant des
parties diffrentes et les objets les plus divers. Un point unit cependant toutes ces conventions,
la question de leur validit630. Ce point doit videmment sapprcier la lumire des
diffrentes dispositions lgislatives existantes, aussi bien en droit des socits, quen droit
621
Civ. 1, 8 octobre 1996, Bull. civ. I, n 345, p. 242; D. 1997, p. 232, note J.-C. HALLOUIN.
622
623
624
Ibid., p. 48.
625
626
G. PARLEANI, prcit, n 8.
627
Ces clauses sont (en application du droit commun en la matire Article 900-1 du Code civil qui dispose
que : Les clauses dinalinabilit affectant un bien donn ou lgu ne sont valables que si elles sont
temporaires et justifies par un intrt srieux et lgitime ) valables quand elles sont temporaires, v. sur ce
point, D. VELARDOCCHIO-FLORES, op. cit., n 167, p. 161 ; v. encore, C. FERRY, Porte des clauses
dinalinabilit ayant pour objet des actions , Dr. des socits, n 7, Juillet 2010, tude 12.
628
629
630
J.-P. STORCK, La validit des conventions extra-statutaires , prcit, p. 267, et toutes les autres tudes
cites qui consacrent une part importante la question de la validit de ces conventions.
117
dans la hirarchie des dispositions rglementant le fonctionnement des socits 632. Leur
validit est donc galement conditionne au respect des normes juridiques suprieures, dont
les statuts, puisquil est inconcevable quun simple accord entre associs puisse leur porter
atteinte 633. Toute la doctrine saccorde sur ce point et nombreux sont les auteurs qui
relvent, loccasion dtudes portant sur une convention particulire634, ou sur la question de
ces conventions en gnral635, quelles ne sont rgulirement conclues que lorsquelles ne
sont pas contraires () une stipulation imprative des statuts 636.
185.
Ds lors, dans une hypothse o un contrat dadhsion une socit cooprative et les
stipulations des statuts de celle-ci prvoient une dure minimale dadhsion diffrente, les
statuts doivent tre privilgis637.
186.
Cette rgle sert de rfrence pour juger la licit dautres conventions, elle entraine la
631
632
633
Ibid. p. 268, n 9.
634
propos du rglement intrieur pas exemple : P. LE CANNU, Le rglement intrieur des socits ,
prcit, n 17.
635
Y. CHAPUT, La libert et les statuts , prcit, p. 368 ; Y. GUYON, Les socits, amnagements
statutaires et conventions entre associs, op. cit., n 201, p. 309 ; J.-P. STORCK, prcit, Ch., p. 267, n 4 ; G
RIPERT et R. ROBLOT, par M. GERMAIN, Trait de droit commercial, t. 1, vol. 2, Les socits commerciales :
LGDJ, 18me dition, 2002, n 1623, p. 398 ; D. VELARDOCCHIO-FLORES, op. cit., n 250 et s. p. 216 et s.
636
Y. GUYON, Ibid.
637
Civ. 1, 13 juin 1995, Bull. civ., I, n 252, p. 177; Rev. des socits, 1996, p. 75, note Y. GUYON ; RTD com.
1996, p. 80, note JEANTIN M. ; v. encore en matire de socit cooprative, pour des statuts prvoyant un
transfert de proprit immdiat et une convention postrieure de rserve de proprit, Civ. 1, 13 fvrier 2001,
Rev. Socits, 2001, p. 834, note B. SAINTOURENS ; RTD civ. 2002, p. 92, note J. MESTRE, B. FAGES ; v.
encore trs rcemment dans le mme sens, Com. 8 dcembre 2009, Dr. rural, n 383, 2010, comm. 65, note
BARBIERI J.-J.
118
187.
localis hors des statuts violerait une disposition du pacte social, jurisprudence et doctrine
semblent saccorder considrer que les statuts doivent primer. Toute clause dune telle
convention est nulle638 (ou inopposable639). Les stipulations du rglement intrieur dune
socit anonyme ne peuvent donc pas contredire les statuts de cette socit. dfaut, leur
nullit est encourue640. Dans une telle situation, avantage doit tre donn la norme
hirarchiquement suprieure, les statuts641.
188.
avec les conventions extra-statutaires, les statuts occupent trs clairement une place
hirarchiquement suprieure une autre convention. En effet, ces derniers servent de
rfrence pour juger de la possibilit de stipuler valablement telle ou telle clause dans un
pacte extra-statutaire. Cest parce que les statuts prvoient une dure minimale dadhsion
diffrente de celle prvue par un bulletin dadhsion que les stipulations de ce dernier sont
nulles. Cest encore en rfrence la rpartition du capital entre diffrents associs, et en
rapport aux clauses figurant dans les statuts visant amnager cet quilibre, que seront
valides ou non les conventions entre associs ayant un objet proche ou identique. Dans toutes
ces hypothses, ce sont vritablement les statuts, acte juridique conventionnel, qui vont
dterminer quelles conditions dautres actes juridiques conventionnels seront ou non
valablement conclus. Cet exemple dmontre la ralit de la hirarchisation des conventions en
droit positif. Le droit des socits en offre dautres illustrations.
638
J.-P. STORCK, prcit, p. 268, n 11 ; D. VELARDOCCHIO-FLORES, op. cit., n 262, p. 222 et n 267 et s.
p. 228 et s.
639
640
Com. 2 juin 1987, Bull. civ. IV, n 133, p. 102, Mais attendu que, rpondant aux conclusions invoques, la
cour dappel a retenu que les stipulations d'un " rglement intrieur " contraire aux statuts constituent
simplement en elles-mmes une violation de ces statuts et que leur nullit peut tre souleve par tout intress
sans entraner pour autant la nullit de la socit elle-mme ; qu'elle a ainsi lgalement justifi sa dcision .
641
Civ. 1, 13 juin 1995, Bull. civ. I, n 252, p. 177, Rev. Soc., 1996, p. 75, obs. Y. GUYON; RTD com. 1996, p.
80, note M. JEANTIN.
119
Les statuts se posent encore comme une rfrence permettant dapprcier la rgularit
dautres conventions passes par la socit en tant que contractant, et non plus en tant
quobjet de contrat. Les contrats forms par la socit prsentent la spcificit juridique643
de voir leur validit influence par les statuts. Cette ralit se trouve particulirement mise en
valeur dans la confrontation des conventions conclues par la socit avec lobjet social de la
personne morale (1), dont le respect simpose cette dernire et ses cocontractants (2).
1. Stipulations rfrences.
190.
Lobjet social est dfini dans chaque socit par les statuts. Mme si son rle
originaire tait dcisif 644, en ce quil dterminait la capacit de la personne morale645 (ses
dirigeants ne pouvant lengager que dans la limite de cet objet646), son rle est aujourdhui en
dclin647. Il conserve cependant une importance souvent capitale, les stipulations relatives
lobjet social (a) pouvant rendre valide, ou non, toute une srie de conventions (b).
a. Contenu de lobjet social.
191.
Lobjet social est dfini comme le genre dactivit que la socit se propose
dexercer en vue de faire des bnfices ou des conomies 648. Il dtermine donc le champ de
lactivit de la socit. La tendance est certainement la rdaction de plus en plus large des
statuts de manire ne pas avoir les remanier trop frquemment, mais quelques clauses
prcises peuvent cependant tre stipules dans la dfinition de lobjet social. Il peut ainsi
642
Sur cette question v., C. PRIETO, La socit contractante, (prface J. MESTRE), PUAM, Coll. Institut de
droit des affaires, 1994.
643
J. MESTRE, La spcificit juridique des contrats conclus par les socits , Revue Lamy droit civil, 2004,
n1, p. 41, v. en particulier la premire partie.
644
R. BESNARD-GOUDET, J.-Cl. Socits Trait, v Objet social - Notion et influence sur la condition
juridique de la socit, fasc. 9-10, n 1.
645
646
Ibid.
647
Ibid.
648
P. MERLE, Droit commercial, socits commerciales, 13me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 2009, n 52, p. 80.
120
192.
Toutes ces stipulations simposent avec plus ou moins de force aux conventions que la
Deux types datteintes lobjet statutaire sont prohibes et rpondent deux rgimes
diffrents. Les dirigeants des personnes morales en question peuvent dabord, par diverses
conventions, dpasser lobjet statutairement dfini (i). Il est galement des hypothses dans
lesquelles les actes des dirigeants ont pour consquence de faire disparatre lobjet social (ii).
i. Dpassement de lobjet social.
194.
spcialit statutaire, nous en prsenterons seulement une illustration propos des garanties
(conventionnelles) consenties par la socit. Il ne sagit pas de faire un point sur une
question649 dont le caractre fluctuant650 en jurisprudence conduit certains auteurs concder
quelle apparat rebelle la synthse 651. Nous mettrons simplement en vidence
linfluence que peut avoir lobjet social sur ces garanties conventionnelles (cautionnements652,
nantissements653 ou encore hypothques). Consentir une telle garantie, un cautionnement le
plus souvent654, peut parfaitement savrer conforme lobjet social. Outre les exemples des
banques ou des socits de caution mutuelle, dont lobjet mme est de conclure ce type de
649
Sur cette question voir par exemple, H. HOVASSE, Les cautionnements donns par les socits et lobjet
social , Dr. et patrimoine 4/2001, p. 76.
650
651
652
653
Com., 26 janv. 1993, Rev. Socits, 1993, p. 396, note J.-F. BARBIERI.
654
121
195.
Les statuts, dans la dfinition quils donnent de lobjet social, exercent un rle de
norme rfrence en vertu de laquelle sera juge la rgularit dun acte conventionnel. Si lacte
entre dans le cadre de lobjet social il sera rgulier. Conclu au-del de lobjet social il ne le
sera pas. La situation est identique lorsquune convention modifie lobjet social.
ii. Modification de lobjet social.
196.
Si les dirigeants peuvent accomplir dans leurs rapports avec les tiers un grand nombre
dactes, leurs pouvoirs ne sont cependant pas sans limites. Ces derniers sont en effet borns
par les prrogatives attribues par la loi aux autres organes sociaux, dont lassemble gnrale
extraordinaire, souvent seul organe habilit modifier les statuts. Partant, si les actes qui
n'entrent pas dans l'objet social engagent [parfois] la socit, c'est condition qu'ils
n'entranent pas une modification de cet objet social 660. Trois types dactes peuvent, selon
655
656
Il est notamment frquemment admis quune socit civile immobilire, bailleresse, se porte caution des
dettes de la socit locataire, ou dune socit avec laquelle elle a des associs communs (v. par exemple, Civ. 1,
1er fvrier 2000, BJS., 2000, p. 501, Note A. COURET) ou quune socit mre cautionne des dettes de sa filiale
ou de ses fournisseurs ou clients (sur ce point, v. H. HOVASSE, prcit, p. 77).
657
Civ. 1, 6 mars 1979, Bull. civ. I, n 81; RTD com., 1979, p. 753, observations E. ALFANDARI, M. JEANTIN
Une cour dappel a donc pu dcider dans une hypothse o l'objet social d'une socit civile immobilire
consistait en l'exploitation de proprits rurales et en la gestion d'immeubles, que l'engagement de cautionner
une SA n'entre pas dans cet objet et n'est donc pas de la comptence du grant .
658
659
Com., 26 janvier 1993, prcit ; comme le relve un auteur, a priori, on ne voit pas () comment la
garantie de dettes personnelles d'un associ pourrait entrer dans l'objet social d'une socit , R. BESNARDGOUDET, op. cit., n 26.
660
Ibid. n 2.
122
197.
Les reprsentants dune socit ne peuvent donc, sans modifier de fait les statuts,
aliner les biens tels un fonds de commerce ou une marque ou mme un immeuble, qui sont
expressment mentionns dans les statuts, comme lis la ralisation de lobjet, leur cession
ncessitera lintervention de lassemble comptente pour modifier les statuts . Le grant
dune SARL le journal de Doullens ne peut donc pas cder sans laccord de lassemble
gnrale extraordinaire le journal du mme nom662. La chose est identique en ce qui concerne
le mode dexploitation dune activit. Si les organes de gestion ont normalement comptence
pour modifier le mode dexploitation de lactivit, une modification de fait de lobjet social
peut rsulter exceptionnellement de la mise en location grance dun fond de commerce
lorsque ce mode dexploitation est vis par les statuts. Les dirigeants ne peuvent donc pas
seuls accomplir cet acte663. Enfin, les actes emportant disparition de lobjet social peuvent
galement avoir pour effet de modifier les statuts, ce qui limite donc les pouvoirs des
dirigeants sociaux au profit de la collectivit des associs. La Cour de cassation a par exemple
retenu que lassemble gnrale ordinaire ne pouvait pas autoriser le prsident du conseil
dadministration dune socit vendre un fonds de commerce, seul actif dune socit664,
puisque cela privait de fait la socit () de toute possibilit de remplir son objet
social 665.
198.
Les prrogatives des dirigeants sociaux sont donc limites par une stipulation
statutaire, lobjet social. La sanction des actes non conformes lobjet social est
661
La classification tant celle retenue par Madame PRIETO C., La socit contractante, op. cit., n 126, p. 93.
662
Com. 12 janvier 1988, Bull. civ. IV, n 24, p. 16, LPA 1988, n 107, p. 2, note P. MORETTI.
663
664
665
Ibid.
123
200.
chappent parfois une sanction emportant leur validit. Il est en effet de principe en matire
de socits risque limit, depuis lordonnance du 20 dcembre 1969, que la spcialit
statutaire nest pas opposable aux tiers666. La personne morale est donc engage si lacte est
accompli par un dirigeant social rgulirement nomm667 (lacte irrgulier accompli au mpris
de lobjet social a seulement pour effet dengager la responsabilit de lauteur de lacte668).
201.
Le principe sinverse en revanche ds lors que lacte a t conclu par des dirigeants
avec des tiers de mauvaise foi669. Lobjet social est alors pleinement opposable aux tiers la
socit670. La chose est identique en matire de socits risque illimit, que le tiers
contractant soit ou non de mauvaise foi. Les associs tant tenus indfiniment du passif
social671, la socit nest engage que par les actes entrant dans lobjet social672.
202.
Dans ces deux hypothses, cette opposabilit aux tiers de la spcialit statutaire permet
de frapper de nullit673 lacte irrgulirement accompli. La solution est invitable 674. Elle
666
Il est ainsi prvu en matire de socit responsabilit limite par larticle 223-18, alina 5, du Code de
commerce que dans les rapports avec les tiers, la socit est engage mme par les actes du grant qui ne
relvent pas de lobjet social ; la solution vaut galement pour dautres types de socits. En matire de socit
anonyme les articles 225-35 et 225-64 disposent que dans les rapports avec les tiers, la socit est engage
mme par les actes du conseil dadministration [ou du directoire] qui ne relvent pas de lobjet social . En
matire de SAS, cest larticle 227-6 du Code de commerce alina 2, qui prvoit que dans les rapports avec
les tiers la socit est engage mme par les actes du prsident qui ne relvent pas de lobjet social .
667
668
NGUYEN XUAN CHANH, Le sort des actes irrgulirement accomplis au nom dune socit
commerciale , D. 1978, Ch., p. 69, n 2.
669
Articles 227-6 alina 2 ; 225-35 et 225-64, alina 2 ; 223-18 alina 5 du Code de commerce qui disposent tous
moins quelle ne prouve que les tiers savaient que lacte dpassait cet objet ou quil ne pouvait pas lignorer
compte tenu des circonstances .
670
671
Y. GUYON, Droit des affaires, Tome I, 12me dition, Economica, Coll. Droit des affaires et de lentreprise,
2003, n 266, p. 268.
672
Article 221-5 alina 1 du Code de commerce pour les socits en nom collectif et 1849 alina 1 du Code civil
en matire de socit civile : Dans les rapports avec les tiers, le grant engage la socit par les actes entrant
dans lobjet social .
673
J. PICARD, L'acte conclu par un dirigeant avec dpassement de ses pouvoirs : nullit/inopposabilit , Dr.
socits, juin 1998, p. 4.
124
203.
En matire de modification de lobjet social Ici les choses sont plus simples et
aucune distinction ne doit tre faite. Comme le relvent certains en matire de socits
anonymes, tout acte dun dirigeant qui porte atteinte l'objet social est nul de soi comme
accompli en dehors des limites que la loi elle-mme trace aux pouvoirs du prsident 677. La
solution stend aux autres socits.
204.
Sont ainsi annulables les ventes, consenties par les seuls dirigeants dune socit, dun
fonds de commerce de salle de spectacle lorsque la socit avait pour unique activit
lexploitation de la salle en question678, ou celle du journal portant le mme nom que la
socit cdante679.
205.
spcialit statutaire, et donc des statuts qui la dfinissent, par une convention laquelle la
socit est partie permet de nouveau dillustrer la supriorit hirarchique dune convention
sur une autre rgle de mme nature. Dans les hypothses que nous avons tudies, cest
indniablement une stipulation conventionnelle qui dtermine les conditions de la validit
dune autre convention. Cest en effet parce que les fondateurs de la socit dsignent dans
lobjet social un bien qui doit tre exploit par la socit que les conventions par lesquelles
sont alins ces biens sont frappes de nullit. Cest par rfrence une convention que la
validit de lalination conventionnelle est apprcie. Mentionn dans les statuts, un bien ne
peut tre alin sans autorisation de la collectivit des associs, ignor des statuts, il peut
ltre. Il en va de mme pour ce qui est du cautionnement dun acte par une socit. Le
674
Ibid. n 5.
675
Ibid.
676
Ibid. n 8.
677
P. DIDIER, L'organe comptent lors de la cession de l'actif d'une socit , note sous Com. 24 juin 1997,
Rev. socits, 1997 p. 792.
678
679
125
206.
conventions en droit positif. Une autre convention claire galement cette ralit, il sagit du
rglement de coproprit.
2. Le rglement de coproprit.
207.
considrable sur un grand nombre dactes conventionnels. Il est, linstar des statuts de la
socit ou dune association, la Constitution 682, la charte 683, de limmeuble en
coproprit. Le rglement de coproprit est un acte-rgle. Il gouverne d'autres actes dont il
dtermine le rgime ou le contenu 684. ce titre, il peut noncer en partie les conditions dans
lesquelles doivent se tenir les assembles gnrales de copropritaires, les charges dont
doivent sacquitter ces derniers, lutilisation qui doit tre faite des diffrentes parties de
limmeuble ou les prrogatives des copropritaires en matire dalination de leurs biens. Les
exemples dans lesquels cette convention est utilise comme une rgle rfrence lgard
dautres conventions sous peine dinvalidit de ces dernires sont innombrables. Parmi ceux
relevs nous nen prsenterons que quelques uns, les plus rvlateurs, les plus importants, ou
les plus originaux, dans le but de dmontrer que le rglement de coproprit est une rgle qui
va servir de rfrence (A) pour juger de la validit dune autre convention portant sur la
gestion ou la disposition du bien soumis la coproprit (B).
680
Exception faite de la convention contracte avec un tiers de bonne foi dans une socit risque limit.
681
Sur la nature juridique du rglement de coproprit v. infra, n 338 et s., spc. n 397 400.
682
C. ATIAS, Rp. Dr. Imm., Dalloz, v- Coproprit des immeubles btis, n 142.
126
208.
serait pas possible sans quun minimum de latitude ne soit concde aux rdacteurs du
rglement pour dfinir tel quils lentendent le standing de leur immeuble. La libert
contractuelle de ces derniers se voit alors restreinte par lobligation de respecter les exigences
expressment formules dans le rglement de coproprit686, dans leurs rapports avec des
cocontractants notamment. ct des restrictions imposes directement par le rglement (1),
la charte de la coproprit peut galement par certains aspects dfinir les titulaires de droits
attachs aux lots. Cette rpartition des droits par le rglement dtermine bien entendu, dans
une certaine mesure, la rgularit de conventions conclues par les titulaires de lots (2).
209.
coproprit limitent videmment dans une certaine mesure les atteintes qui peuvent tre
portes par le rglement la possibilit pour un propritaire de jouir et de disposer de son
bien. Ainsi, plusieurs clauses restreignant trop les possibilits dexercer pleinement son droit
de proprit sur un lot sont rputes non-crites. Cependant, la constitution de la
coproprit peut contenir des stipulations qui auront pour objet de restreindre le droit de
donner bail le bien dtenu dans une coproprit (a), tout comme le droit de disposer de ce
bien (b), la condition que les restrictions aux droits des copropritaires soient justifies par
la destination de l'immeuble687.
a. En matire de baux.
210.
contenir diverses restrictions au droit de donner bail un lot de coproprit. Ces restrictions
peuvent tre plus ou moins tendues et lon peut valablement stipuler des clauses prohibant
685
E. KISCHINEWSKY-BROQUISSE, La coproprit des immeubles btis, 4me dition, Litec, 1989 n 536, p.
593.
686
687
Larticle 8 alina 2 de la loi de 1965 dispose que : Le rglement de coproprit ne peut imposer aucune
restriction aux droits des copropritaires en dehors de celles qui seraient justifies par la destination de
l'immeuble, telle qu'elle est dfinie aux actes, par ses caractres ou sa situation .
127
211.
212.
688
Civ. 3, 4 janvier 1991, Bull. civ. III, n 2, p. 1 ; Rev. Dr. imm. 1991, p. 248 Note P. CAPOULADE, C.
GIVERDON ; RTD civ. 1992, p. 138, Note P.-Y. GAUTIER.
689
690
Lorsque celles-ci risquent, par exemple, dengendrer une augmentation significative du nombre des usagers
des parties communes de nature menacer la qualit de limmeuble, CA Paris, 27 avril 1984, D. 1984, IR 385,
obs. C. GIVERDON.
691
692
693
694
128
213.
des stipulations prohibant la vente dune fraction dun lot. Ces clauses sont en principe
interdites et lon affirme que toute restriction au droit de mutation lui-mme serait nulle698.
Cependant si la division d'un lot relve de la libert du copropritaire intress 699,
lexception est l encore admise dans les conditions dj exposes de lalina 2 de larticle 8
de la loi de 1965700. Le syndicat () peut s'opposer cette division () si elle est contraire
la destination de l'immeuble 701. Ces stipulations, que lon peut galement imaginer en
matire de bail, sont rgulirement admises par la jurisprudence702 qui dcide quelles sont
valables, par exemple, dans le cas dun immeuble cossu et bien entretenu, qui tait occup
seulement par huit copropritaires, qui tait situ dans un quartier rsidentiel alors que la
volont des copropritaires tait d'assurer un petit nombre de personnes un mode de vie,
caractris par un nombre rduit d'appartements spacieux, favorisant la tranquillit de
chacun par la sparation des parties d'habitation de celles rserves au service dans un
immeuble vocation essentiellement bourgeoise, et que cette volont des rdacteurs du
rglement n'tait contredite par aucune autre clause relative l'occupation ou la location,
695
G. VIGNERON, J.-Cl. Coproprit, v Alination de lots, Constitution de droits rels, fasc. 68-10, n 21, leur
validit est cependant conteste.
696
Sur ce point, nous renvoyons vers nos dveloppements ultrieurs relatifs aux pactes de prfrence, infra,
n261 et s.
697
Loi n 2009-323 de mobilisation pour le logement et la lutte contre l'exclusion, sur les mesures relatives la
coproprit v. C. ATIAS, La rforme du statut de la coproprit des immeubles btis par la loi n 2009-323 du
25 mars 2009 , AJDI 2009, p. 284.
698
699
Civ. 3me, 26 mai 1988, Bull. civ. III, n 98 p. 55 ; D. 1989, p. 421, Note C. ATIAS.
700
701
702
129
214.
Le rglement de coproprit simpose donc, dans tous les exemples cits, une autre
norme de nature conventionnelle. Il est une rfrence en vertu de laquelle sera juge la
rgularit de certaines conventions quil a pour objet dautoriser, de prohiber ou dencadrer.
Son rle de norme de rfrence ne se limite pas cela.
215.
toujours pour objet initialement de dsigner les parties communes et privatives. Il lui revient
galement parfois de prvoir que certains travaux raliss par des copropritaires seuls sur une
partie commune seront la proprit de ceux-ci. dfaut de prcision lors des travaux, ils sont
considrs comme une partie commune704. En attribuant ainsi un droit de proprit sur une
partie, ou sur le rsultat de travaux (par exemple un ascenseur), le rglement de coproprit se
pose comme une rfrence qui permettra de juger de la validit de certaines conventions
portant sur ces parties.
216.
des droits de jouissance exclusive dune partie commune. Il est des hypothses, assez
frquentes, dans lesquelles des parties communes de limmeuble, cours, terrasses, jardins,
balcons705 sont mises la disposition exclusive dun seul copropritaire. Ces droits se
distinguent cependant clairement des parties privatives706. Le copropritaire titulaire du droit
de jouissance exclusive ne peut, sans autorisation de lassemble gnrale, en disposer au
profit de quelqu'un dautre 707 sparment de son lot708.
703
704
705
J. LAFOND et B. STEMMER, Code de la coproprit, op. cit., n 259, p.86 ; G. VIGNERON, J.-Cl.
Coproprit, v Droits et obligations des copropritaires, parties communes, attribution de droits dusage
privatif, fasc. 67, n 35.
707
E.-J. GUILLOT, commentaire sous, Civ. 3, 4 janvier 1990, Administrer, octobre 1990, p. 50.
130
rfrence par rapport laquelle sera apprcie la possibilit de conclure ou non une autre
convention ou, au moins, de garnir cette convention de toutes les stipulations souhaites.
Cette influence du rglement de coproprit sur des actes juridiques conventionnels est
indniable. Mais influence nest pas hirarchie, celle-ci ne stablit dans lacception adopte
que dans la mesure o la validit de lacte conclu irrgulirement est atteinte. Tel est le cas
dans les hypothses que nous avons prsentes.
B. Des rfrences conditionnant la validit des conventions portant sur les lots de
coproprit.
218.
Dans toutes les hypothses que nous avons prcdemment envisages, la violation des
219.
Nullit (ou inopposabilit) des actes conclus en violation des restrictions aux
droits des copropritaires Mme sil existe dautres sanctions qui sont souvent plus
utilises que la nullit ou linopposabilit en matire datteinte aux restrictions
conventionnelles poses par le rglement, linvalidit de lacte peut assurment frapper toutes
les violations de la charte de la coproprit. Dans lhypothse dun bail conclu en infraction
aux rgles dtermines par le rglement, la jurisprudence reconnat au syndicat des
copropritaires la possibilit dagir en annulation709. Mme si un doute subsiste, en labsence
dune jurisprudence fournie de la Cour de cassation quant savoir si la sanction est une
vritable nullit ou une inopposabilit710, lacte est atteint dans sa validit.
708
Civ. 3, 25 janvier 1995, Bull. civ. III, n 29 p. 17 ; Rev. Dr. Imm., 1995, p. 370, note P. CAPOULADE C.
GIVERDON, AJDI 1995, p. 868, Comm. R. LEOST.
709
Civ. 3, 9 juin 1993, Bull. civ. III, n 82; Rev. Dr. Imm., 1993, p. 429, Note P. CAPOULADE, C. GIVERDON
; D. 1994, p. 127, Note C. ATIAS.
710
En ce sens, C. ATIAS, Rp. Dr. Imm., Dalloz, v- Coproprit des immeubles btis, n 660; Cet auteur
prcise que le bail demeure sans doute valable dans les rapports entre le bailleur et le locataire, il s'agirait alors
d'inopposabilit et non de nullit. Le peu de jurisprudence disponible ne permet pas de se faire une ide prcise
131
Les clauses restreignant la possibilit de diviser un lot, et donc de vendre une partie de
ce lot, doivent connatre, nous semble-t-il, le mme sort. Il est en effet possible de les analyser
en une clause dinalinabilit autonome de celle du droit commun711. La dfinition de cette
clause, par laquelle, un bien ne peut tre lobjet dune alination () en vertu de la volont
de lhomme 712, correspond parfaitement la ralit des stipulations pouvant tre prvues par
le rglement. Si les conditions dans lesquelles il est possible dy recourir sont sensiblement
diffrentes de celles prvues par le droit commun, il ny a sans doute aucune raison de faire
une diffrence au niveau de la sanction, la nullit (ce qui compte tenu des dispositions de
larticle 4 du dcret de 1967713 est tout fait lgitime). Il en va dailleurs ainsi pour ce qui est
de la violation de la priorit cre au profit des copropritaires en vertu des dispositions de la
rcente loi du 25 mars 2009 que nous venons dvoquer714.
221.
Nullit des actes conclus sur des biens au-del des droits attribus par le
rglement de coproprit La vente dune partie dfinie par le rglement comme une partie
commune, quand bien mme les copropritaires y auraient effectu des travaux
damnagement, est elle aussi frappe de nullit. Lacte suprieur a pour effet dattribuer la
titularit dun droit de proprit. La vente dun bien que le rglement dfinit comme tant le
bien dautrui est donc logiquement frappe de la sanction prvue larticle 1599 du Code
civil715. En coproprit de surcrot, lacqureur ne peut nous semble t-il que difficilement
invoquer lapparence, en raison aussi bien des dispositions dj cites de larticle 4 du dcret
de la sanction exacte retenue.
711
Les conditions de leur validit ne sont en effet pas celles de larticle 900-1 du Code civil, mais celles, dj
tudies, poses larticle 8 alina 2 de la loi de 1965.
712
713
Cet article dispose en effet que : Tout acte conventionnel ralisant ou constatant le transfert de proprit
d'un lot ou d'une fraction de lot, ou la constitution sur ces derniers d'un droit rel, doit mentionner expressment
que l'acqureur ou le titulaire du droit a eu pralablement connaissance, s'ils ont t publis dans les conditions
prvues par l'article 13 de la loi du 10 juillet 1965, du rglement de coproprit ainsi que des actes qui l'ont
modifi.
Il en est de mme en ce qui concerne l'tat descriptif de division et des actes qui l'ont modifi, lorsqu'ils existent
et ont t publis.
Le rglement de coproprit, l'tat descriptif de division et les actes qui les ont modifis, mme s'ils n'ont pas t
publis au fichier immobilier, s'imposent l'acqureur ou au titulaire du droit s'il est expressment constat aux
actes viss au prsent article qu'il en a eu pralablement connaissance et qu'il a adhr aux obligations qui en
rsultent .
714
En ce sens, C. ATIAS, La rforme du statut de la coproprit des immeubles btis par la loi n 2009-323
du 25 mars 2009 , prcit.
715
132
222.
coproprit dans les relations quil entretient avec dautres conventions occupe donc souvent
la place dune rgle hirarchiquement suprieure. Il dtermine vritablement les conditions de
la validit dune autre convention. Cest en effet par rfrence aux stipulations de cette
convention que sera trs souvent apprcie la validit dun autre acte ayant la mme nature.
Le bail consenti par un copropritaire un commerant sera valable uniquement si le
rglement de coproprit ne rserve pas limmeuble un usage exclusif dhabitation. Cest
encore parce que les stipulations de ce rglement permettent ou prohibent la division dun lot,
que la vente dune partie seulement dun lot de coproprit sera valide. Enfin, en dterminant
les titulaires des droits de proprit sur certaines parties, en les dclarant communes,
communes usage privatif ou privatives, la convention objet de nos dveloppements
dtermine encore les conditions de la validit des conventions portant sur ces parties. Cest
par rfrence la nature de la partie concerne, nature dfinie par le rglement, que la validit
dune convention sera apprcie. Le rglement de coproprit, dans ses rapports avec les
conventions qui lui sont soumises, illustre son tour la ralit en droit positif du phnomne
hirarchique entre conventions. La dmonstration sera poursuivie avec ltude des
conventions matrimoniales.
716
133
223.
224.
L'article 1387 du Code civil dispose que la loi ne rgit l'association conjugale, quant
aux biens, qu' dfaut de conventions spciales que les poux peuvent faire comme ils le
jugent propos, pourvu qu'elles ne soient pas contraires aux bonnes murs ni aux
dispositions qui suivent . Cet article fonde le pouvoir des poux d'organiser par une
convention leurs rapports patrimoniaux pendant le mariage. Le contrat de mariage, ou
convention matrimoniale, va donc rgir une partie des actes conclus entre eux ou avec des
tiers et avoir une influence certaine sur des actes de nature conventionnelle que les poux vont
passer. Il est une vritable charte du foyer domestique 718. Le rgime matrimonial, lorsqu'il
est conventionnel719, est une rfrence permettant de juger de la rgularit ou non dactes
717
Sur ce point, v. X. LABBEE, Les rapports juridiques dans le couple sont-il contractuels ?, (Prface J.
HAUSER), Septentrion PU, 1996 ; v. encore pour un dbat sur la nature juridique du mariage, E. GOUNOT, op.
cit., p. 255 262.
718
R. TROPLONG, Le droit civil expliqu selon l'ordre des articles du Code, Du contrat de mariage et des
droits respectifs des poux, Tome I, Paris, C. Hingray, 1850, n 16, p. 31.
719
Nous exclurons donc de notre tude l'influence du rgime lgal de la communaut rduite aux acquts,
rgime qui, bien qu'il ait t parfois prsent comme un rgime conventionnel tacite, ne forme pas une
convention, v. contra, R. TROPLONG, op. cit., n 18 p. 32, le lgislateur, a pris soin de ne pas permettre qu'il
existe un mariage sans un contrat exprs, ou tacite et lgal, qui rgle les intrts des poux ou encore n 21 p.
36 quoique la communaut soit lgale, ce n'est pas la loi qui en est la cause immdiate (...) la cause immdiate
134
A. Stipulations rfrences.
225.
Les parties peuvent par un contrat de mariage stipuler deux types de clauses qui auront
un effet sur la conclusion dautres conventions en modifiant les pouvoirs dont chacun dispose
sur certains biens. Cela peut se faire directement par le biais de clauses amnageant les
pouvoirs des poux sur certaines catgories de biens (2), ou par le biais dun amnagement
conventionnel de la composition des diffrentes masses de biens (1).
226.
Depuis la rforme de 1965, le rgime lgal est le rgime de la communaut rduite aux
acquts. Il simpose aux poux dfaut dun autre choix de leur part. Dans ce rgime, de
manire assez schmatique, les biens sont rpartis en deux masses, une masse de biens
communs, compose principalement des acquts faits par les poux ensemble ou
sparment durant le mariage, et provenant tant de leur industrie personnelle que des
conomies faites sur les fruits et revenus de leurs biens propres ; une masse de biens
propres, compose des biens acquis ou reus avant le mariage, des biens propres par nature de
l'article 1404 du Code civil, ainsi que les biens reus par succession ou donation 720. Cette
rpartition lgale nest pas immuable et les parties peuvent par convention amnager ce
rgime communautaire en lui apportant des modifications, tout en en conservant lesprit, ou
opter pour une rpartition conventionnelle sparatiste.
227.
Amnagements
des
rgimes
communautaires
Plusieurs
amnagements
135
228.
Larticle 1387 du Code civil proclamant la libert des conventions matrimoniales, les
parties peuvent laborer plusieurs clauses pour modifier tant le rgime lgal que ses variantes
conventionnelles. Les poux peuvent ainsi modifier les actifs propres ou communs en
stipulant des clauses permettant d'englober dans la masse commune certains biens ou
catgories de biens qui en sont normalement exclus. Ils peuvent au contraire exclure des
catgories de biens (ou un seul bien) de la communaut au profit de la masse des biens
propres721.
229.
Les poux peuvent galement opter pour un vritable rgime conventionnel alternatif.
La communaut des meubles et acquts722, ancien rgime lgal, est lun de ces rgimes.
Lamnagement consiste intgrer aux biens dj communs dans le rgime lgal, des biens
meubles dont les poux avaient la proprit ou la possession au jour du mariage ou qui leur
sont chus depuis par succession ou libralit (sauf quand le donateur ou testateur en a
dispos autrement, et sauf les biens meubles propres par nature de l'article 1404 du Code
civil). Sont galement communs les immeubles acquis entre le contrat de mariage et la date de
clbration du mariage, sauf disposition contraire du contrat de mariage.
230.
Les poux peuvent enfin opter pour un autre rgime communautaire, la communaut
721
Les biens propres par nature par exemple, qui sont exclus de la communaut dans un rgime de communaut
universelle par l'article 1526 du Code civil peuvent tre par une stipulation contractuelle inclus dans celle-ci. De
la mme manire, un immeuble propre ou indivis peut tre inclus dans la communaut par la volont des poux.
Un meuble pour une raison quelconque peut galement tre inclus ou exclu de la communaut afin d'avantager
un poux ou de le protger au contraire contre les futurs cranciers de la communaut.
722
Sur ce point voir, F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, 5me dition, Dalloz, Coll.
Prcis, 2008, n 433 et s. p. 347.
723
724
Ibid.
725
Article 1526 du Code civil : Sauf stipulation contraire les biens que l'article 1404 dclare propres par leur
nature ne tombent point dans cette communaut .
136
Amnagements en rgimes sparatistes Les poux peuvent encore opter pour des
232.
participation aux acquts. La situation des biens des poux est alors la mme. Seules changent
les rgles applicables la dissolution du rgime matrimonial. ce stade chacun des poux a
le droit de participer pour moiti en valeur aux acquts nets constats dans le patrimoine de
lautre, et mesurs par la double estimation du patrimoine originaire et du patrimoine final .
Une estimation de la fortune de chaque poux doit donc tre faite au jour du mariage et la
dissolution de celui-ci. Celui des deux poux qui se sera le moins enrichi aura alors droit la
moiti de la diffrence en valeur entre son enrichissement et celui de son conjoint.
233.
Ces deux rgimes de sparation des biens peuvent eux aussi tre amnags par les
poux sur le plan de la composition des masses. Les rgimes de sparation de biens, nous
l'avons dit, ne crent en principe aucune masse commune. Pour pallier les difficults relatives
ltablissement de la proprit de tel ou tel bien au profit de lun ou lautre des poux
(comme le caractre indivis dun bien), des clauses de dclaration d'apport peuvent tre
stipules.
234.
Toutes ces modifications opres par les poux ont entre autres consquences de
conditionner la rgularit de conventions dont les poux peuvent tre les auteurs, au mme
titre que les amnagements que peuvent apporter les poux aux rgles relatives la gestion
des biens.
726
Mme si l'on s'accorde pour reconnatre que les deux termes sont synonymes G. CORNU, Vocabulaire
juridique, op. cit., p. 114.
727
F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 777, p. 622 et s.
137
235.
dans les diffrentes masses peut bien entendu modifier les pouvoirs des poux sur chaque bien
de leur patrimoine. Ces pouvoirs peuvent galement tre directement modifis par le contrat
de mariage, sans que la titularit des droits ne soit pour autant affecte. Dans les rgimes
communautaires, il est en effet loisible aux poux de se lier par plusieurs conventions en ce
sens. Au nombre des principales clauses imaginables se trouvent, par exemple, les clauses
dites d'administration conjointe prvues l'article 1503 du Code civil. Par cette clause, les
poux soumettent leur double signature tout acte d'administration ou de disposition sur les
biens communs. A fortiori, les poux peuvent dans le mme esprit tendre la cogestion audel de son champ d'application lgal, sans aller jusqu' la cogestion intgrale mise en uvre
par la clause ci-dessus voque728. Les poux peuvent par ces clauses, par exemple, faire
entrer dans le champ de la gestion conjointe les actes rservs par l'alina second de l'article
1421 la gestion exclusive d'un seul poux (sans doute ne peuvent-t-il par contre pas les
soumettre la gestion concurrente729). Enfin, les parties au contrat de mariage peuvent se
confier, par cette convention, mandat de gestion de certains biens ou de l'ensemble du
patrimoine (ce mandat est, selon l'article 218 du Code civil, tout moment librement
rvocable730). Cette stipulation est dailleurs lune des seules admises en matire de rgimes
sparatistes. Les poux ne disposent en effet en matire de sparation de biens que de peu de
marge de manuvre et trs rares sont, aujourd'hui, les rgles de gestion susceptibles d'tre
l'objet d'amnagements conventionnels 731.
236.
gestion des biens communs simposent aux conventions conclues par les poux lesquelles,
nous allons le voir, sont atteintes dans leur validit si elles violent lune des stipulations du
contrat de mariage.
728
F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 555, p. 441.
729
A. LAMBOLEY, J.-Cl. Civil Code, article 1497, v Communaut conventionnelle, gnralit, fasc. Unique,
n 139.
730
Le rgime de ce mandat tant en application de larticle 1431 du Code civil celui de droit commun, nous
renvoyons sur cette question aux dveloppements propres cette convention.
731
138
237.
les pouvoirs de ceux-ci sur leurs biens. En cela, cet acte conditionne la rgularit des
conventions que les poux peuvent conclure avec des tiers. Dans plusieurs hypothses, le non
respect par les parties des rgles dtermines par le contrat de mariage va entacher dun vice
la convention irrgulirement conclue. Cela peut tre relev propos aussi bien des biens
propres ou personnels (1) que communs (2).
238.
Conventions portant sur des biens propres Quel que soit le rgime choisi, la rgle
pose par l'article 225 est claire, chacun des poux administre, oblige et aline seul cette
catgorie de biens732. Dans l'hypothse d'une gestion des biens propres d'un poux par l'autre
poux au mpris de l'opposition du premier, le Code ne prvoit pas les consquences de cette
gestion vis--vis des tiers. Les alinas 3 des articles 1432 (pour le rgime de la communaut)
et 1540 (pour la sparation de biens) disposent seulement que si c'est au mpris d'une
opposition constate que l'un des poux s'est immisc dans la gestion des biens de l'autre, il
est responsable de toutes les suites de son immixtion, et comptable sans limitation de tous les
fruits qu'il a perus, nglig de percevoir ou consomms frauduleusement . La doctrine
considre cependant que l'poux dont les droits ont t bafous peut invoquer l'inefficacit733
des actes accomplis par son conjoint734. Cette inefficacit est une nullit pour certains 735, une
inopposabilit pour d'autres736. Cette solution nous semble tre parfaitement logique. Elle est
celle retenue par la Cour de cassation737. Elle atteint quoi quil en soit la validit de lacte et
732
l'exception des biens de nature particulire tel le logement de famille, mais ces restrictions sont alors
lgales et non conventionnelles.
733
A. COLOMER, Droit civil, Rgimes matrimoniaux, 12me dition, Litec, Coll. Manuels, 2005, n 547, p. 259.
734
G. CORNU, Les rgimes matrimoniaux, 9me dition, 1997, PUF, Coll. Thmis, n 75, p. 394.
735
G. YILDIRIM, Rp. Civ., Dalloz, v- Communaut lgale (2 Gestion des biens), n 32 ; Y. FLOUR, G.
CHAMPENOIS, Les rgimes matrimoniaux, 2me dition, Armand Colin, Coll. U. Srie droit priv, n 394, p.
387.
736
G. MARTY, P. RAYNAUD, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, Sirey, 1978, n 261, p. 217.
737
Civ. 1, 6 juillet 1976, Bull. civ. I, n 246, p. 200, JCP G., 1978, II, 18845, note R. LE GUIDEC ; qui rejette le
139
239.
Liquidation de la participation aux acquts Une autre situation qui mrite notre
attention est celle existant en matire de participation aux acquts. L'article 1573 indique que
pour calculer le patrimoine des poux au jour de la liquidation de la communaut, doivent tre
considrs comme faisant partie des biens existants d'un poux ceux dont il a dispos par
donation sans le consentement de son poux ou ceux qu'il a alin frauduleusement. L'article
1577 prcise que l'poux qui bnficie d'une crance de participation peut en poursuivre le
recouvrement sur ces biens. Sous couvert de l'indpendance de la gestion des patrimoines, ces
dispositions tendent tablir une cogestion de fait des biens correspondant [en
communaut] des acquts 738, en exigeant expressment le consentement du conjoint avant
toute donation. Ce consentement, mme s'il n'est pas obligatoire, s'imposera sans doute aussi
aux autres alinations dans la mesure o notaires et cocontractants des poux auront tendance
faire intervenir le conjoint l'acte739. Si l'on retient l'exemple de la donation, pour lequel le
consentement de l'poux est expressment exig, le choix du rgime de participation aux
acquts revient soumettre la disposition titre gratuit d'un bien personnel acquis pendant le
mariage au consentement du conjoint. Une condition conventionnelle (trouvant son origine
dans la convention matrimoniale) est donc pose pour que soit accompli un acte ayant
galement une nature conventionnelle (la donation).
240.
En cas de contravention la rgle fixe par l'article 1573 du Code civil, la sanction
reste prciser. Certains auteurs affirment que l'acte ainsi accompli par un poux ne serait pas
nul740, d'autre qu'il est inopposable l'poux dont le consentement a t oubli. Sans doute
faut-il ce stade faire une distinction en deux temps. Dans un premier temps, la sanction de
l'absence du consentement frappe uniquement l'poux en contravention avec les dispositions
prcites. Les biens alins ou donns sont de manire fictive runis aux biens qu'il possde
rellement. On fait comme si les biens en question navaient pas quitt le patrimoine de
lpoux alinateur, on ne remet pas pour autant en question du moins dans limmdiat et
pourvoi form contre une dcision de la cour dappel de Toulouse qui avait prononc la nullit d'un bail consenti
par un poux notoirement en instance de divorce sur un bien propre de son pouse.
738
739
S. DAVID, A. JAULT, Rp. Civ., Dalloz, v Participation aux acquts, n 58; F. TERRE, P. SIMLER, Droit
civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 819, p. 665.
740
140
241.
La gestion des biens communs offre un schma plus complexe. Il est difficile de
rvler une hirarchie en ce qui concerne les biens soumis une gestion concurrente des
poux. Chacun ayant le pouvoir d'engager seul la communaut, si un poux contracte sur un
bien commun, l'acte est valable.
242.
La question des biens soumis gestion conjointe semble, elle, plus intressante.
742
S. PIEDELIEVRE, J.-Cl., Civil Code, articles 1569 1581, v Participation aux acquts, Fasc. Unique, n 19.
743
744
A. COLOMER, Droit civil, Rgimes matrimoniaux, op. cit., n 1299, p. 596; G. CORNU, Les rgimes
matrimoniaux, op. cit., n 129 p. 677; F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n
852, p. 688.
745
141
243.
Enfin, reste la question des biens communs dont la gestion est exclusivement rserve
l'un des poux. l'instar de ce qui a cours en matire de dpassement de pouvoir sur les
biens objets de gestion conjointe, l'article 1427 frappe n'en pas douter748 l'acte de l'poux qui
abuse de ses pouvoirs par le prononc dune nullit749. Cette sanction rvle encore le
caractre hirarchiquement suprieur de la convention matrimoniale sur d'autres actes de
mme nature.
244.
en modifiant les masses de biens communes et propres (ou personnels), comme en modifiant
directement les rgles de gestion des biens, dtermine les pouvoirs des poux sur les biens
dont ils sont propritaires. Dterminer le rgime matrimonial, cest , comme lont crit
certains, oprer une rpartition des pouvoirs entre les poux. De cette rpartition dpendra
la validit des actes que chacun pourra ultrieurement passer sur telle ou telle catgorie de
biens 750. Lpoux qui accompli seul un acte conventionnel, telle une vente un tiers, peut
valablement le faire uniquement parce que ce bien est dfini comme tant un bien propre ou
personnel par le contrat de mariage. Si tel nest pas le cas, nous lavons vu, lacte accompli
sur un bien propre de son conjoint nest alors pas valablement form. Une convention, le
contrat de mariage, dtermine donc les conditions de la validit dune autre convention, le
contrat de vente entre lpoux et un tiers. La dmarche du juge confront un problme de
validit de la vente consentie par un poux, conduira ncessairement ce dernier tudier le
contenu de la convention matrimoniale afin de dterminer les pouvoirs de lpoux auteur de la
vente sur le bien objet de celle-ci. Cest en rfrence cette convention que sera juge la
746
Si l'un des poux a outrepass ses pouvoirs sur les biens communs, l'autre, moins qu'il n'ait ratifi l'acte,
peut en demander l'annulation.
L'action en nullit est ouverte au conjoint pendant deux annes partir du jour o il a eu connaissance de l'acte,
sans pouvoir jamais tre intente plus de deux ans aprs la dissolution de la communaut .
747
748
F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 480, p. 384.
749
750
J. FLOUR, G. CHAMPENOIS, Les rgimes matrimoniaux, 2me dition, Armand Colin, 2001, n 169, 157.
142
*
*
751
La Cour de cassation ayant prcis quil y a changement prohib au rgime matrimonial lgal ou
conventionnel (...) toutes les fois que le maintien de conventions passes ou d'arrangements conclus pendant le
mariage aurait pour rsultat d'altrer ou de neutraliser les effets rguliers ou lgaux que devaient produire les
clauses du contrat de mariage ou les dispositions de la loi (Civ. 1, 5 novembre 1985, Bull. Civ. I, n 285 p.
254 ; JCP N., 1986, II, 247, note P. SIMLER) les poux ne peuvent donc pas opter par une simple convention
pour une communaut rduite aux acquts en lieu et place du rgime sparatiste prvu au contrat de mariage (C.
AUBRY, C. RAU, Cours de droit civil franais, Troisime dition, Tome IV, Paris, Cosse et Marchal, 1860, n
503, p. 219) Sont galement prohibes les conventions ayant pour effet de modifier la rpartition conventionnelle
des biens, telles les ventes entre poux dun bien commun (Rp. min., J.O. 5 janvier 1987, Db. Ass. nat.,
Questions et rponses, p. 69 ; J.O. 13 avril 1987, Db. Ass. nat., Questions et rponses, p. 2159) ou dun bien
propre au profit de la communaut (MORIN G., La vente entre poux , Defrnois 1991, n 20, p. 1089, spc.
n 9). Il en va de mme dun mandat qui ne serait pas rvocable (l'article 218 du Code civil dispose en effet dans
son alina second que Il [lpoux] peut, dans tous les cas, rvoquer librement ce mandat ).
752
Mme si les dispositions actuelles du Code de 1804, pas plus que ne le faisait l'ancien article 1395 du Code
civil, ne prcise quelle est la sanction de ces dispositions, celle-ci ne donne lieu aucune controverse. La rgle
est simple, les actes par lesquels les poux ont, pendant le mariage, modifi leurs conventions matrimoniales,
sont frapps de nullit (C. AUBRY, C. RAU, Cours de droit civil franais, Seconde dition, Tome II,
Bruxelles, Mline & Cans, 1850, 503, p. 188), La jurisprudence a consacr cette solution de nombreuses
reprises (par exemple Civ.1., 28 juin 1983, Bull. Civ., I, n 190 ; D. 1984. 254, Note G. MORIN).
753
V. Infra, n 515 et s.
143
Une premire srie dexemples tirs du droit positif permet donc dillustrer que deux
246.
247.
mise en vidence ne devait rien la spcificit des contrats organisation qui composaient
en partie ces structures hirarchiques. Pour ce faire, nous tudierons certaines conventions
parmi les plus communes (toutes ou presque sont issues du Code civil). Toutes ces
conventions change rvlent pourtant une hirarchie entre deux conventions. Cest le cas
du mandat (1), des avant-contrats de vente (2), des conventions dindisponibilit (3) ou
encore des contrats principaux dans leurs relations avec des sous-contrats (4).
144
248.
Le mandat est le contrat par lequel une personne donne autrui le pouvoir
daccomplir un acte juridique pour son compte et en son nom 754. Le mandat transfre donc
un pouvoir du mandant au mandataire, pouvoir qui ne peut cependant tre sans bornes. Les
pouvoirs transfrs doivent ltre dans certaines limites qui sont variables et qui sont dfinies
par le contrat lui-mme qui sert alors de norme de rfrence par rapport la convention
projete (A). Cette dernire convention ne sera le plus souvent pas valable si elle nest pas
conclue dans les limites dfinies (B).
A. Stipulations rfrences.
249.
Le mandat doit dfinir en son sein les limites du pouvoir que le mandant confie au
On distingue classiquement755 (et mme si la distinction est parfois subtile 756) deux
types de limites pouvant tre dfinies dans le contenu du pouvoir confr un mandataire.
Elles sont relatives lobjet et la nature des actes accomplir. ct de cela, il est possible
pour les parties de prvoir quelles conditions lacte doit tre accompli757.
251.
Objet des actes accomplir Aux termes de larticle 1987 du Code civil, le mandat
peut tre spcial, ou pour une affaire ou certaines affaires seulement, ou gnral et pour
toutes les affaires du mandant . Le mandat spcial a pour but de donner pouvoir au
mandataire pour agir sur un bien ou sur une question particulire. Le mandat gnral donne
754
755
Ibid. p. 33.
756
Ibid.
757
Ibid. p. 34.
145
252.
Nature des actes accomplir Larticle 1988 du Code civil vise lui la dtermination
de la nature des actes que le fond de pouvoir peut valablement accomplir. Le mandat rdig
en des termes gnraux ne permet celui qui reoit les pouvoirs de naccomplir que des actes
dadministration. Laccomplissement dactes de disposition requiert un mandat exprs.
253.
Conditions de lacte accomplir En plus de pouvoir prciser sil est exprs et/ou
spcial, le contrat de mandat peut dterminer quelles conditions lacte projet doit tre
accompli. Il sagit par exemple en matire de vente de convenir du prix auquel un bien devra
tre cd ou acquis, ou pour une vente en viager, de dterminer quelle date la rvision de
rente annuelle doit avoir lieu758. Si un mandat impratif est donn au mandataire, il devra sy
conformer. Larticle 1989 du Code civil prvoit en la matire que le mandataire ne peut rien
faire au-del de ce qui est port dans son mandat . Ces conditions doivent tre
imprativement respectes. dfaut, le mandataire engage sa responsabilit voire, la validit
de lacte.
2. La dure du pouvoir.
254.
Bien que larticle 2003 du Code civil ne fasse pas de lchance du terme lune des
diffrentes manires dont le mandat finit , les parties peuvent valablement donner mandat
pour une dure dtermine. La limite dans le temps des pouvoirs donns au mandataire est
mme la rgle pour certains mandats spciaux (celui donn lagent immobilier759 ou au
gomtre-expert760) sous peine de nullit761.
255.
Les pouvoirs attribus aux mandataires peuvent donc tre limits par la convention
758
Civ. 1re, 2 dcembre 1992, Bull. civ. I, n 298, p. 195, Defrnois, 1993, n 18, p. 1070, Commentaire G.
VERMELLE ; RTD com. 1993, p. 567, note B. BOULOC.
759
760
Larticle 138 du dcret n 96-478 du 31 mai 1996 portant rglement de la profession de gomtre expert et
Code des devoirs professionnels dispose que le mandat d'entremise immobilire prcise son objet et l'tendue
des pouvoirs confis au gomtre expert ainsi qu' peine de nullit, sa dure de validit.
761
Larticle 7 de la loi du 2 janvier 1970, dite loi Hoguet , dispose en effet sont nulles les promesses et les
conventions de toute nature relatives aux oprations vises l'article 1er qui ne comportent pas une limitation
de leurs effets dans le temps .
146
256.
lintermdiaire [est] cens agir supporte un acte quil ne voulait pas 762, le mandant ne peut
tre tenu que par ce qui est fait dans les limites du pouvoir quil a donn son mandataire763.
Si ce dernier agit au-del, le mandant nest alors (exception faite de la ratification 764 et du
mandat apparent) pas tenu par lacte ainsi conclu. Mais plus que cette inopposabilit765 de
lacte accompli en dpassement du pouvoir confi par le mandataire, la sanction frappant le
second contrat est la nullit (le caractre relatif ou absolu de celle-ci tant incertain tant en
jurisprudence766 quen doctrine767).
257.
de pouvoir, telle la conclusion dune vente des conditions diffrentes de celles stipules dans
le mandat768, ou dans la stipulation dune clause attributive de comptence, exorbitante du
droit commun, par un mandataire devant seulement souscrire des ordres dinsertion dans
lannuaire769. Il en va encore de mme, notamment, en cas dexpiration du mandat. La validit
dune vente est en effet fonction de la date dexpiration du mandat confi un notaire pour
762
N. DISSAUX, La qualification dintermdiaire dans les relations contractuelles, (prface C. JAMIN), LGDJ,
Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 485, 2007, n 840, p. 377.
763
Article 1998 al. 2 du Code civil, Il nest tenu de ce qui a pu tre fait au-del, quautant quil la ratifi
expressment ou tacitement .
764
Ibid.
765
Ass. Pln. 28 mai 1982, Bull. civ. AP, 1982, n 3, p. 5 ; D. 1983, juris, p. 349 Note E. GAILLARD et p. 117,
conclusions J. CABANNES.
766
Pour la nullit absolue v. par exemple, Civ. 3, 15 avril 1980, Bull. civ. III, n 73, p. 53, D. 1981, IR, p.314,
note J. GHESTIN contra v. Civ. 1, 2 novembre 2005, RTD civ. 2006, p. 138, obs. P.-Y. GAUTIER.
767
M. MEKKI., J.-Cl. Civil Code, articles 1991 2002, v Mandat, Obligations du mandant, Effets entre les
parties, Effets l'gard des tiers, fasc. 20, n 61.
768
769
147
258.
259.
770
771
A. BENABENT, Droit civil, Les contrats civils et commerciaux, Montchrestien, Coll. Prcis Domat, 8me
dition, 2008, n 955, p. 456 ; par exemple, pour la nullit de lacquisition dactions au-del du dlai fix, Com.
26 mars 2008, RTD civ., 2008, p. 689, Note P.-Y. GAUTIER.
772
773
774
775
Ibid.
776
A. BENABENT, Droit civil, Les contrats civils et commerciaux, op. cit., n 902, p. 424.
777
148
260.
261.
Lavant-contrat est lune de ces conventions dont lobjet est la prparation dun autre
A. Stipulations rfrences.
262.
bien en ce qui concerne les pactes de prfrence (1) que les promesses unilatrales de vente
778
779
780
Dont le cas ne relve pas de cette tude leur mandat tant dorigine lgale Ibid.
781
C. ATIAS, Rp. Dr. Imm., op. cit., n 465 ; C. LOMBOIS, Commentaire de la loi n 65-557 du 10 juillet
1965, fixant le statut de la coproprit des immeubles btis , D. 1966, lgislation, p. 107.
782
Civ. 1re, 5 fvrier 1991, Rev. Socit, 1991 p. 773, note D. RANDOUX.
783
Ibid.
149
Le pacte de prfrence est une convention par laquelle une personne sengage, pour
le cas ou elle dciderait de vendre un bien, loffrir dabord au bnficiaire du pacte (lequel
jouit ainsi pour se porter acqureur, dun droit de premption) 784. Cette convention
dtermine en cela un lment dun autre acte juridique, elle est une rfrence de ce qui doit
tre dans la mesure o elle impose ou prohibe certaines conventions accomplies dans
certaines conditions.
264.
265.
(obligation qui consiste de la part du dbiteur s'abstenir de tel ou tel acte qu'il aurait sans
cela le droit d'accomplir, celles qui ont pour objet une abstention que le crancier a le droit
784
785
V. par exemple, L. AYNES, Obs. Civ. 3, 4 janv. 1995, D. 1995, Somm. p. 236 ; P. MALAURIE, L. AYNES,
P.-Y. GAUTIER, op. cit., n 145, p. 94 ; D. MAZEAUD, La mconnaissance par le juge de l'existence d'un
contrat , D. 1997, p. 475, spc. n 7 ; P. JOURDAIN, Responsabilit pour violation dun pacte de prfrence :
la Cour de cassation condamne la substitution de contractants , Note sous, Civ. 3, 30 avril 1997, RTD civ. 1997
p. 673.
786
Civ. 1, 10 juillet 2002, qui nonce Attendu, d'abord, que l'arrt retient, bon droit, que l'article 1143 du
Code civil n'est pas applicable la violation d'un pacte de prfrence qui met une obligation de faire la
charge du dbiteur , indit, numro de pourvoi 00-13669.
787
788
789
Par exemple, P.-H. ANTONMATTEI, J. RAYNARD, Droit civil, Contrats spciaux, 6me dition, Litec, Coll.
Manuels, 2008, n 28, p. 25.
150
790
P.-Y. GAUTIER, Ibid., p. 107 ; En ce sens v. galement, T. PIAZZON, Retour sur la violation des pactes de
prfrence , RTD civ. 2009, p. 433, spc. n 7.
792
793
B. PETIT, J.-Cl. Civil Code, article 1109, v Contrats et obligations, Consentement, Fasc. unique, n 57.
794
P. JOURDAIN, Responsabilit pour violation dun pacte de prfrence : la Cour de cassation condamne la
substitution de contractants , prcit, p. 674, lopinion nest pas celle de lauteur qui plaide pour une obligation
de faire, qui consiste consentir .
151
267.
unilatrale de contrat est laccord de volont par lequel une personne sengage
immdiatement envers une autre passer avec elle un certain contrat des conditions
dtermines, le bnficiaire de cet engagement investi dun droit doption pendant un dlai
donn restant libre de ne pas conclure le contrat envisag ou de le conclure en levant
loption 796. L encore, et la dfinition donne le laisse apparatre, lobligation du promettant
est dans ce contrat analyse le plus souvent comme une obligation de faire par la doctrine797 et
par la jurisprudence798. Le promettant serait tenu de conclure le contrat 799. L encore cette
analyse nous semble contestable800. Comme en matire de pacte de prfrence, sil y a sans
795
Civ. 3, 23 septembre 2009, D. 2009, p. 2573, Chron. MONGE A.-C., NESI F. ; RTD civ. 2009, p. 717, Note
B. FAGES et 2010, p. 127 note P.-Y. GAUTIER ; AJDA 2010, p. 685, Note F. BOUYSSOU, C. TEISSEYRE ;
AJDI 2010, p. 578, note F. COHET-CORDEY ; RDC 2010, n 1, p. 32 Observations T. GENICON ; Defrnois
2010, n 1, p. 104, note R. LIBCHABER ; Contrats, conc. conso., n 1, 2010, comm. 2, Note L. LEVENEUR,
JCP G, 2009, 479, note G. PILLET.
796
797
798
Par exemple, Civ. 3, 15 dcembre 1993, D. 1994, p. 230, Observations O. TOURNAFOND ; p. 507, Note F.
BENAC-SCHMIDT ; D. 1995, p. 87, Observations L. AYNES.
799
152
269.
de vendre un tiers sans que le bnficiaire nait renonc peut saccompagner de modalits.
Elles peuvent consister en une dure pendant laquelle la promesse sera valable ou encore en
des modalits formelles. Le prix doit quant lui galement tre dtermin.
270.
stipulations qui peuvent servir de rfrence pour juger de la compatibilit ou non dune
convention avec leurs stipulations. Ces actes imposent dans le rapport entre les parties un
modle de comportement en vertu duquel quelque chose ne doit pas tre. Ce modle de
comportement exprim en termes obligationnels entre les parties, se traduit sur le terrain du
futur contrat de vente [comme] un lment de sa formation 808.
801
P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat , prcit, n 21, p. 785 et 786.
802
J. GHESTIN, la formation du contrat, op. cit., n 332 et s. p. 299 ; G. CORNU, Vocabulaire juridique, op.
cit., p. 731.
803
Sur ce point v. F. COLLART-DUTILLEUL, Les contrats prparatoires de la vente d'immeuble, op. cit., qui
relve quune telle obligation ne peut tre constitue. Le promettant a dj irrvocablement consenti dans une
convention sur laquelle il ne peut pas revenir. Larticle 1134 len empche, v. n 231, p. 131 et lanalyse de
Monsieur ANCEL poursuivant celle de lauteur, article prcit, n 21, p. 785 et 786.
804
805
806
Voir P.-H. ANTONMATTEI, J. RAYNARD, Droit civil, Contrats spciaux, op. cit., 58, p. 57.
807
808
P.-H. ANTONMATTEI, J. RAYNARD, Droit civil, Contrats spciaux, op. cit., n 58, p. 57.
153
violation du pacte de prfrence (1), sils divergent sur certains points, ont en commun un
aspect particulirement important dans la perspective qui est la ntre, la nullit, sanction
pouvant frapper aussi bien la violation de lune ou de lautre de ces conventions.
272.
Le pacte de prfrence peut entraner la nullit dune vente qui ne respecterait pas la
priorit conventionnelle donne au bnficiaire. Cette sanction, qui nest plus une simple
option pour le juge809 (le bnficiaire du pacte tant en droit dexiger lannulation du
contrat pass avec un tiers en mconnaissance de ses droits 810), nest cependant pas
automatique et certaines conditions pralables doivent tre runies pour la prononcer.
273.
Aprs avoir peu ou prou tout connu et expriment en la matire 811, la Cour de
809
Auparavant, Le tribunal, [avait] la libert de prononcer la rparation la plus adquate au dommage subi ,
Civ. 1, 15 dcembre 1965, Bull. civ. I, n 718.
810
Ch. Mixte, 26 mai 2006, Bull. Mixte, n 4 p. 13, voir notamment, F. COLLART-DUTILLEUL, Le pacte de
prfrence : entre retour l'ordre et nouveau dsordre , RDC, 2006, n 4, p. 1131 ; P. DELBECQUE,
Sanction de la violation d'un pacte de prfrence , JCP E, n 38, 21 Septembre 2006, 2378 ; P.-Y. GAUTIER,
Excution force du pacte de prfrence : un peu victoire la Pyrrhus, beaucoup probatio diabolica , D. 2006
p. 1861 ; H. HOUBRON, L'excution force du pacte de prfrence , LPA, 18 septembre 2006 n 186, p. 12 ;
L. LEVENEUR, La violation du pacte de prfrence peut tre sanctionne par la substitution du bnficiaire
dans les droits de l'acqureur de mauvaise foi , JCP G,, 2006, II 10142 ; D. MAINGUY, Annulation et
substitution : les deux mamelles de la prfrence ? , D. 2006, p. 1861 ; D. MAZEAUD, Excution force en
nature des avant-contrats , RDC 2006, n 4, p. 1080 ; A. PAULIN, Et le phnix renat de ses cendres ! (
propos du pacte de prfrence) , LPA, 11 janvier 2007 n 9, p. 13 ; B. THULLIER, Revirement de
jurisprudence : une chambre mixte admet la substitution du bnficiaire du pacte viol , JCP N., n 29, 21
Juillet 2006, 1256.
811
154
274.
Mme si la plupart des arrts sont rendus au visa de larticle 1142 du Code civil.
813
26 octobre 1982, Bull. civ. III, n 208, Gaz Pal. 1983, 2, p. 661, note E.-S. DE LA MARNIERRE.
814
Civ. 3, 10 fvrier 1999, Bull. civ. III, n 37, p. 25 ; Rev. Dr. imm. 1999, p. 316, Note F. COLLARTDUTILLEUL RTD civ. 1999, p. 616, Observations J. MESTRE et p. 856, Observations P.-Y. GAUTIER.
815
P. BRUN, Conditions de l'annulation d'une vente conclue en violation d'un pacte de prfrence : les
exigences dmesures de la Cour de cassation , Observations, sous, Civ. 3, 10 fvrier 1999, D. 2000 p. 278.
816
817
Y. DAGORNE-LABBE, note sous Civ. 3, 10 fvrier 1999, JCP G. 1999, II, n 10191.
818
Il suffit au bnficiaire d'apporter la preuve que le tiers acqureur connaissait l'existence de la promesse,
un point c'est tout ! D. MAZEAUD, La mconnaissance par le juge de l'existence d'un contrat , prcit, n
4.
155
276.
de conventions ayant pour objet ou pour effet de dterminer les conditions de validit dune
autre norme de mme nature. La clause d'inalinabilit est une stipulation contractuelle
ayant pour effet d'empcher le propritaire d'un bien de transfrer librement titre gratuit ou
onreux un tiers la proprit du bien objet de la clause et plus largement de faire sur ce
bien un quelconque acte de disposition 820. Le domaine de prdilection de ces clauses est
sans aucun doute celui des successions et plus particulirement des testaments. Cependant,
linalinabilit peut galement trouver sa source dans une convention telle une donation ou
plus rarement une vente.
277.
Il nest pas utile de revenir ici sur la question connue des conditions de validit dune
telle stipulation. La jurisprudence, puis le lgislateur821, ont fix en ce domaine des conditions
prcises de validit dont il est suffisant de rappeler quelles consistent en une dure limite et
un intrt srieux et lgitime de recourir cette clause, lorsque la partie qui en est tenue est
819
P.-H. ANTONMATTEI, J. RAYNARD, Droit civil, Contrats spciaux, op. cit., n 58, p. 57.
820
821
Sur la loi de 1971 v. P. SIMLER, Les clauses dinalinabilit , D. 1971, Lgis., p. 416-1.
156
A. Stipulations rfrences.
278.
Pour les personnes morales, les conditions requises par larticle 900-1 sont extensibles mais en partie
seulement. La stipulation dinalinabilit peut ne pas tre temporaire si elle est justifie par un intrt lgitime ;
P. MALAURIE, Les successions les libralits, 3me dition, Defrnois, Coll. Droit civil, 2008 n 368, p. 191 et
192 ; Contra, P. SIMLER, Les clauses dinalinabilit , D. 1971, Lgis., p. 416-5, pour qui larticle 900-1 ne
vise que les possibilits nouvelles instaures par la loi du 3 juillet 1971, c'est--dire lintervention judiciaire,
lexclusion des conditions de validit.
La rforme visait uniquement le domaine des successions, mais lon saccorde dire que les
conditions sont extensibles aux stipulations issues des autres actes juridiques que ceux viss par
larticle 900-1 du Code civil (P. SIMLER Ibid., p. 416-4). La Jurisprudence la rcemment confirm. V. Civ.
823
1, 31 octobre 2007 ; BJS 2008, n 5, p. 450, note J.-F. BARBIERI ; LPA 2008, n 189, p. 6, comm. C. KUHN ;
RDC 2008, n 2, p. 248, note Y.-M. LAITHIER ; JCP N. 2008, n 5, 1064, note R. MORTIER ; RTD civ. 2008,
p. 126, Observations T. REVET ; Rev. Socit, 2008, p. 321, Note S. SCHILLER ; D. 2008, p. 963, Comm. A.L. THOMAT-RAYNAUD ; Defrnois 2008, n 13, p. 1485, comm. B. THULLIER.
824
M. GRIMALDI (Direction), Droit patrimonial de la famille, Dalloz, Coll. Dalloz Action, 2008, n 313-97.
825
J.-L. BERGEL, M. BRUSCHI, S. CIMAMONTI, Les biens, 2me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit civil,
157
absolue, toute alination est alors interdite. Lalination dun bien peut galement tre
seulement limite plusieurs gards. Le bnfice de la vente ou de la donation peut en effet
tre interdit une personne en particulier ou un groupe de personnes. La vente peut
linverse tre autorise seulement lorsque lacqureur est une personne dtermine ou membre
dun groupe dtermin (cercle de famille, associs dune socit).
281.
tudies les limites la libert de contracter de la partie tenue par la clause dinalinabilit
peuvent tre uniquement de forme. Linterdiction daliner peut ntre en effet quune
interdiction daliner dfaut daccord ou dagrment de la part du donateur 828 ou du
vendeur.
2010, n 87, p. 101 ; A. SERIAUX, J. Cl. Civil, Code, article 900-1, v Libralits, Dispositions gnrales,
Clauses dinalinabilit, fasc. unique, n 19 ; F. ZENATI-CASTAING F., T. REVET, Les biens, 3me dition,
PUF, Coll. Droit fondamental, 2008, n 37, p. 81.
826
M. GRIMALDI, Droit civil, libralit partage dascendants, Litec, Coll. Manuels, 2000, n 1222, p. 169,
Pendant cette priode, la Cour a sembl considrer que la possibilit dhypothquer de manire conventionnelle
un bien frapp dinalinabilit tait une question de fait laisse lapprciation des juges du fond, qui devaient
dterminer si le donataire ou vendeur avait exprim une inalinabilit simple, ou une telle stipulation double de
celle dhypothquer. V. Civ. 1, 6 fvrier 1901, Attendu que les parties taient en dsaccord sur le point de
savoir si cette interdiction, qui est drogatoire du droit commun, comprenait pour les lgataires la dfense
dhypothquer le bien lgu ; quil y avait donc lieu interprtation () Attendu quen attribuant ce sens et
cette porte la clause litigieuse larrt attaqu ne la pas dnatur et na ni viol larticle 1134 du Code civil,
ni aucun autre texte de loi , DP 1902, I, p. 71.
827
Civ. 1, 23 janvier 2008, Bull. civ. I, n 19 p. 15 ; La Cour casse la dcision dune cour dappel qui refuse
dannuler les hypothques conventionnelles consenties par une association sur des biens grevs dinalinabilit
lors dune donation, Defrnois, 2008, n 13, p. 1485,Comm. B. THULLIER ; Dr. socits, 2008, n7, comm.
145, R. MORTIER.
828
A. SERIAUX, J. Cl. Civil, Code, article 900-1, v Libralits, Dispositions gnrales, Clauses
dinalinabilit, fasc. unique, n 1 ; Pour un exemple de donation avec interdiction daliner sauf recueillir
laccord des auteurs de la donation, Civ. 3, 31 mai 2006, Bull. civ. III, n 136 p. 112, AJDI 2006, p. 830,
Observations F. DE LA VAISSIERE.
158
indisponible.
282.
Les contrats conclus ici en violation des droits contractuels dautrui829 connaissent un
sort diffrent selon les hypothses. Cependant, la nullit frappe frquemment830 la convention
par laquelle des parties en violent une autre.
283.
284.
Conclusion :
Une
hirarchie
de
normes
conventionnelles
La
clause
829
B. STARCK, Des contrats conclus en violation des droits contractuels dautrui , JCP G, 1954, I, 1180.
830
831
Si laction en nullit est en principe une sanction pouvant intervenir dans tous les cas de violation par une
convention dune clause dinalinabilit, cette sanction ne frappe cependant pas toujours la norme venant violer
la disposition prohibant lalination dun bien. Laction en nullit ne bnficie qu celui dans lintrt duquel la
clause a t stipule (F. TERRE et P. SIMLER, Les biens, op. cit. n 136, p. 138 140). Linterdiction daliner
stipule au profit de lalinateur (volont de maintenir un bien dans le cercle de famille ou de mnager un droit
de retour) donnera ce dernier la possibilit dagir en annulation de lacte procdant lalination prohibe.
Dans lhypothse o la stipulation a pour but de protger le donataire ou plus rarement lacheteur, seul ce dernier
pourra agir en nullit.
832
833
834
Voir par exemple, M. GRIMALDI, Droit civil, libralit partage dascendants, op. cit., n 1223, p. 171 ; P.
MALAURIE, Les successions, les libralits, op. cit., n 370, p. 193 ; A. SERIAUX, J. Cl. Civil, Code, op. cit.,
n 24 ; F. TERRE et P. SIMLER, Droit civil, Les biens, op. cit., n 134 et 135 p. 137 et 138 ; F. ZENATICASTAING, T. REVET, op. cit., n 37, p. 81.
835
836
837
B. STARCK, Des contrats conclus en violation des droits contractuels dautrui , prcit, n 11. Lorsque
linalinabilit a t publie. dfaut de publicit, ou de connaissance de la clause par le tiers, cette clause lui
est bien videmment inopposable. V. sur ce point, R.-N. SCHTZ, Rp. Civ. Dalloz, V- Inalinabilit, n 90 et
91.
159
285.
Dans lhypothse tudie, une convention dtermine les conditions de la validit dune
286.
soit en vue de l'excution par C de tout ou partie des obligations auxquelles s'est engag B
dans la relation contractuelle qu'il a tablie avec A, soit pour faire bnficier C de l'excution
par A de tout ou partie des obligations auxquelles celui-ci s'est engag au profit de B.
Autrement dit, le sous-contrat est un contrat secondaire conclu avec un tiers par l'un des
contractants un contrat principal et destin l'excution de celui-ci 839. La loi envisage
plusieurs types de sous-contrats comme la sous-location (sans doute devrions nous parler
des sous-locations), le sous-mandat840 ou la sous-traitance. ct de cela, la pratique a
imagin un grand nombre dautres sous-contrats, comme la sous-commission, le sous-
838
839
Nous retiendrons ici une acception large du sous-mandat comprenant la fois le sous-mandat
proprement parler et la substitution de mandataire. Sur cette difficult qualifier la substitution de mandataire de
sous-contrat, voir : P. LE TOURNEAU, Rp. Civ. Dalloz, v Mandat, n 245 et les rfrences cites ; B.
MALLET-BRICOUT, Contribution ltude de la thorie de la reprsentation : la substitution de
mandataire , LPA, 21 dcembre 1999, n 253, p. 13 ; La substitution de mandataire, op. cit.
160
A. Stipulations rfrences.
287.
Avant de pouvoir amnager le recours au sous-contrat, encore faut-il que celui-ci soit
288.
peut tre absolue. Tel est le cas en matire de coproprit. Le syndic ne peut se substituer un
tiers dans la gestion de la coproprit (seule lassemble des copropritaires peut permettre
une telle substitution une fin dtermine843). Le sous-contrat de syndic de coproprit est
donc prohib.
289.
842
J. NERET, op. cit., qui relve que le contrat originaire conditionne le sous-contrat dans son existence et son
essence , n 77, p. 67.
843
Article 18 de la loi du 10 juillet 1965, dont lavant dernier alina dispose que Seul responsable de sa
gestion, il ne peut se faire substituer. L'assemble gnrale peut seule autoriser, la majorit prvue par
l'article 25, une dlgation de pouvoir une fin dtermine .
844
845
En matire de bail commercial (article L. 145-31 du Code de commerce), de baux dhabitation (article 78 de
la loi du 1er septembre 1948 et 8 de la loi du 6 juillet 1989).
161
290.
291.
prvoit aucune disposition, il faut sans doute en conclure que le recours au sous-contrat est
possible849. Cependant, en prsence dun fort intuitu personae le principe sinverse850. En
matire de contrat dentreprise Brenger prcisait, pour emporter la conviction quil fallait
conserver la disposition suivante, le contrat de louage douvrage est dissous par la mort de
louvrier 851, que lorsquon traite avec un architecte, ce nest pas seulement parce quil est
architecte, mais parce quon le croit habile 852. Pour cette raison, une partie de la doctrine
considre quen la matire le principe est celui de lexcution par lentrepreneur principal 853.
De la mme manire, on considre traditionnellement que le mandat Ad litem nest pas (sauf
846
847
848
850
R.-J. POTHIER R.-J., La dcision de la question me parat dpendre de la nature de laffaire qui fait lobjet
du mandat. Si laffaire est de nature que sa gestion demande une certaine prudence, une certaine habilet, on ne
doit pas prsumer que le mandant, qui en a confi la gestion au mandataire par la confiance quil avait en sa
prudence et en son habilet, ait voulu lui permettre de se substituer un autre pour le faire , uvres de
POTHIER (par BUGNET), Tome V, les contrats de bienfaisance, 2me dition, 1861, Cosse et Marchal, H. Plon,
p. 212.
851
P.-A. FENET, Recueil complet des travaux prparatoires du Code civil, Tome XIV, op. cit., p. 234.
852
Ibid., p. 266.
853
J. HUET, Les principaux contrats spciaux, (direction J. GHESTIN), 2me dition, LGDJ, Coll. Trait de droit
civil, 2001, n 32286, p. 1392 et 1393.
162
292.
Quoi quil en soit, interdiction ou autorisation de principe, toutes ces hypothses (ou
presque) ont en commun la particularit de laisser aux parties une place trs importante dans
le choix du recours au sous-contrat. Le plus souvent ce sera donc vers la convention principale
quil faudra se tourner pour apprcier la possibilit pour le contractant intermdiaire de souscontracter. Le contrat principal qui fixe alors le principe du recours au sous-contrat (1)
dtermine galement, lorsquil lautorise, les conditions dans lesquelles peut natre une
convention de second ordre (2).
1. Recours au sous-contrat.
293.
Baux dimmeubles En matire de baux soumis aux lois du 1er septembre 1948855 et
du 6 juillet 1989856, le principe est invers par rapport celui pos larticle 1717857 afin
dviter toute spculation en la matire858. Le propritaire peut cependant autoriser dans le
bail dhabitation le recours la sous-location859. Le bail commercial, qui interdit lui aussi en
principe le recours la sous-location, permet par exception aux parties de saccorder sur un
possible recours cette convention dans le contrat de bail860. Enfin, si le bail rural interdit en
principe tout recours la sous-location, il existe des exceptions. Le preneur peut alors
consentir une sous-location pour un usage de vacances ou de loisirs ou une sous-location de
btiments usage dhabitation, sil y a t autoris par le bail principal861.
854
Req. 8 janvier 1912, DP, 1913, I, p. 185 ; rcemment, mandat de former un pourvoi en cassation : Civ. 2, 4
mai 2007, Attendu que l'article 1994 du Code civil n'autorise la substitution du mandataire dans
l'accomplissement de son mandat que si le mandat le prvoit .
855
le preneur na le droit ni de sous-louer, ni de cder son bail, sauf clause contraire du bail ou accord du
bailleur .
856
Le locataire ne peut ni cder le contrat de location, ni sous-louer le logement sauf avec accord crit du
bailleur, y compris sur le prix du loyer .
857
858
859
N. DAMAS, Rp. Droit Imm. Dalloz, v Baux d'habitation et mixtes (Rapports locatifs individuels : loi du
6 juillet 1989), n 151.
860
C. QUEMENT, J.-Cl., Bail loyer, v Bail commercial, sous-location, fasc. n 1460, n 16.
861
Article L. 411-35 alina 3 du Code rural : Toute sous-location est interdite. Toutefois, le bailleur peut
autoriser le preneur consentir des sous-locations pour un usage de vacances ou de loisirs. Chacune de ces
163
autoris862. Cependant, comme dans les autres hypothses envisages, le mandant peut
interdire tout recours cette convention863. De la mme manire, dans le contrat dentreprise,
les parties peuvent () prvoir une clause excluant la sous-traitance, le contrat devant
alors tre excut par le titulaire lui-mme 864. En matire de commission de transport, l
encore, la sous-commission ou substitution de commissionnaire peut tre valablement ou non
utilise par les parties. Il ny a en principe pas dobstacle ce que deux commissionnaires de
transport se suivent pour la mme opration 865, et ce, alors mme que la commission de
transport suppose le transport de bout en bout . Il y a alors un commissionnaire principal et
des commissionnaires intermdiaires866. Le contractant principal peut cependant interdire la
sous-commission en stipulant une clause cet effet867, comme il peut la permettre ou
limposer868.
295.
principale. Elle est cet gard une norme en rfrence de laquelle la rgularit du recours au
sous-contrat sera juge. Elle dtermine le principe du recours au sous-contrat, elle peut encore
dterminer les modalits de ce recours.
sous-locations ne peut excder une dure de trois mois conscutifs. Dans ce cas, le bnficiaire de la souslocation n'a aucun droit son renouvellement, ni au maintien dans les lieux son expiration. En cas de refus du
bailleur, le preneur peut saisir le tribunal paritaire. Le tribunal peut, s'il estime non fonds les motifs de
l'opposition du bailleur, autoriser le preneur conclure la sous-location envisage. Dans ce cas, il fixe
ventuellement la part du produit de la sous-location qui pourra tre verse au bailleur par le preneur. Le
bailleur peut galement autoriser le preneur consentir des sous-locations des btiments usage d'habitation.
Cette autorisation doit faire l'objet d'un accord crit .
862
P. PUIG, Contrats spciaux, 3me dition, Dalloz, Coll. HyperCours, 2009, n 904, p. 522 ; v. galement :
Soc., 9 janvier 1974, Bull. civ. V, n 24, p. 22 Il est loisible au mandataire de se substituer un tiers lorsque la
loi ou la convention nen dispose pas autrement .
863
864
866
B. MERCADAL, Droit des transports terrestres et arien, Dalloz, Coll. Prcis, 1996, n 16, p. 17.
867
M.-P. DUMOND-LEFRAND, J.-Cl. Contrats et distribution, v Commission, Rgime, fasc. 830, n 19.
868
Ibid.
164
296.
297.
Au-del de ces limites naturelles , le contrat principal peut dfinir en son sein des
limites plus rigoureuses. Le contrat dentreprise peut limiter le recours la sous-traitance pour
une partie seulement de louvrage. La sous-location peut tre limite une dure moindre que
celle du bail principal, des sous-locations prcaires, certains sous-locataires (telle une
socit faisant partie du mme groupe que la socit titulaire du bail872), ou encore une
partie de la surface loue seulement873.
298.
Conditions de forme Des conditions de forme peuvent galement tre stipules par
les parties. Ces dernires peuvent convenir de lexigence dun acte authentique pour toute
sous-location874. Elles peuvent galement supprimer une formalit lgale en prvoyant, dans
le bail commercial, le renoncement du bailleur concourir lacte en cas de sous-bail875.
Dans le contrat dentreprise, elles peuvent par anticipation renoncer lagrment du soustraitant en acceptant le recours la sous-traitance876. En matire de Bail elles peuvent enfin
869
870
871
872
J.-P. BLATTER, Baux commerciaux : chronique d'actualit lgislative et jurisprudentielle, mars 2003 mars 2004 , AJDI, 2004 p. 942.
873
874
B. VIAL-PEDROLETTI, J.-Cl., Bail dhabitation, v, Locations rgies par le droit commun du louage (Code
civil), droits du locataire, cession et sous-location, fasc. 236, n 29.
875
876
165
299.
Tous les lments dont le respect est prescrit par le contrat principal entranent, sils ne
sont pas respects, linvalidit du sous-contrat. Cela se traduit ici, non par la nullit de lacte
conclu en violation de la premire convention mais, le plus souvent, par son inopposabilit.
300.
B. VIAL-PEDROLETTI, J.-Cl., Bail dhabitation, op. cit., n 29 ; v. rcemment, pour la mise disposition (
titre gratuit) du bien lou un tiers sans lagrment du bailleur, alors que celui-ci tait exig par le bail ; Civ. 3,
10 mars 2010, RTD civ. 2010, p. 343, observations P.-Y. GAUTIER.
878
879
880
Ibid.
166
301.
Le sous-bail octroy une personne autre que celles avec lesquelles le preneur tait autoris
contracter est irrgulier882. Le sous-bail serait irrgulirement conclu dfaut dappel au
bailleur de concourir lacte883.
Cette irrgularit semble permettre dengager la validit du sous-contrat. Le plus
souvent, cet acte sera inopposable lgard du contractant principal qui nest pas partie au
sous-contrat.
302.
881
R. RAFFI, Rflexions sur le renouvellement de la sous-location commerciale et sur les relations entre
bailleur, locataire principal et sous-locataire , Note sous, Civ. 3, 27 septembre 2006, LPA, 31 juillet 2007 n
152, p. 20, n 2.
882
J.-P. BLATTER, Baux commerciaux : chronique d'actualit lgislative et jurisprudentielle, mars 2003 mars 2004 , prcit, p. 942.
883
CA Versailles, ch. com. runies, 13 fvrier 2001, SARL Twin Holding c/ SA De Passy, n98/1857, Bull. Joly
Socits, 1er aot 2001 n 8-9, p. 868, note, J.-F. BARBIERI.
884
885
P. PUIG, Contrats spciaux, op. cit., n 821, p. 477 ; Ch. Mixte, 13 mars 1981, Bull. civ Mixte., n 3, D.
1981, p. 309, Note A. BENABENT.
167
La solution gnrale applique ici un bail soumis aux dispositions du dcret de 1953
vaut galement pour les autres types de baux. Le bail entre le preneur et le sous-preneur reste
valable891 mais il est inopposable au bailleur892. Sa rsiliation peut donc tre obtenue
directement, ou par le biais de la rsiliation judiciaire du bail principal (sanction traditionnelle
de la sous-location irrgulire lgard du preneur893).
304.
La seule exception cette rgle concerne le bail rural dont les conditions de cession ou
de sous-location sont trs strictement encadres pour des motifs dordre public. Si le
contentieux est rare en matire de sous-location894, il lest moins dans un domaine voisin,
886
M.-P. DUMOND-LEFRAND, obs. sous, Civ. 3, 27 septembre 2006, AJDI, 2007, p. 197 ; H. KENFACK,
Actualit du droit de la sous-location , AJDI, 2007, p. 812 ; C. QUEMENT, J.-Cl., Bail loyer, op. cit., n
43 ; G. TEILLIAIS, La sous-location de locaux commerciaux , prcit, n 13.
887
888
Le non respect des conditions fixes par le dcret sur les baux commerciaux a en effet conduit la Cour de
cassation noncer que la sous-location doit tre considre comme inexistante lgard des propritaires ,
Com., 12 juin 1965, Bull. civ. IV, n 364.
889
CA Paris, 16e ch. B, 21 fvr. 2003, AJDI, 2004, p. 32, CA qui refuse une action en nullit du bail au souslocataire, au motif que n'tant pas partie au bail principal, le sous-locataire ne peut se prvaloir de sa
violation et que, n'tant pas propritaire, il ne peut invoquer l'article L. 145-31 .
890
891
892
Ibid.
893
894
J. DERRUPPE, Les baux ruraux et les sous-locations prohibes , Rev. Dr. imm., 1993 p. 281.
168
305.
trouver une position unitaire896. Certains ont prconis de retenir la nullit de la convention
irrgulirement conclue897. La sanction semble tre ici encore cependant la mme, le recours
prohib au sous-mandat entrane linopposabilit du sous-contrat au mandant principal. Cette
solution, dj prconise par Pothier898, a t confirme par la chambre commerciale de la
Cour de cassation dans un arrt du 2 dcembre 1997899. Dans cette dcision, des mandants
avaient confi la gestion de portefeuilles de valeurs mobilires un mandataire titulaire de la
carte professionnelle d'auxiliaire de la profession boursire. Aprs la loi du 2 aot 1989,
supprimant cette profession et instituant une profession unique de grant de portefeuille pour
lexercice de laquelle le mandataire navait pas obtenu dagrment, ce dernier se substitua une
socit dont il tait salari. Les mandants, se fondant sur le dfaut dautorisation cette
substitution de mandataire, demandrent que leurs comptes soient remis dans ltat o ils
taient avant cette substitution, ce qui revenait invoquer linopposabilit des actes
irrgulirement conclus. La Cour de cassation, pour sopposer cette demande, nonce que
si cette substitution n'tait pas autorise par les contrats de mandat, ce qui aux termes de
l'article 1994 du Code civil avait pour seul effet de rendre le mandataire responsable de la
gestion de celui qu'il s'est substitu, elle n'tait pas interdite 900 admettant ainsi, a contrario,
que linterdiction conventionnelle de toute substitution aurait entach la validit de la
substitution.
895
Ch. runies, 7 mars 1960, Bull. civ., Ch. runies, n 1, D. 1960, p. 349, note R. SAVATIER ; RTD civ. 1960,
p. 494, Note J. CARBONNIER.
896
897
A. DURANTON, Cours de Droit franais suivant le Code civil, quatrime dition, Tome XVIII, Thorel et
Guilbert, 1844, n 252 p. 243 et 244 Si le mandat interdisait formellement au mandataire de se substituer
quelquun, ou de substituer telle ou telle personne, et que nanmoins le mandataire eu fait la substitution, on
devrait la considrer nulle et de nul effet mme lgard des tiers, qui auraient trait avec le substitu .
898
Il est vident que le mandataire en ce cas, a excd les bornes du mandat et que ce qui a t fait noblige
pas le mandant , uvres de POTHIER (par BUGNET), Tome V, les contrats de bienfaisance, 2 me dition,
1861, Cosse et Marchal H. Plon, p. p. 211.
899
900
Ibid.
169
306.
interdite par la convention initiale, celle-ci est nulle lgard du commettant. Dans les
rapports entre le substituant et le substitu 904 la convention reste valable905. La sanction
semble tre une nouvelle fois linopposabilit.
307.
parties peuvent interdire d'y recourir et exiger lexcution directe par le contractant choisi par
lexpditeur. En cas de recours non autoris la sous-traitance, la convention entre
transporteur initial et substitu nest pas opposable au contractant principal. La Haute
juridiction de lordre judiciaire a dailleurs eu loccasion daffirmer cette position. Dans une
espce dans laquelle un transporteur avait t substitu celui dsign par lexpditeur, la
Cour de cassation a censur les juges du fond qui avaient refus au sous-traitant lexercice de
son action directe au motif que, le voiturier qui excute en qualit de substitu l'expdition,
a une action directe en paiement de ses prestations contre l'expditeur, garant du prix du
transport, sauf si ce dernier a interdit son cocontractant toute substitution (or, aucune
901
Com. 9 novembre 1987, Bull. civ. IV, n 233 p. 174 ; Pour plus de dtails v. B. MALLET-BRICOUT, op. cit.,
n 469 et s. pp. 308 et s.
902
903
CA Paris, 10 Avril 1992, Juris-Data n 020979, En vertu de lalina 2 de larticle 1994 du Code civil, le
mandataire substitu une action directe contre le mandant pour obtenir le remboursement de ses avances et
frais ainsi que le paiement de la rmunration laquelle il a droit ; Quil ne pourrait en tre autrement que dans
le cas dune interdiction de substitution faite par le mandant .
904
M.-P. DUMONT, Lopration de commission, (Prface J.-M. MOUSSERON) Litec, Coll. Bibliothque de
droit de l'entreprise, 2000, n 430, p. 348, note n 50.
905
Ibid.
906
Sans que le transporteur initial ne perde pour autant sa qualit de transporteur au profit de celle de
commissionnaire de transport. Sur ce point v. L. GUIGNARD, Sous-traitance et transport, (prface B.
MERCADAL) Litec, Coll. Bibliothque de droit de l'entreprise, 2001 ; J.-P. TOSI, L'action directe en
paiement de l'article L. 132-8 du Code de commerce : trois avances , note sous Com. 28 janvier 2004, D. 2004,
p. 944.
170
308.
pu paratre longs, mais ils taient ncessaires pour sassurer de lhomognit du rgime du
sous-contrat. Ltude des rapports entretenus entre contrats principaux et sous-contrat tant
mene son terme, il est possible de relever quil sagit vritablement dune nouvelle
hypothse de droit positif instaurant une hirarchie entre conventions. Dans toutes les
conventions cites, et que le principe soit lautorisation ou la prohibition, cest sans conteste la
convention initiale qui dtermine dans une trs large mesure sil est ou non possible de
recourir un substitut dans lexcution ou dans le bnfice dun contrat. Cest en rfrence
aux stipulations du contrat principal que la possibilit de recourir un sous-contrat sera
apprcie. Cest, de la mme manire, le sous-contrat qui dtermine les conditions de fond ou
de forme dans lesquelles est possible le recours au sous-contrat. Cest parce que le bail prvoit
la possibilit de recourir au sous-contrat que ce dernier sera pleinement valide. Cest parce
que le contrat principal le prvoit, cest en rfrence ce dernier, quil sera valablement
possible de sous-traiter lensemble dun ouvrage. Le contrat principal, en frappant
dinopposabilit le sous-contrat conclu hors du cadre de rfrence dtermin par le contrat
principal, dtermine les conditions de validit du recours au sous-contrat. Il est au sens o
nous lavons dfini une convention hirarchiquement suprieure une autre convention.
*
* *
907
171
309.
310.
rapports du mme type hors de la prsence de tels actes. Les conventions change
dterminent galement les conditions de validit dautres conventions. Les avant-contrats de
vente et conventions dindisponibilit dterminent en partie les conditions de validit de
ventes futures du bien objet du premier contrat, tout comme le mandat dtermine videmment
les lments de la validit du contrat projet. Enfin, cest en rfrence aux stipulations du
contrat principal que sera apprcie la validit du sous-contrat. La hirarchie des normes est
donc omniprsente dans les rapports conventionnels. Elle ne se limite pas quelques
conventions mais se manifeste dans un nombre considrable de situations toutes assez
communes.
311.
conventions, des relations de nature hirarchique semblent tre absentes dune structure
conventionnelle propos de laquelle est pourtant frquemment voque la notion de
hirarchie, celle forme par les diffrents niveaux de conventions et accords collectifs de
travail.
172
LABSENCE
CHAPITRE
SECOND
RAPPORTS
HIRARCHIQUES
ENTRE
INATTENDUE
DE
CONVENTIONS
ET
312.
Cest indniablement propos des rapports entre les diffrents niveaux de conventions
313.
Avant daller plus loin sur ce point, un bref rappel et quelques explications simposent
propos des rgles darticulation des diffrents niveaux de conventions et accords collectifs
de travail. Nous nenvisagerons ici, comme ailleurs, que la question de la hirarchie en termes
de rapport de production entre deux normes, autrement dit, il sera question de savoir si
une convention collective peut dterminer un lment dune autre convention collective sous
peine de nullit ou dinopposabilit de cette dernire. Cest ce stade quune ambigut
pourrait apparatre. Il est en effet rgulirement soutenu en droit du travail que lorsquune
rgle prime sur une autre au stade de lapplication celle qui est carte est inopposable 909.
Or, linopposabilit tant nos yeux une varit dinvalidit cela signifierait que lorsquune
convention collective est carte ( inoppose ) au stade de lapplication, elle serait
hirarchiquement infrieure celle qui reoit application.
Quelques prcisions doivent tre apportes. Si lon comprend aisment que lon parle
908
Une recherche de cette locution sur une base de donnes juridiques oriente invitablement et quasiexclusivement le chercheur vers lunivers travailliste.
909
En ce sens, E. JEANSEN, Larticulation des sources du droit, Essai en droit du travail, (prface B.
TEYSSIE) Economica, Coll. Recherches juridiques, 2008, n 101, p. 85 qui crit que la suprmatie de la
convention collective sur le contrat de travail est assure par la technique exceptionnelle dans notre droit de
linopposabilit des clauses contractuelles contraires aux conventions collectives .
173
314.
conventions collectives a connu de nombreuses volutions en peine un peu plus dun sicle.
Si lorigine910, la convention collective de travail, contrat sui generis, est marque par une
grande libert contractuelle, les rformes successives intervenues en la matire modifient la
nature des liens entre les conventions et accords ayant un champ dapplication diffrent. Ds
avant la seconde guerre mondiale, en 1919 et en 1936, le lgislateur sempare de la
question. Mais cest compter de 1946911 que la libert contractuelle qui tait de mise avant
guerre sefface au profit dun systme dans lequel la conclusion dune convention requiert une
autorisation des autorits publiques, le contenu de la convention tant dtermin par la loi qui
prcise quelles doivent tre les questions incluses ou exclues de la ngociation. Cest avec
cette loi que lon commence parler de hirarchie entre les diffrents niveaux de conventions
collectives. Il est alors prcisment question de hirarchie chronologique 912. Cest en effet
seulement aprs que les partenaires sociaux aient ngoci une convention nationale et que
celle-ci ait t agre par le gouvernement, que les partenaires rgionaux ou locaux pouvaient
910
Sur lhistoire des conventions collectives, v. J. LE GOFF, La naissance des conventions collectives ,
Droits, 12, 1990, p. 67.
911
Loi n 46-2924 du 23 dcembre 1946 relative aux conventions collectives de travail, Dr. soc., 1947, p. 114.
912
N. DAUXERRE, Le rle de la convention collective dans la production de la norme sociale, op. cit., n 253,
p. 292.
174
315.
Avec la promulgation des lois de 1971 et 1982, le droit positif est dsormais anim par
G. VACHET, Les conflits entre conventions collectives en droit franais, Thse, Lyon III, 1977, p. 165.
914
P. DURAND, Pouvoir syndical et puissance publique : propos de la loi d 23 dcembre 1946 sur les
conventions collectives , D. 1947, Chron., p. 42.
915
M.-A. SOURIAC, Les accords collectifs au niveau de lentreprise, Thse, Paris I, 1986, p. 1299.
916
Ibid. ; M. DESPAX, La place de la convention dentreprise dans le systme conventionnel , Dr. Soc. 1988,
p. 9.
917
T. TAURAN, Remarques sur la complexit actuelle des normes juridiques : lexemple du droit du travail ,
RRJ, 2003-2, vol. I, p. 933 spc. p. 935 et suivantes o lauteur parle du droit du travail, branche complexe .
918
175
JEAMMAUD, Les principes dans le droit franais du travail , Dr. soc., 1982, p. 618 spc. p. 623.
919
Il nexiste pas en principe de restrictions de la comptence ngociatrice des diffrents niveaux , N.
ALIPRANTIS, Conflits entre conventions collectives de niveaux diffrents : tude comparative , RIDC, 11987, p. 14 ; v. galement, N. DAUXERRE, op. cit., n 256, p. 296, chaque niveau possde un pouvoir
normatif propre avec lentire libert de rgler toutes questions .
920
921
Que lon peut dfinir comme un accord ayant pour rle de fixer les orientations, les mthodes ou lobjet de
lexercice du droit la ngociation collective diffrents niveaux M.-L. MORIN, F. TEYSSIER, Laccordcadre , Dr. soc., 1988, p. 741, n 1.
922
Les premiers, qui ont pour objet dinterdire des niveaux infrieurs daborder un point dj trait au niveau
suprieur et dclar autosuffisant , sont, selon plusieurs auteurs, illicites (v. sur ce point, M. DESPAX,
prcit, p. 15). Les seconds, qui comme leur nom lindique visent encadrer sur le fond ou la forme les accords
des niveaux infrieurs, ont une efficacit juridique limite (v. sur ce point, M.-L. MORIN., F. TEYSSIER, ibid.,
n 12 et s. p. 747 et s.). v. galement sur ce point, concluant que lencadrement des conventions dentreprise
par des conventions de niveau suprieur, sil est rel, a une porte juridique () limite , S. FROSSARD,
Lencadrement des conventions collectives dentreprise par les conventions de champ dapplication plus
large , Dr. soc. 2000, p. 617 et s.
923
Sur le principe de faveur v. Y. CHALARON, Lapplication de la disposition la plus favorable op. cit., p.
243 ; A. CHEVILLARD La notion de disposition la plus favorable , Dr. soc. 1993, p. 363 ; A. JEAMMAUD,
Le principe de faveur : enqute sur une rgle mergente Dr. soc. 1999, p. 115 ; S. LAULOM et N. MERLEY,
La fabrication du principe de faveur , Revue de droit du travail, 2009, p. 219 ; V. OGIER-BERNAUD, Le
Conseil constitutionnel et lembarrassant principe de faveur , RFDC, 2003, n 55, p. 567 et s., galement
publi in, SSL, 2003, n 1111, p. 6 ; J. PELISSIER, Existe-t-il un principe de faveur, en droit du travail ? in,
Mlanges ddis au Prsident M. DESPAX, PU De sciences sociales de Toulouse, 2001, p. 389.
924
J.-M. OLIVIER, Les conflits de sources en droit du travail , prcit, p. 206, qui relve largument, mais
ny adhre pas.
176
A. Stipulations rfrences.
316.
Avant la loi du 4 mai 2004, le principe tait simple. Une convention ou un accord
925
Par souci de simplicit, nous ne raisonnerons que sur les rapports entre les conventions de branche et
dentreprise. Occulter les autres rapports conventionnels ne change cependant rien notre raisonnement, les
conclusions seraient identiques si lon prenait en compte les autres niveaux de ngociation, les diffrences de
rgime dans larticulation de ces accords, qui compliqueraient la prsentation, nont aucun effet sur ce que nous
entendons souligner.
926
Cest avec cet adage que Madame SOURIAC rsume les rgles darticulation des diffrents niveaux de
ngociation collective depuis la rforme du 4 mai 2004 v., Larticulation des niveaux de ngociation , Dr.
soc., 2004, n 6, p. 583.
927
Sur cet adage v., H. ROLAND, L. BOYER, Adages du droit franais, 4me dition, Litec, n 418, p. 843
928
Le premier alina de larticle nonce, par exception, qu en matire de salaires minima, de classifications,
de garanties collectives complmentaires mentionnes l'article L. 912-1 du Code de la scurit sociale et de
mutualisation des fonds de la formation professionnelle, une convention ou un accord d'entreprise ou
d'tablissement ne peut comporter des clauses drogeant celles des conventions de branche ou accords
professionnels ou interprofessionnels .
929
930
Lauteur fait ici rfrence une distinction faite par KELSEN entre deux types de systmes juridiques. Dans
177
317.
pas question de revenir ici sur la distinction entre larticulation et la cration des normes que
nous avons dj voque plusieurs fois. Il est en revanche opportun de souligner que le Code
du travail pose clairement la distinction entre validit et articulation des conventions et
accords collectifs de travail. Ce code consacre dans un Livre de sa seconde partie un Titre
III aux conditions de ngociation et de conclusion des conventions et accords collectifs de
travail , dans lequel un premier Chapitre est rserv aux conditions de validit 934 de ces
les uns, dits dynamiques, la norme suprieure ne dtermine que des conditions de forme qu'une norme infrieure
doit respecter pour tre valable. Dans les autres, dits statiques, la norme suprieure ne vise qu' instaurer une
correspondance au fond entre son contenu et celui de la norme infrieure. Pour lauteur, les deux systmes
peuvent tre, et sont souvent, mls. Sur ces points, v. Thorie pure du droit, op. cit., p. 195 et 196 et Thorie
gnrale des normes, op. cit., p. 346.
931
932
J. PELISSIER, A. JEAMMAUD, A. SUPIOT, Droit du travail, 20me dition, op. cit., , n 94, p. 111,
Comparer avec J. PELISSIER, Existe-t-il un principe de faveur en droit du travail ? , in, Mlanges ddis au
Prsident M. DESPAX, PU des sciences sociales de Toulouse, 2001, p. 390, qui crit, seul, que quelle que soit la
norme dont il sagit, loi, jurisprudence, convention, le principe de faveur ne concerne pas llaboration des
normes du travail .
933
934
178
318.
936
notre connaissance, et lexception de Madame DAUXERRE dont les conclusions ont t exposes.
937
P. MORVAN, Conventions et accords drogatoires aprs la loi du 4 mai 2004 : de la thorie des flaques
deau , in, Le nouveau droit de la ngociation collective, (Direction B. TEYSSIE), ditions Panthon-Assas,
srie Colloques , 2004, n 45, p. 37 ; Dans le mme sens, niant lide de hirarchie entre les conventions
collectives, v. par exemple : N. ALIPRANTIS, op. cit., p. 202 et s. il nexiste pas de hirarchie entre les
diffrentes catgories de conventions collectives en droit franais , article prcit, p. 26 et 28 ; M. DESPAX,
article prcit, p. 9, On est donc parti dune conception trs hirarchise, dun systme conventionnel
construit sur le mode pyramidal () pour aboutir un systme o lhorizontalit lemporte sur la verticalit. La
loi, sauf exceptions, () ninstitue pas de chronologie ni de hirarchie bien dfinie ; E. JEANSEN op. cit., n
92 et s. p. 78 80 qui parle de la difficile affirmation dun dispositif hirarchique entre conventions ; M.-L.
MORIN, Le droit des salaris la ngociation collective, principe gnral du droit, (prface M. DESPAX),
LGDJ, Coll. Bibliothque de droit social, Tome 27, 1994, n 688 692, p. 570 573 ; M.-L. MORIN, F.
TEYSSIER, Laccord cadre , Dr. soc., 1988, p. 745 On peut dire quil nexiste pas dans notre droit de
179
939
Y. CHALARON, J.-Cl., Travail Trait, Fasc. 1-36, 2000, n 36, o lauteur crit, Le principe hirarchique
ne va pas jusqu confrer lacte suprieur une autorit sur les actes infrieurs identiques celle dune loi
dordre public sur les conventions () il est dailleurs en gnral admis que la violation du principe
hirarchique exprim par les articles L. 132-13 et L. 132-23 (aujourdhui L. 2252-1 et L. 2253-3 alina 2) nest
pas sanctionne par la nullit .
940
En se sens, N. ALIPRANTIS, op. cit., p. 204 ; Y. CHALARON, Laccord drogatoire en matire de temps
de travail , Dr. soc., 1998, p. 358.
942
Si lon se rfre aux chiffres fournis par Monsieur RAY, plus les conventions ont un champ dapplication
troit, plus elles sont nombreuses, Droit du travail, Droit vivant, 18me dition, LIAISONS, 2009, n 1063, p.
641 ; v. sur la reprsentation mtaphorique de larticulation des diffrents niveaux de conventions et accords
collectifs, P. MORVAN, Conventions et accords drogatoires aprs la loi du 4 mai 2004 : de la thorie des
flaques deau , prcit, p. 37, qui substitue limage de la pyramide celle des flaques deau sur le sol,
parses, rpandues les unes ct des autres. Dune envergure variable, selon ltendue de leur champ
dapplication () gnralement distinctes les unes des autres mais, parfois, se superpos[ant] et se
confon[dant] .
180
Ce constat doit cependant tre nuanc. Si la loi ntablit pas de manire gnrale une
hirarchie entre conventions et accords collectifs de diffrents niveaux, elle peut le faire de
manire exceptionnelle.
320.
321.
issu de la loi du 12 novembre 1996. Cette dernire, traduction lgislative de laccord national
interprofessionnel du 31 octobre 1995945, qui hsitait dj entre la raffirmation de
lautonomie des niveaux et la tentation dune plus grande hirarchie 946, prvoyait une
drogation au monopole des dlgus syndicaux en matire de ngociation dans lentreprise.
Pour mettre un terme cette situation, et lever ainsi lcueil que constituait le dfaut de
dlgus syndicaux dans certaines entreprises, les partenaires sociaux, relays par le
lgislateur, ont souhait quil puisse tre drog ce monopole en permettant une ngociation
avec les reprsentants des lus du personnel. Dans ce systme, un rle important tait attribu
aux conventions collectives de branche puisque la loi nhabilitait pas directement ces
[nouveaux] ngociateurs ; un accord de mthode [tait] en effet ncessaire pour les
habiliter 947. Larticle 6 de la loi cite disposait en effet quil revenait notamment ce niveau
de ngociation de prvoir, en labsence de dlgus syndicaux, que des reprsentants lus du
personnel (article 6 I) ou des salaris mandats (6 II) auraient la capacit de conclure dans
lentreprise des accords collectifs. Ce niveau de ngociation devait encore prvoir le champ
du ngociable et les modalits dites de validation de laccord par une commission paritaire
943
Madame DAUXERRE, considre dailleurs que la facult confre chaque niveau de ngociation de
droger au niveau suprieur participe largement du renversement de la hirarchie des normes voire de sa
suppression , Thse prcite, n 333, p. 388.
944
La formule est de Monsieur F. PETIT Lordre public drogatoire , RJS, 4/07, Chronique, p. 4.
945
Sur cet accord v. G. COIN, Politique contractuelle : laccord interprofessionnel du 31 octobre 1995 , Dr.
soc., 1996, n 1, p. 3.
946
181
322.
fois-ci par la loi du 4 mai 2004, rintroduisait galement entre les conventions et accords de
diffrents niveaux des relations hirarchiques. Le lgislateur a, paralllement la libration
des niveaux de ngociation, voulu redonner une lgitimit aux accords dentreprise951. Cette
qute a conduit la conscration de lide majoritaire 952, c'est--dire un mode de
formation des conventions et accords collectifs permettant dviter que, comme auparavant,
un seul syndicat reprsentatif, mme minoritaire, puisse par sa seule signature former
laccord. Cette volont majoritaire sest traduite, au niveau de lentreprise, par un double
choix sur des modalits de validation de laccord. Laccord dentreprise tait en effet valid
soit par la signature dun syndicat majoritaire ou par la ratification par un vote des salaris de
lentreprise la majorit, soit par labsence dopposition dun ou plusieurs syndicats
reprsentant la majorit des salaris dans un certain dlai. Or, le choix entre ces diffrentes
modalits, et cest ce point qui prsente un intrt particulier, tait la discrtion des
ngociateurs du niveau de la branche ou de linterprofession. Cest en effet une convention
ou un accord tendu de ces niveaux quil revenait de prciser la modalit retenue pour
948
Sur ce point et plus gnralement sur la reprise de ces dispositions dans la loi du 4 mai 2004, v. G.
BORENFREUND, La ngociation collective dans les entreprises dpourvues de dlgus syndicaux , Dr.
soc., 2004, p. 606 en partic. 609.
950
Seule subsiste, dans une certaine mesure, lobligation de validation par une commission paritaire de branche.
951
J.-E. RAY, Les curieux accords dits majoritaires dans la loi du 4 mai 2004 , Dr. soc., 2004, n 6, p. 590.
952
Ibid.
182
323.
*
*
953
Ancien article L. 132-2-2 III du Code du travail qui disposait alors III. - Une convention de branche ou un
accord professionnel tendu conclu conformment aux dispositions du II dtermine les conditions de validit des
conventions ou accords d'entreprise ou d'tablissement, en retenant l'une ou l'autre des modalits numres
aux 1 et 2 ci-aprs : 1 Soit la convention ou l'accord d'entreprise ou d'tablissement est sign par une ou des
organisations syndicales de salaris reprsentatives ayant recueilli au moins la moiti des suffrages exprims au
premier tour des dernires lections au comit d'entreprise ou, dfaut, des dlgus du personnel ; si les
organisations syndicales de salaris signataires ne satisfont pas la condition de majorit, le texte peut tre
soumis, dans des conditions fixes par dcret et devant respecter les principes gnraux du droit lectoral,
l'approbation, la majorit des suffrages exprims, des salaris de l'entreprise ou de l'tablissement,
l'initiative des organisations syndicales de salaris signataires, laquelle des organisations syndicales de
salaris non signataires peuvent s'associer ; 2 Soit la convention ou l'accord d'entreprise ou d'tablissement est
subordonne l'absence d'opposition d'une ou plusieurs organisations syndicales de salaris reprsentatives
ayant recueilli au moins la moiti des suffrages exprims au premier tour des dernires lections au comit
d'entreprise ou, dfaut, des dlgus du personnel. L'opposition est exprime dans un dlai de huit jours
compter de la date de notification de cet accord .
954
Larticle L. 123-2-2 III ci-dessus qui voque bien les conditions de validit des conventions dentreprise ou
dtablissement .
955
Article L. 2232-12, L. 2232-13, L. 2232-22 ; L. 2232-27 pour les accords dentreprise ; L. 2232-34 pour les
accords de groupe.
183
Conclusion du titre second Le droit positif recle dexemples dans lesquels une
convention dtermine lune au moins des conditions de validit dun autre acte de mme
nature juridique.
325.
Le phnomne est dabord remarquable en prsence de ce que lon peut nommer des
Il est en effet parfaitement concevable de parler de supriorit hirarchique dune norme sur une autre quand
bien mme la violation de la norme suprieure par la norme infrieure nemporte pas llimination systmatique
de cette dernire. Si laffirmation peut surprendre, quelques exemples tirs du droit public permettront de la
soutenir. Nul ne doute aujourdhui que la Constitution du 4 octobre 1958 soit une norme systmatiquement
suprieure la loi. Or, si dans limmense majorit des cas une violation de la norme fondamentale par une
disposition lgislative entrane linvalidit de la loi (nous laissons de ct ici les hypothses dans lesquelles une
loi nest jamais dfre au Conseil constitutionnel qui napporte rien de particulier notre raisonnement) cela
nest pas systmatiquement le cas. Entre une dcision de conformit et une dcision de non-conformit, le juge
constitutionnel dispose dune troisime voie dcisionnelle (I. MONTEILLET, L'influence l'gard des
juridictions ordinaires des rserves d'interprtation formules par le Conseil constitutionnel dans ses dcisions ,
Gaz. Pal., 01 juin 2002 n 152, p. 3) celle dune dcision de conformit accompagne dune rserve
dinterprtation. Dans une telle hypothse, le Conseil ajoute au texte ce qui lui manque pour tre conforme,
sous couleur de linterprter (L. FAVOREU, La dcision de constitutionnalit , cit par, X. SAMUEL, Les
rserves dinterprtation mises par le Conseil constitutionnel, http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseilconstitutionnel/root/bank_mm/pdf/Conseil/reserves.pdf, 2007, p. 13). Le texte dpourvu de rserves
dinterprtation constructive nest donc pas conforme la Constitution. Pour autant, ce texte est sauv et sa
validit nest pas, en dpit dune violation de la norme fondamentale, atteint dans sa validit. La Constitution
nen perd pas pour autant en principe son statut de norme hirarchiquement suprieure la loi. Le droit
administratif permettrait galement de faire le mme constat. Si la loi est toujours hirarchiquement suprieure
aux actes administratifs (R. CHAPUS, De la soumission au droit des rglements autonomes , D. 1960, Ch., p.
184
dterminer, en partie, les conditions de la validit dune autre convention. Cela ne doit pas
conduire identifier des relations de ce type dans tous les rapports conventionnels et il faut
mme, de manire sans doute l encore assez surprenante, nier lexistence de rapports
hirarchiques entre les conventions et accords collectifs de travail. Si cest incontestablement
en la matire que lide dapercevoir des relations hirarchiques entre conventions a germ,
lexception de quelques hypothses prcises (et phmres), le principe nous semble bien tre
que les conventions et accords collectifs ayant le champ dapplication le plus large ne
conditionnent pas la validit des conventions et accords collectifs de travail ayant un champ
dapplication moins tendu. Si les conventions des niveaux les plus levs influencent
indniablement le contenu des actes des niveaux les moins levs, cette influence ne
conditionne pas la validit des conventions et accords improprement considrs comme
hirarchiquement infrieurs.
*
*
22), des auteurs ont pourtant relev quil existait plusieurs procds permettant dviter l'annulation dun acte
illgal (B. SEILLER, Lillgalit sans lannulation , AJDA 2004 p. 963), l encore, la loi reste
potentiellement hirarchiquement suprieure aux actes administratifs). Toute violation dune norme par une autre
qui lui est infrieure nentraine donc pas systmatiquement linvalidit de la norme infrieure. En revanche,
dfaut de possibilit dune telle sanction, il ny a pas de hirarchie entre deux normes.
185
328.
Dun point de vue thorique, lexistence dun rapport de validit entre deux actes
semble pouvoir sexpliquer par une analyse du contrat comme une norme juridique. Sil
apparat effectivement malais de rendre compte du phnomne dcrit en termes de droits
subjectifs ou dobligations, la chose devient plus claire lorsque lon accepte de considrer le
contrat comme une rgle de Droit qui, se comportant comme toutes les autres rgles de cette
nature, peut parfaitement fonder la validit dautres actes juridiques.
Admettre que le contrat est une norme juridique suppose daccepter pralablement que
le contrat est une norme, autrement dit le sens dun nonc qui pose un modle de
comportement en vertu duquel quelque chose doit tre. Assurment, tel est le cas du contrat
qui par les obligations quil cre, ou par les effets non obligationnels quil produit, pose des
modles de ce que doit tre un comportement humain. Ces modles sont aussi varis que ceux
que peuvent produire toutes les normes thiques. Le contrat peut en effet, comme ces normes,
habiliter, interdire, obliger et autoriser.
La convention est une norme, elle est encore une norme de nature juridique.
Laffirmation ncessitait dcarter dabord lune des caractristiques supposes de la rgle de
Droit, sa gnralit (le contrat tant presque invariablement une norme concrte). En dpit de
la quasi-unanimit doctrinale sur ce point, nous avons montr que la gnralit ne pouvait
plus tre tenue comme une qualit de la rgle de Droit. Cette suppose qualit de la norme
juridique ne repose plus sur aucun fondement, ni historique, ni philosophique, ni (et cest l
lessentiel) juridique ou logique. Cela tant acquis, il fallait alors dmontrer que la convention
remplissait la condition de la juridicit, autrement dit son intgration lordre juridique, c'est-dire quelle tire sa validit du respect des prescriptions dautres normes hirarchiquement
suprieures. La thorie de lautonomie de la volont qui, en fondant la force obligatoire de la
convention sur la seule puissance de la volont (celle-ci faisant face la loi ), pouvait
apparatre comme un obstacle lintgration de la convention au systme juridique, na pas
plus que la gnralit de la loi sa place dans le droit positif. Cette doctrine est une doctrine
politique ou philosophique, elle na pas, et na sans doute jamais eu, de valeur en tant que
186
329.
Ltude du droit positif permet de confirmer cette conclusion dun point de vue
De manire sans doute moins vidente, les conventions change jouent galement
de manire trs frquente le rle de normes de constitution lgard dautres conventions.
Les avant-contrats de vente, les conventions dinalinabilit, le mandat ou encore les contrats
principaux lgard des sous-contrats, sont autant de conventions dont les stipulations posent
un modle de comportement en vertu duquel la validit dautres actes (la future vente ou
alination, lacte juridique accompli par le mandataire ou la convention en sous-ordre) sera
apprcie.
330.
ajouter celle-ci bien dautres conventions. La vente, par exemple, en transfrant la proprit
de la chose vendue de primus secundus, permet ce dernier de pouvoir disposer son tour
valablement du bien acquis. Cest donc en rfrence cette convention et ses stipulations
187
331.
coproprit et les autres conventions choisies, nous avons entendu dmontrer, outre la ralit
et limportance de la hirarchisation des conventions en droit priv, un autre aspect de la
question, son caractre commun et ancien . Les contrats tudis sont, pour la plupart, issus
du Code civil et sont de vieux contrats . Plusieurs prexistaient la codification
Napolonienne. Le phnomne de hirarchie des conventions est donc une ralit, une ralit
ancienne, une ralit presque banale, prsente dans les situations les plus classiques.
332.
957
Mme sil a t trs brillamment dmontr que la correspondance entre la titularit des droits sur une chose et
le pouvoir daliner celle-ci ntait pas parfaite, v. sur ce point, I. TOSI, Acte translatif et titularit des droits,
(prface M.-L. IZORCHE-MATHIEU), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 471, 2006.
188
333.
entendu pas automatique. La remarque est vidente, le dernier exemple tudi, celui des
rapports entre les conventions et accords collectifs de travail, dmontre que des conventions,
entretenant pourtant certains liens troits, nentretiennent pas ncessairement pour autant des
relations hirarchiques. Plusieurs lments sont indispensables pour que sinstaure un lien de
validit entre deux conventions que lon peut classer dans deux catgories distinctes.
334.
335.
Une fois un lien entre plusieurs conventions tabli, il sera alors possible de dcrire les
lments dcisifs en ce quils permettent de crer un lien de validit entre deux actes
conventionnels. En nous inspirant nouveau du champ lexical du droit pnal, nous dcrierons
les lments constitutifs du lien hirarchique (TITRE SECOND).
958
Sur cette notion v. J.-P. DOUCET, La condition pralable linfraction , Gaz. Pal., 1972, II, Doct., 726 ;
plus rcemment, B. THELLIER DE PONCHEVILLE, La condition pralable de linfraction , (prface A.
VARINARD), PUAM, Coll. Institut de Sciences Pnales et de Criminologie, 2010.
959
190
nature 960. Rapport notre question, la dfinition de la hirarchie impose donc dtablir une
pluralit dlments et lidentit de nature de ceux-ci. Autrement dit, une hirarchie de normes
conventionnelles ne peut voir le jour qu la condition sine qua non que soit tablie la
prsence de plusieurs normes et la nature conventionnelle de celles-ci (CHAPITRE PREMIER).
337.
dans lesquelles peut spanouir une hirarchie entre conventions. Deux actes qui porteraient
sur des points parfaitement trangers nauraient en effet aucune chance dentretenir une
relation de validit. Un lien entre les deux conventions est donc indispensable la mise en
ordre hirarchique de deux conventions. Il ne peut y avoir de hirarchie que si les conventions
en prsence ont certains points communs (CHAPITRE SECOND).
960
191
condition que les normes hirarchises aient une nature conventionnelle et que lon soit en
prsence dune relle pluralit de normes. Lnonc de ces deux conditions apparat nous
lavons dit particulirement vident. Cette vidence ne doit pas dissimuler la richesse des
remarques qui mritent dtre formules aussi bien lgard de la nature des normes
hirarchises (SECTION I) que de la pluralit de normes ncessaire pour tablir une hirarchie
(SECTION II).
Toutes les situations que nous avons prsentes dans notre premire partie mettent au
premier abord en relation des actes qui ont tous une nature conventionnelle. Or, si la nature
juridique de certains actes, comme les sous-contrats, la vente ou le mandat, ne font pas dbat,
il est bien connu que la nature juridique de la socit, de lassociation, du rglement de
coproprit ou mme des conventions matrimoniales, soulve un dbat rcurent. Il y aurait en
droit positif des conventions classiques et dautres conventions dites mixtes, dualistes,
hybrides, rglementaires, institutionnelles, en un mot (compos), pluri-dimensionnelles961.
340.
importante. Il semble en effet que le droit positif soit imprgn par la thse latente selon
laquelle la nature de certaines conventions jouerait un rle dans ltablissement dune
relation hirarchique. Les conventions la nature complexe seraient naturellement appeles
dominer les conventions la nature simple . Sil ne saurait y avoir de hirarchie, nous
lavons dit, sans une pluralit de conventions, nous montrerons que les conventions en rapport
peuvent tre indiffremment de nature uni ou pluri-dimensionnelle sans que cela ninflue en
rien sur la place respective de chaque acte dans la hirarchie. Lexistence de plusieurs
conventions est ncessaire, elle est galement cet gard, suffisante (1).
961
192
nos yeux, le constat annonc tient ce quil nexiste pas en droit positif de
342.
Lanalyse pluri-dimensionnelle des actes auxquels lon prte cette nature et, a fortiori,
343.
Nous lavons dj relev dans notre introduction, puis lore de notre premire
partie, le contrat ne trouve en gnral pas sa place au sein de la prsentation traditionnelle des
sources du Droit. Cet acte nest habituellement pas cit comme un lment intressant (ou
modifiant) le Droit objectif. Quelques exceptions sont cependant faites cette prsentation par
la doctrine majoritaire qui intgre alors dans les sources du Droit quelques actes aux
stipulations gnrales comme les conventions collectives de travail, les contrats de socit ou
dassociation962, les conventions matrimoniales ou mme les conventions collectives en
matire locative963, les contrats-types964 ou encore, les contrats dadhsion. Cette prsentation
nest autre que le fruit de lanalyse pluri-dimensionnelle de tous ces actes. Elle permet alors
de concevoir que certaines conventions sont des sources du droit des contrats 965,
autrement dit, quil existe des rapports hirarchiques entre ces conventions et dautres. Pour
962
condition que ces groupements aient un grand nombre de membres, en ce sens v. G. MARTY, De la
place des conventions dans lordonnancement juridique , prcit ; G. RENARD, La thorie de linstitution,
essai dontologie juridique, Sirey, 1930, par exemple p. 377 et s. ; G. ROUJOU DE BOUBBEE, Essai sur lacte
juridique collectif, (direction G. MARTY), LGDJ, 1961, p. 270, qui admet cependant que cette prcision pose un
problme de seuil bien difficile rsoudre .
963
964
J.-L. BERGEL, op. cit., n 43-1, p. 56 ; G. CHANTEPIE, De la nature contractuelle des contrats-types ,
RDC, 2009, n 3, p.1233 ; D. MAINGUY, Introduction gnrale au droit, op. cit., n 183, p. 154 ; J.-J NUEUR,
Le contrat-institution : essai sur les modes de formation du contrat en droit priv , LPA, 19 juin 1995, n 73,
p. 4, n 27.
965
193
344.
966
L. DUGUIT, Trait de droit constitutionnel, Troisime dition, Tome I, La rgle de Droit, le problme de
ltat, Paris, E. De Boccard, 1927, spc. . 39, p. 399 propos de la socit et de lassociation ; . 40, p. 413
propos des conventions collectives de travail.
967
968
M. HAURIOU, La thorie de linstitution et de la fondation. Essai de vitalisme social , in, Aux sources du
Droit, Le pouvoir, lordre et la libert, Cahiers de la nouvelle journe, 1933, p. 127 et 128, lauteur ajoute
encore : ce sont les institutions qui font les rgles de droit, ce ne sont pas les rgles de droit qui font
linstitution ; v. galement sur ce point, J. BRETHE DE LA GRESSAYE, La convention collective de travail
est-elle un contrat ? , in, tudes de droit civil la mmoire dHenri Capitant, Dalloz, 1939, p. 101 et spc. p.
107 et Y. PUYO, Essai sur le contrat et linstitution, Les relations entre les groupements institutionnels et le
contrat en droit priv, Thse prcite, en particulier n 249, p. 174.
969
Nous navons cit que les thses rglementaires et institutionnelles, mais nous aurions galement pu faire
mention de la thse de Monsieur ROUJOU DE BOUBBEE qui qualifie certains des actes voqus dactes
collectifs . Ce type dactes, tendance normative peut, selon lauteur, tre considr comme faisant partie
des rgles de Droit v. op. cit., p. 264 et s.
970
Cest cette conclusion quarrive MARTY dans son article sur la place des conventions dans
lordonnancement juridique (prcit). Pour cet auteur, si la convention ne peut tre intgre lordre juridique,
il en va diffremment de ce quil consent considrer comme des actes-rgles (article prcit, spc. p. 83)
comme les conventions collectives, les contrats-types ou, dans une moindre mesure, les socits. Lauteur admet
en conclusion que les rgles conventionnelles porte gnrale peuvent, mais aussi doivent, tre comptes
parmi les sources du Droit objectif (p. 84).
971
V. par exemple A. MAZEAUD, Droit du travail, 6me dition, Montchrestien, Coll. Prcis Domat, 2008, n
321 p. 257 qui crit que la convention collective prime sur le contrat de travail, parce quelle lui est dune
nature suprieure ; prcisons dailleurs que mme certains partisans dune approche normativiste du contrat
considrent que les contrats effets rglementaires priment hirarchiquement sur les simples contrats. V. en
194
345.
J.-L. BERGEL, op. cit., n 170, p. 198 et 199 ; J. LAFOND, La coproprit, contrat ou institution ? ,
Administrer, Mars 1977, p. 4 ; G. RENARD, La thorie de linstitution, essai dontologie juridique, op. cit., p.
364 qui crit que la hirarchie est la loi de linstitution .
973
975
M. FABRE-MAGNAN, Droit des obligations, op. cit., p. 121, lauteur voque les statuts dune socit
cooprative, dans la note n1.
195
346.
Ce prsuppos, aussi vif soit-il, doit tre condamn. La nature juridique des
347.
sur une convention uni-dimensionnelle (1) comme sur une convention de mme nature (2).
1. Sur une norme uni-dimensionnelle .
348.
convention simple. Laffirmation nappelle sans doute aucune remarque particulire. Il parat
vident, tant dun point de vue thorique (et ce, quel que soit le parti que lon prenne), que
dun point de vue empirique, quune telle mise en ordre hirarchique puisse se raliser.
349.
Le droit positif offre une multitude dexemples de cette domination possible des
976
Lauteur crit prcisment : la convention place au bas de la hirarchie est toujours constitue par une
convention individuelle . Le terme individuel est pour lauteur synonyme de convention simple . Sil ne
parle pas de conventions la nature purement conventionnelle ou mixte dans la mesure o il nie cette
distinction (nous y reviendrons), il oppose en revanche les actes collectifs (ce qui dsigne chez lui les actes
formation ou effets collectifs retenant ainsi les deux dfinitions des actes collectifs donnes par Messieurs
ROUAST et ROUJOU DE BOUBBEE) aux actes individuels . Cela tant, si le critre de lopposition nest
pas le mme, les contours des deux catgories sont identiques. Monsieur Perrouin qualifie par exemple dactes
collectifs , les conventions collectives de travail, les statuts de personnes morales, le contrat de mariage ou le
rglement de coproprit.
977
J. PERROUIN, Thse prcite, n 788, p. 344 ; v. encore n 159, p. 100 ( le mcanisme lgal de la
hirarchisation, comme la procdure administrative conduisent reconnatre la primaut dun acte collectif sur
dautres actes collectifs ou sur des contrats individuels - le propos est cependant ici rserv un type
particulier de hirarchie) ; et n 795, p. 346 (o lauteur parle de manire gnrale cette fois-ci des conventions
individuelles qui occupent la base de toutes les structures hirarchiques ).
978
En matire de recours pour excs de pouvoir, si le juge nadmet pas en principe de recours contre un acte
violant un contrat administratif (sil ne soumet pas la validit dun acte administratif au respect des stipulations
contractuelles), ce recours est admis au contraire si la convention est rglementaire (la convention dtermine
alors les conditions de validit dun autre acte juridique). Sur cette question v. D. PEANO, J.-Cl. Administratif,
v Recours pour excs de pouvoir, fasc. 1150, n 36 ; D. DE BECHILLON, Le contrat comme norme dans le
droit public positif , prcit, p. 26 et 27.
196
350.
incontestable, lhypothse prsente nous parat, elle, soulever demble plus dinterrogations.
Pourtant, dun point de vue thorique, aucun obstacle ne peut sopposer vritablement la
reconnaissance de cette hypothse ; mme si lon attachait la conception classique des
sources du Droit. Laspect thorique de la question ne soulve donc a priori aucune difficult.
Cest si lon se place dun point de vue empirique que la rponse la question pose peut
sembler moins vidente. En effet, il y a sans aucun doute un moins grand nombre de situations
dans lesquelles une convention prsentant une nature prtendument hybride dtermine lune
des conditions de la validit dune autre convention de mme nature, que dans lhypothse
prcdemment tudie. Cela tant, quelques situations permettent de valider cette seconde
hypothse. Nous en avons tudi quelques unes, mme si elles taient exceptionnelles, en
matire de conventions collectives de travail. Nous en tudierons rapidement une autre
varit.
351.
nous lavons vu, les poux maris sous un rgime communautaire peuvent en principe
administrer et disposer seuls des biens de la communaut (article 1421 du Code civil). Cette
rgle connait cependant quelques exceptions comme celle prvue lalina premier de
larticle 1424 du Code civil qui dispose que les poux ne peuvent, l'un sans l'autre, aliner
ou grever de droits rels les immeubles, fonds de commerce et exploitations dpendant de la
communaut, non plus que les droits sociaux non ngociables et les meubles corporels dont
l'alination est soumise publicit . Lun des poux ne peut donc pas apporter en socit un
197
352.
pluri-dimensionnelle sur une autre. Le caractre commun dun bien dpend en effet des
stipulations de la convention matrimoniale. Cest donc par rfrence aux stipulations du
contrat de mariage que la validit de lapport en socit, et donc de la socit, sera apprcie.
Lacte pluri-dimensionnel quest la convention matrimoniale est hirarchiquement suprieur
un autre acte de mme nature, le contrat de socit.
353.
Une convention la nature dualiste peut donc dominer une convention de mme
nature ou une convention simple. Reste dsormais dmontrer quune convention qui ne
prsente pas cette spcificit peut galement tre une convention hirarchiquement suprieure
une autre convention de quelque nature que ce soit.
B. Supriorit dune norme uni-dimensionnelle .
354.
Ce cas de figure est nen pas douter le plus intressant dun point de vue thorique.
En ce sens, F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 495, p. 397 ; Civ. 1, 2
dcembre 1975, JCP G, 1976, II, 18390, note Y. CHARTIER, solution implicite.
980
981
Ibid.
198
355.
356.
accompli en application de cette convention ; celui quun contrat principal dtermine en partie
les conditions dans lesquelles un sous-contrat sera rgulirement form ; quun avant-contrat
de vente dtermine dans des circonstances donnes les conditions de la validit de la vente
dun bien objet de lavant-contrat ; ou enfin, la liste ntant bien entendu pas exhaustive, celui
quune vente dtermine les conditions de la validit de toutes les ventes successives portant
sur le mme bien, sont autant dhypothses dans lesquelles une convention unidimensionnelle dtermine les conditions de la validit dune autre convention de mme
nature.
357.
Lhypothse suivante appelle sans doute plus dattention dans la mesure o, nous
lavons soulign, elle est celle qui cadre le plus difficilement avec une vision classique de
la place des conventions dans les sources du Droit.
358.
sur une convention pluri-dimensionnelle sont sans aucun doute moins nombreuses que les cas
tudis linstant. Il nen demeure pas moins que plusieurs illustrations de cette supriorit
peuvent tre identifies dans le droit positif.
359.
360.
Dans cette situation, une convention uni-dimensionnelle se prsente alors comme une
361.
982
F. TERRE, P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 170, p. 128.
983
Les deux premiers cas de figure prvus cet article auraient pu trouver leur place dans les dveloppements
relatifs la supriorit dune convention pluri-dimensionnelle, les statuts de lorganisation, sur une autre, la
convention collective de travail.
984
F. PETIT La notion de reprsentation dans les relations collectives de travail, (prface P. RODIERE),
LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 291, 2000, n 302, p. 355.
985
200
362.
Autres exemples Pour conclure, nous prciserons trs brivement que le prsent
363.
Alors que lon aurait pu sattendre, pour les raisons exposes, une solution contraire,
364.
contractuelle a perdu lunit quelle affichait son origine. Il y aurait ct des conventions
simples , dautres conventions dont la nature ne serait pas exclusivement contractuelle. Le
constat que nous venons de faire, nous lavons soulign, se marie assez mal avec cette thse.
En revanche, lindiffrence de la nature juridique des conventions en rapport dans leur
hirarchisation, nous semble sinscrire parfaitement dans un courant actuel qui tend affirmer
lunit de la notion de convention (B) et abandonner les analyses dualistes dun certain
nombre dactes (A).
986
201
365.
Voir par exemple J. DOMAT, Loix civiles dans leur ordre naturel, seconde dition, Tome I, Paris, Auboun,
Emery, Clouzier, 1697, Livre I, Titre VIII, v. la section I la nature de la socit , p. 294 et 295 ; POTHIER,
Trait du contrat de socit, in, uvres compltes de Pothier, Tome VII, PARIS, Thomine et Fortic, 1821, en
particulier le Chapitre premier, De la nature du contrat de socit , p. 150 171. Les deux auteurs analysent
clairement la socit en termes contractuels.
988
Certains auteurs affirment que la conception contractuelle de la socit se trouvait dj affirme dans le Code
dHammourabi, v. sur ce point, J.-C. MAY, La socit, contrat ou institution , in, Contrat ou institution : un
enjeu de socit, (Direction B. BASDEVANT-GAUDEMET), LGDJ, Coll. Systme droit, 2004, p. 124.
989
990
G.-H. CAMERLYNCK, G. LYON-CAEN, Droit du travail, 9me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 1978, n 607,
p. 611.
202
Les
tentatives
danalyses
uni-dimensionnelles
(rglementaires
et
institutionnelles).
366.
ont t celles dfendues par deux grands publicistes, Duguit et Hauriou. Les deux auteurs ont
en commun davoir lun et lautre rejet nettement les analyses conventionnelles des actes tels
la socit ou la convention collective de travail. Les arguments et conclusions respectives des
deux auteurs divergent cependant sur quelques points.
367.
Lanalyse rglementaire Pour Duguit dabord, les actes considrs sont, dans la
classification quil propose des actes juridiques992, des exemples trs nets dactesrgles 993, plus prcisment des actes-collectifs (pour la socit et lassociation) et des
unions (pour les conventions collectives de travail) qui se distinguent du contrat aussi bien
sur le plan de leur formation que sur celui de leurs effets994.
368.
repris par les partisans des thses rglementaires ou institutionnelles de la socit, Duguit
estime que lon est en prsence de dclarations de volont qui sont toutes dtermines par le
mme but , ce qui distinguerait les socits ou associations du contrat puisque cet acte se
singulariserait sur ce point par des manifestations de volont qui ont un but diffrent995.
369.
Duguit relve encore que plusieurs des effets des actes-collectifs et des unions ,
entre les parties, ou lgard des tiers, ne sont pas compatibles avec lide de contrat.
Lauteur sattache par exemple, entre les parties, aux effets disciplinaires telles les amendes
ou exclusions prononces par les groupements (il sagit pour lauteur dun vritable droit
pnal qui simpose aux membres du groupe et conduit bien loin du contrat, acte juridique
992
Classification que nous avons expose en introduction, supra, n 24 et les rfrences cites ce numro.
993
L. DUGUIT, Trait de droit constitutionnel, Troisime dition, Tome I, op. cit., 1927, . 31, p. 327 et 328.
994
Pour ne pas multiplier les notes infrapaginales pour le paragraphe venir, et sauf mention contraire, se
reporter louvrage prcit, n 39, p. 399 404 en ce qui concerne les actes collectifs (associations et socits) et
n 40 p. 409 et 425 pour les unions, en particulier, p. 411 419 (conventions collectives de travail).
995
L. DUGUIT, Trait de droit constitutionnel, Troisime dition, Tome I, op. cit., n 38 p. 383.
203
370.
J. LE GOFF, Petit trait de droit du travail : Droit du travail et socit, Tome II, Les relations collectives de
travail, PUR, 2002, p. 474.
997
Pour les conventions collectives de travail : Ibid., A. COEURET, B. GAURIAU, M. MINE, Droit du travail,
2me dition, Sirey, Coll. Sirey Universit, 2009, n 925, p. 668 et 669 ; J. RIVERO, J. SAVATIER, Droit du
travail, 12me dition, PUF, Coll. Thmis, 1993, p. 322 et 323 ; M. FABRE-MAGNAN, Droit des obligations,
op. cit., p. 181 ; J. FLOUR, J.-L. AUBERT, E. SAVAUX, op. cit., n 509, p. 479 linstitution [la convention
collective] est aux frontires du contrat et du rglement , et n 512 p. 481 le contrat collectif permet de
contourner leffet relatif des contrats ; propos des conventions matrimoniales : J. FLOUR, G.
CHAMPENOIS, op. cit., n 169, 157 ; P. MALAURIE, L. AYNES, Les rgimes matrimoniaux, 2me dition,
Defrnois, Coll. Droit civil, 2007, n 205, p. 85 ; enfin, sur le rglement de coproprit : P. MALAURIE, L.
AYNES, Les biens, 4me dition, Defrnois, Coll. Droit civil, 2010, n 719, p. 239.
998
999
Cette dfinition tant communment prsente comme la plus aboutie de la notion dinstitution que donne
Hauriou. Sur ce point, v. E. MILLARD, Hauriou et la thorie de linstitution , Droit et socit, 30/31, 1995, p.
390 et s., o lauteur reconstitue les grandes tapes de la construction par lauteur toulousain de la thorie de
linstitution.
204
371.
linstitution est faite pour durer tandis que le contrat nest pas fait pour durer . De sa
nature dacte juridique rsulterait, pour lauteur, une infirmit du contrat, mcanisme
la fois trop fragile et trop rigide . Cette fragilit tiendrait par exemple lexistence de la
condition rsolutoire qui conduit la disparition du contrat en cas dinexcution des
obligations des parties, l o la nature de linstitution permettrait den exclure un membre
sans mettre en danger cette dernire. La stabilit des institutions est encore pour Hauriou
marque par la capacit la faire voluer par des rgles de fonctionnement souples, alors que
le contrat serait incommutable 1002. La flexibilit de linstitution permettrait, en matire de
socit, une modification des statuts la majorit, la survie de linstitution nest [alors plus]
lie la continuit du consentement des intresss 1003.
Si lon admet rgulirement que les termes et les enjeux du dbat sur la nature
institutionnelle de la socit ne sont pas clairement fixs 1004, cet lment est
incontestablement lun de ceux qui apportent de leau au moulin de lanalyse institutionnelle
de la socit1005 ou de lassociation, mais galement parfois du rglement de coproprit1006,
puisque ces institutions laissent toutes une place, notamment, ce que lon dsigne sous le
1000
La chose est unanimement releve et mme les promoteurs de linstitution dnoncent les incertitudes, voire
les incohrences, des travaux dHauriou sur ce point v. Y. PUYO, Essai sur le contrat et linstitution, Les
relations entre les groupements institutionnels et le contrat en droit priv, op. cit, n 10, p. 8.
1001
Pour une comparaison entre le contrat et linstitution, v. M. HAURIOU, Principes de droit public lusage
des tudiants en licence et en doctorant es sciences politiques, 2me dition, Recueil Sirey, 1916, p. 199 209
dont sont extraites, sauf mention contraire, toutes les citations du prsent paragraphe.
1002
1003
1004
M. COZIAN, A. VIANDIER, F. DEBOISSY, Droit des socits, 23me dition, Litec, Coll. Manuels, 2010,
n 10 p. 4.
1005
205
372.
La seconde diffrence majeure entre les deux notions tient pour le matre de lcole de
Toulouse son adhsion une vision trs classique du contrat qui fait de cet acte le fruit
dune libre ngociation1008. Ds lors, toutes les conventions dans lesquelles apparaissent ce
quil qualifie de lex c'est--dire la dicte des clauses par lune des parties et le fait que
lautre partie nait qu adhrer, moins quelle ne renonce au contrat , ne sont pour
lauteur que des situations ne formant un lien que de manire apparente, le contrat
sefforant de singer linstitution . Ce deuxime lment de comparaison du contrat et de
linstitution est lun de principaux qui a conduit une partie de la doctrine sur la voie dune
analyse institutionnelle de la socit1009 ou de lassociation1010. Il en est encore ainsi propos
du rglement de coproprit qui rvlerait sa nature institutionnelle lorsquil est rdig par
une seule personne (un promoteur immobilier) ou encore lorsque de nouveaux propritaires
acquirent des lots puisque, dans ces deux hypothses, les copropritaires nont pas dautres
alternatives que de consentir au rglement existant ou de renoncer la mutation du lot1011.
Ces deux thses, institutionnelles ou rglementaires, ont en commun lunit de la
nature juridique quelles reconnaissent aux conventions considres1012/1013. Toutes ont t
dpasses et cdent aujourdhui dans une large mesure des analyses mlant les diffrents
aspects de chaque convention.
1007
Sur ce point v., RJ Com Novembre 1991, numro spcial, La loi de la majorit .
1008
V. cet gard, la svre critique de JOSSERAND, Les auteurs qui prconisent cette opposition (entre le
contrat et linstitution) et qui se proccupent surtout de faire mordre le droit public sur le droit priv, se font du
contrat une ide bien archaque et bien troite ; ils en sont rests au temps de la stipulation romaine avec la
double dclaration de volont quelle contenait, alors que dans le droit moderne, il convient de voir un contrat
dans tout acte plurilatral tendant crer ou dplacer des obligations, Lessor moderne du concept
contractuel , in, Recueil dtude sur les sources du droit en lhonneur de Franois Gny, Tome II, Sirey, 1934
p. 338.
1009
Y. GUYON, Les socits, amnagements statutaires et conventions entre associs, op. cit., n 8, p. 20 et 21.
1010
1011
Dans le mme ordre dide, soulignant le caractre institutionnel du rglement de la coproprit en raison de
limportance des rgles lgales impratives J. LAFOND, La coproprit, contrat ou institution ? , prcit, p.
4.
1012
1013
Mme si la frontire est parfois mince entre le contrat et linstitution et que lunion du contractuel et de
linstitutionnel est parfaitement admise par certains promoteurs de linstitution. Sur ce dernier point v., G.
RENARD, La thorie de linstitution, op. cit., p. 438 et s.
206
373.
anticipation1014) aux dbats relatifs la nature des conventions instituant une personne morale
ou aux conventions collectives de travail, la doctrine va proposer dadopter une vision
intgrant lanalyse des actes juridiques la nature controverse leur double dimension,
contractuelle et rglementaire ou institutionnelle1015. Ces thses dualistes, mixtes, ou pluridimensionnelles, font incontestablement leur premire apparition vritablement remarque en
droit du travail propos de la convention collective avec larticle devenu clbre de Durand,
le dualisme de la convention collective de travail 1016. Dans cet article, lauteur dveloppe
une analyse selon laquelle lacte en question serait conventionnel par sa formation et
rglementaire par ses effets1017. Cette proposition, bien quencore parfois critique par la
doctrine qui conteste son caractre fictif, a connu un indniable succs au point que les dbats
relatifs aux autres actes la nature douteuse se sont finalement tous solds par le mme
rsultat.
374.
1014
V. HAURIOU M., qui ds 1906 signale la prsence marque des thses dualistes v., Linstitution et le
droit statutaire , prcit, p. 176, note infrapaginale n 3.
1015
En elle-mme, lanalyse reposant sur une addition de plusieurs actes juridiques ne se dmarque pas
ncessairement des thses rglementaires. DUGUIT, conoit parfaitement que des actes juridiques puissent avoir
une nature mle de diffrentes influences. Ainsi crit-il propos de la nature juridique de lassociation, lacte
collectif est la fois un acte-rgle et un acte-condition, mais le caractre dacte-rgle est videmment celui qui
est prdominant n 39, p. 406. Plus loin il admet encore cette possibilit propos des unions, n 40, p. 409.
Loriginalit de lapproche pluri-dimensionnelle est de mler les aspects rglementaires et contractuels, ce que
DUGUIT semble condamner plusieurs reprises. HAURIOU condamne galement ces thses dualistes. Aprs
les avoir exposes propos de la socit, il dclare quune telle position est intenable et incomprhensible ,
Linstitution et le droit statutaire , Recueil de lgislation de Toulouse, Deuxime srie, T. II, douard Privat,
1906, p. 177.
1016
Cette prsentation commune tant un brin rductrice puisque pour lauteur, la nature dualiste de la
convention collective de travail se manifeste aussi bien au stade de la formation qu celui de lexcution. Il
soulve en revanche le fait que la nature contractuelle est plus marque au premier stade que la nature
rglementaire et inversement. v. sur ce point le dbut de la seconde partie de larticle cit, p. 368 et 369.
207
375.
sa nature, bien que moins anim que ceux que lon a pu connatre propos dautres
conventions. Cet acte est, comme la convention collective, aujourdhui assez communment
prsent comme un acte caractre mixte, tenant la fois du contrat et de linstitution et/ou
du rglement1022. Il en est encore de mme pour dautres conventions telles les conventions
1018
Entre autres : A. COEURET, B. GAURIAU, M. MINE, op cit., n 925, p. 668 ; G. COUTURIER, Trait de
droit du travail, Tome 2, les relations collectives de travail, 1re dition, PUF, Coll. Droit fondamentaux, 2001,
n 202 et s., p. 486 et s. ; J. LE GOFF, op. cit., p. 472 ; J. PELISSIER, A. SUPIOT, A. JEAMMAUD, Droit du
travail, 24me dition, Dalloz, Coll. Prcis, 2008, n 1037, p. 1304 ; J. RIVERO, J. SAVATIER, op. cit., p. 322 ;
contra, ne jugeant pas cette thse satisfaisante. T. REVET Le contrat-rgles , in, Libre Droit, Mlanges en
lhonneur de Philippe LE TOURNEAU, Dalloz, Coll. Etudes, mlanges, travaux, 2008, p. 928.
1019
Par exemple, J. PELISSIER, A. SUPIOT, A. JEAMMAUD, Ibid. ; J. RIVERO, J. SAVATIER, op. cit., p.
322 ; A. ROUAST, La nature et lefficacit de la convention collective de travail , DS, 1960, p. 639 ; v.
cependant G. COUTURIER, Ibid., qui tout en adhrant la conception dualiste dcrit la distinction du terrain de
la formation et des effets comme trop simple , n 202, p. 490.
1020
Par exemple, N. ALIPRANTIS, op. cit., p. 66 et s.; H. BLAISE, Les conventions de travail , in, Le droit
contemporain des contrats, bilan et perspectives, (Direction L. CADIET), Economica, Coll. Travaux et
recherches, 1987, p. 57 ; en faveur de la thse contractuelle, P. LANGLOIS, Droit civil et contrat collectif de
travail , Dr. soc., 1988, p. 395 et s. Lauteur, sinspirant notamment des conclusions de la thse de Monsieur
ROUHETTE, soutient cette ide par le biais du mcanisme de la reprsentation. Il sagit cependant ses yeux
non dune reprsentation de la volont des salaris, mais de leurs intrts v. en particulier p. 397 et 398 ; v.
encore reconsidrant cette distinction sur certains points, F. PETIT, La notion de reprsentation dans les
relations collectives de travail, op. cit., en particulier, le sous Titre II du Titre premier de la seconde partie, n
348 et s. p. 413 et s.
1021
Cet acte a connu sa conscration lgale par la loi de 28 juin 1938, loi tendant rgler le statut de la
coproprit des immeubles diviss par appartements .
1022
208
376.
Il est en revanche un dbat qui se distingue par sa vigueur toujours aussi marque,
cest celui relatif la nature juridique de la socit. Les controverses sur la nature juridique de
cet acte ont, tour tour, consacr lavnement de certaines thses presque aussitt effaces par
des thses nouvelles ou le renouvellement dopinions plus anciennes. Dans les grandes
lignes1025, aprs la conscration de la thse institutionnelle, la doctrine a t marque par
lapparition de la thse fonctionnelle qui, en mettant laccent sur le fait que la socit est une
technique dorganisation de lentreprise 1026, a conduit certains de ses partisans conclure
une contribution par une sentence retentissante : la socit nest plus un contrat 1027. Peu
aprs lavnement de cette thse, un mouvement inspir par le concept de corporate
governance a remis le contrat au centre du dbat. Partant de lide selon laquelle
lentreprise est fondamentalement un nud de contrats 1028, des auteurs relvent (et
prnent) un dveloppement des mcanismes contractuels dans la socit (tels les pactes
dactionnaires) pour amliorer son fonctionnement. Le dbat sur la nature juridique de la
socit sen est trouv relanc et la thse contractuelle, que lon pensait irrmdiablement
distance, sest nouveau retrouve au centre de toutes les attentions. Sur des bases trs
diffrentes, un nime renouveau des thses contractuelles se fait jour depuis le dbut des
annes 2000. Des auteurs, sattachant au rgime juridique contractuel du contrat de socit et
1023
1024
Pour une prsentation complte de lvolution des diffrentes conceptions de la nature juridique de la socit
v. BERTREL J.-P., le dbat sur la nature de la socit , in, Droit et vie des affaires, tudes la mmoire dA.
SAYAG, Litec, Coll. Le droit des affaires, 1997, p. 131 et s. et plus rcemment, F. DEBOISSY, Rapport
franais, Le contrat de socit , in, Le contrat, travaux de lassociation H. Capitant, Tome LV, Socit de
lgislation compare, p. 119 et s.
1026
1028
209
377.
Ces analyses pluri-dimensionnelles des conventions que nous avons tudies ne nous
378.
Avant de prciser les raisons qui nous conduisent admettre lunit de la notion de
1029
Chronologiquement v., J. MESTRE, La socit est bien encore un contrat in, Mlanges la mmoire
de C. Mouly, t. II, Litec 1998, p. 131 ; C. LAPEYRE, La nature de la socit depuis la loi sur les nouvelles
rgulations conomiques , BJS 2004, p. 21 ; F. DEBOISSY, Rapport franais, Le contrat de socit , in, Le
contrat, travaux de lassociation H. Capitant, Tome LV, Socit de lgislation compare, p. 119 et s. ; T.
FAVARIO, Regards civilistes sur le contrat de socit , Rev. Soc., 2008, p. 53 ; M. COZIAN, A. VIANDIER,
F. DEBOISSY, op. cit., n 10, p. 5 propos du dbat contrat ou institution les auteurs crivent, Il suffit de
parler de contrat et dordre public .
1030
Sur ce point v. F. DEBOISSY, Rapport franais, Le contrat de socit , prcit, spc. n 10 et s., qui
soulve nombre des confusions obscurcissant un peu plus ce dbat (confusion entre les conceptions juridiques et
politiques, entre les statuts de la socit et la socit , confusion entre lentreprise et la socit, oppositions de
thses non-exclusives les unes des autres comme lopposition contrat/personne morale etc.).
1031
Cest la conclusion laquelle arrive Monsieur BERTREL au terme de son article sur le dbat sur la nature
de la socit , prcit, p. 131 et s., en particulier p. 141 145 et les nombreuses rfrences cites ; v. galement
J.-C. MAY, Articl prcit, qui aprs avoir remis en cause point par point lanalyse institutionnelle de la socit
conclut malgr tout que la socit si elle reste un contrat, ou pour certains un acte juridique unilatral, est
aussi autre chose que cela sans que lon puisse assurer que cette autre chose est indubitablement une
institution , p. 150.
210
379.
Cet argument secondaire tant cart, demeurent les principaux. Aprs les succs
1032
Pour un point sur la double dimension de la notion dinstitution v. PUYO Y., Thse prcite, en particulier
lintroduction.
1033
Sur la dimension institutionnelle du contrat de travail, v., A. JEAMMAUD, M. LE FRIANT, A. LYONCAEN, Lordonnancement des relations de travail , D. 1998, p. 359, spc. n 13.
1034
1036
En ce sens, R. VATINET, propos du mariage, reprenant les propos de PLANIOL et RIPERT, sil fallait
cesser dappeler contrat tous ceux dont les effets ne peuvent tre librement dtermins par les parties, on ne
trouverait plus gure de contrats , Le mutuus dissensus , RTD civ. 1987, n 21, p. 267.
1037
P. POTENTIER, La libert de rdaction du contrat dassociation ; Ombre et lumire , LPA, 1996, n 50,
p. 20.
211
380.
Deux auteurs ont rcemment, dans des perspectives assez diffrentes, avanc chacun
381.
en droit priv , que les prmisses dun renouveau de la thse contractuelle apparaissent
timidement (i). Ce renouveau sera poursuivi par Monsieur Levacher, de manire trs
convaincante nos yeux, dans sa thse consacre la rgle contractuelle dans lordre
juridique (ii).
382.
Monsieur Perrouin, aprs avoir tabli quune hirarchie sinstaure entre ce quil choisit
de dsigner comme des actes collectifs et dautres conventions qui nont pas ce caractre,
est naturellement conduit poser la question de la vritable nature juridique de ces actes
dapparence hybride de manire sassurer de leur caractre conventionnel. On comprend
dans la dmarche qui est la sienne (et qui est galement ici la ntre) limportance de la
question. Dans cette perspective lauteur sattle donc dmontrer, brivement, partir de
lexemple de la convention collective de travail, la nature conventionnelle des actes
212
383.
Monsieur Perrouin btit son raisonnement sur le constat que le dbat sur la nature des
actes collectifs se cristallise essentiellement autour de la question des effets lgard des tiers
que produisent ces actes. Aprs avoir relev brivement que le principe de leffet relatif des
conventions est contingent et quil na quune valeur lgale larticle 1165 du Code civil (ce
qui laisse effectivement au lgislateur la possibilit dy droger), Monsieur Perrouin sinscrit
dans un courant doctrinal proposant une redfinition des notions de parties et de tiers1038 en
proposant de considrer comme parties au contrat toutes les personnes, qui ds sa formation
ou seulement au moment de son excution, vont tre soumises volontairement ou en dehors de
toute manifestation de volont aux effets dune convention 1039. Cette extension de la
catgorie juridique des tiers permet, aux yeux de Monsieur Perrouin, dviter le recours
laspect rglementaire de la convention collective de travail 1040 et de conclure ainsi que la
convention collective de travail rpond la dfinition du contrat et conserve sa nature
contractuelle 1041. Il propose pour conclure dtendre cette analyse lensemble des actes
dont la nature est conteste.
384.
Nous ne souscrivons pas cette analyse. Lauteur se rfre en effet une distinction
des parties exagrment large qui conduit finalement justifier toutes les atteintes leffet
relatif des conventions de sorte que ce principe ne soit finalement jamais atteint, puisque toute
personne qui ressent les effets dune convention est partie cet acte1042. Par ailleurs, il
rduit le problme des conventions pluri-dimensionnelles la question de leurs effets
lgard des tiers, alors que le dbat dpasse nettement cette problmatique. En revanche, nous
adhrons la conclusion. Lintuition de lauteur selon laquelle lobstacle que constitue
latteinte leffet relatif des conventions peut tre gomm pour affirmer lunit de la notion
de contrat nous parat fondamentalement juste, elle sera dailleurs confirme de manire trs
convaincante par Monsieur Levacher.
1038
1039
J. PERROUIN, Thse prcite, n 127, p. 87, Lauteur, sans lexprimer, sous-entend cependant quici
salaris et employeurs sont reprsents par les syndicats. En ce sens, v. n 472 p. 221.
1040
Ibid.
1041
Ibid.
1042
V. dailleurs n 458 et s. p. 218 et s. o lauteur semble finalement opter, propos dun autre dbat, pour une
dfinition moins extensive des parties et des tiers.
213
385.
Dans la premire des trois parties sa thse, Monsieur Levacher sattle dmontrer le
386.
387.
Reprenant son compte une analyse mene dans sa thse par Monsieur Aliprantis1045,
Monsieur Levacher sattle alors dmontrer que cet effet normatif ne peut en rien
exclure les conventions collectives de travail (comme dautres conventions) de la catgorie
des actes contractuels. Pour cet auteur, si lon admet la vision normativiste du contrat, c'est-dire que toute procdure contractuelle a pour consquence de produire une norme
contractuelle et quil ne peut exister de contrat sans procdure contractuelle, force est
dadmettre que toute norme qui nat de la procdure contractuelle est une norme
1043
1044
Kelsen attire lattention sur le caractre polysmique du terme convention qui dsigne aussi bien une
procdure dtermine (lchange des consentements), que rsultat le cette procdure, cest--dire leffet de
laccord de volont. Lexpression conclure une convention renvoie par exemple lide de procdure,
autrement dit, laccord de volont ; excuter une convention voque au contraire leffet de laccord de
volont, La thorie juridique de la convention , op. cit., 2 et 3, p. 35 37.
1045
La place de la convention collective dans la hirarchie des normes, op. cit., en particulier p. 74.
214
388.
La dmonstration est limpide, elle parat imparable1047. Tout contrat tant, dans la
tradition juridique dans laquelle sinscrit lauteur, producteur dune norme, cet effet des
conventions dites pluri-dimensionnelles ne peut justifier de les exclure de la catgorie des
contrats. Le critre du contrat est donc trouver ailleurs que dans ses effets, il rside dans le
fait de suivre une procdure contractuelle (dans laccord de volont). La convention collective
rpond ainsi la dfinition du contrat1048, ce que confirme son rgime juridique et ses effets.
389.
la convention collective de travail, lauteur relve que mme sil existe certaines spcificits
propres cet acte, dans les grandes lignes, le rgime de la convention collective peut tre
rapproch de celui de la convention en gnral1049. Sur le plan des effets de cet acte, la thse
rglementaire ne semble selon lauteur pas plus simposer.
390.
discriminer laccord collectif puisque tout contrat produit une norme, lauteur confesse que
lacte considr se singularise au sein des actes contractuels par leffet original de la norme
ainsi cre. Cette norme est gnrale et impersonnelle, elle a une vocation tre oppose
au-del du cercle des parties. Cette spcificit ne dnote cependant toujours pas pour lauteur
avec les concepts contractuels et, en particulier, avec le principe de leffet relatif des
conventions. Dun point de vue technique, il suffit pour sen convaincre de considrer que
leffet relatif des conventions ne signifie pas que les contrats ne peuvent produire aucun
1046
1047
Mme si elle tient peut-tre un peu de la rhtorique. Largumentation de lauteur ne se limite cependant pas
cette remarque.
1048
1049
Ce point est communment soulign par la doctrine. Lauteur reprend ce constat dans les grandes lignes et
souligne par exemple que le contentieux relatif ces actes, mme tendus par un arrt ministriel, est
exclusivement judiciaire et que lon peut soutenir que la mthode dinterprtation des conventions collectives est
celle retenue par le Code civil pour linterprtation des conventions. Il en va encore de mme pour la question de
lapplication de la loi nouvelle aux conventions en cours. On pourrait encore ajouter que ces conventions sont
par exemple soumises aux conditions de validit des contrats poses par le Code civil.
Sur ces points, v. la thse de lauteur, n 128 130 p. 96 100.
215
1050
En dpit de la formulation de larticle 1165 du Code civil : Les conventions n'ont d'effet qu'entre les parties
contractantes ; elles ne nuisent point au tiers, et elles ne lui profitent que dans le cas prvu par l'article 1121 .
1051
1052
Sur ce point et sur les autres v. H. THUILLIER, Contribution la thorie des sources en droit du travail. La
rception des sources : un ordre statutaire , JCP G. 1974, I, 2649, dont lanalyse de Monsieur LEVACHER est
trs proche.
1053
La thse nous semble tre soutenue par le fait que la doctrine travailliste souligne souvent, de manire
incidente, que ce ne sont pas les salaris qui sont soumis une convention collective, mais bien le contrat de
travail. V. en ce sens, J. PELISSIER, A. JEAMMAUD, A. SUPIOT, op. cit., 24me dition, n 1070 et s., p. 1135
o les auteurs traitent une section intitule application de la convention collective au contrat individuel de
travail ; v. galement G. COUTURIER, op. cit., n 202, p. 489 lauteur crit les effets normatifs de la
convention collective se manifestent particulirement dans ses rapports avec ces contrats (les contrats de
travail) aprs avoir prcis que les dispositions de la convention collective sappliquent aux contrats
individuels de travail .
1054
Soc. 21 mars 2007, Bull. civ. V., n 54 ; Cahiers sociaux du Barreau de Paris, 2007, n192, p. 282,
Observations F.-J. PANSIER; Gaz Pal., 20 dcembre 2007, n 354, p. 31.
1055
La chose semble conforte par le fait que si drogation leffet relatif il devait y avoir, elle serait limite
une partie des personnes lgard desquelles la convention collective de travail produit ses effets, les salaris. Il
a en effet t dmontr que lengagement des employeurs (lorsque laccord collectif est form par un
groupement patronal) rsulte davantage dune reprsentation conventionnelle que dune reprsentation lgale
dans la mesure o un groupement demployeur peut parfaitement conclure un accord collectif sans engager ceux
de ses membres qui ne souhaiteraient pas ltre (lemployeur peut en effet dmissionner de lorganisation avant
que lacte ne soit form ou ntre engag qu la condition davoir spcialement mandat son organisation cet
effet) V. en ce sens F. PETIT, La notion de reprsentation dans les relations collectives de travail, op. cit.,
2000, n 291 et s. p. 343 et s.
216
391.
En rsum, Monsieur Levacher considre que toute convention tant une norme,
392.
Si lon reprend les principales tapes du raisonnement men par lauteur de la thse
sur la rgle contractuelle dans lordre juridique propos dautres actes tudis, les
conclusions de celui-ci se confirment.
i. Des critres dinsertion et un rgime juridique contractuel.
393.
considre que tous les contrats ont pour effet de produire une norme, largument ci-dessus
voqu consistant carter la nature contractuelle de certaines conventions en raison de leurs
effets normatifs nest plus recevable lgard daucun acte. Le seul lment qui
caractrise alors le contrat (comme le souligne Monsieur Levacher et comme la si bien crit
Monsieur Ghestin), cest dtre la fois un accord de volont et de se voir reconnatre le
1056
Ce point expliquant ds lors les quelques particularits de rgime de la convention collective. Appele
laborer des conditions de travail communes, et donc des normes gnrales, son rgime juridique est sur
quelques points diffrents de celui du contrat (publication, contrle lourd de la Cour de cassation plutt
quune contrle de la dnaturation), v. sur ce point R. LEVACHER, Thse prcite, n 133, p. 101.
217
394.
Lune des preuves de cette nature contractuelle rside, comme la soulign Monsieur
1057
1058
La convergence des intrts des parties est, pour certains auteurs, exclusive de lide de contrat. Cet acte se
singulariserait au contraire par le fait que les volonts des parties ont des contenus diffrents voire opposs. Cest
ce qui conduit Monsieur ROUJOU DE BOUBBEE exclure pour les associations ou les socits la qualification
contractuelle, au profit de celle dacte collectif . v. Essai sur lacte juridique collectif, op. cit., p. 57 ( propos
des associations), 65 et 67 ( propos des socits).
1059
v. sur ce point P. DURAND, Le dualisme de la convention collective de travail , prcit, n 16 p. 373 qui
pour tre lun des partisans de la nature, en partie, rglementaire de la convention collective de travail nen
conteste pas moins srieusement ce point en crivant : Sur ce plan, loriginalit de la convention collective ne
peut apparatre, car la convention ralise la conciliation dintrts opposs. Chaque groupement cherche en
retirer des avantages, les concessions quil consent sont pour lui une monnaie dchange au cours de la
ngociation. On retrouve au sein de la commission les mmes procds de discussion que dans tout autre
contrat, les prtentions initiales sont exagres afin de permettre un marchandage ultrieur ; v. encore R.
CABRILLAC, Lacte juridique conjonctif en droit priv franais, op. cit., n 82 p. 40 o lauteur souligne entre
autre que dire que des personnes concluent un contrat avec des motifs opposs est une pure supposition .
1060
Monsieur ROUJOU DE BOUBBEE crit dailleurs, en un mot, il ny a pas dchange ; cette notion qui est
la base mme du contrat ne se retrouve pas lorigine de lassociation , op. cit., p. 58.
1061
J. MESTRE, La socit est bien encore un contrat , prcit ; C. LAPEYRE, prcit ; T. FAVARIO,
prcit. En particulier la premire partie, n 8 30 ; F. DEBOISSY, prcit, n 32 38.
1063
Y. CHARTIER, Lassociation, contrat dans la jurisprudence rcente de la Cour de cassation , in, Aspects
actuels du droit des affaires, Mlanges Y. GUYON, Dalloz, 2003, p. 195.
218
395.
Comme pour la convention collective de travail, ce sont essentiellement les effets des
actes considrs qui sopposent une admission sans rserve des thses contractuelles.
Laspect normatif des conventions pluri-dimensionnelles ne peut tre le critre de leur
exclusion de la catgorie contractuelle puisque tous les contrats sont des normes. Cela ne doit
cependant pas masquer les spcificits indniables des conventions en question par rapport
la vision la plus classique du contrat. Ces spcificits, qui trouvent leurs raisons dtre dans la
finalit assigne chacun des actes dont on souligne un aspect rglementaire, peuvent tre de
diffrentes natures. Tous les actes en question prsentent la particularit de produire des effets
lgard des tiers ; Tous produisent galement entre les parties des effets dont on prtend
parfois quils saccommodent mal avec le contrat.
396.
Les effets lgard des tiers Dans toutes ces hypothses, le rayonnement de ces
actes trouve son sens dans la finalit qui est la leur. Tous sont prsents comme tant des
constitutions ou des chartes dune organisation, dun groupe, dun immeuble. Ils ont
par essence une fonction structurante 1064. En somme, ils sont ce que Monsieur Didier
dcrit comme des contrats organisation 1065. De cette vocation organisationnelle dcoule
leur rayonnement au-del du cercle des parties.
397.
Dun point de vue technique, et cest l lessentiel, les effets produits lgard des
tiers sexpliquent par laspect normatif du contrat, autrement dit par son effet obligatoire,
sans quil ne soit port atteinte leffet relatif des conventions puisque, si lon se tient la
dfinition classiquement admise de ce principe, aucune obligation contractuelle nest mise la
charge dun tiers1066. Seul ce que Monsieur Ancel dcrit comme leffet obligatoire sans leffet
1064
Selon lexpression de Madame LAPEYRE, propos de la socit, prcit ; Sur la finalit particulire de la
socit, v. encore T. FAVARIO, prcit, en particulier, n 38 et s.
1065
P. DIDIER, Brves notes sur le contrat organisation , prcit ; Tous, sauf peut-tre la convention
collective de travail qui ne nous semble pas correspondre la dfinition du contrat organisation .
1066
Nous avons conscience, en entrant dans le prsent dbat, de souscrire implicitement lide selon laquelle
tout contrat est ncessairement relatif. Or, les choses sont sans doute moins videntes que cela. Nous nirions
peut-tre pas jusqu affirmer comme certains que le principe de leffet relatif nest pas consubstantiel la
notion de contrat , (D. DE BECHILLON, Le contrat comme norme dans le droit public positif , prcit, p.
19), mais il nous faut bien reconnatre que ce principe nest quun principe lgal, auquel la loi peut donc
valablement apporter toutes les exceptions quelle juge utiles sans que cela ne disqualifie lacte dont la porte
serait ainsi tendue. Chacun admet, en dpit de latteinte leffet relatif des conventions, que la stipulation pour
autrui est vritablement conventionnelle, les termes de larticle 1121 du Code civil sont unanimement considrs
219
398.
Tel est dabord le cas de lacqureur dun lot de coproprit qui sera, une fois le
transfert de proprit effectif, dbiteur de toutes les obligations stipules par le rglement de
coproprit. Il ny a cependant pas lieu de relever ici une quelconque entorse leffet relatif
des conventions, puisque cet acqureur devient par leffet de lacte translatif membre du
syndicat des copropritaires et, ce titre, partie au rglement de coproprit1070.
399.
dlicate. Ce dernier est tenu de respecter toutes les stipulations du rglement de coproprit
qui lui est opposable1071. Il doit ainsi, respecter la dlimitation des parties communes et
privatives, la destination des lieux, les rgles relatives lutilisation des parties communes ou
comme une exception au principe de larticle 1165 (exception quil pose dailleurs lui-mme). Ds lors, on
pourrait parfaitement admettre que dautres actes subissent le mme traitement. Cela tant, le dbat tant port
sur ce point, nous ne pouvons pas lluder.
1067
1068
Dautres personnes que les poux peuvent en effet tre parties cet acte. Tel est le cas des parents de lun
des poux consentant au couple une donation loccasion du mariage.
1069
1070
En vertu de larticle 13 de la loi 10 juillet 1965 qui dispose que Le rglement de coproprit et les
modifications qui peuvent lui tre apportes () sont opposables aux ayants cause titre particulier des
copropritaires () dater de leur publication au fichier immobilier ; tant entendu quen matire de
coproprit, le preneur est communment considr comme un ayant cause titre particulier du bailleur. En ce
sens, notamment, P. FREMONT, Ibid. p. 18, n 55.
220
400.
syndicat des copropritaires. Cest sans aucun doute cet gard que le rglement de
coproprit peut sembler tenir en chec la rgle nonce larticle 1165 du code
Napolon1076. y regarder de plus prs, l encore, le principe est sauf. Si le preneur est tenu
de respecter le rglement de coproprit, il nest pas li contractuellement la coproprit1077
et ses infractions cette norme lengagent, vis--vis du syndicat de coproprit, sur le
1072
J.-M. ROUX, Lopposabilit du rglement de coproprit au locataire , note sous, civ. 3, 3 mars 2004,
Rev. Des Loyers, 2004, p. 393 le rglement de coproprit se situe alors dans la sphre contractuelle .
1073
V. larticle 3 de la loi du 6 juillet 1989 qui dispose notamment que lorsque l'immeuble est soumis au statut
de la coproprit, le copropritaire bailleur est tenu de communiquer au locataire les extraits du rglement de
coproprit concernant la destination de l'immeuble, la jouissance et l'usage des parties privatives et communes
et prcisant la quote-part affrente au lot lou dans chacune des catgories de charges .
1074
La formule est celle de la troisime chambre civile de la Cour de cassation, 7 juillet 1982, indit.
1075
1076
Se prononant sur cette question, Civ. 3, 4 janvier 1991, Bull. civ. III, n 2, p. 1, RTD civ. 1991, p. 138, Note
P.-Y. GAUTIER ; Rev. Dr. imm. 1992, p. 248, Note C. GIVERDON, P. CAPOULADE.
1077
La chose se rsume souvent dans une mme formule que lon retrouve sous la plume de plusieurs auteurs, il
ny a pas de liens de droit entre le locataire et le syndicat des copropritaires. En ce sens, F. ALIBERT, A. et
J. DEBEAURAIN, G. FAU, R. PORTE, J.-P. RYF, prcit, n 261, p. 645 ; F. GIVORD, C. GIVERDON, P.
CAPOULADE, op cit., n 346 ; E. KISCHINEWSKY-BROQUISSE, op. cit., n 559 ; J.-P. MANTELET,
Louage immobilier et statut de la coproprit , Administrer, fvrier 1994, p. 2 ; G. VIGNERON, J.-Cl.
Coproprit, v Location de lots, fasc. 68-20, n 22 et 48 ; V. cependant la formule ambigu de Monsieur
FRMONT, certains auteurs estimaient autrefois que les locataires dun copropritaire taient des tiers par
rapport au rglement de coproprit () cette thse ne rsiste pas lexamen n 55, p. 18; v. galement les
remarques de Monsieur MANTELET qui tout en admettant quil ny a pas de liens entre le locataire et le
syndicat crit par la suite que lon doit reconnatre que le locataire nest pas un tiers pour le syndicat des
copropritaires , n 1.3 p. 5.
221
401.
Des effets inhabituels inter partes Les effets produits par les contrats concerns
1078
J. LOT, Les rapports juridiques syndicat de coproprit/locataires , Administrer, juillet 1979, p. 10,
laction directe du syndicat contre le locataire fautif trouve son fondement dans lapplication de larticle 1382
du Code civil .
1079
Un contrat () peut devenir une source de responsabilit dlictuelle contre des tiers , cest la conclusion
laquelle arrivait dj LALOU 1382 contre 1165, ou la responsabilit dlictuelle des tiers lgard dun
contractant ou dun contractant lgard dun tiers , DH, 1928, chron., p. 69, v. conclusion p. 72. Lauteur
nenvisageait certes que la responsabilit du tiers complice de la violation du contrat par un cocontractant, mais
rien nimpose de limiter la remarque cette hypothse. Sur lopposabilit du contrat par les parties aux tiers, v.
galement la premire partie de la thse de Madame Florence BERTRAND, Lopposabilit du contrat aux tiers,
Thse, Paris II, 1979, n 12 189, pp. 23 288.
1080
1081
1082
222
Il en est enfin ainsi des sanctions disciplinaires, stigmatises en son temps par
Duguit, dont la doctrine souligne aujourdhui quelles se coulent dans le moule
contractuel 1087. Elles sont mme selon certains les manifestations extrmes du caractre
contractuel 1088 des groupements de personnes en ce quelles sont le rsultat de lexercice de
deux liberts publiques dessence conventionnelle1089. Au-del, ce droit pnal qui pour
Duguit loignait lacte-rgle du contrat est-il, au regard des clauses qui assument la mme
fonction (comme les clauses pnales), ce point orignal quil doive conduire exclure la
1083
En ce sens P. DIDIER, Le consentement sans lchange : Contrat de socit , prcit, p. 76, La loi de la
majorit est crite dans la loi ou dans les statuts. Elle parat donc ncessairement accepte .
1084
Sur cette ide v. F. TERRE, Fondements historiques et philosophiques de la loi de la majorit , RJ com,
numro spcial, novembre 1991, p. 9 et s. en part. p. 20.
1086
M. GERMAIN, R. VATINET, Le pouvoir disciplinaire des personnes morales de droit priv , in, Aspects
actuels du droit des affaires, Mlanges en lhonneur de Y. GUYON, Dalloz, 2003, n 7, p. 400.
1088
1089
Pour Monsieur NEAU-LEDUC, le pouvoir de droit priv trouverait en effet son fondement dans lexercice
de deux liberts publiques : la libert dassociation et la libert dorganisation des relations prives par
convention. Cest par lexercice de ces liberts, par le consentement, par le contrat, que se justifierait le pouvoir
rglementaire dorigine priv. Les personnes prives disposent dune libert de principe pour mettre en uvre
un pouvoir rglementaire de droit priv et la mise en uvre du pouvoir rglementaire de droit priv rsulte
dune convention entre personnes qui consentent lier leur libert individuelle . n 32 et 34, p. 37 et 39, de
manire gnrale, sur ce point, voir le Titre premier de la premire partie de la thse de lauteur, p. 37 et s. ; en
ce sens galement, v., G. RABU, Lorganisation du sport par le contrat, Essai sur la notion dordre juridique
sportif, op. cit. n 75 et s. p. 64 et s.; contra, Y. PUYO, Essai sur le contrat et linstitution, Les relations entre
les groupements institutionnels et le contrat en droit priv, op. cit., n 265, p. 183 les rgles visant rgir la
vie des membres de linstitution nont pas pour origine le contrat mais le pouvoir institutionnel dont le but est de
raliser lintrt du groupement. Le droit disciplinaire, comme le droit statutaire, est constitutif de rgles
secondaires fondes sur lintrt collectif .
223
402.
collectives, si lon accepte de considrer que le contrat est une norme, quil recouvre les
ralits les plus diverses et prsente, en raison des finalits originales quil poursuit, certaines
spcificits, alors, toutes les conventions que lon dcrit comme ayant une dimension
rglementaire ou institutionnelle peuvent tre rduites des conventions classiques dont
elles correspondent la dfinition, dont elles pousent en grande partie le rgime et dont elles
produisent les effets. Il ny a sans doute, dans le second temps de cette dmarche, rien de
vritablement rvolutionnaire. Le Code civil, ceux qui lont inspir1092 et, plus tard, certains
de ceux qui lont comment1093 plaidaient dj ouvertement en faveur de cette conception du
contrat.
403.
Au terme des ces trop brefs dveloppements (compte tenu de la richesse des dbats)
qui mriteraient dtre encore considrablement approfondis, la catgorie des contrats apparat
donc comme tant unitaire. Il ny a pas de contrat la dimension institutionnelle ou
rglementaire pour aucune des raisons que lon invoque traditionnellement. La dfinition
classique du contrat permet denglober toutes les conventions sans exception. Le rgime
1090
1091
Encore une fois, nous renvoyons sur ce point la dmonstration faite par Monsieur NEAU-LEDUC du rle
fondateur du contrat dans lapparition du pouvoir rglementaire de droit priv (mme si nous ny adhrons que
partiellement).
1092
V. propos de Domat et Pothier leurs observations sur la nature juridique de la socit, supra, n 365.
1093
V. Pour une conception moderne du contrat, Josserand qui crivait il convient de voir un contrat dans tout
acte plurilatral tendant crer ou dplacer des obligations () sans distinguer daprs la dure de ces
dernires ni selon quune situation permanente se trouve tablie entre les parties, sans quoi, il faudrait refuser le
caractre contractuel au bail longue dure, au louage de service conclu pour une dure dtermine, et mme
au mandat car cette dernire opration est susceptible, elle aussi, dinstituer entre les parties un rgime
organique longue porte. En ralit, les publicistes ont confondu le contrat avec ses effets, et ils ont pris
prtexte de limportance de la dure ce ceux-ci, pour contester lexistence de celui-l ; et ils ont fait du droit
romain, voire de lancien droit romain, sans sapercevoir que le concept de contractuel avait volu, depuis ces
temps lointains, dans un sens toujours plus comprhensif et libral , Lessor moderne du concept
contractuel , prcit, p. 338.
224
404.
Outre le fait quil permette de fonder dun point de vue thorique lindiffrence de la
nature juridique des conventions eu gard leurs places respectives dans une hirarchie de
normes conventionnelles, le renouveau des thses contractuelles contribue asseoir la
cohrence et lamplitude des propositions issues de notre premire partie. Il aurait en effet t
possible de relever que prs de la moiti des structures hirarchiques prsentes taient
fondes sur une convention dont la nature juridique pouvait tre conteste. Or, nous lavons
indiqu, lampleur du phnomne dcrit dans notre premire partie est, nos yeux, presque
aussi important que davoir soulign lexistence de relations hirarchiques entre conventions.
Les prsents dveloppements permettent de maintenir lampleur des constatations faites dans
notre premire partie.
405.
conclusions. Rciproquement, il nous semble que notre thse permet galement dalimenter
lanalyse contractuelle des conventions considres comme pluri-dimensionnelles.
2. Des analyses confortes par lexistence de relations hirarchiques entre conventions.
406.
J. GHESTIN, Nouvelles propositions pour un renouvellement de la distinction des parties et des tiers ,
RTD civ., 1994, p. 777, n 5 ; ces propos font cho la confusion dnonce par JOSSERAND, dans lextrait
rapport ci-dessus, entre le contrat et ses effets.
1095
Pour un nouvel exemple, T. REVET, Le contrat-rgles , prcit, p. 920, qui crit : La question que
225
407.
Parmi les actes qui seraient disqualifis, et cest sans doute sur ce point que nos
constatations plaident en faveur des thses contractuelles exposes, plusieurs sont des
conventions dont personne na jamais soutenu quelles soient des conventions laspect
partiellement rglementaire ou institutionnel. Le mandat est une convention hirarchiquement
suprieure la vente que le mandataire a reu pouvoir de conclure. La promesse unilatrale de
vente est hirarchiquement suprieure la vente conclue en violation de la premire
convention. Le contrat de bail est hirarchiquement suprieur au sous-bail qui sera conclu par
le preneur avec un tiers. Dans toutes ces hypothses, une convention, dont la nature
contractuelle est admise de tous, dtermine les conditions de la validit dune autre
convention. Doit-on alors avec Duguit nier la nature contractuelle du bail, du mandat, de la
promesse de vente ? Labsurdit de la question dmontre sans doute que le principal critre
conduisant une analyse pluri-dimensionnelle de certaines conventions nest pas
discriminant. Elle dmontre encore que le postulat sur lequel cette question repose, (selon
lequel une convention ne peut pas produire deffets normatifs lgard des tiers), est
dpass, et que le rayonnement dune convention lgard de sujets ny tant pas parties ne
peut plus tre apprhend comme un facteur dexclusion de la catgorie contractuelle. Ds
lors, si un contrat de bail peut dterminer les conditions de validit dune autre convention
sans que lon conteste sa nature juridique contractuelle, une convention collective et un
contrat de socit peuvent bien produire des effets lgard des tiers sans que lon cherche
pose, immdiatement, le contrat source de normes impersonnelles le contrat-rgles est dailleurs de savoir
sil est seulement contractuel
1096
Trait de droit constitutionnel, Troisime dition, Tome I, op. cit., . 39, p. 404
226
408.
normatif lgard des tiers dun grand nombre de conventions, autres que celles
auxquelles on prte traditionnellement un tel effet. Le constat de la capacit de deux contrats
dentretenir des rapports de validit, en mettant laccent sur laspect normatif que recle
chaque convention, conforte donc indniablement en partie les thses plaidant pour une unit
de la notion de contrat.
409.
Outre quelle conforte les choix que nous avons fait dans notre premire partie et
quelle permette de prserver lampleur du phnomne que nous avons dcrit, lanalyse des
conventions pluri-dimensionnelles en termes uniquement contractuels permet en outre de
fonder lindiffrence de la nature des conventions dans leur hirarchisation. La prsence de
normes la nature conventionnelle est donc une condition pralable sine qua non toute
hirarchie de normes conventionnelles. Peu importe en revanche la nature respective
suppose de chaque convention. Celle-ci na aucune influence sur leur place dans les
hirarchies conventionnelles, ce qui sexplique aisment si lon accepte lunit de la nature
juridique de toutes les conventions.
410.
L encore, cette prcision peut apparatre comme tant dune particulire vidence.
Dans les hypothses que nous avons cites, par exemple un mandat et une convention conclue
en application de cet acte, un contrat principal et un sous-contrat1097 ou encore des
conventions matrimoniales et les conventions conclues par des poux aprs le mariage, il y a
toujours de manire vidente un rapport entre deux conventions qui nous a permis de relever
la prsence dun lien hirarchique entre ces actes. Lvidence de la pluralit de normes en
rapport nest cependant pas toujours telle, et il est parfois difficile de se prononcer sur
1097
J. NERET, op.
412.
dterminer si plusieurs actes diffrents sont prsents dans une situation donne. Tel est par
exemple le cas en matire de contrat de transport. Larticle L. 132-8 du code de commerce
dispose en effet que la lettre de voiture forme un contrat entre l'expditeur, le voiturier et le
destinataire ou entre l'expditeur, le destinataire, le commissionnaire et le voiturier . La
lecture de cet article peut conduire douter, puisquun seul contrat lie la totalit des
protagonistes de lopration de transport (lorsquun commissionnaire recourt, par exemple,
un transporteur1099), de lexistence de plusieurs conventions et donc, dune hirarchie entre
elles1100. La chose pourrait galement tre souligne dans plusieurs autres situations quil
1098
Voir sur ce point, J. PERROUIN, Thse prcite, n362 et s. p. 183 et s. ; v. encore Monsieur TEYSSIE,
dans sa thse, Les groupes de contrats, op. cit. n 20, p. 10.
1099
Ce dernier devient partie un contrat le liant alors lexpditeur au destinataire et au commissionnaire. Sur
les parties au contrat de transport v. notamment, P. LE TOURNEAU, Rp. Civ., Dalloz, v Contrat de transport,
n 35.
1100
En dpit de lapparence, larticle L. 132-8 du Code de commerce ne nous semble pas faire obstacle la
prsence de plusieurs conventions. Dabord, un auteur a relev que c'est une chose de dire qu'il existe des liens
de nature contractuelle entre les protagonistes de l'opration de transport, mais c'en est une autre de dire que
toutes ces personnes sont parties un mme contrat (C. HECART, L'action directe du voiturier : sagacit ou
maladresse ? , D. 2006, p. 1821, n 7). linstar de lauteur cit, une partie de la doctrine considre quil y a de
vritables raisons de douter du fait que chacun des participants devienne partie au contrat de commission de
transport (B. PETIT, Les transports , JCP E,., 1999, p. 712, n 1). Il ne nous appartient pas ici de revenir sur
ce dbat qui ne prsente pas un intrt spcifique dans la perspective qui est la ntre. En revanche, nous pouvons
relever quau-del de cette adhsion conteste une convention unique des diffrents participants lopration
de transport, le fait que les participants, expditeur, commissionnaire, transporteur, destinataire, soient
ventuellement tous parties une seule et mme convention, ne fait en rien obstacle ce que chacun de ces
intervenants soit li, avec chacun de ses cocontractants directs, par une convention distincte de celle forme par
la lettre de voiture. Un auteur relve dailleurs que lopration de transport (plus sans doute quune vritable
convention unique) forme un ensemble contractuel , qui ne fait pas obstacle lexistence de rapports
bilatraux naturellement indpendants les uns des autres (X. DELPECH, Difficults probatoires dans la mise
en uvre de l'action directe du transporteur , D. 2006 p. 2529). Dailleurs, cest en rfrence aux stipulations
tablies dans ces rapports bilatraux que seront apprcies certaines des prrogatives du transporteur. Ce dernier
ne peut par exemple agir directement en paiement contre lexpditeur que dans la mesure o ce dernier na pas,
dans ses rapports avec son cocontractant direct, prohib tout recours un transporteur substitu (Com. 28 janvier
2004, D. 2004, p. 944, note J.-P. TOSI) dans la mesure o le transporteur a eu ou aurait d avoir
228
413.
414.
Dans sa thse sur la hirarchie des conventions en droit priv, Monsieur Perrouin
dfend lide selon laquelle aucune hirarchie ne pourrait tre tablie en prsence dune
chane de contrats par addition lorsque les contrats ont des auteurs diffrents1102, pour la
raison que dans une telle hypothse lexcution de la premire convention, sans laquelle la
naissance de la seconde est (pour lauteur) impossible, a pour effet de lteindre 1103. Monsieur
Perrouin crit pour rejeter toute ide de coexistence dans une telle hypothse, que pour
viter de tomber sous le coup de la vente de la chose dautrui (article 1599 du Code civil),
chacun des contrats qui composent une chane de ventes successives suppose ncessairement
pour natre lexcution pralable de celui qui le prcde. Si la conclusion de chaque
convention nest possible quune fois la prcdente excute et donc teinte, il sagit dune
connaissance de linterdiction de substitution (Com., 13 juin 2006, D. 2006, p. 1967). propos de cette
prcision, un auteur souligne le caractre bancal de la thse de la convention unique puisque que finalement, le
sous-traitant semble ntre partie qu certains et non tous les lments du contrat de transport (J.-P.
TOSI, Interdiction de sous-traiter et divisibilit du contrat de transport , D. 2006 p. 1967, n 4), dans la
mesure o il nest pas partie la clause prohibant le recours la sous-traitance, se trouvant vis--vis de cette
clause dans la situation dun tiers (J.-P. TOSI, Ibid. ; Dans le mme sens, H. KENFACK, Droit des
transports, Juillet 2005-Juin 2006 , D.2007, p. 111), la clause ne le liant pas mais pouvant seulement, dans
certaines conditions, lui tre oppose (Com. 13 juin 2006 prcit, qui nonce qu Attendu qu'il rsulte de ce
texte que ne peut tre oppose au transporteur substitu terme qui pour Monsieur TOSI, voque la position
de tiers au contrat).
1101
Sur ce point, voir galement, J. PERROUIN, Thse prcite, n 386, p. 192 et s. qui relve galement cette
condition.
1102
1103
229
Monsieur Teyssi, dans sa thse sur les groupes de contrats, semblait dj considrer,
de la mme manire, que lexcution dune convention, telle une vente, emporte
inluctablement sa disparition. Cet auteur distingue en effet deux types de chanes de contrats
par addition1105, celles issues de la diffraction1106 dune premire convention, dans lesquelles
lapparition de la seconde convention nengendre pas la disparition de la premire, et celles
par addition, dans lesquelles, au contraire, la seconde convention ne coexiste pas avec la
premire mais lui succde1107.
Cette position est encore soutenue par Monsieur Nret dans sa thse relative au souscontrat. Alors quil distingue lobjet de sa thse des oprations contractuelles multiples et plus
particulirement des contrats successifs, cet auteur affirme avec une nettet encore plus
marque que ces derniers se distinguent de manire radicale du rapport contrat principal souscontrat en ce quen matire de contrats successifs lextinction dun contrat est ncessaire
la conclusion du suivant 1108.
Pour ces auteurs, cette situation serait le fruit du caractre particulier de lobligation
de donner 1109 dont lexcution se confond avec la formation du contrat de vente. Monsieur
Perrouin explique ainsi, que compte tenu de son caractre automatique et instantan,
lobligation de donner na pas vritablement dexistence () or, comme lobligation de
donner constitue lobligation principale du contrat de vente, elle fait de ce dernier un contrat
instantan qui sexcute en un seul trait de temps. Et cest de cette instantanit du contrat de
1104
1105
1106
1107
Ibid., n 70 et s. p. 39.
1108
1109
Ibid., op. cit., n 64, p. 57 ; v. galement J. PERROUIN qui reprend cette explication tout en renvoyant la
thse de Monsieur NERET.
230
415.
de donner ferait disparatre la vente, en relevant simplement que le fait que lobligation
principale de la convention soit excute ne signifie pas quaucune autre obligation ne
subsiste. Si lobligation de donner (ou le transfert de proprit) est la principale obligation1112
de la vente, elle nest incontestablement pas la seule. Le vendeur, en plus de donner, est
galement tenu de deux obligations, qui en croire le Code civil sont dailleurs les deux
principales obligations du vendeur, dlivrer et garantir1113/1114. Cet argument, que
nignorent pas les partisans de la thse de la disparition de la convention par son excution,
peut selon ces derniers tre cart en invoquant le caractre intuitus rei de ces obligations1115.
416.
Quoi quil en soit, au-del de ce recours aux obligations accessoires pour dmontrer
que le contrat perdure en dpit de lexcution de son effet principal , un autre point bien
plus important doit selon nous tre relev. Il nous parat en effet impossible daffirmer que le
contrat se dissout une fois sa pleine excution termine pour la raison que dans une succession
de vente cest le contrat initial qui, loin davoir disparu pour laisser sa place dventuels
1110
1111
Monsieur Perrouin crit dailleurs dans un extrait cit ci-dessus : chaque convention nest possible quune
fois la prcdente excute et donc teinte .
1112
Larticle 1603 du Code civil dispose que : Il [le vendeur] a deux obligations principales, celle de dlivrer et
celle de garantir la chose qu'il vend .
1114
Obligations auxquelles pourrait tre ajoute aujourdhui lobligation de scurit P.-H. ANTONMATTEI, J.
RAYNARD, Droit civil, contrats spciaux, op. cit., n 171, p. 139.
1115
231
417.
pluralit existant de manire simultane. Cette affirmation apparat vidente, nous avons vu
quil existait pourtant certaines situations dans lesquelles le doute tait permis. Ces conditions
communes toutes les hirarchies ne doivent cependant pas masquer la grande diversit des
hypothses dans lesquelles deux conventions sont en rapport lune avec lautre. Si la prsence
de plusieurs conventions est indispensable, la relation entre ces diffrents actes peut ne pas
tre directe.
1116
1117
1118
232
418.
dveloppes, avaient toutes pour point commun dtre des situations parmi les plus simples.
Un mandant donnant un mandat un mandataire qui allait conclure lui-mme une convention
en excution du mandat ; un contractant un contrat principal (par exemple un bail) qui
conclut, aprs ce contrat, un sous-contrat portant sur un mme objet (un sous-bail). Dans
presque tous les cas exposs, les deux conventions hirarchises taient deux conventions
directement en rapport lune avec lautre. Or, cette configuration, si elle a le mrite de la
simplicit, nest pas la seule que lon retrouve en droit positif. Ltablissement dun lien
hirarchique entre deux conventions nimplique pas ncessairement que ces actes soient en
relation directe lun avec lautre. Dun point de vue thorique, et mme si la hirarchie est
souvent prsente comme un rapport linaire1119, dans lequel une catgorie de normes
dtermine la validit dune autre catgorie, une norme peut parfaitement dterminer les
conditions de la validit dune autre qui ne se trouve pas directement au degr
infrieur1120. linstar de Hans Kelsen qui parlait dinconstitutionnalit indirecte 1121, nous
voudrions souligner que la hirarchie entre deux conventions peut tre une hirarchie
indirecte. Dans ces hypothses, le rapport de validit entre deux actes juridiques
conventionnels stablit alors par lintermdiaire dun ou de plusieurs actes juridiques. L'acte
ou les actes juridiques intercals peuvent-tre de nature conventionnelle, ce qui donne alors
naissance une pyramide ou des sous-ordres juridiques 1122 conventionnels (A) ou,
lorsque lacte interpos nest pas une convention, dorigine conventionnelle (B).
A. Interposition dun acte conventionnel.
1119
1120
M. TROPER, La pyramide est toujours debout ! Rponse Paul Amselek , RDP 1978, p. 1531 dans
l'ordre juridique franais () les normes de chaque niveau sont bien poses en vertu d'une habilitation confre
par une norme de niveau suprieur, mme s'il ne s'agit pas toujours du niveau immdiatement suprieur.
1121
H. KELSEN, Le contrle de constitutionnalit des lois, une tude comparative des constitutions
autrichiennes et amricaines , prcit, p. 18.
1122
Ayant une vision moniste de lordre juridique, nous prfrons les expressions sous-ordre juridique ou
ordre juridique partiel empruntes Kelsen (Thorie pure du droit, prcit, p. 321 et s.), lide dordre
juridique contractuel parfois utilise par les tenants du pluralisme juridique (v. par exemple, G. RABU,
Lorganisation du sport par le contrat, Essai sur la notion dordre juridique sportif, Thse prcite). Il ny a
donc notre sens pas, dans la construction de pyramide contractuelles, de vritables ordres juridiques
autonomes, puisque toutes ces constructions reposent en dernier ressort sur une norme tatique.
233
Un rapport de validit peut stablir entre deux conventions par le truchement dune,
420.
entre deux conventions peut dabord tre tabli alors quest interpose entre ces deux
conventions une troisime identique. Cette hypothse nest ni plus ni moins celle dcrite par
Monsieur Teyssi comme une chane de contrats par addition entre parties diffrentes1124. Tel
est concrtement le cas lorsque se succdent plusieurs ventes ou plusieurs donations. Deux
parties primus et secundus concluent un contrat de vente portant sur un mme objet qui sera
ultrieurement nouveau lobjet dune convention identique entre le contractant secundus et
un nouveau contractant tertius, puis entre ce dernier et un nouveau contractant quartus, ainsi
de suiteDans cette hypothse de ventes successives que nous avons dj brivement
voque, la validit de toutes les conventions, en raison de la combinaison des rgles
applicables la vente de la chose dautrui1125 et de la puissance destructrice [de la] rgle
nemo plus juris 1126, repose sur la premire convention unissant les deux premiers
contractants.
421.
Chanes de contrats par diffraction Lautre hypothse dans laquelle une hirarchie
peut stablir entre conventions par lintermdiaire dune autre convention identique aux deux
conventions hirarchises est pour suivre l encore une prsentation emprunte Monsieur
Teyssi celle des chanes de contrats par diffraction1127, ou autrement dit, lhypothse du
1123
Sur ce point, v. J. PERROUIN, Thse prcite, n 789 et s. p. 344 qui voque trs brivement cette possibilit
et en rduit la porte.
1124
1125
1126
1127
234
422.
Une convention peut donc sinterposer entre deux ou plusieurs autres conventions
423.
Chanes de contrats translatifs de proprit Les propos que nous avons tenus
propos des chanes de contrats par addition avec des personnes diffrentes peuvent galement
trouver un cho ici. Le schma dcrit reste identique si lon substitue un contrat de vente,
toute autre convention translative de proprit telle une donation. Une vente entre deux
contractants, primus et secundus, est hirarchiquement suprieure une autre vente entre deux
autres contractants, tertius et quartus, y compris dans lhypothse o le bien objet de la vente
a t lobjet dune donation entre secundus et tertius. Ici, par le biais dune convention de
nature diffrente, deux conventions de mme nature sont lies par un lien hirarchique
puisque, en dernire analyse, la validit de la seconde vente repose sur la premire vente
conclue entre primus et secundus.
424.
Il nest sans doute pas utile de dvelopper tous les cas de figure imaginables, mais la
situation est bien entendu identique tant que se succdent des conventions translatives de
proprit, quel que soit lordre dans lequel ces conventions se succdent. Dans toutes les
1128
1129
235
426.
Une hirarchie peut donc exister entre les conventions extrmes dune chane de
contrats, que toutes les conventions soient les mmes ou non. Une hirarchie indirecte peut
encore tre tablie si lacte interpos entre deux conventions nest pas conventionnel.
B. Interposition dun acte juridique unilatral.
427.
Souvent, lacte interpos entre deux conventions est, lorsquil nest pas conventionnel,
un acte unilatral. Il peut alors sagir dun acte juridique unilatral individuel (1) ou dun acte
juridique unilatral collectif (2).
1. Interposition dun acte unilatral individuel.
428.
peuvent sintercaler entre deux conventions, lesquelles seront hirarchiquement lies. Dans le
mme esprit que les chanes de conventions translatives de proprit, peuvent tre identifies
des chanes dactes juridiques translatifs de proprit dans lesquelles, une convention, est
substitu un acte juridique unilatral, tel un testament. Dans cette situation, si un bien objet
1130
Pour une illustration rcente en matire de nullit du mandat dun agent immobilier v. THIOYE M., Nullit
de la vente conclue sur la base dun mandat irrgulier , commentaire sous, Civ. 3., 8 avril 2009, AJDI, 2009, p.
890.
236
429.
les deux conventions hirarchises peut tre un acte unilatral, manant dun dirigeant ou dun
reprsentant dune personne morale ou de manire gnrale dune organisation collective
(dirigeant de socit, prsident dune association, syndic de coproprit). Ce dernier est
amen conclure plusieurs conventions au nom et pour le compte de lorganisation quil
reprsente. Cette convention conclue doit respecter la charte collective que constitue selon les
cas, le rglement de coproprit, les statuts de la socit ou encore ceux dune association. Or,
en amont du second acte juridique conventionnel, un autre acte juridique prexiste, celui de la
dcision. Certes, la nuance est subtile entre agir et dcider d'agir 1133, lorsque les deux
actes sont le fait dune seule et mme personne, elle est pourtant bien relle 1134. Cette
dcision, un acte juridique unilatral doit, comme la convention quelle peut entraner, tre
conforme la charte fondamentale de lorganisation en question.
430.
1131
Les successions tant un mode driv dacquisition de la proprit, C. DEMOLOMBE, Cours de Code civil,
TOME VII, Des successions, STIENON J., BRUXELLES, 1858, n 6, p. 6.
1132
1133
Ibid.
237
Cette situation apparat de manire plus vidente lorsque lacte dcisionnel est un acte
juridique unilatral manant dun organe collectif. Il y a alors une hirarchie indirecte par
linterposition dun acte juridique unilatral collectif.
2. Interposition dun acte juridique unilatral collectif1135.
432.
indirecte peuvent tre trouvs dans les hypothses o une convention donne naissance une
personne morale, ou au moins une organisation collective, qui sexprime notamment par le
biais dorganes dexpression collective. Nous le dmontrerons avec lexemple des dcisions
de lassemble gnrale des copropritaires, mais des dveloppements identiques pourraient
tre consacrs aux assembles gnrales1136 dautres organisations.
433.
434.
Le rglement de coproprit peut tout dabord dterminer toute une srie de rgles de
1135
Sur ce point v., J. MARTIN DE LA MOUTTE, Lacte juridique unilatral : essai sur sa notion et sa
technique en droit civil, Thse Toulouse, 1949, en particulier, n 44, p. 52, o lauteur emploie cette expression
et en attribue la paternit Demogue ; Sur les actes juridiques collectifs, v A.-L. PASTRE-BOYER, Lacte
juridique collectif en droit priv franais, contribution la classification des actes juridiques, (prface R.
CABRILLAC), PUAM, Coll. Institut de droit des affaires, 2006.
1136
Retenant cette qualification dacte unilatral collectif pour les dlibrations dassemble, A.-L. PASTREBOYER, Ibid., n 83 et s. p. 77 80, en part. n 85, p. 78.
1137
Article 9 alina 2, D. n 67-223, du 17 mars 1967 : Cette convocation est notifie au moins quinze jours
lavance, moins que le rglement de coproprit nait prvu un dlai plus long .
1138
238
435.
1140
Article 9 alina 3.
1141
H. SOULEAU, Le lieu de runion d'une assemble gnrale est la commune de situation de l'immeuble
dfaut de stipulation du rglement de coproprit , note sous, Civ. 3, 22 mai 1990, D. 1991, p. 142, censure de
lassemble gnrale de copropritaires tenue Bruxelles (ces derniers tant majoritairement originaires du
Benelux) alors que le rglement de coproprit de limmeuble situ Juan-les-Pins ne prvoyait rien.
1142
1143
Mme si dans la quasi-totalit des cas, les majorits prvues par la loi sont dordre public (LOMBOIS C.,
Commentaire de la loi n 65-557 du 10 juillet 1965, fixant le statut de la coproprit des immeubles btis ,
prcit, p. 105).
1144
1145
1146
1147
Civ. 3, 22 mai 1990, Bull. civ. III, n 127, p. 70 ; note H. SOULEAU, prcit ; D. 1991, p. 81, Note C.
GIVERDON, J. LAFOND, J.-R. BOUYEURE.
1148
1149
G. VIGNERON, J.-Cl. Coproprit, Assembles gnrales, voies de recours contre les dcisions
dassemble, Procdure, fasc. 87-20, n 120.
239
436.
437.
1150
F. GIVORD, C. GIVERDON, P. CAPOULADE, op. cit., n 876 (mme si dans certaines hypothses, les
actes passs avec les tiers de bonne foi demeurent valables).
1151
Civ 3, 7 avril. 2004, Bull. civ. III, n 77 ; Administrer, juin 2005, p. 28 note P. CAPOULADE.
1152
240
*
*
438.
439.
sur ce point, tablir un lien hirarchique entre deux conventions. En dpit de ce que
plusieurs indices semblaient indiquer, ltablissement dune hirarchie entre conventions et
surtout, la place respective de chacune de ces conventions dans une structure conventionnelle,
ne doit rien leur ventuelle nature juridique uni ou pluri-dimensionnelle. Le fait quune
convention ait une nature juridique rglementaire ou institutionnelle , nimplique en
rien sa domination sur dautres conventions la nature juridique simple . Ce constat qui,
nous lavons expos, pouvait surprendre dans une conception classique de la place de la
convention dans les sources du Droit, trouve un fondement si lon affirme lunit de la notion
de convention du point de vue de sa nature juridique.
Nous avons eu loccasion de dmontrer quune analyse contractuelle nouvelle, en
partie fonde sur une approche normativiste du contrat, se dveloppe de manire trs
convaincante en doctrine et permet de rendre compte de manire parfaitement satisfaisante
des effets de tous ces actes en recourant aux techniques contractuelles. Toutes les conventions
tant des normes et ayant pour cette raison des effets normatifs , les effets de cette nature
produits par certains actes ne peuvent plus les discriminer. Cela est dautant plus vrai que tous
les effets originaux des conventions complexes se traduisent parfaitement en termes
contractuels, y compris les effets produits lgard des tiers qui ne sont jamais constitutifs
dune atteinte au principe de leffet relatif des conventions. Cette affirmation de lunit de la
notion de contrat, si elle fonde lindiffrence de la place respective de chaque convention dans
une hirarchie permet galement, en affirmant la nature contractuelle de tous les actes que
241
440.
La seconde condition qui apparat toute aussi vidente mais qui demeure indispensable
441.
videmment pas ce quun lien hirarchique stablisse entre deux contrats. Cette situation ne
saurait tre suffisante puisque, comme le relve Monsieur Perrouin, il ne pourrait y avoir de
hirarchie sans quune une interfrence [ne] se cre (ou plutt existe ) entre les actes
juridiques concerns 1153.
1153
242
443.
signale par Monsieur Perrouin1155, lequel identifie dans ses travaux deux lments communs
aux conventions qui constituent une structure hirarchique. Ces actes auraient toujours un
objet commun et au moins une partie commune.
444.
Le second lment identifi par cet auteur ne nous parat pas simposer tant les
arguments qui militent en faveur de la thse oppose sont importants. Une hirarchie peut lier
deux conventions qui unissent des parties diffrentes. Il ny a pas l une condition ou un
critre dune hirarchie entre conventions (SECTION I).
445.
Dun aperu rapide des situations dans lesquelles le droit positif tablit une hirarchie
1154
B. TEYSSIE, op. cit., n 15, p. 8, Lauteur, nous lavons voqu, retiendra finalement que ce qui unit les
contrats un groupe de contrats est une identit dobjet (il est alors questions de chanes de contrats) o de cause
(il sagit alors densembles contractuels).
1155
243
447.
La communaut de parties entre les deux conventions hirarchises est pour lauteur
une rgle1157 (A) qui, comme toute rgle, souffrirait dinvitables exceptions (B).
448.
comme la plupart de celles que nous avons dveloppes lorsquil sest agi de mettre en
lumire lexistence, en droit positif, de situations tablissant un rapport de validit entre deux
conventions, rvlent incontestablement que souvent, les conventions en prsence unissent
des parties identiques. Ce constat (1) trouverait son fondement dans larticle 1165 du Code
civil (2).
449.
Lidentit de parties peut revtir deux formes selon que les parties soient partiellement
identiques ou selon que cette identit soit parfaite, autrement dit que les parties la
convention dite suprieure soient exactement les mmes que les parties la convention
infrieure.
1156
Cet auteur retient, nous lavons dj soulign, une dfinition de la hirarchie diffrente de la ntre, la fois
plus large et plus troite, puisquil dfinit ce terme comme un lien de nature substantielle en vertu duquel le
contenu dune norme se trouve subordonn celui dune autre qui lui est suprieure (thse prcite, n 3-2, p.
5). Cette dfinition embrasse une srie dhypothses plus vaste que ce que nous retenons en ce quelle nattache
pas dimportance au critre de la sanction qui est dans notre recherche le critre de la hirarchie. Elle se
distingue en revanche en tant plus troite dans la mesure o elle sattache uniquement au contenu des normes,
ce que nous avons dcrit dans notre introduction comme la conformit , c'est--dire une correspondance au
fond qui ne tient pas compte des exigences formelles. Quoi quil en soit, cette diffrence ne fait pas obstacle ce
que certaines des situations que nous tudions soient identiques et ce que les critres dgags se recoupent
parfois. Ce pourrait donc tre le cas ici.
1157
244
parties est illustre par les rapports entre les statuts dune socit et les pactes extrastatutaires. Le plus souvent ce type de pactes, bien que ce ne soit en rien une condition de leur
validit, lient lensemble des associs. Une hirarchie stablit donc entre deux conventions
qui unissent des parties parfaitement identiques, puisque chacun des associs est la fois une
partie aux statuts et au pacte.
Cest encore le cas lorsque des poux lis par une convention matrimoniale se
consentent une vente portant sur un bien propre. Dans cette hypothse, dsormais valide par
le Code civil, une convention qui est hirarchiquement suprieure une autre lie exactement
les mmes parties que la convention place en position dinfriorit. Les poux sont tous deux
parties la convention matrimoniale. Ils sont, bien videmment, parties la vente conclue
entre eux. Dautres exemples pourraient agrmenter cette liste.
Monsieur Perrouin relve galement une autre hypothse, particulire, dans laquelle
les parties lies par les conventions hirarchises sont identiques bien quelles naient pas t
les parties contractantes de tous les actes ordonns. Ce serait le cas lorsquun contrat de travail
est soumis une convention collective conclue entre deux syndicats patronaux et de salaris
dont seraient respectivement adhrentes les deux parties au contrat de travail. Dans cette
situation employeurs et salaris seraient, par le mcanisme de la reprsentation, tous deux
parties la fois au contrat de travail par lequel ils sont lis, mais encore, la convention
collective laquelle le contrat de travail est soumis1158.
451.
partielle, elle nen illustre pas moins la condition dgage par Monsieur Perrouin. Ce cas de
figure est le plus frquent, il est le plus petit dnominateur commun la trs grande
majorit des structures hirarchiques 1159.
Les rapports entre rglement de coproprit dun immeuble bti et les actes passs par
un copropritaire prsentent une communaut partielle de parties. Le propritaire dun lot est
en effet partie la fois au rglement, mme sil y a adhr aprs son entre en vigueur, et bien
1158
La reprsentation tient ici pour lauteur lintervention de syndicats reprsentatifs. Lassimilation entre
reprsentation et reprsentativit est vident contestable, nous ny adhrons pas.
1159
245
452.
lexistence dun rapport hirarchique1160. En effet, le droit des contrats tant domin par le
principe de leffet relatif, des conventions conclues par des parties compltement
diffrentes, mme si leurs contenus respectifs intressent des questions identiques,
[nauraient] aucune raison de produire deffets entre elles 1161. dfaut, il apparaitrait
comme une entorse leffet relatif des conventions pos larticle 1165 1162. En revanche,
tel ne serait pas le cas si les conventions susceptibles dtre ordonnes ont en commun au
moins une de leurs parties, cela cre entre elles un trait dunion permettant de justifier de
leur ventuel agencement hirarchique 1163. Le principe pos par le Code civil serait alors
sauf. Le fait quune convention produise un effet sur une autre serait ainsi justifi.
1160
1161
1162
1163
246
parties entre les conventions hirarchises peut tre carte dans certaines hypothses. Le
principe de leffet relatif des conventions tant un principe lgal que le lgislateur peut carter
par une norme de mme nature1164, la communaut mme partielle de parties aux conventions
hirarchises ne simpose plus dans les hypothses o la rgle pose larticle 1165 du Code
civil est carte par la loi.
454.
Dans la dmonstration initie par Monsieur Perrouin, ce dernier relve deux sries
dexceptions diffrentes.
455.
labsence de parties communes, dans tous les cas de figure dans lesquels un acte effet
collectif fait lobjet dune procdure dextension. Lauteur pointe, notamment, le cas le plus
connu de lextension de la convention collective de travail. Cette procdure dextension
permet de faire produire des effets une convention, lgard dautres actes de mme nature,
alors que les parties aux deux actes hirarchiss sont intgralement diffrentes 1165. Cette
situation se justifierait par une drogation lgale larticle 1165 du Code civil.
456.
communaut des parties apparat pour lauteur en prsence dune chane de contrats par
diffraction qui se prolongerait au-del dune seule diffraction . Si un sous-contrat succde
un premier sous-contrat, les parties au sous-contrat de second rang sont intgralement
diffrentes des parties au contrat principal. Il ny a en consquence dans cette alternative
aucune partie commune. Pour lauteur, la hirarchie se justifie malgr tout par la
communaut dobjet qui existe entre les conventions concernes. En effet, les diffrentes
conventions subsquentes issues de la diffraction dun premier contrat, tirent toutes leur objet
de celui de la convention initiale dont elles dcoulent 1166.
1164
1165
1166
247
vrai dire, mais la chose importe peu, il ne nous semble pas quil sagisse ici dune
vritable exception1167, dautant que lexplication avance, la communaut dobjet, nest pas
de nature justifier quoi que ce soit dans la mesure o elle est prcisment, pour lauteur, une
condition commune toutes les structures hirarchiques1168.
458.
Perrouin ne nous semble pas simposer comme une condition, ou un lment, expliquant, ou
permettant, linstauration dune hirarchie entre deux ou plusieurs conventions. Cette
condition doit tre carte.
459.
Sil nous semble que la communaut de parties nest pas une condition de la
460.
Outre les exceptions dj exposes, les situations que nous avons tudies mettent en
1167
Certes, une hirarchie sinstaure entre deux conventions, le contrat principal et le sous-contrat de second
rang, alors que ces deux conventions nont pas de parties en commun. Mais cette hirarchisation nest possible
que du fait de lexistence dune convention intermdiaire, le premier sous-contrat, par le truchement duquel se
forme valablement le sous-contrat de second ordre. Or, ce contrat intermdiaire prsente une partie commune
la convention suprieure. Cette convention contient galement une partie commune avec le dernier sous-contrat.
Ds lors, si lon tudie le rapport entre un acte et lacte directement suprieur, et non la situation dans sa
globalit, la condition dgage par Monsieur Perrouin nous parat tre ici satisfaite. Cela savre dailleurs vrai
pour toutes les hypothses de chanes de contrats, par diffraction , mais galement par addition .
1168
248
461.
Conventions conclues par la socit avec un tiers aux statuts Le cas des
conventions conclues par des personnes morales prsente la singularit, assez paradoxale,
doffrir des illustrations diamtralement opposes du point qui nous intresse ici. Les
conventions conclues par un tel groupement dmontrent quune hirarchie peut sinstaurer
entre deux conventions dont toutes les parties sont identiques, nous lavons vu. Le
fonctionnement de la socit rvle cependant que, bien plus frquemment, une hirarchie
sinstaure entre deux conventions sans que ces actes naient aucune partie commune.
462.
Au quotidien, pour raliser lobjet social qui est le sien, la personne morale contracte.
Elle vend, achte, loue, emprunte, emploie 1169 et le plus souvent, elle le fait avec un
cocontractant autre que lune des parties au pacte social, autrement dit avec des tiers cette
convention. Dans toutes ces hypothses, qui sont loin dtre marginales, les deux conventions
hirarchises, les statuts et lacte contract pour la ralisation de lobjet social, nont pas
dauteurs communs. compter de leur immatriculation pour les socits ou de leur
dclaration pour les associations, ces groupements acquirent la personnalit morale. Cest
donc la personne juridique qui est dsormais lauteur des conventions quelle conclut. La
personnalit morale institue un cran qui interdit de voir les autres sujets de droit vivant ou
travaillant lintrieur de la socit [ou de tout autre groupement] personnalise 1170. Une
hirarchie est en consquence instaure entre deux conventions reliant des parties diffrentes.
463.
personne morale lgard de ses fondateurs, que ces derniers sont tout de mme parties la
convention conclue entre la socit et un tiers. Lmergence de la notion de personne morale
ne sest pas faite sans heurts, et lon sait que plusieurs auteurs ont soutenu que ces
groupements ne sont pas plus une personne fictive quune personne relle 1171, mais sont
de simples organisations collectives de la proprit1172, ce qui reviendrait dire quil
1169
1170
1171
DE VAREILLES-SOMMIRES, Les personnes morales, 1902, cit par L. DUGUIT, Trait de Droit
constitutionnel, Troisime dition, Tome I, op. cit., . 46, p. 504.
1172
M. PLANIOL, Trait lmentaire de droit civil, T. 1, 11me dition, LGDJ, 1928, n 3005 et s., p. 1009.
249
Considrer les parties au contrat de socit comme parties aux contrats de la socit
ne nous parat cependant pas tenable. Le droit positif met l'accent sur la personnalit morale
dont est dote la socit, indpendante de ses associs 1177. Lassoci peut bien tre partie
la collectivit organise, cela n'empche pas qu'il reste tiers aux actes conclus par la
personne morale que constitue la socit 1178. En droit positif1179, le principe est certain1180.
Cela nous parat dautant plus sr que si lon imagine sans trop de difficults que lon puisse
concevoir que les deux actionnaires dune petite socit familiale soient considrs comme
parties la convention conclue par la socit, il est en revanche bien difficile de se reprsenter
la mme chose en prsence dune socit cote comptant plusieurs millions dactionnaires. En
1173
1174
D. PORACCHIA, Le rle de lintrt social dans la socit par actions simplifie , Rev. Socits 2000, p.
223, spc. n 25.
1175
H. LE NABASQUE, LEURL ne serait-elle quunleurre , BJS 1993, n 12, p. 1250, qui reprend une
expression que lon doit Monsieur MERLE.
1176
D. SCHMIDT, Les conflits dintrts dans la socit anonyme : Prolgomnes , BJS., 2000, n 1, p. 9,
spc. n4.
1177
P. BEZARD, Face--face entre la notion franaise dintrt social et le gouvernement dentreprise , LPA,
2004, n 31, p. 47 ; en ce sens galement, D. PORACCHIA, prcit, n25, la socit reste distincte des
membres qui la compose .
1178
D. CHOLET, La distinction des parties et des tiers applique aux associs , D. 2004, p. 1141 spc. n 13.
1179
Par exemple, Civ. 3., 8 novembre 2000, qui nonce que les associs d'une SCI ne sont pas
contractuellement lis au crancier de la socit , RTD com., 2001, p. 162, observations M.-H. MONSRIBON.
1180
D. CHOLET, La distinction des parties et des tiers applique aux associs , prcit, n 7 ; v. dailleurs, en
sens inverse , soulignant la distinction entre la socit et les parties en refusant de tenir la socit dun
engagement pris par ses membres fondateurs, Com. 20 fvrier 2007, RTD civ. 2007, p. 562, observations, B.
FAGES.
250
464.
Il ne parat donc pas raisonnable de soutenir que les membres dun groupement de
personnes sont parties aux conventions conclues par ce groupement lorsquil a la personnalit
morale. Dautres hypothses dans lesquelles deux conventions peuvent se hirarchiser
rvlent, de toute manire, une absence de communaut de parties.
465.
Nous lavons dj dit, dans lacception que nous avons retenue de la hirarchie, il
nexiste pas notre sens de rapports de cette nature entre les diffrents niveaux de
conventions et accords collectifs de travail. Pour autant, nous avons galement soulign que
lon avait pu assister rcemment un phmre retour de quelques situations dans lesquelles
une convention collective dcrivait certaines des conditions de validit dautres actes de
mme nature1182. Si les dispositions qui rintroduisaient une relation exceptionnellement
hirarchique entre les conventions et accords de niveaux diffrents ont disparu depuis peu,
elles ne dmontrent pas moins que, l encore, une relation hirarchique pouvait stablir entre
deux conventions qui nunissaient pas ncessairement des parties communes.
466.
Les dispositions cites de la loi du 4 mai 2004 confiaient une convention collective,
de branche ou interprofessionnelle, le soin dopter pour lune des deux modalits de validation
des accords dentreprise prvues par la loi. Cette situation de hirarchie entre deux
conventions dmontre encore quun lien de cette nature peut bien unir deux actes
conventionnels sans quils naient aucune partie commune. Laccord interprofessionnel ou de
branche pouvait tre conclu entre un ou plusieurs syndicats de salaris primus et un syndicat
demployeur secundus, alors que laccord dentreprise tait conclu entre un employeur ntant
pas adhrent au syndicat secundus et un syndicat de salaris autre que primus. Les parties la
convention dentreprise taient donc intgralement diffrentes des parties la convention
suprieure.
1181
1182
Supra, n 320 et s.
251
Les exceptions, majeures pour certaines dentre elles, releves dans le droit positif ou
468.
leffet relatif des conventions. Nous lavons dit, pour lauteur, la communaut de parties cre
un trait dunion entre les deux conventions qui justifie que lon droge ce principe
fondamental du droit des contrats. Largument est imparable lorsque les deux conventions
hirarchises unissent deux ou plusieurs parties identiques. Aucune atteinte leffet relatif des
conventions ne peut videmment tre caractrise lorsquune convention liant deux parties
produit un effet sur un autre acte conventionnel liant les deux mmes auteurs. Lirrgularit
des stipulations dun pacte extra-statutaire en raison dune non conformit aux statuts de la
socit, pas plus que linvalidit dun acte conventionnel entre poux en raison dune atteinte
la convention matrimoniale qui les unit, ne soulvent le moindre dbat propos du principe
voqu.
469.
Pour autant, plusieurs raisons nous conduisent considrer que le principe pos
470.
labsence datteinte leffet relatif des conventions est imparable en prsence dune
communaut parfaite de parties, il en va diffremment lorsquune seule partie est commune
aux deux actes. vrai dire, dans ce cas de figure, nous saisissons mal en quoi la communaut
de parties permettrait de justifier la hirarchisation de plusieurs conventions.
471.
472.
Les conventions hirarchises ne sont donc pas ncessairement relies par leurs
parties. Si beaucoup de conventions unies par un rapport hirarchique ont en commun une ou
plusieurs parties, la situation est de pur fait. Elle nest pas une condition juridique de
ltablissement dun lien de validit entre deux conventions. Des conventions peuvent bien
tre hirarchises alors quelles lient des parties diffrentes. Si le lien entre les conventions ne
tient pas leurs parties respectives, il est en revanche impratif quelles aient un intrt
commun, un point commun.
Deux conventions ayant des contenus totalement diffrents nont aucune raison de se
trouver hirarchises 1185. Pour cette raison, les conventions unies par un lien hirarchique
auraient un objet commun. La pratique permet de confirmer ce sentiment, limmense majorit
des conventions qui entretiennent un rapport hirarchique avec un acte juridique de la mme
nature possde un objet commun avec cet acte (1). Des conventions nayant pas un mme
contenu peuvent cependant, au-del du constat fait par Monsieur Perrouin, se trouver
hirarchises. Dans quelques hypothses, cest un but commun que doivent alors
poursuivre les actes hirarchiss (2).
1183
V. infra n 543 et s.
1184
Sur lintrt commun v. T. HASSLER, lintrt commun , RTD com 1984, p. 581. Prcisons
immdiatement que la prsente notion ne doit pas sentendre au sens que lon peut lui donner habituellement ce
qui explique lutilisation de guillemets. Elle dsigne seulement ici la somme de nos deux paragraphes, lobjet et
le but (notion qui sera elle-mme ultrieurement prcise).
1185
253
474.
475.
lobjet du contrat, est presque unanimement condamne par la doctrine qui relve son
caractre incorrect ou imprcis. Le contrat naurait que des effets, des obligations, qui elles
seules auraient un objet1186. Quelques auteurs soutiennent cependant lexistence de la notion
dobjet du contrat quils dsignent alors comme lobjet de lobligation principale ()
autour duquel sorganisent lquilibre et lconomie du contrat 1187, ou comme l'opration
juridique concrte voulue par les parties 1188.
Lobjet peut encore tre celui de lobligation, c'est--dire la prestation que la partie
dbitrice sest engage raliser1189. Cet objet dsigne laspect juridique de lengagement du
dbiteur, donner, faire ou ne pas faire, de manire abstraite. Cest cette acception qui est
parfois retenue lorsquil sagit de classer les obligations selon leur objet1190. Dans la vente,
lobjet de lobligation de lacheteur est alors de payer le prix1191.
Enfin, lobjet peut tre celui de la prestation. Cet objet est sans doute celui qui est vis
larticle 1128 du Code civil, il reprsente la chose ou le service concret objet de la prestation
1186
B. FAGES, Droit des obligations, 2me dition, LGDJ, 2009, n 181, p. 150.
1187
Cette dfinition est celle retenue par Madame LUCAS-PUGET dans sa thse, op. cit., n 499, p. 279.
1189
1190
B. FAGES, Droit des obligations, 2me dition, LGDJ, Coll. Manuels, 2009, n 182, p. 150 152.
1191
254
476.
Dfinition de lobjet commun retenu par Monsieur Perrouin Pour cet auteur,
477.
Lobjet du contrat, entendu comme lobjet de lobligation principale, est pour lauteur
une notion qui ne peut rendre compte de ce qui unit deux conventions hirarchises puisque
ce terme est trop troit. Cela se vrifierait par exemple dans les relations entre une convention
collective de travail et un contrat de travail. Lobjet de lobligation principale du premier
acte serait de dfinir les conditions de travail applicables aux contrats soumis cet acte.
Lobjet du contrat de travail est lvidence diffrent puisquil cre une relation de travail
entre deux parties. Ds lors, cet auteur peut conclure que lobjet du contrat compris comme
celui de son obligation principale est une notion beaucoup trop restrictive pour permettre de
caractriser dans toutes les hypothses de hirarchie lexigence dune communaut dobjet
() ce qui est vrai pour lobjet de lobligation principale lest a fortiori pour celui de la
prestation qui est une notion encore plus troite que la prcdente 1194. Il propose donc de
retenir comme dfinition de cette notion lopration juridique que les parties cherchent
raliser, c'est--dire toutes les obligations souscrites par les parties , autrement dit, le
contenu du contrat 1195. Dans cette acception l, tous les contrats hirarchiss auraient le
mme objet.
478.
a le mrite dtre assez large pour pouvoir y intgrer lensemble des situations hirarchiques
1192
A.-S. LUCAS PUGET, op. cit., n 286, 287, et 288, p. 157 et 158.
1193
1195
Ibid., n 432 et 433, p. 210, lexpression contenu du contrat tant emprunte Carbonnier, Droit civil,
Les biens, les obligations, op. cit., n 969, p. 2008.
255
479.
Si la notion de contenu du contrat nous parat tre trop large, celle retenue par
Monsieur Overstake doit juste titre tre carte. Sur ce point, la proposition de lauteur de la
thse sur la hirarchie des conventions en droit priv ne peut souffrir aucune contestation.
Le fait que lobjet de lobligation principale de plusieurs conventions (lune conclue
entre primus et secundus sur un bien immeuble, lautre conclue entre tertius et quartus sur un
bien meuble incorporel) soit objectivement identique ne permet videmment pas de tisser un
lien entre deux conventions. Ce critre, qui est labor par Monsieur Overstake dans la
perspective de classer les contrats spciaux entre eux, ne peut avoir videmment aucun intrt
dans la perspective qui est la ntre. Les raisons qui doivent conduire lcarter ne sont en
revanche nos yeux pas celles retenues par Monsieur Perrouin. Ce nest pas parce que ce
critre est trop troit quil nest pas propre rendre compte de ce qui cre une connexit entre
les actes hirarchiss mais, au contraire, parce quil est marqu par un trop grand degr de
gnralit. Ce critre est un critre objectif.
Il en va encore de la sorte si lon sen tient lobjet de lobligation. Lobjet de
lobligation est alors de donner, faire, ne pas faire ou si lon descend le curseur dun cran,
donner, faire ou ne pas faire une certaine chose envisage de manire gnrale. Le fait que
deux obligations conventionnelles aient pour objet de transporter une personne ne peut suffire
crer un lien entre ces deux obligations. Deux conventions compltement trangres ne
peuvent interfrer entre elles uniquement en raison de lidentit objective de leurs obligations.
Monsieur Nret tire dailleurs la mme conclusion en matire de sous-contrat1197. Deux
1196
A. BENABENT, Droit civil, Les obligations, op. cit., n 140 et s. p. 107 et s. Lauteur divise un Chapitre
intitul le contenu du contrat en deux sections consacres lobjet puis la cause du contrat ; le flou de la
notion de contenu du contrat tait galement soulign par les auteurs de lavant-projet de rforme du droit
des obligations et de la prescription qui avaient choisi de renoncer cette notion pour cette raison (V. Les propos
de J. HUET de R. CABRILLAC sur les articles 1121 1123 de lavant-projet). Prcisons que la dernire version
connue du projet de la chancellerie dfinit son article 49 le contenu du contrat comme lune des conditions de
validit de cet acte.
1197
256
480.
est donc le trait dunion entre les conventions hirarchises. Ces dernires peuvent alors avoir
classiquement pour objet une chose, un service ou tout autre objet.
481.
situation qui se prsente le plus communment dans les structures que nous avons identifies.
Quelques illustrations permettront de sen convaincre.
482.
Cest dabord le cas des chanes de contrats translatifs de proprit. Ces groupes de
contrats sont unis par une mme chose. Cela se vrifie aussi bien dans les chanes homognes
quhtrognes. Dans toutes ces structures dans lesquelles, nous lavons vu, la validit de
toutes les conventions repose, en dernire analyse, sur le premier acte translatif de proprit,
les conventions sont unies par lidentit de la chose sur laquelle elles portent.
Une correspondance entre lobjet de la prestation de plusieurs conventions
hirarchises est galement prsente dans les structures composes dun avant-contrat de
vente et dune vente. Lobjet de la prestation du contrat de vente est, bien entendu, la chose
vendue. Cest galement cette mme chose qui est lobjet de la prestation dans le pacte de
prfrence ou la promesse unilatrale de vente1199. Dans ce dernier acte, la chose objet de la
1198
A.-S. LUCAS PUGET qui dfinit, rappelons-le, lobjet du contrat comme lopration juridique concrte
voulue par les parties , op. cit., n 499, p. 279.
1199
F. POLLAUD-DULIAN, A. RONZANO, Le contrat cadre, par del les paradoxes , prcit, p. 189, dans
la promesse de contrat crivent ces auteurs, lobjet de la prestation engendre par la convention initiale et
257
483.
Une identit partielle dobjet se manifeste entre les conventions matrimoniales et les
conventions conclues par les poux entre eux ou avec des tiers. La charte patrimoniale de la
famille a pour objet un ensemble de choses, lensemble des biens des poux prsents et
venir. Ds lors, les actes que sont amens conclure ces derniers sur leurs biens ne peuvent
concerner quune partie de ceux-ci, un immeuble dtermin par exemple. Mais ici encore
lobjet de la prestation , autrement dit le bien concret sur lequel portent les deux
conventions est, ne serait-ce quen partie, identique.
Les rapports entre le rglement de coproprit et les actes des copropritaires sur leurs
lots conduisent au mme constat. Lobjet concret sur lequel porte le rglement de coproprit
est limmeuble bti que le rglement organise, autrement dit lensemble des parties privatives
et des parties communes. Ce rglement est hirarchiquement suprieur aux actes conclus par
les copropritaires sur leurs lots, c'est--dire sur une partie seulement de lobjet qui est celui
du rglement. Il en va ncessairement ainsi puisquun acte de lun des copropritaires ne
pourrait porter sur lensemble de limmeuble objet du rglement, qu la condition que tous
les lots soient runis dans ses mains. Or, cette situation entrane de plein droit la disparition
lobjet de la prestation de lautre convention contrat dfinitif sont en tout ou partie identiques .
1200
J. PERROUIN, Thse prcite, en particulier n 436 et s. o lauteur voque plusieurs reprises cette
possibilit.
258
Certaines dispositions des statuts de la socit peuvent dsigner des biens sociaux. Ils
ont alors le mme objet que les actes alinant ces mmes biens. La vente du sige social, dun
fond de commerce ou dun immeuble mentionn dans les statuts sont autant dactes qui
portent partiellement sur le mme objet que ces statuts. Lobjet au sens de lobjet de la
prestation peut encore tre identique, bien que les illustrations soient moins nombreuses, si la
prestation consiste en une prestation de service.
484.
laquelle les conventions en rapport ont pour objet commun un service est vraisemblablement
le sous-contrat (cette convention aurait dailleurs pu trouver sa place, dans les cas o elle
porte sur une chose, dans les dveloppements qui prcdent). Un contrat dentreprise qui porte
sur la ralisation dun certain ouvrage peut parfaitement faire lobjet dune sous-traitance qui
portera sur tout ou partie de cet ouvrage. Lobjet de la prestation est, dans cette structure,
intgralement ou partiellement commun aux conventions hirarchises. Cette communaut
dobjet, entendue comme lobjet de la prestation, est dailleurs lun des critres permettant
didentifier le sous-contrat1202.
Cette communaut dobjet se retrouve nouveau dans la situation dans laquelle le
contrat conclu en second rang na pas la mme nature juridique que la convention
hirarchiquement suprieure, c'est--dire si la structure forme nest pas un sous-contrat1203. Il
en est ainsi lorsquun commissionnaire de transport sous-traite une partie du transport un
transporteur. Le service concret sur lequel portent les deux conventions, le dplacement dun
bien dun point A un point B, est intgralement ou partiellement identique. Le mandat et la
convention forme en son application illustrent encore cette communaut dobjet.
485.
1201
Autres objets limage des contrats spciaux qui dpassent lopposition entre les
1202
V. Sur ce point J. NERET, op. cit., n 132, p. 106 et 107. Lauteur souligne lidentit dobjet entre le contrat
principal et le sous-contrat, qui doit dailleurs tre double, lidentit de lobjet de la prestation sajoute
lidentit de lobjet du contrat, n 126 132, p. 102 107.
1203
259
486.
Dans les rapports entre les statuts et les conventions conclues entre les associs, les
objets communs peuvent tre nombreux et varis. Nous nen donnerons quun exemple. Les
stipulations disciplinaires, comportements prohibs, procdures et sanctions disciplinaires
peuvent tre lobjet des statuts comme de conventions extrieures. Cest dailleurs parce que
les deux conventions auront un objet commun, et parce quelles peuvent de ce fait se
contredire, que la hirarchie entre ces actes sera instaure.
487.
conventions sont lies par lobjet de la prestation sur laquelle elles portent, toutes ont pour
objet la mme chose concrte. Quelques rares relations hirarchiques ne correspondent
cependant pas au schma dcrit.
488.
contractante pour la ralisation de son objet Quelle que soit la notion dobjet que lon
retienne, les statuts dune personne morale nont notre sens pas le mme objet que les
conventions conclues au quotidien par cette personne pour la ralisation de lobjet qui lui est
assign. Raisonnons pour sen convaincre sur lexemple suivant, la conclusion par une
association daide la cration dentreprise dun contrat de vente par lequel cette association
acquiert du matriel informatique.
489.
Il nous semble demble difficile de retenir que lobjet commun aux deux conventions
est lobjet du contrat au sens que donne de cette notion Monsieur Overstake. Lobligation
principale du contrat dassociation est sans doute la mise en commun de connaissances ou
dactivits dans un but autre que le partage de bnfices 1204. Il nest pas besoin daller plus
loin pour se rendre compte que cet objet nest pas celui de lobligation principale du contrat
de vente.
Si lon saisit lobjet tel que le dfinit Madame Lucas-Puget comme l'opration
juridique concrte voulue par les parties , et que lon admet avec cet auteur que lobjet du
1204
260
490.
Lobjet nest donc pas un critre permettant de rendre compte de ce qui unit les statuts
dun groupement avec les conventions conclues par ce groupement au quotidien. Si lobjet de
ces conventions nest pas le mme, le but poursuivi lest en revanche.
491.
La notion de but nest trs probablement pas la plus claire et la plus rigoureuse qui
soit. Elle voque immdiatement la cause1207, mais peut galement dsigner parfois lobjet,
notamment lobjet du contrat1208. Le choix de ce terme quelque peu ambivalent est fait
dessein, il rend merveilleusement compte de ce qui relie les deux conventions hirarchises,
dans la mesure o la cause de la convention conclue par la socit participe la ralisation de
lobjet du contrat instituant une personne morale.
492.
parce quil ntait pas ncessaire dy recourir, cest non sans avoir prcis quil tait, du fait
de sa concrtude , exploitable dans la perspective qui est la ntre. Si lon rapporte ce
concept concret lassociation ou la socit, et que lon cherche alors le but concret voulu
par les parties, ce dernier est sans aucun doute la ralisation de lobjet statutaire (ou de lobjet
1205
A.-S. LUCAS PUGET, op. cit. n 422 p. 230 et 231, et les dveloppements qui prcdent relatifs la socit.
1206
Monsieur Perrouin, qui envisage essentiellement les rapports hirarchiques dans le cadre de la socit
lgard de la question des pactes entre actionnaires, voque cependant trs brivement cette hypothse et retient
que les statuts simposent aussi toutes les conventions que la socit, personne morale, devra passer avec
des tiers pour les besoins de son activit et pendant toute la dure de son existence , Thse prcite, n 32, p.
29. Lexception que nous relevons ne tient donc pas la diffrence des dfinitions de la hirarchie retenues.
1207
V. par exemple, B. TEYSSIE, op. cit. n 62, p. 33, o lauteur oppose les groupes de contrats ayant une
identit dobjet ceux participant la ralisation dun but commun ; cette opposition reflte pour lauteur celle
entre lobjet et la cause, entre les chanes de contrats et les ensembles contractuels ; F. TERRE, P. SIMLER, Y.
LEQUETTE, op. cit., n 332, p. 352 Le mot cause vise () le but que les parties poursuivent .
1208
261
493.
Les conventions hirarchises ont donc un intrt commun . Cet intrt commun se
traduit par une communaut dobjet, entendu comme lobjet de la prestation, ou par la
communaut de but concret poursuivi par les diffrents actes. Le trait dunion entre les
conventions hirarchises est ainsi suffisamment tabli.
*
*
1209
1210
Sur lopposition entre la cause objective et la cause subjective, v. J. GHESTIN, Cause de lengagement et
validit du contrat, LGDJ, 2006, 129, p. 90.
1211
Cest le cas que nous avons cit des garanties consenties par le dirigeant dune socit un associ qui, parce
quelles dpassent lobjet social, seront invalides supra, n 189 et s.
262
495.
dfaut de communaut de parties, les conventions lies par un lien de validit ont
496.
Cet intrt se traduit le plus souvent par la prsence dun objet, entendu comme lobjet
de la prestation, commun aux conventions hirarchises. Plus rarement, cest une identit du
but concret poursuivi par les conventions hirarchises qui relie ces actes. Lobjet dune
convention, entendu comme lobjet du contrat, est alors la cause subjective de lautre
convention.
*
*
263
En prsence de plusieurs normes conventionnelles, un lien doit enfin tre tabli entre
les diffrents actes pour que la loi ait une raison dtablir une relation de nature hirarchique.
Ce lien se traduit par lexistence dun intrt commun. Dans la majorit des cas, cet intrt
rside dans une identit dobjet de la prestation entre les conventions hirarchises. Plus
rarement, cest un but commun qui unit les actes hirarchiss. Concrtement, ce cas de figure
recouvre lhypothse dans laquelle une personne morale contracte avec un tiers pour la
ralisation de son objet social. Lobjet du contrat, c'est--dire la ralisation de lobjet
statutaire, est alors identique la cause finale du contrat conclu par la personne morale.
En revanche, et bien que linverse ait pu tre soutenu, la hirarchisation de deux
conventions ne suppose pas quelles soient relies par une ou plusieurs parties communes.
Cette communaut de parties, mme si elle est en pratique trs frquente, ne simpose pas
comme une condition de linstauration dun rapport hirarchique entre deux conventions. La
pratique dmontre que des conventions nayant aucune partie commune entretiennent des
relations hirarchiques (cest lexemple des conventions de la socit contractante lgard
des statuts). Largument invoqu pour justifier cette condition, leffet relatif des conventions,
ne limpose dailleurs pas. La prsence dune partie commune ne prserve en rien dune
ventuelle atteinte larticle 1165.
498.
potentiellement entretenir des relations de validit. Toutes les conventions qui ont un objet ou
un but commun ne sont cependant pas aptes se hirarchiser. Encore faut-il que les lments
qui sont constitutifs de la nature hirarchique du lien soient runis.
265
TITRE
SECOND
LES
LMENTS CONSTITUTIFS DU
LIEN HIRARCHIQUE.
499.
vidence une pluralit dhypothses dans lesquelles une convention ntait pas frappe
dinvalidit de manire systmatique lorsquelle portait atteinte aux stipulations dune autre
convention1212. Il serait tentant, dans le cadre de lidentification des lments gnrateurs du
lien hirarchique, dessayer didentifier le ou les critres qui expliquent de manire gnrale
pourquoi linvalidit dun acte est une sanction gomtrie variable et de dterminer ainsi
les raisons pour lesquelles un rapport de validit nexiste que dans certaines circonstances
prcises. Cette observation pose une premire question : pourquoi, dans certaines structures
hirarchiques, linvalidit nest-elle pas prononce de manire systmatique ?
500.
lies, permet de constater que certains rapports conventionnels ne sont jamais hirarchiss. La
violation dune clause de non-concurrence dans un contrat de travail ne conduit jamais
lannulation de la convention liant le salari dbiteur de cette clause son nouvel employeur.
Le plus souvent, la sanction consiste en des dommages-intrts voire lexcution force et
la rsiliation du nouveau contrat de travail1213. Jamais, linvalidit de lacte nest prononce.
Dans les rapports entre conventions collectives et contrats de travail, les clauses de ces
derniers, contraires celles de la convention collective, sont ipso jure remplaces par les
clauses de lacte collectif. Il est [cependant] de tradition dcarter la nullit stricto sensu des
clauses du contrat individuel 1214. La convention collective se substitue de manire
provisoire au contrat de travail qui est appel sappliquer de nouveau si lacte collectif cesse
1212
Tel est le cas en matire de socits. Le dpassement de lobjet social nest atteint dune telle sanction que
dans les socits risque illimit. Tel est encore le cas en matire de pacte de prfrence. La nullit de la vente
conclue en violation de lavant-contrat nest encourue qu la condition que soit dmontre la connaissance par
le tiers de lexistence de la prfrence conventionnelle et de lintention du bnficiaire de sen prvaloir.
1213
Pour un inventaire des sanctions, cf., G. BLANC-JOUVAN, J.-Cl. Travail, Trait, v Clause de nonconcurrence, Fasc. 18-25, n 166 et s.
1214
J. PELISSIER, A. JEAMMAUD, A. SUPIOT, op. cit., 24me dition, n 1074, p. 1337 ; Le principe sinverse
cependant si la convention collective prvoit que la violation de lune de ses stipulations devra tre sanctionne
par la nullit. La charte du football professionnel (qui vaut convention collective ) prvoit par exemple ses
articles 254 et 255 une procdure dhomologation des contrats de travail dont le non-respect entraine la nullit
des contrats non-homologus (article 256).
266
501.
Nous devons avouer avoir longtemps cherch apporter ces questions une rponse
qui nous parat, aujourdhui, vidente. Si la violation de certains lments entrane linvalidit
dun acte juridique, cest parce que le lgislateur (ou le juge) a rig cet lment en condition
de validit. Il ne peut y avoir un lien de validit entre deux conventions que lorsque lune des
conventions dfinit un lment qui est considr par le Droit comme une condition de validit
de lacte juridique subordonn. Nous en avons conscience, apporter cette prcision revient
rpondre la question par la question elle-mme, ce qui peut sembler totalement dpourvu
d'intrt 1216 et flirte avec le truisme. La question pourrait avoir un intrt la condition
quelle soit approfondie. Il sagirait alors de rpondre une nouvelle interrogation : pourquoi
la loi (ou le juge) rige-t-elle un lment donn en condition de validit dune convention ?
Pourquoi le tiers acqureur dun bien objet dun pacte de prfrence doit-il tre de bonne foi ?
Pourquoi le vendeur doit-il tre propritaire de la chose vendue ? Pourquoi la modification de
lobjet social est-elle opposable aux tiers dans certaines formes sociales seulement ? nos
yeux, il ny a aucun autre lment commun de rponse ces questions que le grand
pragmatisme qui prside lrection dun lment en condition de validit1217. Aucun
lment, ou presque1218, nest par nature une condition de validit dun acte juridique
conventionnel. Ce sont des conditions dopportunit, de justice, de scurit juridique,
autrement dit de politique juridique, qui dictent au lgislateur, ou au juge, ce qui doit tre ou
non considr comme une condition de validit1219. La chose est particulirement vraie de nos
1215
1216
J. GHESTIN, Nouvelles propositions sur un renouvellement de la distinction entre les parties et les tiers ,
prcit, n 1.
1217
En ce sens et sur ce point, v., M. MEKKI, Nullit et validit en droit des contrats : un exemple de pense
par les contraires , prcit.
1218
En matire contractuelle, nous nidentifions pas un lment dont il soit acquis pour chacun quil soit par
nature une condition de validit du contrat. Mme le consentement nest pas unanimement considr comme un
lment indispensable la formation du contrat. V. Sur ce point la thse de Monsieur G. ROUHETTE dj cite.
1219
M. MEKKI, article prcit, p. 679 et 680 Il demeure difficile de savoir pourquoi et comment, un moment
donn et dans des circonstances donnes, les acteurs du droit concerns - juges et autorits diverses - dcident
de prononcer la nullit d'un contrat ; Ce pragmatisme se retrouve dailleurs dautres gards. Pour souligner
le rle du juge en matire dannulation du contrat, Monsieur O. GOUT par exemple relve que lopposition entre
267
502.
503.
certains droits est assez vident dans certaines conventions. Toutes les conventions
la nullit relative et absolue, si elle ne doit pas tre forcment condamne, ne saurait tre conue comme un
modle intangible, les contingences du milieu (le terme est emprunt R. JAPIOT, op. cit., p. 13), auront
toujours leur mot dire crit lauteur v. Le juge et lannulation du contrat, op. cit., n 338, p. 226.
1220
Comme la crit Madame FABRE-MAGNAN qui relve que de plus en plus de dispositions lgislatives ou
jurisprudentielles semblent dictes par des considrations concrtes et la doctrine peine alors justifier dun
point de vue thorique et rationnel, des solutions qui ont t adoptes pour des raisons dopportunit pratique et
de circonstances despces , Introduction , in, La relativit du contrat, Travaux de l'association
Henri Capitant, Tome IV, 1999, LGDJ, 2000, p. 2.
1221
En droit du travail par exemple, ce nest que rcemment que la jurisprudence a exig lexistence dune
contrepartie sous peine de nullit de la clause de non-concurrence v. Soc. 10 juillet 2002, D. 2002, p. 2491, Note
Y. SERRA.
1222
1223
268
504.
1224
H. ROLAND, L. BOYER, Adages du droit franais, 4me dition, Litec, n 259, p. 506.
1225
Civ. 3, 18 novembre 1992, prcit, dans lequel la Haute juridiction nonce quun locataire ne peut
prtendre avoir plus de droits que son propritaire .
1226
1227
1228
1229
R.-N. SCHTZ, Rp. Civ. Dalloz, V- Inalinabilit, n 83. Cest ce quadmet la majorit de la doctrine
contemporaine. Quelques auteurs analysent cependant cette clause comme une obligation de ne pas faire dont la
violation est sanctionne par la nullit sur le fondement de larticle 1143 du Code civil. V. en ce sens, F.
ZENATI-CASTAING, T. REVET, n 36, p. 78 et R. MARTY, prcit, n 14.
1230
En ce sens, v. galement, B. STARCK, Des conventions conclues en violation des droits contractuels
dautrui , prcit, n 47.
1231
propos du pacte de prfrence, v. Civ. 3, 4 mars 1971, Bull. civ. III, n 164, p. 120, D. 1971, juris., p. 358,
note E. FRANK, qui nonce que le pacte de prfrence est une restriction au droit de disposer. Mme si la
solution a t abandonne. v. Civ. 3, 16 mars 1994, D. 1994, p. 486, note A. FOURNIER.
269
505.
Les quelques prcisions qui prcdent ne sont que descriptives. Nous ne prtendons
pas que toutes les hypothses dans lesquelles un lien de validit voit le jour entre plusieurs
conventions se rduisent ncessairement aux deux catgories cites. Le pouvoir nest pas
toujours une condition de validit dun acte juridique. Quant la titularit des droits, elle nest
pas non plus systmatiquement une condition de validit dun acte translatif1236. En outre, le
choix driger un lment en condition de validit tant un choix pragmatique, il ne peut pas
se rsumer de manire rigide ces hypothses. Toutes les prcisions prcdentes tant
apportes, reste prciser la condition qui nous apparat indispensable linstauration dun
lien de nature hirarchique entre conventions.
506.
Quand bien mme la convention suprieure aurait pour objet, ou pour effet,
dinfluencer la constitution dun lment dfini par le Droit comme un lment de validit
dun acte conventionnel, cet lment ne peut tre considr comme une condition de validit
que dans la mesure o il est pos de manire imprative.
1232
La dfinition est emprunte Monsieur E. GAILLARD, Le pouvoir de droit priv, Economica, Coll. Droit
civil, 1985, n 75, p. 53 ; dans une perspective diffrente et donnant une dfinition diffrente, v. P. LOKIEC,
Contrat et pouvoir : essai sur les transformations du droit priv des rapports contractuels, (prface A. LYONCAEN), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 408, 2004. Lauteur dfinit le pouvoir comme la
facult dimposer sa volont autrui .
1233
V. Dailleurs E. GAILLARD Ibid., qui dans lintroduction de sa thse relve cette assimilation, n 5, p. 10.
1234
1235
1236
270
Sur la notion dimprativit et sur son caractre polysmique v. C. GROULIER, L'impratif dans la
jurisprudence Duvignres : rflexion sur un ssame contentieux , RFDA, 2008, p. 941 et s. ; v. galement la
thse de Monsieur R. CAPITANT, op. cit., en particulier lopposition entre les rgles impratives et suppltives,
p. 69 et s.
1238
1239
J.-P. GRIDEL, Notions fondamentales de Droit et Droit franais, 2me dition, Dalloz, 1994, p. 344 ; v.
encore, implicitement, G. CORNU, Introduction au droit, op. cit., n 338, p. 186, qui crit que lorsque la
question se pose, il y va de la validit du contrat litigieux ; F. PETIT, J.-C. MASCLET, Introduction
gnrale au droit, op. cit., p. 53.
1240
1241
271
Les hypothses dans lesquelles un contrat peut dterminer les conditions de validit
dun autre acte de mme nature se trouvent invitablement rduites par laffirmation qui
prcde. Certes, quelques conventions sont dans une certaine mesure hors de porte des
parties. Elles sont, en quelque sorte, frappes dune immutabilit qui autorise penser quelles
puissent se comporter lgard dune autre convention comme une norme constitutionnelle se
comporte lgard de la loi (CHAPITRE PREMIER). En revanche, si lon excepte ce cas de
figure, le pouvoir de changer leur lien contractuel que les parties tiennent du Code civil
semble, a priori, faire obstacle la mise en ordre hirarchique de deux conventions liant les
mmes parties. Lassertion, qui doit encore tre vrifie, conduit alors admettre que
lexistence dun lien hirarchique est conditionne la prsence dun tiers la convention
infrieure, puisque ce qui caractrise le tiers est prcisment de ne [pouvoir] mettre fin un
contrat auquel il n'est pas partie, ni le modifier 1243 (CHAPITRE SECOND).
CONVENTIONNELLE DE LA NORME
SUPRIEURE.
1243
J. GHESTIN, Nouvelles propositions pour un renouvellement de la distinction des parties et des tiers ,
RTD civ., prcit, n 9.
272
CHAPITRE
PREMIER
LIMMUTABILIT
509.
Certaines des structures hirarchiques que nous avons voques prsentent une
particularit. Pour des raisons quil ne nous appartient pas daborder ici, lacte form
n'appartient plus ceux de qui il mane 1244, ce qui se traduit alors par une certaine
intangibilit de la convention initialement forme. Le contrat qui unit les parties et qui est
dordinaire une norme conventionnellement suppltive leur gard tend vers limpratif. La
validit dun nouvel accord de volont peut, ds lors, tre conditionne au respect de la
premire convention liant les mmes parties. Cette imprativit conventionnelle peut tre
aussi bien absolue (SECTION I) que relative (SECTION II).
Dans quelques unes des structures pyramidales que nous avons tudies, la convention
511.
La modification des statuts de la socit Les rgles de modification des statuts sont
1244
R. TROPLONG, Le droit civil expliqu selon l'ordre des articles du Code, Du contrat de mariage et des
droits respectifs des poux, Tome I, Paris, C. Hingray, 1850, n 16, p. 31.
1245
1246
273
512.
imprative . Les parties ne peuvent y droger par un accord de volont contraire. La Cour de
cassation a ainsi censur le rglement intrieur (conventionnel) dune socit anonyme
instituant un droit de retrait des associs alors que les statuts ne le prvoyaient pas, et ce, alors
mme que toutes les parties aux statuts taient galement parties lacte extra-statutaire1247.
Cette modification de fait de la constitution de la socit entrane systmatiquement la
nullit de la convention modificatrice. Ce qui est valable lgard des parties lest dailleurs
encore lgard des tiers. Tout acte conclu par dautres que les associs qui aurait pour objet
ou pour effet de modifier les statuts est pareillement atteint dans sa validit. Il suffit pour sen
assurer de se remmorer les dveloppements consacrs lobjet social1248.
513.
rglement de coproprit. Cet acte ne peut tre modifi, en vertu de larticle 26 de la loi du 10
juillet 1965, que par une dcision de lassemble gnrale des copropritaires prise la
majorit des deux tiers1249, donc par un acte unilatral collectif. Le respect de cette rgle est
impratif1250. Tout accord de volont nou hors de ce cadre lunanimit des copropritaires,
ft-il recueilli dans un acte authentique, nest pas de nature modifier valablement la charte
de la coproprit1251. Cet acte est conventionnellement impratif. Cest cette imprativit
conventionnelle du rglement de coproprit qui permet techniquement dexpliquer que cette
dispositions .
1247
1248
Le respect de cette rgle, qui nest en principe impos aux conventions de la socit contractante que dans la
mesure o cette dernire est une socit risque illimit, simpose toutes les conventions ds lors quelles ont
pour objet ou pour effet de modifier voire de supprimer lobjet social puisque cela quivaut alors une
modification de fait des statuts. Or, une telle modification ne saurait tre admise et entrane invariablement la
nullit de lacte conventionnel modifiant les statuts. v. supra n 203.
1249
Voire lunanimit pour les modifications apportes aux clauses relatives aux droits et obligations des
copropritaires sur les parties privatives G. VIGNERON, J.-Cl. Coproprit, v Rglement de coproprit,
Etablissement, Modification, Force obligatoire, fasc. 77, n 20.
1250
1251
Civ. 3, 14 juin 2000, Indit, Loyers et coproprit, 2000, comm. 239. La Cour de cassation censure dans
cette dcision une cour dappel pour avoir retenu que les deux modificatifs (tablis par acte notari) ont t
signs par l'unanimit des copropritaires et n'avaient pas besoin d'tre approuvs ou ratifis par une assemble
gnrale pour tre opposables ses signataires .
274
514.
Les deux exemples cits brillent par leur simplicit. La premire convention ne
pouvant tre altre que par un acte juridique unilatral, son imprativit conventionnelle est
vidente. Limprativit de la convention appele occuper un rang hirarchique suprieur
un autre acte de mme nature est parfois moins absolue, elle ne simpose pas moins pour
autant.
conventions matrimoniales est sans conteste lillustration la plus commune dune convention
dont la modification chappe en principe aux parties. Pendant longtemps, le Code de 1804 a
nonc dans son article 1395 que les conventions matrimoniales ne peuvent recevoir aucun
changement aprs la clbration du mariage . La situation a depuis quelque peu volu,
puisque le lgislateur a introduit avec la loi du 13 juillet 19651253 la possibilit, deux ans aprs
le mariage, de convenir d'un changement de rgime matrimonial par acte authentique devant
tre homologu par un juge. Aujourdhui, aprs une nouvelle intervention lgislative en date
du 23 juin 2006, les poux peuvent modifier ou changer leur rgime matrimonial par acte
notari en vertu de larticle 1297 alina premier du Code civil (lhomologation nest alors
requise quen prsence denfants mineurs1254 ou en cas dopposition de personnes ayant t
parties la convention initiale, denfants majeurs ou des cranciers1255). Mme sil est
1252
La Cour de cassation a ainsi approuv une cour dappel davoir dclar nulle une convention, par laquelle
deux copropritaires seuls (sur plus de dix) avaient convenu de transfrer la jouissance exclusive dune partie
commune dun lot un autre, pour la raison quaucun des titulaires dun lot de coproprit n'a le pouvoir de
modifier [les stipulations du rglement] par des conventions particulires , Civ. 3, 4 janvier 1990, Indit,
Loyers et coproprit, 1990, comm. 187.
1253
Outre les possibilits d'apporter, avant la clbration du mariage, des changements au contrat de mariage
dans des formes identiques au contrat lui mme, en application de l'alina premier de l'article 1396 du Code civil.
1254
1255
275
516.
de problme dans lventualit dans laquelle les parties doivent faire homologuer leur
convention par le juge. Elles nont alors pas, seules, le pouvoir de modifier la convention
initiale. Cette dernire peut tre sans trop de difficults considre comme tant imprative.
La question se pose en revanche avec plus dacuit lorsquune convention contraire sous la
forme authentique suffit aux poux pour changer de rgime matrimonial. Doit-on considrer
que le contrat initial est encore impratif et apte dterminer les conditions de validit dune
autre convention conclue entre les poux ? Une rponse positive simpose. Il ne faut
vraisemblablement pas concevoir la distinction entre limpratif et le suppltif de manire
trop radicale 1258. Un auteur a dmontr de manire trs probante que la distinction
voque nobit pas un raisonnement binaire, forg sur le mode du tout ou rien, dont les
termes recouvriraient exactement lopposition du permis et de linterdit, de la libert
individuelle et de la contrainte normative. Lorsquelle nest pas tout simplement neutralise et
dpasse, lopposition du suppltif limpratif revt une valeur relative, empruntant lallure
dune palette aux nuances subtiles mais contrastes 1259. Dans cet esprit, sans doute peut-on
considrer que la convention matrimoniale que les parties peuvent modifier par un acte
authentique sans homologation judiciaire demeure en partie imprative, dans la mesure o elle
ne peut pas tre modifie par une convention qui ne revtirait pas la forme exige. Au-del,
toute convention conclue devant notaire (telle une vente immobilire ou une donation) nest
pas de nature modifier valablement le contrat de mariage des poux dans la mesure o
larticle 1397, alina premier, exige peine de nullit que lacte authentique modificatif
contienne la liquidation du rgime matrimonial modifi (si elle savre ncessaire). Lacte
1256
1259
C. PERES-DOURDOU, La rgle suppltive, (prface G. VINEY), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv,
Tome 421, 2004, n 331, p. 299, plus largement v. n 188 335 pp. 171 303.
276
517.
infrieure peut donc rsulter, nous en avons donn quelques exemples, de limmutabilit
conventionnelle, plus ou moins marque, de la premire convention. Les parties dpourvues
du pouvoir de modifier un acte sont alors imprativement lies. Lacte impratif peut
simposer aux nouvelles conventions conclues par ces parties entre elles ou avec des tiers.
518.
convention suprieure se traduit plus couramment par la diffrence de parties aux deux
conventions hirarchises.
1260
F. TERRE P. SIMLER, Droit civil, Les rgimes matrimoniaux, op. cit., n 237, p. 172.
277
conventions alors que les parties conservent toujours la possibilit de se dfaire du lien
quelles ont elles-mmes tiss ? . Cette interrogation, formule par un Professeur
dUniversit au terme dun change informel alors que nous dbutions notre recherche
(imprgns dune vision trs excessive de leffet relatif des conventions, nous nosions
imaginer que deux conventions liant des parties diffrentes soient hirarchises), rsume
aujourdhui encore dans une large mesure lun des aspects conditionnant la mise en ordre
hirarchique de deux conventions. Lide a depuis t affine ; ce que nous pensions
initialement tre un critre de la hirarchie nen tait quun signe, et nous avons fait le constat
quune convention peut voir ses conditions de validit fixes par un acte conclu par des tiers.
Quoi quil en soit lintuition de ce Professeur tait bonne. Le plus souvent la prsence dun
voire plusieurs tiers la premire convention est ncessaire ltablissement dun lien
hirarchique (SECTION I), ce qui appelle invitablement quelques prcisions quant la
compatibilit de ce constat avec le principe de leffet relatif des conventions (SECTION II).
520.
sans prciser brivement ce que nous entendons ici par tiers , cette notion tant empreinte
dun certain flou rgulirement soulign. La question a t, comme chacun sait, au cur dune
controverse au cours des annes 1990. Traditionnellement, les parties se dfinissent comme
les personnes qui ont voulu conclure lacte 1261, c'est--dire les parties contractantes
comme les nomme larticle 1165 du Code civil ( ces parties, on assimilait de coutume les
personnes reprsentes et les ayants cause universels et titre universel). Seraient linverse
des tiers, dont la catgorie est dfinie par opposition celle de partie, toutes les autres
personnes. La doctrine retient alors quelquefois des sous-catgories de tiers, aux penitus
1261
278
V. galement, sur le constat de lmergence dans le contrat de personnes ne rpondant pas directement
la notion classique de partie sans que ces personnes ne soient vritablement des tiers, C. CHARBONNEAU,
F.-J. PANSIER, Du renouveau de la notion de parties , Defrnois, 2000, p. 284.
1263
1264
J. GHESTIN, La distinction des parties et des tiers au contrat , JCP G., 1992, I, n 3628.
1265
J.-L. AUBERT, propos dune distinction renouvele des parties et des tiers , RTD civ., 1993, p. 263.
1266
C. GUELFUCCI-THIEBIERGE, prcit.
1267
J. GHESTIN, Nouvelles propositions pour un renouvellement de la distinction entre les parties et les
tiers , prcit, n 26.
1268
Il convient toutefois dapporter une prcision quant la dfinition gnrale donne par Monsieur GHESTIN.
Si nous adhrons presque toutes les propositions de lminent Professeur, et en particulier la conclusion selon
laquelle est une partie la personne qui a la facult de modifier ou danantir le contrat, nous pensons que cette
possibilit ne peut se rsumer comme le soutient lauteur la mise en uvre de la procdure contractuelle,
c'est--dire un accord de volont (Notamment Ibid., n 9 et n 26). Nous venons de le voir, la modification
du contrat, qui emprunte normalement la voie conventionnelle, peut exceptionnellement rsulter dune autre
manifestation de volont, comme un acte juridique unilatral. Si lon dnie la qualit de partie celui qui ne peut
modifier la convention par le biais de la procdure conventionnelle, il faut alors nier la qualit de partie aux
membres (non fondateurs) dune association dont la modification des statuts impose une dcision de lassemble
gnrale des socitaires. Assurment, cela nest pas lintention de Monsieur GHESTIN qui qualifie de parties
une convention les personnes ayant adhr une convention collective ou une personne morale et qui
considre que les acqureurs d'actions d'une socit anonyme, deviennent parties au contrat constitutif de
cette dernire. travers les organes reprsentatifs de la personne morale, par exemple l'assemble gnrale des
actionnaires dans la socit anonyme, ils pourront exercer leurs prrogatives de parties et modifier le contrat
initial ou y mettre fin , (Ibid., n 21). Sans doute est-il donc plus prcis de considrer que sont parties la
convention (outre les autres lments de la dfinition) ceux qui peuvent modifier ou anantir le contrat par la
procdure lgalement exige, c'est--dire le plus souvent la procdure contractuelle (un accord de volont), ou
279
521.
conditionner la validit dun contrat des lments ns dune convention liant les mmes
parties. Le droit dont jouissent les auteurs dun acte de le modifier, et plus encore, la grande
libert avec laquelle ils peuvent apporter ces modifications, constituent des obstacles
techniques linstauration dun lien hirarchique dans la situation dcrite. lgard de ses
auteurs1270, la convention est alors une norme suppltive 1271 (1). Cette conclusion
condamne lanalyse en termes de hirarchie des rapports que lon prsente pourtant
communment comme tant nous par un lien de cette nature, ceux entre les contrats-cadres et
les contrats dapplication (2).
522.
Sil est impossible dadmettre que lorsque deux conventions ont des parties identiques
lune dtermine partiellement les conditions de validit dune autre, cest parce que les parties
peuvent librement apporter les changements souhaits aux actes par lesquels elles sont lies
(A). Outre cet argument l, dun point de vue plus concret, il est galement difficile de
concevoir que des parties puissent par la production dune nouvelle norme violer leur propre
convention (B).
Ce que rejettent certains soutiens de la thse classique qui soulignent que la question est fige au moment de
la formation de la convention, v. J.-L. AUBERT, prcit, n 55 : Il faut alors se convaincre de ce que l'article
1165 est un texte troitement spcial. C'est le texte d'un moment, celui de la formation du contrat considr. Son
objet est strictement immdiat .
1270
Par commodit de langage nous employons parfois ce terme dauteur . Il sera alors utilis comme un
parfait synonyme de partie .
1271
En ce sens, J. GATSI, op. cit., n 236, p. 148 qui relve propos du contrat-cadre que les modalits prvues
dans cet acte ne devront sappliquer un contrat dapplication particulier qu dfaut de manifestation de
volont contraire des contractants .
280
523.
formes entre des parties identiques peuvent tre unies par une identit dobjet ou participer
un mme but. Les conventions peuvent tre intimement lies au point dtre indivisibles1272,
lexistence dun acte est alors parfois conditionne au maintien de lautre1273. Mais il ne sagit
pas l de hirarchie. Cette notion suppose quun acte soit atteint non dans son existence mais
bien dans sa validit, et ce, en raison dun vice contemporain de la formation du contrat. Or, si
les parties peuvent dfinir dans un acte les conditions dun acte venir1274 rien ne les
empche, le moment venu, de former lacte projet dautres conditions que celles
dtermines. Cette libert est souvent rduite par la doctrine lalina second de larticle 1134
du Code civil, mais le changement des termes dune relation contractuelle peut pouser bien
dautres formes que ce quil convient dappeler le mutuus dissensus1275. Concrtement, les
altrations apportes par les parties pourront tre analyses selon les cas considrs
comme une rvocation mutuelle, une novation, une modification de la convention, une remise
de dette ou pourquoi pas, une dation en paiement. Toute tentative de hirarchisation des
rapports contractuels des parties cde, selon nous, devant ces mcanismes. Laffirmation peut
tre taye par quelques exemples.
524.
contrats translatifs de proprit ayant comme particularit de lier les deux mmes parties.
Dans un premier temps primus consent une vente dun bien meuble secondus puis, dans un
second temps, primus consent secondus une donation portant sur le mme bien (plus
prcisment un don manuel dun bien corporel1276). Si secondus ntait pas partie la
premire convention, il y aurait assurment nullit de la donation pour la raison que le
1272
Sur lindivisibilit des conventions v. J.-B. SEUBE, Lindivisibilit entre les actes juridiques, op. cit.
1273
La rsiliation dun premier contrat entranant, par exemple, la caducit de la seconde convention avec
laquelle il est indivisiblement li, v. Com. 5 juin 2007, JCP G, 2007, II, 10184, Note Y.-M. SERINET.
1274
Elles peuvent par exemple valablement stipuler quune vente intervenue entre eux ne sera valable qu la
condition de sa ritration par acte authentique v. Civ. 3, 12 octobre 1994, Indit, Defrnois, 1995, p. 738,
observations D. MAZEAUD.
1275
1276
Ce qui vitera de troubler le raisonnement en raison du formalisme auquel est en principe soumise la
donation en vertu de larticle 931 du Code civil. Le don manuel, dont le terrain dlection est celui des biens
meubles corporels, chappe ce formalisme. Sur ces deux points, v. M. DAGOT, Des donations non
solennelles , JCP G., 2000, I, 248 in limine.
281
525.
La mme conclusion simpose si lon raisonne propos dune structure forme dun
1277
Si elle nest proclame par aucun texte, la nullit de donation de la chose dautrui est nanmoins admise par
analogie avec les articles 1599 et 1021 du Code civil v. en ce sens, Y. FLOUR, F.-J. PANSIER, Droit
patrimonial de la famille, Dalloz Action, 2008, n 314-31.
1278
Cet acte tant bien une convention, J. GHESTIN, M. BILLIAU, G. LOISEAU, Le rgime des crances et
des dettes, LGDJ, Coll. Trait de droit civil, 2005, n 1216, p. 1243.
1279
1280
Mme si un auteur a rcemment soutenu que le contrat pouvait faire lobjet dune novation, D. CHOLET,
La novation de contrat , RTD civ. 2006, p. 467 ; contra, pour une condamnation ferme et longuement
dveloppe, J. GHESTIN, M. BILLIAU, G. LOISEAU, op. cit., n 845, p. 884 889.
1281
1282
1283
R. VATINET, Le mutuus dissensus , prcit, n 24, p. 270 et 27 ; cette souplesse se retrouve galement
en la matire sur le terrain de la preuve, la Cour de cassation refusant traditionnellement dappliquer la
convention rvocatoire les dispositions de larticle 1341 du Code civil. V. sur ce point, J. GHESTIN, C. JAMIN,
M. BILLIAU, op. cit., n 662, p. 706 et les arrts cits.
1284
F. TERRE, P. SIMLER, Y. LEQUETTE, op. cit., n 476, p. 492, il ne semble pas quexiste, limage du
droit romain, un vritable paralllisme des formes ; R. VATINET, prcit, n 29, p. 274, le droit des
contrats civils na pas rig le paralllisme des formes en principe gnral , v. cependant, P.-Y. GAUTIER,
O la Cour de cassation renoue avec le trs ancien droit romain, en rintroduisant massivement le principe du
paralllisme des formes dans la modification ou l'extinction des obligations contractuelles , RTD civ. 1996 p.
643 et Le retour en force du paralllisme des formes (suite) : propos de la modification dun emprunt , RTD
civ. 1998, p. 698 ; v. galement le dernier projet connu de rforme du droit des obligations dont larticle 48
semble consacrer ce principe. V. ce projet sur le Blog de Monsieur HOUTCIEFF : http://www.dimitrihoutcieff.fr/files/projet%20DACS%20modifi%20mai%202009-numrot.pdf.
282
1285
La qualification de sous-contrat est dailleurs rejete dans cette hypothse par Madame BONHOMME, v. J.Cl. Contrats et distribution, op. cit., n 10 et 15.
1286
A. GHOZI, La modification de lobligation par la volont des parties, tude du Droit civil franais,
(Prface TALLON D.), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 166, 1980, n 16, p. 5 et 6 ; en ce sens
galement et retenant une dfinition plus large de la notion de modification , S. PONS, Rflexions sur la
modification dun lment essentiel du contrat par les parties LPA, 2008, n 71, p. 4, spc. n 5.
1287
1288
En ce sens, A. BENABENT, Droit civil, Les obligations, op. cit., qui crit comme les parties sont dj en
relation, on admettra plus facilement que le silence de lune sur loffre de modification prsente par lautre
puisse valoir consentement tacite , n 296, p. 229 ; v. cependant, A. GHOZI, op. cit., n 430 444, p. 175,
181. Lauteur conclut quil convient de constater que lacte modificatif nest pas soumis au consensualisme
pour des raisons diverses qui affectent soit sa validit, soit son efficacit , n 444, p. 181. Pour lauteur un crit
est ncessaire chaque fois que la nature des stipulations de la convention impose la solennit de lacte
modificatif, ce sur quoi la majorit de la doctrine saccorde. Lauteur cite lexemple dune convention
modificative qui ajouterait une hypothque un prt en change dune modification du terme. Ici, videmment,
lcrit est exig par larticle 2416 du Code civil en vertu duquel lhypothque conventionnelle ne peut tre
consentie que par acte notari . Quand aucun texte nexige un crit titre de validit, un crit serait cependant
toujours ncessaire titre probatoire, en raison des dispositions de larticle 1341 du Code civil. Un auteur estime
cependant, attnuant les propos qui prcdent qu un crit est requis sans doute pour la preuve de la
modification, conformment larticle 1341 du Code civil [mais] lcrit nest pas indispensable et le
comportement des parties peut tablir suffisamment la modification ; un courant de jurisprudence admet que la
modification dun contrat spcialement tacite, peut tre tablie par le comportement des parties et en particulier
par des actes dexcution v. G. ROUHETTE, La rvision conventionnelle du contrat , RID comp., 2-1986,
n 14 p. 386.
283
526.
Lanalyse serait sans aucun doute similaire si primus, aprs avoir vendu un bien
secondus en stipulant une clause dinalinabilit, se portait acqureur de ce bien dans une
nouvelle vente en sens contraire 1290 forme avec secondus. Sil est possible dhsiter sur
la qualification retenir, mutuus dissensus ou modification de la convention initiale
accompagne dune convention nouvelle, il nous semble que la validit de la seconde
convention forme est assure dans la mesure o linalinabilit conventionnelle stipule peut
parfaitement tre leve par un nouvel accord de volont, mme tacite1291.
527.
Ds que les parties retrouvent la facult de modifier par une simple convention un acte
dont elles sont les auteurs, ds que la convention devient nouveau suppltive leur gard,
lide de hirarchie svapore. On peut le constater en matire de socit civile1292. Larticle
1854 du code de 18041293 autorise en effet les associs modifier valablement les statuts dans
un simple accord sous seing priv faisant foi de leur unanimit (la Cour de cassation a mme
un temps sembl admettre quun tel accord puisse tre tacite1294). lgard des parties les
statuts ne sont pas conventionnellement impratifs. La validit dun pacte extra-statutaire,
runissant lensemble des associs, ne peut alors plus tre conditionne au respect des statuts
1289
V. supra, n 300 et s.
1290
La formule est emprunte P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK , op. cit., n 756, p. 375.
1291
A. SERIAUX, J. Cl. Civil, Code, article 900-1 v Libralits, Dispositions gnrales, Clauses
dinalinabilit, fasc. unique, n 25. Lauteur voque cette hypothse dans le cas dune donation, il nous semble
que le raisonnement peut tre valablement transpos lhypothse dans laquelle linalinabilit est stipule
loccasion dun contrat de vente.
1292
Comme en matire de SARL lorsque, en application de larticle L. 223-27 du Code de commerce, une
disposition statuaire le prvoit.
1293
Les dcisions peuvent encore rsulter du consentement de tous les associs exprim dans un acte
1294
Civ. 1., 22 novembre 1994, JCP E., 1995, p. 447, Observations J.-J. CAUSSIN et A. VIANDIER, dans
lequel la Haute juridiction nonce que constatant que les prlvements sur les bnfices, oprs par M. X (...)
de 1983 1986, l'avaient t d'un commun accord avec ses associs et retenant comme certaine l'intention des
parties de s'en tenir la rpartition ainsi effectue, la cour dappel a justement dcid qu'il n'y avait pas lieu de
revenir sur cette rpartition, mme si elle n'tait pas conforme aux dispositions statutaires . Contra, Civ. 1., 21
mars 2000, Bull. civ., I, 2000, n 99, p. 66, D. 2000, p. 475, note Y. CHARTIER Arrt qui casse au visa
notamment de larticle 1854 la dcision dune cour dappel qui avait retenu que la volont contraire et
unanime des associs peut tre tablie par tous moyens et se dduire du mode de fonctionnement de la
socit .
284
528.
Limpossibilit de principe de hirarchiser deux conventions dont les parties sont les
mmes est confirme par ltude de ces quelques illustrations trouves en droit positif. Outre
ce constat, lide mme de violation de la norme suprieure, ncessaire toute sanction,
semble assez douteuse.
B. Labsence de violation possible de la norme suprieure par la norme infrieure.
529.
530.
Or, mises part quelques hypothses tudies dans lesquelles les intrts protgs
dpassent ceux des parties1298 (ou encore celle de vices du consentement), peut-on imaginer
quune personne participe la formation dune convention en violation de ses propres droits,
droits tenus dun acte conclu avec le mme partenaire ? Force est de constater quil est bien
difficile denvisager de rpondre positivement cette interrogation. Sil savre ncessaire de
protger un contractant primus des effets dune convention laquelle il na pu sopposer parce
1295
1296
P. MALINVAUD, D. FENOUILLET, Droit des obligations, op. cit., n 382, p. 296 ; A. WEILL, F. TERRE,
op. cit., n 285, p. 298.
1297
B. STARCK Des contrats conclus en violation des droits contractuels dautrui , prcit.
1298
V. supra, n 509 et s.
285
531.
Pour toutes les raisons voques, et principalement parce que la grande libert dont
jouissent les parties pour modifier leurs conventions explique que ces actes soient suppltifs
leur gard, il nest pas possible dadmettre que des relations hirarchiques relient deux actes
liant les mmes auteurs. En dpit des opinions doctrinales souvent contraires, les relations
entre les contrats-cadres et les contrats dapplication ne nous semblent pas chapper cette
rgle.
2. Labsence de rapports hirarchiques entre contrats-cadres et contrats dapplication.
532.
cadre est condamne par lidentit des parties unies par cette convention et par les contrats
postrieurement conclus pour son excution (B).
A. La supriorit prsume du contrat-cadre sur les contrats dapplication.
533.
Si la rgle veut que la doctrine soit indiffrente lide que deux conventions puissent
1299
1300
286
534.
En dpit de lunanimit doctrinale qui se dessine, il nous semble que, dans le sens que
nous retenons de la notion de hirarchie des normes, un lien de cette nature nexiste pas entre
Thse prcite, n 107, p. 81 ; P. LE TOURNEAU, J.-Cl. Contrats Distribution, v Concession exclusive,
Conditions de validit au regard du droit des contrats, fasc. 1025, n 53 ; J. PERROUIN, Thse prcite, n 221
292, p. 122 153 ; F. POLLAUD-DULIAN, A. RONZANO, prcit, n 39, p. 202 ; D. PORACCHIA, La
rception juridique des montages conus par les professionnels, op. cit., n 283, p. 179 ; A. SAYAG (direction),
Le contrat cadre, Tome 1, Exploration comparative, Litec, Coll. Le droit des affaires, 1994, n 132, p. 192 ; J.
SCHMIDT, Le prix du contrat de fourniture , D. 1985, ch., p. 177, (implicitement).
1301
1302
1303
1304
1305
1306
1307
1308
287
535.
Les fausses 1310 illustrations dune hirarchie des normes Il existe une
hirarchie lorsque sinstaure un rapport de validit entre deux normes par lequel une norme,
dite suprieure, dtermine les conditions de la validit dune autre norme, dite alors infrieure.
Parce quelles ne sont pas des hypothses permettant de vrifier quune convention dtermine
les conditions de la validit dautres actes de mme nature, nombre des manifestations de la
supriorit du contrat-cadre sur les contrats dapplication doivent tre exclues de notre tude.
Cest le cas des signes de la supriorit du contrat-cadre se manifestant sur le terrain de
lexcution ou des effets du contrat dapplication, alors que la validit dun acte juridique
sapprcie lors de sa formation. Cest encore le cas des illustrations qui, bien que places sur
le terrain de lexistence ou de la validit des conventions, sont insuffisantes caractriser
lexistence dun lien de validit entre deux conventions.
536.
de lexcution du contrat sont lgion. Tel est le cas de la clause de rserve de proprit. Il en
est de mme propos des clauses pnales, des modalits dexcution (quelles quelles soient,
livraison, assurance etc.) ou encore du transfert des risques dans la vente. Toutes ces clauses,
1309
Prcisons quil ne sagit bien entendu pas ici de nier lexistence dun rapport hirarchique en raison de
lunit que pourrait former la structure forme par une contrat-cadre et des contrats dapplication. Nous nous
rangeons la thse majoritaire en la matire qui admet lautonomie des contrats dapplication et la dualit de
normes qui en rsulte (v. cependant pour une tonalit sensiblement dissonante, J. RAYNARD, note sous Civ. 1,
25 novembre 2003, JCP G, II, 10046, qui constate que certaines dcisions incitent une perception unitaire
() de ce contrat et mettent en vidence la mue qui sopre de laccord cadre nanti de ventes dapplication
au contrat de fourniture, contrat unique excution successive , en particulier n 8). Il nest pas non plus
question de soutenir lide que le contrat-cadre soit inapte dterminer les conditions de validit de toute autre
convention. Cela pourrait au contraire tre le cas si le contrat-cadre contenait une clause dinalinabilit ou un
pacte de prfrence (v. par exemple sur ce point, J. RAYNARD, La technique contractuelle au service de la
prennit du rseau de distribution , JCP E, 2005, Cah. dr. entr. n 3, p. 34). Nous entendons simplement nier
le fait que le contrat-cadre puisse dfinir les conditions de validit dun contrat dapplication conclu entre les
mmes parties (la chose pourrait tre diffrente dans lhypothse, plus rare mais nanmoins courante, de
contrats-cadres et des contrats dapplication liant des parties diffrentes).
1310
Le terme fait cho celui retenu par Monsieur MORVAN pour rendre compte des relations entre
conventions et accords collectifs de travail. Lauteur intitule le premier paragraphe de lune de ses contributions
fausse hirarchie des normes, vritable conflits de normes , v. Conventions et accords drogatoires aprs la
loi du 4 mai 2004 : de la thorie des flaques deau , prcit, n 45, p. 37. Le terme est excessif mais prsente
lavantage de la simplicit et dun caractre marquant. Il est cependant relativiser. Fausses sentend par
rapport la dfinition que nous avons retenue. Nous nentendons bien videmment porter aucun jugement de
valeur sur le fait que telle ou telle acception de la hirarchie des normes soit plus vraie quune autre.
288
537.
En ce qui concerne leffet de la nullit du contrat-cadre, Monsieur LEVACHER soutient que celle-ci ne doit
rejaillir sur les contrats dapplication que dans la mesure o le contrat-cadre stipulait une obligation de
contracter. dfaut, lautonomie juridique du contrat dapplication et sa conformit aux rgles du droit commun
des contrats suffit en assurer la validit (Thse prcite, n 115, p. 86). Monsieur GATSI quant lui soutient
avec fermet que les litiges relatifs au contrat-cadre et en particulier sa nullit ne devraient pas atteindre les
contrats dapplication dj conclus et assure dailleurs que les arrts de 1995 relatifs la dtermination du prix
consacrent cette solution (ouvrage prcit, n 421 428 pp. 289 296, v. galement tendant en ce sens, Com. 19
mars 1996, JCP E,, 1997, p. 617, en particulier n 35, observations J. RAYNARD, ici, la Cour de cassation fait
produire des effets aux contrats dapplication en dpit de lannulation du contrat-cadre ; v. encore, en ce sens, A.
SAYAG, prcit, n 154 160 pp. 110 115) ; quant leffet de la nullit des contrats dapplication, si la
doctrine semble considrer quelle ne doit pas rejaillir sur le contrat-cadre, elle nest pas toujours suivie sur ce
point par la jurisprudence (v. P. DIDIER, propos du contrat de concession : la station service , prcit, p.
59) et certains auteurs admettent quil peut en aller autrement lorsque les parties ont entendu lier indivisiblement
lensemble des conventions de la structure (v. sur ce point, F. ARHAB Les consquences de la nullit (ou de la
rsolution) dun contrat au sein des groupes de contrats , RRJ, 1999-1, n 40, p. 194).
289
538.
des marques de supriorit du contrat-cadre sur les contrats dapplication qui sont
gnralement voques, ne sinscrivent donc pas dans la perspective que nous avons retenue.
Dans quelques hypothses, ltude des relations entre les deux conventions tudies pourrait
tre de nature laisser apparatre des liens de validit entre contrats-cadres et contrats
dapplication. Certains auteurs placent dailleurs ouvertement le dbat sous langle du rapport
de validit entre le contrat de base et les contrats dexcution. Il est alors possible de lire sous
la plume de certains dentre eux que la spcificit du contrat cadre est de conditionner la
validit et le contenu dautres actes juridiques, comme larticle 1108 le fait lgard des
conventions 1315. Tel serait le cas lorsque le contrat-cadre impose les formes dans lesquelles
devront tre passs les contrats dapplication, puisque lon avance que les parties sont
[alors] obliges de respecter les rgles de modo contrahendi imposes par l'accord-cadre []
1312
Contra, J.-B. SEUBE, Lindivisibilit et les actes juridiques, op. cit., n 67, p. 107 lindivisibilit
[]nexplique rien pour statuer sur la disparition des contrats dapplication , lauteur opte plutt pour une
manifestation du rapport daccessoire principal.
1314
F. ARHAB, Les consquences de la nullit (ou de la rsolution) dun contrat au sein des groupes de
contrats , RRJ, 1999-1, n 37 p. 190 et 191, v. galement la mme page lide dveloppe brivement par
lauteur, laquelle elle nadhre pas, selon laquelle lannulation des contrats dapplication subsquente
lannulation du contrat-cadre mconnait la dualit de conventions normalement admise et rduit la figure du
contrat-cadre un contrat excution successive.
1315
R. LEVACHER, Thse prcite, n 110, p.82. Dautres dveloppements consacrs par lauteur la question
illustrent lquivoque que nous soulignons plus tt. Monsieur LEVACHER mle formation et excution des
conventions. Si certains des arguments quil invoque renvoient aux manifestations de la hirarchie que nous
avons exclues, il nen demeure pas moins quil place en partie le dbat sur les conditions (de forme et de fond)
de la validit des contrats dapplication notamment la fin de lextrait suivant : Le contrat cadre occupe une
position hirarchique suprieure aux contrats dapplication en ce quil en dtermine, au moins pour partie les
modalits de formation et dexcution. Il agit en ce sens comme la loi dfinissant les conditions de validit des
conventions. Il occupe une position hirarchique suprieure celle des contrats dapplication ensuite dans la
mesure o la nullit ou la validit de ceux-ci ne produit pas deffet sur sa validit propre[] il simpose [aux
contractants] en vertu de sa force obligatoire, mais il conditionne galement leur libert en imposant certaines
formes et un certain contenu dans leurs relations contractuelles venir, et il conditionne par l mme la validit
dautres actes juridiques Ibid., n 107, p. 81, v. encore dans le mme sens, n 112 et 113, p. 84.
290
539.
Largument est intressant, et il est indniable que cest ici le stade de la formation des
contrats dapplication que vise le contrat-cadre. Cest galement bien une condition de la
validit du contrat dapplication qui semble tre dtermine par le contrat-cadre. Mais l
encore, lide de hirarchie doit cder devant la facult reconnue aux parties de modifier
tout instant les conventions par lesquelles elles sont lies. Telle est la rgle en matire de droit
commun, il nen va pas diffremment en matire de contrats-cadres. La doctrine est unanime,
les parties une structure compose dun contrat-cadre et dun contrat dapplication ne sont
tenues par les stipulations de la premire convention que dans la mesure o elles ne
manifestent aucune volont contraire dans les contrats dapplication1320. Cela conduit
dailleurs Monsieur Gatsi crire dans sa thse sur le contrat-cadre que sil existe une
hirarchie en la matire, cette dernire offre une particularit puisque si parmi les normes
juridiques, les normes infrieures doivent respecter les normes suprieures, il en va
1316
O. FEVROT, Contribution une thorie des avant-contrats administratifs : l'exemple de l'accord cadre ,
RDP, 2008, p. 378; v. encore, J. SCHMIDT, Le prix du contrat de fourniture , prcit p. 177, Le contrat
cadre oblige, toujours, observer lors de lventuelle conclusion [des contrats dapplication] () les modalits
quil dtermine par avance (mme si ici lauteur nvoque pas explicitement les termes de nullit ou de
validit).
1317
1318
Ass. Pln., 1er dcembre 1995, Bull. civ. AP, 1995, n 7, 8 et 9, p. 13 16, v. entre autres, JCP G., 1995, II,
22565, conclusions M. JEOL, et observations J. GHESTIN ; D. 1996, p. 13, note L. AYNES ; Defrnois 1996,
p. 747, observations P. DELEBECQUE; RTD civ. 1996, p. 153, observations J. MESTRE ; JCP G., 1996, II ;
JCP E, 1996, II, 776, note L. LEVENEUR ; JCP E., 1996, I, 523, n 7, observations J.-M. MOUSSERON.
1319
V. par exemple lun des arrts du 1er dcembre 1995, Bull. civ. AP., 1995, n 8.
1320
J. GATSI, op. cit., n 172, p. 114, v. galement, n 236, p. 148 ; F. POLLAUD-DULIAN, A. RONZANO,
prcit, n 42 et 43, p. 203 et 204 ; M. S. ZAKI, Le formalisme conventionnel : illustration de la notion de
contrat-cadre , RID comp., 4/1986, n 133, p. 1093, Nul ne doute que les parties peuvent dun commun accord
supprimer la clause de forme .
291
540.
galement exact en matire de contrat-cadre, cette norme est une sorte de loi suppltive des
parties 1323. Or, une condition de validit ne peut tre quimprative. Le contrat-cadre ne
peut donc pas dfinir les conditions de validit des contrats dapplication. Il nest pas, si lon
sen tient la signification que nous avons retenue de ce terme, une norme hirarchiquement
suprieure aux contrats dapplication.
541.
La facult dont jouissent les parties une convention de pouvoir la modifier librement,
fait donc obstacle ce quelles puissent dfinir dans un acte les unissant les conditions
auxquelles seront soumises des conventions conclues entre elles lavenir.
542.
Parce que les tiers ne peuvent au contraire pas modifier une convention laquelle ils
ne sont pas parties, la prsence dun tiers est le plus souvent une condition de ltablissement
dun lien de validit entre deux conventions. Il est videmment superflu de faire la
dmonstration de ce que deux conventions liant des parties diffrentes peuvent entretenir des
relations hirarchiques. Lessentiel de notre recherche a t directement ou indirectement
consacr ltude de pyramides conventionnelles de ce type. En revanche, il serait
difficilement comprhensible que lon ne traite pas, ne serait-ce que brivement, de la
compatibilit de ce constat avec le principe nonc larticle 1165 du Code civil.
1321
1322
A. GENOVESE, Le forme volontarie nella teoria dei contratti, Padoue, 1949, cit par M. S. ZAKI, n 134,
p. 1094 : Les parties peuvent par simple accord oral, droger une clause de forme mme crite et alors quil
a t expressment stipul que toute drogation doit, elle-mme, sous peine de nullit, respecter la forme
convenue, celle-ci ntant pas imprative, la diffrence du formalisme lgal (nous soulignons) ; F.
POLLAUD-DULIAN, A. RONZANO, prcit, n 43, p. 204, propos de la clause de rserve de proprit : il
importe de prserver la possibilit [] dune acceptation certaine bien que tacite ; contra, M. S. ZAKI,
prcit, n 136, p. 1095 : Une norme crite ne peut tre abolie par une pratique de valeur moindre. Si les
parties veulent carter une clause de forme, elles doivent le faire savoir par crit. Cela ne leur cote rien et vite
tant de malentendus !. Lauteur attnue cependant quelque peu ses propos par la suite en admettant quune
modification ponctuelle peut tre tacite, n 137, p. 1095.
1323
292
543.
Le principe de leffet relatif des conventions est sans doute lun de ceux qui ont fait
couler le plus dencre. Les articles1324, les thses1325 ou les dveloppements consacrs la
question dans les plus grands manuels ou traits de droit des obligations1326, asschent sans
doute considrablement la matire. Tout ou presque a t dit sur le principe de leffet relatif
des conventions. Nos ambitions ne peuvent tre en consquence que bien modestes, elles se
limitent rpondre cette question : comment expliquer quune convention puisse dterminer
les conditions de validit dune autre convention, lorsque cette dernire lie un tiers au premier
acte, sans que larticle 1165 du Code civil ne sy oppose ?
544.
diffrentes comme lune des plus graves atteintes leffet relatif des conventions. contre
courant de ce sentiment, nous voudrions souligner que leffet relatif ne nous semble en rien
atteint par la hirarchisation de deux conventions liant des auteurs diffrents (1) et qu
prter attention la question, force est dadmettre que le respect du principe nonc larticle
1165 est mme parfois assur par linstauration dun lien hirarchique entre deux actes
conventionnels (2).
1. Labsence datteinte leffet relatif des conventions par la hirarchisation.
545.
Lapparente atteinte leffet relatif Lide quune convention puisse tre frappe
de nullit ou dinopposabilit pour la seule raison quelle est contraire aux stipulations dune
autre convention dont les parties sont diffrentes, peut incontestablement apparatre comme
1324
R. SAVATIER, Le prtendu principe de leffet relatif des contrats , RTD civ., 1934, p. 525.
1325
Chronologiquement, A. WEILL, La relativit des conventions en droit priv franais, Thse Strasbourg,
Dalloz, 1938 ; S. CALASTRENG, La relativit des conventions, Thse Toulouse, 1939 ; J.-L. GOUTAL., Essai
sur le principe de leffet relatif des conventions, (prface H. BATIFFOL), LGDJ, Coll. Bibliothque de droit
priv, Tome 171, 1981 ; v. encore, F. BERTRAND, Lopposabilit du contrat aux tiers, (direction P.
MALINVAUD), Thse Paris II, 1979 ; J. DUCLOS, Lopposabilit, Essai dune thorie gnrale, op. cit. ; R.
WINTGEN, tude critique de la notion d'opposabilit : les effets du contrat l'gard des tiers en droit franais
et en droit allemand, (prface J. GHESTIN) LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 426, 2004 ; v.
galement, M. FONTAINE, J. GHESTIN, (Direction) Les effets du contrat lgard des tiers, comparaisons
franco-belges, LGDJ, Coll. Bibliothque de droit priv, Tome 227, 1992.
1326
293
546.
contractuelles sur la validit dautres actes liant des parties diffrentes est uvre du prteur, la
rgle tire de ladage res inter alios acta1332 a parfois conduit le juge ou la doctrine critiquer,
pour cette raison, ltablissement dun lien de validit entre deux conventions. Les victimes de
la violation d'un pacte de prfrence se sont [assez classiquement1333] heurtes au principe,
1327
1328
v. cet gard la remarque de BARTIN, faire natre en la personne dun tiers les droits et les obligations
rsultant dun acte auquel il na point concouru, sous la seule condition dune entente pralable entre lui et lun
des contractants, cest donner effet vis--vis de lautre une convention qui lui est trangre, la convention du
mandat : cest faire manifestement une brche au principe res inter alios acta , cit par A. WEILL, op cit., n
180, p. 316 et 317.
1329
Civ., 22 juin 1864, DP, 1864, 1, p. 412, la Cour de cassation nonce que dclarer opposable aux tiers les
titres rguliers de proprit, ce nest aucunement prtendre quil ne peut rsulter de ces titres une modification
quelconque aux droits des tiers ; et quainsi la rgle de larticle 1165, qui ne donne effet aux conventions
quentre les contractants, est ici sans application , p. 414. Plus gnralement en matire de groupes de contrats
(la question dpasse alors celle qui nous occupe ici) v. M. BACACHE-GIBEILI, La relativit des conventions et
les groupes de contrats, op. cit. ; B. TEYSSIE, Les groupes de contrats, op. cit., notamment, n 20, p. 10 et 54
61, p. 25 29.
1330
Par exemple P. DIDIER, Brves notes sur le contrat organisation , prcit, p. 640 Les contrats
organisation chappent de plein droit la rgle de larticle 1165 .
1331
V. supra n 366 et s.
1332
H. ROLAND, L. BOYER, Adages du droit franais, 4me dition, Litec, n 393, p. 776.
1333
P.-Y. GAUTIER, Inefficacit du pacte de prfrence : mme la publicit foncire ne lui est daucun
secours , RTD civ., 1999, p. 644.
294
547.
observations rgulirement formules dans les dbats relatifs chacune des structures
hirarchiques que nous avons exposes, il faut affirmer que leffet relatif des conventions
nest jamais heurt dans aucune des situations cites. Outre les justifications consistant
relever le caractre rel de certaines situations1336, dont on pourrait sans peine faire
abstraction, il suffit pour justifier les effets des conventions places en position de supriorit
hirarchique de sen tenir la distinction systmatise par Weill entre leffet relatif des
conventions et lopposabilit du contrat aux tiers1337.
548.
Cette distinction impose dapprhender larticle 1165 du Code civil comme signifiant
uniquement que seules les parties peuvent en principe devenir crancires ou dbitrices par
leffet du contrat. Cela ne fait pas obstacle ce que le contrat puisse valablement produire
dautres effets lgard des tiers auxquels il est opposable. La chose est connue, lopinion est
sans conteste celle que partage la doctrine contemporaine de manire presque unanime1338/1339,
1334
C. ZARIFIAN, la recherche de l'efficacit perdue des pactes de prfrence extra-statutaire , Gaz. Pal.,
2004, p. 1623.
1335
Civ. 1., 11 fvrier 2003, indit, n de pourvoi, 01-10366, qui censure au visa de larticle 1165 du Code civil
une cour dappel qui avait retenu pour valider le commandement aux fins de saisie immobilire que le crancier
saisissant est un tiers par rapport l'acte de donation-partage et qu'en vertu de l'effet relatif des contrats, cet
acte et la clause d'inalinabilit du bien donn qu'il contient lui sont inopposables .
1336
Au-del des chaines de contrats translatifs de proprit, la doctrine majoritaire estime que lindisponibilit
conventionnelle prsente un caractre rel. V. sur ce point, R. MARTY, De lindisponibilit conventionnelle
des biens , n 13.
1337
Sur ce point prcis, v. A. WEILL, op. cit., n 100 116 pp. 175 216 lauteur conclut une section consacre
la dmonstration de cette distinction de la sorte : condition de ne pas imposer leffet obligatoire dune
convention un tiers, on peut lui opposer toutes les conventions ; il est oblig den reconnatre lexistence de
fait, et linverse, il peut, si tel est son intrt, invoquer cette convention en tant que fait, puisquil nexige pas
lexcution son profit dune obligation issue du contrat , n 116, p. 205 ; v. galement adoptant quelques mois
plus tard, une conclusion proche de celle de lauteur prcdant, S. CALASTRENG, op. cit., en particulier le
Titre second de la deuxime partie intitul bauche de lopposabilit , p. 363 412, pour lauteur, le
principe naturel et socialement ncessaire est lopposabilit absolue de toute situation valable. La convention et
le droit rel sont opposables aux tiers. Les cas dinopposabilit sont rglements par la loi. Ce nest que pour
lobligation, pour le droit personnel, que le principe flchit et quil faut dire au contraire : le droit personnel est
seulement opposable aux tiers qui en ont eu connaissance ; son opposabilit nest que relative , p. 412
1338
F. BERTRAND, Thse prcite, n 2, p. 5 ; J. DUCLOS, op. cit., n 27-1 28, p. 51 53 ; M. FABREMAGNAN, Droit des obligations, op. cit., n p. 504 ; J. GHESTIN, C. JAMIN, M. BILLIAU, op. cit., n 678, p.
723 ; P. MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK , op. cit., n 789 793, pp. 408, 411 ; P.
MALINVAUD, D. FENOUILLET, Droit des obligations, op. cit n 458 et s., p. 360 ; D. MAINGUY, J.-L.
RESPAUD, Droit des obligations, Ellipses, Coll. Cours magistral, 2008, n 231, p. 174 ; G. MARTY, P.
295
549.
Si lon sen tient cette conception de leffet relatif des conventions, aucune atteinte
ce principe ne semble rsulter de linvalidit dune convention pour la raison quelle viole un
autre acte de mme nature form par des auteurs distincts. Dans toutes les pyramides
contractuelles mentionnes, linvalidit de lacte subordonn na jamais pour effet dobliger
contractuellement tertius envers primus. Les tiers ne sont jamais mis en position de dbiteur
ou de crancier contractuel par leffet de linvalidit de la convention infrieure. Le souscontractant perd le bnfice dune crance (laction en paiement ou le droit au renouvellement
de son bail), mais nest pas oblig contractuellement envers le contractant principal. En
prsence dune convention dinalinabilit, la convention annule dpouillera de la proprit
dune chose le tiers la convention viole, mais ce dernier ne sera pas tenu dune obligation
contractuelle. La nullit dune premire convention ne fait en gnral (la chose pourrait tre
vrifie propos du mandat, des conventions matrimoniales et des conventions pluridimensionnelles )
pas
natre
une
obligation
lgard
du
tiers
cet
acte.
vrai dire, seul le fondement de cette opposabilit fait encore rellement dbat. Mise part lexplication
tenant lopposabilit des droits (rels notamment), le contrat serait pour certains auteurs opposable en tant que
fait ou fait social (en ce sens, v. S. CALASTRENG, op. cit. : Toute convention lgitime bnficie dune
valeur absolue ; telle que les parties lont btie, les tiers sont contraints de laccepter comme un fait extrieur
eux , p. 363 ; A. WEILL, op. cit., n 99 152, p. 172 279 ; Contra, soulignant de manire trs convaincante
les limites de cette thse v. R. WINTGEN, op. cit., en particulier, n 90 128, pp. 85 121, lauteur explique en
somme quadmettre que le contrat est un fait ne peut suffire expliquer les raisons pour lesquelles il devrait tre
respect dans la mesure o un fait ne peut produire que les effets quune rgle de Droit y attache , n 128, p.
120. Pour cet auteur, il nexisterait pas proprement parler de principe de lopposabilit du contrat aux tiers,
mais un ensemble de rgles prenant en compte lexistence du contrat. Il y aurait un grand nombre deffets
htrognes et non une notion unitaire par exemple, n 167, p. 152 et 153) pour dautres, auxquels nous nous
rallions, le contrat serait opposable en ce quil est norme juridique, v. P. ANCEL, Force obligatoire et contenu
obligationnel du contrat , prcit, n 48 53, p. 804 807.
1340
Cette interprtation semble consacre dans le dernier projet de rforme de droit des obligations qui dans son
article 105 dispose que le contrat ne cre dobligations quentre les parties contractantes . Larticle 106
reconnaissant lopposabilit du contrat au tiers. Lobligation remplacerait donc le terme impropre deffets
utilis dans lactuel Code civil, v. la dernire version du projet, mai 2009, sur le Blog du Professeur Houtcieff :
http://www.dimitri-houtcieff.fr/files/projet%20DACS%20modifi%20mai%202009-numrot.pdf.
1341
La prcision nest pas superflue pour autant dans la mesure o, comme le relevait il y a quelques annes
Monsieur GOUTAL et comme en attestent les exemples que nous venons de donner, si la distinction est acquise
la lecture des articles, monographies ou extraits de manuels consacrs spcifiquement la question de leffet
relatif des conventions, elle est un peu plus confuse dans les travaux qui sen loignent, J.-L. GOUTAL., op. cit.,
n 32, p. 33.
296
550.
Leffet relatif des conventions est donc sauf, il est mme souvent prserv lorsquune
551.
Le respect de la lettre de larticle 1165 du Code civil Si lon prenait la lettre une
partie des dispositions de larticle 1165 du Code civil, les conventions n'ont d'effet qu'entre
les parties contractantes ; elles ne nuisent point au tiers , lvidence cet article pourrait
tre le fondement de ltablissement dun lien hirarchique entre deux conventions. La
remarque vaut pour lensemble des conventions conclues en violation des droits contractuels
dautrui. La vente (ou tout autre contrat translatif de proprit) de la chose dautrui, est
assurment une convention qui a un effet nuisible lgard dun tiers (le vritable
propritaire)1343 ; les conventions par lesquelles sont violes les stipulations dun avantcontrat de vente sexposent aux mmes remarques, elles sont de la mme manire des
conventions qui nuisent des personnes ny tant pas parties1344. Les exemples pourraient tre
multiplis. Ces quelques remarques tiennent cependant presque plus du sophisme que du
raisonnement juridique. La majeure partie de largumentation repose en effet sur une
1342
Analysant la vente de la chose dautrui comme une atteinte leffet relatif des conventions v. P.
MALAURIE, L. AYNES, P. STOFFEL-MUNCK , op. cit., n 790, p. 408 : Les parties ne peuvent convenir
que dun objet dont elles ont la matrise. La relativit de la convention elle-mme est une question de
puissance : ainsi, il est impossible de transfrer un droit rel appartenant autrui ; contra, soulignant
labsence datteinte leffet relatif des conventions en ce que le vritable propritaire nest pas engag, S.
PETIT, La vente de la chose dautrui , D. 2007, p. 3116, spc. n 4 le vritable propritaire () n'a pas se
proccuper d'une vente qui - selon le principe de l'effet relatif des contrats - ne l'oblige pas.
1344
V. dans le mme sens la remarque de Monsieur MARTY, qui crit pour rcuser lide selon laquelle dans la
promesse unilatrale de vente le promettant est tenu dune obligation de ne pas faire, que considrer que le
promettant est tenu dune abstraction revient paraphraser les articles 1134 et 1165. Sengager envers un
contractant cest ncessairement refuser de sengager avec un autre , article prcit, n 3, p. 6.
297
552.
conventions La dfinition des conditions de validit dune convention par une autre
convention assure, dans un certain nombre de pyramides conventionnelles, leffectivit du
principe de leffet relatif des conventions. Autrement dit, linstauration dun rapport de
validit entre deux actes permet de faire en sorte quune personne ne soit pas engage par une
convention laquelle elle nest pas partie.
553.
ou plusieurs sous-contrats est sans doute larchtype du phnomne que nous voudrions
souligner. Lmergence dun sous-contrat a quasi-systmatiquement pour consquence de
crer un lien direct entre le contractant principal et le sous-contractant. La chose se traduit
essentiellement par la conscration lgale1345 ou prtorienne1346, dune action directe en
paiement, mais dpasse cette simple hypothse (le sous-contrat peut, en matire de sous-bail,
confrer au sous preneur un droit au renouvellement du bail envers le contractant
principal1347). Si certains auteurs jugent que lon peut douter de la nature juridique de cette
action1348, il y a tout lieu de penser quelle est de nature contractuelle 1349. Latteinte leffet
relatif des conventions par la cration dun lien contractuel entre les deux extrmes dune
chane par diffraction est alors patente, chacun saccorde sur ce point 1350 (la chose dpasse
1345
Tel est le cas de laction directe du sous-traitant contre le matre de louvrage, consacre larticle 12 de la
loi du 31 dcembre 1975.
1346
Le juge a depuis plus dun demi-sicle bilatralis au profit du sous-mandataire, laction directe de
lalina second de larticle 1994 du Code civil, v. Civ. 27 dc. 1960, D. 1961, juris. p. 491, note J. BIGOT.
1347
1348
1349
J. NERET, op. cit., v. les dveloppements consacrs par lauteur la question, n 365 et s., p. 265, en
particulier, n 371 379, p. 267 272 intituls : La prfrence doit tre donne au caractre contractuel de
laction .
1350
R. BONHOMME, Ibid., n 50 ; v. galement, J. NERET, op. cit., n 267 et s., p. 199 et s. Ce constat, dont
lauteur souligne quil nest pas compatible avec ledit principe, conduit dailleurs Monsieur NERET (aprs quil
ait fait linventaire de toutes les justifications doctrinales avances et not quaucune dentre elles ne savrait
satisfaisante) rejeter une analyse individualiste de la structure tudie au bnfice dune conception globale
mettant laccent sur lensemble que constitue le contrat principal et le sous-contrat (v. en particulier n 323 et s.,
p. 235 et s.).
298
554.
conclu) en raison de sa contrarit avec un autre acte juridique de mme nature (le contrat
principal) ne contrarie pas, dans ce cas prcis, les dispositions de larticle 1165 du Code civil.
Mieux, elle en assure leffectivit. En raison de linopposabilit (ou plus rarement de la
nullit) de la convention en sous ordre irrgulirement conclue, nul ne pourra tre tenu dune
obligation rsultant dune convention laquelle il nest pas partie.
555.
fois quil y a reprsentation conventionnelle (voire mme lgale) dune personne par une
autre, ds lors quil y a un dpassement (ou absence) de pouvoir. Dans ces situations, une
personne dont les consignes ont t dpasses, pourrait tre tenue dengagements ns dune
convention laquelle elle nest pas partie. Lassertion peut heurter. Il est en effet assez
unanimement convenu que le mandant est partie la convention conclue par son reprsentant
avec son cocontractant1352. Sil ne sagit videmment pas de nier ici cette ralit, il convient
cependant de souligner que si le mandant est partie la convention conclue par un
intermdiaire avec un tiers, cest la condition que cet intermdiaire ait eu le pouvoir de
reprsenter le mandant et quil agisse dans la mesure du pouvoir qui lui a t transmis1353. Si
le reprsentant agit sans pouvoir, les actes ainsi conclus sont lgard [du mandant] res
inter alios acta 1354. Lacte est rput conclu par des tiers1355. La hirarchisation de deux
1351
En ce sens, C. JAMIN, La notion daction directe, ( prface J. GHESTIN), LGDJ, Coll. Bibliothque de
droit priv, Tome 215, 1991, pour lauteur, laction directe est un mcanisme volontairement contraire leffet
relatif des conventions, dont elle est un mcanisme correcteur () permettant [den] attnuer ou [den]
annihiler, dans des situations considres comme injustes, la rigueur , n 301, p. 270 ; A. WEILL, op. cit., n
422, p 739 et 740.
1352
1353
V. dailleurs les dveloppements consacrs par trois auteurs cette question loccasion de lexamen de la
relativit des conventions qui crivent : lorsquune convention est conclue pour autrui par une personne
dpourvue de pouvoir dagir pour une autre, ou bien celle-ci ratifie la convention, elle se transforme alors en
partie, ou bien elle ne la ratifie pas, la convention est alors inefficace son gard , P. MALAURIE, L.
AYNES, P. STOFFEL-MUNCK , op. cit., n 790, p. 408.
1354
1355
Ce qui suppose dadmettre que le mandataire est partie la convention conclue en violation du mandat. Sur
ce point, v. N. DISSAUX, La qualification dintermdiaire dans les relations contractuelles, op. cit., en
particulier, v. n 697, p. 323. Partant de la distinction entre la procdure contractuelle et la norme contractuelle
systmatise par KELSEN, lauteur propose dlargir la distinction entre les parties et les tiers. Il propose alors
dadmettre quexistent trois catgories de parties diffrentes. ct des parties tenues des effets juridiques
299
*
*
du contrat (qui sont en somme les parties au sens classique du terme) et des parties lmolument contractuel
(celles qui sont appeles recueillir les bnfices et les pertes du contrat on reconnat ici les parties accdant
cette qualit au cours de la vie de la convention), existeraient des parties procdurales . Si lon admet cette
dfinition de la notion de partie (qui nous semble pouvoir se marier avec celle dj retenue elle la complte,
sans la contredire), il y a alors bien dans la situation dcrite une convention conclue entre deux parties, lgard
de la laquelle le mandant est tiers.
300
557.
conventionnelle. Une hirarchie est alors envisageable lorsque lacte contractuel form en
premier ne peut pas tre modifi (cest lhypothse de la convention matrimoniale,
normalement soumise au principe de limmutabilit), ou lorsquil ne peut pas ltre par le
biais dun acte ayant une nature conventionnelle (la plupart des statuts de socits ou le
rglement de coproprit ne peuvent tre modifis que par une dlibration de lassemble
gnrale, acte juridique unilatral).
558.
Le second cas de figure, qui est de loin le plus commun, est celui dune diffrence de
parties aux deux conventions. Ltablissement dune hirarchie entre deux actes
conventionnels est inimaginable (hors de lhypothse prcdente) dans lhypothse o les
parties aux deux actes sont les mmes. Les possibilits que tiennent les parties de la loi
(mutuus dissensus, novation, modification, dation en paiement, remise de dette etc.) de
modifier valablement par une simple manifestation de volont contraire (mme tacite) les
conventions formes entre elles, font obstacle toute possibilit de hirarchiser deux
conventions les liant. Cette conclusion, en dpit des opinions doctrinales contraires, nous
conduit rcuser lexistence de rapports hirarchiques entre les contrats-cadres et les contrats
dapplication lorsque ces actes lient les mmes parties. Lorsque les parties aux deux actes sont
diffrentes, le tiers un contrat nayant pas le pouvoir den modifier les termes, linstauration
dune relation hirarchique entre deux conventions est envisageable.
Si le constat peut a priori sembler heurter le principe de la relativit des conventions
nous venons de le voir il nen est rien. Il suffit pour ladmettre de sen tenir la vision
moderne de ce principe qui consiste uniquement considrer quune personne ne peut devenir
dbitrice ou crancire contractuelle par leffet dune convention laquelle elle nest pas
partie. Linvalidit dune convention pour violation dun autre acte juridique de mme nature
liant des parties distinctes na effectivement jamais pour effet dengager contractuellement
301
*
* *
302
560.
561.
lments constitutifs du lien hirarchique sont enfin indispensables. Le premier lment, que
nous avons cart pour les raisons exposes, rside bien videmment dans le fait que la
convention suprieure ait une influence sur un lment considr par le Droit objectif comme
un lment conditionnant la validit de la convention infrieure. Le second, que nous avons
seul tudi, impose que la convention suprieure soit conventionnellement imprative
lgard des parties lacte infrieur. lvidence, une condition de validit ne peut qutre
imprative. Il ne peut exister un lien de validit entre conventions si les auteurs de la
convention infrieure peuvent modifier lacte suprieur. Limprativit conventionnelle de la
convention suprieure se retrouve dans deux hypothses diffrentes.
Dans la premire, limprativit de la convention suprieure ressort de limmutabilit
conventionnelle de la convention suprieure qui, soit ne peut pas tre modifie, soit ne peut
pas ltre par le biais dun acte juridique conventionnel (cest le cas des conventions
matrimoniales qui sont en principe immuables. Cest encore le cas du rglement de
coproprit ou des statuts de la socit qui ne peuvent la plupart du temps pas tre modifis
par une convention).
Dans la seconde hypothse, de loin la plus frquente, limprativit de la convention
suprieure est la consquence de laltrit de parties aux diffrents actes de la structure. Les
1356
304
305
CONCLUSION GNRALE
562.
563.
Le premier ne pouvait a priori tre dress comme un obstacle sans aucune analyse
564.
Lhypothse valide, il nous restait cerner les circonstances dans lesquelles une
relation de cette nature peut apparatre. Si lon sattache lessentiel, elles sont relativement
peu nombreuses. Certains lments sont indiffrents. Tel est le cas de la nature juridique des
conventions hirarchises. Les actes rputs rglementaires ou institutionnels ne sont pas
ncessairement suprieurs des conventions la nature juridique simple, sans doute pour la
raison, que nous avons dveloppe, quil nexiste aucune convention la nature juridique
pluri-dimensionnelle . Peu importe aussi que les conventions hirarchises soient en
relation directe les unes avec les autres. Un lien hirarchique peut parfaitement relier deux
actes alors quun troisime, conventionnel ou unilatral, est interpos entre eux.
Deux seules conditions simposent vritablement de manire imprative. La premire
consiste bien videmment en ce que la convention place en position de supriorit
hirarchique dtermine un lment qui est considr par le Droit (la loi ou le juge) comme une
condition de validit de lacte subordonn (le plus souvent, la convention suprieure attribue
un pouvoir ou dtermine la titularit de droits). Cette condition rsulte dun choix de politique
juridique, non de thorie juridique. La seconde rside dans limprativit de la convention
suprieure. Une condition de validit ne pouvant qutre imprative, il ne peut y avoir de
hirarchie entre deux
conventions
que si
la premire ne peut
tre modifie
conventionnellement par les parties la seconde, ce qui implique que cet acte soit dans une
certaine mesure immuable, ou form par des tiers (lesquels ne peuvent par dfinition pas
modifier un acte auquel ils ne sont pas partie).
565.
Ltablissement dun lien hirarchique entre conventions est donc possible, il est
566.
Du point de vue pratique, les rpercussions concrtes de nos recherches nous semblent
1357
La doctrine discute toujours du fondement de la nullit de ces conventions dindisponibilit plus dun sicle
aprs la conscration de la solution.
1358
P. ANCEL, Force obligatoire et contenu obligationnel du contrat , ces normes qui, en raison de leur
origine prive, n'ont en principe qu'un effet personnel limit, n'en sont pas moins, en ce qu'elles procdent d'une
habilitation lgale, obligatoires pour tout le monde , n 53.
1359
Insistant sur ce caractre commun de la rgle de Droit, v. X. LABBEE, Les critres de la norme juridique,
PUL, Coll. Manuels, 1994, p. 13.
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- La thorie du mandat apparent inverse : le suppos mandataire peut l'opposer au tiers,
sans qualit pour invoquer la nullit de l'acte , observations sous, Civ. 1, 2 nov. 2005, RTD
civ. 2006, p. 138
- Excution force du pacte de prfrence : un peu victoire la Pyrrhus, beaucoup probatio
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Index alphabtique
INDEX ALPHABTIQUE
(Les numros renvoient aux paragraphes)
A
Mandat : 259, 330
Objet : 488 et s.
Parties : 520
Personnalit morale : 461 s.
Avantcontrat : 261 s.
B
Bail : 293 s.
Sous-bail (sanction) 303
Acte rgle
Acte-condition : 24
Acte collectif (distinction) : 367,
373
Acte subjectif : 24
Contrat (distinction) : 367 s., 401
Coproprit : 207
But :
Dfinition : 492
Identit : 491 et s.
C
Cause
Subjective : 491 s.
Acte unilatral : 3
Collectif 432 et s.
Dcision : 429
Individuel : 428
Rglement intrieur : 175
Chane
Contractuelle
Et coexistence des
Conventions : 413 s.
Htrogne : 423 s.
Homogne : 420 s.
Non contractuelle : 428 s.
Action directe
Inopposabilit : 302 s.
Sous-contrat : 302, 553
Conseil constitutionnel
Autonomie de la volont : 134
Gnralit de la loi : 110
Rserve dinterprtation : 325
Assemble gnrale
Coproprit : 216, 513
Nullit : 432 s.
Qualification : 432
Socit : 196, 511
Contrat
Dfinition : 5
Convention (distinction) :
6
Critre
Accord de volont : 5, 393
356
Index alphabtique
Intrts opposs : 393
Apport en socit : 351
Communaut
Conventionnelle : 227 s.
Universelle : 230
Gestion des biens : 235 s.
Communs : 241
Propres : 238
Affirmation
de
supriorit : 22, 25, 533
Ngation
de
supriorit : 535
Nature juridique
Thse contractuelle : 365,
378 s.
Thse mixte : 374
Pouvoirs : 224, 235
Participation aux acquts : 232 s.
Sparation de biens : 231 s.
la
la
Convention(s)
Coproprit des immeubles btis
Contrat (distinction) : 6
Pluralit : 338 s.
coexistence : 413 s.
Pluridimensionnelles
Supriorit hirarchique :
347 s.
Unidimensionnelles
Supriorit hirarchique :
354
Unit de la notion : 378 s.
D
Dualisme : 373 s.
Supriorit hirarchique 312 s.
Et principe de faveur :
15, 313, 316 s.
Contrat de travail (sur) :
500
Entre conventions
collectives
Affirmation de :
316 s., 320 s.
Absence de : 317 s.
Nature juridique : 364 et s.
Thse contractuelle : 365,
378 s.
Thse mixte : 373 s.
Thse rglementaire : 367
s.
Conventions matrimoniales : 223 s.
357
Index alphabtique
concrtisation ou
Derogatio : 13 s.
Indirecte : 418 s.
Polysmie : 8
Principe de faveur : 15, 313, 316
s.
Rapport de production : 16
Simplifie : 9
E
Effet relatif des conventions : 2, 397, 452
s., 468, 543 s.
hirarchie (compatibilit) : 24, 32
s., 452, 468, 543 s.
Et conventions collectives : 369,
383, 390, 391
Rglement de Coproprit : 398 s.
Socit et Association : 369, 397
Protection : 551 s.
I
Immutabilit : 509 s.
Conventionnelle :
Rglement de coproprit :
513
Statuts : 511, 512
Des conventions matrimoniales :
244, 515 et s.
F
Force obligatoire du contrat
Fondement : 114 s.
Tiers : 2, 547
Impratif : 507 s.
G
Suppltif : 516, 522 s.
Relativit
de
distinction : 516
Gnralit du Droit : 77 s.
Affirmation : 79 s.
Aristote : 87
Condamnation : 84 s.
Conseil constitutionnel : 110
la
Imprativit
Convention matrimoniale : 244,
515 s.
Rglement de coproprit : 513
Statuts de personnes morales :
515 s.
Habilitation
Objet des normes thiques : 56 s.
Objet de la convention : 69
Hauriou
Institution : 343, 370 s.
Hirarchie
Dfinition : 8 et s.
Force drogatoire : 10 s.
abrogation : 11, 12
358
Index alphabtique
Mutuus dissensus : 17, 523 s.
Institution : 370 s.
Contrat (distinction) : 370 s.
Droit objectif : 373
Rglement de coproprit : 371,
372
Socit : 371, 372, 378
N
Norme (au non juridique) : 41 s.
Contrat : 58
Directive : 50 s.
Etymologie : 43, 44
Ethique : 53
Juridique :
Juridicit : 112 s.
Gnralit : 77 s.
Modle : 43 s.
Objet : 56
Origine : 43 s.
Recognitive (ou scientifiques): 50
K
Kelsen : 16, 26, 53, 88, 139, 418
L
Loi
Balkanisation : 94 s.
De la majorit (v. ce mot)
Conception matrielle : 46, 82,
343
Conception organique : 8, 99
Gnralit (v. ce mot)
Fondement de la force obligatoire
du contrat (v. force obligatoire)
Personnalisation : 99 s.
Nullit
Annulabilit : 155
Inopposabilit (distinction) : 157
s.
Restitutions : 549
O
Objet :
Contenu du contrat : 477, 479
Des normes : 56
De lobligation : 475
De la prestation : 475, 478, 480 s.
Du contrat : 475, 491 s.
Mandat : 248 s.
Sous-mandat : 290, 294, 305
Supriorit hirarchique : 248 s.
Convention collective :
321, 361
Convention matrimoniale :
359
Majorit
Modle
Rgle de droit comme : 43 s.
Convention comme modle : 59 s.
Et gnralit de la rgle de Droit :
107
P
Pacte de prfrence : 167, 263 s.
Sanction : 272 s., 566
Index alphabtique
Pactes extrastatutaires : 176 s.
Illustration : 178 s.
Soumission aux statuts : 184 s.
Parties
Diffrence de : 447 s., 519 s.
Tiers (distinction) : 520 s.
Socit : 520 s.
S
Socit : 175 s.
Objet social : 189 s.
Dpassement : 194
Modification : 196
Objet du contrat : 488 s.
Nature juridique : 364 s., 376
Personnalit morale : 461 s.
Parties : 520
Statuts
- Modification : 196, 511,
512
Pouvoir
Condition de validit des actes
juridiques : 502
Dfinition : 504 (note de bas de
page)
Disciplinaire : 369, 401
Pluralisme juridique : 19, 418 s. (note de
bas de page)
Sources du Droit
Promesse unilatrale de vente : 268 s.
Contrat : 38, 343 s.
Sanction : 274
Sous-contrat : 286 s.
Principe de faveur
Notion : 315 (note de bas de
page)
Hirarchie des normes
(distinction) : 15, 313, 316 s.
R
Rgle de Droit
Gnralit : 77 s.
Norme juridique (distinction) : 37
(note de bas de page)
Spcificit (juridicit) : 112 s.
Validit
Conformit (distinction)
Convention
Nullit
Inopposabilit
Norme
Rglement
Coproprit (v. ce mot)
Droit public : 102, 153 (note de
bas de page)
Intrieur des socits : 114, 180,
187, 512
Vente
De la chose dautrui : 211, 273,
330, 551
Chane de vente : 413 s., 420 s.
360
SOMMAIRE .................................................................................................................. 7
INTRODUCTION ............................................................................................................ 9
I. Objet de la recherche. ............................................................................................. 4
II. Enjeux de la recherche. ........................................................................................ 15
Section I Les hirarchies fondes sur une convention organisation . ................. 113
1. Les statuts de socits. ..................................................................................... 114
A. Supriorit hirarchique des statuts lgard des conventions extra-statutaires.
............................................................................................................................ 115
1. Stipulations rfrences. .............................................................................. 115
a. Les conventions entre associs. .............................................................. 115
b. Des conventions soumises aux stipulations statutaires. ......................... 118
362
364
366
367
Vu et permis dimprimer
Avignon, le
Le Prsident de lUniversit dAvignon et des
Pays de Vaucluse
Emmanuel THIS
368