0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
244 vues36 pages

La Rive de La Deule Lille

Ce document présente un atelier public de paysage sur le canal de la Deûle dans la région urbaine de Lille. L'atelier vise à trouver un équilibre entre les différents usages du canal, notamment les activités économiques, les services écosystémiques, les loisirs et les fonctions urbaines. Le document souligne l'importance de concilier ces usages à travers un aménagement et un projet de territoire partagé prenant en compte le paysage du canal.

Transféré par

meryem16
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
244 vues36 pages

La Rive de La Deule Lille

Ce document présente un atelier public de paysage sur le canal de la Deûle dans la région urbaine de Lille. L'atelier vise à trouver un équilibre entre les différents usages du canal, notamment les activités économiques, les services écosystémiques, les loisirs et les fonctions urbaines. Le document souligne l'importance de concilier ces usages à travers un aménagement et un projet de territoire partagé prenant en compte le paysage du canal.

Transféré par

meryem16
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 36

L’ATELIER PUBLIC DE PAYSAGE N°10

2017-2018 Partager la Deûle urbaine


Les enjeux d’un canal à grand gabarit dans un cœur métropolitain
École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, avec la participation de l’Agence de Développement et
d’Urbanisme de Lille Métropole et de Ports de Lille.

SOMMAIRE
Les principes du Masterplan
Avant Propos 2 Le Masterplan 20
Conflits en bord de Deûle 3 Le Strip 22
Impact d’une mise à très grand gabarit 4 Les Sas urbains 23
Le Marais 24
Diagnostic des paysages du canal de la Deûle Les Lucarnes urbaines 25
Perception sensible du canal de la Deûle 6
Le paysage du canal de la Deûle 8 Les projets de l’atelier
Les fondations de la Deûle urbaine 10 Le Strip, des projets le long du canal 26
La Deûle industrialisée 11 Les Sas urbains, des projets qui ouvrent la ville 28
L’armature paysagère de la Deûle urbaine 12 sur l’eau
Un panel d’acteurs potentiellement en conflit 14 Le Marais, des projets de grands paysages 30
Projets et héritages 16 Le Marais, un chapelet de parc 32
De l’état des lieux au Masterplan 19 Le Marais, des linéaires de promenades 33
Les Lucarnes urbaines, des projets urbains au 34
bord de l’eau
Le mot de la fin 36

Journal V21/06.indd 1 06/07/2018 12:54


AVANT PROPOS
LA DEÛLE URBAINE : UN PAYSAGE EN PARTAGE

Depuis des décennies la voie d’eau a été trop ignorée dans la métropole et dans la Partager le territoire par le paysage
région et par conséquent très négligée ; quand elle attirait l’attention, c’était souvent à cause Denis Delbaere & Jean-Michel Merchez, responsables de l’Atelier Public de Paysage 2017-18
des nuisances réelles ou supposées dont elle était porteuse pour les territoires traversés.
Le seul aspect positif perçu résidait dans sa dimension de voie du transport de masse de Chaque année depuis 2007, l’Atelier Public de Paysage de l’ENSAPL met à la disposition
marchandises, encore s’agissait-il surtout des moins séduisantes d’entre elles : pondéreux, d’une collectivité ou d’une instance territoriale les compétences naissantes et l’imagination vive d’un
déchets, etc. Avec la réalisation de la liaison Seine Escaut, et la remise en cause actuelle de la groupe d’étudiants paysagistes. Ces jeunes paysagistes concepteurs exerceront leur métier dans le
primauté du mode de transport routier, il est temps que nos territoires reconsidèrent, à l’instar domaine de l’aménagement, de la gestion, de la programmation et de la planification du paysage.
de la majorité des villes et des régions d’Europe, leur relation à la voie d’eau, en valorisant L’Atelier Public de Paysage permet de défricher par le projet les possibles d’un sujet complexe et celui
tous les atouts et en fassent un support privilégié de leur stratégie de développement, de cette année l’est notoirement.
notamment urbain.
L’ADULM et Ports de Lille ont souhaité organiser un Atelier Public de Paysage sur deux semestres
La voie d’eau, particulièrement quand elle s’est développée sur la base d’une autour de la question du partage du canal de la Deûle dans sa partie urbaine, entre Hantay au Sud
rivière existante, regroupe un ensemble unique d’enjeux de développement stratégiques, (confluence avec le canal d’Aire) et Deûlémont au Nord (confluence avec le canal de la Lys). Rivière naturelle
de natures diverses. Il s’agit bien entendu d’abord d’enjeux de transport, notamment de aux usages multiples, ensuite conçue comme une infrastructure économique, la Deûle est aujourd’hui
marchandises, et de tourisme et donc de développement économique, mais aussi de l’objet d’attentes très différentes, qui connaissent toutes un fort dynamisme, et entrent parfois en conflit :
reconquête urbaine et paysagère et de renouveau écologique. C’est aussi un retour aux - activités économiques, essentiellement gérées par la Chambre de Commerce et d’Industrie via Ports
données de la géographie physique du territoire, dans un espace qui manque de repères de Lille,
topographiques et, potentiellement au moins, un facteur d’unité entre territoires. C’est enfin - services écosystèmiques, la Deûle étant un maillon essentiel de la trame verte et bleue de
le support d’interventions matérielles de qualité et de valorisation du patrimoine. l’eurométropole,
- fonctions de loisir et de cadre de vie (pêche, activités sportives et de détente),
L’attrait pour l’habitat et les loisirs que suscite désormais l’eau en milieu urbain ne - fonctions résidentielles et urbaines (constructions de logements, de bureaux et d’équipements à
doit pas conduire à exclure de ses abords les autres fonctions essentielles au développement proximité de la voie d’eau conçue comme un argument pour la qualité des projets urbains).
de nos agglomérations, en particulier les activités économiques, notamment logistiques. Aujourd’hui, la perspective de la construction du Canal Seine Nord Europe (CSNE) permet d’imaginer
Il importe de favoriser le long de la voie d’eau des aménagements conciliant les différents un accroissement conséquent du trafic commercial et la conflictualité des usages du canal et autour
types de fonctions urbaines et d’y maintenir ou développer une réelle mixité fonctionnelle. du canal risque de s’en trouver renforcée, empêchant l’élaboration d’une vision et d’un projet de
Il faut donc concevoir et mettre en œuvre sur les secteurs les plus stratégiques des projets territoire partagés. L’ADULM et Ports de Lille s’interrogent donc sur les moyens d’un projet de territoire
qui, dans leur domaine, s’avèrent aussi innovants et visionnaires qu’a pu l’être en son temps permettant un partage harmonieux de l’espace Deûle, tout en favorisant une large mobilisation des
une opération comme Euralille, en permettant la coexistence des diverses fonctions urbaines acteurs du territoire.
autour d’un pôle d’échange international et local de voyageurs. Développer ainsi un réel
urbanisme de projets autour des enjeux de la voie d’eau s’avère fondamental, mais il est bien L’hypothèse de l’Atelier Public est que ce partage peut s’organiser autour d’une valeur
évident que les propositions devront être variées et adaptées au contexte, en tenant compte collective, qui est celle du paysage que tous ont en commun. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est
en particulier des différences d’échelles et d’enjeux… ce paysage, pensé aussi bien à l’échelle de la voie d’eau dans la continuité de son parcours et dans la
séquentialité de son itinéraire, cadre d’une possible harmonisation des mixités fonctionnelles, qu’à
Les besoins de régulation ne sont pas moins importants ; le principe de l’accès de l’échelle de certains sites sur lesquels les conflits risquent d’être particulièrement inhibant. La voie
tous à la voie d’eau et de la libre circulation sur ses bords (en mode doux du moins) devrait d’eau industrialisée représente un potentiel fédérateur mais n’a jamais été pensée comme telle. De
être posé, même si des conditions de sécurité sur les emprises portuaires peuvent amener à quel paysage parle-t-on, dans quelle épaisseur, dans quel rythme fait-on évoluer les regards et les
en restreindre l’usage. Dans ce contexte pourraient être encouragées des utilisations à titre usages, dans quelle condition géopolitique ? À l’inverse des politiques d’aménagement sans cesse
temporaire de certains espaces proches de la voie d’eau à des fins ludiques ou culturelles segmentées par les divisions administratives et/ou foncière, la réflexion sur et à partir de la voie d’eau
; ceci pourrait aller d’une occupation très éphémère (un dimanche ou un jour férié par engage une posture qui devrait être agréablement portée par la linéarité, la continuité, la traversée
exemple) de certains sites en activité jusqu’à l’investissement pour quelques semaines ou « des » territoires. On considérera par ailleurs ici que l’intensité de la conflictualité est un facteur
mois d’espaces aujourd’hui en friche. d’invention et de créativité susceptible de faire émerger autant de projets de paysage autour de la
Deûle.
La voie d’eau devrait constituer un support majeur pour un projet de (re)
développement d’un territoire comme celui de la MEL, au sein duquel la plupart des Les travaux de l’atelier ont été suivis par un comité de pilotage réuni 4 fois dans l’année
enjeux sont partagés, mais dont la gouvernance est de fait éclatée. Dans cette optique, universitaire. Composé de représentants de l’ADULM et de Ports de Lille, il a aussi accueilli des
la voie d’eau devrait être à la fois identifiée comme un élément de structuration du représentants de diverses communes concernées ainsi que les services de la MEL. Nous tenons à
territoire, un objet d’intervention en soi, et comme un support de la mise en oeuvre d’un saluer l’intensité et la précision de l’implication de ce comité de pilotage dans le suivi et la discussion,
modèle de développement plus soutenable. Ce pourrait même constituer un axe majeur toujours exigeante et bienveillante, des travaux des étudiants.
de développement des coopérations avec les territoires voisins, comme le propose
l’Eurométropole, mais aussi la Région.

La mise en œuvre d’une stratégie suppose cependant que soient reconsidérées les
approches trop souvent sectorisées, spatialement et géographiquement (de l’aménagement). L’eau : un commun métropolitain ?
Elle implique donc de développer une vision d’ensemble innovante mais aussi que l’on François Andrieux, directeur de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille
envisage l’opportunité de mettre en œuvre des programmes nouveaux, des projets originaux
mais cependant réalisables, correspondants aux besoins de la métropole tout en respectant Ce dixième atelier public de paysage nous fournit l’occasion de pointer l’intérêt partagé de
– et valorisant - les spécificités de chacune de ses composantes. ce format pédagogique : confronter les étudiants à une problématique concrète pour explorer un
enjeu territorial, porter un regard prospectif et proposer à un acteur de ce même territoire un autre
C’est dans cette perspective - afin d’offrir à la réflexion des décideurs un vaste point de vue, celui du paysage. Au moment où se met en place le titre de « paysagiste concepteur »,
éventail de propositions certes parfois détachées des contraintes qui s’imposent aux acteurs il n’est pas inutile de partager et de diffuser l’originalité et l’utilité du prisme du paysage auprès des
du territoire - que l’Agence de développement et d’urbanisme de Lille métropole et Ports de acteurs de l’aménagement.
Lille ont souhaité proposer conjointement à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Cette année, l’Agence d’Urbanisme de Lille Métropole et Ports de Lille ont souhaité mobiliser l’atelier
Paysage de Lille d’organiser cet atelier étudiant sur le partage de la Deûle urbaine. public sur un territoire et un objet de grande échelle : une rivière, la Deûle à examiner dans son
segment métropolitain. Réinvestir la Deûle et son « urbanité » est en soi significatif de notre époque
tant l’eau, pourtant fondatrice à Lille, était devenue un point aveugle du développement urbain
Agence de développement et d’Urbanisme de Lille Métropole (ADULM) pendant l’industrialisation. Repenser les rapports entre la ville et sa rivière implique d’exhumer, de
Ports de Lille retourner un envers du paysage métropolitain.
L’eau est un objet par essence polymorphe, multiscalaire et multidimensionnel. Infrastructure et vecteur
potentiel de loisirs, des champs captant du sud aux enjeux transfrontaliers au nord, du métropolitain
à l’infra-local, de l’économique à l’écologique, la rivière concentre une diversité de problématiques
et génère une multitude de conflits potentiels entre des enjeux souvent contradictoires. Il suffit de
penser aux conséquences du passage au très grand gabarit dans la perspective du Canal Seine Nord
Europe et de prendre la mesure de ses impacts à chaque franchissement et le long de chaque rive.
Il est convenu désormais de considérer l’eau comme un commun. Pierre Dardot et Christian Laval,
soulignent combien le commun, un principe médiéval, est en fait « une activité qui ne se construit
que dans et par le conflit ». Le commun ne se décrète donc pas et l’approche par le paysage doit se
comprendre comme une contribution, un épaississement du débat à venir. Dans ce sens le lecteur
pourra sans doute s’interroger sur la proposition de masterplan, un terme dont l’autorité implicite
peut paraître orthogonale avec le principe de commun. Si l’eau comme commun est un projet,
c’est avant tout un projet de gouvernance complexe et passionnant à l’échelle de la métropole.
Aux paysagistes, et avec eux, aux urbanistes et architectes, d’éclairer ce débat politique dont les
conséquences spatiales nécessitent d’être mesurées, dessinées, qualifiées, anticipées…

2 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 2 06/07/2018 12:54


CONFLITS EN BORD DE DEÛLE
attaque surprise !
ahahaha
libération du foncier,
! t1, t2, t3, t4, on va
construire de ces quartiers,
c’est qui qui va pouvoir
partir à saint-bart
aaah la nature, cet été !
ce qu’on est bien
qu’est- ce
ici !
que ...naaan

un grand bol d’air frais !


allez, on se
réveille, sinon tu vas
encore être en retard à
l’école, lève toi
maintenant !

aaaarH
naaaan mamaaan !!!
je me lève, je me lève !
j’adore l’école !

naaaan !
j’veux pas

tout le monde a
une traversée des plus paisibles son matos ?! on va
commencer les jeunes
quand je
me suis inscrite à
l’asso de jogging,
j’imaginais pas les je le sens pas !
cHoses comme ça ... je le sens pas !
je le sens pas du
tout du tout !!!

n’oubliez pas
de bien accrocher
vos mousquetons
pareil ...
les jeunes !

tu vois gamin,
la pêcHe, c’est apprécier
l’amour du sport ! le paysage, écouter la nature,
savourer le silence. reste
concentré d’accord. la pêcHe
c’est comme une méditation mais c’est
sur soi. pas possible !!!
péniche de
branquignol tu
pouvais pas passer
papy ???
plus tard !
la poiscaille s’est
barrée ! fais chier
! gamin on rentre ...

Journal V21/06.indd 3 06/07/2018 12:54


L’IMPACT D’UNE MISE À TRÈS GRAND GABARIT

Si la Deûle devait être mise à très grand gabarit


dans la logique du projet de canal Seine Nord Europe,
ce qui n’est qu’une hypothèse dans l’état actuel des
réflexions, cela aurait un impact considérable sur le
paysage urbain de la métropole. L’étude exploratoire
que nous présentons ici montre à quel point des
travaux d’infrastructure aussi lourds intensifieraient les
conflits autour de la voie d’eau.

Les nouvelles dimensions du canal


Et si la Deûle devait permettre le passage de navires
de 135m de longueur et de 11,4m de large pour 3
niveaux de containers, contre des navires de 110m
et de 1,4m de large et 2 niveaux de containers
actuellement...
Dimensions du rectangle de navigation actuel

Dimensions du rectangle de navigation à très grand


gabarit

Cela impliquerait d’augmenter le rectangle de


navigation en hauteur :
- le tirant d’air passant de 5,25m à 7m.
- le tirant d’eau passant de 3,5 à 4,25m.

Mais cela nécessiterait aussi de relever les ponts et


donc d’agrandir leurs rampes : celles-ci passant de
près de 5m de hauteur pour 100m de longueur à
6-7m de hauteur pour 150 à 200m de longueur.
Tout en tenant compte du fait que désormais les Figure 1 : Carte de l’emprise de la mise à très grand gabarit, montrant les courbes à redresser ainsi que les ponts
pentes ne peuvent dépasser les 3% de pente pour dont les relèvements seraient les plus contraignants.
être conformes aux normes PMR.

Figure 2 : Coupe du pont Carnot à Haubourdin, avec pont


levant et le profil des rampes qui seraient nécessaires
autrement.

4 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 4 06/07/2018 12:54


Exemples d’infrastructures à
grand gabarit en Belgique

Figure 3 : Coupes avant/après du relèvement du pont de la rue du Château à Haubourdin. Passerelle du collège à Courtrai
Les ponts peuvent avoir des rampes sans talus
et ainsi laisser place à un espace public ouvert
passant en dessous.
La forme et l’aspect des infrastructures peuvent
être conçus de manière à les rendre moins
impactant visuellement dans le paysage.
Figure 4 : Coupes avant/après de l’élargissement du canal et du relèvement du pont ferroviaire entre
Saint-André-lez-Lille et la Madeleine.

Figure 5 : Coupes avant/après du creusement de la nouvelle portion du canal sur l’île de la Citadelle.

Quai du dam à Courtrai


La rampe un pont est intégrée au bâti ce qui permet
de la dissimuler. Le premier étage de ce bâtiment
du coté du quai correspond au rez-de-chaussée du
coté du pont.

Figure 6 : Plan de l’emprise des redressements de Figure 7 : Plan de l’emprise du redressement de la


courbes à Marquette-lez-Lille et Wambrechies. courbe du Grand Tournant à la citadelle de Lille.
Parmi les modifications rendues nécessaires si Pour ce qui est du rehaussement des ponts et de
on souhaite faire se croiser des barges de 4400T - mais l’agrandissement des rampes, c’est l’un des principaux
l’instauration de sens alternés serait une solution sans problèmes que poserait la mise à très grand gabarit. La
doute plus réaliste-, il y aurait d’abord le redressement coupe de la figure 2 donne un aperçu des effets induits Pont Notre Dame à Tournai
des courbes en sept points du parcours, notamment sur sur le tissu urbain par l’allongement et la surélévation
la courbe du Grand Tournant qui contourne la citadelle des rampes d’accès aux ponts, enfermant les riverains Ce type de pont permet de faire passer par
[figure 7] et où le nouveau tracé devrait probablement devant un mur et altérant le confort de leur logis. intermittence des bateaux à trois niveaux de
empiéter sur l’île de la citadelle, pourtant classée au L’installation d’un pont levant réglerait ce problème containers sans impacter le tissus urbain alentours,
titre des monuments historiques. Mais cela pourrait mais imposerait des contraintes lourdes à la gestion du mais il entraine des coupures dans la circulation
aussi permettre de réutiliser l’ancien tracé pour trafic fluvial et routier. piétonne et routière.
accueillir des espaces de loisirs, un port ou une zone
renaturée de fraie. Ainsi, une éventuelle mise à très grand gabarit de la
Deûle semble soumise à beaucoup de contraintes
L’ensemble du parcours serait soumis à une révision techniques, génératrices d’un certain nombre de
selon le nouveau rectangle de navigation. Ce conflits (hostilité des riverains, coût, impact sur des
redressement se traduirait par des transformations sites classés,…). Des transformations d’une telle
variables selon les situations : ampleur ne peuvent sans doute se concevoir que
-Soit la largeur actuelle serait suffisante et il sur la base d’un projet métropolitain très ambitieux,
resterait à approfondir le lit et les berges du canal pour mobilisant les surfaces impactées pour reconstruire une
augmenter le tirant d’eau comme sur la figure 3. Deûle urbaine dont la recomposition permettrait un
-Soit il faudrait élargir le canal lorsque celui-ci partage plus harmonieux des usages.
fait moins de 36m comme le montre la figure 4.
-Soit il faudrait redresser une courbe, ce qui
induit d’élargir le canal ou d’en construire une nouvelle
portion, comme dans le cas de la citadelle, en figure 5.

Journal V21/06.indd 5 06/07/2018 12:54


PERCEPTION SENSIBLE DU CANAL DE LA DEÛLE
Pour appréhender le territoire, un travail de relevé sur site a été effectué en distribuant à chaque étudiant une
portion de la Deûle (si bien que l’ensemble du linéaire de la Deûle urbaine a été arpenté comme le montre la carte
ci-dessous). Il en résulte un repérage spontané et intuitif, qui a été retranscrit graphiquement de manière à traduire
la perception du canal et de son environnement proche.

La saisie de la dimension paysagère de la Deûle


urbaine a été le préalable des réflexions que nous avons
menées. Le paysage est tout à la fois l’environnement
physique dans lequel nous évoluons au quotidien et la
manière que nous avons de l’appréhender avec nos sens,
nos sensations et nos imaginaires. Nous avons procédé
selon deux méthodes complémentaires. D’abord un
premier relevé sans carte à partir d’un parcours le
long du canal, en essayant de le longer de la manière
la plus continue possible, et ensuite une analyse
cartographique en séquences paysagères installant la
Deûle dans son environnement. Nos premiers relevés,
nous ont permis de saisir les ambiances du paysage
de la Deûle urbaine sur son linéaire de 30 kilomètres.
Aucun mode de représentation ne nous était imposé
et il est intéressant d’observer quels procédés se
sont imposés à nous car ils en disent long sur ce qui
caractérise ce paysage.

CONTINUITÉ
La plupart d’entre nous ont eu spontanément
recours au plan, dessinant de longues cartes suivant
le ruban du canal. Ceci montre la forte continuité
qui le caractérise à l’image d’un travelling « urbain ».
Cette continuité a quelque chose de monotone mais
permet aussi une forme de rêverie, de méditation,
de délassement. Il faudra s’en souvenir au moment
d’imaginer le futur du canal  : il s’agira de trouver
une manière d’accompagner cette continuité, de la
souligner, de renforcer son évidence et sa clarté.

PONCTUATIONS
D’autres relevés ont pris la forme de carnets de
notes dans lesquels nous avons consigné la multitude
des petits faits et des évènements qui ponctuent et
animent cette continuité  du canal  : points de repère
d’une cheminée d’usine ou d’un clocher, pontons,
bosquets, mares, hameaux en bordure de quai. Ce
second aspect immédiat du paysage nous a incité à
penser que ces formes de ponctuations pourraient
organiser les futures interventions en bord-à-canal.

SÉQUENCES ET CONTRASTES
Le troisième aspect marquant de ce paysage
est qu’il apparaît non pas comme un tissu urbain uni
au bord de l’eau, mais comme un parcours séquencé
associant des espaces de natures variées : séquences
urbaines, séquences jardinées, séquences boisées,
séquences industrielles et séquences portuaires
jalonnent le parcours. Ces séquences sont souvent
séparées les unes des autres par ces grandes
portes que sont les passages sous les ouvrages de
franchissement, ponts, viaducs et passerelles, qui
traversent régulièrement le cours du canal. Nous avons
noté cependant que ces séquences ne sont presque
jamais homogènes d’une rive à l’autre. Au contraire,
la plupart du temps une séquence boisée sur une rive
fera face à une séquence urbaine sur l’autre, ou bien
une séquence industrielle répondra à une séquence
agricole. Ceci génère des effets de contraste paysager
qu’il faut considérer comme une valeur à exploiter,
comme une manière originale d’organiser le partage
de la Deûle urbaine.

6 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 6 06/07/2018 12:55


ESQUISSES DU PAYSAGE DE LA DEÛLE

Journal V21/06.indd 7 06/07/2018 12:55


LE PAYSAGE DU CANAL DE LA DEÛLE
Les principes de continuité, de ponctuation et de séquences que nous venons de décrire ont pour effet de faire
se succéder, le long du paysage unifié du canal, une série de 10 séquences paysagères distinctes caractérisant la Deûle
urbaine. Il est important de comprendre les caractéristiques de ces séquences afin que le partage de la Deûle s’y fasse
de manière adaptée.

1 - Le hameau de l’Écluse
La carte ci-contre et les coupes qui l’accompagnent, présentent le paysage
de la Deûle urbaine comme un ensemble composé d’un fil continu incarné par le
canal et d’un tissu urbain discontinu à ses abords. Cette déclinaison des ambiances
paysagères séquence le territoire en dix entités du Nord au Sud.

1 - A la confluence de la Lys et de la Deûle, l’association des grandes


infrastructures que forment les deux canaux ainsi que la route imposante qui 2 - La Basse Deûle rurale
les franchit avec le boisement dense des rives déconnectent l’agglomération de
Deûlémont du reste du paysage. Seule exception, mais qui renforce la règle : le
hameau de l’écluse profite de sa proximité avec le canal pour y installer jardins
familiaux et promenades.

2 - Entre Deûlémont et Quesnoy-sur-Deûle, la Basse Deûle rurale se déploie 3 - La Basse Deûle urbaine
tel un long cordon paysager à travers la déclinaison d’une « coulée verte” reliant
des zones humides, des lagunages et un réseau de becques, l’ensemble restant peu
relié au reste du territoire.

3 - La Basse Deûle urbaine qui s’étend de Quesnoy-sur-Deûle jusqu’à la


limite de Wambrechies. Ici, les effets de contraste entre rives sont puissants entre
le tissu urbain qui se tourne vers l’eau et les activités industrielles ou de plaisance. 4 - Wambrechies, la Deûle en cœur de «bourg»

4 - La traversée de la ville de Wambrechies, quant à elle, offre des façades


fluviales lisibles mais peu reliées entre elles à l’image du Parc de Robersart ou du
port de plaisance qui offrent des accès agréables à l’eau mais ne communiquent
pas entre eux pour former un ensemble. C’est, depuis le Nord, l’avant-scène de
l’agglomération urbaine.
5 - La Deûle industrielle Nord
5 - La Deûle industrielle Nord, entre la Madeleine et Marquette-lez-Lille,
est ponctuée de friches mettant à distance la ville et le canal. Ces espaces sont de
grandes respirations où le patrimoine industriel a valeur de signal, par la présence
d’architectures remarquables telles que les Grands Moulins de Paris.

6 - L’entité paysagère que forme la Moyenne Deûle de Lille à Saint-André, 6 - La Deûle jardinée
peut être qualifiée de Deûle jardinée. Elle se compose d’une succession de parcs
urbains raccordés par les boulevards et faubourgs. Cette densité d’espaces publics
végétalisés en fait un lieu phare de la métropole concentrant la plupart des activités
de loisirs. Les rapports de contraste paysager sont puissamment illustrés ici par le
vis-à-vis des rives paysagères du quartier des Bois Blancs et de Port de Lille.
7 - La Deûle industrielle Sud
7 - Entre Loos et Sequedin, le paysage industriel reprend le dessus. Il est
caractérisé par sa complexité : tracés sinueux, souvent hérités des anciens bras
de canal depuis longtemps enfouis mais parfois remis à l’honneur, ponctuation
d’anciennes mares, le tout jalonné par de grandes nefs industrielles qu’on découvre
sans transition, au coin d’une rue.

8 - La séquence paysagère de Haubourdin se distingue par une volonté 8 - Haubourdin, «ville-Deûle»


lisible de construire, avec des succès variables, la ville au bord de l’eau, sous la
forme d’ensembles urbains ou de grandes entités industrielles qui s’avancent
jusqu’à l’eau, le long des quais. Ceci confère à ce paysage une forte intensité, en
contraste puissant avec les séquences voisines.

9 - La séquence suivante est marquée par le contraste de rive-à-rive entre 9 - La Deûle contrastée
le marais d’Haubourdin et le Port de Santes. Les grands volumes architecturaux
des entrepôts et silos du port entrent en dialogue avec les grands volumes boisés
des anciens marais et des peupleraies. Ce contraste scénique exprime nettement la
polyvalence du canal.

10 - Le marais boisé, s’étendant de Santes à Hantay, offre un paysage 10 - La Deûle boisée


agréable composé d’un espace mixte de peupleraies, de pâtures et de champs.
Autour de Don et de Beauvin, l’horizon s’ouvre vers les lointains cultivés puis se
resserre derrière la lisière d’un bois, comme un jeu de coulisses paysagères. Les
boisements, accompagnant l’ancien bras de Deûle, sculptent le paysage.

8 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 8 06/07/2018 12:55


CARTE DU PAYSAGE
Deûlémont

BASSE DEÛLE
2

3
Wambrechies

MOYENNE DEÛLE
6

Lille

Haubourdin

10
Ville tournée vers l’eau
HAUTE DEÛLE

Tissu urbain dense


Don

Point de connexion avec Lille

Infrastructure portuaire

Paysage en vis-à-vis

Franchissement structurant
Friche industrielle inaccessible
Délimitation arbitraire

Séquençage Coulée verte

Hémicycle Boisement/marais

Journal V21/06.indd 9 06/07/2018 12:56


LES FONDATIONS DE LA DEÛLE URBAINE
La carte ci-contre articule les données issues de la carte de Cassini (XVIIIème siècle) et de la carte de l’Etat-Major
(vers 1860), consultées sur Géoportail. A cette époque, l’industrialisation n’a pas encore bouleversé le territoire. En
l’absence de machines perfectionnées, les implantations ont composé avec la géomorphologie originelle : ces tracés
constituent la racine du paysage actuel.

La Basse Deûle modernes permirent peu à peu de


Au Nord, la Deûle est une rivière corriger cet heureux défaut. Vauban fit
naturelle au lit serré, creusé dans l’argile creuser un canal de raccordement entre
et alimenté par les « becques » qui s’y les deux Deûle au Sud de la citadelle,
jettent à angle droit. Le paysage rural doublé au Nord dans les années 1980.
est dominé par les pâturages et les haies Mais encore aujourd’hui, l’encaissement
de saules têtards. L’épaisseur de l’argile considérable de l’écluse du Grand Carré
génère un talus continu sur la rive droite, montre ce seuil initial de la Moyenne-
la rive gauche restant plus ouverte. Deûle à qui Lille doit d’exister.
Les villes (Deûlémont, Wambrechies et La Moyenne-Deûle est donc le territoire
Quesnoy-sur-Deûle) ont tiré parti de la naturel de l’urbanisation. L’essentiel
surélévation de la rive droite pour jeter de l’agglomération métropolitaine s’y
un pont sur la rivière. La rive gauche, plus développe. Mais la Deûle n’est pas
plate, a favorisé les grandes implantations la Seine à Paris ou la Loire à Nantes
industrielles, comme à Marquette-lez- : elle reste une infrastructure à côté
Lille. Les routes longent les crêtes derrière et non le long de laquelle la ville s’est
lesquelles la rivière se cache. bâtie. Ses abords sont occupés par de
grands espaces publics végétalisés,
La Haute Deûle appréciés des promeneurs du dimanche
Au Sud, les craies de la rive droite infiltrent et des pêcheurs : coulée verte des
les eaux, et alimentent la réserve d’eau Bois Blancs, Grand Tournant, Poterne,
potable de la région, pour cette raison Grand Carré, jalonnent ce grand
soustraite à l’urbanisation. Elle a été parc linéaire à la topographie riche,
jusqu’au XIXème siècle un marais de héritée des fortifications et des travaux
bras d’eau mal raccordés dont la Becque d’infrastructure successifs.
de la Tortue guidait les eaux. Il a fallu
tailler dans cette masse hydraulique pour
constituer une infrastructure dont même
le débouché a été modifié pour joindre la
Scarpe au prix d’un profond déblaiement
très lisible à Courrières. Les villages de
Bauvin, Sainghin, Wavrin et Santes se
sont établis à bonne distance du marais
et ont déroulé de longues routes vers
l’eau, perpendiculaires à la Deûle où les
extensions successives se sont installées.
En rive droite, Annoeulin, Houplin et
Ancoisne sont encore plus éloignées.
Haubourdin a profité d’un resserrement
topographique pour bâtir le premier pont
au Nord du vaste marais, dont elle semble
la gardienne. Pour discipliner la plaine
marécageuse centrale, il a fallu planter
des bois et fixer les berges des fossés.
L’horizon est modelé par les masses
géométriques et imposantes de ces bois.

La Moyenne Deûle
Un palier topographique d’environ 4 m
séparait le cours de ces deux rivières
si différentes. Au Moyen-Age, on
déchargeait les bateaux et on acheminait
les marchandises d’une Deûle à l’autre.
Les eaux de la Haute Deûle s’écoulaient
dans un réseau de fossés le long desquels
la ville de Lille et ses faubourgs se sont
établis. Le talus permit aussi de fortifier
la ville. Les moyens de terrassement

Argile Axe routier structurant Fortification Fortification

Alluvion Crête de la vallée de la Deûle Voie ferrée Verger

Craie Réseau hydrographique Noyau urbain Boisement-Marais

10 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 10 06/07/2018 12:57


LA DEÛLE INDUSTRIALISÉE
Au milieu du XIXème siècle, le territoire de la Deûle se transforme sous l’effet de l’industrialisation. Mais sa structure
fondamentale persiste et se renforce. L’industrie, aujourd’hui encore présente à travers les friches et les plateformes portuaires, est
une composante pleine et entière du paysage de la Deûle, dont il faut comprendre les qualités…

Comme le montre le schéma


ci-dessus l’urbanisation industrielle
autour de Lille a suivi quelques principes
simples et lisibles dans le paysage. Les
points de départ en ont été les longues
routes sinueuses qui étiraient de longs
faubourgs vers les agglomérations
voisines. Les premières usines se sont
installées à proximité de ces routes
bordées de terrains faciles à investir,
et la proximité de la Deûle a été un
facteur stimulant. Mais très vite le
manque de place le long des voies a
conduit les industriels à investir des
terrains agricoles en deuxième puis en
troisième rang. De grandes étendues
de champs et de prés ont été loties
pour accueillir bâtiments d’usines et
lotissements ouvriers, constitués d’îlots
fermés de maisons de ville. Chacun de
ces lotissements, issus de la division
orthogonale de la parcelle agricole
initiale, a suivi l’orientation du cadastre
rural, et comme tous les champs ne
suivaient pas rigoureusement la même
orientation, ces différentes «  plaques
industrielles  » ont fini par se rejoindre
mais en s’emboîtant mal. Le paysage
industriel et ouvrier de la Deûle urbaine
est dominé par ces rangs de maisons
qui s’interrompent parfois brutalement
ou se désaxent les uns par rapport aux
autres. Souvent, les coutures mal faites
entre les plaques prennent la forme de
petits squares ou de simples pelouses
qui en font office. La butée des plaques
sur les infrastructures de transport,
notamment ferroviaires, forme ainsi des
corridors de délaissés qui interrompent
la continuité urbaine, véritables verrous
à l’intérieur de la ville dont tout partage
de la Deûle devra se soucier.

La construction autour de Lille


d’une ceinture ferroviaire a multiplié les
franchissements du canal et a donné au
paysage cette séquentialité si frappante
aujourd’hui. Par ailleurs, les ponts
ferroviaires au Sud (Haubourdin) et au
Nord (entre Saint-André et La Madeleine)
Plateforme industrielle
Canal de la Deûle Ville urbaine dessinent des ruptures nettes entre un
intérieur dominé par l’industrie et la
ville, et des extérieurs dominés, au Sud
Réseau ferroviaire Pont et franchissement Ville périurbaine /ouvrière comme au Nord, par l’espace ouvert et
agricole. De la sorte, l’industrialisation a
Réseau routier (grands axes) Noyau urbain Ville diffuse en milieu agricole conforté la tripartition du territoire entre
Haute, Moyenne et Basse Deûle

11

Journal V21/06.indd 11 06/07/2018 12:57


L’ARMATURE PAYSAGÈRE DE LA DEÛLE URBAINE
La Deûle est l’un des principaux corridors biologiques susceptibles d’assurer la préservation et le remaillage
des espaces à caractère naturel de la métropole. Ceci suppose une démarche de renaturation engagée en plusieurs
endroits le long des berges. Cependant, réduire le corridor au seul domaine fluvial contraint fortement les perspectives
de renaturation. C’est dans l’épaisseur du territoire associée au canal qu’il convient d’engager une réflexion efficace
d’écologie du paysage.

L’armature paysagère est l’ensemble des éléments à caractère naturel qui s’imposent aux projets
d’aménagement. L’identifier, c’est montrer selon quelle densité et quelles orientations les futurs projets
s’implanteront. Par exemple, l’étude du projet en cours de la ZAC de l’Ange Gardien à Quesnoy-sur-Deûle montre
que le projet s’implante dans le respect des boisements, des haies, des becques et de l’orientation des champs,
comme le montrent les blocs diagramme ci-dessous. La carte ci-contre schématise trois grands ensembles à
l’origine de cette trame: les strates végétales, l’hydrographie et la matrice agricole (dont seules les principales
orientations sont figurées).

L’armature végétale présente trois structures différentes. Au Nord (Basse Deûle), il s’agit d’un semis de
bois et de peupleraies liés aux fermes. Au centre (Moyenne Deûle), les plantations se concentrent le long et
autour des grands axes et infrastructures. Au Sud (Haute Deûle), marais et peupleraies forment de grands volumes
verdoyants.

L’armature hydraulique se compose de la grille orthogonale des becques au Nord, du linéaire du canal au
centre et des fins et sinueux capillaires du marais au Sud.

Enfin, l’armature du parcellaire agricole dessine une trame orthogonale au Nord, plus dense et resserrée
au centre, tandis qu’au Sud elle se détend et épouse la longitudinalité du parcellaire maraîcher originel.

Masses boisées
Le réseau hydrographique
autour de la Deûle (mares, becques,
bras morts) est support d’une
végétation riche et diversifiée telle
que des saules têtards, bandes
enherbées, roselières... Ces
éléments présentent un atout en
terme de biodiversité floristique et
faunistique.
L’activité humaine a
également contribué à modeler
cette armature paysagère comme
le suggère la présence de trinquis,
s’apparentant à une succession
de fossés, plantés le plus souvent
d’aulnes et chargés de drainer les
eaux des terres agricoles.

Canaux et becques

Matrice agricole

12 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 12 06/07/2018 12:57


CARTE DES TRAMES VERTES, BLEUES ET AGRICOLES

13

Journal V21/06.indd 13 06/07/2018 12:57


UN PANEL D’ACTEURS POTENTIELLEMENT EN CONFLITS
Le partage de la Deûle est déjà engagé par ses usagers. Les rencontrer et s’intéresser à leurs besoins et à leur vision
du paysage et de son devenir, est une condition essentielle du projet

Douze personnes, représentant


chacune une catégorie d’usagers, ont
été interviewées. Chaque étudiant est
allé à la rencontre d’un ou deux types
Nous recherchons des endroits La Deûle est vouée à devenir une
d’acteurs, afin d’échanger sur leurs
activités, leur quotidien, mais aussi sur agréables pour nous arrêter autoroute fluviale. Ce que les plaisanciers
NOUS RECHERCHONS GÉNÉRALEMENT DES et nous
ZONES DE LA DEÛLE EST VOUÉEceÀ DEVENIR
recherchent, sont desUNE AUTOROUTE
zones de FLUVIALE.
halte
leurs besoins vis-à-vis de ce canal en amarrer à proximité de la ville mais
mutation. Sur cette base, la carte ci- HALTES QUI NOUS PERMETTENT DE NOUS AMARRER CE QUE LES PLAISANCIERS RECHERCHENT CE SONT
pour des gabarits Freycinet DES ZONES
sansDANS
déranger
DES CADRESles riverains
AGRÉABLES sans gêner le DE HALTES POUR DES GABARITS TYPE FREYCINET.
contre décrit les dynamiques principales
à prendre en compte pour un partage voisinnage.
harmonieux de la Deûle urbaine. Trois
grandes dynamiques émergent.

Tout d’abord de fortes pressions sur les COUPLE DE BATELIERS CAPITAINE DU PORT DE WAMBRECHIES
friches industrielles. De petites « lucarnes
fluviales » comme celle de Marquette NosNOS
actions
ACTIONS le
SURlong du canal
LES TRONÇONS DE LAconsistent
DEÛLE
y augmenteraient les possibilités de à créer des linéaires de berges
URBAINE CONSISTENT EN LA CRÉATION DE
chargement et de déchargement des La revalorisation de la Deûle est un
écologiques par la DES
CONTINUITÉS FORMANT revégétalisation.
LINÉAIRES DE BERGES Le LA REVALORISATION DE LA DEÛLE
marchandises, mais les plaisanciers en objectif intéressant : leESTproblème
UNE STRATÉGIEse
boisVÉGÉTALISÉS.
que nousLE produisons est utilisé
BOIS MORT EST ÉGALEMENT INTÉRESSANTE. LE PROBLÈME SE POSE TOUTEFOIS
feraient bien des zones de haltes hors pose toutefois du stationnement des très
pour renforcer
UTILISÉ et étendre
POUR LE RNEFORCEMENT les berges
DES BERGES. en ce qui concerne LE STATIONNEMENT DES TRÈS
des grandes navigations, tandis que grands bateaux
l’association Transport Culturel Fluvial y GRANDS GABARITS.
programmerait peut-être des spectacles
vivants, et les bateliers y recherchent
des points d’ancrage. Tous ces acteurs
souhaitent agir très ponctuellement
et assez modestement sur le territoire, Notre association «fluvestre» recherche ÉCOLOGUE ville de lille AGENT VNF
selon une logique de dissémination desENlieux de halte pour
TANT QU’ASSOCIATION accueillir
«FLUVESTRE» NOUS le
SOUHAITONS
spatiale. NotreLE BUTdémarche
PRINCIPAL DE vise à conforter
NOS actions CONSISTE
public pour
DES ZONES DE des
HALTESspectacles vivants.LE PUBLIC
PERMETTANT D’ACCUEILLIR ENles
LA CRÉATION DE LUCARNES
plateformes FLUVIALES QUIet
existantes
Suivant une autre logique, linéaire Cela
POURpermettra
DES SPECTACLESd’orienter
VIVANTS ET DEl’intérêt
RETOURNER des
L’INTÉRÊT PERMETTRAIENT D’ACCROÎTRE
à travailler LES LINÉAIRES
à leurs DE QUAIS
relations de
celle-là, les activités de loisirs telles que DEShabitants
HABITANTS VERS L’EAU.
vers l’eau LE LONG DE LA DEÛLE URBAINE.
voisinage avec le territoire
la marche et le cyclisme se développent
par tronçons d’une longueur moyenne
de 5 à 10km. Une mise en continuité
de ces tronçons est souvent demandée,
l’objectif étant de créer un linéaire
de promenade, notamment cycliste,
fluide et efficace, en lequel les agents
immobiliers voient un argument pour
accroître l’attractivité résidentielle PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION RESPONSABLE PORTS DE LILLE
des bords de Deûle de Haubourdin à Il faut
IL FAUTvaloriser
AVANT-TOUTles campagnes
VALORISER DE MANIÈREgrâce TRANSPORT CULTUREL FLUVIAL
Quesnoy, la desserte cycliste du centre auPAYSAGÈRE
paysage Les parcs tels que celui de
LESetCAMPAGNES
les exploitations
ET LES EXPLOITATIONS LES PARCS TELS QUE CELUI DEouLAdeCANTERAINE
de Lille par la Deûle permettant de régler agricoles la Canteraine la Gîte
AGRICOLES GRÂCE À L’IMPLANTATION DEde
par l’implantation CONTINUITÉS OUgagneraient
DE LA GÎTE GAGNERAIENT À S’ÉTENDRE ET à
les problèmes de congestion du réseau à s’étendre le long
continuités
ÉCOLOGIQUES écologiques
automobile. SE MULTIPLIER LE LONG DE LA DEÛLE,
de la Deûle, pour obtenir le plus EN VUE
D’OBTENIR UN MAXIMUM DE CONTINUITÉS
de continuités vertes VERTES.
Enfin, une dernière logique
s’intéresse à la reconquête paysagère
et environnementale du territoire dans
son étendue. Ces volontés initiées
notamment par la MEL à travers le grand
projet du parc de la Deûle font écho aux AGRICULTEUR A SANTES chargé mission service espaces naturel mel
objectifs des petits agriculteurs ou de
l’association Lys Deûle Environnement,
dont le but est de valoriser le paysage Nous replantons
NOUS RECHERCHONS des EN
À METTRE linéaires
PLACE DES
NousNOUSne pêchons
NE PÊCHONS pas vraiment
PAS VRAIMENT sur
SUR LE CANAL.
des campagnes et les exploitations par de saules,
LINÉAIRES DE PLANTATIONS DEleSAULES
notamment long,
la plantation des saules ou la gestion le canal. Nous
NOTRE TEMPS NOUSpréférons
LE PASSONS SURlesLESétangs
ÉTANGS ET desNOTEMMENT
becques, AU pour implanter
NIVEAU DES BECQUES,CE un
QUI
écologique des berges. et les
LES BRAS MORTS. NOUS mais
bras morts, VOULONSces
PLUSsites sontET
DE HALTES, nouveau paysage dans la Deûle
PERMETTRAIT D’IMPLANTER UN NOUVEAU PAYSAGE
souvent peu accessibles
UNE ACCESSIBILITÉ AUX SITES DE PÊCHES.
Ce qui se dégage de ces entretiens AU SEIN DES ZONES RURALES DE rurale
LA DEÛLE
est qu’il est difficile de considérer la
Deûle comme un élément éminent du
territoire, investi par des usages intenses.
Globalement, l’image de la Deûle n’est
pas très positive, elle peut même être
encore négative, marquée par le passé Nous circulons et courons sur des PÊCHEUR AMATEUR RESPONSABLE LYS-DEÛLE-ENVIRONNEMENT
industriel et ses pollutions. De ce point de tronçons de 10 km aller-retour. Les Les logements les plus prisés sont
vue, il ne va pas de soi d’urbaniser à court points d’entrées tels que le parc LES LOGEMENTS
ceux LES PLUS PRISÉS un
qui permettent SONTaccès
CEUX
terme les bords à canal et d’inventer de de la Deûle et la citadelle sont PERMETTANT UNE ACCESSIBILITÉ À LILLE
simple à Lille et aux espaces ET CEUX
toutes pièces une ville au bord de l’eau, PROPOSANT PROCHES D’ESPACES VERTS.
verts. La proximité de l’eau n’estLA PROXIMITÉ
privilégiés. Ce serait bien que les
dont plusieurs approches donnent des AVEC
tronçons soient reliés pasL’EAU N’EST PAS recherchée
vraiment VRAIMENT RECHERCHÉEparPAR
les
résultats mitigés, comme c’est le cas à LES NOUVEAUX HABITANTS.
Haubourdin. Il vaut mieux adopter une nouveaux habitants
stratégie fondée sur une appropriation
progressive d’un paysage urbain qui reste
largement à domestiquer. C’est donc sur
la multiplicité des activités relevée qu’il
faut fonder la valorisation progressive
du canal, à partir des trois dynamiques
(dissémination d’usages, structuration JOGGEUSE AGENT IMMOBILIER
du linéaire et reconquête des territoires)
que nous avons décrites.

14 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 14 06/07/2018 12:57


CARTE DES USAGES DE LA DEÛLE

Espace culturel

Aire de loisir

Itinéraire de marche

Itinéraire cyclable

Port de plaisance et haltes

Espace agricole

Port en mutation

Port existant

15

Journal V21/06.indd 15 06/07/2018 12:57


PROJETS ET HÉRITAGES
Après la dynamique historique, la dynamique environnementale et la dynamique sociale, nous considérons
ici les multiples projets d’aménagement qui se sont juxtaposés le long de la Deûle depuis le demi-siècle écoulé sans
planification réelle. A travers eux, certaines logiques communes d’action se répètent et nous indiquent peut-être une
manière d’agir adaptée à ce contexte…

Composer le linéaire
Les aménagements linéaires visent à former un continuum piétonnier
et cycliste le long du canal. L’aménagement de la coulée verte par le SIVA Deûle
dans les années 1990 en est le point de départ, et se poursuit aujourd’hui, tronçon
par tronçon, sous la conduite de la MEL. L’ensemble forme désormais un linéaire
au caractère boisé et bucolique, qui reste toutefois peu connecté aux villes qu’il
traverse, de Deûlémont à Lille. Mais ce caractère très autonome de la coulée verte
n’entre-t-il pas en résonance avec le statut géomorphologique très particulier de la
Basse-Deûle, au cours encaissé dans les argiles de la plaine de la Lys ?

1 1

Mettre la ville à distance de l’eau


Une deuxième catégorie de projets, celle des « entre-deux », se caractérise
par une mise à distance entre la ville et le canal, afin d’accueillir des usages collectifs
ou individuels plus ou moins intenses. Cette stratégie est particulièrement visible
dans le projet du Parc de la Deûle, imaginé dès les années 1960 par l’OREAM Nord,
puis mis en œuvre par la MEL à la fin des années 1990, et qui étire ses 450 hectares
autour d’un fil conducteur formé par la Becque de la Tortue, cette ancienne rigole
d’assèchement créée au XIXème siècle à partir d’un ancien ouvrage militaire, générant
une épaisse bande paysagère investissant le large marais entre villes riveraines et
canal. La même logique anime les différents projets prenant place le long des rives
de la Madeleine, où l’encaissement du bief par rapport au sol de la ville génère une
promenade délimitée par un imposant mur de soutènement. Ici, la distance entre
3 5 ville et canal n’est pas générée horizontalement par l’étendue mais verticalement
par le nivellement.

Construire la ville au bord de l’eau


La plupart des opérations d’urbanisation le long de la Deûle urbaine se
donnent pour objectif de construire au plus proche de l’eau, pour que les nouveaux
habitants profitent de la proximité au canal. L’aménagement du centre-ville de
Haubourdin, seule ville historiquement construite au bord de la Deûle comme on l’a
vu précédemment, a favorisé à partir des années 1980 de telles opérations, dont le
point d’orgue a été la restructuration de la mairie et des espaces publics centraux le
long du franchissement de la Deûle. Plus récemment, la ZAC des rives de la Haute-
Deûle entre Lille et Lomme a reconduit ce procédé, tout comme le quartier Sainte-
Hélène à Saint-André. Ces projets montrent que le succès, d’ailleurs encore mitigé,
du « retournement » vers l’eau suppose des travaux d’infrastructure et d’espaces
publics ambitieux, et notamment la mise en place de franchissements et d’un
7 8 maillage de voies et de cheminements susceptibles de désenclaver ces espaces au
passé industriel ancré.

Implanter le bâti en peigne


Cependant, c’est une logique d’implantation « en peigne » des opérations
immobilières qui domine depuis une vingtaine d’années le long du canal.
L’aménagement du quartier des aviateurs à Lille, aux Bois-Blancs, a joué un rôle
pionnier au début des années 1960 en disposant les immeubles perpendiculairement
au canal tout récemment construit, et en laissant passer entre elles de profondes
perspectives entre la Deûle et l’intérieur de la ville, tout en générant un réseau
agréable de voies et de cheminements. Le nouveau Port de Lille, qui lui fait face,
a été conçu par le paysagiste et urbaniste Théodore Leveau sur le même principe,
en alternant une série d’entrepôts, tantôt en porte-à-faux sur le canal et tantôt en
retrait pour dégager le long des quais un rythme d’espaces dégagés. Ce procédé
organise en ce moment les grands projets de la friche Becquet à La Madeleine, de la
friche Rhodia et du secteur des Moulins de Paris à Marquette et Saint-André.
11 12

16 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 16 06/07/2018 12:57


CARTE DES PROJETS PASSÉS ET EN COURS
TITRE
La carte ci-contre situe et schématise l’ensemble des projets
qui ont pris place le long de la Deûle depuis les années 1960. On peut y
observer quatre catégories de projets distinctes : les aménagements
linéaires, les aménagements d’ « entre-deux », les projets urbains
au bord de l’eau, et les projets urbains organisés en « peignes ».

15
13
8 12
10 3
14

11
6
COMPOSER LE LINÉAIRE
a
1 Coulée verte

7
METTRE LA VILLE À DISTANCE DE L’EAU

2 Parc de la Deûle
3 Rives de Deûle de la Madeleine
4 ZAC de l’Ange Gardien

Citadelle, Grand Tournant et


5
Poterne de Lille
2
Zone du Centre de Valorisation
6
Organique

CONSTRUIRE LA VILLE AU BORD DE L’EAU

7 Centre-Ville d’Haubourdin

8 Quartier Saint Hélène


9 ZAC des Rives de la Haute Deûle

10 Ancienne zone industrielle Caby

IMPLANTER LE BÂTI EN PEIGNE

11 Bois Blancs et Port Fluvial


12 Friche Becquet
13 Zone d’Activité Rivéo
14 Zone d’activité Lambersart
15 Friche Rhodia et Quartier Moulin

17

Journal V21/06.indd 17 06/07/2018 12:57


CARTE DE SYNTHÈSE

CONTINUITÉ LONGITUDINALE

Coulée verte

Parc de la DeûIe

DISCONTINUITÉS TRANSVERSALES

Plateforme portuaire

Traverse urbaine

DISSÉMINATION DES USAGES

Activateur urbain (plaisance,


batellerie, culture, agriculture, sport, loisirs...)

SÉQUENTIALITÉ

1 - Le hameau de l’Écluse
2 - La basse Deûle rurale
3 - La basse Deûle urbaine
4 - Wambrechies, la Deûle en coeur de ‘bourg’
5- La Deûle industrielle nord
6 - La Deûle jardinée
7- La Deûle industrielle sud
8- Haubourdin ‘ville Deûe’
9 - La Deûle contrastée
10 - La Deûle boisée

18 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 18 06/07/2018 12:57


DE L’ÉTAT DES LIEUX AU MASTERPLAN
1

La carte ci-contre constitue la synthèse de l’analyse du territoire de la Deûle urbaine, en même temps
que la base d’un Masterplan. La structure spatiale et paysagère de la Deûle telle que nous l’avons décrite s’impose
en effet à toute orientation d’action future et en prédétermine les formes. Cette structure paysagère repose sur
4 grands principes.

1 - LA CONTINUITÉ LONGITUDINALE
L’analyse sensible a montré la forte continuité du canal, que renforce l’hétérogénéité des multiples
évènements urbains qu’il rencontre. Cette continuité, facteur d’ennui autant que de détente, est présentée par
plusieurs acteurs du territoire comme une qualité à renforcer, afin de conforter les mobilités douces et la qualité
écologique des berges. Elle se traduira dans le Masterplan par la volonté de créer une promenade fluide et
continue d’un bout à l’autre du canal, sous la forme de ce que nous appellerons un STRIP.

2 - LES DISCONTINUITÉS TRANSVERSALES


L’analyse historique et géographique a montré que la relation que la métropole entretient avec sa rivière
est bien différente de celle qu’entretient Paris avec la Seine ou Bordeaux avec la Garonne. Ici, la ville ne s’est pas
construite en lien avec l’eau mais à côté d’elle en raison de la complexité initiale du bassin versant. La largeur du
marais qui borde la Deûle a imposé une distance dont l’industrie s’est emparée, privatisant de longs linéaires
et construisant la ville industrielle comme une juxtaposition de plaques urbaines plus ou moins disjointes.
Mieux accéder à la Deûle suppose un travail préalable de construction des continuités transversales au canal. Le
Masterplan identifiera tous ces points de blocage et proposera de les transformer en SAS URBAINS d’accès à la
Deûle.

3 3 - LA DISSÉMINATION DES USAGES


Un troisième aspect singulier de la structure paysagère de la Deûle urbaine est lié à la manière qu’ont ses
usagers de se l’approprier. Les usages sont à la fois multiples et diffus. Ils prennent la forme de petites installations
réparties le long du linéaire, que le Masterplan utilisera comme des leviers pour diffuser une culture de l’eau en
préalable à la ville. Investissant l’entre-deux paysager des friches et des terrains vagues en bord-à-canal, ce semis
de petits usages en fera une sorte de parc temporaire, le MARAIS.

4 - SÉQUENTIALITÉ
Enfin, le paysage apparaît fortement séquencé. Il n’y a pas un paysage unique mais une succession de
10 séquences distinctes, articulées par les divers franchissements du canal. Il est par ailleurs fréquent que ces
séquences accueillent de forts contrastes de rive à rive, en séparant activités urbaines, agricoles, industrielles ou
de loisir. Le Masterplan s’inscrira dans cette séquentialité en imaginant, plutôt que des ensembles fonctionnels
continus, une scansion de petits ensembles programmatiques, soit autant de LUCARNES URBAINES alternant
4 urbanisations et activités portuaires.

De ce fait, la carte montre que ces 4 grands principes se déclinent différemment dans les trois grandes entités
géomorphologiques de la basse, de la moyenne et de la haute Deûle. Chacune de ces entités présente des
structures singulières qui orienteront l’écriture des projets et organiseront à grande échelle le partage de la Deûle.
Le paysage de la Basse Deûle se construit dans une trame paysagère quadrillée définie par le parcellaire agricole
et les becques. La Basse Deûle a vocation à rester essentiellement agricole, les villes de Deûlémont, Quesnoy-sur-
Deûle, et Wambrechies y jouant un rôle d’animation par l’accueil des activités de loisir, culturelles et de plaisance.
La coulée verte est un axe d’unification dont l’aménagement devrait être poursuivi pour gagner en épaisseur.
Le paysage de la Moyenne-Deûle a une vocation principalement urbaine et industrielle. L’armature paysagère
des grandes infrastructures et des principaux axes de la ville, articulant les plaques urbaines entre elles, est la
principale figure organisatrice. Les bords-à-canaux constituent entre Haubourdin et Marquette un grand parc
linéaire, d’épaisseur variable, animé par la topographie issue du talus originel, des terrassements industriels et
des fortifications.
Le paysage de la Haute-Deûle est dominé par la largeur du marais initial, emprise d’un projet de territoire destiné
à conforter la vocation essentiellement environnementale de ce territoire : le parc de la Deûle, dont la poursuite
tirera parti des anciens bras de Deûle, flots et bassins, et dont l’architecture jouera avec les grands volumes des
bois et des entrepôts du port de Santes.

19

Journal V21/06.indd 19 06/07/2018 12:57


MASTERPLAN
Le Masterplan induit par l’analyse précédente, et dont la carte ci-contre présente les principes, repose sur quelques
principes d’action élémentaires fondées sur un raisonnement dans le temps.

ÉTAT ZÉRO

Le bloc-diagramme ci-contre représente la situation la plus fréquente à laquelle un partage harmonieux des
usages de la voie d’eau est confronté. Les tissus urbains se trouvent à distance de la Deûle. Cette distance provient
soit d’un héritage historique ( par exemple inondabilité des abords ), soit de la disparition d’une usine, soit de
la présence d’activités économiques qui privatisent l’espace de bord-à-canal, soit encore de la présence d’une
infrastructure qui sépare la ville du canal. Dans ces conditions, les bords-à-canaux sont peu accessibles, faiblement
appropriés et peu valorisés, ce qui se traduit par l’absence ou l’indigence des accès. Pour beaucoup de riverains,
le canal est associé à un passé industriel nuisible et aux risques engendrés par la pollution.

ÉTAPE N°1
Les sas urbains : faire sauter les verrous entre ville et canal

La première étape de tout projet de développement doit donc consister non pas à urbaniser les bords-à-canauxl
dans la précipitation mais à lever préalablement les obstacles qui forment un mur entre la ville et la Deûle.
Friches polluées, zones d’activités et infrastructures de transport doivent faire l’objet de projets de création
d’espaces publics, voies et cheminements, places et squares attractifs, rétablissant la possibilité de les traverser
pour accéder confortablement à la voie d’eau. La création de ces espaces publics permet un nouveau partage des
usages dans le cadre d’une requalification des limites des ensembles fonctionnels. Ainsi, ce qui fait actuellement
barrière devient un sas d’accès à la Deûle.

ÉTAPE N°2
Le strip : faire de la Deûle un axe de mobilité douce et efficace

Cette ouverture transversale sur la voie d’eau doit s’accompagner d’un accroissement substantiel de son
accessibilité longitudinale. Une piste large et continue doit être créée le long de la Deûle et d’un bout à l’autre
de la métropole. Pensée pour accueillir confortablement cyclistes, familles et usagers solitaires, cette piste doit
être composée dans un gabarit généreux de 10 mètres, analogue à celui de la promenade du Bois de Boulogne le
long de la Citadelle, même si la part de ce profil affectée aux allées et aux plantations peut varier d’une séquence
paysagère à l’autre. Les franchissements de la Deûle, qui interrompent actuellement très souvent le parcours,
doivent faire l’objet de remodelages soulignant la parfaite continuité de la promenade, véritable strip portant à
l’échelle métropolitaine les flux pédestres, cyclistes et de transports en commun léger. La présence à intervalles
réguliers d’emprises portuaires ou industrielles qui font pleinement partie du paysage amène le strip à passer
d’une rive à l’autre, et à devenir un balcon sur l’eau depuis lequel l’horizon de la ville se donne en spectacle.

ÉTAPE N°3
Le marais : transformer par petites touches les terrains vagues en activateurs urbains

L’ouverture des sas urbains et la création du strip ne se feront pas en un seul jour. Il s’agit de mettre ce temps à profit
pour favoriser un renouvellement du rapport que les métropolitains entretiennent avec la Deûle. Les multiples
usages de la voie d’eau et les projets modestes que portent leurs acteurs constituent autant d’opportunités pour
inséminer peu à peu une culture de la voie d’eau. Les terrains vagues qui occupent l’ancien lit majeur de la rivière
et où se développait jadis un large marais peuvent accueillir de petits aménagements temporaires tels que lieux
d’ancrage des bateaux, petites réserves écologiques, espaces d’accueil pédagogique ou d’activités théâtrales et
artistiques, petits espaces de pêche ou d’activités sportives. L’implantation de ces multiples activateurs urbains
permet d’ouvrir partiellement des terrains actuellement interdits au public et d’engager la dépollution des
friches industrielles et la reconquête écologique des anciennes becques et bras de rivière par des procédés de
phytoremédiation qui ont justement besoin de temps pour porter leurs fruits. Fermés au public sur l’essentiel de
leur surface pendant cette phase intermédiaire, ces espaces spontanément végétalisés dessinent un grand parc
linéaire de plus en plus attractif.

ÉTAPE N°4
Les lucarnes urbaines : conforter une urbanisation de qualité quand les conditions sont remplies

L’ensemble des préalables précédents place finalement un certain nombre de sites en position d’accueillir divers
programmes de logement et d’équipements. Ces programmes ne formeront pas un corridor urbain le long de
la Deûle mais une succession de lucarnes mettant en communication le canal et la ville. L’organisation spatiale
de ces lucarnes est préfigurée par la présence du strip, la connexion avec les sas urbains grâce à une trame
transversale d’espaces publics, et la pérennisation des activités installées dans le marais à l’intérieur de parcs et
de jardins publics bénéficiant d’un patrimoine arboré issu des années de dépollution.

20 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 20 06/07/2018 12:57


Voie ferrée

Promenade piétonne /
cycliste

Boucle

Activité portuaire

Zone d’activité / Coupure


urbaine

Sas urbain

Activateur urbain

Reconquête hydraulique

Franchissement /
séquenceur du paysage

Emprise du marais

Espace aménagé

Lucarne urbaine

21

Journal V21/06.indd 21 06/07/2018 12:58


LE STRIP

La carte ci-contre indique le tracé


du Strip, axe majeur de mobilité douce
intra-métropolitaine, au plus proche de
l’eau, long de 30 km et évoluant dans un
gabarit continu de 10m de large. Entre
Hantay et Santes, et entre la citadelle
de Lille et Deûlémont, le strip occupe
les deux rives de la Deûle, les quelques
obstacles résiduels étant appelés à être
levés à court terme grâce à l’action de la
MEL. Entre Santes et Lille, par contre, le
strip ne se développe en continu que sur
la rive gauche, en contournant le port de
Santes puis le port de Loos-Sequedin.

Ces contournements ne sont


cependant pas un renoncement à
longer l’eau puisqu’ils empruntent le
tracé de l’ancienne becque de la Tortue,
réhabilitée pour l’occasion, et qui forme
depuis le XVIIème sicèle une rigole
parallèle à la rivière. La requalification de
la Tortue permet par la même occasion
de requalifier les limites de ces deux
plateformes portuaires et d’améliorer
leur voisinage avec les tissus urbains.
La rive droite apporte des compléments
d’itinéraires plus ponctuels à Haubourdin
et bien sûr autour de la citadelle de Lille.

La carte identifie également six


franchissements problématiques, qu’il
sera nécessaire de traiter préalablement:
pont de la départementale 63 entre
Santes et Houplin-Ancoisne  ; pont de
l’A25 à Loos ; pont Kuhlmann entre Loos
et Lille ; pont de la départementale 57
entre Saint-André et La Madeleine ; pont
de l’abbaye à Marquette et pont de la
départementale 945 à Deûlémont. Il
s’agira d’élargir ou de créer le passage
sous ces ponts, et de modeler des
ramps d’accès douces depuis les tabliers
en partie supérieure. Ces projets de
nivellement devraient être intégré ou
pris en compte dans les projets urbains
riverains, et devraient en alimenter la
programmation des espaces publics .

Le strip est raccordé aux boucles Itinéraire principal


carrossables principales (ici en maron),
le reliant à l’intérieur des quartiers
riverains, et à des boucles intermédiaires Franchissement à remodeler
(non figurées sur la carte), passant par
les chemins agricoles, supports possibles
des passages pédestres et cavaliers. Boucle
Entre Haubourdin et Quesnoy, le
caractère cyclable du strip est prioritaire
car l’enjeu d’accès à Lille y est majeur. La Deûle

Promenade du bois de Boulogne, Lille L’Esplanade de la Citadelle, Lille La Grande Allée, Wavrin Quartier Pacot-Vandracq, Lambersart
Ce cheminement large et ombragé La multiplicité des allées parallèles Variation d’emprises à l’intérieur d’un Une allée et un escalier généreux pour
constitue le gabarit du strip intensifie la continuité et la perspective gabarit constant descendre le talus autoroutier

22 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 22 06/07/2018 12:58


LES SAS URBAINS

Cette carte identifie les éléments


de rupture des tissus urbains entre la
Deûle et la ville, où s’implantent zones
d’activités et autres infrastructures et
dont la restructuration les transformera
en sas urbains, véritable préalable à tout
projet urbain en bord-à-canal. Neuf sites
sont à traiter sur l’ensemble du linéaire,
du Sud au Nord :
- Les abords de la voie ferrée le
long du Port de Santes peuvent devenir
une promenade redessinant, avec la
requalification de la becque de la Tortue,
les limites Ouest du port.
- Les larges accotements de la
voie ferrée à l’Ouest de Haubourdin
peuvent porter une bande paysagère
généreuse et amorcer le désenclavement
de la friche Unilever et de la ville vers la
Deûle
- La zone d’activités autour
du Centre de Valorisation Organique
de Sequedin peut bénéficier de
la dynamique de réouverture des
anciennes becques et de création de
cheminements enclenchée autour du
CVO mais qui butte encore sur l’enceinte
portuaire. La reconquête de la becque
de la Tortue peut établir la continuité du
strip et ouvrir un accès à la Deûle depuis
le quartier du Marais de Lomme.
- Passant en remblai entre le canal
et la ville, l’A 25 pourrait être traversée au
moyen de tunnels supplémentaires dont
le dessin doit occasionner un remaillage
des lotissements ouvriers coincés entre
les deux infrastructures.
- Le centre tertiaire du Pré
Catelan à Saint-André et Lambersart est
entouré de grilles qu’il suffirait d’ouvrir
pour que le quartier du Canon d’Or
bénéficie d’accès directs au canal.
- La friche de la rue Desquiens
à La Madeleine accueillera à court
terme un programme de restructuration
Sas urbain ouvrant le centre de La Madeleine sur la
Deûle.
- La création d’un maillage
de cheminements publics à travers le
Zone industrielle et portuaire parc d’activités de la rue Sadi Carnot à
Marquette devrait être un préalable aux
opérations d’urbanisme en bord-à-canal.
- Le parc d’activités au Sud de la
Réseau ferroviaire Rocade Nord-Ouest devrait bénéficier
du même traitement.
- La résorption programmée de
la friche industrielle de la ZAC de l’Ange
Réseau autoroutier Gardien à Quesnoy-sur-Deûle ouvrira la
ville sur le canal par le Nord.

La carte identifie également les


Le corridor naturel urbain, Roubaix Parc Tour et Taxi, Bruxelles Étang Gobert, Versailles plateformes portuaires à pérenniser en
vue de maintenir l’activité économique
Aménagement d’un talus ferroviaire en Une large promenade et une rampe Une promenade plantée sur talus pour
de la voie d’eau et la diversité des
parc linéaire douce pour franchir la voie ferrée relier la gare et la ville
expressions paysagères qui en font la
richesse.

23

Journal V21/06.indd 23 06/07/2018 12:58


LE MARAIS

La carte ci-contre dispose


les différents éléments constitutifs
du Marais. En blanc, l’emprise du lit
majeur de la Deûle indique son étendue
géographique maximale, seules les
surfaces en vert et en bleu étant
aujourd’hui concernées. En vert, la carte
détaille les surfaces à vocation paysagère,
dont certaines, en tramé, correspondent
déjà à des parcs aménagés. En bleu, figure
l’étendue sur laquelle la reconquête du
réseau hydraulique secondaire devrait
être organisée, au moyen de reprofilage
de berges, de restauration de milieux
humides, d’aménagement de mares et
de retenues d’eau.

Trois sites de dépollution


devraient faire l’objet de mesures de
phytoremédiation urgentes : la friche de
la Blanchisserie à Don, la friche Unilever
à Haubourdin et la friche Rhodia
à Marquette. Ces programmes de
phytoremédiation doivent être phasés
sur une vingtaine d’année et préparent
le patrimoine arboré à partir duquel se
dessineront à terme de nouveaux parcs
d’ampleur métropolitaine.

La carte identifie également


les ponts dont les tabliers doivent être
reprofilés pour que leur fonction de
belvédère sur la Deûle soit affermie, et
dont les talus à remodeler à la faveur de
la création du strip pourront être plantés
pour mieux scander les séquences
paysagères de la Deûle urbaine. Il s’agit Emprise lit majeur
du pont de la départementale 63 entre
Santes et Houplin-Ancoisne, du pont de Emprise du marais
la départementale 341 à Haubourdin, du
pont de l’A25 à Loos, du Pont Kuhlmann
entre Lille et Loos, du pont du TGV Espace aménagé
entre Lille et Saint-André, du pont de
la Rocade Nord-Ouest entre Marquette Restauration du réseau
et Wambrechies, du pont de Quesnoy hydraulique secondaire
et du pont de la départementale 945 à
Deûlémont. Franchissement / Séquenceur

Enfin, les points disséminés


le long du marais correspondent aux Dépollution
différents types d’activateurs urbains Activateur urbain
répondant aux attentes actuelles des - Activité culturelle
usagers de la voie d’eau et permettant - Batellerie
- Plaisance
d’initier une appropriation plus
- Activité portuaire
large du paysage de la Deûle par les
- Pêche
métropolitains. L’ensemble de ce - Espace naturel
programme dessine un parc bleu en écho - Activité de gestion du canal
avec les stratégies eurométropolitaines - Promenade activité sportive
de valorisation de la trame des canaux. - Agriculture

Lagunage, Harnes Potager urbain de Saint-Sauveur, Lille Association culturelle, Lille Plaisance tourisme fluviale, Lille
Valorisation des cours d’eau secondaires Polyvalence d’un lieu en mutation Utilisation du canal comme média Polyvalence des bords-à-canaaux
culturel

24 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 24 06/07/2018 12:58


LES LUCARNES URBAINES

La carte ci-contre situe


l’ensemble des sites sur lesquels des
programmes d’urbanisation sont
envisageables en bord-à-canal à court ou
moyen terme.

A court terme, il s’agit de lieux


dont la liaison avec les tissus urbains
d’une part, et la Deûle d’autre part, ne
pose pas problème. D’autres types de
contraintes peuvent toutefois peser sur
eux, notamment liées à la pollution des
sols. Il s’agit de la ZAC de l’Ange gardien à
Quesnoy-sur-Deûle, de la friche Sonoco
et du secteur de l’abbaye à Marquette,
des friches Becquet et Desquiens à La
Madeleine, de l’îlot Boschetti à Lille,
du secteur de l’abreuvoir et de la friche
Unilever à Haubourdin.

A plus long terme, certains


terrains pourront être urbanisés à
condition que des sas urbains soient
préalablement constitués en bordure
afin d’établir de bonnes conditions de
maillage actuellement insuffisant. Il
s’agit du site des Grands Moulins de Paris
et de la friche Rhodia à Marquette, du
secteur des pyramides à Lille, des abords
du CVO à Sequedin et du site Cargill à
Haubourdin.

La carte montre comment la


construction progressive de ces lucarnes
génère un chapelet de nouveaux
quartiers plutôt qu’un continuum urbain.
Dans l’attente de leur urbanisation finale,
tous ces terrains sont intégrés au marais
afin d’accueillir des formes d’occupation
temporaires qui accroîtront la valeur
de ces sites et amèneront ainsi les
opérateurs à investir dans des opérations
très qualitatives.

Parc d’Euratechnologie Projet de réhabilitation des Grands Projet de la friche Sonoco Cité des aviateurs
Présence d’un espace public généreux en Moulins de Paris Liaison de la Deûle à la ville au travers du L’implantation du bâti permet des vues
bord de Deûle Espace public transversal à la Deûle nouveau quartier dégagées sur la Deûle

25

Journal V21/06.indd 25 06/07/2018 12:58


LE STRIP, DES PROJETS LE LONG DU CANAL
Les pages qui suivent présentent une série de scénarios de projet de paysage inspirés par le Masterplan qui vient
d’être présenté, dont il s’agit de tester la faisabilité et les effets spatiaux.
Parmi ces projets, les quatre que nous rassemblons ici se structurent fortement autour de la construction du strip et
permettent d’apprécier les conséquences paysagères d’un de ce linéaire urbain en bord de Deûle.

Deûlemont, Hameau de l’écluse : Thibaut Verlinde


Deûlémont est la porte Nord de la Deûle urbaine. Ici commence la coulée
verte, cette promenade paysagère imaginée voici un quart de siècle et dont les belles
plantations arrivées à maturité forment désormais un écrin idéal pour la longue
promenade continue et fluide du strip. Encore faut-il adapter les cheminements
actuels aux exigences de gabarit du strip.

Il faut élargir le chemin, le connecter en douceur aux franchissements du


canal, et assurer sa parfaite continuité visuelle. Le projet prévoit une reprise de
la rampe d’accès à la passerelle existante, afin d’en adoucir les pentes tout en les
empêchant de barrer le paysage et de masquer la continuité de la perspective. Dans B’ A
le même but, l’ancien bras mort, qui interrompt actuellement le strip, en devient
au contraire une étape grâce à la transformation du seuil hydraulique qui y a été
récemment aménagé en une placette linéaire séparant le site pour mieux le partager B A’
entre usages de pêche et de loisir d’un côté, et fonctions environnementales de
l’autre.
Coupe AA’

Coupe BB’

Quesnoy-sur-Deûle, centre-ville : Thibaut Verlinde


La traversée de Quesnoy-sur-Deûle par le strip de la Deûle urbaine doit
constituer un temps fort de son parcours. Quesnoy a en effet la particularité de
s’être construit au plus près de la rivière, en y développant jadis son propre port.
Pour ce faire, la ville a exploité le surplomb qui la protège des caprices de la rivière
et en permettait son contrôle. Aujourd’hui, la place du monument aux morts occupe
ce haut lieu du dialogue entre la ville et sa rivière.

Le projet proposé fait en sorte que la parfaite continuité du strip permette


par la même occasion de valoriser la nature urbaine de la traversée. Plutôt que de
descendre vers le Monument aux Morts pour suivre la berge, la strip emprunte
l’itinéraire le plus direct par la rue du Général Koenig, transformée pour l’occasion
en cour urbaine, c’est-à-dire en voie douce sur laquelle les véhicules des riverains
peuvent être tolérés. Une nouvelle voie assure le bouclage des rues afférentes et
permet la construction de quelques logements au dessus du canal. Depuis le strip,
un jeu de rampes, de gradins et d’emmarchements donne accès aux berges, où sont
accueillis les bateaux de croisière et de plaisance.

Coupe CC’
C’
D’

C
D

Coupe DD’

26 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 26 06/07/2018 12:58


Sequedin, Produit chimique : Pauline Rousset, Anaïs Fortin
Le pont Kulhman est l’un des franchissements majeurs de la Deûle mais aussi l’un des
plus inconfortables. Il s’agit d’y aménager une promenade piétonne en élargissant le
tablier et en remodelant les rampes en utilisant les sédiments de dragage du canal
dans le but de rendre accessible les berges de la Deûle, propriétés des industries en
bord à canal. Une fois arrivé sur la rive droite, le passage autour de l’usine classée
Seveso II prend la forme d’une ample promenade paysagère à travers les remblais
boisés du parc qui l’entoure. Aménagée sur les sols pollués et confinés sur son
passage, cette promenade évolue entre les clôtures, à forte distance de la Deûle.
C’est ce qu’on pourrait appeler un « parc de protection ».

C’ Coupe AA’

Coupe CC’

Santes, Port de Santes : Gabrielle Billaudel, Florian Lambois


Le port de Santes fait obstacle à la continuité du strip le long du canal. Le
projet contourne le port et requalifie ses limites pour désenclaver les franges urbaines
de Santes. Entre le port et Santes, plusieurs cheminements publics, à forte valeur
paysagère et écologique, sont imaginés.

Les abords de la voie ferrée à l’ouest du port accueillent une piste piétonne
et cycliste végétalisée et accessible depuis Santes. Depuis le canal, le strip longe les A’
clôtures Sud sous un rideaux d’arbre jusqu’au quartier de la rue du général Koenig,
dont la traversée revivifie les espaces publics. Le strip longe ensuite la becque de la
Tortue, ancienne rigole d’assèchement agricole, et de biefs. L’accès à la becque suppose
une traversée partielle du port en aérien afin de ne pas entrer en conflit interne. Les
A
auvents et les toitures des entrepôts supportent une promenade publique dans les
containers ouvrant sur la Deûle par dessus les toits. Ce circuit accueille le Port Center
envisagé par Ports de Lille pour faire connaître ses activités de manière immersive.

Coupe AA’

27

Journal V21/06.indd 27 06/07/2018 12:58


LES SAS URBAINS, DES PROJETS QUI OUVRENT LA VILLE SUR L’EAU

Santes et Haubourdin : Marie-Laure Druet


Les projets que nous présentons
ici s’attachent particulièrement aux
problèmes liés à la transformation
des ruptures entre ville et canal en sas
urbains.

On a vu en page précédente comment


la continuié des parcours le long de la
Deûle peut être établie en bordure du
port de Santes. Mais pour autant, ses
plateformes et ses entrepôts restent une
coupure paysagère forte entre la ville de
Santes et la Deûle. Le projet ci-contre (qui
ne tient pas compte de l’implantation
finale des extensions du part au Sud)
imagine une connexion nouvelle par la
plantation d’axes transversaux inscrits
dans la trame existante du port. Ces
axes sont matérialisés par un maillage
végétal qui prolonge les perspectives
existantes, et qui implante une trame
bocagère puissante sur le territoire. Si
la traversée physique du port demeure
impossible, du moins les arbres portent-
ils les regards vers l’horizon.

Saint-André-lez-Lille, les Halles de la filature : Brice Anssens


Le site en question se situe à Saint André-lez-Lille, au sein de l’espace des
projets RHODIA 1 et 2. Celui-ci possède la particularité de présenter une position
engoncée entre tissu urbain et canal, notamment avec la traversée d’une voie
ferrée ainsi que la présence d’une zone industrielle. Cette zone qui rend inaccessible
l’accès à cette Deûle se voit alors revalorisée à l’image des Halles de la filature
situées à proximité. Dès lors, le chemin spontané le long de la voie ferré est réutilisé
afin d’effectuer une liaison transversale, ainsi qu’un cheminement longeant les
activités. Ces implantations permettent également un travail dans l’épaisseur du site
puisqu’une liaison avec les autres sites d’espace public des projets en cours.

28 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 28 06/07/2018 12:59


Lille, le grand carré, les pyramides : Anaïs Fortin
Le site de l’écluse du Grand Carré est l’un des deux seuls points d’accroche
saint-andré directe de Lille avec le canal via le Vieux-Lille. Mais l’échangeur du boulevard
périphérique Nord y met à distance les rives lilloises et lambersartoises et
brouille entre elles toute continuité paysagère et physique.

Le préalable au projet urbain est ici la suppression de cet échangeur,


la madeleine
obtenue en investissant les réserves foncières autrefois imaginées le long du
viaduc du TGV, quelques centaines de mètres plus au Nord, pour y reporter le
lambersart trafic routier en parallèle de la ligne à grande vitesse et jusqu’à la rocade Nord-
Ouest. Le terrain libéré peut être traversé par le strip de la Deûle le long d’un
boulevard urbain longeant le canal sur la rive lambersartoise et desservant un
nouveau quartier d’habitat. Le principe de contraste de rive-à-rive conduit à
utiliser les terrains libérés par l’échangeur sur la rive lilloise pour étendre les
espaces à vocation paysagère, environnementale et de loisir, dans la poursuite
des anciens terrains fortifiés. Parcs et jardins reconnecteront le site de la Citadelle
à celui de la Poterne, assurant le bouclage de la ceinture verte lilloise.

lille

bois blanc

Le site des pyramides constitue le second point d’accroche majeur entre


Lille et la Deûle, au Sud de la Citadelle et à l’endroit où le premier port fluvial
s’était installé. Les remaniements successifs des tracés fluviaux et les besoins de
stockage des déblais du métro lillois ont conduit à la formation de ces collines
artificielles.

Le projet lève cet obstacle en déblayant complètement l’îlot des


pyramides, en profitant du large bassin rond ainsi formé pour y implanter un
grand port de plaisance et de halte pour les péniches à grand gabarit (110 m à 135
m) intégrant des espaces publics au bord de l’eau, et en étalant ses terres sur le
site de la porte de Dunkerque. Le sol de la ville remonte ainsi en pente douce, ce
qui aurait pour double effet d’agglomérer les rampes du pont Léon Jouhaux au
sol de la ville afin d’en supprimer les effets de coupure, tout en générant au bord
de l’eau un dénivelé de 7 mètres, comparable à celui des ouvrages fortifiés de la
Citadelle, et dont les pentes pourront former un vaste gradin habité tourné sur
la Deûle. Un nouveau quartier pourra voir le jour sur ce sol désormais clairement
adressé au canal, dès que le carrefour emberlificoté de l’avenue Léon Jouhaux
aura été supprimée, le trafic de contournement de la ville étant redirigé vers les
voies internes et larges de l’ancien port fluvial en direction de la rue Colbert.

29

Journal V21/06.indd 29 06/07/2018 13:00


LE MARAIS, DES PROJETS DE GRANDS PAYSAGES

Santes, Emmerin, Wavrin, Houplin-Ancoisne et Don, secteur des champs captants : Anthony Fernandez
Ce projet de grand paysage se donne pour volonté de répondre à une
demande d’espaces verts croissante de la Métropole lilloise. Ainsi, grâce un regain
d’intérêt de la part des acteurs de la Deûle sur la question de la reconquête de l’eau,
le projet propose un prolongement du parc de la Deûle qui valorise la richesse des
éléments présents visibles et invisibles tels que le boisement, la topographie, et
surtout les nappes souterraines des champs captants. Ces éléments prennent alors
des formes dynamiques axées transversalement à la Deûle. Les citadins sont alors
invités à parcourir, et à traverser les séquences d’un paysage agricole préservé,
boisé, jusqu’au Canal de la Deûle , afin de jouir d’espaces de récréation et de nature
retrouvée.

Don, Annoeullin et extension du parc de la Deûle : atelier public de paysage n°4, 2010
Le sud de la Deûle urbaine est
structuré par le parc de la Deûle, et ce
programme ne demande qu’à s’étendre
le long du canal jusqu’au bassin minier.
En 2010/2011, une précédente édition de
l’Atelier Public de Paysage s’est penchée
sur les moyens d’une extension du parc
de la Deûle jusqu’à Lens. La reconquête
des anciens bras de Deûle apparaît comme
le fil conducteur d’un projet tissé entre le Connecter les masses boisées entre elles
canal et les franges des villes riveraines.
Le reboisement des anciens méandres
rétablit de fortes continuités paysagères
et écologiques. De grandes allées
perpendiculaires au canal y donnent accès,
à l’exemple de la grande allée de Wavrin. La
juxtaposition de ces tracés aux géométries
très différentes démultiplie les possibilités
de promenades et permet une expérience
riche et variée du paysage.
Relier Annoeullin à la Deûle avec
l’amenagement du site du Paradis

Baliser un cheminement pieton reliant


Annoeullin au site du Paradis

30 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 30 06/07/2018 13:00


Deûlemont, Quesnoy-sur-Deûle, Wambrechies : Tom Sénécal
Sur les sols argileux de la Basse Deûle, entre
Deulémont et Wambrechies, la gestion de l’eau peut
devenir la base d’un projet de territoire partagé par
tous ses acteurs, malgré la divergence apparente de
leurs intérêts. Les problématiques d’inondation, qui
intéressent les agriculteurs au premier chef, impliquent
un reprofilage et une gestion écologique des becques.
Le traitement des pollutions des nappes superficielles,
qui concernent la santé publique, suppose quant à elle
une épuration globale des eaux sur l’ensemble des sols.
La mise à très grand gabarit par les Voies Navigables et
la restructuration complète de l’écluse de Quesnoy sur
Deûle imposent un remaniement complet du paysage
autour de l’ouvrage. Les implantations portuaires enfin
devraient gérer leurs pollutions et mieux qualifier leurs
limites pour gagner en acceptabilité sociale.

Le projet consiste à associer tous ces enjeux


dans un cycle cohérent de gestion de l’eau à travers la
requalification du réseau hydraulique des becques et
de leur chevelu de fossés. Ces linéaires sont élargis et
leur débit régulé par des seuils hydrauliques formant
un réseau de mares. Grâce à la replantation de haies,
de saules têtards, de brise-vent et de petites zones
humides, le réseau hydraulique épure les eaux, les
stocke en cas de fortes intempéries et les dirige vers
l’exutoire du canal remodelé. La biomasse extraite de
cette trame végétale dense contribue à la production
d’énergie à l’échelle locale. Comme le montrent les deux
bloc-diagrammes, le paysage retrouve son caractère
bocager d’antan et dessine un véritable écosystème à
grande échelle, dont le centre névralgique devient la
nouvelle écluse.

Santes, Sequedin, Marquette-lez-Lille, Couloirs à haute tension : Camille Grée


Agir sur le grand paysage et insuffler une
culture urbaine de l’eau sur les territoires mutables du
marais peut passer par des actions événementielles
et poétiques afin de faire bouger l’image que les
métropolitains se font du canal et de son paysage.
Le franchissement de la Deûle par les corridors à très
haute tension, par exemple de Santes à Marquette,
constitue un événement que des interventions
artistiques pourraient rendre spectaculaires. Jeux de
lumière et projections nocturnes transforment les
espaces portuaires et industriels de bord-à-canal en
espaces culturels temporaires où le public renoue à
cette occasion les liens distendus avec l’eau.

31

Journal V21/06.indd 31 06/07/2018 13:00


LE MARAIS, UN CHAPELET DE PARCS

Santes, parc de la gîte : Célie Nouvet


L’objectif premier de ce projet, situé en entrée
du parc de la gîte, se fonde sur un renforcement du
lien entre tissu agricole et tissu urbain, entrant en
confrontation en ce point précis. Le parti-pris est alors
de permettre l’implantation d’un pôle métropolitain
de loisirs autour de l’eau tout en sensibilisant sur les
milieux naturels présents. Le lien avec le canal est
retrouvé grâce à l’ouverture des vues, la prolongation
de bras morts ainsi que la mise en place de bassins
permettant l’expansion d’une flore et d’une faune
nouvelles. Un point de vente maraîcher y est ajouté.

Haubourdin, Friche Unilever : Camille Marque, Vanille Moisson


Installer des usages pionniers sur la friche
Unilever, l’une des friches industrielles les plus polluées
de la métropole, suppose un processus de projet fondé
sur la dépollution des sols. De la surface totale de 7
hectares de ce site, seule une partie de 1,6 hectares
serait ouverte au public, le reste restant clos pour
permettre la dépollution des sols par phytoremédiation
sur un temps long. Les clôtures, transparentes et
conçues comme des mobiliers d’expression artistique,
font participer ce vaste bois en formation au paysage
du marais. Sur la partie accessible, un axe transversal
entre l’ancienne becque de la Tortue, dont le
remodelage à des fins épuratrices est amorcé, et le
canal est aménagé dans le but d’offrir une promenade
donnant sur les infrastructures sculpturales de Cargill
sur l’autre rive. Les terres excavées sont confinées
sous forme de promontoire pour observer le paysage
et former des gradins. Des locaux en containers ainsi
qu’une esplanade accueillent des activités sportives,
pédagogiques et culturelles, par exemple animées par
TCF (Transport culturel et fluvial).

Sequedin, Autour de l’A25 : Camille Marque


Ce délaissé urbain est inséré dans un tissu
complexe d’industries (Centre de Valorisation
Organique, locaux d’activité et Usine chimique de
Loos), de grandes infrastructures ferroviaires et
autoroutières, et d’habitat pavillonnaire aux typologies
variées. L’A25 franchit le canal et impose une mise à
distance conséquente.
L’objectif de ce projet est d’investir les espaces
interstitiels et délaissés grâce au renouveau d’une
économie maraîchère. Le lien avec l’eau devient alors
un avantage majeur. Un circuit court de distribution est
mis en place, en acheminant les produits des parcelles
en bord à canal directement en ville, par l’intermédiaire
de Ports de Lille. Les réseaux d’Euralimentaire à
proximité constituent une opportunité.
Une telle action pourrait être reproduite tout le long
de la Deûle afin d’approvisionner, la métropole à partir
d’une série de points de vente directe.

32 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 32 06/07/2018 13:00


LE MARAIS, DES LINÉAIRES DE PROMENADES

Sequedin, Carrefour infrastructurel : Manuel Jouault


Ce projet se donne pour objectif de repenser
les usages autour de l’eau. En effet, sur ce site de
nombreux conflits liés aux infrastructures et au
tissu urbain dense, à l’exemple du passage de l’A25
sur cette portion de canal. L’ensemble de ce réseau
d’infrastructures rend le franchissement impossible,
situation à laquelle le paysagiste doit remédier. Pour
ce faire, le projet propose l’utilisation de la voie ferrée
du port en tant que fil conducteur du lieu, qui vient,
grâce à l’implantation d’une promenade, désenclaver
ces espaces «noués» entres-eux. Par ailleurs, le projet
met en place le contournement des infrastructures
grâce à l’utilisation des dents creuses pour y implanter
un quartier intégrant un parc et des espaces publics

Marquette-lez-Lille, Parc archéologique : Brice Anssens


Le parc archéologique de Marquette-lez-
Lille possède une position particulière de par les
caractéristiques déjà présentes sur site. Ainsi, la
topographie, la végétation et les cheminements
existants sont autant d’éléments qui font de cette
friche un site soumis à une forte pression foncière qui
doit préserver son caractère de parc. Ainsi, le projet
propose la création d’une boucle de circulation dans
le quartier qui permet une liaison dans l’épaisseur
du site, ainsi que la réhabilitation de la voie ferrée
comme liaison d’accès au parc archéologique.

Loos-Sequedin, Parc de protection : Daphnée Simon


Ce projet autour du port de Sequedin rive
droite tire parti de l’usine chimique classée SEVESO
afin de créer un parc de protection, reliant ainsi
des usages récréatifs à un dispositif de promenade
paysagère sécurisée. Il est ainsi créé un cheminement
encadré de talus végétalisés entre l’A25 et l’usine.
L’espace se dégage par la suite et ouvre sur un
espace de plaine rendant le canal de nouveau visible.

A A’
B’

B
A
A’

B B’

33

Journal V21/06.indd 33 06/07/2018 13:00


LUCARNES URBAINES, DES PROJETS URBAINS AU BORD DE L’EAU
Cette dernière série de projets questionne particulièrement la manière dont des lucarnes urbaines pourront
s’implanter harmonieusement le long du canal dès que l’aménagement préalable du strip, l’appropriation
du marais et la levée des ruptures par l’aménagement des sas urbains auront créé les conditions
optimales d’un projet urbain.

Haubourdin, Site de Cargill : Florian Lambois


Ce projet de lucarne urbaine prend place
sur le site actuellement occupé par l’usine agro-
industrielle Cargill, dont le départ est pressenti.
L’implantation de cette lucarne se fonde sur la
fermeture de l’usine dans les années à venir, qui
permettrait alors au projet urbain, de profiter
de la proximité immédiate avec le centre ville
d’Haubourdin.

Afin d’établir une connexion avec le tissu


et la rive, la partie centrale du site est réhabilité,
et, à partir de la trame urbaine existante alentours,
l’urbanisation du site se forme en axe ville/Deûle.
Quant au triangle au sud du site, il est aménagé
en parc, profitant du bord de Deûle tout en créant
une transition avec la voie ferrée.

Lille, Bois Blancs : Mélia Le-Hurand, Rémi Courtois


Le site des Bois Bancs et son vis-à-vis avec le secteur historique du Port de Lille a inspiré plusieurs projets, qui reposent tous sur le principe d’une valorisation du
marais qui s’est spontanément formé entre les arrières du quartier et la Deûle. Cette ceinture de prairies et de terrains de sport, simplement longée par un piétonnier
continu, ouvre de belles vues sur le port à container et sur l’horizon urbain, tout en mettant les usages de l’espace public à bonne distance des logements.

L’espace de promenade aménagé pour ce


projet bénéficie de la proximité avec le quartier de
Bois Blancs ainsi que des transports en commun
le reliant au reste de Lille, tout en faisant écho
à une infrastructure portuaire située sur l’autre
rive. Le projet consiste alors à aménager un grand
espace public sur le bord de la Deûle afin de gérer
la frange entre la ville et la Deûle ainsi qu’entre les
deux rives de celle-ci. Pour cela, cet aménagement
est structuré dans le prolongement des trames
urbaines existantes.

L’idée fondatrice de l’espace étant que


le volume des masses végétales ainsi créé puisse
contrebalancer les volumes des entrepôts auxquels
il fait face, les structures végétales viennent alors
séquencer la promenade en bord de Deûle tout en
aménageant des vues intéressantes sur le port.

La restructuration de l’entre-deux
paysager qui sépare et relie le Ports de Lille,
la Deûle et le quartier des Bois Blancs est ici
opérée en s’appuyant sur la figure des anciennes
fortifications.

Le canal a été construit dans les douves
des ouvrages fortifiés, les entrepôts du port, par
leur alternance de pleins et de vides, épousant
le rythme des anciens bastions. L’entre-deux
paysager correspond quant à lui aux anciens glacis.
Cette géométrie sert ici de tracé régulateur pour
réorienter les fronts bâtis, conforter les espaces
publics et leurs tracés et régler les vis-à-vis avec le
port.

34 ENSAPL / atelier public de paysage n°10

Journal V21/06.indd 34 06/07/2018 13:00


Saint-André-lez-Lille / La Madeleine / Marquette-lez-Lille, Secteur industriel nord :
Pauline Deray, Abigaëlle Lefevre, Anaïs Fortin

Entre Lille et Marquette-lez-Lille, les bords de Deûle sont soumis à une forte pression immobilière qui peut faire basculer ce paysage de grandes friches industrielles
et d’habitat ouvrier faiblement connecté à la rivière en un front urbain dont le quartier Sainte-Hélène fournit un exemple. Le risque est ici qu’en l‘absence de vision claire on
produise un nouveau quartier peu connecté à l’échelle métropolitaine, une série d’îles urbaines fermées sur elles-mêmes. Les trois projets ci-dessous proposent quelques
pistes pour éviter cet écueil.

Ce premier projet prescrit la construction Ce deuxième projet propose une vision plus Ce troisième projet propose une vision sylvestre
d’une promenade au bord de l’eau large et confortable contrastée du paysage urbain à générer. Plutôt qu’un de ce nouveau morceau de ville. De larges surfaces
sur les deux rives, tout en ménageant l’autonomie de parc habité, il s’agit de générer des espaces dotés de sont boisées et les constructions se glissent dans la
la séquence économique centrale. Ce strip continu et personnalités fortes, en accord avec le principe de trame des arbres. Elles sont desservies par une voie
généreux impose un recul minimum aux constructions. contraste et de séquentialité propre au paysage de centrale, parallèle à la Deûle et à la route nationale, qui
Par ailleurs, celles-ci se développent dans une trame la Deûle urbaine. Tandis que le Nord est entièrement évolue entre les arbres pour donner accès à une série
issue de celles des plaques urbaines riveraines, dévolu à un grand parc d’envergure métropolitaine, de lucarnes urbaines perpendiculaires au canal. Au
prolongées jusqu’à la Deûle, mais les îlots ainsi générés la rive gauche, dont l’urbanisation a été déjà engagée Nord, le tournant du canal est amplifié à la faveur des
sont alternativement consacrés à la construction par la construction du quartier Sainte-Hélène très près travaux de mise à très grand gabarit pour permettre
de petits collectifs et de traverses paysagères de l’eau, fait pression sur le canal : un nouveau rang l’implantation d’un port de plaisance complétant celui
densément végétalisées. L’effet d’entre-deux paysager d’immeubles collectifs vient se glisser entre le nouveau de Wambrechies, qui est saturé.
actuellement généré par les friches débarrassées de quartier et les berges pour investir l’eau au plus près. A
leurs anciens édifices est ainsi conforté sous la forme l’opposé, la rive droite joue la carte de la transversalité
d’un parc habité. en recherchant des accroches avec les tissus industriels
pré-existants. La trame des îlots en est déduite et la
figure emblématique d’une darse fait pénétrer l’eau au
cœur des nouvelles franges de La Madeleine.

35

Journal V21/06.indd 35 06/07/2018 13:00


Thibaut Verlinde

Thibaut Verlinde

Tom Sénécal

Anaïs Fortin
Pauline Deray
Abigaelle Lefevre
Brice Anssens
Camille Grée

Abigaelle Lefevre

Anaïs Fortin

Tristant Corcel

Anaïs Fortin

Mélia Le-Hurand
Rémi Courtois
Pauline Rousset
Manuel Jouault
Daphnée Simon
Camille Marque
« L’Atelier Public de Paysge sur le partage de la Deûle
Clara Baquedano
urbaine a été pour nous l’occasion d’aborder le projet de paysage
au contact des acteurs de ce territoire et en premier lieu de ceux
de la maitrise d’ouvrage. Ils ont porté sur nos travaux un regard
extérieur à la fois exigeant et bienveillant, stimulant pour de
jeunes concepteurs.
Vanilla Moisson Nos échanges avec celles et ceux qui fabriquent et vivent
Camille Marque Florian Lambois cette Deûle urbaine au quotidien ont guidé l’élaboration du
Masterplan.
Bien entendu les deux voyages réalisés dans le cadre de l’atelier
Camille Grée ont toujours été des occasions de se former, d’apprendre et de
Gabrielle Billaudel se confronter aux réalisations des pays voisins.
Florian Lambois
Marie-Laure Druet
La durée importante de cet Atelier Public (un semestre
ou deux pour certains) montre qu’une réflexion sur un territoire,
Célie Nouvet pour prendre en compte ses dimensions sociales, spatiales ou
politiques, exige une temporalité longue. Cela nécessite de la
part des paysagistes en devenir que nous sommes, une forte
capacité à s’adapter, à rebondir, à se mettre à l’écoute sans
cesser d’être force de proposition. Si chacun défend sa vision
pour ce territoire, nous avons pu constater qu’il n’est pas si
difficile de se retrouver autour d’objectifs communs, qui ont
permis de construire ce Masterplan et les différents projets
d’aménagement qui s’y rattachent.
Anthony Fernendez
Nous souhaitons remercier l’ensemble des participants à cet
atelier, membres du comité de pilotage, enseignants des deux
semestres et intervenants dont les contributions ont ponctué et
enrichi cet atelier. »
Les auteurs du journal
Brice Anssens, Tristan Corcel, Anaïs Fortin,
Florian Lambois, Camille Marque, Vanille Moisson
et Thibaut Verlinde.

Journal V21/06.indd 36 06/07/2018 13:00

Vous aimerez peut-être aussi