eel Gallica
A travers le monde (Paris.
1895)
Source gallica.bnf.fr / Bibliotheque nationale de Franceeel Gallica
TAtravers le monde (Paris. 1895). 1906.
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Le voi de Portugal, qui fut notre hate, gouverne un pays dost le pittoresque ne caut peul-tre pas colui de VEspagne,
£2 grande voisine. Copendont le voyager gui, dans la péninsule, borne trop sowvent sa visite a cethe derniere région, se
rive bien fdcheusenent des intéressantes sens
"es tyhes portugats
peine a-ton franchi la frontiére hispano-portu-
‘aise, que aspect du paysage change : si Von
‘traverse encore des plaines aussi etendues que celles
du nord de Espagne, ce ne sont plus ces immenses
‘espaces ressemblant sifort au désert, De belles routes
serpentent au milieu d'un paysage florissant, et con
duisent & de nom-
brevx villages. Sees
Celle qui
monte & Guarda,
la premiére station
‘qui solicte le visi-
teur, fait de grands
lacets dans une
campagne bien
cultivée; ot! Ia
ture est restée mat
tresse, elle a mis
partout de magni-
Figues yentts d'or
de yrands chitai-
gnlers —projettent
Jeur ombre sur Te
chemin. La petite
ville qui nous oie
son hospitalité est
fort animée parle
alldes et venues de
nombreux étu-
diants. Crest son
seul intérét : rues et monuments sont quelconques
La premiére nuit que nous passimes en Portugal
nous révéla une chose assez désagréable, a savoir que
les lits y sont déplorablement durs : un sommier
métallique est recouvert d'une espéce de matelas en
paaille tressée, ayant & pelne 10 centimetres d’épais-
seur; pour oreiller, un petit carré aussi_moelleux
rand comme une pelote; un second petit carré est
parfois ajouté par 12 femme de chambre, par pr
ia bY WA &
Droprés une photographie.
i
i, ds tablecux iris particulicrs que lus oftriraient des ailles, les eampagnes,
nance, et en vue d'une leyéze gratification, Les meil-
leurs hotels ont_méme matériel; aussi s'éveille-t-on
absolument courbaturé, Et c'est ainsi partout, saut
ans les grandes villes, ou les maisons frangaises ont
apporté un peu d'adoucissement & ce rude régime.
De Guarda & Cvimbra, sept heures de chemin de
fer font acecomplir
vuntrés intéressant
trajet au nlieudes
passes de la Serra
da Estrella; c'est
dans cette chaine
gue se trouve Ia
plus hautecime du
Portugal, Yun des
seuls points od!'on
ait impression de
Ja vraie montagne
avec ses cascades
mousseuses, ses
origes escarpees.
La ville, si:
tuge sur la rive
droite du M
dego, a une cou
leur locate qui ne
se retrouve pas
ce point dans les
autres cites port.
gaises. Ses rues
Grroites, aus pavés ineéguliers, sont parconrues. par
Uaccorles ménagéres ou Wactives miarchandes, qui
{rotlent allégrement sur de petits yolets pointus.
Leurs jupes courtes, de couleurs brillantes, sont
encore maintenues plus hautes au moyen d'un bour-
relet qui leur entoure les hanches, dcouvrant des
jambes nerveuses que nul tissu ne dérobe aux
regards; cette absence de chaussure n'est pas indice
de pauvreté, car mainte coquette, qui n'a ni tas ni
We 4, = 6 Janvier 1906,a A TRAVERS LE MONDE.
méme de sandales, a le cou et les oreilles surchargés
e grands bijoux d'or; un élégant tablier, orné de
entelle, protége les jupes rouges, bleues, vertes,
raais toujours voyantes. Comme coiffurre, un chapeau
genrs « boléro » recouvre un fichu nor moins écla.
fant que le reste de I'sjustement; sur ce couvre-chef,
de grandes corbeilles plates qui Fenferment des pois-
sons aux tons moirés, des Jégumes, des frsits, des
eurs, qui ne laissent pas de donner ala femme, si elle
ast jeune ot gracieuse, un cachet des plus artistiques
Le tableau est plus complet encore lorsque, les jours
de fit, elles sortent leurs vétements de gala, emme-
nant leurs enfants par Ia main; rien de plus dréle que
ces poupons en jupe canati, fichu vert pomme, tablier
rouge.
Le Jardin botanique est la note poétique de
Coina : délicieux coins de verdure dans un paradis
de fleurs, pres de palmiers géants! Sous une allée
aimmenses il
Jeuls, of chante
tout un monde
oiseaux, dans
Vombre parfu-
mée des grands
arbres, vont ot
viennent de
jeunes étudiants
(& Coimbra se
trouve une uni-
vversité, la seule
du Portugal).
gui discutent de
gravesquestions
littéraires ou
scientifiques, da
moins #1 le faut
croire, Levr
forme est b
zasre: un ample
‘manteau es en-
veloppe; tres
long, il traine
dans la pous-
sigre, d'une facon inquiétante pour U'hygiene; quant
Ala téte, nulle coiffure ne la couvre, abondante
chevelure noire en rend, dilleurs, le besoin illusoire,
Gomme limite 4 ce paisible Eden, se profile un antique
aqueduc, rappel des temps passé:
De Coimbra & Lisbonne,
theures de chemin de fer
La principale curiosité de la capitele du Portugal
est I'Abbaye de Belem, située assez loin du centre de
laville, mais desservie par des tramways qui. pour y
arriver, traversent de viewx quartiers, dont les mai-
sons, basses, sont revétues jusqu’au faite de carreaux
de felence; sous le soleil, ils connent & ces habitations
tun aspect gai et propre... que démentirait sans doute
Vintérieur.
De Belem, on est tout prés du palais royal: y
monter est pénible; Je chemin est rade. Aprés avoir
gravi des rues peu élégantes, on débouche sur une
mnmense place dont un eété est occupé par un édifice
bien proportionné : c'est le palais.
Btrangement placée, cette royale demeure! Entou-
i) faut_compter cing,
Diapris une photographie.
sée de huttes sordides, dloignée de la ville, les rues qui
¥ accident sont en piteux état. Sur le milieu du vaste
‘espace qui s’étend devant le chateau,s'élevs une antique
tour, qui achéve de donner @ tout cet ensemble un air
de tristesae et d'ahandon.
Rien anime cette place, qu'un factionnaire
allant et venant devant Je palais, et deux ov trois
tnfunts qui errent lentement sur le terrain denudé,
tandis que. du sommet de la tour, se marttle d'un ton
Tugubre Pheure qui commence
+A Listonne, la Saint-Antoine est fee carillonnée.
Crest inimaginable Ie nombre de saints que l'on
thonore ivi, de fagon pew mystique, par evemple, ear si
‘tous les magasins sont formés, les églises nen sont pas
plus remplies.
Ce qui distingue Ia Saint-Antoine, c'est la vente
formidable de « pots de basilic », Pas de promeneur
qui n’en ait um; depuis Vélegante en fraiche toilette
jusqu’au gamin
oqueteux, cha-
cuntient sasym-
bolique touffe.
Si Von
peut consacrer
‘quelques heures
aux environ
faut aller & Cas
czes, patite ville
fort Juxueuse, le
Trouville du
Portugal; de
rmagnifiques vil
fas, dont les pro-
priétaires por
tent les plus
grands noms,en
font un endroit
tres select.
Setubal, &
30 Kilométres de
Lisbonne, est
pouteétre plus
pittoresque, le
atin surtout avec ses promenades militalres, musique
fn téte: ses pécheurs qui vont et viennent, de grandes
rmannes de poissons sur la téte. Les lnitiers y sont tout
A fait extraordinaires : une vaclie, conduite par son
proprictaire, se proméne lentement, aimenant son lait
savoureux aux clients; derriére, suit le jeune veau, qui
regarde d'un air désolé s'enfuir la ration que la nature
Tul avait destinge, Au Join, sur le bleu tapis de Océan,
toute une longue file de barques remorquées par un
petit vapeur : ce sont les « sardiniers » qui rentrent.
En face de Sétubal s'étend Ia Tongue presqu'ile
de Troya que sépare le Sado, qui parait It un bras
de mer. Ciest une lande inculte, oi la nature sauvage
‘a semé a profusion fleurs et parfums. Sous quelques
grands pins isolés, des juments teposent, allaitant
Teurs poulains. Sur le bord de la plage, se voient
encore les vestiges de ce qui fut un grand village
@étruit au commencement du siécle dernier par un
terrible tremblement de terre. L’eau limpide vient
balgner des murs restés droits, of deja quelques
plantes, comme de funébres couronnes mortuaires,A TRAVERS LE MONDE. 3
viennent
les ruines.
Pour atteindre
Monchique, qu'une ex-
cursion méme hative ne
saurait dédaigner, il faut
Wabord gagner Villa
Nova de Portimao par
untrajet dedouze heures
die chemin de fer, dont
Ja plus grande partie se
fait de nuit. Heureuse-
ment, car le parcours
est monotone : peu de
villages; les rares trou-
peauxquierrent al'aven-
ture, se réunissent mé-
Tancoliquement autour
d'un semblant de mare,
espérant y trouver un
peu d'herbe, Des bandes
Wéchassiers perchés sur
leurs longues pattes,
regardent passer, avec philosophic, cc train aussi
placide qu’eux, et qui n’avance guére. Des céréales
fort maigres, des chénes-lidges, quelques piétres
rividres, des stations sans importance, des moulins &
Ne rudimentaires rappelant ceux qui servent encore en
Corse.
En arrivant a Portimao, il est bon de s'assurer
Wane voiture pour Monchique; ne pas s'etonner du
chiffre de « reis » demande par Pautomédon : il se
traduit en francs par une somme raisonnable. Cest
tune habitude assez difficile a prendre, pour l'étranger,
que de ne pas s‘effarer devant une note d’hétel pré-
sentée en « reis*® : comme il en faut 220 pour faire
lun franc de notre monnaie, il nest pas rare d'avoir
des dépenses qui s'élevent 4 8 ou cocoa reis, On est
Gabord inguiet; on se rassure en considérant que
cette somme équivaut 2 un nombee modeste de
franc:
enguirlander
Crest bien un village montagnard, que Monchi«
que, avec ses petites rues tortueuses et montantes
Les habitants ont le type oriental prononcé
chez tous se retrouve le méme teiat brun; les yeux,
noirs, sont beaux et doux; le costume aussi, rappelle
par ses teintes hrillantes les peuples d'un autre ciel
L'excursion ordinaire a faire de Monchique, est
celle de la Foia, la cime la plus élevée des environs,
Wott Iz vue est admirable. Une bonne route muleti¢re
y conduit, particuliérement vivante le dimanche
matin : de tous les points, bien que l'on n'y voie pas
de villages, des maisons isulées tout au plus, les habi-
tants descendent vers Uéglise : ils vont en longues
théories, les uns a ane, d'autres @ mulet ou a pied: les
femmes invariablement revétues de jupes rouges et
noires, de corsages différents autant que vigourcux de
tons, et de Pinévitable chile,
Ces files sallongent, marquant Ie sentier d'un.
ruban vivant.
Cintra, oi Yon va facilement de Lishonne, est
tune Tuxueuse petite cité, et les villas somptucuses,
perdues dans une végétation d'une surprenante frat,
cheur, font contraste avec le chateau aspect sévere
{qui couronne la Serra. La route qui y accéde est entou-
rée par des parcs merveilleux, oii des sources se
cachent sous les palmiers et les plantes tropicales; des
fougéres arborescentes abritent des balustrades de
marbre blanc fouillées comme une dentelle, et des
habitations princitres s'étagent sur la colline.
Une haute grille, quon peut franchir sans la
moindre formalité, commande une large allée qui
mane au chateau royal. Le parc n’égale pas, peut-étre,
fen magnificence, les superbes jardins des particuliers:
mais, plus grandiose, il est eussi plus en harmonie
avec Pantique manoir qu'il entoure.
Au detour d'une allée, une femme, en costume
damazone, savance, entourée de quelques personnes.
C'est Sa Majesté Ia Reine Amélie, qui. fait de la Péna
tne de ses résidences favorites.
En passant devant les quelques personnes pré-
sentes qui sinclinent avec respect devant elle, la
Reine adresse & tous un salut ou se retrouve la grice
aimable de la Frangaise,
La Reine Amélie est fort aimée, ce que prou-
vent ailleurs les promenades solitaires qu'elle ne
borne pas & son parc; souvent, sans escorte, sous Ia
respectueuse sauvogarde de taus, elle descend vers
ra, causant volontiers 4 ceux qu'elle rencontre.
omt-ils Francais, elle siattarde alors avec plaisir a
parler sa langue natale.
La visite du chateau est interdite au moment oi
ses hotes y séjournent ; on ne voit alors que les rem-
parts, dott la vue est trés étendue, et la chapelle.
Dessin de Boudierr A TRAVERS
De Cintra # Porto, it faut encore dix heures; de
nouveau en traverse des serras basses, des collines
levees, des cultures, des Jandes, tantor s'approciiant
tantat s'éloignant du rivage. La plaine, qui se déroule
jusqu’a la limite de horizon, est sillonnée de cours
d'eas, parsemée d'étangs sur le bord «lesquels sont
attachés de longs bateaux ala poupe relevee, qui, au
milicu de ‘a fraicheur générale, font songer a quel
que paysage hollandais: puis viennent des pinedes
solitaires, et un désert de sable qui sépare ta vole
forrée de V Océan.
‘Avant d'entrer en gare de Porto, lc pont Maria
Pia frit traverser a une tres grande hauteur une jolie
vallée. A Parrivée, on remarque que Ic sexe réputé
faible prond une part active aux rudes travaux, et
Cest réellement triste de voir ces malheurcuses femme:
ployer sous les plus lourds fardeaux: car ce sont elles
qui 'ransportent les bagages, sur leur téte. Porto offre
peu d'intérét : quelques monuments a peine: ur
caclet qui lui est bien particulier, lui est donne par
les attelages de beeufs aux cornes d'une ctonnante lon
guene, qui circulent, paisibles, dans Tes rues en pente.
‘On ae peut quitter le Portugal sans faite ur
ueteur, et passer & Braga: trols heures suflisent pour
yarriver; fl faut quitter, 4 Nine, la ligne principale, et
prerdre un embranchement spécial.
La puus grande curiosité du pays est Bom-fésus
Léglise domine une colline dlevée d'ou la vue es
admirable; le sanciuaire est entouré de chapetles oi
ides personnages en cire rappellent la vie de Jésus
Peursétre ces scénes nont-lles pas une valeur artist
que qui manque un peu aux @uvres contemporsines
fen Portugal; mais plusicurs offrent une saisissante
imaze de réalité, Devant le sanctuaire, un monumen
tal escalier descend la colline.
‘Sur chaque palier se retrouvent les scénes de Ih
Passion; on y remarque aussi les fontaines des Cin
Sen5, olde minces filets d’eau jaillissent des yeux, des
orcilles, ete., de figures sculptées dans | pierre
Crest a Valenga de Minho que se retrouve la
‘rontiére espagnole; le retour n'est plus alors qu'wne
question de patience, la ligne de Léon etant particu
tiérement mal desservie. Aussi repre
le Sud-Express, a Burgos, qui ramen:
Saint Sébastien.
won aves plaisir
bon train
J. Datoer.
SQUESTIONS—
POLITIQUES x DIPLOMATICU
La fin de la Révolte arabe
au Yemen.
Lh révolte arabe, qui avait arme tes populations du
-'Yémen contre V'autorité du sultan, semble anjour
hui reprimée, A c6té de Vantipathie -éréditaire des
‘Arebes pour les Turcs, Pétroitesse d'esprit avec laquelle
le Gouvernement ottoman avait traité Vinfluente secte
des Saidis Vavait fait maitre au commencement de
MONDE
La secte de Saida, originairement un ordre religieux,
& toujours joui de certains priviléges, entre autres
celui de choisir son Khalifa, le chef de ordre, selon
ses propres régles et parmi ses adhérents. En raison
de cette coutume, les relations entre la Porte et le chef
des Suidis furent toujours quelque peu tendues, mais
elles n’aboutirent & une rupture que lorsque les Tures
ccherchérent & relicer & la secte ses privileges, et & 5¢
aiéler de ses droits
La révolte débuta par des succts dus surtout
cette double cause : les troupes ottomanes envayées
Cabord contre les révoltés étaient composées en
‘majeure partic d’Arabes de Syrie, peu disposes & mar-
ccher contre des hommes de leur race; d'autre pat.
Sanaa, la ville forte des Saidis, résidence de leur chef
Mohammed Yahya, étant le liew d'exil des ennemis
politiques du sultan, renfermait un certain nombre
hommes inteligents et énergiques capables d’orga-
niser la résistance,
Les premiers succés devaient faire place & la
éfaite avec Tentrée en scene de Feizi Pacha, général
de grande valeur, qui fait ses études militaires en
Prusse, et qui mena au combat des troupes compo-
sies efclusivement de soldats tures.
La révolte arabe auratelle un lendemain, et
fautil voir dans le soulévement de I'¥émen une
phase, malheureuse pour les Arabes, cu mouvement
anti-ottoman qui les pousse & recouvrer leur nation
ralite
M. Arminius Vambéry, un des istamistes les plus
distingucs, répond par la négative, dans wn article de ta
Contemporary Review :
«Les Arabes, ditil, ne se soumettront jamais
yolontier: aux Tutss, ils exécreront et _mépriseront
toujours leurs maitres étrangers; mais ce serait une
erreur de découvrir dans cette ‘aversion [existence
un plan de mouvement national contre la domination
ottoman et pour la restitution de Ta direction spiri-
tuelle de I'Islam aux descendants directs du Prophet.
Jin paveil désir pout se manifester dans un avenir
dloigné, mais les conditions sociales, politiques et
mentales de la race arabe d’aujourd’hui ne permettent
pas sa réalisation. L’unité nationale n'est pas facile
concevoir et encore moins a effectuer dans le monde
arabe si profonddment divis veil national ne
pourra y étre que le résultat d'une adoption sinére et
profonde de la culture occidentale, dens laquelle les
‘Arabes sont encore beaucoup plus en retatd que les
“Turcs, Evidemment, cette opinion ne sera pas parta-
yee par une certaine classe d'écrivains arabes euro-
péaniscs qui proclament wrbi ef arbi Wéveil récent des
‘Arabes et la prochaine destruction de 1a domination
turque. Mais nous ne devons pas étre trompés par le
bruit de leurs discours, d'autant que la plupart d'entre
eux sont des chrétiens de Syrie, Maronites ou Malé-
thites, et que leurs sentiments et aspirations n'ont
rien de commun avec ceux des Arabes mahométans,
desquels ces communautés chrétiennes sont séparées
par un abime social aussi bien que religieux. »
Le récent soulévement, sila un lien quelconque
avec un mouvement général de nationalisme arabe
semble en étte tout au plus le précurseur.A TRAVERS
ui
CIVILISATIONS: 4
y ET: RELIGIONS §
La Clinique indigéne
des Femmes a Alger.
Au le piltoresque quartier de la Cashab & Alger.
tout en haut de la rue PorteNeuve — ou rue
Bab-Djedid — qui monte en interminables marches
vers la citadelle, on voit un drapeau francais qui flotie
sur une maison mauresque, elose ct silencieuse comme
ses voisines. Cest a Clinique indigene, fondée par
M. Jonnart, Gouverneur actuel de
VAigérie, geice iu concours de
Mr le Dr Légey, qui la dirige. Créée
en avril 1902, et Wabord installee
dans un autre local, elle ne devait
donner aucun résultat, disaient cer-
tains critiques, parce qu'elle était
destinge spérialement aux femmes
et aux enfants, et que rien ne pow
tail décider les Arabes& faire soigner
Teurs femmes et
leurs enfants par
un vrai méde-
cin, avec de
vrais. remles,
Outre tes hé=
pitaux et les
niques parti
Tietes, il existait
dgjh A Alger,
pour les. indi-
sgénes, Yambu-
lance ELKettar;
mais, apres soi
xante-quin!
ans de posses-
sion, V'influence
francaise a si
peu de prise sur
ce peuple aux
traditions im
muables, que
jamais ane femme arabe ne sest présentée a cette
ambulance, parce que les hommes y sont soignés. Les
maladies infectieuses les plus graves sont dissimulées,
dans le quartier indigéne, de crainte que la police ne
fase transporter la malade a Bl-Kettar.
Or, dés que Mele Dr Légey eut ouvert cette
efinique oi pas un homme n'était admis, les femmes
et les enfants vinrent bientot en si grand nombre sen=
tasser dans Te petit local de la ruede la Bombe, aux
jours de consultations, qu'il fllut reconnsitee T'évi-
dence : en novembre 1903, on abandonna ce_réduit
insolubre ct Yon choisit — il fllait rester dans le
quartier indigéne —la grande et belle maison mau
ae de la rue Porte-Newve
La Clinique comprend, comme les hopitaux, un
double service :1° T hospitalisation, c'est-acdire le trai-
tement des malades instalées et soignées la pendant
Draprés des photographies.
& MONDE. 5
toute Ia durée de leur maladie: 2" les consultations,
qui se donnaient au début trois fois par semaine, mais,
qui adsorbent maintenant toutes les matinges, de sept
heures a. midi, et souvent plus tard. Dans le premier
service, les 20 lits de la Clinique ont requ en Pannée
1904 — leur premiére année — 154 femmes ct
68 enfants, qui représentaient ensemble 5 787 journées.
Avcune maladie éruptive ou contagieuse n'est admise,
le local ne permettant pas U'isolement des malades. On
a fait seulement une exception pour la tuberculose,
trop fréquente chez les Arabes. Les malades, entrées
xgénéralement pour une tout autre cause, sont traitées
part, et voient ameliorer leur état pardes soins et une
hygiene qu’elles acceptent volontiers, et continuent
plus tard chez elles, Malgré ta diversité et la gravité
desmaladies qui
ont défilé a la
Clinique en ses
deux ans d'exis.
tence, deux eas
de décts seule.
ment se sont
Produits, D’au-
tre part, en
too, il a été
donné 17506
tonsultations,
alors qu'il n'y
en avait eu que
10223 en 1903
ct de 2 & 3000
avell a décem.
bre 1902. Ges
chiffres prouvent que eette forme
de civilisation, Ia médecine,
peut pénétrer chez les indige-
nes pourvu qu'elle respecte leurs
‘Non seulement au lieu dan
towbib(médecin) les femmesarabes
trouvent une foubiba, mais encore
le personnel de la’ Clinique, a
part une sage-femme francaise
‘Mm Résural, qui y demeute, se
compose d'indigenes. Accou-
cheuses, infirmiéres, domestiques,
sont arabes, comme la maison
lleeméme, comme Ia langue quion y parle, et la
cuisine quion y mange. Clest dans une mageifique
cour mauresquie que les femmes attendent en grand
nombre leur tour d'entrer a La consultation, chaque
matin, Dans de longues piéees en galeries, tout
autout, se trouvent [3 pharmace, la salle des consul-
tations, la lingerie.
‘Au premier étage sont les chambres de malades
alitées, et une magnifique salle de bains, instaliée
dans les meilleures conditions d'hygiéne. Av-dessus,
une vaste terrasse oii les convalescentes, Vaprés-midi
jouissent du soleil, et d'une vue admirable, A cdté se
trouvent la cuisine, et Ia chambre de la saye-femme
frangaise. Toutes les salles sont blanchies & Ta chau
deux fois par mois; le sol, carrelé, est lavé et br
avec du erésyl tous les jours. Les lits, du modele des
Tits militaires : chalits, planches, paillasses et matelas6 A TRAVERS LE MONDE.
de crin, sont tous recouverts de couy reclits de coton-
nade d'une blancheur éblouissante. Chague malade,en
‘entrant, est soumise & un nettoyage complet et minu-
feu A la salle de bains, et regoit, pour la dusge de son
hespitalisation, du linge appartenant a a Clinique.
Ses vétements sont emportés par lx famille, qui les
rapporte propres le jour de sortie. Il arrive parfuls que
des malheureuses, vivant & Alger dans un dénuement
Inout pour nous, ou venues de trés loin, aprés une
nate pénible, sont couvertes de hailfons si déchi
fi sales et malodorants, qu’aucune misere civilisée ne
Veudrait en approcher. On brile ces. innomables
choses, et fa Clinique a, pour les rempiacer, une petite
réserve d’étoffes. que les infirmitres et les malades
teinsforment en vétements. A lear départ, ces mal-
heureuses, guéries, réconfortées, habillées de neuf,
resoivent encore un petit pécule qui leur permet ou
de rogagner en diligence leur lointain douar, ou de
Chercher, a Alger, & s'assurer la vie matérielle, De
meme, tous les remédes courants sont distribués &
thre gratuit, aussi bien pour les malades du dehors
aqui viennent aux consultations, que pour celles
Sent soignées dans la maison. Il n'est donc pas éton-
rant que les Arabes profitent dans une aussi large
rresure d'une eure aussi hamanitaire et aussi habi-
ement organisée.
Moe le D' Légey — c'est son grand meérite, et
1M, Jonnart a su Fencourager — a réussi & faire com>
prendre aux indigenes que le Coran nvordoane pas la
Telete, le manque d’hygiene et inertie dans la maladie,
Ses moindres prescriptions sont scrupuleusement
fobservées la Clinigue. En haut, dans sa cuisine
Wanchie et lavée, la cuisinitre mauresque prépare du
couscouss, des tagouts de mouton aux wmates, des
uleites cuites sur Ta braise, Mais viande et legumes
eint soigncusement visites chaque jour, 2 leur arrivée
dha marché, et bien des maisons bourgzoises pourraient
eavier la propreté minuticuse de la cuisine et de la
Cuisinigre, Les malades qui mangent, s‘installent
terre, sur des nattes, ct posent leur couvert sur de
irandes tables basses, a la mode arabe.
TH est & remarquer que les femmes admises & fa
Clinique ne cherchent pas & y apporter, meme en
tachelte, leurs remédes empiriques et leurs supersti-
tons, Parmi cellesci, cependant, il en est qu'on a pu
wtiliger. Quand un enfant vient au monde, la abla
Gccaueheuse) doit lui frotter Jes paupires avec une
Fate dont la composition varie suivant les régions:
Fans les oasis du sud cest dur kohol (noir), qui conjure
Je vort. Aussi, quand un enfant nait @ la Clinique. fa
ve kabla » stempresse de Ini passer au bord des pau-
yisres une pate formée de poudre dantimoine et
Ehuile — préventif contre Vophtalmie, — et n’omet
Eucune des invocations qui doivent preserver du mau-
vais sort ce nouveau venu parmi Jes Croyants.
‘La Clinique indigene, qui, & peine née, donne
dies résultats si satisfisants, est certsinement appelée
fun avenir tres prospére, On peut étre sir dés main~
Tenant — les résultats acquis Iui corstituant en quel-
aque sorte une réclame — que le nombre des femmes
ck des enfants qu'elle soigne ira en s'accroissant, d'une
facon trés rapide. I faut lui souhaiter que ses revemus
slacefoissent en méme temps, soit que le Gouverne-
cyent général puisse augmenter la scmme allouge par
lui, soit qu'un erédit quelconque puisse venir d'une
avire source. En attendant, elle a deja fait école : dans
plusieurs centres de Vintérieur, quelques essais autres
Eliniques apparaissent, grace au concours de femmes-
tiocieurs devouées. Pew & peu, avec leur développe-
ment, lweuvre sétendra 4 toute I’Algérie, et sera pour
ies Arabes un immense bientait.
‘Ninsi se réalisera Vidéal de Yinitiatrice qui a
pris pour devise ces mots puisés dans le Coran, mais
dignes de toute religion : « Fais le charité, soulage la
rmisere. La joie d'avoir fait le bien sera ta récom-
pense
Situation prospére de |'Afrique
occidentale frangaise a la fin
de 1905.
Lt mois dernier, en ouvrant Ia stsion du Const de
‘gouvernement de Afrique occidenta'e, M. Roume
4 stabli le bilan de Ta eolonie qu'il dirige avec tant de
Ze, et montré tous les progres accomplis pendant
Vannée qui vient de s'évoule
Ils sont encourageants.
Le double but poursuivi parle Gouvernement de
ce vasie empire est le développement des voies de
communication, et l'umélioration des conditions sani-
faites. Le chemin de fer du Dahomey, le chemin de fer
de la Cate d'ivoire, Je port e’Abidjan, le chemin de
fer de la Guinée frangaise, Ye port dv Dakar, Yaménae
gement di fleuve Senegal, ont poursvivi leurs travaux
Gans les conditions prévues. Ts auront completement
employe, cette année, le premier emprunt de la
colonie, et on en prépare un second pour les conti~
nucr. Les chemins de fer en exploitation ont dépassé
avec rapidité Jes prévisions de trafic. Les optimistes
jai ont eu confiance dans la productivite de T'Airique
Ont vu juste contre les prophétes de malhear.n 1887
dn regardait comme vin idéal difficile & résliser_ une
recette kilométrique de 1 500 franes pour la premiere
tles lignes construites : celle de Dakar & Saint-Louis.
Elle aiteint aujourd'hui 10090 franes, et en igot le
& mime dépassé 12.000 francs. La Signe du Sénégal
au Niger est parvenue & Koulikoro, son point ter-
tinus, que le 13 décembre 1go4, ot dés cette pre:
mire année de plein exercice la recette kilométrique
été de 4086 francs, depassant de 1 123 francs a
‘épence dexploitation. Pour les 154 kilometres de la
Tigne ve Konakry au Niger mis en exploitation le
Ue juillet 1904, on ne comptait que sur une recette
Jilométrique de 2000 francs; et rien que pour les
srois premiers trimestres de 1gos elle a atteint
iis2o francs, dépassant de 400 francs la dépense. Si au
Dahomey elle n'a été que de 3 500 francs en 1904,
est que 102 Kilometres seulement étaient ouverts &
Fexploitation, et que les tarts étaient trop élevés. La
langueur exploitge portée & 226 kllométres, e I'sbais-
sement des tarifs font espérer un accroissement notable
du trafic et des recettes.A TRAVERS LE MONDE. bs 7
Ces chiflves ne suflsent pas a rendre compte de
Ja transformation économique qu’opére ouverture de
ces voies de communication. Le Chayor, d’oi ne sor-
taient jadis que 5000 4 6000 tonnes de produits, en
exporte aujourd'hui dix fois plus ; sur fa ligne de Ja
Guinée, une véritable ville s'est dlevée comme par
enchantement 4 Kindia. Dautres bourgades s'éltvent,
tandis que, par un phénoméne trés compréhensible,
mais tres intéressant, Ia facilité nouvelle des trans-
ports améne le remaniement des emplacements des
centres administeatifs. La colonie du Haut Sénégal
iger est en train de transporter sa capitale de Kayes
a Bamako, sur le Niger. Le Dahomey. qui songeait
4 placer la sienne & Cotonou, se demande s'il ne suiva
pas le chemin de fer et ne la transportera pas sur le
plateau plus sain d’Abomey.
Lorganisation de la salubrité a pris avec
M. Roume un caractére scientifique. La réforme date
du jour 0 Yon a constaté que les deux principales
maladies de la cOt€ d’Afrique : la fiévre jaune ct [a
fievre paludéenne, sont véhiculées par les moustiques.
Apattir de ce moment-la, on a put se flatter de sup-
Primer les maladies, en supprimant les moustigues. It
a fallu au Gouverneur le courage d'affronter Yimpopu-
farité, pour déclarer la guerre i des habitudes inveté~
ries, ef imposer des mesures sanitaires qui consistent
essenticllement dans la suppression de toutes les eatrx
dormantes of les moustiques doivent passer la pre-
mire partie de leur existence a Vétat de larve,
Mais aujourd'hui les résultats sont acquis, et les
populations comprennent combien elles sont interes
sees ai ces sages précautions, dans lesquelles elles ne
voyaient, au premier abord, que d'inutiles tracas
ries. A Dakar, en deux ans, les cas de paludisme ont
diminué de moitié. Un cas de figure jaune, éclatant
dans la ville en mai dernier, est resté unique, Grice
aux mesures sanitaires, il n'y a pas eu d’'épidémie. Le
fait paralt donc démontré : ia flévre jaune et la fievre
paludéenne sont évitables. Quelle révolution pour
Afrique occidentale, que la suppression de ces deux
Héaux! On ne saurait en exagérer importance,
Diabord, cen sera fini de son mauvais renom qui en
éloignait leg colons; ensuite, les Buropéens, dslivrés
de ces causes de trouble, pourront employer avez bien
plus de suite et defficacité leur intelligence et leur
energie.
‘Ce n'est pas tout : In population indigéne est
moins prolifique qu'on ne le croyait. On espérait que
la suppression des guerres incessantes, des razzias de
tribus a tribus et des chasses & Vesclave aménerait un
accroissement rapide du nombre des habitants. Il aug-
mente, mais lentement. Or, cette déception tient
dune part a une hygiéne déplorable qui cause une
mortalité effroyable des nouveau-nés, et autre part
un état agricole barbare qui produit une quantité de
nourriture insuffisante, d’ot résulte une misére phy-
siologique qui étiote les individus.
Pour combatire la mortalité, M. Roume a cons-
titué un service d’ascistance dont les médecins. qui
Gtaient 18 on 1905, seront au nombre de 29 en 1906;
le service sera accru a mesure que les ressources le
permettront. Pour aider ces médecins francais, il va
dire créé un comps dsides-médecins indigenes qui
Sinstruiront d'abord auprésd’eux, et ensuite & 'hopital
de la colonie. Le Gouverneur a aussi songé & Phygiéne
‘morale, car le moyen le plus sar d'atténuer les maux
dus a Tignorance et & Vincurie, est de travailler au
retevement intellectuel et social des indigenes. Dans
ce but, il a detruit les derniers vestiges de la traite, et
institué dans toutes nos possessions un état Kégal qui
substitue ce qu'il appelle fort bien le w régime contrac:
tuel», ancien régime de contrainte. II ne peut plus
y avoir d'autre travail que le travail consenti, et par
Conséquent libre. Des mesures sont en_ préparation
pour organiser la propriété fonciére et instituer des
actes publics assurant aux engagements entre indi-
genes la certitude ot la fixité qui leur ont fait défaut
jusquici.
D’autre part, une impulsion vigoureuse est don=
née a enseignement. Le nombre des instituteurs, qui
Atait de £24, va btre porté & 135. Une inspection des
écoles musulmanes va étre créée. Une méder
Cest-icdire un établissement d'enseignement supe
rieur, est projetée 4 Djenné qui a été autrefois Tun des
centres les plus actifsde la culture musulmane en pays
noire
communication, Vhygiéae physique
ou morale ne sollicitent pas seule Yattention du Geu-
vemeur, Pour améliorer agriculture, M. Roume a con-
stitue un service chargé den étudierfes questions prin-
Cipales, La possibilité de ls grande culture du coton
para dés maintenant acquise. Los essais fits dans la
talige du Niger ont determing les especes qu'il convient
adopter dans la région. Le chet de Sansandig, étant
donne les prix de 65 francs les 50 kilos obtenus au
Havre pour un précédent envoi, ena semé 300 hec=
{ares pour son compte. Dans le Moyen-Dahomey, da
te pays de Kong, en Guinée, mémes espérances, Dans
Ja vallee du Sénégal, on fait des essais de culture iri-
guée. On a mis & Tétude le repeuplement des lianes
2 caoutchouc. Des services zoolog ques fonctionnent,
rice au concdire des veterinaies de 'armée, et
fntreprennent de lutter contre les maladies épide
migues qui déciment les troupeaux
Ces mesures diverses ont abouti & un état de
prospérité que les chiffres nous diront avee éloquence.
Dans ceterritoirede 212 millions dhectares, est dire
quatre fois grand comme lz France, administré sans
autre moyen de force que 19.000 hommes de troupe et
3100 agents de police, le budget est passé de
24 789 000 francs en 1903 & 38.476 000 en 1905. Ona
fu 3357000 francs dexeéents en 1904. Fil y a
acticilement 10 354000 francs dans les caisses de
réserve.
HL, Cordier, professeur 2 I'Ecole des Langues orientales,
“ocien président de la Société de Géographie. — Lespédi=
tion de. Ching ds 1900. Histoire diplomatique. Notes et
Aocuments, 1 vo ins dela. BibWetbigue d'Histoire
contemporaine, Prix: 7 ftancs. FBix Alcan, éditew
HE. Gutfabr. — La Suive ium, tude vétidique, Psycho-
Togie. Mzurs, Industric. Politique, Enseignement. Paris,
Datagon, in-i8 de 302 pages. Prix: 3 (7.50.CHE SCOTTISH GEOGRAPHICAL MAGAZINE
Exiombong
Autour du Lac Titicaca.
Ia, qutorze fois plus cena yu le he de Cendve, est
Cette Ente Te Pltou eta Boles ety un des haute
feaus dex Andes, On parvient du port shilien d Antal
seta, pat dn long et etnuyenx tjet am chemin de fa et en
Figen, ow durpon ponnaen de Molionde, 8 ob une vole
fer monte 3 Pune, qui se. Uouve sur Te grand tac Tal
pene,
‘Lauteu de la elation de voyage sue neue alons ane
tyge, M. Arthur W. Hil Teeeur 8 fUnicisité de Bamba
Peale 1s ve du bas dlc, pail one cle des
onlagnes de Is. siveoflenale. Anrivé a. Mollendo le
3) déeembre 1902, 1 visita rabord, 2 ichauteur et nie
Semin Te, Se magnifique ited Aroovip>. que domine
tn ammphlthésie de ‘rontagnes blanches, Aprés cet are,
‘ecessife pour qui vent ménager les transitions. vu que sit
a yate sur ces hauteur, Te rallway Te eondulat A Puno, au
time dv Titeaca: et ui des qreieve nets ul Te
appetent a une altitude de pres de’qavo. nities fu
ans ce port putuvien, Ia presence d'un Wes grand et Us
Yeon batena 3 vapeur consti dans (ss chamtiens de
Cingow!
est su ce bateas, Ik Cora tUmpsetrice), ou
ssesibargua pour se rendre B Chiliya, surla rive aud du
Ise: Dans ce trjet de t11 mills qui accempln sur Veso
at dmerveil des perspectives qu ee slcoulerent sous ss
Sean Par endvits, fac est sf vaste qu'in erd deve Tune
&t Tautte fives, comme si Ton naviguai! sur Ia rr. I ex
Tal que cette fnpresion est taey parce ie Te Tiiace Gl
ten dies dont quelquerunes Giant snes dans ne
Ton des Incas: Cest ane! que M. Hill pena en vuc deste
Gh Manco Capac ct son epovst, dant te commun iat
de Solely sortrent pour civilser les sauvges trius au cont
tent etieur donnr une organisation pol tie el rliicuse
Dans leups pérégrinations, iis sttegniteat Cusim dont He
rent Ye sitge de Teur gouvernement, et fondirenc ans! [a
‘yma des ness.
Bn Fapmrochant de Pextsémilé miridionale da tac te
voyager Aéeouvte enfin tes peants des Andes Bolviennes
via de Tampa 9 {illman, forment une chaine intron
ut fermant Torizon du cOtéde est. Le sok, use come
shalt au moment of M. Hl les conte lst, emourprat
‘plendidement tes neiges eels ot ls lacie descent
Eines de 5.4 6 300 nittes Pus, tus coup, presque sans
‘ansition Te eel a court de nUages soem, et on srolent
rage telat, Cos chamgernene stots one ts emmpatrs
sont, parstell, fgquente sur ce haut plover, dont alr us
Tote ent anturé @Slecriit, 9 cause, sire owe, de Ptr
SHatlen intense de Ta chaleur sla
a patie mesdionale du le eit tude de rves rides
ct daspeet d€z1e. Tout au plus d&coune-on ghet de
Sralgres cultures cntourant quchave butte @Tndiens, ui se
ourtstent de pommes de tere, dorge, ss uines (Chenipo-
hws quinoa), Decas (sore doselle. ve lupin, et. Pat
Shaler, ces Woltes yranquent souveen i lea fauty pour
Tenira bien, une annge favorable. Lp saison des plies ul
Sire platen, slong de décembre 9 Ltn de mars, permet
feule aux mofssons de pousser, cat, dans Ta saison ech,
a tere ea brie pendant te jour ty |i nul se couvie de
vivre ou de glove. Soule. tee planes [es plus vigoureuses
Feuvent ressce 2 un patel lima
Ces dears dans a temperature atfectem tes tnsmains
uss bien que Ie fegne vegetn, Vu Tew sive scheretse de
Hah, se laver lel estun Tove piutot quicne niessité otis,
Indien, H cet &gard, ne tierment pas tae distinguer? Le
seul soln de Teur corps rll e permetiest ext onetion es
mains et dy visage 2 1 parait que cette couche die
cmpethe la peau dese bre
tes condivons
= DU-TRAVAIL <
Le Pont du Chemin de fer du
Cap au Caire, bati sur les
Victoria Falls.
LE chemin de fer du Cap an Caire se poursuit avec
activité. M. Salesses, au cours de la mission qu'il a
accomplie Van dernier pour étudier les chemins de fer
africains, a constaté @ son passage en Rhodésie que
Ja ligne, qui atteignait alors Kalomo, avangait a raison
de 500 kilométres par an.
Pour franchir le Zambéze, un pont important a
da atre construit. Comme il est prés des Victoria
Falls, on 'a dénommeé : Pont des Chutes. M. Salesses Va
visité vingt jours aprés son achévement. Il est formé
dun arc unique de 317 metros de longueur, et de
14o de hauteur audessus du ileuve, la éte monté
en cing mois et demi, par un ingénieur franeais,
M. Imbaut
De ce pont, dit M, Salesses dans sw relation a la
Société de Géographie, la var des chutes est splen-
dide. Elles oat plus de 1 kilométre de longueur, et
représentent trois fois le volume et la hauteur “du
Niagara; au-lessus, plane constamment un nuage de
vapeurs; du fond du goufre monte un perpétue! gron-
dement. Le fleuve, large de 1.000 metees en amont,
encomire une cassure transversale de 300 & 400 mé-
tes de large sur 1000 de long : il s'y engouffre en
mugissant, et dégage une quantité énorme de vapeurs;
puts il s’échappe de la cassure par un ehenal étroit en
forme de zigzag, sur lequel est jeté le pont. I faut
trois heures pour faire, avee des vétements imper-
méables, le tour des cascades. Rien ne peut rendre
Vincomparable grandeur du tableau; au clair de lune,
le spectacle est ferigue, et confor imagination
humaine, Mais on projette d’utiliser cette force énorme
pour des entreprises métallurgiques. Toute la région
est, en effet, riche en minerais. Le centre industriel
serait la ville de Livingstone, qui se construit
6 kilométres environ des chutes,
De Victoria Falls, In ligne du Cap au Caire
atteindra en 1906 Broken Hill, centre minier & la
hauteur du lac Bangweolo, pois Abercorn, autre
centre minier au sud du Tanganyil
Les Armies ct les Flies miaires de tows les Bias da Monde.
‘Compesition et réparttion cw 1905. —~ 1 vol. in-8, Berger
evrault et ©*, dditeuts, 5, rue des Beaux-Arts, Paris
Joan Finot. — Le préjugé des racee. 1 vol. in-80 de la
Biblowque de Pinlosophie contenyporaine. Prix = 7 fr. 50.
(Felix Alcan, éditeur.)
Anadoll. — L'Empire du trecail, La vie awe Etate-Unit.
T vol. inei6, Priv 3 fr. 50, Librainie Plon Nourrit et Cs,
sue Gatanciére, 8, Paris,AFRIQUE
Décret destiné a empécher la Traite
des Négres dans nos Colonies
@ Afrique.
Le Ministre des Colonies, cons@érant comme inst
santes Tes lois do 183+ ot 1849 (Gut s'appliguatent surtout &
{a tate sur me), vient de prevener & trsignaie hs Posie
dent de Ta Républigue un dtot gut Trappe de p7son et
ef damende [es contrevensnts
tee gular dps e, ut Sapotus.
uelgue forme qui se présente, A tout Aete aceon il s¥ee
intention de disposer de ta iberté dun individu centeate=
ment sa volonta, quil #agisse dune convention ou mene
des prcliminaites dune convention. Se portée et neste;
iW spptigue dans nos colomes el teitoves de Afra
fecidemtale fangaise et di Congo 3. tous. Tes inividusy
Goyens faneaty,sujets frangals st éuengers, quills alent
Aieetement ou indivectement pacipe Rn ik de tate
W frappe également celul qut, sans avoir earsacimé
acte de vente, enlssine avec lui hor du teritoire angals
es indiviaus, dans Pintention den disposce& etesn ger.
IU ne saumait sre question, on Je compsend, de port
attcinte des cautumes ou 4 des Usages qu bien st co
iraites aux principes Je notre civilisation eutopcenne, non
cependant then dimmoral ou illicite, C'est tist iron ne
{Guche en aucune fagon, notamment ax dots cesent‘ts gut
résultent de la puissance palernelle, de ls pulsance inaritale
fou de fa tte
Cansins. éénements_sants ont_matheureasement
Admoniré que la taite pouvait encore subsister¢ wre mamere
Gissimulée, et uil dia indispensable de prendre conte elle
de pouvelies mesures.
Création d’une nouvelle Ligne telé-
graphique entre Diego-Suarez et
Majunga.
le réseau tWégaphiyue se Nadegoscar va ¢
dane novel igs On pce an es Nostoniy T
fement de fa ligne Diego Sosrerhajungse
Le fil emprantant sur sen patenu fe trongon Analae
laveAfjunga, qui est Afien exploiting, es dese grands
envies sent het cla en communication dies
Le Ravitaillement des Troupes
du Tchad par le Logone.
Un poste a td dabli 2 Letd, sur le Mayo-Ksbi ot ta
question du ravitalfement par le Logone parsit enter dans
Ta voie de la walisation.
‘Le ravitallement venw par la Béaoug au poste de Ling
ferait par tere la route de Lér A Mbourao a Pentre du Tex
bouri, jwendrait le Toubouri navigable en toutes sulsons,
suivrait-de nouveau la voie de tere sur une treniaine de
kilometves de Guissei 2 Kaigoy sur Te Logone, e: enfin Te
cours dua Logone jusqu'a FarteLamy.
amenioue
Le Bilan de la Guyane frangaise.
Le total général du commerce guyanais a stteint, en
1904, 32344000 francs, contte 22.798 000 francs Tanne
précfdente,
Les changes avec Ja France s¢ sont r¢pattis comme
suit : 7709000 francs dimportations et 9736000 francs
d'exportations. 11 convient de noter qu'aux expertations eest
Yor qui représente la presque tolalité de la valeur de> pto-
uits exportés. La valear de'or, en effet, 2&2 de 9943 000,
francs sur des exportations totales de 10633 000 fiancse
Asie
Dévoloppement des CEuvres de
Bienfaisance et d’Assistance en
Cochinchine.
ss gues de bienfsance, ot dassstnce se. sont
beaucoup développées en Cochirehine durent Tes dernigres
shies. De 1903.4 1905, es crass votGe par les acsemblGse
provireiales pour construction hopitaue, ‘ais: dhospitali=
fstlor, subventions aux ceuvres de bieniaisance, achat de
idiciments e€e matériel, sont passes, pas une progression
onstante, de 42 000 2 124.000 pistes, On compte, 8 Cheure
aetuslle, en Cochinchine, 70 institutions d'assistance: hipi=
‘aun eivils, maternités,eidches, asiles de vietllards, etc. Ces
‘quvres sont «importance «83 inégale; mais ce qu'il y aa,
nofer, vest que beaucoup a'entre elles sont dues 2 Vinitiative
“Bn dépit de Uessor pris partes eauvros d'assistance et
ge hfenfaisance, on constate cependant encore beaucoup de
‘acunes dans Ferganisation de ‘assistance en Cochinchine,
Aussi TAdministration a-telle élaboré un projet pour créer
es formations sanitaites al les malades trouverent des soins
lois eb aul surtout, onuueront 2 snc dans
Foniomble de le population indigine let regles d'une
neilieure bygitne, et, par Hi A abuisser Te niveau de la
mrortatitg
AUSTRALE
Le Gouvernement australien
tolere I’Immigration.
Le gouvernement avstralfen 3 apport quelques modsf-
cations ax lois draconiennes sur Pimmigration, qui étaient
desinees & emptcher Ia main-daruvie change de, yeni
{ee concartomce tux ouvret suatsiens, dont es Liven
cominentpallguement Te pays, Ona juge bon, par ct
tenips dallance anglojaponahe temas! cs lois a0 Ren
fico do ceritines classes de voyagetts asiatiques ct, dans
Tesptee, faponats. UI est permis maintenant aux tourtse ot
mmarchands cu Japon de tele” Itrenent en Australie,
four quils Solem munis de passports mis danse Pays
Cnsine
Mais Je aval Joune continue & dre rigoureusemént
cy dstelis par une idgisttion gules es bare
tees que devant les marchands et tes tourstes
EUROPE
L’Entente internationale pour l’'amé-
lioration hygiénique et économique
des Capitales.
Sir Edwin Gormyrall, président du conse de comté de
LLondies, peojetie 1a séunion de congts des représentants des
ECURSION
Camb
Les Iles volcaniques de San-
torin (Archipel des Cyclades).
[Ur gole immense, ef, rangées tout autour en are de
cercle, les files’ de cet archipel voleanique, qui
enserraient autrefois Vénorme eratére abimé dans les
flots 4 des profondeurs de gouifre, 300 métres
et plus, Scul, au milieu, um petit cratére sous-marin
surgi encore, et son’ sommet la profondeur n’est
plus quede 20 métres, C'est
uniquement 1& qu'on peut
joter Panere
Toutes ces ies, for-
tmées par des éruptions plus
ou moins anciennes, ont un
aspect des plus étranges
Elles. sortent & pic
des flots, et on dirait des
flammes pétrifies, tant [a
pierre ponce et fa lave dont
elles sont formées oat des
stries bizarres, des contor-
sions étranges, des ravine-
ments inquidtants, Par en-
droits, Ta roche est tordue
en spirales; ailleurs, ce sont
des arétes vives et mena-
antes, pus des repliements
hhorizontaux, pois des envo
les soudaines en pics
igus; et tout eela est noir,
rouge, ccre, de eintes b
lees, roussies, de tonalités
sombres et farouches. Puis,
fout en haut, courant sur
ta réte du plus grand tl
dans un éblouissement, une
ligne dune blancheur écla
tante. Cest la jolie petite
ville de Phira, dans une
position Adonner le vertige,
qui domine de sa coquetteric civilisée les sombres
demeures que des habitants plus pauvres ce sont faites
a méme dans le tuf, La paroi noire est, en effet, creusée
@une multitude de trous; quelques-uns sont béants,
@avires sont fermés Cun mur gris ot se détache bru-
talement une porte blanche, et dans la roche sombre
fon dirait des larmes d'argent cemées sur un drap
mortuaire
Parfois, pour avcéder 4 ces demeures de nou-
eaux troglodytes, un léger escalier de bois s'accroche
ila lave efftitée avce une audace effrayante, et on se
demande quelle peut bien éire la mentaité de oes gens
réfugids en ces nids d'aigle, et vivant li toute l'année
sans air et sans lumiere.
Crest par un sentior trneé en zigzag, replié sur
luisméme avec d'inguiétants. angles aigus, et creusé
dans la paroi verticale, que Yon accede a ta virginale
Photographie de Moe L, Merle.
Phira, La eréte a'est pas large et la ville n'a pu prendre
ses aises que dans la longueur. Aussi elle serpente
tout Te long de ta falase, suivant ses sinuosités, cou-
Jant dans Jes trous, campant figrement sur les som-
‘mets, ou avansant tout au bord de V'abime ses blanches
maisons aux toits en terrasse, of les belles Greeques
viennent réver le soir en face de Immense horizon,
Les tues etroites suivent, comme le reste, les
Aéclivités de terrain eles montent, descendent, par-
fois sont suspendues au-dessus des flts bleus sur une
comiche vertigincuse; et li vit, tranquille et heureuse,
tune population grecque gracieusement accueillante,
parlant presque entiérement frangais, et qui nous a
Teyus avec de trés amicales démonstrations.
Le mont Seint-Flie est le point culminant de
Tile dont Phira est 1a ville
principale. On y arvive aw
bout de deux heures de
mulet& travers I campagne
oi Yon cultive surtout Ia
vigne, mais d'une fagon
toute particuliére, On laisse
pousser les sarments assez
Tong, puis on les tresse en
corbeilles orientées du cété
du soleil, et cest dans Yin-
térieur de ces. corbeilles
qu'on raméne les grapes
Vabri du vent; de sorte
que ces champs de vigne
ont Vair de gros nids d'ol-
seaux accrochés aux ceps
rnoueux, et symétriquement
rangés. Le pays n'est pas
tris vert, et, dans le sentier
rocailleux que nous sui-
vons, Ia pierre est templa-
cée par de la ponce friable
cit le sabot des petits anes
cenfonce complétement.
Nous traversons. la
bourgade de Pyrgos, pitto-
resquement juchée sur une
Eminence, splendidement
blanche sous le soleil avec
des rues étreites grimpant
en escalier, descendant
brusquement, tolmant tout & coup de fagon imprévue.
La popalation entiéve est La, sur le pas des postes, sur
Jes tolls en terrasse, pour nous voir passer. On nous
offre des fleurs, on nous tend les mains; un pope
braque sur nous un vaporisateur, et nous asperge d'eau
de rese,"et confus, touchés, nous leur répondons par
de gentils : kalimera, un des rares mots grece que
nous sachions.
Au sommet du Saint-Hlie, un couvent grec,
4 moitié forteresse, dresse sa. silhouette pittoresque
Crest une curieuse construction, faite de terrasses
superposées, de grands murs de souténement, de
petites cours intérieures reliées entre clles par des
escaliers; rien n'est de niveau, et c'est sur le méme
plan que le toit dela chapelle que nous djeunons, dans
tne grande salle mise a notre disposition par les bons
‘moines hirsutes et peu propres. Tout cela est trés blanc30 A TRAVERS LE MONDE.
sous la couche de chaux qui revét Jes murs, et om
recherche les coins & V'abri du solell, ot les ombres,
bleves sont reposantes & Tail,
De la terrasse supérieure on a une vue magni-
figue sur Varchipel entier. Santorin, ou de son nom
plus grec, Théra, sur laquelle nous sommes, dessine
son arc trés accentué qui se continue par le groupe
des Kaiméni toutes noires, la Néa, la Micra et la Palea
et, au milieu de ce cirque presque fermé, [a mer étale
Ses jolies moirures qui vont se dégradant de couleurs
4 partir du bleu trés foncé de Uhorizom le plus lointain,
‘A travers les roches et la ponce couverte de
touffes de thym aux formes trapues et contorsionnées
de petits arbres japonais, nous desceadons du Saint-
Elie jusqu’au col qui le sépare de la montagne voisine
que nous escaladons pour aller voir Vantique wille de
Théra que des fouilles récentes ont mise a jour.
Crest une ville de l'époque des Ptolémée, avec
ses mies pavées, tout comme la Phira moderne, s€ cou
pant réguliérement
Rangles droits.
On distingue
encore tris bien les) +
sanctuaires divers
avec leur portique
4 colonnes, les ma
sons particuliéres
avec leur atrium, le
‘gymnase, les Thet-
‘mes. Mais a grande
ville morte ne do-
mine plus que de
ses ruines la situa
tion merveilleuse
cob Favait placée le
gotit stir de ces
anciens artistes et
‘podtes. On apergoit
de Ja autre versant
de Vile et, en redes-
cendant, Ja vue est
véritablementgran-
diose, de ces masses
dde rochers imposantes qui se terminent brusquement
fa pie sur la mer, enserrant entre elles une étroite
wvallée & Ventrée de laquelle se trouve Messavouno.
En face de Théra, les trois Kaiméni forment un
groupe funébre.
Ge est qu'un amas de scories noires qui sur-
sissent de la mer comme des crassiers de forge, mals
ont la eréte est formée de laves aux formes étranges,
dressant vers le ciel leurs pointes acérées, leurs déchi-
‘quetures fantastiques oi Yon peut retrouver avec. un
peu d'imagination toutes les hétes de I’Apocalypse. Li
Néa et Ja Micra Kaimeni, a peine séparées T'une de
Vautre, forment un cercle presque complet oii Ia mer
prend un aspect de lac infernal. L’enu perd & Ventrée
a belle couleur bleue, elle devient d'un jaune soufe
foveux avec, sur les bords, des colorations deere
rouge qui font penser & des flammes. Sa température
Séchaulfe peu A ped pour arriver a 35°, et le gaz
remontant sans cesse du fond, couvre Ie surface d'une
multitude de bulles grosses et petites, qui crévent
aussitot.
an pace oe rita uEs rhots xan (noc MRLLEES) romMENT UH GHOUEE PON
Photograzhie de Moe L. Merle.
Crest un paysage dantesque, c'est un endroit de
mort et de désolation; et, au milieu de ces ives noires,
notre canot, voguant silencieux sur ces eaux bouillon«
antes, me faisait effet de quelque barque & Caron se
Girigeant vers lantre des Enfers ot je croyais déja voir
éclater a mes yeux la terrible sentence : « Lasciate ogni
speranga. »
Mettant pied & terre sur cette rive inhospitaliére,
nous grimpons & pic Je céne récemment formé de Ja
Néa Kaiméni, enfongant jusqu’aux genoux dans les
ries friables, et reculant de deux pas sur trois. Du
sminet encore fumant par place, et tout empuanti des
senteurs Acres du soutfee, nous dominons les trois ties
Devant nous, Je petit lac jaune, dans sa ceinture
de laves, parait encore plus infernal et plus funébre, et
decritre nous la Palaea Kaiméni décrit un grand arc de
corcle. C'est la plus ancienne de ces fles que des érup-
tions successives ont fait surgir du fond des flots.
Liles scories
friables semblent
siétre soudées les
tunes aux autres
pour former comme
de grandes mu-
railles basaltiques
qui profilent sur
le ciel leur termi-
nalson_capriciense
de pics aigus, de
colonnes tron
quées, do tours
éventrées, qui évo~
quent Vidée de
ruines noitcies par
Vincendie d'un gi-
gantesque chateau
fort.
Mais, pour
reposerlavuedeces
ions funebres,
voici, de!autre cdté
Ja plus accueillante
‘Thera, sur laquelle fa coquette Phira met comme une
couronne de roses blanches qui se teintent légérement
die pourpre aux rayons obliques du soleil couchant.
Enfin, un peu & droite, Vtle de Thérasia termine
\archipel. C'est la, dit-on, que, 2000 ans avant Jésus-
Christ, une pluie de pierres ponces ensevelit une ville
catiere, que des fouilles réentes ont commencé
adeblayer. Mss L. Mews.
roa 23-
Comment les Chinois tirent
plusieurs Profits de leurs
Canaux.
Banas on Ching somane ailleurs, sont avant tout
-+ des voies commerciales qui servent au transport des,
marchandises, Mais les Chinois, gens pratiques, se sontA TRAVERS LE MONDE. ut
arrangés de tele sorte que ces canaux, tout en conser-
vant leur affectation primitive, sont devenus pour eux
‘ene source multiple de revenus. Cette utilisation ingé-
nnieuse des canaux et de leurs caux a fait objet des
observations ct des études de M. George Anderson,
‘consul des Etats-Unis & Hang-tchéou.
Toutes tes régions avoisinantes du Grand Canal
‘ou Canal Impérial sont sous eau, pour zinsi dire, une
grande partie de Y'année. Des arroyos secondaires, des
rigoles plus ou moins larges, plus ou moins profondes,
s'étendent dans toutes les directions, se divisent, se
cxoisent, se séparent pour se ramifier de nouveau, au
int que Yon ne trouverait certainement pas, dans
mmense plaine, 1 hectare de tesrain qui ne soit
inrigué, Cette irrigation est nécessaire & la culture da
iz, qui est la base de V'alimentation. Mais comment
Evaluer les quantités de poissons qui peuplent ces eaux
bboucuses et stagmantes, ct s'y muitiplient dans des
conditions exceptionnelles? Le Chinois, qui ne connait
pas les réserves artiicelles, peut se liveer a la péche
chaque jour de année; et Ie poisson ne diminuera pas,
car la ritiere Tui servira de retraite inviolable en temps
opportun; ily trouvera toujours la sécurité nécessai
el abritera ses ceufs au pied des touffes vertes si bien
ites pour les protéger. Dans ees conditions, Vindustrie
de la péche devient une source sériense de profits pour
le Chinois laborieux, qui sait utiliser une inondation
artificielle, & d'autres fins que celle pour laquelle on
avait provoquée.
[Les canaux sont sujets & Tenvasement, & V'ensae
biement. Cette vase et ce sable ne sauraient étre un
inconvénient, bien au contraire : tes riches en nitro-
gine et en potasse, ils forment une matitre fertilisante
de premier ordre, que les riverains s'empressent de
recueillr et de répandre, a I'époque voulue, dans les
champs de miriers, et méme dans les rizgres. Comme,
autre part, ils renferment des coquillages en quantité
considérable, et que ces coguillages sont trés appréciés
par les populations, ce curage des canaux fait l'objet
un noavean trafic, d'un nouveau gain, Les Chinois
font grand cas de cet envasement continuel, ct
tlennent & Mhomogénéité de la vase ou du sable. Der-
nirement, les riverains du Grand Canal ont adressé un
mémoire & Pékin, se plaignant de ce que les chaloupes
4 vapeur qui font le service sur les canaux, endomma-
geaient la matiére fertilisante, en répandant sur leur
parcours des cendres de charbon; et ces plaintes ont
‘&é admises par le Gouvernement Impérial.
Les herbes et les roseaux, qui, & une certaine
Epoque de Vannée, couvrent la surface des. canaux,
sont également utiisés. Parmi ces herbes, plusieurs
sont comestibles, et consommeées sur place; les roseaux
servent a la fabrication de paniers qui font Pobjet d'un
‘commerce assez étendu. Dans les canaux de moindre
importance, lepaysanentretientde véritables «champs.»
de lotus dont les racines sont trés appréciées par les
connalsseurs. Ils'en débite, 4 Vautomne, des quantites
considérables dans toutes les vlles chinoises. — Enfin
les chitaignes d'eau ot autres « bulbes » aquatiques,
qui entrent dans la nourriture du peuple, se mul:
tiplient & plaisirdans ces mémes terrains marécageux,
e€ donnent un rendement supérieur 3 toute autre
culture similaire,
Ainsi, tout est utilisé dans cette immense plaine
du territoire chinois qui avoisine le Grand Canal. Dans
Jes autres pays de rizitres, en Cochinchine, au Tonkin,
au Japon, le paysan, sans aucun doute, pourrait
tirer de ses champs tous cos petits et gros profits;
mais il lui mangue cet amour du lucte, ee sens com-
mercial, cette ténacité qui caractérisent Ia race chi-
noise, et lui font une supériorité dang Extréme-Orient.
Emile Gobhart, de Académie frangaise et de PAcadrmie
des sciences merales et politiques. — Florence (collection
“Les vilies d'Art célobrey"), 1 ol. petit ineq” avec 176 gi
vues. Broché, 4 francs; lig, 5 francs, H, Laurens, ed:
‘eur, 6, Tue de Tournon, Paris-VIe,
Prenter ant ent outs es cis taennes, ia pronn
Festion meme de Ta Reralsance, cest one bore fortune
out la cilletion des Pies altrtederes que M. Cebhart se
soit charg dere le volume qu la concsre, Nolen Manes
Wa dude Phaie de cette ¢pogue avee plus de sympethic et
de pendtration. Nol pr. comeqosnt ie ly const et ne a
juge misux i's prove plus d'une fes et vent de procvet
{Encore dans ce demier Ouvrage que nul état plus capsble
fen fire sentir tous In compel harmonieuse, Son ue
dition aivable, qui teste toujours cla, son style egant of
Ia finesse la pius lice ve joint une simplicitc plene de
Dookie, cobvensient partitultrement tune stude st Bos
spc ae ete ile esp democatiue,o8 at Te ps
Tevet le pins dlint nen etait pos moins popular
Masi eifficut, nme pour Me Gepart, eat de are
tenir ce waste sujet en in volume. Ila tents et 2 ws
"i Gabba" «cori gu alla abord tend a vie
sux viles ples ot resus ter au milieu des tues et des
laces, oes pals et dex lies, lescontempornins des Alize
Etdes Medics, Ans! les vies darecascretiqus at vent
Sour temps, comme un sormnentare des evencmenis ef
ime des Hommes, Pui it vest eccup avec plus develop.
ement comme it convenait 4 la mature ie =~ des
Erinn aeisten,sulptours et pointe, de cole Flerntin,
Sut est incontstalement in premire des Soles iotiomnes
‘ais ny a pas que doe Florentine & advert le-
romceef Fut dans in chaptte spc es iesors Art,
‘apple ce que fe Musée dor Orices ett Musce Pt, Sef
siviches cm atvtesfrentnes, deivent aux astes ushers
depuis les statues antiques jusqu'su portrait de Meo Vip
ichrun par elleeme
Ulin ahenante t vetée — ot ano
Ettrie POratear Etrugos)s spat aussi bien que led
nctvems sil (Enlinemnt de Pobxtne par Ped, Monnet
{de Dombi yar Barton), et 98 Yon n'a pas oust non plus
lespoints de vie pittoeaqes — achive de five de cevolume,
‘SSnuprler de son exeptionnelle valeur ita, om des pls
inside, et je diva mene dang son ens Un, dos plus
Compete gon ait publics sur cert incomparable ville dart
Georges Riat, sous-consarvateu au cabinet des estampes
2 te Bibliotheque nationale. — Ragsdael. 1 vol, in-8° aver
124 gravures hors texte. Broché, 2 ff. 50; telié, 3 ft. 50.
Hi Laurens, éditeut, 6, rue de Tournoa, Paris Vi
1 années, les siécles wont pu quaccroitre lt gloire de
Ruysdael, et nous discermons tts Bien & quelles raisons
4k due le survivance dese celebrite; son art vaut tout dabord
par lurméme, parce qu'on y trouve la plus comple expres-
Sion div paysage intiove dans 'éeole hollandaise i vaut aussi
par portée d/enssignements si dévsifs, quis omt excred Ta
plus salutaire influence non seulement sur les competiates
Contemporains de Ruysdsel, mais sur Constable et les mates
frangais de 1830. En résumé, ce classique est en meme temps
tuis moderne, et de 1h, vient Pintéret qui sattache Ala pnd
frante ct stgace étude que Tui avait consacrée le rogrette
Georges Rist; vingt-quatre HMlustrations, chisies parmt les
chefseruvee' du maitre, y viennent cortoborer les Tesons
‘un texte & tous dgards remarquablewr
ALLEMAGNE
Esaai d'un nonval obus ayant les pro-
prietés da shrapnel ot de obus brisant.-— Row
Jes rescves que nots paragon, ta France iat igncle
Tappartion un nouvel dbus allemand qui zéuniat Tos
quulles des deux obus sctoeement employes
Lespdiience de’ la. guere, scofazoealee 2. monté
quion Sutil cpt Vee tile des projection de Partie
ae campagne, aussi bien du shrapnell que de ous isan.
Las‘blies du premier sont neutral es pa des levies
de trey et son pouvoir destruct contre les maponneris, les
uvrages de campagne et les defenses accesotes ext fsigh=
anttte svapnell 3 eu valeur secle que conte des troupes
ddebout et en mouventent.
Lobes brisant s une action efficace contre Tes obstacles
matériel, mals ao faible rayon action le rend pou destruc
iEor one pean stave anche os Sih ses tts
fonservant te mal leu vitesse par suite de Tinegulanié de
feur tome,
in sdsven, a Tun wl Tautre ne constituent un type de
pojectite'htovt Tarey ees Japonsis ont dO es employer
Sinitanément conte tote sorte dbjectta sans bier de
fesultatsrépondant aux espérances théerques,
Cebus en essal dane Fartiliere allemande est baptisd
Brisang Sprengenseboss (obi isan dispersion) et est muti
dune fusée 2 double effet. Ce serait, en résumé, un shrapnel!
chargé en caplosif bisant, téunisint sine au’ pouvoir des
tructeur une dspersion systématigue de see Etats; Se pls,
Une substance f forte Rumée melds 4 Vexplosi rend ta
facie observation
Ger syste Je profctite peut €ablir poy tous les
calibes partir de 6 centiméttes, Eq oe qul cancerne le
Ganon de compagne de. 7 or 5, voll Tes Sonndes mur
fiques gui ie determinent?
‘Clio, em 5; poids du projectile6 kil 00; nombre
de fragments, 4503 poids desfragments, de get. 53 128.35
poids otal des Ragments, 2 lie 00; polde 42 Teaplost,
Tas grammes; pols dela Substance fumigone, 5 grammes,
‘Lotus i compose dune enveloppe en acer comme fs
shrapnel actucls contenant des segments dont Ta brsure
Systematique est propane par’ des lignes de rupture. La
charge dexplost et placce & poy pts su miliou du sens de
fa lagueut et dsposce de manitie A projeter en avant Une
partie des segments, et 2 disperser Tatealoment ler autes.
Brrecatents e proecite donne naisancea deux cOnesd iat?
ic cone aniérieur dune ouverture de 24 degnés ee céne
iudglidune Suvétur de tso Segesi eae ll ny 2 pas ds
Sa ercust, Ca densité dec late st grands suriout dans fa
tails fatale ch cone. Les Eclat de envelopes conirtbuest
‘Fiugenenter ta argour de ta zone bate ftealement.
Dapits a Rrlgstecmiube Zetscinf, cel ous sun
type nouveau surait sabi Pepreave de tis nombreux et fee
Piicnees de’ Gansport. de longue durée, oes. deuves
Torscnt demonté util présentat une parate acurte
tanipulation et de consetvaton
aKPON
Nouveaux moddles deffets dhabillement
pour Tarmée japonaise. —~ Une revue allemende
Sue les rensegnernentsseivanis retfed de. nowveae
Inodtieseefets dhatilloment adopts pour Vrms japoralse
Aivois de juillet demier. Cex modcies commencent dex
maintenant & re mis en service
fe a! es tras coats Je cos novenon ni
ii y 2 un woiforme BA ct un Pier. Le couleur de
dows les effets ext bak.
‘Waniforme tie se compose dees de toile Iavables
pout Tes ffir, ls effets peuvent suas attecn dap lege)
(eonionne ehiver ep en dep. Cas drnets do tenue ents
Jes officers, les grades et les soldatssontinsigaiiantes et n=
Consent jue dans les nsignes posi st les epee.
Les ames et services se dstinguent par Ta coveur des
eassons du collet + infntei, rey cavers, very ate
ci, jaune; gic, esmoiss tsi, Nou; services sities,
iédécins ef waeinsres, vee foncé; intend, gis; Ben
nis Les-toupes de la garde se distinguent des
irounes de Varmée parce que sous Vétlle qui ome fe tuiban
Ua casquete sont pracées deux branes de eeisier, et que
ice boutons sont omds de chrysanthémes au Tu dere uns
Les compe de toupes se fstinguent jar un numero pore
sur te dour deomont du collet Dans Tarmée activ 1s
fuumétns sont en chifres arabes: dans les troupes de restive
thssont en chien romaine; dans les Woupes totoriales
felut de 'éeusson de drlte est em chitfes romans et cell
de gauche em chifies arabes. Les sspiantwafciers ont sur
TGcison droit une toile, et sur Fécusson grache Te numéso
te leur untte; pour Tarmée acive,Fetlte® cing branches
‘St geule, landis que pour Is reser elle et ingete dansun
Sree,
‘Voici ts principales pices du novvel unforme :
Casquctte pate vise et jogulate, ayant Te turban
omné surle devant dune Ecle(avoe Tes branches de censir
four la gande), Cetecasqucte est compléterent mele, Dou
Fatliter Ferballage et Te transport
unique large dune seule Tangée de cing boutons etcal
aroie
Peatalon long du modéle oninsire
Culotte de cheval ample, non seme au genou et fixe
au-dessus de lz cheville par un lace.
Capote ample, des tangées de six boutons i existe
un eapuehon motte, et om peut adap? 2 Ta cape un col
‘mobile en fourrur.
Ta gencral'sation de ta couleur Radi est certainement
due 2 Tespliience do a guctre nussojaponaise. Les une
formes nos de Larmée japonaice sy dtechoentvilem-
tment sur Ts couleur jaune du aol, ce Gui, d8s Pautomne de
Too, avait amené cettains comps 2 ever paresaus Tanke
forme habitsel des surtouls on toile kaky et A distribuoe
Bee'hiver de tgopigas dee capotes en tafe de ette
‘ovleur. Les vestes lovtres distribudes eu méme moment
‘Sluent aussi cxtrieurement de couleur al
“rows ces vtemens som simples ct pratigues, et il est
possible de puis Jans Teur choix utiles entelgnements
Construction de nouveaux navires de
guerre. — Ls Deutsches Ofigurblal, avn sa reves des
ENestions techniques, nous spprendsommairement-quels
Stront les dimensions et Parement Jes nouvezux navites
dlegueste japomais qui viennent d tre mis en constection.
Tes. calrasade en construetion 4 lokosuka, défsceront
19340. tonnes ‘ct orteront 4 canons de" 36,5 cent;
Feanons deas.4 cont
‘On projtie également de nouveaux grands croiscurs-
cuiresés hun @éphocement 86 14 oo tne, quirecevront
comme srivement ' 4 canons de 3e,5 cents 8 canons
des0,9 cent
Gn Voit par cos données gue les enssignements de Ia
snitte goeneaménent neiterent les Japon, ks isu
renscignés 2 coup st, 2 ce sujet, 4 augmentation considé-
{able du tonnage et 4 un tenlrcerient puissant dela gross
Sie, au detriment es cloves moyen
‘Emploi de canons de campagne munis de
boueliers.— On ssit que pendant 12 ernie quctt Tes
artlleries de campagne russe et japanaiae avaient des ples
ne comportant pas de bonclier dune mansore normale. Les
Russes eurent feolement 2 Ta fin-de la guetre, quelques
Haieen um de uci te Patteies semble
pas avoir ded sirioasemend engagée.
Des essais suraient te fits dgalement dans Varmée
Jeponaice et confirment une fols de plus utili des bou
fee
Une lettre dun ofc supérieur satillerisjaponais
dit que ces boucliers ont G4 ulisce 3 ls fim de Ta came
[preme. lls pessient So kilogrammes et étaient pois de 6°/™,
[eFinoial dela woupe aura tes heuroaverent infivencé
pr Tee howcliers, ct les aeevints auraiens fai Teur service
Sve beaucoup plus de ealme et de rgularlé
‘On sen doutsit bien 3 Pavance. Mais la constatation
n'on est pas moins intéressanto A signaler.eZ
ER A
Cr
SAVERS LE 5
Autour d’,
Le Rocher et le
Algésiras.
Port de Gibraltar.
Les plenipotentiaires curopiens et mavocains travaillent di leur care de paix en présence die plus formidable engin de
guerre qu'ait produit la stratégie moderns. Algisiras, pacifiquement étendue suz 1a pointe occidentale ile la baie qui porte
son nom, fait face d Gibraltar. Et les raieaux d olivier poussent 3 Tombre des canons.
Lp" montagne bossude de canons; ume ville entas-
sant 4 flanc de coteau ses rues etroites mais,
propres, of fourmillent des milliers de travailleurs,
des armécs de soldats cn khaki; un port avec ses
jetées nouvelles venant
S'ajouter aux quaisanciens;
une rade merveilleuse, vaste
ay Isisser évoluer toutes
les escadres du monde, et
autres encore; et pardes-
sus tout cela un ciel mas
‘gique drapant dimmensité
cette caverne du leopard
britannique, qui n’est qu'un
rocher, certes, mais le plus
formidable des rochers.
‘On a dit quill ressem
blait A un lion endormi.
Pout-étre; mais, lorsque par
toutes les fentes de la mon=
tagne, le canon tonne, le
réveil du lion doit étze ter
rible.
Gibraltar! Un sphinx,
acton encore écrit. Cest
possible, et je ne tenterai
point de dechiffrer !'énigme
de ce colosse, barrant la
route des mers latines aux
flots deT Atlantique, prolon-
igeant sa veille au seuil de
deux continents.
Lorsque, un soir, feus
quitté Tanger pour me
rendre ici, des nuées planaiont sur le rocher, rendant
plus mystérieuses ses cimes imprécises. Une sorte de
gigantesque fer de lance a la pointe de pierre acérée
terminait brusquement Gibraltar du cété de Ta Linea
espagnole, tandis que, vu de la mer, il me donnait
ACTRAYERS UE MONDE, — 54 LV
Timpression d'une téte de tauren dont Jes autres
rochers dessinaient la croupe rebondie, Au-dessus,
comme pour marquer In héte an front du sceau des
prédestings, un astre, Jupiter, étincelait. Et je voulus
voir dans cette masse som-
bre surgissant du sein des
flots dans le ciel calme,
dominge seulement par
Vastre du roi des dieux, un
rmbele. Maintenant que
visite, je dirai pierre par
pierre, le fameux rocher, je
he puis me refuser & trouver
le symbole _particuliére-
iment signifcatif
Gibraltar est la consé-
eration indubitable de la
toute-puissance britanni-
que: il est Yorgueil de Ia
nation, le triomphant effort
du peuple dont histoire et
la politique sont toutes con-
tennes dans cette formule
«La force secondeledroit ».
Cette _premiére 5
sation une fois exposée —
sensation ¢’écrasement
total au moindte signe; de
force monstrueuse enfermnée
sous ces vniites, derrigre
ces bastions, au fond de
ces casemates,— ilimporte
de préciser quelques deiails.
J'ai entendu, en
France, des opinions bien divergentes sur la valeur de
Gibraltar comme forteresse ot comme point appui
de la flotte anglaise. Pour les uns, 1a forteresse est
monic de canons démodés, inutilisables; le port
mangue des mille ct un engins nécessités par les
NP 5. — 3 Février 1906,34 A TRAVERS LE MONDE.
fottes modernes de combat; somme toute, Gibraltar
est Je Blug par excellence des Anglais. Pour les autres,
Gibraltar est imprenable, hérissé de canons, appro-
Visionné en tout, partout et pour longtemps.
Je dirai mon sentiment tout a Theure; mais je
crois bien gue les tenants de la premigre hypothise ont
parlé aprés avoir vu A Gibraltar ce qui est montré
a tout le monde, sous la conduite d'un rifleman. Les
Anglais sont trés fiers de leur Castie’s Gallery, ot
Sempressent de faire visiter ces souterrains.creusés
dans la roche vive, s'élevant par gradins aux flancs
nord et nord-est, s’ouvrant par intervalles pour darder
vers la haute mer ou les sierras espagnoles la gueule
de leurs canons. Mais il y a un siécle que cette Casiles
Gallery fat ouverte; il y a bien vingt-cing années que
Yon y a placé les canons qui s'y trouvent encore. J'y
ai toutefois remarqué une pigce toute neuve & tir
rapide de 120 millimetres; dans une anfractuosité du
Jong souterrain,
fai pu distinguer
‘aussi plusieurs pie
ces_neuves tenues
en réserve, Au
surplus, comman-
dantle territoire es.
pagnol, ces moyens
dediéfense sont sans
grande wtilité pra-
tique aujourd'hui.
Ce quill est
donné A un petit
nombre seulement
dadmizer, ce que
fai vu, grice a la
‘trés courtoise per-
mission du Gouver-
eur, ce sont les
fortifications mo-
dernes, auxquelles
on travaille encore
avec fitvre, Et ces,
ouvrages sont énor-
mes, _formidables,
Du nord au sud se développent les batte
Rockgun, Castle Toak wper road, Bruce's farm
sont les forts Powel’ farm, Ince's farm, Signal Station.
A noter un double ible rolié air port par une puis.
ante machine, et sur lesquels roulent et grimpent jus-
qu’au sommet de Vultime fort les wagonnets portant,
sans discontinuer, munitions, aliments, matériaux
divers, et jusqu’aux soldats eux-mémes,
Et puis.ce sont les bastions de Mount Misery,
Upper Rod Tank, Saint-Michaél, O'Hara's Tower, Devil
Bellows; voici, encaissés dans le rocher, des casernes,
des baraquements & perte de vue, Les Windmill Bar-
raks sont destinges & loger plus de tronte mille
hommes; et les munitions, les vivres, sont entassés
dans les'casemates pour des mois; les obus, préts
ttre chargés, sont empilés par milliers dans les
cours. Enfin, voici Bufladero Bluf, & Vextrémité sud de
Ia roche, commandant le détroit et la céte du Maroc,
en face de Ceuta, que j/apergois dans le lointain.
Mais je o'ai encore suivi que la ligne de faite du
rocher : on travaille & une galerie devant faire com-
Diapres nue photographie,
muniquer, a travers la masse calcaire, la face ouest
oi se trouvent la ville ct Parsenal, avec la face est, & pic
sur la mer,et & y construire un fort, A mi-cte, v.
des batteries; plus bas encore, des batteries; jen
Visite une : and Europa Advance Battery, et une autre :
Gardener's Battery.... Je ne puis tout voir. Et tout cela
est en ciment armé, blind, # Vabri derricre des épau-
Toments de béton de_plus de trois métres d’épaisseur;
tout cela aussi est mis en communication par des sou-
‘terrains ot Von croise des canons que hissent pénible-
ment artlleurs ct mulets.
Javoue que ce travail cyclopéen m'épouvante,
car paut-on supposer quill soit fait pour ne jamais ser~
vir? Quoi quil en soit, Gibraltar aujourd'hui est impre-
nable; il le sera plus encore demain. L'était-ll hier,
Cesteicdire il y a seulement six ou sept années? Je
eraindrais de me tromper en Vaffirmant. On sent ict
Vffort, un labeur exceptionnel, qui s'accomplit depuis
plusicuss années,
mais qui a dd suc
céder a un repos
protongé. Je gage-
rais qu’au temps de
Fachoda, Gibraltar
était une forteresse
préparée, armée &
Ta facon dont elle
pouvait Pétretrente
annéesauparavant;
[a legon ne fut pas
perdue, et depuis
lors la Grande-
Bretagne a travaillé
sans perdze un ins-
tant.
Au mini-
mum, dowge cents
canonsde forteresse,
dont un tiers a
rapide, des muni
tions & profusion,
un approvisionne-
ment de charbon
pour ravitailler trois fois aw moins toutes Tes escadees
de Sa Gracieuse Majesté; sans compter des batteries de
campagne, dautres de déborquement, etc., ote
On chemine, méme sur des voies fréquentées, au
milieu des boulets et des obus symétriquement
entassés. Les bastions sont trop nombreux; il faut
tout numéroter, tout écrire sur Ia pierre des forte-
resses : Gate French Battery, avec Yes noms : Prince
Edward's, Cumberland’s, etc, avec les numéros : itst
(rst), and (second), 3rd (troisiéme), etc...
Une visite du port simposait, aprés celle des
remparts : 14 aussi sont oceupés des millers
douvriers; et est, dans la fourmiliére des travs
Jeurs, impression que, grace & tout un Tabeur nou-
vean, des quais et des jetées, des magasins et des
formes de radoub, viennent d'etre eréés. Je n'ai vu
qu'une forme de radoub achevée; mais une seconde
Vest presque; une troisitme, fantastique, de deux
cent trente metres de longueur, sur trentecing de
Jargeur et quinze de profondeur, se construit; dix:
hiuit grues et monte-charges, des’ wagonnets remor-A TRAVERS LE MONDE. 35
qués par de minuscules locomotives, et des éliafin.
ages de grande dimension, donnent 4 ce coin diu post
une animation sans parcile
Puis ce sont des quais nouveaux gagnés sur ta
baie : entre In mer et la premiére enceime des
murailles anciennes un vaste terre-plein a éé formé, of
se trouvent édifiés les bitiments multiples d’un arse-
nal immense et flambant neuf, avec ses usines de
force mottice, ses hautes cheminées, ses hangars de
servitude. Et ce sont encore des montagnes de blocs
taillés, venaat des slerras andalouses, pour augmenter
de rochers ce rocher. Une usine 4 blocs de ciment a
até Hablie sur la Linea », et co sont, Ih encore, des
montagnes de blocs attendant que des wagons les
transportent au pied de je ne sais quelles colossales
constructions nouvelles.
Oui, en ce moment méme, Gibraltar est, comme
point d'appui de la flotte anglaise, en transformation
complete; i faut une année encore pour que tout soit
complétement prét; mais alors, sans nul doute, fa
Pointe d'Europe
sera Te modele
inimitable des ,
travaux de ce
wgeare.
Pourquoi
ontils été entre-
pris? Contre qui
ces canons? Que
menacent ces
forteresses? Je
veux retenir seu
Jement de la ter-
Fifiante leyon de
chose que je
Viens de vivre,
ce proverbe de
la Sagesse des
une alliance, substitudt par exemple les Frangais ou les
Allemand aux batteries espagnoles 4’ Algésiras, et co
serait Gibraltar menacé. Alors fut congu cet autre
gigantesque projet de créer de toutes pieces un port et
des arsenaux de autre cété du rocher, face 4 lx Méd
ternanée. Derriére la haute et épaisse muraille, les
navires seraient du moins a Yabri, Et sans soucl des
centaines de millions que nécessiterait on pareil
ouvrage en eau profonde, sur une grive escarpée of
rien ne protégerait les jetées des houles du large, les
devis furent dlablis, des résolutions adoptées.
La mise a exécution a été différée. Pourquoi? Je
ignore. Si je dois préter foi aux déclarations dun
homme renscigné, il parait qu’aprés réflexion, ce dan-
ager de batteries adverses glevées & Algésiras contre
Gibraltar a été reconnu chimérique. Co n'est pas que
Ta topographic des lieux ne s'y préte 2 merveille; c=
n'est pas que Europe ne garantisse 4 Espagne Yexer-
cice de ses droits contre a force; c'est que, en somme,
Algésiras, toute la baie et jusqu’sux défilés do la
Sierra, & San
Roque, par
exemple, le sol
est anglais, en-
combeé dAn-
ghais.
Algésiras
est aujoun’bui
la ville de T'ac-
tualité; aprés les
retentissants 48
rmélés qui naqui-
ront des affaires
marocaines, Ia
coquette petite
ville blanche a
6 choisie par
VBurope, et ac-
nations, écrit
partout ici surla
pierre et dans,
Vairain + « Pour
étre craint, il
faut étre fort », Gibraltar en est le clair symbole.
Toujours en haleine, les Anglais ont jugé quils
n'avaient pas encore asse? fait. On avait parfois, effet
une jalousie puérile, contesté la puissance de leur
forteresse que pourraient mettre mal des batteries
Aevées de Fautre cété de la baie, derritre Algésiras;
comme 7 kilométres au plus séparent les deux villes,
ce serait, disait-on, un jeu pour l'artillerie moderne de
détruire et les cuirassés dans le port, ct les formes de
radoiib et les forts euxsmémes....
Ly aun petit nombre d'années, les Espagnols
savisérent de dessiner des tranchées, de projeter des
casemates — oh seulement de projeter; — ce fut suf
fisant. La diplomatic anglaise sut interdire de parcilles
tentatives; ct les quelques terrassements entrepris,
sont aujourd'hui reconverts d'humus et de brous-
sailles. Les Anglais ont fait mieux encore, comme nous,
le verrons tout & Vheure
La surprise avait procuré au lion de Gibraltar une
pénible sensation : les Espagnols domptés, le pérl pos-
sible était seulement reculé. Qu’un événement imprévu,
Diapres une photographie
ceptée par le
Maroc, pour étre
le sitge de Vim-
portante Confé-
rence qui, au
dire des optimistes, doit consaerer la révolution paci-
fique du vieil empire de UExtréme-Occident.
Sans doute, le choix de cette petite cité de
‘Andalousie futsil dicté par le caractére international
que lui donne le voisinage de ee carrefour des mondes
qui S‘appelle Gibraltar, et par la proximité de Tanger
dont elle n'est séparée que par deux heures de mer,
En tout cas, les plénipotentiaires qui s'y sont réunis,
n'auront pas la sensation de Espagne & Algésiras; le
inom méme est fortement arabe. Comme notte blanche
Alger, Algesiras veut dire « les Hes » (al djegait), ct
ce voeable est justifié par les ilots qui émergent de la
baie, & proximité des. premieres maisons. Et puis,
sur les quais, dans les rues proptes mais étroites de 1a
ville, cest beaucoup plus cles marins de la Grande-
Bretagne, des midshipmen ou des nourrices anglaises
escortées de leurs babies, qu'ils rencontrent
Algésiras a subi Memprise britannique. Albion
ne permet pas a un chemin de fer de réunir l'Europe
et Madrid & sa forteresse; elle ne voulut méme pas
autoriser des mains étrangéres 4 établir une vole fertée36 A TRAVERS LE MONDE.
jusqu’a Algésiras. Un chemin de fer existe, qui réunit
Grenade ot Malaga par Bobadilla, mais il est anglais;
Société, exploitation, matériel fixe et roulant, méca
cions, chofs de gare, sont anglais,
Que des diffcultés surviennent : la garnison de
Gibraltar occupera sans coup férir Algésiras et les col-
lines enviroanantes; le chemin de fer transportera au
point stratégique, fx davance, les troupes et Vartil~
Terie sufisantes pour protéger non seulement le rocher,
‘mais la baie tout entiére, et ce sera 15 fat,
Mais aujourd'hui la gracicuse Algésiras apparait
comme la plus pacifique céte de univers; un peu
triste méme; ot Fon se prend a regretter de voir une
situation maritime si favorable, inutilisée. Point de
port, un wharf seulement — encore anglais, — pour
favoriser Vaccostage trois fois par heure des steamboats
qui font la navette avec Gibraltar. Une petite colonic
de pécheurs, fa piétre animation que donnent Varrivée
et le départ Gu petit
de Rordeaux; avec calles aussi de certaines Compa-
ggnies marseillaises detaissant Gibraltar pour Tanger,
Ta décadence économique de Gibraltar est certaine.
Si le commerce régulier ne fructife guére, 1a
contrebande pour VEspagne s'y Git d'une maniere
scandaleuse, et ne laisse pas de porter beaucoup de
prejudice au gouvernement espagnol. Douaniers ot
Ccarabiniers ont beaw se multiplier sur la frontiere, la
contrebande trouve toujours Je moyen de passer.
& Cleat a Gibraitac, dit M. Fara, que les revenus de
Espagne sont rognés par les contrebandiers de cigares
ui nltisent beaucoup 4 la seule manufacture active de
Ta péninsule. Gibraltar est en outre le grand dépét de
marchandises anglaises, particuliérement des. cotons
que on introduit en fraude lelong de lacéte, de Cadix
2 Bareelone. »
Rien que comme station de charbon, le Towr du
Monde a plusieurs fois attiré attention sur cette
‘marche paralléle,
vapeur de Ceuta,
Vautre ville espa.
gnole de Tautre
e6té du detroit; et
Cest tout,
Sur la baie,
secroisent a chaque
minutelesvedettes,
lescanots & vapevr,
Testorpilleurs et les
cuirassés anglais;
chaque jour, c'est
une division qui
sort dans le détroit,
pour la manuvre,
et les sourds gron-
dementsdes canons
de marine répon-
dant aux piéces de
forteresse. Et c'est
aussi la venue pres
que quotidienne de
Yun de ces géants
delamer, véritables
villes flottantes, retour des Indes, du Cap ou des Amé-
riques, consacrant quelques heures & Tescale obliga-
toire de Gibraltar.
Avant de terminer cette rapide esquisse, il me
semble indispensable de dite deux mots de la déca-
dence économique du port marchand de Gibraltar.
Lactivité, timide encore, mais indéfiniment progres-
sive du port de Tanger et des rades foraines du Maroc
occidental (Lariche, Rabat, Casablanca), la prospérité
maniteste de nos cités algériennes (Oran, Alger, le
deuxiéme port de France), ont enlevé a Gibraltar une
partic de son importance. On y transite beaucoup
moins. Comme, dautre part, le rocher stérile ne pro-
uit rien, et que les équipages trouvent malaisément
a s'y savitailler en viandes, en fruits, en légumes
frais, alors quialleurs ils ont tout en abondance et &
un taux modique, eette inffriorité ne saurait que s'ac~
crofire par In suite. Avec le programme allemand
de lignes directes de Bréme et d’Hambourg sur Tanger
‘et Mogador; aves les tentatives intéressantes et lucta
tives des armateurs frangais du Havre, de Nantes et
Diapros ne photographie,
mais opposée,
Oran' et du grand
port militaire an.
iglais. On ne cha
bonne plus a Gi
byaltar, du moins
on ne’ s'y_arréte
point uniquement
danse but; les
Anglais se sont
aisément consolés
de cette transfor
mation en consa-
crant tous leurs
efforts et toutes
Tours disponibilités
pécuniaires a eu.
vre de guerre, qui
reste au surplos la
raison d'étre et !'or-
gueil légitime de
a premiere forte-
resse maritime du
globe. Si Gibraltar
n'est plus un port de transit important, c'est une tate
operations navales de premier ordre.
Jean pv Tatu
Inauguration du Chemin de fer
d’Atbara 4 Souakim et Port-
Soudan.
27 janvier a eu Hew Vinayguration du chemin de
fer reliant le moyen Nil a la Mer Rouge, en pté-
sence de lord Cromer, ministre anglais en Egypte.
Ge chemin de fer, dont nous avons souvent parlé,
a ago kilométres de loagueur; il a até construit en
fen quistorze mois. On sait que Port-Soudan, point
terminus de la ligne sur la Mer Rouge, est situé sur
Jes hords d'une baie qui se préte mieux que Souaki:n
A devenir un port. Grice & cette voie nouvelle, Khar-
‘toum se trouve relié par le ral a 1a Mer Rouge.
Voir : Le Port d'Oran. — Son développement rapide
1 som brillant avunir, par M. Dierte de Mytica (A Traverse
‘Monde, i904, p. 417 et suivantes4 TRAVERS LE MONDE. 7
Le Présent et l’Avenir -de
POuest-Canadien. — Un Pa-
radis pour les émigrants.
L[imtonsiew a se routine; elle a ses prjuges aussi.
La misére, souvent, Ia fait naitre, ou le désir déce-
vant d'une fortune rapide. Il est cependant des pays
exil qui pourraient devenir une terve promise & qui
leur demanderait seulement une vie large et libre
basée sur le travail des champs. Parmi ces contrées
vient en premiére ligne le Canada.
‘Au sud de l'Athabasca se trouvent les territoires
du Manitoba, du Saskatchewan, de I'Assiniboine et de
VAlberta, qui forment ce que Von appelle communé-
ment lOuest-Canadien; divisions géographiques limi
‘Ges, comme il est d'usage en Amérique, par des méri-
diens et des. paral-
liles, et qui ont la
forme devastes rec
tangles. Cest le
pays par excellence
de emigration,
Depuis la
création du chemin
de fer canadien du
Pacifique, ce pays
se transforme.
LOuest-Canatiense
peuple : Winnipeg,
capitale du Manie
toba, qui ne comp-
tait que 250 habi-
tants en 1870, en
contient actuellement 80 000, Tous les centres étabtis
sur la grande voie canadienne gagnent chaque jour
‘en importance : Brandon, sur 'Assiniboine, compte
7.000 habitants; Regina, d’ot part embranchement
vers Prince Albert; Calgary en communication avec
Edmonton pat une voie ferrée et d'autres stations, ont
ddgja quelques millers c'habitants.
‘Edmonton, a Fautre bout de la prairie par rap-
port & Winnipeg, devient, comme cette demitre ville,
une cité prospére, le rendez-vous des traitants et mar
chands de fourrures qui viennent apporter Jes pro-
duits de leurs chasses ct se réapprovisionner.
Entre Edmonton et les montagnes Rocheuses
s¥étend In région boisée. La vegetation y est aust
belle qu'elle peut I'Sire sous le climat canadien. On y
trouve le pin, le bouleau, Yaulne, le saule, Pérable ct
Je tremble, A part cette region boise, tout le reste des
quatre terrtoires, depuis Famontoa jusqu’a Winnipeg,
constitue Vimmense prairie canadienne. L'élevage doit
naturellement y prospérer, et le Canada est appelé
devenie un important pays pour la production du
betail, Malgré des massucres irraisonnes, it reste
quelques bates, Ils sont parqués en vue d'une tenta-
tive de reproduction,
La prairie n'est pas sculement propre al'devage,
elle est encore éminemment propre & la culture. Le
sol de la prairie est un terrain dlalluvion présentant
tune couche dhumus d’au mains deux pieds de profon-
deur. La prairie ne demande qu’a étre défrichée pour
produire immédiatement, sans le moindre engrais, le
Dig en abondance.
On ne peut méme songer a utiliser le fumier
des bestiaux comme engrais. Le sol de la praitie est
pat luisméme déja trés riche. Une addition dengrais ne
pourrait qu’étre nuisible. Elle augmenterait encore la
végétation, prolongerait sa durée, retarderuit d'autant
la maturité; ot il est important au Canada de ne pas se
Jaisser surprendre par les premiers froids, qui arrivent
Drusquement.
Pour mettre ta prairie en valeur, le Gouverne-
‘ment du Canada a fait appel aux immigrants du monde
entier, Dis l'établissement du chemin de fer, et chaque
fois que cela fut utile, des arpenteurs du Gouvernement
sont venus prendre possession du sol et 'ont divisé, au
moyen de lignes paralicles ou perpendiculaires aux
méridiens, en carrés appelés cantons ou fownships, dont
la superficie est de 9 360 hectares, Entre chaque canton
ont été aménagées
des routes suffisam-
ment larges, de
sorte qu'en suivant
rune de ces routes
fon ne peut_man-
quer de rencontrer
A Intervalles.réxu
Tiers (tous les 8 ki-
Jométres) autres
routes perpendicu-
5 A celle suivie.
Les cantons
sont numérotés.
Chaque canton est
féme divisé en
ports Speen
appelés sections, et numérutés également,
Chague quart de section constitue un Bomestead
ou lot de 65 hectares. Le Gouvernement céde pareil lot
& qui en ‘ait la demande. Un droit d'inseription de
50 francs est prélevé, et c'est tout, Aprés trois ans de
sdjour et la mise en valeur du Jot pendant ce temps,
le tenancicr en ost déclaré définitivement proprictaire.
I pourra acheter alors @autygs lots, Il y en a, et non
es moins bien situés, que l'on peut acquérie pour
4.000 franes environ.
Le premier travail, le déftichement, est pénible.
Crest ce que l'on appelle li-bas le cassage (breaking).
Mais ensuite le blé ne demande qu’a venir. Il y a deux
ans on a sécolté 40 millions de boisseaux de ble
(14 400000 hectolitres environ), et cependant fl n'y a
qu'un cinguantizme de a prairie qui soit défriché..
Dans ces conditions, le Canada est appelé &
devenir un gros fournisseur de céréales. Le climat est
essentiellement sec, chaud en &té et tres frold en hiver.
Vhiver dure environ cing mois. Qnelquefois, il régne
un froid de 40%, mais pas bien longtemps. Par ces
grands froids, 1 y a ordinairement peu de vent, aussi
sontils trés supportables. La neige recouvre Ia prairie
peadant tout Phiver, et Ja garantit contre les gelées.
L’Alberta et le Saskatchewan sont dans de meilleures38 A TRAVERS LE MONDE.
conditions de elimat encore que le Manitoba,
Les voies de communication ne sont pas encore
nombreuses. Il y a d'abord le chemin de fer. Construit
4 la hite, il ne parait pas partout sclidement établi
Les ponts en. bois sur lesquels il asse en maints
endroits sont d'une solidité plutdt douteuse. Il excalade
audacieusement les. montagnes Rochouses, contourne
les difficultés pour éviter la construction de tunnels.
Cela fat, en somme, quelques kilométres en plus cue
Yon peut faire payer par les voyageurs. Tel quiil est,
bien que primitif, le chemin de fer a rendu ct rend
engore de grands services,
Puig le Canadien peut encore utiliser les tateau.
2 vapeur, nombreux partout. Les routes non encore
macadamisécs sont impraticables au printemps et
& Yautomne, Par contre, elles sont excellentes en
hiver. Crest la véritable saison des transports. Tls se
font en tratneaux. Alors, plus a’est besoin de chercher
tun gué comme en été, am passage des riviéres, ear il
n'y a pas encore d'autres ponts que czux du cheiin de
fer, qui sont ouverts a la circulation des voitures quand
il n'y a pas de trains signalés. En somme, les frais de
transport sont encore fort cofiteux, pour peu qu’on
s'dloigne des lignes de chemin de fer
‘Quelques rivigres charrient de Vor. Le charbon est
presque & fleur de (erre & Edmonton, et les moatagnes
Rocheuses en tiennent en réserve de frandes quantit
Le Canada est le paradis des chasseurs. Li chasse
n'est fermée que du mots de mai au mois d’aodt. En
dehors de ce temps, tout le monde peut chasser. P:
besoin de permis. Lapins, poules cauvages et autre
gibier sont en abondance. Les ies, watardes et canands
¥ viennent par bandes et en quamité inctoyable au
printemps.
Le Canada a maintenant des colons de toutes les
nations. Au milieu des Canadiens frangais, on ren~
contre beaucoup 4’Anglais, des ANlzmandls, des Hoo.
grois, des Belges, des Russes, des Sudois, un petit
nombre d'ltaliens, ete. Ce serait le paradis des émi-
grants, si une terred’exil pouvaitjamcis étre un paradis!
La Situation économique et po-~
litique de la Chine depuis la
Guerre russo~japonaise.
ON, Shessement anpeié Hes eonséquences que
devait comporter en Chine Ia_guerro russo-
japonaisc, et les futurs rapports qui sétabliraient ent
les Chinois et les Européens.
Les uns, envisageant surtout le eété économ
pensaient que la Chine allait comprendre Ja
site
de se réformer et de soutiller & Ja moderne devant
les mecveilleux résultats obtenus par le Japon, e: que
celui-ci seurait an besoin I'y forcer; ils voyaient, «ail
leurs, dans Vallié de PAngleterre le champion de kx
porte ouverte, et ils en conclusion. qu'un magnifique
champ d'activité ne devait pas tarder @ souvrir ex
Chine aux entreprises européennes. Les aurices, plus
préceeupés des rapports politiques, fatsient remarquer
jue les) Occidentaux devraient désormais traiter en
Gaaun les peuples jaunes, la Chine comme le Japon;
cue dans les vietoives du Second lz premiére puiserait
surtout lespoir de rejeter toute tutelle étrangére, et que
VEnpire dus Milicu donnerait & Vavenir plus d'ennuis
aux hommes d'Fiat de YOccident, que de profits & ses
hommes d’afares,
M. P, Leroy-Beauliew se demande, dans l'Ezonomiste
Francais, i gui les fats dorneront raison, de ces opti-
tnistes cu de ces pessimistes? Qu’un progrés écono-
imigue téel doive étre la conséquence du nouvel état
de choses, cvei n'est pas douteux, Méme les hommes
ui redoutent Je plus les effets politiques de cette
yguerre, ne Te contestent pas,
Les échangesdela Chine avecle dehors présentent
on effet un tableau impressionnaat, Le commerce des
Hats-Unis avec le Céleste-Empire s'est colossalement
accru : de too millions de francs pendant les
premiers mois de 1904, les expartations américaines,
vers la Chine ont passé & 250 millions pour les dix
premiers mois de 1go5. De méme les statistiques du
commerce anglais sont irés favorables : du 1* janvier
au 30 novembre, ila été exporté des llesBritanniques
vers li Chine et Hong-Kong pour 233 millions de
feancs de tissus de caton en 1905, contte 169 millions
en 1904 et 127 millions en 1903; les autres articles,
ailleurs moins importants, ont éprouvé aussi des
augmeatations sensibles, Ains! les échanges sont beau-
coup plus actifs que jamais. L’ouverture au commerce
Eiranger de seize villes mandchoues, qu’a stipulée le
nouveau traité sinojaponais, ne pourra que les déve-
lopper encore, et, en dehors de la Chine, la Corse
promet de devenie, sous le protectorat japonais, un
bien meilleur client que jadis, car I'Empire du Soleil-
Levant ne pourra, d'ici longtemps, subvenir seul a tous
les beseins de sa nouvelle vassale,
Lractivité du négoce n'est pas Te seul symptéme
beureux qu'on ensegistre. Le trafic intéricur du Céleste-
Empire progresse aussi, comme en témoignent les
recettes des chemsins de fer. On commence & pouvoir
Juer de eeuxci, et i n'y a qu’d se flicter des résultats
‘qiils donnent. Le réseau, ‘relativement ancien
du Petchili(Pékin-Tientsin-Changat-Kouan-Sin-ming
ting-Nowehouang) est en pleine prospérité: la guerre
y avail amené, il est vrai, un mouvement un peu
normal pour Tapprovisionnement des troupes russes
et japonaises. Mais le Pékin-Hankéou vient d'etre
inauguré dans son entier le 9 novembre dernier, grice
4 Vachevement du grand pont sur le fleuve Jaune; et
Jo 18 du méme mols a été ouverte au tafe Ix premiére
section, d'une vingtaine de kilométres de long, da
chemin de fer anglais de Changhal & Nankin.
Pour les sept premiers mois de 1905, avant que
le trafic fit tabli de bout en bout, les recettes totales,
du Pékin-Hankéou ont été de 6 millions et demi de
ftanes, et les dépenses de 2200 000 francs,
OF, SI ne agit [A que d'une exploitation partielle,
portant sur une Jongueur moyenne d'un peu plus de
1100 kilométres | Tout en étant une bonne ligne, Te
Pkin-Hankéou ne parcourt pas, d'alleurs, les régions
les plus iches de la Chine le chemin de fer de Shanghai
a Naikin posséde, semble-til, encore plus d’élements
de trafic,4 TRAVERS LF MONDE. 39
Les mines sont plus longues & mettre en explo
tation que les chemins de fer, parce qu'l faut d'abord
construire ceux-ci pour leur fournir des voies eaccis
pemmcttant d'amencr Foutillage ncessaire & leur équi-
pement et leur mise en exploitation, Mais les premiers
résultats sont encourageants a ce point de vue aussi
Les Sociétés de charbonnages paraissent devoir
commencer & vendre de la houille l'année prochaine
Je prix de revient sur le carreau de la mine serait de
5 francs Ta tonne environ. Transporté par cau ou par
‘oie ferrée aux principaux ports ou centres de consom-
mation, le charbon reviendrait & 25 franes la tonne: Ia
vote d'eau serait meilleur marché en elle-méme, mais
un Hikin ou droit de transit de pris de 4 francs par
tonne vient niveler le prix de transport avec celui de
la voie de fer. Quant au prix de vente en ces lienx de
consommation, il pourrait facilement atteindre, parait-
il, 35 francs par tonne,
Voila bien des symptémes favorables au point
de vue économique. D'autre part, il est certain qu'il
s‘ouvre,¥en beaucoup d'endroits, des écoles oit sont
enseignées les sciences occidentales, et que le nombre
des Chinois qui vont étudier au dehors progresse avec
tune étonnante rapidité, On en compte plusieurs milliers
su Japon, oils se rendent de préférence, parce que ce
pays est plus prés, parce que la vie y est bien moins
chére ct que, passant par Vintermédiaire des Japonais
dont la civilisation est voisine de la leur et Pécriture
presque identique, les diverses connaissances modernes
sont plus aisément aecessibles aux Célestes.
‘A cété de ces indices heureux, les symptémes
Inguiétants ne manguent pas. Le correspondant du
Times & Changhai note les tendances nouvelles qu'il
observe aprés uneabsence de sept mois, et dont la vive
manifestation constitue un profond changement : « En
premier lieu, dit-il, des efforts qui paraissent sincéres
sont fats par les autorités provinciales, & l'exemple de
Yuan-shit-Kai, vice-oi du Teheli, pour organiser leurs,
forces militares, & l'aide principalement d’instructeurs
Japonais; la presse indigéne parle avee enthousiasme
des capacités mililaires dont tes troupes ont fait
preuve dans les récentes manceuvees du nord. Deuxié-
mement, on est bien déterminé a Pékin et dans les
provinces, 4 n’accorder aucune nouvelle concession
aux étrangers, et a ticher de reprendre ou de racheter
les concessions déja accordées. Cette disposition est
accompagnée de projets « chaotiques », pour entre
prendre [exploitation de mines ct. la construction
de chemins de fer sous les auspices des fonctionnaires
ct des propriétaires des provinces, et l'on s'occupe
partout 4 organiser des administrations, qui sont au
corrompues que dhabitude, et A tracer des plans
fantaisistes pour exécuter ces entreprises sous une
Girection purement indigéne. Troisizmement, on fait
cireuler, avec le consentement tacite des autorités,
toute une littérature antiétrangére du _méme genre
queecile qui a donné naissance au heycottage dies Amé-
ricains. Ouatrigmement, il existe une agitation inces-
ante, entretenue par la. presse indigene et par des
meetings, pour « maintenir les droits souverains de la
1e > contre les agressions étrangéres. Liesprit qui
anime les agitateurs a été demiérement mis en évie
dence par Yorganisation d'une Tigue de jeunes gens
qui proposent de boycotter tous les agresseurs, Cinguid
rmement enfin, la Commission de revision des traités,
gui n'a jamais éte disposée a faciliter les relations
commerciales, fait ouvertement de Vobstruction main-
tenant, comme le démontre un récent incident avec
Jes négociateurs allemands.
Certains faits semblent indiquer que ce tableau
est trés fidéle. Le rachat de la concession du chemin
de fer d'Hankéou & Canton, agitation en vue de
acheter aussi la concession anglaise de Sou-Tchéou &
Ningpo et Hang-tchéou (embranchement dut Changhai-
Nankin) en sont les plus signiticati(s. Les troubles de
Changiai, & propos d'ym incident insignifiant en lui
méme au tribunal_mixte chargé de juger les delits
commis par les Chinois sur les concessions euro~
péennes, ne sont qu'une manifestation populaire et
violente de cet état d'esprit qui se résume en ce mot:
4 La Chine aux Chinois ».
M. P. Leroy-Reaulicu estime qu’avant dobtenir
que le nouveau mot Wondre : «La Chine aux Chinois,
soit admis par les Occidentaux, certaines conditions
préalables simposent. I faut que la Chine se reforme,
Ine faut pas que sous prétexte d’accomplir des progrés
toute seule, elle se mette, de propos délibéré ou non,
dans Vimpossibilité d'en réaliser aucun. Or, pour ce
qui concerne les chemins de fer, cest ce qui arriverait
on ne trouversit point de capitaux indigenes en Chine,
parce que les mandarins les frustreraient de tous les
Iendiices. La preuve en est que, lorsqu’on a voulu de
Yargent pour racheter le Canton-Hankéou, il I’a fallu
emprunter aux Anglais de Hong-Kong. Avant de
rononcer & I'exterritorialité des étrangers, il faudra que
la Chine organise une justice digne de ce nom, qu'elle
renonce la torture, qu'elle ait un Code et une procé-
dure modernes.
Ges réformes nécessaires seront-lles rapidement
accomplies? Un éminent Japonais, le baron Suyematsu,
trés au courant des choses de Chine, répondra :
«Je ne prévois pas en Chine d'aussi grands
changements qu’on semble Te supposer. Quoique V'in-
fluence japonaise s'y soit notablement accrue, je ne
crois pas qu'il en résulte d’aussi grandes modifications
politiques que certains publicistes d'Europe l'imaginent.
Li Chine ne peut pas se réformer aussi vite que 'Bu-
rope parait le penser... I ne va pas s¢ prodnire une
merveilleuse transformation de la Chine...»
Voila la note véritable. [ly a des changements
révls en Chine, Il s'en produira @'autres, Mais i ne faut
pas stexagérer la rapidité du mouvement dans un pays
si different du Japon, Des siécles de tradition ne s'elfa-
cent pas en quelques années.
G.-L, Pesce, — Le uavigation sous-marine. ¢ grand vole
‘Giixst centinbues) rihement Must, Vuibett ct Nony,
Sdictts,@5, boulevard Saint-Gecmain, Pals
rv intéessnt ouvrage vient bien & som heute. Dans fous
Tes. pays Miariimes 1s navigation sourmarine ext A
Voxdre Jour, Raconter son histoire, expose co quelle eit
dans le present, prevoir ce qu'elle nota dane Taventy, a) est
Jn bot que est propos! Pesce i's pleinementatteint:
sonlivre, Cun tecture facile et agréable, ext plein de ene
Siyaeients ct d'eneeignements pricenx.RIBLIOTHEQUE UNIVERSELLE
ED REVUE SUISSE
Lausanne
Les Rives de la Mer Caspienne.
se voyageur ext ddsagfablementfeppé, sr Tes rves de 0
me Clalonne, pat Tabeece totale de verdare. Put en
trouver, ii aut prendre le batenu & Brow caller vets a
Fronibie pera su_paye mop ce Masandéan,
Feorssent ies eNtonnies &t es overs ebte est ds
Freres forme une Gaoite bande de tere, 1 sete que In
Rissicnese sit pas aprpiecellect vest contents 312
Ffontcre nord) dun sminoscute tomers de tre, 1 dstit
de'Uemoran ‘Les fouritesy sont avs; seule, tex Angles
{iy depuis Tonstempsy apprécint les bests dos led
Cioasehs, vienna tacz souvent le ver
Tes communications enre fakow ¢t te Lenkoran cont
assudes par les tatu de fs Compagoe Cascae ct Nets
Give. Ault ta Hoiile sur le Volga vat-oxellete sous
{ous ts rapport, auton celle do 1a Mer Caspienne Tass
ale contng contort propret! et pices personnel
pendants on ne pest top en vuoi & cette Comap
Quand on Gonstdte quale cotgore de vovageure ea sche
SOMScsing Le pont des batetox est tenjour, encom
ouvir peteans ul sont, sous ie raprant de Fonee etd
fapromet iferieurs am demiers des froltaies Tse, ot
hbitucs al avebsir quo silement de 2 nagatks ins
Tdtlonnt Us touts lx ators dans ces pages: Le lic
dle eabipes et des sions sun eracdve csatigue nen mois
plononcl «on ey passe de covleade et de fouchetes pour
Tanger non seulement tert, mais meme lee rages eles
‘pace, cans paler de Ta consion ui "egne use ce
Tegliie og dexaniettes, On se reprtcente combien 1
Irhverace ost pénibie dans lescabinescovnmnes, obs a/eute
fal dem exacn poerou, oe cece une
ialpropree repuptantee
Th uavente Sefeaue en moins de vinglquste hee.
Le batenu st Lent une resectosuse d tance des ves, ct
Ie passer, poor charmer ta toute, a dautre vue oe
Cerfedas sues verites et tobe ds in Caspienne the
Jour en Cooroun, La dabsiguernent eft encore nus dé
Jsbies fee butaix eaten loin hor 8 me, pee
Ie gros vent 8 pluseurs vests en face de ie Sa
‘Scion Elie Recluse plier st une foul de plates
des Ines, imports vee fe riz, se seraientSechat s
danse Lentoran, dannant la lore indigane une divert
tie rchesse dont om ne trouve fs pasie qua bords ou
Cole Pesque,_ Sous Timprenion de. cer desrptions, le
forte et én en ézouvrant que fe fore dy tsar,
te rll présente un colori ence moira méidional sc
tile desltes de Crmée, cat on ny voit i es rhooen
fone toujours verte, ni es laiesecrise. Lv ville le
Lomtortn A Taspect lune de ces locas caucasiennss
fee matsonsproprettes sont noyées dans lave de is
jasdins ents por Tes arbres ition de Ta Russie meriio:
Male Sataie se Souve de place plosauts ois dans espace
Gun stele; les oranges of ler claenniers n'y pousset
Ghten pots een hive fot es centre Gans tes sree Les
fhes fllieas ce couvent. dans de meilleurs coaliions de
Chloe que [a frcuse ore aubtopiesle du Lenkoran
Ta vile est dans on barfond tue tavere pelt
rivite du mémenom, dont 'embouchure forme un large delt
fq fouenit amplement d'eau les canzux destinds a Tinon:
ution des ristres voisines. Ce rivage maréengeux, couve
de plantations de ir, est fvreux et ne présente rien "int
tessant comme aysage, bien qu'on y lzguye de loin en lain
des plantes méridionales qu'on ne vol. pas en Europe, sisi
a Gteditecbia caspica.... Ba général, Jes arbres sont rates sur
ce fivage mavécageux. Dans ce pays, 1a eolture est abin=
donnée aut femmes a lle css up aval pe ot
‘malsain dont homme ne veut pas st charger. Le Tatar di
Lenioran, plutat gue de pein dans les rzitres, sime misux
preadre une epouse de plu
Tes champs de rt présentent ure suceession de cx'n’s
ul sabaissentd mesure quvlls#igrent du Neuve, Chace
core est entour€ d'un petit rompart et communique ave Tes
wyes par oes canauy ceuscs dan lee muts_de_Venclos.
4 Teppartion de printemps la femme talace du Lenkorsn
rsemence de vz km champ spécia} et, quand Hla germ
ofatar endigue Feau dans le rztes, gui se Cansforment
fn une mrerds bove.gluanie. Alor’ sao ses femmes,
Flonaees jumu'aux genoun. dans cele fange.méphithjue,
FHontent tos pousses de viz Tune pas de aut, a semaine
Eiiive jour apres jour, les matfeureuses, Peeking courbsey
Sous ie ardeurs @n coe ori aceompliosent ce waval
dfgne du bagne- En compensation a coutume sest apie
rer les Totes dacconder aux fermes pendant la péiode
tie cette ade besogne, tout ce qufellet demandent * vee
‘est pares et Wandises
“LE champs une fos plantés, sont inondés dune eau
ui pose leotement dum amp 8 Faults, ettombe dans Ta
vert Par ce procédé de culture, chaque graine fournt un
fascean de tges changées pis. De prés, ces poucses dans
te came submerge font Feet d'une Immense brosse vee
‘ais quend on fegarde ces camps d'en hau is ¢etaent en
tapis tn hems vert meraude, Les pousssfes plus tendres
ddenos champs de bIé mapprochent pss, pour la Raicheur et
Vclaty de co colors des rites,
bart para, av milled des_champs, sont blots
aguelyues villages Uias, leurs raisons rappelient tout it
ciiles des pays tropleux. Les hangars et beaucoup. Whabi-
{ations soat levés comme & Surnsira sur de auts pilots,
Uisant sous Je tit un ot deux Cages entirement Cuverts
Tour que Tair puissey crculer, Cet Ik que ia famille da
Eoitvatear dort la nuit. Cette sorte de constrictions, qul
fappellent de pigeons, donne & ces villages Ut caacteve
En orignal
LE voyageur que nous ctons, M. Krassnov, poussa le
lendemain Une polite dla frantic pesane, od se Wouve le
village grandéntssen de Vel, ce qi veut die en peran
fougls. Sem voyageant dans Ta “Transcaucasc, on prend
Tnfitode de wore Grand-Russien dane son eadre naturel;
fn Te sencontte toujours moyé dans Telément autechtone
Tr, meen, qeorgien, le. Le paysan tusse ne compte
pus au Cavers, ab cbgne ia bureaucrati, et Le moujik yes
Deut ire encore plus malta queles indigenes. M. Krasknow
fegine agicaniment susptis en découvtent aux confine de
Derse Ul village grand-tussien, avec une population tes
snigpendante, demeurant dens. Ges fabas waiment 103,
‘tour desqueles courent des enfants aux cheveux blond de
Wel vas de fa chemise rouge taditionnele
‘Ces moujis sont des «Vieux cyante» qu'on a eis
aux confine dea Perse, pout les pni? de let etéses Ce
{ho vant eur sitive, dal un maGeage inhabitale,couvert
ae eagle gearien at devonn un tin de tee oyun
fu pine un feu inout ile ont desechd Les mareages,
aTrae les racines des fires, et trasforin€ ce ol rebele
en de plantoreux champs de ble, Cest maintenant une d€i-
tieuse cass, olla vine, Tes pruners, Tes pecber, les
Stvicaties, onnent dlahondantesnécltes, Les Isbot” sont
propre, bien tenuee,constuftes dans Te style vilageols de
Tr Ruwle, mais omées de halcons,embellissement ule sous
ce climat, et qe les e vinx croyants* ont empruntéfnteli-
gemment £ Tours voiins Tes Peas: En rvarche, uxt
Sn pris aux Roses Tears procédes pour semer et rEeoter
iene,
‘Les indigenes ont um fel respect pout ce colons, ae
dane Jur Itiges ils les chosfgent pour abies. Le Labour
‘ites payeans niuessideratal Ie Fueifiation progressive
a Cee parte du lioral? Personne n'a famats mis en doute
{f puiseinee:colonisatrice du, moujiky, malheureusement,
yrrtout of Hl colonise, siaatalle avee'Tut lz Dureaueratle
ae, dont les melnodes de gouvernement sont diametiae
lement contaires ata Borne-colonisation. BMe ay dans to
{Coucase, gravement compromise prestige de fa Russie en
spprcrand aux Tatas A massacor Tes Arméniens. Depuis
‘Welque temps, des aglisteurs afveat de Turque, et font
dans Te Caucase une atdente projagande mahometanes
paar saneAu Pays de Barbe-Bleue.
Cen'esl fas le pays du rfve ou du cauchemar, mats une région bien aulbentique de la terre de Bretagne, La Uigende
a tellement obscurci Phistoire, quon a peine d digager de Vipowvantail la erase figure du baut et puissant baron Gilles de
Laval. Une visite aux liewx témoins de sa splendour ef de ses forfails en ailile Vvocation.
GUE Five gauche de Ia Loire, au sud-ouest de Is son pére, Guy de Laval, et par sa more, Mario de
ville de Nantes, a Touest du lac de Grand-Liew et Craon, des illustres famnilles de Montmorency, de
Jui succédant presque im Machecoul et de Craon; il
breuses atrocités dont ces d’Arc, aux cétés de laquelle
Vieux furent les témoins, —“* POMow vu enarash OF Treas, De Ons wasiTAavions on le trouve sur la Loire,
|
ble et met dans Yair de Photographie de M. de Fouekior. ment, sombrecette brillante
Punique souterrain ob I'on catrigre dans une retraite
pénétre, je ne sais quelle atmosphére de malsise et prématurée; & T'intrépide maréchal suecéde le plus
Whorreus, atroce des eriminels.
Gilles de Laval, baron de Rais, descendait par GillesdeRais n’était point, physiquement, homme
‘A TaAvIRG 15 Monoe, — 6* av, Ne 6. — 10 Février 1906,4 A TRAVERS
sinjstre et hideux que Fimagination popwlaire aincarné
dans le type de Barbe-Bleue; il n’ave'= pas cot aspect
terrible et cette barbe farouche qu: peignent le:
grand’méres aux petits enfants; tous les chroniqueurs
Staccordent, au contraire, & le représent2r comme jouis
sant d'une figure séduisante et d'une taille souy
majestueuse. Ses maniéres étaient élezantes et il joi
gait A une intelligence vive et cultivée l'amour des
Tettres et du beau. Un orguell indompté, ine prod
galité insensée compromirent sa forture, engens erent
Ie besoin et la soif de Vor; cette cause, en méme tempe
‘que Ia curiosité du sumaturei, le poussa aux déboires
de Valchimie, puis aux horribles pratiques de la magic
noire, et le conduisit, de crime en srime, jusquau
giet.
La fortune de Gilles
de Rais était immense
copendant; était aussi &
coup sir la plus belle de
tout le duché de Bretagne,
peut-étre mémedu royaume
de France. Il possédait la
baronnie de Rais, compre-
nant maints chateaux et
maintes seigneuries, dim
mensesdomainesen Poitou,
en Anjou, en Bretagne et
dans le Maine; & Nantes,
hotel de la Suze qui sur
passait en richesse et en
grandeur es plus beaux
palais d’alors. De Catherine
de Thouars, sa femme, il
tenait la bsronnie de Tif.
fauges, les terres et chi-
teaux de Pouzanges, Save-
nay, Confolens, Chabanais
et autres riches territoires.
Le chiteau de Tiffauges,
surtout, of il résidait Te
plus fréquemment, avait un
aspect superbe, dont on se
fait encore parfaitement une
idée aujourd'hui. Sesruines,
méme en dehors des souve-
nirs Iogubres qu'elles rap-
pellent, offrent un véritable
intérét au visitewr, et mériteralent d’étre plus connues.
Tifauges est un bourg de 1 156 habitants, situé
ala limite des départements de Maine-et-Loire et de 1a
Vendée, 22 kilométres de Cholet et 44 de Nantes,
sur une colline esearpée qui domaine la Sbvre. La forte
resse fait face au bourg, et commande le confluent des
deux rivieres de Ia Sévre et de In Crame.
Elle n'avait aceés que du c6té de ta ville. La
porte voatée et profonde par laquelle on y pénstrat,
Subsisie encore aujourd'hui dans un état relati de
bonne conservation. La porte franchie, se dresse 4
droite le donjon, dont la tour carrée disparatt presque
sous le lisrre of les plantes grimpantes. Les douves,
cen partie comblées et envahies par une folle végétation
emtourent cette construction massive, que T'on pout
escalader avec un peu de gymnastique’ et du sommet
de laquelle on jouit d’une admirable vue sur la Sévre,
Drapres une peinture
LE MONDE.
les collines rocheuses et la campagne environnante.
“Tout pres du donjon se dressent es ruines de la
chapelle Saint-Vincent, dont la construction date du
xin? sigele, Une arcade couverte de lierre, un pan de
‘mur indiquant le pourtour du cheeur, c'est tout ce qui
reste de V'eglise supérieure, La crypte est mieux con-
ses vingt piliers et ses arceaux ne manquent
pes de earactére:
‘La seule partie du chateau qui présente dans
son ensemble un remarquable état de conservation, est
Ja partie du nordeest, oi se trouve la magnifique et
imposante tour duy Vidame;; on y voit des salles inté-
es relices par des salles plus petites, aux voates
1s ot A nervures accentuéss, ainsi que de lugubres
oubliettes. Le centre de la
forteresse est occupé aujour-
hui par une ferme paisible
dont les bitiments s‘ados-
sent aux ruines séculsires.
Prise dans son ensem-
ble, 1a fortune fonciére de
Gilles de Rais représentait
plus de vingt chateaux et
@limmenses domaines dont
es revenus atteignaient
80.000 livres, c'est-ddire
plus de 2 millions de notre
‘monnaic. Quant au mobilier
quigernissaitces demeures,
les divers historiens se sont
accordés pour T'évaluer &
plus de 100 000 éeus d'or
seit presque 5 millions
aujourd'hui.
Le train tout seigneu-
rial de la maison de Gilles,
répondait & cette magni-
fique fortune, Sa maison
rilitairese composait d’une
garde de plus de deux cents
hommes, pages et écuyers,
magnifiquement équipés
Chacun deux avait son em
ploi et ses propres servi
teurs; et tous ces gens
étaient payés, nourris, vétus
ct logés par le maréchal.
Une source non moins grande de faste et de
Uépenses, était ce que l'on peut appeler la maison
religieuse. Un sentiment fort complexe, fait d’orgueil,
de foi religiouse peut-ltre, de remords aussi sans
doute, porta Gilles de Rais & fonder & Machecoul, le
26 mars 1435, au moment méme ol il se Tivrait aux
pires abominations, une chapelle et une collégiale sous
Te vocable des Saints-Innecents. Son clergé, qui le
sulvait partout et que Ion rencontrait i Tiffauges
comme & Machecoul, se composait de 25 & 30 per
sonnes et comprenait : un deyen, un archidiaere, un
yietire, un trésorier, des chanoines, chapelai a
joteurs, chantres, cleres etenfants de chaeur. & la téte
se trouvait un évéque; du moins avait-l été baptisé te)
par Gilles. Tout ce personnel avait également ses
serviteurs, et trouvait chez le maréchal logement, nour-
riture, lusueux vétements et magnifiques soldes,A TRAVERS
Le « Mémoire des héritiers » de Gilles de Rais,
manuscrit gui se trouve aux archives de la Loire:
Inférieure, nous donne une idée des prodigalités du
maréchal. « A séjour et & léglise », ce clergé était
vetu de robes écarlates ornées de longues traines, de
divers draps fins « fourrés de martre, de gris, de
menu-vair et d'autres fines plumes ot fourrures.... des
surplis du tissu le plus fin, des aumusses et chapeaux
de fins gris doublés de ment-vair ». Diailleurs, tous
ces gens « ussient de grandes pompes et bombances ».
Quant aux ornements, il y avait notamment trois
chapes de drap d'or que Gilles avait payées 14090 6cu!
Enfin, jamais on r’avait vu, méme a la Cour d'un roi
de France, « telle superfluité, tels excés, dépense si
Géraisonnable »,
La maison de Gilles se completait par une troupe
théitrale qui, presque tous les jours, jouait devant lui
des Mysttres, et périodiquement, avec l'adjonetion de
clercs de la Basoche
et comédiens venus
de toutes les villes |
ef amenés & grands
fais, donnait de
grandes représenta-
Tionset desdrames.
Si Yon songe que
tout était fait et
construit & Tiffau.
ges ou A Macher
coul : tréteaux, dé-
ors, costumes; que
certains drames
Walors, comme le
Mystére du Siége
«Orléans, ne eom-
portaient pas moins
de 500 acteurs; que
« A chascune’ foix
que il faisoit jouer,
iMfaisoit faire, selon
Ja matigre, "habile
emens tous nou-
LE MONDE. 8
saine, exciler en lui la curiosité du merveilleux et de
Tau dela.
Gilles. de’ Rais se livra a Falchimie, d'abord,
puis, degoaté par son insuceés, s‘adonna A la magie
noire et tomba, de débauche en débauche et de crime
en crime, aux plus épouvantables excés, Les quelques
Agsals qui suivent et que nous avons volontairement
abrégés, car il est des abominations que la plume se
reluse a décrice, sont puisés i la source qui nous a
pau la plus authentique, savoir les confessions de
Gilles et celles de ses complices, Prelati et Poitou,
recueillies aux procés ecclésiastique et civil du ma-
réchal
Les pratiques de Valchimie ne le retinrent pas
longtemps. Sous la direction d'alchimistes célébros de
Yépoque, tels que Antoine de Palerme, Frangois Lom-
bard, Jean Petit et surtout Prelati, les fourneaux, les
cornues, les creusets, nécessaires au traitement’ des
mélangesdestinés &
produite arificiel-
Tement Tor, fone-
tionnérent & Tilfau-
es.Gilless’enferma
dans le chateau et
ne recula devant
aucune de leurs exi-
geaces, sacrifiant
des sommes. dar-
agent considérables
pour arfiver 4 un
résultat négatif. Au
bout de quelques
mois, les fours
farent_ teansportés
dans le bourg de
Tifauges, pres de
1 lise Saint-Nico-
Jas, chez une femme
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