Partie III Mémoire Ami, A Ben Khalifa
Partie III Mémoire Ami, A Ben Khalifa
La lagune Ichkeul ou Garaat Ichkeul est située au Nord de la Tunisie. C’est un réceptacle de
nombreux marécages, bordés par un Jebel. Elle est alimentée en hiver par l’eau douce issue des
pluies, des lâchers des barrages et des bassins versants. En été, l’eau salée de la lagune de Bizerte
se déverse dans la lagune Ichkeul via l’oued Tinja. Cet écosystème lagunaire est classé comme
l’un des plus importants sites d’hivernage, d’Afrique de Nord, des oiseaux marins d’une grande
richesse spécifique. L’écosystème Ichkeul est une zone humide d’intérêt national et international
ce qui explique son statut de Parc National et de patrimoine mondial.
Le réseau hydrographique associé au plan d’eau de l’Ichkeul est sujet à des aménagements
hydrauliques notamment les barrages d’eau douce et l’écluse de Tinja. Les barrages ont engendré
une diminution des apports en eau douce d’où une perturbation des variations hydrologiques et
physico-chimiques. La construction de l’écluse a pour but de contrôler les échanges entre la
lagune Ichkeul et celle de Bizerte. Sa bonne gestion contribue à la restauration et à la sauvegarde
de Parc National de l’Ichkeul (PNI).
De nombreuses recherches effectuées sur la lagune Ichkeul comportent des données hydro
climatiques afin d’expliquer l’évolution de l’écosystème. Nous citons comme exemple celles de :
Zaouali (1975), Lemoalle (1983), Ben Rejeb (1986), Ben Rejeb Jenhani (1989), Chaouachi
(1995), Ben Mbarek (2001), ANPE (2002-2003 à 2013-2014) et Ouni et al. (2019).
D’autres travaux concernent la biodiversité de la lagune Ichkeul comme par exemple ceux de
Ben Rejeb-Jenhani et al. (1991), Chaouachi (1995), Romdhane (1995), Kraiem et Ben Hamza
(2000), ANPE (2002-2003 à 2013-2014), Sellami et al. (2010), Romdhane et al. (2012) et Shaiek
et al. (2015).
1
Dans la première partie du mémoire nous avons traité les fluctuations climatiques et leur
impact sur les variables hydrologiques et physico-chimiques de la lagune. Nous avons également
comparé les variabilités durant notre période d’étude (février à octobre 2019) à celles des
périodes antérieures.
Dans la deuxième partie, nous avons étudié et situé la biodiversité ichtyque par rapport aux
peuplements antérieurs fréquentant la lagune.
La dernière partie a été consacrée à l’étude des relations entre les variations environnementales et
les peuplements ichtyques.
2
Chapitre II: Revue de littérature
Le PNI est un réservoir écologique qui héberge près de 230 espèces animales, plus de 500
espèces végétales et entre 100.000 et 200.000 oiseaux migrateurs pendant la saison hivernale
(Ouerghi et al, 2012; Ghannem et al, 2017).
Le PNI est un rare site au monde qui a été inscrit en 1977 comme réserve de la
biosphère (MAB, Man et biosphère, UNESCO). En 1979, il a été inscrit sur la liste du patrimoine
mondial naturel de l’UNESCO. Il a été décrit en 1980 comme zone humide internationale inscrite
sur la liste du RAMSAR (Aouididi-Ben Moussa, 1996; ANPE, 2003/2004).
La lagune Ichkeul où Garaat Ichkeul (figure 2) est une lagune secondaire d’une superficie
moyenne de 8900 ha (Ennabli et Kallel, 1990). Elle a une profondeur moyenne de 1 m avec un
3
maximum ne dépassant pas les 2 m (Chaouachi, 1995; Beji Sassi, 1999). Ainsi la valeur moyenne
du niveau de l’eau de la lagune Ichkeul est de 0,23 m au-dessus de la valeur moyenne du niveau
de l’eau de mer (Beji Sassi, 1999; ANPE, 2007; Shaiek et al, 2016).
La lagune Ichkeul est en relation avec la mer Méditerrané par l’intermédiaire de la lagune de
Bizerte via l’oued Tinja (canal de 5km de long) situé en aval. Elle est alimentée, par un bassin
versant d’une superficie de 2080 km² en amont (Ben M’barek, 1995 et 2001; Saeid et al, 2007 ;
Mathlouthi et al., 2015 ; Ghannem et al .2017). Par ailleurs, la lagune Ichkeul est située dans la
région la plus arrosée de la Tunisie où la pluviométrie peut atteindre jusqu’à 800 mm/an
(Aouididi-Ben Moussa, 1996). Cette lagune est caractérisée par des variations saisonnières
importantes. En effet, durant la saison hivernale les fortes précipitations et les apports en d’eau
douce par les oueds entraînent une évacuation de l’excédent d’eau douce vers la lagune de
Bizerte (courant sortant de l’Ichkeul). Inversement, la saison sèche est caractérisée par une forte
évaporation, un apport d’eau douce faible ou nul, par la suite, le niveau de l’eau de la lagune
s’abaisse ce qui provoque l’entrée de l’eau de la lagune de Bizerte vers la lagune d’Ichkeul
(courant entrant dans l’Ichkeul) (Chaouachi, 1995; Aouididi-Ben Moussa, 1996; Ben M’barek,
2001; Kraiem et al., 2003; ANPE, 2004; Ghrabi-Gammar et al., 2006; Ouerghi et al., 2012;
Shaiek et al., 2016).
4
2.1.1 Réseaux hydriques
La lagune Ichkeul était un réceptacle des six oueds les plus importants de la région. Les oueds
Morrah, Douimis, Sejnane qui représentent plus de 43 de l’apport total en eau et les oueds Melah,
Ghézala et Joumine (Aouididi-Ben Moussa, 1996; ANPE, 2005):
Oued Sejnane s’écoule du Sud-Ouest au Nord-Est de la lagune sur une longueur totale de
68,4 Km (ZOUABI, 2003) et d’une superficie de 367 Km² (Zairi, 2001);
Oued Joumine d’une superficie de 745 ha environ, d’une précipitation de 575 mm. C’est
l’entité la plus importante de l’Ichkeul (Ouali et al, 2014);
Oued Tine, d’une superficie de 650 Km² et d’une précipitation de 852 mm (Ouerghi et al.,
2012).
5
Figure 3: Oueds et barrages de l’écosystème Ichkeul
Le barrage de l’oued Melah est mis eau en mois d’avril 2019 (Ministère de l’Agriculture de la
Tunisie). L’installation des barrages à l’amont de la lagune a affecté fortement l’équilibre naturel
de l’écosystème. Le total des apports d’eau douce a chuté de 270 millions de m³/an à seulement
120 millions de m³/an après la construction des barrages sur les sous bassins lagunaires (Brahim
et al., 2008).
6
- En été, le niveau de la lagune diminue (inférieur à -10 -20 cm NGT) et la salinité dépasse celle
de l’eau de mer (37 g/l) donc il y’a la fermeture de l’écluse afin d’empêcher l’entrée de l’eau de
la mer à l’Ichkeul via la lagune de Bizerte. Dans ce cas, il y’a nécessité d’avoir des apports
supplémentaires d’eau douce, issus des lâchers du barrage de Sidi Barrak vers celui de Sejnane
qui lui est rattaché.
7
peut atteindre 3 m de hauteur. Sa densité varie d’une année à l’autre en fonction de la salinité, de
l’hydromorphie et de la durée de submersion du milieu (Ouali, 2014).
2.2.1.2 Microflore
La microflore est plus diversifiée que la macroflore. Elle révèle la présence de 51 espèces de
phytoplanctons composées de Diatomophycées denses pendant l’hiver et l’automne et des
Chlorophycées abondants au printemps (Ben Rejeb-Jenhani, 1989).
2.2.2 Avifaune
La lagune Ichkeul est un site d’attraction des oiseaux marins. Elle héberge en hiver 4 espèces
(Tamisier, 1990; Kraiem et al., 2003; Sellami et al., 2010) qui sont:
Foulques macroules (environ 60000);
Fuligules milouins (environ 30000);
Canards siffleurs (environ 30000);
Oies cendrées (environ 10000).
Ces espèces représentent 95% de l’ensemble des peuplements d’oiseaux aquatiques (Hollis et
al., 1986).
8
Figure 5: Fuligule milouin
9
Figure 7: Canard siffleur Figure 8: Canard colvert
10
2.2.3 Faune halieutique
L’exploitation halieutique était importante dans la lagune Ichkeul (ANPE, 1994; Bebars et al.,
1996; Bayed et al., 1997). D’après Kraiem et al., (2003), la faune halieutique se compose de trois
groupes d’espèces:
Espèces sédentaires qui sont généralement euryhalines;
Espèces d’origine marine qui pénètrent de la mer vers la lagune Ichkeul pendant la période
estivale où la salinité est élevée. Ce sont les espèces sténohalines;
Espèces d’origine continentales, Ce sont les espèces d’eau douce issues du bassin-versant en
période hivernale durant laquelle la salinité est basse. Elles fréquentent généralement les zones
limitrophes des embouchures.
2.2.3.1 Muges
Les mulets désignent la famille des Mugilidae. Ils se caractérisent par une longueur standard
maximale de 1,2 m, un corps sub-cylindrique fuselé et couvert par des grandes écailles, une tête
massive ou aplatie dorsalement et un dos est gris plomb. Ils ont une petite bouche avec des petites
dents cachées ou absentes. Les branchiospines sont longues, minces et nombreuses. Les nageoires
dorsales sont bien séparées et les pectorales sont courtes. La région pylorique de l’estomac,
épaissie, fonctionne en gésier musculeux et présente des caecums pyloriques. L’intestin est long.
Les Mugilidés vivent en bancs dans les eaux côtières, les lagunes et les embouchures des
oueds. Ils présentent une large capacité d’adaptation aux variations de la salinité et de la
température. Eurythermes et Euryhalines, les espèces de cette famille fréquentent l’eau salée
jusqu’à l’eau douce. Ce sont des espèces migratrices (Liao, 198; Mili et al., 2013). Ces poissons
se reproduisent en mer. Pour se nourrir, ils pénètrent dans les eaux estuaires, les lagunes et les
embouchures des oueds. La maturation de leurs gonades ainsi que leurs pontes se réalisent
exclusivement en mer (Chauvet et Mkaouer, 1977; Chauvet, 1979; Fehri-Bedoui et al., 2002).
Les Mugilidés sont représentés par 25 genres et environ 300 espèces. Cinq espèces seulement
existent en Tunisie: Mugil cephalus, Chelon labrosus, Liza aurata, Liza saliens et Liza ramada
(Tortonese, 1972; Farrugio et Quignard, 1973; Ben Hassine, 1983; Vidy et Franc, 1993; Durand
et al., 2012). La structuration de ce taxon est encore mal résolue malgré les travaux moléculaires
11
(Durand et al., 2012). La phylogénie des Mugilidés présente une problématique à cause du
manque de caractères morphologiques. Les genres Liza et Mugil sont non monophylétiques
(Harrison et Howes, 1991). Cependant, les espèces de genre Liza sont phénotypiquement très
proches (Papasotiropoulus et al., 2001).
Figure 51: Dendrogramme montrant la relation entre Liza saliens, Liza aurata, Liza ramada,
Chelon labrosus et Mugil cephalus (Papasotiropoulus et al., 2001)
Les muges représentent un fort pourcentage des apports de la pèche puisque c’est une famille
très fréquente en Tunisie. Elle se repartie depuis le nord jusqu’au sud du pays (Bruslé et Bruslé,
1977). La famille des Mugilidés comporte les poissons les plus représentatifs de l’ichtyofaune
lagunaire (Ben Hassine, 1971).
12
Chapitre III: Matériel et méthodes
Dans ces deux stations nous avons effectué des relevés mensuels et régulière dans l’eau de :
la température (°C), de la salinité (psu), de la conductivité (ms), de l’oxygène dissous (mg/l) et du
pH de l’eau. Ces mesures mensuelles ont été déterminées in situ à l’aide d’un Multi-paramètre.
13
Figure 13: Multi-paramètre de terrain de type WA-2017D
Signalons toutefois que les valeurs de mesures dans les deux stations S1 et S2 sont proches
par courant sortant de l’Ichkeul, pour cette raison nous avons utilisé les moyennes des relevés
effectues. En effet, les deux stations d’étude sont représentatives de la lagune lors des courants
sortants continu de l’Ichkeul (Lemoalle, 1983; Ben Rejeb, 1986; Ben Rejeb Jenhani, 1989;
Chaouachi, 1995). En période de courant entrant dans l’Ichkeul, nous avons effectué nos sorties
dans plusieurs stations dans la lagune (figure 21) et nous avons considéré dans notre traitement et
14
analyses les moyennes des relevés. Les données mensuelles du niveau et de la salinité des eaux
de la lagune de Ichkeul pour une période de cinq ans allant de 2014 à 2018 ont été fournies par
l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE). De plus, nous avons analysé les
variations des salinités de 1996 à 2013 à partir des graphiques de l’ANPE (2002/2003 à
2013/2014).
Durant notre période d’étude, nous avons déterminé l’ensemble des poissons à l’aide de
différentes clés de détermination (Farrugio, 1975; Bauchot, 1980; Ben Tuvia, 1986; Louisy,
2002) afin d’effectuer un inventaire des poissons et d’étudier la biodiversité ichtyque.
15
Figure 16: Mesurations relevées sur les poissons
Figure 17: Relevés des tailles totales; à la fourche est standard chez les mugilidés. Les
mesures des tailles ont été prises à l’aide d’un ichtyomètre
Pour chaque poisson, nous avons relevé les masses totales (Wp), éviscérée (We), du foie, et
des gonades à l’aide d’une balance de précision. Les mesures des masses des gonades et des foies
ont servi à l’étude de la reproduction sexuelle.
16
Nous avons étudié toutes les données disponibles sur la pèche des poissons de 1962 à 2013 dans
la lagune Ichkeul afin de comparer les nouvelles et les anciennes productions (Zaouali, 1975;
Vidy, 1983; Chaouachi, 1995; ANPE, 2018).
r = cov (x,y)
σx. σy
- Conductivité (ms): Il y’a une relation entre la conductivité et la température de l’air et celle de
l’eau. Les valeurs des conductivités mensuelles durant de la période de 2014-2018 ont été
déterminées par la relation suivante:
17
3.4 Étude biologique des poissons
L’analyse de la croissance relative de la taille totale (LT) et à la fourche (LF) par rapport à la
taille standard (LS) s’effectue par l’équation d’allométrie Y= b. On a effectué la transformation
(logarithmique népérien) pour obtenir une courbe linéaire.
La valeur de la pente est comparée à la valeur théorique 1 et on utilise le test statistique t pour
un risque de 5%.
Si t calculé < t théorique: la différence n’est pas significative au seuil de probabilité 5%. Par
contre si t calculé > t théorique : la différence est significative, au seuil de probabilité 5%.
Pour étudier la reproduction de liza saliens nous avons calculé les rapports gonado-somatique
(RGS), hépato-somatique (RHS ou RIH) et le coefficient de condition K.
18
Wg = poids des gonades
Wf = poids du foie.
19
Chapitre IV: Résultats et discussions
4.1.1.1 Pluviométrie
Généralement, le Nord de la Tunisie est caractérisé par une pluviométrie moyenne entre 200
et 1000 mm par an (0,5 à 3 mm/j) enregistrée surtout durant la saison hivernale (Benzarti et Habaieb,
2001). La lagune Ichkeul est caractérisée par une saison humide en hiver avec des fortes
précipitations et une saison sèche durant la période estivale avec des précipitations faibles ou
nulles. Il existe aussi une alternance saisonnière des apports d’eau. Celle-ci est l’origine du
changement physico-chimique au niveau du plan d’eau et influence donc l’équilibre hydrique
(Zaouali, 1974). La pluviométrie présente une influence sur la variation du niveau de l’eau de la
lagune. En effet, l’alimentation en eau douce de la lagune Ichkeul se déroule sous trois formes :
pluies arrosant directement le plan d’eau, eaux du ruissellement et drainage par les oueds.
20
minimum 62 63 63 61 65
Humidité
relative (%) maximum 83 87 81 82 80
moyenne 72,8 72,3 74,6 70,2 75,2
Écart-type 6,47 7,26 6,38 8,17 4,22
minimum 129,6 103,9 128,4 112,4 91
maximum 357,7 399 382,4 366,5 340,8
Insolation
(heures/mois) moyenne 368,35 386,98 369,78 374,99 333,75
Écart-type 81,32 99,69 82,87 85,29 74,17
minimum 16 13 16 17 19
Vent (m/s) maximum 30 29 24 30 33
Écart-type 4,19 4,55 2,58 3,23 4,91
La figure 18 représente les relevés mensuels des précipitations pendant les cinq dernières
années et la période d’étude (janvier 2014-octobre 2019). Généralement, la période pluvieuse
s’étend du mois d’octobre au mois d’avril (Chaouachi, 1995). Pendant cette période, les
précipitations mensuelles maximales ont varié entre 107 mm (en mars 2016) et 168,5 mm (en
octobre 2018). Le minimum des précipitations mensuelles est enregistré pendant l’été (juin à
août) avec des valeurs mensuelles nulles (2015, 2018, 2019) ou inférieures à 20 mm (2014 à
2017). Toutefois, la pluviométrie du mois d’août 2018 très élevée, a été égale à 171,6 mm. Cette
valeur mensuelle est exceptionnelle pour l’année 2018 et même pour toute la période janvier
2014 à octobre 2019 étudiée.
La figure 19 représente les précipitations annuelles calculées pour la période 2014 à 2018.
Pour ces cinq dernières années les précipitations maximales (904 mm) ont été relevées en 2018 et
les minimales (515mm) en 2017. L’évolution des précipitations annuelles des années
hydrologiques 1990 à 2019 (figure 20) montre des alternances entre des années sèches et des
années humides caractéristiques de la région de Bizerte. La précipitation minimale est d’environ
350 mm (1996-1997) et la maximale est proche de 900 mm (2011-2012). La précipitation
moyenne calculée sur l’ensemble de ces années (1990-2019) est de 627 mm. Elle est supérieure à
celle calculée pour les années 1965 à 1974 (666 mm) et inférieure à celle estimée pour les
périodes 1901-1954 (625 mm) et 1964 à 2004 (587 mm).
21
Figure 18: Précipitations mensuelles durant la période janvier 2014 à octobre 2019 dans la
région de Bizerte (données INM)
Figure 19: Variations des précipitations annuelles dans la région de Bizerte durant les cinq
dernières années (2014-2018).
22
Figure 20: Variations des précipitations (mm) annuelles dans la région de Bizerte durant 29
années hydrologiques de septembre 1990 à aout 2019 (données INM et ANPE 2013/2014).
Précipitation moyenne de 1901 à 1954 (625 mm); Précipitation moyenne de 1901 à 1954 (625 mm) ;
Précipitation moyenne de 1965 à 2004 (587,5 mm); Précipitation moyenne de 1990 à 2019 (627)
La figure 21 montre que les variations des températures mensuelles des années 2014 à 2018
étudies sont très proches d’une année à l’autre. Pour cela nous avons calculé les moyennes des
températures mensuelles (figure 22) pour une année moyenne (2014-2018).
23
Figure 21: Températures mensuelles durant la période 2014-2019 (données INM)
Les fluctuations des températures moyennes (figure 22) sont classiques avec des valeurs
maximales pendant l’été (27 en juillet et août), et des valeurs minimales durant l’hiver (11,7 en
janvier).
Figure 22: Variations mensuelles des températures moyennes calculées sur une période de
cinq années (2014 à 2018) dans la région de Bizerte
Evolution annuelle: La variation des températures moyennes annuelles durant les années
2014 à 2018 (figure 23) montre un maximum de 19,3 °C(en 2015) et un minimum de 18,7°C(en
2017 et 2018).
24
Figure 23: Évolution des températures moyennes annuelles durant la période 2014 à 2018.
La figure 24 représente les variations des températures mensuelles d’une année moyenne pour
la période allant de 1901 à 1950, 1965 à 1975 et 2014 à 2018 (5 années étudiées). Les
températures mensuelles calculées pour ces années moyennes sont assez proches pour le mois de
décembre au mois de juin. Elles s’écartent ensuite pour les mois d’août à novembre montrant une
augmentation de la température pouvant atteindre 1,6°C (entre les années étudiées et 1965-1974)
et 5°C (entre les années étudiées et 1901-1950).
La figure 25 montre l’évolution de l’humidité relative entre janvier 2014 et octobre 2019. Les
valeurs sont assez proches d’une année à une autre.
25
Figure 25: Variation de l'humidité relative pour la période allant de janvier 2014 à octobre
2019
La variation mensuelle de l’humidité relative durant une année moyenne (2014-2018) est
représentée par la figure 26 (page 38).
Figure 24: Variations des températures des années moyennes des périodes 1901-
1950, 1965-1974 et 2014- 2018 (données INM)
26
Figure 26: Variation de l'humidité relative (%) pour une année moyenne de la période
2014-2018.
Les valeurs les plus faibles de l’humidité relative correspondent à la saison estivale (64% et
65%) et les valeurs élevées à la saison hivernale (78% à 80%).
Figure 27: Variations annuelles de l’humidité relative durant la période allant de 2014 à
2018
La moyenne des valeurs annuelles est de 72%. Les écart-types calculés permettent de
conclure que les moyennes de l'humidité relative sont peu variables durant les cinq années (2014-
2018).
27
4.1.1.4 Insolation
L’insolation est une estimation indirecte de l’énergie solaire sur la surface terrestre. Elle varie
donc dans le même sens que la température de l’air. Par ailleurs, elle contrôle les peuplements
végétaux y compris la végétation aquatique et par conséquent la production primaire. Elle
contrôle indirectement la production secondaire puisque la photosynthèse est l’origine de la
chaîne trophique. La durée d’insolation a varié entre 91 et 399 (heurs/mois) durant les années
2014 à 2018. Généralement, les maximums (340,8 à 399 h/mois) de la durée d’insolation sont
enregistrés durant la période estivale tandis que les minimums sont relevés pendant la saison
hivernale.
La figure 28 montre les variations de l’insolation entre janvier 2014 et octobre 2019. Les
fluctuations mensuelles sont assez proches.
Figure 28: Variations mensuelles de l’insolation durant la période allant de janvier 2014 à
octobre 2019
Le calcul des moyennes de l’insolation des années 2014 à 2018 a permis d’obtenir une
évolution mensuelle durant une année moyenne (figure 29).
28
Figure 29: Variations de l’insolation d’une année moyenne (calculée sur les cinq ans 2014 à
2018)
Du mois du novembre jusqu’au mois de février ont été enregistrées les plus faibles durées
d’insolation avec des valeurs comprises entre 132,5 et 141 heures/mois soit 4 heures/jour. Au
contraire, l’insolation moyenne la plus forte correspond au mois de juillet avec une valeur de 367
heures/mois égale à 15 heures/jour. Le suivi annuel de l’insolation moyenne calculée pour les
années 2014 à 2018 a permis de distinguer des durées proches d’insolation pour les quatre ans
2014-2017 avec un intervalle de variation de 7 heures/jour.
Pour l’année 2018 caractérisé par une précipitation (900 mm) et une humidité relative
(75,2%) annuelle élevées, la durée moyenne d’insolation annuelle égale à 193,5 heures/mois a été
inférieur à la moyenne (de 2014 à 2017) d’environ 235 heures/mois.
29
4.1.1.5 Vent
Le vent exerce une influence sur plusieurs variables (transparence de l’eau, sens du courant,)
en raison de la faible profondeur de la lagune Ichkeul. Généralement les vents dominants sont de
direction Nord-Ouest (Ouakad, 1982; Lemoalle, 1983). Le vent maximal instantané montre des
fluctuations mensuelles en dents de scie (figure 31). Les vents forts sont enregistrés durant les
saisons hivernales avec une vitesse maximale de 33 m/s (février 2018). Les vitesses les plus
faibles sont relevées durant les saisons estivales avec un minimum de 13m/s (mai et juin 2019).
Figure 31 : Variations mensuelles des vitesses du vent maximal instantané (janvier 2014
à octobre 2019) dans la région de Bizerte (INM, 2019).
30
Tableau 2: Variables hydrologiques étudiées durant notre période d’étude (février à octobre 2019)
Février à Niveau de l'eau Salinité de Conductivité Température Oxygène Transparence
octobre 2019 (cm NGT) l'eau (psu) de l'eau (ms) de l'eau (°C) dissous (mg/l) de l'eau pH
minimum -12 10,5 55,3 11,04 0,1 9 4,4
maximum 98,7 40 76,85 28,3 8,5 28 8,7
moyenne 44,25 25,67 63 19,65 2,86 18,94 5,86
écart-type 35,71 10,15 5,64 5,841 2,65 6,37 1,62
31
l’évaporation est faible. Par conséquent l’eau est évacuée de la lagune Ichkeul vers la lagune de
Bizerte via l’oued Tinja. On parle d’un courant sortant de l’Ichkeul. En été, la plupart du temps la
direction du vent est Nord-Est et Sud-Est, les précipitations sont faibles, l’alimentation en eau
douce par les oueds et les lâchés des barrages sont nuls. La température est élevée ce qui
augmente l’évaporation et entraîne une diminution du niveau de l’eau dans la lagune Ichkeul.
L’eau entre donc de la lagune de Bizerte vers la lagune Ichkeul. Le courant est entrant dans la
lagune Ichkeul. Les variations hydrologiques de l’oued Tinja reflètent celle de la lagune Ichkeul
durant la période du courant sortant de la lagune. Durant notre période d’étude (février à octobre
2019) le courant était sortant de février à juin et entrant de juillet à octobre 2019.
La figure 32 montre plusieurs fluctuations tout au long de la période 2014 à 2019. Le niveau
de l’eau de la lagune Ichkeul a varié entre -12 et 172.93 cm NGT.
Figure 32: Variations mensuelles du niveau de l’eau (cm NGT) dans la lagune Ichkeul
durant la période allant de janvier 2014 à octobre 2019. Janvier 2014-janvier 2019 :
données ANPE; février à octobre 2019 : présent travail.
32
Les valeurs les plus élevées sont essentiellement enregistrées aux mois de mars (2014 à
2019), avec un maximum en mars 2015 (172,93 cm NGT). Les niveaux les plus bas sont relevés
durant les saisons estivales avec un minimum au mois de juillet 2015 (-12,72 cm NGT). L’écluse
est gérée durant la période de notre étude (du mois de janvier jusqu’à octobre 2019). L’ANPE
signale que cette fermeture favorise la rétention des apports d’eau douce dans la lagune Ichkeul
nécessaire pour les oiseaux aquatiques, tout en laissant passer un courant d’appel des alevins
(ANPE, 2003-2004). Le niveau d’eau maximal (172,5 cm NGT en 2015) pour toute la période
2014 à 2019 (figure 32) est comparable à celui relevé par Lemoalle (1983) et qui est égal à 182
cm NGT en 1982. En revanche, il est nettement inférieur à la valeur 260 cm NGT signalée par
l’ANPE (2008/2009) pour l’année 2005. Les apports d’eau douce issus des lâchers des barrages
sont variables durant la période d’étude (de janvier 2014 à octobre 2019) (figure 33). Les lâchers
des barrages ont atteint un maximum mensuel de 106 mm³ (juillet 2017). La quantité des apports
en eau douce maximale par barrage est enregistrée en 2016 (510,063) et la minimale est
enregistré en 2018 (5,772).
Tableau 4: Variations annuelles des lâchers des barrages vers Ichkeul durant 2014-
2019
2014 2015 2016 2017 2018 2019
Total en
Millon m³ 45,73 199,412 510,063 16,183 5,772 185,99
Moyenne
annuelle mm³ 3,811 16,618 42,51 1,349 0,481 18,599
33
Figure 33: Lâchers mensuels des barrages vers l’Ichkeul durant 2014-2019
4.1.2.3.1 Salinité
La salinité est un facteur très important au sein de la lagune Ichkeul. Elle influe sur la
prolifération de certaines espèces végétales (potamogetons et scirpes) et la migration de certaines
espèces de poissons. Généralement les saisons hivernales et automnales sont caractérisées par des
salinités faibles. Par contre la saison estivale est caractérisée par des salinités relativement fortes.
La figure 34 représente l’évolution de la salinité d’eau durant la période allant de janvier 2014 à
octobre 2019. La salinité de l’eau varie entre un minimum de 6,5 psu et un maximum de 42,8
psu. Les plus faibles valeurs de la salinité sont enregistrées du mois de décembre jusqu’au mois
d’avril avec des valeurs comprises entre 6,5 psu (avril 2014) et 28,4 psu (février 2017).
34
Figure 34: Variations de la salinité des eaux de la lagune Ichkeul durant la période allant de
janvier 2014 à octobre 2019. Janvier 2014-janvier 2019 : données ANPE ; février à octobre
2019: présent travail
Les relevés les plus élevés de la salinité sont enregistrés durant les mois de juillet à septembre
avec un maximum en septembre 2018 (42 psu) et un minimum (35,25 psu) au mois de septembre
2014. Durant les années 2016 à 2018, les valeurs maximales de la salinité sont relativement
élevées avec des valeurs proches de 41 psu. Pour l’ensemble de la période 2014 à 2019, les deux
années 2014 et 2015 se démarquent par des salinités minimales faibles respectivement de 6,5 psu
et 8,2 psu. Les salinités maximales étaient proches des salinités marines (35,2 psu en 2014 et 36,2
psu en 2015). Les deux années 2016 et 2017 se caractérisent par des salinités mensuelles élevées
avec des valeurs comprises entre 22,9 psu et 42,5 psu en 2016 et entre 28,3 psu et 41,8 psu en
2017. Les fluctuations des salinités étaient les plus importantes durant les années 2014, 2015,
2018 et 2019. Les écarts entre les valeurs mensuelles étaient proches de 30 psu. Les variations
étaient moins marquées en 2016 et 2017 avec des écarts qui n’ont pas excède 20 psu en 2016 et
14 psu en 2017. Pour les années à pluviométrie proches de la moyenne (2014 et 2015), le niveau
de l’eau est élevé en hiver, par conséquent la salinité est faible et le courant est sortant de la
lagune Ichkeul. En revanche, durant la période estivale, la forte évaporation engendrée une
diminution du niveau de la lagune et l’eau marine compensatrice entre de la lagune de Bizerte
vers la lagune Ichkeul. Ainsi, la salinité augmente et le courant devient entrant dans l’Ichkeul.
35
On constate une relation négative entre la hauteur de l’eau et la salinité. Plus le niveau de l’eau
augmente plus la salinité diminue et vice-versa (figure 35). Les salinités des eaux dans la lagune
Ichkeul sont influencées par les précipitations directes sur le plan d’eau et par les apports en eaux
douces provenant des oueds et des lâchers des barrages. La salinité d’eau mensuelle maximale
(42 psu) pour la période 2014 à 2019 est supérieure aux salinités relevées durant la période 2003-
2012. Cependant, elle est inférieure aux maximums relevés durant les années 1997 et 2000 à
2002 (ANPE, 2018) (figure 36).
Figure 35: Relation entre la salinité (psu) et le niveau de l’eau (cm NGT) dans la lagune
Ichkeul (janvier 2014 à octobre 2019)
36
Figure 36: Variations mensuelles (1996-2015) de la salinité des eaux (psu) dans la lagune
Ichkeul (ANPE, 2018 ; et présent travail)
4.1.2.3.2 Conductivité
La figure 37 représente les variations de la conductivité durant la période de janvier 2014 à
octobre 2019. Nous avons estimé les valeurs de la conductivité à partir de la température de l’air
pour la période allant de janvier 2014 à janvier 2019 et mesuré la conductivité in-situ pendant
notre période d’étude.
Les valeurs minimales de la conductivité varient entre 57,8 ms (en janvier 2014) et 61,2 ms
(en septembre 2019). Les valeurs maximales fluctuent entre 75,7 ms (en juin 2019) et 83,9 ms (en
37
septembre 2017). La conductivité et la salinité sont deux variables étroitement liées. La
corrélation est linéaire et l’équation de la droite de régression est : Conductivité = 0,4089 * la
salinité de l’eau + 56.54
Figure 38: Relation entre salinité (psu) et la conductivité (ms) des eaux de l’Ichkeul.
Figure 39: Variation de la température de l'eau pour la période janvier à octobre 2019
38
La température de l’eau minimale est enregistrée durant le mois de février (11,9°C). Les
valeurs de la température de l’eau ont varié entre un maximum de 28,3°C (en mois d’août) et un
minimum de 11,9°C (en mois de février). La relation entre la température de l’air et la
température de l’eau durant notre période d’étude (de février à octobre 2019) est représenté dans
la figure 40. Les variations de la température de l’eau de surface sont très proches de celles de
l’air (R²= 0,972). La corrélation étroite linéaire, nous permet d’estimer la température de l’eau à
partir de celle de l’air (données disponibles à l’INM).
La figure 41 illustre les fluctuations des températures de l’eau estimées à partir de celles de
l’air durant la période janvier 2014 à janvier 2019 et celles mesurées durant la période d’étude
(février à octobre 2019). Ces valeurs des températures de l’eau durant notre période d’étude
(2019) sont comparables à celles estimées pour les années antérieures (2014 à 2018).
39
Figure 41: Variations mensuelles des températures de l’eau dans la lagune Ichkeul durant
la période allant de janvier 2014 à octobre 2019
Les températures mensuelles minimales, relevées en hiver, de l’eau ont varié entre 10,2°C
(janvier 2017) et 12,53°C (janvier 2014). Les températures mensuelles maximales ont fluctué
entre 27,1°C (juillet 2016) et 29,46°C (septembre 2017). Les moyennes annuelles ont été
comprises entre un maximum de 27,9°C (2018) et un minimum de 19,5°C (2017) (figure 42). Les
températures annuelles moyennes de l’eau sont proches pour l’ensemble de la période 2014 à
2018 avec un écart maximal de 0,2.
Figure 42: Variations annuelles des températures moyennes de l’eau de l’Ichkeul (2014-
2018)
40
4.1.2.5 Oxygène dissous
La pénétration de l’oxygène dans l’eau est due soit à une absorption directe de l’atmosphère
soit à l’activité photosynthétique des algues.
Généralement, l’étude des variations de l’oxygène dissous donne des renseignements sur
l’évolution de la qualité de l’eau. Dans le système aquatique, l’oxygène dissous est indispensable
à la survie des organismes aquatiques.
La figure 43 exprime les fluctuations de l’oxygène dissous mesuré dans la lagune Ichkeul
durant la période allant de février à octobre 2019.
Durant notre période d’étude (février à octobre 2019), la teneur maximum en oxygène dissous
a été enregistrée au mois de février 2019 (8,5 mg/l) et le minimale au mois du septembre 2019
(0,1 mg/l. Les teneurs minimales sont généralement relevées en période estivale et les teneurs
maximales sont enregistrées en période hivernale. Zaouali, (1974) a reporté des concentrations en
oxygène dissous variant entre 3 mg/l (août) et 10 mg/l (janvier). Conservation course, (1977) a
mentionné un teneur maximal en oxygène de 8,6 mg/l.
41
Figure 44: Variations des transparences de l’eau durant la période allant de février à
octobre 2019
4.1.2.7 pH de l’eau
Les pH de l’eau sont influencés par l’activité photosynthétique et par la respiration des
organismes vivants.
Figure 45: Variations de pH durant la période allant de février à octobre 2019 des eaux de
l’Ichkeul
Le pH a été très variable durant le période d’étude avec des valeurs minimales faibles proche
de 4,5 et des valeurs maximales de l’ordre de 8,5 (figure 45).
42
Figure 46: Relation entre le vent et la transparence durant la période allant de février à
octobre 2019
La relation entre la transparence des eux et la vitesse du vent a été démontrée par Chaouachi
et al. (2002) et par Ben Garali et al. (2014) et Ouni et al. (2019) est confirmée par nos résultats.
Figure 47: Relation entre la pluviométrie (mm) et le niveau de l'eau (cm NGT) dans la
lagune Ichkeul (janvier 2014-octobre 2019)
43
Le niveau de l’eau dans la lagune Ichkeul dépend des précipitations directes sur le plan d’eau,
des apports en eau douces par les oueds et les lâchers des barrages. Les précipitations importantes
enregistrées pendant la saison pluvieuse engendrent une augmentation du niveau de l’eau dans la
lagune Ichkeul. Pendant la saison estivale, les précipitations faibles ou nulles et l’évaporation
intense entraînent une diminution du niveau de l’eau dans la lagune.
Figure 48: Relation entre niveau de l’eau, et apports d’eau douce des durant la période
2014-2019
Les hauteurs de l’eau les plus élevées sont généralement précédées par des précipitations
abondantes (cas des années hydrauliques 2014-2015 et 2018-2019). Pour des années sèches
consécutives, la pluviométrie déficitaire durant l’automne et le début de l’hiver engendre une
légère augmentation de la hauteur de l’eau dans la lagune (cas des années 2015-2016).
44
Figure 49: évaluation de la température de l’air et de la salinité de l’eau pour la période
allant de janvier 2014 à octobre 2019
Figure 50: Relation entre la salinité et la température de l’air dans la lagune Ichkeul
45
ont une valeur marchande. Au contraire, les espèces des familles de Belonidés, Atherinidés et
Cyprinodontidés péchés à l’Ichkeul ne sont pas commerciales.
Nous avons recensé dans la lagune Ichkeul 10 espèces de poissons appartenant à 7 familles
(Tableau 6). Ces espèces ont différents modes de vie. Ils appartiennent aux :
Signalons toutefois, que les poissons d’eau douce, particulièrement le barbeau, Barbus
callensis était absent de la lagune à partir de 2013. (Pécheurs de la STL, comm. pers.), en raison
des fortes salinités enregistrées les dernières années
Le nombre des espèces des poissons (10 espèces) que nous avons échantillonnées (pèches
commerciale et spécifique) durant notre période d’étude (2019) est proche des nombres de
poissons recensés de 2003 à 2007 par Hosni (2006) et Sellami et al. (2010) et qui sont
respectivement de 12 et 11 espèces. Il est inférieur aux nombres des poissons pèches (Romdhane
et al., 2010; Shaiek et al., 2015) de 2010 à 2011 (17 ou 18 espèces) et s’écarte du nombre de
poissons signalés (Romdhane, 1995; Chaouachi et Ben Hassine, 1998; Kraiem et Ben Hamza,
2000; Kraiem et al., 2003) pour les années 1992 à 2000 (20 à 25 espèces).
46
Tableau 5: Inventaire des espèces ichtyque recensées de la lagune Ichkeul. (+) : espèce présente, (-):
espèce absente
Référence Chaouachi
Kraiem et Kraiem et Hosni Shaiek et
et Romdhane Sellami et al Romdhane
al., (2003) Ben Hamza (2006) (2015)
Ben Hassine (1995) (2010) et al. (2012)
(2000)
(1998)
1997-
Période d’étude 1992-1993 1994-1995 1999-2000 2003-2005 2006-2007 2010-2011 2011-20
1999
Mugil cephalus + + + + + + + +
Liza aurata + + + + + + + +
Liza saliens + + + + - + + +
Dicentrarchus
+ + + + + + + +
Moronidae labrax
Engraulis
+ + + + + - + -
Engraulidae encrasicolus
Hyporamphus
Hemiramphidae + + + + - - - -
picarti
Lithognathus
+ - + + - - - -
Sparidae mormyrus
Sparus aurata + + + + - + - +
Solea
+ - + + - - + +
senegalensis
Soleidae Solea vulgaris + - + + + - - -
Solea aegyptiaca + - + + - - - -
Pomatochistus
+ + + + - + + +
microps
Zosterisessor
Gobiidae + + + + - - - -
ophiocephalus
Gobius niger + - + - + + - -
47
Tableau 5 (suite): Inventaire des espèces ichtyque recensées de la lagune Ichkeul. (+): espèce présente,
(-): espèce absente
Chaou
Kraie
achi et Kraie
Romd m et Hosni Sellami Romdhane Shaiek et
Ben m et
Références Hassi
hane
al.
Ben (2006) et al. et al al
Pèsent
(1995 Hamza (2010) (2012) (2015)
ne (2003) travail
(2000)
(1998)
2
1992/ 1994/1 1997/1 1999/2 2003/200 2006/200 2011/201 0
Période d’étude 2010/2011
1993 995 999 000 5 7 2 1
9
Belone belone
Belonidae + + + + - - + + +
gracilis
Atherinidae Atherina boyeri + + + + + + + + +
Gambusia affinis + + + + + - - - -
Cyprinodontid
ae Aphanius fasciatus + + + - + + + + +
Blenniidae Lipophrys pavo + + + + - + + + -
Syngnathus abaster + - + + + + + + -
Syngnathidae Syngnathus acus - + - - - - + + -
Syngnathus typhle - - - - + - - + -
Pseudophoxinus
- + + + - - - + -
callensis
Cyprinidae
Barbus callensis + + + + - + + + -
Anguillidae Anguilla anguilla + + + + + + + + +
15 27 24 20 25 23 13 13 16 18 10
48
Les variations de la diversité spécifique (tableau 6) sont influencées par les fluctuations
hydroclimatiques, principalement la pluviométrie, le niveau et la salinité des eaux. Le nombre
des poissons pêchés augmente suite à une succession d’années humides (niveau élevé, salinité
faible en hiver, etc.). En revanche, les poissons deviennent mois nombreux après des années
sèches consécutives. Durant notre période d’étude faisant suite à une succession d’années sèches,
nous avons examiné uniquement 10 espèces de poisson. Les précipitations relativement élevées
durant une seule année 2018 n’était pas suffisante pour le rétablissement de la diversité ichtyque.
4.3.2 Mugilidae
Nous avons prélevé de mars à octobre 2019, 200 poissons appartenant aux deux espèces Liza
saliens et Liza aurata. En effet, la détermination des deux poissons Liza ramada et Mugil
cephalus est facile morphologiquement (tableau 6) et ont été donc éliminés de l’échantillonnage.
Cependant un lot comprenant Liza saliens et Liza aurata, difficiles à distinguer in situ a été pris
chaque mois au laboratoire. Nous avons procédé à l’examen morphologique à l’œil nu (niveau de
nageoire) et à la loupe (niveau des écailles et nombre de sillons) et anatomique par dissection
(nombre et taille des caecums pyloriques) afin de caractériser et d’identifier les poissons
échantillonnés (tableau 6). Sur les poissons examinés nous avons rencontré 184 individus de Liza
saliens et 19 individus de liza aurata. Parmi les 184 liza saliens étudiés, nous avons rencontré 19
males et 165 femelles.
49
Figure 52 : Deux espèces de Liza aurata et Liza saliens
Les relevés de quelques caractères morphologiques tels que la taille totale (LT), standard (LS)
et à la fourche (LF), la masse totale (Wp) et éviscérée (We) permettent d’établir les relations
entre les tailles (tableau 7) et d’analyser l’évolution des tailles en fonction des masses des poisson
(tableau 8).
Le tableau 7 monte les relations allométriques entre les longueurs standard (LS), totale (LT)
et à la fourche chez Liza saliens. Les coefficients de corrélation proches de 1 montrent que les
caractères morphologiques taille totale, à la fourche et standard sont fortement corrélées.
Tableau 7: Relation allométriques entre les longueurs standard (LS), totale (LT) et à la
fourche chez Liza saliens
Équation allometrie Écart- Erreur
r
Sexe Effectif log (y) = a Log(x)+b type standard
Les croissances relatives de la taille totale (LT) et à la fourche (LF) est isométrique chez Liza
saliens.
50
Figure 53: Relation entre les tailles totales, à la fourche et la taille standard chez Liza
saliens.
Tableau 8: Relations entre les tailles standards (cm) et les masses totale et éviscérée
(g) chez les Liza saliens et Liza aurata
espèce sexe Effectif Équations y = b xa
femelle 165 WP = 0,757 LS3,123
Liza saliens We = 0,5597 LS3,254
male 19 WP = 0,0032 LS2,9
We = 0,0045 LS3,002
male + femelle 184 Wp = 0,0038 LS3,2693
We = 0,0049 LS3,1459
Chez Liza saliens la pente (a) des masse plaines de l’effectif total ou de sexe séparés est
presque égale à 3. La croissance pondérale est isométrique. De même pour les masses éviscérées
de l’effectif total et des sexe séparés.
51
Figure 54: Relations entre la taille standard et les masses totale et éviscérée
Les espèces de la famille Mugilidés migrent des lagunes vers la mer pour pondre leurs œufs
(Heldt, 1948). Il s’agit alors d’une migration thalassotoques ou de ponte (Farrugio, 1975). Les
espèces au sein de cette famille ne se reproduisent pas à la même période de l’année et chaque
espèce a un moment bien déterminé de maturité sexuelle. Dans la lagune Ichkeul, les périodes de
reproduction des Mugilidés sont signalés dans le tableau (9).
Chez Liza saliens, les mâles sont plus petits que les femelles et présentent une courte
longévité (Gandolfi et al., 1991). L’évolution mensuelle du rapport gonado-somatique (RGS)
chez les mâles et les femelles de Liza saliens pour la période allant du mois d’avril à octobre
2019 est illustrée par la figure 67. Chez les mâles, le RGS est élevé aux mois de juillet et août
52
avec un maximum au mois d’août (2,5). Le RSG chute pour atteindre des valeurs faibles à partir
du mois de septembre (0,71). Signalons toutefois que ces rapports ont été calculés pour un
nombre faible des individus mâles échantillonnés durant toute la période d’étude. Chez les
femelles, le RGS croit du mois de juin au mois d’août pour atteindre un maximum de 1,8. Il chute
ensuite pour atteindre des valeurs plus faibles, à partir de mois de septembre (0,49).
Figure 55: Évolution des rapports gonado-somatique (RGS) chez les individus mâles et
femelles de Liza saliens fréquentant la Lagune Ichkeul (avril-octobre 2019).
Chez les deux sexes les maximums de RGS sont obtenus durant le même mois (août). La période
de reproduction se déroule, pour Liza saliens, durant la saison estivale (Heldt, 1948). Les figures
55 et 56 montrent les variations des rapports hépato-somatique (RHS ou RHI), gonado-somatique
(RGS) et le coefficient de condition (K). L’évolution mensuelle du RHS chez les mâles (Figure
55) et chez les femelles (Figure 56) montre que les valeurs des RHS augmentent avec la
diminution de celles des RGS et inversement.
53
Figure 56: Évolution des rapports RIH, K et RGS chez les mâles de Liza saliens fréquentant
la lagune Ichkeul (avril-octobre 2019).
Figure 57: Évolution des rapports RIH, K et RGS chez les femelles de Liza saliens
fréquentant la lagune Ichkeul (avril-octobre 2019).
Les coefficients de condition ont varié entre 0,69 et 0,89 chez les mâles et entre 0,7 et 1,2
chez les femelles (figure 56 et 57). L’espèce Liza saliens utilise ses réserves énergétiques et ses
graisses au moment de la ponte.
54
4.3.4.1 Engins de pèche
Les modes de capture de poisson utilisés dans la lagune sont:
- La bordigue: la lagune Ichkeul est caractérisée par une bordigue de type complexe,
différente de celles des autres lagunes Nord et Sud de Tunisie. C’est un engin fixe installé sur
l’oued Tinja et formé par des Clayonnages métalliques afin de pêcher essentiellement les
muges (Quignard et al., 1981).
55
Figure 59: Bordigue de l’Ichkeul
- Les Capéchades: C’est un système de nasses et de filets de 10 mm de vide de maille. Elles sont
utilisées dans les lagunes méditerranéennes ( Quignard et al., 1981). Ce sont des engins amovibles
facilement adapter à la pèche. Très performants et ne détruisant pas les fonds, ces barrages de nasses
sont installés dans le plan d’eau de l’Ichkeul pour capter les Anguilles.
- Les filets trémails: Ils sont utilisés occasionnellement par les pêcheurs professionnels pour
capter les poissons. Les filets trémails sont lancés à partir des petites barques en bois, à
rames avec ou sans moteur.
- Production annuelle: La figure 62 représente la production annuelle totale de la lagune Ichkeul durant
les cinq années 2014 à 2018.
56
Figure 62: Production annuelle totale durant les cinq années 2014-2018 (données DRP de
Bizerte)
La production halieutique varie d’une année à l’autre. Les captures les plus importants
correspondants aux années 2014 et 2016 (environ de 90 tonnes). Durant l’année 2018, la
production a été faible et n’a pas atteint 24 tonnes.
Bien que les espèces capturées dans la lagune Ichkeul sont essentiellement les anguilles, les
muges, les soles et les loups, la production totale est presque confondue avec celles des muges et
des anguilles (figure 63).
Les loups et les soles sont des espèces rarement pêchées dans la lagune Ichkeul. Leurs
pourcentages annuels ont été inférieurs à 0,1% durant toute la période allant de 2014 à 2018.
L’anguille est très répondue dans la lagune Ichkeul. Sa production annuelle a varié entre un
minimum de 43% (en 2014) et un maximum de 89% (en 2017) de la production totale.
57
Figure 63: Productions annuelles des poissons pêchés dans la lagune Ichkeul (2014-2018)
La production ichtyque a été très variable pendant les années 1962 à 2018 avec des valeurs
maximales proches de 320 tonnes en 1974 et en 1989 et une valeur minimale de 23 tonnes en
2018 dans la lagune Ichkeul. Durant la période 2011-2012, l’absence des captures est dû à l’arrêt
des activités de pêche de la société Tunisie Lagune (STL) en raison de la destruction des
équipements de pêche suite à la révolution. Notons que l’Office National des Pêches (ONP) a
assuré la gestion de la lagune Ichkeul jusqu’à l’année 1996. À partir de cette date, l’exploitation
halieutique a été confié à la société privée Tunisie Lagunes (STL). Nous remarquons que les
captures ont nettement diminue lors de la gestion privée. Il semble que les exploitants ne
déclarent pas les quantités réellement pêchées dans la lagune Ichkeul.
- Productions mensuelles: La pèche dans la lagune Ichkeul est basée sur les captures des
anguilles et des muges. Les productions des autres espèces, principalement les loups et les soles
sont presque négligeables (figure 65).
La production des anguilles est élevée durant les saisons hivernales avec un maximum de 18,5
tonnes (novembre 2016), et généralement faible durant les saisons estivales pour toute la période
janvier 2014 à octobre 2019.
58
Les muges sont des eurythermes. Ils supportent des températures inférieures à 13°C et
supérieures à 43°C, ce qui explique leur présence durant toute la période étudiée (2014 à
2019).La production des muges est maximale au mois de novembre 2016 (29,5 tonnes) pour ce
même mois la production totale mensuelle (figure 65) est la plus importante (26 tonnes).
Figure 64: Production des poissons dans la Lagune Ichkeul pour une période allant de 1962
à 2018.
Figure 65: Productions mensuelles halieutique dans la lagune Ichkeul durant la période
allant de janvier 2014 à octobre 2019 (données DRP)
59
4.3 Effet des variations environnementales et anthropiques sur la faune
ichtyque de l’Ichkeul
4.3.1 Effets sur la biodiversité
Le tableau 10 montre que le nombre des espèces marines migratrices a été égal à 12 ou 13,
durant les années 1992 à 2000 (Chaouachi et Ben Hassine, 1998 ; Romdhane, 1995; Kraiem et
al., 2003). Pour les années 2003 à 2012 (Hsoumi, 2006; Sellami et al., 2010; Romdhane et al.,
2012 ; Shaiek et al., 2016) et 2019 (présent travail) le nombre des espèces a été plus faible et a
varié entre 6 et 8. En effet, le recrutement des alevins (entrée dans la lagune Ichkeul) et la
migration des adultes vers la mer pour pondre ont été largement affectés par la diminution des
apports en eau douce et par les fermetures prolongées de l’écluse.
Au cours de notre période d’étude (février à octobre 2019), nous avons remarqué l’absence
des espèces d’eau douce, surtout le barbeau : Barbus callensis. En effet, les salinités que nous
avons mesurées ont été supérieures à 17 psu (et jusqu’à 42,8 psu) à partir du mois de mars 2019.
Ces valeurs dépassent la limite de tolérance (15 psu) du barbeau (Kraiem, 1986). En plus, d’après
nos enquêtes auprès des pécheurs, le barbeau était absent de la lagune Ichkeul depuis l’année
2013.
Les poissons sédentaires sont influencés par les variations du milieu puisqu’ils accomplissent
la totalité de leur cycle vital dans l’Ichkeul. Leurs nombres ont varié entre 9 (Chaouachi et Ben
Hassine, 1998 ; Kraiem et al., 2003) et 2 espèces (présent travail, 2019). Ces diminutions sont
indicatrices des perturbations de l’écosystème (Ouchir et al., 2016; Yazidi et al., 2017). Les
moins tolérantes disparaissent de la lagune.
Les variations de la biodiversité peuvent être expliquées par les fluctuations hydroclimatiques du
milieu (tableau 10) et l’installation des aménagements hydrauliques. En effet la mise en eau des
barrages et les périodes relativement sèches ont provoqué une restriction des apports en eau
douce. De plus, la fermeture de l’écluse entrave la circulation libre des poissons (alimentation de
la lagune en alevins, par exemple). Cette baisse a touché les trois groupes de poissons : d’eau
douce, marins migrateurs et lagunaires sédentaire.
60
Tableau 10: Effets des variations hydroclimatiques et anthropiques sur la biodiversité ichtyque dans la lagune
Ichkeul.
61
4.3.2 Effets sur la pêche
Les anguilles capturées dans la lagune Ichkeul sont exportées vers l’Italie. Leur production
est généralement intense durant les mois de décembre à mars (2014-2017) avec des maximums
mensuels proches de 17 tonnes; cette période correspond à une pluviométrie et un niveau d’eau
élevés et à des températures et des salinités faibles (figure 66). Signalons toutefois que la pèche
de ces poissons a nettement diminue durant les saisons hivernales 2017-2018 et 2018-2019 avec
un maximum inférieur à 5 tonnes. Au contraire, les productions durant les saisons estivales des
années 2017 et 2018 (jusqu’à 9 tonnes) ont été exceptionnelles. Celles-ci ne sont pas liées aux
variables examinées (figure 66).
Contrairement aux anguilles, les muges sont péchés essentiellement durant les périodes où les
températures sont clémentes, les salinités sont élevées, les précipitations et les niveaux d’eau sont
bas (figure 67). La production des muges est intense pendant la période allant de janvier 2014 à
novembre 2016 avec un maximum 20 tonnes (novembre 2016). En revanche, durant les mois de
décembre 2016 à octobre 2019, les productions en muges étaient faibles, et les valeurs n’ont pas
dépassé 5 tonnes (figure 67). Il semble que cette baisse ne correspond pas aux variations
hydroclimatiques dans l’Ichkeul.
La figure 68 montre que la production des poissons est élevée de 1973 à 1994 avec un
maximum de 330 tonnes durant l’année 1989. L’augmentation des productions durant cette
période par rapport à celles des années 1962 à 1972 peut être due à l’amélioration des captures
aux moyens des engins de pèches mobiles: les nasses et les filets trémails (Chaouachi, 1995). À
partir de la mise en service de l’écluse et l’exploitation privée du plan d’eau en 1996, la
production a nettement diminué et le maximum n’a pas dépassé 140 tonnes (figure 68).
Depuis les premières fermetures de l’écluse, la pèche à la bordigue à nettement baissé
(ANPE, 2003-2004).
62
Figure 66: Relations entre les variations hydroclimatiques (niveau de l’eau, pluviométrie,
salinité et température) et la production des anguilles.
63
Figure 67: Relations entre les variations hydroclimatiques (niveau de l’eau, pluviométrie,
salinité et température) et la production des muges.
64
Figure 68: Relations entre la production des poissons et les aménagements hydrauliques et
anthropiques.
65
Chapitre V: Conclusion générale
Dans le cadre de notre travail allant de février à octobre 2019, nous avons analysé les
fluctuations des variations hydroclimatiques et physico-chimiques et leur impact sur la
biodiversité ichtyque et la pêche de l’ichtyofaune de la lagune Ichkeul. Ce qui contribue à l’étude
du fonctionnement de cet écosystème lagunaire.
Les relevés météorologiques ont permis d’étudier les fluctuations mensuelles et annuelles des
variables climatiques. Les variations des précipitations sont importantes. Durant la période allant
de 1990 à 2019, la pluviométrie a varié entre un minimum d’environ 355 mm et un maximum
proche de 900 mm. Nous avons relevé des années déficitaires et d’autres excédentaires. La
température de l’air (janvier 2014 à octobre 2019) a fluctué entre 10,4 et 27°C. Les Températures
mensuelles moyennes calculées pour les années 1901 à 1950, 1965 à 1975, et 2014 à 2019
montrent des valeurs assez proches de décembre à juin (écart de 1 à 2°C) et qui s’écartent ensuite
pour les mois de juillet à novembre montrent une augmentation de la température peuvent
atteindre 2°C (entre années étudiées et 1965-1974) et 5°C (entre années étudiées et 1901-1950).
Ces valeurs témoignent d’une tendance à une élévation de température qui est probablement liée
à un réchauffement climatique (1901 à 2018); ceci reste à vérifier par des relevés sur une large
échelle temporelle. Le maximum de l’insolation est enregistré durant la saison estivale (399
heures/mois au mois de juillet 2015) et le minimum en hiver (91heures/mois en février 2018).
L’insolation fortement liée à la température de l’air, témoigne d’une évaporation intense de l’eau
de la lagune Ichkeul. L’humidité relative est élevée durant les mois de février et mars et faible
durant les mois de juin à septembre. Les vents dominant correspondent au secteur Nord et Nord-
Est. Le vent maximal a varié entre 16 et 33 m/s durant la période allant de janvier 2014 à octobre
2019. Ces variations influencent la turbidité et le sens du courant de l’eau. L’alternance
saisonnière des variations climatiques influence les variations physico-chimiques et
hydrologiques de la lagune Ichkeul. L’observation du sens du courant au niveau de l’oued Tinja
nous permet de distinguer des périodes de courant sortant et entrant de l’Ichkeul. Le sens du
courant peut donner une idée sur le niveau et la salinité des eaux. Le niveau de l’eau de la lagune
Ichkeul durant la période allant de janvier 2014 à octobre 2019 a varié entre un minimum de
-12,72 cm NGT et un maximum de 172,93 cm NGT. Les variations du niveau de l’eau reflètent la
quantité des apports d’eau douce issuent par les pluies, les bassins versant et les lâchers des
66
barrages. Durant une période de 23 ans allant de janvier 1996 à octobre 2019 la salinité a fluctué
entre un minimum de 2,75 psu (en mars 2012) et un maximum de 80 psu (en septembre 2002). La
conductivité en liaison étroite avec la salinité, a varié entre 54,24 ms et 83,87 ms pour la période
allant de janvier 2014 à octobre 2019. Les variations des températures de l’eau dépendent de
celles des températures de l’air en raison de la faible profondeur de plan d’eau de l’Ichkeul. Pour
la période allant de février à octobre 2019, la valeur maximale de pH de l’eau est relevée durant
le mois de février 2019 (8,5) et la minimale est mesurée durant le mois de mai 2019 (4,4). La
concentration en oxygène dissous est minimale en septembre 2019 (0,1 mg/l) et maximale en
février (8,4).
Quant aux peuplements ichtyques nous avons recensé 10 espèces de poissons appartenant à 8
familles. Elles sont constituées d’espèces sédentaires et d’espèces marines. L’analyse de certains
critères morphologiques et biologiques de Liza saliens, espèce fréquente dans l’Ichkeul nous a
permis d’identifier et de caractériser ce poisson. Pour ce poisson, les croissances linéaire et
pondérale sont isométriques. Sa reproduction s’effectue en été avec un maximum du rapport
gonadosomatique au mois d’août. La pêche dans la lagune Ichkeul est basée sur les captures des
muges et des anguilles. L’étude de la production halieutique de la lagune Ichkeul durant la
période d’étude nous a permis de constater certaines fluctuations. Celles-ci peuvent être
expliquées par les caractéristiques physiologiques de chaque espèce et mais aussi par les
conditions environnementales de l’écosystème. En effet la faune ichtyque a subi une diminution
de la biodiversité et de la production. Cette baisse est indicatrice de perturbation de l’écosystème.
Il y a disparition des espèces sensibles aux variations hydroclimaques et anthropique.
67
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