La Dimension Radiologique Des Essais Nucleaires Francais en Polynesie PDF
La Dimension Radiologique Des Essais Nucleaires Francais en Polynesie PDF
LA DIMENSION RADIOLOGIQUE
EN POLYNÉSIE
Préface
Après une ultime campagne en 1995 et 1996, la France a démantelé de manière irréversible
ses sites d’expérimentations du Pacifique et a choisi la voie de la simulation pour garantir la fiabilité
et la sûreté de ses armes. En 1998, elle a signé et ratifié le Traité d’interdiction complète des
essais nucléaires et sollicité l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour établir un
bilan radiologique et géomécanique des atolls de Mururoa et Fangataufa. L’AIEA a estimé qu’il n’était
pas nécessaire de poursuivre la surveillance de la radioactivité dans l’environnement. Cependant,
la France a décidé de mettre en place les moyens pérennes permettant d’assurer la continuité de
cette surveillance. De la même façon, un système complet de capteurs permet de suivre en
permanence le comportement du sous-sol des anciens atolls d’expérimentations.
Dans le cadre d’une démarche volontaire de transparence de l’Etat, la France publie cet
ouvrage consacré aux aspects radiologiques des essais nucléaires. Il s’agit d’un ouvrage scientifique
totalement inédit, fruit du travail des experts et vétérans du commissariat à l’énergie atomique et
du ministère de la défense, que la France est, à ce jour, le seul pays doté d’armes nucléaires à
rendre public. Il vient compléter les informations déjà publiées sur les atolls de Mururoa et
Fangataufa. Il répond ainsi au souhait, souvent exprimé, de nos compatriotes de Polynésie de
mieux connaître cette période pour en écrire son histoire.
01 Pre?face 01.12.06:Texte 7/12/06 14:24 Page 4
02 Remerciements ver 06:Texte 8/12/06 11:35 Page 5
Remerciements
Cet ouvrage, consacré aux aspects radiologiques des essais nucléaires réalisés en
Polynésie française sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, rassemble des informations couvrant
de multiples domaines scientifiques et techniques. Il représente un travail considérable qui a été
mené avec une grande rigueur afin d’offrir à son lecteur une vision la plus juste possible de la
situation radiologique en Polynésie telle qu’elle a été observée depuis le premier essai. Son
élaboration a nécessité la collaboration de nombreux spécialistes des diverses disciplines
concernées. Une grande partie de leur travail a consisté à faire l’analyse des documents existant
pour en extraire les informations les plus représentatives sur le sujet de 1966 à nos jours.
Une autre partie du travail a requis des travaux particuliers. Ce document est donc le fruit d’un
immense travail collectif dont il convient de remercier les nombreux contributeurs, notamment
ceux qui ont également participé directement aux essais.
La majorité des données présentées est issue des études et mesures réalisées par le
Service mixte de sécurité radiologique et le Service mixte de contrôle biologique, puis par le
Service mixte de sécurité radiologique et biologique de l’homme et de l’environnement, ainsi que
par le Service de santé des Armées et le Commissariat à l’énergie atomique. Cette synthèse
s’appuie sur le travail de toutes les personnes qui, directement ou indirectement, ont été
impliquées dans ces travaux, sur le terrain et en laboratoire : agents de radioprotection,
physiciens de la mesure, radiochimistes, géologues, biologistes, infirmiers, médecins… Qu’elles
en soient encore une fois remerciées ici.
Il convient également de souligner que les analyses, études et expertises émanant d’autres
organismes français, comme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, ou internationaux,
comme l’Agence internationale de l’énergie atomique, ont été très précieuses lors de la rédaction
de ce document.
Nous adressons nos plus vifs remerciements à M. W. Delahaye, qui a réalisé la mise en page
et l’illustration de l’ensemble de cet ouvrage.
Chapitre I
Environnement des atolls de Mururoa et Fangataufa
Chapitre II
Essais nucléaires et environnement
Chapitre III
Matériels et méthode de la surveillance radiologique
Chapitre IV
Évolution de la radioactivité des sites d’expérimentations
Chapitre V
Évolution de la radioactivité en Polynésie française
Chapitre VI
Protection des travailleurs et des populations
Chapitre VII
Assainissements, surveillance actuelle
et évolution radiologique future
Annexe 1
Radionucléides et rayonnements
Annexe 2
Liste des essais atmosphériques et souterrains
réalisés au CEP
353
Annexe 3
Essais atmosphériques
359
Annexe 4
Organisation associée à la réalisation
des essais nucléaires
451
Glossaire 465
CHAPITRE I
Les atolls inhabités de Mururoa et de Fangataufa ont été choisis pour leur isolement
géographique qui constituait un facteur favorable à la réalisation d’essais nucléaires atmosphériques
tout en permettant d’assurer au mieux la sécurité des personnes et de l’environnement. Les
milieux géologique, atmosphérique, océanique et biologique des deux atolls ont fait l’objet de
nombreuses études ; ce chapitre en rappelle les principales caractéristiques.
Initialement, les conditions météorologiques et océanographiques ont été prédominantes
dans les procédures adoptées et dans le dimensionnement des infrastructures nécessaires aux
essais atmosphériques. Par la suite, les conditions géologiques imposeront, à leur tour, les techniques
de forages et de réalisation des essais souterrains. La description de ces conditions naturelles
s’avère donc nécessaire à la compréhension des relations entre les essais nucléaires et les
mesures prises pour la protection des populations et de l'environnement.
Les informations rappelées dans ce chapitre permettront au lecteur de resituer les données
relatives à la radioactivité présentées dans les chapitres traitant du transfert des radionucléides
dans l'environnement local des atolls d'expérimentations et plus généralement de la Polynésie
française, ainsi que de l’évaluation des impacts radiologiques potentiels sur le personnel travaillant
sur les sites et sur les populations polynésiennes.
Archipel des
TU A
MO
TU
TAHITI 1 00
0 km
50
0k
m
MURUROA
GAMBIER (GB)
Iles
00
TUBUAI
ab PITCAIRN
h
ita
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50
00
h
RAPA
ab
an
it
ts
Mururoa
Le climat polynésien est tropical et humide, sans écarts prononcés. Les températures
moyennes annuelles sont modérées, de 21 à 23°C, et les contrastes thermiques saisonniers
faibles. Les précipitations moyennes sont de 1 800 à 2 000 mm par an. L’ensoleillement est
important, 250 heures par mois à Tahiti (côte Ouest). Les eaux des lagons sont chaudes, de 23
à 26°C, toute l’année. Ces conditions favorisent un mode de vie essentiellement à l’extérieur des
habitations.
Concernant l’habitat, il faut distinguer d’une part Papeete et ses faubourgs, où se trouvent des
immeubles modernes, des maisons de béton et parpaings, mais aussi des quartiers de constructions
légères faites de bois et de tôle ondulée ; d’autre part, les zones éloignées des centres urbains
de Tahiti, les autres îles et atolls, où se trouve un habitat très léger. Notons que, dans ces zones,
les fare traditionnels faits de planchers en bois, de cloisons de lattes de bambou et de toits de
feuilles de cocotiers sont de plus en plus souvent remplacés par des maisons reposant sur une
dalle de béton, aux parois parfois soutenues par des parpaings et aux toits de tôle ondulée. Les
ouvertures vers l’extérieur restent toujours larges, favorisant une bonne ventilation.
Le régime alimentaire des populations présente les caractéristiques générales suivantes : à
Tahiti, il est varié et les productions en provenance de toute la Polynésie peuvent être trouvées en
abondance. Papeete et ses faubourgs possèdent deux marchés approvisionnant à eux seuls
environ 35 000 personnes en produits locaux (poissons, mollusques, crustacés, légumes, fruits,
viande de porc) et de nombreux magasins d’alimentation, bien achalandés en denrées locales et
importées. Les autres îles hautes disposent d’un large éventail de denrées locales, fruits,
légumes, produits de la pêche et de denrées de première nécessité comme l’huile, le riz, la farine
et le sucre arrivant par liaisons maritimes régulières. Le régime alimentaire des populations des
îles basses, ou atolls, est essentiellement constitué de produits de la pêche locale, de noix de
coco et de quelques élevages aviaires et porcins familiaux. Les denrées importées sont moins
nombreuses et arrivent plus irrégulièrement.
À Mururoa, avant la création du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP), une société
privée exploitait la cocoteraie et organisait des campagnes de récolte ponctuelles. Cette concession
fut reprise par le CEP après indemnisation de cette société. Quant à Fangataufa, les autorités
religieuses des îles Gambier en détenaient la concession. Aucune cocoteraie n’y était plantée.
Nouveau
Ile à récif barrière volcan
Coraux Coraux
Quelques millions
d'années plus tard
Le stade ultime de l'évolution des îles volcaniques est l'atoll. Seule la couronne corallienne
émerge autour d'un lagon central et 5 types de structures se succèdent alors de l'océan vers
l'intérieur de l’atoll (Fig. 4) :
• la pente externe commençant à la limite des basses mers de vives eaux pour descendre vers
les fonds océaniques, dont le niveau supérieur constitue la partie la plus vivante de l'atoll ;
• la crête algale (ou front récifal) sur laquelle se brisent les vagues et la houle du large ;
• le platier externe, en arrière de la crête algale, qui se termine par une levée détritique constituée
par une accumulation de débris coralliens déposés par les vagues ;
• le secteur intermédiaire, entre l'océan et le lagon, est constitué d'une alternance de parties
émergées (motu) et immergées (hoa et passes). Le motu est la seule partie émergée d'un
atoll sur laquelle la faune et la flore terrestres peuvent prospérer. Les hoa, dépressions de faible
profondeur (environ 1 m), proviennent de l'érosion de la couronne corallienne due aux courants
entrants des eaux océaniques dans le lagon. Ils se distinguent de la passe, pouvant atteindre
une profondeur supérieure à 10 m et une largeur supérieure au kilomètre ;
• les fonds du lagon, généralement sableux, souvent parsemés d'édifices coralliens dont certains
atteignent la surface, forment alors un pinacle. Les bords du lagon sont, le plus souvent, frangés
par un platier interne lagonaire.
• une zone océanique subissant l'influence de la houle du large, composée de : la pente externe,
la crête algale et du platier externe ;
• une zone intermédiaire constituée par les hoa et, éventuellement, une ou plusieurs passes,
par lesquels se font les échanges d'eau entre l'océan et le lagon ;
• un secteur interne, formé par le lagon proprement dit, dans lequel les courants se révèlent
généralement faibles, sauf localement, au voisinage de la passe.
PASSE
OCÉAN
Hoa LAGON
Motu
Avec un périmètre d’environ 65 km, la couronne récifale de Mururoa forme le plus grand
anneau corallien de la partie méridionale de l’archipel des Tuamotu. Elle émerge de trois mètres
au maximum sur une largeur variant de 400 m au nord et 1 100 m à l’extrémité Ouest de l’atoll. Elle
est constituée de matériaux biodétritiques grossiers et de sable corallien qui reposent sur une
dalle corallienne indurée. Cette couronne, relativement continue au Nord et à l’Est, est découpée
au Sud par les hoa. Les motu s’échelonnent sur environ 10 km du pourtour de l’atoll.
Le lagon de Mururoa s'étend sur 28 km de long par 10 km dans sa plus grande largeur. Sa
superficie est de 140 km 2 pour un volume d’eau d’environ 4,7 milliards de mètres cubes. Sa
profondeur moyenne est de 33,6 m. D’un point de vue morphologique, deux bassins se distinguent :
le bassin oriental où les profondeurs atteignent 50 à 55 m et le bassin occidental qui est un
appendice étroit du premier bassin où la profondeur moyenne est de 12 m (Fig. 5).
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N
Les échanges d’eau
entre le lagon et l'océan s’ef-
fectuent essentiellement par
Ri
la passe et les hoa de la côte
Passe
Sud-Ouest. Située au nord-
de
50 m ouest, la passe naturelle
45 m
mesure 4,5 km de large pour
40 m 45 m une profondeur moyenne de
8 m. Les échanges d’eau s'y
30 m 30 m font principalement sous l'effet
20 m
de la marée quotidienne : le
0 5km
lagon se remplit lors du flot
et se vide lors du jusant. En
F IG . 5. - Bathymétrie simplifiée du lagon de Mururoa.
général, les vitesses de cou-
rant sont faibles, inférieures à
0,3 m.s -1 et du même ordre de grandeur que celles des courants océaniques environnants. Les
quantités d'eau transitant par la passe au rythme de la marée dépendent de son amplitude et des
conditions océano-météorologiques. En moyenne, le flot apporte quotidiennement de l'ordre de
100 millions de m 3 d'eau et, à marée descendante, environ 150 millions de m 3 sont exportés.
L'écart entre flux entrant et flux sortant provient de l’entrée d’eau océanique par les hoa de la partie
Sud et les platiers inondés de la partie Ouest. Dans les hoa, le courant entrant est discontinu et
irrégulier, modulé par la marée et les houles. Néanmoins, durant l’hiver austral, par forte houle du
sud, l'apport par les hoa devient important et continu.
Comme à Mururoa, les courants dans la passe évoluent en fonction de l'état de la marée
et le flux sortant l'emporte sur le flux entrant. En revanche, il existe un déphasage entre l'onde de
marée et l'établissement des courants dans la passe et dans le lagon. Des courants sortants
moyens, de 0,60 m.s -1 (jusqu'à 2 m.s -1 à certaines périodes), sont observés pour des courants
entrants deux fois plus faibles. L’estimation du flux sortant s’élève à 42 millions de m 3 .j -1 pour un
flux entrant d'environ 33 millions de m 3.j -1 ; l'apport d'eau moyen par les hoa étant estimé à 9 millions
de m 3 .j -1 .
Les échanges avec l'océan par les hoa contribuent, pour environ 30 %, au renouvellement de
l’eau du lagon. Ce renouvellement est plus important lors de grandes houles de secteur ouest.
Ce taux de participation des hoa au renouvellement de l’eau constitue un trait caractéristique de
ce lagon.
L'ensemble des données acquises au moyen des forages et des campagnes de géophysique
a permis de caractériser la nature et la répartition des formations géologiques (Fig. 7). En prenant
en considération l'ordre chronologique de mise en place, de la base vers le sommet, trois
ensembles sont distingués : les formations volcaniques, les formations de transition et les formations
carbonatées.
Le pendage des formations est faible sous le lagon, de 2 à 3° dans les formations de
transition et inférieur à 10° dans les formations volcaniques. En revanche, il augmente fortement
au voisinage des flancs de l'atoll où il atteint, au niveau du toit du volcanisme, une valeur comprise
entre 15 et 25°.
SW A B NE
0
200
400
600
800
1000
Passe
0 5 km
< 200m 200 - 225m 225 - 275m 275 - 325m 325 - 375m 375 - 425m 425 - 475m > 475m
lagon de l’atoll de Mururoa, les formations de transition atteignent une épaisseur de 100 m à la
périphérie de l'atoll, à l'aplomb des anciens chenaux et vallées.
Zone de mélange
I.3.1.4 - SOLS
Les îles hautes ont un sol latéritique formé par érosion sous l'action des eaux de ruissellement
et par transformation du basalte primitif, beaucoup plus riche que les sols de la couronne récifale
d'un atoll. Ces derniers sols, bien qu'assez diversifiés, sont peu évolués, c'est-à-dire qu’ils
comptent peu d'humus et présentent de fortes carences en oligoéléments. Le substrat de base des
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atolls est constitué d'une roche mère, de nature calcitique ou aragonitique, sous forme pierreuse ou
sableuse, donc particulièrement bien drainée. Cette roche provient des squelettes des animaux et
végétaux marins qui ont été rejetés par la mer puis entassés, ou du récif construit avant la dernière
régression marine (3 000 ans).
Sur ce substrat de base, les débris des végétaux terrestres constituent ensuite la partie
humifère organique qui va se décomposer pour former un sol. Cette matière organique, entre 0,1
et 2,5 % des sols, se trouve responsable, pour une bonne part, de la capacité de rétention de
l'eau, de l'abaissement des pH basiques (de 8 à 8,4 dans le calcaire) et de l'adsorption cationique
des oligoéléments. Les carences en fer et en magnésium sont à l'origine des chloroses végétales
affectant la plupart des plantes et sont responsables du caractère à la fois pauvre et sélectif de
la flore terrestre des atolls. Enfin, le sel, très présent dans ce milieu sous influence océanique,
constitue un véritable poison physiologique limitant la flore aux espèces halophiles, seules
capables de vivre sur des sols salés.
16° V max
1 cm.j-1
500 24° 10°
30° V max
1 cm.an-1
1 000 34°
(m) Volcanisme
F l u x g é o t h e r m i q u e
F IG . 10. - Schéma de principe des circulations naturelles dans l’atoll de Mururoa. Des mesures de température
(°Celsius) et de perméabilité ont été réalisées dans de nombreux forages. Les vitesses de circulation des eaux
souterraines dans le massif, déduites de ces mesures par modélisation numérique, présentent un fort contraste
entre les formations carbonatées (jaunes et beiges), perméables, et les formations volcaniques (sombres),
dont la perméabilité est faible.
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La vitesse naturelle de circulation de l'eau est directement liée à la perméabilité des formations
géologiques. Ainsi, la perméabilité relativement élevée des formations carbonatées, qui couronnent
les atolls de Mururoa et de Fangataufa, autorise une vitesse de circulation suffisante pour induire un
refroidissement significatif à la base de ces formations ; la perméabilité beaucoup plus faible
des terrains volcaniques y limite les vitesses de circulation naturelle à des valeurs beaucoup plus
faibles.
La modélisation des échanges thermiques, entre le massif et l'océan, a permis de calculer
la température et les écoulements en régime permanent, en tout point de l'atoll (Fig. 10). Les
températures calculées à l'intérieur de l'atoll sont en accord avec les températures mesurées
dans les forages.
La perméabilité des roches communément rencontrées sur la planète varie de 10 -3 m.s -1
pour un sable à 10 -13 m.s -1 pour des argiles franches. La limite entre roches perméables et
imperméables est classiquement fixée à 10 -9 m.s -1 . Les formations volcaniques de Mururoa et de
Fangataufa se situent dans la gamme des perméabilités faibles à très faibles (valeurs inférieures
à 10 -5 m.s -1 ), avec une valeur moyenne de l'ordre de 10 -7 m.s -1 à l'échelle du massif. À l'échelle
locale, les formations carbonatées présentent des perméabilités très contrastées. À l'échelle du
massif, un réseau d'horizons et de discontinuités à forte perméabilité (karsts) confère aux formations
carbonatées une perméabilité moyenne à forte (valeurs supérieures à 10 -5 m.s -1).
Dans le Pacifique Sud, la circulation dans les basses couches de l'atmosphère est dominée
par la ceinture des hautes pressions tropicales australes, axée sur 30° de latitude Sud. Le climat
de la Polynésie française se trouve sous le contrôle des deux cellules de l'anticyclone permanent
de l'île de Pâques (centré en 28° S et 110° W) et de l'anticyclone mobile des îles Kermadec (30° S
et entre 150 et 180° W).
La circulation générale dans les zones à basses pressions qui règnent de part et d'autre
de cette ceinture, se distingue par :
• au nord, les alizés soufflant de l'est vers l'ouest. Des perturbations tropicales comme celles
qui prennent naissance au voisinage de la Zone de convergence intertropicale (ZCIT) peuvent
apparaître entre les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud et évoluer en
cyclones tropicaux ;
• au sud, la frange septentrionale de la grande circulation planétaire polaire australe dirigée
d'ouest en est, transporte les perturbations extra-tropicales de l'hémisphère Sud. Elle peut
recevoir et transformer des perturbations tropicales qui ont pu passer entre les deux cellules
de hautes pressions.
En Polynésie française, la fréquence des alizés est supérieure à 70 %. Les vents d'ouest sont
peu fréquents, sauf dans les îles Australes, plus au sud, donc plus proches de la circulation d'ouest,
où leur fréquence atteint jusqu'à 40 % sur l’île de Rapa, située dans l'extrême sud de cet archipel.
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La Polynésie française bénéficie dans l'ensemble d'un climat chaud et humide, de type
tropical océanique, avec pour les Tuamotu une saison des pluies, chaude, de décembre à mars,
et une saison sèche, fraîche, de juin à octobre. Les atolls de Mururoa et Fangataufa jouissent
d'un ensoleillement important de près de 2 700 heures par an. Les températures mensuelles varient
entre 22 et 27 °C. La pluviométrie s’évalue à environ 1,3 m par an et l'hygrométrie moyenne se situe
aux alentours de 80 %, ce qui est particulièrement contraignant pour les équipements de haute
technologie. Dans les couches basses de l'atmosphère, les vents d'est, ou alizés, dominent la
plupart du temps, au nord de la Polynésie ; alors qu'à la frange Sud, aux îles Australes par
exemple, ce sont plutôt les vents du sud-ouest, plus frais.
INFRASTRUCTURES MÉTÉOROLOGIQUES
Dès 1964, des moyens importants d'observation météorologique ont été mis en place
afin d'améliorer les prévisions météorologiques nécessaires à la réalisation des essais atmo-
sphériques.
À partir de 1966, à terre, les moyens de prévision météorologique s'appuyaient sur
les stations du réseau de l’aéronautique civile (Papeete à Tahiti, Atuona à Hiva Oa, Bora Bora,
Mopelia, Takaroa, Tubuai, Hereheretue), de la station automatique de Rangiroa, des stations
auxiliaires de Makatea, Taiohae à Nuku Hiva, Uturoa à Raiatea, Rurutu, Rimatara et du réseau
des stations du Centre d’expérimentation du Pacifique installées à Tureia, Hao, Rapa, îles
Gambier, Puka Puka, Reao, Hikueru, ainsi que les stations automatiques de Matureivavao et
Marutea Sud.
En mer, lors de la phase de préparation d'un essai, trois aviso-escorteurs étaient uti-
lisés comme «piquets météo», positionnés à une centaine de nautiques des sites entre les
21° et 28° de latitude Sud et entre les 130° et 155° de longitude Ouest. La mise en place
de ces bâtiments, 2 à 6 jours avant l’essai, était nécessaire pour établir des prévisions à plus
de 24 heures. Tous les moyens maritimes non spécialisés mettaient également à profit leurs mis-
sions pour fournir des données météorologiques complémentaires.
Des moyens aériens dédiés, deux avions, un C135 F et un DC6 météo doté d’un
radar doppler, participaient aux observations météorologiques. Les moyens aériens associés à
d’autres missions donnaient régulièrement des observations météorologiques au cours de
leurs déplacements (vent estimé, renseignements concernant la couverture nuageuse). Le
dispositif d'observation aérien était complété par l'exploitation des 8 à 10 images satellitaires
réceptionnées par la station météorologique de Papeete-Faaa les jours précédant la réalisation
de l’essai.
L’exploitation de l'ensemble des observations recueillies était assurée par :
• le centre d’analyse installé à bord du croiseur De Grasse ;
• le centre d’analyse du service météorologique de l’aviation civile de Faaa (prévisions
générales sur la Polynésie française et protection des lignes aériennes) ;
• le centre secondaire de Hao (protection aérienne des aéronefs au départ de Hao).
Dans les basses couches de l'atmosphère, les invasions de masses d’air polaires, plus ou
moins affaiblies, viennent du sud-ouest. Au nord, leur limite se trouve marquée par un front, plus
ou moins actif, orienté nord-ouest/sud-est, dont la position exacte dépend de la saison. Passant
entre les deux cellules de hautes pressions de l'île de Pâques et des îles Kermadec, cette limite,
appelée Zone de convergence du Pacifique Sud (ZCPS), s’oriente approximativement suivant une
ligne Samoa-Cook-Tuamotu-Gambier pendant la saison froide (juillet-août).
À leur arrivée en Polynésie, derrière la ZCPS, les masses d'air froid se partagent en deux
branches. L'une, à l'est du méridien 140° W, converge dans la circulation d'ouest en est de l'hémi-
sphère Sud, sur la face Sud de l'anticyclone de l'île de Pâques. L'autre, à l'Ouest du méridien
140° W, tourne autour de la cellule des îles Kermadec et se dirige progressivement vers le nord-
ouest où elle converge avec l'alizé (Fig. 11a). En saison chaude, les perturbations polaires dépassent
rarement les Australes. En revanche, des perturbations tropicales venant du nord peuvent passer
entre les deux cellules de hautes pressions et affecter l’archipel des Tuamotu (Fig. 11b). Durant l’hiver
austral, la ZCPS se trouve au voisinage des atolls de Mururoa et Fangataufa, sous la forme d’un
axe perturbé de forte nébulosité. Les conditions météorologiques, température et hygrométrie
élevées, y sont plus changeantes qu'aux latitudes subéquatoriales.
Équateur Équateur
Situation en hiver Situation en été
(25 Juillet 1987) a (12 Janvier 1987) b
Les atolls de Mururoa et Fangataufa ne sont pas à l'abri des cyclones et des dépressions
tropicales. Les statistiques d'observation de cyclones, sur près d'un siècle, montrent que la Polynésie
française est restée presque 50 ans sans avoir été touchée par un seul cyclone. Mais, entre 1980
et 1991, la fréquence passe à cinq cyclones sur deux ans, dont aucun n'a touché directement les
atolls d’expérimentations.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 30
9
/29.10.1
en particulier au niveau du Sud-
NAN
22
Ouest Pacifique. Elles sont à l’origine OL
A O 22
/2 6 .0 1
DI .1 9 8
de perturbations dans le cycle des 3
20°S
moussons de l'Inde et de l'Asie du CY
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Sud-Est ainsi que du passage de CH Ed
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(Fig. 12). ST
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3.
RA
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19
LE
83
S
À Mururoa et Fangataufa, les alizés de secteur est prédominent au sol, en toutes saisons,
avec des vitesses dépassant rarement 40 km.h -1 (Fig.13). La rencontre des vents d'est et de sud-
ouest s'effectue dans la ZCPS. La position de cette zone de convergence évolue au gré des saisons
et, durant l'hiver austral, englobe les atolls de Mururoa et Fangataufa.
En revanche, à quelques kilomètres d'altitude, les vents sont plutôt de secteur ouest,
comme sur l'ensemble de la Polynésie, avec des vitesses pouvant atteindre 200 km.h -1 .
Régime d’alizés
I.3.4 - OCÉANOGRAPHIE
40° S 40° S
F IG . 14. - Circulation simplifiée des eaux
de surface dans l'océan Pacifique Sud.
La Zone économique exclusive (ZEE) de 60° S 60° S
Polynésie française est délimitée.
La cellule de l'île de Pâques est bordée, au nord, par le Courant équatorial sud (CES), dirigé
vers l'ouest : les eaux ainsi déplacées s'accumulent dans la zone mélanésienne. Leur reflux
alimente, en partie, un courant situé au nord de l'équateur qui intéresse peu l'environnement
polynésien, et le Contre-courant équatorial sud (CCES). Au sud de la Polynésie, à la convergence
de ce CCES, du CES venant de Polynésie et du Courant tasmanien, les eaux s'organisent en un
courant chaud, dirigé vers le sud-est, qui renforce vers l'est la branche sud de la cellule anticy-
clonique. Au-delà de 35° S, au niveau de la convergence subtropicale, ce courant chaud rejoint
le grand courant froid circum-antarctique orienté vers l'est. Les eaux s'écoulent alors vers
l'Amérique du Sud, en un courant froid, où elles remontent le long des côtes en se réchauffant
progressivement.
La circulation des eaux dans le lagon d'un atoll est influencée par trois principaux facteurs :
le vent, la marée et la houle.
Par le frottement qu’il exerce sur la surface de l'eau, le vent peut être considéré comme
le principal facteur responsable de la circulation des eaux superficielles du lagon. Il tend à provoquer
l’accumulation des eaux vers la côte «au vent», créant une élévation du niveau. Sur la rive opposée
dite «sous le vent», au contraire, l'eau se retire entraînant une baisse du niveau. Bien que ces
élévations soient très faibles pour des alizés moyens, de l'ordre de quelques centimètres, elles
s’avèrent suffisantes pour générer, en sub-surface, un courant de compensation, ou de retour, de
direction opposée à celle du déplacement des eaux de surface.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 33
D'une manière générale, les résultats des mesures de salinité, de température et de vitesse et
direction des courants des deux lagons montrent une structure verticale des eaux à plusieurs
niveaux :
NORD Vents : alizés d'est
• une couche superficielle d'épaisseur Atmosphère établis 10 m.s-1
variable (jusqu’à vingt mètres), où la OUEST EST
force d'entraînement du vent génère SUD Surface
un courant de dérive de même sens
(cette couche est dite d'Ekman) ;
• une deuxième couche de retour, où
Couche de surface Lagon
le courant est de direction opposée Les courants portent
à celle du courant de la couche vers l'ouest 10 m
superficielle ;
• éventuellement, une troisième
couche, visible le long de la côte
sous le vent, avec des eaux plon- 20 m
Couche de retour
geant, soit le long de la côte, soit le Les courants portent
vers l'est
long des isobathes (Fig. 15).
30 m
Couche de fond
Les vitesses sont inférieures
F IG . 15. - Mesures de courants du lagon induits au seuil de mesure
par des vents d’est établis, dans le lagon de l’atoll des courantomètres
40 m
de Fangataufa, mettant en évidence la stratification
Échelle des courants : 2 cm.s-1
selon la profondeur.
La force de Coriolis dévie la masse d'eau de la couche superficielle vers la gauche d'un angle
théorique de 30° à la latitude de 22° S. À Mururoa, du fait de la couronne corallienne circulaire,
les courants s'organisent en un ou plusieurs grands tourbillons, variables selon les conditions de
vent ou la phase de la marée. La vitesse du courant à la surface du lagon est de l'ordre de 2 %
de celle du vent. Pour un vent moyen de 6 m.s -1 , on observe des vitesses du courant en surfa-
ce d'environ 12 cm.s -1 . La vitesse du courant dans la partie supérieure de la deuxième couche
est du même ordre de grandeur, puis diminue notablement avec la profondeur. La vitesse de la
couche de fond est trop faible (< 2 cm.s -1) pour être mesurable par les courantomètres classiques.
La marée agit dans le lagon, principalement par les passes, grâce aux entrées et sorties
d'eau, mais y crée peu de cisaillement de courant. À marée montante, l'eau océanique pénètre à
l'intérieur du lagon, plonge et se répartit dans l'ensemble de la masse d'eau profonde, créant des
courants descendants le long de la pente de la passe (Fig. 16). À marée descendante, le courant
est sortant et intéresse l'ensemble de la couche superficielle.
La houle, s’ajoutant à l’action de la marée, agit aussi sur les débits des hoa. À marée haute,
les quantités d'eaux océaniques entrantes sont importantes et minimales à marée basse. Les
caractéristiques physiques des eaux océaniques entrantes (température et salinité), légèrement
différentes de celles des eaux du lagon, peuvent créer des courants de densité qui entraînent les
eaux vers le fond et contribuent à alimenter et à moduler le courant de retour au fond.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 34
• le temps de résidence, soit le temps mis par un volume d’eau en un point donné du lagon
pour sortir par la passe (Fig. 17) ;
• le temps de renouvellement, soit la moyenne des temps de résidence pour l’ensemble du
lagon.
< 0,02
JOURS N
> 100
80
60
40
20
Les données de température enregistrées le long des pentes externes de l’atoll de Mururoa,
jusqu'à des profondeurs de 600 m ont mis en évidence une déformation du champ thermique
vertical (ondes internes) due à deux causes : la force de Coriolis et la marée. Ces ondes piégées
le long du récif-barrière ont des amplitudes maximales pouvant atteindre 60 m de hauteur et sont
localisées au niveau de la thermocline entre 150 et 450 m de profondeur. Elles tournent dans le sens
des aiguilles d’une montre autour des atolls et génèrent des courants en profondeur parallèles à la
côte, alternativement d'est, puis d'ouest, en phase avec la marée.
Les études océanographiques ont montré l’absence de remontées d’eaux profondes le
long du tombant du récif (upwelling), en l’absence de conditions dynamiques suffisantes pour
rompre la stratification thermique permanente du Pacifique tropical Sud.
34,75
35,00
0° 35,25
35,25 35,50
35,00
35,50
34,75 35,75 Iles MARQUISES
F IG . 18. - Salinité moyenne, exprimée en g. kg -1 , des eaux de surface dans l’océan Pacifique Sud, entre
1956 et 1974.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 36
La colonisation d'une île nouvelle issue d’un point chaud résulte du transport par l'air
(vents et oiseaux) et par l'eau (courants marins) de pollen, de graines ou de fruits flottés, mais
aussi de petits arthropodes comme les araignées. L’isolement insulaire au sein du Pacifique
explique la pauvreté de la biodiversité du milieu terrestre des îles polynésiennes. Pour les îles
basses, le motu est la seule partie émergée sur laquelle la faune et la flore terrestres peuvent
prospérer (Fig. 19).
Comme les autres atolls des Tuamotu du Sud, Mururoa et Fangataufa présentent une flore
terrestre limitée à une centaine d'espèces, alors que le nombre d’espèces végétales présentes
en Polynésie française est estimé à environ un millier.
La faune terrestre de Polynésie n'est pas plus riche que la flore, certains groupes tels que
les reptiles et les mammifères y sont très peu représentés. Le nombre d'espèces d'oiseaux est
faible : 112 dans les îles de la Société, 25 à Rapa et 16 à Fangataufa, à comparer aux 600
espèces dénombrées en Australie.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 37
I.4.1.1 - FLORE
L'inventaire général de la végétation de Mururoa a été réalisé en 1966. La flore peu diversifiée
des atolls de Mururoa et Fangataufa est tout à fait semblable à celle rencontrée dans les atolls
voisins. Il y a une centaine d'années, les cocotiers ont été introduits sur les côtes Sud, Ouest et
Est de Mururoa, où se trouvaient les motu de plus grande surface. Sur l'atoll de Fangataufa, la
végétation est très comparable à celle de Mururoa, mais sans cocoteraie, en raison, probablement,
d'un accès difficile dû à l'absence de passe naturelle.
Les végétaux se répartissent en trois strates suivant la taille des espèces (Fig. 19) : la strate
arborescente qui dépasse une dizaine de mètres, la strate arbustive moyenne qui atteint une hauteur
comprise entre 1 et 3 m et la strate herbacée qui ne dépasse pas un mètre.
20 m
17
17
15 m
18 17
10 m
15
14
16 16 14
5m 11 13 12 Levée
12 10
9 1 océanique
Plage
10 3 5
1 2 7 5
3 4 6 7 8
Océan
Lagon
F IG . 19. - Distribution de la végétation sur une coupe schématique d’un motu de l’atoll de Mururoa (dessin
inspiré de J. Florence, 1993).
Sur les atolls, les groupements floristiques se répartissent en fonction du substrat, fin ou
grossier, composé de débris coralliens, de l’exposition aux embruns et de la proximité d’une
nappe d’eau douce. Du lagon à l’océan, un groupement de Suriana-Heliotropium se distingue,
auquel succède, dans la partie abritée du motu, la cocoteraie sur sol profond et à nappe phréatique
proche de la surface. Côté océan, sur le substrat plus grossier, alternent la forêt de Guettarda-
Pandanus et le groupement bas de Scaevola-Argusia. Enfin, sur le conglomérat de la plage prend
place Pemphis acidula et à proximité de l’océan Hedyotis romanzoffiensis. Casuarina equisetifolia
(arbre de fer ou aito), introduit en 1976 pour des raisons ornementales, a proliféré sur les îlots, essen-
tiellement côté lagon.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 38
I.4.1.2 - FAUNE
À l'image de la flore, la faune terrestre des deux atolls s’avère assez pauvre. Elle se compose
d'insectes, d'oiseaux, de quelques espèces de reptiles et de petits mammifères, rats et souris.
La faune aviaire de Mururoa était peu importante à l'origine, probablement en raison du
remplacement d'une grande partie de la flore polynésienne traditionnelle par des cocoteraies. À
l’occasion de cinq missions réalisées entre 1965 et 1969, le Museum national d'histoire naturelle
(MNHN) a dressé un inventaire permettant l’identification de 16 espèces d'oiseaux.
La richesse spécifique des peuplements d'oiseaux marins de l'atoll de Fangataufa est
comparable à celle des atolls de l'archipel des Tuamotu et s’avère similaire à celle des atolls
proches, Vairaatea et Tureia (Groupe Actéon, Tuamotu Sud). Les oiseaux terrestres se limitent à
deux espèces : la fauvette des Tuamotu et l'aigrette sacrée. La fauvette des Tuamotu n'est
connue que sur 11 îles ou atolls du sud des Tuamotu, dont Fangataufa et Mururoa.
Les eaux du domaine océanique polynésien sont pauvres en sels nutritifs. En effet, les eaux
de surface, chaudes et salées, ne reçoivent aucun apport d’eau froide profonde. Pauvres en
nutriments, elles ne sont donc pas propices au développement du phytoplancton, premier maillon
de la chaîne alimentaire et donc, des autres organismes des niveaux trophiques supérieurs : zoo-
plancton, céphalopodes et poissons. Ces derniers, entrant pour une part non négligeable dans la
ration alimentaire des personnes vivant en Polynésie, ont fait l’objet d’un suivi radiologique attentif,
en particulier ceux de la famille des Scombridae. Les espèces de surface côtières, sont le thazard
(Acanthocybium solandri) et le gymnosarde (Gymnosarda unicolor). Les espèces hauturières
comprennent de jeunes albacores (Thunnus albacares) et des bonites (Katsuwonus pelamis). Les
thonidés vivant à plus grandes profondeurs se composent d’albacores adultes, patudo (Thunnus
obesus) et germon (Thunnus alalunga) effectuant de grandes migrations transocéaniques (Fig. 20).
Dans ce «désert océanique», le milieu récifal des îles hautes et des atolls, où la productivité
biologique est élevée, apparaît comme une véritable oasis de vie. Un récif corallien se présente
comme une construction calcaire édifiée par des organismes vivants, principalement par des
coraux et des algues calcaires.
La faune marine récifale de Polynésie française n’est pas très riche, ni en espèces de
madréporaires, ni en espèces de poissons et de mollusques ; certains groupes taxonomiques
s’avèrent même totalement absents, comme la classe des comatules.
De l’océan vers le lagon, la zone externe océanique distingue classiquement trois structures,
caractérisées par des peuplements d’organismes constructeurs différents (Fig. 4) :
THUNNUS ALBACARES (Linné), albacore, thon jaune. THUNNUS ALALUNGA (Bonnaterre), germon. Habitat :
Habitat : ensemble de la Polynésie, surtout Marquises, jeunes, 35-40˚ S (convergence subtropicale), adultes
Tuamotu. Biotope : surface pour les jeunes, profondeur Polynésie, surtout Marquises et Tuamotu. Biotope :
pour les adultes. Taille maximum : 150 cm, poids max. surface pour les jeunes, profondeur pour les adultes.
100 kg. Reproduction : peu importante, Marquises. Taille maximum : 120 cm, poids max. 30 kg.
Reproduction : Tuamotu.
THUNNUS OBESUS (Lowe), patudo. Habitat : jeunes KATSUWONUS PELAMIS (Linné), bonite, listao.
Marquises, adultes ensemble de la Polynésie et surtout Habitat : ensemble de la Polynésie, surtout Marquises,
Marquises. Biotope : surface pour les jeunes, profondeur Tuamotu-Nord. Biotope : surface, pélagique côtier et
pour les adultes. Taille maximum : 180 cm, poids max. hauturier. Taille maximum : 100 cm, 20 kg.
120 kg. Reproduction : peu importante, Marquises. Reproduction : importante aux Marquises, maximum
en saison chaude.
Les espèces de gastéropodes, Littorina coccinea et Nerita plicata, sont les mêmes que celles
peuplant le platier externe ; s’y s'ajoutent Drupa morum et Tectarius. Les bénitiers sont assez
abondants. Le tombant de la bordure interne Nord de Mururoa offre un milieu typique pour les
balistes (Rhinecanthus sp.) auxquels s'ajoutent de nombreuses espèces de poissons sédentaires :
mérous (Epinephelus sp.), labres (Pseudojuloides sp.), poissons écureuils (Holocentridae), poissons
papillons (Chaetodon sp.), demoiselles (Pomacentrus sp.), chirurgiens (Acanthurus sp.) et perroquets
(Scarus sp.).
La faune ichtyologique de ces bordures sous le vent s’avère beaucoup plus pauvre que
dans les autres parties du lagon. Autour de quelques rochers, vivent des poissons papillons, des
blennies et des poissons chirurgiens. Dans les trous de rochers, on trouve des poissons carnivores
nocturnes : poissons écureuils, mérous, tétrodons et lutjans.
Sur les fonds de sable, la sole tropicale (Bothus mancus) très fréquente cotoie des bancs de
surmulets et de mulets. Les coraux branchus abritent des poissons demoiselles (Chromis sp.) et
bagnards (Dascyllus aruanus), ainsi que des poissons anges (Centropyge flavissimus).
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 41
La faune malacologique de Mururoa est assez riche sur les pinacles de la bordure nord au
vent. Les vermets (Dendropoma maximum) et les bivalves Chama iostoma, Arca ventricosa et
Arca plicata s’y avèrent relativement nombreux, surtout en endobiontes dans les blocs coralliens
morts. Dans les deux atolls, l'holothurie noire (Holothuria atra) se trouve bien représentée à la
base des pinacles. Les poissons se rassemblent en grand nombre autour des ces derniers, au
milieu du lagon, habitat de tout un réseau trophique.
Les anfractuosités sont successivement occupées pendant la journée par des poissons
carnivores nocturnes et la nuit par des espèces diurnes (Fig. 21). La densité des peuplements est
plus élevée en surface qu'en profondeur, la richesse spécifique étant plus importante à Mururoa
qu'à Fangataufa. En effet, les atolls fermés se caractérisent par la réduction de la diversité spécifique
des madréporaires et des mollusques, mais les espèces étant parvenues à s’adapter y sont
représentées par des populations importantes. Fangataufa, qui était un atoll fermé à l’origine,
n'échappe pas à cette règle, puisque deux espèces de coraux prédominent et trois espèces de
mollusques représentent, en termes d'abondance, environ 90 % des peuplements de mollusques
de substrats durs.
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1
Carnivores 2
Planctonophages
5 14
Omnivores 6 Piscivores
Omnivores
3
4 Planctonophages
11 Carnivores
Planctonophages
16
Herbivores 17
Carnivores
9
Carnivores
8
Herbivores
10 12
Carnivores 7
Carnivores
15
Carnivores
13
Carnivores
JOUR
11
Planctonophages 13
Carnivores
14
10 Piscivores
5 Carnivores
Omnivores
2 4
Planctonophages 12 Carnivores 3
Carnivores Planctonophages
17 15
Carnivores Carnivores
1
Carnivores 6
9 Omnivores
Carnivores 8
Herbivores
16
Herbivores
NUIT 7
Carnivores
Quelle que soit la biocénose considérée, cinq niveaux trophiques sont identifiés : les
producteurs (végétaux), les herbivores, les carnivores, les détritivores et les décomposeurs
(bactéries et autres micro-organismes) qui restituent au biotope les éléments résiduels après
minéralisation (composés minéraux simples aussi appelés nutriments : phosphates, nitrates, nitrites
et sels amoniacaux). À l’intérieur d’un même écosystème, les représentants de ces différents
niveaux trophiques interagissent entre eux au sein de réseaux trophiques.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 44
B1
D
E
B2
a
B1
C1
a
C1b
B2c
c
F C1
A1a
2
C
b
B2
e
B2
d
B2
A1c
b
A1
F IG . 22. - Quelques exemples de types de consommateurs et de réseaux trophiques dans une communauté
récifale corallienne hypothétique (dessin inspiré de Glynn, 1988).
Le phytoplancton est consommé par le zooplancton (A1a) et par certains bivalves, par exemple (A1b, A1c). Le
zooplancton est la proie, à son tour, de nombreux résidents du récif, incluant les poissons planctonivores (B2a), poissons
benthiques (B2b), coraux (B2c), et animaux suspensivores présents dans les cavités du récif ou sur les surfaces exposées
(B2e, B2d : consommateurs de particules flottant dans le milieu aquatique). Beaucoup d’animaux planctonivores sont
la proie de piscivores (B1) et de corallivores (C1a-1c). Quelques autres chaînes trophiques sont indiquées : les herbivores (D),
ingérant par prédation accidentelle la petite faune associée aux algues (E) et des animaux symbiotiques libres associés
aux coraux (F).
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 45
Pour les lagons des atolls de Mururoa et de Fangataufa, les 5 grandes entités fondamentales
sont présentes, à savoir :
• le niveau trophique I, ou producteurs, constitué par les végétaux marins fixés (algues supérieures
du phytobenthos) ou libres (phytoplancton) ;
• le niveau trophique II composé par les animaux herbivores se nourrissant d’algues benthiques ou
planctoniques du niveau précédent. Il a de nombreux représentants parmi les mollusques
bivalves (bénitier, nacre perlière, chame etc.), les gastéropodes (troca, strombe etc.) et les
poissons (poissons chirurgiens et perroquets) ;
• le niveau trophique III formé par les carnivores. S’y trouvent les prédateurs de la petite faune
(coraux, poissons surmulets etc.) et les gros prédateurs (mérous, murènes, requins etc.) ;
• le niveau trophique IV constitué des détritivores (vers, crustacés, holothuries etc.) ;
• le niveau trophique V comprend des bactéries ainsi que des micro-organismes en suspension
dans l’eau ou associés aux particules sédimentaires ; celles-ci dissolvent la matière organique
tout en réalisant la minéralisation des cadavres et des déchets, permettant le recyclage des
sels minéraux.
À travers les échanges alimentaires au sein du réseau trophique, les radionucléides peuvent
être transmis entre les différentes espèces d’une même biocénose ou entre les biocénoses.
• des activités à caractère physique résultant d'une action mécanique sur le biotope ou de
constructions diverses modifiant l'écosystème. Effectuées dans le milieu marin, elles induisent
une dégradation locale des substrats, une augmentation de la turbidité et des taux de
sédimentation, enfin, parfois, une modification locale de l'hydrodynamisme. Dans le milieu
terrestre, elles peuvent induire un bouleversement de la flore. Par exemple, la construction
de la piste d'aviation a conduit à la disparition locale de la flore naturelle ;
• des activités induisant des rejets d'effluents gazeux et liquides variés, plus ou moins bien
tolérés par l'écosystème. Ces activités ont entraîné une modification de la qualité des eaux
lagonaires qui, le plus souvent, limite le développement des madréporaires. Ceux-ci préfèrent
plutôt les eaux claires et oligotrophes, aux eaux trop chargées en matières en suspension et
en nutriments.
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Diminution du nombre
des oiseaux
Importation
de Casuarina
OCÉAN LAGON
F IG . 23. Impacts sur le milieu naturel des travaux dus aux aménagements associés à la présence humaine.
Chap. 1VF-05.12.06:Chap. 1 12/01/07 10:51 Page 47
Les ondes de pression induites par les essais atmosphériques et souterrains dans le lagon
ont entraîné une dégradation des substrats durs. De ce point de vue, les expériences souterraines
eurent un impact plus grand du fait de leur dispersion dans le lagon et des pressions plus importantes
qu'elles généraient autour des points zéro.
Le flash thermique des essais atmosphériques mégatonniques a détruit un pourcentage
élevé des peuplements superficiels de coraux et de mollusques, en particulier ceux des platiers
externes et de la crête algale proches des points zéro de ces essais. Le blanchissement de cer-
taines des colonies coraliennes survivantes, par perte de leurs zooxanthelles, a été régulièrement
observé jusqu'à l'arrêt des essais atmosphériques et plus sporadiquement par la suite. Ce phéno-
mène traduisait un déséquilibre de l'écosystème comparable aux effets observés après le passage
d'un cyclone tropical ou une période estivale anormalement chaude.
Quinze ans après l'arrêt des essais atmosphériques, les peuplements de poissons, de
coraux des platiers externes s'étaient reconstitués, avec une diversité et un taux de recouvrement
comparables à ceux existant avant les essais. La rapidité de cette restauration s'explique proba-
blement par les faibles dégradations subies par les substrats. En 1994, les peuplements de mol-
lusques de ces secteurs se rétablissaient à des niveaux comparables à ceux de 1966.
I.6 - CONCLUSION
En conclusion, il faut retenir des conditions naturelles des sites d’expérimentations et des
atolls polynésiens que les îles de Polynésie française, de formation volcanique, sont de deux types :
• les îles hautes pouvant culminer jusqu’à plus de 2 000 m, comme celle de Tahiti, avec des
vallées étroites et encaissées ; l’habitat y est situé pour l’essentiel au niveau de la ceinture
littorale et les cultures maraîchères et fruitières de même que l’élevage y sont pratiquées ;
• les îles basses ou atolls, simples anneaux de corail, à fleur d’eau, avec essentiellement des
plantations de cocotiers.
Les conditions météorologiques d’hiver, dans l’hémisphère Sud, sont dominées par la
circulation générale des masses d’air d’ouest en est, à l’exception de la zone équatoriale où la
direction dominante est d’est en ouest. En été, elle s’oriente d’est en ouest et est plus faible en
général qu’en hiver, elle devient un peu plus rapide vers les basses latitudes jusqu’à l’équateur.
Les atolls de l’archipel des Tuamotu sont situés dans la partie centrale d’un grand tourbillon anti-
cyclonique où la subsidence de l’air entretient une évaporation prépondérante sur les précipitations.
Les conditions météorologiques, en particulier les directions et intensités des vents
étaient fournies par un important dispositif de recueil et d'exploitation de données météorologiques
qui s'appuyaient sur les experts et les réseaux de la météorologie nationale, complétés par des
moyens militaires. L’ensemble de ces données météorologiques collectées sur zone permettait
l’élaboration de cartes de prévision météorologique en Polynésie française et plus particulièrement
dans la région des essais aux échelles 1/9 000 000 et 1/12 500 000. Elles servaient également
de données de base pour réaliser les prévisions des retombées des essais atmosphériques.
Le volcanisme initial des atolls de Mururoa et Fangataufa a conduit à une vitesse moyenne
d’empilement des laves d’environ 3 mm.an -1 . À Mururoa, l’homogénéité isotopique indique une
composition chimique constante du manteau source durant une période supérieure à 1,2 million
d’années. Le passage des basaltes aux laves évoluées s’explique par un processus de cristallisation
fractionnée en système fermé. À Fangataufa, deux types basaltiques se succèdent représentant
une évolution, au cours du temps, des taux de fusion partielle.
Les formations carbonatées sont composées essentiellement de matériaux détritiques, les
colonies coralliennes préservées sous forme de charpentes en place sont minoritaires. La rigidité
de cette partie de l’édifice est associée par la cimentation calcaire marine qui, par précipitation
intense de carbonates de calcium, conduit à la formation d’une carapace rigide qui pénètre en
indentation dans la masse de l’édifice.
Les caractéristiques hydrologiques des eaux océaniques sont celles d’un système à
deux couches : une masse d’eau superficielle de mélange, chaude et salée, au-dessus d’une masse
d’eau profonde de salinité minimale. La couche de mélange est quasiment dépourvue de nutriments.
Cette forte oligotrophie de la couche euphotique se maintient à proximité immédiate des atolls.
La circulation des eaux océaniques baignant l’archipel des Tuamotu se trouve sous la
dépendance du régime bi-modal d’alizés créé par le double système de hautes pressions sub-
tropicales (îles de Pâques et Kermadec) qui entraîne, en zone tropicale, une dérive générale des
eaux vers l’ouest. Ces eaux, très pauvres en sels nutritifs, sont l'archétype d'un milieu oligotrophe,
pauvre en plancton et en poissons. Par contraste, bien que comprenant peu d’espèces, l'éco-
système récifal apparaît comme une oasis au sein de ce désert marin.
La flore et la faune terrestres de l’ensemble des atolls de Polynésie sont très pauvres
en espèces. L'écosystème récifal marin, malgré sa relative pauvreté comparée à l'exubérance de
certains récifs de l'Indo-Pacifique, crée un pôle de vie indispensable aux populations humaines
locales à travers la consommation des produits de la mer.
Aujourd'hui, la flore terrestre de Mururoa et Fangataufa, qui avait été détruite par les effets
des essais atmosphériques, diffère peu de la flore originelle, tant en diversité qu’en taille. Une
espèce introduite par l’Homme, le Casuarina equisetifolia, semble cependant aujourd’hui en pleine
expansion et colonise déjà de grandes surfaces de l’atoll de Mururoa.
I.7 - BIBLIOGRAPHIE
Aspects géographiques
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Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 53
CHAPITRE II
Les essais nucléaires consistaient à tester des engins conçus pour contribuer au diagnostic
de bon fonctionnement des armes en cours de développement. Ils ont mis en jeu des matières
nucléaires et conduit à la libération de radionucléides dans l’environnement.
Entre 1966 et 1974, la France a procédé à 41 essais d’explosion d’engin nucléaire dans
l’atmosphère, dont 37 à Mururoa et 4 à Fangataufa (cf. Annexes 2 et 3). Ces essais peuvent être
classés suivant trois catégories, les essais sur barge, sous ballon captif et par largage à partir
d'avion. À ces essais, il convient d’ajouter 5 essais de sécurité, sans explosion nucléaire.
Par la suite, la maîtrise technique et scientifique acquise alliée au souci de réduire encore
tout risque d’impact potentiel sur les populations et sur l’environnement, hors géosphère, conduisirent
les expérimentateurs à procéder à des essais souterrains d’explosion nucléaire. De 1975 à 1996,
137 essais souterrains, également appelés «essais en puits» ont été réalisés, dont 127 à Mururoa
et 10 à Fangataufa. Dix essais de sécurité souterrains, sans explosion nucléaire, ont également
été réalisés à Mururoa.
Ce chapitre traite spécifiquement des radionucléides générés par les essais et de leurs modes
de dispersion dans l’environnement. Les informations présentées se limitent à celles permettant
de suivre la démarche des expérimentateurs dans leur recherche permanente de limitation des
conséquences des explosions aux périmètres des sites d’expérimentations. Les notions de base
sur la radioactivité et les réactions nucléaires mises en jeu lors du fonctionnement d'engins
nucléaires sont présentées brièvement dans l’annexe 1 de ce document.
Les explosions nucléaires ont libéré dans l'environnement plus de 1 000 radionucléides
différents, issus de cinq sources principales :
• les matières nucléaires non consommées ;
• les traceurs de réaction ;
• les produits des réactions de fission ;
• les produits des réactions d’activation des composants technologiques (engins, structures) ;
• les produits d’activation des composantes naturelles de l’environnement : eau, sol et air.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 54
Certains éléments étaient parfois introduits dans l’engin, en très faibles quantités, comme
traceurs des réactions neutroniques. Leur contribution à l’activité totale étant négligeable, leur
transfert dans l’environnement n'est pas traité dans ce document.
Ces produits de fission sont radioactifs. Ils vont se transformer à la suite de désintégrations
radioactives en de nouveaux éléments (cf. Annexe 1). Ces désintégrations successives donnent
naissance, par filiation isobarique, à une cascade de radionucléides dont les proportions relatives
sont caractéristiques de l'essai réalisé (Tableau 1).
Ce mélange initial de produits de fission, non fractionné, est caractérisé par une activité
bêta globale estimée à 1,7.10 19 Bq.kt -1 une heure après l’explosion (H+1). Sachant que la libération
d'une énergie équivalente à l’explosion de 1 kt de TNT est réalisée par la fission complète d’environ
57g de 239 Pu, cela représente 1,4.10 23 fissions.kt -1.
Ces réactions de fission aboutissaient à la formation d’un mélange de radionucléides,
dans des proportions déterminées par le type d’essai, qui était libéré dans la biosphère lors des
explosions atmosphériques ou confiné dans la géosphère lors des essais souterrains.
La plupart des neutrons de fission associés au rayonnement initial étaient des neutrons
rapides. Ils étaient essentiellement capturés par les noyaux des atomes de la matière nucléaire
de l’engin testé, des matériaux du dispositif nécessaire à l’essai et des composantes naturelles
de l’environnement proche. Ces réactions induisaient la formation d’un cortège caractéristique de
produits d’activation.
Des radionucléides étaient formés par activation, d’une part, des impuretés et des traceurs
associés à la matière fissile et, d’autre part, des pièces métalliques telles que celles des gainages,
du conteneur et des installations, situées à proximité immédiate de l’engin (Tableau 2). Dans les
premiers jours suivant un essai, les produits de fission et d’activation étaient intimement mélangés,
mais la fraction relative de l’activité
due aux produits d’activation était T ABLEAU 2.
négligeable. En revanche, les pro- Principaux radionucléides de périodes radioactives supérieures à
duits d’activation induits dans les l’heure induits par activation neutronique des parties métalliques
installations et les structures proches du point zéro de l’explosion.
associées à l’essai comme les Radioéléments Période
barges, les nacelles et les câbles Mode de production
induits radioactive
dans le cas des essais atmosphé- 55Fe 56Fe (n, 2n) 54Fe (n, γ )
2,6 ans
riques, sont restés des sources 59Fe 58Fe (n, γ )
45,5 jours
d’irradiation persistantes au cours
58Ni (n, p) 58Ni (n, pn)
du temps, en fonction de leurs
57Co 270 jours ou filiation 57Ni
58Co 58
périodes radioactives respectives. 71,3 jours Ni (n, p)
60Co 60Ni (n, p) 63Cu (n, α ) 59Co (n, γ )
Ainsi, compte tenu des sections 5,26 ans
65 64Zn (n, γ )
efficaces des noyaux cibles, des Zn 245 jours
radionucléides comme le 60 Co 54Mn
290 jours 54Fe (n, p)
• L’activité induite dans l’air par la fission est peu significative. Les réactions 16 O (n,p) 16 N avec
l’oxygène conduisent à la formation de l’isotope 16 de l’azote qui disparaît rapidement, sa
période étant de 7 secondes. En revanche, la réaction 14N (n,p) 14C avec les noyaux d’azote,
crée naturellement et en permanence dans l’atmosphère du 14 C de 5 760 ans de période. Les
essais thermonucléaires à haut flux de neutrons ont généré une production de 14 C qui s’est
intégrée au stock naturel.
• L’activation des éléments constituant l’eau de mer par des réactions (n,γ) ou (n,p) conduit à
la formation de 82 Br, 38 Cl, 35 S, 32 P et 24 Na, de périodes respectives 1,47 j, 37,24 min,
87,51 j, 24,28 j et 14,6 h.
• L’activation du sol corallien, mais aussi du béton, conduit essentiellement à la formation
immédiate de 24 Na due à leur imbibition d’eau de mer, associée à la production de 45 Ca
de 160 jours de période.
Lors des essais souterrains, les prélèvements d’échantillons dans la cavité créée par
l’explosion étaient effectués quelques jours à quelques semaines après l’essai. L’activité des
produits d’activation induits était alors négligeable, par rapport à celle des produits de fission.
Les seules traces parfois observées étaient celles des produits d’activation présents dans l’eau de
la cavité.
En 1966 et 1967, quatre essais ont été effectués sur des barges ancrées dans les lagons,
trois à Mururoa et un à Fangataufa. La barge supportant l’engin à tester était positionnée par des
fonds d’une trentaine de mètres, entre 700 à 1 700 mètres au large d’un Poste d’enregistrement
avancé (PEA). Ces essais entraînaient une forte interaction entre la boule de feu et les composantes
naturelles du lagon. Ils induisaient de nombreux produits d’activation qui, associés aux produits de
fission, étaient transférés aux eaux de mer, sédiments et coraux du site. Après un essai, il fallait
attendre environ un mois pour que la décroissance des produits radioactifs permette le retour à une
activité normale dans la zone de l’essai.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 57
De 1966 à 1974, trente et un essais sous ballon captif ont été effectués à Mururoa et trois
à Fangataufa. L’aérostat sous lequel était fixé l’engin à tester était positionné à quelques centaines
de mètres d’altitude. Ce ballon était maintenu par des câbles arrimés à trois barges ancrées face
à un PEA (Fig. 25). L’intérêt de ce mode d’essai était de réduire les conséquences radiologiques
pour l’environnement et donc pour les populations en diminuant les retombées locales et régionales
des particules les plus lourdes. En effet, en se réfléchissant sur la surface du lagon, l’onde de choc
générée par l’explosion projetait les éléments radioactifs dans la haute atmosphère, où l’activité
des masses d’air diminuait rapidement avec le temps par l’action de la décroissance radioactive
des radionucléides produits lors de l’explosion et de leur dilution lors de leur dispersion par les vents.
Le personnel pouvait donc, en général, revenir sur le site quelques heures après l’essai.
N PEA Denise
MURUROA
2 000 m
PCT
PEA Dindon
Tour
PEE Viviane
Faucon
N BPV FANGATAUFA
PEA
Frégate
1 000 m
F IG . 25. - Dispositif de mise en place et d’ancrage du ballon et emplacements des zones des essais atmo-
sphériques représentées en jaune sur les cartes de Mururoa et Fangataufa. Les postes d’enregistrement
avancés (PEA), sont également localisés sur les cartes.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 58
Les essais réalisés par largage à partir d'avions, en reproduisant l’utilisation des armes
nucléaires, ont permis de valider le fonctionnement de systèmes d’armes dans des conditions
opérationnelles. Trois de ces essais d’engins proches des versions militaires ont été pratiqués en
1966, 1973 et 1974, à proximité des sites d'expérimentations. L’explosion des engins a eu lieu à
des altitudes similaires à celles des essais réalisés sous ballon.
Hauteur de la base
du nuage
Distance
Extension latérale
moyenne du nuage
1 km
Phase B1 Choc
Phase B2
Rayon Maximum de
la Boule de Feu
Break-Away
Boule de Feu
Séparation du choc
et de la boule de feu
10 m
Phénomène visible
Phénomène invisible
Watts
Puissance thermique rayonnée
1015
1er Maximum de lueur
1014
Miniimum de lueur
1013
1012
1 µs 1 ms 1s 60 s 1 000 s
Temps
F IG. 26. - Chronologie des principaux phénomènes radiatifs, thermiques ou mécaniques, dans le cas d’une
explosion nucléaire à basse altitude d’un engin d’une puissance d’une mégatonne. Le tracé du haut illustre
l’évolution spatio-temporelle de la boule de feu, du choc aérien et du nuage dans la première demi-heure suivant
l’essai. La figure du bas représente la puissance thermique rayonnée au cours du temps. La forme de cette
courbe, deux pics séparés par un minimum, est caractéristique des explosions nucléaires. Le deuxième maximum
correspond au flash thermique classiquement décrit.
Les phénomènes dits tardifs sont définis comme l'ensemble des événements qui se
développent entre le début de l'élévation de la sphère de gaz chauds dans l'air et la stabilisation du
nuage radioactif dans les hautes couches de l'atmosphère, c'est-à-dire au-delà de quelques
secondes après l'instant zéro (Fig. 27).
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 60
Hs
mouvements tourbillonnaires toroïdaux
de la partie supérieure et entraînée par
les courants descendants extérieurs vers
Hs : hauteur du sommet
les basses couches où l'eau s'évapore.
2 Rt (35 km) du nuage La vitesse ascensionnelle du nuage
Hb : hauteur de la base varie avec l'énergie de l'explosion et les
de la tête du nuage
conditions atmosphériques. Elle ralentit
Hj : hauteur de la base
de la jupe
au fur et à mesure du refroidissement
Hb
20 km
des gaz. Pour l'explosion de 1 Mt, la
Rt : rayon de la tête
du nuage vitesse d'élévation moyenne du sommet
2 Rj (18 km)
Rj : rayon de la jupe
du nuage est de 400 km.h -1 pendant la
première minute.
Hj Rp : rayon du pied
15 km Rj = 0,5 Rt
2 Rp (7 km)
Rp = 0,2 Rt
7 km
Fig. 28 - Ordre de grandeur des dimensions
du nuage initial stabilisé pour une explosion
de 1 Mt en atmosphère tropicale.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 61
Le nuage atteint sa hauteur maximale au bout d'une dizaine de minutes, lorsque, après avoir
traversé la tropopause, il arrive dans la stratosphère où il se stabilise.
Le nuage est considéré comme stabilisé lorsqu'il est en équilibre thermodynamique avec
l'atmosphère. Pour une énergie d'une mégatonne, le sommet du nuage stabilisé se situe vers
23 km d’altitude et sa base vers 16 km. Son diamètre moyen peut atteindre 40 km au bout de 10
minutes.
La matière nucléaire non consommée lors de l'explosion et les produits de fission présents
dans le mélange initial étaient, pour la plupart, loin de leur ligne de stabilité (cf. Annexe 1). La
désintégration radioactive de ces radionucléides, essentiellement par décroissance radioactive bêta,
est souvent accompagnée de rayonnements gamma (Tableau 3). Généralement, les radionucléides
du début de chaîne ont des périodes radioactives plus courtes que ceux situés en fin de filiation.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 62
T ABLEAU 3.
Exemple de quelques chaînes de fission pouvant être observées après un essai.
85mKr (4,5 h)
78,6 (3 min) : période radioactive
%
85Br (3 min) 21,4 % 85Rb (stable)
85Kr (10,8 a)
86Kr + n (stable)
7%
~ 2,5
87Br (56 s) 87Kr (76 min) 87Rb (4,8 x 1010 a)
~ 97,43 %
99mTc (6 h)
82 %
99Zr (2,1 s) 99mNb (2,6 min) 99Mo (66 h) 99Ru (stable)
18 %
99Tc (2,1 x 105 a)
36 %
129Sb (4,4 h) 129mTe (34 j) 129I (1,6 x 107 a) 129Xe (stable)
64 %
129Te (70 min)
131mTe (30 h) 77,8 131mXe (12 j)
% %
1,4 % 0,5
131Sn (56 s) 131Sb (23 min) 22,2 % 131I (8 j) 99,5
98,6
% %
131Te (25 min) 131Xe (stable)
133mTe (55 min)
72 %
133Sb (2,5 min) 17,5 % 133mXe (2,2 j)
28 % %
2,9
133Te (12 min) 133I (21 h)
97,1
%
136Cs (13 j) 136Ba (stable) 133Xe (5,24 j) 133Cs (stable)
10
Activité β (unité relative) L'évolution en fonction du temps de l'indice bêta
global du mélange (Fig. 30) décroît sensiblement selon
t-1,2
1 une loi empirique en t -1,2 jusqu'à 180 jours après l’essai ;
1 jour au-delà, la décroissance s'accélère et la loi s’exprime
10-1 en t -2,35 , soit l’équation suivante:
1 semaine
10-2 A β = A 1 .t -x
1 mois
10-8
t-2,35
10-1 1 10 102 103 104 105 106 F IG . 30. - Décroissance au cours du temps de l’indice bêta
Temps (h)
global d’un mélange non fractionné de produits de fission.
Les produits de fission initiaux et leurs descendants évoluent dans le temps en fonction de
leurs périodes radioactives respectives. L'évolution de la contribution relative de chaque radio-
nucléide émetteur bêta à l’activité bêta globale du mélange théorique non fractionné de produits de
fission peut être calculée en fonction du temps après l’instant zéro de l’explosion (Fig. 31). Les
radionucléides de période égale ou supérieure à un an comme 95 Zr, 106 Rh, 144Ce, 125Sb, 90Sr,
137 Cs jouent un rôle prépondérant dans l'activité globale du nuage radioactif.
60
40
137 Cs
95Nb(2) 137Ba(1)
m
133Te(1) 4 Ce et 1 44 147 P
20 14 Pr 90 Sr et 90 Y
132Te et 132I 140La 95
134Te 99Te(1) Zr
10
3
10 o Ru
97 99 M e
138Cs 139 92Y Nb(2) 1C 91 Y(2)
Ba 10 14
6 5 m
92 Sr 93 Y Rh 89 Sr 151 S
10
(2
2)
129
1 Tc
)
(
Te(2)
Rh
4
6
10
149 Pm b
5S
et
12
88 R
Ru
12
87 Kr 85
6
7
2 12
10
Kr(2
b
Sb
88Kr 10 7
r 9 Te )
91 S Pd 134Cs
(2 (2)
)
1
1 2 4 6 10 20 1 2 4 6 10 20 40 60 100 200 1 2 4 6 10 20 40 60 100
Heures Jours Années
F IG . 31. - Évolution au cours du temps de la contribution relative (%) à l’indice bêta global associé aux radio-
nucléides émetteurs bêta-gamma présents dans le mélange initial non fractionné de produits de fission générés
lors d'un essai thermonucléaire.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 64
L’évolution théorique de l'indice bêta global du mélange suit la baisse des activités volu-
miques des différents radionucléides présents en fonction de leur période radioactive respective. Le
calcul, en fonction du temps, de la contribution relative des radionucléides émetteurs bêta au
débit de dose global du mélange non fractionné de produits de fission générés par la fission de
235 U ou de 239 Pu lors d'un essai montre que deux semaines après l'explosion, la quasi-totalité
du débit de dose résulte d'une dizaine de radionucléides (Fig. 32).
Débit de dose en %
100
134Te 97Nb(1) s
97Nb(2) 140La 7C
60 95Nb(2) 106Rh(2) 13
133Te(1) a-
129Sb 105Ru 137 B
40 138Cs 132I
128Sb 95
Zr
5I
13
20 13
4I 143Pr 135Xe(2)
10
91Y(1) b
125 S
3
Ru
131Te(1)
10 142La
3I 131I
14
13
3C
6 88 Kr 14
e
14
132Te Ba
4 Pr
4 r
92S
127Sb 141Ce
91 Sr
6P
r
2 14
92 Y
99 Te
99 M
144 Ce
88 R
o
(1)
b
1
1 2 4 6 10 20 1 2 4 6 10 20 40 60 100 200 1 2 4 6 10 20 40 60 100
Heures Jours Années
Temps après fission
F IG. 32. - Évolution au cours du temps de la contribution relative (%) au débit de dose global des radionu-
cléides présents dans le mélange non fractionné de produits de fission générés lors d'un essai thermonucléaire.
Coagulation
Lavage
par les pluies Sédimentation
T ABLEAU 4.
Évolution de la contribution relative (%) des différents produits d'activation à l'activité bêta globale induite
dans les eaux du lagon de Mururoa, mesurée lors des deux expérimentations atmosphériques
sous ballon Altaïr et Bételgeuse (ND : non détecté) .
Radioéléments
38Cl 24Na 35S 32P 82Br 80mBr
Essai
Bételgeuse
H+3 24,0 74 0,32 ND 0,2 ND
H+6 1,5 98 0,25 ND 0,25 ND
J+1 ND 99 0,6 ND 0,4 ND
J+2 ND 97 1,8 0,2 1,0 ND
J+4 ND 82 1,5 1,3 2,8 ND
J+6 ND 34 56 4,6 4,2 ND
En 1972, il a été décidé de réaliser les essais au fond de puits souterrains. En 1974,
après une phase exploratoire, il s'est avéré que la structure géologique des atolls de Mururoa et
Fangataufa, en particulier les formations basaltiques, permettait de réaliser ce type d'essais, dans
des conditions de sécurité optimales, tout en assurant le confinement dans le futur des produits radio-
actifs créés lors de l’explosion.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 67
De 1975 à 1986, les essais ont été réalisés dans des puits verticaux forés depuis la
partie émergée de la couronne des atolls, pénétrant profondément dans le socle basaltique. À
partir de 1981, certains ont également été effectués dans des puits forés sous le lagon, en
recourant à des moyens de forage off shore. À partir de 1987, tous les essais ont été menés dans
des puits sous les lagons, à l’exception d’un essai de sécurité pratiqué en 1989.
Lors des essais souterrains, l’engin était placé dans un conteneur, qui était ensuite descendu
entre 400 et 1 200 mètres de profondeur, dans des puits creusés jusqu’au sein des formations
basaltiques. Ce conteneur comprenait l’ensemble de l’instrumentation permettant de mesurer les
rayonnements émis. Avant la réalisation de l’essai, le puits était comblé, en partie basse, avec du
sable de basalte favorisant la vitrification des produits radioactifs issus de l’essai et, en partie
haute, par un bouchon de ciment assurant le confinement des éléments radioactifs.
N
Zone 6 12 km2 Zone 1 6 km2
19 essais 28 essais
(81/86 : 8) (87/91 : 9) (76/80 : 22) (81/86 : 6)
(95 : 2)
Zone 2
8 essais
(88/96 : 8)
Zone 1
2 essais
(88/96 : 2)
F IG. 35. - Descente d’un conteneur dans un puits foré à terre et emplacement des zones d’essais souterrains,
sous la couronne et le lagon, à Mururoa et Fangataufa.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 68
des gaz n'est plus suffisante pour compacter les terrains, commence à se refroidir. La majeure partie
des matériaux fondus ou vaporisés se condense au fond de la cavité en formant un ménisque de
lave. Le refroidissement se poursuivant, la pression baisse dans les terrains encaissants et dans la
cavité, dont la voûte s'effondre. Cet effondrement forme une cheminée. Il ne s'achève parfois
qu'après plusieurs heures, voire plusieurs jours, provoquant la formation d'un cône d'éboulis, dont la
hauteur est rapidement limitée par un processus de stabilisation naturel.
Lorsque la lave s’est solidifiée, le gaz contenu dans la cavité est essentiellement constitué de
vapeur d'eau. Au début de l'effondrement de la voûte, l'apport de matériau froid condense cette
vapeur d'eau ; il ne reste alors que les gaz incondensables. La quantité de gaz formé, exprimée à
température et pression normales, varie en fonction de l'énergie de l'explosion : entre 5 000
m 3.kt -1, pour une énergie de quelques kilotonnes, et 2 000 ou 3 000 m 3.kt -1, pour une énergie de
quelques dizaines de kilotonnes. À ce stade, la cheminée se trouve en dépression par rapport
aux terrains qui l'entourent. À mesure que l'eau drainée des formations environnantes remplit la
cheminée, les gaz sont comprimés au-dessus de la surface de l'eau, jusqu'à ce que leur pression
soit en équilibre avec la pression hydrostatique qui règne au sommet de la cheminée. En fin de
remplissage, les gaz se dissolvent progressivement dans l'eau et peuvent migrer lentement, par
diffusion, dans l'eau interstitielle.
Les radionucléides produits par l’explosion nucléaire étaient présents au sein de plusieurs
phases de la cavité-cheminée. La répartition des radionucléides entre ces phases, qui dépend de
leur forme chimique et de leur volatilité, est très importante car elle influe sur leur aptitude à
s’échapper de la cavité-cheminée, puis à se déplacer dans la géosphère avant de rejoindre
éventuellement la biosphère. Ces trois phases sont : une phase solide de lave et d’éboulis, une
phase gazeuse et les solutions aqueuses.
• La lave, qui se forme surtout au fond de la cavité-cheminée, contient la majeure partie des
éléments réfractaires (ou non volatils), comprenant les actinides et lanthanides. Le relâchement
des radionucléides de la lave est un processus qui s'effectue lentement.
• Les éboulis ou matériaux broyés contiennent des radionucléides essentiellement retenus
par des phénomènes d'adsorption réversibles.
• Les gaz et les solutions sont les phases qui contiennent les éléments gazeux, volatils et
solubles dans l'eau comme les gaz rares et le tritium.
En ce qui concerne les actinides et les lanthanides, 98 % de l’activité de ces éléments est
associée à la lave. Le pourcentage du plutonium présent dans les éboulis est donc important
mais, comme le montrent les activités volumiques du plutonium mesurées dans l’eau des cavités-
cheminées, il se solubilise progressivement.
T ABLEAU 5.
Répartition relative (%) des radionucléides à l’intérieur de la cavité d’essai.
3H
0 0 2 98 Majoritairement eau tritiée
14C
0 10 80 10 Gaz ou solution
36Cl
50 40 0 10 Volatilité intermédiaire
41Ca
70 30 0 0 Relativement volatil
55Fe
95 5 0 0 Non volatil
59Ni, 63Ni
95 5 0 0 Non volatil
60Co 90 10 0 0 Relativement non volatil
79Se 70 30 0 0 Volatil
85Kr 0 10 80 10 Gaz : tous les précurseurs sont volatils
90Sr 40 60 0 0 Relativement non volatil, mais précurseurs volatils
93Zr 95 5 0 0 Réfractaire mais précurseurs de volatilité intermédiaire
99H 80 20 0 0 Volatil avec précurseurs volatils ou intermédiaires
106Ru 70 30 0 0 Volatil avec précurseurs volatils
107Pd 70 30 0 0 Relativement volatil
113mCd 70 30 0 0 Relativement volatil
121mSn 60 40 0 0 Relativement volatil
126Sn 70 30 0 0 Relativement volatil
125Sb 70 30 0 0 Relativement volatil
129I 50 40 0 10 Volatil et soluble
134Cs 20 80 0 0 Volatil intermédiaire sans précurseurs
135Cs 20 80 0 0 Volatilité intermédiaire avec précurseurs volatils
137Cs 25/40a 75/60a 0 0 Volatilité intermédiaire avec précurseurs volatils
147Pm 95 5 0 0 Réfractaire sans précurseur volatil
151Sm 95 5 0 0 Réfractaire sans précurseur volatil
152Eu, 154Eu 95 5 0 0 Réfractaire
155Eu 95 5 0 0 Réfractaire sans précurseur volatil
236U 90 10 0 0 Légèrement volatil selon l’état d’oxydation
237Np 95 5 0 0 Réfractaire si produit à partir de 241Am,
légèrement volatil si issu du 237U
238Pu, 240Pu 98 2 0 0 Réfractaire
239Pu 98 2 0 0 Réfractaire : un précurseur est légèrement volatil
241Pu, 242Pu 98 2 0 0 Réfractaire
241Am 98 2 0 0 Réfractaire
a : Selon l’énergie de l’essai. Le pourcentage de 137 Cs dans la lave a été estimé à 25 % à Mururoa (où les essais ont été
généralement de faible énergie) et à 40 % à Fangataufa où les essais ont été généralement de plus grande énergie.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 72
241 A
1
154
1
Eu à celle d’un gisement d’uranium
63 Ni
m
152 Eu
10-1
113
Cd
Ni 59
99
Cependant, bien que ces activités
Tc
1
41
36
Ca soient relativement faibles, une
Cl TO
10 -2 121m
93
Sn
Zr 237
Np
TA
L évaluation des conditions radiolo-
107
10-1 13
4
Cs 135
126
Sn
Pd
236
U
giques futures résultant du relâ-
Cs
chement des radionucléides des
1 10 102 103 104 105 106 107 Années cavités suivant différents scénarii
er Date
1 juillet 1998 2010 2100 3000 10000
a donc été réalisée pour ces
F IG . 39. - Activité totale due à l’ensemble des essais souterrains populations (cf. Chapitre VII).
réalisés au CEP et activité spécifique des radionucléides dans la
lave resolidifiée en fonction du temps, la lixiviation étant négligée.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 73
Lors des essais souterrains, les câbles transmettant les mesures, entre le conteneur et les
cabines d'enregistrement situées en surface, présentaient des lignes de fuite de faible débit et
constituaient la principale cause de rejets gazeux. Des cloches de récupération des gaz ont été
mises en place au niveau de la tête de puits (essais sous lagon) ou de la plaque de raccordement
des câbles du puits (essais sous couronne), afin de canaliser les gaz.
Destinés à réaliser des prélèvements d’échantillons de lave dans la cavité après un essai,
les post-forages créaient un pont entre la surface et la cavité, qui pouvait également entraîner des
rejets, gazeux ou liquides, lors du forage de la zone proche de la cavité-cheminée.
Dans tous les cas, des dispositifs de mesure de l’activité des gaz étaient mis en place
(cf. Chapitre III) afin d’établir les bilans des rejets gazeux et liquides de ces essais (Tableau 6).
T ABLEAU 6.
Essais souterrains ayant conduit à des rejets de gaz rares radioactifs.
Les sorties gazeuses ou liquides pouvaient survenir de façon précoce, au moment de l'essai,
ou plus tardivement, après la remise en eau de la cavité-cheminée. En effet, lors des essais
souterrains, l'augmentation de la pression au moment de la formation de la cavité propulsait une
faible quantité de gaz dans les câbles sectionnés lors de l’explosion. Ces gaz diffusaient ensuite dans
les interstices remplis d'air des câbles de liaison entre le conteneur et la surface (rejets précoces).
La remise en eau de la cavité y comprimait ensuite lentement les gaz et, du fait de leur faible
solubilité, les poussait vers la surface. Ces fuites étaient qualifiées de différées et se produisaient
souvent lors des opérations de post-forage. Le niveau d’activité des gaz était alors limité car ces
opérations étaient réalisées tardivement, tandis que la cavité et la cheminée étaient remplies
d'eau, réduisant notablement le risque de fuite lors du percement de la cavité. Lorsque le post-
forage entrait dans la zone proche du point zéro, le fluide de forage se chargeait en éléments
radioactifs.
Le principal radionucléide rejeté était 131 I dont les activités ont été quantifiées par les
dispositifs de prélèvement de gaz et de mesure associés au système de contrôle radiologique mis
en place lors de l’essai (Tableau 7 et cf. Chapitre III).
T ABLEAU 7.
Bilan des principaux rejets d’iode enregistrés
lors de la période des essais souterrains.
Nuage radioactif
d'un essai atmosphérique
Chaîne
alimentaire
Irradiation
externe
Retombées pluies
Inhalation
(Irradiation
interne)
Ingestion
(Irradiation
interne)
Lait
Mururoa
Sol
Eau
F IG . 40. - Voies de transfert simplifiées des radionucléides dans l’environnement, depuis leur libération lors
d’une explosion nucléaire jusqu’aux produits des chaînes alimentaires conduisant à l’Homme.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 76
Les principaux transferts au sein des biotopes et biocénoses sont sommairement rappelés
dans ce chapitre afin de faciliter la compréhension du choix des indicateurs surveillés dans l’environ-
nement (cf. Chapitre III) et d’apprécier les risques pour les travailleurs des sites d’expérimentations
et pour les populations vivant en Polynésie (cf. Chapitres VI et VII).
Lors des essais atmosphériques, dès la formation du nuage radioactif stabilisé, les radio-
nucléides subissaient un processus de dispersion qui, suivant leur trajectoire et leur période
radioactive, pouvait les amener à intégrer les différentes composantes de l’environnement. Deux
classes de trajectoires du nuage étaient alors envisagées, celles provoquant la dispersion des
radionucléides dans la troposphère et celles contribuant à leur dissémination dans la stratosphère.
II.3.1.1 - TRAJECTOIRES
• Un nuage principal suivait, à basse altitude sous l’effet des alizés, une trajectoire initiale vers
l’ouest, s’inversant vers l’est du fait de la circulation d’ouest en est aux plus hautes altitudes.
• Des nuages secondaires se détachaient rapidement du nuage principal et se dispersaient vers le nord,
entre les différents noyaux anticycloniques. Leurs trajectoires conduisaient à des retours de masses d’air
contaminées vers l’ouest, ou favorisaient le passage des radionucléides de l’hémisphère Sud vers
l’hémisphère Nord, dans le cas où des conditions météorologiques favorables à ces transferts existaient
au nord de l’équateur (dépressions, moussons).
Dans le cas des essais souterrains, les éventuels rejets atmosphériques à la surface du
platier, ou des eaux du lagon, lors des opérations de post-forage concernaient les couches les
plus basses de la troposphère et leur dispersion dépendait essentiellement des conditions
météorologiques locales au sol, en particulier de l'influence des alizés.
Altitude en km
40
Les essais en altitude ont conduit à
30
réduire drastiquement la fraction des parti- 26
24 9 9
cules les plus lourdes lors de l’explosion et 22 18 18
à limiter l’injection dans la stratosphère aux 20 27 37
particules extrêmement fines. Le passage
18 37
aux essais sous ballon a donc eu pour consé- 55
27
quence de limiter les retombées tant locales Tropop
ause
37 37
16
que régionales en Polynésie comme cela est
décrit dans les paragraphes suivants. En 27
fonction de l’altitude de leur injection dans 14
l’atmosphère, le temps de résidence des
e
paus
55
produits radioactifs changeait d’échelle ; de
o
18
Trop
quelques jours à un ou deux mois dans la
12 9
troposphère, le temps de résidence variait
pour les essais sous ballon de plusieurs
mois à un ou deux ans dans la stratosphère. 9
Tro
p
op
au
se
10
D’une manière générale, les débris radioactifs résultant d’essais nucléaires atmosphériques
se répartissaient entre la surface du sol et/ou de l'eau des sites d’expérimentations et les
compar timents troposphérique et stratosphérique, en fonction du type, de l’altitude et de l’em-
placement des essais, ainsi que de l’énergie dégagée lors des explosions. Les débris sédimentant
sous forme de particules vers la surface de la Terre sont appelés retombées atmosphériques.
• Les retombées locales pouvaient représenter jusqu'à 50 % des retombées produites dans
le cas des essais pratiqués à faible altitude et au sol (cette proportion a été moindre dans le
cas des essais français). Elles se composaient des matières radioactives particulaires qui
se déposaient dans un rayon d'environ 100 km autour du site d'essai.
• Les retombées troposphériques se composaient d’aérosols de plus petit diamètre se
déposant après un temps de séjour moyen de 30 jours. Au cours de cette période, les débris
se dispersaient dans une bande de latitude centrée sur celle où ils avaient été injectés, en
suivant des trajectoires régies par le régime des vents. Du point de vue de l'exposition, les
retombées troposphériques dominantes étaient celles impliquant les radionucléides ayant une
période de quelques jours à deux mois comme 131 I, 140 Ba et 85 Sr.
• Les retombées stratosphériques, qui formaient une grande partie des retombées totales,
donnaient lieu, ultérieurement, aux retombées mondiales. Les retombées stratosphériques
étaient à l'origine de la majeure partie des résidus mondiaux en 238 Pu, 239 Pu et 240 Pu ainsi
que des produits de fission de longue période, comme le 137 Cs et le 90 Sr.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 78
Les prévisions des retombées des essais atmosphériques susceptibles de conduire à des
dépôts étaient établies à l'aide d'un modèle mathématique décrivant le nuage initial stabilisé sous
la forme de trois cylindres coaxiaux représentant la tête, la jupe et le pied d'un nuage nucléaire
(Fig. 28). Les rayons et hauteurs des cylindres dépendaient de l’énergie de l’essai et de l’état de
l’atmosphère. L'activité des cylindres était calculée en adoptant la loi de distribution de la radio-
activité en fonction de l’altitude réduite Z/Zs décrite précédemment pour le nuage stabilisé (Fig. 29).
La distribution de l'activité de l’ensemble des particules contenues dans les cylindres était ensuite
modélisée, suivant le type d'engin expérimenté, et l’évolution de l’activité au cours du temps pouvait
être calculée. Pour ce faire, les cylindres décrivant le nuage initial étaient décomposés en un
empilement de tranches horizontales (10 à 30 selon l’énergie), de quelques centaines à un millier
de mètres d’épaisseur chacune. Chaque tranche était ensuite dupliquée pour décrire le comporte-
ment de chacune des classes de particules associées au nuage. Chaque classe de particules
était caractérisée par une vitesse de chute spécifique. La distribution de particules radioactives
comportait jusqu’à 50 classes, réparties dans 20 tranches différentes, de sorte que le nombre de
tranches de particules à traiter était de l’ordre du millier (Fig. 43).
Le transport des particules était ensuite simulé par le déplacement des tranches de particules
jusqu’à leur point de chute, sous les effets combinés des vents (direction et vitesse) et de la
gravité (vitesse de chute). Les calculs étaient réalisés pour un réseau de cellules d'une centaine
de kilomètres de côté et d’une hauteur de quelques centaines à un millier de mètres. Les effets
de la diffusion turbulente étaient modélisés en appliquant une loi de dilatation horizontale à la
tranche de particules, à son arrivée à la surface du sol ou de l'eau. L’expansion de chaque
tranche de particules était exprimée par le calcul de son rayon à l'instant de son arrivée à la surface
(R t ), au moyen de la formule suivante :
R t = R 0 + 2,4.t
avec :
R 0 le rayon initial et t la durée du déplacement de chaque tranche de l’explosion jusqu’au contact avec
la surface du sol ou de l'eau.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 80
R0
Rt
Surface
n tranches correspondant aux classes
granulométriques des particules
F IG. 43. - Principe du code de calcul opérationnel utilisé pour réaliser les prévisions des retombées en Polynésie.
Les cartes prévisionnelles des activités volumiques et surfaciques, des débits de dose en
fonction du temps étaient réalisées en additionnant, en un grand nombre de points, les contributions
de l'ensemble des tranches de particules. Des courbes étaient tracées pour estimer les niveaux
des retombées, en fonction du temps et de l’espace :
• les courbes d'iso-débit de dose, donnant la prévision du débit de dose maximal, en différents
points suivant le déplacement du nuage ;
• les isochrones, donnant l'heure d'arrivée des retombées au sol.
Afin de comparer les prévisions au cours du temps, les contours des retombées étaient
exprimés par les activités et les débits de dose des produits de fission du mélange, ramenés, par
convention, 1 heure après l’essai (H+1). La valeur réelle du débit de dose, au moment des retombées,
pouvait être calculée en chaque point, en corrigeant la valeur de la courbe par la décroissance
radioactive en t -1,2 , entre H+1 et l'heure d'arrivée de la retombée qui était donnée par l'isochrone.
L’accumulation des radionucléides par les organismes vivants peut se faire par l’intermédiaire
de différents vecteurs : l’air et les aérosols, l’eau et les MES, les sols et sédiments, ainsi que par
leur nourriture. Deux phénomènes sont impliqués dans l’accumulation des radionucléides par les
organismes vivants : l’adsorption et l’absorption (Fig. 44). L’adsorption conduit à un marquage
externe de l’organisme (surface des feuilles, des coquilles, etc.). Au contraire, l’absorption correspond
au passage des radionucléides à travers les membranes biologiques. Leurs voies de pénétration
dans les organismes sont pulmonaires, branchiales, tégumentaires (absorption directe à partir de
l’eau) et digestives (absorption suite à l’ingestion de nourriture contenant des radionucléides). Les
radionucléides sont ensuite véhiculés, par la sève chez les végétaux et par le sang chez les animaux,
entre les différents organes par des mécanismes de translocation. Ils peuvent alors se concentrer
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 82
dans des organes ou tissus cibles (fruit, graine, muscle, glande digestive, squelette, etc.) de
façon variable suivant leur forme physico-chimique et en fonction du métabolisme de l’organisme.
Désorption
Adsorption
Ingestion
Accumulation
Absorption Élimination
branchiale
Excrétion Excrétion
branchiale
Absorption
Fig. 44. - Principaux mécanismes conduisant à la contamination des organismes marins par des radionucléides
d’origines naturelle et artificielle.
L’accumulation des radionucléides résulte d’un bilan positif entre les mécanismes d’incor-
poration (contamination) et de désorption (décontamination), en tenant compte de la décroissance
de l’activité, fonction de la période radioactive des radionucléides considérés. Pour chaque
organisme vivant, la cinétique de la décroissance de l’activité d’un radio nucléide particulier peut
être appréciée à l’aide de la période effective (T e), calculée par la formule suivante :
T e = (T b . T p) / (T b + T p)
avec :
T p : la période radioactive du radionucléide considéré ;
T b : la période biologique qui est le temps nécessaire pour qu’un organisme ou un organe perde la
moitié de son activité pour le radionucléide considéré.
Cette valeur T e sera précisée pour les différents radionucléides, dans les chapitres IV et
V présentant les résultats de la surveillance environnementale des organismes vivants, afin d'être
comparée à la valeur de leur période radioactive (T p).
Le transfert des radionucléides aux organismes vivants affecte en premier lieu les pro-
ducteurs primaires (plantes), puis les organismes herbivores. Ainsi, intégrés aux premiers maillons
des réseaux trophiques, les radionucléides pourront éventuellement être transférés aux niveaux
trophiques supérieurs. L’activité de la plupart des radionucléides décroît au fur et à mesure que
l’on s’élève dans les niveaux trophiques, des producteurs photosynthétiques aux herbivores, puis
aux carnivores. Les mécanismes en jeu dans ces transferts sont nombreux. Des modèles ont été
mis au point à partir des résultats de travaux expérimentaux menés en laboratoire et d'observations
sur le terrain représentatives du fonctionnement des écosystèmes terrestres et marins, afin d’évaluer
la répartition spatio-temporelle des radionucléides dans les différents compartiments physiques et
biologiques.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 83
Les radionucléides peuvent intégrer les végétaux directement, par voie foliaire, et indirec -
tement, après dépôt sur le sol, par voie racinaire. Les radionucléides absorbés à travers l’épiderme
foliaire ou racinaire font ensuite l’objet de mécanismes de translocation, au sein du végétal, qui les
redistribuent dans des organes initialement exempts de toute activité. La translocation peut conduire
à l'accumulation de certains radionucléides dans des organes particuliers. Par exemple, il a été
observé dans les îles du Pacifique que le 137 Cs est systématiquement à des niveaux d'activité
massique plus élevés dans le coprah que dans le lait issu des mêmes noix de coco (cf. Chapitre IV).
Comme pour les sols, à la suite des essais atmosphériques, l’activité surfacique des
plantes résultait de dépôts secs ou humides lors des pluies. La biomasse et les caractéristiques
du feuillage des végétaux, au moment du dépôt, définissent la valeur du facteur d’interception (µ en
m 2 .kg -1 sec) des radionucléides. Pour l’herbe, la fraction initiale (f) interceptée au moment du
dépôt était calculée généralement de la manière suivante :
f = 1 - e -µ.B
avec: B le rendement de la biomasse des parties aériennes des plantes en kg.m-2 (exprimé en poids sec).
Rt
(eTet) dt
a
Le facteur de translocation est égal à 1 lorsque la partie consommable est constituée par
la masse foliaire des légumes-feuilles, comme la salade. Il se situe entre 0,1 et 0,15 pour les
autres légumes-racines.
Les radionucléides initialement déposés sur le sol par les retombées peuvent également
être transférés aux végétaux par voie racinaire. L’intensité de ces transferts racinaires dépendait
du radionucléide, de l'espèce végétale et du type de sol (granulométrie, structure, composition
organique, teneurs en éléments stables, pH, concentrations en acides humiques et fulviques et
des amendements agricoles pratiqués). Le principal facteur régissant la biodisponibilité des radio-
nucléides est leur solubilité dans la phase liquide des sols.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 84
Ainsi, les végétaux n’absorbent par voie racinaire qu’une très faible fraction des actinides
présents dans les sols. Les facteurs de transfert racinaire se situent entre 10-3 et 10 -6, du neptunium
à l’américium, au curium et au plutonium.
L’intensité des transferts racinaires est appréciée à travers les valeurs du facteur de transfert
racinaire (F r ), définit comme le rapport entre l’activité massique du végétal (A v en Bq.kg -1 ) et celle
du sol (A s en Bq.kg -1 sol sec), considérée comme homogène et constante pendant la durée de
croissance du végétal. À partir du dépôt, la fraction de l’activité d’un végétal due aux transferts
racinaires est calculée en utilisant la formule suivante :
Av = Fr x As
Interception foliaire
Dépôt foliaire
(Sec - humide)
Absorption foliaire
Accumulation
Translocation
Exportation
(Produit agricole)
Lavage
Remise en suspension
Défoliation
Translocation
Dépôt au sol
(Sec et humide)
Érosion
Léssivage
Décomposition
Accumulation Migration
Infitration
Absorption
racinaire
Exportation
(Produit agricole)
Exorption
Fig 45. - Schéma des principaux mécanismes en jeu lors de la contamination des sols et des végétaux
terrestres par des retombées atmosphériques.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 85
Les radionucléides présents dans les végétaux peuvent être transférés aux espèces
herbivores par ingestion. Après absorption, les radionucléides véhiculés par le sang sont distribués
dans tout l’organisme, d’où ils peuvent être éliminés rapidement, ou se fixer et s’accumuler dans
certains organes cibles. Ainsi, les iso-
topes de l’iode se fixent dans la
T ABLEAU 9.
thyroïde, ceux du césium dans les
Valeurs de facteurs de transfert (jour.kg -1 frais) aux principales
muscles et ceux du plutonium dans le productions animales de différents radionucléides.
foie. Ils se concentrent également
dans les productions animales, par Production Américium
Iode Césium Strontium
exemple, l’iode dans le lait, le chlore animale Plutonium
dans les oeufs, etc. Lait bovin 1.10 -2 5.10 -2 2.10 -3
1.10-5
Le facteur de transfert aux pro- -1 -1 -2
Lait ovin 3.10 1.10 5.10 1.10-4
ductions animales est le rapport entre
Viande bovine 3.10-3 5.10-2 8.10-3 2.10-4
la concentration du radionucléide dans
-3 -1 -2
un produit animal (Bq.kg-1) et sa concen- Viande ovine 6.10 3.10 4.10 1.10-3
tration dans la ration de l’animal Viande porc 4.10-3 2.10-1 4.10-2 1.10-3
-1
(Bq.jour ). Ce facteur est en général -1 -2
Viande volaille 2.10 5 4.10 1.10-1
inférieur à 1, ce qui signifie qu’il y a Oeufs volaille 3 5.10-1 3.10-1 9.10-3
toujours dilution de l’activité à chaque
niveau du réseau trophique ou de la
chaîne alimentaire conduisant à
l’Homme (Tableau 9).
Fc = A p / A em
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 86
Dépôts
(sec et humide)
Absorption
Dispersion Advection
Absorption
Adsorption Plancton
Matières en suspension
Sédimentation
Herbivore
Migration
Bioturbation
Accumulation
Mollusque
bivalve
Terme «puits»
Fig 46 - Schéma des principaux mécanismes de transfert des radionucléides en domaine marin.
En général, les facteurs de concentration à l’équilibre sont d’autant plus faibles que le
niveau d’organisation cellulaire de l’organisme considéré est élevé. Les Fc les plus élevés sont
observés chez les espèces appartenant aux producteurs primaires, phytoplancton, algues benthiques
brunes en particulier, avec des Fc supérieurs à 1 000 pour la plupart des radionucléides. Ces
valeurs soulignent l’importance des algues dans le transfert des radionucléides aux niveaux
supérieurs des réseaux trophiques. Ainsi, les mollusques filtreurs se nourrissant essentiellement de
plancton et de MES, comme le bénitier ou la nacre, incorporent rapidement les radionucléides
présents dans les masses d'eau. Il en va de même pour le turbo ou le troca, qui sont des mollusques
brouteurs du tapis algal se développant sur les substrats coralliens.
C'est pourquoi, depuis la mise en place d’une surveillance radiologique de l’environnement
marin en Polynésie, devant la difficulté à collecter des masses suffisantes d'algues pour la mesure,
ces espèces de mollusques sont utilisées comme des bioindicateurs, sentinelles de la variation
éventuelle des niveaux d'activité des eaux de mer. En outre, ils accumulent un grand nombre de
radionucléides au niveau de leur hépatopancréas, par translocation, et par adsorption directe sur
leur coquille, à partir de l’eau de mer. Les valeurs de Fc associées sont élevées. Ainsi, l'AIEA
recommande l’utilisation d’un facteur 500 000 pour le fer, 20 000 pour le cobalt et 3 000 pour
le plutonium, afin d’estimer leur transfert à partir de l’eau de mer.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 87
En règle générale, les Fc associés aux différents radionucléides sont d’autant plus élevés que
l’élément est essentiel du point de vue biologique, comme le zinc et le manganèse qui sont des
activateurs de nombreux enzymes et des constituants des métalloprotéines (Tableau 10).
T ABLEAU 10.
Valeur recommandée pour les valeurs de Fc utilisées pour estimer les niveaux de contamination
de différentes familles d’organismes marins à partir de l’activité volumique des eaux de mer
(AIEA - Tec Report n°422).
II.4 - CONCLUSION
Une explosion nucléaire libère, en un temps très court, un grand nombre de radionucléides
aux caractéristiques physico-chimiques différentes. Dans le cadre des essais nucléaires, l’ensemble
de ces radionucléides formaient un mélange initial caractéristique, dont l’activité bêta globale
diminuait suivant la période radioactive de chaque isotope radioactif. Les radionucléides générés par
ces explosions étaient majoritairement caractérisés par des périodes radioactives courtes qui les
amenaient à disparaître très rapidement.
Lors des essais atmosphériques, les radionucléides caractérisés par les périodes radio-
actives les plus longues ont été dispersés au cours du temps, au sein des différentes composantes
de l'environnement, où différents facteurs naturels ont modifié leur répartition théorique initiale.
Ainsi, lors des quatre essais atmosphériques sur barge, les radionucléides ont principalement été
émis dans la troposphère, les eaux de mer et les sédiments du lagon. Par la suite, les essais atmo-
sphériques sous ballon générant des particules plus fines, de taille inférieure à 50 µm, les radio-
nucléides associés à ces particules ont été injectés dans la stratosphère, limitant ainsi les retombées
locales à la surface des eaux de mer et des sols polynésiens.
Les essais souterrains ont conduit au confinement initial de la plus grande partie des
radionucléides au sein des cavités-cheminées formées par les explosions. Les transferts à la
biosphère via l'atmosphère ont donc été très limités et localisés à l’environnement des sites
expérimentaux. Cependant, les radionucléides ayant les périodes radioactives les plus longues piégés
dans les laves, restent une source potentielle d'émission vers la biosphère, en particulier en cas de
rupture du confinement.
Chap. 2VF-06.12.06:Chap. 2 12/01/07 11:27 Page 88
II.5 - BIBLIOGRAPHIE
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Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 89
CHAPITRE III
Matériels et méthode
de la surveillance radiologique
L’approche adoptée dès 1966 par les expérimentateurs du CEP pour la protection de
l’Homme et de l’environnement a consisté à modifier les modalités des essais afin de réduire les
retombées sur les atolls polynésiens (cf. Chapitre II). Elle a été confortée dans les années 1970,
par les recommandations édictées par la Commission internationale de protection radiologique
(CIPR). À cette date, la CIPR avait conclu que comme la protection de l'Homme contre les rayon-
nements avait pour objectif de maintenir le risque d'exposition pour les personnes à un niveau
très faible, cela devait maintenir les niveaux de rayonnements dans l’environnement suffisamment
bas pour que les autres espèces tant végétales qu’animales soient toujours protégées. Cette
conclusion était formulée au paragraphe 14 de la Publication 26 (CIPR, 1977) : «Bien que le principal
objectif de la protection contre les rayonnements soit la mise en œuvre et le maintien de conditions
de sécurité appropriées pour les activités impliquant une exposition de l'Homme, il est probable que
le niveau de sécurité nécessaire pour assurer la protection de tous les individus du genre humain
convient également pour protéger les autres espèces, sinon nécessairement tous les individus
de ces espèces. La Commission pense donc que si l'Homme est protégé de manière adéquate,
d'autres êtres vivants sont aussi susceptibles d'être suffisamment protégés».
Au fil des ans, la CIPR a produit un grand nombre de recommandations au sujet de divers
aspects de la protection radiologique de l'être humain qui ont été transposées en droit européen et
français et donc appliquées au CEP, en particulier celles qui traitent de la surveillance et du contrôle
radiologiques. Aujourd’hui, les principes de base des recommandations de la CIPR ne traitent
toujours pas spécifiquement de la protection de l'environnement. La position actuelle, comme celle
du passé, est exposée au paragraphe 16 de la Publication 60 (CIPR, 1991) : «La Commission
pense que le niveau de maîtrise de l'environnement nécessaire pour protéger l'Homme à un degré
estimé aujourd'hui comme valable permettra aux autres espèces de ne pas être en danger [...]
Pour le moment, la Commission ne s'intéresse à l'environnement qu'en tant que vecteur des
radionucléides vers l'Homme, puisque ceci affecte directement la protection radiologique des
êtres humains».
La protection de l’Homme étant l’objectif primordial, ce chapitre décrit l’organisation pratique
de la surveillance radiologique des atolls d'expérimentations pour assurer la protection des travailleurs
et celle des populations vivant sur le territoire polynésien. Les indicateurs associés à la localisation
des îles et atolls surveillés, ainsi que les méthodes de prélèvement des échantillons et les protocoles
de mesures des radionucléides utilisés sont également présentés.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 90
• connaître, à tout moment, les niveaux représentatifs de la radioactivité d’origine artificielle des
différentes composantes de l’environnement ;
• estimer la composante dosimétrique associée aux niveaux d’activité des radionucléides
d’origine artificielle mesurés. Depuis l’arrêt des essais atmosphériques, cette composante est
essentiellement associée à l’exposition interne, par ingestion d’aliments contenant des
radionucléides issus des dépôts historiques.
Pour satisfaire ces objectifs, des échantillons représentatifs des différentes composantes
physiques (biotope) et biologiques (biocénose) de l'environnement doivent être prélevés, en
association avec ceux de la ration alimentaire de la population vivant en Polynésie.
La surveillance radiologique des biotopes concerne l’atmosphère, l’hydrosphère et la géo-
sphère. L’atmosphère est caractérisée par des prélèvements d’aérosols et d’eau de pluie ; le
domaine terrestre par des prélèvements d'échantillons de sols et d'eaux de source et de rivière ;
le domaine marin par des échantillons d'eaux de mer, des lagons et de l’océan, de matières en
suspension (MES) et de sédiments.
L’ensemble des espèces présentes dans les différentes biocénoses ne pouvant toutes
être échantillonnées dans le cadre d'une surveillance radiologique, un choix doit être fait. Cette
sélection des espèces, tant végétales qu’animales, nécessite une bonne connaissance de l’écologie
des sites surveillés. Sur les atolls polynésiens, et en particulier ceux de Mururoa et de
Fangataufa, les prélèvements d’indicateurs biologiques ont été réalisés dans le milieu terrestre
(îlot ou motu) et dans le milieu marin (lagon et océan). Les indicateurs biologiques sélectionnés
devaient répondre à un ou plusieurs des critères suivants :
Les modalités de la surveillance radiologique justifiées par les activités menées au CEP ont
évolué au cours du temps, en fonction des conditions des essais. Deux périodes doivent être
considérées.
La première de 1966 à 1974, est celle des essais atmosphériques. Deux types de
contribution de radionucléides dans l'environnement peuvent alors être distingués, les apports
correspondant aux essais sur barge et ceux liés aux essais sous ballon. Durant cette période, la pré-
occupation majeure sur les sites, était de garantir la sécurité des expérimentateurs qui circulaient sur
le lagon, effectuaient des travaux sous-marins, utilisaient et consommaient l'eau en provenance des
bouilleurs des bateaux présents dans le lagon. Concernant les populations polynésiennes, la pré-
occupation était de vérifier que l’exposition due aux retombées des essais restait bien inférieure aux
limites annuelles définies dans la réglementation. Dans les deux cas, il s'agissait de poursuivre un
objectif de radioprotection en vérifiant qu’il n’y avait pas d’accumulation des radionucléides au
cours du temps au-delà des concentrations maximales admissibles.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 92
La deuxième période, de 1975 à 1996, est celle des essais souterrains. Elle est caractérisée
par des apports d'activité quasi inexistants dans la biosphère et limités à l'environnement des lagons
des atolls d'expérimentations. L’objectif principal de la surveillance radiologique, outre les aspects de
radioprotection, était également de vérifier le bon confinement des radionucléides au sein du massif
géologique. La radioactivité artificielle du lagon ayant décru rapidement après l'arrêt des essais
atmosphériques, il s'agissait de suivre l'évolution à la baisse de l’activité des radionucléides à
l’état de traces. Les techniques de prélèvement et de mesure ont été adaptées à cet objectif. Un
suivi radiologique de type environnemental à des niveaux d’activité très faibles a été mis en place
afin de détecter un relâchement éventuel de radionucléides à partir des cavités souterraines.
Dès 1962, des missions hydrographiques ont dressé une carte précise des atolls. Sur la
bande corallienne, les points précis ayant servi aux relevés topographiques, ont emprunté leurs
noms à ceux de fleurs, oiseaux, prénoms féminins, ainsi qu’à des éléments de l'alphabet phonétique
international. Ces noms ont ensuite servi à désigner les zones entourant ces points.
Pour les besoins des essais souterrains sous les lagons, un système complémentaire de
repérage de la partie sous-marine a été défini sous la forme d'un quadrillage de mailles de 500
mètres par 500 mètres, dont la position est précisée par des noms d'animaux marins en abscisse
et des chiffres en ordonnée (Fig. 47).
Dans certains cas, les appellations d’installations techniques caractéristiques ont été
substituées au nom du lieu sur lequel elles étaient implantées. C’est le cas, à Mururoa, pour :
L'ensemble de ces repères a été utilisé pour positionner les points zéro des essais, les
zones faisant l’objet d’un suivi et les stations de surveillance de l'environnement.
55 56
PEA
55 56
39 40 PEE Empereur N 39 40
53 54
51 52 N Colette Denise a 53 54
51 52 37 38
Passe b 37 38
ra Pingouin BPV
49 50 Do 49 50
35 36 Kilo 35 36
47 48 Brigitte ith 47 48
Ed e 33 34 Manchot
45 46 ois 45 46 33 34
nç
43 44 Canon Fra 43 44
31 32 31 32
41 42
élia
41 42
m Pavillon
39 40
Ca e e 39 40
29 30 PEA 29 30
Aline lèn e nn
Hé Irèn Jea
37 38 37 38 Alpha
35 36 35 36 27 28 Frégate 27 28
33 34
Kathie 33 34
25 26 25 26
31 32 Passe Lea 31 32
Motu aux
29 30 Martine 29 30 23 24 23 24
oiseaux
27 28 27 28
21 22 21 22
25 26 25 26
23 24
Giroflée Anémone PCT 23 24 19 20 19 20
21 22 Nic 21 22
17 18 Fox 17 18
PEA Grue ole
ss ia
19 20 19 20
Ode
ca ns
e
17 18 tte 17 18 15 16 Hélène 15 16
Dindon
Bé rte
15 16 An 15 16
Ho
DRAGON
GORGONE
HIPPOCAMPE
ISURUS
JANIE
KRILL
LABRE
NERITE
ORQUE
REQUIN
UMBRE
VERMET
XENIA
YELLOWFIN
ZEBRASOMA
ZOOPLANCTON
APRION
ABALONE
CRABE
EXOCET
FLET
PIEUVRE
SCALAIRE
TAZARD
WHALE
ZANCLUS
ASTERIE
BARRACUDA
PORCELAINE
BIGORNEAU
ZIERLIANA
CERITHE
TROQUE
FUSEAU
VOLUTE
LIMNÉE
NATICE
MITRE
ARCA
F IG. 47. - Repères géographiques utilisés lors des essais aériens et souterrains, et dans le cadre de la sur-
veillance environnementale des sites de Mururoa (a) et Fangataufa (b).
Durant la période des essais atmosphériques, les appareils de prélèvement d'aérosols, dont la
finalité est de participer à la radioprotection du personnel, sont placés dans les zones où celui-ci était
temporairement présent, dans les Postes de contrôle radiologique (PCR) terrestres ou embarqués sur
les bateaux. Pendant l’essai, le personnel était évacué des sites d’expérimentations (cf. Annexe 4).
Dans les lagons, les niveaux d’activité volumiques atteints par les eaux contaminées par
l’essai permettaient leur localisation géographique rapide. Ainsi, le jour de l’essai, et dans certains
cas les jours suivants, une cartographie de la radioactivité du lagon était dressée à partir de
mesures directes du débit de dose, au-dessus de la surface de l'eau, avec une chambre d'ionisation.
Parallèlement, une première mission héliportée, dite RAD 1, prélevait un échantillon d’eau de mer à
l'aplomb du point zéro. La décroissance de cet échantillon était suivie par des mesures répétitives
en laboratoire, identifiant la contribution des différents produits de fission et d'activation. Les jours
suivants, des cartographies du lagon étaient réalisées à partir de missions de reconnaissance utilisant
un détecteur d'iodure de sodium tracté au bout d'un câble. Lorsque l’activité était proche de la
limite de détection de l’équipement, la cartographie était réalisée à partir d’échantillons prélevés
dans les différents secteurs du lagon et mesurés en laboratoire. Ces cartes, qui étaient utilisées
pour décider du retour du personnel sur site, sont présentées dans l’annexe 3 pour chaque essai.
Durant la période des essais souterrains, bien que les rejets attendus de radionucléides
dans l’environnement devaient être très faibles, un dispositif permanent de surveillance de la radio-
activité a été maintenu pour garantir la protection du personnel qui restait sur l’atoll (cf. Chapitre II). Les
premières années, il était composé de :
N
a 1 CI
1 anémomètre - girouette
0 5 km 1 APA 100
1 bac - 6 coupelles 1 CI
1 Film - 2 FLi Denise 1 anémomètre - girouette
1 bac - 6 coupelles
Françoise 1 Film - 2 FLi
Camélia
1 CI
Passe 1 anémomètre - girouette Kathie
1 bac - 6 coupelles
1 CI 1 Film - 2 FLi
1 anémomètre - girouette 1 CI
1 APA 100 P.C. GOEN
1 CI Anémone
1 anémomètre - girouette
Giroflée 1 APA 100 PCT
1 bac - 6 coupelles
Dindon 1 Film - 2 FLi
1 CI
1 bac - 6 coupelles
1 Film - 2 FLi
Viviane Dahlia
Faucon Fuchsia
ZONE D’ESSAI
Zoé 4 CI aux quatre points cardinaux
1 APA 100 3 CI réseau gaz
1 bac - 6 coupelles 2 CI PEM
1 CI
1 Film - 2 FLi 1 APA 100
1 anémomètre - girouette
16 bacs - 96 coupelles
16 Films - 32 FLi
1 bac - 6 coupelles N
CI : chambre d'ionisation (mesure du débit de dose par télémesures) b Empereur
1 Film - 2 FLi
Terme Sud
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 95
Lors des essais souterrains sous le lagon, le dispositif de surveillance était basé sur la
mesure de la radioactivité près du point zéro et sur celle du débit de dose sur la barge d’enre-
gistrement mesures (BEM) où étaient mis en place :
De même, lors des opérations de post-forage réalisées après chaque essai pour recueillir
des échantillons dans la cavité-cheminée, la surveillance spécifique du point zéro sur la couronne
était assurée par des chambres d'ionisation positionnées au point de forage, sur la zone de rejet des
boues de forage. Un shelter, situé à proximité du chantier de forage, abritait les équipements
centralisant les informations radiologiques et celles concernant la toxicité et l'explosibilité des gaz.
Une cabine vestiaires-douches était implantée à l'entrée de la zone contrôlée du chantier de forage.
En off shore, la barge de forage et de manutention (BFM) et la plate-forme de forages pour
tir sous lagon (Tila) disposaient d'un équipement équivalent pour suivre les niveaux de radioactivité et
détecter la présence de gaz explosifs. Les signaux des différents capteurs étaient regroupés
dans une Cabine de mesures radiologiques (CMR) équipée d'un tableau de contrôle des radiations
(TCR). Toutes les informations des capteurs radiologiques et des détecteurs de toxicité chimique
des gaz et de leur explosibilité, qui étaient implantés sur la barge de forage, aboutissaient au
TCR. Les informations des deux capteurs fixés sur la tulipe de la tête de puits du Forage grand
diamètre (FGD) et sur le toit de la CMR, étaient retransmises au TCR et au Poste de commande
de tir (PCT). En cas de fuite de gaz au niveau du puits de l'essai, celui-ci pouvait être coiffé d'une
cloche, rigide ou souple, qui permettait de confiner temporairement les gaz, d’en quantifier les
volumes et la radioactivité.
Au niveau de la plate-forme de forage, comme pour le dispositif terrestre, les capteurs
radiologiques et ceux des gaz explosifs ou toxiques (H 2 , CO, CO 2 , CH 4 ) étaient implantés sur le
plancher de forage, sur le dispositif de retour des boues du forage, sur la tête du puits du post-
forage, sur l'aire de dépotage, etc. Un circuit de prélèvements atmosphériques permettait de
surveiller l’ensemble des installations de la barge de forage.
En dehors du réseau installé lors de la réalisation d’un essai, les modalités de fonctionnement
du réseau permanent de suivi de l'environnement, en particulier pour la surveillance des eaux
marines, ont évolué au cours du temps, tout en restant très proches de celles définies en 1985,
à savoir :
De plus, deux profils océaniques du tritium (eau tritiée, HTO), en fonction de la profondeur,
ont été réalisés, en 1988, à l’est et à l’ouest de Mururoa ; ainsi qu’un profil vertical océanique, en
1993, analogue à celui effectué au large de Tahiti.
Pour les sols, un bilan de la radioactivité résiduelle a été réalisé à Mururoa, en 1992, à
partir de prélèvements de surface sur les deux premiers centimètres du sol, effectués selon un
maillage de 100 m de côtés, les carottages allant jusqu'à 42 cm de profondeur (Fig. 49).
SECTEUR NORD
5 prélèvements en surface
N
Camélia
Kathie
Martine
Anémone
Nicole
Bleuet
SECTEUR EST
Simone 80 prélèvements
Viviane
Ursula Thérèse en surface
Dahlia
6 carottages
F IG . 49. - Localisation des
SECTEUR SUD
zones de prélèvement et du
SECTEUR OUEST - zone Faucon 9 carottages nombre d'échantillons de sol
0 5 km
14 prélèvements en surface prélevés par secteur, en
15 carottages
1992, sur l’atoll de Mururoa.
Ces critères ont conduit à sélectionner différentes îles représentatives des 5 archipels et
à les intégrer au réseau de surveillance radiologique du territoire polynésien. Ainsi, pendant toute
la période des essais atmosphériques, des mesures étaient réalisées en continu par différents
dispositifs complétés par des mesures en laboratoire d’échantillons environnementaux et de la
chaîne alimentaire.
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Ce réseau couvrait l’ensemble du territoire de la Polynésie française avec des PCR, à terre
ou embarqués à bord des navires. Les moyens de contrôle les plus complets (PCR et PCB)
étaient implantés dans les îles ou atolls habités les plus proches des sites d’expérimentations
(Tureia, Reao, Gambier) et ceux plus éloignés comme Tahiti (Société) en raison de l’importance
de sa population ainsi que ceux des Marquises et des Australes, comme références (Fig. 50).
ARCH
Nuku Hiva
Poste de Contrôle Radiologique (PCR permanent)
Hiva Oa
Poste de Contrôle Radiologique (PCR campagne)
IP
Poste de Contrôle Biologique (PCB) L
E
10˚ S 10˚ S
DE
Poste de Surveillance Radiologique (PSR A) S
MAR
Poste de Surveillance Radiologique (PSR B) QUISES
Poste de télémesures
ARC
HIP
EL Puka Puka
Rangiroa DE
ARCHIP
EL Takaroa S
15˚ S DE 15˚ S
TU
LA Makemo AM
Bora Bora Huahine
S O
Raroia TU
O
Mahina
Raiatea
C
Hao
IÉ
Papeete
TÉ
Reao
Taravao Anaa
Moorea TAHITI Hikueru Vairaatea
Hereheretue Ahunui
20˚ S 20˚ S
Vanavana Tureia
Tematangi Matureivavao
Anuanurunga
Maria Marutea
Sud
ARCHIPEL MURUROA
DE FANGATAUFA
S
Rimatara Morane
AU Tropique du Capricorne
S Îles
T Mangareva Gambier
R
A
Raivavae L
E
S
25˚ 25˚ S
Rapa
0 200 km
Lors des premières années des essais atmosphériques, dans les lieux inhabités et sur
mer, des télémesures (réseau TLM et des lignes de bouées de type Antoinette) rendaient compte
du passage éventuel du nuage radioactif et du niveau de l’activité déposée à la surface du sol ou
des eaux. Le réseau complet de bouées était constitué de 5 lignes :
K
de l'essai, certaines lignes de bouées
E
1 Z 1 Matureivavao
E
OU
2
X -
pouvaient être supprimées. À titre 1 2 Marutea Sud
LOU
MURUROA 3
U
2 3
Tematangi
LO
d’exemple, pour l'essai mégatonnique 4
R AY
22° S 3 4 22° S
PRIME
U
Maria
Canopus du 24 août 1968, la ligne la plus 4
FANGATAUFA
proche du point zéro, Zoulou, avait été
Iles GAMBIER
mise en place avant l’essai et les autres 23° S 23° S
Morane
après l'essai, en tenant compte des 140° W 138° W 136° W 134° W
• des PCR à terre à Tureia, Reao, Totegegie (îles Gambier), Hao et Tahiti (station permanente
de Mahina) ;
• des PCR embarqués sur les navires E.V. Henry, Rivière, Protet, Paimpolaise, Lorientaise et
BCB Marara ;
• des PSR à Taravao (Tahiti), Bora Bora, Rangiroa, Makemo, Hiva Oa, Hereheretue, Raivavae,
Tubuai ;
• un réseau de balises de télémesures implantées sur les atolls de Tematangi, Matureivavao,
Morane, Pukarua, Vahitahi, Vairaatea, piloté par la station centrale de Tureia ;
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 99
• un PCB à Tahiti (station permanente de Mahina), Hao, Reao, Tureia et Mangareva (îles Gambier) ;
• un aéronef équipé de moyens de détection de la radioactivité d'un nuage issu d'une éventuelle
fuite, pouvant réalisé un largage de bouées radiologiques ;
• le BCB Marara pour la détection d’une éventuelle émission sous-marine au moment de l'essai
et pour le suivi de routine du milieu correspondant à la zone océanique des 200 milles nautiques
prévue par les conventions internationales ;
• le BDC Trieux était en alerte pour une éventuelle intervention sur un atoll habité.
ARCH
Poste de télémesures
Hiva Oa
Poste de surveillance radiologique (PSR)
IP
10˚ S Poste de contrôle radiologique (PCR) 10˚ S
L
E
Poste de contrôle biologique (PCB) DE
S
MAR
QUISES
ARC
HIP
EL
DE
Rangiroa S
ARCHIP
15˚ S EL TU 15˚ S
DE AM
LA Makemo O
Bora Bora TU
Mahina S
Hao
O
C
Pukarua
IÉ
TÉ
Taravao Vahitahi
Tahiti
Hereheretue Reao
Tropique du Capricorne
S
0 500 km
Mangareva
Raivavae
155˚ W 150˚ W 145˚ W 140˚ W
25˚ S
Après l'obtention des garanties scientifiques d'une absence totale de risque radiologique
pour les atolls les plus proches des sites d’expérimentations lors des essais souterrains, le
réseau de surveillance a été remanié. De 1976 à 1978, les PCR et PCB ont progressivement été
remplacés par des dispositifs de mesure allégés. Le PCB et le PCR de Tahiti, positionnés à Mahina,
ont toutefois été maintenus, à titre de référence pour la mesure de la radioactivité de l'hémisphère
Sud.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 100
Le réseau de télémesures, qui fournissait des valeurs du débit de dose en temps réel, ne
se justifiait plus dans le contexte des essais souterrains. Il a donc été supprimé en 1983, pour
être remplacé par une surveillance de la dose intégrée au cours du temps à l’aide de dosimètres
passifs (films et dosimètres CaSO 4 de grande sensibilité) sur les îles habitées proches des sites
d’expérimentations : Tematangi, Tureia, Marutea Sud, Nukutavake, Reao, Taku (îles Gambier) et
Pukarua.
Pendant toute la durée des essais souterrains, ces dosimètres ont donné des résultats
correspondant à des niveaux d’exposition dus au rayonnement cosmique naturel, confirmant l'absence
d'exposition d'origine artificielle. Les collecteurs de retombées des aérosols et des pluies du réseau
de PSR ont été maintenus pendant quelques années à Tahiti (Arue), Hiva Oa, Tubuai, Hao et Mururoa
et intégrés à la surveillance des retombées de la radioactivité atmosphérique résiduelle de
l'hémisphère Sud, en complément des appareils de prélèvement d'aérosols en place à Mururoa.
Les équipes scientifiques du BCB Marara ont poursuivi les prélèvements d’échantillons
dans toutes les zones maritimes et terrestres de la Polynésie française. Il faut noter que des
prélèvements d'eaux de mer de surface ont régulièrement été effectués dans le domaine océanique
au voisinage des 4 îles polynésiennes, Tahiti, Hiva Oa, Tubuai et Mangareva (Gambier), pour servir de
référence de la radioactivité des eaux du Pacifique Sud. En complément, deux profils verticaux
océaniques ont été réalisés, en 1988 et 1993, au large de Tahiti. Le premier était destiné à la
mesure du tritium (forme HTO), de la surface à 1 200 mètres de profondeur. Le second a permis de
déterminer la répartition verticale des concentrations en 90Sr, 137Cs et 239+240Pu, jusqu’à 2 300
mètres de profondeur.
À l’heure actuelle, le réseau de surveillance radiologique du territoire polynésien est maintenu
sur 7 îles représentatives des 5 archipels :
• Archipel de la Société. Deux îles ont été sélectionnées : Tahiti et Maupiti. Tahiti, d'une surface
émergée de 1 042 km 2 est la plus grande île de l’archipel. Elle accueille 70 % de la population
du Territoire avec 170 000 habitants en 2002. Maupiti a une superficie de 12 km 2 sur lesquelles
vivent environ 1 000 habitants. Elle se situe à l’extrême ouest de l’archipel de la Société.
• Archipel des Tuamotu. Deux îles ont été retenues : Rangiroa et Hao. Rangiroa se trouve
à l’extrême nord-ouest de l’archipel. C’est le plus grand et le plus peuplé des atolls des
Tuamotu, avec 79 km 2 de terres émergées et environ 2 350 habitants. Au sud-est de l’archipel,
il est situé à 450 km, au nord-ouest de Mururoa. Hao est un atoll d’une superficie totale de 720
km 2 , dont 30 km 2 de terres émergées. Avec 1 300 habitants, Hao est, après Rangiroa, l’atoll
le plus peuplé de l’archipel des Tuamotu.
• Archipel des Gambier. Mangareva qui a été retenue pour la surveillance est la plus grande
île de l’archipel. C’est une île haute de 15 km 2 , comptant un peu plus d’un millier d’habitants.
Il s’agit de la seule île retenue pour la surveillance radiologique qui soit située à l’est des
atolls de Mururoa et Fangataufa, dont elle est distante de 450 km.
• Archipel des Marquises. Hiva Oa fait partie du groupe sud des îles de cet archipel. C’est une
île haute de 315 km 2 , habitée par environ 2 000 personnes en 2002. Elle est considérée
comme la plus fertile. Hiva Oa présente la particularité de se situer au nord du territoire
polynésien, à 1 800 km des atolls de Mururoa et Fangataufa. C’est l’île la plus éloignée des
atolls d’expérimentations à faire l’objet d’une surveillance radiologique.
• Archipel des Australes. L’île retenue est Tubuai. Avec 45 km 2 , c’est la plus grande des cinq
îles habitées. 2 200 habitants y ont été recensés en 2002. Elle est localisée à environ 1 100 km
des atolls de Mururoa et Fangataufa.
térale avait été établie : Chili, Papeete Lima Luanda Diego Suarez
Jakarta
Rio de Janeiro Nouméa
Colombie, Équateur et Pérou La Paz
Pretoria Océan Indien
(Fig. 53). Santiago
Buenos Aires
réseau s’est allégé des sta- FIG. 53. - Localisation des stations de prélèvement d'échantillons d'aéro-
tions situées en dehors du sols atmosphériques et de produits alimentaires appartenant au réseau
territoire polynésien, en parti- mondial français de surveillance radiologique.
culier celles situées en
Amérique du Sud.
Deux types d’échantillons, les aérosols et les eaux de pluies, sont prélevés pour caractériser
les niveaux d’activité de l’atmosphère des sites.
III.4.1.1 - AÉROSOLS
Les aérosols et poussières atmosphériques sont collectés en continu sur des filtres au
moyen de pompes à grand débit. Les filtres sont mesurés ultérieurement en laboratoire.
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Le suivi radiologique des composantes physiques du domaine terrestre est réalisé à l’aide
d’échantillons d’eau de source et de boisson ainsi que d’échantillons de sol. La composante
biologique est suivie à l’aide d’échantillons de végétaux, ou de produits agricoles, entrant dans la
ration alimentaire polynésienne.
Les volumes d’eau prélevés directement dans le milieu atteignent aujourd’hui 400 litres par
échantillon. À l’heure actuelle, en Polynésie, les prélèvements sont limités au site de Papenoo, à
Tahiti avec une périodicité annuelle.
L’eau potable distribuée sur les bateaux bases stationnés dans le lagon des atolls d’ex-
périmentations faisait l’objet d’un contrôle radiologique afin de garantir un niveau respectant la
concentration maximale admissible dans les eaux de boisson. À bord de certains bateaux base,
l’eau potable était obtenue par désalinisation de l’eau de mer à l’aide de bouilleurs. Le facteur de
désalinisation, donc de l’activité, était de l’ordre d’un facteur 1 000. L’eau en sortie des bouilleurs
était stockée dans une cuve tampon isolée du circuit de distribution des bateaux. Elle faisait l’objet de
prélèvements d’échantillons qui étaient mesurés par le laboratoire SMSR du BSL Rance. Après
avoir vérifié que l’activité volumique était inférieure à la concentration maximale admissible pour l’eau
de boisson, la cuve était connectée au circuit de distribution. L’approvisionnement en eau potable était
également assuré par les ravitailleurs d’eau douce, Hanap et Giboulée, venant de Hao.
Sur les îles, les échantillons d’eau de boisson sont prélevés directement au robinet ou,
dans le passé, étaient échantillonnés dans les réservoirs d’eau de pluie. Leur volume est de
l’ordre de 40 litres. Afin d’atteindre des limites de détection plus basses par concentration des
radionucléides, le Lése réalise aujourd’hui la collecte d’échantillons de 700 litres à Tahiti.
III.4.2.3 - SOLS
Les sols des atolls polynésiens, et en particulier ceux des deux atolls d’expérimentations,
sont très pauvres en humus. Les débris de végétaux terrestres qui formeront, après décomposition
et remaniement par la faune terrestre, le sol proprement dit, s'accumulent sur le substrat de
base, constitué de sable ou de blocs de carbonate de calcium (calcite ou aragonite). Ce sol se
présentera donc, soit sous forme d'éléments organiques en surface, soit sous forme de particules
organiques associées à des quantités variables de sable de carbonate de calcium. Par endroit, la
couche meuble est totalement inexistante, laissant apparaître la roche calcaire de base (dalle
corallienne).
Pour les îles hautes, comme Tahiti, des cartographies complètes des sols ont été réalisées
sur des radiales partant de la route littorale et remontant jusqu’au plateau. Sur chacune d’elles,
des échantillons ont été systématiquement prélevés, sur le plateau, à mi-pente, dans la vallée et
à proximité de la route littorale. Ces sols affichaient des caractéristiques différentes, pouvant
influencer l'évolution au cours du temps des activités massiques des radionucléides d’origine
artificielle susceptibles d’être présents dans les dépôts suite aux retombées radioactives.
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• les sols de plateau sont des sols ferralitiques désaturés. Ils s’avèrent désilicifiés sur une
profondeur pouvant dépasser le mètre, avec un taux de matière organique d'environ 10 % en
surface, qui chute à quelques pour cent, à une vingtaine de centimètres de profondeur ;
• les sols de la zone intermédiaire, entre le plateau et la plaine côtière, sont de trois types : peu
évolués d'apport colluvial, bruns eutrophes tropicaux humifères et ferralitiques moyennement
ou faiblement désaturés. Leur désilification est plus faible que les sols de plateau et leur taux
de matière organique présente une grande variabilité, entre 5 et 20 % ;
• les sols de fond de vallée proviennent de la dégradation des apports colluviaux des flancs de
la vallée et des alluvions déposées lors des fortes crues. Ils sont hétérogènes et moyenne-
ment riches en matières organiques, de l'ordre de 5 % ;
• les sols de bord de route sont d'apport colluvio-alluvial, à caractères vertiques fréquents.
Leur teneur en matière organique est variable, de 4 à 14 %.
Les prélèvements de sols de surface sont exécutés, soit par raclage de la couche super-
ficielle sur 1 cm d'épaisseur d’une surface de 100 cm 2 (cas de Fangataufa), soit à l'aide d'un
gabarit de 20 cm sur 25 cm, permettant le recueil des deux premiers centimètres de sol.
Les prélèvements de sols en profondeur sont réalisés jusqu'à 42 cm, au moyen d'un carottier
permettant l'échantillonnage de cinq tranches superposées de sol, d'une masse approximative d'un
kilogramme (Fig. 54).
10
3
niveau sol niveau sol
2 30 2 1
10
10 2
30
10
50 10 10 3
10 50
10 4
30 10 5
3
À partir des activités massiques de chaque radionucléide mesuré dans les différentes
couches du sol, l'activité surfacique peut être calculée selon la formule suivante :
A s = A d .h.ρ
avec :
A s = activité surfacique, en Bq.m -2 ;
A d = activité moyenne pondérée en profondeur, en Bq.kg -1 ;
h = épaisseur de l’ensemble des prélèvements prise en compte, en m;
ρ = masse volumique du sol prélevé (1 600 kg.m -3 ).
Dans le cas où l'activité massique des couches les plus profondes est inférieure à la limite
de détection, l’activité surfacique est calculée par défaut et par excès, et l’activité surfacique
retenue est la moyenne des résultats obtenus.
III.4.2.4 - VÉGÉTAUX
Sur les atolls d’expérimentations, quatre espèces de végétaux ont fait l’objet d’une sur-
veillance radiologique particulière.
• Le cocotier (Cocos nucifera) est un arbre de grande taille appartenant à la famille des
palmiers. Il est très répandu dans les îles de Polynésie. À Mururoa, le cocotier a été introduit il y
a plus de cent ans. La cocoteraie y est bien développée sur les plus grands îlots de la couronne
récifale de l’atoll. Il était totalement absent à Fangataufa en 1966. En 1980, quelques dizaines
d’arbres ont été plantés dans la zone Kilo. Compte tenu du temps nécessaire pour qu’un jeune
plant donne des fruits en quantité suffisante, de 6 à 7 ans, les prélèvements de noix de coco,
limités en nombre, n’ont débuté qu’en 1988.
• Le papayer (Carica papaya) a été introduit tardivement dans le secteur Est de l’atoll de
Mururoa, lors de l’installation de la zone d’habitation. Ses fruits ont donc fait l’objet d’une surveillance
régulière, de 1979 à 1995.
Sur les atolls d’expérimentations, il n’y avait aucune production agricole et une interdiction,
toujours en vigueur, de consommer les fruits des arbres poussant sur place.
L’ensemble des archipels a fait l’objet d’un suivi radiologique des productions agricoles
locales tant végétales qu’animales.
Noix de coco
des sucres et des sels minéraux, notamment du potassium, en proportions variables suivant la
maturité de la noix (20 g d’extrait sec par litre pour les noix mûres). Le coprah entre pour une
moindre part dans l’alimentation humaine. Cependant, il participe largement à l’alimentation du bétail
de certains atolls sous la forme de tourteaux, obtenus après extraction de l’huile. Depuis 1962, la noix
de coco fait l’objet d’une surveillance radiologique, tant pour son eau que pour son coprah (albumen).
Pour l’analyse de l’eau de coco, les noix sont collectées jeunes, avec l’écorce encore
verte (via via en polynésien). La mesure est réalisée sur 50 g de cendres. Le taux de cendres de
l’eau de coco étant de l’ordre de 0,5%, il faut traiter 10 litres d’eau, ce qui correspond au contenu
de 30 à 40 noix.
Pour l’analyse du coprah, les noix sont prélevées à maturité (opaa en polynésien). Le taux
de cendres du coprah étant de l’ordre de 1%, il faut traiter au moins 4 kg de coprah pour constituer
un échantillon de 50 g, ce qui correspond à environ 20 noix.
Lait de vache
Le lait, consommé sous des formes très diverses, est un élément essentiel de l’alimentation
humaine. Cet aliment est un constituant important de la ration alimentaire des nourrissons et des
jeunes enfants.
Les radionucléides mesurés dans le lait sont le césium, l’iode, le couple baryum-lanthane
et les isotopes 89 et 90 du strontium. Ces radionucléides ont été émis lors des essais atmo-
sphériques et sont caractérisés par des facteurs de transfert au lait de vache via l’alimentation du
bétail élevé. C'est un indicateur pertinent des niveaux d’activité des produits alimentaires.
Lors de la période des essais, le lait pouvait être acheté directement aux producteurs et
aux laiteries locales ainsi que sur le marché de Papeete.
Aujourd’hui, le lait local est acheté à une laiterie qui collecte le lait en provenance du plateau
de Taravao à Tahiti (3 prélèvements de 10 litres par an). Le lait UHT, en provenance de métropole,
est mesuré une fois dans l’année (10 litres).
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 109
a b c
Mise à l'eau d'une bouteille de prélèvement d'eau de mer de type Niskin de 35 litres de volume (a)
et d’une bouteille de 300 litres Néréides-Mécabolier (b).
Bouteille de prélèvement d'eau de mer de la marque General Oceanics de 100 litres de volume (c).
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Lors des essais atmosphériques, la localisation des points de prélèvements situés à l’intérieur
des lagons s’effectuait à l’aide du système Trident (croisement de deux réseaux d’hyperboles).
À partir de la période des essais souterrains, les stations de prélèvements ont été localisées à
l'aide d'un système de GPS différentiel (référence à des bornes topographiques), procurant une
précision de l’ordre du mètre. La localisation précise des zones de prélèvements océaniques est
réalisée au moyen du système de navigation du bateau Satnav ou GPS.
L’eau de mer contenue dans les puits d’essai est collectée régulièrement à l’aide d’un
dispositif dit «polytubes». Celui-ci est constitué de 12 tubes de 4 mm de diamètre assemblés dans
une gaine périphérique. Ce «polytubes» était installé dans le FGD, lors de la descente du conteneur
d’essai. Les tubes élémentaires débouchaient dans le forage à des profondeurs distinctes et
prédéfinies, permettant de prélever de l’eau à différents niveaux, entre le sommet de la zone de
bourrage et la surface. Une armoire contenait les pompes et les flacons de collecte des échantillons
d’eau reliés, en surface, à l'extrémité des différents tubes de l’assemblage (Fig. 55).
Armoire de prélèvement
Calcaires
Dolomies
Zone de transition
Détail polytube
Sommet
du bourrage
Volcanisme
III.4.3.2 - SÉDIMENTS
Les sédiments superficiels, soit les 5 premiers centimètres, sont collectés en utilisant une
benne Shipeck (Fig. 56a). Les échantillons nécessaires aux mesures de profils sédimentaires sont
prélevés au moyen d'un carottier à gravité de type Kullenberg (Fig. 56b), permettant de réaliser des
carottes pouvant atteindre un mètre de longueur. Les prélèvements sont effectués dans des
zones sédimentaires localisées grâce à une caméra fixée sur le câble de manutention, au-dessus
de la benne ou du carottier.
Au niveau des points zéro des essais réalisés sur barge au droit de la zone Dindon, un
carottier enfoncé par battage à partir d’une embarcation a permis d’obtenir des échantillons d’environ
5 mètres de longueur.
2
1 2 3 4
1 3
a b
FIG. 56. - (a) : benne de prélèvement superficiel de sédiment, type Shipeck avec son principe de fonctionnement
et son godet basculant rempli de sédiments.
(b) : carottier Kullenberg pour prélèvement de sédiments en profondeur avec son principe de fonctionnement.
III.4.3.3 - PLANCTON
Le plancton des eaux océaniques polynésiennes est caractérisé par une faible biomasse et
une richesse spécifique plus élevée que celle du plancton des lagons, caractérisé par une plus
forte biomasse (cf. Chapitre I). Les difficultés pour collecter des masses suffisantes de plancton
pour la mesure d’activité a conduit à définir deux protocoles d'échantillonnage, spécifiques des
lagons et du domaine océanique.
Dans les lagons, la récolte du plancton s’effectue à l’aide de filets de forme cylindro-
conique de 1 m de diamètre d’ouverture, confectionnés en toile nylon à mailles dégressives.
L’extrémité d’un filet est munie d’un collecteur en plastique percé de quatre rangées de trous (4 cm
de diamètre) obstruées par du tissu nylon filtrant. Le trait planctonique est réalisé avec une
embarcation légère de type hors-bord. Deux ou trois filets sont tractés simultanément en surface
à une vitesse réduite, entre 1 et 2 nœuds, durant deux à trois heures.
En domaine océanique, la méthode de pêche systématiquement utilisée depuis 1990 afin
de recueillir la biomasse planctonique nécessaire à l'ensemble des mesures, soit 500 g frais
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minimum, est la suivante : cinq filets (surface d’ouverture 2 m 2 , longueur 7 m, mailles dégressives
270, 140 et 75 µm) gréés sur le même câble tracteur sont mouillés à la tombée de la nuit, puis
traînés horizontalement entre 10 et 50 m de profondeur, durant 6 heures, à allure réduite (1 à 1,5
nœud). Des appareils enregistreurs fixés à l'entrée des filets, permettent de contrôler a posteriori
les volumes d'eau effectivement filtrés et les profondeurs d'immersion des filets (Fig. 57).
Au laboratoire, le contenu planctonique de chaque collecteur est passé sur deux tamis
superposés, de mailles 4 000 et 75 µm. La fraction supérieure à 4 000 µm comprenant princi-
palement des organismes gélatineux (méduses, salpes) est rejetée. La fraction 75 - 4 000 µm est
recueillie pour être égouttée sur du papier absorbant durant 5 heures, puis pesée et ensuite
desséchée en étuve à 80°C durant 72 heures.
MARARA
PY.10 1 4
MARARA
PAPEETE
cable
tracteur
- 50 m
lest enregistreur
profondeur - distance
F IG. 57. - Gréement des filets à plancton lors des collectes en domaine océanique par le bâtiment de contrôle
biologique Marara.
Les algues sont peu nombreuses sur les fonds sableux des lagons polynésiens. Ceux de
Mururoa et de Fangataufa n’échappent pas à cette règle. La végétation algale se présente prin-
cipalement sous la forme de couvertures cotonneuses ou muqueuses, violacées ou rosées, dont
la récolte en quantité suffisante pour l’analyse radiologique est difficile.
Entre 1970 et 1981, à Mururoa, les échantillons étaient uniquement constitués d’algues se
développant sur leur substrat naturel. À partir de 1982, des substrats artificiels (collecteurs
concentrateurs d’algues) ont été mis en place dans le lagon. Il s’agissait de panneaux en toile
plastique de 5 m 2 de surface, immergés verticalement à différentes profondeurs (Fig. 58a). Le temps
d’immersion d’environ 60 jours était suffisant pour permettre la croissance d’une quantité satisfai sante
d’algues, sans pour autant permettre l’installation de trop nombreux animaux. Après relevage des
panneaux, les échantillons d’algues étaient prélevés par raclage des deux faces du support.
Ce procédé original a permis de réaliser 1 350 échantillons d’algues répartis sur l’ensemble
du lagon de Mururoa en fonction des zones à surveiller plus particulièrement (Fig. 58b).
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 113
a
Bouée de repérage
en surface
Bouée de subsurface 5 5 1
6 7
10
5 4 26 70
108
Tube PVC 75 13
Passe Kathie
67
11 91
3
Sommet de la toile 37 5
18 14 118 4
46
10 17
Toile plastique épaisse 66
5m
(5 m x 1 m) Dindon 6 1
65
1 1 72
Cordage de nylon 116 18
29
28 10 1 69
35
1 2 36 47 Viviane
1
Tube PVC
Faucon 0 5 km
Cordage nylon
Gueuse en béton
de 70 kg
F IG . 58. – Schéma général du montage d’un collecteur concentrateur d’algues (a) et localisation des lieux de
prélèvements et nombres d’échantillons d’algues récoltés par station, entre 1970 et 1997, dans le lagon de
Mururoa (b).
III.4.3.5 - CORAUX
III.4.3.6 - HOLOTHURIES
III.4.3.7 - MOLLUSQUES
• le bénitier (Tridacna maxima), mollusque bivalve lamellibranche, est une espèce commune
des lagons des atolls fermés. Une algue photosynthétique (zooxanthelle) vit en symbiose dans les
tissus de son manteau. Le bénitier filtre de grandes quantités d'eau de mer pour se nourrir des débris
organiques en suspension dans l’eau, du zooplancton et du phytoplancton dont le facteur de
concentration des radionucléides est très élevé. Il constitue donc l’indicateur de choix pour suivre
l’évolution de l’activité des eaux des lagons, même à des niveaux très faibles ;
Pour chaque prélèvement, une vingtaine de bénitiers adultes, de taille supérieure à 12 cm,
sont extraits de leur gangue corallienne. Les deux valves de l'animal sont écartées afin d’en séparer
les parties molles. La membrane qui recouvre les viscères est incisée pour permettre l’ablation de
l’hépatopancréas. Les deux fractions ainsi obtenues, hépatopancréas (200 g en moyenne) et
parties comestibles (1 200 g en moyenne), sont analysées séparément. Entre 1975 et 1995,
environ 500 prélèvements ont été réalisés dans les lagons de Mururoa et de Fangataufa.
• le troca (Trochus niloticus) est un gastéropode herbivore brouteur des gazons d’algues
se développant sur des supports naturels (platier récifal, pâtés de coraux du lagon) ou artificiels
(coques de navires…) ;
Chaque prélèvement se compose d’environ 50 individus. La masse viscérale (hépato-
pancréas, tube digestif, branchies, gonades etc.) est séparée de la chair (muscle du pied). Les
deux fractions ainsi obtenues, viscères d’un côté (750 g en moyenne) et chair de l’autre (1 350 g en
moyenne) sont soumises séparément à l’analyse. Depuis 1983, date à laquelle la population de
trocas importée dans le lagon de Mururoa est devenue suffisamment importante pour envisager une
surveillance de la radioactivité de cette espèce, environ 170 prélèvements ont été effectués. Dans
le lagon de Fangataufa, ce n’est qu’en 1991 que la population de trocas est devenue suffisante
pour permettre des prélèvements sans l’appauvrir.
• le turbo soyeux (Turbo setosus) est un gastéropode herbivore (gazons d’algues) très
répandu. Il vit sur la crête algale du récif extérieur en milieu très battu par les vagues. Le Turbo
setosus ou maua en tahitien était autrefois une espèce dont le pied musculeux était consommé en
Polynésie française. Elle l'est encore sur la plupart des atolls des Tuamotu et cause parfois des intoxi-
cations alimentaires rappelant la ciguatera.
À chaque prélèvement, une centaine de turbos est ramassée à la main, de jour, quand la
marée est basse. La masse viscérale (hépatopancréas, tube digestif, branchies, gonades etc.) et
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III.4.3.8 - CRUSTACÉS
III.4.3.9 - POISSONS
Les poissons prélevés dans le cadre de la surveillance radiologique appartiennent soit aux
espèces vivant dans le lagon ou sur le platier externe, soit aux espèces pélagiques océaniques.
Quatre d’entre elles sont pêchées dans le cadre de la surveillance radiologique :
La pêche est effectuée au moyen de fusils sous-marins, par des plongeurs en apnée ou en
scaphandre autonome, selon la profondeur. Les poissons sont écaillés, puis leur cavité abdominale
est ouverte afin de la vider de ses viscères (tube digestif, foie, gonades etc.). Elle est ensuite rincée
à l’eau douce pour enlever toutes les salissures dues au contenu digestif. En moyenne, 2 à 3 kg
de poissons (de l’ordre de 5 à 7 individus) éviscérés (ou de chair) sont nécessaires pour la mesure.
Les poissons de haute mer, pélagiques océaniques, pêchés dans le cadre de la surveillance
radiologique appartiennent principalement aux genres bonite, thon, thazard et espadon (cf.
Chapitre I, Fig. 20). Ils sont pêchés, soit en surface par des lignes de traîne, soit en profondeur,
à l’aide de longues lignes ou palangres dérivantes. Une ou deux fois par an dans chaque île, la
quasi-totalité des poissons était pêchée par les navires océanographiques BRO La Coquille, jus-
qu'en 1972, puis par le BCB Marara, selon deux techniques, la pêche à la traîne et la pêche à la
longue ligne (ou palangre dérivante japonaise).
Pour la pêche à la traîne, le gréement consiste en deux tangons de 10 m, portant chacun
trois lignes de 70, 60 et 50 m de long. Une à trois lignes supplémentaires peuvent être fixées sur le
tableau arrière du navire. Chaque ligne est armée d'un hameçon double, appâté d'un leurre artificiel.
Les lignes sont remorquées en surface, derrière le navire, à une vitesse de 7 à 8 nœuds, à
quelques centaines de mètres des côtes ou sur les hauts fonds.
La pêche à la longue ligne est une technique de pêche utilisée principalement pour la
capture des thons hauturiers (Fig. 60). Une ligne principale est constituée, vers le bas, des avançons,
supports des hameçons et, vers le haut, des orins reliés aux flotteurs et aux pavillons. La ligne
principale est divisée en plusieurs unités, toutes identiques, appelées baskets sur lesquelles
sont gréés six avançons. La longue ligne de 20 à 40 baskets, de 7 à 14 km, est mouillée au large,
généralement au cours de la nuit, et dérive librement entre deux eaux. Les hameçons sont appâtés
au Cololabis saira, sardine importée du Japon sous forme congelée. La longue ligne est relevée
dix heures plus tard, à l'aide d'un treuil spécifique.
MARARA
P Y.1014
MARARA
PAPEETE
Ligne mère
25m Avançon
Emérillon -100 m
25m Sekiyama -200 m
-300 m
5m -400 m
Bas de ligne
Hameçon
Entre 1967 et 1993, ce sont essentiellement des thazards, des thons albacore et patudo
qui ont été pêchés (Fig. 61). Des échantillons de chair de ces poissons, d’environ 3 kilos, étaient
préparés de la même façon que celle des poissons de lagon, pour réaliser les mesures de radio-
activité.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 119
Albacore Espadon
Bonite (18%) (8%)
(2%) Albacore
ALBACORE
Thazard (35%)
35%
Patudo
PATUDO
(50%)
Gymnosarde (28%)
28%
(16%) Germon
Divers Divers GERMON
DIVERS (16%)
(14%) (13%) 16%
13%
F IG . 61. – Composition relative (%) des captures de poissons pélagiques océaniques, selon les deux tech-
niques de pêche utilisées par le BCB Marara, entre 1967 et 1993.
Pendant la période des essais atmosphériques, les résultats des mesures réalisées en
routine étaient utilisés pour vérifier le respect des règles de radioprotection, sur la base des
recommandations du rapport n°26 de la CIPR définissant les valeurs des concentrations maximales
admissibles (CMA) dans l'air (cf. Chapitre VI). Les résultats des mesures alpha obtenus sur les
filtres étaient ainsi comparés aux CMA du 239Pu et les résultats des mesures des radionucléides
émetteurs bêta du mélange non fractionné des produits de fission, ces derniers évoluant en fonction
de l’âge du mélange, étaient comparés aux CMA 40-168 h (cf. Chapitre VI).
Dès les années 80, l'activité volumique des radionucléides d'origine artificielle initialement
présents dans l'atmosphère, aux niveaux local et mondial, avait fortement décru. Néanmoins, les
préoccupations environnementales ont amené à modifier les techniques de mesure pour s'assurer
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:44 Page 120
T ABLEAU 11.
Caractéristiques des méthodes de mesure utilisées en 1995,
pour quantifier les différents radionucléides au sein des différentes
matrices environnementales prélevées en Polynésie.
Nature de Élément Type et durée Type et durée Limite de Type de
l'échantillon recherché de la préparation du comptage détection l'appareillage
analysé (Prise d'essai) LD de mesure
Émetteurs γ 40K = 1 Bq.kg-1
Sols Étuvage, broyage, Spectrométrie γ Semi-conducteur
(500 ml) (2 h à plusieurs jours) 137Cs = 0,1 Bq.kg-1 Germanium
4 000 min
Sable Pu - Am Mise en solution Spectrométrie
Semi-conducteur
Émetteurs X Séparation sur résine α, X 0,02 Bq.kg-1
Silicium
(10 g) (15 jours) 4 000 min
Sédiments
90Sr Mise en solution Comptage β Compteur
et extraction Décroissance 90Y 2 Bq.kg-1 proportionnel
Faune (10 g) (4 jours) bas bruit de fond
100 min
α global Étuvage, broyage, Comptage α 140 Bq.kg -1 Scintillation
Flore
(250 mg) et dépôt (40 min) 100 min SZn
Distillation et
Eau douce Eau tritiée enrichissement Comptage β Scintillation
120 Bq.m-3
(250 ml) électrolytique 300 min liquide
(4 jours)
Eau tritiée Distillation Comptage β Scintillation
103 Bq.m-3
(10 ml) (1 heure) 100 min liquide
Eau de mer • Compteur α
α, β global Évaporation α = 3 Bq.m-3 à scintillation
eau de mer (20 ml) sur coupelle Comptage α, β β = 3 Bq.m-3 (SZn)
Eau douce (200 ml) (1 heure) 100 min Eau douce
α = 0,15 Bq.m-3 • Compteur
β = 0,40 Bq.m-3 proportionnel
La surveillance de la radioactivité des eaux de mer a évolué au fil des ans, en fonction des
techniques de mesure, en privilégiant la quantification de l'activité volumique des radionucléides
ayant les périodes les plus longues tels le 239+240Pu, le 137Cs et le 90Sr. Ces derniers représentent
aujourd'hui la quasi-totalité de l’activité résiduelle des essais atmosphériques. Ces échantillons après
une filtration à 0,45 µm de porosité font l’objet de mesures des radionucléides associés à la
fraction particulaire insoluble et de ceux associés à la fraction non particulaire soluble.
Dès les premiers essais sur barge, les isotopes du plutonium ont été mesurés dans les eaux
des lagons, après filtration et séparation radiochimique. À partir de 1983, l’ajout systématique
d’un traceur, le 236 Pu, à chaque échantillon a permis de déterminer le rendement des séparations
chimiques de chaque analyse, afin de réduire l'incertitude des résultats. Avant cette date, un
rendement moyen de 56 %, déterminé à partir d'un grand nombre de mesures sur des échantillons
d'eau de mer marqués au 239 Pu, était appliqué uniformément à l’ensemble des analyses.
Le 137 Cs a été systématiquement recherché à partir du début des années 1980, par
l’utilisation de cartouches de ferrocyanure de cobalt et de potassium ou de ferrocyanure de cuivre
qui ont permis de traiter de grands volumes d’eau afin d'abaisser les limites de détection. Le 90 Sr
a été analysé de façon régulière à partir de la fin des années 1980, en adoptant le protocole
opératoire du laboratoire hydrographique allemand de Hambourg. À la même époque, le tritium
(sous forme HTO), considéré comme un précurseur d’un éventuel relâchement des radio
nucléides d’une cavité-cheminée, a été suivi de manière systématique.
Les eaux océaniques, au plus près des flancs des atolls de Mururoa et de Fangataufa, ont
été étudiées, conformément aux recommandations de la mission menée par Haroun Tazieff, en
1982.
La plupart des échantillons marins sont disséqués afin d’obtenir les fractions nécessaires
aux analyses radiologiques (Tableau 12). Ainsi, un même échantillon peut fournir plusieurs sous-
échantillons ou fractions : chair, viscères, tégument, etc. Dès sa réalisation, l’échantillon (ou la
fraction) est pesé, puis identifié par un numéro individuel. Depuis 1992, l’échantillon est reconnu
par code-barres. Les informations qui lui sont associées : nature, lieu ou zone, coordonnées
géographiques, conditions particulières de prélèvement etc., font l’objet d’une saisie dans une
base de données informatique. Une trace écrite de ces informations est systématiquement conservée
sous forme de fiches de prélèvement. Le conditionnement des échantillons pour leur transport et
leur entreposage avant mesure est réalisé en sacs thermo-soudés, étanches et conservés à -30 °C.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:45 Page 122
T ABLEAU 12.
Fraction des espèces végétales et animales prélevées sur les atolls d'expérimentations
de Mururoa et de Fangataufa faisant l’objet de mesures.
Carnivores Coraux
Acropora Acropora pulchra Entier
Carnivores Pocillopora Pocillopora verrucosa Entier
de la Fungia Fungia fungites Entier
petite faune pélagique Lobophyllia Lobophyllia costata Entier
Carnivores Poissons
de la Surmulets Mulloidichthys flavolineatus Éviscéré
petite faune benthique
Mollusques octopodes
Carnivores
de la Pieuvres Octopus sp.
grosse faune Poissons mérous Cephalopholis argus Entier
et Epinephelus merra Éviscéré
Détritivores Echinodermes
Holothuries noires Holothuria atra Tégument
Contenu digestif
Profondeur Nature
Nom Nom
de de la fraction
courant scientifique
pêche analysée
Moyen Nature
Niveau Profondeur Nom
de de la fraction
trophique courant
capture analysée
L’analyse des radionucléides d’origine artificielle s’effectue, dans la majorité des cas, sur
des cendres, après calcination des échantillons. La recherche des éléments volatils comme les
iodes fait l'objet d'une mesure sur l’échantillon à l’état frais.
Les espèces prélevées, représentent des matrices très différentes les unes des autres,
caractérisées par un taux de dessiccation ou de calcination très variable. Pour chaque espèce,
la quantité de matière à prélever est déterminée de façon à disposer, pour la mesure radiologique,
d’une masse finale d’environ 50 g de cendres. La masse de matière initiale varie entre une centaine
de grammes (coraux, par exemple) et plusieurs kilogrammes (feuilles, coprah, mollusques, crustacés,
chair de poissons etc.).
Une fois broyées et homogénéisées, les cendres blanches obtenues par minéralisation
font l’objet d’une première mesure des radionucléides émetteurs gamma, directement par spectro-
métrie gamma. Tous les radionucléides émetteurs gamma émettant entre 0 et 2 MeV, comme le 40 K
(radionucléide d’origine naturelle), le 137 Cs ou le 60 Co (radionucléide d’origine artificielle), sont
quantifiés sur les cendres conditionnées dans une boîte cylindrique ayant une géométrie
normalisée. Au cours du temps, l’amélioration des équipements en métrologie nucléaire a permis
l’utilisation de détecteurs de plus en plus sensibles :
L’analyse radiochimique des radionucléides émetteurs alpha et bêta pur est ensuite réalisée
sur des parties aliquotes de cendres, variant entre 1 et 10 grammes. Les radionucléides émetteurs
bêta pur ( 90 Sr) et alpha ( 239+240 Pu) ne sont pas systématiquement recherchés dans tous les
échantillons. Généralement, deux échantillons sur trois font l’objet d’une analyse complète.
Le 90Sr est isolé à partir des cendres d’échantillon après leur mise en solution acide et une
précipitation des oxalates. Le précipité est mesuré à l’aide de compteurs proportionnels à circulation
de gaz.
Les isotopes du plutonium sont isolés par une séparation chimique sélective, après
incorporation de traceurs ( 236 Pu et 242 Pu) dans l'échantillon, suivie d’une chromatographie sur
résines échangeuses d’ions, puis d’une électrodéposition sur disque en acier inoxydable. La
quantification des isotopes émetteurs alpha du plutonium est effectuée à l’aide de chambres
d’ionisation à circulation de gaz (chambres à grille), de détecteurs semi-conducteurs au silicium
ou de détecteurs à barrière de surface.
Quels que soient les échantillons, les résultats sont toujours exprimés en becquerels par
kilogramme (ou par litre) de produit frais, ramenés à la date du prélèvement de l’échantillon.
L’exercice d'intercomparaison organisé par l'AIEA en 1991 a porté sur la mesure de l'activité
massique d'échantillons de plancton océanique, récoltés au large des atolls de Mururoa et de
Fangataufa. Compte tenu de la difficulté à prélever les masses d'échantillons (300 g frais) nécessaires
aux mesures des traces de radionucléides, seuls trois laboratoires de mesure ont participé à cet
exercice : le laboratoire du SMSR, l'International laboratory of marine radioactivity de l'Agence
internationale de l'énergie atomique (AIEA/Monaco) et le Lawrence Livermore national laboratory
(LLNL/Californie). Les échantillons étaient issus de six traits planctoniques, effectués à la périphérie
des eaux territoriales, au moyen de six filets traînés pendant 6 heures. Les trois premiers (plancton
n° 1) ont été réalisés à 24 milles nautiques à l'Est des côtes de Mururoa et de Fangataufa, les
trois autres (plancton n° 2) à 12 milles nautiques à l'Ouest.
Les trois laboratoires ont obtenu des résultats cohérents (Tableau 13). Les seuls radio-
nucléides artificiels détectés sont caractérisés par des périodes longues : 137 Cs, 238 Pu et
239+240 Pu, alors que le 60 Co, de période plus courte, n'était plus quantifiable. Les activités
massiques de ces radionucléides dans le plancton prélevé en 1991 relevaient de la mesure de
traces de radioactivité, confirmant la qualité des mesures réalisées par le SMSR et les valeurs
obtenues lors des campagnes de surveillance.
T ABLEAU 13.
Résultats de l'exercice d'intercomparaison sur la mesure des activités massiques (Bq.kg -1 frais)
des radionucléides d'origine artificielle présents dans deux séries d'échantillons
de plancton océanique prélevées, en 1991, au large des atolls de Mururoa et Fangataufa.
Plancton 1 Plancton 2
Lieu
Est de Mururoa et de Fangataufa Ouest de Mururoa et de Fangataufa
139˚ 02' W 139˚ W 138˚ 58' W 138˚ 56' W 138˚ 54' W 138˚ 52' W 138˚ 50' W 138˚ 48' W 138˚ 46' W
F IG . 62. – Lieux de prélèvements, natures et masses des échantillons prélevés à Mururoa, dans le cadre de
l’intercomparaison avec l’AIEA, en 1994.
Les résultats obtenus par les laboratoires étaient le reflet de la radioactivité d'origine
artificielle présente en 1994 dans les échantillons biologiques de l’atoll de Mururoa (Tableau 14).
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:45 Page 127
T ABLEAU 14.
Résultats de mesures (Bq.kg -1 ) de l'exercice d'intercomparison de l’AIEA.
Les valeurs des résultats en 40 K, 60 Co, 90 Sr, 137 Cs, 238 Pu et 239+240 Pu obtenues
par le laboratoire du SMSRB sont comparées à celles retenues par l'AIEA.
Un echantillon de référence, hors sites, a été prélevé sur l’atoll de Rangiroa.
40K 60Co
Mérou Rangiroa 115 (108 - 153) 110 ± 8 < 0,03 < 0,017
Mérou secteur Nord 116 (105 - 149) 115 ± 8 0,04 (0,02 - 0,05) 0,038 ± 0,014
Mérou secteur Sud 117 (86 - 154) 117 ± 8 0,02 (0,01 - 0,05) < 0,027
Mérou secteur Est 116 (104 - 153) 116 ± 8 0,03 (0,01 - 0,05) 0,031 ± 0,014
Mérou secteur Ouest 112 (109 - 136) 112 ± 8 0,05 (0,04 - 0,07) 0,037 ± 0,014
Bénitier 68 (64,8 - 90) 69,0 ± 4,9 3,1 (2,6 - 3,9) 2,99 ± 0,15
Turbo 82 (76,9 - 104) 82,0 ± 5,8 0,03 (0,02 - 0,04) 0,028 ± 0,008
Langouste 127,5 (114 - 162) 114 ± 8 0,03 (0,01 - 0,04) 0,027 ± 0,010
Eau de coco 57 (51,7 - 68,3) 57,9 ± 4,1 < 0,03 < 0,0071
90Sr 137Cs
238Pu 239+240Pu
III.7 - CONCLUSION
Dès le milieu des années 1960, un dispositif complet de surveillance radiologique de
l’ensemble des atolls de la Polynésie française était en place. Il s’appuyait sur trois entités de
surveillance et de contrôle distinctes : l’une implantée à Papeete (Lése) et deux présentes sur les
sites d’expérimentations (SMSR et SMCB). Les médecins et biologistes en charge de ces laboratoires
étaient responsables de l’interprétation des résultats obtenus dans le cadre de la surveillance
systématique des retombées des essais menés dans le Pacifique.
La qualité et la cohérence de la surveillance radiologique résident dans la sélection judicieuse
des indicateurs environnementaux des niveaux d’activité des radionucléides de l’environnement.
Elles reposent également sur la rigueur des opérations d’échantillonnage, de préparation et de
conditionnement des échantillons prélevés. Les analyses radiologiques ont permis de connaître,
à tout moment, les niveaux représentatifs de la radioactivité d’origine artificielle dans les différentes
composantes de l’environnement, et d’estimer l'impact dosimétrique pour le personnel travaillant sur
les sites et pour les populations vivant en Polynésie. Ainsi, la surveillance radiologique des biotopes
polynésiens concerne l’atmosphère, l’hydrosphère et la géosphère. L’atmosphère est caractérisée par
des prélèvements d’aérosols et d’eaux de pluie ; le domaine terrestre par des prélèvements
d'échantillons de sols et d'eaux de source et de rivière ; le domaine marin par des échantillons
d'eaux de mer, des lagons et de l’océan, de matières en suspension (MES) et de sédiments. La
surveillance radiologique est complétée par des mesures de l’activité des radionucléides carac-
téristiques des essais au sein des différents indicateurs biologiques, espèces végétales et animales,
représentatifs des biocénoses polynésiennes.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:45 Page 129
Nombre d’échantillons
annuels
1500 Fangataufa
1000
500
0
1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994
Années
F IG . 63. – Évolution au cours du temps du nombre d'échantillons biologiques réalisés annuellement sur les
sites d'expérimentations de Mururoa et Fangataufa.
Chap. 3VF-06.12.06:Chapitre 3 12/01/07 11:45 Page 130
Depuis la création du CEP, ce sont donc plusieurs millions de mesures qui ont donc d’ores
et déjà été réalisées pour assurer les contrôles et la surveillance radiologiques des expérimentateurs,
de la population résidant sur les îles et atolls ainsi que de l’environnement polynésien. Une synthèse
de l’ensemble des résultats de mesure de la radioactivité, tant du milieu physique que biologique, et
de l’évaluation des conséquences radiologiques pour la population vivant en Polynésie est transmise
annuellement à l'Unscear depuis 1966.
III.8 - BIBLIOGRAPHIE
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Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 131
CHAPITRE IV
Évolution de la radioactivité
des sites d’expérimentations
À partir de la fin des années cinquante, la radioactivité d’origine artificielle détectée sur
l’ensemble des composantes environnementales de la planète : atmosphère, eau, sol et organismes
vivants, résultait des retombées de radionucléides associées aux essais atmosphériques menés
par l'ensemble des puissances nucléaires. Dans chaque hémisphère, les niveaux des dépôts au
sol des radionucléides fluctuaient en fonction de la latitude et de l’altitude des lieux de mesure.
Ceux de l'hémisphère Nord, où ont eu lieu l'essentiel des essais nucléaires atmosphériques,
étaient sensiblement plus élevés que ceux de l'hémisphère Sud (Fig. 64). Les retombées dues
aux essais réalisés à Mururoa et Fangataufa, qu’elles soient locales, régionales ou mondiales, se
sont donc superposées aux dépôts résultant des essais nucléaires des autres puissances.
Ce chapitre présente l’essentiel des résultats de mesure de l’activité des radionucléides les
plus caractéristiques des essais issus de la surveillance radiologique des différentes compo-
santes naturelles de l’environnement des sites d’expérimentations de 1966 à nos jours.
4,5 kBq.m-2
20° - 30°
4,0 40° - 50°
60° - 70°
3,5
3,0
2,5
1,5
1,0
Hémisphère Sud
0,5
0
1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000
IV.1 - ATMOSPHÈRE
La surveillance de l'atmosphère des sites était assurée par la collecte en continu des
aérosols sur des filtres faisant l'objet d'une mesure des indices alpha et bêta globaux et des
principaux radionucléides émetteurs alpha et bêta-gamma. Pendant la période des essais nucléaires,
les résultats de l'indice alpha global sont restés très proche de la limite de détection des
mesures. En revanche, le suivi de l’indice bêta global était plus pertinent car, il traduisait fidèlement
la contribution majoritaire des radionucléides émetteurs bêta-gamma d’origine artificielle présents
dans les retombées. Cet indice fluctuait proportionnellement à l’importance des retombées
associées aux essais atmosphériques.
La mesure de l'indice bêta global de l’air sur la totalité de la période des essais permet de
suivre l’évolution au cours du temps des contributions relatives des radionucléides d’origine naturelle
et artificielle. L’évolution de la moyenne annuelle de cet indice à la station Kathie, qui fonctionnait
même en l'absence de tout personnel à Mururoa lors de la réalisation d’un essai, permet de
distinguer trois phases (Fig. 65). Une première phase, de 1966 à 1975, recouvre celle des
essais atmosphériques. Caractérisées par des fluctuations importantes, les valeurs maximales
proches de 0,03 Bq.m -3 ont été atteintes lors de la première campagne d’essais en 1966. La
deuxième phase débute l’année suivant l’arrêt des essais atmosphériques, avec la décroissance
de l’indice bêta global suivant deux périodes successives : une baisse marquée par des
fluctuations importantes jusqu’en 1975, puis plus rapide et sans fluctuation jusqu’en 1980, année
où est atteint le bruit de fond naturel de l’ordre de 2.10 -4 Bq.m -3 . La troisième phase, allant de 1980
à nos jours, montre des niveaux stables caractéristiques du bruit de fond naturel.
Bq.m-3
10-1
10-2
10-3
10-4
1966 68 1970 72 74 76 78 1980 82 84 86 88 1990 92 94 1996
F IG . 65. - Évolution de la moyenne annuelle de l'indice bêta global (Bq.m -3 ) des aérosols prélevés sur l’atoll
de Mururoa, à la station Kathie, entre 1966 et 1996.
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 133
Rigel
annuelle décrite précédemment. L’indice
bêta global de l'atmosphère à la station 10
Bételgeuse
qui suivaient l'essai (Fig. 66). Les
Tamouré
niveaux de l'indice bêta global dépen- 10-1
daient étroitement du mode et du lieu
de l'essai, ainsi que des conditions
Aldébaran
météorologiques locales pendant les 10-2
jours suivant l'essai.
10-3
F IG . 66. - Évolution journalière de l'indice
bêta global (Bq.m -3 ) des aérosols prélevés 4.10-4
1 5 10 15 20 25 30 1 5 10 15 20 25 30 1 5 10 15 20 25 30
à la station Kathie durant la campagne
Juillet Août Septembre Jours
d'essais de 1966.
Bq.m-3
L'évolution journalière de l’indice
Phoebé
10-1
Éridan
de l'activité volumique atmosphé-
Licorne
rique allant jusqu’à un facteur 1
100 entre les stations (Fig. 68),
l’activité volumique maximale
restant cependant inférieure à
la CMA air 168h .
Dès 1980, la valeur de l’indice bêta global atmosphérique n’a plus montré de fluctuation
aussi importante, restant dans l’amplitude des variations naturelles du bruit de fond des atolls.
Dans les années 80, la radioactivité artificielle des différentes composantes de l’environ-
nement ayant décru rapidement après l'arrêt des essais atmosphériques, l’objectif principal de la
surveillance radiologique était de vérifier le confinement, au sein du massif géologique, des radio-
nucléides produits par les essais souterrains. Il s'agissait de mesurer l'évolution de traces de
radioactivité. L'amélioration des analyses radiochimiques, associée à l'utilisation d'appareillages
de comptage bas bruit de fond, permit de quantifier les radionucléides au niveau des traces. Dès
lors, les radionucléides émetteurs bêta et bêta-gamma contribuant à l’activité de l'indice bêta global
ont fait l'objet d'un suivi différencié.
Les radionucléides émetteurs bêta-gamma ayant les activités volumiques les plus élevées
dans les aérosols sont d'origine naturelle : 7Be, 22Na, 40K et 210Pb. Les 7Be et 22Na sont considérés
comme les traceurs d’apports des hautes couches de l'atmosphère tandis que 40 K et 210 Pb sont
les traceurs des émissions telluriques.
L’activité volumique des radionucléides émetteurs bêta-gamma d’origine artificielle, en
particulier celle du 137 Cs, étant plus faible que celle des radionucléides d’origine naturelle, les
mesures s’effectuaient sur les filtres regroupés mensuellement. Entre 1985 et 1990, les résultats
en 137 Cs n'étaient pas significativement supérieurs aux limites de détection standards, de l'ordre
de 5.10 -7 Bq.m -3 .
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 135
De 1986 à 1996, durant la période finale des essais souterrains, l’évolution de la radioactivité
atmosphérique en 239+240 Pu atteignit ponctuellement une valeur maximale de 7.10 -7 Bq.m -3 en
1987 à la suite des travaux d’assainissement entrepris en secteur Nord de l’atoll de Mururoa
utilisé pour les essais de sécurité (Fig. 70). En 1996, l’activité volumique revenait à un niveau
identique à celui de 1986, soit environ 10 -8 Bq.m -3 .
Bq.m-3
1.10-6
1.10-7
1.10-8
1.10-9
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996
F IG . 70. - Évolution mensuelle de l'activité volumique en 239+240 Pu (Bq.m -3 ) des aérosols prélevés, de 1986
à 1996, à la station Martine, sur l’atoll de Mururoa.
IV.2 - SOLS
Les principaux radionucléides d’origine naturelle présents dans les sols de Mururoa et
Fangataufa apparaissent à des niveaux d'activité massique homogènes et comparables à ceux des
autres atolls polynésiens (Tableau 15). Le rapport 226Ra/ 232Th est en général proche de 1 à Mururoa.
Des variations de ce rapport sont observées entre les secteurs de l’atoll traduisant des proportions
variables de corail dans les échantillons de sols analysés.
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 136
0,22
était le seul radionucléide émetteur bêta- 0,62
0,83 1,15 0,46
0,17
0,78 0,12
gamma régulièrement détecté. En 1992, son PK O
0,50
0,70 0,11
0,50
activité massique, sensiblement constante sur 0,39
0,48
0,16 0,13
Anémone 0,88
tout ce secteur, ne dépassait pas 2 Bq.kg -1 0,17
0,30 0,15 0,15
0,24
sec (Fig. 71). 0,67 0,30
0,18 0,74
PK 1S 0,10
0,74
0,12 0,17
0,10
1,72 0,26
F IG . 71. - Cartographie de l’activité massique en 0,14 0,21
137 Cs (Bq.kg -1 sec) dans la couche la plus super- Nicole
0,50
ficielle des sols prélevés, en 1992, dans le
secteur Est de Mururoa.
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 137
Le 137Cs se trouvait essentiellement dans la couche la plus superficielle des sols avec, en
1992, une moyenne de 0,7 Bq.kg -1 sec (Fig. 72). Au-dessous d’une profondeur de 12 cm, les acti-
vités massiques, proches de 0,4 Bq.kg -1 sec, étaient du même ordre de grandeur que celles obser-
vées dans les mêmes couches du secteur Sud. Les autres radionucléides, 60Co, 241Am et 155Eu
étaient présents à des niveaux d'activité moyens proches des limites de détection des techniques
de mesure utilisées, respectivement 0,2, 0,7 et 6,1 Bq.kg -1 sec.
1 1
40K
226Ra
232Th
137Cs
0,1
0,1
0 10 20 30 40 0 10 20 30 40
Profondeur en cm Profondeur en cm
Secteur Nord
Dans ce secteur, les mêmes radionucléides ont été détectés à des activités massiques
plus élevées qu'en secteur Est, mais toujours inférieures à 10 Bq.kg -1 sec (Tableau 16).
N
Bq.kg-1 sec
Secteur Ouest
2 - 12 0 5 10 15
0
0,5 - 2
En zone Faucon, 137 Cs et < 0,5
0,19
Des cartographies
gamma de l’ensemble des
sols des deux atolls d’expéri-
mentations, réalisées par voie
aérienne en 1987 et 1999, ont
permis de confirmer l’homogé-
néité de l’activité surfacique en
137Cs et ce, à des niveaux
d’activité très faibles (Fig. 74).
F IG. 74. - Cartographie des dépôts surfaciques (Bq.m -2) du 137Cs réalisée par
spectrométrie gamma, par voie aérienne, sur l’atoll de Mururoa, en 1999.
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 139
IV.2.2.1 - MURUROA
28,4
44,8
N
53,5 15,3 292
9,3 (10,4 - 708)
689 84,3
Denise 9,8 (440 - 960)
Edith (1,4 - 325)
(2,0 - 24,7)
Françoise
4,0
(0,31 - 19,9)
Camélia
6,2
(0,44 - 19,1)
Martine
3,0
Anémone (0,16 - 13,2)
F IG . 77. - Cartographie de l’activité massique (Bq.kg -1 sec) en 239+240 Pu de la couche superficielle des sols
prélevés en 1992 à Mururoa. Les minimales et les maximales sont données entre parenthèses.
Secteur Nord
Entre les zones Denise et Françoise, les activités massiques des isotopes du plutonium
s’avéraient plus élevées qu'en secteur Est. L'amplitude des activités massiques en 238 Pu et
239+240 Pu étaient de 1,2-4,7 et 9,0-53,5 Bq.kg -1 sec. Le rapport d'activité 238 Pu/ 239+240 Pu y
variait, de 3% à 23%.
Toujours en secteur Nord de l’atoll, à l'ouest de la zone Denise, les trois motu Colette, Ariel
et Vesta utilisés pour des essais de sécurité étaient initialement constitués d’une dalle corallienne
recouverte par endroits d'une fine couche de sable. Cette dalle, alors exempte de toute végétation,
demeure aujourd’hui encore peu favorable au développement de végétaux.
Les cinq expériences de sécurité, sans réaction de fission, Ganymède, Ariel, Vesta, Bélier,
Persée, effectuées entre 1966 et 1974 ont conduit à la dispersion de 239 Pu sur une surface de
190 000 m 2 . Après chaque expérience, les débris les plus importants étaient ramassés et les
dépôts résiduels de plutonium fixés sur la dalle par épandage d'une émulsion de bitume
(cf. Chapitre VII).
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 141
47,2 14,1
12
07 55,4 19,9
11
10
Dalle Piste 40 29,1
06 Dalle
50,6 60,4
09
68,5 26,7
08
05 86,7 15,5
07
06
04 05
04
03 03
02
02 01
00
01
Q P O N M L K J I H G F E D C B A WV U T S RQ P O NM L K J I HG F EDCBA α β
Lagon Lagon
20 m N
Motu Vesta
24
23
22
21
20
< à 0,01
19
18
17
0,01 à 0,1
16
15
14
0,1 à 1
13
12
Pis 11 1 à 15
te
10
09
08
07
Dalle 06
05
04 F IG . 78. - Cartographie de l’activité surfacique (MBq.m -2 ) en
03 239 Pu de la dalle de corail induré des motu des zones Colette,
02
01 Ariel et Vesta, dans le secteur Nord de l’atoll de Mururoa, au
ON M L K J I H G F E D C B A 1er janvier 1988.
Lagon
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 142
Secteur aéroportuaire
N
Camélia
2,00
Irène
8,55
8,19 Jeanne
8,92 136
10,4 54,5 175 Kathie
581 440 440
2,98 24,7 1,43
9,18
8,4
14,4 1,58
960
24,7 8,89
708 915
325
2,88
10 - 100
1 - 10
F IG . 79. - Cartographie de l’activité massique (Bq.kg -1 sec) en 239+240 Pu de la couche superficielle des sols
du secteur aéroportuaire, entre les points Camélia et Kathie, de l’atoll de Mururoa.
Secteur Est
La plus grande partie des infrastructures (installations techniques, logements, ...) d’une
superficie d'environ 0,75 km 2 , était regroupée dans le secteur Est de l’atoll, entre les zones
Kathie et Nicole. Depuis 1966, les sols de ces zones avaient subi de multiples remaniements.
Leur activité massique en 239+240 Pu était faible ; la valeur moyenne s’élevant à environ 4 Bq.kg -1 ,
pour un maximum de 20 Bq.kg -1 (Fig. 80). Les profils verticaux montraient que l'activité était
généralement présente uniquement dans les premiers centimètres en surface (Fig. 81).
L’activité totale en 239+240 Pu de ce secteur a été estimée à environ 3.10 8 Bq, à partir de
mesures de l’activité massique d’échantillons de la couche de surface et suivant des profils et en
considérant une densité moyenne des sols égale à 1. Lorsque le 238 Pu était décelable, le rapport
d'activité 238 Pu/ 239+240 Pu présentait des fluctuations importantes, de 1 % à 22 %, traduisant les
différentes origines de ce radionucléide.
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 143
4,69 1,03
3,67 N Bq.kg-1 sec
1,73 2,19 0,31 3,23 0 2 4 6 8 10 12
4,10 19,9 0
0,41 10 - 20
3,68 1,80
1 - 10 5
3,19
<1
3,74
PK 2N 4,76 1,49 10
8,71
8,59
4,41
19,1
15
12,1
Léa 20
13,1
1,26
11,8 25 Limite de détection
0,70
PK 1N 2,99 30
3,06
4,17 1,59
0,61
8,7 3,11
35
0,31
5,56 5,4 40
1,28
Martine 2,52
1,49 0,74 a
45 Profondeur (cm)
0,73
0,43 1,56
0,79 13,2
0,97 0,18
0,87 2,68 0 2 4 6 8 10 12
0,46 1,99
1,77 2,26 1,63 0
PK O 0,57
0,91 1,19 2,24 Bq.kg-1 sec
0,55 0,15
Anémone 1,95 10,8 5
2,34 1,94 1,56
0,47 1,72 14,2 10
4,30
PK 1S 9,6 9,9 5,78 6,28
11,9 15
2,52 5,14
2,74 1,03
6,44 1,02 20
Nicole
3,89
25
10
engendré des retombées 2,8 263 359
Empereur
Pi Kilo
st
e
d'
IV.2.2.2 - FANGATAUFA av
ia
tio
n
Les maxima d'activité ont été observés entre l'extrémité Sud de la piste d’aviation et le point
Frégate-Nord (Fig. 85).
L'activité massique en 239+240 Pu
décroissait avec la profondeur (Fig. 86). Les
Bq.kg-1 sec
variations de l’activité de ces profils résul-
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000
0 taient des différences de nature des
10
couches de sol échantillonnées, horizons
de sédiments meubles ou de corail compact.
20
De 45 à 60 % de l'activité en plutonium se
30 situait dans les 5 premiers centimètres.
40 L'activité totale en 239+240 Pu dans les sols
50 de cette zone a été estimée à 3,6.10 10 Bq
60
en prenant en compte une densité moyenne
de 1,2 pour les sols.
70
80
90 F IG . 86. - Profil de l'activité massique (Bq.kg -1 sec)
100 en 239+240Pu des sols de la zone Kilo du secteur
Profondeur (cm) Nord de l’atoll de Fangataufa.
Le rapport d'activité 238 Pu/ 239+240 Pu, sensiblement constant, tant en surface qu'en pro-
fondeur, était, en moyenne, égal à 40 %. Cette zone présentait une activité totale en 238 Pu
estimée à 1,4.10 10 Bq.
Les débits de dose environnementaux, mesurés en différents points des atolls expérimentaux,
ont présenté de très fortes variations pendant toute la période des essais atmosphériques. Les
niveaux étaient proportionnels à l'intensité des retombées immédiates après l’essai. Le réseau de
télémesures transmettait en temps réel les valeurs de débit de dose mesurées par les compteurs
et les chambres d'ionisation, en particulier celles des zones où avaient lieu les essais. Ces
informations, complétées par les mesures réalisées lors des missions de reconnaissance radio-
logique après l’essai, permettaient de délimiter les zones à accès contrôlé et de décider de
l'entrée des membres du personnel sur ces zones, dès lors que la décroissance des niveaux de
rayonnement le permettait. Les personnes intervenant sur ces zones étaient munies d'un dosimètre
individuel permettant d'évaluer leur exposition externe éventuelle (cf. Chapitre VI).
Pendant la période des essais souterrains, les niveaux des débits de dose mesurés à la
majorité des points des atolls étaient stables et correspondaient à l'exposition naturelle (260 à
320 µGy.an -1 ), essentiellement due au rayonnement cosmique. Cependant, les points de mesure
du débit de dose des zones Nicole et Dindon à Mururoa et de la zone Kilo à Fangataufa montraient
localement des valeurs maximales proches de 500 µGy.an -1 .
Au point Nicole, l'augmentation était due à la proximité du laboratoire de mesures des
échantillons provenant des cavités d’essais souterrains. Pendant la période du moratoire entre 1992
et 1994, l’irradiation ambiante de ce point, en l’absence d’échantillons à analyser, était du même
niveau qu'aux autres points de mesure (Fig. 87a).
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 146
Au point Dindon, l'augmentation du débit de dose était due au Poste d'enregistrement avancé
(PEA), ouvrage en béton dont les radionucléides des chaînes naturelles de l’uranium et du thorium
sont à des niveaux d'activité plus élevés que ceux des sols environnants (Fig. 87b). Ce point de
mesure a été déplacé de façon à s’affranchir de l’irradiation occasionnée par le béton.
Au point Kilo, l'augmentation provenait des dépôts résultant de l'essai sur barge Rigel de
1966, avec en particulier l'influence du 60 Co (Fig. 87c). En tenant compte d'un débit de dose de
280 µGy.an -1 pour la composante naturelle de l'irradiation, la composante due au 60 Co estimée
à 140 µGy.an -1 en 1988, a décru au cours du temps, suivant la période radioactive de ce radio-
nucléide (5,27 ans).
µGy.an-1 µGy.an-1
700 700
+ Incertitude + Incertitude
Dose 1 Dose
600 - Incertitude 600 - Incertitude
1 2
500 500
2 3 3
400 400
300 300
200 200
a b
100 100
1987 1989 1991 1993 1995 1997 1986 1988 1990 1992 1994 1996
µGy.an-1
700
+ Incertitude
Dose
- Incertitude
600
Courbe d'évolution
calculée F IG . 87. - Débits de dose annuelle (µGy.an -1 ) aux
points Nicole en secteur Est (a), Dindon en secteur
500
Ouest (b) sur l’atoll de Mururoa et au point Kilo (c)
sur l’atoll de Fangataufa.
Au point Nicole, les périodes 1, 2 et 3 correspondent
400 respectivement aux phases d'expérimentation, au moratoire
et à la dernière campagne d'essais.
Au point Dindon, les périodes 1, 2 et 3 correspondent
300 respectivement aux mesures sur le toit du PEA jusqu’en
1987, à 1,2 m au-dessus du sol contre le PEA de 1988 à
1991 et à 100 m du PEA à partir de 1992.
200
c
100
1988 1990 1992 1994 1996
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 147
De 1985 à 1996, en dehors des zones particulières qui viennent d’être décrites, les doses
annuelles mesurées étaient comprises entre 260 et 320 µGy.an -1 pour la quasi-totalité des points de
surveillance des deux atolls d'expérimentations (Fig. 88). Ces valeurs sont tout à fait représentatives
de l’irradiation ambiante susceptible d’être mesurée sur des atolls coralliens polynésiens. La
moyenne annuelle, calculée à l’aide de l’ensemble des mesures, s’établissait à 290 µGy.an -1 pour
Mururoa et 280 µGy.an -1 pour Fangataufa. La valeur légèrement plus élevée de l’irradiation externe
observée à Mururoa s’explique par le grand nombre de constructions et de voies bétonnées dont
les activités, associées aux radionucléides des chaînes radioactives naturelles, sont plus importantes.
µGy.an-1
600
a
500
Maximum
400
Moyenne
Minimum 300
Moyenne générale
200
100
Points d'exposition
0
µGy.an-1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
600
b
500
400
F IG . 88. - Débits de dose annuelle (µGy.an -1 )
300 mesurés de 1988 à 1996 aux différents
points de surveillance de l’atoll de Mururoa
200 (a), et de l’atoll de Fangataufa (b).
100
Points d'exposition
0
1 2 3 4 5
Ainsi, les radionucléides de période comprise entre 2 mois et un an, 95 Zr, 58 Co, 65 Zn,
57 Co, 54 Mn, 144 Ce et 106 Ru ont été détectés. Ils étaient associés à des radionucléides de période
supérieure à 5 ans, essentiellement
60 Co, 90 Sr et 137 Cs. Un troisième
Radionucléide et Activité Zone de
groupe, celui des radionucléides à vie Période physique maximale
Date
prélèvement
longue, comme les isotopes du pluto-
nium, 238Pu et 239+240Pu, était mesuré. 58Co (70,8 jours) 170 21.11.68 Empereur
Ces radionucléides ont été 65Zn (244 jours) 140 21.11.68 Empereur
quantifiés dans les échantillons biolo- 65Zn (244 jours) 140 10.03.69 Kilo
giques pendant la phase initiale des 57Co (272 jours) 110 28.10.67 Kilo
essais atmosphériques, comme le
54Mn (312 jours) 70 10.03.69 Kilo
montrent les dates de prélèvements des
60Co (5,27 ans)
échantillons de Scaevola sericea pré- 51 27.08.69 Kilo
sentant les activités massiques maxi-
137Cs (30,2 ans) 2 500 27.08.69 Kilo
males de ces produits d’activation et de
137Cs (30,2 ans) 1 500 21.11.68 Empereur
fission (Tableau 18).
144Ce (284 jours) 1 500 21.11.68 Empereur
144Ce (284 jours) 1 100 28.10.67 Empereur
106Ru (373 jours) 1 000 21.11.68 Empereur
95Zr (64 jours) 740 17.09.70 Terme Sud
95Zr (64 jours) 740 18.09.70 Pavillon
T ABLEAU 18.
141Ce (32,5 jours)
Activités maximales (Bq.kg -1 poids frais) 480 17.09.70 Terme Sud
des principaux radionucléides mesurés dans 90Sr (28 ans) 170 27.08.69 Kilo
les échantillons de feuilles de Scaevola 140Ba (12,8 jours) 140 18.09.70 Pavillon
sericea prélevés dans différentes zones de
l’atoll de Fangataufa. 239+240Pu 0,36 10.07.88 Kilo
Les radionucléides sont classés en trois (24 300 et 6 600 ans)
catégories : produits d'activation, produits 238Pu (86 ans) 0,13 10.07.88 Kilo
de fission et matières fissiles.
Les valeurs maximales des principaux radionucléides de période courte ont été mesurées
sur les feuilles de Scaevola sericea prélevées dans le secteur de Fangataufa s'étendant des
zones Kilo à Empereur. Durant la période 1967-1968, les niveaux ont atteint 1 500 Bq.kg -1 frais
en 144 Ce, 1 000 Bq.kg -1 frais en 106 Rh et 740 Bq.kg -1 frais en 95 Zr en zone Empereur (Tableau 18).
140 Ba, 141 Ce, 103 Ru, etc. ont également été détectés occasionnellement dans les échantillons de
coprah et de lait de noix de coco, mais uniquement durant la période des essais atmosphériques
et avec des niveaux toujours plus élevés dans les échantillons de coprah (Tableau 19).
De 1982 à 1995, l’activité massique en 137 Cs était supérieure aux limites de détection
pour 151 des 211 échantillons de feuilles de Casuarina equisetifolia, prélevés dans la partie Est
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 149
de l’atoll de Mururoa. Quel que soit le site de prélèvement, l’activité des principaux radionucléides
détectés dans les feuilles de Casuarina equisetifolia était très inférieure à l’activité naturelle en
40 K, de 42 à 62 Bq.kg -1 frais.
Entre 1982 et 1995, l’activité massique annuelle en 137Cs était comprise entre 0,09 et 1,3 Bq.kg-1
frais, avec un maximum de 6,6 Bq.kg-1 frais atteint en 1986. L’évolution annuelle de l’activité massique du
137Cs, pour un même lieu de prélèvement, a décru suivant une période effective de l’ordre de 6 ans. La dis-
persion statistique autour de cette tendance a été attribuée à un taux de remise en suspension différent entre
les points de collecte et à un taux de captation
des poussières variable suivant la hauteur des
Bq.kg-1 frais
10 feuilles des arbres échantillonnées (Fig. 89).
1
(17)
(12)
(18) (7) (11)
(1) (21)
(18) (9)
(17)
0,1 (15)
(2)
(2) (1)
0,01
0,001
82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95
De 1968 à 1995, les activités massiques en 60 Co, 137 Cs et 90 Sr des feuilles de Scaevola
sericea de la zone Kilo-Empereur de l’atoll de Fangataufa ont décru suivant une période effective
de l'ordre de 3 à 4 ans (Fig. 90). La dispersion statistique des résultats de cette zone a été attribuée
à l’hétérogénéité spatiale des dépôts des radionucléides dans le sol.
1 10
1
0,1
0,1
0,01 0,01
67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93
Bq.kg-1 frais
1000
90
Sr
F IG . 90. - Évolution de l'activité massique
100
(Bq.kg -1 poids frais) en 60 Co, 137 Cs et 90 Sr
dans des échantillons de feuilles de Scaevola
10
prélevés dans les zones Kilo et Empereur, à
Fangataufa, de 1967 à 1993.
1 La période de décroissance effective (T e ) est
déterminée à partir de la droite de régression figurée
0,1 par un trait pointillé. Les carrés blancs indiquent des
mesures inférieures aux limites de détection.
0,01
67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93
T ABLEAU 20.
Activités massiques maximales (Bq.kg -1 poids frais) en Dans les autres secteurs de
60 Co, 137 Cs et 90 Sr dans des échantillons de feuilles Fangataufa, les activités massiques en
de Scaevola prélevés hors des zones Kilo-Empereur, 60 Co, 137 Cs et 90 Sr des feuilles de
à Fangataufa, de 1968 à 1992. Scaevola s’avéraient plus faibles (Tableau
20). Le 137Cs était également le principal
Activité maximale Secteur
Radionucléide
(Bq.kg-1 frais) Date géographique radionucléide détecté dans l’eau de coco
et le coprah des noix collectées dans la
2,5 21.11.68 Frégate - Echo principale cocoteraie, située dans la zone
60Co 7,7 24.11.68 Terme Sud Martine-Anémone de Mururoa. Pour le
16 19.08.74 Pavillon coprah, l’activité massique est passée de
10 Bq.kg -1 frais en 1967, à quelques
170 03.12.69 Frégate - Echo
dixièmes de Bq.kg -1 frais en 1996 (Fig. 91).
137Cs 30 17.09.70 Terme Sud Pour ces deux types d’échantillons, la
70 07.10.86 Pavillon période de décroissance effective du
137 Cs était alors de 6 ans, c’est-à-dire 5
90Sr 8,1 11.06.80 Pavillon
fois plus courte que la période radioactive
3 18.09.92 Frégate - Echo
de ce radionucléide.
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La seconde cocoteraie, en zone Faucon, a subi à la fois les effets thermiques des explosions
nucléaires et l’essentiel des retombées des essais effectués sur la zone Dindon, toute proche. Les
activités massiques associées à cette cocoteraie, replantée après les essais atmosphériques, étaient
plus élevées que celles présentes sur d’autres zones de l’atoll. Des valeurs maximales de 10 Bq.kg -1
frais dans le coprah et de 6,3 Bq.l -1 dans l’eau de coco ont été relevées en 1988.
Les résultats de mesure des intercomparaisons de l’AIEA de 1994 et 1996 étaient
conformes à ceux obtenus dans le cadre de la surveillance radiologique des sites (Fig. 91). Ainsi,
les activités massiques en 137 Cs d’échantillons d’eau de coco étaient de 0,095 et 0,11 Bq.kg -1
frais en 1996 dans les zones Anémone et Denise respectivement. Les échantillons des autres
zones étaient caractérisés par des niveaux d’activité inférieurs aux limites de détection.
1
0,1
0,01 0,1
67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99
F IG . 91. - Évolution de l'activité massique (Bq.kg -1 poids frais) en 137 Cs dans des échantillons d'eau de coco
et de coprah prélevés dans la partie Est de Mururoa, de 1967 à 1999.
La période de décroissance effective (T e ) est déterminée à partir de la droite de régression figurée par un trait pointillé.
Bq.kg-1 frais
10
0,1
0,01
1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995
L'activité massique du 90 Sr des noix de coco de Mururoa a été mesurée à partir de 1970.
La moyenne pour l’eau de coco et le coprah s’établissait respectivement à 0,1 Bq.l -1 et 0,2
Bq.kg -1 frais jusqu'en 1991, date à laquelle l'activité massique est devenue inférieure aux limites
de détection des appareils de mesure. Le 90Sr, parfois décelé dans la pulpe de papaye, présentait
des niveaux d’activité plus faibles que ceux de la noix de coco, de l’ordre de quelques centièmes ou
millièmes de Bq.kg -1 frais. La valeur maximale de 0,07 Bq.kg -1 frais a été observée en 1979.
À Fangataufa, à la même époque, les échantillons issus de la zone Kilo présentaient des
activités massiques en 90 Sr de l'ordre de 0,22 Bq.kg -1 frais. Le 60 Co a également été détecté
régulièrement dans les échantillons de coprah, à des niveaux d'activité plus faibles dans l’eau de
coco.
À Mururoa, les activités massiques les plus élevées en 239+240Pu ont été mesurées dans des
échantillons de feuilles de Casuarina equisetifolia prélevés dans le secteur Nord de l’atoll, notamment
en zone Colette. Les maxima ont été observés lors des travaux d’assainissement de cette zone.
Sur dix prélèvements réalisés en 1990, les valeurs en 239+240 Pu étaient comprises entre 3,7 et
32 Bq.kg -1 frais, avec une moyenne de 13 Bq.kg -1 frais. Les essais de sécurité réalisés dans cette
zone ont conduit à des dépôts permettant d’expliquer les niveaux d’activité les plus élevés observés
dans les Casuarina equisetifolia qui ont poussé par la suite dans cette zone.
Dans les secteurs Est et Ouest de l’atoll de Mururoa, les activités massiques maximales
en 239+240Pu n'ont pas dépassé 1,5 Bq.kg -1 frais. L’activité massique du plutonium, dans les échan-
tillons d’eau de coco et de coprah, était trop faible pour être détectée par les techniques de mesure
utilisées pour la surveillance de routine.
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Aussi, une campagne de prélèvements de grands volumes d’eau de coco (40 litres) a été
menée, en 1994, dans les 4 secteurs cardinaux de l’atoll de Mururoa, afin d'atteindre des niveaux
d'activité mesurables par concentration du plutonium de l'échantillon. L’activité volumique en
239+240 Pu variait de 3,3.10 -5 à 5,9.10 -5 Bq.l -1 .
L’expertise menée par l'AIEA en 1996 a reporté des activités massiques en 239+240 Pu
comprises entre 0,0177 et 0,030 Bq.kg -1 frais, pour les échantillons de végétaux prélevés dans le
secteur Ouest, de 0,182 à 0,319 Bq.kg -1 frais, pour ceux de la zone Kathie à l’Est et de 0,69
Bq.kg -1 frais, pour ceux issus de la zone Denise au Nord de l’atoll.
Les activités massiques en 238 Pu et 239+240 Pu de la pulpe des échantillons de papaye
prélevés à Mururoa étaient mesurées à des niveaux d’activité très faibles. En 1995, les valeurs
maximales atteignaient 0,0061 Bq.kg -1 frais en 238 Pu et 0,032 Bq.kg -1 frais en 239+240 Pu.
Bq.kg-1 frais
137Cs
239+240Pu
10
0,1
0,01
1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
(Bq.kg -1
F IG . 93. - Évolution de l'activité massique poids frais) en 137 Cset 239+240 Pudans des échantillons
de feuilles de Casuarina equisetifolia prélevés dans la zone Kilo sur l’atoll de Fangataufa de 1985 à 1993.
Les échantillons de coprah et d'eau de coco issus de la zone Kilo présentaient des niveaux
d’activité en plutonium cohérents avec ceux des échantillons collectés en 1996, par l’AIEA, sur
cette zone. Pour le coprah, les activités massiques en 238 Pu, 239+240 Pu et 241 Am étaient res-
pectivement de 0,016, 0,0487 et 0,0029 Bq.kg -1 frais (Tableau 22).
Chap. 4aVF-06.12.06:Chapitre 4 10/01/07 15:15 Page 154
Eau de coco 04.10.90 Kilo 0,0017 ± 0,0019 Bq.l-1 de coco et de coprah issus des fruits
des cocotiers plantés, en 1980, sur les
Eau de coco 10.02.98 Frégate < 0,00025 Bq.l-1 zones Kilo et Frégate du secteur Nord de
Eau de coco 03.05.99 Frégate < 0,00038 Bq.l-1 l’atoll de Fangataufa.
Le rapport entre la valeur de l'activité massique d'un radionucléide présent dans une espèce
végétale et son activité massique dans le sol où pousse la plante, permet de quantifier les transferts
de ce radionucléide du sol vers la plante (cf. Chapitre II). Les valeurs des facteurs de transfert
racinaire s’établissent généralement à partir d'études menées en laboratoire. Lorsqu'elles sont
estimées à partir de données de terrain, les valeurs de F t sont généralement surestimées car elles
intègrent les apports dus aux dépôts directs des radionucléides sur la plante et leur absorption
foliaire dont l'intensité varie suivant le stade végétatif du végétal. L’estimation de ces facteurs, à
partir de données in situ, s’avère également délicate en raison des niveaux d’activité massique
parfois trop faibles, comme c'est le cas pour le césium dans le sol ou pour le plutonium dans les
plantes. Néanmoins, des ordres de grandeur peuvent être avancés à partir des études de terrain
menées sur les atolls de Mururoa et Fangataufa.
Les valeurs des facteurs de transfert spécifiques des plantes tropicales Cocos nucifera,
Pandanus tectorius et Argusia argentea et des sols de Mururoa, obtenues à partir d'étude réalisées
in situ, sont cohérentes avec celles publiées pour l’atoll de Bikini où les États-Unis ont réalisé de
nombreux essais nucléaires atmosphériques (Tableau 23).
Les résultats obtenus entre 1966 et 1996 permettent de distinguer trois périodes :
• De 1966 à 1974, les activités volumiques des eaux du lagon variaient très rapidement au
cours du temps et dans l’espace, en fonction des essais.
• De 1975 à 1984, période de transition entre essais atmosphériques et souterrains, les activités
volumiques des radionucléides d’origine artificielle des eaux du lagon ont décru très rapidement
au niveau des traces. Ils ont rarement été mesurés dans les eaux océaniques à proximité
immédiate des atolls d’expérimentations.
• De 1985 à 1996, la radioactivité artificielle des eaux de mer résultait principalement des
radionucléides suivants : tritium sous forme eau tritiée (HTO), 90 Sr, 137 Cs, 238 Pu et 239+240 Pu.
D’autres radionucléides, 60 Co, 241 Am et 241 Pu, étaient présents dans les eaux des lagons, à
de très faibles niveaux d’activités volumiques.
Les niveaux atteints par les radionucléides durant ces périodes font l’objet de descriptions
détaillées dans les paragraphes suivants ainsi que dans l’annexe 3 pour chacun des essais atmo-
sphériques. Lorsque l’activité était au niveau des traces directement accessibles par des mesures,
les niveaux moyens pouvaient être appréciés à l’aide du suivi d’indicateurs biologiques : algues,
mollusques, crustacés et poissons, dont les résultats sont fournis dans les paragraphes suivants.
Les trois essais sur barge réalisés à Mururoa, Aldébaran et Sirius, en zone Dindon (1966),
et Arcturus, en zone Denise (1967) ainsi que l’essai Rigel (1966) mené à Fangataufa, ont conduit
aux valeurs maximales de l’indice bêta global. Lors de ces essais, la boule de feu est entrée en
contact avec l’eau et les sédiments du lagon se trouvant à l’aplomb du point zéro, y déposant une
quantité significative de produits de fission et d’activation. L'activité volumique des eaux du lagon
a décru ensuite linéairement, au cours du temps, suivant une loi du même type que celle décrite
pour les produits de fission du nuage radioactif stabilisé, mais avec une constante de décroissance
plus rapide (Fig. 94).
L’activité volumique initiale de la masse d'eau au lieu de l'explosion dépendait directement
de la quantité de produits de fission injectée dans les eaux du lagon, soit de l’ordre de quelques
dizaines de pourcent de l’activité totale de l’ensemble des produits de fission formés lors des
essais réalisés sur barge. Ainsi, Sirius, le plus puissant des quatre essais réalisés sur barge, a
conduit le 4 octobre 1966 à H+1 au débit de dose maximal de 0,23 Gy.h -1, à un mètre au-dessus de
la surface du lagon, pour ensuite décroître à 0,02 Gy.h -1 à J+1, puis à 0,01 Gy.h -1 à J+2
(cf. Annexe 3). La masse d’eau contaminée initialement confinée en zone Dindon, s’est ensuite
étendue vers l’est du lagon. L’activité volumique des eaux du lagon devenait pratiquement homogène
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 156
à J+37, et atteignait 1,85 à 4,44 MBq.m -3 . Le retour en zone de mouillage des bâtiments sur
lesquels résidait la totalité du personnel pouvait être autorisé lorsque l'activité volumique de l'eau
de mer de la zone portuaire Kathie était redevenue inférieure à 3,7 MBq.m -3 .
Aldébaran
106 Rigel
10 6 Sirius
105 106
Arcturus
t-2
105 106
4
10 105
t-1,8
4
10 105
103 104
t-1,8
Jour après J
F IG . 94. - Ajustement de lois de décroissance théorique (A β = A 1 .t -x ) de l’activité de l’indice bêta global (A β )
à partir des résultats de mesure au cours du temps des masses d’eau des lagons de Mururoa et Fangataufa
contaminées par les essais sur barge de 1966 et 1967.
Cette valeur garantissait le respect de l’activité maximale admissible pour l’eau de boisson
(CMA eau ) obtenue par désalinisation d’eau du lagon, par les bouilleurs des bateaux (cf. Chapitre
III et VI). Ainsi, par exemple, suite à l'essai Sirius, l’autorisation de retour des bateaux dans le
lagon de Mururoa n’a été donnée que 47 jours après l’essai. À partir de 1967, un dispositif de
pompage dans l’océan a été mis en place pour alimenter en eau les bateaux mouillés en zone
Kathie.
Lors des essais sous ballon, de faible ou moyenne puissance, l'engin devait monter à une
altitude suffisante pour que la boule de feu n’atteigne pas la surface du lagon. Néanmoins, lors de
certains essais de forte puissance, les capacités d’emport de charge et de transfert de signaux
de mesures ne permettaient pas de monter l'engin jusqu'à cette altitude optimale. Il s’agissait
alors de positionner l’engin à la hauteur suffisante pour que la réflexion de l’onde de choc sur la
surface de l'eau repousse la boule de feu vers le haut dans la phase finale de son expansion, lui
donnant une forme aplatie dans sa partie inférieure. L’interaction entre la boule de feu et le lagon
était évitée et la radioactivité induite dans le lagon limitée à celle associée aux produits d'activation
créés par le rayonnement neutronique à la surface de l’eau, à la verticale du point zéro.
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Les résultats du suivi de l'activité volumique de l'eau de mer du lagon de Mururoa, lors
d'essais de la campagne 1971, ont mis en évidence la rapidité de la décroissance de la radioactivité
induite par ces essais (Fig. 95a). Les résultats, corrigés de la décroissance radioactive, ont permis
d'isoler la part de la composante due à la dilution des radionucléides dans la décroissance de
l'activité volumique des eaux au droit des zones Denise et Dindon (Fig. 95b). Les tracés de la
décroissance de l’activité par dilution mettent en évidence une dilution plus lente dans la zone
Dindon, qui est un bassin enclavé, que dans la zone Denise soumise à l’influence des entrées
d’eaux océaniques par la passe et à l’action des vents dominants qui y favorisent le renouvellement
des eaux.
RHÉA
DINDON
RHÉA
10-2 10-1
T(D
T (D
)~ 50
h0
+R
0
)
T (D+
~
11
T
T (D
R)
(D) ~4
h
DENISE
~7
4h
30
+R
00
)
~
h3
11
0
ENCELADE
00
10-3 10-2 T (D
)
DENISE ~
15
JAPET
T (D)
h
00
~
ENCELADE
10
h
DIONÉ
00
T (D+R
JAPET
)
DIONÉ
~ 6
F IG . 95. - Encart a : Ajustement des lois de décroissance globale de la radioactivité par dilution et
décroissance radioactive (T D+R ).
Encart b : Décroissance par dilution (T D ) des masses d’eaux contaminées.
Les ajustements ont été réalisés sur les données de l’évolution au cours du temps de l’indice bêta global des eaux de
mer au droit des zones Dindon et Denise, à la suite des essais Dioné (05.06.1971), Encelade (12.06.1971), Japet
(04.07.1971) et Rhéa (14.08.1971).
Profondeur (mètres)
À partir de 1968, tous les
0 essais ont été réalisés sous ballon et
H + 69h30 l'activité volumique des eaux du lagon
était à un niveau très bas lorsqu’elles
5 atteignaient la zone Kathie. À partir de
H + 3h30
cette date, il n’existait plus de
10 contrainte radiologique effective pour
utiliser l'eau issue des bouilleurs des
bateaux qui venaient s’y positionner.
15 À la fin de la campagne de 1970, il
H + 45h00
H + 19h30 a donc été décidé d'arrêter le pom-
page hors du lagon pour l'alimenta-
20
tion en eau des bâtiments bases.
25
F IG . 96. - Évolution au cours du temps de
l'activité volumique (GBq.m-3) à différentes
30
profondeurs de la colonne d'eau, entre la
surface et le fond, aux stations de détection
4.10-4 10-3 10-2 10-1 1
du lagon où l'activité volumique était maxi-
GBq.m-3
male lors de l'essai Japet (04.07.1971).
Systématiquement après chaque essai, des mesures du débit de dose à la surface des
eaux du lagon permettaient d’estimer les niveaux de leur activité volumique et d’en suivre la
décroissance au cours du temps. Ces données sont présentées sous forme de cartes dans
l’annexe 3 de ce document pour chaun des essais atmosphériques.
L’activité volumique des radionucléides émetteurs bêta-gamma présents dans les eaux,
tant dans les différents secteurs de lagon qu’au cours du temps, variait de plusieurs ordres de
grandeur comme l’indice bêta global entre les périodes d’avant campagne et celles suivant la
réalisation d’un essai atmosphérique. Aussi, à partir des valeurs de l’indice bêta global
(cf. Annexe 3), les activités volumiques des différents radionucléides, susceptibles d’être
présents dans les eaux, pouvaient être rapidement estimées en tenant compte de leur
contribution relative à cet indice comme cela va être décrit dans les paragraphes suivants.
Lors des essais sur barge l’analyse radiochimique d’échantillons d’eau de mer a permis de
distinguer les différents radionucléides présents et de comparer leur contribution relative (%) à
l’activité volumique totale (Tableau 24).
L’évolution au cours du temps de l'activité volumique des différents radionucléides présents
dans un échantillon d'eau du lagon a été suivie en laboratoire par des mesures successives de leur
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GBq.m-3
1
activité (Fig. 97). Ces mesures ont
permis de vérifier l'enrichissement
M
ol
relatif en produits solubles, 140 Ba, 10-1 yb
d
èn
Baryu
m 14
0+ Lanth
131 I, 103 Ru, et l'appauvrissement en e ane 1
99 40
+
Te
ch
produits insolubles, 95 Zr et 141Ce, n
ét
iu
Zirconium 95 + N
iobium 95
m
sédimentant plus rapidement. Ces 10-2 99 Ruthénium 103
- Rhodium 103
Strontium 90 + 89
derniers se retrouvaient ainsi dans les Te
llu
Cerium 141
re
sédiments du lagon, où s'accumu- 13
2
Iod
e 131
+
laient également les produits d’activa- 10-3
Io
de
13
2
tion des éléments des matériaux 4.10-4
constituant la barge : 58 Co, 60 Co, J+5 J+10 J+20 J+30 J+40 J+50 J+60 J+70
65 Zn, 54 Mn et 59 Fe. F IG . 97. - Évolution in vitro de l'activité volumique (GBq.m -3 ) des
principaux radionucléides présents dans un échantillon d'eau
du lagon de Fangataufa, prélevé à J+5, après l'essai Rigel
(24.09.1966).
• jusqu’à 4 jours après l’essai, une homogénéisation des niveaux d’activité volumique du lagon ;
• après 4 jours, une décroissance homogène des niveaux des eaux du lagon, due à leur dilu-
tion par les échanges lagon-océan.
Brome
10-3 82
Phosphore 32 F IG. 98. - Evolution in vitro de l'activité volu-
mique (GBq.m -3) des principaux radionucléides
Chlore 38
Br
Po
om
tas
siu présents dans un échantillon d'eau du lagon
e
10-4 m4
80
2
de Mururoa prélevé au point zéro 1h30 après
m
Heures après H
4.10-5
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 130 140 l'essai Pollux (03.08.1968).
Essais souterrains
Très rapidement après le dernier essai atmosphérique, les radionucléides de période infé-
rieure à l’année n’ont plus été détectés dans les eaux des lagons. Les apports consécutifs aux
essais souterrains étant très faibles, les niveaux dans les eaux et leur évolution spatio-temporelle
peut être appréciée par leurs mesures sur les bioindicateurs marins, en particulier le plancton,
prélevés dans le cadre de la surveillance radiologique des sites (cf. IV.6.1).
Essais atmosphériques
Essais souterrains
Après l’arrêt des essais atmosphériques, les radionucléides à vie courte n’ont plus été
détectés. Pendant la période des essais souterrains,la radioactivité d’origine artificielle des eaux
des lagons résultait de la solubilisation lente des radionucléides de période plus longue associés
initialement aux sédiments, en particulier à ceux des quatre zones d'essais sur barge et du banc
de sable près de la zone Colette.
Au début des années 80, l’activité volumique des eaux du lagon était redescendue à un niveau
très bas. Lors des essais souterrains, le confinement des radionucléides dans les formations basal-
tiques a été vérifié par des techniques de prélèvements et de mesures de plus en plus performantes.
Ainsi, de 1985 à 1996, la radioactivité artificielle des eaux de mer était principalement due
aux 3 H (sous forme d’eau tritiée, HTO), 90 Sr, 137 Cs, 238 Pu et 239+240 Pu. D’autres radionucléides,
présents en très faibles quantités
T ABLEAU 26.
-3 comme 60 Co, 241 Am et 241 Pu, ont été
Évolution de l'activité volumique (Bq.m ) moyenne en tritium
des eaux de surfaces prélevées entre 1987 et 1995. détectés dans les eaux des lagons et
Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre dans l’océan, à proximité immédiate des
d'échantillons mesurés. atolls (Tableau 26).
3H (Bq.m-3)
Comparée à celle des eaux
océaniques avoisinantes, l'activité volu-
Année Lagon de Lagon de Abords de Mururoa mique en tritium des eaux du lagon était
Mururoa Fangataufa et Fangataufa
plus élevée d’un facteur 5, à Mururoa,
1987 570 ± 200 (10) 440 ± 200 (13) 200 (9) et d'un facteur 2, à Fangataufa. Les
niveaux observés restaient néanmoins au
1988 960 ± 410 (10) - 200 (14)
niveau de traces, de l’ordre du Bq.l -1. Les
1989 1050 ± 310 (10) - - variations observées résultaient des
1990 1460 ± 580 (10) - - émissions associées aux opérations de
1991 850 ± 450 (6) 560 ± 140 (6) - post-forages et à la diffusion du tritium à
1993 860 ± 350 (8) 610 ± 520 (5) partir de certaines cavités-cheminées
1994 - - 176 ± 60 (7) dont la partie supérieure atteignait le toit
des formations volcaniques.
1995 1000 ± 410 (9) 470 ± 150 (5) -
1996 - - 215 ± 200 (9) Césium 137
137Cs (Bq.m-3)
Pendant les dix dernières
Année Lagon Lagon Abords de Mururoa années de la période des essais souter-
de Mururoa de Fangataufa et Fangataufa rains, l'activité volumique en 137 Cs des
eaux des lagons de Mururoa et
1987 3,92 ± 1,12 (10) 2,95 ± 0,27 (18) 3,23 ± 0,28 (10)
Fangataufa était légèrement supérieure
1988 3,40 ± 0,55 (34) - 2,58 ± 0,14 (14) à celle des eaux océaniques environ-
1989 2,66 ± 0,26 (9) 3,15 ± 0,67 (6) 2,81 ± 0,55 (14) nantes (Tableau 27).
1990 2,67 ± 0,16 (10) 2,73 ± 0,35 (6) 2,59 ± 0,18 (14)
1991 2,65 ± 0,36 (20) - 2,21 ± 0,17 (14)
T ABLEAU 27.
1992 - - 2,20 ± 0,15 (14) Évolution de l'activité volumique moyenne
1993 2,56 ± 0,15 (8) 2,63 ± 0,30 (5) - (Bq.m -3 ) en 137Cs des eaux de surface pré-
1994 - - 2,05 ± 0,05 (9) levées entre 1987 et 1995, dans les lagons
1995 (9) 2,29 ± 0,05 (15) - de Mururoa et Fangataufa.
2,18 ± 0,09
Les chiffres entre parenthèses correspondent au
1996 - - 1,99 ± 0,12 (9) nombre d'échantillons mesurés.
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 162
500 500
1 000 1 000
1 500 1 500
T ABLEAU 28.
Évolution de l'activité volumique moyenne (Bq.m -3 ) en 137 Cs des eaux océaniques prélevées,
à différentes profondeurs, aux abords immédiats des atolls de Mururoa et Fangataufa, entre 1987 et 1996.
L’amplitude des données est reportée à ± 1σ autour de la valeur moyenne annuelle.
Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre d'échantillons mesurés.
137Cs (Bq.m-3)
Année
- 10 mètres - 200 mètres - 300 mètres - 400 mètres - 600 mètres
1987 3,23 ± 0,28 (10) 2,63 ± 0,55 (3) - 2,11 ± 0,55 (7) 0,85 ± 0,13 (4)
1988 2,58 ± 0,14 (14) 2,41 ± 0,16 (8) - 1,51 ± 0,16 (11) 0,50 ± 0,20 (11)
1989 2,81 ± 0,55 (14) 2,68 ± 0,63 (8) - 1,68 ± 0,63 (10) 0,66 ± 0,23 (10)
1990 2,59 ± 0,18 (14) 2,41 ± 0,12 (8) - 1,46 ± 0,12 (11) 0,52 ± 0,23 (11)
1991 2,21 ± 0,17 (14) 2,24 (1) - 1,54 ± 0,12 (11) 0,59 ± 0,08 (11)
1992 2,20 ± 0,15 (14) 2,06 ± 0,18 (8) - 1,36 ± 0,18 (11) 0,50 ± 0,14 (11)
1994 2,05 ± 0,05 (9) - 1,72 ± 0,10 (9) - 0,51 ± 0,08 (9)
1996 1,99 ± 0,12 (9) - 1,76 ± 0,08 (9) - 0,56 ± 0,06 (9)
Strontium 90
En 1993, au large de Mururoa, les profils verticaux de l’activité volumique en 90Sr ont mis en
évidence la présence d’une couche de mélange homogène en surface atteignant 150 mètres de
profondeur. L’activité volumique diminuait ensuite rapidement avec la profondeur pour atteindre
une activité inférieure à 0,3 Bq.m -3 à partir de 600 mètres (Fig. 101).
L'évolution au cours du temps, de 1991 à 1994, de l’activité volumique des eaux profondes
mesurées aux abords immédiats des deux atolls d’expérimentations était proche de celle des
échantillons prélevés à la limite des eaux territoriales en 1993 (Tableau 30). Pendant la même
période, le rapport 137Cs/ 90Sr des eaux océaniques, quelle que soit la profondeur, est resté
constant au cours du temps, fluctuant entre 1,7 et 1,9.
T ABLEAU 30.
Évolution de l'activité volumique moyenne (Bq.m -3 ) en 90 Sr des eaux océaniques prélevées
à différentes profondeurs aux abords immédiats de Mururoa et Fangataufa, entre 1991 et 1994.
L’amplitude des données est reportée à ± 1σ autour de la valeur moyenne annuelle.
Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre d'échantillons mesurés.
90Sr (Bq.m-3)
Année
- 10 mètres - 200 mètres - 300 mètres - 400 mètres - 600 mètres
1991 1,28 ± 0,16 (5) 1,14 (1) - 0,80 (1) 0,39 (1)
1992 1,48 ± 0,12 (14) 1,41 ± 0,12 (8) - 0,98 ± 0,18 (10) 0,48 ± 0,18 (10)
1993 1,24 ± 0,11 (9) - 1,07 ± 0,10 (9) - 0,31 ± 0,06 (9)
1994 1,12 ± 0,06 (9) - 1,00 ± 0,08 (9) - 0,31 ± 0,06 (9)
Les niveaux d'activité les plus élevés en plutonium dans les eaux des lagons ont été
observés au cours des premières années qui suivirent les essais sur barge. Par la suite, la fraction
du plutonium associée aux particules en suspension s’est déposée sur l’ensemble du fond des
lagons, diminuant fortement son activité dans les eaux.
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 165
0,39 0,7
0,60
0,33 0
0,6
0,51 0
0,60
0,52 0,54
0,47 0,51
0,30 0,38 0,53
0,63 b
0,
0,
20
30
0,22 0,49
0,18 0,31
0,17
0,26 0,50
0,40
0,40
0,35
0,42
F IG . 103. - Cartographie de l'acti- 0,42
0
0,30
0,5
0,81
paradoxalement été observées dans le secteur
0
0 ,8
0,85
Ouest de l’atoll où ont eu lieu deux essais sur barge
0,61
ayant affecté les fonds du lagon. Ce gradient s’ex- 1,00
0,98
plique par l’entrée d’eaux océaniques par les hoa du 0,98
platier du secteur Sud et entre les motu des zones 0,86
Dindon et Faucon. Ces eaux caractérisées par des 1,00
0,91
activités faibles diluaient de manière significative 1,49
Dans les eaux de lagon, le plutonium se présentait sous deux formes : l’une soluble, non
retenue lors de la filtration des eaux de mer sur une membrane de 0,45 µm de porosité, l’autre
particulaire, associée à la matière en suspension retenue sur la membrane filtrante. L’activité en
239+240 Pu de la fraction particulaire variait fortement suivant le lieu et la date de prélèvement. Ces
variations étaient liées à celles du taux de remise en suspension des sédiments, elles-mêmes fonc-
tion de l’état d’agitation des eaux du lagon lors des campagnes de prélèvement.
Ainsi, en 1995 par exemple, l’activité de la fraction particulaire à Mururoa était de l’ordre de 2
à 6 % de l’activité de la fraction soluble ; alors que pour les années précédentes elle était de l’ordre
de 10 à 30 %, voire exceptionnellement de 50 % (Fig. 106). Les activités volumiques les plus élevées
étaient toujours observées en secteur Nord, à proximité des sites des essais de sécurité.
Bq.m-3
10
Fraction soluble Fraction particulaire
239+240
Pu
1
239+240 238
Pu Pu 239+240
Pu
238
Pu
0,1 238
Pu
239+240
Pu
0,01
238
Pu
0,001
MURUROA FANGATAUFA MURUROA FANGATAUFA
F IG . 106. - Activité volumique minimale, moyenne et maximale (Bq.m -3) en 238 Pu et 239+240 Pu de la fraction
soluble et de la fraction particulaire des eaux prélevées, en 1995, dans les lagons de Mururoa et de
Fangataufa.
À Mururoa, entre 1985 et 1996, à l’exception des eaux à l’interface avec les sédiments
dans les zones d’essais sur barge, l’activité en 239+240Pu liée à la fraction particulaire représentait, en
moyenne, de l’ordre de 17% de l’activité totale donc une proportion plus élevée que celle observée
dans les eaux océaniques qui était inférieure à 1%.
Contrairement à celles du 90 Sr et du 137 Cs, l'activité volumique du plutonium des eaux
océaniques de surface était comprise entre 1 et 2 mBq.m -3, soit 200 à 500 fois plus faible que
celle des eaux des lagons. Les échanges lagon-océan s’effectuant principalement au niveau des
passes influençaient significativement les niveaux d’activité volumique du plutonium au voisinage des
atolls, jusqu’à la limite des eaux territoriales où les activités volumiques du plutonium pouvaient
être supérieures à celles des eaux océaniques polynésiennes. Les résultats en 239+240Pu observés
entre 1989 et 1996 montrent qu’en raison des échanges d’eaux continus, entre l’océan et les
lagons des atolls d’expérimentations, l’activité en 239+240Pu des eaux en surface au niveau des
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 168
passes est 10 à 20 fois supérieure à celle des eaux se trouvant à proximité des deux atolls (Fig. 107).
L’amplitude des variations était certainement due aux différences de mélange des eaux des
lagons de Mururoa et Fangataufa avec les eaux du large en fonction de l’intensité des courants
au moment des prélèvements.
Bq.m-3
1
Fangataufa
Mururoa
Ouest
Terme Pavillon
Axe
Sud Nord Passe
Anémone Kilo Denise
Ara Ouest Est
Françoise
Faucon Frégate
0,01 Echo
Est
Simone Anémone
Sud
Terme Sud
0,001
Passes Abords immédiats des atolls Limites des eaux territoriales
F IG . 107. - Activité volumique minimale, moyenne et maximale (mBq.m -3 ) en 239+240 Pu des eaux de surface
prélevées, entre 1989 et 1996, dans les passes, aux abords immédiats et à la limite des eaux territoriales
des atolls d’expérimentations de Mururoa et Fangataufa.
Profondeur (m)
0
Des profils verticaux en 239+240 Pu en
fonction de la profondeur ont été réalisés, en
1993, au large de Mururoa (Fig. 108). L’activité
volumique était constante dans la couche de 500
surface, augmentait pour atteindre un maximum
aux environs de 600 mètres de profondeur et
diminuait ensuite assez rapidement jusqu’à 1 000
1 000
mètres puis, plus lentement, au-delà. Ce type de
profils, présentant un maximum d’activité entre
500 et 1 000 mètres de profondeur, a été observé
dans les océans du monde entier. 1 500
Les activités volumiques en 238Pu sont
rarement détectables, excepté au voisinage des
passes, où le rapport d’activité 238Pu/ 239+240Pu
était identique à celui des eaux des lagons. 2 000
N
Motu Colette
Denise a
Banc Colette
Passe
b
A
B Zone
e Secteur FRÉGATE Frégate
Zon TE Zone NORD
LET
CO DENISE
0 1 km
Passe
Zone
DINDON 0 2 km
0 5 km
A B
Motu
0
Banc de sable F IG . 109. - Situation des zones Colette, Denise
et Dindon à Mururoa (a) et Frégate à
10 m Tombant
Eboulis Fangataufa (b).
La position précise et la bathymétrie du banc
20 m
Colette et de la zone Denise sont précisées.
30 m
20 m 40 m 60 m 80 m
Lors des essais sur barge, les dépôts de radionucléides au point zéro se sont produits
essentiellement par sédimentation des produits insolubles. L’enrichissement des sédiments a
concerné le 141 Ce et 95 Zr et les produits d'activation 57 Co, 58 Co, 60 Co, 65 Zn, 54 Mn et 59 Fe.
À Mururoa, au droit du point Dindon par exemple, l'activité associée à l'ensemble des
radionucléides émetteurs bêta-gamma, à la verticale du point zéro de l’essai Sirius, a atteint
3,7.10 7 à 3,7.10 8 Bq.g -1 en 1966, entre 30 et 100 jours après l’essai. À cette date, des débits de
dose voisins de 0,1 gray.h -1 ont été mesurés au contact des sédiments.
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 170
• en secteur Ouest (Dindon), 240 prélèvements de sédiments de surface ont été réalisés,
sur une surface de 3 km 2. Ils ont été complétés par une douzaine de carottages, cer-
tains atteignant 5 mètres de profondeur, afin de décrire le profil vertical de l’activité
massique de ces sédiments ;
• sur le secteur Nord (zone Denise et banc Colette), 450 prélèvements de sédiments
superficiels ont été réalisés sur une surface de 4 km 2, dont 200 sur le banc Colette
(6 000 m 2 ). Ils ont été complétés par des carottages de sédiments de 0,5 à 1 m de
profondeur, en 9 emplacements et par quelques carottages peu profonds d’environ
50 cm au droit du point Denise ;
• dans le reste du lagon, 440 prélèvements de sédiments de surface répartis selon un
quadrillage de maille de 500 m de côté ont été réalisés. Ils ont été complétés par une
trentaine de carottages permettant d’étudier la distribution verticale de la radioactivité
contenue dans ces sédiments.
N
a b
<5
1 5
5 - 50 10
> 50 20
100
50
500
<1 200
1-5
5 - 10
5 10 - 20
20 - 50
50
50 - 100
100 - 200
0 5 km
200 - 500 0 2 km
500 - 1 000
F IG . 110. - Activité massique (Bq.kg -1 sec ) en 241 Am des sédiments de surface des lagons de Mururoa (a)
et de Fangataufa (b).
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 171
À Mururoa, les activités massiques atteignaient 68 000, 1 600 et 90 Bq.kg -1 sec respec-
tivement sur le banc Colette et au droit des points Dindon et Denise (Fig. 111). Dans les autres
zones du lagon, l'activité en 241 Am restait inférieure à 5 Bq.kg -1 sec (Fig. 110a).
Océan
a N b
DINDON
N
< 50 Océan
50 50 - 100
100 - 500
100 COLETTE
500 500 - 1 000
DENISE
700 1 000 - 70 000
300
1000
500
< 50
Lagon
50 - 100
100
100 - 300 Lagon
50
300 - 500
500 - 700
0 500 m
700 - 1 000
1 000 - 1 600
0 500 m
Océan
F IG . 111. - Cartographie de l'activité massique (Bq.kg -1 sec ) en 241 Am des sédiments de surface prélevés
au droit du point Dindon (a) et sur le banc Colette (b), dans le lagon de Mururoa.
Le 155Eu était le radionucléide émetteur gamma le plus abondant dans les sédiments avec des
valeurs d'activité massique maximales de l'ordre de 7 000 Bq.kg -1 sec, au droit des points Dindon et
Denise, à Mururoa et de 5 000 Bq.kg -1 sec au droit du point Frégate, à Fangataufa, en 1987 (Fig.
112). Les autres parties des lagons présentaient des activités massiques inférieures à 50 Bq.kg -1 sec.
a <5 N
b
5 - 10
10 - 50 10 5
20 50
50 - 500 100
5 500
<5
5 - 20
20 - 50
50 - 100
500 50 100 - 500
500 - 1 000
0 5 km 1 000 - 2 000
0 2 km
2 000 - 3 000
3 000 - 4 000
F IG . 112. - Cartographie de l'activité massique (Bq.kg -1 sec ) en 155 Eu des sédiments de surface des lagons
de Mururoa (a), prélevés en 1988, et de Fangataufa (b) échantillonnés en 1987.
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 172
L’activité massique en 60Co était inférieure à 5 Bq.kg -1 sec. 125Sb et 137Cs étaient diffici lement
décelables à l’exception des sédiments des zones au droit des points Dindon et Denise où le 137Cs
atteignait des activités supérieures à 20 Bq.kg -1 sec (Tableau 31 et Fig. 113). L'évolution théorique
au cours du temps des niveaux d'activité massique des radionucléides a été estimée, à partir de
ces valeurs maximales d'activité massique, en tenant compte de la décroissance due à leur période
radioactive. Ainsi, au droit du point Dindon, les activités massiques estimées pour l’année 2006
ne pouvaient dépasser 0,8, 80, 600 et 1 600 Bq.kg -1 sec en 125Sb, 60Co, 155Eu et 137Sb , res-
pectivement.
Le 137Cs et 125Sb n’étaient mesurables qu'à proxi-
mité du point zéro des essais sur barge. Leur répartition Océan N
géographique dans les sédiments était similaire à celle de
l'américium et de l'europium. Ces radionucléides étaient DINDON
absents du banc Colette car les essais de sécurité n’ont
pas conduit à la formation de produits de fission.
T ABLEAU 31. 20
Activité massique maximale (Bq.kg -1 sec ) des 200
100
50
Le 90 Sr n'a pas été mesuré systématiquement sur tous les échantillons, son activité
massique dans les sédiments de surface était du même ordre de grandeur que celle du 137 Cs.
Océan
a < 1 000 b
DINDON 1 000 - 5 000
< 500
1000
Lagon 500 - 1 000
1 000 - 2 000
2 000 - 3 000 0 500 m
3 000 - 5000
5 000 - 10 000
10 000 - 20 000
1000
Eider
Océan 0 500 m
< 20
200
20 à 50
50 à 100
20 100 à 200
100
200 à 1 000
> 1 000
50
À la verticale des points zéro des essais sur barge, l’activité dans les sédiments se répartissait
sur les premiers mètres de profondeur. En zone Dindon, touchée par les retombées de l'essai
Sirius, l’activité était maximale entre 0,5 et 2,5 m sous la surface sédimentaire, et devenait inférieure
à 1 000 Bq.kg -1 sec à partir de 3,5 m de profondeur (Fig. 115a). Dans la même zone, au voisinage
du point zéro de l’essai Aldébaran, l’activité massique passait par deux maxima, le plus important
atteignait 38 000 Bq.kg -1 sec à 0,75 m sous la surface des sédiments et était dû aux retombées
de l'essai Aldébaran, l'autre à 29 000 Bq.kg -1 sec à 0,3 m sous la surface, correspondait à celles
de l'essai Sirius. Au-delà d’une profondeur de 1,5 m, l’activité massique était inférieure à 500
Bq.kg -1 sec, puis inférieure à 50 Bq.kg -1 sec à une profondeur supérieure à 2,7 m sous la surface
sédimentaire. À partir d’une distance de 100 mètres de ces points zéro, l’activité était concentrée
dans les 40 premiers centimètres de sédiments.
Au niveau du banc Colette, l’activité était répartie, de façon homogène, dans toute l’épaisseur
des sédiments entre 0,50 m et 1 m. Certaines particules du banc Colette pouvaient avoir une
masse de l'ordre du milligramme et atteindre individuellement des activités supérieures à 100 000
Bq. Au-delà du tombant, l’activité associée aux radionucléides d’origine artificielle n'était décelable
que dans la couche de surface (Fig. 115b).
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 174
5
1
10
2
15
3 20
a b
25
4
30
Point zéro Aldébaran
5 Point zéro Sirius
à 100 m du Pt zéro Aldébaran
35
En dehors des trois zones précédemment citées, l’activité en 239+240Pu des sédiments du
lagon de Mururoa était inférieure à 1 000 Bq.kg -1 sec (Fig. 114). Environ 70 % de la surface
sédimentaire du lagon était caractérisée par une activité massique en 239+240Pu inférieure à 100
Bq.kg -1 sec. Les sédiments bordant la côte Sud et ceux de la passe avaient des activités massiques
inférieures à 20 Bq.kg -1 sec. Dans ces zones, à la différence du banc Colette, l’activité du plutonium
était préférentiellement associée aux particules fines, inférieures à 40 micromètres.
En 1993, l’activité massique du plutonium de huit échantillons de sédiments du lagon a
été déduite de résultats obtenus par ICP-MS (Spectrométrie d’émission atomique de plasma avec
couplage inductif), afin de distinguer les isotopes 239 et 240 du plutonium. Le rapport d'activité
240 Pu/ 239 Pu variait, selon les zones de prélèvement, entre 12 % et 18 %. La distribution géographique
des activités massiques en 238 Pu était proche de celle du 239+240 Pu. Les activités massiques
maximales atteignaient 7 800 et 2 100 Bq.kg -1 sec au droit des points Dindon et Denise et 550
Bq.kg -1 sec, au niveau du banc Colette.
Au droit du point Dindon, le rapport des activités 238 Pu/ 239+240 Pu variait de moins 20 %,
sous l’influence prépondérante de l’essai Aldébaran, à près de 60 % sous l’influence prépondérante
de l’essai Sirius (Fig. 116a). Au droit du point Denise, le rapport d'activité 238Pu/ 239+240Pu était
d'environ 30 % et sur le banc Colette était inférieur à 1 % (Fig. 116b). Dans le reste du lagon, ce
rapport était le plus souvent compris entre 20 et 30 % (Fig. 116).
À Fangataufa, l'activité massique des radionucléides artificiels détectés dans les sédiments,
principalement due aux 239+240Pu, décroissait en fonction de l'éloignement du point zéro de l'essai
Rigel (Fig. 117a). L’activité de ces radionucléides variait de 20 000 Bq.kg -1 sec dans les sédiments
de surface au droit du point zéro, à quelques Bq.kg -1 sec, dans ceux de la côte Ouest de l'atoll.
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 175
Océan a Océan
<1% b
1à3%
DINDON 3à5%
COLETTE
N 5 à 20 % DENISE
20 à 30 %
30 à 32 %
50 1
40
3
30 5
20
20
30
< 20 %
20 à 30 %
Lagon
30 à 40 % Lagon
40 à 50 %
0 500 m 0 500 m
50 à 60 %
10
20
30 < 10 %
10 à 20 %
20 à 30 %
30 à 40 %
40 à 50 %
> 50 %
0 5 km
50
F IG . 116. - Cartographie du rapport des activités (%) 238 Pu/ 239+240 Pu des sédiments de surface du lagon de
Mururoa (01.04.1984). La distribution détaillée du rapport 238 Pu/ 239+240 Pu dans les sédiments de surface
au droit du point Dindon (a) et en partie Nord de l’atoll (b) est précisée.
En 1993, les mesures par ICP-MS des isotopes du plutonium de cinq échantillons de
sédiments du lagon ont révélé des rapports d'activité 240Pu/ 239Pu constants de 18 %.
La localisation géographique de l’activité massique maximale en 238Pu dans les sédiments
de surface était très proche de celle du 239+240Pu. Le rapport d'activité 238Pu/ 239+240Pu, plus
stable qu'à Mururoa, y était compris entre 30 et 47 % (Fig. 117b).
Chap. 4bVF-06.12.06:Chapitre 4 12/01/07 11:04 Page 176
N
a
b
150
100 200 35
50
300
500
1000 40
45
5000
< 50 10000
50 - 100
100 - 150
150 - 200
30 - 35 %
200 - 300
35 - 40 %
300 - 500
500 - 1 000 40 - 45 %
35
1 000 - 5 000 45 - 50 %
5 000 - 10 000
0 2 km
10 000 - 20 000
F IG . 117. - Cartographie de l’activité massique (Bq.kg -1 sec) en 239+240 Pu (a) et du rapport des activités (%)
238 Pu/ 239+240 Pu présentes dans les sédiments de surface du lagon de Fangataufa (01.09.1987).
IV.5.3 - BILAN
Mérous Divers
(poissons) (1 %)
5%
Surmulets Algues
(poissons) 12 %
2% Plancton
Holothuries 23 %
(échinodermes)
13 %
Coraux
(16 %)
Trocas
(gastéropodes)
1%
Bénitiers
Perroquets (bivalves)
(poissons) Chirurgiens 4%
(poissons)
4%
19 %
FIG. 118. - Répartition relative (en pourcentage) des échantillons ; en fonction des espèces de la flore et de la faune
prélevées, entre 1967 et 1999, dans le cadre de la surveillance radiologique des lagons de Mururoa et Fangataufa.
IV.6.1.1 - PLANCTON
Bq.kg-1 frais
10000
131I
140Ba
1000 60Co
100
Te ~ 3 ans
10
0,01
1987 1988 1989 1990 1991
F IG. 119. - Évolution de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) en 131 I, 140 Ba et 60 Co du plancton collecté dans le
lagon de Mururoa entre 1987 et 1991.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 179
IV.6.1.2 - CORAUX
Les activités massiques maximales des coraux du lagon de Fangataufa ont été atteintes
en 1967, au début de la période des essais atmosphériques. Elles étaient alors de l’ordre de plusieurs
dizaines de milliers de Bq.kg -1 frais en 95 Zr, 144 Ce, 106 Ru et en 58 Co. Associés à ce dernier,
d’autres produits d’activation, 65Zn, 54Mn, 110mAg et 57Co, ont également été détectés. L’activité
massique de ces produits d'activation a décru très rapidement et n'était plus quantifiable après
1972. L’activité massique des produits de fission, de l’ordre de 10 Bq.kg -1 frais de 144Ce et de 106Ru
en 1975 et 1977 et de 2 Bq.kg -1 frais de 95 Zr en 1976, a décru rapidement, jusqu’à n’être plus
quantifiable à la fin de l’année 1977 (Fig. 120).
La période de décroissance effective (T e ) de ces radionucléides était du même ordre de
grandeur que leur période radioactive. À l’exception du 95Zr, de période radioactive plus courte que
les autres radionucléides, la décroissance de la majorité d’entre eux pouvait être représentée par une
droite de régression, pour l’ensemble de la période des retombées des essais atmosphériques.
103 103
102
102 102
101
101 101
100
100 100
F IG. 120. - Évolution, au cours du temps, des activités massiques frais) en (Bq.kg -1 65 Zn, 57 Co, 54 Mn, 106 Ru,
144 Ce et 95 Zr des coraux du lagon de Fangataufa prélevés lors de la période des essais atmosphériques.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 180
L'évolution temporelle de l’activité massique des mollusques a été appréciée par le suivi
radiologique des turbos et des bénitiers prélevés à Mururoa et Fangataufa, respectivement sur le
platier externe et dans les lagons. Durant la période des essais atmosphériques, les activités
massiques des radionucléides présents dans les échantillons de ces deux espèces de mollusques
étaient généralement à des niveaux plus élevés dans les
viscères et l’hépatopancréas que dans la chair. Le
rapport moyen entre l’activité des viscères et celle de la T ABLEAU 34.
chair, des principaux radionucléides détectés dans le Rapport entre les activités massiques
turbo, était compris entre 1,9 et 7 (Tableau 34). Le des principaux radionucléides mesurés
dans les viscères et la chair des mêmes
même constat a été fait pour l’hépatopancréas du
turbos, prélevés pendant la période des
bénitier, qui est un organe d’accumulation, présentant essais atmosphériques.
des niveaux d’activité 50, 35, 12 et 6 fois supérieurs
Rapport d'activité entre les
aux autres organes de l’animal, respectivement en
60 Co, 57 Co, 54 Mn et 106 Ru. fractions viscère et chair
Radionucléide
Les 95 Zr et 144 Ce ont été détectés dans les Moyenne
Nombre
turbos et les bénitiers de Mururoa et de Fangataufa, de mesures
jusqu'en 1976. Les activités massiques les plus élevées 95Zr 2,5 288
ont été observées après les campagnes d’essais 106Ru 6,8 109
atmosphériques de 1969, 1970 et 1971. L’activité
137Cs 2,6 32
massique maximale apparaissait entre 2 et 3 mois
141Ce 4,3 26
après la fin de chaque campagne d’essais, pour
décroître ensuite rapidement, jusqu’à la campagne 144Ce 3,2 225
suivante (Fig. 121). Ces données ont été utilisées pour 57Co 4,2 42
calculer les périodes de décroissance effective du 95 Zr
144 60Co 4,5 321
et du Ce pour ces deux mollusques. Les périodes
65Zn 2,1 83
de décroissance effective de ces radionucléides sont
égales à leurs périodes radioactives. 110m Ag 7,0 84
239+240Pu 1,9 61
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 181
1000
Radioactivité des turbos consécutive
aux retombées des essais nucléaires chinois 10
(17/11/76 - 16/10/80)
100
10
1
0,1 0,1
1969 1971 1973 1975 1977 1979 1981 69 71 73 75 77
F IG. 121. - Évolution, au cours du temps, de l’activité massique frais) du (Bq.kg -1 95 Zr des viscères des turbos
(a) et de la chair des bénitiers (b), prélevés dans le lagon de Mururoa.
Les périodes de décroissance effectives des 57Co, 54Mn et 106Ru calculées pour les bénitiers
prélevés à Mururoa, étaient du même ordre de grandeur que leurs périodes radioactives respectives.
(Fig. 122).
104 104
Hépatopancréas Hépatopancréas
103
102
102 102
101
101 101
100
100 10
Chair
Chair Chair
F IG. 122. - Évolution, au cours du temps, des activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 57 Co, 106 Ru et 54 Mn
mesurées dans la chair (points violets) et l’hépatopancréas (points rouges) des bénitiers prélevés dans le
lagon de Mururoa principalement lors de la période des essais atmosphériques.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 182
Bien que ces deux espèces développent des modes de vie et d'alimentation différents, le
turbo est un mollusque mobile brouteur tandis que le bénitier est un bivalve filtreur fixé sur les
substrats, leurs niveaux d'activités demeurent proches, tant pour ceux prélevés dans le lagon de
Mururoa que pour ceux issus du lagon de Fangataufa, durant la période des essais atmosphériques.
IV.6.1.4 - POISSONS
Parmi les poissons herbivores, les poissons perroquets présentaient des niveaux d’activité
massique en radionucléides à vie courte supérieurs à ceux des poissons chirurgiens. Les niveaux les
plus élevés ont été observés dans les premières années de la période des essais atmosphériques.
La décroissance rapide des radionucléides initialement présents dans les eaux immédiatement
après les essais, associée aux déplacements fré-
quents de ces poissons le long de la côte récifale
externe, explique probablement l’homogénéité spa-
tiale observée. Les graphiques de ce paragraphe pré- Bq.kg-1 frais
sentent l'évolution, au cours du temps, des activités
massiques des poissons, tous secteurs confondus. 1000
L’activité massique des poissons collectés sur le
platier externe des deux atolls, a décru rapidement
jusqu'en 1978 (Fig. 123). 100
103 103
102
102 102
101
101 101
100
100 100
104
103 103
103
102 102
102
101 101
101
100 100
100
F IG. 124. - Évolution au cours du temps des activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 54 Mn, 57 Co, 65 Zn de la
chair des poissons perroquets et chirurgiens prélevés dans les lagons de Mururoa (a) et de Fangataufa (b),
lors de la période des essais atmosphériques. .
En ce qui concerne les poissons carnivores, comme les surmulets, l’évolution au cours du
temps de l’activité massique de ces radionucléides était identique à celle des poissons herbivores
(Fig. 125).
Pour les poissons surmulets, les activités massiques les plus élevées ont été observées
au début de la période des essais atmosphériques avec le 54 Mn et le 57 Co atteignant respec-
tivement 2 000 et 500 Bq.kg -1 frais, à Mururoa, en 1969. À Fangataufa, les activités massiques
étaient plus élevées en 65 Zn, 23 000 et 6 200 Bq.kg -1 frais respectivement, en 1968 et 1969.
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103
102 102
102
101 101
101
100 100
100
104 104
102
103 103
101 101
100
100 100
F IG. 125. - Évolution au cours du temps des activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 54 Mn, 57 Co, 65 Zn des
poissons surmulets éviscérés prélevés dans les lagons de Mururoa (a) et de Fangataufa (b), lors de la période
des essais atmosphériques.
mais à des niveaux toujours supérieurs à Fangataufa (Fig. 126). Ils n’ont plus été détectés après
1977 et leur période effective était du même ordre de grandeur que leur période de radioactive.
103
102 102
102
101 101
101
100 100
100
103 103
104
102
103 102
101
102 101
100
101 100
10-1
IV.6.1.5 - HOLOTHURIES
Les principaux radionucléides à vie courte ont également été détectés dans le tégument
des holothuries prélevées à Mururoa et à Fangataufa, durant la période des essais atmosphé-
riques. Le niveau de l’activité massique de ces radionucléides a diminué très rapidement au cours
du temps (Fig. 127). Ceci s’explique par de faibles retombées lors des essais sous ballon, donc une
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 186
plus faible contamination des sédiments dont se nourrissent les holothuries. L’ensemble de ces
radionucléides ne seront plus décelés après 1975. Leur période de décroissance effective est
inférieure à leur période de décroissance radioactive pour l’ensemble des radionucléides.
104
103
104
103
103 102
102
102
101
101
101
100
100 100
103
103 103
102
102 102
101
101 101
F IG. 127. - Évolution au cours du temps des activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 54 Mn, 57 Co, 65 Zn, 106 Ru,
144 Ce et 95 Zr dans le tégument des holothuries noires prélevées dans le lagon de Fangataufa, lors de la
période des essais atmosphériques
de la période des essais atmosphériques pour Act. (Nb.) Act. (Nb.) Act. (Nb.)
décroître par la suite. 1970 - - 103 (3) - -
Ainsi, les niveaux annuels moyens étaient 1971 - - 103 (3) - -
de l’ordre de 100 Bq. kg -1 frais dans les algues 1972 - - 16 (5) - -
prélevées à Mururoa en 1970, de 10 Bq.kg -1 frais 1973 1,3 (1) 15 (5) - -
à l’arrêt des essais atmosphériques en 1974 et 1974 3,5 (1) 8,9 (4) - -
de 0,40 Bq.kg -1 frais à l'arrêt des essais souter- 1975 - - 13 (1) - -
rains, en 1996 (Tableau 35). 1976 0,37 (1) 14 (1) - -
1977 - - - - - -
Les quantités d'algues benthiques natu-
1978 - - 10 (2) - -
rellement présentes étant insuffisantes pour la
1979 - - - - - -
mesure, des panneaux immergés favorisant leur 1980 - - - - - -
croissance ont été mis en place à partir de 1982. 1981 - - 15 (3) - -
À partir de cette date, le nombre d’échantillons 1982 0,13 (2) 6,3 (13) 0,93 (1)
a donc significativement augmenté, permettant de 1983 0,76 (2) 3,4 (13) - -
suivre régulièrement la décroissance de l’activité 1984 2,3 (7) 8,8 (75) ≤ 0,17 (1)
massique des algues ; celle-ci passant de 6,3 1985 1,8 (11) 5,8 (91) 37 (1)
Bq.kg -1 frais, en moyenne, en 1982, à 0,47 1986 0,62 (17) 4,6 (73) 4,3 (3)
Bq.kg -1 frais, en moyenne, en 1997. La période de 1987 0,71 (7) 3,0 (115) 0,08 (5)
décroissance effective du 60 Co dans les algues 1988 1,2 (9) 2,1 (134) 0,04 (1)
1989 ≤ 0,63 (124) 1,2 (157) - -
benthiques, calculée entre 1982 et 1997, était de
1990 ≤ 0,46 (140) 0,81 (140) ≤ 0,23 (57)
l’ordre de 3 ans, c’est-à-dire inférieure à sa période
1991 ≤ 0,30 (75) 0,95 (75) 0,35 (31)
radioactive et identique à celle calculée pour le 1992 ≤ 0,20 (90) 0,83 (90) 2,1 (67)
plancton (Fig. 128). 1993 ≤ 0,14 (92) 0,67 (92) 3,3 (57)
1994 ≤ 0,12 (48) 0,52 (48) 0,41 (45)
Bq.kg-1 frais 1995 ≤ 0,10 (46) 0,46 (45) ≤ 0,85 (40)
100
1996 ≤ 0,12 (61) 0,40 (58) ≤ 0,28 (13)
1997 ≤ 0,10 (47) 0,47 (44) ≤ 0,24 (34)
10
0,1
F IG. 128. - Évolution au cours du temps des
activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 60 Co
des algues récoltées sur les panneaux
Les points en bleu clair correspondent à des valeurs en limite de détection
0,01
immergés entre 1982 et 1997 dans le lagon
1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 de Mururoa.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 188
Ce résultat confirme l'absence d'apport en 60Co supplémentaire dans les eaux du lagon de
Mururoa pendant les essais souterrains. Le 137Cs et le 241Am étaient présents, mais à des activités
plus faibles. Ces résultats doivent cependant être considérés avec précaution, car le dispositif
de panneaux immergés favorisait également le dépôt des particules sédimentaires en suspension.
L'activité massique des radionucléides mesurés intégrait celle des algues, mais aussi celle des
matières en suspension ce qui peut expliquer l’importance de la variabilité des activités mesurées pour
une même année.
IV.6.2.2 - PLANCTON
Le 60 Co, le 238 Pu et le 239+240 Pu ont régulièrement été mesurés dans les échantillons de
plancton. L’évolution annuelle de l’activité massique moyenne du 60Co du plancton collecté dans les
eaux du lagon des deux atolls d’expérimentations est donnée à titre d’exemple (Tableau 36).
T ABLEAU 36.
Évolution annuelle des activités massiques (Bq.kg -1 frais) moyennes en 60Co du plancton collecté dans
les lagons de Mururoa et Fangataufa entre 1970 et 1999. Le tiret signale l’absence de résultat .
LAGON DE MURUROA LAGON DE FANGATAUFA
Année
Nombre de Activité Activité Nombre de Activité Activité
prélèvements moyenne maximale prélèvements moyenne maximale
1970 58 205 960 - - -
1971 19 296 620 - - -
1972 18 222 740 - - -
1973 9 112 180 - - -
1974 7 152 400 - - -
1975 15 53 100 19 291 1 100
1976 92 53 210 14 351 590
1977 238 19 77 8 248 590
1978 323 31 140 6 177 440
1979 144 21 51 3 180 220
1980 - - - 4 293 480
1981 - - - - - -
1982 1 4,4 - 1 270 -
1983 7 4,6 9,2 - - -
1984 - - - - - -
1985 - - - - - -
1986 - - - 2 27 32
1987 4 1,3 1,7 - - -
1988 24 1,9 4,8 3 13 21
1989 27 2,2 17 8 11 28
1990 27 1,1 2,2 7 7,8 17
1991 26 1,3 7,6 6 9,5 18
1992 12 0,78 1,1 2 6,0 11
1993 11 0,75 2,6 2 1,8 2,2
1994 12 0,71 2,3 1 5,2 -
1995 12 0,42 1,2 1 2,1 -
1996 1 0,27 - 43 2,8 5,1
1997 1 0,54 - - - -
1998 1 0,51 - 1 1,8 -
1999 1 0,58 - 1 3,4 -
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 189
10 10
1 1
0,1 0,1
0,01 0,01
1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994
F IG. 130 - Évolution au cours du temps de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) en 60 Co du plancton collecté
dans les eaux océaniques aux abords des passes des atolls de Mururoa (a) et de Fangataufa (b).
IV.6.2.3 - CORAUX
Trois radionucléides, 60 Co, 90 Sr et 137 Cs ont été mesurés dans les coraux prélevés dans
les lagons des sites d’expérimentations.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 190
Cobalt 60
Les activités massiques en 60 Co les plus élevées ont été mesurées au début de la période
des essais atmosphériques. Ainsi, l'activité massique moyenne en 60 Co des coraux prélevés, en
1970, à Mururoa, était de l’ordre de quelques dizaines de Bq.kg -1 frais. Les niveaux sont restés
stables de la moitié des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980. Ils ont ensuite régulièrement
diminué pour atteindre une activité d’environ 1 Bq.kg -1 frais, puis être inférieurs aux limites de
détection pour une majorité d’échantillons (Fig. 131).
100
10
11 37
2
8
29 16
2 10 4 33 25 63
79 80 37
10 6 62 24
1 23 30
1 9
48
4
46
37 1 3 2
10 12
0,1 4
0,1
75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88
F IG. 131. - Évolution des activités massiques frais) du (Bq.kg -1
du corail du genre Fungia (a) et des autres 60 Co
espèces de coraux (b), récoltés entre 1970 et 1997, dans le lagon de Mururoa. Le nombre de résultats de
mesure, utilisés pour le calcul de la moyenne, est donné sous chacun des points de la courbe.
Bq.kg-1 frais
10000
Les points en bleu clair correspondent à des valeurs en limite de détection
1000
100
10
Dernier essai
1 atmosphérique
à Fangataufa F IG . 133. - Évolution des activités massiques
0,1 moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co des coraux,
récoltés entre 1967 et 1997, dans le lagon de
0,01 Fangataufa. .
67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97
IV.6.2.4 - MOLLUSQUES
Trois radionucléides, 60Co, 90Sr et 137Cs ont été mesurés dans les différentes espèces de
mollusques, Turbo setosus récoltés sur les platiers externes, Tridacna maxima et Trochus niloticus
prélevés dans les lagons.
Cobalt 60
Au niveau du platier externe, le mollusque Turbo setosus a fait l'objet d'une surveillance
régulière, à partir de 1968, pour Fangataufa et de 1969 pour Mururoa. Les activités massiques
étaient plus élevées dans la phase initiale des essais atmosphériques, puis ont décru au cours du
temps. Ainsi, à Fangataufa, les activités massiques en 60 Co des viscères ont diminué, passant
de 400 Bq.kg -1 frais, en 1968, à quelques becquerels par kilogramme frais actuellement.
De même, à Mururoa, l'activité massique de Turbo setosus a décru de quelques dizaines de
Bq.kg -1 frais en 1969, à quelques dixièmes de Bq.kg -1 frais en 1993 (Fig. 134). La période de
décroissance effective variait entre 3 et 4 ans en fonction des secteurs.
La cartographie des activités massiques en 60Co a montré une hétérogénéité géographique sur
les deux atolls. À Fangataufa, les niveaux les plus élevés ont été mis en évidence dans le secteur Nord
de l’atoll, à proximité du récif immergé et de la passe, entre les zones Manchot et Empereur. Les
niveaux les plus faibles se situaient à l’est, entre les zones Kilo et Écho, à l’abri des échanges océan-
lagon. Les mêmes variations géographiques ont été constatées à Mururoa. L’activité massique en
60 Co des Turbo setosus au voisinage de la passe était 5 à 10 fois supérieure à celle mesurée sur les
individus collectés dans les autres secteurs du récif.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 192
10
1
1 Secteur Nord
Secteur Ouest
Secteur Sud
Secteurs hors passes Secteur Est
0,1 0,1
1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1968 1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988
F IG. 134. - Évolution, au cours du temps, des activités massiques moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60Co des Turbo
setosus récoltés entre 1967 et 1993 dans les différents secteurs des lagons de Mururoa (a) et Fangataufa (b).
138˚ 45' W
Empereur N
Golf La courantologie locale a permis d'ex-
Pingouin pliquer les variations géographiques de l’activité
Passe
Kilo
massique en 60 Co de Turbo setosus. Ainsi,
Manchot
une étude menée à Fangataufa, en 1987, a
montré que l’activité massique en 60 Co de ce
Pavillon Alpha
Frégate mollusque diminuait en fonction de l’éloignement
Motu aux
oiseaux du point de prélèvement par rapport à la passe,
tant en direction de l’ouest que de l’est (Fig. 135).
Hotel
Fox Pour les autres espèces, l’activité
massique en 60 Co de la chair et de l’hépato-
Hélène 22˚ 15' S
pancréas des bénitiers (Tridacna maxima)
Activité
en Bq.kg-1 frais
vivant dans le lagon de Mururoa a diminué
0-2 d’un facteur 300 à 400, entre 1969 et 1995,
2-5 Terme Nord Echo
avec une période de décroissance effective
5 - 10 Canard
pour les deux organes de l’ordre de 3 ans (Fig. 136).
10 - 15 Marvi
L’évolution au cours du temps de l'ac-
0 5 km
15 - 20
Terme Sud
tivité massique en 60Co des bénitiers collectés
à Fangataufa était similaire à celle observée à
F IG . 135. - Cartographie des activités massiques Mururoa et, comme pour les autres espèces
(Bq.kg -1 frais) en 60Co des viscères de Turbo setosus faisant l'objet d’une surveillance radiologique,
collectés sur le récif extérieur de l'atoll de Fangataufa. les niveaux mesurés y étaient supérieurs à
Les courants entrants et sortants sont indiqués par des flèches.
ceux des bénitiers prélevés à Mururoa.
Le 60 Co était le radionucléide détecté
aux niveaux les plus élevés chez les trocas (Trochus niloticus), avec une activité massique moyenne
5 fois plus élevée dans leurs viscères que dans leur chair. Les activités maximales ont été observées
à Mururoa en 1984, soit respectivement 12 et 28 Bq.kg -1 frais dans la chair et les viscères.
L'activité massique du 60Co de la chair et des viscères de ces gastéropodes, prélevés dans le sec-
teur Ouest du lagon de Mururoa, a diminué suivant une période de décroissance effective de l’ordre
de 5 ans (Fig. 137). Les sédiments marins de cette même zone présentant les niveaux d'activité mas-
sique les plus élevés en 60Co, par re-solubilisation, pouvaient enrichir l'eau de cette partie du lagon,
en contact avec les mollusques. Ce phénomène d'enrichissement était probablement favorisé par
le fait que les échanges entre les eaux océaniques et ce secteur de l’atoll étaient très limités.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 193
102
101
Chair
100
10-1
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95
Bq.kg-1 frais
100
Viscères
10
0,1
83 85 87 89 91 93 95 97
Une étude menée sur une cinquantaine de prélèvements effectués sur l’ensemble du
lagon de Mururoa, en 1996, a confirmé l'homogénéité de l'activité massique des trocas, dont la
valeur moyenne était proche de 1 Bq.kg -1 frais, à l’exception de ceux de la zone Dindon. À
Fangataufa, entre 1991 et 1999, l’activité en 60 Co de la chair de ce mollusque est passée de 9
à 2 Bq.kg -1 frais et celle des viscères de 37 à 24 Bq.kg -1 frais.
0,1
Cobalt 60
En 1968, les activités massiques en 60 Co des poissons chirurgiens et perroquets éviscérés
vivant sur la partie externe du récif ont atteint quelques dizaines de Bq.kg -1 frais. Par la suite,
l'activité massique a décru au cours du temps et aucun apport d’activité n’a été mis en évidence
pendant la période des essais souterrains (Fig. 139).
La moyenne annuelle de l’activité massique de ces mêmes poissons herbivores, mais
vivant dans le lagon de Fangataufa, a décru, pour passer de 1 500 Bq.kg -1 frais en 1968 (maxi-
mum de 3 700 Bq.kg -1 frais, minimum de 740
Bq.kg -1 frais), à quelques dixièmes de Bq.kg -1
frais en 1999 (0,79 Bq.kg -1 frais). L’évolution au
Bq.kg-1 frais cours du temps des activités massiques
moyennes annuelles a suivi une période de
décroissance effective de l’ordre de 3 ans (Fig.
100
140b).
À Mururoa, les niveaux d’activité massique
des mêmes espèces de poissons étaient plus
faibles. L’activité massique moyenne annuelle
10 en 60 Co atteignait un niveau de 100 Bq.kg -1
frais en 1969 (maximum de 550 Bq.kg -1 frais en
1970) pour décroître à moins de 1 Bq.kg -1 frais
à partir de 1988 (Fig. 140a). Sur la période
1
1968
1972 F IG. 139. - Évolution au cours du temps des activités
1976 massiques moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co, 137 Cs,
1980 90 Sr de la chair des poissons perroquets pêchés sur le
Années 1984 0,1 récif externe de Mururoa et Fangataufa entre 1968 et
90 137 6
1988 Sr Cs 0Co 1988.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 195
a 1000 b
100
100
10
10
1
Dernier essai 1 Dernier essai
atmosphérique atmosphérique
0,1 à Mururoa à Fangataufa
0,1
0,01 0,01
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00
F IG. 140. - Évolution au cours du temps des activités massiques moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co de la chair
des poissons perroquets et chirurgiens pêchés sur les récifs externes de Mururoa (a) et Fangataufa (b), entre
1968 et 1999. L’amplitude entre le minimum et le maximum est indiquée autour de la moyenne pour la série de données
de Fangataufa.
2,4
F IG . 141. - Cartographie des activités massiques
moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co des poissons chirur-
giens et perroquets pêchés en 1983 dans les diffé- 1,9 56
rents secteurs du lagon de Mururoa. 46
47
Le nombre de résultats de mesure utilisés pour le calcul de 1,4
la moyenne et pour représenter la dispersion des données est
indiqué sous chacun de ces secteurs. Secteur Ouest Secteur Nord Secteur Sud Secteur Est
Césium 137
Depuis le début de la surveillance radiologique, les activités massiques des poissons
herbivores, chirurgiens et perroquets, vivant sur la partie externe du récif, n’ont jamais dépassé
quelques dixièmes de Bq.kg -1 frais en 90Sr et 137Cs.
De 1969 à 1999, sur 1 700 échantillons des mêmes espèces de poissons herbivores,
prélevés cette fois dans le lagon de Mururoa, 1 500 présentaient des activités massiques en
137 Cs supérieures à la limite de détection des équipements. L’analyse des données montre que
93 % des activités massiques s’avéraient inférieures ou égales à 1 Bq.kg -1 frais, 6 % étaient
comprises entre 1 et 5 Bq.kg -1 frais et 1 % étaient supérieures à 5 Bq.kg -1 frais.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 196
Les activités les plus élevées ont été observées entre 1969 et 1970 et atteignaient
quelques dizaines de Bq.kg -1 frais, avec un maximum de 33 Bq.kg -1 frais atteint en 1970 (Fig. 142a).
De 1966 à 1973, l’évolution dans le temps des activités massiques en 137 Cs a suivi une
décroissance rapide des niveaux d’activité, passant de 30 Bq.kg -1 à moins de 1 Bq.kg -1 frais.
Dès 1974, à l’arrêt des essais atmosphériques, l’activité en 137 Cs ne représentait plus, en
moyenne, que quelques dixièmes de Bq.kg -1 frais. Elle a ensuite décru lentement avec une période
de décroissance effective de 13 ans, pour atteindre le niveau représentatif des retombées mondiales
en 1999.
L'activité massique en 137 Cs des poissons prélevés dans le lagon de Fangataufa, entre
1968 et 1999, a suivi une évolution similaire à celle observée à Mururoa (Fig. 142b). En 1968,
elle était de l’ordre de 20 Bq.kg -1 frais, puis elle a diminué assez rapidement jusqu’en 1974 où
elle a atteint un niveau moyen de l’ordre de 2 Bq.kg-1 frais. En 1999, l'activité moyenne des poissons
chirurgiens collectés sur l’ensemble du lagon de Fangataufa était de 0,28 Bq.kg -1 frais. La période de
décroissance effective du 137 Cs, de 1975 à nos jours, est d’environ 12 ans, à rapprocher de
celle de 13 ans observée sur les poissons du lagon de Mururoa.
1 1
Dernier essai
0,1 0,1 atmosphérique
Dernier essai à Fangataufa
atmosphérique
à Mururoa
0,01 0,01
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98
Les points en bleu clair correspondent à des valeurs en limite de détection
F IG. 142. - Évolution au cours du temps de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) en 137Cs des poissons chirurgiens
et perroquets éviscérés pêchés entre 1968 et 1999 dans les lagons de Mururoa (a) et de Fangataufa (b).
Cobalt 60
Le 60Co était couramment détecté dans les échantillons de surmulets, poissons carnivores,
prélevés à Fangataufa (Fig. 143). L’activité massique moyenne annuelle a diminué progressivement de
1 000 Bq.kg -1 frais en 1968 (maximum : 2 000 Bq.kg -1 frais) à 0,4 Bq.kg -1 frais en 1996.
À Mururoa où les niveaux d’activité étaient plus faibles, l’activité massique moyenne
annuelle a évolué de 150 Bq.kg -1 frais en 1969 à moins de 1 Bq.kg -1 frais après 1985, en passant
par un maximum de 340 Bq.kg -1 frais en 1970. Actuellement, l’activité massique dans la chair de
ces poissons est de quelques centièmes de Bq.kg -1 frais.
La diminution de l’activité massique en 60 Co des surmulets prélevés dans les deux lagons
a été régulière au cours du temps, avec des périodes de décroissance effective identiques de
l’ordre de 3 ans.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 197
100
10
10
1
Dernier essai 1 Dernier essai
atmosphérique atmosphérique
0,1 à Mururoa à Fangataufa
0,1
0,01 0,01
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96
Les points en bleu clair correspondent à des valeurs en limite de détection
F IG. 143. - Évolution, au cours du temps, des activités massiques moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co de la
chair des surmulets pêchés, entre 1968 et 1997, dans les lagons de Mururoa (a) et Fangataufa (b).
Pour les autres espèces de poissons carnivores faisant l’objet d’une surveillance radiologique,
comme les mérous, les activités spécifiques en 60 Co étaient plus faibles à Mururoa qu’à
Fangataufa. L’activité moyenne annuelle du 60 Co a décru de 30 Bq.kg -1 frais, en 1968 (activité
maximale proche de 100 Bq.kg -1 frais) à quelques dixièmes de Bq.kg -1 frais en 1988 (0,26
Bq.kg -1 frais). De 1989 à nos jours, l’activité massique en 60 Co s’est presque toujours située en
dessous de la limite de détection des appareils de mesure (Fig. 144). Les trois valeurs significatives
obtenues en 1994, 1997 et 1998 en utilisant des protocoles spécifiques à la mesure de très
faibles niveaux d’activité s’élevaient respectivement, à 0,079, 0,021 et 0,038 Bq.kg -1 frais.
Dans le lagon de Fangataufa, les activités massiques moyennes annuelles en 60 Co dans
les mérous éviscérés ont décru régulièrement, passant de 1 000 Bq.kg -1 frais en 1968 (activité
maximale de 8 800 Bq.kg -1 frais) à 0,056 Bq.kg -1 frais en 1999. Dans les deux lagons, la période
de décroissance effective du 60 Co dans la chair des mérous était de l’ordre de 3 ans, comme
pour les autres poissons.
100 a 1000 b
100
10
10
1
1 Dernier essai
Dernier essai atmosphérique
atmosphérique à Fangataufa
0,1 à Mururoa 0,1
0,01 0,01
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98
F IG. 144. - Évolution, au cours du temps, des activités massiques moyennes (Bq.kg -1 frais) en 60 Co de la
chair des mérous pêchés, entre 1968 et 1999, dans les lagons de Mururoa (a) et Fangataufa (b).
Césium 137
Sur les 215 échantillons de poissons carnivores du genre Mulloidichthys (surmulet) prélevés
entre 1969 et 1997 dans le lagon de Mururoa, 103 avaient une activité massique en 137 Cs supé-
rieure à la limite de détection. L’évolution au cours du temps de l’activité massique du 137Cs a suivi
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 198
Bq.kg-1 frais
une décroissance rapide jusqu’en 1974, la
10 période effective étant alors de 1,7 an,
Les points en bleu clair correspondent à des valeurs en limite de détection
avant de décroître plus lentement jusqu’à
nos jours avec une période effective de
1
l’ordre de 13 ans (Fig. 145). De 1974 à
nos jours, l’activité massique en 137Cs de
la chair des surmulets a fluctué entre 0,1 et
1 Bq.kg -1 frais, à un niveau très proche de la
0,1
Dernier essai
limite de détection des appareils de mesure
atmosphérique
à Mururoa
de l’époque. Aujourd’hui, elle est inférieure à
0,1 Bq.kg -1 frais.
0,01 Dans le lagon de Fangataufa, les 20
69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 échantillons prélevés entre 1972 et 1997
F IG. 145. - Évolution au cours du temps de l’activité massique 137
présentaient des activités massiques en
-1
(Bq.kg frais) en 137 Cs des surmulets éviscérés pêchés Cs comprises entre 1 et 0,1 Bq.kg -1
dans le lagon de Mururoa, entre 1969 et 1997. frais, à l’exception de la valeur maximale
de 21 Bq.kg -1 frais, mesurée en 1975.
Le 137 Cs a été régulièrement
détecté dans la chair des autres espèces
carnivores prélevées sur les deux atolls. En 1968, les activités massiques moyennes annuelles
des mérous à Mururoa et à Fangataufa étaient respectivement de l’ordre de 20 et de 100 Bq.kg -1 frais
(Fig. 146).
Elles ont ensuite diminué rapidement pour atteindre environ 1 Bq.kg -1 frais peu après l’arrêt
des essais atmosphériques, puis beaucoup plus lentement, jusqu'à quelques dixièmes de Bq.kg -1
frais, soit le niveau représentatif du bruit de fond dû aux retombées mondiales, très proche de la
limite de détection des appareils de mesure.
100 b
10 14 a
43 33
22 19 10
21
1 14 17
12 22 2
6 4 3 1
2
3 6 6 2 4 2 Dernier essai
Dernier essai 2 2 2 2 2 1 2 atmosphérique
0,1 atmosphérique
1 0,1 à Fangataufa
à Mururoa
0,01 0,01
69 74 79 84 89 94 99 68 70 72 74 76 78 80 82 84 86 88 90 92 94 96 98
F IG. 146. - Évolution, au cours du temps, de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) en 137Cs des mérous pêchés,
entre 1967 et 1999, dans les lagons de Mururoa (a) et de Fangataufa (b). Le nombre de résultats de mesures
utilisés pour le calcul de la moyenne et pour représenter l’amplitude des données est précisé pour Mururoa.
IV.6.2.7 - HOLOTHURIES
Parmi les radionucléides de période supérieure à cinq ans, le 60 Co était celui présentant
les activités massiques les plus élevées dans les téguments des holothuries prélevées à Mururoa et
à Fangataufa.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 199
Dans le lagon de Fangataufa, pour lequel des mesures plus anciennes sont disponibles,
mais en moins grand nombre, les niveaux d’activité du 60 Co sont plus élevés qu’à Mururoa
(Tableau 37). Entre 1967 et 1997, l’activité massique moyenne annuelle en 60 Co passe de
quelques milliers de Bq.kg -1 frais à des valeurs très proches de la limite de détection des appareils
de mesure (0,015 Bq.kg -1 frais en 1997). Par rapport au sédiment au contact duquel l’holothurie
vit et se nourrit, le facteur de concentration du cobalt dans les téguments est voisin de 6.
T ABLEAU 37.
Activités massiques (Bq.kg -1 frais) moyennes, annuelles et maximales en 60 Co des échantillons
de téguments d’holothuries noires prélevés dans le lagon de Fangataufa entre 1967 et 1997.
L’activité massique des autres radionucléides de période supérieure à cinq ans, 137 Cs,
90 Sr et 155 Eu chez les holothuries était très faible, tant à Mururoa qu’à Fangataufa (Tableau 38).
Ainsi, sur plusieurs centaines d’échantillons collectés dans le lagon de Mururoa, la proportion de
mesures inférieures aux limites de détection est de 74 % et 87 %, respectivement pour le 137 Cs
et le 155 Eu.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 200
T ABLEAU 38.
Lagon de Mururoa Lagon de Fangataufa
Activités massiques maximales (Bq.kg -1 frais)
Radionucléide
Date
Activité
Date
Activité en 137 Cs, 90 Sr et 155 Eu d’échantillons
maximale maximale de téguments d’holothuries noires prélevés
137Cs 08.08.89 8,5 04.03.69 21 dans les lagons de Mururoa et Fangataufa.
90Sr 04.02.82 0,67 01.06.74 3,2
155Eu 08.04.86 0,85 18.02.91 0,64
Radionucléides Radionucléides
Année 238Pu 239+240Pu Année 238Pu 239+240Pu
IV.6.3.2 - CORAUX
La mesure des isotopes 238 Pu et 239+240 Pu sur les coraux du genre Fungia a débuté sur
une base régulière en 1977, à partir d’échantillons prélevés à Mururoa, pour être étendue en 1987
aux genres Lobophyllia, Pocillopora, Acropora et Porites présents dans les lagons des deux atolls
d’expérimentations.
L’activité massique en 239+240Pu des échantillons de Fungia collectés à Mururoa, entre 1977
et 1997, était comprise entre 0,021 à 960 Bq.kg -1 frais. Durant cette période, l’activité massique
moyenne, tous secteurs confondus, était de 8,9 Bq.kg -1 frais. Les activités en 238Pu se situaient entre
0,04 et 40 Bq.kg -1 frais, avec une moyenne de 1,3 Bq.kg -1 frais. Cependant, 61 % des 371
mesures de 238 Pu étaient inférieures à la limite de détection.
La variabilité des activités massiques en 239+240 Pu des échantillons de Fungia, prélevés à
Mururoa au cours d’une même année, traduisait une hétérogénéité géographique. Celle-ci a été
cartographiée en utilisant les valeurs des activités maximales observées aux différentes stations
de prélèvement (Fig. 148). Les niveaux d’activité les plus élevés, entre 400 et 960 Bq.kg -1 frais,
correspondaient aux échantillons prélevés dans le secteur Nord, au droit de la zone Colette, où ont
été réalisés les essais de sécurité.
En 1986 et 1987, les activités massiques les plus élevées des autres genres de coraux
étaient également observées dans le secteur Nord : 7 400 Bq.kg -1 frais pour Acropora, 2 500
et 1 100 Bq.kg -1 frais pour Pocillopora et 740 Bq.kg -1 frais pour Lobophyllia.
Dindon
Queen
Viviane Dahlia
Ara 0 5 km
Faucon
F IG . 148. - Activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 239+240 Pu des Fungia prélevés dans le lagon de Mururoa.
De 1987 à 1997, les activités massiques du 239+240Pu sur les 29 échantillons des différents
genres de coraux prélevés à Fangataufa variaient de 0,5 à 12 Bq.kg -1 frais (moyenne : 4,1 Bq.kg -1
frais). Les 28 valeurs significatives des activités massiques en 238 Pu étaient comprises entre 0,18
et 4,5 Bq.kg -1 frais, avec une moyenne de 1,4 Bq.kg -1 frais.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 202
IV.6.3.3 - MOLLUSQUES
T ABLEAU 40.
Activité massique moyenne (Bq.kg -1 frais) des échantillons de chair et d’hépatopancréas des bénitiers
prélevés entre 1976 et 1995 dans les différents secteurs de l’atoll de Mururoa.
238Pu 239+240Pu
Chair Hépatopancréas Chair Hépatopancréas
Zones
Nombre Nombre
Nombre de Activité Nombre de Activité Activité Activité
de mesures de mesures
détections moyenne détections moyenne moyenne moyenne
significatives significatives
À Fangataufa, entre 1979 et 1988, l’activité massique en 239+240Pu des bénitiers variait entre
0,13 et 2,7 Bq.kg -1 frais pour la chair et entre 0,18 et 2,3 Bq.kg -1 frais pour l’hépatopancréas.
oiseaux
turbo prélevés sur les 2 atolls et le rapport
238 Pu/ 239+240 Pu variait en moyenne de 0,2 à
Fox
Hotel
0,02, en fonction de l’origine des retombées.
Hélène 22˚ 15' S
Activité
en Bq.kg-1 frais
< 0,15 Terme Nord Echo
F IG . 150. - Activité massique (Bq.kg -1 frais) en 239+240 Pu 0,15 - 0,25
Canard
0,25 - 0,50
mesurée sur des échantillons de Turbo setosus préle- Marvi
vés sur le platier externe de Fangataufa (Bilan 1987). 0,50 - 1,00
0 5 km
Les flèches indiquent les courants océaniques entrants et 1,00 - 1,50 Terme Sud
lagonaires sortants.
Les isotopes du plutonium ont été détectés régulièrement dans la chair et dans les viscères
du troca, autre mollusque brouteur. L’activité massique des échantillons de troca issus des deux
lagons étaient, en moyenne, à des niveaux 2,5 fois plus élevés dans les échantillons de viscères que
dans ceux de la chair des mêmes animaux. En 1996, le bilan radiologique effectué sur 25 stations de
prélèvement du lagon de Mururoa a confirmé que les activités massiques en 239+240 Pu étaient
sensiblement plus élevées dans les échantillons collectés dans le secteur Nord (Fig. 151). Les
activités massiques en 238 Pu de la chair et des viscères variaient respectivement entre 0,09 et
1,4 Bq.kg -1 frais et entre 0,22 et 4,1 Bq.kg -1 frais.
1,7 4,5 12
1,4 12
8 3,5 8
15 16
1,1 2,5
Secteur Secteur Secteur Secteur Secteur Secteur Secteur Secteur
Ouest Nord Sud Est Ouest Nord Sud Est
F IG . 151. - Activité massique moyenne (Bq.kg -1 frais) en 239+240 Pu des échantillons de trocas prélevés en
1996 dans les différents secteurs du lagon de Mururoa. L’amplitude des résultats de mesures est donnée autour
de la moyenne avec le chiffre correspondant au nombre de mesures significatives.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 204
À Fangataufa, les activités massiques de troca étaient plus élevées qu’à Mururoa. Entre
1991 et 1999, l'activité massique en 239+240Pu des chairs et des viscères variait respectivement
entre 2,1 et 5,8 Bq.kg -1 frais et entre 8,7 et 25 Bq.kg -1 frais. Les activités en 238Pu variaient entre
0,83 et 2,3 Bq.kg -1 frais pour les échantillons de chair et entre 3,5 et 10 Bq.kg -1 frais pour ceux
de viscères.
1
0,1
0,1
Colette Denise
0,01 0,01
77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99 42 4 1 82 84 86 88 90 92 94 96 98
4
2 16
4 Françoise
1 4 7
49
1 16 Kathie
1
2 Secteur Nord
Passe 6 3 Secteur Est
1 1 61 Anémone
1 1
1 Secteur Sud 5
Dindon 1
1 2 2 7
5 1 1 1 Queen
Secteur Ouest 3
1 11 5 2
19
Faucon 1 1 4 18 9 Viviane
1 Dahlia
Ara
-1
Bq.kg frais
Bq.kg-1 frais 1
1 Secteur Sud
Secteur Ouest
0,1
0,1
0 5 km 0,01
0,01 87 89 91 93 95 97 99
82 84 86 88 90 92 94 96 98
F IG . 152. - Activité massique moyenne (Bq.kg -1 frais) en 239+240 Pu des poissons chirurgiens et perroquets
prélevés entre 1977 et 1999 dans les différents secteurs du lagon de Mururoa. L’amplitude des résultats de
mesure est donnée autour de la moyenne avec le chiffre correspondant au nombre de mesures significatives.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 205
Pendant cette période, les activités massiques moyennes annuelles étaient plus élevées
dans le secteur Nord (4,9 Bq.kg -1 frais) que dans les secteurs Est (0,17 Bq.kg -1 frais), Sud (0,07
Bq.kg -1 frais) et Ouest (0,14 Bq.kg -1 frais) avec des activités maximales observées sporadiquement,
en 1986 et 1987, respectivement à 340, 55, 27 et 17 Bq.kg -1 frais avec les valeurs les plus élevées
aux abords du banc Colette et au droit de la zone Denise,
En 1986, dans le secteur Est du lagon, l’activité massique en 239+240 Pu des poissons
chirurgiens et perroquets a atteint un maximum de 3,7 Bq.kg -1 frais, avec une moyenne de 0,9
Bq.kg -1 frais. Le 238Pu a été plus rarement décelé. Ainsi, sur les 270 échantillons soumis à analyse,
48 % des mesures obtenues ont été supérieures aux limites de détection, avec des valeurs réparties
entre 0,0014 et 6,3 Bq.kg -1 frais.
À Fangataufa, sur les vingt-cinq mesures significatives réalisées sur les poissons herbivores
prélevés entre 1986 et 1999, l’activité en 239+240Pu se situait entre 0,005 et 2,11 Bq.kg -1 frais,
avec une moyenne de 0,24 Bq.kg -1 frais. Les activités massiques en 238Pu variaient entre 0,015 et
1,4 Bq.kg -1 frais, pour une moyenne de 0,13 Bq.kg -1 frais, obtenue avec 22 mesures significatives.
Sur les 18 mesures de 239+240Pu réalisées sur les poissons carnivores du genre
Mulloidichthys pêchés, entre 1982 et 1997 dans les lagons de Mururoa et de Fangataufa, 13
échantillons de surmulets étaient inférieurs aux limites de détection. Les activités massiques se
répartissaient entre 0,002 et 4 Bq.kg -1 frais, valeur maximale relevée sur des poissons prélevés dans
le lagon de Mururoa en 1986. Les activités massiques moyennes sur cette période s’établissaient
à 0,52 et 0,04 Bq.kg -1 frais respectivement à Mururoa et Fangataufa.
Sur 30 mesures de 238 Pu effectuées sur des poissons prélevés dans les deux lagons,
5 seulement étaient supérieures aux limites de détection, avec des activités massiques entre
0,004 et 0,74 Bq.kg -1 frais.
Les isotopes du plutonium ont rarement été détectés dans les échantillons de chair des
différents genres de mérous prélevés. Entre 1974 et 1999, sur une trentaine de mesures de
239+240 Pu effectuées sur des échantillons issus de Mururoa, les activités massiques étaient
comprises entre 0,01 et 1,1 Bq.kg -1 frais ; cependant 30 % étaient inférieures aux limites de
détection. La moyenne calculée à partir des mesures significatives était de 0,16 Bq.kg -1 frais. À
Fangataufa, 10 mesures significatives sur les 14 réalisées présentaient des activités massiques en
239+240 Pu comprises entre 0,003 et 0,14 Bq.kg -1 frais et une moyenne de 0,04 Bq.kg -1 frais.
Le 238Pu a été recherché sur 23 échantillons de mérous pêchés à Mururoa. Six mesures
significatives ont présenté des activités comprises entre 0,02 et 0,26 Bq.kg -1 frais, avec une
moyenne de 0,07 Bq.kg -1 frais. Seules deux valeurs sont disponibles pour les mérous issus de
Fangataufa : 0,008 et 0,01Bq.kg -1 frais.
IV.6.3.6 - HOLOTHURIES
Depuis 1977, les isotopes 238Pu et 239+240Pu ont fait l’objet d’une mesure systématique dans
le tégument de l’holothurie noire (Holothuria atra). Ainsi, entre 1977 et 1997, les activités massiques
en 239+240Pu des holothuries collectées à Mururoa présentaient une amplitude de valeurs importante,
de 0,012 à 310 Bq.kg -1 frais. Durant cette période, l’activité massique moyenne en 239+240Pu,
toutes zones confondues, était de 2 Bq.kg -1 frais, mais les niveaux s’avéraient significativement plus
élevés dans le secteur Nord (moyenne : 5,2 Bq.kg-1 frais) que dans les autres secteurs (Tableau 41).
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 206
Les plus fortes activités massiques, allant de 100 à 310 Bq.kg -1 frais, ont été relevées au
voisinage du banc Colette, à proximité des motu où ont été réalisés des essais de sécurité (Fig. 153).
Les activités moyennes des autres secteurs étaient comparables entre elles, ne dépassant pas
quelques dixièmes de Bq.kg -1 frais.
Les activités en 238 Pu se situent entre 0,03 et 6,3 Bq.kg -1 frais (moyenne : 0,25 Bq.kg -1
frais). Dès 1985, 60 % des valeurs étaient inférieures à la limite de détection.
Dindon
Queen
Viviane
Ara Dahlia
Faucon 0 5 km
F IG . 153. - Représentation géographique de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) moyenne en 239+240 Pu des
téguments des holothuries noires prélevées entre 1977 et 1997 dans le lagon de Mururoa.
IV.7 - CONCLUSION
L’activité d’origine artificielle, mesurée au cours du temps au sein des différentes composantes
de l’environnement des atolls de Mururoa et de Fangataufa, provient essentiellement des quatre
essais sur barge effectués au début des essais atmosphériques, en 1966 (Aldébaran, Rigel et
Sirius) et 1967 (Arcturus). Les essais atmosphériques réalisés jusqu’en 1974, en altitude sous ballon
captif, n’ont contribué par la suite que très faiblement à la radioactivité de l’environnement des deux
atolls. Les essais souterrains, pour leur part, ont eu un effet très limité dans le temps et localisé
dans l’espace aux têtes de puits, pour un spectre de radionucléides assez réduit.
De 1966 à 1974, les activités volumiques des radionucléides présents dans l’atmosphère
variaient très rapidement, au cours du temps, en fonction des essais. La surveillance radiologique
des aérosols a mis en évidence une baisse très rapide de l’activité atmosphérique après chaque
essai pratiqué dans l’atmosphère. Localement, pendant cette période, de brefs phénomènes de
rémanence ont été observés, en liaison avec la remise en suspension de particules initialement
déposées sur les sols des atolls. À la fin des essais atmosphériques, en domaine terrestre, deux
zones de l’atoll de Mururoa affichent des activités résiduelles, l’une au nord de l’atoll, par dépôt de
239 Pu résultant des essais de sécurité, l’autre à l'ouest de l’atoll, à la suite de l’essai sous ballon
Parthénope, de très faible énergie, qui a conduit à des dépôts en 239+240 Pu, sur la zone Faucon,
en 1973. Les sols de Fangataufa, quant à eux, gardaient la trace des retombées locales de
l'essai sur barge Rigel, dont les produits de fission se sont déposés dans le secteur Nord-Est de
l'atoll.
Lorsque cela était nécessaire, des campagnes d'assainissement ont réduit la radioactivité
des zones concernées (cf. Chapitre VII). Les activités résiduelles des sols ont été étudiées en
fonction de la profondeur des sols, et leur évolution surveillée par l’intermédiaire de mesures sur
les végétaux terrestres s’y développant. Plus généralement, ces végétaux, en particulier les
espèces Scaevola sericea, Casuarina equisetifolia et Cocos nucifera, ont fait l’objet de mesures
régulières des radionucléides les plus représentatifs des groupes de période courte ( 57 Co, 58 Co,
54 Mn, 65 Zn, 95 Zr, 106 Ru, 103 Ru, 144 Ce et 141 Ce), moyenne ( 60 Co, 90 Sr et 137 Cs) et longue ( 238 Pu
et 239+240 Pu). Les radionucléides à vie courte disparaissaient très rapidement après chaque série
d’essais atmosphériques. L’activité massique de la majorité des radionucléides à vie moyenne a
suivi une décroissance régulière à partir des valeurs maximales observées en 1966-1967 pour
atteindre actuellement des niveaux difficilement quantifiables. Les valeurs des facteurs de transfert
racinaire spécifiques des plantes tropicales obtenues à Mururoa à partir d'études réalisées in situ sont
cohérentes avec celles publiées dans la littérature.
En domaine marin, l’activité volumique des eaux du lagon a évolué suivant trois périodes
successives. De 1966 à 1974, les activités volumiques des radionucléides variaient très rapide-
ment au cours du temps, en fonction des essais. De 1975 à 1984, période de transition entre les
essais atmosphériques et souterrains, les activités volumiques étaient au niveau de traces pour
une majorité de radionucléides. Par conséquent, dès 1974, l’évolution des niveaux moyens des
eaux de mer ne pouvait être appréciée qu’à l’aide de celle des indicateurs biologiques : algues,
mollusques, crustacés et poissons. De 1985 à 1996, les radionucléides d’origine artificielle
décelables dans les eaux de mer se limitaient au tritium sous forme d’eau tritiée (HTO) ainsi
qu’aux 90 Sr, 137 Cs, 238 Pu et 239+240 Pu.
Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 208
L es sédiments marins ont essentiellement gardé la mémoire des essais sur barge :
Aldébaran et Sirius au droit du point Dindon, Arcturus au droit du point Denise, à Mururoa, et Rigel
au droit du point Frégate, à Fangataufa. Il en va de même pour l’activité en 239 Pu du banc de
sable immergé au droit de la zone Colette, conséquence de l’action des tempêtes tropicales de
1981 qui ont entraîné le plutonium initialement fixé sur les motu du secteur Nord de l’atoll de
Mururoa à la suite des essais de sécurité. L'activité totale en 239+240 Pu résultant des essais atmo-
sphériques et de sécurité a été estimée à 1,8.10 13 et 7,4.10 12 Bq, à Mururoa et à Fangataufa
respectivement, soit des masses résiduelle de 239 Pu dans les sédiments de l’ordre de 6,7 kg et
2,8 kg respectivement à Mururoa et Fangataufa.
Comme pour l’eau de mer, durant la période des essais atmosphériques, les radionucléides
caractérisés par une période radioactive inférieure à l’année, à savoir 57 Co, 58 Co, 54 Mn, 65 Zn,
95 Zr, 106 Ru, 103 Ru, 144 Ce et 141 Ce, ont été quantifiés dans les différents bioindicateurs aux
niveaux les plus élevés. Par la suite, leurs activités massiques ont diminué très rapidement, avec
des périodes de décroissance effective du même ordre de grandeur que leur période radioactive,
voire même inférieures. Ces radionucléides n’étaient quasiment plus décelés à la fin des essais
atmosphériques en 1974. Au cours de la période des essais souterrains de 1975 à 1996,
certains radionucléides à vie courte, comme le 131 I et le 140Ba pouvaient également être décelés
immédiatement à la suite d’opérations de post-forage, en particulier dans le plancton du lagon.
Les activités massiques des radionucléides de période moyenne ( 60 Co, 90 Sr et 137 Cs) les
plus élevées, mesurées sur les bioindicateurs, sont apparues lors des essais atmosphériques sur
barge. Cependant, à la fin des années 90, les activités de ces radionucléides avaient rejoint les
niveaux du bruit de fond, représentatifs des retombées mondiales. Ainsi, l’activité massique du
60 Co de la quasi-totalité des bioindicateurs marins a décru régulièrement, jusqu’à nos jours, pour
atteindre aujourd’hui des niveaux très faibles difficilement quantifiables. L’activité massique du
137 Cs dans les bioindicateurs a baissé également très rapidement durant la période des essais
atmosphériques. Par la suite, elle a diminué plus lentement puisqu’elle intégrait les retombées
mondiales issu du réservoir stratosphérique alimenté par les essais réalisés dans l’atmosphère par
l’ensemble des puissances nucléaires.
Les radionucléides à vie longue ( 238 Pu et 239+240 Pu), issus des essais sur barge et de
sécurité, ont une activité massique peu élevée dans les échantillons biologiques qui a décru
lentement au cours du temps.
IV.8 - BIBLIOGRAPHIE
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Chap. 4cVF-06.12.06:Chapitre 4 11/01/07 10:29 Page 210
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CHAPITRE V
Évolution de la radioactivité
en Polynésie française
Les données présentées dans ce chapitre proviennent de la surveillance radiologique des
différents archipels de la Polynésie française mise en place dès la création du CEP. Une grande
partie de ces données ont été communiquées au Comité scientifique des Nations Unies pour
l’étude des effets des rayonnements ionisants (Unscear), sous la forme de rapports annuels
transmis de 1966 à nos jours. Elles ont été complétées par des données inédites ou extraites de
publications disponibles dans des revues scientifiques. Une présentation exhaustive de l’ensemble
des milliers de résultats de mesures disponibles étant impossible, une sélection en a été faite,
sur la base des résultats des indicateurs les plus représentatifs de l'environnement polynésien,
en tenant compte des voies d'exposition potentielles des populations vivant en Polynésie.
L'objectif de ce chapitre est de décrire les situations chroniques les plus caractéristiques
de l'évolution, tant spatiale que temporelle, des niveaux d'activité des composantes de l'envi-
ronnement des îles polynésiennes et de préciser les situations ayant fait l'objet d'une attention
particulière en termes d'exposition des populations, pendant la période des essais. Les données
environnementales ont été complétées par celles relevant des transferts de radionucléides dans la
chaîne alimentaire conduisant à l’Homme. Aussi, un exemple de production agricole sera présenté,
celui du lait commercialisé à Tahiti.
L'évolution de l’activité des radionucléides issus des essais atmosphériques est décrite
dans les différentes composantes de l'environnement des îles polynésiennes, suivant la même
présentation que celle retenue pour les sites d’expérimentations (cf. Chapitre IV). En revanche,
les émissions de radionucléides lors des essais souterrains ayant été limitées à l’environnement
immédiat des atolls d'expérimentations, elles n'ont donc pas été détectées dans celui des autres
atolls.
V.1 - ATMOSPHÈRE
L'indice bêta global a été mesuré sur les aérosols atmosphériques prélevés dans différents
atolls polynésiens pendant toute la période des essais, de 1966 à 1996. L'interprétation de ces
résultats doit tenir compte des retombées régionales et mondiales des essais réalisés au CEP,
ainsi que de la part des retombées mondiales de ceux réalisés à la même époque par la
République populaire de Chine. L’intensité de ces retombées était également modulée par les
fluctuations saisonnières des retombées mondiales résultant des essais précédemment réalisés
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 212
par les autres puissances nucléaires, fluctuations dues à l'accélération des échanges entre la tro-
posphère et la stratosphère durant l'hiver austral.
Dès 1962, les atolls polynésiens ont fait l'objet de mesures des radionucléides, tant d’origine
naturelle qu’artificielle, permettant d'établir la situation radiologique de référence avant la réalisation du
premier essai atmosphérique au CEP. Dans les années 1962-1963, les niveaux de l’activité atmo-
sphérique dans les îles polynésiennes, de l'ordre de 0,01 Bq.m -3 , résultaient, comme pour
l’ensemble des îles du Pacifique Sud, de la contribution des retombées régionales et mondiales
des essais nucléaires réalisés par les pays étrangers, en particulier dans l’hémisphère Sud. Les
résultats obtenus dans le cadre de la surveillance continue des aérosols, réalisée à partir de 1962
à Tahiti, permettent aujourd’hui de décrire l'évolution pluriannuelle de la radioactivité de l'atmo-
sphère en Polynésie à partir du suivi de l'indice bêta global (Fig. 154).
Bq.m-3
100
10
0,1
0,01
0,001
0,0001
0,00001
62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80
/ 19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19 /19
/ 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01 / 01
31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31 31
F IG. 154. - Évolution de la moyenne décadaire de l'indice bêta global (Bq.m -3 ) des aérosols prélevés, entre
1962 et 1980, à Papeete (Tahiti).
De 1966 à 1975, l'évolution de l'indice bêta global montre l'influence des retombées
régionales et mondiales des essais atmosphériques réalisés au CEP, avec une fluctuation annuelle
très marquée résultant des campagnes d'essais réalisées pendant l'hiver austral et de l'épuration
rapide du milieu atmosphérique. Les retombées les plus importantes mesurées à Papeete
(Mahina) ont atteint 52 Bq.m -3 lors de la décade du 10 au 20 juillet 1974, avec un maximum
journalier de 520 Bq.m -3 , à la suite de l'essai Centaure du 17 juillet 1974. Comme ce fut alors le
cas, la détection de retombées significatives sur un atoll déclenchait des contrôles radiologiques
complémentaires des principaux constituants de la chaîne alimentaire de l'atoll affectés par les
retombées, avec des fréquences de prélèvement plus importantes (cf. Chapitre VI). Dès la fin de
l'année 1975, l'activité volumique associée à l'indice global était revenue aux niveaux représentatifs
de cette période dans le Pacifique Sud, soit une activité volumique inférieure à 0,1 mBq.m -3 ,
c'est-à-dire 100 fois plus faible que celle caractérisant l’atmosphère au début des années soixante.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 213
Les résultats de l'évolution temporelle de la radioactivité des aérosols des différents atolls
étaient utilisés pour dresser des cartes annuelles de retombées pour l'ensemble du territoire
polynésien. Ces informations étaient transmises chaque année à l'Unscear. Ainsi, à titre
d’exemple, en 1966, l’activité volumique décadaire a fluctué entre la limite de détection et
20 mBq.m -3 , atteignant une valeur maximale de 66 Bq.m -3 pour la décade du 2 au 12 juillet 1966,
à Mangareva (archipel des Gambier), à la suite des retombées de l'essai Aldébaran, réalisé le
2 juillet 1966 à 15h34 TU (Fig. 155).
Bq.m-3 Bq.m-3
100,0 100,0
Hiva Oa
10,0 10,0
Papeete
1,0
1,0
Bq.m-3
100,0 0,1
0,1
Bora Bora
10,0 0,01
10/12 0,01
1,0 0,001 10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11 10/12
10/6 10/7 10/9 10/10 10/11 10/12 10/01
0,1
10/8 Bq.m-3
100,0
0,01 Puka Puka
10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11 10,0
0 500 km AR
1,0
CH
Bq.m-3
IP
100,0 Hiva Oa
EL
10,0
Raiatea DE
0,1
S M
1,0
ARQU I S E S
0,01
10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11
0,1
0,01
Bq.m-3
10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11 100,0
Rangiroa Anaa
A RCHIPE Puka Puka 10,0
L
DE
Bq.m-3 S 1,0
100,0
Hereheretue Bora Bora TU
AM 0,1
10,0
Raiatea Tahiti O
TU
0,01
1,0 Anaa
Hao 10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11
ARCHIPEL
0,1
DE LA SOCIÉTÉ Hereheretue Bq.m-3
0,01 100,0
10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11 Tureia Tureia
10,0
Bq.m-3 Mururoa
100,0 ARCH
10,0
Raivavae IPEL Fangataufa Îles Gambier 1,0
Tubuai DE
S
1,0
A Tropique du Capricorne 0,1
0,1
U
Raivavae
S
TR
0,01 0,01
A
100,0
Bq.m-3 Rapa Totegegie
100,0 10,0
10,0
Rapa
1,0
1,0
0,1
0,1
0,01 0,01
10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11 10/6 10/7 10/8 10/9 10/10 10/11
F IG. 155. - Évolution décadaire et journalière (Tureia et Totegegie) de l'indice bêta global (Bq.m -3 ) dans les
aérosols prélevés, de juin à décembre 1966, sur les principaux atolls polynésiens faisant l’objet d’une sur-
veillance radiologique (Rapport RF pour l’Unscear).
T ABLEAU 42.
Liste des essais ayant conduit à une augmentation de l’activité volumique de l’atmosphère supérieure aux
niveaux caractéristiques des retombées régionales ou mondiales attendues pour les atolls polynésiens.
Essai Date essai Iles Date des retombées Durée des retombées
Aldébaran 2 juillet 1966 Gambier 2 juillet 1966 1h20
Rigel 24 septembre 1966 Tureia 24 septembre 1966 3h30
Rigel 24 septembre 1966 Gambier 24 septembre 1966 3h00
Arcturus 2 juillet 1967 Tureia 4 juillet 1967 3h00
Encelade 12 juin 1971 Tureia 12 juin 1971 2h30
Phoebé 8 août 1971 Gambier 8 août 1971 0h30
Centaure 17 juillet 1974 Tahiti 17 juillet 1974 12h30
Les niveaux de l'indice bêta global des aérosols prélevés en Polynésie sont actuellement
inférieurs à 0,1 mBq.m -3, c’est-à-dire inférieurs d’au moins un ordre de grandeur à ceux mesurés en
métropole. Cette différence s'explique par les écarts de l'activité volumique des radionucléides
d’origine naturelle, essentiellement les descendants de l'uranium se présentant sous forme parti-
culaire. Ces radionucléides sont émis ou mis en suspension à partir des sols, à des niveaux
d’activité volumique plus faibles dans les sols coralliens que dans ceux de la métropole où s’ajoute
le 137 Cs provenant des retombées des nombreux essais réalisés dans l'hémisphère Nord et de
l'accident de Tchernobyl (Fig. 156).
3
Bq.m-3
1.10
Naturel Artificiel
1 220+222
1.10 Rn
7
Be 137
Cs
210
Pb 239+240
40
Pu
-1 K
1.10 22
Na
-3
1.10
-5
1.10
-7
1.10
-9
1.10
Montlhéry Tahiti Montlhéry Tahiti
F IG. 156. - Activité volumique (Bq.m -3 ) des principaux radionucléides d’origine naturelle, 220+222 Rn, 7 Be,
210 Pb, 40 K et 22 Na mesurés sur des aérosols prélevés en 1996 à Tahiti et en 1995 à Montlhéry (région
parisienne) et des radionucléides d’origine artificielle encore mesurés de nos jours, 137 Cs et 239+240 Pu.
L’activité volumique du 220 Rn et du 222 Rn peut varier naturellement d’un ordre de grandeur dans la même
journée, en fonction des conditions météorologiques.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 215
Parmi les radionucléides émetteurs bêta-gamma, les 137Cs et 90Sr résultant des retombées
mondiales et régionales ont été régulièrement recherchés dans les aérosols prélevés en Polynésie.
L'évolution décadaire de l'activité volumique en 137 Cs à Tahiti est similaire à celle de l'indice bêta
global, mais à des niveaux d'activité 100 000 fois plus faibles. De 1970 à 1975, les niveaux
étaient stables, entre 20 et 50 µBq.m -3, avec des maxima pouvant temporairement dépasser 100
µBq.m -3 (Fig. 157). Dès 1975, l’évolution de l’activité volumique s’inscrivait dans une tendance à la
baisse à laquelle se superposait une composante périodique annuelle traduisant la variation
saisonnière de l’intensité des échanges entre la stratosphère et la troposphère.
µBq.m-3
1 000
100
10
0,1
1970 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
F IG. 157. - Évolution décadaire de l'activité volumique (µBq.m -3 )
en 137 Cs
des aérosols prélevés, entre 1970
et 1996, à Papeete dans le cadre de la surveillance de la radioactivité de l’atmosphère. Les données sans
barre d’erreur sont les valeurs de limite de détection (d’après IRSN).
L’activité volumique atmosphérique en 239+ 240 Pu a suivi une baisse régulière de 1960 à
nos jours, de sorte que l'activité volumique à Papeete ne pouvait être mesurée qu'en regroupant
mensuellement les filtres journaliers. Elle était de l'ordre de 2.10 -5 Bq.m -3 en 1965, de 2.10 -8
Bq.m -3 en 1983, pour atteindre 5.10 -9 Bq.m -3 en 2000.
La comparaison des activités volumiques en 239+ 240Pu observées sur les aérosols collectés
en différents points du globe, entre 1960 et 1990, montre que l’ensemble des activités volumiques
décroissent au cours du temps suivant des périodes effectives similaires atteignant aujourd’hui
des niveaux inférieurs à 10 -9 Bq.m -3 (Fig. 158).
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 216
Bq.m-3
1.10-3
1.10-6
1.10-7
1.10-8
1.10-9
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
F IG . 158. - Évolution, au cours du temps, de l’activité volumique (Bq.m -3 ) du 239+240 Pu des aérosols prélevés,
de 1960 à 2000, en différentes régions du globe.
V.2 - SOLS
L'indice bêta global a été mesuré sur des échantillons de sols prélevés dans les différents
archipels polynésiens durant toute la période des essais nucléaires. Les sols coralliens montrent
des valeurs de l'indice bêta global plus faibles que celles des sols caractéristiques des îles
hautes, traduisant des compositions différentes en radionucléides d’origine naturelle. Les dépôts
surfaciques ont intégré, au cours du temps, les retombées régionales et mondiales des produits
de fission générés par les essais atmosphériques américains, britanniques et russes réalisés
durant la décennie 1950-1960. Les retombées régionales des essais français, pour la période
1966-1974, et chinoises, jusqu'en 1981, ont également été intégrées à ces dépôts. Néanmoins,
par l'action conjointe du lessivage par les eaux de pluie des radionucléides déposés sur les sols
et de leur migration vers des horizons plus profonds, l'activité massique des sols a décru plus
rapidement au cours du temps que par le simple fait de la décroissance radioactive des radio-
nucléides.
Aussi, tenant compte des principales retombées observées à Mangareva, dans l'archipel
des Gambier, à la suite des essais Aldébaran, Rigel et Phoebé et, à Tahiti, après l'essai Centaure,
la distribution des radionucléides dans les différents types de sols de ces deux îles est décrite
précisément ci-après (cf. Chapitre III). Ces deux îles hautes sont à des stades comparables de
leur évolution. Elles sont caractérisées par des récifs-barrières discontinus répartis autour de reliefs
volcaniques érodés offrant des sols similaires. De plus, elles sont représentatives des îles ayant
une vocation agricole, Tahiti avec une production toujours significative et Mangareva pour ses
productions qui alimentaient le CEP.
Les dépôts les plus élevés le long du littoral à proximité de Teahupoo au sud de l'isthme
de Taravao, et à Hitiaa sur la côte Est de l'île (Fig. 159). Ils résultaient des retombées de l'essai
Centaure du 17 juillet 1974 et les
valeurs maximales de l’activité surfa-
cique de ces dépôts, de l’ordre de 1 Valeur de référence
2.10 7 Bq.m -2 , traduisent l'arrivée du 0,5
2 1,2
nuage par la côte Sud-Est et son les- Mahina 1,6
Papenoo
sivage par des pluies localisées. Les Pirae
Arue
0,85
niveaux étaient 10 fois plus faibles Papeete
Papeari
Papara
0,8 Vairao
Mahina
Papenoo
Arue 7,16 : Point de prélèvement et
Pirae 0,17 activité surfacique en 137
Cs
Papeete 0,78 0,86
- Tiarei
Faaa 0,34 0,95
0,28
0,36 1,75
0,55 Mahaena
0,21 0,75 7,16
0,55
0,35 2,40
0,66 0,73 Hitiaa
0,51 1,57
TAHITI NUI
Punaauia
0,20 0,51 0,59 1,39 0,53 0,16 0,46
0,093
0,75
0,83
0,49
Paea
0,53 0,31 Presqu'île
1,02 -
2,17 de
0,76
0,57
0,42 Taiarapu
0,99 1,10 Taravao Pahua Nutae
0,35 0,13 0,57
1,27 0,36 Tautira
-
0,11
Patere 1,18 0,33 0,71
0,58 -
1,27 Atimaono 0,13 0,18
0,91 0,31 0,20 2,85
Papara Pte Riri 0,82
Mataiea 0,34 -
1,55
N 1,61
0 10 Km 2,37
Teahupoo 2,36
F IG. 160. - Activité surfacique (kBq.m -2 ) des dépôts de 137 Cs mesurés en 1987-1989 dans les sols de l’île
de Tahiti.
Les activités surfaciques de dépôts en 137 Cs dues aux retombées mondiales cumulées
jusqu'à la date des prélèvements ont été évaluées en considérant les niveaux d'activité des sols
de la côte Ouest où la contribution des retombées de l’essai Centaure était la plus faible, de l'ordre
de 0,2 à 1,3 kBq.m -2 . À la même époque, les dépôts de 137 Cs en métropole se situaient en
moyenne entre 1 et 10 kBq.m -2 et pouvaient atteindre ponctuellement quelques dizaines de kBq.m -2 .
L'évolution de l’activité massique des sols entre 1974 et 1989, a été influencée par leur
teneur en matière organique et surtout par l'importance du lessivage, du ruissellement ainsi que
de l'érosion des flancs de montagne et des plaines côtières par les eaux de pluie. Quelle que soit
la nature des sols, l'activité en 137Cs diminuait avec la profondeur (Fig. 161). Ainsi, l'activité massique
moyenne du 137 Cs, tous prélèvements confondus, décroissait d'un facteur 5 entre la surface et
42 cm de profondeur. En revanche, les radionucléides des chaînes naturelles, 238 U, 235 U, 232 Th
et 40 K, présentaient des activités massiques homogènes sur toute la profondeur des sols
échantillonnés.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 219
10
0,1
F IG. 162. - Relation entre l’activité massique (Bq.kg -1 sec) en 137 Cs 0 2,5 5 7,5 10 12,5 15
et la teneur en matière organique des sols ferralitiques. Matière organique en %
Un bilan de la radioactivité des sols de l'île de Mangareva a été réalisé, en 1993, à partir
d’échantillons prélevés en vingt emplacements représentatifs des différents types de sol de l'île.
En 1993, l'activité surfacique en 137 Cs, en fonction des types de sol, variait entre la limite
de détection de 0,06 kBq.m -2 et une valeur maximale de 1,67 kBq.m -2 (Fig. 163). La moyenne
était de 0,80 kBq.m -2 , du même ordre de grandeur que celle observée sur Tahiti.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 220
135° Ouest
Archipel
des N
Gambier Île
de
Mangareva
1,03 ± 0,09
Île de Mangareva < 0,06
Taku 0,66 ± 0,07
23° 10' Sud 0,60 ± 0,06
1,31 ± 0,11
0,54 ± 0,07
1,08 ± 0,09
0,78 ± 0,08
0 10 km
Station 15
1,08 ± 0,09
Station 5
0,40 ± 0,06
0,08 ± 0,03
Sols hydromorphes
0,46 ± 0,05
0 4 km
F IG . 163. - Activité surfacique (kBq.m -2 ) en 137 Cs des sols prélevés en 1993 dans l’île de Mangareva de
l’archipel des Gambier.
Les activités massiques moyennes en 137Cs décroissaient avec la profondeur pour tous les
types de sol échantillonnés (Fig. 164). Ainsi, l'activité massique moyenne de l'horizon 0-2 cm était de
5,74 ± 0,84 Bq.kg -1 sec, pour une amplitude comprise entre 0,68 et 12,9 Bq.kg -1 sec, et variait
entre 1,86 et 4,5 Bq.kg -1 sec dans l'horizon 32-42 cm. Comme pour Tahiti, les retombées régionales
qui ont parfois affecté les îles de cet archipel se sont additionnées aux dépôts des retombées
mondiales, homogènes à l’échelle de la Polynésie. Les dépôts de ces dernières ont été estimés à
partir des résultats de mesures réalisées sur les sols prélevés dans l'archipel le plus éloigné du
CEP, celui des Marquises, sur l'île de Nuku Hiva où à la même époque, les activités massiques étaient
comprises entre 0,32 ± 0,14 et 2,12 ± 0,84 Bq.kg -1 sec.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 221
Bq.kg-1 sec
10
0,1
2 12 22 32 42 2 12 22 32 42 2 12 22 32 42 2 12 22 32 42 cm
L’irradiation ambiante annuelle des archipels des Tuamotu et des Gambier est faible, de
l'ordre de 300 µGy.an -1, la contribution du rayonnement d’origine tellurique étant peu élevée pour
des sols coralliens. En effet, l’activité massique en 40K de ces sols est inférieure à 5 Bq.kg -1 sec,
celle des éléments des séries radioactives naturelles du 232Th inférieure à 3 Bq.kg -1 sec et celle
de 238U de l’ordre de 20 Bq.kg -1 sec. La rupture de l’équilibre radioactif constatée sur la série de
238 U à partir du 226 Ra (inférieur à 1 Bq.kg -1 sec) conduit donc à réduire la contribution relative
des émissions de ces radionucléides à l’irradiation tellurique des sols coralliens.
Les îles hautes des autres archipels présentent des niveaux d'exposition annuels pouvant
atteindre 700 µGy.an -1 . Ces niveaux s'expliquent par la contribution importante du rayonnement
tellurique en raison de la présence dans
les sols d'éléments d’origine volcanique, en
µGy.an-1
particulier des radionucléides des séries
2 000
naturelles de l'uranium et du thorium.
En France métropolitaine, les débits Bretagne
de dose, en général plus élevés, pro- 1 500
viennent précisément d’une contribution
plus importante du rayonnement d’origine
tellurique (Fig. 165). Cette contribution est 1 000 Région Îles
plus forte dans les massifs montagneux parisienne Marquises
Le 40 K est parmi les radionucléides émetteur bêta-gamma présent naturellement dans les
organismes vivants celui dont l'activité massique est la plus élevée. La prépondérance de cet élément
dans les échantillons biologiques fait que les résultats de l'indice bêta global doivent être interprétés
avec précaution. Lors de la période des retombées mondiales les plus importantes, de la fin des
années 50 au début des années 60, le pourcentage de la contribution du 40K à l'indice bêta global
était systématiquement estimé afin de déduire par différence celui des radionucléides d’origine
artificielle. En 1962, le pourcentage moyen de 40 K des végétaux-feuilles, comme les salades et
les choux, et celui des fruits étaient respectivement de 64 % et 79 % ; des valeurs à comparer
aux 41 % mesurés sur les végétaux prélevés en métropole la même année.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 223
Dans tous les autres archipels, les activités massiques moyennes étaient inférieures à 10
Bq.kg -1 frais. Le coprah provenant des îles Marquises avait les niveaux d’activité massique les
plus faibles avec une moyenne de 0,6 Bq.kg -1 frais et de 4,8 Bq.kg -1 frais en valeur maximale.
Bien que l’île haute de Mangareva de l'archipel des Gambier, située au sud de l'axe des
retombées, ait été affectée par des retombées régionales en 1966 et 1971 (Tableau 42), les activités
massiques du coprah en 137Cs y étaient faibles, de l'ordre de 3 Bq.kg -1 frais. L'explication la plus
probable est à rechercher, dans la lixiviation par les pluies du césium présent dans les sols, mais
aussi dans les processus de compétition entre le potassium et le césium au niveau des transferts
sol-plante. Les sols de Mangareva ont des teneurs en potassium supérieures à celles des sols
coralliens. Le potassium, analogue chimique naturel du césium, est donc absorbé préférentiellement
par voie racinaire par la plante, puis s'accumule par translocation dans le coprah. Il en résulterait
un transfert de 137 Cs dans la noix de coco plus faible que celui observé sur les atolls voisins
ayant des sols moins riches en potassium.
L’île de Tureia, dans l’archipel des Tuamotu, peut être considérée comme représentative
des îles se trouvant au nord de la zone des retombées atmosphériques centrée sur l’axe principal
attendu de la dispersion du nuage produit par les essais. L'évolution au cours du temps des
activités massiques en 137 Cs du coprah des noix de coco prélevées dans cette île montre des
fluctuations importantes autour d'une valeur moyenne annuelle de 20 Bq.Kg -1 pendant la période
des essais atmosphériques (Fig. 166). À partir de 1975, l’activité massique décroît progressivement
avec le temps suivant une période de décroissance effective de l’ordre de 10 ans et atteint une
activité de l'ordre de 4 à 5 Bq.kg -1 frais en 1996.
Bq.kg-1 frais
100
10
F IG. 166. - Évolution de l’activité massique (Bq.kg -1 frais) en 137 Cs des échantillons de coprah prélevés, de
1969 à 1997, sur l’atoll de Tureia.
L’évolution générale des radionucléides à vie courte montre des augmentations ponctuelles
de l’activité limitées à la période des campagnes d’essais atmosphériques. Ainsi, l’apparition du
131 I dans les laits produits à Tahiti et commercialisés à Papeete a été observée temporairement
pendant chaque campagne d’essais, de 1966 à 1974, mais à des niveaux variables (Fig. 167).
La valeur maximale de 255 Bq.l -1 de l'activité volumique en 131 I de ces laits a été atteinte
le 27 juillet 1974, soit 8 jours après le dépôt des radionucléides associés aux retombées atmosphé-
riques de l'essai Centaure, réalisé le 17 juillet (Fig. 168). Les productions issues de la partie Est de
l’île où les dépôts ont été les plus importants (cf. paragraphe sur la radioactivité des sols de Tahiti)
et où pâturait une partie des vaches laitières ont montré une évolution similaire au cours du temps mais
avec des niveaux plus élevés (Fig. 187).
À la suite de ces retombées, une estimation des doses à la population a été réalisée afin
de vérifier le respect de la limite d’exposition annuelle. Les calculs ont été actualisés en 2006 en
utilisant les données de surveillance de 1974 et les facteurs de dose en vigueur (cf. Chapitre VI).
100
50
Bq.l-1
300
LD
14/12/66 14/12/67 14/12/68 14/12/69 14/12/70 14/12/71 14/12/72 14/12/73 14/12/74 14/12/75
250
Temps
200
150
100
En 1969, l'activité volumique moyenne du 137 Cs dans le lait collecté à Tahiti était de 3,5
Bq.l -1 . L'évolution pluriannuelle de l'activité volumique de ce radionucléide a ensuite suivi une
décroissance rapide, entre 1969 et 1978, puis une décroissance plus lente, jusqu'en 1992 (Fig.
169). De 1993 à nos jours, l'activité volumique est restée constante, à un niveau très faible,
proche de 1 Bq.l -1 et du même ordre de grandeur que les incertitudes associées à ces mesures
et de la limite de détection. Cette stabilité des activités du lait reflète celle de l'activité massique en
137 Cs de l'horizon superficiel des sols tahitiens où paissent les vaches. En effet, les sols de
prairies sur lesquelles pâturent les animaux ou servant à la production de fourrage sont pauvres
en potassium, donc, comme cela a été expliqué précédemment, favorables aux transferts racinaires
sol-plante du césium. De plus, ces prairies sont constituées de deux graminées fourragères, Serratia
sp. et Batiki sp., caractérisées par des facteurs de transfert du césium plus élevés que ceux des
autres espèces de végétaux.
Bq.l-1
10
1
1967 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
F IG. 169. - Évolution annuelle de l'activité volumique (Bq.l -1 ) en 137 Cs du lait de vache collecté, de 1967 à
2004, à Tahiti (D’après rapport IRSN, 2005).
De 1967 à 1980, la période effective de décroissance du 137Cs dans le lait était inférieure à
5 ans. Calculée sur la période 1967-1995, elle est proche de 15 ans, c’est-à-dire inférieure de
moitié à sa période radioactive. Ces deux phases traduisent un appauvrissement initial rapide de la
fraction la plus labile du césium déposé sur les sols puis le lent appauvrissement dû au fait
qu’une partie des pertes en 137 Cs par le lessivage des sols a été compensée par l’apport des
retombées mondiales. Autour de cette tendance pluriannuelle, des fluctuations de faible ampleur de
l’activité volumique du 137 Cs étaient observées. Ainsi, en 1974, année des retombées les plus
importantes observées sur Tahiti à la suite de l'essai Centaure, les activités volumiques d’échan-
tillons de lait collectés à Tahiti ont fluctué entre la limite de détection de 1 Bq.l -1 et près de 6 Bq.l -1
le 12 août (Fig. 170). Compte tenu des niveaux résiduels en 137Cs dans les dépôts au sol résultant
de sa période radioactive et de sa persistance dans les retombées mondiales, l’influence des
retombées immédiates n’était pas aussi marquée que pour les radionucléides à vie courte. En
revanche, les fluctuations locales en 137Cs pendant la période des essais atmosphériques pouvaient
être plus importantes entre les zones de production de lait. Ainsi, le lait collecté à Hitiaa a atteint
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 227
une activité volumique maximale de 14,4 Bq.l -1 , en août 1974, reflet de l’activité des sols et des
herbes de la zone paturée à Taravao où les dépôts, dus aux retombées de l’essai Centaure, ont
été les plus élevés.
Bq.l-1
7
LD
3 4 4 4 4 4 4 4 75
97 97 97 97 97 97 97 97 9
/1 /1 /1 /1 /1 /1 /1 1/1 /1
/1
2
/0
1
/0
3 05 /0
6 08 09 /1 01
02 21 12 0 1/ 20 0 9/ 2 8/ 17 0 6/
F IG. 170. - Activité volumique (Bq.l -1) du 137Cs mesuré dans le lait collecté au marché de Papeete à Tahiti de
décembre 1973 à janvier 1975 dans le cadre de la surveillance radiologique des aliments. (LD = Limite de
détection).
V.5.1 - TRITIUM
L'activité volumique du tritium dans les eaux océaniques, n’a été quantifiée qu’à partir de
1993 car les méthodes d’analyse utilisées en routine, avant cette date, à savoir l’enrichissement
électrolytique suivi d’une mesure par scintillation liquide, bien que très performantes, ne permettaient
pas de quantifier les activités volumiques inférieures à 200, voire 300 Bq.m -3 . Cette limite de
détection était insuffisante pour atteindre les niveaux d’activité volumique caractéristiques du bruit
de fond des océans, et en particulier de celui de l’océan Pacifique, d’environ 150 Bq.m -3 . En
revanche, les niveaux d’activité de l’ordre d’une dizaine de Bq.m -3 peuvent être quantifiés par spec-
trométrie de masse, par double mesure de l’hélium-3 qui se forme par désintégration du tritium.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 228
Cette technique de mesure n’est pas employée en routine car le délai d’attente entre les
deux mesures dépasse un an. Néanmoins, en 1988, des mesures de tritium ont été réalisées par
cette technique sur trois profils verticaux, l’un au large de Tahiti, les deux autres aux limites Est et
Ouest des eaux territoriales de l’atoll de Mururoa, dans le sens de la circulation des masses d’eaux
océaniques orientée d'est en ouest (Fig. 171).
Profondeur (m)
0
200
400
600
Valeur avec
incertitude de mesure
800 Valeur en
limite de détection
1000
Large de Tahiti Limite Ouest de Mururoa Limite Est de Mururoa
1200
0 50 100 150 200 0 50 100 150 200 0 50 100 150 200
Bq.m-3
F IG. 171. - Profils verticaux de l’activité volumique (Bq.m -3) en tritium (forme HTO) des eaux océaniques prélevées
en 1988 à différentes profondeurs, au large de Tahiti et aux limites Ouest et Est des eaux territoriales de
l’atoll de Mururoa. Les incertitudes de mesure sont données à ± 2 σ.
Les profils des trois stations de prélèvement étaient similaires. Les activités volumiques
maximales, de l'ordre de 150 Bq.m -3 , ont été mesurées dans les masses d’eau superficielles, de
0 à 300 mètres de profondeur. Elles décroissaient ensuite rapidement avec la profondeur au
niveau de la thermocline pour atteindre 50 Bq.m -3 , et être inférieures à la limite de détection
au-delà de 600 mètres. Aucun apport en tritium n’a été observé en limite des eaux territoriales,
comme le montre la similitude entre les profils à l’est et à l’ouest de Mururoa et au large de Tahiti.
Les activités mesurées sont cohérentes avec les données scientifiques contemporaines
disponibles, en particulier celles de la campagne océanographique «Benthic 8» réalisée en 1983.
Bien que l’extension méridionale de cette campagne ait été limitée à 10° S (Tahiti est à 18° S et
Mururoa à 22° S), les activités et les profils publiés sont similaires à ceux obtenus en 1988.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 229
500 500
1000 1000
1500 1500
F IG. 172. - Profils verticaux de
l’activité volumique (Bq.m -3 ) 137Cs 90Sr
en 137 Cs et 90Sr des masses
d’eaux océaniques prélevées 2000 2000
Valeur avec
à différentes profondeurs, en incertitude de mesure
1993, à proximité de l’île de Valeur en
limite de détection
Tahiti. Les incertitudes de 2500 2500
mesure sont données à 2 σ . 0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 0 0,5 1,0 1,5 2,0
Bq.m-3 Bq.m-3
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 230
Profondeur (m)
0
Des échantillons d’eau de mer de surface des différents océans de la planète ont été
prélevés, en 1992-1993, afin de comparer leurs niveaux d'activité volumique en 90 Sr, 137 Cs et
239+240 Pu avec ceux observés en Polynésie. Les résultats de cette campagne ont montré que les
activités volumiques de ces radionucléides dans les eaux de surface polynésiennes étaient
identiques ou inférieures à celles des eaux océaniques de l’hémisphère Nord (Fig. 175).
180˚W 150˚W 120˚W 90˚W 60˚W 30˚W 0˚ 30˚E 60˚E 90˚E 120˚E 150˚E 180˚E
75˚N
90 Sr
60˚N
1,31
45˚N
1,26 1,57 1,69
1,58 1,67 OCÉAN
1,66 1,41 1,42 1,59 1,58 2,11 PACIFIQUE
30˚N
0,92 1,60
OCÉAN 0,99 1,14 OUEST
1,15 1,74 2,06
1,35 0,87 1,74 1,65
1,00
15˚N PACIFIQUE 1,07
1,43 2,04 1,51
1,13 0,93
1,11 1,74
EST 1,02 1,66
0
0,89 1,24 1,37
0,92 OCÉAN
1,17 1,22
15˚S 1,39
TAHITI 1,31 OCÉAN INDIEN
1,02
1,30 0,81 1,47
0,50
30˚S ATLANTIQUE
0,662 1,45
0,405 1,09
45˚S
0,354 ? 0,12
0,454
60˚S 0,410
? 0,12
75˚S
180˚W 150˚W 120˚W 90˚W 60˚W 30˚W 0˚ 30˚E 60˚E 90˚E 120˚E 150˚E 180˚E
137 Cs 75˚N
60˚N
2,42
45˚N
2,47 2,58 2,86
2,84 2,56
OCÉAN
3,97 2,63 2,32 2,50 2,82 2,82
30˚N PACIFIQUE
1,84 2,53
OCÉAN 2,11 2,13 OUEST
3,30 2,91 3,12
2,57 2,08 3,12
1,60
15˚N PACIFIQUE 1,95
2,43 2,87
2,55 1,45
2,08 2,59
EST 1,60 2,77
0
2,56 2,12 2,35
1,82 OCÉAN
2,01 2,16
15˚S 1,93
TAHITI 2,48 OCÉAN INDIEN
1,56
2,30 1,35 2,33
0,77
30˚S ATLANTIQUE
0,79 1,96
0,65 1,63
45˚S
0,56
0,65 0,10
60˚S
0,69
0,072
75˚S
F IG. 175. - Activité volumique en 90 Sr et 137 Cs (Bq.m -3 ) des masses d'eau de surface prélevées en
1992-1993 dans les différents océans de la planète.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 232
180˚W 150˚W 120˚W 90˚W 60˚W 30˚W 0˚ 30˚E 60˚E 90˚E 120˚E 150˚E 180˚E
239+240 Pu 75˚N
60˚N
7,50
45˚N
20,70
0,69 11,50 8,70 6,90
OCÉAN
0,60 7,10 7,10 11,90 PACIFIQUE
30˚N 17,80
2,48 6,60
OCÉAN 3,30 3,92 OUEST
1,70 0,85 4,80
0,78 3,22 7,0 4,30
2,44
15˚N PACIFIQUE 4,15
2,44 5,70 2,36
1,37 1,63
2,42 5,20
EST 1,93 7,60
0
2,01 2,78
2,82
2,1 OCÉAN
2,60 1,44
15˚S 3,70
TAHITI 2,50 OCÉAN INDIEN
4,2
1,81 0,87
2,25
30˚S ATLANTIQUE
1,32 1,00
45˚S
1,8 1,77
0,82
60˚S 1,33
75˚S
F IG. 175 (suite). - Activité volumique en 239+240 Pu (mBq.m -3 ) des masses d'eau de surface prélevées en
1992-1993 dans les différents océans de la planète.
V.6.1 - PLANCTON
0,06
60Co
V.6.1.1 - RADIONUCLÉIDES DE PÉRIODE 100
SUPÉRIEURE À 5 ANS 0,04
icie ls
60Co
: 0,062 ± 0,012
137Cs
: < 0,019
PASSE Est
238Pu
: 0,0031 ± 0,0013
ANEMONE
239+240Pu : 0,0155 ± 0,0026
Ouest
FAUCON Atoll de Mururoa des eaux territoriales. De même, l'activité
60Co : 0,022 massique du plancton était plus élevée au
137Cs : 0,018 ± 0,006
238Pu : < 0,0028 voisinage des passes qu’au large (Fig. 177).
239+240Pu : 0,0057 ± 0,0022
À partir de 1993, des niveaux d’activités
60Co: 0,011 ± 0,007
60Co : 0,167 ± 0,018
137Cs
: 0,017 ± 0,006 plus faibles ont été mesurés à l'aide de
238Pu
137Cs : 0,018
238Pu : 0,0246 ± 0,0044
: 0,0031 ± 0,0024
239+240Pu : 0,0130 ± 0,0039
détecteurs bas bruit de fond très perfor-
239+240Pu : 0,0770 ± 0,0100 mants installés dans le laboratoire souter-
Est
PASSE KILO rain de Modane (Savoie, France). Ces
60Co : 0,071 ± 0,010 Ouest
137Cs : 0,015 ± 0,007
PAVILLON mesures faisaient apparaître une diminu-
238Pu : 0,0055 ± 0,0015
239+240Pu : 0,0324 ± 0,0043
tion de l’activité massique du 60 Co, en
Atoll de Fangataufa
moyenne d’un facteur quatre, des passes
aux 12 milles nautiques des côtes de
60Co : 0,033 ± 0,010 Mururoa et de Fangataufa (Fig. 178). En
137Cs Sud
238Pu
: 0,016 ± 0,007
: 0,0066 ± 0,0024
TERME SUD revanche, le 60 Co n’a pas été détecté
239+240Pu : 0,0432 ± 0,0066
dans le plancton prélevé dans les eaux à
F IG. 177. - Activités massiques (Bq.kg -1 frais) en 60 Co, proximité des autres atolls de la Polynésie
137 Cs, 238 Pu et 239+240 Pu mesurées sur des échantillons française.
de plancton prélevés en 1993-1994 à la limite des eaux
territoriales des atolls de Mururoa et Fangataufa.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 234
Le 137Cs, faiblement accumulé par le plancton océanique, est également mesuré depuis 1993
dans le laboratoire souterrain de Modane. Le 137Cs apparaît à des niveaux constants compris entre
0,015 ± 0,07 et 0,022 ± 0,010 Bq.m -3 sur l’ensemble des points de prélèvement, traduisant
l’homogénéité de l’activité volumique des eaux polynésiennes, conséquence des retombées
atmosphériques mondiales (Fig. 178).
Bq.kg-1 frais
V.6.1.2 - ISOTOPES DU PLUTONIUM
60Co
0,10
n : Nombre d'échantillons analysés 239+240Pu
Quelle que soit la période de prélèvement, ≤ x : Activité inférieure à la limite de
0,08
les activités volumiques en 238 Pu et en 239+240 Pu, détection 137Cs
60
étaient, comme pour le Co, toujours plus élevées 0,06
238Pu
Les données obtenues pour les eaux de mer et le plancton, prélevés simultanément lors
des campagnes de 1993 et de 1994, permettent de calculer des facteurs de concentration du
137Cs et du 239+240Pu spécifiques du plancton vivant dans les eaux polynésiennes (Tableau 47).
Le Fc du 137Cs pour le plancton océanique varie de 6 à 14, confirmant le faible pouvoir
d'accumulation du césium par le plancton. Le Fc varie de 4,5 à 7,4 lorsqu'il est calculé avec les
résultats obtenus sur les échantillons issus des archipels de Polynésie française (Marquises,
Tahiti, Tuamotu-Gambier et Australes). Ces valeurs pour le plancton polynésien sont du même
ordre de grandeur, mais inférieures aux valeurs génériques recommandées par l'AIEA.
Le Fc du 239+240Pu pour le plancton polynésien oscille entre 1 900 et 5 000, confirmant
le fort pouvoir d'accumulation de cet élément. Ces valeurs sont inférieures à celles recommandées
par l'AIEA. En revanche, elles sont très proches du Fc de 4 000 obtenu à partir des mesures
réalisées par les différents laboratoires lors de l'intercomparaison organisée par AIEA en 1991.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 235
T ABLEAU 47.
Facteurs de concentration (Fc) du 137 Cs et 239+240 Pu pour le plancton polynésien, calculés à partir
des résultats de mesure de l'intercomparaison AIEA de 1991 et des campagnes de prélèvements
de 1993-1994. Le nombre de mesures utilisé pour le calcul est donné entre parenthèses.
Depuis 1966, date du début des essais nucléaires sur les atolls de Mururoa et Fangataufa,
la radioactivité des denrées entrant dans la ration alimentaire des populations vivant en Polynésie
est régulièrement contrôlée. Le poisson constitue la base de l’apport en protéines dans leur
alimentation. Des consommations annuelles pouvant atteindre 140 kg par adulte, dont 30 kg de
thon, ont été relevées lors des enquêtes alimentaires réalisées jusqu’en 1985, en particulier dans
l’archipel des Gambier. Ces quantités sont supérieures à celles consommées à la même
époque par les pêcheurs du Nord de la France par exemple (17,3 kg.adulte -1.an -1). Aussi, depuis
1966, une attention particulière a été accordée aux grands poissons pélagiques océaniques
pêchés dans la Zone économique exclusive (ZEE) de Polynésie française. Les résultats obtenus
sont utilisables pour estimer la dose engagée du fait de la consommation de ces espèces
(cf. Chapitre VI).
Pendant la période des essais atmosphériques, entre 1967 et 1974, parmi les radio
nucléides du cortège mis en évidence lors d'un essai (cf. Chapitres II et IV), le 65Zn est celui de
période courte le plus souvent mesuré chez les poissons. Le Fc du 65Zn pour les poissons,
donné dans différentes publications scientifiques, est élevé, de l'ordre de 1 000. Sur un
ensemble de 4 700 échantillons analysés, 65 % ont conduit à une activité massique quantifiable. Les
activités massiques les plus élevées ont été observées, en 1967 et 1968, en particulier pour
Acanthocybium solandri, le thazard, espèce qui ne semble pas effectuer de grandes migrations
(Tableau 48). Un marquage significatif en 65Zn a été mis en évidence, de janvier à août 1968, dans
la zone de pêche proche des sites de Mururoa et de Fangataufa.
À partir de 1969, les activités massiques ont décru régulièrement pour n'être plus quantifiables
à partir de 1975. L’évolution temporelle de l'activité massique en 65 Zn de Gymnosarda unicolor, entre
1967 et 1974, illustre la décroissance de ce radionucléide dans la chair des poissons pélagiques
dès l'arrêt des essais atmosphériques sur barge (Fig. 179). La période de décroissance effective
calculée était de 362 jours, supérieure à la valeur de la période radioactive de 244 jours, révélant
des apports réguliers de 65 Zn durant cette période.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 236
T ABLEAU 48.
Évolution, au cours du temps de l’activité massique moyenne (Bq.kg -1 frais) en 65Zn, dans les six principales
espèces de poissons pélagiques océaniques pêchées entre 1967 et 1974.
Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de mesures supérieures aux limites de détection
qui ont été prises en compte pour le calcul de la moyenne annuelle.
65Zn (Bq.kg-1 frais)
Année
Thazard Albacore Germon Bonite Gymnosarde Patudo
Bq.kg-1 frais
1000
100
10
La distribution spatiale des résultats d'activité massique du 65Zn dans les poissons pélagiques
montre également une décroissance de l'activité massique, en fonction de la distance, entre les
zones de pêche et les sites d'expérimentations (Tableau 49). Néanmoins, lors des premières années
de la surveillance, des activités massiques atteignant quelques centaines de Bq.kg -1 frais ont été
occasionnellement mesurées sur des poissons appartenant à des espèces migratrices et pêchés
en dehors de la zone la plus proche des sites d'expérimentations.
Le mode de vie des poissons influence également les niveaux d'activité massique de la
chair des poissons pélagiques (Tableau 49). Ainsi, l'activité massique moyenne en 65 Zn s’avérait
nettement plus faible pour les espèces vivant en eaux profondes (germon et patudo) que pour les
espèces vivant dans les eaux de surface (thazard, bonite et gymnosarde). De même, les activités
massiques des thons de l’espèce albacore se trouvaient certainement influencées par les fluctuations
dans la composition de l'échantillon de cette population : mélange de jeunes individus pêchés à la
traîne en surface et d'adultes capturés en profondeur par des longues lignes (cf. Chapitre III).
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 237
T ABLEAU 49.
Activités massiques (Bq.kg -1 ) en 65 Zn dans la chair des différentes espèces de poissons pélagiques
pêchés entre 1967 et 1974 en fonction de l'éloignement des sites d'expérimentations.
Les distances correspondent aux zones au large de Mururoa et Fangataufa (< 100 km),
Tuamotu Centre - Sud Gambier (100-700 km), Tuamotu Nord - Tahiti - Australes Sud (700-1 300 km),
Marquises - Îles sous le Vent -Australes Nord (> 1 300 km).
Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de résultats de mesure significatifs.
Les autres radionucléides à vie courte, les plus fréquemment mesurés, sont les 57Co,
58 Co et 54Mn. Les valeurs étaient très dispersées avec des maxima apparaissant surtout dans les
années 1967 et 1968 (Tableau 50). Les autres radionucléides tels que les 95Zr, 131I, 140Ba,
141 Ce, 103 Ru, 110m Ag, 144 Ce et 106 Ru ont également été mesurés épisodiquement, principalement
entre 1967 et 1970.
T ABLEAU 50.
Évolution au cours du temps de l’activité massique maximale (Bq.kg -1 frais) en 57 Co, 58 Co, 60 Co et 54 Mn
dans les six principales espèces de poissons pélagiques océaniques pêchées entre 1967 et 1974.
T ABLEAU 51.
Évolution au cours du temps de l’activité massique moyenne (Bq.kg -1 frais) en 137 Cs
dans les six principales espèces de poissons pélagiques océaniques pêchées entre 1967 et 1993.
Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de mesures supérieures
aux limites de détection prises en compte pour le calcul de la valeur annuelle.
Les activités massiques les plus élevées ont été observées entre 1967 et 1969 (Fig. 180).
De l'ordre d'une dizaine de Bq.kg -1 frais pour la gymnosarde et la bonite, elles ne dépassaient
pas 4 Bq.kg -1 frais pour les quatre autres espèces de poissons pélagiques. L’évolution au cours
du temps montre une décroissance rapide de l’activité moyenne annuelle, entre 1967 et 1974,
puis une diminution plus lente jusqu’à nos jours. Dès 1974, année de l’arrêt des essais atmo-
sphériques, l'activité massique en 137 Cs ne représentait plus que quelques dixièmes de Bq.kg -1
frais, valeur légèrement inférieure à celles mesurées dès 1996 dans la chair de thon de
l'Atlantique et de la Méditerranée, de 0,7 à 0,8 Bq.kg -1 frais.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 239
Bq.kg-1 frais
10
Comme pour le 65 Zn, les activités massiques moyennes en 137 Cs décroissaient avec
l'éloignement des sites de Mururoa et Fangataufa et étaient inférieures pour les espèces vivant en
profondeur, germon et patudo, par rapport à celles vivant en surface, bonite et gymnosarde
(Tableau 52).
T ABLEAU 52.
Activités massiques (Bq.kg -1 ) en 137 Cs dans la chair des différentes espèces de poissons pélagiques
pêchés entre 1967 et 1974 en fonction de l'éloignement des sites d'expérimentations.
Les distances correspondent aux zones au large de Mururoa et Fangataufa (< 100 km),
Tuamotu Centre - Sud Gambier (100-700 km), Tuamotu Nord - Tahiti - Australes Sud (700-1 300 km),
Marquises - Îles sous le Vent -Australes Nord (> 1 300 km).
Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de résultats significatifs.
Inférieure à 100 1,3 (88) 2,4 (100) 1,1 (38) 8,5 (27) 6,9 (155) 0,42 (18)
100 à 700 0,64 (509) 0,57 (346) 0,43 (94) 0,78 (169) 0,81 (500) 0,53 (77)
700 à 1 300 0,59 (129) 0,61 (599) 0,77 (242) 0,61 (1 256) 0,56 (40) 0,60 (98)
Supérieure à 1 300 0,47 (186) 0,56 (252) 0,58 (90) 0,63 (62) 0,47 (84) 0,48 (78)
Les isotopes du plutonium ont très rarement été quantifiés dans la chair des poissons
pélagiques de haute mer. Les niveaux d’activité étaient pour la plupart inférieurs aux limites de
détection des techniques de mesure utilisées. Dans les années 1990, l’amélioration des techniques
d’analyse a permis d’atteindre le niveau des traces d’activité pour ces radionucléides.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 240
Grâce à l’amélioration des limites de détection, des résultats significatifs ont été obtenus sur
un faible nombre d'échantillons, tous issus des poissons pêchés au large des atolls de Mururoa
et de Fangataufa (Tableau 53).
Le Fc du plutonium pour les poissons pélagiques polynésiens, calculé à partir des activités
des masses d'eau et des poissons prélevés simultanément, est de l'ordre de 50, proche de la
valeur générique préconisée par l'AIEA (100), démontrant la cohérence des données de surveillance.
T ABLEAU 53.
Activités massiques (Bq.kg -1 frais) minimale et maximale en 239+240 Pu dans la chair
des poissons pêchés, de 1990 à nos jours, à proximité des sites de Mururoa et Fangataufa.
V.7 - CONCLUSION
La surveillance radiologique réalisée au début des années soixante sur différentes com-
posantes de l'environnement polynésien montre l'existence d’un bruit de fond significatif pour les
différents radionucléides d’origine artificielle provenant des retombées des essais nucléaires
réalisés dans l'atmosphère par les États-Unis, l'URSS et le Royaume-Uni, dont certains ont eu lieu
dans le Pacifique Sud. Par la suite, l'influence sur le territoire polynésien des retombées régionales
et mondiales des essais réalisés à partir de 1966 sur les atolls de Mururoa et Fangataufa s'est
essentiellement limitée à la période des essais atmosphériques. Ainsi, l'évolution au cours du
temps de la radioactivité des aérosols suit une tendance générale à la baisse de 1966 à 1975,
année où les niveaux redeviendront inférieurs à ceux du début des années soixante. Sur cette
tendance, se sont superposées des fluctuations annuelles marquées, résultant à la fois des
campagnes d'essais réalisées uniquement pendant l'hiver austral pour profiter de conditions
météorologiques favorables à la dispersion du nuage radioactif et de l'épuration rapide du milieu
atmosphérique pendant l’été austral. Les niveaux d'activité volumique des principaux radionucléides
dans l'atmosphère étaient comparables, ou inférieurs, à ceux observés dans l'hémisphère Nord,
en particulier sur le territoire métropolitain.
Cependant, suite aux essais Aldébaran, Rigel, Arcturus, Encelade, Phoebé et Centaure,
des retombées supérieures aux niveaux attendus ont été détectées dans l'atmosphère des îles
de Mangareva, Tureia et Tahiti. Ces détections déclenchèrent des contrôles radiologiques complé-
mentaires, avec des fréquences de prélèvement plus importantes des principaux constituants de la
chaîne alimentaire de l'île affectée par les retombées. De plus, dans chacun de ces cas, des calculs
de doses pour les populations concernées ont été réalisés au moment des retombées et ont fait
l’objet d’une réactualisation en 2005-2006 ; leurs résultats sont présentés dans le chapitre VI.
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 241
Les dépôts sur les sols des îles polynésiennes ont donc intégré, au cours du temps, les
retombées régionales et mondiales des radionucléides générés par les essais réalisés durant la
décennie 1950-1960, puis les retombées des essais français pour la période 1966-1974, en
particulier celles des 6 essais mentionnés précédemment, et enfin les retombées chinoises jusqu'en
1981. Néanmoins, par l'action conjointe du lessivage par les eaux de pluie des radionucléides
déposés sur les sols et de leur migration vers des horizons plus profonds, l'activité massique
des radionucléides présents dans les sols a décru plus rapidement au cours du temps que par
le simple fait de la décroissance radioactive de ces radionucléides. En conséquence, la contribution
de la composante tellurique des sols, en particulier des sols coralliens, au débit de dose ambiant
des îles est généralement faible et inférieure à celle de la majorité des sols métropolitains et ce,
en raison des niveaux d'activité très bas de certains radionucléides appartenant aux séries
naturelles de l'uranium et du thorium.
L'évolution au cours du temps de l'activité massique des végétaux montre que les niveaux
les plus élevés ont été mesurés pendant la période des essais atmosphériques. Les fluctuations
observées pour cette période correspondaient aux apports par dépôts directs, secs ou humides,
sur les plantes en fonction de l'intensité des retombées. Les 6 essais déjà évoqués ont conduit
à des niveaux d'activité massique plus élevés dans les végétaux des atolls concernés. Pour cette
période, les niveaux en 137 Cs du coprah des noix de coco collectées sur les différents archipels
polynésiens permettent de cartographier la répartition spatiale de l’activité des végétaux. Celle-ci
est globalement en accord avec les prévisions attendues à partir du choix des conditions météo-
rologiques retenues pour réaliser les essais. L'atoll inhabité de Maria, situé sur l'axe de dispersion
attendu du nuage à l'ouest des sites d'expérimentations, présentait les niveaux d'activité les plus
élevés. Les îles de l'archipel des Marquises, situées au Nord du territoire polynésien, affichaient
les niveaux les plus faibles, caractéristiques des retombées mondiales des essais atmosphériques
réalisés par l'ensemble des pays détenteurs d’armes nucléaires. Au nord de cet axe, les îles des
Tuamotu Sud-Est, de Tureia à Reao, ainsi que celles du groupe Actéon montraient les niveaux
sensiblement plus élevés que ceux des autres atolls polynésiens. À partir de 1975, l'évolution
pour l’ensemble des archipels s'est inscrite dans une tendance à la baisse qui était fonction des
périodes radioactives des radionucléides. Ceux à vie courte ont disparu rapidement. Pour les
radionucléides comme le 137Cs, de période de 30 ans, le sol a joué le rôle d'un réservoir à partir
duquel, par transferts racinaires, les végétaux étaient contaminés. Aujourd'hui, les niveaux de ces
radionucléides dans les végétaux sont à l’état de traces pour l'ensemble des îles polynésiennes. Les
différentes productions agricoles, en particulier le lait recueilli à Tahiti, ont fait l'objet d'une sur-
veillance radiologique continue dès 1964. Les radionucléides à vie courte, comme les isotopes de
l'iode, ont été mesurés pendant les campagnes d’essais atmosphériques, en particulier suite à
l'essai Centaure. L'évolution au cours du temps des éléments comme le 137 Cs a suivi une
décroissance de période effective de l'ordre de 13 ans jusqu’au début des années 90. Depuis,
la persistance de ce radionucléide dans le sol des pâturages à des très faibles niveaux dans les
sols et l’existence de Fc plus élevés pour les graminées fourragères dont se nourrissent les
vaches explique une décroissance plus lente d’environ 30 ans proche de celle de la période
radioactive.
En domaine marin, de l'arrêt des essais atmosphériques à nos jours, un gradient décroissant
de l'activité volumique entre les eaux de mer sortant par les passes du lagon jusqu’à une dizaine
de milles des atolls de Mururoa et Fangataufa a été mis en évidence pour les radionucléides
caractérisés par des périodes moyennes et longues, notamment le 239+240Pu. En dehors de cette
zone, la radioactivité ajoutée par les eaux des lagons des deux atolls n’était pas perceptible dans
Chap. 5VF-06.12.06:chapitre 5 12/01/07 14:10 Page 242
les eaux océaniques polynésiennes. Dès lors, les activités volumiques des radionucléides d'origine
artificielle présents dans les eaux océaniques de Polynésie ne se distinguaient pas des niveaux
des eaux du Pacifique Sud qui se situaient parmi les plus basses de la planète.
Comme pour le plancton, les activités massiques les plus élevées concernant les grands
poissons pélagiques ont été mesurées dans des poissons pêchés entre 1967 et 1968, à proximité
des sites d'expérimentations. Par la suite, l'activité massique a rapidement diminué pour l'ensemble
des espèces surveillées. Le 65 Zn ainsi que les autres radionucléides à vie courte ont disparu
dès la fin des essais atmosphériques ; le 137 Cs s’est stabilisé à un niveau très bas, équivalent à
celui mesuré dans les poissons pêchés dans les autres océans. Des différences entre les
espèces ont été mises en évidence en rapport avec leur mode de vie : d'une part, une activité
massique moyenne en 239+240Pu plus faible pour les poissons vivant en profondeur que pour ceux
vivant dans les eaux de surface ; d'autre part, une extension spatiale apparente plus importante
des mêmes niveaux d’activités en plutonium chez les espèces migratrices par rapport aux espèces
sédentaires. Les facteurs de concentration associés aux différents radionucléides mesurés sur les
espèces polynésiennes et calculés à partir des résultats issus de la surveillance radiologique
ont conduit à des valeurs inférieures aux valeurs génériques préconisées par l'AIEA pour le calcul
du transfert de ces radionucléides aux organismes marins à partir de l’eau de mer.
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CHAPITRE VI
• la situation météorologique, au moment de l’explosion et durant les heures et les jours suivant
l’essai ;
• la localisation et l’intensité des retombées radioactives, afin de s’assurer qu’elles ne puissent ni
exposer les travailleurs des sites d’expérimentations et les populations au-delà des limites
réglementaires, ni provoquer de retombées directes sur les îles habitées.
Les bilans des doses reçues tant par le personnel que par les populations sont présentés
dans ce chapitre, en particulier le bilan des doses délivrées aux populations par six essais dont
les retombées proches ont touché des îles habitées. En effet, malgré toutes les conditions et
contraintes imposées pour la réalisation d’un essai qui entraînaient fréquemment son report, des
évolutions imprévues de la situation météorologique ont entraîné des retombées vers des zones habitées.
permet de définir la dose efficace qui prend en compte l’ensemble des tissus et organes de l’or-
ganisme. Celle-ci est notée E et sa valeur est donnée par la formule : E = Σ H T .W T . L’unité
employée est également le sievert. La dose efficace, destinée à exprimer un niveau de risque en
termes généraux, est le plus souvent employée et couramment exprimée sous le terme de «dose».
Dans le cas particulier de l’incorporation de radionucléides dans l’organisme, l’exposition
est conditionnée par la décroissance radioactive du radionucléide et par son temps de séjour
dans l’organisme (période biologique cf. Annexe 1). Pour tenir compte de cet aspect temporel, un
calcul «d’engagement» de la dose sur la durée de l’exposition est effectué. Cette période est très
variable selon les radionucléides, de quelques heures à plusieurs dizaines d’années. Par
exemple, l’iode-131 a une période radioactive de 8 jours et une période biologique de 80 jours
alors que le plutonium-239 à une période radioactive de 24 000 ans et une période biologique de
20 ans dans le foie et de 50 ans dans l’os. Par convention, le calcul de l’engagement de dose
(dose engagée) est fait, sauf cas particulier, sur 50 ans pour les adultes et sur 70 ans pour les
enfants. Le calcul de dose engagée peut s’exprimer en termes soit de dose équivalente si l’on
considère un organe «cible», soit de dose efficace si l’on prend en considération l’ensemble de
l’organisme. Les doses sont calculées généralement en fonction de six classes d’âges : cinq
classes pour les enfants et une pour les adultes.
Dans le cas de la thyroïde, dans la mesure où la plus grande part de l’exposition de cet
organe est liée aux iodes radioactifs qui ont pour elle une affinité sélective, il est usuel d’utiliser
le terme de dose équivalente à l’organe. Par ailleurs, la plus grande radiosensibilité de cet organe
chez les enfants nécessite de tenir compte de l’âge des personnes au moment de l’exposition.
Ces décrets fixaient les équivalents de dose maximaux admissibles pour les travailleurs
directement affectés à des travaux sous rayonnements suivant la terminologie de l’époque,
comme suit :
• une dose cumulée de 50 (N-18) mSv, à un âge donné N, exprimé en années, pour l’organisme
entier, les organes hématopoïétiques et les gonades ;
• 80 mSv sur une période de trois mois et 300 mSv sur une année, pour la peau, les tissus
osseux (sauf mains, avant-bras, pieds et chevilles) ;
• 40 mSv sur une période de trois mois et 150 mSv sur une année, pour les autres organes
et tissus internes ;
• 600 mSv sur une année pour les mains, avant-bras, pieds et chevilles.
Ces décrets indiquaient les équivalents de dose maximaux admissibles sur un an pour les
travailleurs non directement affectés à des travaux sous rayonnements, comme suit :
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:58 Page 247
Ils fixaient les équivalents de dose maximaux admissibles sur une année pour les personnes
du public, comme suit :
Ces doses maximales admissibles étaient applicables au personnel affecté à des travaux sous
rayonnements ionisants.
Pour les personnes du public et les travailleurs non affectés à des travaux sous rayonnements
ionisants, les doses «en profondeur», c'est-à-dire les doses délivrées à l’organisme entier étaient
limitées à 5 mSv.
C’est à la suite de la transposition en droit français de la directive européenne 96/29 du
13 mai 1996, que les décrets 2002-460 du 4 avril 2002 relatif à la protection générale des personnes
contre les dangers des rayonnements ionisants et 2003-296 du 31 mars 2003 relatif à la protection
des travailleurs contre les dangers des rayonnements ionisants limitent les doses à l’organisme
entier appelées «doses efficaces» à 20 mSv sur 12 mois consécutifs pour les travailleurs et à
1 mSv par an pour le public.
Le décret 66-460 du 20 juin 1966 définissait, dans son article 15, les concentrations
maximales admissibles dans l’air et dans l’eau de boisson, notées CMA air et CMA eau . La CMA air
était, pour un radionucléide donné, l’activité volumique pour laquelle une inhalation continue
durant une année entraînait une dose égale à la limite annuelle admise soit pour l’organisme entier
soit pour l’un des organes critiques. La CMA eau était, pour un radionucléide donné, l’activité volu-
mique pour laquelle une ingestion de 1,1 litre d’eau par jour durant une année entraînait une dose
égale à la limite annuelle admise soit pour l’organisme entier soit pour l’un des organes critiques.
La CMA pour les travailleurs d’un mélange inconnu de radionucléides était fixée par précaution
à 7,4 mBq.m -3 pour l’air et 3 700 Bq.m -3 pour l’eau. Lorsque la composition du mélange était
connue, il était possible de calculer une CMA spécifique du mélange en faisant la somme des
CMA de chaque radionucléide pondérée par leur activité volumique respective. Il est à noter que
pour les personnes du public, il est explicitement indiqué que les CMA sont égales au dixième de
celles appliquées pour les travailleurs.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:58 Page 248
Pour réaliser les essais nucléaires, le ministère de la Défense avait mis en place un
organisme chargé de la conduite des essais : le Groupement opérationnel des expérimentations
nucléaires (Goen). Il s’agissait d’une structure temporaire, limitée à la durée des campagnes. Pour
le Centre d’expérimentation du Pacifique, il revenait au général commandant le Goen de décider
de l’heure à laquelle devait avoir lieu l’explosion de l’engin et de décider de sa réalisation, en
fonction des conditions locales. Il lui appartenait également de donner l’ordre d’évacuation des
sites avant chaque essai atmosphérique, d’assurer la gestion des mouvements d’avions et de
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 249
navires autour des atolls, de superviser les contrôles radiologiques après l’essai et d’autoriser
ensuite le retour des équipes sur les atolls (cf. Annexe 4).
Depuis 1958, les activités du CEA liées à la défense nationale relèvent de la Direction des
applications militaires (DAM). En son sein, la Direction des essais (DE) prenait en charge les
installations spécifiques aux expérimentations nucléaires (ouvrages pour les appareillages de
mesures, nacelles de support d’engins, ballons…), ainsi que toutes les dispositions relatives en
matière radioprotection à proximité de la zone d’essai appelée aussi point zéro, et lors de la mise en
œuvre de l’engin. C’est également à la Direction des essais que revenaient la définition, l’acquisition
et le dépouillement des résultats des mesures neutroniques, radiologiques, radiochimiques,
optiques et sismiques.
Le 30 janvier 1964, la Direction des centres d’expérimentations nucléaires (Dircen) a été
créée afin de coordonner les actions du ministère de la Défense et du CEA. C’était un organisme
mixte Armées-CEA, dirigé par un officier général relevant directement du ministre de la Défense.
Elle était chargée de la conception, de l’organisation, de la construction et du fonctionnement du
CEP, ainsi que de la préparation et de l’exécution des essais. Deux services chargés de la sécurité
regroupant des spécialistes du CEA et de la Défense lui étaient rattachés :
Le SMSR et le SMCB ont fusionné en 1994, pour former le Service mixte de sécurité
radiologique et biologique de l’homme et de l’environnement (SMSRB).
• septembre 1965 : sur la base de Hao dans le cadre d’un chantier de travaux publics, une
explosion a provoqué la mort de 3 employés de la société Dumez-Citra ;
• janvier 1970 : sur la base de Hao, l’explosion d’une citerne de carburant a entraîné le décès
de 7 personnes dont 2 personnels militaires ;
• juin 1972 : le crash d’un Boeing KC135 au décollage de la base de Hao pour une mission
d’observation à la suite de l’essai Titania a entraîné le décès de 6 personnes de la Défense ;
• juillet 1979 : au cours d’une opération d’assainissement de la cuve d’expérimentation Meknès
sur l’atoll de Mururoa, une explosion a provoqué le décès de deux personnes du CEA ;
• en 1980 et 1985 : sur l’atoll de Mururoa, deux personnes du CEA sont décédées à la suite
d’accidents mettant en cause des véhicules de transport et de levage.
fluorure de lithium (LiF). L’action d’un rayonnement sur un cristal thermoluminescent se fait
essentiellement par des particules chargées existantes ou créées lors de l’interaction des atomes
du cristal avec un rayonnement gamma, X ou neutron. L’énergie des particules chargées est
transférée à des électrons qui sont libérés et piégés par les impuretés situées dans la bande de
conduction du cristal. Une augmentation de la température du cristal provoque la libération des
électrons et l’émission d’un photon lumineux, mais provoque la perte de la trace de l’interaction
entre le rayonnement et le cristal. Cette émission de lumière est proportionnelle à l’intensité du
rayonnement interagissant avec le cristal.
Les dosimètres électromètres, ou stylos-dosimètres, ont un fonctionnement particulière-
ment simple. Ils sont composés de deux électrodes chargées, se rapprochant lorsqu’elles se déchar-
gent lors de l’ionisation de l’air due au rayonnement ambiant.
Les équipages des avions appelés Vautour assurant les missions de pénétration pilotée
disposaient d’un équipement individuel de protection, avec masque et adduction d’air et d’oxygène
ainsi que d’un film dosimètre et de stylos-dosimètres. Les avions étaient également équipés de
débitmètres portatifs et de débitmètres-dosimètres de type DUK-DUR 304.
Par ailleurs, les mesures environnementales d’irradiation complétaient ce dispositif.
Contrôle radiologique de
l’équipage d’un avion Vautour
après une mission de prélèvement
d’échantillons d’aérosols
dans le nuage radioactif.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 253
Entre 1966 et 1974, 52 750 personnes, quels que soient leur appartenance, leur fonction,
leur risque d’exposition, leur durée de séjour et leur lieu d'affectation ont bénéficié d’une surveillance
dosimétrique. L’analyse des résultats de la surveillance de ces travailleurs montre que seuls 3 425
d’entre eux ont été exposés lors d’opérations particulières, listées ci-après en fonction des missions
respectives du personnel du CEA, du ministère de la Défense et des entreprises sous-traitantes.
Personnel du CEA
• la mise en oeuvre des engins expérimentaux, du montage de l’engin à sa mise en place sur
son support (barge puis ballon) ;
• les opérations de reconnaissance radiologique des sites ;
• la récupération des enregistrements dans la zone de l’essai ;
• l’assainissement des zones d’essais ;
• la récupération des prélèvements réalisés par l’envoi de fusées ;
• le traitement à Hao des échantillons radioactifs prélevés dans le nuage.
Entre 1975 et 1996, plus de 5 200 travailleurs ont fait l’objet d’une surveillance dosimé-
trique, fonction de leur affectation et de leur période de présence sur site. Les risques d’exposi-
tion externe étaient limités et seul le personnel effectuant les opérations spécifiques suivantes était
susceptible d’être exposé :
Cette statistique ne prend pas en compte les doses reçues par le personnel médical et
celles reçues pour des raisons médicales par les travailleurs. Les doses reçues par le personnel
médical à l’occasion d’actes de radiologie étaient suivies conformément à la réglementation. Les
doses dues à l’irradiation naturelle et aux actes de radiologie diagnostiques ou thérapeutiques
ne sont pas prises en compte dans la limitation annuelle des doses, que ce soit pour les travailleurs
ou pour le public.
Pendant toute la période des essais nucléaires, la recherche d’une éventuelle exposition
interne consécutive à l’inhalation ou à l’ingestion d’éléments radioactifs s’est appuyée sur les résultats
des investigations suivantes :
Les résultats de ces mesures et les connaissances acquises sur le métabolisme des
radionucléides dans l’organisme humain permettent de déterminer les activités incorporées et
d’évaluer les doses.
Près de 250 000 examens anthropogammamétriques et radiotoxicologiques ont été réalisés à
titre systématique ou dans le cadre de la surveillance médicale du personnel affecté à des travaux
sous rayonnements ionisants.
La mesure du rayonnement émis par la personne contrôlée était comparée avec celle d’une
personne de même poids n’ayant jamais été exposée. Le rapport de ces 2 mesures était appelé
indice de tri. Normalement comprise entre 0,5 et 2, une valeur supérieure de l’indice de tri entraînait
une suspicion de contamination et imposait une analyse fine du spectre à la recherche de radio-
nucléides artificiels émetteurs gamma dans les énergies comprises entre 200 et 2 000 keV. Dans le
cas d’une détection de radionucléides non naturels, des analyses radiotoxicologiques des excrétas
(selles, urines par exemple) pouvaient être demandées permettant de confirmer ou d’infirmer
une contamination interne par un mélange de produits de fission émetteurs gamma.
De 1966 à 1995, près de 150 000 examens anthropogammamétriques ont été effectués :
environ 65 000 pendant la période des essais atmosphériques et 85 000 pendant la période des
essais souterrains.
Les évaluations réalisées à partir des résultats de ces examens complémentaires corres-
pondaient généralement à une évaluation de l’exposition interne nulle. Lors des essais souterrains,
le risque d’exposition interne était essentiellement dû à la présence des radioisotopes de l’iode
dans les boues et sur les tiges des post-forages. L’examen anthropogammamétrique était alors
localisé au niveau de la thyroïde, organe cible de l’accumulation d’iode.
D’autres opérations d’assainissement ont été réalisées sur la zone où ont eu lieu les essais
de sécurité, entre 1981 et 1988. La dose maximale reçue lors de ces opérations a été estimée à
3,9 mSv. Le détail des travaux d’assainissement est donné dans le chapitre VII.
Les résultats des anthropogammamétries ont permis d’estimer les doses à la thyroïde du
personnel engagé dans les travaux d’assainissement suite à l’essai Pégase, entre 0,6 et 1,5 mSv.
Lors des essais souterrains, une fraction de l’iode présent dans l’eau de la cavité créée
par l’essai pouvait remonter en surface lors des opérations de post-forage et se déposer sur les
outils utilisés. Un risque d’exposition pour les équipes de forage et de radioprotection présentes sur
la plate-forme des post-forages justifiait une surveillance spécifique.
Chantiers d’assainissement
Les chantiers d’assainissement ouverts après les essais de sécurité et les expériences
réalisées dans l’installation Meknès ainsi que durant les opérations de post-forage ont provoqué
l’exposition de personnel dont les doses reçues n’ont pas dépassé 30 mSv, comme le montre
le récapitulatif statistique suivant :
Les directions et intensités des vents étaient fournies par un important dispositif de recueil
et d'exploitation des données météorologiques qui s'appuyait sur les experts et les réseaux de la
météorologie nationale, complétés par des moyens militaires. Une connaissance des champs de
vents suffisamment fine permettait de prévoir les trajectoires les plus probables du nuage radioactif.
Les données météorologiques collectées permettaient l’élaboration de cartes de prévisions
météorologiques en Polynésie française et, plus particulièrement, de la région de Mururoa et
Fangataufa, aux échelles 1/9 000 000 et 1/12 500 000. Elles fournissaient également les données
nécessaires à la prévision des retombées, pour plusieurs gammes de puissance, afin d’apprécier
les conséquences d’une explosion d’une puissance différente de celle attendue.
Lors d’un essai atmosphérique, l’environnement proche du point zéro était soumis à des
effets thermiques, mécaniques et aux effets des rayonnements ionisants. Pour s’en protéger, trois
zones étaient définies selon la terminologie de l’époque (Fig. 183) :
• une zone interdite à la circulation nautique et aérienne, située dans un cercle de 10 milles
nautiques de rayon centré sur le point zéro ;
• une zone dangereuse pour la circulation nautique, située dans un cercle de 120 milles nautiques
de rayon centré sur le point zéro, complété par un secteur circulaire s’étendant jusqu’à 200
milles nautiques (400 milles nautiques en 1966) ;
• une zone dangereuse pour la circulation aérienne, située dans un cylindre de 200 milles
nautiques de rayon, centré sur le point zéro et de hauteur illimitée, complété par un secteur
cylindrique s’étendant de 200 à 500 milles nautiques du point zéro.
°
30
Hao
Reao
°
45
20
Tureia 0n
200 nautiques
autiques
500 nautiques
Mururoa
Fangataufa 100°
Gambier
120 s
nautique
Pitcairn
15
0°
F IG. 183. - Les zones de restriction à la circulation nautique et aérienne définies pour la réalisation d’un essai
atmosphérique au CEP.
Au moment de l’essai, pour assurer une protection contre les effets mécaniques, thermiques
et les effets de l’exposition aux retombées du nuage radioactif, les bateaux étaient positionnés à
une distance du point zéro dite «distance de sécurité». Cette distance de quelques dizaines de
milles dépendait de l’énergie attendue lors de l’explosion de l’engin testé, du mode d’expérimentation
et des conditions météorologiques. À cette distance et pour parer aux effets du flash lumineux,
le personnel devait tourner le dos à l’explosion et mettre la tête dans les bras ou porter des lunettes
anti-flash. Ce flash pouvait être perçu jusqu’à 100 milles nautiques à partir des bateaux et 200 milles
nautiques à partir des avions.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 260
Malgré toutes les précautions prises, il ne pouvait être exclu qu’une évolution météorologique
après l’essai, entraîna des retombées sur une île habitée. Aussi, par précaution, des mesures
préventives de protection radiologique étaient prises vis-à-vis des populations des îles susceptibles
d’être atteintes par une retombée. Ces mesures de protection avaient trois objectifs :
• Dans l’hypothèse d’une dose efficace annuelle inférieure à 50 mSv, la population reviendrait
à une vie normale et pourrait être amenée à mettre en œuvre des mesures simples de
protection.
• Dans l’hypothèse d’une dose efficace annuelle comprise entre 50 et 150 mSv, la population
serait rendue à ses activités, mais devrait respecter les consignes de sécurité des services
de protection afin de limiter l’exposition aux rayonnements pendant le retour progressif à la
vie normale.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 261
• Dans l’hypothèse d’une dose efficace annuelle comprise entre 150 et 250 mSv, les risques
d’une évacuation et d’une exposition aux rayonnements seraient comparés. Cette comparaison
conduirait, soit à l’évacuation des populations, soit à une reprise des activités de la population,
dans le respect des consignes de sécurité rigoureuse concernant en particulier l’alimentation.
• Enfin, au-delà de 250 mSv, l’évacuation des populations, du personnel militaire et des expéri-
mentateurs civils aurait été automatiquement effectuée.
En 1968, année des premiers essais mégatonniques, les populations de Reao et des
îles Gambier ont été systématiquement mises sous abri avant chaque essai.
Le porte-avions Clémenceau était gréé pour assurer, si nécessaire, l’évacuation des atolls
de Reao, Pukarua et de l’archipel des Gambier et le TCD Ouragan celle de l’atoll de Tureia.
Cet essai a été pris comme exemple car il a fait l’objet d’une évaluation radiologique
particulière pour Tahiti parce que les retombées observées n’ont pas été conformes aux prévisions.
Caractéristiques de l’essai
L’essai Centaure prévu initialement le 2 juillet 1974 a eu lieu le 17 juillet, à 8h00, heure
locale. Ce report est lié à l’attente de conditions météorologiques favorables à l’essai. D’une
puissance de 4 kt, il a été réalisé sous ballon, à 270 m d’altitude. Les prévisions de retombées
et des débits de dose ont été établies sous la forme de cartes d’isochrones et d’iso-débits de
dose, 24 heures et 12 heures avant l’heure prévue de l’essai. Celui-ci a été effectué à la limite
Nord d’une cellule anticyclonique en voie d’affaiblissement, de centre situé approximativement à
24° de latitude S et 140° de longitude W. La direction
des vents des basses couches était de 120° à 130° 0 100 km
Hao Pukarua
Prévisions des isochrones et débits de dose 18˚ S
20 h
Reao
Vingt-quatre heures avant l’heure prévue de 0,01
l’essai, les isochrones et les iso-débits de dose pré- 15 h 0,03
voyaient la trajectoire des retombées vers le nord, 0,1
aucune île habitée n’étant touchée par les retombées
directes (Fig. 184). Ces prévisions indiquaient que 10 h 20˚ S
Pukarua
de tracer les nouvelles isochrones et
courbes d’iso-débits de dose (Fig. 185).
20 h Cette nouvelle prévision était
cohérente avec celle effectuée 24 heures
0,01 avant l’heure prévue de l’essai et confirmait
15 h 0,03 l’absence de retombées significatives sur
20˚ S
les îles habitées. Le débit de dose maxi-
0,1
mum attendu sur l’atoll d’Hao était estimé
200 µGy.an-1
10 h à 630 nGy.h -1 et la dose annuelle
Tureia
0,1 intégrée était évaluée à 50 µGy. Ces
7h
5h 0,3 1 prévisions conduisaient à des retombées
3 et des débits de dose suffisamment
Tematangi Mururoa
22˚ S faibles et conformes aux conditions d’auto-
0 100 km 3h risation de l’essai.
Fangataufa
Une fois l’essai réalisé, les conditions météorologiques se sont avérées différentes de
celles prévues. Un fléchissement des vents vers l’ouest en altitude a été observé et la modélisation
des nouvelles trajectoires des retombées avec les conditions météorologiques observées a
conduit à recalculer les isochrones et les iso-débits de dose (Fig. 186). Les estimations ont montré
que les retombées devaient toucher l’île de Tematangi près de 10 heures après l’essai, avec un
débit de dose maximum de 630 nGy.h -1 , soit une valeur inférieure à la limite définie par la CCS.
Le changement de direction des vents a eu pour conséquence d’emmener le nuage radioactif
vers l’ouest de la Polynésie.
0,01 0 100km
20˚ S
0,03
0,1
0,3 Tureia
20 h 15 h
1
10 h
7h 3
5h
3h 1h
F IG. 186. - L’essai Centaure : estimation
Tematangi
des retombées réalisées après l’essai.
22° S Mururoa
Les débits de dose (mGy.h -1) ne sont
Fangataufa
pas corrigés de la décroissance radio-
143˚ W 141˚ W 139˚ W
active.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 263
Après chaque essai, une estimation de l’exposition des populations des îles les plus
proches des sites d’expérimentations était faite par les spécialistes du SMSR et du SMCB, à partir
de l’ensemble des résultats de mesures effectuées dans les différents compartiments de l’envi-
ronnement et de la chaîne alimentaire (cf. Chapitre III). En 2005 et 2006, de nouvelles estimations
ont été faites par les spécialistes de la DAM du CEA. Avant de présenter le résultat de ces
estimations, les paragraphes suivants rappellent la méthodologie employée pour le calcul des
doses. Si la méthodologie appliquée par les équipes durant la période des essais atmosphé-
riques est proche de celle appliquée en 2005-2006, les modèles ont évolué et les valeurs des
paramètres utilisés par ces modèles sont aujourd’hui mieux connues et confortées par de
nombreuses études, expériences de laboratoire et observations de terrain. C’est le cas des
facteurs de transfert environnementaux (cf. Chapitre II) et des coefficients permettant d’estimer
les doses par exposition externe ou par exposition interne.
Dans la suite de ce chapitre, conformément aux textes réglementaires les plus récents, les
doses sont exprimées sous les termes de doses efficaces et de doses à la thyroïde pour différentes
classes d’âge de la population. Les qualificatifs «équivalente» et «engagée» sont sous-entendus.
Ces doses peuvent être calculées pour différentes classes d’âge de la population. Six
classes d’âge ont été prises en compte dans les calculs de dose : les nourrissons d’âge inférieur
à 1 an, les enfants de 1 à 2 ans, les enfants de 2 à 7 ans, les enfants de 7 à 12 ans, les enfants
de 12 à 17 ans et les adultes.
Seuls sont présentés, ici, les résultats pour les adultes et pour les enfants de 1 à 2 ans
auxquels sont délivrées les doses à la thyroïde les plus élevées.
Les doses reçues par les populations résultent des expositions dues :
• au passage du nuage ;
• aux dépôts des radionucléides associés aux retombées ;
• à l’inhalation de radionucléides pendant le passage du nuage, la faiblesse des remises en
suspension due au climat humide n’augmentant pas les doses après le passage du nuage ;
• à l’ingestion de radionucléides présents dans les eaux de boisson, dans les produits de la
pêche et dans les produits agricoles locaux.
Les doses délivrées aux populations à la suite des essais atmosphériques ont été estimées
à partir de résultats de mesures. Ces mesures effectuées dans les différents milieux de l’environ-
nement et dans la chaîne alimentaire concernaient l’indice bêta global, ou encore l’activité totale, selon
la terminologie de l’époque.
Le spectre des radionucléides à l’origine de cet indice bêta global a été déduit du bilan
des radionucléides produits par l’essai nucléaire étudié, après prise en compte de la décroissance
et de la filiation de chaque radionucléide, en supposant que le transport atmosphérique n’ait
provoqué aucune modification du spectre initial décrit dans le nuage stabilisé.
Sur les 1 300 isotopes inventoriés à la suite d’un essai nucléaire, 1 000 environ sont radio-
actifs et seuls quelques dizaines, qui contribuent majoritairement à l’indice bêta global ont été
sélectionnés pour composer le spectre retenu afin d’exploiter les résultats de mesure d’indice
bêta global.
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Parmi l’ensemble des résultats des mesures d’activité effectuées après un essai figuraient
ceux des aérosols atmosphériques et des dépôts au sol. Dans certains cas, ces résultats de
dépôt font défaut ou sont insuffisamment documentés, mais ils peuvent éventuellement être
déduits des valeurs d’activité des aérosols atmosphériques. Inversement, lorsque les données
d’activité des aérosols manquent, elles peuvent être déduites des activités déposées au sol.
La plupart du temps, la granulométrie des aérosols, n’est pas connue précisément.
Cependant, les observations faites lors des essais atmosphériques ont montré que la répartition
des tailles de particules dépendait de la durée du transport atmosphérique, de la pluviométrie et de
la puissance de l’essai.
En effet, les particules se déposent d’autant plus facilement qu’elles sont denses. En
conséquence, plus la distance parcourue par le nuage est importante, plus les particules restant
dans le nuage sont légères et plus leur vitesse de dépôt est faible.
Par temps sec, les particules se déposent sur le sol :
• par gravité ;
• par turbulence dans la couche limite entre l’air et le sol ou la surface de l’eau ;
• par interaction avec la surface de dépôt caractérisée par sa «rugosité» qui dépend du relief
et de l’occupation de la surface.
Par temps de pluie, les particules se déposent en beaucoup plus grand nombre, jusqu’à
100 fois plus, par lessivage de l’atmosphère par les précipitations. Les caractéristiques de la pluie
conditionnent l’efficacité du lessivage : hauteur d’eau, durée des précipitations et hauteur de la
colonne de lessivage. Le dépôt peut donc croître très fortement avec la pluie.
Enfin, les observations effectuées à la suite des essais ont montré que la taille des particules,
diminuait avec la puissance de l’essai. Il s’agit cependant d’une relation de second ordre
comparée aux deux précédentes : la distance de transport et la pluviométrie.
C’est sur la base de ces critères que les vitesses de dépôt sont déterminées. Elles sont
généralement comprises dans un intervalle de 5.10 -3 à 3.10 -1 m.s -1 . Dans le cas, où un intervalle
de valeurs est pris en compte, les résultats des calculs de dose sont également exprimés sous
la forme d’un intervalle dont la borne inférieure correspond à la vitesse de dépôt la plus forte et
la borne supérieure à la vitesse de dépôt la plus faible.
La dose due à l’inhalation d’aérosols radioactifs est calculée comme la somme des produits
de l’activité volumique de chaque radionucléide intégrée, sur la durée du passage du nuage
radioactif, par le débit respiratoire et par la dose par unité d’incorporation. La dose par unité d’incor-
poration (DPUI) dépend de la nature, de la forme physique et de la forme chimique du radionucléide,
ainsi que de l’âge de l’individu qui inhale l’aérosol radioactif. Le débit respiratoire dépend également
de l’âge de l’individu.
La dose due à l’inhalation des particules radioactives pour un individu d’une classe d’âge
j est obtenue à partir de la formule suivante :
inh
Dj = Fp • A i • Rj • DPUI ij
i
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où,
A i est l’activité volumique intégrée du radionucléide i (Bq.m -3 .s) ;
R j est le débit respiratoire d’un individu de classe d’âge j (m 3 .s -1 ) ;
DPUI ij est la dose par unité d’incorporation pour le radionucléide i et un individu de classe
d’âge j (Sv.Bq -1 ) ;
F p est un paramètre compris entre 0 et 1 qui permet de prendre en compte la protection
apportée par un équipement particulier, une habitation, un temps de présence inférieur à celui
du passage du nuage.
Le passage du nuage radioactif se traduit par une activité volumique de l’air exprimée en
Bq.m -3 qui dépend du temps. L’activité volumique intégrée A i est le résultat de l’intégration de
l’activité volumique sur la durée T du passage du nuage.
T
Ai = ∫ ai (t) • dt
0
où,
a i (t) est l’activité volumique du radionucléide i (Bq.m -3 ) ;
T est la durée du passage du nuage (s).
Ces doses sont calculées connaissant les activités volumiques atmosphériques intégrées
et le temps de présence des individus dans le nuage.
La dose efficace due à l’exposition externe aux émetteurs β et γ du nuage radioactif est
égale à la somme des produits de l’activité volumique intégrée par le coefficient de dose efficace
par immersion pour chaque radionucléide présent dans le nuage.
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ext, p ext, p
D = Fp • A i • CD i
i
où :
A i est l’activité volumique intégrée du radionucléide i (Bq.m -3 .s) ;
CD iext, p est le coefficient de dose efficace en Sv pour une immersion dans une activité volumique
intégrée unitaire du radionucléide i (Sv.Bq -1 .s -1 .m 3 ) ;
F p est un paramètre compris entre 0 et 1 qui permet de prendre en compte la protection
apportée par un équipement particulier, une habitation, un temps de présence inférieur à celui
du passage du nuage.
L’exposition due au dépôt peut être calculée soit à partir des mesures de débits de dose
dus au dépôt, soit estimée à partir de l’activité du dépôt. Dans ce dernier cas, la dose due au dépôt
est évaluée par intégration sur différentes durées compte tenu de la décroissance radioactive et du
spectre des radionucléides présents. Le débit de dose est exprimé en Sv.h -1 et égal à la somme,
pour tous les radionucléides, des produits du dépôt exprimé en Bq.m -2 par le coefficient de dose
efficace pour la voie «exposition externe due au dépôt» exprimé en Sv.h -1 .Bq -1 .m 2 , c'est-à-dire
le débit de dose unitaire pour une activité surfacique de 1 Bq.m -2 en géométrie infinie. Le débit de
•
dose D i ext, d dû au dépôt du radionucléide i est donc égal à :
ext, d ext, d
Di = Di • CD i
où :
D i est le dépôt du radionucléide i (Bq.m -2 ) ;
CD iext, d est le coefficient de dose efficace (Sv.h -1 .Bq -1 .m 2 ).
Ce sont les doses dues à la consommation de produits alimentaires locaux touchés par
les retombées radioactives. Ces doses sont exprimées en termes de doses efficaces et de doses
à la thyroïde, pour différentes classes d’âge de la population.
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Les calculs de dose par ingestion utilisent les activités effectivement mesurées dans les
aliments ou les activités estimées à partir des résultats de mesure du dépôt au sol ou de son
estimation qui peut être faite à partir de l’activité des aérosols atmosphériques et des eaux de pluie.
Le spectre des radionucléides dans les différents aliments à la date considérée de consommation
est supposé identique à celui des dépôts calculés à partir de l’évolution dans le temps du spectre
des produits de fission. La dose (Dking) due à l’ingestion d’aliments pour une classe d’âge donnée (k)
est la somme pour les radionucléides présents (i), des produits de l’activité massique de l’aliment
(j) par la quantité consommée et par la dose par unité d’incorporation DPUI ik , :
ing
Dk = Bij • DPUI ik • Q jk
i j
où:
Q jk est la quantité (en kg) quotidienne d’aliments (j) consommés par un individu de la classe
d’âge (k). L’ensemble des valeurs Q jk représente la ration alimentaire. C’est un paramètre
important qui influe sur la dose calculée. Cette ration alimentaire comprend les consommations
de boissons, poissons, viandes, œufs, mollusques, crustacés, coprah, fruits et légumes.
Différentes rations alimentaires ont été retenues compte tenu des habitudes alimentaires
spécifiques des différents archipels de Polynésie.
DPUI ik est la dose par unité d’incorporation (ingestion) pour le radionucléide i et la classe
d’âge k, exprimée en sievert par becquerel (Sv.Bq -1 ) ingéré. Cette dose dépend uniquement
du radionucléide et de la classe d’âge.
B ij est l’activité du radionucléide i dans l’aliment j (Bq.kg -1 ).
Les doses efficaces sont finalement établies en sommant, pour une même
classe d’âge de la population, les doses efficaces dues à l’inhalation d’aérosols
radioactifs, à l’ingestion d’aliments et à l’exposition externe. Les doses à la thyroïde,
pour une même classe d’âge de la population, sont établies en sommant les doses
à la thyroïde dues à l’inhalation d’aérosols radioactifs et celles dues à l’ingestion
d’aliments.
Le calcul des doses efficaces dues à l’inhalation et à l’ingestion utilisent les DPUI précisées
par l’arrêté du 1 er septembre 2003, définissant les modalités de calcul des doses efficaces et des
doses équivalentes résultant de l’exposition des personnes aux rayonnements ionisants. Pour les
doses efficaces dues à l’inhalation, les cinétiques retenues en relation avec la forme chimique
des radionucléides sont celles recommandées dans la Directive européenne 96/29 Euratom du
13 mai 1996 fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire de la population et des
travailleurs contre les dangers résultant des rayonnements ionisants, ou dans les publications 71 «age
dependent doses to members of the public from intake of radionuclides : Part 4, Inhalation dose
coefficients, Vol 25 n°3-4, 1995» et 72 «age dependent doses to members of the public from
intake of radionuclides : Part 5, compilation of ingestion and inhalation dose coefficients, Vol. 26 n° 1,
1996» de la CIPR.
Chap. 6aVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 11:59 Page 268
Pour le calcul des doses absorbées à la thyroïde dues à l’inhalation et à l’ingestion, les
DPUI proviennent des publications 71 et 72 de la CIPR. Les classes d’âge et les débits respiratoires
retenus proviennent de la publication 66 de la CIPR.
Pour l’exposition externe par immersion dans le panache et par les dépôts, les coefficients
de dose proviennent du rapport «U.S. Environmental Protection Agency, Federal Guidance report
12, External exposure to radionuclides in air, water and soil. EPA-402-R93-081».
Des rations alimentaires ont été établies pour les adultes sur la base d’enquêtes alimentaires
et nutritionnelles représentatives de la consommation des produits locaux par les populations
polynésiennes. Ces enquêtes, effectuées en 1965 et 1985, ont mis en évidence les habitudes
alimentaires des différents archipels (Gambier, Tuamotu, Australes, Marquises et Tahiti) et ne tiennent
pas compte des produits importés, comme le riz ou les conserves.
Les rations alimentaires présentées dans les tableaux 55 à 57 ont été établies pour les
adultes et les enfants de 1 à 2 ans de Tureia, des Îles Gambier, de Tahiti, en dehors de Papeete
(population rurale), et de Papeete (population urbaine), sur la base des enquêtes alimentaires et
nutritionnelles indiquées ci-dessus. Les rations alimentaires des enfants ont été extrapolées des
rations alimentaires établies pour les adultes. Les quantités indiquées sont en grammes et par
jour.
T ABLEAU 55.
Rations alimentaires (g.jour -1 ) établies pour Tureia.
T ABLEAU 56.
Rations alimentaires (g.jour -1 ) établies pour Tahiti.
T ABLEAU 57.
Rations alimentaires (g.jour -1 ) établies pour les îles Gambier.
Chaque essai nucléaire atmosphérique de Polynésie française a été mis en œuvre avec un
maximum de précautions, afin que son impact radiologique soit le plus faible possible. Le nombre
réduit et la faible puissance globale des essais ont également contribué à en limiter significa -
tivement les impacts. Néanmoins, tous ont entraîné la dispersion d’aérosols et de gaz radioactifs
dans les hautes couches de l’atmosphère et donc des retombées d’aérosols radioactifs de très
faibles niveaux sur de très larges surfaces, induisant de très faibles doses aux populations. Avant
la création du CEP, la Polynésie française avait été l’objet de retombées radioactives dues aux
essais des autres puissances nucléaires. Les retombées des essais atmosphériques effectués au
CEP, entre 1966 et 1974, lorsque les conditions météorologiques réelles étaient conformes aux
prévisions, avaient un impact radiologique extrêmement faible. Cependant, lorsque les conditions
météorologiques divergeaient des prévisions, les retombées des essais pouvaient entraîner des
retombées plus importantes que prévues sur certaines îles habitées.
Les retombées de dix essais, parmi lesquelles les plus importantes furent celles des
essais Aldébaran, Arcturus, Phoebé, Encelade, Rigel et Centaure ont touché les îles suivantes :
• Tureia, atoll le plus proche des sites d’essais (110 km) et peu peuplé (40 habitants au
recensement de 1967, et 68 lors de celui de 1971), dont les ressources alimentaires, carac-
téristiques d’un atoll, étaient très limitées ;
• îles Gambier (516 habitants en 1967, 545 en 1971) qui se trouvent, par rapport à Mururoa,
dans une direction voisine de celle des vents dominants en altitude. Elle se situe à une distance
intermédiaire des sites d’essais (450 km) et disposait d’une grande variété de productions
agricoles ;
• Tahiti, (61 500 habitants en 1967, 74 400 en 1971) qui regroupait alors les deux tiers de la
population de la Polynésie. À 1 200 km des sites d’expérimentations, elle dispose d’une
grande variété de productions agricoles.
Les résultats représentatifs des mesures effectuées dans les différentes composantes de
l’environnement et de la chaîne alimentaire sont présentés pour chacun de ces six essais. Les
estimations de doses, calculées selon la méthodologie exposée précédemment, sont également
présentées dans les paragraphes suivants, pour chacun des îles ou atolls concernés.
L’essai Rigel, d’une puissance de 125 kt, a été réalisé le 24 septembre 1966 à 7h00, heure
locale. il a eu lieu sur une barge ancrée dans le lagon de Fangataufa. Au moment de l’essai,
des vents de sud-est d’une vitesse de 5 m.s -1 entre le sol et 500 mètres d’altitude, des vents
variables et faibles entre 600 et 3 000 mètres d’altitude étaient établis. De 3 000 mètres jusqu’à la
stratosphère, les vents venaient de l’ouest avec une vitesse moyenne de 40 m.s -1 , atteignant une
vitesse de 50 m.s -1 vers 12 000 mètres. Environ 12 heures et 30 minutes après le déclenchement
de l’essai Rigel, l’île de Tureia enregistrait durant trois heures et trente minutes l’arrivée d’un front
de retombées radioactives, dont l’impact était caractérisé par les résultats de mesure et les
estimations suivantes.
Atmosphère
L’arrivée des retombées a été accompagnée d’une
mesure de l’indice bêta global moyen de l’air sur 24
heures de 11 Bq.m -3 , avec un maximum de 355 Bq.m -3 .
L’indice bêta global des pluies de 16 mm tombées le 26
septembre a été mesuré à 25 900 Bq.l -1 .
Dépôts au sol
L’indice bêta global déposé au sol a été estimé à
partir de l’indice bêta global de l’air, associé à une vitesse
de dépôt de 10 -1 m.s -1 et de dépôt humide, calculé à partir
de l’indice bêta global de l’eau de pluie et des hauteurs de
précipitations. Ainsi, le 26 septembre, après les pluies,
l’indice bêta global du dépôt est estimé à 5.10 5 Bq.m -2 , à
Tureia.
Eau de boisson
L’indice bêta global de l’eau de boisson est estimé à
partir de l’indice bêta global de l’eau de pluie. L’expérience
acquise autour des autres essais permet d’établir la valeur
du rapport entre l’activité de l’eau de pluie et l’activité de
l’eau de boisson entre 12 et 20. Ce rapport est dû aux Prélèvement d’eau de coco à Tureia.
phénomènes de décroissance radioactive, de décantation
et de filtration. Le 26 septembre, l’indice bêta global de
l’eau de boisson est estimé à une valeur comprise entre 1,3.10 3 et 2,2.10 3 Bq.l -1 .
Les doses estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité sont rassemblées
dans le tableau 58. Elles sont présentées par voie d’atteinte : inhalation, exposition externe,
consommation de produits locaux. Les points particuliers de l’estimation des doses sont en
annotation au tableau.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 273
T ABLEAU 58.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Rigel à Tureia.
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache sont calculées avec l’hypothèse
que la population était à l’extérieur des habitations pendant le passage du panache et ne
disposait d’aucune protection particulière. Ces doses sont calculées sur la base d’un indice
bêta global des aérosols atmosphériques déduit de l’indice bêta global de l’eau de pluie
mesuré le 26 septembre. Cette estimation de l’activité atmosphérique conduit à une valeur de
l’ordre de 400 Bq.m -3 , en moyenne, limitée à la durée du passage du nuage.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration
de six mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur
des habitations.
(3) L’indice bêta global de l’eau de boisson étant sous la forme d’un intervalle de valeurs, les
doses dues à la consommation d’eau de boisson sont sous la forme d’un intervalle de valeurs
dont la valeur maximale correspond à l’indice bêta global maximum de cette eau.
(4) Les doses dues à la consommation de produits marins sont déduites des rapports établis, à
partir des observations de terrain, entre les mesures de l’indice bêta global des dépôts au sol
et les doses dues à la consommation de produits de la pêche. Ces rapports varient de 2,2.10 -6
à 1,1.10 -7 et correspondent respectivement à la dose maximale et minimale
• la dose efficace aux adultes entre 0,06 et 0,15 mSv et la dose efficace
aux enfants âgés de 1 à 2 ans entre 0,10 et 0,23 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 0,2 et 0,9 mSv et la dose à la
thyroïde des enfants âgés de 1 à 2 ans entre 0,6 et 2,0 mSv.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 274
L’essai Arcturus d’une énergie de 22 kt a été effectué à Mururoa, le 2 juillet 1967, à 7h30,
heure locale, sur une barge ancrée dans le lagon. Pendant l’essai, un vent au niveau du sol venait
du nord-nord-est, alors que de 5 000 à 9 000 mètres d’altitude, sa direction était de ouest-sud-
ouest avec une vitesse de 15 m.s -1 . La vitesse maximale du vent mesurée à 31 m.s -1 était
observée à 13 000 mètres. Ces conditions météorologiques ont entraîné le nuage radioactif vers
l’île de Tureia, à 110 km au nord de Mururoa. Le 4 juillet, entre 16h10 et 19h10, Tureia est atteint
par les retombées. Ce même jour, 2,5 mm de pluie sont tombés sur l’atoll. Ces retombées ont été
confirmées par les mesures effectuées dans les différentes composantes de l’environnement et de la
chaîne alimentaire.
Atmosphère
Un indice bêta global maximum de 9,25 Bq.m -3 a été enregistré à Tureia, accompagné
d’un débit de dose 50 µGy.h -1 .
Dépôt au sol
Le 4 juillet, le débit de dose dû aux dépôts a été mesuré entre 3 à 10 µGy.h -1 ce qui
correspondait, à des activités surfaciques calculées comprises entre 1,30 et 4,45.10 6 Bq.m -2 .
Cette dernière valeur correspondait à un dépôt de 1,60.10 7 Bq.m -2 le 2 juillet 1967 à la fin des
retombées. L’indice bêta global mesuré entre 3,3.10 5 et 35.10 5 Bq.m -2 sur des bacs collecteurs
des retombées conforte ces estimations. L’indice bêta global de l’eau de pluie collectée le
4 juillet s’élevait à 4,8.10 4 Bq.l -1 .
Eau de boisson
L’indice bêta global de l’eau de la citerne permettant l’adduction d’eau était de 11 à 74
Bq.l -1 le 4 juillet, avant l’arrivée de la pluie, et de 2 400 Bq.l -1 le 5 juillet.
Végétaux
L’indice bêta global mesuré sur des échantillons de
fruits d’arbre à pain (uru) et de papayer était respectivement
de 4,72.10 3 et 4,42.10 3 Bq.kg -1 frais, le 5 juillet.
Mollusques et crustacés
La valeur maximale de l’indice bêta global de
6,93.10 5 Bq.kg -1 frais a été mesurée le 5 juillet dans la
chair d’un bénitier prélevé le 3 juillet. L’indice bêta global
de la chair d’un turbo prélevée le 11 juillet était de
2,02.10 3 Bq.kg -1 frais.
Poissons
L’indice bêta global le plus élevé, 1,66.10 4 Bq.kg -1
frais, a été mesuré dans la chair d’un poisson chirurgien
prélevé le 11 juillet. L’indice bêta global de la chair
d’un poisson perroquet prélevé le 6 juillet était de
3,08.10 3 Bq.kg -1 frais, à la date du 11 juillet ; celui d’un Prélèvement de végétaux-feuilles
mérou prélevé le 3 juillet était de 1,3.10 3 Bq.kg -1 frais, au à Tureia.
5 juillet.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 275
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 59).
T ABLEAU 59.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Arcturus à Tureia.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
Inhalation (1) 0,019 - 0,11 0,23 - 1,38 0,012 - 0,07 0,1 - 0,63
Exposition externe au panache (1) 1,7.10-3 - 9,9.10-3 1,7.10-3 - 9,9.10-3
Exposition externe au dépôt (2) 0,7 0,7
Consommation d'eau (3) 0,11 1,24 0,03 0,29
Consommation de végétaux (4) 0,018 - 0,019 0,2 - 0,22 0,013 - 0,014 0,13 - 0,14
Consommation de produits 0,049 - 3,05 0,56 - 34,6 0,033 - 2,38 0,34 - 23,5
marins (5)
Bilan 0,9 - 4,0 2,2 - 37,4 0,8 - 3,2 0,9 - 24,6
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache sont estimées à partir de l’indice
bêta global du dépôt (1,6.10 7 Bq.m -2 ) et de deux vitesses de dépôt, 5.10 -2 et 3.10 -1 ms -1 . Cet
intervalle de valeurs prend en compte les incertitudes sur la granulométrie de l’aérosol atmosphérique
composant le nuage radioactif. Les indices bêta global des aérosols atmosphériques sont estimés,
selon la vitesse de dépôt, entre 3.10 4 et 5.10 3 Bq.m -3 , en moyenne, pendant le passage du nuage.
La dose maximale correspond à la vitesse de 5.10 -2 m.s -1 et la dose minimale à 3.10 -1 m.s -1. Les
doses sont calculées avec l’hypothèse que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant
le passage du panache et ne disposaient d’aucune protection particulière.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration de six
mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur des habitations.
(3) Les doses dues à la consommation d’eau de boisson correspondent à la valeur maximale mesurée.
L’activité de l’eau est supposée décroître selon la décroissance radioactive des radionucléides
qu’elle contient et dont le spectre est identique à celui de l’aérosol atmosphérique et du dépôt. Les
doses sont calculées pour une consommation d’eau d’un mois à partir de l’arrivée du front de
retombées. Au-delà, l’activité de l’eau est considérée comme négligeable.
(4) La dose est due à la consommation de légumes-fruits et de fruits produits localement. Il n’y a pas
de production de légumes-feuilles à Tureia.
(5) La borne supérieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des produits de la mer dont
les résultats de mesure de l’activité sont plus élevés (poissons chirurgiens et bénitiers) car pêchés
dans le lagon. La borne inférieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des produits de
la mer dont les résultats de mesure sont plus faibles (mérous et turbos) car pêchés en haute mer.
Les calculs de dose effectués avec l’ensemble des résultats de mesures environnementales et
alimentaires disponibles ont permis d’estimer :
• la dose efficace aux adultes entre 0,8 et 3,2 mSv et la dose efficace aux enfants âgés de
1 à 2 ans entre 0,9 et 4,0 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 0,9 et 24,6 mSv et la dose à la thyroïde des
enfants âgés de 1 à 2 ans entre 2,2 et 37,4 mSv. La dose de 37,40 mSv délivrée à la
thyroïde des enfants est limitée à une population enfantine ayant consommé des mollusques,
notamment des bénitiers.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 276
L’essai Encelade d’une puissance de 440 kt a été effectué le 12 juin 1971 à 10h15, heure
locale, sous ballon sur le site de Mururoa, par 450 mètres d’altitude. Le jour de l’essai, les vents
venaient du sud-sud-est, avec une vitesse de 5 m.s -1 . En altitude, le régime des vents était mal
établi, les vents venaient du sud-ouest, avec une vitesse assez faible, de 10 m.s -1 , à 9 000
mètres. Après l’essai, des conditions météorologiques défavorables entraînèrent le nuage
radioactif vers l’île de Tureia. Les retombées arrivèrent 8 heures et 50 minutes après l’essai. Le
maximum de la retombée a été observé entre 12 heures et 35 minutes et 15 heures et 10 minutes
après l’essai. Ces retombées, accompagnées d’une pluie de 10 mm dont la durée a été de
7 heures, ont été confirmées par les mesures effectuées dans l’air, sur le sol et dans les eaux de
boisson.
Atmosphère
La valeur maximale de l’indice
bêta global, 66 Bq.m -3 , a été enregistrée
à Tureia, dans l’après midi du 13 juin. Le
débit de dose variait entre 30 et 60
µGy.h -1 .
Dépôt au sol
La valeur maximale de l’indice
bêta global du dépôt a atteint 2,2.10 7
Bq.m -2 .
Eau de boisson
Les résultats les plus élevés de
l’indice bêta global de l’eau de boisson
ont été enregistrés pour des échantillons
d’eau prélevés dans deux citernes le
13 juin, avec 7,40.10 4 et 7,03.10 4 Bq.l -1 . Élevage de porcs chez un particulier.
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 60).
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 277
T ABLEAU 60.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Encelade à Tureia.
Inhalation (1) 0,01 - 0,062 0,14 - 0,82 0,004 - 0,024 0,04 - 0,25
Exposition externe au panache (1) 1,3.10-3 - 8.10-3 1,3.10-3 - 8.10-3
Exposition externe au dépôt (2) 1,12 1,12
Consommation d'eau (3) 0,25 - 1,8 3,023 - 21,12 0,06 - 0,45 0,66 - 4,7
Consommation de végétaux (4) 0,008 0,04 0,0036 0,016
Consommation de viande 0,0014 - 0,0068 0,007 - 0,056 0,0006 - 0,0028 0,0025 - 0,02
Consommation de produits 0,083 - 0,48 0,67 - 4,5 0,06 - 0,3 0,46 - 2,54
marins (5)
Bilan 1,5 - 3,5 3,9 - 26,5 1,2 - 1,9 1,2 - 7,5
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache sont estimées à partir de
l’indice bêta global du dépôt (2,2.10 7 Bq.m -2 ) et de deux vitesses de dépôt, 5.10 -2 et 3.10 -1
m.s -1 . Les indices bêta global des aérosols atmosphériques sont estimés, selon la vitesse de
dépôt, entre 5.10 4 et 8.10 3 Bq.m -3, en moyenne, durant les 2 heures et 30 minutes du passage du
nuage. Cet intervalle de valeurs prend en compte les incertitudes sur la granulométrie de l’aérosol
atmosphérique composant le nuage radioactif. La dose maximale correspond à la vitesse de
5.10 -2 m.s -1 et la dose minimale à 3.10 -1 m.s -1 . Les doses sont calculées avec l’hypothèse que
les populations étaient à l’intérieur des habitations pendant les retombées maximum qui sont
arrivées pendant la nuit.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration de six
mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur des habitations.
(3) Les doses dues à la consommation d’eau de boisson sont sous la forme d’un intervalle de valeurs
dont chaque borne correspond à la consommation d’eau de l’une des citernes. L’activité de l’eau
est supposée diminuer selon la décroissance radioactive des radionucléides qu’elle contient et
dont le spectre est identique à celui de l’aérosol atmosphérique et du dépôt. Les doses sont
calculées pour une consommation d’eau d’un mois à partir de l’arrivée du front de retombées. Au-
delà, l’activité de l’eau est considérée comme négligeable.
(4) Il n’y a pas de production de légumes-feuilles à Tureia et aucun résultat de mesure ayant porté
sur des végétaux, fruits ou viandes n’indique d’activité susceptible d’entraîner des doses
supérieures à quelques dizaines de microsieverts.
(5) La borne supérieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des produits de la mer dont
les résultats de mesure de l’activité sont plus élevés (poissons perroquets et bénitiers) car pêchés
dans le lagon. La borne inférieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des produits
de la mer dont les résultats de mesure sont plus faibles (poissons et bénitiers pêchés sur le récif).
Les calculs de dose effectués avec l’ensemble des résultats de mesures environnementales et
alimentaires disponibles ont permis d’estimer :
• la dose efficace aux adultes entre 1,3 et 1,9 mSv et la dose efficace aux enfants âgés de
1 à 2 ans entre 1,5 et 3,5 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 1 et 8 mSv et la dose à la thyroïde des enfants âgés
de 1 à 2 ans entre 4 et 27 mSv. La dose maximale de 27 mSv délivrée à la thyroïde des
enfants est limitée à une population enfantine ayant bu de l’eau de citerne de collecte des
eaux de pluie.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 278
Les retombées sur les Îles de l’archipel des Gambier sont consécutives aux essais
Aldébaran du 2 juillet 1966, Rigel du 24 septembre 1966 et Phoebé du 8 août 1971.
L’essai Aldébaran, d’une puissance de 28 kt, a été réalisé le 2 juillet 1966, à 5h30, heure
locale, sur une barge ancrée dans le lagon de Mururoa. Il a été effectué par un vent d’ouest-nord-
ouest dont la vitesse était de l’ordre de 5 m.s -1 au sol et de 20 m.s -1 en altitude. Des conditions
météorologiques défavorables ont provoqué une inclinaison et un cisaillement du panache, avant
sa dispersion dans l’atmosphère. Les vents ont poussé les aérosols et les gaz radioactifs vers l’île
inhabitée de Morane, puis vers les Îles Gambier situées à 450 km de Mururoa. Les retombées
sont arrivées sur l’archipel des Gambier, le jour de l’essai de 16h20 à 17h40. Ces retombées ont
été confirmées par les résultats des mesures effectuées dans les différentes composantes de
l’environnement et de la chaîne alimentaire.
Atmosphère
L’air a fait l’objet d’une mesure d’indice bêta
global, de l’ordre de 60 Bq.m -3 . Le débit de dose
maximum enregistré pendant le passage du panache
a atteint 250 µGy.h -1 .
Dépôt au sol
Le dépôt maximum à Rikitea, sur l’île de
Mangareva, était de 5,9.10 7 Bq.m -2 .
Eau de boisson
Quatre mesures de l’indice bêta global des
eaux de boisson ont été effectuées : le 6 juillet (3
Bq.l -1 ), le 8 juillet (814 Bq.l -1 ), le 9 juillet (592 Bq.l -1 )
et le 21 juillet (2 Bq.l -1 ).
Végétaux
Les valeurs maximales de l’indice bêta global maximum de 8.10 5 Bq.kg -1 frais ont été
mesurées, le 7 juillet, dans des feuilles de radis et 6,7.10 5 Bq.kg -1 frais le 6 juillet dans une salade.
Mollusques et crustacés
Plusieurs mesures d’indice bêta global ont été effectuées sur des mollusques et crustacés
prélevés entre le 4 et le 19 juillet 1966. La valeur la plus élevée a été obtenue lors de la mesure
de la chair d’un bénitier (2,2.10 5 Bq.kg -1 ), les autres résultats étant beaucoup plus faibles : oursin
(1 258 Bq.kg -1 , le 4 juillet), turbo (370 Bq.kg -1 , le 4 juillet), crabe (555 Bq.kg -1 , le 19 juillet).
Poissons
Des mesures de l’indice bêta global sur les poissons ont été effectuées entre les 5 et
13 juillet. Le résultat le plus élevé, 130 Bq.kg -1 frais, a été obtenu sur une bonite pêchée dans le
lagon.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 279
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 61).
T ABLEAU 61.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Aldébaran sur les îles Gambier.
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache sont estimées à partir de
l’indice bêta global du dépôt (5,9.10 7 Bq.m -2) et de deux vitesses de dépôt, 10 -2 et 10 -1 m.s -1 .
Les indices bêta global des aérosols atmosphériques sont estimés, selon la vitesse de dépôt,
entre 1,2.10 5 et 1,2.10 4 Bq.m -3 , en moyenne, durant les 80 minutes de passage du nuage.
Cet intervalle de valeurs prend en compte les incertitudes sur la granulométrie de l’aérosol
atmosphérique composant le nuage radioactif. La dose maximale correspond à la vitesse de
dépôt de 10 -2 m.s -1 et la dose minimale à la vitesse de dépôt de 10 -1 m.s -1 . Les doses sont
calculées avec l’hypothèse que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant le
passage du panache et ne disposaient d’aucune protection particulière.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration
de six mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur
des habitations.
(3) La borne supérieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des végétaux dont les résultats
de mesure de l’activité sont plus élevés. La borne inférieure correspond à la consommation des
végétaux dont les résultats de mesure sont les plus faibles.
Les calculs de dose effectués avec l’ensemble des résultats de mesures environnementales
et alimentaires disponibles ont permis d’estimer :
• la dose efficace aux adultes entre 3,1 et 6,6 mSv et la dose efficace aux enfants âgés
de 1 à 2 ans entre 3,2 et 9,4 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 2 et 40 mSv et la dose à la thyroïde des enfants
âgés de 1 à 2 ans entre 4 et 80 mSv. La dose de 80 mSv délivrée à la thyroïde des
enfants correspond à la dose maximale en supposant que l’enfant aurait consommé la
totalité de sa ration alimentaire en sélectionnant systématiquement les éléments les plus
contaminés.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 280
Atmosphère
Un indice bêta global moyen de l’air, sur 24 Prélèvement de végétaux-feuilles
heures, de 3,7 Bq.m -3 a été mesuré au PCR de sur le Mont Duff aux îles Gambier.
Mangareva. L’eau de pluie mesurée à ce même
poste indiquait un indice bêta global de 1,1.10 5 Bq.l -1 .
Dépôt au sol
Le dépôt a été estimé à partir de l’activité de l’air, associée à une vitesse de dépôt de
10 -1 m.s -1 et du dépôt humide calculé à partir de l’activité de l’eau de pluie et des quantités
tombées. Ainsi, le 26 septembre, après les pluies, l’indice bêta global du dépôt était de l’ordre
de 1,75.10 5 Bq.m -2 , à Mangareva.
Eau de boisson
L’activité de l’eau de boisson a été établie à partir de l’activité de l’eau de pluie.
L’expérience acquise autour d’autres essais a permis d’établir la valeur du rapport entre l’indice
bêta global de l’eau de pluie et l’indice bêta global de l’eau de boisson entre 12 et 20. L’indice
bêta global de l’eau de boisson le 26 septembre peut donc être estimé entre 9,2.10 3 et
5,5.10 3 Bq.l -1 .
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 62).
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 281
T ABLEAU 62.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Rigel sur les îles Gambier.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache sont calculées avec l’hypothèse
que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant le passage du panache et ne
disposaient d’aucune protection particulière. Ces doses sont estimées à partir de l’indice bêta
global du dépôt (1,75.10 5 Bq.m -2 ) et d’une vitesse de dépôt de 10 -1 m.s -1 . Les indices bêta
global des aérosols atmosphériques sont estimés à 160 Bq.m -3 , en moyenne, pendant la
durée de passage du nuage sur les Îles Gambier.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration de
six mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur des
habitations.
(3) L’activité de l’eau de boisson étant sous la forme d’un intervalle de valeurs, les doses dues à
la consommation d’eau de boisson sont sous la forme d’un intervalle de valeurs dont la valeur
maximum correspond à l’activité maximum de cette eau.
(4) L’indice bêta global des légumes-feuilles est établi à partir du dépôt, sur la base d’un rendement
de 1 kg.m -2 et d’un rapport de captation de 0,1 qui amène l’indice bêta global des légumes-
feuilles à 1,75.10 4 Bq.kg -1 .
(5) Les doses dues à la consommation de produits marins sont déduites des rapports établis, à
partir des observations de terrain, entre les mesures de l’indice bêta global des dépôts au sol
et les doses dues à la consommation de produits de la pêche. Ces rapports varient de 2,2.10 -6 à
1,1.10 -7 et correspondent respectivement aux doses maximale et minimale.
Atmosphère
Une retombée a été constatée aux Îles Gambier, entre 6h10 et 6h40 après l’essai. Le
débit de dose maximal a été mesuré à 50 µGy.h -1 pendant une brève période. L’indice bêta
global de l’air a atteint un maximum de 6 Bq.m -3 à Totegegie, 6h30 après l’essai, avec un débit
de dose associé de 14 µGy.h -1 .
Dépôt au sol
Un indice bêta global de 5,18 10 6 Bq.m -2 a été mesuré sur un dépôt prélevé à Totegegie,
6 heures et 30 minutes après l’essai.
Eau de boisson
L’activité de l’eau distribuée par le système d’adduction à Rikitea, principal village des Îles
Gambier, ainsi que celle de l’eau distribuée à partir de la citerne de Taku, petit village de quelques
dizaines d’habitants, ont fait l’objet de contrôles réguliers (Tableaux 63 et 64).
T ABLEAU 63.
Activité volumique en 131 I (Bq.l -1 ) de l’eau de boisson prélevée à Taku.
Points de prélèvements
Date de prélèvement
1 2 3 4 5 6 7 8
10/08/1971 - - - - - - - 2 300
15/08/1971 454 736 1 190 248 7 287 693 1 252
17/08/1971 115 185 405 123 28 279 83 11
24/08/1971 < LD 120 80 4 38 10 260 < LD
31/08/1971 < LD 67 < LD 3 14 86 132 2
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 283
T ABLEAU 64.
Activité volumique en 131 I (Bq.l -1 ) de l’eau de boisson prélevée à Rikitea.
Points de prélèvements
Date de prélèvement
Source Robinet
Végétaux
Les légumes-feuilles ont fait l’objet de contrôles réguliers. L’indice bêta global le plus
élevé, 4,5.10 5 Bq.kg -1 , a été mesuré le 12 août dans des prélèvements de salade non lavés.
Mollusques
Un indice bêta global de 950 Bq.kg -1 , dont 183 Bq.kg -1 de 131 I, a été mesuré le 25 août
dans un bénitier prélevé le 11 août. Ceci correspond à un indice bêta global égal à 1,73.10 4
Bq.kg -1 , dont 615 Bq.kg -1 en 131 I à la date du prélèvement. Une activité de 55,8 Bq.kg -1 de 131 I
a été mesurée le 25 août dans un turbo prélevé le 11 août, ce qui correspond à une activité de
188 Bq.kg -1 en 131 I à la date du prélèvement.
T ABLEAU 65.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Phoebé sur les îles Gambier.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
Inhalation (1) 0,00076 - 0,0031 0,0096 - 0,039 0,00053 - 0,0021 0,0042 - 0,017
Exposition externe au panache (1) 0,00052 - 0,002 0,00052 - 0,002
Exposition externe au dépôt (2) 0,11 0,11
Consommation d'eau (3) 0,37 - 7 4,3 - 88,2 0,1 - 1,8 1 - 19,4
Consommation de végétaux (4) 0,028 - 0,72 0,34 - 9 0,025 - 0,64 0,27 - 7,1
Consommation de produits 0,015 - 0,048 0,18 - 0,58 0,0058 - 0,019 0,06 - 0,2
marins (5)
Bilan 0,5 - 7,9 4,8 - 97,8 0,2 - 2,6 1,3 - 26,7
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe due au panache sont calculées pour une
activité des aérosols atmosphériques estimée à partir des dépôts (5,18.10 6 Bq.m -2 ). Pour tenir
compte des incertitudes sur la granulométrie des aérosols atmosphériques, un intervalle de
vitesse de dépôts compris entre 5.10 -2 m.s -1 et 2.10 -1 m.s -1 a été retenu.
L’indice bêta global des aérosols atmosphériques est estimé, selon la vitesse de dépôt, entre
5,7.10 4 et 1,5.10 4 Bq.m -3 , en moyenne, pendant les trente minutes du passage du nuage sur
les Îles Gambier.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 284
Les doses sont calculées dans une fourchette correspondant à l’intervalle des vitesses de
dépôt. Les doses dues à l’inhalation sont calculées avec un facteur de protection égal à 0,1
car les populations étaient à l’intérieur des abris de prévoyance pendant le passage du nuage.
Les doses dues à l’exposition externe résultant du passage du nuage sont calculées avec un
facteur de protection égal à 0,5.
(2) Les doses dues à l’exposition externe par le dépôt sont calculées pour une durée d’intégration
de six mois, en supposant que les personnes passaient les deux tiers du temps à l’extérieur
des habitations. Les populations ayant séjourné durant les 24 premières heures dans les abris
de prévoyance, la dose durant cette période a été considérée comme nulle.
(3) La valeur maximale correspond à la dose reçue par un habitant de Taku et la valeur minimale
à celle reçue par un habitant de Rikitea.
(4) La borne supérieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des végétaux dont les
résultats de mesure de l’activité sont plus élevés. La borne inférieure correspond à la con-
sommation des végétaux dont les résultats de mesure sont les plus faibles.
(5) La borne supérieure de l’intervalle est la dose due à la consommation des produits de la mer dont
les résultats de mesure de l’activité sont plus élevés (bénitier) car présentant des facteurs de
reconcentration plus élevés (mollusques filtreurs) la borne inférieure de l’intervalle est la dose due
à la consommation des produits de la mer dont les résultats de mesure de l’activité sont moins
élevés (turbo) car présentant des facteurs de reconcentration plus faibles (mollusques brouteurs).
Les calculs de dose effectués avec l’ensemble des résultats de mesures environnementales et
alimentaires disponibles ont permis d’estimer :
• la dose efficace aux adultes entre 0,2 et 2,6 mSv et la dose efficace aux enfants âgés de
1 à 2 ans entre 0,5 et 7,9 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 1,3 et 26,7 mSv et la dose à la thyroïde des
enfants âgés de 1 à 2 ans entre 4,8 et 98 mSv. La dose de 98 mSv délivrée à la thyroïde
des enfants correspond à une population enfantine ayant consommé des denrées produites
localement parmi les plus contaminées. La principale contribution aux doses efficaces et à
la thyroïde est la consommation d’eau. Les doses maximales sont obtenues à Taku (île de
Mangareva) et correspondent à la consommation des eaux du puits communal.
Autres essais ayant contribué plus faiblement aux retombées sur les Îles Gambier :
Eridan (1970)
Une retombée directe est détectée aux îles Gambier le 25 juin à 01h00. Le débit de dose
maximal de 0,95 µGy.h -1 était atteint le 25 juin à 12h30. L’activité volumique moyenne de l’air le
25 juin était de 5,5 Bq.m -3 .
Toucan (1970)
Des retombées directes ont été détectées aux îles Gambier, le 7 août, à 14h00. Le maximum
a été atteint le 8 août, entre 1h00 et 3h00, avec 0,84 µGy.h -1 . L’activité volumique atmosphérique
moyenne sur 24 heures était de 0,55 Bq.m -3 avec, pendant une heure, un pic à 3,5 Bq.m -3 .
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 285
Mahina TAHITI N
Papenoo
Pirae Arue
L’essai Centaure, d’une puissance de Tiarei
Papeete
4 kt, a été réalisé sous ballon, par 270 Faaa Mahaena
Océan
mètres d’altitude, sur le site de Mururoa, le Hitiaa
Pacifique Sud
Mont Orohena
17 juillet 1974 à 8h00, heure locale. Il a été Punaauia
(2 241 m)
Dépôt au sol
Les mesures effectuées ont montré une grande hétérogénéité des dépôts sur les zones
côtières (Fig. 159). Compte tenu de cette hétérogénéité, différentes estimations de dose ont été
effectuées, considérant toutes les populations concernées de Tahiti.
Ces estimations de dose ont été faites pour :
• Hitiaa, où l’activité du dépôt a été trois fois plus élevée (7,5.10 6 Bq.m -2) que celle mesurée à
Mahina (2,5.10 6 Bq.m -2) ;
• Pirae, où l’activité du dépôt était égale à 3,3.10 5 Bq.m -2 ;
• le sud de Teahupoo et le plateau de Taravao, où les activités des dépôts ont été maximales,
2,75.10 7 Bq.m -2, du fait des précipitations plus importantes dans ces deux régions.
Eaux de boisson
L’indice bêta global et l’activité des radionucléides émetteurs gamma présents dans l’eau
de boisson ont été suivis au cours du temps, à Hitiaa, (Tableau 67) ainsi qu’à Pirae et Teahupoo
pour l’indice bêta global (Tableau 68). La valeur la plus élevée de l’indice bêta global, 7 000 Bq.l -1 ,
a été atteinte le 19 juillet, à Hitiaa.
T ABLEAU 68.
T ABLEAU 67. Activités volumiques (Bq.l -1 ) des
Activités volumiques (Bq.l -1 ) des radionucléides mesurés par radionucléides mesurés par spectro-
spectrométrie gamma dans l’eau de boisson prélevée à Hitiaa, métrie gamma dans l’eau de boisson
du 19 juillet au 1 er août 1974. prélevée à Pirae et à Teahupoo,
du 19 juillet au 1 er août 1974.
Activité β 131I 132I 133I 140Ba-La 103Ru 95Zr
Date
global Activité β global Activité β global
Date
Pirae Teahupoo
19/07 7 061 88 600 230 44 34 7
20/07 2 717 48 47 26 17 19/07 733 941
21/07 602 12 27 19 4 20/07 463 144
22/07 403 21/07 302 261
23/07 281 5 21 7 1 22/07 142 275
24/07 1 320 35 109 45 139 23/07 104 140
25/07 512 6 15 6 24/07 221 47
26/07 140 4 3 4 25/07 223 51
27/07 48 4 5 26/07 221 88
28/07 150 27/07 60 93
29/07 30 1 28/07 47 48
30/07 100 1 29/07 34 4
31/07 8 30/07 23 11
01/08 44 31/07 24 47
01/08 40 8
Lait de vache
En 1973, le lait produit à Tahiti représentait 20% de la consommation totale. Il provenait du
plateau de Taravao, pour 800 000 litres, et des régions de Mataiea et Atimaono, pour 300 000 litres.
Ce lait servait à la production de produits dérivés (yaourts, glaces, fromages) et de lait pasteurisé.
Une partie de ce lait n’était donc pas habituellement consommé immédiatement après sa production.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 287
D’autres élevages, comportant au total 92 vaches laitières, ont produit un lait dont la
consommation locale a été immédiate. L’activité volumique du lait, en particulier celle de 131 I,
produit par l’un de ces élevages, à Hitiaa, a été suivie journalièrement entre le 19 juillet et le 16
septembre 1974 (Fig. 187). Ces données complètent celles obtenues pour le lait commercialisé
au marché de Papeete (Fig. 168).
Bq.l-1
1 400
1 200
1 000
800
600
400
200
0
19 26 02 09 16 23 30 06 13 16
Juillet Août Septembre
F IG. 187. - Activité volumique (Bq.l -1) de 131 I dans le lait produit à Hitiaa, entre le 19 juillet et le 16 septembre
1974.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 288
Légumes
Les mesures réalisées sur les végétaux ont porté sur de nombreuses variétés de la production
locale : salades, choux chinois, fafa (variété d’épinard), poireaux, etc. Les valeurs maximales
de l’indice bêta global ont été mesurées, le 19 juillet 1974, dans le fafa : 410 000 Bq.kg -1 frais,
dont 8 000 Bq.kg -1 frais pour 131 I, 13 000 Bq.kg -1 frais pour 132 I, 11 000 Bq.kg -1 frais pour
133 I et 10 000 Bq.kg -1 frais pour 140 La. À Teahupoo, le 19 juillet, l’activité dans le fafa était de 2
070 Bq.kg -1 frais, pour 140La, et 4 290 Bq.kg -1 frais, pour 131I. L’activité mesurée dans les salades
était beaucoup plus faible, inférieure à 100 Bq.kg -1 frais.
Produits de la mer
Les niveaux d’activité des produits de mer ont été faibles, compte tenu des transferts et des
courtes périodes radioactives des principaux radionucléides. Par exemple, l’activité due à l’iode-
131 a atteint 13 Bq.kg -1 dans un rouget et 8 Bq.kg -1 dans la chair d’un bénitier. L’activité maximum
due à l’iode-131 a été de 32 Bq.kg -1 dans un ature, le 14 août 1974.
L’hétérogénéité des dépôts au sol et le contraste entre les habitudes alimentaires des
populations urbaines et celles des populations rurales de l’île nécessitent de faire des estimations
de dose différentes, tenant compte de ces facteurs. Trois estimations de dose ont été faites :
• La première pour Pirae dont les sols ont été épargnés par les pluies pendant les retombées
et dont les habitants ont des habitudes de vie urbaines.
• La deuxième pour Hitiaa où des pluies ont accru les retombées et dont les habitants ont des
habitudes de vie rurales.
• Enfin, la troisième estimation de dose concerne deux zones de l’île de Tahiti ayant des
caractéristiques communes : le plateau de Taravao et la région de Teahupoo. En effet, toutes
deux ont fait l’objet de dépôts pluvieux et abritent des activités d’élevage, avec une présence
réduite de travailleurs agricoles.
Ces trois zones ont des profils démographiques très différents. La zone de Pirae, comme
celle de Papeete regroupe la plus grande part des habitants de l’île, alors que la zone d’Hitiaa
regroupe quelques milliers d’habitants. Les zones de Taravao et Teahupoo sont fréquentées par
quelques centaines de personnes.
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 69).
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 289
T ABLEAU 69.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Centaure sur Tahiti à Pirae.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache ont été calculées sur la base
d’une activité des aérosols atmosphériques estimée à partir du dépôt (3,3.10 5 Bq.m -2 ) et pour
une vitesse de dépôt de 5.10 -3 m.s -1 , correspondant à une situation de temps sec. L’indice
bêta global des aérosols atmosphériques est estimé à 1 500 Bq.m -3 , en moyenne, durant le
passage du nuage sur Tahiti, soit douze heures et trente minutes. Cette dose est estimée en
supposant que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant le passage du
panache.
(2) Les doses dues à l’exposition externe au dépôt sont estimées pour une présence de six mois,
en supposant que les populations étaient à l’extérieur des habitations les deux tiers du temps.
L’indice bêta global retenu pour le dépôt est 3,3.10 5 Bq.m -2 .
(3) La consommation de lait a été estimée à un demi-litre par jour, pour les enfants de 1 à 2 ans,
et à 30 cl par jour, pour les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 26 août, date à partir de
laquelle l’activité du lait a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(4) La consommation quotidienne d’eau a été supposée de 1 litre par jour, pour les enfants de 1
à 2 ans, et de 2,7 litres, pour les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 1er août, date
à partir de laquelle l’activité de l’eau a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(5) La dose a été calculée pour une consommation quotidienne de 30 grammes de végétaux, pour les
enfants de 1 à 2 ans, et de 100 grammes, pour les adultes, pendant une période de 6 mois.
(6) Les doses ont été calculées pour une consommation quotidienne de 100 grammes de poisson
et 15 grammes de mollusques et crustacés, pour les enfants de 1 à 2 ans et de 370 grammes
de poisson et 50 grammes de mollusques et crustacés, pour les adultes, pendant une période
de 6 mois.
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 70).
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 290
T ABLEAU 70.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Centaure sur Tahiti à Hitiaa.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache ont été calculées à partir
d’une activité des aérosols atmosphériques estimée à partir du dépôt (7,5.10 6 Bq.m -2 ) et pour
une vitesse de dépôt de 10 -2 m.s -1 , correspondant à une situation de temps pluvieux. L’indice
bêta global des aérosols atmosphériques est estimé à 16 500 Bq.m -3 , en moyenne, durant le
passage du nuage sur Tahiti, soit douze heures et trente minutes. Cette dose est estimée en
supposant que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant le passage du
panache.
(2) Les doses dues à l’exposition externe au dépôt sont estimées pour une présence de six mois,
en supposant que les populations étaient à l’extérieur des habitations les deux tiers du temps.
L’indice bêta global retenu pour le dépôt est 7,5.10 6 Bq.m -2 .
(3) La consommation de lait a été estimée à un demi-litre par jour, pour les enfants de 1 à 2 ans,
et à 30 cl par jour, pour les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 26 août, date à partir de
laquelle l’activité du lait a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(4) La consommation quotidienne d’eau a été supposée d’un demi-litre par jour, pour les enfants
de 1 à 2 ans, et de 1 litre pour, les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 1er août, date
à partir de laquelle l’activité du lait a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(5) La dose a été calculée pour une consommation quotidienne de 30 grammes de végétaux, pour les
enfants de 1 à 2 ans, et de 100 grammes, pour les adultes, pendant une période de 6 mois.
(6) Les doses ont été calculées pour une consommation quotidienne de 100 grammes de poisson
et 35 grammes de mollusques et crustacés, pour les enfants de 1 à 2 ans. Les doses ont été
calculées pour une consommation quotidienne de 470 grammes de poisson et 210 grammes
de mollusques et crustacés, pour les adultes, pendant une période de 6 mois.
Les doses ont été estimées à partir des résultats de mesure de la radioactivité et pour les
différentes voies d’atteinte : inhalation, exposition externe, consommation de produits locaux
(Tableau 71).
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 291
T ABLEAU 71.
Évaluation des doses (mSv) suite aux retombées de l’essai Centaure sur Tahiti à Teahupoo et Taravao.
Enfants de 1 à 2 ans Adultes
Doses (mSv)
Dose efficace Dose thyroïde Dose efficace Dose thyroïde
(1) Les doses dues à l’inhalation et à l’exposition externe au panache ont été calculées à partir
d’une activité des aérosols atmosphériques estimée à partir du dépôt (2,7.10 7 Bq.m -2 ) et pour
une vitesse de dépôt de 10 -2 m.s -1 , correspondant à une situation de temps pluvieux. L’indice
bêta global des aérosols atmosphériques est estimé à 60 000 Bq.m -3 , en moyenne, durant le
passage du nuage sur Tahiti, soit douze heures et trente minutes. Cette dose est estimée en
supposant que les populations étaient à l’extérieur des habitations pendant le passage du
panache.
(2) Les doses dues à l’exposition externe au dépôt sont estimées pour une présence de six mois,
en supposant que les personnes ayant des activités dans ces zones y étaient présentes
durant 4 heures par jour. L’indice bêta global retenu pour le dépôt est de 2,75.10 7 Bq.m -2 .
(3) La consommation de lait a été estimée à un demi-litre par jour, pour les enfants de 1 à 2 ans,
et à 30 cl par jour, pour les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 26 août, date à partir de
laquelle l’activité du lait a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(4) La consommation quotidienne d’eau a été supposée d’un demi litre par jour, pour les enfants
de 1 à 2 ans, et de 1 litre, pour les adultes, sur la période allant du 19 juillet au 1er août, date
à partir de laquelle l’activité du lait a suffisamment décru pour ne plus être prise en compte.
(5) La dose a été calculée pour une consommation quotidienne de 30 grammes de végétaux, pour
les enfants de 1 à 2 ans, et de 100 grammes, pour les adultes, pendant une période de 6 mois.
(6) Les doses ont été calculées pour une consommation quotidienne de 100 grammes de poisson
et 35 grammes de mollusques et crustacés, pour les enfants de 1 à 2 ans, et de 470 grammes
de poisson et 210 grammes de mollusques et crustacés, pour les adultes, pour une période
de six mois.
La dose efficace maximale délivrée à un enfant de 1 à 2 ans, tranche d’âge présentant les
doses les plus élevées, vivant à Hitiaa, a été de l’ordre de 5 mSv, en 1974. La contribution de la
dose due à la consommation de lait représente 60% de la dose efficace par ingestion et 40% de la
dose efficace totale.
La dose efficace maximale pour un enfant de 1 à 2 ans ayant séjourné à Taravao ou à
Teahupoo pendant le passage du nuage, puis durant quatre heures par jour, est de l’ordre de 4,5
mSv en 1974. Dans ce cas, la dose efficace est due pour près de 50% à l’inhalation et pour près
de 25% à l’exposition au dépôt.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 292
La dose efficace pour un enfant vivant à Pirae ou à Papeete, dans des conditions de vie
urbaines, est de l’ordre de 1 mSv. Elle est due, pour un tiers, à la consommation de lait et pour
un tiers de végétaux.
La dose efficace maximale pour un adulte ayant séjourné à Taravao ou à Teahupoo, pendant
le passage du nuage, puis durant quatre heures par jour, est de l’ordre de 3,6 mSv. L’inhalation
contribue à plus de 50% à cette dose.
À Pirae, la dose efficace maximale pour un adulte est de 0,5 mSv, due, pour plus de 30%,
à la consommation de végétaux. À Hitiaa, la dose efficace maximale pour un adulte, due, pour
près de 50%, à l’exposition au dépôt, est de 2,6 mSv.
En 1974, une dose à la thyroïde, de l’ordre de 50 mSv, a pu être délivrée aux enfants âgés
de 1 à 2 ans vivant à Hitiaa qui auraient consommé du lait produit localement.
Pour un adulte présent à Taravao ou à Teahupoo pendant le passage du nuage, puis
durant quatre heures par jour, la dose à la thyroïde serait de l’ordre de 16 mSv et pour un enfant,
la dose à la thyroïde serait de l’ordre de 40 mSv, pour plus de 60% à cause de l’inhalation des
isotopes de l’iode.
À Pirae, les doses à la thyroïde sont dues pour 30% à la consommation de lait et de végétaux
pour les enfants de 1 à 2 ans, et pour 40 % à la consommation de végétaux pour les adultes.
À Hitiaa, une dose de l’ordre de 12 mSv a pu être délivrée à la thyroïde des adultes,
essentiellement à cause de la consommation de végétaux (40%) et à l’inhalation d’iode pendant le
passage du panache (25%).
Les calculs de dose effectués avec l’ensemble des résultats de mesures envi-
ronnementales et alimentaires disponibles ont permis d’estimer :
• la dose efficace aux adultes entre 0,5 et 3,6 mSv et la dose efficace aux
enfants âgés de 1 à 2 ans entre 1,2 et 5,3 mSv.
• la dose à la thyroïde des adultes entre 4,4 et 16,2 mSv et la dose à la
thyroïde des enfants âgés de 1 à 2 ans entre 14,1 et 48,7 mSv.
Les expositions maximales de la population vivant en Polynésie française sont celles calculées
pour les personnes résidant sur les îles de Tureia et de Tahiti, ainsi que dans l’archipel des
Gambier (Tableau 72). Pour chaque essai indiqué, la dose efficace à l’adulte calculée après l’essai par
le SMSR est indiquée dans la colonne 4. Les nouvelles estimations de dose effectuées en 2006
par le CEA pour les essais prépondérants, Aldébaran, Rigel, Arcturus, Encelade, Phoebé et
Centaure, figurent en colonnes 5 à 8. Elles recoupent celles réalisées par le SMSR.
Les doses efficaces aux adultes dues aux retombées associées à cinq autres expéri-
mentations : Umbriel, Toucan, Dragon, Rigel et Éridan ont également été estimées après essai.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 293
T ABLEAU 72.
Bilan des doses reçues par les populations des îles et atolls les plus exposés
pour les essais dont les retombées ont été les plus importantes.
T ABLEAU 73.
Résultats des campagnes de mesures anthropogammamétriques réalisées, entre 1966 et 1974,
sur les populations les plus proches des sites d’expérimentatations.
Lors des essais souterrains, des barrières physiques ont été mises en place sur les câbles de
liaison entre le conteneur et la surface associées à des dispositifs destinés à améliorer l’étanchéité
des circuits pendant les phases de post-forage.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 295
Lors des essais sous la couronne, des débits de doses significatifs étaient mesurés au
niveau des dispositifs de prélèvement de gaz (cf. Chapitre II). Les doses reçues par les opérateurs,
à une exception près, étaient inférieures à 0,5 mSv. Aucune exposition du personnel, présent à
distance, sous le vent, n'a été mesurée.
Lors des essais réalisés sous lagon, en l’absence de risques d'exposition les dernières
années, les missions de récupération des enregistrements s'effectuaient, sans tenues ni
équipements particuliers ; elles restaient cependant encadrées par du personnel de radioprotection et
disposaient de moyens de surveillance dosimétrique.
Au cours de certaines opérations de post-forage, quelques cas de contamination cutanée
du personnel ont été constatés. Les activités atmosphériques en 131 I sur le chantier n’ont pas
dépassé quelques Bq.m -3 (cf. Chapitre II).
VI.7 - CONCLUSION
Durant toute la période d’exploitation du CEP, les efforts déployés par les expérimentateurs
pour réduire autant que techniquement possible les risques d’exposition du personnel ou des
populations ont été particulièrement importants et soutenus. C’est à la suite des essais atmo-
sphériques que les doses les plus élevées ont été délivrées à quelques membres du personnel,
en particulier lors des opérations de pénétrations pilotées dans le nuage radioactif, ainsi qu’aux
populations des Gambier, de Tureia et de Tahiti, principalement par les retombées proches de six
essais.
Le bilan de la surveillance de l’exposition externe des travailleurs du CEP montre que seule
une infime partie du personnel, qui faisait l’objet d’une surveillance dosimétrique rigoureuse, a été
exposée à des doses mensuelles supérieures au seuil d’enregistrement de 0,2 mSv. Près de 91%
du résultat des mesures des dosimètres présentaient une dose nulle et seulement 3 doses ont
été supérieures à 50 mSv.
Les 250 000 examens anthropogammamétriques et radiotoxicologiques effectués sur le
personnel pendant la période des essais n’ont révélé qu’un nombre limité de cas de contamination
qui n’ont conduit qu’à de faibles ou très faibles doses.
Les doses susceptibles d’être délivrées aux populations de trois îles de Polynésie par les
retombées radioactives proches des six essais : Aldébaran en juillet 1966, Rigel en septembre
1966, Arcturus en juillet 1967, Encelade en juin 1971, Phoebé en août 1971 et Centaure en juil-
let 1974 ont été réévaluées en 2005-2006. Les activités de l’ensemble des radionucléides rejetés
dans l’atmosphère par ces essais ont été estimées en prenant en compte les caractéristiques de
chaque engin testé : puissance, matières nucléaires et matériaux utilisés. Les résultats des
mesures de radioactivité effectuées dans l’environnement et les produits alimentaires des îles
touchées par les retombées ont également été utilisés pour évaluer l’exposition des populations.
Ces expositions ont été estimées sous la forme d’intervalles de doses afin de tenir compte
des incertitudes sur les conditions environnementales au moment des retombées et de la variabilité,
parfois grande, des résultats de mesure en particulier sur les produits de la chaîne alimentaire.
Les bornes inférieure et supérieure de l’intervalle correspondent respectivement aux résultats de
mesure d’activité les plus bas et les plus hauts obtenus sur les échantillons de l’environnement,
en particulier au niveau des dépôts.
Chap. 6bVF-06.12.06:Chapitre 6 12/01/07 12:04 Page 296
L’estimation des doses efficaces maximales pour les enfants a conduit à une valeur de 10 mSv,
c’est-à-dire un niveau de dose qualifié de faible, pour lequel aucun effet stochastique n’est attendu.
Celle des doses maximales à la thyroïde des enfants a atteint des valeurs de plusieurs dizaines
de millisieverts : 78 mSv après l’essai Aldébaran aux Gambier en 1966, 98 mSv aux Gambier
après l’essai Phoebé en 1971 et environ 50 mSv à Tahiti après l’essai Centaure en 1974.
Cependant, l’évaluation de ces doses est volontairement surestimée par la méthode de calcul
utilisée et les valeurs des paramètres retenues en 2006. Les maxima doivent donc être consi -
dérés comme des valeurs qui ne pouvaient être qu’exceptionnellement atteintes. D’ailleurs, les
résultats de mesures anthropogammamétriques effectuées à l’époque des essais, réexaminés
aujourd’hui, ne confirment pas des niveaux d’exposition aussi élevés. Enfin, l’état actuel des
connaissances et les données acquises, notamment lors de l’utilisation médicale d’iode radioactif
pour des diagnostics de la thyroïde ou après les études épidémiologiques consécutives aux
retombées radioactives de l’essai Bravo réalisé en 1954 par les États-Unis aux îles Marshall, mon-
trent que ces niveaux de dose ne devraient pas conduire à l’apparition d’un nombre décelable de
cancers de la thyroïde en excès dans les populations vivant en Polynésie.
VI.8 - BIBLIOGRAPHIE
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE (1984).- Publications 40, Vol 14 n°2.
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE. - Publications 66,
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE (1995). - Publication 71 «age dependent doses to members of the
public from intake of radionuclides : Part 4, Inhalation dose coefficients, Vol 25 n°3-4.
COMMISSION INTERNATIONALE DE PROTECTION RADIOLOGIQUE (1996). - Publication 72 «age dependent doses to members of the
public from intake of radionuclides : Part 5, compilation of ingestion and inhalation dose coefficients, Vol. 26 n° 1.
DIRECTIVE EUROPÉENNE 96/29. - Euratom du conseil du 13 mai 1996 «fixant les normes de base relatives à la protection sanitaire de la popu-
lation et des travailleurs contre les dangers résultant des rayonnements ionisants»
GROUZELLE C., DOMINIQUE M., LAFAY F., DUCOUSSO R. (1985). - Résultats d’une enquête alimentaire effectuée à TAHITI de 1980 à
1982. Rapport CEA-R-5304.
KABIS de SAINT-CHAMAS L., BABLET J.P., ARNOULD C., DUCOUSSO (1991). - Evolution de la teneur en césium137 depuis 1967 dans
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LEDERMANN S. (1965). - Niveaux de contamination radioactive du milieu ambiant et de la chaîne alimentaire. Contamination radioactive
des denrées alimentaires – Détermination des niveaux admissibles. Association EURATOM – CEA Rapport CEA-R-2707
MECHALI, DOUSSET, PARDO et PENOT (1966). - Dose délivrée à la thyroïde produits de fission. Health Physisc, 12 15-27.
UNITED NATIONS (1958). - Report of the United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation. Official Records of the
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Radiation, Report to the General Assembly, with scientific annexes. United Nations, New York.
U.S. Environmental Protection Agency, Federal Guidance report 12, External exposure to radionuclides in air, water and soil. EPA-402-R93-
081.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:11 Page 297
CHAPITRE VII
En 1996, lors de l’arrêt définitif des essais nucléaires français, de nombreux projets de
reconversion des sites ont été étudiés, pour préserver l’emploi du personnel de recrutement local et
valoriser les investissements en installations et équipements. Il s'agissait notamment de conserver
sur place le potentiel scientifique et technique, dans le cadre d’activités de recherche non
nucléaires. Aucune solution de substitution techniquement satisfaisante et économiquement viable
n’ayant été retenue, il a été décidé de démanteler l'ensemble des installations du CEP. Les infra-
structures ont donc été démontées et les sites ont fait l'objet d'actions complémentaires d'assai-
nissement, en particulier radiologique, afin d’éliminer les risques d'exposition après leur fermeture.
L'objectif était de remettre l’environnement dans un état aussi proche que possible de celui d’origine,
compte tenu des contraintes techniques. En effet, il n’était pas techniquement envisageable
d’assainir les cavités-cheminées résultant des essais souterrains compte tenu de l’absence de
risque radiologique.
Enfin, ce chapitre décrit brièvement le dispositif mis en place pour assurer la surveillance
de l’état radiologique et géomécanique des sites depuis la fermeture du CEP jusqu’à nos jours.
Toutes ces opérations sont détaillées dans les paragraphes suivants, en commençant par
celle réalisée sur l’atoll de Fangataufa.
Les plus importantes retombées atmosphériques ayant touché les deux atolls d’expéri-
mentations sont celles de l'essai Rigel réalisé à Fangataufa, le 24 septembre 1966, affectant les
zones Kilo et Empereur. Le débit d’irradiation, à un mètre du sol, atteignait quelques gray.h -1 , une
heure après l’essai. Cependant, des travaux de génie civil devaient être entrepris dans ces zones
en juillet 1967, en vue de la campagne d’essais de 1968. Ces zones ont donc été assainies au cours
du premier semestre 1967, afin que les expérimentateurs puissent travailler dans les zones
techniques, sans aucune contrainte radiologique.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:11 Page 299
Lors de l’essai Parthénope, du 24 août 1973, des vents au sol soufflant est-nord-est
avaient poussé les débris du ballon et de la nacelle vers le motu Faucon, où ils s’étaient déposés.
Une première campagne de ramassage des débris radioactifs avait été réalisée à proximité des
installations techniques, avant d’en autoriser l’accès. Les parties du motu dépourvues d’installation
étaient restées en l’état.
Au début des années 80, des campagnes complémentaires de nettoyage se sont déroulées
pour contrôler et assainir l’ensemble du motu. Le contrôle méthodique des sols a permis de
récupérer les débris déposés, en particulier les morceaux du ballon. Ces déchets ont été mis en
fûts et immobilisés dans une matrice de béton.
En 1970, en secteur Nord à l’ouest du PEA Denise, une douzaine d’expériences de physique
ont mis en œuvre de l’explosif chimique et de faibles quantités (de l’ordre de quelques grammes) de
plutonium. Ces expériences ont été effectuées par vent d’est afin d’éviter les retombées sur les ins-
tallations techniques du PEA, où se trouvait l’instrumentation de mesure. Elles ont conduit à des
retombées sur la zone Ouest du PEA, initialement dépourvue d’installations.
Le plutonium déposé à la surface du sol y a été fixé par une émulsion de goudron et, en
certains endroits, recouvert d’agrégats de corail. Par la suite, une partie des surfaces coralliennes
nettoyées a été bétonnée pour être utilisée comme zone industrielle, accueillant la station de
décontamination des matériels, les alvéoles de stockage des explosifs et les puits de déchets.
Les déchets de remédiation sous forme d'agrégats contenant du plutonium, ont été
entreposés temporairement dans une enceinte fermée appelée «boîte Arpège», avant leur tri et
l’enfouissement des agrégats radioactifs dans les puits PS1 et PS3.
L’appellation Colette, en secteur Nord, recouvre le motu Colette et les portions de dalles
coralliennes contiguës, à l’est, là où ont eu lieu les expériences de sécurité, aux points Ariel et
Vesta. De 1966 à 1974, cinq essais de sécurité y ont été réalisés à l’air libre, conduisant au
marquage en 239 Pu du sol de cette zone.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:11 Page 300
Après chaque essai, les débris les plus gros, situés autour du point zéro, étaient ramassés
pour être mis en fûts et les particules résiduelles étaient fixées au sol par épandage d’une émulsion
de goudron, afin d’empêcher toute remise en suspension par les vents. Pendant une dizaine
d’années après l’arrêt des essais de sécurité, l’accès à ces zones a été réglementé et des actions
complémentaires de nettoyage y ont été menées.
En 1981, la dépression tropicale Thamar touchait le secteur Nord de l'atoll et entraînait
dans le lagon une dizaine de fûts stockés sur la zone Colette. Le contrôle des laisses de mer sur
les plages mettait en évidence la présence de plutonium sur des débris flottants : bois, goudron,
paraffine, plastique. Afin d'éviter toute exposition du personnel, il a été décidé de :
• traiter la zone Colette afin d’éviter une nouvelle émission de débris contaminés par du plutonium.
En effet, la pellicule de goudron fixant initialement le plutonium s’était décollée de la dalle
corallienne par les effets conjugués de la chaleur et de la houle, devenant une source
d’émission de particules radioactives ;
• ramasser les particules radioactives déposées sur les plages.
Remédiation de la dalle
Filet à plancton à embouchure semi-immergée pour la récupération des débris flottant en surface du lagon
(En médaillon, détail du collecteur de débris).
Durant toute cette opération, près de 50 000 débris ont été localisés et ramassés sur
l’ensemble du rivage du lagon. Depuis 1994, aucun débris radioactif n’ayant été découvert sur
les plages, il a été conclu que les travaux d’assainissement du secteur Nord étaient suffisants et
que les débris émis avant l’opération de remédiation avaient été recueillis.
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Entre 1993 et 1996, les niveaux d’activité résiduelle de l’installation ont continué à être
mesurés périodiquement. L’activité volumique atmosphérique alpha mesurée dans l’enceinte était
de l’ordre de 10 -5 Bq.m -3, soit environ 1/10 000 de la limite dérivée de concentration atmosphérique
(LDCA) du 239 Pu et l’activité surfacique labile était de l’ordre de 10 2 Bq.m -2 , soit environ le quart de
la valeur guide du CEA pour les matériels à usage normal (0,04 Bq.cm -2).
En 1997, les ouvertures de la cuve ont été obturées pour en interdire l’accès afin d'éviter les
chutes dans sa partie basse en cas de pénétration dans l’enceinte. Aujourd'hui, l'ouvrage est en
respiration naturelle avec l’extérieur, par l’intermédiaire d’un filtre mis en place sur le toit, et ne
présente aucune sujétion d’ordre radiologique.
L'arrêt de toute activité sur les sites d’expérimentations a conduit au repli des matériels et
des installations utilisables en Polynésie française ou en métropole. Il a également été procédé au
démantèlement des installations devenues inutiles, susceptibles de se dégrader dans un envi-
ronnement humide et salin agressif. Les actions suivantes ont été réalisées :
Ce document ne traitant que des pratiques ou des installations mettant en jeu des matières
nucléaires, le paragraphe suivant se limitera à présenter un exemple de démantèlement d'installation
avec assainissement radiologique, celui de l’installation de traitement des solides (TDS).
Le TDS était un bâtiment dédié au traitement des échantillons de lave radioactive prélevés
dans les cavités-cheminées et à leur conditionnement avant leur expédition en métropole pour des
analyses complémentaires. Il était constitué de deux cellules de très haute activité (THA), entourées
de laboratoires et d’un local de décontamination.
Le démantèlement de cette installation a débuté après le traitement des échantillons issus
du dernier essai réalisé, en janvier 1996, afin de profiter de la présence sur le site du personnel
qualifié et des moyens de soutien associés. À cette date, l'installation était à un niveau radiologique
dit de «fin de campagne», c’est-à-dire que les cellules THA et les différents laboratoires contigus
étaient décontaminés. Il restait à assainir les gaines de ventilation reliant les équipements et locaux
où étaient traités les échantillons : face arrière des cellules, laboratoires ayant renfermé des matières
radioactives, salles de décontamination, vestiaire, etc. Pendant les opérations de démantèlement,
la centrale d’extraction d’air a continué à maintenir l'atmosphère des locaux en dépression par
rapport à l'extérieur, pour assurer le confinement de la radioactivité, tout en filtrant l'air rejeté au
travers de caissons contenant des filtres de très haute efficacité.
La première phase a consisté, après contrôle et décontamination éventuelle, à évacuer les
matériels et à démanteler les installations situées dans les locaux entourant le cœur de l’ouvrage,
les cellules THA1 et THA2, tout en mettant à profit le confinement procuré par le système d’extraction
et le dispositif de surveillance radiologique.
Dans une deuxième phase, il a été procédé au démontage et à l’évacuation des équipements
présents dans les cellules THA, puis au démantèlement de leurs éléments structuraux : hublots
de verre au plomb, revêtements des parois en acier inoxydable, plan de travail, protections en
plomb, télémanipulateurs, portes blindées et divers équipements électriques et hydrauliques.
Dans une troisième phase, il a été procédé au démantèlement du système de ventilation-
extraction, correspondant à une cinquantaine de mètres de gaines contaminées. Des poussières
provenant du tronçonnage des carottes de prélèvement et du concassage des laves radioactives
dans les cellules THA s'étaient déposées dans les gaines du système de ventilation en amont des
filtres, et, principalement, dans leurs parties horizontales basses. L’estimation de ces dépôts de
poussières, en prenant des hypothèses raisonnablement pessimistes, a conduit à une masse en
239 Pu de l’ordre du millionième de gramme et à une activité surfacique maximale de quelques
dizaines de Bq.m -2 de 239 Pu, valeur très inférieure à la limite de 400 Bq.m -2 retenue au CEA pour
le matériel destiné à un usage normal.
L’opération de dépose des gaines d’extraction a été effectuée en maintenant en fonction-
nement le réseau d’extraction-filtration. Chaque tronçon de gaine a été contrôlé, éventuellement
décontaminé, puis découpé. Les éléments dont l’activité surfacique résiduelle restait supérieure
à 4.10 4 Bq m -2 (bêta, gamma) ou à 400 Bq.m -2 (alpha) ont été gérés comme des déchets radio-
actifs, en fonction de leur niveau d’activité. Les matériels divers non contaminés ou décontaminés ont,
après contrôle radioactif, été stockés avant d’être évacués.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:11 Page 306
• Les déchets à vie courte, de période inférieure à 10 ans, contenant des radionucléides
émetteurs bêta-gamma, dont les 140 Ba, 141 Ce, 144 Ce, 60 Co et ceux de période plus longue,
proche de 30 ans, comme le 137 Cs et 90 Sr. Ces derniers représentaient une faible proportion
du mélange au stade de déchet qui était donc constitué en majorité de radionucléides à vie
courte. L’activité globale du mélange décroissant très vite, il en a été de même de l’activité
des déchets associés, dont l’activité avait très largement décru après une dizaine d’années
(cf. Chapitre II).
• Les déchets contenant des radionucléides émetteurs alpha à vie longue, essentiellement le
239 Pu, 240 Pu et 241 Am, ont été traités dans le cadre d’un stockage de longue durée.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:11 Page 307
Les conditions de traitement des déchets ont été définies par la C2S (Tableau 74).
T ABLEAU 74.
Règles de classement et traitement des résidus solides.
Déchets
Groupe II A Exutoire Conditionnement
Groupe I
et suivants
(émetteurs α)
(émetteurs β, γ)
100 Bq.g-1 < Am< 1 300 Bq.g-1 Am > 100 Bq.g-1 Zone sédimentaire Agrégats en vrac
et At > 5 kBq et At > 50 kBq des puits Fûts bétonnés
VII.2.3 - CONDITIONNEMENT
Un deuxième conditionnement consistait à positionner les fûts de 100 litres, centrés par
des entretoises, dans des fûts de 225 litres, l’espace intercalaire était également rempli d’un coulis
de béton (cf. photos et schéma ci-dessous).
Couvercle
Barre de maintien
Béton
Fût de
100 litres
Cales de centrage
Fût de
225 litres
Enfin, des viroles en béton vibré étaient utilisées, principalement pour assurer le confinement
des résidus provenant des cellules THA. L’espace intercalaire était également rempli d’un coulis
de béton (cf. photos et schéma ci-dessous).
Résidus dans
Conteneur
poubelle 15 litres
prébétonné
sortant de THA
Le conditionnement se terminait par le remplissage des fûts et viroles qui, après séchage,
étaient entreposés, avant d’être immergés en mer jusqu’en 1982 ou stockés sur terre, dans des
puits dédiés (PS1 ou PS3).
Durant les quinze dernières années d’exploitation des sites, seuls les deux derniers types
de conditionnements ont été utilisés. Les déchets conditionnés étaient dirigés vers la station de
mesure des fûts de la Stadec, afin de quantifier leur niveau d’activité.
La comptabilité des déchets enfouis dans les puits était établie annuellement dans un
document particulier appelé «rapport d’enfouissement», dans lequel, pour chaque colis référencé par
un numéro d’identification, étaient associés sa masse, son contenu et l’activité mesurée.
Une station de mesure par spectrométrie gamma permettait d’identifier et de quantifier les
radionucléides émetteurs gamma ainsi que les transuraniens présents dans les déchets.
Les conteneurs de déchets (fûts, viroles etc.) étaient entreposés sur une aire de stockage
située dans une zone contrôlée avant d’être transférés, un par un, vers la station de comptage.
Le conteneur était alors déposé à l’aide d’une pince sur un chariot se déplaçant sur un rail et
équipé d’un plateau tournant pouvant recevoir les fûts de 100, 225 l ou les viroles de béton. Le
chariot était transféré mécaniquement, plaçant le conteneur à mesurer en face du détecteur. La
rotation du fût permettait de tenir compte de la position des déchets à l’intérieur du conteneur. Le
conteneur était ensuite pesé.
La calibration était réalisée avec une source de test et différents écrans amovibles sous
forme de disques rotatifs atténuateurs de 4 et 10 mm d’épaisseur. Ces derniers ont aussi été
utilisés exceptionnellement comme écrans pour la mesure de déchets de haute activité. La station
de mesures était initialement équipée de deux sondes NaI, puis de détecteurs Ge-HP. Un collimateur
en plomb permettait de limiter la contribution des rayonnements diffusés.
Détail de la mesure d’un fût de 100 litres. Aire de stockage des fûts de déchets
en attente d’enfouissement, après mesure.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 310
• activité totale (Bq), activité massique moyenne (Bq.kg -1 ) en 239 Pu et la masse totale en mg
du plutonium contenu dans le colis ;
• activité totale alpha (Bq) ;
• activité totale des produits de fission (Bq) ;
• activité totale bêta-gamma du colis (Bq) ;
• activité résiduelle dans 300 ans (Bq).
La limite de détection du plutonium, dans une matrice de sable corallien, était de 20 MBq
pour un temps de comptage de 5 400 secondes, soit de l’ordre d’une dizaine de milligrammes de
plutonium dans un fût de 100 litres. L’activité alpha était généralement déduite des résultats de
mesure de 241 Am. Pour les produits de fission, à titre d’exemple, la limite de détection du 137 Cs
était d’environ 600 Bq par fût.
Pendant la période des essais atmosphériques, des déchets radioactifs de faible activité
ont été immergés à grande profondeur dans l’océan, dans des zones définies géographiquement,
conformément à la réglementation internationale résultant de l’application de la Convention pour
la prévention de la pollution marine par l’immersion de déchets et autres matières, dite Convention de
Londres, ratifiée par la France en 1977. À partir des années 80, adoptant des dispositions plus
contraignantes que les recommandations de l’AIEA sur lesquelles s’appuient la Convention de
Londres pour la question des immersions de déchets radioactifs, la Direction des centres d’expé-
rimentations nucléaires (Dircen) n’autorisait plus les immersions. Exceptionnellement, fin 1982,
une dernière opération de ce type a reçu une autorisation particulière et formelle du ministre de la
Défense, dans le respect des recommandations internationales concernant les déchets radioactifs.
Il s’agissait de déchets générés par le démantèlement de l’installation Meknès.
La gestion des déchets contenant des radionucléides émetteurs alpha était une pré -
occupation majeure au moment de la réalisation des expériences effectuées dans l’installation
Meknès. Les déchets alpha générés par ces expériences ont été conditionnés dans des coques
en béton ou des fûts bétonnés. Ils ont été stockés dans les deux puits de grand diamètre, forés
profondément dans le basalte, jusqu’à près de 1 200 m, en zone Denise (PS1 et PS3).
Cadre réglementaire
Les principales réglementations internationales et françaises, ainsi que les dispositions prises
par la Dircen concernant l'immersion des déchets radioactifs solides, sont présentées chronolo-
giquement dans ce paragraphe.
En 1958, la Conférence de l’ONU sur le droit de la mer adoptait une convention dont l’article
25 précise que «tout État est tenu de prendre des mesures pour éviter la pollution des mers, due
à l’immersion des déchets radioactifs». Elle a également adopté une résolution recommandant
que l’AIEA «poursuive toute étude et prenne toute mesure pour aider les États à réglementer la
décharge des matériaux radioactifs dans la mer».
Ainsi, en 1960, l’AIEA publiait des recommandations pouvant servir de base à un accord
international permettant de garantir qu’«aucune évacuation de déchets radioactifs en mer n’im-
pliquera un risque inacceptable pour l’Homme». L'AIEA considérait que «dans des conditions
contrôlées et bien déterminées, les déchets solides de faible et moyenne activités peuvent être
évacués sans risque dans la mer». L'agence recommandait que «seules devront être envisagées les
méthodes de rejet permettant de limiter le rayonnement à un niveau ne comportant pas de risque
inacceptable pour la population». Elle considérait que 1/25 e de la dose générique (0,2 mSv.an -1 )
pouvant affecter l’ensemble de la population devrait être réservé pour les rayonnements provenant de
sources marines qui échappent au contrôle national. L'agence recommandait que «tous les rejets
de déchets radioactifs dans la mer, à l’exception de ceux qui proviennent du fonctionnement de
navires nucléaires, devraient être faits à des emplacements fixés à l’avance, et dans des conditions
prescrites pour l’emplacement considéré».
En 1965, un groupe d’experts de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE a réalisé
une évaluation de la sûreté des opérations d’immersion et fixé les premières limites d’activité
massique des déchets pouvant être immergés, à :
• 37 GBq.t -1 pour les radionucléides émetteurs alpha (dont les isotopes du plutonium) ;
• 3,7.10 3 GBq.t -1 pour les radionucléides émetteurs bêta-gamma de période supérieure à six
mois.
En 1967, la Dircen approuvait les procédures d’immersion des déchets radioactifs solides
en provenance de Hao qui tenaient comptent des recommandations et limites fixées par
l’OECD/AEN et reprises par l’AIEA.
• Étaient interdits à l’immersion, les déchets «fortement radioactifs», c’est-à-dire ceux dont
l’activité massique excédait :
➙ 37 GBq.t -1 pour les radionucléides émetteurs alpha ;
➙ 3,7.10 3 GBq.t -1 pour les radionucléides émetteurs bêta-gamma, de période
supérieure à six mois ;
➙ 3,7.10 7 GBq.t -1 pour les radionucléides émetteurs bêta-gamma, de période
inférieure à six mois et le tritium.
➙ les immersions ne soient pas effectuées dans les mers marginales ou intérieures,
mais à des profondeurs excédant 2 000 mètres, dans des zones strictement
limitées de superficie inférieure à 10 4 km 2 ;
➙ les conteneurs des déchets soient prévus pour résister à la pression, pendant
leur descente jusqu’au fond ;
➙ les opérations d’immersion satisfassent aux prescriptions fondamentales de la
radioprotection, basées sur le principe de limitation des doses engagées ;
➙ les activités immergées n’entraînent aucun risque pour la santé des populations
des pays riverains.
Tenant compte du contexte réglementaire, de la diversité des types de déchets, des zones
d’entreposage et des modalités possibles de réalisation des opérations d’immersion, la Dircen a
délimité deux sites d'immersion à proximité de l’atoll de Mururoa et un autre au large de l’atoll de
Hao (Fig. 189 et 190).
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350°
18° S
0
N
0
3 00
3 00
Zone
Site Hôtel
340°
NOVEMBRE
2 000 Passe
00
20 Kaki
3 000 Site Colette Denise
Françoise
OSCAR Village
0
1 00
d'Otepa
280°
Passe
0
2 00
21°50 S Anémone
Dindon
18°10' S
Faucon
0 5 km
0 5 km
139° W 141° W
FIG. 189. - Emplacement des sites d’immersion au large de Mururoa FIG. 190. - Emplacement du site d’immersion
et caractéristiques des déchets immergés. Hôtel, au large de Hao.
Le site Novembre est situé au nord d'une ligne allant des zones Françoise à Denise, à une
distance de l'atoll de Mururoa de 2 à 4,5 nautiques, entre les isobathes 2 000 et 3 000 m (Fig. 189).
Ce site, d'une surface d’environ 20 km 2 , a été utilisé pour l’immersion de déchets à partir
d’hélicoptères. Il a été choisi au plus près de la zone Denise afin de limiter les distances des
héliportages pour atteindre des fonds supérieurs à 2 000 m.
Entre 1972 et 1975, 76 tonnes de déchets radioactifs non conditionnés, essentiellement
des éléments de tours et de gros débris métalliques provenant des essais de sécurité pratiquées
en zone Denise, ont été immergés, en vrac, au cours de cinq opérations d’immersion héliportées.
• L’activité totale des radionucléides émetteurs alpha (plutonium) contenus dans les déchets a
été estimée à 7.10 9 Bq, avec une activité massique moyenne de 0,09 GBq.t -1 .
• L’activité des radionucléides émetteurs bêta-gamma a été estimée à 4.10 6 Bq. Il convient d'y
ajouter l'activité non mesurée des produits de fission accompagnant la matière fissile. Un ordre
de grandeur de cette activité a été déduit du rapport entre l'activité des radionucléides émet-
teurs bêta et celle des émetteurs alpha estimés 1 heure après l’essai. Connaissant les dates
d'immersion des déchets métalliques (1 à 5 jours après l’essai), le calcul conduit à une
activité totale des produits de fission associés au plutonium dans les déchets immergés
exprimée un jour après l’essai, de l'ordre de 10 9 Bq, avec une activité massique moyenne de
0,013 GBq.t -1 .
Le site Oscar a été utilisé pour des immersions réalisées à partir de bateaux ou de barges
(Fig. 189). En forme de segment de couronne, il est situé de 3 à 5,5 nautiques des bouées de la
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 314
passe de Mururoa, entre le 280° et le 340°. Ce site, d'une surface de l'ordre de 60 km 2 , a été
choisi au plus près de la passe.
• L'activité totale des radionucléides émetteurs alpha (Pu), contenus dans les déchets, est estimée
à 6.10 10 Bq, avec une activité massique moyenne de 0,023 GBq.t -1 .
• L'activité totale des radionucléides émetteurs bêta-gamma, essentiellement des produits de
fission, immergée est estimée à 6.10 9 Bq, avec une activité massique moyenne de 0,0023
GBq.t -1 .
Le troisième site d’immersion dénommé Hôtel, d’une surface d'environ 1 km 2 , est situé à
4 nautiques, dans le 350° de la passe Kaki, au nord de l'atoll de Hao, dans une fosse océanique
de 2 500 m de profondeur moyenne (Fig. 190).
Entre 1967 et 1975, 532 tonnes de déchets radioactifs ont été immergées, 310 condi-
tionnées en fûts de béton et 222 non conditionnées. Une partie de ces déchets provenait du
traitement des échantillons prélevés dans les nuages générés par les essais atmosphériques. Ils
ont été immergés au cours de 19 campagnes d’immersion par bateaux.
• L'activité totale des radionucléides émetteurs bêta-gamma, due essentiellement aux produits de
fission contenus dans les déchets lors de leur immersion, est estimée à 1,5.10 10 Bq, dont
environ un tiers provenant des fusées et avions utilisés pour les prélèvements d’échantillons
dans les nuages associés aux essais atmosphériques. L’activité résiduelle a été estimée à 10 8
Bq pour l’année 2000, avec une activité massique moyenne de 0,028 GBq.t -1 .
• L’ordre de grandeur de l'activité totale des radionucléides émetteurs alpha peut être estimé à
partir des rapports théoriques entre les radionucléides émetteurs bêta/alpha dans les
nuages, exprimés 1 heure après l’essai. En tenant compte du temps écoulé entre la date de
l’essai et celle de l’immersion des déchets, compris entre neuf et quinze mois, un calcul
conduit à un rapport entre l’activité des radionucléides émetteurs bêta et celle des émet-
teurs alpha, ramené au jour suivant l’essai, compris entre 500 et 5 000 et, en corollaire,
une activité des radionucléides émetteurs alpha, due aux isotopes du plutonium, de l'ordre
de 3.10 7 Bq, avec une activité massique moyenne de 0,000056 GBq.t -1 .
Les valeurs des activités totales en alpha et bêta-gamma, comparées à celles des limites
préconisées par l'AIEA, montrent que les déchets radioactifs étaient des matériels individuellement
peu contaminés. Le niveau du tonnage de déchets immergés est dû à l’importance des masses
des outils et engins lourds, ainsi qu’aux matériaux de conditionnement en béton et en acier, qui
furent immergés dans le strict respect de la réglementation internationale en vigueur au moment
des immersions.
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Deux puits, PS1 et PS3, ont été forés spécifiquement pour l’enfouissement des déchets
contenant des radionucléides émetteurs alpha. En complément, les parties supérieures de 25
puits forés pour réaliser des essais sous la couronne terrestre ont été utilisées pour enfouir des
déchets très faiblement radioactifs.
Des déchets contenant des radionucléides émetteurs alpha, conditionnés dans des fûts,
des viroles ou en vrac, ont été stockés dans les puits PS1 et PS3 forés dans le secteur Nord de
l’atoll de Mururoa. Ces puits ont des diamètres supérieurs à ceux des puits d’essais afin d’augmenter
leur capacité de stockage ; un diamètre de 82 pouces, soit environ 2 mètres pour PS1, et de 72
pouces, soit environ 1,8 mètre pour PS3 (Fig. 191). Ces deux puits ont été forés jusqu’à une
profondeur d’environ 1 200 mètres et traversent la zone carbonatée, entre la surface et - 450 m,
ainsi que la zone basaltique de - 450 m à - 1 150 m. Le puits PS2 n’a jamais été foré, car sa
position prévue a été finalement considérée comme trop proche de celle de PS1. En effet, la
technique de forage en air-lift utilisée crée une circulation d’eau ascendante dans le puits, pouvant
accélérer la mobilité des radionucléides stockés dans PS1. Par précaution, le second puits foré,
appelé PS3, a été réalisé quelques centaines de mètres plus loin, à l’ouest de PS1.
L’enfouissement des déchets était réalisé par campagne, généralement annuelle. Le périmètre
des puits était classé zone contrôlée pendant la durée des opérations d’enfouissement des déchets
les plus radioactifs. Lors de ces opérations une zone contrôlée était établie autour de la tête de puits.
Le personnel y accédait à partir d’une cabine vestiaires-douches. Pendant toute la durée des
opérations de transport sur zone et d’enfouissement, un contrôle atmosphérique était réalisé sous
le vent de la tête de puits à l’aide d’un appareil de prélèvement d’air d’un débit de 100 m 3.h -1 .
Les colis contenant les déchets étaient descendus à l’aide d’un câble au fond des puits.
La profondeur était connue en permanence grâce à une
poulie compteuse. Lorsque le colis atteignait le fond du
puits, le câble était remis en tension et le fût libéré à
l’aide d’un largueur acoustique.
Les agrégats radioactifs ont été transportés de la
zone d’entreposage aux puits, par bennes fermées,
accompagnées par un véhicule de radioprotection. À la
sortie de la zone contrôlée, l’extérieur de la benne et du
véhicule faisaient l’objet d’un contrôle radiologique. Les
agrégats, dont l’activité totale alpha était supérieure à
1,9.109 Bq.m-3, soit 1 300 Bq.g -1 pour une densité de
1,4, ont été enfouis dans le tronçon basaltique du
puits et, ceux d’activité massique inférieure dans
celui traversant le massif calcaire. Le déversement des
agrégats était effectué en vrac dans le puits, dont la tête
était équipée d’une trémie. Pendant le déversement, un
arrosage en pluie limitait la mise en suspension de
particules. Le personnel participant à l’opération était
équipé de combinaisons et de masques. Déversement des agrégats dans le puits
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7,4.10 (α)
9
574 m 1982
623 m
(α)
12
2,7.10 (α)
10
1981 6,5.10
2,2.10 (β, γ)
7
1996
8,9.10 (α)
9
B B 1994
(α)
10
1993 2,6.10
a a
2,9.10 (α)
10
s s 1988-91
3.10 (α)
9
a a 1987
6,8.10 (α)
8
l l 1986
t t 1985 8,2.10
10
(α)
e e
(α)
13
1979 1,4.10
(α)
11
1984 2.10
(α)
12
1983 1,9.10
1148 m
1169 m
Ø = 2,1 m Ø = 1,8 m
F IG . 191. - Coupe verticale schématique des puits, avec les indications d’ordre géologique, les activités
enfouies et la position des bouchons de ciment cloisonnant les puits. La quasi-totalité de l’activité est
enfouie dans la partie volcanique.
Des bouchons de ciment de plusieurs mètres d’épaisseur ont été coulés entre les
déchets, constituant des barrières supplémentaires. En fin d’exploitation du CEP, les puits ont été
obturés jusqu’en surface à l’aide de bouchons d’agrégats de corail et de ciment. Les activités
massiques des radionucléides émetteurs alpha présents dans les déchets enfouis dans ces puits
sont de l’ordre de 37 GBq.t -1 .
L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) prend en compte ce
stockage dans l’inventaire géographique des déchets radioactifs (Fig. 192).
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Puits annexes
La partie supérieure des premiers puits réalisés pour les essais souterrains était initialement
obturée en totalité. Cette obturation jouant un rôle négligeable sur la tenue mécanique du terrain
au moment de l’explosion a très vite été abandonnée puisqu’elle ne contribuait pas à la sécurité
de l’essai. Ainsi, au fil des ans, 25 puits situés sur la couronne terrestre sont restés en eau libre,
sur une hauteur de plusieurs centaines de mètres, de la zone de transition basalte-calcaire, jusqu'à
la surface de l’atoll. À partir de 1981, la partie supérieure de ces têtes de puits, accessibles par
voie terrestre, a été obturée à l’aide des matériaux ayant des niveaux d’activité inférieurs aux
limites imposant leur stockage dans les puits PS1 et PS3.
Les activités résiduelles de ces déchets sont aujourd’hui négligeables, de l’ordre de 3,7
Bq.g -1 en radionucléides émetteurs alpha et en bêta-gamma, soit entre le centième et le millième
des activités massiques stockées en surface dans le centre de stockage de la Manche de
l’Andra.
Les opérations de rebouchage sur la couronne de Mururoa ont concerné 76 puits. Menées
de 1995 à octobre 1996, elles ont consisté à reprendre, à l’aide d’un engin de levage, la mordache
d’appui, le câble porteur et les câbles mesures et à les relever, après coupure, dans la partie
supérieure libre du puits. La partie tubée du puits dépassant la dalle corallienne a été recépée,
par découpe au chalumeau, ou à l’explosif en cas de trop grand dépassement. La partie supérieure
du puits, remplie d'eau, a ensuite été comblée par des agrégats sur lesquels ont été coulés un
bouchon en béton et une dalle ferraillée. Les ouvrages de génie civil existant en périphérie du
puits ont été détruits à l’explosif et les parties cavées bétonnées.
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Dans la zone Sud, une douzaine de puits n’étaient accessibles qu’après réfection de la route,
ou par le lagon. Deux d’entre eux, situés sur une partie semi-submergée du platier ont nécessité
l’intervention de plongeurs pour la réalisation des opérations d’oxycoupage, sous 1,50 m d’eau.
En 1995, les travaux sur les différents types de puits ont été réalisés à Fangataufa. Les
superstructures des FGD ont été détruites, le tubage d’acier découpé à l’explosif, les caves
remblayées avec des débris coralliens et obturées par des bouchons de béton ferraillés de 40 cm
d’épaisseur. Les forages périphériques ont été traités en fonction des ouvrages de génie civil qui
leurs étaient associés, à savoir :
• curage de la cave, démolition à l’explosif de la tête du puits, remblaiement avec du corail et
coulage d’un bouchon de béton armé ; ou
• curage autour du tube, découpe au chalumeau du tubage et coulage d’un bouchon en béton
armé.
Le rebouchage des puits, en particulier ceux du lagon de Mururoa, a été réalisé suivant
une méthode générale. Les câbles porteurs et les câbles mesures étaient sectionnés à l’aide
d’une cisaille hydraulique ou d’un dispositif pyrotechnique, un obturateur gonflable (packer) était
descendu dans le tubage, sous la tulipe de l’entrée du puits et était gonflé. Il servait de support
à un bouchon composé d’agrégats de corail. En fin de remplissage, dans la partie supérieure du puits
jusqu’au fond du lagon ou de la tulipe quand elle subsistait encore, le bouchon était constitué d’un
coulis de béton de quelques mètres d’épaisseur. La partie supérieure des câbles sectionnés
étant rabattues dans la partie libre du puits, elle se retrouvait emprisonnée dans le bouchon de
ciment. La tulipe était relevée, chargée sur un engin flottant afin d’être ramenée à terre pour être
détruite.
Les puits des essais de la dernière campagne (1995-1996) ont fait l’objet d’un remplissage
complet avant essai, amenant le sommet du béton dans le puits à quelques dizaines de mètres
du fond du lagon afin de simplifier la pose du bouchon définitif après l’essai. Dès l’origine, les post-
forages ont été systématiquement obturés après chaque opération. Pour mener à bien ces opéra-
tions, les moyens classiques de forage et de remplissage des puits ont été utilisés : barge de
forage et de manutention, barge de cimentation et de transport d’agrégats, barge Flocons amé-
nagée à cet effet.
L’évaluation des conditions radiologiques à long terme avait pour but d’estimer les doses
hypothétiques auxquelles des groupes de personnes vivant dans la région du Pacifique Sud
pourraient être exposés à la suite d’un éventuel relâchement dans l’océan environnant des radionu-
cléides actuellement confinés dans le sous-sol de Mururoa et Fangataufa.
• déterminer à partir des énergies dégagées par les essais, l’activité résiduelle des radionu-
cléides confinés dans les cavités-cheminées ;
• évaluer au cours du temps le taux maximum envisageable de relâchement des radionu-
cléides directement dans l’océan ou via le lagon ;
• calculer la dispersion des radionucléides relâchés dans les eaux de l’océan Pacifique Sud et esti-
mer l’évolution de leur niveau d’activité dans les eaux de mer au cours du temps ;
• calculer l’activité des radionucléides au sein des différentes composantes de l’environnement à
partir de la dispersion des radionucléides relâchés dans les eaux du Pacifique Sud ;
• estimer les débits de dose au cours du temps auxquels seraient éventuellement exposés des
groupes de population dits critiques potentiellement présents dans les lieux susceptibles
d’être les plus exposés (Fig. 193).
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Modélisation
hydrologique
Répartition des
quantités totales
entre les phases
Prélèvements
d'échantillons
d'eaux souterraines
Fig. 193 - Diagramme des principales étapes nécessaires à l’évaluation des conditions radiologiques futures
des populations à partir des relâchements de radionucléides des cavités d’essai et des sédiments des lagons.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 322
Les résultats de l’évaluation obtenus par les scientifiques français ont fait l’objet d’une
comparaison avec les résultats d’une étude menée par un groupe d’experts internationaux sous
l’égide de l’AIEA qui a également vérifié les estimations des impacts radiologiques pour les sites
d’expérimentations américains et russes. Les principales conclusions du rapport d’experts publié
en 1998 par l’AIEA sont reprises dans les paragraphes suivants et le lecteur intéressé par le détail
des calculs est renvoyé à ce document.
100 10
10 1
10 0,1
Dans le lagon de Mururoa
Dans le lagon
de Fangataufa
Dans le lagon de Fangataufa
1 0,01
1975 2000 2025 2050 2075 2100 2125 2150 2175 1 10 100 1 000 10 000 100 000
Années Temps (années)
Fig. 194. - Prévisions de l’évolution annuelle des taux de relâchement en 3 H, 90 Sr, 137 Cs et 239+240 Pu dans
les eaux des lagons de Mururoa et Fangataufa et les eaux profondes de l’océan Pacifique proches des
atolls.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 324
Dans le cas d’une déstabilisation de flanc d’atoll, avec glissement des formations carbonatées,
des quantités différentes de radionucléides seraient éventuellement relâchées. Ces hypothèses
ont fait l’objet de calculs particuliers dont les résultats sont exposés dans la section de ce chapitre
portant sur les scénarios disruptifs.
N
PIEUVRE 37
GEO 10
Fig 195 : Gradient horizontal de HTO : 1,5.107 GEO 5
HTO : 107
l’activité volumique (Bq.m -3 ) en 137Cs : 1,3.104
90Sr : 1,8.104
137Cs : 2.104 GEO 8 HTO : 105
90Sr : 1,6.104 137Cs : < 10
tritium et résultats de mesure MURÈNE 27 HTO : 6.105
90Sr: 40
HTO : 7.103 137Cs : 400
en 137 Cs et 90 Sr des eaux des 137Cs : < 10 90Sr: 800
90Sr : < 20
puits de surveillance de l’atoll WHALE 30
HTO : < 7.103
de Mururoa pour la période 137Cs : < 20
1994-1996. 90Sr : < 20
KRILL 23
HTO : 5.108
137Cs : < 10
DRAGON 09 90Sr : 160
HTO : 2.104
137Cs : < 10
90Sr : < 30
SCALAIRE 22
HTO : 7.104
137Cs : 50
90Sr : 80
MURÈNE 16
TAZARD 14
107 à 108 HTO : 1,5.107
137Cs : < 10 HTO : 8.106
137Cs: 20
106 à 107 90Sr : 100 ORQUE 13 PIEUVRE 23
90Sr
: 60
105 à 106 FLET 08 ISURUS 10 LABRE 13 HTO : 7.104 HTO : 6.104
< 105 HTO : 2.104 HTO : 106 HTO : 7.103 137Cs : < 10 137Cs : < 10
137Cs 137Cs : < 10 137Cs 90Sr : < 20 90Sr : 20 0 1 2 3 4 km
Observatoires : < 10 : < 10
90Sr: 13 90Sr : 100 90Sr
: < 10
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FUSEAU 30 N
Fig 196 : Gradient horizontal de l’activité volumique
HTO : 4.106 (Bq.m -3 ) en tritium et résultats de mesure en 137 Cs
137Cs
90Sr
: 100 Empereur
et 90 Sr des eaux des puits de surveillance de l’atoll
: 300 Passe MITRE 27
HTO : 8.106
de Fangataufa pour la période 1994-1996.
Pingouin Kilo 137Cs : 110
90Sr : 530
À Fangataufa, le gradient d’activité dans les carbonates est dû à un essai unique (Lycos),
de forte énergie, insuffisamment confiné dans les formations volcaniques.
OCÉAN LAGON
CARBONATES
3 essais 121
de sécurité essais
(couverture normale) (Les échelles ne sont pas respectées)
F IG. 197. - Schéma représentant les différents types d’expérimentations souterraines effectuées sur les atolls de
Mururoa et de Fangataufa, avec leur nombre et leur impact sur la couverture géologique.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 326
Les résultats de la surveillance de la radioactivité des eaux souterraines ont permis de valider
l’estimation des activités déposées dans les zones particulières des carbonates et les taux de
relâchement utilisés dans la modélisation des transferts potentiels des radionucléides dans les
différentes composantes de la biosphère.
Activité volumique
100 10
3H Tureia 137Cs Tureia
Hao Hao
10 Tahiti Tahiti
Tubuai 1 Tubuai
1
0,1
0,1
0,01
0,01
0,001 0,001
1980 2000 2020 2040 2060 2080 2100 1980 2000 2020 2040 2060 2080 2100
Années Années
Fig. 198a. - Évaluation de l’évolution au cours du temps de l’activité volumique en 3H ( Bq.m -3 ) et 137 Cs
(m Bq.m -3 ) des eaux de surface à proximité des îles habitées de la Polynésie française.
La courbe du 239Pu passe par deux valeurs maximales, 0,8 et 0,3 mBq.m -3 à Tureia, reflétant
respectivement la contribution du plutonium présent dans le sédiment des lagons et celle des
éventuels relâchements futurs des cavités souterraines (Fig. 198b). Toutes les augmentations
d’activité seraient inférieures aux niveaux caractéristiques du bruit de fond de l’océan Pacifique Sud.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 327
100
Activité volumique Fig. 198b. - Évaluation de l’évolution au cours du temps
Tureia de l’activité volumique (mBq.m -3) en 239+240Pu des eaux
Hao
10 Tahiti
de surface, à proximité des îles habitées de la Polynésie
Tubuai française dans le cas d’un relâchement à partir des
1 sédiments des lagons et des massifs géologiques.
0,1
0,01
0,001
0,0001
1980 1990 2080 3000 12000 102000
Années
Le calcul de la dispersion des radionucléides en champ lointain a été réalisé à l’aide d’un
modèle eulérien de circulation de l’océan mondial, couplé à un modèle de dispersion de traceurs
lagrangiens développés à l’Institut Max Planck pour la Météorologie de Hambourg afin d’étudier
les changements climatiques.
Les variations au cours du temps, au sein du Pacifique Sud, de l’activité volumique des
radionucléides ont été calculées pour les eaux de surface, supposées homogènes sur 50 m
(relâchement à partir du lagon) et pour celles circulant à une profondeur de 400 m (relâchement
karstique).
10 ans
30 ans
Fig. 199 - Activité volumique (10 -7 Bq.m -3 ) des eaux de surface de l’océan Pacifique Sud, 10 ans et 30 ans
après le début des relâchements en plutonium. Ces valeurs peuvent être comparées à l’activité volumique
actuelle en plutonium des eaux de surface du Pacifique Sud, de l’ordre de 1 à 4 mBq.m -3 .
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 328
Le plutonium, initialement issu des sédiments des lagons, est la source la plus importante de
radioactivité. La modélisation de sa dispersion dans les eaux de surface a été réalisée après 5,
10, 30 et 50 ans, en considérant que le relâchement a débuté en 1996, avec un terme source
estimé à 10 GBq.an -1 (Fig. 199). Cinq ans plus tard, la plume de dispersion de surface est car-
tographiée à l’est des atolls avec une activité volumique maximale à proximité des atolls de Mururoa
et Fangataufa atteignant 0,2 mBq.m -3 . Après 10 ans, la plume s’est élargie, principalement en
direction de l’Est. Après 30 ans, l’activité volumique maximale est de 0,2 mBq.m -3 à proximité de
l’île de Pâques. Après 50 ans, l’activité volumique maximale des eaux de surface atteint 0,1
mBq.m -3 et apparaît négligeable pour toutes les autres régions du Pacifique Sud. Pour des temps
plus importants, jusqu’à 1 000 ans, les activités volumiques décroissent progressivement suivant
en cela la décroissance du terme source. Ces prévisions permettent de conclure que l’augmentation
éventuelle la plus élevée restera inférieure d’un ordre de grandeur au bruit de fond océanique,
aujourd’hui de 1 à 4 mBq.m -3, résultat des retombées de l’ensemble des essais atmosphériques.
L’activité volumique des autres radionucléides, 3H, 137Cs et 239+240Pu dans les eaux de surface
montre une décroissance rapide, à très courte distance des atolls d’expérimentations.
Pour les relâchements à 400 m de profondeur, la dispersion des radionucléides est orientée
vers l’ouest. Après 10 ans, les activités volumiques à proximité des côtes australiennes, ayant
subit une forte dilution, ne seraient pas décelables dans des niveaux du bruit de fond océanique.
• l’irradiation externe, par le rayonnement naturel cosmique ou tellurique ou due aux radio-
nucléides d’origine artificielle présents dans les sols et les sédiments ;
• l’irradiation interne par inhalation de radionucléides lors de la remise en suspension de particules
de sol ou de sédiments ;
• l’irradiation interne par l’ingestion de radionucléides dans la nourriture issue des atolls ou
prélevée dans l’environnement marin.
La très faible contribution de l’exposition externe à la dose totale par les radionucléides
primordiaux, isotopes des séries de l’uranium et du thorium, est due à leur faible niveau d’activité
dans les sols des atolls essentiellement
constitués de corail ou de débris de car- Essais nucléaires
bonate (cf. Chapitres IV et V). Exposition externe + interne
Exposition
La contribution la plus importante < 0,5 % externe
(artificiel)
19 %
provient de l’ingestion de nourriture issue 210 210 (naturel)
Po/ Pb
de cultures et d’élevages originaires des Exposition
interne
atolls ou de produits de la pêche locale. 40
K
68 %
Pour ces derniers, l’évolution de l’activité (naturel) Exposition
interne
des radionucléides au sein des diffé- 13 %
rentes denrées d’origine marine du régi- (naturel)
Outre les atolls de Polynésie actuellement habités, il a également été envisagé que les
deux atolls d’expérimentations soient à terme peuplés et fassent l’objet de cultures et d’élevages.
Pour ce scénario, le rapport des experts de l’AIEA montre que l’estimation de l’exposition d’une
hypothétique population vivant sur les sites d’expérimentations conduit à une valeur faible en
absolu puisque la valeur maximale reste de deux ordres de grandeur inférieurs à celle due aux
rayonnements naturels (Tableau 76). De même, le calcul de l’exposition annuelle des habitants des
autres îles du Pacifique résultant des éventuels relâchements de radionucléides de Mururoa et
Fangataufa montre que pour Tureia, la dose annuelle maximale atteindrait 8 nanoSievert dans 5 000
ans. Les doses en d’autres lieux et d’autres temps seraient toutes plus faibles. Aux îles Cook et
plus à l’ouest, les doses annuelles aux gros consommateurs de produits de la mer ne devraient
pas dépasser 1 nanoSievert, que ce soit dans le présent ou à n’importe quel moment à l’avenir.
T ABLEAU 76.
Dose annuelle (microSievert.an -1) associée à la radioactivité résiduelle éventuellement relachée au cours
du temps par les cavités-cheminées des atolls de Mururoa et Fangataufa.
La reprise de l’activité des volcans à l’origine des atolls pourrait faire remonter à la surfa-
ce les matières radioactives présentes dans les formations volcaniques des atolls, sous forme de
lave en fusion, de gaz et de vapeurs, pour être relâchées dans l’atmosphère, l’océan, le lagon et
déposées sur le sol. Cependant, le point chaud magmatique à l’origine de la formation des atolls
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 330
D
E A
S R
M CH Point chaud
A I actif
R P
Q E
U L
IS Point chaud
E
S présumé
ES
QUIS
MAR
DES
CT URE
RA
E DE F
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TAHITI
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ACTU la d
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EL RN PITCAIRN
-G
DE AM
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AU ER
ST
RA
LE
S
MAC DONALD
Réchauffement de la planète
Ce scénario est basé sur l’apparition d’une période de glaciation entraînant une baisse du
niveau des océans et, par conséquent, un assèchement des lagons et une augmentation sensible de
la surface émergée des atolls. Les atolls de Mururoa et Fangataufa ont connu, depuis leur formation,
plusieurs périodes glaciaires ayant entraîné des baisses du niveau des eaux supérieures à 100
mètres. La prochaine grande glaciation ne devrait pas survenir avant au moins 50 000 ans. Les
radionucléides présents dans les sédiments et les cavités auront alors disparu par décroissance
radioactive, à l’exception du 239 Pu, dont l'activité aura été divisée par 4.
Afin d’explorer toutes les conséquences potentielles de l’apparition d’une telle période de
glaciation, une hypothèse complémentaire, certes hautement improbable en raison de la situation
isolée de l’atoll et de son caractère relativement peu propice à l’agriculture, a été considérée : celle
d’un peuplement sédentaire. Les conséquences d’une période glaciaire dans 50 000 ans ont donc
été estimées sur la base d’une baisse de 100 mètres du niveau des océans, ce qui amènerait à une
exondation des sédiments du lagon, à la présence d’une population sédentaire sur l’atoll et à la
mise en culture des zones sédimentaires découvertes. Outre ces hypothèses, il a été supposé
que la baisse de l’activité du plutonium présent dans les sédiments n’était due qu’à la décrois-
sance radioactive, en faisant abstraction des processus possibles de lixiviation et de désorption
pendant la période liminaire.
Le bouleversement de l’environnement des atolls de Mururoa et de Fangataufa aurait diffé-
rentes conséquences en termes d’exposition des populations. Les radionucléides présents dans
les sédiments des lagons pourraient être remis en suspension, en particulier par les travaux
agricoles, et devenir inhalables. La mise en culture des zones sédimentaires asséchées du
lagon entraînerait une production de produits agricoles présentant des traces de radioactivité
d’origine artificielle. De plus, l’utilisation possible des eaux souterraines constituerait une troisième
voie d’exposition interne directe pour les habitants et indirectes par l’aspersion des cultures.
L’inventaire du 239 Pu présent dans les sédiments amène à une masse de 1,3 kg dans
50 000 ans, soit une activité de 3 TBq. Ces sédiments exondés, avec des hypothèses d’empous-
sièrement standard, entraînerait pour les populations une dose efficace annuelle de 0,6 µSv par
inhalation.
L’activité du 239 Pu présent dans les carbonates de Mururoa est estimée à 50 TBq, 30 TBq
provenant des essais souterrains et 20 TBq provenant des essais de sécurité. Compte tenu d’un
volume d’eau douce présent dans les carbonates estimé à 6 milliards de m 3 et, de la proportion du
plutonium mis en solution (0,04%), l’activité du 239 Pu dans l’eau serait de l’ordre de 3.10 -3 Bq.l -1.
La part du plutonium mise en solution est calculée à partir du coefficient de distribution du plutonium
(500 l.kg -1 ), de la masse volumique des carbonates (2 200 kg.m -3 ) et de leur porosité (0,3). La
consommation de cette eau comme eau de boisson, sur la base de 2 l.j -1 , conduirait à une dose
efficace annuelle de 0,5 µSv pour les populations polynésiennes.
Compte tenu des faibles facteurs de transfert entre le sol et les plantes pour le plutonium
et du faible niveau de l’activité massique des sédiments (5 Bq.kg -1 en moyenne), la consommation
de denrées produites sur les atolls induirait des doses inférieures de plusieurs ordres de grandeur
à celles résultant de l’inhalation de poussières ou de la consommation d’eau issue du sous-sol.
Intrusion humaine
Les scénarii d’intrusion humaine sont basés sur des hypothèses de forages, dans ou à
proximité, d’une cavité résultant d’un essai. Il a été supposé que ces forages pourraient être
effectués dans le cadre de la prospection de ressources naturelles ou d’extraction d’eau. Les
risques encourus par de telles pratiques concerneraient :
• les personnes effectuant ces forages qui pourraient être en contact direct avec les radio
nucléides ;
• l’environnement et la population de l’atoll, dans la mesure où l’étanchéité des cavités serait
rompue, en particulier si les forages restaient ouverts ou étaient mal rebouchés.
Une intrusion humaine qui aurait des conséquences radiologiques clairement domma-
geables pour les intrus est considérée comme hautement improbable compte tenu de l’absence
de ressources naturelles dans le sous-sol des atolls et de la profondeur des eaux susceptibles
d’être contaminées par les radionucléides.
Une catastrophe naturelle majeure, comme un cyclone, un tsunami, une tempête ou encore
un séisme, pourrait avoir pour conséquence de déclencher un glissement de roches carbonatées :
Les activités volumiques maximales de l’eau de mer et des produits de la pêche seraient
mesurées à Tureia quelques mois après l’éboulement. Pour des consommateurs de produits de la
pêche, la dose efficace maximale est estimée à environ 7 µSv.an -1 , la première année à Tureia et
de 3 µSv.an -1 l’année suivante (Tableau 77). Il s’agit là de doses très faibles et néanmoins sur -
estimées compte tenu du caractère pessimiste des hypothèses retenues dans ce scénario.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:12 Page 333
Couronne récifale
Surface Essai
de glissement de sécurité
Lagon
Calcaire Océan
Dolomies
Débris
Formations
de transition
Essai à CATV
Calcaire
crayeux
Volcanisme
F IG. 202. - Glissement hypothétique de roches carbonatées entraînant un relâchement de matières radioactives
contenues initialement dans une cavité-cheminée.
T ABLEAU 77.
Les doses (µSv.an -1 ) auxquelles seraient exposées
les populations de Tureia, Hao et Tahiti grandes
consommatrices de produits de la mer sont indiquées
entre 1 et 20 ans après le relâchement de matières
radioactives dans l’océan.
Les atolls possèdent naturellement des zones de faiblesse mécanique. Les principales
d’entre elles sont localisées :
N
Zones protégées par un mur
Dindon
Viviane Simone
0 5 km
F IG. 203. - Carte de l’atoll de Mururoa avec la position des masses carbonatées montrant la fracturation la
plus importante en surface.
Ces éléments, déjà mis en œuvre à partir du début des années 1980, ont été maintenus,
sous une forme adaptée et suffisante, jusqu’à nos jours.
La surveillance avait initialement été définie de façon à ce que, de concert avec l’obser-
vation de règles très strictes quant aux moyens et aux modalités d’accès sur zones lors des
essais, la sécurité du personnel vis-à-vis des risques hydrauliques soit à tout moment assurée.
À l’arrêt des activités du CEP, la surveillance a été adaptée à cette nouvelle situation et
comprend deux volets : le suivi continu d’indicateurs représentatifs de l’évolution du massif
géologique de l’atoll et la réalisation périodique de campagnes complémentaires d’observation de
la géosphère (topographie), offrant une vue plus globale de l’évolution de Mururoa et un état de
celle de Fangataufa. Le suivi continu concerne uniquement l’atoll de Mururoa où les effets des
essais sur le massif ont été les plus importants. Il se justifie par la nécessité de connaître en
temps quasi réel toute évolution pouvant mettre en jeu la sécurité des personnes se trouvant sur
l’atoll. L’atoll de Fangataufa qui est inhabité et où aucun mouvement majeur n’a été mis en évidence,
ne nécessite pas le maintien d’une telle surveillance.
Les effets géomécaniques des essais, les risques et le dispositif de surveillance exposés
ci-après sont décrits dans les publications associées aux expertises internationales de l’AIEA ou
de la Commission géomécanique Internationale. Ce suivi repose sur le système baptisé Telsite
(Télésurveillance du site). Ce système, entièrement automatique, transmet ses résultats de
mesures et diagnostics en Métropole, par liaisons satellite, et ne nécessite, par conséquent, aucun
personnel spécifique sur place.
Le suivi continu de l’évolution géologique du secteur Nord de Mururoa repose sur l’obser-
vation spatiale et temporelle de la sismicité enregistrée par le réseau décrit ci-dessus et sur la
mesure régulière des déformations en profondeur, par des capteurs dits séquentiels en place
dans les secteurs les plus sensibles (Fig. 204) :
• un puits (GEO8B) équipé de 5 paires d'inclinomètres scellés dans le terrain entre 350 et 450 m
de profondeur. Ces appareils détectent les variations d’inclinaison des couches avec une
précision supérieure au millidegré.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:13 Page 337
• six forages inclinés à 30°, 40° ou 45° latéraux (FIL) de plusieurs centaines de mètres de longueur,
munis de câbles ancrés à leur extrémité et équipés chacun de 2 capteurs d'élongation de
dynamiques différentes. Ils permettent, avec une précision supérieure au millimètre, de
suivre le mouvement des différents compartiments du glissement délimités par les failles
subverticales. Ces types de forage sont situés au PK5 (zone Irène), au PK8 (centre de la
zone Camélia) et au PK10 (zone Edith-Françoise).
• quatre balises GPS de géodésie spatiale toutes situées en secteur Nord de Mururoa : au
PK5N (digue Hôtel), PK7N (digue Charlie, point dénommé GPS1), PK10N (digue Kilo) et sur
un pilier situé en zone Jeanne (référence). Elles fournissent automatiquement le mouvement
relatif des différentes parties instables dans les trois directions, par rapport à la référence stable
située en Jeanne. La précision de ces mesures automatiques est de 10 -6, les balises sont donc
capables de détecter un déplacement de 1 mm sur une base de mesure de 1 km.
7 590 000
KILO
FRANÇOISE
GEO10
Océan
CAMELIA
GEO8
7 587 500
CHARLIE 400
Antenne GPS 300
200
Inclinomètres
GEO7 IRENE 100
HOTEL GEO5
Capteur de submersion
Capteur
de force
Ancrage
Carbonates
Chaîne d'inclinomètres
Ancrage
Volcanisme
Géophone tridirectionnel
F IG. 204. - Localisation précise de l’instrumentation de surveillance géomécanique en secteur Nord. Vue en
coupe des principales composantes de cette instrumentation.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:13 Page 338
Cette instrumentation est complétée par trois capteurs de submersion (capteurs de pression)
qui permettraient, en cas d'éboulement suivi de l’arrivée d’une vague sur le platier, de mesurer
l’amplitude des phénomènes hydrauliques et de les comparer aux prévisions effectuées pour
dimensionner les protections.
Un suivi complémentaire global des atolls est réalisé lors de campagnes d’observation
spécifiques. Ces campagnes, organisées à intervalles réguliers, de l’ordre de 5 ans, concernent
essentiellement l’observation de l’évolution de la partie haute des flancs des atolls, assurée
principalement par :
• un suivi des éventuels tassements et mouvement horizontaux locaux, particulièrement en
secteurs Nord-Est et Sud-Est de Mururoa, par l’intermédiaire de campagnes de topographie
par levé GPS ;
• un suivi de la fracturation de surface par des campagnes de photographies aériennes de la
couronne et particulièrement du secteur Nord, avec des prises de vue à basse altitude (1 000
à 1 500 pieds) permettant ensuite de cartographier les fractures sur les photographies.
À cette fin, une surveillance très complète des différents compartiments du milieu naturel des
atolls d’expérimentations est effectuée avec une fréquence de prélèvements ajustée à la très
faible variabilité au cours du temps de l’activité résiduelle des radionucléides encore présents dans
l’environnement.
Les résultats de mesures obtenus durant la dernière décennie indiquent que la fréquence
optimale de prélèvement se situe entre trois et quatre ans pour la réalisation d'un point complet
des différents compartiments de l'environnement. Les modalités du programme annuel actuel
vont bien au-delà de cette fréquence optimale d’échantillonnage.
La surveillance radiologique des différentes composantes naturelles des atolls est complétée
par celle des produits alimentaires consommés en Polynésie française. Cette dernière est aujour-
d’hui réalisée par l’IRSN qui détaille dans un rapport de surveillance annuelle transmis à l’Unscear,
les modalités de prélèvement d’échantillons et les résultats de radioactivité obtenus (cf. Chapitre V).
Le lecteur est invité à consulter ces rapports sur le site internet de cet institut.
• la collecte des aérosols atmosphériques par aspiration d’air au travers d’un filtre. Les filtres,
changés quotidiennement, sont adressés mensuellement en métropole pour analyses ;
• la mesure de la dose intégrée (dosimétrie d’ambiance) à l’aide de dosimètres changés
trimestriellement.
T ABLEAU 78.
Caractéristiques des prélèvements et des échantillons réalisés dans le cadre de la campagne annuelle Turbo.
LAGON
EAUX SOUTERRAINES
EAUX SOUTERRAINES 10 l + 2x50 ml annuelle 13 points lagon 4 points lagon
3 points à terre
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:13 Page 341
Depuis la fin des essais atmosphériques en 1974, la radioactivité d’origine artificielle dans
l'environnement n'a cessé de décroître pour atteindre des niveaux d’activité très faibles, uniquement
quantifiables en utilisant les techniques les plus performantes disponibles dans les laboratoires
de mesure. C’est pourquoi les échantillons de la biosphère et de la géosphère sont rapportés en
métropole pour y être analysés et exploités par les laboratoires de la DAM qui ont développé des
compétences spécifiques et disposent d’équipements performants permettant la mesure des
radionucléides présents à l’état de traces dans l’environnement. Ces laboratoires de mesure sont
accrédités par le Comité français d’accréditation (Cofrac) et agréés par les ministères en charge
de l’industrie, de la santé et de l’environnement pour réaliser des mesures de radioactivité sur des
échantillons de l’environnement.
L’ensemble des échantillons font l’objet d’une mesure des radionucléides émetteurs
gamma par spectrométrie gamma directe. L’analyse directe de l’activité du tritium et celles du
90 Sr et des isotopes du plutonium après radiochimie sont réalisées sur une sélection d’échantillons
(Tableau 79).
T ABLEAU 79.
Radionucléides recherchés en fonction de la nature des échantillons
prélevés dans le cadre de la surveillance continue et au cours de la campagne annuelle Turbo.
L’ensemble des résultats de mesures font l’objet d’un rapport annuel de surveillance radio-
logique spécifique des anciens atolls d’expérimentations. Ce rapport est présenté chaque année
par le DSCEN devant l’autorité de sûreté (DSND) et analysé par les membres de la C3S.
Depuis la fin des essais souterrains en 1996, aucune augmentation de la radioactivité
d’origine artificielle n'a été détectée dans les échantillons prélevés dans les différentes compo-
santes de l'environnement des deux atolls de Mururoa et Fangataufa.
VII.5 - CONCLUSION
Les opérations d'assainissement d'installation et de remédiation de sol ont été entreprises
lorsqu'elles étaient justifiées par des risques d'expositions radiologiques du personnel en poste
sur les sites d’expérimentations. Les actions les plus importantes ont été menées pendant la période
d’exploitation des sites. Pour l’atoll de Mururoa, elles ont concerné l’assainissement de la zone Faucon
à la suite de la retombée de l'essai Parthénope, le nettoyage des zones du secteur Nord utilisées
pour les expériences Arpège et pour les essais de sécurité, la récupération des particules marquées
par le plutonium dispersées sur les plages de Mururoa, l’assainissement et le démantèlement de
l’installation Meknès. Pour l’atoll de Fangataufa, elles ont concerné la décontamination du PEE
Empereur à la suite des retombées de l'essai Rigel.
Lors de la clôture définitive du CEP, afin de remettre les sites d’expérimentations dans
un état aussi proche que techniquement possible de leur état d’origine, des opérations complé-
mentaires d'assainissement radiologique ont été réalisées lors du démantèlement des installations
ayant contenu des substances radioactives, afin de les libérer des contraintes radiologiques
dans le futur. Ainsi, l’assainissement de la radioactivité résiduelle a porté sur les installations à
caractère nucléaire, à savoir : la station de décontamination, le bâtiment de traitement des solides
et les locaux du laboratoire de mesure de la radioactivité. De même, un contrôle radiologique a été
réalisé sur toutes les barges opérationnelles, les apparaux de mouillage et les matériels de forage
avant cession et, d’une manière générale, sur tous les matériels en place dans les installations à
caractère nucléaire comme celles utilisées pour le stockage des sources radioactives, les laboratoires
de radiobiologie, de mesures de radioactivité, etc.
Les déchets radioactifs générés par ces assainissements ont fait l'objet d'une gestion
adaptée à leurs niveaux d'activité et à la situation du site, en conformité avec les pratiques autorisées
par la réglementation au moment de leur élimination. Ainsi, en fonction de leur niveau d’activité
les déchets ont fait l’objet de conditionnements, d’entreposage et de stockage spécifiques. Les
immersions de déchets radioactifs ont été réalisées en suivant les prescriptions en vigueur à la
date d’immersion édictées par l’AIEA pour le compte de la Convention sur la prévention de la
pollution des mers résultant de l’immersion des déchets. Les valeurs des activités totales en
alpha et bêta-gamma, comparées à celles des limites préconisées par l'AIEA, montrent que les
déchets radioactifs étaient individuellement peu contaminés. Le niveau élevé du tonnage immergé est
dû à l’importance des masses des équipements immergés ainsi qu’aux matériaux de conditionnement.
En effet, la masse du béton utilisé pour les coques des viroles et comme matrice pour immobiliser les
déchets dans les conteneurs a été comptabilisée en tant que déchet. En complément, des
déchets contenant des radionucléides émetteurs alpha, conditionnés dans des fûts et des viroles
ou en vrac, ont été stockés dans deux puits, PS1 et PS3, situés dans le secteur Nord de l’atoll
de Mururoa. De plus, la partie supérieure de 25 puits situés sur la couronne terrestre de l’atoll de
Mururoa ont été obturés, à partir de 1981, à l’aide des matériaux contaminés à des niveaux
d’activités inférieurs aux limites imposant leur stockage dans les puits PS1 et PS3.
Chap. 7VF-06.12.06.QXD:Chapitre 7 12/01/07 12:13 Page 343
VII.6 - BIBLIOGRAPHIE
AGENCE INTERNATIONALE POUR L’ENERGIE ATOMIQUE (1999). - Inventory of Radioactive Waste Disposals at Sea. IAEA TECDOC Series
No. 1105.AIEA, Vienne, Autriche.
AGENCE INTERNATIONALE POUR L’ENERGIE ATOMIQUE (1998). - Radiological Characterization of Shut Down Nuclear Reactors for
Decommissioning Purposes. Technical Reports Series No. 389. AIEA, Vienne, Autriche.
AGENCE INTERNATIONALE POUR L’ENERGIE ATOMIQUE (1998). - Situation radiologique sur les atolls de Mururoa et de Fangataufa:
Rapport Principal. Radiological Assessment Reports. AIEA, Vienne, Autriche.
AGENCE INTERNATIONALE POUR L’ENERGIE ATOMIQUE (1998). - Situation radiologique sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, AIEA,
Vienne, Autriche.
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Annexe 1VF-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:13 Page 347
ANNEXE 1
Radionucléides et rayonnements
Cette annexe présente les notions de base sur la radioactivité, les rayonnements et les
réactions en chaîne mises en jeu lors de l’essai d’explosion d'un engin nucléaire.
Un même élément chimique peut avoir un nombre de neutrons (N) différent, donc des
masses atomiques différentes qui correspondent aux différents isotopes de l'élément. Les isotopes
d’un élément ont les mêmes propriétés chimiques puisque celles-ci sont déterminées par le nombre
d'électrons. En revanche, ils n'ont pas les mêmes propriétés physiques car leur masse est différente.
L'activité d'un radionucléide présent dans une substance radioactive décroît avec le
temps, suivant une loi exponentielle. La période physique d'un radionucléide est le temps
nécessaire pour que l'activité diminue de moitié du fait de la décroissance radioactive. Elle est
constante pour chaque radionucléide.
La période du 239 Pu est de 24 110 ans, celle du 137 Cs de 30,15 ans, du tritium de 12,35
ans, du 140 Ba de 12,765 jours. Pour les isotopes d'un même élément les périodes peuvent être
très différentes, comme dans le cas de l’iode : 1,57 10 7 ans pour 129 I, 8 jours pour 131 I, 4,18
jours pour 124 I, 20,8 heures pour 133 I, 13,21 heures pour 123 I, 6,55 heures pour 135 I, 2,30 heures
pour 132 I.
Par analogie avec la période radioactive, la période biologique est le temps nécessaire à
un organisme vivant pour éliminer, par des processus biologiques, la moitié de la quantité d'un
radionucléide contenu dans ses tissus.
La période effective est la combinaison des périodes radioactive et biologique. Elle permet
d'apprécier la vitesse globale à laquelle la quantité de matière radioactive présente dans un
organisme diminue. La notion de période effective est également utilisée pour traduire la
décroissance observée de l'activité des eaux de mer, intégrant la vitesse de décroissance des
radionucléides due aux processus de dispersion et de diffusion ainsi que leur transfert aux
sédiments, ainsi que la décroissance due à leur période radioactive.
Annexe 1VF-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:13 Page 349
Tous les noyaux connus peuvent être classés dans un graphique, appelé diagramme de
Segré, représentant le nombre de neutrons N en fonction du nombre de protons Z (Fig. 205).
Quatre zones sont classiquement distinguées :
Suite à la transformation d'un neutron en proton, les noyaux instables ayant des neutrons
en excès peuvent émettre un électron de charge négative, appelé particule bêta. Cette désintégration
modifie le nombre de protons Z, faisant passer le numéro atomique de l'atome à Z+1, caractéristique
de l’élément chimique suivant dans la classification périodique de Mendeleïev.
Annexe 1VF-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:13 Page 350
9
(4,47.10 ans)
238 234 5
(2,45.10 ans)
U U
β−
α α
234
4,2 Mev
β−
Pa 4,8 Mev
(1,17 min)
234 230 (7,53.104 ans)
Th Th
(24,1 jours)
α
4,7 Mev
Lorsqu’un noyau est instable par excès de protons, l’un d’eux peut se transformer en
neutron par émission d'une particule bêta, chargée positivement, appelée positon. Le nombre de
protons du noyau est donc réduit d'une unité. Il devient, par conséquent, le noyau de l'élément
de numéro atomique Z-1. La durée de vie d’un positon est très courte car, lorsqu'il rencontre
un électron, tous deux s'annihilent pour donner de l'énergie sous forme d'un rayonnement
électromagnétique gamma.
Particules α
Particules β- : électrons
Rayonnements X et γ
Neutrons
F IG. 207. - Pouvoir de pénétration des rayonnements ionisants (voir explications dans le texte ci-dessus).
Annexe 1VF-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:13 Page 352
Les rayons électromagnétiques, tels que les rayons X et gamma, ont un pouvoir de
pénétration important, fonction de leur énergie. Ils peuvent traverser plusieurs dizaines de centi-
mètres de tissus d'un organisme vivant. Une importante épaisseur de béton ou de plomb permet
de s’en protéger.
La fission s'applique à des noyaux lourds, de nombre atomique élevé, tels que le 235 U et
le 239 Pu.Lorsqu'un neutron libre pénètre dans un noyau d'atome fissile, celui-ci se divise en
noyaux plus légers, en émettant des particules β et des neutrons libres, et en donnant naissance
à un rayonnement électromagnétique γ (constitué de photons) très énergétique. Les particules α
correspondent à la radioactivité spontanée de la matière fissile. Les deux ou trois neutrons
éjectés au cours d’une désintégration sont en mesure de produire la fission de nouveaux noyaux
et de déclencher ainsi une réaction en chaîne. Néanmoins, tous les neutrons produits ne provoquent
pas de nouvelles réactions de fission, soit parce qu'ils traversent la matière sans interagir avec les
noyaux de la matière fissile, soit parce qu'ils interviennent dans d'autres réactions.
Pour que la réaction en chaîne puisse se développer, il faut une masse de matière fissile
supérieure à une valeur minimale appelée masse critique, de telle sorte que le nombre de neutrons
produits ne puissent pas s'échapper de cette masse plus vite que le nombre de neutrons générés
lors des fissions. La fission de tous les noyaux présents dans un kilogramme d'uranium-235
délivre une énergie équivalente à 14,5 kilotonnes de TNT. Les neuf dixièmes de cette énergie sont
émis dans un temps de l'ordre de 10 nanosecondes.
La fusion nucléaire se produit lorsque deux noyaux d'atomes légers s'unissent pour former
un atome plus lourd. Cette réaction provoque l’émission d'énergie et l’éjection d’un neutron. Les
atomes légers qui fusionnent sont en général le deutérium et le tritium, tous deux isotopes de
l'hydrogène. La réaction de fusion n'est initiée que si les noyaux légers possèdent une énergie
importante qui les rapproche. Dans les explosions thermonucléaires, cette énergie est fournie aux
éléments légers par des réactions de fission. La fusion de tous les noyaux présents dans 1 kilo-
gramme de mélange deutérium-tritium dégage une quantité d'énergie correspondant à 81 kilo-
tonnes de TNT.
Une explosion nucléaire libère donc, en un temps très court, une quantité considérable
d’énergie qui trouve son origine dans les réactions de fission de noyaux lourds, de numéro
atomique élevé, 235 U ou 239 Pu, réactions pouvant être stimulées par la fusion de noyaux légers
d’isotopes de l’hydrogène, deutérium et tritium, lors du processus thermonucléaire.
Annexe. 2VF-07.12.06.QXD:Annexe 28/12/06 14:16 Page 353
ANNEXE 2
ESSAIS ATMOSPHÉRIQUES
Report en jour
Date et heure Énergie météo (M)
Nom de l'essai Lieu Mode Altitude
(TU) totale technique (T)
1966
02/07 - 15 h 34 ALDÉBARAN Mururoa Dindon Sur barge 10 m 28 kT 1 (T)
19/07 - 15 h 05 TAMOURÉ 85 km Est Mururoa Largage avion 1 000 m 50 kT 6 (M)
21/07 - 12 h 00 GANYMÈDE1 Mururoa Colette Sur tour 12 m 0 kT -
11/09 - 17 h 30 BÉTELGEUSE Mururoa Denise Sous ballon 470 m 110 kT 1 (M)
24/09 - 17 h 00 RIGEL Fangataufa Frégate Sur barge 3m 125 kT 10 (M)
04/10 - 21 h 00 SIRIUS Mururoa Dindon Sur barge 10 m 205 kT 2 (M)
1967
05/06 - 19 h 00 ALTAÏR Mururoa Denise Sous ballon 295 m 15 kT 4 (M)
27/06 - 18 h 30 ANTARÈS Mururoa Dindon Sous ballon 340 m 120 kT 19 (T)
02/07 - 17 h 30 ARCTURUS Mururoa Denise Sur barge 3m 22 kT -
1968
07/07 - 22 h 00 CAPELLA Mururoa Denise Sous ballon 463 m 115 kT 2 (M)
15/07 - 19 h 00 CASTOR Mururoa Dindon Sous ballon 650 m 450 kT -
03/08 - 21 h 00 POLLUX Mururoa Denise Sous ballon 490 m 150 kT -
24/08 - 18 h 30 CANOPUS Fangataufa Frégate Sous ballon 520 m 2,6 MT -
08/09 - 19 h 00 PROCYON Mururoa Dindon Sous ballon 700 m 1,28 MT -
1970
15/05 - 18 h 00 ANDROMÈDE Mururoa Denise Sous ballon 220 m 13 kT -
22/05 - 18 h 30 CASSIOPÉE Mururoa Dindon Sous ballon 500 m 224 kT 2 (M)
30/05 - 18 h 00 DRAGON Fangataufa Frégate Sous ballon 500 m 945 kT 3 (M)
24/06 - 18 h 30 ERIDAN Mururoa Denise Sous ballon 220 m 12 kT -
03/07 - 18 h 30 LICORNE Mururoa Dindon Sous ballon 500 m 914 kT -
27/07 - 19 h 00 PÉGASE Mururoa Denise Sous ballon 220 m 0,05 kT 1 (M)
02/08 - 19 h 00 ORION Fangataufa Frégate Sous ballon 400 m 72 kT 2 (M)
06/08 - 19 h 00 TOUCAN Mururoa Dindon Sous ballon 500 m 594 kT -
1 : Essais de sécurité.
Annexe. 2VF-07.12.06.QXD:Annexe 28/12/06 14:16 Page 354
ESSAIS ATMOSPHÉRIQUES
Report en jour
Date et heure Énergie météo (M)
Nom de l'essai Lieu Mode Altitude
(TU) totale technique (T)
1971
05/06 - 19 h 15 DIONÉ Mururoa Denise Sous ballon 275 m 34 kT -
12/06 - 19 h 15 ENCELADE Mururoa Dindon Sous ballon 450 m 440 kT 2 (M)
04/07 - 21 h 30 JAPET Mururoa Denise Sous ballon 230 m 9 kT -
08/08 - 18 h 30 PHOEBÉ Mururoa Denise Sous ballon 230 m 4 kT 3 (M)
14/08 - 19 h 00 RHÉA Mururoa Dindon Sous ballon 480 m 955 kT 1 (M)
1972
25/06 - 19 h 00 UMBRIEL Mururoa Denise Sous ballon 230 m 0,5 kT 3 (M) + 1 (T)
30/06 - 18 h 30 TITANIA Mururoa Dindon Sous ballon 220 m 4 kT 5 (M)
27/07 - 18 h 40 OBÉRON Mururoa Dindon Sous ballon 220 m 6 kT 7 (M)
31/07 - 22 h 30 ARIEL1 Mururoa Colette Sur tour 10 m 0,001 kT 1 (M)
1973
21/07 - 18 h 00 EUTERPE Mururoa Dindon Sous ballon 220 m 11 kT 2 (M)
28/07 - 23 h 06 MELPOMÈNE Mururoa Denise Sous ballon 270 m 0,05 kT 3 (M)
18/08 - 18 h 15 PALLAS Mururoa Denise Sous ballon 270 m 4 kT -2 (avancé)
24/08 - 18 h 00 PARTHÉNOPE Mururoa Dindon Sous ballon 220 m 0,2 kT -1 (avancé)
28/08 - 18 h 30 TAMARA 26 km Ouest Mururoa Largage avion 250 m 6 kT -
13/09 - 15 h 42 VESTA1 Mururoa Colette Sur tour 4,1 m 0 kT -
1974
16/06 - 17 h 30 CAPRICORNE Mururoa Dindon Sous ballon 220 m 4 kT 1 (M)
01/07 - 17 h 30 BÉLIER1 Mururoa Colette Sur tour 5,6 m 0 kT 21 (M)
07/07 - 23 h 15 GÉMEAUX Mururoa Dindon Sous ballon 312 m 150 kT -
17/07 - 17 h 00 CENTAURE Mururoa Denise Sous ballon 270 m 4 kT 15 (M)
25/07 - 17 h 30 MAQUIS 17 km O-S-O Mururoa Largage avion 250 m 8 kT 1 (M)
28/07 - 17 h 30 PERSÉE1 Mururoa Colette Sur tour 5,6 m 0,001 kT -
14/08 - 00 h 30 SCORPION Mururoa Dindon Sous ballon 312 m 96 kT 16 (M)
24/08 - 23 h 45 TAUREAU Mururoa Denise Sous ballon 270 m 14 kT -
14/09 - 23 h 30 VERSEAU Mururoa Dindon Sous ballon 433 m 332 kT 4 (M)
ESSAIS SOUTERRAINS
Date et heure Mode Catégorie
Nom de l'essai Lieu
(TU) expérimental d'énergie1
1975
05/06 - 18 h 15 ACHILLE Fangataufa Puits sous couronne récifale A
26/11 - 00 h 48 HECTOR Fangataufa Puits sous couronne récifale B
1976
03/04 - 17 h 07 PATROCLE Mururoa Puits sous couronne récifale A
11/07 - 00 h 30 MÉNÉLAS Mururoa Puits sous couronne récifale B
22/07 - 19 h 00 CALYPSO Mururoa Puits sous couronne récifale S
30/10 - 23 h 00 ULYSSE A Mururoa Puits sous couronne récifale A
05/12 - 23 h 00 ASTYANAX Mururoa Puits sous couronne récifale A
1977
19/02 - 23 h 30 ULYSSE B Mururoa Puits sous couronne récifale B
19/03 - 23 h 01 NESTOR Mururoa Puits sous couronne récifale C
02/04 - 23 h 30 OEDIPE Mururoa Puits sous couronne récifale A
28/06 - 18 h 15 ANDROMAQUE Mururoa Puits sous couronne récifale S
06/07 - 23 h 00 AJAX Mururoa Puits sous couronne récifale B
12/07 - 23 h 00 CLYTEMNESTRE Mururoa Puits sous couronne récifale S
12/11 - 01 h 30 ORESTE Mururoa Puits sous couronne récifale A
24/11 - 17 h 00 ÉNÉE Mururoa Puits sous couronne récifale C
17/12 - 22 h 00 LAOCOON Mururoa Puits sous couronne récifale A
1978
27/02 - 23 h 00 POLYPHÈME Mururoa Puits sous couronne récifale A
22/03 - 17 h 30 PYLADE Mururoa Puits sous couronne récifale A
25/03 - 17 h 30 HÉCUBE Mururoa Puits sous couronne récifale A
01/07 - 17 h 00 XANTHOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
19/07 - 18 h 00 ARÈS Mururoa Puits sous couronne récifale B
26/07 - 23 h 00 IDOMÉNÉE Mururoa Puits sous couronne récifale A
02/11 - 18 h 00 SCHÉDIOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
14/11 - 18 h 00 APHRODITE Mururoa Puits sous couronne récifale S
30/11 - 17 h 32 PRIAM Mururoa Puits sous couronne récifale C
17/12 - 18 h 04 ÉTÉOCLE Mururoa Puits sous couronne récifale A
19/12 - 16 h 57 EUMÉE Mururoa Puits sous couronne récifale B
1979
01/03 - 17 h 24 PENTHÉSILÉE Mururoa Puits sous couronne récifale B
09/03 - 16 h 37 PHILOCTÈTE Mururoa Puits sous couronne récifale B
24/03 - 16 h 28 AGAPÉNOR Mururoa Puits sous couronne récifale B
04/04 - 18 h 07 POLYDORE Mururoa Puits sous couronne récifale B
18/06 - 23 h 27 PYRRHOS Mururoa Puits sous couronne récifale B
29/06 - 18 h 56 ÉGISTHE Mururoa Puits sous couronne récifale C
25/07 - 17 h 57 TYDÉE Mururoa Puits sous couronne récifale C
28/07 - 19 h 56 PALAMÈDE Mururoa Puits sous couronne récifale A
19/11 - 17 h 53 CHRYSOTÉMIS Mururoa Puits sous couronne récifale A
22/11 - 19 h 14 ATRÉE Mururoa Puits sous couronne récifale A
A : < 5 kT
1 : Les catégories d'énergie pour les essais souterrains sont les suivantes :
B : 5 à 20 kT
S : Essais de sécurité C : 20 à 150 kT
Annexe. 2VF-07.12.06.QXD:Annexe 28/12/06 14:16 Page 356
ESSAIS SOUTERRAINS
Date et heure Mode Catégorie
Nom de l'essai Lieu
(TU) expérimental d'énergie1
1980
23/02 - 18 h 03 THYESTE Mururoa Puits sous couronne récifale A
03/03 - 17 h 56 ADRASTE Mururoa Puits sous couronne récifale A
23/03 - 19 h 37 THÉSÉE Mururoa Puits sous couronne récifale C
01/04 - 19 h 31 BOROS Mururoa Puits sous couronne récifale B
04/04 - 18 h 33 PÉLOPS Mururoa Puits sous couronne récifale B
16/06 - 18 h 27 EURYPLE Mururoa Puits sous couronne récifale C
21/06 - 17 h 01 ILUS Mururoa Puits sous couronne récifale B
06/07 - 17 h 27 CHRYSÈS Mururoa Puits sous couronne récifale B
09/07 - 18 h 03 LÉDA Mururoa Puits sous couronne récifale S
19/07 - 23 h 47 ASIOS Mururoa Puits sous couronne récifale C
25/11 - 17 h 53 LAËRTE Mururoa Puits sous couronne récifale A
03/12 - 17 h 33 DIOMÈDE Mururoa Puits sous couronne récifale C
1981
27/02 - 23 h 28 BROTÉAS Mururoa Puits sous couronne récifale A
06/03 - 17 h 27 TYRO Mururoa Puits sous couronne récifale A
28/03 - 17 h 23 IPHICLÈS Mururoa Puits sous couronne récifale B
10/04 - 17 h 57 CLYMÈNE Mururoa Puits sous lagon B
08/07 - 22 h 23 LYNCÉE Mururoa Puits sous couronne récifale B
11/07 - 17 h 17 ERYX Mururoa Puits sous couronne récifale A
18/07 - 17 h 43 THÉRAS Mururoa Puits sous couronne récifale A
03/08 - 18 h 33 AGÉNOR Mururoa Puits sous couronne récifale C
06/11 - 17 h 03 LÉTO Mururoa Puits sous couronne récifale A
11/11 - 17 h 07 PROCLÈS Mururoa Puits sous couronne récifale B
05/12 - 16 h 58 CILIX Mururoa Puits sous couronne récifale B
08/12 - 16 h 47 CADMOS Mururoa Puits sous lagon B
1982
20/02 - 17 h 33 AÉROPE Mururoa Puits sous couronne récifale A
24/02 - 18 h 15 DÉIPHOBE Mururoa Puits sous couronne récifale A
20/03 - 17 h 03 RHÉSOS Mururoa Puits sous lagon B
23/03 - 17 h 07 ÉVÉNOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
31/03 - 16 h 30 AÉSON Mururoa Puits sous couronne récifale S
27/06 - 17 h 00 LAODICE Mururoa Puits sous couronne récifale A
01/07 - 17 h 02 ANTILOKOS Mururoa Puits sous couronne récifale C
21/07 - 17 h 13 PITANE Mururoa Puits sous couronne récifale A
25/07 - 18 h 02 LAIOS Mururoa Puits sous lagon C
27/11 - 17 h 02 PROCRIS Mururoa Puits sous couronne récifale A
1983
19/04 - 18 h 53 EURYTOS Mururoa Puits sous lagon C
25/04 - 17 h 33 AUTOMÉDON Mururoa Puits sous couronne récifale A
25/05 - 17 h 31 CINYRAS Mururoa Puits sous lagon C
18/06 - 17 h 31 BURISIS Mururoa Puits sous couronne récifale A
28/06 - 17 h 46 OXYLOS Mururoa Puits sous lagon B
20/07 - 20 h 30 BATTOS Mururoa Puits sous couronne récifale B
04/08 - 17 h 14 CARNABON Mururoa Puits sous lagon C
03/12 - 16 h 58 LINOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
07/12 - 17 h 28 GYGÈS Mururoa Puits sous lagon B
A : < 5 kT
1 : Les catégories d'énergie pour les essais souterrains sont les suivantes :
B : 5 à 20 kT
S : Essais de sécurité C : 20 à 150 kT
Annexe. 2VF-07.12.06.QXD:Annexe 28/12/06 14:16 Page 357
ESSAIS SOUTERRAINS
Date et heure Mode Catégorie
Nom de l'essai Lieu
(TU) expérimental d'énergie1
1984
08/05 - 17 h 26 DÉMOPHON Mururoa Puits sous couronne récifale A
12/05 - 17 h 31 MIDAS Mururoa Puits sous lagon C
12/06 - 17 h 16 ARISTÉE Mururoa Puits sous couronne récifale B
16/06 - 17 h 44 ÉCHÉMOS Mururoa Puits sous lagon C
27/10 - 17 h 16 MACHAON Mururoa Puits sous couronne récifale B
02/11 - 20 h 45 ACASTE Mururoa Puits sous lagon C
01/12 - 16 h 51 MILÉTOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
06/12 - 17 h 29 MEMNON Mururoa Puits sous lagon C
1985
30/04 - 17 h 29 CERCYON Mururoa Puits sous couronne récifale B
08/05 - 20 h 28 NISOS Mururoa Puits sous lagon C
03/06 - 17 h 30 TALAOS Mururoa Puits sous couronne récifale B
07/06 - 17 h 40 ERGINOS Mururoa Puits sous lagon B
24/10 - 17 h 50 HÉRO Mururoa Puits sous couronne récifale A
26/10 - 16 h 35 CODROS Mururoa Puits sous lagon C
24/11 - 16 h 01 ZÉTÈS Mururoa Puits sous couronne récifale B
26/11 - 17 h 42 MÉGARÉE Mururoa Puits sous lagon C
1986
26/04 - 17 h 02 HYLLOS Mururoa Puits sous couronne récifale B
06/05 - 16 h 58 CÉTO Mururoa Puits sous couronne récifale A
27/05 - 17 h 15 STHÉNÉLOS Mururoa Puits sous couronne récifale B
30/05 - 17 h 25 GALATÉE Mururoa Puits sous lagon C
10/11 - 16 h 58 HÉSIONE Mururoa Puits sous couronne récifale A
12/11 - 17 h 02 NAUPLIOS Mururoa Puits sous lagon B
06/12 - 17 h 10 PÉNÉLÉOS Mururoa Puits sous couronne récifale A
10/12 - 17 h 15 CIRCÉ Mururoa Puits sous lagon C
1987
05/05 - 16 h 58 JOCASTE Mururoa Puits sous lagon B
20/05 - 17 h 05 LYCOMÈDE Mururoa Puits sous lagon C
06/06 - 18 h 00 DIRCÉ Mururoa Puits sous lagon B
21/06 - 17 h 55 IPHITOS Mururoa Puits sous lagon C
23/10 - 16 h 50 HÉLÉNOS Mururoa Puits sous lagon C
05/11 - 17 h 30 PASIPHAÉ Mururoa Puits sous lagon B
19/11 - 16 h 31 PELÉE Mururoa Puits sous lagon C
29/11 - 17 h 59 DANAÉ Mururoa Puits sous lagon B
1988
11/05 - 17 h 00 NÉLÉE Mururoa Puits sous lagon C
25/05 - 17 h 01 NIOBÉ Mururoa Puits sous lagon C
16/06 - 17 h 15 ANTIGONE Mururoa Puits sous lagon A
23/06 - 17 h 31 DEJANIRE Mururoa Puits sous lagon B
25/10 - 17 h 00 ACRISIOS Mururoa Puits sous lagon A
05/11 - 16 h 30 THRASYMÈDES Mururoa Puits sous lagon C
23/11 - 17 h 01 PHÈRES Mururoa Puits sous lagon C
30/11 - 17 h 55 CYCNOS Fangataufa Puits sous lagon C
A : < 5 kT
1 : Les catégories d'énergie pour les essais souterrains sont les suivantes :
B : 5 à 20 kT
S : Essais de sécurité C : 20 à 150 kT
Annexe. 2VF-07.12.06.QXD:Annexe 28/12/06 14:16 Page 358
ESSAIS SOUTERRAINS
Date et heure Mode Catégorie
Nom de l'essai Lieu
(TU) expérimental d'énergie1
1989
11/05 - 16 h 45 ÉPÉIOS Mururoa Puits sous lagon B
20/05 - 17 h 59 TECMESSA Mururoa Puits sous lagon A
03/06 - 17 h 30 NYCTÉE Mururoa Puits sous lagon C
10/06 - 17 h 30 CYZICOS Fangataufa Puits sous lagon C
24/10 - 16 h 30 HYPSIPYLE Mururoa Puits sous lagon C
31/10 - 16 h 57 ÉRIGONE Mururoa Puits sous lagon B
20/11 - 17 h 29 TROS Mururoa Puits sous lagon B
25/11 - 18 h 00 DAUNUS Mururoa Puits sous couronne récifale S
27/11 - 17 h 00 LYCOS Fangataufa Puits sous lagon C
1990
02/06 - 17 h 30 TÉLÈPHE Mururoa Puits sous lagon B
07/06 - 17 h 30 MÉGAPENTHÈS Mururoa Puits sous lagon B
26/06 - 18 h 00 CYPSÉLOS Fangataufa Puits sous lagon C
04/07 - 18 h 00 ANTICLÉE Mururoa Puits sous lagon B
14/11 - 18 h 12 HYRTACOS Fangataufa Puits sous lagon C
21/11 - 17 h 00 THOAS Mururoa Puits sous lagon C
1991
07/05 - 17 h 00 MÉLANIPPE Mururoa Puits sous lagon A
18/05 - 17 h 15 ALCINOOS Mururoa Puits sous lagon C
29/05 - 19 h 00 PÉRICLYMÉNOS Fangataufa Puits sous lagon C
14/06 - 18 h 00 PITTHÉE Mururoa Puits sous lagon C
05/07 - 18 h 00 CORONIS Mururoa Puits sous lagon A
15/07 - 18 h 10 LYCURGUE Mururoa Puits sous lagon C
1995
05/09 - 21 h 30 THÉTYS Mururoa Puits sous lagon B
01/10 - 23 h 30 PLOUTOS Fangataufa Puits sous lagon C
27/10 - 22 h 00 AEPYTOS Mururoa Puits sous lagon C
21/11 - 21 h 30 PHÉGÉE Mururoa Puits sous lagon C
27/12 - 21 h 30 THÉMISTO Mururoa Puits sous lagon C
1996
27/01 - 21 h 30 XOUTHOS Fangataufa Puits sous lagon C
A : < 5 kT
1 : Les catégories d'énergie pour les essais souterrains sont les suivantes :
B : 5 à 20 kT
C : 20 à 150 kT
S : Essais de sécurité.
ANNEXE 3
Essais atmosphériques
De 1966 à 1996, 193 expérimentations nucléaires ont été effectuées au Centre d’expéri-
mentation du Pacifique, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. 178 essais nucléaires ont
consisté à faire exploser un engin nucléaire, avec libération d’une grande quantité d’énergie. Les
15 autres étaient des essais de sécurité.
Entre juillet 1966 et septembre 1974, 41 essais nucléaires ont été réalisés dans l’atmo-
sphère et, entre juin 1975 et janvier 1996, 137 ont été effectués en grande profondeur, dans le
massif géologique des atolls (cf. Chapitre IV).
L’énergie libérée par une explosion se mesure en kilotonnes (kt) d’équivalent trinitro toluène
(TNT). L’ensemble des essais effectués sur le site du CEP a été d’environ 13 000 kt, 10 000 kt pour
les essais atmosphériques et environ 3 000 kt pour les essais souterrains.
Les essais nucléaires français représentent donc 3,6 % de l’énergie de fission et 2,3 % de
l’énergie totale de tous les essais réalisés par l’ensemble des pays dotés d’armements nucléaires.
T ABLEAU 80.
Récapitulatif de la répartition des types d’essais nucléaires et de sécurité effectués au CEP.
La France a également pratiqué, comme les autres puissances ayant développé un armement
nucléaire opérationnel à des essais de sécurité destinés à s’assurer que les armes ne s’amorceraient
pas d’elles-mêmes pendant leur transport ou leur stockage et que, dans tous les cas possibles
d’accidents, il ne puisse y avoir de dégagement spontané d’énergie nucléaire. L’objectif techno-
logique ultime est la sûreté intrinsèque de l’arme, la charge est dite alors «auto-sûre». Ces essais
de sécurité ont conduit à la dispersion très localisée d’une fraction de matières nucléaires présentes
dans l’engin. Entre 1966 et 1974, cinq essais de sécurité ont été effectués à l’air libre, à Mururoa,
en zone Colette qui a été assainie par la suite (cf. Chapitre VII).
Entre 1974 et 1989, dix essais de sécurité ont été réalisés en souterrain, trois dans les
formations volcaniques et sept dans celles carbonatées. Trois de ces expériences ont entraîné
un faible dégagement d’énergie résultant de réactions de fission.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 361
CAMPAGNE 1966
Dès la fin du mois de décembre 1964, la météorologie nationale fournissait au SMSR, les
valeurs quotidiennes des vitesses et direction des vents à dix niveaux au-dessus du secteur inté-
ressé par les futurs essais atmosphériques. À partir du 1 er août 1965, elle lui transmettait quoti-
diennement deux séries de données correspondant respectivement à un découpage de
l’atmosphère en dix couches de 1 500 m et 10 autres couches de 2 500 m. Il est rapidement
apparu que les conditions météorologiques permettant de réaliser un essai atmosphérique en toute
sécurité étaient établies 15 jours par mois, entre juin et septembre, avec des séquences de 3 à 6
jours consécutifs. En revanche, l’été austral, de janvier à mai, est apparu peu propice à la réali-
sation des essais avec 1 à 4 jours favorables non consécutifs. Afin de réduire le temps d’attente
d’un créneau météo rologique favorable pour chaque essai, il a été décidé d’organiser la première
campagne d’essais atmosphériques au début du mois de juillet 1966.
Le premier semestre 1966 fut une période d’intense préparation pour terminer l’installation
des atolls d’expérimentations. Dans le même temps, la volonté d’atteindre un niveau de sécurité
maximal pour les populations résidant sur les îles et atolls polynésiens, proches et éloignés des
sites d’expérimentations a conduit à l’installation de nombreux postes de mesures radiologiques et
biologiques dans des atolls dont certains d’accès difficile (cf. Chapitre III). Dès le début de l’année,
tous les moyens d’accueil des expérimentateurs étaient en place : bateaux bases, liaisons
aériennes journalières inter-insulaires Papeete-Hao-Mururoa, qui ont permis les nombreuses
recettes techniques et le réglage des appareils.
La campagne 1966 a concerné six essais atmosphériques, trois sur barge, un sous ballon,
un par largage d’avion et un essai de sécurité sur tour. Du 11 au 13 juin, l’exercice API a permis
de tester le fonctionnement de l’ensemble du dispositif opérationnel avant que n’ait commencé la
première campagne d’essais au CEP. Celle-ci s’est déroulée en deux phases. La première a débuté
par l’essai de faible puissance sur barge Aldébaran suivi de l’essai d’une arme larguée d’avion aux
abords de Mururoa (Tamouré). La seconde phase a concerné trois essais de moyenne puis-
sance : l’essai Bételgeuse avec, pour la première fois, une explosion en altitude sous ballon pour
réduire les retombées sur les atolls les plus proches des sites d’expérimentations et deux essais
réalisés sur barge, l’un à Fangataufa (Rigel) l’autre à Mururoa (Sirius).
L’avis de zones dangereuses à la navigation maritime et aérienne a été diffusé dès le 15 mai
aux navigateurs et dans les Publications d'informations aéronautiques (AIP). Ces zones ont été
activées par messages AVURNAV et NOTAM six jours avant le premier essai. La navigation
commerciale a respecté ces avis et les pêcheurs Japonais se sont tenus à l’écart de ces zones.
La volonté de protéger les atolls et îles habités de la Polynésie et en particulier les plus
proches des sites d’expérimentations (Tureia-Gambier-Reao) de retombées significatives conduisit à
attendre les conditions météorologiques les plus favorables à la dispersion du nuage radioactif. Les
essais sur barge ont généralement donné lieu à de longues attentes (nommées Pénélope), avant que
les conditions météorologiques soient réunies pour réaliser ces essais qui ont été accompagnés de
retombées locales importantes au niveau du lagon. Malgré les précautions prises, l’archipel des îles
Gambier, a été touché par les retombées de l’essai Aldébaran (cf. Chapitre VI), conduisant à une
exposition de la population à un niveau de l’ordre de grandeur de la dose annuelle maximale
admissible pour les populations (5 mSv), selon la réglementation française en vigueur jusqu’en 2001.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 362
ALDÉBARAN Essai n° 1
Informations météorologiques
Le 1er juillet, les conditions
météorologiques étaient favorables,
avec des vents du sud-ouest faiblissant
en soirée et remontant lentement vers le
nord. Le 2 juillet, après réalisation de
l’essai, l’orientation des vents évoluait
défavorablement, soufflant d’ouest-
nord-ouest.
Au moment de l’essai, la visibilité
était bonne sur la zone.
Déroulement de l’essai
Le nuage s’est élevé verticalement au niveau du point zéro et l’influence du vent est apparue
très nettement à partir de H+6min. Le nuage s’est alors incliné dans le lit du vent pour présenter,
peu à peu, plusieurs parties distinctes dues aux cisaillements des vents. La partie inférieure du
pied est restée visible à la verticale du point zéro, jusqu’à H+15min.
À H+1h, le nuage principal s’étendait sur 65 km, à une altitude moyenne de 6 500 m. Il
était porté par des vents de 20 m.s -1 venant du 280, conditions moyennes mesurées entre 5 000
et 9 000 m d’altitude. La vitesse moyenne des vents au sol atteignait 5 m.s -1 .
N
Giroflée
2 15
Dindon 80
50 100
50 8
Fuchsia
2 15
8
Faucon Iris 0 5km
F IG . 208. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 m au-dessus des eaux de lagon dans le secteur
Ouest de l’atoll de Murruoa à J+2 (vent du sud de 7 m.s -1 ).
Denise
N
7,40
Camélia
Aline 3,70 Tacan Kathie
1,85
Giroflée Anémone
0,74
0,03
Dindon
1,85
3,70
0,74
Viviane Simone
1,85 7,40 Fuchsia Dalhia
Faucon Ara 0 5km
Iris
F IG . 209. - Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux du lagon de Mururoa à J+8 (vent du 120 ;
6 m.s -1 ).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 364
TAMOURÉ Essai n° 2
Informations météorologiques
Le 13 juillet 1966, les vents des basses
couches de la troposphère étaient orientés au nord,
puis au nord-ouest, très à l’avant d’une dépression
qui se dirigeait lentement vers l’est. Les 17 et 18,
une perturbation a atteint l’atoll de Mururoa. Les
conditions météorologiques ont été favorables pendant
quelques heures le 18, en fin de nuit, et le 19, en
matinée. Une couche de stratocumulus était alors
présente vers 1 200 m.
BÉTELGEUSE Essai n° 3
Informations météorologiques
Le 9 septembre, l’atoll de Mururoa se trouvait
à l’avant d’une dépression barométrique liée à une
perturbation dont la partie active se trouvait plus au
sud. Une baisse de la pression localisée au niveau de
l’atoll s’est traduite par une perturbation active se
développant rapidement. Celle-ci est restée stationnaire
une partie de la nuit, son diamètre n’a pas excédé
50 milles nautiques. Les vents d’est à nord-est ont souf-
flé en rafales atteignant 40 nœuds jusqu’à la fin de la
nuit. Le 10 septembre, la perturbation s’est atténuée
en se déplaçant très lentement vers le sud-est, la
dépression barométrique a repris son mouvement
vers l’est et, le 11 septembre au matin, l’ensemble de
la zone englobant le site d’expérimentations se trouvait
dans un régime de sud-ouest, à toutes les altitudes. Le
ciel était nuageux au voisinage du point zéro, mais la
visibilité était bonne.
Denise N
10 H+6
100
Camélia
500 Tacan
Kathie
0,30 1,85
0,74
5,18
Anémone
J+2
Viviane
Simone
0 2,5 km
Dalhia
RIGEL Essai n° 4
Informations météorologiques
Le 21 septembre, les vents étaient
favorables, au-dessus de 8 000 m d’alti-
tude, mais ils soufflaient d’ouest-nord
ouest aux altitudes inférieures, ce qui a
entraîné trois reports successifs de l’essai.
Le 22 septembre, les vents soufflaient
d’ouest-nord-ouest en altitude, mais la
marge de sécurité étant trop faible pour
procéder à l’essai qui a été reporté une 4 e
fois. Le 23 septembre, un régime de
sud-sud-est s’établissait dans les basses couches de l’atmosphère, se renforçait lentement et
gagnait les couches supérieures. Le 24 septembre, ce régime de sud à sud-est, complété par
des vents oscillant autour du secteur ouest au-dessus de 4 000 m, établissait des conditions météo-
rologiques favorables à la réalisation de l’essai. Au moment de l’essai, la nébulosité en stratocu-
mulus et cumulus était encore importante.
Dans les 12 heures qui ont suivi l’essai, les masses d’air ont peu évolué, soumises essen-
tiellement à l’effet diurne, favorisant le maintien en suspension des aérosols par turbulence et leur
dépôt pendant la nuit. Il y a été noté l’absence d’un front cohérent.
20° S
20 h
Tureia
Groupe Matureivavao
10 h 15 h
Actéon Marutea Sud
Mururoa
22° S Maria 5h
1h 3h 3 1
FANGATAUFA 10
300 100
1 000 30
Iles Gambier
0,7 PEE
150 1,5 N Axe de la passe Empereur N
2
120
PEE 5,0
Empereur Pingouin
6,5
0,03 540 Kilo
Kilo 3,5 ,5
Pavillon 18
0,2
Pavillon 8 < 18,5 PEA
0,01 Frégate
PEA
Frégate ,0
0,7 37
non détectable
Hôtel au DGET Fox
4
0,06 Hôtel 44,
> 37,0
0 3km
0 3km
Terme Sud
Terme Sud
F IG . 212. - Débits de dose (mGy.h -1 ) mesurés à 1 m F IG . 213. - Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux de
au-dessus du sol à H+7 par mission héliportée et à lagon à Fangataufa à J+32.
J+15 le 09/10/66 (en italique).
SIRIUS Essai n° 5
Informations météorologiques
Le 4 octobre au matin, la rotation des vents
à l’ouest-sud-ouest était effective à tous les
niveaux. Le vent soufflait du 130 à 9 m.s -1 dans les
basses couches et du 280 à 26 m.s -1 , entre 5 000
et 9 000 m. L’essai a donc été réalisé à 11h,
moment où la situation météorologique favorable
était parfaitement établie.
15,00 30,00 N
12,00 12,00
4,20
Denise Françoise
0 5km
N
Denise
Brigitte 0,070
0,040
Aline
0,004
Giroflée
11,500 Dindon
Hortensia
7
0,00
22,500
15,000 75 Viviane
0
0,0
75
15
3,
7,500
1,
Fuchsia
Faucon Ara
Iris Coucou
0 2,5 km
Eider
CAMPAGNE 1967
À la fin de l’année 1966, la décision a été prise d’effectuer en 1967 une campagne limitée
à trois essais, conduisant à réduire les moyens opérationnels sur zone. Ainsi, pendant les deux
mois de campagne, l’effectif mensuel du CEP a été ramené de 17 000, dont 5 000 pour la force
Alfa en 1966, à 12 400 personnes dont 3 100 personnels directement affectés.
La campagne 1967 a concerné trois essais atmosphériques, deux sous ballon et un sur barge
(Arcturus). Ces trois essais d’engins de faible puissance ont été prévus sur l’atoll de Mururoa les
1 er , 8 et 25 juin, en utilisant la technique du ballon porteur afin de réduire les retombées proches.
Un exercice de répétition a été réalisé du 18 au 21 mai. Les essais ont été reportés aux 5, 25
juin et 2 juillet en raison de l’attente du “courant jet” à l’altitude de 10 000 mètres qui ne s’est
installé solidement que fin juin début juillet et à la suite de la destruction le 23 juin du ballon prévu
pour porter l’engin à tester qui a contraint à réaliser le dernier essai sur barge. Cet essai est le
dernier réalisé avec cette technique au CEP.
L’avis de zone dangereuse maritime a été respecté par tous les bâtiments commerciaux.
La goélette US Machias est restée au voisinage de Tematangi pour des travaux océanographiques, la
zone dangereuse aérienne n’a été traversée que par les appareils Boeing C135 des États-Unis.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 374
ALTAÏR Essai n° 6
Informations météorologiques
Le jour de l’essai, l’anticyclone au sol a été
dévié au nord-nord-est de l’atoll de Mururoa par la
dépression établie au sud du site d’expérimentations.
Cette conjoncture a créé des vents de basses
couches sur l’Est de la Polynésie, tournant du nord-
ouest à l’ouest, en fonction de l’altitude.
1,48
Giroflée 0,74
Giroflée
0,19
Viviane
Viviane
Fuchsia Dahlia Simone
Fuchsia Dahlia Simone
Ara
0 5km Ara
0 5km
F IG . 216. - Débits de dose (mGy.h -1 ) au PEA Denise F IG . 217. - Débits de dose (µGy.h -1 ) au PEA Denise
et activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux du secteur et activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux du secteur
Nord du lagon de Mururoa à H+7. Nord du lagon de Mururoa à J+3 (H+74).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 376
ANTARÈS Essai n° 7
Informations météorologiques
Le 27 juin, le noyau anticyclonique au sol était
très proche au Sud de l’atoll de Mururoa, créant de 0
à 2 000 m des vents tournant du sud-est au nord-est,
puis à l’ouest vers 5 000 m.
N N
Aline Aline
Giroflée Giroflée
0 5km
0 5km
F IG . 218. - Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux du F IG . 219. - Activité volumique (KBq.m -3 ) des eaux
lagon du secteur Ouest de l’atoll de Mururoa à H+7. du lagon du secteur Ouest de l’atoll de Mururoa à
J+4 (H+98).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:37 Page 378
ARCTURUS Essai n° 8
Informations météorologiques
Le 2 juillet, le vent au sol venait du nord-nord-
est (30°), à 6m.s -1 . Entre 5 000 et 9 000 m, il tournait
à l’ouest-sud-ouest (250°) à 15m.s -1 . Sa vitesse
maximale était située à 13 000 m (260°) à 31 m.s -1 .
250,00 (H+1)
N
100,00 (H+1)
100,00 (H+1) 10,00 (H+1)
Denise
0,05 (H+1)
Françoise 0,02 (H+1)
15,00 (H+1) Aline
0,005 (H+1)
Camélia
Tacan 0,18 (H+1)
Kathie
12,00 (H+1) Anémone
0,10 (H+6) Giroflée
Viviane Simone
0,02 (H+6) Dindon Fuchsia
Dahlia
d
au
ch Iris Ara
e
ax
Faucon 0,30 (H+6)
0,35 (H+6) 0 5km
N
Denise
8
6
Dora
Aline Camélia
2 4
1
0,5
1 0,1
Giroflée 2 0,01
4
Viviane
Fuchsia
Dahlia
0 5km
CAMPAGNE 1968
La campagne 1968 a concerné cinq essais atmosphériques, tous réalisés sous ballon.
Cette campagne mettant en oeuvre les premiers essais d’engins mégatonniques testés par la
France a nécessité la prise en compte de précautions supplémentaires en termes de sécurité à la
lumière des enseignements tirés des campagnes précédentes qui avaient montré que :
• les conditions météorologiques les plus favorables à la réalisation des essais débutaient en
juillet,
• les essais réalisés en altitude évitaient que la boule de feu ne vienne interagir avec la surface
de l’eau du lagon (cf. Chapitre II),
• les essais étaient à réaliser par série avec un intervalle minimum de 4 jours entre deux essais
afin de bénéficier du même créneau météorologique favorable,
• les essais de plus fortes puissances ne devaient pas être réalisés en zone Denise pour conserver
la disponibilité du terrain d’aviation.
Les conditions météorologiques les plus favorables ont été attendues par les expérimen -
tateurs pour les essais d’engins mégatonniques. Ainsi, le ballon a été monté à une altitude suffisante
pour garantir, a priori, l’absence d’interaction de la boule de feu avec le lagon afin de limiter des
retombées proches significatives. En effet, le rebond de l’onde de choc sur la surface du lagon
empêchait l’interaction de la boule de feu en fin d’expansion avec les eaux du lagon, limitant ainsi
les risques de retombées proches.
Par précaution, en prévision des essais d’engins mégatonniques, un effort particulier a été fait
pour qu’en cas d’aléas météorologiques la protection des populations des îles habitées suscep-
tibles d’être exposées : Tureia, les îles Gambier, Reao et Pukarua, soit assurée. Les moyens mis en
place pour protéger les populations ont été réexaminés et l’organisation ainsi que les conditions
d’une éventuelle évacuation soigneusement étudiées. De nouveaux abris ont été construits à
Reao et Pukarua dans l’archipel des Gambier en remplacement des hangars gonflables appelés
«tortues». Ils reposaient sur des murs en dur en partie basse pour protéger les occupants d’une
éventuelle irradiation par des dépôts au sol au voisinage de l’abris. Un arrosage en pluie du toit
pouvait être déclenché pour éviter l’accumulation des radionucléides et l’air y était renouvelé après
filtration. Ils ont été conçus afin de pouvoir être éventuellement réutilisés par la population comme
salle de cinéma ou hangar à coprah par exemple.
L’atoll de Tureia disposait, depuis la campagne de 1966, d’abris en béton de taille suffisante
pour abriter l’ensemble de la population et des expérimentateurs en poste sur l’atoll. Par précaution,
les habitants de Tureia, 60 personnes, ont séjourné à Tahiti pour le premier essai de forte puissance.
La présence permanente sur l’atoll, d’une trentaine d’expérimentateurs a justifié le maintien des
mesures de sécurité.
Les essais de forte puissance de cette campagne ont finalement engendré des retombées
troposphériques très faibles.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 382
CAPELLA Essai n° 9
Informations météorologiques
Le 7 juillet, les vents au sol soufflaient de l’est, avec une vitesse de 20 nœuds. Vers 8 000 m,
les vents se dirigeaient vers l’est en se renforçant de 13 à 15 m.s -1 . Au-dessus de 12 000 m,
des vents forts (courant-jet de 36 m.s -1 ) étaient dirigés vers l’est. Une première tropopause était
présente à 12 600 m et une seconde vers 16 300 m.
Denise
N
37,0
Aline
120 à 1000
370,0 100
0 Denise
37,0
Aline Camélia
3,7 b Kathie
Anémone
30 Giroflée
120
30
Viviane
80
Dindon Fuchsia Dahlia
Simone a
120 Ara
Iris 30
Faucon
24 0 0 5km
0
F IG . 222. - a : Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 mètre au-dessus du sol de l’atoll de Mururoa à H+1h30.
b : Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux de surface du secteur Nord du lagon de l’atoll de
Mururoa à J+1.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 384
CASTOR Essai n° 10
Informations météorologiques
Le 15 juillet, les vents, du sol jusqu’à
2 500 m, venaient de l’est, avec une vitesse
faible de 3 à 5 m.s -1 . Vers 3 000 m, ils
tournaient au secteur Sud, puis au sud-
ouest en se renforçant jusqu’à atteindre 26 à
36 m.s -1 à 12 000 m. Aux altitudes supé-
rieures, vers 19 000 m, ils passaient à
l’ouest nord-ouest.
Une tropopause polaire était présente
à 12 500 m et une tropopause tropicale
vers 16 000 m.
PEA
Dindon
< 0,3
185,0
3,7 0,3
37,0
Fuchsia
Faucon Iris Ara
F IG . 223. - Débits de dose (µGy.h -1 ) au PEA Dindon et
activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux de surface du 0 5km
POLLUX Essai n° 11
Informations météorologiques
Le 3 août les vents au sol étaient faibles
et venaient du nord à nord-ouest. Entre 1 500
et 5 000 m d’altitude, ils passaient à l’ouest-
sud-ouest, leur vitesse étant comprise entre 5
et 10 nœuds. Aux altitudes supérieures, vers
14 000 m, des vents de sud-ouest atteignaient 26 m.s -1 . La tropopause tropicale était située vers
16 000 m d’altitude.
0,4 Aline 0
0
Giroflée b
Anémone
Giroflée
Dindon
CANOPUS Essai n° 12
Informations météorologiques
Le 24 août, les vents, du sol jusqu’à 1 500 m d’altitude, venaient du nord-nord-ouest avec
une faible vitesse de 3 à 5 m.s -1. Entre 1 500 et 3 000 m, le vent était faible, d’ouest, tournant
au sud-ouest. De 3 000 m à 19 000 m, les vents du sud-ouest se renforçaient, atteignant 23 m.s -1,
à 15 000 m d’altitude. La tropopause était située à 15 500 m d’altitude.
14 N
Empereur 21
Pingouin
0
Kilo
0
Pavillon
0 40
Frégate
0 100
1 000 4 000
Fox
2 000
3 000
2 000
0
4 000
Echo
0
1 000
Terme
0 2 km
Sud
0
F IG . 225. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1 mètre au-
dessus :
N
• du sol de l’atoll de Fangataufa entre H+2 et Empereur
H+3h30 ;
Pingouin 8,14
• de la surface de l’eau du lagon de Fangataufa
11,47
à H+8h30. 7,40 Kilo
12,95 8,88
10,73
Pavillon
4,81 9,25
10,36
Frégate
9,99
7,03 9,62
12,21
11,10
11,10
Fox
10,36 11,10
10,73
11,10 9,99
10,73 11,10
9,99
5,92
8,14
5,92 Echo
1,29
0 2 km
Terme Sud
PROCYON Essai n° 13
Informations météorologiques
Les vents au sol étaient de secteur
est et de faible vitesse, de 3 à 6 m.s -1.
Ils ont ensuite tourné par le nord pour
s’orienter au sud-ouest. En altitude, de
3 500 m à 13 000 m, les vents de sud-
ouest se sont renforcés pour atteindre
36 m.s -1. De 13 000 m à 20 000 m, les
vents du sud-ouest ont faibli, jusqu’à
atteindre 3 m.s -1 à 20 000 m. La tropo-
pause était située à 15 300 m.
6
N
Giroflée
PEA 160
Dindon
< 0,4
84 0,4
37,0
200 3,7
370,0
Faucon Ara 1
Iris
1 800 0 2,5 km
Giroflée
0,05
0,70
PEA Dindon
3,03
9,25
12,58
7
15,17
1,70
11,10
23,68
0 2,5 km
CAMPAGNE 1970
Aucun essai n’a été programmé en 1969, ce qui a permis d’analyser le détail des résultats
scientifiques et techniques acquis lors de la campagne thermonucléaire de 1968 et de les mettre à
profit pour l’étude et la réalisation de nombreux engins expérimentaux qui ont entraîné une
campagne 1970 particulièrement dense en nombre d’essais. La campagne 1970 a concerné huit
essais atmosphériques, tous sous ballon. L’importance du nombre d’essais a imposé un début de
campagne dès la mi-mai. La maîtrise acquise pour la mise en œuvre des ballons a permis d’être
prêt lorsque les conditions météorologiques étaient favorables. L’absence de porte-avions a conduit
à constituer deux groupes de Super Frelon, l’un sur l’Orage, l’autre sur l’atoll de Tureia pour
récupérer les fusées de collecte des aérosols.
Des modifications rapides des conditions météorologiques ont entraîné une contamination
localisée sur les atolls d’expérimentations à la suite de cinq des huit essais. Le libre accès à certaines
zones de l’atoll de Mururoa a donc dû être différé de quelques jours à une semaine suivant les
essais. L’absence de contamination significative du lagon a permis d’assurer le retour des
bateaux dans le lagon dès l’après-midi de chaque essai et d’abandonner le dispositif de pompage
extérieur pour l’alimentation des bouilleurs des navires.
En Polynésie, les retombées ont été d’un faible niveau. Les couples altitude-énergie retenus
pour la réalisation des essais de cette campagne ont réduit considérablement les risques pour les
habitants des îles riveraines et la navigation maritime. La courbe d’isodose de «10 Gy/h à H+1» n’a
atteint que très rarement les zones situées à plus de soixante milles nautiques du point zéro.
L’évaluation de la dose externe reçue dans l’année par la population des atolls et îles proches des
sites d’expérimentations montre que le maximum a été de l’ordre de quelques pourcents de la dose
maximale admissible annuellement pour les populations (cf. Chapitre VI). Les retombées les plus
significatives ont été observées, après l’essai Dragon, à Tureia (0,12 mSv) et après l’essai
Toucan, à Reao et aux îles Gambier avec respectivement 0,12 et 0,10 mSv, soit environ 2 % de
la dose maximale admissible.
Les expérimentateurs ont été attentifs au risque de contamination des avions commerciaux
susceptibles de rencontrer des masses d’air radioactives à leur altitude de vol. Compte tenu de la
mise en service de Boeing 707 volant à une altitude de 9 000 à 10 000 m, altitude moins favorable
que celle correspondant aux DC6 utilisés précédemment, le risque de contamination des avions
pouvait subsister pendant plusieurs jours. L’appréciation de ce risque était effectuée par une équipe
spécifique du SMSR positionnée au centre de la météorologie de Faaa. Le dispositif a parfaitement
fonctionné et a conduit aux reports de deux essais ainsi qu’à des modifications de l’itinéraire des vols
de la compagnie aérienne Lan Chile dont la ligne Santiago-Île de Pâques-Papeete passait dans la zone
dangereuse aérienne une fois par semaine, dans chaque sens.
ANDROMÈDE Essai n° 14
Informations météorologiques
Le 15 mai, la situation météorologique locale se caractérisait par des vents au sol du sud-
est de faible intensité, de 2 à 4 nœuds. En altitude, les vents passaient successivement du sud-
ouest au nord nord-ouest avec une vitesse de 4 à 12 m.s -1, à 12 m.s -1 du 240 à 6 000 m, à
12 m.s -1 du 270 à 7 000 m, à 9 m.s -1 du 290 à 8 000 m d’altitude. Au moment de l’essai, le ciel
était peu nuageux, la visibilité était bonne. La tropopause était située à 14 700 m d’altitude.
Verticale PEA : 13 N
Denise Radier : 20
Porte : 40
6
4
400
6
4
3 Exter 0
4
0,5
0,01 PEA Mto
Aline Denise 0
b Point 0
Giboulée 0 0 0 0
Aline 20 0,02 Camélia
Kathie
0
0
ire 0
onna PCT
Stati ce 0
Ran Anémone
BSL Giroflée
ge
é Ora 0
Pos h57
11
Dindon
0
0
Viviane
Fuchsia
0 5km
Faucon
Our llage
10h an
40
ag
a
o
déc
F IG . 229. - a : Débits de dose (mGy.h -1) à 1 mètre au-dessus du sol de l’atoll de Mururoa à H+0h40 à
H+1h57 (mission RAD 1).
b : Débits de dose (mGy.h -1) à 1 mètre au-dessus des eaux du lagon du secteur Nord de
l’atoll de Mururoa à H+3h40 à H+7h30 (mission LCPS).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 394
CASSIOPÉE Essai n° 15
Informations météorologiques
Initialement prévu le 20 mai, l’essai
a été différé en raison de mauvaises condi-
tions météorologiques, notamment de fortes
rafales de vent à plus de 40 nœuds dans la
soirée. Le 22 mai, les vents au sol soufflaient
d’est avec des vitesses de 6 à 9 m.s -1. Au-
dessus de 3 000 m d’altitude, ils tournaient
au nord puis, à l’ouest-nord-ouest, et attei-
gnaient 30 m.s -1 entre 9 000 m et 12 000 m,
pour décroître jusqu’à 10 m.s -1 à 16 000 m
d’altitude.
Au moment de l’essai, les conditions
de visibilité étaient médiocres avec de
nombreux grains et un plafond bas. La tropo-
pause était située à une altitude de 14 700 m
d’altitude.
Aline
Giroflée 0
Face AV PEA Aires béton
100 autour du PEA
50 0
0 0 0
PEA Dindon 0 Fuchsia
Recherche du
0 0
maxi tache
6 400
0
Faucon Iris Ara
Figaro Eider
0 2,5 km
6 400
F IG . 230. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 mètre au- F IG . 231. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1 mètre au-
dessus du sol du secteur Ouest de l’atoll de Mururoa dessus de la surface et activité volumique (MBq.m -3 )
entre H+42min et H+1h50. des eaux de surface et sur un profil vertical jusqu’à
-15 m de profondeur dans le secteur Ouest du lagon
de Mururoa entre H+5h30 et H+8.
DRAGON Essai n° 16
Informations météorologiques
Le 30 mai, un premier anticyclone
côtoyait le site d’expérimentations, au
sud-est, et un second était centré au
nord-est de la Nouvelle-Zélande. Les
vents étaient faibles à toutes les altitudes.
Ils étaient d’est de 5 à 10 m.s -1 , jusqu’à
2 000 m d’altitude ; du sud jusqu’à 7 000 m,
et tournaient au sud-ouest à 9 000 m,
avec une vitesse de 5 m.s -1. Entre 12 000
et 18 000 m, ils s’orientaient successivement
d’ouest sud-ouest à ouest-nord-ouest,
passant par une vitesse maximale de 20 m.s-1
à 15 000 m. À 21 000 m, ils étaient d’est-
nord-est et très faibles, de l’ordre de
quelques m.s -1 .
Au moment de l’essai, le ciel était peu nuageux avec de petits cumulus et la visibilité était
excellente. La tropopause était située à une altitude de 13 200 m.
N
Sur quai au
PEE contact : 1 000
Empereur
Pingouin
Derrière canal
Sur aire corail de cables : 260
3 Kilo
au contact : 500 2
330
Verticale
Posé Orage PEA : 100
H+3h06 PEA
Pavillon
13h15 5 Frégate
20 Décoll
age O
7 rage
11h40
3 250 10
3
Fox
Hotel
2 600
2
40
2
1 000 2
Echo
3
10
F IG. 233. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1
mètre au-dessus de la surface du sol et des
2
0 2 km eaux du lagon de l’atoll de Fangataufa entre
Terme Sud
H+1h40 et H+3h15 (mission RAD 2).
36 Denise 14
14h Orag
16h55 16h20
12 16h15 14
e
50
lag
14 17h05
col
Eau de lagon
12
Dé
15h40
15h25 18 Viviane
12
0 5km
Faucon
F IG . 234. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1mètre au-dessus du sol de Mururoa entre H+4h50
et H+7h50 (mission RAD 3).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 398
ÉRIDAN Essai n° 17
Informations météorologiques
Le 24 juin, un front froid est passé à
Tematangi, Mururoa puis Tureia, respectivement vers
H+2h, H+11h et H+24h. Les vents soufflaient de
nord-ouest dans les basses couches à 5 nœuds au
niveau du sol, tournaient avec l’altitude à l’ouest-
nord-ouest, puis à l’ouest entre 5 000 et 6 000 m. Ils
revenaient au nord-ouest à 8 000 m, puis à l’ouest
vers 11 000 m. Les vitesses ne dépassaient pas 15
à 20 nœuds. La tropopause était située à 15 000 m.
40 60 (au contact)
SBTFT
50
Porte AR PEA
20 (au contact)
Exter 0
Aires autour 0,2 300 m piste
Aviation : 0,8
du PEA : 40
Dora Début piste
Aviation : 0,8
1,3 Milieu piste
PEA Françoise Aviation : 0,5
0 Denise 0,1
0 Parking Aviation
Hélène 1,5 (au contact)
0,3 Camélia
0
ga n
Oura
llage Aline
Déco h 0 5 Kathie
1 1
0,7
0,4
Martine
F IG. 235. - Débits de dose (mGy.h -1) à 1 mètre au-dessus du sol de l’atoll de Mururoa entre H+0h35
et H+1h48 (mission RAD 1).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 400
LICORNE Essai n° 18
Informations météorologiques
Le 3 juillet, le vent au sol était d’est
sud-est, et sa vitesse de l’ordre de 2 à
5 m.s -1. En altitude, à partir de 3 000 m, il
tournait brutalement au sud-ouest avec
une vitesse de 10m.s -1 , sa vitesse aug-
mentait avec l’altitude et sa direction
évoluait progressivement vers l’ouest. La
vitesse maximale de 35 m.s -1 pour des
vents du 270 était observée à 12 000 m,
diminuait ensuite très vite pour devenir
inférieure à 5 m.s -1 pour des vents du
nord-ouest au-dessus de 19 000 m d’al-
titude.
Au moment de l’essai, le ciel était
partiellement couvert avec des lignes de
grains. La visibilité était bonne.
Une première tropopause se situait
à 11 800 m et une seconde à 15 800 m
d’altitude.
N
N
0,007 * : activité volumique
Surface : 2,405
-2m : 2,664
-4m : 2,590 Aline
-6m : 2,070 Surface : 2,479 Aline
-8m : 1,369 -2m : 4,440
- 10 m : 1,443 -4m : 3,219
- 12 m : 1,036 -6m : 2,294
Giroflée
- 15 m : 1,147 -8m : 3,108
- 12 m : 2,257 Giroflée
0,007
PEA 0,666
Dindon PEA
Dindon
* 0,5
Fuchsia
1 000 10
100 0,900 Fuchsia
2 500 0,370
*
4 000 500 1,480 0,740
Faucon
* * Iris Ara
Figaro Faucon Iris Ara
0 2,5 km Figaro
4,810 2,294 0 2,5 km
F IG . 236. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 mètre au- F IG . 237. - Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux de
dessus de la surface des eaux et activité volumique surface jusqu’à -12 m de profondeur dans le secteur
(GBq.m -3 ) des eaux de surface du secteur Ouest du Ouest du lagon de Mururoa à J+5.
lagon de Mururoa entre H+4h30 et H+7h30.
Zone STBFT N
H+5h50
18 Dora
Zone STBFT
H+5h50 H+6h15
18 15
Françoise
H+6h22
15 Camélia Hélène Cabine VD II
PEA H+6h43 H+7h00 H+7h30
Denise 8 3 2
Edith
*
Léa
H+6h19 H+7h35
15 1,5
Aline Camélia
* Martine
Kathie H+7h40
Gisèle
H+6h35
*
Irène *
Caisson SPS * <1
12 H+7h10 H+7h20
3 1,2
PCT
Anémone
F IG . 238. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1 mètre au-dessus du sol des secteurs Nord et Est de
l’atoll de Mururoa entre H+6h10 et H+8h00 (mission TER 2).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 402
PÉGASE Essai n° 19
Informations météorologiques
Le 27 juillet, l’atoll de Mururoa était encadré
par deux anticyclones, l’un à l’est, dont la limite
occidentale atteignait Reao et les îles Gambier ;
l’autre à l’ouest, situé au sud-ouest des îles
Australes. Une dépression était positionnée au sud
de l’atoll et une zone de basses pressions au nord.
Ces perturbations se déplaçaient lentement vers le
nord-est. Au moment de l’essai, l’atoll de Mururoa
était à la limite occidentale d’une zone frontale.
Jusqu’à 1 500 m, les vents étaient de sud-
ouest avec des vitesses de 6 à 10 m.s -1 puis
tournaient à l’ouest et au nord-nord-ouest dans la
tranche comprise entre 2 000 et 6 000 m
d’altitude, leur vitesse ne dépassait pas 12 m.s -1 .
Au-dessus, ils revenaient à l’ouest-nord-ouest,
puis à l’ouest et enfin à l’ouest-sud-ouest à
9 000 m avec des vitesses de 15 à 20 m.s -1 . La
tropopause était située à 16 500 m d’altitude.
Faucon Viviane
0 5km
F IG . 239. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1mètre au-dessus du sol et de la surface des eaux
du lagon de l’atoll de Mururoa entre H+0h40 et H+2h20 (mission RAD 1).
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 404
ORION Essai n° 20
Informations météorologiques
L’essai Orion était initialement prévu le 31
juillet, la direction des vents en altitude étant défavo-
rable, il a été reporté au 1er août, puis au 2.
Le 2 août, les vents, du sol jusqu’à 5 000 m
d’altitude, étaient d’est, puis du nord-est, et leur
vitesse était comprise entre 3 et 6 m.s -1 . De cette
altitude jusqu’à 18 000 m, ils étaient d’ouest puis de
l’ouest-nord-ouest avec des vitesses de 10 à 15 m.s-1.
Après le passage d’une faible ligne d’averses
au cours de la nuit du 1er au 2 août, le ciel était
dégagé au moment de l’essai et la visibilité excellente.
La tropopause se situait à 15 400 m d’altitude.
N
Empereur
Pingouin
Kilo
Pavillon
11 100 - 14 800
Frégate
Point
zéro 2 220
Fox
es
bé
< 1,3.10-3
om
et
sr
de
Echo
e
Ax
51,8
0 2 km
Terme Sud
Empereur 0 0
Kilo
0 0
0,1 0
0 2 km
TOUCAN Essai n° 21
Informations météorologiques
Le 6 août, dans la basse couche, du sol
jusqu’à 3 000 m d’altitude, un régime d’alizés bien
établi donnait des vents d’est-nord-est ayant une
vitesse de 15 à 20 nœuds. En altitude, au-dessus
de cette couche d’alizés et d’une couche de tran-
sition comportant des vents faibles et non organisés
jusqu’à 5 000 m d’altitude, un flux d’ouest assez
régulier était établi jusqu’à 18 000 m d’altitude avec
des vitesses de 35 à 50 nœuds.
Au moment de l’essai, le ciel était peu
nuageux avec des bancs isolés de strato-cumulus
et quelques petits cumulus. La visibilité était
excellente. La tropopause se situait à 14 900 m
d’altitude.
Aline
Giroflée
PEA Dindon
100 Fuchsia
1 500
50
1
3 000
100
0 2,5 km
86 8,1 N
35 * 9,2
PEE
Empereur * 6,2
35 Pingouin Kilo
*
68
Pavillon
PEA
Frégate
0,6
Fox
39 Hôtel *
Echo 6,6
36 *
*
37 9,6
0 2 km
Terme Sud 9,6 * : activité surfacique
F IG . 243. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1 mètre au-dessus du
sol et activité surfacique (MBq.m -2 ) à la fin de la retombée
(H+3h30) sur l’atoll de Fangataufa.
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 408
X3 Annexe 3aVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:38 Page 409
CAMPAGNE 1971
La campagne 1971 a concerné cinq essais atmosphériques sous ballon. Le service
central hydrographique de la marine a diffusé les AVURNAV le 22 avril puis les avis d’activation des
zones dangereuses avant chaque série d’essais entre J-8 et J-5 et les avis de désactivation entre
J+1 et J+4 après les essais. Le service d'informations aéronautiques a publié un NOTAM le 29 avril
annonçant la création des zones dangereuses entre le 1 er juin et le 30 septembre, puis le NOTAM
d’activation de celles-ci entre J-5 et J-4 et de désactivation entre J+1 et J+4 après l’essai. Le
risque à prendre en compte pour les occupants des capsules spatiales habitées se trouvant à
vue directe du point zéro de l’explosion, étant celui du flash lumineux, aucun essai n’a eu lieu
lorsqu’un satellite habité passait à portée des effets lumineux des explosions.
Les contraintes météorologiques ont été telles, qu’un essai sur deux n’a été possible au
jour initialement prévu.
Cette campagne a été marquée par une augmentation importante des pénétrations pilotées,
22 missions au lieu de 12 l’année précédente. Le dispositif d’arrosage en pluie pour éliminer
d’éventuels dépôts sur la zone portuaire a été maintenu. L’utilisation en a été étendue à la darse
Kathie et au parking aviation, permettant ainsi l’accès direct de la darse à la zone d’escale de
l’aéroport, afin de faciliter le transfert des personnels entre les bateaux au mouillage et les avions
en partance vers Hao ou Papeete. La surface ainsi protégée a été portée de 2,7 ha en 1970 à
3,3 ha en 1971. Un revêtement plastique arrachable (avec trame) a également été mis en place
sur 3 700 m 2 des aires bétonnées de la zone Kathie.
Des évaluations de l’exposition des populations ont été réalisées suite à la détection sur
l’atoll de Tureia de retombées provoquées par l’essai Encelade et sur les îles Gambier après
l’essai Phoebé. Les estimations ont conduit à des doses inférieures à 4 mSv (cf. Chapitre VI). Ces
doses sont inférieures à la limite annuelle admissible pour les populations de 5 mSv à cette date.
Sur les autres îles, le niveau des retombées a été inférieur à ceux observés en 1970.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:49 Page 410
DIONÉ Essai n° 22
Informations météorologiques
Le 5 juin, les vents au sol et en altitude étaient d’ouest. Leur vitesse était de l’ordre de
6m.s -1 au sol, elle passait à 10m.s -1 entre 500 à 4 000 m d’altitude pour atteindre 25 m.s -1 entre
6 000 et 14 000 m. Au moment de l’essai le ciel était semi-couvert, les vents modérés, la visibilité
supérieure à 20 km. La tropopause était à 12 900 m d’altitude.
PEA 0,013
Denise
0,03
0,02
Camélia
H+18min
Kathie 0,028
axe
Débit de dose à 1 mètre (mGy.h ) -1 de
la reto
de H+0h40 à H+2h00 25,90 m bée
Porte salle 6 : 25,0 0,060
Face AV PEA : 6,0 Martine 0,190
Aire ballon : 6,0
Côté PEA : 5,0 29,20 Anémone
Radier AR PEA : 2,5
Porte AR PEA : 20,0
0,480
0 2,5 km
2,1
38,85
2,1 : activité surfacique 0,170
F IG . 244. - Débits de dose (mGy.h -1) à 1 mètre et activité surfacique (MBq.m -2) à H+1 des secteurs
Nord et Est de l’atoll de Mururoa .
N
925,0 * : activité volumique 925,0
Camélia
50 * *
10 * 100 *
1
1 110,0 Camélia
-5m : 8 14,0
9 25,0
1 739,0 37,0 *
- 10 m :
- 20 m
- 30 m
:
:
7 77,0
9 99,0
0 2 km 148,0 *
51,8
F IG . 245. - Débits de dose (mGy.h -1) à 1 mètre et 0 2,5km
< 0,2
activité volumique (MBq.m -3) entre H+3 et H+5 du
secteur Nord de l’atoll de Mururoa.
F IG . 246. - Débits de dose (µGy.h -1) à 1 mètre et
activité volumique (MBq.m -3) des eaux de surface du
secteur Nord du lagon de l’atoll de Mururoa entre
H+22 à H+27.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:49 Page 412
ENCELADE Essai n° 23
Informations météorologiques
Le 12 juin, la situation météorolo-
gique locale était complexe. Les vents
étaient du sud-est, à 5 m.s -1 . En altitude,
ils étaient de sud-ouest avec une vitesse
assez faible de 10 m.s -1 à 9 m. Pour les
altitudes supérieures, les vents souf-
flaient d’ouest avec une vitesse de l’ordre
de 20m.s -1 .
F IG . 248. - Débits de dose (µGy.h -1) à Mururoa lors des différentes missions réalisées le jour de l’essai.
JAPET Essai n° 24
Informations météorologiques
Le 4 juillet, les vents au sol et en
altitude étaient de sud-ouest. Au sol, leur
vitesse était faible, de l’ordre de 1 à 2 m.s-1 ,
et elle atteignait progressivement 34 m.s -1
à l’altitude de 7 000 m. La tropopause se
situe à 14 100 m.
Porte salle 6 N
Mission TER1 Côté PEA
60 (au contact)
Côté canal de câbles : 8 20
Aires béton : 4 à 7
STBFT : 3,5 Avant PEA Radier AR PEA
Entre Exter 0 et STBFT : 1 25 15
PEA Denise
Dora Porte AR PEA Aire Ballon
Edith 30 (au contact) 8
PEA Denise
0,70 0,80 Françoise
0,50
0,25 Camélia
0,04
Aline
Camélia
Mission RAD1
0 2,5 km Giroflée
F IG . 250. - Débits de dose (mGy.h -1 ) dans le secteur Nord de l’atoll de Mururoa le jour
de l’essai (missions RAD1 et TER1).
27,4
MURUROA 24,4
59,2 66,6
222,0
Kathie
Giroflée Anémone
210,9 PEA
Dindon
Viviane
32,3
Faucon
35,2
366,3
236,8
125,8
PEE
Empereur
N PEA
Frégate
FANGATAUFA
125,8
PHOEBÉ Essai n° 25
Informations météorologiques
Le 8 août, les vents au sol étaient
du sud-est avec une vitesse de l’ordre de
5 m.s -1 . À partir de 1 500 m d’altitude, ils
étaient d’ouest et leur vitesse était de 20 à
25 m.s -1 , entre 2 000 à 5 000 m d’altitude.
Au moment de l’essai, le ciel était couvert,
les vents modérés, la visibilité supérieure à
15 km. La tropopause était située à 13 500 m.
Axe
cha Retombée N
ud
- Re bas du pied
tom
bée
hau
t du PEA
pie
d Denise Dora
Edith
Françoise
300
Gisèle 150
100
300 Hélène
400 Camélia 38
Aline
Kathie
180
Léa 95
10
16
<10 250 250
90 Martine
5 PCT Anémone
Giroflée
4
0 2,5 km
F IG . 252. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 mètre au-dessus du sol à H+1 des secteurs Nord et Est de l’atoll
de Mururoa.
PEA N
Exter 0
Denise
Colette
* 50 * *
10
0,1 Françoise
*
Aline 1 Camélia
81,40
0 2,5 km
81,40 * : activité volumique
F IG . 253. - Débits de dose (µGy.h -1 ) à 1 mètre et activité volumique
(MBq.m -3 ) des eaux du lagon dans le secteur Nord de l’atoll de
Mururoa entre H+22 et H+26 .
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 418
RHÉA Essai n° 26
Informations météorologiques
Le 14 août, les vents au sol étaient d’est-nord-est
et de faible vitesse allant de 2 à 3 m.s -1 . En altitude, au-
dessus de 1 500 m, les vents étaient d’ouest avec une
vitesse maximale de 30 m.s -1 entre 9 000 et 12 000 m. Au
moment de l’essai, le ciel était dégagé.
N
Giroflée
296,0 * : activité volumique
296,0
3
* Iris Ara
Surface : 4 070,0
Figaro 0 2,5km
-8m : 407,0
3,2
CAMPAGNE 1972
La campagne 1972 a concerné quatre essais atmosphériques, trois sous ballon et un essai
de sécurité sur tour. Les zones dangereuses ont été activées à partir du 20 juin par AVURNAV et
NOTAM diffusés le 18 juin. Elles sont restées en vigueur pendant la totalité de la campagne et ont
été désactivées le 2 août. Suite aux contraintes liées aux engins testés et aux conditions météo-
rologiques médiocres, peu de jours ont été favorables à l’exécution des essais pendant la période
du 21 juin au 1 er août.
Durant cette campagne il n’y a pas eu de tirs de fusées de prélèvement d’aérosols dans le
nuage et pour la première fois :
• des hélicoptères lourds Super Frelon ont assuré les missions de récupération des enregis -
trements à la place des Alouette III,
• un Boeing C 135 a assuré le contact radiamétrique du nuage,
• deux DC6 ont été chargés de mesures électromagnétiques complémentaires.
Les retombées observées ont été très faibles sur les îles de la Polynésie française à
l’exception de celles observées sur l’atoll de Hereheretue à la suite de l’essai Umbriel. L’évaluation
de l’exposition annuelle a conduit à une dose de 0,2 mSv, soit 4 % de la limite annuelle admissible
pour les populations qui était de 5 mSv à cette date. Le faible niveau des retombées envisa-
geables sur l’atoll de Pukarua ne justifiait plus l’utilisation de l’abri de prévoyance.
Deux accidents ont été déplorés, la perte d’une Alouette II le 16 mai, sans victime, puis celle
d’un Boeing KC135 le 30 juin, à proximité de Hao, entraînant la disparition des 4 membres de
l’équipage et de deux observateurs.
Les avions de la compagnie aérienne Lan Chile et le trafic commercial maritime n’ont à
aucun moment été retardés ou déroutés.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 422
UMBRIEL Essai n° 27
Informations météorologiques
Le 25 juin, la situation météorologique était favorable.
Un anticyclone était centré sur les îles australes, bordé à
l’est et au nord-ouest par des zones de faible pression. Les
vents étaient de sud-est, établis dans la basse troposphère,
et de sud-ouest à partir de 3 000 m d’altitude. Au sol, les
vents étaient du 140 (SE) avec une vitesse de 15 à 20
nœuds et au-dessus de 3 000 m, du 240 avec une vitesse
pouvant dépasser 50 nœuds.
La tropopause se situait à 12 300 m d’altitude.
Point 5 Point 6
800 1 000
PEA
Colette Denise
Dora
Edith
Brigitte ***100
10
1
Surface : 40,7
-5m : 44,4
Aline - 10 m : 40,7
0 2 km
- 15 m : 59,2
- 20 m : 59,2
TITANIA Essai n° 28
Informations météorologiques
Le 30 juin, le profil thermodynamique de
l’atmosphère, dans lequel s’est développé le nuage,
était caractérisé par une humidité particulièrement
faible à partir de 2 000 m et par une température
relativement élevée à tous les niveaux.
Les vents au sol étaient d’est-nord-est
(60°) à 10 m.s -1 et tournaient en altitude vers l’est
(96°) à partir de 5 000 m à 4 m.s -1 , puis au sud-
est entre 6 000 et 8 000 m, toujours avec des
vitesses très faibles (3 à 4,1 m.s -1 ). La tropopause
se trouvait à une altitude de 16 700 m.
• Bora Bora les 10, 12 et 14 juillet, avec un maximum journalier de 0,037 Bq.m -3 ;
• Hao les 11, 13 et 17 juillet, avec un maximum journalier de 0,018 Bq.m -3 ;
• Hiva Oa, du 12 au 17 juillet, avec un maximum journalier de 0,05 Bq.m -3 ;
• Reao les 12, 13 et 15 juillet, avec un maximum journalier de 0,03 Bq.m -3 ;
• Puka Puka les 13, 16 et 17 juillet, avec un maximum journalier de 0,03 Bq.m -3 ;
• Tureia le 13 et du 19 au 22 juillet, avec un maximum journalier de 0,015 Bq.m -3 .
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 425
N
Surface : 629,0 96,2 * : activité volumique
-5m : 407,0
- 10 m : 251,6
PEA Dindon
- 15 m : 229,4
- 20 m : 155,4
* *
500
100
1 000 1
Faucon
Surface : 96,2
-5m : 136,9
- 10 m : 233,1
0 2 km - 15 m : 70,3
- 20 m : 5,6
OBÉRON Essai n° 29
Informations météorologiques
Le 27 juillet, au niveau du site, un col isobarique
a laissé place à partir de 2 000 m à un anticyclone
s’infléchissant vers le nord-est et générant des vents
irréguliers et faibles de 5 m.s -1 , de nord-est au sol,
réguliers et assez forts d’ouest-nord-ouest à partir de
2 000 m atteignant 31 m.s -1 entre 7 000 et 9 000 m
d’altitude. Le ciel était nuageux. La tropopause se trouvait
à une altitude de 16 600 m.
N
55,5 * : activité volumique Surface : 2 035,0
-5m : 55,5
- 10 m : 148,0
- 15 m : 0,8
Surface : 1 073,0 1 147,0 - 20 m : 1,4
-5m : 0,7
- 10 m : 0,7 PEA
- 15 m : 0,7 Dindon
- 20 m : 0,7
Hortensia
* *
* 0,20
0,20
0,10
0,001
Faucon
Iris
0 2 km
Figaro
CAMPAGNE 1973
La campagne 1973 a concerné cinq essais atmosphériques sous ballon et un essai de
sécurité sur tour. Cette campagne a comporté deux séries d’essais :
• deux essais sous ballon, Euterpe et Melpomène , initialement prévus les 20 et 25 juillet et
réalisés les 21 et 28 juillet.
• deux essais sous ballon, Pallas et Parthénope prévus les 20 et 25 août, réalisés les 18 et
24 août et un essai d’arme en altitude, Tamara, par largage d’un avion Mirage III le 28 août.
En 1973, les retombées radioactives sur les îles et atolls de Polynésie ont été très faibles,
y compris sur les atolls d’expérimentations. Ainsi, les expositions intégrées sur l’année ont été
évaluées pour la population de Hereheretue à 0,3 mSv, de Raivavae à 0,07 mSv, de Tubuai à
0,05 mSv et de Tahiti entre 0, 02 et 0,04 mSv. Sur tous les autres atolls ou îles hautes les doses
intégrées sur l’année ont été encore plus faibles.
La navigation aérienne commerciale dans cette partie de l’océan Pacifique était devenue
un peu plus active après l’ouverture par la compagnie aérienne Air France de la ligne quotidienne
Lima-Papeete-Tokyo pour laquelle la protection radiologique a été assurée comme pour les vols
Santiago-Île de Pâques-Tahiti de la compagnie aérienne Lan Chile.
Différents navires ont continué de croiser dans les parages des sites d’expérimentations
après l’avis d’activation des zones dangereuses. Ils ont été prévenus de l’explosion quinze minutes
avant chaque essai pour des raisons de sécurité afin que les membres des équipages se
protègent éventuellement du flash lumineux.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 430
EUTERPE Essai n° 30
Informations météorologiques
Le 21 juillet, les vents au sol étaient
de nord-est, avec une vitesse de 3 à 7 m.s -1 ,
et du nord-ouest du 280 à 9 000 m d’altitude
avec une vitesse de 28 m.s -1 .
Au moment de l’essai, le ciel était
relativement nuageux.
74 : Contamination surfacique
N Aline
Giroflée
PEA Hortensia
Dindon
Bécasse 74
74
Axe de la retombée
74
740 Fuchsia
N
66,6 * : activité volumique
Aline
Giroflée
1
PEA
Dindon
10 20 40 *
30
1 Fuchsia
66,6
0 2,5 km à H+28
MELPOMÈNE Essai n° 31
Informations météorologiques
Le 28 juillet, le vent au sol était du 120, avec
une vitesse comprise entre 5 et 10 m.s -1. Il s’affaiblissait
nettement entre 1 000 et 3 000 m d’altitude et se
renforçait au-delà en s’infléchissant progressivement
vers l’axe sud-ouest. La situation générale était assez
complexe, ce qui a entraîné un retour de masses d’air
contaminées. Au moment de l’essai, le ciel était
presque totalement dégagé.
Une double tropopause se situait aux altitudes
de 10 800 m et 14 700 m.
< 50
50 à 600
Dalle
< 50 Ariel Dalle
Dalle
Vesta
Colette
Colette Denise
FIG. 261. - Débit de dose (µGy.h -1 ) dans le secteur Nord de l’atoll de Mururoa (mission RAD 3-reconnaissances
terrestres).
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 434
PALLAS Essai n° 32
Informations météorologiques
Le 18 août, les vents au sol étaient du
sud est, assez forts jusqu’à 1 000 m, atteignant
14 m.s -1 . Entre 1 000 et 6 000 m d’altitude, ils
étaient très faibles et variables en direction.
Entre 6 000 et 7 000 m d’altitude, le vent était
d’ouest (260) avec une vitesse de 17 m.s -1 .
Au moment de l’essai, le ciel était très
couvert. La tropopause se situait à une altitude
de 15 000m.
70
100 PEA STBFT
Denise
Exter 0
Colette
Dora
Edith
70 160 80 10 0
20 PEA Denise
25 160 330 26 4
F IG . 262. -Débits de dose (µGy.h -1 ) mesuré à 1 mètre au-dessus du sol dans le secteur Nord de
l’atoll de Mururoa entre H+5h15 et H+8h20 (mission TER).
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 436
PARTHÉNOPE Essai n° 33
Informations météorologiques
Le 24 août, les vents au sol étaient d’est (entre
80 et 95°), avec une vitesse de 6 à 9 m.s -1 et restaient
sensiblement alignés en altitude jusqu’à 3 000 m,
avec une vitesse de 18 m.s -1 . Au moment de l’essai,
le ciel était dégagé et les vents bien établis.
La tropopause se trouvait à 15 300 m d’altitude.
< 1 débris.m-2
PEA N
1 débris.m-2 Dindon
10 débris.m-2
11 8
9
10 mbée
reto
de la
10 Axe
9
14 Faucon0,5
PEA Dindon
6,5 Faucon
Iris
14 Iris
1,3 0,6
F IG . 263. -Débits de dose (mGy.h -1 ) mesuré à 1 mètre au-dessus du sol dans le secteur Ouest de l’atoll de
Mururoa et densité des débris récupérés.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 437
TAMARA Essai n° 34
Informations météorologiques
Le 28 août, les vents au sol étaient de sud-
est, du 130 au 140, entre 0 et 1 000 m d’altitude,
avec une vitesse de 13 m.s-1 ; faiblissant jusqu’à
3 000 m, altitude où leur vitesse était presque
nulle. Entre 10 000 et 15 000 m d’altitude, les
vents passaient au sud-ouest (du 210 au 250),
avec des vitesses de 15 à 26 m.s -1 . Au moment de
l’essai le ciel était couvert.
CAMPAGNE 1974
La campagne 1974 a concerné neuf essais atmosphériques dont six sous ballon, un essai
par largage d’avion Jaguar et deux essais de sécurité sur tour. Les essais ont été réalisés entre
le 16 juin et le 14 septembre. Les conditions météorologiques, anormalement stationnaires pour
l’hiver austral, ont entraîné plusieurs jours d’attente jusqu’à ce qu’elles soient favorables à la réalisation
de l’essai. Le décalage des dates d’essais a réduit à l’extrême la période de temps entre les
séries.
L’activation du Goen a été effective entre le 10 mai et le 19 septembre. Les avis concernant
l’activation des zones maritimes et aériennes dangereuses et de sécurité ont été émis à compter
du 11 juin. Elles ont été désactivées le 17 septembre.
L’énergie prévue de certains essais était supérieure à celle de ceux de 1973, mais l’expérience
acquise lors des essais précédents a conduit à ne pas modifier les dimensions des zones
maritimes et aériennes dangereuses et de sécurité. En effet :
Aucune retombée significative n’a été détectée sur la Polynésie à l’exception de celles
mesurées sur les îles de l’archipel de la Société à la suite de l’essai Centaure. L’abri de prévoyance
de Rikitea dans l’archipel des Gambier n’a pas été utilisé en 1974. Seuls les blockhaus de Tureia
ont été maintenus en état de fonctionnement.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 440
CAPRICORNE Essai n° 35
Informations météorologiques
L’essai a été effectué le 16 juin, sur la face nord-
ouest d’un anticyclone centré entre les îles Pitcairn et de
Pâques. Les vents, jusqu’à une altitude de 3 000 m
étaient du nord-est de vitesse de 5 à 8 m.s -1 et au-dessus
de nord-ouest à ouest de 8 à 13 m.s -1 .
Des nuages cumuliformes, limités à 1 500 m d’al-
titude en raison d’une faible inversion, induisaient de
faibles risques de pluie.
Faucon
une valeur maximale enregistrée le
reto
21 juin. À H+2h40
e la
0,07 mGy.h-1
d
Axe
Iris
0 1,25 km
GÉMEAUX Essai n° 36
Informations météorologiques
Le 7 juillet, l’essai Gémeaux a
été effectué sur la face nord-ouest
d’une cellule anticyclonique centrée en
27° S et 125° W. Les vents de basse
couche jusqu’à 4 500 m d’altitude
étaient de secteur nord-est à est-
nord-est.
À partir de 5 000 m, ils
s’orientaient à l’ouest. Les vitesses
étaient de 8 à 10 m.s -1 , jusqu’à
10 000 m ; se renforçant et atteignant
31 à 41 m.s -1, à partir de cette altitude.
À H+1
Porte AR PEA : 6,0 mGy.h-1 à 1m N
Îles et atolls concernés par les PEA
Aire Ballon : 4,0 mGy.h-1 à 1 m
retombées immédiates Maximum : 8,0 mGy.h-1
Dindon
CENTAURE Essai n° 37
Informations météorologiques
Le 17 juillet, l’essai a été effectué sur la
face nord d’une cellule anticyclonique en voie
d’affaiblissement centrée sur l’atoll de Morane,
avec des vents de basse couche de secteur
sud-est de 5 m.s -1 , tendant à faiblir durant la
journée.
À H+1 N
Face AV PEA : 1 600 600 à 1 000
Aire Ballon : 1 300
Face AR PEA : 800 PEA Exter 0 : 30
Denise
Colette 6
Dora
Edith PEA Denise
500 à 600 2 220,
1 110,0
111,0
À H+1
Porte AR PEA : 600 à 1m
11,1
Aire Ballon : 400 à 1 m
Maximum : 800
1,1
0 1 km
Aline
11,1 : débit de dose
F IG . 266. - Activités volumiques (MBq.m -3 ) des eaux de surface du lagon entre H+2h15 à H+4h00 et débit
de dose (µGy.h -1 ) du secteur Ouest de l’atoll de Mururoa entre H+1 et H+1h20 (mission TER 1).
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 444
MAQUIS Essai n° 38
Informations météorologiques
Le 25 juillet, le tir Maquis a été
effectué sur la face nord-ouest d’un
anticyclone centré à 450 milles nau-
tiques, au sud-est de l’île de Pitcairn.
Le matin de l’essai, les vents étaient
de nord-est faibles, de 5 à 7 m.s -1 .
L’influence anticyclonique s’est fait
sentir jusqu’à 4 000 m avec un flux de
composante nord-est à nord-nord-est
faible. Entre 5 000 m et 8 000 m d’al-
titude, les vents étaient à composante
ouest nord-ouest, avec des vitesses
qui atteignaient 12 m.s -1 . Au-dessus
de 8 000 m, ils étaient de secteur
sud-ouest et leurs vitesses étaient très
élevées, avec un maximum de 43 m.s -1
à 12 500 m. Le ciel était peu nuageux.
SCORPION Essai n° 39
Informations météorologiques
Le 14 août, l’essai Scorpion a été effectué sur la
face nord-ouest d’une profonde dépression centrée sur le
40° S et le 130° W, entraînant un flux de sud-ouest sur le
sud des Tuamotu et des îles Gambier. Sur l’atoll de Mururoa,
ce flux de sud-ouest se renforçait en altitude, sa vitesse
passant graduellement de 9 m.s-1 au sol, à 21 m.s-1 à 4 000 m,
31 m.s -1 à 6 000 m et 38 m.s -1 à 11 000 m d’altitude. Le
ciel était peu nuageux et les risques d’averses faibles.
TAUREAU Essai n° 40
Informations météorologiques
Le 24 août, l’essai Taureau a été effectué
sur la face sud-est d’un anticyclone faible, à
l’arrière d’une perturbation active, qui a touché
l’atoll de Mururoa dans la nuit du 22 au 23
août. Des vents faibles étaient alors orientés
au sud, puis sud-est.
L’arrivée d’une petite perturbation dans la
nuit du 23 au 24 août a provoqué une orientation
des vents au sud-ouest, puis ouest, avec un
léger renforcement au cours de la journée du
24 août.
Sur l’atoll de Mururoa, au moment de
l’essai, les vents étaient donc sensiblement ali-
gnés, entre le 260 et le 280, du sol jusqu’à
10 000 m avec des vitesses qui augmentaient
régulièrement avec l’altitude, passant de
5 m.s -1 jusqu’à 1 000 m, à 15 m.s -1 à
4 000 m et à 41 m.s -1 au-dessus de 8 000 m.
PEA Denise N
Dora
10
Françoise
1
Gisèle
PEA Denise 1
10 Camélia
100 Hélène
300 Irène
200
0 2,5km
VERSEAU Essai n° 41
Informations météorologiques
Le 14 septembre, l’essai Verseau a eu lieu sur la face nord-est d’un anticyclone centré au
sud-ouest de Rapa et au nord-ouest d’une dépression qui s’était formée le 12 septembre aux
alentours de l’atoll de Mururoa. L’instabilité modérée et la turbulence étaient limitées à 2 400 m
d’altitude par une forte inversion de température. La rotation des vents entre sud-est et sud sud-
ouest se situait également à 2 400 m.
Il n’y avait pas de précipitations prévues aux abords des sites. Au moment de l’essai, les
vents au sol (jusqu’à 2 000 m) étaient du 145 de 5 à 8 m.s -1 , puis du 240-250 avec des vitesses
de 10 m.s -1 entre 3 000 et 6 000 m, de 15 à 26 m.s -1 de 6 000 à 18 000 m et chute à 6 m.s -1 ,
aux altitudes supérieures.
1 000,0
PEA Dindon PEA DINDON HORTENSIA
BÉCASSE
Jabiru
740,0
5,0
666,0
0
11,1
55
4,
11 44
,1
333,0
Jasmin 222,0
111,0
FAUCON
ARA
EIDER
0 0,5 1 1,5 2 km
F IG . 269. - Activité volumique (MBq.m -3 ) des eaux de surface du secteur Ouest de l’atoll de
Mururoa mesurée 1 jour après l’essai.
Annexe 3bVF-07.12.06.QXD:Annexe 2 11/01/07 10:50 Page 450
X4 Annexe 4-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:15 Page 451
ANNEXE 4
Organisation associée
à la réalisation des essais nucléaires
Les essais nucléaires français ont été réalisés dans le cadre d’une étroite collaboration
entre le ministère de la Défense et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), les responsabilités
de chacun étant clairement réparties par différents textes réglementaires.
Les bases de l’organisation du CEP ont été établies dès 1964 grâce à l’expérience
acquise lors du fonctionnement des sites d’expérimentations sahariens de Reggane et In Ecker.
Elles ont perduré moyennant quelques aménagements, durant toute la durée d’exploitation des
sites du Pacifique. Les principales évolutions dans l’organisation du CEP ont résulté du passage
des essais souterrains aux essais atmosphériques (cf. Organigrammes 1 et 2). Cette annexe,
présente les principales structures de l’organisation mise en place durant toute la durée
d’exploitation du CEP et retrace chronologiquement les grandes lignes de son évolution
institutionnelle et administrative.
X4 Annexe 4-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:15 Page 452
• d’une base arrière située à Tahiti regroupant le commandement et le soutien militaire, les
laboratoires du CEA du centre technique de Mahina et le Laboratoire de détection
géophysique du CEA implanté à Pamataï ;
• d’une base avancée sur l’atoll de Hao qui assurait le soutien des missions aériennes
opérationnelles, le prétraitement des échantillons recueillis dans le nuage suite aux
expérimentations atmosphériques, l’entreposage des composants des engins nucléaires à
leur arrivée de métropole ;
• des deux atolls d'expérimentations de Mururoa et Fangataufa.
À partir de 1975, avec le passage aux essais souterrains et le transfert des installations
vers Mururoa, le centre de Mahina a progressivement perdu sa vocation technique. Quelques
années plus tard, il en a été de même des installations à caractère opérationnel de Hao.
Créé en 1960 pour prendre la direction des premiers essais nucléaires au Sahara, le
Groupement opérationnel des essais nucléaires (Goen) était le seul organe de commandement
dont la création était antérieure à celle du CEP.
Le Goen était une structure occasionnelle, activée à chaque campagne d’essais. L’officier
général commandant le Goen donnait l’ordre d’évacuation des sites avant chaque essai, assurait
la gestion des mouvements d’aéronefs et de navires autour des atolls et surtout ordonnait la
réalisation de l’essai compte tenu des conditions météorologiques. Enfin, après avoir supervisé
les contrôles radiologiques sur zone, c’est lui qui autorisait le retour des équipes après chaque
essai (cf. Chapitre VI, § VI.3).
Le commandant du Goen était secondé par le directeur des Essais de la Direction des
applications militaires (DAM) du CEA et était assisté de conseillers scientifiques pour la sécurité
radiobiologique, la prévision météorologique et pour la prévention et la protection sanitaires.
SMSR
SMCB
DIRCEN PARIS
Villacoublay
DTS Adjoint Adjoint
Armées CEA
COMSUP
Base avancée
d'HAO
COMCEP HAO DIRAM Hao BIA des Sites
DIRAM DIRAM Sites
SSA TAHITI Pacifique
LRB
GOEN MURUROA
Météo
CEA
DIRTEC FANGATAUFA
CEP Organisation des
Postes Périphériques
SMSR
SMSRB
SMCB
DIRCEN PARIS
Villacoublay
DTS Adjoint Adjoint puis
Montlhéry
Armées CEA
COMSUP
MURUROA
GOEN
DIRTEC
Essais
CEP FANGATAUFA
Ministères
DÉFENSE RECHERCHE - INDUSTRIE
CEMA
Météo Chef Etat Major CEA
Nationale des Armées
DPS/IPSN DAM
DIRCEN
COMSUP - ALPACI
Groupe d'Etude et
Moyens Aériens Échelon Laboratoire
Polynésien de Sûreté des Essais
GSR - LSR - LESE Nucléaires (GESEN)
SMCB/PAC
DSSA (essais souterrains)
Hopital J. Prince
Laboratoire SMSR
Radiotoxicologie (LRB) SPS Département Mesures
Infirmerie Hopital d'Hao Diagnostic Nucléaire
de Mururoa et
Radiochimie
du BSL Rance Échelon Optique et Sismique
Polynésien
SMSR/PAC
Moyens terrestres Exploitation-Ingéniérie
Organisation Ballon
Forage
des Postes DTS
Périphériques Manutention du Conteneur
(OPP) Infrastructures spécifiques
A partir de 1986, c’est au Dircen qu’il revient d’assurer la direction des organismes de
soutien des expérimentations dans le Pacifique : base interarmées des sites et de Hao, base
aérienne 190 de Tahiti-Faaa, éléments du CEA implantés à Tahiti, de la météorologie, du SMSR
et du SMCB.
La Dircen disposait initialement de trois services : le Service mixte de sécurité radiologique
(SMSR), le Service mixte de contrôle biologique (SMCB) et la Direction des travaux et services
(DTS). Le SMSR et le SMCB étaient composés de personnel des Armées et du CEA. Il s’agissait
de services de surveillance et de contrôle de la radioactivité, en charge de la radioprotection :
Lors des essais aériens, la composante centrale du SMSR/Pac était implantée dans le
centre technique du CEA, à Mahina où se trouvaient les unités de soutien électronique et
mécanique et les laboratoires de mesure de la radioactivité et de photo-dosimétrie. Une antenne
était installée à Mururoa, le SMSR/Sites, dont les moyens étaient regroupés sur le BSL Rance
(laboratoires de mesure, locaux de décontamination, etc.) et une autre à Hao qui disposait d’un
Centre d’intervention et de décontamination des matériels (CID) et d’un Centre de
décontamination des aéronefs et des personnels (CDAP).
Lors du passage aux expérimentations souterraines, les moyens polynésiens du SMSR ont
été regroupés à Mururoa où ont été construits une station de décontamination des matériels
(Stadec) et un laboratoire de mesures, le L7 (cf. Organigramme 4).
Organigramme 4 : Organisation du SMSR pendant la période des essais atmosphériques puis souterrains.
En 1994, le SMSR et le SMCB ont été regroupés, formant le Service mixte de sécurité
radiologique et biologique de l’homme et de l’environnement (SMSRB).
Au sein de la Direction des applications militaires du CEA, la direction des Essais était
responsable de la mise en œuvre des essais nucléaires. Elle était composée de plusieurs
services spécialisés :
• Le service exploitation, devenu lors des essais souterrains le département Ingénierie, était
chargé de l'étude et de la réalisation des installations spécifiques aux essais : ouvrages
abritant les appareillages de mesure, nacelles supports d'engins, ballons, etc.
• Les services du diagnostic nucléaire (DN), de la radiochimie (RC) des effets extérieurs (EE)
et le Laboratoire de détection géophysique (LDG) étaient responsables de la définition, de
l’acquisition et du dépouillement des résultats de mesure (neutroniques, gamma, radio-
chimiques, optiques et sismiques). Ces services formeront par la suite le département
Mesures.
X4 Annexe 4-07.12.06.QXD:Annexe 12/01/07 14:15 Page 457
Dès son implantation en Polynésie, le CEA a créé la Direction des applications militaires
au Pacifique (Diram/Pac), un échelon local de coordination dont l’implantation principale était le
centre technique de Mahina. Cette structure a été amenée à jouer un rôle important dans la mise
en place et l’entretien des moyens opérationnels. Pendant toute la période des essais aériens,
son directeur, le Diram/Pac, était l’adjoint CEA du Comsup. À la fin des essais atmosphériques,
l’activité opérationnelle du centre de Mahina s’est interrompue, pour n’être plus qu’administrative.
Le Diram/Pac a conservé le rôle d’interlocuteur du CEA auprès des autorités locales (Comsup,
Haut Commissaire de la République, autorités politiques du Territoire). De plus, il continuait
d’assurer le suivi du personnel de recrutement local.
• «un degré de sécurité jugé nécessaire et suffisant pour les participants aux essais,
• un degré de sécurité jugé nécessaire et suffisant pour les populations et biens de
toute nature situés dans les régions extérieures au champ de tir et en particulier
voisines de celles-ci».
17 novembre 1965 : Par décision interministérielle «La mission du Goen/Pacifique qui est
constitué pour une durée qui couvre l’ensemble d’une campagne de tirs, consiste à
assurer, dans les conditions de sécurité requises, l’exécution du programme
d’expérimentations nucléaires décidé par le Gouvernement». Le Commandant du Goen est
assisté de conseillers, pour la sécurité radiologique, le contrôle biologique et la
météorologie.
12 février 1968 : Décision de création du Comité mixte des expérimentations nucléaires dont le
rôle est de préparer la présentation des programmes d’expérimentations nucléaires au
CISL et d’assurer leur cohérence. La présidence est assurée par le Dircen et la vice-
présidence par le Directeur des applications militaires du CEA.
20 janvier 1977 : Établissement d’un protocole Dircen-CEA/DAM concernant l’organisation, les
missions et le fonctionnement respectif du CEP, de la Direction des applications militaires
au Pacifique (Diram/Pac), et des bases du CEP.
2 octobre 1980 : Un décret et un arrêté fixent les attributions et l’organisation de la Direction des
centres d’expérimentations nucléaires. Sont en particulier rappelées, sans changements
notables, les missions du Goen et des services de sécurité, SMSR et SMCB.
27 octobre 1982 : Création de la Commission de sécurité des sites d’expérimentations
nucléaires (C2S). Prenant la suite de la CCS, elle a pour mission d’examiner l’ensemble
des dispositions permanentes prévues en vue d’assurer à tout moment la sécurité
nucléaire dans la zone des expérimentations et à l’extérieur de celle-ci. Elle est présidée
par le Haut-Commissaire à l’énergie atomique et rend compte de ses travaux aux ministres
en charge de la Défense et de l’Industrie. Pour fonder ses avis, elle peut s’appuyer sur les
travaux de commissions de sécurité particulières, notamment la Commission de sûreté
des essais nucléaires (CSEN) du CEA qui, pour chaque engin testé, instruisait le rapport
de sûreté qui précisait notamment le maquettage, la recette, le stockage, le montage, la
manutention de l’engin et du conteneur ainsi que des installations spécifiques.
23 décembre 1983 : En application de la décision ministérielle n°4551 du 27 octobre 1982,
création par le Haut-Commissaire à l’énergie atomique d’un groupe de travail «risque
hydraulique» ayant pour mission de fournir à la C2S ses avis sur le risque hydraulique
encouru sur les sites et les mesures de sécurité nécessaires pour en limiter les
conséquences.
10 mai 1984 : Création du comité scientifique de la Dircen orienté vers l’examen des
programmes de radioécologie et de géophysique. Il est ouvert à des personnalités
scientifiques pluridisciplinaires issues de l’IPSN, du CNRS, d’Universités, de l’Institut
Curie, du Muséum national d’histoire naturelle, etc.
9 décembre 1986 : Un arrêté définit la nouvelle organisation du CEP modifiant les attributions du
Dircen et du Commandant supérieur des forces armées de Polynésie française (Comsup).
1 er août 1998 : dissolution de la Dircen. Le gardiennage du site passe sous la responsabilité du
Comsup.
Septembre 1998 : Création au sein de la DGA, du Département de suivi des centres
d’expérimentations nucléaires (DSCEN). Sa mission est d’assurer, en coopération avec le
CEA/DAM, le suivi radiologique et géologique du CEP après sa fermeture ainsi que la
pérennité des informations concernant le passé radiologique des sites d’expérimentations.
25 août 2000 : un arrêté définit les attributions et l’organisation du DSCEN.
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Cette section propose une description du déroulement des essais sous l’angle de
l’organisation permettant d’assurer la sécurité de l’ensemble des personnes résidant sur le site
d’expérimentations de Mururoa.
Durant les premières années du fonctionnement du CEP, le personnel travaillant sur les
atolls d’expérimentations était hébergé à bord de cinq bâtiments bases amarrés dans le lagon de
l’atoll de Mururoa. C’est en 1970 que commencèrent les travaux d’aménagement des zones
d’habitation et d’activité dans le secteur Est de l’atoll. Dès 1974, ce secteur devient l’unique lieu
de résidence des personnels présents sur les atolls d’expérimentations de Mururoa et
Fangataufa.
Lors des essais atmosphériques, tous les personnels, civils et militaires, étaient évacués
de l’atoll. Ils étaient embarqués sur les bâtiments bases et autres navires engagés pour la
campagne, ou se repliaient par avion sur la base avancée de Hao.
Seuls quelques expérimentateurs demeuraient présents sur site lors de l’essai, protégés à
l’intérieur du Poste de commande de tir (PCT), situé en zone Anémone sur l’atoll de Mururoa.
• l’embarquement de l’état-major du site sur le BSL Rance et des derniers moyens terrestres
sur le TCD Ouragan ;
• l’évacuation des derniers personnels à terre, par un avion Bréguet vers Hao, à l’exception
des équipes Ballon et Amorçage qui réalisaient au dernier moment la mise en configuration
de l’engin et pouvaient être amenées à intervenir en cas d’incident, et de l’équipe
d’expérimentateurs qui restait dans le PCT durant l’essai ;
• l’appareillage de l’ensemble des bâtiments abritant le personnel du lagon de Mururoa.
Dans les heures qui suivaient la réalisation d’un essai, les missions de reconnaissance
radiologique menées par le Service mixte de sécurité radiologique (SMSR) déterminaient les
niveaux de radioactivité dans les principaux lieux où les personnels étaient amenés à intervenir à
court terme : lagon, ouvrages bétonnés, chantiers, zone aéroportuaire, etc. Les missions
réalisaient un survol général permettant une reconnaissance radiologique de la totalité des deux
atolls d’expérimentations. Toutefois, dans un premier temps, cette reconnaissance ne pouvant
être exhaustive, les lieux qui n’avaient pas été reconnus finement au plan radiologique étaient, par
précaution, classés zones interdites (ZI). En fonction des besoins, ces zones faisaient ensuite
l’objet de reconnaissances plus poussées et étaient reclassées en zones surveillées (ZS) ou en
zones contrôlées (ZC). Toute intervention dans une ZI se faisait en présence d’un agent de
radioprotection du SMSR. Les cartes dressées à partir de ces relevés sont présentées pour
chaque essai décrit dans l’annexe 3.
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Le retour sur site n’était autorisé par le Goen qu’après contrôle du site par le SMSR. A
l’exception de la campagne 1966 durant laquelle les retours sur l’atoll de Mururoa ont été différés
jusqu’à plusieurs semaines à la suite des essais sur barge, les activités nautiques étaient
autorisées dans la zone Kathie peu après le retour des bateaux au mouillage et, quelques jours
après, dans la zone de l’essai. Les zones où ont eu lieu les essais sur barge, ainsi que celles
proches du rivage de la zone Colette restaient des zones contrôlées (cf. Chapitre IV).
Pendant la période des essais atmosphériques, les modalités de distribution des films
dosimètres aux personnes présentes sur site ont évolué en fonction des procédures de
réalisation des essais afin d’assurer la meilleure efficacité du suivi radiologique. Les trois
premières années de fonctionnement du CEP, par précaution, les films dosimètres mensuels
individuels ont été distribués à la quasi-totalité du personnel. Ainsi par exemple, en 1966, lors de
la première campagne, 110 000 films ont été distribués et moins de 1% d’entre eux ont présenté
une dosimétrie non nulle. En 1968, après les essais mégatonniques, le retour d’expérience du
suivi dosimétrique a permis d’identifier et ou de confirmer précisément les fonctions et postes de
travail présentant un risque radiologique nécessitant une surveillance radiologique. Ainsi, au cours
des années suivantes, cela a conduit à ajuster le nombre de dosimètres individuels attribués
systématiquement aux personnes relevant de ces fonctions et postes et d’augmenter ceux
disponibles à l’entrée des différentes zones contrôlées pour les personnes devant y travailler
occasionnellement.
Une fois l’essai techniquement prêt (cf. Chapitre II), le personnel chargé des installations
en cours de forage, (FGD ou post-forage), était rapatrié en secteur Est et le lagon était totalement
évacué. Des barrages routiers contrôlaient les accès aux secteurs Sud et Nord de l'atoll à partir
du secteur Est pour vérifier l'absence de personnels en dehors de ce secteur.
Un appel nominatif de toutes les personnes présentes sur le site était réalisé. Des points
de regroupement étaient prévus pour l’ensemble du personnel, à l’exception des agents
opérationnels au PC Goen et au PCT. Au milieu des années 80, le rassemblement se faisait sur
les plates-formes surélevées destinées à assurer la sécurité des personnes face au risque
hydraulique.
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Une mission de reconnaissance (mission Surmar) des abords des sites était déclenchée
quelques heures avant l'essai pour une ultime vérification de l'absence d'intrus dans les zones
aériennes et maritimes de sécurité. Une mission de reconnaissance des effets mécaniques et
radiologiques héliportées (mission Almée) et une mission de secours (mission Sar) prenaient l'air
à H-40min et se positionnaient à distance de sécurité du point zéro.
Il a alors été décidé de compléter les moyens de sécurité pour les étendre à l'ensemble des
risques hydrauliques. Pour prévenir ces évènements, un réseau de sismomètres et de géophones
a été mis en place, permettant d'initier une alerte dans un délai court (environ 30 secondes). Afin
d’assurer la sécurité des personnels en cas de vague de hauteur anormalement élevée, plusieurs
moyens de protection ont été mis en place :
• En secteur Est, côté océan, une digue d'une hauteur de quatre mètres a été érigée pour
protéger l'ensemble des zones d’habitation. Elle a été prolongée par un mur longeant les
zones industrielles et aéroportuaires.
• Dans le même secteur, côté lagon, une digue de protection plus modeste a été construite
au niveau des habitations, les protégeant des effets de seiche, dont l’amplitude peut
atteindre un mètre.
• 22 plates-formes de plus de 100 m 2, pouvant accueillir 120 personnes et dont les structures
pouvaient résister à une submersion de 1 mètre, avec une vitesse de 10 km.h -1, assuraient
une protection complémentaire en cas de submersion des digues.
• Dans les zones isolées de l’atoll où le risque était réel, 23 plates-formes pouvant accueillir
10 personnes ont été implantées tous les 700 m le long de la route, côté lagon, ainsi qu'aux
abords de tous les chantiers. Ces installations étaient équipées d'une liaison VHF permettant
de recevoir une alerte générée par un émetteur positionné au PCT, commandé par le réseau
d'écoute sismique. Cette alerte déclenchait des signaux lumineux et sonores sur chaque
plate-forme.
• Des équipements portatifs pouvaient aussi permettre de recevoir ce signal d'alerte, donnant
au personnel un préavis de 90 secondes pour se réfugier sur les plates-formes avant
l’arrivée de la vague océanique.
Les essais souterrains initialement réalisés sous la couronne de l’atoll ont été effectués
dans les années 80 sous le lagon, vers le centre de l’atoll, afin d'atténuer de manière significative
les sollicitations mécaniques des flancs de l'atoll. La réduction des puissances des essais
effectués sous la couronne terrestre, a aussi considérablement abaissé les risques d’éboulement
des pans de falaises récifales ou de glissement de dépôts alluvionnaires.
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De fait, il n'a jamais été nécessaire d'utiliser les moyens de protection pendant toute la
durée d'exploitation des sites d’expérimentations. Cependant, le dispositif de surveillance géo-
mécanique a été conservé jusqu’à nous jours pour assurer la sécurité des militaires chargés du
gardiennage (cf. Chapitre VII).
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Glossaire
absorption : en radioécologie, phénomène qui correspond au passage des radionucléides au travers
des membranes biologiques.
accrétion : augmentation d'une masse quelconque par addition ou accumulation.
actinides : radioéléments naturels et/ou artificiels dont le numéro atomique (nombre de protons du
noyau) est supérieur à 89.
activation : réaction nucléaire tendant à rendre radioactifs certains éléments chimiques par
bombardement par des neutrons ou d’autres particules.
activité : nombre de désintégrations par unité de temps au sein d’un radionucléide ou d’un mélange
de radionucléides. Elle est exprimée en becquerel (Bq), unité qui correspond à une
désintégration par seconde.
adsorption : en radioécologie, phénomène de surface qui conduit à un marquage externe d’un corps par
les radionucléides.
advection : terme qui se réfère à tout mouvement, vertical ou horizontal, des masses d’eau ou d’air.
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biosphère : ensemble des écosystèmes de la planète, comprenant tous les êtres vivants et les
milieux où ils vivent.
biotope : milieu, de dimension et de composition très variables, qui sert de support à une biocénose.
calcite : carbonate de calcium plus ou moins riche en magnésium, elle est dite magnésienne si
elle comprend 5 à 10 mole % de CO 3 Mg.
chaîne trophique : ensemble des relations s'établissant entre des organismes, en fonction de la façon dont
ceux-ci se nourrissent. En général, une chaîne trophique (réseau trophique) comprend des
producteurs (végétaux), des consommateurs primaires (herbivores), des consommateurs
secondaires (carnivores) et des décomposeurs (détritivores).
chlorose : disparition partielle de la chlorophylle dans un végétal entraînant le jaunissement des
plantes.
conglomérat : roche sédimentaire détritique formée pour 50% au moins de débris de roches de
dimension supérieure à 2 mm et liés par un ciment naturel.
contamination : dépôt de radionucléides sur des objets, des espaces découverts ou des personnes.
corallivore : animal se nourrissant de coraux comme certains poissons du genre Chaetodon et une
étoile de mer urticante de grande taille l’Acanthaster planci.
coriolis, force de : force d'inertie à prendre en compte pour étudier le mouvement d'un corps (liquide ou
gazeux) par rapport à un repère en rotation, par exemple par rapport à la Terre dans les
applications à la géodynamique et la géophysique.
débit de dose : quotient de l’accroissement de dose (énergie absorbée par la matière par unité de
masse) par la durée de l’intervalle de temps durant lequel il se produit. L’unité légale est
le gray par seconde de symbole Gy.s -1 (cf. Chapitre VI).
désintégration : transformation d’un noyau instable en un noyau stable ou instable au cours de laquelle
le nombre et la nature des nucléons (neutron ou protons, particules constitutives du
noyau atomique) sont modifiés (cf. Annexe 1).
détritivore : se dit d’un organisme s'alimentant en ingérant la matière organique morte laissée par les
producteurs primaires (végétaux) ou par les consommateurs.
dose équivalente : Les doses efficaces et les doses absorbées à la thyroïde sont des doses équivalentes
exprimées en sievert tenant compte de la nature des rayonnements auxquels l’individu
a été exposé (alpha, bêta, gamma, neutron). Elle s’exprime en sievert (Sv). Ces doses
sont aussi des doses engagées (cf. Chapitre VI).
dosimétrie : mesure de doses de rayonnements ionisants auxquelles un être vivant a été exposé. Elle
peut être interne lorsque les radioéléments ont été incorporés par l’être humain ou
externe si l’irradiation provient d’une source externe comme le sol, l’atmosphère, etc.
(cf. Chapitre VI).
échinodermes : embranchement contenant des animaux exclusivement marins dont la symétrie est rayonnée
(exemples les oursins, les étoiles de mer, les crinoïdes, les ophiures et les holothuries).
écosystème : c'est l'unité fonctionnelle de base en écologie qui inclut à la fois les êtres vivants et le
milieu dans lequel ils vivent avec toutes leurs interactions réciproques entre le milieu et
les organismes (écosystème = biotope + biocénose).
Ekman (couche) : couche de surface de la mer dans laquelle se fait sentir l’influence (la tension) du vent
et où se fait le transport d’Ekman.
endobionte : animal ou végétal vivant à l’intérieur d’un substrat ou d’un être vivant.
épibionte : animal ou végétal vivant fixé ou posé sur des supports ou sur d’autres êtres vivants
épithélium : tissu animal constitué d’une ou plusieurs couches de cellules séparant les différentes
parties du corps des cavités.
espèce : unité indivisible de la Classification du monde vivant. Chaque espèce est désignée par
un double nom latin ou latinisé. Le premier nom, avec majuscule initiale désigne le
genre, et le second, en minuscule, désigne l'espèce proprement dite. Ce double nom
latin est toujours en caractères italiques dans le texte.
euphotique : qualifie la couche superficielle des océans, dans laquelle l’intensité de la lumière solaire
permet la photosynthèse.
facteur de
concentration: dans le milieu aquatique, c’est le rapport entre l’activité d’un radionucléide dans l’organisme
(ou organe, ou tissu) et l’activité de ce même radionucléide dans l’eau.
fission : scission d’un noyau lourd en deux morceaux, accompagnée d’émission de neutrons, de
rayonnements et d’un important dégagement de chaleur (cf. Annexe 1).
flot (courant de) : mouvement horizontal de l’eau correspondant, avec un décalage plus ou moins important,
à la marée montante. Les courants de flot portent généralement, selon le cas, vers la
côte ou dans la direction de propagation de l’onde marée.
fractionnement : ce sont les modifications dans la composition du mélange radioactif, qui intervient entre
l’instant de sa formation et celui du recueil d’un prélèvement de ce mélange, ce qui fait
que l’échantillon mesuré n’est pas totalement représentatif des produits formés.
genre : subdivision d'une famille biologique, se répartissant elle-même en une ou plusieurs
espèces (cf. définition d’espèce).
granulométrie : qui est relatif à la mesure des dimensions des grains d’un mélange, de la détermination
de leur forme et de leur répartition statistique.
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468 GLOSSAIRE
gray : unité de dose absorbée dans un élément de matière de masse 1 kilogramme auquel les
rayonnements ionisants communiquent de façon uniforme une énergie de 1 joule.
Symbole : Gy.
gymnosarde : poisson de la famille des scombridae (ex. maquereau) appelé thon à dents de chien.
halophile : se dit des plantes vivant sur les sols salés.
hépatopancréas : volumineuse glande digestive associée à l'estomac, en particulier chez les invertébrés
comme les mollusques.
holothurie : animal marin de la classe des échinodermes de forme allongée vivant au contact du
substrat, généralement les sédiments dont il se nourrit.
HTO (eau tritiée) : Formule chimique associant 1 atome d’hydrogène, 1 atome de tritium et 1 atome
d’oxygène. Naturellement, l’eau de mer contient 100 Bq.m -3 d’HTO.
humus : ensemble de substances présentes dans le sol, résultant de la décomposition partielle
des déchets de végétaux et en faible partie, d’animaux.
hydrologie : étude des eaux, de leur composition et de leurs propriétés. En océanographie, l’hydrologie
s’attache à la mesure de la température et de la salinité des eaux de mer en vue de
déterminer leur densité, qui est une grandeur fondamentale dans la dynamique marine.
ichtyologique : relatif aux poissons (faune des poissons).
indentation : échancrure d’une côte, d’un littoral.
ionisation : phénomène par lequel un ou plusieurs électrons sont émis (ou absorbés) par un atome
ou une molécule, lesquels sont alors transformés en ions (cf. Annexe 1).
irradiation : exposition de l’organisme ou d’une partie de celui-ci, à des rayonnements ionisants (cf.
Chapitre VI).
isotopes : formes différentes d’un même élément chimique de la table de Mendeleiev ayant des
propriétés chimiques identiques mais des propriétés physiques différentes : période,
rayonnements émis, etc. (cf. Annexe 1).
jusant (courant de) : mouvement horizontal de l’eau correspondant, avec un décalage plus ou moins important,
à la marée descendante. Les courants de jusant portent généralement, selon le cas,
vers le large ou dans la direction opposée à celle de la propagation de l’onde marée.
On dit aussi courant de reflux.
karst : région de calcaires et dolomites ayant une topographie souterraine particulière due à la
dissolution de certaines parties du sous-sol. Dans les atolls, les cavités naturelles ainsi
formées favorisent la circulation des eaux souterraines.
labile : se dit d’une contamination peu fixée sur un support.
lixiviation : en géologie, opération qui conduit par dissolution à libérer certaines substances contenues
dans un solide, par exemple par les eaux d’infiltration et de ruissellement (synonyme :
lessivage).
madréporaires : ordre des Cnidaires Anthozoaires (Hexacoralliaires) renfermant la majorité des coraux
actuels. Ces animaux coloniaux dont le squelette est constitué de calcaire sont
susceptibles de réaliser d'importantes constructions appelées à tort récifs de coraux.
matière fissile : nucléide dont le noyau peut subir la fission nucléaire par interaction avec des neutrons
(par exemple 235 U et 239 Pu).
micron : Unité de mesure égale à un millième de millimètre (10 -3 mm), ou un millionième de mètre
(10 -6 m). Symbole µ.
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mille marin : unité de distance en mer égale à une minute de degré d’arc sur le méridien. Un mille
marin ou nautique est égal à 1 852 mètres.
mordache : lors des essais souterrains, c’est une traverse posée en surface, à l’entrée du puits et
qui permet la tenue du câble support du conteneur de l’engin à expérimenter.
nutriants : terme qui désigne l’ensemble des espèces chimiques nécessaires au développement
de l’activité biologique (synonymes : nutriments et sels nutritifs).
oligotrophe : qualifie un milieu, une masse d’eau, où la concentration en éléments nutritifs (nutriments)
est faible. Le développement du système trophique est alors limité par la disponibilité
des éléments nutritifs.
organe critique : organe dont l’atteinte par les rayonnements ionisants est la plus pénalisante pour
l’organisme humain.
pélagique : adjectif qui qualifie tout ce qui se passe en pleine eau sans relation avec le fond
(contraire de benthique).
période : temps nécessaire pour que l’activité d’un radionucléide en un lieu donné soit réduite de
moitié par suite de l’ensemble des processus pertinents, exemples : décroissance
radioactive, dilution, érosion, élimination biologique, etc.).
phytoplancton : ensemble des organismes du plancton appartenant au règne végétal, de taille souvent
microscopique, qui vivent en suspension dans l’eau. Les Diatomées et les Dinoflagellés
constituent la plus grande partie des organismes du phytoplancton.
plancton : ensemble des organismes, animaux et végétaux, vivant en pleine eau et à faible capacité
natatoire ne leur permettant pas de lutter efficacement contre les courants.
platier : pour l'écosystème corallien, il s'agit de l'élément principal de la partie interne ou externe
d'un récif constitué essentiellement de coraux morts et de leurs débris (zone plate).
point zéro : point où se produit l’explosion nucléaire.
produit d’activation : élément radioactif résultant de la capture d’un neutron, par exemple l’uranium
238 devient par activation le plutonium 239.
produit de fission : produit radioactif provenant de la cassure du noyau d’un élément fissile ( 235 U ou 239 Pu
par exemple).
radioactivité résiduelle : radioactivité mesurée après un temps déterminé ou après décontamination.
radiotoxicité : toxicité liée aux rayonnements émis par un élément radioactif présent dans l’organisme. Elle
n’est pas seulement liée aux caractéristiques radioactives de l’élément considéré mais dépend
également du métabolisme de cet élément dans l’organisme et, par suite de son état chimique
et physique.
scintillateur : détecteur de radioactivité constitué d’un matériau susceptible d’émettre un rayonnement
lumineux sous l’action d’un rayonnement ionisant. Par exemple, le cristal d’iodure de
sodium (NaI) est utilisé pour la détection des rayonnements γ et le fluorure de zinc pour
celle du rayonnement α.
sievert : unité de dose équivalente, dans le domaine de la radioprotection. Le sievert est égal au
joule par kilogramme. Symbole Sv.
sol brun : terme de pédologie qualifiant un sol à horizons peu différenciés plus ou moins riche en
humus.
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sol ferrallitique : terme de pédologie qualifiant un sol rouge des régions tropicales humides pauvre en silice
et caractérisé par la présence d’alumine libre et d’oxyde de fer.
sol vertique : terme de pédologie qualifiant un sol aux caractéristiques intermédiaires aux sols bruns
eutrophes quand ils sont situés sur de fortes pentes, et aux sols ferrallitiques quand ils
sont sur des pentes moins accusées. Les sols vertiques constituent l’originalité de la
couverture pédologique des îles Gambier (Mangareva). On les trouve également aux îles
Marquises (Nuku Hiva) ainsi qu’aux îles Australes (Rurutu).
spectrométrie γ : étude du rayonnement gamma à l’aide d’un spectromètre. Celui-ci est conçu de manière
à détecter les rayonnements gamma et de les classer avec précision selon leur énergie.
Cette fonction de classification (ou de tri) distingue le spectromètre des autres
instruments qui mesure l’activité totale émise dans une gamme donnée d’énergie.
stochastique : aléatoire, qui paraît lié au hasard.
stratosphérique : qui se rapporte à la stratosphère, partie de l'atmosphère située entre 12 et 50 km au-
dessus de la surface terrestre et où, dans un air très raréfié, la température se stabilise
entre -50 et - 60 °C.
subsidence : lent mouvement d’affaissement des massifs volcaniques
symbiose : association durable, sinon constante, nécessaire et à bénéfices réciproques entre deux
organismes vivants. Ces phénomènes sont assez répandus dans le milieu marin
(exemples : les algues unicellulaires zooxanthelles avec les coraux ou les bénitiers).
tangon : espar horizontal placé en dehors du navire, perpendiculaire à la coque, servant notamment
à y gréer des lignes de traîne.
taxinomique : caractérise la classification des espèces vivantes, tant végétales qu’animales
tégument : tissu le plus superficiel isolant l’intérieur des organismes de l’environnement extérieur.
tellurique : qualifie ce qui provient de la Terre.
thermocline : zone de transition entre deux masses d’eau de températures différentes et se mélangeant
difficilement.
thermoluminescence : émission d’un rayonnement par chauffage d’un corps préalablement irradié et qui
libère, par suite de son élévation de température, l’énergie emmagasinée pendant
l’irradiation. Des instruments de mesure, sur la base de ce principe, sont utilisés pour la
dosimétrie opérationnelle des personnes comme les stylos dosimètres
thermoluminescents.
tropopause : surface de séparation de la troposphère et de la stratosphère. Elle correspond à un
minimum de température.
troposphérique : qui se rapporte à la troposphère, partie de l'atmosphère située entre la surface terrestre
et une altitude de 8 km depuis les pôles à 15 km au niveau de l'Équateur. Sa partie
basse est le siège des perturbations météorologiques.
zooplancton : ensemble des organismes du plancton appartenant au règne animal. Les crustacés et
plus particulièrement les copépodes y sont très représentés.
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Sigles et acronymes