Projet de Fin D'etudes 2010 Emilie Sciardet
Projet de Fin D'etudes 2010 Emilie Sciardet
Formation des
Architectes-urbanistes de l'État
Promotion Françoise Choay – 2009 - 2010
Émilie SCIARDET
Annexes:
– courriers administratifs (2)
Introduction
En arrivant sur mon terrain de stage au SDAP (service départemental de l'architecture et du patrimoine) du Rhône, le
chef de service m'a proposé plusieurs thèmes de travail. Des questions se posaient notamment au sein du service
concernant le Grenelle II et son application au patrimoine: rénovation de quartier anciens en suivant des
recommandations écologiques, panneaux solaires en centre ancien, isolation par l'extérieur et façades remarquables,
qualités environnementales et bâti ancien etc..
Parallèlement à ces questions d'actualité, deux édifices majeurs dans le paysage lyonnais changeaient de destination
et leur avenir faisait parler d'eux: l'Hôtel-Dieu et les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul.
Je ne connaissais pas Lyon et n'avait donc aucun a priori sur l'un ou l'autre. Finalement, mon choix s'est porté sur les
prisons car ces bâtiments m'ont semblé porteurs eux aussi de questions d'actualité: que faire d'immeubles de qualités
architecturales indéniables mais sans projet de l'État ou des collectivités territoriales, comment vendre de tels biens à
des promoteurs, comment la place dans la ville d'un édifice peut se transformer en atout.
Ces deux prisons sont représentatives d'un moment de l'architecture carcérale en France, mais elles sont aussi
lourdement attachées à leur ancienne fonction et font l'objet d'une dépréciation.
Elles sont aussi ancrées dans l'histoire urbaine de Lyon et finalement c'est leur position dans la ville qui va être un
levier pour la conversion du lieu car les qualités patrimoniales ne suffisent plus dans ce cas là.
Travailler sur ce sujet c'est aussi comprendre comment on peut en tant qu'architecte et urbaniste de l'État donner un
élan à des édifices voués à la vente ou la démolition, comme tant de casernes, hôpitaux ou usines aujourd'hui fragilisés
car non monumentaux et non portés par des projets institutionnels.
Ce travail découpé en trois parties présentera dans un premier temps les prisons dans leur contexte historique,
administratif et la difficulté de transformer un lieu comme ces deux prisons construites au XIX ème siècle. Le second
chapitre me permettra de repérer les leviers pour la conversion, grâce à une analyse patrimoniale et urbaine. Enfin le
dernier chapitre sera l'occasion de présenter les outils qui permettront de donner un avenir aux prisons Saint-Paul et
Saint-Joseph.
La ville de Lyon est née de la rencontre de deux fleuves: le Rhône et la Saône et le site de la confluence est occupé
dès l'époque romaine. Mais celui-ci restera longtemps un territoire de gravières et d'îles, de terres entourées d'eau
appelées à Lyon les brotteaux.
Ce n'est qu'au XVIIIème siècle, que la pointe du confluent, située au delà des remparts de l'abbaye de Saint-Martin
d'Ainay, va se transformer. La population lyonnaise croît de manière significative, passant de 110 000 habitants en
1700 à 115 836 habitants en 1762. Or, les trois quarts de la surface de la ville sont occupés par des édifices ou des clos
religieux.
En 1766, Michel-Antoine Perrache et Jean-Antoine Morand, deux promoteurs-urbanistes prônent tous deux une
extension de la ville au delà de ses remparts: vers l'est, par l'aménagement de la plaine alluviale du Dauphiné, hostile et
étrangère, et vers le sud, par le comblement des bras du Rhône et le rattachement de l'île Mognat. En 1777, les
remparts de l'abbaye d'Ainay sont démolis.
En 1771, M.-A. Perrache présente pour la deuxième fois son projet urbain pour la zone de la confluence. Il est enfin
approuvé par le Consulat. Et c'est un véritable défi qui l'attend. La ville ne participe pas au projet, M.-A. Perrache
manque d'expertise, de moyens financiers et d'appuis. Il construit un quai sur le Rhône, recule le confluent jusqu'à la
Mulatière, construit une gare d'eau, un canal et commence des remblaiements.
édifices construits par le pouvoir en place et au service de la population vont être l'occasion de recherches formelles.
L'Europe napoléonienne s'effondre en 1815, les capitales européennes sont alors de plus en plus importantes et
rayonnent politiquement, favorisant l'épanouissement du néoclassicisme international, dont le caractère légitime et
triomphant convient à cette période post-révolutionnaire chaotique, suivant un idéal issu des Lumières.
Mais, peu à peu on va glisser vers une architecture plus intellectualisée et enfin franchement maniérée et expressive
à outrance. Les régimes se succèdent et il faut attendre la III ème République qui s'impose durablement à partir de
1870. Cette stabilité permet alors d'insuffler une dynamique qui passe par la mise en œuvre de la tradition républicaine
via des symboles comme l'hymne national ou la Marianne.
Les édifices publics n'échappent pas à la symbolique et deviennent l'expression du pouvoir central, mais aussi de
valeurs comme l'égalité ou la fraternité. Écoles, mairies se construisent à travers le pays véhiculant ces notions. La
fonction social et culturelle est clairement exprimée.
La structure carcérale est, elle aussi, une réaction aux changements de la société qui devient moderne. L'évolution
des prisons est sous-tendue par le développement des institutions, lié à l'évolution sociale et politique du XIX ème
siècle. Le système de détention est un mécanisme de la régulation générale de la société civile et l'Etat pourvoit entre
autre à tous les besoins des détenus. La prison est sans doute un des thèmes architecturaux les plus caractéristiques
du XIX ème siècle car il a fait l'objet de recherches et créer des modèles.
Les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul, bien qu'antérieures à la III ème République, participent elles aussi de cette
démonstration de la puissance d'un état en l'occurrence ici du ministère de la Justice et de cette recherche formelle.
Saint-joseph, l'œuvre de Louis-Pierre Baltard, en écho au palais de justice de l'autre coté de la Saône
Aujourd'hui moins connu que sont fils Victor, Louis-Pierre Baltard (1764-1846) sera un architecte reconnu en son
temps.
Il fait ses études autour des années 1780 à l'Académie d'Architecture de Paris, où il est l'élève de Peyre le Jeune. Il
développe aussi des talents de peintre et graveur. Après ses études il part à Rome pour quelques années où il étudie les
antiques, auprès des pensionnaires de l'Académie de France à Rome, bien que lui même n'ai pas le grand prix.
Il reste environ quatre ans à Rome. Excellent dessinateur et graveur, il publie à son retour des recueils
archéologiques: Voyage en Italie et Expédition d'Égypte. Il collabore très certainement à d'autres ouvrages.
P.-L. Baltard est aussi connu pour ses qualités de théoricien. Il est professeur en 1796 à l'école Polytechnique. Plus
tard il aura une chaire à l'école des Beaux-Arts en 1818. Enseignement et écriture tiennent une place importante dans
sa carrière.
Mais la période trouble de la Révolution et les changements politiques qui succèdent ralentissent la construction et le
nombre de commande pour deux décennies environ. Baltard comme les architectes de sa génération en souffre.
En 1794, il intègre l'école centrale des travaux publics comme instituteur en géométrie et en édifices civils. Il traite des
différents programmes et notamment des prisons.
De 1796 à 1800, il est vérificateur des bâtiments de Paris, puis en 1811, architecte et inspecteur des travaux de Paris.
Il ne construit pas avant 1813-1814, époque à laquelle il devient architecte en chef du Panthéon. Il s'occupe des travaux
et de l'entretien du Panthéon, des prisons et des halles de Paris (1815-1818).
Fidèle aux idéaux de la Révolution, il se trouve confronté à des programmes peu en rapport avec ses convictions.
Il construit de petits édifices (marché aux charbons, entrepôt des sels de Paris) aujourd'hui démolis. Il construit deux
églises en Côte d'Or de style néoclassique.
C'est en répondant à des concours qu'il accède à des commandes plus importantes comme les prisons ou le palais
de justice de Lyon.
P.L. Baltard se rend en mission en 1823 à Lyon pour inspecter les deux prisons de l'époque: le palais de Roanne (à
l'emplacement du futur palais de justice) et la prison Saint-Joseph, place Bellecour. Un concours est organisé par le
Conseil Général. Dès 1824, Baltard dessine des projets, mais c'est en 1827, que les plans de la prison Saint-Joseph
seront enfin approuvé. Entre temps, un autre terrain aura été pressenti. Dès le départ, Baltard propose un plan en
peigne, reprenant l'architecture des hospices d'aliénés. La prison recevra des hommes, des femmes et même des
enfants dans des quartiers différents. Les travaux se terminent en 1831.
Puis en 1833 il est à nouveau retenu pour le construction du palais de justice de Lyon. Dès 1804, l'État avait décidé
de construire de nouveaux tribunaux. Les travaux seront réalisés en 1847.
5. Illustration: Vue de la prison vers 1840. Source: service régional de 4. Illustration: Vue axonométrique des prisons (1838?). Source: service
l'inventaire régional de l'inventaire
Il dessine le palais de justice comme des thermes romains, reprenant la distribution, les décors élégants et discrets, la
somptueuse colonnade corinthienne dans une approche caractéristique du néoclassicisme tardif. Le palais est classé
monument historique en 1996.
En 1825 il publie L'architectographie des prisons. Fort de
son expérience sur les prisons Sainte-Pélagie et Mazas, il
dessine dans cet ouvrage un certain nombre de modèles.
Ses écrits sont marqués d'une pensée humaniste. Il
préconise une architecture hygiéniste avec des systèmes
constructifs qui permettent l'aération, l'ensoleillement,
l'entretien facile mais aussi une égalité de traitement pour
les détenus. Il a un regard sur l'emprisonnement, qui
dépasse celui de l'architecte.
Malgré une reprise de styles anciens, on ne peut nier
l'invention des typologies distributives, une adaptation au
programme.
6. Illustration: Le palais de justice (à droite), carte postale. Source:
Pour des raisons politiques, P. L. Baltard réalisera assez
internet peu de bâtiments dont peu sont encore debout aujourd'hui.
Il démarre sa carrière tard (à 42 ans environ). Ses
meilleures œuvres sont à Lyon: la prison Saint-Joseph et le palais de justice à Lyon sont très certainement ses deux
meilleures œuvres. Ce sont des édifices majeurs dans sa carrière et ils son dans un bon état de conservation et dans
leur intégrité.
En 1850, il est nommé architecte du département du Rhône et ce jusqu'en 1881. Il est professeur à l'Ecole des
Beaux-Arts de Lyon de 1861 à 1890.
Ses principales réalisations sont des bâtiments édilitaires: l'Ecole Normale primaire d'instituteurs, l'asile de Bron, les
casernes de gardiens de la paix et surtout la préfecture du Rhône réalisée de 1884 à 1890.
A. Louvier, par son style et sa longue carrière, est
l'archétype de ces architectes officiels qui bâtiront tant de
bâtiments dans nos villes. Son travail est caractéristique de
cette architecture d'équipement évoquée ci avant.
La construction de la nouvelle prison est envisagée dès
1847. En 1859, le conseil général décide que l'emplacement
sera dans le quartier Perrache, à coté de la prison saint-
Joseph.
En 1860, A. Louvier dessine les plans de la nouvelle
prison selon un système radial à six branches pour 550
détenus. La prison Mazas à Paris, aujourd'hui démolie, était
la première construite, en 1825, selon les principes de
Jeremy Bentham et le plan panoptique. A. Louvier reprend
7. Illustration: La préfecture du Rhône, carte postale. Source: internet donc un modèle qui existe en France et qui est de mieux en
mieux maîtrisé par les architectes.
Le maniement du plan panoptique est complexe mais A. Louvier réussi à créer des ailes rectangulaires et non en
trapèze. Les volumes des escaliers lui permettent de raccorder les ailes des quartiers et le bâtiment central de forme
circulaire.
La prison est achevée en 1865 et il s'attèlera ensuite au projet de la préfecture qui est certainement son oeuvre
majeure dans laquelle il exprime aussi son goût pour les décors.
9. Illustration: Prison de la Petite Roquette. Source: Roger-Viollet 8. Illustration: La prison d'Autun. Source: internet
Jusqu'à présent, les prisons occupent d'anciens couvents ou des châteaux, souvent mal adaptés aux nouvelles
conditions de détention. Les prisonniers étaient mélangés quelque soit leur sexe, leur âge ou le motif de leur
emprisonnement. Les conditions de vie y étaient très dégradées. La promiscuité engendrait violence et maladies.
L'évolution politique et sociale de la période révolutionnaire et post-révolutionnaire modifie la donne.
Les architectes vont alors étudier des formes permettant d'associer le plus de cellules possibles dans un espace
restreint avec une surveillance limitée. L'agencement intérieur répond, quant à lui, à un soucis d'hygiène et de
fonctionnalisme.
De 1790 à 1820, les réformes pénales font partie du programme de protection sociale. L'évolution du système
carcéral se fait au même moment que la création de l'école rendue obligatoire ou la législation du travail. En 1810, les
principes de travaux et de réhabilitation sont énoncés ainsi que la hiérarchie dans les prisons:
– maisons d'arrêt, de justice ou de correction sont des prisons départementales pour des peines courtes, moins
d'un an, ou en attente du procès;
– les maisons centrales sont contrôlées par l'État et concernent les longues peines. Huit maisons centrales
seront ouvertes dès 1810, elles seront dix-neuf au milieu du XIXème siècle.
Saint-Joseph et Saint-Paul sont des prisons départementales. De nombreuses expériences vont être tentées:
réclusion solitaires ou non, pour les enfants, puis pour les hommes.
Deux écoles traduisent l'expérience américaine. Ces modèles sont repris dans les projets de construction de prisons
françaises. Le modèle pennsylvanien, dans les années 1820 (construction du Eastern Penitentiary de Philadelphie par
John Haviland en 1829), prône un isolement rigoureux, un prisonnier par cellule.
Le système auburnien (prison d'Auburn de 1816 à 1826) s'articule autour de réfectoires et ateliers où les détenus
mangent et travaillent ensemble avec des cellules individuelles plus petites pour la nuit. Le système auburnien sera
adopté par les parlementaires avec une astreinte au silence pendant la journée.
Parallèlement, des modèles de plans se développent comme le modèle de Jeremy Bentham avec sa forme en étoile
dite panoptique.
Il décrit dans son ouvrage le Panopticon (1791) une prison circulaire, organisée autour d'une cour centrale dont les
cellules sont également réparties et peuvent être surveillées au centre par un seul homme. En filigrane, c'est l'autorité
subalterne et susceptible de déviance qui est évitée ainsi que le trop lourd appareil coercitif inhérent aux établissements
pénitentiaires.
Ces modèles sont repris en France; la prison d'Autun (construite par Berthier, 1847-1856) reprend de manière fidèle
le système de Bentham.
En 1841, le ministère de l'Intérieur propose un certain nombre de modèles que les architectes doivent appliquer. Les
plans circulaires difficiles à appliquer sont transformés en plans rayonnants avec des ailes rectangulaires desservies par
des couloirs ou coursives ouvrant sur des vides centraux pour chacune des ailes comme pour la prison Saint-Paul de
Louvier.
Saint-Paul sera construit sur le modèle de Jeremy Bentham, de forme panoptique. Ce modèle est retenu par le
Ministère et de nombreuses prisons seront bâties selon ce principe (la prison de la Santé à Paris). Il offre l'avantage
d'assurer depuis un point central un contrôle de l'ensemble des cours et couloirs de chacune des ailes. Les détenus sont
constamment surveillés, leurs moindre faits et gestes observés. Le bâtiment central, cœur du système, est traité avec de
larges baies le long d'une coursive périphérique.
Mais, la prison Saint-Joseph est conçue selon un modèle en peigne comme les hôpitaux. Ces établissements font
l'objet d'études, et Baltard reprend les qualités hygiéniste de ce système ou ensoleillement et circulation de l'air sont
facilités.
Bien qu'il dessine un premier projet de forme semi-panoptique pour un autre terrain, de forte déclivité, il retient
finalement ce plan qui lui semble mieux adapté à la division en quartiers, selon les classes de détenus. C'est aussi pour
des raisons hygiénistes que P.-L. Baltard dessine ce plan: air et lumière circulent dans toutes les directions et dans
chaque cellule. Certains quartiers composé de grands dortoirs seront cloisonnés (en 1870) par la suite quand une loi
obligera les préfectures à isoler chaque prisonnier dont la peine est inférieure à un an. Baltard se méfie des modèles
anglais (celui de J. Bentham par exemple) qui considèrent « dans leur génie de la mécanique » les bâtiment comme des
machines. Baltard a depuis quelques années expérimenté les bâtiments de prisons.
Il a réalisé des travaux sur les prisons Sainte-Pélagie et Saint-Lazare à Paris en tant qu'architecte des bâtiments civils
de 1821 à 1825. Bien qu'il ne publie son livre De l'architectonographie des prisons qu'en 1829, on peut considérer que
Saint Joseph est pour lui l'occasion de mettre en réalité des idées qu'il a depuis déjà longtemps élaboré. Quand la
commission critique sont premier projet semi-panoptique, il est prompt à présenter son plan en peigne qu'il devait déjà
avoir dessiné depuis longtemps.
Ces deux prisons marquent deux moments dans l'histoire de l'architecture carcérale mais aussi dans la conception de
l'emprisonnement. Elles ont, au cours du temps, fait l'objet d'extensions, ajouts, dégradation et abandon. La
surpopulation ajoutée à la difficulté de réaliser des travaux en site occupé ont fait de ces prisons des lieux délaissés.
Finalement, le Ministère de la Justice décide de les vendre après le déménagement, en 2009, des prisonniers dans la
toute nouvelle prison de Corbas, dans la banlieue sud-est de Lyon. Il ne souhaitait pas rénover ces prisons qui offraient
des qualités:
– une position devenue centrale dans la ville et donc une facilité d'accès pour le famille voir de communication
La question de la mémoire
La fonction même des prisons posent des questions quant à leur réutilisation mais aussi en matière de mémoire.
Violence et misère humaine, solitude autant de mots qu'il est difficile de transposer dans une reconversion. Les images
parlent d'elles même.
Un événement révélateur va mettre en relief cette question de
mémoire et de lieu mémoriel. La prison Montluc située de l'autre
coté du Rhône, désaffectée elle aussi, est en instance de
classement. Jean Moulin a été emprisonné là, et c'est à ce titre que
la procédure de protection a été lancée. Pourtant, construite en
1926, elle a beaucoup moins d'intérêt architectural.
Saint-Joseph et Saint-Paul n'ont connu que Klaus Barbie en attente
de son procès, ou Didier Chamizo dont on parlera par la suite pour
ses œuvres. Mais, ces deux personnalités ne peuvent pas justifier
une demande de protection. On ne peut non plus envisager un
musée de la prison. Les traces des prisonniers sont encore bien
présentes, et le basculement historique n'a pas opéré encore,
l'histoire des prisons Perrache est encore trop récente.
10. Illustration: Photo du dépôt du Palais de justice de Paris.
Source: exposition L'impossible photographie, Musée C'est l'architecture des deux établissements qui est remarquable et
Carnavalet. notamment parce que l'un des architectes est un théoricien de
l'architecture carcérale.
Pourtant un autre vecteur permettrait d'évoquer la mémoire du lieu: la présence de créations artistiques au sein des
deux prisons. Les peintures et bas-relief sont les témoins d'une politique d'action culturelle en milieu carcéral naissante.
12. Illustration: Le bas-relief en terre cuite réalisé par les détenus de 11. Illustration: Fresque de D. Chamizo dans le tunnel. Photo de
Saint-Joseph. Photo DDE du Rhône. l'auteur.
En 1985, un premier atelier animé par le céramiste Winfried Veit va produire les bas-relief en terre cuite accrochés
dans la cour de la prison Saint-Joseph.
Didier Chamizo, incarcéré dans les années 80 va lui aussi animer un atelier, et réalise de fresques avec d'autres
détenus dans le tunnel qui relie les deux prisons. Il continuera à peindre en prison et organisera une exposition à New-
14. Illustration: Graffiti dans une cellule. Photo G. Perraudin 13. Illustration: Graffiti dans une cellule.
Photo de l'auteur
15. Illustration: Speedy graphito. 16. Illustration: Les fresques du tunnel. Photo de l'auteur
– malgré deux conceptions différentes, les deux prisons sont construites autour de deux bâtiments centraux qui
organisent les plans. Ils desservent les ailes. Leur forme est particulière car liées à l'accueil de chapelles traités
chacune en rotondes.
L'architecture des prisons ne se prêtent donc pas n'importe quelle transformation pour trois raisons:
– l'aspect fonctionnaliste de l'architecture qui empreint les lieux. Les circulations nombreuses, les sas, les
enceintes, la répétition des cellules ou les dimensions des ouvertures,tTous ces systèmes sont autant de
handicaps pour l'installation d'un nouveau programme;
– la qualité de certains espaces comme l'aile nord de Saint-Paul, les deux chapelles, coursives métalliques ou les
colonnades. Toute modification viendrait dénaturer les lieux;
– leur fonction de prison en fait un lieu fortement déprécié dans l'imaginaire collectif et il sera difficile de motiver
des acquéreurs pour ce site.
Les bâtiments présentent donc des qualités très diverses dont il faut tenir compte dans le cadre de la conversion que
l'on va mettre en place.
Le problème majeur de cet ensemble bâti est le manque de projets. L'État se dessaisi de ses immeubles, la ville de
Lyon et l'agglomération le Grand Lyon n'ont pas les moyens de s'engager dans un tel projet. Le patrimoine est nombreux
à Lyon et un autre édifice demande des moyens: l'Hôtel-Dieu. Plus emblématique, moins gênant et surtout porteur
d'enjeux politiques, la mairie de Lyon a fait son choix. La ville est dotée de nombreux équipements culturels.
Par ailleurs, le préfet souhaite surtout que la réutilisation des lieux se fasse rapidement. Il craint le coût du
gardiennage car le squat des lieux est une éventualité à prendre en considération. Le préfet presse donc les services de
l'État de mettre en œuvre un cadre pour la conversion. Il missionne la DDE (direction départementale de l'équipement)
pour coordonner l'ensemble des réunions et la mise en place du cahier des charges de cession en appui de France
Domaine.
De son coté, France Domaine, bien que le cas des prisons de Lyon soit un dossier particulier, rappelle aussi que cette
vente se fait dans le cadre de la réduction de la dette publique par la vente de biens de l'État. C'est pour eux une
question cruciale.
France Domaine est un service de l'État qui gère les baux, les concessions de logements et établi un bilan des biens
de l'État. Il est donc en charge de préparer les ventes pour le compte de l'État.
L'évaluation du bien est faite par le service des domaines. La commission d'appel d'offre retient habituellement le
candidat le mieux-disant. Les ventes concernent des terrains (notamment beaucoup de terrains qui appartenaient aux
anciennes directions départementales de l'équipement) ou des immeubles de bureaux ou de logements. Les cahiers des
charges indiquent les démarches à suivre surtout en terme de procédure (rédaction de l'acte de vente, publicités,
ouvertures des plis). Le service des domaines estime la valeur des prisons avec terrain nu compris la démolition.
Le cas des prisons est pourtant un dossier complexe car les bâtiments ont des qualités patrimoniales mais sont aussi
très difficiles à valoriser.
au monument n'est pas évidente. Les prisons font partie intégrante du quartier et de son histoire. A ce titre elles
participent des abords de l'hôtel et de la gare, de ce quartier entre industrie, équipements et transports.
Mais la question de la pérennité d'une protection pour les prisons reste entière.
Le site de l'UNESCO
Lyon a été reconnu comme un exemple éminent de l'établissement humain et un témoignage exceptionnel de la
continuité de l'installation urbaine sur plus de deux millénaires.
Lyon, fait de deux fleuves, deux collines et d'un confluent est aussi remarquable par son rayonnement matériel et
spirituel.
Lyon est donc inscrit sur le liste de l'UNESCO (united nations educational, scientific and cultural organization) depuis
1998 sur 427 000ha (zone tampon de 324 000 ha).
Le périmètre s'arrête lui aussi à la rue Dugas-Montbel sans prendre en compte les prisons ni même la confluence.
19. Illustration: Le bâtiment d'entrée de Saint Joseph. Photo de 20. Illustration: Le bâtiment d'entrée de Saint Joseph. Photo de l'auteur
l'auteur
Les escaliers de la prison Saint-Paul évoquent eux très clairement, les escaliers qui desservent les traboules du
quartier de la Croix-Rousse avec leurs galeries couvertes. Les grandes dalles de pierre formant palier sont aussi
caractéristiques d'un mode constructif local.
22. Illustration: Les escaliers de Saint-Paul 21. Illustration: Escalier dans une traboule
du quartier de la Croix-Rousse. Source:
internet.
24. Illustration: La chapelle de Saint-Joseph. Source: service régional Enfin, le dôme de la chapelle de Saint-Joseph est appareillé
de l'inventaire. d'une manière qui lie sans conteste la prison et le palais de
justice construit peu de temps après par L.-P. Baltard. La
signature du maître est là, excellent dessinateur et auteur de
livres sur des voyages à Rome, L.-P. Baltard connait
l'architecture antique et l'interprète aussi dans le dessin, très
personnel de la stéréotomie et l'appareillage des pierres.
La coupole est portée par huit colonnes en calcaire blanc.
voyage qui dure plusieurs années, il rapporte de nombreux dessins et publie notamment un recueil de quarante-huit
vues. Il a donc une très bonne connaissance de l'architecture antique et développe le goût de l'Antiquité mais aussi ses
talents dessinateur.
Entre temps, la Révolution, après la philosophie des Lumières, le goût de la nature vont profondément transformer la
pensée architecturale. Elle se tourne vers les formes apaisées et universelles du classique antique après deux siècles
de tumultes maniéristes puis baroques. Un sentiment moral, exalté dans des formes simples transforme la création
architecturale en instrument de communication et d'enseignement. Les architectes Soufflot, Boullée, Ledoux, seront plus
inventifs que leurs successeurs dont fait partie Baltard, et qui semblent plus soucieux de decorum mais surtout
d'exemplarité historique.
Pourtant, Baltard, se dégage de cet historicisme, en mettant en œuvre une architecture élégante, et crée son propre
langage que l'on peut d'autant mieux comparer que le palais de justice, qu'il conçoit quelques années plus tard est tout
proche. Colonnades, ordonnancement, centralité de la chapelle expriment une conception humaniste (la rédemption des
détenus) mais aussi une morale (par l'austérité et la sobriété des décors) et la force de la justice. Le bâtiment de
l'administration ressemble beaucoup à l'extension qu'il construit pour la prison Sainte-Pélagie à Paris, créant un effet
monumental inspirant « respect et recueillement » par un appareillage cyclopéen, de grandes baies très espacées
laissant place à de grande masse de murs, un soubassement haut.
Baltard avait choisi tout d'abord un sytème panoptique (chapitre I-1) mais du point de vue du style architectural aussi,
il a choisi un plan masse beaucoup plus simple et moins maniéré que le plan panoptique qui a quelque chose de
systématique.
Les galeries couvertes:
Les coursives à colonnades sont particulièrement intéressantes: très pures, avec peu de décors, les grandes dalles
de pierre sont portées par des colonnes doriques sans base. Elles relient les six pavillons au bâtiment central de la
chapelle. Les ajouts récents cassent l'effet, perdant l'effet de transparence, de contrastes (ombre et lumière), de vues
sur les cours arrières dilatant l'espace intérieur minéral de la prison. Baltard souhaitait que l'air venant du Rhône puisse
circuler librement. Ces galeries permettent les circulations des détenus, de leurs gardiens mais aussi de l'air et la
lumière.
Ces portiques sont aussi une « trace pétrifiée » des circulations des détenus pour se rendre au parloir et retrouver
leur familles, pour aller à la chapelle (quand elle était encore en activité), ou à l'administration.
Baltard crée des places et des rues couvertes reliant les « quartiers » a sein des murs de la prison.
28. Illustration: La cour d'honneur de Saint-Joseph telle qu'elle devait 27. Illustration: La cour d'honneur de Saint-Joseph aujourd'hui.
être. Dessin de l'auteur Source: service régional de l'inventaire
Fonctionnalisme:
Souvent, l'intérieur des prisons du XIX ème siècle, répondant à un soucis d'hygiène et de fonctionnalisme contrastait
avec les façades expressives et historicistes. Bien que Baltard et Louvier reprennent un vocabulaire architectural
néoclassique pour l'un et historiciste pour l'autre, les fonctions des deux établissements pénitenciers sont clairement
identifiées sans évoquer un château ou tout autre édifice comme nombre d'autres établissements publics (le château-
ziggourat imaginé par Ledoux pour la prison non achevée d'Aix en Provence).
Mais c'est la rencontre entre le plan des parcelles et celui des prisons qui est remarquable. Les deux architectes
utilisent ces interstices pour créer les cours:
– pour Saint-Joseph: jardin du directeur entre l'enceinte extérieure et la deuxième enceintes, cours réparties
entre chaque aile, pignon des ailes formant pour partie la seconde enceinte;
– pour Saint-Paul: le plan radial génère des cours triangulaires ou trapézoïdales. Louvier a dessiné une double
enceinte continue.
32. Illustration: Les prisons Perrache, vue aérienne. Source: Google 33. Illustration: llustration: La prison de la Santé , vue satellite. Source:
map Google map
Un quartier coupé du centre-ville: « derrière les voûtes », une opportunité de recréer du lien
Le quartier Perrache (chapitre I-1) est coupé de la ville par la gare et ses voies situés à 6,00 mètres de haut et par
l'échangeur autoroutier. Le quartier qui se fait appeler « derrière les voûtes », est relié au nord de la presqu'île par cinq
rues qui passent sous les voies SNCF et l'autoroute A7. La rue Delandine, passe sous les voies par les voûtes. Elle est
longée par les enceintes des deux prisons. L'aménagement de cette rue est le résultat de nécessités et non d'une
volonté urbaine:
– traverser le môle des voies ferroviaires venu un jour boucher le quartier;
– permettre un contrôle aisé des voies périphériques des deux établissements pénitenciers par les gardiens
depuis les guérites bâties sur les murs.
L'aménagement futur des prisons (et notamment l'ouverture de nouveaux accès par le percement des enceintes) va
être une opportunité pour concevoir la rue comme un axe évident depuis le cours Suchet (ce qui n'est pas le cas
36. Illustration: La rue Delandine et le passage sous les voûtes, dessin de l'auteur
Les deux fleuves: ouverture, une façade de qualité dans la continuité des grands édifices de Lyon qui
jalonnent la rive du fleuve
La ville de Lyon s'est construite le long de ses fleuves, tout d'abord en s'en protégeant. Le long du Rhône s'étendaient
des remparts. Sous l'impulsion de Jacques-Germain Soufflot, les berges vont être aménagées entre 1735 et 1775. Des
monuments viennent jalonner le paysage au bord du Rhône: l'Opéra, l'Hôtel-Dieu. Le bâtiment d'entrée de la prison
Saint-Joseph borde lui aussi le Rhône, il s'ouvrait sur une agréable promenade plantée de peupliers , le long du quai
tout neuf, construit à partir de 1770.
La façade de la prison Saint-Joseph, dessinée par L.-P. Baltard, est aussi ouverte sur la rue et le fleuve grâce à de
nombreuses baies, ce qui peut paraître paradoxal pour une prison.
L'autoroute A7 ne ménage pourtant pas le bâtiment voir même dénature sa place au sein de la ville en le reléguant au
troisième plan derrière l'autoroute et le boulevard urbain qui se transforme en voie rapide.
Pourtant, cette façade participe par sa qualité (ordonnancement, matériaux employés, modénature dimension des
pierres de taille) et ses dimensions au paysage de Lyon.
38. Illustration: La prison saint-Joseph depuis l'autre rive du Rhône. Source: Agence d'Urbanisme.
Il faut aujourd'hui prévoir l'ouverture du site par cette façade sur le Rhône, dans l'optique du déclassement de
l'autoroute A7 à l'horizon 2025, qui deviendrait alors un boulevard urbain.
40. Illustration: Le périmètre de la ZAC tranche 1. Source: Lyon- 39. Illustration: Périmètre de la ZAC tranche 2. Source: Lyon-
Confluence. Confluence.
Sainte-Blandine fait partie d'un projet d'éco-rénovation en lien avec la ZAC Confluence. Des obligations
environnementales sont données à tous les opérateurs qui interviennent sur le site. Le quartier Sainte-Blandine est aussi
concerné et un plan de travaux est lancé en vue d'améliorer les qualités thermiques des immeubles et de poser des
systèmes de chauffages alternatifs.
Les prisons font partie du quartier. Leur conversion devra donc intégrer des normes environnementales par les
acquéreurs.
En tant qu'AUE, les documents qui vont accompagner la vente des prisons doivent intégrer des préconisations pour
que les qualités architecturales des lieux ne soient pas détruites.
Ainsi, il sera bon de rappeler que les maçonneries anciennes sont aussi intéressantes en terme d'inertie. Les
coefficients appliqués pour les bilans devront en tenir compte. De même, on remarque que la prison Saint-Joseph, avec
son alternance de cours rectangulaires et de bâtiments orientés nord-sud, permet un ensoleillement est-ouest des
façades.
Le site des prisons est plein de potentiel qui assure une valeur foncière indéniable. Même si d'autres secteurs se
développent (la Part-Dieu). Le développement du quartier Lyon-Confluence est un atout majeur pour le quartier Sainte-
Blandine et le quartier Perrache. C'est pourquoi une reconversion semble possible.
Le terrain nu du site a de la valeur, par sa proximité avec le centre mais aussi le nouveau quartier de Confluence. Il
faut donc trouver les outils pour protéger les bâtiments en laissant une marge de manœuvre pour l'évolution à venir des
prisons Perrache.
Perrache, ce que ne pourra être aucun des projets futurs (chapitre I-1).
42. Illustration: Rue Dugas-Montbel, dessin de l'auteur 43. Illustration: Coupe sur la rue Dugas-Montbel avec
proposition hauteur. Doct de l'auteur.
Conserver un caractère exceptionnel au site, et ce malgré l'ouverture des enceintes obligent à adapter le PLU.
Les voies SNCF, quand elles ont été construites ont ajouté au phénomène de relégation des prisons. Les deux
enceintes rue Dugas-Montbel, deviennent le second talus du fossé qu'elles créent avec le môle des voies SNCF situé à
6 mètres au dessus du niveau de la rue.
C'est pourquoi, accepter la densité sur la partie nord des deux parcelles, permettrait d'épauler les bâtiments futurs,
mettre en valeur les bâtiments des prisons.
Cette densité permettra aussi aux futurs acquéreurs de rentabiliser l'achat du site.
Il faut prolonger les actions déjà engagées car cette reconversion est une opportunité (chapitre II-2) à plusieurs
niveaux: ZAC, les voûtes, la place des Archives, le cours Suchet, mise en valeur des rives du fleuve. Mais il faut aussi
intervenir en amont lors des études urbaines de la ZAC car sur la planche qui suit l'urbaniste est venu couper la partie
nord des prisons sans analyse historique ou patrimoniale préalable. Le manque de concertation peut aboutir à des
documents (le plan de la ZAC Confluence et le cahier des charges de cession) qui se contredisent. Le groupe de travail
mis en place par le préfet est là pour anticiper tout dérapage. Dans le projet, l'urbaniste souhaitant recréer un lien entre
les deux fleuves est venu créer un mail vert transversal.
En plus des modifications du PLU concernant les hauteurs, préconiser le repérage des prisons dans le PADD (projet
d'aménagement et de développement durable) du PLU ou dans le DOG (document d'orientations générales ) du SCOT
(schéma de cohérence territoriale ) pourrait être une intervention souhaitable pour la prise en compte des prisons dans
les documents d'urbanisme de la commune et de la communauté d'agglomération.
contraignant de telles architecture est incompatible avec leur conservation intégrale » (extrait de la Mission d'inspection de
l'IGAPA concernant les prisons Saint-Joseph et Saint-Paul à Lyon, septembre 2008 ).
Dans les chapitres I puis II, j'ai montré que les bâtiments avaient des qualités très diverses. Un curseur en terme de
conservation me semble opportun. Par ailleurs, une étude patrimoniale me semble nécessaire pour intervenir sur ce site
et surtout, justifier les démolitions ou ajouts. Un architecte du patrimoine pourrait apporter son concours aux équipes.
Le bâtiment Leur transformation sera Ces bâtiments sont à conserver dans leur totalité.
d'entrée de d'autant plus aisée que c'étaient Les cloisonnements intérieurs pourront être revu mais escaliers
Saint-Joseph des bureaux et des logements. et éléments de structure devront être conservés et mis en valeur.
Sa situation sur le quai
Perrache en fait un élément
urbain fort.
Les bâtiments Deux chapelles se trouvent Ils sont aussi à conserver dans leur ensemble car ils sont
centraux dans les étages supérieurs, remarquables.
couvertes de deux coupoles. La qualité des espaces demande une mise en valeur, et
notamment le démontage des plafonds suspendus, voire de
plancher qui ont dénaturé les volumes.
Les escaliers Rappelant les escaliers des Ils sont à conserver.
de Saint-Paul traboules du centre de Lyon, ils
sont de très belle facture.
Les bâtiments Leur transformation sera Extension, surélévation possible avec tout de même une mise
de d'autant plus aisée que c'étaient en valeur de la structure.
l'administration des bureaux et des logements.
de Saint-Paul Ces bâtiments sont à l'arrière
plan puisqu'ils étaient construits
dans l'alignement de la seconde
enceinte.
Les deux ilôts Les deux prisons sont des Des interventions différentes sont tout à fait envisageables sur
« édifices-îlot ». Elles sont chacune des parcelles.
remarquables cote à cote mais
elles fonctionnent aussi en terme
urbain de manière autonome.
L'aile nord de L'aile nord de Saint Paul pose Mais on imagine mal une transformation ou une restauration.
Saint-Paul question car elle est Il faut trouver un programme compatible avec l'espace qui est
caractéristique des prisons avec remarquable. On pourrait imaginer que cette aile devienne un
ses coursives en surplomb et le espace de distribution en conservant l'ensemble des portes des
grand volume sous verrière. Elle cellules même si la distribution à l'arrière est complètement
fait aussi écho à des techniques différente.
constructives liées au
développement industriel avec ses
passerelles et escaliers
métalliques.
Le volet patrimonial du cahier des charges doit laisser les architectes interpréter le lieu pour non seulement assurer
un avenir au site (en terme financier et fonctionnel) mais aussi permettre à celui-ci de s'inscrire dans la ville avec ses
nouveaux programmes.
La question de la temporalité
Le rapport de l'IGAPA, de septembre 2008, préconisait dans un premier temps la reconversion et ensuite la mise en
route des mesures de protection, à garder « en réserve ». Toutefois, les inspecteurs proposaient aussi un partenariat
avec les collectivités territoriales pour accompagner cette démarche de reconversion.
On pouvait alors supposer que la place d'une collectivité locale au sein d'une équipe de maîtrise d'ouvrage pouvait
être une garantie de bonne conduite.
Or aujourd'hui, ce partenariat n'a pu se faire. Il faut en tenir compte et imaginer une vente entre différents promoteurs.
C'est pourquoi il me semble que la mise en place d'une mesure de protection doit se faire en concomitance avec la
vente. Les futurs acquéreurs doivent savoir qu'ils achètent des biens protégés par la loi sur les monuments historiques.
Et la protection au titre des monuments historiques me semble indispensable pour préserver les prisons de travaux
dommageables.
Conclusion
Les prisons mériteraient amplement un classement au titre des monuments historiques. Elle n'ont subi que très peu
de transformations et celles-ci sont toutes réversibles. Par ailleurs les archives possèdent de nombreux documents,
notamment des écrits de Baltard où il s'exprime sur la prison Saint-Joseph et sa correspondance avec les
administrateurs. Pour les moments qu'elles représentent dans l'histoire de l'architecture carcérale, la personnalité de
Baltard et son rôle de théoricien; mais aussi pour l'extraordinaire juxtaposition de deux modèles les prisons sont dans
l'histoire carcérale de la France deux édifices exceptionnels. Enfin leurs qualités architecturales sont indéniables.
Mais, la vente des biens de l'État et la politique de réduction du déficit public nous oblige à trouver des solutions
alternatives. Le partenariat avec les collectivités territoriales n'a pas été possible pour plusieurs raisons: nombreux
autres projets, manque de moyens. La vente à des équipes composées de promoteurs et d'architectes doit donc être
conduite grâce à un cadre donné par le cahier des charges de cession.
L'inscription à terme pourrait être le bon complément du cahier de cession pour que l'État puisse garder un certain
contrôle sur le devenir des prisons Saint-Joseph et Saint-Paul de Lyon.
Bibliographie
Ouvrages et périodiques:
– La justice en ses temples, Association française pour l'histoire de la justice, Poitiers: Éditions Brissaud et Paris:
Éditions Errances, 1992.
– Les palais de justice, Monuments historiques n°200, janvier-février 1996.
– PELLETIER, André, ROSSIAUD, Jacques, BAYARD, Françoise, CAYEZ, Pierre. Histoirede Lyon, des origines
à nos jours, Lyon: Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, 2007.
– SIMONS, Pauline. Herzog et de Meuron font rugir le cœur de Lyon, Le Figaro magazine du 20 février 2010.
– RIVET, Félix. Le quartier Perrache (1766-1946), Lyon: Andin, Institut des études rhodaniennes de l'université de
Lyon, collection Études d'histoire et de géographie urbaine, 1951.
– PINON, Pierre. Louis-Pierre et Victor Baltard, Paris: Monum, Éditions du Patrimoine, 2005.
– O'BRIEN Patricia. Correction et châtiments, Paris: Presses Universitaires de France, 1988.
– CHALABI, Maryannick, BELLE, Véronique, HALITIM-DUBOIS, Nadine, Service régional de l'inventaire Rhône-
Alpes. Lyon, le Confluent « derrière les voûtes », Cahiers du patrimoine n°80, Éditions Lieux-dits, 2005.
Sites internet:
– www.culture.gouv.fr/rhône-alpes, à propos d'Antonin Louvier et de le construction de la préfecture
– www.sdx.rhonealpes.fr
– www.lyon-confluence.fr
Entretiens:
Organisme Nom
DDE Rhône - Service M. Guy LEVI
constructions publiques Mme Isabelle JANOYER
France Domaine M. Michel THEVENET
Mme Christine ROBERT
SDAP Rhône M. Pierre FRANCESCHINI
Agence d'Urbanisme du grand Lyon M. Sébastien SPERTO
SPLA Lyon Confluence M. Pierre JOUTARD
CRMH Mme Marie BARDISA
Service Régional de l'Inventaire du Mme Véronique BELLE
Patrimoine culturel
DREAL M. Alain LAGIER
SGAR M. Patrick ARNOULT
Je remercie vivement toutes ces personnes qui ont accepté de me recevoir lors de ces entretiens:
– M. Pierre FRANCESCHINI et toute son équipe, SDAP Rhône;
– Mme Isabelle JANOYER et son équipe, DDE Rhône – Service constructions publiques;
– Gérard Goudal, mon directeur d'études;
qui m'ont permis de mener à bien ce travail.