Manuel de l'amateur des
jardins, trait gnral
d'horticulture... par MM. Jh
Decaisne,... Ch. Naudin,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France
Decaisne, Joseph (1807-1882). Manuel de l'amateur des jardins,
trait gnral d'horticulture... par MM. Jh Decaisne,... Ch.
Naudin,.... 1866.
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart
des reproductions numriques d'oeuvres tombes dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
rutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n78-753 du 17 juillet
1978 :
- La rutilisation non commerciale de ces contenus est libre et
gratuite dans le respect de la lgislation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source.
- La rutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par rutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits labors ou de
fourniture de service.
CLIQUER ICI POUR ACCDER AUX TARIFS ET LA LICENCE
2/ Les contenus de Gallica sont la proprit de la BnF au sens de
l'article L.2112-1 du code gnral de la proprit des personnes
publiques.
3/ Quelques contenus sont soumis un rgime de rutilisation
particulier. Il s'agit :
- des reproductions de documents protgs par un droit d'auteur
appartenant un tiers. Ces documents ne peuvent tre rutiliss,
sauf dans le cadre de la copie prive, sans l'autorisation pralable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservs dans les
bibliothques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signals par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invit
s'informer auprs de ces bibliothques de leurs conditions de
rutilisation.
4/ Gallica constitue une base de donnes, dont la BnF est le
producteur, protge au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la proprit intellectuelle.
5/ Les prsentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica
sont rgies par la loi franaise. En cas de rutilisation prvue dans
un autre pays, il appartient chaque utilisateur de vrifier la
conformit de son projet avec le droit de ce pays.
6/ L'utilisateur s'engage respecter les prsentes conditions
d'utilisation ainsi que la lgislation en vigueur, notamment en
matire de proprit intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prvue par
la loi du 17 juillet 1978.
7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute dfinition,
contacter
[email protected].
MANUEL
IIF-
L'AMATEUR DES JARDINS
r,
"-/'
1t
MANUEL
-'
DE
L'AMATEUR DES JARDINS
TRAIT GNRAL D'HORTICULTURE
JH
Ch. NAUDIN
DiECAISNE
Membre de l'Institut,
professeur de culture au Musum, etc., etc.
DESSINES PAR
A.
Membre de l'Inslitut,
aide-naturalifte au Musum d'hist. naturelle.
RIOCREUX,GRAVES PAR F. LEBLANC
PARIS
10,
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRRES, FILS ET
lMKIUUai D.
L'INSTITUT,
av. JACOB,
Tous droits rservs
1866
56.
de,
INTRODUCTION.
jardinage d'agrment, ou jardinage ornemental,
est cette branche de l'horticulture qui a pour objet l'entretien et la propagation des vgtaux destins embellir
le sjour de l'homme ou lui fournir des sujets d'tude
et d'observation. A ce dernier point de vue on peut dire
qu'il embrasse l'universalit du rgne vgtal; puisqu'il
n'y pas de plante, si humble et si simple qu'elle soit,
qui ne marque un degr d'organisation et ne contribue .
la solution de quelque problme.
Dans le principe le jardinage s'est confondu avec l'agriculture; il n'a commenc s'en sparer que lorsqueles
socits, dj organises et enrichies par le travail, ont
senti le besoin de spcialiser davantage leurs diverses industries. Born d'abord aux vgtaux directement utiles,
ceux, par exemple, qui fournissaient une partie du vivre
et du vtement, il s'est graduellement tendu ceux qui
ajoutaient au bien-tre par leur ombrage ou charmaient
les yeux par la beaut de leurs fleurs. Quoiqu'il ne nous
reste de l'antiquit aucun livre qui traite spcialement de
la culture des jardins, telle que nous l'entendons aujourLe
d'hui, nous sommes cependant autoriss croire que le
jardinage d'agrment remonte fort loin dans le pass. Au
tmoignage de la Bible, il serait mme contemporain de
la cration de l'homme, puisque l'den, premier sjour
d'Adam, nous y est reprsent comme un jardin de
dlices, qu'Adam avait mission de garder et de cultiver (1).
A toutes les priodes de l'histoire des anciens peuples il
est fait mention de la culture des jardins. Les Egyptiens,
les Isralites, les Mdes, les Perses, les Babyloniens, ont
eu comme nous leursjardins d'agrment, et se sont adonns la culture des fleurs. Nous retrouvons les mmes
gots chez les Grecs et chez les Romains, dont les nombreux crits nous ont transmis, avec les noms des plantes
alors recherches, les mthodes de culture qu'ils leur appliquaient. A Rome, particulirement, les jardins devinrent, dans les derniers temps de larpublique et sous les
empereurs, un des grands luxes de l'aristocratie, et, chose
remarquable, le style de ces jardins, o les principaux
ornements taient em prunts l'architecture et aux arts
plastiques n'est pas encore entirement sorti des murs
de l'Italie. A la chute de l'empire, l'horticulture d'ornement, comme les arts, comme toute la civilisation, tomba
en dcadence; mais ses traditions se conservrent, travers le moyen ge, dans les habitationsdesprinces et
dans les monastres. Il n'y a gure que trois sicles qu'elle
s'est rveille en Europe aide par l'aisance ne du commerce, par de nouveaux besoins de luxe, par le progrs
de l science et les voyages lointains. Les Belges et les
Hollandais ont tles premiers et fes plus actifs promoLeurs
de cette rnovation, laquelle ont aussi concouru les
autres nations commerantes. Aujourd'hui -le jardinage
d'agrment est une grande industrie, qui fait mouvoir des
capitaux considrables et soutient l'existence de milliers
Plantavernt autem Dominas Deus paradisum voluptatis aprincipio,
in quo posuit hominem quemformaverat Produxitque Dominus Deus de
humo omne lignum pilchrum visu et ad vescendum suave. Geu., il,
(1)
vers.
8el9.
Tulit ergo Dominus Deus hominem, et posuit eum in paradiso voluptatis, ut operaretur et custodiret illum. Ibid., veis. 15.
de familles; il a encore une autre utilit, celle de contribuer pour une large part au progrs des sciences natu-
relles.
Ce n'est passeulement chez les nations raffines de l'Europe qu'on voit l'horticulture florissante et encourage,
c'est aussi chez d'autres peuples, bien diffrents d'origine
et de murs, et que nous considrons volontiers comme
nous tant trs-infrieurs. En fait de jardinage d'agrment, les Chinois et les Japonais sontsouvent nos gaux et
quelquefois nos matres. La plupart de nos mthodes de
culture leur sont connues, et bien avant nous ils ont su
faire subir aux plantes d'ornement ces transformations
qui en doublent la valeur. Leurs jardins ont t une mine
fconde, o nous avons puis pleines mains et qui nous
rservent encore bien des richesses. L'Inde, la Perse, les
pays musulmans, quoique moins civiliss et moins adonns aux travaux de la terre, nous ont aussi fourni des
plantes perfectionnes par une longue culture. Il n'y a
pas jusqu'aux peuplades barbares de l'Afrique qui ne
contribuent pour quelque chose l'embellissement de nos
jardins car elles aussi ont leur horticulture d'agrment;
tant il est vrai que l'homme, de quelque race qu'ilsoit,
est sensible aux beauts de la nature et que les plantes,
avec leurs aspects si varis, exercent leur charme sous
tous les climats.
Le jardinage est en effet si bien adapt aux facults de
l'homme, il tient une si large place dans sesgots, quec'est
presque toujours par la cration d'un jardin que le colon
prend possession du pays o il vient s'tablir. L'enfance y
trouve dj du plaisir, l'ge mr en fait souvent une passion. L'homme arrivau dclin delvie, comme celui qui a
puistoutes lesjouissances, est encore sensible auxattraits
d'un jardin. Que de fois n'a-t-on pas vu les souverains et les
princes faire diversion aux soucis de la politique par la cul-
ture des arbres fruitiers et des fleurs Combien d'hommes,
rendus valtudinaires par des travaux excessifs d'esprit,
n'ont pas d leur retour la sant au salutaire exercice du
jardinage! Quelles ressources, enfin, la jeunesse n'y trouve-t-elle pascontreles funestes entranements des passions
Un des plus clbres amateurs de jardins des temps modernes
le vnrable prince de Ligne, aprs plus de
soixante ans de pratique horticole, crivait dans ses Mmoires ces lignes, qui le peignent tout entier Je voudrais chauffer tout l'univers de mon got pour les jardins; il me semble qu'il est impossible qu'un mchant
puisse l'avoir il n'est point de vertus que je ne suppose
celui qui aime parler des jardins et s'en occuper.
Le jardinage, perfectionn comme il l'est aujourd'hui,
et rpondant des besoins si divers, est ncessairement
trs-complexe. Influenc par les conditions toutes physiques de lieux et de climats, il subit encore l'empreinte des
gots individuels et celle de la mode inconstante du temps.
Son rpertoire, dj si large, n'est pas sujet de moindres
changements, et, part un petitnombre d'espces, la
plupart lgues par les sicles, et auxquelles un mrite
suprieur assure l'immortalit, les jardins voient chaque
anne disparatre des plantesqu'on avait d'abord accueillies avec enthousiasme et auxquelles en succdent
d'autres, bientt elles-mmes remplaces par de plus
nouvelles. Suivre ces rnovations successives, afin de
prsenter un tableau fidle des aspects divers de l'horticulture, est une condition que s'impose tout crivain dont
la tche est d'en exposer les progrs. De l la ncessit
presque invitable de rajeunir de certaines poques,
par des ditions nouvelles, les ouvrages qui traitent du
jardinage ornemental. Ce livre, pas plus que ceux qui
l'ont prcd, n'chappera cette loi, et pour le tenir au
niveau de l'horticulture ses auteurs, ou ceux qui leur
succderont, devront lui faire subir de loin en loin les
modifications rclames par le progrs des choses.
A premire vue le jardinage d'agrment se divise en
deux branches principales l'une qui se rapporte aux
vgtaux vivaces et de grande taille, dont la beaut consiste principalement dans le port et le feuillage l'autre
aux plantes de dimensions plus humbles, souvent annuelles
et dont les fleurs font presque tout l'intrt. A la
premire section correspond ce que l'on appelle le jardinage pittoresqueoupaysager, la seconde ce qu'on dsigne
sous les noms de parterre et de jardin fleuriste. Mais entre
ces deux extrmes il y a une longue srie d'intermdiaires,
o ces deux modes s'unissent dans les proportions les plus
varies, s'embellissant et se diversifiant l'un par l'autre.
Il est rare qu'un grand parc plant d'arbres soit entirement dnu de fleurs, et il n'est presque pas non plus de
parterre, pour peu qu'il soit tendu, qui ne rompe par
quelques arbres ou arbustes l'uniformit de ses platesbandes fleuries.
Ce n'est l cependant qu'un ct du jardinage d'agrment celui qui se fait l'air libre, avec les seules res,
sources du climat. Il yen a un autre, fort complexe aussi,
qui a pour thtre les serres chaudes et les difices vitrs.
Ici, par suite de l'espace plus restreint, et dont il faut utiliser les moindres parties les grandsarbres et les plantes
fleurissantes, les vgtaux terrestres et les vgtaux aquatiques ne suivent gure d'autre ordonnance que celle qui
est dicte par la ncessit. Dans le jardinage de plein air
le site, le paysage environnant, les habitations, le ciel luimme, avec ses aspects changeants, font en quelque.sorte
partie du jardin sous le verre ces accessoires ne comptent
plus, et c'est l'art d'y suppler. Il est difficile sans doute
d'y copier la nature; mais lorsque les serres sont trsvastes et qu'elles sont assez hautes pour admettre des v-
gtaux de grande taille, on peut encore y reprsenter
assez heureusement un bosquet des tropiques ou un coin
de fort vierge. Il n'en est plus de mme dans les serres
d'une faible tendue, o les plantes sont d'ailleurs presque
toujours en caisses ou en pots. L'effet d'ensemble est ici
presque nul, et l'il n'y cherche gure que les beauts
individuelles des plantes considres indpendamment
du tout.
Dans l'intention premire de ses auteurs, le second volume du Manuel de l'amateur des jardins devait tre exclusivement consacr la culture d'utilit, comprenant les
plantes potagres et les arbres fruitiers mais des circonstances indpendantes de leur volont les ont contraints de
changer ce plan. Les figures destines entrer dans le
texte taient dj toutes prtes pour les vgtaux d'agrment alors que celles qui concernaient les vgtaux utiles
taient peine commences. Cdant aux observations,
d'ailleurs justes, des diteurs, et pour ne pasfaire attendre
trop longtemps le public, ils ont d, quoique regret,
rserver pour le dernier volume ce qui leurs yeux
avait le plus d'importance.-D'un autre ct, ainsi qu'il
arrivesouvent dans les travaux de longue haleine, la matire s'est graduellementacerue devant eux mesure
qu'ils avanaient dans leur tche, et ce qu'ils espraient
pouvoir renfermer en trois volumes n'en exigera pas
moins de quatre. On trouvera dans celui-ci tout ce qui
appartient au jardinage d'agrment de plein air, sauf les
arbustes et les arbres, qu'il a fallu de toute ncessit renvoyer un autre volume, dont la culture sous verre formera le complment.
Mme rduit ce seul ct de l'horticulture, le volume
que nous offrons au public contient encore une grande
varit de sujets. En France, tant parlefait dela diffrence
des climats que par celui de la modicit des fortunes, le
jardinage d'agrment est presque tout entier de plein air,
celui qui exige l'accessoire coteux des abris vitrs n'y
tant qu'exceptionnel et relativement sans importance. De
l la grande prpondrance que les auteurs ont donne
au premier sur le second; de l aussi l'adjonction au jardinage de plein air d'une multitude de vgtaux que
jusqu'ici tous les livres d'horticulture ont assigns aux
serres et aux orangeries, mais que l'exprience a dmontrs tre parfaitement appropris nos provinces mridionales. Par ce caractre, quilui est propre, comme par
la distribution des matriaux en catgories horticoles et,
en un mot, par toute sa mthode, ce trait se distingue
nettement de ceux qui l'ont prcd, et qui semblent n'avoir t crits que pour la rgion climatrique dont Paris
estle centre. Quelques-uns de ces derniers ne sont mme
gure plus que des catalogues descriptifs , qui ont leur
valeur sans doute, mais o les emplois et la culture des
plantes ne sont qu'incompltement indiqus dans leurs
relations avec les climats de nos diverses provinces. Les
auteurs de celui-ci n'ont pas voulu laisser cette lacune
dans leur travail. Avant de l'entreprendre, ils ont tudi
sur place les influences des principaux climats franais sur
les oprations et les produits de l'horticulture, ce qui toit
le seul moyen d'en faire un livre d'utilit gnrale dans la
spcialit qu'il devait embrasser.
Une certaine connaissance de la climatologie est en
effet une condition si essentielle de toute culture raisonne, qu'il a paru indispensable aux auteurs d'entrer dans
quelques dtails ce sujet; aussi le premier chapitrede ce
volume est-il consacr l'tude dela mtorologie franaise. La France est, sous plus d'un rapport, la tte et
le cur qe l'Europe; elle l'est en particulier sous celui
de sa situation gographique, qui, en lui donnant la fois
les climats du Nord et ceux du Midi, lui en donne aussi
presque toutes les productions. Par ses provinces septentrionales,elle rappelle l'Angleterre, la Belgique, la
Hollande et l'Allemagne; par ses provinces du midi l'Espagne, l'Italie et la Grce; en fin, ses montagnes et ses plateaux, si varis d'altitude et d'orientation, lui assurent les
climats extrmes du Nord, ceux de la Sude, de la Russie
et de la Laponie. La mtorologie de la France, suivant les
localits o on l'examine, rpte donc avec une suffisante
exactitude celle de toutes les contres avoisinanles, et par
consquent ces dernires peuvents'approprier les mthodes de culture et les plantes qui trouvent leur emploi
sur des points dtermins de notre pays.
Carte
desclimats
de la France
MANUEL
DE
L'AMATEUR DES JARDINS
TROISIME PARTIE
HORTICULTURE D'AGRMENT
CHAPITRE Ier.
CLIMATOLOGIE DE LA FRANCE
CONSIDRE DANS SES RAPPORTS
AVEC LA CULTURE.
Nous avons vu, dans la premire partie de ce trait (1), que
la France, situe entre les parallles de 42,30' et 51,2' et les
longitudes de 50,36 l'orient et de 6,50' l'occident du mridien de Paris, appartient en totalit la zone tempre
nanmoins son tendue est dj assez vaste et sa topographie
assez varie pour qu'elle renferme plusieurs climats sensiblement diffrents. Dans l'expos que nous allons faire de ces
climats nous prendrons pour base l'excellent travail de M. Martins (2), en y ajoutant les faits d'observation plus rcente qui
pourront Le mieux faire ressortir la corrlation qui existe entre
la climatologie et la culture.
(l) Tome 1er, p. 378 et suivantes.
(2) Voir l'ouvrage intitul Patria, tom. Ier, p. 170 et suivantes.
D'aprs M. Martins, la superficie totale de la France, comprenant environ 548700 kilomtres carrs (1), se rpartit en
cinq grands climats gnraux, dlimits par les mers et les
chanes de montagnes ou de collinos qui parcourent son territoire. Ces climats ne sont pas absolument homognes dans
toute leur tendue, parce que les latitudes et les altitudes diverses des lieux, l'orientation des terrains, leur composition,
le voisinage ou l'loignement de la mer, ainsi que les autres
lments mtorologiques ne restent jamais sans influence
mais l'uniformit de chacun d'eux est cependant assez grande
pour que les produits du sol et les procds de la culture n'y subissent que de lgres variations. Il ne faut pas oublier d'ailleurs
qu'un climat de grande circonscription se subdivise ordinairement en un grand nombre de climats locaux, d'une tendue
souvent trs-restreinte, et qui sont quelquefois plus diffrents
l'un de l'autre que ne le sont entre eux deux grands climats
juxtaposs.
La carte ci-jointe, emprunte aussi au travail de M. Martins,
fera saisir du premier coup d'il la situation respective et
l'tendue de ces cinq climats. Ce sont, au nord-est le climat
vosgien, au nord-ouest le climat squanien, au sud-ouest le
climat girondin, l'est le climat rhodanien, au sud-est le climat provenal ou mditerranen, dont les noms sont emprunts quelqu'un de leurs caractres gographiques les plus
remarquables. Nous allons les passer successivement en revue.
1 Le climat vosgien, qu'on nomme aussi climat du mordest, est compris entre le Rhin, les montagnes de l'Argonne,
qui sparent la Lorraine de la Champagne, le plateau de la
Cte-d'Or et les sources de la Sane. Il occupe l'Alsace, la Lorraine, les Ardennes, la partie montagneuse de la Champagne
et de la haute Bourgogne on y rattache aussi la partie jurassique de la Franche-Comt et toute la Suisse franaise, o l'lvation gnrale du sol compense des latitudes plus mridionales. La partie montagneuse de la Savoie pourrait de mme
tre comprise dans ce climat.
(I).Y compris la Savoie et le comt de Nice rcemment annexs.
Par sa situation gographique, le climat vosgien est essen-
tiellement continental ou excessif il est froid en hiver, et relativement chaud en t. Au total cependant, la temprature
moyenne annuelle y est plus basse que dans tous les autres
climats franais elle varie, suivant les lieux, de 9 10 centipourrait tre fixe 9,50 comme moyenne gnrale
grades
de la rgion entire. La moyenne de l'hiver, pour les villes
(^Strasbourg, Mulhouse, pinal et Genve, est infrieure
+ 0, et elle n'arrive pas 20 dans les localits les mieux
sitpes. En revanche, pour ces mmes villes, la temprature
estivale est d'environ 180,60, celle du mois de juillet (le plus
chaud de l'anne atteignant ou mme dpassant 19, ce qui
permet la vigne d'y mrir son fruit (1) aussi y a-t-il des vignobles encore estims en Alsace, et sur les flancs du Jura, tant
en France qu'en Suisse.
Une preuve non moins frappante de la continentalit du
:
climat vosgien, ce sont les extrmes de la temprature en t
et en hiver. On a vu, diverses reprises, bien que le fait ne
soit pas frquent, le thermomtre marquer, dans les journes
les plus chaudes de l't, 36 et mme 37 degrs Nancy,
Verdun et pinal; mais les tempratures de32 33 degrs y
sont assez communes en cette saison. Par compensation, on y
observe de loin en loin des froids de 25 27 degrs cependantles tempratures de 12 16, doivent tre regardes
comme les minimas ordinaires de ce climat. On peut fixer
entre 62 et 65 degrs les carts thermomtriques extrmes,
et 18 degrs la diffrence des tempratures moyennes entre
l'hiver et l't.
La quantit de pluie qui tombe annuellement dans le climat
du nord-est est value 669 millimtres, et le nombre moyen
des jours pluvieux, dduit de 114 annes d'observations, estde
137 par an. C'est en t qu'il tombe le plus d'eau, en hiver
et
Suivant M. Boussingault, pour que la vigne donne un vin potable il faut qu'il
y ait, aprs la formation des grains du raisin, un mois entier dont la temprature
moyenne arrive, au minimum, 19 degrs. Faute de cette condition, le raisin ne
mrit pas suffisamment et le vin est d'autant plus aigre que le dficit de chaleur a
t plus grand.
(1)
qu'il en tombe le moins. Les quantits de pluie affrentes
chacune des quatre saisons seraient reprsentes par les
chiffres suivants 19/100 en hiver, 23/100 au printemps,
31/100 en t, 27/100 en automne. C'est aussi l't qui compte
le plus grand nombre de jours pluvieux; ce nombre est en
moyenne de 34, c'est--dire un peu plus du tiers du nombre
total des jours qui composent l't.
Deux vents dominent dans le climat vosgien, le vent de sudouest et celui de nord-est; le premier amenant la pluie, le
second rtablissant la srnit du ciel. Ces deux vents se partagent l'anne par un nombre peu prs gal de jours. C'est
la prdominance marque du vent de nord-est en hiver que
ce climat doit les froids rigoureux qu'il prouve en cette
saison.
Le climat vosgien est trs-favorable toutes les cultures
ordinaires du nord de la France mais cause de la svrit
de ses hivers, souvent prolongs jusqu'aux premiers jours de
mai, il est celui de tous nos climats qui se prte le moins
la naturalisation des arbres exotiques. Ceux qui y russissent
le mieux sont les arbres feuilles caduques et provenant de
climats similaires, tels que ceux du nord de la Chine, de l'Asie
centrale, de l'orient de l'Europe, du Canada, etc. On peut citer,
d'aprs M. leDr Godron (1), comme exemples d'arbres naturaliss et mrissant leurs graines, sous le climat qui nous occupe,
les Liriodendron Tulipifera, Acer Negundo, Pavia rubra, Ampelopsis hederacea, Coriaria myrtifolia, Rhamnus injectorius,
Rhus coriaria, Gymnocladus canadensis, Cercis Siliquastrum,
Diospyros virginiana, Catalpa syringsefolia, Paulownia imperialis, Quercus rubra, Juglans nigra, Carya alba et C. amara,
Pterocarya fraxinifolia,Abiescanad'ensis, Cedrus Libani, Pinus
Strobus, etc. D'autresarbres de climats plus doux passent communment l'hiver sans prir, mais ils n'y mrissent pas leurs
graines; c'est le cas du Magnolia Yulan, de VHibiscussyriacus,
du Cissus orientalis, de VEvonymus japonicus, du jujubier, du
paliure, du sophora, duvirgilia, de la glycine, du laurier-ce-
(U Godron Gographie botanique de
la Lorraine, p.
36 et
suivantes.
rise, du chionanthe, du planre, du chne yeuse, des Cryptomeriajaponica, Cunninghamia sinensis, Ginko biloba, etc.,
en un mot de tous les arbres qui, sans redouter des froids de
12 15 degrs, exigent, pour parfaire leur vgtation, des
ts chauds, secs et prolongs. D'un antre ct, un grand
nombre d'arbres et d'arbustes du midi de l'Europe et des
pays temprs, qui craignent surtout les fortes geles, comme
le laurier, le laurier-tin, le figuier, le jasmin officinal, le camellia, le myrte, le romarin, etc., veulent y tre abrits en orangerie ou en serre, quoiqu'ils passent facilement l'hiver en plein
air sur les ctes de l'Ocan, quelques-uns mme jusqu' Paris.
On conoit, d'aprs ces donnes, que dans toute l'tendue du
climat vosgien les lgumes et les fruits du midi (melons, concombres
tomates, aubergines, etc. comme aussi beaucoup
de vgtaux d'ornement demi-rustiques, ne peuvent y tre
cultivs qu' l'aide des couches, des chssis vitrs et des autres appareils destins produire de la chaleur artificielle et
mettre les plantes l'abri des injures de l'air.
2 Le climat squanien, ou du nord-ouest, qui est
aussi essentiellement marin que le prcdent est continental. Si ce dernier reprsente le climat de l'Allemagne centrale, le
climat du nord-ouest reproduit presque identiquement, mais
avec une somme de chaleur sensiblement plus forte, celui de
l'Angleterre, de la Belgique et de la Hollande. Il se caractrise par une grande douceur relative, des ts faiblement ou
moyennement chauds, et des froids modrs en hiver. Toutefois cause de sa grande tendue, il offre moins d'homognit que le climat du nord-est, et sur sa limite mridionale il se confond insensiblement avec le climat girondin.
Le climat squanien est limit l'est par l'Ardenne, les
plateaux de la Champagne et de la haute Bourgogne; au sud
par la Loire et le Cher, au nord et l'ouest par la Manche et
l'Ocan. Les provinces qu'il embrasse sont la Flandre, l'Artois, la Picardie, l'Ile de France, une partie de la Champagne
et de la Bourgogne, l'Orlanais, la Touraine, l'Anjou, le
Maine, la Bretagne et la Normandie. Son caractre maritime
),
est naturellement plus tranch dans sa moiti occidentale que
dans sa moiti orientale, o il participe dans une certaine
mesure aux caractres des climats voisins.
La temprature moyenne gnrale, vers le centre de cette
vaste rgion, est entre 10 et 11 degrs centigrades; celle de
l'hiver oscille, suivant les lieux, entre + 3 et
4, et celle de
l't entre 18 et 18, 50. La diffrence moyenne entre l't et
l'hiver est ici de 13 14 degrs seulement, ce qui met bien en
vidence le caractre maritime du climat, si on le compare
celui du nord-est, o nous avons vu que cette diffrence est
de 18 degrs.
AParis, ville situe prsdu centre delargion, mais djdans
sa moiti orientale, la temprature moyenne annuelle, calcule sur 50 annes d'observations, est de 10,72 (1); celle de
l'hiver,-comprenant les mois de dcembre, janvier et fvrier,
de + 3 ,22; celle du printemps (mars, avril, mai) de 10,30;
celle de l't (juin, juillet, aot) de 18 ,30; celle de l'automne
(septembre, octobre, novembre) de 11,07. La temprature
du mois le plus froid (janvier) est de
2 ,07 celle du mois
le plus chaud (juillet) de 18,9. On y compte en moyenne 56
jours de gele par an. Anne commune le thermomtre n'y
descend gure au-dessous de 10 12; cependant il
arrive quelquefois que l'hiver y prend le caractre de celui
d'un climat continental, le thermomtre s'abaissant alors
18, et 20, et quelquefois plus bas encore. Ces grands
(I) D'aprs M. Renou, les tempratures de Paris, telles que les fournit l'Observatoire, seraient au moins d'un degr trop lves si on les appliquait la rgion
dont cette capitale occupe le centre. Le fait s'explique par les condilions exceptionnelles o se trouve l'atmosphre d'une grande ville, ncessairement rchauffe
par la masse d'air chaud et les fumes qu'y dversent les innombrables foyers qu'on
y entretient en toute saison, mais surtout en hiver. Il faut ajouter cette cause
de rchauffement celle qui rsulte d'une grande accumulation d'hommes et d'animaux sur un espace restreint. Cette observation s'applique du reste toutes les
grandes villes,o les tempratures accuses par les thermomtres sont toujours notablement suprieures celles de la campagne environnante. Suivant M. Renou,
la temprature vraie de Choisy-le-Roi, prs Paris, est pour l'anne 9,8, celle de
l'hiver 2,&, celle de l't 17,i. Nous avons peine bpsoin d'ajouter que des corrections semblables devraient tre faites pour tous les grands centres de population
dont il est parl dans ce chapitre.
froids sont du reste assez rares, comme aussi les chaleurs excessives de 35 36 degrs, qu'on y observe de loin en loin, dans
les annes exceptionnellement chaudes.
A mesure qu'on se rapproche de l'Ocan, le caractre maritime du climat squanien devient plus sensible; il est surtout trs-marqu dans les deux presqu'les du Cotentin et de
la Bretagne, ce qu'il doit l'influence du courant d'eaux
chaudes (le Gulf stream des Anglais) qui, partant de la mer
des Antilles, remonte vers le nord et vient affleurer les ctes
occidentales de l'Europe, faisant encore sentir ses effets jusqu'au cap Nord, sous le 71e degr de latitude. C'est cette circonstance que la ville de Cherbourg doit la douceur proverbiale de ses hivers, dont la temprature moyenne approche de
-+- 6 degrs centigrades. La temprature hivernale n'est d'ailleurs probablement pas infrieure ce chiffre sur la cte septentrionale de toute la presqu'le armoricaine, Morlaix et
Brest par exemple, comme aussi sur la cte anglaise oppose,
dans le Cornouailles, les comts de Dorset et du Devonshire,
et jusque dans l'le de Wight; mais, par compensation, les
ts y sont sensiblement moins chauds que dans la moiti
orientale et plus continentale de la rgion, car leur temprature moyenne y dpasse peine, et mme n'y atteint pas toujours 16 degrs. En revanche le printemps et l'automne y
sont plus doux qu' Paris. A Cherbourg la premire de ces
deuxsaisons jouit d'une temprature de 11,2, la seconde d'une
temprature de 12,5. Au contraire, sur la lisire mridionale
dela rgion, la chaleur moyenne de l'anne s'accrot notablement, tel point mme que plusieurs localits n'appartiendraient plus ce climat si elles ne s'y rattachaient par d'autres
lments que la temprature. C'est ainsi qu' Angers la chaleur moyenne annuelle est de 12,30, et celle de l'automne de
13,10, bien que la chaleur de l't y surpasse de peu celle de
Paris, et qu' Nantes, avec une temprature moyenne annuelle
de 12,6, la moyenne de l't approche de 21. Dans la
partie la plus septentrionale de la rgion, la temprature
moyenne s'abaisse, tant par le fait de la latitude plus leve
que par celui de la distance croissante de l'Ocan; ainsi,
-
Dunkerque, la moyenne annuelle n'est plus que de 9,4, et
Bruxelles de 10; dans ces deux villes la chaleur de l't est
de trs-peu suprieure 17 degrs.
De mme que la temprature n'est pas gale dans toutes les
parties du climat squanien, de mme aussi la quantit d'eau
qui y tombe annuellement varie d'une manire trs-sensible
d'un point un autre. Au centre de la rgion, cette quantit
d'eau est value 518 millimtres; elle s'accrot en allant
vers l'ouest et vers le nord, et en Bretagne, o elle atteint son
maximum, elle varie de 8 900 millimtres. De plus, le long
du littoral, les pluies d'automne sont la fois plus abondantes
et plus persvrantes que les pluies d't. A Paris, au contraire,
il tombe plus d'eau en t qu'en automne. Dans cette dernire
ville, les quantits relatives de pluie, par saisons, s'valuent
de la manire suivante 21/100 en hiver, 22/100 au printemps,
30/100 en t, 27/100 en automne. On y compte, en moyenne,
140 jours de pluie par an, peu prs galement rpartis entre
les quatre saisons, c'est--dire de 34 36 jours pour chacune.
Sur le littoral de la Bretagne, l'automne compte environ dix
jours de pluie de plus que l't.
Un trait particulier du climat squanien que nous ne devons
pas omettre de signaler, bien qu'il ressorte dj en partie de
ce que nous venons de dire, c'est la faiblesse relative de l'illumination solaire pendant la priode active de la vgtation,
c'est--dire du commencement de mai au milieu du mois
d'aot. Outre le grand nombre de jours pluvieux qui occupent cette partie de l'anne, on en compte un nombre presque
gal pendant lesquels le ciel est entirement ou presque entirement couvert, ce qui diminue d'autant l'influence particulire que la radiation solaire exerce sur les plantes. C'est
ce dficit de lumire, autant que de chaleur, qui empche la
fructification et quelquefois mme la floraison de vgtaux, qui
y sont d'ailleurs suffisamment rustiques. Tantt ils ne produisent que des feuilles; tantt, s'ils viennent fleurir, le
pollen ne s'y forme pas ou ne s'y dveloppe qu'incompltement; d'autres fois ce sont les fruits qui refusent de nouer ou de
grossir, ou les graines qui restent l'tat d'bauche. En re-
vanche, ce climat humide et moyennement lumineux est
trs-favorable certaines cultures d'agrment, dont la verdure est le principal ou le seul mrite, celles, par exemple,
des gazons et de beaucoup d'arbres et d'arbustes feuilles
persistantes. Tout le monde a entendu parler de ces belles
nappes de gazon qui sont un des caractres saillants de l'horticulture anglaise. En dehors du climat squanien, ces pelouses
verdoyantes ne s'obtiennent qu' l'aide d'arrosages frquents
et dispendieux; Paris mme elles veulent tre abondamment
arroses, et elles y ont rarement la fracheur qu'on leur voit
dans les pays plus rapprochs de la mer.
Malgr ses dfectuosits, le climat squanien comporte une
riche et brillante vgtation arborescente. Dans les sols et aux
expositions convenables, tous les arbres indignes de l'Europe
moyenne, le chne, le chtaignier, le htre, le tilleul, l'orme,
le platane, le frne, l'rable, le pin silvestre, l'if, l'pica,
le mlze, etc., y prennent le plus beau dveloppement. Il en
est de mme de beaucoup d'arbres exotiques de rgions peu
prs semblables par le climat ou plus froides, tels que les glditschias et l'ailante de la Chine, le chicot du Canada, le
marronnier d'Inde etle plaqueminier d'Amrique, les noyers
et quelques chnes de l'Amrique du Nord (Juglans nigra,
J. amara, J. squarrosa, J. cathartica, Quercus alba, Q. rubra,
Q.macrocarpa,etc.),
tulipier (Liriodendron Tulipifera), le
sophoradu Japon, lecdre, le cyprs chauve, mme quelques
arbres etarbustes de climats plus mridionaux, le chne vert,
l'rable de Montpellier, etc., ainsi qu'on le voit dans beaucoup
de plantations des environs de Paris et de Normandie, et mieux
encore dans les clbres parcs de Vrigny, de Monceau et de
Denainvilliers, prs d'Orlans (1). A Paris, et dans toute la
moiti orientale de la rgion, les arbres et arbustes exotiques
feuilles persistantes lauriers communs, lauriers de Portugal,
le
et
(0
dernier, les rsidences successives deDuhamel, le plus grand botaniste exprimentateur et le plus infatigable arboriculteur de son temps. Les arbres qu'il a plants subsistent encore pour la plupart et
font, par les magnifiques proportions auxquelles ils sont arrivs, l'admiration des
amateurs.
Ces trois parcs ont t, au sicle
photinias, fusains, nfliers et trones du Japon, phylliras,
laurier-tin
chne-lige, camellias, magnolias, etc., sont
souvent atteints par le froid et n'y durent communment que
quelques annes; mais leur culture devient d'autant plus certaine, et ils prennent des proportions d'autant plus belles,
qu'on s'avance davantage vers l'ouest. A Angers et Nantes,
o une temprature plus leve s'ajoute une humidit
atmosphrique plus grande, ces vgtaux toujours verts deviennent l'ornement caractristique des jardins. Enfin, sur le
bord de la mer, o les hivers sont si exceptionnellement doux,
la culture d'agrment s'tend un grand nombre de plantes
mridionales qui ne peuvent tre cultives Paris qu'en orangerie ou tout au moins abrites pendant l'hiver, le myrte, le
lentisque, les cistes, l'arbousier d'Orient, quelques acacias,
des bambous, lephormiumde la Nouvelle-Zlande, une multitude de vgtaux herbacs ou sous-frutescents demi-rustiques
et mme quelques palmiers du genre Chamxrops. Le fait le
plus remarquable de naturalisation, dans ce dernier genre,
est celui du Chamropsexcelsa (1) de la Chine dans les jardins
royaux d'Osborne (le de Wight), o il en existe un pied qui
n'est jamais abrit en hiver, et qui fleurit rgulirement depuis plusieurs annes.
Dans aucune rgion de l'Europe, et mme du monde entier,
le jardinage n'a pris autant de dveloppement et n'a fait
autant de progrs que dans celle qui nous occupe. Ce fait
s'explique parla prsence de deux immenses capitales, Paris
et Londres, et d'une multitude d'autres grandes villes commerciales
tant en Angleterre que sur le continent, par la
densit de la population, par la richesse gnrale et enfin par
les besoins de luxe que cre une civilisation raffine. Nulle
part les jardins d'agrment n'ont reu autant de vgtaux
exotiques, et ceux d'utilit autant de races de lgumes et de
(1)On n'est pas encore suffisammentrenseign sur le nom qu'il convient d'appliquer cet arbuste. Suivnt M. Hooker, il devrait s'appeler Chamrops Fortunei,
parce qu'il serait spcifiquement diffrent de celui qui a t dcrit sous le nom d'excelsaparM. de Martius, le clbre monographe des Palmiers. D'autres botanistes
proposent mme d'en faire un genre nouveau, sous le nom de Trachycarpus.
fruits, comme aussi nulle part les mthodes de culture n'ont
t aussi perfectionnes pour triompher des obstacles opposs par le climat. Mais l'invention des chemins de fer, en
facilitant les communications avec des rgions plus favorises,
et en permettant aux produits de ces dernires d'arriver rapidement et peu de frais dans les grands centres de consommation, modifiera infailliblement cet tat de choses. Les cultures commerciales, entraves prs des grandes villes du
nord par les loyers toujours croissants de la terre, se dplaceront insensiblement pour chercher, avec un climat plus
favorable, des conditions conomiques meilleures. Avec elles,
les saines notions d'agriculture et de jardinage iront s'implanter dans des provinces jusqu'ici arrires par leur peu de
relations avec la capitale. Ce sera un avantage pour le pays
tout entier, puisqu'outre la plus-value des terres qui en sera
la consquence, les produits du sol, et les capitaux qu'ils font
mouvoir, s'accrotront en proportion de l'intelligence et de
l'activit plus grandes du cultivateur.
3 Le climat girondin ou du sud-ouest. On dsigne
sous cette dnomination la vaste tendue de pays comprise
entre la Loire et le Cher au nord, et les Pyrnes au midi. Les
observations manquent pour dcider si le plateau central de
l'Auvergne en fait partie; mais, faisant abstraction de cette
petite rgion, peu connue au point de vue climatologique, on
peut admettre que ce climat rgne de l'Ocan la chane des
Cvennes, qui le spare du bassin rhodanien. Au sud-est il se
termine la Montagne noire, qui est un prolongement des
Cvennes, et au massif plus ou moins lev qui spare le
bassin de l'Aude d'avec celui de la Garonne.
Cette grande division climatrique est plus homogne que
celle que nous venons d'examiner sous le nom de climat squanien. Quoique adosse la mer, elle offre un caractre
moins maritime et plus continental, ce qui s'explique par ce
fait qu'ici la mer n'est qu'un golfe en quelque sorte dtach
de la masse de l'Ocan, et dont la majeure partie chappe
au courant d'eaux chaudes Gulf stream), qui se dirige du
sud au nord le long des ctes de l'Europe. En revanche, ce
climat jouit du bnfice de latitudes plus mridionales.; il
est plus riche en soleil, et quoique l'hiver y soit encore
assez froid, il compense ce dsavantage par des ts relativement trs-chauds.
La temprature moyenne annuelle, tendue toute la rgion
est trs-approximativement de 12,7, c'est--dire de
deux degrs plus leve que celle du climat squanien. La
diffrence entre l't et l'hiver est d'environ 16 degrs, suprieure par consquent de 25 .cette mme diffrence dans
le climat squanien. La moyenne de l't est de 2006, tandis
que celle de l'hiver est de 5, n'ayant que d'un degr un
degr et demi d'avantage sur celle du climat squanien.
A Toulouse et Pau, le nombre moyen annuel des jours
de gele est encore gal la moiti de ce nombre Paris ce
qui explique pourquoi l'olivier et les vgtaux qui l'accompagnent sont entirement exclus du climat girondin tandis
que la vigne grce la chaleur de l't, y donne des vins
de qualit suprieure. Le thermomtre y descend d'ailleurs
assez bas, puisque dans les villes de Poitiers, la Rochelle,
Agen, Toulouse et Pau, des minima de 12 sont frquents. Par compensation, les chaleurs extrmes y sont
aussi trs-fortes, la moyenne des maxima tant de 35 degrs.
La quantit annuelle de pluie et sa distribution dans les
diverses saisons de l'anne fournissent un des traits les plus
saillants du climat girondin. A la Rochelle, Poitiers, Bordeaux, etc., la quantit annuelle de pluie est de 586 millimtres, c'est--dire peu prs gale celle du climat squanien, abstraction faite de ses deux presqu'les. Vers les
Pyrnes, la quantit d'eau augmente notablement, car cette
chane de montagnes produit ici un effet analogue celui de
l'Ocan. Ainsi donc, dans la rgion du sud-ouest, la terre
reoit au moins autant de pluie que dans le climat du nordouest, mais elle en reoit moins que dans les climats vosgien,
rhodanien et mditerranen.
La distribution de la pluie, par saisons, n'est pas moins
caractristique ici que sa quantit absolue. La plus grande
quantit d'eau tombe en automne, et cette prdominance des
pluies automnales est trs-marque. On trouve effectivement,
en hiver
pour chaque saison, les proportions suivantes
23/100, au printemps 21/100, en t 22/100, en automne
34/100. Cette prdominance, comme on le voit, est encore
plus marque que celle des pluies d't dans le climat squanien. Ajoutons enfin qu'avec des quantits de pluie peu prs
gales dans les deux rgions, celle du sud-ouest compte un
moindre nombre de jours de pluie par anne moyenne, ce
nombre ne dpassant pas 130, d'o il rsulte la fois des
si on les examine spluies plus fortes et plus abondantes
parment, et une illumination solaire de plus longue dure.
Ce double caractre se prononce de plus en plus mesure
qu'on s'avance vers le sud.
Dans toute sa moiti septentrionale la rgion girondine est
sous l'empire des vents du sud-ouest, mais dans l'autre moiti,
et d'autant plus qu'on approche davantage des Pyrnes on
voit les vents d'ouest et de nord-ouest devenir prdominants.
A Toulouse, les vents les plus frquents et les plus persistants
sont ceux du nord-ouest et du sud-est Pau, ce sont ceux
du nord et du nord-ouest.
Les mesures suivantes donneront une ide de la temprature dans les principales villes de la rgion; naturellement
cette temprature crot mesure que la latitude s'abaisse,
tant que les hauteurs des lieux ne sont pas trs-sensiblement
diffrentes. C'est du reste ce qui s'observe dans toutes les
climats de grande circonscription.
A la Rochelle, la temprature moyenne est d'environ 11 ,6;
celle de l'hiver 4,2, du printemps 10,6, de l't 19,4, de
l'automne 11 5. En juillet, le mois le plus chaud de l'anne,
la temprature moyenne est 20,2 mais on voit encore, dans
les hivers rigoureux, le thermomtre descendre 15 et
16 degrs.
A Bordeaux, la chaleur moyenne annuelle est d'environ
13,5; celle de l'hiver est de 5,6, celle du printemps 13,10,
de l't 21,6, de l'automne 13,5. Cette temprature, relativement leve, approche dj de celles que nous trouverons
dans plusieurs villes de la rgion mditerranenne
cependant le thermomtre s'abaisse assez souvent, en hiver,
10 et 12 degrs.
Agen, situ plus au sud, jouit d'une temprature plus
leve encore. Il est probable que la moyenne annuelle n'y
est pas infrieure 13,7. Celle de l'hiver est 6,2 du printemps 13,5, de l't 22,42, de l'automne 12,6, En hiver
on y observe des minima de 10 12, mais aussi, en
t des maxima de 36 37. Le climat de cette ville est minemment favorable la culture des arbres fruitiers noyau.
Toulouse, quoique plus mridionale, prsente de singulires dfectuosits de climat, eu gard sa latitude. La
moyenne annuelle y est d'environ 12,72 celle de l'hiver est
516
du printemps 11,70 de l't 2064 de l'automne
13 ,50 (1). Le mois dejuillet, qui est ici le plus chaud de l'anne, ne dpasse pas 21,50. On y compte en moyenne 35 jours
de gele par hiver, et le thermomtre s'y abaisse parfois
15 et 16; par compensation, on le voit quelquefois s'lever,
en t 36 et mme 38 degrs. Le nombre moyen des jours
pluvieux n'est pas moindre que 145.Ainsi cette ville, qui est
trs-peu prs sur la latitude de Montpellier, n'a gure que
2 degrs de chaleur de plus que Paris, quoique son altitude
au-dessus de la mer (146 mtres) soit insignifiante. C'est un
remarquable exemple des modifications que la configuration
du sol fait prouver un climat.
A Pau, ville renomme par la douceur de son climat,
nous retrouvons les hautes tempratures de la rgion du sudouest, malgr une altitude de 230 mtres. La moyenne annuelle est 13,40; celle de l'hiver 5,85, du printemps 13,70,
de l't 21,73, de l'automne 13,66. Les minima descendent
parfois en hiver 10 et 12, mais ces basses tempratures n'y sont pas frquentes d'un autre ct, il est rare qu'en
t le thermomtre s'y lve au-dessus de 33 degrs. En revanche, le climat y est trs-pluvieux; onycompte, en moyenne,
;,
(I) Ces mesures, peu diffrentes de celles qui ont t donnes par M. Martins,
rsultent de 24 annes d'observations faites par M. Petit, directeur de l'observatoire de Toulouse.
125 jours de pluie par an, et la quantit d'eau pluviale est en-
viron le double de celle qui tombe Paris; elle n'est pas
infrieure 1,085 millimtres.
Le vaste climat girondin est, au total, un des plus beaux
de la France. Pour la temprature gnrale il vient immdiaclimatmditerranen, mais s'il est moins chaud
tementaprs
que cedernier, il n'est pas sujet, comme lui, des scheresses excessives et surtout trs-prolonges. La fertilit du
sol favorise d'ailleurs toutes les cultures, entre autres celles
du mas, de la vigne et des arbres fruitiers, y compris le
figuier, dont les fruits le cdent peine en qualit aux figues
du Languedoc et de la Provence. La culture d'agrment n'y
est pas moinsflorissante que celle d'utilit non-seulement
les plantes annuelles exotiques y russissent mieux que sous
le ciel trop frais de la rgion du nord-ouest, mais les arbres,
et surtout ceux feuilles persistantes les magnolias, le laurier de Portugal, l'araucaria du Chili, une multitude de conifres, les chnes des rgions tempres de l'Amrique du
"nord, etc., y prennent des proportions qu'on voit rarement
ailleurs, et ces arbres, devenus adultes, y mrissent communment leurs graines. Comme exemples de ces beaux dveloppements, on peut citer les plantations, dj clbres,
commences il y une trentaine d'annes par M. Ivoy,
Geneste, prs Bordeaux, o 20 hectares de terrain ont t
presque exclusivement consacrs aux essences exotiques (1).
le
(1) Parmi les arbres naturaliss Geneste,la plupart dj adultes et de grande
taille, on remarque les espces suivantes : Pinus Laricio, rigida, palustris,
pungens, strobvt, inops, Lambertiana, tda, patula, Paroliniana, excelsa, Sabiniana; Abies Pinsapoet A. Klmtrow; Taxodiumdistichum Cedrus Libani et C.
Dodara; Cryptomeria japonica, Sequoia sempervirens et gigantea,Cephalotax.. Fortunei, mle et femelle, Biota meldensis, Araucaria imbricata, etc.; de
nombreux chnes d'Amrique, entre autres les Quercus tinctoria, rubra, coccinea,
cinerea,phellos, falcata, aquatica,palustris, Turneri,Catesboei, macrophylla;
les Jugions nigra, porcina, prpartunem, amara; les Magnolia acumanata,
flauea, Yulan, tripetala,macrophylla,grandiflora les Liqitidamba-r styraci.
flua etimberbis; le Liriodendron Tulipifera, le Laurus Sassafras, le Nyssa angulisans, le Comptonia aspleniifolia, divers Hibiscus, des Bignonia, quelques
espces de Rhododendron, et en particulier le Rh. maximum, le laurier de Portugal,
le chne pyramidal du mme pays, etc. Plusieurs de ces arbres y sont entirement
naturalisset se reproduisentspontanment de leurs graines presque tous ceux qui
Les succs qu'il y a obtenus sontun indice du brillant avenir
horticole rserv cette rgion, en mme temps qu'une
exprience toute faite qui servira de guide aux horticulteurs.
4 Le climat rhodanien ou du sud-est. Ce climat rgne
dans toute la valle de la Sane et du Rhne, depuis Dijon et
Besanon au nord o il est en contact avec le climat vosgien,
jusqu' Viviers, o commence le climat mridional. Sa limite
l'ouest est dtermine par les Cvennes et la chane de hauteurs qui leur font suite travers le Lyonnais et la Bourgogne, jusqu'aux premiers contre-forts des Vosges. A l'est, ses
limites sont plus indcises il s'arrte aux collines qui sparent le bassin de la Sane de celui de l'Ain, laissant en
dehors le Jura et la Suisse franaise, qui sont, comme nous
l'avons dit, des appendices du climat vosgien, mais il faut
vraisemblablement y rattacher toute la partie basse de la Savoie et du Dauphin. Le manque d'observations suivies ne
permet pas de dterminer rigoureusement ses limites ni
de ce ct, ni au sud-est, o il semble passer insensiblement
au climat mridional ou mditerranen.
Cette rgion n'offre pas de caractre tranch en ce qui
concerne la temprature, qui est en moyenne de 11 degrs
dans la valle de la Sane et du Rhne. Les diffrences entre
l't et l'hiver y sont tout aussi fortes que dans le climat vosgien, car elles sont de 18,6 dans les villes de Besanon,
Dijon, Mcon, Lyon, Vienne et Viviers. Les hivers sont moins
froids que dans le climat du nord-est, leur moyenne tant
de 2,5; mais les ts y sont beaucoup plus chauds, car leur
temprature moyenne dpasse communment 21 degrs. Le
climat rhodanien offre donc touts les caractres d'un climat
excessif ou continental, mais c'est un climat continental tem-
datent d'une trentaine d'annes ont atteint, malgr la pauvret du sol, les proportions de nos arbres forestiers ordinaires quelques-uns mme sont normes pour
leur ge, par exemple les tulipiers (Liriodendron) et le cyprs chauve (Taxodium
distichum), dont le tronc, hauteurd'homme, mesure 1m,50 de circonfrence. Plusieurs autres arbres de mme ge, surtout conifres, ne sont pas moins remarquables par leur grande taille. Le climat girondin, au moins au voisinage de
l'Ocan, est, comme on le voit, minemment favorable la culture des arbres de
l'Amrique du Nord.
pr si on le compare celui du nord-est, qui est, relativement,
un climat continental froid.
Sous le rapport pluviomtrique, le caractre de la rgion
qui nous occupe est au contraire fortement accus. La quantit d'eau qui tombe annuellement sur le sol est plus considrable que celle qu'on observe dans tout le reste de la France,
except peut-tre dans les deux presqu'les du nord-ouest et
la rgion qui avoisine les Pyrnes. Cent quinze annes d'observations, faites dans les villes de Dijon, Mcon, Lyon, Bourg
et Viviers, portent 946 millimtres d'eau la quantit
moyenne annuelle de la pluie. Par saisons, cette somme se
rpartit de la manire suivante hiver 20/100 printemps
22/100, t 24/100, automne 34/100. Il y a donc ici, comme
dans le climat girondin, une grande prdominance des pluies
d'automne sur celles des autres saisons; leur prdominance
sur celle de l't est surtout marque dans la partie la plus
mridionale de la rgion, Viviers par exemple, ce qui tient
au voisinage du climat mditerranen.
Quoique la quantit d'eau pluviale soit ici plus considrable que dans les rgions prcdentes, le nombre moyen
annuel des jours de pluie y est moindre. Dans le bassin de
la Sane on en compte de 120 130; le long du Rhne, de
Lyon Viviers, de 100 115. Il suit de l que les pluies
prises isolment, dans le climat rhodanien, sont plus fortes
que dans les climats prcdents, et effectivement elles y sont
assez souvent d'une abondance extrme. On en cite qui ont
donn, en une fois, de 200 270 millimtres d'eau, et on a
mme vu, Joyeuse, prs du Rhne, le 9 octobre 1827,
tomber, en vingt-deux heures, et la suite d'un orage, l'norme
quantit de 792 millimtres d'eau, c'est--dire plus d'une fois
et demie la quantit totale d'eau qui tombe Paris dans une
anne.
Les vents dominants dans le climat rhodanien sont ceux
du nord et du sud les plus frquents aprs eux sont les
vents du nord-ouest et de l'ouest. Les vents de nord-est et de
sud-ouest y sont assez rares. D'aprs M. de Gasparin, ce sont
les vents du sud-est qui amnent
pluie et qui, en dterminant
la
la fonte des neiges sur les Alpes et le Jura, sont la principale
cause des dbordements du Rhne.
Cette rgion est aussi une de celles o les orages sont le plus
frquents. On compte Mcon, anne moyenne, 28 jours de
tonnerre. Lagrle y est pareillement assez commune et parfois extrmement forte on value dans le Mconnais les dommages causs annuellement par ce mtore 850,000 francs.
Dans la priode dcennale de 1822 1833, la grle a dtruit
pour prs de 10,230,000 francs de rcoltes, aux alentours de
cette ville.
la temprature moyenne annuelle est estime
A Lyon
11,8; celles de l'hiver 2,3, du printemps 10,9, de l't
21,11, de l'automne 12,84. La quantit annuelle de pluie
s'lve 776 millimtres. Ainsi il fait sensiblement plus froid,
en hiver, Lyon qu' Paris, mais il y fait en revanche beaucoup plus chaud en t.
A Dijon (altitude 263m), la temprature moyenne annuelle
est11,5; celles de l'hiverest1,9, duprintemps11,8, de l't
20,8, de l'automne 118. Les minima de 12 15 y sont
plus frquents qu' Paris. La quantit moyenne de pluie est
de 679 millimtres et le nombre des jours pluvieux de 118,
dont 25 seulement en t.
A Mcon, par une altitude de 184 mtres, la temprature
moyenne annuelle est 11,30 celles de l'hiver 2,47, du printemps 11,01, de l't 20,27, de l'automne 11,50. Les minima atteignent parfois en hiver 16 et 18, mais, par
compensation, les maxima de l't s'lvent souvent fort haut,
et on en a observ de 37 et mme de 38 degrs. Il y tombe en
moyenne 876mm d'eau, quantit dj considrable, mais qui
l'est moins que dans les localits voisines du Jura, Bourg,
par exemple, o cette quantit est value 1,172 millimtres.
Enfin Viviers, limite mridionale du climat rhodanien, et
o les influences de la rgion mditerranenne se font dj
sentir, la temprature moyenne de l'hiver n'est encore que de
mais la chaleur
2 ,6, par consquent plus basse qu' Paris
de l't approche de 22,5. Quoiqu'il y tombe annuellement
900 millimtres d'eau, on n'y compte plus que 98 jours de
pluie, dont 19 seulement en t. Abstraction faite de l'hiver,
le climat de Viviers est presque un climat mridional.
Cette constitution du climat rhodanien, froid en hiver, trschaud en t, jouissant en outre d'une vive illumination solaire, se traduit de la manire la plus marque dans ses productions agricoles, surtout lorsqu'on vient les comparer
celles du climat squanien. Dans ce dernier les pturages occupent d'immenses tendues de terrain, principalement dans
la vigne y est une exception, et
sa moiti la plus maritime
n'y est mme gure cultive en grand que sur les bords de la
Loire, qui sont dj sous l'influence du climat girondin.
Dans le climat rhodanien, au contraire, la culture de la vigne
l'emporte de beaucoup sur celle des plantes fourragres;
elle y balance mme celle des crales, ainsi que le tmoigne
la clbrit des vins de la Cte-d'Or, duMconnais, du Beaujolais, de l'Hermitage, etc. Aux crales ordinaires s'associe
le mas, dont le grain ne mrit qu'exceptionnellement dans la
rgion du nord-ouest. Les arbres fruitiers prosprent dans ce
climat, le poirier surtout, dont les fruits y acquirent des
qualits suprieures, mais l'hiver y est trop froid, au nord de
Lyon, pour permettre la culture du figuier, qu'on ne trouve
mme que et l dans la moiti mridionale de la rgion,
et aux expositions les mieux abrites.
Par suite de son caractre continental, ou, plus explicitement, cause des grands abaissements de la temprature en
hiver, le climat rhodanien se prte en gnral moins que celui
du nord-ouest la naturalisation des arbres exotiques feuilles
persistantes, dont la vgtation, plutt ralentie que tout fait
arrte dans la saison de repos, s'accommode plus volontiers
des climats hivers doux et humides que de ceux hivers rigoureux. En revanche, les arbres feuilles caduques, ceux
surtout qui proviennent depays ts chauds, ainsi que les
arbres feuilles persistantes originaires de montagnes un peu
leves, ont plus de chances de russir dans ce climat. Nous
citerons comme exemples le pin d'Alep, les chnes de l'Amrique du Nord, les magnolias, le tulipier, les Rhododendron
ponticum, maximum, Catesbi. Catawbiense, qu'on y regarde
comme franchement rustiques, et qui y prennent de plus belles
proportions que sous le climat de Paris. Il en est de mme
du Sequoia gigantea, des-cdres du Liban et de l'Himalaya, de
l'Araucaria imbricata, de tous les genvriers, des liquidambars d'Orient et d'Amrique et des plaqueminiers (Diospyros).
En rsum, et sauf les exceptions que l'exprience pourra
faire reconnatre, le climat rhodanien admettra la culture en
plein airdes vgtaux du nord de la Chine, de la Mongolie,
de l'Asie centrale, de la moiti septentrionale de l'Amrique
du Nord, et enfin de ceux des hautes montagnes du midi de
l'Europe, de toutes les contres, en un mot, o des ts
chauds et secs succdent des hivers relativement froids,
dans lesquels la temprature peut s'abaisser 15 ou 20
degrs centigrades au-dessous de zro.
La rigueur des hivers dans le climat rhodanien exclut toute
possibilit d'y cultiver en plein air les arbres caractristiques
de la Flore mridionale de l'Europe; le laurier, le myrte, le
laurier-rose, l'olivier, le pistachier, le caroubier, le lentisque,
le bibassier, le palmier nain, etc., plus forte raison l'oranger
et le citronnier; tous ces arbres doivent y tre tenus en caisses
et rentrs en orangerie avant les geles, ou tout au moins
abrits sous unetoiturependantl'hiver. Les chnes duMexique,
les camellias, le lagerstrmia, les Acacia et les Eucalyptus
de la Nouvelle-Hollande, si florissants dans la basse Provence,
n'y russissent pas mieux. Les cyprs eux-mmes ont peine
y venir, ainsi que l'AcaciaJulibrizin, le laurier-tin, et l'arbousier des Pyrnes. On voit, il est vrai, quelques-uns de
ces arbres en plein air dans la moiti mridionale de la rgion,
mais il est rare qu'ils y passent plusieurs annes de suite sans
tre plus ou moins profondment atteints par le froid.
Ainsi, sous certains rapports, le climat de la valle du
Rhne est infrieur celui du bassin squanien; la vgtation
arborescente y est moins varie et la verdure moins vive et
moins durable mais par ses ts plus chauds et plus prolongs il se prte mieux que ce dernier la culture d'une multitude de plantes exotiques annuelles ou traites comme annuelles, qui, exigeant une vive illumination solaire pendant
quatre cinq mois de l'anne, fleurissent ou fructifient difficilement Paris et au nord de la Loire.
climat du midi, ou mditerranen, ou provenal. De tous les climats de la France celui-ci est le plus net5 Le
tement tranch, et ses effets sont si fortement empreints sur la
vgtation qu'ils n'chappent pas mme l'observateur le plus
superficiel aussi detouttemps a-t-on signal la Provence comme
jouissantd'un climat particulier, beaucoup plus voisin de celui
de l'Italie ou de l'Espagne que de ceux du reste de la France.
Au climat du midi appartiennent le Roussillon, la partie
maritime du Languedoc, le comtat Venaissin, la Provence, la
Corse, Nice et toute la cte dsigne sous le nom de Rivire de
Gnes. A vrai dire, ce climat n'est autre que celui que nous
avons dsign, en traitant de la gographie botanique, sous le
nom de climat mditerranen, et qui comprend tous les pays
situs sur le primtre de la Mditerrane, l'exception de
l'gypte. Toutefois, nous n'avons nous occuper ici que de sa
partie franaise, y ajoutant comme appendices la Corse et
l'Algrie, sur lesquelles d'ailleurs on ne possde encore que
des observations fort incompltes.
La temprature moyenne gnrale de la rgion, calcule
d'aprs 182 annes d'observations, dans les villes de Montpellier, Avignon, Alais, Marseille, Toulon, Orange, Nice etPerpignan,estde 14,8; elle est par consquent suprieure de
deux degrs la moyenne gnrale du climat girondin, mais
la diffrence entre l'hiver et l't est la mme que dans ce
dernier, ce qui tient ce que la chaleur des ts n'est pas
abaisse par la Mditerrane, et que la barrire des Alpes et
des Cvennes, en arrtant le vent du nord dans toute la partie
de la rgion qui n'appartient pas la valle du Rhne, y
maintient la temprature de l'hiver un degr relativement
lev: Les ts y sont en consquence plus chauds et les hivers moins froids que dans le climat girondin. Effectivement,
la moyenne de l't dans les villes ci-dessus nommes est de
22,6, et celle de l'hiver de 6,5; nous verrons tout l'heure
que, par le fait des sites et des expositions dans certaines localits de ce climat les tempratures de l't et de l'hiver sont
notablement suprieures celles que nous venons d'indiquer.
Comme tous les'autres climats, celui-ci est sujet des irrgularits qui lui font subir des altrations momentanes ainsi,
quoique l'hiver soit habituellement fort doux en Provence, le
thermomtre y descend quelquefois presque aussi bas que
dans la rgion rhodanienne. La moyenne des minima pour
les villes d'Alais Arles., Avignon, Montpellier, Marseille,
Orange et Nice est de 11,5. L'histoire a conserv le souvenir d un grand nombre d'hivers qui, depuis et y compris l'poque romaine, ont caus de grands dsastres en Provence. Sans
remonter plus haut que 1820, nous y voyons que cette annel le thermomtre est descendu Marseille 17,5 ; mais
on signale des hivers encore plus rigoureux, celui de 1709 par
exemple, o le port de Marseille fut entirement pris de glace.
Ces hivers exceptionnels, qui reviennent cinq ou six fois par
sicle, sont toujours suivis, en Provence, d'une grande mortalit dans les arbres fruits et surtout dans les oliviers.
Dans toutes les villes que nous avons nommes ci-dessus, la
quantit annuelle de pluie est d'environ 650 millimtres, ainsi
rpartis en hiver 25/100, au printemps 23/100, en t 11/100,
en automne 41/100. Le nombre annuel moyen des jours
de pluie n'est plus que de 53, c'est--dire moins de la moiti
de celui du climat girondin. Le ciel tant trs-pur pendant la
plus grande partie de l'anne, il en rsulte une radiation solaire plus forte que dans aucun autre climat franais, et au
moins quatre fois gale celle qui a lieu Paris. La quantit
totale de pluie tant peu prs la mme que celle qui tombe
dans le climat girondin et les jours de pluie y tant beaucoup moins nombreux, les pluies, prises isolment, y sont par
cela mme beaucoup plus fortes; sous ce rapport, le'climat
du midi est comparable celui de la rgion rhodanienne.
Dans la Provence proprement dite le vent prdominant est
celui du nord-ouest, plus connu sous le nom de mistral. Sa
violence est parfois extrme il dracine les plus gros arbres
et enlve les toitures les plus solides c'est le flau du pays.
Il souffle assez frquemment Marseille, Arles, Avignon et
Toulon; mais la cte partir de cette dernire ville, et en
; ;
se dirigeant l'est, est de plus en plus abrite contre ce vent
par la chane de collines leves qui marche paralllement au
littoral, et qui en l'abritant aussi contre levent du nord en fait
la partie la plus tide de cette province. En se dirigeant vers
l'ouest de la rgion, on voit galement le mistral perdre de sa
force et souffler plus rarement. Il est presque inconnu dans
la valle de l'Aude, o on voit reparatre le rgime anmomtrique du bassin de la Garonne, ce qu'explique la faible
hauteur (189 mtres) des collines qui sur ce point font le
partage des eaux entre l'Ocan et la Mditerrane, et constituent une barrire insuffisante contre les vents d'ouest, prdominants dans le bassin de la Garonne. LeRoussillon, spar
du Languedoc par le massif des Corbires, est soumis un
rgime anmomtrique un peu diffrent, caractris par une
frquence peu prs gale des vents d'est et d'ouest, que l'on
dsigne dans le pays sous les noms de marin et de sers. Les
orages d'hiver, quoique toujours moins frquents que ceux de
printemps et d't, sont sensiblement plus nombreux sous le
climat du midi que dans les autres rgions de la France.
En rsum, la rgion mditerranenne est la plus chaude de
la France; elle tient la fois des climats continentaux et des
climats marins, ayant les hivers doux de ces derniers et les
fortes chaleurs estivales des premiers mais plus qu'aucune
des autres rgions franaises elle offre ces modifications du
climatgnral que l'on dsigne sous le nom de climats locaux,
et qui sont dues aux accidents topographiques, tels que les
diversits d'altitudes, de sites, d'exposition, etc. Ces ingalits sont telles que pour deux localits donnes la temprature moyenne gnrale pourra diffrer de plus de 2 degrs,
sans parler des diffrences, plus grandes encore, qu'on observe
d'un lieu un autre dans la moyenne des hivers. On en jugera par les tempratures assignes quelques-unes des villes
de la rgion (1).
A Orange, la temprature moyenne annuelle est13,30,
celle de l'hiver 5,00, du printemps 12,00, de l't 21,5, de
tempratures ne sont pour la plupart qu'approximatives, mais, faute de
documents plus certains, nous avons d nous en contenter.
(1) Ces
l'automne 13,50. En 1826 le thermomtre y est descendu
15; mais dans l't de 1830 on l'a vu monter 40,2,
chaleur tout fait excessive mme entre les tropiques. On y
compte environ 50 jours de pluie dans l'anne.
A Nmes, la temprature annuelle est 13,70; on y observe des minima de 12 14 degrs, et on y compte
42 jours de pluie dans l'anne.
A Avignon, la temprature annuelle est d'environ 14,30;
celles de l'hiver est 5,8, du printemps 13,9, de l't 23,10,
de l'automne 14,6. La moyenne du mois d'aot, le plus
chaud de l'anne, y approche de 24 degrs.
Montpellier, quoique situ en dehors de la valle du Rhne,
semble moins favoris. La temprature annuelle y a t fixe
13,60; celles de l'hiver 5 ,8, du printemps 12,6, de l't
22, de l'automne 14,3. Il est probable que ces mesures
sont un peu trop basses, et que la moyenne annuelle y est
plutt suprieure qu'infrieure 14 degrs (1). On y observe
cependant, de temps autre, des abaissements considrables
du thermomtre, tels que de 12 16.
A Marseille, la moyenne annuelle est de 14,08; l'hiver,
dj trs-doux, y a 7,37, le printemps 12,80, l't 21,11,
l'automne 14,96. On y compte 59 jours de pluie dans l'anne,
dont 8 seulement en t.
A Toulon, commencelazone littorale si clbre parla beaut
du ciel, la douceur du climat et la multitude de vgtaux
exotiques qu'on y cultive l'air libre. Dans cette ville dj la
moyenneannuelle dpasse 15; celles del'hiver est8,6, duprintemps13,3, de l't 22,3, de l'automne 16,3. AHyres, parle
fait d'un site encore mieux abrit, la moyenne de l'hiver n'est
probablement pas infrieure 9. Quoiqu'on manque de renseignements prcis, on peut admettre, avec une grande probabilit, que sur tous les points de cette cte, jusqu' Nice
(I) Les observations thermomtriques faites en 1857, 1858, 1859 et 1860, par
M. Roche, directeur de l'observatoire de Montpellier, portent 14,32 la tempra-
ture moyenne de ces quatre annes, qui comprennent une anne exceptionnellement chaude (1859) et une anne exceptionnellement froide (1860). On peut donc
supposer que 14,30 reprsentent assez exactement la temprature moyenne de
cette ville.
et au del, la moyenne annuelle atteint ou dpasse 15,5. A
Nice, d'aprs .d'anciennes mesures, elle serait de 15,6, celles
des saisons tant 9,3 pour l'hiver, 13,3 pour le printemps,
22,5 pour l't, 17,2 pour l'automne. Cette longue et
troite bande de terre, qui est comme un climat nouveau
ajout celui du midi, pourrait tre appele la rgion de l'oranger, cet arbre y tant partout cultiv avec un grand succs.
C'est aussi dans cette zone que se montrent ces beaux palmiers
qui font la fois l'tonnement et l'admiration des trangers
venus du Nord pour passer l'hiver sous cet heureux climat.
Pour la partie occidentale de la rgion du midi, comprenant les villes de Bziers, Narbonne et Perpignan, on n'a que
des donnes trs-incompltes sur la temprature. A en juger
cependant par les produits du jardinage, on est autoris
croire que dans les deux premires de ces villes la moyenne
annuelle est entre 14 15 degrs. A Perpignan et PortVendres elle dpasse 15 degrs, car nous y voyons reparatre
l'oranger et le citronnier, qui prosprent dans tous les lieux
abrits. Cette temprature plus leve s'explique naturellement par l'interposition du massif des Corbires entre le Roussillon et la partie plus septentrionale de la rgion du midi,
ce qui le met l'abri des vents du nord-ouest. A mesure qu'on
s'loigne de la mer, on voit au contraire la temprature dcrotre et les cultures mridionales disparatre peu peu. A
Carcassonne on cultive encore quelques oliviers, mais il n'en
existe dj plus Castelnaudary, localit qui appartient pour
le moins autant au climat girondin qu' celui du midi, et
qu'on peut considrer comme formant la limite entre les deux.
La rgion mditerranenne comprend encore, ainsi que
nous l'avons dit plus haut, la Corse et l'Algrie; mais nous n'avons sur ces deux contres que des renseignements mtorologiques fort imparfaits. Toute la partie littorale de la
Corse jouit du climat de la basse Provence
il est probable
mme qu'elle a une temprature un peu plus leve, car
celle de Bastia parat approcher de 16 degrs. Ajaccio, plus mridional et mieuxabrit, dpasse probablement ce nombre (1).
(1)
Suivant M. Dupeyrat, ingnieur des mines, qui a observ les tempratures de
Le centre de l'le tant occup par de hautes montagnes,
le climat s'y refroidit mesure qu'on s'lve, et vraisemblablement mi-hauteur la temprature doit osciller entre 12
et 13 degrs, ce qui tablit une certaine analogie entre ce
haut pays et le centre de la rgion rhodanienne. On est amen
cette supposition par la comparaison des produits du sol,
qui sont peu prs identiques dans les deux contres.
Par ses principaux caractres climatologiques, comme par
ses produits naturels, l'Algrie septentrionale rpte, mais
avec des tempratures notablement plus leves, le climat
de la Provence. A Alger, et sur tout le littoral, l temprature
moyenne annuelle parat osciller autour de 17 degrs; celle
de l'hiver est communment de 10, celle de l't de 25 ou 26.
Dans la rgion montagneuse qui longe la mer, et dont la hauteur moyenne est de 600 1000 mtres, la temprature annuelle s'abaisse sensiblement par suite de la froidure de l'hiver. On y voit effectivement le thermomtre descendre,
suivant les lieux et les annes, 6 et 8, et mme quelquefois beaucoup plus bas mais la moyenne de l't y est
toujours fort leve et peut tre porte, sans exagration,
23 ou 24 degrs. C'est dire que le climat sur ces hauteurs
devient tout fait continental, bien qu'il se rattache encore
par plus d'un ct celui du midi franais. Au del de la
zone montagneuse, c'est--dire trois ou quatre cents kilomtres de la mer, le climat change entirement, et prend un
caractre dcidment africain; mais l commence la rgion
dsertique, caractrise surtout par la culture en grand du
dattier. C'est l'intermdiaire entre le climat mditerranen
et le climat tropical.
La rgion du midi se distingue nettement de toutes les autres par une vgtation qui lui est propre et que caractrisent
surtout de nombreuses espces d'arbres, la plupart feuilles
persistantes. Ce sont, entre autres, le chne lige, l'yeuse,
cette ville en 1810, 1811 et 1812, la moyenne annuelle pour ces trois annes serait
hiver 990, printemps 1538, t2320,
16,66. Celles des saisons s'tabliraientainsi
automne 1819. Ces mesures semblent assez exactes; cependant M. Renou pense
que la temprature moyenne d'Ajaccio ne doit pas dpasser 15,5.
le chne glands doux, ou ballote, le vlani, l'olivier, le
pistachier, le lenstique, le laurier-rose, le laurier commun,
le palmier-nain, le myrte, le caroubier, le grenadier, le jujubier, la bruyre arborescente. Dans toutes ses parties, le
figuier crot avec vigueur et donne communment deux rcoltes par an. L'oranger, le citronnier, le bigaradier prosprent dans les localits o la temprature moyenne dpasse
plus rustique, le nflier du Japon, ou bibassier,
15 degrs
mrit ses fruits dans presque toute la rgion. Les jardins
d'agrment s'y peuplent d'une multitude de plantes exotiques,
qui dans les autres climats de la France exigent tout au
moins l'abri de l'orangerie; tels sont le dattier, qui accompagne ordinairement l'oranger, y fleurit et y mrit
demi ses fruits dans les annes exceptionnellement chaudes; l'araucaria de Norfolk (Araucariaexcelsa), qui y prend
un beau dveloppement; l'agave d'Amrique, dont les normes tiges florifres s'lvent 7 ou 8 mtres; le figuier de
Barbarie (Opuntia Ficus indica), qui y devient un arbre et
donne des fruits comestibles le ricin arborescent, qui y vit
plusieurs annes l'arbre suif de la Chine (Stillingiasebifera),
qui s'y reproduit de ses graines; l'azdarach, le phytolacca
dioque, le sterculia feuilles de platane et une multitude
d'arbres et d'arbustes de la Nouvelle-Hollande, du Cap, du
Chili, etc., qu'il serait trop long d'numrer. et l mme,
dans les localits trs-abrites, vivent en plein air et fleurissent
pendant quelques annes, des espces dcidment tropicales,
mais dont aucune ne rsiste aux hivers rigoureux. La vive impulsion donne au jardinage dans cette partie de la France
par l'immigration de riches et nombreux trangers qui vont
s'y tablir, et les essais multiplis de culture qui s'y font, ajoutent chaque anne la liste, dj longue, des vgtaux exotiques introduits dans les jardins.
Climatslocaux. Avant de quitter le sujet de la mtorologie applique l'horticulture, nous appelons une fois
encore l'attention des lecteurs sur ce que nous avons nomm
des climats locaux. De mme qu'on voit le sol changer de nature sur des espaces trs-restreints, on voit aussi le climat
gnral d'une contre se modifier de la manire la plus sensible d'un point un autre, qui n'en est quelquefois distant
que de quelques mtres. Un pli de terrain, une roche en
saillie au-dessus du sol, l'orientation d'une pente ou son degr
de dclivit, un bouquet d'arbres, un difice, et cent autres
circonstances qu'on ne peut pas toujours reconnatre, suffisent
pour accrotre ou modrer le froid en hiver et la chaleur en
t. La plupart des horticulteurs ont fait des remarques de
ce genre; ils savent que dans tel jardin, ou telle partie du
mme jardin, certaines plantes qui souffrent du froid, de
la chaleur, de l'humidit ou de la scheresse prosprent
quelques pas de l. Dans tous les climats de grande circonscription on observe ces phnomnes, mais ils sont surtout marqus dans ceux o le sol accident modifie la direction des vents et offre des pentes plus prononces vers les
diffrents points de l'horizon. C'est ce que ne doit pas perdre
de vue celui qui entreprend de crer un jardin, et avant d'en
choisir la place il fera sagement d'examiner la localit et de
s'informer, en consultant l'exprience de ceux qui la connaissent, quelles plantes y russissent et quelles autres y sont
contraries par les vicissitudes atmosphriques.
Rappelons cependant que ce qu'il y a de plus dterminant,
dans la climatologie locale, ce sont, aprs les abris naturels,
les diffrences de niveau du terrain. Des observations mille
fois rptes mettent en toute vidence que les abaissements
de temprature nocturnes sont plus grands dans une plaine
ou au fond d'une valle que sur la pente des coteaux situs
proximit, et qu'il suffit de quelques mtres d'lvation audessus du fond de la valle ou de la plaine pour obtenir le bnfice de plusieurs degrs de temprature en plus. Sur ces
points relativement levs, le thermomtre pourra se tenir
au-dessus de zro au moment mme o, dans la localit infrieure, il descendra plusieurs degrs au-dessous. Onvoit
de frquents exemples de ce fait dans la rgion de l'olivier,
par exemple dans l'intervalle qui spare Montpellier de Nmes,
o cet arbre est cultiv sur une grande chelle. Dans tous les
hivers un peu rudes, les oliviers de la plaine sont atteints plus
ou moins profondment par le froid ceux des coteaux, au contraire, chappent presque toujours, et si parfois ils souffrent
de la gele, c'est un bien moindre degr que ceux de la zone
situe plus bas. Si donc le jardin a une pente, s'il ya des ingalits sensibles dans le niveau du terrain, on en profitera
pour mettre les plantes frileuses sur les points les plus levs,
et les espces rustiques dans les parties les plus basses. On
obtiendra de cette pratique des effets d'autant meilleurs qu'on
saura mieux combiner ces ingalits de niveau avec les abris.
CHAPITRE DEUXIME.
FLORICULTURE ET AUTRES CULTURES D'AGRMENT DE PLEIN AIR
PARTERRES,
GERS, ETC.
JARDINS
FLEURISTES,
PARCS,
JARDINS PAYSA-
1er. Considrations gnrales.
La floriculture de plein air, c'est--dire la culture des
plantes rustiques ou demi-rustiques recherches presque exclusivement pour la beaut, le parfum, la varit et la vivacit
du coloris de leurs fleurs, est et restera toujours la partie fondamentale du jardinage d'agrment. C'est elle qui a le plus
d'attrait pour le grand nombre des amateurs, et qui est en
mme temps la plus facile et la plus accessible tous. Elle est
souvent un accessoire des autres genres d'horticulture ornementale, et elle se plie tous les degrs de fortune comme
tous les gots et toutes les circonstances de lieux et de climats. Il n'y a donc pas lieu de s'tonner si elle jouit de la fa-
veur universelle.
Son thtre le plus habituel est ce qu'on nomme le parterre
ou jardin fleuriste. L effectivement elle est chez elle, et son
rpertoire est si vari qu'elle peut aisment s'y passer de tout
accompagnement tranger. Les surfaces qu'elle occupe ne
sont jamais trs-tendues, parce que l'il doit en embrasser
simultanment toutes les parties elle se prte d'ailleurs avec
une merveilleuse facilit au morcellement, lorsqu'elle entre
dans la dcoration des jardins d'un autre caractre elle est
enfin susceptible de tous les diminutifs, depuis une plate-bande
de quelques mtres de superficie jusqu' l'troit espace d'une
aisse-ou d'un pot. Sous cette dernire forme, elle constitue
une branche secondaire du jardinage dcoratif, celle qu'on dsigne sous le nom dejardinage de fentre ou d'appartement.
La floricultures'est de tout temps associe au jardinage d'utilit, etrien n'estencore plus frquent que de trouver desplatesbandes de fleurs le long des alles principales d'un jardin potager, ou de voir des rosiers et autres arbustes de fantaisie
alterner avec des arbres fruitiers. C'est l de la floriculture
plbienne, suffisante dans le jardin d'un fermier ou d'un
petit propritaire rural, auxquels des travaux plus srieux ne
laissent pas le loisir de cultiver un parterre suivant les
rgles. Dans les chteaux et les maisons de plaisance des personnes riches ou aises, le jardinage fleuriste se dgage ordinairement de ces cultures vulgaires il devient une spciait, et prend un cachet particulier, un style, comme on dit
dans la langue horticole, qui est dtermin par la mode r,
gnante, la nature des lieux ou simplement par le caprice du
matre. Htons-nous de dire que l'invention ou l'application
d'un style appropri aux circonstances est une uvre de got
et d'imagination, dont peu d'hommes sont capables; et effectivement la cration d'un jardin d'agrment de quelque tendue, de ceux surtout qu'on dsigne sous le nom dejardinspittoresquesoupaysagers, est un art, l'artjardinique, aussi complexe et aussi difficile que l'architecture, et les compositions
bien russies dans ce genre ne sont communes nulle part.
Le style des jardins fleuristes et paysagers a vari avec les
temps et les murs. Aujourd'hui encore il varie suivant les
lieux et les climats. On n'a pas de peine concevoir qu'un
jardin d'agrment sous le climat humide et presque sans soleil
de l'Angleterre ne saurait tre compos des mmes lments
que sous celui du midi de l'Europe. Tout change avec les latitudes : les aspects du ciel, le paysage, les vgtaux, les industries de l'homme, les modes de culture, les gots et les
besoins, et le jardinage de luxe reflte invitablement ces lments divers. En Angleterre, de verdoyantes nappes de gazon
sontl'accompagnementpresque oblig des parterres; en Italie
Chaque
jaillissantes.
des
gradins,
des
statues,
eaux
des
ce sont
nation sous ce rapport a ses gots particuliers comme chaque
jusqu'aux
Il
n'est
exigences.
leurs
pas
site
ont
chaque
climat et
cachetsurlestyle
n'imprimentleur
gouvernement
du
formes
symtriles
parterres
comparant
jugera
On
jardins.
en
des
en
les audont
sicles,
XVIIe
XVIe
1)
des
et
(fig.
compasss
ques et
qui
Fig. I.
Plan de parterre du temps de Henri IV.
les
descriptions,
et
dessins
les
conserv
teursdu temps nous ont
aujourqui
sont
vogue
dgages
en
avec ceux d'allures plus
qui
distance
la
toute
il
premiers
y
a
d'hui. Entre ceux-ci et les
la
du
temps
ou
politique
d'mancipation
spare une poque
des
rgulateur
murs
diapason
le
tait
volont du monarque
et des gots de la nation.
L'histoire du jardinage d'agrment, et l'examen des phases
diverses qu'il a parcourues chez les diffrents peuples de
l'Europe, depuis l'poque de la Renaissance, serait aussi intressante qu'instructive; mais le temps et l'espace nous manquent pour l'exposer nos lecteurs, et elle serait un horsd'uvre dans un trait aussi lmentaire que celui-ci. Pour
ceux cependant qui voudraient s'en faire une ide, nous indiquerons la fin de ce chapitre les ouvrages franais et
trangers qui nous paraissent les plus utiles consulter.
II. Du
parterre.
Nous avons surtout considrer ici l'emplacement que le
parterre doit occuper relativement aux difices qui l'avoisinent, sa distribution et sa plantation. Les rgles que nous allons donner ne pourront tre que trs-gnrales, car les conditions d'tablissement varient l'infini, et, comme nous l'avons dit tout l'heure, il faut la fois un certain got naturel
et un tact dvelopp par l'tude de bons modles pour russir
dans ce genre de composition.
Situation du parterre. Elle est indique par sa nature
mme. Le parterre tant le tableau en raccourci de ce que le
rgne vgtal produit de plus gracieux doit tre au voisinage
immdiat de l'habitation. Il convient non-seulement que le regard puisse l'embrasser du haut des fentres ou des balcons,
mais encore qu'il soit facilement accessible par tous les temps
et dans toutes les saisons. S'il se compose de pices isoles,
dissmines sur une pelouse, aucune de ces pices ne doit
tre entirement dissimule l'il, soit par son loignement,
soit par quelque obstacle interpos; mais quelques-unes peuvent tre habilement rejetes sur les cts de manire tre
vues de profil. Les serres, s'il en existe, et si leur caractre
architectural s'y prte, doivent tre aussi en vue de la maison
d'habitation, mais au del du parterre, dont elles formeront la
limite en avant ou sur les cts. C'est l'architecte ou au propritaire de juger, d'aprs les conditions particulires du lieu,
quelles combinaisons seront les plus propres produire un
ensemble dont toutes les parties seront harmonieusement lies
l'une l'autre.
Tous les emplacements ne permettent pas au mme degr
le choix du terrain le mieux appropri la cration d'un parterre, et souvent il faudra faire flchir la rgle on tchera
cependant de s'en loigner le moins qu'on pourra. En voici
une qui est trs-gnrale pour les climats septentrionaux, ceux
surtout qui sont pluvieux et o le ciel est souvent couvert ce
sera de placer le parterre aux expositions du midi, du sud-estou
du sud-ouest, et jamais absolument au nord des btiments d'habitation. L'illumination solaire, outre qu'elle est en elle-mme
un des grands attraits de la nature, est la premire condition de
bien-tre pour les plantes, de celles surtout auxquelles on demande des fleurs. Pourlamme raison on loignera les parterres
des murs ou des constructions qui y jetteraient trop d'ombre,
et on vitera d'yplanter des arbres levs ou louffus, avec d'autant plus de soin que le jardin sera lui-mme plus troit. Les
massifs d'arbres et les constructions peuvent cependant tre
utiles au parterre, mais la conditionde lui servir d'abri contre
les vents froids ou violents, et par consquent d'tre en dehors
de ses limites et tellement placs qu'ils ne lui enlvent rien de
la lumire solaire. Dans les climats du midi cette rgle est
beaucoup moins absolue, et l pour la culture des fleurs,
comme pour celle des lgumes, les jardins se trouvent bien
d'tre modrment ombrags par des arbres. Beaucoup de
plantes mme s'y accommoderont de l'exposition du nord,
condition cependant qu'elles puissent recevoir les rayons du
soleil pendant quelques heures du matin ou du soir.
Dans tous les cas possibles, mais peut-tre plus encore dans
le nord que dans le midi, on vitera pour l'emplacement d'un
parterre les lieux bas, o les eaux de pluie pourraient s'amasser. La salubrit d'ailleurs fait une loi de tenir les habitations l'cart de ces endroits dclives. Cependant, si une
certaine distance de la maison, par le fait d'un sol en pente,
les pluies pouvaient tre runies et conserves toute l'anne en
quantit assez notable, on pourrait en tirer parti pour y crer
un aquarium ou lac artificiel, qu'on peuplerait de plantes rustiques, et dont l'eau servirait encore pour l'arrosage dans les
moments de scheresse. Avec un peu d'art et un esprit inventif il est rare qu'on ne puisse faire tourner l'avantage
du jardin des conditions locales souvent plus mauvaises en
apparence qu'en ralit.
Terrain du parterre. Ordinairement le terrain sur
lequel
parterreest tabli ne se distingue par aucune qualit
particulire de celui de la proprit dont il fait partie. S'il est
mauvais ou mdiocre, il est facile, raison de son peu d'tendue, de l'amliorer par quelques engrais et des amendements appropris sa nature. La meilleure terre pour la culture des plantes d'agrment, toujours trs-varies d'espces et
de besoins, est une terre moyenne o les principes argileux
et calcaires se balancent, mais sont en mme temps. rendus
lgers par une dose peu prs gale, ou un peu plus forte, d'lments siliceux. Cette terre doit tre trs-meuble, non sujette
durcir et se fendiller au soleil, ce qui annoncerait un
excs d'argile, et le sous-sol tre parfaitement permable
pour que l'eau n'y sjourne jamais. En fait d'engrais, on ne
doit y introduire que des terreaux dcomposs, du guano ou
des engrais liquides trs-dilus. Il est naturel qu'on vite sur
un terrain consacr la culture de plaisir, et situ la porte
mme de l'habitation, tout engrais dsagrable l'il ou
l'odorat.
Nous venons d'indiquer la qualit moyenne de la terre, celle
dont le plus grand nombre de plantes, prises en bloc, pourront s'accommoder mais il y a des espces dont les apptits
sont si particuliers que cette terre de qualit moyenne ne leur
suffirait pas pour acqurir toute leur beaut, ou mme qui
refuseraient d'y venir. C'est ainsi, par exemple, que les primevres prfrent le sol o domine l'argile, les plantes bulbeuses celui o la silice est lgrement en excs, les bruyres,
les rosages, les kalmias, etc., la terre de bruyre proprement dite. Pour toutes ces cultures spciales on devra rserver, dans les lieux qu'on jugera les mieux appropris pour
l'effet gnral, des espaces o la terre sera essentiellement
le
de la nature indique par le genre de plantes qu'on voudra
y cultiver. Ces particularits ont t dj indiques dans le
premier volume de ce trait nous les complterons en parlant de la culture propre chacune de ces catgories.
La surface du terrain rserv au parterre peut tre naturellement plate ou ondule. Il n'y a aucun inconvnient ce
qu'elle soit partout de mme niveau, surtout si l'espace est
trs-circonscrit; on peut cependant rompre.avantageusement
cette uniformit en crant des reliefs artificiels de quelques
centimtres de hauteur au-dessus des alles et des sentiers.
Il est bon mme, surtout si le lieu est humide, que toutes les
planches ou plates-bandes se relvent de 5 10 centimtres
au-dessus du niveau primitif du terrain, ce qu'on obtient soit
par des apports de terre neuve, soit en en prenant sur les
alles. On donne, toutefois, avec avantage un relief plus grand,
par exemple de 20 40 centimtres, certains compartiments
de forme circulaire ou ovale, souvent introduits dans le dessin
du parterre, et cela afin de mettre mieux en vidence les
groupes fleuris. Cette hauteur se proportionne d'ailleurs
l'tendue totale du jardin, et aussi aux espces de plantes
qu'on se propose de cultiver. Dans tous les cas les reliefs du
terrain ne doivent jamais tre arrts brusquement sur leurs
contours, mais s'lever graduellement, par des pentes douces
et arrondies, de la priphrie au centre ce sont moins des
collines que de simples ondulations de la surface du terrain.
Il peut arriver que l'emplacement rserv au jardin fleuriste
soit entrecoup d'ingalits beaucoup plus grandes que celles
qu'on y aurait introduites artificiellement, dans un but de varit, si le sol et t plat. C'est alors affaire au propritaire
ou au jardinier paysagiste de juger, d'aprs l'tat des lieux,
quelles ingalits doivent tre abaisses ou enleves, quelles
autres doivent tre conserves, quel parti, en un mot, on peut
tirer de ces conditions naturelles pour y crer un jardin
agrable l'il. Il n'est pas rare que ces accidents du sol
puissent tre avantageusement utiliss pour l'effet dcoratif,
mais le choix et le mode d'emploi sont ici entirement affaire
degot. Faisons seulement observer que si le terrain s'adosse
un rocher, ou s'il est et l entrecoup de roches de
quelques mtres de hauteur, ce seront autant de rocailles dj
commences, et qu'il ne s'agira plus que d'achever pour les
rendre propres recevoir des plantes. Nous en parlerons avec
plus de dtail en traitant des jardins paysagers proprement
dits.
Forme et dessin du parterre. La
forme gnrale du
parterre est souvent dtermine par son emplacement mme, et
il n'est pas rare alors que ce soit un carr ou un rectangle, ou
tout au moins un polygone plus ou moins rgulier, ainsi qu'on
le voit dans la plupart des jardins publics de nos villes; mais
l o l'espace n'est circonscrit ni par des constructions, ni
par des cultures que l'on est oblig de conserver, et surtout
si on peut tailler le parterre dans le gazon d'une vaste pelouse,
on lui donne presque toujours des formes irrgulires, caractrises par des lignes courbes bien plus agrables
l'il que des formes purement gomtriques. Trs-souvent
mme on le morcelle de manire le dissminer par lots
plus ou moins grands sur le tapis verdoyant qui lui sert de
cadre. Cette rpartition exige beaucoup de tact et de got.
Toutes les fois d'ailleurs que le parterre s'tablit dans ces
conditions, il doit tre en relief de quelques centimtres sur
la pelouse environnante.
Le dessin d'un parterre, s'il a quelque tendue, est une vritable uvre d'art, et qui exige la fois de celui qui l'entreprend une grande connaissance de la matire et beaucoup
d'imagination. Peu d'hommes y ont excell, et peine en citerait-on cinq ou six en France, depuis le temps o le clbre
Le Ntre traait les jardins etles parterres de Versailles. Mais,
comme nous l'avons dit plus haut, les gots se modifient avec
les poques, et aujourd'hui surtout que presque toutes
les grandes fortunes ont disparu et que la loi qui rgle les
successions laisse peu de chances de dure ces sortes de
compositions, elles se sont simplifies, et il faut peut-tre
moins d'art aujourd'hui pour crer un parterre qu'il n'en fallait il y a un sicle ou deux.
Dans un sujet comme celui-ci, o tant d'lments divers
Fig. 2
-Plan du parterre de St-Germain-en-Laye,dessin par Boyceau, en
IG;,3,
doivent se combiner pour produire un tableau harmonieux,
il n'est gure possible de tracer des rgles. Tout ce qu'on peut
faire c'est de recommander l'tude des parterres d'un certain renom, soit dans les jardins publics, soit dans les
proprits prives. C'est par l'observation des bons modles
seuls que le got se forme et qu'on apprend se servir des
donnes de la thorie. Pour aider cependant, autant qu'il est
en nous, le lecteur dans cette tude difficile, nous donnons un
peu plus loin la figure d'un des parterres de forme rgulire
du Musum d'histoire naturelle, qui sans tre recherch tient
cependant une place honorable parmi ceux de la capitale. Ce
dessin colori donnera une ide suffisante des rapports qui
doivent exister dans la distribution des teintes diverses de la
verdure et des fleurs.
A proprement parler ce sont les alles et les sentiers qui
constituent le dessin d'un jardin, puisqu'ils dterminent les
formes des compartiments occups par les plantes. Quelle que
soit la figure totale du parterre, qu'elle soit gomtrique ou
irrgulire, les alles et les sentiers peuvent tre rectilignes
ou courbes; ces deux caractres s'allient mme trs-souvent,
une ou plusieurs alles droites divisant d'abord le terrain en
grands compartiments, que dcoupent ensuite en compartiments plus petits des sentiers sinueux. Le choix des deux
modes, ou leur runion, dpend de circonstances qu'il faut
savoir apprcier. Dans tous les cas, les alles principales
comportent une bien plus grande largeur que les sentiers,
mais cette largeur est encore subordonne la dimension
totale du parterre. Il est rare qu'elle dpasse ou mme qu'elle
atteigne 4 mtres, dans les plus grands jardins, et elle peut
se rduire 1 mtre ou moins encore dans les plus petits.
Les sentiers ont en gnral une largeur suffisante si deux personnes peuvent y passer de front; le plus souvent mme il
suffit qu'une seule puisse s'y mouvoir commodment, sans
tre expose fouler du pied les bordures.
Il est de rgle que les alles et les sentiers d'un jardin
soient sabls, ou plutt couverts d'une couche de gravier un
peu fin. Cette pratique a pour but d'empcher la boue de s'y
former la suite des pluies, de faciliter la marche et aussi
d'touffer les mauvaises herbes qui pourraient y crotre. Le
sable siliceux un peu gros que charrient les rivires convient
parfaitement pour cet usage l o il serait difficile et coteux
de s'en procurer, on y supple par des gravois quelconques,
concasss s'il est ncessaire, et dont les plus gros fragments
ne doivent pas dpasser le volume d'une noix. Lorsqu'on a
du gravier de bonne qualit et un peu fin, on peut le mler
de la brique pile, qui sert de ciment entre ses diffrentes
particules, et dont la teinte rougetre se marie avantageusement celle de la verdure environnante. L'paisseur de cette
couche de gravier n'a rien de bien arrt elle varie suivant
la nature tenace ou lgre du terrain, mais il suffit qu'elle ait
1 centimtre d'paisseur. Produire une surface rsistante, unie,
relativement sche et commode la marche, est ici la rgle
dterminante. Il existe des jardins o cette couverture de gravier est remplace par du bitume ou par un vritable carrelage
en briques, mais c'est l une pratique trop coteuse et dont les
avantages sont trop locaux pour qu'on puisse la recommander
d'une manire gnrale.
Bordures des alles et des sentiers. Ces bordures
ont pour but de protger les plantes contre les pieds des promeneurs, et aussi de les empcher d'empiter sur la voie, qui
doit toujours rester nette et conserver son uniformit. Elles
sont vivantes ou sches suivant les matriaux qu'on y emploie.
Les bordures vivantes, qui sont quelquefois de vritables petiteshaies, se font avec des plantes rustiques, etautant que possible vivaces et ligneuses, capables en un mot d'endurer des
chocs frquents sans en tre notablement endommages. A ce
point de vue aucune espce ne runit autant de qualits que le
buis commun qui, une grande rsistance joint l'avantage de
conserver toujours sa verdure. Il s'accommode de tousles terrains, mme des plus pauvres, pourvu que l'eau n'y soit pas
stagnante; il reprend facilement d'clats et est trs-docile la
taille. En le plantant par clats enracins, sur une seule ligne,
des'distances de 7 8 centimtres, on obtient en quelques
mois une bordure continue et touffue, d'un aspect agrable
et d'une grande solidit. On le taille au ciseau, de manire
donner la bordure une rgularit gomtrique, et on le maintient par l une hauteur dtermine la fois par les dimensions du parterre, le relief des compartiments plants audessus du niveau de l'alle et aussi par la grandeur des plantes
qu'ils contiennent. Trop basse, la bordure serait presque sans
effet; trop haute et trop nourrie, elle craserait les plantes
qu'elle doit protger; on peut fixer, comme une moyenne
trs-gnrale, sa hauteur entre 12 et 18 centimtres, sur une
paisseur un peu moindre.
Le thym, le gazon d'Olympe ou static maritime, la grande et
la petite pervenche, la pquerette fleurs doubles, le fraisier et
beaucoup d'autres plantes ont t essays en guise de bordures,
mais aucune d'entre elles n'a jamais pu remplacer le buis le
long des alles. Le thym, beaucoup moins beau de feuillage,
est en mme temps moins rustique et moins ferme; de plus,
il en prit toujours quelques pieds, ce qui laisse des places
vides qu'il faut sans cesse regarnir, mais il a l'avantage d'tre
d'une autre nuance que la masse de la vgtation, et en outre
il fleurit, et exhale un parfum aromatique qui n'est pas sans
agrment. On peut donc l'adopter, comme plante de bordure,
mais seulement dans une mesure trs-restreinte, et pour protger de petits massifs de fleurs. Le gazon d'Olympe, qui est
tout herbac et s'tale sur le sol, ne dfend pas les plantes des
compartiments, et il a de plus l'inconvnient d'empiter sur
les alles mais sa verdure maille de fleurs lilas est agrable
l'il. Les bordures de pervenche sont aussi peu dfensives,
et elles exigent un travail d'entretien presque continuel pour
tre maintenues dans les limites qu'elles ne doivent pas dpasser. Les mmes remarques s'appliquent au fraisier, qui,
s'il a le faible avantage de donner des fleurs et des fruits, envoie ses coulants dans les massifs et dans les sentiers, et
attire sous son ombre touffue une quantit de limaces
et d'insectes. Toutes ces plantes, et beaucoup d'autres que
nous omettons, peuvent cependant tre utilement employes
en bordures lorsqu'on sait s'en servir propos. Dans le parterre circulaire dont nous reproduisons la figure (pl. II), on
voit une bordure de lierre d'un assez bon effet, mais ici ce
n'est plus un rle de protection qu'on cherche obtenir.
Lorsque les massifs sont isols sur une nappe de gazon o la
promenade est interdite il est inutile de leur donner une
bordure dfensive; ces massifs ont mme souvent plus de
grce lorsque les plantes de la circonfrence s'talent en libert sur la pelouse environnante.
Les bordures sches se font en bois, en briques ou en
fer. Les premires consistent en un petit treillis de branches
recourbes et entrecroises, dont les extrmits sont fiches en
terre assez profondmentpour n'tre pas facilement dplaces.
Les baguettes, ordinairement en bois de chne, de charme,
ou de htre, sont en moyenne de la grosseur du doigt. Le relief de la bordure, tantt verticale, tantt vase, et figurant
le bord suprieur d'une corbeille, est de 12 15 centimtres
au-dessus du sol, quelquefois plus, suivant la taille des plantes
fleuries. Ces petites garnitures, qui reprsentent assez exactement une haie sche, et qui ne sont pas sans lgance lorsqu'elles sont bien faites, n'ont malheureusement que peu de
dure, par suite de la corruptibilit des matriaux employs.
Les bordures en briques fiches debout, jusqu'aux deux
tiers de leur hauteur, sont de beaucoup prfrer, cause de
leur longue dure, et de leur solidit. Par elles-mmes elles
n'ont aucune lgance, mais leur simplicit mme est un
avantage en ce qu'elle facilite les soins de propret qu'on doit
donner au parterre, car elles n'offrent aucun refuge aux limaces et autres animaux destructeurs, inconvnient dont le
buis lui-mme n'est pas exempt, et de plus elles retiennent
parfaitement la terre des reliefs. Si on tient compte de leur
bas prix relatif et de la facilit de remplacer celles qui viennent tre brises, on n'hsitera pas leur donner la prfrence sur les autres garnitures sches. Il faudra toujours les
choisir parfaitement cuites, dures et compactes. Leur longueur ne devrait pas tre moindre que om 25, sur om 06
om 07 d'paisseur, et il y aurait mme avantage les prendre
plus longues, puisque la bordure aura d'autant plus de solidit
que les briques seront plus profondment enfonces en terre.
Au lieu de briques ordinaires, on peut se servir avec avantage de briques faites exprs, et qu'on trouve dans quelques
fabriques de poteries horticoles. En y employant des argiles
de choix, il serait facile de leur donner la fois beaucoup d'lgance et de solidit.
Les bordures mtalliques sont des treillis de formes varies,
en fer forg ou fondu et quelquefois de simples entrelacements de fils d'archal d'un fort calibre. Ces sortes de dfenses
sont en vogue aujourd'hui, et on en construit de bien des
modles. Elles ont l'avantage de ne pas attirer les insectes,
mais elles sont d'un prix comparativement lev, et la peinture
dont on les couvre ne les prserve qu'imparfaitement de l'oxydation. Au total elles ont aussi leurs inconvnients, et ne conviennent pas dans toutes les circonstances. Quant au treillis
de simples fils de fer, ils ont si peu de solidit et se dforment
si facilement la moindre pression qu'on ne saurait en aucun
cas en recommander l'usage.
Pelouses et gazons. Ce sont des surfaces de terrain
plus ou moins vastes, de formes indtermines, et couvertes
d'une vgtation trs-uniforme de gramens, dont la verdure
perptuelle est un des grands attraits du jardinage paysager.
Les pelouses diffrent des gazons proprement dits en ce que
l'herbe, moins choisie, y devient plus haute, et qu'on leur
donne des soins moins assidus. Le gazon, plus raffin et mieux
entretenu, est fait pour tre vu de prs la pelouse gagne
tre vue d'une certaine distance, ce qui suppose toujours une
certaine tendue.
Ainsi que nous venons de le dire, ces tapis de verdure font
essentiellement partie du jardinage pittoresque ou paysager,
les pelouses un plus haut degr que les simples gazons,
mais ils tiennent aussi au jardinage fleuriste, puisque souvent
ils lui servent de cadre ou en maillent les compartiments.
Des massifs de fleurs habilementjets sur les cts d'une pelouse, ou mme isols dans la verdure, pourvu que ce soit toujours prs du bord et porte des habitations, en rehaussent
singulirement la beaut. Il est essentiel en effet que la
nappe verte ne soit pas interrompue, et que d'une extrmit
l'autre l'il puisse la parcourir sans tre arrt par aucun
obstacle.
Les gazons entrent avec avantage dans la composition d'un
parterre, soit en l'enveloppant de toutes parts, soit en se dcoupant pour en suivre les sinuosits. Dans le premier cas
c'estune pelouse en petit, sur les bords de laquelle sont groups des massifs de fleurs, ordinairement d'une taille peu leve et de couleurs vives, qui tranchent fortement sur le fond
de verdure; dans le second ce sont des compartiments qui
s'entremlent aux groupes de fleurs. Ces petites nappes
gazonnes sont d'un trs-bon effet, lorsqu'on sait les assortir
aux plantes cultives dans leur voisinage.
Il y a deux manires d'tablir les gazons
ce sont le semis
et la transplantation. Le semis se fait la vole, aussi galement que possible et un peu serr, sur la terre pralablement
ameublie, nivele et engraisse de terreau dcompos, aprs
quoi on foule le sol et on l'arrose, pour que les graines fassent
corps avec lui. Toutes nos gramines communes ne sont pas
galement propres entrer dans la composition d'un gazon
on ne doit y employer que des espces vivaces, qui tallent du
pied et garnissent bien le terrain. Les meilleures, lorsqu'on
peut s'en procurer des graines, sont la ftuque des moutons
(Festuca ovina) et les espces qui s'en rapprochent (F. rubra, F. duriuscula), mais on y emploie avantageusement aussi
le paturin des prs (Poa pratensis), la flole(Phleum pratense), le cynosure (Cynosurus cristatus), la flouve odorante
(Anthoxanthum odoratum), l'ivraie vivace ouray-grass (Lolium
perenne), les agrostides (AgrostiscaninaetA.vulgaris), etc. On
doit au contraire viter d'y introduire le dactyle (Dactylis glomerata), les houques (Hotcus mollis et H. lanatus), les bromes
(Bromus erectus, etc.), la grande avoine ou fromental (Avena
elatior), et autres gramines trop fortes, tallant peu du pied,
ou dont le feuillage est peu abondant. Introduites dans les
gazons, ces plantes occasionnent presque toujours des vides
ou des ingalits dsagrables l'il.
La transplantation donne des rsultats plus prompts que le
semis, mais, moins de circonstances particulires, les plantes
ainsi obtenues sont moins choisies. Elle s'effectue en dcoupant,
sur un fond de prairie, des carreaux de gazon, qu'on transporte, avec toute la terre qui tient aux racines, sur les points
du jardin qu'il s'agit de garnir. Les carreaux doivent avoir les
mmes dimensions, et leur paisseur tre telle que la totalit
des grosses racines ait t enleve avec la motte de terre.
Ces carreaux mis en place, et bien ajusts les uns avec les autres, on les roule pour en galiser la surface, et on les arrose
pour les faire adhrer au sol sous-jacent, qui doit avoir t
pralablement ameubli et fum. Les plantes ne tardent pas
repousser de nouvelles feuilles, et s'il se trouve parmi
elles des espces impropres au but qu'on se propose, on les
extirpe pour laisser la place libre aux espces gazonnantes.
Le gazonnement par semis et par transplantation est un des
traits caractristiques du jardinage anglais, et il ne russit
nulle part aussi bien qu'en Angleterre, ce qui tient d'abord au
climat, ensuite la qualit argilo-calcaire du terrain. Dans le
nord de la France, en Belgique et mme en Hollande, le gazon
est d'un entretien plus difficile; aussi en fait-on beaucoup
moins d'usage qu'en Angleterre. Dans nos provinces du midi,
les gazons sont presque inconnus, et le peu qui en existe ne
se conserve en t qu'au moyen d'arrosages dispendieux. Les
gazons doivent tre frquemment tondus, pour prsenter en
tout temps une surface unie. On les arrose dans les temps de
scheresse, et tous les deux ou trois ans on les amende en y
rpandant du terreau. On a soin aussi de combler par des semis les vides qui auraient pu s'y former.
Un gazon est d'autant plus beau qu'il est plus homogne et
plus gal dans toutes ses parties c'est ce qui fait que la plupart des auteurs qui ont trait la matire s'accordent dire
qu'il doit tre exclusivement form de gramines. On a souvent essay d'y introduire, sous prtexte de varit, diffrentes
espces de plantes dicotyldones, telles que des trfles,des pquerettes, des renoncules, etc., dont les fleurs diversement colores devaient embellir le tapis de verdure; mais l'exprience
a faitreconnatre que l'avantage ainsi obtenu tait plus que contrebalanc par les vides qui naissent invitablement autour de
ces plantes, et on y a gnralement renonc. Il n'en serait pas
de mme d'une pelouse d'une certaine tendue, o les dtails chappent facilement l'il. L, en effet, quoique la
verdure soit la chose essentielle, des fleurs d'un coloris un peu
vif, dissmines et l, varient agrablement l'uniformit
du tableau.
Accessoires du parterre. Nous comprenons sous ce
titre les divers objets qui, sans faire partie intgrante du parterre, ajoutent en gnral son agrment ou servent son
entretien. Ce sont les ppinires, les bassins et les jets d'eau,
les bancs, les arbres en caisses, les vases contenant des fleurs,
et les haies, plus ornementales ici que dfensives.
La ppinire d'un parterre n'est rien autre chose que le jardin de prparation, soustrait la vue du public, o sont leves les plantes qui un moment donn doivent prendre
place dans les plates-bandes ou les compartiments du jardin
fleuriste. Elle est pourvue de tous les ustensiles et appareils
ncessaires pour oprer la multiplication des plantes par semis, couchages, boutures ou greffes, les abriter contre le
mauvais temps, les lever jusqu'au moment o il conviendra
de les transporter dans le parterre, et, au besoin, en hter ou
en retarder la floraison. Les travaux qu'on y excute sont d'autant plus multiplis et plus compliqus que le parterre est
plus grand et qu'il faut en renouveler plus souvent la dcoration.
Les plantes de la ppinire sont les unes en pleine terre,
les autres en pots, suivant qu'elles se prtent plus ou moins
la transplantation, et aussi suivant la taille qu'on veut leur
faire acqurir. Les espces de transplantation facile, et qui reprennent mme lorsqu'elles sont dj sur le point de fleurir,
comme le chrysanthme de l'Inde, se cultivent gnralement
en pleine terre il suffit, en les arrachant, de mnager leurs
racines et de les enlever avec la motte. Celles qui souffrent
difficilement la transplantation, ou qu'on veut tenir plus
basses que leur nature ne le comporte, sont leves en
pots, ce qui permet de les mettre en pleine terre avec
toutes leurs racines et toute la terre qui y adhrait; souvent
-
mme on se borne enterrer les pots dans les compartiments du parterre, sans en retirer les plantes. Aprs la dfloraison, ou toutau moins quand elles ont perdu leur beaut,
les plantes sont renvoyes la ppinire et immdiatement
remplaces par d'autres. Toutes les plantes d'un parterre ne
sont cependant pas leves dans la ppinire
en est un bon
nombre, parmi les espces annuelles et de croissance rapide,
qui sont semes sur place, avec plus d'avantage qu'elles ne
le seraient dans la ppinire, pour tre ensuite transplantes
l o elles doivent fleurir.
L'art du jardinier consiste ici tre toujours largement
approvisionn de plantes pour faire face tous les besoins du
parterre, dont aucune place ne doit tre vide, eto il faut que
les fleurs succdentaux fleurs depuis les premiers jours du printemps jusqu' l'entre de l'hiver. Il doit tre au courant des
poques de floraison des diverses espces, pour les assortir
suivant les saisons et suivant les couleurs de leurs fleurs. S'il
s'agit d'espces annuelles, il en hte ou en retarde le semis,
pour en obtenir la floraison une poque dtermine, ou la
faire concider avec celle d'autres plantes qui doivent leur servir de pendant. Il en agit de mme avec les plantes vivaces,
dont il active la vgtation par la chaleur artificielle ou qu'il
retarde, s'il est ncessaire, par des moyens opposs. Cet art,
assez difficile comme on le voit, ne s'acquiert bien que par la
pratique, et si le parterre entretenir est un peu grand et qu'il
faille y dployer un luxe plus qu'ordinaiie, il n'y a gure qu'un
homme expriment qui puisse y suffire.
Les bassins sont un ornement assez frquent des parterres,
surtout des parterres publics, et dans ce dernier cas ils sont ordinairement pourvus d'appareils hydroplasiques, donnant lieu
desjets d'eau de diversesformesetplus ou moins compliqus.
Il n'est personne qui ne connaisse, au moins par oui-dire, les
clbres eauxdeVersailles, dontl'aspectimposants'harmonise
si bien avec la grandeur des difices et le style des jardins environnants. De tels ouvrages, il est vrai, sont rares, et ne se
rencontrent gure hors des rsidences royales ou princires;
mais sans atteindre ces proportions hors ligne les jets d'eau,
;il
moins d'tre dcidment mesquins, sont toujoursun accessoire utile dans les jardins publics. Les simples bassins sans
jet d'eau, pourvu que l'eau s'y renouvelle d'une manire con-
tinue, ont aussi leur utilit dcorative ce sont des rcipients
tout prpars pour recevoir un riche assortiment de plantes
aquatiques.
Les bancs etles siges de diverses formes sont presque toujours exclus des petits parterres, de ceux surtout qui sont
tablis sur un gazon dont il faut respecter la fracheur; mais
il peut y en avoir en dehors de l'enceinte du parterre, pour
la commodit des personnes. Dans un parterre public d'une
certaine tendue, comme aussi dans les jardins paysagers, les
siges sont indispensables
mais ils doivent tre placs de manire ne pas nuire l'aspect gnral, tre, par exemple,
autant que possible reports vers la priphrie et dissimuls
par des massifs d'arbres ou d'arbustes, qui en mme temps
leur procurent de l'ombre. Ces siges sont en bois ou en fer,
mobiles ou fixs au sol. Les formes et les ornements en ont
t varis de mille manires, et on en voit de tous les modles
aux Expositions d'horticulture de Paris et de nos grandes villes
de province.
Les vases contenant des fleurs ou des plantes remarquables
par la beaut du feuillage sont aussi une dcoration assez ordinaire des jardins, mais ce sont des vases de forme artistique, en terre, en pierre ou en marbre, dans lesquels on se
borne souvent introduire le pot de forme commune o se
trouve la plante qui doit les occuper, en recouvrant ce dernier
de mousse ou de terre pour dissimuler sa prsence. Ces grands
vases ne reposent pas d'ailleurs sur le sol, mais sur des entablements faits exprs pour les recevoir. On en voit des modles
dans la plupart de nos jardins publics ils sont toutefois plus
en usage dans les jardins de l'Italie que dans les ntres.
Les arbres et les arbustes en caisses sont l'ornement pour
ainsi dire oblig des jardins publics dans la majeure partie de
l'Europe, et cela presque uniquement parce qu'on tient y
faire figurer des orangers, que la rigueur du climat bannit de
la pleine terre. On y a ajout, il est vrai, quelques autres arbres
exotiques recommandables par leur feuillage et leurs fleurs,
et dont le temprament est peu prs celui de l'oranger. Ces
arbres, remiss en hiver dans un btiment dispos cet effet,
sont tous les ans transports avec leurs caisses dans le jardin,
lorsque la temprature est devenue assez douce pour ne pas
leur nuire. Leur place est le long des avenues, dans les rondspoints, sur les terrasses, en un mot toujours proximit des
habitations, et dans les lieux o leur transport puisse s'effectuer
sans dommage pour les plantes cultives demeure. A la rigueur on pourrait mettre des caisses orangers sur les contours d'une pelouse, mais seulement dfaut d'un emplacement meilleur. L o l't est un peu chaud on peut aussi
dpoter ou dcaisser de petits arbres d'orangerie pour les
mettre en pleine terre dans le jardin, pendant quelques mois;
il est plus simple cependant, s'ils sont en pots, d'enterrer ces
derniers sans en retirer les arbres on vite par l les inconvnients d'une transplantation, toujours un peu chanceuse.
Une condition presque indispensable de succs dans ce
genre d'ornementation des jardins publics, c'est que les arbres,
au moins ceux d'une mme espce, soient sensiblement gaux
de taille, et semblables de formes, afin d'tablir beaucoup
de rgularit et de symtrie dans leurs alignements. Avec des
arbres de dimensions trs-ingales ou de formes disparates
on n'obtiendrait que de mauvais rsultats. Si l'orangerie se
trouvait dans cette condition d'infriorit, on devrait du
moins s'efforcer de pallier le mal en groupant les arbres par
rang de taille, rservant les plus beaux et les plus semblables
entre eux pour occuper les premiers plans, et relguant les
plus petits et les plus mal conforms aux extrmits du jardin
les moins en vue. Dans un alignement rgulier, o les arbres
sont trs-uniformes, on conserve toujours la mme distance
entre les caisses; cette distance, bien entendu, est arbitraire;
elle dpend la fois de l'tendue du terrain garnir et du
nombre d'arbres dont on peut disposer.
Les cltures d'un parterre sont de bien des espces
mais,
quelles qu'elles soient, elles doivent s'harmoniser avec lui
par leur caractre dcoratif. Un parterre priv et de peu d'-
tendue n'a gnralement pas besoin d'autre clture que les
lignes de buis qui en suivent le contour; il est d'ailleurs suffisamment dfendu par l'intrt mme du propritaire et de
sa famille; mais il en est autrement d'un parterre public,
que ne protge plus l'intrt particulier. L, des cltures sont
indispensables, non-seulement pour empcher la foule d'empiter petit petit sur le terrain cultiv et d'en faire des lieux
de passage, mais aussi pour mettre les plantes et les fleurs
l'abri de tentatives indiscrtes. Il n'est pas ncessaire cependant que ces barrires soient trs-dfensives; il suffit
qu'elles ne puissent tre escalades sans un certain effort.
Ce sont tantt des treillis de baguettes de bois entre-croises
les unes sur les autres, maintenues par des fils d'archal, et
soutenues par des poteaux de bois ou des tiges de fer enfoncs
de distance en distance dans le sol; tantt c'est un grillage en
tantt enfin ce sont des haies vives, La hauteur de ces
fer
cltures varie suivant les circonstances, mais celle de 0m,80
lra peut tre considre comme gnralement suffisante;
trs-souvent mme il convient de rester au-dessous. Les cltures de bois sont peu lgantes, et elles s'usent rapidement;
celles de fer sont coteuses, mais cependant bien prfrables,
pourvu qu'elles aient une solidit suffisante; ce qui vaut encore
mieux, si les circonstances le permettent, ce sont de petites
haies, bien fournies et rgulirement tailles. Dans le cas
particulier dont il s'agit, on aura le choix entre le cyprs nain
(Biota nana) et le buis, deux arbustes galement propres
rendre ce service. Au sud du 44e degr beaucoup d'autres arbustes peuvent y tre employs, ceux principalement feuilles
persistantes, tels que le myrte, convenablement taill. Il en
serait de mme du grenadier, qui rachte la caducit de son
feuillage par des fleurs brillamment colores.
3.
Du choix des plantes et de leur distribution
dans leparterre.
Voici encore un sujet qui demande beaucoup d'attention et
de tact de la part de l'horticulteur, car si l'on voit tant de
jardins fleuristes mal plants et d'un mdiocre effet, c'est
parce qu'on nglige trop gnralement les rgles traces ici
par l'exprience et le got.
On peut ramener deux modes principaux la distribution
des plantes dans un parterre, savoir le mode par entremlement d'espces, et celui de la culture en massifs d'une mme
espce. Dans le premier, des plantes diffrentes de taille, d'aspect, de couleurs, etc., sont runies dans les mmes platesbandes ou dans les mmes compartiments, de manire ce
que chaque plante isole produise un effet individuel, tout en
contribuant un effet d'ensemble. Dans la culture en massif, au
contraire, les individus disparaissent pour ainsi dire par le fait
mais l'effet total est beaucoup plus
de leur agglomration
grand qu'il ne le serait si ces nombreux individus taient dissmins au milieu de plantes diffrentes.
Dans le mode par
ou mlange il
faut avoir gard 1 aux dimensions relatives des plantes employes
et surtout leur hauteur, et 20 la teinte de leur
feuillage, mais particulirement celle de leurs fleurs.
Relativement aux dimensions des plantes, nous rappellerons
ce principe dj expos plus haut que les parterres n'admettent pas les arbres d'une taille leve. Ces arbres, s'il en existe,
doivent tre en dehors du parterre, et jamais placs de manire y projeter leur ombre pendant une notable partie du
jour. Il en est autrement des simples arbustes, lorsqu'ils n'excdent pas 2 3 mtres; cependant si le parterre est trs-resserr, ces arbustes sont encore mieux placs sur les cts que
dans l'intrieur mme des planches on des compartiments.
Les plantes herbaces ou sous-frutescentes qui entrent dans
la composition d'un parterre sont de tailles trs-diffrentes
ainsi, tandis que les primevres, la corbeille d'or, les penses, etc., ne s'lvent qu' quelques centimtres, les dahlias,
les chrysanthmes de la Chine, quelques varits de phlox,
d'astres, etc., atteignent 1 mtre ou plus, et les passe-rose
deux ou trois; les liserons, appuys sur des tuteurs, peuvent
mme s'lever beaucoup plus haut encore. On comprend sans
entremlent
peine que de telles ingalits de taille doivent produire l'effet
le plus dplaisant si elles ne sont pas assujetties un certain
ordre. Cet ordre, du reste, est fort simple un parterre tant
fait pour tre vu dans ses dtails aussi bien que dans son ensemble, les plantes doivent tre places de telle manire
qu'elles ne se cachent point les unes les autres. Les plus
grandes, celles par exemple qui s'lveraient 2 mtres occuperont donc soit l'extrmit du parterre la plus loigne de
l'entre principale ou de la maison d'habitation, soit les platesbandes des cts celles de moyenne hauteur, de 1 mtre par
exemple, seront au centre des compartiments; les autres s'tageront l'entour par dgradations de taille, les plus basses
tant naturellement les plus rapproches des bordures. Ce
principe, qui n'est que trs-gnral, se modifie suivant les
circonstances; mais la rgle est toujours que les plantes
soient places de la manire la plus favorable pour tre vues,
et que, soit du milieu du parterre, soit du ct principal, les
grandes ne masquent point entirement les petites.
Relativement aux teintes du feuillage et la couleur des
fleurs, il y a aussi de certains arrangements qui sont plus favorables que d'autres la production de l'effet dcoratif que
l'on veut obtenir. Certaines plantes contrastent trs-fortement
du reste de la vgtation par la teinte de leur feuillage il en
est chez lesquelles l'abondance de la villosit le fait paratre
presque blanc; il en est d'autres, telles que leprilla de Nankin, o il est d'un pourpre presque noir; dans d'autres cas le
feuillage est panach par chlorose, ou autrement. Toutes ces
plantes concourent avantageusement la dcoration du parmais la condition de n'tre pas trop prodigues et
terre
d'tre places avec une certaine symtrie. Il importe d'ailleurs, pour les faire ressortir, de les rapprocher de plantes
dont le ton de la verdure contrastera avec leurs teintes
exceptionnelles, par exemple les plantes feuillage blanc
ct de plantes d'un vert trs-vif, celles feuillage rouge
ou pourpre noir ct de plantes d'un vert clair; mais le
contraste serait trop dur entre les plantes feuillage blanc
et celles de teinte pourpre fonce. Par l'usage et l'observation
1
2
3
4
>
li
I)
/<>
Echelle
d..
10
Mtres
des effets obtenus, on arrivera sans grande peine aux combinaisons les plus agrables l'il.
L'assortiment des couleurs des fleurs est plus compliqu,
car il dpend d'abord du nombre des espces fleurissantes et
de.celui des individus de chaque espce ou de chaque varit
dont on peut disposer, ensuite de l'poque de floraison de
chacune d'elles, et enfin de la taille relative des plantes,
puisque de grandes ingalits sous ce rapport diminueraient
effets de contraste qu'on cherche obtenir.
ou dtruiraient
Supposant donc qu'on soit suffisamment pourvu de plantes,
et de plantes assez varies, pour l'entretien du parterre pendant toute la dure de la belle saison, soit, sous nos climats,
du commencement de mars au 15 novembre, nous allons
essayer de donner au lecteur une ide des diverses combinaisons qui paraissent les plus propres produire l'effet dsir.
Rappelons avant tout que les couleurs simples ou primitives, et gnratrices de toutes les autres, sont au nombre de
trois, le rouge, le jaune, et le bleu, et que leur fusion parfaite,
dans des proportions dtermines, fait prouver l'il la
sensation du blanc. Ces couleurs s'associant deux deux donnent naissance aux couleurs composes, savoir l'orang, qui
rsulte du rouge et du jaune; au vert qui rsulte du jaune et
du bleu et au violet, qui est la combinaison du bleu et du
rouge. Les tons de ces couleurs mixtes varient suivant les
les
proportions relatives des deux lments qui entrent dans leur
composition, et comme ces proportions peuvent varier ellesmmes l'infini, il en rsulte un nombre illimit de nuances
entre les deux couleurs composantes. On nomme couleur complmentaire celle qui, ajoute soit une combinais onde couleurs, soit une couleur simple, reconstitue la triade des couleurs lmentaires; c'est ainsi que le vert (compos de bleu et
de jaune) est complmentaire du rouge; le violet (compos de
rouge et de bleu complmentaire du jaune l'orang ( provenant du rouge et du jaune) complmentaire du bleu; rciproquement, le bleu, le jaune et le rouge sont complmentaires de
l'orang, du violet et du vert. La fusion d'une couleur avec sa
complmentaire reproduit naturellement le blanc. Le noir
n'est que l'absence ou l'extinction totale des trois lments
colors.
Le rapprochement de ces couleurs et de leurs nuances de
tous les degrs, par deux, par trois, ou en plus grand nombre,
produit sur l'il des effets trs-diffrents suivant les combinaisons adoptes; il y a des teintes qui se rehaussent mutuellement par leur voisinage, ou qui flattent plus agrablement
l'il; il y en a d'autres qui perdent tre rapproches ou
donnent lieu des effets mdiocres, dsagrables ou mme
choquants. En ceci, nous ne pouvons pas choisir un meilleur guide que l'minent professeur du Musum d'histoire
naturelle, M. Chevreul, qui a fait du contraste simultan des
couleurs l'tude laplus approfondie, et aprsl'avoir applique
l'art de la teinture des toffes n'a pas ddaign d'en tirer des
conclusions pour la distribution des fleurs dans un parterre.
Nous allons les rsumer ici dans ce qu'elles ontde plus essentiel
1 Toutes les couleurs simples, lorsqu'elles sont pures ou
peu prs pures, contrastent agrablement ensemble; mais
trs-rapproches l'une de l'autre, chacune d'elles prend
quelque chose de la nuance qui rsulterait de sa propre combinaison avec les couleurs complmentaires de ses voisines; par
exemple le rouge rapproch du jaune prend une faible teinte
de violet, qui est complmentaire du jaune, et le jaune un
reflet de vert, ce dernier tant complmentaire du rouge.
2 Les couleurs complmentaires l'une de l'autre contrastent de mme trs-avantageusement; il suffit de rapprocher le jaune du violet (compos de rouge et de bleu), le
rouge du vert (compos de jaune et de bleu), ou le bleu de
l'orang (compos de rouge et de jaune), pour saisir la vivacit
et la beaut de ces contrastes.
3 Le rapprochement binaire des couleurs composes donne
encore lieu de bons rsultats, parce que dans chacun de ces
groupes se trouvent runies les trois couleurs simples, et que
les contrastes sont suffisamment prononcs par exemple, le
violet (rouge et bleu) va bien avec l'orang (rouge et jaune ),
ainsi qu'avec le vert (jaune et bleu), et l'orang (rouge et jaune )
avec le violet (rouge et bleu).
rsultats sont au contraire mdiocres ou mauvais
lorsque les couleurs simples sont rapproches de couleurs
composes dans la composition desquelles elles entrent, ce
qui ne donne que deux des couleurs simples pour le couple.
mal avec l'orang (jaune et
C'est ainsi que le rouge contras
rouge) etavec le violet (rouge et bleu); le jaune avec l'orang
(jaune
rouge) et avec le vert (jaune et bleu) le bleu avec le
violet (rouge et bleu) et avec le vert (bleu et jaune). Cependant
la couleur simple n'entre que pour une faible part
dans la couleur compose qu'on en rapproche, le contraste
peut devenir assez prononc pour plaire l'il; c'est ainsi
que le bleu vif fait un assez bon effet ct du vert clair ou
tirant sur le jaune, et le jaune vif ct du vert fonc o domine le bleu; mais ces deux cas tendent, comme on le voit,
rentrer dans les rgles prcdentes, qui tablissent que les
contrastes sont, d'une manire gnrale, d'autant plus agrables qu'ils sont plus prononcs.
5 Toutes les couleurs, simples ou composes, sont avives
par le voisinage du blanc, et contrastent d'ailleurs d'une manire fort agrable avec lui. Le blanc a encore l'avantage d'amliorer les mauvaises combinaisons, en s'interposant entre
les couleurs qui vont mal ensemble, comme, par exemple,
entre le rouge et l'orang, le rouge et le violet, le violet et le
bleu, etc. Cette couleur, si abondamment prodigue dans la
nature, joue donc un trs-grand rle dans la culture dcorative.
6 A l'exception du blanc, toutes les couleurs sont affaiblies
par le voisinage du noir, qui leur enlve quelque chose de
leur vivacit. Les teintes obscures ou fonces sont surtout trsmal places ct de lui, ce qui s'explique naturellement
par la faiblesse des contrastes. Le noir n'existant pour ainsi
dire pas dans le rgne vgtal (1), ces sortes de contrastes
ne pourraient s'tablir qu'entre les plantes et le sol, et encore ce dernier n'est-il jamais parfaitement noir. A dfaut de
4 Les
te
et
si
(1) Il
noire.
n'y a gure que la fve commune dont la fleur offre une macule vraiment
cette couleur, on la remplace jusqu' un certain point par les
feuillages pourpre-obscur de quelques plantes (Perilla nankinensis), ou les fleurs d'un violet trs-fonc, celles par exemple
de la scabieuse, de quelques varits de dahlias, de rosestrmires etc.
Les combinaisons de couleurs, dans les jardins fleuristes,
sont binaires ou ternaires, rarement quaternaires
moins
qu'on ne considre le vert des feuilles comme prenant rang
dans cette combinaison.
Les combinaisons binaires les plus recommandables sont
les suivantes, que nous rangeons ici dans l'ordre de leur mrite.
A. Toutes les couleurs simples ou composes avec le blanc,
mais les contrastes sont d'autant plus agrables que ces couleurs sont plus pures et plus vives, par exemple
bleu clair
ou bleu fonc et blanc, rose ou rouge et blanc, jaune vif
et blanc, orang et blanc, vert et blanc, violet et blanc.
B. Les couleurs simples ensemble ou avec leurs complmentaires, tellesque rouge et jaune, rouge etbleu, jaune et
bleu, -jaune et violet, orang etbleu, vert et rouge. Nous
avons dj dit qu'on n'obtient que des contrastes mauvais ou
mdiocres entre les couleurs simples et les couleurs composes
qui ne sont pas complmentaires l'une de l'autre (voir cidessus n 4).
Les combinaisons ternaires sont beaucoup plus nombreuses, et alors le blanc y entre presque toujours; souvent
mme il est rpt. On en jugera par les exemples suivants
du blanc, du rouge et du vert; ou bien du blanc, du rouge,
du blanc et duvert.Du bleu, de l'orang, du.bleu etdu blanc
ou du blanc, de l'orang, du blanc et du bleu. Du blanc,
du jaune, du violet et du blanc; ou du blanc, du jaune, du
blanc et du violet. Du jaune, du rouge, du blanc et du
jaune: Du blanc, du rouge, du bleu et du blanc ou mieux
du blanc du rouge du blanc et du bleu. Du blanc, de
l'orang, du vert et du blanc; ou mieux en interposant le blanc
entre l'orang et le vert. Du blanc, de l'orang, du blanc,
et du violet; ou, ce qui vaut encore mieux, du blanc, de l'o-
:
;
rang, du blanc et du violet. Du blanc du jaune, du vert
et du blanc. Du blanc, du jaune, du bleu et du blanc, ou
la mme combinaison en intercalant le blanc entre le jaune
et le bleu, etc. Ces exemples, que nous pourrions beaucoup
multiplier, suffiront pour faire comprendre la loi de ces sortes
de combinaisons. Si l'on tait forc, faute de mieux, d'employer des couleurs qui ne sont pas complmentaires l'une de
l'autre, on s'arrangerait de manire les sparer par du
blanc. Ajoutons enfin que dans le mode de plantation en mlange
o les couleurs sont presque toujours de certaines
distances les unes des autres, les lois que nous venons de
formuler sont moins rigoureuses que dans la plantation en
massifs.
Dans' le mode de plantation en massifs, on obtient
de meilleurs rsultats avec des plantes qui sont sensiblement
de mme taille, ou du moins peu diffrentes sous ce rapport,
et cela parce qu'on cherche obtenir des nappes 0:1 des
bandes colores bien gales et bien rgulires, dont les contrastes sont d'autant plus marqus qu'elles sont plus voisines
les unes des autres. A cet effet on sme ou on plante trsserr
et si parmi les espces employes il y en a dont la
la taille soit suprieure celles des autres, on les rserve
pour occuper le centre des massifs, celles de taille moindre
s'tageant par gradations, de manire que les plus basses occupent les contours. Si toutes sont peu prs de mme
hauteur, on obtient de meilleurs rsultats en donnant aux
planches ou aux compartiments des formes bombes, en accumulant la plus grande paisseur de terre au milieu, que sur
un sol tout fait plat. C'est ce que nous avons dj expliqu
plus haut, et il serait superflu de le rpter ici.
Les deux modes de plantation, en mlange et en massifs,
sont souvent associs, et avec avantage, dans un mme parterre; par exemple des plates-bandes plantes d'aprs le premier mode sont trs-agrablement bordes par des lignes
serres de plantes de mme espce et de mme couleur,
condition qu'on suive les rgles dj formules.
La plantation en massifs ne se borne pas agglomrer des
plantes fleurissantes pour obtenir les contrastes de couleurs
que nous avons signals, elle a souvent aussi pour objet de
former des massifs de feuillages, d'un vert uniforme ou de
diffrentes teintes superposes, mais il n'y a que certaines
plantes qui se prtent cet usage, celles par exemple qui se
distinguent par un feuillage ample, abondant, d'une forme
lgante et d'une belle teinte. Il n'est pas mal dans ce cas
que les plantes atteignent une certaine hauteur, surtout si
elles doivent figurer dans un parterre un peu grand, comme
le sont en gnral ceux des jardins publics. Celles qu'on y
emploie le plus volontiers sous nos climats sont les diffrentes
espces de Canna ou balisiers, qui la beaut du feuillage
ajoutent encore celle de leurs fleurs, quelques espces de
Caladium feuilles vertes ou colores, le Wigandia caracasana, plante superbe, qui fleurit assez facilement dans le
midi de la France. A defaut de ces plantes, on pourrait l o
le climat serait assez doux les remplacer par des conifres
exotiques de petite taille, mais touffues et d'une belle verdure, telles que des Chamaecyparis, quelques Juniperus et
Biota, des Cupressus Goweniana et Kuightiana, des Artltrotaxis, des Retinospora et quelques autres. Nos grandes
bruyres indignes (Ericascoparia, E. arborea), et peut-tre
aussi, dans les parties trs-tempres du midi, quelques
bruyres exotiques, pourraient tre employes avantageusement la composition de ces massifs de verdure. Rien
n'empcherait mme qu'on n'y ft entrer, soit seules, soit en
compagnie d'autres plantes, des fougres rustiques frondes
dresses et un peu grandes, comme la fougre mle et la
fougre femelle de nos bois, l'Onoclea du nord de l'Amrique,
e Struthiopteris d'Allemagne, etc. Ce genre de dcoration est
susceptible de beaucoup de varit; mais il importe de
bien choisir les plantes relativement la nature du sol et au
climat, et de les assortir convenablement avec les plantes
fleurissantes.
D'autres fois ce sont des plantes isoles, mais remarquables
par leur ampleur, leur port, la belle forme ou la teinte du feuillage, quelquefois par leurs thyrses fleuris, qui servent rompre
l'uniformit du niveau d'un parterre; et si elles sont bien
choisies, bien places et d'une belle venue, elles sont d'un
trs-grand effet. Suivant les climats et les circonstances on y
emploie des palmiers de petite taille (Chamrops humilis,
Ch. excelsa), des dattiers dont le stipe est encore bas, des
ricins arborescents, des colocases aux larges feuilles le Gunnerascabra, si Le climatest assez doux, des rhubarbes s'il est un
peu froid, la frule commune ou celle de Tanger, le Wigandia, divers Verbesina et Polymnia, et beaucoup d'autres
plantes de port majestueux. Des plantes de serre chaude, des
palmiers particulirement, mais tenus en caisses ou en pots,
peuvent mme, jusque sous le ciel de Paris et plus loin encore vers le nord entrer dans la dcoration des grands parterres, comme plantes isoles, pendant les trois ou quatre
mois les plus chauds de la belle saison; mais pour ne pas
nuire l'effet gnral, les vases et rcipients qui contiennent
ces plantes devront tre enterrs, ou, mieux encore, dissimuls
sous la masse des feuillages. Enfin, les plantes grimpantes,
celles surtout qui se couvrent de fleurs vivement colores,
comme les liserons, formeront, l'aide d'tais appropris,
des massifs de forme pyramidale, qu' cause de leur hauteur
on placera soit au centre des corbeilles fleuries, soit dans les
grands compartiments, et toujours assez loin des alles et
des sentiers pour ne pas masquer les plantes plus basses.
Nous devons faire observer ici que le climat mridional, o
le soleil abonde, comporte beaucoup plus que celui du nord
cette addition de grandes plantes ornementales la flore habituelle des parterres. L un peu d'ombre est plus utile que
nuisible, et comme la belle saison y est gnralement trssche, les plantes vivaces ou ligneuses et les arbustes y rsistent beaucoup mieux aux ardeurs du soleil que celles qui sont
simplement herbaces. Le rpertoire, pour la composition
des massifs feuillus ou fleuris y est aussi beaucoup plus large,
et nous y trouvons une quantit d'arbustes, indignes ou
exotiques, qui sous la latitude de Paris exigent pour la plupart l'abri de l'orangerie, et quelquefois celui de la serre tempre. Il nous suffira de citer l'oranger, le citronnier et autres
arbres de la mme famille, le lentisque, le laurier, le nflier
du Japon (Eriobotrya), le laurier-rose, les Lagerstrmia
le myrte, les palmiers des genres Chamrops et Livistona,
le dattier, le Cocculus laurifolius, l'agave, quelques passiflores,
une multitude d'acacias de la Nouvelle Hollande, de nombreuses protaces et mme quelques cycades, pour faire
sentir combien la dcoration d'un jardin d'agrment peut y
tre plus varie que dans le Nord. C'est plus qu'une compensation l'impossibilit d'y crer ces frais gazons et ces verdoyantes pelouses qui sont l'accessoire presque oblig et quelquefois la partie essentielle desjardins au nord du 50e degr
de latitude.
C'est aussi dans le Midi, principalement aux alentours de
la Mditerrane, que les aquariums l'air libre s'associent le
mieux la dcoration d'un parterre, par le grand nombre el
la beaut des plantes fleurissantes qui peuvent y crotre. Outre
les espces qu'on y lve dans le Nord (nymphas blanc el
jaune, iris des marais, jonc fleuri, etc.), les aquariums du climat
mditerranen admettent toutes les varits du nlombo d'Orient, le nlombo fleurs jaunes de l'Amrique, le Thalia
dealbata, l'Aponogeton,lecalla d'Ethiopie, et bien probablement beaucoup d'autres plantes aquatiques trangres
qu'on n'a point encore song y introduire. Il est juste aussi
de reconnatre que cette intressante branche de la floriculture, dont on tirerait un si grand parti pour l'ornementation
des jardins publics de cette partie de la France, n'y est encore pratique que dans un bien petit nombre de villes, et
on pourrait presque dire par exception.
4.
Choix et classement des plantes qui entrent
dans la composition d'un parterre.
l'horticulteur ne doit jamais perdre
de vue lorsqu'il s'agit de la plantation d'un parterre, o les
plantes sont ncessairement livres toutes les vicissitudes
atmosphriques, est de n'y introduire que celles qui peuvent
Un point essentiel que
s'accommoder de ces conditions, au moins pendant le temps
Qu'elles doivent
y passer. Toute plante trop dlicate pour le
lieu et le climat doit en tre bannie, car il ne suffit pas
qu'elle vgte tant bien que mal, il faut surtout qu'elle acquire le dveloppement et le degr de beaut dont elle est
susceptible. Rien n'est plus dplaisant la vue que des plantes
ialadives, dbiles ou seulement stationnaires. Il suffit d'ailleurs que leur vgtation soit arrte ou ralentie pour que leur
Jtocaison, sur laquelle on comptait un moment donn, ne concorde plus avec celle d'autres plantes destines entrer dans
[la mme combinaison. Il est du reste facile d'viter
ces checs
avec le. rpertoire, aujourd'hui trs-riche et trs-vari, des
plantes rustiques,tant exotiques qu'indignes, qui peuvent
entrer dans la composition d'un parterre sous toutes les latitudes de la France.
spcial de leur rle dans la floriculture, les
point
de
Au
vue
1
plantes peuvent se classer en deux catgories, dont les limites,
il est vrai, ne sont pas et ne sauraient tre nettement dtermines
ce sont les plantes de fantaisie, et pour ainsi dire
passagres, et les plantes de collection. Ces dernires, pour la
plupart classiques et d'ancienne introduction, sont de beaucoup les plus importantes
aux yeux de l'amateur. L'attention
puivie qu'on leur a donne, les soins dont elles ont t l'objet,
ks semis rpts de leurs graines et le choix scrupuleux des
produits, y ont multipli les varits et surtout les varits
d'lite; aussi chacune de ces espces est-elle devenue tout un
groupe de plantes varies et comme autant de spcialits
pour les amateurs. Tels sont les rosiers, les illets, les primevres, les tulipes, les jacinthes, les renoncules, les anmones, etc., cultivs depuis des sicles; tels sont aussi les camaellias, les dahlias, les chrysanthmes, les reine-marguerites,
les glayeuls, les safrans, le sixias et quelques autres, tous d'inproduction relativement rcente. Ces divers genres de plantes,
vec leurs innombrables varits, constitueront toujours le
ond le plus essentiel de la floriculture, et eux seuls ils suffiaient dj l'entretien d'un parterre. Il faut reconnatre cependant que les plantes de fantaisie ont aussi une grande uti-
lit, non-seulement par ce qu'elles ajoutent de varit au parterre. mais aussi par la facilit qu'elles donnent l'horticulteur de remplir des lacunes qui se prsenteraient souvent s'il
ne les avait pas sous la main.
Dans un prochain chapitre nous tudierons avec dtail cette
partie capitale du rpertoire de la floriculture pourle moment,
traitant d'une manire gnrale de la composition du parterre,
nous complterons ce sujet en indiquant les poques de la
floraison des plantes les plus universellement admises dans
nos jardins, et la couleur de leurs fleurs, c'est--dire les deux
principaux lments qui dterminent le choix de l'horticul-
teur.
a. Plantes fleurissant en hiver.
Dans tous nos climats franais, sauf le climat mditerranen et jusqu' un
certain point la partie mridionale du climat girondin et les
ctes ocaniques du climat squanien, les mois de dcembre,
janvier et fvrier, qui constituent l'hiver mtorologique, sont
peu prs nuls pour la floriculture. Au voisinage de l'Ocan,
et quelquefois jusqu' Paris, on voit encore dans les premiers
jours de dcembre s'panouir quelques roses retardataires et
les chrysanthmes de la Chine donner leurs dernires fleurs.
La rose deNol Helleborus niger) leur succde bientt, et
ses grandes fleurs d'un blanc ros, que les frimas n'empchent pas de s'ouvrir, deviennent alors le seul ornement des
jardins.
Du milieu la fin de fvrier, moins que l'hiver ne soit
plus rude que de coutume, apparaissent les premires. fleurs
avant-courrires du printemps, d'abord l'ranthis aux brillantes fleurs jaunes, puis les perce-neige (Galanthus nivalis,
G. plicatus) aux fleurs blanches, le safran orang ( Crocus luteus), la scille de Sibrie (Scilla sibirica) fleurs bleu tendre.
Au moyen de ces petites plantes, dont les couleurs sont si
vives et si tranches, on peut composer des massifs d'un effet
charmant; mais pour en bien jouir il convient qu'elles soient
tout fait proximit de l'habitation.
Dans les parties chaudes du midi, principalement aux alentours de la Mditerrane, les parterres ne sont jamais enti-
rement dpouills de fleurs, ni surtout de verdure, mme au
'uS fort de l'hiver. A Toulon, Hyres, Cannes, Nice et autres
lieux abrits, beaucoup de rosiers fleurissent encore abondamment en dcembre, et ds le mois de fvrier commence la
oraison de quelques vgtaux exotiques du Cap et de la Nouvelle-Hollande, principalement des acacias et des protaces.
ilest peine besoin de dire que ces floraisons hivernales sont
d'autant plus abondantes et plus varies que les hivers sont
plus doux et les localits mieux abrites contre le froid.
-11. Plantes fleurissant au printemps. Vers le milieu
de mars sous le climat de Paris, moins d'intempries
exceptionnelles, on voit commencer la floraison d'un assez
grand nombre de plantes vivaces pour que le parterre prsente dj un coup d'oeil agrable. Ce nombre s'accrot d'ailleurs de jour en jour, et bien avant la fin d'avril les platesbandes peuvent dj tre abondamment pourvues de fleurs.
Dans les derniers jours de mars la scille de Sibrie et la
scille deux feuilles (Scilla sibirica et S. bifolia), fleurs bleu
amthyste, sont encore dans toute leur beaut elles contrastent par leurs teintes avec les safrans fleurs jaunes (Crocus
luteuse
C. susianus), le narcisse des bois Narcissuspseudonarcissus),l'adonide de printemps (Adonisvernalis),lesficaires
(Ficaria grandiflora), l'anmone renoncule (Anemone ranun
culoides) et la renoncule de Crte (Ranunculus creticus). D'autres combinaisons de couleurs peuvent se faire avec les trois
varits d'hpatique (Hepatica triloba), qui sont bleues, roses
ou blanches, les unes simples, les autres doubles, le safran
printanier (Crocus vernus), qui varie du blanc au lilasetau
violet, les anmones communes Anemone coronaria, pavonina, stellata,.etc.) fleurs rouge vif, lilas ou bleu violac, la
pervenche (Vinca minor), fleurs bleues ou blanches, les arabettes des Alpes et du Caucase (Arabis alpina, A. caucasica)
fleurs blanches, lescorydales Corydalis tuberosa, C. bulbosa),
l'une fleurs jaune ple, l'autre fleurs lilas. On peut y ajouter
quelques tulipes, l'ornithogale (Ornithogalum tenuiflorum
fleurs blanches, et la saxifrage larges feuilles (Saxifraga
crassifolia), dont les fleurs lilas ou carmin ple sont un des
et
ornements printaniers les plus ordinaires des jardins. Les
Arum vulgare et italicum, qui forment dj de belles touffes
de feuilles cette poque de l'anne, varient avantageusement
par leur verdure les plates-bandes fleuries.
Quelques arbrisseaux rustiques entrent aussi en floraison
vers le mme temps. Les plus prcoces sont le cognassier du
Japon (Chnomeles japonica) aux fleurs rouge vif, les Forsythia viridiflora et suspensa, fleurs jaunes, ainsi que le Jasminum nudiflorum, quelques bruyres d'Europe ( Erica carnea,
mediterranea, arborea) fleurs blanches, roses ou lilas, et
enfin le groseillier sanguin (Ribessanguineum), dontles grappes
lilas carmin contrastent agrablement avec les fleurs desarbustes ci-dessus indiqus. Il est presque superflu de dire que
ces diverses floraisons sont en avance ou en retard suivant que
les annes sont plus ou moins favorables, et surtout suivant
les localits et les climats. Sous ce rapport le climat du midi
est gnralement en avance d'un mois ou de six semaines sur
celui de Paris.
Les mois d'avril et de mai sont incomparablement plus
riches en plantes fleurissantes ; elles deviennent mme si nombreuses que nous ne pouvons citer ici que les principales. Ds
les premiers jours d'avril les doronics jaunes et les arabettes
fleurs banches sont en pleine floraison. Les tulipes de toutes
nuances, jaunes, blanches, roses, rougeponceau ou de couleur
carmin, violettes, brunes, unicolores ou panaches, se succdent pendant toute la dure du mois. Les fritillaires (Fritillaria
impeiialis,meleagris, persica, etc.), laseille bleue du midi
(Scillaamna), divers narcisses jaunes ou blancs Narcissus
tazetta, N. bulbocodium, etc.), une multitude d'iris, prsentant
toutes les nuances du jaune, du bleu et du violet (Iris pumila,
chamiris, etc.), l'hmrocalle
germanica, I. florentina,
jaune (Hemerocallis lulea), les primevres et les auricules,
avec leurs innombrables varits, les saxifrages de Sibrie aux
fleurs pourpre clair, la girofle, la corbeille d'or (Alyssum
saxatile), les rysimums du Caucase, le tritlia fleurs d'un
blanc de neige, la gentiane acaule, qui les a du bleu le plus
fonc, l'aubritie fleurs lilas et la vsicaire fleurs jaunes,
I.
le magnifique Dielytra spectabilis,
fleurs
carmines
des
renoncules jaunes, quelques pivoines roses ou couleur ponceau, et beaucoup d'autres espces que nous omettons,
fournissent, comme on le voit, un riche assortiment de couleurs l'ornementation du parterre. Il faut ajouter cette
liste plusieurs arbustes dont la floraison s'achve ou commence en avril, tels que les lilas d'Europe et de Perse,
la boule de
l'azale du Pont et celle de l'Inde les viornes
neige, les groseilliers fleurs jaunes (Ribes aureum, R. palmatum.), le Deutzia gracilis, le pcher fleurs doubles, etc., sans
parler de beaucoup d'autres arbustes d'orangerie pareillement en fleurs, et qui peuvent assez souvent passer l'air
libre, sans inconvnient, dans les derniers jours du mois.
t. L't, on le comprend
c. Plantesfleurissant
sans peine, est la plus brillante des saisons horticoles dans le
nord de la France, comme dans la majeure partie de l'Europe, o une temprature suffisamment leve et des pluies
frquentes excitent au plus haut point la vgtation. Dans les
climats du midi, o la chaleur et la scheresse sont souvent
excessives, les parterres perdent au contraire une partie de
leurs ornements, moins que le jardinier ne lutte par de copieuses et frquentes irrigations contre l'excs de l'ardeur solaire. -Mais l, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les jardins
se peuplent principalement de plantes vivaces ou ligneuses
bien plus capables que les plantes annuelles de rsister des
scheresses prolonges. Sous des ciels plus temprs, peine
les pivoines sont-elles dfleuries que commence la saison des
roses, de celles en particulier qu'on dsigne collectivement
sous le nom de roses d't, comprenant les innombrables lgions des cent-feuilles, des roses de Provins et de Provence,
lesAyrshires,lesroses de Damas, etc. C'estalorsaussi qu'on voit
s'panouir successivement les brillantes corolles des lis, dont
la srie s'ouvre par le lis blanc bientt suivi des martagons,
puis des lis fleurs oranges, jaunes, testaces ou carlates,
pour finir par les superbes races de la Chine et du Japon (Lilium lancifolium, L. speciosum, L. auratum, etc.). En mme
temps les plantes de fantaisie deviennent si nombreuses, eurs
en
floraisons se suivent de si prs, que l'amateur a peine les
suivre glaeuls, illets, lichnides, nothres, clarkias, schizanthes, digitales, liserons detoutes nuances, pieds-d'alouette,
mufliers, phlox, balsamines, verveines, soucis, reines-marguerites, ptunias, zinnias, tagtes, thlaspis,tigridies, rosestrmires, pentstmons, plantes grimpantes de tous genres,
plantes aquatiques, et enfin une multitude d'arbustes fleuris de
pleine terre ou d'orangerie, tel est, d'une manire sommaire,
le bilan de la Flore estivale. On pourrait y ajouter une liste
considrable de plantes feuillage ornemental, les cannas,
les arodes exotiques, legynrium, les yuccas, dont quelquesuns mme dveloppent ds cette saison leurs grandes panicules de fleurs. Cependant, sous la latitude de Paris la plupart
de ces plantes frileuses, toujours lentes crotre, ne sont dans
toute leur beaut qu'une poque plus avance de l'anne, et
il arrive trop souvent que c'est au moment mme o elles
atteignent leur apoge qu'elles sont dtruites par le froid ou
qu'elles reprennent, sous les abris vitrs, leurs quartiers
d'hiver.
d. Plantes fleurissant en automne. Septembre, le
premier mois de l'automne, continue la plupart des floraisons
de la seconde moiti de l't, et il en voit commencer d'autres, qui sont caractristiques de cette poque de l'anne. Les
roses dites automnales, la plupart remontantes (roses des
quatre saisons, roses th, noisettes, bourbons hybrides, etc.),
dj ouvertes ds le mois prcdent, sont encore dans tout
leur clat, et quelques-unes se continuent jusqu'aux premires
geles. Il en est de mme de la reine-marguerite, dont les semis les plus tardifs fleurissent en septembre et en octobre,
des verveines, des pentstmons, des ptunias, et on pourrait dire de presque toutes les plantes estivales de platebande, dont l'art du jardinier avance ou retarde son gr la
floraison. Mais il y a des espces d'lite qui sont essentiellement automnales, et auxquelles nosjardins doivent leurs derniers et leurs plus beaux ornements tels sont les dahlias, et,
un plus haut degr, les chrisanthmes de l'Inde et de la
Chine, dont les varits si nombreuses, si exquises de forme
et si brillamment colores suffiraient elles seules la dcoration des parterres. Des plantes de second ordre, et cependant encore mritantes, contribuent aussi par leur floraison
tardive orner les plates-bandes dj bien dpouilles parles
approches de l'hiver c'est le cas de l'anmone du Japon, du
narcisse d'automne (Amaryllis lutea), de l'amaryllis de
Guernesey, du cosmos fleurs pourpres, des astres, des
verges d'or, des silphiums, etc. Divers arbres ou arbustes
rustiques feuillage persistant doivent aussi tre signals
comme de grands ornements des jardins paysagers en cette
saison, o leurs fruits mris et quelquefois vivement colors
sontles seuls objets qui tranchent sur la verdure du feuillage.
Tout le monde connat le houx, si beau sous ses innombrables
baies rouges, l'aucuba du Japon, le laurier amande et le laurier de Portugal, le bambou noir, l'if, les genvriers et quantit
d'autres conifres, qui sont justement prises aujourd'hui.
La rigueur de la saison n'est mme pas un obstacle la floraison de quelques arbres, et jusque sous la latitude de Paris nous voyons s'ouvrir en novembre les fleurs blanches du
bibassier (Erioboiryajaponica), toujours, il est vrai, strilises
par le froid, mais qui nouent et mrissent habituellement
leurs fruits sous le ciel plus clment du midi.
5.
;
et
-Jardinspittoresques oupaysagers
promenades, avenues
jardinspublics,parcs,
arboretums.
D'aprs ce qui prcde le lecteur peut dj juger qu'il n'y
a pas de limite prcise entre les parterres proprement dits et
ce que l'on appelle les grands jardins fleuristes il n'yen a pas
non plus entre ces derniers et les jardins pittoresques ou paysagers, nomms quelquefois aussi jardinsanglais, bien que
ceux-ci semblent devoir correspondre un style particulier.
Il en serait ainsi sans doute si on les envisageait dans leurs caractres typiques et absolus, qui sont de reproduire les scnes
varies de la nature, et c'est en effet ce qui existe encore dans
les pays qui en ont conserv la tradition
et o les fortunes
prives permettent d'y consacrer une tendue de terrain suffisante; mais ce n'est l qu'une exception, en France plus particulirement, o tous les genres de jardinage tendent de plus
en plus se confondre. Rien n'y est plus frquent en effet que
les transitions entre le jardin fleuriste et le jardin paysager,
commeentre celui-ci et les parcs; rien de plus rare, au contraire, que les jardins dont le caractre est sans mlange. Au
surplus, Ces divers styles n'tant eux-mmes que de convention, il n'y a pas lieu de s'tonner s'ils se modifient avec
les temps et les lieux; comme tout ce qui est luxe, ils sont soumis aux fluctuations de la mode, des gots et des ncessits
sociales.
Le jardin paysager, entendu dans son sens le plus absolu,
admet tous lments d'ornementation dont il a t parl dans
les pages prcdentes, les fleurs, les grandes plantes ornementales
les arbustes et les arbrisseaux de toute taille, mme
les arbres de premire grandeur; il admet aussi les pices
d'eau, les rivires, les rocailles et les collines artificielles, les
labyrinthes, les kiosques et quelques uvres d'art. Toutefois,
ce qui en fait le caractre principal, dans les pays du Nord,
ce sont les grands gazons ou les pelouses avec les arbres
feuillage persistant, car ce qu'on veut obtenir ici avant tout
est une verdure perptuelle. C'est l, avons-nous dj dit,
le trait particulier du jardinage pittoresque anglais. La raison
en est qu'aucune autre contre de l'Europe ne s'y prte aussi
bien que l'Angleterre, o le sol trs-peu accident, la terre
fertile, et surtout la douceur d'un climat toujours humide,
sont minemment propres l'entretien de cette verdure. Le
genre anglais a t adopt dans presque toute l'Europe, mais
presque partout aussi il a fallu s'carter des rgles qu'il traait, parce qu'elles ne s'harmonisaient pas avec les lieux et les
climats. On s'en rapproche cependant encore en France et
en Allemagne, et cela d'autant plus que l'on y est plus rapproch de la zone maritime. Dans le midi et le centre de l'Europe, le jardinage pittoresque revt un tout autre caractre,
ainsi que nous le dirons plus loin.
Le jardin paysager anglais, dans sa forme la pluslmen-
taire, est en soi d'une grande simplicit. Un vaste tapis herbu
et verdoyant, contours plus ou moins accidents, mais que
l'il embrasse dans toute son tendue, en fait la pice principale. Sur ce tapis se dtachent et l, et surtout proximit
de l'habitation du matre, des massifs fleuris, en relief de quelques centimtres sur le plan gnral du terrain, qu'ils ne
doivent cependant pas dcouper en compartiments, car il
importe que la pelouse reste d'un seul tenant. A l'extrmit de
cette dernire, et sur ses cts, des bosquets d'arbustes
verts entre lesquels serpentent des alles sinueuses quelquefois une pice d'eau, calme et profonde, occupant un point
loign du jardin, mais dont les alentours ont t mnags
de manire ce qu'elle puisse tre vue de quelque point de
l'habitation. Les accidents du paysage extrieur compltent
souvent ce tableau. C'est tantt une colline boise, une rivire, un lac, quelquefois une chappe de vue sur la mer;
tantt un difice, une tour, une glise, qui se montrent dans le
lointain, un groupe d'habitations rustiques, etc. Dans la cration d'un jardin paysager on doit toujours tenir grand compte
de ces lments extrieurs, et la distribution en doit tre
calcule de manire les laisser voir sous leur jour le plus
favorable.
L'uniformit d'un sol absolument horizontal est agrablement rompue par des rocailles ou des collines artificielles.
Les rocailles ne sont pas des entassements dsordonns de
fragments deroches; ce sont de savantes structures, qui doivent
runir une forme pittoresque la solidit. Toutes les pierres
n'y conviennent pas galement; on n'y emploie que celles qui
et
sont anfractueuses ou au moins de formes irrgulires
d'un certain volume, et qui ne sont point sujettes se dliter
par les alternatives de l'humidit et de la gele. Ces pierres
sont assembles de manire laisser entre elles des vides,
qu'on remplit de terre ordinaire ou de terre de bruyre suivant les plantes qui doivent les occuper. Les rocailles peuvent
se dresser verticalement, de manire reprsenter les faces
abruptes des roches naturelles; plus ordinairement cependant on leur fait faire avec la verticale un angle de quelques
degrs. Cette inclinaison n'a rien d'absolu; mais il convient de
faire observer qu'une rocaille trop surbaisse et qui ressemblerait un tas de pierres serait fort disgracieuse. Quant
leur orientation, elle varie ncessairement suivant les circonstances et les dispositions du jardin; il est bon, dans tous
les cas, qu'elles aient une face peu prs dans la direction du
midi, et une autre dans celle du nord ce qui les rend plus
propres recevoir des plantes de tempraments diffrents.
Leur hauteur n'a rien non plus de dtermin
on ne peut
gure cependant leur donner moins de deux mtres au-dessus
du niveau gnral du terrain.
Trs-souvent les rocailles se combinent avec les collines artificielles, dont elles font le couronnement. Ces collines, qui
reoivent quelquefois les formes allonges et irrgulires d'une
petite chane de montagnes, avec ses pics isols, ses cols et
ses valles, consistent en un remblai plus ou moins considrable de graviers ou de pierres, qu'on recouvre de 30 50 centimtres deterre vgtale. S'ily a dj dans l'enceinte du parc un
relief du terrain, et surtout de terrain pierreux et de qualit
infrieure, on choisit ce point de prfrence tout autre pour
y btir la colline. Quelquefois cependant ce sont d'autres considrations qui en dterminent l'emplacement, comme par
exemple lorsqu'il s'agit de masquer la vue d'un certain ct,
ou d'lever une barrire contre les vents les plus dfavorables
dans la localit o l'on se trouve. Une colline artificielle de
sept huit mtres de hauteur perpendiculaire, avec des pentes
d'environ 45 degrs, et dirige de l'est l'ouest, de manire
prsenter un de ses versants au midi, peut devenir trs-utile
pour la culture de beaucoup de plantes qui craignent le froid
et l'humidit. Toute la surface doit d'ailleurs en tre plante
ou gazonne, afin qu'elle ne soit pas ravine par l'eau des
pluies. Le sommetpeut tre occup par des arbustes rustiques
feuilles persistantes (houx, chnes verts, ifs, etc.), qui ajoutent l'effet protecteur de la colline, ou par une ligne de rocailles, destines elles-mmes recevoir des plantes. Une
valle mnage exprs, et dispose de manire tre galement abrite contre les vents froids et l'ardeur du soleil, est
ordinairement rserve la culture des fougres et des autres
plantes amies de l'ombre et de l'humidit. Aucune autre disposition du terrain ne convient mieux ces plantes, qui prosprent toujours incomparablement mieux sur les, talus que
sur les sols tout fait plats.
C'est surtout en Angleterre que les rocailles et les collines
artificielles, sont usites dans la dcoration des jardins d'agrment, et il est peu de villas aristocratiques o l'on n'en voie
des chantillons plus ou moins russis, et servant pour la
plupart la culture des plantes alpines et des- fougres. On
cite particulirement comme des modles du genre la rocaille
du Colossum dans le Parc du Rgent (Regent's Park), celle
,
du jardin de Blenheim, prs de Londres, qui couvre prs d'un
demi-hectare de terrain, et surtout celle de Chatsworth, la
plus grande et la plus savamment construite qui existe au
monde, et qui est un des chefs-d'uvre d'architecture du clbre Paxton. Une autre construction du mme genre, encore digne d'intrt, est celle de la rsidence de lady Broughton, prs deChester, qui est cense reprsenter le mont Blanc
et la valle de Chamouny, et dont les sommits s'lvent 10
ou 11 mtres au-dessus du niveau du terrain. Il n'existe rien
de comparable ces grandes rocailles, ni en France ni mme
dans le reste de l'Europe; on peut ajouter que chez nous
elles seraient hors de proportion avec l'tendue qu'on consacre ordinairement aux jardins paysagers.
C'est aussi en Angleterre, pays d'arbustes et de verdure,
qu'on fait le plus frquent usage des labyrinthes tablis soit
sur un sol plat, soit plus ordinairement sur un tertre artificiel,
dont le sommet est occup par un belvdre. Ces labyrinthes,
dont on voit aussi quelques modles en France, o ils taient
assez communs dans les deux sicles derniers, sont des plantations d'arbustes en forme de haies, le long de sentiers sinueux,
tournanten spirale ou revenant plusieurs fois sur eux-mmes,
sans cependant s'entrecouper, de manire forcer les promeneurs parcourir toutes les sinuosits du mandre. On y
emploie ordinairement desarbustes feuilles persistantes, des
ifs principalement, que leur rusticit, leur paisse verdure
Fig. 3. Labyrinthe dessin par Claude Mollet, en 1653.
et leur docilit prendre toutes les formes rendent particulirement propres cet objet. La hauteur de cette haie varie
de 1m 1,50 mais on peut la laisser dpasser la hauteur d'un
homme. L'essentiel est qu'elle soit bien fournie, rgulire et
d'un aspect agrable. Si le labyrinthe est .plac sur un tertre,
la hauteur de la haie doit tre calcule de manire ne
point gner la vue du point culminant, qui est la fois le but
de la promenade et un lieu de repos. Les alles sinueuses
travers les massifs ordinaires ou les taillis d'un jardin paysager reprsentent jusqu' un certain point ce genre de dcoration.
beaucoup plus commun chez nous que les labyrinthes, ce sont les berceauxetles tonnelles, ce qui s'explique
par ce fait que la France tant plus riche en soleil que l'Angleterre, on. y prouve davantage le besoin de s'abriter contre
ses rayons. Dans le midi, plus particulirement, il est peu de
jardins, mme parmi les plus plbiens et les plus troits, qui
n'aient un berceau construit tant bien que mal et couvert par
les sarments de la vigne. Des poteaux, plants de distance en
distance, sur deux rangs parallles, le long d'une alle, ou
sur une seule ligne paralllement un mur, servent de soutien
un treillis de lattes, qui suprieurement se courbe envote,
en s'appuyant sur des cerceaux. D'autres fois c'est un simple
cabinet de verdure ou un kiosque en treillis, isol dans un
coin du jardin, et sur lequel on fait grimper diverses plantes
fleurissantes. Le plus souvent ces structures "Construites sans
art, en mauvais bois et mal entretenues, se dforment ou tombent en ruine au bout de peu d'annes mais elles n'en seraient pas moins un trs-grand agrment des jardins mridionaux si on leur donnait les soins qu'elles mritent et qu'on
les couvrt de plantes vraiment ornementales. Les clbres
pergoles de l'Italie ne sont autre chose que des berceaux plus
artistement construits et bien entretenus. C'est aussi dans ce
genre d'ornementation qu'on doit classer les treillis appliqus
sur des murs, les colonnes des portiques et des galeries, et
enfin les cages et charpentes treillages, destines, comme
ces dernires, fournir un point d'appui aux plantes grimpantes.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, le jardinage pittoresque a d se modifier en passant de l'Angleterre sur le continent, et il s'est d'autant plus compliqu ou, si l'on veut,
d'autant plus rapproch du jardinage ordinaire, que l'espace
s'est plus resserr devant lui. La pice de gazon s'est rtrcie;
les parterres fleuris et les grandes plantes ornementales ont
conquis le terrain que cette dernire perdait; les arbustes
et les arbres s'y sont multiplis en nombre et en espces, et il
est telle de ces petites crations de fantaisie qui n'est gure
remarquable que par la varit de ses plantations, et qu'on
Ce qui est
pourrait presque aussi bien considrer comme une collection
botanique que comme un jardin paysager. Au fond, l'un
n'exclut pas l'autre; le jardinage d'agrment peut revtir les
caractres les plus varis, et puisque son but est d'offrirdes
distractions on ne voit pas pourquoi le propritaire ne le disposerait pas suivant ses gots particuliers.
L o le sol est en plaine, le dessin des jardins pittoresques
est peu compliqu, et quoiqu'on ait cherch levarier de
mille manires, il se trouve en dfinitive que sous ce rappOrt
tous ces jardins diffrent fort peu l'un de l'autre. Ce qui en
fait les principales diffrences, ce sont bien plus les difices
les plantations et les autres accessoires, que la distribution
intrieure. Le lecteur trouvera dans les ouvrages des jardiniers paysagistes de nombreux modles de cette distribution;
il nous suffira ici d'en donner un (fig. 4) que nous devons
l'obligeance d'un de nos plus habiles paysagistes, M. BarilletDeschamps, directeur des plantations de la ville de Paris.
Nous ferons observer que ce plan reprsente un jardin paysager d'une moyenne contenance, par exemple de deux
quatre hectares; mais il peut donner une ide de jardins beaucoup plus grands, attendu que ceux-ci ne diffrent ordinairement des plus petits que par la rptition des mmes
dtails.
Dans un pays accident, o le sol se relve en collines plus
ou moins hautes, plus ou moins escarpes, le jardinage pittoresque est susceptible de bien plus de varit que dans un
pays de plaine. La nature y est plus riche et offre des aspects
plus divers. Mais par cela mme le site demandera un choix
plus scrupuleux que dans le premier cas. A moins d'impossibilit absolue, on devra tablir le jardin mi-cte, sur une
pente douce, faisant peu prs face au midi on vitera avec
un gal soin le fond des valles, froid et humide, et o la vue
est toujours borde, et les pentes septentrionales, cause de
leur mauvaise exposition. Les btiments d'habitation occuperont naturellement le point le plus lev du domaine, afin
que de leurs fentres ou de leurs terrasses la vue puisse s'tendre sur toutes les plantations d'alentour. Enfin, si, par
'*
Fig.
IMandejardinpaysagermoderne,donneparM.Barillot-D'-schamps.
un heureux hasard, de beaux lointains se montraient en perspective, l'habitation devrait tre oriente de manire les
mettre profit pour l'agrment gnral.
La distribution intrieure d'unjardin sur la pente d'une
colline ne saurait tre exactement la mme que celle d'un
jardin en plaine; elle est cependant subordonne la mme
loi gnrale, celle de disposer les objets de la manire la plus
favorable au coup d'il. Si la nature du sol et le climat le
comportent, et surtout si on peut disposer d'un ruisseaupour
l'irrigation, on peut y tablir de trs-belles pelouses gazon travers lesquelles on fera circuler l'eau par des rigoles
nes
diriges transversalement. Les alles et les sentiers devraient
tre tracs dans le mme sens, si la pente avait trop de roideur, et cela non-seulement pour rendre la marche plus
commode, mais aussi pour empcher qu'ils ne soient ravins
par l'eau des pluies. Cette disposition du terrain est particulirement favorable aux cultures arbustives; et si l'exposition
a t bien choisie qu'elle soit l'abri des vents du nord on
pourra y lever avec succs un bien plus grand nombre d'arbres et autres vgtaux prennants que dans une plaine, dont
le climat serait peu prs le mme. C'est surtout dans la rgion mridionale qu'on voit de ces jardins adosss aux flancs
des collines. Quoique tous ne soient pas beaucoup prs des
modles de got, il en est plusieurs cependant qui mettent
dans toute son vidence l'avantage de cette disposition du
terrain pour le jardinage paysager.
Les parcs ne sont autre chose que des jardins pittoresques.
mais sur une chelle plus grandiose. Un grand dveloppement
aussi supposent-ils
de l'espace est leur condition premire
toujours chez leurs propritaires des fortunes considrables.
Peu nombreux en France, ils le sont davantage en Angleterre
et dans le nord de l'Allemagne, o ils sont d'ailleurs le privilge des familles princires et de l'aristocratie. De mme
qu'une villa modeste, quoique lgante, correspond au
jardin paysager bourgeois, de mme ici c'est le chteau avec
ses dpendances qui fait le couronnement de ces rsidences
seigneuriales. De vastes pelouses, des prairies, de grands ar-
bres isols, des bosquets ou mme des bois de haute futaie,
des tangs, des rivires, des habitations rustiques, des chalets, habilement jets sur cet ensemble, lui donnent souvent
plus de varit qu'on n'en trouverait dans un paysage naturel
dix fois plus tendu. Le tableau s'anime encore lorsqu'on y
ajoute les accessoires tirs de la nature vivante, des animaux
quadrupdes, tels que chevreuils, cerfs, daims et autres ruminants, ou des oiseaux indignes et exotiques. Ce ct du
jardinage pittoresque est fort peu compris en France, mais il
est de rgle dans les grandes proprits de l'aristocratie anglaise. L, non-seulement les animaux de luxe sont considrs
comme une partie essentielle de l'embellissement du paysage,
mais les animaux sauvages eux-mmes y sont apprcis sous
ce rapport. Beaucoup de parcs anglais ont leur rookery (1),
bosquet ou bois spcialement rserv aux corneilles et autres
grands oiseaux qui y nichent et s'y multiplient depuis des
sicles; tous ont des massifs d'arbustes qui sont la retraiteinviolable des petits oiseaux. On a peine s'expliquer que de ce
ct du dtroit on soit si peu sensible aux charmes de cette
nature anime, si faciles cependant obtenir, et si propres
donner de la vie au paysage.
Dans le midi de l'Europe, dans la rgion mditerranenne
en particulier, ainsi que nous l'avons dj dit, le sol plus accident, et surtout le climat chaud et sec, ne permettent
pas de reproduire servilement le jardinage des pays du Nord.
Les gazons y sont pour ainsi dire inconnus
tout au plus
y rencontre-t-on de loin en loin de maigres pelouses laisses
sans arrosage et dvores par le soleil. C'est l certainement
une erreur de l'horticulture locale, car partout o les irrigations sont possibles on pourrait obtenir de belles pices
gazonnes; non plus, il est vrai, avec les gramens du Nord,
tendres et avides d'eau, mais avec ceux du pays, de verdure
moins vive, mais bien plus rsistants aux ardeurs solaires et
la scheresse. Parmi ces espces, nous devons signaler par-
mot n'a pas d'quivalent en franais, parce que la chose qu'il dsigne y
est inconnue; nanmoins, on pourrait le traduire par corneillre.
(1) Ce
ticulirement la ftuque glauque (Festuca glauca), au feuillage
dli et formant des touffes paisses, d'une charmante verdure grise, o l'on distingue mme des tons bleutres. Il n'est
pas douteux qu'avec quelque prparation du sol, avec les arrosages et les autres soins qu'on donne aux gazons dans le
Nord, on ne pt en obtenir des pelouses du plus grand effet.
Nous appelons sur ce point toute l'attention des horticulteurs
mridionaux.
Plus que dans le Nord, l'ombrage est ncessaire dans les
jardins pittoresques du Midi aussi les arbres et les arbustes,
principalement feuilles persistantes, y sont-ils multiplis.
Ils ont le grand avantage d'y rsister beaucoup mieux la scheresse du climat que ne le feraient les plantes seulement
herbaces. Quelles que soient d'ailleurs celles que l'on adopte,
il est presque indispensable de les arroser par irrigation
et
trs-copieusement, des priodes plus ou moins rapproches.
On ne se dispense de ce soin que pour les arbres tout fait
grands
encore y en a-t-il, le dattier par exemple, qui vgteraient mal s'ils n'taient pas arross. Ncessaire dans les
jardins de toute la France, l'eau l'est surtout dans ceux de la
rgion mridionale; avec elle il n'est presque pas de culture
d'agrment adopte dans le nord qui ne puisse aussi bien ou
mieux encore russir dans le midi.
Un autre genre de jardinage pittoresque, dont nous n'avons rien dit jusqu'ici, est celui qu'on dsigne sous le nom
latin d'arboretum. et qui n'embrasse que la culture des arbres
et des arbrisseaux. Les arboretums ne sont pas proprement
parler des bosquets; ces derniers., qui sont, comme leur
nom l'indique, de simples bouquets de bois, ou, si l'on aime
mieux, des bois en diminutif, ne contiennent d'ordinaire qu'un
trs-petit nombre d'essences, souvent mme qu'une seule les
arboretums, au contraire, sont des collections d'espces diffrentes
quelquefois runies dans un but scientifique, et ils
sont rputs d'autant plus riches qu'ils en contiennent un plus
grand nombre, tant indignes qu'exotiques. Il y a mme des
spcialits dans ce genre d'arboriculture; ainsi on voit des
arboretums entirement composs d'espces feuilles cadu-
ques, d'autres d'espces feuilles persistantes; d'autres encore sont exclusivement consacrs aux arbres de la famille des
conifres, ou celle des amentaces, etc. Enfin, il y a des amateurs qui s'attachent ne runir dans leurs collections que les
arbres de telle ou telle rgion du globe, ou ceux auxquels conviennent certaines particularits de sol ou de climat, comme
parexemple la nombreuse tribu des arbres et arbustes de terre
de bruyre (1). En un mot, on voit se reproduire dans cette
branche de la culture toutes les diversits de got qu'on observe dans celle des simples plantes d'ornement. Nous avons
en France quelques arboretums d'un certain renom, ceux par
exemple que nous avons cits dans le chapitre prcdent;
mais ils sont beaucoup plus nombreux et plus tendus, sinon plus riches, en Angleterre, et cela sans doute parce que
la lgislation du pays en assure plus longtemps la conservation dans les mmes familles.
On doit rattacher encore au jardinage pittoresque toutes les
plantations urbaines, les promenades publiques, les avenues
boises, les squares convertis en jardins de nos grandes villes,
les plantations dans les cimetires, le long des routes et des
voies ferres, etc. Chacune de ces spcialits est assujettie des
rgles qui varient beaucoup, suivant les climats et plus encore
suivant les gots et les usages locaux. Beaucoup de villes en
France, mme de peu d'importance, se distinguent par de
belles plantations d'arbres
dans le nord ce sont des marronniers ou des tilleuls, moins communment des ormes, des
rables ou d'autres essences; dans le midi ce sont des platanes,
qui y acquirent d'normes proportions, des micocouliers, des
ormes, des pins d'Alep, des mriers papier, et, l o le climat
le permet, des orangers, des citronniers, des dattiers, des
rythrines, etc. Ces plantations, si importantes pour l'embellissement et l'assainissement des villes, sont gnralement
En Angleterre on donne le nom particulier de shrubbery du mot shrub,
buisson aux collections qui ne contiennent que des arbustes et des arbrisseaux.
Nous n'avons pas de mot quivalent en franais, mais on pourrait le traduire par
arbusterie, ou mieux encore par frutetum, dont la signification, en latin, est
exactement celle du mot anglais.
(1)
encourages et protges par les autorits locales; nanmoins,
elles sont susceptibles encore de beaucoup d'amliorations.
La culture des chemins de fer, c'est--dire l'utilisation des
espaces laisss vacants le long de la voie, en est encore la priode des ttonnements et des essais, ce qu'expliquent les accidents de terrain qui s'y prsentent chaque pas. Tantt la
voie est en relief sur le niveau gnral du pays environnant, et
il faut en consolider le remblai par des vgtaux qui puissent
s'y accommoder de la nature trs-variable de ce sol; tantt
elle descend au fond de tranches, dont il faut contenir les
boulis ou empcher le ravinement, et l encore le choix des
plantes est difficile et incertain. Ailleurs ce sont des flaques
d'eau dormante, qui deviennent autant de marcages insalubres
lorsqu'elles se sont remplies de vgtations, et qu'il s'agirait
d'utiliser, mais qu'il vaudraitencore mieux faire disparatre.
Enfin, il y a aux diffrentes stations plus ou moins de terre
inoccupe, et que les employs des voies de fer ont dj pour
la plupart converties en jardinets et en parterres, bien plus,
il est vrai, pour leur propre distraction que pour l'agrment
des voyageurs. Beaucoup de choses ont dj t dites et crites
sur ce sujet; nous n'avons pas les rappeler ici, mais nous ferons observer que l'tat actuel des voies ferres demande
encore de grandes amliorations sous ce rapport, et que leurs
plantations, mme considres au seul point de vue de l'embellissement dela voie, sont un sujet digne de toute l'attention des administrateurs.
Le mode et la nature des plantations dans les cimetires
sont dtermins par des rglements ou des usages auxquels
il n'y a rien changer. La gravit du lieu devrait en exclure
la culture desfleurs; cependant en beaucoup d'endroits l'usage s'est tabli de dresser de petits parterres sur les spultures. Les seuls arbres qui soient ici leur place, et qu'une
longue tradition a consacrs, sont les sapins du Nord, l'pica lecyprs, l'ifet quelques autres conifres verdure sombre
et perptuelle. On doit regarder comme un contresens et une
erreur d'esthtique l'introduction dans les cimetires d'arbres
feuilles caduques ou d'une verdure gaie, plus forte raison
d'arbres et d'arbustes fleurissants, en un mot, de toutes les
plantes qui rappellent l'esprit des ides contraires aux sentiments que la vue des tombeaux doit inspirer.
Dans les pages qui prcdent nous n'avons fait qu'effleurer
les principes de l'art jardinique, et nous avons mme pass
sous silence bien des oprations qui, sans en faire partie directement, s'y rattachentcependant par quelque ct, comme
l'arpentage et le nivellement des terres, le trac des figures
surle terrain, la construction des pices d'hydraulique, et
plus forte raison celle des difices, habitations et btiments de
tousgenres, dont le jardin et le parc ne sont, aprs tout, que le
complment; mais ces divers sujets sont si vastes et si spciaux
qu'ilnous et timpossible de les traiter ici, mme superficiellement. C'est l'amateur d'y suppler par son esprit inventif, par l'imitation de ce qu'il aura vu dans d'autres jardins et,
au besoin, par les conseils et l'exprience d'un architecte
paysagiste. Tant qu'il ne s'agit que de jardins privs d'une
mdiocre tendue, l'imagination du propritaire peut s'y
donner carrire sans grand inconvnient mais il n'en saurait
tre de mme lorsqu'il est question de tracer les jardins publics ou les parcs des rsidences princires ici, de toute ncessit, il faut l'intervention d'un homme de l'art (1).
Pour ceux des lecteurs qui voudraient tudier l'histoire du jardinage dans
les temps modernes et prendre une connaissance plus approfondie de l'architectonique horticole, nous indiquerons les sources suivantes
1 Petri Laurenbergii horticultura, etc.; trait de jardinage en latin, par Pierre
Laurenberg; un volume in-8, Francfort-sur-Mein, 1654. Planches dans le texte.
2* La Thorie et la Pratique du jardinage, avec un trait d'hydraulique conve.
,
nable aux jardins, par Leblond; grand in-8, Paris, 1722. Autre dition, petit infolio, date de 1747. Cet ouvrage est une vritableencyclopdie horticole,
plus
complte qui ait paru au sicle dernier. Beaucoup de planches explicatives sont
intercales dans le texte.
3 Plans des plus beaux jardins pittoresques de France, d'Angleterre et d'Allemagne, par J.-Ch. Krafft deux volumes in-folio, rdigs en franais, en anglais
et en allemand Paris, 1809 et 1810. On y trouve un grand nombre de figures reprsentant des parcs et des jardins paysagers. Un volume est presque entirement
consacr l'architecture rustique.
4 Encyclopdia of gardening, Landscape gardening, etc. Encyclopdie gnrale d'horticulture, par Loudon ; Londres, 1835. Ouvrage trs-classique en Angleterre, et qui traite de toutes les branches du jardinage un trs-fort volume petit
(1)
la
in-8, avec de nombreuses ligures dans le texte. On regrette que le dessin de ces
ligures soit un peu incorrect.
Londres, 1853. Vritable Ency5 The Book of the garden, par Ch. Mac-Intosh
clopdie du jardinage, en deux forts volumes grand in-8. Le premier est entirement consacr l'architecture horticole, telle que la construction des serres et
des orangeries, le trac des parcs et des jardins, etc. Cet ouvrage est un tableau
fidle de l'horticulture anglaise au dix-neuvime sicle; mais les rgles qu'il trace
ne sont qu'en partie applicables au jardinage franais.
6 Siebeck, Jardins paysagers; allas de 24 plans, avec leur explication. 1858;
Paris, Rothschild diteur.
CHAPITRE TROISIME.
PLANTES DE COLLECTION SERVANT A LA DCORATION DES PARTERRES.
1er. Les rosiers.
La rose, cultive depuis les temps les plus anciens, et clbre par les potes de toutes les nations, la rose est encore
aujourd'hui la fleur de prdilection de nos jardins. On conoit
peine un parterre sans rosiers mais il existe des parterres
exclusivement plants de ces arbustes, et qui reoivent, pour
cette raison, le nom spcial de roseraies. Certaines espces de
rosiers ont pass dans le domaine de l'industrie, et sont principalement cultives, au moins dans quelques pays, pour
fournir des essences la parfumerie.
Le genre rosier (Rosa des botanistes est le type le plus
parfait de la famille des rosaces (1). Ses caractres sont un
calice de cinq folioles, simples ou composes, insres au
sommet d'un tube calicinal pyriforme ou sphrique, qui n'est
que la dilatation du sommet du pdoncule (2) une corolle
normalement de cinq ptales alternant avec les pices du
calice, mais trs-susceptible de devenir double, multiple ou
pleine par transformation des tamines en ptales; destamines en nombre indtermin (souvent plus de cent), insres
sur le pourtour intrieur du rceptable, au-dessous des ptales; enfin descarpelles plus ou moins nombreuses (de 60
la
I,
Voir tome
page302etsuivantes.
(2) Voir, pour la structure des fruits infres, ce que pous avons dit dans le
1er volume, p. 81.
(1)
suivant les espces), uniovules, insres au fond etsur les parois
du tube calicinal, et dont les styles, libres ou adhrents entre
eux, se terminent par autant de stigmates, un peu au-dessus
de l'orifice du tube. Ces carpelles, lorsqu'elles sont fcondes,
se convertissent en noyaux ou ossicules monospermes, trsanalogues celles de la nfle et de l'aubpine. Le fruit total
du rosier, comprenant le tube du calice accru et charnu et
les ossicules qui y sont renferms, a une structure organique trs-analogue celle des fruits infres des pomaces.
Tous les rosiers sont des arbustes lignux et vivaces, la plupart drageonnant du pied, feuilles composes, sauf dans
une seule espce, que, pour ce fait, quelques botanistes ont
retire du genre. Un trs-grand nombre constituent des
buissons dresss, de 1 3 mtres, quelquefois plus; d'autres
sont sarmenteux, et grimpent plusieurs mtres de hauteur
sur les broussailles ou les arbres. Dans la plupart les feuilles
sont caduques, mais quelques-uns les conservent fort avant
classe des vgdans l'hiver, et, par l, se rangent dans
taux feuilles persistantes.
Les fleurs des rosiers, si on les examine dans la longue srie
des espces et de leurs varits, offrent tous les tons de coloris, depuis le blanc pur jusqu'au pourpre noir, en passant par
l'incarnat, le rose, le lilas, le pourpre clair; aucune espce ne
les a d'un rouge absolu, quoique quelques-unes en approchent
plus forte raisonn'yen a-t-ilpoint o elles soientbleues, mme
au plus lger degr, et il n'est nullement vraisemblable que
la culture en fasse jamais natre de cette couleur. Par une sorte
de compensation, plusieurs espces de rosiers ont les fleurs
jaunes, mme d'un jaune trs-vif, et, soit par simple variation, soit par croisement avec des espces autrement colores,
cette teinte passe quelquefois la couleur mordore ou saumone, alliage du jaune et du pourpre dans des proportions
trs-diverses. Un autre mode de variation du coloris, mais
qui est assez rare dans le genre, est la panachure des fleurs.
On connat quelques roses bicolores, qui sont trs-nettement
panaches de lilas ou de carmin et de blanc; les roses jaunes
n'ont encore offert rien de semblable.
la
Une proprit trs-importante des roses dans la plupart des
espces, si ce n'est mme dans toutes, est de doubler, par
transformation de leurs tamines en ptales. A l'tat sauvage elles sont gnralement simples, rarement prsententelles un double rang de ptales; mais lorsqu'elles sont assujetties la culture, et qu'un sol naturellement fertile ou
amlior par des engrais leur fournit une alimentation plus
substantielle que leur temprament ne le comporte, rien n'est
plus frquent que de voir se produire ce genre de monstruosit. Dans la plupart des cas la transformation des tamines
est partielle quelquefois aussi elle est totale, et alors les
fleurs deviennent striles, moins qu'elles ne soient fcondes par un pollen tranger, car la disparition de leurs tamines
n'entrane pas ncessairement celle de leurs ovaires. Suivant
le degr de cette transformation, on dit des roses qu'elles
sont semi-doubles, doubles, pleines ou trs-pleines. Dans les
ides rgnantes, on considre en gnral les roses doubles ou
pleines comme suprieures en beaut aux roses semi-doubles,
-et surtout aux roses simples.
On connat aujourd'hui plus de cent espces botaniques
du genre rosier, appartenant toutes l'hmisphre boral,
qu'elles occupent depuis le Kamtchatka et le Japon jusqu'aux
ctes occidentales de l'Europe. On en trouve aussi quelquesunes dans l'Amrique du Nord, principalement dans la moiti
orientale du continent. Aucune espce ne descend, au midi,
jusqu' l'quateur; et il en est mme trs-peu qui, dans ce
sens, dpassent le 25e degr. Toutes sont rustiques dans le
midi de l'Europe; quelques-unes seulement sont exposes
prir de froid dans les hivers rigoureux, sous les latitudes
du nord de la France.
Dans ce genre si homogne, si nettement caractris, les
formes spcifiques, ou supposes telles, sont au contraire si
voisines les unes des autres et en mme temps si variables
que leur dtermination a toujours t l'cueil des botanistes.
Malgr les plus grands efforts, on en est encore discuter sur
les limites des groupes spcifiques et sur les caractres qu'il
convient de leur assigner. De l une extrme confusion dans
cette partie de la flore, l'incertitude de la nomenclature et
du nombre des espces, qui est tantt plus grand, tantt plus
resserr, suivant la manire de voir des diffrents auteurs.
Mais cette confusion n'est rien ct de celle qu'ont fait
natre les horticulteurs, chez qui les semis et les croisements
entre espces ou varits ont fait natre par milliers des
formes intermdiaires, runissant tous les genres de modification dont ces vgtaux sont susceptibles. C'est peine si
dans ce chaos, dont l'obscurit s'accrot d'anne en anne, il
est possible de reconnatre les premiers types spcifiques. Il
suffit de jeter les yeux sur les catalogues des rosistes les plus
en renom pour reconnatre que les groupes dans lesquels ils
rpartissent leurs espces et leurs varits sont pour la plupart des agrgations arbitraires, sans caractres gnraux
comme sans prcision; fcheux, mais invitable rsultat de
l'incurie avec laquelle ont procd tous ceux qui,en France
et ailleurs, se sont adonns la multiplication des rosiers.
Dans aucun genre de plantes il n'est question d'hybrides
autant que dans celui-ci. Les ppiniristes en enregistrent
tous les ans de nouveaux, et aujourd'hui on compterait facilement plus de mille varits de rosiers auxquelles on attribue cette origine, mais presque toujours sans qu'on puisse
en fournir la preuve. Quelques auteurs, entre autres Loiseleur-Deslongschamps, frapps de ce manque total de constatations positives, ont ni ou du moins fortement mis en
doute la facult que les rosiers auraient de se croiser les uns
avec les autres mais telle n'est point notre opinion personnelle. Malgr le dsordre avec lequel ont t conduites les
oprations des ppiniristes, nous regardons comme certaine
l'hybridit d'un trs-grand nombre de formes nouvelles issues
de la culture, bien que leur parent ne soit que souponne
ou mme totalement inconnue. Il ne faut pas oublier, en effet,
que les rosiers se trouvent dans les conditions physiologiques
les plus favorables pour le croisement; les espces y sont nombreuses, variables, voisines les unes des autres par leur structure organique comme par le port et le mode de vgtation;
leurs fleurs sont grandes, largement ouvertes, richement pour-
d'tamines et de pollen, vivement colores et presque
toujours trs-odorantes, toutes conditions qui y appellent nergiquement les insectes mellifres et autres, dont le rle, dans la
tfcondation des plantes, est si bien tabli aujourd'hui. Si l'on
en outre que nombre d'hybrides entre espces peu
loignessont trs-fertiles, soit par leur propre pollen, soit par
celuide leurs ascendants
!
ou mme par celui d'autres espces
pu varits hybrides que de plus la postrit des hybrides
fertilespar eux-mmes n'a point d'uniformit, on n'aura au s'expliquer cette profusion de varits de rosiers,
pesdes semis, qui dfient toute classification. Ce serait
lift beau et intressant sujet d'tude
que de rechercher, par
voieexprimentale, l'origine de ces varits mais ce serait en
mme temps un travail long et difficile, qu'il n'est pas protoable qu'un horticulteur de profession entreprenne jamais.
Lelecteurnedoitpass'attendreceque nousdroulionssous
ses yeux l'interminable liste des races et varits de rosiers
qu'on trouve mentionnes dans les livres, dj trs-nombreux,
qui ont trait de la matire, ainsi que dans les catalogues des
horticulteurs. Cesujet nous entranerait beaucouptrop loin, et
ne serait aprs tout d'aucune utilit, parce que ces races et ces
varits sont journellement remplaces par de plus nouvelles.
Nousnous bornerons indiquer, avec les principales espces
du genre, les varits les plus recommandables qui ensont sorties, renvoyant aux auteurs les plus accrdits sur la matire
ceux des lecteurs auxquels notre expos ne suffirait pas(1).
elle
peine
Dans le grand nombre d'crits et de monographies dont les rosiers ont t
l'objet, nous ne pouvons gure conseiller que la lecture des suivants
Guillemeau. Histoire naturelle de la rose. In-12, Paris, 1800.
Lawrence (Miss Mary). A collection
Roses from nature. Londres; in-fol.,
(1)
of
1780-1810.
Desvaux ( N.-A. ). Observations critiques sur les espces de rosiers propres au
sol de laFrance, fataleJournaldeBotanique applique,tom. II, p. 104. Paris, 1813.
Pronville (Auguste). Nomenclature des espces, varits et sous-varits remarquables du genre rosier, dans les Annales de l'Agriculture franaise, Ire srie
1814. Travail rimprim, avecadditions, en un volume in-8; Paris, 1818.
Thory ( Cl.-Ant.). Prodrome de la monographie des espces et varits connues
du genre Rosier, etc.; vol. in-8, Paris, 1820.
Redout ( P.-J. ) et Thory Cl.-Ant. ). Les Roses magnifique album de dessins
Espces et varits de rosiers.
Ainsi que nous l'avons dit tout l'heure, les plus grandes incertitudes rgnent encore sur la dlimitation des espces botaniques de rosiers. Telle forme qui est considre par un mo-
nographe comme une bonne espce n'est pour un autre qu'une
simple varit. Dans le recensement que nous allons en faire
nous ne pourrons donc qu'exposer des opinions, en ayant soin
cependant de nous ranger du ct de celles qui nous paratront
les plus probables. Nous ne pensons pas pouvoir prendre en ceci
un meilleur guide que la monographie du Dr Lindley, ouvrage
datant dj de plus de quarante ans, mais auquel les travaux postrieurs des botanistes n'ont peu prs rien ajout.
Pour M. Lindley, les rosiers se rpartissent en onze tribus,
en gnral assez naturelles, quelquefois aussi ne diffrant que
par des nuances peu sensibles; ce sont
1 Les rosiers froces (Ros feroces), buissonsde 1
2 mtres, rameaux hrisss d'aiguillons trs-serrs, feuilles
caduques, dont les fruits, d'abord couverts de duvet, s'end-
coloris d'aprs nature, en 30 livraisons, formant 3 vol. in-folio et in-4, avec texte.
Paris, 1815-1824. Troisime dition du mme ouvrage, in-8, publie en 1828et
annes suivantes, sous la direction de Pirolle.
z
Loiseleur-Deslongschamps.Description des principales espces de rosiers, etc.,
publie dans le Nouveau-Duhamel, tom. VII. Paris, 1817.
Vibert (J.-B.). Essai sur les roses. Ouvrage paru en 4 livraisons, formant un
volume in-8. Paris, 1824; rimprim avec additions en 1831.
Desportes (N. Rosetum gallicum. numration mthodique des espces et vain-8. Le Mans, 1828.
rits du genre rosier (au nombre de 2,562
Prvost (de Rouen). Catalogue descriptif, mthodique et raisonn des espces
et varits du genre rosier, in-8. Rouen, 1829.
Boitard. Manuel complet de l'amateur de roses, leur monographie, etc., 1 vol,
in-18. Paris, 1836.
Chenet. La rose chez les diffrents peuples anciens et modernes. Paris, 1838.
Loiseleur-Deslongschamps. La rose, son histoire, sa culture et sa posie, 1 vol.
in-8, avec 8 planches. Paris, 1844.
Andrews H-C.
Roses, or a monography of the genus Rosa, etc., 1 vol., petit
in-folio, avec des planches colories. Londres, 1805.
Lindley (John). Rosarum monographia, or a botanical history of Roses. vol.
in-8, avec planches colories. Londres, 1820.
William Paul. The Rose garden, etc. Classification, description et culture des
roses cultives en Angleterre ; 1 vol. petit in-8, avec gravures dans le texte Londres, 1863.
).
( ).
),
pouillent entirement la maturit. Ce groupe ne renferme
que les deux espces suivantes
du Caucase,
Le rosier froce proprement dit Rosa ferox
rameaux tomenteux, hrisss d'aiguillons si serrs et si aigus
que l'arbuste en a pris le nom de Rose hrisson ( Hedge hog des
Anglais). Les feuilles ont de 5 9 folioles elliptiques, dentes et glabres en dessus. Les fleurs sont grandes, solitaires,
d'unbeaurose pourpre, prcoces mais peu odorantes. On n'en
signale encore aucune varit double.
de l'extrmit
Le rosier du Kamtchatka (R. kamtchatica
orientale de l'Asie. Trs-peu diffrent du prcdent et presque
aussi pineux, mais avec cette particularit que ses aiguillons
tombent en vieillissant. Ses fleurs sont d'un rouge fonc et
solitaires. On n'en connat non plus aucune varit double.
Ces deux rosiers conviennent particulirement pour tre
plants en massifs dans les jardins paysagers et les haies.
buissons
2 Les rosiers involucrs (Rosoe bracteat
trs-touffus, de 1 2 mtres, qui se distinguent aisment de
tous les autres rosiers leurs bractes florales et au duvet pais
et persistant qui couvre leurs ovaires et leurs fruits. On n'en
connat que deux espces, toutes deux de l'Asie centrale et
orientale, et qui diffrent assez peu pour qu'on puisse les confondre en une seule ce sont
Le rosier desmarais(R. palustris), du Npaul et de la
Chine, o il habite les marais. Ses fleurs sont solitaires, blanches et entoures d'un involucre de 3 4 folioles bractiformes.
Lerosierbractol(R. bracteata), charmant arbuste de l'Inde
et de la Chine mridionale, feuillage obovale-arrondi, ferme,
persistant et luisant; fleurs blanches, solitaires, presque sessiles, entoures de8 10bractes pectines et soyeuses. On dit
que c'est d'un semis de cette espce qu'est sortie la belle rose
Macartney, fleur pleine et d'un blanc pur, qui est plus cultive en Angleterre que chez nous. On lui attribue de mme
deux autres roses dj anciennes et cependant recommandables, Alba odorata, fleur grande, pleine, blanche et centre
jauntre, et Maria Leonida, varit grimpante fleur blanche,
et qui probablement se rattache une autre espce.
),
),
),
A la suite du rosier bractol vient se ranger assez naturellement le rosier microphylle (R. microphylla
qui ressemble,
),
rosier de Macartney. C'est
par plus d'un ct, au
un petit buisson compacte, d'une belle verdure, rameaux grles, flexueux,
arms d'aiguillons prs de l'insertion des ptioles. Les feuilles
ont de 5 9 folioles trs-petites, luisantes, ovales-arrondies,
parfaitement glabres et finement dentes. Les fleurs sont solitaires, trs-doubles, roses ou carmin ple. Le calice est recouvert en entier d'aiguillons fins et serrs, caractre qui
manque aux autres espces du groupe, et qui est peut-tre
suffisant pour en sparer celle-ci comme groupe distinct.
Ce joli rosier est de la Chine et des montagnes septentrionales de l'Inde, d'o il a t rapport en Angleterre la fin
du sicle dernier. On lui attribue deux ou trois varits assez
communes dans les jardins la Rose pourpre ancienne, trspleine et de couleur carmin fonc, et la Rose triomphe de Macheteaux, trs-pleine, blanche, avec un refletros. On rattache
encore au groupe des rosiers involucrs le rosier feuillespenches Rosa clinophylla), d'o est sorti, par hybridation avec
le rosier feuilles simples, le rosier de Hardy, fleurs jaunes,
macules de pourpre la base des ptales, devenu trs-rare
aujourd'hui.
Le rosier bractol et le rosier microphylle craignent un
peu le froid sous le climat du nord de la France, et veulent tre
abrits au moment des grandes geles. Le rosier de Macartney
lui-mme russit beaucoup mieux dans l'ouest et le midi de
la France que dans le nord.
3 Les rosiers cannelles (Ros cinnamome),arbustes ou
buissons de taille variable, propres l'Europe, l'Asie occidentale et l'Amrique du Nord. Les folioles de leurs feuilles sont
en gnral longues etlancoles, surtout dans les espces amricaines les fleurs, de grandeur moyenne, sont rose carmin,
en corymbes, rarement solitaires les fruits, peu prs sphriques, perdent ordinairement leurs folioles calicinales au
moment de la maturit. Dans ce groupe nous distinguerons
Le rosier Cannelleproprement dit (Rosa cinnamomea), arbuste
d'Europe, principalementdes rgions montagneuses du midi,
s'levant 3 mtres ou plus, sur une tige qui peut dpasser la
grosseur du bras. Ses aiguillons, presque droits, sont runis
par paires un peu au-dessous de l'insertion des ptioles. Les
feuillesont ordinairement 5 folioles oblongues, d'un vert gris
en dessus, glauques en dessous. Les fleurs, de couleur lilas ou
carmin trs-ple, sont solitaires ou runies au nombre de 2 ou
3 sur un mme pdoncule. Ce rosier, depuis longtemps cultiv, a donn naissance quelques varits simples ou
doubles, parmi lesquelles on doit citer la Rose du Saint-Sacrement, qu'on trouve encore dans quelques jardins.
Le rosier de mai (R. maialis), petit arbuste du nord de l'Europe, haut de 1 mtre environ, aiguillons faibles, pars ou
runis par paires la hauteur de l'insertion des ptioles. Les
feuilles ont ordinairement
folioles ovales ou obovales, quelque peu glauques. Les fleurs sont solitaires, petites, rose ple;
le fruit est sphrique, de couleur orange, ne perdant point les
folioles du calice la maturit. Ce rosier, autrefois plus cultiv qu'aujourd'hui, et qu'on trouve encore dans quelques collections d'amateurs, n'a donn qu'un petit nombre de varits, qui sont pour la plupart oublies.
Le rosier de Bosc ou rosier turnep (R. rapa), de l'Amrique
du Nord, buisson de 1m 1m, 50, presque entirement dpourvu
d'aiguillons. Feuilles de 5 9 folioles oblongues, luisantes,
prenant uneteinte rougetre en automne. Fleurs en corymbe,
d'un rouge clair, quelquefois blanches, souvent doubles,
mme l'tat sauvage. Ce beau rosier, assez rare en France,
est frquemment cultiv en Angleterre, o il entre avantageusement dans les massifs des jardins paysagers.
Lerosier de la Caroline (R. caroliniana), des marais de l'Amrique du Nord. Arbuste de 2 3 mtres, remarquable parla
longueur de ses stipules et la forme des folioles de ses feuilles,
qui sont ovales-aigus, dentes, d'un vert fonc en dessus.
Fleurs grandes, en corymbes, de couleur rose carmin. Ce rosier est, comme leprcdent, trs-rpandu dans les collections
des amateurs anglais, et sert principalement la composition
des massifs.
4 Lesrosiers pimprenelles (Ros pimprenellifoli).Ar-
bustes tantt pineux, tanttinermes, dont les fruits conservent
jusqu' la maturit leurs folioles calicinales, devenues convergentes. Ce groupe se distingue plus facilement des autres par
le nombre, relativementgrand, des folioles desesfeuilles (de 7
15 ) que par tous ses autres caractres. Les espces les plus
dignes d'intrt sont
Le rosierpimprenelle proprement dit (R.pimpinellifolia),
ainsi nomm cause de la petitesse de ses folioles arrondies,
qui rappellent celles de la pimprenelle commune. C'est un
petit arbuste indigne, de 0m,50 1m, rameux, touffu et buissonnant. Ses feuilles ont communment 7 folioles, presque orbiculaires et dentes. Les fleurs sont petites, solitaires, toutes
blanches ou tirant quelque peu sur le jauntre autour du centre. Ce charmant petit rosier a produit diverses varits doubles, parmi lesquelles on peut citer la Blanche double, de couleur rose; la Jaune double, ou Double yellow des Anglais, de
couleur jaune ple Estelle, varit bifre fleurs roses, et
Stanwells, fleurs rose tendre, et qu'on dit remontante.
Le rosier pineux (R. spinosissima), souvent confondu avec le
rosier pimprenelle, dont il a peu prs le feuillage, mais qui en
diffre par des tiges plus leves. Celui-ci est un petit buisson
nain, de 25 40 centimtres de hauteur, fleurs moyennes, roses, carmin, jauntres ou blanches, qui habite de prfrence les dunes maritimes et les lieux marcageux des bords
del'Ocan. Il a donn, par la culture, de charmantes varits
doubles ou pleines, dont on trouvera quelques-unes reprsentes dans le grand ouvrage illustr d'Andrews (1). Les botanistes ne sont pas d'accord sur les limites assigner cette
espce, qui est extrmement variable et qui a reu, en consquence, plus d'une quinzaine de noms diffrents.
On trouveencore, dans le midi de laFrance, une autre forme
assez voisine de celle-ci, mais qui s'en distingue son port plus
dress, l'extrme petitesse de ses feuilles, la longueur de
ses aiguillons nombreux, serrs et trs-ingaux, et enfin la
petitesse de ses fleurs roses, qui galent peine celles de la
(1)Voirlanoteci-dessus.
commune. De Candolle et Lindley en font une espce
istincte, sons le nom de R. myriacantha.
buisson de
Jke rosier fleursjaune de soufre (R. sulfurea
",50 2m de hauteur, feuilles de 7 folioles glaucescentes,
dont les tiges sont armes d'aiguillons ingaux, entremls
,
0soies. Ses fleurs sont grandes, trs-doubles, du plus beau
une, mais elles ont l'inconvnient de s'ouvrir mal, probablegt parce que la culture de l'arbuste se fait dans de mauaisesconditions. Le clbre Banks affirme l'avoir vu fleurir
ela manire la plus parfaite sur des terrains marcageux.
innconfondait ce rosier avec le rosier Capucine, dont il sera
uestion plus loin, et qui en est, au dire de Lindley, entirenentdiffrent comme espce. On ignore d'o il nous est venu,
~nais,on a tout lieu de penser qu'il est originaire de l'Asie
occidentale. Ses principales varits sont la Rose jaune ansienne, fleurs grandes, trs-pleines et d'un jaune vif, et le
Pompon jaune, qui n'en diffre que par de moindres dimenilBce
),
ions.
Lerosier des Alpes (R. alpina),
arbuste de 2 3 mtres, indine de toutes les grandes chanes de montagnes de l'Europe
centrale, trs-commun surtout dans les Alpes et les monts Karathes. Ses tiges sont dresses, presque inermes ou garnies de
ares aiguillons, souvent colores de pourpre brun. Les feuilles
ont de 7 9 folioles, ovales-elliptiques, aigus, denteles sur
es bords. Les fleurs sont rouge carmin, solitaires, et les fruits
rouge orang la maturit. Cette espce est, comme presque toutes les autres, extrmement variable suivant les locaits, ce qui lui a valu, de la part des auteurs, une synonymie
complique. Cultive depuis longtemps dans les jardins, elle
y a produit un certain nombre de varits, sans doute par
croisement avec d'autres espces, et dont les principales sont
es Roses Boursaut, dj anciennes et encore clbres aujour'hui, qu'on suppose issues du rosier des Alpes fcond par le
rosier Th, de la Chine, et qui sont toutes plus ou moins grimpantes. Une des meilleures varits de ce groupe est le rosier
Amadis, fleurs pourpres, trs-rustique, trs-florifre, prcoce, et peu prs dpourvu d'aiguillons. Peu de rosiers con-
viennent mieux pour garnir des treillis et couvrir de verdure
et de fleurs les murs des habitations.
5 Les rosiers cent-feuilles (Rossecenlifoli), qui ont
t longtemps le groupe le plus intressant du genre, et qui
renferment les races les plus anciennement cultives. Ici
aussi, et plus qu'ailleurs peut-tre, nous trouvons de grandes
divergences d'opinion, entre les auteurs, sur le nombre des
espces et les caractres qu'il convient de leur assigner. Nous
inclinons, pour notre part, ne voir dans le groupe entier
qu'une seule espce, qui, soit par variation naturelle, soit
bien plus probablement par hybridation avec d'autres espces,
a donn naissance toutes ces formes secondaires. Dans le
nombre, nous citerons particulirement
Le rosier Cent-feuilles proprement dit (R. centifolia), qui est
l'espce classique par excellence, une des plus belles, la
plus dlicieusement parfume, celle qu'ont chante les potes
de toutes les poques, et qui a tenu la premire place dans
nos jardins jusqu' l'arrive des espces remontantes de la
Chine et de l'Inde, qui l'ont, sans raison suffisante, relgue
au deuxime et au troisime plan. La rose Cent-feuilles et
quelques-unes de ses varits fournissent la majeure partie de
l'essence de roses du commerce, ou attar des Orientaux;
Mme en France, elle est cultive sur une assez grande chelle
pour les besoins de la parfumerie.
C'est un buisson de 1 2m, dont les tiges sont armes d'aiguillons ingaux, entremls de soies et de poils glanduleux.
Ses feuilles sont 5 folioles, grandes, largement ovales, doublement dentes, lgrement gaufres, cilies-glanduleusessui
les bords. Les fleurs, grandes et plus ou moins pleines suivant
les varits, sont roses ou rose-carmin, solitaires ou runies
deux ou trois ensemble au sommet d'un mme pdoncule,
nutantes, c'est--dire inclinesau moment de la floraison leui
tube calicinal est couvert de poils pourpres, glanduleux, visqueux et odorants. Le fruit est ovode-oblong, mais jamais
trs-allong. Il prend une couleur orang rougetre en mris-
sant.
On nesait exactement si le rosier Cent-feuilles est indignedu
midi de l'Europe; le fait est qu'on l'y trouve naturalis en beaucoup d'endroits, mais il est probable que la souche premire
en a t tire de l'Orient une poque fort ancienne. Le botaniste voyageur Bieberstein affirme l'avoir rencontr sauvage
et fleurs doubles sur le Caucase oriental, loin de tous les
lieux habits, mais la distinction des espces dans le genre
est si difficile et si incertaine que cette assertion n'a qu'une
faible valeur.
Le rosier Cent-feuilles a vari de toutes les manires, par
le fait des climats, des sols, des procds de culture, et surtout, croyons-nous, par croisement ainsi que nous l'avons
dit plus haut; mais parmi ces modes de variation il en est
trois qui sont surtout remarquables, et qui affectent l'un la
dimension, l'autre la couleur, le troisime la vestiture des fleurs,
c'est--dire les poils dont le calice et le tube calycinal sont
couverts. A la premire modification appartiennent les rosiers
Pompons, arbustes detaille exigu, dont les fleurs, sans cesser
d'tre trs-doubles ou trs-pleines, sont de vritables miniatures; la seconde se rattache le remplacement de la couleur
rose-carmin normale par le blanc plus ou moins pur; dans la
troisime sont compris lesrosiersmousseux(1), dj nombreux
en sous-varits, et qui se distinguent la curieuse transformation des poils du calice, et quelquefois mme de ceux du
pdoncule et des ptioles des feuilles, en une bourre verte,
trs-semblable de la mousse. Cette classe de rosiers est
surtout prise en Angleterre, o, parat-il, sont ns, de semis
les premiers rosiers mousseux qu'on ait observs.
Les catalogues des horticulteurs mentionnent plusieurs centaines de varits de roses Cent-feuilles, avec ou sans la qualification d'hybrides. Nous avons dj dit que les classifications
arbitraires de ces catalogues, dresss d'ailleurs en vue d'avantages purement commerciaux, n'ont aucune valeur scientifique. On pourrait ajouter que, mme au point de vue hor-
C'est par abus, suivant l'Acadmie, que l'expression de rosiers mousseux s'est
introduite dans le langage la place de rosiersmoussus mais elle est devenue si
gnrale, etelle t consacre-par un si grand nombre d'crivains, qu'il
nous parait plus simple de la conserver, en nous conformant l'usage.
(1)
ticole, ils sont d'une mdiocre utilit, les horticulteurs les
surchargeant de noms qui le plus souvent ne correspondent
pas des varits assez dissemblables les unes des autres
pour qu'on puisseles distinguer, ou qui vaillent la peine d'tre
cultives. Ce serait un grand bnfice pour les amateurs de
rosiers que ces catalogues fussent svrement purs, et
qu'on n'y inscrivt dornavant que les roses vraiment mritantes. A ce titre, beaucoup d'anciennes varits, aujourd'hui
presque abandonnes, rentreraient dans les premiers rangs;
c'est ce qui nous dtermine en citer ici quelques-unes qui.
datent dj de bien des annes.
Dans les rosiers Cent-feuilles ordinaires nous trouvons la
Rosedespeintres(fig. 5), trs-grande, trs-double, de couleur
Fig.5.Rose des peintres.
Rosa
rose; la Rose feuillesdechou, trs-grande, pleine, de couleur
rose; la Rosefeuilles de cleri, moyenne, pleine, rose; le
Triomphe d'Abbeville, trs-grande, double, rose vif; la
Perptuelle Mauget, moyenne, pleine, rose, trs-dlicate;
l'Unique de Provence, moyenne, pleine, d'un blanc pur; Zo
(Fig. 8), moyenne, pleine, rose, trs-mousseuse. On connat
aussi quelques rosiers
mousseux qui, par la
dure de leur floraison,
se rapprochent des rosiers dits remontants.
Ce sont les rosiersperptuels mousseux des
horticulteurs parisiens.
Le rosier de Provins
(R. gallica et le rosier
de Provence (R. provincialis de quelques auteurs ), ne sont encore
que des races du rosier
Cent-feuilles, dont il
est d'ailleurs assez difficile de les distinguer.
Il est mme peu proFig. 8. Rose mousseuse (Zo).
bable qu'ils proviennent du croisement, au moins d'un croisement immdiat, de
cette espce avec une autre, les diffrences qui les sparent
tant trop faibles pour qu'on puisse leur attribuer une autre
origine que la simple variation dont tous ces arbustes sont
susceptibles. Le rosier de Provins ne se distingue gure des
Cent-feuilles ordinaires qu'en ce que sesfleurs sont en corymbes
un peu plus fournis, ayant par exemple de3 5 fleurs ou plus
sur le mme pdoncule, et qu'elles sont dresses au lieu d'tre
nutantes comme dans ce dernier. Il en est sorti de mme un
nombre immense de varits, de toutes nuances, depuis le
blanc jusqu'au carmin fonc, et qu'on confond souvent avec
celles des rosiers Cent-feuilles ordinaires. Parmi ces varits,
nous pouvons citer la Rose de Champagne ou de Meaux, qui est
une varit naine, et la Rose tricolore de Flandrequ'on suppose,
avec grande probabilit, hybride du rosier de Provins et
d'une autre espce demeure inconnue. Cette rose est de
grandeur moyenne, trs-pleine, admirablement panache de
carmin clair sur fond blanc. C'est peut-tre la plus belle des
roses panaches.
Le rosier de Damas ou des quatre-saisons, ou encore rosierde
tous les mois (R. damascena), pourrait n'tre aussi qu'une race
particulire du rosier Cent-feuilles, tant il lui ressemble par
le facis et par tous ses traits essentiels. On l'en distingue
nanmoins ses aiguillons plus allongs, la forme oblongue de son fruit, ses fleurs en corymbes, ses folioles calicinales rflchies au moment de la floraison, dernier caractre qui semble le rapprocher du rosier blanc (R. alba).
Une autre diffrence notable qui le spare des rosiers Centfeuilles est la facilit avec laquelle il se propage de boutures,
comparativement ce dernier et au rosier de Provins, qui
sont rebelles ce mode de multiplication. Rien ne prouve
cependant que toutes ces diffrences aient rellement une
valeur spcifique.
On ne sait pas plus prcisment que pour l'espce prcdente d'o celle-ci est originaire; mais la tradition la fait
venir de Syrie, et particulirement de la ville de Damas, d'o
elle aurait t rapporte par un comte de Brie, son retour
des croisades. D'aprs Monardi, collaborateur de Charles de
l'cluse, au dix-septime sicle, cette rose, si remarquable
par la vivacit de son parfum, serait cultive en grand aux
alentours de Damas; mais ilreste encore dmontrer qu'il s'agit bien de celle que nous possdons aujourd'hui sous ce nom.
Quelques auteurs, Lindley entre autres et Loiseleur-Deslongschamps, rattachent au rosier de Damas, comme simples
varits,
rosier de Belgique (R. belgica), qui en diffre par
une taille moins leve et des corymbes comprenant jusqu'
10ou 12 fleurs, et l'ancien rosier bifre (R. bifera), remarquable par la longue dure de sa floraison, ce qui lui a donn
autrefois beaucoup de vogue en France.
Les catalogues des horticulteurs mentionnent de nombreuses varits de la rose de Damas, fleurs roses, blanches
ou panaches. Plusieurs de ces varits sont indubitablement
le
hybrides, et on ne les distingue pas toujours de celles qui
sont issues du rosier de Portland, qui lui-mme est trs-vraisemblablement de provenance hybride. On peut citer parmi les
meilleures varits de la rose de Damas la Damas peinte, ou
Lda, de couleur lilas carmin, la Ville de Bruxelles, trsgrande fleur pleine, d'un rouge saumon; Madame Zoutman,
grande fleur trs-pleine, d'un blanc de crme; Madame Hardy,
la plus belle des roses blanches de ce groupe; et enfin, suivant quelques rosistes, la Gloire des rosomanes, trouve par
M. Vibert, d'Angers, dans un de ses semis, et que d'autres
rattachent, sans plus de preuves, au rosier Th. C'est vraisemblablement un hybride, et en mme temps une des plus belles
roses modernes elle a elle-mme donn naissance un grand
nombre de varits estimes.
Le Rosier de Portland (R. portlandica de quelques auteurs)
a t ainsi nomm en l'honneur de la duchesse de Portland,
grande admiratrice des roses, et qui avait elle-mme une roseraie clbre, vers la fin du sicle dernier. C'est une des
meilleures varits que l'Angleterre ait produites. D'aprs
l'arbuste tient la fois du rosier de Provins, dont
Andrews
il a peu prs le feuillage, et du rosier de Damas, auquel
il ressemble par ses fruits allongs. Les fleurs en sont presque
toujours solitaires, grandes, semi-doubles, du plus beau rougecarmin; le bois d'un vert plus ple, aiguillons fins et trsnombreux, et le feuillage d'un vert moins fonc que dans la
plupart des autres rosiers. Ce qui le diffrencie encore mieux,
c'est la longue succession de ses fleurs, dont l'panouissement
se prolonge du commencement de l't jusqu'assez avant dans
l'automne, aussi est-il devenu la souche d'une multitude de varits nouvelles, jouissant comme lui de la facult de fleurir
d'une manire continue pendant toute la belle saison. On les
dsigne communment sous les noms de rosiers remontants,
rosiers des quatre saisons, rosiers Portland ou hybrides de
Portland. Il est presque hors de doute qu'un bon nombre de
ces varits sont dues de nouveaux croisements, non-seulement avec les souches primitives (les rosiers de Damas et
de Provins), mais encore avec d'autres espces aussi offrent-
elles un mlange si confus de caractres qu'il est impossible
aujourd'hui de les classer d'une manire satisfaisante. On en
trouvera plusieurs centaines indiques dans les catalogues des
horticulteurs. On croit que c'est d'un rosier de Portland qu'est
sortie la belle Rose du Roi, d'un rouge cramoisi trs-vif, dont
on attribue la dcouverte M. Souchet, ancien jardinier du palaisde Fontainebleau. Peu de roses jouissent d'autant de popularit, et sont cultives sur une aussi grande chelle Paris
et dans les environs de cette ville.
6 Les rosiers Velus (Rosae villos). Cette tribu, peu
naturelle et faiblement caractrise, se distingue aux particularits suivantes
rejetons dresss et roides aiguillons
presque droits; folioles des feuilles ovales ou oblongues,
dentelures divergentes
folioles calicinales persistant sur le
:
;
;
fruit et conniventes disque pais, fermant l'entre du rceptacle calicinal. Elle se lie, d'une part aux cynorrhodons, de
l'autre aux rosiers rouills, dont il sera question plus loin.
L'espce importante de ce groupe est
beaut des fleurs
Le rosier blanc (R. alba), qui pour
gale peut-tre le rosier Cent-feuilles lui-mme. C'est un
arbrisseau indigne, buissonnant, s'levant de 2 3 mtres,
feuillageremarquablement glauque, compos de 5 7 folioles,
courtement ovales ou presque rondes. Les fleurs sont grandes,
abondantes, solitaires ou en corymbes, montrant, suivant les
varits, toutes les nuances entre le blanc parfait et le rose
clair. Le fruit estoblong, de couleur carlate la maturit.
Cette espce, depuis longtemps assujettie la culture, a
produit, comme
prcdentes, beaucoup de varits, mais
chez lesquelles en gnral le type spcifique s'est assez bien
conserv, ce qui indique peut-tre qu'elle se prte moins que
d'autres aux croisements. Il est noter en effet que dans la
majeure partie de ces varits le coloris des fleurs est toujours le blanc ou la teinte carne, rarement le rose clair. Celles
de nuances dcidment carmines, et elles sont ici trs-peu
nombreuses, doivent probablement cette intensit plus grande
du coloris un croisement entre le rosier blanc et quelque
autre espce. Les auteurs et les horticulteurs signalent plus
:
la
les
de cent varits dans ce beau rosier nous pouvons nous
borner citer les suivantes Rosier blanc feuilles de chanvre, PomponBazard, Placidie, Cleste blanche, Bouquet blanc,
Royale, Belle aurore (fleurs blanches reflets jauntres),
Blanche cur vert (fleurs blanches reflets verdtres), Camellia, Perle de France, la Surprise Cuissede nymphe, DiadmedeFlore (fleurs carnes, trs-grandes, trs-doubles; une
des plus belles roses connues ).
A la section des rosiers velus se rattachent plusieurs autres
espces, d'une faible importance horticole, telles que le rosier
velu proprement dit (R. villosa), qui est le plus grand arbrisseau du genre, parmi ceux de nos climats il s'lve en effet
quelquefois plus, et par la grosseur de sa
3 ou 4 mtres
tige il rivalise avec le rosier Cannelle (R. cinnamomea) des
Alpes et des Pyrnes. Peu cultiv, il n'a produit qu'un petit
nombre de varits, aujourd'hui presque oublies. Il en est
de mme du rosier cotonneux (R. tomentosa) et du rosier
vratin (R. Evratina), qu'on trouverait difficilement aujourd'hui dans les collections des fleuristes franais.
7 Les rosiers rouills (Ros rubiginos) assez voisins
des prcdents, dont ils sedistiguentleurs drageons arqus,
et surtout leurs feuilles glanduleuses en dessous, ce qui est
un caractre peu prs exclusif aux rosiers de cette section.
Ils ont comme eux les feuilles dentelures divergentes, les
folioles du calice persistantes sur le fruit, et l'orifice du rceptable resserr par un disque pais. Dans ce groupe, deux
espces seulement mritent de nous occuper ce sont
Le rosier jaune proprement dit, onrosierCapucine, ou encore
glantier vrai (R. lutea), qu'il ne faut pas confondre, comme
l'ont fait beaucoup de botanistes, avec le rosier jaune de soufre
(R.sulphurea), dont il a t question plus haut, et qui appartient la section des Pimprenelles. Celui-ci, qui semble indigne du centre et du midi de l'Europe, o il pourrait bien
n'tre que naturalis, est un buisson de lm 1m.50, aiguillons
droits non entremls de soies, feuillles luisantes et glabres
en dessus, d'un vert fonc, dont les folioles, au nombre de 5
7, sont ovales, un peu concaves, dentes, plus ou moins pu-
bescentes et glanduleuses en dessous. Les fleurs sont grandes, releves en forme de coupe, tantt tout entires d'un
jaune vif, tantt jaunes seulement en dehors et revtant
l'intrieur une teinte rouge capucine ou mordore. Leur odeur,
qu'on a compare quelquefois celle de la punaise, sans
tre prcisment dsagrable, ne rappelle que faiblement
celle des autres roses. L'espce porte dans la plupart des
ouvrages franais le nom d'glantier, et on la considre
mme gnralement comme tant le vritable Rosa Eglanteria
de Linn. Elle s'est peu modifie comparativement d'autres,
et on ne signale gure, en fait de varits, que la Rose Capucine proprement dite (fig. 9), jaune en dehors et d'un rouge
mordor plus ou moins vif en dedans; la Rose de Harrison,
fleurs jaunes, doubles, plus commune en Angleterre que
chez nous, et la Jaune de Perse (Persian Yellow des Anglais),
tout entire d'un jaune vif et trs-double; c'est une des plus
jolies roses jaunes que nous possdions.
Le rosier rouillouglantier odorant (R. rubiginosa), indigne
de toute la France. Buisson trs-touffu, de2m ou plus de hauteur;
aiguillons nombreux, courbs en hameon; feuilles communment de 7 folioles, d'un vert terne, glanduleuses en dessous
et trs-odorantes lorsqu'on les froisse entre les doigts. Les
fleurs sont roses ou carmin trs-ple, peu parfumes. Le fruit,
trs-variable de forme, lisse ou hispide, conserve jusqu' la
maturit ses folioles calicinales, devenues alors convergentes.
Le rosier rouill est une des espces les plus variables du
genre; aussi les botanistes l'ont-ils subdivis en une multitude
d'espces secondaires, et souvent confondu avec des varits
appartenant des espces toutes diffrentes, ce qui lui a valu
une synonymie des plus embrouilles. Ses feuilles glanduleuses
et odorantes resteront le caractre le plus certain pour le
faire distinguer. Il a donn par la culture quelques varits
doubles ou semi-doubles, unicolores ou, panaches, probablement par croisement avec d'autres espces. La plupart de ces
varits n'ont qu'une valeur horticole trs-secondaire.
8 Les
rosiers cynorrhodons ou rosiers des chiens
(Ros canin), chez lesquels l'orifice du rceptacle est rtrci,
comme dans les prcdents, par l'paississement du disque,
mais qui s'en distinguent par l'absence de poils glanduleux et
odorants sur les feuilles. Leurs drageons sont arqus et arms d'aiguillons gaux et recourbs. Ces rosiers diffrent de
ceux de la section suivante, par leurs styles, toujours libres.
Nous y trouvons des espces d'un grand intrt horticole
ce sont les suivantes
Le rosier des chiens proprement dit (Rosa canina), plus connu
sous le nom de faux-glantier, etqueles horticulteurs appellent
simplement l'glantier, sans le confondre cependant avec l'glantier de Linn, ou rosier Capucine. C'est une des espces
les.plus communes partout elle abonde dans les haies et les
lieux incultes de presque toute l'Europe, et s'tend mme jusque dans l'Asie septentrionale. Sa taille dpasse communment 2 mtres mais elle varie beaucoup, ainsi que le port,
suivant les lieux et les climats. Son polymorphisme le rend
d'ailleurs trs-difficile dcrire et distinguer; aussi les botanistes l'ont-ils scind en une trentaine d'espces ou de sousespces, dont aucune n'a de caractres bien dtermins.
Ses caractres les plus constants sont d'tre dpourvu de
soies entre les aiguillons, d'tre gnralement glabre, et de
prendre une teinte pourpre obscure sur les feuilles et les
tiges jeunes, du ct le plus expos au soleil. Ses fleurs sont
communment rose ple, plus rarement blanches ou tirant
sur le carmin. Enfin ses fruits, d'un rouge carlate la maturit, sont ovodes-oblongs, ce qui le fait aisment distinguer
de quelques autres espces assez voisines; o cet organe est
court et arrondi.
Ce rosier n'a donn par lui-mme aucune varit horticole
dequelque mrite, mais il est assez probable que de ses croisements avec d'autres sont sorties quelques-unes des varits
hybrides cultives. Ce qui fait toute son importance, au point
de vue qui nous occupe, c'est qu'il est en possession de fournir l'immense majorit des sujets employs pour la greffe des
autres rosiers, ce quoi il se prte admirablement par sa rusticit,sa grande vigueur et la belle conformation des rejets
nombreux qu'il met de sa racine.
Le rosierde l'Indeou rosier Th(R. indica), qui, malgr son
nom, est originairede la Chine, o il est probablement cultiv depuis les temps les plus anciens. De mme que pour la
plupart de nos rosiers d'Europe, ses caractres spcifiques sont
extrmement incertains, et on ne sait s'il ne vaudrait pas
mieux lui runir, titre de varits, les espces qui vont suivre, comme l'ont fait quelques auteurs. Faute de documents,
nous nous rangeons l'opinion de M. Lindley, qui le tient
pour une espce diffrente.
C'est un arbuste de 2 3 mtres, quelquefois plus, jets
lancs, d'un vertglauque, parsems d'aiguillons crochus, bruntres. Lesfeuilles sont luisantes, glabres, composes de 3 5
folioles planes, ovales-acumines, d'un vert fonc en dessus,
glauques en dessous. Les fleurs sont solitaires ou en corymbes de
eux ou trois, grandes, roses, carnes, ou jauntres, ordinairement semi-doubles, portes sur des pdoncules scabres et alongs. Le fruit est de forme arrondie ou courtement obovode,
rouge carlate la maturit. Une de ses varits, distingue
par quelques-uns comme espce, sous le nom de R. odoratissima, est remarquable par la suavit du parfum de ses fleurs.
es innombrables varits que l'on en a obtenues soit direcement soit par croisement, sont loin de rpter exactement
les caractres que nous venons d'assigner au type de l'espce.
Le rosier Th, une des grandes acquisitions modernes de
l'horticulture, a t introduit en Europe sur la fin du sicledernier, sans qu'on sache exactement en quelle anne ni par
qui. Ce qu'il y a de pluscertain, c'est qu'on l'a observ pour
la premire fois en 1793, chez un amateur anglais du nom
de Parsons mais il est certain aussi qu'il a t rintroduit depuis et plusieurs reprises par diffrents voyageurs, notamment par un M. Evans, vers 1803 ou 1804, et par sir A. Hume,
en 1809. Ce qui lui donne surtout du prix, aux yeux des amateurs, c'est la longue dure de sa floraison, qui, commence
de bonne heure, se continue fort tard en automne. La plupart
des varits, mme hybrides, qu'il a produitesdepuis son introduction dans les jardins de l'Europe, participent des degrs divers cette remarquable proprit. On peut citer,
parmi les plusanciennes, les roses Belle-Gabrielle, Belle-Eliza,
Belle-Hlne, Znobie, Reine-de-Golconde, Roi-de-Siam, Carnot, Bengale jaune,Aurore,Floralie, Moire,Strombio, etc.
Dans les varits plus modernes, nous indiquerons les suivantes, dj devenues classiques MlanieWillermoz (fig. 10),
grande, pleine, blanche, cur jauntre;
Safrano, moyenne,
pleine, jaune ple; Niphtos, trs-grande,
double, blanche; Le
Pactole, moyenne,
pleine, jaune trsple;Bougre, grande,
pleine, lilas carne;
Devoniensis,
trs
grande, pleine,
cur jaune paille;
Dijon,
grande, et trs-pleine,
jaune rougetre; Narcisse, pleine, jaun
clair;
Bouled'or,
trs-pleine, d'unjaune.
Gloire
de
la
Fig. ro. Rose Th(Mlanie Willermoz).
horticulteurs actuels ajouteraient plusieurs centaines de noms cette liste.
Le rosier du Bengale (fig. 11)ou rosierperptuel (R. bengalensis, R. semperflorens), runi par
plusieurs auteurs
auprcdent,mais
qu'il est plus commode d'en sparer, pour des raisons tout horticoles. C'est un buisson un peu tal,
rameaux grles,
trs-glabres, arms et l d'aiguillons recourbs, feuilles luicartes,
santes
fortement teintes
de pourpre noir,
Fig. iI.- Rose du Bengale.
composes de 3
5 folioles ovales-lancoles, planes, dentes en scie. Les fleurs
sont solitaires l'extrmit des rameaux, doubles ou semi-doubles, d'un rouge cramoisi fonc et presque sans odeur; leur
tube calicinal est courtement obovode et glabre, et les folioles
qui le terminent rflchies dans la floraison et caduques. Au
dire deM. Lindley, c'estleseul rosier qui perde ses tamines en
mme temps que ses ptales, ce qui dj le distinguerait du
rosier Th mais une diffrence plus grande encore, suivant
cet minent botaniste, c'est que le rosier du Bengale type n'a
gure qu'une quinzaine d'ovaires dans chaque fleur, tandis que
le rosier Th en a de 40 50. Nous laissons d'autres le soin
de vrifier si ce sont l de vrais caractres spcifiques.
Le premier rosier du Bengale parat avoir t introduit en
Angleterre vers 1771, sans qu'on sache par qui; ce qui est
avr c'est qu'un Anglais, du nom de Ker, le rapporta de
vif. Les catalogues des
Canton en 1780, et qu'un autre Anglais, Slater, en introduisit
une seconde varit, du mme pays et vers le mme temps
De l le nom de rose de Chine (Rosa chinensis) que lui ont
donn quelques auteurs, tandis que d'autres en font une simple
varit du R. indica. De nombreuses varits, fleurs roses
oucramoisies, sont rattaches au rosierdeBengale parles horticulteurs; il serait trop long de les citer ici nominativement.
Il n'est gure possible d'en sparerspcifiquement le rosier de
une
l'le Bourbon (R. borbonica (fig. 12), qui n'en diffre que par
taille un peu plus
forte, la prsence
de quelques soies
entremles aux aiguillons sur les rameaux, des feuilles
de 5 7 folioles,
dont le ptiole prsente aussi des soies
parmi ses aiguillons
et des fleurs
assez souvent en corymbesde
7 sur
un mme pdoncule. En dehors de
ces particularits,
de peu d'importance dans des esFig.12. Rose de l'le Bourbon,
Guillaume le Conqurant.
pces, o aucun caractre n'est certain, il n'y a aucune diffrence entre le rosier
du Bengale et le rosier de Bourbon il est mme extrmement
vraisemblable que ce dernier n'est point indigne dans cette
le, et qu'il y a t simplement import de la Chine ou de l'Inde.
Son introduction en Europe remonte aux premires annes de
ce sicle. Les jardiniers indiquent, dans leurs catalogues, un
nombre presque illimit de varits qu'ils rattachent tou
hasard au rosier du Bengale et celui de l'le Bourbon, et qui
figureraient tout aussi justement, pour la plupart du moins
sous le titre des autres espces ou varits du mme groupe.
Il serait aussi fastidieux qu'inutile de reproduire ici ces listes,
qui ne disent rien l'esprit et ne correspondent souvent qu'
des variations insignifiantes ou mme purement imaginaires.
Disons seulement que celles de ces varits qui appartiennent
rellement ces diverses races d'une mme espce, ou qui
n'en sont que des hybrides peu altrs, jouissent de la prrogative de fleurir pendant toute la belle saison, ce qui leur a
valu de lapart des jardiniers parisiens lenom derosiers hybrides
remontants. Sous le climat doux du Midi, leur floraison n'est
mme pas interrompue par l'hiver, non plus que dans les pays
tropicaux, o les rosiers Th et du Bengale sont presque les
seuls de tout le genre rosier qui russissent.
Ces rosiers hybrides remontants, qu'il ne faut pas confon-
dre avec les hybrides de Portland, dous comme eux de la
proprit de fleurir d'une manire continue pendant la belle
saison, et mme fort avant dans l'automne, comprennent un
nombre pour ainsi dire illimit de varits, ou plutt de variations individuelles. Leur nombre s'accrot d'ailleurs tous les
ans, car ces rosiers tant aujourd'hui fort la mode, ce sont
eux que les horticulteurs ont le plus d'intrt multiplier
par voie de semis. Leur nombre est si grand, leurs caractres
s'entrecroisent de tant de manires et sont parfois si peu saisissables, que la classification en est ncessairement fort arbitraire. Les jardiniers les ont distribus en plusieurs sries, d'aprs leur plus ou moins de ressemblance avec les rosiersTh,
du Bengale, de Bourbon, et mme avec le Rosier dePortland,
qu'on suppose avoir pris part aux croisements d'o ils sont
sortis. Ces sries sont beaucoup trop tendues pour que nous
puissionsles reproduire ici; nous renverrons donc les lecteurs
aux catalogues mmes des rosistes les plus en renom, qui leur
fourniront des indications suffisantes.
De mme qu'il existe des rosiers nains dans le groupe des
Cent-feuilles, il en existe aussi.dans celui des rosiers de la
Chine, soit qu'on en fasse des espces distinctes, ce qui n'a
aucune importance ici, soit qu'on les regarde comme de simples varits. De ce nombre est le rosier de Miss Lawrence (R.
Lawrenceana), vraie miniature du rosier de Bengale. Sa taille
ne dpasse gure 0m,35 0m,40; ses rameaux dbiles sont arms d'aiguillons larges et presque droits les fleurs sont trspetites, mais trs-nombreuses, d'un pourpre clair, doubles ou
semi-doubles, et se reproduisent sans interruption pendant
tout l't. Ces petites roses sont souvent dsignes sous le nom
pittoresque de Bengale pompon.
LesrosiersTh,du Bengale etdel'leBourbonsesontfrquent
ment croiss dans les jardins avec d'autres espces, mais peuttre plus en fournissant du pollen qu'en en recevant, si toutefois
on peut accorder quelque confiance aux dires des horticulteurs,
qui affirment que ces rosiers se reproduisent en gnral assez
fidlement de leurs graines. Quoi qu'il en soit, il est fort possible, comme on le suppose, que ce soit au croisement du rosierTh ou du rosier de Bengale avec le rosier muscat (R. moschata) (1) qu'est d le rosierNoisette (Rosa Noisettiana, fig. 13),
Fig.13.Rose Noisette.
(I) Il n'y aurait rien d'impossible non plus ce que le rosier Noisette provnt du
obtenu de semis en Amrique, par un jardinier franais, Philippe Noisette, qui le fit parvenir en France en 1814. Ce rosier
est un arbrisseau de 1m,50 2m, arm d'aiguillons forts et crochus; feuilles glabres, luisantes, composes le plus souvent de
7 folioles ovales-aigus, finement dentes. Les fleurs, au moins
dans lavarit type, sontmoyennes, nombreuses, doubles, d'un
rose clairet parfumes. Mais depuis son introduction en Europe
le rosier Noisette, fcond par lui-mme ou par d'autres espces, a donn naissance une multitude de varits nouvelles, dans lesquelles le type premier s'est plus ou moins altr.
Chez quelques-unes, les fleurs sont solitaires l'extrmit des
rameaux; chez d'autres, elles sont en corymbes plus ou moins
fournis, et elles passent par tous les tons, depuis le blanc
pur jusqu'au carmin fonc et au jaune. Peu de rosiers offrent
des caractres d'hybridit plus prononcs. Parmi les varits
blanches ou blanc carn de cette race, on cite les roses AimeVibert, Eudoxie, Labiche, Lamarque, Mme Deslongschamps;
dans les varits jaunes Solfatare, Ophyrie, Desprs, MarieCharg, Euphrosine, Chromatelle; dans les tons ross ou carmins: Bougainville, Caroline-Marniesse, Jacques-Amyot varits qui ont eu et ont encore une certaine vogue chez les
amateurs. Le rosier Noisette et ses varits, lorsqu'elles sont
peu dgnres, jouissent, comme ceux de la Chine et du
Bengale, de la prcieuse proprit de fleurir d'une manire
continue pendant toute la belle saison. C'est cette facult, autant que la beaut de ses fleurs, qui l'a surtout mis la mode.
9 Les rosiers styles souds Ros systyl), qui
n'ont qu'un seul caractre.distinctif, la soudure des styles en
une colonne allonge que termine le faisceau des stigmates
Par leur port ils rappellent les rosiers de la section prcdente; cependant leurs feuilles sont assez souvent persistantes,
ce qui peut tre regard comme un caractre secondaire. Nous
trouvons ici
Le rosier des collines (R.systyla), qui ressemble beaucoup
croisement du rosier Th avec un rosier amricain, le rosier sligre (Rosa setigera), dont il sera parl plus loin. Le port un peu grimpant de beaucoup de rosiers classs dans la section des Noisettes appuierait cette supposition.
la
fl
par
il
diffre
principalement
chiens,
dont
rosier
des
au
dure de ses styles en une longue colonne glabre, ses
runies en plus grand nombre dans un mme corym
son feuillage un peu plus persistant, quoique toujours
Ce buisson est commun dans les haies du nord de la ~M
et de l'Angleterre.
On lui rattache, titre de varit, peut-tre
rosier de lady Monson (R. Monsoni), dont quelques
ont prtendu faire une espce distincte. Il a t
une haie, en Angleterre, vers la fin du sicle dernier, fl
jolie variante, un peu naine, du rosier des collines, s'est
1
serve en Angleterre chez quelques amateurs.
Le rosier des champs (R. arvensis), qui est commun (fl
toute l'Europe moyenne, en France particulirement.
distingue du prcdent par des rejets quelque peu
teux, des aiguillons ingaux et des feuilles glauques en <
sous, qui sont composes de 5 7 petites folioles plaovales, denticules. Les fleurs, tantt solitaires, tant
corymbes de 5 6, quelquefois de 8 12, sont petites,
ples, odorantes blanches et lgrement laves de jaun
centre. Le tube du calice est obovode et glabre, et se M
forme en un fruit rond ou oblong, qui devient carlata
mrissant.
j
Il a t bien dmontr par le botaniste Sims d'abord,
par M. Lindley que c'est au rosier des champs qu'il faut
tacher, sans doute la suite d'une hybridation, lerosierAyr.
des jardins anglais. Ce rosier, qui a conserv beaucoup
caractres de larvensis, et en particulier la soudure des
et sa grande rusticit, a donn naissance quelques vari
assez rpandues dans les jardins, dont les fleurs, doubles
semi-doubles, sont odorantes et gnralement blanches i
nes ou d'un carmin clair. La Rose jaune de William,, qy
classe parmi les Ayrshires, pourrait elle-mme tre un nou
hybride.
Le rosier toujours vert (R.sempervirens), indigne des
de la Mditerrane, tant en Europe qu'en Afrique, et
n'est pas rare dans le midi de la France. C'est un arbu
ca
a
trouv
hybr
sa
st
longs de plusieurs mtres, sarmenteux, grles,
~sqimpants, arms d'aiguillons un peu crochus. Ses feuilles sont
~santes, glabres, composes de 5 7 folioles ovales-lanco~q ses, persistantes mme en hiver. Les fleurs sont moyennes,
~idmmbreuses, rapproches en corymbes, blanches
odoran~J91
leurs styles souds forment une longue colonne velue. Le
; i.;
siuit est petit, rond et orang.
~29
~nuo&Soumis depuis longtemps la culture et toutes les
~sances d'hybridation, ce rosier a donn naissance un cer~onn* nombre de varits estimes, parmi lesquelles il suffit
~ob citer Dona Maria, fleur moyenne, pleine, d'un blanc pur,
th~ Princesse Marie, qui est pleine, creuse en coupe et d'un
~rameaux
et
frf 5ase trs-clair,
rosier mulliflore (R. multiflora, fig. 14) originaire
de la Chine et du Japon.
Arbuste sarmenteux,
rameaux grles, flexibles, longs de4 marms d'aiguillons
tres
crochus, qui sont runis
par paires au-dessous de
l'insertion des feuilles.
Celles-ci ont ordinairement 7 folioles, velues
des deux cts, ovales ou
lancoles, plus ou moins
aigus. Les fleurs, en
corymbes trs-fournis,
sont petites, trs-doubles, d'un rose clair. La
colonne qui rsulte de la
Fig. 14. Rosemultiflore.
soudure des styles est lrement velue. Les folioles calycinales tombent peu avant
j]*i maturit des fruits, qui sontturbins et d'un rouge clair.
~93 Ce rosier est remarquable
par la petitesse de ses fleurs,
11
~anches ou roses, qui ne dpassent pas de beaucoup celles
la varit de la ronce commune fleurs pleines cultive
~LI
~dLLe
~y
dans les jardins, ce qui lui a valu, de la part de quelques
auteurs, le nom de rosier fleurs de ronce. Le type sauvage
trs-vraisemblablement simple, nous est inconnu, et comme
la varit double, la seule qui nous ait t apporte de l'extrme Orient, est communment strile, on ne signale naturellement aucun hybride auquel ce rosier ait donn naissance;
mais on lui attribue quelques sous-varits qui ont t fixes
par la greffe, et dont les principales sont connues sous les
noms de Rose de la Grifferaie, Multiflore du Luxembourg,
Graulhi et Laure Davoust.
On pourrait rapprocher du rosier multiflore le rosier fleurs
d'anmone (R. anemonflora), de la Chine, arbrisseau sarmenteux qui lui ressemble par le port, mais qui est cependant
mieux plac dans la section suivante.
Le rosier muscat (R. moschata), qui est originaire de l'Afrique septentrionale, mais qu'on trouve naturalis aujourd'hui
en Espagne et dans le Roussillon. C'est un arbrisseau de 2 3
mtres, dress, trs-ramifi, trs-florifre, arm de forts
aiguillons crochus et presque gaux, feuilles de 5 7 folioles
ovales-lancoles, finement dentes, glabres et un peu chagrines en dessus, glauques en dessous avec des poils sur la nervure moyenne. Les fleurs sont en corymbes, gnralement
au nombre de 7, blanches, trs-parfumes, folioles calycinales caduques et tombant peu aprs la chute des ptales. Le
fruit est petit, obovode et rouge la maturit.
Ce rosier est cultiv de temps immmorial dans les pays
Mditerrane, o il fournit une
musulmans qui avoisinent
notable partie de l'essence de roses usite dans la parfumerie
locale. Dans nos jardins, o il fleurit tardivement (en aot et
en septembre), il a donn naissance quelques varits doubles et semi-doubles, entre autres la Rose muscate double
ancienne, de couleur blanche pure, et la Comtesse de Plater,
dont le blanc tire sur le jauntre. On attribue aussi au rosier
muscat, mais sans preuves suffisantes, quelques hybrides, auxquels il aurait contribu par son pollen par exemple le rosier
Noisette, dont nous avons parl plus haut.
Le rosier feuilles de ronce (R. rubifolia), de l'Amrique
la
du Nord, qu'il ne faut pas confondre avec le rosier fleurs de
ronce ou multiflore, dont il at question ci-dessus. C'est un arbuste de 1m 1m 50, facile reconnatre ses rameaux courtement aiguillonns, ses feuilles composes de 3 5 folioles ovales-aigus, dentes en scie; ses fleurs tantt solitaires, tantt
en corymbes de 3 4, simples, de la grandeur de celles de
la ronce commune, et d'un rose ple. Le fruit est globuleux,
de la grosseur d'un pois, lisse et glabre. Ce rosier, trs-distinct comme espce, diffre notablement par son port des
autres rosiers de cette section; mais cause de ses styles
souds on ne peut pas l'en loigner dans une classification. Il
a donn naissance quelques varits horticoles qui ne sont
pas sans intrt, telles que Beaut des prairies, Belle de
Baltimore, Purpurea, Miss Edgeworth, Sraphine, Fiance
de Washington, etc., la plupart doubles ou pleines, les unes
blanches, les autres carnes ou rose clair.
Lerosiersligre (R. seligera), arbuste grimpant de l'Amrique du Nord, et dont les sarments, longs de 5 6 mtres,
s'entrelacent aux buissons et aux branches des arbres. Ce rosier est frquemment cultiv en Amrique, o il a donn naissance quelques varits, et, dit-on aussi, quelques hybrides.
Il est rare dans les collections de l'Europe, du moins sur le
continent. Par ses styles souds il appartient la section dans
laquelle nous le plaons, quoique M. Lindley l'ait runi la
suivante.
10 Les rosiers
Banks (Ros Banksian), arbustes
ordinairement grimpants, dont les feuilles n'ont le plus souvent que de 3 5 folioles. Leur principal caractre botanique
consiste en des stipules presque libres, troites, aigus,
presque toujours caduques. Les styles y sont tantt libres,
tantt souds. Les espces sont toutes de l'Asie orientale
et du nord de l'Amrique. Nous distinguerons dans cette
section
Le rosier de Gorgie (R. lvigata), tiges grimpantes
peu
aiguillonnes. Les feuilles sont 3 folioles, ovales-lancoles,
un peu coriaces, luisantes, denticules, trs-glabres. Les
fleurs sont solitaires, grandes, d'un blanc pur. Le fruit mr
de
est obovode-oblong, rouge, hriss de soies pineuses, et couronn par les folioles du calyce. Cette belle espce habite
les bois de la Gorgie, dans l'Amrique du Nord, o elle s'lve jusqu'au sommet des plus grands arbres. Elle a la plus
grande analogie avec une espce de la Chine, le rosier de Chusan (R. sinica), qui n'en diffre gure qu'en ce que les ptioles
de ses feuilles sont arms d'aiguillons, tandis qu'ils sont inermes dans l'espce amricaine. Il est probable que ces deux
rosiers, si propres couvrir des tonnelles et des treillages
concurrement avec l'espce suivante, ne tarderont gure
tre introduites dans nos jardins.
Le 'rosier de Banks proprement dit (R. Banksi), originaire de la Chine, arbuste sarmenteux et grimpant, qui peut
s'lever plus de 10 mtres sous le ciel tempr du midi. Il
est le plus souvent inerme et parfaitement glabre, sauf sur
le bord des stipules, qui sont trs-caduques, et sous la nervure principale des folioles. Celles-ci, au nombre de 3 5,
sont planes, oblongues-lancoles, un peu luisantes. Ce rosier, un des plus beaux de tout le genre, est extrmement
florifre; ses fleurs, trs-doubles, blanches, jaunes ou saumones suivant les varits, sont petites, agrablement odorantes et runies en larges corymbes. Il est un peu sensible
au froid dans le nord de la France, o on est quelquefois
oblig de le couvrir de nattes, pendant les grandes geles,
surtout s'il est une exposition mridionale, la seule d'ailleurs o il russisse bien sous ce climat.
Le rosier de Banks, ou plus exactement de lady Banks,
ainsi nomm par Robert Brown en l'honneur de la femme du
clbre protecteur des botanistes anglais, a t pour la premire fois introduit de Chine en Angleterre peu aprs le
commencement de ce sicle, mais il a t depuis lors rimport plusieurs fois, et en dernier lieu (en 1850) par un
collecteur anglais, M. Fortune, voyageant en Chine. pour
compte de la Socit d'Horticulture de Londres. Ces introductions successives nous ont valu plusieurs varits assez
diffrentes par la couleur des fleurs, mais toujours identiques
par le port. Les plus belles sont le Grandiflora albaplena.
le
r
l
fleurs petites et toutes blanches, la Rose jaune ancienne de
Banks fleurs pleines et presque sans odeur, et les Roses de
Banks saumones, dont la teinte mordore semble tre un
mlange de jaune et de pourpre.
Le rosier fleurs d'anmone (R. anemonflora), qui ne se
rattache qu'imparfaitement au groupe des rosiers de Banks,
mais qu'on est embarrass de placer ailleurs. Ses fleurs sont
petites, blanches, pleines, assez semblables, par l'troitesse et
le grand nombre de leurs ptales, aux fleurs des anmones de
nos jardins. Comme le prcdent, il est originaire de la Chine, et
videmment trs-modifi par une longue culture. On en signale
quelques sous-varits, sous les noms de Centifolia, Pumila,
Pomponroyal, etc., qui peuvent sans inconvnient tre runies
en une seule sous le nom gnral de l'espce.
11 Le rosier feuilles simples ou feuilles d'pinevinette (Rosa berberifolia), que nous ne citons ici que pour
complter la srie des rosiers, car il est peine connu dans
nos jardins. C'est un sous-arbuste de 40 60 centimtres,
trs-drageonnant du pied, rameaux aiguillonns, feuilles
entirement simples, obovales, dentes, dpourvues de stipules. Les fleurs sont solitaires, peu prs de la grandeur de
celles du rosier de Banks, d'un jaune vif, avec une macule
pourpre fonc la base des ptales. Cette curieuse espce
dont quelques botanistes ont fait un genre part sous le nom
d'Hulthemia, ne se trouve que dans les terrains sals du nord
de la Perse, o elle est si abondante qu'on s'en sert pour le
chauffage des fours. Sa culture est difficile sous le climat du
nord, o elle fleurit cependant sans donner de fruits, mais il
est vraisemblable qu'elle russirait sous celui du midi, et il
n'est pas douteux que l'horticulture n'en pt faire natre d'intressantes varits, soit directement, soit en le croisant avec
d'autres espces. Il en existe au surplus un curieux hybride,
le rosier de Hardy (Rosa Hardyi des jardins), issu du rosier
feuillespenches (R. clinophylla) de la Chine, fcond par le
rosier feuilles simples. Cet hybride ressemble sa mre par
sa racine non traante, ses feuilles composes et sa haute
taille son pre par ses aiguillons terns
et surtout par se
fleurs jaunes, dont les ptales portent une macule brune
leur base (1).
J-+ Multiplication et culture des rosiers.
Nous comprenons sous ce Litre tout ce qui a trait la multiplication des rosiers, par semis, marcottages, couchages,
boutures et greffes, leur plantation et leur entretien.
Malgr le grand nombre des espces et des varits, cette
culture n'offre pas de difficults srieuses sous nos climats.
A. multiplication des rosiers
semis Cette m-
par
thode, pratique aujourd'hui sur une trs-grande chelle,
a principalement pour but de faire natre denouvelles varits.
Ayant dj expliqu les causes ordinaires de ces variations,
nous n'avons pas y revenir ici.
La premire condition pour faire un semis de rosiers est de
se procurer de bonnes graines, et comme il importe de ne pas
semer au hasard, on aura soin de ne rcolter les graines que
sur les races et les espces dont on aura fait choix un bon
tiquetage sera une prcaution indispensable pour n'tre pas
expos les confondre les unes avec les autres.
Sous nos climats septentrionaux les graines des rosiers mrissent gnralement en octobre et en novembre, et c'est dans
ce dernier mois qu'on a le plus de chance de les trouver au
point convenable de maturit; il n'y aurait d'ailleurs aucun
inconvnient les rcolter un peu plus tard. Dans tous les
cas, la maturit est parfaite lorsque la pulpe du fruit s'est
amollie ou qu'elle s'est dessche sur les graines.
Si l'on ne tient pas semer dans l'anne mme, les graines
de rosiers peuvent se conserver facilement jusqu' l'anne suivante dans les fruits, qu'il suffit de remiser, en lieu sec, pendant l'hiver. Plus souvent on les extrait des fruits au moment
de la rcolte, soit pour les stratifier, soit pour les semer immdiatement.
On stratifie les graines de rosiers dans des pots, des ter-
(I) Voir dans le Bulletin de la Socit botanique de France, anne 1857, p. 676
la note consacre cet hybride, par M Jacques Gay.
rines ou des baquets, que l'on enferme dans une cave ou une
enfouit
simplement au pied d'un mur,
froide,
qu'on
ou
serre
en prenant, dans les deux cas, les prcautions ncessaires
pour les mettre l'abri des souris. Ds le mois de mars, et
quelquefois plus tt, ces graines commencent germer; on
doit alors se hter de les semer, afin de n'tre pas expos, en
briser les radicules.
le faisant une poque plus avance
Suivant l'espace dont on dispose relativement la quantit
de graines, le semis se fait plus clair ou plus serr. La meilleure mthode serait d'espacer les graines 25 ou 30 centimtres l'une de l'autre, en tous sens.
Ce qui est bien prfrable la stratification c'est le semis
d'automne, fait immdiatement aprs l'extraction des graines.
S'il s'agit d'espces indignes, ou du moins rustiques, comme
les rosiers Cent-feuilles et leurs varits, le rosier de Damas,
le rosier blanc, etc., il y aura avantage semer en pleine
terre, sur une planche prpare exprs, et autant que possible
une exposition orientale, telle en un mot que les jeunes
plants soient abrits contre le soleil de midi. En semant clair,
c'est--dire en laissant des intervalles de 15 20 centimtres
entre les graines, en tous sens, il suffira, aprs la leve du
semis, d'un lger claircissage pour que les plants conservs
puissent rester en place jusqu' leur premire floraison.
Ceux qui auraient t enlevs, si toutefois ils l'ont t avec
quelque soin, sont repiqus sur une autre planche, 30 ou
40 centimtres en tous sens, ce qui doit tre aussi la distance
des
Les graines de rosiers semes en automne germent communment
printemps suivant, mais quelquefois avec une
grande ingalit, c'est--dire des semaines d'intervalle les
unes des autres quelques-unes mme attendent jusqu' la
seconde anne pour sortir de terre. Ce n'est l toutefois
qu'une exception dont on ne tient pas compte dans la pratique. Si l'hiver tait rude et prolong, il serait prudent de
couvrir la planche de paillassons pendant les journes les
plus mauvaises.
Lorsqu'il s'agit d'espces exotiques plus sensibles au froid,
,
,
premiers.
au
comme les rosiers du Bengale et de Bourbon, le rosier Th,
le rosier Noisette, etc., les semis se font en terrines qu'on
hiverne en orangerie ou sous un coffre vitr mais cette prcaution n'est pas ncessaire dans le climat du midi, o ces
espces peuvent tre traites comme les rosiers rustiques
dans le nord. Leur germination s'effectue, comme celle des
premires, dans les mois de mars et d'avril. Ces rosiers sont
plus prcoces que les espces indignes, et ils fleurissent
assez souvent la premire anne, surtout s'ils n'ont pas subi
de transplantation. Les rosiers indignes ne commencent
fleurir que la seconde anne, et encore n'est-ce que le plus
petit nombre la grande gnralit attend la troisime et
mieux encore la quatrime anne.
Les semis de rosiers sont toujours une opration alatoire,
en ce sens qu'on ne peut gure prsumer d'avance le mrite
de plantes qu'on en obtiendra, ce dont on ne juge bien qu'
la seconde anne de floraison. Si les graines ont t rcoltes
sur des rosiers fleurs simples, on pourra s'attendre en
trouver dans le semis un grand nombre qui seront pareillement fleurs simples. Les chances seraient meilleures si on
avait rcolt sur un rosier fleurs semi-doubles ou doubles,
fcond par lui-mme ou du moins par quelque autre bonne
varit. Quelque succs qu'on obtienne d'un semis, il y aura
toujours une partie des produits rformer, cause de leur
infriorit, mais ils pourront cependant encore tre utiles, en
servant de sujets pour y greffer des varits plus mritantes.
Pour l'amateur curieux d'hybridations, les rosiers sont un
des plus attrayants sujets d'expriences qu'il puisse rencontrer, et, s'il sait assortir les races ou les espces qu'il destine
entrer dans les croisements, il pourra en obtenir des varits
aussi remarquables par leur mode de vgtation, leur coloris
ou la belle forme de leurs fleurs que par leur nouveaut.
Rappelons ici ce que nous avons dit plus haut que les fleurs
trs-pleines sont prives d'tamines, mais que quelques-unes
de ces roses pleines ayant encore des ovaires, peuvent tre
.fcondes artificiellement. Toutes les fois donc qu'on voudra
hybrider, en vue d'obtenir des varits ornementales, on devra
prfrer ces varits pleines ou doubles, qui ne sont qu' demi
striles, celles dont les fleurs seraient tout fait simples, et
en prenant le pollen sur des fleurs semi-doubles ou mme
tout fait doubles, quoique ayant conserv quelques tamines,
on accrotra trs-notablement la chance de trouver des varits mritantes par le semis des graines. Une prcaution
qui serait indispensable ici consisterait envelopper d'un
rseau de gaze, ds avant leur panouissement., les fleurs qu'on
destinerait recevoir la fcondation artificielle, et cela pour
empcher toute immixtion des insectes dans cette opration.
L'enveloppe ne devrait d'ailleurs tre enleve que lorsque les
ptales fltris annonceraient que la fleur ne risque plus d'tre
influence par de nouveau pollen. Faute de ce soin, les insectes qui butinent en grand nombre sur les fleurs des rosiers
ne manqueraient pas, soit en faisant tomber le pollen qu'on
aurait dpos sur les stigmates, soit en en apportant d'espces
ou de varits autres que celles qu'on voulait employer exclusivement, d'introduire laplus grande confusion dans lafcondation des fleurs, et par l de faire natre des semis tout
autre chose que ce que l'on en attendait.
Si les rosiers choisis comme porte-graines, et destins
servir de sujets pour l'hybridation, ont les fleurs simples ou
semi-doubles, c'est--dire pourvues d'tamines et par consquent de pollen, la premire opration faire sera de castrer
les fleurs dans le bouton commenant s'ouvrir, mais avant
toute dissmination du pollen. Ces fleurs seront ensuite couvertes d'un morceau de gaze pour en carter les insectes, puis,
lorsqu'elles seront tout fait panouies, on rpandra sur
leurs stigmates, momentanment dcouverts, le pollen dont
on aura fait choix pour les fconder, aprs quoi on les couvrira de nouveau. Sans cette castration pralable, le pollen
de la fleur tombant sur les stigmates ne laisserait que peu
de chances d'agir au pollen tranger que l'on y aurait dpos. Il est du reste inutile que nous insistions plus longtemps
sur des oprations que nous avons suffisamment dcrites dans
le premier volume de cet ouvrage (1).
(1)
Voir
p.
tome1er,
612 et suivantes.
Multiplication des rosiers par clats, marcottage, couchage et bouturage. Si la multiplication
B.
des rosiers par graines a l'avantage de procurer de nouvellesvarits, celle qui se fait au moyen de fragments offre celui
de perptuer indfiniment les varits acquises et de donner
en outre des rsultats bien plus promptement que le semis.
La multiplication par clats est un vritable illetonnage.
La plupart des rosiers drageonnant de leurs racines, les.
pousses qu'ils mettent deviennent, par leur sparation du
pied mre, autant de sujets nouveaux. La seule prcaution
prendre dans cette opration est de leur conserver assez de
racines pour que la reprise en soit assure, ce qui revient
dire qu'on doit les arracher avec quelque soin.
Le couchage n'offre pas non plus de difficults. Il consiste
coucher en terre, dans une fosse de dix douze centimtres
de profondeur, les branches qui naissent de la partie infrieure de l'arbuste, et qu'on recourbe en arc pour en ramener l'extrmit au-dessus du sol. Ayant dj. dcrit (1) les
procds du couchage, nous ne nous y arrterons pas ici,
nous bornant rappeler que, lorsqu'il s'agit des espces
bois dur (les rosiers Cent-feuilles, les Provins, le rosier
blanc, etc.), on facilite leur reprisepar l'incision ou la ligature faites au-dessous d'un il vers le milieu de la courbure du rameau, qu'on maintient, par un crochet, dans la
position force qu'on lui a fait prendre. L'incision, si c'est
elle qu'on emploie, doit pntrer jusqu' la moelle et s'tendre sur-deux ou trois centimtres, un peu plus ou un peu
moins, suivant la force du rameau, et on en tient les branches cartes l'aide d'une cheville ou d'une petite pierre.
C'est de la base de l'il conserv prs de Pextrmit du chicot que sortent ordinairement Les premires racines.
Le couchage des rosiers se fait au printemps, en mars et
avril sur des pousses de l'anne prcdente, ou en juillet
sur des pousses de l'anne mme. On a soin de tenir la terre
toujours frache par des arrosages faits propos, et par un
(1)
Tome Ier, p. 481 et suivantes.
paillis de fumier dcompos de 3 4 centimtres d'paisseur,
ft si autour du pied mre il se dveloppe des drageons, on
les enlve pour qu'ils ne dtournent pas leur profit la sve
destine alimenter les branches couches. Lorsque l'opration est bien conduite, l'enracinement commence peu de jours
prs, et le sevrage peut se faire ds la fin du mois d'octobre;
nnmoins il est mieux de le remettre au printemps suivant,
9 en ayant soin de couvrir les marcottes de feuilles sches ou de
litire pendant l'hiver. S'il s'agissait cependant d'espces
a sujettes geler, on les enlverait en octobre ou novembre,
pour les planter en pots et les mettre l'abri, en orangerie ou
sous un chssis.
Le bouturage est presque aussi simple que le mode de mult tiplication que nous venons de dcrire, mais quoique la rigueur il puisse tre appliqu toutes les espces de-rosiers,
dans la pratique on ne s'en sert que pour celles qui s'y prtent
!
sans rsistance, et qui sont prcisment celles qui drageonnent le moins, ou mme ne drageonnent pas du tout,
telles que le rosier multiflore, le rosier musqu, ceux du
Bengale et deBourbon, le rosier Th, le rosier Noisette et celui
de Banks, qu'on multiplie d'ailleurs trs-facilement de couchages. Les espces les plus rebelles au bouturage sont le
rosier Cent-feuilles, les Provins, le rosier blanc, lesPortlands,
les Pimprenelles, le rosier jaune, et toutes les varits qui en
sont sorties; mais, par compensation, ces espces drageonnant beaucoup du pied offrent par l un moyen facile et sr,
sinon trs-expditif, de multiplication.
Le bouturage des rosiers se fait soit l'air libre, sans autre
chaleur que celle du climat, soit l'aide de la chaleur artificielle, sous des abris vitrs. Dans le premier cas on a le choix
entre le commencement du printemps et l't, c'est--dire les
mois de juillet, d'aot, et mme la premire quinzaine de septembre. Si l'on opre au printemps, on se sert de rameaux
de l'anne prcdente, que l'on coupe 20 ou 30 centimtres
de longueur en t, on y emploie des rameaux de l'anne,
mais qu'on prend suffisamment aots, et auxquels on donne
une longueur telle qu'ils aient deux ou trois yeux. Ces ra-
se plantent verticalement, et, quelle que soit leur Ioe
meaux
gueur, on ne leur laisse qu'un ou deux yeux au plus hors d
terre. La terre la plus favorable leur reprise est un soll
ger, sablonneux mme, par exemple la terre de bruyre
on peut s'en procurer, mais qu'il faut tenir constamment hu
mide par des arrosages d'autant plus frquents que la temp
rature sera plus leve et la saison plus sche. Un soin non
moins essentiel, et dont l'oubli pourrait compromettre tou
le succs de l'opration, sera d'abriter les boutures contre le
rayons du soleil, surtout partir de la fin du printemps, ce
qu'on obtiendra soit au moyen d'crans (toiles, feuillages, etc.)
soit par une exposition convenablement choisie et oriente
l'est ou l'ouest. En ceci, du reste, on devra tenir grand
compte du climat, et on n'a pas de peine comprendre qui
les abris et les arrosages seront beaucoup plus indispensables
sous le climat ardent du midi que sous le ciel tempr et pluvieux du nord.
Le bouturage chaud, qu'on pourrait aussi nommer bouturage forc, s'emploie plus particulirement pour les espces
dlicates ou de reprise difficile. Ici, les rameaux bouturs
peuvent n'avoir qu'un seul il, et on les plante en terre de
bruyre dans des terrines et plusieurs ensemble, ou mieux
un un dans autant de trs-petits godets, qu'on recouvre de
cloches, et qu'on dpose sur la tanne d'une serre ou sur une
couche chaude. La chaleur,sans tre leve, ne doit pas descendre au-dessous de 14 15 degrs centigrades. Si l'opration est bien conduite, les boutures sont gnralement reprises au bout de trois semaines, ce dont il est facile de
s'assurer en en dpotant quelques-unes. A partir de ce moment on les habitue graduellenient au contact de l'air, et on
les met, mesure qu'elles deviennent plus fortes, dans des
pots de plus en plus grands. Pour plus de dtails sur ce sujet,
le lecteur n'a qu' relire ce que nous avons dit du bouturage
dans notre premier volume, page 485 et suivantes.
C.
Multiplication des rosiers par la greffe. Avant
le commencement de ce sicle la greffe tait rarement employe comme moyen de propagation des rosiers, mais depuis
une quarantaine d'annes elle est devenue gnrale, et, dans
la pratique, elle prime de beaucoup aujourd'hui les autres
procds de multiplication. Cette prfrence s'explique par
la rapidit et la facilit avec lesquelles elle permet de multiplier les individus, dans les varits la mode, et d'en hter la
floraison; double avantage, d'abord pour le ppiniriste qui
est press de s'enrichir, ensuite pour l'amateur qui n'est pas
moins impatient de jouir. Toutefois, la greffe du rosier n'est
pas sans inconvnients sans parler de la forme souvent trsdisgracieuse qu'elle donne aux arbustes, on lui reproche
gnralement d'abrger leur vie, qui dure rarement plus de
12 15 ans, souvent mme beaucoup moins. Il faut reconnatre cependant que ces considrations n'ont pas aux yeux
de tout le monde la mme valeur.
Plusieurs de nos rosiers sauvages (rosier des chiens, rosier
rouill, etc.) et quelques espces cultives (rosier de Provins, etc.) peuvent tre employs comme sujets pour recevoir
la greffe; mais de toutes ces espces, celle qui s'y prte le
mieux est le rosier des chiens proprement dit (Rosa canina),
vulgairement dsign dans la pratique horticole sous le nom
d'glantier, bien qu'il soit trs-diffrent, ainsi que nous l'avons dj dit, du vritable glantier de Linn et des botanistes. Malgr l'improprit de cette appellation, c'est elle cependant que nous lui conserverons ici, pour n'tre pas en
dsaccord avec l'usage. Les qualits qui lui ontfait donner la
prfrence sur les autres rosiers sont sa grande rusticit, qui
lui permet de crotre partout et dans tous les sols, sa vigueur,
la rectitude de ses rejets, et enfin la facilit avec laquelle on
se le procure en tout pays.
Ordinairement on ne cultive pas l'glantier pour en tirer
des sujets de greffe; on se contente de l'arracher dans les
haies ou sur les lisires des bois; mais la grande consommation qu'on en fait depuis quelques annes l'a rendu rare
aux alentours des grandes villes, de Paris surtout, o on ne
le reoit plus gure que des dpartements circonvoisins. Les
sujets d'glantiers fournis par le commerce sont souvent mal
choisis, et surtout arrachs sans aucun soin; aussi, malgr sa
vitalit, en perd-on toujours un certain nombre par cette cause.
On viterait ces accidents si on prenait la peine d'en leve
quelques-uns dans un coin du jardin; c'est ce que devraient
faire tous ceux qui ont de grandes roseraies entretenir.
Malgr ses qualits, l'glantier a aussi des dfauts qu'il convient de signaler. Trs-propre alimenter les greffes des race
fortes et vigoureuses de rosiers il ne convient que mdiocrement pour les espces faibles, pour celles surtout qui
restent naines, et qui, ne pouvant donner un emploi utile la
sve qu'illeur envoie, ne tardent pas tre affames par ses
propres pousses et par les nombreux drageons qu'il met de
ses racines afin de rtablir l'quilibre. On a sans doute la
ressource d'enlever ces pousses parasites, mais la greffe ne
consommant pas en proportion de ce que produisent les racines de l'glantier, ce dernier, sans cesse contrari par ces
suppressions contre nature, finit lui-mme par succomber.
De l la ncessit d'employer des sujets d'espces moins vigoureuses pour toutes les races faibles ou peu dveloppes.
On y a employ tour tour, et avec des succs divers, le rosier
Cline, ancienne varit du rosier de Bourbon, le rosier toujours vert (Rosa sernpervirens), divers hybrides du rosier de
la Chine, et, aujourd'hui plus particulirement, le rosier de ;
Manetti, varit d'origine inconnue, obtenue de graines il ya j
prs de 40 ans par un horticulteur de Monza, en Lombardie,
dont ce rosier a pris le nom. On en fait usage surtout en An- ;
gleterre, o on a trouv que, s'il est impropre soutenir j
des rosiers haute tige, il convient au contraire assez bien
aux races naines. Nous devons ajouter qu'en France on ne lui i
j
attribuait
lors
de
lui
qu'on
les.
avantages
tous
a pas reconnu
son introduction, et qu'il tend mme disparatre de chez la i
plupart de nos horticulteurs.
Ce sont les jets gs de deux ou trois ans, et dont la grosseur approche de celle du doigt, qui servent de sujets de j
greffe. Autant que possible, il faut les choisir droits et for- ]
mant la canne; s'ils sont tortus on les redresse au moyen
d'un tuteur. On les enlve avec prcaution pour ne pas endommager les racines, ayant soin, avant la replantation, de
raccourcir celles qui seraient trop longues et de rafrachir par
une section nette celles qui auraient t entames. Cette
transplantation des glantiers se fait au premier printemps,
avant la pousse des feuilles, et avec beaucoup plus de succs
en automne, pour des raisons que nous avons dj indiques (1). Soit avant, soit aprs la plantation, les glantiers
sont rabattus la hauteur ol'on veut greffer, c'est--dire de 5
centimtres au-dessus du collet 1m,50 ou mme plus, suivant
la taille laquelle les rosiers doivent arriver. La greffe faite
trs-bas et enterre a ordinairement pour but de procurer des
arbustes qui s'affranchissent par le dveloppement de racines
sur la greffe elle-mme; lorsqu'on se propose de former des
rosiers tige, on ne rabat gure les glantiers au-dessous de
Dill ,80, et cela tout aussi bien pour ne pas avoir des arbustes
disgracieux par l'courtement de leur tige, que pour mettre
leurs fleurs la porte de la main.
Deux sortes de greffes sont principalement employes pour
les rosiers, savoir la greffe en fente et la greffe en cusson. La
premire se fait la fin de l'hiver ou dans les premiers jours
du printemps; la seconde pendant toute la saison o les rosiers sont en sve, et, suivant qu'elle a lieu au printemps ou
en automne, on lui donne les noms de greffe ilpoussant ou
il dormant. L'cussonnage de printemps se fait en mai ou
en juin, celui d'automne de la fin de juillet au 15 septembre,
ou plus tard, suivant les lieux et les climats. Nous savons dj
que, dans la greffe il poussant, le bourgeon insr sous
l'corce du sujet entre presque immdiatement en vgtation;
communment mme, lorsqu'il s'agit de rosiers perptuels, ce
bourgeon donne des fleurs dans le courant de l't. La greffe
il dormant, au contraire, ne commence vgter qu'au
printemps de l'anne suivante; mais, si elle est plus tardive
que la premire, elle est par compensation beaucoup plus
sre, parce que ses pousses mieux aotes risquent moins de
prir de froid pendant l'hiver. Lorsqu'on a le choix entre les
deux, c'est cette dernire qu'il faut prfrer.
(1)Tome
Ier, p. 664 et suivantes.
La greffe en fente se fait sur la tige mme du
sujet, ampu
te, comme nous l'avons dit tout l'heure, la hauteur
doit se former la tte de l'rbuste. Si cette tige est un peu
forte, on peut y insrer deux greffes opposes; si elle ne
passe pas la grosseur du petit doigt, il est mieux de n'en met
tre qu'une, et alors on tronque obliquement, ou en bec
flte, la sommit du sujet. Quant la greffe elle-mme, qu'il
faut choisir saine et droite autant que possible, on la coupe
au-dessus du second ou du troisime il, et on fait en sor
qu'un de ses yeux se trouve en dehors et immdiatement au-
d
d
dessus du biseau qui sera insr dans la fente du sujet. La
greffe mise en place est ligature et enduite d'un linimen
appropri; si elle est faite au collet mme de l'arbuste, ou
plus forte raison sur une grosse racine, on la couvre de terre
l'exception de l'il terminal, condition la fois favorable
la reprise et l'mission des racines l'aide desquelles elle
s'affranchira, ainsi que nous l'avons dit plus haut. Pour tout
les autres dtails nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur au chapitre des greffes, et notamment ce
lui de la greffe en fente, page 521 du premier volume de ce
Trait.
Les cussons peuvent se poser directement sur la tige du
sujet, pourvu que l'corce s'en dtache facilement, et alors,
si le sujet est fort et vigoureux, ce qui est le cas ordinaire
avec l'glantier, on peut poser deux cussons opposs l'un
l'autre, ou mme un plus grand nombre. Les cussons
mis en place et ligaturs, on peut rabattre immdiatement
le sujet 8 ou 10 centimtres au-dessus de la greffe, en y rservant un il d'appel; il est mieux cependant d'attendre
l'anne suivante pour faire cette suppression, lorsque la greffe
bien reprise a commenc vgter. On supprime en mme
temps tous les yeux ou pousses commenantes qui se trouvent sur le sujet au-dessous de la greffe, et le bourgeon d'appel
est lui-mme pinc, lorsqu'il a developp cinq six feuilles
ou mme plus tt, afin de modrer la succion qu'il exerce
sur lasve du sujet, sve dont la greffe doit tre bientt seul
profiter. Dans le cas de la greffe en fente on retranche pa-
reillement les pousses du sujet, lorsque la greffe est dcidment entre en vgtation.
Nous avons suppos les cussons placs sur la tige mme
le l'glantier; c'est en effet ce qui se pratique communment,
nais trs-souvent aussi, et cela principalement quand les suets sont trs-gros et que leur corce, dj un peu vieille ou
trop paisse, ne se soulve plus aussi facilement que sur des
tiges plus jeunes; trs-souvent, disons-nous, on cussonne
sur une pousse latrale du sujet, qu'on a mnage tout extrs et conserve seule pour qu'elle prenne plus de force. En
lehors de cette particularit, la greffe se fait absolument
comme sur la tige principale, et cela dans l'anne mme, en
automne, ou, si l'on aime mieux, au printemps suivant. Rien
l'empche au surplus de conserver l'glantier deux, trois
ou quatre pousses, situes peu prs la mme hauteur, et
lui reoivent chacune un cusson. De cette manire la tte de
'arbuste est plus vite forme, et surtout elle peut tre plus
rgulire qu'elle ne le serait si elle se formait sur une seule
greffe. Le lecteur trouvera dans notre premier volume,
page 534 et suivantes, les dtails omis ici sur la greffe en
cusson, et les soins qu'elle rclame lorsqu'elle est reprise.
D'autres greffes peuvent tre appliques aux rosiers, par
exemple la greffe en navette, sur les espces sarmenteuses ou
grimpantes, comme le rosier toujours vert (Rosa sempervirens), le rosier de Banks, etc., la greffe en placage, et surtout
la greffe herbace; mais celle-ci, pour russir, doit tre faite
sous cloche, l'touffe, et le plus souvent mme aide par
la chaleur artificielle. Ce dernier procd, fort en vogue aujourd'hui chez les ppiniristes, qui il fournit le moyen de
multiplier les rosiers avec une extrme rapidit, est ce qu'on
appelle proprement la greffe force du rosier.
Dans cette mthode on choisit pour sujets de jeunes pieds de
Damas de Puteaux (rosier bifre), ou des quatre-saisons, qu'on
met dans des pots de 10 12 centimtres de diamtre, la
fin de l'automne, et qu'on abrite dans
une serre ou sous un
chssis vitr. La temprature tant maintenue d'une manire constante entre 15 18 degrs centigrades, ces arbustes
commencent immdiatement vgter. Lorsqu'ils sont bien
en sve, on les tronque quelques centimtres de la racine e
on les greffe en fente avec un rameau de la varit que l'or
veut multiplier. Si la greffe russit, ses pousses, au bout dt
deux mois, seront assez dveloppes pour fournir chacun
deux ou trois petits rameaux pourvus d'un pareil nombre
d'yeux, ou plus, qui pourront leur tour tre greffs en fente
mais dont plus communment on lve les yeux pour en fair
autant d'cussons qu'on place sur de nouveaux sujets de lfl
mme espce de rosier prpars d'avance. Deux mois plu!
tard, ces cussons fourniront eux-mmes de nouveaux yeu
qui seront greffs de mme. On conoit que cette manuvr
se rptant six fois dans l'anne, il en rsulte qu'un hahil
ppiniriste peut, dans ce laps de temps, obtenir plusieur
centaines d'chantillons d'une seule greffe primitive. Beau
coup de ppiniristes ont tir un parti trs-lucratif de ce mo
de propagation acclre, pouss jusqu' ses dernires H
mites.
Toutefois ce ne fut pas impunment. On ne tarda pas
cetta
rosiers
obtenus
majorit
des
connatre que la grande
par
mthode si peu naturelle n'avaient que trs-peu de vitalitJ
et que, malgr tous les soins, les acheteurs les perdaient prs:
vus fleuque tous en moins d'une anne, souvent sans les avoirpeut-trj
rir; aussi la greffe force fut-elle bientt dcrie,
plus qu'elle ne le mritait. D'habiles praticiens, qui n'taient
pas aveugls par l'intrt, ont pris sa dfense, et ont dmon
tr qu'en se bornant une ou au plus deux oprationssinod
suc"
cessives sur la premire greffe, on obtenait des plantes,
dureii
vitalit
trs-vivaces, du moins doues d'assez de
pour
quelques annes. Hors certains cas rares qui se prsentent
cerosiers
de
quelquefois, le vritable amateur
ne recourra
pendant pas ce moyen, auquel la greffe ordinaire, le couchage et le marcottage sont de toutes manires bien prfI
rables.
D. Culture des rosiers. Les rosiers, quelque espce
mieua
Sl
russissent
jamais
ou varit qu'ils appartiennent, ne
qu'en pleine terre, parce que leurs racines, qui aiment
tendre, sont mal l'aise dans des pots cependant il est souvent utile d'en avoir quelques-uns en pots, ne ft-ce que pour
les
orner
fentres et les balcons. Dans ce cas, on y emploie
de prfrence les rosiers nains et francs de pied, surtout d'espces peu ou point drageonnantes, telles que le multiflore, le
rosier de miss Lawrence, les rosiers Th et Noisette, et surtout ceux du Bengale et de Bourbon.
En gnral, les rosiers s'accommodent de toutes les terres
de jardin, pourvu qu'elles soient un peu fraches, meubles et
naturellement draines par la permabilit du sous-sol. Cependant quelques espces exotiques, peu cultives en France,
ne viennent que dans les sols marcageux, et nous avons dj
dit que la rose jaune (Rosa sulfurea), d'aprs le clbre
Banks, ne fleurit gure d'une manire satisfaisante si ce n'est
dans les terrains de cette nature. A l'exception de ces espces,
tous les rosiers acquirent de la force et fleurissent plus abondamment dans les terres fumes. L'amendement du sol, par le
fumier d'table ou d'curie, est mme une opration indispensable dans les roseraies qui durent plusieurs annes, et
cela naturellement en proportion du nombre d'arbustes rpartis sur une surface donne. L'engrais peut d'ailleurs tre
distribu sous forme liquide, pourvu qu'il soit trs-dilu.
Quant aux arrosages, on conoit que la dose varie ncessairement avec les climats; presque nuls, dans les annes ordinaires, sous le ciel de Paris, ils deviennent peu prs indispensables sous celui du midi de l'Europe.
Une condition essentielle au succs des plantations de rosiers, c'est que les arbustes occupent un site trs-ar et trsclair. Ils s'tiolent facilement l'ombre et y fleurissent mal;
on a mme remarqu qu'ils ne sontjamais aussi vigoureux ni
leurs fleurs aussi belles dans l'intrieur ou au voisinage des
grandes villes qu'en pleine
campagne. L'tablissement d'une
roseraie sera donc subordonn ces considrations de site, et,
dans un parterre ordinaire, on devra rserver aux rosiers les
endroits qui runiront au plus haut degr ces conditions de
bien tre. Si les rosiers taient en pots, ces pots devraient
tre parfaitement drains et leur terre change tous les ans
contre de la terre nouvelle, d'ailleurs lgrement additionne
de crottin de cheval ou de fumier dcompos. Les arrosages
ici seront naturellement plus frquents que siles arbustes
taient en pleine terre.
Les gots se partagent sur la question de savoir lequel vaut
mieux que les rosiers soient sur tiges ou en buissons. Ce dernier cas se prsente ordinairement lorsqu'ils sont francs de
pied, l'autre tant en gnral la consquence de la greffe su
glantier. On peut dire qu'entre les mains d'un habile cultivateur les deux mthodes sont galement bonnes, et que toutes
deux donnent, qui sait en tirer parti, des arbustes de forme
lgante. Certaines espces cependant se prsentent mieux
sous forme de buisson, et ne sont gure cultives autrement,
par exemple les rosiers blancs, les rosiers Cent-feuilles, les
Provins et leurs innombrables varits, bien qu'on en voie
quelquefois aussi de fort beaux sur des tiges d'un mtre ou
plus; les rosiers Th et les rosiers Noisette, au contraire, sont
plus habituellement sur tiges d'glantier, au moins dans le
nord de la France, quoique, dresss en buissons, si le climat
n'exige pas qu'ils soient abrits l'hiver, ils forment aussi de
trs-beaux arbustes. Quelle que soit au surplus la forme adopte, on devra retrancher les rejets qui natraient des racines,
et qui drangeraient la rgularit de la plantation; ces rejets
seront, surtout supprims si ce sont ceux des glantiers sur
lesquels les arbustes ont t greffs, et qui, en se multipliant
sans mesure, finiraient par infester toute la plantation.
A l'exception des rosiers grimpants, qui fleurissent d'autant
moins qu'on leur supprime plus de branches, la plupart des
rosiers sont soumis la taille, mais des degrs trs-divers.
Ceux qui sont engrands buissons et dj gs, le rosier blanc,
par exemple, qui s'lve deux ou trois mtres, sur une tige
qui est quelquefois de la grosseur du bras, peuvent fort bien
n'tre pas taills du tout; on se contente d'enlever le bois
mort et de supprimer, s'il en existe, les branches mal places
et nuisant la rgularit de l'arbuste. Assez souvent les rosiers sont plants en haies, la fois ornementales et dfensives; dans ce cas on se borne entretenir, par la taille, au
ciseaux, la forme gomtrique de la haie, en ayant soin de
ne pas rabattre trop court les sommits. Les rosiers Centfeuilles et les Provins sont peut-tre ceux qui se-prtent le
mieux cet usage, lorsque les haies ne doivent pas dpasser un mtre en hauteur; dans les parties chaudes du midi on
y emploie avec succs les rosiers Th et Noisette, qui donnent
des haies bien plus leves, et de l'effet le plus ornemental.
Greffs en haute tige sur glantiers, les rosiers doivent toujours tre taills, ce qui se fait en fvrier ou mars, suivant
les lieux et le caractre de la saison. On rabat leurs branches
trois, quatre ou cinq yeux au-dessus de leur point d'origine,
d'o rsulte pour l'arbuste une forme qu'on a compare la
tte d'un saule, et qui devient quelquefois trs-disgracieuse
par les nodosits que ces suppressions y font natre. Beaucoup de jardiniers abusent de la taille en la faisant trop rapproche du vieux bois, ce qui diminue notablement la floraison, surtout dans les espces non remontantes, comme les
Cent-feuilles ordinaires, les rosiers mousseux, les Pompons
les Provins, le rosier blanc, etc. Au surplus, il faut ici une certaine exprience dans ce genre de culture, car il y a des espces ou des races de rosiers qui, pour bien fleurir, veulent
tretailles court, tandis que d'autres demandent tretailles
long; quelques-unes mme, ainsi que nous le dirons tout
l'heure, ne veulent pas tre tailles du tout. On ne doit pas oublier, d'un autre ct, que la taille abrge toujours la dure
de l'arbuste, et cela en proportion de la svrit avec laquelle
elle est applique
aussi se contente-t-on aujourd'hui, chez
beaucoup d'habiles rosistes de l'Angleterre et du continent, de
recourber ou de contourner les branches des rosiers, aprs
en avoir seulement amput l'extrmit. Le port de l'arbuste
y perd, mais la floraison en est plus abondante.
Les rosiers Cent-feuilles, francs de pied, lorsqu'ils sont devenus vieux et languissants, peuvent tre rajeunis par l'ablation totale de leurs tiges coupes au niveau du sol. Si l'on fait
cette opration en hiver, on obtient au printemps suivant des
pousses vigoureuses, mais qui ne fleurissent que l'anne d'aprs. Si au contraire cette rsection est faite ds que les roses
sont dfleuries, c'est--dire vers la fin de juin, les rejets qui
repoussent du pied sont dj suffisamment forts en automne
pour fleurir au printemps de l'anne suivante. Il y a mme
des jardiniers qui, tous les ans, ravalent ainsi leurs rosiers
Cent-feuilles pour en vendre les fleurs, qu'ils croient obtenir
par l plus grandes et plus belles. Plusieurs autres rosiers,
dont la vgtation est analogue celle des Cent-feuilles, tels
que les Provins, les Pompons et quelques autres, peuvent
tre soumis ce genre de taille.
Les rosiers perptuels de la race des Bengales, des Bourbons, des Noisette et des Ths, auxquels on peut ajouter le
rosier multiflore, le rosier de Banks et le muscat, ne sont pas
entirement rustiques sous le climat de Paris. Si l'automne a
t sec et que ces arbustes aient t bien aots, ils rsistent
ordinairement des froids de dix douze degrs au-dessous
de zro, le rosier de Bourbon surtout, qui est un peu moins
tendre que les autres; mais ils prissent trs-frquemment
dans les hivers o les froids sont plus rigoureux, principalement aprs un automne humide. Une des causes qui contribuent le plus cette mortalit par le froid, c'est la mode qui
a prvalu de les greffer sur glantiers et de les lever en tiges
ou demi-tiges, car alors si la gele les saisit ils prissent en
entier. Ilen est autrement lorsqu'ils sont sur leurs propres racines; si les tiges prissent, les souches se conservent facilement sous terre, l'aide d'une couverture de feuilles ou de
litire, et elles repoussent vigoureusement au printemps. Cette
considration, qui n'est d'ailleurs pas la seule, devrait suffire
pour faire adopter l'usage decultiver ces arbustes francs de
pied
plutt que de recourir la greffe. Cependant, lorsque
les rosiers sont greffs, on pourrait encore employer un moyen
trs-efficace, usit en Belgique et en Hollande, pour les mettre
l'abri du froid, et qui consiste courber leurs tiges sans les
rompre, pour enfouir la tte dans une fosse, o on la recouvre
de 20 25 centimtres de terre. On les redresse au printemps,
quand les geles ne sont plus craindre.
Les rosiers grimpants, tels que rosiers de Banks, multiflores, rosiers toujours verts, etc., ne se cultivent gure que francs
de pied, et comme ils craignent le froid dans le nord, on les
fait ordinairement grimper sur des treillis appliqus contre
des murs, exposition mridionale. Tous ces rosiers, pour
fleurir abondamment, veulent tre abandonns eux-mmes;
on se borne les palisser, sans les tailler, et les dbarrasser du bois mort. Lorsque l'hiver est trs-rigoureux, il est
prudent de les couvrir de paillassons. Dans la rgion du midi,
o ils viennent toutes les expositions, les rosiers de Banks
peuvent s'lever 10 ou 12 mtres, ou plus encore, sur les
arbresou les difices qui leur servent de soutien.
Jusqu'ici nous n'avons parl que de la culture naturelle des
rosiers; mais il y en aune autre, usite surtout dans les
grandes villes, et qui a pour but de faire fleurir ces arbustes
contre-saison, et jusqu'au cur de l'hiver; c'est ce qu'on
nomme la culture force.
Pendant longtemps on n'a gure employ que la varit bifre du rosier des quatre-saisons pour obtenir des roses en hiver,
et ce sont principalement les jardiniers de Paris et des environs de cette ville qui se sont livrs cette industrie. Ils plantent, la fin de l'hiver, leurs rosiers greffs ou non greffs
dans des pots de grandeur moyenne, qu'ils enterrent jusqu'au
moment de la dfloraison, aprs quoi ils les mettent dans
l'endroit le plus froid du jardin, l'abri du soleil, et ils
cessent de les arroser, ne leur donnant, si le temps devient
trs-sec, que strictement la quantit d'eau ncessaire pour
les empcher de mourir. Ce repos forc prdispose les arbustes repousser ds que les conditions seront meilleures.
En novembre, plus tt ou plus tard, suivant le besoin, ces rosiers sont mis sous un chssis entour d'un rchaud de fumier, qu'on remanie et renouvelle de temps en temps, pour
entretenir dans l'intrieur du coffre la chaleur ncessaire, environ 18 degrs centigrades. De temps en temps on donne de
l'air, pour empcher l'tiolement des plantes, et on arrose
frquemment, car il est essentiel que la terre des pots soit
toujours humide. Au bout de deux mois les rosiers commencent fleurir. En rptant de 15 jours en 15 jours l'opration,
on a des roses pendant tout l'hiver. Le mme rsultat s'obtient
au moyen d'une serre chaude; mais il faut alors avoir soin de
mettre les rosiers prs des vitres, de leur donner de l'air de
temps en temps et, s'il fait du soleil, de les abriter par des
crans pendant les heures les plus lumineuses de la journe.
La plupart des rosiers qui s'accommodent de la culture en
pots peuvent tre forcs par ces deux moyens. Quand on veut
seulement faire fleurir en automne des rosiers de printemps
qui sont en pots, on retranche tous leurs boutons de fleurs
avant la floraison, on supprime pendant quelque temps les
arrosages, aprs quoi, en juillet ou en aot, on les taille et on
les arrose frquemment. La transplantation des rosiers faite
au mois de mai, avec suppression des boutons de fleurs, aurait
de-mme pour consquence une floraison tardive, presque
aussi belle que celle qu'ils auraient donne dans leur saison
normale. Ajoutons qu'avec les rosiers remontants et ceux
floraison automnale, dont les varits sont si nombreuses aujourd'hui, ces cultures forces sont presque superflues, dans
la rgion mditerranenne surtout, o les rosiers remontants
et perptuels fleurissent peu prs tout l'hiver.
E. maladies des rosiers et insectes nuisibles
ces arbustes. A part les accidents, les dgnrescences ou l'affaiblissement de la vitalit, qui sont ordinairement la suite de quelque dfectuosit du sol, du climat ou
de la culture, les rosiers sont encore sujets des maladies
particulires
souvent, il est vrai, favorises par des circonstances que l'homme pourrait matriser. De ce nombre sont
les maladies causes par les parasites vgtaux de l'ordre
des cryptogames, et l'puisement amen par les morsures
trop rptes des insectes.
Deux maladies principales sont craindre pour les rosiers,
mais non au mme degr pour tous. L'une est larouille (le
rouge des jardiniers), l'autre est le blanc ou meunier, et elle
est plus redoutable que la premire.
La rouille est le produit de champignons microscopiques
dugenre Vredo, qui se dveloppent sous l'piderme et le soulventpour rpandre au dehors leurs sminules, dont les agrgations, la surface des feuilles, forment de petites taches
jaunes ou rougetres. Ce mal, auquel on fait d'abord peu
d'attention, finit par striliser les rosiers, sinon par les faire
prirtoutfait, etde plus est trs-contagieux. On devra donc
enlever de la plantation toutes les feuilles et tous les rameaux sur lesquels on dcouvrirait de ces taches, et il faudra les brler, et non point les enfouir en terre, car leurs
sminules s'y conserveraient jusqu'au moment o, par une
cause ou par une autre, elles trouveraient l'occasion de se
dvelopper aux dpens de nouvelles victimes.
Le blanc, vritable flau des roseraies, et qui dtruit parfois des semis entiers, consiste en un rseau de filaments
microscopiques blancs, tendu sur les parties jeunes des arbustes. Les feuilles qui en sont couvertes se fripent et perdent
leur teinte et leur lustre naturels. La plante cesse de crotre
et ne donne bientt plus que des avortons de fleurs enfin,
aprs avoir langui quelque temps, elle prit puise par le
parasite. Ce dernier, qui est trs-analogue l'Odium de la
vigne, a reu des botanistes le nom d'Erysiphe pannosa. Quoiqu'il ne respecte pas les rosiers cultivs en plein air, c'est
cependant sur ceux qu'on tient enferms dans des serres ou
des orangeries mal ares qu'il exerce leplus de ravages, aussi
est-il beaucoup plus commun dans le Nord, o on force une
grande quantit de rosiers, que dans le Midi. Certaines varits y sont plus sujettes que d'autres, tmoin la rose Gant
des batailles, qui en est, dit-on, presque toujours infeste.
On ne connat aucun remde au blanc (1); le meilleur parti
prendre, lorsqu'il commence se montrer, est de supprimer
et de brlerles parties malades, et, si le rosier tout entier est
envahi, de l'enlever, ou tout au moins de le recper au niveau
du sol moins qu'il ne soitgreff sur glantier onaura chance
il
(I)AudiredeM.
Regel, directeur des jardins impriaux de Saint-Ptersbourg,
le soufre en poudre serait l'antidote du blanc des rosiers aussi bien que de l'odium de
vigue, mais il faut l'employer ds le dbut de la maladie. On dit aussi
qu'un horticulteur de la mme ville a guri ses rosiers atteints du blanc, en les aspergeant plusieurs reprises avec de l'eau un peu chaude qui avait sjourn quelque temps dans les tuyaux de cuivre d'un thermosiphon. L'action des sels de
cuivre sur les vgtations cryptogamiques est assez connue pour que le fait dont
il est question n'ait rien d'invraisemblable.
la
d'obtenir par l des pousses exemptes de la maladie. Le
blanc, de mme que la rouille, est contagieux, et on l'a vu
se propager la suite de la greffe, lorsque les rameaux ou les
cussons avaient t pris sur un rosier infect.
Beaucoup d'insectes vivent de mme aux dpens des rosiers, mais il n'yen a qu'un petit nombre dont les attaques
soient craindre. Ce sont les chenilles de papillons ou de
tenthrdes (1), les larves des hannetons et les pucerons. Il est
facile, en passant de temps en temps en revue les rosiers, de
les dbarrasser des chenilles, et c'est un soin qu'il ne faut pas
oublier de prendre. Il n'en est pas de mme des pucerons,
plus difficiles dcouvrir parce qu'ils sont ordinairement
la face infrieure des feuilles, et qui sont surtout dangereux
cause de leur multitude. Tant qu'ils sont peu nombreux, on
se contente de les craser sous les doigts ou d'enlever les
parties du rosier qui en sont couvertes. Un rosier nain isol,
qui serait infest de pucerons, pourrait tre recouvert d'une
cloche, sous laquelle on brlerait du tabac et qu'on y maintiendrait assez longtemps pour queles insectes fussent asphyxis par la fume cre de cette denre. C'est ainsi du
reste qu'on procde dans les serres et sous les bches o on
force les rosiers, quand les pucerons s'y introduisent. Quant
aux larves de hannetons, ou vers blancs, nous ne pouvons
que renvoyer le lecteur ce que nous en avons dit dans
notre premier volume.
II. LES OEILLETS.
L'illet a t longtemps le rival de la rose dans nos jardins,
et s'il ne vient plus qu'en seconde ligne dans l'estime de
quelques amateurs, il faut moins l'attribuer une infriorit
relle qu' un caprice passager de la mode. Il n'a cependant
jamais perdu tout son prestige, mme en France, o il est
plus dlaiss qu'ailleurs, et on ne peut douter que, comme
(1)
Voir tome 1er, p. 655 et suivantes.
plante de collection, il ne survive une multitude de nouveauts, aujourd'hui en faveur, qui n'ont ni sa beaut, ni
la varit et la vivacit de son coloris, ni surtout la suavit de
son parfum.
Les illets (Dianthus [1]des botanistes), de la familledes Caryophylles, constituent tout un genre de plantes, dont les
nombreuses espces s'tendent travers l'Europe et l'Asie
centrale, des bords de l'ocan Atlantique aux extrmits orientales de la Chine et du Japon. Ils abondent particulirement
autour dela Mditerrane, et la France, elle seule, en possde une trentaine d'espces. Nous allons passer en revue
celles qui intressent le plus directement l'horticulture.
A. illet des fleuristes. A ce point de vue, l'espce
la plus importante, celle qui tient dans son genre la place que
le rosierCent-feuilles occupe dans le sien, est l'illet desfleuristes (Dianthus Caryophyllus), plante indigne ou tout au
moins naturalise (2) dans nos dpartements mridionaux, en
Espagne, enltalie et dans le nord de l'Afrique. La longue culturedont elle a t l'objet, les semis rpts et les changements
de climats qu'on lui a fait subir, y ont fait natre, comme
dans les rosiers, un nombre immense de varits. Sa fleur,naturellement simple, est devenue double ou pleine tous les
degrs, et, la place de la couleur lilas pourpre uniforme
qu'elle offrait primitivement, elle a revtu toutes les teintes,
depuis le blanc pur jusqu'au pourpre fonc et presque noir,
y ajoutant mme des couleurs qui semblent lui tre trangres, comme le jaune et certaines teintes ardoises o on
croit dmler des tons bleutres. Ces couleurs se distribuent et
Du grec Aio et 'iB ; mot mot: fleur de Jupiter.
[2) D'aprs quelques auteurs, l'illet tait cultiv de temps immmorial par les
musulmans de l'Afrique, qui s'en servaient pour parfumer les liqueurs, etce serait
dans la seconde moiti du treizime sicle, la suite de la malheureuse expdition de saint Louis contre Tunis, que la plante aurait t apporte de cette ville en
Europe. Rien ne prouve qu'elle soit plus indigne en Barbarie qu'elle ne l'est au
nord de la Mditerrane, et qu'elle n'y ait pas t primitivement apporte par
quelqu'une de ces nombreuses immigrations de peuples orientaux dont les ctes
septentrionales de l'Afrique ont t si souvent
thtre. Au surplus, l'histoire de
l'illet des fleuristes n'est ni plus ni moins obscure que celle d'une multitude
d'autres vgtaux cultivs, d'ancienne introduction.
[1]
le
s'entremlent de mille manires sur un fond de teinte do-
minante, donnant lieu des fleurs panaches, mouchetes,
piquetes, bi ou tricolores, doubles ou pleines, ptales entiers ou dents, et ralisant toutes les combinaisons imaginables de formes et de coloris. Autant les fleurs panaches
ou bicolores sont rares dans le genre rosier, autant elles sont
communes et varies dans l'illet des fleuristes, qui est,
sous ce rapport, une des plantes d'agrment les plus richement dotes.
Toutes les contres de l'Europe, mais principalement la
Hollande, la Belgique, l'Allemagne, la France et l'Angleterre,
se sont livres la culture de l'illet, et dans chacun de ces
pays on en a obtenu des sries de varits, plus ou moins
distinctes, que l'on a essay de classer mthodiquement;
mais ces classifications, faites sans entente commune, et reposant peu prs toutes sur de simples caprices d'amateurs,
ont plutt augment que diminu la confusion du sujet. Nous
ne voyons rien de mieux, pour le moment, que de rsumer ici celles de ces classifications qui ont ralli le plus
grand nombre d'adhrents dans cette branche de la cul.ture.
Pour les Anglais, toutes les varits de l'illet des fleuristes
carnation) se classent en trois catgories, les bizarres, les
flakes et les picots. Les bizarres se distinguent leur fond
blanc, ray ou panach, dans le sens longitudinal des ptales,
par des bandes de deux ou de trois couleurs diffrentes ou
au moins de teintes diffrentes d'une mme couleur, mais
nettement tranches, par exemple, de rose, de rouge carmin,
de violet ou de pourpre fonc; les flakes ont aussi le fond
blanc, mais ils ne sont rays ou bariols que d'une seule couleur; enfin les picots, au lieu d'avoir les ptales panachs
dans le sens longitudinal, les ont bords, surleurcontour, d'une
couleur autre que le fond, telle que le rose, le rouge carmin,
le pourpre violet, etc., sur fond blanc ou jaune, et de plus
sont mouchets ou piquets, sur le limbe, soit de la couleur
qui rgne sur le bord, soit d'autres couleurs ou d'autres
teintes plus claires ou plus fonces. En Angleterre, on ne
tarait pas donner d'importance la prsence ou l'absence
le dents l'extrmit des ptales.
En France, on s'accorde gnralement aussi classer les
aritsde l'illetdes fleuristes en trois groupes principaux,
bais qui s'tablissent sur d'autres considrations. Ce sont:
grenadins, presque uniquement cultivs pour fournir
Il les
les essences la parfumerie, dont les fleurs, de grandeur
moyenne, simples ou doubles, sont unicolores, d'un pourpre
onc,
violac ou tirant quelque peu sur le marron, et
ptales dentels
tous exhalent un parfum dlicieux 2 les
amands (fig. 15), fleurs grandes (de 35 50 millimtres ou
plus de diamtre), doubles
pleines,
trs-rondes,
bombes au milieu, dont les
ptales parfaitement entiers,
c'est--dire sans dentelures
ou dcoupures quelconques,
ce qui est un caractre essentiel aux yeux des connaisseurs, sont unicolores ou
bariols longitudinalement
de deux ou de trois couleurs
trs-tranches, sur fond
ou
blanc pur; et 3, les illets
defantaisie subdiviss euxmmes en allemands et en
anglais, ptales indiffremment entiers ou dentels,
mais marqus, piquets ou
flamms de deux ou trois
Fig. 15. OEillet flamand.
couleurs diffrentes, sur un
end jaune de diverses nuances dans les premiers, et simplement blanc dans les seconds. On voit par l que les picots
les Anglais rentrent dans notre classe des illets de fantaisie,
comme leurs flakes et leurs bizarres dans nos illets flamands,
en tant du moins qu'ils ont leurs ptales entiers et non dentels.
C'est tort que quelques horticulteurs ont cru devoir fair
une quatrime classe d'oeillets, sous le nom d'illets car
ou prolifres, pour des varits fond blanc, piquetes de di
verses teintes de carmin ou de pourpre, et dont le caractr
essentiel est d'avoir la fleur tellement pleine que le bouton
se fend sur un ct au lieu de s'ouvrir rgulirement par ei
haut, ce qui laisse pendre disgracieusement de ce ct un
partie des ptales. Cette sorte d'obsit, qui a eu ses partisans
et laquelle on remdie d'une certaine manire en conte
nant la fente du calyce au moyen d'une carte troue dans la
quelle on engage ce dernier, avant la floraison, oul'aided'un
lien quelconque, cette sorte d'obsit, disons-nous, est
jourd'hui presque universellement regarde comme un gra
dfaut. Elle n'est d'ailleurs pas exclusivement propre la va
rit que nous avons indique ci-dessus, car on la retrouver
dans la plupart des autres, et on dsigne sous le nom de cre
vards les individus qui la prsentent. Les amateurs soigneux
liminent gnralement les illets crevards de leurs collec
tions.
En France, les illets flamands passent, aux yeux de beau
coup de connaisseurs, pour les plus parfaits de tous cepen
dant quelques personnes mettent les illets de fantaisie a
mme niveau; il s'en trouve mme qui les prfrent au
premiers. Ceci est peut-tre plus affaire de convention qu
de got ou de manie; tout ce qu'on peut dire, lorsqu'on es
dsintress dans la question, c'est que ces illets, quelqu
classe qu'ils appartiennent, sont trs-dignes de figurer dan
nos collections, dont le grand attrait consiste surtout dan
la varit des formes et des couleurs. A ce point de vue
les varits moins parfaites, celles qu'on rejette commun
ment, pourraient encore y tenir utilement leur place, repr
sentes par un petit nombre d'chantillons qui serviraie
faire ressortir la perfection des varits mieux parta
ges.
Les varits de l'illet flamand sont si nombreuses, et la
plupart passagres, qu'il serait tout fait superflu de le
indiquer ici nominativement. Tout ce que nous pouvons faire
si
quelque chance d'utilit, c'est d'indiquer les subdivisions
par couleurs, telles qu'elles ont l tablies par un de nos
blus zls cultivateurs d'illets, le baron de Ponsort, l'ouvrage (1) duquel nous renvoyons le lecteur qui dsirerait de plus amples dtails ce sujet.
Pour cet amateur distingu, les illets flamands forment
leux sries l'une comprenant les varits qui n'offrent que
les couleurs primitives pures, et qui sont, d'aprs lui, les
oeillets par excellence, l'autre, bien plus nombreuse, qui renferme les varits nuances drives. Chacune de ces deux
sries se compose de plusieurs familles, qui sont, dans la
premire les pourpres, les marrons, les feux, les bizarres feux,
les cramoisis, les violets, les roses, les bizarres roses et, dans
la seconde, lesviolets gris de lin, les violets pourprs, les
violets girofle, les bizarres incarnat, les bizarres ponceau,
les bizarresagate, les bizarres cerise les amarantes, les incarnats, les blancs et les jaunes, les ponceaux, les isabeltes, les
lie de vin, en tout vingt et une familles, qui renferment
plusieurs centaines de varits ou de sous-varits. Quant
aux illets de fantaisie, le mme auteur en fait quatre familles, sous les noms de bords, derubans, de dentels et
de sabls, rservant pour une troisime classe, qu'il appelle
lesillets communs, les bichons, les crevards et les grenadins.
M. Ragonnot-Godefroy (2), qui a t aussi une de nos clbrits dans la culture de l'illet, a propos une autre classification, base principalement sur la couleur dominante, et
o se trouvent runis les illets flamands et ceux de fantaisie. Pour ne pas fatiguer le lecteur de dtails fastidieux,
nous nous bornerons dire qu'ici les illets se rpartissent
en quatre groupes de premier ordre, savoir 1 lesrouges,
ptales entiers, unicolores ou rubans de diverses nuances de
rouge; 2 les jaunes, ptales entiers ou dentels; ce groupe
Lvec
Monographie du genre illet, et principalement de l'illet flamand, par le
baron de Pousort, Paris, 1844;
Appendice la monographie de; l'illet, avec
figures colories, par le mme; Paris, 1845.
(2) Traitdelaculture desillets, par Ragonnot-Godefroy, Paris, 1845.
(1)
et
prcdente
subdivise
dits
jaunes
chamois,
proprement
et
se
en
en
qu
comprennent tous deux des varits mouchetes, piquetes
bordes, etc.; 3 lesblancs, subdiviss en fantaisies, flamands
bichons etsabls, les flamands tant ici rduits aux varit
rubanes; 4 enfin les ardoiss, ptales ordinairement de
tls, flamms de reflets mtalliques, ou rubans de roug
et quelquefois pointills. Toute.complique que soit cet
classification (et on en peut dire autant de la
elle n'approche cependant pas, sous ce rapport, de celle
qui ont t proposes par les Allemands. Il est presque inu
tile d'ajouter qu'aucune d'entre elles, prcisment cause d
sa complexit, n'a t adopte tout entire, par les horticul
teurs on s'est gnralement content des divisions principale
et lmentaires, ce qui suffit amplement pour la pratique.
Nous ne sommes nous-mmes entrs dans les dtails qu'on
vient de lire que pour donner au lecteur une ide de l'tonnante variabilit de l'illet et de la multitude de varits mritantes que la culture en a su tirer.
Mais ces varits, si recherches il y a un demi-sicle, et
qui semblaient le dernier terme du perfectionnement, ont t
notablement dpasses, depuis une trentaine d'annes, par la
dcouverte inattendue de varits remontantes. Les anciennes
ne fleurissaient qu'une fois dans l'anne; les varits remontantes fleurissent d'une manire continue en plein air pendant
la belle saison, et leur floraison se prolonge tout l'hiver, lorsqu'on les abrite contre le froid. C'est un jardinier franais,
M. Dalmais, de Lyon, que revient l'honneur de cette dcouverte, bientt popularise et agrandie par d'habiles horticulteurs. Entre leurs mains, l'illet remontant a produit nombre
de belles varits, o l'on retrouve tous les genres de perfection qui caractrisent les illets flamands et ceux de fantaisie,
tant pour la forme et la plnitude des fleurs que pour la vivacit et la varit des coloris
(1).
trouvera dans la Flore des Serres de M. Van Houtte, tome XII (ou 2e volume de la seconde srie), anne 1857, p. 77, les figures colories de plusieurs varits d'illets remontants. Laseule inspection de la planche suffirapour faire
(1) On
Espces secondaires d'oeillets.
Quoiqu'il occupe
sans conteste le premier rang, l'illet des fleuristes ne doit
pas faire oublier d'autres espces, qui, pour venir en seconde
ligne, n'en tiennent pas moins une place honorable dans les
collections; ce sont
1 L'illet mignardise (Dianthus plumarius), beaucoup plus
bas que le prcdent, et formant des touffes paisses, graminiformes, d'une teinte glauque, ce qui le rend trs-propre
faire des bordures de plates-bandes. Sa floraison,sous le
climat de Paris, commence vers le milieude mai, et dure un
mois ou plus. On en connat plusieurs varits fleurs doubles ou simples, blanches, roses ou carmin clair, quelquesunes piquetes de carmin sur fond blanc ou ros, et gnralementtrs-parfumes. Pour la culture en pots, on donne la
prfrence aux varits blanches ou bordes de pourpre sur
fond blanc. C'est cette espce que les Anglais dsignent sous
le nom de pink, et ils l'estiment presque l'gal des illets
flamands et picots. L'illet mignardise est indigne dans le
midi de la France.
2L'illetenarbreoud'hiver, nomm aussi illet bois Dianthus fruticosus), parce que ses tiges demi-ligneuses s'lvent,
lorsqu'on les soutient l'aide de tuteurs ou sur un treillis,
un mtre et plus. Cette espce serait plus estime si les deux
prcdentes n'existaient pas, car elle est naturellement remontante et fleurit pour ainsi dire toute l'anne, la condition d'tre tenue en hiver l'abri du froid. Cet illet, qui
n'est gure cultiv en France que par les artisans des villes,
en pots ou en caisses, et qu'on reproduit rarement de semis,
n'a par cela mme donn qu'un petit nombre de varits; on
en connat cependant de blanches, de saumones, de pourpres et de panaches. Il est probable qu'avec plus de soin on
en tirerait un meilleur parti pour la dcoration du jardin, et
surtout des appartements pendant l'hiver. On le dit originaire d'Orient, et son introduction est dj ancienne.
B.
voir que ces varits ne le cdent, sous aucun rapport, aux varits non remontantes.
-
L'illet depote [Dianthusbarbatus) [fig. 16), connu aussi]
sous les noms d'oeillet barbu
bouquetparfait, bouquettou
fait, jalousie, etc. Il est indigne de notre pays, et
mme assez commun dans
les Pyrnes centrales et occidentales. Il se distingue
aisment-des espces prcdentes la largeur de ses
feuilles seulement oblongues-lancoles, et la petitesse relative de ses fleurs,
qui sont, par compensation,
runies en larges corymbes,
ce qui lui a valu un de ses
noms vulgaires. Sa culture
remonte une poque dj
assez recule pour qu'il soit
difficile d'en retrouver l'origine dans les vieux auteurs;
mais ce qu'il ya de certain,
c'est que les belles varits
cultives aujourd'hui dans
nos jardins ne datent gure
que d'une quarantaine d'anFig. 16. OEillet de pote.
nes car c'est seulement
1823 que les premires nous sont arrives d'Allemagne et de
Russie. Depuis lors elles ont t considrablement multiplies
par nos horticulteurs, et on pourrait peut-tre en compter
aujourd'hui plus de cent, tant doubles que simples, et runissant tous les tons de couleurs et de bigarrures depuis le blanc
jusqu'au pourpre fonc.
L'illet de pote s'lve droit, avec une taille moyenne de
40 centimtres de hauteur. Par son abondante floraison, la
vivacit de ses couleurs et sa rusticit, c'est une des espces
les plus recommandables pour l'ornementation du parterre.
3
4 L'illet badin ou d'Espagne
(Dianthits hispanieus), char-
mante espce qui se range, par ses affinits botaniques, dans
le voisinage de l'illet de pote. Il en a le feuillage un peu
large, les tiges dresses et fermes, les inflorescences en corymbes serrs; mais ses fleurs sont au moins trois fois plus
grandes. Leur teinte naturelle est le lilas carmin, avec un
cercle de ponctuations plus fonces autourdu centre; ce coloris s'est toutefois beaucoup modifi par la culture, et aujourd'hui on en connat des varits fleurs les unes toutes blanches, les autres roses ou carmines, incolores ou marbres
de rose ou de carmin sur fond blanc. Il n'est pas rare de voir
toutes ces varits de coloris runies sur le mme individu, et c'est l sans doute ce qui a valu la plante son nom
d'illet badin. On ne connat gure dans les jardins que les
varits doubles ou pleines, encore sont-elles peu rpandues
aujourd'hui, aprs avoir t longtemps en faveur.
5 L'illet de Chine (Dianthus sinensis) (fig. 17), jolie plante
importe de la Chine en
Europe, ds les premires annes du dixhuitime sicle, par un
missionnaire franais,
l'abbBignon, etbientt
devenue presque aussi
populaire que les autres
espces d'illets. Il se
distingue de l'oeillet de
pote par son feuillage
plus troit, plus aigu,
d'une teinte glauque, et
par ses fleurs incomparablement plus grandes,
qui deviennent mme
normes dans quelques
varits. De mme que
lesespcesprcedentes,
l'illet de Chine a t
Fig. 17.
OEillet de Chine.
remarquablement amlior par la culture, et les semis en ont 1
fait natre une multitude de varits, simples ou doubles, unicolores ou panaches, blanches, roses, rouge ponceau, carmines, pourpre violet, etc. Parmi ces varits, il convient de
citer particulirement celles d'Heddewig, introduites tout
rcemment de Russie en France parun amateur de ce nom (1),
varits qui se distinguent autant par l'ampleur extraordinaire de leurs corolles que par la beaut du coloris. On en
a fait deux classes les varits gantes (D. sinensis giganteus),
o les pdoncules sont ordinairement uniflores; et
les varits lacinies (D.
sinensis laciniatus), dont
les
fleurs,toujours gran-
et souvent trs-pleins, ont les ptales profondment dchiquets,
ce qui leur donne un aspect tout fait insolite dans
le genre.
A la suite de ces espces,
quoique dj moins classiques et moins gnralement cultivs, on peut citer
l'illet superbe (Dianthus
des
superbus) (fig. 18), dontles
fleurs, roses ou carmin et
Fig. 18. OEillet superbe.
un peu grandes, sont franges ou profondment lacinies; l'illet virginal
( D.
virgineus), l'oeillet
deltode (D. deltoides),
l'illet celtique (D. gallicus) et l'illet rutilant
figures colories de quelques-unes de ces varits dans la Flore des
Serres, t. XII, p. 197 et t. XIII, p. [J.
(1) Voir les
D.fulgens), fleurs rouges de sang, tous indignes de France,
l'exception du dernier, et dont la culture tirerait encore de
belles. varits si elle leur donnait plus d'attention.
Ejj*Les oeillets hybrides. De mme
que dans la plupart des
genres riches
en espces, celles du genre illet se prtent
tjfgc 4ne certaine facilit au croisement, et quoique les jardiniers n'aient pas procd ici avec plus d'ordre et de m-
todejpie dans leurs croisements de rosiers, il existe quelques
varitsd'illets dont l'hybridit peut peine tre mise en
giite, Tel est en particulier le cas de l'illet Flon (1), trsellevaritremontante, trouve, dit-on, dans un semis d'ilpote, par un horticulteur d'Angers, M. Flon, et dont
autre horticulteur, M. Par, a dj su tirer des varits
On suppose que la plante qui a fourni les graines
tfconde, soit par l'illet des fleuristes, soit plutt
parl'illet en arbre, ce que semblerait indiquer la longue
pure de la floraison dans la varit dont il s'agit ici. Toujoursest-il que cette dernire est strile (2), et
que les
nouvelles varits qu'on en a obtenues (une blanche et une
panache) sont dues de simples dcolorations des fleurs qui
le sont produites accidentellement sur des rameaux de la plante
mre, et qu'on a conserves par le bouturage de ces derniers.
L'illet Flon est vivace, demi-ligneux, formant des touffes
qui s'talent sur le sol, et poussent des tiges dresses
p63040 centimtres, termines par de larges corymbes de
leurspourpres, pleines et odorantes, de moyenne grandeur
3 4 centimtres de diamtre). Il est trs-rustique, et se
presque aussi bien la culture en pots qu' la culture
je pleine terre, toutes qualits qui expliquent la faveur dont
a joui presque ds son apparition.
de
:
elles.
isses
te
[
U
On peut voir dans la Revue horticole, 1863, p. 91, une figure colorie d
illetFlon, accompagnd'une notice sur cette varit, par M. Andr.
(2) Remarquons cependant qu'ici la strilit ne prouve pas ncessairement que
plante soit hybride, car ses fleurs tant pleines il n'y a riend'tonnant ce
ftfalles manquent d'tamines, ainsi que cela arrive dans la plupart des plantesou
fleur subit ce genre d'hypertrophie. Cette absence des tamines, par suite de la
multiplication des ptales, est d'ailleurs un fait frquent dans les varits fleurs
ou pleines de l'illet des fleuristes et des autres espces.
doubles
Un horticulteur anglais (1) a encore signal un autre hybride, issu du D. fulgens fcond par le pollen d'une varit
double de l'illet des fleuristes. Cet illet hybride, qui
semble pas avoir t introduit en France, se distinguait
par
franais
d'normes corymbes de fleurs, trs-doubles et du plus beau
carmin. Plus rcemment, divers horticulteurs
ont mis en vente un troisime hybride, issu, parat-il, du
D.superbus fcond par un illet du Japon (peut-tre la
D. sinensis). Sans affirmer la certitude de ces croisements,
nous les citons comme de nouvelles prsomptions en faveur
de la possibilit de l'hybridation dans ce genre, et des nombreuses combinaisons de formes et de couleurs qu'on aurait
chance d'obtenir par ce moyen.
C. Culture et multiplication des oeillets. Toutes les
espces d'illets dont nous avons parl dans les pages prcdentes ont trs-peu prs le mme temprament; toutes sont
rustiques ou du moins demi-rustiques sous le climat du nord
de la France, mais elles redoutent l'humidit excessive, et
quelques-unes, l'illet des fleuristes particulirement, sont
exposes prir par le fait des pluies froides et prolonges
et la stagnation de l'eau qui rsulte de la fonte des neiges en
hiver. Cette particularit doit tre note, car elle domine toute
la culture qu'il convient de lui appliquer.
a. Culture proprement dite. Les illets se cultivent indiffremment en pleine terre ou en pots, mais l'illet des fleuristes, qui est essentiellement de collection, et qu'on aime
avoir sous les yeux tout le temps que durent ses fleurs, est
plus habituellement cultiv en pots qu'en pleine terre. Dans
ce dernier cas, une condition indispensable du succs est undrainage parfait des pots, au moyen de tessons, afin que l'eau
des arrosages n'y reste jamais stagnante.
La terre la plus convenable, pour toutes les espces, est
une bonne terre franche, argilo-siliceuse, repose et amende
un an d'avance avec du fumier de vache, surtout si les plantes
doivent tre en pots. A dfaut de terre franche, on y emploie
(I)GardenersChronicle,1855.
de bonne terre de jardin, ni trop lgre, ni trop compacte,
et moyennement additionne de terreau nous disons moyennement, parce que l'exprience a fait reconnatre qu'il y a ici
moins d'inconvnient ce que la terre soit un peu maigre
que trop surcharge d'engrais.
Les arrosages sont naturellement proportionns au climat.
et la saison. Peu frquents et peu copieux dans les climats
humides, ils doivent tre plus abondants sous le climat sec
du midi. Il suffit que la terre o sont plants les illets soit
frache, sans tre jamais inonde; on tiendra donc compte en
ceci du rgime mtorologique, de l'exposition et de la nature
du terrain dans le lieu o on se trouvera plac. Il va de soi
que les plantes en pots devront tre plus frquemment arroses que celles qui seront en pleine terre.
Suivant la taille et la force de leurs tiges, les illets devront
tre abandonns eux-mmes ou soutenus par des tuteurs.
L'illet de pote et de Chine, l'illet Flon quelques autres,
sont assez robustes pour se tenir droits sans tre soutenus; les
espces gazonnantes, l'illet mignardise, l'illet celtique, etc.,
dont les tiges nombreuses et grles, mais peu leves, inclinent presque toujours d'un ct ou d'un autre, sont pareillement livres elles-mmes; mais il n'en saurait tre de mme
de l'illet des fleuristes, surtout s'il est cultiv en pots non
plus que de l'illet en arbre pour ces deux espces il faut
des tuteurs proportionns leur taille. Ces tuteurs sont tantt
de simples baguettes fiches en terre, et auxquelles on attache
les tiges, tantt une sorte de treillis en ventail ou de toute
autre forme, sur lequel la plante est palisse. Ce treillis est
particulirement ncessaire pour l'illet en arbre, qui se ramifie et s'lve facilement un mtre ou plus.
Tous les illets aiment le grand air et le soleil il faudra
donc viter les situations ombrages, qui auraient toutefois
moins d'inconvnient dans le midi que dans le nord, parce
qu'ici, au dficit de lumire, s'ajouterait souvent un excs
d'humidit toujours nuisible. Dans ce dernier climat il serait
mme avantageux de tenir les plantes l'abri des fortes pluies
de l't et de l'automne, en les mettant sous des toiles ou des
et
paillassons soutenus une certaine hauteur par des piquets.
Dans le cas o elles seraient en pots, rien ne serait plus facile
que de leur procurer momentanment un abri, soit parle
moyen que nous venons d'indiquer, soit en les transportant
sous un hangar, une galerie couverte ou dans un appartement
dont on laisserait les fentres ouvertes pour y faciliter la cir#
culation de l'air.
Sous le ciel du midi, les illets n'exigent aucun soin pour
passer l'hiver; s'ils taient en pots, on devrait seulement enterrer ces pots au pied d'un mur, tout la fois pour y conserver le peu d'humidit ncessaire la plante, et mettre plus
srement ses racines hors des atteintes de la gele. A Paris,
et dans tout les pays du nord o l'hiver est soit trs-humide,
soit trs-rigoureux, l'illet des fleuristes veut tre abrit sous
un chssis, moins par crainte du froid, car il supporte assez
bien 10 12 degrs au-dessous de zro, que par crainte de
l'eau dont la terre est si frquemment dtrempe dans cette
saison. Cependant, mme sous ce climat, les illets placs
bonne exposition, dans un terrain naturellement sec et bien
drain, passent gnralement l'hiver sans en tre sensiblement
affects. S'ils se trouvent dans une plate-bande expose tous
les vents, on peut se contenter de les couvrir de paillassons
pendant les fortes geles, et surtout pendant les temps de
neige et depluie, avec soin de les dcouvrir toutes les fois que
le temps est sec et doux. Ces prcautions se continuent jusqu'en mars, c'est--dire jusqu' ce qu'on n'ait plus craindre
la neige et le verglas, les deux choses que les illets redoutent le plus.
Plus ordinairement cependant, ainsi que nous venons de le
dire, les belles varits de l'illet de collection, tenues en
pots, sont remises sous un chssis ou dans une orangerie, et
cela ds les premiers froids de l'hiver. Tant que la gele n'est
pas forte, on laisse circuler l'air autour des plantes on ne les
tient enfermes que lorsque la temprature baisse 3 ou 4 degrs au-dessous de zro, et il n'y a mme aucun inconvnient
ce qu'elle descende momentanment ce degr sous les
chssis. Ce qui serait plus craindre ce serait qu'elle s'levt
le
Itoez
pour mettre la vgtation en mouvement, ce qui tioleles plantes. On a soin surtout d'en carter l'humidit, et,
-"011 jugeait l'arrosage ncessaire, on n'arroserait que tout
Ejfie
assez pour empcher les plantes de se desscher. On a
a d'arer lorsque le temps le permet, et, ds le mois d'api', ou mme plus tt, les plantes sont remises au grand air.
Lorsqu'il s'agit d'oeillets qui doivent rester en pots, et non
ointtre mis en pleine terre,et alors ce sont gnralement
GB marcottes de l'anne prcdente, on procde au rempoaprs les avoir retirs de la serre ou des chssis. Les
p$s dont on fait usage ici ont de 16 20 centimtres d'ouLe drainage tabli leur fond, on les remplit de
terreneuve, soitfranche, soit de jardin, additionne, comme
las l'avons dit plus haut, de terreau de couche ou de
bien dcompos. Aprs avoir dbarrass les illets
lavieille terre qui tient leurs racines, et des feuilles
ou jaunies du bas de leurs tiges, on les plante 4 ou 5
centimtres de profondeur au plus, et on a soin de tasser forla terre autour des racines on arrose et on met un tupeur, auquel on attachera les tiges au fur et mesure qu'elles
maudiront Pour les arrosages, qui doivent toujours tre mors, on emploiera l'eau de pluie de prfrence toute aure,et, son dfaut, de l'eau are parune exposition de quelques jours au soleil. Quelques horticulteurs recommandent
dition d'un engrais l'eau d'arrosage, et particulirement
le tourteau de colza quel que soit cet engrais, nous rappelleons qu'il doit tre trs-dlay pour n'tre pas nuisible.
Pour obtenir une floraison tout fait belle, les grands amateurs d'illets ne craignent pas de sacrifier une partie des
leurs,en retranchant un certain nombre dboutons, peu aprs
qu'ils ont commenc se montrer. Ils estiment que c'est assez
l'avoir cinq six fleurs par plante. La suppression de quelques-unes a effectivement
pour rsultat de faire prendre plus
ampleur cellesqui sont conserves. Si, dans la collection,
on
couvre quelques illets crevards, qu'on reconnat d'avance
forme ventrue de leurs boutons, et qu'on ne veuille pas s'en
dfaire, on essayera de remdier leur manire vicieuse de
peu
re.
les
nt
fleurir en les entourant vers leur milieu d'un lien peu serr
on y emploie soit un fil dli de plomb, soit un anneau de papier pais, soit, ce qui vaut mieux, une troite bandelette et
vessie de veau qui chapp presque entirement la vue. Certaines personnes, au contraire, qui ont du got pour ce genre
d'illets, les laissent pancher librement leurs ptales par
la fente de leur calyce largement ouvert.
La culture des illets remontants ne diffre par rien d'essentiel de celle des illets ordinaires ce sont les mmes soins
quant aux conditions gnrales de terrain, d'arrosage et d'exposition seulement, comme ils sont destins surtout fleurit
en hiver, cette culture est lgrement modifie en vue d'ob
tenir ce rsultat. On met les plantes en plein soleil pendant
l't, et mieux en pleine terre qu'en pots, parce qu'elles
prennent plus de force. Elles fleurissent ainsi jusqu'aux geles,
mais l'amateur soigneux n'attendra pas ce dernier moment
pour les abriter du froid il les lvera ds la fin de septembre
avec la motte, pour les mettre en pots, et, s'ille peut, il le
tiendra une quinzaine de jours en serre chaude ou tempre,
pour faciliter leur reprise, aprs quoi il les portera en oran
gerie ou dans un appartement ordinaire, prs des fentres
Tant que la temprature s'y soutiendra 12 ou 15 degrs
centigrades, les illets fleuriront, et presque aussi bien que
dans la meilleure saison de l'anne. Dans les localits les
mieux abrites du climat mditerranen, l'illet remontant
fleurit en pleine terre, presque d'une manire continue, pen
dant tout l'hiver. Aprs la floraison, que les plantes soient en
pleine terre ou en pots, il convient de rabattre leurs tiges 3
ou 4 centimtres au-dessus de la souche, ce qui les fait s'=
largir et repousser sans cesse de nouvelles tiges fleurissantes
Toutes devront tre rempotes au printemps, dans de la terre
neuve, ou, mieux encore, tre remises en pleine terre, si elles
ont assez de vigueur pour recommencer fleurir.
L'illet de Chine, sous nos climats septentrionaux, peut
tre trait de deux manires savoir, 1 comme plante annuelle : on sme alors en mars, sur couche et sous chssis;
on repique le plant, quand les geles ne sont plus crain-
dre, en bonne terre de jardin, qu'on a engraisse s'il le faut
d'un peu de terreau de couche. La floraison, commence vers
la fin de juin, dure plusieurs semaines, et les graines mrissent de bonne heure. 2 Comme plante bisannuelle le semis
se fait en plein air, au mois d'aot on repique le plant en
septembre, sur couche froide qu'on couvre de chssis pendant l'hiver. Ce semis d'automne donne des plantes bien plus
fortes et plus florifres que celui de printemps; malheureusement, dans les pays o l'hiver est long et humide, on est
expos voir fondre un grand nombre de plantes par cette
cause, mais c'est la mthode qu'on doit prfrer sous le ciel
plus sec et plus doux du midi. Les illets de Chine qui ont t
plants en terre lgre et permable, passent quelquefois l'hiver sans aucun abri, jusque sous les latitudes du nord de la
France, et fleurissent encore la seconde anne, rsultat qu'on
obtient d'ailleurs bien plus srement en lesabritant sous un
chssis. Ces soins ne leur sont plus ncessaires dans le midi,
moins que l'hiver n'y soit exceptionnellement long et rigoureux. Jusqu'ici on n'a que mdiocrement russi forcer cette
espce d'illet.
Quant l'illet de pote et aux autres espces communes,
que l'on tient plus ordinairement en pleine terre qu'en pots,
c'est peine s'il est utile de parler de leur culture aprs les
dtailsdans lesquels nous venons d'entrer au sujet del'illet
des fleuristes. Il suffit qu'ils soient plants en bonne terre et
arross de temps en temps, si le climat ou la saison l'exige.
Ils sont d'ailleurs soumisaux mmesprocds de multiplication que les illets ordinaires, procds que nous allons faire
connatre.
b. Multiplication des illets. On multiplie les illets par
semis, par marcottes et par boutures. Nous savons dj que
les semis ont principalement pour but de faire natre de nouvelles varits, et que les deux autres modes sont surtout employs pour conserver les varits dj acquises.
La multiplication par semis est trs-chanceuse, lorsqu'il
s'agit de l'illet des fleuristes, en ce sens qu'on n'obtient souvent qu'un trs-petit nombre de sujets mritants, sur une
quantit considrable de sujets mdiocres ou sans valeur;
proportion peut n'treque de trois ou quatre bonnes plantes
sur mille, et quelquefois moindre encore; mais les chances
sont notablement augmentes lorsqu'on a eu soin de choisir
les porte-graines et qu'on a veill leur fcondation, au lieiL
de rcolter les graines au hasard. C'est ici particulirement
que la fcondation artificielle devrait tre employe.
Aprs avoir fait choix des porte-graines, et on ne devra les
prendre que parmi les plantes dont les fleurs sont les plus
doubles et de la meilleure forme, on fcondera leurs fleurs,
peu aprs qu'elles se sont panouies, soit avec le pollen de
la varit mme, si elle a conserv des tamines, soit avec
celui d'une autre varit mais jamais, autant du moins que
cela sera possible, avec celui d'une varit tout fait simple.
En cherchant dans les fleurs frachement ouvertes, on trouvera du pollen en abondance, ce qui n'aurait pas lieu sur des
polavoir
le
dpos
depuis
longtemps.
Aprs
fleurs ouvertes
len sur les stigmates, en y appliquant l'tamine elle-mme,
ouverte,
d'ailleurs
mre
et
on marquera
nous
supposons
que
d'un signe quelconque la fleur opre, pour la reconnatre
la maturit du fruit. Il y aurait mme un certain intrt
noter, sur un catalogue, les coloris des varits entre lesquelles
le croisement aurait t effectu, pour savoir quel degr et
de quelles manires ces coloris divers se transmettent leur
postrit.
Les semis se font au printemps, en mars et avril, ou sur la
fin de l't, en aot, sous le climat de Paris, un peu plus tard,
onse
si l'on veut, dans celui du midi. Dans les deux cas,
sert de terrines remplies deterre fine mlange d'un peu de
terreau de couche ou de feuilles dcomposes, ou seulement
de terre de bruyre. Lorsque les plantes ont six ou huit
feuilles, on les repique en planches, 20 ou 25 centimtres
l'une de l'autre, si on se propose de les relever l'automne
pour les mettre en pots ou les planter ailleurs 35 ou 40
centimtres, si on veut les laisser fleurir sur place. Dans le
nord, on les couvre ordinairement de paillassons au moment
des grands froids ou dans les temps de neige; mais ces soins
ne sont pas indispensables mme sous la latitude de Paris;
dans le midi ils seraient gnralement superflus, moins
d'intempries exceptionnelles.
A quelque poque que le semis ait t fait, les illets, sous
notre climat, ne fleurissent gure que la seconde anne, et il
faut attendre ce moment pour faire le triage des varits obtenues. Les amateurs scrupuleux rejettent tous les simples
et mme ceux qui ne leur semblent pas assez doubles. Il arrive souvent alors, surtout quand les porte-graines ont t
mal choisis ou fconds par des illets simples, qu'il y a de
grands sacrifices faire, ce qui ne laisse pas que d'tre onreux si l'on tientcompte du temps qui s'est coul depuis le
semis, des soins qu'il a fallu donner aux plantes et de l'espace
qu'elles ont occup dans le jardin. Ces sacrifices, toutefois,
se rduiraient presque rien si on pouvait ds les premiers
jours de la leve des semis reconnatre les individus qui
donneront des fleurs doubles. On dit que le moyen existe s'il
faut en croire les journaux d'horticulture, un amateur italien,
M. Rigamonti, qui depuis plusieurs annes s'occupe de la
culture des illets, aurait dcouvert que les jeunes plantes
dont les premires feuilles sontverticilles par trois donnent
toutes des fleurs doubles, ce qui n'arrive pas celles dont
les feuilles sont simplement opposes. Cette assertion de l'horticulteur italien n'ayant encore t, que nous sachions, contrle par personne, nous la donnons ici sous toutes rserves.
Le marcottage ou couchage est un moyen de propagation
fort employ dans la culture des illets de toutes les espces.
Lorsque les plantes mres sont en pleine terre,. rien n'est
plus facile que decoucher, en les courbant, les pousses latrales dans une petite fosse de deux trois centimtres de
profondeur, creuse avec le doigt, et de les y maintenir avec
un crochet, puis de les recouvrir de terre et d'arroser. Pour
faciliter l'opration, on rend les branches coucher plus
flexibles en supprimant les arrosages pendant quelques jours.
Avant de les coucher, on enlve les feuilles de la partie de
la branche qui sera enterre, et on fait avec une lame de ca-
nif, peu prs au milieu de la courbure, et autant que possible au-dessous d'un nud ou au milieu de ce nud, une
premire incision transversale qui pntre jusqu'au milieu
de la branche, puis, en retournant la lame de l'instrument,
une seconde incision longitudinale qui remonte, partir de
la premire, un ou deux centimtres. On peut tenir l'incision ouverte en y introduisant un grain de sable ou un petit
morceau de bois,ou encore en retranchant une petite partie
du talon, opration d'ailleurs peu prs inutile lorsque la
plaie reste naturellement ouverte par le fait mme de la
courbure de la branche. Ce genre de multiplication se pratique avec succs pendant toute la belle saison, c'est--dire
de la fin d'avril la fin d'aot, plus tard mme si le climat le
permet. En un mois ou six semaines ces marcottes sont enracines et peuvent tre spares du pied mre.
Si la plante mre tait en pot, ou si, tant en pleine terre,
ses branches propres tre marcottes taient places trop
haut pour pouvoir tre couches en terre sans qu'il y et
danger de rupture, on aurait recours ce que nous avons
appel le marcottage en l'air, au moyen d'un petit pot ou godet fendu d'un ct pour pouvoir y introduire la branche
marcotter, et soutenu par un piquet la hauteur convenable.
Toutefois ce moyen est peu employ; les horticulteurs remplacent communment les godets de terre par des cornets
d'une moindre capacit, qu'ils font eux-mmes avec des
feuilles de plomb lamin, et qu'ils enroulent autour de la
branche, prpare comme nous venons de le dire. Les cornets sont ensuite remplis de terre et tenus constamment
humides. Il convient d'ajouter que les plantes ainsi obtenues
restent toujours dbiles, qu'elles ne se ramrfientpas et fleurissent comparativement peu. Au total, cette mthode n'est
pas recommander.
Le bouturage donne des rsultats incomparablement meilleurs et il a encore l'avantage d'tre plus simple et plus expditif; il y a mme des horticulteurs qui le prfrent au marcottage en pleine terre, comme reproduisant plus fidlement
les caractres des varits qu'on veut multiplier. On emploie
pour boutures de jeunes pousses, tranches net leur base
avec la lame d'un canif, et on les plante soit en pleine terre,
soit dans des terrines ou des caisses enterres et perces
leur fond, ou mieux encore sans fond, ce qui facilite d'autant
mieux l'coulement de l'eau des arrosages. Le meilleur compost pour ces boutures est un mlange, par parties gales,
deterre de bruyre et de terreau de couche tamis, auquel
on peut ajouter un peu de terre franche ou de jardin. On y
pique les boutures, dpouilles, par une section nette, et non
par arrachement, des deux ou trois paires de feuilles infrieures, 5 centimtres de profondeur, et on tasse fortement
la terre autour du pied avec les doigts. On arrose lgrement,
et on recouvre le tout d'une cloche barbouille l'intrieur
d'une bouillie de craie, pour affaiblir la lumire et la chaleur
du soleil. Il est bon de soulever la cloche de temps en temps
pour donner de l'air, surtout partir du moment o les boutures auront manifest un commencement de vgtation, et
si le soleil tait trop ardent, on ombragerait encore la cloche
avec des feuilles de papier. L'opration tant bien conduite,
les boutures sont enracines au bout d'un mois, et c'est
peine s'il en prit dix douze sur cent. On peut la faire dans
le jardin pendant toute la belle saison, et mme en hiver
dans une serre chaude elle russit mieux cependant en mai
et en juin, surtout si les pousses boutures ont t prises
sur des plantes qui ont pass l'hiver en serre ou sous chssis.
C'est par des procds tout semblables qu'on multiplie l'illet en arbre, l'illet depote, et gnralement toutes les espces considres comme bisannuelles ou trisannuelles.
d. Maladies et accidents. Insectes nuisibles aux
illets. Comme toutes les autres plantes, les illets ne deviennent malades qu' la suite d'une culture vicieuse; mais
nos procds de culture sont quelquefois forcment vicieux,
parce que nous demandons aux plantes ce que, dans leur tat
naturel, elles ne pourraient pas nous donner. Malgr nos
exigences cependant, l'illet n'est sujet qu' un petit nombre
de maladies, et qui sont naturellement plus frquentes sur
les plantes en pots que sur celles de pleine terre.
Les deux seules maladies graves auxquelles les illets soient
exposs sont la pourriture, qui est la consquence d'arrosages
trop copieux, surtout lorsque la terre est compacte et mal
draine, et le chancre, qui est souvent le rsultat de l'emploi
exagr des engrais ou d'engrais insuffisamment dcomposs. Dans les deux cas la base des tiges se dtruit graduellement, les feuilles jaunissent, et la plante tout entire finit
par mourir, moins qu'on ne se hte d'y porter remde. Si
elle tait en pot, on la mettrait en pleine terre si elle souffrait
par l'excs des engrais ou par suite de leur mauvaise qualit,
on la transplanterait sur un autre point du jardin, en terre plus
maigre; mais lorsque le mal est trop avanc, il n'y a d'autre
remde que d'arracher la plante, d'enlever tout ce qui est
atteint par le mal et de bouturer les sommits encore saines
des rameaux. Beaucoup de personnes trouvent plus simple
de s'en tenir ce dernier moyen. Au surplus, le chancre est
un accident rare dans une culture conduite suivant les rgles.
Un accident d'un autre genre, mais qui, proprement
parler, n'est pas une maladie, est ce que l'on dsigne sous le
nom de dgnrescence. On l'observe surtout dans les illets
flamands fond blanc. Cette dgnrescence, qui n'est en soi
qu'un commencement de retour l'tat naturel, consiste en
une altration des couleurs, qui plissent et se fondent l'une
dans l'autre, et dans le changement du blanc en une teinte
plus ou moins lilace. Cet tat de choses est assez souvent la
consquence d'une culture nglige, mais il y a des individus qui dgnrent malgr tout. Les amateurs difficiles rforment impitoyablement tous ces illets cependant il est
reconnu que par le bouturage des branches on peut gnralement obtenir des plantes qui reproduisent la varit dans
toute sa puret. Ces plantes en voie de dgnrer, si elles
sont bien doubles, et qu'elles appartiennent une varit
prcieuse, peuvent d'ailleurs encore tre fort utilement employes comme porte-graines.
Les insectes qui peuvent nuire aux illets sont les chenilles, principalement du genre des noctuelles, qui rdent
la nuit et se blottissent en terre pendant le jour. Si on aperoit
dans une collection d'illets des boutons rongs, il sera bon
de les visiter de nuit avec une lanterne; on aura chance de
prendre les chenilles sur le fait. Les perce-oreilles ou forficules causent parfois aussi de grands dgts on s'en dbarrasse par les moyens que nous avons indiqus (1). Un autre
ennemi non moins dangereux des illets est une espce de
thrips noir, peine perceptible l'il, dont les larves vivent
en grand nombre dans le cur mme des jeunes pousses et
des marcottes, qu'elles puisent. On dit que le tabac priser
trs-fin, quand on en saupoudre la partie attaque, fait prir
ces animaux. On obtiendrait probablement le mme rsultat
en tenant la plante l'ombre pendant quelque temps. Quant
aux dommages causs par d'autres insectes, ils sont ordinairement trop insignifiants pour qu'il y ait lieu de s'y arrter
ici.
III.
LES TULIPES.
De mme que les roses et les illets, les tulipes ont toujours
tenu un rang distingu dans la floriculture, et ds le seizime
sicle elles taient les fleurs de prdilection des Belges et
des Hollandais, qui en avaient fait un objet de commerce
d'une certaine importance. A cette poque la passion des
tulipes tait gnrale; elle dgnrait mme chez quelques
personnes en une manie fort dispendieuse, qui leur faisait donner par leurs contemporains la qualification de fous-tulipiers.
Le temps et surtout les progrs de l'horticulture ont fait
justice de ces excentricits, mais, quoique dchues de leur
ancienne gloire, les tulipes ont cependant conserv quelque
chosede leur prestige, et si l'on ne se ruine plus pour elles,
elles comptent encore beaucoup d'admirateurs.
Le genre tulipe Tulipa des botanistes) appartient la amille des liliaces. Il est presque inutile de rappeler qu'il se
compose deplantes bulbeuses, vivaces, tiges simples et
uniflores, dont les fleurs sont formes d'un prigone (calyce
(1)Tome1er,p.664.
et corolle runis) de six pices ptalodes et colores, dont
trois sont extrieures et trois intrieures de six tamines et
d'un ovaire libre qui se change en un fruit capsulaire trois
loges polyspermes. Les espces, ou les varits naturelles,
en sont assez nombreuses, mais elles sont en mme temps
trs-difficiles distinguer les unes des autres. Toutes appartiennent l'ancien continent, principalement aux rgions qui
avoisinent la Mditerrane et l'Asie occidentale. La France
en possde plusieurs, qui y vivent l'tat sauvage, mais quelques-unes d'entre elles n'y sont peut-tre que naturalises.
Il ne parat pas d'ailleurs que les tulipes aient t connues
en Europe avant l'poque des croisades, et leur nom, tout
oriental (1), semble indiquer qu'au moins les premires varits cultives nous ont t apportes d'Asie. On ne trouve
rien dans les auteurs grecs et latins qui puisse faire supposer
que les tulipes aient t remarques de leur temps.
Le mode de vgtation des tulipes mrite de fixer un insattention.
Leurs bulbes appartiennent la classe
tant notre
de ceux qu'on a appels tuniqus, parce qu'ils se composent
des bases charnues et embotes l'une dans l'autre d'un certain nombre de feuilles, qui se dveloppent ou restent rudimentaires. Dans une tulipe adulte on trouve toujours, sur la
fin de l'hiver, mais' avant la floraison, trois bulbes distincts,
appartenant chacun une gnration diffrente, savoir 1 Le
bulbe florifre, au centre duquel s'est form le bouton qui s'apprte fleurir, et qui en outre donne naissance aux feuilles;
ce bulbe s'puise de sucs mesure que la floraison s'avance
vers son terme, et lorsqu'elle est acheve, il n'en reste plus
que des enveloppes fltries, qui elles-mmes ne tardent pas
pourrir et disparatre; 20 le bulbe de remplacement, form
de tuniques embotes et trs-charnues, au centre duquel se
forment les rudiments des feuilles et de la fleur qui se dvelopperont l'anne suivante ce bulbe est n sur le ct du pr-
On fait driver le nom de la tulipe d'un mot turc ou persan, tuliban, par
lequel les peuples orientaux dsignaient leur coiffure, dont la tulipe rappelle quelque peu la forme. C'est de l probablement que nous avons nous-mmes tir le
mot turban.
(1)
cdent, l'aisselle d'une de ses tuniques extrieures; il reprsente par consquent une seconde gnration; 3 sur un ct
de ce dernier, et toujours l'aisselle d'une de ses tuniques, se
montre dj le bulbe de troisime gnration, charnu et trspetit comparativement, mais qui grossira dans le cours de
l't; ce sera le bulbe de remplacement de l'anne suivante,
et il fleurira la troisime anne, ayant lui-mme donn
naissance deux nouvelles gnrations de bulbes.
Chaque bulbe de tulipe vit donc trois ans, mais ne fleurit
qu'une seule fois; il est essentiellement monocarpique, et,
dans la replantation annuelle des tulipes, les bulbes quel'on
met en terre ne sont jamais ceux qui ont fleuri au printemps,
mais seulement les bulbes de remplacement, ou de seconde
gnration, qui ont t produits l'anne prcdente.
Outreles bulbes de remplacement, qui sont en quelque
sorte la continuation du mme individu, il se produit encore,
autour d'un bulbe adulte, d'autres bulbes, mais plus petits
et de forme un peu diffrente, qu'on pourrait appeler les
bulbes de propagation; ce sont les caeux proprement dits,
destins vivre d'une vie indpendante et devenir autant
d'individus distincts. Ils sont naturellement spars du bulbe
mre par l'puisement de ce dernier et par la sphaclation des
tuniques qui le composaient.
Le botaniste Kunth, dans la premire moiti de ce sicle,
numraitune trentaine d'espces de tulipes; mais les auteurs
qui s'en sont occups aprs lui sont loin d'accepter ce nombre,
les uns le faisant plus grand
les autres beaucoup plus restreint. Il en est rsult une synonymie embrouille, o il est
presque impossible aujourd'hui de dmler les espces fondamentales. Ces divergences d'opinion tiennent d'abord la
grande affinitdeces espces, puis leurvariabilit lorsqu'elles
viennent tre cultives, et enfin la facilit avec laquelle
elles se croisent (1), pour donner naissance des hybrides ou
des mtis fconds. Toutes ces causes runies expliquent le
La possibilit du croisement dans les tulipes a t mise hors de doute par les
expriences que nous avons faites au Musum, dans ces dernires annes.
(1)
nombre, dj presque illimit, de varits qui existent dans la
nature ou qui peuplent nos jardins, et les nuances insensibles
par lesquelles ces varits passent de l'une l'autre.
Les couleurs naturelles dans le genre tulipe sont le jaune,
le rouge ponceau et le violet plus ou moins fonc, couleurs
auxquelles on peut ajouter le blanc, qui n'est qu'une dcoloration. Elles sont tantt isoles et trs-pures, tantt fondues
l'une dans l'autre et dans des proportions trs-diverses, tantt enfin elles existent simultanment, mais parfaitement spares, sur la mme fleur, soit en panachures, soit en larges
macules. Dabord simples au dbut, les tulipes ont fini par
doubler ou mme devenir trs-pleines, tant par la multiplication des pices du prigone que par la transformation des tamines en ptales. Enfin, il en est chez lesquelles les pices de
la fleur se sont dchiquetes d'une manire bizarre et tout
fait monstrueuse.
Toutes les espces et varits de tulipes fleurissent sous
nos climats dans la premire moiti du printemps, mais non
pas toutes ensemble; il en est de prcoces et de tardives
divers degrs, ce qui permet, au moyen d'une collection
bien compose, de jouir de leur floraison pendant un mois
ou plus.
A. Espces et varits de tulipes. Les tulipes que.
l'on peutregardercommeindignes
France, outoutau moins
comme naturalises depuis un temps trs-ancien, sont 1 la
tulipe des champs ( T. sylvestris), fleurs jaunes, qu'on trouve
dans presque toutes nos provinces, au sud du 49e degr de
latitude; 20 la tulipegallique ( T. gallica), presque semblable
la prcdente, mais plus basse et fleur moins grande; elle
semble confine dans quelques localits de la Provence 30 la
tulipe de Celse (T. Celsiana), de la rgion mditerranenne,
fleurs jaunes ou oranges, et teintes de rouge l'extrieur;
elle n'est probablement qu'une varit de la suivante 4 la tulipeil de soleil (T. Oculus solis), plus commune que la prcdente et occupant toute la rgion du midi, de l'Ocan aux
Alpes; sa fleur est rouge, avec une large macule presque noire
et encadre de jaune la base de chaque ptale. Quelques au-
en
fleuristes
teurs ajoutent nos espces indignes la tulipe de Gesner ou des
(T. Gesneriana), tigesgrles et leves, ptales
obtus, trs-souvent panachs de blanc ou de jaune sur fond
violac ou rciproquement; on la dit originaire de l'Asie migrandes
tiges
fortes
prcox),
et
(T.
prcoce
la
tulipe
heure;
leurs rouge-ponceau, et qui pourrait n'tre qu'une varit de
enfin la tulipe odorante ou Duc de Thol
la tulipe il-de-soleil
(T. suaveolens), tige basse et roide et ptales aigus, rouges
couleurs. Son caractre le
DU jaunes, ou bariols de ces deux
plus distinctif rside dans la disposition du bulbe de remplacement, qui, au lieu de se dvelopper, comme dans
les autres espces, au niveau de l'ancien, descend toujours quelques centimtres plus bas, d'o il rsulterait que si la plante n'tait pas releve de terre tous les
ans, ainsi que cela se pratique habituellement, elle s'enfoncerait de plus en plus dans le sol jusqu' ce qu'elle y prt
touffe. Ces trois dernires espces habitent surtout le midi
oriental de l'Europe ou l'Asie occidentale, et les rares individus spontans qu'on en a trouvs en France provenaient vraisemblablement de plantes chappes des jardins. On peut
encore joindre cette liste la tulipe turque (T. turcica), dont
les ptales, rouges ou jaunes, sont plus lancols et surtout
plus acumins que dans les prcdentes. On ignore cependant si c'est une vritable espce, dans l'acception ordinaire
du mot, ou seulement une variation produite par la cul-
ture.
Toutes les tulipes sont'dignes d'entrer dans la dcoration
des jardins nanmoins, on se borne communment celles
qu'une longue culture a embellies, et qu'on rattache la tulipe Duc de Thol, celle de Gesner, et la tulipe turque mais,
nous le rptons, les caractres primitifs ont t si profondment altrs par les changements de sol et de climat, parles
procds de culture et sans doute aussi par les croisements,
que dans une multitude de cas il est difficile d'assigner
telle varit donne une parent certaine, et que l'emploi des
qualifications de tulipes de Gesner et Duc de Thol devient
quelquefois trs-arbitraire.
La tulipe de Gesner (fig.19) est la plus ancienne dans nos jardins, et, par sucelle sur laquelle
s'est le plus exer
ce l'industrie de
fleuristes; aussi
a-t-elle vari
l'infini. Les Flamands, qui excellent dans sa cul
ture comme dans
celle des illets,
divisaient autres
fois ses innombrables varits en
deux catgorie
principales
le
bizarres, deux
ou trois couleurs,
et d'o le blanc
tait exclu oun'y
existait que pas
exception, et les
tulipes fond
blanc, o cette
couleur au contraire devenait
dominante. Cette
il
distinction, qui
laissait en dehor
d'autres
Fig. 19. Tulipe de Gesner.
mode
de variation non
su
moins remarquables, est presque oublie aujourd'hui,
tout depuis que la tulipe Duc de Thol a introduit dans les jardins un nombre de varits tout aussi grand.
Cette dernire, lorsque son type spcifique n'est pas trop
tr, se distingue facilement de la prcdente la brivet d
-
sa tige et surtout, comme nous l'avons dit plus haut, la disposition de son bulbe de remplacement. Elle est d'ailleurs
plus prcoce de trois semaines un mois, ce qui a valu la
plupart de ses varits la dnomination gnrale de tulipes
htives. Les semis en ont fait natre des varits doubles ou
pleines, tantt unicolores, tantt panaches ou bordes d'une
couleur diffrente du fond. Elle revt toutes les teintes, du
blanc pur au jaune, l'orang, au pourpre et au violet. D'aprs
le botaniste Fischer, cette tulipe serait commune dans les
steppes de la Russie mridionale, o ses bulbes sont considrs comme alimentaires.
La tulipe Duc de Thol tient certainement aujourd'hui le
premier rang dans le genre dont elle fait partie. Moins lgante de formes que la tulipe de Gesner, elle l'emporte sur
elle par le caractre plus tranch de ses varits, sa rusticit
plus grande et la facilit avec laquelle elle se prte toutes
les dispositions d'un parterre. On en peut former des platesbandes, des massifs, des bordures, des corbeilles; la planter
en touffes ou par pieds isols la cultiver en pleine terre ou
en pots, et enfin en hter la floraison ou la forcer fleurir en
hiver en la soumettant la chaleur artificielle. Tant d'avantages l'ont facilementmise en vogue, et, de mme que la tulipe de Gesner et les jacinthes, elle est devenue un des grands
objets d'exportation de la floriculture hollandaise, dont la
ville de Harlem est le principal centre. Elle a donn des varits par centaines, parmi lesquelles il nous suffira de citer,
comme tant les plus populaires aujourd'hui, les tulipes Duc
de Thol carlate, Vermillon brillant, lmperator. rubrorum,
rouge et double; Duc de Thol ancien, rouge bord de jaune;
de Tholjaune, varit trs-htive; Duc de Brabant, simple,
uge bord de jaune; Belle-Alliance, carlate; Standard,
lanc ray de rouge; la Candeur simple, toute blanche; la
avorite, blanche et rose tendre; Proserpine, trs-grande
simple, couleur lie de vin; Caman, lilas liser de blanc;
laCandeur double, pleine et trs-blanche; Rex rubrorum,
uge vif; Duc dYork, amarante borde de blanc; Pourpre,
uge pourpre bord de blanc.
La tulipe turque, dont la synonymie botanique, peu prs
inextricable, annonce assez la variabilit ou plutt l'incerti-
tude comme espce particulire, est suppose la souche d'une
catgorie particulire de varits fleurs normes, largement ouvertes, vivement colores de rouge et de jaune, et
dont les ptales sont bizarrement dchiquets ou frangs.
Les jardiniers en font plusieurs groupes secondaires, sous les
noms de perroquets, dragonnes, flamboyantes, mont-Etna, etc.
Quelques-uns prtendent que ces varits sont des hybrides
issus du croisement de la tulipe turque et de celle de Gesner.
Il est beaucoup plus probable qu'elles sont une altration sui
generis de la tulipe OEil-de-soleil, modifie par la culture, ou
peut-tre produite spontanment.
B. Culture et multiplication des tulipes.
Toutes les espces de tulipes sont rustiques ou peu prs rustiques sous notre ciel leurs bulbes enfouis sous terre n'ont
rien craindre de la gele, mais ils pourrissent lorsque
la terre est trop longtemps imbibe d'eau. Cet accident, du
reste, n'arrive gure que dans les climats du nord, ou la
suite d'arrosages trop copieux, lorsque les plantes sont
en pots et que ces pots sont mal drains. Sous tous les
rapports, la culture en pleine terre est de beaucoup prfrable
et c'est celle laquelle on s'en tient gnralement.
Une terre argilo-siliceuse un peu sche, repose et additionne d'une faible dose d'engrais consomm, est celle
qui convient le mieux aux tulipes. Dans le midi, ces plantes
viennent toutes les expositions au nord du 45e degr de
latitude, elfes prfrent les expositions mridionales, et cela
;
geles
o
des
plus
haute.
L
la
latitude
d'autant plus que
est
de 12 15 degrs sont frquentes et de longue dure, il est
prudent d'abriter sous une couche de litire les planches qui j
renferment les bulbes des tulipes.
Dans la nature, les tulipes se dplacent insensiblement
mesure qu'aux vieux bulbes en succdent de plus jeunes qui
naissent sur leurs cts ce dplacement quivaut pour elles
graduelabandonnent
puisqu'elles
de
terrain,
changement
un
lement celui o elles ont vcu et qu'elles ont puis; on pour
rait donc, dans la culture, les laisser elles-mmes, sans
prendre la peine de les transplanter; cependant, on n'en agit
point ainsi lorsqu'on tient conserver pure et bien ordonnance une collection de tulipes, o chaque varit doit occuper
une place dtermine, et tous les ans on enlve leurs bulbes
de terre pour les replanter lorsque le terrain a reu les
amendements convenables. On comprend sans peine que faute
de ce soin les plantes, lorsqu'elles sont en grand nombre et
trs-rapproches, ce qui est le cas ordinaire, finiraient par
s'entremler et dtruire toute la rgularit de la plantation
que de plus en se rencontrant les unes les autres, les plus vigoureuses affameraient les plus faibles.
L'enlvement des bulbes se fait de deux trois mois aprs
la floraison, c'est--dire vers la fin de juin ou au commencement de juillet sous la latitude de Paris, lorsque dj les
feuilles sont jaunies ou dessches. Les bulbes sont d'abord
exposs en plein air, l'ombre, et lorsqu'ils sont secs on
les porte dans un local o on les tient l'abri de l'humidit,
ayant soin de les tendre sur des planches ou des claies, et de
les recouvrir de feuilles de papier pour intercepter la lumire.
Ils restent l tout l't, sans exiger autre chose qu'un peu de
surveillance pour en carter les souris, qui en sont friandes.
Dans l'intervalle, c'est--dire de juillet septembre, on prpare les planches o se fera la replantation des tulipes. Le
mieux serait d'en changer l'emplacement; lorsque cette condition ne peut pas tre remplie, on y supple par l'apport de
terre neuve, de la nature de celle que nous avons indique
plus haut, ou tout au moins par l'addition d'une dose un peu
plus forte de bon terreau de couche parfaitement dcompos.
Les planches, dont la longueur est proportionne au nombre
de tulips planter, seront dfonces 40 ou 50 centimtres
de profondeur et la terre bien mlange au terreau. La largeur des planches varie suivant le nombre de lignes de tulipes que l'on compte y mettre. A Paris, les jardiniers ont gnralement adopt la largeur de 1m10 1m 15, pour cinq ranges de tulipes, ce qui porte la distance des ranges 20 ou
22 centimtres, distance qui est aussi celle qu'on doit laisser
entre les plantes d'une mme ligne mais cet usage n'a rien
d'absolu, et il se modifie suivant la disposition du parterre et
les gots de l'amateur.
La vivacit et la varit du coloris des tulipes et l'habitude
o l'on est de les planter en planches ou en massifs donnent
quelque importance leur disposition sous le rapport de l'effet
d'ensemble. Ayant dj trait des rgles qui prsident aux
combinaisons des couleurs dans le parterre, nous nous bornerons rappeler ici que pour former des combinaisons dtermines il faut tre sr d'avance du coloris des fleurs. C'est ce
quoi on arrive par un classement et un tiquetage rigoureux.
On aura donc soin de noter exactement la couleur de chaque
individu au moment de la floraison, et de lui donner une
marque qui le fasse reconnatre, soit au moment de l'enlvement des bulbes, soit l'poque de la plantation. Quelques
jardiniers, dont les collections sont considrables, simplifient
ce travail au moyen d'chiquiers qui reprsentent en abrg
une planche de tulipes, et dans les casiers duquel ils classent
les varits par couleurs, d'aprs la combinaison qu'il leur
a paru bon d'adopter; en replantant les bulbes, il n'ont plus
qu' les mettre aux endroits indiqus par les casiers. Il est
inutile d'ajouter que les assortiments par couleurs varient
suivant les gots. On doit tenir compte aussi de la prcocit
relative des diffrentes varits, pour ne mettre dans un mme
massif que celles qui fleurissent ensemble, et mme donner
une certaine attention la hauteur des plantes, si l'on tient
ce que les lignes aient une grande rgularit.
C'est dans le courant de novembre, et autant que possible
par un temps sec, que se fait la replantation des bulbes. Ds
cette poque dj, les jeunes racines commencent poindre
au pourtour des cicatrices laisses par les racines de l'anne
prcdente. On spare les caeux des bulbes mres pour les
planter part, ainsi que nous le dirons plus loin, et on procde
la plantation des bulbes, soit au plantoir, soit l'aide de
tout autre instrument, en les recouvrant de 5 6 centimtres
de terre, qu'on tasse lgrementavec la main. Si l'hiver tait
trs-froid, on couvrirait la planche pendant les plus fortes ge-
les, ainsi que nous l'avons dj dit, d'une couche de litire ou
de feuilles sches, mais qu'il faudrait enlever ds que les
grands froids ne seraient plus craindre, afin de ne pas exposer les tulipes s'tioler, ce qui arriverait si elle tait encore
sur le sol au moment o ces plantes, dont la vgtation est
trs-prcoce, commenceraient en sortir.
Suivant les lieux et les annes, les tulipes fleurissent plus
tt ou plus tard, mais toujours de trs-bonne heure. Dans le
midi de la France, leur floraison commence aux premiers
jours de mars et mme ds la fin de fvrier Paris elle dbute avec le mois d'avril et finit du 15 au 20 mai. La tulipe
prcoce ( T. prcox) est celle qui ouvre la marche, et immdiatement aprs elle viennent les varits htives de la tulipe
Duc de Thol, dont les autres varits se succdent par rang
de prcocit pendant toute la dure du mois. Peu aprs, se
montrent les Dragonnes et les Flamboyantes, et, pour clore
cette brillante srie de fleurs, les innombrables varits de la
tulipe de Gesner, qui continuent encore fleurir pendant la
premire quinzaine de mai.
Toutes les annes ne sont pas galement favorables la floraison des tulipes, et il est reconnu qu'un soleil trop ardent
leur est nuisible et abrge la dure des fleurs. Lorsque les
collections ne sont pas trop considrables, on peut parer cet
inconvnient en tendant des toiles sur les planches de tulipes,
ce qui a encore l'avantage de les mettre l'abri de quelques
insectes qui en rongent les ptales ou le cur. Cette prcaution est surtoututile aux horticulteurs fleuristes, qui cultivent
les tulipes pour en vendre les fleurs.
Nous avons dj dit que les oignons de tulipe redoutent
l'humidit pendant l'hiver, et qu'ils sont sujets pourrir dans
les terres argileuses fortement dtrempes. Il n'y a qu'un seul
moyen d'viter cet accident c'est de ne pas tenir la terre
trop meuble au moment de la plantation. Le dfoncement se
fait alors sept huit mois d'avance, en mars par exemple, et,
en attendant le mois de novembre, la terre est occupe par
une autre culture. Le moment venu, on se borne enlever
ce qui restedes plantes qui ont vcu sur le terrain et donner
un coup de rteau la surface, puis on plante les tulipes sans
labour pralable. Le sol, dans ces conditions, sans tre dur
est un peu tass, et il offre une certaine rsistance la pntration de l'eau des pluies, qui s'coule la surface pour peu
qu'il y ait de pente, et qui, dans tous les cas, est diminu par
l'vaporation; cet effet n'aurait pas lieu si le terrain tant frachement remu, l'eau y pntrait sans obstacle.
La multiplication des tulipes se fait par graines et par caeux.
Ordinairement, lorsqu'on ne tient pas faire des semis, on enlve les sommits des pdoncules dfleuris, afin que les oignons profitent de la sve qui se serait porte inutilement
sur le fruit dans le cas contraire on laisse les plantes fructifier, et on cueille les capsules lorsqu'elles sont arrives maturit et qu'elles commencent s'ouvrir. Les graines sont tenues au sec, jusqu'au moment du semis, qui se fait en automne ou la fin de l'hiver, mais avec plus de succs dans la
premire de ces deux saisons. On sme indiffremment en
pleine terre ou en terrines mais dans les deux cas il est bon
que la terre soit fine, lgre et un peu sableuse. Les terrines
sont enterres au pied d'un mur, une exposition mridionale,
ce qui les met un peu l'abri des grands froids et de l'excs
de l'humidit.
Les tulipes obtenues de semis ne fleurissent gure avant la
quatrime et mme la cinquime anne, et encore la premire
floraison est-elle souvent dfectueuse, mais gnralement les
coloris des fleurs s'amliorent dans les floraisons suivantes.
On ne devra donc procder l'puration d'une collection obtenue de semis que lorsque les plantes auront fleuri au moins
deux fois, si l'on ne veut tre expos mettre au rebut des
plantes qui mritaient d'tre conserves. Il est peine ncessaire d'ajouter que les oignons des jeunes tulipes doivent tre
replants en terre neuve, comme ceux des tulipes adultes
mais cette transplantation ne devient ncessaire ici qu' partir
de la troisime anne.
La multiplication par caeux est plus rapide, et elle a surtout
l'avantage de conserver indfiniment les varits obtenues. Les
caeux se dtachent des oignons au moment de la plantation
de ces derniers, et on les plante sparment, dans une terre
prpare et amende comme il a t dit. Suivant leur degr
de dveloppement ils fleuriront plus tt ou plus tard, mais
gnralement pas avant la deuxime anne.
IV. LES JACINTHES.
Les jacinthes, comme les tulipes, appartiennent la famille des liliaces. Ce sont aussi des plantes bulbeuses et vivaces, qui se reproduisent de graines et de caeux. Par la
beaut de leurs fleurs, les nuances varies de leur coloris et
la suavit de leur parfum, elles se placent, dans jardinage,
sur le mme rang que les tulipes, et leur culture a la plus
grande analogie avec celle de ces dernires.
Le genre jacinthe (Hyacinthus de Linn) est pareillement
indigne des climats temprs de l'Europe et de l'Asie occidentale. Il ne contient qu'un petit nombre d'espces, dont
quatre ou cinq croissent spontanment dans nos provinces
mridionales. Ses caractres sont les suivants des fleurs en
nombre variable, disposes en grappe au sommet d'une tige
sans feuilles ou scape, et dont les six pices ptalodes, soudes jusqu'au milieu de leur longueur, se rflchissent en dehors, puis six tamines et une capsule trois loges polyspermes. Il ne diffre du genre Scilla, dont quelques espces ont
aussi t introduites dans nos.parterres, qu'en ce que les pices
du prigone y sont soudes ensemble sur une plus grande
longueur
elles sont presque libres dans ce dernier genre,
qui a d'ailleurs t longtemps confondu avec lui.
Une seule espce doit nous occuper ici, c'est lajacinthe d'Orient(Hyacinthusorientalis)(fig. 20), introduite depuis plusieurs
sicles en Europe, et naturalise sur quelques points du midi
de la France. Nulle part cependant sa culture n'a eu autant de
succs qu'en Hollande, et c'est de ce pays, et particulirement
de la ville de Harlem, que les autres contres de l'Europe
tirent chaque anne leur principal approvisionnement de jacinthes. Plus de 50 hectares de terre dans le voisinage imm-
le
diat de cette ville sont annuellement consacrs exclusivement la culture de
ces plantes, dontles bulbes
s'expdient par millions en
Angleterre, en Allemagne
et en France. Ce succs extraordinaire s'explique par
le soin minutieux que les
Hollandais apportent leur
culture, et aussi par la convenance parfaite du sol et
du climat, circonstances
qui ne se rencontrent pas
ailleurs au mme degr, et
qui assurent, pour longtemps encore, ces industrieux floriculteurs le monopole des jacinthes et
mme de la plupart des
autres plantes bulbeuses.
Le sol sur lequel sont
tablies les cultures de
Harlem
d'ailleurs
est
d'une nature touteparticulire. Situ au pied des
dunes, qui sont sur ce
point le rempart de la Hollande contre les empitements de la mer, il est
form, comme elles, d'un
dpt de sable fin auquel
se sont ajoutes des alluvions limoneuses. Il est de
Fig. 20. Jacinthe d'Orient.
plus imbib d'eau douce
qui y arrive par infiltration, et qui se montre une faible distance de la surface, par exemple un mtre ou deux de pro-
fondeur, suivant les lieux. Cette eau, remontant sans cesse par
suite de la capillarit du sol, arrive facilement aux racines des
plantes, et seulement dans la proportion convenable leur
bon entretien. D'un autre ct, la mme permabilit du sol
facilite la descente des eaux de pluie, ce qui fait que le bulbe
n'est jamais noy. Enfin, la douceur relative du climat et un
ciel souvent voil de nuages favorisent encore la floraison
des jacinthes, qu'il est difficile d'obtenir aussi belles et surtout
aussi durables sous des ciels plus lumineux.
Varits de jacinthes. Les semis multiplis, et sans
cesse rpts de la jacinthe ont fait natre chezelle, comme
chez la plupart des autres espces soumises ce mode de propagation, un nombre illimit de varits, dont les diffrences portent sur la hauteur des hampes florifres, le nombre des fleurs,
l'tat de la corolle, qui, de simple, devient double, triple et
mais elles portent surtout sur le coloris.
mme quadruple
La teinte originaire des fleurs est ici le bleu ou le bleu indigo
mais, par suite de la cause que nous venons d'indiquer et de
triages faits avec intelligence et persvrance, on a obtenu,
outre la teinte blanche, qui est une dcoloration, toutes les
nuances du rose, du rouge, du carmin, du bleu, du pourpre,
du violet, et cette dernire couleur, ainsi que le bleu, peut se
foncer pour ainsi dire jusqu'au noir il y plus on y a vu apparatre des teintes jaunes, ples il est vrai, et mme quelques
tons orangs, ce qui au premier abord ne semblait pas
compatibleavec la coloration primitive de la plante. Le plus
souvent les fleurs sontunicolores; mais il existe aussi des varits o elles runissent deux ou mme trois couleurs diffrentes, ce qui leur a valu le nom de bizarres. Une seule teinte
manque la jacinthe, c'est le jaune pur, le jaune parfait, qui
est au contraire si commun dans les tulipes, auxquelles, par
compensation, manquent les teintes bleues. Ces deux genres
le plantes semblent donc se complter l'un l'autre, et en les
runissant dans un parterre on peut raliser toutes les combinaisons imaginables avec la srie entire des couleurs.
Les varits obtenues depuis le commencement de la culture des jacinthes se' compteraient par milliers, et il en sur-
vient tous les ans de nouvelles, en mme temps que de plus
anciennes disparaissent ou tombent dans l'oubli. Pour diriger
le lecteur dans le choix de ces varits, nous en citerons quelques-unes, choisies parmi celles qui ont le plus de vogue au-
jourd'hui.
Jacinthes fleurs simples.
a. Varits blanches ou presque blanches Alba maxima,
Mont-Blanc, Reine des Pays-Bas, Grand Vainqueur, Voltaire
Mme Van der Hoop, Snowball ou Boule de neige, Miss Burdett
Coutts, Dolifarde, Elfride, Elisa, Grande Blanche impriale,
Pyrne, Grande Vedette, Thmistocle, Candeur,Pucelled'Orlans,Virginit, Mammouth, Mirandolina, Tour d'Auvergne,
Orondatus blanc, Prince de Galitzin, Reine Victoria blanche,
Reine Blanche, Rhadamante, Temple d'Apollon, etc. Ces varits
diffrent les unes des autres par la grandeur des fleurs, la largeur des ptales, la longueur des grappes plus ou moins fournies, et quelques-unes par une lgre teinte carne ou rose.
Toutes sont belles et recherches.
b. Varits carnes, rose, lilas ou rouge clair Triomphe de
Blandine, Norma, Favorite du Sultan, Bouquet royal, Grandeur merveille, Cavaignac, Princesse Charlotte, Koh-inoor, Mss Beacher Stowe, Agns, Appelius, Beeringen, Belle
Corinne, Cloche magnifique, DuchessedeRichemond; Emmeline
Graaf Schwerin, Haydn, Howard, l'Amie du ecezir, Dame du
lac, Lord Granville, Louis, Maria-Catharina, Maria-The
resa, Princesse Victoria, Peterssohn, Norma, M. de Faesch,
Susanna Johanna, Sapho, Lord Wellington, Henriette- Wilhelmine, etc.
moins1
plus
carmin
Varits
ou
c.
rouges, rouge ponceau ou
fonc
Reine des Jacinthes, Victoria, Plissier, Lina, Robert
Steiger, Macaulay, Satella, Rouge sans pareil, Rouge du printemps, Queen Victoria, Mars, l'clair,LordElgin, l'Unique,
Alexandrina, Attraction, Eldorado, Crsus, Cornlia-Maria,
Circ, etc.
la
d. Varits pourpres ou pourpre violet Belle Hollandaise,
Adieu de l'hiver, Panthon, etc.
e. Varits ardoises, gris de perle ou bien clair de diffentes nuances Baron Van Thuil, Bleu mourant, Amalia Herlann, Charles Dickens, Couronne de Celle, Emiliwi, Keizer
rans, Merveilleuse, Munchhausen, Grand Lilas, Orondatus
leu, Oscar, Porcelaine Scepter, Regulus, Thunberg, etc.
f. Varits bleues et bleu violac, de tons plus ou moins fons : Argus, Young, Graaf von Nassau, Emicus, Crpuscule,
anning, Haller, Kaiser Ferdinand, Mme de la Vallire, Nemod, Frdrike Panzer, etc.
g. Varits bleues et violettes tirant sur le noir ou presque
oires : Tombeau de Napolon, Wilhelm 1er, Tubalcan, Siam.,
timosa, la Plus Noire, O'Connel, Quentin-Durward, Gnral
favelock, Belle Africaine, etc.
h. Varitsjaunes couleurnankin A lida-Jacoba, Fleur d'or,
Couleur de jonquille, Pluie d'or, Hrone, l'Envie, Rbecca,
lhinocros, Vainqueur, Victor Hugo, Ida, Duc de Malakoff.
et
2 Jacinthes fleurs doubles.
Les jacinthes doubles et pleines rptent toutes les tons de
oloris que nous venons de passer en revue dans les simples, nous
n signalerons aussi quelques-unes dans les mmes nuances.
a. Varits blanches et blanc ros Anna-JJaria, Hooft, Hernann-Lanye, Og roi de Bazan, Goudbeurs, GloriaJlorum su'rema, Bouquet royal, Diane d'phse, Duc de Valois, la
Desse, La Tourd'Auvergne, Lord Anson, Minerva, Miss Ketty,
bernique royale, Prince de Waterloo, Sphra Mundi, Vnus,
Bouquet royal, etc.
b. Varits roses, rouge ou carmin plus ou moins fonc
Thomas Grey, Susanna-Maria, Sans-Souci, Rex rubrorum,
Regina rubrorum, Panorama, Molire, Mars, Mme Zoutman,
Koh-i-noordouble, Belle Alliance, Lady Montague, Louis-Napolon, Honneur d'Amsterdam, Glhe rose, Gnral Moore, Co1henilte, Princesseroyale, etc.
Varits bleues, de diffrentes nuances Grande Vedette
double, Garrick, Franciscus primus, Duc de Normandie, De
mus, Comte de Bentink, Bride ofLammermoor, Bouquet poum
pre, -Albion, Jupiter, l'Abb de Veyrac, Laurens Koste
Mme Marmont, Mhmet-Ali, Necker, Murillo, Sertorius, Rudol
phus, Prince Frdrick, etc.
d. Varits bleu noir ou violet noir Pourpre superbe
Othello, Indigo, etc.
e. Varits jaunes ou couleur nankin : Gthe jaune, Anna
Carolina, Crsus, Bouquetorange, Jaunesuprme, Louis d'or
Mine de soufre, Pyramide jaune, Ophir d'or, etc.
Multiplication et culture des jacinthes. La jacinthe se multiplie par le semis des graines et la plantation de
caeux. Les semis n'ayant gure d'autre but que de faire natri
des varits nouvelles, et leurs rsultats se faisant attendre d
quatre six ans, on les abandonne gnralement aux horti
culteurs de profession. La multiplication par caeux elle-mm
est peu pratique en France, si ce n'est par quelques jardi
niers deParis; mais leurs jacinthes tant presque toujour
trs-infrieures celles de Hollande
les amateurs achten
plus volontiers celles qui nous viennent de ce pays, et don
les marchands fleuristes de la capitale sont d'ailleurs abondamment pourvus.
Un oignon de jacinthe fleurit ordinairement plusieurs an:
nes de suite il semble mme, au premier abord, pouvoi
durer indfiniment; cependant, malgr les apparences, il s
renouvelle sans cesse, mais par un autre mode que les oignon
de tulipe, que nous avons vus disparatre aprs la floraiso
pour faire place un bulbe de remplacement. L'oignon de 1
jacinthe est polycarpique, sa rnovation se faisant exclusive
ment par le centre. Si, au moment de la floraison, on fend Ion
gitudinalement le bulbe en suivant le pdoncule del'inflores
cence jusqu'au plateau sur lequel il est insr, on trouve l
base de ce pdoncule un bourgeon rudimentaire compos d
cinq sept jeunes feuilles, au centre duquel il est facile d
reconnatre l'inflorescence qui se dveloppera l'anne suivante
Ce bourgeon qui crot pendant tout l't, et dont les feuille
c.
ommencent mme se montrer au sommet du bulbe aumoent de la plantation, refoule insensiblement vers la circonrence le pdoncule fltri de l'inflorescence qui a prcd,
et avec lui toutes les tuniques ou-bases des feuilles qui l'eneloppaient. Peu peu ces tuniques se vident, au profit du noueau bourgeon, des sucs qu'elles contenaient, et lorsqu'elles
.rrivent la circonfrence de l'oignon elles sont depuis longemps dessches et rduites l'tat de pellicules, qui mme
ie tardent pas se dcomposer dans le sol. Le plateau sur le[uel repose le bulbe tout entier, et qui donne naissance aux
racines, se dtruit de mme graduellement sur son contour,
m mme temps qu'il se rgnre vers le centre. On estime
qu'il faut cinq ou six ans pour que le renouvellement d'un
oube de jacinthe soit complet, ou, ce qui revient au mme,
)our qu'un pdoncule, d'abord central, soitrejetl'extrieur.
Le bourgeon florifre n'est ordinairement pas la seule proluction d'un bulbe
ordinairement il se forme encore des
ourgeons secondaires entre les tuniques, bourgeons qui ne
contiennent pas d'inflorescence et dont le dveloppement est
m gnral fort lent. Ce sont les caeux, qui ne deviennent libres que lorsqu'ils ont t repousss la circonfrence du
bulbe par l'accroissement graduel de ce dernier, et la dessiccation des tuniques qui les recouvraient. Ils se sparent alors
spontanment du bulbe mre, et deviennent autant de nouvelles plantes, qui vivront dornavant de leur vie propre. Ces
caeux, rcolts et tiquets avec soin, sont plants part et
traits de la mme manire que les bulbes proprement dits,
et, suivant leur grosseur, ils fleurissent la troisime ou la quatrime anne. Dans tous les cas, leur floraison se fait moins
attendre que celle des sujets obtenus de semis, et de plus ils
reproduisent trs-fidlement la varit dont ils sont issus, ce
que ne font pas ces derniers. Il est telle varit mritante, datant dj de plus d'un sicle, qui s'est conserve, par la plantation des caeux, telle qu'elle tait l'origine.
Certaines varits sont trs-fcondes en caeux
certaines
autres n'en produisent que trs-peu, quelques-unes mme
n'en donnent pas du tout lorsqu'elles sont abandonnes
elles-mmes. On remdie cet inconvnient en fendant
quatre, par deux incisions qui se croisent angle droit, le ]
teau de l'oignon. Cette incision, qui se fait avec la lame d'
canif, pntre 6 ou 8 millimtres de profondeur et n'attai
que la base des tuniques. On recommande de la faire un p
excentrique, c'est--dire de telle manire que la lame de l'i
trument ne passe point par le centre du plateau, mais
ment ct, afin de ne pas nuire au bourgeon central, q
peut alors encore dvelopper sa fleur. Soit parce que les gj
mes des caeux se trouvent plus libres aprs ce dbrideme
soit par toute autre raison, toujours est-il que des cae
se dveloppent la suite de cette opration. Elle n'est d'
leurs pas la seule qui amne ce rsultat, et on a vu plus d'u
fois des bulbes de jacinthe tranchs horizontalement par
milieu, ou taills en cne par l'ablation de la partie suprieu
des tuniques extrieures, donner naissance une grande qua
tit de caeux.
Quelle que soit l'origine des jacinthes que l'on veutcultive
mais surtout lorsqu'on se les procure par la voie ducommer
on doit s'assurer que les oignons sont sains, ce qui se reco
nat au simple toucher. Un bon oignon est ferme et plein,
son plateau exempt de toute altration. Tout bulbe flas
doit tre rejet, comme aussi tous ceux dont le plateau sera
atteint de pourriture. Aprs ces premires conditions,
sont de rigueur, on donne la prfrence aux gros oignons sur la
petits, parce que leur floraison est plus certaine et
une hampe mieux fournie mais il est bon de savoir que dan
certaines varits les bulbes sont toujours petits comparative
ment ceux de certaines autres. La grosseur n'est donc iu
qu'une condition secondaire et toute relative.
Les jacinthes se cultivent en pleine terre, en pots ou SUi
des vases de verre, dans les appartements; nous allons exana
ner successivement ces trois mthodes.
La culture en pleine terre est incontestablement celle gr!
donne les meilleurs rsultats. Les nuances et les coloris soic
si varis dans la jacinthe qu'aucune autre plante ne se pr
aussi bien qu'elle aux combinaisons de couleurs qui sont
se
pro
point capital dans la dcoration d'un parterre, et elle a l'avantage de venir dans une saison o on sent tout le prix de la
verdure et des fleurs aprs les longues privations de l'hiver.
Rien n'gale la beaut des massifs qu'on peut faire avec elle,
surtout sur un terrain en relief, circulaire, elliptique ou de
toute autre forme, et quand, par suite d'un bon tiquetage des
varits, on a pu assortir les couleurs en vue de l'effet produire. Comme leur floraison concide avec celle des crocus et
des tulipes htives, rien n'est plus facile que de complter la
gamme des couleurs en associant aux jacinthes les varits
jaune vif ou oranges de ces dernires plantes.
La terre destine recevoir une plantation de jacinthes doit
tre riche et cependant lgre et un peu sableuse, ameublie
50 ou 60 centimtres de profondeur, et tre assez permable pour que l'eau ne fasse que la traverser sans s'y arrter.
Si elle tait de sa nature peu substantielle, on y enfouirait,
quelques mois d'avance, et 30 centimtres de la surface,
une couche de fumier de vache frais, de 5 6 centimtres
d'paisseur; on pourrait encore se contenter d'incorporer
la terre, au moment de-la plantation des bulbes, du terreau de fumier dcompos, dans la proportion qu'on jugeraitconvenable d'aprs l'tat de pauvret du terrain. A Haarlem, o la culture toute commerciale vise principalement
obtenir des bulbes bien dvelopps, il est de rgle de changer tous les ans de place les jacinthes, et de ne les faire revenir sur le sol qu'elles ont occup qu'aprs une rotation de
quatre, cinq ou six ans.
La plantation des jacinthes se fait communment en octobre, mais on peut aussi la faire ds le milieu de septembre,
surtout si on se trouve dans un climat froid, qui modre ou
arrte la vgtation des bulbes, de mme qu'on peut la diffrer sans grands inconvnients jusqu'au 20 novembre. Pass
cette poque, les bulbes qui sont dj entrs en vgtation
dans les greniers o on les tient en rserve, et qui
consomment leur propre substance, ne font plus que s'affaiblir, parce
qu'ilsn'en reoivent pas l'quivalentpar leurs racines on n'attendra donc pas au dernier moment pour les mettre en terre,
et, autant qu'on le pourra, on fera cette opration dans la pre-
mire quinzaine d'octobre.
Pour produire tout leur effet, sur une planche ou un relief
de terrain, les jacinthes doivent tre plantes un peu serres,
c'est dire 15 ou 20 centimtres les unes des autres, en tout
sens. Les oignons, placs verticalement dans une petite fosse,
creuse avec la main, sont couverts de 6 8 centimtres de
terre, et, si on habite un climat froid, on couvre la plantation,
peu de temps avant la gele, d'une couche de litire de 10 15
centimtres d'paisseur, qu'on enlve ds que les froids sont
passs. Cette prcaution, que les fleuristes hollandais n'ont
garde d'oublier, et que prennent aussi les jardiniers de Paris,
n'est plus ncessaire dans la rgion du midi, o elle serais
d'ailleurs plus nuisible qu'utile, attendu que les jacinthes
poussent ordinairement leurs feuilles hors de terre pendant
l'hiver
y fleurissent ds la fin de fvrier ou les premiers jours de mars. Si le terrain tait sec au moment de la
plantation des bulbes, on donnerait un lger arrosage afin
de tasser la terre. A partir de ce moment on s'abstient d'arroser aussi longtemps que les bulbes restent stationnaires; on
leur donne, au contraire, frquemment de l'eau une fois qu'ils
sont entrs en vgtation moins que le temps ne soit suffisamment pluvieux. Aprs la floraison, on cesse les arrosages
pour hter la maturation des bulbes, maturation qui est ordinairement complte, sous le climat de Paris, du 10 au 30
juin, et qui s'annonce par le jaunissement ou la dessiccation
des feuilles. Le moment est alors venu de retirer les bulbes
de terre.
Ces bulbes, enlevs avec la bche, sont tendus pendant
quelques heures sur la terre, la racine au soleil, aprs quoi on
les couvre d'un peu de sable, qui, tout en les mettant l'abri
des rayons trop ardents du soleil, ne les soustrait pas compltement sa chaleur. Sous cette couverture, les bulbes perdent l'eau qu'ils contenaient en excs et se durcissent. Au
bout de dix douze jours on les retire du sable, on les dbarrasse des restes des feuilles et de l'inflorescence, et aprs
les avoir laisss encore scher quelques heures dans un lieu
et
abrit du soleil, mais o l'air circule, on les porte au grenier,
et on les y tend sur des rayons, o ils restent jusqu'au moment de les planter. Pendant les trois mois qui s'coulent
entre l'enlvement des bulbes et leur mise en terre, leur vgtation n'est pas arrte, mais elle est toute intrieure, et
le bourgeon florifre qui succde celui qui vient de fleurir
se dveloppe activement; il arrive mme souvent que, dans
les derniers jours de septembre, les premires feuilles vertes
commencent poindre au sommet de l'oignon, ainsi que de
nouvelles racines au pourtour du plateau. On doit alors se hter de replanter, comme nous l'avons indiqu plus haut. S'il
s'est produit des caeux, on les dtache pour les planter
part.
La culture des jacinthes en pots n'est pas moins facile qu'en
pleine terre, et elle procure l'avantage de pouvoir hter la
floraison des plantes, et surtout de les mettre la porte de
l'amateur tout moment du jour, quelque temps qu'il fasse,
ce qui n'a pas toujours lieu avec la culture en pleine terre,
puisque la jacinthe fleurit dans une saison o les giboules
sont frquentes. On y emploie des pots un peu plus lgants
de forme que ceux qui servent aux empotages courants
du jardin ayant de 10 12 centimtres d'ouverture si on
veut n'y mettre qu'une seule jacinthe plus grands si on veu
y en mettre plusieurs. On trouve chez les marchands de poterie horticole des vases orns, de toutes formes et de toutes
grandeurs, spcialement destins la culture des jacinthes,
et faonns, les uns pour reposer sur les meubles, les autres
pour tre supendus en guise de lustre au plafond des appartements. Ces pots doivent tre soigneusement drains l'aide
de tessons, et la terre dont on les remplit un peu plus substantielle que celle du jardin, mais toujours lgre, puisque c'est
l une des conditions du succs. Un mlange de terre argileuse et de sable fin ou de terre de bruyre, additionn par
moiti de terreau de fumier dcompos, mais non us, surtout de fumier de vache, est le meilleur compost qu'on puisse
y employer. Ce compost, qui convient d'ailleurs pour toutes
les plantes bulbeuses, est ordinairement prpar cinq ou six
mois d'avance et alors on y fait entrer le fumier l'tat frais
On retourne deux ou trois fois le mlange
un mois d'inte
valle, avant de s'en servir.
Les bulbes se plantent droits, au milieu des pots, leu
pointe dpassant le niveau de la terre de 1 2 centimtres
On donne un bon arrosage pour tasser la terre, et on place le
pots surun sol un peu dur, ou sur des briques, de manire cafl
que les lombrics ne puissent pas y entrer par les trous
fond. Si le climat est froid, on les entoure de cendres jus
qu'au niveau du bord, ayant soin mme d'en couvrir le des-H
H
les
bulbes,
petit
consquent
d'un
cne
de
et
sus,
par
matire, haut de 8 10 centimtres. Deux mois plus tard
c'est--dire en dcembre ou janvier, on retire les pots des B
cendres, et on les porte sous un chssis froid, qu'on tien
ferm pendant cinq ou six jours, aprs quoi on donne graduel
lement un peu d'air, ayant soin cependant de le fermer
moment de la gele mais en veillant aussi ce que la tem-H
prature ne s'y lve pas, car les plantes vgtant avec trs- H
peu de chaleur s'y tioleraient et ne seraient jamais belles. Il
faut tendre ici obtenir des feuilles qui se tiennent droites, e
soient d'un vertfonc, ainsi que des pdoncules fermes et don
les fleurs soient rapproches si les plantes avaient t excites
intempestivement dans un espace-troit o l'air n'aurait pa
t suffisamment renouvel, les feuilles et l'inflorescence s'al- B
longeraient outre mesure, et n'auraient pas la force de se j
soutenir, ce qui ne rpondrait plus au but qu'on se propose.
On remdierait jusqu' un certain point ce dfaut en soute- B nant les plantes au moyen de petits tuteurs en fil de fer. Rp
tons ici que les arrosages doivent tre frquents dans la p
riode de vgtation, et la terre tenue toujours humide. Ds
B
les
les
plantes
dans
la
floraison
porte
commence,
apon
que
-
cet
fl
partements.
Cette culture peut se forcer sous chssis. Aprs avoir procd
comme nous l'avons dit tout l'heure en parlant de la planta
tion des bulbes, les pots seront tous ports, en dcembre ouftj
janvier, dans un appartement chauff ou non chauff, et l'ap
prochs des fentres. Si on fait du feu dans l'appartement,
-i
on aura soin de les loigner de la chemine, pour ne pas trop
activer la vgtation. Suivant que la temprature aura t plus
basse ou plus leve, la floraison se fera en fvrier ou en mars,
mais elle sera d'autant plus belle qu'elle arrivera plus tard,
c'est--dire que les plantes auront t moins forces. Aprs
la floraison, les pots seront ports en plein air, et on n'arrosera plus que de loin en loin, pour laisser mrir les bulbes,
si toutefois on tient les conserver, car, quoique peu vigouils sont encore aptes fleurir les annes suivantes, mais
reux
seulement en pleine terre; remis en pots ils ne donneraient
plus qu'une floraison insignifiante. Cette remarque s'applique
plus forte raison auxjacinthes cultives sur de la mousse humide ou sur des vases pleins d'eau.
La culture en vases suspendus diffre assez notablement de
celle que nous venons de dcrire. Ces vases, de forme plus ou
moins lgante, sont souvent percs de trous sur les cts et
mme quelquefois en dessous. Onles remplit de mousse qu'on
a soin de tenir toujours humide, et les bulbes y sont placs
dans toutes les directions, les uns verticalement, les autres
horizontalement ou dans une position renverse, mais de telle.
manire que leur pointe soit engage dans les trous du vase.
Par la seule chaleur de l'appartement, ils entrent en vgtation; leurs feuilles et leurs hampes passent travers les trous
qui leur font face, et deviennent tout aussi belles que s'ils
taient en pots ordinaires. Il est bon defaire tourner de temps
en temps le vase sur lui-mme, pour que toutes les plantes
jouissent de la mme somme de lumire. et se dveloppent
bien galement. Si les bulbes ont t choisis vigoureux, que
les couleurs des fleurs aient t bien assorties, et que les
plantes n'aient pas souffert du manque d'eau, on obtient
ainsi des groupes fleuris du plus brillant effet. On conoit que
ce mode de culture et la forme des rcipients puissent tre
varis de bien des manires, suivant le got des amateurs.
La culture des jacinthes sur vases de verre ou sur carafes
n'emploie ni terre ni mousse
les vases sont simplement
remplis d'eau, que l'on renouvelle tous les quinze ou vingt
jours, ou plus frquemment s'il y a lieu parce qu'elle doit
toujours tre trs-pure l'eau de pluie est celle qui convient
le mieux. Les vases dont on se sert ici, et qui sont spcialement appropris cet usage, sont des godets allongs, de
forme plus ou moins lgante, dont l'ouverture, proportionne la grosseur des bulbes, est lgrement vase pour les
soutenir. On en fait en verre blanc et en verre bleu; ceux da
cette dernire couleur doivent tre prfrs, parce que les.
fonctions des racines y sont moins contraries par l'action de
la lumire. Ces vases tant remplis d'eau, on pose les bulbes.
sur leur orifice, de manire ce que leur base affleure presque le niveau de l'eau, mais sans y toucher cependant, et on
les porte dans unlieu frais et obscur, un cellier par exemple,
o les racines commencent se dvelopper. On les visite de
temps en temps, soit pour ajouter de l'eau quand l'vaporation en a fait baisser le niveau, soit pour la renouveler en
totalit. Lorsque les feuilles et l'inflorescence ont commenc
se montrer, on transporte les vases dans un appartement
clair, et on les place prs des fentres, la lumire tant
ds lors un agent ncessaire la vgtation des plantes. Quelques amateurs conseillent d'ajouter l'eau une trs-lgre
dose de sulfate d'ammoniaque, ce qui, dit-on, augmente l'intensit de la verdure des feuilles et du coloris des fleurs.
Toutes les varits de jacinthes ne sont pas galement propres
ce genre de culture ce sont,en gnral, les simples qui s'y
prtent le mieux; elles sont plus vigoureuses, plus htives et
fleurissent plus rgulirement, ce qui, du reste a galement
lieu dans la culture en pots ou en pleine terre; aussi beaucoup
de connaisseurs les prfrent-ils aux doubles dans tous les cas
possibles. La culture sur vases commence habituellement en
octobre, quelquefois ds la fin de septembre, et elle peut la
rigueur tre retarde jusque vers le 15 novembre; mais, pass"
cette poque, les bulbes seraient dj trop affaiblis pour donner une bonne floraison. Les jacinthes qui ont fleuri sur des
vases peuvent encore servir l'anne suivante, mais seulement
dans la culture de pleine terre.
V.
LES LIS.
*)
Les lis (Lilium
peuvent tre considrs comme le type le
plus parfait, ou, si l'on veut, le plus simple de la famille des
liliaces (1). Ce sont des plantes vivaces, bulbes cailleux,
tiges simples ou ramifies seulement dans l'inflorescence,
garnies de feuilles, termines par des fleurs rgulires, en
gnral de grande dimension, blanches, roses, de couleur carmin, violaces, jaunes, rouges, oranges ou rouge orang. Ces
fleurs se composent d'un prigone de six pices ptalodes libres, dont les trois intrieures sont ordinairement un peu plus
larges que les extrieures, et qui, dans beaucoup d'espces, se
renversent ou se roulent plus ou moins en dehors; de six tamines anthres volumineuses, portes sur de longs filets,
et d'un ovaire central libre, surmont d'un long style stigmate trilob et papilleux. Le fruit, qui est une capsule triloculaire et trivalve, se dveloppe difficilement dans quelques
espces, moins que les tiges ne soient renverses terre ou
mme spares des bulbes, ainsi que nous le dirons plus
loin. La propagation se fait soit par les graines, soit plus
communment par les caeux ou jeunes bulbes qui naissent
autour du bulbe principal, soit par les bulbilles ariens qui
se forment, dans certaines espces, l'aisselle des feuilles
de la tige, soit enfin par les simples cailles dtaches d'un
bulbe.
Originaires des parties moyennes et septentrionales de l'ancien continent et de l'Amrique septentrionale, tous les lis sont
rustiques ou demi-rustiques dans le nord de la France, et ils
passent bon droit pour un des groupes de plantes les plus
intressants de nos jardins de plein air. Les nombreuses esqui, soit dit en passant, semblent peu susceptibles de
pces
Du grec Aepiov, qui se prononait et se prononce encore lirion. Il est probable que le mot franais lis est driv du lalin quelques auteurs cependant le
font venir du celtique li, qui veut dire blanc.
(I)Voirtome1er,
197.
*
p.
donner des varits notables par la cullure, ont t, raison
des diffrences de leur port et du coloris de leurs fleurs, rparties en plusieurs sections par les botanistes ; mais ces sections, trop peu tranches, n'ont pas t universellement admises, aussi nous bornons-nous ici indiquer les espces
dans l'ordre au moins apparent de leurs affinits.
A. Principales espces de lis. On connat plus de.
trente espces dans le genre, et la plupart ont t introduites,
dans les jardins, mais quelques-unes sont encore mal dtela
mines. Sur le nombre nous recommanderons particulirement les suivantes
1 Le lisgant (Lilium gigantcwn), des montagnes de l'Hiintroduit depuis une quinzaine d'annes en Europe.
malaya
C'est la plus grande espce connue. Sa tige fistuleuse, presque de la grosseur du bras d'un enfant au niveau du sol, -s'lve 3 mtres ou plus et se termine par une grappe de fleurs
odorantes, d'un blanc jauntre, colores de carmin l'intrieur, de la grandeur de celles du lis blanc. Par une rare ex-,
ception dans le genre, les feuilles ici sont largement cordiformes et rappellent, mais sur des proportions bien plus
grandes, celles des fonckias. Cette particularit se retrouve sur
une seconde espce, lelisfeuilles cordiformes (L. cordifolium) du Japon, qui n'a pas encore t introduit en Europe,
et qui ne ressemble d'ailleurs que par l celui dont nous
parlons en ce moment.
Le lis gant semble tout fait rustique dans les parties de la
France ol'hiver est doux et l'atmosphre humide, comme les
provinces de l'ouest et du nord-ouest, mais il veut tre abrit
sous un paillis, au moins pendant les plus grands froids,
dans le nord-est et le centre. Par sa haute taille et son grand
feuillage, autant que par ses fleurs qui s'ouvrent en juin
et juillet, il semble mieux appropri la dcoration des jardins paysagers que des simples parterres.
20 Le lis blanc L. candidum) (fig. 21), l'espce classique
genre, la plus anciennement connue, et aussi une des plus
belles. L'origine de sa culture remonte aux temps les plus reculs. comme le prouvent de nombreux passages des auteurs grec
et latins (1), ainsi que de la Bible. Sa patrie premire est sans
doute l'Orient, mais il est aujourd'hui si bien naturalis dans
diverses localits du midi de
l'Europe, et mme de la France,
que beaucoup de botanistes
n'hsitent pas le considrer
comme y tant tout fait indigne (2).
Cette espce est trop connue
pour qu'il soit ncessaire d'en
faire une longue description.
Tout le monde sait qu'elle s'lve communment un mtre,
(1) En parlant du lis blanc, Pline s'ex-
prime ainsi
Lilium rosse nobilitate proximum
nec ulli florum excelsitas major.
Candor ejus eximiug; foliis foris striatis
et ab angustiis in latitudinem paulatim
sese laxantibus effigie calathi, resupinis
per ambitum labris, tenuique silo et
staminibus stanlibus in medio croceis.
(Hist. nat., lib. XXI, cap. v.).
On voit par ce passage, o la description
du lis est aussi lgante que correcte, que
les anciens dsignaient dj les tamines
par le mme nom que les botanistes modernes.
(2) Vindignat, c'est--dire la cration
des espces dans les locaiits o nous
les rencontrons aujourd'hui, est une des
questions les plus obscures de la science,
et une de celles dont il serait le plus difficile de fournir des preuves. La surface
Fig. 21. Lis blanc.
du globe a subi tant de changements depuis la cration du rgne vgtal, et les
ont fait des migrations si tendues, qu'on ne peut affirmer pour aucune
elles qu'elle soit encore dans sa station primitive. Lors donc que nous disons
espce est indigne dans telle ou telle rgion, nous entendons seulement
qu'elle n'y a point t apporte par les hommes faisant abstraction de tous les
Mtrea agents dont 1a nature a pu se servir ou se sert encore pour la dissminaMon desespces.
est.
Ps
e
bla
que ses tiges sont abondamment garnies de feuilles glabres
luisantes, et qu'elles portent leur sommet une grappe de sep
huit grandes fleurs en forme de coupe vase, d'une
cheur parfaite, sur laquelle tranche la couleur jaune vif des sia
grandes tamines abondamment fournies de pollen. Trs-rustique sous nos climats, le lis blanc qui est en pleine floraison
dans le courant de juin, est un des plus beaux ornements
nos parterres. C'est peut-tre la seule espce du genre o la
culture ait produit quelques variantes notables, dont quelquesunes mme ne sont que des monstruosits. Telles sont le lis en
pi, o les fleurs avortes sont remplaces par des feuilles
talodes blanches, qui garnissent le haut des tiges le lispanach, dont la fleur prend par places des mouchetures pourpres,
premier indice d'une teinte qui devientplus gnrale dans d'autres espces enfin le lis blanc double, o la fleur subit, trsexceptionnellement pour le genre la modification indique
par ce mot. Le lis blanc, abandonn lui-mme, fructifie rarement dans nos jardins, mais on en obtient des fruits et de
bonnes graines, si, aprs la dfloraison, les fleurs ayant d'ailleurs t fcondes, on l'enlve de terre, avec ou sans SOIL
bulbe, et qu'on le tienne suspendu dans une positionrenverse.
La sve qui se serait porte sur le bulbe, dans la situation
normale
reflue par son propre poids vers les sommits de la
plante, et la consquence en est la grossification de l'ovaire (1).
3 Le lis isabelle ou de couleur nankin (L. teslaceum, L. excelsum,L. isabellinum des jardiniers), dont l'origine est inconnue,
mais qu'on croit avoir t trouv dans un jardin de Hollande,
-1
(I) On a indiqu rcemment un autre moyen, plus certain, dit-on, de faire
fructifier le lis blanc, ainsi que les autres espces rebelles la production des
graines. Ce moyen consiste dchausser les tiges au moment de la floraison, sans
les couper, et enlever toutes les cailles du bulbe, aussi bien que les bulbilles
qui se forment autour de ce dernier, aprs quoi on rechausse la plante. Ainsi
traite, elle continue tirer sa nourriture du sol par ses racines, et la sve qu'elle
contient n'tant plus dtourne par le bulbe se porte tout entire sur les ovaires
et sur les graines. Cette fructification force des lis peut avoir son utilil dans
quelques cas particuliers, notamment dans celui ou on voudrait en obtenir des hybrides par croisement artificiel.
dans la premire moiti de ce sicle. Par son port il se rapproche beaucoup du lis blanc, mais ses fleurs inclines, dont
les ptales se roulent un peu en dehors, ont quelque ressemblance de forme avec celles des lis martagons. Leur couleur
estd'ailleurs tout fait insolite c'est une teinte rouge briguple, ou, si l'on veut, un jaune nankin reflets ross,
plu&claire ou plus fonce, suivant les individus. On a quelque
fatsonde le croire hybride du lis blanc et du martagon ou de
quelque autre espce voisine, cependant il donne quelquefois
desgraines. Ce lis est aussi rustique que les deux espces dont
il est cens provenir.
4 Le lis de Thomson (L. thomsonianum) de l'Himalaya,
,
introduit il y aune vingtaine d'annes en Europe. Cette espce, beaucoup plus basse que le lis blanc, plus grle de
tige et d'un port assez diffrent, lui ressemble cependant par
la forme de ses fleurs, mais elles sont de moiti plus petites et
uniformment de couleur lilas ou rose violac. Cette jolie
plante, qui est encore
peu rpandue dans les
jardins du continent,
est demi rustique dans
le nord de la France, et
elle le sera tout fait
dans les rgions plus
tempres de l'ouest et
du midi.
5 Le lis grandes
fleurs (L. eximium) (fig.
22), du Japon, plante
peu leve eu gard la
grandeur de ses fleurs,
car sa tige dpasserarement 0m,80 0m,90
de hauteur. Ses feuilles
sont rapproches, trsvertes, glabres, luisan-
Fig. 22. Lis grandes fleurs.
tes
lancoles
ses
fleurs blanches, infondibuliformes, ordinairement solitaires,
longues d'environ 20 centimtres, et diriges presque horizontalement, ont leurs ptales un peu rflchis leur extrmit,
mais ne formant pas la coupe vase de celles du lis blanc.
Cette belle espce n'est pas entirement rustique dans le nord
de la France, et, pour la conserver, on est oblig de la mettre
en pots et de la tenir sous chssis froid. Remise en pleine
terre, au printemps, elle y devient beaucoup plus vigoureuse et
plus belle qu'elle ne l'aurait t en pots.
Sous le nom de Lilium longiflorum, les horticulteurs dsignent une espce trs-voisine de celle-ci et qui n'en est
peut-tre qu'une varit. Elle s'en distingue par une taille encore plus basse, des feuilles plus larges, plus cartes plus
carnes en dessous, et surtout par une rusticit plus grande,
car elle ne redoute pas la rigueur de nos hivers. Ses fleurs
sont de mme forme et de mme couleur que celles de l'espce
prcdente, mais un peu moins grandes.
6 Le lis du Japon proprement dit (L. japonicum ), qui est
aussi trs-voisin du lis grandes fleurs, et qui, la rigueur,
pourrait lui tre runi comme simple race. Il en a le port et la
floraison, mais ses feuilles sontplus larges et sa tige plus leve.
Quoique ses fleurs soient presque toujours solitaires au sommet de la tige, cette espce, qui est d'ailleurs rustique, passe
pour une des plus belles du genre.
7 Le lis de Brown ( L. Brownii), espce dont l'origine est
conteste, et que quelques-uns regardent comme celle laquelle le botaniste Thunberg a donn le nom de lis du Japon.
Quoi qu'il en soit, il est voisin des deux espces prcdentes, mais avec une tige plus leve, ne donnant aussi
laves
qu'une ou deux fleurs, qui sont blanches en dedans
de pourpre en dehors, infondibuliformes, peu odorantes
et de premire grandeur. C'est une plante aussi rustique que
le lis blanc, et qui prospre dans tous les sols un peu lgers.
8 Le lis de Wallich (L. wallichianum), de l'Inde septentrionale; forte plante de lra,50 2m de hauteur, feuilles
longues, linaires-lancoles, tiges ordinairement uniflores.
Les fleurs sont infondibuliformes, de premire grandeur (20
centimtres dediamtre, sur le limbe), d'un blanc lgrement
jauntre, et doues d'une odeur dlicieuse. Par exception
dans le genre, ce lis a un rhizome traant, comparable celui
de beaucoup d'autres monocotyldones, mais sur lequel
naissent de petits bulbes cailleux qui servent le multiplier. Il n'est pas rustique dans le nord de la France, aussi
ne peut-on l'y conserver qu'en serre tempre ou en oran
gerie. Son introduction date de l'anne 1850.
9a Le lis feuilles lancoles (L. speciosum, vulgairement
dsign dans les jardins sous le nom de lancifolium), et qui
est, comme les prcdents, originaire du Japon. C'est une forte
plante, dont la tige, haute quelquefois de 2 mtres, se ramifie la partie suprieure, donnant une ou plusieurs fleurs
sur chaque rameau. Ces fleurs sont trs-grandes (plus que
doubles en largeur de celles du lis blanc), vases ds le
bas, ptales larges, onduls, plus ou moins rflchis ou
rouls en dehors, blancs, ross ou carmins suivant les
individus, et marquets l'intrieur de papilles ou pustules
pourpres d'autant plus grosses et plus saillantes qu'elles sont
plus voisines du centre de la fleur. Cette remarquable espce,
qui a longtemps pass pour la plus belle du genre, mais qui
est aujourd'hui clipse par la suivante est rustique dans le
midi et le sud-ouest de la France. Entrant de trs-bonne
heure en vgtation, elle est sujette, dans le nord, tre dtruite ou endommage par les geles tardives du prinaussi est-il prudent, sous ce climat, de la couvrir
temps
d'un chssis jusqu' ce que les froids soient entirement passs.
Sa floraison tardive (en aot) ne lui permet gure d'y mrir
ses graines, moins qu'elle ne soit abrite sous verre ds les
premiers jours de l'automne. On veillera ce que le local o
on la tient enferme, et qu'il faudra arer aussi souvent
que le temps le permettra, ne soit pas humide, et on n'arrosera que trs-modrment, ou mme point du tout en hiver,
parce que l'humidit engendre trs-promptement la pourriture du bulbe. Sa multiplication se fait l'aide des graines
lorsqu'on peut en obtenir de mres, mais plus ordinairement
au moyen des bulbilles ariens qu'elle produit quelquefois
l'aisselle des feuilles de la tige, et aussi par le bouturage des
cailles du bulbe, plantes en terrines sous chssis froid, au
printemps et en t. La terre franche et la terre de bruyre,
mles par moiti et additionnes d'un peu de terreau de
couches ou de feuilles, est le compost qui semble le mieux lui
convenir.
10 Le lisdor(L. auratum), rcemment introduit du Japon
(en 1860), et qui, par sa haute tige, son feuillage et tout son
habitus, tient de prs l'espce prcdente, dont il diffre
par ses fleurs autrement colores et notablement plus grandes.
Elles sont de mme-en cloche trs-ouverte ptales larges,
onduls et recourbs en arrire dans leur tiers suprieur. Le
fond en est blanc, avec une large bande jaune sur le milieu des
ptales, qui sont en outre parsems de macules ovales d'un
rouge pourpre. Les anthres, pareillement rouges ou carmin,
renferment un pollen orang bruntre. Ces fleurs exhalent une
odeur fort agrable qu'on a compare celle de la fleur d'oranger. Quoiqu'encore trs-nouveau au moment o nous crivons,
et peu rpandu dans les jardins, ce lis s'annonce comme devant tre rustique dans toutes les parties de la France.
11 Le lis martagon (L. Martagon), espce indigne des
Alpes, des Pyrnes et autres grandes chanes de montagnes
de l'Europe. Ses tiges, hautes de 0m ,70 lm et veines de
pourpre noir, sont garnies de feuilles ovales-lancoles, plus
ou moins rapproches en faux verticilles, et se terminent en une
longue grappe de fleurs couleur lie de vin et ponctues de
pourpre noir, dont la grandeur est au-dessous de la moyenne
(6 7 centimtres de diamtre). Ces fleurs, qui sont inclines,
comme pendantes, ont leurs ptales fortement recourbs ou
rouls en dehors, caractres que nous retrouverons dans plusieurs autres espces voisines. Sans tre une des plus belles
du genre, le martagon est cependant fort ornemental, aussi le
trouve-t-on dans presque tous les jardins, o il n'exige pour
ainsi dire aucun soin. La culture en a fait natre quelques varits, dont les plus remarquables sont le martagon blanc,
fleurs dcolores mais piquetes de pourpre, et le martagon
fleurs doubles, toutes deux moins communes que le type de
l'espce. La floraison arrive, sous le climat de Paris, dans les
premiers jours de juin.
12Lelis tigr ou Marlagondel Chine (L. tiyrinum (fig. 23)
Trs-belle plante de
l'Asie orientale, haute
de 1 mtre ou plus,
tige pourpre noir,
comme laineuse
feuilles parses, linaires-lancoles, portant
communment leurs
aisselles des bulbilles
pisiformes qui servent
la propager. Les
fleurs, au nombre de
6 42 sur une mme
tige, quelquefois plus
nombreuses,
sont
grandes, inclines,
ptales rouls en dehors, d'un rouge carlate o orang, ponctus de pourpre brun
l'intrieur. Le lis tigr est rustique dans
le nord de la France;
il s'accommode de
toutes les terres de
jardin, mais de mme
que beaucoup d'autres
liliaces il prfre les
sols siliceux, lgers et
substantiels. On.ne le
multiplie gure qu'
PIg. 23. Lis tigr ou martagon de la Chine.
l'aide de ses bulbilles
ariens, qui s'enracinent d'ailleurs avec la plus grande faci:'
lit, et donnent des plantes qui fleurissent leur troisime
;
-
ou quatrime anne. Sous le climat de Paris, sa floraison arrive ordinairement dans les derniers jours de juin.
13 Le
dePomponne oumartagon turban (L. Pomponium),
des Alpes et des Pyrnes, o il est plus
rareque le prcdent.
Il s'en distingue ses feuilles linaires-lancoles, parses sur la
tige et non plus rapproches en
verticilles, et surtout la couleur de ses fleurs qui est le rouge
de sang, tirant un peu sur l'orang. Ces fleurs, runies en
grappes au sommet de la tige,
sont d'ailleurs pendantes et ont
leurs ptales rouls en dehors
comme ceux du martagon ordinaire. De mme que ce dernier,
il tient une place honorable dans
nos jardins et fleurit comme lui
en mai etjuin. Plusieurs espces
exotiques du nord de l'Asie et de
la Chine sont voisines du lis de
Pomponne, entre autres le Lilium callosum du Japon, qui est
le plus petit du genre, et dont les
fleurs sont peine plus grandes
que celles d'une jacinthe ordinaire.
14 Le lis de Chalcdoine (L.
chalcedonicum) (fig. 24), connu
aussi sous les noms de martagon
d'Orient, martagon carlate, originaire de l'Asie mineure et introduit depuis plusieurs sicles
dans les jardins de l'Europe. Par
sa taille, la disposition de ses
feuilles et le coloris de ses fleurs
rouge carlate, il rappelle d'assez
Fig. 24. Lis de Chalcdoine.
lis
prs notre lis de Pomponne, mais les feuilles y sont beaucoup
moins longues et moins troites, les fleurs moins nombreuses
et par compensation beaucoup plus grandes. Leurs ptales
sont rouls en dehors, mais un moindre degr que dans no&
martagons, et ils portent leur face intrieure de petites
pustules d'un pourpre brun, ou presque noires. Rustique
dans toute l'tendue de la France, le lis de Chalcdoine y
fleurit en mai ou en juin, suivant les lieux. Sa culture et sa
multiplication sont analogues celles du lis blanc.
15Lelis desPyrnes (L.pyrenaicum), qui a une certaine
lis de Pomponne, mais dont les fleurs,
analogie de port avec
d'ailleurs inclines et ptales rouls en dehors, sont jaunes
et piquetes de brun rougetre l'intrieur. Cette espce est
moins recherche que les prcdentes.
16 Le lis superbe ou martagon d'Amrique (L.sperbum),
qui est sans contredit le plus beau des lis du groupe des martagons. Il y a plus d'un sicle qu'il a t introduit de la Pensylvanie et de la Caroline du norden Angleterre, par Collinson
et Catesby, mais il n'a jamais t trs-commun dans les jardins
franais. Ses tiges purpurines, qui dpassent souvent deux
mtres en hauteur, sont garnies infrieurement de feuilles linaires, lancoles, rapproches en faux verticilles, la partie
suprieure de feuilles plus larges et seulement parses, et se
terminent par une grappe courte de 6 8 fleurs pendantes, du
double plus grandes que celles du martagon d'Europe, et dont
les ptales, pareillement rouls en dehors, sont mi-partis de
jaune et de rouge orang, avec des mouchetures brunes vers
le milieu. Ce beau lis est rustique, et fleurit chez nous en juillet
et aot. Il russit mieux enterre de bruyre qu'ailleurs, et dans
les sites un peu ombrags aussi le plante-t-on ordinairement
dans les massifs de rosages, au-dessus desquels il lve ses
hautes tiges fleuries. On le multiplie avec une gale facilit
de graines et de caeux.
17 Le lis du Canada (L. canadense), tiges vertes, de 1m
1m ,50, feuilles ovales-lancoles etverticilles, ce qui le rapproche des martagons, quoiqu'il en diffre par la forme de sa
fleur, qui est pendante il est vrai, mais de forme campanule,
le
les ptales n'tant pas rouls en dehors comme ceux des vrais
martagons. On en distingue deux varits ou sous-espces,
l'une fleurs jaunes, l'autre fleurs rouge-brun, marquetes,
dans toutes deux, de ponctuations rouge orang ou pourpre
noir. Ce lis, qui est originaire des rgions froides ou tempres de l'Amrique du nord, du Canada la Virginie, est trsrustique en Europe. De mme que le prcdent, il se plat dans
la terre de bruyre, et se cultive dans les mmes lieux et lesmmes conditions que lui mais, sa tige tant moins leve, on
le plante sur le bord des massifs, qui sans cela le cacheraient
trop la vue.
18 Le lis de Szowitz(L. Szowitzianum), trs-belle espce
du Caucase, feuilles larges et lancoles, et dont les grandes
fleurs pendantes, d'un jaune vif et ponctues de pourpre fonc,
ont la forme de celles des martagons. On le confond souvent
avec une autre espce du mme pays, le lis de Colchide ou lis
monadelphe ( L. colchicum, L. monadelphum), dont les fleurs
sont pareillement jaunes, mais peu ou point ponctues de
prcoce,
dernier
bien
plus
puisqu'il
Ce
outre
est
en
pourpre.
fleurit ds la fin de mai sous le climat de Paris, ce que le lis
de Szowilz ne fait qu' la fin d'aot et au commencement de
septembre. Tous deux sont entirement rustiques.
19 Le lis bulbifre (L. bulbiferum) des Alpes, des Pyrnes
et autres chanes de montagnes de l'Europe. On le distingue
ses feuilles lancoles, parses sur la tige, aux aisselles desdvelopper des bulbilles reproducquelles on voit souvent
teurs, qui se dtachent d'eux-mmes et s'enracinent lorsqu'ils
sont terre. Les fleurs dresses, et non plus inclines comme
dans les espces prcdentes, ont leurs ptales presque droits
elles sont rouge orang, avec des ponctuations brunes. Ce lis,
depuis longtemps cultiv dans les jardins, a donn naissance
quelques varits, dont la plus remarquable est double.
On le multiplie presque exclusivement l'aide de ses bulbilles.
20 Lelisorang (L. croceum) (fig. 25), indigne de l'Allemagne mridionale, et, sous bien des rapports, voisin du prcdent, dont aleport, les fleurs dresses, les ptales droits et
se
il
le coloris rouge orang,
; ,
parsem de ponctuations
brunes
mais il est d'une
taille plus leve et ses
fleurs, plus grandes, forment de vritables ombelles au sommet de la
tige. Il estpresque aussi
rpandu dans les jardins
que le lis blanc, et il a
de mme donn quelques varits qui diffrent peu du type de l'espce.
A la suite du lis orang se placent, d'aprs
les affinits botaniques,
quelques espces exotiques moins connues, qui
en ont le port et le coloris tels
par exemple
que les L. sinicum et venustum, de la Chine et
du Japon, L. spectabile
et L. dahuricum, de Sibrie, qu'on trouve dans
quelques collections d'amateurs. Beaucoup d'autres lis pourraient encore tre signals, mais
ceux que nous avons dcrits dans les pages prcdentes, et que nous
avons choisis comme les
Fig.25. Lisorang.
plus beaux, et dans les
Types les plus divers, suffisent amplement pour la dcoration
d'un jardin. Il serait d'ailleurs facile de complter la collection
-
, ,
des plantes de ce genre en consultant les catalogues des horticulteurs marchands, particulirement de l'Angleterre, dela
Belgique et de la Hollande.
dtails
Culture et multiplication des lis. Aprs les grande
dans lesquels nous sommes entrs, il nous reste peu de chose,
dire sur ce sujet. Rappelons en quelques mots que la
majorit des lis est rustique dans le nord de la France, et que
tous le sont sous le climat du midi; mais l les espces septentrionales ou des hautes montagnes doivent tre abrites
contre les rayons du soleil pendant une partie du jour. On les
plantera donc l'exposition du nord ou du nord-est, ou tout
au moins dans un site un peu ombrag, o la terre conservera
quelque fracheur. La meilleure disposition suivre ici serait
la plantation dans des massifs de verdure peu levs, o les
ils trouveraient un abri suffisant pour leurs bulbes et leurs racines, mais qu'ils dpasseraient de toute la partie fleurie de
leur tige. Les grands lis de l'Amrique et de l'Asie surtout
se prtent on ne peut mieux ces combinaisons de cul-
ture.
Les lis russissent dans toutes les terres, mais mieux cependant dans les terres siliceuses, lgres et permables, surtout
lorsqu'elles ont t engraisses de terreau de feuilles. Tous
craignent l'eau stagnante autour de leurs racines, et l'humidit prolonge, quand elle est accompagne de froid, occasionne facilement la pourriture des bulbes, surtout chez les
espces qui ne sont qu' demi rustiques dans le climat du
nord, ce qui explique pour elles la ncessit de les abriter
sous des chssis pendant l'hiver et, par suite, de les tenir momentanment en pots. Il est presque inutile d'ajouter que ces
pots doivent tre drains, et les arrosages peu prs nuls
dans cette saison.
La multiplication des lis se fait, comme nous l'avons dj
donn entendre, par la plantation des caeux ou jeunes
bulbes qui se forment autour du bulbe principal, par celle des
bulbilles ariens pour les espces qui en produisent, par le
semis des graines et enfin par le bouturage des simples
cailles des vieux bulbes. On dtache les caeux en septembre
planter immdiatement; mais
il est bon de ne faire cette opration que sur des plantes vigoureuses, qu'on remet en terre aussitt que les caeux en ont t
enlevs. On peut profiter de l'occasion pour renouveler ou
umer la terre autour des pieds mres si on le juge ncesfafre, ou mieux encore pour les replanter dans un autre endroit du jardin. Il est bon toutefois de ne faire ces dplantations
quedeloin en loin, tous les deux ou trois ans par exemple,
mme moins souvent encore, car les lis poussent avec d'auantplus de vigueur qu'ils ont t moins drangs de laplace
ri ils se sont tablis. Quantaux bulbilles, on les plante fleur
de terre, et on peut mme se contenter de les laisser s'enraciner seuls, la place o ils sont tombs, sauf les translanter en temps convenable dans un autre endroit. Les sujets
qu'ils donnent fleurissent communment de la troisime la
quatrime anne.
Le semis des graines se fait en octobre ou novembre, en
pleine terre s'il s'agit d'espces rustiques, en terrines si ce
sont des espces plus dlicates, et alors on les tient sous
chssis froids pendant l'hiver, pour les remettre en plein
au retour de la belle saison. Ces graines germent ordinairement dans l'anne qui suit celle du semis, mais trssouvent aussi elles attendent l'anne suivante. Les plantes
qu'on en obtient ne fleurissent gure avant la cinquime
Octobre ou novembre, pour les
ir
anne.
Le bouturage des cailles dtaches des bulbes se fait la
fin de l't, quand les tiges dessches des plantes annoncent
que les bulbes sont suffisamment forms. On en spare les
cailles les plus grosses et on les plante droites, dans une terre
lgrement humide, de telle manire que leur pointe dpasse
de quelques millimtres la surface du sol. Les espces trsrustiques peuvent se passer de tout abri nanmoins, elles reprennent plus srement lorsqu'on peut les couvrir de cloches,
qu'il faut toujours prendre lorsqu'il s'agit d'espces
plus exigeantes. Si le climat tait trop froid pour favoriser
cette reprise, on. planterait les cailles en terrines, et on les
porterait sous un chssis ou dans une serre multiplication.
caution
C'est au praticien juger ici de ce qu'il y a de mieux faire
eu gard aux sites et aux climats.
Les lis ne sont sujets aucune maladie proprement dite. L
plus grave accident qui puisse leur arriver est, comme nous
l'avons dit, la pourriture des bulbes par le fait de l'excs d'humidit, ce quoi on obvie par le drainage du sol et la modration ou la suspension des arrosages. En revanche, ils son
souvent attaqus, le lis blanc plus que tous les autres, par le
criocres, insectes coloptres lytres rouges qui les ron
les salissent surtout dans leur tat de larves. Avec un
gent.
peu d'attention et de soins il est facile d'en dbarrasser les
plantes.
et
VI. HMROCALLES ET AUTRES LILIACES DE
SECOND ORDRE.
Les liliaces dont il nous reste parler n'ayant qu'un intr
secondaire pour nos jardins, au moins comparativement
celles dont il a t question jusqu'ici, et leurs genres ne comp
tant qu'un petit nombre d'espces ou de varits vraiment or
nementales, nous croyons devoir les runir toutes dans u
mme paragraphe. Nous les classerons par ordre d'impor
tance dans l'ordre suivant
plantes vivaces de
1 Les hmrocalles Hemerocallis
parties tempres de l'Europe et de l'Asie, rhizomes tubreu
ou bulbiformes, feuilles longues, troites et carnes. Leur
tiges (hampes), dgarnies de feuilles, se terminent par
corymbe de fleurs presque semblables celles des lis, mais
qui en diffrent en ce que les six pices du prigone sont soudes la base en un tube court dans lequel est cach l'ovaire
On en cultive communment deux espces, toutes deux indignes des montagnes du midi de la France-et de l'Europe
savoirl'hmrocallejaune ou lis-asphodle (H. flava), dont
fleurs sont d'un jaune vif, et l'hmrocalle fauve (H. fulva)
:(
*),
*C'est le nom grec de la plante 'H[J.EPOXCXt, qui signifie
ou beaut phmre, parallusion au peu de dure de sa fleur.
beaut
d'unjou
fig.26),o elles sont de couleur rouge brique et presque deux
Fig. 26.
Hmrocalle fauve.
foisaussi grandes que celles de la premire. Ces deux espces,
trs-rustiques et formant de larges touffes, s'accommodent de
us les terrains, et fleurissent, suivant les lieux, en mai, juin
ou juillet. On les multiplie de graines, et bien plus rapidement
lar la division des rhizomes et des touffes.
Funckia*), nomms aussi hmro2 Les fonckias
calles de Chine et du Japon. Ce sont des plantes de l'Asie
rientale, vivaces, rhizomes fibreux, feuilles large-
Genre ddi au botaniste Funck.
ment ovales ou mme cordiformes, comme plisses obliquement de chaque ct de la nervure mdiane, et portes
sur des ptioles plus ou moins longs. Leurs fleurs, qui rappel
lent d'assez prs cellesdes lis et des hmrocalles, sontsolitaires l'aisselle des bractes de la tige, et forment par ~leu
runion une sorte d'pi. On en cultive sept ou huit espces, don
les plus remarquables sont le fonckiafleurs de lis (F. gra
diflora) du Japon, dont les fleurs, d'un blanc de neige son
presque aussi grandes que celles du lis blanc le fonckia
feuilles cordiformes, du mme pays et presque semblable au
prcdent, mais avec des fleurs plus petites, et le fonckiable
(F. crulea), dont les fleurs se distinguent de celles des deux
premiers par leur couleur bleu violac. Toutes sont rustique
sous nos climats et de culture aussi facile que les hmrocalles
mais elles ne russissent bien, comme d'ailleurs presque toutes
les liliaces, que dans les terrains permables ou artificiellede la
ment drains. Elles fleurissent sous le climat de Paris
beaucoup
fin de juin la fin de juillet, quelquefois mme
plus tard.
3 La tubreuse (Polyanthes * tuberosa) plante du
Mexique, bulbeuse, feuilles longues et troites, dont la
tige, haute d'un mtre, se termine par un pi de fleur
blanches, de deux tiers plus petites que celles du lis commun, et dont l'odeur suave fait le principal mrite. Ell
est cultive en grand en Provence, pour l'extraction de son
parfum; mais sous le climat du nord de la France elle exige
l'emploi de la chaleur artificielle, ce qui en restreint beau
coup la culture. Les bulbes se plantent en mars, un un
dans des pots de 20 centimtres d'ouverture, qu'on en
terre dans le terreau des couches et qu'on abrite sous de
chssis. On les en retire un peu avant la floraison, en juin oi;
en juillet, alors que la temprature extrieure est dj leve
Sauf ces particularits, ncessites par son temprament tro
pical, la tubreuse se cultive comme les autres liliaces. ]
est rare que sous le climat de Paris ses bulbes et ses caeu
Du grec
et
mot
mot
fleurs nombreuses.
murissent
assez pour servir la propager; aussi le plus ordinairement les demande-t-on au commerce, qui les tire directement du midi.
4 Les fritillaires (Fritillaria * ),
plantes des climats temprs del'Europe
et de l'Asie tiges feuillues, dont les
fleurs, toujours pendantes, sont axillaires l'aisselle des bractes ou runies
en une sorte d'ombelle terminale, quelquefois solitaires au sommet des tiges.
Ces fleurs, dont la forme est celle d'une
clochette demi ferme se distinguent
de celles des lis par six glandes nectarifres situes intrieurement la base de
chacune des pices du prigone. L'espce la plus belle du genre et la plus rc'est
pandue est originaire de Turquie
la couronne impriale (F. imperialis)
(fig. 27
dont les fleurs, d'une belle
teinte rouge ponceau, et presque aussi
grandes que celles d'une tulipe, sont
runies au sommet de la tige en une sorte
de couronne, surmonte d'un bouquet
de feuilles. Une seconde espce, beaucoup moins belle quoique encore intressante, est de nos climats c'est lafritillaire mlagre ou damier, dont les
fleurs, seulement au nombre d'une ou
deux, sontbigarres de lignes pourpre
pleentre-croises sur un fond vert jauntre. On en connat encore d'autres
),
Fig. 27.
Fritillaire
couronne impriale.
espces, telles que les F. latifolia du
Caucase, F. kamtchatkensis et F. pallidiflora de Sibrie, F. persica de la
Rux
* Du latin frilillus, cornet ds, ce qui fait allusion la forme de la fleur et
six glandes nacres qui en occupent le fond.
Perse, etc., qui sont trs-infrieures en beaut aux deux
prcdentes et ne sont gure admises dans nos parterres qu'
titre de plantes de fantaisie. Toutes les fritillaires sont rus
tiques sous nos climats, et fleurissent aux premiers jours du
printemps. On les multiplie de graines ou de caeux, mai
il est bon de n'enlever ces derniers que tous les trois ou
quatre ans, aprs la dessiccation des tiges, et les bulbe
dont on les aura dtachs devront tre immdiatement re
plants.
5Lesrythrones(Erylhronium*), petites plantesvivaces
acaules, des hautes montagnes et des contres froides
l'hmisphre septentrional, tant dans l'ancien que dans le
nouveau Monde, par suite trs-rustiques sous nos climats.
Leurs feuilles sont toutes radicales de forme ovale ou ovalelancole
ordinairement marbres de brun rougetre
fond vert ou vert gris. Les fleurs, solitaires au sommet d'une
courte hampe, sont grandes proportionnellement, penches,
mais avec les pices de prianthe redresses, c'est--dire
renverses en dehors, ce qui, joint leur taille, leur donne
une certaine ressemblance avec celles des cyclamens. On
trouve assez communment dans les jardins l'rythrone dent
de-chien (E. dens canis), originaire des Alpes et des Pyrnes,
feuilles plus ou moins marbres et fleurs lilas pourpre e
quelquefois blanches. Plus rcemment, on y a introduit
E. americanum et grandiflorum, tous deux du nord des tats
Unis et fleurs jaunes. Ces trois plantes, dont la floraiso
arrive de bonne heure, peuvent tre avantageusement em
ployes en bordures le long des planches o fleurissen
d'autres plantes printanires. De mme que la plupart des li
liaces, elles aiment une terre lgre, un peu substantielle,
et o l'humidit ne sjourne pas. On les multiplie de graine
et de caeux.
6 Beaucoup d'autres liliaces, dont plusieurs sont exotique
et de rcente introduction, sont encore recherches par le
amateurs de ce genre de plantes. Dans le nombre nous pou
1
feuillage.
du
ipODO,
rougetres
macules
les
rappeler
* Du
grec
rouge, pour
les Trillium, genre amricain, remarquable par le
nombre ternaire de ses organes, toutes les plantes dont il se
compose ayant invariablement trois feuilles rapproches en
verticille, trois folioles calycinales, trois ptales, trois tamines, trois stigmates et un fruit trois loges on en possde
trois espces, les T. erecturm, fleurs violettes, grandiflorum
et erythrocarpum, fleurs blanches le Cummingia trimaculata, du Chili, dont le port est celui de la jacinthe, et les fleurs
du bleu le plus vif, avec trois larges macules pourpre noir
les Cyclobothra et les Calochortus, fleurs
dans la gorge
blanches, du Mexique et de la Californie; les Blandfordia,
liliaces jonciformes de la Nouvelle-Hollande, dont les fleurs,
infondibuliformes, sont ordinairement mi-parties de rouge et
de jaune le Tritoma uvaria, du cap de Bonne-Esprance, que
son grand feuillage et ses hampes, hautes de un mtre ou plus
et termines par un gros pi de fleurs vermillonnes, rendent
plus propre la dcoration d'un jardin paysager que d'un
simple parterre; leLittonia modesta et le Sandersonia auran-
vons citer
tiaca, du mme pays, plantes plus humbles mais plus ornementales; les scilles (Scilla, Agraphis), de l'Europe, et surtout
de l'Europe mridionale (Sc. amna
bifolia, nutans (fig. 28),
undulata, hyacinthoides, liliohyacinthus, peruviana, italica, etc.), aux fleurs bleues ou rose violac les vaciets (Muscari), petites plantes europennes, fleurs en grelots d'un
voilet noirtre; le lis de Saint-Bruno ( Anthericum liliastrum),
charmante plante des Alpes, aux fleurs d'un blanc parfait, et
qui semble un diminutif du lis commun; enfin la dame d'onze
heures (Ornithogalum umbellatum) et le muguet ( Convallaria
maialis) modestes liliaces de nos climats que recomman,
dent galement la gentillesse de leurs fleurs et la facilit de
leur culture. Il existe aussi des liliaces de provenance tropicale
qui, sous nos climats du moins, ne peuvent russir
qu'en serre chaude; il nous suffira pour le moment de citer
les mthoniques (Methonica), connues surtout par trois espces de l'Afrique orientale les M. superba ( Gloriosa superba
de Linn), M. virescens, et M. Leopoldi, qui se distinguent de la
plupart des autres liliaces par leur port de plantes grimpantes
et leurs feuilles termines
en vrille. Quoique rclamant
une haute temprature, ces
plantes ont cependant des
affinits de culture avec leurs
congnres de climats moins
chauds, aimant comme elles
un sol lger et bien drain,
et beaucoup de lumire solaire. Nous reviendrons uil
peu plus loin sur les conditions gnrales de la culture
des plantes bulbeuses, en
trailant des nombreuses espces que nous fournit l'Afrique australe, surtout dans
la famille des irides.
VII. LES AMARYLLIDES.
Les amaryllides, comme
plantes ornementales, se
classent naturellement la
suite des liliaces, qu'elles
rappellent d'ailleurs par leur
aspect et par plusieurs de
leurs caractres botaniques (1). Elles en diffrent
surtout par l'adhrence de
leur ovaire, toujours infre,
et jamais libre comme dans
les liliaces proprement dites. Cependant, au point
vue purement horticole,
Fig. 28. Scilla nutans.
(I)VoirtomeI,p,204.
re
llesont souvent t confondues avec ces dernires, tant
la plupart bulbeuses comme elles, et rclamant le mme
de culture lorsqu'elles sont originaires des mmes
limats ou de climats analogues.
A,Espces varits d'amaryllides. Nous savons
jaque dans cette famille le port et le mode de vgtation
?? plantes subissent d'assez grandes variations pour qu'on ait
fil devoir la diviser en Amaryllides vraies et Amaryllides
anomales, suivant qu'elles sont ou non pourvues de bulbes, et
la premire de ces sections est elle-mme subdivise en
arcisses, caractrises par un nectaire ou couronne corolliorme, et en amarylles, dont la fleur est dpourvue de cet
appendice. Ces deux groupes fournissent nos jardins un nombreconsidrable de plantes, dont il nous suffira d'numrer
es plus importantes ou les plus rpandues
Aux tMMMiesee appartiennent
1 les narcisses (Narcissus *), plantes bulbeuses, feuilles
outes radicales, troites et linaires, dont les scapes se terminent par une, deux ou un plus grand nombre de fleurs en
ombelles, blanches ou jaunes de divers tons, couronne
lus ou moins dveloppe, quelquefois plus grande que la
corolle,proprement dite, et de forme campanule. Toutes
espces, dont une trentaine sont indignes en France,
sont rustiques et fleurissent au premier printemps; toutes
ussi peuvent tre admises dans les jardins, mais les seules
vraiment classiques et gnralement cultives sont les suivantes: 1le narcisse desprs ouporillon (N.pseudo-narcissus),
commun dans les prs et les bois des environs de Paris, jolie plante grandes fleurs jaune vif, solitaires, couronne
campanule, dont la culture a obtenudes varits doubles,
lus recherches que le type; 2 le narcisse des potes ou
Jeannette (N. poeticus) (fig. 29), pareillement indigne,
ais moins septentrional que le prcdent, dont il se distingue sa fleur blanche, largement tale, couronne courte
et
:
:
No,
*Dugrec
de
~N
driv lui-mme
engourdissement, parce
qu'oncroyait que l'odeur du narcisse avait la proprit d'endormir.
;cette
d'orang
de
et margine
rouge
ou
espce a aussi doubl
par la culture 3
narcisse nom parei
(N. incompurabilis),
du midi, fleurs jaunes, solitaires, mais
grandes et trs-belles; 4 le narcisse
bouquets (N. Tazzetta), de la rgion
mditerranenne,
fleurs en ombelle (5
9, au sommet duscape), blanches,
couronne jaune ple,
doublant aussi par
la culture 5 le nar-
cissesoleild'or(N.
aureus), deProvence,
Fig.
29. Narcisse
des potes.
fleurs en ombelle
(de 6 12), jaune
vif. couronne orange; 6 le narcisse
odorant, ou grande
jonquille (N. odorus)
(fig. 30), du midi,
fleurs en ombelles,
jaunes, trs-odoran-
tes, dont la couronne est campanule et six lobes; 7 le
narcissejonquille proprement dit (N.jonquilla), dela mme
rgion, fleurs ombelles (2 4), jaune vif, odorantes,
couronne courte et trs-ouverte; 8 le narcisse tout blanc (N.
polyanthos), de Provence, fleurs en ombelles (de 8 20),
entirement blanches, odorantes et couronne courte; 9 le 1
narcisse grand Primo (N. concolor), presque semblable au pr-
cdent, dont il n'est
peut-tre qu'une
varit horticole,
mais fleurs plus
grandes; enfin, 10
le narcisse d'automne (N. serotinus), de Corse,
fleurs ombelles,
blanches, couronne jaune, courte
et trs - ouverte
cette espce est la
seule du genre qui
fleurisse tardive-
ment
c'est--dire
ordinairement en
octobre
elle est
aussi une des moins
rustiques.
Tous les narcisses
se plaisent en terre
lgre et draine.
Pour les espces
mridionales, il est
prudent, lorsqu'on
les cultive sous le
climat de Paris ou
plus au nord, de
couvrir la terre de
litire ou de feuilles
Fig. 30. Narcisse grande jonquille.
sches pendant les
fortes geles, moins qu'on n'aime mieux retirer les bulbes
de terre pour les remiser au sec jusqu' la fin de l'hiver. De
mme que la plupart des plantes bulbeuses, elles veulent
tre arroses lorsqu'elles sont en vgtation, mais une fois
dfleuries on doit supprimer les arrosages pour laisser mrir
les bulbes. La multiplication se fait par caeux et par graines,
qu'on sme en automne. On a observ que les narcisses se
hiote ou lis maritime (Pancraliummaritimum) et le lis d'Illyrie
P.illyricum) (fig. 31), plantes fleursblanches, en ombelle
sommet d'un
u
demi-rustiques
gros scape comprim. Toutes deux sont
dans le nord de la France, o on leur applique
a culture des narcisses. D'autres espces, toutes exotiques,
elles que les Pancratium caribum et speciosum des Antilles,
calathinum du Brsil, ~distichum du Mexique, verecundum de
Inde, et Amancaes du Prou, etc., appartiennent exclusivement
serre chaude sous nos climats. Ce dernier, que disinguentde grandes fleurs jaune vif, couronne trs-dveoppe et lgamment frange, est celui qui se recommande
e plus aux amateurs. La culture qui convient ces espces
sera indique plus loin, lorsque nous traiterons des amarylides exotiques. Nous citerons encore, comme apparteles Crinum (C. americanum
au groupe des narcisses
C. Broussonnetii, C.amabile, etc.), qui sont deserre chaude
ans le nord de la France. Il est vraisemblable cependant que
a plupart de ces espces fleuriraient en pleine terre, bonne
exposition, dans nos provinces mridionales, condition
'tre remises en hiver en serre tempre ou sous chssis
peut-tre mme suffirait-il de couvrir de litire le sol o
seraient leurs bulbes pour les mettr suffisamment l'abri
u froid. Ce qui autorise le croire c'est que, mme sous
e climat de Paris, le Crinum meldense, qu'on dit hybride
es C.longiflorum et C. taitense, se cultive avec succs en
leine terre, qu'il y passe l'hiver moyennant les prcautions
que nous venons d'indiquer, et qu'il y fleurit mieux qu'en
serre, o il est sujet s'tioler. Nous ne pouvons que rpter
ci ce que nous avons dit ailleurs que la culture en pleine
terre et l'air libre, toutes les fois qu'elle est possible, donne
presque toujours de meilleurs rsultats que la culture en pots
et en serre.
3 Trs-prs des Crinum et des Pancratium se place le genre
amricain des Eucharis, qui s'en distingue de prime abord
ses feuilles largement ovales, quelquefois cordiformes, ptioesetplisses diagonalement, presque semblables en un mot
& celles des fonckias. Les fleurs sont grandes, infondibu-
la
nt
,
;
liformes, en ombelles au sommet duscape, d'un blanc de
neige, ornes, l'intrieur, d'une couronne staminale plus
ou moins dveloppe. Les plus belles qui aient t introduites dans nos jardins sont les Eucharis grandiflora, amazo
candida, toutes trois de l'Amrique quatoriale, et
nica
par consquent de serre chaude en Europe.
La section des amarylles fournit nos jardins un bien
plus grand nombre de plantes d'ornement que les narcisses
proprement dites, et ces plantes sont gnralement beaucoup
plus belles. Pour la noblesse du port, la grandeur des fleurs
et la vivacit de leur coloris, elles vont de pair avec les lis,
qu'elles remplacent dans les pays chauds. La plupart en effet
appartiennent aux Contres intratropicales ou celles qui s'en
rapprochent par le climat. Elles abondent en Amrique, du
Mexique au Rio de la Plata, et se retrouvent presque aussi
nombreuses sur la cte occidentale d'Afrique et en Cafrerie.
Quelques-unes cependant sont indignes de nos climats,
telles que le perce-neige Galanthus nivalis) (fig. 32), qui
et
Fig. 32.
Perce-neige.
commence montrer ses
fleurs blanches, sous la
latitude de Paris, ds la
fin de fvrier, et les nivoles (Leucoium), presque toutes semblables au
perce-neige, dont une espce, la nivole deprintemps (L. vernum) (fig. 33),
fleurit aussi ds la fin de
l'hiver, et une autre, la
nivole d't (L. stivum),
vers le milieu de juillet.
Toutefois, c'est aux amaryllis proprement dits que
nos jardins empruntent
la grande majorit des
amaryllides qui en font
l'ornement, et en mme
temps celles qui sont
les plus dignes de la culture.
L'ancien genre Amaryllis * de Linn a t subdivis parles botanistes modernes en un grand nombre de genres secondaires,
parmi lesquels il nous suffira de citer les suivants
HippeasHoemanthus,
trum, Brunswigia, Coburgia, Sprekelia, GasFig. 33. Nivole de printemps.
tronema, Nerine, Lycoris,
Cyrtanthus, Sternbergia.
Nom d'une bergre cite par Virgile, tir du grec 'A(iapaaw, briller, clater
et qui a t appliqu par Linn ce genre de plantes.
*
Quelques-uns
ces sous-genre
sont exclusivement de serra
chaude dans la
centre et le nord
l'Europe.
de
mais la plupart
renferment des
espces
assez
rustiques pour 31
vivre l'air libre,
au moins pen
dant une partie
de l'anne; ce
sont celles-l qui
ont le plus d'im-
portance pour
nous et qui constituent le fond
essentiel des collections. Nous
appellerons sur-
tout l'attention
des lecteurs sur
les suivantes
1 L'amaryllis
(A.
belladone
belladona) (fig.
34),planteducap
de Bonne-Esprance, dont les
hampes, deOm,60
Fig..34.
Amaryllis belladone.
0m ,80dehau-
deux
ou
teur, portent des ombelles de 10 12 grandes fleurs, roses
carmin, de la taille et presque de la forme de celles du lis
blanc. Cette belle espce, introduite depuis plus de
sicles en Europe, est naturalise dans les jardins de la rgion
mditerranenne, o elle vient pour ainsi dire sans culture.
Dans le nord de la France elle veut tre abrite pendant l'hiver.
2 L'amaryllis de Saint-Jacques (Amaryllis [Sprekelia] formosisima), des rgions tempres de l'Amrique du Sud
et par suite peu prs rustique dans le midi de l'Europe. Ses
fleurssont solitaires au sommet des hampes, irrgulires,
rappelant vaguement la forme d'une croix, et de couleur
rouge pourpre plus ou moins fonc. La floraison arrive plus
tt ou plus tard, suivant les lieux et le mode de culture
adopt.
3L'amaryllissaltimbanque(A.cybister), des Andes du
duGuatimala, dont les hampes portent commuMexique
nment quatre fleurs, de forme bizarre et de couleur cramoisie. Plus exigeante que la prcdente, cette espce rclame la serre tempre sous le climat de Paris.
4L'amaryllis
Guernesey (Amaryllis [Nerine ] sarniensis), connue aussi sous le nom de lis de Guernesey, parce
qu'elle s'est demi naturalise dans cette le, vers l'anne 1680,
la suite du naufrage d'un navire qui en rapportait des
bulbes du Japon, o, dit-on, elle est indigne. Ces bulbes,
pousss par le flot sur la grve sablonneuse, y ont pris racine
et s'y sont conservs pendant plusieurs annes. Aujourd'hui
on ne la trouve plus que dans les tablissements d'horticulture, o elle est d'ailleurs multiplie sur une grande chelle
pour les besoins du commerce. C'est une trs-belle plante,
fleurs roses ou rose carmin, en forme de lis runies au
nombre de 12 20 au sommet de chaque hampe. Pour en obtenir une belle et abondante floraison, on ne doit relever les
bulbes de terre que tous les trois ans. Elle est presque rustique dans le nord-ouest, de la France.
5 L'amaryllis dore de Chine Amaryllis [Lycoris]aurea),
Lrs-belle plante de l'Asie orientale, fleurs d'un jaune d'or,
runies en ombelles. Sa floraison arrive en automne, ainsi
que celle de l'espce suivante, avec laquelle il est essentiel de
ne pas la confondre.
et
de
L'amaryllis jaune ou narcisse d'automne (Amaryllis
[Sternbergia] lutea) (fig. 35), plante de l'Europe mridional
de
et du midi Ses
la France.
solitaires
fleurs,
au sommet des
6
scapesetd'un
jaune vif, sa
montrent ordi
nairement en
septembre. Sa
grande rusticit, sa floraison
tardive et son
beau coloris, en
font une plante
prcieuse dans
unesaisonoles
parterres commencent dj
se dpouiller
de leurs ornements.
7L'amaryllis
rticule
Ama-
ryllis reticulata), du Brsil
fleurs infondibuliformes, en
ombelles, grandes comme celles du lis comrticules j
mun,
Fig. 35. Amaryllis jaune ou narcisse d'automne.
de blanc sur ]
fond rose carmin. Cette charmante espce est de serre chaude
sous nos climats.
8 L'amaryllissanguinolente(Amaryllissanguinea, Gastro-
nemasanguineum). de l'Afrique australe, fleurs solitaires,
un peu grandes, rose carmin, parcourues de lignes blanches l'intrieur du tube. Demi-rustique sous' le climat de
Paris, o elle veut tre abrite pendant l'hiver, elle serait
probablement de plein air dans tout le midi, aux bonnes
expositions.
9 L'amaryllis rubans ou belladone d't Amaryllis vittata,
Hippeastrum vittatum), grande et forte plante du Brsil mridional, fleurs infondibuliformes, runies au nombre de 4
5 au sommet d'un mme scape, rouge carmin, mais ordinairement barioles de lignes blanches dans la forme type. Cette
belle espce appartient la serre froide ou l'orangerie sous
le climat de Paris, mais elle fleurit encore d'une manire satisfaisante l'air libre, en pot ou en pleine terre, une exposition chaude. On russit mme lui faire passer l'hiver au
pied d'un mur, moyennant une couverture de feuilles ou de litire. La culture, dj ancienne, de cette plante en a tir de
nombreuses varits. Elle est rustique dans le midi del'Europe.
10 L'amaryllis fleurs de datura (Amaryllis solandrflora,
Hippeastrum solandrflorum), du Brsil septentrional et de la
Guyane, ce qui en fait chez nous une plante de serre chaude.
Cette espce se distingue la grandeur de ses fleurs, qui rappellent, sous ce rapport, celles du Lilium eximium. C'est une
des plus belles du genre.
A la mme section sous-gnrique des Hippeastrum se rattachent plusieurs autres espces du Mexique ou de l'Amrique du Sud, qui toutes veulent des abris sous le climat
du nord de la France; nous citerons, parmi les plus classiques,
les Amaryllis equestris, Regin, fulgida et psittacina.
On peut encore considrer comme des appendices du genre
plusieurs autres plantes exotiques, les unes de serre chaude,
telles quelesHmanthus de l'Afrique quatoriale (H. coccineus,
H. cinnabarinus, etc. ), les autres de serre froide ou de pleine
terre, comme lesPhycella des Andes du Chili, les Brunswigia
du Cap et de la Cafrerie, etc. Ces plantes tant encore peu rpandues dans les collections, il suffit de les rappeler ici nominativement.
amaryllides anomales, qui,
au lieu de bulbe
n'ont que des racines fibreuses, analogues, par exemple,
celles des asperges, nous fournissent aussi des plante
ornementales de premire valeur. Celles qui se prsentent
en premire ligne sontles alstrmres (Alstrmeria), plantes
appartenant presque toutes la rgion des Andes, depui
le Mexique jusqu'au Chili. Elles sont la plupart demi-rustiques dans le nord de la France, et tout fait rustiques dan
le midi, o quelques-unes d'entre elles se reproduisent sans
culture. De vritables tiges, garnies de feuilles lancoles-linaires, remplacent ici les hampes ou scapes sans feuilles des
amaryllides prcdentes, et ces tiges se terminent par des
ombelles de fleurs de moyenne grandeur, infondibuliformes,
un peu irrgulires, plus ou moins pendantes ou dresses, don
le fond de coloris est le jaune orang, quelquefois le rouge,
mldevert l'extrieur,avec
de nombreuses mouchetures
brunes l'intrieur. Les espces les plus recherches
sont :
1 L'alstrmre feuilles
de plantain ( A.plantaginea),
du Brsil mridional c'est
la plus belle du genre, mais
aussi laplus frileuse, et sous
le climat de Paris elle demande la serre tempre, au
moins pendant l'hiver.
20 L'alstrmre de Jacques.
(A. Jacquesii), pareillement
du Brsil, et rclamant les
mmes abris que la prcdente.
3 L'alstrmre plerine, ou
lis des Incas (A. pelegrina
(fig. 36), des Andes du Prou, fleurs plutt blanche
Fig.36. Alstrmreplerine.
Les
.quejaunes, rayes de rose, avec une macule jaune sur les ptales et des ponctuations brunes. Sous le climat du Nord il
suffit d'en abriter le pied pendant l'hiver.
4L'alstrmreperroquet (A. psittacina), du Mexique, ainsi
nomme de la forme de sa corolle, dont les lobes suprieurs
se recourbent lgrement en bas comme le bec du perroquet.
C'est la plus rustique de toutes les espces du genre, et elle
passe souvent l'hiver en pleineterre Paris.
5 L'alstrmre versicolore (A. versicolor), du Chili, remarquable par les varits de coloris que la culture lui a fait
prendre. Elle est presque aussi rustique que la prcdente.
6L'alstrmre d'Errembault, qu'on dit hybride de l'alstrmre plerine et de la versicolore. Quelle que soit son origine,
cette varit ne produit ni pollen ni graines, et ne peut par
consquent se multiplier que par la division des racines, ainsi
que nous le dirons plus loin.
Au mme groupe des amaryllides anomales appartient une
magnifique plante de l'Afrique australe, l'Himantophyllum
miniatum, connue aussi sous le nom de Clivia nobilis, et qui,
bien que dpourvue de bulbes se rapproche des amaryllis
proprement dits par son port et son inflorescence. C'est
une forte plante acaule, racines fascicules et charnues,
feuilles radicales, longues et trs-grandes, embrassant par
leur base enganante un scape court et robuste, que termine
Une large ombelle de fleurs du plus beau rouge vermillon.
Cette superbe amaryllide qui est de serre tempre sous le
,
climat de Paris, russirait probablement en.pleine terre dans
les localits les mieux abrites du midi. De son croisement
avec l'Himantophyllum Aitoni, qui est originaire de la mme
contre, est n un trs-bel hybride, H.cyrtanthiflorum,
fleurs rouge orang, qui est comme elle de serre tempre sous le climat du Nord.
B. CulturedesAmaryllides. D'aprs la diversit des
lieux o croissent les diffrentes espces d'amaryllides dont
nous avons fait l'numration succincte, il n'est pas difficile de
conjecturer qu'elles ne sauraient tre toutes soumises un
traitement uniforme, et que, suivant qu'elles viennent de pays
l'
lj
chauds, temprs ou froids, il faut les mettre, autant que
permettent nos moyens, dans les conditions indiques parleur
climat originaire. De l l'emploi, dans leur culture, de la serre
chaude ou tempre, de l'orangerie, des chssis froids ou d
la pleine terre, soit d'une manire continue, soit temporai
ment. Cependant, malgr ces diffrences, que nous pourrions
appeler climatriques, toutes ces plantes ont quelque chose d
commun dans leur constitution; qu'elles viennent de pays
chauds ou de pays froids, elles sont assujetties une priode
de repos, ou plutt de travail intrieur, qu'il ne faut pas troubler par une excitation intempestive. Toutes aiment les sol
lgers, un peu substantiels et surtout permables ou parfaitete-i
ment drains toutes aussi veulent tre copieusement arrose
dans le temps o leur vgtation est en pleine activit, et
da
partir
la
du
o
priode
moment
nues au sec
commence
repos. Ces dernires prescriptions ne souffrent que de lgres
modifications, qui sont mme plus apparentes que relles.
Au point de vue de leur temprament climatrique les amaryllides peuvent se rpartir en quatre groupes 1 celles qui,
originaires de la zone torride, appartiennent exclusivement
la serre chaude, par exemple le groupe entier des Hippeastrum
sauf Amaryllis vittata), comprenant les Amaryllis acumi
nata, aulica, equestris, Regin, calyptrata, reticulata, psittacina, solandrfora, etc.; les Hmanthus,lesEucharis, les Cri
num, etc. ; 2 celles auxquelles convient mieux la serre tempre, par exemple les Himantophyllum, les Brunswigia, le
Amaryllis vittata et formosissima, le Lycoris aurea, le
alstrmres du Brsil, etc; 3 celles des pays seulemen
temprs-chauds, et qui, demi-rustiques sous le climat du
nord de la France, se contentent d'tre abrites l'hiver
orangerie ou sous les chssis, telles que les amaryllis belladone et Atamasco, celles des sections Zephyranthes, Habran
thus, Strumaria et Nerine, les Phycella, les alstrmres du
Chili, etc., toutes plantes qui peuvent entirement se passe
d'abris dans les parties les plus chaudes du midi de la France;
4, enfin les amaryllides de pays froids ou temprs, qui appartiennent la pleine terre, au moins dans l'Europe central
l'
mme les narcisses, lesPancratium indignes, leSternbergia,
d'amaryllides exotiques.
Les amaryllides de serre chaude et de serre tempre ne
beuvent gure se cultiver qu'en pots ou en caisses, et ces
cipients doivent tre drains avec assez de soin pour
ne l'eau des arrosages ne fasse que traverser la motte
Secupe par les racines, sans y sjourner. Il faut observer
ciqueles espces racines fibreuses ou traantes exigent
lespots plus grands que les espces bulbeuses, et il serait
mme avantageux de remplacer pour elles les pots par
caisses d'une certaine dimension. Le meilleur compost
employer ici est une terre franche mle d'un tiers de terre
e bruyre ou de sable, et additionne de terreau de feuilles
ou de couches bien consomm, le tout parfaitement ml pour
la terre reste toujours permable. Les changements de
terre et les rempotages se font au moment o les plantes encrenten vgtation, c'est--dire, suivant les espces, du milieu
e l'hiver au commencement du printemps. Pour faciliter l'opration, on suspend les arrosages, d'ailleursencore trs-modrs,pendant un jour ou deux; on dpote les plantes, et sans
briser la motte, ce qui exposerait casser les racines, on la dache avec prcaution par morceaux, en en laissant une partie
adhrente aux bulbes et aux racines, et l'on replante en terre
euve, en ayant soin de tasser lgrement la nouvelle motte,
puis on donne un copieux arrosage. Les pots sont ensuite
lacs sur des tablettes, prs des vitres de la serre, et c'est l
que, sous l'influence d'une temprature convenable et d'arrosages graduellement accrus, les plantes se dveloppent, fleuissent et mrissent leurs graines.
Pour des plantes toujours tenues en pots, et chez lesquelles
production des caeux est gnralement assez faible, la maaration des graines a une certaine importance au point de
ue de la multiplication. La premire condition est d'obtenir
a grossification des ovaires, ce qui oblige de recourir la fondation artificielle. Lorsque les ovaires sont nous, on vite
if changer les plantes de place on veille ce que la tempture se maintienne au-dessus de 15 centigrades pendant le
(t beaucoup
nu'
jour et ne s'abaisse pas au-dessous de 10 pendant la
ralenti
enfin, sans arrter brusquement les arrosages, on les
de plus en plus jusqu' la maturation parfaite des graine
aprs quoi on les supprime tout fait. Les plantes, laisse
dans leurs pots, sont alors tenues au sec, sur des tablettes
adosses un mur, mais toujours dans la serre chaude. Cet
priode de repos, pendant laquelle les bulbes mrissent, dure
trois quatre mois; elle cesse dans les mois de janvier ou
fvrier, et les plantes, rapproches des vitraux, commencent
les
recevoir de lgers arrosages. C'est aussi le moment de
rempoter, comme nous l'avons dit plus haut, et si, en faisant
cette opration, on trouve des caeux disponibles, on les dtache pour les planter part. Le semis des graines se fait en
mars ou avril, en terrines, soit sur couche chaude et sous
chssis, soit, ce qui est mieux, dans une serre multiplication.
Les plantes bulbeuses, et en gnral toutes les monocotyldones de serre chaude et de serre tempre, sont trs-sujettes
tre attaques par les coccus, surtout lorsqu'elles sont faibles et maladives on veillera donc attentivement la destruction de ces insectes. Les thrips, attirs par leurs feuilles succulentes, leur causent souvent aussi de grands dommages, mais
il est beaucoup plus difficile de les en dbarrasser. Le meilleur
moyen consisterait probablement soumettre les plantes infestes des fumigations de tabac ou de pyrthre, dans des
botes closes o elles resteraient enfermes pendant quelques
heures. Ce moyen pourrait d'ailleurs tre employ avec la
mme succs contre toutes les espces d'insectes qui s'attachent aux plantes de serre.
Une seule affection grave est redouter pour les plantes;
bulbeuses cultives en serre: c'est la pourriture des bulbes,
qui est toujours la consquence des arrosages exagrs et intempestifs, ou d'un drainage imparfait des pots. Le mal tant
peu prs sans remde, on s'appliquera le prvenir, en
vitant avec soin les causes qui le produisent. Nous avons
peine besoin de dire que les principes de culture que nous ve
nons d'exposer s'appliquent aussi bien aux amaryllides
serre tempre qu' celles de serre chaude.
La culture des amaryllides demi-rustiques est beaucoup
plus simple, et, comme nous l'avons dj dit, elle rentre entirement dans la culture de pleine terre, sous le climat de
'Europe mridionale. Dans le nord et le centre de la France,
Des plantes sont tenues en pots et hivernes sous chssis froids
en en orangerie, puis mises en pleine terre, bonne exposition,
vers le milieu du printemps, lorsqu'il n'y a plus de geles
craindre. A part ces diffrences, amenes par leur temprament, ces espces rclament en dfinitive les mmes conditions de terrain et d'arrosage que celles de serre chaude, et,
comme ces dernires, elles veulent tre tenues au sec aprs la
Boraison pour mrir leurs bulbes et leurs graines. Au fond,
leur culture a la plus grande analogie avec celle des lis, des tulipes et des jacinthes, et surtout avec celle des irides bulbeuses, dont il va tre question dans le paragraphe suivant.
VIII. LES IRIDES.
Un prigone de six pices ptalodes vivement colores et
un ovaire infre trois loges sont des caractres communs
aux amaryllides et aux irides, mais chez ces dernires les
tamines ne sont jamais qu'au nombre de trois. Si cette
premire diffrence on ajoute des feuilles gnralement ensiformes et alors presque toujours distiques, des tiges souvent
pourvues de feuilles et des stigmates plus ou moins ptalodes,
ion aura les traits distinctifs les plus essentiels qui sparent
les deux familles. Chez les irides pareillement nous trouverons des plantes bulbeuses nanmoins le plus grand nombre
vit sur de vritables rhizomes, et les bulbes eux-mmes ne
sont ici que des rhizomes raccourcis en somme, ce sont plutt
des tubercules que de vritables bulbes. Pour les anciens
horticulteurs les irides n'taient, comme les amaryllides
elles-mmes, qu'un membre dela grande famille des liliaces.
Envisages au point de vue de la floriculture, elles sont peine
infrieures aux plantes de ces deux familles.
A. Espces et varits ornementales d'irides. Un
trs-grand nombre d'espces de cette famille ont t
troduites dans les jardins, et celles de quelques genres sont
la fois si nombreuses et si belles qu' elles seules elles const
tuent pour ainsi dire autant de collections particulires. A
point de vue qui nous occupe, les plus importantes sont celle
des genres iris, tigridie, mora, glaeul, ixia, sparaxis e
safran. Nous allons les passer rapidement en revue, sans n
gliger cependant celles de genres secondaires qui ont encor
quelque valeur dans la culture d'agrment.
1 Les iris (Iris) comprennent un nombre prodigieux d'es
pces, presque toutes de climats temprs ou froids, et dont iu
trs-petit nombre seulement demande l'abri de l'orangerie e
hiver, sous la latitude de Paris. La trs-grande majorit est d
pleine terre et de culture facile. C'est la fois un des plus
beaux genres de plantes ornementales et un de ceux qui sont 1
plus la porte de toutes les classes d'amateurs.
Les iris se divisent assez naturellement en deux sections
l'une caractrise par des feuilles ensiformes, c'est--dire com
primes sur les cts et comme tranchantes, ce qui leur donn
la figure d'une lame de sabre ou d'pe plus ou moins longue
l'autre par des feuilles aplaties dans le sens ordinaire ou plus
souvent canalicules en forme de gouttire, et tout au plus
carnes en dessous. Dans cette dernire section, les plante
sont toujours bulbeuses; dans la premire, au contraire, elle
ont presque toujours des rhizomes rampants une faible dis
tance de la surface du sol. Les fleurs, trs-ingales en grande
suivant les espces, et diffrant mme quelque peu de forme
bien que toutes faonnes sur le mme modle, prsentent
isoles ou associes, les teintes blanche, bleue, violace
pourpre noir et jaune, mais dans aucune espce on n'a ob
serv la teinte rouge proprement dite.
Dans le groupe des iris feuilles ensiformes nous trouvons
originaire de Perse, et introduit
1 l'iris de Suse (I. susiana
dans les jardins de l'Europe occidentale depuis la fin dusei
zime sicle (1573). C'est de tout le genre celle qui a les plu
grandes fleurs, car on en voit quelquefois qui atteignent 15 ol
18 centimtres de hauteur sur une largeur de .10 12. C
),
fleurs, d'un gris brun ouluride, rticules et mouchetes de
pourpre noir, et de plus hrisses de poils roides sur les trois
pices extrieures dela corolle (prianthe), sont d'un singulier
effet. Cette belle plante est devenue rare dans les jardins elle
craint un peu le froid de l'hiver dans le nord et l'est de la
France, mais on l'en prserve facilement au moyen de litire,
de mousse ou de feuilles sches rpandues sur le sol qu'elle
occupe. 2L'iris germanique ( I. germanica) (fig. 37), indigne
dans l'Europe centrale, trs-rustique, rappelant la prcdente par
son port, et jusqu' un certain
point par la grandeur de ses
fleurs, qui varient du bleu clair
au violet fonc, quelquefois au
blanc ou au jauntre; elle est
trs-communment cultive. 3
L'iris de Florence (I. (florentina) ,
peine diffrente de l'iris gerdont elle se distingue
manique
cependant ses fleurs toutes blanches, rayes de jaune ple sur les
et peut-tre
3 ptales extrieurs
un peu moins grandes. Sa racine,
trs-odorante lorsqu'elle est sche, est employe divers usages
domestiques, ce qui, autan que
la beautde sesfleurs
a rendu
la plante commune dans les jardins. 4 L'iris panache (I. variegata), d'Autriche et de Hongrie,
grandes fleurs jaunes, dont les
trois ptales extrieurs sont ordinairement
brun
de
rays
et marFig. 37. Iris germanique.
gins de rose ple. 5 L'iris brune
(1. lurida), du midi de l'Europe, feuilles courtes et larges,
fleurs moyennes, brunes ou violet noirtre, avec des reflets
jaunes. 6 L'irisbtarde (1. spuria), d'Espagne et de Barbarie,
feuilles longues et aigus, fleurs moyennes, en pi, d'un
beau bleu clair, avec une large macule jaune vif sur les trois
ptales extrieurs cette espce craint un peu le froid et doit ]
(I.
tre abrite en hiver dans le nord. 7 L'iris jaune-blanche
ochroleuca), toute semblable la prcdente, dontelle n'est
probablement qu'une varit, et des mmes pays. Elle ::;'eIJj
distingue ses fleurs, d'un blanc jauntre, marques d'une
tache jaune vif sur les ptales extrieurs. 8 L'irisversicolore
(I.versicolor), de l'Amrique septentrionale, plante basse,
feuilles courtes, fleurs beaucoup plus petites que dans toutes
les espces prcdentes, d'un violet brun, avec une macule
jaune vif sur le limbe trs-largi des trois ptales extrieurs
elle est rustique dans le nord de la France. 9L'iris crte (1.
cristata), de l'Amrique du Nord (Caroline), et demi-rustique
sous le climat de Paris. C'est une des miniatures du genre
par sa petite taille, qui ne dpasse gure 15 18 centimtres, et
par labrivet de ses feuilles, qui ressemblent d'troites lames
de couteau. Ses fleurs sont au-dessous de la moyenne, gmines, d'un beau bleu clair, avec une macule jaune sur les trois
ptales extrieurs. 10 L'iris des prs (F.pratensis ), de l'Europe centrale et de Russie, jolie plante feuilles graminodes,
rubanes et trs-longues, et fleurs bleues. 11 L'irisou flambe
de marais (I. pseudoacorus), plante indigne, d'un mtre et
plus de hauteur, feuilles longues, aigus, trs-vertes fleurs
grandes, d'un jaune vif. Cette plante, rellement trs-belle,
est commune dans les marais et au bord des eaux courantes
dans les sols argileux du centre et du nord de la France. C'est
la plus aquatique du genre, et elle est avantageusement employe pour l'ornementation des bassins et des lacs artificiels.
12L'iris deMonnier (I. Monnieri), presque semblable la
prcdente, mais avec des fleurs plus grandes et d'un jaune
plus vif elle est du midi de l'Europe, o elle semble remplacer
l'iris de marais ordinaire. 13 L'iris frange (I. fimbriata), originaire de Chine, et une des plus belles espces du genre elle
se distingue la forme tale de ses fleurs, qui sont grandes,
d'un beau bleu clair, avec des macules de couleur testace
sur le limbe des ptales extrieurs, qui sont en outre onduls,
et aussi ses stigmates dresss, ptalodes et dchiquets.
Elle convient la pleine terre dans le midi de la France, mais.
elle veut tre abrite en orangerie, pendant l'hiver, sous la latitude de Paris. 14 Enfin l'irisdes sables ( arenaria), la plus
naine du genre, dont les feuilles n'ont gure que de 3 6 centimtres de long, sur une largeur proportionne. Ses tiges,
quiles dpassent peine, se terminent par 3 ou 4 fleurs d'un
jaune ple uniforme. Elle est originaire des plaines sablonneuses de la Hongrie. Nous pourrions citer encore beaucoup
d'autres espces ou varits de cette section, qu'on trouve
et l dans les jardins, mais la liste que nous venons de donner
est dj plus que suffisante.
La section des iris feuilles planes ou canalicules fournit
aussi beaucoup d'espces d'agrment, qui sont peut-tre plus
recherches encore que celles de la
section prcdente; quelques-unes au
moins sont des fleurs trs-distingues
et de premier mrite. Dans le nombre
nous devons citer 1 l'iris xiphion ( 1.
xiphium)(fig,38), d'Italie et d'Espagne,
mais rustique dans toute la France. Sa
tige, haute de 40 50 centimtres et
garnie de feuilles trs-aigus, donne
naissance 2 ou 3 fleurs de moyenne
grandeur, dont les ptales extrieurs
sont troits et plus ou moins tals. Leur
couleur normale est le bleu d'azur, mais
cette teinte a beaucoup vari par le fait
de la culture aussi trouve-t-on aujourd'hui dans cette espce toutes les
nuances du bleu pur et du bleu associ'
au jaune et la couleur marron. 20 L'iris
xiphiode (1. xiphioides), d'Espagne et
des Pyrnes espce trs-voisine de la
prcdente, dont elle a le port et la
taille, mais qui en diffre en ce que sa
Fig.38, Irisxiphion. tige est ordinairement uniflore, et sa
sontd'un
fleur un peu plus grande. Les trois ptales extrieurs
jaune trs-vif, avec une macule orange au milieu de leur limbelargi en spatule les trois intrieurs sont bleus ou bleu violac; les stigmates sont jaunes avec une lgre bordure violace. Cette belle plante, dont ilexiste beaucoup de varits horticoles, est rustique sous la latitude de Paris. 30 L'iris marron
( Iris spectabilis
d'Espagne et de Portugal, semblable par 1^
port aux deux prcdentes, mais plus haute de tige. Les trois
ptales extrieurs de sa fleur sont bruns ou de couleur de spia
obscure, avec une large macule orange au milieu du limbe;
les trois intrieurs sont violet noirtre. Les iris xiphiode et
marron pourraient n'tre que de simples varits de 17.xiphium, ce que semblent confirmer les variations horticoles de
ce dernier. 4L'iris de Perse (I. persica), charmante plante de
l'Asie occidentale, autrefois trs-rpandue dans les jardins,
mais devenue assez rare aujourd'hui. Elle se distingue des espces prcdentes par sa tige naine et la prcocit de sa floraison, qui arrive dans les derniers jours de l'hiver et en partie
avant le dveloppement des feuilles aussi sa fleur semblet-elle sortir de terre. Cette fleur est de grandeur moyenne, d'un
blanc azur, avec des macules violet fonc et oranges sur les
trois ptales extrieurs. La prcocit de cette espce, sa taille
basse et sa rusticit l'ont fait employer avec un grand succs,
lorsqu'elle tait plus communment cultive, faire des bordures le long des planches de fleurs, dans les parterres de fin
d'hiver etde premier printemps. 50 L'Irisde velours ou faux hermodacte (1. tuberosa), de la Grce et de l'Asie occidentale, qui
a t comme la prcdente, fort en honneur dans les jardins
aux seizime et dix-septime sicles, et qui est pareillement
tombe dans l'oubli. Ses fleurs sont un peu au-dessous de
la moyenne
les trois ptales extrieurs, un peu rflchis en
dehors, sont pourpre noir et comme velouts les trois intrieurs sont dresss et verdtres. Cette espce est trs-rustique
sous nos climats, mais fleurit un peu plus tardivement que
l'iris de Perse. 6 L'iris rticule (1. reticulata), de Crime,
qui diffre plus d'un gard desiris ordinaires. Chaque tige
florifre ne porte que deux feuilles, qui sont,quadrangu-
),
laires et plus longues que la tige; les fleurs sont solitaires
et longuement tubuleuses, ce qui les fait paratre pdoncules; leur couleur est le pourpre vif, relev de marbrures
d'un pourpre plus fonc, avec une large macule jaune sur le
limbe des ptales extrieurs; elles exhalent une dlicieuse
odeur de violette. Cette belle plante, qui est rustique et de
rcente introduction, semble convenir parfaitement pour la
culture en pots, dans les appartements. 7 Enfin l'Iris scorpiode (I.scorpioides), d'Algrie, qui se distingue de toutes
les espces numres jusqu'ici par la forme de ses feuilles,
presque planes et assez semblables celles du poireau de nos
potagers. Sa fleur est solitaire, d'un bleu trs-vif, avec une
macule jaune sur les trois ptales extrieurs. Les trois intrieurs sont petits et peu apparents. Cette curieuse espce
veut tre abrite en hiver sous le climat du nord de la France.
2 Lestigridies (Tigridia), plantes amricaines, rhizomes
bulbiformesetcailleux, et dont les feuilles gladies rappellent
celles des iris. Leurs fleurs, grandes ou moyennes et toujours
terminales au sommet de la tige, ressemblent une coupe
vase, dont les bords, figurs par les trois ptales extrieurs,
s'taleraient horizontalement. Quoique rgulires, leur aspect
semble bizarre au premier abord, ce qu'elles doivent leurs
mouchetures autant qu' leur forme. Elles seraient de premire valeur pour la dcoration des jardins et des appartements si elles taient moins phmres; malheureusement
elles ne durent gure qu'une journe, surtout lorsqu'elles sont
exposes aux rayons du soleil, dfaut qui leur est d'ailleurs
commun avec beaucoup d'autres irides. Le genre tigridie a
t subdivis en plusieurs groupes secondaires, que nous nous
contenterons d'indiquer ici, sans les adopter.
La plus classique, et aussi la plus belle du genre, est la
tigridie queue depaon (T.pavonia), originaire du Mexique et
depuis longtemps introduite en Europe. Sa fleur, large de
12 15 centimtres, est du rouge ponceau le plus clatant sur
les trois grands ptales extrieurs; mais dans l'intrieur de la
coupe elle est curieusement tigre de carmin depourpreviolet
sur fond jaune. Une seconde espce, ou plutt une varit de la
et
mme, est la tigridielfeursjaunes (T. conchiflora)', de mme
forme et de mme grandeur que la tigridie queue de paon,
dont elle ne diffre que par la couleur jaune des trois picesj
extrieures du prigone, tant comme elle marbre de carmin dans l'intrieur de la coupe. La tigridie. violette (T. wo
lacea), du Mexique, est une dlicate miniature des deux prcdentes ; elle en a toute la forme, dans sa petite taille, et elle
les rappelle encore par les fines mouchetures carmines
qu'elle porte l'intrieur. Le fond de son coloris est le lilas
amarante. La tigridieazure(T. azurea, T.clestis, Phalocallis plumbea, etc.), pareillement du Mexique, se rapproche, par
la grandeur de sa fleur, de la tigridie queue de paon
mais
ici la couleur qui domine sur les trois ptales extrieurs est
le bleu clair ou bleu d'azur. Les trois intrieurs sont jaune
vif, bords de bleu plus intense, et le centre de la fleur est
marbr de pourpre sur fond jaune. Cette fleur, si remarquable
par la varit de son coloris, est malheureusement trs-passagre. Latigridie d'Herbert (T. Herbertil,GypellaBerberli,etc.),
de la rgion du Rio de la Plata, est presque aussi belle et
aussi phmre. Ses fleurs, un peu moins grandes que celles de
la tigridie queue de paon, sont tout entires d'un jaune vif,
avec une bande violette sur le milieu des trois ptales extrieurs. On peut y ajouter les rigidelles (Rigidella), plantes
amricaines tiges grles et fermes, dont le feuillage et les
fleurs rappellent encore d'assez prs les tigridies, et qui
sont surtout reprsentes dans nos jardins par une espce du
Mexique, la rigidelle fleurs dresses (R. orthanta). La plupart de ces plantes sont demi-rustiques Paris sous le ciel
mridional, o la gele ne descend gure au-dessous de la
crote superficielle du sol, elles pourraient communment
se passer d'abri en hiver.
3 Les moreset les ferraries ( Morxa, Ferraria), genres
trs-voisins l'un de l'autre, et qu'on a longtemps runis aux
tigridies, mais qui, en diffrant par de lgers caractres et
tant en outre originaires de l'Afrique australe, en ont t lgitimement spars. Ce sont aussi des plantes rhizome bulbeux, tiges droites, feuilles ensiformes, dont les fleurs, lar]
gement ouvertes ou tales, prsentent l'assemblage des couleurs les plus vives. Nous signalerons dans ce groupe d'espces
sud-africaines
1 la more bicolore (M. bicolor), fleurs jaunes, ornes d'une belle macule pourpre noir, cercle d'orang,
la base des trois ptales extrieurs, qui sont beaucoup plus
dvelopps que les trois intrieurs 2 la morecomestible (M.
edulis), presque semblable un iris, fleurs violaces, ornes
d'une macule jaune la base des ptales extrieurs. Cette espce, introduite depuis longtemps dansles jardins de l'Europe,
a donn de nombreuses varits lilas, bleutres, jaune ple,
blanc d'opale, etc.; ses bulbes servent de nourriture aux Hottentots 30 La more il bleu (M. glaucopis, Vieusseuxia glaucopis etc.), fleurs moyennes, dont les trois grands ptales
extrieurs, d'un blanc pur, portent leur centre une large
macule du bleu le plus vif, qui est elle-mme entoure d'un
cercle brun
4 la more faux-iris (M. iridioides), fleurs
blanches, avec trois macules jaunes sur les ptales extrieurs;
5 la more velue (M. villosa), fleurs lilas, dont les trois ptales extrieurs portent une macule bleue, spare par une
bande noire de la teinte orange qui occupe le centre de la
fleur; 6 la ferrarie ondule (Ferraria undulata), dont les
fleurs rgulires, six lobes presque gaux, sont curieusement tigrs de pourpre sur fond vert. Un grand nombre d'autres espces de ces deux genres, aussi remarquables que les
prcdentes par la vivacit et la varit de leur coloris, pourraient encore tre cites ici, mais ce serait prolonger cette
liste sans grande utilit. On les trouvera d'ailleurs suffisamment indiques dans les catalogues des horticulteurs.
40 Lesixias etles sparaxis (Ixia,Spai-axis), qui sontaussi
des genres trs-voisins l'unde l'autre, et qui ne diffrent en ralit que parlalongueur relative du tube de la fleur, dont les six
lobes sont gaux. Ce tube est grle et allong dans les ixias,
court et vas dans les sparaxis, dont la corolle devient par l
infondibuliforme, tandis qu'elle est hypocratriforme dans les
ixias. A part cette lgre diffrence, les deux genres se ressemblent par leurs rhizomes arrondis et bulbeux, leurs tiges
grles et dresses, leurs feuilles ensiformes, plisses-nerves
et aigus. Leurs fleurs offrent toutes les nuances du rouge;
du rose, du jaune, du bleu, du pourpre sombre et de l'ar
dois; trs-souvent aussi elles ont leur centre un cercle
autrement color que le reste de la corolle. On en connat un
trs-grand nombre d'espces, presque toutes de l'Afrique aus-'
traie, parmi lesquelles il nous suffira de mentionner les suivantes 1 l'ixia tricolore (J. tricolor), fleurs jaunes dans le centre et rouges sur le limbe, les deux couleurs tant spares
par un cercle noir; 2 l'ixia bidbifre (1. bulbifera), fleurs
toutes jaunes; 3 l'ixia petit lis (1. liliago), fleurs blanches
en dedans, lilaces en dehors, et de la forme de celles du
lis commun; 50 Vixia grandes fleurs (1. grandiflora),
dont les fleurs, trs-grandes pour le genre, sont pourprenoir, avec une troite bordure jaune sur le contour des ptales; 50 l'ixia tale (I. patens), rose carmin trs-vif et ray
de pourpre plus fonc
6 l'ixia fleurs vertes (I, viridiflora), trs-belle plante, dont la tige grle et haute deprs
d'un mtre, soutient une longue grappe de fleurs vertes, ornes d'un cercle bleu au centre; 70 l'ixiatachete (1. maculata), fleurs blanches, portant au centre une macule violette
cercle de rose; 8 l'ixia oculiforme (I. conica), fleurs rougetres, dont le centre est occup par une large macule
noire. A ces huit espces on peut ajouter les Ixia miniata,
crocata, crateroides, anemonjlora, maculata, fulgens, hyalina,
viridis,fusco-citrina etc., qui ont elles-mmes donn de nombreuses varits dans les jardins.
Les sparaxis ne sontpas moins riches que les ixias en espces
ornementales, mais pour viter des dtails fastidieux nous
nous bornerons mentionner l'espce la plus rpandue, le
sparaxis tricolore (S. tricolor), dont la culture a tir une multitude de jolies varits, presque aussi diffrentes l'une de
l'autre par la couleur, la forme et la disposition de leurs macules, que le seraient des espces naturellement distinctes.
Telles sont les S. tricolor albomaculata, variegata, lilacina,
aurantiaco-nigra, cxruleo-bimaculata, atrosanguineo-alba,etc.,
dont les noms latins indiquent les combinaisons de coloris.
On peut rattacher aux ixias divers autres genres qui n'en
sont pour ainsi dire que des dmembrements et qui contiennent de mme bien des espces intressantes, par exemple les
aristes (Aristxa), de l'Afrique australe, connues principalement par les A.major et A.cyanea, toutes deux fleurs bleues
les galaxies (Galaxia), de la mme rgion, qui nous ont donn
lagalaxie fleurd'ixia (G. ixiflol'a), dont les fleurs bleues ont
au centre une macule purpurine, et la galaxie feuilles ovales
(G.ovalifolia), fleurjaune vif; les romules (Romula) et enfin
les crocosmies (Crocosmia), connues surtout par une superbe
plante fleurs oranges, la crocosmie dore (C. aurea) ; ces petits
genres font en quelque sorte le passage des ixias au groupe
plus important qui va suivre.
5 Les glaeuls (Gladiolus), genre trs-riche en espces, la
plupart sud-africaines, mais qui a aussi quelques reprsentants en Europe et dans l'Asie occidentale. Tous sont des
plantes rhizome bulbiforme, tige dresse et grle,
feuilles gladies et nerves, fleurs un peu irrgulires, en
grappe ou en pi le long de la tige, ou rarement en panicule; tous aussi sont rustiques ou demi-rustiques sous nos
climats. Dans le nombre nous distinguerons
le glaeul des
moissons ( G. communis ), jolie plante indigne fleurs roses
ou rose pourpre, qu'on a depuis longtemps admise dans les
jardins; 2 le glaeul de Constantinaple (G. byzantinus), qui
est propre au midi de l'Europe, et se distingue du prcdent par des fleurs plus grandes et d'un pourpre plus vif;
3 leglaeul cardinal (G. cardinalis) du Cap, dont la tige,
haute de 0m50 0m60, n'est presque qu'un long pi de fleurs
rouges, dont les trois ptales infrieurs portent, sur leur milieu, une macule oblongue, blanche ou rose, entoure de
pourpre; 4 le glaeul perroquet (G. psittacinusou G. natalfnsis), de Porf-Natal, haut de plus d'un mtre, et que distingue une grosse etlongue grappe de fleurs jaunes, dont les
ptales infrieurs sont maculs de pourpre rouill; 5 le
glaeul multiflore (G. ringens), de Galrerie, superbe plante,
dont les larges fleurs bleu ardois, et rpandant l'odeur de la
violette, sont finement ponctues et rayes de violet, avec des
macules jaunes sur les ptales infrieurs
6 le glaeul eus-
(G. cuspidatus), fleurs grandes, jaune isabelle, aveci,
pid
larges macules pourpre noir sur les trois ptales infrieurs
7 le glaeulondul (G. undulatus), de l'Afrique australe, j
fleurs blanches, rayes de pourpre au centre des ptales 8 1^
glaeul orobanche et le glaeul lvres jaunes (G. orubancheJ
et G. xanthospilus ), du mme pays, fleurs blanches macules de jaune, avec un cercle bleutre autour des macules:
dans la premire
ces deux espces; 9 le glaeul rameur
(G. ramosus) etleglaeul couleur de chair (G. laccatus),
fleurs roses; 10 le glaeul ray(G, lineatus), fleurs jauna
ple, rayes de pourpre; 11 enfin, le glaeulflorifre(G. floribundus), fleurs pourpres, macules de blanc. Ces glaeuls^
et beaucoup d'autres qui ont t comme eux introduits
diverses poques en Europe, ont donn parla
voie des semis, et quelquefois la suite des
croisements, d'innombrables varits, qui ont
fait de ce genre un des plus recherchs dans
la culture d'agrment.
Parmi les espces qui ont t le plus gnreuses sous ce rapport, on doit mettre en premire ligne le glaeul cardinal, que la noblesse.
de son port, la grandeur de ses fleurs, leur
abondance etleur coloris vifrecommandaient
tout particulirement aux horticulteurs. Les
varits qu'il a produites entre leurs mains se
compteraient aujourd'hui par centaines, et il
est tel jardinier, en France et en Angleterre,.
qui n'apas ddaign d'en faire l'objetspcial de
ses travaux; mais ces varits, sans cesse rem-,
places par de plus nouvelles, et n'ayant la plupart qu'unevogue etsouventmme qu'une exis-,
tence phmre, ne sauraient tre indiquesici avec quelque utilit. Nous ne ferons d'excep
tion que pour la suivante, cause de sa beautsous-vatout fait suprieure et des nombreuses
rits auxquelles elle a djdonn le jour c'est j
Fig,39. Glaeul
39),
gandavensis)
(fig.
Le
(G.
de
Gand
glaeul
deGand.
de
si
; :
qui est n dans le jardin d'un clbre amateur belge, le duc
d'Arenberg, la suite d'un croisement effectu, dit-on, entre le
glaeul cardinal, fleurs rouges, et le glaeul perroquet fleurs
jaunes. La parent du glaeul cardinal est conteste et reporte
par d'autres autorits horticoles au G. oppositiflorus, mais celle
du glaeul perroquet est certaine peut-tre mme la varit
rpute hybride n'est-elle qu'une simple varit de ce dernier. Quoi qu'il en soit de son origine, le glaeul de Gand est
une trs-forte plante, dont les tiges fleuries s'lvent facilement deux mtres, c'est--dire beaucoup plus haut que
celles de ses parents. Pour la beaut des fleurs et la vivacit
de leur coloris, aucune espce ne le surpasse et trs-peu l'galent. Dans l'hybride type, ou de premire gnration, ces
fleurs sont de couleur vermillon, reflets ross, avec de
larges macules jaunes sur les ptales infrieurs. Les anthres,
qui sont d'un bleu violac intense, tranchent agrablement
sur ces deux teintes. Plant en massifs, ce beau glaeul est d'un
effet saisissant.
Quoique rput hybride, le glaeul de Gand est fertile par
lui-mme, et des semis de ses graines sont nes plusieurs varits nouvelles, aussi belles que le type. Tel est, entre
autres, le G. gandavensiscitrinus, fleurs jaune vif, avec des
macules pourpres sur les trois ptales infrieurs. Fcond
par le glaeul florifre (G. floribundus), qui est une espce
naturelle, il a produit de nouvelles formes, aussi grandes et
aussi riches de fleurs que lui-mme. Les plus clbres sont
le G. oldfordianus, fleurs saumones, le G. roseo-purpureus, o elles sont d'un rose trs-vif, et le G. Willmorecinus,
qui les a d'un blanc jauntre, rayes et stries de rose. On
ne peut gure douter que de nouvelles combinaisons dans les
croisements, entre les espces de ce genre, ne puissent faire
natre encore bien d'autres varits mritantes.
60 A la suite des glaeuls se placent, dans l'ordre des affinits naturelles, plusieurs genres de moindre importance, et
qui n'ont que quelques reprsentants dans la flore horticole.
Ce sont, par exemple, lesantholijzes(Antholyza), plantes
bulbeuses de l'Afrique australe, qui ont le port des glaeuls,
mais avec des fleurs plus irrgulires et gnralement moul
belles; deux espces, les A. cunonia etpralta, jadis frque
ment cultives, se rencontrent encore dans quelques jardin
d'amateurs; la watsonie fleursd'iris Watsonia iridiflora]
du Cap, trs-belle plante port de glaeul, que recommand
la beaut de ses fleurs rouge orang; lawitsnie paniculi
( Witsenia corymbosa), de l'Afrique australe, sorte de petit
a
brisseau sous-ligneux, ramifi dichotomiquement, dont les ra
meaux portent des'feuilles distiques analogues celles de
iris, et des panicules corymbiformes de jolies fleurs bleues
et enfin les bermudiennes (Sisyrhyncltium), petites iride
bulbeuses des les Bermudes et de l'Amrique continen
taie, feuilles d'iris ou de joncs, et fleurs rgulires
dont les six lobes sont presque gaux. Les plus rpandue
la bermudienne commune (S. Bermudiana) fleur
sont
bleues, la.bermudiennebicolore (S. bicolor) fleurs violette
macules de jaune, la bermudienne de Douglas (S. Dou
glasii,S.-grandiflorum) du Mexique, jolie plante de l'as
pect d'un jonc ou de l'iris xiphion, fleurs violettes,
la bermudienne long style (S. longistylum
du Chili, don
le port rappelle la prcdente, mais qui en diffre par de
fleurs un peu irrgulires, d'un trs-beau jaune. Toute
ces espces sont peu prs rustiques dans le nord de la
France.
7 Les safrans ou crocus ( Crocus), plantes bulbeuses
,
presque acaules, feuilles troites et rappelant celles des pe
tites espces de joncs, originaires de l'Europe et de l'Asie occi
dentale, fleurs grandes relativement leur taille, rgulire
six lobes gaux, infondibuliformes et vivement colores. Or
en distingue plusieurs espces, qui ont de grandes affinit
les unes avec les autres, et ont toutes t introduites dan
la culture d'agrment. Ce sont 1 le safran officinal ou sa
fran d'automne (C. salivus fleurs violet pourpre, un pe
grandes, et s'ouvrant en aot et septembre. C'est l'espc
commerciale du genre; on la cultive en grand, en France e
en Espagne, pour en extraire la belle teinture jaune orang
que contiennent ses stigmates. Elle a t souvent confondu
:
),
en
la suivante. 2 Le safranprintanier (C. vernus )(fig. 40),
qui est l'espce
horticole par excellence, ce qu'il
doit la beaut
de ses fleurs et au
grand nombre de
varits qu'il a
produites. Ses
feuilles, trs-vertes, sont parcourues sur leur milieu, et dans toute
leur longueur,
par une ligne
blanche. Sa floraison se fait ds
la fin de l'hiver,
en fvrier ou
mars, suivant les
lieux et les saisons. Ses fleurs
varient un peu de
elles
grandeur
sont d'ailleurs
diffrentes
f'
peu
Fig. 40. Safran printanier.
sous ce rapport
commune,
celles
du prcdent; leur teinte normale
ou du moins la
est le violet trs-vif, mais on en voit aussi
blanches, de roses, de violaces bleutres, de stries de
N
sur fond blanc, et il est remarquer que toutes ces
tsexistent dans la nature, ce qui a induit plusieurs auttre en faire autant d'espces diffrentes. Une de ces vajls, le C. vernus nivigena, dessteppes de la Russie mriDuale, parat tre la souche de la plupart de celles de nos
$ins elle est blanche, parfois strie de pourpre violet
ou
&Eae entirement
pourpre. L'espce, considre dans l'en-
lis
p
et
semble de ses varits, est rpandue depuis les Pyrnes 6
les Alpes jusqu'au Caucase. 3 Le safran de Suse (C. susi
nus), d'Asie mineure et de Perse, superbe plante fleu
jaune orang, fleurissant aux premiers jours du printem
4 Lesafran dor (C. aureus), du midi de l'Europe, grand
fleurs jaune vif; le safran de Suse n'en est peut-tre qu'un
varit. 50 Lesafran jaune de soufre (C. sulfureus), d'Orien
fleurs jaune ple, et 6 le safran deux fleurs (C. biflorus
du mme pays, dont les fleurs blanches, souvent rayes d
rose ou de pourpre clair, sont ordinairement gmine
7 Enfin le safran de Corse (C. minimus), indigne de l'l
dont il porte le nom, et qui se distingue la petitesse de s
fleur, d'un blanc violac ou tout fait violette, et ordinaire
ment raye de jaune. Cette fleur n'a gure que le tiers de 1
grandeur de celle du safran commun. Tous les safrans son
rustiques dans nos provinces septentrionales, et ils jouent u
rle considrable dans l'horticulture printanire, ce que jus-;
tifie leur prcocit, leur facile culture et le brillant clat da
leurs fleurs.
Colchiques et bulbocodes. Quoique appartenant as
une famille toute diffrente (celle des mlanthaces), les;
colchiques(Colchicum) et les bulbocodes (Bulbocodium) peu-i
vent tre indiqus la suite des safrans, qu'ils rappellentf
d'assez prs par leurs fleurs, sinon par leurs feuilles, et pau
l'emploi qu'on en fait pour la dcoration des parterres. CIi:
sont de petites plantes acaules, bulbeuses, rustiques, flo-c
raison printanire ou automnale, dont les fleurs, de mmei
taille et presque de mme forme que celles du safran cultive
sont ordinairement de couleur lilas ou lilas violac. Les es-s
pces n'en sont pas nombreuses, et il nous suffira d'en citeia
trois, savoir le bulbocode deprintemps (B. vernum) (fig.41), du
midi de France et de l'Europe, fleurs violaces, dont la flo-c
saison trs-prcoce concide avec celle du perce-neige; le col-\,
chique d'automne (C. autumnale), commun dans les prairie9
du nord et du centre de la France, dont les fleurs, lilas ple.
se montrent en septembre, prcdant de six mois l'apparitionr
des feuilles et dufruit, qui ne sortent de terre qu'au printemps 2
Fig. 41. Bulbocode de printemps.
et enfin le colchique
damier ( C. variegatum,) dela Grce,
,
fleurs automnales
comme celles du prcdent, mais plus
grandes et marbres
de carreaux blancs
sur fond lilas. Toutes
ces espces aiment
les sols moyennement humides et un
peu argileux. On les
multiplie de graines
ou par sparation des
tubercules aprs la
fanaison des feuilles.
Cette opration ne
doit gure se faire
que tous les trois ou
quatre ans, si l'on
tient ne pas trop affaiblir les plantes.
B. Culture des irides. Considres d'une manire gnrale, les irides sont plus faciles cultiver que les amaryllides; elles exigent moins de chaleur et sont moins exposes
pourrir par l'excs d'humidit, ce qui peut tenir ce qu'elles
sont plus habituellement livres la pleine terre que ces dernires, dont un grand nombre rclame, sous les climats du
nord, la culture en pots et les abris vitrs pendant l'hiver.
Les iris proprement dits s'accommodent de tous les
terrains, pour peu qu'ils soient substantiels et que l'eau n'y
reste pas stagnante; encore faut-il faire exception ici pour
quelques espces, celles des marais, par exemple, qui ne
russissent bien que dans les sols imbibs d'eau. Pour les
nombreuses espces rhizomes traants, la culture pourra
donc se rduire les planter en bonne terre et les arroser
pendant la priode de vgtation. Si les espces sont peu rus-
tiques pour le climat o l'on se trouve, on se borne protgei
leurs rhizomes, pendant les fortes geles, sous une couverture
de feuilles ou des paillassons, ainsi que nous l'avons dit ph
haut. Leur multiplication se fait l'aide des graines, sem'
en automne, dans des terrines, qu'on abrite sous chssis, 0
plus rapidement par division des rhizomes, la fin de l'hiver.
Les espces racine tuberculeuse (1.xiphium, xiphioidcs:
L persica, etc.) se cultivent enpleine terre et dans les mmes
conditions, moins qu'elles ne soient pas assez rustiques pour
rsister aux geles de l'hiver, mme sous une couverture de
feuilles ou de litire, auquel cas on les retire en orangerie ou
mais, par leur manire de vgter, elles se
sous chssis
prtent bien la culture en pots, et peuvent ds lors servir
orner les appartements, celles surtout qui sont de petite taille,
ou qui fleurissent dans les derniers jours de l'hiver. Les pota
devront tre drains avec soin, et remplis de bonne terre ordinaire, un peu argileuse, laquelle.on pourra ajouter un
quart de terreau de feuilles ou seulement de terre de bruyre
pour la rendre plus permable l'eau. Suivant la grandeui
des pots, on plantera isolment ou en touffes de trois six
plantes ou mme plus, ce qui donnera des massifs de fleurs
plus fournis. Cette plantation doit se faire en automne, aprs
la maturation des bulbes, qui d'ailleurs commencent vgtel
souterrainement dans le cours de l'hiver. Les pots, enterrs
au pied d'un mur, bonne exposition, ou remiss sous chssis,
sont ports la place laquelle on les destine, au moment
o les fleurs se disposent s'ouvrir. Nous n'avons pas besoin
de dire qu'on doit arroser, pendant la priode de vgtation
toutes les fois que les plantes paraissent en avoir besoin.
Sous un climat plus chaud que ceux du nord et du centra
de la France, les tigridies, les phalocallis, les mores, les
ixias, etc., et en un mot toutes les irides de l'Amrique eJ
de l'Afrique australe, pourraient tre assujetties au mme r
gime que les iris, surtout que les iris bulbeux, c'est--dire l
la culture en pleine terre, avec quelques abris tendus sur
sol, o seraient enfouis les bulbes, si l'on avait craindre, e
hiver, que la gele ne pt les atteindre. Ces abris ne seraien
pas
mme
ncessaires l o la moyenne temprature hiverne descend pas au-dessous de 7 8 degrs centigrades,
Provence, par exemple. Il en est autrement sous les climats
M~ts septentrionaux, o le froid d'abord, puis l'humidit proe,feraient prir la plupart de ces bulbes si on les abannait toutes les mauvaises chances de la saison de l la
ncessit de les abriter. Mais mme
avec cette exigence, la
cultureaura ici d'autant plus de succs qu'elle se rapprochera
antage de la culture naturelle, c'est--dire de la simple
culture de pleine terre.
Pour le commun des amateurs, les irides exotiques sont
au mme traitement que les amaryllides demi-rustiques, cultives comme elles en pots remiss sous chssis
enserre froide pendant l'hiver mais beaucoup d'horticulteurs de profession qui cultivent ces plantes en grand, pour
commerce, ont adopt une autre mthode plus expditive
~t qui donne de meilleurs rsultats avec moins de travail.
Elle consiste dfoncer en automne, 0m,35 de profondeur
environ, une plate-bande de jardin bien situe, en drainer
lefond, sur 001,10 0m,15 d'paisseur, l'aide de gros graviers ou de tessons de briques et de poteries, et recouvrir
~e drainage d'un mlange form de deux tiers de terre de
bruyre et d'un tiers de terre franche, sur une paisseur gale
peu prs celle de la terre retire de la fosse, ce qui porte
niveau de la plate-bande artificielle quelques centimtres
au-dessus de la surface gnrale du terrain. Cette planche en
reliefest ceinte d'un coffre en bois, autour duquel on dispose
rchaud d litire, d'corce ou de vieux tan, pour en
loigner la gele. Vers le milieu ou la fin d'octobre, on y
plante les bulbes 12, 15, 20 ou 30 centimtres de distance
les uns des autres, suivant la taille et l'ampleur des plantes
qui doivent en sortir, puis on recouvre le coffre de chssis
~itrs, qu'on soulve, toutes les fois que le temps est doux et
~e, pour en chasser l'humidit. S'il gle, on couvre momennment les vitraux de litire ou de paillassons. Ds les premiers jours du printemps, les bulbes, qui ont dj travaill
peu en hiver, sont en pleine vgtation. On com-
~le
seset
le
le
un
[ue
qu
et d'autant plus copieusement
mence ds lors arroser,
la vgtation est plus active
en mme temps on donne
plus en plus d'air, et ds que toute crainte de gele a disparu
on enlve les vitraux et le coffre lui-mme, ainsi que les
chauds qui l'entouraient. Il en rsulte qu'on n'a plus qu'une
plate-bande ordinaire, comparable celles de jacinthes et de
tulipes, et qui bientt se couvre d'une luxuriante floraison. Si
le soleil devient ardent, on ombrage la planche fleurie avec
des toiles ou des canevas pour faire durer les fleurs plus longtemps, mais on la dcouvre aprs la dfloraison afin que les
fruits nous puissent se parfaire au soleil et donner de bonnes
graines. A partir de ce moment, on cesse les arrosages, et
mme, si le pays est pluvieux en t, il est prudent de replacer
les panneaux vitrs sur la planche afin que l'excs d'eau ne
fasse pas pourrir les bulbes pendant la saison du repos. Vers
la fin de juillet ou dans le courant du mois d'aot, lorsque les
feuilles des plantes sont fltries ou sches, on relve les bulbes
de terre et on les laisse scher comme ceux des jacinthes, en
les tenant dans un appartement bien ar et o l'humidit n'ait
pas accs, puis on les replante en octobre, ainsi que nous l'avons
dit plus haut. On profite du moment pour faire la sparation
des caeux, qu'on plante part, dans les mmes conditions
que les bulbes mres, et quelques-uns fleurissent dj l'anne
qui suit. Les graines, rcoltes maturit et tenues au sec
pendant l'hiver, se sment au printemps, en terrines draines
et en terre de bruyre sous chssis froid, et le jeune plant
qu'on en obtient est mis en place la deuxime anne. Les
ixias, sparaxis, mores, tigridies, watsonies, etc., et en outre
une multitude de liliaces et d'amaryllides de l'Afrique australe ou des rgions tempres de l'Amrique et de l'Asie, s'accommodent on ne peut mieux de cette culture de pleine terre,
en sol drain et abrit, culture qu'on pourrait d'ailleurs tendre
beaucoup d'autres plantes, mme de celles qui n'ont rien de
commun avec les plantes bulbeuses. Ce procd est, aprs
tout, fort analogue celui qu'on applique aux jacinthes et
exotiques,
aux tulipes la seule diffrence est que les irides
et principalement celles de l'Afrique australe, tant moins j
rustiques que ces dernires et craignant davantage le froid et
l'humidit, on les abrite momentanment contre cette double
cause de destruction. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que
le mode de culture doit se modifier suivant les climats et
que les abris temporaires dont nous avons parl ne sont ncessaires que l o l'hiver a une certaine rigueur, et o les
pluies sont frquentes et prolonges.
Il y a cependant des espces qui, cause de leur emploi
particulier dans le jardin, ou par suite de certaines diffrences de temprament, demandent que ce rgime soit un
peu modifi; par exemple, les glaeuls de grande taille, qui
les tigridies dont les
sont rservs pour faire des massifs
bulbes ont de la peine mrir dans le climat du nord, et
quelques autres espces qui n'aiment pas que leurs bulbes
sortent de terre. Nous allons examiner sparment les modifications qu'il convient d'introduire dans la culture pour chacun de ces groupes de plantes.
Quoique pouvant russir en pots, les glaeuls, cause de
la hauteur.de leur tige, ne se cultivent gure qu'en pleine
terre, et on donne la prfrence une terre la fois substantielle et lgre, telle que la terre de jardin additionne de
terre de bruyre ou de terreau de feuilles, dans les proportions ci-dessus indiques. Ils peuvent y passer l'hiver, moyennant l'abri d'un coffre vitr qui les met l'abri du froid et
de l'humidit, et encore cette prcaution n'est-elle pas ncessaire dans le climat du midi, o la gele ne fait qu'effleurer
la surface du sol. Cependant on prfre gnralement retirer
les bulbes de terre aprs la fanaison des feuilles ou la maturit des graines, si on tient rcolter ces dernires. Les bulbes, aprs avoir t exposs quelque temps l'air, sont conservs sur des tablettes, dans un appartement sec et simplement l'abri de la gele, pour tre replants au printemps.
L'exprience a prouv qu'ils se conservent bien de cette manire; nanmoins, si le climat le permettait, il vaudrait encore
mieux les laisser hiverner en pleine terre, et ne les relever
que tous les trois ou quatre ans pour en dtacher les caeux.
Les grandes races de glaeuls (G. ramosus, G. gandaven-
sis, etc.) doivent tre plantes un peu profondment, par
exemple 20 ou 25 centimtres, pour que leur tige prenn
toute sa force et rsiste au vent elles produisent plus d'effet lorsqu'elles sont en massifs, soit d'une mme espce
soitde plusieurs espces-associes. Dansce derniercas, lesplu
grandes se mettent au centre de la touffe, les moins leve
l'entour et par rang de taille, de manire que les plus basse
soient la circonfrence. On peut aussi assortir les couleur
pour obtenir des effets de contraste, mettre par exemple le
varits rouges ct des jaunes ou des blanches, etc.; mai
pour que cet effet se produise il ne faut rapprocher dans u
mme massif que les espces qui fleurissent peu prs e
mme temps. On a plus de chance d'yrussir en n'y employar
que des varits diffremment colores d'une mme espce
comme les varits rouges, roses, blanches et jaunes du gan
davensis, et ainsi des autres.
Les tigridies se cultivent avec la mme facilit. Partout o
l'hiver est doux et un peu sec, leurs bulbes passent facilemen
l'hiver en terre avec ou sans abri, suivant le climat. A Paris
aprs un t chaud, ces bulbes, suffisamment mris, se cor
servent aisment hors de terre et dans un lieu sec, mais plu
au nord, et surtout aprs les ts pluvieux et sans chaleur
les bulbes sont incompltement forms au moment o il fau
les retirer de terre, et alors ils sont sujets pourrir, malgr
tous les soins. Le meilleur moyen d'y remdier serait d'abri
ter les planches qui renferment ces bulbes sous des coffres
ds la fin de l't. L'loignement de l'humidit et la chaleu
plus grande qui en rsulteraient achveraient, danslaplupar
des cas, leur maturation, et on pourrait d'ailleurs les lais
ser hiverner en terre, sous ces abris la condition que l
gele n'y pntrt pas. Enfin, il est quelques irides, princ
paiement amricaines, les rigidelles par exemple, qui, moir
rustiques que les autres, s'accommodent volontiers de la serr
chaude pendant les premires priodes de leur vgtation, (
que, pour ce motif, on tient constamment en pots. Sans le
dplanter, on les porte l'air libre lorsque le temps s'estd
cidment mis au beau, et on leur fait passer l'hiver en serr
froide ou en orangerie, en ayant soin de ne point les arroser
dans cette saison. Il est inutile au surplus que nous insistions
plus longtemps sur des particularits toutes relatives aux climats, et qui ncessairement changent avec les lieux et les latitudes. Il suffira l'horticulteur expriment de se rappeler
les principes qui dominent toute la pratique dans la culture
des plantes bulbeuses, savoir, un terrain meuble et bien drain,
des arrosages copieux dans la priode de vgtation, et l'absence totale d'humidit dans la saison du repos. Quant aux
espces rustiques, qu'elles soient indignes ou trangres,
leur culture se borne, pour ainsi dire, de simples soins d'entretien qu'il serait tout fait superflu de rappeler ici.
IX. LES PRIMEVRES ET LES AURICULES.
Les primevres et les auricules (Primula), types de la famille des Primulaces, sont des plantes de climats froids ou
temprs, presque toutes originaires d'Europe et d'Asie, et
gnralement trs-rustiques. Une seule, la primevre de
Chine (P. sinensis), rclame des abris pendant l'hiver.
Toutes sont des plantes vivaces, rhizome court, demi-ligneux, plus ou moins enterr, feuilles radicales. L'inflorescence est une hampe ou tige nue, termine par une ombelle
de fleurs, qui peut quelquefois se raccourcir au point de disparatre presque entirement, et, dans ce cas, les fleurs
longuement pdicelles semblent sortir de la souche mme
de la plante. Les corolles sont monoptales, hypocratriformes, limbe plus ou moins tal, dont les couleurs, l'tat sauvage, sont le jaune, le blanc et le pourpre de diverses
nuances. Dans la culture, et sans doute par le fait des
croisements, ces couleurs primitives sont frquemment
altres ou associes en cercles et en macules sur une mme
corolle. De nouvelles teintes mme y apparaissent quelquefois, par exemple, les couleurs marron, mordore, orange,
pourpre-noir, gris verdtre, etc., modifications qui se compliquent de changements proportionns dans la forme du ca-
lyce, la grandeur et la forme de la corolle, etc. Toutes ces ces
trations des types spcifiques semblent indiquer que
plantes sont depuis longtemps assujetties la culture.
Une particularit remarquable, dans la plupart des espce
de primevres et d'auricules, et qui a t rcemment explique par un savant naturaliste anglais, M. Darwin, est le dimorphisme de leurs fleurs, ou plutt de leur appareil reproducteur. Tantt le style, plus long que les filets staminaux,
porte le stigmate au niveau de la gorge de la corolle, o il
devient facilement visible, et dans ce cas, les tamines restent
courtes et incluses dans le tube tantt ce sont les filets staminaux qui s'allongent et qui lvent les anthres au niveau
de la gorge de la corolle, le style, par compensation, restant
trs-court et son stigmate se trouvant cach au fond du tube.
Jamais on n'observe d'tat intermdiaire entre ces deux for- ]
mes, qui sont d'ailleurs peu prs aussi communes l'une
que l'autre dans la nature, mais non dans les jardins, car les
jardiniers rejettent ordinairement la forme long style et
courtes tamines. M. Darwin a dmontr par d'ingnieuses
expriences que chacune de ces formes est strile, ou presque
strile, lorsqu'elle n'est fconde que par son propre pollen,
mais qu'elle devient trs-fertile si elle reoit le pollen de l'autre forme. Ce fait curieux, qui a pass longtemps inaperu,
donnera peut-tre l'explication des varits sans nombre
qui se sont formes dans les jardins, et dont la distinction
aux:j
spcifique a offert jusqu'ici des difficults insurmontables
al
-!
nomenclateurs.
Les espces et varits qu'il nous importe le plus de conj
natre sont les suivantes
1 La primevre commune ou primerolle de l
printemps (Primula veris), plante indigne dans presque j
toute la France, feuilles rticules-chagrines, fleurs petites, jaunes, au nombre de 8 20 par ombelle, et dont la
dans
corolle a le limbe concave. Elle abonde dans les prs et
les bois, qu'elle gaye de sa floraison printanire. On l'emploie quelquefois faire des bordures dans les jardins.
2 La primevre aeaule ou grandes fleurs (P. ;
la
primevre commune par
acaulis, P. grandiflora), semblable
son feuillage, mais trs-distincte par tous ses autres caractres.
Sa hampe est si courte, qu'au premier abord elle parat ne pas
exister, et que les fleurs semblent natre isolment du cur de
la plante. Ces fleurs sont d'ailleurs beaucoup plus grandes que
celles de laprimerolle, et d'un jaune plus ple dans la forme
type. On en connat des varits o elles sont roses, de
couleur carmin ou mme pourpre fonc d'autres varits sont
devenues, par dcoloration, tout fait blanches; enfin il en
existe fleurs doubles ou mme pleines, dans ces divers
coloris.
Cette espce, qui est indigne et assez commune dans une
grande partie de la France, se croise facilement avec la
prcdente et donne par l des hybrides plus ou moins
fertiles, qui, soit en se fcondant les uns les autres, soit en
recevant du pollen des plantes dont ils sont issus, produisent leur tour des formes mixtes, dont les botanistes ont
vainement essay de faire des espces lgitimes ces formes
,
n'ayant ni uniformit, ni stabilit. C'est, selon toute vraisemblance quel,
qu'un de ces hybrides qu'il faut rapporter la grande primevre (P. etatior),
varit sans caractres bien arrts,
qu'on trouve cependant inscrite dans
beaucoup de catalogues botaniques
comme espce dis-
tincte.
3
La
Prime-
vre des fleuristes (P. variabilis)
Fig. 42. Primevre des fleuristes.
(fig.42), dont l'origine est inconnue,
prs
maisque quelques botanistes rattachent, sans aucune proba
bilit, la primerolle commune. Son feuillage est peu discelui des espces prcdentes, mais ses larges ombelles p
doncules, fleurs grandes, dresses, limbe arrondi, etdon
la couleur dominante est le pourpre, la font aisment
tinguer. Il faut reconnatre cependant que son coloris varie de
la manire la plus tonnante, tel point qu'il serait difficile
d'en trouver dans les collections deux individus parfaitement
semblables sous ce rapport, moins qu'ils ne vinssent d'un
mme pied. Le semis de ses graines ne donne pas non plus
des individus uniformes, ce qui s'explique parla diversit des
pollens qu'une mme plante peut recevoir, et sans lesquels,
par suite de sondimorphisme, elle resterait strile. Ajoutons
son
bon
nombre
primevres
de
de
enfin qu'un
jardins
ces
indubitablement des hybrides oudes descendants d'hybrides,
ce qui explique suffisamment les variations de port et de coloris dont nous venons de parler.
(fig.43),
4 L'auricule ouoreille d'ours (P.Auricula
indigne des Alpes
feuilles lisses, glabres, souventrendues
comme farineuses par
une poussire glauque
ou blanchtre, caractre qu'on retrouve
d'ailleurs dans plusieurs autres espces
montagnardes. Les,
fleurs, l'tat normal,
comme
sont jaunes et
veloutes, mais, par
l'effet de la culture,
elles ont pris toutes
les nuances du jaune,
du
Fig43.Auricule.
du marron et
noir.
oui
jusqu'au
quelquefois
dernier
pouss
presque
pourpre, ce
Chez quelques-unes, il s'y ajoute des tons gris verdtre
) ,
bleutres, ds en partie ce que la corolle se revt de poussire glauque comme les feuilles. Dans les varits d'lite, ces
diverses teintes sont associes deux ou trois ensemble, et alors
disposes en cercles concentriques. Elles sont d'autant plus
estimes que les couleurs sont plus vives et plus tranches.
L'auricule est essentiellement une plante de collection, et
une certaine poque elle n'a gure excit moins d'enthousiasme, chez les amateurs fleuristes, que la tulipe et lajacinthe.
C'est surtout en Angleterre et en Hollande que ses fleurs
ont t perfectionnes par la voie des semis et la slection des produits obtenus. Il en est rsult des catgories
de varits assez distinctes, moins rigoureuses sans doute
aujourd'hui qu'autrefois, mais qui ont encore une certaine valeur horticole. Ces catgories, au nombre de quatre,
sont
Les pures ou ordinaires, fleurs unicolores, saufl'il ou le
centre de la fleur qui est blanc, le reste du limbe tant jaune,
mordor, brun, brun-noir, pourpre ou violet.
Les ombres ou ligeoises, qui, outre l'il blanc ou jaune,
de forme trs-ronde, ont deux couleurs diffrentes disposes
en cercles concentriques. Ce sont les plus communes dans les
collections et les plus recherches, mais elles n'ont pas
toutes le mme prix aux yeux des collectionneurs, dont les
gots individuels varient considrablement.
Les anglaises ou poudres, dont la fleur, ordinairement
multicolore, est comme poudre de la poussire glauque qui
revt les autres parties de la plante, ce qui leur donne un aspect des plus singuliers. L'il est ici gnralement blanc
mais moins arrondi que dans les auricules de la section prcdente, ce qui est considr comme un dfaut.
Enfin les doubles, o l'on runit toutes les varits qui ont
au moins deux corolles embotes l'une dans l'autre, sans tenir compte du coloris. Elles sont peu recherches, ce qui tient
tout la fois la faiblesse de leur temprament, qui les rend
difficiles conserver, et surtout ce qu'elles n'offrent plus
la richesse et la rgularit de coloris de celle des sections
prcdentes.
5 La
primevre de Chine (P.sinensis) (fig. 44), qui est
Fig. 44. Primevre de Chine.
vivace comme ses congnres, mais qu'on traite dans nos jardins
comme annuelle ou bisannuelle. Elle diffre trs-notablement
par son port, comme aussi par ses fleurs, de toutes nos espces d'Europe. Ses feuilles, longuement ptioles et velues,
sont larges et presque cordiformes, avec les bords onduls oulobs. Ses fleurs, en ombelles au sommet de la hampe ou pdoncule commun sont blanches, roses ou pourpre-clair, avec
l'il de la corolle jaune ple. Cette belle espce a donn
d'assez nombreuses varits, qui se distinguent du type par
des fleurs plus grandes, panaches, franges, doubles,
semi-doubles, etc. Sous les climats du centre et du nord
de la France, la primevre de Chine demande des abris etr
Sibrie
hiver.
6 La
primevre cortusode (P. cortusoides), de
et du nord de la Chine. Elle ressemble jusqu' un certain point
la prcdente par son feuillage, mais elle en diffre par ses
leursplus petites et d'un pourpre assez vif. Elle est trs-rustique sous nos climats.
Outre ces espces principales, il en est quelques autres de
valeur secondaire ou plus rcemment introduites dans les jardins, telles quelaprimevre involucre (P. involucrata), duNpaul, la primevre denticule (P. denticulata) et la Primevre
velue (P. villosa), toutes deux des Alpes, la primevre de Palinure (P. Palinuri), d'Italie, etc. Mais ces espces ne sont
plus, proprement parler, des plantes de collection, quoiqu'elles ne soient pas dnues d'intrt.
Culture des primevres et des auricules. Les. primevres ordinaires (P. variabilis, P. acaulis), ainsi que leurs
varits, sont un des premiers ornements printaniers de nos
jardins. Sous la latitude de Paris, elles fleurissent ds la fin
le mars, et un mois plus tt dans le midi leur floraison
peut d'ailleurs durer jusqu'au 20 ou au 30 avril, suivant que
les lieux o elles se trouvent sont plus chauds ou plus froids.
Leur forme basse et ramasse, ainsi que l'abondance de
leurs fleurs, les rendent particulirement propres faire des
bordures le long des sentiers du parterre ou autour des
massifs de plantes floraison vernale. La vivacit de leur
coloris, si on a eu soin d'en prendre note, favorise d'ailleurs
singulirement ces combinaisons de couleurs dont nous avons
parl, et en les faisant contraster soit entre elles, soit avec
d'autres plantes du mme massif dont la floraison concide
avec la leur, on en obtient les effets les plus brillants. Elles
russissent trs-bien aussi sur rocailles et en pots; mais ce
dernier mode de culture est plus ordinairement rserv aux
auricules.
Ces plantes ne sont nullement difficiles sur la qualit du
terrain; elles russissent pour ainsi dire partout, la condition que le sol, drain artificiellement ou naturellement, ne
retienne pas l'eau des pluies et des arrosages. Cependant une
terre argilo-calcaire mle d'un peu de sable siliceux est
celle qu'elles semblent prfrer. On s'abstient de leur donner
des engrais d'origine animale, moins qu'ils ne soient en petite quantit et trs-dcomposs mais elles s'accommodent
to
volontiers du terreau de feuilles, et il est bon d'en mettre
les ans quelque peu autour de leur pied. Au surplus, rien n'est
plus frquent que de rencontrer dans des jardins mal tenu
des primevres qui sont de la plus grande beaut, quoiqu'on
ne leur donne aucune attention.
Faciles cultiver dans lenord, les primevres demandent
plus de soins dans le midi, et cela uniquement cause de la
scheresse du climat. Si la chaleur tait dj forte au moment
de la floraison et que les plantes parussent en souffrir, on
donnerait quelques arrosages mais l la vritable place des
primevres est l'exposition du nord ou du nord-est, ou au
voisinage de massifs d'arbres et d'arbustes, dont le feuillage
les met l'abri du soleil pendant les heures les plus chaudes
de la journe.
que
Les auricules, quoique originaires des hautes montagnes,
sont plus exposes prir en hiver dans nos jardins
les primevres communes, parce qu'elles n'y trouvent leur
pas
l'abri qu'une paisse couche de neige leur procure dans
rgion natale, et qu'elles y sont exposes aux frquentes alternatives de gels et de dgels qui accumulent l'eau froide
autour de leurs racines. Pour cette raison dj, elles courent moins de risque lorsquelles sont plantes sur rocailles
qu'en pleine terre, et moins encore si elles sont en pots, et
cela surtout parce qu'on peut les transfrer dans l'endroit
du jardin o elles sont le mieux abrites contre les intempries. On pare du reste tous ces inconvnients en pla-j
ant les pots sous chssis froids ou sous un hangar, Olll
simplement en les renversant sur le ct et en les couvrant
de feuilles sches ou de paille. Ce sont l des prcautions qui
s'indiquent assez d'elles-mmes pour qu'il n'y ait pas lieu d'y
j
insister plus longtemps.
Pour la culture en pots des auricules on se sert de vases
plutt petits que grands,c'est--dire n'ayant pas plus de
18 centimtres de hauteur sur une largeur peu prs gale.
On draine les pots en en couvrant le fond de quelques tessons
et
disposs de manire laisser des vides au-dessous d'eux,emsur lesquels on tend une mince couche de mousse, pour
bcher la terre d'obturer le drainage et de nuire la facile
Urtie de l'eau. La terre qu'on y emploie est celle du jardin
piais il est bon d'y mler, peu prs dans la proportion d'un
soit du terreau de feuilles, soit simplement de la terre
ers,
sjomrn
le bruyre. On arrose peu, et toujours avec de l'eau qui ait
quelque temps l'air, surtout si c'est de l'eau de
puits. Les soins seraient les mmes si, au lieu de pots, on se
servait de caisses, ainsi qu'on le fait quelquefois lorsqu'onveut
avoirdes auricules sur une fentre; ces caisses doivent tre
perces de trous la partie infrieure et fortement draines.
Les auricules fleurissent presque en mme temps que les primevres,
ou du moins trs-peu aprs. Les rempotages se
rent
en juin et juillet.
Pour la primevre de Chine, qui sous le climat de Paris se
cultive toujours en pots, la mthode de culture ne diffre pas
sensiblement de celle que nous venons d'indiquer la seule
diffrence notable est que cette plante veut tre abrite pendant l'hiver, et qu'elle demande des arrosages un peu plus
frquents que les primevres communes, parce qu'elle
vgte et est en fleur pendant toute la belle saison. La terre
qu'on lui donne doit tre pour cette raison plus permable,
c'est--dire plus siliceuse et plus riche en terreau de feuilles.
Les rempotages et changements de terre se font la fin de
l'hiver, c'est--dire au moment o la vgtation va reprenmais on les ferait aussi en automne si on voulait fordre
cer les plantes sous chssis ou en serre tempre, pour en
obtenir la floraison pendant l'hiver. Dans le climat mditerles primevres de Chine pourraient se cultiver en
ranen
pleine terre l'abri des vents du nord
mais au voisinage
d'autres plantes plus leves, dont le feuillage les dfendrait
contre l'ardeur du soleil.
La multiplication des primevres et aes auricules se fait
ordinairement de marcottes ou d'clats du pied, enracins
eu non, qui reprennent en gnral avec une grande facilit.
L'opration se fait dans le courant de l't c'est--dire peu
aprs la floraison, et on favorise la reprise par quelques arrosages donns propos. Pendant l'automne et l'hiver les
,,
plantes prennent de la force, et elles fleurissent dj abondamment au printemps suivant. On pourrait aussi marcotter
la fin de l'hiver, mais les plantes n'auraient cette premire
anne qu'une floraison insignifiante. C'est par ce genre cri
multiplication, ainsi que nous l'avons jadis expliqu, que le
varits se conservent pures et pour ainsi dire indfiniment.
Le semis est un autre moyen de propagation, mai
moins frquemment employ, si ce n'est lorsqu'on cherche
obtenir des varits nouvelles. Les rsultats du semis son
toujours plus longs attendre, et quelquefois ils font essuyer
plus de mcomptes qu'ils ne donnent de bnfices. On rendrait les chances de gain bien plus nombreuses si, tenant
compte du dimorphisme dont nous avons parl plus haut, on
fcondait artificiellement, les unes par les autres, les plus
belles varits, rserves seules pour servir de portegraines.
Les semis se font plus avantageusement en t qu'en automne, et en automne qu'en hiver, et surtout qu'au printemps de l'anne suivante. On les fait en pleine terre, miombre, ou en terrines qu'on laisse en plein air et qu'on
abrite sous chssis pendant l'hiver. La terre doit tre fine, lgre, bien permable l'eau des pluies. Si les semis ont t
faits en terrines et qu'ils soient levs l'entre de l'hiver, il
est bon de les abriter sous un chssis on peut d'ailleurs repiquer les jeunes plantes isolment dans des pots, et les
tenir l'abri des intempries. Les soins prendre ici sont
naturellement indiqus par le climat du lieu, et il n'y a
pas de rgle gnrale fixer cet gard. La leve des semis
est assez irrgulire suivant l'poque o ils ont t faits, ils
lvent dans l'anne mme ou seulement l'anne suivante;
beaucoup de graines mme restent un an ou deux en terre
avant de germer. La primevre de Chine, quoique vivace, se
traite comme plante simplement annuelle, ou tout au plus
comme plante bisannuelle, et cela parce qu' partir de la
seconde anne sa floraison s'appauvrit au point de ne plus
compenser les soins qu'on lui donne. La rcolte des graines
prci
les
espces
plus
ici
d'importance
donc
pour
que
a
dentes, et il serait utile d'en favoriser la production en fcondant artificiellement les fleurs, et surtout en croisant les
individus les uns parlesautres, bien qu'ici le dimorphisme soit
moins prononc que dans les autres espces. Les semis se
fant communment en juin et juillet, ou au plus tard au
mois d'aot, si le climat est chaud, soit en pleine terre
mi-ombre, soit, plus ordinairement, en terrines qu'on peut
tenir l'air libre au pied d'un mur ou sous chssis vitrs.
On y emploie une terre lgre, trs-siliceuse, additionne
de terreau de feuilles dcompos ou de terreau de couches.
Ds que les jeunes plantes ont cinq ou six feuilles on les repique sparment en pots bien drains et remplis du compost
que nous venons d'indiquer, et aux approches de l'hiver on
les remise en serre tempre ou sous chssis chauffs 12
ou 15 degrs centigrades, temprature qui est suffisante pour
ces plantes en cette saison. Il est peine ncessaire d'ajouter
que les arrosages doivent tre proportionns l'activit de
la vgtation, et qu'on doit arer les plantes toutes les fois
que la temprature extrieure est assez douce pour ne leur
faire courir aucun danger.
X. LA PENSE.
Les penses et les violettes appartiennent au genre Viola de
Linn, et sont le type de la famille des violaries. On en connat un assez grand nombre d'espces, dont une vingtaine sont
indignes en France; la plupart cependant habitent les lieux
levs, tant en Europe qu'en Asie. Sept ou huit de ces espces ont t introduites dans les jardins, mais la pense proprement dite et deux ou trois varits de violette sont les
seules qui aient quelque importance.
La pense des jardins Viola tricolor) est une des
plantes
qui attestent le mieux l'influence modificatrice de la culture et en mme temps la flexibilit de certaines espces. Aucune description ne saurait rendre toutes les combinaisons de
coloris et la varit de tons qui se sont effectues et s'ef-
fectuent en
core journe
lement
la corolle d|
celle ci.La
forme et 1
grandeur de
fleurs,et,jus
qu'uncer
Fig.
45.Pense
des jardins.
tain point, 1
port mm
des plantes
sont pareille
ment sujets
varier; auss
les botanistes n'ont-ils pas encore pu s'accorder sur l'origin
de ces innombrables varits, les uns, avec Linn, les rattachant au Viola tricolor, ou pense sauvage de nos champ
et de nos jardins, les autres prtendant en trouver la souche
dans une espce de l'Asie centrale, le Viola altaica enfin
d'aprs une troisime hypothse, ces varits seraient issues
du croisement de plusieurs espces distinctes. L'opinion de
Linn nous parat infiniment plus probable que les deux au
tres (1).
La pense des jardins, quelle qu'en soit l'origine, est un
plante herbace mais vivace, en tant qu'elle peut, si les
circonstances la favorisent, se propager indfiniment par les
pousses qu'elle met de sa racine; comme plante cultive elle
est annuelle ou bisannuelle. Ses fleurs irrgulires, 5 pe
D'aprs M. Carrire, chef des ppinires du Musum d'Histoire naturelle, la
pense des jardins ne serait autre chose que le Viola tricolor amlior par la culture, et une curieuse exprience qu'il a faite dans cet tablissement, o il a vu
se modifier, dans le sens des varits cultives, un grand nombre de plantes i
issues des graines de l'espce sauvage, tendrait confirmer l'opinion de Linn.
M. Carrire va cependant plus loin, car il considre le Viola tricolor, et mme le s
V. rothomagensis, comme de simples varits du V. arvensis petites fleurs
jaune ple., ce qui peut sembler exagr. Dans tous les cas, l'exprience mriterait d'tre reprise. Voir Revue horticole, 1863, p. 179 et 207.
(1)
tales, dont deux sont situs du ct suprieur, varient trsnotablement de grandeur suivant les individus, Les couleurs,
ordinairement trs-vives, peuvent se rapporter deux types,
le jaune etle violet, dont on trouve dj les vestiges sur la corolle du V. tricolor sauvage; mais ces deux couleurs tantt empitent l'une surl'autre, tantt se fondent l'une dans l'autre, ou
se rpartissent en macules de toutes formes et de toutes
grandeurs, tantt enfin s'affaiblissent ou se renforcent; et
comme l'une de ces deux teintes originaires, le violet, est
elle-mme un compos de rouge et de bleu, ces lments
peuvent s'isoler, ou l'un des deux disparatre presque entirement, ce qui rend prdominante l'autre couleur. De ces
diverses modifications rsultent des coloris dont les teintes
et la distribution n'ont rien de fixe et produisent souvent les
effets les plus bizarres. Ainsi on voit des penses unicolores,
c'est--dire entirement jaunes, blanches, violettes, mordores, ardoises, couleur marron, pourpres, vaguement
bleutres, ou mme noires, etc., et cela dans tous les tons de
ces divers coloris; bien plus ordinairement cependant les
fleurs sont multicolores, deux, trois ou mme quatre couleurs
se partageant ingalement leur corolle, et reprsentant les
dessins les plus varis.
De cette facilit se modifier sans cesse par le semis il est
rsult que les amateurs ont tabli pour la pense des rgles conventionnelles de beaut, comme d'autres l'ont fait
pour les roses et les illets. Ces rgles, qui n'ont rien d'absolu peuvent se formuler en quelques mots
ce sont 1 La
grandeur des fleurs, qui dans certaines varits d'lite atteignent jusqu' cinq ou mme six centimtres de diamtre;
2 leur forme, qui doit tendre se rapprocher de celle du
cercle, par l'gal dveloppement et la connivence des cinq
ptales, presque arrondis, parfaitement unis, sans ondulations sur les bords et bien appliqus les uns sur les autres;
3 des couleurs vives et veloutes, au moins dans les varits
multicolores, avecl'il central autrement color que le fond,
large et nettement dessin, circulaire ou rayonnant; 4 enfin, on
fait aussi entrer dans ces conditions le port des plantes, qui
; :
doivent tre de taille moyenne, avec les fleurs fermes e
dresses. Les varits qui runissent peu prs ces caractre
sont ordinairement dsignes sous le nom collectif dpense
anglaises (1), quoiqu'un bon nombre d'entre elles soien
nes de semis faits sur le continent; on rserve celui de pen
ses de fantaisie aux varits, souvent tout aussi belles, qu
pchent par quelque point contre les rgles tablies. A tou
prendre, elles sont bien plus nombreuses que les premires
dans la plupart des collections d'amateurs.
Par sa rusticit, la facilit de sa culture, la prcocit, la
richesse et la longue dure de sa floraison, la pense es
une des plantes les plus prcieuses de nos parterres. On
l'emploie en bordures, en massifs, en contre-plantation avec
d'autres fleurs de plate-bande elle se prte admirablement aussi
la culture en pots, et elle fait merveille sur les fentres,
les balcons et les tagres. Ses couleurs vives, lorsqu'elles son
bien assorties, donnent lieu aux plus brillants effets de con-y
traste; les varits unicolores sont naturellement celles qui
russissent le mieux, et lorsqu'on vise ce genre d'effet on
les multiplie par les moyens que nous indiquerons tout
l'heure. La floraison, commence vers le milieu d'avril dans
le nord de la France, s'y continue ordinairement jusqu'-la
fin de l't, moyennantquelques arrosages pendant les chaleurs. Notons cependant que les fleurs printanires l'emportent gnralement, sinon mme toujours, en beaut sur celles
de la saison plus avance.
une dame anglaise, lady Mary Tennet, fille du comte de Tankerville, qu'on attribue, non pas la premire culture de la pense, mais la dcouverte
des premires varits mritantes, et d'avoir ainsi ouvert la voie aux amliorations qui ont fait de cette plante une des plus importantes acquisitions de
la floriculture. Ses essais datent de 1812, et ils ont t puissamment seconds par
son jardinier, M. Richardson, qui, selon les indications de sa maitresse, sema
pendant plusieurs annes les graines des plus belles varits. De ces semis, aids
par une puration svre des produits obtenus, sont sorties des varits d'lite,
qui ont leur tour produit celles que nous cultivons aujourd'hui. On voit que
le principe sur lequel lady Tennet fond son systme d'amlioration n'est autre
que celui de la slection continue dans un nombre suffisant de gnrations, principe fcond qui revendique presque lui seul tous les perfectionnements obtenus dans le cours des ges chez les vgtaux, comme chez les animaux soumis
la domestication,
(1) C'est
La pense est peu exigeante en fait de terrain elle vient
pour ainsi dire dans tous les sols, mais elle s'accommode
surtout de ceux qui, moyennement engraisss, sont en mme
temps lgers et permables l'eau. Ce sur quoi elle est plus
difficile c'est l'exposition, qui doit tre bien ouverte et bien
claire, au moins sous la latitude de Paris. Dans les parties
chaudes du midi, l'exposition au nord-est ou au nord-ouest
conviendrait peut-tre mieux. Si l'on veut la cultiver en pots
ou en-caisses, ces rcipients devront tre drains l'aide
d'une couche de graviers ou de tessons, destins faciliter
l'coulement de l'eau.
La multiplication de la pense se fait par deux voies, qui se
compltent l'une l'autre les semis et le bouturage.
Autant que possible on devra rcolter les graines la suite
de la floraison printanire, parce que, ainsi que nous l'avons
dit tout .l'heure, c'est elle qui donne les fleurs les plus
grandes, les mieux faites et les plus vivement colores. Les
semis se font ordinairement en pleine terre, sur plates-bandes,
une exposition mridionale, et en terre lgre et bien effrite. A quelque poque que l'on sme, les graines germent, mais sous le climat du nord la plus convenable
est celle qui suit immdiatement la maturit des graines,
c'est--dire l't ou au plus tard le commencement de l'automne, et cela pour que les plantes aient le temps de prendre
quelque force avant l'hiver. Le semis, s'il tait fait trop tardivement, ne lverait qu'aprs l'hiver. L'poque la moins convenable est celle de mars ou d'avril, parce que les jeunes
plantes, stimules par les pluies tides du printemps et la
chaleurdel't, fleurissent avant d'avoir acquis la force suffisante; dans ce dernier cas elles sont annuelles, au lieu d'tre
bisannuelles comme avec la mthode prcdente; de plus
elles sont trs-infrieures sous le rapport de la floraison
celles qui ont lev avant l'hiver.
C'est indubitablement l'change des pollens entre les
diverses varits runies sur une mme plate-bande, et qui
ont fourni les graines, qu'il faut attribuer, au moins dans
une certaine mesure, le grand nombre de varits nouvelles
qui se produisent tous les ans par les semis. Si l'on tenait
multiplier certaines races franchement unicolores, pour a
obtenir les contrastes de coloris auxquels nous avons fa
allusion plus haut, on devrait isoler de toute la plantation
les sujets unicolores qu'on destinerait servir de port
graines, et les fconder artificiellement. par leur propr
pollen, ou, mieux peut-tre, par celui d'autres sujets parei
lement unicolores et de mme teinte. Il est trs-vraisem
blable que la proportion de plantes de mme coloris que I
porte-graines dominerait dans le semis. On obtiendrait pa
l, pour ainsi dire volont, des sries de varits blanche
jaunes, pourpre noir, etc., et en liminant graduellement,
toutes les gnrations successives, les individus qui s'loigneraient du type cherch, on arriverait, selon toute proba-J
bilit, crer des races assez stables pour qu'on pt compten
avec un certain degr de cerlitude sur la perptuation indfinie de leurs caractres par la voie des semis.
Le bouturage n'est gure employ que pour la conserva-,
tion des varits acquises, et alors on le borne celles de ces
varits qui sont ou paraissent tre tout fait suprieures, sui-i
vant les ides que l'on s'est faites de la perfection dans C0
genre de plantes. On n'a pas de peine comprendre que si le
hasard avait fait natre une varit d'un coloris insolite, d'um
bleu prononc par exemple, ou prsentant des alliages et
des combinaisons de couleurs extraordinaires, on devraiti
s'efforcer de la conserver, et alors le bouturage serait le seuk
moyen assur. Ce bouturage se fait l'aide des rejets OUII
illetons qui se produisent la base du pied, et qu'on faiti
enraciner en les plantant mi-ombre et en les couvrantf
d'une cloche. Ces rejets ne se formant gure que sur less
plantes doues d'une certaine vigueur, il sera bon, lorsqu'ili'
s'agira d'une varit considre comme importante, de Isl
renforcer, en laissant le' champ libre autour d'elle, en lu:u
donnant des soins particuliers, et surtout en supprimant unef
notable partie de ses boutons de fleur. C'est surtout la fini
de l't qu'on procde au bouturage des penses. Si on avaitij
craindre un hiver rigoureux, on abriterait momentanmenifi
le plant enracin sous des paillassons ou des chssis. Comme
toutes les autres plantes de nos jardins, la pense peut-tre
amene, par des abris et par la chaleur artificielle, fleurir
mme en hiver.
La pense des jardins est jusqu'ici la seule espce du genre
qui soit de collection, mais il ne seraitpeut-tre pas impossible.
d'lever au mme rang d'autres espces, qui ne sont pas moins
belles que celle-ci l'tat sauvage, entre autres la pense de
l'Alta (V. altaica) et lapense de Rouen ( V. rothomagensis),
toutes deux assez voisines de la pense des jardins par le port,
la grandeur et la forme deleurs corolles. Le coloris est un bleu
violac intense, avec un il jaune au centre, dans la premire,
unbleuplusclairetun oeil jaune plus ple dans laseconde. Il est
vraisemblable que soumises aux procds de multiplication
et de slection qui ont t appliqus la pense des jardins,
ces deux espces deviendraient comme elle la souche de
nombreuses varits. On reproche la pense de l'Alta de
ne donner que rarement des graines sous le climat de
Paris; elle pourrait dans tous les cas servir fconder les
autres espces, ce qui serait encore un moyen d'arriver la
cration de varits nouvelles.
XI. LES ANMONES ET LES RENONCULES.
Aussi bien que les primevres, les auricules et la pense,
l'anmone des fleuristes et la renoncule d'Orient sont devenues
des plantes de collection de premier ordre, ce qu'elles doivent,
comme celles-ci, leur grande variabilit autant qu' la
beaut de leurs fleurs.
1 Le genre anmone (Anemone*) se distingue aux caractres suivants un tubercule ou rhizome de forme irrgulire,
persistant, d'o naissent une ou plusieurs tiges annuelles et de
nouveaux tubercules qui servent la propagation de la plante
des fleurs polyptales, rgulires, dpourvues de calyce proprement dit, mais accompagnes d'un involucre de trois fo-
C'est le nom grec de la plante : Ave^uwr).
lioles, plus ou moins loign de la fleur et tenant lieu d
calyce; des tamines en nombre indfini; des carpelles, aus
en nombre indfini, ports sur un rceptacle central, et s
convertissant en autant d'aknes ou fruits monospermes indhiscents. Les feuilles sont toujours plus ou moins profondment lobes ou dcoupes. Le coloris des fleurs est le blanc,
le jaune, le rose-lilas, le rouge, le carmin ou le bleu violac.
La floraison est gnralement printanire.
Une douzaine d'espces de ce genre sont indignes en]
France, toutes assez belles pour avoir mrit d'tre intro-l
l'4we-j
duites dans les jardins; mais on rattache une seule,
monecoronaria de Provence, lesnombreuses varits horticoles'
dsignes sous le nom d'anmones des fleuristes (fig. 46). Nous;
devons faire observer en passant que sous ce
nom d'A. coro-,
nariaon confond
trs - probable ment deuxespces, l'une fleur
rouge vif, avec
un il blanc au
centre, l'autre
fleur bleu violac, qui croissent
ensemble dans
les mmes localits du midi. Si
on en juge par
les tons divers
du coloris, les
varits cultives seraient issues de ces deux
il n'y
espces
aurait
mme
Fig. 46. Anmone des fleuristes.
rien d'impossible ce que quelques-unes de ces varitsrsultassent de leur croisement entre elles ou avec d'autres espces
voisines.
Les modes de variation produits ici par la culture sont
1 l'agrandissement des fleurs, qui atteignent, dans les belles
varits, 7 ou mme 8 centimtres de diamtre 2 la duplicature, ordinairement due la transformation d'une partie
des tamines en ptales, ou la plnitude, qui rsulte du mme
fait de transformation tendue la totalit des tamines et
des carpelles; plus rarement l'involucre lui-mme participe
3 aux altrations
une transformation ptalode analogue
du coloris et sa disposition sur les parties de la fleur. Ce
coloris comprend, outre le blanc pur, tous les tons du lilas,
du rouge, du carmin, du violet et du violet bleutre. Ces couleurs sont rarement isoles sur la mme fleur; plus souvent
elles s'allient deux ou trois ensemble, sous forme de macules
et de panachures.
La culture dj ancienne de ces jolies plantes, dans le nord
de la France et les pays voisins, y a fait natre un nombre
trop considrable de varits pour qu'il soit utile ou mme
possible de les dsigner toutes isolment par autant d'appellations diffrentes; elle a aussi fait inventer un vocabulaire particulier pour les diverses parties de la plante que les jardiniers
et les amateurs ont intrt distinguer, mais qui n'a gure
cours que dans nos provinces septentrionales. C'est ainsi qu'on
dsigne sous le nom de patte la racine persistante ou tubercule
de l'anmone; sous celui de pampre
feuilles; sous celui
de faneou collerette l'involucre situ au-dessous de la fleur; la
corolle est devenue le manteau le cercle de ptales plus intrieurs, dus la transformation des tamines, le cordon;
les ptales suivants, plus troits, et rsultant de la modification des ovaires extrieurs, les bquillons ceux du centre,
plus troits encore et formant une sorte de houppe, la pluche
ou la pane. Quelques-uns de ces noms un peu barbares tendent tomber en dsutude, et sont communment remplacs par lesdnominations botaniques plus rigoureuses et
plus gnralement comprises.
les
Les conditions de la beaut et de la perfection sont ici,
comme pour les autres plantes de collection, purement conventionnelles et varient selon le got de l'amateur. En gnral cependant on considre comme tenant le premier rang
les fleurs grandes, pleines, de forme bombe au milieu,
avec une corolle (manteau) bien dveloppe et de couleur tranchante, et les ptales du cordon larges, arrondis et
autrement colors que ceux du centre (bquillons et pluche).
Quant aux couleurs
quelle que soit leur disposition, on
veut qu'elles soient vives et nettement spares; on rejette
ordinairement les varits dont les nuances sont ples ou se
fondent les unes dans les autres, bien que ce mode de coloration aitaussi ses partisans.
Parmi les varits d'anmones doubles on peut citer,
comme les plus parfaites, Lord Nelson, fleurs violet bleutre; Harold, pourpre bleu; Prince Albert, violet fonc; Preciosa et Hortense, rouges; Richelieu etJosphine, rouge carlate; l'clair, d'un carlate encore plus vif; Rose mignonne,
d'une belle teinle rose; Victoria regina, rouge velout;
Ornement de la nature, d'un bleu presque pur. On pourrait
leur adjoindre, dans la plantation en massifs, surtout si le
terrain tait calcaire, l'anmone de l'Apennin (A, apennina),
charmante plante fleurs azures, rustique et de floraison
vernale. Cette espce n'est pas proprement parler de collection, mais elle pourrait facilement le devenir.
L'anmone est une plante peu exigeante sur la qualit du
terrain, pourvu qu'il ne retienne pas l'eau; elle vient presque
partout, mais pour l'obtenir belle il convient de lui donner
une terre la fois substantielle et lgre, telle que la terre
franche additionne de terreau de feuilles et de fumier de
vache dcompos. La plantation des tubercules se fait communment en automne, du 15 septembre la fin d'octobre,
quoiqu'on puisse aussi la faire en hiver et au printemps, mais
dans ce dernier cas les plantes sont moins vigoureuses,
moins grandes et moins belles. Ainsi que nous l'avons dit
plus haut, la floraison arrive naturellement au printemps,
plus tt ou plus tard suivant les lieux mais on peut aussi la
retarder volont, la faire arriver, par exemple, en t ou en
automne, en plantant les tubercules plus tardivement. Cette
plantation se fait soit en lignes, sur une planche prpare
comme on le fait pour les jacinthes, soit en bordures ou en
massifs, des distances qui varient suivant la force prsume des plantes d'aprs la grosseur du tubercule. Pour que
la terre soit suffisamment couverte, sans que les plantes se
nuisent rciproquement, onpeut adopter comme moyenne une
distance en tous sens de 15 centimtres. La profondeur ladegr de consistance
quelle onplante varie de mme suivant
du terrain elle doit tre plus grande dans un sol trs-lger,
moins grande dans un terrain compacte; dans tous les cas, il
convient de ne pas dpasser un maximum de 7 8 centimtres.
Aprs la plantation la terre est lgrement tasse avec la main.
Si la plantation a t faite en automne, et que le climat du lieu
soit froid et humide, on couvre la planche pendant les plus
mauvais mois d'hiver avec des paillassons ou une litire de
mousse ou de feuilles sches, de quelques centimtres d'paisseur, qu'on enlve ds que les grandes geles sont passes.
Au sud du 44e degr de latitude cette prcaution est rarement ncessaire. Il est peine besoin d'ajouter que les tubercules doivent tre plants l'il tourn en haut, puisque
c'est de cet il que sortiront la tige et les feuilles.
Aprs la floraison on laisse les anmones en terre jusqu'
dessiccation de leurs feuilles, afin de leur donner le temps de
former leurs nouveaux tubercules, ce quoi on aiderait
par quelques arrosages si la chaleur tait forte et prolonge,
mais ces arrosages doivent cesser ds les premiers signes du
ralentissement de la vgtation. Le jaunissement des feuilles
d'abord, puis leur dessiccation plus ou moins avance, indiquent la maturit des tubercules; on les enlve alors de terre,
avec prcaution pour ne pas les rompre, et, aprs les avoir
laisss scher quelques jours l'ombre, on les rentre en lieu
sec en attendant le moment de la replantation. Bien desschs, et remiss dans un local convenable, ces tubercules se
conservent un an ou plus. Dans le midi, o l't est ordinairement trs-chaud et trs-sec, les tubercules peuvent sans in-
le
convnient rester en terre pendant cette saison, et mme y
passer l'hiver, pour refleurir avec plus de force au printemps
mais sous le climat du nord il arriverait souvent, par suite
des pluies de l't, que les tubercules nouvellement forms
entreraient en vgtation et donneraient lieu une seconde
floraison, moins belle que la premire, et qui aurait pour rsultat d'affaiblir les tubercules et de nuire la floraison normale de l'anne suivante. Quelques jardiniers et amateurs
sont dans l'usage de laisser les tubercules d'anmones se. reposer un an entier, parce que, disent-ils, la floraison en devient plus rgulire et que les couleurs se conservent mieux.
Cet usage parat tre assez gnral en Italie.
Les anmones pourraient aussi se cultiver en pots et en caisses pour la dcoration des appartements, et les procds seraient les mmes que ceux que nous venons d'exposer pour la
culture depleine terre, avec cette seule prcaution de plus que
les rcipients devraient tre drains l'aide de tessons, et enterrs au pied d'un mur pendant l'hiver, d'o on les retirerait
au moment de la floraison. Il serait d'ailleurs tout aussi simple
d'empoter des plantes sur le point de fleurir, toutes prtes
par consquent servir l'usage auquel on les destine.
Il est remarquer en effet que, lorsqu'elles ont t leves
avec la motte, les anmones, mme dj fleuries, ne sont
point endommages par la transplantation. A Paris, particulirement, il est facile de s'en procurer cet tat d'avancement chez les fleuristes de profession.
La multiplication des anmones se fait de deux manires
1 par la division des tubercules, dont on spare, au moment de la plantation, les tubercules secondaires forms dans
le courant de l'anne prcdente; 2 par le semis des graines
rcoltes sur les fleurs simples ou semi-doubles, carles fleurs
doubles ou pleines sont invitablement striles, la totalit des
organes reproducteurs (tamines et carpelles) ayant subi la
transformation ptalode. Dans quelques varits cependant
cette transformation n'est que partielle et alors il se forme
communment des graines, qui donnent la chance d'obtenir
de nouvelles varits mritantes.
Le semis se fait au printemps, en pots, en terrines, ou sur
planches abrites par un mur, en terre fine et lgre. Les
graines lvent dans le courant de la saison, et il arrive quel-
quefois, quoique rarement, que les jeunes plantes fleurissent
dans l'anne mme. Ordinairement cela n'arrive qu' la seconde anne, et ce n'est gure avant la troisime qu'on peut
juger de leur valeur et procder l'puration du semis.
Outre les varits doubles et pleines de l'anmone des fleuristes, il en existe de simples, qui ne sont pas indignes de figurer dans les collections, et qui ont en outre l'avantage d'tre
plus rustiques et plus faciles conserver que les doubles. Les
formes sauvages elles-mmes de l'Anemonecoronaria, rouges et
bleues, se rencontrent quelquefois dans les plates-bandes des
jardins, en compagnie d'autres espces peu ou point modifies
par la culture, telles que l'anmone il depaon (4. pavonina),
l'anmone toile (4. stellata) et quelques autres.
20 Les renoncules (Ranunculus *) diffrent des anmones
par leurs tubercules fasciculs et fusiformes, et qui, rapprochs les uns des autres, figurent les doigts d'une main ou
la patte d'un animal, ce qui leur a valu
nom vulgaire de
le
griffe; par l'absence d'un involucre et surtout parla prsence
d'un vrai calyce de 5 folioles, alternant avec un pareilnombre
de ptales. Les tamines et les carpelles y sont de mme
en nombre indfini et peuvent, comme chez les anmones, se
transformer en ptales.
Le genre des renoncules est beaucoup plus riche en espces
que celui des anmones; la France seule en possde plus de
quarante, presque toutes vivaces, dont quelques-unes comptent parmi nos herbes les plus communes. Toutes ont les fleurs
jaunes ou blanches celles que la culture a russi faire doubler ou rendre pleines sont communment dsignes sous
lesnoms de boutons d'or et boutons d'argent, suivant leur couleur. Les deux seules espces dont nous ayons parler ici.
comme plantes de collection, sont la renonculed'Orient, ou
~,
C'est le diminutif du mot latin rana, grenouille, sous lequel on dsignait la renoncule aquatique. Ce mot est l'quivalent du grec
qui avait la mme
signification.
*
270
FLOIUCULTURE DE PLEIN AIR.
d-
renoncule des fleuristes (fig. 47), originaire de la Perse, et
signe par Linno
sous le nom d.
Ranunculus asiaticus, et la renoncule pivoine ou
turban
Ranum
culus africanus ).
qu'on croit venui
de Barbarie. Er
tant que planti
de collection
cette dernire ai
Fig. 47.
Renoncule des fleuristes.
moins d'importance que l'autre.
La renoncule
d'Orient
est
cultive depuis
fort longtemps
en Asie, mais
son introduction]
dans l'Europe
occidentale ne
remonte pas aiu
del du seizime
sicle. Les premires, qui nous furent apportes de Constantinople, taient
des varits semi-doubles mais fertiles, ce qui permit de faire
des semis et d'obtenir de nouvelles varits. Ces plantes ayant
bientt obtenu la vogue se rpandirent rapidement en Hollalande et en Angleterre, o on s'occupa plus qu'ailleurs de
leur culture, et o par suite naquirent une multitude de belles;
varits encore prises aujourd'hui.
La renoncule d'Orient est essentiellement, comme l'an-i
mone, une plante de plate-bande, et elle est employe aux
mmes usages. Sa tige est moins leve que celle de l'an-i
son feuillage plus arrondi, quoique dcoup ses fleurs,
moins compliques lorsqu'elles sont doubles ou pleines, et
lus semblables une rose par leurs ptales tals et imbriu s, prsentent aussi d'autres coloris, qui sont principalelent le jaune, l'orang vif, le rose, le rouge, le brun, le
larron, le pourpre noir, le blanc pur, avec toutes leurs dgradations. Certaines varits sont unicolores certaines autres
rsentent deux ou trois couleurs runies en stries, en maules, en bordures, ou fondues l'une dans l'autre et donnant
es nuances intermdiaires. Enfin, il en est dont les ptales du
entre, rsultant de la transformation des carpelles, prennent
teinte verte assez franche, et l'on voit mme quelquefois
ette teinte insolite s'tendre au reste de la fleur sous forme
e panachures ou de marbrures. Peu de plantes cultives ont
subi d'aussi nombreuses modifications dans leur coloris et
onn un aussi grand nombre de varits la pense est la seule
jeut-tre qui soit mieux doue sous ce rapport. Citons seuleent, parmi ces varits, Bella donna, blanche mouchete
e pourpre; Montblanc, d'un blanc pur; Nosegay, jaune
ouchet de brun il noir, d'un violet presque noir Prince
e Galitzin, jaune mouchet de marron; Fire-ball, ou Boule de
reu, rouge clair; Commodore Napier, jaune bord de brun.
La renoncule pivoine se distingue de l'espce asiatique
ar une taille un peu plus leve, des feuilles plus larges et
noins dcoupes, des fleurs plusgrandes, moins tales et plus
ombes par suite de l'incurvation des ptales en dedans, ce
ui leur donne une certaine ressemblance avec celles des pioines. Elle est aussi plus rustique, plus facile cultiver dans
es climats du nord et plus prcoce de floraison. Ses fleurs
tant toujours doubles ou semi-doubles, et dans ce dernier
as encore tant infcondes par l'imperfection des organes reproducteurs
elle n'a pu se conserver dans les cultures que
ar la plantation des griffes, et jamais par la voie des semis
aussi n'en connat-on qu'un petit nombre de varits, jaunes,
rouges, oranges, blanches, brun noir, etc., unicolores
ou
anaches. Les plus classiques sont Romano, de teinte carate; Turban d'or, carlate et jaune d'or; Sraphique et Mermone
veilleuse, toutes deux jaunes Hercule, d'un blanc pur Son
dor, jaune orang mouchet de brun; Grandiflora, rouge
cramoisi; Turban noir, brun marron. Dans ces varits
mode de coloration varie quelque peu suivant les lieux, 1
terrains et les circonstances climatriques.
La culture des renoncules a la plus grande analogie av
celle desanmones; on peut dire cependant qu'elles sont u
peu plus difficiles sur le choix du terrain. Les renoncules s
plaisent davantage dans un sol argileux, plus fort et plus con
pacte que celui que nous avons indiqu pour les anmones
ne faut pas que ce terrain soit imbib d'eau stagnante, ma
il est bon qu'il conserve un peu d'humidit. Si on voulait pr
parer un compost exprs pour ces plantes, on y emploierait
terre superficielle d'une bonne prairie naturelle, mlange
dans la porportion de deux tiers, avec du terreau de feuilles
ou mieux encore du terreau de couches neuf mais bien consomm. Dans les terres maigres, siliceuses et lgres, les
noncules restent chtives et ne donnent qu'une floraison
pauvrie.
La plantation des griffes de renoncules se fait plus tt o
plus tard, suivant les lieux, les climats et la nature du terrain.j
Dans le midi, et gnralement partout o l'hivern'est ni long nii
rigoureux, on plantera en automne, sauf, s'il y a lieu, abriten
momentanment la plantation sous une litire de paille ou de
feuilles sches; dans le nord, surtout si la localit estfroide ett:
humide, on attendra au mois de fvrier ou de mars cependant
plus tt la plantation aura t faite, plus les plantes seront vi-i
goureuses et belles. La planche qui doit les recevoir ayant ts
prpare et nivele, et des lignes traces au cordeau pour diriger le planteur, on creuse avec les doigs de petites cavits et
on y place les griffes l'il en haut et les pointes des racines en
bas
on les couvre ensuite de 5 6 centimtres de terre, ou un
peu plus si le sol est lger, en ayant soin de tasser la terre aU-j
dessus. La distance en tous sens, entre les griffes, varie sui
vantleur force et suivant la qualit du terrain. Dans les bonnes
terres, o les plantes deviennent plus fortes, la distance
doit pas tre infrieure 16 centimtres dans les sols siliceux x
ne
et maigres, on peut planter plus serr, soit 12 ou mme
10 centimtres, mais alors les plantes ne prennent qu'un mdiocre dveloppement. Mieux vaudrait amender le sol par l'addition de terre argileuse et de bon terreau et planter moins
serr; les plantes y gagneraient et donneraient une floraison
bien plus nourrie.
Toutes les expositions bien ares conviennent la renoncule, pourvu qu'elles y reoivent le soleil pendant quelques
heures de la journe. Cependant une insolation trop forte et
trop prolonge a pour effet d'abrger la dure des fleurs et
de diminuer d'autant les jouissances de l'amateur. Ce sera donc
affaire celui-ci de choisir l'exposition la plus favorable,
pu gard l'emplacement de son jardin et au climat du
pays.
soleil s'appliquent
Les prcautions prendre contre
cependant, mme
particulirement aux climats mridionaux
dans le nord, il n'est pas inutile, si le soleil devient trop ardent, d'abriter les plantes fleuries sous un canevas claire-voie
ou sous des claies soutenues par des piquets, pendant les
keures les plus chaudes du jour. Suivant les lieux et les climats,
h floraison arrive en mai ou en juin, c'est--dire une poque
o le soleil a dj de la force.
L'arrosage des renoncules mrite aussi quelques considrations. Bien que ces plantes se plaisent dans une terre frache
et humide, il leur est trs-dfavorable d'tre inondes par des
il n'est pas rare
arrosages trop copieux ou trop frquents
alors de voir leurs feuilles tourner au jaune, et leur vgtation
se ralentir, ce qui est toujours fcheux pour la floraison. On
jugera par l'tat de la terre de la quantit d'eau qu'il conviendra de leur donner, et quand on arrosera on aura soin de
rpandre l'eau entre les lignes, sans mouiller le feuillage,
prcaution ncessaire surtout par les temps de grand soleil et
de scheresse. Les renoncules ne sont pas les seules plantes
auxquelles cette recommandation puisse s'appliquer; l'exprience a appris que le mouillage des feuilles est souvent pernicieux, et cela d'autant plus que le ciel est plus pur et le
soleil plus ardent.
Aprs la floraison on doit cesser tous les arrosages, afin
le
de hter la maturation des nouveaux tubercules qui se sont
forms et qui sont l'espoir de la floraison suivante. Ds que,
les tiges et les feuilles ont jauni on procde l'enlvement de
ces tubercules, opration importante, qui doit tre faite
temps et qui demande de grands soins. Si on la diffrait, les
tubercules au lieu de se consolider par le repos entreraient
bientt en vgtation, sous le stimulant de la chaleur et des
pluies de l't, et ils perdraient par l toute leur valeur. On les
enlve donc successivement au fur et mesure de leur maturit ou tous en mme temps si la vgtation de l-planche a
march d'une manire uniforme, et pour cela on soulve les
mottes deterre la bche, mais on en extrait les griffes la
main, de peur de les casser. Aprs les avoir dbarrasses de la
terre qui les enveloppe, on les tend sur des planches ou des
claies dans un endroit ar, mais non expos au soleil, et lorsqu'elles ont commenc se ramollir, ce qui diminue leur fragilit, on enlve les restes fltris ou desschs des tubercules
de l'anne prcdente. En mme temps, si on se propose d'accrotre le nombre des plantes de la collection, on divise les
griffes en deux ou trois parts, suivant leur grosseur et le
nombre de leurs tubercules. Un peu plus tard, la dessiccation
tant acheve, les griffes se remisent dans un appartement
sec, enfermes dans des botes ou des sachets. Places dans de
bonnes conditions, les griffes des renoncules, comme les tubercules anmones, conservent leur vitalit pendant un an
ou deux, et peut-tre plus. Celles qui ont t gardes un an, et
qui pour ce fait sont dites griffesreposes, sont prfres par
quelques horticulteurs aux griffes de la dernire rcolte, parce
qu'ils les croient moins sujettes dgnrer et qu'ils leur attribuent une vgtation plus gale et une floraison plus rgulire.
Les semis de renoncules se font au moyen de graines rcoltes sur les plantes fleurs simples ou semi-doubles, qui,
seules, en produisent. Leur but est surtout de fournir en
peu de temps une grande quantit de plantes, pour en former
des massifs dans le parterre, et ce point de vue il importe
peu que les plantes soient simples ou doubles, pourvu qu'elles
aient de beaux coloris. Cependant il peut arriver, et il arrive
ame assez souvent, que dans le nombre des chantillons
obtenus il s'en trouve qui runissent toutes les qualits des
plantes de choix; on les rserve alors pour la collection. On a
remarqu d'ailleurs que les plantes obtenues directement de
serais ont plus de vigueur que celles qui naissent des griffes,
surtoutquandcedernier mode de propagation a t longtemps
employ. Sous le climat du nord, les semis se font du milieu
de l't au commencement de l'automne, en terrines, sur terre
tamise. Les plantes lvent communment avant les froids on
les abrite en hiver sous chssis, et au printemps suivant on
les enlve pour les mettre en ppinire, o elles achvent de
se former. Releves de terre comme nous l'avons dit ci-dessus,
et replantes en automne ou la fin de l'hiver, elles fleurissent
au printemps suivant et sont ds lors traites comme des plantes
adultes. Rien n'empche de semer aussi au printemps, mais
le semis d'automne doit avoir la prfrence. Au surplus, l'poque des semis, comme tous les autres points de cette
culture, est ncessairement subordonne aux climats, et, suivant les lieux, telle poque vaudra mieux, que telle autre pour
les faire.
XII.
LES CHRYSANTHMES.
Les chrysanthmes oupyrthres Chrysanthemum, Pyrethrum), car les deux appellations existent, bien que la premire soit la plus usite, sont un genre de composes-radies
propre aux rgions tempres de l'ancien continent Plusieurs
espces, qui sont indignes du midi de l'Europe et du nord
de l'Afrique, sont cultives en qualit de plantes de platebande, mais les seules qui aient de l'importance comme
plantes de collection nous viennent de l'Asie orientale; ce
sont le Chrysanthme de l'Inde et le chrysanthme
de Chine (Ch.indicum,Ch, sinense), que quelques auteurs regardent comme de simples varits l'un de l'autre.
Ce sont des plantes vivaces, rustiques, tiges annuelles,
la
trs-florifres, imprgnes dans toutes leurs parties d'une
substance aromatique analogue celle de la camomille, quoique moins pntrante. Originairement leurs fleurs taient
simples, dans le sens qu'on attache ce mot lorsqu'on parle de
la tribu des radies, c'est--dire que leur capitule se composait
de fleurons formant le disque et de rayons ou corolles ligules
la circonfrence, mais, par suite d'une culture vraisemblablement trs-ancienne dans les contres d'o ces plantes sont
originaires, les fleurons du disque se sont allongs en ligules, de
manire reprsenter une fleur pleine, qui n'est toutefois que
l'analogue d'un capitule de chicorace. C'est par une transformation semblable que, chez plusieurs autres plantes de mme
famille et de mme tribu, la reine-marguerite, le dahlia, la
pquerette, etc., les capitules ont pris l'aspect de fleurs pleines,
quoiqu'en ralit chaque fleuron considr part soit rest
simple comme il l'tait primitivement.
Les types sauvages des deux plantes dont nous avons nous
occuper sont inconnus des botanistes, et on ignore quelle
tait dans le principe la couleur de leurs fleurs. On ne peut
faire ce sujet que des conjectures; la plus probable est que
les fleurons du disque taient jaunes, et les rayons roses ou
couleur carmin. Ce sont effectivement ces teintes qui fournissent le fond du coloris des fleurs de chrysanthmes, mais renforces ou affaiblies, altres ou mlanges dans toutes les proportions: aussi trouve-t-on aujourd'hui chez ces plantes toute
la srie des nuances, depuis le blanc pur et le jaune le plus vif,
jusqu'au marron et au pourpre noir. Cette remarquable varia-'
bilit de coloris, autant que la plnitude et l'abondance des
fleurs, le port distingu des plantes, leur rusticit et surtout
leur floraison automnale qui se prolonge jusqu'aux geles, ont
fait des chrysanthmes l'ornement oblig de nos parterres, et
effectivement peu de plantes sont devenues aussi populaires et
sont aussi dignes d'tre recherches.
Le chrysanthme de la Chine (fig. 48), nomm dans quelques
provinces renonculier, est incontestablement le plus beau
des deux; c'estaussile-plus anciennement introduit en Europe.
Il s'lve communment 0m,80 ou 1 mtre. Ses tiges,
abandonnes ellesmmes, sont presque
simples, en ce sens
qu'elles ne commencent gure se ramifier qu'au voisinage de
l'inflorescence; les
capitules ouverts ont
de 6 7 centimtres
de diamtre. Celui de
l'Inde ne date en Europe que d'une trentaine d'annes, et,
malgr sa dsignation
botanique, il se pourrait qu'il ft, aussi
bien que le premier,
originaire de la Chine
ou du Japon. Il s'en
distingue sa taille
beaucoup plus basse,
plus trapue et plus
ramifie, ses feuilles
moins grandes, et sur-
Fig.
-Chrysanthme
48.
de la Chine.
tout ses capitules,
le moiti ou mme des deux tiers plus petits. On en connat
effectivement des varits chez lesquelles les capitules ne dpassent pas en largeur ceux de la pquerette commune, mais,
par compensation, ils sont d'autant plus nombreux que leurs
dimensions sont plus rtrcies. Le chrysanthme de la Chine,
I cause de sa taille et de ses fortes touffes, convient mieuxaux
grands jardins; celui de l'Inde est mieux appropri aux petits
parterres, et surtout la culture en pots, qui est pour lui fort
en usage.
Quoique rustiques, dans le sens ordinaire du mot, les chrysanthmes sont cependant dpayss sous la latitude de Paris,
oleurfloraison
l'air libre est presque toujours contrarie
ou arrte par les premires geles de l'automne, et o il estj
rare qu'ils mrissent des graines autrement qu'en orangerie ou,
en seire tempre. Leur vritable climat, en France, estcelui]
du midi. L leur floraison s'effectue en toute sret; les teintes.
de leurs fleurs sont plus vives, et les graines y mrissent sans
difficult. C'est donc dans cette rgion, plus qu'ailleurs, qu'il
convient de les multiplier par la voie des semis, pour en obtenir des varits nouvelles, ou les propager plus rapidement
que par les procds ordinaires. Au surplus, c'est de cette
rgion de la France que sont sorties la plupart des belles varits aujourd'hui rpandues dans tous les jardins de l'Europe.
A ne prendre son histoire qu' partir du jour o il a quitt
son pays natal pour venir s'tablir chez nous, on peut dire que
le chrysanthme del Chine est une plante toute franaise. Son
introduction, qui remonte 1789, est due un ngociant de
Marseille nomm Blanchard. Ds 1790 la plante chinoise tait
cultive au Musum, et c'est de l qu'elle se rpandit chez divers horticulteurs ou amateurs, qui semblent cependant ne lui
avoir donn que peu d'attention, puisque trente ans plus tard
il n'en existait encore que trois ou quatre varits, ce qui tenait
sans doute la difficult d'en obtenir des graines dans le nord.
Mais en 1826 un amateur de Toulouse, du nom de Bernet,
ayant remarqu que dans les jardins de cette ville le chrysanthme de la Chine produisait des graines, eut l'ide d'en faire
des semis, et il en obtint immdiatement des varits nouvelles. Ce procd, bientt adopt par d'autres amateurs et
continu depuis lors sans interruption, a fait natre les varits
par centaines, sans compter celles qui ont t directement importes de la Chine, il y a quelques annes, par le voyageur
Fortune. Parmi ces dernires il en est qui se distinguent par
un mode particulier de variation, l'allongement insolite des
fleurons, qui, au lieu de se transformer en ligules comme dans
nos chrysanthmes ordinaires, ont pris la forme des fleurons
extrieurs du bleuet, c'est--dire celle de longues corolles
tubuleuses cinq dents. Le chrysanthme de l'Inde, soumis
comme celui de la Chine la multiplication par semis, a donn
pareillement naissance d'innombrables varits, gnrale-
ment trs-pleines, et qu' cause de la petitesse comparative
de leurs capitules on dsigne sous lenom collectif de chrysanthmespompon. D'autres varits de cette espce, plus petites
encore et semblables des pquerettes, ont t aussi introduites
de Chine par le voyageur que nous avons nomm ci-dessus. Il
rsulte de ces variations, multiplies presque l'infini, qu'aujourd'hui les deux espces se nuancent par une multitude
d'intermdiaires, qui semblent les runir en une seule. Il est
probable d'ailleurs qu'un certain nombre de ces varits rsultent du croisement des deux espces. Enfin, de semis en
semis on est parvenu obtenir, dans la section des chrysanthmes de l'Inde, desvarits htives qui fleurissent ds la fin
de l't, avantage incontestable pour les pays du nord o les
geles prcoces arrtent plus ou moins compltement la floraison des varits automnales, qui sont de beaucoup les plus
nombreuses et aussi les plus belles.
La culture de toutes les races et varits de chrysanthmes
est de laplus grande simplicit. Elles s'accommodent de toutes
les terres de jardin, pourvu qu'elles soient saines, c'est--dire
qu'elles ne contiennent pas d'eau stagnante. Il est bon que la
terre soit un peu fume, mais on ne doit y employer que des
engrais bien dcomposs, comme d'ailleurs pour toutes les
plantes de la culture d'agrment. Les touffes formes passent
l'hiver en place, et repoussent au printemps. C'est dans cette
saisonque s'effectue la multiplication des plantes par division
du pied, ou que se font les transplantations juges nces-
saires.
La multiplication par voie de bouturage peut commencer
ds que les jeunes pousses ont quatre ou cinq feuilles, et elle
se continue pendant un mois ou deux, ou mme tout l't,
bien que la premire saison soit la plus favorable, puisque
les plantes qu'on en obtient ont plus de temps pour se former avant lavenue de l'hiver. Les pousses, dtaches prs
de leur insertion sur la racine, sont repiques sur couche
tide et sous chssis, si la saison est peu avance, et ds
qu'elles sont reprises, ce qui arrive en quelques jours, empotes dans des godets de 7 8 centimtres, qu'on enterre
sur la couche. Vers la fin de mai, les jeunes plantes sontmise^
en ppinire, et quinze jours plus tard on leur fait subir uii
premier pincement pour les obliger se ramifier. Un second
pincement a lieu vers la fin de juin, un troisime vers le mi-i
lieu de juillet, et un quatrime, moins ncessaire que lespri
cdents, dans la premire quinzaine d'aot. Il vaudrait mieua
s'abstenir de ce quatrime pincement que de le faire trop
tard, parce qu'on s'exposerait alors ne pas donner au
branches nouvelles le temps de parfaire leurs boutons Seur'
avant l'arrive des froids, ce qui appauvrirait d'autant la floraison, ou mme l'empcherait tout fait. Cette recommandation
toutefois, ne s'applique qu'aux plantes destines
fleurir en plein air; celles qu'onrserve l'orangerie ou la
serre tempre peuvent tre soumises des pincements plus
rigoureux.
La mise en place des chrysanthmes levs en ppinin
peut tre diffre pour ainsi dire jusqu'au moment o leurs
fleurs commencent s'ouvrir, car il y a peu de plantes qu:
supportent aussi bien la transplantation, facilite d'ailleurs pai
la motte deterre que retiennent leurs racines enchevtres. La
plantation sur les plates-bandes du jardin se fait d'aprs le!
rgles indiques pour la distribution des coloris; on plants
en massifs, en bordures, en touffes isoles suivant les cas.
et, autant que possible, des expositions trs-claires, circonstance d'autant plus ncessaire ici qu' l'poque normal,
de la floraison des chrysanthmes les journes sont dj
courtes et la lumiredu soleil affaiblie. Dans les pays plm
septentrionaux que la France, o l'hiver est prcoce, les planches chrysanthmes devraient tre abrites par des mur'
contre le vent du nord.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, les chrysanthmes se
prtent trs-bien la culture en pots, et c'est mme la mthodt
la plus ordinaire dans les pays o l't est de courte dure
le nord de l'Allemagne, etc. On y prol
comme l'Angleterre
faicde par plusieurs empotages conscutifs, le dernier sebiei
sant dans des pots de 22 28 centimtres d'ouverture,
drains, et remplis d'un compost la fois substantiel et lger,
En Angleterre on y emploie par moitis la terre franche et le
terreau de feuilles, plus ou moins additionns de fumier dcompos et de charre, o se trouvent quelques fragments de
charbon. On donne de temps en temps des arrosages l'engrais liquide, et on pince svrement, et plusieurs reprises,
les extrmits de la tige et des branchespour en accrotre les
ramifications et par l mme le nombre des fleurs. En t les
plantes en pots sont tenues l'air libre et mi-soleil ds que
les nuits deviennent fraches, on les rentre en orangerie, en
ayant soin cependant de les arer autant que la saison le permet. C'est l que leur floraison s'effectue, et qu'elles mrissent
parfois des graines lorsque la chaleur du local s'est trouve
suffisante. Cette mthode, trs-usite en Angleterre, donne
les rsultats les plus satisfaisants entre les mains d'habiles jardiniers, et il n'est pas rare d'y voir, aux expositions d'horticultures, des chrysanthmes en pots dont les touffes ont plus
d'un mtre de diamtre, et qui portent plusieurs centaines
de capitules fleuris la fois. Ces belles plantes servent frquemment aussi la dcoration des salons et des appartements.
Les semis de chrysanthmes se font au printemps, en terrines ou sur une planche prpare dessein et situe bonne
exposition, mais toujours dans une terre douce et lgre. Les
plants se repiquent en ppinire, lorsqu'ils ont quatre ou cinq
feuilles, 25 ou 30 centimtres l'un de l'autre en tous sens.
Quelques sujets fleurissent ds la premire anne; le plus
grand nombre, au moins sous le climat de Paris, attend
l'anne suivante dans tous les cas, c'est cette seconde anne
seulement qu'il convient de mettre les plantes en place,
comme aussi de faire le triage des varits obtenues. Ce mode
de multiplication, qui n'a gure d'autre but que de produire
des varits nouvelles, convient mieux au midi de la France
qu'au nord. A Paris, le bouturage et la division des touffes
sont presque les seuls moyens de multiplication en usage.
Nous n'avons rien dit jusqu'ici des soins donner aux
chrysanthmes cultivs en pleine terre, parce que ces plantes
n'exigent rien de plus, sous ce rapport, que les autres plantes
de plate-bande. Les arrosages mritent seuls quelque attention : ils seront plus ou moins copieux ou frquents suivan
la saison, le climat et la nature du terrain. On n'a pas
peine comprendre qu'ils doivent tre plus abondants et plu
souvent ritrs sous le ciel ardent du midi que sous celui
Paris.
d
d
XIII. LA REINE-MARGUERITE.
La
reine-marguerite (Aster sinensis de Linn,
Callistephus hortensis de Cassini appartient, comme les chrysanthmes, lafamilledes composes-radies, et, comme eux aussi,
elle nous est arrive de la Chine, vers la fin du sicle dernier. C'est par le Jardin des Plantes de Paris qui en avait reu les
graines d'un missionnaire jsuite, le P. d'Incarville, qu'elle at
introduite dans la culture d'agrment, o elle est depuis lors
considre comme une plante de premier ordre. tant annuelle, elle n'a pu tre propage que par la voie des semis, et
c'est l, comme nous le savons, une condition essentielle laj
formation des varits aussi en a-t-elle produit, en moins d'un
sicle, un nombre peu prs illimit. Dans l'tat de nature la
reine-marguerite ne donne que des capitules simples, c'est-dire composs d'un disque de fleurons jaunes et d'un seul rang
de rayons ou ligules, dont la teinte normale est le lilas plus ou
moins vif, mais par le fait de la culture ces capitules ont doubl (1), ou sont devenus entirement pleins, et les teintes des
ligules ont pris toutes les nuances depuis le blanc pur jusqu'au
rouge carmin le plus vif ou le violet le plus fonc. Certaines
varits se rapprochent mme beaucoup du bleu, mais on
n'en connat aucune dont les rayons aient revtu la couleur
jaune primitive du disque. En mme temps que ces modifications s'effectuaient sur les organes floraux, les plantes prenaient des ports et des aspects diffrents. Un point essentiel
(I) Voir ce que nous avons dit plus hautde cette modification des fleurs des radies en parlant des chrysanthmes.
noter ici, c'est que la plupart des varits tranches se reproduisent peu prs identiquement par le semis au bout d'un
petit nombre de gnrations, la condition cependant que les
porte-graines aient t bien choisis. Il faut dire aussi qu'elles
sont d'autant moins fertiles qu'elles sont plus perfectionnes,
c'est--dire que leurs fleurs se sont plus loignes de l'tat qui
leur est naturel. Nous avons peine besoin d'ajouter que ces
nombreuses varits sont loin d'avoir la mme valeur; on
donne ncessairement la prfrence celles dont les capitules
sont grands, bien pleins, bombs vers le centre et ne conservent plus de vestiges du disque primitif. Les varits dont les
fleurons du disque se sont simplement allongs, tout en changeant de couleur, c'est--dire se sont tuyauts, comme disent
les jardiniers, sont gnralement moins estimes que celles o
ils ont pris la forme de ligules, rgulirement imbriques les
unes sur les autres. Quant aux couleurs, on peut dire qu'elles
sont toutes galement recherches, pourvu qu'elles soient
vives. C'est d'ailleurs un avantage, dans une collection de
reines-marguerites, que de runir des teintes varies, soit
qu'on veuille les planter en mlange, soit, ce qui vaut ordinairement mieux, qu'on prfre les assortir par groupes de mme
couleur.
Les grands perfectionnements de la reine-marguerite sont
principalement dus aux horticulteurs parisiens, et dans le
nombre on ne peut se dispenser de citer MM. Truffaut et
Fontaine, qui ont fait de sa culture une spcialit. La maison
Vilmorin a aussi obtenu de notables succs dans cette voie,
et comme elle est le centre auquel aboutissent la plupart des
gains de nos horticulteurs
et qu'elle est plus que tout autre
tablissement de ce genre en mesure de les comparer et de les
juger, nous ne pouvons mieux faire que de reproduire ici, mais
trs-sommairement, sa classification des varits de reinesmarguerites, telle que nous la trouvons dans l'Annuaire de ses
jardins (1). Pour elle, ces varits se rangent sous deux chefs
principaux, savoir
(1)Les Fleurs de pleine terre, etc., par Vilmorin-Andrieux et Cie,
1863.
vol. in-12,
1Les reines-marguerites pyramidales, dont les
rameaux sont
dresss et divergents et la taille variable. Elles comprennent
les pyramidalespivoines (fig. 49), plantes vigoureuses, de 0m ,50
0m,60 de hau-
fleurs
grandes, globuleuses, fleurons
liguls et larges,
se relevant et se
courbant plus ou
moins en dedans
pour former la
boule, ce qui
leur donne quelque
ressem
blance avec les
fleurs des pivoines; les pyramiteur
dalesperfection
(fig.50),raceflo-
rifre, voisine de
prcdente,
dont elle diffre
seulement par
la
ses
ligules,
moins longues et
recourbant
Fig. 49. Reine-Marguerite Fig. 50.
se
Reine-Marguerite
ne
pyramidale pivoine.
pyramidale perfection.
pas en dedans
pour former la boule lespyramidales fleursde chrysanthme,
de mme taille que les prcdentes, fleurs grandes et trs-larges, toutes ligules et rgulirement imbriques; lespyramidales naines, hautes seulement de 0m,20 0m,25, ce qui les
rend particulirementpropres faire des bordures leurs fleurs
sont de premire grandeur, pleines, imbriques et trs-belles,
mais suj ettes tre renverses par le vent et la pluie; les
pyramidales renoncules, plantes trs-leves(de0m,70 0m ,80),
trs-florifres, mais fleurs petites, plus propres entrer dans
la confection des bouquets qu' orner un parterre; enfin, les
pyramidales aiguilles, dont les fleurons se terminent en
pointes et rayonnent dans tous les sens. Cette race plus curieuse que belle, quoiqu'elle ne soit pas sans mrite
fait le
passage au groupe suivant.
2 Les reines-marguerites anmones ou reines-marguerites
tuyautes, plantes demi-naines, rameuses ds la base et un
peu en touffe. Ces plantes sont trs-florifres, fleurs bombes, de moyenne grandeur, ayant d'un quatre rangs de
ligules la circonfrence, les fleurons du centre s'allongeant
tous en tuyaux. Ce sont des plantes robustes, peu exigeantes,
se passant facilement de tuteurs, et par l trs-propres
former des bordures le long des plates-bandes. Elles ont produit plusieurs sous-varits, dont la plus remarquable est celle
des reines-marguerites trs-naines, hautes au plus de 0m,12
0m,16, et qui ne servent gure qu' faire des bordures ou
garnir des jardinires d'appartement. Toutes les varits de
,,
cette seconde section sont tenues pour trs-infrieures aux
pyramidales; quelqueshorticulteurs les rejettent mme entirement, commeindignes de figurer dans une collection soigne.
La reine-marguerite est une plante rustique, qui s'accommode de tous les terrains et de toutes les expositions, mais qui
ne russit pas galement bien partout, et dont les belles varits dgnrent promptement lorsqu'elles sont ngliges.
Pour l'obtenir dans toute sa perfection il faut lui donner une
terre substantielle, plutt lgre qu'argileuse, meuble et additionne d'engrais dcompos. Le plein soleil est l'exposition
qu'elle prfre dans le nord de la France
dans le midi, elle
se trouve mieux d'une situation ombrage pendant les heures
les plus chaudes du jour, parce qu'une lumire trop ardente
a pour effet d'abrger la dure de ses fleurs. Sous le climat de
Paris, les reines-marguerites grandes fleurs ont en gnral
plus craindre le vent et la pluie que les ardeurs desschantes du soleil.
Les semis de reines-marguerites se font en mars, avril ou
mai, suivant les lieux et les climats. A Paris c'est ordinairement du 15 mars au 15 avril, mais on sme aussi beaucoup
plus tard, par exemple jusque dans les premiers jours d
juin, si on tient obtenir une floraison automnale. Quand
semis est prcoce
et qu'il y a encore des froids craindre
on choisit de prfrence, pour le faire, une plate-band
abrite du ct du nord et bien expose au midi. La terre ei
doit tre substantielle, fine, trs-meuble, nivele et un peu
tasse avec le dos d'une pelle. Les graines sont semes la
vole, mais trs-clair, et au besoin un carte avec le doight
celles qui seraient trop rapproches
on donne alors un lge
bassinage et on rpand sur la planche quelques millimtre
de terreau, aprs quoi on la recouvre de chssis vitrs ou de
cloches, sur lesquelles mme on tend des paillassons pendant
les nuits froides. Lorsque les plantes ont lev, ce qui arrive
huit ou dix jours aprs, on leur donne graduellement de l'air,
en soulevant les cloches ou les panneaux des chssis, qu'on
finit mme par enlever tout fait lorsque la.temprature gnrale s'est attidie.
On repique le jeune plant quinze vingt jours aprs sa leve, c'est--dire lorsqu'il a deux ou trois feuilles. La
planche qui doit le recevoir doit tre prpare comme il a
t dit ci-dessus pour le semis. Il est trs-important que ce
repiquage ne soit pas diffr, parce que le plant laiss trop
longtemps sur la planche du semis, o il se trouve bientt
l'troit, s'tiole ou durcit, et donne alors rarement de belles
plantes. On l'enlve avec le doigt, en conservant une petite
motte autour des racines, et on le replante en lignes,
0m,20 de distance, en tous sens. On arrose chaque pied
part, sans mouiller les feuilles, pour faciliter la reprise,
et, s'il y a lieu, on donne encore quelques arrosages les
jours suivants en ayant soin de les faire plutt au milieu du
,
jour que le soir, si les nuits sont encore fraches. On sarcle
et on bine, suivant le besoin, jusqu'au moment de la mise
en place, qui doit avoir lieu dans les premiers jours de
juin, c'est--dire avant que ne se montrent les premiers
boutons de fleurs.
Pour faire cette seconde transplantation, qui russit toujours mieux par un temps couvert ou pluvieux que par une
11
journe de grand soleil, on enlve les plants de la ppinire, un un, et avec leur motte, et on les met la
place qu'ils doivent dfinitivement occuper dans le jardin,
des distances de 0m,40 0m ,45 l'un de l'autre s'il s'agit
de fortes races, des distances moins grandes si ce sont
des races naines ou demi-naines. Le terrain de la planche
doit avoir t ameubli d'avance et enrichi d'engrais bien
consomm. Aprs la plantation, on arrose dans la proportion convenable, et on rpte ces arrosages aussi souvent
qu'on le juge ncessaire pour assurer une prompte reprise.
On bine, on sarcle les plantes, et on couvre la planche
d'un lger paillis, ce qui ale double avantage de conserver la fracheur du sol si l't est sec et chaud, et de garantir les plantes des claboussures s'il est au contraire
entrecoup de fortes pluies.
Quelque robustes que deviennent les plantes ainsi traites
si elles appartiennent aux grandes races pyramidales
elles n'auront pas assez de force pour rsister aux vents et
aux pluies d'orage, frquentes surtout l'poque de leur
floraison; il faudra par consquent les soutenir chacune
l'aide d'un tuteur. Les races naines, principalement celles
de la section des anmones, ne sont pas sujettes cet inconvnient; aussi peuvent-elles se passer de soutien, et c'est
l surtout ce qui les recommande pour les jardins un peu
ngligs. On devra s'abstenir, en arrosant, de verser de l'eau
sur les fleurs, non-seulement parce que son choc pourrait
les incliner d'une manire disgracieuse, mais aussi parce
qu'en remplissant leurs larges capitules, qui la retiennent
comme des ponges, elle les expose pourrir. Plus la saison sera calme et sche, plus la floraison des reines-marguerites sera brillante. A Paris, dans les jardins bien conduits,
cette floraison dure d'un mois six semaines, c'est--dire
des premiers jours du mois d'aot au 15 septembre ou un
peu plus.
Par la grande varit du coloris de leurs fleurs, les reinesmarguerites se prtent admirablement ces combinaisons de
couleurs dont l'effet est si grand lorsque les lois des con-
trastes sont observes. Il y a donc toujours avantage les
planter en massifs ou en lignes d'une mme nuance; mais
pour que le rsultat soit tout fait satisfaisant, il faut encore
que les plantes aient toutes peu prs la mme hauteur
Beaucoup de jardiniers sont dans l'usage de ne mettre leurs
reines-marguerites en place que lorsqu'elles commencent
ouvrir leurs premires fleurs et faire juger par l de
leur coloris, mais ce procd est vicieux, parce que les
plantes ayant durci sur la ppinire n'ont jamais une aussi
belle floraison que si elles avaient t transplantes plus
jeunes. On vite cet accident en rcoltant les graines par
varits spares et de mme coloris, et en les semant
et les repiquant dans le mme ordre. De cette manire on
procde peu prs coup sr, car les nuances varient
peu d'une gnration l'autre, et il y a encore plus de
fixit dans la taille et le port des plantes que dans le coloris. La rcolte des graines est donc ici une affaire importante et laquelle on ne saurait donner trop de soins. Le
principal est l'puration constante des varits, dont on limine tous les ans les individus qui s'en cartent sensiblement,
en ne prenant pour porte-graines que ceux qui sont conformes
leur type.
Nous avons dj dit que les varits de reines-marguerites
les plus perfectionnes, c'est--dire celles dont les fleurs,
toutes ligules, sont devenues les plus grandes et les plus
pleines, ne donnent que trs-peu de bonnes graines. Ces
bonnes graines se trouvent vers le centre des capitules et
jamais, ou presque jamais, la circonfrence. Les premires fleurs panouies sont celles qui en fournissent le plus;
la plupart de celles qui s'ouvrent tardivement n'en forment
pas, soit parce que la plante est puise, soit plutt parce
que la chaleur atmosphrique ne suffit plus la maturation
des ovaires. On devra donc, au moins dans le cas des reinesmarguerites pyramidales, chercher les graines au centre
des capitules les plus anciennement dfleuris, et non point,
comme le recommandent quelques jardiniers, la circonfrence, ni surtout dans les capitules qui auraient fleuri
prire-saison.
La rcolte des capitules mrs se fait par un
mpssec
on runit ensemble ceux de mme varit, et
les rentre dans un appartement ar, o la maturation
H graines puisse s'achever.
Pfce mode de culture que nous venons de dcrire est cequ'on suit habituellement dans les jardins.de Paris et
es environs, mais chaque localit y apporte ses modificaftnsrl.es semis, par exemple, ne se font pas toujours en
terre; on y emploie quelquefois des pots ou des termes, qu'on laisse l'air libre et qu'on couvre de cloches
itarde chssis,suivant qu'on le juge propos. Rienn'emfeche d'ailleurs d'avancer d'un mois ou plus l'poque du sepeut abriter les terrines dans une serre o la
temprature s'lve 15ou 20 degrs centigrades; onobndra par une notable prcocit de floraison, mais les
plantes seront moins vigoureuses que si on les avait semes
l'poque normale, et qu'elles eussent senti les rayons directs du soleil dans le premier ge; elles conviendront cependant trs-bien pour la culture en pots et la dcoration
des appartements. Quelque mthode qu'on ait suivie, il ne
aut pas perdre de vue que si le semis a t fait en terrines ou
en pots, le jeune plant doit tre repiqu plus tt encore
dans le cas des semis de pleine terre; ds qu'il a une
oudeux feuilles on le transplante, si on ne veut pas qu'il
s'tiole et donne des sujets peu florifres.
La culture des reines-marguerites en pots n'offre aucune
difficult. On y emploie des pots de 18 22 centimtres
d'ouverture; suivant la taille des varits; les naines et les
demi-naines, qui sont d'ailleurs prfrer ici, se mettent
drains,
dans les pots les plus petits. Ces pots, convenablement
sont remplis d'une terre lgre et plus substantielle que celle des plates-bandes du jardin; on ajoute encore sa fertilit par quelques arrosages l'engrais liquide.
P
ne
sion
XIV. LE DAHLIA.
1
Le dahlia
(Dahlia variabilis) (fig. 51), dsign encore en
Allemagne et en
Russie sous le
nomdeGeorgina,
a t introduit du
Mexique en Europe vers l'anne
1800. Il fait partie
j
petit-groupe
j
d'un
decomposes-radies racines
tuberculeuses et
vivaces, tiges
dresses, fistuleuses, annuelles,
feuilles opposes, dont le lim-
beestpennatisqu ou divis en
folioles plus ou
moins distinctes.
Ses tiges s'lvent
en moyenne
1m,50, mais cette
taille est notableFig. 51. Dahlia double.
ment modifie
par la culLure. Certaines varits de dahlias atteignent aujourd'hui 2 mtres de hauteur, tandis que d'autres ne
dpassent pas 0m,60 Om,70. De mme que chez les autres
plantes de la mme tribu les capitules l'tat sauvage, se
composent d'un disque central couvert de fleurons tubuleux,
et de rayons ligules la circonfrence. Les fleurons du disque
sont jaunes; les rayons sont d'un rouge sombre, de forme
pie allonge.
grt
Ces capitules, dj grands naturellement, se
encore beaucoup agrandis par la culture.
dahlia est un des plus frappants exemples de la variabides espces sous l'influence du dpaysement et de la cul!et c'est principalementsur les fleurs que cette influence
sentir ici. Depuis le commencement du sicle, ces
B
|ux causes ont fait natre dans cette seule espce plusieurs
iiftiepL de varits. Insensiblement les capitules se sont
B~~s, les fleurons du disque se sont transforms en ligules,
ou tuyautes par le rapprochement des bords, et ont
ontdonnlieudes fleurs doubles, demi-pleines, trs-pleines,
~ss-bombes et d'une admirable rgularit. Latransforma11',,t bien plus grande
!
encore dans le coloris, qui pr~senteaujourd'hui toutes les
nuances du jaune, de l'orang,
l rose, du rouge amarante, du pourpre violac et du
poupre noir le blanc pur, ou lgrement teint de jaune,
leverdtre ou de rose, est aussi une variation frquente du
coloris dans le dahlia. Tantt ces teintes sont uniformes sur
toute l'tendue des ligules, tantt elles tranchent brusement avecune autre teinte qui occupe le sommet de ces
organes, ce qui produit les contrastes les plus singuliers
ventaussi ces couleurs sont comme veloutes ou moires, ce qui arrive surtout dans les teintes pourpres. Le
bleu, qui existe imparfaitement dans la reine-marguerite,
est la seule couleur qui fasse ici totalement dfaut, et malgr les efforts des horticulteurs le dalhia bleu, comme la
rose bleue, est rest et restera l'tat de rve.
': A mesure que le dahlia s'est perfectionn les gots sont
devenus plus difficiles, et aujourd'hui les amateurs rejetraient avec indignation des varits qui ont t fort admires il y a vingt ou trente ans. Les conditions exiges acttuellement pour qu'un dalhia soit admis dans une collection
sont d'abord qu'il ait ce qu'on appelle une bonne tenue,
qu'il soit de moyenne taille ou nain (de 0m,60 1m,20),
|e les fleurs, bien dgages du feuillage fermement
soutenues par le pdoncule, se prsentent de face au spectateur ce qu'on exige surtout, c'est que ces fleurs soient
.,
fait
et
parfaitement pleines et bombes, trs-rgulires de forme
ligules imbriques, plutt un peu roules en cornet ou
tuyautes que planes, et enfin que les coloris soient vifs
agrables l'il, et si les fleurs sont panaches ou pointes, qu'ils soient fortement tranchs. Ces rgles, on
comprend sans peine, n'ont rien d'absolu; pour bien de
amateurs il suffit qu'un dahlia se distingue par quelque
minente qualit pour qu'il soit jug digne de la culture
ici comme ailleurs le got individuel demeure en dfinitiv
la rgle souveraine.
Le dahlia est demi-rustique sous le climat de Paris et essentiellement de pleine terre, bien qu'on puisse larigueur
le cultiver en pots. Par l'poque de sa floraison il appartient la catgorie des plantes automnales, et quoiqu'on
voie dj commencer fleurir ds les premiers jours du mois
d'aot, c'est cependant en septembre et en octobre qu'il
dans tout son clat. Mais cette floraison tardive lui est souvent
funeste sous nos latitudes, car il suffit de la moindre gele
pour l'anantir.
La multiplication des dahlias se fait, soit par la division
des tubercules qui tous les ans se forment au pied des tiges,
et qu'on relve dans le courant de novembre pour les remiser la cave pendant l'hiver, soit de boutures herbaces,
soit de greffes sur les tubercules, soit enfin de graines, qui
mrissent assez facilement sous nos climats. Ce dernier
moyen, presque exclusivement employ par les horticulteurs
marchands, n'a gure d'autre but que de faire natre des
varits nouvelles destines tre livres au commerce, et
il est toujours trs-chanceux. C'est qu'effectivement sur des
centaines de plantes obtenues de semis, et auxquelles il a
fallu donner des soins pendant toute une anne il ne s'en
trouve jamais qu'un trs-petit nombre qui mritent d'tre
~en
conserves.
La plantation des tubercules se fait au printemps, en mars
ou avril, plus rarement et moins avantageusement en mai,
sous le climat de Paris. En sparant les tubercules d'un mme
pied on veille ce que leurs sommits restent intactes, parce
que c'est l seulement que se trouvent les bourgeons qui produiront destiges nouvelles. Ces tubercules se plantent un un,
et verticalement la pointe de la racine en bas, sur des planches
de terrain bien ameublies et engraisses de fumier dcompos
si la saison est assez avance pour qu'il n'y ait plus de
geles craindre; dans des pots, qu'on abrite sous des chssis,
si le temps menace encore. Dans ce dernier cas, on donnera
de l'air au jeune plant aussi souvent et aussi largement qu'on
le pourra, pour l'empcher de s'tioler. Il suffira, dans la
plantation des tubercules, que leur sommit soit couverte
d'un deux centimtres de terre. On donnera un lger arrosage, et lorsque les pousses se seront fait jour au dehors
on supprimera les plus faibles pour n'en conserver qu'uneou
tout au plus deux chaque pied. On ne devra pas tarder non
plus les soutenir avec des tuteurs parce qu'elles sont trsfragiles et trs-exposes tre rompues par le vent.
La propagation par boutures est aussi un moyen fort employ, quoiqu'il soit plus du ressort de l'horticulteur de
profession que du simple amateur, attendu que sous nos
climats septentrionaux du moins il exige une serre multiplication. Pour la pratiquer, on enlve les pousses qui
naissent sur des tubercules plants de bonne heure dans une
serre, o la chaleur active leur vgtation. Ces pousses, longues
de 3 8 centimtres, sont plantes verticalement dans des
godets remplis de terre sableuse, qu'on enfonce dans le terreau d'une couche ou dans la tanne de la serre, et qu'on
recouvre d'une cloche, abrite elle-mme d'une feuille de
papier pour y entretenir une demi-obscurit. Au bout de
quelques jours la reprise est faite, et ds que les boutures
poussent leurs premires feuilles, on les empote dans des
pots plus grands, et on commence les dcouvrir graduellement pour les habituer au contact de l'air, puis on les met
en place ds que la temprature le permet. Les plantes obtenues par ce moyen sont tout aussi belles que celles qui proviennent directement des tubercules quelques horticulteurs
prtendent mme que les fleurs en sont plus rgulires. On
assure, d'un autre ct, que la plantation des touffes entires,
c'est--dire de tout le faisceau de tubercules produits par un
mme plante, ne donne qu'une floraison chtive et appauvrie
La greffe du dahlia, prconise il y a quelques annes, m
presque tombe en dsutude, attendu qu'elle est avantageu
sement remplace par le bouturage, opration plus simple
tout aussi sre dans ses rsultats. Elle consiste insrer la
tralement une jeune pousse dans un tubercule dont on j
enlev la sommit par une section transversale, ainsi que 1
montre la figure 169 du tome Ier de ce trait (p. 525). Cett
greffe herbace contracte une faible adhrence avec le tuber
cule, qui la maintient vivante jusqu' ce qu'elle se soit affran
chie en poussant elle-mme des racines. Elle quivaut donc
comme on le voit, une-simple bouture faite d'aprs un mod
plus compliqu, et auquel on ne doit recourir que dans le a:
o on manquerait des appareils ncessaires pour pratiquer
le bouturage proprement dit.
Les trois modes de multiplication que nous venons de d
crire ont pour but la conservation des varits acquises mais
ils n'en produisent pas de nouvelles, ce qui est, comme nous
l'avons dit plus haut, le propre de la reproduction par semis
Les fleurs les plus prcoces du dahlia mrissent gnrale
ment leurs graines sous.nos climats; on les rcolte sur le
varits dj recommandables quelque titre, et aprs les
avoir tenues au sec pendantl'hiver on les sme au printemps
(en mars et avril soit sur couche chaude et abrite sous des
chssis, soit en terrines enterres sur la couche et pareillement
abrites. Lorsque les jeunes plants ont de quatre six feuilles,
couche, 15 cenon les repique, un un, en pots ou sur
timtres de distance en tous sens, moins que le temps ~ne
soit assez doux pourpouvoir les mettre sans danger en pleine
place,
la
mise
terre. Dans tous les cas, avant de procder
en
les jeunes dahlias auront d tre graduellement habitus au
contact de l'air, prcaution presque indispensable pour le
plantes qu'on a tenues quelque temps enfermes, et qui
sont toujours, quoi qu'on fasse, plus ou moins tioles. Nous
avons dj dit que les semis de dahlias ne donnent qu'un trs
petit nombre de plantes tout fait suprieures, et qu'il n'y a.
),
la
gure que les horticulteurs marchands qui soient directement
intresss les entreprendre.
Les plantes que nous avons passes jusqu'ici en revue ne
sont pas les seules qui soient dites de collection; on admet
encore comme telles les calcolaires, les cinraires les plargoniums, les bruyres et les azales; mais toutes ces
plantes exigeant l'emploi presque constant de la serre tempre, ou tout au moins de la serre froide, sous le climat de
Paris et plus au nord, elles ne peuvent trouver leur place dans
un chapitre spcialement consacr aux vgtaux de pleine terre
nous les retrouverons d'ailleurs un peu plus loin. Quant aux
pivoines, aux pieds d'alouette, aux ptunias et aux girofles,
quoiqu'on puisse les qualifier jusqu' un certain point plantes
de collection, leur place est plus naturellement marque dans
les chapitres suivants. Lesrosages ou rhododendrons, et quelques autres arbustes du mme groupe, rentreront de mme
dans le chapitre des vgtaux ligneux de pleine terre.
CHAPITRE QUATRIME.
PLANTES DE FANTAISIE PROPRES A LA DCORATION DES PARTERRES.
I. CONSIDRATIONS GNRALES.
Nous rangeons sous ce Litre l'innombrable catgorie de
plantes d'ornement, annuelles ou vivaces, qui, sans avoir
dans l'estime des floriculteurs la mme importance que les
plantes de collection proprement dites, n'en jouent pas moins
un rle considrable dans la dcoration des parterres. La
plupart se recommandent par la beaut de leurs fleurs, diversement colores, quelques-unes par leur feuillage, d'autres
par leur parfum. Prises en bloc, leur grand avantage est de
jeter de la varit dans le jardinage d'agrment et de combler
les vides que laisseraient sans elles, dans l'ordre des floraisons successives, les seules plantes de collection. A ces divers
titres elles sont donc dignes des soins de l'amateur; aussi allons-nous en faire l'histoire horticole, en nous bornant cependant celles qui nous paratront avoir un mrite incontestable.
Nous sommes oblig de faire cette restriction, bien moins
cause du nombre considrable et toujours croissant de ces
plantes que parce que l'usage s'est tabli, depuis quelques annes, d'introduire dans les jardins beaucoup d'espces presque
ou totalement dnues d'intrt.
Une condition essentielle que doivent remplir toutes ces
plantes est d'tre rustiques et de facile culture. Il y aura
donc choisir entre elles, suivant leur degr de rusticit et
leurs exigences particulires relativement aux climats et aux
autres circonstances dans lesquelles on se trouvera plac.
Empruntes des rgions botaniques trs-diverses, elles ne
viendront pas toutes galement toutes les localits. En
les dcrivant, nous essayerons de faire ressortir ces diffrences de temprament, afin de guider l'amateur dans le
choix qu'il aura faire.
Les plantes dites de fantaisie ou de plate-bande sont, en
grandemajorit, annuelles ou du moins cultives comme anQuelles. Leur culture est trs-simple, et nanmoins elle exige
quelques prcautions dont l'ignorance ou l'oubli peut amener
denombreux checs. Il est donc utile, pour les amateurs peu
expriments, que nous rappellions ici sommairement les conditions les plus essentielles de cette culture, dont le but est
d'obtenir que les fleurs se succdent sans interruption dans le
parterre pendant toute la dure de la belle saison. Des plateshandes entrecoupes de larges vides, ou sur lesquelles les
plantes restent stationnaires, sont toujours dsagrables la
vue, et elles accusent infailliblement l'ignorance ou l'incurie
du jardinier charg de leur entretien.
Les plantes annuelles se multiplient uniquement de graines,
saufsles cas, assez peu nombreux, o il y a utilit les propager aussi par boutures ou par marcottes. Les semis se font
de deux manires, savoir tantt en place, c'est--dire sur le
lieu mme o les plantes devront fleurir, tantt sur une terre
prpare pourcet objet spcial, et qui prend le nom de ppi~nire, d'o on devra les transporter leur place dfinitive. La
premire mthode est; la plus simple, et c'est aussi celle qui
convient le mieux dans bien des cas, par exemple lorsqu'il s'agit de plantes dont la racine pivotante donne peu de chevelu, et
pour ce fait supportent difficilement la transplantation.
Elleest aussi la plus expditive et souvent mme la seule
possible. Mais malgr ses incontestables avantages elle a de
nombreux inconvnients, dont le principal est que la terre se
par l longtemps occupe avant que les plantes ne fleurissent. Il vaut donc mieux, toutes les fois qu'on peut disposer
d'un terrain appropri ce but, semer les plantes annuelles
enppinire, et ne les transplanter dans le parterre que lorsque leur floraison est prochaine, ou du moins qu'elles sont
ve
dj avances. C'est du reste ce que nous indiquerons dans 1
catalogue dtaill des plantes de fantaisie que nous donn
rons tout l'heure.
Rappelons ici que les semis ne russissent que dans des
conditions dtermines, dont la plus importante est celle de
la chaleur du sol. Tant que cette chaleur est insuffisante les
graines refusent de germer, et c'est la raison qui oblige
sous les climats septentrionaux, o l't est de courte dure,
recourir la chaleur artificielle des coffres vitrs, des couches et des serres multiplication, pour hter la germination
et le dveloppement de plantes qui sont cependant destine
la pleine terre. Beaucoup d'espces exotiques, quoique annuelles, si on les semait directement en place, au printemps,
ne lveraient qu'au commencement de l't, et se trouveraient par l trop attardes pour fleurir. Suivant leur degr da
rusticit, les plantes semes lvent plus tt ou plus tard, ce
qui indique que les semis doivent tre chelonns de manire
ce que pour chaque espce ils concident avec rchauffement du sol requis par son temprament. Il est peine ncessaire d'ajouter que la mme rgle s'applique la mise en
place des plantesdont on a ht le dveloppement par quelque
moyen artificiel, et qu'on ne devra les porter sur les platesbandes du parterre que lorsque le terrain en aura t suffisamment chauff par le soleil. Une transplantation prmature amnerait souvent ici la mort des plantes, ou tout au
moins les rendrait stationnaires et languissantes jusqu'au moment o le sol aurait acquis le degr de chaleur qui leur est
ncessaire pour se dvelopper.
Une autre condition, qu'il ne faut pas non plus perdre de
vue, est que les graines soient d'autant moins couvertes de
terre qu'elles sont plus fines. Pour les graines trs-menues,
comme celles des pavots, descalcolaires, etc., il suffit de les
rpandre sur la terre sans les couvrir, ou, si la terre est trop
sche, de les couvrir d'une lgre couche de mousse hache
et humide, qu'on enlve ds que la germination commence;
mais il est encore plus simple de donner un lger bassinage,
qui suffit ordinairement pour enterrer les graines. Lorsque
laterre
est bonne, on doit semer plus dru que lorsqu'elle
est mdiocre ou mauvaise; sans cela, les plantes poussent
avec trop de vigueur et elles donnent souvent alors plus de
feuilles
que de fleurs. Enfin, et c'est un point sur lequel nous
insistons, si l'on veut obtenir une longue succession de fleurs,
Ipe qui effectivement est
des buts auxquels on doit tendre, il
un
faut faire des semis successifs, huit, dix,
ou quinze jours
d'intervalle les uns des autres, de manire ce que les floraisons se succdent sans interruption. En adoptant ce principe,
en chelonnant bien les espces d'aprs leurs poquesde floraison, le parterre offrira le coup d'il le plus
vari et le plus agrable depuis le premier printemps jusqu'
l'entre de l'hiver.
-f Avant d'aborder la description des plantes de plate-bande
que nous considrons comme tant proprement parler celles
U jardin fleuriste et du parterre, nous devons faire observer
qu'elles ne constituent cependant pas un groupe nettement
dtermin. Entre les diverses catgories horticoles on trouve
tous les intermdiaires; aussi leur distinction, quoique
fonde sur un ensemble gnral, est-elle toujours arbitraire
en quelques points. Ces groupes en effet se nuancent par des
espces qui pourraient se classer presque aussi bien dans l'un
que dans l'autre et s'employer aux genres de dcoration les
plus varis. Cest ainsi que des plantes ranges avec raison
parmi celles du parterre servent galement orner les rociailles,ou, si elles sont d'une certaine taille, peupler le
jardin paysager. Ici donc, comme en beaucoup d'autres circonstances, c'est le got individuel qui dcide du rle qu'il
convient de leur attribuer. On peut admettre cependant comme
rgle gnrale, mais non comme rgle sans exception, que les
parterres trs-troits, ceux par exemple qui n'ont que quelques mtres carrs de superficie, se prsentent sous un meilleur aspect avec des plantes basses, touffues ettrs-florifres,
qu'avec des plantes dont la taille dpasserait 60 70 centimtres, quoique des massifs plus levs et d'espces choisies ne
nuisent pas au coup d'il s'ils sont peu nombreux et habilement distribus. Dans des jardins plus vastes, les points loi-
et
gns des passages doivent tre occups par des plantes dont
la taille est proportionne la distance des spectateurs. Quant
aux espces trs-leves, celles qui atteignent ou dpassent
2 mtres, elles sont ordinairement relgues dans les jardins
les plus grands ou mme dans les jardins paysagers proprement dits. Nous ne pourrions, au surplus, que rpter ici ce
que nous avons expliqu dans un prcdent chapitre, auquel
nous renvoyons le lecteur pour ne pas tomber dans des redites inutiles.
Il est cependant encore un autre point sur lequel nous devons appeler l'attention du lecteur, et qu'il devra avoir prsent l'esprit dans le choix des plantes destines garnir le
parterre, c'est ce qu'on appelle leur port, ou, comme disent
les jardiniers, leur tenue. Sous ce rapport, et indpendamment des qualits de leurs fleurs, elles sont de valeurs trsingales. On estime au-dessus de toutes les autres celles qui
s'lvent droites et sont assez fermes pour rsister sans tuteurs aux vents et aux averses celles qui forment, en se ramifiant, des touffes rgulires, arrondies, pyramidales ou en
gerbe, et celles enfin dont les fleurs sont dgages du feuillage
et bien en vidence. Des tiges simples, grles et lances sont
un dfaut que l'on dissimule en cultivant les plantes en groupes ou en massifs plus ou moins fournis. On estime encore, et
presque au mme degr, les plantes trapues, basses, cespiteuses, ou mme cellesqui s'talent sur le sol, mais en formant des touffes ou des gazons tout d'une venue, denses, sans
vides intrieurs, et dont la floraison est abondante et de couleurs vives. Quant celles dont les branches divergent dans
tous les sens, ou dont les tiges, trop faibles, se djettent d'un
ct ou d'un autre, ou celles encore dont la floraison, rare et
chtive, est en quelque sorte crase sous la masse des feuilles,
on peut dire qu'elles sont toujours disgracieuses et ne doivent
tre employes la plantation du parterre que faute de meilleures pour les remplacer. Quelquefois cependant elles rachtent la dfectuosit de leur port en fournissant des fleurs dont
les longs pdoncules les rendent propres entrer dans la
confection des bouquets. Quoi qu'il en soit, on ne doit pas
perdre de vue que ce qui doit dominer dans le parterre ce sont
lesfleurs avec leurs brillants coloris, et non le feuillage. Les
fleurs sont icil'objet principal; la verdure n'estquel'accessoire.
Nous
avons dj donn, dans un chapitre prcdent, un
aperu des rgles qui prsident la plantation d'un parterre,
mais il est bon de complter en quelques mots ce que nous
enavons dj dit. Toutes les espces ne sauraient tre employes de la mme manire. Celles qui ont une certaine taille,
parexemple 0m,50 0m,70 de hauteur, se plantent au centre
des plates-bandes ou des corbeilles; celles qui les suivent de
chaque ct doivent tre moins leves, et, autant que possible, avoir des fleurs autrement colores. Les plus basses
sont rserves pour les bordures, et elles ne doivent pas excder 0m,30, moins qu'il ne s'agisse des plates-bandes d'un
vaste jardin, car alors elles peuvent aller jusqu' une hauteur maximum de 0m ,35 om ,40. Dans tous les cas, les
plantes servant de ceinture soit aux plates-bandes, soit aux
corbeilles ou aux massifs, doivent tre trs-sensiblement de
mme taille, fleurir en mme temps et prsenter les mmes
coloris. Les espces gazonnantes peuvent y tre employes
aussi bien que celles dont les tiges sont dresses et fermes;
depuis quelque temps mme on se sert pour faire des bordures de plantes feuillage blanc et dont on supprime les
tiges ds qu'elles commencent se montrer, comme la cinraire
maritime, la centaure blanche, la sauge argente et quelques
autres. La condition remplir ici est d'obtenir des bordures
bien fournies, compactes, gales et sans lacunes. Ces bordures
se plantent sur un, deux ou trois rangs, suivant la largeur
qu'on juge utile de leur donner.
Toutes les plantes, ainsi que nous l'avons dj dit, ne s'accommodent pas galement des mmes terrains. Celles, en
particulier, qu'on a nommes plantes de terre de bruyre ne
viennent que dans les sols siliceux, lgers et amends de terreau vgtal pur, sans mlange d'aucun engrais d'origine animale. Leur place par consquent n'est pas sur les platesbandes ordinaires; elles ne sont cependant pas exclues des jardins fleuristes, mais pour les y cultiver on doit les mettre dans
des terre-pleins entirement composs de l'espce de sol qui
leur convient. Ces terre-pleins, toujours en relief sur le niveau gnral du terrain, et de forme ordinairement circulaire
ou ovale, suivant la disposition des lieux, sont communment destins recevoir des arbustes fleurissants appropris
cette nature de sol, tels que des rosages, des azales, des
hortensias et quelques autres, mais sur leurs contours, et eiL
dehors des arbustes qui en occupent le centre, il y a place.
pour beaucoup de plantes herbaces qui ne viendraient point
ailleurs. Nous les indiquerons successivement dans la revue.
que nous allons faire des plantes de fantaisie nous rservant
toutefois d'en reparler avec plus de dtail dans un chapitre qui
sera exclusivement consacr aux plantes de terre de bruyre.
Rappelons enfin que les plantes herbaces tant de collection que de fantaisie, ne sont pas les seuls ornements du
parterre, et que ce dernier ne serait pas complet sans un certain nombre d'arbustes de taille peu leve, et surtout d'une
riche floraison. Les rosiers sont naturellement ici au premier
rang, et avec d'autant plus de raison qu'il en existe un grand
nombre de varits naines, dont la taille n'excde pas celle
des plantes de plate-bande ordinaires. On peut y ajouter les
diervillas, les ablias, les clianthes, les fuchsias, quelques
rythrines, etc. Enfin, les plantes qui sont habituellement cultives en pots peuvent aussi venir orner momentanment les
parterres; il suffit d'enterrer les pots sur les plates-bandes,
sans en retirer les plantes. On les y laisse tant que dure leur
floraison aprs quoi on les enlve pour faire place d'autres.
L'ordre alphabtique tant le plus simple de tous et le
plus facile consulter, c'est celui que nous avons cru devoir
adopter ici. Autant que possible nous avons donn aux plantes
les noms franais consacrs par l'usage
souvent aussi
nous avons francis les noms latins, lorsque nous avons pu le
faire sans nuire l'euphonie. La nomenclature latine est incontestablement ncessaire la botanique mais il n'est pas
moins certain que l'horticulture et l'agriculture qui sont du
domaine de tout le monde, ne doivent s'en servir que lorsque
les appellations vulgaires leur font absolument dfaut.
;,
II
ESPCES ET VARITS
DE PLANTES DE FANTAISIE
DE PARTERRE.
Abronie ombelle.
Voyez belle-de-nuit.
Acanthes (Acanthus). Plantes du midi
de l'Europe, de la famille des acanthaces,
vivaces par leurs racimais tiges annes
nuelles, plus remarquables par leur grand
feuillage, lgamment
dcoup, que par leurs
fleurs. Ces dernires
sont monoptales, bilabies, largementouvertes, d'un blanc ros
ou lilac, runies en un
long pi au sommet de
tiges de 0,n ,50 0m,70
de hauteur. Deux espces sont commun-
l'acantheinerme (A. mollis),
connu aussi sousles
noms debrancursineet
de grande-berce, dont
les feuilles sont dpourvues d'pines, et
l'acanthe pineux (A.
spinosus) (fig. 52), qui
les a plus profondment dcoupes et aiguillonnes. Ces deux
plantes, la premire
ment cultives
Fig. 52. Acanthe pineux.
leur
surtout, sont peut-tre plus recherches pour la beaut de
feuillage que pour celle de leurs inflorescences, qui se montrent sur la fin de l't. Remarquons cependant qu' cause du
volume de leurs touffes, larges quelquefois de plus d'un
mtre, elles ne conviennent qu'aux plus grands jardins, et
qu'elles sont encore mieux leur place sur les pelouses ou lea
gazons d'une certaine tendue. On les multiplie soit par clat
des racines en mars et avril, soit par le semis des graines en
mai et juin. Toutes deux se plaisent en terre argileuse un peu
frache sous le climat du midi, bonne exposition sous celui
du nord. Dans ce dernier cas, il convient de les abriter pendant
l'hiver sous un amas de feuilles ou de litire. Les acanthes mrissent leurs graines jusque sous la latitude de Paris.
Acantholimons. Voyez statics.
Achilles (Achillea). Genre de plantes de la famille des
composes-radies, la plupart indignes et trs-rustiques,
toutes vivaces, tiges roides et ordinairement dresses. Leurs
feuilles, plus ou moins finement dcoupes, ne manquent
pas d'lgance, mais ce sont leurs fleurs surtout qui les ont
fait admettre dans les plates-bandes des jardins. Dans toutes
ces espces les capitules sont petits, mais runis en larges
corymbes, et par l d'un certain effet. Les plus habituellement cultives sont l'achille ptarmique (A. ptarmica),
fleurs blanches, et dont une varit est devenue double par le
dveloppement des fleurons du disque en ligules; l'achille:
filipendule ( A.filipendulina) (fig. 53), plante haute d'un mtre
ou plus, en larges touffes, fleurs jaune vif, trs-belles et
d'une longue dure; l'achillecl'gypte(A. gyptiaca), de
moiti moins haute que la prcdente, et l'achille tomentoutes deux feuilles cotonneuses et
teuse (A. tomentosa
fleurs jaunes
enfin le mille-feuilles ou herbe au charpentier
(A.. millefolium ), plante des plus communes le long deschemins et dans les lieux secs, dont une varit fleurs roses et
une autre fleurs pourpres ont t juges dignes des honneurs
de la culture. Toutes ces plantes, qui ne sont gure que de
deuxime ordre, conviennent presque aussi bien pour la plantation des rocailles que pourcelle des parterres proprement dits.
),
Aconits
(Aconitum ).
Genre de renonculaces,
comprenant un grand
nombre d'espces, la plupart originaires des montagnes de l'Europe et de
l'Asie, vivaces par leurs
racines tiges dresses
fleurs en grappes terminales, blanches, violaces ou
jauntres, et dont la forme,
trs-irrgulire, a t compare celle d'un casque.
Deux espces indignes de
nos climats doivent tre
signales ici, savoir l'aconit napel ( A. napellus),
racines napiformes et
fleurs d'un violet bleu intense,quelquefois blanches par dcoloration, et
l'aconit tue-loup ( A. lycoctonum), fleurs jauntres.
Ces deux plantes, ainsi que
leurs varits, assez nombreuses, etplusieurs autres
espces trangres galement rustiques, sont assez
souvent cultives dans les
grands jardins, o, vues
de loin, elles font un certain effet. Toutes sont
trs-vnneuses et doivent
tre manies avec pruFig. 53. Achille.
dence. On les multiplie par
1
semis des graines, en automne ou au prinemps, et parclats
du pied.
Acroclinie fleurs roses
(Acroclinium roseum). Johe
la
plante de la famille des composes, originaire de
Nouvell
Hollande, annueile, feuilles linaires, tiges simples mai
nombreuses, peu leves, termines chacune par un capitule
de moyenne grandeur (20 25 millimtres de diamtre ),
disque jaune, sans rayons, entour de plusieurs rangs d
bractes involucrales de la plus belle teinte rose ou lilas carmin. Ces bractes sches et scaricuses durent longtemps,
et rappellent plus d'un titre celles des anciennes immortelles
de nos jardins. La plante, quoique employe quelquefois en
bordure le long des plates-bandes se prsente mieux en
massifs isols; elle se prte aussi la culture en pots et sur
rocailles. On la multiplie de graines semes en automne, et
alors on hiverne le jeune plant sous chssis, ou au printemps
sur couche tide et sous abris vitrs; on peut aussi semer
en place si la saison est assez avance. Suivant l'ge des
plantes la floraison se fait en mai, juin ou juillet. Quoique
l'introduction de cette plante en Europe ne remonte qu'
l'anne 1854, on en a dj obtenu en Belgique une varit
qui se reproduit, dit-on, trs-franchement par le
blanche
semis.
Adonides (Adonis). Petit groupe de renonculaces indignes, trs-analogues auxrenoncules, dont elles diffrent
principalement par leur feuillage, divis ou dcoup en lanires filiformes, et leurs corolles, ordinairement pourvues
d'un plus grand nombre de ptales (de 8 15 ou mme davantage). Deux espces ont t introduites dans les jardins
l'adonide deprintemps ( A.vernalis), plante montagnarde,
vivace, fleurs comparativement grandes (5 6 centimtres
de diamtre), d'un jaune clatant, qui s'ouvrent ds le milieu
de mars; et l'adonide d't ou il deperdrix(A. stivalis ),
plante sgtale, annuelle, dresse, presque simple, fleur
de moiti plus petites que celles de la prcdente, d'un rouge
de sang ou, plus rarement, oranges, avec une macule noirtre la base des ptales. Ces deux plantes ont peu ou point
vari parla culture, peut-tre parce qu'on ne leur a donn
qu'une mdiocre attention. Toutes deux se propagent de
graines, semes en place s'il s'agit de l'adonide d't, en
Ktrrines s'il s'agit de celle de printemps. Cette dernire
peut
multiplierpar clats du pied, mais seulement aprs
se
pflo&ison.
Jk0rtoire (Ageratum).Plantes amricaines, de
la faHlttdes composes, annuelles et bisannuelles, rameuses et
ferttait
touffe; feuilles opposes, simples, plus ou
Lescapitules sont petits, sans rayons, mais
encorymbes. Deux espces mritent d'tre signales; ce sont la clestine (A. clestinm, Clestina azurea)
et l'agratoire du Mexique (A. mexicanum), toutes deux
pRur d'un bleu azur. Ce sont d'excellentes plantes de plateItftle, rustiques, s'accommodant de tous les terrains, et
dont la floraison se soutient pendant trois ou quatre mois.
Les semis se font soit en automne, et alors il faut hiverner le
plantsous chssis, soit, plus habituellement, en mars et avril,
sur couche, avec repiquage du plant en ppinire d'attente.
On met en place la fin de mai ou dans les premiers jours de
la
elues.
[Juin.
::
Alysse saxatile, corbeille d'orouthlaspi jaune
(Alyssum saxatile). Plante crucifre du midi de l'Europe, trsrpandue dans les jardins, dont elle est un des plus beaux
ornements aux mois d'avril et de mai. Elle est vivace, sousligneuse, trs-ramifie, en larges touffes basses, arrondies et
bien pleines, feuillage blanchtre. Ses fleurs, en corymbes
serrs, sont du jaune le plus clatant. Elle est rustique et se
plait, dans tous les sols, mais elle russit peut-tre mieux dans
terres un peu lgres et siliceuses que dans les terrs
fortes, aussi l'emploie-t-on souvent pour garnir des rocailles
tm des talus pierreux. On la multiplie de graines, semes
6 ppinire immdiatement aprs leur maturit, c'est-dire en juin ou juillet; on met le plant en place avant ou
prs l'hiver. On peut aussi clater les touffes ou faire des
marcottes au printemps. Le semis des graines est pr-
rer.
Malgr la diffrence du port on rattache au genre alysse
l'aubritie ou alysse deltode (Alyssum deltoideum, Aubrietia
delloidea)(fig. 54), autre crucifre du midi de l'Europe,
vivace
rustique, en touffes trs
basses et gazonnantes,
feuilles d'un vert gris, ;
fleurs d'un bleu violac. Elle
ne sert gure qu' faire de
bordures le long des plates
bandes ou garnir des ro
cailles. Sa floraison, qui
commence au premier prin
temps et se prolonge jusqu'
la fin de mai, n'est pas d
pourvue d'agrment, mai
on peut lui reprocher d'tre
trop clair-seme. On la mul
tiplie de graines semes en
Fg. 54. Aubritie ou alysse dellode.
ppinire, ouparsparati
des touffes au printemps et dans le courant de l't.
Une troisime espce du mme genre, l'alysse maritime
(A. maritimum), est aussi compte parmi les plantes d'agrment. C'est une petite herbe indigne, fruticuleuse, vivace, basse, touffue, feuilles blanchtres et fleurs blanches et odorantes, qui est principalement employe pour
faire des bordures. Elle vient pour ainsi dire sans culture,
toutes les expositions et dans tous les sols. On la sme en avril
sur place, ou en septembre en ppinire, avec abris pendant
l'hiver si on le juge ncessaire. Elle est remontante et fleurit
jusqu'aux geles quand on a soin d'enlever les grappes au fur
et mesure de leur dfloraison.
Amarantes (Amarantus, Celosia). Genre de la famille des
amarantaces, comprenant un grand nombre d'espces, dont
quelques-unes, originaires de l'Asie orientale, comptent
parmi nos plus belles plantes de pleine terre. La plus intressante est la closie ou amarante crte de coq (A. cristatus, Celosia cristata) (fig. 55), plante annuelle, de la Chine mridionale,
tige dresse, haute de 0m ,40 0m ,60, feuilles ovales ou lancoles, de couleur verte. Les fleurs sont tout fait insigni:
fiantes prises isolment, mais l'inflorescence entire
forme de
l'agrgation de
plusieurs milliers
de ces petites
fleurs, et dont la
teinte varie du
jaune etdu rose au
rouge vif et au
pourprefonc,est
au contraire d'un
grand effet. Dans
les belles varits
l'axe de l'inflorescence s'aplatit,
s'largit et se terbrusquemine
ment en une sorte
Fig. 55. Amarante crte de coq.
depalettecon-
tours sinueux ou
glisss, qui rappelle d'une certaine manire la crte d'un coq.
Les teintes, ordinairement trs-vives,
mtalliques)
comme
et
les reflets velouts de ces inflorescences monstrueuses
tonnent une grande valeur ornementale la plante aussi
l'emploie-t-on, cultive en pots
ou sur des jardinires, pour
orner les fentres ou les appartements, aussi bien qu'en
eine terre pour la dcoration du jardin. On la multiplie de
gaines semes sur couche, en avril; on repique le plant en
ppinire lorsqu'il a trois ou quatre feuilles, et on le met en
vers le milieu ou la fin du printemps. On en cultive aussi
s varits naines, de 20 30 centimtres, dont l'pi est
encore plus large et plus dform que dans les varits ordiaires; elles sont principalement rserves pour la culture en
ce
lots.
Plusieurs autres espces d'amarantes, mais moins belles
encore
que celle dont il vient d'tre question, se trouventargents
communment dans les jardins; ce sont l'amarante
(Celosia argentea), plante de l'Inde, dont les fleurs sont en
pis nacrs, quelquefois roses; l'amarantetricolore (A.tricolori
(fig. 56) de la Chine, haut de 0m,50 1m, dont toute la beaut
centre
rside dans
la
feuillage,
qui
porte son
une large macule
jaune cercle de
quelquefois
et de
pourpre
vert;
les couleurs se
rduisent deux,
le jaune et le vert,
ou le rouge et le
jaune; l'amarante
gant (A.specio- l
sus), forte plante
qui
de l'Inde
s'lve de 1m,50
2m, et dont
Fig. 56. Amarante tricolore.
les feuilles sont,
teintes de rouge carmin plus ou moins vif; elle se fait surtout
remarquer par son inflorescence, qui est grande, pyramidale,
et d'un trs-beau pourpre; l'amarante feuilles rouges
(A. sanguineus), de l'Inde, un peu moins lev que leprcdent, dont il se distingue par un feuillage d'un rouge bien
plus prononc et par une panicule rameaux plus grles et
plus lches; enfin, l'amarante queue de renard (A. caudatus),
grande espce del'Inde, feuilles et tiges rouge-carminfonc,
etdont les longs pis, de mmecouleurque les feuilles, flchissent sous leur propre poids. Toutes ces plantes sont annuelles
grande
leur
demi-rustiques
mais
de
le
nord,
dans
et
cause
taille, de la teinte insolite de leur feuillage et du dveloppement peu ordinaire de leur inflorescence, qui les rendent
propres surtout tre vues de loin, elles conviennent beau-
la dcoration des grands jardins fleuristes, et
mme des jardins paysagers, qu' celle des parterres proprement dits. Nous
en reparlerons plus loin.
Anaurantinefl ou Amarantodes Gomphrena). Le
ppooi franais de ces plantes indique dj leur parent avec la
rte de coq et les amarantes, dont en effet elles ne diffrent
re que par la forme de leur inflorescence. Comme chez
ses dernires, les fleurs prises isolment sont trs-petites et
insignifiantes, mais elles sont rapproches en grand nombre et,
leplus, elles sont entoures de bractes scarieusesbrillamment colores et trs-durables, ce qui les a fait mettre par
le vulgaire au nombre des immortelles. Tandis que
chez les amarantes
up mieux
proprement dites
l'inflorescence est
allonge et ramifie, chez les amarantines elle est
simple et raccourcie, souvent mme
globuleuse et capituliforme.
Ce genre est assez riche en espces, la plupart dignes d'entrer dans
la culture d'agrment, quoiqu'elles
n'y aient pas t
toutes introduites.
Les plus connues
sont l'amarantine
globuleuse ou amarantine violette (G.
Fig.57. Amarantine globuleuse.
globosa) (fig. 57),
qu'on dit provenir de l'Inde; elle est annuelle, haute de 0m,40
om ,50, inflorescences globuleuses, d'un beau pourpre violet, parfois roses ou toutes blanches l'amarantine rouge (G. coccinea), du Mexique, un peu plus haute que la prcdente et
annuelle comme elle, bractes rouge carlate et fleurs
jaunes; l'amarantine orange (G. aurantiaca), du mme pays
que la prcdente, dont elle pourrait n'tre qu'une varit; elle
en diffre surtout par la teinte orange de ses capitules; enfin
l'amarantine de Sellow (G. pulchella), de Montvideo, capitules globuleux, de couleur rose carmin. A ces espces on
pourrait ajouter l'amarantine officinale (G. officinales) et l'amarantine grosses ttes (G. macrocephala), toutes deux du
Brsil et capitules pourpres ou carmins, mais qui son
encore trs-rares dans les jardins.
Toutes lesamarantodes sont annuelles ou du moins traites
comme telles sous nos climats. Elles servent de diverses manires la dcoration des plates-bandes soit en massifs, soit
en petits groupes ou en pieds isols. Elles se plaisent aux expositions chaudes et dans les terres lgres et amendes de
terreau de couche dcompos. Les semis se font en mars ou
avril suivant les lieux, sur couche chaude et sous chssis dans
le nord, et on repique le plant en ppinire ou directement
en place si la temprature est devenue assez douce et qu'il
n'y ait plus de geles craindre. En faisant deux ou trois semis
une quinzaine de jours d'intervalle on peut obtenir une floraison continue d'amarantines depuis le commencement de
juillet jusqu'aux premires geles.
Ambrettes. Voyez centaures.
Ammobie aile (Ammobium alatum) (fig. 58). Compose australienne, voisine des hlichrysums et pouvant se
ranger comme eux dans le groupe horticole des immortelles.
C'est une plante vivace, dont les feuilles sont presque toutes
radicales, tales en rosette autour du pied, et dont les tiges
et les rameaux divergents et presque nus sont garnis, dans
toute leur longueur, de larges ailes dcurrentes qui y tiennent lieu de feuilles. Elle s'lve 0m ,50 environ, et porte au
sommet de ses rameaux des capitules solitaires, composs
d'un disque de fleurons jaunes,sans
rayons, mais entour
de plusieurs rangs de
bractes scarieuses
d'un blanc nacr, dont
l'clat se conserve
presque indfiniment.
Par son port roide, sa
nudit et l'troitesse
de ses capitules, qui
n'ont pas deux centimtres de large, cette
plante produit peu
d'effet dans le parmais ses raterre
meaux coups entrent
avantageusementdans
la composition des
bouquets d'immortelles
ce qui fait peu
prs tout son mrite.
A Paris on la traite
comme plante annuelle, en la multipliant
exclusivement de ses
graines, qu'on sme
sur couche, au printemps
pour mettre le
plant en pleine terre
dans les premiers
jours de mai elle
fleurit un mois ou six
Pi
semaines plus tard.
Fig. 68. Ammobie aile.
On peut aussi semer
pet automne, sur ppinire, et alors le plant, repiqu en pots,
hivern sous chssis. Dans le climat mridional la culture
de l'ammobie, et en gnral celle de la plupart des immortelles, pourrait se simplifier
il suffirait de les cultiver
comme plantes vivaces, c'est--dire demeure sur le terrain,
en les abritant, s'il y avait lieu, dans les plus mauvais jours
de l'hiver.
Amphicome de l'Emodi(Amphicome Emodi). Jolie
bignoniace de l'Himalaya, introduite en 1852, vivace, glabre; feuilles composes de 5 7 folioles et presque semblables celles du frne tiges herbaces et annuelles, hautes
de 0m ,40 0m ,45, et termines par des grappes de grandes
fleurs infondibuliformes, trs-analogues celles des bignones
dont nous parlerons dans un autre chapitre. Ces fleurs ont le
limbe tal, d'un rose tendre tirant quelque peu sur le carmin,
et le tube jaune ou jaune orang vers la base. Peu de plantes
exotiques, parmi celles qui ont t rcemment importes en
Europe, sont aussi dignes que celle-ci de figurer sur les platesbandes du parterre ou dans les appartements. Presque rustique
sous le climat de Paris, elle l'est tout fait dans le midi et
dans l'ouest de la France, o son rhizome passe facilement
l'hiver en terre, mme sans couverture. Elle se multiplie avec
une gale facilit de graines et d'clats du pied. Si on voulait la
cultiver en pots, on choisirait des vases un peu grands, c'est-dire ayant au moins 30 centimtres d'ouverture, et qu'on
aurait soin de drainer convenablement. La plante se plat au
grand soleil, mais elle veut de copieux arrosages en t. Au
nord de Paris elle fleurit mieux sous verre qu' l'air libre
du moins dans les annes ordinaires.
Ancolies (Aquilegia). On dsigne sous ce nom un genre
de renonculaces trs-naturel et bien caractris par ses
ptales en forme de cornets, ouverts par en haut, et prolongs infrieurement en perons. Les cinq ptales de chaque
fleur ayant identiquement la mme forme et la mme dimension, la fleur n'en reste pas moins trs-rgulire. Toutes les
espces du genre sont vivaces et rustiques; quelques-unes
mme sont indignes de nos montagnes; toutes se ressemblent par le feuillage, qui est divis en trois lobes principaux,
glabre et un peu glauque, comme aussi par le port et l'inflo-
.-. cenc
en panicule. Les fleurs sont en gnral de moyenne
grandeur et presque toujours pendantes. Les espces les plus
ordinairement cultives sont 1 L'ancolie desjardins(A.vultyaris) (fig. 59), plante indigne, dont les tiges s'lvent deOm;40
0m,60 suivant les lieux.
Ses fleurs, en forme de
clochettes etun peu grandes pour le genre, sont
d'un bleu tirant quelque
peu sur le violet. Par la
culture, elle a donn de
nombreuses varits,
fleurs blanches, roses ou
violettes puis des varits
doubles, les unes non dformes et dont les cornets
en contiennent plusieurs
autres de moindre taille et
embots, les autres dformes, oles cornets ont
fait place des ptales entirement planes. Ces diverses varits, qui peuventparatre curieuses,
sont moins belles que la
forme type fleurs simples; 2 l'ancolie des Alpes
(A. alpina), fleurs blanches ou bleu clair; 3 l'anFig. 69. Ancolie des jardins.
colie de Sibrie (A. sibirica),
dont les fleurs bleues portent une macule blanche au sommet
des ptales; 4Vancoliede Fischer (A. jucunda), de Sibrie et
assez voisine de la prcdente c'est la plus belle de toutes les
ancolies par la grandeur, plus qu'ordinaire, de ses fleurs largement ouvertes et par leur brillant coloris; le calyce y est
,.:d'un bleu vif, et la corolle mi-partie de blanc et de bleu.
5 l'ancolie du Canada (A. canadensis), qui se distingue de
-'
d'un
notre espce commune par des fleurs plus troites,
intrieurevif
l'extrieur,
jaune
d'un
verdtre
rouge assez
ment; 6 l'ancolie de Skinner (A. SAinneri), qui a de l'analogie avec la prcdente par le coloris de ses fleurs; 7 enfin,
l'ancolie arctique (A. arctica, A. formosa) de Sibrie, voisine
de l'ancolie de Skinner, mais avec des fleurs plus grandes et
plus vivement colores. Plusieurs autres espces sont encore
numres dans les catalogues des horticulteurs il serait peu
utile de les indiquer ici.
Les ancolies se plaisent dans les lieux demi abrits contre
les rayons du soleil, et s'accommodent de tous les terrains,
pourvu que l'eau n'y soit pas stagnante cependant elles russissent gnralement mieux dans les sols un peu siliceux que
dans les autres. On les multiplie par la sparation des touffes,
faite au printemps, ou parle semis des graines sur une platebande mi-ombre ou en terrines. Ces semis se font indiffremment dans l'automne de l'anne qui a vumrirles graines
ou au printemps de l'anne suivante.
Androsme. Voyez millepertuis.
Anmones(Anemone). Outre les espces de collection dont
Fig. 60. Anmone hpatique.
il a t parl dans un chapitre prcdent, et qui sont de beau-
coup les plus importantes, ce genre en contient plusieurs
autres, qui sont encore d'agrables plantes de plate-bande
ou de rocailles. Toutes sont vivaces comme l'anmone des
fleuristes, mais, plus rustiques qu'elle, elles demandent
comparativement peu de soins aussi ne les dplante-t-on
gure que lorsqu'il s'agit de les multiplier par la division des
touffes. Les espces les plus habituellement cultives sont
1 l'anmone hpatique (A. hepatica) (fig. 60), charmante espce
indigne, commune surtout dans nos montagnes du centre
et du midi, acaule, feuilles trilobes et luisantes, dont les
fleurs bleues, violettes, roses ou tout fait blanches, sortent
de terre en touffes serres, en mme temps que les feuilles
et ds les premiers jours du printemps la culture en a obtenu
des varits doubles ou pleines dans toutes les teintes que nous
venons d'indiquer, except le blanc, ce qui est regretter;
2 l'anmone pulsatille (A. pulsatilla) (fig. 61 ), plante printa-
nire, commune sur
les coteaux secs et
rocailleux du centre
delaFrance,feuil-
les profondment
dcoupes, velues,
dont les tiges se terminent par une
seule fleur, un peu
grande, dresse,
demi ouverte, d'un
violet fonc et velue extrieurement
comme les feuilles
3 l'anmone de
printemps (A. vernalis
plante des
Alpes, vivace, velue, fleurs blanFig. 61. Anmone pulsalille.
ches en dedans, vio l'extrieur; 4 l'anmone il de paon (A. pavonina),
),
laces
superbe plante de Provence et d'Italie, fleurs grandes, d'un
rouge carlate trs-vif; 5 l'anmone toile (A. stellata), des
mmes lieux que la prcdente, en compagnie de laquelle on la
trouve souvent, et dont elle diffre par demoindresproportions
et par la teinte lilas de ses fleurs; 6 l'anmone del'Apennin
(A. apennina), remarquable surtout par ses jolies corolles bleu
d'azur; 7 l'anmone des Alpes (A. alpina), plante alpine,
tige dresse, feuilles dcoupes, fleurs grandes, blanches,
roses ou jaune de soufre; 8 l'anmone des bois (A. nemorosa),
plante vulgaire sur les collines boises de toute La France,
fleurs blanches, dont une varit pleine est seule estime;
9 l'anmone du Japon (A. japonica), trs-belle plante exotique dont le nom indique la provenance, tiges'dresses, en
touffes, hautes de 0m,50 0m,70 ou plus, fleurs trs-grandes,
simples, doubles ou pleines suivant les varits, de couleur
lilas carmin, quelquefois roses ou blanches, qui s'ouvrent en
sep tembre et en octobre
;
lgante
10 l'anmone
(A. hybrida, A. elegans)
(fig. 62), qui diffre de
la prcdente par une
taille plus leve, un
feuillage plus grand et
des fleurs moins vivement colores. Ces deux
dernires anmones,
galement propres la
dcoration des grands
jardins fleuristes et des
petits parterres, se recommandent surtout par
leurfloraison automnale.
Plusieurs autres espces,
telles que l'anmone
fleurs de narcisse (A. narcissiflora), l'anmone
Fig.
62.
Anmone lgante.
blanche (A. alba),l'an-
men de Virginie (A. virginiana), etc., peuvent aussi tre
introduites dans la culture. Comme quelques-unes des prcdentes, cependant, elles conviennent aussi bien l'ornementation des rocailles et la culture en pots qu' celle des
plates-bandes du jardin.
Anthmis
(Anthmis). Genre dedcoupes,
composes indignes,
plus ou moins
vivaces, fleurs radies, feuilles
aromatiques, dont quelques espces sont d'assez jolies plantes
de plante-bande. Nous signalerons dans le nombre l'anthemis
des teinturiers (A. tinctoria), du midi de l'Europe, dont les
tiges en fortes touffes peuvent s'lever 1mou plus, et sont
trs-florifres. Les capitules, d'un tiers moins grands que ceux
des reines-marguerites, ont de 30 50 rayons, d'un jaune
trs-vif, quelquefois jaune ple ou mme tout fait blancs.
Quoique vivace, cette espce se cultive habituellement comme
plante annuelle. On la sme au printemps ou en t, et le
plant lev en ppinire est mis en place au printemps
suivant; il fleurit du 15 juin au 15 aot, plus tt ou plus tard
suivant les lieux et les annes.
Une seconde espce, commune dans toutes nos provinces,
a t pareillement introduite dans les jardins c'est la camomille romaine (A. nobilis), beaucoup moins leve que la prcdente, et dont les tiges sont plus ou moins tales sur le sol. Ses
capitules ont les rayons blancs et le disque jaune. Elle n'a d'intrt, comme plante d'agrment, que par sa varit double ou
pleine, chez laquelle les fleurons du disque se sont transforms
en ligules blanches, ce qui donne aux capitules une certaine
ressemblance avec ceux des petites varits du chrysanthme
de l'Inde ou de la matricaire mandiane. On la cultive sur les
plates-bandes en touffes isoles et plus souvent encore en bordures. Cette varit tant strile, un ne la propage que par
division du pied. Quoique rustique, dans le sens ordinaire
du mot, elle prit assez souvent Paris dans les hivers froids
et surtout trs-humides.
Aphelexis. Voyez immortelles.
Arabettes (Arabis). Plantes de la famille des crucifres, indignes des Alpes et des hautes montagnes du midi
de l'Europe, vivaces ou annuelles, feuillage un peu velu,
dresses, formant des touffes de 15 25 centimtres de hauteur, dont toutes les tiges se terminent par une grappe de fleurs
blanches. Elles sont trs-rustiques, et par leur floraison prcoce elles deviennent un des principaux ornements de nos
jardins au sortir de l'hiver. On les cultive soit en massifs,
soit, plus ordinairement, en bordures serres le long des platesbandes, o d'habitude on fait contraster leurs fleurs blanches avec celles des doronics, qui les ont d'un jaune vif, ou
celles des grandes saxifrages de Sibrie, qui sont de couleur
rose plus ou moins carmin. Il n'y a gure que deux espces,
toutes deux vivaces et presque semblables l'une l'autre, qui
soient admises comme plantes d'agrment l'arabette printanire ( A. verna) (fig.63), qui est la plus belle, et l'arabette du
Fig.
63. Arabettec de printemps.
Caucase (A. caucasica). On les propage de graines semes
dans le courant de l't, ou par la simple division des touffes
lorsque la floraison est acheve. Les plantes obtenues par ces
deux moyens sont leves en ppinire et mises en place en
automne. Elles fleurissent ds le printemps suivant. Leurs
fleurs, comme celles de beaucoup de plantes printanires,
sont fort recherches des abeilles.
Arctotides (Arctotis). Genre de composes-radies de l'Afrique australe, trs-voisin des gazanias, dont nous parlerons
plus loin, et s'employantaux mmes usages horticoles. Ce sont
des plantes souvent acaules, vivaces ou bisannuelles, feuilles
ordinairement roncines, presque toutes remarquables par
les belles teintes jaunes ou jaune orang des rayons de leurs
capitules, dont le disque est de couleur plus fonce ou d'un
pourpre brun. Plusieurs espces ont t introduites dans les
jardins. La plus belle, celle qui pourrait remplacer toutes les
autres, est l'arclotide acaule (A. acaulis), plante riche en varits (A. tricolor, undulata, speciosa, etc. ), qu'on a prises
plus d'une fois pour des espces diffrentes, et qui se distinguent les unes des autres principalement par le coloris, dont la
nuance varie du jaune ple au rouge orang. Les arctotides font
de charmantes bordures le long des plates-bandes, et elles peuvent aussi, les espces caulescentes surtout, se cultiver en
groupes ou petits massifs isols. Toutes conviennent particulirement aux jardins mridionaux, mais elles ne sont qu'
demi-rustiques Paris, o on les cultive en pots autant qu'en
pleine terre. On les sme au printemps, sur couche chaude et
sous chssis, et on les repique soit sur couche, soit en place
si la saison est assez chaude, mais toujours une exposition
bien claire, car les capitules des arctotides ne s'ouvrent
qu'aux rayons du soleil et se ferment par les temps couverts
ou pluvieux. Plusieurs autres composes de l'Afrique australe
offrent les mmes phnomnes
aussi viennent-elles incomparablement mieux dans la rgion mditerranenne que partout ailleurs.
Argmones (Argemone). Plantes annuelles, de la famille
des papavraces, originaires des montagnes du Mexique
et de l'Amrique centrale, assez rustiques pour fleurir et
fructifier dans le courant de la belle saison sous la latitude
,
,
dl
de Paris et mme plus au nord. Elles s'lvent droites
0m,60 1m de hauteur, se ramifiant plus ou moins et portant l'extrmit de chaque rameau une fleur de la grande
de celle du coquelicot, largement ouverte, ptales trs-ca
ducs. On en cultive deux espces, l'argmone fleurs blanches
(A.
mexi,
fleurs
jaunes
(A. grandiflora) (fig. 64), etl'argmone
cana ). Toutes deux
sont plus remar
quables par leur
feuillage, glauque
et lgamment d1
coup, que pan
leurs fleurs, trs
aussi
passagres
conviennent - elles
tout aussi bien,
aux grands jardins
qu'aux plates-ban
des d'un parterre
Les semis se font eri
mars ou avril, avec
ou sans abri, suivant
la saison et les lieux.,
Armria. Voyez
gazon d'Olympe et
statics.
Arnbie cliiode (Arnebia echio-
).
Jolie bora-,
gine d'Armnia
et du Caucase, yi
ides
vace par sa racines
tiges annuelles,
demi-lw
simples, feuillues
gneuses,
hautes de 0m,20 a
om,25, termines par une ou plusieurs grappes scorpiodes 4
Fig. 64.
Argmone fleurs blanches.
dont les fleurs, relativement grandes (presque gales celles de
la primevre des jardins), sont du jaune le plus vif, avec cinq
macules cramoisies l'origine des lobes de la corolle. Par sa
petite taille, ses tiges fermes, son feuillage d'un vert fonc,
comme parla beaut de son inflorescence et par sa rusticit,
l'arnbiechiode, qui est encore peu rpandue en France,
justifie amplement la faveur dont elle jouit dans les parterres
de la Russie, de l'Angleterre et de l'Allemagne, o elle ne
demande pour ainsi dire aucun soin. Sous nos latitudes, plus
chaudes ou plus sches, elle se plat en terre frache mais
draine, et dans les lieux demi ombrags. On lamultiplie
trs-facilement de graines et d'clats du pied.
Asclpiades (Asclepias). Genre deplantes dont on a fait le
type de la famille des asclpiades, contenant d'assez nombreuses espces, toutes d'Amrique etvivaces, et dont quelques-unes ont t introduites en Europe titre de plantes
d'ornement. La plus intressante sous ce rapport est l'asclpiade tubreuse (A. tuberosa), de l'Amrique du Nord, vivace,
haute de 0m,60 0m,70, feuilles lancoles, et dont les rameaux se terminent par des ombelles de fleurs oranges ou
rouge aurore, rapproches en corymbes. Une seconde espce, moins intressante, est l'asclpiade la ouate ou herbe
coton (A. Cornuti), originaire du Canada, dont les tiges
simples, hautes de 1m 1m,50, se garnissent de belles et
larges feuilles ovales, et se terminent par des ombelles de
petites fleurs blanches ou blanc ros, d'un aspect assez
agrable, et qui d'ailleurs sont curieuses par leur structure
comme celles de toutes les asclpiades. Le fruit est un double follicule dont les graines sont munies de longues aigrettes
soyeuses, qu'on a compares de la ouate de coton et qu'on
a plusieurs fois, mais toujours inutilement, essay de filer et
de convertir en toffe. A cause de sa haute taille et de son
feuillage abondant, la plante ne convient gure qu'aux grands
jardins. Ses racines traantes, quihivernent facilement sous
terre et cheminent loin du pied, sont d'ailleurs trop envahissantes pour un jardin de peu d'tendue.
Outre ces deux espces, on cultive encore l'asclpiade incar-
nate ( A. incarnata), du mme pays que la prcdente, mais!
moins ornementale; l'asclpiade de Douglas (A. Douglasii)
de Californie, plante un peu basse, feuillage touffu et fleur
roses; et l'asclpiade de Curaao, qui, tant originaire des Antilles
demande la serre chaude en hiver sous le climat
Paris. Cette dernire se distingue des prcdentes, principalement par la couleur de ses fleurs, qui est le rouge orang.
Astres (Aster). Genre de plantes de la famille des composes-radies, presque toutes vivaces par leurs racines, rustiques, floraison estivale ou automnale, comprenant un grand
,
nombre d'espces introduites dans les jardins, mais dont
quelques-unes sont des plantes plus que mdiocres au point
de vue ornemental. Leurs capitules ont le disque jaune et les
rayons ordinairement bleu violac quelquefois blancs, roses
ou purpurins. Les espces qui une taille peu leve joignent des capitules de grandeur moyenne, et dont les teintes
sont bien franches, nous paraissent les seules qui mritent
d'tre recommandes pour la culture en plate-bande; les autres, cause de la petitesse de leurs fleurs ou de l'ampleur et
de la hauteur de leurs touffes, ne conviennent qu'aux pelouses
et aux jardins paysagers. Elles peuvent du reste fournir des
fleurs coupes, pour la confection des bouquets, ce qui est
aujourd'hui un de leurs principaux usages.
Parmi les espces recommandables pour la dcoration des
plates-bandes nousciterons l'astre oeil-de-Christ (A.Amellus),
du midi de la France haut de 0m,50 ou plus, dont les capitules ont 6 centimtres de diamtre, avec des rayons d'une
belleteintebleu violac; il fleurit de juilleten septembre; l'astre amellode (A. amlloides), plus trapu que le prcdent, et
qui n'en est peut-tre qu'une varit un peu plus tardive; l'astre des Alpes (A. alpinus), des hautes montagnes de la France,
plante basse, haute de 0m,20, dont les tiges ne portent ordinairement qu'unseul capitule, de3 4 centimtres de diamtre
et de mme couleur que dans l'astre il-de-Christ; elle convient plus particulirement la plantation des rocailles; l'astre bicolore (A. bicolor), probablement d'origine amricaine, ,
et que sa petite taille (25 30 centimtres) et l'abondance de
:
,
bescapitules d'un blanc ros, dont la teinte passe insensiblement
pourpre clair, recommandent suffisamment pour la
dcoration des parterres Vastregazonnant (A. cspitosus),
dunord de l'Amrique, trs-analogue l'astre bicolore par sa
floraison
VastredeReeves(A. horizontalis), bas, cespiteuxet
fleurs blanches, et qui, ainsi que les deux prcdents, est
employ faire des bordures l'astre des Pyrnes (A. pyrenaeus),Presque semblable l'astre des Alpes, mais deux fois
rjjfts lev, capitules relativement grands et dont les
rayons
tottt violet ple; l'astre grandes fleurs (A. grandiflorus)
(fig.65).dunord de l'Amrique, haut de 0m ,80, ou davantage,
rameux, fleurs solitaires
aux sommets des rameaux,
mais grandes et d'un bel effet, et ayant surtout l'avantage d'arriver tardivement
(en octobre), quand les jardins commencent se dpouiller de leurs ornements
enfin, l'astre lgant (A. ford'origine ammosissimus
ricaine, forte plante de plus
de 1m de hauteur, fleurs un
peu grandes, solitaires, d'un
beau violet pourpre, et dont
on fait une bonne plante
de plate-bande moyennant
pincements de la
- quelques
tige, qui par l se ramifie et
reste basse. Toutes ces espces d'ailleurs peuvent se
cultiver en pots et servir la
dcoration des fentres et
des appartements. Pour la
plantation
massifs,
en
sur
Fig. 65. Astre grandes fleurs.
lespelouses ou lalisire des
bosquets, on emploie les plus grandes espces, particulire-
au
),
ment les A.floribundus, multiflorus,formosissimus, versicolor, pendulus, sikkimensis, etc., encore assez remarquables
par l'abondance et le beau coloris de leurs fleurs.
Les astres n'ont gure t multiplis jusqu'ici que par
sparation des touffes, en automne ou au printemps, et cela
parce que la plupart ne donnent point de graines dans nos
jardins. Il est regretter que les plus beaux ne puissent pas
tre rgulirement soumis la reproduction par semis, car il
est probable qu'on en obtiendrait des varits doubles ou
pleines, avec des modifications dans le coloris, ainsi qu'il est
arriv pour les chrysanthmes, le souci, la reine-marguerite
et le dahlia.
Aubritie. Voyez Alysse.
Balsamines (Impatiens). Genre type de la famille des balsamines, contenant de nombreuses espces, dont une seule,
Balsamina), a acquis de l'imporla balsamine desjardins
tance comme plante d'ornement. Elle est originaire de l'Inde,
annuelle, tige dresse et succulente, rameuse, ne s'levant
gure au del de 0m ,50, souvent mme restant beaucoup plus
basse. Ses fleurs sont axillaires, trs-irrgulires, peronnes, d'un rouge vif dans le type de l'espce; le fruit est une
capsule oblongue plusieurs valves, qui clate la matu-.
rit par la brusque sparation des valves et leur enroulement
en dedans, d'o il rsulte que les graines sont projetes au
loin. Cette espce est demi-rustique, en ce sens que la chaleur
de nos ts est plus que suffisante pour lui faire parcourir tout
le cycle de sa vgtation, mais elle succombe la moindre
(I.
gele.
La balsamine, dj trs-belle l'tat sauvage, a encore
beaucoup gagn par la culture. Ne pouvant tre reproduite
que par le semis, elle a ncessairement subi les influences
modificatrices de ce moyen de multiplication : aussi a-t-elle
donn beaucoup de varits; mais c'est dans ces dernires annes que se sont produites les races les plus remarquables.
Les fleurs ont d'abord doubl, puis elles sont devenues pleines;
insensiblement elles ont pris une forme presque rgulire
et de plus en plus ouverte mesure que leurs ptales se
multipliaient;
enfin, on en a obtenu de si grandes, si pleines
Mai rgulires, qu'on a pu avec juste raison les comparer
des roses ou des fleurs de camellias. La couleur elle-mme a
subi de nombreuses altrations
elle a pass du rouge au blanc
^Hir, au blanc jauntre, au rose, au cramoisi, au gris, l'ardois, l'isabelle, au violet; il s'est mme produit des varits
panaches etponctues. Des variations d'un autre ordre ont
donndes plantes de haute taille et des plantes naines. En un
mot, la balsamine a tellement diversifi ses formes qu'aujourd'hui elle mriterait presque d'tre compte parmi les plantes
de collection; cependant elle est essentiellement une plante de
parterre et de plate-bande, et c'est pour ne pas rompre ses
analogies horticoles que nous croyons devoir la classer ici.
On peut, avec M. Vilmorin (1), rpartir les varits de balsamines en quatre classes assez distinctes, savoir
les Balsamines
doubles; les balsamines
pyramidales ou rameaux, ainsi nommes
parce que la sommit
de la tige principale
s'lvetrs-haut au-dessus des branches, sans
se ramifier de nouveau,
et en se couvrant de
fleurs serres; les balsamines camellias (fig.
66), dont lesfleurs
Fig. 66. Balsamine camellia.
(1) Les
Fleurs de pleine-terre, etc.; 1863.
normes, trs-pleines
et trs-rgulires, rappellent celles de l'arbuste dont ellesportent
le nom; et enfin, les
balsamines naines, qui
ne s'lvent gure au del de 25 30 centimtres. Dans chacun
de ces groupes se trouvent toutes les variations de coloris que
nous avons indiques plus haut.
Par son port ramass, droit et ferme, sa riche floraison et
l'clat de ses couleurs la balsamine convient admirablement
la dcoration des parterres; elle se plante en massifs, en
lignes, en bordures, en touffes isoles, suivant le besoin ou
le caprice de l'amateur
elle ne fait pas un moindre effet plante en pots, et dans cet tat elle peut devenir une des plus
belles plantesd'appartement. Aces divers mrites s'ajoute celui
d'tre de culture facile et de russir dans tous les sols de qualit
moyenne, la condition qu'ils reoivent un peu d'engrais bien
consomm, qu'ils soient frais, frquemment arross et bien
permables l'eau. Pour la culture en pots la terre doit tre
un peu plus substantielle que pour la culture en pleine terre
elle doit tre surtout parfaitement draine.
Les semis de balsamines se font au printemps, en avril ou
mai, sur couche, ou mme directement en place s'il n'y plus
de geles craindre, et encore dans ce cas aurait-on la ressource de couvrir la planche de paillassons pendant la nuit.
Il est mieux cependant de semer sur couche ou en ppinire,
pour transplanter quinzjours ou un mois aprs laleve duplant.
On peut d'ailleurs repiquer ce dernier en ppinire, et attendre
pour le mettre en place que les premiers boutons de fleurs
commencent se montrer, car, par suite de l'abondance du
chevelu de ses racines, qui rasent la terre, et de la contexture
succulente de ses tiges et de ses feuilles, la balsamine supporte trs-facilement la transplantation. Il faut cependant y
ajouter un copieux arrosage, pour en assurer ou en hter
la reprise.
Pour rcolter les graines des balsamines on ne doit pas attendre la complte maturit des capsules, parce qu'arrives
ce point elles clatent d'elles-mmes et projettent au loin
leurs graines, qui seraient pour la plupart perdues. Avec un peu
d'habitude on reconnat aisment leur teinte vert-jauntre j
celles qu'il est temps de cueillir. Les capsules dtaches se j
mettent dans des botes un peu creuses, qu'on tient en lieu
ec, o elles achvent de mrir. En gnral les balsamines
rs-doubles donnent peu de graines, mais ces graines reprouisent fidlement la varit. Les semi-doubles sont plus feriles, et leurs graines donnent naissance des plantes fleurs
oubles et des plantes fleurs simples. On croit avoir retarqu que les graines qui sont petites ou moyennes, mais
ien rondes, donnent des plantes fleurs trs-doubles ou
leines, et qu'au contraire celles qui sont grosses et allonges
e produisent jamais que des sujets fleurs simples ou tout
uplus semi-doubles.
Outre l'espce classique, et tout fait
sans rivale dans son
enre, que nous venons de dcrire, l'horticulture en possde
lusieurs autres, mais qui n'ont qu'un faible intrt. Il suffit
l'en nommer deux, la balsamine de Royle (B. Roylei) et la
alsamine trois cornes (B. tricornis), fortes plantes d'un
eux mtres, la premire fleurs carmin violet, la seconde
eurs orang ple. Leur grande taille et la raret comparative
e leurs fleurs les font exclure du parterre proprement dit,
our les relguer dans le jardin paysager. Cultives en masifs, sous le climat doux et humide du voisinage de l'Ocan
es deux plantes deviennent fort belles et sont trs-propres
corner les jardins publics. D'autres espces, toujours moins
elles que la balsaminecommune, n'appartiennent gure
u' la serre chaude sous nos climats.
arbe de Capucin. Voyez Nigelle d'Orient.
Barbe de Jupiter. Voyez Valriane.
Barbeau. Voyez Centaure.
Basilic
(Ocimum), Genre de la famille des labies, origiire de l'Inde, ne contenant, que de petites plantes, dont le
rincipal mrite, sinon le seul, consiste dans l'odeur suave
eshuiles aromatiques dont toutes leurs parties sont imprnes. Cependant leurs touffes de verdure fonce
leurs
fleurs blanc ros, roses ou pourpres, ne sont pas
quelque agrment. Pour ces deux raisons, les basit introduits dans les parterres, o ils servent,
jointement avec d'autres plantes, garnirdesplates-bandes
des massifs. Plus habituellement encore on les cul-
sont
et
sde
order
tive en pots, sur les fentres ou dans l'intrieur des apparie
ments. On les multiplie de graines semes au printemps.Ils
se plaisent dans les terres lgres, un peu fraches et situes i
bonne exposition. Les espces les plus gnralement cultives
sont le basilic commun (0.Basilicum), fleurs carmin eu
roses, qui forme des touffes de 25 30 centimtres en tous
sens, et le petit basilic (0. minimum), plus bas de taille et
gnralement fleurs blanches. Ces deux espces, ou au moin
l'une d'elles, paraissent avoirt cultives fortanciennement,
car des couronnes tresses de basilic ont t trouves dans
les hypoges de l'gypte.
Bgonias (Begonia). Grand genre deplantes exotiques, qui
constitue lui seul la famille des bgoniaces. Presque toutes
sont originaires de la zone intratropicale, circonstance qui
en fait dans nos climats des plantes de serre chaude ou de
serre tempre. Elles sont vivaces, succulentes, plus ou moins
leves, feuillage cordiforme ou rniforme, mais presque
toujours irrgulier, par l'ingalit de dveloppement des deux
moitis de la feuille. Dans quelques espces ce feuillage se
parc de teintes vives, telles que le pourpre de diffrents tons,
le vert, fonc presque jusqu'au noir, et le blanc, ce dernier distribu en toiles, en zones, en marbrures, en macules ou en
ponctuations. Les fleurs, toujours unisexues et en panicules
plus ou moins fournies, sont blanches, roses, rouge vif, couleur carmin, rarement jaunes ou oranges. Aux fleurs femelles
fcondes succdent des capsules trigones ordinairement
ailes d'un ct, et contenant des graines fines et nombreuses,
qui servent de moyen de multiplication concurremment avec
le bouturage de rameaux ou mme de simples fragments de
feuilles, qui s'enracinent avec une grande facilit. Les bgonias sont un des plus grands ornements de nos serres
chaudes, mais souvent plus par leur feuillage que par leurs
fleurs
sous ce rapport ils sont au premier rang parmi lesi
plantes feuillage color.
Une seule espce originaire de Chine, le bgoniadiscolora
sous
feuilles
(B. discolor), est assez rustique pour vivre en plein air
nos climats, moyennant une couverture de paille ou de
-
sches en hiver. De sa souche, ou rhizome arien, elle met
ous les ans des tiges de om ,30 0m ,60 de hauteur, garnies de
euilles d'un vert intense et uniforme en dessus, d'un rouge
de sang trs-vif en dessous. Ses fleurs, d'un beau rose, font
assez d'effet pour lui mriter l'honneur de figurer dans un
parterre. Elle russit mieux dans les jardins du midi que dans
ceux du nord, la condition d'y tre en bon sol, un peu abrite
contre le soleil et copieusement arrose dans la saison des
chaleurs. On la multiplie par fragments de la souche, ou
mieux encore par la plantation des bulbilles qui naissent
l'aisselle des feuilles, et qui tombs terre s'y enracinent
d'eux-mmes, pourvu qu'une temprature douce et l'humidit du sol favorisent leur dveloppement.
Belle-de-jour ou liseron tricolore Convolvulus tricolor) (fig. 67). Charmanteplante annuelle du midi de l'Europe,
Fig.
67. Belle-de-jour.
appartenant la famille des convolvulaces, Liges dresses ou
dcombantes, mais non volubiles, hautes de 0m,30 0m,50,
feuilles oblongues, un peu soyeuses. Les fleurs, relativement
grandes eten forme d'entonnoir, sont admirablement peintes;
le fond en est jaune clair, le milieu est occup par un cercle
blanc, le contour par une large zone du plus beau bleu. Peu
de plantes sont mieux appropries que celle-ci la dcoration
d'un parterre, o elle convient surtout pour former des
massifs ou des cercles autour de groupes d'autres plantes.
On l'emploie de mme en touffes isoles alternant avec des
fleurs de couleurs diffrentes. La culture en a tir plusieurs
varits, entre autres une varit toute blanche, qui est loin ds
valoirlaforme typique,uneseconde varit, panachede bandes
bleues sur fond blanc, et une troisime, fleurs doubles, miparties de blanc et de bleu. La belle-de-jour est rustique mais
comme elle supporte difficilement la transplantation, moins
qu'on ne l'enlve jeune et avec la motte on la sme ordinairement en place, dans le courant d'avril ou de mai. Sa floraison, commence la fin de juin, se continue jusqu'au
mois d'octobre, ou plus longtemps si la temprature se soutient assez leve.
Belles-de-nuit (Mirabilis). Plantes de la famille des nyctagines, originaires du Mexique et probablement des autres
contres montagneuses intratropicales du Nouveau-Monde, vivaces par leurs racines, tiges noueuses, feuilles opposes.
Leurs fleurs, en forme d'entonnoir et trs-semblables en
apparence celles des convolvulaces, n'ont en ralit qu'un
calyce ou prianthe corolliforme, qui en fait toute la beaut.
Les graines, volumineuses et solitaires dans chaque fleur,
contiennent un abondant prisperme blanc et farineux, dont
on a vainement essay jusqu'ici de tirer un parti utile.
Ce genre fournit nos parterres une trs-belle espce, la
belle-de-nuit commune (M. Jalapa) (fig. 68), forte plante branches et rameaux diviss dichotomiquement, et formant des
touffes de 0m,60 1m de hauteur, moins dveloppes dans
certaines races. Les fleurs naissent aux sommets des rameaux
et se succdent en trs-grand nombre des premiers jours de
juillet la fin de l'automne, mais chacune d'elles dure peu;
ouvertes au coucher du soleil ou pendant la nuit, elles sont
presque toujours fermes dix heures du matin, moins
que le ciel ne soit couvert ou pluvieux, et dans ce cas elles
peuvent durer tout le jour. C'est surtout le soir, la nuit
Fig.68.Belle-de-nuit.
tombante, que ces plantes sont dans toute leur beaut.
Dans la forme type de l'espce, celle qu'on pourrait considrer comme reprsentant la plante sauvage, les fleurs sont
du plus beau rouge pourpre. Par l'effet de la culture, et sans
doute aussi du dpaysement, il s'est produit des races, aujourd'hui trs-stables, de belles-de-nuit fleurs uniformment
blanches ou jaunes, puis, peut-tre par croisement de ces
races entre elles et avec le type de l'espce, de nouvelles races
fleurs panaches ou marbres de pourpre sur fond blanc ou
jaune, ou de jaune et de pourpre sur fond blanc. Les fleurs
r-M sont en mme temps beaucoup agrandies dans quelques
varits, tandis que chez d'autres la taille des plantes s'est
abaisse. De toutes ces modifications est rsult un nombreux
rpertoire de formes nouvelles, et trs-perfectionnes si on les
compare la plante dans son tat primitif.
ct de cette espce nous en trouvons une autre, la
belle-de-nuit odorante (M. longiflora), qui lui est trs-infrieure commeplante d'ornement. Elleest plus forte, plus touffue, mais ses rameaux dcombants lui donnent un port disgracieux. Ses fleurs, qui sont d'un tiers plus petites que celles de
la prcdente, se prolongent infrieurement en un tube de 10
14 centimtres de longueur. Leur couleur est le blanc ros,
tournant, dans quelques sous-varits, au violet clair; leur
odeur est prononce et agrable. Cette espce, dont la floraison
est nocturne comme celle de la belle-de-nuit commune, est
trop forte et surtouttrop tale pour convenir aux plates-bandes
d'un parterre; on en tire un meilleur parti en en formant des
massifs part dans les endroits carts du jardin.
On a russi plusieurs fois fconder les fleurs de la belle-denuit commune par le pollen de la belle-de-nuit odorante, et
on en a obtenu des hybrides (Mirabilis longifloro-jalapa) intermdiaires entre les deux types spcifiques, tantt striles,
tantt fertiles par leur propre pollen ou par celui des plantes
qui les avaient produits. De ces alliances diversement combines sont issues de nouvelles varits, en gnral plus curieuses par leur origine que remarquables par la beaut de
leurs fleurs, et qui d'ailleurs, comme toutes les plantes hybrides, ne se reproduisent pas fidlement du semis de leurs
graines.
Les belles-de-nuit se propagent de graines qu'on sme sur
couche ou en place, en avril ou mai. Un point noter ici,
c'est que les graines reproduisent en gnral trs-fidlement
les varits auxquelles elles appartiennent et que le jardinier
peutles semer presque avec la certitude absolue de voir reparatre sans altration les varits jaunes, pourpres, blanches
ou bigarres. Dans les pays o l'hiver est doux la racine se
conserve assez facilement enterre, avec ou sans couverture,
et avec le temps elle devient trs-grosse; sous le climat de
Paris elle prit tous les ans, moins qu'elle ne soit abrite
contre le froid sous chssis ou en orangerie. Dans le cas o
il s'agirait de conserver une plante remarquable, ou d'avoir
des plantes plus fortes et de floraison plus prcoce que celles
A
qu'on obtient d'un semis fait dans l'anne mme, on devrait
relever ces racines ds le commencement d'octobre et les
mettre en pots, pour les hiverner jusqu'au printemps suivant.
.J!'La famille des nyctagines a fourni encore d'autres plantes
nosparterres, mais qui sont trs-infrieures en beaut
qui prcdent. La seule dont il puisse tre utile de
parler ici est l'abronie ombelle (Abronia umbellata), de Californie, plante vivace, rameaux un peu sarmenteux, et dont
les-fleurs sont rapproches en ombelles au sommet de pdoncules axillaires. Ces fleurs sont petites, d'une belle couleur
rose et trs-odorantes. La plante est rarement cultive sur les
plates-bandes, cause de son port trop tal; sa vritable
place est sur les pelouses, sur les rocailles ou au milieu
des gazons. On peut aussi la palisser sur un treillis. Quoique
plus rustique que la belle-de-nuit commune, on lui applique
la mme mthode de culture qu' cette dernire.
Benoite carlate (Geum coccineum). Rosace du Chili,
rustique, vivace par son rhizome feuilles radicales un peu
grandes, oblongues, lobes et dcoupes; tiges dresses,
rameuses, hautes en moyenne de 0m,50, et dont les dernires divisions portent, au commencement de l't, des
fleurs semblables de forme et de grandeur celles des potentilles et des fraisiers, mais d'un rouge trs-vif. Quoiqu'elle
soit un peu dfectueuse par le port et que sa floraison ne
soit pas trs-abondante, la benoite carlate, cultive en pieds
isols, est une agrable plante de plate-bande. On la multiplie
d'clats du pied, aprs la floraison, et plus rapidement de
aines, dont le plant, repiqu en ppinire, est mis en place
ans l'anne mme au printemps de l'anne suivante. Audenos benoites indignes ne mrite les honneurs de la
culture, sauf peut-tre la benoite des ruisseaux (G. rivale),
subalpine fleurs rougetres, quipeutservir dcorer
les rocailles humides.
les
ne
nte
ou
Berce. Voyez Acanthes.
Bluet. Voyez Centaures.
Bourbonnaise. Voyez Lychnides.
Brachycome feuilles d'ibride
(Brachycome ibe-
ridifolia). Petite plante annuelle de la Nouvelle-Hollande,
appartenant la tribu des composes-radies, feuilles
dcoupes, et formant des touffes de 0m,30 0m,40 en tous
sens. Chaque rameau se termine par un petit capitule, dont
le disque est brun et -les rayons bleus, avec une maculeblanche leur base. Cette jolie plante est principalement
employe faire des bordures. Les semis se font au printemps, sur couche ou en place suivant l'tat de la saison,
ou en automne sur couche chaude, et alors on abrite le plant
sous chssis pendant l'hiver, aprs l'avoir repiqu en terrines
ou en pots.
Brancursine. Voyez Acanthes.
Brunelle ou prunelle grandes fleurs (Prunella
grandiflora). Labie indigne, vivace, rhizomes rampants,
feuillesovales, dont les tiges dresses, hautes de 0m,15, OID, 18,
se terminent par un pi de grandes fleurs bilabies, rnfles
au-dessous de la gorge, d'un pourpre fonc, quelquefois roses
ou mme toutes blanches. Cette plante rustique, qui vient dans
tous les terrains, mme les plus secs, et fleurit presque tout
l't, est principalement employe faire des bordures. On la
multiplie d'clats du pied au printemps, ou de graines semes en ppinire, dont le plant est mis en place dans l'anne
mme ou seulement aprs l'hiver.
Cacaliecarlate Cacalia sonchifolia, Emilia sagitlata).
Plante annuelle, de la famille des composes, originaire de
l'Inde, presque entirement glabre, glauque, s'levant
0m,40 environ, fleurs rouge de sang ou carlates. Ces fleurs,
ramasses en petits capitules dpourvus de rayons, ne sont
remarquables que par leur brillant coloris; aussi les plantes
condition
certain
la
d'tre cultives
effet
qu'
font-elles
un
ne
en massifs ou en bordures mais elles se succdent sans interruption du milieu de l't aux premires geles. Les graines
se sment du 15 avril la fin de mai, en ppinire ou en
place, suivant la temprature du lieu et de la saison.
Calandrines (Calandrinia). Plantes amricaines, annuelles ou vivaces, de la famille des portulaces, un peu charnues et succulentes, glabres, ramifies, feuilles rapproches
en rosace et tales sur le sol. Sept ou huit espces ont t introduites dans les parterres, o on les emploie faire des
bordures ou des massifs. Ce sont, entre autres, la calandrine bicolore (C. discolor), dont les corolles d'un rose
violac contrastent avec de nombreuses tamines oranges;
lacalandrine grandes fleurs(C. grandiflora), peu diffrente de la prcdente, et la calandrine en ombelles (C. umbellata), plus petite dans toutes ses parties, mais dont les
fleurs sont en corymbe ombelliforme au sommet des rameaux, et de teinte plus fonce. Ces plantes, toujours cultives dans nos jardins comme plantes annuelles, se sment
en place, en avril ou mai; la floraison se prolonge de la fin
de juin la fin d'aot, et plus tard encore, suivant l'poque
o le semis a t fait. Elles ne russissent bien, sous le
climat du nord, qu'en terre lgre, terreaute et expose
au plein soleil. Clcolaires (Calceolaria). Plantes du Chili et des Andes
de l'Amrique du Sud, de la famille des scrofularines, anbisannuelles ou vivaces, dresses, rameuses, hautes
nuelles
de 0m,40 0m,60, quelquefois plus et alors sous-frutescentes.
Leur nom botanique fait allusion la forme trs-irrgulire de
leur corolle, dont la lvre infrieure a t compare une
pantoufle*, mais qui ressemble encore mieux un sac ouvert obliquement et arrondi du bas. On en compte un assez
grand nombre d'espces dj introduites dans les jardins, entre
autres les C. plantaginea, integrifolia, tetragona, corymbosa,
arachnoidea, crenatiflora, violacea, Youngii, etc., toutes
fleurs jaunes ou jaune brun, mais assez souvent macules
ou ponctues de pourpre sur la lvre infrieure. A ces espces
on-doitajouter la calcolaire blanche (C. alba), du Chili, dont
les fleurs, presque sphriques, sont d'un blanc de neige, et
qui convient admirablement pour la culture en pots, et la
calcolaire violette (C. violacea), de l'le de Chilo, fleurs
lilas violac et d'une forme bizarre. La plus intressante cependant est celle qu'on dsigne sous le nom de calcolaire
:calceolus.
Enlatin
hybride (C. hybrida), vritable plante de collection, par le
nombre presque infini des varits qu'elle a produites, et
qu'on dit avoir t obtenues artificiellement du croisement
de deux ou trois autres espces, sur lesquelles les horticulteurs ne sont pas d'accord. Cette origine est pour le moins
trs-douteuse.
Toutes les calcolaires sont des plantes de plate-bande,
propres tre cultives isolment ou par petits groupes.
Elles se plaisent en sol lger et frais, un peu calcaire, ou
du moins arros avec de l'eau contenant du carbonate de
chaux en dissolution. Les semis peuvent se faire au printemps, mais avec bien plus d'avantage en t et en automne, dans des terrines remplies de terre de bruyre,
bien draines et tenues mi-ombre. Le plant, lorsqu'il
aura trois ou quatre feuilles, devra tre repiqu en pots par
pieds isols, ou plusieurs ensemble si on y emploie des
terrines, et dans de la terre de bruyre additionne d'un quart
de terre franche. Ces pots et ces terrines sont hiverns
sous chssis ou en serre tempre, et on met en place au
printemps, quand les geles ne sont plus craindre. Nous
devons ajouter qu'ordinairement on ne donne tous ces soins
qu'aux calcolaires de collection, sur lesquelles nous aurons
revenir en traitant des plantes cultives sous verre. Les espces moins recherches peuvent tre traites simplement
comme plantes annuelles, c'est--dire semes au printemps,
pour fleurir dans la mme anne. Toutes demandent de copieux arrosages pendant les chaleurs de l't, et veulent
tre un peu ombrages contre legrand soleil, surtout dans
le climat du midi.
Callirho de Nuttal (Callirho pedata). Malvace de
Californie, dresse, rameuse, haute d'un mtre, feuilles
digites, dont les fleurs, du double plus grandes que celles
de notre mauve commune (Malva sylvestris), sont d'un
violet pourpre trs-vif, avec une macule blanche la base
de chaque ptale. Sans tre trs-remarquable, cette malvace peut former des touffes d'un certain effet dans les
jardins. On la sme au premier printemps, sur couche et sous
chssis, ou directement en place si la saison est assez
avance. Comme beaucoup d'autres plantes de la mme
rgion, elle russit mieux dans l'ouest que dans le nord de la
France.
Camomille romaine. Voyez Anthmis.
Camomille rouge. Voyez Chrysanthmes.
Campanules (Campanula). Nombreux genre de plantes
de famille des campanulaces, la plupart indignes de
l'Europe, vivaces ou bisannuelles, rarement annuelles, trsvaries de port et de taille, dont les fleurs, en forme de clochette (en latin campanula), sont gnralement bleues ou
violettes, quelquefois blanches naturellement ou par dcoloration, trs-rarement jaunes. Toutes sont rustiques ou demirustiques dans le nord de la France et trs-peu exigeantes
en fait de culture. Plusieurs espces, remarquables par la
grandeur de leurs fleurs, la richesse de leurs inflorescences
ou leur beau coloris, quelquefois par la duplicature de leurs
corolles, tiennent un rang distingu parmi les plantes de
fantaisie de pleine terre. La plupart tant originaires de contres montagneuses, ou croissant dans les sols pierreux, conviennent particulirement pour garnir les rocailles et les talus.
Elles se plaisent dans les sols en pente nanmoins elles n'ac>
la
quirent toute leur beaut que lorsque leurs racines plongent
dans un milieu lgrement et constamment humide.
Comme les plus recommandables du genre on doit citer
les espces suivantes
1La campanulepyramidale (C. pyramidalis); indigne des
montagnes du midi de l'Europe, souche vivace, d'o
sortent tous les ans des tiges de 1m,50 2 , abondamment
garnies de feuilles dans leur moiti infrieure, se convertissant, partir de ce point, en une grande panicule de forme
pyramidale
soutient des centaines de fleurs bleu clair,
quelquefois blanches ou de couleur lilas. C'est une plante
,t'ah trs-grand effet, mais qui russit mieux sur les rocailles humides, sans aucun soin de culture, que dans
les plates-bandes du jardin. Elle se prte trs-bien aussi
la culture en pot, pourvu que la terre en soit draine et
qui
suffisamment arrose. Dans cet tat elle est trs-propre
orner les appartements, les fentres et les pristyles des
habitations, mais il est bon alors de lui donner un tuteur
pour la soutenir, ou de la dresser sur un treillis de bois
pour lui faire prendre une forme rgulire. On la multiplie
de graines semes ds leur maturit, comme aussi par trononnement du rhizome, dont on plante les fragments la
fin de l'hiver l'air libre, ou en automne sous chssis,
pour en mieux assurer la reprise. Sa floraison arrive en
juillet, aot et septembre.
2 La grandecampanule de Sibrie (C. grandis), plante vivace,
presque aussi belle que la prcdente, trs-rustique partout,
formant de larges touffes,
feuilles linaires, et dont les
tiges, robustes, simples etfeuillues, s'lventde0m,600m,80.
Les fleurs, grandes etlargement
ouvertes, sont d'un violetbleutre, et rapproches en longues
grappes au sommet des tiges.
Cette plante remarquable, qui
est encore peu rpandue dans
lesjardins,estun desplusbeaux
ornements des plates-bandes
dans la seconde quinzaine de
mai, sous le climat du nord.
Elle s'accommode de tous les
terrains, et convient aussi bien
que la campanule pyramidale
la culture en pots et sur rocailles. Comme cette dernire
aussi, elle se multiplie de graines et d'clats du pied.
3 La campanule carillon ou
Fig. 99.
Campanule carillon.
violette de Marie (C. Mdium
(fig.69),indigne surlescollines
rocailleuses de la Provence,
bisannuelle, dresse et rameuse, haute de 0m,40 0m,60. Elle
est remarquable par la grosseur de ses fleurs, en cloches
peu ouvertes, d'un bleu violet intense. Cette belle espce est
depuis longtemps cultive dans les jardins; aussi a-t-elle donn
des varits blanches et des varits doubles, plus recherches que le type primitif. On la multiplie de graines semes vers le milieu du printemps, avec repiquage du plant
enppinire, ou directement en place dans le courant de
l'automne. Elle fleurit l'anne suivante, en juin et juillet.
4 La campanule grandes fleurs (C. grandiflora,Platycodongrandiflorus) (fig. 70), plante vivace, de Sibrie, dont les
tiges s'lvent de 0m,40 0m,50.
Ses fleurs, solitaires au sommet
des rameaux, dresses et largement ouvertes, sont d'un bleu
fonc. On en a obtenu des varits fleurs doubles, bleues
ou blanches. Elle craint un peu
le soleil sous nos climats, et ne
russit bien que dans les sols lgers et siliceux. On la multiplie
de graines et par tronons du
pied.
50 La campanule des jardins
(C.persicifolia), espce indigne, vivace, feuilles troites,
tige simple, s'levant 0m,50
ou plus et se terminant en une
longue grappe de fleurs bleu ple,
dont la forme est celle d'une
coupe large et vase. Introduite
depuis longtemps dans les jardins, cette jolie plante a donn
des varits blanches, dont une
plniFig. 70.
se fait remarquer par
Campanule grandes
fleurs.
tude de ses fleurs. Elle fleurit en
mai, juin et juillet, suivant les lieux et les annes
la multi-
la
04Z
FLORICULTURE DE PLEIN AIR.
plication se fait par graines ou par sparation des touffes. Ce
dernier moyen de propagation est le seul possible pour
toutes les varits de campanules fleurs pleines et par suite
striles.
6 La campanule des Carpathes (C. carpathica) (fig. 71), des
montagnes de la Hongrie, vivace,
tiges grles, peu ramifies,
hautes de0m,25 0m,30, portant
l'extrmit de leurs rameaux
de grandes fleurs solitaires, presque dresses, d'un bleu assez
pur. Elle a donn une varit
blanche, qui est principalement
employe, comme la varit typique elle-mme, faire des bordures le long des plates-bandes.
Sa floraison, commence en juin,
se continue plus ou moins longtemps, quelquefois jusqu'en septembre. Comme pour la prcdente, la multiplication se fait
par graines ou par sparation
des touffes, au printemps.
7 La campanule de Chine
(C. nobilis), plante de l'Asie
orientale, vivace, demi-rustique
Fig. 71. Campanule des Carpathes.
sous le climat de Paris. Ses
grandes fleurs d'un rouge violac, en grappe et pendantes,
qui ont jusqu' 8 centimtres de longueur, en font une
des espces les plus remarquables du genre et en mme
temps une plante trs-ornementale. La culture en a obtenu
une varit blanche, qui n'est pas infrieure en beaut au
type de l'espce. Elle se plat en terre lgre et sablonneuse, et russit mieux encore sur les rocailles, mi-ombre,
qu'en pleine terre, ce qui indique qu'elle est trs-propre
la culture en pot. Dans le nord on devra l'abriter pendant
les plus fortes geles de
l'hiver.
8eLacampanule bouquets(C. glomerata) (fig. 72), indigne,
vivace, formant de larges touffes,
dont les tiges, hautes de0m ,35
0m ,40, sont simples, feuillues et termines par un volumineux bouquet
de fleurs d'un bleu violet intense.
Par son port, sa taille peu leve,
l'abondance et le beau coloris de ses
fleurs, cette espce est une des plus
ornementales du genre et une de
nos meilleures plantes de platebande. De plus,comme la plupart
des autres campanules, elle convient trs-bien aussi pour la culture
en pots et sur rocailles. Le coloris
de ses fleurs varie quelque peu de
ton suivant les localits d'o on la
tire, et on lui rattache, titre de varit la campanule de Fischer ( C.
du Caucase, qui en a le
speciosa
port et l'inflorescence, mais avec
des fleurs plus grandes et d'un violet
plus fonc. Toutes deux se reproduisent de graines et par division du
pied.
9 La campanule de l'Apennin ( C.
garganica) trs-jolie plante de rocailles mais qui s'accommode galement de la culture sur plates-bandes, o elle forme des touffes denses,
hautes de 0m,20 0m,25. Ses feuilles
radicales sont rniformes et longuement ptioles, celles des tiges
Fig.72. Campanule bouquets.
simplementovales. Les fleurs, comparativement petites, mais trs-abondantes, sont d'un bleu
violet, avec le centre blanc. On la multiplie de graines, et
plus expditivement par division des touffes,
, ),
,
,
10 La campanule des murailles (C. muralis), de Dalmatie;
plante trs-basse, presque gazonnantc, en touffes larges, feuillues et extrmement florifres. Ses feuilles sont cordiformes,
ptioles, luisantes, fortement dentes; ses fleurs d'un bleu
d'azur lgrement violac. Par sa taille, tout fait naine
0m,100m,12
cette charmante campanule convient aux
parterres les plus troits, mais elle est encore mieux sa
place sur les rocailles humides qu'elle ne tarde pas couvrir de son feuillage lustr et de ses jolies fleurs. Comme la
prcdente, elle se multiplie de graines et d'clats du pied.
11 La campanule feuilles rondes (C. rotundifolia), indigne de toute la France et vivace. C'est une petite plante
tiges grles, un peu sarmenteuses
presque grimpantes,
fleurs bleu clair ou blanches, insignifiantes prises isolment, mais d'un grand effet lorsqu'elle sont en nombre.
Il y a peu d'annes que cette espce a t introduite dans la
culture ornementale, et elle l'a t avec succs. On la cultive
en touffes, dans des pots, o on la dresse sur des treillis
de diffrentes formes, en pyramides, enpalmettes, en boules etc. Dans cet tat, elle devient une trs-jolie plante d'ap-
),
et
,
partement.
aurait aucune utilit dcrire les autres espces de
campanules qui sont ou peuvent tre admises comme plantes
d'ornement. La France seule en compte plus de trente qui lui
sont propres, et qui toutes seraient dignes d'tre cultives.
Nous nous contenterons de nommer les suivantes, qui sont
dj fort rpandues Campanula latiflora, de Sibrie; C. trachelium, de France; C. Loreyi, de Dalmatie; C. eriocarpa, du
Caucase; C. barbata, des Alpes, et C. Vidalii, desAores; on
pourrait y ajouter le C. canariensis, qu'on a spar du genre,
sous le nom de Canarina campanula, trs-grande espce des
Canaries, qui se distingue de toutes les autres par des fleurs
jaunes et des fruits bacciformcs. Elle n'est rustique que dans
les parties chaudes du climat mditerranen; dans le nord
elle appartient la serre tempre ou l'orangerie. Nous
en reparlerons plus loin.
Il n'y
Castillja de
Humboldt(Castilleja lithospermoides).
Scrofularine du Mexique, annuelle
ou bisannuelle; tige
simple, dresse, feuillue, haute de 0m,40 0m,50, se terminant
enunlong pi de fleurs sessiles, dont le calyce tubuleux, trsdvelopp et color de rose, tient en quelque sorte lieu de la corellebilabie, qu'il recouvre presque entirement. Toutefois
ce que plante a de plus remarquable ce sont ses bractes
presque aussi longues que les fleurs, de forme spachule,mi-parties de vert et de
rouge carlate, cette dernire
teintesuccdant brusquement la premire et occupant le
castillja
la
de
moiti
suprieure
la
bracte.
Le
de
ou
Humboldt est, au total, une jolie et curieuse plante de
plate-bande, et qui convient galement pour la culture en
pots, mais, cause de la simplicit de sa tige, il vaudra mieux
leplanter par petits groupes de six huit pieds qu'en individus isols. Originaire des parties leves du Mexique, o il
1 t dcouvert en premier lieu par les clbres voyageurs
Humboldt et Bonpland, il est demi-rustique sous le climat de
Paris. Sem sur couche tide et sous verre, au premier printemps, on le met en place lorsque le temps est devenu tout
faitdoux. Il se plait aux expositions ouvertes, et veut de copieux arrosages l'poque des chaleurs.
s,
la
Clestine. Voyez Agratoires,
Closie. Voyez Amarantes.
C9snKaw^m (Centaurea). Genre de composes-carduaces,
trs-riche en espces tant indignes qu'exotiques, vivaces
ou annuelles, capitules ovodes, dont les fleurons extrieurs
sont beaucoup plus dvelopps que ceux du centre. La plupart sont'des plantes trs-mdiocres ou sans valeur pour l'hor~culture; quelques-unes cependant ont mrit de prendre place
dansles parterres et les jardins fleuristes. Parmi ces dernires
signalerons le bluet commun ou barbeau (C. cyanus)
,
indigne, annuelle, commune dans les moissons,
qu'elle maille de ses fleurs bleues soumis la culture, le bluet
donn des varits blanches, roses, pourpres ou violaces,
notre avis toutes infrieures la varit type fleurs bleues
pn peut lui reprocher ses tiges trop grles et trop leves, qui
sontun dfaut pour une plante de plate-bande, mais qui, par
snte
compensation, le rendent trs-propre entrer dans la confection des bouquets le bluet ou barbeau du Caucase (C. depressa),
annuel, fleurs bleues comme le prcdent, mais de moiti
moins lev et plus rameux la centaure grosse tte (C. macrocephala), plante d'Orient, vivace, tige simple et se terminant
par un seul capitule, mais qui est norme, et dontlesfleurons,au
nombre de plusieurs centaines, sont d'unebelle couleur jaune;
la centaure odorante ou ambrette jaune (C. Amberboi), plante
annuelle d'Orient, fleurs jaune citron, agrablement parfumes; la centaure ou ambrette musque (C. moschata), des
mmes lieux que la prcdente et presque semblable elle,
mais avec des fleurs pourpre violet, quelquefois presque blanches, et dont les graines ont l'odeur du musc la centaure d'A-'
France et de facile culture. Les espces annuelles se sment
au printemps, en ppinire ou directement en place, mais avec
plus d'avantage en automne, avec repiquage du plant en ppinire, parce que les plantes issues de ce semis sont toujours
plus fortes et plus avances que celles du semis de printemps.
La centaure d'Amrique tant moins rustique que les autres,
on est oblig, dans le nord, de lui donner une couverture de
paille ou de feuilles, au moment des fortes geles. La centaure blanche est dans le mme cas et de plus elle craint
l'humidit persistante, ce qui oblige l'hiverner sous chssis
ou en orangerie sous la latitude de Paris; mais elle est trsrustique dans le climat mridional. Les espces vivaces peunanvent quelquefois se multiplier par division du pied
moins le semis des graines est, pour elles aussi, le moyen de
propagation le plus gnralement adopt.
Craistes (Cerastium). Plantes vivaces de la famille des
caryophylles alsines, indignes de l'Europe et de l'Asie
occidentale, fleurs blanches, dont les cinq ptales sont profondment margins ou bifides. Deux espces seulement
mritent d'tre signales le craiste grandes fleurs (C. grandiflorum) du Caucase, et le craistecotonneux (C. tomentosum)
du midi de l'Europe, tous deux formant des touffes de quelques centimtres d'paisseur, du milieu desquelles s'lvent
des hampes de 0m,15 0m,20, qui se terminent par des
panicules
ou grappes de fleurs, peu fournies. Le principal
f mrite de ces plantes consiste dans leur feuillage tomenteux
ou soyeux, d'un vert presque blanc, ce qui, joint leur
etite taille et leur port touffu, les fait employer assez
avantageusement comme plantes de bordures. Leur grande
rusticit et leur culture peu exigeante les rendent propres
aussi garnir des rocailles. On ne les multiplie gure que
par sparation des touffes.
Chrysanthmes (Chrysanthemum, Pyrethrum ). Nous
runissons
les diffrentes espces de chrysanthmes autres
que celles de l'Inde et de la Chine, qui sont simplement
cultives comme plantes de fantaisie et non point comme
plantes de collection. Il y en a une cependant, le chrysan-
ici
thme oupyrthre rose du Caucase, qui s'est remarquablement
modifie par
culture depuis une quinzaine d'annes, et dont
les varits seront peut-tre un jour assez nombreuses pour
qu'on l'lve la dignit de plante de collection. Les espces
de ce groupe les plus rpandues dans les jardins sont principalement les suivantes
Lechrysanthme bouquets (C. coronarium) (fig. 74), plante
annuelle du midi de
la
l'Europe, rameuse,
buissonnante, s'levant de 0m,60
Ses capitules,
lra.
soli-
taires au sommet
des rameaux et de
moyenne grandeur,
ont les rayons et le
disque jaunes; mais il
en existe aussi des varits doubles ou simples rayons blancs.
C'est une plante rustique et qui s'accommode de tous les terrains, la condition
qu'elle soit bien claire par le soleil. Elle
fleurit tout l't et
une partie de l'auFig.74. Chrysanthme bouquets.
tomne. On la multiplie
de graines semes au printemps, en place ou en ppinire.
Le chrysanthme tricolore ou carn (C. carinatum, Ismelia
tricolor) (fig..75), du nord de l'Afrique, annuel, d'un vert
glauque, haut d'environ 0m,50, feuilles un peu charnues.
Ses capitules, qui sont de moyenne grandeur, ont le disque
pourpre brun et les rayons d'un blanc ros. La culture en a
natre des varits encore peu fixes, mais trs-belles
les unes rayons blancs, tachs de jaune ou de pourpre la
base, les autres o
ils sont entirement jaunes, et
d'autres enfin o
ils sont franchement tricolores.
Les plus belles et
les plus connues
sont dues un
horticulteur anglais, M. Burridge,
dont elles portent
le nom. Ces jolies
plantes, qui sont
en fleurs tout l't,
pourront devenir
un jour des plantes
de collection, si on
enjuge par les progrs que leur culture a dj faits en
Angleterre.On leur
donne les mmes
soins
l'espce
qu'
Fig. 75. Chrysanthme tricolore ou carn.
1.
prcdente.
chrysanthme rose (C. roseum ou Pyrethrum roseum)
g. 76), plantevivace, originaire des provinces caucasiennes,
fr elle a t introduite assez rcemment dans les jardins;
Uilles dcoupes
tiges roides, peu ramifies', hautes de
N frjSO'ou plus, dont les rameaux se terminent par de larges
Ipitules disque jaune et rayons rose lilas ou carmin clair.
fleurs ont dj sensiblement vari par le coloris, tantt
fonc, tantt plus clair que dans la forme primitive,
Ngelquefoisentirement blanc, et aussi par l'allongement des
dirons du disque, devenus linaires ou tuyauts. Il est
que, par une slection bien entendue et longtemps
ontinue de ces variations encore peu fixes, on obtiendra
ILe
ts
las
tbable
des races tout fait
suprieures, qui
feront passer l'espce au rang da
plante de collection. En attendant,
elle est fort utile
comme plante de
plate-bande, parce
que sa floraison,
qui arrive des de
le
mois de mai,
vance de beaucoup
celle des reines-i
marguerites et des
autres composes
estivales. On la
propage de graines
semes en t, et
dont on repique le
plant en automne
ou au printemps
suivant. Les graines
semes de bonne
heure au printemps
sur couche
et sous chssis,
Fig. 76. Chrysanthme ou pyrthre rose.
donnent des plantes qui fleurissent dans l'anne mme, mais qui sont moins
fortes, moins belles et plus tardives que celles qui proviens
nent des semis de l'anne prcdente.
lfi
Le chrysanthme rose, ou pyrthre rose, connu aussi sous
nom de camomille rouge, est devenu clbre, dans ces dernires annes, pour un tout autre motif que la beaut de se'
don
fleurs. On a dcouvert dans l'huile essentielle aromatique
il est imprgn un puissant insecticide, aussi plusieurs indu
triels l'ont-ils exploit ce point de vue. On trouve aujourd'hui
chez tous les horticulteurs marchands la poudre de pyrthre,
prconise surtout contre les pucerons et les punaises. Cette
proprit n'appartient pas exclusivement au chrysanthme
rose; on la retrouve dans le chrysanthme carn (C. carneum),
qui lui ressemble presque de tous points et n'en est probablement qu'une varit, et elle existe dans beaucoup d'autres
composes aromatiques du mme groupe, surtout dans celles
du genre tanaisie (Tanacetum), auquel divers auteurs rattachent le genre entier des pyrthres.
On peut encore citer dans ce groupe de plantes ornementales une trs-jolie compose du Caucase, le chrysanthme
ou pyrthre feuilles d'achille (C. achillefolium ), plante
vivace, tiges dresses, en touffes, presque simples, se terminant par des corymbes de petits capitules rayons trscourts, tout semblables ceux de l'achille ptarmique, mais
du jaune le plus vif. Cette espce est rustique, et se multiplie
avec une gale facilit de graines et d'clats du pied.
Cinraires (Cineraria). Genre de la famille des composesradies, dont deux espces sont cultives comme plantes d'orl'une la cinraire hybride (C. crunta, Senecio cruennement
tus), originaire des Canaries, qui est devenue une belle plante
de collection; l'autre, la cinraire maritime C.maritima)
,
indigne du midi de la France, au voisinage de la Mditerrane,
qui se distingue par un trs-beau feuillage dcoup, blanc et
tomenteux, qui en fait toute la valeur et lui assigne une place
dans les jardins paysagers et sur les rocailles autant que dans
les parterres proprement dits. Dans ces derniers elle sert
principalement faire des bordures, dont la blancheur contraste trs-agrablement avec les teintes des autres plantes.
On la sme, dans le nord, en juin et juillet, et on hiverne le
plant sous chssis pour le mettre en place au printemps.
Les pieds laisss en terre pendant l'hiver doivent tre couverts de litire ou de feuilles sches, au moins pendant les
plus fortes geles, mais il serait plus sr encore de les relever
pour les hiverner, en pots, sous chssis ou dans l'orangerie.
Quelques personnes cependant trouvent plus simple de traiter
la cinraire maritime en plante annuelle, c'est--dire d'en
tirer tous les ans les graines du midi, et de la semer ds le
mois de mars, sur couche chaude, pour repiquer le plant en
mai. La plante n'tant intressante que par son feuillage est
alors rejete en automne ou livre toutes les chances de la
mauvaise saison. Au sud du 45e degr de latitude, ainsi que
dans tout l'ouest de la France, la cinraire maritime n'a rien
redouter des rigueurs de l'hiver.
La cinraire des Canaries n'est belle que par ses capitules runis en larges corymbes et dont les rayons sont
du plus beau pourpre. La culture l'a encore beaucoup
amliore et en a tir un grand nombre de varits, dont les
fleurs offrent tous les tons de coloris, depuis le blanc pur
jusqu'au carmin violet le plus fonc; quelques-unes sont franchement bicolores, parfois mme tricolores, si on compte
comme couleurs vritables des nuances assez tranches. Sous
le climat de Paris la plante appartient la serre tempre ou
l'orangerie, et n'est gure cultive qu'en pots; sous un ciel
plus chaud on peut facilement
en faire une plante de platebande, sauf l'abriter pendant
l'hiver. Nous reviendrons plus
loin sur cette espce considre
comme plante de collection.
Clarkias(Clarkia). Plantes
de la famille des nothres,
annuelles, tiges dresses,
hautes de om,40 environ ou un
peu plus, fleurs moyennes,
de couleur rose ou lilas, dont
les ptales, au nombre de quatre, ont le limbe trilob. On
en cultive deux espces, peu diffrentes l'une de l'autre, les C.
pulchella et C. elegans (fig. 77),
qui ont donn toutes deux des
varits simples ou doubles,
Fig. 77.
Clarkia lgant.
blanches, carnes et pourpres. Elles conviennent pour former
des massifs ou de petits groupes isols sur les plates-bandes,
et presque aussi bien pour tre plantes en bordures. On les
multiplie de semis faits sur place et diffrentes poques de
l'anne, suivant le besoin. Les plantes fleurissent moins de
deux mois aprs le semis.
Cocardeau. Voyez Girofle.
Colus de Rhune (Coleus Blumei). Labie vivace, de
Java, tiges dresses, fermes, hautes de om ,30 0m,40,
grandes feuilles ovales-acumines, d'un vert ple, marbres
ou macules de rouge brun et dont les fleurs, bilabies et miparties de violet et de blanc, sont disposes en un long pi
terminal. Cette plante, qui est de serre tempre en hiver
sous le climat du nord, et qui dans ceux du midi se con-
tenterait vraisemblablement d'une bonne orangerie, n'appartient la pleine terre que pendant les mois d't. Tout son
mrite consiste dans le coloris anormal de ses feuilles, et
sous ce rapport elle peut aller de pair avec le prilla de
Nankin, qui a d'ailleurs sur elle l'avantage d'tre plus rustique. La culture en a obtenu quelques varits, qui se distinguent du type par des dispositions un peu diffrentes du
coloris des feuilles, entre autres celle que les jardiniers dsignent sous le nom de Verschaffeltii, o la teinte rouge brun
envahit le limbe tout entier, et qui est inapprciable pour
faire des bordures autour des grands massifs. Le colus de
Blume proprement dit peut servir au mme usage, comme
aussi figurer en pieds isols sur les plates-bandes. On le multiplie de boutures faites en serre chaude ou sur couche, et
qu'on abrite l'hiver, pour les mettre en place en mai ou en
juin, lorsque la temprature de l'air s'est suffisamment
chauffe. Il craint la scheresse et demande de copieux arrosages en t. On a lieu de croire qu'il russirait mieux dans
nos provinces de l'ouest que partout ailleurs.
Colunsia bicolore (Collinsia bicolor) (fig. 78). Petite scro.fularinc annuelle de Californie, formant des touffes de om ,30
en tous sens, fleurs en pis, irrgulires, bilabies, dont
la lvre suprieure est blanche et l'infrieure lilas. Elle a
donn naissance
quelques varits
assez diffrentes du
type, les unes toutes
blanches, les autres
multicolores, c'est-dire runissant
sur leurs fleurs des
macules blanches,
violettes et lilas,
C'est une plante de
peu d'effet sur les
plates-bandes lorsqu'elle est en touffes
isoles
mais elle
est utilement employe en bordures,
et elle convient
peut - tre encore
mieux pour la culFig. 78. Collinsia bicolore.
ture en pots. Seme
au printemps, elle fleurit dans l'anne mme; on obtient cependant de meilleurs rsultats des semis d'automne, qui donnent des plantesplus fortes et plus prcoces l'anne suivante.
Sous le climat de Paris, il est bon d'abriter le plant en hiver
pendant les fortes geles.
Cette espce n'est pas la seule du genre qui ait t intro
duite dans le jardinage d'agrment; il en existe plusieurs
autres, mais qui sont encore peu rpandues en France. Une
des plus jolies est le collinsia de printemps (C. verna), du
Kentucky, dont la corolle est mi-partie de blanc et de bleu
vif. On l'emploie.aux mmes usages que la prcdente.
Collomies (Collomia). Genre de polmoniaces' amricaines, trs-voisin des gilias, dont il sera parl plus loin,
comprenant des plantes annuelles, tiges,presque simples,
dresses, un peu roides; feuilles alternes, sessiles, lancoles-oblongues, et dont les petites fleurs, tubuleuses limbe
tal,sont runies en bouquet au sommet de la tige. Deux
espces sont communes dans nos jardins la collomie carlate
1,(.c. coccinea), du Chili, haute de om,25 om, 30, fleurs carlates ou rouge cramoisi, et la collomie grandes fleurs
C.grandiflora
de Californie, plus haute d'un tiers que la
prcdente, et dont les fleurs, un peu plus grandes, sont d'un
rougebriquet. Toutes deux secultivent sur plates-bandes
enpetitestouffes, et quelquefois en pots. La premire,
cause du coloris plus vif de ses fleurs, est gnralement pr-
),
fre la seconde.
Commlynes. Voyez phmres.
Coquelicots. Voyez Pavots.
Coquelourdes (A-
grostemma). Genre de
plantes de la famille des
caryophylles, runies
par quelques auteurs aux
lychnides, dont il sera
question plus loin, la plupart du midi de l'Europe,
annuelles, bisannuelles
ou vivaces, rustiques,
dresses
fleursterminales en cymes ou solitaires, blanches, roses ou
rouge pourpre. On cultive
communment l coquelourde des jardins (A. co- ,
ronaria) (fig. 79), connue
aussi sous les noms d'illet de Dieu et de passefleur, plante vivace,feuilles tomenteuses et blanchtres, dresse, fleurs
pourpres dans le type,
blanches ou roses dans les
,
.:
Fig. 79. Coquelourde des jardins.
varits; etlacoquelourclei-ose-du-ciel(A. cadi-rosa), beaucoup plus basse, non tomenteuse, en touffes de 0m ,30
0m ,40, dont les fleurs, solitaires l'extrmit des rameaux,
sont rose tendre, blanches ou pourpre trs-vif, suivant les
varits. Ces deux plantes se cultivent par pieds isols ou en
touffes sur les plates-bandes, mais la seconde peut aussi
servir faire des massifs ou des corbeilles. On sme en automne et on hiverne le plant sous chssis, ou encore au premier printemps, et alors les plantes fleurissent un peu plus
tard, mais dans l'anne mme. Celles qui sontissues des semis
d'automne fleurissent ds la fin de mai sous le climat de Paris.
Corbeille d'argent. Voyez Thlaspis.
Corbeille d'or. Voyez Alysse saxatile.
Coropsides (Coreopsis, Calliopsis). Plantes de la famille
des composes, originaires de l'Amrique du Nord, annuelles
ou bisannuelles, dresses, rameuses, s'levant de om ,40
0m,80, feuilles plus ou moins dcoupes. Les capitules, qui
sont de moyenne grandeur, ont le disque jaune brun ou
pourpre noir, et les rayons, ordinairement trs-larges, d'un
jaune plus ou moins vif, avec une macule mordore ou pourpre
brun leur base. Les espces les plus rpandues sont la coropsidecommune (C. tinctoria), plante annuelle du Texas, qui
a donn plusieurs varits, diffrencies principalement par la
teinte des fleurs ou par une taille moins leve; la coropside
auricule (C. auriculata) (fig. 80), espce vivace tiges grles,
dont les fleurs, longuement pdoncules, sont jaunes, avec un
cercle pourpre brun autour du disque et la coropside de Drummond (C. Drummondi), espce annuelle, beaucoup moins
leve que les prcdentes et mme un peu tale, mais
avec le mme coloris des fleurs. Toutes les coropsides sont
des plantes de plate-bande, propres tre cultives en massifs
ou mieux en touffes isoles. On peut leur reprocher leurs tiges
grles et leur port divariqu, qui leur donnent quelque chose
de disgracieux, dsavantage que ne compense pas entirement la beaut de leurs fleurs. Depuis quelques annes les
horticulteurs se sont appliqus en obtenir des varits
naines, ce quoi ils ont jusqu' un certain point russi. La
multiplication se fait
de graines semes au
printemps ou en automne, et dans ce
dernier cas les plantes sont hivernes
sous chssis, du
moins sous le climat
de Paris.
Corne d'abondance.
Voyez Valriane.
Coronilles ( Coronilla ). Papilionaces indignes, frutescentes ou herbaces, vivaces, dresses, sans vrilles,
feuilles glabres, composes de cinq
quinze folioles, et
dont les fleurs sont
runies en ombelles
au sommet de pdoncules axillaires. Les
espces frutescentes
sont pour la plupart
de jolis arbustes admis dans la culture
d'agrment, mais les
seules qui puissent
trouver place dans
les parterres sont les
espces herbaces,
entre autres la coroFig. 80. Coropside auricule.
nille de montaane
montana) (fig. 81), du Jura et des Alpes, haute d'environ0n ,50, feuillage glaucescent, un peu charnu, et dont
C.
les fleurs, jaunes, sontau nombre
de quinze vingt dans chaque
ombelle
et la coronille couronne (C. coronata), du midi de
la France, pareillement fleurs
jaunes, mais plus basse de tige.
On pourrait y ajouter une troi-
sime espce, la coronillebicolore (C. varia), plante vulgaire,
dont les fleurs, mi-parties de
blanc et de rose violac, ne sont
pas dpourvues de beaut. Ces
trois espces se multiplient
facilement-de drageons et de
boutures; mais plus ordinairement on en sme les graines,
avec abri du jeune plant si on
le juge ncessaire.
Corydales (Corydalis).
Genre de fumariaces, souvent
confondu dans la pratique horticole avec les fumeterres (Fuqui en diffrent peine
maria
Fig. 81.Coronille de montagne.
et qu'on peut en rapprocher
ici sans inconvnient. Les espces qui le composent sont indignes ou exotiques, vivaces, racines tubreuses, feuillage
glauque, souvent en touffe et lgamment dcoup, fleurs
en grappe serre, petites, insignifiantes prises isolment.
Deux espces indignes de nos contres, la corydale bulbeuse
(C. bulbosa) et la corydale tubreuse (C. tuberosa), hautes de 12
18 centimtres, fleurs blanches ou lilas ple, sont cultives
dans quelques jardins, mais plutt sur les rocailles ou-en pots
que sur les plates-bandes du parterre, attendu que leurs fleurs,
faiblement colores et trs-passagres, y produisent peu d'effet.
Une troisime espce, pareillement indigne, la corydale ou
fumeterre jaune (C. lutea leur est suprieure comme plante
d'agrment
ses fleurs sont d'un jaune trs-vif et se suc-
),
),
cdent sans' interruption pendant tout l't; mais elle ne
russit bien qu'en pots ou sur les rocailles. La plus belle espce du genre est incontestablement la corydale de Chine
(C. nobilis), qui est originaire de l'Asie septentrionale et
trs-rustique sous nos climats. Ses fleurs, qui sont d'un jaune
un peu ple, se montrent aux premiers jours du printemps. On
la cultive sur plates-bandes ou sur rocailles, et avec plus de
succs en terre de bruyre qu'en terre ordinaire.
Cosmidie
Burridge CosmidiumBurridgecinum).
Compose annuelle du Texas, demi-rustique dans le nord de
la France, rameuse, haute de 0m,60 0m,80, feuilles finenement dcoupes. Ses capitules, portssur de longs pdoncules nus, sont de moyenne grandeur environ 5 centimtres
de diamtre), disque troit, d'un pourpre clair-, entour
de huit rayons larges, un peu obovales, trilobs au sommet,
d'unjaune orang assez vif, avec une macule pourpre brun
la base. Cette jolie plante a donn quelques varits horticoles, qui se distinguent du type de l'espce par les proportions diffrentes des deux couleurs qui se partagent les rayons.
La meilleure est la cosmidiepourpre noir (C. Burridgeanum
atropurpureum), dans laquelle la macule pourpre a envahi la
totalit du rayon, moins un troit liser de jaune qui reste
l'extrmit. Une seconde espce moins estime, la cosmidie
feuilles filiformes ( C.filifolium
du mme pays que la prcdente, laquelle d'ailleurs elle ressemble par le port et
la taille, en diffre par la couleur jaune uniforme de ses
rayons. Ces plantes, qui sont voisines des coropsides mais
plus belles, remplissent les mmes usages dans nos jardins.
Leur floraison, commence dans les premiers jours de l't,
se continue souvent jusqu'aux geles. On les multiplie de
de graines semes sur couche, en mars ou avril, ou simplement en terrines sous chssis si la saison est assez avance
ou le climat plus chaud le plant est repiqu sur couche, lorsqu'il a trois feuilles, ou mis directement en place s'il n'y a
plus de froids craindre.
Cosmos grandesfleurs (Cosmos bipinnatus) (fig. 82).
Plante du Mexique, de la famille des composes, annuelle, s'-
de
),
levant 1m ou plus, feuilles finement
dcoupes, et dont les capitulest, de
la grandeur de ceux d'un petit dahlia, ont de larges rayons roses ou
pourpre vif autour d'un disque jaune.
Le cosmos est une assez belle plante,
mais sa taille, dj leve, et son port
un peu dfectueux le rendent plus
propre la dcoration des grands jardins fleuristes qu' celle des parterres
proprement dits. Il serait irrprochable et acquerrait une grande valeur horticole si sa taille s'abaissait
de moiti et que ses capitules devinssent pleins, comme ceux du dahlia.
On le sme en avril sur ppinire, ou
en place le mois suivant. Sa floraison
commence en juin et se prolonge
souvent jusqu'aux geles.
Crpide rose (Crepis rubra).
Plante annuelle de la famille des composes, du midi de l'Europe, feuilles radicales en rosette. Les tiges,
hautes de 0m,30 om,35, se termiFig. 82. Cosmos grandes
nent par quelques capitules de la
fleurs.
grandeur de ceux du pissenlit commun, dont tous les fleurons sont liguls et de couleur rose.
Elle est principalement employepour former des massifs,
dont l'aspect est fort agrable tant que dure la floraison,
qu'on pourrait d'ailleurs prolonger par des semis successifs,
partir du 1er avril. Les semis d'automne
hiverns sous
chssis, fleurissent l'anne suivante dans le courant de mai.
Crte de coq. Voyez Amarantes.
Croix-de-Jrusalem. Voyez Lychnides.
Cuphas (Cuphea). Genre de lythrariaces amricaines,
presque toutes originaires des montagnes du Mexique et du
Prou, comprenant des plantes herbaces et sous-frutes-
centes, ramifies, assez souvent de forme buissonnante,
feuilles opposes ou plus rarement alternes, dont les fleurs
sont en panicules ou en grappes terminales plus ou moins
feuillues. Ces fleurs ont une structure particulire qui mrite
d'tre indique. Leur calyce, longuement tubuleux et le plus
souvent color, se termine par six dents, avec lesquelles alternent un pareil nombre de ptales, dont deux seulement, les
deux suprieurs, sont normalement dvelopps, les quatre
autres restant rudimentaires et quelquefois si petits qu'on les
remarque. peine, ce qui rend la fleur trs-irrgulire. Les
espces introduites dans les jardins de l'Europe ne sont pas
nombreuses. Nous citerons comme les plus classiques le
cuphastriguleux (C. striyulosa
du Mexique, petite plante
buissonnante de 0m,30 ou un peu plus de hauteur, dont le calyce est mi-parti de jaune et de rouge, et les deux grands
ptales d'un rouge violac le cupha clatant (C. ignea, C. platycentra), du Mexique comme le prcdent et de mme taille,
dont le calyce est carlate et les deux grands ptales blancs,
avec une large macule violet noir sur la moiti'infrieure de
leur limbe; le cupha vermillonn [C.miniata), aussi du
Mexique, fleurs en grappes unilatrales, et dont les ptales
suprieurs sont d'un rouge fonc le cupha verticill (C. verticillata), du Prou, chez lequel les deux ptales suprieurs
sont d'un violet intense; enfin, le cupha feuilles cordiformes
(C. cordata
du mme pays, fleurs comparativement
grandes, et dont les deux ptales suprieurs sont d'un carmin
testac; c'est un des plus beaux du genre. A -cette liste on
-pourrait encore ajouter le cupha silnode (C. silenoides), et
rle cupha lancol ( C. lanceolata), le premier fleurs pourpre
brun et relativement grandes, le second fleurs roses., deux
espces qui rptent trs-peu prs par la taille et le port les
),
),
prcdentes.
Par leur temprament tous les cuphas appartiennent
l'orangerie
ou mme la serre tempre dans le centre et le
nord de la France, si l'on tient les conserver d'une anne
l'autre, car aucun ne rsisterait la gele. Ils sont toutefois
assez rustiques pour s'accommoder de la chaleur de nos ts,
fleurir 1air libre et mme y mrir leurs graines ; aussi les
cultive-t-on plus souvent comme plantes annuelles ou bisannuelles que comme plantes vivaces. On les emploie, dans le
jardinage d'agrment, composer de petits massifs ou
garnir des plates-bandes souvent aussi on les cultive en pots.
Leur multiplication se fait par le semis des graines au printemps ou en automne, et dans ce dernier cas on hiverne le
plant sous chssis ou
en orangerie. On peut
aussi les propager de
boutures faites en t,
sous cloches ou dans
-la serre multiplication.
Cupidones (Catananche). Composes
indignes de la tribu
des chicqraces, vivaces, feuilles presque
toutes radicales et en
rosettes, tiges dresses, grles, termines,
ainsi que leurs rameaux, par un capitule
entour d'un involucre
de larges bractes scarieuses, incolores et
presque transparentes,
qui le rendent propre
entrer dans la composition desbouquets d'immortelles. Deux espces sont indignes du
Fig. 83. Cupidonebleue.
la
midi de la France
cupidone bleue (C. cerulea) (fig. 83), dont
les tiges s'lvent
[;";,10 ouplus, et dont les fleurons sont d'un bleu clair, et la
cupidonejaune
lutea),de moiti ou d'un tiers moins
hante que la prcdente, et fleurons jaunes. La cupidone
bleueat seule jusqu'ici introduite dans les jardins, et elle
serait irrprochable comme plante de plate-bande si elle
n'tait la fois trop leve et trop grle, double dfaut qui
lui assigne plus naturellement sa place dans les jardins fleuristes-d'une certaine tendue que dans les parterres proprement dits. La cupidone jaune conviendrait mieux ces derniers, par sa taille, plus basse, et ses touffes, plus fournies,
mais ses fleurs ont peu d'clat. Ces deux plantes, quoique essentiellement mridionales, sont cependant rustiques dans
lenord de la France, mais elles y craignent l'humidit proaussi doit-on les y traiter plutt comme plantes anlonge
nuelles ou bisannuelles que comme plantes vivaces. Dans le
premier cas on en sme les graines au printemps, sur couche
, ou en place; dans le second on sme en automne, et on abrite
le plant sous chssis, pour le mettre en place au printemps
de l'anne suivante.
Cynoglosse feuilles de lin. Voyez Myosotis.
(C.
Dame d'onze heures. Voyez Ornithogales.
DMura8 (Datura). Plantes de la famille des solanes,
toutes exotiques, annuelles ou vivaces par la racine, la plupart
dresses et ramification dichotomique, remarquables par
la forme en entonnoir de leurs fleurs et par leurs fruits, gnralement arms d'pines. Quelques-unes sont d'assez belles
plantes d'ornement, et parmi elles on doit citer le datura cornu
(D. ceratocaula) (fig.84), tige grosse, fistuleuse, longue de
0m,60 1m, gnralement dcombante et par l disgracieuse,
mais dontle dfaut est suffisamment rachet par de larges fleurs
blanches, laves de violet ple l'extrieur et trs-odorantes
le datura mtel (D. metel), qui est vivace, dress, dichotome, haut de om,70 1m, feuilles lgrement tomenteuses,
qui dans chacune de ses dichotomies porte une trsgrande fleur blanche, odorante, laquelle succdent des capsolespineuses de la grosseur d'une petite pomme; le datura
mtloide (D. meteloides), tout semblable au prcdent par le
et
port et
l'aspect,
mais avec des corolles encore plus.
grandes, tube plus
allong, et d'un violac bleutre sur le
contour du limbe;
le datura d'gypte
(D. fastuosa), dont
la tige, robuste etJ
peut!
noir,
pourpre
s'lever 2 mtres.
et plus sous un climat chaud, mais
reste toujours beaucoup plus basse sous
celui du nord de la
France; ses longues
corolles, en forme
d'entonnoir, sont
d'un blanc jauntre
l'intrieur et plus
ou moins violaces
l'extrieur; enfin,
Fig. 84. Oatura cornu.
le datura fleurs
jaunes doubles (D. humilis), qui semble n'tre qu'une varit
naine du prcdent, et dont les fleurs, d'un blanc jauntre,
quelquefois un peu violaces en dehors, se composent de plusieurs corolles embotes l'une dans l'autre. Dans ces deux
dernires espces le fruit est plutt tuberculeux. qu'pineux.
Outre les espces qui sont admises comme plantes d'ornement, nous devons encore citer la stramoine blanche ou
pomme pineuse (D. stramonium), fleurs blanches, et la stramoinenoire (D. tatula), fleurs violettes, deux fortes plantes
qui, chappes des jardins, se sont naturalises en beaucoup
de lieux, surtout autour des villes, dans le midi de l'Europe.
Ce sont de redoutables poisons, et les espces ornementales
ne sont probablement pas moins dangereuses. Tous ces
daturas se multiplient de graines semes au printemps; on
peut mme dire qu' l'exception du datura d'Egypte, qui
n'est pas tout fait rustique Paris, elles se sment d'ellesmmes dans nos jardins, et qu'il suffirait, pour la plupart
d'entre elles, de mettre en place les jeunes plantes nes
spontanment.
Les daturas, comme beaucoup d'autres plantes de grande
taille, sont fort la mode aujourd'hui; mais, l'exception du
datura cornu et du datura fleurs doubles, qui s'lvent peu,
ils ne conviennent qu'aux plus grands jardins fleuristes
et
surtout aux pelouses des jardins paysagers.
Dauphinelles. Voyez Pieds-d'alouette.
Dentelaire de Chine Plumbago Larpentse, Valoradia
plumbaginoides). Plante vivace et rustique, de la famille des
plombagines, originaire de Chine et introduite en Europe il y
a une vingtaine d'annes, racines traantes, formant des
touffes paisses, de Om,25 ou unpeuplus de hauteur. Lesfleurs,
de moyenne grandeur et runies en tte au sommet des rameaux, sont d'un bleu fonc, qui prend la longue une lgre
teinte violace. La floraison, commence vers le milieu de l't,
Se prolonge jusqu'aux geles. C'est une trs-belle plante de
parterre, et elle convient mieux encore pour la plantation des
rocailles et pour la culture en pots. Quoique rustique,
1 est prudent,
au nord de Paris, de la couvrir de feuilles
ches ou de litire pendant l'hiver pour la dfendre de l'exs d'humidit. On la multiplie trs-aisment par sparation
des touffes, opration plus sre au printemps qu'en auomne.
F Dictame blanc. Voyez Fraxinelle.
Dilytra de Chine (Dielytraspectabilis) (fig. 85). Superbe
plante, de la famille des fumariaces importe de Chine il
une vingtaine d'annes, vivace, tiges herbaces, rapoches en touffes de 0m ,50 om ,60 de hauteur, feuilles lmment dcoupes. Les fleurs, d'une forme bizarre et plus
randes que celles d'aucune autre fumariace, pendent en longue grappe unilatrale au sommet des rameaux leur cou-
Fig. 85.
Dilytra de Chine.
leur est le rose carmin l'extrieur, avec le cur blanc ou
blanc ros. La place- du dilytra de Chine est naturellement
indique dans le parterre, o il doit tre plant en touffes isoles mais l'ampleur de sa taille lerend propre aussi figurer
avantageusement sur les pelouses ou dans les carrs d'un grand
jardin. Safloraison, commence en avril ou mai, dureunmois
ou plus, suivant les lieux et les expositions. Faute de graines,
qu'il ne produit pas assez srement sous nos climats, on ne
l'a multipli jusqu'ici que par clats du pied, et quelquefois
de boutures.
D'autres espces du mme genre, trs-recommandables
encore quoique moins grandes et moins belles que la prcdente, sont, comme elle, admises dans la culture d'agrment;
ce sont, entre autres, les D. chrysantha, formosa et exirnia,
originaires de l'Amrique sepLenlrionale, rustiques,lepremier
fleurs jaune vif, les deux autres fleurs roses, mais qui tous
trois neviennent bien qu'enterre de bruyre aussi les rserve-
t-on ordinairement pour les massifs plants dans cette espce
de sol, ainsi que nous le dirons plus loin.
Digitale pour pre (Digitalis purpurea) (fig. 86). Plante in-
digne, de la,famille des
scrofularines, vulgairement dsigne sous les
noms de gantele et de
gant deNotre-Dame, bisannuelle
feuilles lgrement cotonneuses,
tige presque simple,
haute de lm 1m,40. se
terminant en une longue
grappe de fleurs purpurines
ponctues de
pourpre brun l'intrieur, dont la forme approche de celle d'une
campanule allonge, ce
qui les a fait comparer
un doigt de gant. Il en
existe des varits rose
clair et blanches, ponctues de jaune brun ou
l'insans ponctuation
trieur. Cette plante est
et
trs - ornementale
quoiqu'elle convienne
Fjg.86. Digilalepourpre.
plus particulirement
aux grands jardins et aux
pelouses des jardins paysagers, elle figure avantageusement dans un
parterre, en individus
isols. On cultive encore
d'autres espces du mme genre, telles que la digitale
grandes fleurs (D. grandiflora), corolles jaune ple, et la
digitalerouille[D. ferruginea), dont le nom indique la couleur des fleurs mais ces espces sont trs-infrieures la
premire comme plantes d'agrment. Toutes aiment les terrains secs, siliceux et un peu pierreux, et demandent fort peu
de soins. On ne les multiplie gure que de graines, semes en
ppinire, et dont les plants sont mis en place dans l'automne
de la mme anne ou au printemps de l'anne suivante.
Diplacus (Diplacus). Genre de scrofularines de la Californie, vivaces, tiges herbaces ou sous-ligneuses, dresses,
feuilles opposes; fleurs solitaires aux aisselles des feuilles,'
tubuleuses, et dont le limbe, vas, est divis en cinq lobes ingaux, qui le rendent plus ou moins irrgulier. Deux espces
sont communes dans les jardins, o elles tiennent un rang
distingu. L'une d'elles est le diplacus carlate ou cardinal ( D. cardinalis), haut de prs de 1m, corolles rouge
carlate, et que leurs lobes latraux, rflchis en dehors,
font paratre trs-irrgulires et comme bilabies. La culture en a fait natre plusieurs varits, diffrencies principalement par le coloris des fleurs, qui varie du rose clair
au rouge fonc, avec ou sans ponctuations pourpres dans la
gorge. La seconde espce est le diplacusvisqueux (D. glutinosus), moins haut et plus trapu que le prcdent, corolles
infondibuliformes, vases et presque rgulires, de couleur
orange dans le type spcifique. Son introduction en Europe
remonte prs d'un sicle; aussi en est-il sorti un grand
nombre de varits, parfois si diffrentes de la forme premire que plusieurs botanistes en ont fait des espces distinctes. On peut les rduire quatre principales, sous les
dnominations suivantes
1 les orangs (D. aurantiacus),
fleurs oranges et lobes de la corolle margins 2 les rouges
(D. puniceus), fleurs rouge cinabre, avec les lobes margins; 3lesjaunes ( D. latifolius), qui, indpendamment de la
couleur jaune de leurs fleurs, se distinguent des prcdents
par un port plus ramass, des feuilles plus larges et les lobes
de lacorolle presque entiers etarrondis 4 enfin les diplacus
grandes fleurs(D. grandiflorus ), remarquables par le grand
dveloppement du limbe de la corolle et ses divisions profondment bilobes. La couleur est ici assez variable elle offre
toutes les nuances entre le blanc pur et le chamois-nankin ,
uniforme ou rpandu par macules.
Sous le climat de Paris les diplacus ne sont qu' demi rustiques, en ce sens qu'il faut les abriter l'hiver en orangerie
ou sous chssis, mais ils fleurissent abondamment, le diplacus visqueux surtout, en pleine terre pendant l't et l'automne. Ils russissent mieux encore dans le climat de l'ouest,
o il n'est pas rare qu'ils passent l'hiver sans abri. Ils se
plaisent en terre lgre, un peu frache, additionne de terreau vgtal, et se prtent bien la culture en pots. On les
multiple avec une extrme facilit de boutures, d'clats du
pied ou de graines semes au printemps ou la fin de l't,
et dans ce dernier cas les
jeunes plants sont hiverns
sous chssis, pour tre mis en
pleine terre l'anne suivante.
Ce genre de plantes a la plus
grande analogie avec celui des
mimulus, dont nous parlerons
plus loin; plusieurs auteurs
mme les runissent en un seul.
Doronics
(Doronicum ).
Plantes de la famille des com-
Fig.
87. Doronic
du Caucase.
poses-radies, indignes, vivaces et rustiques, tiges
dresses, de 0m,30 0m,60 de
hauteur, termines par des capitules moyens, dont tous les
fleurons sont d'un jaune vif ou
d'un jaune orang. Deux espces sont particulirement
cultives comme plantes de
plate-bande,le doronicdu Caucase (D.caucasicum) (fig. 87),
trs-bas de tiges, et dont la floraison printanire (en avril et
mai) est un grand ornement pour les parterres, o elle contraste par sa belle teinte jaune orang avec les fleurs blanches
des arabettes et les fleurs purpurines des saxifrages de Sibrie
et le doronic herbe aux panthres (D. pardalianches), tiges
plus leves, de floraison plus tardive et d'un jaune moinsvif.
Ces deux plantes, qui viennent en tout terrain, se multiplient avec une grande facilit par clats du pied. Quelquefois
aussi on en sme les graines.
Dracocpliales
(Dracocephalum). Genre de la famille
des labies, contenant quelques espces admises dans les
jardins comme plantes d'ornement de troisime ordre. Indignes de pays froids ou temprs, elles sont rustiques
sous nos climats. Les plus intressantes, au point de vue qui
nous occupe, sont le dracocphale de Moldavie (D. Moldavica), plante annuelle, fleurs bleues le dracocphale de
l'Alta (D. argunense), vivace, fleurs bleu clair; le dracocphale d'orient D.canescens ), vivace, feuillage blanchtre
dracocphale
Virginie (D. virgiet fleurs bleues; et
prcnianwn), de l'Amrique du Nord, vivace comme
dents, fleurs roses ou lilaces. Toutes ces plantes se multiplient de graines, ou par division du pied lorsque ce sont
des espces vivaces. On les cultive sur plates-bandes en
petites touffes, qu'on fait alterner avec des plantes autrement
colores. Leur floraison arrive d'ordinaire dans la seconde
moiti du printemps.
chinaca. Voyez Rudbeckia.
mothres ou onagres (OEnothera). Plantes de l'Amrique du Nord, du Prou et du Chili, rustiques, annuelles, bisannuelles ou vivaces, de la famille des nothres (onagraires
de quelques auteurs), dresses ou tales, fleurs un peu
grandes, quatre ptales et le plus souvent jaunes, quelquefois
blanches ou roses. Elles n'ont de valeur que comme plantes
de plate-bande, sauf les espces de haute taille, qui peuvent
entrer dans la dcoration des jardins paysagers. Nous distinguerons dans ce genre 1 l'nothre bisannuelle ouonagre commune (OE. biennis), la plus anciennement introduite en Europe
le
de
les
et une des plus belles. Elle peut s'lever 1m,50 ou plus. Ses
leurs, d'une brillante teinte jaune, fournissent de longs pis au
sommet de la tige principale et des rameaux. On peut leur reprocher, comme celles des autres espces du genre, d'tre
de peu de dure. Cette espce s'est naturalise spontanment dans beaucoup de parties de la France, et elle n'est
nuHe part plus belle que dans les sols sablonneux et au voisinage des rivires etdesruisseaux. 2 L'nothre grandesfleurs
(OE. yrandiflora), presque aussi leve que la prcdente,
fleurs jaunes, grandes, odorantes, disposes en grappes terminales. 3L'nothre gros fruits (OE.macrocarpa), plante rameaux tals, et dont les fleurs, d'un jaune vif, ont 10 12 centimtres de large. 4L'nothre deNuttal (OE.speciosa) (fig. 88),
des tats--Unismridionaux, plante vivace, multicaule,
feuiHes lancoles,
tiges dresses et presque simples, hautes
de om,60 ou plus,
grandes fleurs blanches, odorantes, qui
prennent en vieillissant une lgre teinte
rose; elle n'est pas
compltement rustique sous le climat de
Paris, etveutytre abrite l'hiversous une
couverture de feuilles
ou sous chssis. 5
L'nothre quatre
Fig. 88. nothre de Nutall.
ailes (OE. telraptera),
tiges et rameaux dcumbants, et fleurs aussi grandes que
ans l'espce qui prcde,-blanches ou roses. 6 L'nothre
d'automne (OE. serotina), fleurs jaunes, trs-rpandue aujourd'hui dans les jardins, et qui se multiplie principalement
de boutures. Enfin, Ynothre acaule (OE. acaulis, . laraxacifolia),du Chili, tiges courtes et tales, feuilles pinnatifides, fleurs grandes, d'un blanc ros et odorantes.
Cette espce est peut-tre celle qui convient le mieux pour les
parterres, tant cause de sa petite taille que de la grandeur
de ses fleurs.
Les nothres sont des plantes floraison estivale qui se
continue, pour quelques-unes, jusqu' la fin de l'automne.On
les multiplie de graines semes en ppinire, en automne ou
au printemps, ou, lorsqu'elles n'en donnent pas, par division
du pied. Nous trouverons un peu plus loin, sous le nom de
godties, d'autres onagraires peine diffrentes des nolhres
proprement dites, ou plutt qui n'en diffrent que par la couleur de leurs fleurs.
Ephmres (Tradescantia). Genre amricain, appartenant la famille monocotyldone des commlynes, compos
de plantes vivaces, tiges annuelles, feuilles linaires-aigus,
et dont les corolles sont rduites trois ptales, alternant
avec un pareil nombre de spales, qui reprsentent les trois
pices extrieures du prigone des liliaces. Ce genre n'est
pas riche en espces, et il n'yen a qu'une qui soit tout fait
classique, c'est l'phmre de Virginie(T.virginica), plante
des tats-Unis mridionaux, rustique dans toute la France
et universellement cultive. Ses nombreuses tiges en touffes
feuillues, denses, hautes de Om,40 0m,60, se garnissent
leur sommet de jolies fleurs d'un bleu violet intense, qui
tranche avec le jaune orang des six anthres, dont les filets
sont envelopps de longs poils pourpre-violet. Cette belle
plante a donn des varits pourpres, blanches ou roses, et
mme une varit fleurs doubles. On trouve encore dans
quelques jardins l'phmre rose ( T. rosea), espce du mme
pays, mais moins grande et moins rustique, et qui exige une
couverture l'hiver sous la latitude de Paris, dans les hivers
rigoureux. Toutes deux se cultivent en touffes isolessur les
plates-bandes et se multiplientaisment par division du pied,
en automne ou au printemps. Il est rare qu'on en sme les
graines.
Au voisinage des phmres se place le genre commlyne
(Commelyna), qui s'en distingue par des feuilles ovales-lancoles et des fleurs agglomres au sommet de pdoncules
axillaires et entoures d'une spathe ventrue, d'o elles sortent
successivementpour s'panouir. Ces fleurs ont la mme structure que celles des phmres, avec cette diffrence que les
filets staminaux sont glabres. Une seule espce se rencontre
communment dans les jardins de plein air, c'est la commlyne tubreuse ( C. tuberosa), du Mexique, fleurs bleues. Elle
est vivace, et quoique moins rustique que l'phmre commune, elle se cultive et se multiplie par les mmes procds.
Une seconde espce, plus belle mais beaucoup moins connue,
est la commelyne des Nilgherries(G.nilagirica), des montagnes de l'Inde, plante vivace, en fortes touffes, tiges hautes
de 0m,70, et fleurs d'un trs-beau bleu. Elle est moins rustique que la prcdente, et demande l'orangerie Paris pen-
dant l'hiver.
Erantliis d'hiver (Eranthis hyemalis)(fig.89). Renoncu-
lace indigne,
vivace, haute
peine de0m,10,
fleurs jaune
d'or, se montrant ds le
mois de fvrier
sous le climat
de Paris, et
s'panouissant
en sortant de
le
terre,
avant
ranthis
Fig. 89.
d'hiver.
dveloppement
des feuilles. Cette petite plante qui serait peu remarque si
elle fleurissait dans une autre saison, est prcieuse pour nos
parterres, o elle est l'avant-courrire des floraisons du printemps. On la plante en bordures ou en petites touffes, au voisinage des perce-neige, des scilles fleurs bleues et autres
plantes hivernales qui la suivent de prs. Souvent aussi on la
dissmine dans les bosquets, en compagnie d'autres plantes
trs-printanires. On la multiplie de graines, qu'il faut rcolter
de trs-bonne heure, avant qu'elles ne tombent terre; mais
plus ordinairement on se borne en diviser les rhizomes.
Erigrons (Erigeron). Genre de composes indignes et
exotiques
dont deux espces vivaces de l'Amrique du Nord
sont devenues d'estimables plantes de plates-bande. Toutes
deux semblent rpter les petites espces d'astres, dont
elles ont trs-peu prs les fleurs et le coloris, et auxquels
on pourrait les runir sans inconvnient dans une classification horticole. Ce sont l'rigron de Californie (E. speciosum
Stenaclisspeciosa
tiges presque simples, feuillues, hautes
de 0m,30 om,40, et portant leur sommet un petit nombre
de capitules de moyenne grandeur, dont les rayons, trs-nombreux, sont de couleur lilas et le disque jaune; et Vrigron
glabre ( E. glabellurn), de mme port que le prcdent, mais
d'un tiers moins lev et avec des rayons moins nombreux
et d'une teinte plus violace. Ces deux espces, qui fleurissent presque tout l't, sont rustiques dans le nord de la
France et viennent peu prs dans tous les terrains. On
les multiplie de fragments du pied, la fin de l'hiver ou en
automne, et de graines semes dans le courant de l't, avec
repiquage du plant en ppinire ou directement en place
avant l'hiver. On peut supposer, avec une certaine vraisemblance
que des semis rpts, aids de l'puration constante des produits, perfectionneraient ces jolies plantes, et
qu'on finirait par en obtenir des varits doubles, bien suprieures aux types spcifiques actuellement cultivs.
rysiMMUMS (Erysimum). Crucifres annuelles ou vivaces, rustiques, tiges dresses, fleurs jaunes ou oranges, doublant par la culture. Les jardins en possdent trois
espces intressantes:l'rysimurn de Petrows/bi (E. Petroiuskianum), du Caucase, annuel, tige presque simple, se terminant par une grappe serre de fleurs jaune orang ou de
couleur aurore; l'rysirnwn de Marschall (E. Dlarscltallianum), des mmes lieux que le prcdent, mais vivace, fleurs
d'un orang plus vif; et lagirarde oujuliennejaune(E.Bar-
),
barea), de France, vivace, fleurs jaune ple, dont la varit
double a seule de la valeur. Toutes trois sont propres aux
plates-bandes, o elles servent faire des massifs et des
bordures, et fleurissent de la fin du printemps au milieu de
l't. On les multiplie de graines, qu'on sme ds qu'elles
sont mres, ou d'clats du pied si les espces sont vivaces:
E<M~~tzies (Esoliolizia).Papavraces de Californie,
feuillage glauque, fleurs jaune orang ou de couleur aurore,
de la grandeur de celles d'un petit pavot. Elles sont reprsentes dans nos jardins par deux espces, l'escholtzie de Californie (E. californica), haute de om,40 0m,50, et l'escholtzie
petites feuilles (E. tenuifolia), qui est de moiti plus basse.
Toutes deux sont annuelles, ou du moins cultives comme
telles, et propages seulement de graines. Leur floraison,
qui est estivale, dure environ un mois, c'est--dire de la fin
de juin la fin de juillet.
Ethtonmedu Liban (thimemacoridifolium). Petite
crucifre rustique, originaire de Syrie, tiges fruticuleuses,
dresses, plus'ou moins rapproches en touffes, de 0m,15
0m,20 de hauteur, feuilles linaires, glauques, et dontles
fleurs, en grappes terminales serres et arrondies, sont d'une
belle teinte rose-lilas. Cette jolie plante, qui fleurit, suivant
les lieux, de la fin de mai la fin de juillet, s'emploie aux
mmes usages que les autres crucifres cespiteuses et basses,
c'est--dire faire des garnitures le long des plates-bandes,
mais elle est encore plus propre garnir des rocailles.
Une seconde espce, du mme pays, l'thionme des rochers
(. jucunda ), a t plus rcemment introduite dans les jardins. Presque semblable la prcdente, dont elle n'est peuttre qu'une varit, elle en diffre par une taille un peu
moindre et des fleurs d'un lilas plus carmin. Quoique vivaces,
ces deux plantes se cultivent comme bisannuelles dans nos
jardins. On en sme les graines peu aprs leur maturit, et
le jeune plant, lev sur ppinire, est mis en place vers le
milieu de l'automne ou seulement au printemps suivant. Cultives demeure sur rocailles, et livres elles-mmes, elles
reprendraient les allures de plantes vivaces qui leur sont
naturelles.
Eucharidiums (Eucharidiurn). nothres annuelles de
Californie, trs-analogues auxclarkiaspar leur port comme
par la forme et la couleur de leurs fleurs. Elles en ont aussi
le temprament rustique et sont employes aux mmes
usages. Elles se reproduisent de graines semes en automne,
avec hivernage des plants sous chssis, ou au printemps en
ppinire et en place. Nous en possdons deux espces, les
E. grandiflorum et concinnum, qui s'emploient indiffremment
l'un'pour l'autre ou simultanment.
Eucnide. Voyez Mentzlie de Lindley.
Eutoeas (Eutoca).
Genre de la famille
deshydrophylles,
comprenant un petit nombre d'espces herbaces, de l'Amrique du Nord, dont quelques-unes ont t introduites dans les
jardins tilre de plantes d'agrment. La plus remarquable
est l'eutoca visqueuse (E. viscida), plante un peu tale puis
redresse, feuilles visqueuses, rpandant, lorsqu'on les froisse
entre les doigts, une odeur de bitume, et dont les fleurs,
d'un bleu violac, rappellent par leur forme celles des campanules. Cette espce fleurit trs-abondamment dans les mois
dejuillet et d'aot, et par sa taille, peu leve (0m,40), elle se
prte bien l'ornementation des parterres, o on la cultive en
pieds isols et en corbeilles. Comme ses congnres, moins
belles, les eutoca de Wranyel et de Mendies (E. Wrangelii, E.
Menziesii), elle se multiplie de graines, semes au printemps, ou mieux en automne sur ppinire, avec ou sans
abri l'hiver suivant les lieux etles saisons.
Ficotlesou msembriantlimes(Mesembrianihemum).
Les ficodes, qui constituent elles seules toute la famille des
ficodes, sont des plantes vivaces ou annuelles, quelquefois
sarmenteuses, feuilles trs-charnues et succulentes, toujours
glabres, tantt planes, tantt de formes gomtriques, et alors
souvent trigones. Leurs fleurs, quelquefois insignifiantes,
mais souvent trs-belles et pares des couleurs les plus vives,
ont une grossire ressemblance avec les capitules de diverses
composes, et cela par suite du grand nombre de leurs ptales
troits et rayonnants. La plupart de ces plantes sontoriginaires
de l'Afrique australe, mais on en trouve aussi quelques-unes
aux Canaries, dans le nord de l'Afrique et le midi de l'Europe.
Toutes sont essentiellement des plantes de rocailles, et elles
ne russissent bien que dans les pays o l't est sec et le soleil
aident. Une seule sous le climat de Paris peut tre considre comme plante de parterre, et encore est-elle plus curieuse
due belle c'est la glaciale (M. crystallinum), indigne ou naturalise en Corse et en Provence, et dont les feuilles, couvertes
de papules ou vsicules pleines d'eau, font paratre la plante
comme couverte de petits glaons. On la cultive en pots ou en
pleine terre, au pied d'un mur l'exposition du midi, mais
plus ordinairement sur rocailles ou au pied des arbres tenus en
caisse. On lamultiplie de
semis faits au printemps,
sur couche et sous chssis.
Ses petites fleurs blanches
n'ont aucune valeur ornementale; tout son mrite
est dans sont feuillage miroitant au soleil.
Nous reviendrons plus
loin sur les msembrianthmes en traitant de la
culture en pots et sur rocailles.
Fleur de veuve. Voyez
Scabieuse des jardins.
Fraxinelle ou dietante blane (Dictamnus
albus) (fig. 90). Plante in-
;
, ,
Fig.90. Fraxinelle.
digne, vivace, de la famille
des rutaces-diosmes
tiges fermes
dresses
hautes de 0m,50 0m,60,
dont les feuilles, alternes et
pennes avec impaire, ont
une certaine ressemblance avec celles du frne, ce qui a valu
la plante sa dnomination vulgaire. Ses fleurs, cinq ptales
ingaux, dont quatre sont redresss, le cinquime restant
pendant, ce qui les rend trs-irrgulires, sont de moyenne
grandeur et disposes en une longue grappe terminale. Leur
couleur est le rose clair dans le type de l'espce, mais il en
existe des varits blanches et rouge carmin. Toute la plante
exhale une odeur forte et aromatique, due une huile essentielle volatile qui se rpand dans l'air, et s'enflamme instantanment lorsqu'on en approche une bougie allume. L'exprience toutefois ne russit bien, sous le climat de Paris du
moins, qu'au moment de la floraison et dans les soires chaudes
et calmes des mois de juin, de juillet et d'aot. Trs-rustique
dans toute la France, et s'accommodant de tous les terrains,
la fraxinelle ne demande pour ainsi dire aucun soin. On la
multiplie d'clats du pied, la fin de l'hiver, ou de graines
qu'on sme au moment mme o elles sortent des capsules,
car elles perdent trs-promptement leur vertu germinative et
ne se conservent pas hors de terre. Le plant obtenu par ce
dernier moyen ne fleurissant gure qu' la troisime anne,
on le laisse en ppinire jusqu' ce qu'il soit adulte. La fraxinelle, quoique toujours simple, est une trs-jolie et trsagrable plante de parterre.
Fumeterres. Voyez Corydciles.
Gaillardia de Drumnond Gaillardia Drumrrcondi,
G. pictu). Plante vivace du Texas, de la famille des composes-radies, s'levant 0m,40 ou 0m,50. Ses capitules,
peu prs de la largeur de ceux d'une reine-marguerite
moyenne, ont leurs rayons mi-partis de jaune et de pourpre
brun, cette dernire teinte occupant plus dela moiti infrieure des rayons et s'tendant aux fleurons du disque. Elle
a donn naissance plusieurs varits, quelques-unes fleurs
un peu plus grandes, d'autres fleurs plus vivement ou autrement colores que dans le type de l'espce, entre autres au
gaillardia tricolore, fleurs semi-doubles, dont les rayons sont
pourpres la base, blancs au milieu, et jaunes l'extrmit.
Cette plante, qui n'est pas sans beaut, n'est pas tout fait
rustique sous Le climat de Paris, o on ne la cultive gure
que comme plante annuelle. Elle se multiplie de graines semes la fin de l't ou au commencement de l'automne,
dont le plant, hivern sous chssis et mis en -place au printemps suivant, fleurit vers le milieu de l't. On peut aussi
semer au printemps, mais on obtient par l des plantes moins
fortes et de floraison plus tardive.
D'autres espces, trs-analogues la prcdente par le coloris de leurs fleurs, ont encore t introduites dans les jardins, telles, entre autres, que le gaillardia vivace (G. aristata,
G. perennis), fleurs jaunes, cercles de pourpre brun autour du disque, et qui est trs-rustique sous nos climats. De
son croisement avec le gaillardia de Drummond.est ne,
dit-on, la varit splendens, plante plus forte que cette
dernire, fleurs
plus grandes et plus
vivement colores,
et qui a elle-mme
donn naissance au
gaillardia grandes
fleurs (G. grandiflora) (fig. 91), varit encore plus
belle et fleurs
plus grandes. Elle
estvivace et se multiplie principalement de boutures
et de fragments du
pied.
Galanes. Voyez
Pentstmons.
Gantele, gant de
Notre-Dame. Voyez
Digitale.
1
Fig.
91. Gaillardia grandes fleurs.
Gaura de Lindheimer Gaura
Lindheimeri) (fig. 92.) nothre de l'Amrique du Nord. vivace, rustique, trs-rameuse, formant des touffes de 0m,70 1m,
feuilles lancoles. Lesfleurs, disposes en longue grappe au sommet
des rameaux, sont de moyenne grandeur, quatre ptales, blanches, souvent roses ou purpurines l'extrieur. Cette plante, qui est trs-frquemment cultive dans nos jardins
publics, o elle fleurit pendant la
plus grande partie de l't, n'est pas
dpourvue d'intrt; nanmoins elle
nous parat au-dessous de la rputation que les horticulteurs lui ontfaite.
Sa taille un peu haute, ses rameaux
grles et sa floraison comparativement peu abondante et mdiocre de
coloris
lui assignent sa place dans
les jardins paysagers autant au moins
que dans les parterres proprement
dits. Trait comme simple plante
annuelle, le gaura de Lindheimer
se sme ds la fin de l't, et le
plant, repiqu en ppinire, est mis
en place au printemps suivant. Si
l'hiver est froid, on l'abrite momentanment sous une couverture de
feuilles ou de litire.
Gazanias (Gazania). Superbes
Fig.92..-GauradeLindhei- plantes de l'Afrique australe, dsimer.
gnes autrefois sous le nom de gortries (Gorteria), que quelques amateurs leur conservent encore,
et appartenant comme les arctotides la tribu des composes
radies. Ce sont des plantes basses, cespiteuses, vivaces, tiges
et rameaux demi-ligneux, feuilles allonges, tantt simples,
tantt pinnatindes, cotonneuses et blanches en dessous. Leurs
capitules sont dela grandeur de ceux du souci commun,
auxquels ils ressemblent encore par la couleur orange plus
ou moins vive de leurs rayons. Deux espces sont communes
dans les jardins, le gazania rutilant (G. splendens), dont les
payons portent leur base une macule brune, au centre de
aquelle en est une autre d'un blanc nacr, et le gazania queue
fie paon ou grandes fleurs (G. pavonia), qui ne diffre du pr[Cdent que par un feuillage plus grand, des capitules un peu
plus larges et d'une teinte orange plus vive. Ces deux espces,
peuvent s'employer indiffremment l'une pour l'autre, ne
ont qu' demi rustiques sous la latitude de Paris; aussi les
cultive-t-on ordinairement en pots, pour les remiser en
orangerie pendant l'hiver; cependant, mme sous ce climat,
elles peuvent servir la dcoration du parterre pendant la
belle saison, soit qu'on enterre leurs pots, soit qu'on les mette
irectement en pleine terre, pour les relever l'automne.
outefo'is leur vritable rgion horticole en France est le midi,
surtout le midi mditerranen, o, moyennant de lgers abris,
lIes peuvent passer l'hiver en plein air. C'est l aussi qu'elles
eurissent avec le plus de perfection, car, semblables sous ce
d'autres composes du mme pays, elles n'ouvrent
eurs capitules que sous la pleine lumire du soleil, les refermant si le temps devient pluvieux; cette particularit leur
presque toute leur valeur ornementale dans les pays o
ui
port
te
e
ciel est souvent couvert.
gazanias peuvent tre plants en massifs serrs, qui
d'un trs-brillant effet, sur des reliefs du sol ou des taexposs au soleil ils font aussi d'admirables bordures
ans les parterres et deviennent au besoin d'excellentes
lantes de pots. Onles multiplie de graines semes sur couche
sous chssis, au printemps, et plus frquemment peutde boutures de branches ou par division des vieux pieds.
st trs-vraisemblable que sous un climat mridional les
emis longtemps continus feraient natre des varits capies doubles ou pleins, ou tout au moins des varits nouplus belles que les types des espces jusqu'ici peu ou
oint modifis.
Les
ont
;
t
es,
Gazon d'Espagne
ou jJRZOIl d'Olympe (Static
Armeria). Petite plante indigne de la famille des statices
vivace, trs-gazonnante, feuilles troites et graminodes,
conservant sa verdure en hiver. Elle forme des touffes paisses
et trs-basses, qui donnent, pendant la moiti de la belle
saison, une quantit de petites fleurs rose-lilas runies en
tte au sommet de hampes ou pdoncules nus, longs de 8
15 centimtres. Cette jolie plante, qui crot dans tous les
terrains, pourvu qu'ils soient un peu humides, est cultive de
temps immmorial, et a toujours servi faire des bordures le
long des alles des jardins, ce quoi elle se prte mieux
qu'aucune autre espce herbace. On la multiplie peu prs
exclusivement par clats du pied, c'est--dire par de vritables marcottes, qui s'enracinent avec une grande facilit;
l'opration se fait ordinairement dans la seconde moiti de
l't. Les fragments se plantent 10 ou 12 centimtres les uns
des autres, plus ou moins selon leur force, et on leur donne
les arrosages ncessaires pour en assurer la reprise. Les touffes
s'largissant assez vite, souvent en se dgarnissant dans le
centre, il convient, pour conserver la rgularit des lignes,
de faire cette replantation tous les deux ou trois ans. Ajoutons ces dtails que le gazon d'Olympe, en sa qualit de
plante maritime, ne russit bien que dans les climats humides
du nord et de l'ouest, et qu'il ne convient pas du tout celui
du midi.
Graniums (Geranium).
Plantes indignes de la famille
des graniaces, la plupart vivaces, rustiques, formant souvent de belles touffes de feuilles, du milieu desquelles sortent les pdoncules qui portent les fleurs. Ces dernires sont
petites ou moyennes, rose-lilas, blanches, purpurines ou
d'un bleu violac, quelquefois d'un violet noirtre. Beaucoup
d'espces ont t introduites dans les jardins, mais toutes
n'ont pas beaucoup prs la mme valeur comme plantes
d'agrment. Les seules qui nous paraissent mriter d'tre
recommandes sont le granium pourpr (G. sanguineum),
feuilles arrondies et dissques, dont les fleurs, un peu grandes
relativement (environ 0m,03 de diamtre), sont d'un trs-beau
rouge pourpre le granium des Pyrnes (G. Endressii),
grandes fleurs roses; le graniumdu Caucase (G. ibericum),
forte plante fleurs bleues ou bleu violac; le granium de
Gorgie (G.platypetalum) (fig. 93), assez semblable au prcdent, et comme lui fleurs bleues
le granium des prs (G.pratense),
dont les fleurs sont d'un bleu violac ple. Toutes ces espces, tant
d'assez forte taille, ne conviennent
gure qu'aux grands jardins fleuristes. Mieux appropries aux simples parterres, par suite de leur
petite taille, sont les espces suile granium de Lancastre
vantes
(G. lancastriense ), fleurs roses;
stri {G.striatum),
le granium
fleurs blanc-ros
nium tubreux
pig.
93. Granium de Gorgie.
et enfin le gra-
(G.
tuberosum),
ainsi nomm de sa racine bulbiforme, et dont les fleurs sont d'un
beau rose. Cette espce, qui est
originaire d'Italie, est la moins
rustique, et elle doit tre abrite
du froid dans le nord de la France.
Les graniums s'accommodent
pour ainsi dire de tous les terrains
demandent trs-peu de culture ils viennent mieux cepenant sur les sols en pente que sur ceux qui sont tout fait
lats. On les multiplie quelquefois de graines, mais plus orfnafrement par division du pied.
Granium rosat. Voyez Plargoniums.
-,
Cilias Gilia). Polmoniaces annuelles ou bisannuelles,
les parties occidentales tempres des deux Amriques,
euilles pinnatifides ou diversement dcoupes, rarement
litires, opposes ou alternes, fleurs monoptales et infondibuliformes. D'aprs les diffrences du port, la taille, la
forme du feuillage, la longueur relative du tube de la co-
d'-
rulle et d'autres caractres vagues, qu'il serait trop long
numrer ici, ce genre a t subdivis en groupes secondaires
Gilia, Linanthus, Leplosiphon, Fenzlia, Dactylophyllum,
Ipomopsis, etc. ), qui ont t admis comme genres distincts
habitudes
par beaucoup de botanistes, bien qu'ils aient identiquement
la mme structure florale. Pour ne pas changer des
qui sont passes dans la pratique horticole, nous conserverons
ces appellations diverses aux espces qui ont t introduites
dans les jardins.
Les gilias proprement dits sont des plantes dresses, ratouffues, chez lesquelles le tube de la corolle est
meuses
comparativement court, dpassant peu, ou mme ne dpassant pas les dents du calyce. Trois espces frquemment
cultives peuvent se rapporter ce groupe
le gilia dianthode(Gilia ouFenzlia dianthoides), petite plante de Californie, touffue, cespiteuse, haute peine de 0m,12, trs-florifre, feuilles simples et linaires, souvent opposes
ses
fleurs, solitaires et terminales, sont rose lilas, avec cinq petites macules pourpre noir l'entre de la gorge; le gilia tricolore (G. Iricolor), du mme pays, hautde 0m,30 0m,40,
feuilles dcoupes en lanires troites, et dont les fleurs violet ple ou bleutres sur le limbe, et purpurines dans la
gorge, avec le tube jaune, sont agrges au nombre de
quatre cinq au sommet des rameaux; il en existe des varits blanches, roses ou d'un bleu plus franc que dans le
type; enfin, le gilia bouquets (G. capitata), pareillement
de Californie, haut de 0m,60 01,80, feuilles dcoupes,
et fleurs bleues, petites, mais agrges en grand nombre
l'extrmit de rameaux pdonculiformes
cette espce aussi
a donn des varits, toutes moins belles que le type sau-
vage.
Les gilias sont de jolies plantes de parterre, mais les deux
dernires seulement sont tout fait rustiques dans le nord de
la France. L o l'hiver est doux, comme l'ouest de la France,
on les sme en automne, sur une planche abrite par un mur,
et le plant, repiqu ou non avantl'hiver en ppinire, est mis
en place au printemps suivant. A Paris, on les sme plus or-
dinairement la fin de l'hiver, sur couche chaude et sous
chssis. Le gilia dianthode doit tre sem sur couche tide,
auprintemps, et n'tre mis en pleine terre que dans le cou-
rantdemai. Sa petite taille et l'abondance de
ee
sa floraison,
prolonge assez longtemps, le rend particulirement
propre tre plant en bordure.
Girarde commune. Voyez Julienne des iardins.
Girardejaune. Voyezrysimums.
Girofles(Cheifanthus). La giroflejaune (fig. 94), connue
aussi sous les noms de violier et raest sans conmeau d'or (Ch. Cheiri
tredit la plus intressantede toutes
les crucifres admises dans la culture
d'agrment. Nous en parlerons avec
dtail dans un autre chapitre, en
traitant de la culture en pots, mais
nous devons aussi la signaler ds
maintenantcomme une fleur de platebande de premier ordre. Tout le
monde sait qu'elle est indigne en
France, et qu'elle y fait l'ornement
naturel des vieux murs et des difices
en ruine. Ses fleurs, trs-parfumes,
sont d'un jaune brun dans le type de
l'espce, mais la culture, dj trsancienne, en a profondment modifi
le coloris. Il en existe des varits
dans tous les tons du jaune, du brun
et du pourpre violet, les unes simples, les autres doubles ou pleines,
ces dernires plus ou moins striles.
Toutes ces varits servent dcorer
les plates-bandes, o elles fleurissent
vers le milieu du printemps. A l'exFig.
ception
des doubles, qui se propa04. Girofle jaune.
gent de boutures, ainsi que nous le
dirons plus loin, on les multiplie de graines, qu'on sme peu
),
aprs leur maturit, en planche ou en ppinire, et le plant
qu'on en obtient peut tre mis en place dans l'automne de
l'anne mme. La girofle s'accommode de tous les terrains
mais elle prfre ceux qui sont naturellement secs et un peu
compactes, ceux surtout qui ont t amends avec de vieux
platras.
Une seconde espce du mme genre, mais trs-infrieure
en beaut, est encore cultive comme plante de plate-bande;
c'est la girofle de Delile ( Ch. Delilianus), qu'on croit originaire des Canaries. Elle ne dpassegure orn,30; en hauteur,
et donne de petites grappes de fleurs d'un violet lie de vin,
qui se renouvellent pendant toute la belle saison. On ne la
multiplie gure que de boutures, faites en t, et qu'on hiverne sous chssis.
,
On donne encore, dans la pratique horticole,
le nom de
girofles d'autres crucifres ornementales, toutes de la rgion mditerranenne, et qui, aprs avoir longtemps fait partie du genre Cheiranthus, en ont t dtaches sous le nom
de Mathiola. Celles-l aussi, bien que gnralement cultives
en pots, fournissent de trs-belles plantes de plate-bande.
Ce sont la girofle des jardins (M. incana), espce bisannuelle,
feuilles blanchtres et fleurs pourpres, mais dont la culture
a tir des varits blanches, roses et violettes, simples ou
doubles
la girofledes fentres ou cocardeau (M. fenestralis),
trs-voisine de la prcdente, dont elle diffre par des fleurs
plus grandes; c'est peut-tre la plus belle du groupe, aussi estelle trs-gnralement cultive; lagiroflequarantaine (M.
annua), espce classique, et dont les varits, simples ou
doubles, sont si nombreuses qu'elle est en quelque sorte deenfin, lagirofle grecque ou kiris
venue plante de collection
(M. grca), qui diffre de toutes les autres par son feuillage
vert etnon plus blanchtre.Elle a pareillement donn un grand
nombre de varits, tant simples que doubles, o l'on trouve
toutes les nuances entre le blanc pur et le pourpre violet. Ces
quatre espces se multiplient de graines, qu'on sme au printemps ou en automne. La premire tant bisannuelle ne fleurit
que la seconde anne et comme elle n'est pas entirement
rustique dans le nord de la France, on lui fait passer l'hiver
sous chssis ou dans une serre froide, pour la mettre en pleine
terre au printemps. Le mme soin devrait tre pris pour les
autres espces, si le semis avait t fait en automne. Quant
auxvarits trs-doubles, et par l devenues striles, on les
propage de boutures comme les varits analogues de la girofle jaune. Toutes ces plantes ont d'ailleurs le tempramentde cette dernire comme elle, elles aiment les terrains
un peu secs et demandent une exposition chaude et bien
claire. C'st naturellement dans leur rgion originaire,
c'est--dire au voisinage de la Mditerrane, qu'elles prennent
le plus grand dveloppement,
qu'elles fleurissent le mieux et
exigent le moins de soins.
Girofle de Mahon. Voyez Ju-
lienne.
Glaciale. Voyez Ficodes.
Godties Godetia Genre
d'nothres de l'Amrique septentrionale, trs-analogue celui des nothres proprement
dites, dont il diffre presque
uniquement par la couleur des
fleurs. Il est reprsent dans nos
jardins par plusieurs espces,
parmi lesquelles il suffira de citer la godtie rubiconde ( G. rubicunda) (fig. 95), dresse, haute de
0m ,50, fleurs rose-violac, avec
une macule pourpre la base
de chaque ptale, quelquefois
d'un blanc ros, mais toujours
macules de pourpre l'intla godtie de Romanzoff
rieur
(G.Romanzoffii), fleurs lilas
violac, et la godtie de Lindley
-' (G. Lindleyana), dontles fleurs,
Fig. 96. Godtie rubiconde
).
un peu plus grandes que celles de la prcdente et de irtD*
couleur, portent comme elles une macule d'un pourpre plus
fonc la base des ptales. Ces jolies plantes, qui sont annuelles, se sment au printemps, pour fleurir dans la mme
anne, mais plus avantageusement en automne, bonne exposition, pour fleurir l'anne suivante. Elles sont aussi frquemment cultives en pots, et on en voit de trs-beaux chantillons sur les marchs aux fleurs de la capitale.
Gortries. Voyez Gazanias.
Grande Berce. Voyez Acanthe.
Grindlies (Grindelia). Composes amricaines de la
tribu des radies ou astrodes, bisannuelles ou vivaces,
dresses, rameuses, la plupart enduites leurs sommits
d'une sorte d'exsudation glutineuse, feuilles caulinaires
plus oumoins larges et embrassantes, fleurs jaunes ou
oranges. Plusieurs espces d'ingale valeur ont t introduites dans les jardins de l'Europe, telles que la grindlie
inuliforme (G. inuloides ), la grindlie cailleuse (G. squarrosa), etc. ; une seule mrite d'tre particulirement signale
ici c'est la grindlie grandes fleurs ( G. grandiflora), plante
bisannuelle de Californie, dont la taille atteint ou dpasse
fID., et dont les rameaux se terminent par de larges capitules
rayons orangs et disque jaune. C'est une assez belle plante
d'ornement, et qui est rustique sous nos climats, mais que sa
haute taille doit exclure des parterres de peu d'tendue. On
ne la multiplie que de graines, qu'on peut se contenter de
semer en place au printemps.
Gueule-de-loup. Voyez Muflier.
Hlianthmes (Helianthemum). Plantes indignes, de
la famille des cistes, herbaces et annuelles ou sous-ligneuses
et vivaces, et alors formant de petites touffes trs-florifres,
de 0m,20 0m,30 de hauteur. Les fleurs sont en grappes,
blanches, roses ou jaunes, de moyenne grandeur, trs-jolies i
mais trs-caduques, ce qui est leur unique dfaut. On cultive principalement l'hlianthme grandes fleurs(H. grandiflorum), fleurs jaunes; l'hlianthmepulvrulent(H.pulverulentum), fleurs blanches, et l'hlianthme rose (H. ro-
seum), dont le nom indique la couleur des fleurs. A ces trois
espces vivaces, on ajoute quelquefois l'hlianthmedesAlgarves H. algarvense), sous-arbuste dress, fleurs jaunes, et
dont les cinq ptales portent leur base une macule brune.
Sesfleurs, ouvertes le matin, ne durent que quelques heures,
- urtout si le soleil est ardent.
Tous les hlianthmes sont rustiques et se plaisent dans
les lieux secs, pierreux, ars et exposs au grand soleil.
A l'exception du dernier, ils conviennent particulirement
aux rocailles, mais ils russissent presque aussi bien dans les
plates-bandes d'un jardin, surtout en terre lgre. On les
multiplie de graines semes au printemps ou dans le courant de l't, et quelquefois aussi de marcottes et de boutures faites sous cloches, lorsqu'il s'agit des espces vivaces.
Hlichrysums. Voyez Immortelles.
l: Hliotropes (Heliotropium). Genre de la famille des borI ragines, indigne et exotique, dont deux espces, originaires
du Prou, sont cultives comme plantes annuelles d'agrment, quoiqu'elles soient vivaces et frutescentes enserre tempre. Toutes deux ont leurs fleurs en grappes scorpiodes,
rapproches elles-mmes en corymbes au sommet des rameaux, et ces fleurs, trs-petites et trs-agrablement parfumes, sont d'un bleu plus ou moins fonc, tournant quelquefois au violet ple. Ces deux espces sont l'hliotrope du
Prou (H. peruvianum
et l'hliotrope grandes fleurs
(H. grandiflorum), qui ne diffrent l'un de l'autre qu'en ce
que le feuillage est plus large et les fleurs un peu plus grandes,
d'un bleu plus clair et beaucoup moins parfumes, dans le
second que dans le premier. L'hliotrope du Prou a donn
naissance quelques varits assez lgrement caractrises,
dont la plus connue est l'hliotrope de Volterre(1), qui se distingue du type par sa taille moins leve, ses feuilles plus
grandes et ses corolles d'un bleu plus fonc, avec une macule blanche dans la gorge.
1-
[1(1)
Ainsi nomm de la ville de Volterra, en Italie. C'est par erreur que la plupart des livres de jardinage crivent hliotrope de Voltaire.
Les hliotropes du Prou, lorsqu'ils sont habilement cultivs en serre tempre, dans des pots proportionns leur
taille, deviennent de trs-beaux arbustes de forme buissonnante, et dont les dimensions dpassent un mtre en tous sens.
Sur les plates-bandes du jardin, du moins dans le nord de
la France, ils n'arrivent gure qu' 0m,50 ou 0m,60; mais ils
n'en mritent pas moins les soins de l'horticulteur, car, outre
la beaut de leur port, ils fleurissent d'une manire continue
pendant toute la belle saison. Peu dlicats sur le choix du
terrain, ils se plaisent aux expositions mridionales et abrites contre le vent du nord, et ils souffrent lorsqu'ils sont
privs de la lumire solaire pendant une trop grande partie
du jour. On croit avoir remarqu que les hliotropes cultivs
en pleine terre ont beaucoup moins d'odeur que ceux qui sont
tenus en pots, ce qui vient, selon toute probabilit, de ce que
les sujets de pleine terre sont plus nourris et plus exposs
la pluie que les autres.
Les hliotropes se propagent de graines semes sur couche
chaude au printemps; mais bien plus ordinairement on a
recours au bouturage des rameaux, en serre chaude ou sur
couches abrites par des cloches, ou des chssis.
Sous des climats un peu plus chauds ou un peu moins humides que celui de Paris, par exemple dans le centre et l'est
de la France, les hliotropes du Prou peuvent, moyennant
certaines prcautions, passer l'hiver en pleine terre. On procde de la manire suivante lorsque les premires geles ont
bruni leurs feuilles, on coupe les hliotropes au niveau du sol,
et on en recouvre le pied d'une butte de terre de 0m,30
0m,40 de hauteur, qu'on revt elle-mme d'un capuchon de
paille, de litire ou de feuilles sches si on le juge ncessaire. Ce qu'on se propose en agissant ainsi est non-seulement
de prserver les racines de la gele, mais aussi d'en carter
l'humidit froide, qui ne leur serait pas moins prjudiciable.
Au mois d'avril, on enlve la butte, et bientt les hliotropes repoussent avec vigueur, et forment en peu de temps
des touffes beaucoup plus fortes que celles qu'on aurait obtedevrait
qu'on
mthode
la
d'autres
C'est
moyens.
par
nues
adopter toutes les fois qu'on se propose de cultiver les hliotropes demeure et en massifs.
Les hliotropes du Prou ne sont pas les seuls qui aient t
admis dans la culture d'agrment; il y en a un autre, du Caucase, qui est seulement annuel, l'hliotrope odorant (H. suaveolens ), fleurs blanches ettrs-parfumes. Cette espce
est encore peu connue en France, quoique trs-digne de
l'tiE,C'est elle qui remplace dans les jardins de la Russie
les hliotropes du Prou, que la rigueur du climat ne permet
pas d'y cultiver.
A la suite des vrais hliotropes nous devons classer ici une
plante d'un certain intrt, et qui leur ressemble de tous
points par le feuillage et les fleurs, mais qui est dpourvue
d'odeur; c'est le faux-hliotrope (Tournefortia heliotro*' pioides), plante des rgions tempres de l'Amrique du
Sud, vivace, suffrutescente, rameuse et formant des buissons, qui sous nos climats du nord peuvent s'lever 0m,30
ou 0m ,40. Ses fleurs, toutes semblables de forme et de grandeur celles de l'hliotrope du Prou, et comme elles en
grappes scorpiodes au sommet des rameaux, varient,
suivant les individus, du bleu fonc au rose lilas, et portent
ordinairement une petite macule jaune ple ou blanche dans
la gorge. Son temprament est trs-peu prs celui de l'hliotrope du Prou, mais avec plus de rusticit, car sa souche
l'
passe assez facilement l'hiver en terre Paris nanmoins
on ne la cultive gure que comme plante annuelle ou bisannuelle, en la semant au printemps ou la fin de l't. Dans
ce dernier cas, le plant doit tre abrit l'hiver sous chssis.
L'hliotrope de Tournefort est une jolie plante de plater
bande et d'appartement, qui serait plus estime si on ne
possdait dj l'hliotrope du Prou, qui a sur elle l'avantage de donner des fleurs parfumes.
-
Hliptres. Voyez Immortelles.
Hellbores (Helleborus). Genre indigne de la famille
de renonculaces, compos de plantes vivaces, grandes
feuilles palmes ou digites, fleurs ordinairement verdtres,
souvent laves de pourpre violac, et s'ouvrant en hiver ou
au premier printemps. Une seule espce a del'intrt pour
nous, comme plante de parterre, c'est la rose-de-Nol (H. niger) (fig. 96), dont les grandes fleurs simples, largement ouver-
Fig. 96. Hellbore rose-de-Nol.
tes, d'un blanc ros, s'panouissent au plus fort de l'hiver, et
rsistent la neige et aux geles. On peut lui adjoindre l'hellbore d'Orient (H. orientalis), qui lui ressemble sous plus d'un
rapport, et l'hellbore du Caucase (H. caucasicus), dont une varit fleurs blanches pointilles de pourpre a un certain
intrt pour les jardins du nord de l'Europe. Quant aux
autres espces du genre, elles peuvent servir dcorer des
collines pierreuses et des rocailles ngliges ou ceindre
des massifs d'arbustes. Toutes ces plantes sont rustiques et
ne demandent aucun soin. On les multiplie de graines ou
plus simplement par division -du rhizome.
Herbe .coton. Voyez Asclpiades.
Herbe au charpentier. Voyez Achille et orpin.
Herbeauxpanthres. Voyez Doronics.
Ibrides. Voyez Thlaspis.
Immortelles. Dans le
langage de l'horticulture on runit sous ce nom des plantes qui n'ont souvent de commun
que la prsence autour de leurs fleurs de bractoles scarieuses, diversement colores et pouvant, par suite de leur
coriacit, se conserver presque indfiniment. C'est ainsi que
nous voyons classer par le vulgaire dans le groupe des immortelles les closies, les amarantes etun assez grand
nombre de composes-carduaces qui ont l'involucre scarieux. Ces dernires peuvent la rigueur conserver le nom
d'immortelles; nanmoins, il conviendrait de ne l'appliquer
qu'aux espces des genres Helichrysum, Gnaphalium, Xeranthemum et Aphelexis, qui
renferment prcisment celles
auxquelles on a le plus anciennement donn ce nom.
L'espce la plus intressante
de ce groupe est l'immortelle
jaune ou immortelle d'Orient
Helchrysum orientale), plante
vivace, dont les petits capitules
runis en corymbes au
jaunes
sommet des tiges, fournissent
les bouquets et les couronnes
funraires dont l'usage est si rpandu dans les grandes villes.
Extrmement difficile lever
Paris, elle est cultive en grand
en Provence, o elle alimente
par ses fleurs un commerce
d'exportation d'une certaine importance. C'est essentiellement
une plante de rocaille, et qui se
plat au soleil le plus ardent. En
seconde ligne se prsentent
l'immortelle de la Malmaison (H.
bracteatum) (fig. 97), de la NouFig. 97. Immortelle de la Malvelle-Hollande plante annuelle
maison.
ou bisannuelle, tige dresse, haute d'un mtre, dont les
capitules, relativement grands et solitaires au sommet des
rameaux, sont entours d'un involucre de bractes scarieuses,
luisantes jaunes ou jaune orang
blanches et nacres dans
quelques varits; et l'immortelle grandes fleurs (H.macranthum), du mme pays, maismoins leve, et de forme
buissonnante, dont l'involucre est rose carmin, passant quelquefois au violet ou diffrents tons du jaune. On admet encore dans les jardins, quoiqu'elles soient infrieures aux
prcdentes, l'immortelle annuelle (Xeranthemum annuun)
,
involucres blancs ou violets suivant la varit, et l'immortelledesStchades (Gnaphaliumstchas), capitules jaunes,
toutes deux du midi de la France. Les varits naines de la
premire sont de trs-belles plantes de plate-bande; la seconde est surtout une plante de rocailles. Deux espces du
genre Gnaphalium sont en outre employes aujourd'hui comme
plantes de bordures, non plus cause de leurs fleurs, mais
cause de leur feuillage cotonneux et blanc; ce sont l'immortellelaineuse (G. lanatum) et .l'immortellevelue(G. eriocaulon), plantes basses, touffues, et suffisamment rustiques
dans le nord de la France.
Les hliptres et les aphlexides (Helipterum, Aphelexis),
genres de l'Afrique australe, renferment aussi quelques espces introduites dans les jardins titre d'immortelles. Un
peut citer dans le nombre l'hliptre globuleux (H. eximium), espce vivace, haute de 0m,50 0m,60, feuillage
dense, soyeux et blanc, dontles capitules, fleurons jaunes,
sont entours d'un involucre scarieux d'un rose carmin; l'hliptre grandscapitules H. speciosissmum), moins lev
que le prcdent, mais avec des capitules plus gros, dont les
cailles involucrales sont pareillement de teinte carmine
enfin, lepetit hliptreouaphlexidedu Cap Aphelexis humilis), plante basse, trs-ramifie, touffue tiges cotonneuses dont tous les rameaux se terminent par des capitules
ovodes, involucre rouge carmin. Ces trois jolies plantes
viennent difficilement dans le nord et l'ouest de la France,
par suite de la trop grande humidit de l'air et du sol, mais
on peut les obtenir encore trs-belles par la culture en pots
et en les abritant contre la pluie et le froid. De mme que la
plupart des immortelles, elles conviennent beaucoup mieux
la rgion mditerranenne qu'aux autres c'est l seulement que leur culture en pleine terre, sur plates-bandes ou
surrocailles, n'offre pour ainsi dire aucune difficult.
L'immortelle de la Malmaison et l'immortelle grandes
fleursrussissent assez bien sous le climat de Paris, dans les
terres lgres et sches, exposition mridionale. Elles se
cultivent par pieds isols ou en massifs sur les plates-bandes,
en ayant soin de rserver les varits les plus naines pour les
parterres les plus troits. Leurs fleurs, coupes un peu avant
leurpanouissement complet, entrent souvent dans la confection des bouquets d'hiver. On les sme soit au printemps,
en ppinire ou sur couche, pour tre plantes demeure
en mai; soit en automne, et alors on hiverne le plant sous
chssis pendant l'hiver. Leur floraison, commence en juin,
se continue jusqu'aux premiers jours d'octobre.
Beaucoup d'autres composes involucre scarieux et persistant ainsi que nous l'avons dit plus haut, sont aussi dsignes collectivementsous le nom d'immortelles. On les trouvera dcrites aux articles ammobie, acroclinium, rhodanthe,
schnia et waitzia.
lpomopsides Ipomopsis). Groupe de polmoniaces
amricaines, retir, ainsi que nous l'avons dit plus haut, du
genre gilia. Une seule espce est communment cultive
comme plante d'agrment; c'est l'ipomopside lgante (1. elegans, plante annuelle, du nord de l'Amrique, dcrite successivement sous les noms d'Ipomopsis picta, Cantua picta et Gilia
coronopifolia. C'est une belle plante de plate-bande, mais
laquelle on peut reprocher d'tre trop leve, car sa tige,
relativement grle et presque simple, monte 1 mtre et
quelquefois beaucoup plus haut. Ses fleurs, qui s'ouvrent
en aot et septembre, sont agrges ausommet de la tige
en une longue panicule; leur couleur dans le type del'espce
est le rouge coccin, ponctu de pourpre, mais on en a
obtenu des varits rouge carlate et jaune nankin d'autres
varits, peut-tre plus intressantes, se distinguent par une
taille moins lance ou plus susceptible de se ramifier. De
mme que la plupart des polmoniaces amricaines, les ipomopsides rsistent difficilement aux hivers longs et brumeux
du Nord, et elles y prissent bien plus par le fait de l'humidit
persistante que par celui du froid de l la ncessit de les
abriter l'hiver sous chssis ou en serre froide, de les arroser
trs-peu dans cette saison, et de les arer aussi souvent que
le temps peut le permettre. Le semis se fait aux premiers
jours de l'automne, sur planche bien expose, et le jeune
plant est repiqu en pots soigneusement drains, pour tre
hivern comme nous venons de le dire. Au voisinage de l'Ocan, et au sud du 45 degr, les ipomopsides sont assez rustiques pour se passer de tout abri pendant l'hiver.
Julienne des jardins ou girarde commune (Hesperis matronalis). Plante indigne, de lafamille des crucifres,
depuis longtemps soumise la culture, qui en a fait natre des
varits trs-ornementales. Elle est vivace et s'lve 0m,50
ou 0m,60. Ses fleurs, trs-odorantes et disposes en longues
grappes au sommet de la tige et des rameaux, sont d'un pourpre violet dans le type de l'espce mais elles passent au blanc
ou au blanc lilac dans certaines varits et elles deviennent
doubles ou tout fait pleines dans quelques autres. La julienne
est une de nos plus belles plantes de plate-bande; aussi la
trouve-t-on dans presque tous les jardins fleuristes. Sa culture
est d'ailleurs des plus simples elle russit dans tous les sols
et toutes les expositions, mais elle se plat surtout dans les
bonnes terres argileuses, un peu humides et mi-ombre.
Les varits simples se propagent de graines semes en automne ou au printemps; les doubles, qui ne donnent pas de
graines, se multiplient par clats du pied, opration qui peut
se faire toute l'anne, mais avec un succs plus assur au
printemps, avant que la plante ne soit entre en vgtation. Il
est essentiel de ne pas confondre cette espce, qui est la vraie
julienne, avec la julienne jaune, dont il a t question plus
haut.
Outre la girarde commune, on connat encore sous le nom
; ,
julienne ou giroflede Mahon (H.
maritima), une autre espce, trs-diffrente de port, qui est annuelle et forme de
etites touffes basses et feuillues; ses fleurs, d'un pourpre
piolet, quelquefois blanches, font un assez bon effet quand
Rfes plantes croissent en massifs, ou mieux en bordures le long
tesplates-bandes, ce qui est peu prs leur unique emploi
ans les jardins. Cette espce, trs-rustique et peu exigeante,
se sme en place, en automne ou au printemps
les plantes
issues de ce dernier semis sont d'un mois plus tardives que
celles du premier.
,irt Juliennejaune. Voyez rysimums.
Ketmies (Hibiscus). Grand genre de plantes, de la fades malvaces, annuelles ou vivaces, souvent ligneuses et mme arborescentes, la plupart trangres
nos climats et rustiques divers degrs. Leurs fleurs sont
pour ainsi dire calques sur celles de nos mauves communes, mais elles sont ordinairement beaucoup plus grandes.
Parmi les nombreuses espces qui composent ce genre
nous n'avons citer, comme pouvant tre admise dans les
plates bandes des jardins fleuristes, que la ketmie vsiculeuse
(H. trionum), plante annuelle, en fortes touffes, fleurs
jaune ple, avec cinq macules pourpre noir au fond de la corolle. D'autres espces, telles que la ketmie des marais ( H. palustris et laketmie fleurs roses (H. roseus), qui sont vivaces
et de grande taille, mais dont les fleurs sont trs-grandes
ettrs-belles, ne conviennent gure qu'aux jardins paysagers; il en est de mme plus forte raison des espces dcidment arborescentes, dont nous parleronsdans un autre
chapitre. La ketmie vsiculeuse se reproduit de graines semes au printemps
sur couche chaude, et dont le plant est
en place au mois de mai. On pourrait semer aussi en automne, avec hivernage sous chssis.
Kiris. Voyez girofle.
Laurencelle rose. Voyez schnia.
Lavatres (Lavatera). Ce que nous venons de dire des
ketmies s'applique de tous points aux lavatres, autre genre
de malvaces trs-voisin des mauves, auxquelles il ressemble
ille
is
par le fruit, en forme de disque, et par les feuilles, souvent
arrondies. Une seule espce est signaler comme plante de
plate-bande, et encore ne convient-elle qu'aux plus grands
jardins, cause de sa haute taille; c'est la mauve fleurie ou lavatre grandes fleurs L. trimestris ) (fig. 98), plante annuelle
du midi de l'Europe, qui s'lve
1 mtre et dont les grandes
fleurs rose pourpre sont macules de violet la base des ptales. Une seconde espce, la
mauve deProvence (L. olbia), qui
est vivace et presque arboresappartient l'orangerie
cente
sous le climat de Paris. Tout au
plus mrite-t-elle d'tre admise
dans la culture ornementale.
Leptodactyles (Leptodactylon). Genre de polmoniaces
amricaines, dtach des gilias,
auxquels il est encore runi par
plusieurs auteurs, et qui semble
tenir le milieu entre ce dernier
genre et celui des phlox, dont il
rapproche trs-sensiblement
par ses fleurs, relativement granse
des, tube un peu court et
Fig. 98. Lavatre grandes fleurs.
limbe tal. Il en diffre par son
feuillage, qui, au lieu d'tre simple et entier, est divis jusqu'
la base en lobes troits et divergents comme les doigts d'une
main ouverte. L'espce la plus belle du genre, et probablement
la seule qui ait encore t introduite vivante en Europe, est le
leptodactyle de Californie (L. californicum), charmant sousarbuste rameux et buissonnant, de 0m ,50 0m,70 de hauteur,
feuillage court, roide, aigu en apparence ricode, mais en
ralit compos de 5 7 digitations. Peu d'autres polmoniaces l'emportent sur lui pour la richesse de la florai:
teinte
ici
le
vif,
la
beaut
des
corolles,
la
est
dont
et
rose
son
1$climat
jifec un il blanc au centre. Cette belle plante, qui est vivace,
n'est pas assez rustique pour passerl'hiver l'air libre sous
'une de Paris; aussi est-on oblig, pour la conserver
anne l'autre, de l'hiverner en serre froide ou sous
chssis. Mise en pleine terre au printemps, elle devient, pendant les mois d't, un des plus beaux ornements du parterre.
On la multiplie de graines semes au printemps ou en automne,
et aussi de boutures faites en t. Dans les deux cas, le jeune
plant, mis en pots avant l'hiver, doit tre abrit contre le
froid, ainsi que nous venons de le dire. Il est vraisemblable
qu'au voisinage de l'Ocan, o le climat doux et humide est
particulirement favorable aux plantes de l'Amrique occidentale, ce.mode d'hivernage ne serait plus ncessaire.
(Leptosiphon). Plantes annuelles, de la
Leptosiphons
,
famille des polmoniaces et, comme celles du genre prcdent, runies par plusieurs auteurs aux gilias, dont elles ne
diffrent que par letube grle et allong de leurs corolles.
Elles sont aussi originaires de Californie, et forment de petites touffes de 0m,25 0m,30, feuilles palmatisques, et
dont lesfleurs sonten corymbes
serrs au sommet des tiges et
des rameaux. On en cultive plusieurs espces, entre autres le
leptosiphon fleurs d'androsace
( L. androsaceus) (fig. 99), dont
les fleurs sont ros pourpre ou
bleutres, le leptosiphon corymbe(L. densiflorus), presque
semblable au prcdent, et le
leptosiphon fleurs jaunes (L.
aureus) leplusbas des trois
et qui a les fleurs d'un jaune
dor trs-vif. Outre ces espces,
qui ont donn plusieurs varits il existe encore une nombreuse srie d'hybrides ou de
81.. 99. Leptosiphon fleurs d'an- mtis,
provenus, dit-on, deleur
drosace.
1
croisement, et dont les fleurs runissent toutes les nuances du
jaune, de l'orang, du rouge aurore, du mordor, du rose; du
pourpre et de l'acajou. Ces charmantes varits sont des
plantes de plate-bande de premier ordre, aussi bien que les
espces dont elles sont issues mais elles ne se reproduisent
pas trs-fidlement de leurs graines. Les semis se font sur
place
en avril et mai, dans une terre lgre, mais mieux en
septembre sur ppinire. Dans ce dernier cas les jeunes plants
sont repiqus et hiverns sous chssis on ne devra les couvrir
de paillassons que dans les temps de gele, car ils sont sujets
fondre par l'insuffisance de la lumire.
Liatrides Liatris Plantes nord-amricaines, de la famille des composes, vivaces, tiges simples, droites, hautes
de 0m ,35 0m,, 70, dont les capitules de fleurs pourpres sont
disposs en pi serr ou en corymbe au sommet de la tige. On
en distingue plusieurs espces, parmi lesquelles il suffit d'en
citer deux la liatride en pi(L. spicata), demi-rustique sous
le climat de Paris et dont les capitules, presque sessiles, forment un long pi sur la tige, et la liatride en corymbe (L. scariosa), dont le nom franais indique la forme de l'inflorescence. Toutes deux sont de jolies plantes, mais qui craignent l'humidit prolonge aussi les hiverne-t-on sous chssis
ou en orangerie sous le climat du nord. On les multiplie surtout de graines semes sur couche, car elles bourgeonnent
trs-peu du pied.
Lins (Linum). Genre type de la famille des lines, dont
les espces sont en partie indignes, annuelles ou vivaces,
quelques-unes trs-recherches en horticulture comme plantes
de parterre. La plus belle est le lin fleurs rouges (L. grandiflorurn) (fig.100), d'Algrie, tiges grles, dresses,
hautes de 0m,25 0m,30, termines en une panicule corymbiforme de fleurs rouge vif, de moyenne grandeur. On l'emploie trs-avantageusement pour la plantation des platesbandes, en groupes isols de huit dix plantes ou plus,
comme aussi pour composer des corbeilles ou des massifs
qui sont d'un grand effet au moment de la floraison. Le lin
vivace (L. perenne), fleurs bleu d'azur, et le lin com-
).
mun (L. usitatissimum), qui
lesad'unbleu
fonc,
plus
sont aussi con-
sidrscomme
plantes d'agrment, et cultivs en touffes
sur les platesbandes. Il en
est de mme
du lin campanul (L. campanulatum), indigne du midi de la France, dont les
fleurs,relativement grandes,
sontd'unjaune
vif.. Toutes ces
Fig. 100. Lin fleurs rouges.
espces ont les
fleurs trs-passagres, par suite de la caducit des ptales;
mais leur floraison se soutient assez longtemps pour justifier
leur admission dans les parterres. Elles se propagent de
graines semes au mois de septembre, en ppinire, avec
piquage des plants en pots pour les hiverner sous chssis,
avec cette diffrence pour le lin commun, qu'on n le
smegure qu'au printemps et en place. Les espces vivaces
peuvent d'ailleurs se multiplier par clats du pied, et elles
sont toutes. assez rustiques pour rsister aux hivers dans le
tord de la France. A ces quatre espces on pourrait ajouter
lelin trois styles (L. trigynum), trs-beau sous-arbuste de
l'Inde, fleurs jaunes, qui se cultive avec succs en plein air
dans la rgion mditerranenne, mais qui appartient la
serre tempre sous le climat de Paris.
is
Linaires
(Linaria).
Genre en partie indigne, de la
famille des scrophularines, compos de plantes annuelles
et vivaces, corolle bilabie et peronne, pare, dans quelques-unes, de brillantes couleurs. La plus belle est la linaire de Portugal [L.triornithophora), plante vivace dont les
fleurs, les plus grandes du genre, sont violettes, avec le palais
jaune. On peut placer au second rang la linaire commune
(L. vulgaris), fleurs jaunes, avec le palais orang, plante
qui serait plus estime en horticulture si elle tait moins
commune, et si elle n'avait pas le grave dfaut de tracer du
pied, ce qui en fait une mauvaise herbe dans les jardins.
La linaire bicolore (L. bipartita), d'Algrie, espce simplement annuelle, dont les corolles violettes ont le palais
blanc; la linaire trois feuilles (L. triphylla), annuelle comme
la prcdente et du mme pays, grandes fleurs jaunes
stries de violet, et la linaire des Alpes (L. alpina), corolles
violet pourpre et palais jaune vif, peuvent encore tre recom-,
mandes comme plantes de parterre. Toutes ces espces se
propagent de graines semes au printemps et mieux en au-,
tomne; dans ce dernier cas le jeune plant est hivern sous
chssis, ce qui est particulirement ncessaire pour la linairel
de Portugal. Les espces vivaces peuvent en outre tre multiplies par clats du pied, opration qui se fait au premier
printemps.
Loblies (Lubelia). Plantes annuelles ou
vivaces, de la
famille des lobliaces, appartenant l'ancien et au nouveau
Monde, la plupart exotiques pour nous, puisqu'il n'en existe
que deux espces en France. Parmi celles qui ont t introduites dans la culture d'agrment de plein air, sous nos
climats, la plus importante est la loblie du Cap (L. Erinus)
(fig. 101), petite plante de l'Afrique australe, un peu tale,
touffue, s'levant 0m,12 ou 0m,15, fleurs petites, mais abondantes et d'un bleu superbe, avec une macule blanche dans la
gorge. Les semis en ont fait natre plusieurs sous-varits, dont
les fleurs prsentent toutes les nuances entre le blanc azur et
le bleu intense, et sont plus grandes ou plus petites que dans
la forme type. Ces petites plantes sont estimes de beaucoup
Fig. 101 Loblie du Cap.
d'amateurs, principalement cause du coloris de leurs fleurs,
qui n'est pas commun dans le rgne vgtal. Leur principal
usage dans les jardins est de fournir des bordures d'un
aspect fort agrable tant que dure leur floraison. On peut
s'en servir aussi pour garnir des rocailles. L'espce tant
annuelle, on la propage de graines semes sur la fin de l't
bet dont le plant est hivern sous chssis, ou encore au printemps sur couche ou directement en place, suivant les lieux
lot l'tat de la saison. Les plantes provenant des semis d'automne commencent fleurir vers la fin de mai et continuent
le faire, presque jusqu'aux geles.
D'autres espces, d'un port trs-diffrent et fleurs rouges,
ont un autre emploi dans les parterres elles sont cultives
pieds isols ou par petits groupes, sur les plates-bandes
- par
ou au milieu des gazons et des pelouses ce sont la loblie
-
;
; :
carlate (L. cardinalis), la loblie coccine (L.splendens),
et la loblie clatante L.fulgens), toutes trois du Mexique
et des Etats-Unis de l'Amrique du Nord, vivaces, dresses,
tiges presque simples, hautes de 0m,60 1 mtre ou plus,
se terminant en un long pi de fleurs rouge carlate et
comme veloutes; la loblie tupa (L. Tupa, Tupa Fevillei) du
Chili, forte plante racines vivaces, multicaule, formant des
touffes de 1m,50 de hauteur, grosses fleurs rougetres enfin,
la loblie rouge de feu (L. ignescens, Tupa ignescens) du
Mexique, tige rameuse, dont les branches se terminent en
longues grappes de fleurs carlates. Toutes ces grandes lobliaces se plaisent dans les terres argileuses, celles principalement qui sont mlanges de sable siliceux ou de terre
de bruyre. On les multiplie aisment par division du pied,
au printemps et en automne, mais on en sme aussi les
graines en ppinire dans le courant de l't, ou sur couche
et sous chssis au printemps. De toutes manires, ces plantes
doivent tre mises l'abri du froid en hiver, sous le climat de
Paris. Leur vritable rgion en France est le voisinage de
l'Ocan; elle y sont rustiques, et y deviennent beaucoup plus
fortes et plus belles qu'au centre de la France.
Lotiers (Lotus, Dorycnium). Lgumineuses indignes et
exotiques, herbaces ou sous-frulescentes, la plupart vivaces,
feuilles trifolioles, fleurs en ombelles au sommet de pdoncules axillaires. Quelques espces comptent parmi nos
herbes les plus vulgaires, et l'horticulture les a toujours ddaignes; mais il en est une qui doit prendre rang parmi
nos belles plantes de plate-bande, c'est le lotier d'Alep (L.
Gebelia), originaire de Syrie, dont les nombreuses tiges forment des Louffes paisses de Om,30 0m,35 de hauteur, feuillage glabre et glaucescent, mais qui se recommande surtout
par une abondante floraison. Les fleurs, en ombelles de cinq
huit, sont roses, avec les ailes de la corolle du plus beau
carmin. Cette jolie plante n'est pas nouvelle dans le jardinage
d'agrment, mais elley est devenue fort rare, quoiqu'elle soit
suprieure en beaut beaucoup d'autres, qui sont communment cultives. Dj rustique Paris, elle l'est davantage en-
core dans la rgion mridionale, o, soit comme plante de
plate-bande, soit comme plante de rocailles, elle brave toutes
les ardeurs du soleil. On la multiplie avec une gale facilit de
graines et de fragments du pied.
Une seconde espce du genre, le lotier de Saint-Jacques
(L. Jacobus), du nord de l'Afrique, se trouve assez communment parmi nos plantes de plate-bande. C'est une espce
bisannuelle, un peu grle, haute de 0m,70 1m, sans beaut,
mais curieuse parle coloris insolite de ses fleurs brun fonc.
Trs-infrieure la prcdente, elle mrite peine d'tre signaleaux amateurs.
[
Lunaires (Lunaria). Crucifres indignes, tiges dresses,
hautes de om 50 0m ,60ou plus;
feuilles ptioles, larges, triangulaires ou cordiformes fleurs en
panicules ou plutt en grappes terminales, auxquelles succdent de
larges silicules de forme ovale,
dont les cloisons, satines et transparentes, persistent sur les plantes
aprs lachute des graines. Deux es.,.
pces sont communmentcultives
sur les plates-bandes des jardins
la grande lunaire ou
fleuristes
monnayre (L. annua) (fig. 102),
plante annuelle ou plutt bisannuelle, fleurs moyennes, d'un
beau pourpre violet, et dont les
silicules rappellent, par leur granleur forme, les verres de
deur
lunettes et la lunaire vivace (L. rediviva) moins belle que la prc,
dente
fleurs plus petites, d'un
bleu ple, et silicules moins
grandes. Toutes deux fleurissent
de la fin de mai au 15 juillet. Onles
multiplie de graines semes dans
Fig. 102. Grande lunaire.
et
le courant de
l't, avec repiquage du plant en ppinire,ou
il passe l'hiver, pour tre mis en place au printemps suivant
La lunaire vivace peut aussi se propager par division du pied
en automne ou dans les derniers jours de l'hiver.
Lupins (Lupinus). Genre de la famille des lgumi-
neuses, comprenant un grand nombre d'espces de l'ancid
et du nouveau Monde, annuelles ou vivaces, la plupart rustiques sous le climat du nord de la France, toutes trs-analogues les unes aux autres par le port, l'inflorescence et la
structure de leurs fleurs, mais diffrant assez notablement
par la taille. Leurs tiges sont simples ou peu ramifies; leurs
feuilles composes de cinq quinze folioles ovale allong,
runies en ventail au sommet du ptiole commun et for-,
mant comme les doigts d'une main ouverte; enfin, leurs
fleurs sont en pis terminaux plus ou moins longs et serrs,
trs-souvent bleues, violaces ou roses, quelquefois presque
blanches ou bicolores, plus rarement jaunes.
Presque toutes les espces connues ont t introduites
dans l'horticulture d'agrment, quelques-unes titre de
plantes de plates-bandes la plupart peuvent galement servir
former des massifs ou des groupes isols sur les pelouses
surtout les grandes espces, dont la taille atteint ou dpass
un mtre. Les plus petites peuvent en outre se cultiver en
pots, et alors elles servent dcorer les fentres et les balcons1
Toutes ces plantes sont fort belles pendant leur floraison,
qui malheureusement n'est pas de bien longue-dure.
Parmi les espces annuelles nous citerons lelupin bigarre
ou lupin petit bleu (L.varius), plante indigne, moyenne
fleurs mi-parties de blanc et de bleu le lupin velu ou
grand bleu, du midi de l'Europe, d'un tiers plus haut que
le prcdent, fleurs bleues, blanches ou roses; lepetitlupin (L. nanus), de Californie, haut peine de 0m,25,
fleurs blanches ou mi-parties de blanc et de bleu le lupin
versicolore (L.mutabilis), des Andes de l'Amrique
Sud, forte plante qui s'lve plus d'un mtre, et dont le
fleurs, d'un bleu violac, exhalent l'odeur suave du pois
de senteur aussi cette espce est-elle la plus communmen
tcultive en pots;
(L.luteus), indigne de la
le lupin jaune
rgion mditerranenne,
fleursjaune
vif et odorantes; et
enfin le lupin
orang ( L.
Menziesii )
,
de Californie, dont les
fleurs, d'abord
jaune
ple, se foncent insensiblement en
couleur jusqu' la teinte
de l'orang
clair. Les espces vivaces,
moins nombreuses que
les espces
annuelles,
nousontfour-
, entre
aule
ni
lupin
de Hartweg
L. Harlwegii), forte
du
plante
Mexique,
fleurs bleues,
blanches ou
roses, suivant
les varits;
le lupin polyphylle L.
tres,
Fig. 103. Lupin polyphylle.
polyphyllus)
(fig.103),de
l'Amrique du Sud un des plus grands du genre, dont les
pis de fleurs bleues ont jusqu' 0"',50 de longueur; enfin le
lupin en arbre (L. arboreus), du Mexique, vritable sousarbrisseau, verdure perptuelle, fleurs jaune ple, et
pouvant s'lever jusqu' 2 mtres; il est plus curieux que
beau, et sa haute taille ne le rend nullement propre la
dcoration d'un parterre.
Tous les lupins se reproduisent de graines, semes en place
au printemps. Ils ne russissent pas galement partout; la
plupart redoutent les terres o le calcaire domine, et les
lupins fleurs jaunes, plus particulirement, ne viennent bien
que dans les sols trs-siliceux. Tous aiment le soleil et les
terres un peu sches, et, moins de
circonstances exceptionnelles, on
doit s'abstenir de les arroser, du
moins sous nos climats du Nord. Les
espces vivaces hivernent facilement
sous terre, et leur floraison prcde
toujours celle des lupins annuels.
Quelques-unes, fleurissant dans l'anne mme du semis, peuvent tre
traites,comme ces derniers.
Lychnides ( Lychnis). Genre de
caryophylles trs-voisin des coquelourdes, dont il a t question plus
haut, et qui a fourni, comme ces dernires, quelques espces intressantes
nos jardins. La plus classique est
la lychnide de Chalcdome (fig. 104),
plus connue sous le nom de croix de
Jrusalem, (L. chalcedonica), plante
vivace, tiges simples, dresses,
hautes de0m,50 0m,80, termines par
un bouquet corymbiforme de fleurs
rouge carlate dans le type, blanches
Fig. 104. Lychnide de Chalcdoine.
varits,
certaines
dans
roses
ou
parmi lesquelles il s'en trouve de dou-
bles. Prs d'elle se place, en suivant l'ordre des analogies,
la lychnide de Sibrie (L. fulgens), haute en moyenne de
0m,20 0m,30, fleurs rouge vif et relativement un peu
grandes. On considre comme une de ses varits la lychnide
de Haage (L. Haageana), qu'on dit originaire du Japon,
- plante galement basse, dont les fleurs sont carlates, oranges, roses ou blanches suivant les individus. Les plus belles du
genresont la lychnide grandes fleurs (L. grandiflora), de
la Chine, aussi basse que les deux prcdentes et, comme
;
elles, fleurs rouge carlate, mais du double plus grandes
et la lychnide de Siebold (L. Sieboldi), superbe plante du Japon, fleurs plus grandes encore et entirement blanches.
On a encore admis au nombre des plantes d'agrment quelques
espces indignes, entre autres la lychnide des prs (L. flos
cuculi), connue aussi sous le nom de vronique des jardiniers, plante vivace tige grle et lance, haute de 1m,
fleurs roses ou rose carmin, quelquefois blanches, petales
profondment lacinis elle n'est intressante que par deux
varits, l'une fleurs doubles, l'autre naine et par l propre
tre cultive sur les plates-bandes, en touffes ou en bordures; enfin, la lychnide visqueuse L.viscaria), connue sous
le nom vulgaire de bourbonnaise, et la lychnide des Alpes
(L. alpina), deux espces gazonnantes, petites fleurs
roses ou carmin, et qui servent principalement faire des
bordures ou garnir des rocailles.
Les lychnides, surtout les cinq premires qui sont essentiellement des plantes de parterre, ont trs-peu prs le
temprament des illets; elles craignent l'humidit stagnante
dans le sol, ce qui explique leur prfrence pour les terres
siliceuses et lgres, travers lesquelles l'eau s'coule facilement. C'est particulirement le cas de la lychnide grandes
fleurs, qui ne russit bien chez nous qu'en terre de bruyre.
Plusque les autres, elle est exposeprir l'hiver, moins par
le froid que par l'humidit excessive et persistante de la terre.
Toutes ces plantes se multiplient de graines, qu'on sme au
printemps ou en t, et aussi d'clats du pied. Les semis de
printemps fleurissent ordinairement dans l'anne mme.
Lysimaques (Lysimachia). Genre
de primulaces indignes et exotiques, vivaces, feuilles ordinairement opposes
ou verticilles, et dont les fleurs sont en grappes ou en
panicules terminales, au moins dans la plupart des espces.
mais il n'yen a
Nous en avons sept ou huit en France
qu'une, la lysimaquedesPyrnes ( L.Ephemerurn), tiges
simples, dresses, hautes de 1m, se terminant en une longue
grappe de fleurs blanches ou trs-lgrement bleutres, qui
ait quelque valeur comme plante ornementale. Cultive en
touffes dans les sols frais, humides et un peu tourbeux, elle
produit un certain effet nanmoins on ne saurait la recommander pour la plantation des plates-bandes. Une autrees pce
beaucoup plus intressante, est la Lysimaque du Cap (L. nutans), originaire de l'Afrique australe et rappelant la prcdente par son port et sa taille, mais dont les fleurs, d'un rouge
pourpre vif, sont plus grandes et en grappe plus serre que
dans cette dernire. Trs-commune autrefois dans les jardins.
d'agrment, cette jolie plante en a presque entirement disparu depuis une trentaine d'annes. On pourrait encore signaler comme digne de quelque intrt la lysimaque de Leschenault (L. Leschenaultii), de l'Inde; mais cette plante, qui n'est
aprs tout que de troisime ordre, est peu rustique dans la
majeure partie de la France, et on peut douter que ses petites
fleurs roses en grappe soient un ddommagement suffisant
des soins qu'il faudrait lui donner.
Malope. Voyez Mauves.
Matricaire mandiane
(Matricaria parthenioides).
Plante de la famille des composes, du midi de l'Europe,
vivace, dresse, rameuse et formant des touffes de 0m,50
0111,60. Ses capitules, en forme de petites marguerites, ont
le disque jaune et les rayons blancs; mais il en existe
une varit fleurs pleines, c'est--dire dont les fleurons
du disque se sont allongs en ligules blanches. Toutes
les parties de la plante, lorsqu'elles sont froisses entre les
doigts, exhalent une odeur forte et assez analogue celle du
camphre; aussi ne l'a-t-on longtemps cultive que pour des
usages pharmaceutiques. La varit double, quifleurit pendant
tout l't, mrite seule de figurer dans les parterres, et elle
y tient honorablement sa place. Elle est rustique sous le
climat de Paris et peut y passer l'hiver sans couverture. On
la. multiplie avec une gale facilitde graines et d'clats du
pied.
Mauves (Malva; Malope). Ce groupe, qu'on peut considrer
comme le type de la famille de malvaces, comprend un assez
grand nombre d'espces, tant indignes qu'exotiques, dont
quelques-unes ont tacceptes comme plantes d'agrment.
De ce nombre sont la mauve crpue (M. crispa), plante annuelle, originaire d'Orient, petites fleurs blanches, qui n'a
de rmarquable que ses grandes feuilles arrondies et crpues,
dont on se sert pour parer les fruits sur les tables; c'est
peine si on peut en faire une plante de parterre; la mauve
du Maroc (M. mauritiana), espce annuelle, dresse, feuilles
- palmatilobes, grandes fleurs blanches stries de rose ou
de violet; et la mauve ou malope trois lobes (Malope trifida),
du nord de l'Afrique, fleurs pourpre vif, parfois roses ou
blanches. Toutes trois se multiplient de graines semes en
place, au printemps. On donne assez souvent dans le langage
ordinaire, et non tout fait sans raison, le nom de mauves
aux espces ornementales des genres lavatre, altha, ketmie
et quelques autres.
Meconopsis. Voyez Pavots.
Msembrianthmes., Voyez Ficodes.
Mentzlie deLindley(Mentzelia aurea) (fig.105). Loase
de Californie, annuelle, rameuse, dresse, haute de 0m ,50
0m,60, tiges et rameaux blanchtres, feuilles dcoupes
ou pinnatifides, toute hrisse de poils roides et prurients,
mais non urticants comme ceux de plusieurs autres espces de
la mme famille. Ses grandes fleurs, d'un jaune vif et lustr,
du centre desquelles se dresse un faisceau de longues et nombreuses tamines de mme couleur, sont d'un grand effet sur
les plates-bandes d'un parterre. Trs-prs d'elle, en suivant les
analogies horticoles, se place l'eucnide fleurs de bartonie (Eucnide ou Microsperma bartonioides), autre loase du Mexique,
annuelle, larges feuilles ailes, hrisses de poils prurients,
et fleurs jaunes,
moins grandes et
moins belles que
celles de la mentzlie proprement dite.
Ces deux plantes se
sment en place,
dans le courant d'avril
sur planches
bien exposes au soleil et enterre lgre. Elles russissent mieux dans nos
provinces du midi
et du sud-ouest que
dans celles dunord,
ce qui est commun
d'ailleurs la plupart des loases.
,
,
Mignonnette.
Voyez rsda.
Mille-feuilles.
Voyez achille.
Millepertuis
Fig.105. Mentzliedore.
(Hypericum). Genre
principal de la famille des hypricines, contenant beaucoup
d'espces, tant exotiques qu'indignes, toutes fleurs jaunes,
et dont quelques-unes ont t juges assez intressantes pour
entrer dans les jardins d'agrment. De ce nombre sont l'androsme (H. androsmum), sous-arbuste indigne et rustique,
touffu, de 0m,50 0,60, fleurissant une grande partie de l't;
millepertuisd'Orient(H.calycinum), plante vivace, dont
les tiges, simples mais nombreuses, forment des touffes un
peu tales, et se terminent par de grandes fleurs d'un jaune
vif; c'est la plus belle espce du genre, mais elle craint le
grand soleil et ne fleurit bien que dans les lieux frais et un
peu abrits aussi ne l'emploie-t-on gure que pour tapisser le
le
sol sur les contours des pelouses ou dans les coins demi ombrags du jardin le millepertuis ftide [H.hircinum), originaire
d'Espagne, assez belle plante, mais de taille dj trop leve
pour un simple parterre, et laquelle on peut reprocher
d'exhaler une forte odeur de bouc, surtout lorsqu'elle est
froisse entre les doigts. Plusieurs autres espces, d'un
moindre intrt, ont encore t introduites dans les jardins,
mais elles rptent de trop prs les prcdentes pour qu'il
soit bien utile de les mentionner ici. Toutes ces plantes,
l'exception du millepertuis d'Orient, se plaisent aux expositions mridionales, dans les terrains un peu secs et pierreux,
ce qui les rend propres la dcoration des rocailles et des
talus dans les grands jardins. Toutes se reproduisent de
graines, mais on se contente le plus souvent de les multiplier
par division du pied.
Mimulus ).
Mimulus
Genre de scrofularines amricaines, herbaces, vivaces,
rustiques ou demi-rustiques
sous nos climats, tiges dresses ou dcombantes, feuilles opposes, fleurs irr-
gulires et trs-diversement
colores. Les espces en sont
pour la plupart encore mal
dtermines, et quelquefois
mme confondues avec celles
du genre diplacus; les plus
rpandues dans les jardins
le mimulus Arlequin
sont
(M.variegatus, M. rivularis)
du Chili, haut de
(fig. 106
0m ,30 0 ,40, dont les corolles, relativement grandes,
sont macules irrgulirement de mordor ou de pourpre sur fond jaune ou blanc,
),
Flg. 106.
-Mimulus Arlequin.
quelquefois uniformment jaunes ou rougetres le mimulus
mouchet(M. guttatus), voisin du prcdent, auquel plusieurs
auteurs le runissent comme simple varit, mais qui est de
Californie et dont les fleurs sont macules de pourpre brun
,
surfond jaune; lemimulusjaune (M. luteus), duChili, fleurs
toutes jaunes, avec deux macules rose carmin ou pourpre sur
la lvre infrieure, et qui parat distinct spcifiquement des
deux premiers, attendu que ses croisements avec eux donnent
des produits striles; le mimulusdes Andes(M. glabratus),
fleurs roses ou carmin pourpre, avec le tube de la corolle
blanc; le mimulus cuivr (M. cupreus) et le mimulus cinq
macules (M. quinquevulnerus), tous deux du Chili, espces
incertaines et coloris trs-variable; enfin le mimulus musqu
(M. moschatus), plante insignifiante, petites fleurs jaunes
qui exhale au soleil une odeur trs-prononce de musc. Les
mimulus se reproduisent de graines qu'on sme au commencement de l'automne, et dont on hiverne le plant sous chssis. Les sujets ainsi obtenus fleurissent en mai et juin. On fait
aussi des semis de printemps sur couche et sous abris vitrs,
pour obtenir une floraison automnale. Sous les climats du
midi et de l'ouest les mimulus passent facilement l'hiver en
pleine terre; Paris ils prissent ordinairement dans cette
saison, moins d'tre abrits. Au surplus, ils fleurissent mieux
traits comme plantes annuelles que comme plantes vivaces,
ce qui explique pourquoi on ne les multiplie gure que par lavoie des semis.
Miroir de Vnus (Specularia ou Prismatocarpus speculum ). Plante indigne, annuelle, dela famille des campanulaces et runie par quelques auteurs au genre campanule.
Quoique trs-commune dans les moissons, elle a t introduite dans le jardinage d'agrment comme plante de platebande
et elle justifie cette faveur par sa brillante floraison
autant que parla facilit de sa culture. Haute de 0m,25 0m,30,
elle forme de petites touffes qui se couvrent de fleurs du plus
beau violet fonc. Il en existe des varits blanches et rose
lilas presque aussi belles que le type. On la multiplie de
semis, au printemps, directement en place. C'est aussi une
trs-jolie plante de pots, et
il s'en vend cet tat une quan-
t tit considrable sur les marchs de Paris.
Molnei
(Verbascum). Plantes in-
dignes, qu'on rattache aux scrofularines, quoiqu'elles se rapprochent
beaucoup aussi des solanes, vivaces
dresses
bisannuelles;
tiges
et raou
mifies, se terminant en de longs pis
ou delongues grappes de fleurs moyenlargement ouvertes, dont la counes
leur est, suivant les espces, le jaune,
le blanc ou le pourpre violac. Toutes
ces plantes sont de troisime ou de
quatrime ordre; plusieurs mme ne
mritent aucun titre d'entrer dans la
culture d'agrment. Les seules qui
aient quelque valeur ce point de vue
sont la molne commune ou bouillon
blanc (V. Thapsus), plante vulgaire dans
toute la France, tige robuste, haute
de 1 2m, grandes feuilles drapes
et blanchtres, et fleurs jaune vif
elle n'est propre qu' la dcoration des
plus grands jardins et des pelouses, en
individus isols; etlamolneviolette
(V. phniceum) (fig. 107), du midi de
l'Europe
espce beaucoup plus grle
et moins haute que la prcdente,
grandes fleurs violettes, quelquefois
roses ou presque blanches. Ces deux
plantes sont rustiques dans toute la
France, et se sment d'elles-mmes l
o elles ont mri leurs graines. La molne violette, qui est la seule cultive
sur les plates-bandes, se traite dans nos
jardins comme plante bisannuelle. On
en sme les graines ent ou en au-
Molne
Fig. 107.
violette,
tomne, et le plant, repiqu s'il y a lieu, est mis en place au
printemps suivant.
Monardes (Monarda). Genre de labies, de l'Amrique
septentrionale, compos de plantes vivaces et rustiques, tiges dresses, dont les fleurs, longuement tubuleuses, sont agglomres en gros verticilles terminaux. La plus belle du
genre, et aussi la plus commune, est la monarde carlate (M.
coccinea, M. didyma)(fig108), plante touffue, deOm.50 0m,60,
feuilles ovales et corolles
carlates ou rouge vif, cou eur
laquelle participent le calyce
et les bractes florales. Une
autre espce, la monarde fistuleuse, feuilles plus troites et
corolles rose carmin, est pareillement admise au nombre
des plantes de plate-bande,
mais elle est infrieure en
beaut la premire, dont le
principal mrite est la couleur
trs-vive de ses fleurs. Ces deux
plantes, comme d'ailleurs les
espces du genre (M. alautres
Fig. 108. Monarde carlate.
ba, M. purpurea, etc.), s'accommodent de tous les terrains, la condition qu'ils soient
profonds et un peu frais, et demandent trs-peu de soins. Elles
fleurissent dans nos jardins, du milieu du printemps lafin
de l't, suivant les lieux et les circonstances atmosphriques.
On les multiplie trs-aisment et trs-promptement d'clats
du pied et de tronons de racine, en automne ou la fin de
l'hiver.
Monnayre. Voyez lunaires.
Morine longues feuilles (Morina longijolia).
Jolie
plante vivace, de la famille des dipsaces, originaire des montagnes du Npaul et rustique dans presque toute la France;
feuilles allonges, les radicales en rosettes autour du pied et
plus ou moins lobes, celles de la tige linaires-oblongues,
opposes ou verticilles par trois, toutes un peu spinescentes
sur les bords. La tige, haute de 0m,30 0m,40, se termine en
ne sorte de gros pi interrompu en verticilles, dont les fleurs,
en trs-grand nombre, sont accumules l'aisselle de larges
bractes pineuses comme les feuilles. Ces fleurs sont sessiles,
mais le tube, long et grle, de la corolle supple l'absence de
pdoncule
leur limbe, largement ouvert, est blanc ros en
dehors, d'un rose carmin vif en dedans. Commence dans la
premire quinzaine de juin, la floraison peut se continuer jusqu'au milieu de juillet, et quelquefois plus longtemps si l't
esthumide et modrment chaud. La morine longues feuilles
doit tre classe parmi les bonnes plantes de plate-bande;
mais elle convient galement, ou mme mieux, pour la plantation des rocailles et des talus. Sous le ciel humide du nord
de la France elle craint, en hiver, beaucoup plus l'humidit
prolonge de la terre que le froid; aussi convient-il de l'abriter sous des feuilles sches, de la paille, ou tout autre. objet
propre rendre ce service. On la multiplie de graines semes ds leur maturit, en terrines ou sur planche prpare
ce dessein. Le jeune plant, repiqu en pots, est abrit l'hiver
sous chssis et mis en place au printemps suivant. Une seconde espce, la morine de Perse (M. persica
n'est rustique
que dans le climat du midi.
Mornas. Voyez Walzias.
(Anttiirrhinum majus), connu aussi
MuMerdes
sous les noms degueule de loup et mufle de veau(fig. 109). C'est
, une plante indigne, dela famille desscrofularines, vivace,
mais fleurissant ds la premire anne, et ds lors souvent cultive comme plante annuelle, poussant plusieurs tiges d'une
mme souche et formant des touffes fournies de0m,50 0m,60
de hauteur. Ces tiges et leurs rameaux se terminent en grappe
de fleurs, qui sont de moyenne grandeur, irrgulires, bilabies, imitant grossirement le mufle d'un animal, d'une belle
couleur pourpre dans les varits communes, jaune de soufre
dans une autre varit, qui existe galement l'tat sauvage.
Par la culture, et peut-tre aussi par le croisement des deux
varits primitives, il en est sorti une multitude de varits
),
jardins
secondaires de la plus grande
beaut et de toutes nuances, telles
que le blanc pur, le blanc ros, le
pourpre fonc, le violet, le jaune
orang, etc. Plus souvent encore
ces couleurs s'entremlent en
panachures ou macules fort tranches, par exemple le pourpre sur
fond blanc ou jaune ou la couleur
mordore sur fond blanc, le jaune
bronz sur fond blanc ou sur fond
rose, etc. Par suite de ces diverses
modifications, le muflier est devenu une des plantes les plus intressantes de nos parterres; peu.
s'en faul mme qu'il ne soit digne
de prendre rang parmi les plantes
de collection.
Trs-faciles cultiver, les mufliers russissent dans toutes les
terres, mais mieux peut-tre dans
celles qui contiennent de vieux
pltras que dans les autres. Ils
prosprent de mme sur les rocailles et les vieux murs, et russissent fort bien en pots, quand
ces derniers sont drains convenablement. Les belles varits se
propagent aisment de boutures
faites sous cloche au printemps
ou en automne, mais on obtient de
tout aussi bons rsultats du semis
des graines. Les semis de printemps donnent des plantes qui
Fig. 109. Muflier.
fleurissent dans l'anne mme;
mais resuivante,
l'anne
fleurissent
d'automne
que
ne
ceux
lativement de trs-bonne heure. Sous le climat dunord il est
prudent d'hiverner les mufliers sous chssis, ne ft-ce que
pour les abriter de l'humidit prolonge de l'hiver.
Muscaris Muscari). Genre de liliaces indignes et exotiques, bulbeuses, feuilles longues et linaires, analogues
celles des jacinthes, dont ce genre est voisin, quoique beaucoup moins beau. Les fleurs sont petites, en forme de grelot et
agglomres en un pi ou une grappe spiciforme courte et
serre, ausommet d'une hampe plus ou moins longue. On cultive dans quelques parterres le muscari grappe (M. racemoSIlm ),dont les fleurs sont en forme de grappe ovode oucylindrode trs-serre, bleue ou d'un violet fonc; le muscari
odorant ou jacinthe musque (M. moschatum), plante sans
beaut, mais dont les petites fleurs jaune verdtre sonttrsparfumes; enfin, le muscari chevelu (M.comosum), qui n'a
de valeur que par une monstruosit o l'inflorescence normale est remplace par une touffe de ramifications fines, tortueuses et d'une belle teinte bleu violac. Ces diverses plantes,
qui fleurissent dans le cours du printemps, ne servent gure
qu' orner de petits parterres, en compagnie des crocus et
autres plantes de taille trs-basse. On en fait aussi des bordures, mais dont l'effet est trs-passager.
Myosotis. Ondsignecollectivement sous ce nom, en horticulture, tout ungroupe deborragines de petite ou de moyenne
taille, les unesindignes, les autresexotiques, la plupart fleurs
bleues, au moins partiellement, que les botanistes ont classes dans plusieurs genres, mais qui ont trs-peu prs les
mmes emplois dans le parterre. Malgr les petites diffrences gnriques qui les sparent, nous pouvons donc sans
inconvnient les runir toutes ici.
Une des plus communes est le myosotis de printemps ou
petite consoude (Omphalodes verna, Cynoglossum omphalodes),
charmante plante indigne, trs-rustique et vivace par son
rhizome souterrain,hauteauplus de0m,120m,14. Les feuilles,
toutes radicales et dresses, forment de jolies touffes de verdure, du milieu desquelles sortent des grappes de fleurs du
plus beau bleu. Elle se plat dans les terres argileuses et fraches, et sert principalement faire des bordures autour des
massifs fleuris cultivs sur terre de bruyre, et dans des lieux
ombrags et un peu humides, mais elle devient aussi, cultive
en pots, une trs-agrable plante d'appartement. Elle fleurit
en mars, avril et mai; on la multiplie d'clats du pied, en automne ou la fin de l'hiver.
Une seconde espce, classe par les botanistes dans le
mme genre que la prcdente, quoiqu'elle en diffre entirement par tout son aspect, est le myosotis blanc, plus connu
sous sa dnomination vulgaire de nombril de Vnus et nomm
aussi cynoglosse feuilles de lin (Omphalodes linifolia, Cynoglossum linifolium). Celle-ci est une plante annuelle ou
plutt bisannuelle, du midi de l'Europe, rustique, feuilles
linaires, glauques tige rameuse, haute de 0m,25 0m,30,
et dont les petites fleurs, rotaces et disposes en une sorte
de panicule, sont d'un blanc pur, quelquefois lgrement
roses. Elle est trs-gracieuse sous sa petite taille et trspropre la dcoration des parterres; mais elle ne produit
un certain effet que cultive en groupes, en massifs ou en
bordures. On la sme en place au premier printemps, et
plus avantageusement la fin de l't, en ppinire. Dans ce
dernier cas, les jeunes plantes sont repiques sur platebande au printemps suivant. Nous avons peine besoin de
rappeler que les semis d'automne donnent gnralement des
plantes plus vigoureuses et de floraison plus htive que les semis de printemps.
Outre ces deux espces, il existe plusieurs autres petites
borragines indignes fleurs bleues, connues galement sous
le nom de myosotis, auquel se sont ajoutes diverses appellations populaires, entre autres celle de Plus
vous vois,
plus je vous aime (1). De ce nombre sont le myosotis des marais (Myosotispalustris), lemyosotisdeschamps (M. intermedia)
et le myosotis des Alpes (M. alpestris), dont les fleurs sont
bleu de ciel, avec un il jaune au centre. Ce sont de trs-gracieuses plantes, et quelques amateurs les cultivent; mais elles
sont si petites, et leurs fleurs si exigus, qu'elles ne peuvent
je
(I) On dit aussi Ne m'oubliez pas; c'est l'quivalent du Forget me not des
glais et du Vergiss Mein nicht des Allemands,
An-
gure figurer que dans des pots, sur les fentres, les tagres
chemines
les
d'un appartement. Le myosotis des marais
ou
ne vient bien que le pied dans l'eau.
Un autre myosotis, beaucoup plus beau et plus distingu
que les prcdents, est le myosotis des Aores (M. azorica),
plante vivace, comparativement forte, rameuse, velue, pouvant s'lever jusqu' 0m ,50. Ses fleurs, trs-grandes pour le
genre et rapproches en gros pis scorpiodes, sont d'un
violet bleu intense. On lui reproche d'tre difficile lever
Paris, ce qui s'explique par le fait qu'il n'y est pas entirement rustique et qu'en outre il lui faut un air charg d'humidit. Il est vraisemblable qu'il trouverait dans nos dpartements de l'ouest les conditions climatriques qui lui conviendraient pour devenir une plante de parterre de premier
ordre. Cependant, mme Paris et plus au nord, on peut,
comme en Angleterre, l'aide de quelques soins, et en l'abritant pendant la mauvaise saison, en faire une trs-belle plante
de pot, galement propre orner les appartements et les
planches d'un parterre. Pour en obtenir de belles touffes, on
en met deux ou trois pieds dans des pots de 0m,30 d'ouverture, convenablement drains et remplis d'un mlange de
terre franche, de terreau de feuilles et de sable siliceux. Arroses propos et tenues l'abri du froid, les plantes deviennent trs-fortes et bientt se couvrent d'une abondante
floraison. Si on les destine au parterre, on se bornera enterrer les pots sur les plates-bandes. Aprs la floraison on peut
couper les tiges au niveau du sol, et rserver le pied pour
l'anne suivante; nanmoins il vaut mieux renouveler les
plantes par le bouturage de leurs drageons, ou par le semis
de leurs graines lorsqu'elles en produisent.
Ajoutons enfin au groupe de plantes qui nous occupe une
", nouvelle espce, encore trs-peu connue, et qui peut rivaliser
de beaut avec la prcdente; c'est le myosotis hortensia
( Myosotidium nobile
de la Nouvelle-Zlande, plante vivace,
que les dimensions de ses larges feuilles ovales loignent
des anciens myosotis, mais que la structure de ses fleurs
en rapproche. Sa tige simple et robuste, haute de 0m,35
),
0m,40, se termine par un large corymbe ombelliforme de
fleurs bleu d'azur margin de hlanrc. Originaire d'une le si-
tue aux antipodes de la France, mais dont le climat est essentiellement marin, cette superbe plante conviendra surtout
nos provinces occidentales pour la culture de plein air.
Sous le climat de Paris elle exigera vraisemblablement les
mmes soins que le myosotis des Aores.
aftMopMles (Nemophila). Genre de la famille des hydrophylles, de l'Amrique du Nord, comprenant un petit
nombre de plantes annuelles, basses, tales, touffues,
rameaux redresss, de 0m,15 0"',20 de hauteur, produisant des fleurs rotaces, de grandeur moyenne, dont les coloris sont le blanc, le bleu d'azur et le violet noir. Les espces
sont la nmophile commune (N. insignis) (fig.110), fleurs
bleu clair
vec le centre
blanc, quelquefois toutes
blanches ou
toutes bleues;
aj
la nmophile
ponctue (N.
atomaria),
fleurs blan
ches pointilles de violet
noir,
quel-
quefois toutes
bleues ou portant de larges
maculespourpre noir la
base des ptales; nmophile disque
noir (N. discoidalis), dont
la
Fig. 110.
Nmophile commune.
les fleurs, plus petites que dans les prcdentes, sont violet
noir, avec le bord de la corolle blanc on croit qu'elle n'est
qu'une varit de la prcdente, obtenue de semis en Angleterre; enfin, la nmophile macule (N. maculata), fleurs
grandes, blanches, avec une tache violet fonc au sommet des
lobes de la corolle. Toutes ces plantes ont leur valeur pour
la dcoration des plates-bandes, o elles se plantent en
bordures, en corbeilles ou en petits massifs. On les multiplie de graines, semes en place au printemps. On peut
aussi les semer et les cultiver en pots, comme le font les horticulteurs de Paris pour les vendre au march.
Nirembergies (Nierembergia). Petites solanes, de l'Amrique du Sud, vivaces, demi-rustiques sous nos climats,
o elles ne sont gure cultives que comme plantes annuelles
ou bisannuelles. La plus commune est la nirembergie de Bunos-Ayres (N. gracilis), dont les rameaux nombreux et grles
formentdes touffes de 0m,25 0m,30 de hauteur, sur lesquelles
s'panouissent en quantit de jolies fleurs blanc lilac, avec
une toile lilas au centre. Elle convient particulirement pour
garnir les plates-bandes d'un parterre, soit en pieds isols,
soit en bordure autour des massifs. On trouve encore dans
quelques jardins la nirembergie filiforme(N. filicaulis), dont
les tiges, encore plus grles que celles de la prcdente et
beaucoup plus longues, s'talent sur le sol ses fleurs sont
bleutres, centre jaune ple. Ces deux plantes se smenten
mars sur couche, ou en avril sur la plate-bande mme, et
elles fleurissent dans l'anne. Par le semis d'automne on obtient des plantes plus fortes et plus prcoces pour l'anne
suivante, mais qui doivent tre hivernes sous chssis. On les
reproduit d'ailleurs avec facilit de boutures, au printemps
et en automne, sur couche ou en serre multiplication. Dans
le midi elles sont aussi rustiques que les ptunias.
Nigelle d'Orient ou barb de Capuein (Nigella damascena). Renonculace du midi de l'Europe et du nord de
l'Afrique, o elle a sans doute t apporte d'Orient, cultive
depuis longtemps dans les jardins. C'est une plante annuelle,
dresse, presque simple, haute de 0m,40 environ; feuilles
finement dcoupes; fleurs terminales, rgulires, d'un bleu
ple, entoures d'un involucre ou collerette divisions capillaires comme celles des feuilles, et tales. Une seconde espce, commune dans les moissons du midi de la France, la
nigelle d'Espagne (N. hispanica), fleurs bleu lilac, lui est
souvent associe dans les jardins. Toutes deux sont de jolies
plantes de plate-bande, mais leur floraison a trop peu de dure pour qu'elles y tiennent une place bien importante. Elles
se reproduisent de graines semes en place, au printemps.
Nolanes (Nolana). Plantes de l'Amrique du Sud, dont le
genre constitue la famille tout entire des nolanaces, annuelles
tales sur le sol, feuilles un peu charnues. Elles
n'ont d'intressant que leurs fleurs, en forme d'entonnoir
comme celles des liserons, et assez agrablement colores. On
en cultive trois espces, la nolane du Prou (N. prostrata),
fleur d'un bleu ple, qui tire sur le violet au fond du tube de
la corolle la nolane feuillesd'arroche (N. atriplicifolia), dont
les fleurs sont trs-grandes, bleu clair sur le limbe de la corolle, plus ples et presque blanches au fond et la nolane paradoxale (N. paradoxa), o le violet remplace le bleu sur la
corolle; il en existe une varit violet clair, centre jaune
cercl de blanc. Ces trois plantes peuvent tre utilises de
diverses manires sur les plates-bandes, mais principalement
en petits massifs ou en bordures. Elles se sment directement
en place, en avril et mai.
Nombril de Vnus. Voyez Myosotis.
Obeliscaria. Voyez Rudbeckia.
OEil de perdrix. Voyez Adonides.
OEilletd'lnde. Voyez Tagtes.
Omphalode. Voyez Myosotis.
Onagres. Voyez nothres.
Ornithogales Ornithogalum). Genre de liliaces bulbeuses, indignes et exotiques, la plupart trop vulgaires ou
trop peu ornementales pour qu'on ait song en faire des
plantes de collection, mais dont quelques-unes peuvent encore servir dcorer les plates-bandes d'un jardin fleuriste.
Parmi nos espces indignes une seule mrite d'tre signale
C'est l'ornithogale ombelle, plus connu sous le nom de dame
d'onze heures (0. umbellatum) (fig. 111), dont la hampe, haute
Fig. III. Ornithogale ombelle.
deO^lS 0m,25, porte une large ombelle de fleurs blanches,
qui s'ouvrent peu de temps avant l'arrive du soleil au mridien et se ferment quelques heures aprs. Quoique ses fleurs
soient jolies, cette plante n'est gure que de troisime ordre.
Une espce plus recommandable, mais qui n'est rustique
que dans la rgion mditerranenne, est l'orniithogale d'Ara-
(0.
arabicum), tige plus leve et fleurs plus grandes,
d'un blanc de lait, sur lequel tranche la teinte vert noir de l'ovaire. Onpeutencoreconsidrer comme plante de plate-bande,
dans la rgion mridionale, l'ornithogale dor (0.aureum),
espce de l'Afrique australe, la plus belle du genre, qui porte
un long pi de fleurs jaune vif. Sous le climat de Paris, elle
doit tre, aussi bien que la prcdente, abrite en orangerie
pendant l'hiver, ou assujettie la mthode de culture que nous
avons indique pour les liliaces de collection.
Orobes (Orobus). Plantes la plupart d'Europe, de la
famille des lgumineuses, vivaces, feuilles pennes, trs-rustiques, formant des touffes denses de feuillage et donnant une
belle floraison au printemps ou en t. On peut signaler,
comme ayant quelque mrite, l'orobe printanier (0. vernus),
fleurs bleu violac, quelquefois blanches; l'orobe d'Algrie
(0. atropurpureus), fleurs rose pourpre; l'orobejaune (0. luteus), dont les fleurs, relativement grandes, passent graduellement du jaune clair l'orang; l'orobe longues grappes
(Olaxiflorus), fleurs violaces, une des espces les plus floribondes du genre; enfin, l'orobenoir (0. niger), tiges grles
et peu ramifies, feuillage glauque et fleurs en grappe
serre, d'un beau rouge carmin. Toutes ces plantes sont de
deuxime ou de troisime ordre, et ne conviennent qu'aux jardinsd'unecertainetendue. tant vivaces etrustiques, ellesne
demandent aucune, culture, mais elles ne viennent bien que
dans une terre un peu frache et enrichie de terreau vgtal.
On peut les multiplier de graines, et plus rapidement par
simple division des touffes.
Orpins ou sdimis (Sedum). Plantes de la famille des
crassulaces, presque toutes vivaces et indignes, gnralement
rustiques, feuilles charnues et succulentes, tantt cylindriques ou ovodes, tantt planes et largies, fleurs petites,
mais runies en corymbe plus ou moins fourni, blanches,
roses, rouge carmin, jaunes ou bleues. La plupart des espces croissent en touffes peu leves ou en tapis sur les rochers les vieux murs, quelquefois sur le sol maigre des pays
granitiques, presque toujours dans des lieux ars et exposs
bie
au grand soleil. De mme que beaucoup d'autres plantes
grasses, celles-ci empruntent peu au terrain et vivent principalement de l'humidit et des autres substances gazeuses mles l'atmosphre.
Parmi les nombreuses espces de ce genre nous citerons,
comme ayant le plus d'intrt, l'orpin fleurs bleues (S. cruleum) plante annuelle du midi de l'Europe, fleurs bleu
,
tendre, tournant au violac en vieillissant;l'orpin blanc, ou
trique-Madame (S. album), de toute la France, fleurs blanl'orpin brlant (S. acre trs-commun partout, fleurs
ches
jaune vif; l'orpin odorant (S. Rhodiola), fleurs roses; l'orpinduJapon (S.Sieboldii), dont le nom indique la provenance, fleurs rose tendre; l'orpin commun ou herbe aux
charpentiers (S. Telephium), le plus grand de nos orpins
indignes, dont les tiges s'lvent 0m ,40 ou om ,50, et dont les
fleurs, en corymbe serr, sont d'un pourpe ple. Beaucoup
d'autres espces pourraient tre ajoutes cette liste on les
trouvera mentionnes dans les catalogues des horticulteurs.
de l'orpin commun, qui
A l'exception del'orpinduJapon
peuvent la rigueur tre cultivs sur les plates bandes des jardins, les espces de ce genre n'appartiennent pas au parterre
proprement dit ce sont essentiellement desplantes derocailles
ou dpts comme les joubarbes, dont ellesont temprament,
et dans le cas o elles sont cultives en pots elles deviennent
des plantes d'appartement ou de fentre qui ne sont pas sans
agrment. L'orpin du Japon, lgant par son feuillage glauque autant que par ses fleurs, est surtout populaire sous ce
rapport.
Tous les orpins sont de facile culture, pourvu qu'on leur
donne un terrain siliceux, lger, bien drain et permable
l'eau, et qu'on ne leur mnage pas la lumire du soleil. Ils
doivent tre trs-peu arross, et le plus souvent mme, surtout dans le nord, n'tre pas arross du tout. On les multiplie
d'clats du pied ou de boutures de rameau, et souvent aussi
de graines, qui, tant trs-fines, doivent tre semes sur terre
de bruyre, sans tre recouvertes, mais simplement tasses
la surface par un bassinage. Les semis se font en place, ds
),
et
le
la fin de l'hiver, ou en terrines vers la fin de l't. Dans ce
dernier cas, les jeunes plantes sont abrites contre le froid et
mises en place au printemps suivant.
Ourisia des Andes ( Ourisia coccinea). Superbe plante
de la famille des scrofularines, originaire des Andes du
Chili, o elle semble remplacer les pentstmons de l'Amrique du Nord, dont elle a presque l'inflorescence et les fleurs,
avec un port plus lgant. Elle est vivace, feuilles toutes
radicales, ptioles, largement ovales-cordiformes, quelque
peu lobes sur les bords et dentes. Les tiges, hautes de 0m,30
0m,35 et pourvues seulement de courtes bractoles, ne sont
pour ainsi dire que des hampes soutenant une longue grappe
paniculiforme de fleurs rouge carmin, pendantes, tubuleuses,
limbe ouvert, un peu irrgulier mais non bilabi. A Paris
et plus au nord, l'ourisia des Andes n'est qu' demi rustique,
et demande l'orangerie pendant l'hiver et une partie du
printemps, et on a remarqu qu'il y fleurit mieux qu'en plein
air. Sa vritable rgion en France, comme plante de pleine
terre, sera l'ouest et le midi mais dans ce dernier climat il
lui faudra une situation demi abrite contre le soleil et de
copieux arrosages. Le peu de dveloppement de son rhizome
permettra d'ailleurs de le cultiver en pots facilement et avec
succs. Cette jolie plante, qui est encore peu rpandue, se
propage plus avantageusement de graines que par divisions du
pied.
Oxalides (Oxalis). Genre immense, o l'on compte plus
de cinq cents espces, presque toutes exotiques, et type de
la famille des oxalides. Ces plantes varient considrablement
par le port et par la taille; la plupart nanmoins sont de simples herbes, gnralement vivaces, plus rarement annuelles,
dont les feuilles, trois ou quatre folioles en forme de cur,
imitent plus ou moins bien celles du trfle. Leurs fleurs rgulires et moyennes sont en ombelle au sommet de hampes de
la longueur des feuilles ou un peu plus longues, roses, de
couleur carmin, pourpres, jaunes ou blanches. Plusieurs espces, qui forment de jolies touffes de feuillage entremles de
fleurs, sont des plantes de plate-bande recommandables. Dans
(0.
rosea),
le nombre, nous devons citer l'oxalide fleursroses
du Chili, annuelle et rustique, feuilles trifolioles, fleurs
roses, comme son nom l'indique; l'oxalide de Depp (0.
Deppei), du Mexique, vivacepar ses racines napiformes, presque transparentes et comestibles, feuilles quadrifolioles,
fleurs carmin bronz; et l'oxalide ttraphylle (0. tetraphylla), du Mexique, vivace comme la prcdente, avec laquelleelle a beaucoup d'analogie, et fleurs pourpres. Deux
espces indignes en France, l'oxalide cornicule (0. corniculata), fleurs jaunes, et l'oxalide surelle (0. acetosella),
fleurs blanches, sont des plantes trop vulgaires et trop modestes pour qu'on puisse les recommander comme plantes
d'agrment.
Les oxalides se sment au printemps aprs les geles,
ou en septembre sur ppinire, avec hivernage du plant sous
chssis. Les espces vivaces se multiplient en outre par
leurs rhizomes ou leurs tubercules, c'est--dire par simple
division des touffes.
Pquerette vivace ou petite marguerite (Bellis
perennis). Plante indigne, de la famille des composes, vivace,
trs-rustique partout, feuilles en rosette et tales sur le sol,
acaule, mettant, de sa souche des hampes grles, termines
par un seul capitule disque jaune et rayons blancs, mais
ordinairement teints de pourpre en dessous, et quelquefois
aussi en dessus l'extrmit des rayons. Tout fait insignifiante l'tat sauvage, cette petite plante, qui infeste les
pelouses et les prairies un peu sches, est devenue entre les
mains des horticulteurs, surtout en Allemagne, une de nos plus
charmantes plantes d'agrment. Comme la reine-marguerite,
.le dahlia, les chrysanthmes, etc., elle a mtamorphos les
fleurons de son disque en ligules et est devenue par l trsdoubleou trs-pleine (fig. 112),en mme temps qu'elle modifiait
son coloris. On en possde aujourd'hui d'assez nombreuses varits, dont les fleurs ont, avec plus de dlicatesse, toute
la rgularit des reines-marguerites les plus parfaites il
y en a de blanches, de roses, de rouge carmin, de pourpre
fonc, de bicolores; d'autres ont les fleurons du centre
-
tuyauts. La plupart
d'ailleurs ont notablement agrandi leurs capitules qui, pour quelques-unes au moins,
rivalisent sous ce rapport avec ceux du chrysanthme de l'Inde.
Enfin, dans une varit
prolifre, laquelle on
a donn le nom de mre
de famille (1), le capiFig.112. Pquerette double.
tule est entour de plusieurs autres capitules plus petits, ns de son involucre, et
qui rayonnent dans tous les sens autour de lui. Sans tre des
plus belles, cette varit est du moins une des plus curieuses.
Presque toutes ces varits fleurs pleines sont striles aussi n'essaye-t-on pas de les propager de graines, mais
seulement par divisions du pied. Les varits semi-doubles, au
contraire, donnent des graines qui les reproduisent assez fidlement, et dont on voit mme souvent natre des varits plus
pleines et plus parfaites. Ces varits semi doubles sont ordinairement plantes en bordure le long des plates-bandes les
pleines tant plus ordinairement rserves pour la culture en
pots, sur les fentres et dans les appartements. Les semisse
font en t, sur ppinire, et le plant est mis en place en automne ou la fin de l'hiver. Dans le nord de la Franceles
sous
exposes
plus
les
trs-pleines,
dlicates
autres, sont
que
races
aussi doit-on les cou prir l'hiver, par suite de l'humidit
vrir d'un paillis ou, pour plus de sret, les abriter
chssis froid, en ayant soin de leur donner beaucoup d'air.
A Paris ces soins sont peu prs superflus, parce que les
belles varits de pquerettes sont cultives en grand par les
horticulteurs, qui les apportent toutes fleuries sur les marchs,
,1
(I)
Les Anglais la nomment The hen
poussins.
and chickens, mot a
mot
la poule et
us1
l'on peut presque en toute saison se les procurer pour
des sommes minimes.
Quoique vivaces,les pquerettes s'affaiblissent et s'puisent
promptement par leur floraison exagre. Lorsqu'on en fait
des bordures, si on tient les avoir belles, il faudra les renouveler tous les
ans, ou au moins tous les deux ans, par divisions
du pied ou par semis.
Passe-fleur. Voyez Coquelourdes.
Pavots (Papaver). Genre type de la famille des papavraces, comprenant quelques espces ornementales remarquables par la grandeur de leurs fleurs ou leur vive coloration.
De ce nombre sont le coquelicot ou pavot des moissons (P.
Rhas), plante annuelle, des plus vulgaires, fleur rouge ponculture a tir de trs-belles varits doubles ou
ceau, dont
semi-pleines (fig. 113), et dont le coloris varie du rose ple au
rouge fonc; lepavot des jardins
ou pavot somnifre (P. somniferum), annuel, originaire de la
Perse ou de l'Inde, haut de 1m et
plus, mais dont certaines varits naines ne dpassent pas
0m,50, feuillage glauque et
trs lgamment lob et dcoup,
fleurs grandes, roses, ardoises ou violaces, parfois toutes
blanches; cette belle espce,
cultive en Orient, et mme en
France, comme plante mdicinale ou industrielle et dont on
extrait l'opium du commerce
a
aussi donn des varits doubles
recommandables; le pavot de l'Alta (P. nudicaule), espce vivace
des montagnes de l'Asie centrale,
feuilles finement dcoupes et
fleurs jaune orang la culture
FIfe. 113. desc^^J'ou pavot
en a fait natre de trs-belles vades
O
la
moissons.
rits fleurs pleines, et dont la floraison est automnale; le
pavotd'Orient ou de Tournefort (P. orientale), espce vivace,
du Caucase, hrisse de gros poils rudes, fleurs grandes, d'un
rouge carlate vif; enfin, le pavot de Sibrie ou involucr P.
bracleatum), vivace et presque semblable au prcdent, mais
plus fort, fleur de moiti plus grande et d'un rouge plus
fonc.
A ne considrer que le point de vue horticole, on ne doit
pas sparer des pavots diverses autres papavraces qui en
ont t distingues gnriquement par les botanistes, quoiqu'elles en soient trs-voisines et qu'elles en aient le port et
les fleurs. De ce nombre sont le pavot jaune des Pyrnes
ou pavot cimbrique (Papaver cambricum, Meconopsis cambrica),
plante indigne, vivace, fleurs jaune vif, de moyenne granle pavot de Wallich Meconopsis Wallichii), de l'Himadeur
laya, analogue au prcdent, mais fleurs bleu d'azur; enfin, le pavot feuilles simples ( M.simplicifolia ), aussi de l'Himalaya et vivace, feuilles simples, fleurs d'un bleu fonc
qui tourne au violet et au rose prs du bord des ptales, avec
tout le faisceau des tamines d'un jaune orang, ce qui produit un contraste des plus agrables l'il. Ces trois espces,
auxquelles on pourrait ajouter lepavot de Cathcart (Cathcartiavillosa), jolie plante des montagnes de l'Inde, fleurs
jaunes et tamines oranges, sont plus propres dcorer les;
rocailles humides que les plates-bandes d'un, parterre, o ont
cultiver avec succs, si la terre en est unpeut nanmoins,
peu frache et surtout additionne de terreau vgtal.
Malgr l'clat de leurs fleurs, les pavots ne peuvent tre conplantesde secondou de troisime ordre,
sidrs quecomme
et cela principalement cause de leur peu de dure. Les varits doubles de coquelicot, cultives en massifs, brillent
d'un grand clat pendant un petit nombre de jours, aprs quoi
elles laissent la planche dgarnie, ce qui est un grave dfaut
dans la culture d'un parterre; le mme inconvnient ne se
produirait pas si elles taient dissmines sur une plate-bande
au milieu d'autres plantes, plus durables. La caducit des
tales du pavot somnifre est encore plus grande aussi a-t-i
les
des
t abandonn par beaucoup de fleuristes. Les pavots d'Orient et involucr pchent de la mme manire, mais un
moindre degr, et comme ils sont vivaces et en fortes touffes,
il y a une succession de fleurs assez prolonge pour les rendre
recommandables; toutefois, cause de leur dveloppement
et de la grandeur de leurs fleurs, ils conviennent mieux, le
second surtout, aux grands jardins et aux jardins paysagers
qu'aux simples parterres. Le pavot jaune des Pyrnes mrite
peine d'tre class parmi les plantes de troisime ordre.
Tous les pavots se multiplient de graines semes au printemps et en place, s'il s'agit des espces annuelles; les
espces vivaces se sment aussi la mme poque, mais
ordinairement en ppinire, pour tre repiques en place
vers le milieu de l'automne ou au printemps suivant. Elles
ne fleurissent d'ordinaire que la seconde anne.
Plargonums (Pelargonium). Vaste genre de graniaces. comprenant plus de cinq cents espces, la plupart
de l'Afrique australe, mais dont quelques-unes se trouvent fort
loin de ce quartier gnral du genre. Tels sont, entre autres,
les Pelargonium Cotyledonis et inquinhns, qui sont ou paraissent tre indignes de l'le Sainte-Hlne, lesP. australe, inodorutn, microphyllum, etc., qui appartiennent l'Australie, l'le
de Van-Dimen et les les Auckland, et enfin le P. Endlicherianum, qu'on a dcouvert assez rcemment sur le Mont
Taurus, en Asie mineure.
Les plargoniums, si l'on ne tient compte que de la structure de leurs fleurs, forment un groupe trs-homogne;
mais si l'on examine leurs organes de vgtation on y trouve
une diversit surprenante. Les uns sont acaules, rhizomes
souvent bulbiformes et tuniqus comme ceux des safrans
Crocus), avec des feuilles toutes radicales et une simple
hampe florifre qui s'lve du milieu de ces feuilles; d'autres
sont caulescents, tiges herbaces, ligneuses, dresses, dcombantes, quelquefois charnues ou armes de fortes pines.
Les feuilles varient tout autant par leur forme et leur consistance : suivant les espces on les trouve simples, composes, dcomposes, penninerves
palmatinerves, lobes ou
et
incises de diverses manires et divers degrs, quelques foi.,]
lancoles et entires, d'autres fois charnues et succulentes
comme celles de quelques plantes maritimes. Les fleurs var
rient beaucoup aussi de forme et de coloris, mais un
moindre degr que les organes de la vgtation; dans toutes
les espces d'ailleurs elles sont constitues sur le mme type
une corolle irrgulire de cinq ptales onguiculs, 10 Stamins, et, la partie suprieure et intrieure du rceptacle de
la fleur, une glande qui s'enfonce plus ou moins profondment
dans le pdoncule, mais qui communique toujoursavec l'extrieur par un canal ouvert au fond de la corolle. Le colorie
des fleurs est presque toujours le rouge ou un driv du rouge,
comme le rose et le carmin, qui peut se foncer jusqu'au noir.
Plus rarement, ou par dcoloration, les fleurs sont entirement
blanches ou mme verdtres le jaune y est trs-exceptionnel.
Tous les plargoniums connus sont vivaces; beaucoup mme
sont des sous-arbustes, d'un mtre et plus de hauteur.
L'horticulture est loin de possder toutes les espces il n'y.
en a mme qu'un trs-petit nombre qui soient devenues des
plantes tout fait popalaires, mais celles-l sont de premier
ordre, et elles passent de droit dans ce que l'on nomme des
plantes de collection marchant de pair sous ce rapport avec
les camellias, les bruyres et les azales, et rclamant comme
ces dernires, sous le climat du nord, l'abri de la serre tempre ou de l'orangerie. Mais quelques-unes de ces espces.de
choix ont pass dans la culture de plein air, et sont avec juste
raison considres comme les plus splendides ornements
des parterres. C'est ce titre que nous devons en parier ici,
nous rservant de les envisager sous un autre aspect lorsque
nous traiteronsspcialement des plantes d'orangerie et de
serre tempre.
Le plargonium des fleuristes, qu'on
Ces espces sont
pourrait appeler le plargonium par excellence (P. grandiy
florum), du Cap, plante sous-frutescente, dresse, rameuse,
haute de om,40 om,60, prenant facilement la forme d'un
buisson, feuilles un peu grandes, rniformes-arrondies, plus
soyeuses ou elues. Les
sensiblement
lobes,
moins
un peu
ou
Il
tteurs, d'une belle grandeur moyenne, mais assez variables
sousce rapport (de 3 5 centimtres de diamtre), ayant
prs la forme d'une fleur dpense, sont runies en ompeu
belles,
au nombre de 5 15, au sommet de pdoncules axillaires ou terminaux. Leur couleur originaire est le rose carmin stri de pourpre, mais la culture a prodigieusement vari
ce coloris, o l'on trouve aujourd'hui, selon les varits, toutes
lesnuances depuis le blanc pur jusqu'au pourpre noir, avec
tous les accidents imaginables de panachures et de mouchetures. Les varits s'y comptent dj par centaines, et il n'est
pft d'anne qu'il ne s'en montre de nouvelles nos exposi-.
tions d'horticulture (1).
2 Leplargnium carlate (P.
), de l'le Sainte-
inquinans
et du cap de Bonne-Esprance, sous-arbuste multi-
Hlne
caule, rameux, formant le buisson, pouvant s'lever 1m,50
ou plus, grandes feuilles rniformes, vertes, avec une zone
bruntre plus ou moins marque vers leur milieu, lgrement
poissantes sous les doigts, et exhalant, lorsqu'on les froisse,
une odeur aromatique qui dplat quelques personnes. Ses
fleurs, d'un tiers plus petites que celles de l'espce prcdente, mais runies au nombre de 15 30 en larges ombelles, sont du plus beau rouge carlate. Cette superbe plante a
produit un nombre assez considrable devarits blanches,
roses ou d'un rouge plus fonc, dont quelques-unes sont suprieures au type de l'espce. Plusieurs de ces varits sont
trs-naines, et ne dpassent gure 011,15 0m,18 de hauteur.
3 Le plargonium zon (P. zonale ),du Cap de Bonnesprance, sous-frutescent et formant buisson comme l'espce prcdente, mais dpassant rarement om,60 de hauteur.
Ses feuilles, moins grandes que celles du plargonium carlate, mais arrondies
comme elles, sont parcourues dans leur
(I) Cette espce a t dcrite par Willdenow et par Sweet sous le nom de P.
fnndiflorum, que nous avons d lui conserver, mais elle parait avoir t entirement mconnue par Decandolle Prod.toni. ln), qui la subdivise en un grand
Vambre de sous-espces, presque toutes d'origine hybride, et qu'il runit dans sa
ItetionFulgida. Il en rsulte une grande confusion, qu'il serait dsirable de voir
de la monographie d'un genre o les espces sont trs-nombreuses
jet par l difficiles distinguer.
ailre
milieu par une zone ou bande circulaire brune plus ou moins
prononce. Les fleurs, au nombre de 10 20 par ombelle, et
un peu plus grandes que celles du plargonium carlate, mais
ptales plus troits, sont d'un trs-beau carmin. Cette espce a aussi donn quelques varits, toutes moins recommandables que la forme primitive.
4 Le plargonium, d'Endlicher ( P. Endlicherianum), charmante plante herbace, vivace, originaire, comme nous l'avons
dit plus haut, des montagnes de l'Asie mineure, et remarquable
en outre par l'irrgularit de sa fleur, qui semble rduite aux
deux ptales suprieurs, les trois infrieurs tant si petits
qu'on les aperoit peine. Les feuilles, pour la plupart radicales et en touffe, sont rniformes-arroridies, d'un vert gris
les tiges, hautes de 0m,35 0m,40, ne sont proprement
parlerque des hampes un peu feuillues; elles portent un petit
nombre d'ombelles, quelquefois une seule, compose de10
20 fleurs d'un rose carmin veines et rticules de pourpre.
Quoique plus modeste que les prcdentes, cette espce est
encore trs-recommandable comme plante de parterre.
5 Leplargonium pelt ou feuilles de lierre (P.peltatum)
espce du Cap, fruticuleuse, basse, rameaux grles et un
peu sarmenteux, feuilles quinqulobes, glabres, luisantes,
charnues, avec une troite zone brune au centre; ses fleurs,
rapproches en ombelles et grandes relativement, sont blanc
ros et veines de pourpre. Cette jolie plante se cultive assez
souvent surles plates bandes des parterres, mais elle est mieux
sa place dans les grands vases sur pidestal des jardins
publics, les corbeilles et les vases suspendus des appartements
et des salons, que ses rameaux retombants et fleuris ne
tardent pas recouvrir. Pour cet usage, peu d'autres plantes
peuvent lui tre compares.
6 Le plargonium rosat, ou vulgairement granium rosat
(Plargonium capitatum), du Cap; sous-arbuste d'un mtre
ou plus de hauteur, rameux, velu ou pubescent, feuilles arrondies ou quinqulobes, un peu roides, trs-crpues, exhalant une forte odeur de rose lorsqu'on les froisse entre les
doigts. Les fleurs sont en ttes ou ombelles serres, au sommet
de pdoncules communs, petites, de couleur carmin clairet
veines de pourpre fonc. L'introduction de cette espce en
Europe remonte l'anne 1690, et, quoique jolie, elle a toujours t cultive bien plus comme plante odorifrante que
comme plante ornementale. En Provence, et dans quelques
autres rgions du midi de l'Europe, elle est entre dans le domaine de l'agriculture industrielle. On l'y cultive en grand
pouren extraire une huile essentielle trs-employe en parfumerie
et qui sert souvent falsifier l'essence de rose.
Ces diffrentes espces n'appartiennent pas au mme degr
la floriculture de parterre. Le plargonium des fleuristes est
presque une plante de serre sous le climat de Paris, mais sous
leciel, plusdoux, denos provinces occidentales mridionales
il. devient facilement une plante de plate-bande pendant la
belle saison, c'est--dire du 15 avril la fin d'octobre. Il en est
autrement des plargoniums zon et carlate, qui, plus rustiques, s'accommodent parfaitement de la pleine terre dans le
nord de la France, o ils forment dans les parterres des massifs
de la plus grande beaut. Leur port toff et leur abondante
floraison, qui dure sans interruption de la fin de juin la fin
d'octobre, les rendent galement propres tre cultivs en
massifs'ou en pieds isols sur les plates-bandes. Mises en pots,
ces superbes plantes sontsouvent employes la dcoration des
pristyles, des galeries et des appartements. Le plargonium
d'Endlicher, qui vient difficilement sous le climat de Paris, o
il faut l'abriter tout l'hiver, se prte cependant la culture sur
plate-bande, pendantla belle saison; toutefois, savritable place
f.n horticulture sera sur les rocailles, dans la rgion du midi.
Le plargoniumrosat n'est gure Paris qu'unarbuste de fantaisie, cultiv en pots, et abrit l'hiver en orangerie ou dans
les appartements
mais il est rustique dans le midi. de l'Europe, et ce titre il est admis dans les jardins fleuristes. La
culture des plargoniums, considrs comme plantes de pleine
est d'autant plus facile en France que le climat est plus
ou plus doux. A l'exception du plargonium d'Endlicher,
gui se plait dans les sols rocailleux secs et exposs en plein
soleil, ils demandent une terre saine, substantielle, meuble,
et
rre,
aud
frache et additionne d'engrais dcompos. Si on les tient en
pots, ces pots doivent tre drains avec un soin particulier, et,
pour donner aux plantes plus de force, on arrose de temps en
temps l'engrais liquide. Sur les plates-bandes, on se borne
arroser avec l'eau pure, mais il faut la distribuer copieusement en t, et viter de mouiller les feuilles des plantes, surtout lorsque le soleil est dans toute sa force.
Les plargoniums zon et carlate sont toujours hiverns
en serre ou sous chssis sous le climat de Paris. On les met
en pleine terre au commencement de mai, un peu plus tt ou
un peu plus tard, suivant les localits et les annes, et si on
le juge ncessaire d'aprs l'tat des plantes, on les taille de
manire provoquer la naissance de nouvelles branches et
leur faire prendre la forme de buissons compactes. On peut
aussi se contenter d'enfoncer les pots, sans en retirer les
plantes, dans la terre prpare pour les recevoir, et alors
on peut attendre que ces dernires soient sur le point de
fleurir, mais alors il est ncessaire que les pots soient un
peu grands et que la terre en ait t renouvele au printemps. De plus, les plantes, au sortir de la serre, auront d
tre exposes pendant quelques jours mi-soleil et au grand
air pour affermir leurs tissus, et on ne les met en place que
lorsqu'elles paraissent habitues ces nouvelles conditions.
Les pots sont enfoncs dans la terre jusque prs du bord,
et au-dessous de leur fond on mnage un vide, qui facilite
le passage de l'eau et ajoute ses bons effets ceux du drainage intrieur, qu'on doit avoir eu soin de ne pas oublier.
Ceci fait, on recouvre la planche de menue paille ou de litire pour y conserver la fracheur pendant les scheresses
de l't. A partir de ce moment, les seuls soins prendre
sont ls arrosages, qui devront tre proportionns la chaleur du climat, et l'entretien de la propret des plantes,
dont-on enlve les ombelles au fur et mesure de leur dfloraison.
Dans les localits tides du midi de l'Europe, c'est--dire l
o la moyenne de l'hiver ne descend pas au-dessous de 9 degrs
centigrades, les plargoniums zon et carlate passent assez
facilement l'hiver en pleine terre, sans couverture aucune;
nanmoins il est peut-tre mieux de les relever tous les trois
ou quatre ans, soit pour changer la terre, soit mme pour
renouveler le plant, qui la longue s'puise et ne donne
plus qu'une floraison appauvrie. A Paris, et dans tout le nord
de la France, on les enlve dans le courant d'octobre pour les
remiser sous verre, mais en gnral on ne les laisse gure
vieillir au del de trois ans quelquefois mme on les traite
comme simples plantes bisannuelles, en renouvelant tous les
ans, par le bouturage, une partie ou la totalit de la collection.
Les plargoniums se multiplient de graines et de boutures;
nous reviendrons sur ce sujet, avec les dtails ncessaires, en
parlant des plargoniums destins fleurir sous les abris
vitrs.
Pentstmons. (Pentstemon). Genre de scrofularines
du nord-ouest de l'Amrique, vivaces, herbaces, sous-ligneuses ou fruticuleuses, qui semblent reprsenter dans le
Nouveau-Monde les digitales de l'Europe, corolle tubuleuse
plus ou moins bilabie, rouge, bleue, blanche, jaune, rose ou
violette. On en connataujourd'hui plus de soixante espces,
rparties la plupart sur les deux versantsdes Montagnes rocheuses, de l'Amrique russe au Mexique; quelques-unes
mme descendent dans l'Amrique centrale jusqu' 15 degrs
de l'quateur, ce qui explique leurs diversits de temprament,
les unes tant entirement rustiques sous nos climats du Nord,
les autres, en plus grand nombre, ayant besoin d'abris pendant
l'hiver. Considrs d'une manire gnrale, les pentstmons
sont en quelque sorte des plantes alpines, mais qui appartiendraient des climats doux. La plupart sont de jolies plantes
de plate-bande, quelques-uns mme sont tout fait de premier ordre; aussi n'est-il pas tonnant que chez plusieurs amateurs (1) ils commencent devenir des plantes de collection.
Toutefois, dans l'tat actuel des choses, il n'y a gure que les
suivantes dont nous ayons nous occuper
1 Le pentstmon de Douglas (P. crassifolius), de la cte
(1) Entre autres chez
M. Pellier, du Mans, qui nous devons d'intressantes
observations sur leur culture.
nord-ouest de l'Amrique septentrionale, croissant en larges
touffes, et dont les tiges, hautes de om,30om ,40, se terminent
par des grappes de grandes fleurs bleues. Cette charmante espce, qui convient particulirement pour faire des bordures
ou composer de petits massifs, est demi-rustique dans le
nord de la France, o elle craint plus l'humidit persistante
que le froid. Elle est devenue rare dans les jardins.
2 Le pentstmonfeuilles cordes (P. cordifolius), des montagnes de la Californie, d'o il a t import par le voyageur
Hartweg, en 1848. C'est une espce sous-frutescente, formant buisson, haute de 0m,70 1m, fleurs moyennes-, en
petits groupes ombelliformes au sommet des rameaux, d'un
rouge coccin; elle n'est qu' demi rustique dans le nord.
3LepentstmondeBurke ou fleurs bleues (P. cyananthus),
magnifique espce des Montagnes rocheuses et des rgions
tempres du Nouveau-Mexique, haute de 01,60 0m,90, dont
les fleurs, un peu campanuliformes et d'un bleu vif sur le
limbe, forment de longues grappes cylindriques aux sommets
de la tige et des rameaux. Demi-rustique dans le nord de la
France, elle peut se passer d'abris dans nos provinces de
l'ouest. C'est une trs-belle plante de plate-bante, que sa taille
avantageuse peut faire admettre dans les plus grands jardins
comme dans les simples parterres.
4 Le pentstmonde Wright (P. Wrightii), du Texas, tiges
dresses, hautes de 0m ,40 0m ,50; fleurs moyennes, courtes,
largement ouvertes, un peu irrgulires mais non bilabies,
d'un rose cramoisi et formant de longues grappes terminales.
Il n'est que demi-rustique dans l'est et le nord de la France.
5 Le pentstmon baccharode (P. baccharifolius), du mme
pays que le prcdent et', comme lui, fleurs rouge carmin,
mais ces fleurs sont plus longuement tubuleuses et sensiblement bilabies. Runies par petits faisceaux au sommet des
ramuscules de la tige, elles figurent par leur ensemble une
longue panicule racmiforme. La plante s'lve om,60 ou
0m,70; elle est demi-rustique Paris.
6 Lepentstemongentianode (P. gentianoides) (fig.114), trsbelle plante fleurs campanules, comme ventrues, un peu ir-
rgulires, d'un bleu violac clair, en
longue grappe feuillue. Originaire
d'une rgion du Mexique trs-leve
(4,500m), o elle a t dcouverte par
Humboldt et Bonpland, cette espce
est entirement rustique sous nos
climats. Il est essentiel de ne pas la
confondre avec le pentstmon d'Hartweg, qui a longtemps port et porte
encore, parmi les horticulteurs, le
nom de gentianoides. e pentstmon,
recommandable d'ailleurs plusieurs
titres, a le dfaut de s'lever un peu
trop (1m ,20 ou plus); il a produit
dans nos jardins plusieurs varits
intressantes dans toutes les nuances
entre le blanc pur et le pourpre.
7 Le pentstmon de Jeffrey (P. Jeffreyanus), superbe plante de la Californie septentrionale, o elle a t
dcouverte par le voyageur dont
elle porte le nom. Ses fleurs, en longues panicules terminales, sont de
moyenne grandeur, tubuleuses,
limbe ouvert et sensiblement bilabi,
beau
bleu
d'un
d'azur,
qui
1 Fig. 114.
passe au
Pentstmon
gen
tianoide.
l
pourpre violet la base du tube. Sa
taille, qui est en moyenne de om,60, la rend trs-propre la
culture surplates-bandes. Elle estsuffisamment rustique Paris.
8 Lepentstmon azur (P. azureus), de laCalifornie. Jolie
plante fleurs bleu clair, mais d'une conservation difficile.
Les semis reproduisent rarement la belle teinte bleue des
,
fleurs du type.
9Lepentstmon barbu (P. barbatus), des montagnes du
Mexique. Plante tiges grles, tortueuses, hautes de om ,80
4m; fleurs tubuleuses, troites, dont le limbe est dilat, de
couleur rouge carlate. Elle a donn des varits roses et
blanches. C'est tort qu'elle porte chez quelques amateurs
et horticulteurs le nom de galane, qui appartient d'autres
plantes d'un genre un peu diffrent, et dont nous parlerons
plus loin. Elle est robuste, sans tre entirement rustique
sous nos climats.
10Lepenlsternoncampanul(P. campanulatus), du Mexique,
du Guatimala et de Cuba. Plante touffue, trs-feuillue, dont
les tiges s'lvent 0m,30 ou 0m, 40; fleurs en grappe ou en
panicule troite, sensiblement unilatrale, corolle ventrue,
bilabie, un peu grande, rose ou carmin clair dans la forme
type. Cette espce est extrmement variable, mme au Mexique. En Europe elle a dj produit plusieurs varits dans
toutes les nuances du rose, du rouge carmin, du violet bleutre
et du pourpre fonc. Quoique seulement demi-rustique
Paris, ce pentstmon est de culture facile et remarquablement
florifre.
11 Le pentstmon iVHartweg (P. Hartwegii). Plante du
Mexique et des mmes localits o Humboldt et Bonpland ont
trouv le pentstmon gentianode, ce qui a vraisemblablement
occasionn la mprise que nous avons signale en parlant de ce
dernier, avec lequel celui-ci a t confondu. Les deux plantes
sont, du reste, si voisines l'une de l'autre qu'il faudra peut-tre
un jour les considrer comme simples varits d'une mme
espce. Dans le pentstmon d'Hartweg les fleurs sont cependant un peu moins grandes que dans le pentstmon gentianode, tube un peu plus court et plus ventru; leur coloris
est le violet pourpre, reflets bleu fonc extrieurement. Il
est peu prs rustique Paris.
12 Lepentstmon diffus (P.diffusus) (fig.145), desMontagnes
rocheuses, haut de om,40 0m,50, feuilles infrieures ovaleslancoles, celles de la tige tant largement ovales etsessiles,
et toutes profondment dentes. Les fleurs, en grande panicule terminale, sont d'un carmin violac qui passe au violet
bleutre sur la lvre suprieure. C'est une des espces les plus
floribondes du genre elle a donn quelques varits horticoles, une entre autres qui se distingue par des fleurs roses
gorge blanche.
13 Le pentstmon de Murray
(P. Murrayanus), plante du Texas,
feuillage glauque; les feuilles,
opposes sur la tige et soudes ensemble, forment des espces de
soucoupes dans lesquelles sont situs les faisceaux de fleurs, dont
les tages superposs reprsentent
une longue grappe interrompue.
Ces fleurs sont d'un rouge cinabre
obscur. C'est une espce dlicate
sous nos climats.
14 Le pentslmon de Lobb (P.
Lobbii),deCalifornie espce curieuse par la couleur jaune de ses
fleurs, mais elle est trs-peu connue, et peut-tre n'existe-t-elle
plus dans les jardins.
Plusieurs autres espces ont encore t introduites en Europe,
telles que le pentstmon coba (P.
Coba
le pentstmon de Gordon
(P. Gordoni), pentstmon
fleurs de digitale (P. Digitalis), le
pentstmon pubescent (P. pubescens), le pentstmon de Ricliardson
(P. Bichardsoni), lepentstmon
pi (P. confertus) cette dernire
espce fleurs jaune de soufre, etc.
L'numration que nous en pourrions faire n'aurait qu'une mdiocre utilit pour le grand nombre
il sera d'ailleurs
des amateurs
Fig. 115. Pentstmon diffus.
toujours facile ceux qui tiendraient complter leurs collections d'en prendre connaissance par les catalogues des horticulteurs marchands, mais
nous devons ajouter que dans ce genre les espces et les
),
le
varits n'ont pas encore t dtermines d'une manire absolue.
Tous les pentstmons, quel que soit leur degr de rusticit,
ont quelque chose de commun dans le temprament c'est de
se plaire aux expositions chaudes, ares et largement ouvertes la lumire, dans les sols lgers, mais substantiels et
un peu calcaires, et surtout dans ceux qui laissent facilement
couler l'eau. Rien ne leur est plus prjudiciable que les terrains compactes, o l'eau reste stationnaire; aussi prissent-ils,
dans nos hivers, bien plus par la persistance de l'humidit et
l'alternative de la gele et du dgel que par la rigueur du
froid. De mme que les autres plantes montagnardes, ils
russissent toujours mieux sur les terrains en pente, toutes les
autres circonstances restant les mmes, que sur les terrains
horizontaux; aussi convient-il, si on veut les cultiver avec tout
le succs dsirable, de se rapprocher de cette condition en
crant des talus artificiels ou des planches bombes, si
le jardin est dans un fond et que la terre y soit compacte
et humide. On conoit d'ailleurs que les rsultats seront bien
diffrents suivant les lieux et les climats, et que les procds de
culture devront se modifier en consquence mais c'est l un fait
qui n'est point particulieraux pentstmons, et qui Se reproduit
dans la culture de tous les vgtaux. On peut dire, d'une manire gnrale, que les pentstmons ont plus de chanc
de bien russir dans nos provinces du centre et de l'ouest que
dans celles de l'est et du nord. Telle espce qui sera tendre
dans ces dernires, ou qui y prira l'hiver par l'humidit ou
le froid, rsistera sans peine dans les premires. Il faut noter;
en'effet, que les pentstmons deviennent souvent plus forts
plus beaux et plus florifres lorsqu'ils passent l'hiver en
pleine terre que lorsqu'ils sont hiverns en pots, sous des
chssis; mais l mme o ils sont exposs geler, si le
sol est drain et un peu sec, il suffira de les abriter par une
couverture de paille ou de feuilles sches pour les mettre
l'abri du froid.
Il y a des espces cependant, par exemple les pentstmons
coba, deMurray, deLobb, etc.,qui-sontassez dlicates pourne
pouvoir pas rsister l'hiver en pleine terre sous nos climats,
mme avec des couvertures, si ce n'est dans celui du midi, et
sous des climats plus rudes toutes les espces du genre sont
dans ce cas. On est donc toujours dans l'obligation d'en relever
au moins quelques pieds en automne, pour les abriter plus srement dans la serre ou sous des chssis. L'opration se fait en
octobre ou plus tard, suivant les lieux. Aprs avoir coup toutes
leurs tiges on met les plantes dans des pots remplis de terre
lgre bien draine, o on ne leur donne que juste assez d'eau
pour les empcher de se desscher. Il faut avoir soin de tenir
les chssis ouverts aussi souvent et aussi longtemps que
possible. On remet les plantes en place au printemps, lorsque
la gele et les pluies froides ne sont plus craindre, et dans
une terre convenablement amende. On donne des arrosages
suivant le besoin, et d'autant plus copieux que la saison est
plus chaude et la vgtation plus active, et, autant qu'on le
peut, sans mouiller les feuilles.
La multiplication des pentstmons se fait par semis ou par
boutures, et non par clats ou division du pied, ce dernier
moyen ne donnant presque jamais que des plantes chtives,
et exposant d'ailleurs les pieds mres auxquels ces ablations
ont t faites prir par suite de pourriture. Les pentstmons
digitale et barbu sont les seuls qui supportent sans trop d'inconvnient ces sortes de mutilations. Les semis se font en
fvrier ou mars, sur couche tide et sous chssis, dans des
terrines remplies de terre de bruyre siliceuse et bien draines. Quelques espces lvent difficilement, parfois seulement
la seconde anne. Les jeunes plantes, repiques sous chssis
en avril et mai et mises en place en juin, fleuriront presque
toujours l'automne.suivant.
On fait encore les semis en mai et juin, l'air libre, sur
une planche de terre meuble, siliceuse et terreaute. En aot,
on repique le jeune plant en pots, pour l'hiverner sous chssis
froid, dont les panneaux devront tre soulevs, comme nous
l'avons dit ci-dessus toutes les fois que la temprature sera
au-dessus de zro. De mme que pour les plantes faites,
on donnera des arrosages trs-modrs sans mouiller les
feuilles. Les plantes seront mises en place au mois de mai de
l'anne suivante.
La multiplication par boutures est la plus rapide et la plus
convenable. Laplupart des espces s'enracinent promptement,
au printemps comme en automne, froid comme chaud. Il
faut avoir soin de prendre, pour faire ces boutures, de jeunes
pousses herbaces et succulentes. Onlesplantedans des godets
remplis de terre de bruyre, qu'on tient lgrement humides
et qu'on couvre de cloches jusqu' leur reprise. Lorsqu
les plantes sont enracines, on les dcouvre peu peu pour les
habituer au contact de l'air. Si on a opr au printemps on
met les plantes en place ds qu'elles se sont assez endurcies
si au contraire on tait en automne on les empoterait dans des
vases proportionns leur taille, pour les hiverner comme il a
t dit plus haut.
A la suite des pentstmons, il convient de nommer ici les
galanes (Chelone), autres'scrofularines de l'Amrique du Nord,
et si voisines des pentstmons proprement dits qu'elles ont t
plus d'une fois confondues avec eux. Elles en diffrent cependant par le port et surtout par la forme des graines. Comme ces
derniers, ce sont des plantes vivaces, tiges dresses,
feuilles opposes, dont les fleurs tubuleuses, ventrues et irrgulires
sans tre tout fait bilabies, rappellent celles de
nos digitales. Les plus communment cultives sont la galane
blanche (Ch. glabra, Ch. purpurea), haute de 0m,50 0m,60, et
dont les fleurs sont blanches, roses ou pourpres, et lagalane
grandes fleurs (Ch. major, Ch. Lyonsii),demme taille, feuilles
larges, cordiformes, et dont les grosses fleurs, d'unrose violac,
sont en grappe raccourcice. Ces espces, et quelques autres
que nous omettons, sont trs-infrieures en beaut aux pentstmons d'lite, qui tendent les faire abandonner. Elles ne sont
d'ailleurs que demi-rustiques sous le climat du nord, o
on est oblig de les abriter l'hiver contre le froid et l'humidit.
Ajoutons qu'elles viennent mieux mi-ombre et en terre mlange de terreau vgtal qu'en plein soleil et en terre ordi-
naire.
fMHtt de Naitkin (Perilla
nankinensis). Plante an-
nuelle de la famille des labies, larges feuilles ovales et
fleurs roses insignifiantes, mais formant des touffes compactes de 0m ,50 0m ,60 de hauteur. Cette plante, qui serait
d'ailleurs sans beaut, est remarquable par sa teinte pourpre
noir, d'un singulier effet aussi l'a-t-on adopte dans le jardinage d'agrment, soit comme plante curieuse, soit pour
faire ressortir, par le contraste de sa teinte fonce, la verdure
ou les coloris des fleurs d'autres plantes, soit mme pour en
former exclusivement des massifs. On la sme en mars, avril
ou mai, sur couche ou en place, sous cloche ou sous chssis si
la saison est peu avance. Toutes les parties de la plante froisses entre les doigts exhalent une odeur prononce de punaise.
Il est probable que sa coloration anormale n'est autre chose
qu'une monstruosit qui s'est perptue de semis.
Pervenche rose ( Vinca rosea, Lochnera rosea).Petite
plante vivace et sous-frutescente, de la famille des apocynes,
originaire de l'Afrique australe ou de Madagascar, dresse, haute
de 0m,30 0m,35, feuilles glabres et luisantes, fleurs rgulires, moyennes, d'un blanc ros ou tout fait roses, quelquefois
blanches. Quoique vivace, lorsqu'elle est abrite du froid pendant l'hiver, elle est habituellement cultive comme plante annuelle sous nos climats. Elle est de premier ordre pour la plantation des plates-bandes d'un parterre, et plus estime encore
comme, plante d'appartement cultiver en pots; aussi s'en
fait-il un grand commerce Paris. On la sme sur couche, du
commencement de mars la fin d'avril, et on la met en place,
ou en pots, vers le milieu ou la fin de mai. La floraison a lieu
de juillet en octobre, ou plus longtemps encore si le climat
est mridional. Dans toutes les parties de la rgion mditerranenne o la temprature annuelle est au moins de 15 degrs
centigrades, la pervenche rose est entirement une plante de
pleine terre.
Deuxespcesdugenre pervenchesontindignesenFrance, la
grande et la petite pervenche (Vineamajor et V. minor), toutes
deux sarmenteuses et par l nullement propres tre cultives
sur les plates-bandes d'un jardiu. Il en estautrement de la pervenche de Hongrie (V. herbacea), plante vivace comme les pr-
cdentes, mais basse. touffue, rameaux comparativement
courts quoique sarmenteux, tals sur le sol et richement
florifres. Un ou deux pieds, convenablement situs dans un
parterre, y produiraient un agrable effet au printemps, par
leurs centaines de fleurs d'un bleu violet. Cette jolie plante
aime les terres profondes, fraches et amendes de dtritus
vgtaux. Elle serait cependant encore mieux sa place sur
une rocaille humide que dans un parterre.
Petite consoude. Voyez Myosotis.
Petite marguerite. Voyez Pquerette.
Ptunias (Petunia). Genre de plantes de la famille des solanes, originaires des pays temprs-chauds de l'Amrique du
Sud. Deux de ces espces, lesptuniapourpre (P. violaca)
(fig.116) etptunia blanc (P.nyctagyniflora) (fig. 117), qui sont
naturellement vivaces sous leur climat natal, mais
qui se cultivent
chez nous comme
plantes annuelles,
sont aux premiers
rangs parmi nos
plantes ornementales. Ces deux
celle
espces,
Fig. 116. Ptunia pourpre.
fleurs
pourpres
surtout, sont connues de tout le monde pour la richesse et
l'clat de leurfloraison. Livres elles-mmes et cultives
distance l'une de l'autre, elles ne paraissent pas susceptibles
de varier notablement; en revanche elles se croisent trs-facilement et donnent par l des formes hybrides, qui, fcondes les
unes par les autres ou par les types des espces, engendrent
leur tour des varits nouvelles en nombre indfini, o se prsentent toutes les combinaisons du blanc, du rose, du pourpre,
du carmin et du pourpre violet. Quelques-unes se font remarquer par l'ampleur inusite de leur corolle; d'autres ont
la fleur cercle de vert, d'autres, enfin, ont doubl ousont
devenues pleines. La prfrence'
donne telle ou telle de ces variations est affaire de got; nanmoins il nous parat que les varits
fleurs simples, moyennes, et rticules de pourpre sur fond rose
ou carmin clair, doivent obtenir la
prfrence surtoutes les autres..
Ces variations, qui sont ici purement individuelles et ne se transmettent pas fidlement par le semis
se conservent au moyen du
bouturage. Hors ce cas, la multiplication des ptunias se fait exclusivement par graines.
Les ptunias sont si peu exigeants qu'ils viennent pour ainsi
Fig. 117. Ptunia blanc.
dire tout seuls il leur arrive mme
quelquefois de s'chapper des jardins pour crotre en libert
auxalentours desvilles, et si l'hiver n'estpas rigoureux, comme
cela arrive ordinairement dans le midi, il n'est pas rare qu'ils
y survivent et que leurs tiges deviennent demi ligneuses.
Ils forment sur les plates-bandes de larges et fortes touffes,
dont les branches s'talent terre et qu'on est souvent dans
la ncessit de raccourcir pour qu'elles n'envahissent pas
tout l'espace, mais, part ce lger inconvnient, peu de
plantes sont aussi agrables cultiver et rmunrent mieux
le peu de soin qu'elles demandent. Commence en juin, leur
floraison se continue sans interruption, et mme ne fait que
s'accrotre, jusqu'aux geles. Outre le rle capital qu'ils jouent
dans le parterre, les ptunias s'accommodent trs-bien de la
culture en pots, et comme leurs branches tendent s'allonger presque indfiniment, on profite de cette disposition
pour les attacher des treillages de diverses formes, qui
bientt sont couverts de leurs fleurs. On peut les dresser
de mme sur les treillis des murs, ou en faire de larges massifs dans les jardins paysagers.
Une bonne exposition en plein soleil, un sol meuble et
substantiel et des arrosages copieux dans le courant de l't,
sont les conditions les plus favorables aux ptunias. Les
semis se font au printemps, en pots ou en terrines, sur couches
et sous chssis. Les plantes sont mises en place ds qu'elles ont
sept -huit feuilles, ou, mieux encore, ds que le froid n'estplus
craindre.
Phyglie du Cap (Phygelius capensis). Scrofularine de
l'Afrique australe, vivace par sa racine, tige simple, droite,
ttragone; feuilles opposes, ptioles, ovales, glabres
comme toute la plante. La tige, haute de 0m,50 environ, n'est
dans la moiti de sa longueur qu'une grande panicule de
fleurs tubuleuses, pendantes, limbe quinqulob et largement ouvert, d'un rouge vif, avec la gorge jaune ple. Cette
belle scrofularine, qui estjusqu'ici seule de son genre, mais
qui a des analogies manifestes avec les pentstmons du nord
de l'Amrique, n'est point du Cap de Bonne-Esprance
comme son nom le ferait croire, mais de l'intrieur de la Cafrerie, au voisinage du 30e degr de latitude. Malgr cette origine
subtropicale elle est demi-rustique dans le nord de la France,
o elle est devenue une excellente plante de plate-bande
et de pots. Sa floraison arrivant vers le commencement de
l't, elle a le temps de mrir des graines qui servent
la multiplier. Les semis se font dans l't mme, ou aux
premiers jours de l'automne, et le plant, repiqu en pots, est
hivern sous chssis jusqu'au retour du printemps. On peut
aussi la propager de boutures faites sous cloches, au printemps, en donnant au plant ainsi obtenu les mmes soins
qu' celui qui provient des semis. Dans le climat mditerranen il est probable qu'une partie de ces soins serait superflue.
Phlox (Phlox). Genre de polmoniaces du nord de l'Amrique et de l'Asie orientale, compos de plantes laplupart vivaces, rustiques, fleurs rgulires, blanches, roses
ou pourpres, souvent rapproches en panicules ou en corymbes
ombelliformes. Plusieurs de ces plantes ont t introduites
dans l'horticulture europenne ds le milieu du sicle der-
nier, et depuis lors elles ont toujours t considres comme
tant- de premier ordre. Elles se sont d'ailleurs beaucoup
embellies par la culture, et les varits en sont dj si
nombreuses qu'on pourrait presque les mettre au nombre
des plantes de collection. Parmi ces varits plusieurs sont
d'origine hybride, par consquent intermdiaires entre les
espces qui leur ont donn le jour, ce qui rend ces dernires
souvent difficiles bien reconnatre. Ces espces sont princi-
palement
1Lephloxacumin (Phloxacuminata) (fig. 118), plus connu
dans les jardins sous le nom de Phlox
decussata, plante feuilles lancoles, tiges dresses, hautes de
0m ,70 l111, termines par un large
corymbe arrondi de fleurs rose lilas.
Il a produit un trs-grand nombre
de varits, les unes directement,
les autres par voie d'hybridation
avec les espces voisines et la plu-
part dcores d'appellations particulires. Ces varits runissent
tous les tons et toutes les combinaisons de coloris, depuis le blanc
pur jusqu'au pourpre fonc et au
violet. Trs-souvent deux couleurs,
ou deux teintes prononces de la
mme couleur, sont runies sur la
mme fleur, en stries, en panachures, et quelquefois en toile
cinq rayons ou en macules cuniformes sur chaque lobe de la coFig.118. Phloxacumin. rolle. Tel est en particulier lephlox
Van Houtte, obtenu en Belgique
dans ces dernires annes.
2Lephlox pyramidal(Ph. pyramidalis, Ph.maculata),tiges
dresses, presque simples, tachetes de brun, hautes de0m,80
1m et plus, termines par une panicule oblongue ou pyra-
midale de fleurs lilas pourpre, trs-odorantes. Crois par
le phlox acumin, qui en est d'ailleurs voisin, le phlox pyramidal a, comme lui, donn naissance beaucoup de varits,
dont une fleurs blanches a t dcrite tort comme espce
distincte, sous le nom de Ph. suaveolens.
3 Le phloxpanicul (Ph. paniculata), du nord de l'Amrique
comme le phlox acumin, dont il est aussi fort voisin par le
port, la taille et l'aspect. Ses tiges, hautes de prs d'un mtre,
se terminent par un volumineux bouquet, ou panicule ramasse, de fleurs lilas, trs-odorantes, un peu plus longuement tubuleuses que celles des espces prcdentes, avec
lesquelles il a donn aussi de nombreuses varits hybrides.
4Lephlox de Drummond (Ph. Drummondi) (fig. 119), du
Texas. Plante
annuelle,
tiges dcombantes, hautes
de 0m,30
feuil-
0m,40,
les
simple-
ment ovales.
fleurs,
Ses
plus grandes
que celles des
autres phlox
et
rapproches en petits corymbes
sommet
au
depdoncules
axillaires,sont
d'une belle
teinte
rose
pourpre, quelquefois rose
Fig. 119. Phlox de Drummond.
clair ou toutes
blanches. Par simple variation, etsans croisement avec d'autres
espces, le phlox de Drummond a aussi donn naissance
diverses varits, les unes unicolores, les autres panaches
ou cercles de deux couleurs, et gnralement trs-belles et
trs-recherches.
Outre les espces que nous venons de dcrire sommairement, on en trouve encore quelques autres, de moindre importance, dans les jardins fleuristes. Tels sont le phlox
feuilles ovales (Ph. ovala), fleurs roses; lephloxprintanier
(Ph. verna), plante basse, fleurs rose carmin qui est particulirement propre la plantation en bordures; lephlox
feuillessubules (Ph. subulata) (fig. 120), espce vivacetrs-florifre et trs-belle,
tiges dcombantes; feuilles linaires, troites,
aigus ousubules
fleurs axillaires
ou terminales, rose
pourpre, souvent
toiles de pourpr fonc au centre; cette espce
comme la suivante,
russit qu'en
ne
Fig.
Phlox feuillessubules.
120.
terre de bruyre
Le phlox feuilles troites Ph. setacea) trs-voisin du pr,
cdent et presque aussi bas que lui, et s'employant aux
mmes usages; enfin, lephloxsuffrutiqueux (Ph. suffruticosa),
dont on a obtenu il y a une vingtaine d'annes de jolies varits, devenues aujourd'hui fort rares dans les jardins.
Tous les phlox sont des plantes de parterre, mais ceux de
grande taille, comme les varits vaguement dsignes sous
le nom de Ph. decussata, et qui, ainsi que nous l'avons dit
plus haut, sont la plupart des produits hybrides de deux
ou trois espces, conviennent tout aussi bien aux grands
jardins, o on en peut faire des massifs blouissants. Leur culture est des plus faciles ils viennent dans tous les terrains et
toutes les expositions; ils russissent mieux cependant lorsqu'ils sont en bon sol et dans un site largement ouvert aux
rayons du soleil. On les multiplie de graines de boutures et
d'clats du pied. Les boutures se font au printemps ou en automne; et pour se procurer de jeunes pousses dans cette dernire saison, on retranche, dans le courant du mois d'aot,
l'extrmit des tiges, qui, ainsi tronques, ne tardent pas
mettre des bourgeons de l'aisselle de presque toutes leurs
feuilles. Ce sont ces bourgeons qui servent de boutures.
On les plante soit dans des godets, soit en pleine terre, et on
les recouvre d'une cloche. On peut aussi multiplier les phlox
par couchage des branches dans le sol, en aot et septembre.
Moyennant quelques arrosages ces branches ne tardent pas
s'enraciner tous les nuds qui sont en terre. La division des
pieds est un moyen du reste presque aussi expditifde multiplication et tout aussi sr. Le phlox de Drummond, qui est
annuel, ne se multiplie que de graines ou de boutures.
Les semis de phlox se' font pour ainsi dire toute l'anne au
premier printemps, sur couche chaude et sous chssis du 15
avril au 15 mai, en pleine terre, et souvent mme en place
lorsqu'il s'agit des petites espces ou varits de plate-bande.
Nanmoins l'poque la plus favorable est l'automne, partirdu
1er septembre. Le plant est alors repiqu en pots ou en terrines
et hivern sous chssis ds que les froids commencent se
faire sentir; mais les espces vivaces passent trs-bien l'hiver
en pleine terre, sous le climat de Paris, avec une couverture de paille ou de feuilles sches, la condition toutefois
que la terre soit saine et ne retienne pas l'eau des pluies. Les
plantes hivernes sous chssis doivent tre dcouvertes toutes
les fois que le temps est doux
on les met en place dans le
courant d'avril, et on leur donne ne copieux arrosages lorsqu'elles sont dans toute la force de leur vgtation et surtout
lorsqu'elles s'apprtent fleurir.
Pieds-d'alouette ou dauphinelles Delphiniuin).
Genre dela famille desrenonculaces, indigne des pays temprs ou froids, comprenant des espces annuelles et des espces vivaces, tiges dresses, fleurs irrgulires et pe-
:
;
ronnes, disposes en grappes spiciformes au sommet de la
tige et des rameaux. Ces fleurs sont le plus souvent bleues ou
bleu violac, quelques fois roses, rouges, pourpres ou carmin,
d'autres fois blanches par dcoloration. Une espce de ce genre
est classique c'est le pied-d'alouette des fleuristes ou dauphinellecommune(D. Ajacis) (fig. 121), plante annuelle d'Orient et
du midi de l'Europe, tige simple ou
presque simple, feuilles finement
dcoupes, et dont les fleurs, devenues doubles ou pleines par une longue culture, prsentent aujourd'hui
toutes les nuances qui sparent le
blanc du violet fonc, en passant par
le rose et le pourpre, et sont mme
quelquefois panaches de deux couleurs. On classe ses nombreuses varits en deuxgroupes principaux les
grandspieds-d'alouette, dont la tige
s'lve 0m,60-ouplus, et les piedsd'alouette nains, qui dpassent
peine 0111,30. Ces jolies plantes servent d'habitude faire des bordures,
unicolores ou varies suivant le choix
qu'on a fait des varits et elles sont
fort agrables pendant leur floraison,
mais elles ont le dfaut de passer vite.
On les sme en place, en fvrier,
mars, avril ou mai, pour obtenir des
floraisons successives deux ou trois
mois plus tard on peut aussi semer
Fig. 121. Pied d'alouetle en septembre, mais alors il faut hides fleuristes.
verner le plant sous chssis, pour le
| mettre en place vers la fin de mars.
Le pied-d'alouette des bls (D. consolida), plante indigne et
annuelle, quoique infrieure la prcdente, a aussi donn,
par le fait d'une culture dj ancienne, de nombreuses varits
doubles, qui sont loin d'tre sans valeur pour la dcoration des
parterres. La couleur normale, qui est le bleu lgrement violac, a subi toutes les modifications que nous avons signales
ci-dessus dans celle du pied-d'alouette des fleuristes. On y
trouve, comme dans ce dernier, tous lestons du blanc, du
rose, du lilas pourpre, du violet et du gris; il y a mme des
varits panaches de deux ou de trois couleurs. Un point
noter est que ces divers coloris se conservent assez fidlement
par le semis des graines. Le principal et presque le seul reproche qu'on puisse faire cette espce est sa grande taille
( {Ill, ou plus); aussi, lorsqu'il s'agit du parterre proprement
dit, doit-on donner la prfrence aux varits les plus naines,
qui ne s'lvent pas au-del de0m ,50 0m,60; les autres doivent tre rserves aux grands jardins fleuristes ou aux jardins publics. La reproduction se fait de graines qu'on sme
en fvrier, mars on avril, quinze ou vingt jours d'intervalle,
la
afin de prolonger
floraison.
Une troisime espce, qui est aussi trs-propre par sa taille,
peu leve, et la beaut de ses fleurs la dcoration du parterre, est le pied-d'alouetteindigo (D. formosum), plante d'ori-
gine inconnue, mais qu'on croit avoir t trouve dans un
jardin de Belgique. Il est vivace, trs-rustique, tige peu
ramifie, haute de 0m,45 0m,60, termine par une volumineuse grappe de fleurs d'un tiers plus grandes que celles du
pied d'alouette commun. La corolle est d'un bleu indigo intense, passant au bleu noir sur le contour des ptales, avec
une macule jauntre au centre dela fleur. Cette belle plante,
qui est jusqu'ici reste simple, deviendrait de premier ordre
si la culture en obtenait des varits doubles. On le multiplie
de graines semes au printemps, ou mieux en automne, et
aussi par divisions du pied. Ce dernier procd peut s'appliquer toutes les espces vivaces du genre.
Plusieurs autres espces de pieds-d'alouette, la plupart
vivaces, ont t rcemment introduites dans les jardins.
Elles sont rustiques et relativement de grande taille (1m,
1m ,50 ou mme 2m). Ce sont les D. elatum, grandiflorum,
hybridum et azureum, originaires de Sibrie, tous fleurs
bleues ou azures, et le D. cardinale ou Pied-d'alouette car-
late, de Californie, trs-belle plante fleurs rouge vif. Ce
dernier par sa taille, un peu moins leve que celle des prcdents (en moyenne 0m,70), convient encore aux parterres;
mais il n'est dcidment rustique que dans nos provinces occidentales. Toutes les autres sont mieux leur place dans les
grandsjardins, o on en fait des touffes trs-belles et trs-brillantes pendant les quelques jours que dure leur
floraison. Ces diffrentes
espces se reproduisent
de graines, semes au
printemps, et mieux la
fin de l't ou en automne,
ou encore par divisions du
pied. Nous en reparlerons
dans un des chapitres suivants.
Plus
vous vois. Voyez
je
Myosotis.
Polmoine
bleue
Polemonium cruleum)
(fig. 122). Plante indigne,
Fig.
122.-
Polmoine bleue.
dsigne quelquefois sous
le nom de valriane grecque, de la famille des polmoniaces, vivace et
rustique, feuilles pennatisques. Ses tiges, dresses, hautes de 0m,40
om ,50, se terminent par
des corymbes de fleurs
bleues ou blanches suivant la varit, rgulires,
un peu campanuliformes.
C'est une assez jolie plante
de plate-bande, qui se
multiplie de graines ou-
d'clats du pied, et dont la culture exige fort peu de soin.
Pomme pineuse. Voyez Daturas.
Potentilles (Potentilla). Grand genre de plantes de la famille des rosaces, vivaces, en grande partie indignes,
feuilles ordinairement composes, fleurs rgulires, jaunes
dans la grande majorit des espces, plus rarement blanches
ou pourpres. Plusieurs espces indignes ont t introduites
dans les jardins, o elles ne sont que des plantes de troisime
ou de quatrime ordre, peine dignes de la culture. Les seules
qui nous paraissent mriter d'tre recommandes sont la
potentille pourprenoir (P. atrosanguinea), de l'Himalaya, dont
les feuilles, trifolioles, ressemblent beaucoup celles de nos
fraisiers, et dont les fleurs sont d'un rouge pourpre fonc; et
la potentille du Npaul (P. nepalensis), des mmes lieux que
la prcdente, fleurs rouge carmin, mais feuilles quinqufolioles. La premire de ces deux espces, soit par simple
variation, soit par croisement avec quelque autre espce
fleurs jaunes, peut-tre avec le P. recta, a donn naissance
d'intressantes varits, dont les fleurs, plus grandes que dans
le type, quelquefois doubles ou presque pleines et assez
semblables celles d'une renoncule, sont veines ou rticules
de pourpre sur fond jaune ou unicolores. Telles sont les
Potentilla striata, formosissima, Macnabiana Russeliana
Smoutii, Menziesii, Mulleri, insignis, etc., qui sont nes dans
les jardins de l'Angleterre ou de la Belgique. Toutes ces varits se multiplient d'clats du pied, et comme elles ne
sont qu' demi rustiques dans le nord de la France, il est
prudent de les abriter dans les hivers rigoureux.
Pourpier grandes fleurs (Portulaca grandiflora)
(fig. 123). Plante vivace, de la famille des portulaces, originaire
des contres tempres de l'Amrique mridionale, tiges et
feuilles charnues, un peu tale sur le sol fleurs moyennes
rgulires, d'un pourpre trs-vif et comme rutilant, avec une
macule blanche la base des ptales. Elle a donn plusieurs
varits assez diffrentes du type pour que quelques personnes j
aient cru devoir les en sparer comme espces distinctes. On j
j
panaches
varit
fleurs
peut signaler dans le nombre la
roses
Fig. 123. Pourpier grandes fleurs.
de carmin (P. variegata rosea); la varit de Thellusson (P. Thellussoni), fleurs carlates, avec une macule blanche au centre,
varit qui est elle-mme devenue, dans les jardins de l'Alemagne, la souche d'une multitude de sous-varits simples,
doubles ou pleines, de toutes les nuances du jaune, de l'orang,
du rouge, du rose, du pourpre violet, etc. et enfin la varit
de Thorbum ou dore fleurs jaunes macules ou pointilles
de rouge. Toutes ces varits se cultivent comme plantes annuelles, et on les sme sur place, en avril et mai. On en fait de
trs-beaux massifs, dont les fleurs sont surtout clatantes au
soleil. Ellesexigent beaucoup de chaleur, et ne russissent
bien que dans les sols lgers et l'exposition du midi.
Pulmonaires (Pulmonaria). Borragines indignesetexotiques, vivaces, rustiques; tiges peu leves; feuilles ovales
"o lancols, velues, parfois macules de brun ou de rouge
obscur sur fond gris ou vert fleurs tubuleuses, en grappes
scorpiodes et pendantes, bleues, violettes, roses ou rouge
ple, quelquefois blanches dans les varits. Sans tre de prefaair valeur
ces plantes, qui ne demandent presque aucun
soin de culture, sont de quelque utilit pour la dcoration des
plates-bandes des rocailles. Les plus belles du
et
genre sont la
pulmonaire de Virginie (P. virginica), du nord.de l'Amrique,
plainte
ment haute de 0m ,25 0m ,30, fleurs bleu clair, plus rareroses ou violettes et la pulmonaire de Sibrie ( P. sibica), dont les fleurs sont plus petites et d'.un bleu plus fonc.
On trouve aussi dans quelques jardins deux de nos espces
indignes, la pulmonaireofficinale (P. officinalis) et lapulmonaire de montagne (P. mollis), dont les feuilles sont ordi-
nairement marbres, et les fleurs violettes ou rougetres.
Toutes ces plantes fleurissent au printemps, de mars la fin
de mai, suivant les lieux. On ne les mulLiplie gure que par
divisions du pied, ce qui se fait dans les premiers jours de l'automne ou la fin de l'hiver.
Pulsatille. Voyez Anmones.
Pyrthres. Voyez Chrysanthmes.
Queue-de-renard. Voyez Amarantes.
Rameau d'or. Voyez Girofle.
Rsda (Reseda odorata). Espce type de la famille des
rsdaces, originaire de l'Egypte et de l'Orient, vivace dans
les parties les plus mridionales de l'Europe, simplement
annuelle dans le nord moins qu'elle ne soit abrite pendant
l'hiver, et alors elle devient sous-ligneuse et peut s'lever,
l'aide de treillis, jusqu' 2 mtres de hauteur. En France on
ne cultive gure le rsda que comme plante annuelle, soit en
plate-bande, soit en pots ou en caisses sur les fentres, et cela
bien moins pour la beaut de ses fleurs que pour leur odeur
suave. A l'exception de la violette, il n'y a pas de plante aussi
populaire en Europe que le rsda, et il n'yen a pas non plus
dont la culture soit plus simple et plus facile. On en connat
deux varits, d'ailleurs peine diffrentes l'une de l'autre, le
rsda ordinaire et le rsda grandes fleurs ou rsda double,
qui ne diffre du premier que par une taille un peu plus
forte, des grappes de fleurs plus grandes et des feuilles un
peu oloques.
Le rsda vient pour ainsi dire en tout terrain, quelle que
soit l'exposition, pourvu qu'il ait de temps en temps un rayon
de soleil cependant il se plat davantage dans les sols un peu
secs, chauds et bien clairs, surtout s'ils contiennent du j
nitre, comme ceux auxquels ont t mlangs des platras et
des dcombres de vieux murs. Lorsqu'on le cultive en pots
ou en caisses, on doit avoir soin de drainer parfaitement ces
rcipients pour faciliter l'coulement de l'eau des arrosages.
.j
Sem en avril et mai, on le voit commencer fleurir ds
les mois de juin et de juillet, et continuer ainsi jusqu'aux geles. On a mme remarqu que sa floraison est d'autant plus
abondante et plus prolonge qu'on en cueille plus frquemment les fleurs, ce qui s'explique par ce fait qu'on empche
par lles graines de se former et d'puiser la plante.
En Angleterre le rsda, qui y porte le nom de mignonnette,-est encore plus gnralement cultiv que chez nous, et
on a trouv le moyen d'en faire une plante de haut ornement
en l'levant en serre tempre. Dans ces conditions il passe
presque l'tat de sous-arbuste; mais comme ses rameaux
n'ont pas la force de se soutenir, on l'attache des treillis de
fil de fer ou de bois, auxquels on donne diverses formes,
entre autres celles de palmettes, de globes ou de pyramides.
Ces treillis sont bientt entirement couverts par le feuillage
et les grappes fleuries de la plante, qui est alors principalement
destine orner les appartements. L'horticulture anglaise
ralis dans ce genre de culture de vritables.merveilles,
et l'tranger qui voit pour la premirefois aux expositions floriculturales deLondres ces grands rsdas, a peine reconnatre
la modeste plante qui lui tait si familire sur le continent. A
Paris, et dans toutes les grandes villes, le rsda est l'objet
d'un commerc assez important aussi trouve-t-on s'en procurer pour de menues sommes en toute saison. Il est presque
inutile d'ajouter que les fleurs du rsda sont un des principaux ingrdients des bouquets, o leur parfum supple au
manque d'odeur de beaucoup de fleurs mieux doues sous
le rapport dela beaut.
Rhodanthe de Mangles ( Rhodanthe Manglesii). Jolie
compose de la Nouvelle-Hollande, voisine des hlichrysums,
annuelle, dresse, grle, feuilles glauques, haute de0m,25
0B, ,30 ou un peu plus, portant au sommet de sa tige et de
ses branches de petits capitules dont les cailles de l'involucre
se prolongent en bractoles scarieuses d'une belle teinte rose
ou carmin plus ou moins fonc, autour d'un disque de fleu: rons jaunes. Ces bractoles font toute la valeur de la plante,
et comme elles se conservent presque indfiniment' lors-
qu'elles sont tenus au sec, cette dernire est avec juste raison
classe parmi les immortelles. Il en existe plusieurs varits,
qui diffrent du type principalement par la teinte plus vive
ou plus fonce des bractes involucrales.
Le rhodanthe de Mangles est une charmante plante de platebande ou de pots, que sa petite taille et sa dlicatesse rendent
trs-propre la dcoration des parterres. Dans le nord,
quoi qu'on en ait dit, sa culture n'est pas difficile, et si on
est oblig de recourir l'emploi de couches chaudes pour
en faire lever les graines, dans les semis de premier princet accessoire n'est plus ncessaire si l'on sme en
temps
mai, quand la terre est dj suffisamment rchauffe. La
plante vient mieux et plus facilement encore dans le midi,
la condition qu'on lui donne les arrosages ncessaires dans
les temps de scheresse et de chaleur. Elle est fort estime en
Angleterre, o elle est mme cultive en hiver, en serre tempre ou en orangerie. Dans ces conditions elle veut tre trsare et trs-claire.
Rose de Nol. Voyez Hellbore.
Rose d'Inde. Voyez Tagtes
Rudbeckias
(Rudbeckia, Echinacea). Genre -de composes-radies, originaires des parties chaudes ou tempres de
l'Amrique du Nord, vivaces par la racine, dresses, feuilles
entires ou dcoupes, et dont les capitules, solitaires aux
sommets des rameaux se font remarquer par le dveloppement peu ordinaire de leur disque, qui prend une forme
bombe ou mme se prolonge en une sorte de colonne. Plusieurs espces sont depuis longtemps introduites dans les jardins de l'Europe; cependant la culture ne les y a encore que
trs-peu modifies, ce qui tient selon toute vraisemblance au
mode de propagation adopt pour elles. La plus intressante du
groupe est le Rudbeckia fleurs pourpres (R. purpurea, Echinaceaserotina, etc.)(fig. 124), des tats-Unis mridionaux,
plante haute d'un mtre, rude au toucher, feuilles ovaleslancoles, capitules larges de prs d'un dcimtre, dont le
disque saillant est brun et les larges rayons du plus beau
pourpre. Dfectueuse par son port et parla forme de ses capi-
tules, dont les rayons sont trop
rflchis en dehors ou mme
pendent
disgracieusement,
cette plante deviendrait de premier ordre si sa taille s'abaissait de moiti, et surtout si les
fleurons de son disque, mtamorphoss en ligules colores,
donnaient lieu des- capitules
doubles ou pleins; mais ces
importantes modifications ne
pourraient s'obtenir que par
dessemis rpts et par le
triage longtemps continu des
produits obtenus. On doit
considrer comme n'en tant
qu'une varit, dj un peu
amliore, le Rudbeckia de
Lindley (Rudbekia ou Echinacea intermedia), plante ne
vraisemblablement dans un
jardin de l'Angleterre, et laquelle plusieurs horticulteurs
ont suppos sans raison une
origine hybride. Elle diffre
du type de l'espce par une
1
124. Rudbeckia fleurs
taille d'un tiers ou d'un quart
,
pourpres.
moins leve et des capitules plus larges et rayons plus
nombreux.
Une seconde espce est le Rudbeckia de Drummond (Rudbeckia Drummondi, Lepachys columnaris, Obeliscaria pulcherrima.) (fig. 125), plante du Texas, feuilles pennatisques,
dont les capitules, longuement pdonculs, se distinguent
par l'allongement du disque, qui pourrait ici se comparer
tin vritable pi. Les rayons, seulement au nombre de sept
r"huit, mais trs-larges, sont entirement rflchis, ce qui
contribue rendre la colonne du disque encore plus sail-
Fig:
lante. Leur couleur est le
jaune vif, avec une large
macule rouge ponceau ou
mordore vers le milieu,
macule qui dans certaines
varits envahit la presque
totalit du rayon. De mme
que la prcdente,cet teespce est dfectueuse par le
port, mais ses fleurs, curieuses et belles, et de plus
portes sur de longs pdoncules, entrent avantageusement dans la compotion des
bouquets. Les deux plantes
se multiplient de graines
semes au printemps, sur
couche ou sur planche abrite, etaussipar divisions du
pied.
Plusieurs autres espces,
de moindre importance,
sont encore assez gnralecultives. On peut
ment
Fig. 125. Rudbeckia de Drummoud.
citer dans le nombre le
Rudbeckia lgant (R. elegans) et le Rudbeckia de Michaux
(R. chrysomela, R. fulgida), tous deux disque pourpre
noir et rayons orangs. Le premier, qui ne dpasse gure
0m,40 en hauteur, est le mieux appropri la plantation des
plates-bandes d'un parterre. Il n'est toutefois que de troisime
ordre, comme les autres espces du genre que nous passons
sous silence, et dont le principal dfaut est de rpter presque
sans modification le type des fleurs radies, dj excessivement multiplies dans nos jardins.
Sainfoin bouquets
).
ou
sainfoin d'Espagne (He-
Plante lgumineuse, de la tribu des padysarum coronarium
pilionaces, du midi de l'Europe, vivace feuilles composes,
semblables celles de notre sainfoin commun, mais un peu
plus-grandes. Les tiges, hautes de 0m,50 ou plus, se terminent
par des pis courts de fleurs rouge pourpre, d'une odeur
moins belle
assez agrable. Il en existe une varit blanche
que le type. Cette plante, quoique un peu vulgaire, n'est pas
sans beaut, et elle tient assez bien sa place sur les platesbandes d'un jardin. Trs-rustique dans le midi, elle a besoin,
dans
nord, d'tre abrite sous chssis pendant l'hiver. On
la sme en juin et juillet,. sur planche, et on
repique en
ppinire expose au
midi et abrite; au
mois de mai de l'anne
suivante on la met en
place; elle fleurit du
commencement de
juillet la fin de l't.
le
la
Salpiglossismulticolore (Salpiglossis
sinuata (fig. 126).
Plante annuelle du
Chili,attribue parles
uns la famille des
scrofularines, par les
autres celle des solanes, et faisant en
effet comme le lien
entre ces deux familles dresse, un peu
rameuse, haute de
0m,50 0m,70, quelquefois plus; fleurs
en entonnoir oblique,
c'est--dire un peu irrgulires, remarquables surtout par la diversit de leur coloris.
Elles sont en effet
Fig. 126. Salpiglossis multicolore.
tantt unicolores, blanches, jaunes roses, rouge cramoisi,
bleutres, violettes, brunes ou mordores, tantt multicolores,
runissant deux ou un plus grand nombre de ces teintes, alternant en bandes transversales, en panachures ou en rticulations. Il en existe une varit naine, qui ne diffre du type
que par une tige de moiti ou d'un tiers moins haute.
Quoique de troisime ordre, les salpiglossis sont d'agrables
plantes de plate-bande, qui font plus d'effet en touffes isoles
de huit dix individus qu'en massifs plus larges, cause de
leur taille leve et de leur port peu toff. On ne les culnon-seulement parce que les
tive d'ailleurs qu'en mlange
bizarreries de leur coloris se font ainsi mieux remarquer,
mais aussi parce que leurs variations n'ont presque aucune
stabilit. On les sme en place, en avril et mai, dans des
planches bien exposes au soleil. Au besoin on claircit le semis pour donner aux plantes l'espace ncessaire. La floraison commence en gnral de deux mois deux mois et demi
aprs le semis.
Sauges (Salvia). Genre immense de labies, contenant
plus de cinq cents espces rpandues sur l'ancien et le nouveau continent, lesunes annuelles, les autres vivaces, souvent
aromatiques
fleurs blanches, bleues, roses ou rouge vif,
plus rarement jaunes, quelquefois bicolores. L'Europe en
contient plusieurs espces, la plupart rputes mdicinales,
dont quelques-unes, malgr leur peu de beaut, sont employes la dcoration des grands jardins, des rocailles ou
des collines artificielles. De ce nombre sont la sclare (S.
Sctarea), fleurs lilas clair, la sauge ormin (S. Hurminum),
fleurs bleu violac, la sauge desprs (S-pratensis)etlasauge
officinale (S- officinalis), grandes fleurs bleues ou mi-parties
de blanc et de bleu, qui se plaisent dans les terres pierreuses,
un peu sches et exposes au grand soleil.
Les espces vraiment ornementales de ce genre sont toutes
exotiques et appartiennent pour la plupart la serre chaude
ou la serre tempre sous nos climats; quelques-unes cependant prosprent encore dans les plates-bandes de nos jardins pendant la belle saison, la condition d'tre rentres
la
fin de l'automne. Ilen est aussi qui,
sous les abris avant
bien que vivaces, fleurissent la premire ou la deuxime anne
du semis, et sont en consquence traites comme plantes annuelles ou bisannuelles. Parmi ces dernires on peut citer :
la sauge carlate (S. cocla sauge de Bolivie (S. boliviana
duMexicinea
de la Floride la sauge de Rzl (S. Rzlii
que, et la sauge de Rmer ou saugeporphyrode
Rmeri,
S. porphyrantha), du Texas, toutes quatre fleurs rouge vif la
sauge.bicolore (S. albo-crulea), du Mexique, fleurs blanches,
avec la lvre infrieure d'un bleu vif;
la sauge tricolore (S.
tricolor
du mme
fleurs blanpays
ches comme la prcdente, mais avec
la lvre infrieure
la
rose carmin
sauge violette ( S.
ianthina), du Prou,
grandes fleurs violet fonc; la sauge
clatante (S. splendens ), du Brsil,
dont les fleurs, y
compris le calice et
mme les bractes
),
),
),
(S.
),
Fig. 127. Sauge bleue du Npaul.
sous-jacentes, sont
du plus bel carlate;
et la sauge bleue du
Npaul (S. patens)
(fig. 127), fleurs
bleu de cobalt,
toutes deux de temprament plus dlicat que les prcdentes, mais en
mme temps plus grandes et plus belles
et pouvant encore
vivre assez bien en plein air, pendant la belle saison, pour
qu'on s'en serve orner les jardins dans le nord pendant trois
ou quatre mois de l'anne. Nous n'avons pas besoin d'ajouter
qu'elle russissent beaucoup mieux dans le midi et le sudouest que sous la latitude de Paris. Toutes ces plantes se multiplient de graines, lorsqu'elles en donnent, et plus ordinairement de boutures, faites en serre multiplication et couvertes de cloches jusqu' leur reprise.
Saxifrages (Saxifraga). Genre type de la famille des
saxifrages,trs-riche en espces, presque toutes montagnardes ou mme alpines, le plus souvent vivaces, trs-rustiques, fleurs gnralement petites, blanches, jaunes, roses,
ou pourpres, la plupart trs-insignifiantes pour la dcoration des jardins. On ne peut gure faire d'exception, sous ce
rapport, que pour les saxifrages larges feuilles et
fleurs lilas ou lilas violac,
connues sous les noms de
S. crassifolia (fig. 128), S.
cordifolia, S. ligulata et S.
purpurascens, les deuxpremires de Mongolie, les
deux autres des montagnes
du Npaul. Leur grand
feuillage, arrondi ou obovale, leurs pis de fleurs
carmines ou lilas, et surtout leur floraison prcoce,
qui s'effectue ds les premiers jours d'avril dans le
nord de la France, leur
donnent une certaine valeur comme plantes de
plate-bande, et sous ce ;
rapport elles quivalent
aux arabettes blanches et
Fig. 128. Saxifraga crassifolia.
aux doronics jaunes, dont la floraison est contemporaine et
auxquels on les associe ordinairement dans les jardins.
Quoique donnant des graines sous nos climats, ces quatre
plantes ne se multiplient gure que par divisions des rhizomes, lorsqu'elles sont assez fortes pour s'y prter sans en
tre endommages, opration qui d'ailleurs ne peut gure
se faire que tous les deux ou trois ans. De ces quatre espces
lestrois premires sont trs-rustiques Paris; le S. purpurascens, qui est de beaucoup le plus beau, ne parat devoir rsister .nos hivers que dans l'ouest, ou tout au moins au sud
du 45e degr de latitude. A Paris il demandera l'orangerie
pendant l'hiver.
Si les autres espces du genre ne mritent pas de figurer
sur les plates-bandes d'un parterre, en revanche elles sont
fort jolies sur lesrocailles, condition que cesdernires
soient tenues humides et quelque peu abrites contre le soleil.
Elles y forment des touffes et parfois des gazons extrmement
gracieux, que les petites fleurs dont ils sont maills rendent
encore plus intressants. Dans ces conditions de culture les
saxifrages l'emportent de beaucoup sur les joubarbes (Sempervivum
par la varit des formes et la fracheur du feuillage. Toutes les espces, et elles sont nombreuses (S. granulata, S.rotundifolia, S. dentata, S. umbrosa, S. cotyledon, S. Aizoon, S. aizoides, etc.), peuventtre employes cet
usage, aussi bien d'ailleurs que les espces exotiques dont
nous avons parl plus haut.
Scabieuse des jardins ou fleur de veuve ( Scabiosa
atropurpurea) (fig.129). Plante supposeoriginairede l'Asiemridionale, mais naturalise depuis longtemps dans le midi de
l'Europe, annuelle ou bisannuelle, tiges dresses, rameuses,
grles, peu feuillues, hautes de 0m,60 0m ,80 ou plus, et dont
les derniers rameaux, en forme de pdoncules, se terminent
par des capitules de fleurs pourpre noir, comme veloutes,
dont les plus extrieures (celles de la circonfrence) sont plus
grandes et plus irrgulires que celles du centre. On en connat des varits blanches, roses, pourpres et bicolores, c'est-dire pourpres et bordes de blanc, qui nous paraissent presque
toutes moins
intressantes
que la forme
ancienne. La
modification
la plus curieuse de l'espce est celle
dela varit
dont les fleurons sont devenus pleins,
etqueleshorticulteurs dsignent sous
le nom de
Scabiosa flore
pleno. Chez
elle en effet
les fleurons,
plus grands
que dans la
forme type et
rpresque
Fig. 129. Scabieuse des jardins.
guliers
en
contiennent plusieurs autres successivement embots. Cette
singulire varit, qui est d'ailleurs fort belle, est strile et
ne se reproduit que de boutures. La scabieuse des jardins a
en outre fourni des varits naines et buissonnantes, hautes
de 0m ,30 0m ,40, qui conviennent mieux pour la culture en
plate-bande que la race type trop leve et trop maigre de
feuillage; mais, par compensation, cette dernire est mieux
approprie aux jardins d'une certaine tendue pour tre
cultive en touffes. La plante est rustique et s'accommode de tous les sols et de toutes les expositions. On la
multiplie de semis faits en ppinire ou en place, suivant les
saisons, mais plus avantageusement en automne qu'au prin-
temps, et alors elle est traite comme plante bisannuelle.
Les autres espces du genre, qui sont vivaces, telles que la
scabieuse du Caucase (S. caucasica), fleurs bleu clair ou lilaces, lascabieusedesAlpes(S. alpina), fleurs jaune ple, et
quelques autres de nos pays, sont des plantes trop vulgaires
et trop peu ornementales pour qu'onpuisse en recommander
la culture sur les plates-bandes d'un jardin.
Schizanthes (Schizanthus). Plantes du Chili, de la famille des scrofularines, annuelles ou bisannuelles, dresses,
hautes en moyenne de0m,50; fleurs irrgulires, bilabies,
dont les lvres sont incises en lobes plus ou moins profonds
et ingaux. On en cultive trois espces, dont deux sont d'assez jolies plantes de plate-bande, savoir le schizanthe chancr
(S. retusus) et le schizanthe de Graham (S. Grahami) (fig. 130),
toutes deux fleurs roses, rouge
clair ou pourpre violac, macules
de jaune ou d'orang sur la lvre
suprieure. La troisime est le
pinnatus)
schizanthe pinn
,
plante trs-infrieure aux prcdentes, fleurs plus courtes et
d'une teinte violette. Toutes trois,
le schizanthe de Graham particulirement
ont donn quelques
varits, les unes blanches, avec
ou sans macule orange au centre,
les autres distingues par de lgres
variations de coloris. Les schizanthes sont demi rustiques sous le
climat de Paris, o ils peuvent
mme passer l'air libre les hivers
doux. On les sme en place dans le
courant d'avril, mais avec bien plus
de succs en automne, avec repiFig.130. SchizanthedeGra- quage du plant en pots et hivernage
ham.
sous chssis froid.
Schnia de Drummond (Schnia oppositifolia). Char-
(S.
mante compose de la Nouvelle-Hollande, de la tribu des
hlichryses et du groupe horticole des immortelles. Quoique
introduite en Europe depuis plus de vingt ans par le collecteur Drummond, et malgr sa valeur ornementale, elle est cependant reste rare dans les jardins. C'est uneplante herbace,
annuelle, dresse, haute de 0m ,30 0m ,40, feuilles opposes,
lancoles, un peu velues et blanchtres en dessous. Sa tige,
ramifie seulementau sommet, setermine en un large corymbe
de fleurs ou plutt de capitules disque jaune et bractes
scarieuses, rose carmin, largement tales, et qui tiennentlieu
de rayons. Peu d'immortelles sont plus dignes que celle-ci
des soins de l'amateur fleuriste aussi doit-on s'tonner qu'elle
soit encore si peu connue en France, dont la rgion mditerranenne est particulirement propre sa culture. Par son
lieu d'origine (la colonie de Swan-River), son temprament
et le coloris de ses capitules, elle rappelle le rhodanthe
de Mangles, et demande comme lui une exposition chaude,
sche, et la pleine lumire du soleil. Lorsque ces conditions
sont runies elle vient-dans tous les terrains, pourvu qu'ils
ne retiennent pas l'eau. A Paris on en sme les graines ds
le mois de mars, sur couche chaude et sous abris vitrs, et
le plant, repiqu en terrines, n'est mis en place que dans le
courant de mai, c'est--dire quand tout danger de geles
est pass. Aux alentours de la Mditerrane cette culture est
notablement simplifie par la chaleur et la scheresse du
climat, qui permettent de traiter la plante comme entirement rustique.
Les mmes principes s'appliquent une autre immortelle
du mme groupe et du mme pays que celle dont nous venons de parler et qui a avec elle beaucoup d'analogie c'est
la laurencelle rose (Lawrencella rosea), plante annuelle,
dresse, rameuse, feuilles troites et linaires, et dont les
rameaux se terminent par des capitules involucres roses,
longuement pdonculs, ce qui les rend commodes pour en
confectionner des bouquets. La laurencelle rose est, comme
le schnia de Drummond et le rhodanthe de Mangles, une
jolie plante de plate-bande; mais, comme eux aussi, elleest
beaucoup plus propre orner les jardins de la rgion mridionale que ceux du nord.
Scutellaires (Scutellaria). Genre de labies de l'Ancien
et du Nouveau-Monde, compos d'espces vivaces, toutes
herbaces, fleurs tubuleuses, bilabies, gnralementbleues
ou rouge pourpre, souvent trs-belles et trs-propres la dcoration des parterres. Les plus communment cultives
sont lascutellaire de Sibrie (Scutellaria macrantha ), plante
rustique, tiges dcombantes et formant des touffes de 0m,30
0m,40 en tous sens; ses fleurs, un peu grandes pour le
genre auquel elle appartient et d'une belle nuance bleue,
l'ont fait depuis longtemps admettre dans les jardins titre de
plante de plate-bande de second ordre; on la multiplie galement de semis et d'clats du pied, mais ce dernier procd russit mieux au printemps qu'en toute autre saison; la
scutellaire du Japon (S. japonica), de mme taille que la prcdente, et dont les fleurs, bleu d'azur, sont en grands pis terminaux
et la scutellaire velue (S. villosa), des Andes du Prou,
fleurs rouge carmin, chez laquelle les pis, raccourcis, figurent des sortes de capitules au sommet des rameaux. On
pourrait,citer encore les S. Ventenatii, splendens etincarnata,
jolies plantes amricaines, moins connues que les prcdentes
et moins rustiques; enfin lascutellaire desAlpes(S.alpina),
fleurs roses ou purpurines, encore recommande par quelques
horticulteurs, mais qui est plutt une plante de rocaille que
de plate-bande.
Sdums. Voyez Orpins.
Seneon d'Afrique (Senecio elegans), nomm aussi,
mais trs-improprement, seneon de l'Inde. Plante de la famille des composes, de l'Afrique australe, dresse, vivace,
formant des touffes d'une belle verdure, de 0m ,50 en tous
sens, rustique ou demi-rustique dans le midi de la France,
traite dans le nord comme simple plante annuelle, moins
qu'elle ne soit hiverne en serre ou sous chssis. Ses capitules, rapprochs au sommet des rameaux en panicule
surbaisse ou corymbiforme, sont petits, disque jaune
vif et rayons d'une belle nuance pourpre. On en possde
plusieurs varits doubles, plus belles que le type, fleurs
blanches, carnes, roses, rouge cramoisi, etc., qui se reproduisent assez fidlement de graines. Ces varits doubles
sont presque les seules que l'on cultive.
Le seneon d'Afrique, au moins par ses plus belles varits,
est une plante justement estime. On en fait de trs-beaux
massifs en le plantant un peu serr, mais il rend de meilleurs
services cultiv en touffes sur les plates-bandes. Il reprend
trs-facilement de boutures faites sous cloches, une temprature de 18 20 degrs centigrades, ce qui n'empche
pas de le multiplier aussi de graines, qu'on a soin de ne r-.
colter que sur les varits doubles. A Paris ces graines se sment en avril et mai, en place ou en ppinire, mais mieux
sur couche chaude, et le plant est repiqu sur les platesbandes en mai ou juin. On sme encore au mois de septembre, et alors on hiverne le plant sous des chssis. Le
seneon d'Afrique n'est pas seulement un ornement pour les
jardins de plein air; il sert encore dcorer les serres, et on
peut l'y faire fleurir en toute saison. C'est surtout en Angleterre
qu'il est employ cet usage.
Serpolet. Voyez thyms.
Silnes (Silene). Genre dela famille des caryophylles,
contenant un grand nombre d'espces, annuelles ou vivaces,
indignes ou exotiques, la plupart de pays froids ou temprs.
Ce sont en gnral des plantes de deuxime et de troisime
ordre, les unes propres l'ornementation des plates-bandes,
les autres celles desrocailles. La plus classique est la silne
bouquets (S. Armeria), plante annuelle, dresse, tiges
simples, hautes de0m ,40 0m,50, feuilles glauques. Ses
fleurs sont petites, insignifiantes prises isolment, mais
d'un rose carmin trs-vif et runies en larges corymbes au
sommet des tiges. Il en existe des varits moins colores ou
tout fait blanches. Elle est trs-rustique et vient dans tous
les terrains, pour ainsi dire sans culture, et se ressme d'ellemme. Les semis se font au printemps en place, ou en
automne en ppinire. Cultive en touffes, cette jolie plante
est d'un grand effet au moment de sa floraison.
espce plus
belle est la silne
d'Orient (S. compacta)
(fig. 131), delaRussie
mridionale et du Caucase, qui rpte peu
prs la prcdente,
mais avec des bouquets de fleurs plus
dvelopps et
de
mme coloris. En revanche elle est plus
difficile lever, au
moins dans les provinces du nord, o elle
esttrs-expose prir par l'humidit de
l'air etsurtout parcelle
du terrain; elle n'y
russit bien que dans
les terres lgres et un
peu sches et exposition mridionale. On
peut
encore recomFig. 131. Silne d'Orient.
mander la silne de
Crte (S. pendula) (fig. 132), modeste plante tiges peu
leves et fleurs roses, dont on fait de trs-jolies bordures
et des massifs plus beaux encore; la silne des rochers (S.
Schafta), originaire du Caucase, qui forme de petites touffes
de 15 20 centimtres, et dont les fleurs, comparativement
grandes, sont rose pourpre; elle convient galement pour
faire des bordures et dcorer des rocailles; enfin, la silne du
Cap (S. ornata), forte plante, qui s'lve 0m,60 ou plus,
fleurs grandes, purpurines, un peu en panicules, et qui est
propre l'ornementation des plus grands jardins. Toutes ces
espces, et quelques autres que nous omettons, se cultivent
comme la silne bouquets, avec cette seule diffrence, pour
Une
la silne du Cap,
qu'tant un peu
moins rustique que
les autres, elle doit
tre abrite momentanment sous chssis dans le nord de
la France.
Soucis
(Calen-
dula ). Genre de
plantes annuelles, de
la famille des composes et de la tribu
des radies, reprsent dans nos jardins par deux espces, dont l'une, trsclassique et justement estime, est le
souci commun ou officinal (C.offtcinalis)
(fig. 133), plante du
midi de l'Europe,
herbace,
trapue,
exhalant
odeur
une
Fig. 132. Silne de Crte.
aromatique un peu
forte, mais non dplaisante, haute au plus de om ,39 Oro ,40,
formant d'ailleurs de jolies touffes de feuillage, que rehaussent singulirement de beaux et grands capitules du jaune
orang le plus vif. Le souci, comme tant d'autres plantes de
la mme famille, a doubl par le dveloppement des fleurons
du disque en ligules, mais il n'a pas ou n'a que trs-peu
vari son coloris. C'est une des plus belles plantes de platebande que nous ayons, et une des plus faciles cultiver.
L'abondance de ses fleurs et leur couleur voyante le rendent
minemment propre former des contrastes avec d'autres
plantes, surtout avec celles fleurs blanches. Les soucis se s-
ment du commencement de mars
la fin de mai, des
intervalles de quinze jours trois semaines, si l'on tient
en prolonger la
floraison tout l't
on sme encore en
septembre et octobre, en ppinire,
pour repiquer le
plant dans un endroit abrit, o il
passe l'hiver, avec
ou sans couverture,
suivant la douceur
ou la rigueur de la
saison. Ces plants
d'automne se mettent en place au
premier printemps,
et fleurissent de
Fig. 133. Souci officinal.
trs-bonne heure.
La seconde espce est le souci pluvial (C. pluvialis, Dimorphotheca pluvialis), plante du Cap, demi dresse, haute de
om ,20 0m,30, dont les rameaux portent leur sommet des capitules de moyenne grandeur, rayons blancs et disque jaune,
mais cercl de pourpre noir sur son contour. Cette espce,
dont les fleurs se ferment la moindre apparence de pluie,
n'a qu'un trs-mdiocre intrt comme plante de parterre;
elle ne fait d'ailleurs que rpter les formes des composesradies, dj trs-multiplies dans les jardins.
Spires (Spira). Genre de plantes vivaces, herbaces et
plus souvent frutescentes et ligneuses, de la famille des rosaces, comprenant un grand nombre d'espces originaires
des climats froids ou temprs, rarement de pays chauds;
fleurs petites, rgulires, blanches, roses ou pourpres, rapproches en corymbe ou en grappe l'extrmit des rameaux.
On cultive dans quelques jardins la spire ulmaire ou reine
des prs (S. ulmaria), plante des prairies humides de toute la
France, souche persistante et tige annuelle, et la spire
filipendule (S. filipendula), pareillement tige annuelle et
fleurs blanches, qui toutes deux ont produit des varits fleurs
doubles. On peut y ajouter la spire du Canada (S. lobata), de
mme port que les prcdentes, mais fleurs roses. Ces trois
plantes sont trs-rustiques et se plaisent dans les terrains lgers, frais ethumides mais cause de leurtaille, dj leve (1m
ou plus), elles conviennent mieux aux grands jardins fleuristes
qu'aux plates-bandes d'un parterre. Les varits simples se
multiplientde graines, les doubles, qui sont striles, seulement
par divisions du pied.
Les espces tige frutescente, parmi lesquelles nous pouvons citer la spire feuillesd'obier (S. opulifolia), originaire
du Canada, la spire de Carniole (S. ulmifolia), la spire
feuilles de chamdrys (S. chamdryfolia ), qui ont les fleurs
blanches; la spire du Npaul (S. bella) et la spire de Chine
(S. Fortunei), qui les ont roses ou pourpres, sont assez souvent encore introduites dans les jardins fleuristes, mais leur
vritable place est aux alentours des bosquets, dans les jardins paysagers, et cela avec d'autant plus de raison qu'elles ne
sont gure que des arbustes de deuxime ou de troisime ordre,
que ne recommandent ni leur port, ni leur feuillage, ni la
beaut, trs-passagre de leurs fleurs. Peut-tre faudra-t-il
faire une exception pour la spire du Japon fleurs doubles
(S. prunifoliaflore pleno), sous-arbuste bon mettre en pot,
et qui est littralement couvert au printemps de petites fleurs
doubles ou pleines, d'un blanc parfait. Dans cet tat c'est une
agrable plante d'appartement, mais sa beaut, comme celle
de ses congnres, est de trs-courte dure. Dans un des
chapitres suivants nous reviendrons sur les plantes de ce genre,
qui sont pour la plupart des sous-arbrisseaux.
Statics (Statice). Genre type de la famille laquelle il
donne son nom, compos d'espces exotiques ou indignes, vi-
vaces par la souche, ordinairement annuelles par les tiges,
quelquefois gazonnantes et ayant alors les fleurs en capitule,
plus souvent dresses et rameuses, avec des inflorescences en
corymbe ou en panicule, dont les rameaux sont des grappes
scorpiodes, fleurs gnralement petites, sessiles, entoures de bractes scarieuses. Ces fleurs sont roses ou
rose carmin, violaces, bleutres ou tout fait bleues, plus
rarement jaunes ou blanches. On divise ordinairement le genre
en deux sections, d'aprs cette forme de l'inflorescence, en
dsignant sous le nom collectif 'armrias les espces dont
les fleurs sont runies en tte, et en rservant celui de statics toutes les autres. Comme plantes d'agrment, les statics sont de deuxime ou de troisime ordre. On lesplante
ordinairement en touffes isoles sur les plates-bandes, et
quelquefois sur les rocailles, sauf l'espce connue sous le nom
degazon d'Olympe(S. Armeria), qui, ainsi que nous l'avons
dit plus haut, est exclusivement employe faire des bordures.
Toutes les espces du genre peuvent la rigueur tre employes la dcoration des parterres; nanmoins il n'yen a
qu'un petit nombre qu'on puisse recommander.Ce sont, outre
le gazon d'olympe, l'armria de Mauritanie (S. pseudo-Armeria), du nord de l'Afrique, feuilles toutes radicales, et
dont les hampes, hautes de 0m,40 ou plus, se terminent par
des capitules de fleurs du plus beau rose, et qui sont sept
huit fois plus gros que ceux du gazon d'olympe; le static de
Bonduelle (S. Bonduellii), d'Algrie, feuilles radicales, roncines, tales en rosette sur le sol, inflorescence corymbiforme
fleurs jaune vif, un peu grandes relativement; le
staticdgypte(S.sinuata), de mme port que le prcdent, mais plus lev (0m,60 environ) et fleurs bleues.
Ces deux dernires plantes, qui sont fort jolies, russissent difficilement dans le nord de la France, o elles craignent surtout l'humidit. On peut y ajouter le static de
Chine (S. Fortunei), fleurs jaune trs-vif, mais trs-petites,
et qui sous le climat de Paris appartient plus l'orangeriequ'
la pleine terre le static de Webb (S.imbricata),lestatic
et
frutescent (S. frutescens), tous deux des Canaries, et le staticde Dickson (S. rosea), du Cap, charmantes plantes, qu'on
trouve dans quelques collections, et qui ne russissent bien en
pleine terre que dans la rgion mditerranenne. Les seules
espces du genre tout fait rustiques Paris sont nos statics
indignes ou ceux de Russie et de l'Asie septentrionale, parmi
lesquels plusieurs sont encore dignes d'intrt. Citons dans
le nombre le staticde Sibrie (S. elata) (fig. 134), forte plante
Fig. 134.
- Static de Sibrie.
grandes feuilles radicales, tiges nombreuses, dresses,
trs-ramifies, et dont les sommits forment un dme arrondi etmaill de milliers de fleursbleues lestatic de Gmelin
(S. Gmelini), des mmes lieux que le prcdent, dont il diffre
peine; enfin le limonium commun (S. Limonium), de toutes
nos ctes, trs-voisin aussi du static de Sibrie, mais fleurs
plus petites et d'un bleu violac. Ces trois plantes sont assez
communes dans les jardins de Paris, et leurs inflorescences
entrent souvent dans la composition des bouquets.
A la suite des statics proprement dits nous devons men-
tionner un genre qui s'en rapproche beaucoup, ou plutt qui
n'est qu'une subdivision du mme genre, celui des acantholimons (Acantholimon), plantes de l'orient de l'Europe et de
l'Asie occidentale, basses, cespiteuses, en touffes serres et arrondies, feuillage troit, linaire, aigu, rigide et mme
un peu piquant, dont les tiges, simples, se terminent ordinairement en un pi de fleurs unilatrales. Ces fleurs sont beaucoup plus grandes que celles des statics ordinaires et d'un
rose carmin trs-vif. Deux espces sont particulirement
citer : l'acantholimon de l'Ararat (A. glumaceum), d'Armnie,
dont les hampes florales, hautes de 0m,10 0m,12, n'ont que
de six huit fleurs, et l'acantholimon hrisson (A. venustum)
,
de Perse, plus grand et plus touffu que le prcdent, et dont
les hampes portent de douze vingt fleurs. Ces deux jolies
plantes, qui se plaisentau grand soleil, peuvent la rigueur se
planter sur les plates-bandes du parterre, mais elles conviennent surtout pour les rocailles et les collines artificielles. Elles
fleurissent sous nos climats dans la premire moiti de l't.
Les statics, ceux surtout dont les fleurs sont en corymbe,
se plaisent gnralement au voisinage de l'Ocan, les uns
croissant dans les sols bas, humides et imprgns de sel, les
autres dans les terrains secs et rocailleux, mais recevant
encore les brumes sales de la mer. Ils russiront donc d'au- ,
tant mieux que le site des jardins se rapprochera davantage
de ces conditions. Dans la culture en pots on pourra mler
quelques grains de sel la terre; mais ce qui sera plus important encore, ce sera le drainage des pots et une bonne aration des plantes. Toutes les espces peuvent se reproduire de
graines, cependant on se borne le plus souvent en clater les
pieds.
Stramoines. Voyez Daturas.
Tagtes (Tagetes). Genre de composes originaires du
Mexique, annuelles ou vivaces, trs-ramifies, feuilles pinnatifides, et dont les capitules sont entours d'un involucre d'une
seule pice, trs-semblable un calyce, ce qui leur donne euxmmes toute l'apparence d'une fleur proprement dite. Deux espces classiques, et d'un grand intrt, rendent ce genre recom-
mandable; ce sont le tagteillet d'Inde (T. patula) (fig. 135)
et le tagte rose d'Inde
(T. erecta) (fig. 136), tous
deux annuels et presque
semblables l'un l'autre
par le port, le feuillage,
la couleur jaune orange
de leurs-fleurs, comme
aussi par l'odeur, fortede
ment aromatique
toutes leurs parties. Elles
diffrent l'une de l'autre
par la taille et la grandeur des capitules, le tagte rose d'Inde l'emportant de beaucoup
sous ce rapport sur son
congnre, qui, par
compensation, forme des
touffes plus arrondies et
plus gracieuses, et dont
les fleurs, d'un coloris
Fig. 135. Tagte illet d'Inde.
plus vif, plus fonc et tirant sur le brun, sont en mme temps plus veloutes. Ces deux
belles plantes, qui appartiennent essentiellement au parterre,
justifient la vogue dont elles jouissent; et comme leur culture
est dj fort ancienne (elle date du seizime sicle) etqu'elles
ne se reproduisent que de semis, on en a obtenu d'assez nombreuses varits, parmi lesquelles nous citerons l'illet d'Inde
orang, double et unicolore l'illet d'Indenain, haut de0m,15
0m,30, formant des touffes compactes, fleurs doubles,
jaunes, mordores ou macules de pourprebrun l'illet d'Inde
panach, trs-belle race, dont la fleur, jaune vif, est toile de
la rose d'Inde tuyaute et la rose d'Inde jaune citron,
pourpre
toutes deux trs-pleines, etla nainehtive, fleursjaune vif et
qui ne s'lve gure qu'0m,50 ou moins encore. Ajoutons qu'il
se produit tous les ans des varits nouvelles par les semis,
et que celles que nous venons
de citer seront sans doute
bientt remplaces par d'autres.
Toutes ces plantes sont rustiques et de culture facile.
Elles viennent dans tous les
terrains et toutes les expositions; mais elles se plaisent
surtout dans les terres moyennes, un peu engraisses de fumier dcompos, et dans les
lieuxbien clairs. Onles multiplie de semis, au printemps,
en ppinire ou en place. Suivant les lieux et les poques
de semis, la floraison arrive de
juin en aot, et se prolonge
mme jusqu'aux premires geles.
On trouve encore dans les
jardins deux ou trois autres
intressantes de tagespces
Fig. 136. Tagte rose d'Inde.
tes, assez analogues l'illet
d'Inde par le port et la couleur des fleurs, mais plus bas de
taille, tels que letagte mouchet (T.signata) et le tagte en corymbe (T. lucida), ce dernier vivace par sa racine, et fleurissant presque jusqu'aux geles, ce qui en fait une plante prcieuse pour les parterres d'automne. Ces deux espces, qui
sont basses, ramasses et suffisamment florifres, sont particulirement propres la confection de massifs et de bordures,
et, comme les prcdentes, elles semultiplent de graines,
semes aux mmes poques.
Thaspis ou ibrides ( Thlaspi, Iberis). Genre de crucifres indignes, annuelles ou vivaces, la plupart trs-rustiques,
tiges ordinairement dresses et se terminant par de larges corymbes de petites fleurs blanches, lilaces ou violettes. Comme
plantes propres la dcoration du parterre nous citerons le
thlaspiblanc (1. amara) (fig. 137), annuel, haut de0m,20
0m,25, fleurs blanches, odorantes
en grappes courtes et cylindriques, et dont une varit, le
thlaspijulienne, a les fleurs plus
grandes et plus belles que dns
le type le thlaspiviolet ou thlaspi
desjardins (I. umbellata), un peu
plus grand que le prcdent,
fleurs carnes, lilas, pourpres ou
violettes le thlaspi vivace oucorbeille d'argent (I sempervirens)
(fig. 138), du midi oriental de
l'Europe, tiges frutescentes,
rameuses, feuillues, en larges
touffes surbaisses et arrondies,
dont la verdure est perptuelle,
et qui, dans la seconde moiti
du printemps, se couvrent de
fleurs en corymbes d'un blanc
blouissant; enfin, le thlaspi
ibride
de
perptuelle
floraison
ou
Fig. 137. Thlaspi blanc.
Perse (J. semperflorens), plante
dumidi de l'Europe et de l'Orient, frutescente et vivace comme
la prcdente, mais formant des buissons du double plus levs (de 0m ,50 ou plus), fleurs blanches, et fleurissant en automne et en hiver. A ces espces principales on peut ajouter
l'ibridepinne (I. pinnata), le thlaspi odorant (I. odorata) et
l'ibride de Lagasca (1. lagascana), toutes plantes annuelles,
hautes de0m,25 0m,30, fleurs blanches en larges corymbes,
trs-jolies encore et fleurissant la fin du printemps et dans la
premire moiti de l't. Les espces annuelles sont essentiellement des plantes propres aux plates-bandes, o elles se cultivent en touffes, en lignes ou en massifs. On les sme en place
ou en ppinire, en mars, avril ou mai, suivant l'poque
o on veut les faire fleurir. La corbeille d'argent, par sa
Fig. 138. Thlaspi vivace ou corbeille d'argent
floraison printanire et sa beaut, est le digne pendant de
de la corbeille d'or, dont sa blancheur rehausse l'clat;
aussi ces deux plantes sont-elles employes concurremment
pour garnir les plates-bandes, composer des massifs ou tapisser des rocailles. On la multiplie soit par sparations des
touffes, vers la fin de l't ou au printemps, soit de boutures,
soit enfin de graines, qui se produisent lorsque la plante n'a
pas t tondue aprs la floraison et qu'on a donn aux capsules le temps de mrir. L'ibride de Perse est trop dlicate
pour passer l'hiver sans abri sous le climat de Paris, mais elle
prend un beau dveloppement sous ceux du midi et du sudouest, particulirement au voisinage de la mer, o elle devient
une trs-belle plante de rocaille. Sa facile culture en pots et
sa floraison hivernale en font aussi une espce prcieuse, dans
nos climats du nord, pour la dcoration des appartements. On
la mulplie presque uniquement de boutures.
Thlaspi jaune. Voyez Alyssesaxatile.
Tit-YIDS (Thymus). Genre de labies, dont la plupart des espces sont originaires des rgions mridionales de l'Europe,
toutes trs-aromatiques, feuillage petit et fleurs lilas ou
violaces. L'espce la plus communment cultive est le thym
vulgaire (T. vulgaris), petit sous-arbuste de la rgion mditerranenne, s'levant 0m,15ou0m,20, souventtortu, rameux,
roide; feuilles trs-petites, troites, aigus, d'une verdure
grise, trs-aromatiques lorsqu'on les froisse entre les doigts
fleurs rose clair ou rose pourpre, petites et runies en tte
aux sommits de la plante. Le thym, qui est connu de tout le
monde, est avant tout une plante conomique habituellement
employe comme condiment dans les ragots; mais il sert
quelquefois aussi faire des bordures dans les jardins fleuristes. Demi-rustique sous le climat de Paris, il rsiste mieux
aux intempries de l'hiver dans les terrains secs et pierreux
que dans les fonds plus gras et plus humides. On le multiplie
au printemps par divisions des touffes ou par boutures, plus
rarement de graines. Les bordures de thym sont assez solides
et peuvent durertrois ou quatre ans l o la plante n'est pas
expose geler; mais elles sont par elles-mmes peu dcoratives, et il s'y forme souvent des vides disgracieux qu'on est
oblig de remplir au fur et mesure qu'ils se produisent. Au
nord de Paris, lethym est toujours plus ou moins maltrait par
le froid; aussi y est-on dans l'usage de replanter les bordures
peu prs tous les ans.
Une seconde espce du mme genre, et qui a aussi quelques
emplois horticoles, est le serpolet (T.Serpyllum), plante de
toutes les localits arides de la France, trs-basse, formant
des gazons assez touffus de quelques centimtres de hauteur,
et dont toutes les sommits se terminent par des pis de fleurs
lilas ou purpurines, fortement odorantes. Cette petite plante
peut servir couvrir les talus exposs au soleil et garnir les
rocailles. Les tapis qu'on en obtient dans ces conditions sont
trs-agrables la vue au moment de la floraison.
Tournefortia. Voyez Hliotropes.
Trachlie bleue Trachelium cruleum). Plante vivace,
de la famille des campanulaces, originaire du nord de l'Afrique, tige dresse, haute de0m,30 0m,40, et termine par
un large corymbe de trs-petites fleurs d'un bleu violet fonc.
Cette jolie plante se cultive en touffes sur les plates-bandes,
et elle y produit un certain effet mais elle russit beaucoup
mieux sur les rocailles, o elle vient pour ainsi dire seule et
se ressme de ses graines. On la cultive avec le mme succs
en pots, pourvu que ces derniers soient bien drains et la
terre qu'ils contiennent un peu compacte. On la multiplie de
graines semes en t, avec repiquage et hivernage du plant
sous chssis,
et plus rarement de bou-
tures.
Tritlia
uniflore ( Tri.
teleia uniflora)
(fig.139).Petite
liliace du Chili et des autres
rgions tempres de l'Amrique aus-
trale
bulbeu-
se et vivace,
rustique, produisant de fortes touffes de
feuilles longues et linaires du milieu
Fig.139. Tritliauniflore.
desquellessortent des hampesde0m ,12
0m,15, termines chacune
par une fleur
de moyenne grandeur, six ptales tals, d'une blancheur
parfaite, parfois lgrement bleutres. Le tritlia uniflore
est une assez jolie plante pendant les deux ou trois semaines
(fin de mai et commencement de juin) que dure sa floraison;
aussi l'emploie-t-on principalement en bordures. Comme
toutes les liliaces floraison printanire, il a le dfaut de
perdre ses feuilles par dessiccation graduelle, dans le courant
de l't, ce qui dpare les plates-bandes et oblige les regarnir. On le multiplie trs-aisment au moyen de ses caeux,
qu'on enlve sur la fin de l't ou
dans le courant de l'automne, et
qu'on replante immdiatement.
Deux autres espces du mme
genre, les T. grandiflora et bivalvis, ont t aussi introduites en
mais elles sont beaucoup
Europe
moins connues que celle dont il
vient d'tre question.
Trollius (Trollius). Genre de
renonculaces montagnardes, vivaces et trs-rustiques, presque
semblables aux renoncules de nos
champs, dont elles ne diffrent,
dans le sens horticole, que par la
grandeur de leurs fleurs, qui sont
jaunes ou jaune orang. On en cultive dans les jardins trois ou quatre
espces peine diffrentes l'une
de l'autre, et dont on a obtenu
quelques varits doubles. Ce sont
le trolliusd'Europe (T.europus)
(fig. 140), des Alpes et des Pyrnes, fleurs jaune d'or; le trollius du Caucase (T. caucasicus),
qui les a plus sensiblement oranges; et le trollius deSibrie (T.
elles
sont
o
asiaticus),
un peu
Trollius d'Europe.
Fig. 140.
[plus
grandes que dans l'espce,europenne et de mme coui<M~. Ces trois espces fleurissent dans la seconde moiti du
printemps. On les multiplie de graines ou par divisions du
pied.
Vidrianes (Valeriana, Centranthus). Genre type de la fa-
mille des vlrianes, compos de plantes la plupart indignes
del'Europe, quelques-unes des montagnes, annuelles ou vivaces,rustiques ou demi-rustiques dans le nord de la France,
fleurs petites, runies en corymbesterminaux. Plusieurs espces
onttintroduites dans les jardins, o elles remplissent le rle
de plantes de plate-bandede deuxime et detroisime ordre. Ce
sont principalement lavalrianemacrosiphon (V. macrosiphon),
plante d'Espagne, glabre,glauque,
ramifie et formant des touffes
moyennes de 0"',40 en tous sens
fleurs rose carmin, carnes ou tout
fait blanches dans ses varits,
dont une se fait remarquer par sa
taille, comparativement naine (0m,20
0m ,25),et lavalriane rouge ou barbe
de Jupiter (V. rubra, Centranthus ruber) (fig. 141 ), espce vivace, origi.
naire du midi, fleurs carmin plus
ou moins vif, quelquefois blanches.
Nous pouvons ajouter ces deux espces la valriane d'Alger ou corne
d'abondance (V. Cornu copi), fleurs
lilaces ou carmin clair, qui est recommande pour la dcoration des
plates-bandes, o on peut l'employer
faire des massifs et des bordures,
surtout sa varit naine. On la multiplie de graines semes au printemps,
en place ou en ppinire. Lesespces
vivaces se propagent de mme, mais
on se borne souvent en diviser les
Fig. ML Valriane rouge. pieds. La valriane des jardins et
quelques autres passent pour attirer les chats, qui se roulent
sur elles, souvent au dtriment des plantes voisines. Ces diffrentes espces seraient en consquence mieux places sur les
rocailles que dans un parterre, qu'elles ornent d'ailleurs mdiocrement.
Valriane grecque. Voyez Polmoine bleue.
Venidium faux-souci Venidiumcalendulaceum). Plante
de la famille des composes, de l'Afrique australe, annuelle,
en touffe basse, grandes feuilles obovales, lyres et roncines, pubescentes, appliques sur le sol; tiges courtes etpresque nues, ramifies ds la base, portant leurs sommits des
capitules de grandeur moyenne, disquejaune brun et rayons
orangs, qui rappellent de trs-prs ceux du souci commun.
La plante est trs-florifre, et sa floraison, commence vers le
15 juin ou mme plus tt, se continue souvent jusqu' la
fin de l'automne. Par son port, ramass et bas, autant que par
le vif clat de ses fleurs, elle est trs-propre la dcoration
des plates-bandes du parterre, surtout plante en bordure. A
Paris elle est cultive comme plante annuelle et comme
plante bisannuelle; dans le premier cas on la sme vers le
milieu du printemps, sur couche, et le plant est mis en place
vers le milieu de mai dans le second cas le semis se fait en
automne, et le plant, repiqu en pots, est abrit sous chssis
pendant l'hiver. Les plantes qu'on obtient de ce dernier semis
sont,comme d'habitude, plus fortes et plus florifres que celles
qui rsultent de celui de printemps, aussi doit-on lui donner
la prfrence. De mme que beaucoup d'autres composes du
Cap, le vnidium faux-souci ferme ses capitules par les temps
pluvieux. Pour cette raison, il convient mieux aux jardins
mridionaux qu' ceux du nord.
Vronique (Veronica). Genre de la famille des scrofularines, comprenant des espces annuelles et des espces vivaces,
indignes et exotiques, gnralement rustiques, fleurs bleues,
blanches ou lilaces, assez souvent en grappes terminales, et
dontquelques-unes sontadmises dans les parterres en qualit de
plantes de troisime ou de quatrime ordre. Dans le nombre se
trouvent la vronique de Syrie (V. syriaca), plante basse, fleurs
bleu clair ou lilas, quelquefois toutes blanches la vronique
pis (V.spicata), indigne, fleurs bleues, blanches ou
roses, en grappes spiciformes; la vronique faux-teucrium
(V. Teucrium), indigne, fleurs bleues veines de pourpre,
la vronique gentianode ( V. genlianoides), fleurs bleu clair
tirant sur le gris, et quelques autres pareillement basses, qui
serventprincipalement faire des bordures. D'autres espces,
detaille plus leve, parmi lesquelles on peut citer les V. spuria, serrata, paniculata, tongifolia, etc., se cultivent en massifs
ou en touffes sur les plates-bandes, o elles font un mdiocre
effet, par suite de la petitesse et du peu de dure de leurs
fleurs. Outre ces espces indignes, toutes herbaces, il en
existe d'exotiques, -qui sont frutescentes, feuillage persistant, et qui appartiennent l'orangerie sous le climat de Paris o on les cultive habituellement en pots. Telles sont la
vronique d'Anderson F.Andersoni ), la vronique feuilles de
mule (V. salicifolia), la vronique de Lindley (V. lindleyana)
et la vronique de Hooker (V. speciosa), toutes quatre de la
Nouvelle-Zlande, fleurs bleues, violaces ou rose ple, en
grappes terminales ou axillaires. Elles deviennent de trsbeaux arbustes lorsqu'on les cultive en pleine terre sous des
climats plus doux que celui de Paris, principalement dans le
sud-ouest de la France et prs des ctes de la Manche et de
l'Ocan. On les multiplie galement de graines et de boutures.
Quant aux espces herbaces, leur propagation se fait communment de graines, plus rarement par divisions du pieds.
Vronique desjardiniers. Voyez Lychnides.
Verveine ( Verbena Genre de la famille des verbnaces,
reprsent par d'assez nombreuses espces dans les deux
continents, mais surtout en Amrique. Il se compose de plantes
annuelles ou vivaces, dont les fleurs, en pis plus ou moins
ramasss en forme d'ombelles terminales, sont trs-belles et
trs-vivement colores dans la plupart des varits horticoles,
sont considres avec raison comme des plantes d'ornement de premier ordre et qu'on pourra mme ranger parmi
lesplantes de collection lorsqu'elles seront plus nombreuses.
toutes sont assez rustiques pour fleurir en pleine terre sous
).
le climat de Paris; quelques-unes mme ne redoutent rien
du froid de nos hivers. Les couleurs dominantes dans ce
genre sont le rouge et le violac, qui passent au rose, au lilas,
au carmin ou mme au blanc pur dans les diffrentes varits.
Ces dernires sont dresses ou tales sur le sol, et, suivant
leur port, elles se cultivent en touffes, en corbeilles ou en
massifs. Toutes se prtent galement bien la culture en pots,
et dans cette condition elles deviennent d'excellentes plantes
de fentre et d'appartement.
Les espces qui ont fourni ces belles varits nos parterres
sont la verveinede Miquelon(V. Aubletia) (fig. 142), du nord
de l'Amrique, plante
annuelle, tiges tales puis redresses,
s'levant 0m,25 ou
0m,30, fleurs en pis,
d'un rose carmin
plus ou moins vif,
quelquefois tirant sur
le violet; la verveine
violette
(V.venosa),
du Brsil, tiges
dresses, feuilles
sessiles etentires,
fleurs violettesou violetbleutre, en pis
arrondis; la verveine
de Maonetti
(V.
te-
puchella),
des pampas du Brsil tiges tales,
fleurs rose carmin,
plus rarement pourFig. 142. Verveine de Miquelon.
pre violac et liseres
de blanc sur le bord des lobes de la corolle, ce qui leur donne
quelque ressemblance avec les fleurs de certaines varits de
phlox; laverveinerinode (V. erinoides), du Brsil, fleurs
nera,
V.
pourpres, en pis; laverveine teucriode (V. teucrioides), du
Brsil mridional, qui est vivace, fleurs en grappe, blanches ou roses, et qu'on crot tre la souche de la plupart des
varits horticoles enfin la verveine mlindrs (V. chamdryfolia), des pampas de Bunos-Ayres, la plus belle de toutes,
vivace, tiges couches puis redresses, et dont les fleurs, en
larges ombelles, sont d'un rouge violet dans le type. Cette
plante remarquable, qui n'est peut-tre qu'une sous-espce ou
une race issue de la verveine teucriode, a aussi donn naissance beaucoup de varits, qu'on dsigne collectivement
sous le nom de verveines hybrides, et qui se distinguent principalement au coloris de leurs fleurs, o l'on trouve aujourd'hui toutes les nuances du rose, du carmin, du pourpre, du
violet, du bleu violac et mme le blanc pur. La plupart de
ces varits sont unicolores, mais il en est aussi de panaches,
de marbres etd'toiles, par suite des diverses combinaisons
de deux coloris diffrents. Les plus estimes sont celles qui,
outre la largeur etla richesse de l'inflorescence, ont des teintes
vives, avec la gorge de la corolle, ou l'il, d'une couleur diffrente et bien tranche.
Toutes ces verveines ont trs-peu prs le mme temprament. Elles se plaisent aux expositions ouvertes et recevant en
plein les rayons du soleil, et elles russissent dans toutes les
terres saines, mme celles qui sont un peu pierreuses, moyennant les arrosages ncessits par les vicissitudes des saisons.
Toutes se multiplient avec une gale facilit de semis et de
boutures. Les semis se font au printemps, sur couches ou en
ppinire, suivant les climats et la temprature rgnante,
et le plant, mis en place ds qu'il a dvelopp cinq ou six
feuilles, commence fleurir vers le milieu de l't. Onsme
encore en aot et septembre, en pleine terre ou en ppinire,
avec hivernage du plant sous chssis on le met en place dans
la deuxime quinzaine d'avril, et sa floraison prcde d'un
mois celle des plantes obtenues de semis dans l'anne mme.
Il est bon de faire observer ici que toutes les varits de verveines ne sont pas galement fertiles en graines que quelquesunes n'en donnent qu'en trs-petit nombre ou sont mme tout
fait striles; enfin, que les graines ne reproduisentpas fidlement ces varits, et que dans les semis on voit ordinairement
dominer les teintes claires, qui sont les moins estimes. Pour
ces diffrentes raisons, le bouturage est considr comme le
moyen le plus sr et mme comme le plus expditif pour la
multiplication des verveines, dont les belles varits peuvent
par l se conserver indfiniment dans toute leur puret. Ce
bouturage se. fait en toute saison, mais surtout au printemps,
sur couche et sous cloches, l'aide de jeunes rameaux cueillis
sur des plantes hivernes sous verre, ou en t sur les platesbandes mmes du jardin, en abritant les boutures sous des
cloches. On peut aussi coucher des rameaux sur place, ce qui
donne en trs-peu de temps des plantes enracines et dj
fortes. Le plant obtenu par ces divers procds se traite comme
celui qui est provenu de graines on le met en place ou on le
remise sous chssis suivant la saison.
Violettes
(Viola). Plantes indignes
et souvent montagnardes, vivaces, constituant legenre type dela famille des violaries; tiges ordinairement courtes et demi enfouies dans
la terre, quelquefois sous-frutescentes; feuilles cordiformes
ou ovales, formant des touffes plus ou moins fournies. Les
fleurs, solitaires au sommet de pdoncules nus et grles, souventmoins longs que les feuilles, sont irrgulires, un peu en
forme decapuchon, petites ou tout au plus moyennes. Leur
couleur dominante est le violet, quelquefois affaibli jusqu'au
bleu ple et au rose; mais il y a aussi des violettes blanches
pardcoloration et des espces fleurs jaune vif. Ayant dj
signal l'analogie dela pense avec les violettes, nous n'avons
pas y revenir ici.
Une espce est clbre dans ce genre, c'est la violette proprement dite ou violetteodorante (V. odorata), la rivale du rsda et aussi populaire que lui. Indigne de toutes les provinces de la France, on la trouve le long des haies, au pied
des vieux murs et la lisire des bois, fleurissant aux premiers rayons du soleil printanier et embaumant l'air de son
parfum. Trop modeste d'aspect pour pouvoir prendre rang sur
les plates-bandes du parterre, elle est ordinairement relgue
dans les coins ngligs, o on ne la visite que pour cueillir ses
fleurs. Ces dernires n'ont en effet d'autre usage que d'entrer
dans la confection des bouquets mais sous ce rapport aucune
autre plante ne l'gale, et ses fleurs coupes sont dans toute
l'Europe l'objet d'un actif commerce.
La violette a produit naturellement une varit blanche,
qu'on rencontre dans les mmes lieux et presque aussi frquemment que la varit ordinaire.Soumise depuis longtemps la culture et dans des pays trs-diffrents de climat, elle a donn naissance des varits horticoles plus remarquables que la forme sauvage, blanches, bleues ou roses,
les unes simples, les autres doubles. Une des plus intressantes est la violette des quatre saisons, dont le grand mrite
est de fleurir d'une manire presque continue
en toute saison, mais surtout en automne et en hiver, la condition d'tre
mise l'abri du froid. Elle a donn des sous-varits doubles,
blanches et violettes, tout aussi parfumes qu'elle et aussi florifres. On considre encore comme varit de la violette ordinaire
violette de Parme, fleurs un peu plus grandes,
mais caractrises surtout par leur couleur qui est le bleu
ple un peu gris. Il en existe des sous-varits doubles, plus
habituellement cultives que les simples. Cette belle race,
floraison hivernale ettrs-parfume, fournit une large part
des bouquets d'hiver qui s'exportent en si grand nombre de
Provence et de la rivire de Gnes dans toutes les parties de
l'Europe. Peut-tre faudra-t-il considrer comme diffrente
spcifiquement de la violette de Parme la violette parfume
(V. suavissima), des horticulteurs de Grasse et de Nice, qu'on
dit trs-suprieure cette dernire et toutes les violettes
connues par l'excellence de son parfum.
Aprs la violette et la pense on ne trouve plus dans ce
genre que des espces trs-secondaires, mais qui ont encore
une certaine utilit comme plantes d'agrment. Nous nous
bornerons en citer deux la violette de l'Alta ( V. altaica),
espce voisine de la pense des jardins, fleurs un peu
grandes, d'un violet bleutre, avec une macule jaune dans
la gorge; et la violette bigarre (V. cucullata), espce am-
et
la
ricaine, dont les fleurs bleues sont rayes de blanc. Ces deux
plantes font quelque effet sur les plates-bandes, plantes en
lignes ou en bordures, mais, comme elles sont en dfinitive
infrieures aux penses communes, elles sont peut-tre encore mieux leur place sur les rocailles.
Toutes les violettes peuvent se multiplier de graines, et
comme elles se ressment d'elles-mmes l o elles sont cultives
on peut se borner prendre les pieds qui ontlv
spontanment autour des plantes mres. Cependant, plus habituellement on procde la multiplication par divisions des
souches, lorsque celles-ci sont assez vigoureuses pour endurer
cette mutilation, ou par la sparation des coulants sur les espces qui en produisent. Ces oprations peuvent se faire
pourainsi dire en toute saison, mais avecplus d'avantage
au premier printemps que dans le reste de l'anne. La culture
ordinaire n'offre d'ailleurs aucune difficult; les violettes une
fois plantes et reprises, il devient presque superflu de s'en
occuper.
Il en est autrement dans la culture commerciale, car les
violettes, celle des quatre saisons surtout, qui fournit la majeure partie des bouquets d'hiver, ont t soumises au forage,
pratiqu en grand par quelques horticulteurs. Ici il s'agit
d'obtenir des plantes fleurissant tout l'hiver, et assez abondamment pour fournir la consommation des grandes villes.
On y parvient l'aide de chssis dont on couvre les planches
deviolettes, et sous lesquels on entretient une chaleurmodre,
en ayant soin d'arer toutes les fois que le temps est doux,
afin d'viter l'excs d'humidit et la pourriture. Sous le climat
du midi, et jusque dans le centre de la France, quand les hivers sont peu rigoureux, on cueille des violettes de Parme en
dcembre et janvier sans l'adjonction d'aucun moyen artificiel.
Violette de Marie. Voyez Campanules.
Violier. Voyez Girofle.
Watzias ( Waitzia,
Morna). Composes de la NouvelleHollande occidentale, du groupe des hlichryses, et rentrant, par la longue dure de leurs involucres scarieux et colors, dans cette catgorie de plantes que l'horticulture d-
signe collectivement sous le nom d'immortelles. Les watzias,
auxquels on donne encore assez souvent le nom impropre de
mornas, sont des plantes annuelles, tiges dresses, feuillues,
peu leves, qui se terminent, ainsi que leurs ramifications, par
des capitules sphriques, o les fleurons du disque sont entours d'un involucre de bractes trs-nombreuses, imbriluisantes et des teintes les plus vives. Tous sont de
ques
trs-belles plantes; quelques-uns mme doivent tre mis au
premier rang dans le groupe des immortelles.
Cinq espces du genre existent aujourd'hui dans les jardins,
savoir lewatzia dor W. aurea, Mornanitida), hautde0m ,40
0m45, feuilles oblongues, ramifi ds la base, et dont les
capitules rapprochs en corymbe ont leurs involucres du jaune
le plus vif; c'est l'espce la plus anciennement introduite en
Europe, et celle qui russit le mieux sous le climat du nord le
watzia de Lindley (W. corymbosa, Morna nivea ), qui est plus
ramifi encore que le prcdent, quoique plus bas (0m ,30, en
moyenne) et plus florifre; ses capitules, runis de mme en
corymbe ont leurs cailles extrieures rouge amarante vif,
les intrieures tant moins vivement colores; il en existe
mme une varit o les involucres sont entirement blancs,
mais qui n'a pas encore t introduite dans les jardins le watzia acumin ( W. acuminata), presque semblable au watzia
de Lindley, mais qui s'en distingue ses cailles involucrales
plus aigus et toutes rflchies en dehors deux varits sont
cultives, toutes deux trs-jolies l'une capitules jaune
citron, l'autre o ils sont rouge amarante le waitziade Steetz
(W. Steetziana), plante naine, dont la taille ne dpasse pas
0m,15 0m,18, feuillage linaire, d'un vert ple, dispos en
rosette autour du pied, et du centre de laquelle s'lve une
tige simple, termine par un bouquet de capitules un peu gros
et du jaune le plus brillant; enfin, le watziade Thompson
(W. grandiflora), voisin du watzia dor, mais plus robuste,
plus toff, feuillage moins velu et capitules beaucoup
plus grands, quoique runis au nombre de huit douze au
sommet de la tige; les involucres, composs de centaines
de bractoles et du jaune le plus vif, font de cette espce
:
:;
une plante d'ornement de premier ordre et peut-tre la plus
belle de toutes les immortelles.
Toutes ces plantes participent du temprament des hlichrysums et se plaisent comme eux dans les lieux secs et vivement illumins; aussi conviennent-elles beaucoup mieux aux
jardins de la rgion mditerranenne qu' ceux de toutes les
autres. C'est l que leur culture sera le plus facile et qu'elles
montreront
dans tout le luxe de leur parure naturelle. Dans
se
le nord de la France, ainsi qu'en Angleterre, elles russiront
mieux cultives en pots et abrites l'hiver en orangerie que
sur les plates-bandes du jardin. On les smera en mars, sur
couche et sous chssis, et on repiquera le jeune plant en pots,
en le tenant prs du verre, puis on le mettra en place, en pleine
terre, dans le courant de mai. Il serait prfrable cependant
d'lever demeure le plant dans des pots bien drains,
qu'on se contenterait d'enfoncer dans la terre des platesbandes au moment o les plantes s'apprteraient fleurir,
sauf les remettre sous les abris si la saison devenait pluvieuse, ce qui est la plus mauvaise condition pour elles. Aux
alentours de la Mditerrane on se contentera de semer
en ppinire, dans le courant d'avril, pour repiquer le plant
lorsqu'il aura quatre ou cinq feuilles, lui donnant d'ailleurs
les mmes soins qu'aux autres immortelles. Sous ce climat
les watzias deviendront aussi de trs-belles plantes de rocailles.
Whitlavia de Coulter
(Whitlavia grandiflora). Jolie
plante annuelle de Californie, de la famille des hydrophylles,
formant des touffes feuillues de 0m,20 0m,30 en tous sens,
et dont les rameaux se terminent par des grappes scorpiodes
de cinq six fleurs campanules, moyennes, d'un bleu
fonc ou tirant quelque peu sur le violet. Par son port, sa
taille et sa belle floraison, le whitlavia de Coulter est une
agrable plante de parterre, dont la culture n'offre aucune difficult sous nos climats. On le sme en mars sous chssis, ou
plus simplement en avril et mai sur les plates-bandes mmes,
en petits massifs ou en groupes isols. Il fleurit de la fin de
juin la fin de septembre, plus tt ou plus tard suivant l'-
poque du semis, et mrit parfaitement ses graines dans le
nord de la France.
Zauschnria de Californie Zauschneria californica ).
Plante vivace, de la famille des nothres, originaire des ctes
occidentales de l'Amrique du Nord, suffisamment rustique
le climat de Paris, tiges tales, puis redresses, s'le- sous
vant0m,25 ou 0m,30, et se terminant par des grappes de fleurs
tubuleuses-campanules, d'un rouge vif, assez analogues par
leur structure celles des fuchsias, ayant comme elles le calyce
quadrifide, color etptalode. Le zauschnriaest une assez jolie
plante de plate-bande, qui fleurit du milieu la fin de l't; il
vient mieux cependant sur les talus et mme sur les rocailles
qu'en sol plat, ce qui indique qu'il convient parfaitement
pour la culture en pots. On le reproduit
soit de graines semes au printemps en
pots ou en terrines, soit de boutures
faites en automne et hivernes sous chssis. Lorsqu'il est adulte il passe assez facilement les hivers doux sous le climat de
Paris, aux expositions abrites et sous une
simple couverture de feuilles. Malgr son
mrite, comme plante de second ordre,
le zauschnria est devenu rare dans les
jardins.
Zinnias (Zinnia). Genre de composes
amricaines, la plupart des montagnes du
Mexique, annuelles, rustiques ou demirustiques dans le nord de la France, tiges
dresses ou demi tales sur le sol,
feuilles ovales ou lancoles, opposes et
sessiles, et dont les capitules sont remarquables par la largeur de leurs rayons.
Plusieurs espces ont t successivement
introduites en Europe une seule est devenue une plante d'lite, c'est le zinnia lgant (Z. elegans) (fig. 143), tiges dresFig. 143. Zinnia l- ses, dichotomes, hautes de0, m400m ,50,
t
gant.
dont tous les rameaux se terminent par des capitules de
moyenne grandeur, rayons rouges ou rouge coccin dans
le type de l'espce, mais qui ont pris des teintes roses, carmines, pourpres, carlates, oranges, jaunes ou mme blanches dans les varits cres par la culture. Toutefois le mode
de variation le plus important a t celui de la duplicature et
de la plnitude des fleurs, modification dont on ignore l'origine
et la date, mais qu'on croit s'tre faite dans l'Inde, ce qui
ajouterait une nouvelle preuve l'hypothse qui veut que les
plantes varient d'autant plus qu'elles sont plus dpayses.
Les premires varits pleines de zinnias paraissent avoir t
introduites en France dans l'anne 1858, et depuis lors elles
se sont conserves telles parle semis de leurs graines aid d'une
puration constante des plants obtenus, car on voit toujours
reparatre dans les semis une assez forte proportion de sujets fleurs simples ou semi-doubles. Les belles varits pleines sont des plantes de premier ordre leurs fleurs sont aussi
grandes et aussi brillamment colores que celles d'un dahlia
moyen, quoique la structure en soit moins rgulire. De mme
que dans les varits simples, on trouve dans les zinnias doubles
ou pleins toutes les nuances entre le blanc et le pourpre fonc.
On cultive encore, mais comme plantes secondaires, lesZinnia multiflora, verticillata et pauciflora, tiges dresses, les
deux premiers fleurs rouges, le troisime fleurs jaune terne,
et le Z. mexicana, pareillement fleurs jaunes, que ses tiges
tales permettent de cultiver en bordures. Sous ce rapport
toutefois il est trs-infrieur au zinnia de Ghiesbrecht (Z. Ghiesbrechtii), comme lui du Mexique, mais dress, touffu et
trapu, et trs-belles fleurs jaune orang; l'introduction de
ce dernier est toute rcente.
On sme les zinnias, dans le nord de la France, en avril
et mai, sur planches abrites et en terre lgre, pour repiquer le plant quinze jours ou trois semaines aprs sa leve.
On peut aussi semer directement sur place la mme poque.
Toutes ces oprations se font de trois semaines un mois plus
tt dans le midi, dont le climat convient d'ailleurs mieux aux
zinnias que celui du nord.
CHAPITRE V.
LES PLANTES GRIMPANTES.
I.
Considrations gnrales.
Les plantes grimpantes, jusque ici confondues dans tous
les traits de jardinage avec celles qui se passent de soutiens
ou s'talent sur le sol, constituent cependant une classe hor-
ticole trs-particulire, et dont l'emploi dans l'ornementation *
des jardins est tout autre que celui des plantes ordinaires. Sous
cette dnomination, trs-large, nous comprenons toutes les espces, quelque famille naturelle qu'elles appartiennent,
qu'elles soient herbaces ou ligneuses, annuelles ou vivaces,
qui ont besoin d'appuis pour s'lever et se maintenir dans
l'attitude qui convient leur nature. Cette facult de grimper,
laquelle nous donnons le nom de clmatisme (1), implique tous
les degrs, depuis celui o la plante, encore ferme sur sa
tige, n'a besoin que de s'appuyer sur les vgtaux voisins pour
rsister aux efforts du vent, jusqu' celui o ses sarments
s'enroulent aux tiges et aux rameaux des autres plantes ou les
saisissent dans leurs vrilles. Le rosier des Alpes, aux pousses
longues et menues, le jasmin, la pervenche de nos bois, etc.,
sont au premier degr du clmatisme; les liserons, labryone,
les passiflores et quantit d'autres plantes en marquent au
contraire le degr le plus avanc.
Nous distinguons quatre modes particuliers de clmatisme,
savoir : 1 celui qu'on pourraitappeler par enchevtrement, et
qui consiste en ce que la plante, dpourvue d'organes de
(1) Du
grec
~xXrjpLa, ~xX^octo;, sarment.
prhension et non volubile, se borne insinuer ses ramifications dans les massifs de la vgtation environnante, auxquels
elle s'enchevtre, sans exercer sur elle aucune compression;
le chvrefeuille, les ronces, les clmatites de nos haies, etc., en
fournissent des exemples connus de tout le monde 2 le clmatismepar prhension, lorsque la plante, tout en s'introduisantdans les fourrs de la vgtation voisine, s'y accroche
l'aide devrilles, commelavigne, les passiflores, les gesses, etc.;
3 le clmatismeparenroulement, qui caractrise les liserons,
le houblon, le haricot d'Espagne et une multitude d'autres
plantes qui reoivent la qualification de volubiles;4 enfin,
le mode par juxtaposition, dans lequel les tiges sarmenteuses s'appliquant sur les corps solides qui sont leur
porte, comme le tronc des arbres, les rochers ou les murs,
radiculaires,
l'aide
qui
adhrent
de
fortement
crampons
y
se moulent sur les moindres asprits de ces corps. Tel est,
entre autres exemples que nous pourrions citer, le cas du lierre
de nos climats, qu'on voit s'lever ainsi jusqu'au sommet des
plus grands arbres ou couvrir trs-solidement de larges surfaces de mur ou de
La vgtation grimpante joue un rle considrable dans
l'conomie de la nature. Rare et peu dveloppe dans les rgions arctiques, parce que les plantes qui pourraient lui
servir d'appui y sont rares elles-mmes, on la voit gagner du
terrain mesure qu'on se rapproche davantage des climats
chauds, o elle atteint son plus haut degr de dveloppement. Dans nos pays temprs les plantes grimpantes sont
dj assez nombreuses, mais la plupart sont encore de simples
herbes, quoique ordinairement elles soient vivaces par la racine. Entre les tropiques, au contraire, et surtout dans la
rgion quatoriale, la grande majorit des vgtaux grimpants est ligneuse et peut vivre de longues annes; souvent
mme ce sont de vritables arbres tiges enroulantes, qui
treignent et touffent les autres arbres sous leurs gigantesques
replis. Dans ces rgions torrides, o les plantes ont besoin
de crotre en massifs serrs pour rsister aux ouragans et aux
ardeurs desschantes du soleil, les plantes grimpantes com-
rocher.
blent les vides que les arbres laissent entre eux, et, courant de
l'un l'autre, s'entremlant leurs branches, descendant
terre pour remonter encore, elles font d'une fort entire un
immense entrelacement, qui rsiste aux temptes les plus violentes. C'estlleur rle utile dans la nature, mais elles ont aussi
leur ct pittoresque, et il est peu de voyageurs qui, pntrant
dans ces sombres forts des rgions quatoriales, n'ait t saisi
d'admiration la vue de ces prodigieuses guirlandes qui les
enserrrent de tous cts, et qui sembleraient, au premier
abord, n'avoir d'autre but que de leur servir de dcoration.
L, presque toutes les familles naturelles fournissent des espces grimpantes quelque degr; on en trouve mme dans
celle des palmiers (Calamus, Dmonorops, etc. et, tant en
Amrique que dans l'ancien continent, on voit de ces vgtaux dont les tiges grles, souples et plus rsistantes que des
cbles, courent d'arbre en arbre, quelquefois sur plus de
cent mtres de longueur.
Dans le jardinage d'agrment les plantes grimpantes tienbien qu'on ne paraisse pas
nent une place fort importante
avoir partout ni toujours compris le parti qu'on en pouvait tirer. Elles se prtent aux emplois les plus varis, comme
tapisser des murs ou desrocailles, couvrir des treillis, des
tonnelles et des berceaux, s'enrouler aux piliers de galeries
couvertes, courir sur des fils mtalliques, grimper sur les arbres ou sur des tuteurs, enguirlander les fentres des appartepaissir les haies vives, dissimuler les haies sches
ments
sous leur feuillage et leurs fleurs, etc. Enfin, mme dans le
parterre, elles s'associent avantageusement aux plantes de
plate-bande, la condition d'tre convenablement choisies
et de ne point masquer les autres plantes. En tout ceci, du
reste, il faudra se conformer aux principes que nous avons
exposs plus haut, et dont l'application est essentiellement une
affaire de got.
La culture des vgtaux grimpants, considre d'une manire gnrale, ne diffre par rien d'essentiel de celle des
plantes dont nous avons parl dans les chapitres prcdents.
On y trouve, comme chez elles, les exigences les plus diverses
),
relativement aux sols et aux climats; ce qu'il leur faut de plus
qu' ces dernires, ce sont des tuteurs ou des points d'appui
appropris leur mode de clmatisme : des perches plus ou
moins hautes, des fils d'archal tendus verticalement oules
tiges d'autres plantes pour les espces volubiles; des treillis
ou de la rame pour celles qui s'accrochent l'aide de vrilles;
des buissons ou mme des arbres touffus pour celles qui se
soutiennent par l'entrelacement de leurs rameaux. Le choix
de ces diffrents genres de soutiens n'est pas indiffrent pour
le succs de la culture, et les plantes grimpantes sonttoujours
d'autant plus belles deport, et mme d'autant plus vigoureuses
et plus fleurissantes, que ces soutiens sont plus conformes
leurs habitudes et mieux proportionns leur taille. Il en est
qui tendent d'une manire presque invincible s'lever verticalement, et qui se dforment ou s'affaiblissent si ce besoin
de leur nature est contrari; d'autres, au contraire, ont plus
de propension s'tendre dans le sens horizontal; quelquesunes enfin, aprs avoir dpass leurs soutiens, s'arrondissent
en dme et laissent pendre leurs rameaux dans toutes les directions. L'art de l'horticulteur consiste ici tenir compte de
ces aptitudes diverses et en tirer le meilleur parti pour l'embellissement des jardins et l'agrment du coup d'il. Toutes
pleine terre, car
cesplantes appartiennent essentiellement
leurs racines ou leur rhizomes se dveloppent naturellement
en proportion de l'abondance du feuillage pour contrebalancer, par une puissante aspiration de l'humidit de la terre,
la grande vaporation dont il est le sige; nanmoins il en est quelques-unes, surtout parmi les espces annuelles, qui peuvent se cultiver avec succs en pots ou en caisses, et par l
servir orner les fentres ou les balcons. Dans ces conditions,
toutefois, elles veulent tre plus copieusement arroses que
si elles croissaient en pleine terre.
Beaucoup de plantes grimpantes sont uniquement recherches pour la beaut de leurs fleurs, mais il en est un grand
nombre aussi dont tout l'intrt rside dans leur feuillage,
ample, lgamment dcoup, lustr, panach et surtout
propre donner de l'ombre. Quelques-unes y ajoutent des
la
fruits curieux de forme ou d'un brillant coloris. Avec les espces fleurissantes, de mme qu'avec les plantes basses du
parterre, on peut obtenir tous les contrastes de couleurs dont
nous avons parl, soit qu'on entremle sur un mme tuteur
plusieurs espces ou varits diffremment colores, soit
qu'on les fasse alterner sur des tuteurs diffrents, le long des
alles du jardin. Un point essentiel observer, c'est que les
groupes isols, et ordinairement de forme pyramidale quand
lesplantessontvolubiles, soient denses, richement pourvus
defeuilles et d'une forme rgulire. La mme recommandation
s'applique celles qu'on fait grimper sur desmurs ou sur
des treillis, et qui doivent les masquer entirement la vue.
Quelle que soit du reste l'paisseur du feuillage, les fleurs
s'en dgagent presque toujours pour s'panouir l'air et la lumire; il n'y a qu'un trs-petit nombre d'espces qui fassent
exception cette rgle.
Les plantes grimpantes sont de celles auxquelles la lumire
du soleil est le plus ncessaire. Cultives dans des lieux insuffisamment clairs, elles s'allongent outre mesure sans
fleurir, et ordinairement mme elles se dgarnissent prmaturment de leurs feuilles sur celles de leurs parties qui
restent dans l'ombre. Ce fait, qui est peu prs gnral,
indique suffisamment qu'on doit leur rserver les expositions les plusouvertes la lumire. Si parmi celles qu'on
cultive il s'en trouve qui ne soient qu'incompltement rustiques pour le climat du lieu, on les applique sur des murs
tourns au midi, et il n'est pas rare alors d'y voir prosprer
des espces que leur provenance mridionale aurait pu faire
supposer de prime abord incultivables l'air libre. Ces conditions, au surplus, sont celles d'un arbre d'espalier, et personne n'ignore quel accroissement de chaleur et quel bnfice en rsultent pourles plantes qui y sont soumises.
Les plantes grimpantes s'adaptent tous les genres d'horticulture
aux plus petits jardins comme aux plus grands
toutefois leur choix est surbordonn aux conditions locales,
et il faut un crtain discernement pour le faire. Si le parterre
est entour de murs, s'il est adoss une haie ou bord d'ar-
bres sur un de ses cts, s'il y existe une tonnelle ou quelques
treillis, ce sont autant de soutiens tout prpars pour recevoir
des plantes sarmenteuses. Dans le cas o le jardin seraittrsgrand, ces mmes plantes, soutenues par des tuteurs, pourront s'lever en pyramides au milieu des corbeilles ou tre
places distances rgulires sur les plates-bandes, alternant
avec des arbustes ou d'autres plantes fleuries. Mais c'est principalement dans le jardin paysager qu'elles trouvent un facile
emploi, celles-l surtout qui sont ligneuses et de grande taille
et qui peuvent avec les annes s'lever jusqu'au sommet des
arbres les plus grands. Il est telle de ces lianes, certaines clmatites ou passiflores parexemple, dont un seul individu
peut envelopper la tte entire d'un arbre et la couvrir de
fleurs. Nous avons peine besoin d'ajouter que c'est, dans les
pays mridionaux, o on recherche l'ombre, que les grandes
espces ligneuses sont le plus habituellement cultives ; c'est
l aussi qu'elles trouvent le climat le plus appropri leur
nature.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, il existe des plantes
grimpantes dans presque tous les types de la vgtation phanrogame; la grande classc des fougres elle-mme n'en est
pas entirement dpourvue. Cependant le clmatisme n'est
pas uniformment distribu entre toutes les familles dans
quelques-unes il est entirement inconnu; dans un trs-grand
nombre d'autres il n'est qu'exceptionnel mais il en est aussi
o il devient si gnral qu'on doitleconsidrer comme la rgle.
Les aristoloches, les convolvulaces, les cucurbitaces, beaucoup de grandes coupes gnriques, ou mme des tribus entires
dans d'autres familles, sont presque exclusivement composes
de plantes grimpantes. Il rsulte de l des groupes d'espces
auxquelles leurs analogiesde port et de temprament assignent
les mmes usages horticoles. De l aussi l'ordre que nous
avons d suivre dans leur description, ordre indiqu par la
nature elle-mme, et qui consiste les grouper par familles.
Il y avait toutefois une distinction faire entre ces plantes
au point de vue de la consistance ou de la dure de leurs tiges,
distinction importante pour la pratique, puisqu'elle a trait
des modes de culture et des emplois diffrents. C'est ce qui
amens
diviser les plantes grimpantes en deux
nous a
l'une comprenant les espces tiges
grandes catgories
annuelles, l'autre les espces tiges ligneuses et prennantes;
les premires, sauf quelques exceptions, mieux appropries
aux parterres et aux climats du nord, les secondes aux jardins
paysagers
aux climats du midi. C'est qu'effectivement beaucoup deplantes grimpantes exotiques, annuelles parleurs
tiges, mais vivaces par leurs racines ou leurs rhizomes enfouis sous terre, deviennent capables par ce seul fait de
braver toutes les intempries des saisons, tandis que les espces tiges prennantes n'y rsistent qu' la condition d'tre
naturellement rustiques ou artificiellement abrites contre le
froid. C'est ce qui explique pourquoi le nombre des plantes
grimpantes cultivables l'air libre en France est au moins
quatre fois plus grand dans le midi que dans le nord.
et
II.
PLANTES GRIMPANTES A TIGES ANNUELLES.
Monocotyldones grimpantes.
La grande classe
des monocotyldones, quoique proportionnellement moins
riche en espces grimpantes que celle des dicotyldones, nous
en offre cependant plusieurs qui sont des plantes d'agrment dignes d'intrt. La plupart, il est vrai, appartiennent la serre chaude ou la serre tempre sous nos climats; nanmoins il en est quelques-unes qui peuvent, sur un
point ou sur un autre de la France, entrer dans la dcoration
des jardins de plein air.
Parmi les espces tiges annuelles, celles qui priment
toutes les autres, sous le rapport de la beaut, sont les liliaces du genre mthonique (Methonica ou Gloriosa), des rgions tropicales et subtropicales de l'ancien continent. Ce sont
des plantes racines tuberculeuses et vivaces, dont les tubercules se renouvellent tous les ans comme ceux de nos orchides indignes, tiges annuelles, grles, non volubiles,
grimpantes l'aide de leurs feuilles lancoles, dont la nervure
1
mdiane se prolonge en une sorte de vrille prhensile. Leurs
fleurs, de la grandeur de celles d'un lis moyen, pdoncules,
solitaires aux aisselles des feuilles suprieures et nutantes,
sont irrgulires en ce sens que leurs six ptales, onguiculs
et fortement rflchis, sont un peu djets d'un mme ct,
tandis que les six tamines et le style, qui est insr trs-obliquement sur l'ovaire, divergent dans un autre sens. A part
cette lgre irrgularit, les fleurs des mthoniques sont trsanalogues celles des lis, surtout des lis martagons, dont
elles reproduisent aussi les coloris.
Trois espces du genre existent aujourd'hui dans les jardins de l'Europe; ce sont la superbe ou mthonique du Malabar (Methonica ou Gloriosasuperba), plante de l'Inde, dont
les tiges, hautes de 2 3 mtres, portent des fleurs oranges
la mthonique du roi Lopold
ou plus ou moins rouges
(M. Leopoldi), de la cte occidentale d'Afrique, semblable
la prcdente par le port et la taille, mais fleurs jaunes,
quelquefois mouchetes de rouge orang et la mthonique
de Cafrrie (M. virescens), haute peine de 2 mtres,
fleurs d'abord verdtres, puis oranges. La mthonique de
Plant (M. Plantii des jardiniers) n'enest qu'une varit fleurs
un peu plus grandes et mi-parties de jaune et de rouge orang.
Cestrois belles plantes n'ont gure t cultives jusqu'ici qu'en
serre chaude ou en serre tempre; mais il en est une au
moins, la mthonique de Cafrrie, qui peut l'tre l'air libre,
au sud du 45e degr, dansles mmes conditions que lesautres
plantes bulbeuses de l'Afrique australe; on l'a mme vue
fleurir l'abri d'un mur jusque sous la latitude de Paris. La
mthonique de l'Inde et celle du roi Lopold, qui demandent
plus de chaleur, semblent devoir russir dans les parties les
plus chaudes du climat mditerranen, Alger, Ajaccio
Nice, partout en un mot o la temprature moyenne de l'hiver
degrs centigrades, peut10
de
9
au-dessous
descend
pas
ne
tre mme dans des localits moins favorises, condition que
les tubercules soient abrits pendant la mauvaise saison, si on
le juge ncessaire. Ce qu'on ne doit pas perdre de vue ici,
c'est que les bulbes et les tubercules des plantes tropicales
ont plus craindre l'humidit froide et prolonge de la terre,
en hiver, que le dficit de la chaleur en t, chaleur toujours
trs-leve aux alentours de la Mditerrane. Au surplus,
nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer le lecteur, pour
la culture des mthoniques, ce que nous avons dit dans un
chapitre prcdent au sujet des liliaces et des amaryllides
tropicales.
suite des mthoniques, il convient de mentionner
A
une autre liliace grimpante de Cafrrie. qui en est tout fait
voisine par le port et la vgtation, mais qui en diffre par
ss fleurs rgulires et de moiti plus petites; c'est le Littonia
modesta, plante tuberculeuse, tige simple, haute d'un
mtre, et dont les feuilles sont pareillement prolonges en
vrille. La couleur orange de ses fleurs est un autre trait de
ressemblance-avec la mthonique de Cafrrie, dont elle a le
temprament et qu'elle devra accompagner dans les jardins
mridionaux.
Toutes les liliaces ne se distinguent pas par l'clat des
fleurs; nanmoins, mme parmi les plus mal doues sous
ce rapport, il en est qu'on peut encore faire servir la dcoration des jardins. Quelques espces du genre Asparagus sont
dans ce cas, et dans le nombre il en est de grimpantes. Telle
est en particulier l'asperge des Canaries (A.Broussonnetii),
dont les tiges, grles et flexueuses, s'lvent, au moyen de tuteurs, 3 ou mtres. Leurs nombreux rameaux enchevtrs,
dont les dernires divisions ressemblent s'y mprendre aux
aiguilles des conifres, donnent lieu des touffes paisses de
verdure, d'un aspect particulier, que rehaussent en automne
de nombreuses baies rouges, semblables d'ailleurs celles
de l'asperge commune. Elle est rustique dans toute la France
mais elle convient mieux aux jardins du nord qu' ceux du
midi, o sa verdure est d'une moindre dure.
Les amaryllides grimpantes, ne tenir compte que de la
structure de leurs fleurs, devraient rentrer dans le genre des
alstrmres, dont on ne les a spares qu' cause de leur port,
sous le nom de bomares (Bomarea). Ainsi que les alstrmres, ce sont des plantes de l'Amrique mridionale, vivaces
la
par leurs rhizomes fibreux, feuilles ovales ou lancoles, mais
dont les tiges grles et volubiles peuvent chez quelques espces
s'lever plusieurs mtres sur des tuteurs appropris. Toutes
ont les fleurs en ombelles plus ou moins fournies. Les plus
rpandues dans les jardins de l'Europe sont la bomare comestible (B. edulis), des Andes de la Nouvelle-Grenade,
fleurs rouge fonc en dehors, jaune pointill de rouge en dedans, et rapproches en grosses ombelles capituliformes; le
bomare du Chili (B. salsilla) (fig. 144), tige simple, dont
les fleurs, en ombelles terminales, sont mi-parties de rouge
et de vert, cette dernire teinte
occupant la moiti suprieure
des pices de la corolle, qui
portent en outre une macule
rouge brun leur extrmit;
enfin la bomare feuilles aigus (B. acutifolia), du Chili
comme la prcdente, qu'elle
rappelle d'assez prs par ses
fleurs, mais dont elle se distingue aisment sa taille,
beaucoup plus leve, et ses
feuilles, comparativement larges, presque ovales et trs-aigus. Toutes ces espces sont
peu prs rustiques dans
dela France
midi
le
l'ouest
et
Fig. 144. Bomare du Chili.
Paris, et dans tout le nord,
elles peuvent fleurir l'air libre, mais les rhizomes doivent
tre abrits l'hiver en orangerie ou sous les chassis.
On pourrait encore ajouter cette liste de monocotyldones grimpantes tiges annuelles un petit nombre de dioscoraces des genres Tamnus et Dioscora, mais l'insignifiance de leurs fleurs permet peine de les compter parmi
les plantes d'ornement du dernier ordre. Signalons cependant
l'igname de Chine (Dioscora Batatas), que ses tubercules
comestibles rendent intressante un autre point de vue, et
dont les fleurs ont quelque chose du parfum de l'illet; le
sceau de Notre-Dame ou herbe aux femmes battues (Tamnus
communis), grande herbe dioque et volubile comme la prcdente, laquelle elle ressemble par le feuillage, et qui est commune dans les haies du nord de la France par leurs baies, qui
deviennent rouges en automne, les individus femelles peuvent
tre considrs comme ayant quelque valeur ornementale;
enfin, le pied d'lphant Tamnus elephantipes), du cap de
Bonne-Esprance, remarquable par sa grosse souche demila surface en faligneuse, de forme arrondie, dcoupe
cettes polygonales, etd'o sortent tous les ans de longues tiges
sarmenteuses et ramifies. Cette plante sans beaut, mais curieuse, et jusqu'ici cultive dans les serres, viendrait probablement l'air libre dans toutes les parties tides du midi de
l'Europe.
Dans un paragraphe suivant nous parlerons des monocotyldones grimpantes tiges persistantes.
2 Papillonaces. Le groupe des papilionaces, dans
la famille des lgumineuses, renferme un nombre considrable d'espces grimpantes, annuelles ou vivaces, dont quelques-unes ont t introduites dans les jardins d'agrment.
Parmi les espces annuelles ou seulement vivaces par la racine
nous distinguerons
Lesgesses (Lathyrus),dont
plus intressante est lepois
de senteur ou gesse odorante (L. odoratus) (fig. 145), plante
annuelle du midi de l'Europe ou d'Orient, feuilles ailes et
termines par des vrilles, s'levant 1m,50 ou plus, dont les
fleurs papilionaces, un peu grandes, en grappe dresse et
dlicieusement parfumes, sont roses ou violettes, quelquefois
toutes blanches ou panaches. On le sme au printemps, en
pots et sur couche, ou plus simplement en place, et on lui
donne des tuteurs branchus ds qu'il commence s'lever,
moins qu'il ne soit porte d'une autre plantebuissonnante
laquelle il puisse accrocher ses vrilles. Le pois de senteur
est une charmante plante de parterre, dont les grappes, longuement pdoncules, entrent facilement dans la composi-
la
tion des bouquets.
Une seconde espcedu
genre, pareillement
recommandable, estla
gesse grandes fleurs
(L. grandiflorus), du
midi de l'Europe, vivace par sa racine,
hautede2 3m, fleurs
grandes, en grappe,
roses ou pourpres,
mais peu prs sans
odeur. C'est une belle
plante d'ornement,
qui convient pour
garnir les treillis et
les haies, mais que sa
taille,dj leve, rend
plus propre la dcoration des grands jardins que des simples
parterres. Nous en dirons autant de la gesse
grandes feuilles ou
Fig. 145. Pois de senleur.
poisbouquets (L. latifolius)(fig. 146), pareillement vivace, ainsi que de beaucoup
d'autres espces du mme genre, indignes ou exotiques, qui
peuvent servir aux mmes usages, et qui figurent surtout
avantageusement dans les haies et les buissons.
Les haricots (Phaseolus), genre o nous trouvons aussi deux
belles plantes d'ornement grimpantes, mais dpourvues de
vrilles tvolubiles. La premire estleharicotd'Espagne ou haricotcarlate (Ph. coccineus), originaire de l'Amrique duSud,
o il est vivace, mais qui est cultiv comme plante annuelle
sous nos climats. Ses tiges grles et enroulantes s'lvent, sur
les tuteurs, 3 ou 4 mtres, et donnent pendant la plus
grande partie de l't de nombreuses grappes de fleurs rouge
carlate. Ses graines,
semblables aux haricots
comestibles, mais beaucoup plus grosses, sont
violettes et marbres de
brun dans la forme type
elles perdent plus ou
moins ces teintes, et deviennent mme entirement blanches dans les
varits fleurs dcolores qu'on cultive assez
communment avec la
varit rouge, la quelle
elles sont infrieures
comme plantes ornementales. Ces graines
sont la rigueur comestibles cependant on les
accuse d'avoir caus des
Fig. 146. Pois bouquets.
empoisonnements (1),
peut-tre pour avoir t ingres en trop grande quantit la
seconde espce est le haricot caracolle ou haricot limaon. (Ph.
Caracalla), de l'Amrique du Sud comme le prcdent, vivace
et mme ligneux dans les pays chauds, mais restant herbac
sous nos climats, o on ne le conserve d'une anne l'autre
qu'en remisant le pied dans une orangerie. Ses fleurs, trois
fois plus grandes que celles du haricot d'Espagne et d'un
blanc ros, sont remarquables surtout par le dveloppement de
la carne, contourne en spirale ou en limaon. Cette espce
(1) Plusieurs espces de lgumineuses de la
tribu des phasoles sont trs-vn-
neuses. Il nous suffira de citer l'Anagyrisftida, du midi de la France, dont la
graine, exactement semblable celle d'un haricot comestible, a caus de nombreux accidents, et le Physostigma venenosum, ou fve du Calabar, de la cte
occidentale d'Afrique, qui est un des poisons les plus redoutables que l'on connaisse.
D'autres lgumineuses,qui n'appartiennent pas la tribu des phasoles, sont doues
de proprits analogues c'est le cas, entre autres, de la jarosse Lathyruscicera) ,
dont les graines sont vnneuses, quoique l'herbe soit fourragre.
russit mdiocrement Paris mais elle devient trs-grande
et trs-belle dans le midi de l'Europe, o mme elle mrit ses
graines. Dans le nord on ne la multiplie gure que de boutures.
3 Liserons Convolvulus, Calystegia,Ipoma, Pharbitis, Calonyction, etc.). Les liserons tiges volubiles, types de la
famille des convolvulaces, tiendront toujours le premier rang
parmi les plantes grimpantes de nos jardins, au moins dans le
nord de la France, d'o sont exclues, par le manque de chaleur de l't ou la rigueur des hivers, beaucoup d'autres plantes
non moins belles qui prosprent sous des climats plus doux. La
plupart des liserons sont vivaces par leurs racines, qui rampent
souvent fortloin sous terre, et deviennent mme charnues dans
quelques espces; mais il en est aussi d'annuels, ou du moins
qu'on traite comme tels dans nos jardins, et qui sont sems tous
les ans. Personne n'ignore que leurs tiges, grles et dlies, dpourvues de vrilles, s'lvent en s'enroulant autour des tuteurs
nous devons rappeler cependant qu'il existe aussi des liserons
peu ou point volubiles, par exemple le liseron tricolore ou
belle de jour, que nous avons class plus haut parmi les
plantes de plate-bande.
Dans tous les liserons la forme de la corolle est caractristique : c'est une sorte d'entonnoir plus ou moins grand,
plus ou moins vas, quelquefois d'un blanc pur, plus souvent par des plus belles teintes du rose, du rouge orang,
du pourpre, du violet ou du bleu. Les feuilles sont tantt cordiformes, tantt hastes ou sagittes, tantt enfin dcoupes
en digitations plus ou moins nombreuses ou mme franges.
La hauteur laquelle ils peuvent atteindre varie suivant les
espces; quelques-unes ne s'lvent pas un mtre, d'autres
peuvent en dpasser dix. En gnral ces espces ont d'autant
plus de chance de russir dans le nord qu'elles prennent moins
de dveloppement et qu'elles sont plus hatives. Celles qui
deviennent trs-grandes, comme par exemple le liseron
feuilles digites, ne fleurissent gure en plein air que dans le
climat mditerranen; Paris elles appartiennent peu prs
toutes la serre chaude, ou tout au moins la serre tempre.
Parmi les nombreuses espces de ce genre nous devons
citer, comme tant les plus rustiques 1le liseron des champs
Convolvulus arvensis), plante vivace, vulgaire dans toute la
France et considre comme une des plus mauvaises herbes
de nos jardins, o le moindre fragment de ses racines suffit
pour la reproduire. Malgr l'aversion dont elle est l'objet, on
ne peut nier qu'elle n'ait quelque beaut et qu'elle ne revte
fort agrablement les haies de ses clochettes roses 2 le liserondeshaies(ConvolvulusouCalystegia sepium), autre espce
indigne et vivace, dont les fleurs, d'un blanc de neige, sont
le plus bel ornement des grandes haies vives pendant l't. Il en
existe des varits roses, tant de l'Europe que de l'Amrique
septentrionale, qu'on trouve assez frquemment dans les
jardins; 3 le liseron de Dahourie (Calystegia dahurica),
de l'Asie centrale, vivace, rustique, racines traantes,
corolle rose fonc, fleurissant pendant tout l't et une partie
de l'automne; 4 le liseron de Chine(Calystegia pubescens),
vivace et rustique comme les prcdents, fleurs rose clair,
pleines dans une de ses varits, ne s'levant gure qu' 2 ou
3 mtres; 5 le liseron de Provence (Convolvulus althoides)
,
charmante espce de la rgion mditerranenne, vivace,
demi-rustique dans le nord feuilles entires ou dcoupes
suivant l'ge de la plante, montant 1m,50 ou 2 mtres sous
le climat de Paris, mais devenant beaucoup plus grande
dans sa rgion natale, fleurs rose tendre; 6 le liseron
de Jacquemont (Convolvulus ou Jacquemontia clestis), eharmante espce du Npaul, fleurs bleu de ciel, de moyenne
grandeur; 7 le liseron deMauritanie Convolvulusmauritanicus), de im 1m,50, demi-rustique sous le climat de Paris,
fleurs moyennes, d'un violet fonc cultive en caisse et dresse sur un treillis, cette espce peut devenir une agrable
plante d'appartement 8 le liseronpourpre (Ipomapurpurea,
Pharbitishispida, Convolvulus mutabilis) (fig. 147), plante annuelle de l'Amrique du Sud et une des plus populaires du
genre, rustique, haute de 34 mtres, feuillescordiformes,
corolles grandes, violet fonc dans le type, mais tournant au
rose, au rouge carmin, au bleu plus ou moins violac, quelquefois panaches de deux ou trois couleurs ou entirement
>
Fig. 147. Liseron pourpre.
blanches; c'est l'espce que les jardiniers parisiens dsignent
le plus souvent sous le nom de volubilis 9 le liseron Bonnenuit (Ipomabonanox, Calonyction speciosum), du mme pays
que le prcdent et annuel comme lui, demi-rustique dans le
nord, s'levant 3 ou 4 mtres, feuilles ovales-acumines et
dont les grandes corolles infondibuliformes, d'un rose violac,
s'ouvrent ordinairement dans la soire; 10 le liseron margin
(PharbitisouIpoma limbata), de l'Amriquedu Sud etannuel,
feuilles cordiformes ou plus souvent trilobes, fleurs pourpre fonc, margines de blanc 11 le liseron bleu de Michaux
ou liseron Nil (Ipoma Nil), de l'Amrique du Sud annuel,
feuilles trilobes, fleurs bleu d'azur, lgrement teint de
violac; 12 le liseron carlate ( Ipomacoccinea), des Antilles,
annuel, demi-rustique Paris, haut de 2 3 mtres, feuilles
cordiformes, fleurs rouge carlate, quelquefois blanches
par dcoloration; 13 enfin le liseron feuilles lacinies ou
quamoclit cardinal ( Quamoclitvulgaris ), originaire de l'Inde,
annuel, demi-rustique dans le nord, trs-distinct de toutes
lesespces prcdentes par ses feuilles, divises en lanires
troites, fleurs comparativement petites mais d'un rouge
carmin trs-vif; cette jolie plante a quelque peine russir
sous
climat de Paris, o elle demande une exposition mridionale et abrite.
Beaucoup d'autres espces, toutes vivaces par la racine et
trop dlicates pour pouvoir tre habituellement livres la
pleine terre dans le nord de la France, o elles appartiennent
la serre tempre, et souvent mme la serre chaude, prosprent cependant l'air libre au voisinage de la Mditerrane. La plupart sont de grande taille, atteignant de 5 8
mtres ou plus, et fleurissent tardivement, c'est--dire en
aot, septembre et octobre. De ce nombre sont 1le liseron
feuilles digites (Ipoma digitata), des Antilles, forte
plante rhizome charnu, caractrise par ses feuilles glabres,
6 ou 7 lobes profonds et troits, reprsentant une main ouverte avec les doigts carts les fleurs en sont grandes, abondantes, d'un lilas violac, trs-belles et trs-abondantes lorsque
la plante crot l'air libre; 2 le liseron de Lindley (Ipoma
Lindleyi), de Madagascar, feuilles cordiformes, fleurs en
grappes, d'un beau rose carmin; 3 le liseron grandes fleurs
(Ipoma grandiflora), superbe espce du Mexique, feuilles
ovales-cordiformes, remarquable surtout par la grandeur de
ses corolles d'un blanc pur et dlicieusement parfumes; .ces
belles fleurs s'ouvrent la tombe de la nuit et se ferment
dans la matine du lendemain; 4 le liseron azurduMexique
(Pharbitis rubro-crulea), feuilles largement cordiformes,
trs-grandes corolles d'un bleu d'azur; 5 le liseron de Lar
(IpomaLearii
de l'Amrique mridionale, feuilles cordiformes, un peu velues, trs-grandes fleurs pourpres ou
bleu violac 6 le liseron de Hooker ( Ipoma tyrianthina), du
Mexique, racines tubreuses comme le prcdent, et dont les
grandes fleurs rivalisent par la vivacit de leurs coloris avec
le
),
celles du ptunia pourpre 7 le liseron feuilles defiguier
(Ipoma ficifolia), du Brsil mridional, feuilles cordiformes, mais divises en 3 ou 5 lobes obtus, et dont les fleurs
sont presque identiques de coloris celles du liseron feuilles
digites 8 le liseron d'Hartwey (Calboa globosa), trs-belle
plante du Mexique, tiges frutescentes, dont les corolles
pourpres sont longuement tubuleuses, avec un limbe campanul et quinqulob. Beaucoup d'autres liserons pourraient
encore tre ajouts cette liste, mais avec une mdiocre utilit, attendu qu'ils rptent bien peu prs les prcdents
par leur feuillage et leurs fleurs.
Dans toutes les espces numres ci-dessus les fleurs sont
blanches, roses, pourpres, bleues ouviolaces, mais on connat aussi des liserons fleurs jaunes, qui, sans tre trs-brillants, peuvent cependant faire un agrable contraste avec leurs
congnres autrement colors. Telles sont, entre autres, le
liseronjaunedeJava (Calonyctiondiversifolium,var.sulfureum),
de l'Asie mridionale, qui n'est rustique que dans le midi de
la France, et le liseron jaune de Chine (Convolvulus ou Shutereia bicolor), fleurs moyennes, d'un jaune nankin ple,
avec une macule violette dans la gorge. Il est plus rustique que
le prcdent.
Tous les liserons n'ont pas les tiges annuelles; il en est quelques-uns oces organes deviennent, ligneux etpersistants; c'est
particulirement le cas de ceux que les botanistes ont rangs
dans legenreArgyreia, cause de leurs fruitscharnus(A.splendens, hirsuta, Choysiana, etc. ). Ils sont de serre chaude ou
de serre tempre dans le nord de la France, mais ils passent
assez facilement l'hiver en plein air dans les localits les plus
chaudes du climat mditerranen. A part leurs feuilles,
soyeuses en dessous et comme argentes, la consistance de
leur tige et le caractre de leurs fruits, ils ne diffrent par
rien d'essentiel des liserons proprement dits, et font, pour
ainsi dire, double emploi avec eux.
La culture des liserons n'offre d'autres difficults que celles
qui sont inhrentes au climat. Toutes les espces rustiques ou
demi-rustiques se propagent de graines, semes en place au
printemps, ou en pots sous chssis, si on tient en avancer la
celles qui sont vivaces se multiplient en outre d'ellesmmes par leurs rhizomes qui passent l'hiver sous terre et
pullulent au printemps, par exemple les espces des genres
Convolvulus et Calystegia, qui sont principalement dans ce
cas. Les espces annuelles d'Amrique, transportes dans le
nord de la France, se plaisent aux expositions mridionales et
abrites, et elles ne viennent nulle part mieux sous ce climat
qu'audevant des murs tourns au midi. Quant aux liserons
cultivs en serre chaude et qui n'y donnent des graines
qu'exceptionnellement, on les reproduittrs-facilement de
boutures, moins qu'on ne prfre en faire venir des graines
d'autres pays mridionaux. Toutes les espces,
de Provence
quelles qu'elles soient, aiment le soleil et le grand air et veulent tre modrment arroses en t.
3 Capucines (Tropolum). Le genre capucine, qui constitue presque lui seul toute la famille des tropoles, appartient exclusivement l'Amrique, et principalement la
grande chane de montagnes qui la parcourt du nord au
sud, du Mexique au Chili mridional. Ses espces connues,
dj assez nombreuses, sont toutes des plantes d'une certaine valeur ornementale quelques-unes mme sont censes
appartenir au jardinage potager.
Toutes les capucines sont grimpantes, quoique non volubiles
et dpourvues de vrilles mais elles supplent au dfaut de ces
organes par les inflexions de leurs tiges et des ptioles de leurs
feuilles. Les tiges sont herbaces et un peu succulentes, et
'les feuilles peltes, orbiculaires, triangulaires ou diversement lobes, quelquefois divises en vritables folioles;
les fleurs, solitaires aux sommets de longs pdoncules, sont
de moyenne grandeur, un peu irrgulires, longuement
peronnes, gnralement jaunes, oranges, carlates, rouge
ponceau ou jaune brun, rarement d'une autre teinte. Toutes
ces plantes contiennent un suc cre et piquant, trs-analogue
celui du raifort; aussi leurs feuilles et surtout leurs fleurs
sont-elles employes comme condiments dans les salades. Les
espces sont les unes annuelles, les autres vivaces par des
floraison
et
;
,
rhizomes ou mme par de vritables tubercules comme ceux
dela pomme de terre; elles sont rustiques ou demi-rustiques
dans le nord dela France pendant la belle saison, mais les
rhizomes des espces vivaces doivent tre abrits l'hiver pour
n'tre pas dtruits par la gele.
Au nombre des espces annuelles, qui se multiplient de
graines semes au printemps, le plus souvent en place et exposition chaude, nous citerons
1 la grande capucine ou
capucine proprement dite (T. majus) (fig. 148), originaire du
Fig.
148.Grande capucine.
Prou, plante populaire et qu'on trouve dans tous les jardins;
ses fleurs, plus grandes que celles des autres espces, sont
orang rouge dans le type, mais elles ont pris, par suite de la
culture, des teintes assez notablement diffrentes de la couleur
primitive; ainsi on en connat des varits dont les fleurs sont
jaune ple ou mme presque blanches, tandis que d'autres les
ont de couleur mordore, pourpre-brun ou couleur feuille
morte, et quelquefois mouchetes de brun sur fond jaune 2 la
capucine naine (T. minus), du mme pays que la grande capu-
cine, dont elle ne diffre que par sa taille, moindre, ses fleurs,
plus petites, et d'un orang plus rouge; elle a donn plusieurs
varits, dont une fleurs doubles et d'un rouge assez vif 3 la
capucineplerine ou pagarille (T.aduncum ), des montagnes du
Mexique,trs-faciledistinguer des prcdentes par ses feuilles,
trois ou plus souvent cinq lobes obtus et divergents, et par
ses fleurs, jaune-clair, d'une forme un peu bizarre; 4 la capucinede Wagner (T. Wagnerianum), des Andes de la NouvelleGrenade, feuilles un peu triangulaires et dont les fleurs
ont l'peron carlate et les ptales bleu violac; 5 la capucine de Lobb (T. Lobbianum), du mme pays que cette dernire,
mais plus grande, plus forte, feuilles arrondies et un peu
velues, fleurs carlates et ptales frangs comme elle
devient comparativement trs-grande, elle fleurit tardivement
et difficilement sous le climat de Paris l'air libre, mais elle
russit fort bien en Provence, o mme elle a donn de nombreuses et belles varits 6 enfin la capucine de Decker
(T. Deckerianum), plante de l'Amrique quatoriale, tiges
grles, feuilles triangulaires et fleurs azures, avec l'peron d'un rouge assez vif.
Les espces rhizome vivace rptent trs-peu prs les
espces annuelles que nous venons de dcrire; il nous suffira
de citer parmi celles qui ont t introduites dans les jardins
1 la capucine tubreuse ( T. tuberosum), du Prou et de la Bolivie, feuilles peltes et fleurs jaunes peu diffrentes de
celles de lagrande capucine; ses tubercules, assez semblables
Ji des pommes de terre par le volume et la forme, servent
la multiplier concurremment avec les graines; en Europe on
a vainement essay, cause de leur cret (1), de leur donner
En Bolivie, d'aprs M.Weddell, les tubercules de la capucine tubreuse,
dsigns sous les noms d'ysaos ( prononcez ysagnos) et de taiachas, entrent communment dans la nourriture du peuple, mais ils ne sont comestibles que cuits et
gels.On les fait cuire d'abord, puis on les expose la nuit dans un lieu biendeouvert, o ils sont saisis par la gele, qui arrive peu prs toutes les nuits sur
les hauteurs o la planteest cultive. Il faut les manger avant qu'ils ne dglent,
et dans cet tat ils sont croquants et constituent un mets assez agrable, surtout
aprs avoir t tremps dans de la mlasse. La difficult est de les empcher de
dgeler pendant le jour, ce qui oblige les tenir l'ombre, envelopps d'une
toffe de laine et recouverts de paille.
(1)
des emplois culinaires; 2 la capucine tricolore (T. tricolor),
des mmes pays, mais plus petite que la prcdente, dont
elle se distingue surtout par ses feuilles, cinq folioles; 3 la
capucine blanche (T. albiflorum ), du Chili, feuilles profondment divises en 5 lobes divergents et fleurs blanches, dont le centre est jaune ple, avec des lignes rouge
orang la base des ptales 4 enfin la capucine bleue (T. cruleum, Rixeacrulea), dont les tiges et les branches sont
aussi menues qu'un fil coudre, et qui a les fleurs bleu
clair. Plusieurs autres espces (T. umbellatum, speciosum.
Smithii, brachyceras, crenatiflorum, chrysanthum, etc.) pourraienttre ajoutes sans grande utilit cette liste.
On aspar dugenre Tropolum, causedeson fruitcharnu,
lacapucine cinq feuilles ( Chymocarpuspentaphyllus), qui en
diffre en outre par des fleurs tubuleuses, corolle courte et
verdtre, mais cependant de mme structure que celles des
capucines proprement dites. Elle est vivace par ses rhizomes
tuberculeux et grimpante la manire de ses congnres,
auxquelles elle est associe dans les jardins. Son feuillage,
lgamment divis en cinq folioles distinctes, et la couleur
rouge vif de ses calyces lui donnent un certain intrt comme
plante d'agrment.
Toutes les capucines sont employes aux mmesusages. On
les fait grimper sur des treillis ou des arbustes, le plus souvent le long des murs exposs au midi. Quelquefois aussi on
les lve en pots ou en caisses, pour la dcoration des galeries
ou des fentres; dans tous les cas on est oblig de les soutenir
sur des tuteurs ou des treillis de fil de fer. Les espces tiges
grles et bien feuillues, comme la capucine cinq feuilles et
la capucine bleue, sont celles qui conviennent le mieux pour
ce genre de culture. Toutes les espces, les espces annuelles
surtout, veulent de copieux arrosages dans la priode des
chaleurs.
Cobavulgaire
(Cobascandens) (fig. 149). Grande
plante grimpante du Mexique, vivace, feuilles ailes, composes de deux trois paires de folioles et se terminant par des
vrilles la manire de celles des pois et des gesses. Les fleurs
4
Fig. 149. Coba vulgaire.
sont monoptales, en cloche, d'un tiers plus grandes que celles
de lacampanule carillon (Campanula medium) et presque de
mme forme, d'un vert ple au moment o elles s'ouvrent, mais
prenant insensiblement une teinte violet fonc. Cette plante est
en grand honneur dans les villes du nord de la France, Paris
surtout, o on la voit frquemment cultive en caisses sur les
balcons ou les fentres. Dans les jardins elle sert comme toutes
les plantes grimpantes garnir des murs ou recouvrir des
erceaux. Sans tre trs-belle, elle a cependant de certains m-
rites, entre autres celui de crotre trs-vite et de demander
peu de soins. A Paris, o elle prit gnralement la fin
de l'automne, on ne la cultive gure que comme plante annuelle, en en semant tous les ans les graines sur couche
chaude, aux mois de mars et d'avril; les plantes sont mises en
place dans la premire quinzaine de mai. Dans la rgion du
midi le coba fleurit mme en hiver, et peut y durer plusieurs annes, mais les plantes ges de deux ou trois ans
valent rarement celles qui ont t semes dans l'anne mme.
Malgr la diffrence du port et de l'aspect des fleurs, le coba
a t plac par les botanistes ct de la polmoine bleue,
dans la famille des polmoniaces.
Le coba vulgaire n'est pas la seule espce du genre qui
ait t introduite en Europe; on en connat encore deux, les
C. stipularis et macrostoma, du mme pays; mais leurs fleurs,
d'un jaune verdtre sont si infrieures celles du premier
qu'on ne peut gure les considrer que comme des plantes
de curiosit. Elles sont d'ailleurs fort rares dans les jardins.
5 Maurandias (Maurandia). Genre de plantes de la famille des scrofularines, originaires du Mexique, vivaces,
demi-rustiques, pouvant s'lever 3 ou 4 mtres, ramifies et
trs-florifres. Leurs fleurs, de grandeurmoyenne, tubuleuses,
un peu irrgulires, limbe quinqulob, rappelant par leur
forme celles de plusieurs pentstmons, sont roses, pourpres
bleues ou violaces, quelquefois toutes blanches. Trois espces, qui ont donn naissance diverses varits, ont t
introduites dans les jardins, ce sont lemaurandia deBarclay
(M. Barclayana), fleurs violet fonc et relativement grandes,
dont le coloris peut varier du rose au pourpre le maurandia
floraisonperptuelle (M. semperflorens), dont les fleurs, un
peu moins grandes, sont d'un pourpre violac enfin le maurandia fleurs de muflier (M. antirrhiniflora), fleurs plus
petites encore d'un pourpre clair, et qui a produit des varits blanches et des varits roses.
Les maurandias sont de charmantes plantes d'ornement,
tant par la dlicatesse de leur feuillage que par l'abondance
de leurs fleurs, qui se succdent tout l't. Sans s'lever bien
haut, ils garnissent trs-promptement les treillis lesquels
sur
fait grimper et n'y laissent pas une place
les
en pleine terre
climats hivers doux, et devenant
vide. Vivaces
sous les
jBpie un peu ligneux la base de la tige les maurandias se
cultivent dans le nord de la France soit comme plantes annuelles
par des semis de printemps, soit comme plantes
bisannuelles, en semant la fin de l't et hivernant
plant
en-serre tempre ou sous chssis. Cette dernire mthode
estprfrable l'autre, en ce qu'elle donne des plantes plus
vigoureuses et surtout fleurissant plus tt. Pour les obtenir
belles, il faut les sortir des serres ds la fin d'avril ou commencement de mai, et les mettre en pleine terre ou dans
des pots proportionns leur taille et remplis de terre neuve
un peu engraisse; on arrose abondamment pendant les
chaleurs. Si la fin de l'automne on tient conserver les
plantes qui ont fleuri, on coupe leurs tiges un peu au-dessus
du sol et on les remet en pots pour les hiverner de nouveau.
Ajoutons que les maurandias reprennent trs-facilement de
boutures, soit froid pendant l't, soit sur couche chaude
pendant
autres saisons c'est d'ailleurs ce moyen que l'on
doit employer, de prfrence au semis, lorsqu'il s'agit de
conserver les varits.
6 Lophospermums Lophospermum). Autre genre de
scrofularines, trs-analogue aux maurandias et, comme eux,
originaire du Mexique, mais fleurs plus grandes. Trois espces ont t introduites dans les jardins d'agrment le lophospermum rose (L. erubescens ), grandes fleurs velues, roses ou
pourpres le lophospermum grimpant L.scandens), semblable
auprcdent, mais avec des fleurs glabres; et le lophospermum
d'Henderson (L. Hendersoni), qui n'est peut-tre qu'une varit du lophospermum grimpant, fleurs violet pourpre,
plus ou moins marquetes ou stries de blanc. Leurs usages et
eur culture tant exactement ceux des maurandias, nous nous
bernons renvoyer le lecteur ce que nous avons dit ci-dessus de ces derniers.
A la suite des lophospermums nous pouvons citer encore
c'est le rodochiton du
une plante qui en est trs-voisine
le
i.
le
les
Mexique(Rhodochiton volubilis), espce vivace, tige sous-liet
fleurs
les
remarquables
dont
la
grandeur
sont
gneuse,
par
la couleur rose de leur calyce ptalode et campanuliforme.
La corolle, presque semblable celle des lophospermums, est
d'un pourpre fonc. A Paris le rodochiton n'est qu' demi
rustique, et doit tre rentr en serre tempre avant l'hiver.
Thunbergie aile (Thunbergiaalata). Acanthacede
l'Afrique australe et orientale, vivace par la racine; tiges
volubiles, s'levant 2 mtres ou plus;
sarmenteuses
et
ethastes
fleurs axillaires, de moyenne
grandeur, presque rgulires, limbe tal, d'un jaune nankin
dans le type de l'espce, avec une macule brune dans la gorge.
Introduite dans les jardins depuis une quarantaine d'annes,
elle a donn naissance plusieurs varits assez diffrentes de
coloris pour tre remarques. Parmi ces dernires nous signalerons la thunbergie blanche ( T. albiflora), considre par
quelques-uns comme une espce distincte, et dont les fleurs
sont tantt macules de pourpre dans la gorge, tantt sans
macule; la varit jaune ple, l'orange, et enfin celle qui a
reu le nom de panache ou de Dodds, peu diffrente du type
spcifique par le coloris des fleurs, mais avec les feuilles
margines de blanc.
Quoique originaire d'un climat brlant, la thunbergie aile
se cultive avec une grande facilit en pleine terre dans le
midi de la France. Sous le climat de Paris elle peut passer
les quatre cinq mois de la belle saison l'air libre, pourvu
qu'elle soit bonne exposition, surtout au voisinage d'un mur.
On la traite alors comme plante annuelle, en la semant en
mars ou avril, sur couche chaude, et en repiquant le plant
dans de petits pots, tenus galement sur couche jusqu' ce
que la temprature extrieure soit assez chauffe pour qu'on
puisse mettre le plant en place, ce qui arrive ordinairement
vers la fin de mai. La floraison, commence environ un mois
plus tard, se prolonge jusqu'au milieu de l'automne. Les pieds
peuvent alors tre relevs et mis en serre tempre pour
passerl'hiver.
Ce que nous venons de dire de la thunbergie aile peut
feuilles opposes
s'appliquerdans une certaine mesure plusieurs autres espces congnres, plus belles encore et grimpantes comme
elle. Telles sont la thunbergie il d'or (T. chrysops), dela
cte occidentale d'Afrique, grandes fleurs pourpres ou violettes sur le limbe et jaune vif dans la gorge et la thunbergie deBarris (T. Harrisii), de l'Inde mridionale, dont les
fleurs,trs-grandes aussi, rapproches en grappes et corolle
vase, sont bleu de ciel, avec une large macule jaune orang
dans le fond, macule qui est elle-mmeentoure d'un cercle
blanc. Ces deux superbes plantes, dont les tiges deviennent
ligneuses entre les tropiques, ne peuvent fleurir en plein air
que dans les parties les plus chaudes ou les mieux abrites du
climat mditerranen. Sous le ciel deParis elles appartiennent
: la serre chaude ou la serre tempre, de mme que les T.
grandiflora, fragrans, laurifolia, natalensis, etc., qui sont
aussi des plantes fort distingues.
Hexacentris (Hexacentris). Autre genre d'acanthaces
vivaces, grimpantes, originaires de l'Inde, longtemps runies
aux espces du genre Thunbergia, dont elles diffrentassez sensiblement par des inflorescences plus dveloppes et des fleurs
plus irrgulires. Deux espces en sont classiques aujourd'hui :
l'hexacentris carlate (H. coccinea ou Thunbergia coccinea) du
nord del'Inde, fleurs rouge carlate, etl'hexacentrisduMysore
(H.mysorensis), dont les fleurs, en longues grappes terminales
au sommet des rameaux et un peu en forme de sabot, sont
tantt d'un jaune uniforme, tantt pourpres l'extrieur et
jaunes l'intrieur. La plante est de premier ordre, mais elle
n'appartient la pleine terre que dans les localits les plus
tides du midi de. l'Europe. Place bonne exposition, en
terre un peu lgre, et copieusement arrose pendant les
chaleurs, elle y est d'un grand effet ornemental. Plus rustique, l'hexacentris carlate fleurit mme en hiver sur les
bords de la Mditerrane. La culture de ces deux plantes est
d'ailleurs trs-analogue celle des thunbergies;elles se multiplient comme elles de graines semes au printemps sur
couche ainsi que de boutures.
8 Cucurbitaces ornementales. Presque toutes les
7
-
suivant
cucurbitaces grimpantes peuvent tre employes,
leur taille, la dcoration des treillis, des berceaux, des
tonnelles ou des murs on peut aussi les faire courir sur les
haies ou monter sur les arbres; les unes plaisent par leurs
fleurs, le plus grand nombre par leur feuillage et surtout par
leurs fruits, bizarres de forme ou curieusement colors.
Ces plantes sont vivacespar la racine ou seulement annuelles.
Quoique pour la plupart originaires des pays chauds, il en est
un assez grand nombre qui s'accommodent de la temprature
de nos ts, et qui fleurissent et fructifient dans tout le nord
de la France; cependant elles russissent toujours mieux sous
le ciel du midi, o un plus grand nombre d'espces peuvent
d'ailleurs tre cultives avec succs. Toutes ont trs-peu prs
le mme port ce sont toujours des plantes sarmenteuses,
mais non volubiles, qui se fixent aux objets voisins par des
vrilles simples ou digites; chez quelques-unes, les tiges deviennent demi ligneuses, surtout dans les climats chauds, et
elles peuvent alors durer plusieurs annes. Rien n'est plus
commun, dans les rgions intratropicales, que de rencontrer
de ces cucurbitaces frutescentes qui serpentent jusqu'au sommet des plus grands arbres, dont elles enveloppent les cimes
de leurs sarments entrelacs. Dans cette famille, les fleurs
sont presque toujours unisexues et trs-souvent dioques; de
l l'utilit dela fcondation artificielle pour assurer le dveloppement de leurs fruits.
Parmi les espces classiques nous devons citer
1 Les bryonesproprement dites (Bryonia), dont une espce,
la bryone dioque(B. dioica), est une plante indigne, vivace
par sa racine charnue, qui avec les annes devient norme.
Elle est commune dans les haies, qu'elle couvre en quelques
semaines d'un pais feuillage, auquel s'ajoutent bientt des
milliers de fleurs blanchtres et des baies d'un rouge vif.'
Une seconde espce, particulire l'Allemagne, la bryone
blanche (B. alba), non moins rustique et toute semblable,
mais monoque et fruits noirs, lui est quelquefois associe
pour garnir des haies et couvrir des broussailles. Une troisime
espce, plus ornementale, est la bryone des Canaries (B. ver-
Idwo."la),
dioque, fleurs jaunes, et dont les baies, de
fjis
grosseur d'une cerise, sont barioles de vert et de blanc.
Cette jolie plante, qui est encore assez rare dans les jardins,
n'est tout fait rustique que dans le midi.
2 Les momordiques ( Momordica), qui tiennent un rang plus
-distingu dans la culture d'agrment. Toutes sont exotiques,
les unes vivaces, lesautres annuelles, celles-ci monoques,
celles-l dioques. Elles varient notablement par le feuillage,
simple, quoique plus ou moins profondment
! qui est tantt
lob, tantt digit, tantt enfin dcompos en folioles distinctes. Les fruits, gnralement ovodes ou ovodes-allongs,
relevs de ctes ou arms de pointes mousses, tournent
l'orang puis au rouge vif en mrissant, et bientt se dchirent avec une certaine lasticit pour laisser tomber les
graines, qui sont enveloppes d'une pulpe rouge carmin.
Ces fruits sont curieux, mais ils passent vite. Nous trouvons
dans ce genre 1 la momordique de Roxburgh (M. mixta),
plante dioque et vivace, s'levant six ou huitmtres, feuilles
trilobes et d'un vert fonc, grandes fleurs jaune nankin ou
blanc de crme, portant au centre trois macules noires, et
auxquelles succdent des fruits hrisss de pointes, de la
de la tte d'un enfant et d'un rouge vif. Trop frileuse
grosseur
pour le climat de Paris, o elle n'arrive pas floraison, cette
belle cucurbitace ne russit bien que dans le climat mditerranen. 2Lamomordique commune (M. Charantia), annuelle
et beaucoup plus petite dans toutes ses parties, monoque,
fleurs jaunes, et dont les fruits sont fusiformes, hrisss de
pointes et de couleur orange; elle vient sans difficult Paris
et mme beaucoup plus au nord. 3 La momordique balsamine
ou pomme de merveille (M. Balsamina), plus petite encore que
f la prcdente et, comme elle, annuelle et monoque, mais
l~ fleurs jaune nankin ou blanches, avec des macules noir ardois
au fond de la corolle son fruit est ovode, un peu court,
tuberculeux ou faiblement pineux, d'un rouge carmin la
maturit. La varit fleurs blanches est de beaucoup la plus
[t florifre et la plus ornementale. Plusieurs
autres espces moins
connues pourraient tre ajoutes celles-ci nous nous convivace
tenterons de signaler la momordique aile (M. pterocarpa),
d'Abyssinie, vivace, monoque, haute de 3 4 mtres,
feuilles quinqufolioles et fleurs blanches ou jauntres, dont
le fruit est ovode, pointu au sommet, et profondment creus
de huit dix sillons longitudinaux spars par autant de
crtes un peu pineuses. Cette espce, demi-rustique sous le
climat de Paris, est encore trs-peu rpandue.
3 Lestrichosanthes(Trieliosanthes), cucurbitacesdel'Inde,
annuelles, monoques, feuillage trilob ou quinqulob,
fleurs blanches, dont les ptales sont dlicatement frangs sur
les bords. On en cultive deux espces, qui ne sont que demi-rustiques dans le nord de la France le trichosantheserpent (T. anguina, T. colubrina), plante superbe par l'ampleur et l'abondance de son feuillage, sa haute taille (3 4 ID.) et ses jolies
fleurs, mais curieuse surtout par la figure el la grandeur de ses
fruits serpentiformes, longs souvent de plus d'un mtre,
droits ou contourns de diverses manires, bariols de blanc
sur fond vert, et qui passent l'orang rouge en mrissant;
et letrichosanthe ovode (T. cucumerina), de moiti plus petit
que le prcdent, et dont les fruits, ovodes-pointus et bariols de blanc, tournent pareillement au rouge la maturit.
4 Le sicydium de Lindheimer ou bryone du Texas (Sicydium Lindheimeri), plante vivace, dioque, feuillage luisant,
fleurs jaune vif, fruits sphriques, de la grosseur d'une
petite prune de Reine-Claude, bariols, puis uniformment
carlates ou rouge carmin. Cette jolie plante ne russit
gure Paris qu'au pied d'un mur, l'exposition du midi.
5L'abobra oubryone de l'Uruguay Abobraviridiflora),
plante vivace par la racine, rustique sous le climat de Paris,
dioque, trs-ramifie, pouvant s'lever 5 ou 6 mtres,
feuilles profondment et finement dcoupes, fleurs stelliformes, d'un blanc verdtre, de moyenne grandeur, et odorantes. Aux fleurs femelles succdent des baies de la forme et
de la grandeur d'une trs-petite olive, d'un rougecarmin vif
lorsqu'elles sont mres, et qui contiennent chacune six graines
allonges. Par sa rusticit, sa dure, larapidit de sa croissance,
l'lgance de son feuillage, l'abondance de ses fleurs et de ses
fruits, comme aussi par le peu de soin qu'elle demande, la
de l'Uruguay doit compter parmi nos meilleures
plantes grimpantes rustiques. A Paris elle se sme pour ainsi
dire d'elle-mme, et surtout elle se propage par l'enracinement spontan de celles de ses branches qui viennent
traner sur le sol. Pour peu qu'ils soient abrits contre la gele
et l'humidit, les pieds ainsi forms passent trs-facilement
l'hiver.
6La bryonopside de l'lnde (Bryonopsis laciniosa), plante annuelle monoque, s'levant de fRI 50 3m, feuilles rudes,
tri ou quinqulobes, fleurs verdtres et insignifiantes, mais
auxquelles succdent des centaines de baies rondes, de la grosseur d'une cerise, barioles de blanc vif sur fond vert clair, et
passant, suivant les varits, au jaune ple ou au rouge carmin
en mrissant, les bariolures blanches persistant dans les deux
cas. La varit fruits rouges (B. erythrocarpa) est la plus
intressante. Par suite de sa taille, relativement peu leve,
cette cucurbitace peut aisment se cultiver dans des pots
un peu grands. Elle ne russit bien Paris qu'auprs d'un
mur l'exposition du midi.
one
trs-belle plante du
Texas, monoque, racine vivace, dont les sarments, un peu
grles, peuvent atteindre 7 ou 8 mtres, feuilles digites,
d'un vert gris, barioles de blanc le long des nervures. Les
fleurs sont grandes, demi ouvertes, d'un jaune orang. Aux
fleurs femelles fcondes succdent des fruits de forme sphrique, de la taille d'une grosse orange, marbrs de jaune sur
fond vert et pouvant se conserver ainsi plusieurs mois. La
courge digite est une belle plante d'agrment, que son
feuillage, lgamment dcoup et color, autant que ses fruits,
rend trs-propre la dcoration des treillis; malheureusement elle ne vient bien que sous le climat mridional. Il
est rare qu'elle fleurisse Paris, et sa racine n'y rsiste
pasaux rigueurs de l'hiver, moins d'tre remise sous un
l chssis
ou dans une orangerie.
8 La courge vivace Cucurbita perennis), des rgions tempres de l'Amrique du Nord. C'est une forte plante, dont la
7 La courge digite (Cucurbita digitata),
racine, napiforme, acquiert avec le temps d'normes proportions. Elle est trs-rustique Paris, o elle brave sous terre
les hivers les plus rigoureux, mettant tous les ans de son
collet de nombreuses et fortes tiges, qui s'lvent 6 ou 8'
mtres et se ramifient dans toutes les directions. Son feuillage
est grand, deforme triangulaire, trs-ferme, rude au toucher,
d'un vert cendr. Elle donne en quantit de grandes fleurs,
campanuliformes, d'un jaune orang, ayant quelque chose de
l'odeur de la violette, et la suite de la fcondation des fleurs
femelles des fruits sphriques ou obovodes, bariols, dela
grosseur d'une petite orange. La plante n'est pas sans intrt : sa rapide croissance, sa rusticit et l'ampleur de son
feuillage la rendent propre couvrir des murs et dguiser
les broussailles; on peut aussi la faire grimper sur des tuteurs disposs en pyramide ou la faire courir sur les gazons,
mais elle occupe trop d'espace pour tre introduite dans les
parterres, et elle ne convient gure qu'aux jardins paysagers,
o elle fera toujours plus d'effet vue de loin que de prs.
9 Les coloquinelles oufausses coloquintes, simples varits de
la courge commune ou ppon (CucurbitaPepo), plante conomique des plus vulgaires, mais aussi des plus remarquables par
son extrme variabilit. Toutes se ressemblent par les organes
de la vgtation, et on ne les distingue bien qu' la forme et
la grosseur des fruits, qui sont ronds, dprims, ovodes ou
obovodes, quelquefois difformes, lisses ou verruqueux,
verts, blancs, jaune ple, jaune vif, orangs ou rouges, souvent bariols ou marbrs de deux ou de trois couleurs, et
dont la taille varie du volume d'une noix celui d'une petite
courge. Ces fruits, souvent aussi bizarres par leur forme ou
par les excroissances qui les couvrent que remarquables par
leur coloris, se conservent ordinairement plusieurs mois et
servent le plus souvent orner les chemines des appartements
meubles,
aussi les plantes un peu grossires qui les proles
ou
duisent doivent-elles tre plutt ranges parmi les plantes
de curiosit que parmi les plantes d'agrment proprement
dites, ce qui ne les empche pas d'tre du got de beaucoup
d'amateurs.
Les
varits de coloquinelles sont pour ainsi dire innombrables, et il s'en produit tous les ans de nouvelles par les
croisements qui s'effectuent entre elles dans les jardins o on
lescultive rapproches les unes des autres; cependant les varits de choix se conservent assez franches pendant une
lomguesrie degnrations lorsqu'ellesont t misesl'abri des
croisements. Nous citerons, dans le nombre, les coloquinelles
orangines, fruits sphriques, trs-lisses, de la taille et de la
couleur d'une orange; les barbarines,qui les ont sphriques
oudprims, couverts de grosses excroissances, et d'une
teinte plus ou moins orange lorsque la maturit est parfaite;
lacourge Polk, coloquinelle allonge et renfle l'extrmit en
forme de massue, droite ou courbe, trs-verruqueuse, d'un
jaune orang vif et enfin les coloquinelles pyriformes et maliformes, varits trs-nombreuses, la plupart de petite taille,
peu ou point verruqueuses, et runissant toutes les teintes connuesdans l'espce. Nous devons ajouter que ces diverses modifications de forme, d'aspect et de coloris, ne sont pas exclusivement propres aux varits d'agrment, et qu'on les
retouve presque toutes dans les varits alimentaires, ellesmmes en nombre indfini, de cette espce polymorphe.
Lagenariavulgaris), plante
10 La gourde ou calebasse
extrmement rpandue, annuelle, monoque, trs-grimpante,
et pouvant s'lever, suivant les races, car elle est aussi trsvariable, de 3 8 mtres. Son feuillage, arrondi, velout,
d'un vert ple et fortement musqu, ses grandes et nombreuses fleurs blanches, qui s'ouvrent au coucher du soleil,
et ses fruits, souvent trs-singuliers de forme dans la srie
des varits et trs-diffrents de grandeur, en font la fois
une plante ornementale et une plante de curiosit. Nous pourrions ajouter qu'elle est comestible dans plusieurs pays, et que
mme en France'ses fruits entrent dans la confection de certaines compotes, comme ceux de la pastque. Il en existe aussi
des varits amres, qui sont par cela mme trs-vnneuses.
Les races lesplusordinairesdegourdes sont 1 lagourde bouteille ouplerine, coque dure et ligneuse, dont la forme bien
connue est celle d'une ampoule deux renflements ingaux,
spars par un col ou tranglement. Cette gourde, vide de sa
pulpe et de ses graines et tenue quelques jours dans le mot
de vin, est convertie en une sorte de flacon propre contenir
des liquides et dont on fait encore usage dans beaucoup
de pays. Il en existe un grand nombre de sous-varits, les
unes peine de la grosseur d'un uf de poule, les autres de
la taille d'un potironmoyen, coque trs-paisse et trs-dure.
Cesdernires, qui sont pour la plupart cultives dans les parties
les plus chaudes de l'Afrique, fournissent aux peuples de ce
pays presque touts les vases dont ils se servent. 2 La gourde
massue ou massue d'Hercule, dont le fruit, cylindrique-allong
et renfl vers l'extrmit florale, acquiert quelquefois plus
d'un mtre de longueur; on en connat des sous-varits unicolores et d'autres qui sont marbres de blanc sur fond vert.
3 La gourde trompette, simple varit de la prcdente, dont
elle ne diffre que par l'extrme allongement de ses fruits, qui
ont quelquefois jusqu' deux mtres de longueur et se contournent de diffrentes manires, suivant les accidents auxquels ils
ont t exposs dans leurjeunesse(1).4Lesgourdes sphriques,
dont quelques-unes atteignent la grosseur d'un potiron moyen,
et dont la coque, trs-solide, permet de faire des vases de
mnage; elles sont principalement cultives par les ngres
d'Afrique, et ne russissent chez nous que dans le climat mditerranen. On peut y rattacher, comme sous-varits, les
gourdes dprimesongourdesplates,dont la plus commune est
la gourde plate de Corse, assez petite pour qu'on en puisse faire
des tabatires. 5Enfinlesgourdes coquetendre, ordinairement
de forme ovode, et qui paraissent tre principalement les
races comestibles. Elles sont d'Afrique et n'apparaissent que
rarement dans nos jardins.
(I) Les anciens, qui cultivaient la gourde comme nous et pour les mmes usages,
connaissaient aussi cette varit fruits allongs. Pline nous apprend qu'on faisait
prendre ces fruits les formes les plus bizarres, entre autres celle d'un dragon,
en les enfermant dans des moules tresss de baguettes d'osier (Voyez Pline,
Hist. nat., livreXIX, 24). Ce fait nous montre que certaines plantes actuellement
cultives remontent une haute antiquit, et que leurs varits sont susceptibles de
se conserver indfiniment par le semis, comme les espces elles-mmes, condition qu'elles ne se croisent avec aucune autre varit de mme espce
11 Le thladiantha de la Chine (Thladiantha dubia), plante
dioque, s'levant 4 ou 5 mtres, feuilles cordiformes
etvelues, fleurs jaune vif, trs-abondantes et se succdant
pendant tout l't. Les fruits sont ovodes, de la grosseur d'un
petit uf de poule, d'un rouge vif la maturit. Elle se propage avec une grande facilit par des tubercules souterrains,
de tous points semblables de petites pommes de terre, mais
noncomestibles, cause de leur amertume. Sans tre de premier ordre, le thladiantha ne manque pas d'une certaine
beaut
sa rusticit toute preuve et sa propagation par tubercules, qui se fait d'elle-mme, le rendent trs-propre
la dcoration des berceaux et surtout des haies, o ses fleurs
jaunes et ses fruits d'un brillant carlate contrastent trsagrablement avec les corolles blanches ou roses des liserons.
d'autres
de cucurbitaces d'agrment ou
Beaucoup
espces
de simple curiosit pourraient encore tre ajoutes cette
liste, par exemple la cocciniede l'Inde (Coccinia indica),
fleurs blanches et fruits rouges, les luffas (Luffa cylindrica,
L. acutangula, etc.), grandes plantes sarmenteuses fleurs
jaunes et fruits cylindriques ou anguleux, dont la pulpe est
remplace par un lacis serr de fibres coriaces la gourde de
Cafrrie (Lagenaria sphrica), trs-grandes fleurs blanches
et fruits ovodes marbrs de blanc sur fond vert noir; les
sicanas
les calycophyses (Sicana, Calycophysum), de l'Amrique mridionale, etc.; mais la plupart de ces plantes tant
encore peu rpandues en Europe ou exigeant pour russir la
chaleur des climats mridionaux, nous ne les citons ici que
pour mmoire.
12 Loasa (Loasa). Genre de plantes sud-amricaines, dela
famille des loases, plus ou moins grimpantes par enchevtrement et dpourvues de vrilles, feuillage lgamment
dcoup et fleurs trs-singulires de structure quoique
rgulires. On cultive assez communment le loasa orang
(L. aurantiacaou Cajophora lateritia), du Chili, fleurs rouge
brique tirant sur l'carlate, et le loasa bigarr (L. picta), du
Prou, dont les corolles sont mi-parties de jaune et de blanc,
et
avec des nectaires d'un rouge vif. Ces deux plantes, qui peuvent
s'lever 2 ou 3 mtres, seraient trs-agrables si elles n'taient pas hrisses de poils roides et cassants, dont la piqre
est aussi douloureuse que celle des orties. Quoique vivaces
dans leur pays natal, elles sont traites chez nous comme
plantes annuelles. On les sme soit au printemps sur couche
chaude, soit en automne sur une planche abrite par un mur,
et on hiverne le plant sous chssis ou en serre tempre dans
les deux cas, les plantes se mettent en place dans la deuxime
quinzaine de mai, sous le climat de Paris, et autant que possible exposition chaude et abrite. Sous le climat du midi
loasa fleurs d'argmone (L.
on peut ajouter ces espces
argemonoides) de la Nouvelle-Grenade, et le loasa de Pentland
(L. Pentlandica) du Prou, le premier fleurs jaunes, le second fleurs blanches avec l'extrmit des ptales orange.
A cause de leurs poils urticants, ces plantes doivent tre
tenues un peu l'cart dans les jardins, c'est--dire assez loin
des alles et des sentiers pour que les mains des passants ne
soient pas exposes les frler. Le genre contient aussi quel-
le
ques espces non grimpantes et simplement dresses, entre autres le loasa de Schlim (L.Schlimiana), plante de la NouvelleGrenade
grandes fleurs oranges et bordes de rouge, que
son port assigne la culture sur plates-bandes, mais seulement dans le midi de l'Europe.
Outre les loases grimpantes et dj un peu anciennes dont
nous venons deparler, on en a introduit plus rcemment une
autre, qu'il est bon de signaler, c'est l'illaira campanul (Illairea canarinoides), plante vivace des montagnes de l'Amrique centrale, tiges herbaces, rameuses, hautes de 3 4m,
feuilles dcoupes, velues et urticantes. Ses fleurs, qui sont
relativement grandes et un peu de la forme de celles d'une
campanule, sont solitaires et nutantes au sommet de longs
pdoncules; leur teinte est l'orang tirant sur le cinabre. De
mme que le loasa orang, elle est rustique dans le nord
pendant l't et se propage, comme lui, de graines et de
boutures. Ces boutures se font ordinairement en serre tempre, et c'est l qu'elles doivent passer l'hiver, ainsi que les
plantes faites qu'on voudrait conserver d'une anne l'autre.
13Campanumes Campanumxaea). Une certaine analogie de port, et jusqu' un certain point de structure florge, nous amne classer la suite des loases deux campanulaces grimpantes et vivaces par leurs racines tubriformes, mais annuelles par leurs tiges, qui ont aussi quelque
valeur comme plantes ornementales. L'une est la campanume
de Blume (C.javanica), indigne des montagnes du nord de
l'Inde etde celles de la Malaisie, l'autre la campanume de
Siebold (C. lanceolata), probablement originaire de Chine,
mais introduite du Japon en Europe par le voyageur dont elle
rappelle le nom. Toutes deux ont les fleurs companuliformes
et de moyenne grandeur dans la premire elles sont jaune
ple vein de pourpre, avec une large macule violace au
fond dela corolle; dans la seconde elles sontverdtres l'extrieur, marbres de violet lie de vin sur le limbe, avec un
cercle de mme couleur dans le fond, ce qui leur donne un
aspect singulier. Elles sont rustiques dans le nord de la
France pendant la belle saison; il est vraisemblable mme
que leurs souches, au moins celle de l'espce japonaise,
pourraient hiverner sous terre au pied d'un mur tourn au
midi. Ajoutons que ces deux plantes, qui sont rputes plus
curieuses que belles, sont encore peu rpandues dans les jardins de l'Europe. On les multiplie de graines ou par simple
division du pied.
14 Seneon de Mikan Mikania ou Delairea scandens).
Compose de l'Amrique du Sud, vivace, tige grle ettrsramifie, grimpante par enchevtrement, pouvant s'lever
8 ou 10 mtres et couvrir de larges espaces de son feuillageanguleux, dense, glabre et luisant. Les fleurs, en petits
capitules jaunes rapprochs en corymbes, sont par ellesmmes tout fait insignifiantes; aussi la plante n'est-elle gure
cultive que pour sa verdure. A Paris elle ne russit bien
qu'en serre tempre; mais dans les localits abrites de la
rgion du midi, o elle sert surtout couvrir des berceaux ou
des murs, elle prend un grand dveloppement, et y passe
habituellement l'hiver sans beaucoup souffrir. Elle se propage
1
trs-facilement de boutures, sous cloches ou l'air libre, suivant les lieux et les saisons.
III.
PLANTES GRIMPANTES A TIGES VIVACES ET PLUS
OU MOINS
LIGNEUSES.
D'aprs ce que nous avons pu remarquer dans le paragraphe
prcdent, la limite entre les plantes grimpantes tiges annuelles et celles tiges vivaces n'est pas parfaitement tranche,
puisque certaines espces, cultives comme annuelles dans
nos climats temprs, deviennent prennantessous des climats
plus chauds ou hivers plus doux. Celles dont il nous reste
parler diffrent cependant des prcdentes en ce que leurs
tiges sont plus essentiellement vivaces, et qu'elles ne fleurissent mme le plus souvent qu' la condition d'tre ges
de plusieurs annes. Elles deviennent en gnral plus grandes
et exigent une plus forte somm de chaleur que les espces annuelles
aussi conviennent-elles pour la plupart mieux aux
climats mridionaux qu' ceux du nord de la France. Ces
grandes plantes sarments ligneux sont particulirement dsignes sous le nom de lianes, qu'on donne quelquefois aussi,
mais improprement, aux espces herbaces. Les unes ne sont
ornementales que par leur feuillage, caduc ou persistant, les
autres le sont la fois par leur feuillage, leurs fleurs ou leurs
fruits colors.
Dans la premire de ces deux catgories nous citerons
1 Les vignes et les amplopsides (Vitis, Cissus, Ampelopsis ), plantes ligneuses des climats chauds et des climats
temprs, tant de l'Ancien que du Nouveau-Monde, presque
toutes trs-sarmenteuses, feuilles caduques, grimpantes
l'aide de vrilles. Dans ce groupe se trouve la vigne proprement dite (Vitisvinifera), reprsente aujourd'hui par des
centaines de varits et cultive dans tous les pays o
son fruit peut mrir. Quoiqu'elle soit une plante agricole de
premier ordre, la vigne remplit souvent le rle de plante ornementale
soit en garnissant de ses festons les habitations
rustiques, soit, plus ordinairement, en couvrant les berceaux
et les tonnelles, donnant la fois de l'ombre en t et des
fruits dans la saison plus avance. Livre elle-mme,elle
devient, avec le temps, un grand arbre; on connat des vignes dont le cep, de la grosseur du corps d'un homme, tend
ses branches 30 ou 40 mtres, ou enlace de ses sarments
le fate des arbres les plus levs.
Lavigne d'Orient (Cissus orientalis), feuilles dcomposes
folioles,
petites
est aussi employe recouvrir des beren
ceaux et garnir des murs; mais elle convient mieux aux climats du midi qu' ceux du nord, o elle demande des expositions mridionales, faute de quoi elle reste chtive. Sous ce
dernier climat on lui prfre l'amplopside d'Amrique, ou
vignevierge(Ampelopsishederacea), plante rustique, sarments grles et trs-longs, feuilles quinqufolioles, qui
couvre en trs-peu de temps de vastes tendues sur les murs
ou sur des berceaux, si le climat du lieu est trop froid pour
admettre la culture de la vigne commune. On tire encore un
excellent parti, pour ces divers usages, de la vigne Isabelle
( Vitis labrusca), espce amricaine trs-vigoureuse et trsrustique, dont les larges pampres donnent beaucoup d'ombre, et qui produit en grande quantit des raisins noirs
d'une belle apparence, quoique leur saveur musque dplaise
gnralement. C'est elle qui fournit aux tats-Unis le vin
mousseux connu sous le nom de sparkling catawba, que
les Amricains comparent, trs-improprement d'ailleurs,
notre vin de Champagne (1).
2 Les aristoloches ( Aristolochia), qui fournissent nos
-
[
L
(I)A notre avis, la vigne isabelle a t beaucoup trop nglige et surtout trop
vite condamne par les viticulteurs. A l'tat sauvage son fruit ne vaut assurment
pas celui de nos vignes cultives, mme des races les plus mdiocres, mais il est
suprieur celui des vignes abandonnes elles-mmes et retournes en quelque
sorte l'tat sauvage, dont le raisin, devenu trs-acerbe, n'est plus mangeable. Il ne
faut pas oublier d'ailleurs que nos excellents raisins de table sont le produit de races
d'lite cres et perfectionnes par une culture trs-ancienne, et que si les mmes
procds et les mmes soins taient appliqus la vigne Isabelle, et sans doute
quelques autres espces demeures sauvages, on en ferait naitre trs-probablement
des races, diffrentes de qualit sans doule, mais aussi parfaites que nos cpages si
varis de l'ancien continent.
jardins de plein air un petit nombre d'espces exotiques. Nous
n'avons signaler ici que les suivantes : 1 l'aristoloche siphon
(A. sipho)(fig. 150 ), de l'Amriqueseptentrionale, forte plante
rustique, sarments ligneux,
grandes feuilles
rniformes, caduques, glabres,
trs-propres
couvrir des berceaux et des
treillis; en mai
et juin elle pro-
duit,lorsqu'elle
est adulte, des
fleurs tubuleuses, de la forme
et de la gran-
deur d'une petitepipe,rticulesde pourpre
noir sur fond
et sus-
jauntre,
pendues de
Fig. 150. Aristoloche siphon.
longs pdoncules; 2 l'aristolochetomenteuse (A. tomentosa), des mmes rgions que la prcdente, dont elle se distingue surtout ses
feuilles, un peu velues; 3 l'aristoloche d'Australie ( A.pubera ),
trs-grande et trs-belle plante de la Nouvelle-Hollande mridionale, feuilles persistantes, cordiformes, d'une belle
teinte verte, et qui est spcialement approprie au climat du
midi, o elle rsiste beaucoup mieux que les prcdentes la
scheresse; 4 enfin l'aristoloche tte d'oiseau (A. galeata,
A. ornithocephala), du Brsil, sarments plus grles que ceux
des prcdentes, feuilles rniformes, glauques et lisses, et
produisant de trs-grandes fleurs d'une forme bizarre, rticules de lignes pourpre noir sur fond violac ple. Cette dernire
espce ne russit en plein air que dans la rgion du midi,
o elle fleurit en aot et septembre. Toutes les quatre se multiplient de couchages et de marcottes enracines; les deux
premires seules donnent quelquefois des graines.
Plusieurs autres aristoloches grimpantes, toutes de l'Amrique mridionale ou centrale, peuvent tre considres
comme des plantes fleurissantes de premier ordre, mais elles
n'ontt cultives jusqu'ici qu'en serre chaude ou en serre
tempre. La plupart se font remarquer par la grandeur, la
forme singulire et souvent aussi le riche et curieux coloris
du prianthe tubuleux au fond duquel leur fleur est enferme.
Telles sont, par exemple, l'aristoloche grandes lvres (A.labiosa)etl'aristoloche de Mutis (A. grandiflora) du Brsil, l'aristoloche bariole (A. picta) de Colombie et plusieurs autres
galement recommandables. On a lieu de croire aujourd'hui
que toutes ces plantes pourraient tre cultives en plein air
dans les jardins des localits les plus tempres de l'Europe
mridionale et dans ceux de l'Algrie, probablement mme
avec plus de succs que dans les serres du nord, o elles ne
trouvent ni assez d'espace pour s'tendre ni assez de lumire. Cette observation pourrait du reste s'appliquer beaucoup d'autres plantes, qui s'tiolent et vivent misrablement
dans les serres par les raisons que nous venons d'indiquer.
3L'phdra de Mauritanie (Ephedra altissima), sousarbuste du nord de l'Afrique, de la famille desgntaces,
dioque; tiges grles, articules, trs-ramifies, enchevtres
dans tous les sens feuilles trs-petites et pour ainsi dire
nulles; produisant, aprs la fcondation des fleurs femelles,
une multitude de baies d'un rouge carmin. Livr lui-mme,
l'phdra de Mauritanie ne forme que des broussailles, mais
lorsqu'on le dirige, en le soutenant l'aide de tuteurs, on en
forme debelles pyramides ou des rideaux de verdure de 2
4 mtres de hauteur et d'un effet fort agrable, surtout
partir du milieu del't, poque o ses baies commencent
mrir. Ce joli sous-arbuste n'acquiert toute sa beaut que
dans le climat mditerranen, mais il. y russit dans tous
les sols et toutes les expositions. A Paris il prit ordinai-
rement l'hiver, autant parle fait de l'humidit prolonge que
par celui dufroid.
4 Le lierre (Hedera helix), la plante grimpante la plus
remarquable de nos climats, et une des plus belles qui existent au monde parmi celles auxquelles on ne demande que
du feuillage. La perptuit, le lustre et la fracheur de sa verdure, sa rusticit, la rapidit avec laquelle il crot et la
facult dont il est dou de grimper sur tous les objets
qu'il peut atteindre, expliquent la haute faveur dont il jouit
de temps immmorial pour la dcoration des jardins et
des habitations de l'homme. Avec une gale facilit il rampe
sur la terre, grimpe sur le tronc des arbres, s'applique
sur les rochers les plus lisses, couvre comme d'une nappe
les murs les plus levs, et prend, dans ces situations
diverses, autant d'aspects particuliers. Tant qu'il trane
terre, son feuillage anguleux reste comparativement petit,
et sa teinte est d'un vert terne, o on distingue des tons
rougetres ou des marbrures blanches commence-t-il s'lever verticalement, le feuillage grandit, mousseses angles et
passe des teintes vertes graduellement plus vives, mais qui
varient encore aux diffrentes expositions; enfin, lorsqu'il est
arriv la pleine lumire, au sommet des corps qui lui servent de soutien, et qu'en mme temps sa tige adulte lui fourplus labore, les pousses nounit une sve plus abondante
velles changent de port et le feuillage de figure au lieu de
s'appliquer sur les appuis, les jeunes rameaux s'lancent dans
tous les sens, et, quoique flexibles, ils se soutiennent seuls mais
bientt se montrent leurs extrmits des ombelles de fleurs
verdtres, auxquelles succdent des baies noires, qui, jusqu'
une poque avance de l'hiver, restent comme un souvenir
d'une saison plus heureuse.
Suivant les climats, les lieux, les expositions et la nature
du sol, le lierre s'lve plus ou moins haut et devient plus ou
moins vigoureux. On le voit communment monter 7 ou 8
mtres, plus rarement 12,15 ou davantage. Dans les pays mridionaux il arrive plus promptement l'tat adulte et fleurit
plus tt; dans ceux du Nord, et principalement au voisinage de
et
l'Ocan, son feuillage est plus dvelopp et sa verdure plus
belle. Sa dure varie suivant les circonstances on connat des
lierres gs de plus d'un sicle, et dont la tige a presque
le volume du corps d'un homme. Des sarments de lierre de
lagrosseur du bras sont communs dans nos bois, et on sait
que souvent ils treignent les arbres sous leurs replis multiplis, et qu'aprs en avoir envelopp la tte sous la masse
deleur feuillage, quelquefois pendant bien des annes, ils les
touffent et en amnent tt ou tard la ruine.
Le lierre a produit quelques varits assez diffrentes du
type pour qu'on ait cru devoir en faire des espces distinctes.
Les principales sont le lierre d'Irlande (H. hybernica), qui se
fait remarquer la grandeur de son feuillage et est en
consquence plus recherch que la forme ordinaire le lierre
du Caucase (H. regnoriana), feuilles plus grandes, plus
le lierre
fermes et moins lobes que dans la forme commune
des Canaries (H. canariensis), dont les feuilles sont sensiblement cordiformes. A ces varits naturelles on peut ajouter le
lierre en arbre, varit artificielle que l'on obtient en bouturant ou en greffant les rameaux dresss qui portent des fleurs
et des.fruits, et qui continuent se maintenir droits, en prenant une forme buissonnante et touffue. Il existe aussi des
lierres feuilles panaches de blanc ou de jaune par dcoloration ou chlorose, mais qui sont d'autant moins vigoureux
que ces panachures sont plus larges ou plus prononces.
Le vritable emploi du lierre dans l'ornementation des
parcs et des jardins est de couvrir des murs, des ruines ou
de grandes rocailles quelquefois de revtir le tronc et les
branches d'un arbre isol qu'on sacrifie pour cet usage, et
qu'on devra abattre ds qu'il aura cess de vivre. Dans ces
dernires annes on a imagin de faire des bordures perptuelles autour des gazpns ou des carrs de fleurs avec du lierre
dont les sarments sont fixs la terre mais ces bordures d'un
vert terne sont peu dcoratives, et de plus elles exigent beaucoup de soins d'entretien pour ne pas envahir le terrain environnant ou se dformer.
Le lierre se multiplie de branches enracines, qu'il suffit
1-
d'enlever dans les bois ou au pied des murs, ou simplement
de boutures de rameaux qui reprennent avec une grande facilit. On n'a pas de peine comprendre qu'on pourrait aussi le
multiplier de graines, moyen qui serait souvent employ si le
premier n'tait pas plusexpditif. Il vient dans tous les terrains, mais il n'acquiert toute sa beaut que dans ceux qui sont
profonds, de bonne qualit, et qui conservent une certaine
fracheur en toute saison.
5 Les figuiers grimpants (Ficus). Par leur mode de
clmatisme, qui est exactement celui du lierre, les figuiers
grimpants se placent naturellement la suite de ce dernier.
La plupart appartiennent aux rgions intratropicales de l'Asie
et de l'Ocanie, o ils acquirent parfois des proportions gigantesques mais il en est aussi quelques-uns qui, originaires
de climats plus temprs, peuvent entrer dans le jardinage
dcoratif de l'Europe mridionale. Deux espces de la Chine,
dj communes dans nos jardins, sont particulirement dans
ce cas; ce sont le figuierdes murs (F.scandens), arbuste ligneux, trs-ramifi, feuilles persistantes, ovales ou elliptiques, qui, plant au pied des murs, les recouvre en peu de
temps d'un lacis serr de branches, intimement appliques
leur surface; et le figuier feuillescilies(F. barbata), qui
diffre du prcdent par son feuillage cordiforme, plus grand
et plus beau, mais qui tapisse de la mme manire que lui
les murs et les rochers. Touts deux, le premier surtout, qui
parat plus rustique, sont employs depuis longtemps revtir
les murs de fond des serres chaudes et des serres tempres
mais ils peuvent aussi se cultiver l'air libre dans la rgion de
l'oranger et y remplacer le lierre aux expositions les plus arides.
Lorsqu'ils sont adultes, on voit aussi leurs dernires ramifications s'carter des soutiens, se dresser et fructifier. De mme
que le lierre, on les multiplie avec une grande facilit de marcottes et de boutures.
6Les mnispermes (Menispermum). Genre deplantes
de la famille des mnispermes, de l'Amrique septentrionale, rustiques sous nos climats et grimpantes par enchevtrement. On en cultive communment deux espces, le me-
nispertne du Canada (m. canadense) et le mnisperme de la
Caroline[M. carolinianum), tiges grles et ligneuses,
feuilles rniformes et peltes dans la premire, ovales ou trilobes dans la seconde. Ces deux plantes, qui ne sont que de
troisime ordre, sont propres couvrir des berceaux. Outre
leur feuillage, elles produisent de petites grappes de fleurs
blanches auxquelles succdent des baies rouges ou noires
d'unmdiocre effet.
La catgorie des plantes sarmenteuses tiges vivaces, recherches pour leurs fleurs ou leurs fruits autant ou plus que
pour leur feuillage, nous offre un contingent plus vari et plus
riche que la prcdente, mais il faut remarquer en mme.
temps que ces plantes sont en gnral mieux appropries aux
climats du Midi qu' ceux du Nord, non-seulement parce
qu'elles craignent davantage les froids de nos hivers, mais
aussi parce qu'elles demandent plus de lumire et de chaleur
solaire en t. Nous y trouvons
i
7Leslapagrias (Lapageria), charmantes liliaces du
Chili, dont les tiges, grles etvolubiles, peuvent s'lever3m ou
plus, feuilles ovales-acumines, fermes, lisses et luisantes,
l'aisselle desquelles naissent, vers le sommet des rameaux,
de grandes et belles fleurs nutantes, semblables celles d'un
lis moyen demi ouvertes. On en signale deux espces, qui
le
ne sont probablement que des varits l'une de l'autre
lapagriarose (L. rosea), fleurs roses ou carmin, ponctues
de blanc ou de rose ple l'intrieur, et le lapagria blanc
(L. alba), tout semblable au prcdent, mais avec les fleurs
r entirement blanches. Au Chili ces deux plantes produisent
des baies sucres et parfumes, qui sont comestibles en Europe elles ont t jusqu'ici striles et ne comptent que comme
plantes ornementales, mais de premier ordre. On regrette
qu'elles ne soient pas assez rustiques pour crotre l'air libre
dans le nord et le centre de France, et qu'il faille les y rentrer
l'hiver en orangerie. Toutefois, sous des climats plus doux,
au voisinage immdiat de l'Ocan ou de la Mditerrane les
lapagrias passent assez facilement l'hiver en plein air et
en pleine terre, ce qui les rend plusvigoureux et les dispose
mieux fleurir. Hors de ces conditions climatriques leur
culture est assez difficile, et ils ne fleurissent pas abondamment; aussi les tient-on assez souvent en serre tempre.
On les multiplie habituellement par division du rhizome.
8 Les Smilax. (Smilax), autres liliaces-asparagines,
vivaces parleurs rhizomes
leurs tiges sarmenteuses, non volubiles, mais armes d'pines crochues qui servent les fixer
sur leurs appuis. Leur feuillage, largement ovale, coriace, luisant et persistant, leur donne une certaine valeur pour garnir
des treillis ou couvrir des tonnelles. Leurs fleurs, semblables
celles des asperges, sont insignifiantes; mais il leur succde
des grappes de baies rouges qui ajoutent beaucoup
en
hiver, l'agrment du feuillage. Deux espces sont signaler,
toutes deux du midi de l'Europe et du nord de l'Afrique le
smilax commun (S. aspera) et le smilax de Mauritanie (S. mauritanica), peu difirents l'un de l'autre, mais dont le second
se distingue cependant du premier par un feuillage un peu
plus grand et peut-tre aussi par une fructification plus abondante. Ces deux plantes, qui croissent dans les terrains les
plus rocailleux et les plus arides, conviennent surtout aux
rgions mridionales. Elles se passent pour ainsi dire de toute
culture, et se multiplient avec une gale facilit de graines et
de fragments de leurs rhizomes.
9 Les rosiers grimpants ou sarmenteux, groupe
indtermin et comprenant un assez grand nombre d'espces
et de varits, parmi lesquelles nous citerons les rosiers de
Banks, les rosiers Boursaut. le rosier toujours vert (Rosa sempervirens), le rosier stigre (R.setigera), de l'Amrique du
Nord, et mme le rosier des Alpes et ses hybrides. Bien d'autres espces ou varits, sans tre prcisment grimpantes,
peuvent encore tre rapproches de cegroupe, parce que
leurs tiges et leurs branches dbiles ne peuvent se soutenir
d'elles-mmes et demandent des tuteurs ou des appuis. Ces
rosiers, dsigns en Angleterre sous le nom gnral depillar
roses (roses de piliers), se palissent ordinairement sur
les murs ou sont attachs aux colonnettes des berceaux et
des payoles. Ayant parl de ces diffrentes espces avec
et
des dtails suffisants, nous n'avons pas y revenir ici.
10 Les jasmins (Jasminum), arbustes sarmenteux plutt
que grimpants, feuilles simples ou composes et fleurs
blanches ou jaunes. Parmi les espces, assez nombreuses, de
ce genre il en est deux que le parfum de leurs fleurs a ren-
:le
(J.
cesont
jasmincommunoujasminblanc
officinale), de l'Inde septentrionale et de la Chine, feuilles
composes et fleurs blanches, cultiv dans toute la France,
aux expositions mridionales, et ordinairement paliss sur
lesmurs, et le jasminsambac ou mogori (J. Sambac, Mogorium Sambac), des mmes contres que le jasmin blanc et,
comme
fleurs blanches, mais feuilles simples, d'ailleurs
beaucoup moins rustique et ne russissant en plein air que sous
leclimat mditerranen. On peut ajouter ces deux espces le
multiflorum ), de la Chine, assez voisin du
jasmin multiflore
jasminsambac, quoique plus bas et moins sarmenteux; le
jasmin du Malabar (J. grandiflorum), fleurs plus grandes que
celles des prcdents le jasminjonquille (J. odoratissimum),
de l'Inde, fleurs jaunes et appartenant l'orangerie sous le
climat de Paris;lejasmin frutescent ou jasminjaune
fruticans), du midi de la France, feuilles trifolioles et persistantes et enfin le jasmin d'hiver (J. nudiflorum), de Chine,
feuilles caduques, qui fleuritds la fin del'hiver. Ces deux dernires espces ont les fleurs jaune vif et sont trs-rustiques dans
toute la France. Quoiqu'elles aient les rameaux longs et grles,
c'est peine si on peut les classer parmi les plantes sarmenteuses.
Les jasmins se multiplient de rejetons, comme aussi de boutures faites en serre chaude ou sur couche et sous chssis,
et de plus ils reprennent assez facilement de greffe les uns sur
les autres. Le jasmin commun sert ordinairement de sujet
pour les espces fleurs blanches, et le jasmin frutescent pour
celles fleurs jaunes. Tous se plaisent dans les lieux rocailleux,
un peu secs et exposs au midi.
11 Les chvrefeuilles (Lonicera), arbustes des rgions tempres ou tempres-chaudes de l'ancien continent,
plus ou moins sarmenteux, grimpants par enchevtrement et
dues clbres;
lui,
(J.
(J.
mme un peu volubiles, quelquefois dresss et assez robustes
pour se soutenir sans appuis. Leurs feuilles sont opposes,
entires et ordinairement sessiles, souvent mme embrassantes; leurs fleurs sont tubuleuses, irrgulires, runies en
petits bouquets axillaires ou terminaux, blanches, jaunes, roses ou carlates, plus ou moins odorantes. Les espces de ce
genre se divisent, au point de vue qui nous occupe, en deux
groupes, les chvrefeuilles grimpants, ou chvrefeuillesvrais,
les seuls dont nous ayons nous occuper'ici, et les chvrefeuilles non grimpants, ou
chamerisiers, qui trouveront leur place dans un
autre chapitre.
Parmi les chvrefeuilles
vrais, qui sont assez nombreux en espces (1), nous
:(L.
avons citer 1 le chvrecaprifofeuille commun
lium) (fig. 151), arbuste indigne feuilles caduques,
commun dans les haies et
sur les lisires des bois de
toute la France. C'est un
des plus beaux du genre,
et qui se distingue par ses
fleurs en bouquets terminaux, d'un blanc jauntre
lav de rose l'extrieur,
cultiv
et trs-odorantes
depuis plusieurs sicles
dans les jardins d'ama-
Fig. 151. Chvrefeuille commun.
et les bogroupe horticole des chvrefeuilles est encore fort embrouill
tanistes discutent sur les limites de plusieurs de ses espces. Dans l'numration
que nous en faisons ici nous nous sommes guid autant que nous l'avons pu,
sur les notes publies par M. Carrire chef des ppinires du Musum qui a,
mieux que personne avant lui, tudi ces plantes. Malgr cela, il est possible que
quelques-unes des espces que nous indiquons soient contestables, et qu'il vaille
mieux les regarder comme de simples varits.
(1) Le
,
,
teurs, il a produit quelques varits, diffrencies principalement par le ton du coloris des fleurs, mais dont aucune, quoi
qu'on en ait dit, n'est remontante; 2 le chvrefeuille trurie
ouchvrefeuille semper des jardiniers (L. etrusca), d'Italie,
presque semblable au prcdent, dont il n'est, selon toute
vraisemblance, qu'une varit, mais plus grand, feuilles
demi-persistantes, et ne fleurissant aussi qu'une seule fois dans
l'anne, malgr son nom vulgaire, qui pourrait'faire supposer
qu'il remonte; on le confond souvent avec l'espce suivante;
d'
le chvrefeuille d'automne (L. semperflorens), d'Italie, dont
la floraison commence vers le milieu de l't se prolonge
jusqu'aux approches de l'hiver, ce qui lui a valu une grande
vogue dans l'horticulture parisienne; ses fleurs sont pareillement trs-odorantes 4 le chvrefeuille du Canada ( L. coccinea), des rgions froides de l'Amrique du Nord, feuilles persistantes et luisantes et fleurs
3
rouge carlate trs-vif;
ilest
commun
dans les jardins du nord
de la France;
le chvrefeuille tou-
50
jours vert (L.
sempervirens)
(fig. 152),
de l'Amrique septen-
trionale
voi-
sin du prcdent, et dont
les longues
corolles,tubuFig. 152.
Chvrefeuille
toujours vert.
leuses, d'un
presque
vif
terminent
et
ouvertes,
cinq
dents
ronge
peu
se
par
gales 6 le chvrefeuille de la Chine (L. chinensis), fleurs
blanches, trs-parfumes, passant graduellement au rose plus
ou moins carmin; 7 le chvrefeuille du Japon (L. japonica),
dont les fleurs d'abord blanches tournent au jaune en vieillissant; 8 le chvrefeuille panach (L. auro-reticulata) plante
,
du Japon rcemment introduite en Europe, et qui se distingue
de ses congnres par ses feuilles marbres et rticules de
jaune sur fond vert. Cette nouveaut, qui n'a peut-tre pas encore fleuri en Europe au moment o nous crivons ces lignes,
n'est probablement qu'une varit panache d'une espce unicolore. Jusqu'ici son unique mrite est dans son feuillage.
Beaucoup d'autres espces de chvrefeuilles grimpants
pourraient tre ajoutes cette liste, mais leur description
n'aurait qu'un mdiocre intrt; il nous suffira de citer nominativement le chvrefeuille des bois (L. periclymenum), le
chvrefeuille de Brown (L.Brownii), le chvrefeuille fleurs
jaunes (L.flava), le chvrefeuille longues fleurs (L. longi- j
flora), et enfin lechvrefeuilled'Espagne (L. splendida), comme
mritant plus particulirement l'attention des amateurs.
Toutes les espces de chvrefeuilles sont rustiques en
France, les unes sur un point, les autres surun autre; les
plus dlicates elles-mmes peuvent russir Paris, pourvu
qu'elles soient bonne exposition et abrites du ct du
nord. Elles viennent dans tous les sols, mais elles se plaisent
surtout dans les terres argilo-siliceuses un peu humides. Toutes
se multiplient de marcottes faites au printemps, dans des
pots remplis par parties gales de terre ordinaire et de terreau, ou de boutures en septembre et octobre. On relve
l'anne suivante les sujets enracins pour les planter en pots,
et pouvoir plus tard les mettre en place sans nuire aux racines, qui chez ces plantes sont gnralement sches et peu
garnies de chevelu.
Les chvrefeuilles se prtent tous les usages des autres
plantes grimpantes; on les fait courir sur des treillis, grimper aux arbres ou recouvrir des berceaux. Peu d'arbustes
sont plus propres la dcoration des haies vives, d'autant
mieux que tous se plaisent dans les fourrs, o ils trouvent
lafoisdes appuis et des abris contre les ardeurs du soleil.
12 les clmatites Clematis, Atragene). Grand genre de
renonculaces vivaces et la plupart ligneuses, gnralement
trs-grimpantes, mais non volubiles, feuilles opposes,
,trs-souvent divises en lobes ou en folioles. Leurs fleurs, en
corymbes ou en panicules, rarement solitaires, se composent
d'uncalyce de quatre huit pices colores, ptalodes, qui
tiennent lieu de corolle leur suite viennent plusieurs verticilles d'tamines, puis un faisceau central de carpelles, dont
lesstyles, soyeux et argents, se dveloppent considrablement
aprs
fcondation. Les pices du calyceptalode sont tantt
tales, tanttrapproches en une sorte de corolle campanuliforme. Dans ce dernier cas elles sont communment au nombre
de quatre. Les espces qui prsentent ce double caractre
qu'il
clmatites
le
d'atragnes,
t
spares
des
ont
nom
sous
nous semble inutile de conserver, puisque nous n'adoptons
pas la division du groupe en deux genres distincts. Quelques
espces ne sont vivaces que par la racine, leurs tiges prissant
annuellement.
Ce groupe si tranch de renonculaces est riche en espces, qui sont rpandues sur une vaste tendue de l'Ancien
et mme du Nouveau-Monde. On en trouve plusieurs en
Europe, mais le nombre en est bien plus considrable en
Asie, surtout dans l'Asie centrale et septentrionale; il en existe
mme en Afrique, jusque dans les parties les plus torrides de
ce continent. Il rsulte de cette dispersion gographique des
espces que les unes sont rustiques ou demi-rustiques sous nos
climats, tandis que les autres y demandent l'abri de l'orangerie, de la serre tempre ou mme de la serre chaude,
Toutes n'ont pas, beaucoup prs, la mme valeur pour la
dcoration des jardins. Quelques-unes sont sous ce rapport
de premier ordre d'autres sont si vulgaires ou si mdiocres
qu'elles ne valent pas la peine d'tre cultives. Telle est, pour
n'en citer qu'un exemple, notre clmatite commune ou herbe
auxgueux (C. vitalba grande plante sarmenteuse aux fleurs
blanches, qui n'est gure bonne qu' paissir des haies ou
la
),
masquer des broussailles. On peut l'employer cependant
couvrir des tonnelles rustiques, concurremment avec d'autres
plantes de facile culture. Tant en Europe que hors d'Europe
nous trouvons d'autres espces
plus dignes d'intrt; ce sont
la clmatite ou
par exemple
atragne des Alpes (C. alpina,
Atragene alpina), petite liane de
1m,503m, dont les fleurs, solitaires, un peu grandes, sont bleu
violac; l'atragne ou clmatite
de Sibrie (C. sibirica), semblable
la prcdente, dont elle diffre
principalement par la couleur
blanche de ses fleurs la clmatite feuilles simples (C. integrifolia), des Pyrnes et des montagnes de l'Espagne, fleurs
solitaires bleues; la clmatite de
Fig. 153.
Clmatite de la Caroline.
laCaroline(C.
(fig.
153),
voisine encore, par le port et la taille, de la clmatite des
Alpes, fleurs campanuliformes, d'un blanc jauntre, laves
de pourpre clair l'extrieur; laclmatite viticelle (C. viticella) (fig. 154), d'Espagne, fleurs bleues, pourpres, roses
clmatite odorante ou
ou rticules, suivant les varits;
flammule (C. flammula), du midi de la France, fleurs petites, blanches, lgrement odorantes; la clmatite des Ba
Viorna)
la
lares (C. balearica), d'Espagne, fleurs blanches un peu
grandes et solitaires; la clmatite barbele (C. barbellata), de
l'Himalaya, analogue par le port la clmatite des Alpes,
mais avec des fleurs d'un pourpre violac; laclmatite de montagne (C. montana), des mmes localits que la prcdente,
fleurs blanches, solitaires, relativement grandes et odorantes,
et qui est trs-rustique Paris; la clmatited'Henderson(C.
Hendersoni), varit horticole et probablement hybride, dont
l'origine est peu connue, mais qui est intressante par ses
grandes fleurs campanuliformes, un peu tales, d'un trs-
beau bleu violac, et
qui est rustique dans
tout le nord de la France enfin la clmatite de
Mongolie (C. graveolens), petit sous-arbuste
grimpant, des hautes
montagnes de la Tartarie chinoise, fleurs solitaires, jaunes et un peu
grandes; de mme que
la plupart des espces
asiatiques, elle est d'une
rusticit parfaite sous
nos climats.
Toutes ces espces,
Fig. 154. Clmatite viticelle.
ainsi que beaucoup
d'autres que nous pourrions y ajouter, sont pour la plupart
de deuxime ou de troisime ordre comme plantes dcoratives mais il en existe qui leur sont de beaucoup suprieures
ce point de vue ce sont principalement les suivantes
1 La clmatite de Forster (C. indivisa), originaire de la
Nouvelle-Zlande et introduite assez rcemment en Europe
par un missionnaire protestant, le Rvrend William Colenso.
Ses feuilles sont trois folioles plus ou moins lobes ou dcoups, et ses fleurs, un peu grandes et d'un blanc pur, en
panicules ombelliformes au sommet des rameaux. Sous
le climat de Paris elle appartient plus l'orangerie qu' la
pleine terre, mais elle russit fort bien dans nos provinces de
l'ouest et du midi, pour peu qu'elle soit abrite contre le vent
du nord.
2 La clmatite grandes fleurs (C. florida), trs-belle plante
du Japon, dont elle orne les jardins depuis des sicles, et dj
profondment modifie par la culture. Ses feuilles sont dcoupes en trois ou neuf folioles ovales, dont les ptioles allongs s'enroulent comme des vrilles imparfaites autour des
objets qu'ils peuvent saisir. Ses fleurs sont de premire gran-
deur, solitaires, tales, simples dans le type sauvage, trsdoubles au contraire dans la varit cultive, d'un blanc pur
lorsqu'elles sont entirement panouies. Elle est demi rustique sous le climat de Paris, en ce sens qu'elle fleurit en
plein air une exposition mridionale et abrite, mais elle
ne doit tre retire de la serre que lorsque le temps est devenu
tout fait doux. Elle est au contraire de pleine terre dans nos
dpartements mridionaux, o il suffit de lui donner de lgers
abris pendant l'hiver.
3 La clmatite azure (C. patens, C. azurea, C. crulea)
(fig. 155), autre espce du Japon, feuilles ternes outriternes,
dont les fleurs, solitaires, largement ouvertes et composes de 8 ptalesdans les varits simples, n'ont pas
moins de 0m,12 0m,15 de
diamtre. La teinte normale
de ces fleurs est le bleu ple,
mais elle passe au blanc pur
dans quelques varits dont
une surtout, rcemment importe du Japon sous le nom
de Monstrosa, se fait remarquer par la quasi-plnitude
de ses fleurs, qui comptent
une quarantaine de ptales
ou spales ptalodes, quoique conservant encore les organes de la reproduction.
Dans une autre varit, reste
simple (Amalia), la couleur
des pices ptalodes est un
Fig. 155. Clmatite azure.
violac ple qui rappelle la
teinte lie devin enfin, dans une troisime varit, pareillement
simple (Sophia), et qui nanmoins peut tre considre comme
la plus belle de toutes la fleur, dmesurment grande, est remarquable en outre par la largeur inusitede ses organes pta-
lodes,d'unviolet fonc, et coups dans toute leurlongueur par
unebande verdtre qui en occupe le milieu. La clmatite azure
appartient l'orangerie plus qu' la pleine terre dans le nord
de la France; elle y fleurit cependant en plein air, bonne
exposition, mais il est prudent de la rentrer en hiver ou tout
au moins de l'abriter des grands froids sous une couverture
quelconque. L'arrive de cette belle espce en Europe date
djd'une quarantaine d'annes.
4 Laclmatitelaineuse(C. lanuginosa), dcouverte bien plus
rcemment en Chine, prs de Ning-Po, qui est encore suprieure la prcdente et doit mme passer pour une des plus
belles du genre. Ses feuilles, trs-grandes relativement, sont
simples outrifolioles sesfleurs solitaires, formes de six sept
larges pices ptalodes, d'un gris azur et disposes en rosace,
sont d'un quart ou d'un tiers plus larges que celles de la clmatite azure. Il en existe mme une varit de coloris plus ple,
dsigne dans les jardins sous le nom de Pallida, dont les
fleurs, tout fait gigantesques, n'ont pas moins de 25 27
centimtres de diamtre. Dj presque rustique dans le nord
de la France, la clmatite laineuse l'est tout fait dans
l'ouest et dans le midi. Quoique encore peu rpandue, on
ne peut douter qu'elle ne soit appele un grand avenir.
5 Enfin, la clmatite de Fortune (C. Fortunei), superbe
plante, qui a t rapporte du Japon dans ces dernires annes,
par M. Robert Fortune, et qui est la digne rivale de la
prcdente, avec laquelle elle a d'ailleurs des analogies par le
port et le feuillage. Ses normes fleurs en coupe vase,
d'un blanc lgrement teint de lilas, comptent plus de cent
ptales rgulirement imbriqus, ce qui leur donne une certaine ressemblance avec celles des grandes espces de nymphaces; de plus, elles exhalent un parfum suave, qui rappelle celui des fleurs de l'oranger. Cette belle clmatite n'a pas
encore fait ses preuves de rusticit en Europe, mais son analogie avec l'espce prcdente ne laisse gure de doute qu'elle
ne puisse russir l'air libre dans toutes les parties tempres de la France.
La culture des clmatites n'offre en gnral d'autres diffi-
cults que celles qui peuvent rsulter du climat. Elles s'accommodent de toutes les terres, mme des plus mdiocres, la
condition qu'elles ne retiennent pas l'eau des pluies. Toutes
se plaisent au grand soleil et dans les lieux ars, mais il est
utile qu'elles soient l'abri des grands vents, qui leur nuisent
en drangeant leurs branches mal assures sur les tuteurs,
parce qu'elles ne sont ni volubiles ni pourvues d'organes de
prhension. Saufles espces indignes, et quelques autres qui
donnent assez facilement des graines dans nos jardins, la plupart des clmatites exotiques y sont ordinairement striles,
aussi ne les multiplie-t-on gure autrement que d'clats du
pied, de couchages, qui mettent dans certaines espces jusqu' deux annes pour s'enraciner, de boutures ou enfin de
greffes, qui sont plus expditives que ces divers moyens. Ces
greffes se font le plus ordinairement en fente, soit sur des
souches, soit sur des racines d'autres espces, assez souvent
sur la clmatite commune (C. vitalba). Il est rare qu'on lve
les clmatites de graines; ce serait cependant le moyen le
plus sr d'en obtenir des varits nouvelles ou plus belles que
les types primitifs.
13 Lesbignones. La famille, presque toute tropicale, des
bignoniaces fournit au jardinage d'agrment un grand
nombre de plantes de premier ordre, mais la plupart trop frileuses pour pouvoir trouver leur place dans nos jardins de
plein air. Quelques-unes cependant supportent assez bien les
rigueurs de l'hiver jusque dans le nord de la France, comme
nous le voyons par le paulownia imprial, le catalpa et les
deux ou trois espces que nous citerons tout l'heure. Beaucoup de bignoniaces sont des plantes grimpantes de premire
valeur, celles principalement des deux genres Bignonia
Tecoma, qu' cause de leur analogie nous runissons ici sous
le nom gnral de bignones.
Toutes ces plantes ont les feuilles opposes, le plus souvent
dcomposes en folioles, avec ou sans impaire terminale, digites ou pennes; chez quelques-unes les folioles terminales se
changent en vrilles ou en crochets, ou bienle ptiole lui-mme,
continu dans le rachis de la feuille, se prolonge en vrille
et
son extrmit. De l rsultent des plantes trs-grimpantes,
dont les tiges sont mme quelquefois demi volubiles. Leurs
fleurs, tubuleuses, trs-analogues de structure avec celles des
digitales,des pentstmons et des mimulus, sont en grappe ou
enpanicule l'extrmit des rameaux; leurs couleurs dominantes sont le jaune, l'orang, le rouge et les teintes mordorestirant plus ou moins sur le brun. Parmi les espces recommandables nous devons citer
1 La bignone blanche (B, Carolin), qu'on croit originaire
desrgions tempres de l'Amrique du Sud, grimpante,
feuilles bifolioles, et dont le ptiole se termine en vrille. Les
fleurs, en longuesgrappes terminales, sont de moyenne grandeur, blanches, laves de jaune dans la gorge et de pourpre
violac l'extrieur du tube. Demi-rustique dans le nord, elle
devra y tre remise en serre tempre ou en orangerie pen-
dant l'hiver.
Lindley (B. picta, B. speciosa, B. Lindleyi),
des environs de Bunos-Ayres, tiges grles et dbiles,
feuilles tantt simples, tantt bifolioles, et dont le ptiole,
dans ce dernier cas, se prolonge en vrille. Les fleurs sont en petits bouquets axillaires, grandes, largement ouvertes, rose-lilas
ou violaces, avec des rticulations pourpre noir sur le limbe,
et laves de jaune dans la gorge. Cette espce est de premier
ordre, mais elle n'est de pleine terre que dans les localits
tempres de l'ouest et du midi de la France. Dans le nord
elle ne peut quitter l'orangerie ou la serre tempre que
pendant les mois d't, et encore ne fleurit- elle que rappro-,
che d'un mur, exposition mridionale.
.3 La bignone caprole (B. capreolata), des tats-Unis mridionaux, et, ce titre, demi-rustique dans le nord de la
France. Elle a les feuilles bifolioles, avec une vrille intermdiaire, et les fleurs de grandeur moyenne, tubuleuses,
arques, d'un rouge marron. A Paris elle passe l'hiver en
pleine terre au pied d'un mur, moyennant une couverture de
feuilles ou des paillassons; elle est tout fait rustique dans
| l'ouest et dans le midi.
4 La bignone de Virginie ou jasmin trompette Bignonia ou
2e La bignone de
Tecomaradicans) (fig. 156), grande liane des tats-Unis
mri-
Fig.156.BignonedeVirginie.
dionaux, feuilles pennes avec impaire terminale, fleurs en
grappe, longuementtubuleuses, d'un rouge carlate vif, pourpres dans quelques varits. Comme la prcdente, elle est
demi rustique sous le climat de Paris, o elle passe l'hiver
moyennant quelques abris. C'est une des plus belles planles
grimpantes de pleine terre que nous ayons.
5 La bignone de Chine Bignonia ou Tecoma grandiflora),
de l'Asie orientale et demi-rustique dans le nord de la France.
(
Ses
feuilles pennes et ses fleurs rouges lui donnent quelque ressemblance avec l'espce prcdente, dont elle diffre
cependant en ce que le tube de la corolle y est plus court et le
limbe plus largement ouvert.
6 La bignone feuilles de jasmin (Bignonia ou Tecomajasfeuilles pennes avec
minoides), de Nouvelle-Hollande,
impaire et fleurs rose clair, presque ca mpanuliformes. Cette
jolie liane n'est de pleine terre que dans les localits les plus
chaudes
du climat mditerranen.
t
Outre les espces grimpantes, le genre des bignones en renferme quelques-unes qui sont de petits arbustes dresss,
assez fermes pour se passer d'appuis quand ils ne dpassent
pas une certaine taille, mais qui aiment encore tre soutenus parles vgtaux voisins. De ce nombre sont la bignone
du Cap (B. capensis) et la bignone du Chili (B. fulva), lapremire fleurs rouges, la seconde fleurs oranges. Toutes deux
sont des arbustes de 2 3 mtres, feuilles pennes, demirustiques la latitude de Paris, o elles passent l'hiver en
pleine terre au pied d'un mur, moyennant quelques abris.
Toutes les bignones se plaisent aux expositions chaudes et
claires, et veulent une terre la fois substantielle, lgre et
naturellement draine. Dans le nord, o les pluies sont frquentes en t, elles se passent de tout arrosage, mais sous le
soleildesschant du midi elles devront tre copieusement arroses une ou deux fois par mois. De mme que les autres
plantes grimpantes elles servent, suivant les lieux et les climats, tapisser les murs ou garnir des berceaux; au sud du 44e
degr on peut les faire grimper sur les arbres toutes les expositions. Toutes se reproduisent de couchages ou de boutures,
quelquefois d'clats du pied ou de tronons de racine; on
les multiplie aussi de greffes sur des espces vigoureuses, et
en particulier sur la bignone de Virginie.
A la suite des bignones nous devons encore citer une espce
grimpante d'un certain intrt; c'est l'eccrmocarpe ou bignone
duChili'(Eccremocarpusscaber) (fig. 157), dontlestigesligneuses
s'lvent 5 ou 6 mtres,
feuilles pennes, fleurs tubuleuses, rouge carlate, en grappes axillaires, et qui mrit assez
la
Fig. 157.
Eccrmocarpe du Chili.
souvent ses graines sous nos climats. A Paris il n'est rustique que pendant la belle saison, et les pieds doivent tre rentrs en orangerie aux approches de l'hiver mais Cherbourg,
et sur toute la cte de l'Ocan, il vit de longues annes en plein
air, et y prend un beau dveloppement. On l'emploie aux
mmes usages que les bignones proprement dites, et on le
multiplie comme elles de rameaux enracins et de graines semes au printemps sur couche chaude. Les plantes obtenues
par cette dernire voie fleurissent quelquefois dans l'anne
mme.
14 Les passiflores (Passiflora, Tacsonia), nommes
aussi fleurs de la Passion, charmantes plantes des climatschauds et temprs-chauds, trs-grimpantes, munies de
vrilles axillaires toujours simples, et dont les feuilles sont
singulirement varies de formes. Presque toutes sont vivaces
et tiges ligneuses, et quelques-unes peuvent s'lever 8 ou
10 mtres et plus sur les objets qui leur servent d'appuis.
Trs-belles par le feuillage, les passiflores ne le sont pas moins
par leurs fleurs (1), o dominent les teintes bleues, violettes
(l) Voyez, pour la description de ces fleurs compliques, l'article passisflores,
de cet ouvrage, p. 322.
tome
et rouge carmin. Leurs fruits mme, l o ils peuvent mrir,
ajoutent naturellement encore leur agrment.
Malheureusement, trs-peu d'espces de cette belle famille
peuvent tre cultives l'air libre dans les provinces du nord
et du centre de la France il n'yen a mme gure qu'une, la
passiflore bleue (P. crula) (fig. 158) des tats-Unis, fleurs
bleu ple ou
blanches, quiy
vienne tant bien
que mal, encore
faut-il qu'elle
soit palisse sur
des murs tourns au midi.
Elle russit dj
beaucoupmieux
la latitude
d'Orlans, ce
qui tient surtout
ce que la chaleur de l't y
estsensiblement
plus forte. Dans
la rgion de l'olivier la passiflore bleue devient un arbre,
dont les vigoureux sarments
acquirent avec
les annes la
du
grosseur
bras, et serpenFig. 158. Passiflore bleue.
tent fort loin sur
les chafaudages qu'on dresse pour la soutenir. L aussi elle
produit en quantitdes fruits ovodes, de la grosseur d'un
petit uf de poule, lisses, luisants, d'abord orangs puis
carlates, dont les graines serviraient la reproduire si le
marcottage et le bouturage des branches ne donnaient des
moyens plus rapides de multiplication. Peu de plantes grimpantes conviennent aussi bien pour recouvrir lestonnelles
garnir les treillis sur les murs des habitations, dcorer les haies
vives ou enguirlander les fentres. Les seules rivales qu'elle
ait pour ces divers usages sont les autres espces de passiflores, qui sont d'ailleurs presque toutes exlues par leur temprament frileux du centre et du nord de la France.
En Provence, et dans toutes les parties du midi de l'Europe o la temprature moyenne annuelle n'est pas infrieure
45 degrs centigrades, c'est--dire dans la rgion de l'oranger, un grand nombre de passiflores pourraient tre ou sont
dj cultives l'air libre, l surtout o il existe des murs
qui les abritent des vents du nord en hiver. Dans le nombre
nousciterons lapassiflore pourpre (P. kermesina), la passiflore
grappes (P. racemosa) et la passiflore ou tacsonie manchettes
Tacsonia manicata), toutes trois du Brsil, qu'on rencontre
dans beaucoup de jardins d'amateur Toulon, Cannes, Nice,
et autres localits de mme climat elles y fleurissent mme
en hiver.
Les passiflores aiment les terres profondes, saines et de
bonne qualit et elles ne russissent bien qu' la pleine lumire du soleil. On les multiplie de graines semes sur couche
chaude, ou plus ordinairement de couchages et de boutures,
et assez souvent de greffes. Dans ce dernier cas la passiflore
bleuesert ordinairement de sujet.
15 Les glycines (Glycine, Wistaria). Ce sont de grande
lgumineuses papilionaces, arborescentes, tiges sarmenteuses et quelque peu volubiles, feuilles pennes et caduques,
fleurs en grappe ou en pis du plus grand effet ornemental.
On en cultive plusieurs espces, mais principalement les deux
suivantes, la glycine de Chine(Wistaria sinensis) (fig. 159),
fleurs bleu clair, dont les tiges et les branches peuvent s'lever
12 ou 15 mtres, et qui fleurit avec une extrme profusion
en avril et mai; et la glycine d'Amrique ( W. frutescens), originaire des tats-Unis mridionaux, moins grande que la pr-
Fig. 159. Glycine de Chine.
cdente, fleurs violaces ou violettes, et fleurissant en automne. Toutes deux sont peu prs rustiques sous le climat
de Paris, en ce sens qu'elles y passent l'hiver sans geler, mais
elles n'y donnent jamais de graines.
De ces deux espces la glycine de Chine est de beaucoup
la plus rpandue et la plus belle; elle parat aussi mieux approprie au climat du nord que celle d'Amrique. Peu difficile
surlanature du terrain, pourvu qu'il ne soit pas imbib d'eau,
mais prfrant tous les autres les solsargilo-calcaires, elle
vient toutes les expositions, et en peu d'annes s'lve au
sommet des arbres qu'on lui donne pour tuteurs, ou couvre les
murs qu'on lui fait escalader. Aucune description ne saurait
rendre l'effet qu'elle produit lorsqu'elle laisse pendre de ses
rameaux ses longues et innombrables grappes de fleurs. Ajoutons qu'il n'est pas rare de la voir donner une seconde flo-
raison sur la fin de l't, mais incomparablement moins riche
que la premire. On la multiplie avec la plus grande facilit
de marcottes enracines spontanment autour du pied mre,
ou de couchages faits exprs. Toujours strile dans le Nord,
par l'avortement de son pollen, on la voit assez souvent
donner des graines dans le climat mditerranen. C'est dire
que, si elle ne craint pas les froids rigoureux de nos hivers,
elle redoute encore moins les fortes chaleurs et les rayons ardents du soleil.
La glycine d'Amrique, quoique introduite en Europe bien
longtemps avant celle de Chine, est devenue presque rare dans
les jardins, ce qu'il faut surtout attribuer son infriorit relative comme plante ornementale. Cependant ses fleurspeuvent
presque rivaliser de beaut avec celles de l'espce chinoise, et
elles ont l'avantage d'arriver dans une saison o cette dernire
est depuis longtemps dfleurie. Ce qui contribuera peut-tre
lui ramener la faveur dont elle jouissait jadis, c'est la dcouverte, encore rcente, de la varit dsigne sous le nom
de magnifique (W. frutescens magnifica), beaucoup plus
florifre que la forme type, et dont les fleurs lilas bleutre
sont releves d'une macule jaune sur le centre. Plus que la
glycine de Chine, celle d'Amrique exige les expositions mridionales et les abris contre lefroid et tandis que la premire se
plat dans les terres argilo-calcaires, elle-mme ne vient bien
que dans les sols argilo-siliceux. En dehors de ces particularits, sa culture et sa reproduction suivent les mmes errements que celles de la glyeine de Chine, sur laquelle on est
dans l'habitude de la greffer lorsque le terrain ne lui convient
pas.
espces nous pouvons, pour complter cetarticle,
en ajouter une troisime, la glycine du Japon ou courtes
grappes W.brachybotrys), qui, il est vrai, n'appartient qu'
demi la catgorie des plantes grimpantes. C'est un arbuste
dress, rameaux grles, un peu sarmenteux et volubiles
dans la jeunesse, qu'il est bon de soutenir sur des tuteurs ou
de palisser sur des treillis. Ses fleurs, plus grandes que
celles des autres glycines, et disposes de mme en grappe
A ces deux
pendante, sont d'un violet un peu fonc, et se montrent au
printemps en mme temps que les feuilles. Ce joli arbuste se
plait dans les terres saines de moyenne qualit, et prospre
dans tout l'ouest de la France, mais il n'est qu' demi rustique
dans le nord, o il craint plus l'humidit prolonge et les franpitirs de l't que les geles de l'hiver.
16 L'akbie cinq feuilles (Akebia quinata). Plante du
Japon, dela familledes lardizabales, tiges grles et ligneuses,
pouvant s'lever 8 ou 10 mtres, quoique non volubiles et dpourvues de vrilles, et dont les feuilles, un peu glauques, sont
divises en cinq folioles ovales et divergentes. Elle donne des
grappes de fleurs ptales charnus, de couleur lie de vin,
qui sont plus curieuses qu'ornementales et qui restent striles
sous nos climats. Cette liane, peu rpandue dans les jardins,
est propre garnir des murs, des treillis et des berceaux, surtout associe d'autres, parce que seule elle ne donnerait pas
assez de verdure. C'est peine si on peut la dire rustique
Paris, o elle russit mdiocrement, mme palisse sur des
murs qui la mettent l'abri des vents froids; elle nous parat
en consquence mieux convenir aux rgions mridionales ou
celles que le voisinage de l'Ocan rend plus tempres en
en hiver. On la multiplie de couchages, de boutures ou de
tronons de racine.
17 Le maximowiezia de
:'
la
nensis). Grande et belle liane du nord dela Chine et de Mand,
chourie,
appartenant l'ordre des schizandraces, dioque, dont
les sarments, ligneux et flexibles, grimpent par enchevtrement
et peuvent s'lever 7 ou 8 mtres. Les feuilles en sont alternes
et ovales, d'une belle verdure; les fleurs d'un rose carmin
assez vif. Aux fleurs femelles fcondes succdent des baies
d'un rouge carlate, en petites grappes pendantes, qui sont le
principal ornement de la plante et conservent leur clat pendant une partie de l'hiver. Sa rusticit est telle qu'elle rsiste
mme aux hivers rigoureux de Saint-Ptersbourg, o elle a t
importe par le botaniste Maximowicz, qui lui a lgu le nom
la Chine (Maximowicziachi-
gnrique qu'elle porte. On peut en conclure qu'elle sera pareillement rustique dans toutes les parties de la France.
D'autres schizandraces grimpantes peuvent encore prendre
rang parmi nos plantes ornementales de plein air. Telles sont,
parmi les plus connues, leschizandre carlate (Schizandra
coccinea), de l'Amrique du Nord, fleurs rouge vif, et le kadsura du Npaul Kadsura propinqua), fleurs jaunes, toutes
deux rustiques dans l'ouest et le midi de la France. Le kadsura
du Japon (Kadsurajaponica), petit sous-arbrisseau de 3 4mtres, qui rsiste encore aux hivers de Paris, n'appartient qu'incompltement au groupe des plantes grimpantes. Tous ces
arbustes, y compris le maximowiczia de la Chine se propagent de graines et plus simplement de couchages et de boutures.
18 Les chits (Echiles, Mandevillea). Plantes de la famille des apocynes, de l'Amrique du Sud, la plupart volubiles et ligneuses; feuilles simples et opposes; fleurs
tubuleuses, vases au sommet en forme d'entonnoir, blanches, jaunes, roses ou pourpres, souvent trs-odorantes. Presque toutes sont de serre chaude dans la plus grande partie
de l'Europe, mais il y en a une qui fait exception, mme en
France, c'est l'chitsparfum ou jasmin du Chili (Echites
ou Mandevilleasuaveolens), charmante liane des rgions tempres de l'Amrique du Sud, dont les fleurs blanches exhalent
une odeur suave. Tout fait rustique dans la rgion mditerranenne, elle mrit encore ses graines sous le climat doux
des ctes de l'Ocan, jusqu' la hauteur de Cherbourg. A
Paris elle appartient l'orangerie pendant l'hiver, mais elle
fleurit d'une manire satisfaisante en plein air, aux expositions
abrites.
19 La bougainville du Brsil (Bugainvillea specde
tabilis ), arbrisseau sarmenteux du Brsil mridional
la famille des nyctagines, s'levant
7 ou 8 mtres, insignifiant par ses fleurs, mais trs-remarquable par la
beaut de ses grandes bractes florales rose lilas ou carmin
violac. Dans presque toute la France il appartient la serre
chaude, et on l'y emploie ordinairement couvrir des
murs en le faisant grimper sur un treillis, mais dans les
parties les mieux abrites du climat mditerranen il russit
en plein air, le long des murs et aux expositions mridionales,
encompagnie des passiflores et des autres plantes grimpantes
rustiques sous ce climat. Il y fleurit du milieu de l't la fin
de l'automne, quelquefois mme jusqu'au cur de l'hiver, et
n'y prit gure que lorsque la temprature s'abaisse 4 ou 5
degrs centigrades au-dessous de zro, ce qui est assez rare
au sud du 42e degr de latitude. On le multiplie de couchages et de boutures. Une seconde espce, qui d'ailleurs en
diffre peu, le B. fastuosa, du mme pays, y russirait galement dans les mmes conditions.
20Ladentelaire du Cap (Plumbago capensis), arbrisseau grimpant de la famille des plombagines, qui pour l'effet
ornemental peut tre assimil la bougainville du Brsil,
sur laquelle il a l'avantage d'une rusticit plus grande. Comme
cette dernire, il s'lve 7 ou 8 mtres, et il se palisse sur
les murs de fond des serres froides et des serres tempres,
qu'il couvre en peu d'annes d'une immense quantit de fleurs
bleu d'azur. Il vient sans difficult dans la rgion mridionale
aux expositions chaudes et abrites, et il y rsiste communment aux froids de l'hiver, moyennant une lgre couverture sur le pied. Mme Paris il peut passer l'air libre
trois ou quatre mois de la belle saison et fleurir. De mme
que la plupart des autres plantes grimpantes
on le multiplie de boutures et de branches enracines.
21 Terminons cette numration des vgtaux grimpants par une espce non moins belle que les deux prcmitrariacarlate(Mitraria coccinea). un des
dentes,
plus dignes reprsentants de la brillante famille des gesnraces, et le seul peut-tre qui puisse se cultiver l'air
libre en Europe. C'est un sousarbuste, dont la tige et
les branches, dbiles, s'appliquent sur le tronc des arbres
l'aide de racines adventives, mais dont les rameaux fleuris se
tiennent fermes et dresss. Les fleurs sont de moyenne grandeur, urcoles, pendantes, de l'carlate le plus vif. Originaire
de l'le de Chilo, prs des ctes du Chili, o le climat est
la fois doux, brumeux et trs-humide, le mitraria est naturellement indiqu, comme plante de plein air, pour toutes les
le
ctes ocaniques de l'Europe moyenne et mridionale. Hors de
l il appartient la serre froide, o sa culture est d'ailleurs rpute difficile, soit par manque de lumire ou d'humidit, soit
peut-tre parce qu'on l'y lve en pots et dans une terre peu
substantielle. Remarquons, en effet, que toutes les plantes
piphytes se plaisent dans les dtritus vgtaux, et que la
terre de bruyre, telle que nous l'employons communment,
est souvent fort pauvre en ces principes. Le mitraria se multiplie de couchages et de boutures en serre multiplication.
Il est vident qu'on le propagerait aussi de graines, si on pouvait en obtenir.
Dans le recensement que nous venons de faire nous n'avons
pas, beaucoup prs, puis la liste des plantes grimpantes
qui ont t ou peuvent tre introduites dans nos jardins de
plein air; nous n'avons rien dit, par exemple, des pervenches
V.minor),jolies plantes indignes fleursbleues,
(Vincamajor
mais dont les sarments tranent terre plus qu'ils ne grimpent, ce qui en limite beaucoup l'emploi dans le jardinage;
Rhynchospermum jasmidu rhynchospermum faux-jasmin
noides ), sous-arbuste de Chine fleurs blanches et parfumes,
qui demande l'orangerie Paris pendant l'hiver des cynanchums, desmarsdnias, desaraujas, despriplocas et des
mtaplexis, asclpiadesvolubiles, plus remarquables par leur
feuillage que par leurs fleurs, et qui conviennent mieux aux
climats du midi qu' ceux du nord du houblon (Humulus Lupulus), dela baselle (Basellarubra)?duboussingautia (Boussingautia baselloides), et d'autres plantes de troisime ou de quatrime ordre, qui peuvent tre employes paissir des haies
ou couvrir des murs dans les jardins ngligs. Nous aurions
pu y ajouter encore d'autres espces exotiques, mme recommandables, mais l'abondance des matires nous oblige
limiter ce chapitre celles qui ont t numres ci-dessus,
et que nous avons choisies parmi les plus belles et les plus
classiques. L'amateur supplera d'ailleurs facilement, parles
catalogues des horticulteurs, aux lacunes que nous laissons
presque malgr nous dans cet expos d'une des branches les
plus intressantes du jardinage d'agrment.
et
VI.
CHAPITRE
LES GRANDES PLANTES ORNEMENTALES.
1.
CONSIDRATIONS GNRALES.
Nous abordons ici une nouvelle catgorie de plantes assez
vaguement dtermine dans le jardinage, et dans le fait
beaucoup moins homogne que les prcdentes, mais qui cependant ne peut se confondre avec aucune autre. Plusieurs
sont d'introduction rcente, ou du moins ne jouissent de la
.vogue que depuis un petit nombre d'annes d'autres au contraire sont dj anciennes, mais cause de leur grande taille
elles ne se prtent pas aux mmes usages que les plantes de
parterre proprement dites. Cette innovation at amene par
la rforme qui s'est insensiblement opre dans la composition des jardins, o le caprice individuel tend de plus en
plus se substituer aux anciennes rgles. La plupart d'ailleurs
s'associent heureusement aux collections fleuries, soit pour
en rehausser l'clat par la beaut de leur feuillage, soit pour
varier les aspects et rompre l'uniformit des carrs occups par
les fleurs. Mais pour que leur emploi produise l'effet dsir il
fautsavoir les choisir et les placer convenablement, ce qui est
une affaire de tact et s'acquiert par l'tudedesmodles russis.
En gnral, ces sortes de plantes qui sont d'une taille relativement leve, et qui sont destines surtout tre vues distance, soit isolment, soit rapproches en massifs, s'adaptent
mieux ce que nous avons appel les grands jardins et les
jardins paysagers qu'aux parterres proprement dits. Plus ces
derniers sont troits, moins ils comportent cette grande vg-
tation, et ils perdent d'autant plus de leur caractre propre
et de leurs agrments que la quantit en est plus disproportionne avec leur tendue.
Une condition essentielle de ces plantes est d'tre doues
d'un port noble et d'un beau feuillage, beau par ses teintes,
son ampleur ou sa forme. Quelques-unes ne brillent que
parce ct; d'autres, au contraire, ne sont pas moins remarquables par leurs inflorescences, quelquefois mme par
leurs fleurs ou leurs fruits, que par leurs organes de vgtation. Empruntes bien des familles diffrentes, elles offrent
la plus grande varit d'aspects et fournissent l'amateur le
plus large choix. Ce qui n'est gure moins essentiel, c'est
qu'elles soient assez rustiques pour endurer toutes les vicissitudes du climat l o on en veutfaire usage et y prendre le
dveloppement que comporte leur nature. Leur mrite ornemental est grand lorsqu'elles arrivent leurs proportions
normales; mais rien n'est plus disgracieux que ces plantes
lorsqu'elles restent rabougries, qu'elles sont maladives ou
vgtent misrablement.
C'est parmi elles que nous trouvons quelques-unes de ces
formes tropicales qui impriment un cachet particulier nos
jardins modernes, et qui taient inconnues ou indiffrentes
aux horticulteurs du sicle dernier. Mais ces espces de climats plus chauds que le ntre exigent, sous nos latitudes, des
soins particuliers. Elles veulent tre non-seulement abrites
contre les intempries de l'hiver dans les serres ou les orangeries, mais actives encoreau printemps parla chaleur artificielle
avant d'tre transplantes dans le jardin de plein air, o elles
ne doivent passer que la belle saison sous peine de prir. Mieux
favoriss que ceux du nord par le climat, les jardins mridionaux voient cettedifficult disparatre en grande partie. L, en
effet, tant parla douceur de l'hiver que par la chaleur de l't,
lesplantes d'aspecttropical deviennent la fois plus nombreuses, plus grandes, plus belles et bien moins exigeantes d'abris.
Cependant, mme dans le nord, leur culture pourrait se simplifier et devenir plus florissante si -on parvenait chauffer
momentanment le sol o elles sont plantes et les prser-
ver, par des. abris temporaires et sur place (1), ds rigueurs
de l'hiver et des pluies froides ou excessives de l't.
Les plantes dont il va tre question dans ce chapitre sont
annuelles ou vivaces, plusieurs mmes sont ligneuses et presque
arborescentes;
ne sont cependant point des arbres dans le
sens ordinaire du mot. Quelques-unes de ces dernires seront
empruntes au type monocotyldon, dont les grandes formes,
toutesbannies de nos climats temprs-froids, sont par cela
mme ce qui nous frappe le plus dans la vgtation des contres
tropicales. En divisant donc les grandes plantes ornementales
en deux sections, l'une pour lesmonocotyldones, l'autre pour
les dicotyldones, nous nous conformerons non-seulement
l'ordre naturel, mais aussi un certain ordre horticole, fond
sur les analogies de la culture, des affinits de port, et par
suite sur une certaine similitude d'emplois pour la dcoration des jardins.
Ainsi que nous l'avons dit tout l'heure, la srie des plantes
ornementales qui vont maintenant nous occuper offrira comparativement peu d'homognit, et ceci doit s'entendre
principalement de celles de la classe des dicotyldones.
Parmi ces dernires, en effet, nous en verrons paratre un
assez grand nombre qui sont essentiellement des plantes fleurissantes, et qu'on pourrait la rigueur classer dans la catgorie des plantes de parterre. Cependant si l'on tient compte
de leur ampleur, de leur taille leve de l'abondance de
leur feuillage ou de la grandeur et du vif clat de leursinflorescences, on reconnatra qu'elles gagnent tre rapproches
massifs et qu'elles sont propres surtout tre vues
de loin. Prisesen bloc, ces grandes plantes fleurissantes sont
comme le lien qui runit les jardins fleuristes aux jardins
paysagers. Mais parmi les espces dicotyldones il en est aussi
dont toute la valeur dcorative est dans le port ou le feuillage,
et qui ne se prsentent avantageusement que lorsqu'elles sont
en individus isols. C'est elles, ainsi qu'aux grandes mono-
ce
en
Voir l'Aperu de la culture gothermique, publi par M. Naudin
in-8, dj cite dans le premier volume de cet ouvrage, p. 410.
(1)
brochure
cotyldones de mme caractre, que nous appliquons en propre la qualification de plantes pittoresques (1), rservant celui
de plantes de grands massifs pour celles qui brillent surtout
par leur runion en groupes plus ou moins tendus. De toutes
les catgories horticoles, ce sont les mieux appropries la
dcoration des jardins publics, exception faite cependant des
plantes feuillage color, qui n'y sont pas moins ncessaires
pour la confection des bordures. Nous verrons, dans un autre
chapitre, que ces mmes jardins trouvent leur complment
dans un certain nombre d'arbustes, qui pourraient tre pareillement classs en arbustespittoresques et enarbustesdemassifs.
Il est inutile que nous nous tendions ici sur la culture des
grandes plantes ornementales, puisque, varies d'organisation
et d'espces, comme elles le sont, elles runissent dans leur
ensemble les exigences les plus diverses. En traitant de
chacune d'elles, d'ailleurs, nous ferons connatre ce qu'elles
ont de particulier sous ce rapport. Toutefois, on peut dire
d'une manire gnrale qu' cause mme de leur ampleur
elles veulent une terre substantielle, profonde, bien engraisse
de fumier dcompos, permable quoique non sujette se
desscher. De copieux arrosages leur sont galement ncessaires, et plus peut-tre aux monocotyldones qu'aux autres.
Le plus grand ennemi de toutes ces plantes est le vent,
auquel elles donnent beaucoup de prise, et qui, lorsqu'il est
violent, peut les draciner ou briser leurs feuilles. Il convient
donc de les mettre dans les situations les mieux dfendues des
courants d'air. Pour la mme raison on les cartera des espces pineuses, qui dchirent leur feuillage, lorsque le vent
les met en contact avec elles. Enfin, nous avons peine besoin de le rappeler, presque toutes les grandes plantes sont impatientes de l'ombre, et par consquent le jardin qui leur
midi
orient
consacr
et recevoir la plus
devra
tre
au
sera
grande somme possible de rayons solaires.
On les trouve aussi mentionnes, dans les catalogues des horticulteurs, sous
les nomsdeplantes grandeffet,plantesdehaut ornement, plantes feuillage.
(1)
II.
LES MONOCOTYLDONES PITTORESQUES.
Ellessontempruntes neuffamilles naturelles lesarodes,
les gramines, les liliaces les amaryllides, les bromliaces,
les palmiers, les musaces, les zingibraces et les cannaces.
i#~~tes arodes. Trs-peu d'espces ornementales de
cette famille peuvent trouver place dans nos jardins de plein
air;lesseules qui y passent l'hiver et fleurissentsous le climat
dunord sont deux espces du midi de l'Europe, l'arum chevelu. (Arum.crinitum) et l'arum serpentaire (A. dracunculus), plantes rhizomes vivaces, formant de fortes et paisses
touffes de feuillage deom,50 0m,60de hauteur, au-dessus
desquelles s'lvent de grands spadices, dont les spathes, en
forme de cornet et teintes de pourpre noir l'intrieur, exhalent une odeur cadavrique des plus prononces. Dans l'arum
chevelu cette spathe est hrisse en dedans de poils rflchis,
qui permettent bien aux insectes, attirs par l'odeur (1), de descendre dans son intrieur, mais s'opposent leur sortie. Chez
l'arum serpentaire la tige est lgamment marbre de vert
et de blanc, elle feuillage d'une forme la fois bizarre et lgante. Ces deux belles plantes se plaisent dans les terres argileuses un peu humides, aux expositions chaudes mais abrites
contre le soleil, et se passent de toute culture toutefois, cause
de leur odeur repoussante au moment de la floraison, il convient de les tenir dans les parties recules du jardin. On pourrait d'ailleurs viter cet inconvnient en supprimant leurs inflorescences avant leur entier dveloppement.
Depuis quelques annes on a introduit dans les jardins publics de Paris deux ou trois grandes arodes du genre colocase (Colocasia, Caladium), qui n'ont de beau que leurs nor-
Ces insectes sont ceux qui recherchent les matires animales en dcomposition, en particulier le dermeste gris et la mouche de la viande. Tromps par l'odeur,
ils descendent au fond du cornet de la spathe. et ils y prissent ordinairement asphyxis, souvent aprs y avoir pondu des ufs, qui eux-mmes restent infconds.
On connat plusieurs autres plantes insecticides comme celles dont nous parlons;
maison n'a pas encore pu expliquer pourquoi elles jouissent de cette proprit.
(1)
mes feuilles ovales-triangulaires, etne se plantent gure qu'en
massifs. Les plus communment employes sont la colocase comestible (C. esculenta, Caladium esculentum), dont les feuilles,
peltes, lisses et d'une verdure glauque, ont de 0m,50 0111,70
de longueur, sur une largeur un peumoindre, et la colocase des
anciens (C. antiquorum), presque semblable la prcdente,
dont elle diffre surtout par ses feuilles, chancres labase et
non plus pelles. Ces deux plantes, qui ne passent d'ailleurs
en pleine terre que les quatre cinq mois de la belle saison,
y feraient assez d'effet si ellescroissaientavec quelque vigueur;
malheureusement, par manque de chaleurdans l'air et surtout
dans le sol, elles y restent peu prs stationnaires et le plus
souvent mme prennent une teinte jauntre qui leur enlve
toute leur valeur dcorative (1). Elles ne vgtent rellement,
sous le climat de.Paris, qu'en serre chaude ou en serre tempre, et c'est l seulement qu'on peut les prparer remplir
le rle qu'on leur destine. Nous en dirons autant des autres espces du genre, telles que les Caladium (ou Xanthosoma) odoqu'on a paratum, mexicanum, mgittifolium,violaceum,
reillement introduites, avec un mdiocre succs, dans les
jardins publics de la capitale, mais qui russiraient dans le
climat mditerranen, la condition d'tre copieusement arroses en t, et abrites l'hiver contre le froid et surtout
etc.,
contre l'humidit.
Gramines. La vaste
et utile famille des gramines
fournit incomparablement plus d'ornements et de plus beaux
ornements nos jardins de plein air que celle des arodes.
Nous y trouvons effectivementles grands roseaux de la rgion
mditerranenne, le gynrium des Pampas, les bambous et les
arondinaires, toutes plantes de premier ordre, sans compter
2
Les
(1)Ceci ne s'applique qu'aux annes ordinaires, celles par exemple o la chaleur
moyenne de l'tn'estque de 17 18 degrs centigrades. Dans lestes exceptionnellement chauds, comme celui de 1865, o la temprature moyenne dpasse 19
degrs, ces plantes croissent avec une certaine vigueur, et sont alors vraiment ornementales. Il n'en reste pas moins cependant que leur vritable climat horticole,
en France, est le midi, et surtout le sud-ouest, o elles trouvent, avec une tempratureleve, l'humidit atmosphrique, qui leurest presque aussi ncessaire que la
chaleur.
d'autres espces, plus humbles, gui trouvent encore un utile
emploi dans la dcoration des jardins paysagers.
1Les roseaux Arundo), grandes plantes vivaces, dont les
fortes tiges feuillues, fistuleuses, entrecoupes de nuds et
peu ou point ramifies, se terminent par des panicules
soyeuses d'une grande lgance. Ce genre renferme trois espces horticoles, le grand roseau ou canne de Provence
(A.Donax), leroseau de Mauritanie (A. mauritanica
et le
roseau de Pline (A. pliniana). Le premier est indigne du midi
de l'Europe, o on le cultive comme plante conomique. Ses
longues cannes ligneuses, solides et lgres, servent beaucoup d'usages, par exemple faire des lignes pcher, des
treillis, etc. Dans le nord de la France, o il est assez sujet
geler pendant l'hiver, il ne s'lve gure qu' 2 ou 3 mtres,
et ses tiges n'y mrissent pas assez pour y trouver. des emplois
utiles; mais elles y forment de belles touffes, d'une verdure
grise, qui se balancent gracieusement au souffle du vent. On
trouve frquemment cultive dans les jardins d'amateur une
varit fort jolie du roseau de Provence, le roseau panach
(A. Donax variegata), dont les feuilles sont rubanesde blanc,
mais qui a l'inconvnient de rester toujours faible et d'tre
difficile conserver.
Le roseau de Provence ne fleurit jamais dans le nord de la
il ne le fait mme que trs-rarement sous son climat
France
natal, ce qu'il doit peut-tre au mode de propagation qu'on
lui applique depuis l'antiquit, et qui consiste dans la sparation des rhizomes. Il se plat dans les terres argileuses et
profondes, et vient surtout au bord des eaux.
Le roseau de Mauritanie a beaucoup de ressemblance avec
le prcdent, mais il en diffre par une taille moins leve
(2m ,503m), des cannes plus menues, et surtout par une
abondante floraison, jusque sous le climat de Paris. Malgr
cetavantage, il est peine connu des amateurs. Nous pouvons
en dire autant du roseau de Pline, trs-grande espce qu'on
trouve cultive et l dans les jardins du Languedoc et du
Roussillon, et qui mriterait d'tre plus rpandue.
Dans les contres plus septentrionales ou plus froides que
),
le nord de la France les roseaux de Provence et de Mauritanie sont remplacs, au point de vue pittoresque, par de
grandes grmines annuelles, principalement par le mas et
diverses varits de sorgho.
2 Le gynrium, argent, ou roseau des Pampas Gynervum argenteum) (fig.160), est, ainsi que son nom l'indique, orginaire
Fig. 160. Gynrium argent.
des plaines climat tempr de l'Amrique australe, au
sud du 30e degr de latitude. Introduit depuis une quinzaine
d'annes en Europe, il a t ds le principe l'objet de la faveur
universelle. Il forme d'normes touffes de feuilles troites,
coriaces, glauques, longues d'un deux mtres, gracieuse-
ment retombantes, et du milieu desquelles s'chappe une
gerbe de chaumes de 2 4 mtres de hauteur, portant leur
sommet de vastes panicules soyeuses, argentes, qui oscillent
et miroitent au moindre souffle d'air. Cette belle gramine est
d'un grand effet lorsque, favorise par le climat et le terrain,
elle a pris le dveloppement dont elle est susceptible
mais
elle vit misrablement et reste insignifiante si ces conditions
viennent luimanquer, ou qu'on lui refuse les arrosages ncessaires. L'espce estdioque, et les individus femelles se
distinguent des mles par leurs panicules beaucoup plus
grandes,plus belles et plus tales. Quoiqu'elle donne des
graines dans plusieurs de nos provinces, on se borne gnralement la multiplier par le procd bien plus expditifde
la division des touffes. Cependant les graines en ont t semes plus d'une fois et avec succs, et on en a obtenu des varits assez distinctes du type originaire, les unes panicules
violaces, les autres panicules jaune clair, qui ont leur mrite pour la dcoration des jardins. D'autres varits sont caractrises par une taille relativement basse (1m 50 ou mme
moins). Le gynrium se plat dans les terres siliceuses un
peu humides et rclame mme beaucoup d'eau en t, si le
climat est chaud. Les tempratures moyennes annuellesde
12 15 degrs lui sont minemment favorables.
3 Les bambous (Bambusa), avec des ports bien diffrents de
celui dugynrium, doivent tre placs comme lui au premier,
rang parmi les gramines ornementales. Ce qui les caractrise
et les fait reconnatre au premier abord, c'est la forme d'arbres
ou de grands buissons qu'ils affectent en se ramifiant presque
la manire des vgtaux dicotyldons, et aussi la brivet
relative de leur feuillage, qui est lancol et presque ptiol.
Leurs tiges sont, proprement parler, de vritables roseaux,
ordinairement fistuleux et entrecoups de nuds; elles sont
en mme temps d'une contexture ligneuse, compacte et trssolide aussi durent-elles plusieurs annes, mais sans s'accrotre lorsqu'elles se sont une fois durcies. Les fleurs n'apparais.
sent que sur les plantes adultes, en petites panicules et au
sommet des rameaux, et elles annoncent toujours la mort
prochaine de la plante, ou plutt dela tige fleurie, qui estessentiellement monocarpique et prit aprs avoir mri ses
graines, le rhizome continuant s'tendre sous terre et poussant de nouvelles liges. Il convient toutefois d'ajouter que
cette floraison est rare chez la plupart des espces cultives,
soit parce qu'on est dans l'habitude de les reproduire des
fragments du rhizome, soit parce que leurs tiges tant utilises dans l'industrie on ne leur donne pas toujours le temps
d'arriver en ge de fleurir.
Le bois des bambous sert confectionner une multitude
d'ustensiles, dans tous les pays dont la temprature est assez
leve pour qu'on puisse les y cultiver. En Europe, o le
climat n'en tolre qu'un petit nombre d'espces, et gnralement de la moindre taille, ils n'ont eu jusqu'ici et n'auront
probablement de longtemps qu'un emploi dcoratif (1). On
les plante en touffes isoles sur les pelouses un peu nues, ou
prs des murs des habitations, exposition mridionale. Ces
arbustes ont une grce particulire lorsqu'ils sont vigoureux
et bien dvelopps.
Les espces capables de vivre en pleine terre sous nos climats septentrionaux sont toutes originaires de la Chine
moyenne ou des hautes montagnes du nord de l'Inde. A Paris
elles se rduisent aux deux ou trois suivantes : le bambou noir
(B. nigra), ainsi nomm de la couleur de ses tiges et de ses
branches, le bambou melake (B. Metake ), tiges vertes, et le
bambou glaucescent (B. viridi-glaucescens), le plus beau des
trois, le plus grand, et, comme eux, de forme buissonnante,
pouvant s'lever 2 ou 3 mtres. Elles n'y sont cependant
pas. entirement rustiques, car elles sont plus ou moins
maltraites par le froid la premire surtout, dans les hivers
rigoureux. Le bambou mtak, qui est comparativement trsmdiocre, y fleurit assez souvent. Sous le ciel, plus doux, des
Il serait possible cependant qu'on obtnt un jour de ces petites espces de
bambous des tiges assez solides pour tre utilises en guise de cannes et de manches de parapluie. Nous avons reu en effet de M. Herpin de Frmont, de Cherbourg, quelques-unes de ces tiges, qui nous ont paru assez fortes pour pouvoir
servir ces usages. Il est vraisemblable qu'elles auraient encore mieux mri
sous un climat plus chaud que celui de Cherbourg.
(1)
bords de l'Ocan d'autres petites espces russissent assez
bien, par exemple les Bambusa verticillata, variegata, Fortunei etpubescens, qui y deviennent d'autant plus beaux que
leslocalits sont plus mridionales pu mieux abrites.
Dans le midi de l'Europe, et jusque sur les ctes de la basse
Provence, on cultive avec quelque succs le bambou arondinac (B. arundinacea), de la Chine mridionale et de l'Inde,
vritable arbre, dont les tiges, hautes de 8 12 mtres et de la
grosseur du bras d'un homme, peuvent dj tre employes
soutenir les toitures des hangars, ainsi qu' d'autres usages
rustiques. C'est une des espces les plus ornementales, nonseulement par sa haute taille, mais encore et surtout par sa
forme pyramidale et la densit de sa verdure, qui lui donnent
quelque chose de l'aspect d'un peuplier d'Italie, avec plus de
grace et de souplesse. Trs-grand en Algrie, il ne russit en
Provence qu'aux expositions les plus mridionales; Paris il
est de serre chaude ou tout au moins de serre tempre.
Trs-prs des bambous se placent, dans l'ordre naturel, les
arondinaires de l'Himalaya Arundinaria), vritables bambous
par le port, le feuillage et la consistance ligneuse de la tige.
Une seule espce a t introduite dans l'horticulture de l'Europe, c'est l'arondinaire falciforme, ou bambou du Npaul
(A.falcata), trs-belle plante de 5 6 mtres de hauteur,
qui est peine demi-rustique sous le climat de Paris, o elle
ne peut passer l'hiver qu'en orangerie, mais qui brave tous
les frimas au sud du 43 degr, et se cultive mme avec quelque
succs dans nos provinces de l'ouest.
,
Plusieurs autres gramines sont
cultives qualit
encore
en
de plantes pittoresques
ainsi on rencontre et l, dans les
jardins de la rgion mditerranenne la canne sucre ( Saccharumofficinarum
qui n'a qu'un intrt de curiosit et n'y
vient tant bien que mal que dans les endroits trs-abrits; la
canne de Ravenne (Saccharum ou Erianthus Ravenn), presque aussi grande et plus belle que la canne sucre, et en mme
temps beaucoup plus rustique lepanic feuillesplisses Panicum plicatum), plante d'un certain intrt pour la dcoration
des pelouses, o elle forme de belles touffes de 4,n de hauteur
),
et d'une verdure intense; trs-rustique dans la rgion mditerranenne, o elle mrit ses graines, cette jolie gramine russit
encore d'une manire satisfaisante jusque sous le climat de
Paris. Quelques amateurs ajoutent aux espces prcdentes le
pennisium d'Abyssinie (Penniselum longistylum.), plante annuelle, qui ne se recommande que par ses gros pis cylindriques hrisss d'une sorte de duvet plumeux le stipapenn
(Stipa pennata), de nos climats, aux longues panicules
soyeuses;l'alpiste commun Phalaris arundinacea),dont la
varit feuilles rubanes de blanc a seule quelque valeur
ornementale
et quelques autres qu'on trouve indiques dans
les catalogues des horticulteurs; mais ces dernires espces,
toutes de taille peu leve et trs-infrieures en beaut celles
qui ont t numres plus haut, ne mritent plus le titre de
plantes pittoresques et ne produisent quelque effet que sur des
gazons de peu d'tendue. A plus forte raison excluerons-nous
de cette catgorie les canches Aira), les brizes (Briza), les
agrostides (Agrostis) et les ftuques (Fesluca), qui ont de tout
autres emplois, et servent principalement confectionner. des
gazons ou des bordures.
3 Les liliaces. Cette belle famille, qui a donn la floriculture un si riche contingent de plantes de collection et de
plate-bande, en fournit aussi quelques-unes de premier ordre
au jardinage pittoresque; il suffit de citer les yuccas, les phormiums, les dasyliriums et les dragonniers, pour en faire
sentir l'importance sous ce rapport.
1 Les yuccas (Yucca), originaires des contres tempreschaudesde l'Amrique du Nord, sont en quelque sorte lesdiminutifs des palmiers. Comme eux, quelques-uns s'lvent sur une
tige ligneuse, simple ou peu ramifie, et couronne son sommet d'une abondante chevelure de feuilles. Cesfeuilles toutefois
ne sont pas dcoupes en lanires comme celles des palmiers;
elles sont simples, longuement lancoles ou ensiformes, aigus, roides, plus ou moins dresses ou divergentes. Ce qui
donne aux yuccas une certaine supriorit sur les palmiers ce
sont leurs gigantesques- panicules de fleurs blanches, qui sortent du cur de la tige et des rameaux. Cette splendide flo-
raison place les yuccas dans les premiers rangs de la flore dcorative.
quelques-uns,
Tous les yuccas ne sont pas caulescents
semblables encore par l beaucoup de palmiers, restent
acaules, leurs feuilles se runissant toutes sur une souche
plus ou moins renfle etbulbiforme. Ceux qui ont une tige
distincte ne sont pas non plus caulescents au mme degr
quelques-uns, du moins dans nos jardins, restent toujours
trs-bas, tandis que d'autres, sous le climat mridional surtout, s'lvent plusieurs mtres, car une mme tige peut
durer bien des annes.
Chez lesyuccas l'inflorescence est essentiellement terminale, de telle sorteque la plante cesserait de s'accrotre aprs
une premire floraison si un ou plusieurs bourgeons latraux, situs prs du point de dpart de l'inflorescence, ne se
dveloppaient pour se substituer la tige premire et en
quelque sorte la continuer. Il en rsulte une certaine irrgularit sur les tiges des plantes dj vieilles et qui ont eu plusieurs floraisons. Si deux ou trois bourgeons latraux se dveloppent en mme temps, la tige devient bi ou trifurque de
simple qu'elle tait auparavant. Ce n'est gure que dans la
rgion mridionale qu'on voit les yuccas s'lever 4 ou 5 mtres comme aussi n'est-ce gure que l qu'ils fructifient. A
Paris, et plus au nord, leur floraison est irrgulire elle arrive quelquefois dans la seconde moiti du printemps, plus
ordinairement dans le courant de l't, mais souvent aussi
elle s'attarde jusqu'aux geles de la fin de l'automne, et alors
l'inflorescence prit sans donner une seule fleur.
f. Quoique les yuccas soient fort rpandus dans les jardins,
les espces, assez variables d'ailleurs, en sont encore mal dtermines, et leursynonymie complique augmente notablement la difficult de les reconnatre. D'aprs M. Carrire, qui
en a fait une tude spciale (1), on pourrait admettre huit espces caulescentes assez bien caractrises, les Yucca aloifolia, draconis, gloriosa, pendula, flexilis, angustifolia, Par-
(1) Voir
Revue horticole, 1859.
mentieri et Treculeana, et quatre espces acaules, les Yucca
lutescens, flaccida, stricta et flamentosa. De ces diffrentes
espces, les Yuccagloriosa,pendula(fig.161),aloifoliaetdra-
Fig.161. Yucca pendilla.
conis sont les plus anciennement introduites dans les jardins
et aujourd'hui encore les plus communes. Le Yucca Treculeana,
dont l'importation ne remonLe qu' quelques annes, et qui
en France, semble devoir tre, de
toutes ces espces, la plus ample de feuillage, sinon la plus
leve sur sa tige.
L'emploi horticole des yuccas est naturellement en relation
avec leur taille et leur port. Les espces acaules, qui sont
d'ailleurs de jolies plantes et dont la hampe florale dpasse souvent un mtre, peuvent fort bien prendre rang dans
lesplates-bandes d'un parterre, et mieux encore au centre
des corbeilles elles peuvent figurer avec non moins d'avantage,
en touffes ou en massifs, au milieu des gazons. Les grandes
espces caulescentes sont mieux appropries aux pelouses
d'une certaine tendue, soit qu'on les plante isolment, soit
qu'on les runisse en groupes ou en massifs. Il sera bon,
dans tous les cas, de mettre les yuccas des expositions
qui les abritent du ct du nord, mais leur laissent la pleine
lumire du soleil, leur floraison tant d'autant plus rgulire
et plus fournie qu'ils ont prouv une plus vive insolation dans
le cours de l'anne prcdente.
Toutes ces belles plantes sont d'ailleurs de culture facile
partout o la temprature moyenne annuelle n'est pas infrieure 12 degrs centigrades. Sous le climat de Paris elles
ne sont pas entirement rustiques, et elles y sont quelquefois atteintes grivement par le froid aussi est-il prudent de les couvrir de paille ou de feuilles sches, surtout si elles sont jeunes
ou acaules. L o la chaleur est suffisante, dans les climats
de l'ouest et du midi particulirement,elles s'accommodent
de toutes les terres saines, pourvu qu'on les irrigue fortement pendant l't. A Paris, et en gnral dans tout le nord,
o la terre reste imbibe d'eau pendant une grande partie de
l'hiver, et souvent encore dans les autres saisons, on trouve
avantageux de mettre les yuccas en terre de bruyre, principalement pendant leur jeunesse. Ce soin serait moins ncessaire si on plantait sur un terrain en pente ou sur les flancs
d'une colline artificielle.
La multiplication des yuccas se fait de graines, qu'on tire
dechez les horticulteurs mridionaux, mais plus souvent de
turions ou de bourgeons ariens. Ces derniers ne sont autre
a dj fleuri plusieurs fois
chose que des boutures, qu'on plante dans des pots remplis
de terre siliceuse fortement tasse, et qu'on tient l'abri de
l'air sous des chssis ou des coffres vitrs, o la temprature peut varier de 18 25 degrs centigrades. Les turions,
qui ne sont eux-mmes que des bourgeons moins avancs, se
traitent de la mme manire, avec cette diffrence qu'il est
moins ncessaire de les touffer sous des cloches ou des chssis ferms
l'essentiel est qu'ils trouvent l o on les met
une temprature et une humidit suffisante. M. Carrire (1)
fait observer que les turions bouturs tant beaucoup plus
lents s'enraciner que les bourgeons pourvus de feuilles, il y
a avantage les laisser se dvelopper en bourgeons feuillus
sur la plante mre, avant de les en dtacher. Les vieilles tiges
d'yuccas, dpouilles de leurs bourgeons, nous dit encore le
mme auteur, lorsqu'elles sont enterres horizontalement
quelques centimtres de profondeur, donnent naissance spontanment de nouveaux turions, qui, bientt dvelopps en
bourgeons feuillus, deviennent autant de nouvelles boutures
entre les mains de l'horticulteur.
2 Le phormium ou lin de la Nouvelle-Zlande Phormium
tenax) est une grande liliace vivace, dont les feuilles linaires, carnes, longues de 1m,50 2m, forment de larges
et hautes touffes d'une trs-belle verdure. Les feuilles sont
remarquables par leur extrme tnacit, ce qu'elles doivent
leur richesse en fibres ligneuses, qui sont employes
fabriquer des toffes et des cordages la Nouvelle-Zlande.
A bien des reprises on a prconis la culture du phormium en qualit de plante filassire; mais les quelques essais qui en ont t faits ont toujours chou devant ce double
obstacle, la rigueur des hivers sous nos climats, auxquels la
plante ne rsistepas, etlalenteur avec laquelle ellecrot et qui
n'est nullement en rapport avec les besoins d'une industrie.
Pour ces deux raisons, le phormium est rest et restera une
simple plante d'ornement ou de curiosit.
Sous le climat de Paris on le cultive en caisses ou dans de
(l)Revuehorticole,1859.
grands pots, qu'onmet l'air libre au printemps et qu'on rentre
en orangerie aux premires fracheurs de l'automne; rarement
en pleine terre, et alors dans des endroits parfaitement abrits,
avec couverture de feuilles ou de paillassons en hiver.. Cependant le phormium passe ordinairement l'hiver l'air libre
sur les ctes de l'Ocan, de La Rochelle Cherbourg, partout
o la temprature moyenne de cette saison ne descend pas
au-dessous de
5 centigrades; mais ses feuilles y glent
lorsque le thermomtre descend 7 ou 8 ; toutefois la
plante repousse du pied. On l'y a mme vu fleurir quelquefois, sur des hampes de 1m,50 ou un peu plus, et dont les branches figurent une panicule. Le phormium russit de mme
dans les localits abrites du climat mditerranen, condition d'tre fortement irrigu en t ou plant au voisinage d'un
cours d'eau. On sait aujourd'hui, par les observations de
MM; Le Jolis et Duprey, de Cherbourg, qu'il existe au moins
deux espces de phormiums, savoir l'espce commune, qui a
les fleurs jaunes, et le phormium de Cook (Ph. Cookii), o
elles sont mi-parties de rouge et de vert. On les multiplie exclusivement par division du pied.
3Lesdragonniers(Dracna, Cordyline). Ce sont des arbustes
et parfois des arbres normes, dont le port devient la longue
bien diffrent de celui qu'on est habitu trouver chez les
vgtaux monocotyldons. Dans la jeunesse le tronc, couronn d'un bouquet de feuilles, s'lve simple, cylindrique,
plus ou moins droit avec l'ge son corce se fendille comme
chez les arbres de nos climats enfin dans quelques espces,
lorsqu'il est arriv l'tat adulte, il se ramifie, grossit en
diamtre, et se montre ds lors sous des aspects qui rappellent
d'assez prs ceux des arbres dicotyldons. Dans tous ces vgtaux les feuilles sont allonges, tantt ensiformes et sessiles,
tantt limbe ovale-allong et ptiol. Lorsqu'elles prsentent cette dernire forme, elles caractrisent principalement les espces dtaches du genre des dragonniers sous le
nom botanique de Cordyline. Les fleurs par elles-mmes
sont petites et insignifiantes runies en grandes panicules,
elles font un certain effet.
Le groupe des dragonniers proprement dits fournit une es-
pce nos jardins de plein air, mais seulement dans les parties
les plus chaudes du climat mditerranen; c'est le dragonnier
des Canaries (Dracna Draco), arbre clbre parl'normit du
principal reprsentant de son espce, le- clbre dragonnier de l'Orotava, dans la grande Canarie, qu'on suppose g
de plusieurs milliers d'annes, et dont le tronc, de forme conique, rivalise presque, pour la grosseur, avec ceux des baobabs du Sngal. Cet arbre russit en Algrie et dans les
localits du midi de l'Europe dont le climat est analogue
celui de cette contre mais partout o la moyenne de l'hiver
est infrieure + 10 centigrades le dragonnier n'est plus
qu'un arbre d'orangerie ou de serre tempre. Pendant bien
des annes sa tige reste cylindrique et simple, et elle a alors la
plus grande analogie avec celle d'un palmier. C'est seulement
dans cette premire phase de sa vie que le dragonnier peut
tre considr comme plante pittoresque, et c'est ce titre
que nous en parlons ici.
Ledragonnier de Norfolk Cordyline australis), de la Nouvelle-Zlande et de l'le de Norfolk, n'est qu'un pygme ct
du dragonnier des Canaries, mais il est par cela mme mieux
appropri la dcoration des jardins il est aussi plus lgant
et supporte beaucoup mieux le froid. Sa tige, ordinairement
simple et couronne par un pais faisceau de feuilles, s'lve
4 ou 5 mtres avec les annes. Il vient en pleine terre dans la
rgion de l'olivier, mais il ne semble pas devoir s'avancer beaucoup plus loin vers le nord. Il en est autrement du dragonnier tige indivise (Dracna ou Cordyline indivisa) des montagnes de laNouvelle-Zlande, presque semblable au prcdent,
et qui parat dou d'assez de rusticit pour crotre l'air libre
jusque sur les ctes de l'Ocan et sur une partie de celles de
la Manche. On pourrait ajouter ces espces le dragonnier
feuillespourpres (D. terminales) et le dragonnier duJapon
(D. nobilis), sous-arbustes del'Asie orientale, que leur
feuillage, vivement color, rend recommandables, mais qui ne
sont rustiques que dans la rgion de l'oranger.
4Lesdasyliriums (Dasylirium, Roulinia), longtemps con-
fondus dans les jardins avec les Bonaparteas, de la famille des
bromliaces, se rattachent par la structure de leurs fleurs
aux liliaces-asparagines, tout en marquant le passage de
plantes
vide
fortes
jonces.
Ce
celui
des
sont
ce groupe
vaces, grosse souche ligneuse, plus ou moins cache sous
une abondante gerbe de feuilles retombantes, longues, troites,
coriaces, aiguillonnes ou spinescentes sur les bords, sphactes et dcomposes en un pinceau de fibres leur somtnet, glauques ou d'une verdure grise. Arrives l'ge
adulte, aprs de longues annes d'enfance et de strilit, elles
mettent, du centre de leur touffe de feuilles, des hampes
delgrosseur du bras, droites et roides, garnies de bractes,
s'levant en quelques jours 3 oa 4 mtres, et qui ne sont
en ralit que d'immenses inflorescences terminales, qui portent plusieurs milliers de fleurs. Ces dernires sontunisexues,
petites, verdtres, et par elles-mmes tout fait insignimais la plante entire est ce moment d'un grand
fiantes
effet ornemental. Malheureusement cette floraison est le signal de sa dcadence puise par cet effort, elle ne tarde pas
prir, et sa souche, dgarnie de sa couronne de feuilles, ne
peut plus servir qu' donner quelques rejetons, gage incertain de la production de plantes nouvelles. Plusieurs espces
de dasyliriums, peut-tre rductibles deux, les D. gracile
ou acrotrichum et D. graminifolium, ont t introduites dans
l'horticulture de l'Europe, o elles ont t jusqu'ici cultives
en orangerie et en serre tempre. Leur origine mexicaine ne
laisse pas de doute sur la possibilit de leur culture en plein
air dans la zne de l'oranger, peut-tre mme dans toute l'tendue de la rgion de l'olivier.
Selon toute vraisemblance, c'est ce mme genre Dasylirium qu'il faudra dornavant rattacher d'autres plantes du
mme pays, d'un aspect encore plus singulier, et qui sont
dsignes dans nos jardins sous les noms bqjrbares et presque ridicules de Pincenectia et Pincenectitia (i). Trs-sembla-
(1)Ces deux noms, qui ont t admis sans contrle par les horticulters et
mme par les auteurs de divers traits d'horticulture, doivent leur origine une
singulire mprise. Un amateur belge, M. Van der Maeleo, ayant reu du Mexi-
bles aux dasyliriums par le feuillage, elles en diffrent par
la longueur de leur tige, qui peut s'lever plus d'un mtre
et se renfle la base en un norme bulbe ligneux. Ces
curieux vgtaux, quoique introduits depuis une vingtaine
d'annes en Europe, n'y ont pas encore fleuri. Leur lieu d'origine fait supposer qu'ils seraient rustiques comme les prcdents, au moins dans la moiti la plus chaude du climat
mditerranen. L aussi, probablement, russiraient les xanthorras (Xanthorrea), gigantesques liliaces de la NouvelleHollande, qui rappellent de trs-prs par leur port les dasyliriums de l'Amrique. La plus belle du genre est le xanthorra
hastile (X.hastilis), dont la hampe ligneuse et dure devient
une lance redoutable entre les mains des sauvages australiens.
Les grandes liliaces que nous venons de passer en revue ne
sont pas les seules qu'on puisse ranger dans la catgorie des
plantes pittoresques. On doit y rattacher toutes les espces
fleurissantes qui arrivent une certaine taille (1mau moins),
et qui rapproches en petits groupes ou en massifs plus larges,
ou mme cultives en pieds isols, se font remarquer de loin
par la noblesse de leur port, la grandeur de leur feuillage ou
l'clat de leurs fleurs. Tous les grands lis, mais principalement
gant(Liliumgiganteum), lelis de Wallich (L. Wallichianum), le lis feuilles lancoles (L. speciosum), le martagon
d'Amrique (L. superbum) etle lis blanc lui-mme (L. candidum), sont particulirement dans ce cas. La tubreuse (Polyanthes tuberosa), cette belle liliace des jardins mridionaux, y rentre au mme titre; mais pour dissimuler la nudit de sa tige il convient de la cultiver en groupes un peu
serrs. C'est ce mme ordre de plantes que nous rattachons
le tritome grappes (Tritoma uvaria), vigoureuse liliace de
lelis
que, sous le nom impropre de Freycinetla,les premiers chantillons de cesliliaces, les remit son jardinier, qui, inhabile dchiffrer le nom, peut-tre un
peu effac, que portait l'tiquette, crut y lire le mot Pinceneciitia. Ce nom fut
inscrit sur son catalogue et bientt adopt par les horticulteurs marchands. Cependant, comme il paraissait un peu long, on crut l'amliorer en le raccourcissant d'une syllabe. C'est l un curieux exemple de l'incurie avec laquelle a t
tablie la nomenclature des plantes_commerciales.
l'Afrique australe, demi-rustique sous le climat du nord, et qui,
du centredesongrandetabondant feuillage, dresse des hampes
de plus d'un mtre de hauteur, dont le tiers est occup par un
volumineux pi de fleurs carlates. Plant en pieds isols sur
les pelouses ou les gazons, le tritome fait de loin un effet saisissant dans la seconde moiti de l't, alors que son inflorescence
dveloppe successivement ses innombrables corolles. Enfin,
jusque sous nos climats temprs, nous trouvons des liliaces
dignes encore de figurer dans nos jardins paysagers ce sont
les-deux grands asphodles du midi de la France, l'asplwdlejaune (Asphodelus luteus), que les traditions populaires
onttoujours associ aux tombeaux, et l'asphodle blanc ou
MI. royal (A. ramostts dont les racines, tuberculeuss et
fculentes, ont t un moment exploites parl'industrie comme
racines saccharifres. Ces deux plantes ainsi que le tritome
grappes, se multiplient de graines aussi bien que par division du pied.
4 Les Amaryllides. De grandes et belles plantes
d'ornement pour les jardins pittoresques et paysagers nous
sont aussi fournies par cette famille, laquelle nous avons
dj vu la floriculture proprement dite emprunter un si
grand nombre d'espces. Celles dont il est question ici appartiennent deux genres principaux, lesagaves (Agave) et
),
le dorianthe (Doryanthes).
Toutes les agaves sont amricaines et se ressemblent par
le port. Une tige courte et robuste, dissimule sous un faisceau de longues feuilles charnues, qui se terminent en
pointe et sont souvent armes d'pines sur leurs bords, puis,
lorsque la plante est adulte, une hampe plus ou moins lance,
qui porte ordinairement plusieurs centaines de fleurs, tels
sont les traits communs toutes les espces du genre, mais
ces espces diffrent beaucoup les unes des autres par la
taille et les proportions des parties. Sans aucune exception,
elles appartiennent l'orangerie sous le climat de Paris et
dans la majeure partie de la France, mais elles peuvent toutes
russir en plein air dans le climat mditerranen, au moins
dans ses parties les pluschaudes, et quelques-unes venir en-
core d'une manire satisfaisante dans les localits tempres
de nos dpartements ocaniques.
L'espce la plus classique, la plus grande, la plus belle, celle
qui est depuis longtemps dj naturalise en Europe, estl'agave
communeouagaved'Amrique (A.americana), norme plante
herbace et monocarpique, qu'on trouve abondamment rpandue et croissant pour ainsi dire sans culture sur tous les rivages de la Mditerrane. Elle yest mme employe dans beaucoup d'endroits pour faire des cltures, que les pines ligneuses
et acres de ses feuilles rendent trs-dfensives. Dans les parties les plus chaudes du climat mditerranen, en Algrie, en
Corse, en Espagne, etc., ces feuilles atteignent jusqu'lm ,60 et
plus'delongueur, sur 0m,18 01,20 de largeur, et la hampequi
fait suite au bourgeon centralde laplante, lorsqu'elle est adulte,
s'lve frquemment 7 ou 8 mtres. Ces grandes inflorescences, dont les rameaux tals rappellent ceux d'un candlabre, produisent un effet des plus pittoresques, et sont mme
devenues aujourd'hui un des traits saillants du paysage mditerranen. Elles n'apparaissent jamais que sur des plantes qui
ont vcu plusieurs annes, et il est mme remarquable qu'elles
tardivement que le climat est moins
se montrent d'autant plus
chaud. En Algrie les agaves fleurissent communment de la
12ela15e anne; en Provence et dans le Languedoc de la
18e la 20e; au contraire, sur les ctes de Bretagne et dans
les comts sud-ouest de l'Angleterre (1), o on voit encore
et l quelques agaves en pleine terre, la floraison n'arrive
gure avant la 40e anne partir de celle de la plantation.
Partout ailleurs, en Europe, l'agave d'Amrique est cultive
en caisses et comme le manque de chaleur retarde son dveloppement et la rabougrit, safloraison est un phnomne rare,
et qui n'arrive gure que sur des plantes ages au moins d'un
demi-sicle.
Les feuilles de l'agave d'Amrique contiennent une forte
proportion defibres d'une grande tnacit, qu'on exploite,
(I) Particulirement Salcombe, dans le Dorsetshire, localit renomme pour
la douceur de ses hivers.
dans quelques pays, pour confectionner des cordages, des
nattes et divers autres objets. Leur jus, dou de proprits
savonneuses, trouvera peut-tre aussi un jour quelque emploi
dans l'industrie de l'Europe. Au Mexique on en tire par fermentation une boisson alcoolique connue sous le nom de
pulque ou vin de maguey, dont la saveur et l'odeur sont
peine supportables pour les Europens. Il est vraisemblable
que l'espce dont il est question ici n'est pas la seule qui
fournisse ce breuvage..
L'agave commune mrit ses graines sous le ciel du midi; nanmoins on ne l'y propage qu' l'aide des nombreux rejetons qui
naissent autour des pieds mres, et dont le dveloppement est
toujours plus rapide que celui des plantes qu'onaurait obtenues
de graines. De mme que chez plusieurs autres monocotyldones feuilles charnues, la floraison de l'agave est le signal
de sa dcadence. Ses normes feuilles, jusque l si succulentes et si fermes, se vident au profit de l'inflorescence, et
bientt elles retombent flasques et dessches sur le sol, o
elles ne laissent que d'informes dbris.
Plusieurs autres espces d'agaves, la plupart moins grandes
que celle dont nous venons de parler, ont t introduites
dans les orangeries, et pourraient l'tre dans la culture de
plein air sous le climat mridional; nous nous bornons
citer parmi elles l'agave feuilles d'yucca (A. yuccfolia),
l'agave du prince de Salm (A. salmiana
qui rivalise pour la
taille avec l'agave d'Amrique, l'agave deux fleurs (Agave ou
Litta geminiflora) et l'agave de Fourcroy ou alospitte (A. fseiida, Furcrxa gigantea), superbe plante, dont lahampe florale
s'lve 6 mtres ou plus, mais qui est une des moins rustiques. Elle peut nanmoins entrer dans la dcoration des jardins mridionaux, la condition d'tre abrite pendant l'hiver.
Le doryanthe d'Australie (Doryanthes excelsa), originaire
de la Nouvelle-Hollande orientale, diffre des agaves par des
feuilles beaucoup plus abondantes, moins larges, non charnues, dpourvues d'pines, dresses et formant de magnifigues
gerbes de 1m,50 2m de hauteur. De mme que chez les
agaves, la tige y est courte et peu apparente, mais de sa som-
),
mit nat une hampe de 3 4 mtres, qui se termine par un
gros pi ou plutt par une sorte de capitule de grandes
fleurs pourpres, dont la forme rappelle celles de quelques
amaryllis. Le doryanthe est une remarquable plante de serre
tempre sous nos climats, o il fleurit d'ailleurs fort rarement (1); en pleine terre il ne pourra gure russir que dans
les localits les plus chaudes de la rgion de l'oranger et principalement en Algrie.
,5 Les bromliaces. Une seule plante pittoresque et
d'un vritable intrt pour l'horticulture mridionale est
emprunte cette famille, toute amricaine et en majeure
partie tropicale c'est le puya du Chili (Puya chilensis, Pourretiacoarctata), la plus grande bromliace connue et certainement une des plus rustiques. Rivale de l'agave d'Amrique par sa haute taille, elle l'emporte sur cette dernire
par le volume de sa souche, en forme de tronc, qui, dpassant la surface du sol de 0m,50 0m,70, finit par atteindre la
grosseur du corps d'un homme. Cette souche demi-ligneuse
est couronne son sommet par une large rosace de feuilles
en forme d'pe, longues de plus d'un mtre, roides, aigus
et armes de fortes pines le long de leurs bords. Du centre
de la rosace des feuilles s'lance, lorsque la plante est arrive
l'tat adulte, une gigantesque panicule de fleurs jaunes,
soutenue elle-mme par une hampe de 2 3m de longueur.
Ici, de mme que chez les agaves et le doryanthe, la floraison et la fructification qui lui fait suite entranent la
mort de la tige; mais des rameaux ou de nouveaux bourgeons,
ns de la base, ne tardent pas la remplacer, et peuvent
d'ailleurs servir la multiplication de la plante, concurremment avec les graines, si l'on parvient en rcolter. Jusqu'ici le puya du Chili n'a t cultiv que dans les serres
du nord de l'Europe, mais sa provenance montagnarde, sous
les latitudes dj leves de l'Araucanie et du Chili mridional (les alentours du 40e degr), permet de la livrer en toute
On l'a vu fleurir Paris, pour la premire fois, dans les serres du Musum,
en 1865. Quelques mois auparavant, le mme fait s'tait produit dans la serre
du jardin des plantes d'Orlans.
(1)
sret la culture de plein air dans la plus grande partie de
la rgion mditerranenne. Comme toutes les grandes mojaecotyldones, elle devra tre copieusement arrose pendant les chaleurs de l't.
& Les palmiers. Quoique presque toute tropicale, cette
goperbe famille fournit quelques espces d'ornement nos jardins mridionaux, et mme, moyennant certaines prcautions,
ceuxdu nord, jusque sous le climat de Paris et au del. A
cettelimite, toutefois, la prsence des palmiers dans les jardins de plein air ne peut tre qu'une assez rare exception;
mais, comme peu de vgtaux sont aussi pittoresques et aussi
propres donner au paysage cet aspect qui est particulier aux
pays intratropicaux, la culture des espces les plus rustiques
vaut la peine d'y tre essaye.
Parmi les espces de palmiers capables de crotre en
Europe l'air libre, plusieurs sont de vritables arbres que
leurs proportions assignent une autre catgorie de l'horticulture d'agrment que celle dont nous nous occupons ici,
etque nous devons, en consquence, rserver pour un autre
chapitre, mais il en est un plus grand nombre que leur taille
peu leve doit faire rentrer dans celui-ci, en qualit de
plantes pittoresques. Quelques-unes sont caulescentes, sans
dpasser communment 2 3m de hauteur; d'autres sont
simplement acaules, et ne dressent que leurs frondes audessus du sol. Ces particularits indiquent naturellement des
'emplois horticoles un peu diffrents, les espces caulescentes devant tre surtout plantes en individus isols les
espces acaules, au contraire, pouvant servir composer des
massifs, soit homognes, soit entremls d'autres plantes convenablement choisies.
Celle qui se prsente en premire ligne, cause de sa rusticit, est le palmier de Chusan, ou chamrops de la Chine
(Cltamrops excelsa, Ch.Fortunei (1)), arbuste dioque de 3
La hauteur que nous donnons ici au chamrops de la Chine est conteste;
d'aprs M. Hooker il s'lverait 8 ou 10 mtres. L'erreur viendrait de ce qu'on
aurait confondu deux espces diffrentes, dont l'une, laquelle M. Hooker rserve le nom de Chamrops Fortunef, serait celle dont nous parlons ici. N'tant
(1)
4 mtres, feuilles flabelliformes, et dont le tronc, ou
stipe, est garni d'une bourre paisse qui le met l'abri du
froid. Originaire de la Chine moyenne et du Japon, o il endure assez ordinairement des froids passagers, mais trsvifs ( 12 14 degrs centigrades au-dessous de zro), il se prsentait naturellement comme celui de toute la famille qui
avait le plus de chance de russir sous nos climats. Les essais
qui en ont t faits, tant en France qu'en Angleterre, depuis
une quinzaine d'annes, n'ont pas dmenti ces prvisions.
Un assez grand nombre d'individus plants dans les jardins de la Provence et du Languedoc, ainsi qu'au voisinage de l'ocan, de Bordeaux Cherbourg, y ont rsist
tous les hivers. Le plus ancien et le plus remarquable par sa
taille est mme situ en Angleterre, dans le jardin royal d'Osborne (le de Wight), o il fleurit depuis plusieurs annes.
,
Le chamrops de la Chine n'est cependant pas entirement
rustique Paris. Quoiqu'il y vienne d'une manire satisfaisante lorsqu'il est bonne exposition, il veut y tre abrit
pendant l'hiver, et il est remarquable que faute de ce soin il
y succombe des geles moins fortes que celles qu'il endure
dans son pays natal ou dans le midi de la France, et cela parce
que l't, mdiocrement chaud, y est suivi d'un automne
humide, et probablement aussi parce que-le sol y conserve
beaucoup moins de chaleur en hiver.
Une seconde espce de palmier, plus ornementale peut-tre
que le chamrops de la Chine mais sensiblement moins rustique, est le chamserops nain oupalmier-ventail (Ch. humilis),
arbustepolygame (1), tantt acaule, tantt caulescent, feuilles
flabelliformes ou en ventail, comme son nom l'indique. C'est
pas en mesure pour le moment de rsoudre les doutes ce sujet, nous conservons provisoirement le nom d'excelsa l'espce introduite dans les jardins, parce
que c'est celui sous lequel elle est universellement connue, et celui aussi sous lequel elle a t dcrite par M. de Martius. Ajoutons qu'elle n'appartient qu'imparfaitement au genre Chamrops, et qu'on a dj propos, pour elle et pour
quelques autres palmiers des mmes rgions, le nom gnrique de Trachycarpus.
(1) Le palmier nain est souvent polygame, en ce sens qu'on trouve runies sur
le mme pied des fleurs unisexues et des fleurs hermaphrodites mais il arrive
assez souvent aussi que les individus sont exclusivement mles ou exclusivement
femelles. En un mot il est indiffremment monoque ou dioque.
le seul palmier indigne de la rgion mditerranenne qu'il
la rgionjuxtatropicale, qui lui faitsuite
relieenquelquesorte
au midi. Abondamment rpandu en Algrie et en Sicile, on le
retrouve sur les ctes mridionales et orientales de l'Espagne,
dans l'le de Sardaigne, en Italie jusqu' la latitude de Sienne,
dans l'le de Capre, et enfin sur quelques points de la cte
ligurienne. Il est vraisemblable que s'il n'existe pas aujourd'hui
l'tat spontan en Provence, il s'y est montr autrefois et
que c'est la culture qui l'en a fait disparatre. Ce palmier n'est
donc pas dpays dans le midi mditerranen de la France
aussi y crot-il avec vigueur et y rsiste-t-il toutes les intempries des saisons.
Depuis les temps les plus anciens les feuilles du palmier
nain sont employes pour les ouvrages de sparterie, et son
bourgeon central, comme celui du chou-palmiste des Antilles, est cueilli et utilis en guise de lgume par les populations des pays o il crot; de l, dit-on, la raret des individus
caulescents. Lorsqu'il chappe' cette double exploitation, il
s'lve, ordinairement, sur plusieurs tiges plus ou moins divergentes, deux ou trois mtres de hauteur, quelquefois
beaucoup plus haut s'il ne conserve qu'une seule tige. A cet
tat, c'est un arbuste trs-ornemental sous le climat du midi,
o sa tte prend de l'ampleur et se pare tous les ans de
spadices fleuris ou de grappes de fruits rouges. Durci par la
forte chaleur des ts, et rchauff d'ailleurs par le sol, il n'y
souffre pas des abaissements de temprature de 12 15 degrs
centigrades au-dessous de zro qui s'y font sentir exceptionnellement; mais hors de ce climat il prit toujours par le fait
d'une chaleur insuffisante, et bien plus encore de l'humidit
prolonge de l'hiver. A Paris il appartient l'orangerie, et il
peut y vivre des sicles, mais il n'y crot qu'avec une extrme
lenteur et n'y donne qu'une tte mdiocrement garnie de
feuilles; en serre tempre il s'tiole, comme la plupart des
autres palmiers, et il y perd presque toute sa beaut.
Le palmier-ventail a produit, naturellement ou par le fait
dela culture, des varits assez tranches pour que les horticulteurs, et mme quelques botanistes, en fassent autant
d'espces distinctes. Ces variations sont souvent individuelles
et attribuables aux milieux dans lesquels les plantes sont cultives, mais quelques-unes paraissent tenir une vritable
diversit de races. Elles portent sur la hauteur et la grosseur
de la tige, la grandeur des frondes et le volume des fruits. On
voit dans quelques jardins du midi de l'Europe des palmiersventails dontles proportions sont sifortes qu'au premier abord
on pourrait les confondre avec les palmiers du genre Livistona.
D'autres au contraire sont si rabougris que leurs palmes surpassent peine la grandeur de la main; dans les varits les
plus communes elles mesurent en moyenne 0m,50 en diamtre. Les baies varient de mme de grosseur et de forme. Suivant les individus elles sont rondes, ovodes ou obovodes
de la grosseur d'une olive ordinaire ou trois ou quatre fois plus
grosses. Toutes ces varits se trouvent dans les jardins, et
la plupart sont indiques sous des noms spcifiques propres
dans les catalogues des horticulteurs.
Le palmier nain se multiplie de graines, qu'on tire des pays
mridionaux; on le propage aussi d'oeilletons et de drageons
enracins qu'on enlve autour des pieds mres, mais qui ne
donnent jamais d'aussi beaux individus que ceux qu'on obtient
du semis des graines.
L'Amrique septentrionale fournit aussi quelques palmiers
de taille naine nos jardins. Le plus connu est le sabald'Adanson Sabal Adansonii), espce acaule et sans beaut, dont
les grandes feuilles flabelliformes, dresses et larges de plus
d'un mtre, sont presque toujours casses ou dchires par le
vent. Il est rustique dans nos provinces mridionales, et peut
y servir composer des massifs concurremment avec d'autres arbustes propres le protger et en soutenir les feuilles.
Une autre espce amricaine, bien prfrable celle-ci,
est le chamrops hrisson (Ch. hystrix ), espce caulescente,
mais dont la tige, hrisse de dards aigus, s'lve rarement
un mtre, et le plus souvent mme reste beaucoup au-dessous
de cette hauteur. Ce palmier ne manque pas d'lgance il
peut avantageusement servir dcorer les pelouses dcousoit en groupes, soit en individus isols. Comme
vertes
leprcdent, il
est rustique dans nos provinces du midi.
A cette liste nous pourrions ajouter le rhapis ventail(Rhapis
fiabelliformis), de la Chine mridionale, petite espce dont les
[tiges, peine delagrosseur du pouce et hautes de lra,50 2m,
chamdoralgant (Chacroissent en touffes serres, et
mdorea elegans), palmier arondinac feuilles pennes,
dontles tiges ont l grosseur et la taille de celles de notre rosean-ifProvence mais ces deux espces sont trop peu rustiques pour nos climats, et ne supportent l'hiver en Europe que
partie la plus mridionale et la plus chaude de la rdans
gion des
6 Les Musaces. Les bananiers, ornement habituel des
chaudes, peuvent entrer temporairement dans la dcoraserres
tiondesjardins de plein air, partout ola temprature moyenne
de l't s'lve, auminimum, 22 degrs centigrades, ressemblant en cela *un grand nombre de vgtaux vivaces exotiques, qu'on, tient abrits dans les serres et les orangeries
pendant la saison froide. Cependant, dans les localits les
mieux abrites du midi de l'Europe, et jusque sur la cte de
Provence, on voit et l des bananiers qui passent l'hiver
en plein air, fleurissent et mme nouent des fruits qui ne mrissent pas. Leur culture a plus de succs dans la moiti mridionale de la rgion mditerranenne, en Andalousie, par
exemple, et en Algrie. L non-seulement les bananiers restent toute l'anne l'air libre, mais ils y produisent des fruits
qui mrissent d'une manire satisfaisante.
Les espces qui se prtent le mieux la dcoration des
jardins sont 1 le bananier de Chine ou de Cavendish (Musa sinensis), plante trapue, un peu glauque, haute de lm im, 30,
dont les larges feuilles sont portes sur de courts ptioles 2 le bananier carlate (M. coccinea), du mme pays que
le prcdent, haut de 2 mtres ou plus, et dont le rgime est
orn de bractes d'un rouge vif 3 le bananier rose (M. rosacea,
M. discolor), haut de 2 3 mtres, feuilles glaucescentes
et bractes de couleur lilas 4 enfin le bananier ensett ou bananier de Bruce (M. Ensete), d'Abyssinie, herbe colossale, dont
la tige, en y comprenant
bases engainantes des feuilles,
le
la
orangers.
les
peut avoir jusqu' 3 mtres de tour, et les feuilles 4 5 mtres
de longueur. Cette superbe plante, qu'on pourrait croire ai*
premier abord une des plus frileuses du genre, est au contraire
une de celles qui exigent le moins de chaleur; elle prend le
plus beau dveloppem-ent en Algrie, o elle mrit ses graines,
et jusque sous le climat de Paris elle peut encore crotre en
pleine terre pendant l't, y supportant mieux les intempries de la saison que les autres espces du genre. Ses feuilles,
remarquables par la teinte rouge de leur nervure mdiane, sont
peut-tre un peu moins lacres parJe vent que celles des autres bananiers.
De quelque manire que les bananiers soient employs
la dcoration des jardins, qu'ils soient en massifs ou en individus isols, qu'on les tienne constamment en pleine terre,
comme on le fait dans le midi de l'Europe, ou qu'on les y
conserve seulement pendant la belle saison, il est essentiel
de les tenir dans des lieux abrits contre le vent, prescription qui s'applique du resLe toutes les plantes ornes d'un
grand feuillage. Les bananiers dont les feuilles sont si amples en sont plus maltraits que toutes les autres, et lorsque
leurs feuilles ont t dchiquetes en lanires ils perdent
toute leur beaut dcorative.
La plupart des bananiers, ceux au moins dont les fruits sont
comestibles, et qui ne produisent jamais de graines, se propagent l'aide de rejetons qu'on enlve sur les vieux pieds
ceux dont les fruits sont peu charnus et non comestibles ne
drageonnent pas du pied, mais, en revanche, ils donnent des
graines. C'est ls cas, entre autres, du bananier de Bruce,
plante essentiellement monocarpique, et qu'on multiplie exclusivement par ce dernier moyen.
7 Les zingibraces, reprsentes dans les serres
chaudes par plusieurs plantes ornementales d'un grand intrt,
n'en offrent au contraire que fort peu nos jardins de plein
air. A la rigueur cependant on pourait y faire figurer pendant les deux ou trois mois les plus chauds de l'anne les gin.gembres (Zingiber), leshdychiums (Hedychium) et les costus
(Costus), si leurtaille, plus leve, etleur port, plus distingu,
[leur assignaient une place dans les grands jardins mais ces
[plantes sont avantageusement remplaces par les cannas,
y
iijui sont beaucoup plus beaux et surtout plus rustiques.
JLa
seule zingibrace qui nous paraisse devoir tre mentionne ici est alpinia ou gtobba grappes (Alpinia nuians,
Globbanutans), superbe plante de l'Inde, dont les tiges, runies
touffe, s'lvent deux mtres et plus, et se terminent
eii
pardevolumineuses
grappes, dont les fleurs rivalisent par la
[singularit de la structure et la vivacit du coloris avec celles
des plus brillantes orchides. Le feuillage lui-mme est fort ornemental, car il rappelle, dans des proportions restreintes il est
pvrai,celui des bananiers. Dans la majeure partie de la France
Falpiniaest de serre chaude, mais peut passer l't en plein
air partout o la moyenne de cette saison atteint ou dpasse
>20 degrs. Il est mme rustique ou demi-rustique dans la
rgion des orangers, car plant bonne exposition, ses rhizomes
conservent en terre pendant l'hiver, et ily donne en
t une luxuriante floraison. Il est presque inutile d'ajouter
que sa propagation se fait par drageons ou par division du pied.
8 Les cannaees ou marantaces, plantes presque
toutes amricaines et en mme temps plus rustiques que les
zingibraces, qui leur correspondent dans l'ancien continent,
fournissent par cela mme un contingent bien plus considrable l'horticulture de plein air.
Les plus importantes ce point de vue sont les cannas ou
balisiers (Canna), toutes plantes vivaces par leurs racines tubriformes, tiges herbaces, hautes de 1 3 mtres, ornes
de larges feuilles ovales, lisses, glabres, luisantes ou glaucescentes, trs-analogues de structure avec celles des bananiers,
mais ne se dchirant pas comme elles en lanires disgracieuses. Ces tiges se terminent par des pis de fleurs irrgulires.
colores des divers tons du
rouge ou du jaune, trs-rarement
lanches. La plupart des balisiers sont rustiques dans le
nordde la France, en ce sens qu'ils y fleurissent et mrissentleurs graines l'air libre, mais la condition que leurs
rhizomes soient mis en hiver l'abri du froid.
Tous se ressemblent trs-peu prs par le port etordi-
il
s'y
indiquers
sou.-.
nairement mme par les fleurs aussi les espces en
elles difficiles bien reconnatre. Ne pouvant pas
fisamment ici leurs caractres diffrentiels, nous nous bornen
rons signaler les principales (i). Ce sont le balisier
(C, giauca) originaire de l'Inde, fleurs jaune ple et feuil-S
,
lage glaucescent; le balisier de l'Inde(C. indica) (fig. (62).
, , ,fleurs rouge
vif, qulest,
malgr son nom, de
l'Amrique du Sud; le
balisier comestible ( C,
edulis) haut deplus
,
de deux mtres, tiges
rougetres, fleurs
rouge orang clair,.
qui estpareillenent de
l'Amrique du Sud; ie
balisier carlate (C.
'coccinea), de la mme
rgion que le prcdent, et fleurs carlates, avec le ptale
infrieur, ou labelle,
jaune ponctu
le balisier du
rouge
Brsil (C. angustifolia,
C. speciosa), qui ge
distingue des prc.
dents ses feuilles,plus
troites, et sesfleurs,
e1
jaune
mi-parties
de
Fig. 162. -Balisier de l'Inde.
gl.
de
(f) Toute l'histoire botanique des cannas est trs-obscure et leur nomenclature
trs-embrouille. On a lieu de croire que le nombre des espces naturelles est tdt
restreint comparativement celui des varits ou espces horticoles. Peut-treconviendrait-il de les rduire. quatre,savoir les Cqnna indica et C. giauca,d'ot
seraient sorties, par variation ou croisement, toutes les varits horticoles. puisltt
C. liliiflora et C. iridiflora, espces de rcente introduction et qui n'ont pas encon
vari. Ce genre est un deceux qui montrent le mieux combien parfois la dlimitalion des espces st vague et arbitraire.
derouge; le canna gant ou balisier larges feuilles (C. gigan-
teahaut de 2 mtres ou plus, fleurs carlates, remarquable
en outre par la grandeur de ses feuilles; le balisier de Warsfwicz (C. Warscewiczii), de la nouvelle Grenade, fleurs
itnige sombre ou carlates, facile reconnatre ses tiges,
brunes, et ses feuilles, bordes de pourpre noir; le balisier
aurantiaca), du Brsil, dont le nom indique la couleur
dssfleurs le balisier bicolore (C. discolor), des Antilles, haut
plus de 2 mtres, et dont les larges feuilles sont teintes
de rougetre, mais qui fleurit peu ou difficilement sous le
limat de Paris; lecanna feuillesde bananier (C. mussefolia),
~utde 2 mtres, feuilles dresses, largement ovalesblongues, fleurs rouge orang le balisier fleurs de lis ( C.
liliiflora), plante superbe, grandes fleurs blanches, et enfin le
alisier fleurs iliris (C. iridiflora), plus grand et plus beau
encore que le prcdent, et dont lesl ongues fleurs, pendantes,
[comme tubleuses, d'une belle teinte cramoisie, rappellent
celles des fuchsias longiflores. Ces deux dernires espces sont
beaucoup moins rustiques que les autres, et pour en obtenir
lafloraison en pleine terre sous le climat de Paris il faut recourir des procds de culture particuliers, que nous ferons
Connatre tout l'heure.
Beaucoup d'autres balisiers sont encore indiqus dans les
livres de botanique et les traits de jardinage
mais les numrer ici serait sans intrt, d'autant plus que les semis et
les croisements qui ont t effectus dans les collections des
amateurs ont fait natre une multitude de varits qui rendent plus difficile que jamais la distinction des espces primitives. Quelques-unes de ces varits sont des plantes de premier choix, souvent aussi belles ou mme plus belles par leur
floraison que par leur feuillage. Dans le nombre il faut citer
le Canna Anni, haut de prs de 3 mtres, et dont le nom rappelle un des amateurs les plus enthousiastes de ce genre
deplantes (1); leCanna Warscewiczioides, fleurs rouges,
comme le prcdent; le Cannarotundifolia, feuillage court
g(C.
(1) RtV"!!e
horticole, 1862, p.
178.
et presque orbiculaire, remarquable en outre par la grandeur
et l'abondance de ses fleurs rouge ponceau le Canna zebrina,
au feuillage sombre ou parcouru de bandes d'un rouge obscur
enfin, les Canna compacta, macrophylla, nigricans, elatama
crocarpa, gigantea major, musfolia minima, peruviana, robusta, nervosa, purpureaspectabitts, rubra perfecta, Van-Houttei, discolor fluribunda, musfolia hybrida, maxima rubricaulis, etc., qu'on trouve signals dans les catalogues des horticulteurs, et qui n'auront vraisemblablement qu'une existence
phmre, comme un bon nombre des prcdents.
La distinction du port, le beaut du feuillage, la haute
taille, le brillant coloris des fleurs et enfin la rusticit de ces
plantes les dsignaient naturellement pour la dcoration des
jardins d'une certaine tendue et surtout des jardins publics
aussi sont-elles en grande faveur aujourdhui. On les plante
tantt en touffes isoles, tantt en grands massifs au centre des
corbeilles de fleurs ou sur le bord des pelouses et des gazons.
La tlistance mettre entre les individus varie, d'aprs la taille
prsume des varits, de0m ,50 0 ,80. Suivant les cas on
y emploie des varits plus basses ou plus leves, afin de
mettre les groupes en harmonie avec leur entourage ou en obtenir les effets de perspective indiqus parles conditions particulires du lieu. Si plusieurs espces ou varits sont employes former un mme massif, on a soin de mettre la
plus grande au centre, et les plus basses la circonfrence,
en graduant les intermdiaires de manire obtenir des massifs rguliers et dont toutes les plantes soient en vue (1).
Dans les parterres publics de Paris on a adopt, d'aprs M. Andr, jardinier
principal de la ville, l'ordre suivant pour la composition des divers massifs de
(1)
cannas:
1
2
3
C. Annoei, au centre.
C. Warscewiczioid.es, deux rangs
inlrieurs.
C.spectabilis,deux rangs en bordure.
C. edulis, au milieu.
bordure.
C.zebrinanana,
C. Pan Houttei, au milieu.
C. musfolia minima, en bordure.
C.gigantea, au centre.
C.discolor, deux rangs intrieurs.
C.'fllauca, deux rangs extrieurs.
en
La plupart des balisiers fructifient,sous nos climats; aussi les
multiplie-t-on habituellement de graines, qui se sment sur
couche au premier printemps. Les plants, mis exposition
chaude, fleurissent gnralement la premire anne; mais si
le semis a t fait plus tardivement, c'est la seconde seulement qu'ils prennent de belles proportions et fleurissent.
En octobre ou novembre, plus tt ou plus tard suivant les
dont on coupe les tiges
lieux, on enlve les tubercules
0m,15 de hauteur, ou, ce qui vaut mieux, dont on se borne
retrancher les feuilles, en conservant les tiges entires, et on les
remise dans un local sec, une cave peu profonde ou une simple
bche, o ils ne courent pas le risque de geler et surtout de
pourrir. Au printemps suivant, en avril ou au commencement
de mai, on replante ces tubercules, comme nous l'avons dit
tout d'heure, soit en place si le climat du lieu est assez chaud,
soit d'abord sur couche et sous chssis, si la saison est encore
froide et qu'il y ait utilit avancer les plantes. Dans ce dernier cas on les met demeure lorsque leurs premires
feuilles ont commenc se dvelopper. Nous avons peine
besoin d'ajouter que la multiplication s'effectue de mme
avec une grande facilit par division des rhizomes.
Partout o la chaleur du climat est suffisante les balisiers
ne demandent gure d'autres soins que celui de les arroser
copieusement pendant la priode de leur vgtation. Tous se
plaisent dans les bonnes terres, amendes en outre pardes
engrais, et aux expositions ouvertes et lumineuses. Quelques
espces cependant, moins rustiques que les autres et exigeant une chaleur plus forte et plus prolonge pour parfaire
leur vgtation, refusent de fleurir sous le climat du nord de.
la France. Tel est particulirement le cas des balisiers fleurs
de lis et fleurs d'iris ( C. iridiflora, C. lififlora), qu'on a
longtemps considrs comme ne pouvant tre cultivs qu'en
serre chaude. Un savant amateur d'horticulture, M. le comte
peruviana et C. nigricans mlangs, au centre.
5
C.robusta, en bordure.
Il va de soi que ces indications n'ont rien d'absolu et qu'on peut les modifier
suivant les circonstances.
C.
de Lambertye, a rcemment dmontr (1) qu'on pouvait
facilement obtenir leur floraison Paris en pleine terre et en
plein air, la condition de les faire vgter en hiver dans une
serre tempre. Les tiges qui s'y forment dans cette saison se
trouvent ds lors assez avances pour que la chaleur de l't
suivant suffise les conduire leur terme. Sous le climat
mridional, o l't est la fois beaucoup plus chaud et plus
prolonge cette prcaution ne serait vraisemblablement pas
ncessaire.
Pour terminer ce que nous avions dire des balisiers, nous
ferons observer que les graines rcoltes dans nos jardins, lorsque plusieurs espces ou varits hybrides s'y trouvent cultives proximti les unes des autres, ne reproduisent pas
fidlement les types de ces espces ou de ces varits. Dans
ce genre l'hybridation est facile, et lorsqu'elle est pratique
avec discernement, elle donne, comme nous l'avons vu plus
haut, de brillants rsultats. Nanmoins il sera utile de conserver pures les races les plus distingues, et on n'y parviendra
qu'en les tenant l'cart de toutes les autres.
A la suite des balisiers nous pourrions citer les grandes espces des genres Calathea et Maranta, aux feuilles moires,
marbres ou barioles de diverses couleurs mais outre que
ces plantes appartiennent la serre chaude dans toute la
France, elles n'ont pas assez d'ampleur pour figurer dans le
jardin paysager. Reconnaissons cependant qu'elles seront d'un
grand effet dans les jardins fleuristes, l du moins o la chaleur du climat permettra de les conserver pendant les mois
d't en pleine terre.
III.
GRANDES DICOTYLDONES ORNEMENTALES.
Celles-ci sont empruntes un bien plus grand nombre de
familles que les espces monocotyldones du paragraphe
prcdent. Quelques-unes sont desespces vulgaires de nos
(I)Revuehorticole,1862,p.178.
climats, mais qui rachtent ce dfaut par une rusticit toute
preuve, une taille leve, l'ampleur du feuillage ou la distinction du port, seules qualits qu'il faille demander
plantes destines tre vues de loin. D'autres sont encore des
espces fleurissantes, qui forment comme le lien entreles
plantes du parterre et celles du jardin paysager, et qui pourraient la rigueur prendre rang parmi les premires. Pour
tontes ces espces nous adopterons aussi la classification par
familles, ce qui nous permettra d'en abrger la description,
tout en observant les affinits naturelles. Ces familles sont les
suivantes
1 Les renonculaces, reprsentes ici par trois genres
principaux, les pivoines, les aconits et les dauphinelles,
toutes plantes de pays froids ou temprs et la pluparttrsrustiques sous les climats de l'Europe moyenne. Les pivoines
(Ponia) sont de fortes plantes vivaces, en partie indignes,
tiges presque toujours annuelles, feuillage plus ou moins
dcoup, fleurs rgulires, grandes ou mme trs-grandes,
ayant souvent doubl par la culture, et dont les couleurs sont
le rouge cramoisi, le rose, le blanc et plus rarement le
jaune ple. Toutes sont de trs-belles plantes d'ornement,
souvent cultives dans les parterres ordinaires, mais convenant cependant mieux aux grands jardins publics et aux
jardins paysagers. Leurs fleurs, larges et vivement colores,
sont d'un trs-grand effet vues distance, surtout si les
plantes qui les portent se trouvent isoles sur des gazons ou
des pelouses.
La plus belle de toutes les espces du genre est la pivoine
moutan ou pivoine en arbre (P. Moutan), originaire de Chine,
que ses tiges, ligneuses et persistantes, nous obligent classer
parmi les arbustes et qu'on retrouvera dans un des chapitres du
tome suivant. Celle qui la suit immdiatement pour la valeur
ornementale est la pivoine de Chine (P. sinensis, P. albiflora)
(fig. 163), connue aussi sous le nom de pivoine odorante. Elle
forme de grosses touffes, hautes et larges de 0m,70, quelquefois de1m. Ses tiges se ramifient quelque peu vers le haut, et
portent alors communment deux trois fleurs, plus rare-
des
ment quatre cinq. Ces
fleurs,largesde1012
centimtres, sont d'un
blanc pur ou lgrement
ros dans le type, et
exhalentunparfum qu'on
a compar celui de la
rose. Trs-fertile sous nos
climats,cettebelleplante
a donn, par la voie du
semis, une multitude de
varits, doubles, demipleines ou trs-pleines,
avec de nombreuses modifications dans la forme,
les proportions relatives
et la disposition des ptales
mais dont les caractres les- plus remar-quables sont les altraFig. 163. Pivoinede Chine.
tions du coloris, cequ'on
a expliqu, sans beaucoup de vraisemblance, quoique ce ne
soit pas impossible, par des croisements avec d'autres espces.
On en connat, en effet, o la teinte blanche primitive a t
remplace par le jaune de diffrents tons, le rose vif, le rouge
cramoisi, l'amarante, le pourpre vif et le pourpre violac;
quelques-unes sont mme franchement bicolores plus communment, cependant, il n'y a que de simples dgradations
d'un mme coloris gnral. Ces varits, quoique trs-rcentes,
puisque les plus anciennes ne datent gure que d'une vingtaine d'annes, se comptent dj par centaines aussi commencent-elles passer l'tat de plantes de collection, au
moins pour un certain nombre d'amateurs, et en tous cas pour
les habiles jardiniers parisiens, qui les ont presque toutes
cres et qui ont fait de leur culture une spcialit.
A la suite de la pivoine de Chine viennent se placer des
lapivoine
espces encore trs-recommandables; ce sont
;
;
officinale (P.officinalis), indigne de nos montagnes,
plante aussi belle que classique, et dont les grandes fleurs
rouge cramoisi, simples ou doubles, sont l'ornement de nos
jardinsvers la fin du printemps la pivoine corail (P. corallina), des Alpes, fleurs un peu moindres que celles de
l'espce prcdente, d'un beau rouge pourpre; la pivoine
adonis (P. tenuifolia) (fig. 164), de Sibrie, charmante espce dont les feuilles, finement dcoupes, forment des touffes peu leves et de la plus grande
lgance, que rehaussent
encore des fleurs rouge
cramoisi trs-fonc, de
la forme de celles des
anmones et peine plus
grandes plus qu'aucune
autre du genre, cette espce peut s'adapter aux
parterres; la pivoine de
Wittmann (P. Wittmanniana), du Caucase, forte
plante qui se distingue de
toutes les autres par ses
fleurs, jaune clair; enfin,
la pivoine paradoxale ou
plerine (P. paradoxa),
du midi de l'Europe,
feuillage glauque fleurs rouge fonc, et dont
culture, dj
ancienne, a tir un assez grand nombre de varits doubles ou
pleines, avec des coloris qui varient du rose clair au pourpre
violet. D'autres espces pourraient encore tre cites, mais leur
grande ressemblance avec quelques-unes de celles dont il vient
d'tre question diminue notablement leur intrt horticole.
Toutes les pivoines sont rustiques et viennent pour ainsi
dire entout terrain et toute exposition, surtout les espces
d'Europe; nanmoins, pour les obtenir belles il convient de
Fig.164. Pivoineadonis.
la
les mettre dans une bonne terre meuble, un peu profonde,
frache et expose au grand soleil. Dans les terres sches on
fera bien de leur donner quelques arrosages au moment o leur
vgtation est dans toute sa force, mais on doit les abandonner
elles-mmes aprs la floraison. Leur multiplication se fait
habituellement par division des rhizomes, les plantes obtenues
de semis mettant de six huit ans pour se former avant de
fleurir.
Les aconits (Aconitum), plantes vivaces par leurs racines,
charnues et napiformes, sont tous originaires des hautes montagnes ou des rgions froides de l'hmisphre septentrional.
Leurs feuilles, souvent un peu grandes, palmes et plus ou
moins profondment dcoupes, rappellent celles de la plupart des grandes dauphinelles; leurs
tiges, hautes suivant les espces et les
varits, de 1m 1m,60, se terminent
par de longues grappes de fleurs, dont
la forme bizarre a t compare celle
d'un casque, et o dominent Les coloris
bleu
bleu violac, passant quelquefois au blanc par dcoloration. Parmi
les espces les plus communment
cultives nous citerons l'aconit napel
(A. Napellus) (fig. 165), et l'aconit
tue-loup (A. lycoctonum) , plantes indignes, la premire fleurs bleues, la
seconde fleurs jaune ple, toutes
deux trs-vnneuses et qu'on ne doit
manier qu'avec prcaution. D'autres
espces, tant indignes qu'exotiques,
telles que l'aconit panicul (A.paniculatum), l'aconit du Japon (A. japonicum) etl'aconitbicolore(A. variegatum),
assez voisines du napel proprement
dit, se rencontrent encore dans les
jardins. Il serait facile d'ailleurs d'en
Aconit napel. accrotre le nombre, mais ce serait de
Fig. 165.
et
peu d'intrt au point de vue qui nous occupe, attendu la
grande homognit du genre. Les aconits fleurissent de la
fin du printemps au commencement de l'automne. On les
multiplie de graines, ou plus expditivement par division du
pied.
Comme plantes de haut ornement, les grandes espces de
dauphinelles ou pieds d'alouette (Delphinium) sont suprieures
auxaconits; leurs fleurs sont plus grandes et plus vivement
colores. Nous avons
dj vu quelques espces du genre figurer avec distinction
parmi les plantes de
plates-bandes; celles
que leur haute taille
assigne au jardin paysager ne leur sont pas
infrieures, mais leurs
tiges, un peu grles,
obligent de les cultiver
en petits massifs pour
en obtenir tout l'effet
qu'elles peuvent produire. Lesunes sontannuelles,les autres vivaces, et ces dernires
sont les seules qu'on
puisse considrercomme pouvant entrer
dans la dcoration du
jardin paysager. Citons
dans le nombre la
grande dauphinelle
(D. elatum) (fig. 166),
originaire de Sibrie,
haute de 1m,60 2m,
fleurs azures ou
Fig. 166. Grande dauphinelle.
plus ou moins bleues, simples ou doubles
la dauphinelle
hybride (D. hybridum), d'un tiers moins haute que la prcdente, et dont les fleurs, simples doubles ou pleines, prsentent, suivant les varits, tous les tons du bleu et du bleu
violac; enfin la dauphinelled'Henderson (D. Hendersoni),
varit suppose hybride dela grande dauphinelle, dontelle
se distingue par une taille beaucoup moins leve et des fleurs
un peu plus grandes, d'un bleu fonc. On pourrait ajouter
cette liste la dauphinelle cardinale (D. cardinale), espce
annuelle dj assigne la catgorie des plantes de parterre,
mais que ses dimensions et surtout la couleur carlate et trsvoyante de ses fleurs peuvent faire admettre avec un gal
droit parmi celles dont nous nous occupons ici. Toutes ces
plantes se multiplient de graines et, sauf la dernire, par division du pied.
2 Un petit nombre de Papavraees doivent aussi
prendre place parmi les plantes du jardin paysager la premire est le pavotsomnifre (Papaver sommferum), espce
annuelle
mais pouvant s'lever 1m et plus, glabre, glauque, feuillage lgamment dcoup, et dont la fleur, trsgrande et devenue trs-pleine par la culture, en mme temps
que ses ptales se sont frangs ou lacinis leur sommet,
varie de coloris depuis le blanc pur jusqu'au violet noir, en
passant par les diffrents tons du rose, du rouge, du gris et
du violet clair, toutes variations qui se reproduisent assez fidlement par le semis. Le plus grave reproche qu'on puisse
adresser au pavot, somnifre, reproche qui s'applique d'ailleurs tous les pavots, c'est la caducit de ses ptales, et
par suite le peu de dure de ses fleurs. Une seconde espce,
non moins belle mais recommandable d'autres titres est
le pavot involucr (P. bractealum (fig. 167), du nord de l'Asie, vivace par ses fortes racines, pivotantes, feuillage hispide, dcoup sur les bords, et dontles tiges, roides, se terminent chacune par une norme fleur, d'un rouge intense. Le
pavot d'Orient ou pavot de Tournefort (P. orientale), originaire
du Caucase, est en quelque sorte un diminutif du prcdent,
auquel il ressemble par sa racine vivace, la forme et l'hispi-
Fig. 167. Pavot involucr
dit du feuillage et par ses tiges, uniflores; mais il est moins
haut d'un tiers, et ses fleurs, un peu moins grandes, sont
aussi d'un rouge plus clair. Cultives en massifs, ces deux
dernires espces sont d'un grand effet ornemental pendant
les quelques jours que dure leur floraison. On les multiplie de
graines ou par division du pied les sujets obtenus de graines
ne fleurissent communment que la seconde anne.
Outre les grands pavots dont nous venons de parler, on admet encore au nombre des plantes pittoresques les bocconias
(Bocconia, Macleya), papavraces de l'Asie orientale,
racines vivaces, tiges ramifies, hautes de 1m,50 2m,
qui se recommandent bien plus par leur port et leur grand
feuillage, lgamment dcoup ou sinu, que par les panicules de petites fleurs caduques qui terminent Leurs rameaux. Deux espces seulement nous paraissent devoir
tre cites le bocconia de la Chine Bocconia ou Macleya
cordata ), dj anciennement connu et le bocconia du Japon
(B. japonica ), d'importation toute rcente et plus beau que
le prcdent. Rustiques tous deux dans le nord de la France,
ils se plaisent dans les terres profondes et un peu fraches, et
dans les lieux demi abrits contre le soleil. Ils font un meilleur effet en pieds isols qu'en massifs. On les multiplie de
graines et d'clats du pied.
3 La famille des Crucifres fournit aussi nos jardins
quelques plantes pittoresques d'un certain intrt, et qui toutes
sont des varits d'un de nos plus vulgaires lgumes, le chou
commun (Brassica oleracea), qui est, il est vrai, une des plantes
les plus remarquables par le nombre et la diversit des races
que la culture en a fait sortir. Celles dont nous avons parler
ici nous ont t apportes de la Chine, mais on ne peut mconnatre qu'elles ont, dans leur tige lance, une troite parent
aveclechou cavalier de nos provinces de l'ouest, qui se distingue
de toutes les autres races par sa haute taille. Leur port rappelle
quelque peu celui d'un palmier, toutes les feuilles tant groupes ausommet d'une longue tige simple mais ce qui les rend
surtout agrables la .vue c'est tantt la forme mme de ces
feuilles, chagrines, dcoupes, incises, aigrettes ou crpues,
tantt leur coloris, o l'on trouve toutes les nuances du rose
et du pourpre violac, souvent mme relev de panachures
blanches. De l les varits dsignes sous les noms de
chouxpalmiers, chouxprolifres, choux friss rouges ouverts,
choux panachs, etc. Toutes ces varits sont curieuses et
belles lorsqu'elles sont droites., bien venues et d'une forme
rgulire. Leur floraison, qui est celle des choux ordinaires,
ajoute peu leur beaut et d'ailleurs annonce le terme prochain
deleurexistence.Lesplus distingues de coloris ou de feuillage
sont souvent cultives encaisses ou dans de grands pots, pour
pristyles et les orangeries pendant l'hiver et dans
orner
les premiers jours du printemps. On les reproduit de graines,
semes en mai ou juin, et le plant, lev sur ppinire, est mis
en place vers le milieu de l'automne, ou plant dans des pots,
suivant l'usage auquel on le destine. Pour que ces races se
conservent pures on doit, au moment de la floraison, les
tenir cartes les unes des autres et surtout les loigner des
choux ordinaires du potager.
Capparides, les clomes (Cleome), de l'A- 4 Parmi
mrique mridionale, ont t seuls jugs dignes d'entrer
dans l'horticulture pittoresque. Ce sont des plantes vivaces
natal, mais que la rapidit de leur croissance
leur
climat
sous
permet de cultiver comme annuelles dans nos jardins. Leurs
tiges, armes d'aiguillons, sont hautes en moyenne de lm
l^SSO, et leurs feuilles, composes de cinq sept folioles lancoles, rayonnantes aux sommets des ptioles. Les tiges et
leurs rameaux se terminent par des grappes ombelliformes ou
pyramidales de fleurs plus curieuses que belles, dont la structure rappelled'assez prs celles descrucifres. Comme chez ces
dernires en effet, on y trouve quatre ptales onguiculs, six
tamines et un ovaire biloculaire, qui devient en mrissantune
vfitable silique, mais lesptales sontdjets en haut, les tamines, portes sur de trs-longs filets, dpassent de beaucoup
la corolle, et l'ovaire lui-mme est situ l'extrmit d'unpdicelle allong qui semble l'loigner de la fleur. Deux espces
se rencontrent assez souvent dans les jardins fleuristes le
clome pineux (C. spinosa) (fig. 168), dont lesptales sont blanc
ros; et le clome violet (C. pungens), qui les a d'un pourpre
violac. Toutes deux se cultivent en massifs ou en groupes isols,
qui, sans tre trs-remarquables, produisent un certain effet
les
les
au moment de la
floraison. Leurs
fleurs
s'ouvrant
dans la seconde
moiti de l't, on
en obtient facilement des graines
mres, qui servent
les multiplier.
Le semis se fait
au printemps, sur
couche
chaude
sous le climat de
Paris, et on met
le plant en place
dans le courant de
mai. Les clomes
se plaisent dans
les terres riches et
fumes, et veulent
tre copieusement
arross en t. On
pourrait aussi semer en automne,
mais alors le plant
Fig. 168. Clome pineux.
devrait tre abrit
l'hiver en serre tempre ou sous chssis. De mme que la
plupart des crucifres, les clomes sont sujets tre attaqus
par les altises, qui quelquefois les dfigurent entirement.
5 Le groupe deslines, d'o nous avons vu tirer de jolies
plantes de parterre, peut aussi la rigueur en fournir quelques-unes au jardin pittoresque, malgr la faiblesse relative
de leur taille, ce dfaut tant ici corrig par l'abondance de
la floraison et le beau coloris des fleurs. Tel est, parmi les esde l'Asie seppces herbaces, le lin vivace
,
tentrionale, plante tiges grles, mais nombreuses et formant
la gerbe, hautes de0m,70 1m ou quelquefois plus, et qui pro-
duisentauxsommits de leurs rameaux une longue succes-
sion de fleurs bleues. On en connat des varits blanches et
des varits panaches de blanc sur fond bleu, toutes infrieures la forme typique. Tel estaussi, etavecplus de raison,
lelin trois styles(L. trigynum), sous-arbuste de l'Inde,
haut de OIU;80 1m, touffu, feuillage persistant et grandes
fleurs jaune vif, mais dont la rusticit n'est pas assez grande
pourqu'on puisse le cultiver l'air libre au nord du 44e degr, et qui devient Paris une vritable plante d'orangerie.
Le lin vivace se multiplie de graines et par division du pied
lelin trois styles ne donnant pas de graines en Europe (1),
on ne peut le reproduire que de boutures.
6 Les onagraires ou nothres comptent aussi
parmi les familles qui donnent des plantes au jardin paysager.
Toutes les nothres qui s'lvent 1m, et en particulier
l'nothrebisannuelle (OEnothera biennis), qui dpasse communment cette hauteur, peuvent y trouver place. Dans le groupe
gnrique des pilohes, une seule espce, l'pilobe pis ou
laurier de saint Antoine (Epilobium spicatum ) (fig. 169) vaut la
peine d'tre cultive. C'est une plante indigne, vivace, haute
de i^SO ou plus, rameuse, dont le feuillage a de l'analogie
avec celui des saules, et chez laquelle les rameaux se terminent par de longs pis de fleurs rose pourpre, de moyenne
grandeur. Amie des lieux humides, cette jolie nothre peut
servir orner le bord des pices d'eau, mais elle se prte avec
une gale facilit la culture ordinaire, et peut composer des
massifs dans les jardins paysagers, condition d'tre souvent
et copieusement arrose. Une fois tablie sur un sol qui lui
convient, elle peut y durer nombre d'annes, repoussant
chaque printemps de nouvelles tiges pour remplacer celles
qui ont fleuri l'anne prcdente. Elle se multiplie d'ailleurs
avec facilit soit de graines, soit de fragments du pied.
rr
(1) Celatient ce que les fleurs y sont dimorphiques sur des individus diffrents,
et que pour tre fcondes elles doivent changer leur pollen,
qui suppose que
ce
des individus des deux formes croissent au voisinage lesuns des autres. C'est le
1
mme fait organique et les mmes consquences que dans les primevres, dont
nous avons expliqu la structure florale la page 248 de ce volume.
LesMalvaces
contribuent la d7
coration des jardins
pittoresques presque
exclusivement
par
leurs espces fleurissantes. La plus belle
de toutes est la rose
trmire ou passerose
(Altha rosea
(fig.
170), laquelle la
beaut de ses fleurs
assigne une place dans
le parterre, mais que
sa haute taille doit
faire admettre meilleur droit dans le jardin paysager. Originaire de l'Orient, il y
a dj plusieurs sicles qu'elle a t introduite en Europe,
o elle s'est considrablement embellie.
Elle est bisannuelle,
dresse, tigespresque simples, hautes
mtres,
de 2
feuilles arrondies et
semblables pour
assez
Fig. 169.pilobe pis oulaurier de St-Antoine.
la forme celles des
mauves, mais beaucoup plus grandes. Les fleurs, larges de 8
10 centimtres et disposes en une sorte d'pi sur les tiges et
les branches, taient originairement roses ou violaces, mais,
par suite de la longue culture laquelle la plante a t soumise,
elles ont pris toutes les teintes du rose au pourpre, au violet
et au violet noir, et, par l'effet d'une variation plus singulire
encore, quelquesunes ont tourn au
jaune plus ou moins
vif; d'autres, enfin,
par simple dcoloration sont devenues
entirement blanches. En mme
temps que ces modifications s'effectuaient, il s'enfaisait
une autre dans le
faisceau des tamines, qui se dveloppaient en ptales et
donnaient lieu des
fleurs doubles ou
pleines, dans lesquelles cependant
on distingue facilement la vritable
corolle, peine modifie, qui dborde
les ptales de l'int-
rieur. Le nombre
des varits ainsi
produites est assez
grand pour que la
rose-trmire soit
considre par quelamateurs
ques
comme une plante
de collection. QuoiFig. 170. Rose trmire.
qu'elle soit tout
fait de premier ordre comme plante fleurissante, elle est
minemment propre tre vue de loin, et sous ce rapport
aucune autre plante ne peut lui tre compare.
Dans le midi de l'Europe la rose trmire vit plusieurs annes, et on peut l'y cultiver comme plante vivace; sous le
climat de Paris on ne la traite gure que comme plante bisannuelle, en recourant presque exclusivement au semis pour la
propager. C'est qu'effectivement ses fleurs, quoique doubles,
sont presque toujours fertiles quelque degr, celles au moins
qui ont fleuri d'assez bonne heure pour avoir le temps de
former et de mrir leurs graines. Les varits se reproduisent
d'ailleurs avec une certaine fidlit par cette voie, lorsqu'elles
n'ont pas t fcondes les unes par les autres, ou, s'il se produit des formes nouvelles, ces dernires rptent toujours
peu prsles mmes tons de coloris que celles d'o elles proviennent. On ne voit jamais, par exemple, les varits blanches fcondes par elles-mmes engendrer des plantes fleurs
pourpre noir, ou les varits jaunes des plantes fleurs de
couleur carmin. Les variations sont toujours enfermes dans
des limites plus troites moins qu'il n'y ait eu des croisements, trs-possibles d'ailleurs, par l'intermdiaire des insectes.
Les semis de roses trmires se font en t, sur planches
bien exposes au midi. Lorsque le plant a trois ou quatre
feuilles on le repique en ppinire, 20 centimtres de distance en tous sens, puis on le met en place en octobre ou novembre et mieux encore en mars ou avril de l'anne suivante,
en ayant soin, dans les deux cas, de le lever en motte, autant que possible. La floraison commence en juin ou juillet, et
se continue dans les mois d'aot et de septembre; quelques
individus retardataires fleurissent mme jusqu'aux geles.
L'exprience a prouv que sous nos climats au moins il y
a avantage traiter la rose trmire comme plante bisannuelle, parce que la premire florafson est toujours plus
belle que les suivantes cependant, lorsqu'il s'agit de conserver des varits intressantes dont la reproduction par semis est douteuse, on les multiplie par clats du pied au comprinmencement de l'automne, et plus avantageusement
temps. On y emploie aussi le bouturage fait aux mmes poques, soit en pleine terre exposition chaude, soit en pots
au
tenus sous chssis ou en serre tempre. La multiplication
par division du pied a beaucoup plus de chance de russite
dans la rgion plus sche et plus chaude du midi que sous
le climat de Paris, o l'humidit froide et prolonge du sol
cause facilement pourriture des tissus dnuds de la souche.
Enfin, on emploie encore comme procd de multiplication et de conservation la greffe, quilorsqu'elle est faite
parunemain exerce donne de meilleurs rsultats que la division des souches et que le bouturage. Cette greffe se fait
de l'automne, en fente ou en placage, sur
au
commencement
les racines d'autres
roses trmires, principalement sur des
varits simples leves de semis tout exprs. On prend pour
faire cette greffe de jeunes rameaux sur les plantes dont on
veut conserver la race, et aprs avoir enlev leurs feuilles,
l'exception de celles du cur, on en taille l'extrmit infrieure en biseau, et on les insre dans une fente proportionne, faite surlect d'un tronon de racine de la varit
qui doit servir de sujet. La greffe ayant t assujettie par un
lien, les fragments de racine sont plants dans de petits
pots remplis de terre lgre, et on les enfonce assez pour que
greffe soit enterre. Les pots sont ensuite ports sous un
chssis ou tenus sous cloche, et si la chaleur de l'air est insuffisante, on les met dans une serre multiplication chauffe
15 ou 18 degrs centigrades. Lorsque les greffes sont reprises et les sujets enracins, on leur donne graduellement
de l'air, et un peu plus tard on les hiverne sous chssis,
aprs les avoir transplantes dans des pots plus grands.
Si le climat est assez doux pour qu'on puisse sans danger
les laisser l'air libre pendant l'hiver, on les met en place
immdiatement. On peut encore greffer les roses trmires
au printemps, en fente ou en placage, mais toujours sur
racines, mme sur les racines de la guimauve cependant
la greffe d'automne donne toujours de meilleurs rsultats.
Ajoutons que les plantes obtenues de greffe ne deviennent
jamais aussi grandes ni aussi fortes que celles qu'on a leves
de semis, mais elles sont tout aussi florifres, ce qui est l'essentiel. tant moins hautes, elles conviennent d'ailleurs mieux
la
la
aux parterres, d'o la roscrmire, cause de
sa
1
beaut
hors ligne, ne saurait tre entirement exclue.
La rose trmire n'est pas difficile sur le choix du terrain;
elle ne craint pas les sols pierreux, et parat mme se plaire
au pied des murs et dans les dcombres, o elle trouve sans
doute des sels nitreux appropris sa nature, ce en quoi elle
ressemble nos mauves sauvages. Ce qui importe c'est que
le terrain ne soit ni dtremp d'eau ni trop sec, car dans ce
dernier cas la plante resterait chtive et serait plus expose
tre dvore par les altises. Toutes les conditions tant gales,
elle deviendra plus forte dans un sol profond, meuble, un peu
frais et lgrement fum que dans un terrain mdiocre non
amend. Un autre point non moins essentiel est que les
plantes soient loignes des arbres qui pourraient leur diminuer la lumire; leur floraison sera d'autant plus brillante
qu'elles seront mieux claires par le soleil.
trs-belles encore quoique fort infD'autres malvaces
rieures la rose trmire, peuvent tre assignes au jardin
paysager ou remplir le rle de plantes pittoresques dans des
jardins plus troits. Telles sont lamauve en arbre (Lavatera
arborea
belle plante de la rgion mditerranenne et des
bords de l'ocan, vivace, demi-ligneuse, haute de2m et plus,
qui se recommande galement par son feuillage et par ses
grandes fleurs, pourpre violac la ketmie rose (Hibiscus roseus )
(fig. 171) et ses varits (H. militaris, H. palustris), originaire de l'Amrique du Nord, mais naturalise dans les landes
de Bordeaux, et que ses normes fleurs roses laissent presque
sans rivale dans le genre; enfinlaketmiepineuse (Hibiscus
ferox),rcemmentimportede la Nouvelle-GrenadeenEurope,
et qui se distingue plus particulirement par l'ampleur du
feuillage, mais qui, hors du climat de l'oranger, exige l'abri
de la serre tempre pendant l'hiver. Plusieurs autres malvaces ornementales pourraient tre ajoutes cette liste,
mais leurs tiges, dcidment ligneuses, et leur port d'arbustes
doivent les faire reporter au chapitre que nous rservons
ces derniers.
8 Peu de lgumineuses herbaces ou sous-frutescen-
),
tes, en dehors de celles
qui grimpent, peuvent
tre considres comme
pittoresques.
plantes
Les plus mritantes
sous ce rapport sont
incontestablement les
clianthes (Clianthus) et
les petites- races d'rythrines (Erythrina),
plantes de premier ordre
l o elles peuvent crotre en plein air, mais que
leurconsistance ligneuse
nous oblige reporter
plus loin. L'indigofredosua (Indigofera Dosua),
plus rustique que ces
dernires et moins dcidment ligneux dans le
nord de la France, pourrait se ranger leur suite.
Quoiqu'il leur soit trsFig. 171. Ketmierose.
infrieur,. ses fortes touffes feuillues de1m ,50 2m, lorsqu'elles sont garnies de leurs
grappes de fleurs pourpres, constituent un ornement qui n'est
point ddaigner. En dernire ligne viennent les galgas
( Galega), plantes vivaces, rustiques et vulgaires du midi de
l'Europe, en fortes touffes, et feuillage penn avec impaire
terminale. Deux espces assez communment cultives reprsentent le genredans nos jardins ce sont legalga d'Orient
(G. orientalis) (fig. 172), haut de 1m, grappes de fleurs bleues,
et legalgaofficinal (G. officinalis) plus haut d'un tiers et
,
dont les fleurs sont d'un bleu plus ple. Ces deux fortes
plantes, dont le feuillage est abondant et volontiers mang
parlesbestiaux, acquerront peut-treunjourplus d'importance
comme plantes fourragres que comme plantes ornementales.
9 C'est tout au plus
si parmi les espces
herbaces ou sous ligneuses de la famille
des rosaces, si riche
d'ailleurs en plantes
fleurissantes, nous en
trouvons trois ou quatre
qui puissent figurer avec
honneur dans les jardins paysagers. La seule
qu'il soit utile de signaler est la spire barbede-bouc (Spira Aruncus) (fig. 173), grande
herbe indigne, sousligneuse et rustique,
dont les touffes peuvent
s'lever 1m,50, et qui
se recommande autant
par l'lgance de son
feuillage compos que
celle de ses grandes
par
Fig. 172. Galga d'Orient.
panicules de fleurs blanx
ches. De mme que la plupart des autres
celle ci ne
spires,
russit bien que dans les lieux humides tourbeux et un peu
ombrags. Sa place, dans le jardin paysager, sera donc au
voisinage de l'eau, dans les vallons et aux alentours des bosquets, o on pourra l'associer aux grandes fougres et J
beaucoup d'autres spires frutescentes qui seront indiques
j
dans le chapitre consacr aux arbrisseaux.
10 Un seul genre de boragines, celui des anchuses o
bugloses(Anchusa), fournit des plantes d'assez forte taill
pour qu'on puisse leur assigner une place dans le jardin pay-j
sager, mais leur vulgarit et l'insignifiance de leur feuillage
troit, rare et d'une verdure terne, les classe dans les de
niers rangs. Elles n'ont, pour se relever de cette disgrc
- -
Fig. 173. Spire barbe-de-bouc.
native, que le beau coloris bleu de leurs fleurs etla dure
de leurfloraison, qui se continue de la fin du printemps celle
de l't. Une seule espce, indigne et vivace, mrite d'tre
signale; c'est labuglose d'Italie (A. ilalica) (fig. 174), haute
de plus de 1m, velue et hispide, dont les corolles, larges d'un
centimtre, sont d'un
bleu vif. Elle se plat
dans les terres fertiles
et fraches, o elle
vient pour ainsi dire
sans culture. On la
multiplie aisment de
graines, et plus rarement par division du
pied.
11 Les
Solanes
sont une des familles
qui contiennent le
plus de plantes ornementales du genre qui
nous occupe, c'est-dire runissant une
taille leve un port
distingu, un feuillage
lgant, et assez souvent de belles fleurs,
auxquelles succdent
mme quelquefois des
fruits d'un effet pittoresque. Ces plantes
appartiennent principalement aux quatre.
aldont
nous
genres
Fig. 174. Buglose d'Italie.
lons parler.
1 Les molnes (Verbascum), plantes indignes et vivaces,
qui se plaisent dans les terrains secs et rocailleux. Toutes les
grandes espces du genre peuvent entrer dans la plantation des
jardins paysagers mais les plus convenables sont la molne commune ou bouillon blanc (V. thapsus) forte plante feuilles
cotonneuses, blanchtres, dont la tige, haute de 1m,50 2m,
se termine, ainsi que ses rameaux, en de longs pis de fleurs
jaunes; lamolne blanche (V. lychnitis), de la taille de la
prcdente, avec laquelle elle a quelque ressemblance, mais
la
dont elle diffre par des. fleurs blanches et plus petites
molne pyramidale ( V. pyramidatum), trs-grande espce du
Caucase, fleurs jaunes; enfin lamolne ondule (V. undulatum
et la molne acumine ( V. acuminatum), des mmes
rgions que la prcdente et peut-tre les plus ornementales
du genre.
2 Les daturas ( Datura), genre exotique, dont les espces sont rustiques ou'demi-rustiques sous nos climats.
Nous en avons dj signal quelques-unes au chapitre des
plantes de parterre, mais nous pouvons rappeler ici le datura
d'gypte (D. fastuosa), forte plante tiges et rameaux pourpre
noir, haute de 1 2 mtres ou davantage, trs-grandes corolles jaune ple ou blanches l'intrieur, laves de violet
l'extrieur, quelquefois toutes jaunes ou toutes violettes. On
en connat des varits fleurs doubles ou pleines, par suite
de l'embotement d'une seconde, d'une troisime ou mme
d'une quatrime corolle dans la fleur normale. Cette espce
est moins rustique que les autres et elle fructifie difficilement
sous le climat de Paris; aussi en tire-t-on ordinairement les
graines des jardins mridionaux.
3 Le genre solanum (Solanum) est de toute la famille le
plus riche en espces dcoratives, mais ses espces sont de
valeurs trs-ingales, et on en compte un grand nombre,
dans les catalogues des horticulteurs marchands, qu'aucune
qualit srieuse ne recommande. Ses belles espces, qui sont
la plupart amricaines, se distinguent tantt par leur taille ou
leur port, tantt par la beaut du feuillage, quelquefois par
celle desfleurs, plus souvent parle brillant coloris deleursbaies,
jaunes, rouges, violettes ou oranges. Citons dans le nombre la
fausse-aubergine (S. pseudo-Melongena), haute de 1 mtre
fleurs insignifiantes, mais dont les fruits, de la grosseur d'une
pomme d'api, dprims, sillonns et du rouge le plus vif, sont
fort remarquables; le solanum cinq cornes (S. corniculatum),
plus curieux encore par ses fruits ovodes, dela grosseur d'un
oeuf de poule, orns de cinq cornes obtuses prs de la base
et d'une brillante teinte orange le solanum pines rouges
pyracanthurn), de Madagascar, dont la forme est celle d'un
arbuste rameux, de 0m,60 1 mtre, fleurs blanches et
baies oranges, mais qu'on recherche surtout pour son grand
feuillage roncin, tomenteux, blanchtre, dont les nervures,
en dessus et en dessous, sont armes de longues pines rouges
ou oranges; le solarium,casque(S. galeatum), du Brsil et demme port que le prcdent, mais s'levant 2m ou plus, et
comme lui arm d'aiguillons il se distingue par un trs-grand
feuillage elliptique, sinu-lob, rticul sur les deux faces
et pourpre-vineux en dessous;ses fleurs, un peu grandes et lgrement violaces, ne sont pas non plus sans beaut ; lesolanum de Wendland (S. robustum), du Brsil, dont le port est
buissonnant, mais avec de fortes tiges ailes, hautes de 2
mtres et plus et qui est trs-beau de feuillage; le solanum
pourpre-noir (S. atro-sanguineum), de l'Amrique du Sud,
haut de 1m,50, tige demi-ligneuse, dresse, pineuse, d'un
rouge noir, feuilles dcoupes, fleurs blanches et fruits
jaunes; lesolanummargin (S. marginatum), d'Abyssinie, qui
forme de superbes touffes et dont le feuillage est bord
de duvet blanc comme celui qui couvre les rameaux; lesolal'Amrique
S.
glaucophyllum),
glauques
de
feuilles
num
mridionale, tiges presque simples, hautes de 1m,40,
feuilles glabres et glauques, et dont le principal mrite est
dans ses grandes fleurs, bleu fonc; le solanum gant (S. giganteum), du Cap de Bonne-Esprance, haut de4 5 mtres,
blanchtres, et
grandes feuilles ovales, tomenteuses
(S.
et
),
le solanurn de l'Amazone (S. amazonicum
recommandable surtout par la beaut de ses fleurs, bleues; le
solanum de Rantonnet (S. Rantonnetii), charmant arbuste,
dont les grandes fleurs, d'un violet fonc, sont l'ornement des
jardins mridionaux en automne; enfin, le solanum chevelu
(S. crinitum), de la Guyane, norme plante demi-ligneuse et
trs-pineuse, qui se classe dans les premiers rangs parmi
celles que distingue la noblesse du port et la beaut du feuillage, mais que son temprament tropical rend plus propre
dcorer les jardins de l'extrme Midi que ceux du Nord.
Nous sommes loin d'avoir puis le genre des solanums,
fleurs violettes
o les espces se comptent par centaines mais il nous serait
impossible de dcrire ici, mme en quelques mots, toutes
celles qu'on a dj introduites dans les jardins, et dont le
nombre s'accrot chaque anne. Nous nous bornerons donc
citer pour mmoire les suivantes Solanum callicarpum, S. betaceum S. laciniatum, S. villosum, S. auriculatum, S. aculeatissimum et S. quercifolium, qui sont encore des plantes
recommandables. Cette liste pourrait tre facilement quadruple, l'aide des catalogues des horticulteurs..
Toutes ces espces appartiennent essentiellement au jardinage pittoresque ou paysager, ou tout au moins aux grands
jardins fleuristes elles conviennent surtout aux jardins publics, o il faut produire un certain effet. Le choix faire
entre ellesdevra d'ailleurs tre bas sur le dveloppement
qu'elles acquirent, et sur l'effet qu'on en voudra obtenir. Les
espces non pineuses pourront tre cultives en touffes ou en
grands massifs; celles qui sont armes d'pines, surtout si
leur feuillage est grand, devrontl'tre en pieds isols, parce
que leurs feuilles en s'entremlant les unes les autres se dchirent mutuellement et perdent par l toute leur beaut.
Les espces de moindre taille, mais qui se font surtout remarquer par l'originalit ou le beau coloris de leurs fruits,
comme le solanum cornicul et la fausse-aubergine, devront
tre peu loigns des alles et occuper de prfrence les
talus, pour que les fruits soient bien en vue.
La culture des solanums, trs-simple en elle-mme, ne
connat qu'un seul obstacle sous nos latitudes, l'insuffisance
de la chaleur du climat. A Paris la plupart veulent tre sems de bonne heure, sur couche chaude et sous chssis, pour
tre mis en pleine terre du milieu la fin de mai, et, malgr
cette prcaution, tous ne parviennent pas y former leurs
fruits ni surtout y mrir leurs graines, ce quoi on supple
en remisant les plantes dans la serre tempre ou mme dans
la serre chaude; mais mesure qu'on se rapproche du midi
ces difficults diminuent, et sous le climat de l'oranger il
n'y a peut-tre aucune espce du genre qui ne puisse fleurir
et fructifier. Beaucoup d'espces arborescentes mme pas-
sent facilement l'hiver; c'est le cas, entre autres, duS. auriculatum, qui y arrive la taille d'un pommier cidre.
4 Le genre tabac ou nicotiane (Nicotiana) appartient par plusieurs de ses espces, toutes originaires de l'Amrique et la
plupart annuelles, la catgorie des grandes plantes dcoratives. On y range principalement celles qui s'lvent sur une
seule tige, dont le feuillage est ample et les fleurs en panicules
terminales. Dans le nombre signalons
le tabac commun
(N. Tabacum), dress, haut de 1m,40 ou plus, feuilles
grandes, ptioles, ovales-lancoles, fleurs tubuleuses,
dont le limbe, tal en toile, est rose ou carmin clair; le tabac
grandes feuilles (N. macrophylla), plus haut que le prcdent, feuilles sessiles, trs-larges, fleurs d'un rose ple,
plus grandes et plus ouvertes que celles du tabac commun; le
tabac de Warscewicz (N. glutinosa), haut de 1m et plus, caractris par son feuillage cordiforme et ses fleurs irrgulires,
d'un carmin fonc le tabac faux-wigandia (N. wigandioides),
plante de plus de 2m, fleurs insignifiantes, mais d'un port distingu, et trs-remarquable par la grandeur de ses feuilles,
qui peuvent se comparer celles du wigandia de Caracas;
enfin, le tabac glauque (N. glauca), des environs de BunosAyres, plante ligneuse et sous-arborescente, haute de 3 4
mtres, fleurs tubuleuses, d'un jaune orang terne. Ce dernier est plutt une plante de curiosit que d'agrment, et il
n'a gure d'autre utilit que de mettre un peu de verdure sur
les rocailles ngliges et les murs en ruine de nos provinces du
midi, o il s'est en quelque sorte naturalis. Toutes ces espces, l'exception du tabac faux-wigandia, qui n'a pas
encore, que nous sachions, fructifi en Europe, se multiplient de graines, semes au printemps, en place ou en
ppinire; le plus souvent mme elles se ressment toutes
seules, l o elles ont t une fois cultives, et dans ce cas
il suffit d'y lever au printemps le petit nombre de plants dont
on peut avoir besoin. Le tabac faux-wigandia n'a t jusqu'ici
propag que de boutures, qu'on hiverne sous chssis ou en
serre chaude.
D'autres solanes pourraient encore, la rigueur, prendre
rang parmi les grandes plantes dcoratives, par exemple le
Nicandraphysaloides, l'Anisodus luridus, et mieux encore les
espces du genre Cestrum; mais ces dernires tant toutes des
arbustes de serre chaude et de serre tempre sous nos climats, il est plus naturel de les rserver pour un des chapitres
du volume suivant.
12 Une seule mlianthe, famille qui tient d'une part aux
sapitidaces, de l'autre aux graniaces, peut tre mise au
nombre des plantes pittoresques de nos jardins;c'estlegrand
mlianthe ou mlianthe pyramidal ( Melianthus major), de l'Afrique australe, longtemps pris pour une rutace, dont les
grandes feuilles glauques, pennes et incises, forment des touffes d'une suprme lgance. Satige, haute de 1m, 50 2m, se
termine par une panicule de fleurs pourpre noir, dont l'abondante exsudation mielleuse est recherche par les abeilles. Rustique dans le midi de la France, et mme naturalis sur quelques points de la Provence, le mlianthe pyramidal appartient
l'orangerie sous le climat de Paris on peut cependant l'y lever en pleine terre, exposition mridionale, avec couverture
pendant l'hiver.
On trouve encore dans les jardins du midi, o il fleurit au
premier printemps, lepetit mlianthe (M. minor), du mme
pays que le prcdent et presque semblable de feuillage, mais
beaucoup moins dvelopp et moins ornemental. Il n'est pas
assez rustique pour passer l'hiver en pleine terre Paris, mme
abrit sous une couverture de litire ou de feuilles.
13 Les hydrolaces, longtemps ngliges parl'horticulture, commencent prendre de l'importance dans nos jardins,
mais par une seule de leurs espces, le wigandia de Caracas
(Wigandiacaracasana) (1), qui est incontestablementparlanoblesse du port et la grandeur du feuillage une des plantes les
plus remarquables qu'on ait introduites en Europe dans ces
dernires annes. Originaire de la rgion montagneuse de la
-
pourrait n'tre pas exact. Quelques personnes pensent que le vrai
Wigandia caracusana est une espce toute diffrente, qui n'existe pas ou n'existe
plus dans les jardins de l'Europe, et que celle dont il est question ici doit porter le
nom de W. macrophylla.
- (1) Ce nom
Nouvelle-Grenade et de Caracas, d'o elle a t rapporte par
un botaniste belge, M.Linden, elle est assez rustique pour
crotre en plein air sous le climat de Paris pendant les mois
d't, et pour rsister aux hivers ordinaires dans le climat de
l'oranger, o elle fleurit et donne des graines. Livre la pleine
terre, elle s'y lve 3 ou 4 mtres, sur une seule tige, plus ou
moins ramifie, qui se termine par une panicule de fleurs violaces assez semblables de forme, de grandeur et de coloris,
celles des eutocas et des campanules mais le grand mrite de
la plante est dans son admirable feuillage, ovale, finement
chagrin, d'un trs-beau vert mat, et dont les dimensions
varient de Om, 70 1m de longueur, sur0m,40 0111,50 de largeur. A mesure que la plante avance vers l'ge adulte, les
feuilles diminuent graduellement, et au-dessous de l'inflorescence elles n'ont plus gure que les dimensions de la main,
d'o rsulte pour la plante entireune forme pyramidale d'une
parfaite rgularit. Le peu que nous venons de dire suffitpour
expliquer la grande faveur qui s'est attache au wigandia de
Caracas ds son arrive en Europe; il est aujourd'hui l'ornejardins
jardins
oblig
des
grands
des
surtout
et
ment presque
publics.
On peut le multiplier de graines, qui mrissent parfaitement dans le midi, et mme dans le nord en serre tempre, et c'est le moyen qu'emploient quelques amateurs;
cependant le bouturage est encore la mthode la plus usite.
Ce bouturage se fait sur la fin de l'hiver, soit au moyen des
extrmits des rameaux, soit avec des pousses dont on
a provoqu le dveloppement sur les tiges de sujets tenus en
serre tempre ou en serre chaude, et les plants ainsi obtenus se mettent en place plus tt ou plus tard, suivant les
climats et les annes, mais ordinairement dans la seconde
quinzaine de mai sous la latitude de Paris. En bonne terre
franche amende d'un peu de fumier dcompos, et avec de
copieux arrosages pendant les chaleurs, les jeunes wigandias se
dveloppent avec rapidit et atteignent assez facilement 2
mtres de hauteur avant les geles. Suivant le but qu'on se
propose, on les plante en individus isols ou en massifs, et
dans un cas comme dans l'autre ils produisent un effet grandiose. Au-dessous du 45e degr de latitude, l o la moyenne
de l't atteint au minimum 20 centigrades, on pourrait obtenir le dveloppement complet et la floraison des wigandias
en plein air, en avanant d'un mois ou deux l'poque du bouturage, de manire avoir des plantes dj fortes au commencement de mai. Le mme rsultat pourrait tre atteint si on
hivernait en orangerie ou sous chssis des sujets de semis obtenus dans le courant de l'anne prcdente.
Une seconde espce du genre, le wigandia urticant ( W.
urens), a t aussi essaye avec quelque succs dans la culture de pleine terre, et il est vraisemblable qu'elle n'y serait pas plus rebelle que la prcdente mais elle lui est trsinfrieure en beaut, et de plus elle est hrisse de poils dont
les piqres sont presque aussi douloureuses que celles de
nos orties; ce dernier dfaut suffit pour qu'on hsite la recommander.
14 Trs-voisin des hydrolaces, l'ordre des hydrophylles, auquel ont dj t emprunts les eutocas de nos parterres, contient aussi une espce que sa haute taille et sabeaut
propre doivent faire admettre dans le jardin paysager; c'est le
cosmanthe grandes fleurs Cosmanthus grandiflorus, Eutoca
speciosa), plante de la Californie mridionale, annuelle
s'levant 1m,50, rameuse, en touffe arrondie, feuilles largement rhombodales, et dont toutes les ramifications se terminent par des grappes scorpiodes de fleurs violaces, beaucoup plus grandes que celles d'aucun des eutocas proprement
dits. Son temprament la rapproche de ces derniers, mais
tant un peu moins rustique, et sa grande taille la rendant
moins prcoce, c'est dans nos provinces de l'ouest, la fois
tides et humides, qu'elle prend son plus beau dveloppement.Sa culture est d'ailleurs celle des eutocas comme eux,
elle se multiplie de graines semes au premier printemps sur
couche chaude, ou mieux peut-tre en automne, avec hivernage du plant sous chssis. A dfaut de graines, on pourrait
encore la propager de boutures faites la fin de l't et convenablement abrites pendant l'hiver.
campanulaces, si
riches en jolies plantes de
plates-bandes et de rocailles, ont aussi un petit contingent
donner au jardin paysager. Toutes les grandes espces de
campanules sont du nombre, mais aucune aussi juste titre
que la campanule pyramidale Campanula pyramidalis) (fig.
175), dont les tiges, hautes souvent de 1m,50 et plus, ne sont
presque qu'une longue panicule
de clochettes bleues. Convenablement place et d'une belle
venue, elle est d'un grand effet
dans la priode, assez prolonge d'ailleurs, de sa floraison.
Son site naturel dans un grand
jardin est sur les points levs,
sur une colline artificielle ou
une rocaille humide, s'il en
existe. Trs-rustique et ne demandant pour ainsi dire aucun
soin, elle se multiplie d'ellemme par ses graines et par
les drageons qu'elle met de sa
racine.
C'est dans la mme catgorie
horticole que nous devons ranger la campanule de Wollaston
plante
(Musschia Wollastoni
de l'le de Madre, curieuse et
trs-belle, que la singularit de
ses corolles, dont les lobes sont
rflchis et prolongs en forme
de griffes ou de crochets, a fait
sparer des campanules proprement dites. Elle s'lve
Fig. 175. Campanule pyramidale. 1m,50 et plus, et prend lorsqu'elle est adulLe la forme d'un
arbrisseau, dont toutes les branches sont garniesde fleurs
pendantes, de moyenne grandeur, d'un jaune lgrement
15 Les
),
orang qui passe au rougetre sur les lobes de la corolle. Cette
belle campanulace, qui est encore rare dans les collections,
appartient essentiellement au jardinage mridional, et mme
dans le climat de l'olivier il convient de l'abriter momentanment pendant les plus mauvaises journes de l'hiver. En
l'air
- dehors de cette rgion elle a peu de chances de fleurir
libre,quoiqu'elle puisse y passer la belle saison en pots ou
en pleine terre.
Enfin c'est ce mme groupe de plantes pittoresques que
se rattache la grande campanule des Canaries (Canarina Camplante non moins belle et presque aussi anomale que
panula
la prcdente, qu'elle rappelle par le coloris de ses fleurs.
Vivace par sa racine charnue , elle met tous les ans des tiges
herbaces, un peu grles et demi-sarmenteuses, plus ou moins
ramifies, qui en s'appuyant sur les vgtaux voisins peuvent
s'lever 2m ou plus. Les fleurs sont de vritables clochettes,
pendantes, presque aussi grandes que celles de la campanule
carillon, mais beaucoup plus ouvertes, de couleur orange
et finement rayes de rouge, auxquelles succdent des baies
blanches, charnues et la rigueur comestibles. Moins difficile lever que la campanule de Wollaston, elle vient presque
les
culture
jardins
midi.
le
climat
dans
du
Sous
du
nord
sans
la souche doit tre abrite en orangerie pendant l'hiver.
16 L'immense famille des composes, si varie de formes
dans la longue srie de ses espces est naturellement une de
celles quifournissent plus fort contingent au jardinage paysager. Nous y trouvons la fois des plantes que leur floraison
rend recommandables et d'autres plantes qui se distinguent
surtout par leur port et leur feuillage ornemental. Parmi celles
que nous avons dj assignes au jardin fleuriste proprement
dit, quelques-unes peuvent encore trouver leur place ici ce
sont, par exemple, les grandes races du dahlia commun, le
chrysanthme de la Chine, les rudbeckias ou chinacas
fleurs pourpres, le cosmos bipinn et quelques autres. A bien
plus juste titre cependant y ferons-nous entrer le dahlia coccin (Dahlia coccinea) (fig. 176), un peu plus lev que ledahlia commun, grandes fleurs rouges, quelquefois doubles ou
-
),
le
demi-pleines
le dahlia imprial (D. imperialis
espce r-
),
cemment introduite
du Mexique, moins
belle que la prcdente si on ne considre que ses capitules, qui sont plus petits un peu campanuls, et d'un coloris
moins vif,mais deux
trois fois plus leve ; la tithonie oran-
ge
(Tithonia
dens
splenComaclinium
aurantiacum ), belle
et forte plante du
Mexique, annuelle,
haute de 1m ,50 et
plus, feuillage ample et trilob, aux
capitules orangs,
dont la floraison est
la verge
automnale
d'or du Canada (Solidago canadensis),
et quelques autres
pareillement du nord
de l'Amrique (S.
Fig. 176. -. Dahliacoccin.
sempervirens, S. Ixvigata, S. nutans, etc.), plantes vivaces, rustiques, qui peuvent se passer de toute culture, et dont les tiges, lances et
feuillues, se terminent par de longues panicules de capitules
jaunes; lesvernonies (Vernonianoveboracensis, V. pralta)
autres composes nord-amricaines, vivaces, de grande taille,
floraison automnale, et capitules pourpre violet; enfin,
les grandes espces d'astres de l'Amrique septentrionale,
dont les fortes touffes se couvrent dans les mois- d'aot, de
septembre et d'octobre de centaines de capitules au disque
jaune et aux rayons diversement colors, depuis le blanc et le
rose jusqu'au pourpre vif et au bleu violac. Parmi ces plantes
d'une certaine distinction et d'un trs-bel effet lorsqu'elles
sont employes propos, nous signalerons particulirement
les Aster roseus, Nov-Angli, grandiflorus, Novi-Belgii,
simplex, formosissimus, rubricaulis, lvigatus, praltus, etc.,
dont les rayons sont colors; l'A. versicolor, o ils sont d'abord blancs, puis passent graduellement au pourpre clair et
au violet; enfin, lesA. pendulus et multiflorus, o ils sont simplement blancs ou lgrement carns. Toutes ces jolies
plantes, qui sont rustiques et peu exigeantes, se multiplient
avec une grande facilit par division du pied.
C'est aussi dans le groupe des composes fleurissantes que
nous classerons les espces du genre hlianthe ou soleil (Helianthus), quoique leur port et l'ampleur de leur feuillage
les rapprochent d'une autre catgorie, dont ces deux derniers
caractres font seuls la valeur horticole. Nous y trouvons :
le grandsoleil desjardins, nomm aussi tournesol (Helianthusannuus) , plante annuelle, que l'on croit tre originaire
du Prou, devenue trs-populaire dans toute l'Europe,
o elle est en quelque sorte naturalise. Sa haute taille, son
grand feuillage et par-dessus tout ses normes capitules
rayons jaunes et disque brun, qui s'aperoivent de loin,
la rendent propre produire des effets pittoresques, mme
dans les jardins les plus mal tenus. Il en est sorti plusieurs
varits, qui se reproduisent de semis entre autres des varits gantes, hautes de 4 mtres ou plus et des varits
pleines, o les fleurons du disque se sont en totalit changs en ligules jaunes. Ces capitules, dont la forme rappelle
celle de l'astre dont la plante a reu le nom, prsentent cette
particularit de s'inflchir sur leur pdoncule et de suivre
peu prs le soleil dans sa marche diurne. La plante crot dans
tous les terrains, mais elle ne devient trs-grande que dans
ceux qui sont profonds, de bonne qualit et un peu frais. Dans
,,
les jardins elle se sme elle-mme, lorsqu'on a nglig d'en
rcolter les graines.
Une espce voisine, et plus intressante parceque son
feuillage est plus beau, est le soleil feuilles argentes (H.
argophyllus), originaire des tats-Unis mridionaux, qui,
moins trapu que le grand soleil, s'lve communment 2
mtres ou un peu plus. Ses larges feuilles sont soyeuses, d'un
blanc argent et trs-douces au toucher la tige et les quelques
rameaux qu'elle produit dans son tiers suprieur se terminent
par des capitules trs-grands encore quoique moindres que
ceux du soleil ordinaire, dont ils ont les couleurs. Cette espce
parat se croiser avec
la prcdente, lorsqu'elle fleurit dans son
voisinage; c'est du
moins la seule explication possible de la d-
gnrescence qu'on
observe quelquefois
dans le produit de ses
graines, o on trouve
des formes intermdiaires entre elle et le
grand soleil desjardins.
Comme ce dernier, elle
a produit une varit
fleurs pleines. A ces
deux espces on peut
encore en associer
quelques autres, pareillement amricaines et
rustiques, telles que le
soleil vivace oupetit soleil (H. multiflorus
(fig. 177), haut peine
d'un mtre et demi,
et dont les fleurs ont
Fig. 177. Soleil vivace.
doubl par la culture le soleil de Californie (H. californieus),
annuel et de rcente introduction, voisin, par le feuillage
et la grandeur de ses capitules, du soleil des jardins, et qui
est surtout remarquable par une varit fleurs trs-pleines,
ne dans les jardins des tats-Unis; enfin le soleilorgyal(H.
salicifolius, H. orgyalis), aussi haut ou plus haut que le soleil
des jardins, tige comparativement grle, feuilles troites,
et oapitules beaucoup plus petits que ceux des prcdents,
mais aussi beaucoup plus nombreux, et formant une sorte
de grande panicule. Cette espce, ainsi que le soleil argent,
est d'un bel effet, cultive en grands massifs ou mme en pieds
isols.
Tout ct des hlianthes, tant par ses affinits botaniques
que par ses usages horticoles, vient se placer l'harpalium
rigide (Harpalium rigidum), plante de l'Amrique du Nord,
vivace drageonnante, tige haute d'un mtre, feuilles
ovales et opposes comme celles du soleil des jardins, mais
avec des capitules de moiti moins larges. En revanche, la
floraison en est plus abondante et beaucoup plus prolonge.
Sa qualit de plante vivace permet de le multiplier facilement par division du pied, ou plutt par les drageons qu'il
et
produit naturellement.
Les silphiums (Silphium), pareillement amricains sont
aussi trs-voisins des hlianthes proprement dits. On en cultive plusieurs espces, qui diffrent assez sensiblement les
unes des autres par la taille, le port et la forme du feuillage.
La plus belle, et en mme temps la plus rpandue en Europe, est le silphium lacini (S. laciniatum) (fig. 178), plante
vivace des tats-Unis mridionaux,
tiges grles, hautes de
2m,50 3m, feuilles profondment et lgamment dcoupes.
Ses capitules, encore un peu grands mais beaucoup moindres que ceux des hlianthes, et comme eux rayons jaunes
et disque brun forment une sorte de long pi au sommet
des tiges. Les autres espces du genre (S. trifoliatum, S. perfoliatum, S. integrifolium, S. terebinthinaceum, etc.) sont
moins leves, quoique encore recommandables. Toutes se
multiplient de graines et plus souvent encore par division
du pied. Leur
grande rusticit
les fait surtout
apprcier dans
le nord de l'Europe, o elles entrent plus habituellement que
chez nous dans
ladcorationdes
jardins publics.
C'estsariche
etbrillanteflorai-
son, autant qu'
sa taille, compa-
rativement leve, que la centaure de Babylone
(Centaurea
babylonica) (fig.
179) doit d'tre
compte parmi
les plantes pittoresques de nos
jardins. Elle est
originaire
de
l'Orient, vivace,
fortement blanchie par un duvet cotonneux
grandes
ses
feuilles radicales forment une
sorte de touffe,
Fig. 178. Silphium lacini.
dumilieudelaet plus, sur les-
quelle s'lancent des tiges ailes de 2m
quelles de nombreux capitules fleurons jaune vif s'tagent
comme en un long
pi. Quoique rustique sous le climat de
Paris, elle y reste ordinairement strile,
ce qui fait qu'on ne
l'y multiplie que
d'oeilletons, enautomne et au printemps. Son port la
rend plus propre
tre cultive en pieds
isols qu'en massifs
et comme elle passe
assez vite, surtout si
le climat est sec et
chaud,
est bon de
ne pas trop la multiplier dans un jardin.
Nous rangeons encore parmi les composes pittoresques
les chinops et quelques espces de chardons, bien que leur
vulgarit soit peu
Fig. 179. Centaure de Babylone.
propre les rendre
populaires. Les chinops (Echinops) sont de vritables chardons par le port
et le feuillage; la seule particularit qui leur donne quelque
valeur ornementale est la forme de leurs inflorescences, sortes
de capitules terminaux, sphriques, sans involucre, dont les
fleurons se dirigent dans tous les sens, en haut, en bas et latralement, suivant le point qu'ils occupent sur le rceptacle
commun, qui est lui-mme globuleux. La couleur de ces fleuTons est le bleu, plus ou moins fonc ou clair, quelquefois
affaibli au point de diffrer peine du blanc ou du blanc ver-
il
la
dtre.Tousles chinopssonlvivacespar
racine, etleurs feuilles, profondment roncines ou dchiquetes, sont pineuses
comme celles des chardons. On en connat un assez grand
nombre d'espces, parmi lesquelles il nous suffira de citer
l'chinops commun (E. sphrocephalus), indigne, haut de
lm ,50 2m, en fortes touffes dontles capitules ont presque
,
la grosseur d'un uf de poule et sont d'un bleu clair l'echinopsde Perse (E. persicus), du Caucase, haut de plus d'un
mtre, trs-gros capitules d'un bleu violac; l'chinops de
Russie(E. ruthenicus) (fig. 180), moins lev encore que le
prcdent, avec des capitules d'un bleuvif; en-
fin,l'chinops cornu (E.
cornigerus ), de l'Asie
centrale, feuillage
blanchtre et trs-pineux, et gros capitules
blancs. Ces trois dernires espces, quoique
moins leves que la premire, sont des plantes
plus distingues et qu'on
mais
doit lui prfrer
elles ont le dfaut de
n'tre pas longtemps
belles, leurs feuilles
commenant se desscher et se recoquiller
peu de jours aprs la
floraison. Trs-rustiques
et s'accommodant de
tous les terrains, les
chinops se multiplient
avec une gale facilit
divide graines,
par
Fig. 180. chinops de Russie.
sion du pied.
Les chardons (Carduus, Cirsium,Sylibum, etc.), en runis-
et
sant sous cette dnomination gnrale toutes les carduaces
pineuses ou de grande taille, nous offrent aussi des espces
d'un certain intrt pour le genre de dcoration dont il est
question ici. La plupart sont des plantes trs-touffues, rameuses, riches de feuillage, de forme buissonnante et propres tre cultives isolment. Une seule, parmi celles dont
nous avons parler ici, fera exception sous ce rapport.
les
Dans cette agrgation gnrique nous trouvons
onopordons (Onopordon), trs-grands chardons de nos pays
et surtout du midi de l'Europe, hauts de 1m ,50 2m ou plus,
tige et rameaux largement ails feuilrameux ds la base
les larges, sinueuses pineuses, blanchtres et lgamment
dcoupes; capitules hrisss d'pines acres et fleurs violet clair. Plusieurs espces peuvent tre employes dans les
jardins pittoresques, l o le sol est rocailleux et ingal, mais
il est bon de ne pas trop les multiplier, parce qu'on se fatigue
vite de ce que l'on sait tre vulgaire, et cette recommandation s'applique toutes les plantes de ce groupe. Les plus
convenables sont 1 l'onopordon commun, ou chardon acanthin
(0. acanthium), l'onopordond'illyrie (0. illyricum), et l'onopordon de Corse (0. horridum), tous trois de grande taille et
n'exigeant aucune culture. 2 Le chardon Marie (Sylibum marianum, Carduus marianus), belle plante indigne, qui
n'est ddaigne qu' cause de sa vulgarit. Ses feuilles, d'un
vert trs-vif, sont couvertes d'un rseau de bariolures blanches d'un grand effet. Peu de plantes feuillage color peuvent lui tre compares; malheureusement la floraison lui
fait perdre toute sa beaut, en amenant le desschement
graduel des feuilles; aussi vaudrait-il mieux lui retrancher
tous ses capitules aussitt qu'ils se montrent. En bon sol,
il forme des touffes denses de iID dans tous les sens. Sa vritable place, dans les jardins paysagers, est sur les talus,
proximit des alles, de manire tre vu un peu de prs.
On ne le cultive gure d'ailleurs que comme plante annuelle
et printanire. 3 Le cardon d'Espagne(Cinara cardunculus),
qui est peut-tre la souche de l'artichaut comestible, et qu'on
trouve sauvage sur les collines rocailleuses des alentours dela
:1
;
Mditerrane. pineux comme les chardons qui prcdent,
il se distingue par un feuillage plus grand, plusfinementetplus
profondment dcoup, d'une verdure grise, et aussi par ses
capitules semblables de petits artichauts, mais avec les
bractes de l'involucre pineuses; ses fleurs sont d'un bleu
violac fort agrable. Cultiv en sol fertile et suffisamment arros, le cardon, surtout sa varit inerme, ou cardon Puvis,
devient une trs-belle plante, dont les feuilles, longues de plus
d'unmtre, ne sont pas sans une certaineressemblanceavecles
palmes du dattier. Accept depuis des sicles par la culture
potagre, il adonn des varits sans pines, dont les feuilles
blanchies par buttage sont un lgume gnralement connu et
estim. Sous le climat de Paris on doit le couvrir en hiver
pour le prserver de la gele.4 Enfin, le chardon chasse (Cirsium altissimum), plante bisannuelle de l'Afrique septentrionale, s'levant sur une seule tige, grle, simple et droite,
jusqu' 3 ou 4 mtres de hauteur. Cette tige se divise prs
du sommet en un petit nombre de branches, subdivises ellesmmes en rameaux que terminent des capitules de fleurs
purpurines. Ce chardon plat par son originalit, mais, pour
qu'il ne soit pas cass par le vent, il est bon de le cultiver
en touffes, dont les tiges se soutiennent mutuellement. Quoiqu'il vienne facilement sous le climat mridional nous ne
l'avons pas encore vu russir sous celui de Paris.
Les composes pittoresques dont il nous reste parler ne
se recommandent plus par leurs fleurs qui sont pour la plupart insignifiantes, et se montrent d'ailleurs rarement sous
nos latitudes, mais par leur grande taille, leur feuillage ample
et cruelquefois lgant, dans tous les cas par un port d'une
certaine noblesse et surtout par leur air tranger. Ces plantes
sont aujourd'hui en grande faveur, et on en voit de nombreux
chantillons dans les jardins publics de nos grandes villes.
Signalons, comme tant les plus rpandues
1 Le cosmophylle du Mexique (Cosmophyllum cacalifolium), plus connu sous le nom impropre de ferdinanda minent. C'est une grande snecionide de l'Amrique centrale,
vivace, ligneuse et presque arborescente, qui est galement
remarquable par la haute taille qu'elle peut acqurir dans une
saison et l'ampleur de son feuillage. Sa tige, qui ds la premireanne est de la grosseur du bras d'un enfant, s'lve 3,4 ou 5 mtres, suivantles lieux, la qualit du terrain et les
soins de la culture. Les feuilles, opposes, largement ovales
etportes sur de longs ptioles, ont de om ,30 Oro ,40 de largeur en tous sens. Les capitules, semblables de petites marprtes disque jaune et rayons blancs, sont en corymbes
terminaux
le vritable mrite de la plante est dans sa
mais
taille imposante et son feuillage ce dernier, toutefois, cause
de son ampleur mme, est trs-sujet tre endommag par le
vent.
Le cosmophylle du Mexique se plat dans les terres riches,
meubles, un peu fraches et amendes. Ce qu'il lui faudrait
en outre, dans nos jardins ce serait une exposition chaude
- et surtout abrite contre le vent. Il fleurit et mrit des graines
dans le centre et le midi de la France; jusqu'ici cependant on
ne l'a gure multipli que de boutures, qu'on prend sur les
vieux pieds hiverns en serre tempre. Ces boutures, leves
15 mai, sous le
en pots, sont livres la pleine terre vers
le
climat de Paris.
Plusieurs autres composes de grande taille, d'introduction
rcente dans la culture pittoresque, rivalisent avec le cosmophylle du Mexique, que quelques-unes mme surpassent
en beaut. Parmi elles, nous devons mettre en premire ligne
le montanoa (1) feuilles d'hraclum (Montanoa heracleifolia,
Ukdea bipinnatifida ), plante originaire du Mexique et
feuilles, opposes comme la prcdente; mais ces feuilles,
qui sont aussi trs-grandes, sont profondment lobes ou dcoupes, et par l moins exposes tre abattues par le vent.
Le montanoa s'lve sur une seule tige qui reste simple dans
la plus grande partie de sa longueur et peut atteindre 3 mtres ou plus. Il fleurit plus difficilement encore que le cosmo-
(1) C'est
par suite d'une altration regrettable du nom primitif que ce genre est
dsign sous le nom de Montagnea. Il n'a point t ddi au botaniste franais
Montagne, mais un mdecin espagnol du nom de Montana. Le nom de Polymnia
grandis, qu'il portedans quelques jardins, est pareillement erron.
phylle sous le ciel de Paris, et s'y multiplie comme lui
de boutures enleves sur de vieux pieds conservs en serre,
et mises en pleine terre au milieu du printemps. Il est probable que sous le climat plus favorable de nos provinces de
l'ouest ou du midi la plante parcourrait toutes les phases
de sa vgtation et mrirait des graines dans la mme anne.
C'est peine si l'on peut sparer gnriquement du montanoa le groupe des verbsinas ( Verbesina), plantes qui en ont
la taille, le port et presque le feuillage, et remplissent le
mme rle dans nos jardins. Ce sont aussi des espces mexicaines, feuilles opposes, plus ou moins profondment
incises et rappelant, par leur forme, les feuilles de l'arbre
pain (Artocarpus incisa). Trois espces sont dj.assez communment cultives ce sont les V. alata, sinuata etgigantea, auxquelles on applique le mme mode de propagation
qu'aux deux espces prcdentes.
Les polymnies (Polymnia), qui sont aussi trs-voisines du
Montanoa, au moins en jugerpar le port, mais avec une taille
moins leve, fournissent de mme quelques espces pittoresques nos jardins. La plus belle, introduite dj depuis plus
d'un sicle en Europe, est la polymnie de Wedal (P. Uvedalia, Wedalia virginiana), des tats-Unis mridionaux, et, ce
titre, rustique chez nous. Elle s'lve deux ou trois mtres et
quelquefois plus. Ses feuilles sont de moyenne grandeur, trilobes et dcurrentes sur le ptiole. Une seconde espce,
presque aussi belle, la polymniedeSchiede (P.schiedeana),
s'en distingue par son feuillage, plus profondment trilob et
dont les lobes eux-mmes sont subdiviss en lobes plus petits. On peut ajouter ces deux espces la polymnie tachete
(P. maculata), feuilles simplement triangulaires-deltodes,
et qui, tant originaire du Mexique, est moins rustique que
les prcdentes. Son feuillage rappelle quelque peu celui du
schistocarpha bicolore Schistocarpha bicolor), autre grande
compose amricaine tige ligneuse et prenant la forme d'un
arbre de 2 3 mtres. Originairede Caracas, leschistocarpha
bicolore ne peut supporter le plein air chez nous que pendant
les mois d't il n'y fleurit pas, et on ne le multiplie que de
boutures conserves l'hiver en serre chaude.
L'huma rose (Humeaelegans), plante de la NouvelleHollande, de la tribu des hlichryses, et ce titre proche parente des immortelles, doit aussi, cause de sa
taille, relativement considrable, tre assigne au jardin
paysager. Elle est annuelle sous nos climats, et s'lve droite
sur une seule tige, dont les rameaux, tous florifres et
gracieusement inclins, s'tagent en une longue pyramide.
Les fleurs en sont si petites qu'on les distingue peine ce
qui en tient lieu, au point de vue qui nous occupe, ce sont
milliers de
lescailles roses ou purpurines qui entourent
petits capitules o ces fleurs sont renfermes. Quoique introduit en France depuis une cinquantaine d'annes, l'huma
y a t jusqu'ici peu cultiv et n'a gure t considr que
comme une plante de plate-bande. Effectivement, les faibles
chantillons de 1m 1m,30, que l'on rencontre et l dans
les jardins, excdent peine le maximum de taille que l'on
tolre dans la catgorie de plantes de parterre; mais avec
une culture mieux entendue, et sous un climat plus favorable
que celui du nord de la France, l'huma peut s'lever 3 mtres et plus. Ces grands chantillons, qui ne se voient d'ailleurs
gure qu'en Angleterre, donnent une tout autre ide de la
valeur ornementale de la plante.
L'huma ne se multiplie que de graines. Le semis se fait
- dans le courant de l't, en pots ou en ppinire, mais en
terre lgre et dans un endroit ombrag. Le jeune plant, lev
en pots, est hivern sous chssis et mis en pleine terre vers
le milieu du printemps. On le plante en petits massifs de
quatre cinq individus, ou mme en individus isols, suivant que le sol est plus ou moins riche, et on donne des arrosages proportionns la chaleur et la scheresse du climat.
Enfin, on peut encore ranger parmi les grandes plantes ornementales de la famille des composes, quoique d'ordre
secondaire, la grande ptasite ou chapelire ( Petasites major),
feuilles rniformes, et qui se plat dans les sols humides et
les
glaiseux; la ligulaire du Japon Ligularia ou Farfugium
Kmpferi), que son feuillagelustr rapproche de la grande
ptasite le scolyme d'Espagne (Scolymus bispanicus), fleurs
jaune vif, qui crot sur les rocailles les plus arides; le laiteron
desAlpes(Mulgedium alpinum) et le laiteron des Pyrnes
(M. Plumieri), belles et grandes plantes fleurs bleues, qui
se plaisent dans les lieux ombrags; l'auneofficinale (Inula
Helenium), fleurs jaunes; et enfin la cinraire maritime (Cineraria maritima, Senecio maritimus) charmante
,
plante de bordures, mais dont les grandes touffes blanches,
hautes et larges de prs d'un mtre lorsqu'elles sont adultes
et en fleurs, sont un des plus beaux ornements naturels
des collines maritimes de nos dpartements mditerranens.
17 Les Ombellifres, que nous avons vues si pauvres en !
plantes de plate-bande, rachtent ici leur infriorit parquelques espces pittoresques, qu'on peut regarder comme de premier ordre pour l'ornementation des jardins paysagers. Leur
feuillage, parfois norme et lgamment dcoup, leurs fortes
tiges et la grandeur des ombelles qui les terminent, sont d'un
grand effet sur les pelouses ouvertes o rien n'arrte la vue.
pluparttrs-rustiques
Ellesonten outrel'avantaged'trepour
et vivaces, et de ne demander que trs-peu de soin une fois
qu'elles sont tablies sur le terrain. Parmi ces espces, tant indignes qu'exotiques, nous citerons la branc-ursine ouacanthe
d'Allemagne Heracleum spondylium), forte plante de nos climats, vivace, feuilles profondment dcoupes en lobes
arrondis, et dont la tige, haute de 1m,50ou plus, se termine
par de larges ombelles de fleurs blanches; l'hraclum d'Autriche (H. flavescens) (fig. 181), feuillage plus dcoup que
celui de l'espce indigne les hraclums de Perse et d'Orient
(H. persicum, H. asperum), plantes de grande taille, plus
belles encore que cette dernire, et qui se plaisent comme
elle dans les sols gras et humides; la livche commune (Ligusticum Levisticum), des collines du midi de la France, qui
.,
touffes
les
dont
est propre aux terrains secs et rocailleux, et
denses s'lvent plus d'un mtre; les frules ( Ferulacom-
la
Fig. 181. Hraclum d'Autriche.
munis (fig. 182), glauca,nodiflora, tingilana), plantes du
midi de l'Europe, rustiques sous le ciel de Paris, qui se distinguent la fois par l'ampleur de leur feuillage, finement
dcoup, et leurs tiges de 2 3 mtres, couronnes par des
- ombelles de fleurs jaunes
enfin le Narthex Assa-ftida et le
Scorodosma ~foetidum, gigantesques ombellifres de l'Asie
centrale, voisines des frules, dont le suc paissi fournit
l'assa-ftidaducommerce. Ces superbes plantes, dont les tiges
s'lvent jusqu' 4 mtres, sont particulirement appropries
par leur temprament aux jardins de la rgion mditerranenne. Beaucoup d'autres ombellifres encore dignes d'intrt, principalement des genres Silaus, Thapsia, Molopospermum, Sium, Opopanax et Smyrnium, pourraient tre ajoutes
;
>
cette liste.
Fig.182. Frule
18 Les
commune.
Araliaces, qui par la structure de leurs fleurs,
et
jusqu' un certain point par leur feuillage-et leur port, se
placent au voisinage des ombellifres, fournissent beaucoup
de jolis arbustes nos serres tempres et nos orangeries.
Une seule espce herbace, mais une des plus belles, mrite
de prendre place dans les jardins paysagers de nos climats;
aux
c'est l'araliapapyrifre(Aralia papyrifera), de Chine
normes feuilles palmatilobes, et dont l'inflorescenceombelliforme atteint jusqu' 1m de diamtre. Dans son pays natal
l'aralia papyrifre donne naissance de grosses tiges, hautes
de 2 3 mtres, dont la molle, fine, blanche et trs-abonest convertie en papier. Sous nos climats il n'est
dante
abrimieux
les
points
les
sauf
l't,
pendant
rustique que
sur
ts du littoral de la Mditerrane, o il passe assez facilement
l'hiver, mais il succombe 7 ou 8 degrs de froid. Dans tout
le reste de la France, on le rentre en serre tempre ou en
orangerie vers le milieu de l'automne quelquefois cependant
il traverse sans trop souffrir les hivers doux de nos provinces
occidentales sous un simple abri de feuilles.
19 Les Gurniraces, famille de plantes austro-amricaines, ont donn l'horticulture ornementale uneespce remarquable
legunnrascabre ( Gunnerascabra) (fig.183), du
Fig. 183. Gunnra scabre.
Chili, plante vivace, acaule succulente, dont les feuilles
palmatilobes et couvertes d'asprits, ont jusqu' 0m,70 on
0m,80 de longueur et de largeur. Tous les ans il sort du
cur de la plante un norme pi en cne allong, de teinte
petites fleurs insignifiantes
1 rougetre, qui porte des milliers de
par elles-mmes et rduites aux organes de la fructification.
La plante est d'un grand effet l o elle peut arriver l'tat
adulte; mais sous le climat de Paris elle appartient plus
l'orangerie qu' la pleine-terre, ou du moins elle n'y passe
r
l'hiver qu' la condition d'y tre trs-abrite. Sous un climat
plus doux, comme celui du sud-ouest, il suffit de la couvrir de
paillassons ou de feuilles sches pour en prserver le pied
du froid. Elle se plat dans les terres lgres et humides,
comme d'ailleurs beaucoup d'autres plantes originaires de
la mme rgion. Cultive sur une pelouse, en terre rapporte et exposition mridionale, elle exigerait de copieux
arrosages en t.
20 Les Polygones, plantes rustiques et gnralement
peu exigeantes relativement au terrain, sont reprsentes dans
nos jardins paysagers par quelques espces d'un faible intrt.
La plus connue est lapersicaire d'Orient Polygonum orientale), plante annuelle, dresse, rameuse, haute de 2 3 mtres, grandes feuilles ovales, et dont les ramifications se
terminent par des pis de fleurs roses ou de couleur carmin.
On peut lui reprocher d'tre nue de tige et peu toffe, mais
plantant en touffes de quatre cinq indion y remdie en
vidus. Une autre espce, moins commune mais peut-tre suprieure comme plante ornementale, est la persicairevivace
(P.cymosum), grande herbe dresse, en touffes hautes
de 2 3m, fleurs blanches ou roses. On peut y ajouter
la persicaire du Japon ( P. cuspidatum), pareillement vivace
par la racine, et formant des touffes denses et trs-feuillues
de 1m,50, dont les sommits se couvrent de petits pis
de fleurs blanches; elle ale grave dfaut de tracer du pied
et d'envahir plus d'espace qu'il ne convient de lui en accorder.
C'est aussi dans la famille des polygones que nous trouvons les rhubarbes (Rheum), plantes la fois alimentaires, mdicinales et ornementales. Ce qui en fait la valeur, au point de
vue qui nous occupe, c'est leur norme feuillage, peine
moins grand, dans quelques espces, que celui du gunnra.
Toutes sont des plantes montagnardes, trs-rustiques, vivaces
par la racine, et poussant tous les ans de nouvelles feuilles et
de nouvelles tiges. Les espces communment cultives sont
la rhubarbe ondule(R. undulatum), la rhubarbe groseille
feuilles palmes (R. palmatum), et la
( R. Ribes), la rhubarbe
la
Erfffakirfcdu Npaul(R. australe) fig.184), galement
pro-
Fig. 184. Rhubarbe du Npaul.
prs dcorer les pelouses et mieux encore les collines naturelles ou artificielles. Le dfaut de toutes ces plantes est d'tre trop basses, eu gard l'ampleur de leur feuillage, et
d'avoir la tige trop nue. Une espce qui leur serait bien suprieure comme plante pittoresque, si elle existait encore dans
les jardins, est la rhubarbe de Hooker ( R. nobile ), originaire de
l'Himalaya, dont la tige, haute de1 2 mtres, est couverte
dans toute sa longueur de larges feuilles cordiforms, retombantes
imbriques et serres les unes sur les autres comme
les tuiles d'un toit, ce qui donne la plante la forme singulire
d'un cne, droit ou inclin suivant les accidents du terrain.
Elle serait particulirement propre la dcoration des collines
artificielles et des grandes rocailles.
21 Une famille mieux partage que les polygones pour
le nombre et la qualit des plantes qu'elle fournit au jardinage d'agrment est celle des amarantaces, laquelle
nous avons dj vu, dans un chapitre prcdent, le parterre
et le jardin fleuriste emprunter quelques espces. Celles que
nous avons faire connatre ici se distinguent de ces dernires par une taille plus forte et un port plus toff; ce sont
les grands amarantes (Amarantus), originaires de l'Asie
orientale et mridionale. Ce qui leur donne un caractre
tout particulier, et en fait des plantes pittoresques hors ligne,
c'est l'intense coloration rouge pourpre ou amarante de leurs
grandes inflorescences, coloration qui s'tend quelquefois aux
tiges elles-mmes et aux feuilles. Il en rsulte que ces
plantes sont d'un trs-grand effet lorsqu'elles sont bien places,
et surtout lorsque leur entourage tranche vivement avec leur
coloration. On n'a pas de peine comprendre que les plantes
feuillage blanc, cultives autour d'elles en massifs serrs,
sont les plus propres faire ressortir ce contraste.
Sansrappeler l'amarantetricolore (A. tricolor),quenousavons
attribuau parterre (p. 310), cause de sa taille moins leve,
mais dont les plus grandes races, bicolores, tricolores ou uniformmentrouges (A. bicolor, A. melancholicus, etc.), pourraient
encore trouver place ici, puisqu'elles s'lvent prs d'un
mtre, nous signalerons trois espces depuis longtemps introduites et pour ainsi dire classiques dans nos jardins, savoir
1 l'amarante queue de renard
ou discipline de religieuse (A. caudatus) (fig. 185), remarquable par la longueur de son inflorescence aux fleurs menues et serres, dont les rameaux grles
et cylindriques retombent en faisceau comme les lanires d'un
fouet, ce qui a valu la plante un de ses noms vulgaires il
en existe une varit jaunequi a son mrite, quoique moins
belle que la varit type; 2 l'amarante rouge proprement dit
(A. purpureus), tout entier de couleur rouge pourpre, et dont
la vaste panicule dresse n'est que l'assemblage d'une multi-
tude d'inflorescences partielles entremles
de
feuilles; .3
enfin l'ama-
randepyramidal (A.speciosus)(fig.186),
le plus grand
des trois et
hautquelquefois de 2m, o
lefeuillageest
souvent teint de rouge,
mais qui se
faitsurtoutremarquer par
gigantesque infloressa
cencecouleur
sang de buf
et de forme
pyramidale
dont l'axe ou
tigematresse
se prolonge
bien au del
desesdernires ramifications. Cette
Fig. 185. Amarante queue de renard.
espce
est
peut-tre la plus belle des trois, et c'est, dans tous les cas, la
plus pittoresque.
Quoique originaires de pays chauds, les amarantes en
,
leur qualit de plantes annuelles, sont rustiques dans toutes
Fig. 186. Amarante pyramidal.
les parties de la France. On les sme vers le milieu du printemps
sur couche ou simplement en place, suivant les lieux
et l'tat de la saison. Ils s'accommodent de toutes les terres
de celles surtout qui sont la fois lgres et fraches, et qui
ont t quelque peu amendes de fumier dcompos. Comme
toutes les fortes plantes herbaces et de croissance rapide, ils
veulent de copieux arrosages pendant les chaleurs de l't.
Onles plante soit au centre de massifs convenablement composs, soit sur les pelouses et sur les gazons en petits groupes
oumme en pieds isols. L'amarante pyramidal est celui qui
convient le mieux pour ce dernier usage.
Les ricins (Ricinus), de la famille descuphorbiaces,
ont toujours t considrs comme des plantes feuillage ornemental de premier ordre. Leur croissance rapide, la grande
taille laquelle ils parviennent dans le courant d'un t,
leurs larges feuilles palmes et la noblesse de leur port,
justifient la vogue dont ils jouissent pour la dcoration des
jardins d'une certaine tendue. On en compte plusieurs espces ou varits, qui peuvent la rigueur se rduire deux,
savoir
1 le ricin commun (R. communis), de l'inde, tige
herbace mais robuste, et qui est ordinairement cultiv
comme plante annuelle, bien que sous des climats exempts
d'hiver
puisse vivre plusieurs annes et devenir quelque peu
ligneux:On distinguedans cette espce le grand ricin (R.
communis major) haut de 2m 2m ,50,.grosses tiges fistu,
leuses, glauques et lgrement purpurines, dont les larges
feuilles peltesse divisent sur leur pourtour en 5, 7 ou 9 lobes
aigus; le petit ricin(R. communis minor), semblable au prcdent, mais ne dpassant gure 1m,50, et ayant des feuilles
bien moins grandes le ricin rutilant ( R. communis rutilns ),
de la taille du grand ricin, dont il diffre seulement par la coloration trs-rouge de ses tiges, et la teinte rougetre de ses
fleurs; enfinle ricingant(R. communissanguineus), le plus
grand et le plus beau de toutes ces varits, dont la tige, haute
de 3m et plus, est, ainsi que les branches, les ptioles des
feuilles et leurs principales nervures, d'un rouge bruntre et
point glauques; ses feuilles ont jusqu' 0m,70 et plus de largeur, et ses panicules fructifres la mme dimension en longueur. 2 Le ricin en arbre ou ricin d'Afrique (R. africanus),
il
indigne de la rgion mditerranenne, commun dans le nord
de l'Afrique, en Orient, dans les les de la Mditerrane, et
croissant encore l'tat sauvage aux environs de Nice. C'est
un arbrisseau de 7 8 mtres, rameux, formant une large tte
arrondie, mais avec un feuillage beaucoup moins grand que
celui des espces ou varits annuelles, et plus ordinairement
5 lobes qu' 7. Il est le plus rustique du genre, et supporte
2 3 degrs centigrades au-dessous de zro; les ricins de
l'Inde succombent la moindre gele.
Tous les ricins sepropagentde graines, qu'on sme en place
dans la seconde quinzaine de mai sous le climat de Paris, un
mois plus tt dans la rgion mridionale, ou bien ds les premiers jours d'avril sur couche et sous chssis, afin d'avancer
le plant. Ils aiment la terre profonde, forte, bien engraisse
et copieusement arrose pendant la priode des chaleurs. Dans
le nord on doit les mettre une exposition mridionale et, s'il
se peut, abrite contre les grands vents. On les plante assez
souvent en petites touffes de trois ou quatre individus mais le
ricin gigantesque devient plus beau et produit plus d'effet en
pieds isols. Il en est de mme du ricin d'Afrique, qui doit
d'ailleurs tre mis en caisse et conserv l'hiver en orangerie.
La floraison des ricins se fait en juillet, aot et septembre. Le
ricin gant a quelque peine mrir ses graines dans le nord
de la France.
En dehors du groupe des ricins on ne trouve plus, parmi
les euphorbiaces, de plantes rellement pittoresques qui
puissent vivre en plein air sous nos latitudes, les grandes espces indignes du genre euphorbe (Euphorbia ), comme l'purge (E. Lathyris), le characias (E. Characias) et quelques
autres., tant des plantes trop vulgaires et de trop peu d'intrt pour mriter d'tre cultives. Tout au plus pourrait-on
recommander l'euphorbe des Canaries (E. canariensis), grande
plante cactiforme sans beaut, dont la figure trange peut
cependant servir varier les aspects du jardin mais elle ne
saurait passer l'hiver l'air libre que dans les parties les
plus mridionales de l'Europe, l o la moyenne de cette
saison est au moins de 10 centigrades.
et de
Les labies sont par elles-mmes peu ornementales
mme qu'elles ne procurent qu'un faible contingent de plantes
au jardin fleuriste, elles n'en fournissent non plus qu'un trspetit nombre au jardin paysager. Les seules qui nous paraissent
pouvoir y tre introduites sont la phlomidelacinie Phlomis ou
Eremostachys laciniata), plante d'Orient, vivace, haute de
prs de 2 mtres, dont le grand feuillage, laineux, est profondment et lgamment dcoup; ses tiges, un peu grles et
exposes tre renverses par le vent, se terminent par de
longs pis de fleurs pourpres verticilles d'un certain effet;
laphlomide du Caucase (Ph. ou Eremostachys iberica) , assez
semblable la prcdente, mais d'un port moins distingu,
avec des fleurs mi-parties de blanc et de brun; enfin la phlomide tubreuse (Ph.tuberosa), de Sibrie, haute de 1m
1m,50, tiges presque simples et feuilles cordiformes, dont
les fleurs violettes, en pis terminaux, ne compensent pas
l'infriorit relative. Les sauges exotiques de grande taille,
fleursrouges ou bleues, leur sont prfrables comme plantes
de haut ornement. C'est en particulier le cas de la sauge du Npaul fleurs bleues (Salviapatens) et de la sauge carlate
(S'splendens) fleurs rouges, de l'Amrique centrale; mais
1
deux
plantes,
ainsi que nous l'avons dj dit dans un chaces
pitre prcdent (p. 467), doivent tre remises l'hiver en orangerie.
Beaucoup d'autres labies, plus humbles de taille, le thym,
le serpolet, la lavande, les sauges indignes, etc., pourraient
tre utilises garnir les terrains rocailleux et de mauvaise
qualit, surtout dans la rgion moyenne et dans le midi de la
France, et cela non-seulement pour couvrir ces terrains dnuds
dont toute autre culture serait trop dispendieuse, mais
aussi pour y entretenir des abeilles. Rien ne s'oppose en effet
ce qu'on tire d'un jardin paysager, o les fleurs abondent,
un certain bnfice au moyen de ces insectes, et ce sont
prcisment ces labies de peu d'apparence qui fournissent
le miel le plus fin et le plus parfum.
Les plantes numres dans ce chapitre, quelque nombreuses qu'elles soient, ne sont par les seules qui puissent con-
courir l'ornementation des grands jardins; nous n'avons
cit que les principales, et on conoit qu'on en puisse encore
trouver beaucoup d'autres. Nous l'avons dit d'ailleurs en commenant : bien des plantes que nous avons assignes aujardin
fleuriste proprement dit peuvent galement trouver leur place
ici, par exemple les digitales, les acanthes indignes ou exotiques (Acanthuslusitanicus,A.latifolius, A.spinosus, etc.),
les lupins, les asclpiades, les grandes balsamines de l'Inde
Impatiens Roylei, 1. tricornis, etc.). On pourrait y placer encore quelques-unes de celles que nous rservons pour les
chapitres suivants, entre autres les cypraces de haute taille
et les grandes espces de fougres. Le choix de ces plantes et
leur emploi est ncessairement abandonn au tact et au jugement de l'amateur. C'est lui de dcider quelles espces
s'accommoderont du sol et du climat de sa localit, et de les
combiner de manire produire des harmonies d'ensemble.
CHAPITRE VII.
LES PLANTES AQUATIQUES ET LES AQUARIUMS.
1er.
CONSIDRATIONS GNRALES.
Les vgtaux aquatiques sont encore une nouveaut dans
le jardinage d'agrment. Au sicle dernier, et mme dans les
vingt-cinq premires annes de celui-ci, on ne semble pas en
avoir souponn la beaut dcorative toute l'attention se concentrait sur les plantes de parterre et sur un petit nombre
d'arbres et d'arbustes d'orangerie, et pour en faire comprendre la valeur il n'a pas fallu moins que l'introduction en
Europe de l'espce la plus gigantesque de ce groupe de
plantes, le Victoriaregia, dont il sera parl plus loin. Aujourd'hui l'impulsion est donne, et, quoique les aquariums ne
soient encore qu'une exception dans les jardins de plein air, on
ne peut douter qu'ils n'aient dcidment pris droit de cit
dans l'horticulture ornementale.
Les plantes aquatiques sont beaucoup moins nombreuses et
moins varies de port que les plantes terrestres cependant il
ya encore entre elles, sous ce dernier rapport, des diffrences considrables. Les unes sont entirement immerges
et nageantes; les autres flottent la surface de l'eau d'autres
encore s'lvent plus ou moins haut au-dessus de la surface
du liquide; il en est enfin dont les racines seules plongent
dans l'eau, ou mme qui ne croissent que sur des terrains momentanment inonds. Il y a donc tous les intermdiaires entre
les plantes les plus aquatiques et celles qui le sont le moins.
Nous considrerons ici comme appartenant au groupedes
plantes aquatiques non seulement celles qui vivent plus ou
moins immerges, mais celles aussi qui, bien que terrestres
ne peuvent cependant pas s'loigner du voisinage des eaux.
Toutes les plantes vritablement aquatiques sont herbaces,
et presque toutes sont vivaces par leurs rhizomes, qui se conservent d'une anne l'autre au fond de l'eau ou dans la terre
humide. Ces rhizomes sont pour elles le moyen de propagation le plus assur et le plus rapide, et il est rare qu'on recoure au semis pour les multiplier. Il est telle espce qui,
par sa seule vgtation souterraine, encombrerait bientt les
plus grands aquariums si on ne modrait sa vigueur par la
suppression partielle de ses rhizomes. Un des agrments de
leur culture, lorsqu'elles sont suffisamment rustiques, est le
peu de soin qu'elles demandent. Une fois tablies sur le fond
qui leur convient, il n'y a pour ainsi dire plus s'en occuper;
tout au plus est-il ncessaire d'enlever chaque anne, la fin
de l'hiver, les dbris de tiges et de feuilles mortes de l'aime
prcdente. Abandonns eux-mmes, ces dbris disparatraient d'ailleurs bientt en achevant de se dcomposer ou en
se dissimulant sous la vgtation nouvelle.
Les aquariums de plein air sont presque le complment
oblig des jardins pittoresques, mais on doit lesproportionner
l'tendue de ces jardins. Les lacs, les tangs, les rivires
artificielles des plus grands parcs nesonten soirien autre chose
que des aquariums tout prpars pour recevoir des plantes
aquatiques, et leurs bords se peuplent en gnral spontanment d'espces vulgaires qui, en les couvrant d'un manteau
de verdure, concourent leur consolidation. Toutefois, ces
plantes sauvages elles seules ne suffisent pas orner convenablement les pices d'eau, et il est bon d'y ajouter celles
que l'art a introduites dans la culture. Pour les aquariums
contours maonns, et qui sont toujours, comparativement
aux premiers, d'une faible tendue, les espces aquatiques
doivent tre choisies avec plus de soin, et on ne doit y introduire que celles qui sont vritablement ornementales par leur
feuillage ou par leurs fleurs. Ces petits aquariums des jardins fleuristes peuvent se rtrcir au point de n'tre que des
j
j
<
bassins de 3 4 mtres de diamtre, ou moins encore. Enfin
beaucoup de plantes aquatiques, mais seulement des plantes
merges, lepontdria, lebutome, le mnyanthe trois
feuilles, le nlombo d'Orient et celui d'Amrique, le calla des
marais, etc., peuvent se contenter, pour tout aquarium, d'un,
baquet, d'une terrine ou d'un simple pot rempli de terre et
d'eau. Les espces feuilles flottantes exigent toujours plus
d'espace; il en est dont un seul pied peut couvrir de ses
feuilles toute la surface d'un bassin de moyenne tendue.
A l'exception d'un trs-petit nombre d'espces dont les racines nageantes sont simplement tales dans l'eau, sans contracter aucune adhrence avec le sol sous-jacent, telles que
le pontdria vsiculeux, le stratiotesalode, les hydrocharides, etc., les plantes aquatiques se fixent gnralement ce sol
par leurs racines ou leurs rhizomes. Le fond d'un aquarium
- n'est par consquent pas tout fait indiffrent au succs de ce
genre de culture; certaines espces se plaisent sur les fonds
tourbeux, d'autres prfrent ceux qui sont siliceux, d'autres
encore, et en plus grand nombre, les fonds de terre argileuse.
| Ce qui
est plus essentiel au bien-tre de ces plantes c'est que
l'eau soit are et limpide, et que le bassin o elles croissent
soit expos la pleine lumire du soleil. Tout aquarium qui
serait ombrag par des arbres ou des constructions pendant
une notable partie du jour ne donnerait que de mdiocres rsultats. Les rayons du soleil, si indispensables pour les
plantes terrestres, le sont encore plus pour les plantes aquatiques, par cette raison surtout que le milieu dans lequel elles
sont plonges s'chauffe beaucoup plus lentement et toujours
un moindre degr que la terre.
La vgtation aquatique est de toutes les rgions du globe
o l'eau reste l'tat liquide au moins pendant quelques mois
de l'anne, et nous retrouverons chez elle toutes les particularits que nous avons observes chez les plantes terrestres en
ce qui concerne la temprature, mais moins fortement accuses; comme si, doues d'une constitution plus flexible, ces
plantes des eaux taient par l plus aptes que les autres endurer de grandes vicissitudes atmosphriques. C'est ainsi que
plusieurs d'entre elles ont une aire d'habitation trs-tendue,
et croissent en quelque sorte indiffremment entre les tropiques et sous des latitudes presque froides. Le fait, toutefois
s'explique bien plus par les proprits physiques du milieu
dans lequel elles sont immerges que par une idiosyncrasie
propre. L'eau en effet, lorsqu'elle a une certaine profondeur,
subit beaucoup moins vite que l'air les alternatives du refroidissement et du rchauffement, et lorsque sa surface vient
geler, tout ce qui est au-dessous de la couche de glace se
trouve protg contre de nouveaux abaissements de la temprature aussi voit-on les rhizomes de beaucoup de plantes
aquatiques de pays comparativement chauds seconserver
intacts au fond de l'eau ou dans la vase que cette dernire
recouvre, aussi longtemps que la gele- n'arrive point jusqu'
eux. Il n'y aurait donc pas trop lieu de s'tonner si des plantes
aquatiques de provenance tropicale, transportes sous nos
latitudes, et plantes dans des aquariums d'une certaine profondeur, traversaient impunment une longue srie d'hivers.
En revanche ces plantes sont trs-sensibles aux variations de
la temprature lorsqu'une fois elles sont entres en vgtation; elles fleurissent ou refusent de fleurir pour peu que la
chaleur de l'eau s'carte, en plus ou en moins, des limites
assez troites entre lesquelles ce phnomne doit s'accomplir,
et ce dernier point de vue on observe entre elles des diffrences considrables. Telle espce, par exemple, fleurira
dans une eau dont la temprature moyenne diurne n'excdera
pas 12 degrs, telle autre en demandera 15, 20, 25 ou davantage. Ici donc, comme chez les plantes terrestres, il y aura
pour nous des espces de plein air et des espces de serre
chaude, ou, pour parler plus exactement, des espces dont
l'aquarium devra tre chauff artificiellement, ce qui, la rigueur, n'exige pas la construction d'une serre chaude.
Nous avons insist plus d'une reprise, dans le cours de cet
ouvrage, sur la ncessit d'une certaine chaleur du sol pour
exciter la vgtation des plantes, et nous avons donn le nom
de culture gothermique l'art nouveau de faire crotre en pleine
terre et l'air libre sous nos climats des plantes de pays sensi-
blement plus chauds que le ntre, en chauffant artificiellement
le terraindans lequel plongent leurs racines. Lemmeprocd,
sous le nomdeculturehydrothermique (1), peut s'appliquer
aux vgtaux aquatiques et peut-tre avec plus de succs que
pour les plantes terrestres, lorsqu'ils sont entirement immergs dans le milieu chauff artificiellement; mme s'ils
sont en partie mergs, leurs sommits profitent encore du
bnfice de la vapeur tide qui s'chappe de la surface du liquide. Toutes les fois donc que la chaleur du soleil ne suffira
pas pour lever la temprature de l'eau au degr requis par
lesplantes, il sera possible d'y suppler par la chaleur d'un
tuyau de thermosiphon circulant au fond de l'aquarium. Ce
thermosiphon pourra tre celui d'une serre, prolong, au
moyen d'une galerie souterraine, jusqu' l'aquarium situ
quelque distance de l. Les eaux chaudes qui sont rejetes
des fabriques pourraient tre utilises de la mme manire,
aussi bien d'ailleurs que les eaux thermales (2), l o il en
existe. Nous n'avons pas besoin de dire que ces eaux, qui
contiennent souvent des principes nuisibles la vgtation,
seraient enfermes dans des tuyaux et ne se mleraient point
celle de l'aquarium
Les plantesaquatiques appartiennent des familles trsdiffrentes par l'organisation
mais au point de vue de leur
emploi dans la dcoration des jardins on peut les partager en
deux groupes, il est vrai un peu arbitrairement dtermins,
savoir les plantes demi-aquatiques, la plupart monocotyldones et indignes, et propres surtout garnir le bord ou le voisinage des pices d'eau, et lesplantesd'aquariumsproprement
dits, qui sont principalement des dicotyldones et la plupart
(1)
t1
gothermique,
Voir ce sujet l'Aperu de la culture
par M. Naudin, ou la
culture hydrothermique est pareillement explique.
(2)La chaleur toute gratuite apporte la surface de la terre par les eaux thermales est gnralement sans emploi, mais le jour n'est peut-tre pas loign o on
s'en servira dans lejardinage, soit pour forcer des plantes sous verre, des ananas
par exemple, soit mme pour chauffer le sol d'un simple jardin destin la culture des primeurs. Si cette innovation se ralise, nos dpartements pyrnens, ou
les sources thermales se comptent par centaines, pourront devenir des centres florissants d'horticulture productive.
exotiques. Cette division, comme nous venons de le donner
entendre, n'a rien d'absolu; il est assez vident qu'on
pourra, l o le climat et les autres circonstances le permettront, faire passer dans les tangs les plantes communment
rserves l'aquarium, et rciproquement.
2.
PLANTES AQUATIQUES ET DEMI-AQUATIQUES SERVANT
A DCORER LE BORD OU LE VOISINAGE DES PICES D'EAU.
Dans ce groupe deplantes, la plupart vulgaires et rustiques,
nous distinguerons
1 Les jones proprement dits (Juncus), plantes monocotyldones indignes, connues de tout le monde, plus terrestres qu'aquatiques, vivaces, racines traantes, et formant
des touffes de feuilles et de tiges cylindriques, grles et subuJes. De toutes les plantes ce sont les plus propres consolider les bords des langs et des pices d'eau aussi en fait-on
un frquent emploi pour maintenir les terres le long des canaux
ouverts la navigation. Nous en comptons un grand nombre
d'espces en France, dont les plus propres aux usages que
nous venons d'indiquer sont les J. acutus, glaucus, effusus,
squarrosus, lampocarpus, maritimus. Le J. glaucus, connu
vulgairement sous le nom dejonc des jardiniers, est ordinairement plant dans les jardins autour des fontaines ou des tonneaux d'arrosage, parce que ses brins (tiges etfeuilles), souples et rsistants, sont trs-propres faire des liens conomiques,pour les besoins du jardinage. Aux joncs proprement
dits se rattachent les luzules Luzula), qui en diffrent par
leurs feuilles, planes et graminodes. La plupart des espces du
genre peuvent tre pareillement employes garnir le bord
des eaux, mais elles sont trs-infrieures aux joncs pour cet
usage.
2 Les laiches et les souchets (Carex, Cyperus), plantes
rustiques, rhizomes traants, croissant trs-souvent le pied
dans l'eau, formant pour la plupart de fortes touffes glauques
ou vert clair. Leurs feuilles sont troites, allonges, grami- a
nodes, ordinairement carnes en dessous et quelquefois
trs-scabres sur les bords et sur la carne. Les grandes espces font un assez bel effet au voisinage des pices d'eau. On
peut indiquer dans le nombre la grande laiche (Carex maxima), la laiche des rivires ( C. riparia ), la laiche faux-souchet
(C.pseudo-cyperus), la laiche ampullifre, (C.ampullacea), et
en gnral toutes celles qui prennent un certain dveloppement et donnent des touffes fournies. C'est surtout par leur
feuillage que ces plantes se recommandent.
Les souchets, moins toffs que les laiches, se distinguent
davantage par les gracieuses formes de leurs inflorescences
quelquefois parla hauteur de leurs tiges. Deux espces indignes sont particulirement propres au genre de dcoration
qui nous occupe; ce sont le souchet odorant Cyperus Longus),
dont les rhizomes aromatiques ont quelque emploi dans
l'conomie domestique, et le souchet de Monti (C. Monti),
qui a des analogies avec le prcdent. On pourrait y joindre
le souchet comestible (C. esculentus), probablement originaire
de l'Orient, mais cultiv depuis longtemps comme plante alimentaire dans quelques cantons du midi de la France et de
l'Europe, o il s'est en quelque sorte naturalis. Une quatrim espce, beaucoup plus belle, et qui est clbre depuis
une haute antiquit, est lepapyrus d'gypte ( C. papyrus),
dont les grosses tiges trigones, hautes de 3 mtres ou plus, se
terminent par une large inflorescenceombelliforme. La moelle
fine, blanche et abondante qui remplit ces tiges tait employe
chez les anciens la confection d'un papier crire, dont il
parat que l'usage n'est pas entirement perdu (1). Trs-abondante autrefois dans la basse gypte, elle en a entirement disparu, mais elle se retrouve sur les bords du haut Nil, en Nubie et en Abyssinie, et de plus elle a t naturalise en Sicile,
o elle est assez commune aujourd'hui. Cette belle plante ap-
de manuscrits grecs, gyptiens, syriens, etc., conservs dans
nos bibliothques, sont sur papyrus. On a prtendu, dans ces derniers temps,
que la plante connue aujourd'hui sous le nom de Cyperus papyrus n'tait pas
celle dont les anciens tiraient leurs papiers, et que cette dernire devait prendre
le nom de Papyrus antiquorum. Cette assertion peut tre vraie, mais elle aurait
besoin d'tre mieux prouve.
(1) Beaucoup
partienl la serre tempre sous le climat de Paris; elle ne
peut russir l'air libre que dans les localits les mieux abrites du midi de l'Europe.
A la famille des cypraces appartiennent encore les chons
(Schnus), lesscirpes (Scirpus) et les linaigretles (Eriophorum),
qui peuvent trouver un utile emploi dans le peuplement des
terres imbibes d'eau. Le choin des marais (Schnus mariscus,
Cladium mariscus) est une assez belle plante vivace, dont les
liges, en touffes plus ou moins fournies s'lvent lm ,50 et
plus et se terminent par d'lgantes panicules. Lescirpe des
lacs (scirpus lacustris), plus connu sous les noms vulgaires de
joncde rivire, jonc des chaisiers, pousse du fond des eaux de
longues tiges cylindriques, presque de la grosseur du doigt,
et qui sont d'un singulier effet dans les eaux courantes. Ces
joncs servent divers usages conomiques dont le principal
est l'empaillage des chaises. Les linaigrettes, beaucoup plus
basses de tige et en touffes peu fournies, se recommandent
par un avantage d'un autre genre, les houppes de soie blanche
et nacre qui enveloppentleurs graines et en favorisent la
dissmination.
3 Deux roseaux doivent trouver leur place ici ce sont
le roseau des marais Arundo phragmites), connu aussi sous
le nom de roseau balai, et le paturin aquatique ( Poa aqualica) qui tous deux croissent le pied dans l'eau, et s'l,
vent lm ,50 ou 2m au-dssus de sa surface. C'est surtout par
leurs inflorescences que ces deux plantes se font remarquer.
Celles du roseau des marais enparticulier, qui sont fournies
et soyeuses, rappellent les panicules du gynrium des pampas,
mais sous des proportions beaucoup moindres et avec une
teinte gris violac. Ces deux plantes ont beaucoup de grce
lorsqu'elles sont agites par le vent.
4Lestyphaces indignes sont loin d'tre sans mrite pour
le genre de dcoration qui nous occupe. Elles nous fournissent les massettes ( Typha) et les rubans d'eau (Sparganium). Les premires croissent dans les eaux dormantes peu
profondes et sur les sols vaseux leurs longues feuilles ensiformes et leurs tiges droites, sans nuds, termines par des
sortes de gros chatons allongs et bruntres, sont d'un effet
tiques qui ne sont point mpriser. Ce sont la sagittaire
(Sagittaria sagittifolia) (fig. 188), plante indigne des eaux
Fig.188. Sagittaire.
courantes ou dormantes, plus connue sous l'appellation vulgaire de flche d'eau, parce que ses feuilles merges, portes sur de longs ptioles dresss, sont tailles en fer de flche;
mais ces mmes feuilles, lorsqu'elles sont immerges, prennent la forme d'un long ruban qui ondule au gr de l'eau, si
la plante crot au fond des rivires quand la plante est merge elle produit des hampes de 0m,50 0m,70, termines par
une troite panicule de fleurs blanches trois ptales, qui
ont quelquefois doubl par la culture; le plantain d'eauAlismaplantago), feuilles simplement lancoles et qui produit, comme la sagittaire, des panicules de fleurs blanches;
enfin le butome ou jonc fleuri(Butomus umbellatus), plante
denos tangs, dont les tiges dresses et jonciformes se couronnent d'une ombelle de fleurs blanc ros. Cette jolie alismace est depuis longtemps en possession d'orner les bassins
de nos jardins.
place naturellement un iris indigne dont nous
avons dj parl, l'iris des marais ou glaeul d'eau (Iris pseudoacorus), dont les feuilles, ensiformes, en fortes touffes, et de
la plus belle nuance de vert, s'lvent 1m au-dessus de l'eau.
Ses grandes fleurs jaunes, qui se voient de loin, ajoutent
beaucoup son effet dcoratif. Comme la plupart des plantes
de cette section, l'iris des marais crot au bord des eaux ou
dans les eaux peu profondes; comme elles aussi, il se propage facilement et rapidement par la division de ses rhizomes.
7 Deux arodes sont aussi d'estimables plantes aquati6 Ici se
Fig. 189. Calla d'Afrique.
l'une est le calla des marais (Calla palustris), espce rus- -j
tique du centre et du nord de l'Europe, aux feuilles cordiformes
etlustres,maisque distingue surtoutsa spatheflorale enforme
de cornet vas et d'une blancheur parfaite; sa taille peu leve en fait une plante des terrains simplement inonds, aussi
la cultive-t-on souvent dans des baquets ou mmedans de simples pots, dont la terre est couverte de 1 2 centimtres d'eau,
l'autre est le callad'Afrique(C.thiopica, Richardia thiopica)
(fig. 189), du cap de Bonne-Esprance, plante beaucoup plus
haute etplusgrandeque celle d'Europe, etdontlaspathe florale
est galement blanche et trs-belle. Demi-rustique sous le climatdeParis, elle peut larigueur passer l'hiver enfouie dans
la vase des aquariums, la condition
que la masse d'eau surjacente soit assez paisse pour empcher la gele de
descendre jusqu'aux rhizomes. On la
cultive assez souvent aussi dans des
baquets ou de grands pots, mme
non immergs, mais copieusement
arross. Sous un climat mridional
le calla d'Afrique passe sans difficult
de l'aquarium du jardin aux lacs et
aux rivires artificielles.
8 La famille monocotyldone des
pontdriaces nous donne aussi
des espces aquatiques d'un certain
intrt. Une seule, lapontdrie de
Virginie (Pontederia cordata) (fig. 190),
exige assez peu de chaleur pours'accommoder de nos climats septentrionaux. C'est une plante peu leve,
feuilles cordiformes-oblongues, dresses, formant des touffes d'une verdure
agrable
dont le ton est relev par
des pis de fleurs bleues. Elle seplat
dans les sols tourbeux, noys ou au
Fig.190.Pontdriede moins imbibs d'eau. On la cultive
Virginie.
ques
souvent dans des caisses ou des pots immergs dans l'eau
des bassins. Couverte d'une assez grande paisseur d'eau pour
que la gele ne puisse pas l'atteindre, elle passe facilement
l'hiver sous nos climats. D'autres espces du genre, les
Pontederia azurea et crassipes peuplent les aquariums des
serres chaudes et des serres tempres. La dernire de ces
deux espces flotte la surface de l'eau, sans se fixer au sol,
cequ'elle doit aux renflements ampulliformes des ptioles
de ses feuilles, qui en font une sorte de boue vivante.
9Unemodeste naade de l'Afrique australe, l'aponoglon
a t aussi introduite dans
commun Aponogeton distachyus
nos bassins. Tropfaibles pour se soutenir, ses longues feuilles
elliptiques flottent la surface de l'eau, au-dessus de laquelle
s'lvent de quelques centimtres les deux pis de fleurs blanches de son inflorescencebifurque. Cette plante, plus gracieuse
que belle, se trouve dans tous les aquariums des serres tempres du nord de la France, mais elle y reste gnralement
chtive, par suite sans doute d'une lumire solaire insuffisante. Elle russit beaucoup mieux l'air libre sous le ciel
du midi, o, livre elle-mme, elle se multiplie avec une
grande rapidit. On la trouve naturalise aujourd'hui dans
plusieurs localits de cette rgion, en particulier dans les
rivires du Lez et de la Mosson, prs de Montpellier.
10 Beaucoup d'autres plantes monocotyldones, demi-aquatiques ou du moins en partie merges, tant exotiques qu'indignes
pourraient tre ajoutes cette liste, mais, pour ne
pas fatiguer le lecteur par des dtails trop multiplis, nous nous
bornerons en citer encore une, la thalie blanchtre (Thalia dealbata)(fig. 191), curieuse marantace de la Virginie, aux
feuilles lancoles et comme poudres de blanc, et qui se recommande en outre par ses panicules de fleurs violettes. Elle est
demi-rustique sousle climat de Paris, o elle passe assez facilement les hivers ordinaires, le pied immerg au fond des
aquariums; on la conserve plus srement en la rentrant en orangerie ou en serre tempre la fin de l'automne. Cette plante,
cause de son temprament, qui exige de la part de l'amateur quelques soins de conservation, appartiendrait aussi bien
),
la section suivante
qu' celle o nous
venons de la placer.
La classe
11
des dicotyldones nous fournira
aussi son contingent
de plantes amies
des terrains humides ou inonds.
Commenant par les
moins aquatiques,
nous citerons la cardamine des prs
Cardamine praten-
sis), jolie crucifre
indigne, dont les
fleurs, blanc ros ou
lgrement violettes,
sont, avec les prijaunes,
mevres
l'ornement printa-
Fig. 191.
- Thalie blanchtre.
nier des prairies humides
le populage
ou souci d'eau Calthapalustris), renonculace fleurs
jaune orang, dont
on a obtenu une
varit fleurs pleines (fig. 192), et
qui crot galement
bien le pied dans
l'eau et sur les sols
mergs mais trs-
humides; le trfte
d'eau ou mnyanthe (Menyanthes trifoliata), charmante gen-
tiane de nos marcages,
aux feuilles trifolioles,
aux longues grappes de
fleurs blanches etfimbries,
qui peut galement servir
border les lacs artificiels et
orner le parterre, condition d'tre tenue dans un
pot ou un baquet rempli de
terre tourbeuse et siliceuse,
couverte d'un deux centimtres d'eau; le villarsia
nymphode ( Villarsia nymphoides), autre gentiane inFig. 192. Souci d'eau fleurs pleines. digne et tout fait
aquatique, dont les feuilles orbiculaires et flottantes rappellent celles
des nymphas, et qui maille de ses fleurs jaunes la surface
des eaux la persicaire amphibie (Polygonum amphibium), qui
justifie son titre par la facult qu'elle a decrotre entirement
merge, pourvu que la terre soit trs-humide, ou immerge
dans l'eau, mme dans l'eau profonde, et alors ses feuilles lancoles s'talent la surface, tandis que toutl'entourse dressent ses jolis pis de fleurs rose carmin. A ces espces communes, demi-terrestres ou aquatiques, on pourrait ajouter lepodophylle de Virginie ( Podophyllum peltatum (fig. 193 et le
podophylledel'Himalaya (P. Emodi), singulires berbrides
des sols tourbeux et inonds, rhizomes vivaces, dont les tiges
simples et dresses ne portent ordinairement que deux grandes
feuilles palmatilobes
opposes, et, dans l'angle qui les
spare, une seule fleur blanche six ptales, laquelle succomestible, qui est
cde une grosse baie ovode, charnue
blanche dans l'espce amricaine, et rouge vif dans celle de
l'Himalaya; enfin, la sarracnie pourpre (Sarraceniapurpurea),
plante des marais du nord de l'Amrique, o elle crot le
long des ctes de l'Ocan, de la Floride l'le de TerreNeuve, et qui se fait surtout remarquer par la curieuse structure de ses feuilles, en forme d'urne opercule. Cette remar-
et
et
quable plante,
la plus rustique
desongenre,n'a
pas encore, que
nous sachions,
t essaye en
plein airsous nos
climats, mais on
peut
supposer
quelque
avec
vraisemblance
qu'elle
russirait dans les
sols tourbeux et
imbibs d'eau
surtout au voisinage de la mer.
La mme exprience pourrait d'ailleurs se
faire sur les autres espces du
genre, les S. ru-
bra,Drummondi,
Fig.193. Podophylle
de Virginie.
flava, psittacina,
etc.,
pareillement de l'Amrique du nord,. mais plus mridionales que
lasarracnie pourpre, qu'elles galent ou surpassent par la
taille et par la beaut de leurs feuilles rticules de blanc ou
de rouge sombre sur fond vert.
3.
APPROPRIES
PLANTES
AQUATIQUES
DIRECTEMENT
PLUS
AUX AQUARIUMS DES JARDINS.
Nous runissons dans ce paragraphe les plantes aquatiques
qui se recommandent par leurs fleurs autant ou plus que par
leur feuillage, oucelles encore qui n'tant que moyennement
rustiques, et demandant plus de soins pour leur conservation,
ne peuvent tre cultives avec succs que dans des aquariums
attentivement surveills. Nous n'avons pas besoin de rpter
que la division que nous avons tablie est purement arbitraire
etqu'ellese modifiera ncessairement suivant les lieux, les
circonstances et les gots de l'amateur.
qualit de l'eau des aquariums influe indubitablement
sur le bien-tre des plantes qui y sont immerges. Quoique ce
sujet ait t peu tudi, on peut affirmer sans crainte d'erreur
que les eaux les plus pures et les plus ares sont celles qui
conviennent le mieux. L'eau du ciel, qu'elle vienne de la pluie
ou de la neige fondue, passe naturellement en premire ligne.
On peut recueillir pour cet usage celle qui tombe sur les toits
des habitations, comme aussi celle qui s'amasse dans les dpressions du sol, pourvu qu'on ne lui laisse pas le temps de
se corrompre par une longue exposition au soleil. Les eaux
des ruisseaux et de s rivires viennent, pour la qualit, immdiatement aprs l'eau de pluie. Quant celles des puits profonds, surtout si elles sontslniteuses, on ne doitlesemployer
que faute d'autre et aprs les avoir laisses reposer quelques
jours l'air. On entretient la limpidit de l'aquarium en y
mettant des cyprins de Chine ou autres poissons capables d'y
vivre, des grenouilles de marais, des escargots aquatiques
(limnes etplanorbes), etc., qui se nourrissent des vgtations microscopiques et des dtritus de toute nature dont la
prsence ne tarderait pas altrer la puret de l'eau. Cepenmalgr les bons offices de ces animaux, l'eau d'un aquadant
rium doit tre change de temps en temps, au moins une fois
dans l'anne, pendant la saison du repos des plantes; mais
ce qui vaut mieux encore, c'est de la renouveler tous les
instants par unfilet d'eau frache qui, entrant dans l'aquarium
par une extrmit, fait sortir une quantit quivalente d'eau
vieille par l'extrmit oppose.
Les espces dont il nous reste parler sont dcidment
aquatiques, quoiqu'elles ne le soient pas encore toutes au
mme degr; c'est elles qu'appartient plus spcialement le
li
titre de plantes d'aquarium, et cela non-seulement parce
qu'elles sont plus exigeantes que celles de la section prcdente, mais aussi et surtout parce qu'elles sont beaucoup plus
ornementales. Pour bien des amateurs mme ce sont les seules
plantes aquatiques qui soient vraiment dignes de la culture.
Elles sont, en grande majorit, empruntes deux familles dicotyldones assez voisines l'une de l'autre, lesnympheaces et les nelombiaces, mais nous y trouverons aussi
quelques monocotyldones qu' cause de leur faible importance relative nous renverrons la fin de ce chapitre.
On peut dire que toutes les nymphaces
sans exception,
sont du domaine de la culture d'agrment, car toutes se distinguent par la beaut et l'ampleur du feuillage, et il n'en
est point dont les fleurs soient insignifiantes, quoique d'une
espce l'autre il y ait sous ce rapport de grandes ingalits.
Nous avons le regret d'ajouter que toutes ne sont pas appropries nosclimats quelques-unes seulement vivent fleurissent l'air libre dans les aquariums du nord de la France, et
mme dans le midi de l'Europe il en est qui ne peuvent parfaire toute leur vgtation qu' l'aide de la chaleur artificielle.
Qu'elles soient indignes ou exotiques, les nymphaces
croissent dans les eaux tranquilles ou celles du moins dont
le courant est faible, et sur les fonds vaseux, dans lesquels
s'implantent leurs racines ou leurs rhizomes. Ces eaux peuvent
tre plus ou moins profondes, suivant les espces, et aussi
suivant les climats gnraux ou locaux, car une condition
essentielle est qu'elles puissent s'chauffer au degr convenable par les rayons du soleil, et il est de toute vidence que
l'eau s'chauffera dans le courant d'un t une bien plus
grande profondeur dans le midi de l'Europe que dans le nord.
Comme moyenne trs-gnrale on peut admettre que, sous
la latitude de Paris, 50 60 centimtres de profondeur sont
la mesure convenable pour le plus grand nombre des espces
cette profondeur pourrait aisment doubler sous le
climat du midi. Faisons remarquer qu'avec une profondeur
trop faible les feuilles des nymphaces tendent se dresser
et sortir de l'eau au lieu de s'taler sa surface, ce qui leur
et
te presque toute leur grce; dans une eau trop profonde,
au contraire, les ptioles des feuilles, dmesurment allongs, divergent trop pour que la surface soit suffisamment
couverte; et comme lefond ne s'chauffe pas assez, la floraison en est diminue d'autant, et mme peut faire entirement dfaut.
Les plus modestes, et en mme temps les plus rustiques de
la famille, sont les nnufars proprement dits(Nuphar
plantes vivaces, rhizomes rampants dans la vase, aux larges
feuilles elliptiques et flottantes la surface del'eau, auxfleurs
disciformes, comparativement petites, d'un jaune orang.
Une espce est commune en France, c'est le nnufarjaune
(N.luteum) (fig 194), auquel il faut peut-tre runir, titre de
),
Fig. 194. Nnufar jaune.
varit, lepetitnnufar des Vosges (N. pumilum) qui lui res,
semble, mais qui est de moiti plus petit dans toutes ses parties.
A ces deux espces s'associe, dans nos bassins, le nnufar d'Amrique(N. advena), des tats-Unis, qui ne diffre de celui
d'Europe que par sa taille, un peu plus forte, et ses fleurs, un
peu plus vivement colores.
Les nymphas Nympha ressemblent entirementaux
nnufars par le port; ils en diffrent par des fleurs gnralement plus grandes, des corolles plus fournies, ptales plus
allongs, et surtout par la couleur des fleurs, qui est le blanc,
le rose, le rouge carmin ou le bleu, rarement le jaune. Leurs
feuilles orbiculaires, ou plus ordinairement ellipsodes, ont,
suivant les espces, le contour entier, sinu ou dent, mais
elles ne sont jamais pineuses comme dans d'autres genres de
la mme famille. On en connat aujourd'hui plus de trente
espces, presque toutes exotiques et dissmines dans toutes
les parties de l'Ancien et du Nouveau Monde. Sur ce nombre,
plus de la moiti ont t introduites dans les aquariums de
l'Europe (1); ce sont
1Le nymphacommun ou lis d'eau (N. alba) (fig. 195),
Fig. 195. Nympha commun ou lis d'eau.
feuilles entires et fleurs blanches, qui se trouve dans toutes
les parties tempres de l'Europe et de l'Asie septentrionale;
c'est une de nos plus belles plantes indignes. 2 Le nympha
odorant (N. odorata), de l'Amrique septentrionale, semblable
celui d'Europe par le feuillage, mais avec des fleurs lgrement roses et dlicieusement odorantes; il est entirement
rustique dans le nord de la France. 3 Le nymphanain (N. pygma), du nord de la Chine, charmante miniature des prcdents et tout aussi rustique qu'eux. 4 Le nympha versicolore
(N. versicolor), del'Inde, feuillessinues-dentes, fleursblanches ou roses; espce rare, non rustique, et qui n'a encore
fleuri que dans les aquariums des serresdel'Angleterre, mais qui
s'accommoderait vraisemblablementdu plein air aux alentours
de la Mditerrane. 5 Lenympha gant (N. gigantea), de la
Pour plus de dtails sur ce sujet on pourra consulterun excellent travail
de M. Planchon, dans la Flore des serresde Van Houlte; tome VIII, p. 117 et
(1)
.suivantes.
Nouvelle-Hollande tropicale, superbe plante rhizome bulbiforme, feuilles amples, dentes-sinues, et dont les fleurs,
larges de 30 35 centimtres, et par l plus grandes que
celles d'aucune autre espce du genre, sont du plus beau bleu
d'azur. Longtemps rebelle la culture, parce qu'on le plantait quelques centimtres seulement de la surface de l'eau
de l'aquarium, ce beau nympha s'est magnifiquement dvelopp, a fleuri et donn des graines, lorsque son tubercule
eut t plant 0m, 65 ou Om,70 de profondeur, o il n'tait
plusinfluenc parla lumire. 6 Le nympha du cap (N. scutifolia), de l'Afrique australe, trs-analogue de port au prcdenf et comme lui fleurs bleues, mais beaucoup moins
grand dans toutes ses parties; en revanche il est dj cultiv
avec succs dans le midi de la France, partir du 44e degr
de latitude. 7 Le nympha bleu (N. crulea), des grands
fleuves de l'Afrique feuilles sinues-dentes, tachetes de
brun, rhizome bulbiforme, fleurs bleu clair, quelquefois
presque blanches il est demi-rustique dans le climat mditerranen, et de serre chaude ou tempre dans les autres climats franais. 8 Le nympha de laJamaque (N. ampla),
trs-belle espce, rpandue dans toutes les partieschaudes de
l'Amrique, feuilles trs-amples, sinues-dentes, grandes
fleursd'un blanc verdtre; elle n'a encore t cultive que
dans les aquariums de serre chaude. 9 Le nympha thermal (N.
thermalis) espce comparativement petite, feuilles dentes
,
etfleursrose clair; on ne l'a trouve jusqu'ici qu'en Hongrie,
o elle vit dans des tangs aliments par des sources chaudes,
ce qui fait qu'elle ne peut pas tre considrecomme rustique
dans le nord de la France. 10 Le nympha lotus (N. lotus),
grande et belle plante d'Egypte, feuilles dentes et fleurs
blanches; elle estdepuis longtemps cultive dans les aquariums
de l'Angleterre et de la Belgique, sous le nom de N. dentata,
et elle parat y avoir donn naissance plusieurs varits
assez distinctes, dont la plus connue est celle qu'on a dsigne sous le nom d'Ortgiesiana. 11 Le nympha rouge (N. rubra), de l'Inde, qui est incontestablement un des plus beaux
du genre, et qui se distingue de tous les autres par de gran-
des fleurs rouge carmin. Peut-tre serait-il rustique dans le
midi del'Europe, comme l'est le nlombo, originaire du mme
pays. Crois avec le nympha lotus il a donn naissance
l'hybride connu sous le nom de N.Boucheana, fleurs rose
pale, et, avec la varit Ortgiesiana, un second hybride, le
N. Ortgiesianorubra(N. devoniensis des horticulteurs anglais),
encore plus beau et plus florifre, grandes fleurs rose tendre,
et par l intermdiaire de coloris entre les deux espces parentes. Ces faits d'hybridit, jusqu'ici les seuls connus dans le
groupe des nymphaces, semblent indiquer qu'il y a de nouvelles conqutes y faire par le mme moyen. Le croisement
des espces tropicales par les espces de pays froids ou temprs aurait vraisemblablement chance de donner des mtis
assez rustiques pour vivre l'air libre sous nos climats sep-
tentrionaux.
Outre ces espces, dj presque classiques dans les aquariums du centre et du nord de l'Europe, nous pouvons citer
comme devant y tre tt ou tard introduites les Nuphar japonicum et sagittifolium, le premier du Japon, le second de
l'Amrique du Nord; les Nympha pubescens, acutiloba et
stellata, de l'Asie orientale; les N. oxypetala, blanda, Amazonum, elegans, ampla et gracilis, des rgions intratropicales
de l'Amrique; enfin, les N. madagascariensis, emyrnensis et
Bernieriana, de Madagascar. Les recherches ultrieures des
botanistes en feront sans doute dcouvrir de nouvelles.
Aux nymphaces appartiennent encore deux autres genres,
reprsents chacun par une espce dans la floriculture europenne; ce sontles euryales (Euryale) et les victorias
(Victoria) qui diffrent des nymphas proprement dits par
,
leur ovaire infre et leurs feuilles armes d'aiguillons sous les
nervures. On connat deux espces d'euryales, l'une, l'euryale
hrisson ( E. ferox),.de la Chine, qui est assez rustique pour
vivre en plein air Pkin, o, il est vrai, l't est excessivement
chaud; l'autre, l'Euryale de l'Inde (E. indica), qui n'en est
peut-tre qu'une varit. Toutes deux ont les feuilles orbiculaires, pineuses en dessus et en dessous, larges de 0m, 60 1m,
et les fleurs violettes, mais moins grandes que celles du nym-
pha commun. Les fruits sont de la grosseur d'un petit melon
et hrisss d'pines acres. Ces plantes sont plus curieuses
que rellement belles. Il est probable qu'elles seraient rustiques dans tout le midi de l'Europe.
Les victorias, originaires de l'Amrique du Sud, sont plus
intressants toutefois, ce qui en fait le principal mrite c'est
leurtaille gigantesque. Leurs feuilles, presque exactement orbiculaires, peltes, bords relevs dans les premiers temps
de leur volution, ce qui leur donne alors l'apparence d'un
large plateau flottant (1), sont lisses et inermes la face suprieure, mais rticules de trs-grosses nervures et trs-pineuses en-dessous. Dans la plante adulte elles ont communment 1m,50 de diamtre; plus rarement elles arrivent
1m,80 ou 2m. Les fleurs, assez semblables de forme celles
des nymphas, ont un nombre de ptales beaucoup plus considrable (une centaine environ.) et sont en mme temps
beaucoup plus grandes
entirement panouies elles mesurent jusqu' Oln,30 ou Om,32 de diamtre. Ces fleurs, qui
s'ouvrent la nuit et se ferment le jour, sont d'abord blanches,
puis roses, enfin tout fait pourpres dans le centre. Les
botanistes comptent trois espces de victorias, mais une seule
est certaine et bien connue, c'est le victoria royal ( Victoria
regia), commun dans les lagunes qui bordent les grands
fleuves de l'Amrique quatoriale et du Brsil. Introduit en
Europe depuis une vingtaine d'annes, il a ncessit la cration d'aquariums proportionns sa taille, et qu'on a successivement peupls de beaucoup d'autres plantes aquatiques, auxquelles jusque-l on ne songeait pas. Le victoria royal y a bien
russi; tous les ans il y mrit les graines avec lesquelles on
le multiplie, car il parat annuel, ce qui serait, si le fait se
confirme, une assez remarquable exception dans la famille
des nymphaces.
Dans les premiers temps la culture du victoria passait pour
trs-difficile. On croyait ncessaire de brler la terre dont on
(1) Dans cet tat, ces feuilles sontcapables de soutenir lia poids considrable.
On a YU, en Angleterre, des enfants de deux trois ans s'y tenir debout sans les
enfoncerdansl'eau.
couvrait le fond de l'aquarium, afin de la purger de tous les
dbris organiques qu'elle pouvait contenir et qui auraient,
pensait-on, corrompu l'eau; on regardait de plus comme non
moins indispensable de communiquer cette eau un certain
mouvement pour l'entretenir dans un tat d'aration constant,
mais l'exprience n'a pas tard faire reconnatre que c'taient
l des prcautions peu prs inutiles. On se borne aujourd'hui prendre de la terre sur un fond de rivire, ou mme
de la terre franche ordinaire, et on met dans l'aquarium quelques cyprins dors de la Chine, dont les bats suffisent pour
communiquer l'eau l'agitation ncessaire. Ce qui est plus
essentiel c'est de renouveler cette eau graduellement et de la
tenir une temprature leve, par exemple 24 ou 25 centigrades pendant la nuit, 30 ou 32 pendant le jour, au moins
dans la priode o la vgtation de la plante est dans toute sa
force. L'aquarium, en outre, doit tre trs-clair, car c'est une
erreur de le couvrir, comme on le faisait il y a quelques
annes, d'une toiture de verre dpoli. De mme que toutes les
autres plantes aquatiques, le Victoria demande, pour bien vgter, la pleine lumire du soleil. Dans son pays natal il crot
par des profondeurs trs-diverses; immerg quelquefois sous
plusieurs mtres d'eau il pousse avec la plus grande vigueur,
mais on le voit galement prosprer sur des bas-fonds vaseux
que recouvrent seulement quelques centimtres d'eau et qui
mme se desschent totalement pendant une partie de l'anne. Dans les aquariums des serres chaudes on plante gnralement le victoria sur une butte de terre dont le sommet
n'est qu' 15 ou 20 centimtres de la surface de l'eau.
On a vainement essay jusqu'ici de cultiver le victoria dans
les aquariums l'air libre, mme dans le midi de l'Europe et
Alger; il y donne, il est vrai, quelques feuilles de moyenne
grandeur, mais il n'y fleurit point, quoiqu'on assure l'avoir
vu fleurir en Belgique, dans un aquarium vitr qui n'tait
chauff, momentanment du moins, que par les rayons du
soleil. il est possible que cet insuccs soit d au refroidissement nocturne, qui est toujours considrable sous le ciel
limpide du climat mditerranen
.Tout ct des nymphaces se range, dans l'ordre des affinits botaniques, la petite famille des nlombiaces, repr-
sente surtout par une plante clbre ds les temps les plus
reculs, le nlombo d'Orient Nelumbium speciosum ),
connu des Romains sous le nom de colocase, ainsi que l'a tablile botaniste Delile, et qui croissait abondamment dans
le Nil, o tait peut-tre cultiv en qualit de lgume, car
onenmangeait les rhizomes filandreux (1), ainsi que les graines,
dsignes alors sous le nom de fves d'gypte, et dont Pythagor interdisait l'usage ses disciples. La plante a depuis longtemps disparu du Nil, mais on la retrouve dans les fleuves de
l'Inde, contre o elle est en grande vnration parmi les
Brahmanes, qui en font des offrandes aux idoles. Quoique trstropicale, elle est cultive dans les lacs dela Chine septentrionale etexiste mme l'tat sauvage dans les lagunes des bouches
du Volga, au nord de la mer Caspienne, o les ts sont, il est
vrai, presque aussi chauds que dans l'Inde, quoique les hivers
y soient extrmement rigoureux.
Comme plante ornementale aquatique le nlombo d'Orient
doit tre class dans les premiers rangs, et ce n'est pas exagrer son mrite que de le placer au-dessus du victoria lui-mme.
Ses rhizomes, longs et grles, serpentent dans lavase et le propagent avec une extrme rapidit. Ses feuilles, larges de 0m,50
0m,70, portes sur de longs ptioles cylindriques et dresss,
s'lvent prs d'unmtre au-dessus de la surface de l'eau elles
sontorbiculaires, pelles, plus ou moins releves en forme de
vasque, bords onduleux, et d'une belle teinte glauque. A leur
centre, et sur la callosit qu'on peut considrer comme le sommet du ptiole, se distinguent l'aide de la loupe, et mme
l'il nu, les orifioes de longs canaux capillaires qui descendent
dans toute l'tendue du ptiole, et qui vraisemblablement
il
(1) On
connat ce vers de Virgile, dans la IVe glogue
Mixtaque ridenti colocasia fundet acantho,
et aussiceux d'une epigramme de Martial (Epigr. 57, livr. 13), qui s'appliquent
videmment au nlombo.
Niliacum ridebis olus lanasque sequaces
Improba cum digitis fila manque trahes.
charrient de l'air jusque dans les parties souterraines de la
plante. Les fleurs sont au sommet de pdoncules qui arrivent
au niveau des plus hautes feuilles, et qui, suivant la profondeur de l'eau, peuvent tre longs de 2 3 mtres. Leur forme
rappelle jusqu' un certain point celle des plus grandes
varits du pavot somnifre, et le torus, en forme de toupie,
qui en occupe le centre et dans lequel sont enchasss un certain nombre d'ovaires, ne diminue pas cette ressemblance.
Arriv maturit, ce fruit compos prend l'apparence d'un
gupier, ou mieux d'une pomme d'arrosoir creuse de logettes,
contenant chacune un fruit entier, de la grosseur d'une
petite olive, dont la graine, riche en fecule, est comestible.
La teinte ordinaire de la corolle est le rose carmin
mais elle
varie du blanc pur au pourpre vif.
Sous le climat de Paris le nlombo d'Orient appartient la
serre chaude ou tout au moins la serre tempre. Dans les
annes exceptionnellement chaudes on l'y a vu quelquefois
fleurir l'air libre, sans autre chaleur que celle du soleil. Au
sud du 44e degr de latitude, principalement dans le climat
mditerranen, il crot, fleurit et fructifie facilement dans les
aquariums ordinaires, o ses rhizomes, enfouis dans la vase,
passent l'hiver sans danger, condition d'lre couverts d'une
assez grande paisseur d'eau pour que la gele ne puisse les
atteindre. Il y a dj une trentaine d'annes qu'il a t ainsi
naturalis au jardin botanique de Montpellier, par le professeur Delile. Plus loin vers le sud, Perpignan par
,
exemple, et dans toute la rgion de l'oranger, il vient sans
culture et se multiplie indfiniment dans les mares et les lacs
artificiels o il a t une fois introduit. On peut considrer
la moyenne estivale de 22 degrs centigrades comme le minimum de la chaleur ncessaire
sa parfaite naturalisation.
Sa floraison commence vers la mi-juillet, par des maxima
moyens atmosphriques de 30 degrs, et dans une eau dont la
temprature pendant le jour atteint ou dpasse 25 degrs
centigrades.
On trouve mentionns dans les livres et les journaux d'horticulture quelques autres nlombos, sous les noms de N. ro-
seum, N. asperifolium, calophyllum, etc., qui ne sont rien
autre chose que de simples varits, blanches roses, simples
ou doubles, du nlombo d'Orient. Peut-tre faudra-t-il aussi
runir ce dernier le N. Kennedyi, de
Nouvelle-Hollande,
qui est encore trs-peu connu.
Une seconde espce du genre, trs-estimable encore quoique moins belle que la premire, est le nlombo fleurs
nlombo d'Amrique (N. luteum, N. codojaunes
phyllum
(fig. 196), originaire de la Jamaque, de laFloride et
la
ou
Fig. 196. Nlombo d'Amrique.
des parties les plus chaudes des tats-Unis mridionaux. Par
son port et sa physionomie il rappelle le nlombo d'Orient,
mais ses grandes fleurs, d'un jaune ple, contrastent agrablement avec celles de ce dernier. Il a sur lui l'avantage d'tre
plus rustique et d'exiger moins de chaleur pour fleurir. Il rsulte d'observations faites Montpellier, par M.Martins, que
le nlombo d'Amrique y fleurit en moyenne vers la fin de
juin, c'est--dire environ vingt jours avant celui d'Orient, et
dans une eau dont la temprature, pendant le jour, s'lve 23
ou 24 degrs. On peut supposer qu'il sera rustique en France
jusque sous le 47e degr de latitude, et peut-tre plus loin
encore vers le Nord.
Les nymphas et les nlombos
ainsi d'ailleurs que les autres plantes aquatiques
sont communment multiplis par
le sectionnement de leurs rhizomes, mais ils peuvent l'tre
aussi par leurs graines, qui germent d'elles-mmes au fond
de l'eau quand elles y trouvent une temprature suffisante.
Pour nos espces indignes, comme pour celles de climats
analogues aux ntres, ce semis peut tre abandonn la nature; mais il demande plus de soin et d'attention quand il
s'agit d'espces de climats plus chauds, et alors l'adjuvant
d'une serre chaude peut devenir ncessaire. Si l'on avait affaire, par exemple, des espces subtropicales ou tout fait
tropicales de nymphas (N. gigantea, crulea, scutifolia, versicolor, etc.), au nlombo d'Orient, aux euryales et au victorias, les graines seraient semes dans des pots non perfors,
remplis de terre jusqu' moiti (quelques horticulteurs emploient exclusivement la terre des taupines ramasse surune
bonne prairie), le reste tant occup par quelques centimtres d'eau. Ces pots sont enfoncs dans le terreau d'une couche chaude et abrits sous un vitrage ou immergs jusque
prs du bord dans l'eau d'un aquarium de serre chaude, de
manire leur procurer une chaleur de 20 30 degrs, suivant
temprament des espces semes. Les graines, simplement poses la surface de la vase, ou demi recouvertes
par cette dernire, germent ordinairement en quelques jours.
Ds que les jeunes plantes ont pouss leur premire feuille,
on les repique une une dans autant de nouveaux pots, pr-
,
,
le
pars comme nous l'avons dit tout l'heure, et qu'on porte
dans un endroit trs-clair, en leur conservant une temprature leve, quoiqu'elle puisse tre-infrieure de quelques
degrs celle qui a t ncessaire pour amener la germination. On a soin aussi de changer l'eau des pots tous les deux
ou trois jours, moins qu'ils ne soient immergs dans un
aquarium dont l'eau se renouvelle constamment. Enfin,
les plantes sont mises dans les bassins de plein air lorsque la
temprature de l'air et de l'eau y a atteint le degr qu'on juge
leur convenir. On n'a pas de peine comprendre que les
procds de la multiplication des plantes aquatiques se simplifient d'autant plus que le climat du lieu est plus chaud.
Pour complter ce que nous avions dire des plantes d'aquarium nous devons encore en signaler quelques-unes, qui,
tout infrieures qu'elles sont aux prcdentes, ont cependant
quelque intrt. Ce sont les hydroclis, les ouvirandras et la
vallisnrie.
1 Les hydroclis (Hydroclcis,Limnocharis) sont des
hydrocharides de l'Amrique du Sud, connues dans nos jardins par deux espces qui peuvent aller de pair, pour la
beaut, avec les nymphas de second ordre, l'hydroclis de
Humboldt (H. Humboldtii) et l'hydroclis de Plumier (H. Plumieri),plantesvivaces, feuilles orbiculaires-ovales, flottantes,
semblables de forme celles des nymphas, mais beaucoup
moins grandes. Leurs fleurs merges, trois ptales, d'un
jaune clair, ont une certaine ressemblance avec celles des pavots. Ces deux espces conviennent aux aquariums de la rgion
mridionale, la premire surtout, qui, plus rustique que la
seconde, fleurit encore d'une manire satisfaisante en plein
air jusque sous la latitude de Paris, mais ses rhizomes doivent tre rentrs l'hiver en serre tempre.
2 Les ouvirandras (Ouvirandra), naades de Madagascar
et peut-tre aussi de Cafrerie, se distinguent peine, par leurs
caractres gnriques, de l'aponogton, dont il a t question
ci-dessus, mais, comme plantes dcoratives, leur effet est tout
diffrent. Ce qui en fait la valeur, ce dernier point de vue,
ce sont bien moins leurs inflorescences et leurs fleurs,
presque de tous points semblables celles de l'aponogton,
que leur curieux feuillage immerg et non flottant, qui est
rduit au rseau, d'ailleurs trs-rgulier, des nervures, et
par suite perc jour comme une dentelle. On en connat
deux espces, peut-tre rductibles une seule,l'ouvirandra
fenestralis), feuilles ovales-lancoles, etl'ouvigrillag
randra de Bernier (0. Bernieriana
dont les feuilles sont plus
longues, plus troites et plusrubanes. Ces deux jolies plantes
paraissent ne pouvoir vivre que dans les eaux trs-limpides et
sans cesse renouveles. Encore trs-rares en Europe, on s'est
content jusqu'ici de les tenir en serre chaude., o il est difficile de les conserver, cause de l'insuffisance de la lumire,
et peut-tre aussi parce que l'eau des aquariums n'y est pas
assez are, mais on a quelque raison de supposer qu'elles
russiraient dans le climat mditerranen
l au moins o la
temprature moyenne annuelle est au minimum de 16 degrs,
c'est--dire dans l'extrme midi de l'Europe et dans le nord de
l'Afrique.
30 Enfin, la vallisnrie ( Vallisneria spiralis), hydrocharidc insignifiante du midi de la France, et dont nous ne parlons ici qu' cause de la clbrit que lui ont faite les potes et
les romanciers. Elle crot immerge dans les eaux courantes
peu profondes, qu'elle encombre de ses longues feuilles rubanes. Ses fleurs sont monoques les mles agrges au sommet
d'un court pdoncule qui reste au fond de l'eau, mais dont
l'inflorescence se dtache, au moment de la maturit des tamines
pour venir flotter la surface les femelles, au contraire soutenues par un pdoncule filiforme qui s'allonge
jusqu' ce qu'il ait atteint la surface de l'eau. Arrives au
contact de l'air, les fleurs femelles y reoivent le pollen des
mles, et, la fcondation accomplie, leurs longs pdoncules
se contractent en se roulant en spirale, et ramnent les
ovaires au fond de l'eau, o ils achvent de se dvelopper. Ces
particularits, qui font tout le mrite de la vallisnrie, peuvent s'observer facilement dans les aquariums.
(0.
),
,,
CHAPITRE VIII.
PLANTES A CULTIVER EN POTS, A L'AIR LIBRE. PLANTES D'APPLANTES ALPINES OU DE ROPARTEMENTS ET DE FENTRES.
CAILLES.
FOUGERAIES.
Ier.
CONSIDRATIONS GNRALES.
Presque toutes les plantes d'agrment peuvent se cultiver
en pots ou en caisses, la condition qu'on observe les rgles
que nous avons traces pour cette mthode de culture (1), et,
dans la revue que nous avons faite jusqu'ici du rpertoire horticole, nous en avons signal plusieurs comme tant aussi frquemment cultives en pots qu'en pleine terre. Il semblerait
donc qu'il n'y ait pas lieu de consacrer cettebranche du
jardinage un chapitre particulier. Cependant il n'en est point
ainsi : dans la pratique, il y a des plantes, qui russissent
mieux en pots que dans les plates-bandes des jardins, la plupart des plantes alpines par exemple; il en est aussi qui,
s'accommodant galement des deux modes de culture, sont
appeles plus directement que d'autres orner les appartements, les terrasses, les fentres et les balcons. Pour ce
double motif, la culture en pots devient une vritable spcialit. En traitant des plantes de serre tempre et de serre
chaude, nous verrons que la culture en pots y joue un rle
plus considrable encore que dans le jardinage ordinaire.
Rappelons sommairement les conditions essentielles du
succs dans ce genre de culture. Lapremire, celle qui domine presque toutes les autres, est le drainage des pots. C'estce
(1)
et suivantes.
Voir tome Ier, page670
que savent tous les jardiniers expriments, mais, il faut bien
le dire, ce qu'on n'observe gnralement pas assez en France,
o les bnfices de cette pratique ne sont pas apprcis comme
ils devraient l'tre. Le drainage dont nous parlons ici ne consiste pas mettre un tesson sur les trous dont les pots sont
percs, mais couvrir le fond du pot de tessons empils avec
un certainart, demanire laisser entre euxbeaucoup devides,
et cela sur une paisseur qui peut aller au sixime, au quart et
quelquefois au tiers de la hauteur totale du pot. Le but qu'on
se propose en agissant ainsi est non-seulement de faciliter la
sortie de l'eau des arrosages, mais aussi d'empcher cette eau
de rester stagnante un seul instant autour des racines. Beaucoup de plantes prissent par cette seule raison que leurs racines ont t quelque temps baignes dans l'eau accumule
au fond des pots et qu'elles y ont t atteintes de pourriture.
Cet effet est d'autant plus craindre, dans les pots mal drains, qu'on fait un plus frquent usage des engrais liquides.
Une seconde condition, trs-importante aussi, est le choix
de la terre. Except le cas des plantes dites de terre de bruyre,
culture en pots doit tre substantielle,
la terre employepour
c'est--dire contenir dans les proportions convenables les lments calcaire et argileux; mais, cause de la spcialit de la
circonstance, c'est--dire afin d'assurer un rapide coulement
l'eau, cette terre doit tre mlange, dans des proportions
qui varient d'ailleurs suivant la nature des espces, de sable
siliceux ou de terre de bruyre, moins qu'elle-ne soit dj
par elle-mme suffisamment lgre et permable. Dans bien
des cas le terreau de feuilles, et mme le terreau decouches
dcompos, supple avantageusement au sable siliceux.
Pour certaines plantes fortes et de croissance rapide la terre
franche pure, substantielle et longtemps repose, vaut mieux
que tous les composts, mais toujours la condition que les
pots soient parfaitement drains. Quelque terre que l'on emploie, il est bon qu'elle soit assez fortement tasse au moment
de la plantation pour que son niveau ne s'abaisse pas sensiblement la suite des arrosages. Ce tassement a pour effet
non-seulement de faire entrer dans les pots toute la quantit
la
de terre qu'ils peuvent contenir, et par l de fournir la
plante la plus grande quantit possible de matires alimentaires sous un volume donn, mais encore d'empcher la
motte de terre de se rduire insensiblement et de diminuer
l'espace laiss aux racines. Toute culture en pots dans laquelle
la terre subit avec le temps un retrait considrable, doit tre
considre comme une culture mal entendue ou nglige.
Les changements de terre sont une autre condition non
moins indispensable de la culture en pots, et ils doivent tre
d'autant plus frquents que la motte de terre accorde la
plante est moindre relativement sa taille et au dveloppement de ses racines. Lorsque la terre est puise la plante ne
renouveler
fait plus qu'y vivre misrablement il faut donc
au fur et mesure de ses besoins mais comme les rempotages
ne peuvent pas se faire avec le mme succs dans toutes les
priodes de la vgtation, on choisit pour y procder les poques o la plante est l'tat de repos, c'est--dire l'entre
de l'hiver ou les derniers jours de cette saison. C'est cette
dernire poque qu'on doit, autant que possible, donner la
prfrence, quand on se contente d'un seul rempotage
par an, et cela parce que la plante tant sur le point de commencer un nouveau cycle de vgtation, il importe que
ses racines trouvent dans la terre ambiante toute la dose de
nourriture dont elles vontavoir besoin. On profitede l'occasion
pour lui donner un pot plus grand, si le dveloppement auquel
elle est arrive le fait juger ncessaire. Il est trs-essentiel, en
effet, que la grandeur des pots soit proportionne la taille
que la plante doit acqurir, et c'est parce qu'on n'accorde
pas ce point de la culture l'attention qu'il demande qu'on
difformes-dans les collections,
voit tant de plantes chtives
surtout parmi les espces ligneuses, dont les racines se contournent en tire-bouchon faute d'assez d'espace pour s'-*
tendre.
Les rempotages successifs, en commenant par les plus
petits pots pour finir par les plus grands, sont encore gnralement en usage dans l'horticulture franaise. Si ces rempotages sont faits adroitement, que les plantes enleves en
:
;
la
et
motte soient remises dans les nouveaux pots sans rupture
et sans drangement notable de leurs racines-, ils n'ont
d'autre inconvnient que de retarder quelque peu la vgtation de la plante. Nous nous sommes dj expliqu (1)
sur la valeur de ces rempotages, utiles dans quelques cas
particuliers, ncessaires lorsque le drainage des pots est mal
tabli, mais dont l'usage tend diminuer de plus en plus
dans l'horticulture anglaise, o le systme de l'empotage
unique est chaque jour mieux apprci. L'exprience dmontre en effet que les plantes les plus jeunes peuvent tre
mises avec avantage, une fois pour toutes, dans les pots o
elles doivent parfaire toute leur vgtation, mais la condition que la terre soit substantielle et que le drainage ne laisse
rien dsirer. Leurs racines trouvant ds le principe l'espace
ncessaire pour s'tendre librement, elles en deviennent plus
fortes et plus vigoureuses. et on vite du mme coup les petits
accidents qui peuvent survenir dans une transplantation trop
frquemment renouvele. Jamais, dans notre pratique particulire, nous n'avons vu prir les plantes, si jeunes qu'elles
fussent, dans de telles conditions. Nous pouvons mme ajouter
que le systme de l'empotage unique est peu prs le seul
praticable pour les plantes de croissance rapide et dont le
feuillage trs-dvelopp offre une large surface vaporatoire
aux sucs contenus dans leurs tissus. Pour toutes celles-l le
systme des rempotages frquents- serait plein de dangers
son moindre inconvnient serait de retarder priodiquement
la vgtation, et c'est l encore ce qu'il faut viter, surtout
lorsqu'il s'agit d'espces exotiques, dont la chaleur de nos
climats temprs suffit peine assurer le complet dveloppement.
Ce que nous venons de dire du drainage des pots et des
changements de terre s'applique de tous points la culture
en caisses, aussi bien des arbres et arbustes d'orangerie que
des simples plantes herbaces qui serviront orner les fentres ou les balcons. Il suffit que la terre soit emprisonne dans
M)
Tome 1er, p. 572.
un vase quelconque, et que l'eau des arrosages n'ait d'issue
que par le bas, pour qu'on doive favoriser le plus possible l'issue de cette eau, et ici, comme nous l'avons dit tout l'heure,
il n'existe qu'un seul moyen, le drainage parfait. Il est rare cependant que le drainage des caisses soit fait comme il devrait
l'tre; presque jamais il n'a une paisseur suffisante, et les
matriaux qu'on y emploie (gravois, tessons de briques concasses, etc.), forment trop souvent au fond des caisses une
couche compacte, dont les lacunes se remplissent graduellement de terre, et qui finit la longue par former un vritable
obstacle au passage de l'eau. A dfaut d'une quantit suffisante de grands tessons de pots, qui seraient ici la meilleure
matire pour drainer, on devraity employer des tuiles creuses,
dposes sur le fond des caisses, la convexit en haut, et sur
trois quatre rangs d'paisseur, de manire ce qu'au-dessous
de la motte de terre il y et toujours un vide suffisant pour
contenir la masse entire de l'eau des arrosages et empcher
les racines d'y baigner. Cette prcaution d'un bon drainage,
comme aussi celle de donner aux arbres des caisses d'une
grandeur suffisante et une terre plus nutritive que celle qu'on
leur accorde gnralement, transformerait en peu d'annes
l'aspect de nos orangeries o les plantes appauvries et sans
figure sont la rgle, et celles qui viennent d'une manire satisfaisante l'exception.
Les plantes qui se cultivent habituellement en pots peuvent
se rpartir assez naturellement en deux classes, savoir celles
qui n'exigent pas de chaleur artificielle sous nos climats,
bien qu'un certain nombre d'entre elles doivent tre mises en
hiver l'abri de la gele, et celles auxquelles la chaleur de la
serre chaude ou de la serre tempre est plus ou moins ncessaire. Nous n'aurons nous occuper dans ce dernier chaptre que de celles qu'on peut considrer comme rustiques
ou demi-rustiques, et qui, pour la plupart, le seraient effectivement si, au lieu d'tre tenues en pots, elles croissaient
simplement en pleine terre.
La culture sur rocailles, et mme sur buttes ou collines artificielles, ales plus grandes analogies avec la culture en pots,
et il est remarquer que c'est prcisment aux plantes qui
l'tat de nature croissent dans ces conditions que s'applique le mieux ce mode de culture. Toutes ou presque toutes
les espces herbaces ou frutescentes qui vivent sur les
talus des montagnes, sur les flancs ou dans les anfractuosits des rochers, sur les murs, en un mot partout o le sol
est naturellement trs-drain, soit par sa pente, soit par sa
constitution minralogique,sont ce qu'on peut appeler, dans la
pratique, des plantes depots. Nous ne sparerons donc pas ces
deux catgories de plantes, puisque les principes qui rgissent
leur culture sont les mmes, et que les diffrences qui les sparent sont plus apparentes que relles. Un potbien drain n'est
vritablement qu'une rocaille en diminutif. Il faut reconnatre
cependant que les plantes, quoique assujetties dans la nature
aux conditions gnrales que nous venons d'indiquer, prsentent encore dans leur ensemble d'assez grandes diversits
de temprament. Telle espce prfre les sols siliceux aux
sols calcaires ou argileux, et rciproquement; telle autre
recherche les expositions sches et ares ou ne se plat que
enfin, relativedans celles qui sont ombrages et humides
ment la temprature il y a aussi, suivant les espces, des
exigences bien diffrentes, ce qui s'explique par ce fait que
la nature a cr des plantes de rocailles pour tous les climats,
pour le midi comme pour le nord, pour les plages les plus
brlantes, comme pour l'es pentes les plus rafrachies des
montagnes, depuis leur base jusqu'au point o les neiges ternelles mettent obstacle toute vgtation.
o il faut
Il rsulte de l que, dans la pratique horticole
reproduire aussi fidlement que possible les conditions naturelles
les rocailles doivent tre construites de diffrentes
manires pour s'adapter aux tempraments divers des plantes,
et en effet il en existe de plusieurs sortes. On peut les ramener
deux types principaux
les rocailles sches et les rocailles
humides, entre lesquelles on trouverait facilement tous les intermdiaires. Les rocailles sches sont celles qui, couronnant
une colline artificielle, un exhaussement quelconque du sol,
ou se trouvant du moins sur un terrain sec, ne reoivent d'autre
eau que celle des pluies. Mme dans ces circonstances elles
sont sches divers degrs, suivant les proportions relatives
de la pierre et de la terre qui entrent dans leur construction,
celles-l tant les moins sches qui contiennent le plus de terre, ou une terre plus argileuse puisque ce sont elles qui s'imbibent le mieux des eaux pluviales et les conservent le plus
longtemps. Les rocailles humides sont plus varies d'aspect
ef-a composition, et leurs degrs d'humiditsont aussi fort
diffrents. Il en est, par exemple, dont le pied baigne perptuellement dans l'eau stagnante d'un tang ou d'une mare,
ou qui sont ctoyes par un cours d'eau naturel ou artificiel;
d'autres, reprsentant un vallon encaiss ou un cirque de rochers parois abruptes, ont leur fond occup par un rservoir
d'eau qui entretient une continuelle humidit dans leur enceinte il en est, enfin, et ce sont les plus parfaites, dont les
parois sont sans cesse humectes par le suintement d'un filet
d'eau qu'onfait circuler leur sommet dans des tuyaux dissimuls sous la verdure ou sous la pierre, et percs de distance en
distance de trs-petits trous. Nous n'avons pas besoin d'insister
pour faire comprendre que la construction de ces rocailles
humides, qui sont particulirement propres la culture des
fougres, est grandement aide par des accidents de terrain,
dont il faut savoir profiter, et que, sur un sol entirement
plat, les travaux de terrassement qu'il faudrait excuter pourraient la rendre fort dispendieuse.
Toutes les terres usites dans le jardinage ordinaire, les
terres fortes et les terres lgres, le sable siliceux, la terre de
bruyre, le terreau de feuilles, plus rarement le terreau d'origine animale qu'on tire des vieilles couches, trouvent leur
emploi sur les rocailles et les collines artificielles. Ces diffrentes terres, toutefois, ne doivent point tre mlanges, mais
distribues sparment sur des rocailles et des collines distinctes, ou du moins sur des rgions diffrentes du mme
monticule. On devra surtout viter le mlange du terreau de
couche avec les autres terres, et si on l'emploie, il serait bon
de le rserver pour les points les plus bas, afin que l'eau ne
puisse pas l'entraner hors de la place qu'on lui destine.
Nous verrons plus loin que son incorporation dans la terre
ordinaire, mme en faible proportion, est funeste quelques
plantes, et particulirement aux orchides.
Au point de vue de la pratique horticole nous pouvons rpartir en trois groupes les plantes qui feront l'objet de ce
chapitre; ce seront en premier lieu les plantes essentiellement cultives pour leurs fleurs ou la beaut de leur feuillage,
et que l'on pourrait appeler les plantes de fentres et d'appartements, en second lieu les plantes de collines artificielles et
de rocailles, et enfin les fougres que leur tempramenttrs-
particulier et leur caractre ornemental presque exceptionnel
doivent faire considrer comme formant une classe tout fait
part.
II.
LES PLANTES DE FENETRES ET D'APPARTEMENTS.
Lorsque nous avons parl des plantes de collection nous
en avons indiqu un trs-grand nombre comme appartenant
la culture en pots autant ou presque autant qu' celle de pleine
terre. Tels se sont montrs les illets, les auricules, les primevres, les anmones et les renoncules, les jacinthes, les tulipes
et en un mot presque toutes les espces de liliaces et
d'amaryllides. Dans la catgorie des plantes de plate-bande
nous avons vu aussi qu'un nombre considrable se prtait avec
facilit ce mode de culture. On pourrait tracer entre les
plantes de pots et celles qui n'appartiennent qu' la pleine
terre une ligne de dmarcation assez tranche et assez exacte,
en disant que toutes celles dont les racines s'tendent peu et
qui ne drageonnent pas sont aptes la culture en pots, et que
celles-l au contraire y sont rebelles dont les racines exigent
beaucoup d'espace et qui drageonnent du pied. Ces dernires
toutefois pourraient encore tre cultives avec quelque succs
dans de trs-grands pots ou dans des caisses allonges dont
la forme ne contrarierait pas trop leur nature.
En traitant spcialement ici de la culture en pots, nous n'avons pas revenir sur ces nombreuses espces de petite taille
qui ont tnumres dans les chapitres prcdents, mais nous
devons montrer sous un nouvel aspect celles qui acquirent
autant ou plus d'importance comme plantes d'appartement
que comme plantes de parterre. Nous y ajouterons celles qui,
habituellement cultives en pots, sont devenues, par leurs
qualits ornementales de premier ordre et le nombre de leurs
varits, de vritables plantes de collection. A leur suite se
prsenteront d'autres espces, d'un moindre intrt et ne faisant pas collection, que nous pourrons assimiler aux plantes
de fantaisie du parterre. Enfin, nous verrons aussi apparatre
ici un groupe de plantes pittoresques, analogues celles du
jardinage de plein air, et quelquefois mme empruntes ce
dernier. Commenons par les plantes de collection proprement dites, qui sont principalement les rosiers, les girofles,
les fuchsias, lesplargoniums, les cinraires et les calcolaires.
1 Rosiers. Dans cet immense groupe de vgtaux le plus
grand nombre des espces et des varits sont drageonnantes,
ce qui fait la principale difficult de leur culture en pots.
Celles qui acquirent une trs-grande taille, les rosiers grimpants par exemple, y sont surtout rfractaires. Sur ce point
dj il y a un choix faire lorsqu'on veut leur appliquer
ce mode de culture, mais il y a encore d'autres considrations pour guider l'amateur dans le choix des varits ce
sont celles qui se tirent des qualits propres de ces varits.
Il est bien clair qu'on ne doit prendre que celles qui se recommandent par la beaut du port,, la perfection des fleurs et l'agrment du coloris. On peut, d'une manire gnrale, regarder
comme aptes la culture en pots les espces et les varits
naines ou demi-naines, et principalement les rosiers de
Bourbon et leurs hybrides, qui, lorsqu'ils sont francs de
pied, drageonnent peu ou mme point du tout. On admet
dans la culture en pots les rosiers greffs aussi bien que les
francs de pied mais on a remarqu que les rosiers Th et de
la Chine russissent mieux sous cette dernire forme. C'est
encore l'glantier Rosa canina) qui fournit ici le plus souvent les sujets de la greffe; cependant de trs-bons rosistes
anglais lui prfrent le rosier de Manetti, dans le cas particu-
lier o ils veulent obtenir des plantes basses et trs-peu dveloppes.
La culture des rosiers en pots parat mieux entendue en Angleterre qu'en France elle y est aussi plus encourage et plus
rmunrative, ce qui s'explique la fois par les conditions
sociales et le climat du pays, et les jardiniers anglais ne ngligent rien pour y exceller. La composition de la terre, le
drainage des pots, les empotages successifs et faits propos,
la greffe des sujets, l'ducation des arbustes, etc., sont autant
de points auxquels ils donnent la plus grande attention. Nous
allons passer rapidement en revue ces diffrentes oprations
d'aprs la pratique des rosistes les plus expriments de ce pays.
Pour eux, les rosiers de pots se divisent en deux classes
ceux qui sont dlicats et racines tendres, et ceux qui sont
vigoureux etrustiques, et chacune de ces deuxclasses correspond un compost particulier. Pour les premiers ce compost est
form de deux parties de terre franche, neuve et substantielle,
d'une partie de fumier d'table dcompos, et d'une partie de
terreau de feuilles ou de sable siliceux, dont la proportion
toutefois varie quelque peu suivant que la terre franche est
plus ou moins compacte. Pour les seconds, deux parties de
terre argileuse on mle une partie de noir animal, et une
partie-de terreau de feuilles ou de fumier dcompos. On y
de la
dans la proportion d'un sixime
ajoute quelquefois
terre ordinaire brle, qu'on croit amliorer notablement le
mlange. Dans un cas comme dans l'autre ces composts doivent tre prpars un an d'avance, et frquemment remus
pour oprer la parfaite combinaison des parties. Il est assez
vraisemblable que ce long repos de la terre et les pelletages
qu'on lui fait subir y favorisent la formation des nitrates, et
que ce n'est pas l la moindre cause de sa fertilit.
Les plants de rosiers mettre en pots sont tirs de la
serre multiplication ou de la pleine terre. Dans le premier
cas ce sont toujours de jeunes sujets obtenus de greffes ou
de boutures, par les moyens que nous avons indiqus prcdemment
et qui varient d'ailleurs quelque peu suivant les
habitdes des horticulteurs. Ces jeunes arbustes sont mis
dans des pots de 15 18 centimtres d'ouverture, remplis de
l'un des composts ci-dessus indiqus, mais au pralable
drains avec le plus grand soin. Aprs la plantation, et quand
la reprise est assure, les pots sont aligns sur des tablettes ou
sur des briques, ou simplement enfoncs en terre, dans un lieu
un peu abrit contre les vents froids, mais trs-clair, o
ils peuvent recevoir les rayons du soleil. A mesure que la vgtation fait des progrs, on donne des arrosages plus copieux
ou plus frquents; assez souvent mme on ajoute des engrais
l'eau des arrosages, mais on veille ce que la proportion en
soit trs-faible, et on n'en use que de loin en loin ceci est tout
affaire d'exprience.
Plusieurs de ces jeunes rosiers montrent des boutons de.
fleurs dans le courant de la premire anne de leur plantation;
il est mieux de les retrancher ds qu'ils apparaissent l'arbuste
en acquerra plus de force pour l'anne suivante. Ce qui importe dans cette premire anne est d'obtenir des plantes vigoureuses et dontles rameaux soient bien aots avant la fin de
l'automne. Aux approches de l'hiver, si la saison est dj rigoureuse, les jeunes rosiers sont abrits sous un hangar ou dans
une orangerie. Les arrosages doivent alors tre trs-modrs,
mais non tout fait supprims. On ne doit pas oublier que des
plantes en pots glent plus facilement que des plantes en
pleine terre, o les racines sont bien mieux protges qu'elles
ne le seraient dans une troite motte entoure de tous cts
par l'air-froid, et que si la gele pntrait dans cette motte
les racines y souffriraient d'autant plus qu'elle aurait. t plus
imbibe d'eau. A la fin de l'hiver on taille les rosiers pour les
obliger se ramifier, et lorsque la vgtation a repris, on dirige les branches de la manire la plus convenable pour
former une tte arrondie l'arbuste. S'il est franc de pied, on
le laisse ordinairement prendre la forme buissonnante, qu'on
soutient s'il le faut l'aide de tuteurs.
Trs-souvent on enlve de la pleine terre des rosiers adultes
ou de simples drageons pour les planter dans des pots, qui
doivent d'ailleurs tre proportionns au dveloppement actuel
des arbustes. On taille les racines de ces derniers la lon-
gueur convenable pour qu'elles tiennent commodment dans
les pots; on enlve surtout, par une section nette, celles qui
ont t endommages dans la dplantation, et s'il ya des drageons commenants, on les retranche au niveau de la souche.Les pots ayant t drains et remplis de terre bien tasse, on y
dpose les rosiers, avec la prcaution de ne pas trop les enterrer. Le collet de la tige doit tre au niveau du bord du pot,
dont la capacit ne sera jamais trop grande pour contenir les
racines, qui ne tarderontpas natre de la souche.
Les rempotages se font chaque anne, soit la fin de l'hiver, soit aprs la dfloraison des rosiers, auxquels il est bon
d'enlever les fruits commenants qui succdent aux fleurs, et
dont le dveloppement n'aurait d'autre effet que de les affaiblir. Souvent mme on fait deux rempotages par an, l'un
la fin de l'hiver, l'autre aprs la floraison. A mesure que
les arbustes grandissent on les empote dans des pots plus
grands, et chaque empotage on visite les racines, tant pour
enlevercellesquiauraientpri quepourretrancherles drageons
qui auraient pu natre du sujet, s'il s'agit d'un arbuste greff
sur glantier. Les rosiers Th et de la Chine supportent moins
que les autres les rempotages frquents on se bornera donc
souvent visiter leurs racines, pour juger s'il y a lieu de les
mettre dans de plus grands pots, mais il n'en faudra pas moins
leur donner de la terre neuve au moins une fois dans l'anne.,
autant qu'on le pourra sans dranger leurs racines. On peut
aussi adopter pour les rosiers le systme de l'empotage unique,
qui russit particulirement avec les varits vigoureuses, et
qui consiste leur donner ds le commencement les pots o
ils doivent vivre dfinitivement.
Les rosiers que l'on soumet la culture force, l'aide de
la chaleur artificielle, sont ncessairement en pots, et les rosistes de profession savent les faire fleurir en toute saison et
en quelque sorte jour fixe. En supprimant les boutons de
fleurs de la saison normale on obtient des roses en plein
hiver, mais qui ont peu de parfum. C'est le cas extrme de la
culture force du rosier, et il n'a gure de raison d'tre que
dans les grandes villes ce qui est plus habituel, c'est d'a-
vancer d'un mois six semaines la floraison des rosiers, soit
pour les porter au march, soit pour les faire figurer aux expositions d'horticulture. A Paris, comme Londres, les spcialistes sont habiles cette manuvre, qui est pour eux une
source de profits considrables.
Pour terminer ce que nous avions dire de la culture des
rosiers en pots, nous rappellerons que ceux qu'on tient enferms dans les serres, pour les besoins de la culture force,
sont plus que ceux de plein air sujets prendre le blanc, et
on en voit souvent des collections entires en tre atteintes et
perdre presque toute leur valeur. On a signal un remde
qu'on dit trs-cfficace c'est une dissolution peu charge de
sels de cuivre, comme celle dont on fait usage pour prserver
les bls de la rouille. On en asperge les rosiers malades avec
la seringue bassiner, ou simplement avec un arrosoir muni
de sa pomme. L'eau qui a sjourn plusieurs jours dans des
rcipients de cuivre ou dans les tuyaux d'un thermosiphon
est trs-convenable pour faire ces bassinages. En augmentant
la dose de curvre on ferait peut-tre aussi disparatre les pucerons, qui sont une autre plaie non moins grave des rosiers,
de ceux surtout qui ont t enferms longtemps sous des
abris vitrs.
La culture des rosiers en pots et tenus sous verre est en
quelque sorte une spcialit des pays septentrionaux, o la
culture en plein air est d'autant plus incertaine et difficile
que le climat y est plus rigoureux ou l't plus entrecoup de
mauvais temps. Dans le midi de la France et de l'Europe, o
toutes les espces de rosiers sont rustiques, elle n'est pratique que par exception. Une roseraie l'air libre donnera
d'ailleurs toujours plus de jouissance son propritaire qu'une
collection de rosiers en pots, difficile conduire et en dfinitive toujours infrieure, galit de soins, une collection
de pleine-terre.
Girofles et Violiers (Cheiranthus, Mathiola).De
mme que plusieurs autres vgtaux indignes, les girofles,
ou violiers, sont devenues, par le fait de la culture, des
plantes de collection de premier ordre; et comme telles
elles auraient pu prendre place parmi celles que nous avons
runies sous ce titre. Leur vritable place est cependant ici,
car, quoiqu'elles figurent assez souvent dans les plates-bandes
des parterres, c'est nanmoins par la culture en pots qu'elles
russissent le mieux et qu'elles remplissent leur principal rle
ornemental.
Quatre espces seulement, qui peut-tre mme sont rductibles deux, ont donn toutes les varits, dj trs-nombreuses, qui peuplent nos jardins; ce sont la girofle jaune
(Ch. Cheiri), espce bisannuelle ou vivace, feuilles vertes,
fleurs jaunes ou jaune-brun, qui crot dans presque toute la
France sur les vieilles murailles; la girofleannuelle (Ch. annuus, M. annua), plus connue sous le nom de girofle quarantaine, feuilles blanchtres et fleurs pourpre violet; la
girofleouviolierdesjardins (Ch.incanus, M.incana), trsvoisine de la prcdente, mais vivace ou bisannuelle, et dont
lagirofle des fentres (M. fenestralis) n'est vraisemblablement
qu'une varit; enfin, la girofle grecque, ou Kiris (Ch. grcus,
M. grxca), qui ne diffre gure des prcdente's que par son
feuillage, vert et presque glabre. Ces trois dernires appartiennent en propre la rgion mditerranenne.
nomme aussi violierjaune et ravenelle,
La girofle jaune
est un sous-arbuste rameux de 50 60 centimtres, dont
la tige devient avec le temps tout fait ligneuse. Ses fleurs, en
grappes terminales, sont trs-agrablement odorantes;. elles
varient du jaune orang la teinte mordore et mme au
pourpre violet plus ou moins dpouill de jaune, mais leur
variation la plus intressante consiste doubler et devenir
entirement pleines. Dans ce dernier tat les plantes perdent
la facult de produire de graines, et on ne peut plus les conserver que par la voie du bouturage.
Tant en France qu'en Angleterre et en Allemagne, la girofle jaune a donn naissance un grand nombre de varits
jardinires, et on en voit tous les ans apparatre de nouvelles.
On les divise en deux classes principales, les simples et les
doubles, et dans chacune de ces catgories se prsentent
toutes les nuances de coloris, depuis le jaune-serin jusqu'au
brun et au violet fonc. Parmi les varits jaunes simples
ou doubles, on cite particulirement celles qui sont originaires d'Allemagne comme les plus remarquables par la
grandeur et quelquefois par l'lgante difformit des fleurs.
Parmi les varits franaises d'ancienne date, on ne doit pas
passer sous silence celle qui a t dsigne sous le nom de
rameau d'or, et qui se distingue par sa vigueur, sa forme buis-sonnante et les longues grappes de fleurs pleines, d'un jaune
orang, qui terminent ses rameaux. Elle a donn quelques
sous-varits, qui n'en diffrent que par le coloris des fleurs
dont la teinte tourne au violet plus ou moins fonc. De mme
que la varit type., celles-ci sont striles par excs de plnitude
des fleurs, et on ne les propage que de boutures.
La girofle jaune, semblable en cela beaucoup d'autres
crucifres, affectionne les terrains enrichis de matires alcalines, ce qui explique sa prsence, l'tat sauvage, sur les
murs et dans les dcombres. Elle s'accommode cependant de
tous les sols, pourvu qu'ils soient un peu secs ou du moins ne
retiennent pas l'eau. On la sme ordinairement en avril et
mai, en ppinire ou en terrines, et on repique le plant en
pots ou sur planches, lorsqu'il a trois quatre feuilles, en
attendant l'automne pour le mettre en place dans les platesbandes du jardin ou le planter en pots, opration qui se faitgalement la fin de l'hiver. Les jeunes plants fleurissent
dans les mois de mars ou d'avril, plus tt ou plus tard suivant les varits et les climats. Dans la pleine terre du jardin
et dans les pays pluvieux, les girofles prissent assez souvent par le seul fait d'une humidit prolonge, accident auquel elles sont beaucoup moins exposes lorsqu'elles sont
cultives en pots bien drains.
La girofle annuelle ou quarantaine, n'a pas moins vari
que la girofle jaune et c'est en Angleterre principalement
que ce rsultat a t obtenu. Les variations portent sur la taille
des plantes, leur dure, le degr de duplicature ou de plnitude des fleurs et surtout sur le coloris de ces dernires, qui
prsente toutes les nuances intermdiaires entre le blanc pur
et le brun, en passant par l'ardois, le rose, le cramoisi,
,,
le pourpre, le violet bleutre et le violet fonc. On y voit
mme apparatre quelquefois des teintes qui sembleraient accuser la prsence du jaune, comme les couleurs chamois et
mordore. Par diverses variations la girofle quarantaine tient
de trs-prs la girofle grecque, que quelques auteurs considrent comme n'en tant qu'une simple race; mais cette
dernire a de particulier d'avoir produit des varits d'un
jaune assez franc,toujours doubles et striles, et assez souvent bisannuelles.
Toutes ces variations se rptent, peu de chose prs,
dans la girofle desjardins, ou violier ordinaire qu'on rattache au Cheiranthus incanus. Ici aussi nous voyons apparatre
une multitude de varits plus ou moins tranches, plus ou
moins stables, annuelles ou bisannuelles, naines ou de grande
taille, qui diffrent en outre parles formes de l'inflorescence,
et bien plus encore par la diversit du coloris. La couleur
normale dans le type de l'espce est le carmin, qui revient, il
est vrai, dans un grand nombre de varits, mais qui dans
beaucoup d'autres cde la place au blanc pur, au rose, au
pourpre, au violet, au violet bleu plus rarement au jaune
ple. Que ces diverses modifications rsultent simplement de
la culture ou qu'elles soient le fait de croisements inaperus
entre les espces primitives, c'est ce qu'il serait difficile de
dcider; toujours est-il qu'elles jettent la plus grande confusion dans la nomenclature des varits, et qu'on est trsembarrass aujourd'hui pour rattacher ces dernires leurs
souches respectives. Sans prendre aucun parti cet gard,
nous nous bornerons suivre le classement admis par le jardinage parisien, et en particulier par la maison Vilmorin (1),
qui depuis longues annes s'applique runir ces nombreuses races dans ses collections. Pour elle,toutes les girofles quarantaines, de quelque espce qu'elles proviennent,
se rpartissent en. dix classes , savoir les quarantaines ordinaires, les quarantaines grandesfleurs, les demi-anglaises
ou quarantaines rameau, les quarantaines lilliputiennes, les
I) Lesfieursdepleine-terre,
etc.,1853.
quarantaines anglaises feuilles de chiri ou kiris, varits la
plupart annuelles et supposes issues des Cheiranthus annuus
etgroecus; puis les quarantainesparisiennes, les quarantaines
cocardeauou giroflesimpriales, lesgirofles Empereur perplagirofle des jentres, rattaches
tuelles, les giroflesd'hiver
avec quelque vraisemblance au Cheiranthus incanus. Chacun
de ces groupes contient un nombre indtermin de varits
qui se distinguent plus entre elles par la nuance ou le coloris
des fleurs que par tout autre caractre.
Toutes les girofles quarantaines sont moins rustiques que
la girofle jaune aussi veulent-elles tre momentanment
abrites sous le climat de Paris, et plus forte raison sous
les climats plus froids. Les semis pour les espces ou varits annuelles se font en mars et avril, sur couches et sous
chssis, ou un mois plus tard en ppinire ou sur place.
lev sous chssis et tenu trop longtemps enferm, le jeune
plant est expos une sorte de pourriture qui fait prir toute
la partie de la plante qui est hors de terre, et on en perd souvent un grand nombre par cette cause. Quelques horticulteurs d'Allemagne recommandent, pour obvier cet accident (1), l'emploi exclusif de la terre des taupinires ramasse
sur des prairies de bonne nature, et conserve pendant
quelques mois l'abri de la pluie et de la gele sous une
couverture de paille mais il est reconnu que toute bonne
terre franche mlange d'un peu de sable et riche en terreau vgtal peut la remplacer. Lorsque le semis n'a pas t
fait en place, le plant doit tre repiqu une ou deux fois, ce
qui lui fait prendre de la force. Suivant l'poque du semis,
la floraison arrive du milieu de juin la fin de septembre.
Les varits doubles de girofles quarantaines tant presque
les seules que l'on conserve pourl'usage la plupart des horticulteurs marchands retranchent de leurs semis les individus
qui s'annoncent comme devant tre simples, ce qui ne se reconnat bien qu' l'apparition des premiers boutons de fleurs.
Cependant, comme il n'y a que les simples qui donnent des
et
lllustrirle Garlenzeitung, mars
ture,IV,1858.
(1)
de la
1858, et Journal
Socit d'Horticul-
graines, on doit toujours en conserver quelques-uns pour
fournir aux semis de l'anne suivante. Tous ne donnent pas
beaucoup prs la mme proportion de plantes doubles, et il
y a un choix faire entre eux mais il faut une grande habitude pour juger de leur qualit sous ce rapport. On croit que
les individus de force moyenne et trapus sont ceux qui conviennent le mieux pour servir de porte-graines. Les horticulteurs allemands, si habiles dans la culture des girofles, assurent que les meilleures graines sont produites par des plantes
leves en pots, et qu'on doit donner la prfrence celles
de ces graines qui sont irrgulires de forme, un peu anguleuses, peu ou point aplaties et dont le bord n'est pas blanchtre. D'autres jardiniers, en France particulirement,
croient que les graines contenues dans les siliques rapproches l'une de l'autre sur l'axe de l'inflorescence, que ces siliques soient collatrales, opposes ou verticilles par trois
ou quatre, donnent naissance des plantes fleurs doubles,
tandis que celles des siliques cartes et alternes ne produisent ordinairement que des plantes fleurs simples. La mme
remarque s'appliquerait la girofle jaune.
Les quarantaines bisannuelles sont en gnral plus fortes
et plus dveloppes que les varits annuelles, mais elles exigent aussi un temps plus long pour arriver fleurir. Semes
en planches ou en ppinires dans les mois de juillet et d'aot,
elles devront tre empotes soit au premier repiquage, qui se
fera quelques jours aprs la leve du plant, soit un mois ou
six semaines plus tard, afin de pouvoir les hiverner en orangerie ou sous chssis, bien que, jusque sous le climat de
Paris, elles puissent encore passer les hivers doux en plein air
sans en souffrir sensiblement. Mises sous chssis, il faudra les
arer aussi souvent que le temps le permettra pour en loigner l'humidit, et ne les arroser qu'avec parcimonie. La
floraison arrive d'ordinaire en mars ou avril, quelquefois plus
tardivement, suivant que les plantes ont t plus ou moins
avances l'anne prcdente.
Les quarantaines de cette section peuvent aussi se cultiver
comme plantes annuelles, mais alors les semis doivent tre
faits de trs-bonne heure, en fvrier ou en mars sur couche
chaude abrite. Les plantes, repiques une ou deux fois
suivant la mthode ordinaire, fleurissent sur la fin de l't;
mais elles sont toujours moins fortes et moins belles que
celles qui proviennent des semis d'automne, et elles mrissent plus difficilement leurs graines. Nous avons peine
besoin d'ajouter que ces diverses mthodes de culture, qui
sont particulires au nord de la France, se modifient mesure qu'on se rapproche du midi. Dans le climat mditerranen on obtient facilement la floraison des girofles dans les
derniers jours de l'hiver, mme plus tt moyennant certaines
prcautions, mais ces plantes y sont comparativement peu
recherches et peu cultives. Dans le nord de la France, au
contraire, et surtout Paris il en est peu qui jouissent d'autant de vogue, plus peut-tre dans les classes pauvres de la
socit que dans les classes aises; aussi sont-elles l'objet
d'un commerce considrable sur les marchs aux fleurs de la
capitale.
Fitclisias (Fuchsia).
Les fuchsias (1), de la famille des
nothres ou onagraires, sont des arbustes ou des arbrisseaux, la plupart originaires des hautes montagnes qui s'tendent duMexique au Chili mridional, o ils habitent une
zne gnralement comprise entre 1,000 et 3,000 mtres d'altitude. Quelques-uns, en petit nombre, appartiennent aux
montagnes des Antilles de la Guyane et du Brsil. Enfin, il
en est deux qui nous viennent de la Nouvelle-Zlande
ce
sont lesseuls jusqu'ici connus qui soient trangers l'Am30
rique.
Leurs caractres botaniques sont : des fleurs rgulires,
presque toujours pendantes; un calyce color et plus ou moins
tubuleux, divis en quatre lobes ou spales; une corolle de
quatre ptales huit tamines et un ovaire infre quatre
loges, surmont d'un style que termine un stigmate quadrilob. Le fruit est une petite baie en forme d'olive, contenant
des graines fines et nombreuses. Les feuilles, toujours sim-
(t) Ainsi nomms du botaniste allemand Fuchs. On prononce fuxia.
pies, sont opposes ou verticilles partrois ou par quatre,
trs-rarement alternes. Quant au coloris des fleurs c'est le
rose,
rouge ou le carmin, qui dominent sur le calyce, et
quelquefois cdent la place au blanc pur, mais la corolle offre
souvent des tons plus foncs, et dans plusieurs espces elle
passe au pourpre violet. On ne connat qu'une seule exception
sous ce rapport: c'est celle du F. proeumbens, dont la corolle
est jaune orang.
La culture des fuchsias est encore toute rcente. Quoique
le genre ait t signal ds le commencement du dix-huitime
sicle, il n'y a gure qu'une soixantaine d'annes que les
premires espces en ont t introduites dans le jardinage europen
et encore tait-ce plutt comme plantes botaniques
que comme plantes d'agrment. Ce n'est que vers l'anne 1820
qu'on voit la culture des fuchsias prise au srieux par les
amateurs; mais partir de ce moment elle s'est dveloppe
avec rapidit, et chaque anne nous a apport des espces ou
des varits nouvelles. Toutefois ce qui a le plus contribu
en accrotre le nombre, ce sont les variations produites par
la culture elle-mme, au moyen des semis et des croisements. En moins d'un demi-siclc le groupe des fuchsias est
devenu un des plus riches du rpertoire horticole, et l'on en
compterait aujourd'hui plus de 500 varits, dont l'origine et
la nomenclature offrent dj presque autant d'incertitude et
de confusion que celles des rosiers eux-mmes.
L'uniformit du type d'organisation dans le genre et le
grand nombre d'espces qu'il contient indiquaient d'avance
l'aptitude de ces dernires se croiser et donner des hybrides ou des mtis. D'un autre ct, la grandeur des organes
de la reproduction et leur situation, qui les met en vidence et les rend faciles saisir, devaient naturellement inviter les horticulteurs essayer du croisement pour obtenir de
nouvelles races; aussi ont-ils largement us de ce moyen.
C'est en Angleterre surtout que la fcondation artificielle des
fuchsias a t pratique, et toujours avec succs; cependant
bien des varits hybrides et qui ne sont pas les moins mritantes, ont aussi t obtenues sur le continent. Citer les
le
nomsdeMM.Halley, Dickson, Knight, Epss, Harrison, Story,
Pince, Miller, May, Veitch, Smith, Bank et Standish en Angleterre, de MM. Salter, Dubus, Demouveaux, Narcis, Verschaffelt, Coene, DeJonghe, etc., sur le continent, c'est rappeler en quelques mots les tonnants progrs de cette
branche de la culture et la part qu'y ont prise les plus habiles
jardiniers de notre temps.
Parleur taille peu leve, l'lgance de leur port, la richesse de leur floraison et la vivacit de leur coloris, comme
aussi par leur variabilit, en quelque sorte illimite, les fuchsias sont devenus des plantes de collection de premier ordre.
Leur temprament assez uniforme, quoique non absolument
identique dans toutes les espces, en fait sous nos climats.
septentrionaux des plantes cultiver en pots. Cependant sous
des climats plus doux, l o la temprature moyenne de
l'hiver est de 7 8 degrs centigrades au-dessus de zro, la
plupart des fuchsias, tous peut-tre, pourraient passer dans
la culture de pleine terre. Les espces les plus alpines se contentent mme d'une temprature hivernale moins leve,
ainsi qu'on le voit sur les ctes de la Manche, entre Cherbourg et Brest, o quelques-unes croissent l'air libre dans
les jardins et prennent les plus belles proportions, quoique
la temprature moyenne de l'hiver n'y dpasse pas 6 centigrades, et que le thermomtre y descende assez souvent
4 ou 5 au-dessous de zro. Enfin, Paris mme, et plus au
nord encore, bien des fuchsias peuvent tre livrs la pleine
terre moyennant des couvertures de paille, ou de feuilles
sches en hiver. Leurs tiges, il est vrai, y sont dtruites par le
froid, mais leurs souches enfouies sous terre y chappent,
et au retour du printemps elles repoussent de nouvelles
tiges, qui fleurissent encore d'une manire satisfaisante du
milieu de l't aux premires geles.
Espces et varits de fuchsias.
Plus de soixante espces de fuchsias ont t dcrites par les
botanistes, mais il n'yen a gure que la moiti, les deux
tiers peut-tre qui aienl t introduites vivantes en Europe.
Sans fatiguer le lecteur du dtail de leur description, nous
lui donnerons une ide gnrale de l'ensemble du groupe
par le tableau suivant, emprunL Decandolle, mais un
peu modifi pour le rendre plus simple et plus facile saisir.
Pour nous, les fuchsias se divisent en trois sections, sa-
voir
caractriss par leurs feuilles alLes no-zlandais
ternes, ce qui les fait distinguer du premier coup d'il de
leurs congnres amricains.Cette section ne renferme jusqu'ici que deux espces, le F. excorticata, arbrisseau de 2
3 mtres, fleurs pourpre violet, et le F. procumbens, sousarbuste sarmenteux et demi-grimpant, dont le calyce est de
couleur pourpre et la corolle jaune orang. Ces deux es1
Fig. 197.
Fuchsia globosa.
pces se rencontrent rarement dans les collections d'amateurs.
20 Les amricains brviflores, chez lesquels la partie tubuleuse du calyce est moins longue ou peu prs de mme
longueur que ses lobes. On peut les subdiviser en deux sections secondaires, les brachystmones, dont les taminessont
incluses ou peine plus longues que la corolle, et les macroslmones, o elles sont exsertes, c'est--dire notablement
plus longues que la corolle. A la premire appartiennent
les Fuchsia lycioides, microphylla, parviflora, thymifolia,
cylindracea, bacillaris et acinifolia la seconde les Fuchsia
coccinea, globosa (fig. 197), macropetala, arborescens, paniculata, ayavacensis, conica, decussata, gracilis, nigricans,
radicans, quinduensis, triphylla, et quelques autres moins
habituellement cultivs.
3 Les amricains longiflores, dont le tube du calyce est
deux ou trois fois plus long que les lobes ou spales, et les tamines exsertes. Chez quelques-uns la corolle esttrs-rduite,
et peut mme faire entirement dfaut. On range dans cette
section les Fuchsia simlJlicicaulis, fulgens (fig.
198), macrantha, minia-
ta,petiolaris,
corymbi-
flora, apetala, serratifolia, venusta, splendens,
cordifojia et spectabilis.
Quelques-unes de ces
espces mritent une
mention particulire.
Tandis que chez la plupart des fuchsias les
fleurs sont pendantes,
trois espces de la section des brviflores les
ont en panicules terminales dresses
ce sont
les F. macropetala, paniculata et arborescens,
Fig. 198. Fuchsia fulgens.
dont les inflorescences rappellent celles de nos lilas. La seconde de ces deux espces, cause de ce caractre trs-particulier, avait donn lieu la cration d'un genre nouveau, le
Schufia, qui n'a point t adopt; on la trouve assez communment dans les jardins, sous. le nom de F. syringflora.
Dans la mme section, on peut encore citer le F. radicans,
espce brsilienne sarmenteuse et grimpante, pouvant s'lever
5 ou 6 mtres en s'entrelaant aux arbres. Cette espce,
introduite vers la fin du sicle dernier, a presque totalement
disparu de la culture.
Dans la section des longiflores, beaucoup plus homogne
que la prcdente, nous remarquerons les F. macrantha et
apetala, deux belles plantes des Andes du Prou et de la Colombie, chez lesquelles la corolle a compltement disparu le
F. simplicicaulis, dont les tiges, hautes d'un mtre et presque
dpourvues de rameaux, s'inclinent gracieusement sous le
poids de la brillante inflorescence qui les termine le F. spectabilis, moins lev encore, et que recommandent particulirement ses grandes fleurs, largement ouvertes, du plus
beau rouge cramoisi; enfin le F. venusta, de la NouvelleGrenade, dont les ptales varient du rouge coccin l'o-'
rang, ce qui laisse entrevoir la possibilit d'en obtenir des
races fleurs franchement jaunes.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, les varits de
fuchsias issues da la culture sont si nombreuses qu'il n'est pas
possible de les citerstoutes ici. Nous pouvons ajouter que
la rapidit avec laquelle elles se succdent et se remplacent
les unes les autres rendrait cette liste presque inutile. Cependant, pour ceux qui voudraient en prendre une connaissance plus tendue, nous indiquerons, outre les publications
priodiques horticoles qui enregistrent, au fur et mesure
qu'ils se produisent, les gains des horticulteurs, la Monographie du Fuchsia (1), de M. le prsident Porcher. C'est
le trait le plus complet qui existe sur la matire.
sa
des
Le Fuchsia; sonhistoireet
culture, suivies d'une monographie
especes et des varits, par M. Flix Porcher, prsident de la socit d'horticulture
d'Orlans;1857.
(1)
Les variations dans les fuchsias ont port sur le coloris
et sur la forme des fleurs. Les tons se sont affaiblis ou renforcs; dans quelques varits ils sont descendus jusqu'au
blanc pur, dans d'autres ils se sont rapprochs, sans se
fondre, sous forme de panachures, ou encore se sont rpartis
trs-diversement entre le calyce et la corolle, le premier
tant presque ou tout fait blanc, la seconde revtant les
teintes les plus vives du rose, du cramoisi ou du violet
bleutre. La forme a t encore plus altre. Par suite de croisements entre les espces, surtout entre les brviflores et
les longiflores, ont apparu une multitude de formes intermdiaires
que les deux sections peuvent revendiquer avec un
gal droit; enfin, on a vu se produire ici l'effet ordinaire
d'une culture riche et soigne, la duplicature et la plnitude
des fleurs par multiplication des ptales. Il existe des varits de fuchsias chez lesquelles ce dernier phnomne est
aussi complet que chez les roses les plus pleines.
Les conditions de beaut dans les fuchsias sont ncessairement un peu arbitraires, et varient avec les gots; cependant on s'accorde assez gnralement sur les suivantes
un port rgulier, rappelant les formes d'un arbuste ou d'un
buisson tte arrondie, et qu'au besoin on fait prendre aux
plantes par une taille raisonne, l'emploi de tuteurs et autres
moyens artificiels; une abondante floraison; des fleurs un
peu grandes, largement ouvertes, spales redresss ou rvoluts. La corolle doit tre bien dveloppe et, s'il se peut,
trancher sur le calyce par un coloris plus vif ou plus fonc.
On fait cependant exception cette dernire rgle pour les
varits toutes blanches, qui, il est vrai, sont assez rares.
A part quelques varits dont l'origine est peu prs connue, il est trs-difficile pour le plus grand nombre de les
rattacher aux espces naturelles; c'est d'ailleurs ce qui arrivera toujours dans les genres dont les espces nombreuses
seront capables de se fconder rciproquement, moins que
les horticulteurs n'enregistrent avec un soin scrupuleux
toutes leurs oprations, ce qu'il n'est pas probable qu'ils
fassent jamais. Ce qui accrot notablement la confusion c'est
qu'ici les hybrides sont gnralement fertiles, soit par euxmmes, soit par le pollen des autres espces, et que dans
les deux cas leurs descendants n'ont ni uniformit dans le
facis ni stabilit. Il en rsulte que les prtendues varits
de fuchsias ne sont rien autre chose que des variations indiqui ne se conservent fidlement que par le boutuviduelles
rage. Leur dure est d'ailleurs si phmre, et il s'en produit
tous les ans un si grand nombre de nouvelles, qu'il n'y aurait
aucun intrt citer nominativement celles qui existent aujourd'hui
et dont on trouvera la liste dans les catalogues des
horticulteurs de profession. En consquence nous nous bornerons indiquer les principaux genres de variations, qu'on
peut rduire avec une suffisante exactitude aux quatre groupes
suivante
fuchsias tube calycinal rose, rouge ou carmin, et
corolle simple, de mme teinte ou de teinte plus fonce et
tirant plus ou moins sur le violet bleutre.
2. Les fuchsias tube calycinal rouge ou carmin et corolle simple,blanche ou un peu rose, quelquefois strie de
carmin.
3. Les fuchsias tube calycinal blanc, jaune ple ou lgrement ros corolle simple rose, rouge pourpre ou violace.
4 Enfin, les fuchsias fleurs doubles ou pleines, dans toutes
les combinaisons de coloris indiques ci-dessus. Une des varits les plus rcentes de ce groupe, le fuchsia Solfrino,
calyce carmin vif et corolle violet bleutre, extrmement
pleine, est considre comme la plus belle de toutes les
doubles.
1. Les
tt Culture et multiplication des fuchsias.
culture des fuchsias, quoiqu'elle n'offre pas de difficults srieuses, n'est pas pratique partout ni par tout le
monde avec le mme succs. Les amateurs et les horticulteurs se partagent son sujet en deux camps opposs, c'est-dire entre deux mthodes qui sont contradictoires l'une de
La
l'autre sur beaucoup de points, et dont on exprimerait la
principale diffrence en disant que l'une, la plus ancienne et
encore la plus gnralement suivie, repose sur le systme
des empotages successifs, et l'autre sur celui de l'empotage
unique. Tous cependant sont unanimes reconnatre que les
fuchsias aiment beaucoup l'eau, qu'ils veulent des arrosages
frquents et qu'ils se plaisent dans une atmosphre humide.
Ils ne diffrent pas non plus sensiblement sur la nature de
la terre dans laquelle ces vgtaux doivent tre cultivs.
Cette terre est un compost qui varie suivant les lieux et
les habitudes, mais dans lequel entrent presque toujours la
terre franche et le sable siliceux ou la terre de bruyre, et
qu'on additionne de terreau de feuilles et d'un engrais un peu
riche, comme la poudrette, le guano ou le terreau de couches
bien dcompos. Les proportions de ces divers ingrdients
n'ont rien d'absolu; cependant il convient que la terre
franche et le sable siliceux figurent dans le compost chacun
au moins pour un quart, le reste tant complt par le terfeuilles
de
et l'engrais adopt. Toutes ces matires, parreau
faitement mlanges, doivent avoir t prpares quelques
mois d'avance et remues de temps autre afin de hter la
dcomposition des substances organiques qu'elles contiennent, et de favoriser la formation des nitrates. Ce qu'on
cherche obtenir par cette prparation est, comme on le
voit sans peine, une terre la fois trs-substantielle et trspermable l'eau. On ravive la fertilit de la terre en employant les engrais liquides pour les arrosages.
04
Dans l'ancienne mthode les empotages des fuchsias se
font un peu avant la fin de l'hiver, en fvrier ou mars sous
le climat de Paris. Les plantes ayant t retires des pots, on
fait tomber la vieille terre adhrente aux racines, de manire
rduire la motte au tiers ou la moiti de son volume primitif;
l'enlever
si
le
juge
mme,
peut
propos,
en totalit, mais
on
on
il faut avoir soin de ne pas briser les racines, qu'on se borne
raccourcir en tranchant net, avec une lame affile, celles
qui pourraient gner dans le nouvel empotage. Les pots, qui,
suivant la taille des plantes, varient de 30 40 centimtres
d'ouverture, sont drains avec des tessons sur une paisseur
de 3 4 centimtres. On pelit perfectionner ce drainage en
recouvrant les tessons d'un lit de mousse de quelques millimtres d'paisseur, pour empcher la terre de pntrer dans
ses vides et de l'obstruer. Ceci fait, on remplit le pot avec la
terre du compost et on y plante l'arbuste suivant les rgles
que nous avons traces plus haut. On donne ensuite un bon
arrosage pour tasser la terre autour des racines, et on remet
la plante la place qu'elle occupait dans la serre, o elle
reste jusqu' ce que la temprature extrieure permette de la
porter dehors.
A Paris c'est dans la premire quinzaine de mai que les
fuchsias sont retirs des serres et des orangeries pour passer
l'air libre. Il est avantageux que cette opration se fasse par
un temps couvert et tide. On les met une exposition mridionale, o ils puissent recevoir les rayons du soleil, qui
raffermissent leurs tissus, toujours un peu aqueux et tiols
par suite du long sjour qu'ils ont fait dans la serre. Lorsque les boutons de fleurs commencent se montrer et les
chaleurs se faire sentir, on les porte dans un endroit moins
clair, soit auprs d'un mur qui les abrite contre le soleil
de midi, soit sous des arbres ou des arbustes un peu hauts.
Suivant le temps, on les arrose une ou deux fois par jour.
Si on prfre, comme quelques-uns le font, les laisser fleurir
dans la serre, cette dernire sera largement ouverte de jour
et de nuit afin que l'air y circule librement; on se trouvera
bien alors d'arroser frquemment le parquet, surtout pendant les chaleurs de l't, pour entretenir l'air dans une certaine moiteur.
Le pincement est une opration, frquemment employe
dans la culture des fuchsias. Il a pour but d'obliger les plantes
se ramifier et prendre la forme qu'on veut leur donner.
Le premier pincement se fait quelque temps aprs l'empotage d'hiver dont il a t parl ci-dessus. Lorsque les nouvelles pousses ont de quatre six feuilles, on retranche avec
l'ongle du pouce leur bourgeon terminal. Les rameaux qui
se dveloppent aux aisselles de leurs feuilles, la suite de
l'opration, sont soumis au mme traitement un mois aprs.
Quelquefois un troisime pincement peut devenir utile lorsqu'on a affaire des plantes trs-vigoureuses; il ne faudrait
pas cependant abuser de ce moyen, car s'il a l'avantage de
multiplier les branches florifres, il a aussi pour effet de retarder la floraison. C'est au cultivateur entendu juger du
point o il conviendra de s'arrter.
Les fuchsias en pots sont rentrs dans la serre la fin du
mois d'octobre, un peu plus tt ou un peu plus tard suivant
les lieux et les annes, dans tous les cas avant les premires
geles. A partir de ce moment on diminue les arrosages en
proportion du ralentissement de la vgtation bientt mme
on ne donne plus que la quantit d'eau strictement ncessaire pour conserver la terre une lgre humidit. On profite dela saison de repos pour tailler les arbustes, dont les
branches sont rabattues quelques centimtres de la tige,
en ayant soin de leur conserver la forme sous laquelle on les
a dirigs. On supprime les branches mal places ou insuffisamment aotes
on peut mme amputer la tige plus ou
moins bas si l'on veut modifier la forme de l'arbuste; enfin,
si ce dernier paraissait languissant, on pourrait le rajeunir
en le recpant au niveau du sol. Ce moyen, aid par le changement complet de la terre du pot, qu'on remplace par de la
terre neuve et bien engraisse, a souvent suffi pour transformer des plantes faibles en arbustes pleins de vigueur.
Cette mthode, qui convient la gnralit des fuchsias,
doit tre lgrement modifie pour le F. serratifolia, qui est
assez souvent rebelle la floraison. Suivant les meilleurs
praticiens de l'Angleterre, on doit le tenir dans une terre
moins substantielle que celle qu'on emploie pour les autres
espces. Les boutures, ordinairement faites au commencement d'avril, sont plantes, aprs leur enracinement, dans
des pots de 6 centimtres remplis de l'un des composts dont
il a t question ci-dessus. Tenues quelque temps sous le
vitrage d'un coffre, on les habitue graduellement endurer
le contact de l'air libre, et dans le courant de l't on leur
fait subir deux rempotages successifs dans des pots de 10,
puis de 15 centimtres, o ils restent tout l'hiver suivant.
Vers le milieu de mai on les retire de la serre et aprs les
avoir taills on les plante soit en pleine terre sableuse, soit
dans des pots de 30 centimtres au plus, dont la terre contient pour moiti au moins de sable siliceux et laquelle
on n'ajoute que trs-peu d'engrais. Dans un sol trop riche,
surtout en pleine terre ce fuchsia prendrait un grand dveloppement et souvent ne produirait pas une seule fleur. Il
n'en faut pas infrer cependant qu'il diffre entirement sous
ce rapport de ses congnres; devenu trs-grand et tout
fait adulte, il fleurirait trs-abondamment, mais sous nos
climats la belle saison n'est pas assez longue pour qu'on
puisse obtenir ce rsultat avant les froids; de l la ncessit
de le rabougrir dans une certaine mesure, et de le faire arriver en quelque sorte k l'ge adulte avant le temps. Rentr
en serre sur la fin de l'automne, et trait comme nous avons
dit, il recommence fleurir-l'anne suivante, et peut durer
ainsi plusieurs annes.
La multiplication des fuchsias s'effectue par deux moyens,
tous deux trs-pratiqus, le bouturage et le semis des graines.
Le bouturage peut se faire en toute saison, mais l'poque
laquelle on donne la prfrence est la fin de l'hiver, lorsque
les plantes, excites par la chaleur artificielle d'une serre
ou par celle du soleil, ont dj dvelopp des pousses de 10
15 centimtres; On choisit parmi ces dernires les plus
vigoureuses, et aprs les avoir dtaches au niveau de leur
insertion sur la tige ou sur une matresse branche, on les
plante une une dans des godets de 3 4 centimtres d'ouverture, remplis de terre de bruyre pure ou de sable siliceux, et on les recouvre d'une cloche aprs les avoir arroses
convenablement. La temprature de 18 20 degrs est la
plus favorable leur reprise, et dfaut de serre tempre
pour la leur procurer on aura recours une couche chaude
couverte d'un chssis. Dans le cas o ces deux moyens manqueraient, on aurait encore la ressource de bouturer en pleine
terre ou dans des pots, sans chaleur artificielle, aux mois
de juin et de juillet. Couvertes d'une cloche et convenable-
ment arroses, les boutures faites dans ces conditions reprendraient tout aussi bien que celles qui se font dans une
autre saison par des moyens plus compliqus.
Ds que les boutures sont enracines, ce qu'on reconnat
aux progrs que fait leur vgtation, et encore plus srement
en retirant du vase la petite motte de terre o elles sont plantes, on les empote dans des godets plus grands, soit de 5
6 centimtres d'ouverture, et on commence les habituer
peu peu au contact de l'air et de la lumire, en soulevant
les cloches ou les panneaux des chssis. Quinze jours ou
trois semaines plus tard on procde un nouvel empotage,
avec cette prcaution de mler la terre de bruyre un
quart ou un tiers de terre franche, dj additionne d'un
peu d'engrais. Bientt aprs on fait un quatrime rempotage dans des pots plus grands et dans une terre plus substantielle
enfin, ds que les plantes paraissent assez vigoureuses, on les met dans les grands pots o elles doivent achever leur existence, et dont le diamtre varie, suivant la taille
laquelle elles doivent atteindre, de 30 40 centimtres
d'ouverture. Les grandes et fortes espces pourraient mme
occuper avec avantage des pots plus grands.
Dans le nouveau systme de culture on supprime un ou
deux des empotages successifs dont il vient d'tre question.
A la rigueur tous pourraient tre supprims, et les boutures,
au sortir des godets o elles se sont enracines, pourraient
tre mises sans inconvnient dans des pots dfinitifs, la
condition que ceux-ci fussent parfaitement drains. Si on en
agit autrement, c'est tout la fois pour conomiser l'espace,
toujours mesur dans une serre multiplication, et viter
l'embarras d'avoir manier un grand nombre de pots trop
grands et trop pesants mais sous des climats plus doux que
celui du nord de la France, et o les jeunes fuchsias pourraient passer de trs-bonne heure l'air libre, il y aurait un
avantage incontestable les planter ds l'abord dans les
grands pots ou les mettre en pleine terre, sauf, si les circonstances l'exigeaient, les abriter momentanment contre
la fracheur des nuits.
Dans l'ancienne mthode on recommande d'ombrer les
fuchsias tenus en serre ou sous chssis, et plus tard de les
mettre mi-ombre, lorsqu'on les retire de serre; dans
nouvelle, au contraire, on se dispense d'ombrer, et on habitue de trs-bonne heure les plantes braver les rayons du
soleil. Cette mthode, combine avec l'emploi de trs-grands
pots, de composts substantiels, de bassinages et d'arrosages
frquents, et enfin d'engrais liquides doses croissantes, a
donn, entre les mains d'habiles jardiniers, des rsultats extraordinaires, bien suprieurs ceux de l'ancienne mthode;
mais, par compensation, elle exige une attention plus soutenue
et un tact cultural dont tout le monde n'est pas dou.
En somme, cependant, il est certain que les fuchsias prendraient un plus beau dveloppement si on mnageait moins
l'espace leurs racines, et si on faisait plus communment
usage des engrais liquides.
Aprs les dtails dans lesquels nous sommes entrs au sujet des boutures, il nous restera peu de chose dire de la
multiplication par semis. Les graines des fuchsias rcoltes
leur maturit, et dbarrasses par le lavage de la pulpe qui
les enveloppait, sont semes la fin de l'hiver, en terrines
remplies de terre de bruyre fine et tamise. Ces terrines sont
soumises aux mmes conditions de chaleur que les boutures,
soit dans une serre multiplication, soit sur une couche
chaude. Sans l'aide de la chaleur artificielle les graines des
fuchsias germeraient une poque un peu plus avance de l'anne, et quelques praticiens assurent que les plantes ainsi obtenues sont plus fortes et fleurissent mieux que celles qui
proviennent de semis hts par le chauffage artificiel. Lorsque
le jeune plant a trois quatre feuilles on le repique un un dans des godets de 3 4 centimtres, puis dans des pots
plus grands; en un mot, on en agit avec lui absolument comme
avec les boutures. Il n'est pas rare de le voir fleurir dans
l'anne mme, surtout lorsqu'il a t lev dans des pots de
moyennes dimensions, qui en modrent le dveloppement.
Malgr la facilit qu'il y a multiplier les fuchsias par la
voie du semis, ce moyen n'est gure employ qu' la suite
la
la
des croisements entre de belles varits, et cela parce que
les sujets qu'on en obtient, lorsqu'elles se fcondent ellesmmes, sont rarement aussi beaux qu'elles. Le croisement
artificiel entre varits distinctes parat donner de meilleurs
rsultats, et comme on croit avoir remarqu que c'est le sujet
porte-graines qui influe ici le plus sur le port et la taille des
hybrides ou des mtis, on recommande de le choisir parmi
les varits qui se distinguent le plus sous ce rapport. L'opration du croisement est en elle-mme des plus simples,
mais il est essentiel de castrer les fleurs sur lesquelles on veut
la faire avant la dhiscence des tamines, faute de quoi le
stigmale pourrait avoir dj reu du pollen de sa propre
fleur lorsqu'on y dposerait, le pollen tranger, ce qui empcherait l'effet qu'on en attend. Les varits cultives, et qui
sont pour la plupart dj issues de fcondations croises, ont
entre elles de si grandes analogies qu'il est rare que la fcondation artificielle bien faite ne russisse pas.
La greffe en fente, en approche ou en placage, serait un
troisime moyen de multiplication pour les fuchsias si on
voulait l'employer, et on y a eu effectivement recours quelquefois dans les premires annes de la culture de ces arbustes. Aujourd'hui elle est compltement tombe en dsutude, par cette bonne raison que le bouturage- et le semis
sont infiniment plus simples et plus assurs dans leurs rsultats. On n'en conoit gure l'utilit autrement que pour runir plusieurs varits sur un mme pied, ou pour placer une
varit rameaux retombants sur la tige dresse et ferme
d'une espce sous-arborescente; mais ce sont l de simples
caprices d'amateurs, qui ont peu de chance de passer dans
la pratique gnrale.
Les fuchsias peuvent prosprer en pleine terre dans le
sud-ouest de la France moyennant quelques abris il en serait probablement de mme dans la rgion mditerranenne
si on pouvait leur donner les arrosages dans la mesure ncessite par le climat. Soit cause de la difficult qu'il y
aurait le faire, soit pour d'autres raisons, les fuchsias y sont
peu cultivs, et les rares chantillons qu'on y lve dans des
pots sont rarement comparables, pour la taille et la beaut,
ceux qui figurent aux expositions d'horticulture de Paris et
des autres villes de la rgion du nord.
40 Calcolaires. Ayant dj parl des espces de ce genre
dans le chapitre consacr la plantation du parterre, nous
n'avons nous occuper ici que de celles qui sont considres
comme plantes de collection cultiver en pots. On leur attribue, ainsi que nous l'avons dit, une origine hybride, laquelle auraient surtout concouru les Calceolaria corymbosa
et crenatiflora. Dans l'incertitude o l'on est cet gard on
se borne dsigner sous le nom de Calcolaires hybrides
(C. hybrida, selon d'autres C. Youngii) (fig. 199), le nombre
illimit et toujours croissant de varits de calcolaires de collection.
Toutes sont herbaces
et semblables de port et de
feuillage, mais elles diffrent assez notablement par
la taille, qui chez quelques-unes s'lve 50 centimtres ou mme plus, et
chez quelques autres en
dpasse peine 25. Ces
dernires, dont la cration
est toute rcente, se distinguent en mme temps
par la rgularit de leurs
formes et la grandeur de
leurs fleurs vivement et
trs-diversement colores.
On les dsigne sous le-nom
d'hybrides naines, et ce
sont elles prcisment qui
conviennent le mieux la
Fig. 199. Calcolaire hybride.
culture en pots.
Les semis et la premire ducation du plant rserv ce
mode de culture se font comme pour celui qu'on destine la
pleine terre. Aprs un ou deux repiquages on le met dans
les pots dfinitifs o il doit fleurir, et qui, suivant la force
prsume des plantes, ont de 16 20 centimtres d'ouverture. La terre employe est un mlange par parties gales de
sable siliceux ou de terre de bruyre et de terre franche,
et les pots doivent tre parfaitement drains pour que l'eau
des arrosages, qu'il faudra donner avec une certaine libra-:
lit, ne sjourne jamais sur les racines. Les plantes seront
tenues mi-ombre si on veut les sortir de la serre, mais
souvent on les y laisse fleurir, moins'qu'on ne veuille les
porter dans les appartements ou sur les fentres et les balcons. Dans les deux cas il faut les abriter contre les rayons
du soleil, pour leur conserver leur fracheur et en faire durer
la floraison.
Les calcolaires frutescentes ou tiges vivaces (C. violacea,
C. integrifolia, C. alba, etc.) sont assez souvent aussi cultives
en pots, et, quoique de second ordre elles ont encore une
certaine valeur ornementale. Leur temprament tant trspeu prs celui des fuchsias, nous renverrons le lecteur ce
que nous avons dit plus haut de la culture de ces arbustes.
5Cinraire des Canaries.Nous avons dj dit quelques
mots de cette jolie compose en traitant des plantes de parterre, mais il nous reste la considrer comme plante de
pots et de collection, ce qui est son principal rle dans nos
jardins d'agrment. Sous ce rapport, elle s'lve au niveau
des plus belles calcolaires et n'est surpasse que par les
brillantes varits du plargonium des fleuristes, avec lesquelles elle partage le privilge d'orner les salons les plus
,
aristocratiques.
La cinraire des Canaries, connue aussi sous le nom de
cinraire hybride (Cineraria cruenta, Senecio cruentus)
originaire des les
( fig. 200), est, comme son nom l'indique
Canaries et, ce titre, rustique seulement pendant les mois
d't sous nos climats du nord. Elle estvivace, en ce sens
qu'elle drageonne du collet de sa racine, et que tous les ans
de nouvelles tiges remplacent celles de l'anne prcdente.
Elle-est dresse,
rameuse, haute
en moyenne de
0m,50, souvent
plus basse; ses
feuilles,
proportionnellement
grandes, largementcordiformes
et un peu lobes,
quelque peu teintes de pourpre
en dessous, sont
sans lgance,
mais elle rachte
amplement ce
dfaut parles lar-
gescorymbesombelliformes de
son inflorescence,
dontles capitules,
semblables de
petites marguerites, ont de dix
Fig. 200. Cinraire des Canaries.
quinze rayons
du plus beau pourpre veloot. Par le fait de la culture et des
semis elle a donn naissance de nombreuses varits, les
unes naines, hautes au plus de 30 35 centimtres, les autres
de taille ordinaire, qui se distinguent principalement par le
coloris des rayons, o l'on trouve toutes les nuances du rose,
du carmin, du pourpre, du bleu et du violet. Quelques-unes
de ces varits ont les rayons entirement blancs; d'autres les
ontbicolores ou tricolores, par l'addition du blanc une oudeux
des teintes ci-dessus indiques. Le disque est quelquefois rest jaune, mais il passe ordinairement au bleutre ou au pourpre obscur; on ne signale aucune varit o il ait donn lieu
des fleurs doubles par le dveloppement de ses fleurons en
ligules. Les varits rputes les plus belles sont celles qui
une taille moyenne (0m,35environ) et un port trapu joignent
des corymbes de fleurslarges, rguliers et bien fournis, des
capitules grands ou moyens, des rayons arrondis du bout, ne
laissant pas d'intervalle entre eux, et surtout des coloris vifs,
velouts, et nettement tranchs si les fleurs sont multicolores.
Dans les varits trs-naines les capitules sont ordinairement
moins grands et moins rguliers que dans les autres.
Suivant le mode de culture adopt, les cinraires fleurissent
en hiver, au printemps ou dans le courant de l't. A Paris
la mthode gnralement suivie a pour but d'amener leur floraison dans les derniers mois d'hiver, c'est--dire du milieu
de fvrier la fin de mars, ce qui implique l'emploi de la
chaleur artificielle pour activer leur vgtation, et comme
cette poque de l'anne les intempries atmosphriques ne
permettent pas d'exposer les plantes en plein air, elles sont
exclusivement rserves pour la dcoration des appartements
ou des serres. Celles qui n'ont point t avances par le chauffagartificiel fleurissent, suivant les cas, un ou deux mois plus
tard, et elles peuvent ds lors tre transportes dans le parterre. En bouturant en serre tempre: ou sous un chssis
plac sur une couche, les pousses qui naissent sur les vieux
pieds, on en obtient de nouvelles plantes qui, mises en pleine
terre au mois de mai, donnent une brillante floraison en
juin et juillet. Ces divers procds de culture se modifient
suivant les lieux et le but qu'on se propose, d'autant mieux
que les cinraires sont du nombre des plantes de collection
qui sont le plus influences par la diversit des climats.
On les multiplie de graines et de rejetons. Les graines,
qu'il importe de rcolter sur les varits les plus parfaites de
forme et de coloris, se sment peu aprs leur maturit, ordinairement
juin et juillet, en terrines remplies de terre fine
et sableuse ou simplement de terre de bruyre, et tenues sur
couche tide ou en serre tempre. Sous un ciel un peu plus
chaud que celui de Paris, on peut aussi semer sur planches,
l'air libre, et mieux encore sur la terre plus ou moins ombrage des massifs de rhododendrons. Dans un cas comme
en
dans l'autre, les graines doivent tre peine enterres; un
simple bassinage suffit mme pour les faire adhrer- la terre,
qu'il faut d'ailleurs entretenir dans un tat constant de lgre
humidit. Elles lvent en deux ou trois semaines, et le plant,
lorsqu'il est arriv sa quatrime ou sa cinquime feuille,
est repiqu eri ppinire abrite et un peu ombrage, ou un
un dans des petits pots de 5 6 centimtres d'ouverture,
qu'on peut enfoncer dans le terreau d'une couche.
la saison
devenait froide et pluvieuse, on devrait couvrir les jeunes
plantes d'un chssis vitr toutefois, on ne doit pas perdre de
vue qu'elles deviendront d'autant plus vigoureuses qu'elles
auront pass plus de temps l'air libre avant d'tre rentres
dans leurs quartiers d'hiver.
Vers le milieu de l'automne, plus tt ou plus tard suivant
les climats et les annes, mais toujours avant les premiers
froids, les jeunes cinraires sont mises dans des pots un peu
plus grands que ceux du premier empotage, soigneusement
drains et remplis d'un compost, dont les lments peuvent
varier, mais qui doit contenir, au moins pour moiti, du'terreau de feuilles ou de couches parfaitement dcompos. Quelques jardiniers y ajoutent de la bouse de vache ou du crottin
de cheval, d'autres arrosent avec une lgre solution de guano,
et l'exprience dmontre l'utilit de ces additions.De quelque
manire que l'on procde, les plantes empotes sont rentres
sous les abris avant les froids, et on les place aussi prs que
possible du vitrage, pour viter qu'elles ne s'tiolent et s'affaiblissent. Une temprature diurne de 45 centigrades est
suffisante pour entretenir leur vgtation, qu'il ne faut pas
d'ailleurs trop exciter. On donne des arrosages d'abord trsmodrs
puis plus copieux suivant le besoin, et on rempote
une ou deux fois les plantes dans le courant de l'hiver et dans
une terrede plus en plus substantielle. Les pots du dernier
empolage doivent avoir de 18 24 centimtres d'ouverture;
c'est dans ces pots qu'elles atteignent toute leur taille et
qu'elles fleurissent, ainsi que nous l'avons dit plus haut, dans
les derniers jours de l'hiver.
La multiplication des cinraires se fait aussi par les rejets
Si
ou drageons qu'elles poussent de leur pied, et ce moyen est
le seulqui conserve srement les belles varits. Aprs la dfloraison, en diminue les arrosages et on laisse aux plantes
quelques jours de repos, ce qui est ncessaire pour en obtenir des drageons vigoureux. Lorsque tout danger de gele est
pass, soit vers le 15 mai sous le climat de Paris, on les porte
en plein air, dans un lieu un peu ombrag, et on enterre leurs
pots jusque prs du bord pour y conserver une certaine humidit. Dans ces conditions
les rejets ne tardent pas se
montrer sur le collet des racines; on aide leur dveloppement par des arrosages donns propos, et dont la dose varie
suivant le caractre de la saison. En aot ou septembre ils
sont en tat d'tre plants part; on les enlve avec leurs racines
s'ils en ont, ou avec un talon suffisant pour assurer leur
reprise, et on les met un un dans des pots, qu'on couvre
d'un chssis ou d'une cloche jusqu' ce qu'ils s'y soient enracins. On les dcouvre alors graduellement pour les habituer
au contact de l'air, et ds que le temps se refroidit on les
remet sous leurs abris vitrs, leur donnant d'ailleurs les mmes
soins qu'aux plantes provenucs de semis.
Au total, la culture des cinraires n'offre pas de difficult
srieuse. Ce qu'elles craignent le plus, c'est l'humidit surabondante autour de leurs racines ce qu'il est facile d'viter
par un bon drainage des pots. Elles ont toutefois un ennemi
redoutable dans les pucerons, qui, si l'on n'y veille attentivement, finissent par les couvrir dela base au sommet, et quelquefois mme attaquent leurs racines et ne tardent pas les
faire prir. Si les plantes sont sous verre on peut les en dbarrasser par des fumigations de tabac si elles taient en
pleine terre, et dj fortement attaques lorsqu'on s'aperoit
du mal, le mieux serait de les sacrifier et de les enlever du
jardin, pour empcher les parasites de se rpandre sur les
autres plantes.
G0 Reines-marguerites
chrysanthmes. Rappelons ici, seulementpour mmoire, que ces belles plantes de collection, dont nous avons parl dans un chapitre prcdent, sont
des plantes de pots et d'appartement de premier ordre. Nous
et
ne rpterons pas ce que nous avons dit de la manire de les
cultiver en pots, mais nous ferons remarquer que, de toutes
les varits que la culture en a fait sortir, celles qui sont naines ou de taille moyenne doivent tre seules rserves pour
cet usage. Les races trs-leves sont celles qui y conviennent
le moins, parce que les tuteurs dont on est oblig de se servir
pour soutenir leurs tiges font toujours un mauvais effet ct
de plantes destines orner les appartements. Nous avons
peine besoin d'ajouter qu'on ne doit y employer que des varits d'lite celles qui se recommandent la fois par la
grandeur, la plnitude la rgularit et la vivacit du coloris
de leurs fleurs.
Quoique moins beau que le chrysanthme de la Chine le
chrysanthme de l'Inde (fig. 201) doit cependant lui tre prfr pour la culture en pots,
et cela par la raison que
nous venons d'indiquer. On
doit s'attacher d'ailleurs
lui faire prendre un port
ramass, ce quoi on arrive par des pincements rpts et faits propos. Ces
pincements en retardent
sans doute la floraison,
mais en la rendant plus
abondante, et le retard
mme est ici un avantage,
puisque les plantes doivent
rester abrites et que leur
floraison aura d'autant plus
d'agrment pour l'amateur
que la saison froide aura
rendu plus rare celle des
plantes laisses en plein
air dans le jardin. C'est
Fig. 201. Chrysanthme de l'Inde.
surtout dans les pays du
- plantes d'apparnord que les chrysanthmes deviennent des
tements, et sous ce rapport leur culture n'est nulle part aussi
bien entendue qu'en Angleterre.
Toutes lesloblies peuvent tre ran7 LebH(Lobelia
ges dans la catgorie des plantes cultiver en pots, mais
celles qu'on rserve plus particulirement pour cet usage sont
lesgrandes espces connues sous le nom de cardinales rouges
(L. cartlinalis; fulgens, splendens, etc.) et de cardinale bleue
(L.syphilitica), qui, ainsi que nous l'avons vu, sont assez souvent cultives en pleine terre sous le climat de Paris, et plus
loin encore vers le nord. Ces plantes tant vivaces et originaires
depayschauds ou temprs-chauds, leur premire ducation se
fait dans des pots abrits sous des chssis ou dans la serre tempre, mais toujours prs du vitrage et dans un endroit bien
clair. Pour l'empotage dfinitif on se sert de pots de 20 25
centimtres, drains et remplis d'un compost de terre argileuse et de sable siliceux par parties gales, auquel on ajoute
un tiers de terreau de feuilles ou de couche dcompos. Les
plantes sont livres au plein air ds que les geles ne sont
plus ceindre. Comme la plupart de celles qui nous viennent d'Amrique, les loblies aiment les frquents arrosages,
l'air humide et la demi-ombre. On les porte sur les fentres
des appartements ou sur les terrasses au moment o elles
commencent fleurir. Toutes ces espces se multiplient aisment de graines et de boutures, mais les rejets qui se produisent sur la souche des vieux pieds sont prfrs, par
quelques horticulteurs, comme donnant des plantes de reprise plus facile et ordinairement plus fortes et plus belles
que celles qu'on obtient des boutures ordinaires.
8 Sauges (Salvia). On doit encore considrer comme tant
minemment des plantes de pots les belles sauges exotiques
fleurs ronges ou bleues (S. coccinea, splendens, patens, etc.),
qu'on cultive Paris en serre chaude ou tempre, et qui
peuvent cependant passer quelques mois d't et d'automne
en plein air sous ce climat. Toutes sont vivaces, et peuvent
durer plusieurs annes moyennant les changements de terre
ncessaires au printemps. Nous rptons, ici la recommandation que nous ne cessons de faire quand il s'agit de la culture
).
en pots, celle d'un drainage parfait et de l'emploi d'une terre
tout la fois substantielle et trs-permable l'eau. Sauf le
degr diffrent de rusticit, les sauges amricaines ont les
mmes exigences que les fuchsias, aussi russissent-elles
mieux et plus facilement l'air libre dans les dpartements
maritimes de l'ouest qu' Paris. On les multiplie de graines
semes sur couche chaude au printemps, lorsqu'elles en produisent, ou plus simplement de boutures faites sous cloche
et dans les mmes conditions. Le plant enracin est successivement empot dans des vases de plus en plus grands, mais,
au moyen d'un bon drainage, on pourrait appliquer ces
plantes le systme de l'empotage unique, tel que le pratiquent
quelques cultivateurs de fuchsias.
9 Plargoniums (Pelargonium). Quoique nous ayons assign la culture de pleine terre quelques espces de ce
genre, on peut dire
que sous nos climats temprs tous
plargoniums
les
sont des plantes de
pots, et cela principalement parla ncessit o nous sommes de les abriter du
froid en hiver. Nous
savons dj que les
espces en sont trsnombreuses; nous
pouvons ajouter que
presque toutes mriteraient d'tre cultives en qualit de
plantes d'agrment
ou tout au moins de
curiosit, les unes
pour la beaut de
leurs fleurs. les auFig. 202. Plargonium zone.
tres pour l'agrment du port ou l'originalit de leurs formes,
quelques-unes pour le parfum qu'elles exhalent de leurs
feuilles. Plusieurs sont de charmants arbustes, qu'on aime
conserver dans les appartements ou lever sur les fentres,
ce quoi les rendent propres le peu d'exigence de leur culture et leur demi-rusticit. A ce point de vue ce sont les dignes pendants du myrte, de l'oranger, du laurier-rose et de
quelques autres arbrisseaux dont nous aurons nous occuper
dans un des chapitres du volume suivant."
Parmi les
sept ou huit
cents espces
qui composent le genre, trois seulement sont
devenues des
plantes
de
collection, le
plargonium
zon
P.zo-
nale)(fig.202),
le
plargo-
nium carlate
(P.inquinans)
(fig. 203), et
le
plargonium des fleuristes
largonium
grandes fleurs
P. grandi,
florum)
dont
,
nous avons
donn
une
courte description dans
-Plargoniumcarlale.
Fig.203.
oup-
un chapitre prcdent (page 434). Les deux premiers ont comparativement peu vari; le troisime au contraire, soit par
croisement avec des espces voisines, soit par le seul fait de
la culture, a donn naissance un nombre prodigieux de varits
distingues surtout par la grandeur, la forme et le coloris des fleurs. Cette espce, dj naturellement belle, a t
si perfectionne, depuis le commencement de ce sicle,
qu'elle se place au niveau des plantes de collection de premier
ordre, les roses, les rosages et les azales; aussi nos expositions floriculturales de printemps et d't leurs doivent-elles
une grande partie de leur clat. Ces belles varits sont en
mme temps, pour le commerce horticole, une source importante de revenus; peu de plantes fleuries sont en effet plus
dignes d'entrer dans la dcoration des appartements et des
salons.
Les conditions exiges d'un plargonium pour figurer
dans les collections sont un port rgulier et buissonnant;
des ombelles de fleurs larges, bien fournies et courtement
pdoncules; des fleurs grandes, autant que possible de
forme arrondie, avec des couleurs vives et nettement tranches; enfin, on veut encore qu'il soit remontant et que ses
ptales ne soient pas caducs, toutes conditions que remplissent plus ou moins bien les varits de choix. Depuis une
quinzaine d'annes on a admis, comme un autre genre de
perfectionnement, les plargoniums nains, qui peuvent se
passer de tuteurs, etlesplargoniums cinq macules, dont
chaque ptale porte au centre une tache autrement colore
ou plus fonce en couleur que le contour. La premire de
ces deux catgories est ordinairement dsigne sous le nom
deplargoniums de fantaisie, parce qu'ils n'ont d'autre caractre commun que leur port ramass et qu'ils prsentent
dans leurs fleurs toutes les combinaisons possibles de coloris.
C'est en Angleterre, bien plus que sur le continent, qu'on
s'est appliqu multiplier par les croisements et le semis
les varits du plargonium des fleuristes, et c'est l aussi
qu'ont t obtenues les plus recommandables. Une d'entre
elles, dj ancienne et baptise du nom de Diadematum, est
devenue la souche de toute une srie de varits nouvelles,
qui se distinguent par l'amplitude des corolles, largement
ouvertes, et par leur forme arrondie. On peut citer dans le
nombre les plargoniums Virginia, Optimum,Regina formosa,
Conflagration, Forget me not, Royal Albert, Lablache, Belle
of the ball, Ambassador, Royalty, Magnet, Batrice, Mdaille
d'or, Auguste Miellez, Odier, Nec plus ultra, Romulus, etc., qui
toutes rappellent plus ou moins le Diadematum par la grandeur et la forme des fleurs, et jusqu' un oertain point aussi
par le coloris, les deux ptales suprieurs y tant largement
maculs de pourpre noir, et les trois infrieurs portant chacun, sur fond rose ou carmin, une macule blanche leur base,
quelquefois de simples panachures pourpres sur fond blanc
ou ros. Toutes ces varits sont les plargoniums anglais par
excellence, bien que quelques-unes aient t obtenues sur le
continent. Dans la section des plargoniums dits de fantaisie,
dont la liste serait trop longue donner, il existe quelques
varits fleurs panaches, entre autres les plargoniums Roseum striatum, Mazeppa superbe et Avenir. Enfin, on y a va
apparatre des formes bizarres, dont les ptales sont lobs
ou dcoups, telles, par exemple, que les trois varits anglaises dsignes sous les noms de Clown,Earlequin et Singularity. Nous ne pousserons pas plus loin ces dtails, qu'il
sera facile d'ailleurs de complter avec les catalogues des
horticulteurs.
Les plargoniums zon et carlate P.zonale, P. inquinans)
ont incomparablement moins vari, dans les jardins, que le
plargonium des fleuristes; cependant, quoique les deux
espces soient fort distinctes, les jardiniers en confondent
presque toujours les varits, en runissant sous le titre de
zons toutes celles du P. inquinans dont les feuilles portent
une zone brune. Cette zune, qui tantt existe, tantt n'existe
pas ou est peine perceptible, ne saurait tre un caractre spcifique. Ce qui a plus d'importance pour caractriser
ces deux espces c'est que, dans le vrai plargonium zon,
les fleurs ont les ptales troits et allongs, sensiblement
carts les uns des autres et rpartis en deux groupes,
l'un suprieur de deux ptales, l'autre infrieur de trois;
la couleur typique est ici le rose carmin. Dans le plargonium carlate les fleurs sont plus petites, beaucoup plus
rgulires, ptales largement obovales et comparativement
courts, d'une teinte carlate trs-vive dans le type de l'espce;
mais cette couleur peut s'affaiblir jusqu'au blanc, en passant
par le rose plus ou moins carmin, plus ou moins clair. Si
l'on ajoute cette variation du coloris, qui tend par l se
rapprocher de celui du plargonium zon, l'apparition d'une
zone parfois trs-prononce sur les feuilles, on n'aura pas de
peine s'expliquer la confusion dont nous venons de parler.
Il est fort possible d'ailleurs que les deux espces aient t
croises ensemble par les jardiniers, et qu'elles aient donn
fondent leurs caracnaissance deshybrides chezlesquelles
tres. Ici c'est presque uniquement sur le coloris des fleurs que
portent les variations, et on se borne classer les varits d'aprs leurs teintes, qui sont l'carlate, le rouge cerise, le rose
de diffrents tons et le blanc il y en a cependant qui se
font remarquer par des feuilles panaches ou plutt zones
de plusieurs couleurs. Telles sont particulirement les plargoniums Mistress Pollock et Sunset(coucher de soleil), varits anglaises, qui semblent tenir galement de l'inquinans et
du zonale par leurs fleurs, et dont les feuilles, vertes au
centre, sont cercles concentriquement de brun, de rouge
et de jaune.
Enfin, il s'est produit dans cette espce des varits naines,
particulirement estimes pour garnir les plates-bandes des
jardins, composer des massifs ou faire des bordures. Les plus
en vogue aujourd'hui sont celles qu'on dsigne sous les noms
de Tom-Vouce, Rubens, Cerise unique, Beautduparterre,etc.,
fleurs rouges ou carlates, et Eugnie Mzard, Albertine,
Directeur, toile du matin, qui les ont de couleur vermillon
clair ou saumones. Il en existe aussi o elles sont blanches
ou roses, quelquefois roses centre blanc; mais ces dernires varits font moins d'effet que les prcdentes.
Sous nos climats, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les
se
plargoniums veulent tre abrits du froid pendant l'hiver;
mais on ne doit recourir pour eux la chaleur artificielle que
lorsque la temprature du local o on les tient enferms s'abaisse au-dessous de zro, et dans ce cas encore on ne
doit pas dpasser 5 6 degrs centigrades, car il importe
de ne pas exciter leur vgtation intempestivement. Chaque
fois d'ailleurs que la temprature extrieure. sera au-dessus
dezro on devra tenir le local largement ouvert, au moins
pendant le jour, afin que l'air y circule en toute libert. Au
premier printemps, ou plutt ds les derniers jours de l'hiver, on procde au renouvellement de la terre des pots, et on
y emploie un compost form d'un tiers de terre franche et deux
tiers de terre de bruyre tamise, auquel on ajoute une petite
quantit de terreau de feuilles consomm et autant de terreau de couche, ou mieux, si on peut s'en procurer, du
guano pur, mais dose trs-faible. Les plantes rempotes et
places sur les gradins de l'orangerie ou de la serre, dans
un lieu trs-clair et o elles reoivent directement le soleil,
ne tardent pas entrer en vgtation. On les sort de la serre
ds qu'il n'y a plus de geles craindre, mais sous le climat
variable du nord, o les pluies et les bourrasques sont frquentes au printemps, il est souvent plus avantageux de
laisser les plargoniums sous leurs abris ou dans les appartements jusqu' ce qu'ils aientachev leur floraison. Pass ce
moment on les transporte en plein air, dans un lieu clair,
pour obtenir un aotement parfait de leurs rameaux. Communment onenterre les pots pour mieux conserver l'humidit
de la terre autour des racines, et on enlve les pdoncules dfleuris, sauf ceux des plantes dont on voudrait rcolter les
graines.
Vers la fin d'aot et dans les premiers jours de septembre
on procde la taille ou rabattage des plargoniums. Cette
taille, qui est fort essentielle, consiste couper toutes les
branches deux ou trois centimtres au-dessus du point de
leur origine, de manire ne conserver au moignon que
deux ou trois yeux. S'il y a des branches mal places et qui
nuisent la rgularit du port, on les enlve en totalit. Ce
qu'on cherche obtenir ici c'est une belle conformation de
la charpente de l'arbuste et un certain quilibre entre toutes
ses parties. Aprs le rabattage on place les pots nu sur le
sol, sans les enterrer, et on ne donne de l'eau qu'autant que
l'tat des plantes en indique l'utilit.
Lorsque la vgtation a recommenc, et que les nouvelles
pousses ont de 1 3 centimtres de longueur, on procde au
rempotage. On enlve les deux tiers ou les trois quarts de la
motte, et, s'il le faut, on empote dans des pots plus grands,
qu'on remplit de terre neuve, aprs les avoir drains avec
soin. On arrose, et ds que les nuits deviennent fraches on
rentre les plantes en serre et on les dispose sur des gradins
dans un endroit clair et o l'air circule librement. Pendant
l'hiver on ne doit arroser qu'autant qu'il est ncessaire pour
conserver un peu d'humidit la terre, mais au printemps
les arrosages deviennent d'autant plus copieux et plus rpts que la vgtation est plus active et que s'approche davantage le moment de la floraison. Un seul empotage par an
peut rigoureusement suffire pour obtenir de beaux plargoniums; il est mieux cependant, si l'on n'a qu'un petit nombre
de plantes, de les empoter une seconde fois la fin de l'hiver,
ainsi que nous l'avons dit ci-dessus. Dans le cas o on ne
voudrait faire qu'un seul rempotage, il faudrait donner la
prfrence celui de la fin de l't, qui a sur l'autre l'avantage de ne pas fatiguer les plantes.
Les plargoniums pourraient vivre en pots plusieurs annes, mais l'exprience apprend que pass trois ans Leur
floraison s'appauvrit, au point de ne plus compenser le travail
et les frais de la culture. On est donc oblig, pour maintenir
une collection en bon tat, de renouveler frquemment les
plantes; on y parvient aisment par le bouturage, le marcottage, la greffe et le semis.
Le bouturage est le moyen le plus communment employ, et il russit presque aussi bien l'air libre, sur une
planche du jardin, mme sans cloches, si la chaleur est suffisante, que sur une couche chaude ou dans la serre multiplication. Il se fait en avril et mai, et peut encore tre con-
tinujusqu'en septembre, mais le printemps est l'poque la
plus favorable. On y emploie des pousses de 0m,8 0m,15,
quelquefois de simples tronons de rameaux ayant une feuille,
qu'on fiche droits dans la terretenue convenablement humide, et dont on porte la temprature 20 ou 22 centigrades
si l'on opre dans une serre multiplication. En plein air,
surtout sous un climat sec et chaud, il faudrait planter les
boutures dans un lieu demi ombrag, tenir l terre humide
et, pour plus de sret, les couvrir d'une cloche. Ces procds d'ailleurs, nous n'avons pas besoin de le dire, se modifient suivant les saisons et les lieux.
Lorsque les boutures sont enracines on les empote dans
des pots de 6 10 centimtres d'ouverture, suivant leur
force, et lorsqu'elles sont reprises on les soumet un premier
pincement, opration importante, en ce qu'elle influe considrablement sur la forme, et par consquent sur la beaut future de la plante. Ce pincement consiste amputer la tige
au-dessus de la deuxime ou de la troisime feuille, de manire provoquer le dveloppement de deux ou trois matressesbranches, qui seront le commencement de la charpente
de l'arbuste, et dont il convient de surveiller le dveloppement
pour les diriger et les tenir, au moyen de tuteurs, un cartement convenable. Un mois ou six semaines plus tard on fait
un second empotage, dans des pots un peu plus grands, et
lorsque les nouvelles pousses ont huit dix feuilles, c'est-dire vers la fin du mois d'aot, on les rabat sur deux ou trois
yeux. Quinze jours ou trois semaines aprs on procde un
troisime empotage, et on rentre les plantes dans la serre
ou sous les chssis. A partir de ce moment elles ne demandent pas plus de soins que les plantes adultes, et elles font
leur premire floraison au printemps suivant.
Le marcottage est trs-peu usit pour la multiplication des
plargoniums; par la raison qu'il est beaucoup plus compliqu
que le bouturage, sans donner de meilleurs rsultats. La
greffe, en fente ou en placage, sur les tiges ou mme sur les
racines, est elle-mme peu employe. Enfin, les vieilles racines,
pourvu qu'elles soient saines, peuvent aussi devenir un moyen
de
multiplication et de rajeunissement. Laisses en terre et
convenablement arroses, elles donnent naissance des bourgeons, qui deviennent autant de plantes nouvelles.
Le semis n'a gure d'autre but ici que de procurer de nouvelles varits, et les horticulteurs marchands sont peu
prs les seuls qui le pratiquent. Les graines se sment au
printemps, en terrines, sur couche chaude ou dans une serre
multiplication; elles ne doivent point tre enterres, mais
seulement lgrement bassines pour leur faire prendre corps
avec le sol. Les plants, lorsqu'ils ont trois quatre feuilles
sont repiqus dans des godets de 0m,05 0m,06, puis, quelpots plus grands. En
plus
des
jours
tard,
dans
ques
un mot on
les assujettit au mme traitement que les boutures. Comme ces
dernires, ils fleurissent au printemps de la seconde anne.
Le plargonium des fleuristes, aussi bien quelesplargoniums zon et carlate, peut servir la dcoration des platesbandes du parterre, au moins pendant tout le temps que dure
sa floraison. On l'y plante comme eux en pleineterre, dans la
deuxime quinzaine de mai il est mieux cependant, aprs
l'avoir lev en pots, d'enterrer simplement les pots dans la
plate-bande, en ayant soin de conserver un grand vide dans
la terre, au-dessous des pots ce qui facilite la descente de
l'eau des arrosages. Ces pots sont enlevs avec leurs plantes
aprs la floraison, et sont rentrs dans les orangeries ou sous
les chssis lorsque le moment en est arriv.
La mthode de culture que nous venons d'exposer peut
s'appliquer tous les autres plargoniums. Il est presque
inutile de faire observer qu'elle se simplifie d'autant plus que
le climat o on la pratique se rapproche davantage de ceux
d'o ces plantes sont originaires. Dans les parties chaudes du
midi de l'Europe, ainsi qu'en Algrie, la majorit des espces
du genre, sinon mme la totalit, sont au rang des plantes
rustiques de pleine terre. L'une d'elles, leplargonium ou
granium rosat (P. capitatum), y est mme cultive en qualit
de plante industrielle.
10
Crassules, rochcas et autres crassulaces.
Peu de familles de plantes pourraient fournir un aussi large
contingentd'espces la cultureen pots et sur rocailles que
celle descrassulaces, si toutes ces espces valaient la peine
d'tre recueillies; mais, l'exception dequelques joubarbes
(Sempervivum) et d'un nombre encore moindre d'orpins (Sedum), qui peuvent tre utiliss sur les rocailles sches, nos
espces indignes sont presque totalement dpourvues d'intrt. Quelques espces exotiques sont mieux partages; il
en est mme parmi elles qu'on doit considrer comme des
plantes d'appartement de premier ordre, et qui, pour l'clat et la richesse de la floraison, le cdent peine aux
plus somptueuses varits du plargonium des fleuristes. Ces
plantes remarquables se trouvent exclusivement dans les
genres crassule (Crassula) et
rocha (Rochea), qui d'ailleurs
diffrent assez peu l'un de
l'autre pour qu'on ait plus d'une
fois confondu leurs espces
sous les mmes dnominations
gnriques. Tous deux appartiennent l'Afrique australe.
Sept ou huit crassules ont
t successivement introduites
dans les jardins de l'Europe
,
mais une seule est devenue populaire, c'est lacrassule carlate (C. coccinea, Calosanthes
coccinea) (fig. 204), plante vivace, tige dresse, haute de
0,50 0m,80, dont les feuilles
charnues, sessiles, ovalesoblongues et cilies, sontdisposes sur quatre rangs. Les
fleurs, runies en gros bouquets ou capitules ombelliformes au sommet des rameaux, sontdurouge le plus
vif. Participant la nature sucFig.204. Crassulecarlale.
-
culente de toute la plante, elles conservent plusieurs jours
leur fracheur et leur clat. De mme que la plupart des plantes
fleurs rouges, la crassule carlate a produit des varits
blanches, mais qui sont restes comparativement rares.
Une seconde espce, non moins belle que la premire, et
que quelques personnes considrent comme n'en tant qu'une
varit, d'autres comme une hybride obtenue de son croisement avec la crassule odorante, est la crassule versicolore
(C. versicolor), qui n'en diffre que par les variations du coloris de ses fleurs, les unes toiles de blanc, les autres simplement roses ou de couleur testace, d'autres d'un rouge
fonc uniforme, suivant les individus. Pour les qualits ornementales elle va de pair avec la crassule carlate, si mme
elle ne la surpasse. Parmi les espces secondaires il suffira
de citer la crassule odorante (C. odoratissima), fleurs
blanches ou roses, plus petites que celles des deux prcdentes, mais dlicieusement parfumes; lacrassulerosettes
(C. rosularis), feuilles toutes radicales et tales en rosette,
et dont les tiges se terminent par des cimes serres et arrondies de trs-petites fleurs blanches
enfin la crassule fovole ( C. multicava), feuilles spatules, cribles de petites
fossettes, et fleurs blanc ros. Il en existe encore quelques
autres, mais, comparativement aux prcdentes, d'un trsfaible intrt.
Les rochas ne diffrent pour ainsi dire des crassules que
par leur feuillage, beaucoup plus grand, plus charnu et ordinairement d'une forme diffrente. Leurs fleurs sont, comme
chez les crassules, en larges corymbes terminaux et du plus
beau rouge. L'espce la plus rpandue dans les collections est
le rochea falciforme(R.falcata, Crassula falcata), ainsi nomm
parce que ses grosses feuilles charnues, glauques, tales, un
peu en forme de cne allong, sont presque recourbes comme
le fer d'une faux. Le rocha perfoli (R. perfoliata), qui est
aussi une plante d'un certain mrite, en diffre par ses feuilles,
courtes, opposes sur quatre rangs, trs-charnues etun peu
en forme de pyramide triangulaire; il en diffre surtout par
ses fleurs, toutes blanches et odorantes. Ces deux plantes ont
trs-peu prs la taille et le port de lacrassule carlate, et
sont employes aux mmes usages. Leurs fleurs sont pareillement d'une longue dure.
Moins brillants que les grandes crassules et que les rochas,
:
les chverias (Echeveria), du Mexique et de la Californie, sont
encore dignes des honneurs de la culture. Par leurs feuilles
charnues, souvent disposes en rosette, ils rappellent d'assez-:pres les joubarbes de nos climats, mais ils diffrent de
celles-ci par la disposition de leurs ptales, rapprochs et connivnts de manire figurer une fleur de campanule un peu
allonge. Sept ou huit espces ont t introduites en Europe;
il nous suffira de citer l'chvriaunilatral (E. secunda),
semblable de port une joubarbe, et dont les fleurs, en
grappes unilatrales, sont mi-parties de jaune et de rouge
coccin; l'chvria glauque (E. pulverulenta), de mme
figure que le prcdent, fleurs jaune vif dans leur moiti
suprieure, rouge sombre infrieurement; l'chvria farineux (E. farinosa), fleurs toutes jaunes; enfin, l'chvria
carlate (E. coccinea), espce caulescente et mme un peu
ligneuse, haute de 1 mtre ou plus, rameuse, feuilles en
rosette aux extrmits des rameaux, et fleurs d'un rouge
carlate uniforme. C'est l'espce du genre la plus communment cultive.
Lesjoubarbes (Sempervivum), groupe trs-homogne et o
les espces sont nombreuses et difficiles distinguer, peuvent
tre admises comme plantes de pots de troisime ou de quatrime ordre, mais leur vritable place est sur les rocailles
sches ou tenues trs-lgrement humides. Leur forme est
caractristique c'est une rosace de feuilles charnues, serres et
imbriques, ayant quelque ressemblance avec une tte d'artichaut dont les feuilles auraient t un peu cartes. Du centre
decette rosace s'lve une hampe feuillue, termine son sommet par un corymbe de fleurs de moyenne grandeur, ptales nombreux et ordinairement tals, dont les teintes sont
comprises entre le lilas ple et le carmin fonc, plus rarement
jaunes ou jauntres. Toutes les espces du groupe peuvent tre
admises dans la culture, et quelques personnes s'amusent
les collectionner; toutefois nous ne pouvons gure recommander que les suivantes Sempervivum tectorum, S. pilosella, S. arachnoideum, S. hispidulum et S. fimbriatum,
fleurs roses ou purpurines; S. grandiflorum, S. Pittonii,
S. Wulfenii, S. arenarium et S.soboliferum, qui les ont jaunes
ou jaune ple. Toutes ces plantes sont indignes d'Europe,
vivaces et rustiques. Il en existe aussi quelques espces des
Canaries et de Madre (S. arboreum, S. tabuliforme, etc.),
qui sont suffrutescentes et d'un port gnralement peu gracieux. Elles appartiennent, la serre tempre ou l'orangerie dans le nord de la France, et ne peuvent passer l'hiver en
plein air que dans les parties les plus chaudes de la rgion
mditerranenne.
Enfin, les orpins (Sedum), genre riche en espces, presque toutes de petite taille et la plupart trs-insignifiantes,
mme comme plantes de rocailles. Une seule espce fait exception, c'est l'orpin duJapon (S.Sieboldi), plante multicaule, dont les tiges simples, grles et feuillues, s'talent en
une large touffe, et se terminent par des corymbes serrs de
petites fleurs lilas. Les feuilles charnues, glabres, largement
obovales et verticilles par trois, sont d'un vert glauque, qui
passe au rose 'assez vif aprs la floraison. C'est une jolie plante
d'appartement, qui est aujourd'hui fort rpandue, et qui,
de mme que tous les orpins, demande trs-peu de soins.
L'orpin fausse-joubarbe (S.sempervivoides), de Sibrie, etl'orpin d'Evers ( S. Eversii), de l'Alta, fleurs rose vif; l'orpin
de Crte (S. aizoon), fleurs jaune orang, l'orpin des charpentiers (S. telephium), l'orpin rhodiole (S. rhodiola) et le
grand orpin (S. fabaria), ces trois derniers indignes et
fleurs rose ple ou purpurines, peuvent encore la rigueur
tre cultivs comme plantes de pot et d'appartement; il serait mieux cependant de les rserver pour les rocailles.
Les crassulaces sont de facile culture, mme les espces
exotiques, l o la chaleur du climat est suffisante. On peut
dire de toutes qu'elles se plaisent dans les lieux secs et au
grand soleil, et que ce qu'elles redoutent le plus c'est l'humidit surabondante et persistante. Les crassules et les ro-
chas viennent fort bien sur les rocailles dans la rgion mridionale; dans le centre et le nord de la France ils ne peuvent tre cultivs qu'en pots, cause de la ncessit de les
abriter l'hiver dans les orangeries. On les multiplie habituellement de boutures, qui se font en toute saison, l'air libre
et au grand soleil pendant l't, en serre tempre et sous
cloche, dans un mlange de terre de bruyre et de sable,
pendant les autres saisons. On donne peu ou mme point
d'eau ces boutures avant qu'elles aient mis des racines, et
les plantes faites elles-mmes sont gnralement prives
d'arrosages pendant l'hiver, afin de n'tre pas exposes
pourrir. Elles doivent de plus tre situes dans les endroits
les mieux clairs de la serre, et prs des vitraux. Les rempotages se font au printemps, au moment o se manifestent
les premiers signes de la reprise de la vgtation, dans des
pots parfaitement drains et remplis d'une terre lgre et trssableuse, sans addition d'engrais d'origine animale. En pinant les sommits des premires pousses, on les oblige se
ramifier et former des plantes toffes et trapues, bien prfrables, pour figurer dans les appartements, celles qu'on abandonnerait elles-mmes. On arrose lgrement, et quand les
plantes sont sur le point de fleurir on les porte dans les
lieux auxquels elles sont destines. On comprend, sans que
nous l'expliquions, que ces dtails de la culture sont naturellement subordonns aux particularits du climat sous lequel on se trouve. Ce que nous venons de dire des crassules
et des rochas s'applique de tous points aux chvrias et
toutes les autres crassulaces.
11 Msembrianthmes (Mesembrianthemum). Les msembrianthmes ou ficodes (voir ce que nous en avons dj dit
page 376) sont des plantes d'un certain intrt, mais qui ont
beaucoup perdu de la vogue dont elles jouissaient il y a un
demi-sicle. Les collections les plus remarquables qu'on en ait
vues ont t, en Angleterre, celle d'un amateur du nom de Haworth, et, en Allemagne, celle du prince de Salm-Dyck.
Aujourd'hui on en trouve encore quelques-unes dans les
jardins, mais, leur culture y tant presque toujours nglige,
elles sont loin de donner une ide de ce qu'on en pourrait
obtenir avec plus de soin. La singularit et la forme quelquefois bizarre de leur feuillage, pais et charnu, ainsi que l'clat
trs-vif des fleurs de plusieurs espces sont des titres suffisants pour ramener sur elles l'attention des amateurs.
La plupart des msembrianthmes sont vivaces, souvent mme demi-ligneux, tantt dresss et prenant la
forme de petits buissons, tantt sarmenteux et tranants.
Leurs fleurs, assez semblables de forme aux capitules des
composes-chicoraces, sont blanches, roses, rouge vif,
couleur carmin pourpres, jaunes ou oranges. Chez les espces fleurs rouges les teintes sont parfois blouissantes
au point de fatiguer l'il, surtout si elles sont claires par
le soleil. Comme la plupart des plantes de l'Afrique australe,
les msembrianthmes demandent une vive lumire, beaucoup de chaleur, et des arrosages presque nuls dans la saison
de repos. Sous nos climats du Nord ils ne peuvent tre cultivs qu'en pots, et doivent tre abrits l'hiver dans une serre
bien claire, o il suffit que la temprature ne descende pas
zro; mais dans le midi de l'Europe et le nord de l'Afrique
ils deviennent des plantes de rocaille de premier ordre.
Beaucoup d'espces ont t successivement introduites dans
les jardins; celles qu'on y trouve le plus communment, ou
qu'on peut se procurer par les horticulteurs, sont les Mesembrianthemumpolyanthum, coccineurri,spectabile, violaceum,
micans, rubricaule, equilaterale,hispidum, virens,crassifolium deltodes, australe, denticulatum, maximum, virgatum fulgidum molle, stelligerum, hirsutum, roseum, etc.,
,
,
dont les coloris sont les diffrents tons du rose, del'carlate
ou du carmin les M. pomeridianum, aureum, felinum, tigrinum,
glaucum, linguiforme, echinatum, micans, loreum qui ont
les fleurs jaunes ou oranges. D'autres espces, le M. acinaciforme, par exemple, les ont mi-parties de pourpre et de
jaune, ou de pourpre et de blanc comme le M. tricolor. Quelques espces donnent des fruits comestibles sous le climat
de l'Afrique australe; c'est, entre autres, le cas du M. edule, ou
figuier des Hottentots, trs-grande plante sarmenteuse qui
couvre aujourd'hui les murs et les rocailles de sa verdure
perptuelle sur les bords de la Mditerrane, mais qu'on
voit rarement fleurir sous les climats plus septentrionaux.
Livrs eux-mmes, sous le ciel ardent du midi de l'Europe et du nord de l'Afrique, les msembrianthmes s'accommodent de tous les sols, mme des plus maigres; cultivs en
pots, illeur faut une terre lgre, siliceuse et mle d'un peu
degravier. On accrot notablement leur vigueur en additionnant cette terre d'un peu de poussire d'os, de noir animal ou
d guano en poudre. Ils aiment les copieux arrosages pendant l'poque de leur vgtation, mais il est ncessaire que les
pots soient fortement drans, et de plus qu'ils soient exposs
la pleine lumire du soleil, dans l'endroit le mieux abrit du
jardin. Tant que la chaleur est leve la pluie ne leur fait
aucun mal, mais elle leur devient trs-prjudiciable si elle
s'accompagne degrands abaissements de temprature aussi
sous les climats du Nord doit-on les rentrer en serre ou en
orangerie ds les premiers jours de l'automne. A partir de ce
moment, on n'arrose plus que de loin en loin, et seulement
autant qu'il est ncessaire pour que la terre des pots ne se
dessche pas compltement, attendu que la pourriture, par
suite d'excs d'humidit, est bien plus craindre pour ces
plantes que le froid. Les rempotages et les changements de
terre se font au printemps, suivant la rgle tablie plus haut.
On sme les msembrianthmes au printemps, sur couche
chaude et sous chssis, ou encore sur la fin de l't, et les
plants obtenus de ces semis fleurissent ordinairement l'anne
suivante. Le bouturage est aussi un excellent moyen de-propagation; il se fait dans le courant de l't, sur couche
chaude ou dans la serre multiplication. Dans les pays mridionaux on se contente de bouturer en pleine terre et miombre. La consistance charnue de ces plantes, dont les boutures se conservent longtemps vivantes, mme sans arrosage
et exposes au soleil, en facilite considrablement la reprise.
Cyclames Cyclamen). Ce sont des primulaces indignes du midi de l'Europe, de l'Asie occidentale et du nord
de l'Afrique, aaules, vivaces, rhizome charnu et dprim
en forme de disque, d'o naissent tous les ans des feuilles et
des fleurs. Les feuilles sont arrondies, rniformes ou cordi-
formes, ordinairement zones ou marquetes de taches
grises ou blanchtres sur fond vert. Les fleurs sont solitaires
au sommet d'une courte hampe, un peu grandes, parfumes, plus ou moins nutantes ou rflchies, avec les lobes
de la corolle redresss du ct du pdoncule. Leur teinte varie du lilas clair au pourpre violet; elles sont quelquefois
blanches ou presque blanches par dcoloration. Assez souvent
aussi elles ont doubl ou sont devenues pleines parla culture.
Aprs la floraison les pdoncules se contournent en une sorte
de spirale et ramnent les capsules terre, o elles rpandent
leurs graines. Ces dernires y germent avec la plus grande
facilit.
Les cyclames se divisent en deux sections assez naturelles,
suivant que la floraison arrive au printemps ou en automne.
Les espces floraison printanire sont le cyclame commun
( C. europum
originaire des Alpes le cyclame de printemps
(C. vernum), qui n'est probablement qu'une varit du prcdent; lecyclame de Chioou de Cos (C. coum), la plus petite de
toutes les espces du genre; le cyclame de Perse (C. persicum
(fig, 205), qui est le plus habituellement cultiv, et qui donn
des varits
fleurs blanches et trs-
),
pleines; il se
distingue de
tousles autres en ce
que ses pdoncules ne
seroulentpas
spirale
en
aprs la floraison
on
y
Fig. 205. Cyclame de Perse.
rattache,
comme sim-
le
cyclame dantioche (C. antiochium), remarpies varits,
quable par la blancheur de sa corolle, dont la gorge est carmin
violac, et le cyclame d'Alep (C. aleppicum ), fleurs blanc de
neige, qui a donn dj depuis longtemps des sous-varits
fleurs doubles. Les espces automnales sont le cyclame d'Afrique (C. africanum), le plus grand de tous, et qui est connu
aussi sous les noms de cyclame de Naples et cyclame grandes
feuilles (C. neapolitanum, C. macrophyllum); le cyclame
feuilles delierre (C. hederfolium), et enfin le cyclame de Grce
(C. grcum). Ces dernires espces ont beaucoup d'analogie
les unes avec les autres, et quelquefois elles se nuancent par
leurs varits,ce qui peut faire supposer qu'elles se rattachent
un mme type spcifique. Dans tout les cas on distinguera
facilement les deux sections l'une de l'autre par l'poque
diffrente de floraison, et aussi par les plis ou sinuosits qui
existent au pourtour de la gorge dans les espces automnales.
La culture des cyclames dans les jardins d'agrment
remonte plus de.deux sicles, et, quoiqu'elle ne soit plus
trs-rpandue, elle compte encoredes amateurs fervents,
pour qui les cyclames sont de vritables plantes de collection. Cette culture n'offre aucune difficult; cependant,
comme elle se fait presque toujours en pots et que les cyclames ne sont pas tout fait rustiques sous les climats du
nord, on est oblig de les abriter l'hiver sous un chssis
froid ou dans une orangerie. Dans le midi, et jusque dans
le centre de la France, toutes les espces peuvent se cultiver en pleine terre, la condition, si les localits sont naturellement froides ou les hivers rigoureux, de les couvrir en
cette saison d'un peu de litire ou de feuilles sches; nanmoins la culture en pots est prfrable. Le seul reproche
qu'on puisse faire ces plantes, c'est de ne briller qu'un moment, et de laisser la terre nu pendant la plus grande partie
mais ce reproche pourrait aussi s'adresser la
de l'anne
grande majorit des plantes bulbeuses, ce qui ne les empche
pas d'tre fort apprcies.
Dans la culture en pots on emploie communment la
terre de bruyre mlange d'un tiers de terre franche, mais
tout autre compost form d'lments siliceux, amend de terreau de feuilles et facilement permable l'eau, peut galement convenir. Les pots doiventtre drains jusqu'au quartou
mme jusqu'au tiers de leur hauteur s'ils sont un peu grands.
Il suffit du reste qu'ils aient, l'ouverture, deux fois et demie
ou trois fois le diamtre du rhizome qu'on veut y planter, et
dont le ct suprieur, ou le sommet, doit affleurer la surface de la terre. On arrose lgrement en hiver, de manire
tenir la terre toujours un peu humide. Les pots retirs de
dessous les chssis, dans les premiers jours du printemps,
sont ordinairement enterrs une exposition abrite du ct du
nord, mais demi ombrage, et alors on n'arrose plus qu'autant que la pluie ne suffirait pas pour entretenir dans les pots
le degr convenable d'humidit. Si on les tenait sous verre
d'une manire continue, comme on le fait souvent en Angleterre et dans les autres pays froids et humides
les arrosages devraient tre proportionns l'activit de la vgtation.
Aprs la floraison et la maturation des graines lestubercules
entrent l'tat de repos, et on se borne les tenir au sec
jusqu'au moment o leur vgtation va reprendre. Au moyen
du chauffage artificiel, de rempotages faits propos, et en
graduant les espces, on peut obtenir une floraison ininterrompue de cyclames, du mois d'octobre au mois de juin. Il
est peine besoin de dire que ce sont les espces automnales
qui ouvrent la marche.
Les tubercules de cyclames grossissent et donnent des
fleurs pendant plusieurs annes, mais lorsqu'ils ont atteint
leur maximum de dveloppement ils ne tardent pas prir.
On n'attend pas ce moment pour rgnrer les plantes, et
on y procde habituellement par le semis des graines, qui
lvent, comme nous l'avons dit, sans difficult sur la terre
de bruyre, condition d'tre semes immdiatement aprs
leur maturit. On y emploie aussi le sectionnement des tubercules, mais ce moyen russit difficilement. Un procd qui
parat prfrable, et qui a t prconis dans ces dernires
annes, est le bouturage des feuilles, qu'on enlve avec un
petit fragment du tubercule. Ce bouturage, qui se fait chaud
dans une serre multiplication, demande quelque attention, attendu que le fragment de plante est expos pourrir
avant d'avoir mis des racines. On peut par ce moyen perptuer indfiniment les varits recommandables, qui se conservent rarement par le semis.
Plantes de fantaisie pour la culture en pots.
Toutes les classes du rgne vgtal, et on peut dire aussi
toutes les catgories horticoles, l'exception des arbres (1),
fournissent des matriaux la culture de fantaisie en pots et
en caisses. Il est bien vident, ds lors, que notre tche ici ne
saurait tre de passer en revue toutes les plantes dont le caprice de l'amateur ou le dsir de faire des expriences peut l'amener en essayer la culture en pots, et qu'elle doit se borner
signaler les plus usuelles, ainsi que celles qui se recommandent par leurs'agrments propres ou par quelque particularit curieuse ou intressante. Ainsi restreint, le sujet pourra
tre suffisamment trait en quelques pages il sera d'ailleurs
complt par les paragraphes suivants. Dans la revue que
nous allons en faire, les plantes de fantaisie seront classes,
d'aprs l'ordre naturel, en monocotyldones et en dicotyldones.
t Liliaces et autres monocotyldones de fantaisie, cultiver en pots.
On peut considrer comme pouvant tre cultives en pots,
et servir la dcoration des appartements, toutes les mono-
cotyldones bulbeuses, et mme toutes celles qui, sans tre
bulbeuses, n'ontquedes rhizomes courts ettubriformes nanmoins, lorsqu'il s'agit de choisir parmi elles des plantes des-
(1)Et encore, la rigueur, les arbres pourraient se ranger parmi les plantes
de fantaisie cultiver en pots, si nous connaissions, comme les Chinois, l'art de
les rabougrir, sans les tuer. Ce n'est pas, en effet, une des moindres curiosits
de l'horticulture de ce peuple que l'adresse avec laquelle les jardiniers chinois
transforment des pins, des ormes et d'autres grands arbres en avortons de quelques dcimtres de hauteur, cultivs en pots, et qui, ainsi rduits, conservept
encore les apparences de la sant et, jusqu' un certain point, les formes et le
port qu'ils prennent naturellement quand ils sont livrs eux-mmes. C'est bien l
ce qu'on peut appeler de la culture de fantaisie au premier chef.
tines l'usage que nous venons d'indiquer, on doit donner la
prfrence celles dont la taille est peu leve, qui sont rustiques ou demi-rustiques, et celles particulirement qui se
distinguent par la beaut du feuillage et surtout par celle des
fleurs. On peut infrer de cette rgle que les lis de petite ou
de moyenne taille, les tulipes, les jacinthes, les scilles, lesfritillaires et quelques autres liliaces analogues, sont d'excellentes plantes de pots et d'appartement.
A ces espces dj dcrites nous pouvons en ajouter quelques autres, qui, sans tre classiques comme elles, mritent
encore quelque attention de la part de l'amateur fleuriste; ce
seront
1 L'agapanihe ombelles (Agapanthus umbellatus), liliace
bulbeuse du Cap et de l'Afrique australe, dont la beaut consiste en une large ombelle de fleurs bleues, li-liiformes, soutenue par une hampe de 0m,50 ou un peu plus de hauteur,
qui sort d'un faisceau de grandes feuilles assez semblables de
forme celles des jacinthes. L'agapanthe au moment de sa
floraison est une belle plante d'appartement ou de fentre,
qui peut d'ailleurs se cultiver aussi sur les plates-bandes du
jardin. Demi-rustique dans le nord de la France, il y demande les mmes soins que les autres plantes bulbeuses
de l'Afrique australe, et veut tre tenu l'hiver l'abri du
froid et de l'humidit. Il a donn une varit blanche, qui selon nous ne vaut pas la varit bleue.
2 Les lachnalies (Lachenalia), qui reprsentent dans l'Afrique australe, mais sous des traits plus modestes, les jacinthes de notre hmisphre. Leur taille et leur port sont ceux
de ces dernires, dont elles se rapprochent encore par leur
feuillage linaire et leur inflorescence en grappe. Leurs
fleurs sont tubuleuses, un peu pendantes et autrement colores que celles des jacinthes. On en distingue cinq ou six
espces ou varits, les unes feuillage uniformment vert,
les autres o il est divers degrs marbr de brun. Nous citerons, dans le nombre, la lachnalie dore- L.flava), qui a
les fleurs d'une jaune vif uniforme, la lachnalie tricolore
(L. tricolor), o elles se partagent entre le rouge carlate, le
jaune et le vert, et la lachnalie changeante (L. pallida), qui
les ad'un bleu ple, tournant insensiblement au pourpre,
puis au violet. Ces trois plantes, dont la culture est tout fait
analogue celle des jacinthes, se multiplient comme elles
par leurs caeux, et fleurissent de mme aux premiers jours du
printemps.
3 Beaucoup d'autres petites liliaces bulbeuses, qui sont,
comme les prcdentes, des plantes de second ordre cultiver
en pots. Nous nous bornerons citer lecamassia comestible
(Camassia esculenta), de l'Amrique borale, dont les bulbes
servent de nourriture aux Indiens, mais qui ne nous intresse
que par ses grappes de fleurs
bleues et printanires; l'albuca
du Cap (Albuca
major), l'analogue de nos orni-
et, com-
thogales
Fig.
206.Muguet.
me eux, fleurs
blanches les calochorthus (Calochorthus splendens, venustus,
luteus), charmantes liliaces de
l'Amrique du
Nord, dont les
grandes fleurs
trois ptales rappellent celles des
hydroclis; dans
la premire elles
sontlilas violac
uniforme, dans la
secondeblanches
et rticules de
pourpre avec des macules jaunes, dans la troisime jaune vif
pointilles de pourpre; lestrilliums(Trilliumgrandiflorum, T.
sessile), pareillement du nord de l'Amrique, plantes curieuses
par le nombre ternaire de leurs feuilles et de leurs verticilles
floraux; enfin le muguet (Convallaria maialis) (fig. 206), charmante liliace indigne de nos taillis et de nos prairies, aux
larges feuilles d'un vert tendre, et aux fleurs dlicieusement
parfumes, blanches, parfoisroses, petites, en forme de grelots,
et suspendues en grappe une hampe de quelques centimtres
de hauteur. Le muguet est souvent cultiv sur les collines artificielles ou dans les endroits demi ombrags et un peu humides
des jardins, mais, quoiqu'il ne soit pas bulbeux, on peut aussi
l'lever en pots, sur les fentres et dans les appartements.
C'est surtout en Allemagne qu'il est employ cet usage;
il ya mme dans ce pays des tablissements qui n'ont d'autre
spcialit que la culture force du muguet, l'aide de la chaleur artificielle, et qui en font un commerce considrable.
4Unemlanthace exotique doit prendre rang parmi les
plantes d'appartement, et elle comptera parmi les plus jolies; c'est le tricyrthis bigarr (Tricyrthishirta), rcemment
apport du Japon par MM. Siebold et Fortune. Vivace et rustique, il peut aussi se cultiver en plein air sur les rocailles et
sur les collines, artificielles. Ses tiges dresses et garnies d'un
large feuillage sessile, ovale-acumin, nerveux et luisant,
lui donnent quelque ressemblance avec les lis bulbifres de
la Chine et du Japon. Elles se terminent par une inflorescence ombelliforme de grandes fleurs blanches, cribles de
ponctuations pourpres. La plante se multiplie de graines et
par divisions du rhizome.
il
5 La famille des amaryllides abonde, comme celle des li-
liaces, en plantes de pots et d'appartement. Toutes les esles pancratiums ou lispces demi-rustiques d'amaryllises
narcisses, les clivies, les perce-neige et les leucoiums, mais
par-dessus tout les narcisses proprementdits, sont particulirement propres cet usage. Aux espces de ce dernier genre
dj numres dans un prcdent chapitre, ajoutons lepetit
narcisse (Narcissus minor) (fig. 207) et le narcisse bulbocode (N.
bulbocodium )
indignes des
lieux rocailleux
du midi de la
France, fleurs
jaunes et couronne trs-grande et campanule. Tous deux
ont les hampes
courtes (de0m,12
0m,18)etuni-
flores, mais on
en obtient un bel
effet en les cultivant en touffe
dans des pots.
Ils fleurissent
ds la fin de
l'hiver en plein
air, et quelques
jours plus tt
Fig. 207. Petit narcisse.
lorsqu'ils sont
abrits. Une espce du nord de l'Afrique, le narcisse de Lcluse (N. Clusii), originaire des montagnes d'Algrie, et qui
ne diffre gure de notre narcisse bulbocode que par ds fleurs
entirement blanches, serait aussi fort agrable cultiver
comme plante d'appartement.
6 Toutes les irides rhizomes tubriformes, et particulirement les tigridies, les ferraries, les mores et les iris du groupe
desxiphions Irisxiphium, I. spectabilis, I.persica,
tuberosa, etc.), les ixias, les sparaxis et mme les glaeuls de
moyenne taille, sont d'excellentes plantes d'appartement, qu'il
nous suffira de nommer, aprs ce que nous en avons dj dit
dans un prcdent chapitre. Nous pouvons insister un peu plus
sur les safrans ou crocus, que leur port gracieux, leurs nombreuses varits et le coloris exquis de leurs fleurs, font re-
I.
chercher pour garnir les jardinires des appartements et les
tablettes des fentres. Ces varits se divisent en deux groupes,
les printanires et les automnales, ainsi nommes de l'poque
de leur floraison.Parmi les espces ou varits horticoles fleurissant au printemps, nous indiquerons les Crocus vernus, Imperati,minimus,pusillus,suaveolens, versicolor, chrysanthus, garganicus, reticulatus, annulatus, lageniformis, les uns fleurs
jaunes ou oranges, les autres dans tous les tons du violet parmi
celles d'automne, les Crocus sativus, Thomasii, Pallasianus,
hadriaticus, medius, asturicus, clusianus, serotinus, pyrenus,
byzantinus, speciosus, pulchellus, vallicola, campestris, Sprunneri, cancellatus, etc., qui diffrent par de simples nuances
de coloris, comprises entre le blanc pur et le violet bleu
fonc. Les safrans se cultivent dans des pots de 12 16 centimtres d'ouverture, bien drains, remplis d'un compost
form par moiti de terre siliceuse et de terreau de feuilles.
On met de trois six plantes par pot, soit de mme varit
et de mme coloris, soit de coloris diffrents, mais qu'on
choisit telles qu'elles fleurissent toutes en mme temps. Aprs
la floraison, les pots sont enterrs dans un coin du jardin
expos au soleil, o on laisse les plantes se reposer et mrir
leurs bulbes, jusqu'au moment o il faudra les planter dans
de la terre neuve, pour les prparer une nouvelle floraison,
ce qui se fait l'entre de l'hiver pour les espces printanires, aux premiers jours du printemps pour les espces automnales.
7 La plupart de nos orchides indignes pourraient tre
admises comme plantes defentre et d'appartement, mais,
outre certaines difficults qui sont inhrentes leur culture,
lorsqu'elles sont en pots, il n'en est qu'un petit nombre qu'on
puisse considrer comme mritant cet honneur, quand on en
possde tant d'exotiquesincomparablementplus belles. On sait
aujourd'hui que les orchides trangres nos climats, et que
jusqu' ces derniers temps on a constamment toutes tenues en
serre chaude, sont loin d'exiger autant de chaleur les unes que
les autres, et qu'il s'en trouve parmi elles qui seraient presque
ou tout fait rustiques sous nos latitudes mridionales. C'est,
entre autres, le cas des Lycaste Skinneri et macrophylla; Calanthe discolor; Clogynefuliginosa, wallichiana maculata;Dendrobium nobile, wallichianum, pulchellum, tetragonum EpiLliamaialis, autumnalis, superbiens
dendron vitellinum
Cattleya Mossi et Skinneri Oncidium flexuosum, bicallosum,
leucochilum Odontoglossum Rossii, pulchellum, grande, bictoniense; Barkeria lindleyana, et de beaucoup d'espces du
genre Cypripedium. Toutes ces plantes, les unes piphytes,
les autres terrestres, peuvent se cultiver, ou du moins se conserver, en vases suspendus dans les appartements pendant
leur floraison, qui est ordinairement de longue dure lorsqu'elle se fait l'ombre. En traitant des orchides de serre
chaude, dans le volume suivant, nous reviendrons avec plus
de dtail sur les espces comparativement rustiques, mais
nous indiquerons ds prsent, dans un article spcialement
consacr aux orchides indignes, les espces de Cypripedium exotiques qu'on peut leur associer dans la culture
l'air libre, sur rocailles ou sur collines artificielles.
et
; ;
;
+ + Dicotyldones de fantaisie cultiver en pots.
Le nombre des dicotyldones cultiver en pots, dans les
appartements ou sur les fentres, en qualit de plantes de fantaisie, est pour ainsi dire illimit, et l'amateur n'a que l'embarras du choix. Il serait donc inutile que nous nous tendissions longuement sur ce sujet aussi nous bornerons-nous
signaler le petit nombre d'espces qu'on trouve plus frquemment cultives en pots, sur les fentres, que dans la pleine
terre du jardin. Ce sont principalement les suivantes
1 La sensitive (Mimosapudica), sous-arbuste de la famille
des lgumineuses et de la tribu des mimoses, originaire du
Brsil, rameux, divariqu, haut de 0m ,50 0, m60, quelquefois plus. Ses feuilles sont surcomposes, quatre folioles
principales divergentes, subdivises elles-mmes en folioles
plus petites et tages par paires le long d'un rachis commun.
Les fleurs sont trs-petites, rose clair ou lilas, et runies en
glomrules arrondis au sommet de pdoncules axillaires. Il
leur succde des gousses arques, dont les graines mrissent
aisment sous le climat du midi.
Lasensitive n'est qu'une plante de curiosit, qu'on cultive
quelquefois en pots sur les fentres ou dans les appartements
pour tre tmoin du singulier phnomne de motilit dont
ses feuilles sont le sige. Lorsque ces organes sont tals, il
suffit de promener lgrement le doigt leur surface pour
voir l'instant leurs folioles se rapprocher et se fermer comme
les panneaux d'une porte deux battants. Si le contact est
plus rude, et qu'on ait, par exemple, press le bas du limbe
de la feuille entre les doigts, non-seulement ce limbe se
contracte en totalit, mais il se replie et s'abaisse sur la tige
par la flexion du ptiole au point o cet organe est insr sur
le rameau, comme s'il y avait l une articulation charnire.
Au bout d'un temps plus ou moins long, suivant la temprature du lieu, cet tat de contraction cesse, et les feuilles reprennent leur position premire, toutes prtes se contracter
de nouveau si l'exprience est recommence.
Presque rustique sous le climat du midi, au sud du 44e
degr de latitude, la sensitive ne peut passer que la belle
saison l'air libre sous celui de Paris. En la remisant l'hiver
dans une serre tempre on peut la faire durer plusieurs
annes, mais on prfre la renouveler tous les ans de graines,
qui se sment sur couche, au mois d'avril. Lorsqu'il a deux
ou trois feuilles, le plant est repiqu en pot, et un mois plus
tard transplant dans les pots o il doit rester dfinitivement. A Paris, et dans toutes les grandes villes, o on peut
se procurer pour de menues sommes des plantes dj adultes,
ces soins sont en quelque sorte superflus. Il suffit pour l'amateur de savoir que la sensitive aime le grand soleil, et
qu'il ne faut pas lui mnager les arrosages dans les temps de
scheresse et de chaleur.
2 Les cactus, dont toutes les espces de petite ou de
moyenne taille peuvent facilement se cultiver en pots sur les fentres, pendant la belle saison. Dans le volume qui suivra celuici nous traiterons avec des dtails suffisants de la culture de
ces plantes, qui, sous nos climats septentrionaux, veulent tre
abrites l'hiver en serre tempre ou tout au moins en orangerie, mais nous pouvons ds prsent indiquer l'usage que
l'on en peut faire, du printemps l'automne, comme plantes
d'appartement.
Le principal attrait des cactus est dans la bizarrerie de leur
forme, qu'au premier abord on peut croire totalement diffrente de celle des autres vgtaux. La grosseur et la brivet de
leur tige charnue, qui dans un grand nombre d'espces figure
une sphre ou unovodeallong,sans feuilles, hriss d'pines,
creus de sillons longitudinaux ou couvert de mamelons saillants, dans d'autres s'allonge extrmement et devient serpentiforme, chez d'autres encore semble se composer de feuilles
succulentes superposes, tels sont les traits extrieurs les
plus saillants de leur physionomie. Plusieurs espces ajoutent ces singularits des fleurs parfois trs-grandes et trsbelles, ptales souvent nombreux et vivement colors, dont
la dure est rarement bien longue. Celles qu'on trouve
le plus ordinairement sur les marchs aux fleurs de nos
villes, et auxquelles on peut se borner si l'on n'est pas spcialement amateur de ce genre, sont
1 l'opontia commun
(Opuntia vulgaris), dont les tiges et les rameaux, composs
d'articles aplatis, de forme obovale et aiguillonns, s'talent
et dbordent des pots o il est plant. Lorsqu'il est adulte,
il produit une quantit de fleurs jaune citron, de moyenne
grandeur, auxquelles succdent des baies rougetres de la
grosseur du doigt. Originaire du Texas et de la Californie,
l'opontia commun est pour ainsi dire rustique sous le climat
du centre de la France, o il passe assez facilement l'hiver,
condition d'tre plant dans un terrain sec et une exposition
mridionale et trs-are. On le multiplie, de mme que les
autres opontias, par le bouturage des articles de ses rameaux.
2L'piphylle tronqu (Epiphyllum truncatum), ainsi nomm de
la forme des articles de sa tige et de ses rameaux, qui sont allongs, trs-aplatis, presque semblables des feuilles charnues, et comme tronqus leur sommet, o ils se joignent
l'article suivant. Sur leurs cts naissent les fleurs, qui sont
comparativement grandes, d'un rouge vif, quelquefois roses
ou mme tout fait blanches, suivant les varits. 3 Les
phyllocactus (Phyllocactus), qui se distinguent des piphylles
par des tiges encore plus aplaties et plusfoliiformes, vaguement articules, denteles sur les bords et parcourues dans
leur milieu par une sorte de nervure qui accrot encore leur
ressemblance avec des feuilles. Leurs fleurs, dj grandes, se
rapprochent beaucoup de celles des cierges ou cactus proprement dits par la forme tubuleuse de leur calyce et le nombre
de leurs ptales. Cinq ou six espces du genre se rencontrent
dans les collections, mais la plus populaire est le phyllocactusdeHooker(Ph. Hookeri), trs-grandes fleurs blanches
et odorantes, qui s'ouvrent le soir et se fltrissent le lendemain
matin. 4 Enfin les cierges ou cactus proprement dits ( Cactus,
Cereus), plantes trs-varies de port, tiges souvent grles,
comme sarmenteuses, et pouvant s'lever plusieurs mtres
lorsqu'elles sont convenablement tayes. Les fleurs, quelquefois trs-grandes et odorantes, sont pares de toutes les
teintes, depuis le blanc pur jusqu'au rouge carlate le plus
vif. Une espce des plus modestes, et en mme temps des
plus rustiques du genre, le cactus serpent C.serpentinus),
aux longues tiges cylindriques, de la grosseur du doigt et
finement aiguillonnes, est commun sur les marchs aux
fleurs de la capitale. D'autres espces, plus exigeantes ou
plus belles (C. grandiflorus, C. speciosissimus, etc.
ne sont
pas moins communes dans l'horticulture d'appartement du
midi de l'Europe, o elles ne demandent gure d'autres soins
que des arrosages proportionns la chaleur du climat. Partout, d'ailleurs, o la temprature moyenne de l'hiver n'est
pas infrieure 9 centigrades, presque toutes les cactes
peuvent devenir des plantes de balcon et d'appartement.
3 Parmi les plantes de fantaisie cultiver en pots sur les
fentres, on peut ranger les espces de solanes qui se font
remarquer par l'originalit de la forme ou le coloris de leurs
fruits. Il en est une qui est classique, c'est l'aubergine blanche
(Solanum ovigerum), plus connue sous les noms populaires de
plante aux ufs et depoule quipond, dont les fruits, de couleur blanche, ont la forme et la grosseur d'un uf de poule.
),
L'aubergine commune ou melongne (S. melongena), avec ses
gros fruits violets, roses, jaune citron ou orangs suivant les
- varits,
ne serait pas une curiosit moindre si ses qualits potagres, en nous familiarisant avec elle, ne nous la montraient
pas sous un aspect trop vulgaire. Le solanum du Texas (S.
texanum), plante robuste et dresse, quoique peu leve,
dont les fruits dprims, de la grosseur d'une tomate moyenne
ou d'une petite pomme, sont d'un rouge vif la maturit,
peut aller de pair avec les prcdentes. Le piment long
(Capsicum annuum), aux longues baies luisantes, d'un rouge
de sang, ne serait pas non plus dplac ct d'elles. Rappetons enfin que solanum faux-piment ou amomon (S. pseudocapsicum), plus connu peut-tre sous le nom trivial d'oranger des savetiers,est une des plantes favorites dela classe
ouvrire de nos villes du nord, o on le voit souvent
aux devantures des choppes. Cultiv avec plus de soin, ce
petit sous-arbuste, orn de ses nombreuses baies oranges,
ne serait pas indigne de figurer en meilleure compagnie.
4 Comme plantes de curiosit cultiver sur les fentres ou
sur les balcons, dans de grands pots ou dans des caisses proportionnes leur taille, citons encore quelques-unes des
cucurbitaces dont nous avons parl dans un prcdent chapitre. Les diverses varits de coloquinelle (Cucurbita Pepo)
sont, de toutes, celles qui y conviennent le mieux. Elles sont
rustiques, croissent avec rapidit et produisent en quantit
leurs fruits de forme bizarre et souvent beaux de coloris,
sans demander d'autres soins que d'tre frquemment arroses en t et soutenues sur des perches ou des treillis proportionns leur taille. On peut y ajouter des momordiques
(Momordica charantia, M. balsamina, M. pterocarpa), et mme
la gourde commune (Lagenaria vulgaris), dont certaines
varits ne s'lvent gure plus de deux mtres de hauteur.
Il est inutile que nous poussions plus loin cette numration; le lecteur trouvera sans peine dans les catalogues des
horticulteurs marchands de quoi la complter; il pourra mme
rapporter de ses promenades travers champs beaucoup de
plantes rustiques dont la culture en pots sera pour lui un
le
agrable passe-temps. C'est qu'en fait de plantes de fantaisie
il n'y a et il ne saurait y avoir, en dfinitive, d'autre rgle que
le got de chacun.
Plantes feuillage ornemental. L'introduction
des grandes plantes pittoresques dans le jardinage de plein
air a eu son contre-coup dans le jardinage de fentre et
d'appartement. Ici aussi on a su apprcier les plantes beau
feuillage, soit que ce feuillage ait conserv les teintes normales, soit qu'il ait emprunt, naturellement ou par le fait de
l'art, celles qui sont ordinairement l'apanage des fleurs. De l
deux groupes assez distincts dans cette branche de l'horticulture d'agrment
les plantes feuillage vert, qui se distinguent par leur port pittoresque ou leur ampleur, et les
plantes feuillage color, qui se recommandent principalement par les teintes insolites et souvent trs-belles de leurs
feuilles.
La plupart appartiennent la classe des monocotyldones
et sont des plantes d'orangerie ou de serre tempre sous le
climat du nord; elles sont toutefois assez rustiques pour n'avoir pas souffrir des abaissements momentans de la temprature
dans des appartements qui ne sont pas chauffs
pendant la nuit, mais o la gele ne pntre pas. Beaucoup
de plantes de serre chaude pourraient sans doute tre transportes en t dans les appartements ou sur les fentres;
mais, outre qu'il faudrait les remettre dans la serre ds la fin
de cette saison, elles sont en gnral trop aqueuses ou trop
tioles pour rsister l'action desschante de l'air hors des
locaux o elles ont t leves. Pour le jardinage d'appartement on ne devra donc choisir que des plantes relativement
rustiques, feuillage ferme et mme coriace, galement capables de braver les vicissitudes atmosphriques, le soleil, la
pluie, la scheresse et la poussire. Il faudra de plus que
leur taille et leur ampleur soient telles qu'elles puissent tenir
dans des pots moyens ou des caisses d'un assez faible volume pour tre facilement maniables, cause de la ncessit o l'on est de les changer frquemment de place, de
les exposer au grand air ou de les abriter suivant le besoin.
Lespetites espces de palmiers sont du nombre de celles
qui remplissent le mieux ces conditions, celles en particulier
qui sont rustiques dans le midi de l'Europe, et que nous
avons signales l'attention du lecteur dans un chapitre prcle palmier-ventail (Chamrops humilis), le palmier
dent
Chine(Ch. excelsa), le chamrops
chanvreou chamrops de
hrisson (C. hystrix), le rhapis flabelliforme (Rhapis flabelliformis), etc. Les horticulteurs marchands y ajoutent plusieurs palmiers qui seraient de grande taille s'ils croissaient en pleine
terre, mais que la culture en pots tient longtemps rabougris,
par exemple le dattier commun Phnix dactylifera), rduit
alors sept ou huit feuilles, cocotier du Chili (Juba spectabilis), lelivistona de la Chine (Livistona sinensis) et quelques autres. De toutes les espces de cette famille de vgtaux, les
plus naines, celles surtout qui pourraient fleurir dans des pots
troits, seraient naturellement les mieux appropries ce
mode de culture. Nous pouvons indiquer, comme satisfaisant pleinement cette dernire condition, le dattier acaule
Phnixacaulis), du nord de l'Inde, le plus nain de tous
les palmiers, et dont la tige, bulbiforme, ne dpasse pas en
volume le bulbe adulte d'un lis blanc. Cette tige demi enterre se couronne de palmes semblables celles du dattier
commun, mais qui ont peine la longueur des feuilles de
l'artichaut. Sous cette petite taille, l'arbuste (si on peut lui
donner ce nom) fleuritetfructifie, et ce rsultat s'obtiendrait vraisemblablement dans la culture en pots. Nous regrettons d'avoir ajouter que le dattier acaule est encore fort,
rare dans les collections europennes.
Plusieurs espces du groupe des dragonniers Dracna,
Cordyline, Calodracon, etc.), et naturellement les plus petites, sont aussi des plantes d'appartement d'un certain mrite et dj fort usites comme telles. On peut citer, parmi
les plus habituellement cultives en pots, les Cordyline con-
la
le
gesta, indivisa, australis, fragrans, arbustes de port pittoresque, dont le feuillage est vert et quelquefois panach
toutefois, les plus estims du groupe sont les
de blanc
Dracna ferrea Calodracon Jacquinii) et D. terminalis(Ca-
lodracon variegatus), qui sont surtout reprsents parleurs
varits feuilles rouge carmin ou du moins panaches de
rouge. Ce brillant coloris en fait presque toute la valeur.
Une des plantes les plus recommandables pour le genre de
dcoration dont il s'agit ici estl'aspidistra du Japon (Aspidistra elatior, A.punctata liliace-asparagine acaule, vivace par son rhizome, presque rustique sous le climat de
Paris, et qui rsiste dans les appartements toutes les variations de la temprature. Insignifiante par ses fleurs, elle est
de premier ordre par son feuillage abondant, nerveux,
dress, en fortes touffes, haut de 0ra ,50 oro,70, lancol et
large de 0m,10 0m,12, luisant, d'une verdure trs-vive, mais
souvent panach de lignes ou de larges bandes d'une blancheur
parfaite. Comme plante feuillage color, l'aspidistra du
Japon se place dans les premiers rangs; il l'emporte mme
sur la plupart des marantaces dont nous parlerons tout
l'heure, par l'opposition tranche des deux teintes qui se
il a surtout cet avantage d'tre
partagent son feuillage
beaucoup plus rustique, de ne craindre ni le soleil ni la poussire, et de ne demander d'autres soins que les arrosages
ncessits par les circonstances.
Les agaves et les dasylirions (Agave, Furcra, Dasylirion, etc.) sont aussi des plantes de pots et de caisses d'un certain effet, l'agave d'Amrique particulirement, dont on choisit
de prfrence les varits panaches. Tenues dans des caisses
ou des vases troits, dont la forme peut tre plus lgante
que celle des vases ordinaires, elles y restent de longues
annes sans, pour ainsi dire, prendre d'accroissement.
A cet tat elles servent principalement orner les pristyles
ou les entablements des grilles de jardins et de villas. Les
yuccas peuvent servir aux mmes usages, mais condition
d'tre frquemment arross, car ils ne supportent pas la scheresse aussi facilement que les agaves, et ils ne tarderaient
pas prir dans des pots privs d'eau. Les balisiers, ou cannas, deviennent aussi des plantes depots trs-distingues,
moyennant les soins que nous avons indiqus il en serait de
mme, plus forte raison, de l'alpinia (Alpinia ou Globba
),
), si on se trouvait sous un climat assez chaud pour
nutans
lui permettre de crotre et de fleurir sans adjonction de chaleur artificielle.
Pour la dcoration des appartements on ne saurait recommander les bananiers (Musa), d'abord cause de leur ampleur qui pourrait devenir trs-gnante, ensuite cause des
frquents et copieux arrosages qu'ils rclament, surtout lorsqu'ils sont en pots. Peut-tre y aurait-il une exception faire
en faveur du bananier rouge (M. coccinea et du bananier rose
(M. rosacea), qui prennent un bien moindre dveloppement que
les autres, mais qui peuvent tre remplacs avec un grand
avantage par les balisiers. De toutes les musaces, la plus approprie ce mode de culture nous parat tre la strlitzie de
lareine (Strelitzia regin), plante acaule, mais feuilles
dresses, ovales-elliptiques, et dont les grandes fleurs sont
aussi remarquables par leur forme bizarre que par le contraste des coloris bleu et jaune trs-vifs, qui s'y trouvent
rapprochs. Dj rustique dans les parties les plus chaudes
du climat mditerranen, o elle passe l'hiver l'air libre,
elle peut encore fleurir, dans la culture d'appartement,
jusque sous la latitude de Paris. Comme les autres monocotyldones ci-dessus indiques, elle demande de frquents
arrosages ent et des pots drains avec le plus grand soin.
Les marantas (Maranta, Calathea), originaires de l'Amrique intratropicale, et ce titre plantes de serre chaude
sous nos latitudes, pourraient devenir desplantes d'appartement de premier ordre, condition qu'on les habitut graduellement endurer l'action desschante de l'air, en les retirant peu peu des serres chaudes et humides o on les lve
communment. Leurs grandes feuilles moires, dont la forme
rappelle celles des bananiers, mais sous des dimensions beaucoup moindres, et qui sont souvent enjolives de bariolures
ou de macules d'une autre teinte que le fond, leur laissent
peu de rivales parmi les plantes feuillage color. Elles sont
vivaces parleurs rhizomes, acaules, mais riches en feuillage,
qui sort directement du pied et forme de larges touffes.
Leurs inflorescences, soutenues par une hampe assez courte.
sont insignifiantes, et d'ailleurs se montrent rarement dans
les serres, peut-tre parce qu'on n'y laisse pas les plantes
vieillir assez longtemps. Les espces qui semblent les plus
recommandables pour la dcoration des appartements sont :
le maranta royal (M. regalis), feuilles vert clair,parcourues de lignes obliques rouge carmin; lemaranta zbr(M.
zebrina), remarquable par la grandeur plus qu'ordinaire de
son feuillage velout ou moir, d'un vert trs-fonc, sur lequel tranchent des bariolures obliques d'un vert d'meraude;
le maranta panach (M. vittata), o les bariolures sont
troites, serres et d'un blanc presque pur; le marantamouchet (M. pardina), dont les feuilles, vert clair, sont ornes de chaque ct de la nervure mdiane d'une srie
de grandes macules brunes de forme rectangulaire; le maranta de Warscewicz ( M. Warscewiczii), feuilles vert fonc,
presque noirtre, avec deux sries de macules vert clair et
confluentes, spares par la nervure enfin, le maranta fasci
(M. fasciata), qui se distingue de tous les autres par la
forme arrondie de ses feuilles d'un vert un peu fonc, sur lequel tranchent de larges bandes blanchtres diriges obliquement. Toutes ces plantes se multiplient par le sectionnement de leurs rhizomes et veulent tre frquemment arroses. Il est vraisemblable qu'elles russiraient mieux, comme
plantes d'appartement, dans l'ouest de la France, au voisinage de l'ocan, que dans toute autre rgion plus continentale.
Toutes les plantes dicotyldones beau feuillage, rustiques
ou demi-rustiques, dont la taille n'est pas hors de proportion
avec l'usage dont il est question ici, peuvent tre considres
comme des plantes d'appartement. Les acanthes, et surtout
l'acanthe de Portugal (Acanthus lusitanicus), qui se distingue de nos espces indignes par des feuilles plus larges;
le bocconia frutescent (Bocconia frutescens), le Wigandia de Caracas (Wigandiacaracasana), ncessairement un peu rabougri
par la culture en pots un trs-grand nombre de solanums,
l'amarante tricolore, les colus aux feuilles rouge sombre,
l'irsine d'Herbst (Iresine Herbstii), amarantace de rcente
introduction, dont le feuillage pourpre brun est parcouru par
des nervures roses ou carmin la cinraire maritime, si recommandable par sa blancheur et son port lgant la varit de la
ligulaire du Japon (Farfugium ou LigulariaKmpferi), aux
feuilles macules de jaune, sont celles qui se prsentent le
plus naturellement pour le but que nous envisageons ici. Nous
pourrions en signaler beaucoup d'autres,mais il serait inutile
de prolonger cette liste, que le lecteur compltera facilement
en compulsant les chapitres qui prcdent.
III.
LES PLANTES DE ROCAILLES, ALPINES ET ALPESTRES.
En horticulture on runit sous la dnomination gnrale
de plantes alpines non-seulement les plantes originaires des
hautes montagnes du globe, mais celles aussi des rgions arctiques et antarctiques, quoique ces dernires en diffrent
sous bien des rapports. Nous verrons effectivement tout
l'heure que malgr les analogies apparentes et les frquents
rapprochements que l'on a faits entre ces deux ordres de rgions
il y a entre elles des diffrences climatriques trsprononces, diffrences qui ragissent ncessairement sur les
tempraments des plantes.
On comprend, sans que nous l'expliquions, qu'entre les
plantes les plus planicoles et celles qui habitent les plus hauts
sommets il existe une multitude d'espces intermdiaires,
qui s'chelonnent toutes les altitudes. Bien des plantes sont
communes la plaine et aux premires pentes des montagnes; d'autres, plus dcidment montagnardes, touchent
encore la plaine sans s'y tablir d'une manire permanente;
il en est qui ne s'cartent pas des rgions de moyenne hauteur, et d'autres qui semblent ne pouvoir vivre qu'aux confins
des neiges ternelles ou des glaciers. Il serait facile, d'aprs
ces considrations, d'tablir, parmi les plantes de montagnes,
de nombreuses catgories fondes sur les hauteurs respectives de leurs stations, les largeurs des zones qu'elles embrassent, les orientations qu'elles prfrent, etc.; nanmoins,
dans la pratique on n'en distingue que deux
les plantes
alpestres, qui, sous les latitudes moyennes de l'Europe (c'est-dire du45e au 55e degr), sont comprises entre 600 et 1,600
mtres de hauteur supra-marine, et les plantes alpines proprement dites, qui occupent toutes les zones suprieures
cette limite. Sous des latitudes plus basses ou plus hautes, la
ligne de dmarcation entre ces deux catgories de vgtaux
s'lve ou s'abaisse; ainsi, en Algrie par exemple, les plantes
qui croissent 2,000 mtres de hauteur sont les analogues de
celles que nous appelons alpestres dans le centre de la France,
par une altitude beaucoup moindre; en Sude et en Norvge,au contraire, des plantes rputes alpines chez nous se rencontrent des altitudes qui ne dpassent pas ou mme n'atteignent pas toujours 800 ou 1,000 mtres.
La temprature de l'air dcrot graduellement avec la hauteur (1), mais il n'en est pas de mme de la temprature du
sol, et nous allons voir que c'est l une des grandes diffrences
qui existent entre les sommets des montagnes et les rgions
arctiques ou polaires. Les rayons du soleil n'arrivent la
terre qu'aprs avoir travers l'atmosphre, qui les dpouille
de leur chaleur dans une proportion plus ou moins grande,
suivant que cette atmosphre est plus paisse ou qu'ils la traversent plus obliquement. Un savant physicien, M. Pouillet, a
dmontrque sous nos latitudes et au niveau de la mer la
puissance calorifique des rayons du soleil est diminue des
4/10, c'est--dire de prs de moiti, par l'atmosphre. Les
sommets des montagnes, ayant au-dessus d'eux une moindre
paisseur d'air et un air moins dense, reoivent les rayons
du soleil avec d'autant plus de force qu'ils sont plus levs.
Par suite de sa raret relative, l'air s'y chauffe beaucoup
moins que dans la plaine; mais le sol, proportion, s'y
chauffe beaucoup plus, et dans toutes les saisons sa temprature est notablement suprieure celle de l'air. C'est le
contraire qui arrive dans les plaines basses, o la temprature
moyenne du sol, la surface et quelques centimtres audessous, est gnralement infrieure celle de l'air.
,
(1)
Voir tome
p.
1er,
385
etsuivantes.
Il rsulte de ces circonstances, comme l'a bien fait ressortir
M. Martins dans ses observations sur les Alpes, que les
plantes des hautes montagnes sont chauffes par le sol qui les
porte plus que par l'air qui les baigne qu'elles jouissent d'une
lumire plus vive que celles des plaines avoisinaptes, et, par
suite, que leur respiration est plus active; que ds que la
temprature descend zro pendant le jour la neige ne tarde
pas les prserver des froids accidentels qui, mme en t,
sont la consquence du mauvais temps sur les montagnes
enfin que pendant l'hiver abrites sous une paisse couche
de neige, qui est trs-mauvaise conductrice de la chaleur,
elles retrouvent dans le sol une temprature qui n'est pas ou
n'estqu' peine infrieure zro. Ces plantes des hautes sommits craignent en dfinitive le froid autant que la chaleur,
et ne vgtent bien qu'entre les tempratures de zro et 15
degrs; et comme, dans leur site natal, elles sont sans cesse humectes par les brouillards ou parles eaux de la neige fondante,
elles veulent la fois beaucoup de lumire et beaucoup d'humidit. C'est ce qui explique la grande difficult de les cultiver dans les plaines, o les lments mtorologiques et les
circonstances locales sont presque diamtralement l'oppos
de celles que nous venons d'indiquer.
Les plantes arctiques sont dans des conditions bien diffrentes, car le seul point de contact qu'elles aient avec les
plantes alpines est la basse temprature de l'air. A partir du
cercle polaire l'quivalent de la rgion alpine de nos climats
commence quelques mtres au-dessus du niveau de la
mer, dont cette zone ne tarde mme pas affleurer les rivages. Elle a au-dessus d'elle toute ou presque toute l'paisseur de l'atmosphre, que les rayons du soleil ne traversent
.d'ailleurs que trs-obliquement. Si ces premires causes on
ajoute que l'air est pendant la plus grande partie de l'anne
charg de nbulosits, on n'aura pas de peine comprendre que les rayons du soleil n'y arrivent la surface de la
terre que trs-affaiblis, et qu'en dfinitive la temprature du
sol y est incomparablement plus basse que sur les sommets
des montagnes parit de temprature atmosphrique. De
l la pauvret extrme de la flore dans ces rgions inhospitalires, si on la compare celle des montagnes, et le temprament bien plus exigeant des plantes qui croissent sur
ces dernires.
De ce quenous venons de direon peut dj conclure que
l'entretien des plantes alpines sera d'autant plus difficile dans
la plaine, que la diffrence de niveau sera plus grande entre
celle-ci et les stations que ces plantes occupent sur les montagnes. Il arrivera frquemment que celles des plus hauts
sommets n'auront aucune chance d'y crotre, quelque soin
qu'on leur donne, parce que d'une part la scheresse, d'autre
part les extrmes de froid et de chaleur, s'loignent trop des
conditions de leurs sites naturels. Il pourra en tre autrement
pour celles de stations moins leves mais dans tous les cas
les plantes simplement alpestres se prsenteront au cultivateur avec des chances de succs bien plus nombreuses. Pour
celles-l les difficults sont en gnral facilement surmontes,
condition cependant qu'on ne les transporte pas sous des latitudesbeaucoup plus basses que celles de leurs montagnes
natales. Ce sont effectivement les plantes de cette catgorie
qui fournissent la majeure partie de celles qu'on dcore du
nom d'alpines dans nos jardins.
Les localits qui se prtent le mieux la culture des plantes
alpestres et alpines sont avant tout celles qui par leur altitude au-dessus du niveau de la merse rapprochent dj des
sites o elles croissent naturellement ainsi les Alpes, les Pyrnes, le Jura, lesCvennes, les Vosges, le plateau central de la France, sont autant de rgions o leur culture
doit prosprer; aussi est-ce ces plantes que le jardinage d'agrment devrait principalement recourir lorsqu'ils'exerce
dans ces rgions leves, et ce serait pour lui une suffisante
compensation l'impossibilit d'y cultiver celles qui ne
russissent que sous des climats plus doux. Hors de l
on supple aux inconvnients du site par l'rection de rocailles et de collines artificielles, dont les cts orients
vers le nord leur sont rservs. A dfaut de ces structures,
les plantes montagnardes sont simplement cultives en pots,
et tenues autant qu'on le peut une exposition septentrionale, non-seulement pour les prserver de la chaleur
trop grande du soleil, mais aussi pour leur mnager une certaine humidit atmosphrique. A galit de latitude et d'altitude, le climat maritime, o l'air est humide, estplus favorable ces plantes que le climat continental; c'est ce qui
explique en partie pourquoi elles sont plus recherches et cultives avec plus de succs en Angleterre que chez nous.
La culture en pots est ncessairement assujettie ici aux rgles dj tablies et sur lesquelles nous avons insist plusieurs reprises. Les pots doivent tre drains avec le plus
grand soin et si on veut obtenir des plantes d'une belle
venue, on vite de les prendre trop petits, eu gard la
taille qu'elles acquirent naturellement. Le compost qu'on y
emploie est ordinairement un mlange de terre de bruyre ou
de sable siliceux, de terreau de feuilles et de terre franche par
parties gales mais il est vident qu'il y aurait avantage en
modifier la composition suivant les apptits des espces, qui
sontloin d'tre les mmes. Cequ'ilestessentielde ne pas perdre
de vue, c'est que la terre, quelle qu'en soit la composition,
doit tre permable et ne jamais se prendre en une motte
compacte impntrable l'eau. On arrose frquemment pendant l't, et tous les ans, la fin de l'hiver, on procde un
nouvel empotage, dont le but est le renouvellement de la
terre.
Toutes les plantes montagnardes n'endurent pas avec la
mme facilit les froids de l'hiver lorsqu'elles sont transportes
dans les plaines, et il n'est pas rare d'en voir prir par cette
cause, mais peut-tre plus encore par l'eau qui reste stagnante
autour de leurs racines, lorsque le drainage des pots a t mal
fait, ou que le sol sur lequel ils reposent est lui-mme compact et obture en quelque sorte les trous dont ils sont percs.
Il est facile de parer cet accident en enterrant les pots jusqu'au bord dans un remblai de gravier, et on vite tout danger
de gele en les couvrant de paillassons pendant les plus
grands froids. Il serait toujours avantageux que les pots dans
la culture des plantes alpines, fussent enterrs d'une manire
permanente, et enterrs dans un sol inclin, qui laisserait
un libre coulement l'eau des arrosages et celle des pluies.
Le drainage en serait plus assur en toute saison, et les plantes
elles-mmes mieux abrites du froid en hiver.
Si l'on considre la vaste tendue des chanes de montagnes
qui sillonnent le globe dans tous les sens et sous toutes les
latitudes, on arrive comprendre que les plantes alpestres et
alpines sont en nombre immense, et qu' elles seules elles
suffisent amplement pour composer le rpertoire horticole
le plus large; mais il s'en faut bien que toutes aient t introduites dans les jardins. Nous ne possdons encore proprement parler, que les plantes des montagnes d'Europe et quelques-unes seulement du Caucase, de l'Alta, de l'Himalaya et
des montagnes du nord de l'Amrique. Cependant le nombre
des espces de provenance trangre s'accrot chaque jour, et il
est regretter qu'il n'existe pas de jardins alpins, dont la destination spciale serait de les conserver et de les propager.
Le ralisation d'un tel plan ne serait assurment pas indigne
de nos socits d'horticulture; mais c'est peine si on peut
'esprer, en France du moins, o d'autres innovations plus
importantes, celle, par exemple, d'arbortums et de jardins
d'expriences et de naturalisation consacrs la culture des
arbres exotiques, n'ont jusqu'ici trouv aucune espce d'encouragement.
Les plantes montagnardes la plupart vivaces comprennent
toutes les catgories horticoles dans lesquelles ont t rparties les plantes ordinaires. On trouve parmi elles des arbres
de toutes les grandeurs, des arbrisseaux et des arbustes, des
plantes de port ornemental et des plantes fleurissantes de premier ordre. Elles appartiennent de mme presque toutes
les familles vgtales, monocotyldones et dicotyldones, et
parmi elles se montrent des types caractristiques de la flore
tropicale, des palmiers, des bananiers, des bambous, des
fougres arborescentes. Mais ces grands vgtaux, vritablement alpins par l'altitude laquelle ils croissent sur les montagnes intratropicales, et par la faible temprature qui leur
suffit, ne seraient point appropris nos montagnes d'Europe,
mme les moins leves, cause de la svrit de leurs hivers. Nous devons donc nous contenter de ceux qui, endurant
dans leurs contres natales plusieurs degrs de froid, peuvent
rigoureusement s'accommoder de nos tempratures. Dans
les jardins, ainsi que nous l'avons donn entendre plus haut,
on associe aux espces alpines celles des contres borales,
quelle que soit d'ailleurs l'altitude de leurs sites.
Sans entreprendre de donner ici la liste complte des
plantes alpines,ou considres comme telles, ce qui n'aurait
lecteurs, nous pouqu'un intrt mdiocre pour beaucoup
vons du moins signaler celles qui se rencontrent le plus frquemment dans les collections, et qui se distinguent par la
beaut de leurs fleurs ou l'lgance de leur feuillage. En
nous restreignant celles-l, nous pourrons en faire trois
classes assez distinctes, savoir 1 les orchides terrestres et
autres monocotyldones fleurissantes; 2 les dicotyldones alpines ou alpestres saxicoles, subdivises elles-mme en deux
groupes, suivant qu'elles se rattachent aux rocailles humides
ou aux rocailles sches; 3 enfin les plantes alpines de terre
de bruyre, qui dans la pratique sont souvent cultives sur
les mmes terre-pleins que les rosages et autres arbustes de
temprament analogue.
de
Orchides terrestres et autres monocotyldones alpines. Malgr leurs affinits organiques, les or1
chides terrestres, indignes ou exotiques, ne s'accommodent
tout fait ni des mmes terrains ni des mmes conditions de
culture. Quelques-unes, en petit nombre il est vrai,vivent
sur les fonds marcageux, o l'eau reste stagnante dans le
sol; c'est le cas d'une espce indigne, l'pipactis des marais
(Epipactis palustris), qui se rencontre aussi dans les lieux
simplement humides, et que nous aurions pu classer, dans un
chapitre prcdent, parmi les plantes qui affectionnent le voisinage de l'eau. D'autres, en plus grand nombre, vivent dans
les prairies ou l'ombre des bois la plupart cependant se
plaisent sur les collines, ou sur des montagnes plus leves, et
alors, suivant l'altitude qu'elles prfrent, elles deviennent
alpestres ou dcidment alpines. Certaines espces, enfin,
bravent les rigueurs des climats hyperborens, tandis que
d'autres rsistent aux plus grandes ardeurs du soleil sur les
collines rocailleuses des alentours de la Mditerrane. On
peut conclure de ces diversits d'habitats que les orchides
terrestres ne sont pas toutes rustiques au mme degr, et
c'est ce dont il faut tenir compte lorsqu'on essaye de les soumettre la culture.
Toutes ces jolies plantes, mme celles qui croissent dans
les terrains marcageux, peuvent se cultiver en pots, mais
avec plus de succs sur les collines artificielles, les unes, les
plus alpines et les plus septentrionales, l'exposition du
nord, les autres aux orientations indiques par leur provenance. La terre qu'on leur destine doit tre de qualit
moyenne, frache, permable, plus ou moins humide suivant
les espces, et surtout vierge de tout engrais d'origine animale. C'est parce que les terres ordinaires de jardin contiennent toujours une certaine proportion de terreau de cette
nature que les orchides y sont si difficiles lever et y vivent
si peu de temps; en revanche, les sols amends de terreau
vgtal leur sont trs-favorables. D'aprs un amateur allemand, M. Hutstein, qui s'est adonn avec beaucoup de
succs la culture des orchides indignes, le meilleur
compost pour elles est form de deux tiers de terreau de
bois, principalement de celui qui rsulte de la dcomposition des feuilles de htre, et d'un tiers de terre argileuse prise
dansune bonne prairie. Quelques espces cependant, l'pipactis
rouge (Epipactis ou Cephalantherarubra), par exemple, russissent mieux dans le sable siliceux mlang d'un tiers de terreau de feuilles; d'autres au contraire, comme l'orchisodorante
(Orchis odoratissima), sur les sols les plus calcaires et les plus
exposs au soleil.
Il est indubitable que les climats gnraux et locaux influent sur le succs de la culture des orchides terrestres;
que certaines espces doivent mieux russir au voisinage de
l'Ocan, et certaines autres loin de la mer et dans les lieux
levs et ars. Ce sujet a t jusqu'ici peu tudi aussi serait-il difficile d'indiquer exactement, a priori, pour une lo-
calit donne, quelles espces trangres au pays on doit y
cultiver de prfrence. On peut prsumer cependant qu'avec
des soins bien entendus on russirait pour la majeure partie,
et qu'aprs des ttonnements invitables l'amateur finirait par
reconnatre celles qui seraient rebelles toute culture dans sa
localit.
Il y a des orchides qu'il est facile d'enlever avec la motte
etde transplanter dans un jardin sans les faire souffrir ce
sont en particulier celles dont les racines se renflent en tubercules charnus, et dont les radicelles s'tendent peu dans
le sol, par exemple toutes les espces des genres Orchis et
Ophrys; mais il en est aussi dont la transplantation est fort
chanceuse, parce que leurs rhizomes ou leurs racines courent
siloinsous terre qu'il est peu prs impossible de les en retirer intacts, et que ces mutilations les font presque toujours
prir. Telle est, pour n'en pas citer d'autres, cette curieuse
orchide indigne connue sous le nom de Limodorum abortivum, dont les rhizomes sont si longs, si grles et si profondment enfoncs en terre, qu'on n'a jamais pu l'introduire
dans les jardins.
En transplantant les orchides sur les talus d'une colline artificielle, on doit avoir soin de les planter la mme
profondeur que dans leur site naturel, et sans dranger la
motte qu'on a du conserver autour de leur pied. La meilleure saison serait le premier printemps, lorsque leurs
feuilles commencent sortir de terre; mais le plus ordinairement on se borne les enlever au moment mme de
leur floraison, parce que ce n'est gure qu'alors qu'on les
remarque. Il n'est d'ailleurs presque pas possible qu'il en soit
autrement pour les espces alpines, cause de la distance
des lieux o elles croissent et de la difficult qu'on aurait de
les obtenir dans une autre saison que celle o elles fleurissent. Au surplus, toute la question est de les arracher sans
mutiler leurs racines et sans les exposer l'action desschante
de l'air, de les mettre, la plantation, dans une terre analogue celle o elles croissaient, et de leurdonner les arrosages ncessaires pour assurer leur reprise. Beaucoup d'or-
la
chides se plaisent au milieu d'autres plantes, dont le feuillage entretient la fracheur autour d'elles; c'est en particulier le cas des espces de prairies, et si quelque partie de la
colline artificielle est gazonne, c'est l qu'on doit de prfrence choisir leur place. Nous n'avons pas besoin d'ajouter qu'on doit arroser ou irriguer la colline en proportion de l'activit de la vgtation qui la recouvre. Cultives en
pots, les orchides terrestres, comme d'ailleurs la plupart des
plantes alpines, doivent tre abrites l'hiver, dans le nord de
la France, sous des chssis ou sous des paillassons; en pleine
terre, sur les collines artificielles, ce soin n'est plus ncessaire; tout au plus serait-il utile de couvrir la terre de paille
ou de feuilles sches, l o seraient plantes les.espces des
rgions les plus mridionales de l'Europe ou de pays analogues par le climat.
La multiplication des orchides indignes par la voie du
semis n'a peut-tre jamais t essaye, mais on peut supposer
qu'elle ne serait pas plus impraticable que celle des orchides exotiques, que l'on a plus d'une fois russi propager
de graines dans les serres. Un moyen plus simple serait la
sparation des tubercules, avec l'il ou bourgeon qui leur
correspond et qui doit donner naissance une nouvelle tige
mais ce moyen n'est praticable que dans le cas o plusieurs de ces tubercules se sont forms la fois, ce qui
n'est pas l'tat de choses habituel. Il en rsulte que les
amateurs d'orchides terrestres se bornent entretenir
leur collection l'aide de plantes rcoltes et l dans les
lieux o elles croissent naturellement. Cependant M. Hutstein
assure que la multiplication par tubercules est possible,
condition que les hampes ou tiges fleuries, mais non les
feuilles, soient coupes au niveau du sol immdiatement
aprs la floraison. La fructification tant ainsi empche,
la sve refluerait sur la racine, et il se produirait des tubercules plus nombreux, qui donneraient naissance autant
de plantes nouvelles. En supposant que les choses se passent
comme le prtend M. Hutstein, on ne peut se dissimuler
que la sparation des tubercules et leur replantation sans
motte ne laisseraient que peu de chance la reprise.
Nous possdons une soixantaine d'orchides indignes,
parmi lesquelles il suffira de citer les Orchis pyramidalis,
globosa, hircina, morio, mascula, laxiflora, ustulata, militaris, latifolia, maculata, conopsea, fleurs en pi, roses ou
des divers tons du pourpre, et qui habitent les prairies naturelles plus ou moins humides de toute la France; les Orchis
provincialis, secundiflora, variegata, Robertiana, rubra,
longibracteata, des collines sches et rocailleuses du midi, et,
comme les prcdentes, fleurs pourpres ou roses; les
Orchispallens et sambucina, pareillement du midi, fleurs
jaune ple; les Ophrys fusca, spculum, myodes, aranifera,
lutea, arachnites, apifera, les unes des collines calcaires du
nord et du centre de la France, les autres du midi de l'Europe,
toutes plantes curieuses, dont les corolles, mouchetes de
pourpre ou de pourpre noir, ressemblent de loin aux divers insectes dont quelques-unes ont tir leurs noms; les Serapias
lingua et cordigera,plantes mridionales et montagnardes,
fleurs pourpres; les Epipactis, lancifolia, nidus-avis, palustris;
latifolia, de toutes les parties de la France, et dont les
fleurs, singulires, de forme et de coloris, sont quelquefois
trs-belles; le Neottia ou Goodyera repens, dlicate orchide
fleurs blanches des terrains lgers et boiss le Calypso borealis, trs-petite mais curieuse orchide du nord de l'Europe
les Malaxispaludosa
Liparis Lselii, espces de nos marais,
qui se cultivent, ainsiquelaprcendente,au pied des rocailles
humides, dans un sol tourbeux et au milieu des mousses enfin,
le Cypripediumcalceolus, plus connu sous son nom vulgairede
sabotde Vnus (fig. 108), charmante orchide alpestre de l'est et
du midi, qui se plat dans les sols lgers mls de terreau vgtal, et dont le labelle jauntre, en forme de sabot suspendu,
rappelle quelque peu la corolle des calcolaires. Dans cette
espce, comme dans toutes celles qui composent le genre, la
fleur est presque toujours solitaire au sommet de la tige.
Une multitude d'orchides terrestres exotiques, de climats
temprs ou froids, pourraient grossir considrablement la
list des espces cultiver en pots ou sur collines artifi-
et
cielles, mais il n'yen a encore
qu'un trs-petit nombre qui aient
t introduites dans nos jardins, ce
qui s'explique par le fait que la
culture des orchides indignes
est elle-mme toute nouvelle.
Quelques-unes doivent tre signales ici, cause de leur beaut hors
ligne, qui leur permet de rivaliser
avec plusieurs des orchides de
serre chaude les plus recherches.
Elles appartiennent presque toutes
au genre Cypripedium, dont notre
sabot de Vnus indigne est peutle plus modeste reprsentant.
Telles sont les C. pubescens, spectabile, arietinum, candidum, parviflorum, humile, plantes rustiques
des tats-Unis, o elles vivent sur
les collines herbues, dela Caroline
au Canada; les C.gutlatum,macranthum et vestitum de Sibrie,
qui peuvent braver toutes les intempries de nos climats; tel seFig. 108. Sabot de Vnus.
rait probablement aussi, sur les
collines de la basse Provence et de toute la rgion de l'oranger,
le disa grandesfleurs (Disa grandiflora), superbe plante de la
pointe australe de l'Afrique, dont les bizarres fleurs rouges rivalisent de grandeur et d'clat avec celles de nos tulipes. Il est
trs-vraisemblable d'ailleurs que beaucoup d'autres orchides terrestres exotiques s'introduiront insensiblement dans
le jardinage europen, mesure que la culture sur rocailles
et sur collines artificielles sera mieux connue et plus gnralement pratique.
La plupart des monocotyldones montagnardes ou borales, autres que les orchides, ont trs-peu prs le temprament de ces dernires, et se cultivent dans les mmes
conditions, en pots ou sur collines artificielles moyennement humides. Il nous suffira de signaler les suivantes, qu'on
trouve dans presque toutes les collections de ce genre,
savoir : les lis (Lilium pyrenaicum et monadelphum, fleurs
jaunes; pomponium, fleurs rouge de sang; martaqon, o
elles sont couleur lie de vin); les phalangres ou lis de SaintBruno (Phalangiumliliastrum), fleurs blanches; l'iris xyphiode (Iris xyphioides) des Pyrnes, jolie plante dont
les fleurs sont, suivant les varits, jaunes, brunes, bleues,
violettes, blanches ou panaches de ces diverses couleurs;
l'hlonias et l'uvulaire du Canada (Helonias bullata, Uvularia
grandiflora); letrillium grandes fleurs (Trillium grandiflorum ); l'rythrone des Alpes
(Erythronium dens canis),
aux larges feuilles marbres
de blanc comme celles des
cyclames, qu'elle rappelle encore par la grandeur, la figure
et le coloris de ses fleurs; le
safran printanier (Crocus vernus), le perce-neige ( Galanthus nivalis), le narcisse de
Gouan (Narcissus Gouani)
(fig. 209), et mme, pourraiton dire, tous les narcisses
connus. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que beaucoup
d'autres monocotyldones
indignes ou exotiques de
petite taille pourraient y tre
pareillement cultives.
2
Les dicotyldones
alpines
Fig. 209. Narcisse de Gouan.
ou alpestres,
toutes plus ou moins saxicoles, sont en gnral plus faciles cultiver que les orchides; la plupart mme pour-
raient la rigueur russir sur les plates-bandes d'un jardin
condition que le climat du lieu ft frais et humide et le
sol lger et permable. Ce qui le prouve, ce sont les essais passablement russis qui en ont t faits au jardin botanique de
Dublin (1), par M. Baines. Sous d'autres climats, plus secs et
plus chauds que ceux de l'Angleterre et de l'Irlande, les collines artificielles et les rocailles, humectes par un filet d'eau,
sont le moyen de succs le plus assur. Toutes ces plantes
peuvent aussi se cultiver en pots, pourvu que ces pots soient
bien drains, frquemment arross, et que la terre en soit
renouvele tous les ans, la fin de l'hiver. Il est d'usage de
les tenir dans un lieu un peu abrit contre les rayons du soleil, qui dessche trop vite la terre des pots; mais cet inconvnient ne se produirait pas si les plantes taient sur une
rocaille irrigue.
Les dicotyldones montagnardes croissent dans les sols
les plus varis de composition, les unes ne venant bien
que sur les terrains siliceux les autres sur les terrains
calcaires ou d'une autre nature. Un trs-grand nombre
toutefois paraissent indiffrentes la constitution minralogique du sol et sont encore florissantes dans le sable ou le
gravier presque pur, pourvu qu'elles soient au bord d'un
ruisseau. D'aprs M. Regel, ancien directeur du jardin botanique de Zurich, qui s'est occup longtemps et avec succs
de la culture des plantes alpines, on doit leur donner, lorsqu'on les cultive dans la plaine, un sol beaucoup plus pauvre
que celui o elles croissaient dans leur site natal. Le compost
qu'il y employait tait principalement form de sable de rivire contenant de la vase argileuse, de terreau vgtal, de
dcombres calcaires tirs de vieux murs et concasss, enfin
d'un peu de bouse de vache et de terreau de couches, le
tout bien amalgam et repos pendant au moins trois ans,
pour donner aux matires organiques le temps de se dcomposer. Il en rsultait une terre de composition moyenne,
pouvant s'adapter aux apptits particuliers de presque toutes
les espces.
(I) Gardeners' Chronicle, 1865, p. 535.
Dans la distribution des plantes sur les rocailles on ne
doit suivre aucune classification systmatique; la rgle ici est
uniquement dtermine par le temprament propre chacune d'elles et par l'effet produire. Aux espces les plus
alpines sont rservs les cts de la rocaille qui font face au
nord ou au nord-est; celles qui sont seulement alpestres les
pentes tournes vers le midi. On s'arrange ensuite de manire grouper les feuillages et les fleurs diversement colores pour le plus grand agrment du coup d'il. Ce qu'il
est essentiel d'obtenir c'est que toute la rocaille soit couverte de verdure. On y parvient l'aide de mousses et de
saxifrages gazonnantes, qui remplissent en peu de temps les
intervalles laisss vacants par les autres plantes, si toutefois,
comme nous le supposons, la rocaille est irrigue par le
haut et tenue constamment humide. Sa crte peut tre ombrage par de grandes fougres, celles en particulier du genre
Aspidium, dont il sera question un peu plus loin. M. Regel
y a mme employ, dans le jardin de Zurich, divers arbustes
feuilles persistantes, des mahonias, des cotonasters, des
pins rabougris (Pinus pumilio, P. mughus), des genvriers,
des thuias, etc. L'amateur entendu ne sera point embarrass
de dcouvrir ce qui pourra y convenir le mieux, dans les conditions particulires o il se trouvera plac.
La culture sur rocailles est encore trs-nouvelle et surtout trs-peu pratique en France, o l'on ne parat pas
se douter des avantages qu'on en obtiendrait si on voulait
l'appliquer aux vgtaux exotiques, en tenant compte de la
diversit de nos climats. Toutes les petites plantes montagnardes qui, au voisinage des tropiques ou entre les tropiques, supportent momentanment deux trois degrs de
froid, ou mme un peu moins, pourraient tre cultives sur
rocailles irrigues, dans la rgion de l'oranger. Ce serait,
selon toute vraisemblance, le cas d'un certain nombre d'orchides piphytes des hautes montagnes, qu'on a jusqu'
ce jour tenues dans des serres chaudes ou des serres
tempres, dont la chaleur trop forte et trop continue, ainsi
que l'air stagnant, sont manifestement contraires leur
nature. Ajoutons que la culture de ces plantes, telle qu'elle
se praLique habituellement dans les serres, sur des fragments de bois ou de lige suspendus, ou dans de petites corbeilles remplies de terre de bruyre, est radicalement vicieuse. Dans de telles conditions en effet, elles manquent
d'une nourriture suffisante, ce qu'indiquent assez clairement
leurs racines, qu'on voit errer au hasard sur leurs soutiens
ou pendre inutilement dans l'air, aussi ces plantes restentelles faibles et souffreteuses comparativement ce qu'elles
seraient dans un milieu plus conforme leurs besoins. Il
nous parat qu'il en serait autrement sur une rocaille moussue
et humide, o elles trouveraient, avec l'espace qui leur est
ncessaire pour s'tendre et les dtritus vgtaux dont elles
s'alimentent, l'action bienfaisante de la lumire directe et un
air sans cesse renouvel (1).
On peut supposer aussi avec quelque vraisemblance que,
sous les climats doux de l'ouest et du midi, les curieux sarracnias de l'Amrique du nord, la dione gobe-mouches (Dionamuscipula), dont les feuilles sensitives se referment,
dit-on, sur les insectes qui s'y posent, lecphalote de la Nouvelle-Hollande(Cephalotusfollieularis), qui reprsente en petit,
par ses feuilles en forme d'urne opercule, les npenthes de
l'Inde et de la Malaisie, et quelques autres plantes de mme
temprament et rputes, comme celles-ci, de culture difficile, russiraient sur des rocailles o leurs racines seraient
sans cesse rafrachies par un filet d'eau trs-are (2). L'essai,
(I)Les orchidesqui appartiennent en propre
la serre chaude ne font pas
exception. Tout aussi bien que les espces rustiques, elles pourraient tre plantes
sur des rocailles irrigues par en haut et abrites sous verre. Ces rocailles, pour
tre parfaites, devraient tre chauffes Pinterieur, par un tuyau de thermosiphon, conformment au principe de la culture gothermique. Une serre orchides
construite sur ce plan aurait probablement de grands avantages sur celles qui
existent aujourd'hui, et entre autres celui de pouvoir tre frquemment are,
sans inconvnient pour les plantes, que la chaleur de la rocaille mettrait facilement l'abri d'un froid momentan.
(2) Ces diverses plantes, toutes originaires de climats temprs ou froids, n'appartiennent pas la serre chaude, ni mme la serre tempre cependant c'est
dans de telles serres qu'on les a jusqu'ici cultives et toujours dans de l'eau
,
croupissante. Il est extrmement probable que de l'eau riche en oxygne leur
est indispensable pour vivre, et que les abris vitrs, en les soustrayant la
que nous sachions, n'en a point t fait, mais on a lieu de
croire qu'il le sera un jour ou l'autre, quand l'horticulture
aura rompu avec bien des habitudes routinires qui passent
encore inaperues.
Dans l'tat actuel du rpertoire horticole nos plantes alpines
ou alpestres sont presque exclusivement europennes, et
parmi elles il en est beaucoup qui n'ont qu'un intrt purement botanique. La liste de celles qu'on peut regarder comme
des plantes d'agrment est cependant dj longue; aussi nous
bornerons-nous citer celles qu'on trouve le plus habituellement dans les collections. Ce sont les rosages des Alpes
et des Pyrnes (Rhododendron ferrugineum, R. hirsutum, R.
chamcistus), charmants arbustes, fleurs rouges ou pourpres,
qui vivent exclusivementdans la terre de bruyre; les busseroles
ou raisins d'ours (Arbutus alpina, A. uva-ursi), sous-arbustes
rampants, dont les corolles, en grelot, sont blanc ros; les pyroles (Pyrola rolundifolia, chlorantha, minor, secunda, umbellata, uniflora, etc.), petites herbes vivaces, fleurs roses ou
blanches, qui se plaisent, comme les arbustes prcdents, sur
la terre de bruyre et le terreau de feuilles; toutes les gentianes,
dont les unes, tige leve, comme la grande gentiane Gentiana lutea) et la gentiane de Burser (G. Burseri), ont les fleurs
jaunes, et les autres, gnralement plus basses et quelquefois presque acaules, les ont blanches, roses, violettes
ou du bleu le plus pur (G. pneumonanthe, purpurea, asclepiadea, cruciata, acaulis, verna, pyrenaica, ciliata, nivalis,
glacialis, etc.); lesancolies(Aquilegiavulgaris,viseosa, alpina,
pyrenaica, canadensis, etc.); des renoncules fleurs blanches
(R.rutfolius, alpestris, glacialis, aconitifolius, pyrenus,parnassifolius, etc.); l'adonide des Alpes et l'adonide des Pyrnes
(Adonisvernalis, A. pyrenaica); lestrollius d'Europe et du Caucase (Trolliuseuropus, caucasicus,orientalis), jolies plantes
fleurs jaunes, susceptibles de doubler, comme celles de la plu-
rose, sont une des principales causes qui les rendent si rebelles la culture.
Plusieurs de nos plantes indignes, telles que les drosras (Drosera) et la parnassiedesmarais(Parnassiapalustris), seraient vraisemblablement tout aussi
difficiles conserver sous verre si on essayait de les y cultiver.
part des renonculaces; les anmones fleurs bleues, blanches
ou jaunes (Anemone baldensis, apennina, sulfurea, ranunculoides,narcissiflora,etc.), eten particulierl'herbe
Trinitou
anmonehpatique (Hepatica triloba), plante si recommandable
par la beaut de son feuillage et surtout de ses fleurs bleues,
violettes, roses oublanches les hellbores alpestres (Helleborus
purpurascens, orientalis, odorus); beaucoup de primulaces,
el entreautres toutes les'primevres, saufla primevre de Chine
(Primula vitaliana, viscosa, marginata, corlusoides, farinosa,
longiflora,auricula, alpina, crenata, integrifolia, etc.), dont les
fleurs sont jaunes, pourpres, violettes, mordores, quelquefois
blanches; lacorluse de Mathiole(CortusaMathioli), qui est
presque une primevre; la soldanelle (Soldanella alpina), petite primulace aux corolles fimbries et bleutres, qui aime
la demiombre; la plupart des androsaces, vritables diminutifs des primevres (Androsace villosa, chamjasme, lactea,
argentea, alpina, pubescens, pyrenaica, helvetica, carnea, etc.),
fleurs blanches, roses ou carmines; les grassettes Pinguicula vulgaris, grandiflora,flavescens, etc.), petites plantes le
plus souvent annuelles, trs-dlicates, corolle irrgulire
et peronne, blanche ou violette, qui croissent dans la
terre tourbeuse et sur les rochers trs-humides; beaucoup de
campanules fleurs bleues, violaces ou mme blanches,
telles que la campanule des Carpathes (Campanula carpathica), la campanule de Scopoli ( C. cspitosa), la campanule du
mont Gargano (C. garganica), auxquelles on peut ajouter les
C. cenisia, Bellardi, pusilla,valdensis,alpestris, ou, pour
mieux dire, presque toutes les espces du genre, y compris
la campanule pyramidale dont nous avons parl plus haut;
toutes les saxifrages (Saxifraga bulbosa, aizoon, aizoides,
cspitosa,crassifolia, cordifolia, cotyledon,hylinoides, etc.); la
tiarelle feuilles en cur (Tiarella cordifolia), jolie saxifrage
del'Amrique duNord, qui ne vient bienqu'en terre de bruyre;
la nombreuse tribu des joubarbes (Sempervivum calcareum,
piliferum, hirtum, tomentosum, arachnoidum, Pittonii, etc.) et
des orpins (Sedum anacampseros, Kamtchaticum, pulchellum,
acre, altissimuin,etc.); plusieurs caryophylles (Sileneschafta,
la
S. saxifraga, Alsine liniflora, A. Bauhinorum, Cerastium grandiflorum, Viscaria alpina, etc.) ; la spergule pilifre (Spergula
pilifera) et mme des illets (Dianthus caryophyllus, D. plumarius, D.fimbriatus, D. pulcherrimus, etc.) ; des graniaces
Granium Endressii, G. lancastriense; Erodium alpinurn, E.
Manescavi, E. petrum, etc.); beaucoup de composes, entre
autres l'astre des Alpes (Aster alpinus) et l'pervire orange
(Hieracium aurantiacum); le ramondia des Pyrnes (Ramondia
pyrenaica), curieuse et jolie plante acaule, fleurs violettes, et
qui semble tre le trait d'union entre les solanes, les scrofularines etles cyrtandraces ; quelques rosaces,
telles que potentilles
Potentilla alba, aurea,
granidiflora, etc.) et alchmilles (Alchemilla
pubescens, pentaphylla,
alpina, A. vulgaris), si
fraches et si jolies de
feuillage la ronce arctique ( Rubus arcticus) et
mme quelques rosiers
(Rosaalpina, R. collina,
R.pimpinellifolia, etc.);
des crucifres, par
exemple l'thionme du
Liban (thionema cordifolium), l'arabette rose
(Arabisrosea), lacardamine des Pyrnes (Cardamine latifolia) (fig.
210), la cardamine
feuilles d'asaret) C. asarifolia), l'ibride feuilles persistantes (Iberis
sempervirens), l'ibride
saxatileoucorbeille d'or
(
Fig. 210. Cardamine des Pyrnes.
(I. saxatilis)
et l'ibride des Alpes (1. garrexiana); quelques
orobes (Orobus alpestris, vernus, flaccidus) et l'anthyllide de
montagne (Anthyllis montana); de jolies violettes fleurs
jaunes ou violet bleu ( Viola biflora, mirabilis, cucullata, canadensis, rothomagensis, etc.), et enfin divers arbuscules
alpestres et alpins, que leur petite taille assigne aux rocailles
tout aussi bien que les plantes prcdentes, et qui se recommandent quelquefois par de jolies fleurs. Tel est le cas de la
linne borale (Linna borealis), des montagnes de Norvge et
proche parente de nos chvrefeuilles; de l'emptrumdesAlpes
(Empetrum nigrum), buisson de quelques centimtres de hauteur, aux fleurs rouges ou carnes, et surtoutdes petits daphns
montagnards (Daphne cneorum, D. alpina, D. Verloti), que la
gentillesse de leurs fleurs, roses ou pourpres, classe dans les
premiers rangs des plantes alpines de l'Europe.
Les rocailles sches, comme les rocailles humides, sont
compatibles avec tous nos climats, condition que les plantes
qu'on leur destine soient convenablement choisies; mais les
influences locales sont si varies et on conoit un si grand
nombre de degrs entre une rocaille qui n'est rafrachie que
par l'eau des pluies et une rocaille irrigue, qu'il devient
peu prs impossible de dire sur quelles espces doit porter
le choix de l'amateur. S'il s'agissait, pour prendre un
exemple extrme, d'une rocaille situe dans le climat mditerranen, et qui ne serait arrose que par l'eau du ciel, il est
bien visible qu'on ne pourrait la peupler que de ces plantes
coriaces ou charnues des pays mridionaux, qui bravent impunment les longues scheresses et les rayons les plus ardents du soleil. C'est l que viendraient naturellement se
placer les msembrianthmes de l'Afrique australe; les cactes rustiques (Opuntia, Epiphyllum, etc.); les orpins et
surtout les rochas et les crassules; les staplies (Stapelia grandiflora, asterias, ambigua, variegata, hirsuta, pulvinata, mutabilis, campanulata, barbata, reticulala; Bucerosia
umbellata, Mumbyana; Apteranthes europa, cylindrica, etc.),
asclpiades cactiformes du nord et du midi de l'Afrique,
dont les fleurs sont au moins remarquables par l'tran-
get de leur coloris. Des plantes indignes ou exotiques,
dontles formes nous sont plus familires, pourraient leur tre
associes, par exemple des cistes aux larges corolles pourpres
(Cistus creticus albidus, corsicus, etc.), ou blanches ( C. salvifolius, ladaniferus, ledon, laurifolius, etc.), avec leur curieux
parasite, l'hypociste(Cytinus hypocistis (1)); des hlianthmes
(Helianthemum tuberaria, urnbellatum, halimifolium, marifolium, fumana, ledifolium, roseum, etc.), plantes fruticuleuses,
qui ne sont que des diminutifs des cistes, aux fleurs jaunes,
roses ou blanches, trs-passagres mais tous les jours renouveles; la dentelairede Chine (Plumbago Larpent, Valoradia
plumbaginoides), aux fleurs bleues; le tussilageodorant ou hliotrope d'hiver(Nardosmia fragrans, Tussilagosuaveolens),
plante modeste que le parfum de ses fleurs, panouies en
hiver, rend recommandable; divers liserons mridionaux des
terrains les plus arides, tels que le liseron de Mauritanie (Convolvutus mauritanicus), aux fleurs bleu fonc, le liseron cantabrique(C. cantabrica) et surtout le charmant liseron
de Provence (C. althoides), dont les grandes corolles
roses sont le plus bel ornement des garrigues mditerranennes; le cprier pineux (Capparis spinosa), plante conomique vulgaire dans toute la rgion de l'olivier, dont les
grandes fleurs blanches ne sont pourtant pas sans attrait.
Sur ces rocailles encore fleuriraient les diverses espces ou
varits de girofles fleurs pourpres (Mathiola grca, M. incana
dont nous avons fait un peu plus haut l'histoire horticole. Rien n'empcherait enfin de couronner ces rocailles
d'arbustes mridionaux, tels que
myrte(Myrtus commu-
),
le
L'bypociste est une plante d'un aspect singulier, qu'on trouve frquemment
au pied des cistes, taut dans le midi'de l'Europe que dans le nord de l'Afrique.
Parasite au plus haut degr, il semble faire corps avec la racine du ciste aux
dpens duquel il vit. Sa tige, grosse et charnue, peut s'lever 0m,20 ou 0m,25 audessus de la surface du sol dans les localits humides et ombrages, mais elle
n'atteint gure que la moiti de cette hauteur dans les lieux secs et dcouverts.
Elle est revtue d'cailles ou feuilles charnues imbriques, du plus beau carmin
quand elle croit sur les cistes fleurs pourpres, d'un jaune plus ou moins bruntre quand elle vient sur les cistes fleurs blanches. Les fleurs, peu visibles,
sont runies au sommet, au centre de la rosette ou involucre form parles
cailles.
(1)
nis), le triphasia ou limonier trois feuilles (Triphasiatrifoliata
le cnorum trois coques (Cneorum tricoccum
et
autres arbrisseaux de mme temprament, que la maigreur
du terrain ou le manque d'espace pour leurs racines rduirait
l'tat d'arbustes nains.
),
),
Plantes de terre de bruyre.
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, il est un certain nombre de plantes alpines ou alpestres qui s'accommodent mieux de la terre de
bruyre que de toutes les autres, oumme qui l'exigent absolument. On leur rserve en consquence des parties de rocailles
ou de collines artificielles humides, lgrement ombrages,
et exclusivement couvertes de cette sorte de terre ou d'un
compost quivalent.Ce compost peut tre form par parties
gales de sable siliceux et de terreau de feuilles ramass dans
un bois. Quelles que soient les proportions des matriaux
composants, on doit en exclure tout terreau d'origine animale, et en particulier le terreau decouches, bien qu'un
certain nombre de plantes de cette catgorie n'en prouvent
point de mauvais effets. A dfaut de rocaille ou de terrain
dress en colline, on peut les planter sur les terre-pleins,
plus ou moins en relief, occups par les rosages et autres
arbustes de mme famille, condition cependant qu'elles
y trouvent assez de place pour se dvelopper et qu'elles n'y
soient pas touffes par les branches de ces arbrisseaux touffus
et vigoureux.
Ces petites plantes, la plupart fleurissantes et souvent fort
jolies, appartiennent tous les ordres de la vgtation qui
ont des reprsentants dans les jardins, et mme bien des
espces assignes d'ordinaire au jardin fleuriste -peuvent
prendre rang parmi elles. La grande classe des cryptogames
elle-mme nous en fournira quelques-unes. Sans parler des
mousses, qui peuvent avoir leur utilit sur les rocailles ordinaires, nous y trouverons, pour le cas particulier qui nous
occupe, les petites espces de fougres terrestres, l'onocle
d'Amrique (Onoclea sensibilis), les ophioglosses ou langues de
serpent (Ophioglossum vulgare, O. lusitanicum), la lunaire
(Botrychium lunaria), la plus menue de nos fougres
3
qb
terrestres indignes; le phgoptris (Polypodium phegopteris) et l'adiante du Canada (Adiantum pedatum), aux
frondes divises en folioles rhombodales. On pourrait mme
la rigueur y ajouter, malgr leur taille plus forte, la fougre
mle (Nephrodium filix-mas) et la fougre d'Allemagne (Struthiopteris germanica); ces deux dernires toutefois conviendront mieux pour les fougeraies proprement dites, dont il sera
parl plus loin.
Maisc'estsurtoutparmiles phanrogames, monocotyldones
etdicotyldones, qu'il convient de chercher les plantes de terre
de bruyre. Les premires nous fourniront de petits joncs graminodes (Juncuspygmxus, bufonius, tnageia, etc.), et des
scirpes bas et touffus (Scirpus cspitosus, S. botryon, etc. ),
que leur fracheur peut faire admettre sur les contours des
massifs en qualit de bordures, mais qui ne viennent bien
qu' la condition que le terrain soit trs-humide ou plutt
constamment irrigu. Moins avides d'eau, quoique craignant
aussi la scheresse, le muguet ( Convallaria maialis), le sceau
deSalaMon(Polygonatum multiflorum), la smilacine d'mrique
(Smilacina racemosa), lestrilliums (Trilliumsessile,T.grandiflorum), le rhoda du Japon (Rhudea japonica) et quelques autres liliaces-asparagines de petite taille, se plairont sur le sol de bruyre, pur ou mlang. Des liliaces beaucoup plus belles, mais qui sont de vritables
plantes de parterre, pourront mme y trouver leur place,
telles, par exemple, que les scilles aux fleurs bleues (Scilla
sibirica, S. amna, etc.), les safrans, les fritillaires indignes ou exotiques, les muscaris, l'rythrone des Alpes, les lis
du Canada et de Philadelphie, le martagon d'Europe et surtout
celui d'Amrique. Diverses orchides, et en particulier celles
du genre des cypripdes ( Cypripedium calceolus, C. macranthum, etc.) se recommandent aussi pour ces sols artificiels. Enfin, si le jardin tait situ sous le climat mridional, les sols de
bruyre, enrichis de terreau de feuilles et tenus moyennement
humides, admettraient la culture de presque toutes les espces
bulbeuses de l'Afrique australe, desixias, des crocus, des
lachnalies et de quantit d'autres plantes analogues.
Les dicotyldones ne fournissent pas aux massifs de terre
de bruyre un moins riche contingent d'espces fleurissantes.
En parcourant le chapitre des plantes de parterre, le lecteur
en reconnatra plusieurs qui sont tout aussi bien et peuttre mme mieux appropries qu' la terre ordinaire du jardin. Il nous suffira de rappeler ici l'ranthis d'hiver, les
anmones montagnardes (Anemone triloba, A. apennina, A.
alpinei, etc. l'adonide de printemps, les myosotis (Myosotis
alpina, Omphalodes verna, etc.), la pulmonaire de Virginie,
les liatrides (Liatris squarrosa, L.spicala); des campanules
(Campanula Bocconi, Platycodon grandiflorus, etc.), des caryophylles alpestres, telles que l'arenaire des Balares
(Arenariabalearica), fleurs blanches; la silne acaule (Silene acaulis ), des Alpes et des Pyrnes, fleurs carmin, et
mme les belles lychnides de la Chine et du Japon (Lychnis
grandiflora, L. fulgens, L. Sieboldi, etc. aux larges corolles
carlates, roses ou blanches; toutes les primulaces terrestres, les primevres et les auricules (Primula auricula, P.
viscosa, P. hirsutci, P. farinosa, P. elliptica, etc.), la cortuse
de Mathiole, la soldanelle, les cyclames, tous les phlox de
petite taille ou cespiteux, en particulier les Phlox subulata, setacea et verna; les scutellaires fleurs bleues du nord
de l'Asie (Scutellaria macranlha, S. Ruyschiana, etc.); quelques pentstmons (Pentstemon digitalis, P. Richardsoni, etc.),
les pavots alpins (Papaver cambricum,Cathcartia villosa, etc.), et enfin quantit d'autres plantes indignes ou
exotiques, qu'il sera facile au lecteur de trouver dans quelqu'un de nos chapitres prcdents, ou dans les catalogues des
),
),
horticulteurs.
Il est toutefois des espces qui sont spcialement propres
aux sols de bruyre, et qui viennent trs-mal ou point du tout
ailleurs, qui sont, en un mot, aussi particulires ce sol que
le sont les rosages ou les bruyres elles-mmes. Toutes ne
sont pas des plantes d'agrment, mais quelques-unes sont
assez distingues de port ou de floraison pour mriter les
soins de la culture. C'est le cas, par exemple, de la plupart des
gentianes fleurs bleues, qu'elles soient des plaines ou des
montagnes. On ne peutse dispenser de rappeler ici des espces
dj cites la gentiane fleur de vent (Gentiana pneumonanthe),
plante indigne des terrains sablonneux et humides, tiges
simples et dresses, termines par une grappe de grandes
corolles tubuleuses-campanuliformes, d'un bleu violac, qui
semontrent dans la premire moiti de l'automne; lagentianeasclpiade (G.asclepiadea), des Alpes et des Cvennes,
vivace et tiges simples comme la prcdente, mais en
touffes plus fortes; la gentiane croisette (G. cruciata ),du nord
,
de la France, dont les fleurs sont rapproches en bouquets au
sommet des tiges; lagentiane acaule (G. acaulis) (fig. 211),
plante tout
fait alpine et
la plus remarquable du
genre par la
grandeur de
ses corolles
bleu fonc;
ses tiges, courtes et simples,
s'talent sur le
sol et se termiFig. 211. Gentiane acaule.
nent par une
seule fleur. D'autres espces, indignes ou trangres, pareilfleurs bleues, quelquefois blanches, peuvent encore
lement
figurer honorablement ct des prcdentes telles sont la
gentiane de printemps (G. verna), la gentiane de Bavire (G. bavarica), la gentiane des Pyrnes (G. pyrenaica et la gentiane
des neiges(G. nivalis), cette dernire indiffremment fleurs
bleues ou blanches. Sous le climat mridional, et en lieu abrit,
on pourrait certainement ajouter ces espces d'Europe la plupart des gentianes de climats plus chauds, entre autres les
lisianthes (Lisianthus princeps, L. Russellianus, etc.), et beaucoup de plantes des Andes et de l'Himalaya, qu'on a jusqu'ici
cultives avec peu de succs dans les serres chaudes et les
serres tempres, o elles manquent d'airet de lumire, et o
l'eau des arrosages est probablement aussi trop peu oxygne.
Parmi les plantes les plus habituellement cultives en terre
de bruyre nous devons signaler plus particulirement les
gyroselles et les pimdes.
Lesgyroselles (Dodecatheon), primulaces du nord de l'Amrique, sont presque des cyclames par leurs fleurs, mais
elles diffrent de ces derniers par l'absence d'un tubercule
radical et par leurs tiges ou hampes multiflores. On en distingue deux espces la grande gyroselle ou gyroselle de Virginie (D. meadia) (fig. 212), fleurs nutantes ou penches, et
la petite gyroselle ( D. integrifolium), de moiti ou
d'un tiers plus basse,
fleurs moins nombreuses
et dresses au sommet de
la hampe. Dans les deux
plantes les fleurs sont de
couleur lilas variant du
blanc presque pur au
pourpre clair. Toutes deux
se multiplient de graines
et par division du pied.
Les pimdes Epimedium) sont de petits vgtaux alpestres et alpins de
l'Europe et de l'Asie septentrionale, vivaces par
leurs rhizomes, feuilles
divises en folioles orditriternes,
nairement
et
Fig. 212. Gyroselle de Virginie.
dont les fleurs rgulires,
quatre ptales peronns, runies en panicules au sommet
de tiges de 15 30 centimtres de hauteur, dguisent peine
l'analogie avec les arbrisseaux du genre berbris. Les espces
en sont assez nombreuses, mais elles ont toutes le mme port.
Leurs feuilles, rapproches en touffes, dresses, soutenues
par des ptioles grles et rigides, sont demi persistantes, en
ce sens qu'elles survivent longtemps aux fleurs, et se conservent assez souvent jusqu' la fin de l'hiver, o cette verdure se
rajeunit par une vgtation nouvelle. C'est aussi l'poque de
leur floraison, qui est brillante mais de courte dure. Nous
pouvons citer, comme tant les plus connus, les E. macranthum et ses varits, fleurs blanches diphyllum, roseum, lilacinum, sinense, o elles sont blanc ros ou lgrement violaces; le violaceum, qui les a d'un violet assez pur; les sulphureum,pinnatum etalpinum (fig. 213), o elles sont jaunes,
Fig. 213. Epimedium alpinum.
tirant plus ou moins sur le marron ou le pourpre l'extrieur,
et enfin l'atropurpureum, o elles sont comparativement
grandes, de couleur carmin l'extrieur et jaune ple en de-
dans. Toutes ces espces, quoique rustiques sous nos climats,
aussi ne les multiplie-t-on
y donnent peu ou point de graines
gure que par divisions du rhizome.
Une multitude d'autres plantes, indignes ou exotiques,
desplaines et des montagnes, la plupart d'ordre trs-secondaire
en tant que plantes ornementales, mais ayant de l'intrt
pour les amateurs de ce genre particulier de culture, sont
aussi leur place surles monticules de terre de bruyre, soit
qu'elles les occupent exclusivement, soit qu'elles s'y trouvent
associes aux arbustes qui ne vivent que dans cette nature de
sol. La liste en est trop longue pour que nous puissions la
donner ici, mais le lecteur trouvera sur ce point des indications suffisantes dans les journaux d'horticulture (1) et les catalogues des horticulteurs marchands. Nous nous contenterons de citer pour mmoire les grandes saxifrages de la
Chine, de la Sibrie et de l'Himalaya (Saxifragacrassifolia,
ligulata, cordifolia, purpurascens, sarmentosa, etc.), ainsi que
les plus remarquables parmi nos espces indignes (S. aizoon, sedoides,palmata,cotyledon, geranioides,umbrosa, etc.)
l'hotia duJapon Hoteiajaponica
saxifrage fleurs blanches et feuilles composes, trs-recherche Paris et que
bien des personnes aiment cultiver en pots sur leurs fentres;
l'asaret commun et l'asaret du Canada (Asarum europum, A.
canadense ), vritables aristoloches acaules, dont les larges
feuilles rniformes couvrent la terre de leurs touffes paisses,
et qui abritent sous leur ombre des fleurs d'une forme bizarre et de couleur pourpre noir, plus curieuses que belles;
l'htrotrope asariforme, autre aristoloche japonaise, acaule
et presque semblable aux prcdentes, mais avec un feuillage
beaucoup plus beau, lisse, luisant et marquet de larges macules gristres, qui lui donnent quelque ressemblance avec
celui des cyclames; elle en diffre aussi par ses fleurs, qui sont
plus courtes, plus grosses, et d'une teinte fonce avec des re-
),
(t) En particulier dans une excellente note de M. Verlot sur la culture des
plantes alpines, note qu'on trouvera dans la Flore des serres (tom. XIII, p. 98 et
suivantes ).
fletsbleus; des violettes montagnardes, parexemple les violettes
jaunes des Alpes (Viola biflora, V. lutea) et la violette pourpre
(V. pedala), de l'Amrique du Nord; diverses oxalides fleurs
roses (Oxalis rosea, 0. venosa, etc.), ou fleurs jaunes ( 0.
corniculata, etc. ) ; enfin, toutes les fumariaces auxquelles on
pourra trouver de l'intrt, comme la fumeterre grimpante
(Adlumia cirrhosa), plante
sarmenteuse et dbile, qui
orneca de ses fleurs jaunes les
arbustes auxquels elle entremlera ses rameaux; le dilytra d'Amrique (Dielytra formosa) (fig. 214), moins grand
mais presque aussi beau que
celui de la Chine, et, comme
lui, fleurs rose carmin; et
enfin la corydale de Sibrie
Corydalis nobilis), belle et
forte plante au feuillage glauque et dcoup dont les gros
pis de fleurs jaune ple ne
seront pas dplacs ct
de ceux de l'espce prc-
Fig. 214. Dilylra d'Amrique.
. IV.
dente.
LES FOUGRES ET LEUR CULTURE.
L'norme famille des fougres, quoique un dixime
peine en ait t introduit dans les jardins, est cependant
tout entire revendique par l'horticulture. Il ne se passe pas
d'anne que plusieurs espces nouvelles n'en soient importes en Europe, et celles mme qui sont vulgaires chez nous
sont recherches presque l'gal de ces espces exotiques.
C'est qu'il n'est pas de famille de plantes o plus de diversit dans les formes s'allie plus de dlicatesse, de grce et
de fracheur; aussi leur culture est-elle florissante dansplu-
sieurs pays du Nord. Elle l'est surtout en Angleterre,
ainsi que nous l'avons dit plus haut, ce qui est peut-tre d
ce que nulle part ailleurs les conditions climatriques ne
lui sont aussi favorables.
Avec une grande homognit dans l'organisation et un
aspect qui les fait reconnatre de prime abord, les fougres
prsentent toutes les modifications imaginables dans le port
et le feuillage. Il en est qui, par leur tronc ou plutt par
leur rhizome ligneux et dress verticalement, et par l'ampleur de leur couronne, rappellent les formes et la stature
des palmiers; quelques-unes, tige grle et indfiniment
prolonge, sont de vritables plantes grimpantes et volubiles;
dans le plus grand nombre cependant les frondes naissent
de rhizomes charnus, souterrains ou rampants
enfin on en
connat, celles parexemple du groupe des hymnophylles,
qui sont si tnues et si frles qu'on a de la peine les
distinguerdes mousses, avec lesquelles elles croissent entremles.
La dcoupure plus ou moins profonde du feuillage en
lobes et lobules rguliers, de mme grandeur et de mme
figure, qui reoivent ici le nom de pinnules, est un caractre commun la majorit des espces
mais il en est
aussi chez lesquelles la fronde est d'une seule pice, sans
vestiges de divisions ou mme de dentelures. Elle est alors,
suivant les espces, allonge, lancole, polygonale, ovale,
arrondie, rniforme, plane ou crpue sur son contour. Chez
la plupart des fougres les feuilles sont glabres, souvent
mme luisantes, mais quelques-unes les ont hrisses de
poils, velues ou laineuses. Enfin, si une verdure vive ou fonce
est la teinte normale et habituelle de la famille, il est un
petit nombre d'espces chez lesquelles se montrent des coloris bien diffrents, par exemple le blanc, le jaune ou le
pourpre, distribus en macules, en stries, en panachures
de diverses formes. Ces coloris, purement accidentels, sont
trs-priss par les amateurs.
Un autre genre de modification, bien plus commun dans
les fougres, est l'altration plus ou moins profonde des
formes que l'onconsidre comme normales pour chaque espce, altration qui est quelquefois pousse si loin que l'espce en devient mconnaissable. Dans la plupart des cas ce
sont des dcoupures ou des dchiquetures surajoutes
celles qui sont conformes au type de l'espce; quelques fois
mme elles se montrent sur des espces dont les frondes,
l'tat normal, restent entires; d'autres fois encore ce sont
des plissements ou crpures de formes bizarres, qui occupent soit une partie de la fronde, son contour ou son sommet,
soit la totalit de cette fronde, et qui trs-souvent mme
combinent leur effet avec celui des dcoupures anormales
dont nous venons de parler. Ces monstruosits accidentelles
recherches des collectionneurs, et,
sont particulirement
ce qui est remarquable, elles se reproduisent assez fidlement par le semis, quand les spores ont t rcoltes sur
les parties altres de la fronde.
Toutes les fougres ont, quelques nuances prs, le mme
besoin d'ombre et d'humidit atmosphrique, mais elles diffrent considrablement les unes des autres relativement la
temprature qui est ncessaire leur dveloppement, et au
degr de froid qu'elles peuvent endurer. Les espces quatoriales appartiennent de droit la serre chaude; celles de
climats analogues aux ntres rentrent dans la catgorie des
plantes de plein air; c'est de celles-l seulement que nous
avons nous occuper ici.
Une soixantaine de fougres, toutes herbaces, sont indignes en Europe. On peut en faire deux sections, il est vrai peu
tranches les fougres nmorales, qui croissent ordinairement
sur le sol, dans les lieux boiss, et les fougresrupicoles, qui
ne se rencontrent gure que surles rochers, les murs, les souches d'arbre ou les pentes abruptes des valles et des excavations du sol. Parmi les premires, qui sont plus particulires
aux pays de plaine, nous trouvons l'Osmonde royale (Osmunda
regalis), une des plus belles fougres connues, dont les frondes, surcomposes, atteignent parfois jusqu' deux mtres de longueur; par sa manire de vivre elle est presque une exception
dans la famille au lieu de rechercher, comme la plupart des
autres, les sols drains ou rocailleux, elle ne vient bien que
aussi, plante sur rosur les fonds tourbeux et marcageux
cailles ou plat dans la terre d'un jardin, ne s'lve-t-elle
gure qu' un mtre et souvent beaucoup moins la grande
fougre ou fougre aquiline (Pteris aquilina), la plus commune de toutes nos espces et une des plantes les plus caractristiques des terrains siliceux ses longs rhizomes, rampants, mettent de distance en distance, et jamais en touffes,
de grandes frondes dresses verticalement et hautes de
deux, trois et quelquefois quatre mtres; cette espce, malgr la beaut de ses frondes, qui, prises isolment, ressemblent
autant de petits arbustes, est rejete des jardins, cause
de sa vulgarit et aussi parce que sa disposition tracer la rendrait fort incommode la fougre mle (Aspidiumou Nephrodium
filix mas), la fougre femelle (A. filix fmina) et plusieurs
autres espces du genre (Aspidium aculeatum, oreopteris,
thelypteris, molle, cristatum, rigidum, spinulosum, etc.), dont
les frondes, plus ou moins profondment divises, forment
des touffes rgulires d'une grande beaut; la fougre d'Allemagne (Struthiopteris germanica), dont le rhizome dress,
et non sans analogie avec le stipe des espces arborescentes,
s'lve quelques centimtres au-dessus du sol; enfin
plusieurs espces exotiques, parmi lesquelles on doit citer
l'onocle de l'Amrique du Nord (Onoclea sensibilis), qui
peuvent encore tre ranges dans cette section.
Le groupe des fougres rupicoles comprend un plus grand
nombre d'espces. Ce sont d'abord des aspidiums, qui peuvent la rigueur tre considrs comme intermdiaires
entre les deux sections, par exemple, l'Aspidium lonchitis,
trs-belle fougre pinnules simples; les A. fragile, regium,
fontanum, alpinum, montanum, Halleri et rigidum, o elles
sont plus ou moins profondment lobes ou divises; puis les
polypodes (Polypodium vulgare, hyperboreum, phegopteris,
dryopteris, etc.), en gnral moins grands que les aspidiums,
et dont l'espce commune, lepolypodeduchne(P.vulgare),
est trs-sujette varier et produire des monstruosits; les
asplniums (Asplenium, septentrionale, trichomanes, viride,
Petrarch, rutamuraria,germanicum,lanceolatum, marinum,
adiantum nigrum, etc. plus petits encore et plus dcidment rupicoles, qui croissent en touffes dans les anfractuosits des rochers ou sur les vieux murs; le ctrach
officinal (Ceterachofficinarum), qui reproduit
port des asplniums et habite les mmes lieux, et le cterach velu ( C. Marant, Acrostichum Marant), rare et curieuse espce du
midi de la France; leswoodsias (Woodsia hyperborea, W. ilvensis), dlicates fougres des montagnes du nord de l'Europe; la fougre de Crte (Pteris cretica), des rochers de la
Corse et des autres les de la Mditerrane, plante gracieuse, qui a produit des varits panaches de blanc; la
la fougre crpue (Pteris ou Cryptogramme crispa), petite
plante aux frondes finement dcoupes, de toutes les hautes
sommits de l'Europe et de l'Asie; la fougrepectine (Blechnum boreale, Osmunda spicans), une des plus jolies habitantes
de nos bois o elle occupe les talus des ravins et des fosss
l'adiante chevelure de Vnus (Adiantum capillus Veneris),
lgante fougre aux frondes glauques, dont les pinnules
ptioles, ou folioles, tremblent aux moindres souffles d'air,
et qui peuple les rocailles humides et les murs des citernes
dans tout le midi de la France et de l'Europe; la scolopendre
officinale ou langue de cerf (Scolopendrium officinarum),
commune sur les parois des puits, et dont les longues feuilles
simples, rubanes et luisantes, sont de la verdure la plus
frache; c'est une des espces qui ont produit le plus de monstruosits dans les jardins; la scolopendre hmionitique (S. hemionitis), du midi de la France et du nord de l'Afrique, qui
diffre de la prcdente par les deux lobes de la base de
ses frondes
ce qui leur donne la figure d'un fer de flche;
leetrichomane radicant (Trichomanesradicans), plante des rochers humides de l'occident de l'Europe, que ses organes de
fructification rapprochent des espces du genre suivant; enfin
l'hymnophylle de Bretagne et l'hymnophylle de Wilson
Hymenophyllum tunbridgense, H. Wilsoni), trs-petites
plantes presque semblables aux mousses, et qui croissent,
avec ces dernires, sur les roches mouilles par l'eau des
),
le
fontaines, dans l'ouest, de l'Europe, au voisinage de l'Ocan.
On pourrait ajouter ces espces indignes l'Ophioglosse
vulgaire ou langue de serpent Ophioglossum vulgatum), et
la lunaire (Botrychium lunaria), deux petites espces terrestres que leur mode de fructification rapproche de l'osmonde
royale, mais qui, prfrant la terre de bruyre siliceuse
toutes les autres terres, conviennent tout aussi bien aux terrepleins de cette espce de sol qu'aux rocailles proprement
dites.
Les espces exotiques que l'exprience a dmontres tre
assez rustiques pour endurer nos hivers sont plus nombreuses
encore. Ce sont toutes celles de l'Amrique septentrionale,
partir du 36e degr de latitude, de la Sibrie, du nord de la
Chine, du Japon, du Caucase, des hautes sommits de l'Himalaya, du Taurus et des montagnes du Mexique, de toutes
les parties du globe, en un mot, o les hivers peuvent tre
compars aux ntres. Le nombre des espces naturaliser
s'accrotrait d'ailleurs mesure que leur culture s'avancerait
davantage vers le midi, surtout en se rapprochant de l'Ocan.
D'un autre ct rien ne s'opposerait, ainsi que nous le dirons
plus loin, ce que les endroits rservs la culture des fougres exotiques ft abrit pendant l'hiver, soit par son site
mme, soit par des plantations d'arbres. En choisissant les
lieux et en combinant les accessoires, il n'y aurait peut-tre
pas de tmrit entreprendre la naturalisation sur quelques points du midi de la France des fougres arborescentes
de la nouvelle Zlande et dela terre de Van Dimen, dont les
climats ne sont pas trs-diffrents de ceux de quelques-unes
de nos provinces. En Angleterre, o la culture des fougres
est dj presque populaire, un nombre considrable d'espces
exotiques ont t associes, sur les rocailles, aux espces europennes, les unes avec un plein succs, les autres avec des
chances diverses, suivant les lieux et les vicissitudes des
saisons. Parmi elles on peut citer les Lygodiumpalmatum et
mexicanum,l'Adiantumperuvianum,l'Onychium lucidum, les
Woodwardia caudata, areolata et virginica, le Scolopendrium
reniforme, le Platyloma atropurpureum, les Osmunda spec-
tabilis, cinnamomea, claytoniana et interrupta, le Struthioptens
pensylvanica, le Gleichenia alpina et le Notochlna vestita.
On ne peut douter que beaucoup d'autres fougres exotiques
ne puissent encore tre ajoutes cette liste, surtout dans
l'ouest et le midi de la France.
A la suite des fougres, et comme complment de ce groupe
de plantes, nous devons citer les lycopodes (Lycopodium),
qui rappellent d'assez prs les fougres par leur mode de
fructification, mais dont le port trs-diffrent leur donne
quelque ressemblance avec des mousses d'une taille relativement gigantesque. Ce sont des herbes vivaces, ramifies,
rampantes ou plus ou moins dresses, dont les tiges et les
branches cylindriques sont couvertes d'un feuillage menu,
pais, et souvent imbriqu. Leurs organes reproducteurs
sont situs aux aisselles de feuilles bractiformes ou cailleuses,
rapproches en pis cylindriques au sommet de rameaux
particuliers.
Ces plantes, dont le temprament est celui de fougres,
principalement des fougres nmorales, se plaisent sur les sols
tourbeux ou dans le terreau vgtal humide et ml de sable
siliceux. Leur place est donc naturellement indique sur les
rocailles fougres, dont elles peuvent surtout garnir le
pied, entremles d'autres plantes. Toutes les espces de
pays froids ou temprs peuvent y tre cultives avec succs,
et notamment les L. selago, selaginoides, clavatum, annotinum, inundatum et alpinum, tous habitants des montagnes
ou des localits fraches et humides du centre et du nord de
l'Europe. D'autres lycopodiaces, plus lgantes de port mais
toutes exotiques, les slaginelles (Selaginella), sont frquemment cultives dans les serres chaudes et les serres tempres,
o ellesservent principalement faire des bordures. Nous en
reparlerons dans un volume suivant.
Deux modes de culture sont en usage pour les fougres, la
culture en pots et la culture sur rocailles. La premire a t
jusqu'ici seule employe pour les espces de serre tempre
ou de serre chaude; la seconde, cause de sa simplicit, est
celle qui convientlemieuxpourles espces rustiques. Si oncul-
tivait en pots, les conditions indispensables de succs seraient
d'abord un drainage parfait, puis l'emploi de terre de bruyre
mle par parties gales du terreau de feuilles entirement
dcompos. Nous n'insistons pas sur cette mthode, qui,
aucun point de vue, ne peut tre compare la culture sur
rocailles, et n'a de raison d'tre que dans le cas o on voudrait utiliser momentanment des fougres pour la dcoration des appartements ou des fentres, ce qui se fait quelquefois.
Les rocailles fougres ou fougeraies (les Anglais les nomment ferneries), se construisent d'aprs deux plans assez diffrents l'un de l'autre. Le plus ordinaire et en mme temps
le plus simple, est celui dans lequel la rocaille prsente la
forme d'un monticule deux versants, tous deux occups par
les plantes. Ce monticule doit tre convenablementabrit, et
frquemment arros en temps de scheresse, car par luimme il ne conserve pas longtemps l'humidit. Moyennant
ces deux conditions, les plantes y viennent d'une manire
satisfaisante si le pays est pluvieux et le ciel souvent couvert, mais il n'en serait plus de mme dans la rgion du
midi, o il faudrait lutter sans relche contre la scheresse du
climat par des arrosages pnibles et dispendieux. On vite
tous ces inconvnients l'aide d'une rocaille perptuellement
irrigue par en haut, comme celles dont nous avons dj
parl. Ce qui vaut mieux encore c'est de donner la rocaille,
non plus la forme d'un monticule, mais celle d'une valle
parois un peu abruptes, creuse dans un pli de terrain ou
mnage exprs dans une colline artificielle, et ombrage par
une plantation d'arbres et d'arbrisseaux touffus et toujours
verts. Cette valle, qu'on devrait orienter de manire la
mettre l'abri du vent du nord et du soleil de midi, pourrait
aboutir une grotte peu profonde, dont les parois seraient
occupes par les espces juges les plus dlicates. Toutefois,
pour que cette structure ft parfaite, il faudrait qu'un filet
d'eau suintt d'une manire continue sur les talus de la valle, et que le fond en ft occup par un bassin o s'amasserait et se conserverait l'eau des pluies, ou qu'on remplirait
d'eau au besoin par un moyen quelconque. Il est trs vraisemblable que sous les climats doux du midi de l'Europe
une rocaille ainsi construite permettrait de cultiver l'air
libre, et pour ainsi dire sans aucun soin, bien des espces
de fougres qu'on a jusqu'ici tenues en serre tempre,
et peut-tre mme, comme nous l'avons insinu plus haut,
les fougres arborescentes de la Nouvelle-Zlande et de la
Tasmanie.
Les fougres se reproduisent naturellement par les drageons ou rejets qui naissent de leurs rhizomes et la sparation de ces rejets est le moyen habituellement employ pour
les propager
mais elles se multiplient aussi par les spores
tnues qui se forment en nombre immense la face infrieure
de leurs frondes (1). Il suffit pour que ces spores germent
qu'elles tombent sur un sol humide et suffisamment chauff.
Rien de plus frquent, dans les serres fougres, que la
germination spontane des spores sur la terre des pots ou des
caisses. Ce moyen de reproduction est peu usit chez nous,
mais il l'est frquemment en Angleterre chez les amateurs de
fougres, principalement pour obtenir les varits monstrueuses ou curieusement dformes dont nous parlions plus
haut. Les semis se font sur de la terre de bruyre humide,
en pots ou en terrines, et le plus souvent en serre tempre, quelle que soit l'espce qu'il s'agit de multiplier. Les
jeunes plants ne sont enlevs, pour tre mis en place, que
lorsqu'ils ont pouss deux ou trois feuilles, ce qui annonce
que les racines sont assez dveloppes pour en assurer
la reprise.
Les fougres nmorales peuvent se cultiver,sur rocailles
mais comme
presque aussi bien que les espces rupicoles
elles sont en gnral beaucoup plus fortes, il faut, pour les
obtenir belles, rserver leurs rhizomes des espaces proportionns leur taille. Ordinairement cependant ces grandes
espces terrestres sont mieux employes comme plantes de
massifs, sous les arbres ou les arbustes touffus, sur les gazons
ou dans les fonds un peu humides. S'il existe dans le jardin
un coin o l'eau reste stagnante dans le sol, et que ce sol soit
de nature tourbeuse, on en profitera pour y planter l'osmonde
royale, qu'aucune autre plante beau feuillage n'galerait
dans de telles conditions.
(I) Voir tome
Ier,p.176 et suivantes.
FIN DU TOME II.
TABLE DES MATIRES
INTRODUCTION.
Tages.
CHAPITRE Ier.
CLIMATOLOGIE DE LA FRANCE CONSIDRE DANS
SES RAPPORTS AVEC
LA CULTURE.
Climat vosgien ou du nord-est, p. 2. Climat squanien ou
du nord-ouest, p. 5. Climat girondin ou du sud-ouest, p. 11.
midi
Climat rhodanien ou du sud-est, p. 16. Climat du
ou mditerranen, p. 21. Climats locaux, p. 27.
CHAPITRE II.
FLORICULTURE ET AUTRES CULTURES D'AGRMENT DE PLEIN AIR;
gnrales.
fleuriste.
JARDINS FLEURISTES, PARCS, JARDINS PAYSAGERS, ETC.
1er. Considrations
2. Du parterre ou
jardin
Situation du parterre, p. 33. Terrain du parterre, p. 35.
dessin du parterre, p. 37. Bordures des alles
Forme et
et des sentiers, p. 40. Pelouses et gazons, p. 43. Accessoires du parterre, p. 46.
3. Choix des plantes et leur distribution dans le parterre.
Plantation par entremlement ou en mlange, p. 51. As-
30
33
50
Pages.
sortiment des couleurs dans le parterre, p. 54. Mode de plantation en massifs, p. 57.
4. Choix et classement des plantes qui
entrent dans la composition d'un
(0
Plantes fleurissant en hiver, p. 62. Plantes fleurissant au
printemps, p. 63. Plantes fleurissant en t, p.
Plantes fleurissant en automne, p. 66.
5. Jardins pittoresques ou paysagers; jardins publics, pue.,
promenades, avenues et
67
parterre.
65.-
arbortums.
rosiers
88.-CHAPITRE III.
PLANTES DECOLLECTION SERVANT A LA DCORATION DES PARTERRES.
10er
Les
83
t Espces et varits de rosiers, p.
1 Les rosiers froces (Rosier hrisson, rosier du Kamtchatka), p. 88.
aLes rosiers involucrs
(Rosier des marais, rosier
bractol,
rosier de Macartney, rosier microphylle. rosier de Hardy), p. 89.
3 Les rosiers cannelles Rosier cannelle, rosier de mai, rosier de
Bosc, rosier de la Caroline), p. 90.
4 Les rosiers pimprenelles (Rosier pimprenelle proprement dit,
rosier pineux, rosier fleurs jaune de soufre, rosier desAlpes,
rosierBoursault),p.91.
5 Les rosierscent-feuilles (Rosier cent-feuilles proprementdit,
rosier mousseux, rosier de Provins et de Provence,rosier de
desquatre-saisons, rosier de Belgique, rosier bifire,
Damas
rosier de Portland, rosiers remontants, rosiers hybrides de Portland),
94.
6 Les rosiers velus (Rosier blanc, rosier velu proprement dit),
p. 101.
7 Les rosiers rouills (Rosier jaune ou rosier capucine, rosier
rouill ou glantier odorant, rosier de Harrison, rosier jaune de
Perse), p. 102.
8 Les rosiers cynorrhodons ou rosiers des chiens (Rosier fauxglantier, rosier de r/Mde ou rosier Th, rosier du Bengale, ro-'
sier d Bourbon, rosiers hybrides remontants, rosier du Bengale
nain,rosier Noisette), p. 104.
91 Les rosiers styles souds Rosier des foltines, rosier de Lady
Monson, rosier des champs, rosier toujours vert, rosier mnltiflore, rosier muscat, rosier feuilles de ronce, rosier stigre),
p. 111.
ou
p.
<
Pages.
10 Les rosiers de Banks (Rosier de Gorgie, rosier de Banks
pro-
prement dit, rosier fleurs d'anmone), p. 115.
11 Le rosier feuilles simples, p. 117
Multiplication et culture des rosiers p. 118.
Multiplication par clats,
Multiplication par semis, p. 118.
Multiplication par greffes,
bouturage et couchage, p. 122.
p. 124. Culture des rosiers en pleine terre, p. 130. Maladies et insectes nuisibles aux rosiers, p. 136.
2. Les
OEillet des fleuristes, p. 139. OEillet mignardise, p. 145.
illet en arbre ou bois, p. 145. OEillet de pote,
p. 146. OEillet badin, p. 147. OEillet de Chine, p. 147.
OEillets hybrides, p. 14q. Culture et multiplication des il"
lets, p. 150. Maladies et insectesnuisibles aux illets, p. 159.
3. Les
Espces et varits de tulipes, p. 164. Culture et multiplication des tulipes, p. 168.
S 4. Les
Varits de jacinthes, p. 175. Jacinthes fleurs simples,
p. 176. Jacinthes a fleurs doubles, p. 177. Multiplication
et culture des jacinthes, p. 178.
5. Les
Principales espces de lis, p. 188. Culture et multiplication
des lis, p. 200.
6. Hmrocalles et autres liliaces de second
Hmrocalles,
202. Fonckias, p. 203. Tubreuse,
p. 204. Fritillaires, p. 205. rythrones, p. 206. Liliacesde fantaisie, p. 206.
7. Les
Espces et varits d'amaryllides, p. 209.
Narcisses, p. 209. Lis-narcisses ou pancratiums, p. 212.
Eucharis, p. 214. Perce-neige et nivoles,
214. Amaryllis indignes et exotiques, p. 215. Alstrmres, p. 220.
Cliviaset himantophyllums, p. 221.
Culture des amaryllides, p. 221.
8. Les
Espces et varits ornementales d'irides, p. 225.
Iris proprement dits, p. 226. Tigridies, p. 231 Moreset
ferraries, p. 232. Ixias et sparaxis, p. 233. Glaeuls, p. 235.
Safrans ou crocus, p. 238. Colchiques et bulbocodes,
p.240.
Culture des irides, p. 241.
tt
,
-
illets.
tulipes.
jacinthes173
lis.
-
p.
ordre.
amaryllides.
p.
irides.
,
t
138
161
187
202
208
tt
tt
225
9. Les primevres et les
aurioules.
t Espces et varits de primevres, p.
247
248.
Primevres communes, p. 248.
Primevre acaule, p. 248.
Primevre des fleuristes, p. 249. Auriculeou oreille d'ours,
p. 250. Primevre de Chine, p. 252 Primevre cortusode,
p.252.
Culture des primevres et des auricules, p. 253.
10. La pense des
Espces secondaires de penses, p. 263.
11. Les anmones et les
Anmone des fleuristes et sa culture, p. 264.
Renoncule
d'Orient ou des fleuristes, p. 270. Renoncule pivoine, p. 271.
r Culture et multiplication des renoncules, p. 272.
12. Les chrysanthmes de la Chine et de
Culture et multiplication des chrysanthmes, p. 279.
13. La
Reines-marguerites pyramidales, p. 284. Reines-marguerites anmones ou tuyautes, p. 285. Culture des reines-marguerites, p.285.
Le
Variations du dahlia, p. 291. Culture et multiplication,
p.292.
jardins.
renonoules.
tt
Pages.
257
263
l'Inde27G
reine-marguerite.,
14.
dahlia.
282
290
CHAPITRE IV.
gnrales.
PLANTES DE FANTAISIE PROPRES
LA DCORATION DES PARTERRES.
1er. Considrations
varits
2. Espces
et
de plantes de fantaisie de parterre.
Acanthes, p. 303. Achilles, p. 304. Aconits, p. 305.
Acroclinie fleurs roses,.p. 306. Adonides, p. 306. Agratoires, p.307. Alysse corbeilled'or,
307. Aubritie, p. 307.
Ammobie aile,
Amarantes, p. 308. Amarantines, p. 311.
p. 312. Amphicome de l'modi, p. 314. Ancolies, p. 314.
Anthmis, p. 319. Ara Anmones de fantaisie, p. 316.
bettes, p. 319. -'Arctotides, p. 321. Argmones, p. 321.
Arnbie chiode, p. 322. Asclpiades, p. 323. Astres,
p.324.
Balsamines, p. 326. Basilics, p. 329. Bgonias, p. 330.
Belle-de-jour, p. 331. Belle-de-nuit, p. 332. Benote
carlate, p. 335. Brachycome feuille d'ibride, p. 335.
Brunelle ou prunelle grandes fleurs, p. 336.
p.
296
303
Pages.
Cacalie carlate, p. 336. Calandrines, p. 336. Catcolaires;
Nuttal, p. 338. Campanules,
337. Callirh
Humboldt, p. 344. Centaures, p. 345.
p. 339. Castillja
Craistes, p. 347.
Chrysanthmes de fantaisie, p.347.
Cinraires, p. 351. Clarkias, p. 352. Colus de Blume,
p.353. Collinsia bicolore, p. 353. Collomies, p. 354.
Coquelourdw, p. 355. Coropsides, p. 356. Coronifles,
357..Corydales, p. 358. Cosmidie de Burridge, p. 359.
Cosmos grandes, fleurs, p. 360. Crpiderose, p. 360.
Cupbas, p. 360. Cupidones,p. 362.
Daturas, p. 363. Dentelaire de Chine, p. 365. Dilytra
de Chine, p. 365. Digitale pourpre, p. 367. Diplacus,
p, 368. Doronics, p.369. Dracocphales, 370.
nothres ou onagres, p. 370.
phmres, p. 372.
ran
this d'hiver, p. 173. Erigerons, p. 374. rysimums, p. 374.
Escholtzies, p. 375. thionme du Liban, p. 375. Eucharidiums, p. 376. Eutocas, p. 376.
Ficode glaciale, p. 376. Fraxinelle ou Dictame blanc, p. 377.
Gaillardia de Drummond, p.378. Gaura de Lindheimer,
p. 379. Gazanias, p. 380. Gazon d'Espagne ou d'Olympe,
p.382. Graniums, p. 382. Gilias, p. 383. Girofles et
quarantaines, p. 38a. Godties, p. 387. Grindlies,
388.
Hlianthmes, p. 388. Hliotropes, p. 389.
Hellbores,
p.391.
Immortelles, p. 393. Ipomopsides, p. 395.
Julienne ou girarde commune, p. 396.
Ketmies, p,397.
Lavatres, p. 397. Leptodactyles, p. 398. Leptosiphons,
399. Liatrides, p. 400. Lins, p. 400. Linaires,
402.
Loblies, p. 402.
Lotiers, p. 404. Lunaires, p. 405.
Lupins, p. 406. LychWdes,
408. Lysimaques,
410.
Matricaire mandiane, p.410. Mauves, p. 411.
Mentzlie deLindley, p. 411. Millepertuis,
412. Mimulus,
p. 413.rMiroir de Vnus, p.414. Molnes,
415. MOI
nardes, p. 416. Morine longues feuilles, 416. Muflier des
jardins, p. 417. Muscaris, p. 419. Myosotis, 419..
Nmopbiles, p. 422. Nirembergies,
Nigelle d'O423.
rient, p. 423, Nolaiies,
424.
Ornithogales, p. 425. Orobes, p. 426. Orpins ou sdums,
426. Ourisia des Andes, p. 428. Oxalides,
42t.
Pquerette ou petite marguerite, p, 429. Pavots, p. AM.
Plargoniums, p. 433. Pentstemona, p, 4aa,
PriUa de
p.
de
de
p.
i.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
p.
Nankin, p. 446. Pervenche rose, p. 447. Ptunias, p. 448.
Phyglie du cap, p. 450. Phlox, p. 450. Pieds d'alouetle
ou dauphinelles, p. 454. Polmoine bleue, p.457. Potentilles, p. 458. Pourpier grandes fleurs, p. 458. Pulmonaires, p. 459.
Rsda, p. 460. Rhodanthe de Mangles, p. 461. Rudbeckias, p.
Sainfoin bouquets, p. 464. Salpiglossis multicolore, p. 465.
Sauges, p. 466. Saxifrages, p. 468- Scabieuse ou fleur
de veuve, p. 469. Schizanthes, p. 471.
Schnia de Drummond,
471. Scutellaires, p. 473. Seneon d'Afrique,
p. 473. Silnes, p. 474. Soucis, p. 476. Spires, p. 477.
Pages
462..
p.
-Statics, p. 478.
Tagtes, p. 481. Thlaspis ou ibrides, p. 483. Thyms,
p. 486. Trachlie bleue, p. 486. Tritlia uniflore, p. 487.
Trollius, p. 488.
Valrianes, p. 489. Vnidium faux-souci, p. 490. Vroniques, p. 490. Verveines, p. 491. Violettes, p. 494.
Watzias, p. 496. WhitlaviadeCoulter, p. 498.
Zauscbnria de Californie, p. 499. Zinnias, p. 499.
CHAPITRE V.
LES PLANTES GRIMPANTES.
Considrations gnrales
2. Plantes grimpantes tiges
Ier.
p.
annuelles.
p.
501
507
Mthoniques,
509. -Ignames, p. 510.
507 Bomares,
Pois de senteur et gesses, p. 511.
Haricot d'Espagne,
514. Cap. 512. Haricot caracolle, p. 513. Liserons,
pucines, p. 519. Cobas, p. 522. Maurandias, p. 524.
Lophospermums,p. 525. Thunbergies, p. 526. Hexacentris,
p. 527. Cucurbitaces ornementales, p. 527. Loasas,
p. 535. Campanumes, p. 537. Seneon de Mikan, p. 537.
p.
3. Plantes grimpantes tiges vivaoes et plus ou moinsligneu-
ses
538
Vignes et amplopsides, p. 538.
Aristoloches, p. 539.
phdra de Mauritanie, p. 541.Lierre, p. 542. Figuiers
grimpants,
544. Lapagrias,
545.
544. Mnispermes,
Jasmins,
Smilax, p. 546. Rosiers grimpants, p. 546.
p. 547. Chvrefeuilles, p. 547- Clmatites, p. 551. Bignones, p. 556. Passitlores, p. 560. Glycines, p. 562.
p.
p.
p.
Pages.
Akbie cinq feuilles, p. a65. Maximowiczia de la Chine,
p. 565. chits, p. 566. Bougainville du Brsil, p. 5G6.
Dentelaire du Cap, p. 567. Mitraria carlate, p. 567.
CHAPITRE VI.
gnrales.
pittoresques., ,.,
LES GRANDES PLANTES ORNEMENTALES.
Ier. Considrations
2. Les monocotyldones
569
573
Arodes (Colocases et caladiums ), p. 573.
Gramines (Roseaux, gynrium, bambous, etc.), p. 574.
Liliaces (Yuccas, phormiums, dragonniers, etc.), p. 580.
Amaryllides (Agaves et cloryanthe);p. 589.
Bromliaces (Puya du Chili), p. 592.
Palmiers Chumrops, rhupis). p. 593.
Musaces (Bananiers
p. 597.
Zingibraces Alpinia, Costus), p. 598.
Cannaces ou marantaces balisiers ), p. 599.
604
3. Les grandes dicotyldones ornementales.
Renonculaces (Pivoines, aconits, dauphinelles
p. 605.
Papavraces(Pavots,bocconias), 610.
Crucifres (Choux-palmiers, choux prolifres), p. 612.
Capparides (Clomes), p. 613.
Lines (Lin vivace, lin trois styles p. 014.
Onagrairesou nothres ( pilobe), p. 615.
Malvaces (Rose trmire, ketmies), p. 616.
Lgumineuses ( Clianthes, rythrines, galga), p. 620.
Rosaces Spire barbe de bouc), p. 622.
Borragines Anchuseou buglosse d'Italie), p. 622.
Solanes Molnes, daturas,solanums, tabacs, etc.), p. 621.
Mlianthes (Grand et petit mliantlw), p. 029.
Hydrolaces (Wigandias), p. 629.
Hydrophylles (Cosmanthe grandes Peti?-s),p. 631.
Campanulaces (Campanules, mussrhia),p.632.
Composes (DaMias, tithonie, verges d'or, vernonies, astres, soleils des jardins, harpalium, silphiums, centaure de Babylone, echinops, chardons, cosmophylle dIt Mexique, montanoas,
verbsinas,polymnies, huma rose), p. 633.
Ombellifres (Hraclums, livche, frules, narthex, etc.), p. 646.
Araliaces Aralia papyrifre ), p. 648.
Gunnraces ( Gunnera scabre), p. 649.
),
p.
),
((
,
),
Pages.
Polygones Perticaires, rhubarbe.), p. 650.
Amarantaces (Amarantes p.652.
Euphorbiaces (Ricins, euphorbes), p. 655.
Labies ( Phlomides, sauges), p. 657.
),
CHAPITRE VII.
-,
gnrale*.
LES PLANTES AQUATIQUES ET LES AQUARIUMS.
1er. Considrations
2. Plante* aquatiques
d'eau.
659
et demaquatiquesservant Adcorerle
bord ou le voisinage des pices
664
t Monocotyldones aquatiques,p. 664.
Joncs proprement dits, p. 664. Laiches et souchets, p. 664..
d'gypte, p. 665. Scirpes et linaigrettes, p. 666.^ Papyrus
Roseaux, p. 666. Massettes et rubans d'eau, p. 666. Sagittaire ou flche d'eau, p. 668. Butome ou jonc fleuri, p. 668.
Iris des marais,669. Callas, p. 669. Pontdrie de Virginie, p. 670. Aponogton commun, p. 671. Thalie blan-t
cbtre, p. 671.
Dicotyldones aquatiques, p. 672.
Cardamine des prs, p. 672. Souci d'eau, p. 672. Trfle
d'eau ou mnyanthe, p. 672. Villarsia nymphode, p. 673.
Persicaire amphibie, p. 673. Podophylles, p. 673. Sarracnies, p.673.
~. Plantes aquatiques plus directement appropriesau-t aqua674
riums des jardins
Nnufars, p. 677. Nymphaeas, p. 677. Euryales, p. 680.
Victoria royal, p. 68t.
Nlombos d'Orient et
tt
*
Hydroclis.
d'Amrique 683
Ouvirandras.
','
VaIHsnrie.
','
687
687
688
Pages.
CHAPITRE VIII.
PLANTES
CULTIVER EN POTS
MENTS ET DE FENTRES;
FOUGERAIES.
L'AIR LIBRE; PLANTES D'APPARTEPLANTES ALPJNES OU DE ROCAILLES;
gnrales.
,
1er. Considrations
2. Les plantes de fentres
689
696
violiers
701
Fuchsias.
,
,
,
,
,,
Canaries.
,
,
,
,
,
Rosiers
et
d'appartements.
697
Girofles et
Sauges.
,
Calcolaires,
Cinrairedes
Reines-marguerites et chrysanthmes.
Loblies.
Plargoniums.
,
,
crassulaces.
8Msembrianthmes.
Cyclames.
Agapanthe.
,
Lachnalies.
Crassules, rochas et autres
707
722
723
727
729
729
730
738
743
745
750
750
Liliaces diverses cultiver en pots Camassia, Calochorthus,
Albuca, etc.)
751
Amaryllides cultiver en pots Pancratiums, clivies, narcisses). 752
Irides cultiver en pots (Iris, ixias, sparaxis,
753
Orchides exotiques pour la culture eu
754
755
Cactus rustiques et
756
Solanes cultiver en pots
758
Cucurbitaces cultiver en pots ou en
759
Plantes feuillage ornemental ( Palmiers, dragonniers, aspidistra
du Japon, agaves et dasylirions, alpinia, bananiers,strlitzie,
marantas,
760
3. Plantes de rocailles, alpines et alpestres
765
Stations des plantes alpines et des plantes
766
Plantes
767
Culture des plantes alpines et des plantes
768
Orchides terrestres et autres monocotyldones
771
Dicotyldones alpines et
777
pots.
Sensitives.
,
demi-rustiques.
safrans).
caisses
etc.).,.
arctiques.
alpestres.
alpestres.
alpestres.
alpines.
Pages.
Plantation sur les rocailles
779
Plantes alpines ou alpestres de terre de bruyre ( Gentianes, lisianthes, gyroselles, plindes, saxifrages,
786
793
4. Les fougres et leur
Aspects divers et variations des
794
Fougres
795
Fougres exotiques
798
etc.).
culture.
fougres.
indignes.
,
Lycopodes.
Rocailles fougres
Culture et multiplication des fougres
799
800
801
TABLE ALPHABTIQUE
DES
PLANTES DONT IL EST PARL DANS CE VOLUME
Abobl'a.
Amarantodes.
Aeanths
Amaryllis
d'Allemagne.
aile.
lusitanicus.
Amomon.
Pages.
Pages.
530
311
215
312
759
538
314
513
622
303-658
Acanthe
Acanthus
Achetes.
ACOnit8.
Acroclinie fleurs
.Icrostichum
646 Ammobie
764
304 Amplopsides.
305-608 Amphicome de
306 Anagyre
roses.
797
797
793
,
Adonides.
Adiante chevelure de Vnus..
Adlumia cirrhosa.
306-781
Agapanthe.
Agaves.
750
589-762
307
355
565
:
Cap.
Ageratoires.
Agrostemma
Akbie cinq feuilles.
Albuca du
Alchmilles.
plantago.
Alpinia.,
,
Alisma
Alpiste.
Alstrmres.,
Altha
Alysse
,
l'modi.
ftide.
Anchuses.
751
783
668
599
580
220
Ancolies.
Androsaces.
314-781
Androsme.
fleuristes.
Anmone des
Anmones de
Anmones
parterre.
alpines. 782-788
319
Anthericum Mastrutn. 207
Anthmis
Antholyzes.
Antin'hinum.
237
417
393
671
314-781
319
648
321
321
518
Aphelexis.
Aponogton.
Aqt.ilegia.
Arabettes.
papyrifre.
rosea
616
sax3tile.
Arctotides.
Amarantes.
Amarantines.
Aralia
307
308-652
311
782
412
263
318
Argmones.
Argyreia,
!.
Al'mrias.
Aristoloches
l'ages.
oleracea.
539
479 Brassica
322 Brunelle grandes
cbiode.
Arondinaires579
Arnbie
Brancursine.
l'ages.
fleurs.
Arums
573
Brvones*
Arundinaria.
l'Inde.
A'undo.
Buglosses.
Asarets.
Bulbocodes.
Aselpiades. BUseroles.
579
575
792
323
Asparagus Broussonnetii. 509
589
Aspidistra du
762
796
796
324-635
551
Aubergine
758
307
646
247
Asphodles.
Japon.
Aspidium.
Asplenium.
Astres.
Atragnes.
blanche.
Brullswjgia.
Bryonopside de
Butome.
646
612
336
219
528
531
622
240
781
668
carlate.,
Cactus.
lateritia.
Cacaha
336
756
Cajophora
535
Caladiurns
573
336
763
Calcolaires (plate-bandes).. 337
(culture en pots). 722
Calebasses.
533
476
670
Callirho de
338
Callisteplws
282
751
761
514
Calosanthes
739
672
Caltha polustris
535
775
Calypso
514
Camassia
751
Camomille
350
Calandrines.
Calathea.
Aubritie.
Aune.officinaJe.
Auricules.
Calendula.
Callas.,
Balisiers.
Balsamines.
Nuttal.
599
326-659
Bambous.
Bananiers.
577
597-763
423
capucin.
Basilics.
329
Belladone
219
Barbede
Bgonias
330
d't.
sinensis.
CalochorUms.
Calodracon.
Calonyction.
coccinea.
Belle-de-jour.331 Calycophyse.
Belles-de-nuit..--- -borealis.
332
Bellis perennise
carlte.
BermudieniMs.
Bignones.
boreale.
Bocconias.
Benoite
Blechnum
Bomares.
lunaria.
Botrichyum
Bouquet
Bougainville du
parfait.,.
Brsil.
Brachycome.
Calystegia.
comestible.
429
335
238
556
797
612
509 Canarina
798
146 Canne
566
de
335
de
rouge.
Campanules.
339-632
782-788
alpines.
Campanumes.,
campanula.
Cannas.
sucre.
Provence.
Ravenne.
537
633
599
579
575
579
pineux.
Capucines.
Cprier
Pages.
Clivia
Cobas.
785
519
672-783 Coccinie de
Cocotier du
640 Colus de
664
344
Pages.
l'Inde.
Chili.
Blume.
CarfttHM. Colchiques.
Collinsias.
Humboldt.
C&lananche362 Collomies.
"Wola. Colocases.
Cardamin,es.
Cardon d'Espagne641
Gorex
Castillja de
Ctestine.
Cosies
CtUhcartia
Centaures
Centaurea babylonica
240
353
354
573
432
532-759
307
308 Comaclinium aurantiacum. 634
345
373
752
752
638 Convallaria
489
331
780
431
347
Cfttrn'u.
Cephalotus foUicularis.
Ctrachofficinal 797
Craistes.
Chamdora
lRant.
221
522
535
761
353
ColoquineUes.
CommlYlles.
maialis.
Convolvulus514
tricolor.
Coquelicots.
Coquelourdes.355
Corbeille d'argent.
484
d'or.
Cordyline.
597
:
Chamropsde Chine
307
593-761 Corbeille
Chamrops
596-761
585-76t
645
356
489
640 Corne
,
357
Clariranthll',
701 Coronillm
358
446
de
793
666 Cosmanthe grandes fleurs.. 631
Choux
359
612
Chrysanthmes de collection.. 275 Cosmophylle du Mexique. 642
Chrysanthmes de fantaisie.. 347
360
Chrysanthmes (culture en
Courges
531
727 Couronne
205
360
522 Crpide
758
738
Cinraire des Canaries
213
723
238-753
351-646
640 Cucu
531
Cissus
538
360
785
362
352 Cummingia
207
745
551
613 C~ttOO~M~Kttt..
419
671
064
la
hrisson.
Chapelire.
Chardons.
Coropsides.
Cboins.
d'ornement.
Cosmidies.
d'abondance.
Corydales.
CJaIlone.
Sibrie.
Chvrefeuilles547
-pots).
ChJtRocarpUl.
Cosmos
d'ornement.,
rose.
.
Cierges. Crassules
Crinums.
Crocus.
Ci,.,'u",. rbita.
:
Cistes. Cupidones
impriale.
maritime.
Cuphas.
Chn'kias.:
Clmatites.
Clomes.
Clianthes.
trimaculata.
Cydames.
Cyperus.
Cypripedium.
Cytinus
Pages.
775-776
hypocistis.
Dahlias (de
Dahlia
Dame d'onze
Daphns
phmres373
pis
15
pimdes.
785 pilobe
collection).
790
Epipactis.
piphylles
d'hiver
373
Ravenme
857
579
290
633
207 ranthis
784
586-762 Erianthus
761
761
363-625
coccinea.
heures.
alpins.
'n6'
Eremostackys
;
757
rigrons
acaule.
Eriophorum
696
commun.
rysimums
374
Daturas.
rythrines.
Dauphinelles.
Dasyliriums.
Dattier
374
'etf'
rythrones
scholtzies
S
85 tbionmes.
454-609
Delairea
lean.fleRS.
Delphin.iuM.
537
609
Cap.
Eucharidiums.i*>Eucharis.
Dianthus.
Dictameblanc377 Eucnidei.*11
d'Amrique.
Euphorbes
656
Chine.
Euryales.
Digitales. Eutocas.
speciosa.
Dentelaire de la
Chine.365-7
du
567
148
Dilytra
Dione
375
376
213
de la
gobe-mouches.
Diplacus
793
365
367
780 Eutoca
368
680
37
631
fleurs776 Far(K(Jium.
Doflecatheon. Frfugium Kmpferi.
Disa grandes
I>oronics.
d'Australie.
Doryanthe
Dorycnium
Dracna.
Dracocphales.
790
369 Fausses coloquins.
591 Faux-glantier..
;
Faux-hliotrope
404
585-761 Ferdinanda
370
765
646
532
104
391-
minent. 64a
tat
Ferraries
Dragonniers. 585-761 Frules
646
,.
chits566
Eccremecarpus.
cbvrias.
chinops.
odorant.
.agittala.
aDOthres.
orange.
glantier
Emilia
Emptrum des Alpes
Eprvire
fefitara de
Ficodes.
glaciale
559 Ficode
741 Figuiers
639 Flche
377
544
d'eau
668
veuve469
Fleur de
103 Fleurs de la Passion
Fonckias.
indignes
336
784 Fougres
370
783
Mauritanie 541
grimpants.
743
exotiques.
Fraxinelle.,
Fritillaires.
560
203
796
798
377
206
Gunnra.
FUcMas.
argent.
Fumeterres.
Pages.
funckia
Pumeterre grimpante.,.
Gaitiardias.
GaaMB.
"ilHllil.
GaI8as.
GatBntkus
Paires.
707
358 Gynrium
793
203
Gyroselles.
Hmanthus.
Haricots
378
446 Harpalium
214 Hedera
621 Hedysarum
helix.
rigidlcm.
Hlianthmes.
464
388-785
380
Garond'Espagneoud'Olympe. 382
781-789 Hliotrope
290 Hliptres
382
Graniums
783
785
394
'alpins.
Gesses511 Hraclums.
battues.
Gitias.
comnnme.
335 Herbe aux femmes
383 Herbe aux
396 Hesperis
Htrotrope aqariforme
385 Hexacentris. *
gueux.
matroftali.
jaune
374
Hexacentris.
(parterre).
Girarde
Girofles
Girofles (culture en
Girofle de
pots).
701
397
Mabon.
Glaciale377
Glfldioltc,.
Glaeuls
Glaeul
d'eau.
"Ida.
635
393
Hliotropes.
389
d'hiver.
Hellbores.
Hmrocalles.
GioJogitICI.
(parterre).
Geum coccineum
219
512
637
542
coronaritem.
Gaara.378
Hlianthes.
Gazanias HelirkMjsum.
Gesironemasanguineum.218
649
576
790
Hibiscus.
aurantiacuin.
Hieracium
nimantophyllum
391
202
646
511
551
396
792
527
397-620
783
221
Hippeastrum219
Japon.
rose.
235
235 Hotia du
669 Huma
599 Hydroelis
792
645
Hymnophylles.
GloriolCl.
Glycines.
Hypmcum.
GtllJJlJaaltUtA.
Godties.
:
.483-783
Gorries. Ibrides.
Chine.
GmbhCl
roseau.
berce.
Gourdes
Grand
Grande
Grande
507
562
393
387
380
533
575
303
796
782
388
687
797
Hypociste
412
785
Igname de
Illaira
Immortelles
510
536
393
Indigofre dosua
621
campanul.
fougre.
lmpatiftl.
659
Grassettes.
Inula helenium
Grindlies.
loup
417 7p<MH<M.
Gueule de
646
514
Iris.
Lins.
marais
- tricolor.
-
Linaires403,
Ipomopsides.
Pages.
lntsticum.
Pages.
Umnocharts.",
400,
styles61&
395 Ligusticum
764
226-753
669 Lin trois
Nouvelle-Zlande..
348 de
233
d'Herbst.
Irsine
des
Ismelia
la.
vivace.
lxias
d'Orient.
Jalousie.
Jacinthe
Li,.
646
687
584
lit.
Linaigrettes.6166,
Jarosse
Jasmins.
Chili
566
Joncs.
fleuri.
Joubarbes. blanc
:.:
Jasmin du
173
146 Linntea
613
547 .Lis
borealis.,. 784.
400-614
asphodle202
lancoles.
664-787
Jonc
speciabilis.
Julienne des jardins.
Jubrea
Julienne
jaune.
Juncus..
668
741
761
396
374
664
Brown
de
de
Laurencelle
Laurier de Saint-Antoine.
Laratera
arborea.
Lavatres.
roMa.
tolunmaris.
Latcrencella
Lepachys
Leptodactyles.
Leptosiphons.
Leucotum t7em.um.
Liatrides.
Szowitz. 198
de Thomson. 191
192
-- dedes Wallich
Pyrnes.
197
d'illyrie..213
750
664
646
797
511
472
615
620
397
472
463
398
399
215
400
dor.
gant.
testac.
Isabelle ou
maritime.
martagon.
narcisses.
orang
tigr.
Liserons.
Lierre.542 tricolore.
Japon.
Ligulairedu
212
196
207
de
Laiterons.
serpent.,
Lapagrias545 Lathyrus.;
du Canada.
rose. --duJapon.
Langue de
192
196
198,
de
566
397-620
385
Lachnalies.
Laiches.
bulbifre.^198
-dede Chalcdoine.
-deGuernesey
Colchide.217
-deMatbiole.
-- Pomponne.
Saint-Bruno.
Japon.
Ketmies.
Kiris..
Kadsura du
feuilles cordiformes.,..
193
feuilles
agrandis fleurs
191
188
superbe.
190
213
194212
198
197
196
514
331
789
Lisianth.
Liseron
6*6-765 )
194
197
192
188
modesta.
thmes
207-509 Msembrian
646 Msembrianthme
Livche.
Chine.
Littohia
Pages.
Loasas.
Loblies.
Livistona de la
rosea.,
Lotticera.
Lophospermums.
761
535
402-729
Lochnera
Lotiers.,
,Luffas.,
(crucifres).,
Lupins.,
Luzula
Lunaire
Lunaire (fougres)
Lychnides.
Lycopodes.,
glaciale.
Methoniques.
Microsperma.
Mikania scandens
Mille-pertuis.
pudica.
Mimulus.
Mirabilis.
Vnus.,
447
547 Mimosa
525
404
535 Miroir de
405 Mitraria
798
406
664
408
799 Montanoa
217
410
carlate.,
Molnes.
Momordiques.
Mondrdes.
Monnayres.
Martagon
d'Amrique.
d'Europe.
de la Chine.
-- d'Orient.
carlate.
turban.,
MasseUes.
411
411
566
763
197
194
195
196
196
196
666
701
410
524
411
620
398
565
432
629
544
411
672
heracleifolia.
Mufle de
Musa.
Muscaris.,.
Myosotis.
nobile.
Musschia TVollastoni
Myosotidium
).
Mathiola.
rocailles).
M3tricaire.
fragrans.
Maurandias.
asa-ftida.
Nlombos.,
Mauves.
arbre.
Nmopbiles.
Provence.
Nnufars.
Chine.
Mauve en
de
Maximowiczia de la
lUeconopsis.
Mlianthes.,
Mnispermes.
Mentzlie de Lindley.
Mnyanthe.
743
377
507
411
537
412
75a
413
332
414
567
415-624
Mores.
Morines.,
Morna.
Malope.
veau.
Muflier.
Malva.
Mandevillea.
Muguet.,
Marantas.
Mu~cdtMm.
aurea.
Lysimaques.
Lycoris
Pages.
Narcisses (de collection
Narcisses (de
Nardosmia
Narthex
Nephrodiiim
Nicotianes.,
Nirenbergies.
Nigelles.
Nivoles.
Nolanes.
529
416
405
643
232
416
496
417
417
752
646
597
419
632
419
421
209
752
735
647
683
422
677
796
628
423
423
215
424
Vnus.
Nuphar.
Nymphas.
Nombril de
Pages.
Ponia.
san.
nain.
Pages.
605
420
677 Palmier chanvre ou de Chu677
593-761
594-761
Obeliscaria pM~cherrima. 463
594
OEilde
306
212
OEillet badin ou illet d'EspaPanicum
579
.,
,
Dieu.-.
ventail.
perdrix.
gne.
,
barbu.
-deChine.
pote.
d'Inde.
- fleuristes.
de
de
des
-- arbre.,
-- mignardise.
remontant.
superbe.
-OEillets
alpins.
hybrides.
Flon.
en
OEnothera
hennis.
Onagres.,
Omphalodes
Onoclea
sensibilis
Onopordons.
Pancratiums.
plicatum.
147
146
147
355
146
482
139
145
149
145
144
148
783
149
615
419
370
796
641
797
Ophioglosses.
Ophrys
Opontia commun., 757
Oranger des savetiers759
Papaver.
d'Egypte.
431-610
Papyrus
Pquerette
vivace.
Passe-fleur.
Passe-rose
616
Passiflores
560
Paturin aquatique.
665
429
355
Pavots
666
431-610
Plargoniums (de pleine terre). 438
Plargoniums (en
730
Pennistum d'Abyssinie. 580
Pense des
257
439
214
Prilla de
446
650
447-568
645
Petite
419
Petite
429
448
Phalaris
580
514
512
657
450
Phnix dactylifera
761
584
Phyglie
450
pots).
jardins.
Pentstemons
Perce-neige.
Nankin.
Persicaires.
Pervenches.,
Ptasite.
consoude.
marguerite.
775 Ptunias.
arundinacea.
terrestres.
exotiques.
PharbWs-.,
Phaseolus.
Phlomides.
Phlox.
Orchis.
;
d'ours
.250
Ornithogales
Phormiums.
duCap.
Orobes
Orpins.
Phyllocactus758
royale.
d'alouette.
d'lphant.
Andes.
long.
Ouvirandras. Pincenectias.
Oxalides
Orchides
Oreille
Osmonde
Ourisia des
771
754
775
"207-424
426
426-742
795 Pieds
428 Pied
687 .Piment
428
Pinguicula.
454
511
759
587
782
Pivoines.
d'eau.
Pages.
ufs
capmsis.
Plantain
Plante aux
Plumbago
lArpent.
pius-je-vous-vois.
aoMMca.
:Podophylles.
Poa
bouquets.
Pois
de
Polmoine
Polyanthes
senteur.
bleue.
605
668
758
567
365
420
666
673
512
tu'berosa.
:.Polymnies.
PO,"cmum.
Polypodos.
,Populage.
Pontdries.
grandiflora.
PotentiUes.
Poule-qui-pond.
cOClrctata.
fleurs.
Chine.
alpines.
Primula
Pteris.
Pulmonaires.
Chili.
fleurs.
carinatum.
Pyroles.
Queue de
Quamoclit
pots).
-.
pivoine.
(
282
Reine-Marguerite culture en
d'Orient.
Renoncule
Renoncules alpines
Rsda.
Renonculiers.
forme.
Rheum.,
727
269
271
781
276
460
Rhapis ventail ou flabelli597-761
511
457
204
650-673
644
796
670
672
Portulaca
458
458
758
Pourretia
592
, Pourpier grandes
458
- Primevre de
252
des fleuristes., 249
Primevres
782
247
Prismatocarpus spculum. 414
Prunelle grandes
336
797
459
Puya du
592
Pyrethrum
348
349
roseum
f
781
,Quarantaines.
renard.
Mt~oarM.
d'ours.
Pyrnes.
tion).
Pages.
385
308
517
Raisin
781
Ramondia des
783
Reine-Marguerite (de collec-
Rhodanthe
Rhodochiton du
Mexique.
Rododendron.
Rhubarbes
Rhynchospermum.
Ricins.
Rocbas.
arctique.
indignes.
Roseaux.
marais.
Pampas.
Ronce
Rosages
).
Roseau des
Roseau des
d'Inde.
Nol.
Rose
Rose de
Rose
Rosiers
650
461
526
781
650
568
655
738
783
781
575
666
576
483
391
trmire
616
(culture
terre
en pleine
).
alpins.
Ayrsbire.
bifres.
blancs.
Rosiers (culture en pots
Rosiers
Rosiers
bracols.
canelles.
cent-feuilles
cynorrbodons.
nette.
ronce.
83
697
783
112
99
loi
89
90
94
104
feuilles d'pine-vi-
117
feuilles de
115
feuilles simples. 117
fleurs d'anmone. 114
fre.
--glantiers.
-,'
Rosiers fleur jaune de sou-
styles
souds.
- Roulinia.
d'eau
*
666
Rubusarcticus.'74fi
PtgM.
Pages.
93
111
102
92
88
Ruban
Rudbeckias.i.
pineux. Sabal'd'Adanson.
-- froces.
grimpants.
Vnus.
,
77s
--involucrs.
officinarum., ,57$
Safrans.
capucines..
2.713
Sagittaire.
microphylles
jaunes ou
multiflores
muscats.
-- Noisette.
perptuels.
':'
546 Sabot de
89 Saccharum
102
90
668
113 Sainfoin bouquets ou sain- ',::
404
foin
114
468*729
110
465
107 Salpiglossis
d'Espagne.
Salvia.
multicolore.
91
aurantiaca.205
-- pimprenelles
Sarracnies. on
rouills.
Sauges.
- stigrs.,..
parterre).
verts.
ths.
velus.
toujours
turneps
--
-----
---
Banks.
Belgique
de
de
de
de
de
de
de la
de Lady Monson.
de
de l'le Bourbon.
de
de
de Miss Laurence.
Bose.
Chine.
Damas.
Gorgie.
Caroline.
Hardy.
mai.
l'Inde.
dePortland.
des Alpes
des
des
des
des
-- champs.
chiens.
collines.
-- 'marais.
- Bengale.
,-
du
du
Kamtchatka
Sandersonia
102
466-657-721
115
468
112 Saxifrages (de
105 Saxifrages de rocailles ). 782-792
469
91 Scabieuse des
jardins.
Notre-Dame.51$
loi
Sceau de
115 Schistocarpha bicolor.
99 Scbizandre
-,.
cartate.
Schizanthes
108
91
99
115
044
566
471
SchniadeDrummond. 471
Sehnus.
Seilles.
Scirpus.
Scolopendres.
91
112
117 Scolyme d'Espagne.
108 Scorodosma
91
105
109
100
066
207
661
797
146
~MaMM. 647
Scutellaires
473
Sdums.
426-747
Slaginelles. 799
93
~emperptpMMt.
741
Senecio
47$
elegans.
d'Afrique473
112 Seneon
104 -
111
de Mikan.
89
107
89
',"
Serpolet.
Sicana. r
Sensitive.
Serapias.
537
755
775
486
536
-Pages.
Sicydium.
Silnes.
530
474
* 637
238
546
625-758
782
635
634
664
672
476
233
666
414
Trfle
477
784
382
478
218
580
363
763
796
640
VMea
Sitphiurns.
SmiJax.
Solanums.
Sohtanelle.
d.,ms.
~L.a..des Jar
Si#Vrq*chium
1.
Solidago.
Sonchets.
deau.
Soleite d
Souci
Soucis des jardins.
Sparaxis
Spargan&um.*
d'eau.
radicant.
*
Trichomane
672
797
530
752
207-752
487
207-588
488-781
519
204
165
-Tricyrtbis bigarr.
Trilliums.
uniflore.
grappes.
Trollius
Tropolutn.
Tubreuse.','
Gesner.
odorante
Trichosanthe..
Tritlia
Tritome
Tulipe de
Thol.
ou Duc de
7'ypha.
Spiraaaruncus622
Spuidartespeculum
Spires.
Staplies
Tussilage odorant
MpiMMtM/Ma.
Vaciets.
Statics. Valrianes.
Statice armersa
lutea
peaMto.
Sh'amoines.
Stembergia
Stipa
i
Tabacs.
Reine.
Struthiopterisgermanica
Strlitzie de la
Sylibum.
TaclOnia.
Tagtes.
Pages.
165
785
666
643
207
489
Vallisnrie
688
Valoradiaplumbaginoides. 365
Vnidium
490
415-624
644
Verge d'or du
634
634
490
628
faux-souci.
Verbascum.
Verbsinas.,.
Canada.
Vernonies.
Vroniques.
Verveines.
royal.
491
680
538
673
447-568
263
263
257
560
481 Victoria
Vignes.,
Tammis
511
Tbalieblancbtre..-.
nymphode.
Vinca.
jaune.
Tblaspis.
rothomagensis.
Thunbergias.526 tricolor.
ThJms.
parterre).
Tigridies.
)..
TblacJiantha de la
Tblaspi
Chine.
Tithonie orange
Toumefortia.
Meue.
Tredacotltia.
Trachite
671 Villarsia
535
307 Viola altaica
483
486 Violettes (de
231 Violettes (de rocailles
634 Violiers (pleine
391 Violiers (culture en
486
372
494
784-792
386
terre).
pots).
Watzias
701
496
Watsonies.
Coulter.
Pages.
Witsenia
238
498
629
562
238
Xantborras
588
WhitLavia de
Caracas.
Xanthosoma574
Xeranthemwm. 393
Yuccas.
Wistaria.
paniculata.
,
Wigandiade
FIN DE LA TABLE.
Pages.
580-762