LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE
UN DÉBAT FRANCO-ALLEMAND
D'HISTOIRE ET D'HISTORIOGRAPHIE
SOUS LA DIRECTION DE HLNNERK BRUHNS,
JEAN-MICHEL DAVID ET WILFRIED NIPPEL
En juin 1994, à Strasbourg, des his-
toriens français et allemands se sont
rencontrés afin de confronter les ap-
proches et les méthodes avec les-
quelles ils abordent ce dont ils sont
spécialistes : l'histoire de la fin de la
République romaine et des débuts de
l'Empire. L'idée partait d'une consta-
tation. D'un pays à l'autre, la connais-
sance des travaux des uns et des
autres est bonne, mais l'échange se li-
mite souvent à l'établissement érudit
des données sans que pour autant se
mette toujours en place la compré-
hension en profondeur qui permet
d'accorder aux mêmes faits la même
valeur. Cette table ronde fut ainsi
l'occasion d'évaluer ces variations
épistémologiques tant par l'examen
des différences dans l'analyse des ob-
jets d'étude que par les tendances
profondes qui peuvent avoir contri-
bué à leur mise en place : le poids des
organisations académiques, les mé-
fiances que trois conflits successifs
n'ont pas manqué de mettre en place,
les divergences surtout qui naquirent
de l'importance inégale qui fut accor-
dée aux diverses tendances des
sciences sociales, de l'anthropologie
ou de la science politique.
ISSN 0223-5099
ISBN 2-7283-0389-4
DIE SPÄTE
RÖMISCHE REPUBLIK
LA FIN
DE LA RÉPUBLIQUE ROMAINE
UN DÉBAT FRANCO-ALLEMAND
D'HISTOIRE ET D'HISTORIOGRAPHIE
sous la direction de
Hinnerk BRUHNS, Jean-Michel DAvtD) e t Wilfried NIPPEL
ÉCOLE FRANÇAISE D E ROME
PALAIS F A R N È Ç E
1997
Table ronde franco-allemande
organisée par l'Institut für Geschichtswissenschaften der Humboldt
Universität Berlin,
le Centre de recherches historiques de l'École des hautes études en
sciences sociales (UMR 19 du CNRS)
et le Groupe de recherche d'histoire romaine
de l'Université des sciences humaines de Strasbourg
(URA 988 du CNRS)
(Strasbourg, 10-11 juin 1994)
© - École française de Rome - 1997
ISSN 0223-5099
ISBN 2-7283-0389-4
Diffusion en France: Diffusion en Italie:
DIFFUSION DE BOCCARD «L"ERMA» DI BRETSCHNEIDER
11 RUEDEMÊDICIS VIA CASSIODORO 19
75006 PARIS 00193 ROMA
SCUOLA TIPOGRAFICA S. PIO X - VIA ETRUSCHI, 7-9 ROMA
PRÉSENTATION *
Inviter des historiens allemands et français spécialistes de la fin
de la République et du début de l'Empire à participer à une table
ronde dont le thème revenait à confronter leurs propres pratiques
intellectuelles, n'allait pas de soi.
L'idée pourtant procédait d'une constatation. D'un pays à
l'autre la connaissance réciproque des travaux des uns et des
autres est bonne. Les spécialistes des mêmes sujets se lisent et se
citent. Mais l'échange se limite souvent à l'établissement des faits
documentaires et aux discussions erudites qu'il entraîne. Les deux
ensembles participent en effet de traditions historiographiques
différentes qui sans être étrangères les unes aux autres ne sont
pourtant pas l'occasion d'un véritable échange. Tout se passe
comme si, la réflexion n'empruntant pas les mêmes concepts, le
profit qui est fait de la lecture de l'autre, se limitait à l'usage des
mêmes données, et que, les difficultés linguistiques aidant, la
compréhension en profondeur, celle qui conduit à étudier les
mêmes faits et à leur accorder la même valeur, restait inhibée
dans un rapport d'intimidation réciproque et de désintérêt cour-
tois.
Il y a plusieurs raisons à cela. L'écart peut remonter à une péri-
ode assez ancienne. Les guerres qui se sont succédées et le climat de
méfiance et d'hostilité qui a régné de façon quasiment ininterrom-
pue depuis la fin du XIXe siècle, ont évidemment pesé sur les rela-
tions entre les deux milieux scientifiques. Mais le plus important
tient sans doute aux différences qui marquèrent la mise en place des
sciences sociales et aux influences qui s'exercèrent en la matière. Les
* Cette table ronde a été organisée en juin 1994 par l'Institut für Ges-
chichtswissenschaften der Humboldt Universität Berlin, le Centre de recherches
historiques de l'École des hautes études en sciences sociales et du CNRS (UMR
19) et le Groupe de recherche d'Histoire romaine de l'Université des sciences hu-
maines de Strasbourg (URA 988 du CNRS). Nos plus vifs remerciements vont à
l'Université des sciences humaines de Strasbourg, à la Deutsche Forschungs-
gemeinschaft, et au Département des Sciences de l'Homme et de la Société du
CNRS qui en ont permis la tenue par leur soutien, ainsi qu'à l'École française de
Rome et tout particulièrement à ses deux directeurs successifs, Messieurs C. Ni-
colet et A. Vauchez, qui ont accepté d'en publier les actes dans cette Collection.
2 PRÉSENTATION
écarts dans l'usage fait du marxisme ou des concepts de la sociologie
de Max Weber par exemple, ou encore l'inégale importance accor-
dée à l'anthropologie ou à la science politique ont joué un rôle dans
la mise en place des divergences. L'Histoire est complètement in-
cluse dans le champ des problématiques que l'analyse sociale met en
œuvre et ne peut pas ne pas avoir été comprise dans les variations
d'intérêts qui ont affecté le climat scientifique des deux pays. Le plus
surprenant tient malgré tout à ce que ce type de différences n'est que
très rarement analysé ou même évoqué. Les traditions intellectuelles
nationales sont une donnée tellement naturelle que l'on n'éprouve
pas le besoin de les évaluer et que si la question se pose à propos
d'un auteur, on se contente de le replacer dans son contexte, sans
s'interroger davantage. Une sorte de consensus s'établit ainsi pour
estimer que les diverses traditions intellectuelles se valent -pour peu
qu'elles respectent les règles de l'érudition et de l'établissement
scientifique des faits- et qu'il n'y a aucune raison d'entrer dans ce
genre de considérations, voire même que cela serait impertinent ou
imprudent.
L'entreprise était assurément difficile. Isoler deux milieux na-
tionaux de l'ensemble du monde savant pouvait avoir quelque
chose d'artificiel et conduire à des impressions erronées. Les
échanges scientifiques sont réputés ne pas connaître de frontières.
Seules le sont pourtant les relations qui se fondent sur la lecture
réciproque des ouvrages et des articles publiés dans les revues in-
ternationales et qui conduisent à ce que les analyses des uns et
des autres soient largement connues. Or chacun sait, pour l'expéri-
menter quotidiennement, que lire n'est pas toujours comprendre
et que les pratiques intellectuelles reposent davantage sur des
concepts et des présupposés assimilés lors des années d'apprentis-
sage et de formation et qu'un processus de reproduction et de
pieuse identification permet d'entretenir longtemps. Et la struc-
ture des milieux académiques qui assurent ces fonctions d'acquisi-
tion et de conservation, est déterminée par une histoire largement
nationale puisqu'elle est politique et administrative et qu'elle est le
fait de groupes réduits partageant des règles de conduite propres à
un système d'Écoles et d'Universités.
Poser la question en ces termes n'est certes pas la rendre plus
facile. Si les grands courants historiographiques peuvent être
éventuellement identifiés, les ambiances et les filiations intellec-
tuelles naissent d'un ensemble de relations personnelles et de fa-
miliarités qui s'oublient ou qui ne s'avouent pas toujours. Leur
étude en devient donc tout à fait délicate et impose de faire appel
à une connaissance qui n'est plus celle que donne la lecture des
publications mais qui tient à l'appartenance à un milieu scienti-
fique, à la participation à son héritage et à l'expérience de son
PRÉSENTATION 3
fonctionnement. La méthode qui a été adoptée lors de la prépara-
tion de cette table ronde, a donc été de privilégier l'échange sur
l'exposé. Le principe en était de demander à des spécialistes de
porter un regard critique sur la production scientifique du pays
voisin dans un domaine qui lui était familier, de relever les
concepts et les présupposés qui lui semblaient dominer et de faire
part des interrogations que cette analyse lui inspirait. Un autre
spécialiste lui répondait alors et complétait ces premières ré-
flexions en faisant apparaître les principales tendances historio-
graphiques ou continuités intellectuelles qui lui apparaissaient
importantes. C'était alors pour ces chercheurs l'occasion de s'in-
terroger sur leurs propres pratiques. Ces communications croisées
étaient alors complétées par des rapports plus généraux sur l'or-
ganisation et le fonctionnement des systèmes académiques
(H. Bruhns), l'histoire des échanges entre savants allemands et
français jusqu'à la première guerre mondiale (J. Von Ungern-
Sternberg) ou une comparaison de la place de l'Histoire romaine
entre les manuels en usage dans les deux pays (E. Erdmann).
Les résultats de cette rencontre ont alors été de deux types. Le
premier, de façon au fond très traditionnelle, a été de reprendre les
grands courants historiographiques qui s'étaient manifestés dans l'é-
tude d'un certain nombre de questions. Il aboutissait alors à faire
apparaître comment, dans une série de domaines, ils avaient orienté
la recherche et la réflexion. A partir de là cependant d'autres ques-
tions pouvaient être posées qui tenaient aux conditions intellec-
tuelles générales qui avaient contribué à leur succès (J.-M. David,
K.-J. Hölkeskamp, M. Humbert, J. Scheid, Y. Thomas). Le second
avait quelque chose de plus actuel puisqu'il revenait à s'interroger
sur la place qu'occupaient certaines formes d'interrogation dans la
réflexion contemporaine ou des dernières décennies (J. Andreau, J.-
L. Ferrary, J. Martin, W. Nippel). Dans certains cas, il permettait
l'ouverture d'un échange sur les pratiques intellectuelles de cha-
cun. C'est ainsi que la place et le rôle de l'archéologie, de l'anthropo-
logie sociale, du marxisme, ou encore de la prosopographie pou-
vaient être examinés, à la fois dans l'histoire des idées mais aussi
pour la valeur que les participants à cette table ronde entendent leur
accorder.
Ces premiers résultats - qu'au demeurant le lecteur appréciera
mieux que quiconque - n'ont évidemment pas permis de d'écrire
une historiographie générale des études portant sur la République
romaine tardive et le début de l'Empire, ni d'ouvrir un débat ap-
profondi sur les concepts qu'il convenait d'employer. Ils ont en re-
vanche certainement permis de mieux percevoir quels étaient les
écarts épistémologiques qui séparaient la production intellectuelle
dans deux pays voisins, d'évaluer au moins partiellement les
4 PRÉSENTATION
conditions historiques ou académiques qui jouaient u n rôle en la
matière et d'une certaine façon de permettre d'apprécier quelles
réserves d'approfondissement conceptuel de telles différences au-
torisaient.
H. B R U H N S
J.-M. DAVID
W. N I P P E L
HINNERK BRUHNS
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX
OU COMMENT DES TRADITIONS NATIONALES
SE CONSTRUISENT SUR UN OBJET COMMUN
ÉLÉMENTS POUR UNE COMPARAISON
DES INSTITUTIONS SCIENTIFIQUES FRANÇAISES
ET ALLEMANDES EN HISTOIRE ANCIENNE1
1 - INTRODUCTION
"Comment pensons-nous la fin de la République romaine et le
début de l'Empire?" Cette question, soumise au regard croisé d'his-
toriens français et allemands, comporte de fait une dimension histo-
riographique qui est abordée de façon plus ou moins explicite dans
chacune des contributions à ce volume. Mais qu'en est-il, dans cette
perspective comparative, de la dimension institutionnelle des études
et recherches en histoire ancienne dans les deux pays, que nous
nous proposons d'esquisser ici en quelques traits? Que peut-elle ap-
porter à la problématique scientifique et historiographique? Sa
place ne serait-elle pas plutôt dans une annexe en fin de volume, là
où on range les informations, utiles peut-être, mais un peu margi-
nales p a r rapport au thème centrai au iivre? En effet, ies institutions
à l'intérieur desquelles se pratique la recherche ne sont que très rare-
ment intégrées dans une comparaison des traditions intellectuelles
et scientifiques cl'une discipline donnée dans des pays différents.
Pourtant, l'intérêt d'une comparaison des institutions peut être
double. D'abord, leur connaissance permet de mieux se repérer dans
1
Je remercie vivement M. Claude Nicolet et Mme Catherine Virlouvet (École
Française de Rome), Mme Antje Krug (Deutsches Archäologisches Institut, Ber-
lin), M. Bernard Andjeae (Deutsches Archäologisches Institut, Rom), M. Michael
Wörrle (Kommisson für Alte Geschichte und Epigraphik, München) et M. Chris-
toph Mühlberg (Deutsche Forschungsgemeinschaft, Bonn) pour les informations
et documents qu'ils ont bien voulu mettre à ma disposition. L'hospitalité que le
Directeur de l'Ecole Française de Rome a eu l'amabilité de m'offrir pendant quel-
ques jours, à l'autoinne 1994, au Palais Farnèse m'a permis d'avoir une vision
moins abstraite de l a vie des Farnésiens. Jean-Michel David et Wilfried Nippel
ont relu une première ébauche de ce texte et m'ont aidé par leurs questions et
commentaires.
6 HINNERK BRUHNS
des milieux et réseaux dont on a tendance à supposer que leurs
modes de fonctionnement sont analogues d'un pays à l'autre. En-
suite, des configurations institutionnelles peuvent éventuellement
fournir une clef supplémentaire à la compréhension d'évolutions
scientifiques divergentes dans deux ou plusieurs pays. C'est cette hy-
pothèse que nous nous proposons d'explorer brièvement pour la
pratique de l'histoire de la Rome antique en France et en Allemagne.
Rassembler autour d'une table des historiens allemands et fran-
çais, spécialistes de la fin de la République romaine, pour confronter
et comparer des approches et des traditions, pourrait, à première
vue, paraître une banalité. Car l'histoire ancienne est par définition
un objet commun à des communautés scientifiques des pays dont
les civilisations modernes s'enracinent dans l'antiquité gréco-latine.
Les historiens de la Rome antique, comme ceux de la Grèce, et les
antiquisants en général, se considèrent spontanément comme un
milieu scientifique international, même si en réalité celui-ci se li-
mite à l'Europe et au monde anglo-saxon. En histoire ancienne,
contrairement à beaucoup d'autres domaines scientifiques, la
communication scientifique se fait normalement encore en quatre
langues principales : allemand, anglais, français et italien. Et cette
communauté scientifique dispose de quelques infrastructures et
d'instruments de travail communs ou internationaux 2 , même si de-
puis l'expérience malheureuse de l'Institut de correspondance ar-
chéologique à Rome, au XIXe siècle, aucun institut de recherche in-
ternational, européen ou au moins bilatéral n'a été fondé pour l'é-
tude des civilisations antiques 3 . Est-ce parce que l'intensité de la
2
En premier lieu des entreprises comme le CIL. D'autres instruments, tel
L'Année Philologique, le TLL ou une revue comme Historia sont des instruments
gérés nationalement avec l'appui ou la coopération plus ou moins formalisés
d'institutions ou de collègues étrangers.
3
Voir entre autres : Wandruszka, Adam, "Das Erbe des Klassizismus. Die
kulturellen und geistesgeschichtlichen Voraussetzungen der Gründung des Insti-
tuto di correspondenza archeologica" (Festvortrag zum 150. Geburtstag des
Deutschen Archäologischen Instituts in Rom), in : Mitteilungen des Deutschen Ar-
chäologischen Instituts, Römische Abteilung, 25, Ergänzungsheft, 1982 : 18-26) et
Michaelis, A. 1879 (cf. plus loin, note 51).
L'Unione internazionale degli Istituti di Archeologia Storia e Storia dell'Arte
in Roma, créée en 1946 pour faire face aux problèmes de la gestion et de la réou-
verture des instituts allemands fermés à la fin de la guerre, est certes un lieu de
rencontre et de coopération important; mais elle n'est pas un lieu de recherche.
Cf. Vian, Paolo (éd.), Speculum Mundi. Roma centro internazionale di ricerche
umanistiche, Rome, Unione internazionale degli Istituti di Archeologia Storia e
Storia dell'Arte in Roma, 1993. De 1929 à 1934 (?) avait déjà existé à Rome une
'Associazione internazionale degli studi mediterranei', fondée par la Direction gé-
nérale des antiquités et des beaux arts et des institutions et écoles étrangères à
Rome. Cf. Bolletino dell 'Associazione internazionale degli studi mediterranei, I,
1930 - TV, 1934.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 7
communication, des échanges et des coopérations aurait rendu inu-
tile la création d'un institut commun qui aurait eu pour objectif de
rassembler les forces et de permettre à des approches différentes de
se fructifier mutuellement de façon plus efficace? Ou devons-nous
admettre, au contraire, que le rôle de l'antiquité classique pour les
traditions historiques nationales, le poids des milieux universitaires
et des réseaux nationaux, les différences des structures de re-
cherche, la force des habitudes et l'absence d'un défi extérieur ont
agi en sorte que l'étude de l'antiquité, et également la réflexion sur
nos traditions scientifiques, s'exercent naturellement et légitime-
ment à l'intérieur de cadres nationaux?
Dans les exposés qui ont été présentés lors de la table ronde de
Strasbourg en juin 1994 et rassemblés dans ce volume, les contrastes
et oppositions franco-allemandes ont été perçus soit comme des ma-
nières différentes de traiter certains aspects de l'histoire romaine,
manières de faire ou d'écrire l'histoire relevant plus de traditions na-
tionales et disciplinaires que de tempéraments ou dispositions per-
sonelles, soit comme des absences ou des faiblesses, ou au contraire
encore comme des forces de certaines approches particulières. Pour
expliquer ces différences, on invoque en général les traditions histo-
riographiques nationales considérées comme des facteurs fonda-
mentaux. On formule ces constats en termes de généalogies intellec-
tuelles qui sont en très grande partie conçues comme des généalo-
gies nationales.
L'historiographie confirme ces impressions : il suffit d'ouvrir
l'important livre de Karl Christ sur Römische Geschichte und deut-
sche Geschichtswissenschaft (1982) pour s'en apercevoir. Des histo-
riens étrangers, dont des français y figurent, certes. Mais il est frap-
pant de voir qu'il est apparemment tout à fait possible de construire
des généalogies intellectuelles, pour l'histoire de l'histoire romaine,
tout en ne dépassant pratiquement jamais le cadre national. La
même remarque vaut pour une anthologie Über das Studium der Al-
ten Geschichte, éditée par Wilfried Nippel en 1993. Elle contient ex-
clusivement des textes d'auteurs allemands, de Wilhelm von Hum-
boldt à Christian Meier. L'auteur justifie son choix par la position
dominante de la "(Altertums-)Forschung" allemande au XIXe siècle4
et par le fait que (malgré l'internationalité des sciences de l'antiquité
classique) des textes programmatiques, par leur rapport aux institu-
tions d'éducation et de recherche se situent en règle générale dans
un contexte national. Quod erat explanandum... Pour la France il
4
Nippel, Wilfried (éd.), Über das Studium der Alten Geschichte, Munich,
1993. Mais ce volume contient également des textes très récents; le dernier date
de 1989.
8 HINNERK BRUHNS
n'existe pas d'étude comparable à celle de Christ ou d'anthologie
comme celle de Nippel. Mais sur ce point, le résultat ne serait pro-
bablement pas très différent, si l'on met à part un cas comme celui
de l'importance de Mommsen en France et, dans un domaine dif-
férent, de celle de Moses I. Finley. Et est-ce un hasard si pas un seul
historien français ne figure dans les deux séries de portraits d'histo-
riens éminents de l'antiquité présentées par Christ en 1972 et en
1990 ?5 On y trouve par contre des historiens anglais, un russe et un
italien : Gibbon, Rostovtzeff, Syme, Finley et Momigliano. Ces pu-
blications ne peuvent, certes, pas servir d'indicateur général; il ne
s'agit que d'exemples 'négatifs'.
Si l'on voulait, par contre, dresser le tableau 'positif des rela-
tions franco-allemandes, on citerait des traductions d'historiens
français et allemands, la publication d'articles dans des revues de
l'autre pays, quelques coopérations ou relations privilégiées etc.
Loin de moi l'idée de noircir le tableau.
Échanges franco-allemands et comparaison avec l'Italie
Nous savons d'expérience que dans les sciences humaines les
milieux de recherche et d'enseignement sont d'abord des milieux na-
tionaux et que la carrière et la vie ordinaire de l'enseignant-cher-
cheur évoluent à l'intérieur d'institutions et de réseaux nationaux.
D'où les nombreuses difficultés que rencontre l'idée-même d'une
carrière universitaire internationale. De multiples programmes d'é-
changes et de bourses ont été inventés pour favoriser des coopéra-
tions internationales. Mais dans le domaine qui nous intéresse ici,
nous verrons que le degré d'internationalisation des cursus peut être
très différent d'un pays à l'autre.
En ce qui concerne les échanges et coopérations bi- ou multi-
latéraux en histoire ancienne entre les principaux pays européens, il
n'est pas nécessaire de produire des statistiques fastidieuses pour
pouvoir affirmer que ces échanges sont loin d'être équilibrés. De
toute évidence, les échanges de tout ordre (bourses, séjours d'en-
seignement ou de recherche, colloques, publications communes
5
Christ, Karl, Von Gibbon zu Rostovtzeff. Leben und Werk führender Althisto-
riker der Neuzeit, Darmstadt, 1972. Christ, Karl, Neue Profile der Alten Geschichte,
Darmstadt, 1990. Pour prolonger ce regard vers les États-Unis : Briggs et Calder
ont publié en 1990 une encyclopédie biographique (Briggs, W. W. & W. M. Cal-
der III (éds.), Classical Scholarship. A Biographical Encyclopedia, New York &
London) des 50 antiquisants les plus importants et, critère annexe, ayant exercé
une influence notable sur les sciences de l'antiquité aux États-Unis. Aucun Fran-
çais n'y figure, et les auteurs ne citent que Louis Robert parmi ceux dont ils au-
raient aimé faire figurer le portrait dans leur livre, en même temps que ceux
d'autres érudits d'autres pays.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 9
etc.) entre la France et l'Italie, par exemple, sont beaucoup plus im-
portants que ceux entre l'Allemagne et l'Italie, d'une part, ou ceux
entre la France et l'Allemagne d'autre part. A défaut de données
quantitatives, les relations françaises et allemandes en histoire an-
cienne avec le Royaume Uni, par contre, m e semblent plus difficile à
apprécier; l'hypothèse serait qu'elles se distinguent notamment par
des différences entre les réseaux qu'elles mobilisent.
Pour la France et l'Allemagne on regrette, certes, la relative rare-
té des échanges et on la met sur le compte de l'obstacle linguistique
ou des différences d'école de pensée ou de traditions. Pourtant, la
connaissance réciproque de la production scientifique, entre histo-
riens français et allemands, me semble être équivalente et relative-
ment b o n n e d'un côté et de l'autre du Rhin; ceci n'est naturellement
qu'une impression tout à fait subjective. La maîtrise de la biblio-
graphie étrangère fait partie du métier; elle a naturellement ten-
dance à se limiter à des domaines très spécialisés. Il reste à expli-
quer pourquoi une rencontre franco-allemande comme celle qui est
à l'origine de ce livre fait encore figure d'exception 6 . La raison n'est
pas que les flux en histoire romaine iraient spontanément de France
et d'Allemagne vers l'Italie, et qu'Allemands et Français auraient
donc plus de chances de se rencontrer à Rome qu'à Paris ou Stras-
bourg, Berlin ou Munich. D'aucuns diraient m ê m e que de telles ren-
contres auraient plus de chances de se produire en Angleterre ou
aux États-Unis, et certains des participants français et allemands à
cette table ronde se sont effectivement connus dans ces pays. Pour-
quoi donc deux milieux scientifiques nationaux dont le domaine de
recherche est identique et se trouve - grosso m o d o - à égale distance
de leurs histoires nationales, ont si peu de contacts et de véritables
coopérations scientifiques, comparés au caractère 'international' de
leur objet d'études?
Ce phénomène ne s'explique que très partiellement par la nature
générale des relations scientifiques franco-allemandes qui dans
beaucoup de domaines scientifiques sont au contraire extrêmement
vivantes et constituent souvent la base d'une coopération euro-
péenne ou internationale plus large. La raison principale peut être
supposée dans la nature des disciplines anciennes et de leur rôle
particulier dans la constitution du canon des études classiques et
6
Une première rencontre franco-allemande en histoire ancienne a été orga-
nisée en 1982 par H. Bruhns à la Maison des Sciences de l'Homme à Paris (pré-
sentation de travaux allemands, commentaires d'historiens français). Une ren-
contre germano-britannique, organisée il y a quelques années avec des objectifs
analogues à celle, franco-allemande, de Strasbourg, s'est apparemment soldée
par un échec.
10 HINNERK BRUHNS
historiques dans l'université du dix-neuvième siècle. Il me semble
que cette faiblesse des échanges franco-allemands est tributaire éga-
lement du fonctionnement différent des institutions scientifiques
dans les deux pays. Mais disons auparavant quelques mots sur des
échanges qui dépassent largement les contacts individuels et re-
vêtent une forme quasiment institutionnalisée.
En histoire ancienne, des rencontres et confrontations scienti-
fiques germano-italiennes ont par exemple été organisées et pu-
bliées à l'initiative, côté allemand, de Karl Christ7. Seulement, du
point de vue qui nous intéresse ici, le lecteur reste sur sa faim,
puisque dans ces publications les travaux italiens et allemands ont
été simplement juxtaposés, sans que soient reproduits, directement
ou indirectement, les échanges ou dialogues portant sur les tradi-
tions ou approches différentes dans les deux pays. Au moins aime-
rait-on imaginer que ces dialogues aient eu lieu. Mais si on compare
ces publications à l'état très réduit des relations germano-italiennes
en histoire ancienne telles qu'elles ont été présentées en 1962 par
Hermann Bengtson (et malgré la longue tradition qui remonte à Be-
loch, Hohl et d'autres), on voit qu'un long chemin a été parcouru en
vingt ans 8 . Il serait sans doute intéressant d'analyser de façon plus
approfondie les raisons de cette longue faiblesse des relations scien-
tifiques, dans notre domaine, entre l'Allemagne et l'Italie. Italica
sunt, ergo non leguntur, constate-t-on souvent à propos de la faible
réception d'ouvrages scientifiques italiens en Allemagne.
En ce qui concerne les traductions, une comparaison quantita-
tive avec l'Italie pourrait d'ailleurs être éclairante9. Et il serait facile
7
Christ, Karl, Gabba Emilio, (éds.). Römische Geschichte und Zeitgeschichte
in der deutschen und italienischen Altertumswissenschaft während des 19. und 20.
Jahrhunderts, vol 1 : Caesar und Augustus, Come, 1989 (= Biblioteca di Athe-
naeum n° 12);
Christ, Karl, Momigliano Arnaldo, (éds.), L'antichità nell'ottocento in Italia e
Germania. Die Antike im 19. Jahrhundert in Italien und Deutschland, Bologne/
Berlin, 1988.
8
"... die Zeiten, in denen die Arbeiten ausländischer, auch gerade italieni-
scher Forscher bei uns wenig oder überhaupt nicht gelesen wurden, sind vorü-
ber..." : Bengtson, H., "Über die Beziehungen der deutschen und italienischen
Historiographie des Altertums", in : Bengtson, H., Kleine Schriften zur Alten Ge-
schichte, Münich, 1974 : 626-638 (citation p. 638). Ce texte a d'abord été publié
en italien, in : Le relazioni culturali e politiche tra l'Italia e la Germania, (in honore
di Aldo Ferrabino), // Vetro, Rivista délia civilità italiana, 6, 2, 1962 : 287-296.
9
Un exemple : le petit livre dans lequel, en 1988, deux textes de Paul Veyne
et de Christian Meier ont été réunis, reflète au moins partiellement la réalité d'un
échange intellectuel qui correspondait à la venue de Christian Meier au Collège
de France en 1982, sur invitation de Paul Veyne. Mais ce livre franco-allemand
n'existe qu'en allemand et en italien : Meier, Christian & Paul Veyne, Kannten die
Griechen die Demokratie? Berlin, 1988. Traduction italienne : L'identità dei citta-
dino e la democrazia in Grecia, Bologna, 1988.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 11
d'établir une liste de quelques lacunes importantes en matière de
traduction et des les confronter aux traductions anglaises ou ita-
liennes d'ouvrages français et allemands10. L'Italie peut d'ailleurs
servir utilement de révélateur dans nos comparaisons franco-alle-
mandes. Les rencontres, coopérations et échanges intellectuels entre
historiens français et italiens de toutes les périodes sont apparem-
ment très vivants, et dans une publication de l'École Française de
Rome il n'est certainement pas nécessaire d'insister sur ce point. S'il
m'est difficile, en absence de données quantitatives, de porter un ju-
gement sur l'intensité des rapports entre historiens allemands et ita-
liens en général, on peut néanmoins affirmer qu'ils sont bien vivants
en histoire médiévale, moderne et contemporaine. L'Institut histo-
rique allemand à Rome et l'Istituto storico italo-germanico a Trento
n'y sont certainement pas pour rien11.
Mais retournons à la comparaison franco-allemande. Pour les
périodes médiévale, moderne et contemporaine, des confrontations
régulières existent entre historiens français et allemands, notam-
ment là où elles sont organisées institutionnellement, par le Comité
franco-allemand d'histoire des XIXe et XXe siècles, ou, de façon plus
informelle, par le groupe franco-allemand d'histoire sociale compa-
rée12. Et tant l'Institut Historique Allemand à Paris que la Mission
Historique Française à Göttingen (localisée au sein du Max Planck-
Institut für Geschichte!) ou le nouveau Centre franco-allemand de
recherches en sciences sociales à Berlin (Centre Marc Bloch),
servent de plateformes pour des rencontres et débats réguliers entre
historiens français et allemands. Mais il faut souligner ici que toutes
ces institutions ou initiatives institutionnelles ne concernent que les
périodes historiques postérieures à la fin de l'antiquité. Ceci ne veut
pas dire, bien entendu, que ces institutions n'invitent pas de temps
en temps un historien de l'Antiquité13.
10
Les meilleurs exemples de véritables lacunes de traduction, entre la France
et l'Allemagne, dans le domaine de l'histoire de la fin de la république romaine se-
raient les 'classiques' de Christian Meier (Res publica amissa, 1966, 2ème éd.
1980) et de Claude Nicolet (Le métier de citoyen, 1976).
11
Le livre d'Arnold Esch et Jens Petersen (Esch, Arnold & Jens Petersen,
(éds.), Geschichte und Geschichtswissenschaft in der Kultur Italiens und Deut-
schlands. Wissenschaftliches Kolloquium zum hundertjährigen Bestehen des DHI
in Rom (24-25 Mai 1988), Tübingen, 1989), est un exemple réussi d'échanges in-
tellectuels germano-italiens; les discussions sont publiés dans le livre.
12
Cf. Bruhns, Hinnerk, "La coopération scientifique entre historiens fran-
çais et allemands", Vingtième Siècle, avril-juin, 1992 : 201-209, et "Comparer les
sociétés", Bulletin de la Mission Historique Française, 1995, n° 1, ainsi que "La dé-
marche comparative en histoire sociale", Cahiers du Centre de Recherches Histo-
riques, n° 13, 1994 : 63-68.
13
Quand, par exemple, l'Association des Historiens d'Allemagne et le Comité
Français des Sciences Historiques ont organisé en 1979 une confrontation d'his-
12 HINNERK BRUHNS
De telles institutions ne sont certes pas indispensables aux
échanges internationaux, mais elles peuvent les faciliter et stimuler.
Les réseaux informels sont plus difficiles à inventorier et à évaluer.
Mais à partir d'un certain point ils demandent également un support
institutionnel. Les transferts et les réceptions empruntent des che-
minements variés, passant par une personne, par un réseau, par des
relais institutionnels ou éditoriaux. Certains de ces aspects sont
d'ailleurs abordés dans des contributions rassemblées dans ce vo-
lume. Des études de cas devraient être entreprises pour montrer la
complexité du phénomène qui se cache sous les termes génériques
d'influence et de réception.
Mon propos dans les remarques qui suivent est plus modeste. Je
me limiterai à évoquer quelques différences entre les configurations
institutionnelles françaises et allemandes dans le domaine des
études anciennes, notamment romaines. Nous avons déjà dit que les
configurations institutionelles (au sens large) n'ont en général pas
ou peu retenu l'attention des observateurs. A y regarder de près, il
semble pourtant que la manière dont sont construites institutionnel-
lement des carrières (donc des parties essentielles des biographies
scientifiques), des réseaux de recherche et les cadres à l'intérieur
desquels se pratique la science, ne soit pas sans infléchir des orienta-
tions thématiques, voire certains choix méthodologiques. Ce rôle
des institutions a été mis en évidence, par exemple, pour les proces-
sus de constitution de différentes disciplines scientifiques au XIXe
siècle. Aujourd'hui, une comparaison des conditions de la produc-
tion scientifique en histoire ancienne en France et en Allemagne ne
devrait pas faire abstraction de ces facteurs. Naturellement, il n'y a
pas de relation directe entre des différences nationales d'ordre insti-
tutionel et d'ordre scientifique. Essayons donc simplement de
compléter les analyses des différences scientifiques par un regard
porté sur certaines configurations institutionelles dans les deux
pays.
toriens français et allemands, l'Antiquité n'a pas été oubliée : Thomas Pekary y a
parlé de la signification du commerce dans l'Antiquité, Mireille Corbier de la
"Propriété et gestion de la terre : grand domaine et économie paysanne". Mais
cela n'a apparemment été ni l'occasion de provoquer une discussion franco-
allemande sur un même objet, ni celle de confronter des écoles ou des courants
historiques, disons, dominants et différents. En tout cas, la publication de cette
rencontre, intitulée prudemment Aspekte der historischen Forschung in Frank-
reich und Deutschland, éd. par G. A. Ritter & R. Vierhaus, Göttingen, 1981, ne
donne au lecteur aucun élément qui lui permettrait de savoir si l'histoire an-
cienne est pratiquée de façon différente en France et en Allemagne ou non, et de
situer les travaux du groupe de recherche en histoire économique à Münster par
rapport à la production et au tendances générales de la recherche en Allemagne.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 13
2 - INSTITUTIONS E T ITINÉRAIRES E N HISTOIRE ANCIENNE E N FRANCE
ET EN ALLEMAGNE : QUELQUES REMARQUES
Quelques différences générales
Qu'est-ce qui distingue un historien français de la Rome antique
de son collègue allemand, et en quoi les institutions universitaires
allemandes et françaises s'opposent-elles dans ce domaine? Il y a
d'abord une série de différences qui ne sont pas particulières à l'his-
toire ancienne : la puissance des universités allemandes comparée à
la faiblesse de l'Université française, partie d'un système qui se ca-
ractérise par une pluralité de formes d'établissements d'enseigne-
ment supérieur et de recherche concurrents; la richesse des biblio-
thèques allemandes comparée à la pauvreté de nombreuses biblio-
thèques françaises, ou à leur dispersion là où, comme à Paris, elles
sont souvent riches; la formation différente des étudiants dans les
deux pays, notamment en ce qui concerne la formation à la re-
cherche, même si dans les conditions d'une université de masse les
réalités française et allemande ont tendance à se rapprocher et qu'on
cherche à y remédier par des innovations institutionnelles qui vont
dans le même sens (l'école doctorale en France, le "Graduierten-
kolleg" en Allemagne).
Parmi les différences générales, certaines ont une importance
particulière pour l'histoire ancienne. Peut-être faudrait-il faire un
jour un tableau comparatif de l'évolution, depuis le XIXe siècle, du
nombre de chaires et de postes de recherche dans les différentes
parties des sciences de l'antiquité14. Aujourd'hui, une des grandes
différences est l'existence, en France, du CNRS à côté de l'Université
et qui offre (et c'est d'abord l'aspect qu'on perçoit à l'étranger) des
possibilités de recherche à temps plein, tandis que les historiens al-
lemands ne disposent pas d'instituts de recherche propres en his-
toire ancienne ou de postes de recherche à vie et à temps plein. De
tels postes de recherche n'ont d'ailleurs jamais existé pour des histo-
riens de l'Antiquité en République Fédérale d'Allemagne, sauf à la
14
Cet aspect a souvent été pris comme point de départ d'une étude compara-
tive. Voir, par exemple, Dumont, Albert, "Les études d'érudition en France et en
Allemagne", in : Dumont, A., Notes et discours 1873-1884, Paris, 1885 : 23-70 (pu-
blié d'abord dans : Revue des Deux-Mondes, 15 octobre 1874), qui oppose les 22
chaires d'archéologie en Allemagne aux deux existant en France pour constater :
"Le monde roman, qui nous appartient à tant d'égards, a été envahi lui-même par
ces ouvriers étrangers; nous sommes forcés de traduire leurs travaux ..." (p. 35).
Cf. également : Jacob, Maurice, "Étude comparative des systèmes universitaires
et place des études classiques au 19ème siècle en Allemagne, en Belgique et en
France", in : Bollack, Mayotte & Heinz Wismann, (éds.), Philologie und Herme-
neutik im 19. Jahrhundert, vol. 2, Göttingen, 1983 : 108-141.
14 HINNERK BRUHNS
"Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik" qui dispose au-
jourd'hui de sept postes de chercheurs15. La situation était différente
dans l'ancienne RDA, où le ZIAGA (Zentralinstitut für Alte Ges-
chichte und Archäologie, fondé en 1969, rassemblait, en quatre dé-
partements, une centaine de chercheurs ou assimilés, tandis que
l'histoire ancienne était très peu dévoloppée dans les universités16.
Mais depuis, l'Académie des Sciences de la RDA a été dissoute. Ses
chercheurs en histoire ancienne ont été soit intégrés dans des uni-
versités, soit licenciés ou mis à la retraite anticipée.
Une différence spécifique est le fait qu'un historien de l'antiquité
enseigne, en Allemagne, en général l'histoire grecque et romaine,
tandis que son collègue français se spécialise soit en histoire ro-
maine, soit en histoire grecque. Mais pour notre question cette dif-
férence ne me semble pas avoir beaucoup d'importance.
On pourrait naturellement continuer longuement cet inventaire
des différences. Mais cela risquerait de nous entraîner dans une
comparaison systématique des systèmes universitaires et de re-
cherche dans les deux pays qui n'a pas sa place ici et qui ne serait
pas spécifique à l'histoire ancienne. Pour la période d'avant-guerre,
l'essentiel se trouve maintenant dans le livre de Christophe Charle,
La république des universitaires 1870-1940, paru en 1994, qui
comporte d'ailleurs de très fines analyses comparatives des universi-
tés de Paris et de Berlin et des systèmes universitaires français et al-
lemands en général.
Petite prosopographie strasbourgeoise
Peut-on tout de même relever quelques différences significatives
entre les antiquisants français et allemands? A défaut d'une enquête
exhaustive ou au moins représentative, menée selon les règles de
15
La Max-Planck-Gesellschaft a quatre instituts dans le domaine des études
historiques : le 'Max-Planck-Institut (= MPI) für Geschichte' à Göttingen, le 'MPI
für Europäische Rechtsgeschichte' à Francfort, la 'Bibliotheca Hertziana' à
Rome, pour l'histoire de l'art, et le nouveau 'MPI für Wissenschaftsgeschichte' à
Berlin. L'histoire ancienne n'est représentée dans aucun des ces instituts. Cf. en
général : Vierhaus, Rudolf & Bernhard vom Brocke, Forschung im Spannungsfeld
von Politik und Gesellschaft, Geschichte und Struktur der Kaiser-Wilhelm-/Max-
Planck-Gesellschaft. Aus Anlaß ihres 75 jährigen Bestehens herausgegeben, Stutt-
gart, 1990. Pour l'organisation de la recherche historique : Heimpel, H., "Über
Organisationsformen historischer Forschung in Deutschland", Historische Zeit-
schrift, 189 : 139-222 (republié dans : Beiträge zur Organisation der historischen
Forschung in Deutschland aus Anlaß des fünfundzwanzigjährigen Bestehens der
Historischen Kommission zu Berlin am 3. Februar 1984, Berlin-New York, 1994.
16
Cf. Willing, Matthias, Althistorische Forschung in der DRR. Eine wissens-
chaftsgeschichtliche Studie zur Entwicklung der Disziplin Alte Geschichte vom
Ende des Zweiten Weltkriegs bis zur Gegenwart (1945-1989), Berlin, 1991.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 15
l'enquête sociologique, mais qui serait certainement disproportion-
née par rapport aux modestes objectifs de ce texte, considérons pour
un instant la table ronde franco-allemande de Strasbourg, rassem-
blée dans le présent livre, comme un échantillon valable pour une
prosopographie mi-impressionniste, mi-objective. Ceux qui, en his-
toire romaine, ont l'habitude de travailler sur des échantillons
souvent très lacunaires de magistrats ou chevaliers romains ou
même de notables municipaux ne s'inquiéteront pas outre mesure
de me voir utiliser ici un échantillon de fortune17 pour signaler et il-
lustrer quelques différences entre des historiens allemands et fran-
çais de la Rome antique, notamment en ce qui concerne leurs car-
rières ou leurs cursus honorum. Il s'agit bien d'illustrer et non de ti-
rer des conclusions générales.
Voici notre petit échantillon : nous sommes en présence de deux
groupes d'historiens de Rome (en comptant tous ceux inscrits dans
le programme originel, donc en prenant en compte également deux
absents, les "missing persons", pour détourner une appellation for-
gée par Ronald Syme)18. Les traits communs (ou tertium compara-
tionis) sont évidents : même profession, mêmes objets d'étude. Un
autre point commun ou comparable : les rapports d'âge et de géné-
ration sont assez proches dans les deux groupes. Que le rapport des
sexes soit comparable (une historienne de chaque côté), est par
contre plutôt trompeur, puisque le nombre de femmes sur des
postes en histoire ancienne est certainement plus important en
France qu'en Allemagne.
En quoi ces deux groupes d'historiens allemands et français
sont-ils représentatifs de leurs milieux respectifs? Il s'agit, je l'ai dit,
d'un échantillon de fortune et qui, pour le thème donné, aurait pu
être composé autrement, au moins en partie. En partie seulement,
car le nombre de spécialistes de la fin de la République romaine est
naturellement limité. Une composition légèrement différente n'au-
17
Cette première rencontre franco-allemande sur l'histoire de la fin de la ré-
publique romaine a rassemblé un nombre équivalent de spécialistes français et
allemands, choisis par deux coordinateurs et soumis à des experts extérieurs qui
ont accepté la composition des 'délégations' comme, au moins, pas totalement
non représentatives des deux milieux scientifiques en question. Les remarques
qui suivent prennent en considération la position universitaire des participants
au moment de la table ronde (juin 1994).
18
Un de ces historiens a passé la première partie de sa carrière en Alle-
magne, la deuxième en France. Il comptera donc soit parmi les Allemands, soit
parmi les Français, en fonction des questions posées. Le lecteur trouvera les
noms dans la table des matières de ce livre; les deux 'missing persons' qui avaient
été empêchées d'assister comme prévu à la table ronde, étaient Claude Nicolet et
Claude Moatti.
16 HINNERK BRUHNS
rait pas changé beaucoup aux conclusions que je vais essayer de ti-
rer. Nous verrons que ce qui pourrait apparaître, dans le cas fran-
çais, comme un biais introduit par une sélection trop homogène, est
en même temps un indicateur pour le fonctionnement des réseaux et
des institutions.
Pourrait-on objecter que cette rencontre avait été organisée au-
tour de deux 'écoles', ce qui affaiblirait la représentativité des deux
groupes?19 Même si d'évidence tous les participants français ont un
rapport plus ou moins étroit à Claude Nicolet (fréquentation de son
séminaire à l'École Pratique des Hautes Études (EPHE) et, parmi la
'jeune' génération, deux thèses sous sa direction), j'hésiterais à em-
ployer ce terme. Ne s'agit-il pas plutôt de l'illustration d'une position
à tendance (!) monopolisatrice, qui au-delà du facteur personnel, se-
rait favorisée par la configuration des institutions françaises? Nous
y reviendrons plus loin. Si le groupe allemand paraît plus ouvert
(parmi les 'jeunes' participants on trouve deux thèses chez Christian
Meier, une chez K.W. Welwei, une chez J. Bleicken) ou moins ho-
mogène et moins marqué par des liens communs (les participants
allemands ne se connaissaient pas tous entre eux, avant la ren-
contre!), cela correspond également à l'organisation du milieu,
comme nous le verrons plus tard. Voilà tout au plus un petit indica-
teur du fonctionnement des réseaux.
Ne nous attardons pas trop sur la question de la représentativi-
té. L'avantage positiviste de notre échantillon est qu'il nous est four-
ni tel quel par la réalité historique. Profitons-en donc pour lui poser
en toute naïveté méthodologique deux questions20. Premièrement
celle du cadre institutionnel à l'intérieur duquel les historiens alle-
mands et français exercent leur métier, deuxièmement celle du dé-
roulement de leurs carrières et surtout de leurs années de formation.
19
Les invitations, pas toujours acceptées, en raison de manque de temps,
d'impossibilité de dates etc., ont été faites dans chacun des deux pays par un his-
torien de la jeune génération occupant une position décentrée dans le champ. La
composition n'a pas suscité d'objections auprès des deux instances nationales
qui, puisqu'elles accordent des financements, veillent à un certain équilibre dans
ce genre de manifestations scientifiques internationales. La préoccupation pre-
mière a d'ailleurs été de couvrir les différents champs (politique, économie, reli-
gion etc.).
20
Dans un travail plus scientifique on s'appuierait sur les remarques J.-
C. Passeron (Le raisonnement sociologique, Paris 1991) sur la convergence épisté-
mologique entre histoire et sociologie, qui, p. 86, rappelle utilement le paradoxe
de Simiand : "trouver des chameaux au pôle Nord est statistiquement indispen-
sable pour séparer ce qui tient aux chameaux et ce qui tient à leur habitat géo-
graphique."
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 17
Les cadres institutionnels
Les cadres institutionnels de l'histoire ancienne en France et en
Allemagne diffèrent sur plusieurs points, et notre échantillon stras-
bourgeois reflète bien la situation dans les deux pays. Les sept histo-
riens allemands sont tous enseignants dans des universités de même
type : Bâle, Berlin, Erlangen, Freiburg i. Br., Göttingen, Greifswald
et Munich. Les différences entre grandes et petites universités, les
différences de 'Länder' et celles entre les universités allemandes et
celle de Bâle sont sans importance pour notre propos. La répartition
géographique est à l'évidence très équilibrée, tous les participants al-
lemands venant d'une université différente.
Côté français nous nous trouvons face à une pluralité institu-
tionnelle : Université, École Pratique des Hautes Études (EPHE),
École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), Centre Na-
tional de la Recherche Scientifique (CNRS), École Française de
Rome (EFR). Quant à la répartition géographique, on hésite à la ca-
ractériser de typique ou de caricaturale. Sont représentés une uni-
versité de province (Strasbourg) et un établissement à l'étranger
(l'École Française de Rome)21, tandis que les sept autres participants
viennent d'institutions d'enseignement et de recherche parisiennes.
Si l'on ajoute au critère du poste celui de l'université où ont été sou-
tenues les thèses (doctorat et habilitation/thèse d'État), cette concen-
tration parisienne se confirme : sur les neufs français, huit ont sou-
tenu leurs thèses à Paris, un à l'étranger22. Rien de comparable pour
notre échantillon allemand pour lequel la liste des lieux de soute-
nance couvre l'ensemble du territoire allemand.
Le phénomène d'une capitale scientifique et intellectuelle a tou-
jours fasciné les observateurs allemands qui regrettent qu'aucune
des grandes villes allemandes, même pas Berlin23, ne connaisse une
telle concentration intellectuelle, où se côtoient - et fréquentent les
mêmes 'écoles' (au sens français du terme) - les milieux universi-
taires, de l'édition, de la presse et de la politique.
Paris comme lieu central avec ses institutions multiples et dif-
férentes (Universités, EPHE, EHESS, Fondation Nationale des
21
Le poste universitaire d'origine du directeur de l'EFR, qui - contrairement
à l'habitude dans beaucoup d'instituts allemands à l'étranger - n'est nommé que
pour une période limitée, se trouve à Paris, comme c'était, sauf erreur de ma
part, le cas pour tous ses prédécesseurs. L'actuel directeur de l'EFA provient (ce
qui est rare) d'une université de province.
22
Le recrutement de chercheurs étrangers est d'ailleurs plus fréquent en
France qu'en Allemagne, notamment au CNRS où environ 15% des quelque 13000
chercheurs sont d'origine étrangère.
23
La destruction du milieu intellectuel juif et la perte de la fonction de capi-
tale après la guerre s'ajoutent comme facteurs à celui de l'organisation fédérale
de l'Allemagne.
18 HINNERK BRUHNS
Sciences Politiques (FNSP), Collège de France, Écoles normales su-
périeures (ENS), Unités de recherche du CNRS, Maison des
Sciences de l'Homme (MSH) etc.) constitue pour les sciences hu-
maines et sociales un lieu d'échange intellectuel sans pareil en Alle-
magne : l'importance du nombre des séminaires, de la circulation
des invités étrangers, des lieux de travail communs sur un espace re-
lativement réduit semble favoriser plus la communication que ce
n'est le cas à Berlin, malgré ses trois universités et les nombreuses
institutions de recherche extra-universitaires (mais pas en histoire
ancienne!). Il s'ensuit, d'après ce que j'ai pu observer, une connais-
sance mutuelle beaucoup plus développée que dans le milieu alle-
mand où les occasions de rencontres sont plus rares. Le milieu fran-
çais est donc un 'milieu' qui se connaît et reconnaît (ce qui n'exclut
pas, au contraire, de temps en temps des conflits très forts, renforcés
par la concentration en un même lieu). S'y ajoutent, pour des rai-
sons diverses, des venues relativement fréquentes des 'provinciaux' à
Paris, qui se déplacent (par nécessité) plus souvent que leurs col-
lègues allemands.
Cette répartition géographique si différente a des causes et des
conséquences significatives. La mobilité géographique des universi-
taires allemands est plus importante que celle des universitaires
français, et elle n'est pas à tendance monodirectionnelle. Si la pro-
motion d'un poste de professeur de classe inférieure à une classe su-
périeure est possible au sein d'une même université, mais très rare,
la mobilité est le seul moyen pour un professeur d'augmenter son sa-
laire. Cette mobilité ne serait pas possible si les infrastructures (bi-
bliothèques, personnel) des grandes universités, y compris des créa-
tions récentes comme Bielefeld, Bochum ou Constance, n'étaient
pas à peu près équivalentes et n'offraient à leurs professeurs tous les
moyens de travail dont ils ont besoin. Cette mobilité contribue en
même temps au maintien de la qualité de l'équipement infrastructu-
rel. Aucune ville universitaire allemande ne constitue un pôle d'at-
traction à tendance monopoliste, comme c'est le cas en France, où
obtenir un poste à Paris est pour beaucoup un objectif majeur de
leur carrière24. Seul Paris offre d'ailleurs des postes d'enseignements
24
La mobilité des universitaires dans les deux pays est assez différente; ceci
s'explique aisément par les oppositions centralisme / fédéralisme et par le poids
d'attraction que Paris exerce sur les universitaires. En France, la mobilité n'est
pas à sens unique (Province - Paris), mais son but est presque toujours un poste à
Paris, imposant souvent un passage par la province. Berlin est loin d'exercer une
telle attraction sur les professeurs, même si depuis la réunification de la ville et la
restructuration de l'Université Humboldt, Berlin a gagné beaucoup en force d'at-
traction. Mais personne ne dirait que l'ambition d'un professeur serait de couron-
ner sa carrrière par un poste à Berlin. Pour les années entre 1870 et 1939, Chris-
tophe Charle (La république des universitaires 1870-1940, Paris, 1994) a montré
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 19
à haut prestige qui procurent à leurs titulaires de bien meilleures
possibilités de se consacrer à la recherche (Collège de France,
EPHE, EHESS, ENS)25 que ne peut le faire un poste universitaire
normal. Du point de vue institutionnel toujours (je ne parle pas de
l'effet de stimulation dû à la concentration d'une élite intellectuelle),
une mobilité universitaire à tendance unidirectionnelle peut avoir
pour conséquence que, pour obtenir un poste à Paris, on accepte
souvent de bien médiocres conditions de travail. Considérer le poste
en province comme un passage temporaire, habiter à Paris et tra-
vailler dans les bibliothèques parisiennes ne constituent pas les inci-
tations les plus fortes à s'investir pour améliorer des infrastructures
de l'université provinciale à laquelle on appartient. Néanmoins
constate-t-on aujourd'hui une forte tendance au rééquilibrage entre
Paris et le reste de la France26.
Une deuxième différence institutionnelle entre les historiens
français et allemands de notre petit échantillon est constituée par le
fait que tous ces historiens français, à quelque institution qu'ils ap-
partiennent, font en même temps partie d'une unité de recherche du
CNRS27, tandis qu'aucun des Allemands ne fait partie d'une struc-
que Berlin tendait "à occuper la fin de carrière de toutes les trajectoires ..."
(p. 95); ceci n'est plus le cas depuis la fin de la guerre. Le système français offre
en plus des possibilités de distinction à Paris, entre les différentes universités de
prestige différent et des postes comme celui de professeur au Collège de France.
Et (pour les historiens de l'antiquité) deux possibilités d'accéder à des postes
prestigieux, en général de fin de carrière, à Athènes et à Rome. En lettres, à l'é-
poque de la Troisième République, "Refuser Paris, c'est donc se placer en dehors
de ce qui fonde la position intellectuelle d'un professeur dans le nouvel univers
savant de l'époque ou rester en position dominée par rapport à ceux qui dé-
tiennent l'accès à ces ressources", c'est-à-dire essentiellement des laboratoires et
des organes de publication (Charte 1994 : 191).
25
A l'exception, depuis quelques années, de l'Institut universitaire de France
qui est un établissement pour ainsi dire 'immatériel' qui procure à ses titulaires,
de quelque université qu'ils proviennent, des avantages matériels en temps et en
moyens de recherche.
26
Pour toutes les dimensions du problème Paris-Province, voir Charte 1994 :
70, 89,109-130 (cf. note 24.) et passim. "L'éloignement des réseaux centraux d'ac-
cès à l'élite universitaire (c'est-à-dire fondés sur les filières scolaires sélectives pa-
risiennes) reste le principal obstacle à la réussite d'une meritocratic globale"
(p. 130).
27
"Groupe de recherche d'histoire romaine" (Université de Strasbourg/
CNRS) : 1
- "Fonctionnement des systèmes politiques et sociaux du monde romain et
hellénistique" (Paris II Paris IV/EPHE/CNRS) : 7, dont deux en tant que collabo-
rateurs extérieurs.
- "Centre de documentation des droits antiques" (Paris Il/CNRS) : 1
- "Centre de recherches historiques" (Unité mixte de recherche EHESS/
CNRS) : 2.
20 HINNERK BRUHNS
ture de recherche extra-universitaire de ce type. Le système universi-
taire allemand ne connaît d'ailleurs rien de comparable au couple
Université - CNRS en France. J'ai déjà mentionné que le domaine de
l'histoire ancienne n'est pas couvert par la Société Max Planck et
qu'il n'y a par conséquence ni chercheurs à temps plein ni véritables
équipes de recherche en histoire ancienne, sauf celles qui pourraient
être constituées pour un temps donné à l'intérieur d'une université
sur la base d'un financement extérieur, public ou privé. Mais même
si un jour la 'Max-Planck-Gesellschaft' décidait de créer un institut
en histoire ancienne ou d'intégrer l'histoire de l'antiquité dans un
institut existant, on n'y trouverait rien de comparable aux unités de
recherche associées ou mixtes du CNRS. Celles-ci permettent le rat-
tachement d'universitaires au CNRS en même temps que l'affecta-
tion de personnels du CNRS aux universités; en général ces unités
de recherche du CNRS sont installées sur les campus ou dans les lo-
caux des universités. Rien de comparable non plus aux GdR (Grou-
pements de Recherche) qui créent des réseaux autour d'un thème
entre des chercheurs et équipes dispersés.
Mais qu'en est-il des équivalents fonctionnels de ces structures
dans le système allemand? Les moyens en personnel (chercheurs,
techniciens, administratifs) et les compléments budgétaires (mo-
destes par rapport aux financements de la recherche en Allemagne)
que le CNRS apporte à des équipes universitaires, le professeur alle-
mand les obtient soit directement par son université, soit par la
'Deutsche Forschungsgemeinschaft' (DFG)28 ou encore par des fon-
dations privées. Ce qui fait la différence avec le système français,
c'est l'absence de la dimension fédératrice des projets de recherche,
sauf dans des structures très lourdes du type de 'Sonderforschungs-
bereich' ou de 'Schwerpunktprogramm', très rares en histoire an-
cienne29. Le rassemblement, à l'intérieur des structures du CNRS, de
28
La DFG est une agence de financement de la recherche fondamentale. Son
budget annuel d'environ 1,8 milliards DM provient pour moitié de l'État fédéral,
pour moitié des 'Länder'. De droit privé, la DFG est gérée par les Universités.
Pour une vision différenciée de la DFG cf. Franke, Herbert, "Probleme der Förde-
rung der Geisteswissenschaften durch die Deutsche Forschungsgemeinschaft",
in : Flashar, Hellmut, N. Lobkowicz & O. Pöggler. (éds.), Geisteswissenschaften
als Aufgabe. Kulturpolitische Perspektiven und Aufgaben, Berlin - New York,
1978 : 39-53.
29
Actuellement, deux 'Sonderforschungsbereiche' comprennent des projets
en histoire ancienne : le 'Tübinger Atlas des Vorderen Orients' (Université de Tü-
bingen) et un programme de recherche de l'Université de Trêves : 'Zwischen
Maas und Rhein, - Beziehungen, Begegnungen und Konflikte in einem europä-
ischen Kernraum von der Spätantike bis zum 19. Jahrhundert'.
Deux 'Schwerpunktprogramme' concernent l'histoire ancienne : 'Kelten,
Germanen, Römer im Mittelgebirgsraum zwischen Mosel und Saale' (coordonné
par A. Haffner, Kiel, et S. von Schnurbein, Römisch-Germanische Kommission
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 21
chercheurs et d'universitaires autour de projets scientifiques peut
être dans certains cas peu contraignant voire avoir parfois plus de
réalité sur le papier que dans la pratique de la recherche. Néan-
moins il existe et il se traduit non seulement par de véritables entre-
prises collectives et des projets éditoriaux, mais également par l'inté-
gration de doctorants ou d'autres jeunes chercheurs dans des
équipes de recherche. En Allemagne par contre, la géographie uni-
versitaire différente et l'autarcie ou l'autosuffisance des chaires ou
instituts universitaires en histoire ancienne renforcent le caractère
individuel et la dispersion de la recherche universitaire30.
Les carrières scientifiques
La troisième différence, toujours illustrée à l'aide de notre petit
échantillon, concerne les carrières scientifiques, plus particulière-
ment les années de formation juste avant et après le doctorat. En Al-
lemagne, le modèle est simple et à peu de choses près le même dans
toutes les universités. Le futur professeur d'histoire ancienne écrit
sa thèse auprès d'un directeur de thèse ('Doktorvater'). Pendant ce
temps il vit soit d'une bourse de doctorat, soit d'un emploi tempo-
raire comme collaborateur scientifique (financement sur contrat) ou
comme 'faisant fonction d'assistant'31. Rien de particulier à cela,
sauf que dans bien des cas la principale motivation pour un profes-
seur de demander un financement pour un projet de recherche est
celle de financer un ou plusieurs doctorants. Mais par rapport aux
nombreux projets de recherche en histoire contemporaine, l'histoire
ancienne fait beaucoup moins systématiquement appel à des fi-
nancements extérieurs32. Le nombre d'assistants et de collaborateurs
du DAI à Francfort) et 'Historische Grundlagenforschung in Kleinasien' (coor-
donné par R. Malcolm Errington, Marburg).
30
La mise en place récente de nouvelles structures (le 'Graduiertenkolleg',
une sorte d'école doctorale, et rinnovationskolleg') montrent le souci d'une struc-
turation plus forte. Ceci ne mène pas à des 'équipes' en histoire ancienne. Mais
parfois ces structures participent à des projets transversaux ou interdiscipli-
naires.
31
Les multiples formes administratives de ces emplois n'ont pas d'impor-
tance pour notre propos.
32
Entre janvier 1985 et avril 1994, la DFG a accordé 136 financements à des
projets de recherche en histoire ancienne, dont 65 consistaient en contrats de tra-
vail de 12 à 24 mois pour des collaborateurs scientifiques (dont un certain
nombre pour des prolongations). Pour 1993 (dernier rapport annuel de la DFG),
une dizaine de projets ont été financés (épigraphie, topographie, éditions de texte
(Mommsen)). Quelques projets à long terme concernent soit l'épigraphie (CIL),
soit la préhistoire et l'archéologie, ou une grande entreprise interdisciplinaire
comme le "Tübinger Atlas des Vorderen Orients" (Sonderforschungsbereich
(SFB) à l'Université de Tübingen) qui depuis 1969 a reçu une cinquantaine de
millions de DM, et à laquelle des antiquisants participent naturellement. Aux fi-
nancements publics, il faut ajouter ceux par des fondations privées, dont cer-
22 HINNERK BRUHNS
scientifiques y a été jusqu'à maintenant apparemment suffisant; ac-
tuellement cette situation semble se détériorer. Parmi ceux qui ont
obtenu la thèse, comment se fait la sélection de ceux qui auront une
réelle chance d'accéder plus tard à un poste universitaire? Cela se
joue à deux niveaux. A celui de la chaire, de l'institut ou de la faculté
d'abord : il faut obtenir un poste d'assistant, un contrat ou une pro-
longation de contrat, une bourse33 pour pouvoir continuer à travail-
ler et à préparer la thèse d'habilitation. Souvent d'ailleurs le 'post-
doc' reste auprès du même directeur de thèse pour écrire la 'Habili-
tationsschrift', même si à ce niveau il n'y a plus de responsabilité
formelle d'un directeur de thèse. Changer d'équipe d'où d'université
entre la thèse et l'habilitation est naturellement possible, mais plutôt
rare, puisque le jeune docteur allemand n'a pas accès à des postes
qui correspondraient à ceux d'un maître de conférences ou d'un
chargé de recherche. Si par contre un professeur change d'universi-
té, il amène souvent son ou ses meilleurs 'élèves', et le nombre de
postes d'assistants ou de collaborateurs scientifiques, comme d'ail-
leurs le budget de recherche, peut faire partie des 'Berufungsverhand-
lungen', des négociations avec l'université et le ministère du Land
qui précèdent l'acceptation d'un poste offert après concours. Un pro-
fesseur réputé peut d'ailleurs également négocier, avec sa propre
université, les conditions auxquelles il resterait à son poste ('Bleibe-
verhandlungen') ! Jusqu'à l'obtention de la 'Habilitation' le jeune et
souvent de moins en moins jeune chercheur se trouve donc sur un
poste temporaire34. Par rapport au système français la précarité des
emplois des jeunes chercheurs dans l'université allemande est ex-
trême. Car ils ne bénéficient pas non plus de postes de 'sécurité'
dans le secondaire, comme c'est pratiquement la règle en France, au
moins pour les historiens pour lesquels l'agrégation, sans être for-
mellement obligatoire, fait partie du cursus normal. Et l'habilitation
dans l'université allemande ne donne aucune sécurité d'emploi et si-
gnifie au contraire souvent la fin de l'emploi temporaire dont bénéfi-
ciait l'assistant. Elle procure le beau titre de 'Privatdozent'. Mais le
'Privatdozent' ne peut obtenir un premier poste de professeur dans
l'université où il a passé son habilitation. Ce principe très sain pour
la reproduction du corps universitaire peut avoir des conséquences
taines, comme la Fritz-Thyssen-Stiftung à Cologne, mais également des plus pe-
tites, jouent un rôle non négligeable pour les 'Altertumswissenschaften'.
33
Les bourses peuvent être locales ou provenir de la DFG ou de fondations.
34
Sauf dans de très rares cas où il aurait obtenu un poste de 'Akademischer
Rat', postes en voie d'extinction aujourd'hui. Il s'agit là d'un poste à vie, mais avec
une très forte charge d'enseignement et sans possibilité de promotion vers un
poste de professeur comme l'offre le poste de maître de conférence, en France.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 23
dramatiques sur le plan personnel pour des chercheurs qui entre-
temps ont souvent atteint ou dépassé la quarantaine. Car l'âge
moyen de l'habilitation se situe autour de quarante ans dans les
sciences humaines. Mais en histoire ancienne le rapport entre le
nombre des 'habilités' et le nombre des postes disponibles n'a depuis
assez longtemps rien de vraiment inquiétant. Dans beaucoup
d'autres disciplines il en est naturellement tout à fait différent. Mais
ce n'est qu'avec l'habilitation et le concours de recrutement ('Beru-
fung' : appel) des universités que se joue définitivement l'entrée ou
non dans la carrière universitaire. Il est vrai que c'est en principe la
même chose en France, avec cette différence importante que l'ob-
tention d'un poste à vie se fait beaucoup plus tôt, en général peu de
temps après la thèse.
Lieux centraux de passage
Mais la véritable différence entre les systèmes allemand et fran-
çais se situe encore ailleurs. Regardons de nouveau notre prosopo-
graphie strasbourgeoise : si 'seulement' la moitié, 4 sur 8, de nos his-
toriens français sont anciens élèves d'une École Normale Supé-
rieure, ceci s'explique partiellement par une origine disciplinaire ou
nationale qui ne prédestine pas à TENS35. Par contre, ils ont tous,
sans exception, bénéficié, au moment de faire leur thèse, pendant
trois ans d'un poste de membre de l'École française de Rome. Ils ont
intégré ensuite soit l'Université soit le CNRS. En Allemagne, non
seulement il n'y a rien, comme on le sait, qui corresponde aux
Écoles Normales Supérieures, mais, chose plus importante encore
pour notre propos, aucun des historiens allemands de notre échan-
tillon n'a fait un séjour de recherche prolongé à Athènes ou à Rome.
Ni pendant ses années de formation, ni plus tard36 Ceci n'est pas un
hasard dû à l'échantillon en question, mais une conséquence de l'or-
ganisation institutionnelle de l'histoire ancienne en Allemagne.
On peut affirmer que pour nos universitaires français l'entrée
définitive dans la carrière s'est jouée un peu lors du concours d'en-
trée à l'ENS, et définitivement (mais pas formellement) lors de leur
entrée à l'École française de Rome. Donc, dans le système actuel,
avant même que le chercheur n'ait terminé sa thèse (de nouveau ré-
gime). En histoire romaine, c'est la voie royale, qui est une voie rela-
tivement large puisque les promotions de l'École française de Rome
comportent par an en moyenne deux ou trois postes pour la section
35
Les exception s'expliquent : l'ENS ne prépare pas aux études de droit
(deux cas de notre échantillon) et un des universitaires français est originaire du
Luxembourg.
36
Plusieurs d'entre eux ont séjourné par contre longtemps aux États-Unis, en
Angleterre, en France.
24 HINNERK BRUHNS
d'antiquité, dont un nombre variable, selon les années, pour l'his-
toire ancienne proprement dite.
Certes, la majorité des professeurs d'histoire ancienne en France
ne sont ni normaliens, ni 'Romains' ou 'Athéniens'; l'important n'est
pas là. L'important, par rapport à l'Allemagne n'est pas non plus que
le système des Écoles françaises à Rome et Athènes (et d'autres insti-
tutions scientifiques françaises à l'étranger) offre des années de re-
cherche sans charge d'enseignement. Pour cela il existe des équiva-
lents fonctionnels en Allemagne sous forme de bourses de différents
types, accessibles à des chercheurs de toutes disciplines, ainsi sous
la forme d'années sabbatiques etc. Pour l'histoire ancienne il existe
des bourses spécifiques ('Reisestipendien')37 de la 'Kommission für
Alte Geschichte und Epigraphik' de l'Institut Archéologique Alle-
mand (en principe une ou deux bourses annuelles pour des séjours
(presque) libres dans les pays de la Méditerrannée). Mais souvent il
n'y a pas de candidats (au moins de candidats valables) pour ces
bourses, de sorte que la Kommission ne les pourvoit que rarement.
En 25 ans, de 1969 à 1994, seulement huit jeunes historiens de l'anti-
quité ont profité de cette possibilité38. Une raison en est probable-
37
Us s'agit de bourses postdoctorales d'une année, renouvelables une fois.
Leur objectif est défini ainsi : "Die Reisestipendien des Deutschen Archäologi-
schen Instituts dienen der Förderung des Gelehrtennachwuchses in der Archäo-
logie und ihren Nachbarwissenschaften. Die Stipendiaten sollen sich durch einen
in der Regel einjährigen Aufenthalt in Ländern des antiken Kulturbereichs (...)
eine gute Kenntnis dieser Länder, vor allem ihrer archäologischen Monumente
und ihrer historischen Stätten schaffen", (Appel à candidatures de 1994). Les
conditions matérielles ne sont pas comparables à celles dont bénéficient les
membres des Écoles françaises. La bourse est de DM 26400 pour une année,
donc environ 7 600 francs par mois. Le DAI dispose de dix bourses par an, y
compris celles réservées en principe à la préhistoire, à l'histoire ancienne et à l'ar-
chéologie extraeuropéenne.
Cette 'bourse de voyage' remonte à 1860, quand l'Istituto di Correspondenza
Archeologica a été transformé en une institution de l'État de Prusse (cf. Deich-
mann, F.W., Vom internationalen Privatverein zur preussischen Staatsanstalt. Zur
Geschichte des Istituto di corrispondenza archeologica, Mayence (= Beiträge zur
Geschichte des Deutschen Archäologischen Instituts, Bd. 9), 1986. Le Statut du 3
février 1860 définissait son objectif ainsi "... die archäologischen Studien zu bele-
ben und die anschauliche Kenntnis des klassischen Altertums möglichst zu ver-
breiten, insbesondere um für das römische Institut für archäologische Corres-
pondenz leitende Kräfte und für die vaterländischen Universitäten Lehrer der Ar-
chäologie heranzubilden" (Archäologischer Anzeiger, n° 135, m a r s 1860,
également dans : Rieche, Anita (éd.), Die Satzungen des Deutschen Archäologis-
chen Instituts 1828 - 1972, Mayence, 1979 (Das Deutsche Archäologische Institut.
Geschichte und Dokumente, vol. 1). Que ce type de bourse de voyage soit encore
aujourd'hui le moyen le plus adapté pour la formation de jeunes chercheurs en
archéologie est sujet à discussion.
38
Informations fournies par l'Institut archéologique allemand et par la Kom-
mission für Alte Geschichte und Epigraphik. Les boursiers étaient : Peter Kneißl
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 25
ment que le système allemand du poste d'assistant à durée limitée
n'incite pas à passer une ou même plusieurs années en Italie, en
Grèce ou ailleurs, car l'interruption par une bourse ne prolonge pas
la durée du contrat39. Les jeunes historiens allemands cherchent en
premier lieu à obtenir un poste; tout comme leurs collègues fran-
çais. Passer une année dans un pays méditerranéen n'est apparem-
ment pas considéré comme un facteur positif dans les concours de
recrutement; s'y ajoute peut-être un manque général de motivation
pour la mobilité et certainement la crainte de pouvoir rater une
chance d'obtenir un poste d'assistant si on s'éloigne40. Pour les
postes de professeur en archéologie, par contre, l'obtention de la
bourse de voyage est devenue de fait une étape préalable, quasiment
obligatoire, au recrutement41. Pour les historiens, un facteur décisif
s'y ajoute : l'absence d'une structure d'accueil à Rome ou Athènes;
nous y reviendrons plus loin. Certains accomplissent naturellement
de longs séjours à l'étranger, que ce soit à Oxford ou au 'Center for
Hellenic Studies' à Washington. Mais ceci ne les différencie pas de
leurs collègues français.
Pour les historiens français, c'est apparemment tout le
contraire. Apparemment, puisque ce n'est pas le séjour à l'étranger
en soi qui constitue l'élément décisif, même si l'importance forma-
trice de ce passage extérieur est toujours soulignée. Vouloir faire,
par contre, de la mobilité internationale une quasi-obligation pour
le recrutement ou la promotion est une évolution récente et pas en-
core vraiment admise dans les sciences humaines. Ce qui frappe un
en 1969/70, Justus Cobet en 1970/71, Thomas Schwertfeger en 1974/75, Peter Herz
en 1978/79, Norbert Ehrhardt en 1983/84, Dietrich Klose en 1984/85, Friedrich
Burrer et Kai Trampedach en 1993/94.
39
Mais comme toujours en RFA, les règlements peuvent être différents d'un
Land à l'autre.
40
Des difficultés matérielles peuvent s'y ajouter : les bourses ne sont pas
comparables aux salaires confortables des membres des Écoles Françaises, et
rien n'est prévu pour ceux ou celles qui auraient déjà une famille.
41
Ceci est d'ailleurs dénoncé comme une forme de sélection illégitime. L'as-
sociation des étudiants en archéologie s'est élevée, en 1989, contre la dépendance
("Abhängigkeitsverhältnis") de l'université par rapport à l'institution extrauniver-
sitaire qu'est le DA1. Cf. Mitteilungen des deutschen Archäologenverbandes 20 (2),
1989 : 8. Les étudiants demandèrent le doublement du nombre des bourses et
leur réduction à six mois, considérant qu'un voyage dans les pays de la civilisa-
tion antique était, certes, utile, mais qu'il n'y avait pas de lien avec la finalité des
études... Pour la situation de l'archéologie en général, cf. Andreae, Bernard,
"Über die Lage der Archäologie im Rahmen der philologisch-historischen Fächer
und der Kunstwissenschaft", in : Flashar, H. (éd.), Geisteswissenschaften als Auf-
gabe (cf. note 28) : 153-162, et, à titre de comparaison : Schindler, Wolfgang, "Die
Archäologie im Rahmen von Wilamowitz' Konzeption der Altertumswissens-
chaft", in : Calder, William M. III, Hellmuth Flashar, Theodor Lindken, (éd.), Wi-
lamowitz nach 50 Jahren, Darmstadt, 1986 : 241-262.
26 HINNERK BRUHNS
observateur venant de l'extérieur, c'est la sélection précoce d'une
élite scientifique, la normalisation des carrières et le passage quasi-
ment obligatoire par des institutions centrales de formation. En
simplifiant on peut dire que le futur professeur d'histoire ancienne
passe après le baccalauréat par de bonnes classes préparatoires,
réussit le concours d'entrée à l'École Normale Supérieure, où il
passe trois ans. L'École ne délivre pas de diplôme; aussi l'élève suit-il
en même temps des cours à la Sorbonne (ou dans une autre univer-
sité parisienne), passe des examens universitaires, réussit le
concours d'agrégation, en histoire ou en lettres (ce qui lui donne,
précisons-le pour ceux qui ne sont pas familiers du système français,
non seulement la capacité d'enseigner dans un lycée mais surtout un
poste à vie dans l'enseignement secondaire; profession qu'il cherche-
ra ensuite à ne jamais exercer ou le moins longtemps possible).
Après l'agrégation, les plus chanceux de nos jeunes chercheurs, qui
n'auront pas encore terminé leur thèse de doctorat, s'en iront pour
trois ans à l'École française de Rome ou à celle d'Athènes42. Pendant
ce séjour farnésien ou athénien43 ils soutiendront leur thèse devant
42
Les deux Écoles tendent aujourd'hui à recruter plutôt en fin qu'en début
de thèse. Mais passeront-elles un jour à un recrutement essentiellement post-
doctoral qui correspondrait plus à leur vocation de centre de recherche? La di-
mension de formation et les structures correspondantes (séminaires, directeur
des études) sont plus développées à Rome qu'à Athènes. Tant que le nombre de
thèses soutenues est considéré comme un critère important de la productivité des
Écoles, il n'y aura pas de changement radical. La présence de doctorants est en
plus un élément important d'un laboratoire de recherche, et il ne faudrait pas y
renoncer. Vu de l'extérieur on peut se demander si la bonne formule ne serait pas
de réserver le statut (et les privilèges) de 'membre' à des chercheurs ayant soute-
nu leur thèse et de faire venir les doctorants sur des bourses doctorales qui
existent en nombre suffisant dans le système universitaire français. Une présen-
tation générale de l'EFR : Pietri, Charles & Philippe Boutry con la collaborazione
di F. C. Uginet, "La Scuola Francese di Roma", in : Vian, Paolo (a cura di), Spe-
culum Mundi : 215-237 (cf. note 3).
43
Les conditions d'accès aux Écoles d'Athènes et de Rome ne sont d'ailleurs
pas les mêmes : concours pour Athènes, sélection sur dossier pour Rome. Les di-
plômes requis sont l'agrégation et le DEA (diplôme d'études approfondies, après
la première année des études doctorales), ou des qualifications jugées équi-
valentes (par exemple le doctorat, pour Athènes). Ajoutons pour le lecteur étran-
ger que l'importance accordée, dans certaines disciplines, à l'agrégation pour le
recrutement universitaire (notamment en histoire!), donc à un concours de re-
crutement pour l'enseignement secondaire, n'est pas seulement un reflet de la
prédilection française pour des concours nationaux et pour des classements en
toute circonstance, mais aussi le reflet d'un consensus sur le modèle de produc-
tion et de reproduction universitaire. "Dans les disciplines les plus classiques où
l'agrégation est quasi obligatoire, le classement de réputation qu'elle a pu opérer
est en revanche de faible poids par rapport à des atouts scolaires plus rares
comme le passage par les écoles françaises de Rome et d'Athènes..."; Charte
1994 : 198 (cf. note 24).
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 27
une université française et seront ensuite recrutés (en règle générale,
et avec très peu d'exceptions), dans le courant de leur dernière année
athénienne ou romaine, comme maître de conférence dans une uni-
versité ou comme chargé de recherche au CNRS; dans les deux cas
sur un poste à vie. Sans que cela soit dit, il y a pour ceux, qui
viennent d'Athènes ou de Rome, une sorte de priorité naturelle sur
tous les autres candidats dans ces concours (Berufungen). Cette
priorité, certes, n'est pas acceptée partout et rencontre des résis-
tances, notamment quand il s'agit de soutenir des candidats locaux,
ce qui est ensuite considéré par les Écoles comme une dérive du sys-
tème de recrutement.
Résumé intermédiaire
Retenons, pour notre rapide comparaison des configurations
institutionelles, les aspects suivants du système français :
- il s'agit d'un système où, à partir du moment où un étudiant
(qui n'en est pas tout à fait un au sens allemand du terme) réussit le
concours d'entrée à l'ENS et se fixe ensuite l'objectif de faire une
thèse en histoire ancienne ou en philologie classique, grecque ou la-
tine, la formation et le recrutement du futur universitaire sont large-
ment tracés d'avance, surtout s'il obtient après son passage dans une
École normale supérieure une place dans l'École française d'Athènes
ou de Rome. Il s'agit là d'une véritable mise sur orbite qui n'a rien à
envier à la belle Ariane!44 Naturellement, ce parcours idéal n'est ac-
cessible qu'à une partie des futurs professeurs d'université en his-
toire ancienne, plus d'ailleurs en histoire romaine qu'en histoire
grecque45.
- ce système a une tradition centenaire. Prenons à titre
d'exemple les professeurs d'antiquité classique (histoire grecque ou
romaine, littérature grecque ou latine, archéologie, papyrologie) de
la Sorbonne entre 1901 et 1939, donc de l'université la plus presti-
gieuse; y obtenir une chaire est la récompense et la preuve du mé-
rite. 15 titulaires sur 25 ont suivi le parcours ENS Ulm - Athènes ou
Rome. Pour l'autre institution, concurrente et encore plus presti-
gieuse, le Collège de France, dont les professeurs ont souvent ac-
44
Pour le quasi-monopole des 'Athéniens' sur les études classiques voir
Charle 1994 : 201. {cf. note 24). Cf. École Française de Rome, Annuaire des
Membres (1873-1986), EFR Palais Farnèse, 1987.
45
II est difficile de donner des chiffres exacts. Nous connaissons, certes, tous
les 'Romains', et il suffirait de confronter cette liste avec la liste des professeurs et
maîtres de conférence en histoire romaine. Mais l'annuaire de la Société des Pro-
fesseurs d'Histoire Ancienne de l'Université (SOPHAU) n'est pas exhaustif et les
dénominations des chaires universitaires ne sont pas toujours indiquées claire-
ment ou de la même façon.
28 HINNERK BRUHNS
compli des parcours moins 'normalisés'46 les proportions sont dans
la même période de 8 (6 pour le parcours 'complet' ENS Ulm-
Athènes ou Rome, deux sans l'ENS) sur 10; et de 10 sur 13 si on tient
compte des égyptologues qui passent par l'Institut archéologique
oriental du Caire47.
- ce système a une logique interne forte. A partir du moment où
on est sûr de la future réussite, tout est fait pour qu'elle en soit une :
non seulement on procure aux membres des Écoles d'Athènes et de
Rome les meilleures conditions de travail et un excellent encadre-
ment, mais on leur demande beaucoup : des travaux (publications)
individuelles et la participation à des travaux collectifs. Le séjour
n'est sanctionné par aucun diplôme, mais la qualité d'ancien
membre de l'École française de Rome (comme celui d'ancien élève
de telle ou telle grande école) donne, comme nous l'avons vu, une
sorte de priorité pour obtenir un poste universitaire. Et dans les an-
nées où il y avait peu de postes à l'Université et où de fortes résis-
tances locales pouvaient mettre ce privilège en difficulté, on sent,
dans les rapports annuels des directeurs de l'École française de
Rome, la préoccupation forte et constante d'assurer à tout prix que
les membres de l'École soient recrutés sans délai sur un poste uni-
versitaire ou au CNRS et ne risquent pas de devoir prendre le poste
de professeur de lycée qui leur était réservé, mais qui n'aurait pas
constitué la meilleure base pour poursuivre une carrière scientifique
dans de bonnes conditions.
- et ce système a pour conséquence, last but not least, qu'une
bonne partie des professeurs d'histoire ancienne qui enseignent
dans les universités les plus prestigieuses auront passé trois ans au
cours de leur formation scientifique (en moyenne vers l'âge de 24 à
27 ans) à Athènes ou à Rome, sur les lieux de la civilisation qu'ils
étudient.
Par conséquent, une des différences principales entre les sys-
tèmes allemands et français me semble être l'existence en France de
lieux centraux de passage et de formation, et qui peuvent être des
institutions françaises à l'étranger, tandis que l'Allemagne est carac-
46
Cf. Charle 1994 : 431 (cf. note 24).
47
Données biographiques dans Charle, Christophe & Eva Telkes, Les profes-
seurs du Collège de France. Dictionnaire biographique 1901-1939, Paris, 1988. Cf.
aussi Charle, Christophe, Les professeurs de la faculté des lettres de Paris. Diction-
naire biographique 1901-1939, vol. 2, Paris, 1986, et : Charle, Christophe & Régine
Ferré (Actes publiés par). Le personnel de l'enseignement supérieur en France aux
XIXe et XX' siècles. Colloque organisé par l'Institut d'histoire moderne et contempo-
raine et l'École des hautes études en sciences sociales les 25 et 26 juin 1984, Paris,
1985.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 29
térisée par une fragmentation universitaire et l'absence d'institu-
tions föderatives et d'itinéraires institutionnalisés qui amèneraient
les futurs professeurs d'histoire ancienne à accomplir de longs sé-
jours dans les pays issus des civilisations antiques. Le fait qu'une
partie non négligeable de la corporation des historiens français de
Rome (en m ê m e temps que des archéologues, des littéraires et des
historiens d'autres périodes) proviennent des m ê m e s écoles et
passent trois années de leur formation scientifique en Italie, et au
sein du milieu scientifique italien, dans u n établissement français
qui n'est pas simplement u n institut de recherche à l'étranger qui ac-
cueillerait des hôtes scientifiques, mais qui est une 'école' avec des
programmes et des responsables de formation et des projets de re-
cherche collectifs, et qui oblige en plus les historiens à participer
voire à diriger des campagnes de fouilles archéologiques, tout ceci
ne me semble pas du tout indifférent pour la manière dont se consti-
tue et se reproduit un milieu scientifique. Et ceci d'autant plus que
ce système paraît aussi naturel aux chercheurs français que son ab-
sence aux universitaires allemands.
3 - INSTITUTIONS DE RECHERCHE ET DE FORMATION À L'ÉTRANGER
Si la possibilité ou non d'un long séjour romain c o m m e partie
intégrante, au moins idéalement, du cursus d'un historien de la
Rome antique constitue une différence essentielle entre l'Allemagne
et la France, deux questions se posent. Quelle est la nature de l'insti-
tution française à Rome et quelles sont les caractéristiques du séjour
romain? Qu'est-ce qui empêche les antiquisants allemands de béné-
ficier de façon analogue du riche dispositif institutionnel de re-
cherche dont dispose l'Allemagne à Rome?
EFA et EFR
Il n'est naturellement pas question ici de décrire en quelques
lignes les Écoles françaises à l'étranger. Comparées aux institutions
allemandes de recherche à l'étranger (avec leurs infrastructures, per-
sonnels et programmes de recherche) les structures des Écoles fran-
çaises sont originales : elles offrent le cadre d'un institut de re-
cherche (directeur, infrastructure, bibliothèque etc., personnel tech-
nique (peu), programmes de recherche, de fouilles) tout en le faisant
fonctionner avec du personnel recruté en grande partie selon des
critères extérieurs à celui d'un institut de recherche. Les 'membres'
recrutés pour trois ans (Rome) ou quatre ans (Athènes) sont des
chercheurs partiellement formés. En raison du recrutement annuel
(en moyenne sept postes p o u r Rome, dont trois p o u r l'histoire an-
30 HINNERK BRUHNS
cienne au sens large) l'équipe ou les équipes se renouvellent sans
cesse. Le recrutement n'est pas dans la main du directeur ou d'une
commission interne à l'École, mais dans celle d'un comité scienti-
fique extérieur. Certes, l'avis du directeur de l'École a du poids, mais
l'optique prépondérante lors de la sélection est celle de la reproduc-
tion du corps professoral français des disciplines concernées. Il faut
différencier : pour l'École de Rome, cette optique est importante
pour l'histoire ancienne, elle l'est moins pour l'histoire médiévale et
encore moins pour l'histoire moderne et contemporaine. Car pour
ces périodes plus récentes, la proportion des 'farnésiens' par rapport
au nombre total de postes de professeur ou de chercheur est na-
turellement beaucoup plus faible et ne concerne que ceux qui se spé-
cialisent sur l'histoire du bassin méditerranéen.
Avec l'institution des directeurs d'études (depuis le milieu des
années 1970), l'EFR a su renforcer à la fois sa dimension de forma-
tion et celle d'institut de recherche. Les directeurs d'études restent
en général six ans, ce qui est également un temps suffisant pour me-
ner à bien un projet de recherche.
Aujourd'hui la mission de l'EFR est définie ainsi : "(L'École) a
pour mission de développer la recherche et la formation à la re-
cherche sur toutes les civilisations dont l'Italie et Rome ont été le
support ou le centre de rayonnement, de la préhistoire à nos jours.
Elle a en particulier la vocation d'en étudier, où qu'ils se trouvent,
les témoignages documentaires : vestiges, monuments, archives et
bibliothèques. Sa vocation centrale demeurant l'histoire et l'archéo-
logie, elle fait largement appel à toutes les disciplines voisines, de la
philologie aux sciences sociales. Elle assure la diffusion et la publi-
cation de ses recherches"48. Il s'agit là d'un projet de redéfinition des
objectifs, non encore définitivement adopté, qui reflète bien la vo-
lonté de poursuivre l'ouverture de l'école sur le monde moderne,
amorcée largement par G. Vallet à la fin des années 1970.
L'École, dirigé par un directeur dont le mandat est de 6 ans, est
structurée en trois sections : section d'antiquité, section médiévale,
section d'histoire moderne et contemporaine, chacune sous la res-
ponsabilité d'un directeur d'études, nommé pour trois ans renouve-
lables une fois.
Contrairement aux instituts allemand de recherche à Rome,
l'EFR n'a pas de personnel scientifique nommé à vie. Le noyau de
l'École est constitué par les 'membres', recrutés pour trois ans. L'an-
née 1993/94 peut servir comme illustration de l'activité scientifique
48
Rapport 1992/93 : extrait des nouveaux statuts, pas encore définitivement
adoptés en novembre 1994.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 31
de l'École et de la composition du personnel scientifique : neuf
membres dans la section d'antiquité, quatre dans la section médié-
vale et cinq dans la section moderne et contemporaine : à la diversi-
té des sujets de thèse49 s'ajoutent d'autres travaux scientifiques et,
pour les membres de la section d'antiquité des fouilles en Italie, en
Syrie ou en Tunisie. S'y ajoutent naturellement les activités scienti-
fiques du directeur (histoire ancienne) et des trois directeurs d'é-
tudes. L'École a reçu pendant la même année près de 150 boursiers,
dont une trentaine d'étrangers, en général pour un mois. 49 bour-
siers relevaient de la section d'antiquité. Si l'importance d'un tel lieu
de formation et de passage est difficile à mesurer, elle peut difficile-
ment être surestimée50.
49
Section d'antiquité :
- Édition critique des livres 45 à 47 de l'Histoire romaine de Dion Cassius
- Le fonctionnement des bureaux militaires dans l'Empire romain
- Recherches sur l'architecture domestique des classes dirigeantes romaines
des Gracques à Auguste
- Édition commentée des quatres premiers livres des Argonautica de Vale-
rius Flaccus
- Les tombes aristocratiques du Ve s. av J.-C. en Gaule de l'Est
- La pastorale des mourants dans la chrétienté latine
- La légitimité dynastique à l'épreuve des conspirations (44 av. J.-C. - 68
ap. J.C.)
- Recherches sur la circulation des objets en Italie méridionale entre le IXe
et le VI siècle avant J.-C.
- La Vénétie chrétienne au VIe siècle
Section médiévale :
- L'image de la France chez les humanistes de la péninsule
- Les archevêques de Lyon et les archevêques de Vienne, du milieu du XIIe
siècle au milieu du XIVe siècle
- La théorie de la pratique de l'ars dictaminis au Moyen Âge
- Histoire, mémoire et culture chez les chroniqueurs franciscains des XIIIe-
e
XIV siècles
Section d'histoire moderne et contemporaine :
- L'émigration dans l'Appenin toscan (provinces de Lucques et de Massa-
Carrara), 1860-1933
- La France et le concile de Trente, 1518-1563
- Histoire et politique en France et en Italie de 1945 à nos jours : l'exemple
des socialistes
- L'expérience mystique en France et en Italie au XVIIe siècle
- Une théologie politique à l'âge totalitaire, Pie XI (1922-1939)
50
Une enquête sur cette importance serait intéressante et dans un premier
temps relativement facile à mener : les sources existent (les rapports de l'École,
les rapports des membres, des témoignages ... ; voir aussi, pour l'influence du mi-
lieu italien et de l'archéologie : Andreau, Jean & Etienne, Roland, "Vingt ans de
recherches sur l'archaïsme et la modernité des sociétés antiques", REA, 86,1984 :
57-83.
32 HINNERK BRUHNS
Institutions allemandes de recherche en Italie
En dépit de la présence, depuis sa création, de médiévistes à l'É-
cole de Rome et malgré son ouverture progressive sur le monde mo-
derne, c'est le milieu des antiquisants qui considère l'EFR comme
'son' école. Voilà une différence fondamentale d'avec les antiqui-
sants allemands, qui n'ont pas de maison 'à eux' à Rome. Pourtant,
l'Allemagne possède plusieurs instituts de recherche en Italie. A la
différences des 'Écoles' françaises, tous les instituts allemands à l'é-
tranger sont des instituts de recherche qui n'ont pas de véritable
fonction de formation à la recherche. Ceci vient aussi du fait qu'il
n'existe pas de lien organique entre ces instituts et le monde univer-
sitaire. Les universités relèvent de l'autorité des 'Länder', tandis que
les instituts à l'étranger relèvent pour partie du Ministère fédéral de
la recherche, comme les instituts historiques à Paris et à Rome, pour
partie du Ministère fédéral des Affaires Etrangères comme les dé-
pendances de l'Institut archéologique allemand (dont le siège se
trouve à Berlin) à Rome, à Athènes, à Madrid, au Caire, à Istanbul et
ailleurs. Ou encore de la Société Max Planck, comme la Hertziana à
Rome.
Dans le domaine de l'histoire, quatre grands instituts allemands
se trouvent en Italie, dont trois à Rome :
a) L'Institut archéologique allemand à Rome est le successeur
de l'Institut de Correspondance Archéologique51 II fait partie du
'Deutsches Archäologisches Institut' (DAI), dont le siège est à Berlin
et qui dépend depuis 1970 du Ministère fédéral des Affaires Etran-
gères, après avoir été sous la tutelle du Ministère de l'Intérieur. Le
DAI est conçu comme un institut de recherche et est défini par ses
statuts comme une "wissenschaftliche Korporation"52. Son directeur
51
Pour l'histoire de l'institut voir Deichmann 1986 (cf. note 37), Rieche 1979
(cf. note 37) et Wickert, L., Beiträge zur Geschichte des Deutschen Archäologischen
Instituts 1879 bis 1929 (Das Deutsche Archäologische Institut. Geschichte und
Dokumente, vol. 2) 1979. Deichmann F. W. & Th. Kraus, "Zur Geschichte der Ab-
teilung Rom des Deutschen Archäologischen Instituts von 1929-1979", in : Das
Deutsche Archäologische Institut. Geschichte und Dokumente III, Mayence, 1979.
Pour une première information : Andreae, Bernard, "Llstituto Archeologico Ger-
manico di Roma", in : Vian, Paolo (a cura di), Speculum Mundi : 155-179, (cf.
note 3). Pour la 'préhistoire' de l'institut : Michaelis, A, Geschichte des Deutschen
archäologischen Instituts, 1829 - 1879, Berlin, 1879 (édition italienne : Rome.
1879). Pour l'Institut archéologique d'Athènes : Jantzen, U., Einhundert Jahre
Athener Institut 1874-1974, Mayence, 1986.
52
Les statuts de 1972 définissent l'objectif du DAI en ces termes : "Das Deut-
sche Archäologische Institut hat die Aufgabe, Forschungen auf dem Gebiet der
klassischen Archäologie und ihrer Nachbarwissenschaften in den Ländern der
antiken Kultur zu betreiben, die Monumente zu erschließen und die Beziehun-
gen zur internationalen Forschung zu pflegen. Es ist besorgt um die Aufrecht-
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 33
est nommé à vie; le personnel de l'institut comprend actuellement
deux directeurs et 14 collaborateurs scientifques; s'y ajoutent des
postes temporaires sur financement extérieur. L'institut reçoit par
ailleurs chaque année des boursiers; un grand nombre de cher-
cheurs italiens, allemands, français (qui viennent en 3ème position
dans la statistique des lecteurs), et d'autres pays fréquentent sa très
riche bibliothèque.
b) L'Institut historique allemand à Rome (Deutsches Histo-
risches Institut in Rom), le plus ancien des instituts historiques alle-
mands à l'étranger, a été fondé en 1888 comme "königlich-preu-
ßische Historische Station" suite à l'ouverture des archives secrètes
du Vatican par le pape Léon XIII (en 1880/81). Sa mission première
était l'exploitation des sources du Vatican qui concernaient l'histoire
allemande. L'Institut historique accueille aujourd'hui des médié-
vistes, modernistes et contemporanéistes et comporte depuis 1960
un département d'histoire de la musique53.
c) La Bibliotheca Hertziana (Max-Planck-Institut) pour l'his-
toire de l'art et de la civilisation dont les domaines de recherche
concernent les premières périodes chrétiennes, le Moyen Âge et la
Renaissance, mais également une enquête systématique sur l'art et
l'architecture antiques connus à l'époque de la Renaissance. L'insti-
tut a été fondé en 1913 par donation testamentaire (du Palazzo Zucc-
cari et de sa bibliothèque) d'Henriette Hertz à la 'Kaiser-Wilhelm-
Gesellschaft' qui est devenu, après la deuxième guerre mondiale, la
'Max-Planck-Gesellschaft'. Il a aujourd'hui une cinquantaine de sa-
lariés, dont dix chercheur54.
d) L'Institut d'Histoire de l'Art (Kunsthistorisches Institut) à
Florence dépend, comme l'Institut Historique Allemand à Rome, du
erhaltung der Einheit der deutschen archäologischen Wissenschaft im Zusamen-
hang mit der gesamten deutschen Altertumswissenschaft" (Rieche, 1979, cf. note
37).
53
Pour l'histoire de l'institut voir Elze, Reinhard & Arnold Esch, (éd.), Das
Deutsche Historische Institut in Rom 1888-1988, Tübingen, 1990; Holtzmann,
Walter, "Das Deutsche Historische Institut in Rom", (Arbeitsgemeinschaft für
Forschung des Landes Nordrhein-Westfalen, Heft 46) Cologne et Opladen, 1995,
et : Friedensburg, Walter, Das Königlich Preussische Historische Institut in Rom
in den dreizehn ersten Jahren seines Bestehens 1888-1901 (Aus dem Anhang zu den
Abhandlungen der königlich preussischen Akademie der Wissenschaften vom
Jahre 1903), Berlin, 1903. Pour une première information : Elze, Reinhard, "L'Is-
tituto Storico Germanico di Roma", in : Vian, Paolo (a cura di), Speculum Mun-
di : 182-212, (cf. note 3).
54
Metternich, Graf Wolf, "Die Bibliotheca Hertziana und der Palast Zuccari
in Rom" (Arbeitsgemeinschaft für Forschung des Landes Nordrhein-Westtälen. Heft
46) Cologne et Opladen, 1955. On consultera également les rapports d'activité pu-
bliés annuellement par la Max-Planck-Gesellschaft.
34 HINNERK BRUHNS
Ministère fédéral de la Recherche et de la Technologie. Fondé en
1897, il compte aujourd'hui plus de trente collaborateurs, dont plus
de dix participent à des activités de recherche. S'y ajoutent une di-
zaine de boursiers. Ses thèmes de recherche prioritaires concernent
la Renaissance à Florence et dans le Nord de l'Italie, les églises de
Sienne, les autoportraits d'artistes dans les collections des Offices,
mais aussi l'art italien des XIXe et XXe siècles etc. Sa bibliothèque
comprend près de 200 000 volumes, plus de 1200 périodiques vi-
vants et une photothèque de 500 000 clichés.
DM et DHI
Où, dans cette richesse institutionnelle, est la place des histo-
riens de l'antiquité? Nulle part, apparemment. Car tout est prévu
pour accueillir des historiens allemands à Rome, sauf - paradoxale-
ment? - ceux qui font de l'histoire ancienne. Certes, on les accueille
très volontiers à l'Institut archéologique comme hôtes de passage, et
ils pourraient certainement bénéficier davantage de ce riche institut;
les possibilités de financements de séjours de recherche ne
manquent pas, et les instituts archéologiques allemands de Rome et
d'Athènes organisent certains séminaires ou écoles d'été pour des
historiens de l'antiquité. Pendant quelques années, un poste pour un
historien, un épigraphiste, avait été attribué au DAI de Rome à tra-
vers la 'Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik'55. Mais il
est évident que ces opportunités ne signifient pas du tout la même
chose pour une discipline, ou pour une corporation, que de disposer
d'un institut propre ou au moins, à l'intérieur d'un institut plus
large, d'une place définie en termes de postes et de bourses régu-
lièrement attribuées, correspondant à des programmes de re-
cherche. Nous verrons plus loin que le déficit institutionnel de l'his-
toire ancienne en Allemagne est une raison importante de l'absence
d'une coopération systématique avec l'archéologie56.
55
De 1963 à 1990, la 'Kommission' détacha un chercheur (Hans-Georg
Kolbe) comme deuxième directeur au DAI à Rome pour le travail au supplément
du CIL XTV. Un autre historien de l'Antiquité, v. Stylow, fut détaché par la 'Kom-
mission' pour cinq ans au DAI de Madrid, également pour un travail dans le
cadre du CIL.
56
Heuß, Alfred, "Institutionalisierung der Alten Geschichte", in : Horst
Fuhrmann (éd.), Die Kaulbach-Villa als Haus des Historischen Kollegs. Reden und
wissenschaftliche Beiträge zur Eröffnung, Munich, 1989 : 39-71. "Zur Archäologie
bestehen von seiten der Epigraphik erhebliche Berührungspunkte, aber sieht
man von der Ära Henzen-Mommsen in Rom ab, so wurden sie weder zu einer
kontinuierlichen, geschweige denn dann zu einer institutionalisierten Koopera-
tion entwickelt. In anderen Staaten, etwa in Frankreich, war das anders", (p. 67).
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 35
Le constat est donc simple : contrairement aux historiens
français (et à ceux d'autres nations également) les spécialistes alle-
mands d'histoire ancienne ne disposent pas d'une place institu-
tionnelle ni à Rome, ni à Athènes. Quelles en sont les raisons, les
conséquences? Apparemment, et sauf erreur de ma part, les "Alt-
historiker" en tant que corporation n'ont jamais réclamé avec
force ni un institut à Rome, ni une place dans un des instituts
existants. Est-ce parce qu'ils n'en ont jamais ressenti le besoin et
que l'accueil (à titre d'invités) qu'on leur fait au DAI de Rome leur
suffit?57 Ne peut-on pas assurer la formation à la recherche des fu-
turs professeurs pleinement au sein des universités allemandes, et
même mieux qu'on pourrait le faire en Italie? C'est en tout cas ce
que certains médiévistes avaient objecté à la fin du siècle dernier
pour faire échouer un projet qui visait à introduire une dimension
de formation dans le nouvel Institut historique allemand à
Rome58 : une formation aux techniques historiques, basée sur l'uti-
lisation du matériel archivistique du Vatican. Est-ce que les anti-
quisants auraient argumenté de la même façon? Il peut paraître
oisif de spéculer sur les raisons de cette absence des antiquisants
allemands de l'Italie. Toujours est-il que la relative (!) faiblesse des
dimensions géographique, archéologique et topographique dans la
production allemande en histoire romaine n'est pas corrigée par le
contact régulier avec le pays, par une confrontation quotidienne
avec les vestiges visuels et par une fréquentation intensive des mi-
lieux de recherche italiens qui tiennent largement compte de ces
dimensions. Et il me semble que le peu d'intérêt pour ces dimen-
sions est en même temps un des facteurs du non-intérêt pour une
présence en Italie59.
57
Le DAI en tant qu'association compte naturellement de nombreux histo-
riens parmi ses membres, ainsi que beaucoup d'étrangers, comme le montre le
Mitgliederverzeichnis.
58
Friedensburg 1903 : 26 (cf. note 53) : "Kann der Archäologe die für sein
Studium erforderliche Anschauung natürlich nur auf classischem Boden gewin-
nen, so hat der Historiker daheim in den historischen Seminarien volle Gelegen-
heit, sich die Methoden seiner Wissenschaft anzueignen". Avant la première
guerre mondiale, son directeur Paul Kehr avait insisté sur la dimension forma-
trice de l'institut qui devait être : " ...zugleich auch eine Art von Fortbildungs-
institut in höherem Sinne ..., an dem die Mitglieder, lernend und forschend, sich
auf ihre spätere akademische Lehrtätigkeit vorbereiten...". Passer d'une logique
de recherche à une logique de formation à la recherche, qui dépasse des initia-
tives utiles mais limitées comme les stages d'épigraphie organisés par le DAI, de-
mande une volonté politique et des moyens importants. L'EFR est d'ailleurs
mieux armée pour assumer cette fonction de formation que ne l'est l'EFA.
59
Est-ce un hasard ou uniquement dû à son caractère peu commode que Be-
loch a eu si peu d'importance dans l'historiographie allemande?
36 HINNERK BRUHNS
Mais n'y a-t-il jamais eu une tentative de créer une place pour
les historiens de l'antiquité à Rome? Passer d'une idée et d'une vo-
lonté à la création d'un institut de recherche à l'étranger est encore
un long chemin, et les moments propices à de telles entreprises sont
rares. Aujourd'hui, l'idée de créer un institut, allemand ou européen,
d'histoire ancienne à l'étranger, n'aurait pas la moindre chance de se
voir réalisée. Après la deuxième guerre mondiale, quand les instituts
allemands à Rome ont été recréés ou réouverts, on aurait peut-être
pu penser à y créer une petite place pour l'histoire ancienne. Mais la
discipline était affaiblie, sans véritable renouveau60; et les priorités
politiques en ce qui concerne l'histoire, se portèrent naturellement
sur les époques modernes61. Ce qui nous ramène donc à la période
de la création des instituts romains, et on peut imaginer que l'autori-
té d'un Mommsen, d'un Eduard Meyer aurait pu faire avancer un
projet s'il avait existé. Mommsen lui-même avait d'ailleurs de l'Insti-
tut de Correspondance Archéologique une idée très proche de ce
qu'allait être plus tard l'École française : "... aber das weiß man
wohl nicht so allgemein, daß die Anstalt als eine Art Oberuniversität
wirkt, indem sie den jüngeren Reisenden die Möglichkeit gibt, ein
gewisses Studier- mit dem Reiseleben zu vereinigen, zugleich zu ler-
nen und zu lehren, die Lücken der Anschauung und des Wissens in
einer ganz anderen und solideren Weise auszufüllen, als es ohne ei-
nen solchen Mittelpunkt möglich wäre. Die Richtung und großen-
teils das Material meiner Studien verdanke ich zum sehr wesentli-
chen Teil dem Institut ..."62. Mais c'était en 1856!
A l'époque de Mommsen, l'Institut de Correspondance Archéo-
logique fut considéré comme une maison ouverte aux historiens.
Quand il a été repris d'abord par la Prusse et transformé ensuite en
un institut de l'Empire allemand, les choses ont pris un autre cours.
Curieusement, d'ailleurs, une constellation qui aurait pu être favo-
rable à l'histoire ancienne semble avoir existé quand des historiens
60
Bichler, Reinhold, "Neuorientierung in der Alten Geschichte?", in : Schu-
lin, E. (éd.), Deutsche Geschichtswissenschaft nach dem Zweiten Weltkrieg, (1945-
1965), Munich, 1989 : 63-86, analyse le renouvellement du personnel enseignant
après 1945 et constate "daß bis tief in die 60er Jahre die althistorische Lehre von
jenen Persönlichkeiten dominiert wurde, die sich bereits vor 1945 habilitiert hat-
ten und vielfach bereits damals auf Lehrstühlen gewirkt hatten" (p. 71). Cf. égale-
ment Alföldy, Géza, "Die Alte Geschichte und die Erforschung des Historischen",
in : Alföldy, G., Die römische Geseilschaft. Ausgewählte Beiträge, Stuttgart, 1986 :
12-39.
61
L'histoire médiévale en profitait tout naturellement, puisque dans l'Univer-
sité allemande il n'y avait pas de coupure institutionnelle entre l'histoire médié-
vale et moderne.
62
Lettre du 25 septembre 1856, citée dans Wickert 1979 :128 sq. (cf. note 51).
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 37
et des administrations à Berlin envisageaient la réunion de l'Institut
archéologique allemand et de l'Institut historique allemand à Rome.
C'est dans les années qui suivirent la fondation de l'Institut histo-
rique à Rome, que cette idée fut avancée de temps à autre tant à Ber-
lin qu'à Rome, "sauf chez les archéologues"63.
Et c'est le modèle de l'École française de Rome qui fut cité
comme argument pour une réunion de l'archéologie et de l'histoire.
D'abord dans une expertise de l'Académie des Sciences au sujet d'un
mémorandum de v. Sybel, Waitz, Wattenbach et Weizsäcker de
188364. Ensuite dans un article de l'historien Karl Benrath, profes-
seur pour l'histoire de l'Église à Bonn, dans la Kölnische Zeitung du
15 mars 1886, qui proposait d'élargir "die in Rom bestehende
deutsch-archäologische Reichsanstalt zu einem archäologisch-histo-
rischen Institut (nach dem Muster der École française de Rome)"65.
A Rome, le Premier Secrétaire de la 'station historique', Konrad
Schottmöller, et Kurt v. Schlözer, ambassadeur de la Prusse auprès
du Vatican, poursuivirent ce projet et obtinrent même le soutien de
Bismarck, qui se déclara prêt à fusionner les deux instituts dans le
budget de l'Empire. La seule chose qui ait été réalisée fut l'ad-
ministration commune des deux instituts à Berlin, mais sans in-
cidence sur le travail à Rome. En 1966, cette administration
commune a été abolie, les deux instituts ayant été placés sous la tu-
telle de deux ministères différents.
Il me semble que la réunion de l'archéologie et de l'histoire au-
rait fini par faire entrer pleinement l'histoire ancienne dans un tel
institut. L'absence ou l'existence d'un dispositif d'accueil, de re-
cherche et de formation à Rome n'est, bien sûr, qu'un élément parmi
d'autres qui différencient les systèmes allemand et français en his-
toire ancienne. J'ai insisté sur ce point puisqu'il caractérise non seu-
lement deux conceptions de la formation des jeunes chercheurs,
mais parce que l'ancien membre de l'École française à Rome garde
pendant toute sa carrière ultérieure, comme le dit clairement cette
63
Elze, Reinhard, "Das Deutsche Historische Institut in Rom 1888-1988",
in : Elze, Reinhard & Arnold Esch, (éd.), Das Deutsche Historische Institut in
Rom 1888-1988, (cf. note 53) : p. 5, note 17 : "Der Gedanke an eine Vereinigung
der Institute (i.e. DAI et DHI) tauchte in der Folgezeit (i.e. nach der Gründung
des DHI 1888) in Berlin (bei den Behörden) und in Rom (außer bei den Archäolo-
gen) immer wieder auf." cf. Heuß 1989 : 67 (cf. note 56) qui constate avec raison,
qu'en Allemagne la création d'un institut de recherche propre en histoire an-
cienne n'avait de chance qu'avant 1914.
64
"Auch die École française verbindet mit den ihr zunächst abliegenden Stu-
dien des Alterthums mittelalterliche Forschungen" (Friedensburg 1903 : 21, cf.
note 53).
65
Friedensburg 1903 : 24 (cf. note 53).
38 HINNERK BRUHNS
désignation, une identité romaine supplémentaire et continue à uti-
liser, de temps à autre ou même régulièrement l'École comme lieu
de recherche et de rencontres scientifiques. Cette identité romaine
est, me semble-t-il, beaucoup moins développée chez les historiens
allemands de la Rome antique.
Remarques sur l'institutionnalisation de l'histoire ancienne en
Allemagne
L'absence d'institutions de recherche à Rome ou à Athènes n'est
évidemment pas sans rapport avec l'institutionnalisation de l'his-
toire ancienne en Allemagne même. La vision habituelle de ce pro-
cessus est celle d'une émancipation de l'histoire par rapport à la phi-
lologie classique66. A. Heuß a récemment montré que c'est une vision
erronée et que l'historicisation la plus radicale de la philologie avait
été entreprise dès 1817 par A. Boeck {Staatshaushalt der Athener),
mais que ce ne fut qu'une hirondelle que ne suivit aucun printemps
au sein de la philologie67. A côté de l'enseignement, l'institu-
tionnalisation de l'histoire concernait surtout la recherche et
l'inventaire des sources. Heuß constate qu'au sein de l'Alter-
tumswissenschaft, l'histoire ancienne n'a joué aucun rôle dans
ces efforts et qu'elle n'a pris la direction du moindre projet de re-
cherche dans ce contexte. Elle n'est devenue une discipline auto-
nome qu'au niveau des enseignements universitaires et manque
complètement d'appareils de recherche qui lui seraient particuliers
("Das Fehlen eigener (d.h. speziell ihr zugeordneter) Forschungs-
vorrichtungen ...". p. 61). L'autonomisation de l'histoire ancienne
était un renoncement à l'appartenance à l'unité 'ideelle' de l'histoire.
"Der Verzicht beruhte dann weniger auf der Abneigung gegen die
Symbiose als auf dem Mangel eines positiven Bedürfnisses, sie auf-
recht zu erhalten". Devenue une discipline de I'Altertumswissen-
schaft, l'histoire ancienne n'était pas maîtresse de ses sources et de
ses corpus, largement entre les mains de l'historiographie classique,
de l'épigraphie et de la papyrologie. Ces trois disciplines sont carac-
66
Voir surtout Flashar, Hellmut, "Zur Situation der klassischen Philologie",
in : H. Flashar (éd.), Geisteswissenschaften ab Aufgabe (cf. note 28) : 113-122 et
Muhlack, Ulrich, "Zum Verhältnis von klassischer Philologie und Geschichtswis-
senschaft im 19. Jahrhundert", in : Hellmuth Flashar, Karlfried Gründer & Axel
Horstmann (éds.), Philologie und Hermeneutik im 19. Jahrhundert. Zur Geschichte
und Methodologie der Geisteswissenschaften, Göttingen, 1979 : 225-239.
67
Heuß 1989 : 56 (cf. note 56) : "... nur eine Schwalbe, auf die innerhalb der
Philologie eigentlich nie ein Frühling folgte", cf. également Bleicken, Jochen,
"Die Herausbildung der Alten Geschichte in Göttingen : Von Heyne bis Busolt",
in : Carl Joachim Classen (éd.), Die klassische Altertumswissenschaft an der
Georg-August-Universität Göttingen. Eine Ringvorlesung zu ihrer Geschichte, Göt-
tingen, 1989 (= Göttinger Universitätsschriften, Serie A Bd. 14) : 98-127.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 39
térisées, en Allemagne, p a r u n déficit total d'institutionnalisation
spécifique ("das völlige Defizit a n spezifischer Institutionalisie-
rung"). "Was in ihrem R a h m e n geschah, war ganz personengebun-
den, a n bestimmte Gelehrte u n d ihre zeitweilige Wirkungsstätte.
Diese bestand beinahe ausschließlich in der Universität" (p. 66).
Heuß constate avec raison l'absence d'institutions publiques qui réu-
niraient en u n lieu central l'enseignement et la recherche 6 8 .
La faiblesse institutionnelle de l'histoire ancienne en Allemagne
est aussi une conséquence de son m a n q u e d'identité, c o m m e nous
verrons plus loin.
4 - FRAGMENTATION ET STRUCTURATION D E LA RECHERCHE
EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE
Quand en Allemagne des historiens de l'antiquité dressent u n bi-
lan de leur discipline, ils constatent, en le regrettant, que la re-
cherche en histoire ancienne est fragmentée, qu'il n'y a pas ou peu
de ce qu'on appellerait en France des 'projets fédérateurs d'équipe' 69 .
La décentralisation allemande, la relative aisance financière des
Universités, l'absence d'institutions centrales 7 0 ou de lieux centraux
de passage, l'absence m ê m e , en histoire ancienne, d'équipes de re-
68
II cite comme exemples étrangers l'Institute for Advanced Studies (Prince-
ton) et l'École Normale Supérieure de la rue d'Ulm; il n'est pas besoin de dire que
le cas français est plus complexe et que la comparaison mériterait d'être apppro-
fondie.
69
Alföldy, Géza, "Beobachtungen zur Lage der Althistorie in der Bundes-
republik", in : Flashar, H. (éd.), Geisteswissenschaften als Aufgabe (Cf. note 28) :
194-203, souligne l'absence de commmunication à l'intérieur de la discipline et,
contrairement à l'archéologie, le manque de projets de recherche coordonnés et
d'équipes de recherche. Cf. Karl Christ, Römische Geschichte und deutsche Ges-
chichtswissenschaft, Munich, 1982 qui constate une "Multiplikation individueller
Forschungsansätze" et une "starke Zersplitterung der Forschung" (p. 264).
70
La Kommission für Alte Geschichte und Epigraphik est le seul organe cen-
tral de l'histoire ancienne, mais elle n'a pas su ou voulu assumer un rôle de coor-
dination, cf. Alföldy, 1978 : 202 (cf. note 69), Meier, Christian, "Vor neuen He-
rausforderungen und Möglichkeiten althistorischer Forschung", in : Ch. Schnei-
der ed., Forschung in der Bundesrepublik Deutschland. Beispiele, Kritik,
Vorschläge, 1983. Meier souligne le manque de bourses doctorales, le déficit de
séminaires de recherche et regrette, "daß wir in Deutschland keine Stelle haben,
an der sich - wie etwa in Paris - die am meisten befähigten Studenten sammeln,
einander anregen und sich an einander messen können. In diesem Kreis könnte
gemeinsam (c'est moi qui souligne, H.B.) ein gut Teil Forschungsarbeit geleistet
werden, der sonst bei der außerordentlichen Beanspruchung leicht auf der Strec-
ke bleibt. Es gibt auch - meiner Beobachtung nach - viel zu wenig Verständnis
bei den Kultusministern für die Bedeutung der Forschung, zumal der anspruchs-
vollen Forschung. Die Bundesrepublik hält in diesem Punkt gar keinen Vergleich
mit Frankreich, mit den Vereinigten Staaten, auch mit England aus" (p. 46).
40 HINNERK BRUHNS
cherche, tous ces facteurs favorisent naturellement une tendance à
l'isolement et à la fragmentation, renforcée d'ailleurs parfois par un
amalgame malheureux avec une notion mal comprise de recherche
individuelle. Pourtant, de grands projets collectifs ou d'équipe
existent ou ont été menés en histoire romaine en Allemagne71. Il suf-
fit de mentionner les recherches de l'Académie des sciences de
Mayence, dirigées par J. Vogt, sur l'esclavage, ceux de J. Straub et A.
Alföldi sur l'Historia Augusta, ou les travaux de F. Vittinghoff et de
ses collaborateurs sur l'urbanisation des provinces de l'empire ro-
main72. Mais ce sont des exceptions. On pourrait objecter que la di-
rection de plusieurs thèses par un professeur s'assimile à une sorte
d'équipe de recherche, et qu'en France l'association d'équipes uni-
versitaires au CNRS ne constitue souvent qu'un palliatif à la fai-
blesse das universités en moyens infrastructurels et à l'absence d'un
système de financement de la recherche universitaire en France, tel
que le connaît l'Allemagne avec la DFG et les fondations privées.
En France non plus la recherche n'est pas organisée aujourd'hui
comme une véritable entreprise à la Mommsen. La différence avec
l'Allemagne n'est que graduelle. Mais l'existence d'instances cen-
trales qui considèrent la structuration du milieu comme une de
leurs tâches essentielles et qui doivent périodiquement légitimer
l'existence d'une recherche extra-universitaire dans les sciences hu-
maines, introduit des éléments qui manquent en Allemagne. Nous
avions vu qu'un universitaire français fait souvent partie d'une
équipe de recherche du CNRS, soit d'une unité de recherche asso-
ciée (URA), soit d'une unité mixte de recherche (UMR)73. Obtenir la
création d'une équipe de recherche reconnue par le CNRS (ou, de-
puis peu, d'une équipe universitaire) est d'ailleurs l'ambition de
beaucoup de professeurs. Car ils obtiennent ainsi des moyens de tra-
vail (budget et collaborateurs) et une reconnaissance qu'un profes-
seur allemand obtient généralement par l'appel sur une chaire bien
équipée dans une université prestigieuse. En histoire romaine, l'é-
quipe de recherche la plus importante est consacrée au "Fonction-
nement des systèmes politiques et sociaux du monde romain et hel-
lénistiques" (URA 1979). Fondée en 1978 par Claude Nicolet, elle
réunit aujourd'hui quatre chercheurs du CNRS et une vingtaine
d'enseignants de plusieurs universités parisiennes, et également de
71
Cf. Christ 1982 : 264 sq {cf. note 69).
72
Commentaire à la fois critique ("sachlich-neutralistische Forschungs-
welle") et admiratif ("es war wieder eine Zeit des Blühens und Gedeihens") chez
Bichler 1989 : 81 (cf. note 60).
73
Dans l'ensemble des sciences sociales et humaines environ 4000 universi-
taires sont rattachés à une unité de recherche du CNRS.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 41
province et de l'étranger, autour d'une dizaine de programmes de re-
cherche. Une équipe comme celle de Besançon (URA 338) qui tra-
vaille sur "Identité, différences, intégration dans les sociétés an-
ciennes", s'apparente plus à ce que serait dans le système allemand
un projet de recherche à long terme, tandis que le Centre Pierre Pa-
ris à Bordeaux (URA 991) "Centre de recherche sur l'histoire an-
cienne et l'archéologie du monde occidental romain") ou également
le "Groupe de recherche d'histoire romaine" à Strasbourg (URA
988), pour ne prendre que deux exemples, se distinguent fortement
d'une configuration institutionnelle dans une université allemande
par le fait qu'ils réunissent, comme beaucoup de centres en France,
des historiens et des archéologues.
A la différence de leurs collègues français regroupées dans la
SOPHAU74 , les historiens de l'antiquité, en Allemagne, n'ont pas de
représentation corporative propre mais font partie du 'Verband der
Historiker Deutschlands', pour lequel il n'y a> pas d'analogie en
France. Dans les universités allemandes, par contre, les antiquisants
se retrouvent soit dans des instituts "für Altertumskunde" avec les
philologues, soit avec les autres historiens dans des départements
d'histoire, et la question de leur identité historienne ou antiquisante
n'est pas clairement décidée pour tout le monde75. Ni la 'Mommsen-
gesellschaft', dominée par les philologues, ni la 'Kommission für
Alte Geschichte und Epigraphik' n'ont su ou voulu assumer les fonc-
tions d'une représentation corporatiste pour l'histoire ancienne76.
Créée en 1951 sous la forme d'une association de droit privé, la
'Kommission', localisée à Munich, fut rattachée en 1967 au DAI, de-
venant ainsi l'antenne d'un institut fédéral sous la tutelle du Minis-
tère des Affaires Étrangères77. Elle dispose actuellement de deux di-
74
'Société des Professeurs d'Histoire Ancienne de l'Université'. Les cher-
cheurs du CNRS et d'autres institutions extra-universitaires en font partie
comme membres associés. Ses buts sont définis ainsi : créer des liens entre les
professeurs d'Histoire Ancienne des Universités françaises; favoriser le déve-
loppement des études d'Histoire Ancienne; encourager la recherche dans ce do-
maine sur le plan national et international.
75
Meier 1983 : 41 (cf. note 70) propose "... die Alte Geschichte ausdrücklich
in Beziehung zu setzen zu anderen Teilen der Weltgeschichte, besonders zur Ge-
genwart". Pour J. Bleicken 1989 : 126, l'accès à l'histoire ancienne passe par la
philologie, et l'Antiquité est pour lui "auch im Bewußtsein der heutigen Gesell-
schaft eine in sich geschlossene Epoche ...", et les philologues sont pour lui le pu-
blic naturel de l'historien de l'Antiquité. Cf. Chr. Meier à propos de Bleicken, cité
chez Bichler 1989 : 79, note 39 (cf. note 60).
76
Cf. supra note 70.
77
Cf. Buchner, E., "25 Jahre Kommission für Alte Geschichte und Epi-
graphik", Chiron, 6, 1976 : VII-VIII. Ses statuts ont été publiés dans Chiron, 14,
1984 : 380-383.
42 HINNERK BRUHNS
recteurs scientifiques et de sept collaborateurs scientifiques (dont
quatre titulaires), de bourses pour déjeunes chercheurs, d'une revue
(Chiron) et d'une série de publications {Vestigia), d'une biblio-
thèque....
Sur un autre plan, la comparaison franco-allemande va dans le
même sens. Les experts élus de la DFG (élus par la communauté
scientifique, mais pas comme en France sur des listes syndicales) et
la 'Fachgruppe Alte Geschichte' de la DFG bénéficient d'une légiti-
mité largement reconnue qui fait que les décisions de la DFG en ma-
tière de financement de la recherche sont acceptées par la commu-
nauté scientifique. Ajoutons pour le lecteur français que la re-
connaissance de ce rôle d'un organisme de droit privé attribuant
l'argent public repose non seulement sur le fait que l'Université s'or-
ganise ici pour elle-même et pour minimaliser l'ingérence politique,
mais également sur le fait que la DFG, bien que 'institution natio-
nale' n'exerce aucunement un monopole de droit ou de fait sur le fi-
nancement de la recherche scientifique. Ce pluralisme réduit les
conflits et renforce ainsi la légitimité.
Mais ces institutions allemandes n'ont aucune fonction régula-
trice comme l'a (modestement) le CNRS à travers le Comité Natio-
nal et les départements scientifiques en matière de création et de flé-
chage de postes, de recrutement de chercheurs ou de création ou de
suppression d'équipes de recherche. De ce fait, le rapport affectif,
conflictuel ou non, qu'un chercheur ou un enseignant-chercheur
français peut avoir avec 'ses' institutions centrales, que ce soit le
CNRS et la section concernée du Comité National de la Recherche
Scientifique78, l e ' Ministère, ou sur un tout autre plan l'École Fran-
çaise de Rome, ou encore le CNU79, est quelque chose de largement
inconnu et difficilement imaginable dans le système allemand, dé-
centralisé, fragmenté, pluraliste.
Sans entrer dans le détail, on peut dire que dans une perspective
comparative l'articulation entre l'Université et le CNRS, tant au ni-
veau du Comité National qu'au niveau des unités de recherches et
dans une certaine mesure au niveau de la carrière des chercheurs, et
l'articulation également avec des grands établissements comme les
Écoles Françaises à Athènes et à Rome, donne à la recherche fran-
78
Instance d'évaluation scientifique auprès du CNRS, divisée en 42 sections.
Chaque section comporte 14 membres élus, 7 membres nommés. L'histoire an-
cienne relève de la section 32 : "Mondes anciens et médiévaux". Les sections
fonctionnent pour le recrutement au CNRS comme des 'Berufungskommissio-
nen'.
79
CNU = Comité National des Universités, qui joue un rôle important dans le
recrutement des enseignants à l'Université.
LES INSTITUTIONS ET LES RÉSEAUX 43
çaise un caractère plus structuré et des incitations plus fortes à dé-
velopper des projets d'équipe. Par ailleurs, les particularités du sys-
tème de financement de la recherche en France incitent ou obligent
souvent les enseignants et chercheurs à définir leurs projets de re-
cherche en termes d'équipes, de réseaux ou de programmes qui
puissent correspondre aux différents types de structures suscep-
tibles d'être soutenus par le CNRS ou par le Ministère de tutelle.
5 - CONCLUSION
Les différences institutionnelles qui distinguent la pratique de
l'histoire ancienne, romaine, en France et en Allemagne, sont in-
téressantes en elles-même. Elles se rattachent à une histoire des ins-
titutions scientifiques et des disciplines et font partie de deux sys-
tèmes d'enseignement et de recherche, souvent opposés, qui les dé-
terminent largement. Au niveau des cas individuels, la signification
de ces différences peut être très grande ou au contraire se réduire à
zéro. Il y a bien d'autres facteurs qui peuvent expliquer le fa-
çonnement particulier d'une œuvre scientifique. Il en est autrement
quand on tend à mettre en relation les structures institutionnelles
avec certaines tendances générales d'une discipline scientifique. Ain-
si, la proximité plus grande, en France, des archéologues et histo-
riens, et la forte séparation entre les deux disciplines en Allemagne,
peut être décrite en termes de tendances ou de généalogies intellec-
tuelles. Nous avons peu l'habitude de nous poser la question, de
quelle manière et à quel degré l'évolution comparée de deux disci-
plines dans deux pays est infléchie, renforcée, affaiblie par des pro-
cessus différents d'institutionnalisation, par l'influence que peut
exercer - à la longue - une configuration originale comme l'École
Française de Rome sur les biographies scientifiques. On peut vou-
loir expliquer la présence plus forte, en France, de l'histoire écono-
mique, de l'archéologie, de la topographie etc. par les tendances gé-
nérales de l'historiographie française et par l'importance du mar-
xisme pour les intellectuels français. On risquerait de rester enfermé
dans un schéma connu et trop commode. La question serait de sa-
voir, de quelle façon des tendances générales d'une historiographie
nationale se traduisent concrètement dans des travaux, par exemple,
d'histoire romaine, et quel rôle y joue l'organisation des études et de
la recherche. L'histoire des institutions scientifiques et, dans un cas
comme celui des études romaines qui nous a intéressé ici, le disposi-
tif d'institutions de recherche et de formation en Italie même de-
vraient être plus présents dans l'histoire de notre discipline qu'ils ne
l'ont été jusqu'à maintenant.
Hinnerk BRUHNS
JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE
ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER VOR UND
WÄHREND DES ERSTEN WELTKRIEGES *
Nationale Tugenden wie nationale Fehler sind im ein-
zelnen Fall doch immer Tugenden und Fehler des Indivi-
duums.
(Theodor Mommsen)
Mes présuppositions me conduiraient plutôt dans le
sens d'une conviction de la valeur suréminente de
l'homme, et par conséquent de son invincibilité. Mais l'ob-
servation des faits me montre au contraire un homme ter-
riblement malléable, incertain de lui-même, prêt à subir et
à suivre toutes suggestions, flottant à tous vents de doc-
trine.
(Jacques Ellul, Propagandes)
Als im Herbst 1869 der Suezkanal eröffnet wurde, hatte der Khe-
dive auch die Vertreter der Wissenschaft eingeladen, unter ihnen
den Genfer Ägyptologen Edouard Naville. Dieser berichtete a m 17.
November 1869 im Feuilleton des 'Journal de Genève' :
"Nous nous sommes embarqués sur quatre vapeurs qui remor-
quent trois dahabiehs. Sur le plus grand est la société française : les
membres de l'Institut, les savants et les journalistes. Je n'en cite qu'un
qui me parle souvent de Genève, c'est M. Charles Blanc ... Le bateau
le plus rapide c'est le nôtre, c'est-à-dire celui des Allemands"1.
Naville hatte sich seines Lehrers, des Berliner Ägyptologen Ri-
chard Lepsius wegen der deutschen Gruppe angeschlossen. Nun
mußte er sich von Charles Blanc vorhalten lassen "d'aller avec ces
* Für freundlich gewährte Hilfe danke ich dem Deutschen Archäologischen
Institut/Berlin sowie dem Deutschen Historischen Institut/Paris; für Anregungen
den Teilnehmerinnen und Teilnehmern an den Übungen des Sommersemesters
1993 und des Wintersemesters 1993/94.
1
Zitiert nach D. van Berchem, L'égyptologue genevois Edouard Naville. An-
nées d'études et premiers voyages en Egypte 1862-1870, Genf 1989, 146.
46 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
mâcheurs de cailloux", wozu er freilich in seinem Tagebuch an-
merkte : "Je me trouve très bien, à condition de mâcher aussi toute
la journée" 2 . Konnte er auch nicht in zwei Booten gleichzeitig prä-
sent sein, so wußte er als Schweizer den Abgrund persönlich da-
durch zu überbrücken, daß er in Luxor für die Franzosen den Cice-
rone spielte...3.
II
Was auf dem Nil immerhin noch nebeneinander schwamm, ge-
riet bald darauf auf Kollisionskurs. Der deutsch-französische Krieg
von 1870/71 hat auch darin Epoche gemacht, daß erstmals Vertreter
der Wissenschaft auf beiden Seiten an, oder besser : gegeneinander
schrieben. Zu nennen sind hier die offenen Briefe, die zwischen Da-
vid Friedrich Strauß und Ernest Renan gewechselt wurden 4 . Großes
Aufsehen erregten aber vor allem Theodor Mommsens drei Send-
schreiben 'Agli Italiani' vom August 18705.
Mommsen hatte zahlreiche wissenschaftliche Verbindungen mit
französischen Gelehrten, auch mit Kaiser Napoleon III. Seit dem
Jahre 1860 war er Korrespondierendes Mitglied der Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres. Nun versuchte er in temperamentvol-
len Ausführungen, die Italiener vom Eintritt in den Krieg auf der
Seite Frankreichs abzuhalten. Den Krieg selbst bedauert er :
"La buona amicizia fra le due grandi nazioni poteva diventare la
salvaguardia dell'Europa; e quantunque improbabile paresse la spe-
ranza di scansare cosi la catastrofe, Dio lo sa, che io nella mia ristret-
ta sfera per quanto potevo ho cercato di contribuirvi, e che l'ho fatto
con sincero rispetto per le grandi ed amabili qualità délia nazione
francese, per non parlare de' molti e cari amici, che vi ho trovati io".
Aber dann spart er doch nicht mit Seitenhieben : "La coltura
brillante e superficiale de Francesi alletta le teste leggiere e gli spiriti
di poca profondità", spricht von "la fierezza de' migliori, la vanità
2
D. van Berchem (Anm. 1), 104.
3
D. van Berchem (Anm. 1), 106; zur Haltung Navüles im Ersten Weltkrieg s.
J. v. Ungern-Sternberg, "Ein Historiker am Scheideweg. Eduard Meyer im
Herbst 1914", in : Festschr. M. Mattmülkr, Basel 1992, 224.
4
Hierzu wie zum Folgenden : M. Völkel, "Geschichte als Vergeltung. Zur
Grundlegung des Revanchegedankens in der deutsch-französischen Historiker-
diskussion von 1870/71", Hist. Zeitschr. 257, 1993, 63 ff.
5
Die ersten beiden erschienen in italienischen Zeitungen; alle drei als Bro-
schüre am 30. August 1870 in Berlin; s. dazu L. Wickert, Theodor Mommsen. Eine
Biographie, Bd. IV. Größe und Grenzen, Frankfurt/M 1980, 170 ff.; der Text nun
auch bei G. Liberati, "Theodor Mommsen, Lettere agli Italiani (1870)", Quaderni
di storia Jg. 2, Nr. 4, 1976, 197 ff.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 47
de' molti", versichert : "No, ne ieri giudicammo, ne oggi giudichia-
mo la nazione di Molière e di Voltaire, di Courier e di Musset, dai
gamins de Paris, ..." und fragt die Italiener : "Siamo noi che abbia-
mo introdotto in un popolo di antica e garbata civiltà quella lettera-
tura lorda corne le acque della Senna di Parigi che guasta i cuori dél-
ia gioventù e introduce nella stessa istituzione délie classi agiate un
veleno di perfida corruzione?"
Mit dem Vergleich eines Frankreichs des Geistes von einst mit
dem herabgekommenen, sittenlosen von heute bedient sich Momm-
sen eines Schemas, das damals in Frankreich selbst in Blick auf
Deutschland längst gang und gäbe war, nur daß man hier Preußen
und den Militarismus als Gegenbild hatte 6 . Die Empörung französi-
scherseits aber war groß und sie wurde noch dadurch gesteigert, daß
Mommsen im dritten Sendschreiben das Elsaß und das deutsch-
sprachige Lothringen 'zurückforderte' : "Vogliamo non la conquista,
ma la rivendicazione, vogliamo il nostro, non più, non meno" 7 .
Der homo politicus Mommsen hat sich häufig genug (allzu) tem-
peramentvoll geäußert : über die Tschechen ebenso wie über Bis-
marck und nicht zuletzt, vielleicht sogar am schärfsten, über seine
deutschen Landsleute8 . Bemerkenswert ist zudem, daß er die Bro-
schüre verschiedenen Pariser Kollegen privat zugesandt hat. Schon
am 13. März 1871 versuchte er mit einem Brief an Ernest Renan ein-
zulenken9 und in der Praefatio zum ersten Faszikel des dritten Ban-
des des Corpus Inscriptionum Latinarum äußerte er sich 1873 pro-
grammatisch zur internationalen Zusammenarbeit der Wissen-
schaft, um damit zu schließen, daß er leider nicht allen namentlich
danke könne :
"Nam ne id quidem hodie ita fieri potest, ut mihi proposueram,
postquam orbe terrarum interim convulso nationibusque divulsis ple-
rique eorum, quorum munificentia et amicitia prima potissimum
huius syllogae pars nitet, ex amicis hostes facti sunt, ex hostibus ini-
mici. Nee satis scio, quos eorum iam paeniteat beneficiorum ante ea
6
B. Gödde-Baumanns, "L'idée des deux Allemagnes dans l'historiographie
française des années 1871-1914", Francia 12,1984, 609 ff.; J. Mieck, "Das Preußen-
bild der Franzosen zwischen 1815 und 1870", in : M. Grunewald - J. Schlobach
(Hrsg.), Médiations. Aspects des relations franco-allemandes du XVIIe siècle à nos
jours, Bd. 1, Bern 1992, 281 ff.
7
Beachtung verdient, daß Mommsen hinsichtlich Metz "essendo città tedes-
ca una volta si, ora perö francese" große Bedenken hatte : "lo almeno lascierô
queste considerazioni agli arbitri de' destini délie due nazioni".
8
Es genügt der Verweis auf die berühmte 'Testamentsklausel' vom 2. Sep-
tember 1899; abgedruckt bei L. Wickert, Mommsen IV (Anm. 5), 77 f.; s. auch A.
Heuß, Gnomon 56, 1984, 633.
9
L. Wickert, Mommsen IV (Anm. 5), 157 ff.
48 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
tempora in exterum hominem collatorum, neque eorum nomina po-
nere audeo, quos beneficii non paenitere scio, nescius ubi subsisten-
dum sit et quatenus ratio habenda plebis parum generosae caecarum-
que eius irarum"10.
Das Porzellan indes war n u n einmal zerschlagen. Die Société
Nationale des Antiquaires de France schloß ihn - anders als die übri-
gen korrespondierenden Mitglieder aus Deutschland - im Jahre
1872 aus ihren Reihen aus :
"Nous aimons et nous honorons la science, mais avant la scien-
ce nous aimons et nous honorons la Patrie que nous ne pouvons
entendre méconnaître et insulter par un de nos confrères sans pro-
tester"".
Die Académie des Inscriptions et Belles-Lettres folgte d e m
Schritt nicht. Aber wie schon 1867, als Giovanni-Battista de Rossi
bei der Wahl eines ausländischen Mitglieds Mommsen vorgezogen
worden war, so wählte sie noch 1889 trotz der Bemühungen von Er-
nest Renan und Gaston Boissier lieber Ernst Curtius 12 .
Gegen Mommsens Annexionsforderungen hat a m 27. Oktober
1870 Fustel de Coulanges sich in einem offenen Brief gewandt :
"Vous êtes, Monsieur, un historien eminent. Mais, quand nous
parlons du présent, ne fixons pas trop les yeux sur l'histoire. La race,
c'est de l'histoire, c'est du passé. La langue, c'est encore de l'histoire,
c'est le reste et le signe d'un passé lointain. Ce qui est actuel et vivant,
ce sont les volontés, les idées, les intérêts, les affections"13.
Es ist der wohlbekannte Gegensatz zwischen der Sprach- u n d
der Willensnation, der hier ausgetragen wird. Mommsen war es gar
nicht in den Sinn gekommen, nach den Wünschen der Elsässer u n d
Lothringer zu fragen, so durchschlagend schienen ihm Volkszuge-
hörigkeit u n d Geschichte. Dagegen konnte Fustel aus gutem Grund,
ohne den Begriff selbst schon verfügbar zu haben, mit dem 'Selbst-
bestimmungsrecht' der Betroffenen operieren : "Ce qui distingue les
nations, ce n'est ni la race, ni la langue ... La patrie, c'est ce qu'on ai-
me" 14 .
10
U. von Wilamowitz-Moellendorff wird sich am 18. September 1914 auf
diese Vorrede beziehen : "Der Krieg und die Wissenschaft", Internationale Mo-
natsschrift für Wissenschaft, Kunst und Technik 9,1915,101 ff. (Mommsens offene
Briefe übergeht er freilich.)
11
F. Sartori, "Theodor Mommsen radiato dalla Société des Antiquaires de
France", in : Xenia. Scritti in onore di Piero Treves, Rom 1985, 183 ff. hier : 187.
12
L. Wickert, Mommsen IV (Anm. 5), 166 f.
13
N.-D. Fustel de Coulanges, "L'Alsace est-elle allemande ou française? Ré-
ponse à M. Mommsen (professeur à Berlin)"; abgedruckt bei F. Hartog, Le XIX'
siècle et l'histoire. Le cas de Fustel de Coulanges, Paris 1988, 376 ff., hier : 381.
14
N.-D. Fustel de Coulanges, "L'Alsace" (Anm. 13), 379.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 49
In der Praxis konnte freilich auch Fustel die Dinge nicht so ex-
akt auseinanderhalten, das zeigt seine berühmte Abhandlung 'De la
manière d'écrire l'histoire' von 187215. Sie ist eine Abrechnung mit
der französischen liberalen Geschichtswissenschaft, die allzu sehr
England und Deutschland bewundert habe, während die deutschen
Historiker im nationalen Sinne gewirkt hätten. Sätze wie : "Nous
professons en France que la science n'a pas de patrie" oder : "L'éru-
dition en France est libérale; en Allemagne, elle est patriote" 16 dür-
fen daher keineswegs im 'postnationalen' Sinne verstanden werden,
und F. Hartog hat denn auch völlig zu Recht den Text in der Rubrik
"Un 'historien national'" eingeordnet und nicht unter "Méthode hi-
storique" 17 .
An dem Werk von Jules Zeller18 tadelt Fustel das deutschfeindli-
che Vorwort : "Il ne dit que la vérité; mais il ne se cache pas d'être
heureux quand la vérité est défavorable à l'Allemagne" 19 . Aber dieser
Tadel ist doch sehr ambivalent - u m so mehr, wenn wir zuvor Fu-
stels Zusammenfassung des Zellerschen Werkes gelesen haben :
"Le premier volume ... expose l'histoire de la race allemande de-
puis les origines jusqu'à l'an 800 de notre ère. Cette existence de dix
siècles se résume en un seul fait, l'invasion. C'est une invasion conti-
nuelle; elle s'essaye longtemps; arrêtée par Marius, par Drusus, par
Marc-Aurèle, elle est reprise à chaque génération. Tous les moyens lui
sont bons ... Les Francs seuls font un continuel effort pour l'arrêter,
les Francs qui sont Teutons d'origine, mais qui ont eu cette singulière
destinée d'être toujours les ennemis des Teutons, et qui depuis Clovis
jusqu'à Charlemagne se sont épuisés à les combattre ou à les civiliser.
Ils y réussissent à la fin : avec Charlemagne, l'invasion germanique
est décidément arrêtée, et c'est au contraire la religion et la civilisa-
tion de la Gaule qui s'emparent de la Germanie"20.
Mit schöner Unbefangenheit wird hier die Unveränderbarkeit
des Volkscharakters zur Grundlage aller Geschichtsbetrachtung ge-
15
N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière d'écrire l'histoire en France et
en Allemagne depuis cinquante ans" ; abgedruckt bei F. Hartog, Fustel (Anm. 13),
382 ff.
16
17
N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière" (Anm. 15), 386 f.
Vgl. F. Hartog, Fustel (Anm. 13), 126; zu sehr verkürzend etwa J. Linderski,
"Si Vis Pacem Para Bellum : Concepts of Defensive Imperialism" (1984), in : Ro-
man Questions, Stuttgart 1995, 1-31; 632f., hier: 11. Der Aufsatz behandelt im
übrigen sehr förderlich die Imperialismustheorien von Th. Mommsen, M. Hol-
leaux, T. Frank.
18
Jules Zeller, Origines de l'Allemagne et de l'Empire germanique, Paris 1872.
"N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière" (Anm. 15), 392.
20
N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière" (Anm. 15), 390.
50 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
macht. Und unversehens finden wir Fustel u n d Mommsen im trau-
ten Verein, der ja seinerseits ganz selbstverständlich die Germanen
zu Deutschen werden ließ oder - dies der Kontext unseres Mottos zu
Beginn - die Renommage eines Gaius Cornelius Gallus von der Tat-
sache herleitete, "daß er zwar kein Gascogner aber doch Provença-
le" gewesen sei21. Störende Tatsachen bedürfen dann freilich der In-
terpretation, u n d so werden die gewiß auch nicht friedlich einwan-
d e r n d e n F r a n k e n flugs auf die Gegenseite gezogen o d e r die
Eroberungspolitik eines Karl d. Gr. ins Metaphorische verfremdet :
"la religion et la civilisation ... s'emparent". Langobarden, Bayern,
Sachsen, nicht zu reden von den slawischen Wilzen u n d Sorben,
hätten sich gewundert, wahrscheinlich nicht zuletzt Karl d. Gr.
selbst. Eine Seite später wird Fustel denn auch deutlicher :
"Pour la (sc. l'Allemagne) civiliser, il a fallu employer la force; les
guerriers de Charlemagne ont dû courir vingt fois des bords du Rhin,
de la Seine, de la Loire, pour soutenir en Germanie les missionaires et
les bâtisseurs de villes. La Germanie, n'a pas fait le progrès; elle l'a re-
çu, elle l'a subi"22.
Und beendet dann sein Referat des Zellerschen Werkes mit der
ausdrücklichen Feststellung : "Cette manière de juger l'histoire de
l'Allemagne est conforme aux documents historiques des siècles
passés".
In seiner Antrittsvorlesung an der Sorbonne im Jahre 1875 hat
Fustel sich vom Modernismus eines Mommsen (und eines Niebuhr)
abzugrenzen gesucht :
"On peut dire qu'il s'est fait ancien par l'érudition; malheureuse-
ment il est resté tout moderne par la manière de penser et par les sen-
timents ... Il parle de Rome, c'est à l'Allemagne qu'il pense, et trop
souvent à la France"23.
Er kritisiert damit - wie zuvor schon Gaston Boissier 24 - a n
Mommsen etwas, was dieser selbst sich eher als Verdienst anrechne-
te 25 . Es zeigt sich indes, daß Fustel seiner Zeit auch nicht entfliehen
21
Th. Mommsen, Reden und Aufsätze, Berlin 1905, 454.
22
N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière" (Anm. 15), 391.
23
Abgedruckt bei F. Hartog, Fustel (Anm. 13), 340 ff., hier : 344.
24
G. Boissier, "L'Allemagne Contemporaine. Études et Portraits, III : M. Th.
Mommsen", Rev. des Deux Mondes 98, 1872, 789-826; zitiert nach M. Völkel,
"Geschichte als Vergeltung" (Anm. 4), 86 ff. Ganz ähnlich schon 1862 Bachofen :
"Überhaupt handelt es sich bei M. kaum um Rom und die Römer. Der Kern des
Buches liegt in der Durchführung der neuesten Zeitideen, der Apotheose des bo-
denlosen Radikalismus neupreußischer Lichtfreunde"; zitiert nach A. Cesana, Jo-
hann25Jakob Bachofens Geschichtsdeutung, Basel 1983, 91.
A. Wucher, Theodor Mommsen. Geschichtsschreibung und Politik, 2. Aufl.,
Göttingen 1968; Ch. Meier, Das Begreifen des Notwendigen. Zu Theodor Momm-
sens Römischer Geschichte, in : R. Koselleck u.a., Formen der Geschichtsschrei-
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 51
konnte; dafür waren die nationalen Leidenschaften denn doch zu
aufwühlend.
Nicht übersehen werden soll freilich dabei, daß seine Wendung
gegen Mommsen nicht nur politisch-zeitgeschichtliche Gründe,
oder jedenfalls nicht erst von 1870/71 datierende, hatte. 'La Cité anti-
que' (1864) war im bewußten Gegensatz zur historisch-kritischen
Methode eines Niebuhr und Mommsen entstanden26. Darin gleicht
sein Autor dem Basler Johann Jakob Bachofen, der damals am
'Mutterrecht' arbeitete27, und in gewissem Ausmaß auch dem ande-
ren Basler Jacob Burckhardt, der in diesen Jahren seine 'Griechi-
sche Kulturgeschichte' zu konzipieren begann 28 . Nur in Basel29
konnte es denn auch schon früh zu einer glücklichen und ungemein
fruchtbaren Synthese beider Richtungen kommen : als Matthias
Gelzer, durchaus Mommsenscher Methodik und seinem 'Staats-
recht' verpflichtet, unter dem Einfluß der Forschungen von Fustel
zur Spätantike römische Politik von ihren gesellschaftlichen Vor-
aussetzungen her zu analysieren begann30.
III
Wir haben von Mommsen und Fustel de Coulanges verhältnis-
mäßig ausführlich gesprochen, weil sich an diesen beiden bedeuten-
den Gelehrten die Problematik politischer Äußerungen schon deut-
lich zeigen läßt. Insbesondere Mommsens 'Agli Italiani' hat verhäng-
bung, München 1982, 201 ff. (203 f. der Hinweis, daß Mommsen sehr wohl "sich
der Fremdartigkeit der römischen Welt bewußt" war); A. Heuß, "Theodor
Mommsen als Geschichtsschreiber", in : N. Hammerstein (Hrsg.), Deutsche Ge-
schichtswissenschaft um 1900, Stuttgart 1988, 37 ff.
26
K. Christ, Einleitung zu N.-D. Fustel de Coulanges, Der antike Staat, Stutt-
gart 1981,16; F. Hartog, Fustel (Anm. 13), 138 ff. und die Texte 347 ff.; G. Walther,
Niebuhrs Forschung, Stuttgart 1993, 459ff. 582; vgl. auch M. Raskolnikoff, His-
toire romaine et critique historique dans l'Europe des lumières, Rom 1992, 792ff.
" A . Cesana, Bachofen (Anm. 24), 82 ff. (Niebuhr), 86 ff. (Mommsen); L.
Gossman, "Anti-Theologie und Anti-Philologie : Overbeck, Bachofen und die Kri-
tik der Moderne in Basel", in : R. Brandie - E. W. Stegemann (Hrsg.), Franz Over-
becks unerledigte Anfragen an das Christentum, München 1988, 17 ff. (auf Goss-
mans Werk 'Basel im 19. Jahrhundert' darf man gespannt sein); W. Nippel, Grie-
chen, Barbaren und "Wilde". Alte Geschichte und Sozialanthropologie, Frankfurt/M
1990, 99 ff.
28
Zum Einfluß Fustels auf Burckhardt hat W. Kaegi, Jacob Burckhardt, Bd.
VII, Basel 1982, 77 f. wohl nicht das letzte Wort gesprochen.
29
Zum baslerisch-schweizerischen Hintergrund Gelzers s. J. Bleicken - Ch.
Meier - H. Strasburger, Matthias Gelzer und die römische Geschichte, Kallmünz
1977.
30
Ch. Meier, Gelzer (Anm. 29), 33 ff.; jetzt vor allem : Ch. Simon, "Gelzer's
'Nobilität der römischen Republik' als 'Wendepunkt'", Historia 37, 1988, 222 ff.
J4 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
nisvoll nachgewirkt. Julien Benda konnte deshalb zu Recht
ausgerechnet ihn, den Verfechter der Freiheit und der liberalen Bür-
gerrechte in Deutschland einschließlich der Juden31, für 'den Verrat
der Intellektuellen' im 19. und 20. Jahrhundert wesentlich mitver-
antwortlich machen32.
Er meint damit u.a. die zunehmende Verschränkung von Wis-
senschaft und Politik, die gerade die Professoren zu einer 'staatstra-
genden' Gruppe werden ließ. Dieser Prozeß ist von Fritz Ringer für
Deutschland wie für Frankreich dargestellt worden33; in vergleichen-
der Perspektive hat Christian Simon 'Staat und Geschichtswissen-
schaft in Deutschland und Frankreich 1871-1914' untersucht und der
'Alte(n) Geschichte in der Dritten Republik' noch einen zusätzlichen
Aufsatz gewidmet34. Eine Vielzahl neuerer Studien wäre zu nen-
nen35. Symptomatisch ist, daß der 1910 beginnende Streit um die
'Nouvelle Sorbonne' von Anfang an ein Politicum war, bei dem übri-
gens der Vorwurf der 'Sorbonne germanisée', der Übernahme deut-
scher Wissenschaftsauffassung, eine gewichtige Rolle spielte36.
Am schärfsten hat aber doch Benda diesen 'Verrat', man könnte
31
A. Heuß, Theodor Mommsen und das 19. Jahrhundert, Kiel 1956; A. Wu-
cher, Mommsen (Anm. 25); W. Boehlich (Hrsg.), Der Berliner Antisemitismus-
streit, Frankfurt/M. 1965. Zu denken ist auch an Mommsens führende Beteiligung
am Kampf gegen die 'lex Arons', die die Entlassung des sozialistischen Privat-
dozenten Leo Arons von der Berliner Universität ermöglichen sollte; dazu auch
U. von Wilamowitz-Moellendorff, Erinnerungen 1848-1914, Leipzig 1928, 295f.
Mit Recht hat Cl. Nicolet Mommsen vor dem Vorwurf des Pangermanismus in
Schutz genommen : "Introduction" zu Th. Mommsen, Histoire romaine, Bd. 1,
Paris 1985, XXVII.
32
J. Benda, La trahison de clercs, Paris 1927 (dt. Übers. : Der Verrat der Intel-
lektuellen, München-Wien 1978).
33
F. K. Ringer, The Decline of the German Mandarins. The German Academic
Community, 1890-1933, Cambridge/Mass. 1969; Fields of Knowledge. French Aca-
demic Culture in Comparative Perspective, 1890-1920, Cambridge 1992.
34
Ch. Simon, Staat und Geschichtswissenschaft in Deutschland und Frank-
reich 1871-1914. Situation und Werk von Geschichtsprofessoren an der Universität
Berlin, München, Paris, 2 Bde., Bern 1988; "Alte Geschichte in der Dritten Repu-
blik 1871-1914", Storia delta Storiografia 13,1988, 29 ff. S. ergänzend auch E. Erd-
mann, Die Römerzeit im Selbstverständnis der Franzosen und Deutschen. Lehr-
pläne und Schulbücher aus der Zeit zwischen 1850 und 1918, 2 Bde., Bochum 1992.
35
W. Laqueur - G. L. Mosse (Hrsg.), Historians in Politics, London 1974; P.
Schiera, II laboratorio borghese. Scienza e politica nelta Germania dell'Ottocento,
Bologna 1987 (deutsche Übersetzung : Laboratorium der bürgerlichen Welt,
Frankfurt/M 1992); G. Hübinger - W. J. Mommsen (Hrsg.), Intellektuelle im Deut-
schen Kaiserreich, Frankfurt/M 1993 (bes. wichtig lOOff. zu Max Weber).
36
C.-F. Bompaire-Evesque, Un débat sur l'Université au temps de la Troisième
République. La lutte contre la Nouvelle Sorbonne, Paris 1988; G. Krebs, "La Nou-
velle Sorbonne et le modèle allemand", in : M. Grunewald - J. Schlobach (Hrsg.),
Médiations (Anm. 6), 491 ff.; F. K. Ringer, Fields of Knowledge (Anm. 33), 237ff.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 53
auch von 'Sündenfall' sprechen, der Gelehrten, Philosophen, Theo-
logen dargestellt, die sich aus politischer und nationaler Leiden-
schaft in die Händel dieser Welt verstricken ließen. Sie bezogen im
Namen von Geschichte, Recht, Metaphysik und Religion zu Fragen
des Tages selbst Stellung, anstatt den Akteuren die unveränderli-
chen Maßstäbe entgegenzuhalten, quasi ihr Gewissen zu sein. Ben-
da äußert sich freilich k a u m zu den Gründen; und diese sind ja in
der Tat sehr komplex. Zu erinnern wäre an den (fast) alles in seinen
Bann ziehenden Nationalismus einerseits 37 , an den Propagandabe-
darf der modernen Staaten andererseits gegenüber den n u n m e h r
stimmberechtigten u n d damit politisch bedeutungsvollen Massen 38 ,
schließlich an die soeben angedeutete 'Verbeamtung' der Professo-
ren. Herbert Cysarz formulierte es 1931 so :
"Oder wenn Religion und Wissenschaft, sich immer überwiegen-
der aus der Staatskrippe nährend39, vielerseits vorbehaltlos in den
Dienst der staatlichen Mächte und Lebensnöte getreten sind (und
dies nicht nur als Menschengruppen, sondern gerade mit all ihrer
amtlichen Autorität), ..."40.
Die damit aufgeworfenen Fragen übersteigen weit den Rahmen
dieser Studie. Nur soviel : Man könnte empirisch den letztlich posi-
tiven Effekt der 'Affaire Dreyfus' entgegenhalten 41 oder - in zunächst
durchaus vergleichbarem Ausmaß - den Kampf u m die als 'Maul-
korbgesetz' geplante 'lex Heinze' im Deutschland des Jahres 1900,
an dem auch der alte Mommsen führend beteiligt gewesen war 42 .
37
M. Jeismann, Das Vaterland der Feinde. Studien zum nationalen Feind-
begriff und Selbstverständnis in Deutschland und Frankreich 1792-1918, Stuttgart
1992.
38
J. Ellul, Propagandes, Paris 1990. Für die Situation des Ersten Weltkriegs
hat dies trefflich bereits Ernst Troeltsch, "Der Kulturkrieg", in : Deutsche Reden
in schwerer Zeit, Bd.3, Berlin 1915, 207ff. formuliert.
39
Hinsichtlich der Religion ist für Frankreich freilich an die 1905 erfolgte
Trennung von Staat und Kirche zu erinnern.
40
H. Cysarz, Zur Geistesgeschichte der Weltkriege, Bern 1973,108; zuerst 1931
publiziert. Cysarz führt danach fort : "...dann kann es dahin kommen, dass Dik-
tatoren, ohne die Entrüstung aller Wisssenschaft des Erdkreises herauszufor-
dern, Professoren einsetzen oder davonjagen. Wir haben es erlebt". Weiterfüh-
rendes zu der Thematik bei B. Schroeder-Gudehus, Deutsche Wissenschaft und
Internationale Zusammenarbeit 1914-1928, Thèse Genève 1966, 18 ff. und : Les
scientifiques et la paix. La communauté scientifique internationale au cours des an-
nées 20, Montréal 1978, 9 ff. (eine überarbeitete Fassung der Thèse, die freilich
auch manches Wertvolle weggelassen hat).
41
P. Ory - J.-F. Sirinelli, Les Intellectuels en France, de l'Affaire Dreyfus à nos
jours, Paris 1986.
42
R. J. V. Lenman, "Art, Society, and the Law in Wilhelmine Germany : the
Lex Heinze", Oxford German Studies 8, 1973/74, 86 ff.; B. Gajek - W.v. Ungern-
Sternberg, Ludwig Fulda. Briefwechsel 1882-1939. Zeugnisse des literarischen Le-
bens in Deutschland, 2 Bde., Frankfurt/M. 1988, XXX mit Anm. 76. Der Vergleich
54 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
Man könnte grundsätzlich fragen, ob Benda nicht einem irrealen
Ideal des 'Elfenbeinturms' anhängt. Seine Sammlung von fragwür-
digen Äußerungen ist allerdings eindrücklich - und könnte durch
die von Jean-François Sirinelli noch erheblich vermehrt werden 43 .
Für Deutschland sei n u r an das Werk von Rüdiger vom Bruch und
an Kurt Sontheimers Arbeit über die Weimarer Republik erinnert 44 .
Auf die Weltkriegspublizistik wird noch einzugehen sein. So bleibt
doch ernsthaft zu erwägen, ob Philosophen wie Professoren den
Weg zur Agora wirklich kennen oder gar beschreiten sollen... Viel
Gutes ist dabei - bis in unsere Tage - nicht herausgekommen, jeden-
falls sehr viel weniger als Gutgemeintes. Und dafür gilt noch allemal
Martin Luthers Wort : "Ja lieber, das gute meinen macht viel leute
weinen" 45 .
Schön und richtig sagt Fustel von den deutschen Gelehrten :
"Ce qu'il y a de plus singulier, c'est que ces savants sont d'une sin-
cérité parfaite. Leur imputer la moindre mauvaise foi serait les ca-
lomnier. Nous ne pensons pas qu'il y en ait un seul parmi eux qui
consente à écrire sciemment un mensonge. Ils ont la meilleure vo-
lonté d'être véridiques et font de sérieux efforts pour l'être; ils s'entou-
rent de toutes les précautions de la critique historique pour s'obliger
à être impartiaux. Ils le seraient, s'ils n'étaient Allemands"46.
Darin ist keine Spur von Hohn, (fast) keine Ironie, und jeden-
falls eine Noblesse, die 1914 gut getan hätte. Indes gilt auch hier : xi
8è fiXéneiç TÖ Kàpcpoç. TÖ sv T(|) ô(p0aA,U(û TOC àSetapoô aou, rnv 8è èv xq>
cep ô(p0aA.|iC£> OOKÖV où Katavoetç; (Matth. 7,3).
Aber auch die Nachgeborenen sollten sich dieses wesentlichen
Zuges der condition humaine stets bewußt sein u n d bleiben. Das ist
nicht einfach, wie sich am Beispiel Eduard Meyers zeigen läßt 47 .
zur Dreyfus-Affäre wurde im sozialistischen 'Vorwärts' am 13. März 1900 (Nr.60)
explizit gezogen : Lenman, 100, Anm. 8.
43
J.-F. Sirinelli, Intellectuels et passions françaises, Manifestes et pétitions au
XX siècle, Paris 1990.
44
R. vom Bruch, Wissenschaft, Politik und öffentliche Meinung. Gelehrten-
politik im Wilhelminischen Deutschland (1890-1914), Husum 1980; K. Sonthei-
mer, Antidemokratisches Denken in der Weimarer Republik, München 1968.
45
Auslegung des 101. Psalmes 1534-35, in : Weimarer Ausgabe Bd. 51, 215, Z.
23 (freundlicher Nachweis durch das Institut für Spätmittelalter und Reforma-
tion, Universität Tübingen).
46
N.-D. Fustel de Coulanges, "De la manière" (Anm. 15), 388.
47
Nachdem er die Zeitgebundenheit des Werkes von G. Grote dargelegt hat,
fährt er zunächst einsichtsvoll fort : "Die Einseitigkeiten, die Abhängigkeit von
ephemeren Erscheinungen der Gegenwart, die zweifellos auch unserer Auffas-
sung anhaften, wird erst eine spätere Generation richtig zu erkennen vermögen",
um dann doch allzu optimistisch zu schließen : "...daß wir in politischen Fragen
unparteiischer geworden und dadurch zu einem richtigeren und umfassenderen
historischen Urteil gelangt sind, wird schwerlich in Abrede gestellt werden kön-
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 55
IV
Trotz der französischen Verbitterung hat es in der Epoche zwi-
schen 1870/71 u n d d e m E r s t e n Weltkrieg z a h l r e i c h e wissen-
schaftliche Kontakte u n d sogar Zusammenarbeit gegeben, die es
wohl wert sind, der Vergessenheit entrissen zu werden.
Mommsen lebte lange genug, u m 1895 doch noch zum auswärti-
gen Mitglied der Académie gewählt zu werden. Nicht ohne Selbst-
überwindung, wie aus dem Nachruf des Präsidenten Georges Perrot
hervorgeht, der selbst auf Vorschlag von Ernst Curtius 48 im Jahre
1884 Korrespondierendes Mitglied der Berliner Akademie geworden
war :
"Devant de tels services rendus à la science, devant le miracle de
ce prodigieux labeur ... il n'était ressentiment, si fondé qu'il fût, qui
ne dût finir par céder"49.
Deutlicher noch äußert sich Perrot in seinem Nachruf auf Gast-
on Boissier. Er hebt dessen gute Beziehungen zu deutschen Gelehr-
ten (Henzen, Heibig) hervor u n d sagt dann :
"Mais notre confrère n'était pas moins cher à ce Mommsen dont
l'humeur difficile et les rudes boutades, parlées ou écrites, étaient si
fort redoutées. Pour Boissier, Mommsen s'humanisait et rentrait ses
griffes ..."50.
Am wissenschaftlichen Rang Mommsens hatte indes in Frank-
reich niemand Zweifel, und so ist es verständlich, daß der junge Ca-
mille Jullian gerade bei ihm sich noch ein Jahr lang in Berlin fortbil-
den wollte (1882/83). Seine Briefe an die Eltern und an seinen Leh-
rer und Gönner Fustel de Coulanges vermitteln uns ein lebhaftes
Bild von seinem Aufenthalt und von dem Eindruck, den Mommsens
Person und sein Seminar auf ihn machten 5 1 .
Jullians Mission - er ging ja mit einem Staatsstipendium nach
nen" : Eduard Meyer. Geschichte des Altertums, Bd. 3, Stuttgart 1901, 292 f. (= IV
l3, 1939, 274 f.).
48
Abgedruckt in : Chr. Kirsten (Hrsg.), Die Altertumswissenschaften an der
Berliner Akademie. Wahlvorschläge zur Aufnahme von Mitgliedern von F. A. Wolf
bis zu G. Rodenwaldt 1799-1932, Berlin 1985, 99 f.
49
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes Rendus des Séances
(= CRAI) de l'année 1903, 520.
s°CRAI 1908, 688; vgl. Adelheid Mommsen, Mein Vater. Erinnerungen an
Theodor Mommsen (1936), 1992, 108; materialreich L. Wickert, Mommsen IV
(Anm. 5), 137 ff.; s. auch den Beitrag von St. Rebenich in : J. Fontaine u.a.
(Hrsg.), Patristique et Antiquité tardive en Allemagne et en France de 1870 à 1930,
Paris 1993.
51
O. Motte, "Camille Jullian, élève de Mommsen à l'Université de Berlin",
lus Commune 9, 1980, 315 ff. (mit zahlreichen Dokumenten); ders., Camille Jul-
lian. Les années de formation, Rom 1990.
56 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
Berlin - hing mit dem erhöhten Interesse zusammen, das die deut-
schen Universitäten, insbesondere ihre Seminare, nach der Nieder-
lage 1871 in Frankreich gefunden haben 5 2 . I m Jahre 1879 hatte Fu-
stel de Coulanges selbst den deutschen Seminarbetrieb folgender-
maßen beschrieben :
"On voit que de cette manière c'est l'élève lui-même qui travaille
et non plus seulement, comme dans le cours, le professeur. L'élève n'a
pas écouté, il a cherché. Il n'a pas reçu une connaissance, il l'a trou-
vée. Peut-être n'a-t-il pas appris un aussi grand nombre de faits qu'il
s'en peut accumuler dans la leçon d'un professeur expérimenté, mais
il a appris comment on trouve les faits, et cela vaut encore mieux. Il a
pris une notion juste de la science. Il s'est habitué à lire, il sait surtout
comment il faut lire; il sait par quelles opérations d'esprit on dégage
d'un ou plusieurs textes une vérité ..."53.
Olivier Motte betont mit Recht, daß Fustel damit eher das Ideal
eines deutschen Seminars als die Wirklichkeit, auch in damaligen
Zeiten, zeichnet. Jullian sah die Dinge aus größerer Nähe u n d etwas
nüchterner 5 4 :
"Mais si les explications d'auteurs, dans les séminaires philologi-
ques, et les argumentations des étudiants sont souvent médiocres, par
contre les travaux écrits, et c'est là que réside la force des séminaires
... sont de grande valeur".
E r vermißt freilich auch an ihnen die Klarheit der Form, "dont
ne se préoccupent ni les élèves, ni les maîtres", betont aber : "Les su-
jets sont examinés avec u n soin infini". Vor allem aber imponiert
ihm die Breite der Ausbildung :
"Mais le grand avantage, la contribution décisive des séminaires
allemands, c'est qu'ils obligent les étudiants à considérer l'antiquité
comme un tout et à s'assurer la maîtrise des diverses sciences qui
concourent à sa connaissance".
"Sans doute, nous avons affaire à une élite; mais, enfin, c'est une
élite nombreuse, et, pour parler franchement, pourvue de plus de
moyens, bien mieux préparée à la vie scientifique que les meilleurs de
nos élèves de l'École Normale ou de nos boursiers de Facultés".
Freilich sieht er dabei schon Zeichen des Niedergangs : "Les
professeurs ont déjà lieu de craindre que la vie administrative ne tue
la vie scientifique". Womit er nicht so sehr die Ministerialbürokratie
meint, sondern den Zustrom von Studenten, denen an der Wissen-
schaft als solcher nichts liege.
52
Grundlegend C. Digeon, La crise allemande de la pensée française (1870-
1914), Paris 1959, bes. 365 ff.
53
Zitiert nach O. Motte, Ius Commune (Anm. 51), 402 f.
54
Zitiert nach O. Motte, Ius Commune (Anm. 51), 408 ff.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 57
Mommsens Seminar kann vom Standpunkt heutiger Fachdidak-
tik her nur Schauder erregen. Im Sommersemester 1883 behandel-
ten die Arbeiten u.a. die Periochae des Livius, die Provinzialverwal-
tung in den Briefen Ciceros, die Ursachen des Exils Senecas, das Kö-
nigreich der Nabatäer, das Patriziat in der späten Kaiserzeit55.
Richard Reitzenstein bemerkt dazu :
"Ich ging nur der Persönlichkeit halber in diese Übungen, die so
angelegt waren, daß eine schriftliche Arbeit, die wir nicht gelesen hat-
ten, und deren ebenfalls schriftlich eingereichte Rezension, die wir
natürlich auch nicht kannten, besprochen wurden; so können Sie
wohl ermessen, wie groß der Eindruck der Persönlichkeit, wenn ich
sage, daß ich keine der zweistündigen Sitzungen je versäumt habe"56.
Jullian schildert sehr lebhaft, mit welcher Eindringlichkeit
Mommsen zwei Stunden lang jede der Arbeiten minutiös erörterte :
"Quand le travail paraît à M. Mommsen insuffisamment traité, il le
refait lui-même d'un bout jusqu'à l'autre; et alors, les deux heures
sont consacrées à une véritable conférence, tout autrement intéres-
sante que les lectures régulières de l'Université"57.
Die wissenschaftliche Zusammenarbeit war nach dem Krieg
1870/71 zunächst zum Erliegen gekommen. Léon Renier zog sich
1872 von dem Vertrag zurück, nach dem er im Rahmen des 'Corpus
Inscriptionum Latinarum' (CIL) die Inschriften Galliens hätte bear-
beiten sollen58.
Schon 1881 konnte sich Mommsen freilich für die Mitarbeit
französischer Kollegen an CIL VIII, den Inschriften Afrikas, bedan-
ken59. In der Folge hat René Cagnat zusammen mit Johannes
Schmidt und Hermann Dessau mehrere Supplementbände zu CIL
VIII herausgegeben60. Auch bei den Inscriptiones Graecae (IG) kam
es zum Zusammenwirken deutscher und französischer Epigraphi-
ker. Die Inschriften von Amorgos übernahm Jules Delamarre, der
aber in jungen Jahren schwer erkrankte, worauf Friedrich Hiller von
Gaertringen die Edition mit Hilfe von Ulrich von Wilamowitz-Moel-
lendorff und Bernard Haussoullier vollendete61. Ein Torso blieben
allerdings die Inschriften von Delos im Rahmen der Inscriptiones
55
O. Motte, Jullian (Anm. 51), 264.
56
Zitiert bei L. Wickert, Mommsen IV (Anm. 5), 349.
57
O. Motte, Jullian (Anm. 51), 265.
58
O. Motte, Jullian (Anm.51), 233.
59
Praefatio zu CIL VT1I, Berlin 1881, XXXI. Zu der französischen Polemik
um diese Edition s. O. Motte, Jullian (Anm. 51), 279 f. Jullian propagierte damals
auf Anregung Mommsens die Gründung einer großen französischen Zeitschrift
für Epigraphik.
60
Suppl. 1, Berlin 1891; Suppl. 2, Berlin 1894, Suppl. 3, Berlin 1904.
61
Praefatio zu IG XII 7, Berlin 1908, V; vgl. U. von Wilamowitz-Moellen-
dorff, Erinnerungen (Anm. 31), 314.
58 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
Graecae. IG XI 2 wurde im Jahre 1912 von Felix Dürrbach herausge-
geben; im Jahre 1914 folgten noch XI 4 von Pierre Roussel und, un-
ter gänzlich veränderten Umständen, im Jahre 1927 ein Tafelband
zu (dem als solchen nie erschienenen) XI 362.
Die Zusammenarbeit fand ihren Ausdruck auch in einer perso-
nellen Verflechtung, der wechselseitigen Mitgliedschaft in den wis-
senschaftlichen Forschungsinstituten. Das hatte alte Tradition;
aber die verhältnismäßig große Zahl solcher Mitglieder verdient
doch Beachtung. Uns geht es hier nicht um Vollständigkeit, gar um
Statistik.
Von den Mitgliedern der Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres seien immerhin neben Theodor Mommsen genannt : Wolf-
gang Heibig (associé étranger 1894); Hermann Diels; Ludwig
Friedländer; Otto Hirschfeld (ass. étr. 1903); Adolf Michaelis; Ul-
rich von Wilamowitz-Moellendorff (ass. étr. 1910); Alexander Con-
ze; Christian Hülsen. Die Wahl des Letztgenannten zum korre-
spondierenden Mitglied erfolgte vielleicht nicht zufällig am 23.
Dezember 1908. Die damaligen Querelen um den Posten eines Er-
sten Sekretärs am Römischen Institut, die mit dem Rücktritt Hül-
sens als Zweiter Sekretär im Herbst 1909 endeten, wurden in
Frankreich aufmerksam - und mit Sympathie für Hülsen - beob-
achtet63.
Mitglieder der Königlich Preußischen Akademie zu Berlin wa-
ren u.a. Ernest Renan; Georges Perrot; Paul Foucart; Théophile Ho-
molle; Léon Heuzey; René Cagnat; Bernard Haussoullier; Edmond
Pottier; Maurice Holleaux64. Im Verzeichnis des Deutschen Archäo-
logischen Instituts erscheinen im Jahre 1914 insgesamt 34 französi-
sche Gelehrte, darunter Ernest Babelon; René Cagnat; Stéphane
Gsell; Bernard Haussoullier; Maurice Holleaux; Théophile Homolle;
62
Praefatio zu IG XI 3, Berlin 1927; vgl. U. von Wilamowitz-Moellendorff,
Erinnerungen (Anm. 31), 315; W. Unte, "Wilamowitz als wissenschaftlicher Orga-
nisator", in : W.M. Calder III - H. Flashar - Th. Lindken (Hrsg.), Wilamowitz
nach 50 Jahren, Darmstadt 1985, 748f. Sehr aufschlußreich für die politischen As-
pekte des damaligen Wissenschaftsbetriebs ist der Brief von Wilamowitz an Frie-
drich Althoff vom 12. Februar 1897 : W.M. Calder III - A. Kosenina (Hrsg.), Beru-
fungspolitik innerhalb der Altertumswissenschaft im wilhelminischen Preußen,
Frankfurt/M 1989, 127 ff.
63
S. Reinach, "A l'Institut allemand de Rome", Revue Archéologique 14,1909,
146; L. Wickert, Beiträge zur Geschichte des Deutschen Archäologischen Instituts
1878 bis 1929, Mainz 1979, 57 ff.; 155 mit Anm. 185; R. Lullies-W. Schiering
(Hrsg.), Archäologenbildnisse, Mainz 1988, 126f.
64
E. Amburger (Hrsg.), Die Mitglieder der Deutschen Akademie der Wissen-
schaften zu Berlin 1700-1950, Berlin 1950; die Wahlvorschläge finden sich z.T. in :
Chr. Kirsten (Hrsg.), Die Altertumswissenschaften an der Berliner Akademie.
(Anm. 48).
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 59
Camille Jullian; E d m o n d Pottier; Jérôme Carcopino; Salomon Rei-
nach; Felix Durrbach 6 5 .
Von mindestens ebenso großem Interesse sind freilich die infor-
mellen Beziehungen zwischen den Gelehrten. Von den Korrespon-
denzen ist bis heute recht wenig überhaupt erfaßt, fast nichts ausge-
wertet worden. Wieviel hier zu finden ist, zeigt die vorbildliche Ar-
beit von Olivier Motte über die Beziehungen französischer Juristen
zu ihren deutschen Kollegen 66 . In zwei stattlichen Bänden hat er
eine Fülle von Briefen zusammengetragen, darunter auch zahlreiche
aus dem Bereich der Altertumswissenschaft. Erwähnt sei vor allem
Paul-Frédéric Girard mit 270 Briefen, u.a. an Ihering, Krüger, Kub-
ier, Wissowa, darunter allein 223 Karten u n d Briefe an Mommsen,
dessen 'Staatsrecht' Girard übersetzt hatte. Motte kann schon rein
statistisch den zwanzig Jahre dauernden Bruch nach 1870/71 aufzei-
gen; dann auch die "hostilité latente", die immer die Beziehungen
zu überschatten drohte 67 , und schließlich die totale Entzweiung im
Ersten Weltkrieg. Sein betrübliches Fazit sei gerade deshalb hier zi-
tiert, weil es in seiner Klarheit für unsere gemeinsame Zukunft wie-
der optimistisch stimmen kann :
"Dans leur enseignement ou leurs manuels, ceux qui avaient le
plus admiré l'Allemagne la dénoncent désormais avec force. Loin de
s'opposer au nom du droit, de la science voire de l'amitié au mouve-
ment ambiant, les universitaires, brûlant ce qu'ils avaient adoré, iront
au contraire dans le sens du courant, le précédant et, pire encore, le
justifiant souvent par des raisons pseudo-scientifiques, se rendant
coupables, comme on l'a écrit, d'une véritable démission. Et c'est une
des tristesses de l'historien que de constater cette perte de toute me-
sure de la part de ceux qui auraient dû constituer un ultime rempart
contre la folie collective. D'autant plus que ce ne sera pas un entraîne-
ment passager. Il laissera des traces durables"68.
Weitere Hinweise auf Korrespondenzen von Altertumswissen-
schaftlern finden sich in den Arbeiten von Olivier Motte über Camil-
le Jullian. Motte hat auch einen Überblick über die Bestände im Ar-
chiv des Deutschen Archäologischen Instituts in Rom gegeben 69 .
Sehr viel reicher sind aber die im Archiv der Zentraldirektion des
65
Archäologischer Anzeiger. Beiblatt zum Jahrbuch des Archäologischen Insti-
tuts, 1914, XVII.
66
O. Motte, Lettres inédites de juristes français du XIXe siècle conservées dans
les archives et bibliothèques allemandes, 2 Bde., Bonn 1989/90.
67
O. Motte, Lettres médites (Anm. 66), 48 ff. 54 f.
68
O. Motte, Lettres inédites (Anm. 66), 56 f.
69
O. Motte, "Lettres d'archéologues, d'épigraphistes et d'historiens français
du dix-neuvième siècle dans les archives de l'Institut archéologique allemand à
Rome", Francia 18/3, 1991, 135-145.
60 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
Deutschen Archäologischen Instituts in Berlin™. Nur einige wenige
von den bedeutenderen Korrespondenzen seien erwähnt. Sie sind
übrigens durch nützliche Verzeichnisse und Resümees recht gut er-
schlossen. So finden sich zahlreiche Briefe und Postkarten von Salo-
mon Reinach an Adolf Furtwängler und Franz Studniczka; mit letz-
terem hat auch Theodor Reinach korrespondiert. Georges Perrot hat
an Georg Treu, Alexander Conze, Adolf Furtwängler, besonders häu-
fig an Reinhard Kekulé von Stradonitz geschrieben; Edmond Pottier
an Georg Treu und Franz Studniczka. Von Maurice Holleaux sind
Briefe an Franz Studniczka und Reinhard Kekulé von Stradonitz
(anläßlich eines Vortrages in Berlin im Jahre 1908 über die Ausgra-
bungen in Delos) vorhanden.
Inhaltlich geht es natürlich vornehmlich um archäologische
Probleme; aber auch epigraphische und historische Fragen, Wissen-
schaftspolitisches und Persönliches, werden berührt. Immer wieder
wird die Echtheit der vom Louvre im Jahre 1896 angekauften 'Tiara
des Saitaphernes' diskutiert71, die etwa von Furtwängler sogleich an-
gezweifelt worden war. Mit Brief vom 8. Juni 1908 gestand ihm Pot-
tier seinen Irrtum ein.
Wissenschaftlichen Disput hat es selbstverständlich auch sonst
gegeben. Nicht ganz von nationalistischen Tönen frei war die Aus-
einandersetzung, die Hans Pomtow seit 1889 mit den französischen
Ausgräbern von Delphi führte72. Er hatte eigene Ausgrabungspläne
gehabt, die er ebenso wenig realisieren konnte wie die ihm bereits
übertragene Bearbeitung der delphischen Inschriften73. Auch wenn
er hinsichtlich der Identifizierung des Siphnierschatzhauses gegen-
über Théophile Homolle recht behielt74, so war der Ton des auch
sonst schwierigen Mannes75 doch allzu verletzend. Freilich war die-
se Kontroverse eher ein Einzelfall. Andere deutsche Archäologen ha-
ben die französischen Ausgrabungen in Delphi mit Anteilnahme ver-
folgt76. Umgekehrt vollzog sich die Ablösung französischer For-
70
Vgl. das (unvollständige) Verzeichnis von H. Simon, Gelehrtenbriefe im Ar-
chiv des Deutschen Archäologischen Instituts zu Berlin, Berlin 1973.
71
Dazu E. Paul, Gefälschte Antiken von der Renaissance bis zur Gegenwart,
Wien-München 1982, 180 ff.
72
H. Pomtow, Beiträge zur Topographie von Delphi, Berlin 1889, 3. 11.; dazu
R. Kolonia, "L'écho de la Fouille", in : O. Picard (Hrsg.), La redécouverte de
Delphes, 1992, 194 ff. (Für Hinweise danke ich Klaus Junker.)
73
U. von Wilamowitz-Moellendorff, Erinnerungen (Anm. 31), 307 f.; M.
Maass, Das antike Delphi, Darmstadt 1993, 233 f.
74
H. Pomtow, Delphische Studien, Berlin 1912, 37ff.; vgl. G. Daux - E. Han-
sen - M.-Ch. Hellmann, Le Trésor de Siphnos, Texte, Paris 1987, 22f.
75
Vgl. den Nachruf von Theodor Wiegand : Archäologischer Anzeiger, 1925,
220 ff.
76
G. Daux u.a.. Le Trésor de Siphnos (Anm. 74), 19 mit Anm. 29.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 61
schung in Didyma durch die deutsche Ausgrabung unter der Leitung
von Theodor Wiegand seit 1906 durchaus friedlich77.
Nicht zufällig läßt sich gegenseitiges Interesse, ja Zusammenar-
beit zwischen französischen und deutschen Altertumswissenschaft-
lern auf verhältnismäßig objektiven Gebieten wie der Archäologie,
der Epigraphik, der römischen Reichsverwaltung und des römi-
schen Rechts (Camille Jullian) am besten dokumentieren. Die
Schwierigkeiten des wechselseitigen Verständnisses auf dem zentra-
len Gebiet der antiken Literatur hat Jean Bollack meisterhaft an
dem zwiespältigen Echo aufgezeigt, das die Forschungen eines Ul-
rich von Wilamowitz-Moellendorff im zeitgenössischen Frankreich
(und Belgien) gefunden haben78. Sein wissenschaftlicher Rang war
unbestritten; seine Wirkung war aber selten tiefgehend, auch wenn
er sogar in innerfranzösischen Auseinandersetzungen, wie der um
die Schulreform des Jahres 1902, als Zeuge herangezogen werden
konnte79.
Man schätzte weder die Art der Quellenkritik, noch seine Pole-
mik gegen Kontrahenten, noch seine (allzu) umfangreichen wissen-
schaftlichen Kommentare80. Bollack zitiert dazu den belgischen Ge-
lehrten A. Counson im Jahre 1913 :
.... "Un livre vraiment français, bien français, est un livre - écrit en
- ni français naturellement - qui ressemble à la majorité des livres publiés
y, en France, c'est-à-dire à Paris. Or, la majorité des livres publiés à Pa-
,fv, ris sont des romans. Et les romanciers ne mettent pas de notes au bas
••.. des pages"81.
Was hier wohl etwas pointiert ausgedrückt ist, erscheint an-
dernorts bei Bollack geradezu als französischer 'Sonderweg' (voie
française) :
77
B. K. Weis, Das Orakelheiligtum des Apollon von Didyma, Ludwigsburg
1983, 117 ff. Bei aller kriegsbedingter Feindseligkeit ergibt sich dieses Bild auch
aus : F. Sartiaux, L'archéologie française en Asie Mineure et l'Expansion Alle-
mande. Les fouilles et le sac de Phocée, Paris 1918 (Hinweis F. Graf).
78
J. Bollack, "M. de W.-M. (en France). Sur les limites de l'implantation
d'une science", in : W. M. Calder III u.a. (Hrsg.), Wilamowitz (Anm. 62), 468-512
(mit einer äußerst nützlichen Prosopographie der zitierten französischen Gelehr-
ten). Eine Untersuchung verdiente wohl das Wirken Henri Weils in Frankreich,
der, ein Schüler Gottfried Hermanns, in Deutschland als Jude keine akademische
Karriere machen konnte; zu ihm G. Perrot, CRAI, 1910, 708 ff.; J. Bollack, a.a.O.,
474 mit Anm. 11.
79
Interessant sind vor allem die Rezensionen zu : Griechisches Lesebuch, 2
Bde., Berlin 1902; dazu J. Bollack, "M. de W.-M". (Anm. 78), 492 ff.
80
Wie der zum 'Herakles' des Euripides (Berlin 1895) oder zum 'Staat der
Athener' : Aristoteles und Athen, 2 Bde., Berlin 1893.
81
J. Bollack, "M. de W.-M". (Anm. 78), 473.
62 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
"Aux yeux des visiteurs français de l'Exposition Universelle de
1900 (où l'Allemagne n'exposait pas), deux grandes méthodes se part-
agent le champ des humanités, l'une grammaticale et formelle, en
honneur en Grande-Bretagne et en Russie; l'autre historique et ar-
chéologique, régnant aux États-Unis, au Canada, en Hongrie et en
Italie. Là, on lit les auteurs latins et grecs pour savoir ces langues, ici
pour connaître l'histoire grecque et l'histoire romaine".
Demgegenüber sei die an den französischen Universitäten vor-
herrschende Methode - "méthode morale et philosophique en m ê m e
temps que littéraire, méthode qui s'occupe moins des formes et des
faits que des idées et des sentiments" - im Ausland wenig vertreten 82 .
Bollack macht andererseits deutlich, daß der Modernismus von
Wilamowitz in der Konzentration auf das Griechische, in der Ableh-
nung der komparatistischen Methode, oberflächlich blieb, während
selbst ein Alfred Croiset den neuen Ansatz der von Durkheim her-
a u s g e g e b e n e n 'Année S o c i o l o g i q u e ' w e n i g s t e n s z u r K e n n t n i s
nahm 8 3 .
Schließen wir dieses Kapitel mit einem Höhepunkt wissen-
schaftlicher Zusammenarbeit vor dem Ersten Weltkrieg. Als im Jah-
re 1901 in Paris die Internationale Assoziation der Akademien ge-
gründet wurde, hatte Mommsen zuvor in Paris dafür geworben u n d
hatte die Berliner Akademie, vor allem ihre Sekretäre H e r m a n n
Diels und Wilhelm Waldeyer, daran wesentlichen Anteil 84 . Es war
der Altphilologe Diels, der die Neugründung der deutschen Öffent-
lichkeit vorstellte 85 , und der die von dem preußischen Ministerialdi-
rektor Friedrich Althoff im Jahre 1907 ins Leben gerufene 'Interna-
tionale Wochenschrift für Wissenschaft, Kunst u n d Technik' 86 mit
82
J. Bollack, "M. de W.-M". (Anm. 78), 489.
83
J. Bollack, "M. de W.-M". (Anm. 78), 497 ff.; etwas modifizierend A. Bierl-
W.M. Calder III, "Instinct against Proof. The Correspondence between Ulrich von
Wilamowitz-Moellendorff and Martin P. Nilsson on Religionsgeschichte (1920-
1930)", Eranos 89, 1991, 73 ff.
84
Zur Vorgeschichte s. B. Schroeder-Gudehus, Les scientifiques (Anm. 40),
42 ff.; vgl. C. Grau, Die Berliner Akademie der Wissenschaften in der Zeit des Impe-
rialismus, Bd. 1, Berlin 1975, 99 ff.
85
H. Diels, "Internationale Association der Akademien zu Paris", Deutsche
Revue 26. Jg., Bd. 3, Juli-Sept. 1901, 344 ff.; vgl. E.E. Schütrumpf, "Hermann
Diels", in : W.W. Briggs-W.M. Calder HI (Hrsg.), Classical Scholarship, New
York-London 1990, 52 ff.
86
Der im Archiv des Verlags B.G. Teubner/Stuttgart-Leipzig befindliche Ver-
trag vorn 13Juni 1914, mit dem Teubner die Herausgabe der nunmehrigen 'Mo-
natsschrift' ab 1. Oktober 1914 übernahm, macht mit seiner Defizitgarantie durch
den Königlich Preußischen Staat (Unterrichtsverwaltung) die fortdauernde An-
teilnahme des Ministeriums deutlich. (Für die Vermittlung des Vertrags danke
ich Herrn Heinrich Krämer, Verlag B.G. Teubner.)
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 63
dem programmatischen Artikel 'Die Einheitsbestrebungen der Wis-
senschaft' eröffnete. Er endete damals optimistisch :
"Zu Pfingsten dieses Jahres wird die dritte Generalversammlung
dieses großen wissenschaftlichen Trusts (sie!) in Wien tagen. Wenn
dann die Vertreter von allen Seiten ... zusammentreten, dann wird of-
fenbar werden, daß wenigstens auf dem neutralen Gebiet der Wissen-
schaft die einigende Liebe stärker geworden ist als der trennende
Haß"87.
Gleichzeitig zeigte die repräsentative Darstellung des 'Institut de
France' mit einer großen Abbildung den Ehrenpräsidenten des er-
sten Kongresses der Internationalen Assoziation der Akademien der
Wissenschaften, Mommsen, bei einem Vortrag im Sitzungssaal des
Instituts 88 .
V
"Les vieux Peuls de Djenné n'étaient pas dupes. 'Les
chefs blancs, disaient-ils, présentent leurs ennemis à nos
enfants, donc indirectement à nous-mêmes, comme s'ils
étaient des sorciers et des diables; mais il est impensable
que toute une race soit uniquement constituée de mau-
vaises gens. Les hommes sont comme les herbes et les
plantes des champs : les espèces vénéneuses poussent à
côté des espèces guérisseuses, et les plantes comestibles à
côté de celles qui ne le sont pas. Chez tous les hommes, à
part les sages ou les saints, on trouve un trait commun :
chacun est porté à dénigrer son ennemi ou son adversaire
et à le présenter comme un vaurien. Pourtant, bien peu se
rendent compte qu'en diminuant la valeur de leur rival, ils
ne font que minimiser leur propre valeur.'"
(Amadou Hampâté Bâ, Amkoullel l'enfant peul. Mé-
moires, Paris 1991)
Was, bei allen nationalen Reizbarkeiten u n d Antagonismen, auf
guten Wegen schien, ist zu Beginn des Ersten Weltkrieges von
einem Tag auf den anderen zusammengebrochen. H e r m a n n Diels
konnte a m 1. September 1914 n u r m e h r "eine Katastrophe der inter-
nationalen Wissenschaft" beklagen 89 .
"Internationale Wochenschrift ..., Nr. 1, 6. April 1907, 3-10. Zum Begriff
'Trust' s. P. Schiera, II laboratorio borghese (Anm. 35), 264 ff., der darauf auf-
merksam macht, wie gerade Theodor Mommsens Streben nach dem wissen-
schaftlichen 'Großbetrieb' bewußtseinsbildend gewirkt hat : Rede am Leibniz-
schen Gedächtnistage 2. Juli 1874, in : Reden und Aufsätze, Berlin 1904, 39 ff.
88
A. Franklin - G. Perrot - G. Boissier, L'Institut de France. Le Palais - l'Insti-
tut, l'Académie Française, l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris 1907,
185 (Hinweis von Eduard Frolov/St. Petersburg).
89
Internationale Monatschrift für Wissenschaft, Kunst und Technik 9, 1915,
64 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
Die Tonlage in Frankreich bestimmte Henri Bergson mit seiner
Rede am 8. August, die er als Präsident der Académie des sciences
morales et politiques gehalten hat :
"La lutte engagée contre l'Allemagne est la lutte même de la civi-
lisation contre la barbarie. Tout le monde le sent, mais notre Acadé-
mie a peut-être une autorité particulière pour le dire. Vouée en
grande partie à l'étude des questions psychologiques, morales et so-
ciales, elle accomplit un simple devoir scientifique en signalant dans
la brutalité et le cynisme de l'Allemagne, dans son mépris de toute
justice et de toute vérité, une régression à l'état sauvage"90.
Diesem Vorwurf der Barbarei gegenüber fühlte sich ein Georg
Misch 91 ebenso hilflos wie ein Ludwig Fulda, der als verdienstvoller
Übersetzer von Molière u n d Rostand im Jahre 1907 das Kreuz der
Ehrenlegion erhalten hatte 92 , der aber n u n voll Erbitterung den Auf-
ruf 'An die Kulturwelt!' zur Hauptsache verfaßte, der so verhängnis-
voll nachwirken sollte 93 .
Von deutscher Seite wurde der Haß zunächst nicht erwidert.
"Gegenüber dem französischen Volke als unserem edelsten
Gegner können wir am ehesten ein Empfinden der Gleichwertig-
keit wohl aufbringen" 94 . "Mit Frankreich wäre von unserem Stand-
punkt aus eine Versöhnung a m ersten möglich : wir begreifen u n d
würdigen, daß Frankreich die Entscheidung von 1870 nicht als de-
127 ff.; vgl. U. von Wilamowitz-Moellendorff, "Der Krieg und die Wissenschaft",
ebda., 101 ff.
90
H. Bergson, "Discours prononcé à l'Académie des sciences morales et poli-
tiques", in : Mélanges, Paris 1972, 1102; s. dazu G. Simmel, "Bergson und der
deutsche 'Zynismus'", Internationale Monatsschrift 9, 1915, 197 ff.; Ph. Soulez,
"Les missions de Bergson ou les paradoxes du philosophe véridique et trom-
peur", in Ph. Soulez (Hrsg.), Les Philosophes et la Guerre de 14, Saint-Denis 1988,
65 ff.; I. Starkier, "Les Philosophes juifs et la guerre de 14. Philosophes, juifs ou
français?", ebda., 223 ff. Zum Barbarenklischee s. M. Jeismann, Das Vaterland
der Feinde (Anm. 37), 339 ff.
91
G. Misch, Vom Geist des Krieges und des deutschen Volkes Barbarei, Tat-
Flugschriften, Heft 1, Jena 1914.
92
L. Fulda, "Aus meinem Lebenslauf", in : B. Gajek - W. v. Ungern-Stern-
berg (Hrsg.), Ludwig Fulda. Briefwechsel (Anm. 42), 1032.
93
B. vom Brocke, "'Wissenschaft und Militarismus.' Der Aufruf der 93 'An
die Kulturwelt!' und der Zusammenbruch der internationalen Gelehrtenrepublik
im Ersten Weltkrieg", in : W. M. Calder III u.a. (Hrsg.), Wilamowitz (Anm. 62),
649 ff.; J. v. Ungern-Sternberg, "Wie gibt man dem Sinnlosen einen Sinn? Zum
Gebrauch der Begriffe 'deutsche Kultur' und 'Militarismus' im Herbst 1914", in :
W. J. Mommsen (Hrsg.), Krieg und Kultur : Die Rolle der Intellektuellen, Künstler
und Schriftsteller im Ersten Weltkrieg, München 1996, 77 ff. Eine kritische Edition
des 'Aufrufs' J. u. W. v. Ungern-Sternberg, Der Aufruf 'An die Kulturwelt!', Stutt-
gart 1996.
94
U. von Wilamowitz-Moellendorff, "Krieges Anfang", in : Reden aus der
Kriegszeit, Berlin 1915, 7.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 65
finitiv hat hinnehmen wollen..."95 'Tapfer' und 'ritterlich' sind na-
hezu stehende Epitheta ornantia für die Franzosen.
Bei näherem Zusehen zeigt sich freilich, daß die Achtung mit
einem Gefühl der Herablassung gepaart war, ja aus ihm geradezu
resultierte96. Man sah in Frankreich einen "willenlosen Vasallen des
barbarischen (sie!) Rußlands und des selbstsüchtigen, kühl rechnen-
den Englands"97 - und vor allem diesem galt aus einem Gefühl der
Inferiorität heraus der deutsche Haß. So beginnt Ernst Lissauers be-
rühmter 'Haßgesang auf England' :
"Was schiert uns Russe und Franzos',
Schuß wider Schuß und Stoß um Stoß!
Wir lieben sie nicht,
Wir hassen sie nicht,
Wir schützen Weichsel und Wasgaupaß,-
Wir haben nur ein einzigen Haß, ..."98
Diesem Sachverhalt entspricht, daß der 'Archäologische Anzei-
ger' unter derselben Überschrift "Den Tod für ihr Vaterland starben
aus unserem Kreise" nach den deutschen Namen beifügen konnte :
"In den Reihen unserer Gegner fiel als Hauptmann in der Territori-
alarmee Dr. h. c. Joseph Déchelette Konservator des Museums in
Roanne. Mitglied des Instituts seit dem Jahre 1907", um dann zu en-
den : " Ehre ihrem Andenken"99. Ebenso meldete die 'Klio', "der iri-
sche Gelehrte K.T. Frost aus Belfast", der im gleichen Band noch
einen Artikel mitveröffentlicht hatte100, "ist bei Monts, auf englischer
Seite fechtend, gefallen"101. Der Nachruf von Gustave Fougères im
95
Ed. Meyer, "Die Einwirkungen des Weltkrieges auf die Kultur und die
Kulturaufgaben der deutschen Zukunft", in : Weltgeschichte und Weltkrieg, Stutt-
gart-Berlin 1916, 25.
96
G. Krumeich, "Le déclin de la France dans la pensée politique et militaire
allemande avant la Première Guerre Mondiale", in : J.-C. Allain (Hrsg.), La
Moyenne Puissance au XXe siècle, Paris 1988, 101 ff. In Kürze stellt dies bereits
fest : A. Hallays, L'opinion allemande pendant la guerre 1914-1918, Paris 1919, 39 f.
97
Ed. Meyer, "Einwirkungen" (Anm. 95), 25.
98
Zu Lissauer s. das lesenswerte Porträt bei Stefan Zweig, Die Welt von Ge-
stern, Kap. IX. In der Sitzung der Académie vom 27. November 1914 legte An-
toine Thomas eine neue Erklärung für das Wort 'amour' vor und endete :
Amour nous vient des cours de la Provence, haine est sorti des forêts de la Ger-
manie; chaque pays exporte les mots comme les sentiments qui charactérisent sa
civilisation" : CRAI, 1914, 687. S. dazu aber M. Wandruszka, Der Geist der fran-
zösischen Sprache, Reinbek bei Hamburg 1959, 58f. (Hinweis von Vera Heer-
mann).
99
Archäologischer Anzeiger, Heft 4, 1914, 447 f.
100
J. L. Myres - K.T. Frost, "The Historical Background of the Trojan War",
Klio 14, 1915, 446 ff. Der gleiche Band enthält auch Aufsätze von E. Cavaignac
und A. Reinach.
101
Klio 14, 1915, 505.
66 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
'Bulletin de Correspondance Hellénique' liest sich da durchaus an-
ders102.
Generell war die 'union sacrée' in Frankreich103 erheblich stabi-
ler als der 'Burgfrieden' in Deutschland oder auch die öffentliche
Meinung in England104. Von Romain Rolland abgesehen105, blieb
französischen Gelehrten nur das Schweigen, wenn sie an der Pole-
mik gegen Deutschland nicht teilnehmen wollten. Und viele haben
auch geschwiegen106. Zu bemerken ist freilich, daß die Äußerungen
französischer Intellektueller zum Ersten Weltkrieg bislang weniger
erforscht sind107, als die entsprechenden englischen108 oder deut-
schen109 Stimmen. Ein Desiderat bleibt eine übernationale Zusam-
102
G. Fougères, "Nos deuils 1914-1915", Bulletin de Correspondance Hellé-
nique 39, 1915, I-VI (vor S. 241). CRAI (Anm. 49), 1915, 366 f. (Sitzung vom 15. .
Oktober 1915) findet sich aber ein Nachruf von Edouard Chavannes auf Wolf- ;
gang Heibig.
103
J.-J. Becker, Comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris 1977;
ders., Les Français dans la Grande Guerre, Paris 1980; s. auch P. Renouvin, "Die
öffentliche Meinung in Frankreich während des Krieges 1914-1918", Vierteljahrs-
hefte für Zeitgeschichte 18, 1970, 239 ff.
104
St. Wallace, War and the Image of Germany. British Academics I914-1918,
Edinburgh 1988.
105
R. Rolland, Journal des années de guerre 1914-1919, Paris 1952. Zu den
(zahlreichen) deutschen Emigranten in der Schweiz s. D. Riesenberger, "Deut-
sche Emigration und Schweizer Neutralität im Ersten Weltkrieg", Schweizerische
Zeitschrift für Geschichte 38, 1988, 127 ff. Erwähnenswert ist die Kritik der Lin-
ken : A. Rosmer, Le mouvement ouvrier pendant la guerre. I De l'union sacrée à
Zimmerwald, Paris 1936.
106
B. Gödde-Baumanns, Deutsche Geschichte in französischer Sicht. Die fran-
zösische Historiographie von 1871 bis 1918 über die Geschichte Deutschlands und
der deutsch-französischen Beziehungen in der Neuzeit, Wiesbaden 1971, 350 ff.; un-
veröffentlicht ist : J. Fernique, L'histoire au combat. Les historiens français pen-
dant la première guerre mondiale, mémoire de maîtrise, Université de Strasbourg
1985.
107
S. aber P. O r y - J.-F. Sirinelli (Hrsg.), Les Intellectuels (Anm. 41), 61 ff.; Ph.
Soûlez, Les Philosophes (Anm. 90); S. Luzzatto, "Les tranchées de la Sorbonne :
les historiens français et le mythe de la guerre révolutionnaire (1914-1918)", Sto-
ria délia Storiografia 20, 1991, 3 ff.; F. Field, British and French Writers of the First
World War, Cambridge 1991. Eine lebhafte Debatte hat dagegen um die Indok-
trination der eigenen Bevölkerung stattgefunden : St. Audoin-Rouzeau, '"Bour-
rage de crâne' et information en France en 1914-1918", in : J.-J. Becker - St. Au-
doin-Rouzeau (Hrsg.), Les sociétés européennes et la guerre de 1914-1918, Nanterre
1990, 163 ff.; ders., 14-18. Les combattants des tranchées, Paris 1986, 107ff.
108
S. etwa P. Fussell, The Great War and Modem Memory, Oxford 1975; M. L.
Sanders - Ph. M. Taylor, Britische Propaganda im Ersten Weltkrieg 1914-1918, Ber-
lin 1990 (englisch : London 1982); S. Hynes, A War Imagined : the First World War
and English Culture, London 1990; G.S. Messinger, British Propaganda and the
State in the First World War, Manchester 1992.
109
H. Lübbe, Politische Philosophie in Deutschland, Basel 1963, 173 ff.; K.
Schwabe, Wissenschaft und Kriegsmoral. Die deutschen Hochschullehrer und die
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 67
menschau 110 , die deutlich zu machen hätte, daß m a n in den einzel-
nen Ländern die Verlautbarungen der anderen Seite zur Kenntnis
nahm u n d auf sie reagierte. Auch zunächst sehr befremdende Stel-
lungnahmen sind zu einem Teil aus diesem polemischen Gespräch1"
heraus verständlich. So ist die von Wilamowitz verfaßte und a m 16.
Oktober 1914 veröffentliche 'Erklärung der Hochschullehrer des
Deutschen Reiches' mit ihrer positiven Umwertung des 'Militaris-
mus'-Begriffs schon im Text selbst als eine Reaktion kenntlich :
"Wir Lehrer an Deutschlands Universitäten und Hochschulen
dienen der Wissenschaft und treiben ein Werk des Friedens. Aber es
erfüllt uns mit Entrüstung, daß die Feinde Deutschlands, England an
.;.. der Spitze, angeblich zu unseren Gunsten einen Gegensatz machen
wollen zwischen dem Geiste der deutschen Wissenschaft und dem,
was sie den preußischen Militarismus nennen"112.
Vor 1914 hat sich gewiß nicht Wilamowitz und hat sich auch
sonst kaum ein deutscher Gelehrter als 'Militarist' bezeichnet. Es
gab auch in Deutschland eine sehr lebhafte 'Militarismus'-Debatte 113 .
Nun wollte m a n sich 'solidarisieren' - und brachte damit selbst
einen u m Gerechtigkeit bemühten Beobachter wie Romain Rolland
zu der Feststellung :
"Il nous faut bien admettre ce qu'ils déclarent publiquement :
que le militarisme et la culture allemande ne font plus qu'un. Ce ne
sera point notre faute si l'un et l'autre partagent le même sort"114.
Zu den Gründen für das gegenseitige Nichtverstehen und Nicht-
verstehen-Wollen haben wir uns bereits im Abschnitt III geäußert.
Aber m a n müßte wohl noch tiefer nachfragen, bis in die irrationalen
Abgründe der Seele hinein : Zur Projektion eigener Vorstellungen,
Wünsche u n d Befürchtungen auf den Feind. Beachtenswert ist dazu
das - selbst von Einseitigkeiten nicht freie - Werk von Kurt Basch-
politischen Grundfragen des Ersten Weltkrieges, Göttingen 1969; F. K. Ringer,
Mandarins (Anm. 33); E. Demm, "Les thèmes de la propagande allemande en
1914", Guerres mondiales, Nr. 150, 1988, 3 ff.; W. Mommsen (Hrsg.), Krieg und
Kultur (Anm. 93).
110
Wichtige Ansätze bei B. Schroeder-Gudehus, Les scientifiques (Anm. 40);
R. N. Stromberg, Redemption by War. The Intellectuals and 1914, Lawrence/Kan-
sas, 1982.
111
Zum Begriff des 'Gesprächs' in diesem Zusammenhang : M. Völkel, "Ge-
schichte als Vergeltung" (Anm. 4), 64 mit Anm 2.
112
Text bei B. vom Brocke, "Wissenschaft und Militarismus" (Anm. 93), 717;
vgl. die am 20. November gehaltene Rede von Wilamowitz, Militarismus und
Wissenschaft, in : Reden aus der Kriegszeit, Berlin 1915, 75 ff.
113
M. Geyer, "Militarismus", in : Geschichtliche Grundbegriffe, Bd. 4, Stutt-
gart 1978, 30 ff. bes. 39 f.
114
R. Rolland, Journal (Anm. 105), 75; s. dazu J. v. Ungern-Sternberg, "Wie
gibt man dem Sinnlosen einen Sinn?" (Anm. 93).
68 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
witz, Der Massenwahn115. Zu den deutschen Projektionen auf Eng-
land finden sich gute Bemerkungen bei F.K. Ringer116. Ein schönes
Beispiel bietet der katholische, in Opposition zur Dritten Republik
stehende Historiker Augustin Cochin, der anders als wohl die mei-
sten seiner Landsleute in den Deutschen "le Leviathan socialiste et
démocratique - peu importe qu'il ait un empereur à sa tête - une
tourbe" erblickte1".
Bestürzend ist dabei, daß gerade auch gute Kenner der jeweils
anderen Seite sich der allgemein verbreiteten Klischees bedienten.
(Aber nicht anders soll es heute zwischen den Universitäten des ehe-
maligen Jugoslawien zugehen.) Nach dem Ersten Weltkrieg herrsch-
te dann begreiflicherweise verlegenes Schweigen über das eben
noch Gesagte und Gedruckte. Und fand ein gewisser Lernprozeß
statt : Im Zweiten Weltkrieg haben jedenfalls die Gelehrten nicht an-
nähernd im gleichen Umfang einen solchen 'Kriegsdienst mit der
Feder' geleistet. Aber das ist eine rein quantitative Feststellung, die
im einzelnen genauer bedacht und nuanciert werden müßte.
VI
Der Abbruch der wissenschaftlichen Beziehungen erfolgte so-
fort; und vor allem von französischer Seite mit letzter Konsequenz.
Ein bleibendes Denkmal sind die Inschriften von Delos : Um die
Faszikel IG XI 2 und 4 herum schieben sich die seit 1926 von der
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres herausgegebenen Bände
(ID)118, dergestalt freilich, daß die Numerierung beibehalten wurde.
Der Index kann deshalb 'IG' und 'ID' einfach weglassen119. Zur an
sich geplanten Edition der Inschriften von Delphi im Rahmen der
'Inscriptiones Graecae' ist es gar nicht erst gekommen. Den vierten
Supplementband zu den lateinischen Inschriften Afrikas hat Her-
mann Dessau mitten im Krieg herausgegeben, im Vorwort auch die
Verdienste von Cagnat gewürdigt, auf dem Titelblatt aber taktvoller-
weise überhaupt keine Namen genannt120.
115
K. Baschwitz, Der Massenwahn. Ursache und Heilung des Deutschen-
hasses, 3. Aufl., München 1932, s, auch T. Todorov, Nous et les autres. La réflexion
française sur la diversité humaine, Paris 1989, bes. 277 ff.
116
F.K. Ringer, Mandarins (Anm. 33), 185 ff.
117
F. E. Schrader, Augustin Cochin et la république française, Paris 1992, 91f.
118
S. etwa die Vorrede von J.Coupry, Inscriptions de Délos. Période de l'Am-
phictyonie Attico-Délienne. Actes administratifs, Paris 1972.
119
J. Tréheux, Inscriptions de Délos. Index I, Paris 1992 : avertissement.
120
CIL VIII, Suppl. 4, Berlin 1916.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 69
Unerfreulich war die Polemik der französischen Ausgräber von
Stratos in Akarnanien gegen den griechischen Archäologen Anasta-
sios Orlandos, dem sie unberechtigte Auswertung ihrer Ergebnisse,
z.T. mit deutscher Hilfe, vorwarfen : "...rappelant d'assez près la
manière hésitante de certain fraudeur allemand, dont tous les
procédés, on le voit, pouvaient faire école ailleurs qu'en Germa-
nie"121- Orlandos, ein Schüler Wilhelm Dörpfelds, lebte zum Glück
lange genug, um 1962 correspondant étranger und 1975 sogar asso-
cié étranger der Académie des Inscriptions et Belles-Lettres zu wer-
den122.
Vergleichbare Äußerungen waren leider nicht selten. Erinnert
sei nur an Victor Bérards Invektive gegen Friedrich August Wolf :
"Les Prolégomènes...ne sont qu'un plagiat de trois ouvrages fran-
çais"123. Generell war die Tendenz, der deutschen Wissenschaft zwar
viel Organisationstalent, aber wenig Originalität zuzubilligen124.
Auch die persönlichen Beziehungen kamen zum Erliegen; ge-
wöhnlich wohl ohne ausdrückliche Erklärung. In einem Einzelfall
läßt sich das noch dokumentieren. Bernard Haussoullier und Theo-
dor Wiegand hatten vor dem Kriege in wissenschaftlichem Aus-
tausch gestanden125. Wiegand hatte dann offenbar sich an Paul
Schazmann in Genf gewandt, der an den deutschen Ausgrabungen
121
F. Courby - Ch. Picard, Recherches archéologiques à Stratos d'Acamanie,
Paris 1924, 10 (Hinweis von Ernst-Ludwig Schwandner).
122
Vgl. den Nachruf von Jacques Heurgon : CRAI, 1979, 512 ff.
123
CRAI, 1917, 55 f. Zu dem wesentlich komplexeren Sachverhalt hinsicht-
lich der Vorgänger von F. A. Wolf s. etwa J. Latacz, "Einleitung", in : J. Latacz
(Hrsg.), Zweihundert Jahre Homer-Forschung, Colloquium Rauricum 2, Stuttgart-
Leipzig 1991, 3ff.
124
Charakteristisch dafür ist noch vor Kriegsausbruch René Cruchet, Les
Universités Allemandes au XX' siècle, Paris 1914. Nach einem überwiegend feind-
seligen Überblick über die einzelnen deutschen Universitäten gelangt er, eher
unerwartet, zu einem Lob des deutschen Föderalismus gegenüber der französi-
schen Zentralisation (432 ff.), um gleichwohl wiederholt festzustellen : "Il est
également permis de disserter à l'infini sur leur peu d'originalité, et de faire re-
marquer...qu'ils ont emprunté aux autres peuples, et plus spécialement à la
France, les découvertes ou les idées qui ont fait leur fortune" (439); s. auch F.
Hartog, Fustel (Anm. 13), 196ff. Vgl. noch im Jahre 1922 Th. Reinach, "Poet or
Law-Giver?", Journal of Hellenic Studies 42, 1922, 50 ff.; dazu F. Studniczca, "The
Sophocles Statues", JHS 43,1923, 57 ff.; Th. Reinach, "The 'Sophocles' Statue : A
Reply", ebda., 149 ff.; W. Amelung, "Note", JHS 44,1924, 54; F. Studniczka, "One
more Sophocles and not Solon", ebda, 281 ff. Die neuere Forschung folgt Stud-
niczka : L. Laurenzi, Ritratti Greci, Florenz 1941, 99 f.; G.M.A. Richter, The Por-
traits of the Greeks, Bd. 1, London 1965, 129 (Hinweis von Dagmar Costantini).
Der von Reinach erwähnte Brief Studniczkas vom 15. Dezember 1922 findet sich
großenteils im Entwurf im Archiv des Deutschen Archäologischen Instituts/Ber-
lin.
125
Briefe von Haussoullier befinden sich im Nachlaß Wiegands im Deut-
schen Archäologischen Institut/Berlin.
in Pergamon mitgewirkt hatte u n d n u n Delegierter des Internationa-
len Roten Kreuzes geworden war 126 . Schazmann schrieb Wiegand
a m 25. August 1915 :
"Ein Brief von Prof. Haussoullier ist eingetroffen : Er sagt unter
anderem 'je m'intéresse très vivement et tout particulièrement aux
fouilles de Milet. Quand la guerre a éclaté j'entretenais d'excellentes
relations personelles avec le D.r Wiegand qui a dirigé ces fouilles et di-
rige la publication. Il m'a plus d'une fois consulté (M.r Rehm ou lui)
sur les inscriptions de Milet et de Didymes. J'avais même accepté la
proposition que m'avait transmise M.r von Bode, directeur des Mu-
sées royaux, de collaborer au recueil des Inscriptions de Milet ... etc.
La situation a changé - non que j'ai cessé de m'intéresser à Milet ...'
Dann fragt er direkt ob das Buch ein Geschenck (sie) von m i r
oder auch von einem der deutschen Gelehrten sei ... Für Beziehun-
gen mit Berlin möge m a n bis nach dem Kriege warten ...' par quel-
que voie qu'on prenne, par quelque détour qu'on passe, par la Suisse
ou ailleurs ... J'attendrai la fin de la guerre ... Faites moi l'amitié de
croire que je continuerai à m'instruire à toute école etc.' Er k o m m t
d a n n auf den 'Manifeste des 93 intellectuels allemands.' Ich fürchte,
daß m a n gegenwärtig durch Korrespondieren mit ihm n u r eine Pro-
blematik über diese Erklärung aufrühren würde ... Kurz gefaßt : ist
Prof. H. gegen Sie, Herr Direktor, erkenntlich, auch für die Arbeiten
in Milet sehr interessiert, aber er äußert die bewußte, kategorische
Absicht die Beendigung des Krieges abzuwarten u m zu verkeh-
ren" 127 .
Der von Haussoullier angesprochene Aufruf 'An die Kulturwelt!'
war zu einem Symbol deutscher Gelehrtenüberheblichkeit gewor-
den. Vieles wäre zu sagen davon : über die Umstände seiner Entste-
hung; über seine Verfasser - die keineswegs Professoren waren 128 .
Für die Außenwirkung ist es freilich unerheblich. Der Aufruf war im
Inhalt wie in seinem Ton zutiefst fragwürdig. Ein quellenkritisch ar-
beitender Historiker wie E d u a r d Meyer verhehlte sich die Problema-
tik nicht, hat aber doch unterschrieben 129 , ebenso wie die Archäolo-
gen Wilhelm Dörpfeld, Friedrich von Duhn, Karl Robert, Theodor
Wiegand und ein Wilamowitz.
126
Im November 1914 hatte Wiegand nach einer Tagebuchnotiz auch wegen
deutscher Gefangener in Frankreich Auskünfte bei Schazmann gesucht. Zu die-
sem : P. Collart, Paul Schazmann. Archéologue suisse, Lausanne 1946; A. Bielman,
Histoire de l'histoire ancienne et de l'archéologie à l'Université de Lausanne (1537-
1987), Lausanne 1987, 71 ff.
127
Brief im Nachlaß Wiegand (Anm. 125).
128
S. dazu Anm. 93.
129
J. v. Ungern-Sternberg, "Eduard Meyer und die deutsche Propaganda zu
Beginn des ersten Weltkrieges", in : Wiss. Zeitschrift der Humboldt-Univ. zu Ber-
lin, R. Geistes- und Sozialwiss. 40/9, 1991, 37 ff.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 71
Die Académie des Inscriptions et Belles-Lettres hat auf ihrer Sit-
zung vom 23. Oktober 1914 feierlich gegen den Aufruf protestiert 130 .
Mit Dekret vom 28. Mai 1915 schloß der Präsident der Französischen
Republik Wilamowitz aus der Académie aus 131 . Einige französische
Wissenschaftler - Heuzey, Homolle, Pottier - hatten schon zuvor ihre
Mitgliedschaft in der Berliner Akademie bzw. im Deutschen Archäo-
logischen Institut niedergelegt, andere, etwa Cagnat, Haussoullier,
Holleaux, sind diesem Schritt nicht gefolgt. Innerhalb der Berliner
Akademie wie innerhalb der Kartellversammlung der deutschen Aka-
demien gab es daraufhin heftige Diskussionen u m Gegenmaßnah-
men. Solche wünschten u.a. Eduard Meyer und Wilamowitz; es setz-
te sich aber der gemäßigte Standpunkt durch, den Max Planck u n d
der Ägyptologe Adolf E r m a n verfochten hatten 132 . Zum fatalen Boy-
kott der deutschen Akademien ist es erst Ende 1918 auf englisches
und französisches Betreiben hin gekommen (bis 1928)133.
VII
Wenn die Altertumswissenschaftler sich zum Krieg äußerten, so
taten sie es meist in der Weise wie Eduard Schwartz in seiner a m 1.
Mai 1915 in Straßburg gehaltenen Rede 'Über den hellenischen Be-
griff der Tapferkeit' :
"... ich fürchte nicht, daß es mißdeutet wird, wenn ich von dem
Vorrecht des klassischen Philologen Gebrauch mache, das ihm ge-
stattet, mit verhältnismäßig leichter Mühe ein Thema zu finden, wel-
ches zwischen dem Hellenentum und unserer unmittelbaren Gegen-
wart eine Brücke schlägt : ich möchte Ihnen einiges von dem vortra-
gen, was die hellenische Poesie und Philosophie von der Tugend der
Tapferkeit gedichtet und gedacht hat"134.
Im Mittelpunkt seiner Rede steht keineswegs das Schlachtfeld,
sondern der Tod des Sokrates. Und Schwartz versagt es sich, die
Analogien explizit nachzuziehen :
130
CRAI, 1914, 377 f.
131
CRAI, 1915, 236 f.; dazu U. von Wilamowitz-Moellendorff, Erinnerungen
(Anm. 31), 316 : "Die Streichung durch die Pariser habe ich damit beantwortet,
daß auf den Diplomen meines Rektorates steht : plerarumque in hoc orbe acade-
miarum socius, e Parisina honoris causa eiectus".
132
Protokolle der Kartellversammlung des Verbandes deutscher wissenschaft-
licher Körperschaften in Leipzig am Freitag, den 21. Mai 1915, Leipzig 1915; König-
lich Preußische Akademie der Wissenschaften. Anträge für die Gesamtsitzung am
22. M i 1915; dazu C. Grau, Die Berliner Akademie (Anm. 84), 182 ff.
133
B. Schroeder-Gudehus, Les scientifiques (Anm. 40), 101 ff. 131 ff.
134
Ed. Schwartz, Über den hellenischen Begriff der Tapferkeit, Rektoratsreden
der Universität Straßburg, Straßburg 1915, 6 = Vergangene Gegenwärtigkeiten. Ge-
sammelte Schriften 1, Berlin 1938, 224.
72 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
"Damit schließe ich meine Wanderung durch eine vergangene
Welt; wenn sich in Ihnen Fäden spinnen zu der Gegenwart, die unsere
Herzen jetzt ganz erfüllt, ziehe ich es vor, beiseite zu treten wie ein
diskreter Führer, der den Wanderer zu einer weiteren Aussicht geleitet
hat u n d sein Schauen über die fernen Gipfel durch vorlaute Mahnun-
gen auf diesen oder jenen den Blick zu richten nicht stören mag" 135 .
Ganz so diskret waren andere nicht. Aber auch Alfred Gerckes
Betrachtungen über 'Altgriechische Kriegslyrik'136 oder selbst die Re-
de von Wilamowitz über 'Heroentum'137 sind sachlich so verantwort-
bar wie auf der anderen Seite etwa die Darlegungen von Paul Girard
'Le mariage d'Hector', der sich nur im Anschluß an die Ethymologie
von Hektors Namen 'le Défenseur' die Abschweifung gestattet :
"Il se trouve donc personnifier, dans le vieux poème qui était l'ima-
ge la plus saisissante que les anciens connussent de la guerre, cette pa-
tiente tactique que nous voyons pratiquer sous nos yeux, vers laquelle
se tendent plus ardemment chaque jour nos regards et nos espérances,
et dont à la légère, malgré l'admiration qu'elle nous inspire, nous allons
répétant qu'elle est contraire à notre tempérament national, comme s'il
existait quelque chose de bon et d'utile à quoi ne sache s'adapter,
quand la nécessité le commande, le souple génie français 138 .
Einen etwas gröberen Gebrauch der Analogie finden wir etwa
bei Ernest Babelon 'Attila dans la numismatique' :
"Les terribles événements qui se déroulent sous nos yeux depuis
près de deux mois, la barbarie des armées allemandes brûlant des vil-
les ouvertes, massacrant des populations inoffensives, détruisant par
le fer et le feu la Bibliothèque de Louvain, la cathédrale de Reims et
bien d'autres monuments d'art, - ces actes, qualifiés crimes dans les
Codes de toutes les nations civilisées, ont rappelé à la mémoire de
tous les déprédations féroces d'Attila, roi des Huns, au Ve siècle de
notre ère. Le rapprochement s'impose d'autant plus à l'esprit, comme
la presse quotidienne l'a remarqué, que les Huns prédécesseurs des
Allemands 139 , après s'être avancés jusque sous les m u r s de Paris, ont
été refoulés, puis battus par les Gallo-Romains dans les plaines des
environs de Châlons, sur les bords de la Marne : ce fut la bataille des
Champs catalauniques, en 451" 140 .
135
Ed. Schwartz, Tapferkeit, 22 = Vergangene Gegenwärtigkeiten, 237 f.
136
A. Gercke, "Altgriechische Kriegslyrik", Internationale Monatsschrift 9,
1915, 1347 ff.
137
U. von Wilamowitz-Moellendorff, "Heroentum", in : Reden (Anm. 112),
95 ff.
138
P. Girard, "Le mariage d'Hector", CRAI, 1914, 658 ff. bes. 666.
139
Der Vergleich ist älteren Datums. Nachdem ein Napoleon I. als Attila
hatte bezeichnet werden können, wurde schon im Krieg 1870/71 den Deutschen
dies Attribut in reichem Maße zuteil : M. Jeismann, Vaterland der Feinde (Anm.
37), 185 Anm. 46. 208. 228 f.
140
E. Babelon, "Attila dans la numismatique", CRAI, 1914, 560 f. Zum Stand
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 73
Oder auch bei Eduard Meyer, der wiederholt den Hannibalkrieg
mit der 'Einkreisung' Deutschlands verglichen hat :
"Werfen wir nun einen Blick auf die Lage, in der wir uns gegen-
wärtig befinden, so drängen sich sowohl die Analogien wie die Unter-
schiede dem Bewußtsein unmittelbar auf. Die Krisis, die wir durchle-
ben, ist die des Hannibalischen Krieges, nur noch unendlich viel grö-
ßer und furchtbarer. Wie Hannibal die gesamte Mittelmeerwelt in
den Kampf gegen Rom zu führen suchte, so hat England bei allen
Völkern und Staaten der Erde gegen uns geworben und auch wirklich
mehr als die Hälfte der gesamten Menschheit in den Kampf gegen die
deutsche Nation und den deutschen Staat geführt"141.
Im engeren Sinn 'politisch' haben n u r wenige Altertumswissen-
schaftler gewirkt.
Zu nennen wäre vor allem Eduard Meyer, der sich publizistisch
zu England und den Vereinigten Staaten äußerte 142 , im Jahre 1915
die weitgehenden Annexionsforderungen der 'Seeberg-Adresse' un-
terstützte und führend am 'Unabhängigen Ausschuß für einen deut-
schen Frieden' beteiligt war. Auch auf den unbeschränkten U-Boot-
Krieg hat er mit hingewirkt, öffentlich wie hinter den Kulissen. Und
noch nach dem Krieg hat er als Rektor der Universität Berlin im
'Fall Nicolai' - eines deutschen Kriegskritikers, der als Dozent von
Studierenden heftig angegriffen worden war -, sowie beim Kapp-
Putsch eine durchaus anfechtbare Rolle gespielt 143 . Seine politische
Leidenschaft siegte auch über fachliche Bedenken - etwa w e n n ihm
der Forschung : F. Cochet, Rémois en guerre 1914-1918 : l'héroïsation au quotidien,
Nancy 1993; A. Kramer, "'Greueltaten'. Zum Problem der deutschen Kriegs-
verbrechen in Belgien und Frankreich 1914", in : G. Hirschfeld - G. Krumeich
(Hrsg.), Keiner fühlt sich hier mehr als Mensch... Erlebnis und Wirkung des Ersten
Weltkriegs, Essen 1993, 85 ff.
141
Ed. Meyer, "Die Entwicklung der römischen Weltherrschaft", in : Welt-
geschichte (Anm. 95), 39 ff. bes. 77; dazu : J. v. Ungern-Sternberg, "Politik und
Geschichte. Der Althistoriker Eduard Meyer im Ersten Weltkrieg", in : W.M. Cal-
der III - A. Demandt (Hrsg.), Eduard Meyer. Leben und Leistung eines Universal-
historikers, Leiden 1990, 484 ff.
1,2
Ed. Meyer, England. Seine staatliche und politische Entwicklung und der
Krieg gegen Deutschland, Stuttgart-Berlin 1915; Nordamerika und Deutschland,
Berlin 1915; Die Vereinigten Staaten von Amerika. Geschichte, Kultur, Verfassung
und Politik, Frankfurt/M 1920; vgl. L. Canfora, "Die Kritik der bürgerlichen De-
mokratie durch Eduard Meyer", in : R. W. Müller - G. Schäfer (Hrsg.), Arthur
Rosenberg zwischen Alter Geschichte und Zeitgeschichte, Politik und politischer Bil-
dung, Göttingen 1986, 46 ff.
143
B. vom Brocke, Wissenschaft versus Militarismus : Nicolai, Einstein und
die "Biologie des Krieges". Mit einer "Dokumentation" von Rektor und Senat der
Universität Berlin, Jahrbuch des Italienisch-deutschen historischen Instituts in
Trient 10, 1984, 405 ff.; B. Sösemann, "Der kühnste Entschluß führt am sicher-
sten zum Ziel". Eduard Meyer und die Politik, in : W. M. Calder III - A. Demandt
(Hrsg.), Eduard Meyer (Anm. 141), 446 ff.; G. Audring - Chr. Hoffmann - J. v. Un-
^i . u n UIMOE.KN-STERNBERG
bei der Annexionsproblematik die negativen Folgen des römischen
Imperialismus vor Augen standen144 -, oder über die gelegentliche
Einsicht, der deutsche Staatsaufbau habe "eine überlegene Persön-
lichkeit nicht aufkommen" lassen, wohingegen "unsere Feinde...mit
ihrer improvisierten Organisation, bei der die befähigten Persön-
lichkeiten frei und großzügig schalten konnten...schließlich weit
mehr zu leisten vermocht (haben) als wir"'45.
Auf der anderen Seite Camille Jullian. Er hatte von Berlin aus
seine innere Reserviertheit gegenüber den Deutschen im allgemei-
nen und Mommsen im besonderen wiederholt zum Ausdruck ge-
bracht - auch wenn dabei Rücksichtnahme auf die Gefühle seines
Adressaten, Fustel de Coulanges, eine Rolle gespielt haben wird.
Sein Nachruf auf Mommsen aber beginnt emphatisch.
"La vie de Theodor Mommsen est peut-être la plus remplie de
faits, de paroles et d'écrits qu'ait présentée le XIXe siècle; je parle de
ceux qui n'ont pas été des conquérants. Encore, à sa manière,
Mommsen a été un fondateur d'empire, l'imperator unicus de cette
science du monde romain qu'il a soumise, pour sa gloire et celle de
sa nation, à l'hégémonie allemande"146.
Wenn es hier auch anerkennend gesagt wird, so ist doch dieses
Werten in Kategorien des nationalen Wettstreits ungemein charak-
teristisch für das allgemeine Denken vor 1914. Jullian lobt dann vor
allem die 'Römische Geschichte' :
"Ce livre est le plus sincère, le plus durable, le plus complet de
tous ceux qu'il a écrits. Il donne le meilleur de Mommsen"147.
Demgegenüber empfindet er die späteren Werke Mommsens bei
aller Anerkennung - für die er als Zeugen keinen geringeren als den
Kaiser zitiert : "Guillaume II, qui s'y connaît, l'a écrit"148 - als Ver-
fehlen der Synthese. Demgegenüber gelte : "Le bloc compact d'un
Montfaucon ou d'un Tillemont demeure insubmersible"149.
Zur 'Römischen Geschichte' bringt Jullian nur zwei Kritikpunk-
te vor :
gern-Sternberg (Hrsg.), Eduard Meyer - Victor Ehrenberg. Ein Briefwechsel 1914-
1930, Berlin - Stuttgart 1990.
144
J. v. Ungern-Sternberg, "Politik und Geschichte" (Anm. 141), 486 ff.
145
Ed. Meyer, "Rede beim Antritt des Rektorats der Friedrich-Wilhelms-
Universität Berlin am 15. Oktober 1919", in : Kleine Schriften, Bd.2, Halle 1924,
539 ff. bes. 556.
146
C. Jullian, "Mommsen", Revue historique 84, 1904, 113.
147
C. Jullian, "Mommsen" (Anm. 146), 114.
148
C. Jullian, "Mommsen" (Anm. 146), 122 mit Anm. 2. Es handelt sich um
das Kondolenzschreiben des Kaisers an die Witwe Mommsens vom 1. November
1903 : "Den unübertrefflichen Organisator wissenschaftlicher Unternehmun-
gen".
149
C. Jullian, "Mommsen" (Anm. 146), 123.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 75
1. "Il a trop sacrifié l'étude du sol"; 2. "Il a trop parlé de races,
comme du reste tous ses contemporains : race celtique, race german-
ique... Ce qu'étaient les Etrusques, les Italiotes, les Gaulois comme
race, assurément, il est de toute impossibilité de le savoir"150.
Am Vorabend des Weltkrieges hatte sich seine Erinnerung noch
mehr verklärt, wenngleich nicht ganz ohne Untertöne. Im Vorwort
z u dem Werk von René Cruchet über die deutschen Universitäten
schreibt er :
"Les mois que j'ai passés, en 1882-1883, à l'Université de Berlin,
sont restés parmi les plus précieux de ma vie ... Et puis, il y avait, par-
dessus tout, le rayonnement intensif qui se dégageait de la personna-
-j,, lité de Mommsen ... Il représentait pour nous la science allemande
« dans tout son éclat, sa discipline, sa solidité, son humeur un peu fa-
rouche et agressive"151.
Und Jullian endet im Hinblick auf den kritischen Ton des Autors
Cruchet :
"Qu'elles (sc. les universités allemandes) soient des organes de
nationalisme, de pangermanisme même : c'est leur affaire et non
point la nôtre. Mais elles appartiennent aussi à la vie scientifique du
monde; elles sont des organes indispensables à l'activité humaine. Et
c'est pour cela que même un Français patriote doit s'intéresser à leur
, grandeur"152.
. Einige Monate später hatte sich die Welt gründlich gewandelt.
Von Mommsen ist bei Jullian fortan nicht m e h r die Rede. Aber auch
sonst gingen einige Erkenntnisse über Bord. Zur Sitzung a m 16.
April 1915 findet sich in den Comptes rendus der Académie die
Notiz :
"M. Camille Jullian lit son mémoire sur les origines des Ger-
mains qui ne seraient pas une race indo-européenne, mais une race
différente, indo-européanisée probablement par la race celtique"153.
In der Sitzung am 21. Mai prüfte er d a n n die Frage, "si l'Alsace a
été germanique ou celtique" 154 .
Im Jahre 1909 hatte er zwar bereits aktualisierend geschrieben :
"L'empire suève (sc. d'Arioviste) s'étendait maintenant des bords de
l'Oder jusqu'à la trouée de Belfort, et, par cette brèche toujours ouver-
S
C. Jullian, "Mommsen" (Anm. 146), 114 f.
1
C. Jullian, "Préface" à R. Cruchet, Les universités allemandes (Anm. 124),
VTJ.
152
C. Jullian, "Préface" (Anm. 151), XI.
153
CRAI, 1915, 176; zur Herkunft des Gedankens s. M. Völkel, Geschichte als
Vergeltung (Anm. 4), 89 ff. und die Ausführungen von Louis Leger, CRAI, 1915,
194 f. 214.
154
CRAI, 1915, 217.
te, menaçait toute la Gaule", zugleich aber festgestellt : "Et c'est grâce
à lui que le n o m germanique allait s'implanter pour des siècles entre
les Vosges et le Rhin" 155 .
Nunmehr gelangte Jullian aber zu der Feststellung, daß die Tri-
boker sich zwar im Elsaß niedergelassen hätten, daß sie aber "selon
toute vraisemblance ... quoique d'origine germanique, ont complète-
ment abandonné les mœurs de leur pays pour prendre celles de la
Gaule. L'Alsace est restée foncièrement celtique sous les Ro-
mains"156.
Damit hatte er sein Thema für die nächsten Jahre gefunden :
Frankreich und das Elsaß. Im Zentrum seines Denkens hatte immer
schon das Land, "le sol", gestanden157. Mit dem Land Frankreich in
seinen natürlichen Grenzen war die Kontinuität seiner Geschichte
gegeben, ja garantiert : "la France éternelle", "l'éternité de la na-
tion"158. Und diese Nation war immer keltisch geblieben :
"Terres et frontières, hommes et mots, pensées et idéals, la Gaule
a commencé la France ... Vingt siècles et davantage ont travaillé à fai-
re ce que nous sommes. La patrie est l'œuvre de nos morts plus enco-
re que la nôtre"159.
Deshalb kann Jullian auch die Konfrontation mit den Germa-
nen zur Zeit Caesars oder des Tacitus wieder und wieder mit den
Gegensätzen der Gegenwart vergleichen, und deren Urteile sich zu
eigen machen160. Deswegen rechnet er aber auch nirgends die Fran-
ken zur Geschichte Frankreichs und ist bereit, Chlodwig und Karl d.
Gr. den Deutschen zu überlassen161. Und ist bereit, auch Caesar samt
155
C. Jullian, Histoire de la Gaule, Bd. 3, Paris 1909, 156 ff.
156
CRAI, 1915, 218.
157
S. dazu O. Motte, Ius commune (Anm. 51), 368 : zum Einfluß von Auguste
Geffroy.
158
C. Jullian, "Rectitude et perversion du sens national", Pages actuelles,
1914-1915, Nr. 5, 8; "La place de la guerre actuelle dans notre histoire nationale",
Pages actuelles 1914-1916, Nr. 88, 9. Zu den Kriegsschriften Jullians s. auch die Bi-
bliographie in : Chr. Charte - E. Telkes, Les professeurs du collège de France. Dic-
tionnaire bibliographique (1901-1939), Paris 1988, 113. Da die dort genannten
Sammelwerke mir z.T. nicht zugänglich waren, zitiere ich meist nach den origi-
nalen Broschüren.
159
C. Jullian, "La place de la guerre actuelle" (Anm. 158), 6 f.
160
Statt vieler Belege : "La place de la guerre actuelle dans l'histoire géné-
rale", in : La guerre pour la patrie, Paris 1919, 97.112. Nicht ganz konsequent wirft
er kurz darauf den Deutschen vor, daß sie sich auf die 'Germania' des Tacitus be-
rufen (S. 114).
161
C. Jullian, Notre Alsace. Ses origines naturelles et ses débuts historiques, Pa-
ris 1916, 14 f. Wiederum nicht sehr konsequent behauptet er an anderer Stelle :
"La nation qu'était la Gaule, vaincue par César, s'est refaite avec Clovis" : "Les
éléments du passé dans la guerre actuelle", in : La guerre pour la patrie (Anm.
160), 39.
DEUTSCHE UND FRANZÖSISCHE ALTERTUMSWISSENSCHAFTLER 77
dem Römischen Reich nicht für sich zu reklamieren162. In der schar-
fen Ablehnung der universalen Monarchie wie in der Betonung des
Nationalstaates, der sich in seinen Grenzen halten sollte, trifft Julli-
an sich übrigens vollständig mit den Vorstellungen eines Eduard
Meyer163.
In einer sehr interessanten Passage äußert sich Jullian zu dem
"problème de la race". Er habe diesen Gedanken stets abgewiesen :
"Nous n'avons point constaté, dans la vie collective des hommes,
des lois physiologiques, mais des institutions déterminées par le sol et
par l'histoire".
Aber nun zögere er im Hinblick auf die Deutschen, ob es sich da
nicht doch um eine ganz verdorbene Rasse handele, quasi in Um-
kehrung zu den germanophilen Theorien eines Kossinna. Bis zu
einer erneuten Prüfung der Frage entscheide er sich aber dafür, in
Deutschland "une nation qui a été mal élevée" zu sehen164.
Das ist ehrenwert, aber keineswegs zwingend gedacht, da Julli-
an in der Praxis allenthalben, so gut wie früher ein Mommsen oder
ein Fustel de Coulanges, mit der Konstanz des Volkscharakters rech-
net165. Und auch taktisch bedingt, wie spätestens dort sichtbar wird,
wo er sich zur Volkszugehörigkeit der Elsässer äußert166. Einen
scharf konturierten Rassenbegriff hat er gewiß nicht; wichtig ist ihm
im Grunde nur der unauflösliche Zusammenhang zwischen franzö-
sischem Boden und Keltentum.
Die Rheinfrage hat Jullian auch zumindest an den Rand der
praktischen Politik geführt, indem er in einem Historikerkomitee
unter der Leitung von Ernest Lavisse mitgearbeitet hat, das dazu ein
Gutachten erstellte167.
162
C. Jullian, "La place de la guerre ... dans l'histoire générale" (Anm. 160),
99 ff, 126 ff.
163
S. dazu J. v. Ungern-Sternberg, "Politik und Geschichte" (Anm. 141).
164
C. Jullian, "Les éléments du passé dans la guerre actuelle" (Anm. 161), 29
ff.
165
Ein eher skurriles Beispiel, das leider wieder Aktualität gewonnen hat : "II
a fallu de tout temps que ce bassin de la Morava, entre Belgrade et Kossovo, fût la
résidence d'une vaillante famille humaine, et quand cette famille ne s'appelait pas
celle des Serbes, fils et filleuls de Slaves, elle se nommait celle des Scordisques,
qui étaient fils et filleuls de Celtes. Car cette amitié entre Français et Serbes re-
couvre quelques affinités vingt-cinq fois séculaires" : "La place de la guerre ac-
tuelle dans l'histoire générale" (Anm. 160), 94.
166
C. Jullian, L'Alsace Française. A un ami du front, Paris 1917, 5 : "Qu'appe-
lez-vous la race? la structure physique, l'allure, les attitudes du corps? Mais trou-
vez-vous chez les Alsaciens rien qui les distingue de la moyenne des Français, qui
les rapproche de la moyenne des Allemands? ..."
167
S. Luzzatto, "Les tranchées de la Sorbonne" (Anm. 107), 9 f.; P. Schöttler,
Le Rhin comme enjeu historiographique dans rentre-deux-guerres", Genèse 14,
a
78 JÜRGEN VON UNGERN-STERNBERG
vni
Schließen wir aber dieses Kapitel fehlgeleiteter Leidenschaft
ernsthafter Männer u n d Patrioten mit den Worten eines der weni-
gen 'Gerechten' - leider waren sie im Ersten Weltkriege von so unge-
nügender Zahl wie einst in Sodom. Am 3. April 1916 schrieb der
Ägyptologe Adolf Erman, der stolz auf seine französischen und jüdi-
schen Vorfahren war, an seinen Freund Eduard Meyer, der der in-
ternationalen Zusammenarbeit der Wissenschaftler auch für die Zu-
kunft absagen wollte :
"Was Du als unser Leben in einer Traumwelt bezeichnest, würde
ich unser Festhalten an den höchsten Gütern nennen, die der Mensch-
heit gemeinsam sind. Ich habe diese immer für das Heiligste gehalten
und werde auch weiter glauben dass Wissenschaft und Kunst, Reli-
gion und Humanität über den Zeiten und über den Völkern stehen. Da
soll es mir gleich sein, was die rasende und aufgereizte Menge an Hass
und Wut schäumt und an Schändlichkeiten ausführt - ich werde um
dieser Wahnsinnigen willen meine Götter nicht verleugnen :
'sie sollen mir den Äther nicht verfinstern,
mir keinen Schleier vor die Augen werfen :
dich will ich ewig schaun, du schönste Sonne'168.
Jürgen-VON UNGERN STERNBERG
Janvier 1994, 63 ff. Zur Sicht deutscher Altertumswissenschaftler : E. Mensching,
Caesar und die Germanen im 20. Jahrhundert, Göttingen 1980.
168
Nachlaß Eduard Meyer 328 im Zentralen Archiv der Akademie der Wis-
senschaften Berlin; vgl. H. Kloft, "Adolf Erman und sein Briefwechsel", in : H.
Kloft (Hrsg.), Der Nachlaß Adolf Erman, Bremen 1982, 1 ff.; W. M. Calder i n ,
"Adolf Erman to Wilamowitz on Mommsen's Politics", Quademi di storia 7,1981,
151 ff. Genannt sei auch der Romanist Heinrich Morf, der am 29. Oktober 1914
vor seinen Studenten an der Berliner Universität über 'Civitas Dei' sprach und
dabei an seinen Lehrer Gaston Paris erinnerte. Dieser hatte im belagerten Paris
des Dezember 1870 am Collège de France seine Rede so beendet : "Wenn man die
gemeinsamen Studien so auffaßt und in allen Kulturländern in diesem Geiste be-
treibt, so werden sie hoch über die Schranken der feindlichen Nationalitäten ein
großes Vaterland bilden, das kein Krieg befleckt, kein Eroberer bedroht, und wo
die Geister jene Zuflucht und Einigung finden, welche zu anderen Zeiten die Ci-
vitas Dei ihnen geboten hat" : Internationale Monatsschrift (Anm. 86), 487 ff.; Zu
Morf s. W. Weisbach, Geist und Gewalt, Wien-München 1956,127 f. Zu verweisen
ist jetzt auf die in vielen Punkten weiterführenden Betrachtungen von : Martha
Hanna, The Mobilization of Intellect. French Scholars and Writers during the Great
War, Cambridge/Mass. 1996. Stefan Rebenich, Theodor Mommsen und Adolf Har-
nack. Wissenschaft und Politik im Berlin des ausgehenden 19. Jahrhunderts, Berlin
- New York 1997.
ELISABETH ERDMANN
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG
IN DEUTSCHEN UND FRANZÖSISCHEN
SCHULBÜCHERN AM ENDE DES 19.
UND ZU BEGINN DES 20. JAHRHUNDERTS
In der Regel dauert es eine Reihe von Jahren, bis sich neue Er-
gebnisse der Forschung in den Geschichtsschulbüchern niederschla-
gen. Verlage, Lehrer und Eltern sträuben sich auch heute noch ge-
gen einen raschen Wechsel von Schulbüchern1. Zudem spielt die
fachwissenschaftliche Kompetenz der Schulbuchautoren eine große
Rolle. Je höher die fachliche Ausbildung der Schulbuchautoren ist,
desto eher besteht die Gewähr, daß neuere Ergebnisse der For-
schung in die Schulbücher Eingang finden.
Ein Blick auf die Autoren von Schulgeschichtsbüchern in
Frankreich gegen Ende des 19. und zu Beginn des 20. Jahrhunderts
zeigt, daß in Frankreich erstaunlich viele Historiker auch Schulbü-
cher verfaßten. Die Namen der Universitätsprofessoren Aulard, Dri-
ault, Duruy, Guiraud, Lavisse, Monod, Pigeonneau, Seignobos und
Zevort fallen auf. Dazu kommt, daß diese Professoren zumindest
zeitweise dem Conseil supérieur de l'Instruction publique angehör-
ten. Dieses Gremium fungierte als ständige Beratungsinstanz des
Ministers. Entwürfe von Gesetzen, Lehrplänen und Erlassen für das
gesamte Unterrichtswesen wurden dem Conseil supérieur vorgelegt,
ehe der Minister sie in Kraft setzte oder - bei Gesetzen - den Kam-
mern des Parlaments zuleitete2. Außerdem verbrachten die französi-
schen Universitaires in der Regel nach der Agrégation zuerst einige
1
Wolfgang Hug, s.v. "Schulbuch", in : Handbuch der Geschichtsdidaktik,
hrsg. v. K. Bergmann, A. Kuhn, J. Rüsen, G. Schneider, vol. 1, Düsseldorf 1979,
P- 218 - 223, p. 220.
2
Christian Simon, Staat und Geschichtswissenschaft in Deutschland und in
Frankreich 1871 - 1914. Situation und Werk von Geschichtsprofessoren an den Uni-
versitäten Berlin, München, Paris, 2 vol., Bern, Frankfurt/M., New York, Paris
1988 (Europäische Hochschulschriften, Reihe 3, vol. 349/1 u. II, vol. I, p. 351sq.,
388, 394sq., vol. 2, p. 217sq. Register. Simon nennt auch Literatur zu den ein-
zelnen Personen. Vgl. auch ders., "Alte Geschichte in der Dritten Republik 1871 -
1914", in : Storia della Storiografia 13, 1988, p. 29 - 66, p. 34 mit n. 9. Jürgen von
Ungern-Sternberg verdanke ich den Hinweis auf diesen Aufsatz. Im Bulletin Ad-
ministratif du Ministère de l'Instruction publique des cultes et des Beaux Arts, N. S,
80 ELISABETH ERDMANN
Zeit an den Lycées, gerade auch in der Provinz, ehe sie eine Stelle ai
einer Fakultät erhielten3.
In Deutschland findet sich eine vergleichbare Mitwirkung dei
Universitätsprofessoren an Schulbüchern und Lehrplänen nicht
Eine Ausnahme stellen die preußischen Schulkonferenzen von
1890 und 1900 dar. In seiner Allerhöchsten Order von 1889 hatte
Wilhelm II. in seiner Eigenschaft als preußischer König die Re-
form des gesamten Schulwesens zum Programm erhoben und zu-
gleich deutlich gemacht, in welcher Richtung sich das Schulwesen
zu entwickeln habe. Angesichts "der Ausbreitung sozialistischer
und kommunistischer Ideen" sollte den Schulen eingeschärft wer-
den, "Gottesfurcht" und "Liebe zum Vaterland" zu vermitteln. Ins-
besondere der Religions- und Geschichtsunterricht sollten dazu
einen wichtigen Beitrag leisten4. Im Zuge der Erfüllung der ange-
kündigten Reformen fanden 1890 und 1900 "Verhandlungen über
Fragen des höheren Unterrichts" statt. Sie wurden zu großangeleg-
ten "Hearings" wie das im heutigen Sprachgebrauch genannt wür-
de. Mehr als 60 Lehrer der verschiedenen Schularten, Universitäts-
professoren verschiedener Fakultäten, Industrielle, Abgeordnete,
Vertreter der Kirchen und einige Vertraute des Kaisers bzw. des
Königs von Preußen und Beamte aus verschiedenen Ministerien
wurden dazu eingeladen5. In seiner Eröffnungsansprache zur er-
sten Schulkonferenz 1890 beklagte Wilhem II. das Fehlen der na-
tionalen Basis auf dem Gymnasium : "... wir wollen nationale jun-
ge Deutsche erziehen und nicht junge Griechen und Römer"6. Die
Alte Geschichte mußte als Folge der ersten Schulkonferenz auf
dem Gymnasium und in den Lehrerbildungsanstalten Kürzungen
hinnehmen 7 .
1871 (1872)sq. wird jährlich die jeweilige Zusammensetzung des Conseil supé-
rieur angegeben.
3
Hinnerk Bruhns verwies darauf und zeigte das Fortwirken dieser Tradition
bis heute auf.
4
Der Text ist abgedruckt bei H. Reinecke & G. Schöppa (Hrsg.), Die Bestim-
mungen des Königlich Preußischen Ministers der geistlichen Unterrichts- und Medi-
zinal-Angelegenheiten betreffend die Volks- und Mittelschule, die Vorbildung und
die Prüfung der Lehrer und Lehrerinnen nebst dem Gesetze über die Beaufsich-
tigung des Unterrichts- und Erziehungs-wesens20, Berlin 1912, p. 49sq.
5
Verhandlungen über Fragen des höheren Unterrichts. Berlin 4. bis 17. De-
zember 1890. Im Auftrage des Ministers der geistlichen, Unterrichts- und Medizi-
nal-Angelegenheiten, Berlin 1891. Verhandlungen über Fragen des höheren Unter-
richts, Berlin 6. bis 8. Juni 1900. Nebst einem Anhange von Gutachten. 2. unver-
änderte Aufl., Halle a.S. 1902.
6
Verhandlungen 1890 (Anm. 5), p. 72.
1
Centralblatt für die gesamte Unterrichts-Verwaltung in Preußen 1892,
p. 199sq., 239sq. (Geschichte).
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 81
Diese Schulkonferenzen waren jedoch eine Ausnahme im Hin-
blick auf ihre Zusammensetzung und ihr Zusammentreten. Sie las-
sen sich nicht mit französischen Verhältnissen vergleichen.
Die Durchsicht der deutschen und der französischen Ge-
schichtsschulbücher aus dem untersuchten Zeitraum zeigt relativ
selten sachliche Fehler, die im Widerspruch zur damaligen fach-
wissenschaftlichen Erkenntnis stehen. Beispielsweise wurden bei
der Schilderung der Punischen Kriege in zwei französischen und
sechs deutschen Büchern Fehler gemacht, die sich auf den Aus-
bruch des 1. bzw. des 2. Punischen Krieges bezogen. So wurde der
Ebrovertrag und die Lage Sagunts nicht von allen Verfassern rich-
tig dargestellt8. In einem deutschen Buch von 1900 (und noch in
einer späteren Auflage) wurde der raetische Limes als dammartige
Heerstraße bezeichnet, obgleich diese Theorie seit ihrem Aufkom-
men 1767 nie unumstritten und 1884 durch Grabungen endgültig
widerlegt worden war9. Bei dem Thema "Die Gallier in Rom" findet
sich in vielen Büchern die Auffassung, Brennus sei kein Eigenna-
me, sondern bedeute Heerführer. Dies wurde erst gegen Ende des
19. Jahrhunderts widerlegt10. Andererseits läßt sich die Bezeich-
nung der christlichen Kirche unter Konstantin als Staatskirche
nicht als Fehler werten, da diese Bezeichnung im 19. Jahrhundert
in der Forschung nicht eindeutig abgelehnt wurde. Offenbar hat da
ein Bedeutungswandel eingesetzt. In der vierten Auflage des
"Staatslexikons" von 1911 wird unter dem Stichwort Staatskirche
darauf verwiesen, daß von Staatskirchentum die Rede sei, "wenn
und soweit damit eine gewisse Bevormundung der Kirche" bezeich-
net werden solle11. Vergleichbar mit der Bezeichnung Staatskirche
8
z.B. Bernhard, J.A., Histoire Romaine et Histoire du Moyen Âge6. Rédigé
conformément aux Programmes officiels du 31 Mai 1902, Classe de Première, Sec-
tion A et B, E. Vitte, Lyon-Paris (1922?), p. 78 : "Il (Hannibal) traversa l'Ebro et
assiégea Sagonte". Die Karte p. 73 zeigt die richtige Lage Sagunts westlich des
Ebro. Ebenso Hechelmann, A., Auszug aus Welters Lehrbuch des Weltgeschichte
für Schulen49, Coppenrath'sche Buchhandlung, Münster 1907, p. 92 : "Diese (die
Römer) schlössen mit der spanischen Stadt Saguntum ein Bündnis und bezeich-
neten gebieterisch den Fluß Iberus (Ebro) als die östliche Grenze, welche die
Karthager nicht überschreiten sollten".
9
Frohnmeyer, J., Leitfaden für die unteren und mittleren Klassen höherer
Lehranstalten3, Bonz, Stuttgart 1900. p. 64. Ders., Lehrbuch der Geschichte für die
oberen Klassen höherer Lehranstalten, I. Teil : Altertum und Mittelalter3, Bonz,
Stuttgart 1911, p. 172. Braun, R., Die Anfänge der Erforschung des rätischen Limes,
Stuttgart 1984 (Kleine Schriften zur Kenntnis der römischen Besetzungsge-
schichte Südwestdeutschlands Nr. 33), p. 17sq.
10
Vgl. Holder, Alfred, Alt-Celtischer Sprachschatz, vol. 1, Leipzig 1896, col.
517sq. Mommsen erklärt noch Brennus mit Heerkönig, Mommsen, Theodor, Rö-
mische Geschichte, Nachdruck München 1976, vol. 1, p. 345.
11
Ott, Adolf, s.v. "Staatskirchentum", in : Staatslexikon4, 4. vol. Freiburg
1911, col. 1499 - 1509, col. 1500.
ELISABETH ERDMANN
wäre im Französischen église nationale, was sich in den Schulbü
ehern jedoch nicht findet.
Ferner gibt es Flüchtigkeitsfehler wie den folgenden in einen
Buch für das höhere Schulwesen in Frankreich : oben auf der be
treffenden Seite wird die Bautätigkeit des Augustus in Rom geschil-
dert. Dazu gehöre auch das Pantheon. Weiter unten auf derselben
Seite wird das Pantheon des Agrippa erwähnt, abgebildet ist es eine
Seite zuvor mit der neutralen Unterschrift "Le Panthéon, à Rome"12.
Bei der Illustration der Bücher kommt es häufiger vor, daß z.B.
bereits bei der Darstellung der Armee in republikanischer Zeit ein
Legionär der Kaiserzeit abgebildet wird. Es versteht sich von selbst,
daß das Forum Romanum nicht mehr in seinem ursprünglichen Zu-
stand gezeigt werden kann, es sei denn, man bilde eine Rekonstruk-
tionszeichnung ab. Der zeitgenössische Bestand der Ruinen, worun-
ter sich in der Mehrzahl Überreste aus der Kaiserzeit befinden, wird
ohne entsprechende Erläuterung abgebildet13.
Wesentlich häufiger als solche Fehler werden die Wertungen der
antiken Historiographie unreflektiert übernommen. Bereits vor dem
19. Jahrhundert war die Autorität des Livius als Quelle der frühen
römischen Geschichte angefochten worden, doch erst Barthold
Georg Niebuhr (1776-1831) gilt als Urheber der historisch-kritischen
Methode, als einer der Begründer der modernen Geschichtswissen-
schaft. Seit der Veröffentlichung seiner ersten römischen Vorlesung
vom Winter 1810/11 hat sich die Erkenntnis durchgesetzt, daß viele
der vor allem bei Livius überlieferten Heldentaten in den Bereich
der Erfindung zu verweisen sind14. In vielen der deutschen und fran-
zösischen Schulbücher nach 1850 haben die Ergebnisse der histori-
schen Kritik Eingang gefunden. Dennoch werden in einer Reihe von
Büchern bestimmte Heldentaten, die in den Zusammenhang der
frühen römischen Geschichte gehören, weitertradiert : Manlius Tor-
quatos, Decius Mus, Curius Dentatus und Fabricius. Ein solches
12
Blanchet, D., Petite Histoire Ancienne. L'Orient, La Grèce, Rome3, E. Belin,
Paris 1900, p. 231 (Abb.), 232 (Text).
13
Legionär im Schienenpanzer (1. Jh. n. Chr.) abgebildet im Zusammenhang
mit der Eroberung Italiens bei Ducoudray, G., Histoire Romaine. Classe de Cin-
quième. Conforme aux programmes de 1891 pour l'enseignement secondaire mo-
derne, Hachette, Paris 1892, p. 25. Forum Romanum, bei Jardé, A., L'Antiquité.
L'Orient, La Grèce, Rome. Classe de Sixième, P. Ferran, Marseille (1910?), Fig. 146,
p. 277.
14
Christ, Karl, "Barthold Georg Niebuhr", in : ders., Von Gibbon zu Rostovt-
zeff, Darmstadt, 3. Aufl., 1989, p. 26-49, p. 33sq.; Schuller, Wolfgang, "Zum Ziele
nahm ich die Wahrheit. Die Werte "Wahrheit und Nutzen für das Leben' in den
"Altertumswissenschaften gestern und heute", Konstanzer Blätter für Hochschul-
fragen 25 (1987) Heft 97, p. 46-50 (= One hundred and fifty years 1837-1987, Natio-
nal and Capodistrian University of Athens, Athens 1990, p. 191-194).
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 83
Vorgehen steht durchaus im Einklang mit den Lehrplänen vor allem
für das niedere Schulwesen, aber auch für die höheren Schulen. So
wird in einem ministeriellen Rundschreiben vom 3.10.1857 in
Frankreich verfügt, gerade in den Anfangsklassen des Geschichtsun-
terrichts in den lycées solle der Lehrer auf die Erzählungen Rollins
zurückgreifen. Rollin hat seine Exempelsammlung aus der griechi-
schen, der römischen und der französischen Geschichte zusammen-
gestellt. Daraus sollten die Schüler lernen, worin unvergänglicher
Ruhm und wahrhafte Größe bestehe. Rollin, der seinen Traité 1726
schrieb, übernahm die antike Überlieferung noch ganz unkritisch15.
Beispiele römischer Bürgertugenden tauchen vereinzelt noch in
deutschen Lehrplänen vom Anfang des 20. Jahrhunderts auf16. 1880
wurde in Frankreich verfügt, die anekdotischen Details müßten der
historischen Wahrheit entsprechen17.
Es wird deutlich, daß es eine geraume Zeit dauerte, bis sich die
Ergebnisse der kritischen Geschichtswissenschaft in den Schulen
durchsetzen konnten. Historia als vitae magistra war recht langlebig.
Inwieweit wird nun die zeitgenössische Geschichtswissenschaft
von den Schulbuchautoren berücksichtigt? Hier zeigen sich zwi-
schen den deutschen und den französischen Büchern Unterschiede.
Im folgenden werden lediglich Bücher des höheren Schulwesens be-
rücksichtigt, weil Alte Geschichte in den Büchern für das niedere
Schulwesen in der Regel nicht ausführlich behandelt wird. Bücher
für die Ausbildung der künftigen Lehrer, d.h. solche für Präparan-
den- und Seminaranstalten ebenso wie für die Écoles normales pri-
maires werden ebenfalls herangezogen. Sie sollten dazu beitragen,
den künftigen Lehrern, die in der Regel lediglich den Volksschulab-
schluß hatten, eine höhere Bildung zu vermitteln.
Die deutschen Autoren zitieren in der Regel keine Sekundärlite-
ratur, noch geben sie Literaturhinweise. Lediglich in einem Buch
für den Geschichtsunterricht in Präparandenanstalten von 1903 ge-
15
Bulletin administratif 1857 (1858), p. 238sq., 240. Zu Rollin vgl. Erdmann,
Elisabeth, Die Römerzeit im Selbstverständnis der Franzosen und Deutschen. Lehr-
pläne und Schulbücher aus der Zeit zwischen 1850 und 1918, 2 vols., Bochum 1992
(Dortmunder Arbeiten zur Schulgeschichte und zur historischen Didaktik; vol. 19
1/2), vol. 1, p. 16sq.
16
Lehrplan für eine achtklassige mittlere Volksschule2, bearb. v. L. Mitten-
zwey, Leipzig 1905, p. 119. Lehrplan für die achtstufige Bürgerschule in Braun-
schweig, hrsg. v. F. Rehkuh, Braunschweig 1914, p. 51.
"Bulletin administratif 1880, 2, p. 909. Es wird darauf verwiesen, daß in den
unteren Hassen die Biographien berühmter Männer aus Altertum und neuerer
Zeit mit der historischen Wahrheit übereinstimmen müßten : "On a pensé qu'il
était bon de supprimer les biographies où la légende tient une place prépondé-
rante. Il faut sans doute que le détail anecdotique et vivant domine, mais à condi-
tion qu'il offre les caractères de la vérité historique".
84 ELISABETH ERDMANN
ben die Autoren Hinweise auf Gedichte wie z.B. auf Emmanuel Gei-
bel, "Der Tod des Tiberius" oder Karl Gerok, "Ave Caesar morituri te
salutant" und sie verweisen auf Geschichtserzählungen wie "Valeria
oder der Triumphzug aus den Katakomben" von Ant. de Waal. Im
Text wird dann im Zusammenhang mit der germanischen Götter-
lehre ein Gedicht Wilhelms IL auf Agir oder Ögir, den Beherrscher
des Meeres, abgedruckt18. Gedichte historischen Inhalts und Erzäh-
lungen sollten den künftigen Lehrern helfen, ihren Unterricht zu be-
leben und die Schüler zu motivieren.
Abgesehen davon finden sich ab und zu Wertungen, die zumin-
dest sinngemäß die Meinung der Fachwissenschaft wiedergeben,
wobei Mommsen sicher an erster Stelle steht. "Er [Caesar] war ein
Mann von hoher staatsmännischer Einsicht, seltenem Feldherrenta-
lent und von unerschöpflicher Willens- und Tatkraft, dabei von
leichter Lebensart und liebenswürdigem Wesen; in der Jugend war
er leichtsinnig und verschwenderisch (große Schulden)19.
Anders sieht es bei den französischen Autoren aus. Sie bringen
Literaturhinweise und Zitate aus den Quellen und aus der Sekun-
därliteratur. Insgesamt sind die französischen Bücher, besonders
die für das höhere Schulwesen umfangreicher als die deutschen,
auch wenn man das unterschiedliche Buchformat berücksichtigt20.
Das führt dazu, daß die französischen Autoren ausführlicher dar-
stellen können, ihre Texte sind folglich weniger abstrakt als die der
deutschen. Außerdem enthalten die französischen Bücher für das
höhere Schulwesen wesentlich mehr wörtliche Zitate aus den Quel-
len oder aus der Sekundärliteratur. Die deutschen Bücher dagegen
bringen nur Quellenzitate. Das gilt allgemein.
An welcher Stelle die Literaturhinweise stehen, ist unterschied-
lich. Zum Beispiel werden in dem Buch von Désiré Blanchet von
1900 am Ende eines Kapitels jeweils unter der Bezeichnung "lectu-
re" kleinere Abschnitte von ca. 15 -20 Zeilen mit Quellen oder Se-
kundärliteratur angefügt. Bei den Quellen handelt es sich um Zitate
aus Plutarch, Polybios, Livius, Sallust, Herodian und Capitolinus.
Von der Sekundärliteratur wird Victor Duruy viermal mit seiner Hi-
18
Beck, A. K. & Dahmen, J., Hilfsbuch für den Geschichtsunterricht in Präpa-
randenanstalten2. Aufgrund des Lehrplans vom 1.7.1901, Ferd. Hirt, Breslau 1905,
p. 337, 357, 341, 6 (Gedicht Wilhelms II.) vgl. auch Erdmann, loc. cit. (Anm. 15),
vol. 1, p. 169.
19
Jäger, O., Historisches Hilfsbuch für die oberen Klassen der Gymnasien und
Realschulen von Wilhelm Herbst'6,1 : Alte Geschichte, C. G. Kunze's Nachf., Wies-
baden 1893, p. 156.
20
Der Mittelwert der Seitenzahl eines Schulbuchbandes für das höhere
Schulwesen liegt gemessen an 52 deutschen Büchern aus der Zeit zwischen 1850
und 1918 bei 222 Seiten, gemessen an 54 französischen Büchern aus demselben
Zeitraum bei 394 Seiten. Erdmann loc. cit. (Anm. 15), vol. 1, p. 144, vol. 2, p. 145sq.
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 85
stoire Romaine zitiert, Blanchet zitiert sich offenbar zweimal, eines
dieser Zitate ist allerdings nicht namentlich gekennzeichnet;
Mommsen wird zu Mithradates zitiert. Daran schließen sich "Exer-
cices oraux et écrits" an. Sie beginnen mit "livres à consulter". Aus-
ser Hinweisen auf antike Quellen wie Polybios, Plutarch, Sallust
etc., die an dieser Stelle nicht vollständig aufgeführt werden, wird
auf folgende Werke verwiesen (in alphabetischer Reihenfolge) :
Boissier, La Religion romaine; Bossuet, Histoire universelle; De Bro-
glie, L'église et l'empire romain au quatrième siècle; De Champagny,
Les Antonins; ders., Les Césars du troisième siècle; Drioux, Les ap-
ôtres; V. Duruy, Histoire Romaine; Fustel de Coulange, La cité anti-
que; Lamarre, De la milice romaine; Michelet, Histoire Romaine; Mi-
spoulet, Les institutions politiques des Romains; Montesquieu, Gran-
deur et décadence des Romains.
Im Anschluß daran werden Arbeitsfragen gestellt, die sich auf
den vorausgegangenen Stoff beziehen und schließlich kommt noch
eine Aufgabe zum Ausarbeiten - "devoir à rédiger" - wie z.B. "Augu-
ste et l'organisation du pouvoir impérial".
Darüberhinaus finden sich im Text verstreut meist sehr kurze,
aber auch längere Zitate aus der Sekundärliteratur21. Die Liste der
Literaturangaben kann durchaus noch länger sein als die eben ge-
nannte. Im Anhang findet sich die aus dem Buch von P. Guiraud
und G. Lacour-Gayet. Ihre Histoire Romaine ist "rédigée conformé-
ment aux programmes officiels pour la classe de quatrième", Paris
1893. Diese Literaturliste, der noch ein Überblick über die verschie-
denen Quellenarten vorausgeht, ist verglichen mit anderen Schulbü-
chern die ausführlichste22. Angesichts dieser Fülle von Sekundärlite-
ratur stellt sich die Frage, ob sie für die Schüler oder nicht eher für
die Lehrer gedacht war. Wenn man sich vorstellt, daß die Adressaten
dieses Buches 13- bis 14-jährige Schüler waren, dürften wohl eher
die Lehrer von den Angaben profitiert haben. Auch bei den Büchern
für die Écoles Normales Primaires, die ebenfalls Literaturangaben
enthalten, kann man sich kaum vorstellen, daß die Studierenden sie
genutzt haben, auch wenn einige Arbeitsanweisungen darauf hin-
weisen, daß es so beabsichtigt war23.
21
Blanchet, loc. cit. (Anm. 12).
22
Guiraud, P. & Lacour-Gayet, G., Histoire Romaine depuis la fondation de
Rome jusqu'à l'Invasion des Barbares6. Rédigée conformément aux programmes of-
ficiels. Pour la Classe de Quatrième (enseignement classique) et pour la Classe de
Troisième (enseignement moderne), F. Alcan, Paris 1893, cf. Anhang, S. 89-92.
23
Ammann, A. & Coûtant, E.-C, Nouveau Cours Normal d'Histoire. Rédigé
conformément au plan d'études et programmes d'enseignement des écoles normales
primaires. Première Année, deuxième trimestre : Rome, F. Nathan, Paris 1890;
Driault, E. & Monod, G., Histoire Générale. Première Année : Les origines. Histoire
Ancienne des Peuples de l'Orient - Histoire Grecque - Histoire Romaine - Histoire
86 ELISABETH ERDMANN
Im folgenden soll noch kurz darauf eingegangen werden, daß
Mommsen in einigen französischen Schulbüchern nicht nur zitiert,
sondern auch kommentiert wird. Unter der Überschrift : Caractère
légendaire de l'histoire primitive de Rome, schreibt Guiraud : "De nos
jours, M. Mommsen a du même coup rejeté les fables antiques et les
conjonctures modernes. [Gemeint ist damit Niebuhr]. L'essentiel
pour lui est de reconstituer les institutions primitives de Rome. Peu
importe à ses yeux de savoir combien il y a eu de rois et quelle a été
la durée de chaque regne. Il aime mieux rechercher ce qu'était cette
royauté, comment l'état était alors gouverné, comment la société
était organisée. Sur ce point on peut arriver à quelques résultats cer-
tains, car les textes qui permettent de les atteindre ne manquent pas.
Nous suivrons cette méthode, qui est la plus sûre; mais aupara-
vant il convient de rappeler les légendes relatives aux premiers
temps de Rome"24.
In der Histoire Ancienne von G. Ducoudray von 1884 findet sich
zu der Schilderung der Samnitenkriege und der Nichtratifizierung
des Vertrags, den die Feldherrn geschlossen hatten, eine Anmer-
kung, die folgendermaßen beginnt : "On ne lira sans doute pas sans
curiosité l'appréciation que fait de la conduite des Romains un hi-
storien allemand Mommsen, et il n'est pas besoin, surtout pour les
Français, dans les circonstances actuelles, de commenter ce passa-
ge". Darauf folgt ein längeres Zitat aus Mommsens Römischer Ge-
schichte, in dem das römische Nichteinhalten des Vertrages nach
dem caudinischen Joch geschildert wird in der Übersetzung von
Alexandre. Es endet mit folgendem Satz : "Toute nation tient à hon-
neur de déchirer avec l'épée les traités qui l'humilient. Comment
donc soutenir que l'honneur commandait aux Romains d'exécuter
patiemment le pacte des Fourches Caudines, pacte conclu par un
général malheureux, sous la contrainte morale des circonstances?
(Mommsen, Hist, röm., trad. d'Alexandre, tome II, page 166)"25. Hier
wird der deutsche Gelehrte für die Berechtigung des Revanchegedan-
kens in Anspruch genommen. Auf diese Stelle der "Römischen Ge-
schichte" hatte im übrigen bereits Gaston Boissier in seinem Momm-
sen-Porträt von 1872 hingewiesen. "M. Mommsen semble l'avoir écri-
te pour nous, et le temps viendra peut-être de nous en souvenir"26.
du Moyen Âge. Rédigé conformément aux programmes des Écoles Normales Pri-
maires, F. Alcan, Paris 1895.
24
Guiraud & Lacour-Gayet, loc. cit. (Anm. 22), p. 21.
25
Ducoudray, loc. cit. (Anm. 13), p. 54. Die Stelle findet sich bei Mommsen,
loc. cit. (Anm. 10) vol. 1, p. 380 sq. (I 366/67).
26
Boissier, Gaston, "L'Allemagne Contemporaine. Études et Portraits III, M.
Th. Mommsen", in : Revue des Deux Mondes, XLII Année, s.p., Tome XCVTII
1872, p. 798-826, p. 826.
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 87
Während Driault und Monod in ihrem Buch für die Écoles
Normales Primaires von 1895 lediglich im Zusammenhang mit
der römischen Armee im Text ein Mommsen-Zitat bringen27, fin-
det sich in ihrem neubearbeiteten Buch von 1906 für dieselbe
Schulart im Anschluß an ein kurzes Mommsen-Zitat eine Bemer-
kung, wonach Mommsens idealisiertes Caesarbild zeitgenössisch
geprägt sei. '"César a travaillé, a bâti plus qu'aucun mortel avant
et après lui'. Il ne faut point oublier que pour cet historien, l'un
des plus grands de la dernière école historique allemande, le régi-
me impérial est le régime idéal, et il n'est pas défendu de penser
qu'il a mis dans ce jugement quelque préoccupation contemporai-
ne. Il est vrai pourtant que César fut un des nommes les plus re-
marquables de l'humanité et que son nom représente une impo-
sante forme de gouvernement qui allait avoir à travers les siècles
la plus éclatente fortune. On peut regretter neamoins que le bien-
fait du régime impérial n'ait pu se concilier avec la liberté ..."28.
So wie Driault und Monod den Sachverhalt schildern, mußte der
unbefangene Leser - schließlich richtet sich das Buch an Lehr-
amtsstudenten im Jahre 1906 - annehmen, daß Mommsens Cae-
sarbild vom zeitgenössischen deutschen Kaisertum beeinflußt
worden sei.
Wie scharf Mommsen über Wilhelm II. geurteilt hat, ist be-
kannt29. Zum andern verfaßte Mommsen den dritten Band seiner
Römischen Geschichte mit der Schilderung Caesars bereits 1857.
Auch wenn Mommsen damals noch nicht so distanziert über Na-
poleon III. geurteilt hat wie später, ist es fraglich, ob man sein
Caesarbild auch als "Resultat einer komplizierten Reaktion gegen
die napoleonische Ideologie" verstehen kann30. Bereits 1865 hatte
27
Driault & Monod, loc. cit. (Anm. 23), p. 195sq. "Selon l'expression de l'his-
torien allemand Mommsen : "une armée permanente, une caste des soldats, ce
sont les étais de la monarchie; l'aigle de Marius annonce l'Empire et les Césars".
28
Driault, E., & Monod, G., Conférences sur l'Histoire de la Civilisation.
Conforme aux programmes du 4 août 1905. Pour la troisième Année des Ecoles Nor-
males Primaires, F. Alcan, Paris 1906, p. 201.
29
Wucher, Albrecht, Theodor Mommsen. Geschichtsschreibung und Politik,
Zürich 1968, p. 182 : "Wahrscheinlich gehen wir politisch sehr schweren Zeiten
entgegen; es scheint, daß der wahnwitzige und verbrecherische Eigenwille des
Mannes, der leider Deutschland regiert, nun zur Krise führt und daß alle bösen
Leidenschaften und Begierden in diesem Abgrund ihre Rechnung finden werden.
Wir armen Deutschen!" (4.5.1896, Brief aus Florenz), cf. p. 179sq. Lothar Wik-
kert, Theodor Mommsen. Eine Biographie, vol. IV, Frankfurt/M. 1980, p. 71
(Mommsen an Gustav Freytag, 29.11.1888), p. 79 (Mommsen an L. Brentano,
30.10.1901).
30
Christ, Karl, "Theodor Mommsen und die 'Römische Geschichte', in :
Mommsen, loc. cit. (Anm. 29), vol. 8, p. 7-66, p. 44 mit n. 79.
oo ELISABETH ERDMANN
Gaston Boissier in seinem Buch Cicéron et ses amis geurteilt,
Mommsen mache sich in seinen Studien der Vergangenheit im-
mer Gedanken über die Gegenwart, man könne sagen, in der rö-
mischen Aristokratie verfolge er die preußischen Junker und grü-
ße im voraus in Caesar den volkstümlichen Despoten, dessen feste
Hand allein Deutschland seine Einheit geben könne31. Unter Beru-
fung auf Boissier verweist Walter Rüegg darauf, daß Mommsens
Caesar-Bild mehr die Züge einer griechischen Idealgestalt
menschlicher Größe als die des römischen Staatsmannes trage
und als Modell für den deutschen Staatsmann und dahinter für
das deutsche Nationalbewußtsein dienen solle. Rüegg verweist
nachdrücklich darauf, daß Mommsen seine klassische Bildung im
neuhumanistischen Gymnasium erfuhr, in dem die Antike gültiges
Symbol der Begründung deutschen Nationalbewußtseins geblie-
ben sei32.
Zusammenfassend läßt sich sagen, daß sich in den Ge-
schichtsschulbüchern in Deutschland und in Frankreich insgesamt
wenige sachliche Fehler finden. Häufiger werden Wertungen der
antiken Historiographie unbesehen übernommen. Ein großer Un-
terschied zwischen Büchern für die höheren Schulen in beiden
Ländern besteht darin, daß in einigen französischen Büchern Lite-
raturhinweise gegeben werden. Ob und wie Lehrer und Schüler
dieses Angebot nutzten, wissen wir nicht. Ferner finden sich bei
diesen Büchern auch mehr oder weniger ausführliche Zitate aus
der Sekundärliteratur. Freilich entsteht der Eindruck, sie seien,
wie auch die Zitate aus den Quellen, lediglich illustrativ genutzt
worden. Selten ist dagegen eine Berufung auf Mommsen, mit der
zugleich zeitgenössische Probleme angesprochen werden. Die
Mommsen-Zitate und die Auseinandersetzung mit ihm sind ein
Zeichen für die hohe Wertschätzung, die ihm, trotz aller Verstim-
mungen, in Frankreich entgegengebracht wurde33.
Elisabeth ERDMANN
Universität Erlangen-Nürnberg
31
Boissier, Gaston, Cicéron et ses amis, Paris 1865, p. 27.
32
Rüegg, Walter, "Die Antike als Begründung des deutschen Nationalbe-
wußtseins", in : Antike in der Moderne, hrsg., v. W. Schuller, Konstanz 1985 (Xe-
nia 15), p. 267-287, p. 268, 280sq.
33
Cf. den Beitrag von Ungern-Sternberg, Jürgen von, "Deutsche und fran-
zösische Altertumswissenschaftler vor und während des Ersten Weltkrieges", in
diesem Band. Mommsens Tochter Adelheid, die ihren Vater 1899 nach Paris be-
gleitete, beschreibt das in ihren Erinnerungen an den Vater recht lebhaft. Zitiert
bei Erdmann, loc. cit. (Anm. 15), vol. 1, p. 162 mit n. 402.
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 89
ANHANG
Aus : P. Guiraud, G. Lacour-Gayet, Histoire Romaine depuis la fonda-
tion de Rome jusqu'à l'Invasion des Barbares6. Rédigée conformément aux
programmes officiels. Pour la Classe de Quatrième (enseignement classique)
et pour la Classe de Troisième (enseignement moderne), F. Alcan, Paris
1893, S. 8 ff.
1) Dictionnaires et Manuels :
Dezobry et Bachelet, Dictionnaire historique (nouvelle édition en prépara-
tion).
Bouillet, Atlas universel d'histoire et de géographie. Il renferme des ta-
bleaux chronologiques, généalogiques et des cartes avec com-
mentaires, i
Daremberg et Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines (ex-
cellent; en cours de publication).
Marquardt et Mommsen, Manuel d'antiquités romaines (en allem. 1871-
1882). Très complet et sur bien des points définitif. Six volumes ont
paru. Une traduction française est en cours de publication.
S. Reinach, Manuel de philologie classique, 2e édition, 1883.
A. Bouché-Leclerq, Manuel des Institutions romaines, Paris, 1885.
Schaefer, Précis des sources de l'histoire romaine (en allem., 1881).
2) Histoire générale :
V. Duruy, Histoire des Romains, 6 vol. in-8°; 7 vol. grand in-8° dans l'édi-
tion illustrée. Très beau livre, très personnel et au courant de la
science; "une des œuvres durables de l'école historique française".
3) Histoires particulières :
Mommsen, Histoire romaine (jusqu'à l'empire : traduction française d'A-
lexandre en 8 vol.) La traduction du 5e vol. de l'édition allemande
(Berlin, 1885) : les Provinces de César à Dioctétien, est en cours.
Belot, Histoire des chevaliers romains (2 vol, 1869-1873).
Macé, Histoire des lois agraires chez les Romains (1846).
Dureau De La Malle, Économie politique des Romains (2 vol.).
Michelet, Histoire romaine sous la république (2 vol.).
Lange, Histoire intérieure de Rome jusqu'à la bataille d'Actium, 2 vol., trad,
franc., 1885-86.
Giraud, Recherches sur le droit de propriété chez les Romains (t. 1, seul pa-
ru, 1838).
Boissier, Cicéron et ses amis, 1865.
90 ELISABETH ERDMANN
Lenain De Tillemont, Histoire des empereurs romains, 1691.
Merivale, Histoire des Romains sous l'empire (en anglais).
De Champagny, Les Césars, Les Antonins, Les Césars du troisième siècle, 10
vol.
Hertzberg, Histoire de l'empire romain (en allem., 1881).
De La Berge, Essai sur le règne de Trajan, 1877.
G. Lacour-Gayet, Antonin le Pieux et son temps, 1888.
De Ceuleneer, Essai sur le règne de Septime Sévère, 1880.
Renan, Origines du christianisme (1866-1882), six volumes.
P. Guiraud, Les assemblées provinciales sous l'empire romain, 1887.
De Broglie, L'Eglise et l'Empire romain au quatrième siècle, 6 vol.
Fustel De Coulanges, Histoire des institutions politiques de l'ancienne
France, (t. I 2e édit., 1877).
4) Géographie :
Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad, franc., 1887.
Kiepert, Atlas antiquus pour les classes.
E. Desjardins, La Carte de Peutinger (Magnifique édition commencée en
1868).
E. Desjardins, Géographie de la Gaule romaine, t. I-EQ, 1876-85.
5) Archéologie; épigraphie :
O. Mueller, Manuel d'archéologie (trad, française).
J. Martha, Manuel d'archéologie étrusque et romaine, 1884.
Corpus inscriptionum grœcarum, publié par l'Académie de Berlin sous la
direction de Bœckh (4 vol. in-f°, 1828-1877).
Corpus inscriptionum atticarum, tome II publié par Köhler, et tome III
publié par Dittenberger.
Corpus inscriptionum latinarum, publié par l'Académie de Berlin; 14 vol.
in-fol. en plusieurs tomes. Reste à paraître le vol. XIII. - L'Ephemeris
epigraphica publié aux fur et à mesure des nouvelles inscriptions dé-
couvertes.
Peltier et Cagnat, Res gestae divi Augusti, Paris, 1885; édition française du
texte avec un commentaire abrégé, d'après la 2e édit. du monument
d'Ancyre par Mommsen, Berlin 1883.
Borghesi, Œuvres complètes (en italien, 9 vol. in-4°; Imprimerie nat.)
L. Renier, Mélanges d'épigraphie, et nombreux travaux publiés dans la Re-
vue archéologique, dans les Archives des missions scientifiques, dans
les Mémoires et les Comptes rendus de l'Académie des inscriptions.
R. Cagnat, Cours élémentaire d'épigraphie latine (nouv. édit. en préparât.).
Boissier, Promenades archéologiques, Rome et Pompéi, 1881. Nouvelles
promenades archéologiques, 1886.
6) Numismatique :
Eckhel, Doctrina numorum veterum, 1792-98.
DER EINFLUSS DER HISTORISCHEN FORSCHUNG 91
Mionnet. Description des médailles antiques, grecques et romaines.
Cohen, Médailles consulaires et impériales.
Mommsen, Histoire de la monnaie romaine (trad, française).
7) Littérature :
Teufel, Histoire de la littérature romaine (trad, franc., 1879).
P. Albert, Histoire de la littérature romaine (avec extraits des auteurs, 1871,
2 vol.).
8) Antiquités religieuses :
Preller, Mythologie romaine (en allem.), 3e édition, 1881-83, traduct. fran-
çaise abrégée sous le titre : Les Dieux de l'ancienne Rome, 1855.
Fustel De Coulanges, La Cité antique, 11e édition, 1855, Chef-d'œuvre sur
l'histoire philosophique des institutions de la Grèce et de Rome.
Boissier, La Religion romaine d'Auguste aux Antonins, 2 vol., 1878, 2e édi-
tion.
Bouché-Leclerq, Les Pontifes de l'ancienne Rome, 1871.
G. Lafaye, Histoire du culte des divinités d'Alexandrie... hors de l'Egypte,
Paris 1883.
J. Réville, La Religion à Rome sous les Sévères, Paris 1886.
9) Antiquités politiques :
Voir les ouvrages indiqués n° 1.
Mommsen, Recherches romaines (en allem., 2 vol).
Willems, Le Droit public romain, 4e édition, 1880.
Lange, Antiquités romaines (3 vol. en allemand, 1876-79; trad, franc, par
Berthelot et Didier, 1885-86; voy. n° 3).
Madvig, L'État romain, sa constitution, son administration (trad, en
franc.).
Mispoulet, Les institutions politiques des Romains (2 vol. 1882-83).
Willems, Le Sénat de la république romaine (2 vol.).
Bloch, Origines du sénat romain, 1883.
10) Mœurs et vie privée des Romains :
Dezobry, Rome au siècle d'Auguste, 4e édition, 1874; 4 vol. Exact en géné-
ral.
Friedlaender, Mœurs romaines du règne d'Auguste à la fin des Antonins, 4
vol. bonne traduction française de cet ouvrage de première valeur,
1865-1874.
Wallon, Histoire de l'esclavage, 2e edition, 1879.
Wilkins, L'antiquité romaine, Paris 1885 (LXXXVP vol. de la Bibliothèque
utile, F. Alcan).
92 ELISABETH ERDMANN
11) Droit romain :
Bruns, Fontes juris romani antiqui.
Giraud, Novum enchiridion juris romani.
Corpus juris civilis, t. I, Institutiones, publ, par Krüger, et t. II, Digesta,
publ, par Mommsen, Codex Justiniani, publ, par Krüger.
Codex Tkeodosianus avec les Commentaires de Godefroy (6 vol. in-F°
1736-1743).
Accarias, Précis de droit romain (2 vol.).
KARL-JOACHIM HÖLKESKAMP
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE"
THEODOR MOMMSENS STAATSRECHT
UND DIE RÖMISCHE "VERFASSUNG"
IN FRANKREICH UND DEUTSCHLAND*
Auf den ersten Blick muß es so scheinen, als ob die Behandlung
der politischen Organe Roms sich kaum für einen kontrastierenden
Vergleich zwischen französischen und deutschen Traditionen in un-
serer Wissenschaft und eine trennscharfe Herausarbeitung spezifi-
scher Unterschiede in den Zugängen, Methoden und Ergebnissen
eignete. Unsere Kenntnisse über die Institutionen der Beratung und
Beschlußfassung, des Handelns und Führens in Politik und Krieg
und ihre sich ergänzenden und vielfältig überschneidenden, mehr
oder minder formalisierten Zuständigkeiten für Wahlen und Gesetz-
gebung, Recht und Gericht, Religion und Kulte, Verwaltung und
Heer scheinen einfach festzustehen - jedenfalls gelten die diesbe-
züglichen fundamentalen Fakten als so weitgehend gesichert, daß
allenfalls durch feine Nuancen oder Verschiebungen des einen oder
anderen Aspekts noch unterschiedliche Akzente gesetzt werden kön-
nen.
Aber solche Unterschiede berühren offenbar kaum das breite
Fundament der selbstverständlichen Voraussetzungen, Fakten und
Begriffe. Man kennt die Magistratur und ihre Grundprinzipien, Kol-
legialität und Annuität, imperium und auspicia, Hierarchisierung
und funktionale Spezialisierung ihrer potestates vom Consulat bis
hinunter zur Quaestur und zu den Sondermagistraten - und demge-
genüber die besondere Institution des Volkstribunats mit seiner Ver-
hinderungs- und Verfolgungsmacht. Ebenso weiß man von der
* Der folgende Beitrag ist eine erheblich erweiterte Fassung meines Vor-
trages auf dem Kolloquium. Für Hinweise und Anregungen danke ich den fran-
zösischen und deutschen Kollegen, die mit mir diskutiert haben, namentlich
J. Andreau und unserem Gastgeber J.-M. David, sowie natürlich E. Stein-Höl-
keskamp, die wieder das Manuskript in verschiedenen Fassungen gelesen und
kommentiert hat.
94 KARL-J. HÖLKESKAMP
kaum in festen staatsrechtlichen Kategorien zu fassenden Rolle des
Senats, der wenige formale Rechte und Kompetenzen hatte, dessen
Gewicht als tatsächliches Zentrum der politischen Ordnung aber
umso größer war, weil seine faktische Zuständigkeit als Organ der
Beratung und Entscheidung über die ganze Skala der politischen,
administrativen, judikativen und religiösen, diplomatischen und mi-
litärischen Probleme des wachsenden Herrschaftsraumes reichte.
Schließlich kennt man auch die verschiedenen Formen der Volks-
versammlung mit ihren jeweiligen Regeln und Verfahren von der
Einberufung bis zur Verkündung des Ergebnisses; die gentilizischen
comitia curiata mit ihrem uralten Recht der Übertragung des imperi-
um; die comitia centuriata mit ihrem hierarchisch-timokratischen
Aufbau vor und nach der Reform des 3. Jahrhunderts; die nach ter-
ritorialen Prinzipien organisierten comitia tributa bzw. concilia ple-
bis, die immer mehr von der klassischen Kompetenz des Volkes zur
Verabschiedung von Gesetzen übernahmen. Und natürlich weiß
man auch um das Spannungsverhältnis zwischen den weitreichen-
den Zuständigkeiten des Volkes für alle Wahlen und für die letzte
Entscheidung über Krieg und Frieden, leges und Plebiscite einerseits
und der faktischen Beschränktheit dieser Rechte durch die institu-
tionalisierte Passivität aller Versammlungen gegenüber dem leiten-
den Magistrat, durch politische und soziale Kontrollmechanismen,
Traditionen und hergebrachte Regeln andererseits.
Zunächst ist das nur der erste Eindruck, der sich bei einer
Durchsicht französischer und deutscher Handbücher und Über-
blicksdarstellungen einstellt. Und man kann eigentlich auch kaum
überrascht sein über einen solchen Minimalkonsens über ein bloßes
Skelett aus allgemeinen Eckdaten und einer Fülle von isolierten "an-
tiquarischen" Einzelinformationen, die womöglich erst in unter-
schiedlichen Perspektiven und DarsteDungszusammenhängen in je-
weils ganz anderem Licht erscheinen.
Aber es gibt weitere strukturelle Gemeinsamkeiten und Affinitä-
ten, die darauf hindeuten, daß sich hinter diesem Minimalkonsens
doch noch mehr verbirgt. Zunächst ist da die schlichte Tatsache,
daß das wissenschaftlich-literarische Genre der Handbücher und
Überblicksdarstellungen als solches, das sich in der französischen
wie in der deutschen Wissenschaft seit dem späten 19. Jahrhundert
entwickelt hat, einige durchaus vergleichbare, ja zum Teil auffällig
ähnliche Muster hinsichtlich des Aufbaus, der thematischen und in-
haltlichen Schwerpunktsetzung zeigt - und dies, obwohl die Anfor-
derungen an solche Werke im akademischen Unterricht in Frank-
reich und Deutschland immer sehr unterschiedlich gelagert waren.
Einerseits gilt dies bis zu einem gewissen Grade - auf die "fei-
nen Unterschiede" wird noch zurückzukommen sein - für jene Ein-
führungen und allgemeinen Darstellungen zur "römischen Ge-
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 95
schichte" von den Anfängen bis zur Kaiserzeit, die die Gesamtheit
der Entwicklung der res publica, die Haupt- und Staatsaktionen in
Politik und Krieg, die Entstehung und Organisation des Imperium
Romanum und, in den letzten Jahrzehnten zunehmend, die gesell-
schaftliche Gliederung, die wirtschaftlichen Grundlagen und neuer-
dings auch Kultur, Lebensweisen und "Mentalitäten" in ein zusam-
menhängendes Bild zu bringen versuchen. Fast alle diese Werke ha-
ben eben auch eigenständige, zuweilen bewußt hervorgehobene
Kapitel über "constitution" und "droit public", "gouvernement" und
"administration", "Recht" und "Verfassung" des "Freistaates", seine
"Institutionen" und "Verwaltungsorgane". In den verschiedensten
Ausprägungen findet sich dieses Grundmuster etwa in den älteren
französischen Standardwerken von G. Bloch bzw. J. Carcopino1 und
A. Piganiol2, den "Abrissen" von P. Petit und M. Bordet3, J. Heur-
gon4 und auch noch bei Cl. Nicolet5, F. Jacques und J. Scheid6 eben-
so wie in den bis heute regelmäßig neu aufgelegten, nach Anlage
und Intention so verschiedenen deutschen Titeln von J. Vogt7,
A. Heuss8, H. Bengtson9 und K. Christ10. Dabei werden solche Ab-
1
J. Carcopino, La république romaine de 133 avant J.-C à la mort de César
(Histoire Ancienne, 3 e partie : Histoire romaine, tome II 1) Paris 1929.
2
A. Piganiol, Histoire de Rome, 6. Aufl. Paris 1977 (zuerst erschienen 1939),
90 ff. u.ö.; La conquête romaine (Peuples et civilisations III) Paris 1974 (zuerst
erschienen 1966), 121 ff.; 240 ff.
3
P. Petit, Précis d'histoire ancienne, 4. aktualisierte Aufl. Paris 1971 (zuerst
erschienen J96J), 2J9 ff.; M. Bordet, Précis d'histoire romaine, Paris 1969 (Collec-
tion U 2, Série "Histoire ancienne", dirigée par P. Lévêque), 23 ff.; 34; 55 ff.
4
J. Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres puniques
(Nouvelle Clio t. 7), Paris 1969, Kapitel IV A, V A und C über die "institutions (po-
litiques et sociales)" der Königszeit und der frühen Republik.
5
Cl. Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen 264-27 avant J.-C.
Tome I : Les structures de l'Italie romaine (Nouvelle Clio t. 8), Paris 1977 : Kapitel
K : "Les institutions : le peuple"; X : "Le Sénat"; XI : "Les magistrats et le pou-
voir".
6
F. Jacques, J. Scheid, Rome et l'intégration de l'Empire (44 av. J.-C. - 200
ap. J.-C), Tome I : Les structures de l'Empire romain, Paris (1990), 2e édition 1992
(Nouvelle Clio) : Kapitel II 1 : "Les institutions traditionnelles du peuple ro-
main"; II 2 : "Le prince et le gouvernement de la res publica" (par J. Scheid).
7
J. Vogt, Die Römische Republik, 6. Aufl. Freiburg, München 1973 (zuerst
erschienen 1932) : TV. Kapitel : "Verfassung und Geist der alten Republik".
8
A. Heuss, Römische Geschichte, 6. Aufl. Braunschweig 1987 (zuerst er-
schienen 1960), 15 ff.; 21 ff.
9
H. Bengtson, Grundriß der römischen Geschichte mit Quellenkunde. Band
I : Republik und Kaiserzeit bis 284 n. Chr. (Handbuch der Altertumswissenschaft
III. 5. 1), 3. Aufl. München 1982 (zuerst erschienen 1967), 51 ff. u.ö.
10
K. Christ, Römische Geschichte. Einführung, Quellenkunde, Bibliographie,
3. durchges. und erweiterte Aufl. Darmstadt 1980 (ND 1990), 17 ff.; 58 ff.
96 KARL-J. HÖLKESKAMP
schnitte praktisch durchweg bei Gelegenheiten eingeschoben, die
aus darstellerischen Gründen günstig und zugleich nach inhaltli-
chen Maßstäben legitim erscheinen - nämlich anläßlich der selbst-
verständlich als historisch besonders bedeutsam angesehenen
großen Ereignisse und Einschnitte der inneren und äußeren Ent-
wicklung Roms : das Ende der Königszeit und die Etablierung der
Republik; die Zwölftafeln; das Ende der "Ständekämpfe"; die Voll-
endung der Hegemonie in Italien und der Beginn der imperialen Ex-
pansion im 3. Jahrhundert v. Chr. Trotz der dabei waltenden Vor-
sicht bei der Präsentation einer "Ordnung" als "Rechtsordnung",
trotz des Bemühens um die Einbettung der "Institutionen" im enge-
ren Sinne in die gesellschaftlichen Voraussetzungen der "Verfas-
sung" und trotz der Betonung der strukturellen Zusammenhänge
zwischen "Recht" und "Gesellschaft" und ihres Wandels in der Zeit
kann diese Darstellungsweise ein bestimmtes Grundmuster nie ganz
verleugnen, weil es ihr von vornherein inhärent ist : Sie gibt sich als
Momentaufnahme an einem bestimmten historischen Punkt und
suggeriert ein synchron-statisches Bild der "Verfassung" und ihrer
Institutionen, der "politischen Organe" und ihrer aufeinander bezo-
genen Funktionen an diesem Punkt ihres schrittweisen Ausbaus -
und derartige synchrone Querschnitte an einem Punkt im 3. Jahr-
hundert müssen sogar dazu neigen, ein geradezu ideales bzw. ideal-
typisches Bild der "klassisch-republikanischen Verfassung" im Zu-
stand ihrer "Vollendung" zu präsentieren.
Noch mehr als für diese allgemein-"historische" Literatur gilt
das natürlich für die erstaunlich zahlreichen Darstellungen von
"Verfassung" und "Recht", Institutionen und ihren Funktionen,
Kompetenzen, Regeln und Verfahren in der Form eigenständiger
Darstellungen und Handbücher. Ich nenne wieder nur einige wenige
Titel, die aber wegen ihrer Verbreitung und wiederholten Neuaufla-
gen vielleicht als repräsentative Beispiele gelten können : Dazu ge-
hören zweifellos die großen Handbücher des "öffentlichen Rechts"
in Rom von P. Willems" und A. Bouché-Leclercq12 und die Darstel-
lungen der "politischen Institutionen" von J.B. Mispoulet13 und vor
allem von L. Homo, die auch auf Englisch erschienen und mehrfach
11
P. Willems, Le droit public romain depuis la fondation de Rome jusqu'à
Justinien, 6. Auflage 1888, 7. Aufl. Louvain 1910; ND Amsterdam 1972 (zuerst er-
schienen 1870 mit dem Untertitel Les antiquités romaines envisagées du point de
vue des institutions politiques). Vgl. dazu Thomas, "Mommsen et Tlsolierung' du
droit" (infra, Anm. 33) 6 ff.
12
A. Bouché-Leclercq, Manuel des institutions romaines, Paris 1886.
13
J. B. Mispoulet, Les institutions politiques des Romains. Exposé historique
des règles de la constitution et de l'administration romaines, depuis la fondation de
Rome jusqu'au règne de Justinien, 2 vol., Paris 1882-1883.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 97
neu aufgelegt worden sind14. Sie werden verschiedentlich sogar in
der deutschen Literatur empfohlen, wie auch die kurze Einführung
von J. Ellul15 und die sehr viel umfangreichere Gesamtdarstellung
von J. Gaudemet 16 . Schließlich wäre noch der Abriß mit einer
Sammlung von Texten zu nennen, der von J. Rouge17 herausgegeben
wurde.
Von den einschlägigen deutschen Werken weise ich nur auf ein
paar besonders verbreitete Titel hin, die ihrerseits zum Teil in den
Bibliographien der erwähnten französischen Handbücher als grund-
legende Einführungen in die Sache aufgenommen worden sind : Da-
zu gehören zunächst die großen Handbücher von E. Herzog18,
O. Kariowa19 und insbesondere die Verfassung und Verwaltung von
J.N. Madvig - ein Werk, das schon unmittelbar nach seinem Er-
scheinen in Deutschland ins Französische übersetzt wurde20. So-
dann sind natürlich die bekannten Bücher von E. Meyer21 und
U. von Lübtow22 über den römischen "Staat" mit ihren nachgerade
programmatischen Titeln zu nennen, aber auch das Verfassungs-
recht von H. Siber23 und neuerdings sicherlich die Einführung in die
"Verfassung" der Republik von J. Bleicken24, sowie die noch von
W. Kunkel konzipierte große Darstellung der Staatsordnung und
14
L. Homo, Les institutions politiques romaines. De la cité à l'État, Paris 1927,
ND. 1953 und 1970; engl. Übersetzung : Roman Political Institutions, from
City to State, London 1929, ed. with additional bibliography 1962, repr. 1966.
15
J. Ellul, Histoire des institutions de l'Antiquité, Paris 1963 (zuerst erschie-
nen 1955).
16
J. Gaudemet, Institutions de l'Antiquité, Paris 1967; vgl. auch ders., "Le
peuple et le gouvernement de la République romaine", in : Labeo 11, 1965, 147-
192.
17
J. Rougé, Les institutions romaines. De la Rome royale à la Rome chré-
tienne, (Collection U 2, Série "Histoire ancienne", dirigée par P. Lévêque), Paris
1969.
18
E. Herzog, Geschichte und System der römischen Staatsverfassung, Bd. I :
Königszeit und Republik, Leipzig 1884.
19
O. Kariowa, Römische Rechtsgeschichte, Bd. I : Staatsrecht und Rechts-
quellen, Leipzig 1885.
20
J. N. Madvig, Die Verfassung und Verwaltung des römischen Staates, 2 vol.,
Leipzig 1881-1882, frz. Ausgabe : L'État romain, sa constitution et son administra-
tion, trad, par Ch. Morel, 5 vol., Paris 1882-1889.
21
E. Meyer, Römischer Staat und Staatsgedanke, 3. durchgesehene und er-
gänzte Aufl. 1964, 4. Aufl. 1975 (zuerst erschienen 1948); Einführung in die antike
Staatskunde, 5. Aufl. Darmstadt 1990 (zuerst erschienen 1968).
22
U. von Lübtow, Das römische Volk. Sein Staat und sein Recht, Frankfurt/M.
1955.
23
H. Siber, Römisches Verfassungsrecht in geschichtlicher Entwicklung, Lahr
1952.
24
J. Bleicken, Die Verfassung der römischen Republik, 7. verbesserte Aufl. Pa-
derborn 1995 (zuerst erschienen 1975).
98 KARL J. HÖLKESKAMP
Staatspraxis der Republik im Rahmen des traditionsreichen Hand-
buchs der Altertumswissenschaft25.
Allen diesen Titeln ist die in sich geschlossene Form des Hand-
buchs gemeinsam, die ja an sich schon suggeriert, daß die "Verfas-
sung", die politischen und rechtlichen Institutionen und Verfahren
als eigenständiges Ganzes, als Gegenstand sui generis dargestellt
werden können. Dabei muß vorausgesetzt werden, daß die res publi-
ca - der "römische Staat", wie es ja zuweilen bezeichnenderweise
heißt - zumindest auch als Rechtsordnung begriffen werden kann
oder sogar muß, mithin als ein "System" von rechtlich definierbaren
Organen, normativen Regeln und formalisierten Verfahren. Damit
wird von vornherein vorausgesetzt, daß die rechtliche Form der In-
stitutionen, Funktionen und Regeln diesem "System" eigentümlich
ist : Erst durch diese spezifischen, das "System" auszeichnenden
Strukturen, eigenen Gesetze und Begriffe kann es überhaupt als sol-
ches identifiziert werden, also als einheitliches und eigenständiges
"System" wahrgenommen werden, das von anderen "Systemen"
oder "Subsystemen" innerhalb des Ganzen der res publica - wie
"Gesellschaft", "Kultur" und auch "Politik" - unterscheidbar und
isolierbar ist und dann eben auch so dargestellt werden kann.
Bei diesen Überlegungen habe ich mit voller Absicht von der
Wahrnehmung der "Verfassung" und ihrer Institutionen als
"System" gesprochen. Denn dieser Begriff führt zum Ursprung und
wesentlichen Kern des Problems : dem Staatsrecht Theodor Momm-
sens26, den diesem Werk zugrunde liegenden rechtstheoretischen
Postulaten und methodischen Ansätzen und seinem Einfluß auf die
Entwicklung von Theorie und Geschichte der römischen "Verfas-
sung" - ein Einfluß, der über den größten Teil dieses Jahrhunderts
ebenso bestimmend wie vielschichtig war. Dieser Einfluß blieb ja
sogar noch in den vielen neueren, zum Teil ihrerseits einflußreichen
Bemühungen um Distanz zu diesem Werk, seiner Rigorosität und
Strenge, und um Revision des Ansatzes spürbar27. Vor allem aber -
25
W. Kunkel (f), Staatsordnung und Staatspraxis der römischen Republik,
herausgegeben von H. Galsterer, Ch. Meier und R. Wittmann. Bisher eschienen
ist erst der zweite Band über die Magistraturen (München 1995 = Handbuch der
Altertumswissenschaft, X, 3, 2, 2).
26
Th. Mommsen, Römisches Staatsrecht, 3 Bände in 5 Teilen, Bd.I, 3. Aufl.
Leipzig 1887 (zuerst erschienen 1871); I I 1 und 2, 3. Aufl. Leipzig 1887 (zuerst er-
schienen 1874-1875); III1 und 2, Leipzig 1887-1888, mehrere Nachdrucke, zuletzt
Graz 1969 (in der Folge zitiert : RStR). Vgl. auch seinen Abriss des römischen
Staatsrechts, Leipzig 1907 (Binding, Systematisches Handbuch der Deutschen
Rechtswissenschaft, Bd. 1,3), repr. Darmstadt 1974 (zuerst erschienen 1893; ita-
lien. Übers, durch P. Bonfante, Disegno di diritto romano, Mailand 1905, 2. Aufl.
1943 durch V. Arangio-Ruiz) (in der Folge zitiert : Abriss).
27
Vgl. dazu - grundlegend, auch für das Folgende - J. Bleicken, Lex publica.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 99
und darin liegt eine Besonderheit, die diesen Fall für unsere Frage-
stellung so interessant werden läßt - ist dieser Einfluß eben nicht
nur in Deutschland bis heute allgegenwärtig : Auch in Frankreich ist
er immer noch nachhaltiger als der irgendeines anderen einzelnen
(deutschen) Werkes28.
Die Rezeption des Staatsrechts in Frankreich begann praktisch
unmittelbar mit dem Erscheinen der dritten Auflage. Unter dem Ti-
tel Le droit public romain kam schon in den Jahren 1887 bis 1891
eine französische Übersetzung heraus29. Diese Ausgabe bildete die
ersten sieben Bände eines großangelegten Manuel des antiquités ro-
maines, in dem unter der Herausgeberschaft von G. Humbert in ra-
scher Folge weitere Übersetzungen wesentlicher Teile des deutschen
Handbuchs der römischen Alterthümer von J. Marquardt und
Th. Mommsen erschienen : Marquardts Staatsverwaltung und sein
Privatleben der Römer™, ferner P. Krügers Quellen und Litteratur des
Gesetz und Recht in der römischen Republik, Berlin-New York 1975, 16 ff. (in der
Folge zitiert : Lex publica). Vgl. auch E. Täubler, "Römisches Staatsrecht und rö-
mische Verfassungsgeschichte", in : HZ 120, 1919, 189-209; W. Kunkel, "Magi-
stratische Gewalt und Senatsherrschaft", in : ANRW I 2, 1972, 3-22, hier 3 ff.;
ders., "Theodor Mommsen als Jurist", in : Chiron 14, 1984, 369-380; L. Lobrano,
Il potere dei tribuni della plebe, Mailand 1982, 6 ff.; 27 ff. u.ö. und dazu die Rezen-
sion von K.-J. Hölkeskamp, in : ZRG, Rom. Abt. 102, 1985, 537-545. Vgl. ferner
A. Heuss, "Niebuhr und Mommsen. Zur wissenschaftsgeschichtlichen Stellung
Theodor Mommsens", in : Antike und Abendland 14, 1968, 1-18; ders., "Theodor
Mommsen und die revolutionäre Struktur des römischen Kaisertums", in :
ANRW II 1, 1974, 77-90; A. Giovannini, "Magistratur und Volk. Ein Beitrag zur
Entstehungsgeschichte des Staatsrechts", in : Staat und Staatlichkeit in der frü-
hen römischen Republik, hrsg. von W. Eder, Stuttgart 1990, 406-436; E. Flaig,
"Im Schlepptau der Masse. Politische Obsession und historiographische Kon-
struktion bei Jacob Burckhardt und Theodor Mommsen", in : Rechtshistorisches
Journal 12, 1993, 405-442.
28
Vgl. nur das wichtige, neue Perspektiven eröffnende Werk von Cl. Nicolet,
Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris 1976, 18 ff. und darin die re-
gelmäßigen Verweise auf Mommsen (z.B. 71 n. 1; 202 n. 1; 280 n. 1; 323 n. 1; 345
n. 1; 426 n. 1; 439 n. 1).
29
Diese Übersetzung (in acht Teilbänden) wurde besorgt von dem Romani-
sten und Rechtsprofessor an der Sorbonne P. Fr. Girard - übrigens seinerseits
Autor eines weitverbreiteten Handbuchs, das wiederum wenig später auch auf
Deutsch erschienen ist : Manuel élémentaire de droit romain, Paris 1885-1897 (in
Faszikeln), 8. Aufl. 1929, deutsche Übersetzung Berlin 1908. Vgl. auch ders.,
Histoire de l'organisation judiciaire des Romains, I : Les six premiers siècles de
Rome, Paris 1901.
30
J. Marquardt, Römische Staatsverwaltung (2. Aufl.), Bd. I : I. Organisation
des römischen Reiches, Leipzig 1884; Bd. II : II. Das Finanzwesen (bearb. von
H. Dessau), III. Das Militärwesen (bearb. von A. von Domaszewski), Leipzig
1884; Bd. III : TV. Das Sacralwesen (bearb. von G. Wissowa), Leipzig 1885, frz.
Ausgabe : L'organisation de l'Empire romain, trad, par A. Weiss, P.-L. Lucas (in :
Manuel..., vol. VIII-IX); De l'organisation financière chez les Romains, trad, par A.
Vigie (in : Manuel..., vol. X, 1888); L'organisation militaire chez les Romains, trad.
100 KARL-J. HÖLKESKAMP
Römischen Rechts*1 und zuletzt noch - als krönender Abschluß -
Mommsens Strafrecht32. Und noch vor wenigen Jahren wurde zu-
mindest das Droit public neu aufgelegt - der beste Beleg für das un-
gebrochene Interesse an Mommsens Hauptwerk in Frankreich33.
*
* *
Meine Überlegungen zu diesem Phänomen mögen - angesichts
dessen, was wir schon längst über Mommsen und die Mommsen-
Rezeption wußten oder sicher zu wissen glaubten - überraschend, ja
provozierend und paradox klingen. Ich behaupte nämlich, daß die-
ser Erfolg des Staatsrechts in Frankreich und in Deutschland nicht
zuletzt durch das methodische Grundkonzept Mommsens und seine
konkrete Umsetzung in der Begrifflichkeit und Argumentationswei-
se des Werkes ermöglicht worden ist - also gerade durch jene
"staatsrechtlich-systematische" Konzeption, von der man sich schon
früh zu distanzieren begann und an der sich seitdem mehrere For-
schergenerationen gerieben haben34. Bei näherem Hinsehen stellt
sich nämlich heraus, daß dieses Konzept immer auch eine "histori-
sche", ja "antiquarische" Komponente einschloß : Dadurch war es
zutiefst ambivalent und - eben durch diese Ambivalenz - viel
flexibler und auch offener als die apodiktische Einseitigkeit einiger
programmatischer Äußerungen Mommsens und seine Polemik ge-
gen die "philologische" und "antiquarische" Methode35 vermuten
lassen.
par M. Brissaud (in : Manuel..., vol. XI, 1891); Le culte chez les Romains, trad, par
M. Brissaud (in : Manuel..., vol. XII-XIII). Das Privatleben der Römer, 2 Bde., 2.
Aufl. Leipzig 1886, frz. Ausgabe : La vie privée des Romains, trad, par V. Henry
(in : Manuel..., vol. XTV-XV).
31
P. Krüger, Geschichte der Quellen und Litteratur des Römischen Rechts,
Leipzig 1888 {Systematisches Handbuch der deutschen Rechtswissenschaft 1 u. 2);
frz. Ausgabe : Histoire des sources du droit romain, trad, par M. Brissaud (üi :
Manuel..., vol. XVI).
32
Th. Mommsen, Römisches Strafrecht, Leipzig 1899; frz. Ausgabe : Le droit
pénal romain, trad, par J. Duquesne (in : Manuel..., vol. XVII-XLX, 1907).
33
Th. Mommsen, Droit public, Paris 1984-1985, mit einer Einleitung von
Cl. Nicolet und mit dem wichtigen Essay von Y. Thomas, "Mommsen et 'lTsolie-
rung' du droit (Rome, l'Allemagne et l'État)", 1-52, mit weiterer Literatur. Vgl. da-
zu E. Gabba, in : Athenaeum 74, 1986, 245-248.
34
Vgl. bereits L. Lange, Römische Alterthümer, Bd. I, 3. Aufl. Berlin 1876,
V ff.; 45 ff.; Herzog, Geschichte und System (Anm. 18) XXXTV ff. Vgl. dazu Bleic-
ken, Lex publica 14 mit n. 14; 22 n. 7; 33f. mit n. 37 u.ö.; Thomas, "Mommsen",
7 ff.
35
Vgl. nur die vielzitierte Äußerung über das Staatsrecht in dem Brief an den
Juristen H. Degenkolb vom 8.11.1887 : "...unter uns gesagt, das Buch ist für die
Philologen doch Caviar und sie schnuppern nach Citaten, weil es ihnen nicht ge-
geben ist im Ganzen zu denken" (zitiert nach L. Wickert, Theodor Mommsen, Bd.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 101
Allerdings wird in manchen dieser Äußerungen selbst bereits
deutlich, daß auch der Mommsen des Staatsrechts keineswegs allein
und ausschließlich als der strenge, rechtslogisch-deduktiv vorgehen-
de Systematiker in der Tradition der deutschen Begriffsjurisprudenz
verstanden werden darf. Zwar begriff Mommsen ganz im Sinne die-
ser Tradition den "Staat" als "ein organisches Ganzes", als ein ge-
schlossenes und in sich ruhendes System, das aus den "Institutio-
nen" (oder eben den "Organen"), deren einzelnen Funktionen, deren
Zusammenwirken und den dies alles beherrschenden Regeln und
Normen bestand36. Dementsprechend ist das eigentliche "Wesen"
des "römischen Organismus", das "System des römischen Staats-
rechts" - wie das Wesen jedes anderen "Rechtssystems" - überhaupt
nur durch eine "begrifflich geschlossene und auf consequent durch-
geführten Grundgedanken wie auf festen Pfeilern ruhende Darle-
gung" wirklich zu erfassen37 - und dabei müssen, wenn das Staats-
recht den im römischen Privatrecht längst vollzogenen "rationelle(n)
Fortschritt" endlich nachholen soll, "neben und vor den einzelnen
Rechtsverhältnissen" zuallererst die "Grundbegriffe systematische
Darstellung gefunden haben"38.
Dieser Programmatik entsprechend besteht im Staatsrecht das
"System" insgesamt aus den drei tragenden Säulen Magistratur,
III, Frankfurt 1969, 559). In die gleiche Richtung zielt natürlich die Bemerkung
über "das Getümmel auf dem antiquarischen Bauplatz", wo "viele geschäftige
Leute bloss die Balken und Ziegel durch einander werfen, aber weder das Bau-
material zu vermehren noch zu bauen verstehen" (RStR I, p. X - Vorwort zur 3.
Aufl.). Vgl. schließlich Abriss, p. XVII (Vorwort zur 1. Aufl.) : "Vor der Plattheit
derjenigen historischen Forschung, welche das was sich nie und nirgend begeben
hat, bei Seite lassen zu dürfen meint, schützt den Juristen seine genetisches Ver-
ständniss fordernde Wissenschaft". Vgl. dazu generell etwa A. Heuss, Theodor
Mommsen und das 19. Jahrhundert, Kiel 1956, 44 ff.; A. Wucher, Theodor Momm-
sen. Geschichtsschreibung und Politik, 2. Aufl. Göttingen 1968, 31 ff.; Bleicken,
Lex publica, 16 ff.; 36 ff.
36
RStR I, p. XI f. (Vorwort zur 2. Aufl.); vgl. auch VII ff. (Vorwort zur 3.
Aufl.) u.ö. Vgl. zur "Begriffsjurisprudenz" und zum "staatsrechtlichen Positivis-
mus" allgemein etwa E.-W. Böckenförde, Gesetz und gesetzgebende Gewalt. Von
den Anfangen der deutschen Staatsrechtslehre bis zur Höhe des staatsrechtlichen
Positivismus, Berlin 1958, 211 ff.; ders., Die deutsche verfassungsgeschichtliche
Forschung im 19. Jahrhundert. Zeitgebundene Fragestellungen und Leitbilder, Ber-
lin 1961, 187 ff.; F. Wieacker, Privatrechtsgeschichte der Neuzeit, unter besonderer
Berücksichtigung der deutschen Entwicklung, 2. Aufl. Göttingen 1967, 430 ff.;
K. Larenz, Methodenlehre der Rechtswissenschaft, 6. Aufl. Berlin etc. 1991, 19 ff.
Vgl. auch O. Brunner, Land und Herrschaft. Grundfragen der territorialen Verfas-
sungsgeschichte Österreichs im Mittelalter, Darmstadt 1973 (ND d. 5. Aufl. Wien
1965), 111 ff.; 146 ff., sowie wiederum Bleicken, Lex publica, 19 ff.; Kunkel,
Chiron 14, 1984, 375 ff.
37
RStR I, p. DC (Vorwort zur 3. Aufl.); XIII (Vorwort zur 2. Aufl.).
u
RStR I, p. VHIf. (Vorwort zur 3. Aufl.). Vgl. dazu Thomas, "Mommsen",
34 ff.
102 KARL-J. HÖLKESKAMP
Volksversammlung und Senat und dem komplexen Gewebe ihrer
Beziehungen untereinander. Dabei galt Mommsen die Magistratur
als die Bezugsgröße der beiden anderen Institutionen, als Zentrum
und eigentlicher Ursprung der gesamten Ordnung. Denn die Magi-
stratur ist nicht nur "die Verkörperung des Staatsbegriffs und die
Trägerin der Staatsgewalt", sondern auch "älter als die Volksge-
meinde"39, also der Staat selbst : Es ist die "Einheitlichkeit der Be-
amtengewalt", die der Magistratur von Anfang an innewohnte, von
der "das römische Staatswesen" überhaupt "ausgegangen" sei, und
es hätte "diesen seinen Ursprung" denn auch "nie verleugnet"40. Das
ist natürlich auch die Voraussetzung für die Selbstverständlichkeit,
mit der Mommsen nicht nur "Consulat und Dictatur" als bloße "Mo-
dificationen des Grundbegriffs der Magistratur" behandeln kann,
sondern auch den rex und dann den princeps, der "nichts als ein Be-
amter mehr" sei41. Einem begriffsjuristisch-positivistisch inspirier-
ten "Staatsrecht" kann es ja auch gar nicht um "die Geschichte" als
"Zeitfolge" gehen, sondern die "übliche Eintheilung in Königs-, re-
publikanische und Kaiserzeit"42 muß geradezu "nothwendig" dem
"System" und seiner lückenlosen, logisch und eben begrifflich zwin-
genden Darstellung untergeordnet werden.
Die erwähnte, ursprünglich einheitliche "Vollgewalt" der Magi-
stratur in ihren verschiedenen "Modificationen", um die Mommsens
Staatsrecht - im doppelten Sinne, als "System" und als Werk - im-
mer und überall kreist, ist natürlich das imperium in seiner ebenso
ursprünglichen "Totalität" und "Autarkie" : Es "überträgt sich
selbst, es ergänzt sich selbst, es sorgt selber für seine Vertretung und
bestellt sich selber die Gehülfen"43. Von der Königszeit über die Re-
publik bis zum Prinzipat bleibt dieses Fundament des "Systems" im
Kern unangetastet - auch wenn, etwa durch die Entwicklung der
Provokation und der tribunizischen Gewalt, "die ganze innere Ver-
fassungsgeschichte Roms sich zusammenfasst in der Abschwächung
des Imperium"44. Das imperium als Vollgewalt und letzte Quelle von
39
Abriss, 64. Vgl. dazu Bleicken, Lex publica, 24 ff.; Thomas, "Mommsen",
37 ff.
40
RStR l, 6.
41
RStR 1, p. DC (Vorwort zur 3. Aufl.); II 2, 749; vgl. auch I, 6f.; 10; I I 1 , 16f.;
III1, 300; Abriss, 65f.; 123 ff., sowie 149 ff. (mit einigen Modifikationen hinsicht-
lich des magistratischen Charakters des princeps). Vgl. dazu Täubler, HZ 120,
1919, 191 f.; 205f.; Heuss, ANRW II 1, 1974, 78 ff.; Kunkel, Chiron 14, 1984,
373 ff.; I. Stahlmann, Imperator Caesar Augustus. Studien zur Geschichte des Prin-
cipatsverständnisses in der deutschen Altertumswissenschaft bis 1945, Darmstadt
1988, 44 ff.; Flaig, Rechtshistor. Journal 12, 1993, 437 ff.
42
RStR I, p. VIII (Vorwort zur 3. Aufl.).
43
RStR I, 212; vgl. auch I 22; 141 u.ö.
44
RStR I, 24.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 103
Autorität, die von keiner höheren Instanz abgeleitet in sich selbst
ruht, ist also die dem historischen Wandel entzogene, überzeitlich
gültige Grundkonstante, die das spezifisch "römische Staatsrecht"
letztlich ausmacht.
So mochte für Mommsen ein kohärentes und in sich geschlosse-
nes "System" zwar "seine eigene Wahrheit" sein, wie er als junger
Mann in anderem Zusammenhang emphatisch formulierte45. Aber
der konkrete methodische Weg dorthin - der Bau eines solchen ge-
schlossenen Gebäudes, um es in Mommsens eigener Metapher aus-
zudrücken, aus den einzelnen "Balken und Ziegeln" der antiquari-
schen "Staatsalterthümer"46 - war für ihn immer und ganz selbst-
verständlich zweigleisig. Eine "Darstellung des römischen
Gemeinwesens", die die hohen Anforderungen eines vollendeten,
also geschlossenen "Staatsrechts" wirklich erfüllen könne, ist näm-
lich für ihn nur als "Versuch" vorstellbar, "eine jede Institution dar-
zustellen als Glied des Ganzen in ihrer Besonderheit wie in ihrer Be-
ziehung zu dem Organismus überhaupt" 47 . Das "organische Ganze"
eines "Staatsrechts" (wie des Privatrechts und aller "Rechtssyste-
me") kann also nur entstehen, wenn jedes einzelne konstitutive Teil
des gesamten "Systems", "jede Institution in ihrer Eigenthümlich-
keit" aufgefaßt wird - und das heißt ganz einfach : für sich allein "in
ihrem Werden und ihrem Sein, in ihrer Geschichte und in ihrer
praktischen Bedeutung" verstanden wird. Es ist also erst die "histo-
rische Methode" der Juristen - und, nicht zu vergessen, die durch
B.G. Niebuhr neubelebten "Forschungen über römische Geschich-
te" -, die den "Sinn für die Individualität einer jeden Rechtsinstitu-
tion"48 geschärft habe, die auch die Voraussetzung für den "Bau" je-
des Systems sei. Auch für das Staatsrecht gilt also sinngemäß, was
Mommsen schon Jahrzehnte zuvor über ein anderes Gebiet formu-
liert hatte : "Es ist uns also die Aufgabe gestellt, ... das praktische
45
Rezension von A. Th. Wöniger, Das Sacralsystem und das Provocations-
verfahren der Römer, ..., Leipzig 1843 (Zs. für die Alterihumswissenschaft 3, 1845,
col. 131-144), in : Th.M., Gesammelte Schriften Bd. III, Berlin 1907, 537-546, hier
546. Hier forderte Mommsen übrigens eine trennscharfe, sich gegenseitig ergän-
zende und komplettierende Begrifflichkeit, die die "Wissenschaft des römischen
Sacralrechts" entwickeln müsse und die allein ein geschlossenes, lückenloses
"System des römischen Kirchenrechts" begründen könne.
"RStR I, p. X (Vorwort zur 3. Aufl.); vgl. "Die Aufgabe der historischen
Rechtswissenschaft" (1848), in : Ges. Schriften III, 580-591, hier 587 über den
"Neubau" des deutschen Rechts. Vgl. dazu Kunkel, Chiron 14, 1984, 377 ff.
47
RStR I, p. XIII; vgl. auch Xlf. (Vorwort zur 2. Aufl.).
48
Zitate a u s : Th. Mommsen, "Die Aufgabe...", Ges. Schriften III (supra,
n. 45), 587 und 586. Vgl. auch Abriss, p. XVIII (Vorwort zur 1. Aufl. 1893) : "Die
einzelnen Institute sind historisch entstanden, also irrationell; man muss ein
jedes sowohl in seiner Selbständigkeit zusammenfassen wie auch nach seinen oft
sehr mannichfaltigen politischen Functionen auseinanderlegen".
104 KARL-J. HÖLKESKAMP
Civilrecht... in ein systematisches Rechtsgebäude zusammenzufas-
sen, so dass jede einzelne Institution sowohl in ihrer durch histori-
sche Studien erforschten Individualität als im Einklänge mit dem
ganzen Rechtssystem erscheint und dieses Rechtssystem also zu-
gleich die Quintessenz der historischen Rechtsforschung und der
methodische Ausdruck der gegenwärtigen Rechtsbegriffe sein
wird"49.
Tatsächlich drängt im Staatsrecht die historisch gewordene "In-
dividualität" jeder einzelnen Institution immer wieder in den Vor-
dergrund - nicht nur bei den minutiösen Darlegungen zur Entste-
hung und Entwicklung der einzelnen Magistraturen, der Centurien-
und Tribusordnung und anderer "Organe" des "Systems"50. Es ent-
hält auch nicht nur viele historische Exkurse zu "staatsrechtlich"
oder "verfassungsgeschichtlich" wichtigen Einzelproblemen 51 .
Eigentlich beruht ja das ganze Werk auf der breiten empirischen Ba-
sis einer beispiellosen Sammlung einzelner Gesetze, Regeln und Sit-
ten, Ereignisse und Entwicklungen, sozial- und kulturgeschichtli-
chen Details im weitesten Sinne, aus denen Mommsen sein "Gebäu-
de" errichtete - und die er dabei in zahllosen Einzelanalysen (oft in
den Anmerkungen) erst einmal jeweils für sich quellenkritisch-histo-
risch behandelte.
Dabei ist es kaum überraschend, daß dieses verstreute und dis-
parate Material in seiner Vielschichtigkeit und Widersprüchlichkeit
in vielen verschiedenen Zusammenhängen das prinzipiell gleiche
Problem aufwarf : Immer wieder erweisen sich konkrete Befunde
der Quellenauswertung als resistent gegen die schnelle, glatte Ver-
einnahmung als "Bausteine" eines lückenlosen und widerspruchs-
freien "Systems". Vielmehr stellen sich oft genug die Fakten, die hi-
storisch gewordenen Institutionen als derart widerspenstig und in
diesem Sinne "irrationell" heraus, daß sie sich dem strengen An-
spruch des theoretischen "Systems" auf eindeutige, systemgerechte
Ein- und Unterordnung schlicht verweigern. Das bekannteste Bei-
spiel dafür ist natürlich Mommsens Behandlung des Senats52. "Von
Rechts wegen", so verkündet er einerseits, "herrschte" selbstver-
ständlich die "der Anlage nach übermächtige Magistratur" mit ihrer
ursprünglichen Vollgewalt, "und der Senat gehorchte" - ja, im Sinne
49
Th. Mommsen, Ges. Schriften HI, 587 (Hervorhebungen von mir, K.-J. H.).
50
RStR II1, 74 ff. und 181 ff. (Consulat und Consulartribunat); 141 ff. (Dicta-
tur); 193 ff. (Praetur); 272 ff. (Volkstribunat); 470 ff. (Aedilität); 523 ff. (Quaes-
tur); III 1, 161 ff. (Tribusordnung); 245 ff. (Centurienordnung) usw.
51
Vgl. etwa RStR II 1, 418 ff. (zum plebiscitum Ovinium über die Senats-
ergänzung durch die Censoren); m 1,155 ff. (zur Gültigkeit der Plebiscite vor der
lex Hortensia).
52
Vgl. zum Folgenden Bleicken, Lex publica, 25 ff. S. ferner Thomas,
"Mommsen", 43 ff.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 105
des "Systems" konnte er letztlich nichts als eine "Verstärkung der
Magistratur" sein53. Im Vergleich zu ihr und selbst zur souveränen
"Bürgerschaft" in den Comitien mangelte es dem Senat sogar an we-
sentlichen Merkmalen einer wirklichen Institution : Er sei nämlich
nicht einmal "ein Rechtssubject im abstrakten Sinne", und "es fehlt
ihm jedes corporative Recht"54. Andererseits bezeichnet und behan-
delt Mommsen den Senat dann eben doch als Institution, wenn er
im Detail die Zusammensetzung und "Qualification" der Mitglieder,
die "Geschäftsordnung" und vor allem die "Competenz" des Senats
entwickelt - von der "Bestätigung und Vorberathung der Volksbe-
schlüsse" über "Sacralwesen", "Rechtspflege", "Kriegswesen", Ge-
meindevermögen" und den "auswärtigen Verhältnissen" bis hin
zum "Regiment" über Italien und die Provinzen55. Diese umfassende
"Darstellung des Wirkungskreises des Senats" verursacht nun "un-
gewöhnliche Schwierigkeiten" - führt sie doch letztlich zu einem
Resultat, das in diametralem Gegensatz zu den inhärenten, logisch
zwingend notwendigen Erfordernissen des "Staatsrechts" als
"System" steht. Denn auch für Mommsen stellte sich diese "Körper-
schaft" am Ende als die "oberste Verwaltungs- und Regierungsbe-
hörde" dar, die nicht bloß "in die gesammte magistratische Thätig-
keit" eingreife, sondern auch "das Regiment des Staates im Innern
wie nach aussen so völlig in seiner Gewalt" hatte, "wie dies bei colle-
gialischem Regiment überhaupt möglich" sei. Mit einem Wort : Der
Senat habe sogar "in der theoretischen wie in der praktischen Ent-
wicklung", wie es heißt, "Rom und durch Rom die Welt regiert"56.
Nachdem Mommsen als Historiker der Institution in ihrer "In-
dividualität" diese "ebenso eminente und effective wie unbestimmte
und formell unfundirte Machtstellung des Senats" festgestellt hat,
die zumindest in der späten Republik "mit dem in entsprechender
Weise verschwommenen und aller strengen Definition sich entzie-
henden Wort auctoritas bezeichnet" worden sei57, muß der Jurist
Mommsen versuchen, das "Staatsrecht" als "System" durch eine
weitere begriffliche Konstruktion zu erhalten, die allerdings das
"System" als solches in Frage stellt. Er behauptet nämlich, daß diese
"spätere Stellung der beiden Gewalten" Magistratur und Senat "auf
der Umkehr der ursprünglichen Ordnung" beruhe - eine "Umkeh-
rung", die "sich mehr factisch als rechtlich vollzogen" habe und, wie
53
RStR i n 2, 1024 und 1026.
54
RStR Ul 2, 1025f.
"RStR III 2, 1037 ff.; 1049 ff.; 1063 ff.; 1071 ff.; 1111 ff.; 1147 ff.; 1194 ff.;
1211 ff. usw.
56
RStR III 2, 1034f., 1025 bzw. 1022.
57
RStRUl2, 1033.
106 KARL-J. HÖLKESKAMP
gesagt, schon gar nicht "zu formeller Fundamentirung" gelangt sei :
Tatsächlich schaue ja "das ursprüngliche Regiment der Magistratur
noch überall deutlich" heraus. Daraus ergab sich dann ein "Gegen-
satz von Form und Inhalt", der schließlich sogar "eines der wesentli-
chen Momente des späteren Senatsregimentes" geworden sei58. Die
vorsichtigen, widerwilligen Formulierungen ändern nichts daran,
daß diese feine Differenzierung zwischen rechtlicher "Form" und
faktischem "Inhalt", die er bei ähnlichen Kollisionen zwischen hi-
storischer Empirie und begriffsjuristischer Theorie auch in anderen
Zusammenhängen einführt59, für diese Theorie höchst problema-
tisch ist; denn damit wird ja die Geltung der formalen "Ordnung" in
einem ihrer zentralen Bereiche, der Beziehungen zwischen zwei tra-
genden Pfeilern der "Verfassung", faktisch suspendiert. Und das be-
deutet wiederum, daß das Erklärungspotential und damit die Trag-
fähigkeit des staatsrechtlichen "Gebäudes", die ja gerade auf der
lücken- und ausnahmslosen, in sich widerspruchsfreien Gültigkeit
des "Systems" als "organischem Ganzen" beruht, implizit in Frage
gestellt wird - und letztlich natürlich auch ihre theoretische Grund-
annahme, nämlich das Postulat der Faßbarkeit und Beschreibbar-
keit des "Systems" in einem gewissermaßen flächendeckenden
Raster fester Begriffe, verbindlicher Normen und allgemeingültiger
Grundsätze.
Darüber hinaus ergab sich aus der strikten Fundierung des
Staatsrechts auf dem antiken Material noch eine weitere methodi-
sche Konsequenz von grundsätzlicher Tragweite für das Gesamt-
konzept. Denn die dabei entstehende Begrifflichkeit der Institutio-
nen und Regeln, das allgemeine Gerüst des ganzen "Systems" selbst
- mithin aus begriffsjuristischer Sicht der eigentliche Kern der
Sache - sind deswegen in bestimmter Hinsicht eben auch "historisch".
Die wesentlichen Begriffe und Konzepte des Staatsrechts sind näm-
lich gerade keine abstrakten, überzeitlich gültigen und universell an-
wendbaren "Grundformen oder Grundtypen der Rechtswelt", die
eine "Jurisprudenz, die seit Jahrtausenden arbeitet", längst entdeckt
und als strukturelles Grundmuster der vergangenen wie gegenwärti-
gen, ja überhaupt aller denkbaren "Systeme" erkannt hätte - eine
Jurisprudenz eben, die sich deswegen "nicht mehr durch die Ge-
schichte in Verlegenheit setzen" lassen müßte60. Gerade Mommsens
58
RStR III 2, 1024.
59
RStR I, 35; II 1, 207 und dazu Bleicken, Lex publica, 26f. mit weiteren
Nachweisen. Vgl. zu diesem Problem bei Mommsens Behandlung des Principats
etwa Heuss, ANRW II 1, 1974, 78 ff.
60
R. von Jhering, "Unsere Aufgabe", zitiert bei Bleicken, Lex publica, 19f.
Anm. 3.
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 107
Umgang mit jenen zentralen Begriffen des rechtspositivistischen
"Staatsrechts" belegen das uneingestandene Unbehagen des Histori-
kers an diesem metahistorischen Gültigkeitsanspruch : Zwar ge-
braucht auch er immer wieder die Konzepte wie "Souveränität" und
"Staat" - und zuweilen auch noch in recht apodiktisch klingenden
Deklarationen im Sinne des zeitlosen "Systems", wenn er etwa die
"Bürgerschaft" als den "rechtlichen Träger der souveränen Staatsge-
walt" bezeichnet und an anderer Stelle erklärt, daß "diese ideale Ge-
meindesouveränetät" grundsätzlich "durch die drei grossen Ab-
schnitte der politischen Entwickelung, Königthum, Republik und
Principat gleichmässig festgehalten worden" sei, also "dem römi-
schen Staatswesen eingeboren und unverlierbar" sei61. Dabei weicht
er allerdings jeder inhaltlich detaillierten, "positiven" und damit be-
griffsjuristisch tragfähigen Bestimmung der Bedeutung und des
"staatsrechtlichen" Gehalts dieser Begriffe aus. Und darüber hinaus
vermeidet er sogar auffällig oft das Konzept "Staat", indem er eher
von der "Gemeinde" bzw. der "Bürgerschaft" spricht62, die ja gerade
nicht mit dem abstrakten, der "Gesellschaft" gegenübergestellten
Staatsbegriff des Rechtspositivismus identisch sind.
An einer Stelle erklärt Mommsen auch, daß populus "der Staat"
sei : Der Begriff werde "wie für das römische so auch für jedes ande-
re auf der Nationalität ruhende staatliche Gemeinwesen verwendet"
und (geradezu "in der technischen Sprache") "überall gesetzt, wo
der Staat als Einheit bezeichnet werden soll" - "immer und noth-
wendig bedeutet populus" demnach wiederum "die Bürger in ihrer
Gesammtheit"63. Tatsächlich entnahm er hier wie sonst überall den
gesamten analytisch relevanten Begriffsapparat des Staatsrechts di-
rekt den antiken Quellen selbst, und zwar nicht nur und zuweilen
nicht einmal in erster Linie aus den eigentlichen "Rechtsquellen",
sondern - wie gesagt - aus dem gesamten bekannten Material, den
epigraphischen und vor allem literarischen Zeugnissen zu Politik
und Krieg, Gesellschaft und Kultur im weitesten Sinne64. Dort bezog
er mit den einzelnen "Balken und Ziegeln" zugleich die tragenden
Konzepte des ganzen Gebäudes : imperium und auspicium, maior
und par potestas, Coercition und Intercession bis hin zu den orna-
menta (das Rubrum, unter dem er systematisch-lückenlos die "ma-
gistratischen Ehrenrechte" erfaßte)65, contiones, comitia und conci-
61
RStR III 2,1030 bzw. III1, 300; vgl. auch III1, 127f.; 313f. Vgl. dazu vor al-
lem Bleicken, Lex publica, 28 ff.; 41 f.; Thomas, "Mommsen", 45 ff.; Flaig,
Rechtshistor. Journal 12, 1993, 423 ff.
"RStR III 1, 89 ff.; 127 ff.; 146 f.; 300 ff.; 313 f. vgl. III 1, 3 f. und passim.
63
RStR III 1, 3f.; vgl. 91; 300.
64
Vgl. dazu Bleicken, Lex publica, 37 ff.
*RStRI, 436 ff.
108 KARL-J. HÖLKESKAMP
lia, Promulgation, Rogation und Renuntiation, relatio und auctoritas
patrum.
Mit einem Wort : So sehr der Jurist und Systematiker Momm-
sen in seinen programmatischen Erklärungen, allgemeinen Überle-
gungen und Urteilen immer auf eine Einordnung der einzelnen
Sachverhalte und Zusammenhänge in das holistisch geschlossene,
metahistorisch-statische "Gebäude" eines "Staatsrechts" hinaus-
wollte, so sehr blieb er auf der Ebene der konkreten Analyse und
selbst der Aufbereitung der Daten für das "System" ein echter Histo-
riker, gerade weil er allein aus den Quellen die Institutionen in ihrer
Entwicklung und gewachsenen "Individualität" rekonstruieren woll-
te66. Denn er verweigerte nicht nur die systematische Übertragung
der abstrakten und scheinbar überzeitlichen, aber doch gegenwarts-
bezogenen und insofern "modernen" Staats- und Rechtskonzeption
des Positivismus auf ein historisch fernes "Staatsrecht". Vielmehr
entwickelte er aus den Quellen selbst eine differenzierte Terminolo-
gie der einzelnen "Organe" und "Normen", eben weil er nur solche
Begriffe für scharf definierbar, genau treffend und damit der beson-
deren "Individualität" der Institutionen allein angemessen hielt :
Mommsen wollte sie aus ihrer tatsächlichen, "historischen" Gestalt,
ihrer "Geschichte", d. h. für ihn geradezu aus sich selbst heraus ent-
wickeln und daraus erst das "System" entstehen lassen. Und schließ-
lich erkannte und benannte er auch die sich dabei ergebenden Dis-
krepanzen zwischen dem, was er für die eigentliche rechtliche
"Form", die "Regel" oder allgemeine "Norm" hielt, einerseits und
dem, was er durch seine Rekonstruktion einer "Institution" aus den
Quellen als ihren konkreten "Inhalt", ihre pragmatische Ausgestal-
tung und ihre tatsächliche Funktion in der politischen Praxis der
Republik erkannt hatte, andererseits - und nahm, wie gesagt, wenig-
stens zuweilen für die Anerkennung solcher "historischer" Realitä-
ten sogar eine prinzipielle Gefährdung des "Systems" in Kauf.
*
* *
Mommsens "System" - und die Faszination, die seit dem ersten
Erscheinen des Staatsrechts von seiner Plausibilität und inneren Ge-
schlossenheit ausgegangen ist - ist also nicht alles, und vor allem er-
klärt es auch noch nicht die besondere Zeitlosigkeit, die der unge-
brochenen Anziehungskraft und dem andauernden Einfluß des Wer-
kes unter gewandelten Bedingungen zugrunde liegen muß. Vielmehr
scheinen es gerade die offensichtlichen Brüche und Ambivalenzen
zu sein, die wesentlich zu dieser Attraktivität und zum bleibenden
66
Ich kehre hier das Urteil Bleickens um {Lex publica, 42 ff.).
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" 109
Wert des Werkes für die moderne Forschung beitragen - in Deutsch-
land und eben auch, obschon auf andere Weise, in Frankreich.
Der nie gelöste Widerspruch zwischen der "systematischen"
und der "historischen" Dimension des Staatsrechts macht es ja über-
haupt erst möglich, das allgemeine "System" zu kritisieren oder zu
dekonstruieren und sich doch der "individuellen" Einzelanalysen
immer wieder zu bedienen, ohne Vorbehalte und Berührungsängste
- ja, diese Einzelanalysen sogar gegen das "System" ins Feld zu füh-
ren. In Deutschland versuchte man genau auf diesem Wege, das
"Staatsrecht" gewissermaßen von innen her zu "entjurifizieren" und
als "Verfassungsgeschichte" und Geschichte einzelner Institutionen
zu "rehistorisieren" - diesen Weg hatte im Grunde schon Herzog67
in dem bereits erwähnten, viel zu wenig beachteten Werk mit dem
programmatischen Titel Geschichte und System der römischen
Staatsverfassung beschreiten wollen, und er führt über H. Siber und
sein auch schon erwähntes, ebenso programmatisches Verfassungs-
recht in geschichtlicher Sichtbi bis zu den institutionengeschichtli-
chen Arbeiten von J. Bleicken, die in der Auseinandersetzung mit
Mommsens Konzept von Magistratur, imperium und Volkstribunat
doch dessen Einzelanalysen und vor allem der Begrifflichkeit ver-
pflichtet blieben69 - jedenfalls bis Bleicken selbst dann ein neues,
darüber hinausweisendes Programm einer politischen, d.h. "funk-
tionsanalytischen" Institutionengeschichte entworfen hat70, das in
Zukunft erst noch einzulösen ist.
Die deutsche Forschung war mithin lange Zeit durch eine ge-
radezu paradoxe Situation geprägt, nämlich daß selbst die bewuß-
te Distanzierung von und fundamentale Kritik an Mommsens
"System" von seinen Einzelanalysen und vor allem auch von seiner
"Supra, Anm. 18. Vgl. dazu Lobrano {supra, Anm. 27) 28 ff.; allzu kritisch
zu H. : Täubler, HZ 120, 1919, 208f.
68
Supra Anm. 23. In diesem Zusammenhang wären auch die anderen eins-
chlägigen Arbeiten Sibers zu untersuchen ; H. Siber, Analogie, Amtsrecht und
Rückwirkung im Strafrechte des römischen Freistaates, (Abhandlungen der Philo-
soph.-Histor. Klasse der Sächsischen Akademie d. Wiss. 43, N. 3), Leipzig 1936;
H. Siber, Die plebeischen Magistraturen vor der lex Hortensia, Leipzig 1936.
69
J. Bleicken, Das Volkstribunat der klassischen Republik. Studien zu seiner
Entwicklung zwischen 287 und 133 v. Chr. (1955), 2. Aufl. München 1968;
J. Bleicken, "Ursprung und Bedeutung der Provocation", in : ZRG, Rom. Abt. 76,
1959, 324-377.
70
J. Bleicken, "Das römische Volkstribunat. Versuch einer Analyse seiner
politischen Funktion in republikanischer Zeit", in : Chiron 11, 1981, 87-108; vgl.
auch die anderen wichtigen Arbeiten : J. Bleicken, Staatliche Ordnung und Frei-
heit in der römischen Republik, Kallmünz 1972; J. Bleicken, "Staat und Recht in
der römischen Republik", SB der Wissenschaftl. Gesellschaft der Johann Wolfgang
Goethe-Universität Frankfurt, Bd. XV, Nr. 4, Wiesbaden 1978, 140 ff.
110 KARL-J. HÖLKESKAMP
eigenen, ja durchaus "systematisch" entwickelten Begrifflichkeit
geradezu inspiriert und genährt worden zu sein scheint - und da-
durch wiederum nicht nur dem Historiker, sondern immer auch
dem Juristen Mommsen verpflichtet war und auf das "System"
letztlich fixiert blieb. Die Ursachen dafür sind bekannt : Durch die
ebenso vollständige wie erschöpfende Auswertung des Materials
wirken diese Einzelanalysen auf eine Weise quellennah und mit-
hin unmittelbar, daß sie gar nicht erst als (womöglich doch "syste-
matisch" inspirierte und daher vorbelastete) Rekonstruktionen der
Verhältnisse erscheinen, sondern nur als vortheoretisch-neutrale
Gewinnung oder Wiedergewinnung objektiver Fakten wahrgenom-
men werden. Die wesentliche Voraussetzung dafür ist natürlich
wiederum die Unmittelbarkeit der Übernahme aller tragenden
Konzepte der Analyse aus der Sprache der Quellen. Gerade da-
durch erscheinen die Analysen der einzelnen "Institutionen" re-
spektive die dabei gewonnenen Daten als rein und neutral, eben
nicht kontaminiert von einem sachfremden, unhistorisch-abstrak-
ten und ideologisch voreingenommenen "Systemdenken". Als
schlichte, evident richtige und objektive "Tatsachen" sind sie da-
mit nicht nur immun selbst gegen die radikalste Kritik am "Sy-
stem". Vor allem lassen sie sich auch in ganz anderen Zusammen-
hängen, neuen Rekonstruktionen oder auch "Systemen" der römi-
schen "Verfassung" verwenden.
Tatsächlich läßt sich gerade deswegen die genetisch-entwick-
lungsgeschichtliche Dimension des Staatsrechts auch ganz vom
"System" lösen und für sich allein nehmen, ohne daß man sich über-
haupt (und sei es in kritischer Auseinandersetzung) auf dieses
"System" und seine Prämissen einlassen müßte : Man kann es auch
schlichtweg ignorieren - und genau das erscheint mir die wesentli-
che Voraussetzung für die erstaunliche Rezeption des Werkes in
Frankreich. Obwohl der Mommsen des "Systems" hier natürlich
ganz fremd bleiben mußte, hat nämlich sein immer wieder durch-
brechendes Interesse an den einzelnen Institutionen und ihrem hi-
storischen Wachsen sogar eine eigenartige Affinität zu einer Haupt-
strömung der französischen Forschungstradition seit Fustel de Cou-
langes 71 . Diese bis heute deutliche Strömung ist durch ein
71
Fustel de Coulanges, La Cité antique, Paris 1864. Bis 1903 waren bereits 18
Auflagen erschienen. Vgl. zur Verbreitung des Werkes, Übersetzungen, Rezensio-
nen etc. etwa A. Momigliano, "The Ancient City of Fustel de Coulanges", in :
Ders., Essays in Ancient and Modern Historiography, Oxford 1977, 325-343 (= "La
città antica di Fustel de Coulanges", in : RSI 82, 1970, 81-98); M. I. Finley, "The
Ancient City : From Fustel de Coulanges to Max Weber and beyond", in : CSSH
19, 1977, 305-327 (in : M. I. Finley, Economy and Society in Ancient Greece, Har-
mondsworth 1983, 3-23); K. Christ, "N. D. Fustel de Coulanges und die antike
Gesellschaft" in der deutschen Übers, des Werkes Der antike Staat. Kult, Recht
ZWISCHEN "SYSTEM" UND "GESCHICHTE" Hl
besonderes Interesse an der Vor- und Frühgeschichte der republika-
nischen Institutionen geprägt, durch die Frage nach den vorstaat-
lich-gentilizischen Ursprüngen einzelner Einrichtungen, nach den
sakralen Wurzeln von imperium und auspicia, lex, ius und fas, Prie-
stertümern und Patriziat und nach der religiösen Identität des popu-
lus Romanus insgesamt72. Etwa die Werke von P. Willems73 und
G. Bloch74 über den Senat drehen sich um das Problem der Anfänge
und der nur daraus zu erklärenden besonderen Entfaltung dieser In-
stitution - und das ist, trotz der auffällig konzentrierten Polemik
Mommsens gegen Willems75, gar nicht so weit von Mommsens Re-
konstruktion von Institutionen in ihrer Individualität entfernt76.
Das ist die Basis meines nur scheinbar paradoxen Schlußsat-
zes : Auch die französische Forschungstradition konnte und kann
sich bis heute des Staatsrechts bzw. des Droit public bedienen, es im-
mer wieder zitieren und ihm geradezu den Status einer primären
Quelle zubilligen, ohne sich jemals auf die Fixierung auf "System",
"Staat" und abstrakten Begriff, auf die theoretischen und ideologi-
schen Postulate des deutschen Begriffsjuristen Mommsen einlassen
zu müssen - denn das hätte sie auch nie gekonnt oder gewollt.
Karl-Joachim HÖLKESKAMP
und Institutionen Griechenlands und Roms, (Stuttgart 1981) München 1988, 9-20,
mit weiteren Nachweisen.
72
Vgl. bereits die erwähnten Handbücher von Willems und Mispoulet mit ih-
ren geradezu programmatischen Untertiteln (supra Anm. 11 und 13), ferner etwa
die (in Ansatz und Erkenntnisinteresse zwar verschiedenen, aber durchweg viel-
zitierten) Titel von A. Piganiol, Essai sur les origines de Rome, Paris 1917; H. Lé-
vy-Bruhl, Quelques problèmes du très ancien droit romain, Paris 1934; ders., Nou-
velles études sur le très ancien droit romain, Paris 1947; P. Noailles, Fas et ius.
Études de droit romain, Paris 1948; ders., Du droit sacré au droit civil, Paris 1949;
A. Magdelain, Recherches sur l'imperium, la loi curiate et les auspices d'investiture,
Paris 1968; L.R. Ménager, "Nature et mobiles de l'opposition entre la plèbe et le
Patriciat", in : RIDA 3 e sér., 19, 1972, 367-397; ders., "Les collèges sacerdotaux,
les tribus et la formation primordiale de Rome", in : MEFR 88, 1976, 455-543;
P.C. Ranouil, Recherches sur le patriciat (509-366 av. J.-C), Paris 1975;
J.-C. Richard, Les origines de la plèbe romaine. Essai sur la formation du dualisme
patricio-plébéien, Paris-Rom 1978 mit umfangreichen forschungsgeschichtlichen
Abrissen und weiteren Nachweisen (1 ff.; 322 ff.; 390 ff.; 601 ff. u.ö.).
73
P. Willems, Le Sénat de la République romaine, 2 vol. Louvain 1883-1885;
Appendix 1885.
74
G. Bloch, Les origines du Sénat romain, Paris 1883.
75
Vgl. etwa RStR III 2, Vorwort, p. VI; 837 n. 1; 868f. n. 4; 873 n. 1.
76
Vgl. dagegen M. Bonnefond-Coudry, Le Sénat de la République romaine, de
la Guerre d'Hannibal à Auguste : Pratiques délibératives et prise de décision, Paris
1989, 2 ff., ohne genauere Analyse von Mommsens Ansatz.
YAN THOMAS
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT
DEPUIS LES PANDECTISTES
J'ai choisi d'aborder ici la romanistique allemande en insistant
sur un trait susceptible d'apparaître, aux yeux d'un juriste français,
comme distinctif : c'est sa propension à interpréter le ius civile ro-
main comme une science autonome. Autonome en ce sens surtout
que les normes de ce droit y sont le plus souvent analysées comme
de pures elaborations jurisprudentielles, abstraites de leur contexte
politique, beaucoup plus encore que de leur contexte social. Ce qui
frappe le plus un observateur français, c'est cette mise à l'écart, cette
prétention de l'État. Je précise, pour éviter tout malentendu, que je
ne prends pas ici l'État au sens d'organisation de pouvoir agissant de
l'extérieur sur la société civile, soit pour en assurer l'ordre, soit
même pour la transformer : nous savons tous qu'on ne peut pas par-
ler d'État antique en ce sens, pas plus à Rome qu'en Grèce. L'État se-
ra entendu simplement ici au sens formel que lui donnent habi-
tuellement les juristes : comme une instance d'autorisation; plus
particulièrement, puisque nous avons affaire au droit civil, comme
un ordre légal qui fonde les droits des sujets; bref, comme expres-
sion de l'hétéronomie. Cette définition formelle a l'avantage de se
prêter aux questions que soulève le droit civil, création essentielle de
la culture romaine, mais que fort peu d'historiens de Rome intègrent
dans leur réflexion sur la cité, comme si celle-ci était un théâtre où
n'agissent que des forces politiques et sociales. Elle trouve aussi son
expression la plus claire dans la théorie moderne des normes d'habi-
litation, sans être toutefois inconnue des juristes de la tradition.
C'est de l'État pris dans ce sens - un sens peu habituel aux histo-
riens, plus familier aux juristes - que, me semble-t-il, l'historio-
graphie juridique allemande sépare radicalement le droit privé ro-
main.
On peut considérer sous cet angle l'exaltation presque exclusive
des vertus d'une jurisprudence dont rien n'est aussi constamment
souligné que l'autonomie et, si l'on peut dire, l'autorégulation. De
Savigny à M. Kaser en passant par F. Schulz et par W. Kunkel, voilà
bien l'un des thèmes majeurs d'une historiographie qui s'interroge
moins sur le rapport entre ius civile et cité (interrogation qui réserve
probablement bien des perplexités), que sur le fonctionnement
114 YAN THOMAS
d'une science du droit qui ne se réclame que d'elle-même, du moins
jusqu'à la réforme des reponsa par Auguste. Le type de normativité
que cette jurisprudence représente est posé en véritable contre-mo-
dèle de la normativité moderne, législative, étatique et rationali-
sante. Je voudrais analyser brièvement l'image politique qui en est
donnée lorsqu'on la décrit comme une sorte de sujet collectif voué,
de sa propre autorité, à la production des normes juridiques, sans y
être investi par aucune délégation. Le problème n'et pas ici que cette
vision soit vraie ou fausse. Vraie, elle l'est en grande partie, assuré-
ment. Mais tout est question d'accent, d'importance relative accor-
dée à tel phénomène plutôt qu'à tel autre. Par exemple, la tradition
romanistique relève volontiers l'extrême rareté des lois de droit pri-
vé; mais en contrepartie, elle insiste fort peu et ne tire pratiquement
aucune conséquence du fait que le ius civile était dans son ensemble
considéré comme une interprétation des lois ou de ce qui procédait
des lois.
L'effort pour penser le droit, en dehors de toute construction
proprement institutionnelle de la fonction juridique, comme simple
production de l'art des jurisconsultes, comme résultat d'une spécia-
lisation technique de leur savoir, n'est pas une originalité de la so-
ciologie wébérienne, même si M. Weber y a vu l'un des traits les plus
singuliers de la culture juridique continentale1. Elle s'enracine bien
en deçà dans la dogmatique des pandectistes et, bien en deçà en-
core, dans les représentations élaborées et léguées par Savigny, dont
le poids sur l'Université allemande excède de loin la réception même
de son œuvre puisqu'il fut véritablement institutionnalisé, comme l'a
établi un essai Le pandectisme postulait à sa façon l'unité concep-
tuelle de la jurisprudence classique. Plus tard, l'école interpolation-
niste s'efforcera d'établir, par les moyens de la philologie, cette co-
hérence dont la science du droit classique était par hypothèse crédi-
tée. Mais ce qui importe, du point de vue adopté ici, c'est le postulat
d'une unité de pensée où les juristes et leurs œuvres semblent se
confondre et former une sorte de sujet collectif et permanent. Dans
sa vocation à édifier le droit, ce "sujet" paraît se suffire à lui-même.
Toute singularité individuelle est effacée au bénéfice d'un esprit col-
lectif où générations de savants et traditions textuelles poursuivent
leur œuvre commune, en marge de l'État et en dehors de lui. Tels
sont en gros les termes dans lesquels est postulé, depuis Savigny jus-
qu'à Kunkel, le dogme de l'unicité jurisprudentielle. Ce qu'il importe
de souligner ici, c'est la portée politique de ce dogme. Quelles
1
Weber, M., Wirtschaftsgeschichte. Abriss der universalen Sozial- und Wirt-
schaftsgeschichte, chap. 4, 1923.
Weber, M., Wirtschaft und Gesellschaft, 1960 2e partie, chap. 7 : 255 sq.
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTISTES 115
qu'aient pu être les formes sous lesquelles elle l'a exposé, la romanis-
tique moderne et contemporaine n'a cessé de le professer.
Pour décrire ce sujet impersonnel, le grand romaniste F. Schulz
retrouvait en 1949 les métaphores par lesquelles, depuis Savigny, l'é-
cole historique et le pandectisme avait véhiculé l'image d'une juris-
prudence systématiquement idéalisée. C'est d'abord sur la science
du droit, et presque exclusivement sur elle, qu'était selon cette tradi-
tion bâti le droit romain. Cette science excluait ensuite de son do-
maine aussi bien le monde des faits que le monde des normes ex-
térieures à elle -normes éthiques, normes religieuses, normes poli-
tiques surtout. Au fond, les seules normes reconnues par cette
science n'auraient été autres que ses propres rationes decidendi. En-
core pense-t-on généralement qu'elles furent très rarement formu-
lées, mais plutôt implicites; les juristes auraient montré par là qu'ils
tiraient la ratio iuris d'une immédiate considération des données qui
leur étaient soumises : une sorte de raison intuitive issue de la na-
ture des choses. D'où, selon Schulz, qui se fait ici l'écho d'opinions
bien antérieures à la sienne, cette sûreté de décision qui apparente le
droit romain à une sorte de droit naturel. Or cette jurisprudence,
faute d'être mise à sa place dans une hiérarchie des sources for-
melles (hiérarchie à peine ébauchée à Rome, comme on le sait), et
faute surtout d'être inscrite dans un ordre juridique rapporté à une
quelconque instance étatique, instance singulièrement absente de la
tradition pandectiste et même bien au delà, reçoit une forme d'unité
purement métaphorique. Sous le nom de jurisprudence est évoquée
la croissance d'un organisme autonome et vivant, depuis sa nais-
sance jusqu'à sa mort. Enfance, adolescence, maturité et senescence
représentent autant d'étapes d'un développement dont l'autonomie
est imaginairement fondée sur la métaphore du corps naturel 2 :
image à travers laquelle le droit, dans sa modalité de science du
droit, se voit attribuer une unité qu'il ne peut recevoir autrement,
faute d'être analysé en termes d'ordre légal, d'ordre suspendu à des
normes extra-jurisprudentielles.
Il est vrai que les Romains eux-mêmes voyaient dans leur juris-
prudence l'œuvre d'un sujet trans-individuel, dont aucun juriste n'é-
tait separable, et qui faisait corps avec la cité : l'idéologie sapien-
tielle et anti-légaliste qui domine la culture juridique allemande au
cours du XIXe siècle s'emparera de cette référence - déjà très forte-
ment idéalisée - comme d'un modèle absolu. Rappelons simplement
ici que c'était un topos, à Rome, que d'affirmer, par rapport à la
Grèce, l'originalité d'un droit largement indépendant de la loi. En
2
Schulz, F., History of Roman Legal Science, (2 e éd.), 1953 : 263sq. 299.
116 YAN THOMAS
Grèce, selon Caton l'Ancien, de grands hommes avaient doté leurs
cités de chartes qui apparaissaient comme l'œuvre d'un seul. C'est
ainsi que le droit d'Athènes, mal enraciné dans l'histoire, flottait à la
surface de ses législateurs singuliers, dont la suite était nécessaire-
ment discontinue3. A Rome, au contraire, un ingeniwn collectif, in-
carné par une élite nombreuse, gérait un patrimoine juridique dont
on n'avait pas le souvenir qu'il fût primitivement l'émanation d'un
seul. Cette intelligence commune était érigée en institution puisque,
selon l'analyse qu'en donnait Cicéron, chaque juriste valait moins
par ses qualités personnelles que par Yauctoritas attachée à son sta-
tut de juriste 4 . Selon cet idéal, le droit romain n'apparaît pas comme
fondé ou décidé, mais comme transmis et interprété. Et c'est au mé-
canisme de cette transmission que YEnchiridion de Pomponius
consacre l'essentiel de sa description de l'évolution du droit. Au-
jourd'hui, à partir de cette source quasi unique, les romanistes re-
constituent des biographies, distinguent des personnalités mar-
quantes, opposent entre elles des générations que singularisent leurs
méthodes et leurs modes de pensée : recherches toutes infiniment
précieuses pour une connaissance historique de la formation du
droit romain. Cependant, à souligner ainsi les nuances qui se
laissent à peine percevoir dans le texte de Pomponius, on perd par-
fois de vue l'essentiel : c'est que le droit est l'ouvrage d'une corpora-
tion successive, celle des juristes "très nombreux et très grands" qui
se sont succédé depuis les origines de Rome jusqu'au temps où Pom-
ponius prend cette progression continue en cours 5 . Or, de tous ces
savants, le premier à être mentionné n'est pas un quelconque dé-
miurge, un fondateur comparable aux grands nomothètes des cités
grecques, mais, à portée de mémoire, parmi ceux dont le souvenir
est encore conservé6, l'un des premiers 7 . Plus d'ailleurs qu'aux noms
propres, qui marquent autant d'étapes dans une succession conti-
nue, c'est aux mots de liaison, c'est-à-dire au concept même de
continuité et de transmission qu'il convient de réfléchir, si l'on veut
comprendre le modèle d'un sujet historique meta-individuel exalté
par la romanistique post-savignienne. La chaîne des "après lui", "en-
suite", "puis", fonde dans le texte l'identité d'un processus dont les
multiples sujets sont subsumes sous l'action à laquelle ils parti-
cipent. Ce qui est premier et d'une certaine manière individualisé,
3
Cicéron, De Republica II, 1, 2; De oratore I, 197.
4
Cicéron, De oratore I, 198.
5
Pomponius, Digeste 1, 2, 2, 35.
6
hoc. cit. : et quidem ex omnibus, qui scientiam nancti sunt, ante Tiberium
Coruncianum publice professum neminem traditur.
1
hoc. cit., 36 : in primis Publius Papirius....
LA ROMANISTICjUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTISTES 117
c'est la "science du droit civil"8 dont on mentionne, pour autant qu'il
en reste trace, les premiers représentants : la jurisprudence comme
telle constitue bien une entité.
En ce sens, l'idée savignienne d'une jurisprudence entendue
comme genre homogène, comme travail d'un sujet meta-individuel,
traduit sans doute bien une certaine idée que s'en faisaient les Ro-
mains eux-mêmes : une idée que, par hypothèse, cherchent à dépas-
ser les travaux qui, dans les années les années 70 et 80, se sont effor-
cés de reconstituer au contraire les idéologies particulières de tel ou
tel cercle de juristes 9 (notamment F. d'Ippolito, M. Bretone, A.
Schiavone). Il n'en reste pas moins cependant que l'idée d'un savoir
jurisprudentiel abstrait, reconnu comme institution de longue durée
et assuré d'une translation permanente, est indissociable aussi des
controverses modernes - et de la controverse allemande en parti-
culier - sur les rôles respectif de la science du droit de la loi étatique.
Munie d'un tel modèle, la romanistique des XIXe et XXe siècles s'em-
pare de la référence romaine pour légitimer une politique juridique,
c'est-à-dire une politique tout court.
L'idée de départ est que l'homogénéité formelle du droit romain
correspond à l'idéal d'un texte sans sujet, c'est-à-dire sans marque
laissant reconnaître l'intervention d'une volonté singulière. Dans un
contexte où la polémique anti codificatrice faisait rage, ce thème
mérite d'être signalé comme véritablement politique. D'ailleurs, ce
caractère d'impersonnalité du droit romain avait été fortement sou-
ligné déjà par Leibnitz, dans ses Elementa iuris naturalis10 : la juris-
prudence n'y était certes pas encore exaltée au détriment du législa-
teur, mais les traits d'homogénéité et d'autonomie qui lui étaient
conférés devaient prêter plus tard, dans le cadre d'une politique juri-
dique contre-révolutionnaire, à des usages beaucoup plus politiques.
Science deductive d'abord, dont les propositions ne découlent pas
d'une perception sensible, mais "tirent les conséquences d'une exis-
tence supposée", c'est-à-dire d'une définition11; raison écrite surtout,
selon l'immémorial topos médiéval : raison consignée en des textes
qu'unifie une même trame discursive et produisant des vérités qui,
se faisant écho, apparaissent comme constituées en un seul corps et
8
Eod. loc, 35 : iuris civilis scientiam plurimi et maximi viri professi sunt.
9
Parmi les plus représentatifs, voir Dlppolito, F., Ideologia e diritto in Gaio
Cassio Longino, Naples, 1969; D'Ippolito, F., / giuristi e la città, Naples, 1978;
Schiavone, A., Studi sulle logiche dei giuristi romani, Naples, 1971; Schiavone, A.,
Nascità délia giurisprudenza, Rome, 1976; Schiavone, A., Giuristi e nobili nella ro-
ma repubblicana, Rome-Bari, 1987; Bretone, M., Techniche e idéologie dei giuristi
romani, Naples, 1987.
10
In : Leibniz, Sämtliche Schriften und Briefe, VI, Berlin-New-York : 460.
Voir sur ce texte Bretone, M., Quaderni Fiorentini 9, 1980 : 205-206.
11
Nouveaux Essais sur l'Entendement, IV, 2, § 12.
118 YAN THOMAS
peuvent être imputées à une entité collective homogène, à unique
sujet :
"les Jurisconsultes ont plusieurs bonnes démonstrations; surtout les
anciens jurisconsultes Romains, dont les fragments nous ont été
conservés dans les Pandectes. ...Cette manière précise de s'expliquer
a fait que tous ces jurisconsultes des Pandectes, quoyque assez éloi-
gnés quelquefois les uns des autres, semblent être tous un seul au-
teur...".
Or ce thème de l'unicité transpersonnelle de la science du droit
est précisément l'un de ceux que reprend Savigny avec le plus de
force, dans un contexte historique inédit. Il s'agit de son célèbre en-
gagement politique, technique et moral contre la codification à la
française, fruit d'une rébellion des volontés particulières contre
l'ordre indisponible d'un savoir constitué dans le temps12, d'une
transmission par Savigny dans son célèbre pamphlet. Ce texte est
bien connu, surtout de nos amis allemands. Il n'est pas question de
me donner le ridicule d'en développer le contenu devant eux. Je
choisis d'en souligner seulement quelques motifs : ceux qui, à mon
avis, sont déterminants pour comprendre l'orientation de la roma-
nistique allemande, lorsqu'elle hypostasie une jurisprudence répu-
blicaine et classique (ce qui, on va le voir, est tout un), pensée en de-
hors de tout rapport à l'État, quels qu'aient pu être par ailleurs, à
Rome, les modalités d'un tel rapport.
A Savigny revient la formule célèbre : les jurisconsultes romains
n'ont pas plus d'individualité que des choses fungibles13. Il n'est pas
faux d'assigner cette formule à la tendance fortement conceptualiste
qui relie Savigny à Leibniz et, plus généralement, à l'école moderne
du droit naturel14. Car la fongibilité en question est celle, d'abord,
des notions entre elles. Par delà les ouvrages et les auteurs singu-
liers, se tisse un vaste système de notions sous jacentes à la casuis-
tique : notions à partir desquelles, précisément, est construit le Pan-
dektenrecht, et qui fournissent encore la matière des Prinzipien des
römischen Rechts de Schulz en 1934. Mais, pour Savigny, les
concepts juridiques romains avaient toute la naturalité d'objets bien
réels. Loin d'être le fruit de spéculations abstraites, ils s'étaient im-
posés aux jurisconsultes au cours d'une longue fréquentation de la
vie et s'étaient manifestés à eux sous la forme d'une trame géné-
tique, d'une "généalogie"15. Contre les constructions jusnaturalistes
12
Savigny, Friedrich Karl von, Ueber den Beruf unserer Zeit für Gesetzgebung
und Rechtswissenschaft, Heidelberg, 1814 (cité ici dans la 3 e édition de 1840).
13
Savigny, 1814 : 30 (cf. note 12).
14
Cf. Bretone, M., Quaderni Fiorentini, 9, 1980.
15
Savigny, 1814 : 29 sq. (cf. note 12); De même Puchta, Cursus der Institutio-
nen, 1841 I : 36 sq.
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTISTES 119
qui se réclament de la raison (une raison qui, en dernier lieu, s'in-
carne en une souveraineté politique), contre les synthèses a priori
des législateurs, l'idée organiciste fournit une arme de combat dont
la faiblesse théorique est amplement compensée par sa puissance de
suggestion.
Arrêtons-nous quelque peu à cette métaphore. L'évolution orga-
nique du droit est d'abord une évolution sui generis, indépendante
de tout enracinement social et de tout support politique. La lente
maturation d'un savoir qui ne cesse de croître, tel un organisme vi-
vant, est une image opposée ici au double arbitraire du penseur soli-
taire qui ne représente que lui (le théoricien, l'agitateur d'idées), et
du législateur d'État qui, lui, ne représente que ses contemporains
(qui fait table rase du passé). La "nature" alors se fait histoire - une
histoire en contact constant avec ses origines, et qui ne cesse de s'ali-
menter aux traditions mêmes qu'elle a créées16. Le droit romain
montre avant tout la chaîne ininterrompue d'ouvrages unifiés sous
une même communauté de pensée et de style : capital transmis dans
les Universités qui, au Moyen-Age, sont les seuls laboratoires du
droit et dont la présence même, garante de la continuation juris-
prudentielle, relègue au second plan l'État comme instance produc-
trice du droit17. Bien plus, ce patrimoine, transmis et accru dans les
Universités médiévales, est appelé à s'enrichir par le soin des roma-
nistes allemands contemporains, héritiers en quelque sorte légitimes
du droit romain et dépositaires à leur tour des textes où est consi-
gnée toute l'expérience de la ratio scripta. L'exaltation de la juris-
prudence romaine est indubitablement solidaire d'un montage poli-
tique. Est postulée la permanence de Rome comme origine et
comme héritage) un héritage surtout allemand.
C'est pourquoi la validité du "système du droit romain actuel"
est inséparable d'une histoire de sa réception en Europe et parti-
culièrement en Allemagne. l'Histoire du droit romain au Moyen Âge
est bâtie sur la fiction d'une double permanence : celle du droit ro-
main d'abord, celle du peuple romain ensuite. Jusqu'à la renaissance
irnérienne du XIe siècle, ce qui subsiste de droit romain apparaît lié
à la survivance de populations romaines dans les différents États
germaniques constitués sur le territoire de l'empire d'Occident18. En
l'absence de relais culturels, c'est donc provisoirement une présence
"Savigny 1814 : 35 (cf. note 12); System des heutigen römischen Rechts I,
Berlin, 1840 (préface); "Ueber den Zweck der Zeitschrift für geschichtliche
Rechtswissenschaft", 1815, in : Vermischte Schriften, Berlin, 1834 I : 105 sq.
17
Savigny, Geschichte des römischen Rechts, (2e éd.), Heidelberg, 1834 III :
152 sq.
18
Savigny 1834, préface et I : 155sq. (cf. note 17).
120 YAN THOMAS
organique que requiert en premier le principe de continuité. Au XI e
siècle, ce germe est transplanté dans les institutions. Les villes lom-
bardes s'incorporent une romanité réalisée dans leurs constitutions
mêmes, héritées de celles des municipes romains 1 9 . Au cœur des
villes, la plèbe perpétue, sous les deux ordres de la noblesse issue des
conquérants, l'antique nation romaine, le peuple des citoyens 20 . Or
c'est dans ces cités que surgissent les universités, institutions où li-
brement, indépendamment de tout pouvoir politique, se transmet
u n savoir issu de l'Antiquité classique 21 : en communauté d'esprit
avec Rome, les glossateurs ont alors accompli la mission historique
de maintenir vivant ce lien organique; ils ont fait que depuis ses
commencements, la genèse du droit romain a pu suivre u n cours
quasiment ininterrompu, et tout cela dans un empire dévolu à l'Alle-
magne 2 2 . Pourtant, la nouvelle fortune du droit romain ne doit rien à
l'Empereur lui même, malgré la légende selon laquelle Lothaire II
aurait fait don aux Pisans du Digeste et ordonné qu'il fût appliqué
par tous les tribunaux 2 3 . C'est spontanément, au contraire, que le
droit romain prit u n nouvel essor dans les écoles où d'ailleurs il n'a-
vait jamais entièrement disparu - de sorte qu'avait été évitée une ab-
solue solution de continuité 24 . Mais il ne s'agissait plus alors du droit
des provinces romaines ni m ê m e celui de celui d'une nation qui
avait survécu et l'avait appliqué c o m m e sa loi personnelle : ce droit
était devenu le droit c o m m u n de l'Europe chrétienne lorsque, à l'u-
nité de l'Eglise, de la Latinité, et à celle, restaurée, de l'Empire, s'é-
tait imposée à nouveau l'unité juridique, provisoirement brisée par
les invasions 25 . De sorte que, derrière le thème bien connu de la
translatio imperii se dessine, plus fondamental encore, le thème d'un
r e n o u v e l l e m e n t d u p e u p l e r o m a i n , s u b s t r a t i m a g i n a i r e d'une
science du droit qui en manifeste en permanence l'esprit.
Comme référence absolue, T'organisme" du droit romain - qui
peut éventuellement se spécifier en Volksgeist, lorsque cette méta-
phore prend, à l'époque romantique, une coloration plus nationale -
offre u n e réponse magique à la question des sources formelles du
droit civil. Pour terrasser la raison légiférante et codificatrice, surgit
la métaphore d'un être non créé, n o n artificiel, et qui se développe
15
Savigny 1834, III : 103 sq. (cf. note 17).
20
Savigny1834, III : 111 sq. (cf. note 17).
21
Savigny 1834, III : 152 sq. (cf. note 17); et plus encore "Wesen und Werth
der deutschen Universitäten", 1832, in : Vermischte Schriften, IV : 270 sq.
22
Savigny 1834, VI : 228 sq. 474 (cf. note 17).
23
Savigny 1834, III : 89 sq. (cf. note 17).
24
Savigny 1834, III : 459 sq. (cf. note 17).
25
Savigny 1834, III : 87 (cf. note 17).
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTISTES 121
sous la seule poussée de sa propre vie. Cette image assure l'unité du
passé et du devenir, l'identité d'un ordre juridique à la fois immobile
et mobile. La jurisprudence romaine apparaît bien, chez les roma-
nistes du XIXe siècle, comme l'organe d'une évolution spontanée du
droit. Ces métaphores savigniennes n'ont cessé de donner une cer-
taine unité de ton à la romanistique allemande, jusqu'à F. Schulz et
même W. Kunkel, qui les reprennent presque intégralement à leur
compte. Citons seulement un passage de ce dernier auteur, à titre
d'exemple de l'extrême longévité des instruments d'analyse forgés au
commencement du siècle dernier :
"le droit romain est le résultat d'un développement naturel qui fut rare-
ment dérangé par un plan rationnel. En droit romain, les conditions de
la nature prévalaient. Les organismes morts produisaient de nou-
velles souches, qui à leur tour cherchaient leur voie, etc..."26.
Avec la jurisprudence savante, le droit serait passé d'un mode
confus d'existence - un mode où, d'une certaine manière, il se
confondait encore avec les régulations sociales elles-mêmes, entière-
ment immergé dans la communauté - à un mode séparé. La
conscience que le corps social avait de lui-même put alors s'autono-
miser et s'isoler sous la forme du droit. Progressivement séparé du
sentiment commun, l'esprit juridique reçoit avec la caste spécialisée
des jurisprudents son organe d'expression propre27. Ce qui m'in-
téresse ici n'est pas la représentation organiciste (et contre-révolu-
tionnaire) sous-jacente à ces motifs savigniens, qui connurent l'im-
mense fortune que l'on sait dans l'historiographie juridique des XIXe
et XXe siècles. Mais bien plutôt, au delà de l'idéologie et des mots, le
type de rapport qui s'y perçoit entre droit et État, entre formulation
jurisprudentielle du ius et normes politiques habilitation. La fonc-
tion juridique, telle qu'elle est imaginée et reconstruite ainsi,
échappe à l'imagination individuelle, certes, mais plus encore à l'em-
prise d'une normativité objective, antérieure et supérieure à la
science du ius. Cette fonction n'est en rien suspendue à une quel-
conque figure de puissance publique. Pour reprendre un qualificatif
très répandu au XIXe et même au XXe siècle, elle est "naturelle" : ce
qui signifie qu'elle n'a pas été instituée. Elle a surgi au cours de l'his-
toire, puis s'est transmise d'une manière ininterrompue, on l'a vu,
jusqu'aux romanistes allemands.
De Savigny à M. Kaser, la romanistique n'a cessé de qualifier
cette jurisprudence de "classique". Elle l'a fait d'après des critères
qui ont certes changé en deux siècles, mais en suivant un jugement
de valeur dogmatique et même esthétique qui est resté, lui, rigou-
26
Kunkel, W., Roman Legal and Constitutional History, 1966 : 77 sq.
27
Savigny, System des heutigen römischen Rechts, 1840 § 12 sq.
122 YAN THOMAS
reusement le même. Ce que l'École historique et les pandectistes
qualifiaient ordinairement de classique, c'était la jurisprudence du
Digeste. Celle-ci disparaît avec Dioclétien, lorsque le droit est aban-
donné à la législation pléthorique des autocrates28. L'école inter-
polationniste appelle plus précisément classique la "pure et légère
architecture" (von Beseler) qui se dégage des écrits du Digeste après
qu'on les a extraits de leur enduit byzantin : est "classique", alors, ce
que reconstitue le travail philologique. Mais en tout état de cause, la
valeur la plus haute de la jurisprudence romaine aurait été atteinte à
ce moment où les juristes, alors même qu'ils détenaient dans l'État
toute l'influence nécessaire pour inspirer et faire imposer un code,
s'abstinrent d'un artifice qui eût interrompu "le développement in-
trinsèque du droit"29. C'est bien pourquoi aussi la volonté codifica-
trice de César, cet ancêtre des Jacobins, représente pour Savigny et
pour les pandectistes en général une limite à ne pas franchir.
Comme l'écrit encore W. Kunkel après tant d'autres, "la réalisation
d'un tel plan aurait porté un coup fatal à la jurisprudence". Une so-
lution plus raisonnable, à laquelle se rallia Auguste, fut d'opérer une
sélection des juristes les plus éminents, à la manière des Hautes
Cours de Justice contemporaines30. La conjonction d'une jurispru-
dence habilitée à formuler des principes, et d'un législateur qui n'in-
terviendrait qu'exceptionnellement : voilà le subtil équilibre où, se-
lon une tradition interprétative qui remonte au pandectisme et, au
delà, à l'école historique, la science romaine du droit put s'épanouir
pleinement. Selon ce modèle d'analyse, ces conditions avaient été
remplies entre César, qui avait échoué à réduire l'ensemble du droit
civil en quelques livres, et l'époque des Sévères, lorsque les juristes,
investis pourtant des plus hautes fonctions, avaient porté à son apo-
gée une tradition républicaine poursuivie à travers un droit civil es-
sentiellement autonome (en dépit de la réforme d'Auguste). Le droit
classique, dès lors, s'avère une méthode qui requiert aussi certaines
conditions politiques : il faut que le législateur se borne à un rôle pu-
rement supplétif- Justinien n'étant pas véritablement une exception,
dans la mesure où il s'était résigné à recueillir le meilleur du droit
romain du passé, en un temps où l'innovation juridique s'était épui-
sée31.
Ce thème d'une libera Respublica du droit civil, d'une république
prorogée bien au delà de sa date historique à travers l'activité non
subordonnée des juristes, est la projection rétrospective d'une véri-
28
Savigny 1814 : 118 sq. (cf. note 12).
29
Savigny 1814 : 33 (cf. note 12).
30
Kunkel 1966 : 100 (cf. note 26).
31
Savigny 1814 : 33 sq. (cf. note 12).
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTTSTES 123
table politique du droit. Dans l'historiographie des Lumières, son
sens est obvie : malgré le despotisme des princes, les juristes au-
raient continué de pratiquer l'esprit d'indépendance qui caractéri-
sait leurs méthodes et leurs solutions. Ainsi Gibbon brosse-t-il du
droit romain un tableau où émergent les figures de jurisconsultes
philo-républicains ou philosophes, jaloux de leur liberté de pensée,
distants par rapport au despotisme, défenseurs des droits indivi-
duels et de la propriété privée (History and Fall of the Roman Em-
pire, chap. 44). A cette tendance libérale appartient encore la vaste
encyclopédie juridique de G. Hugo32. L'histoire du droit romain
avant comme après Justinien montre le développement d'un ordre
juridique construit sur l'autonomie du sujet33. A chaque étape de l'é-
volution d'une romanité prise comme universelle, transcendant
toute frontière historique et nationale, est réitéré le tableau d'un sys-
tème indéfiniment reproduit (selon l'agencement classique des per-
sonnes, des choses et des actions), doublé d'une histoire "externe"
des sources du droit. Or la part de la loi y est délibérément réduite. A
juste titre d'ailleurs, Hugo en retranchait l'édit du préteur, codifié
sous Hadrien. Avant Hugo, antiquaires et romanistes avaient consi-
déré en ce prince humaniste le modèle du bon législateur, second
Numa ou second César34. Désormais, au contraire, la romanistique
accueillera avec enthousiasme l'analyse de Hugo, c'est-à-dire le mo-
dèle d'un droit prétorien étranger à la loi, construit année après an-
née au contact de la pratique judiciaire et, surtout, sous la seule im-
pulsion de la jurisprudence. Pour Savigny, cette découverte fut l'oc-
casion d'affirmer que le Digeste, principalement constitué à partir
des commentaires de l'édit, plongeait ses racines dans la libera res-
publica35. Aujourd'hui encore, l'édit du préteur est souvent présenté
comme étant essentiellement, en réalité, l'œuvre des jurisconsultes,
auxquels le magistrat conférait la forme d'une norme-programme36.
La référence à la liberté et à l'esprit républicain s'inscrit naturelle-
ment dans le débat plus général sur l'importance relative de la loi et
de la jurisprudence à Rome. Savigny, F. Schulz, W. Kunkel, M. Kä-
ser se représentent une sorte de République des prudents, que leurs
modes de travail et l'impersonnalité de leur style auraient protégés
du subjectivisme et de l'arbitraire. Rien n'est plus significatif, à cet
32
Hugo, G., Lehrbuch eines civilistischen Cursus, 6 vol., 1790.
33
Hugo 1790, vol. 1 : § 1 sq. (cf. note 32).
34
Par ex. : Heineccius, Opera VII, 2, dans son histoire de l'Edit perpétuel;
Gibbon, loc. cit.
35
Savigny, Vermischte Schriften V : 30 sq.
36
Kunkel 1966 : 93. (cf. note 26); Käser, M., Römische Rechtsgeschichte, 2e
éd. Göttingen, 1967 : 144 sq.
124 YAN THOMAS
égard, que les jugements - jugements souvent translatices - portés
par exemple sur les méthodes et sur le style : uniformes, homogènes,
imputables apparemment à un unique sujet37. A cette communauté
de savoir et de langage, l'image savignienne de la respublica des ju-
ristes offre un terme de comparaison riche de sens : les notions juri-
diques y sont la "propriété de tous" et constituent des lieux
communs de la science du droit38. Elles n'ont d'autre mode d'exis-
tence que l'impersonnalité, que l'abstraction où l'accident de leur
origine s'efface au profit de leur fongibilité de destin. Sous sa forme
savante, le droit romain échappe à toute référence unificatrice par le
haut : César, cet ancêtre des Jacobins, représente par excellence la
limite à ne pas franchir39. La jurisprudence peut bien, à la limite,
s'enraciner dans la conscience sociale : on connaît le dogme de la
"représentation" de l'esprit de la communauté populaire par les sa-
vants juristes, qui en prennent le relais et donnent au sentiment du
droit une forme articulée et distincte. Mais, tout en demeurant po-
pulaire par l'artifice de la représentation, qui substitue la science au
Volksgeist, cette jurisprudence ignore entièrement la constitution
d'une instance étatique transcendante par rapport au droit. Elle
échappe dans son principe à l'artifice d'une habilitation extrinsèque,
au montage juridique d'une autorisation. Voilà un droit romain pen-
sé presque entièrement en dehors de la légalité : mieux, ce droit sup-
plée à lui seul au rationnalisme abstrait des politiques législatives.
Il ne faut jamais perdre de vue cette contrepartie généralement
inaperçue de l'entreprise romanistique allemande au XIXe et pen-
dant une bonne partie du XXe siècle. L'exaltation du ius civile ro-
main y est solidaire d'une oblitération de l'État. Or, jusqu'à une
époque relativement récente - en fait, jusqu'à ce que l'on a appelé,
dans les années précédant la dernière guerre, la "crise du droit ro-
main", la romanistique n'avait cessé de postuler une sorte d'univer-
selle extension de la romanité par le droit40. Le schéma d'une trans-
lation continue du droit romain en Europe avait fait croire, si l'on
peut dire, à une sorte de présence réelle de Rome dans l'histoire : les
juristes italiens, puis français, puis allemands, s'étaient successive-
ment passé comme un flambeau d'un savoir qui, à partir du moment
37
Kunkel 1966 : 105 {cf. note 26); Kaser 1967 : 105 {cf. note 36).
58
Savigny 1814 : 29 {cf. note 12).
39
En dehors de Savigny, voir aussi Mommsen, Th. "Die Bedeutung des rö-
mischen Rechts" in : Juristische Schriften III : 591 sq.
40
Voir en particulier, Koschaker, P., Europa und das Römische Recht, 3 e éd.;
Schmitt, C, "La Situation de la science européenne du droit", traduction fran-
çaise dans Droits, 1991, n° 14 : 114 sq, textes de conférences prononcées entre
1944 et 1945, publié en 1950 dans les Verfassungsgeschichtliche Aufsätze, Berlin,
1950 : 386-427.
LA ROMANISTIQUE ALLEMANDE ET L'ÉTAT DEPUIS LES PANDECTISTES 125
où il s'était constitué sous sa forme "classique", avait été dépouillé
de toute singularité nationale et était devenu un instrument de la
raison universelle. Dans u n climat idéologique défavorable à la révo-
lution française, à l'État législateur et à la raison codificatrice, l'his-
toriographie romanistique put ainsi tout à la fois élaborer u n mo-
dèle de droit romain sans État (sans État au sens formel, ainsi que je
l'ai précisé au départ), et appuyer sur ce modèle u n véritable pro-
gramme rétrospectif de création du droit privé par la science. La ro-
manistique allemande sans doute a été, en plein XX e siècle encore, le
dernier grand porte-parole de cet idéal.
Yan THOMAS
WILFRIED NIPPEL
Erneuertes Recht oder Rechtsgescfiichte? Anmerkungen zum Beitrag von Yan
Thomas.
Yan Thomas stellt pointiert die Tendenz der deutschen Romanistik des
19. und 20. Jahrhunderts heraus, das "klassische römische Recht" als Schöp-
fung einer "scientific community" zu verstehen, die sich ganz allein auf die
Entwicklung ihrer internen Regeln konzentriere; mit der Abkoppelung von
der staatlichen Rechtssetzung wie von der sozialen Realität habe es kaum
Spielräume für individuelle Rechtsmeinungen gegeben; aufs Ganze er-
scheine die Entwicklung des römischen Rechts somit als quasi-natürlich,
da es Ergebnis eines sich über Generationen erstreckenden Kol-
lektivunternehmens sei. Dies habe zwar Anhaltspunkte im Selbstverständnis
der römischen Juristen der Republik und des Principats, erkläre sich jedoch
auch aus spezifisch deutschen Konstellationen des 19. Jahrhunderts, na-
mentlich aus der Abwehr von Kodifikationsbestrebungen nach napoleoni-
schem Vorbild.
Mein Eindruck - notabene der eines juristischen Laien - ist der, daß mit
der Annahme einer Kontinuität in der deutschen Romanistik von Savigny
bis Fritz Schulz, Max Käser und Wolfgang Kunkel ein Bild gezeichnet wird,
das die Veränderung in der Funktion dieser Grundannahme zu wenig be-
rücksichtigt. So verweist Thomas für die Kontinuität der von Savigny ge-
prägten Metaphorik des Organischen auf W. Kunkel. An der zitierten Stelle
ist aber deutlich, daß es Kunkel mit dieser Metapher darum geht, die Histo-
rizität des römischen Rechts im Sinne seiner Genese aus unterschiedlichen
"Rechtsquellen und Rechtsschichten" zu betonen. Jedes Rechtsinstitut zeige
noch nach langer Zeit "die Spuren seines Ursprungs aus dieser oder jener
Schicht der Rechtsentwicklung" und könne nur aus seiner Geschichte ganz
begriffen werden; das abstrakte System "römischrechtlicher" Sätze, das na-
mentlich die deutsche Theorie des 19. Jahrhunderts entwickelt habe, könne
126 YAN THOMAS
dem nicht gerecht werden 1 . Man wird deshalb wohl stärker unterscheiden
müssen, zwischen dem anti-kodifikatorischen Ausgangspunkt Savignys, bei
dem die historische Betrachtung des klassischen römischen Rechts in einem
nicht widerspruchsfreien Verhältnis zur Annahme einer bis in die Gegen-
wart geltenden Nachwirkung des rezipierten römischen Rechts steht; der
Entwicklung des Begriffsformalismus der Pandektenwissenschaft (die sich
nach Savignys Schwanken zwischen "Volksgeist" u n d "Juristenmonopol"
zugunsten des letzteren entscheidet), die aus der ahistorischen, begrifflichen
Rekonstruktion den Anspruch auf die systematische Neugestaltung des
Rechts der Gegenwart erhebt u n d angesichts der neuen Kodifikationsbestre-
bungen im späteren 19. Jahrhundert deshalb in die scharfe Konkurrenz mit
den Germanisten gerät; und schließlich die mit der Vorbereitung des Bür-
gerlichen Gesetzbuches (1900 in Kraft getreten) einhergehende Emanzipati-
on einer rein rechtsgeschichtlichen Analyse, die nicht mehr auf die prakti-
sche Bedeutung des römischen Rechts für die Rechtsordnung der Gegen-
wart fixiert ist 2 .
Schließlich sei noch auf einen, über das Thema des römischen Rechts
hinausführenden Aspekt der deutschen Rechtswissenschaft des 19. Jahrhun-
derts verwiesen. Die Betonung der Autonomie des Rechts gehört auch in den
größeren Kontext des Versuches, auf dem Weg über die Privatrechtsordnung
die Sicherung bürgerlicher Freiheitsrechte zu erreichen; in der amerikani-
schen u n d französischen Revolution hatte m a n den Weg über die Menschen-
u n d Bürgerrechtsdeklarationen suchen müssen, weil der absolutistische
Staat entweder massiv in herkömmliche bürgerliche Rechte eingegriffen
(wie in den amerikanischen Kolonien Englands) oder sich (wie in Frank-
reich) als unfähig bzw. unwillig zu entsprechenden Reformen erwiesen
hatte 3 .
1
W. Kunkel, Römische Rechtsgeschichte, Weimar 4. Aufl. 1964, 79-81.
2
Vgl. F. Wieacker, Privatrechtsgeschichte der Neuzeit, Göttingen 2. Aufl.
1967, v.a. 386ff.; 397ff.; 420; ferner J. Schröder, "Savignys Spezialistendogma
und die 'soziologische' Jurisprudenz", Rechtstheorie 7, 1978, 23-52.
3
Vgl. M. Kriele, "Zur Geschichte der Grund- und Menschenrechte", in : N.
Achterberg (Hg.), Öffentliches Recht und Politik. Festschrift für H. U. Scupin, Ber-
lin 1973, 187-211; D. Grimm, "Grundrechte und Privatrecht in der bürgerlichen
Sozialordnung", in : G. Birtsch (Hg.), Grund- und Freiheitsrechte im Wandel von
Gesellschaft und Geschichte, Göttingen 1981, 359-375.
JOHN SCHEID
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE
LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT DE L'EMPIRE
UN PROBLÈME GÉNÉRALEMENT MAL POSÉ
1. En pays allemand comme ailleurs la caractéristique princi-
pale de l'histoire religieuse a été, et cela jusqu'à une date récente, le
relatif désintérêt pour la religion traditionnelle de la fin de la Répu-
blique et du début de l'Empire romains. L'intérêt portait avant tout
sur l'histoire des origines, et la religion de l'époque historique ne re-
présentait qu'un conservatoire de documents et de souvenirs qu'on
exploitait pour reconstruire la religion des temps anciens.
Cette approche fut, par exemple, malgré de fortes différences,
celle de Georg Wissowa, celle de Hermann Usener, celle des "pré-
déistes" Ludwig Deubner et Kurt Latte, celle de Franz Altheim, de
Carl Koch ou de Walter Burkert1. Sous l'inspiration puissante de
Frazer et de l'"école de Cambridge", les Anglais William W. Fowler
et Herbert J. Rose suivirent la même voie. En France où la re-
cherche sur la religion archaïque ne devint un objet d'étude priori-
taire que dans les années trente, avec les travaux contradictoires de
André Piganiol ou Georges Dumézil, l'attitude courante corres-
pondait à celle des collègues allemands. L'intérêt puissant pour la
religion "archaïque" n'était pas seulement due aux nouveaux docu-
1
Voir par exemple Wissowa, G., Religion und Kultus der Römer1 (1902)
(Handbuch der Altertumswissenschaft, IV, vol. 5), Munich, 1912; Usener, H., Göt-
ternamen. Versuch einer Lehre von der religiösen Begriffsbildung3 (1896), Francfort
sur le Main, 1948; Deubner, L., "Zur Entwicklungsgeschichte der altrömischen
Religion", in : Neue Jahrbücher für klassische Altertumswissenschaft, 5,1911 : 321-
335; Latte, K., Römische Religionsgeschichte (Handbuch der Altertumswissens-
chaft, V, vol. 4), Munich, 1960; Koch, C , Gestirnverehrung im alten Italien (Frank-
furter Studien zur Religion und Kultur der Antike, vol. 3), Francfort-sur-le Main,
1933; Fowler, W. W., The Religious Experience of the Roman People from the Ear-
liest Times to the Age of Augustus, 1911/1971; Rose, H. J., Ancient Roman Religion,
Londres, 1949; Piganiol, A, Essai sur les origines de Rome (B.É.F.A.R. vol. 110),
Paris, 1916; Dumézil, G., Religion romaine archaïque3 (1966), Paris, 1987; Burkert,
W., Homo necans. Interpretationen altgriechischer Opferriten und Mythen, 1987,
Berlin.
128 JOHN SCHEID
ments produits au début du 20e siècle par les fouilles de Rome, mais
à la représentation générale que l'on se faisait de la religion ro-
maine. Conformément aux théories romantiques de l'origine de la
religion et aux préjugés anti-ritualistes, on considérait que la reli-
gion romaine était pure et digne d'intérêt à l'époque des origines,
mais qu'elle était décadente dès - Numa, et a fortiori au Ier siècle
avant notre ère. Nourries des idées hégéliennes, ces opinions furent
largement répandues par Th. Mommsen et ses élèves, à travers la
description du culte dans les grands manuels (Marquardt, Wissowa,
Latte) et dictionnaires (Realenzyklopädie, Röscher, ANRW) qu'ils
ont rédigés2. Par ailleurs les historiens et les juristes n'analysaient
les structures juridiques des cultes que dans la mesure où ils pou-
vaient les utiliser pour comprendre le fonctionnement des institu-
tions publiques3. En France où des idées semblables régnent dès le
19e siècle, on n'avait guère une autre position à l'égard des faits reli-
gieux, même si l'attitude des chercheurs français évolua plus ra-
pidement que celle de leurs collègues allemands. Au cours de la fin
du 19e siècle, les érudits français composèrent également des ency-
clopédies et des manuels - il suffira de citer les noms d'André Bou-
ché Leclercq et du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines -,
qui exposent les données positives sur la religion romaine. Mais dès
le début du 20e siècle, l'attention se tourna soit vers les origines, soit
vers les "nouvelles religions". Dans tous les cas, le jugement sur la
religion de l'époque historique était négatif. A quelques exceptions
près, Ludwig Friedländer ou Gaston Boissier4, par exemple, il s'agis-
sait pour tous d'une religion sclérosée, dénaturée par l'hellénisation,
et fourvoyée dès une époque très ancienne dans les errements secs
du ritualisme. Cette position diffusée par tous les spécialistes se re-
trouve évidemment dans les ouvrages des historiens et dans les com-
mentaires des philologues.
2. Le problème est donc simple. Devant une religion essentielle-
ment ritualiste, les historiens se sentaient mal à l'aise. S'ils savaient
l'utiliser comme par exemple Mommsen pour reconstruire une théo-
2
Je me permets de renvoyer à Durand, J.- L. & Scheid J., "Rites et religion.
Remarques sur certains préjugés des historiens de la religion des Grecs et des Ro-
mains", in : Arch, de Se. soc. des Rei, 85, 1994 : 23-43.
3
Le monumental Droit public romain de Th. Mommsen en est le parfait
exemple. Indépendamment des idées que Mommsen pouvait avoir sur la religion
des Romains, ce livre reste le meilleur pour l'étude des compétences religieuses et
avant tout la divination publique, à cause de sa précision exhaustive. Mais l'ob-
jectif de Mommsen n'était évidemment pas l'analyse de la religion romaine.
4
Friedländer, L., Darstellungen aus der Sittengeschichte Roms in der Zeit von
August bis zum Ausgang der Antonine10 (1875), Leipzig, 1927; Boissier, G., La reli-
gion romaine d'Auguste aux Antonins, Paris, 1874.
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 129
rie de la magistrature romaine, ils la négligeaient très largement
dans la construction des représentations mentales des Romains.
Pour Mommsen, qui comprenait en juriste les règles du droit sacré
romain, la religion de l'époque historique n'était qu'un fatras ridi-
cule qui pouvait au mieux servir à lancer des attaques contre le Zen-
trum et le gouvernement prêt à pactiser avec les "papistes". Pour le
reste, la religion romaine de Vairon et de Cicéron n'était qu'un ves-
tige sclérosé des temps préhistoriques. Comme la plupart de ses col-
lègues et successeurs, et malgré cette "aphasie en matière religieuse"
que lui reprochait A. Heuss5, qui avait en fait la même attitude à l'é-
gard de la religion romaine (voir ci-dessous), Mommsen était déter-
miné par la vision ethnocentrique de la religion, définie comme une
attitude privée, liée à une foi personnelle, à l'espoir d'une vie éter-
nelle de l'âme, et soutenue par une théologie et une métaphysique
élaborées6. L'attitude d'André Magdelain n'est au fond pas diffé-
rente. Lorsque, un siècle après Mommsen, il construit par touches
progressives sa théorie de la souveraineté romaine, il donne une des-
cription précise et très fertile des rites religieux liés à l'exercice de la
souveraineté, mais dès qu'il quitte le domaine strict du commentaire
des formules religieuses, il se contente, prudemment, des idées re-
çues sur la religion et la magie7.
Ce genre d'approche a longtemps dominé les études de la reli-
gion de l'époque historique. Son objectif se limitait en fait à deux
grandes questions : tantôt il s'agissait de dégager dans la piété ro-
maine les restes d'une authentique religiosité, héritée des origines,
tantôt c'étaient les premiers éléments des "nouvelles" religions qu'il
convenait de mettre au jour. Ainsi on oscillait entre une apprécia-
tion sévère de la décadence religieuse et une célébration parfois exa-
gérée de systèmes religieux réputés proches du christianisme. Cette
situation peut expliquer le désintérêt pour le fait religieux de beau-
coup d'historiens, incertains de la place qu'il convenait de lui attri-
buer dans le métier de citoyen : une religion "morte" n'y a aucune,
et on peut même se demander si l'historien doit s'occuper des be-
soins mal saisissables de l'âme romaine. Ainsi, Matthias Gelzer ne
dit pratiquement rien sur la religion dans ses ouvrages sur Pompée
ou César, et il en va de même pour l'Histoire romaine de Alfred
5
Heuss, A., Theodor Mommsen und das 19. Jahrhundert : 89-90, Kiel, 1956.
Pour Heuss, c'est le vide religieux de la religion romaine qui a évité à Mommsen
de se rendre ridicule.
6
Durand & Scheid, 1994, {cf. note 2), et Scheid, John, "L'impossible poly-
théisme. Les raisons d'un vide dans l'histoire de la religion romaine", in :
Schmidt, Fr. (éd.), L'impensable polythéisme. Études d'historiographie religieuse,
Paris, 1988 : 425-457.
7
Voir par exemple Magdelain, A, Jus imperium auctoritas. Études de droit ro-
main, (Collect, de l'E.F.R. vol. 133), Rome, 1990 : 3-93.
130 JOHN SCHEID
Heuss. Et dans un ouvrage destiné à un public large, la Propyläen
Weltgeschichte8 (vol. IV, 1960-64, 1986), la religion n'est abordée que
brièvement, au début, par Jochen Bleicken (p. 53, une page), puis
par Wilhelm Hoffmann (p. 169, une demi-page); ensuite, pendant
trois cents pages environ (dans la contribution de Hans Georg
Pflaum), jusqu'à Dèce et l'avènement de l'Empire chrétien, il n'est
plus question de religion, à l'exception d'un quart de page consacré
par Alfred Heuss à la dimension divine de la personnalité de César
(p. 292). Pourtant A. Heuss pouvait, à l'occasion, écrire des pages
pénétrantes sur le problème de l'emprise publique sur le religieux9.
Pourquoi n'employait-il pas ce savoir dans ses livres? De ce point de
vue un certain nombre d'historiens français réagirent différemment.
André Piganiol, Jérôme Carcopino, plus tard Robert Etienne, Marcel
Le Glay ou Joël Le Gall, sans parler des philologues Robert Schilling
et Henri Le Bonniec, consacraient de nombreux travaux à la religion
et n'hésitaient pas à traiter ces questions dans leurs ouvrages histo-
riques. Mais la position qui prévalut en Allemagne est également il-
lustrée, en Angleterre par R. Syme, en France par C. Nicolet.
Dans ce même volume de la Propyläen Weltgeschichte, le seul dé-
veloppement substantiel sur la religion romaine, dû à J. Bleicken,
concerne très significativement l'époque archaïque et se trouve sous
l'emprise des "prédéistes" : la "vraie" religion ce sont ces vieilles
formes de vénération des forces divines diffuses (numina); elle sur-
vivait auprès des simples paysans, alors qu'en surface se construi-
sait, sous l'influence étrusque, le culte officiel et son formalisme
froid. Pourtant dénoncées déjà par Karola Vahlert10 en 1935, ces
idées, qui remontent à l'ethnologie anglaise et au romantisme, n'ont
jamais perdu leur influence en Allemagne, et on les trouve jusqu'à
aujourd'hui sous la plume de Friedrich Pfister, de Kurt Latte, de
Georg Radke, de Thomas Köves Zulauf, et de leurs élèves; en Angle-
terre cette tendance fut prolongée par William W. Fowler et Herbert
J. Rose, en France par le jeune Piganiol, le jeune Dumézil et par un
Albert Grenier vieillissant. En 1960 encore, cette approche est consi-
dérée par Alfred Heuss11 comme la véritable "Religionsgeschichte",
celle de William W. Fowler, de Ludwig Deubner et, il l'espère, celle
de Kurt Latte dont le volume était sous presse, contre celle de Wisso-
8
Heuss, A. (éd.), Propyläen Weltgeschichte, vol. 4, Berlin, 1960-64 (rééd. en
1986).
9
Heuss, A., "Zur Thematik republikanischer Staatsrechtslehre", in : Fest-
schrift F. Wieacker, Göttingen, 1978 : 71-89.
10
Vahlert, K., Praedeismus und römische Religion (Diss. Francfort/Main),
Limburg/Lahn, 1935 ("Doktorvater" F. Altheim, conseils de W. F. Otto).
11
Heuss, A., Römische Geschichte, Berlin, 1960 : 523, note 62.
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 131
wa, "déjà vieillie à sa parution", ou celles de Walter F. Otto et de
Franz Altheim. Le jugement le plus étonnant est celui qui concerne
Georg Wissowa, car au fond celui-ci ne défend pas une autre posi-
tion historique que ses détracteurs : la religion de l'époque histo-
rique est à ses yeux morte et n'a d'intérêt que comme système d'obli-
gations rituelles; quant à la "signification" des rites, il se contente de
renvoyer la question à la préhistoire en citant Deubner12. Néanmoins
on lui reprocha d'avoir consacré tout un volume à ces prescriptions
et coutumes, en négligeant, suivant l'opinion de Richard Heinze et
Ulrich von Wilamowitz-Möllendorf13, "la religion". Wissowa aurait
dû consacrer aux grandes recherches terminologiques et sonder
l'âme romaine pour mériter le nom d'historien de la religion. Peut-
être était-ce aussi une certaine hésitation devant les systèmes mo-
dernes d'explication des actes religieux, primitivistes ou autres, qui
lui attirèrent le blâme; tel fut le reproche poli que lui adressa E.
Samter dans les recensions successives de son livre en 1902 et 191214.
Il n'est sans doute pas inintéressant de noter que Wissowa souligne
dans son pro domo, dans l'introduction de la deuxième édition de
son manuel, que la religiosité telle que la définissaient ses détrac-
teurs (surtout Wilamowitz) n'était sans doute pas universelle et
qu'en tout cas son manuel décrivait la religiosité des Romains15.
Comme je n'ai pas à traiter de cette question, je me borne à no-
ter que le corollaire de ces théories, dont l'origine moderne doit être
cherchée dans les débats du siècle de la réforme, détermine une
grande partie des considérations sur la religion romaine de la fin de
la République et du début de l'Empire. D'après cette perspective
christianocentrique une religion ritualiste est forcément inférieure
(s'il s'agit d'une société "sous-développée", ou de milieux popu-
12
Wissowa 1912 : 409, note 1 (cf. note 1).
13
von Wilamowitz-Möllendorf, U., Der Glaube der Hellenen, II, Berlin, 1932 :
324, note 2. ("In den letzten Gespräche, das ich mit Richard Heinze geführt habe,
trafen wir in der Beurteilung von Wissowas großem und mit Recht hochgeschätz-
ten Werke zusammen. Wir hatten beide die Ansicht, daß darin zwar die Ges-
chichte des Kultus vorzüglich behandelt wäre, aber die Religion eigentlich über-
haupt nicht"). Voir à propos des positions de Wilamowitz : Henrichs, A., "Der
Glaube der Hellenen. Religionsgeschichte als Glaubensbekenntnis", in : Calder,
W. M. III, et alii (éd.), Wilamowitz nach 50 Jahren, Darmstadt, 1985 : 263-305.
14
Samter, E. (C. r. de G. Wissowa, Religion und Kultus) in : BPhW, 1902 : 906
(Samter y regrette que Wissowa n'utilise pas le comparatisme, car ethnologie et
folklore sont à ses yeux indispensables pour comprendre une religion); id., C. r.
de la deuxième édition de Religion und Kultus, 1914 in : BPhW, 34, 338 sq. (Sam-
ter signale que W. reconnaît que son livre aurait été meilleur s'il avait pu tenir
compte de celui de Fowler qui est, comme on le sait, très ethnologisant; Samter
exprimait donc encore une fois le même reproche).
15
Wissowa 1912 (cf. note 1).
132 JOHN SCHEID
laires), ou bien décadente et sclérosée (lorsqu'elle appartient à un
peuple "développé" comme à Rome - ou, les références ne
manquent pas de Preller à Mommsen et Cumont, aux Juifs). La page
consacrée par O. Seel16 à l'angoisse suscitée par l'obligation rituelle,
considérée comme indigne, annexe même au profit de la critique du
rite, l'œuvre de Lucrèce qui pourtant attaque uniquement la super-
stitio, l'expression excessive et humiliante de la ferveur religieuse17 :
la piété romaine traditionnelle était censée être le contraire de cette
attitude. Pareillement, dans la Verfassungs- und Sozialgeschichte des
Römischen Kaiserreiches, J. Bleicken18 a écrit quelques pages inspi-
rées sur le culte impérial qui ne sont pas loin des travaux actuels,
mais c'est à peu près tout ce qu'il consacre à la religion tradition-
nelle; les autres pages consacrées au sujet concernent les "religions
de salut" et les débuts du christianisme.
J'ajoute qu'une grande partie des chercheurs qui travaillaient
sur la religion romaine depuis le milieu du XIXe siècle ne s'intéres-
saient absolument pas à ces questions, et enquêtaient plutôt sur les
ténèbres des origines, quelle que fût la lumière théorique qui les gui-
dait. L'extraordinaire Archiv für Religionswissenschaft qui fut, jus-
qu'au jour de son "Anschluß" en 1936, la meilleure revue d'histoire
religieuse antique, n'a jamais publié un article sur la religion de
l'époque historique, celle des Guerres civiles par exemple. La reli-
gion y est toujours envisagée sous l'angle des traditions archaïques
ou des identités divines à reconstruire, et en général la perspective
est "ethnologique" et folklorique plutôt que historique. La seule
étude qui concerne la pratique religieuse de l'époque historique est
celle, bonne au demeurant, d'E. Bickermann' 9 , sur l'apothéose des
empereurs. Il n'est ainsi pas surprenant que les historiens et juristes
n'aient pas trouvé nécessaire de creuser ces questions et qu'ils
n'aient pratiquement jamais recensé les ouvrages allemands, anglais
ou français sur la religion.
3. Les seuls auteurs qui échappaient à ce type d'approche
étaient les chercheurs qui travaillaient sur la "Révolution romaine",
sur Cicéron et César, sur les institutions et sur Auguste, ainsi que,
c'était une spécialité française, les auteurs des thèses sur les divini-
16
Seel, O., Römertum und Latinität, Stuttgart, 1964 : 201.
17
Thuillier, J. - P., "Notes sur Lucrèce et la satire antireligieuse (De rerum
natura V, 1198-1203)", in : Mélanges Pierre Boyancé (Collect. É.F.R. vol. 22),
Rome, 1974 : 703-710.
18
Bleicken, J., Verfassungs- und Sozialgeschichte des Römischen Kaiserreiches
(1978)2 (UTB vol. 838), Paderborn, 1981 : 95 sq.
19
Bickermann, E., "Die römische Kaiserapotheose", in : AKW, 27, 1929 : 1-
34.
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 133
tés, qui se concluaient (cependant) presque toujours par le principat
d'Auguste. Quelle fut leur attitude à l'égard de la religion de la fin de
la République et du début de l'Empire? Dans tous les cas le grand
problème qui se posait à ces auteurs était le paradoxe constitué par
l'inébranlable adhésion de l'élite la plus cultivée et la plus éclairée
que Rome ait jamais connue à des obligations rituelles prétendues
sclérosées et moribondes.
Les questions qui permettent d'étudier la réponse que les histo-
riens fournissent à ce problème se réduisent essentiellement à trois
points : la pratique des auspices et de la divination à l'époque cicéro-
nienne, les "restaurations" religieuses d'Auguste et la naissance de
ce qu'on appelle le culte impérial. On pourrait distinguer des
périodes dans l'approche de ces questions, par exemple le 19e siècle,
la première moitié du 20e, et enfin les développements récents, mais
dans la mesure où les mêmes arguments ef: prises de position re-
viennent toujours, il n'est sans doute pas nécessaire de compliquer
l'approche.
4. Tous les auteurs ont dénoncé, à la suite des auteurs romains,
la manipulation des auspices. Ce fait est évident. Les auspices et la
divination en général étaient utilisés comme une arme politique, ils
appartenaient comme d'autres coutumes au dispositif de contrôle de
l'exercice du pouvoir. Mais là n'est pas le problème. Souvent ce jeu
avec les signes et les irrégularités manifestes était rapproché du De
divinatione de Cicéron pour mettre en évidence la décadence de la
religion traditionnelle. Je passe sur les reconstructions de Rigobert
Günther20, fondées sur une combinaison "hypo-critique" et in-
justifiable des prophéties apocalyptiques de la Sibylle juive avec les
prodiges notés par les Romains, la prétendue théologie solaire, les
allégories philosophiques ou la Quatrième Églogue. D'après Günther
l'élite romaine conservatrice (Cicéron p. ex.) refusait la divination
parce qu'elle aurait véhiculé des utopies sociales dangereuses qui
trouvaient une grande résonance dans le peuple (compris comme le
petit peuple et les esclaves), alors que ceux qui cherchaient une nou-
velle forme du "système d'exploitation esclavagiste", Marc Antoine
et Auguste, se seraient approprié les représentations des dominés
pour fonder une sorte de royauté solaire. Malgré ses exagérations et
sa problématique très datée, cet article (fondé sur une dissertation)
est caractéristique de toute une série d'études qui, ignorant les faits
20
Günther, R., "Der politisch-ideologische Kampf in der römischen Religion
in den letzten zwei Jahrhunderten v.u.Z.", in : Klio, 42, 1964 : 209-297.
134 JOHN SCHEID
religieux au nom de la décadence proclamée du culte romain, privi-
légiaient le monde atemporel des rapprochements de fragments phi-
losophiques et entendaient remplir le vide de la religiosité romaine
par des spéculations de type philosophique. Il ne peut être question
de nier les efforts théoriques de l'élite romaine qui tenta de penser,
tout au long de ce siècle de crises, la culture romaine en termes de
philosophie grecque. Mais il est clair que, malgré leurs spéculations,
qui ne donnaient d'ailleurs pas de réponse définitive, mais des ré-
ponses, ces Romains s'en tenaient strictement, dans la vie pratique,
aux données traditionnelles. Un article de Carl Koch21, que je conti-
nue de trouver excellent, a décrit avec une particulière précision et
acribie le statut des réflexions sur la religion traditionnelle menées
par l'élite de la première moitié du Ier s. av. J.C., en l'opposant aux
conduites des Augustéens, qui en tiraient les conséquences pra-
tiques. Il est surprenant que cet article précurseur, qui apparaît ici et
là dans les bibliographies, n'ait pas été exploité davantage. Les théo-
ries de Koch sur la démythisation de la religion romaine archaïque
connurent, en revanche, un succès immédiat, car elles rejoignaient
l'intérêt général porté à l'époque à la religion des origines. Mais sans
doute la position de Carl Koch et sa volonté de constituer l'histoire
religieuse comme une matière à part, ne sont pas étrangères au dé-
sintérêt des historiens. On peut trouver dans l'introduction à l'His-
toire romaine d'Alfred Heuss22 une réponse à cette revendication qui
explique l'absence d'un traitement conséquent des questions reli-
gieuses dans les livres des historiens, mais ne les empêche pas en
fait, on l'a vu, de choisir parmi les "écoles" qui existaient alors en Al-
lemagne les positions prédéistes. Comme Jörg Rüpke23 l'a noté, l'his-
toire de la religion romaine a également pâti depuis l'année 1923
d'une série de morts précoces : Albert Dieterich disparut en 1908, Ri-
chard Wünsch en 1915, C. Koch en 1960; en 1923 G. Wissowa subit
une attaque qui mit un terme à son activité scientifique. Si on y
ajoute que Richard Reitzenstein et Georg Rohde n'ont pas formé d'é-
lèves, sans même parler des pertes dues aux guerres, on mesure les
raisons profondes du "désintérêt" qui a frappé la religion romaine,
plus exactement la religion publique de la période qui nous in-
téresse : il n'est pas seulement idéologique.
En tout cas, la croyance largement répandue que la religion tra-
ditionnelle était morte peu après l'époque des origines empêcha cer-
tainement les réflexions claires et neuves de Koch de déterminer les
21
Koch, C, "Der altrömische Staatskult im Spiegel augusteischer und spä-
trepublikanischer Apologetik" (1954), in : id. Religio, Studien zu Kult und Glau-
ben der Römer, Nuremberg, 1960 : 176-204.
22
Heuss 1960, XIII, (cf. note 11).
23
Rüpke, J., Römische Religion und Eduard Norden, Marburg, 1933 : 58.
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 135
recherches des historiens. Il est, ainsi, symptomatique que l'un des
travaux les plus récents sur le problème de la divination et de la ma-
nipulation des institutions religieuses, l'analyse de Claudia Berge-
mann24, soit nettement en retrait par rapport à Carl Koch ou à ce qui
se fait actuellement en Angleterre ou en France : plutôt que de partir
d'une mise en question des idées reçues sur la décadence et "l'impos-
sible" ritualisme, Claudia Bergemann suit les opinions surannées de
Franz Cumont ou de Maarten J. Vermaseren selon lesquelles la reli-
gion romaine ne permettait pas une relation émotive, personnelle et
intérieure avec la divinité, et ne répondait à aucune question trans-
cendantale alors que d'autres religions y auraient répondu25.
Christian Meier26 est plus prudent. Tout en notant le ridicule de
certaines obstructions fondées sur la manipulation des auspices, il
signale que c'est un fait institutionnel, et qu'il ne faut pas introduire
la notion de conviction religieuse dans ce contexte. Le système reli-
gieux existait bien, et la crainte des dieux également continuait de
déterminer tous, surtout en période de crise27. C'est notamment à
propos des rapports de César avec la religion qu'il pose le problème.
Sa conclusion est que, malgré son calme imperturbable devant les
auspices et les signes, il acceptait le rituel avec un certain sens de la
parodie, et considérait que l'existence des dieux et la validité des
rites étaient prouvées par la faveur qu'ils lui accordaient28.
5. Les relations de César, puis d'Auguste, avec les honneurs di-
vins qui leur étaient accordés ont suscité de nombreuses explica-
tions et prises de position. Les uns, comme Christian Meier,
s'interrogent sur le paradoxe de l'attitude éclairée de César et de son
acceptation de ces honneurs. Les autres, comme Richard Reitzen-
stein, A. von Premerstein, J. Vogt, H. Volkmann, A. Alföldi et surtout
E. Meyer29 se contentaient d'appeler ces honneurs "Gottkönigtum"
24
Bergemann, C, Politik und Religion im spätrepublikanischen Rom (Pa-
lingenesia vol. 38), Stuttgart, 1992.
25
Bergemann 1992 :146-7, (cf. note 24). À côté d'une citation de l'ouvrage de
Cerfaux et Tondriau, qui est loin d'être le meilleur livre sur le culte des souve-
rains, la référence à Cumont est la seule référence faite à un ouvrage en langue
française; on a l'impression qu'à la régression conceptuelle correspond une cer-
taine fermeture intellectuelle, mais ce reproche vaut largement pour tous les
pays.
26
Meier, C , Res publica amissa. Eine Studie zu Verfassung und Geschichte
der späten Republik, Wiesbaden, 1966 : 142-145, 282. Meier, C, Caesar*, DTV,
1993.
27
Par exemple Meier 1993 : 343 (cf. note 26).
28
Meier 1993 : 477 sq. (cf. note 26).
29
Reitzenstein, R., Zwei religionsgeschichtliche Fragen, Straßburg, 1901, Pre-
merstein, A. von, C. r. de Taylor, L. R., The Divinity of the Roman Emperor. Mid-
dletown, 1931; Vogt, J., "Zum Herrscherkult bei Julius Caesar", in : Studies Ro-
136 JOHN SCHEID
en les dérivant, à la suite de Lily R. Taylor, du culte des rois hellénis-
tiques (malgré les avertissements de E. Bickermann30). Pourtant des
savants anglais comme A. D. Nock, et notamment en Allemagne un
article de Carl Koch31, tout aussi intéressant que celui qui a déjà été
cité, avaient démontré que les faits contredisaient cette théorie, et
que César n'avait pas été divinisé de son vivant : il bénéficiait,
comme Auguste, d'honneurs extraordinaires qui, toutefois, n'en fai-
saient pas un dieu. Cette théorie a été reprise et développée dans
l'excellent travail de Helga Gesche32. L'approche de H. Gesche et
celle de C. Koch se distinguent à la fois par un recours aux sources
digne de la critique historique et une démarche scientifique qui n'est
pas sans rappeler l'anthropologie sociale. En tout cas, leur approche
annonce les conceptions actuelles du culte dit impérial (celles de Si-
mon Price par exemple), comme un phénomène organique des so-
ciétés où il se manifeste, et non cyniquement imposé d'en haut,
comme un moyen pour exprimer ce qui n'est pas conceptualisable.
On est loin aussi des historiens qui s'intéressent presque exclusive-
ment au culte impérial parce qu'à leurs yeux il paraît conférer au
moins un sens, l'utilité politique immédiate, à une religion "creuse".
Un aspect de ce débat illustre parfaitement les blocages créés
par le mythe des origines prédéistes, c'est celui du terme Numen Au-
gusti. Malgré l'enrichissement constant des connaissances, l'enquête
s'est trouvée pendant des décennies au point mort parce que le débat
portait en fait sur le terme numen et l'évolution de la notion de dieu
en Italie primitive. Et comme toujours quand on prétend étudier l'é-
poque primitive, on parle en fait de faits historiques. C'est le cas
pour le sens des rites chez Deubner, et il en va de même pour le Nu-
men Augusti. Depuis Anton von Domaszewski33 et d'autres, le numen
est "ein wollendes Wesen", pratiquement égal dans sa nature au ge-
nius. Cette position, centrale dans l'approche prédéiste de Deubner,
Rose, Wagenvoort, Pfister, et Latte34, fut appliquée au Numen Au-
binson, St. Louis, 1953: 1138-46; Volkmann, H., Kkopatra, Munich, 1953; Alföldi,
A., Studien zu Caesar's Monarchie, Lund, 1952-3 (entre autres), et surtout Meyer,
E., Caesars Monarchie und das Prinzipat des Pompeius3, Darmstadt, 1963.
30
Bickermann 1929 (cf. note 19).
31
Koch, C , "Gottheit und Mensch im Wandel der römischen Staatsform",
in : Koch, C. 1960 : 94-113; (cf. note 21); voir aussi : Strack, P. 1938 "Zum Gott-
königtum Caesars", in : Probleme der augusteischen Erneuerung. Auf dem Wege
zum National-politischen Gymnasium, 6 : 21-27.
32
Gesche, H., Die Vergottung Caesars (F.A.S. vol. 1), Kalimünz, 1968. Ce livre
dépasse de très loin Dobesch, G., Untersuchungen zu Caesars Alleinherrschaft,
Vienne, 1966.
33
von Domaszewski, A., Abhandlungen zur römischen Religion, Leipzig,
1909 : 157.
34
Pour la bibliographie cf. Pötscher, W., "Numen und numen Augusti", in :
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 137
gusti par D. M. Pippidi35 et reprise par Jean Bayet, Pierre Boyancé,
ainsi que Cerfaux et Tondriau36. La rubrique de la Realenzyklopädie
(1937, s.v. numen) due à Friedrich Pfister se perd dans les spécula-
tions sur l'identité entre numen et genius, et malgré une collecte soi-
gnée des sources, ne résout pas le problème car elle reste sous l'em-
prise des théories primitivistes. Lily R. Taylor quant à elle avait choi-
si à peu près la même voie. Ce n'est qu'à partir de 1960 qu'une autre
opinion se forge qui part, non pas des théories surannées du pré-
déisme, mais des sources et donc des faits cultuels. Fritz Taeger ne
s'est pas encore entièrement libéré de la "puissance numineuse" ré-
sidant dans l'empereur, mais Duncan Fishwick et Walter Pötscher
franchissent le pas37. Il est significatif de la lenteur de cette évolution
que dans le même volume de ANRW, Robert Muth tente malgré tout
de sauver la notion traditionnelle de numeniS, en renvoyant prudem-
ment, en note, aux "nötige Richtigstellungen" de Pötscher, dont le
caractère parfois embarrassé en dit d'ailleurs long sur le poids de
cette théorie. Bien plus tôt, Carl Koch39 avait, une fois de plus, ébau-
ché en quelques phrases une approche différente, en considérant
que par le culte du Numen Augusti, le prince n'était pas divinisé,
mais situé entre dieux et hommes. Cette présentation ne trouve tou-
tefois pas grâce aux yeux de Pötscher, sans doute pour des raisons
autres que scientifiques.
6. Tous les problèmes concernant l'époque de César se reposent
pour les restaurations religieuses d'Auguste.
Depuis le XIXe s. les initiatives religieuses du principat d'Auguste
sont jugées négativement, en fonction des schémas hégéliens qui po-
saient la mort définitive de la religion romaine au début de l'Empire.
Ludwig Preller, Joachim Marquardt, Emil Aust ou Georg Wissowa,
par exemple40, en signalaient les limites et leur incapacité de changer
ANRW II, A., 355-392. On y ajoutera : Bouché-Leclercq, A., Manuel des institu-
tions romaines, Paris, 1886 : 460.
35
Pippidi, D. M., "Le numen Augusti. Observations sur une forme occiden-
tale du culte impérial", in : REL, 9, 1931 : 83 sq.
36
Bayet, J., Histoire politique et psychologique de la religion romaine2 (1956),
1974, Paris : 184. Bayet qui pourtant ne suivait pas Rose, Pfister et Wagenvoort
op. cit. 109; Boyancé, P., Etudes sur la religion romaine, Rome, 1972 : 35 sq.; Cer-
faux, L. & Tondriau J., Le culte des souverains dans la civilisation gréco-romaine,
Tournai, 1957 : 325.
37
Taeger, F., Charisma. Studien zur Geschichte des antiken Herrscherkultes,
2, Stuttgart, 1960 : 145 sq.; Fishwick, D, "Genius and numen" in : HTHR, 1969,
62 : 358 sq.; Pötscher 1978 : 355-392 (cf. note 34).
38
Muth, R., "Vom Wesen römischer Religio", in : ANRW, II, 16, 1 : 292-354,
notamment 315 sq.
39
Koch 1960 : 111 (cf. note 21). L'article date de 1942.
40
Preller, L., Römische Mythologie, (1858) Berlin, 1881-3 : 23-28; Marquardt,
138 JOHN SCHEID
le cours de l'histoire. Au fond seul le culte impérial aurait réussi à
s'instaurer. Un ton plus mesuré, sans doute emprunté à ce qui s'écri-
vait à la même époque en France (notamment par Boissier), se trouve
chez Victor Gardthausen41, mais il interprète l'ensemble en fonction
de la seule utilité politique. Ces idées sont développées chez A. E. Hol-
werda42, pour qui les réformes d'Auguste étaient un succès, car elles
avaient su réveiller les forces religieuses et morales de l'époque. Bref,
d'une manière ou d'une autre, tiraillés entre le témoignage des
sources et le "dogme" de l'impossible religion réformée par Auguste,
les historiens allemands du tournant du siècle essayaient de se dé-
faire des pesanteurs idéologiques des schémas hégéliens. Cette ap-
proche ambiguë continue de déterminer l'historiographie jusqu'à ce
jour. Kurt Latte43 parle d'échec malgré le recours à des interpréta-
tions symboliques des formes traditionnelles du culte devenues d'a-
près lui incompréhensibles. Plus récemment encore, dans une étude
qui réunit à peu près tous les contre-sens imaginables sur la religion
romaine, Wilhelm Speyer44 répète à l'envi le poncif du cynisme reli-
gieux de l'élite romaine. Le traitement plat de la "politique religieuse"
d'Auguste - le terme même est significatif - par Dieter Kienast45 se si-
tue en fait par les références dans la lignée des interprétations de
Meyer, Eitrem, Taeger, Alföldi et autres constructeurs d'ères de re-
nouveau ésotérique, même si les énormes notes bibliographiques, qui
fleurissent particulièrement chez ces amateurs impénitents du rap-
prochement rapide, associent très souvent des auteurs aux opinions
fortement sinon radicalement divergentes. Il n'est donc guère éton-
nant que D. Kienast ne mentionne et n'utilise pas dans son exposé sur
l'œuvre religieuse d'Auguste l'article de C. Koch (Der altrömische
Staatskult...) qui pourtant ouvre en quelques pages des perspectives,
discutables, certes, mais innovatrices.
Il est significatif de ce désintérêt profond pour la religion prati-
quée par l'élite romaine - la religion de type populaire ou simple-
ment privée telle qu'elle est révélée par les papyrus "magiques" égyp-
tiens subit longtemps le même anathème46, mais ce n'est pas notre
J. & Wissowa G., Die römischen Kultusaltertümer2 (Handbuch der römischen Al-
tertümer tome 3), 1885 : 71 sq.; Aust, E., Die Religion der Römer, Munich, 1899 :
90-94; Wissowa 1912 : 73-77 (cf. note l).
41
Gardthausen, V., Augustus und seine Zeit, Leipzig, 1891, I, 2 : 865-886.
42
Holwerda, A. E., "Die Römer", in : P. D. Chantepie de La Saussaye. Lehr-
buch der Religionsgeschichte, II, Tübingen, 1905 : 479-484.
43
Latte 1960 : 294-311 (cf. note l).
44
Speyer, W., "Das Verhältnis des Augustus zur Religion", in : ANRW, U, 16,
3, 1771-1805.
45
Kienast, D., Augustus. Prinzeps und Monarch, Darmstadt, 1992 : 183-214.
46
Graf, Fr., La magie dans l'antiquité gréco-romaine, Paris, 1994 : 19 sq.
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 139
sujet - que les deux documents les plus exhaustifs et intéressants sur
la religion publique à l'époque augustéenne, les commentaires des
Jeux séculaires et ceux des frères arvales ne furent pratiquement pas
étudiés en pays allemand après leur publication, à la fin du XLXe
siècle, par W. Henzen, Th. Mommsen et Ch. Huelsen. Ou quand ils
l'étaient, c'était pour leurs éléments "respectables". Dans son article
de la RE sur les Saeculares Ludi, Martin P. Nilsson s'occupe longue-
ment des questions de saeculum et d'ères de renouveau, mais ne
commente pratiquement pas les rites conservés par les comptes ren-
dus épigraphiques. Et après le commentaire par Wissowa d'une im-
portante inscription arvale découverte en 191447, la seule étude im-
portante consacrée aux commentaires des Arvales fut le magistral
travail d'Eduard Norden sur le carmen arvale, donc encore sur un
élément archaïque du culte sorti de son contexte historique. Pour-
tant Wissowa avait signalé dans son étude tout l'intérêt de ces rites,
qu'il entrevoyait enfin. Mais Norden étudiait la langue latine plutôt
que la religion romaine, et son intérêt dans le domaine de l'histoire
des religions allait plutôt au christianisme et à ses prodromes. Il suf-
fit de consulter sa bibliographie et la préface enthousiaste qu'il écri-
vit en 1928 pour la réédition des Göttemamen de H. Usener, réunis-
sant à ses yeux les spéculations sur la période la plus archaïque et
sur la propension vers le monothéisme, suivi par le retour "naturel"
au polythéisme ("Dreiheit, Mutter Gottes, die Heiligen"48). La reli-
gion quotidienne de l'époque de César, d'Auguste et de Caracalla n'y
pouvait pas trouver de place.
Dans l'ensemble, on a donc l'impression que, malgré quelques
voix divergentes, les historiens allemands sont tombés de la tutelle
des schémas historiques hérités de l'idéalisme dans celle du "primi-
tivisme" et du "prédéisme". Dans les deux cas, le ritualisme réputé
décevant de l'époque historique pouvait être évacué, et l'attention
pouvait se concentrer sur les substituts qu'on leur trouvait : la philo-
sophie, l'ésotérisme, le pur calcul politique.
Mais ces tendances ne sont pas seulement une caractéristique
de l'approche allemande des faits religieux de la fin de la République
et du début de l'Empire. Elles sont propres à tous les pays et s'expli-
quent par le fait que, jusqu'à une date relativement proche, la ques-
tion de la religion romaine était mal posée.
John SCHEID
47
Wissowa, G., "Zum Ritual der Arvalbrüder", in : Hermes 52, 1917 : 321-
34?, notamment : 347.
48
Norden in : H. Usener 1896, IV (cf. note l).
10
140 JOHN SCHEID
JOCHEN MARTIN
Kommentar zu John Scheid
Mein Interesse an der römischen Religion kommt einmal von der Fami-
liengeschichte her, zum anderen von der Spätantike : ich bin der Meinung,
daß sich religiöse Traditionen der Römer auch im westlichen Christentum
durchhalten, und zwar teilweise bis heute. Deshalb habe ich mich auch mit
der römischen Religion beschäftigt, freilich nur begrenzt in eigenen For-
schungen.
Der Analyse Scheids zur deutschen religionshistorischen Forschung
stimme ich zu. In der Tat wird vielfach die Frage nach den Ursprüngen der
römischen Religion gestellt und werden, in Verbindung damit, Darstellun-
gen der Entwicklungsgeschichte geboten. Dabei gerät dann die späte Repu-
blik unter Verdikte wie "Zersetzung", "Verfall der Staatsreligion", "Politisie-
rung" etc. (Wissowa S. 70). Mit der Religion des Prinzipats kann man dann
nur schwer umgehen. Auch mir scheint ein Dekadenzschema kein geeigne-
tes Mittel zu sein, um die Geschichte der römischen Religion zu erfassen.
Die Entwicklungsgeschichte beherrscht freilich selbst in allgemeinen
Arbeiten nicht die gesamte Präsentation. Wissowa z.B. bietet im zweiten
Teil von "Religion und Kultus" eine Darstellung der Götter und vor allem im
dritten Teil eine Analyse der "Formen der Götterverehrung". Ich habe diesen
Teil oft benutzt und vieles daraus gelernt. Er weist auch viele Parallelen auf
zu dem, was John Scheid selber in seinem Buch über die römische Religion
oder in seiner Zusammenfassung (in : François Jacques-John Scheid, Rome
et l'intégration de l'Empire, Bd. 1, Paris 1990) gesagt hat. Und es ist ein Ver-
gnügen zu lesen, mit welcher Klarheit John Scheid über die römische Reli-
gion schreibt : Er betont deren Gemeinschaftscharakter, ihre rituellen Voll-
züge; er spricht nicht von der römischen Religion, sondern von den römi-
schen Religionen; den bis heute noch häufig gebrauchten Begriff einer
römischen Staatsreligion lehnt er m. E. völlig zu Recht ab.
Nun könnte die Kritik Scheids an der deutschen Religionsgeschichte so
gelesen werden, daß nach seiner Auffassung die römische Religion einen re-
lativ statischen Charakter gehabt, sich nicht verändert habe. Meine Frage in
diesem Zusammenhang ist eine konzeptionelle : Stellt John Scheid den
deutschen Konzeptionen von "Entwicklung" und "Dekadenz" so etwas wie
ein "Staatsrecht" der römischen Religion gegenüber? Gibt es also so etwas
wie einen unveränderlichen Charakter der römischen Religion, der sich bis
ins dritte nachchristliche Jahrhundert durchgehalten hat, und sind alle Ver-
änderungen bis dahin nur akzidentelle, die den Rahmen des Bestehenden
nicht sprengten? Mit dem schlichten Verweis auf die Quellen, deren Wich-
tigkeit John Scheid immer wieder hervorhebt, läßt sich diese Frage nicht be-
antworten. Es bedarf eines theoretischen Ansatzes.
Wie also kann, und darauf zielt meine Frage, eine Geschichte der römi-
schen Religion konstituiert werden? Um die Frage zu erläutern, beziehe ich
mich auf Scheids eigene Ausführungen zum "Kaiserkult". Dieser sei im Rah-
men sozialanthropologischer Forschungen begriffen worden "comme un
phénomène organique des sociétés où il se manifeste." Im schon erwähnten
Band zur römischen Kaiserzeit führt Scheid aus, durch den Kaiserkult sei
LA RELIGION ROMAINE À LA FIN DE LA RÉPUBLIQUE ET AU DÉBUT 141
der Herrscher zwischen Menschen und Götter gestellt worden; die Men-
schen hätten "durch diese Ambiguität die nicht faßbare Figur der neuen po-
litischen Macht" ausgedrückt. Freilich handelt es sich auch bei dieser Erklä-
rung, die übrigens in ähnlicher Form durch das Buch von Paul Zanker "Au-
gustus und die Macht der Bilder" nahegelegt wird, um eine funktionale. Sie
ersetzt die Annahme, Augustus und seine Nachfolger hätten den Kaiserkult
zur Überhöhung der eigenen Macht "mißbraucht", durch eine Erklärung
"von unten" : die Reichsbewohner hätten das Bedürfnis gehabt, sich eine
Vorstellung von der neuen kaiserlichen Machtfülle zu schaffen. Damit ist
nun aber über das Problem der Kontinuität oder Diskontinuität der römi-
schen Religion noch nichts ausgesagt. Gehört das Phänomen, daß Menschen
mit großer Machtfülle zwischen Menschen und Götter gestellt werden, zu
den traditionellen religiösen Ausdrucksmöglichkeiten der römischen Kultur
oder läßt es sich "organisch" aus ihr ableiten? Griechen wie Römern war die
Vorstellung gemeinsam, daß die Götter Macht verkörpern, und zwar mehr
Macht, als sie Menschen zukommt. Dennoch haben, wenn ich recht sehe,
die Römer der Republik bis zum Ende des 2. Jahrhunderts v. Chr. weder po-
litische Macht als gottvermittelte begriffen noch Konsuln oder Heerfülirer in
die Nähe von Göttern gerückt. Wenn das dann im Kaiserkult geschieht, ob-
wohl die lebenden Herrscher nicht vergöttlicht werden, dann könnte es sich
dabei um eine Übernahme aus einem anderen religiösen Formenkreis han-
deln. Zugleich ist eine solche Anschauung vom Herrscher auch ein Indiz da-
für, daß sich die Vorstellungen von Politik, von politischen Handlungszu-
sammenhängen und -möglichkeiten verändern.
Damit sind sicher nicht alle Konstituenzien für eine Religionsgeschichte
genannt. Jede Religionsgeschichte muß Rechenschaft darüber geben, auf
welche Fragen, welche Bedürfnisse Formen des religiösen Vollzugs bzw. re-
ligiöse Anschauungen antworten. Daneben scheinen mir aber die Fragen
wichtig zu sein, inwiefern solche Formen und Anschauungen kulturell be-
stimmt sind und wie sie sich zu anderen gesellschaftlich-politischen Hand-
lungszusammenhängen verhalten. John Scheid hat sich mit Recht dagegen
gewandt, die Geschichte der römischen Religion als Geschichte einer Deka-
denz zu verstehen. Sie abzulehnen rechtfertigt aber noch nicht die Behaup-
tung, die römische Religion habe sich bis zum 3. nachchristlichen Jahrhun-
dert kaum verändert.
Um die deutschen Forschungspositionen zu erklären, verweist John
Scheid auf Hegel und auf die Romantik. Aber Hegel hatte in der Regel keine
Konjunktur unter deutschen Historikern dieses Jahrhunderts, und daß viele
Romantiker waren, möchte ich bezweifeln. Sind wir also alle Kryptohegelia-
ner oder Kryptoromantiker? Scheids Argument macht m.E. nur dann Sinn,
wenn man es in Beziehung setzt zu bestimmten Vorstellungen vom frühen
Christentum, in denen dieses - wegen der personalen Beziehung zu einem
personalen Gott, wegen des Gottesbegriffs generell, wegen der christlichen
Vorstellung vom Gewissen etc. - nun in der Tat als "Fortschritt" gegenüber
der paganen Religion verstanden wurde. Darüber ist hier nicht zu rechten.
Aufschlußreich ist nur, daß gerade diejenigen, die das Christentum in schar-
fer Antithese zum Heidentum begriffen, oft selber gezwungen waren, die Ge-
schichte des frühen Christentums als Dekadenzgeschichte zu konzipieren.
Man sprach dann vom "Frühkatholizismus", von einer starken Institutiona-
142 JOHN SCHEID
lisierung und Verrechtlichung des Christentums oder davon, daß die leben-
dige Tradition des Anfangs zu einem festen, an das Amt gebundenen tradi-
tum geworden sei. Nimmt man noch den Ritualismus hinzu, dessen Früh-
formen sich z.B. im Ketzertaufstreit zeigen, dann haben wir es bei dem, was
vor allem am westlichen Christentum inkriminiert wird, gerade mit kenn-
zeichnenden Merkmalen der paganen römischen Religion zu tun, anders
ausgedrückt : die kulturell bestimmten religiösen Ausdrucksformen des Hei-
dentums halten sich auch noch über dessen Ende hinaus durch.
Ebenso wie die Dekadenztheorie und die Frage nach den Ursprüngen
der römischen Religion deren Charakter verdunkelt haben, so hat auch die
Konstruktion eines ursprünglichen, reinen Christentums die Erkenntnis kul-
turbedingter Ausformungen des Christentums - und nur über solche ist es
uns zugänglich - verhindert. Andererseits ist klar, daß mit dem Christentum
etwas Neues in die Welt der Antike getreten ist. Kontinuitäten und Brüche
liegen also nebeneinander.
Noch eine letzte Bemerkung zum Schluß. Arno Borst hat einmal gesagt,
die Frage nach den Ursprüngen sei eine theologische. Die Annales-Schule in
Frankreich hat statt genetischer Fragen bevorzugt Lebensformen und funk-
tionale Zusammenhänge behandelt. Sie ist in Deutschland lange Zeit kaum
rezipiert worden. Ich frage mich, ob dafür auch ein jeweils anderes intellek-
tuelles Klima in den beiden Ländern verantwortlich ist. In Frankreich
scheint viel stärker als in Deutschland Geschichte auch Bestandteil der intel-
lektuellen Kommunikation zu sein (man vergleiche etwa die Auflagenhöhen,
die Zeitschriften wie L'Histoire erreichen). Dabei geht es durchaus nicht nur
oder nicht primär um Orientierung in der Gegenwart, sondern eher um
Neugier, Interesse am Anderen, um ein intellektuelles Spiel. Dagegen ent-
springt das Interesse an Ursprüngen - und das meinte Borst - gleichsam un-
mittelbar dem Bedürfnis nach Selbstvergewisserung, Orientierung in der
Gegenwart. Vielleicht erhält auch aus dieser Perspektive Scheids Analyse
der deutschen Religionshistorie ein besonderes Relief.
MICHEL HUMBERT
LA ROMANISATION DE L'ITALIE,
DE BELOCH À RUDOLPH
L'histoire au deuxième degré, l'histoire des historiens est pro-
bablement le pire genre qui soit. Aux difficultés inhérentes à l'his-
toire s'ajoute l'audace douteuse de vouloir enfermer en une catégo-
rie forcément réductrice et simplificatrice un historien, pour en
faire un objet d'étude, l'échantillon d'une méthode, le spécimen
d'une époque (comme une fougère ou un papillon exotique), le re-
présentent d'une idéologie (comme un voyageur lointain soupçonné
de rapporter un virus plus ou moins identifié). Tous ces inconvé-
nients sont encore décuplés lorsque l'on se mêle de la culture scienti-
fique d'un pays voisin et ami : contresens, approximations, fautes de
goût sont inévitables. Et ces hésitations ne sont pas, de ma part, des
précautions de forme : j'en suis trop intimement convaincu. Mais
puisque le genre l'exige, je proposerai mon modeste point de vue.
De 1880 à 1939, trois approches nettement typées, mais toutes
trois très fructueuses, voient le jour concernant la romanisation de
l'Italie : 3 noms : Beloch, Rosenberg, Rudolph. L'absence d'un nom,
de Mommsen naturellement, peut surprendre - mais je le placerai
aux côtés, presque dans l'ombre de Beloch. Kornemann aurait méri-
té de figurer mais on peut ne pas le dissocier de Rosenberg.
I - L'INCLASSABLE K. JULIUS BELOCH
Lorsque paraît à Leipzig en 1880, Der Italische Bund unter Roms
Hegemonie, Staatsrechtliche und statistische Forschungen, Beloch a
juste 26 ans. Très tôt, pour des raisons de santé, il a quitté la Silésie
prussienne, où il est né en 1854, à Lüben (aujourd'hui Lubin en Po-
logne) d'une famille de propriétaires fonciers1. En Sicile d'abord,
1
L'essentiel des informations sur la vie et l'œuvre de Karl Julius Beloch pro-
vient de l'autobiographie que Beloch a rédigée en 1926 - soit trois ans avant sa
mort - et publiée dans Siegfried, Steinberg (éd.), Die Geschichtswissenschaft der
Gegenwart in Selbstdarstellungen, 2, Leipzig, 1926, 1-27. Cet autoportrait, qui
donne un aperçu du style incisif, polémique souvent, jamais apaisé de Beloch, a
servi de point de départ aux biographies rédigées par la suite sur Beloch : notam-
ment les pages que lui a consacrées Momigliano A., Dizion. Biografico degli Italia-
144 MICHEL HUMBERT
puis à Rome, il achève ses études secondaires et conduit avec une
exceptionnelle précocité des études supérieures brillantes. A 25 ans,
il est docteur avec une thèse sur l'histoire du peuplement de la Cam-
panie 2 ; mais depuis deux ans déjà la Sapienza l'a appelé comme pro-
fesseur extraordinaire. Avant même son ouvrage sur la Campanie,
premier jalon d'une histoire totale de la démographie qui le préoc-
cupera toute sa vie, Beloch a publié des études sur l'Iliade, sur le
peuplement de la Sicile antique, sur la constitution politique de l'E-
lide. Dès les premiers travaux de cet autodidacte passionné, curieux
de tout (en particulier des sciences de la nature), muni d'une excel-
lente culture philologique mais resté à l'écart de tout apprentissage
du droit, on peut remarquer une formation marginale pour un Aka-
demiker, une très grande familiarité avec l'Italie qu'il sillonne en
tout sens, une vive sensibilité pour la démographie et les mouve-
ments de population. Beloch associe à une connaissance intime du
terrain le sens d'une histoire générale (la Grèce homérique et clas-
sique, la Sicile, la République romaine), qui se révélera proche de
l'œuvre de l'ultime et du plus illustre représentant de l'histoire uni-
verselle, Eduard Meyer. Ces atouts expliquent, avec le génie propre
de Beloch, l'extrême originalité de son Italischer Bund3.
A) Marginalité, rupture
On ne peut s'empêcher d'évoquer en ces termes le profil scienti-
fique et l'œuvre de Beloch. Un goût certain pour la provocation et
même pour l'invective - alors que les traditions universitaires af-
fectent habituellement de fuir la polémique - encouragent résolu-
ment K. J. Beloch à poursuivre une originalité de principe et à ne
pas tenir compte des réticences de ses critiques, incrédules ou
conservateurs. Avec une vigueur juvénile, il dénonce - non sans rai-
son - l'histoire traditionnelle, descriptive et érudite, au sens, bien
sûr, d'une érudition descriptive, même si, depuis Niebuhr, elle est
devenue critique. Que l'on songe, par exemple, à la méthode d'un L.
Lange, dont les Römische Alterthümer ont paru en 1854-1862 pour la
ni, 8, 32-45 = Teno contribute alla storia... Rome, 1966 : 239-265, ou celles qui,
dans un volume collectif, se sont attachées à divers aspects de la personnalité et
dei' oeuvre de Beloch : Polverini, L. (sous la direction), Aspetti délia Storiografia di
Giulio Beloch, Naples, 1990 (Incontri Perugini di Storia délia Storiografia antica e
sul mondo antico, I, Acquasparta, 1986, Pubbl. 1st. Storia Antica di Perugia), cf.
notamment Polverini, page 12. Je remercie vivement ma collègue Th. Hantos qui
a bien voulu me faire parvenir une copie de l'autobiographie de Beloch.
2
Beloch, Karl Julius, Campanien. Geschichte und Topographie des antiken
Neapel und seiner Umgebung, Berlin, 1879. Une deuxième édition, enrichie de cor-
rections et d'additifs, a vu le jour à Breslau en 1890.
3
Beloch, Karl Julius, Der Italische Bund unter Roms Hegemonie, Leipzig,
1880 : 237, réimprimé à Rome en 1964.
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 145
première édition; la méthode tient de l'inventaire analytique. On hé-
site à qualifier ce catalogue parfaitement figé des institutions, dont
l'ambition ne relève ni de l'histoire, ni du droit constitutionnel ou
public. Il était urgent de dénoncer les limites d'une approche sta-
tique de l'histoire de Rome, dont l'écho restait confiné aux cabinets
de lecture savante, aux exercices académiques, aux curiosités des ar-
chéologues.
Certes, Beloch, dans son plaidoyer pour une histoire nouvelle
eut un prédécesseur, et quel précurseur! La Römische Geschichte de
Mommsen, parue entre 1854 et 1856, influencera profondément Be-
loch qui reconnaîtra tout ce qu'il dut à cette admirable vision re-
nouvelée, vivante et complète de l'histoire de Rome. Le livre II, tout
particulièrement, consacré à la conquête de l'Italie, en des pages qui
eussent mérité de rester définitives, rompt avec la vision romano-
centriste et déformante de l'Annalistique. Si la raison porte Momm-
sen à expliquer pourquoi Rome mérita d'imposer sa loi aux nations
italiques, le cœur ne cesse de l'emporter vers la cause des Samnites :
vibrante leçon aux nations allemandes engagées dans le processus
de l'unité et mise en garde contre un déséquilibre qui pourrait don-
ner à la Prusse la place presque exclusive que Rome s'est attribuée
dans la conquête territoriale et institutionnelle de l'Italie.
Ce modèle d'histoire a incontestablement séduit Beloch, mais il
sut lui donner une autre orientation. Positiviste4, Beloch, dès son
premier travail sur le peuplement de la Campanie, s'interroge sur les
forces constitutives de la puissance d'une nation. Entre les talents
individuels de personnages d'exception et les forces collectives ou
matérielles, à savoir la terre et les hommes, il n'hésite pas un instant.
C'est à ces derniers qu'il reconnaît le rôle décisif dans l'histoire des
peuples. C'est à ceux-ci que, avec une constance remarquable, il
consacrera l'essentiel de ses travaux - et c'est là qu'il laissera un
nom. On doit donc parler d'une méthode rigoureuse chez Beloch :
l'histoire doit être avant tout une histoire du peuplement, une his-
toire démographique - et accessoirement une histoire territoriale.
Comme il se plaira à le redire en une formule lapidaire dans l'intro-
duction de sa Griechische Geschichte, "un général vaut plus par le
nombre des soldats dont il dispose que par ses propres capacités
personnelles"5.
La production scientifique de Beloch répondra ainsi à un pro-
gramme construit. Après sa première étude sur le territoire et le peu-
plement de la Campanie (1879), vient le tour de Yltalischer Bund
4
Näf, B. "Die Geschichtskonzeption Belochs" in : Polverini 1990 : 21-35, no-
tam. 23 (cf. note 1).
5
Beloch, Karl Julius, Griechische Geschichte, (2ème éd.), I, 1, Strassburg, 1912,
("Einleitung. Die Persönlichkeit in der Geschichte") 6.
146 MICHEL HUMBERT
(1880), étude globale de l'assise territoriale et des capacités mili-
taires de la confédération italique sous l'autorité de Rome, avant le
grand (mais encore prématuré) ouvrage de synthèse sur la démo-
graphie du monde gréco-romain (Die Bevölkerung der griechisch-
römischen Welt, Leipzig, 1886). Préoccupé d'une Bevölkerungstheo-
rie, il veut hisser l'histoire de l'occupation du sol - mais étudiée pour
ses seules incidences militaires - au niveau d'une science, la démo-
graphie (Bevölkerungslehre). Ce n'est pas en effet l'aspect écono-
mique en tant que tel de l'occupation ou de l'exploitation du sol qui
préoccupe Beloch6 : le problème de Yager publicus, ses formes
(économiques ou juridiques) d'exploitation tiennent moins de place
dans son œuvre que dans la Römische Geschichte de Mommsen; car
le chiffre de la population, en soi, n'importe pas. Seul compte pour
l'histoire d'un peuple le nombre d'individus mobilisables. "La puis-
sance économique et militaire d'un Etat repose exclusivement sur sa
population mâle adulte; ce serait une erreur grossière que de vouloir
évaluer par exemple la puissance relative de l'Allemagne et celle de
la France en comparant le chiffre de leurs populations globales res-
pectives"7. C'est ainsi que, de façon très cohérente, YItalischer Bund,
en tant que "étude sur l'extension du domaine romain en Italie avant
la guerre sociale", s'insère logiquement entre le livre sur la Campa-
nie et le premier essai de synthèse sur la démographie historique.
Pour en rester à Yltalischer Bund, étude dont Beloch soulignera
lui-même dans son testament spirituel qu'elle n'avait jamais été en-
treprise avant lui8, je relèverai plusieurs points.
B) L Italischer Bund
1 - Le choix du thème marque, par lui-même, une date. L'étude
de Beloch est la première d'une longue série - poursuivie encore de
nos jours - d'études consacrées à l'implantation de l'autorité ro-
maine en Italie. Sans doute Mommsen, aussi préoccupé que Beloch
par la gestation de l'unité allemande et beaucoup plus engagé poli-
6
Voir ici les remarques de Gabba, E., "Rileggendo 'Der Italische Bund' di Ju-
lius Beloch" in : Polverini 1990 : 171-176, notamment : 173 (cf. note 1).
7
"Beruht doch die wirtschaftliche und militärische Kraft eines Staates aus-
schliesslich auf seiner erwachsenen männlichen Bevölkerung; und es wäre ein
schwerer Irrthum, die relative Macht, z. B. Deutschlands und Frankreichs nach
dem Verhältnis ihrer Gesamtbevölkerung schätzen zu wollen", Der Italische
Bund, p. 77, n. 1.
8
Beloch, K. J. in : Steinberg 1926 : 10 (cf. note l) : "meine bevölkerungsge-
schichtlichen Forschungen machten eine Untersuchung über die Ausdehnung
des römischen Gebietes in Italien vor dem Sozialkrieg notwendig, die bis dahin
noch niemals vorgenommen worden war, von so fundamentaler Bedeutung diese
Frage für das Verständnis der ganzen älteren römischen Geschichte auch ist".
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 147
tiquement9, avait montré la voie par sa Römische Geschichte. Mais
dans cette œuvre, le traitement de l'Italie n'occupe qu'une place res-
treinte; quelques pages seulement10 sont réservées au problème ma-
jeur de la conquête. Si bien que l'on peut dire que si l'idéologie uni-
taire est commune à Mommsen et à Beloch, ce dernier seul s'y
consacre en totalité.
Tant par ses études antérieures (Denys de Syracuse) que par
celles qui suivirent {'Italischer Bund (travaux sur la Macédoine, où
Philippe II capte l'admiration que d'autres savants réservaient à Dé-
mosthène), Beloch ne cache pas la séduction que lui inspirent les
manifestations d'un pouvoir fort. L'Italischer Bund n'est pas, certes,
une histoire politique des étapes de l'impérialisme romain, mais il
scrute néanmoins les moyens d'incorporation d'une fédération pri-
mitivement lâche. L'histoire de la confédération italienne est l'his-
toire d'une unité réussie, bien que subie. Le rapport des forces est
permanent et essentiel entre les diverses nations destinées à s'unir.
La soumission de l'Italie à la loi de Rome fournit à l'idéologie uni-
taire un argument exemplaire. L'unité allemande ne précède que de
dix ans la publication de Yltalischer Bund.
2 - Par son angle d'analyse, l'étude manifeste une originalité
plus forte encore. Les préoccupations de Beloch sont éminemment
concrètes. Il s'en explique dès son avant-propos. L'étude engagée
n'est pas une étude de droit administratif ni d'histoire du droit pu-
blic, mais une étude territoriale : Untersuchung über die Territo-
rialverhältnisse des vorsullanischen Italiens, ainsi que le précise le
sous-titre de l'ouvrage.
Les divisions administratives, dans l'esprit de Beloch, doivent
être approchées d'abord en situation dans l'espace; car elles sont
avant tout territoriales. Le forum, le pagus, le vicus, les conciliabula
ne peuvent être définis qu'une fois leur fonction connue : un carre-
four, un lieu de regroupement de tributes isolés, une appartenance
commune à un habitat dispersé. On comprend immédiatement quel
fut l'instrument d'investigation privilégié et le meilleur support des
démonstrations de Beloch : des cartes. La carte est l'outil qui
contient à lui seul l'audace de Beloch et concentre l'essentiel de son
questionnement. L'histoire institutionnelle et politique s'inscrit avec
Beloch dans le cadre plus large de la géographie historique.
9
Beloch, maintenu toujours éloigné de l'Allemagne, puisque sa carrière uni-
versitaire, bloquée par l'hostilité de Mommsen, ne put s'y épanouir, exprima au
terme de sa vie ses regrets de n'avoir pu participer activement à la vie politique de
son pays natal. Cf. Beloch in Steinberg, 1926, p. 27 (cf. note 1).
10
Voir ici le rapport de Th. Hantos : la domination romaine de l'Italie trouve
dans la Römische Geschichte une place beaucoup plus réduite que la guerre
contre Pyrrhus, par exemple.
148 MICHEL HUMBERT
On peut prendre l'exemple des tribus qui jouent naturellement
une place essentielle dans l'ouvrage de Beloch - puisque la romani-
sation, c'est d'abord l'extension du nombre et de l'étendue des tribus.
La démarche de Beloch est recursive. Il part des régions augus-
téennes, atteint ensuite les tribus républicaines à l'heure de leur plus
grande dimension et tente enfin de reconstituer à partir de là les
concessions progressives de la citoyenneté optimo iure. Le report sur
le terrain (c'est-à-dire sur une carte) est une épreuve redoutable : car
des incohérences (en terme de discontinuité de l'occupation, sous
forme de vides inacceptables) n'apparaissent qu'au terme du recours
à ce banc d'essai. La nature même des conditions d'appartenance à
une tribu s'en est trouvée renouvelée : car on peut passer dès lors du
concret au juridique, et des contraintes matérielles à la définition
abstraite ou à la théorie. Mommsen enseignait que seules les par-
celles possédées à titre de propriétaire (distributions viritim) étaient
inscrites dans les tribus. Mais si l'on tente de projeter sur le terrain
une telle définition de la tribu, on aboutit à un non-sens : la tribu
perd toute cohésion, consistance ou cohérence et devient une cir-
conscription artificielle regroupant un certain nombre de propriétés
disséminées au milieu d'étendues d'ager publicus. Si, au contraire,
on s'efforce de reconstituer les tribus et de les placer les unes par
rapport aux autres en suivant les étapes de leur création, les zones
de discontinuité disparaissent - mais il est clair qu'il n'est plus pos-
sible de soustraire au territoire des tribus (et à leur recensement) les
occupations d'ager publicus. La définition de la tribu, le lien citoyen-
tribu, la place dans le census de Yager publicus paraissent comman-
dés par cette reconstitution historique et géographique : préalable-
ment territoriale.
La rétablissement de Yager Romanus primitif suit chez Beloch
la même démarche. Les tribus primitives qui constituent cet ager
sont identifiées à l'aide de toponymes, puis localisées; dès lors la
date de leur création progressive peut être suggérée. Il est ensuite
possible à Beloch de donner une analyse neuve de la nature et du
contenu du foedus Cassianum, la charte romano-latine dont dé-
couleront, pour deux siècles, et les relations entre Rome et ses al-
liés latins, et la vocation des premières colonies latines. La per-
tinence de la méthode saute aux yeux; il suffit, pour s'en
convaincre, de citer YEarly Rome and the Latins d'A. Alfoldy
(1965), qui près d'un siècle après Beloch en a repris les principes
féconds et confirmé bien des résultats.
Le traitement de ces lieux-dits que forment les conciliabula
paraît tout aussi exemplaire. Car Beloch ne se contente pas de les
répartir ou d'en révéler la vocation en les situant au carrefour des
routes ou au cœur des implantations viritanes; mais dans une
préoccupation véritablement historique, c'est-à-dire dynamique, il
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 149
s'attache à leur évolution et découvre, dans les listes tardives de
Pline, leur conversion en municipia. Ne tient-il pas alors l'une des
preuves les plus tangibles d'une implantation locale réussie? Ces
cellules d'administration locale artificiellement créées se sont
muées au fil des siècles en des centres administratifs vivants et au-
tonomes".
Ce n'est pas ici le lieu de s'attarder sur les progrès décisifs que
l'histoire administrative a réalisés grâce à la sensibilité de Beloch
aux realia. Ses recherches de démographie - densité et variations du
peuplement de l'Italie - en ont profité les premières : elles n'ont pas
été renouvelées fondamentalement aujourd'hui.
3 - L'autorité de Rome sur les peuples italiques définie comme un
'Bund'. L'analyse de la "confédération" italienne comme une ligue
(Bund) remonte peut-être à Mommsen - quelques expressions
éparses de la Römische Geschichte le laissent penser12. Mais c'est le
mérite de Beloch d'avoir recueilli cette intuition, de l'avoir magis-
tralement développée et d'avoir imposé avec succès cette très heu-
reuse et féconde perception des rapports romano-italiques avant la
Guerre Sociale.
Le terme de Bund est remarquablement ambigu, à l'image de la
réalité italienne (ou italique) à laquelle il s'applique. Beloch est par-
faitement conscient que l'Italie n'est pas une confédération au sens
juridique du terme13. En effet - et l'on saisit l'aspect négatif qui tra-
duit l'infériorité de la condition des Italiens, donc la supériorité de
Rome -, les socii, placés dans un isolement organisé et contraint,
n'ont aucun lien entre eux. Il n'y a pas d'organes de représentation ni
de structure fédérale qui, en droit ou en fait, fasse entendre la voix
des Italiens face à Rome. Les peuples ou nations italiques, Om-
briens, Etrusques, Samnites, ne peuvent donc prétendre constituer
un Etat fédéral, ni même une ligue; car Rome, par un fractionne-
ment voulu, s'est gardée de fournir aux Italiens les éléments d'une
unité qui se fût immanquablement retournée contre elle. A ce titre,
le terme de Bund paraît déplacé : et certains auteurs, restés sourds
(ou dans l'ignorance) de la thèse de Beloch, l'éviteront soigneuse-
ment. Ainsi E. Herzog14 (1884), ne dépassera pas cet aspect juridico-
11
Der Italische Bund, p. 102-117.
12
Mommsen, Th., Römische Geschichte, F livre 2, chap. 7, Berlin, 1881,
p. 424, 426 (die italische Eidgenossenschaft), p. 428 (die italische Bundesgenos-
senschaft). Mais l'expression italischer Bund ne se trouve pas précisément; elle
n'apparaît que dans le Staatsrecht, sans doute sous l'influence de Beloch.
13
Impossibilité de parler d'une italienische Bundesverfassung : Der Italische
Bund, p. 195.
14
Herzog, Geschichte und System der römischen Staatsverfassung, I, Leipzig,
1884 : 335-340.
150 MICHEL HUMBERT
formel, négatif et somme toute infructueux du concept de Bund : il
en refusera l'emploi.
Mais si l'Italie ne peut certes être définie, après les dernières
étapes de la conquête au début du 3e s., comme une confédération
italique, le mérite de Beloch fut d'avoir néanmoins, avec une audace
justifiée, qualifié, dès le 3e s., d'Italischer Bund l'Italie face à Rome. Il
insistait de la sorte sur l'uniformité de la situation contributive des
Italiens et démontrait que, vus de Rome, les peuples italiques, par
leur soumission égale à sa loi, représentaient bien un tout. C'est
donc l'autorité unilatérale de Rome qui est l'exclusif facteur d'unité;
la réalité militaire, et les obligations qui traduisent la sujétion des al-
liés compensent l'absence d'une constitution fédérale; elles justi-
fient, pour Beloch, que l'on parle d'une ligue, voire d'une confédéra-
tion italique. On ira même plus loin : plus la soumission à la loi uni-
taire de Rome sera forte, plus il sera vain de chercher, du côté des
peuples soumis, une forme juridique quelconque de type fédéral.
Rome a donc ligué sous sa loi une multitude disparate de peuples
(eux-mêmes sans unité15) et c'est la contrainte d'un isolement défini-
tif qui confère à cette mosaïque de peuples sa fondamentale unité.
L'alliance des Socii nominisve Latini est donc italienne non comme
une émanation des différents peuples d'Italie, mais parce que cette
alliance fut uniformément imposée d'en haut par Rome à l'Italie.
Il faut bien reconnaître qu'une fois surmonté le paradoxe, la lec-
ture de Beloch est singulièrement stimulante et porteuse. Son au-
teur n'eut aucune peine ensuite à démontrer (It. Bund, p. 159 s.) l'en-
richissement progressif du contenu de cette ligue; il retraça notam-
ment la naissance de multiples facteurs d'unité d'un Etat ou peuple
italien à l'autre : ainsi la pénétration croissante d'institutions uni-
formes calquées sur Rome, la diffusion de schémas institutionnels
ou administratifs de type romain, la naissance d'un sentiment
communautaire italien qui culminera lors de l'explosion de la
Guerre Sociale... Et l'un des plus grands mérites de Beloch fut d'a-
voir, selon toute vraisemblance, convaincu sur ce point Mommsen
qui, dans le Staatsrecht (III, 1887), adopte résolument le concept d'I-
talischer Bund pour qualifier la situation des nations italiennes au
lendemain de la conquête, au début du 3e s.16. Mais si Beloch a très
probablement inspiré ici Mommsen, les preuves de son influence
sur le grand maître s'arrêtent là.
15
Der Italische Bund, p. 164 (Ombrie), p. 167 (Samnium), p. 194.
16
Mommsen, Th., Staatsrecht, III : 645 (italischer Städtebund), 660, note 1
(italische Verbündete), 660 (italische Bundesgenossen), Italischer Bund (p. 660)...
Voir sur ce point les justes remarques d'E. Gabba, "Rileggendo ..." in : Polverini
1990 : 175 (cf. note 6).
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 151
4 - L'audience de Beloch et le rejet méprisant de la part de
Mommsen. Ce n'est pas en Allemagne qu'il faut chercher l'influence
de Beloch - ou il faudra attendre de longues années, plus d'un demi-
siècle. Deux motifs paraissent déterminants.
Il y eut tout d'abord la parution, fruit d'une malencontreuse
coïncidence, des deux ouvrages de Wilhelm Kubitscheck consacrés
à la distribution, à l'emplacement et à l'étendue des tribus ro-
maines en Italie, au moment même où l'Italischer Bund voyait lui-
même le jour : 1881 pour le De Romanarum trihuum origine ac
propagatione, et 1889 pour l'Imperium Romanum Tributim Discrip-
tum. Il est visible que, à l'égard de son public allemand, Beloch
souffrit de cette concurrence. Les résultats de Kubitschek, fruits
d'une méthode aux ambitions historiques pourtant plus limitées,
n'ont pas laissé à l'œuvre pionnière de Beloch la place qu'elle mé-
ritait. De la sorte ce fut en Italie surtout que l'école de Beloch se
développa - et de façon remarquable. G. De Sanctis, son élève le
plus constant et le plus fidèle puis son collègue, transmit à ses
propres élèves une vision de la conquête italienne que l'on peut
qualifier de géographique et une perception territoriale de l'inté-
gration dans le cadre de la citoyenneté. Le nom et l'œuvre de Pli-
nio Fraccaro, fondateur de l'école de Pavie, s'impose, accompagné
de ceux de ses élèves, A. Bernardi, G. Tibiletti, G. Forni, E. Gabba,
G. C. Susini. Dans la mouvance de cette école italienne, au sein de
laquelle l'Académie américaine de Rome joua un rôle important,
on doit citer encore l'admirable Voting Districts of the Roman Re-
public (1960) de L. Ross Taylor, qui reconnut justement l'influence
déterminante et de Beloch et de Fraccaro17.
Mais en Allemagne, plus décisive que la rivalité née des tra-
vaux contemporains de Kubitschek, ce fut l'attitude de Mommsen
qui tua dans l'œuf toute chance pour Beloch de se faire re-
connaître avant de longues années dans son propre pays. Car
Mommsen n'apprécia pas du tout, c'est le moins que l'on puisse
dire, l'Italischer Bund, agacé par l'audace de ce franc-tireur, dont
la carrière, du fait de l'autorité de Mommsen, ne devait, par la
suite, avoir aucune chance de se dérouler en Allemagne. Relevant,
certainement avec de bonnes raisons, des inexactitudes dans le
traitement, chez Beloch, des colonies romaines augustéennes (un
aspect secondaire chez Beloch), Mommsen, dans Hermes 188318,
n'eut pas la plume tendre : "Kaum ist je eine Monographie mit
gleicher Vernachlässigung der Spezialuntersuchung geschrieben
17
Taylor, Lily Ross, Voting Districts of the Roman Republic. The Thirty-five
urban and Rural Tribes, Rome, American Academy, 1960 : 30-32.
18
Mommsen, Th., Die italischen Bürgercolonien von Sulla bis Vespasian,
Hermes, 18 : 208 (Hist. Schrift., 2. 1908 : 249).
152 MICHEL HUMBERT
und eine Fahrt ins Blaue der Wissenschaft mit gleich leichtem Ge-
päck angetreten worden". On doit expliquer autrement qu'en
termes d'incompréhension ce jugement en forme d'exécution19.
Mommsen ne pouvait rester sourd aux préoccupations territoriales
de Beloch : par l'un de ses tout premiers travaux (Die römische
Tribus in administrativer Beziehung, Altona, 1844) Mommsen avait
d'emblée montré l'importance de la tribu dans la constitution ci-
vique; ensuite, autant par sa Römische Geschichte que, surtout,
par ses notices, site après site, du CIL, Mommsen aurait dû, au
contraire, être le savant le moins réfractaire aux perspectives de
Beloch20. Mais, lorsque parut Yltalischer Bund, Mommsen était
trop impliqué dans la construction de son Staatsrecht pour rester
réceptif à la méthode de Beloch. Car tout oppose désormais le
Mommsen du Staatsrecht et Beloch.
La systématisation à laquelle tend le Staatsrecht, cette méta-
physique du droit public, expurge le système de toute dimension
historique et surtout territoriale. On peut penser que l'approche de
Mommsen n'était pas la mieux adaptée pour traiter "des divisions
administratives de l'Etat patricio-plébéien" (Staatsr., III, p. 161 s.).
L'exposé des tribus s'y trouve terriblement figé, statique, abstrait,
immatériel. Mommsen ainsi relève justement que les tribus rus-
tiques portent des noms de lieu... mais en déterminer l'emplace-
ment ou en préciser l'étendue et la consistance ne l'arrête pas. Il
néglige maintenant ces questions qu'il eût considérées dix ou vingt
ans avant comme essentielles. Analyser la provocatio ad populum
sans soulever le problème de sa fréquence peut se concevoir; mais
étudier une circonscription territoriale sans se soucier de sa con-
sistance, de sa continuité territoriale, de sa cohésion administra-
tive, témoigne d'une attitude nécessairement mutilante. Ce parti
pris d'une construction dogmatique et systématique révèle naturel-
lement ses faiblesses : conclure, comme le fait Mommsen, à Tab-
19
Dans son essai autobiographique, Beloch répliqua : "il (Mommsen) aurait
été mieux inspiré de lire méthodiquement mon nouveau livre, au lieu de le criti-
quer. Naturellement, il y a beaucoup d'erreurs dans ce livre, en particulier le cha-
pitre sur le peuplement pour lequel je m'étais laissé influencer par Mommsen
plus que de raison (!). A part cela, les résultats sur tous les points importants se
sont révélés solides. En tout cas, l'ouvrage marque un progrès par rapport au vo-
lume de Marquardt (sur l'organisation administrative romaine) paru en même
temps, en 1881, ce qui, à vrai dire n'est pas d'un grand mérite" (Beloch in Stein-
berg 1926 : 10, cf. note 1).
20
De même pour l'intérêt que Mommsen avait (en dehors même de sa Rö-
mische Geschichte) porté dès 1876 (Hermes, 11 : 49-60 = Röm. Forsch., 1: 382-406)
aux capacités militaires des alliés italiens (à travers le célèbre témoignage de Po-
lybe 2, 23, 9) et à la formula togatorum, rejoignant par avance le cœur même des
préoccupations de Beloch.
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 153
sence de délimitation locale de la tribu rustique"21 est une vue de
l'esprit dénuée de vraisemblance. Il était difficile d'aller plus loin
dans la dématérialisation des institutions. La tribu, un cadre sans
limite? Comprenne qui pourra - mais on s'explique mieux que
Mommsen n'ait pas tenté le test redoutable et décisif de reconsti-
tuer la carte de l'Italie romaine... 22 .
De même, bien des pages consacrées par le Staatsrecht au
droit latin, aux municipes, aux colonies latines souffrent de la
même volonté d'isoler artificiellement les institutions. Traiter du
ius migrandi parmi les sources de la citoyenneté, entre l'adoption
et l'affranchissement, aboutit à casser la spécificité du droit la-
tin23; l'originalité de la colonisation latine est atteinte, privée de
son ambiguïté fondamentale, à la fois romaine et non romaine.
L'effet de cet éclairage ne peut que décevoir, car on ne trouve, en
fin de compte, qu'un catalogue descriptif des accès à la citoyenne-
té. Un dernier exemple soulignera l'écart qui sépare l'esprit de 17-
talischer Bund et celui du Staatsrecht. Les municipes dits "latins"
ne sont pas étudiés par Mommsen avec les structures administra-
tive ou territoriales, mais parmi les charges des citoyens romains,
parmi les impôts ou corvées24. L'étymologie peut expliquer le
choix, mais certainement pas le justifier tant il est réducteur et dé-
formant. Sans compter que le goût de l'abstraction entraîna
Mommsen à donner à municipium un sens primitif abstrait :
"prestation obligatoire du non-citoyen", avant qu'il désignât les lo-
calités dont les habitants sont des municipes25. Mommsen nuan-
çait évidemment cette hypothèse en avouant qu'elle ne pouvait
s'appuyer sur aucune preuve. On s'en doute, car, à moins de
mettre la charrue avant les bœufs, le passage du concret à l'abs-
traction s'impose : municipium a d'abord qualifié la collectivité
territoriale avant de s'étendre aussi au statut de cette communauté
(et non l'inverse). Quoi qu'il en soit, jamais municipium n'a signi-
fié autre chose qu'une communauté locale astreinte à supporter
des charges qualifiées de munera.
Les préoccupations démographiques et humaines de Beloch
ne recouvrent pas celles, théoriques et dogmatiques, de Momm-
sen. On ne peut, on l'a vu, soupçonner de la part de Mommsen
21
Mommsen, Staatsrecht, III : 181.
22
De même ne trouve-t-on dans le Staatsrecht aucune indication sur les
chiffres du cens {cf. II : 331-415), pas plus que sur le nombre des citoyens dans les
centuries ou les comices centuriates (III : 240-299).
23
Mommsen, Staatsrecht, III : 635-636.
24
Mommsen, Staatsrecht, III : 231-2; 795.
25
Mommsen, Staatsrecht, III : 232.
154 MICHEL HUMBERT
une certaine incompréhension; par ses propres travaux, il eût dû
être l'un des esprits les plus disposés à encourager le jeune Beloch
dans cette voie nouvelle et porteuse. Peut-être faut-il alors voir
dans l'attitude réticente et intolérante de Mommsen le signe d'une
nette inflexion dans sa pensée et son œuvre. Se détournant d'une
perspective brillamment (peut-être trop brillamment) adoptée par
Beloch, Mommsen s'engage dans une conception systématique-
ment constitutionnaliste et juridique des institutions républi-
caines. On en connaît l'extraordinaire résultat; mais le mépris su-
bit des réalités historiques et territoriales avec lesquelles Momm-
sen rompt soudain après les années 80 - une rupture qu'il n'est
peut-être pas abusif d'imputer indirectement à l'heureux essai de
Beloch - affecta plusieurs des analyses juridiques présentées dans
le Staatsrecht. On peut regretter que Yltalischer Bund n'ait suscité
de la part de Mommsen qu'une réaction négative, dont l'œuvre de
maturité de Mommsen porte peut-être la trace, même si la vivacité
de cette réaction est toute à l'honneur du jeune Beloch.
Il est révélateur que Julius Beloch, par la suite, ait recueilli l'a-
dhésion et conservé toujours l'amitié d'Eduard Meyer, qui exprima
en revanche des réserves certaines à l'égard du Mommsen du
Staatsrecht : "un historien doit présupposer, mais non pas
construire un système de droit public" (1902). Par affinité sans
doute, Ed. Meyer, l'un des derniers historiens universels de l'Anti-
quité, partagea le penchant de Beloch pour les études transver-
sales.
II - ARTHUR ROSENBERG ET HANS RUDOLPH
La double carrière d'A. Rosenberg, historien de l'Antiquité et de
l'Allemagne, et homme politique engagé, sort assurément des profils
traditionnels. Né à Berlin en 188926, Rosenberg trouve auprès de
quatre très grands maîtres, A. v. Harnack, U. v. Willamowitz-Moel-
lendorf, Ed. Meyer et O. Hirschfeld, les conditions d'une formation
exceptionnelle. Devant les deux derniers d'entre eux, il présente, en
1911 sa Dissertatio sur l'organisation centuriate romaine et, en 1913,
26
Sur A. Rosenberg, voir la présentation de Wehler, H.U. (éd.), Demokratie
und Klassenkampf. Ausgewählte Studien, Francfort-Berlin-Vienne, 1974 : 5-16 et
éléments bibliographiques complémentaires p. 5. note 1. Je tiens à remercier de
nouveau Th. Hantos qui m'a fait connaître et parvenir cette précieuse biographie.
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 155
il soutient sa thèse, qui devait lui assurer un nom parmi les anti-
quisants : Der Staat der alten Italiker; Untersuchung über die ursprün-
gliche Verfassung der Latiner, Osker und Etrusken. Il continue à pu-
blier {Geschichte der römischen Republik; Einleitung und Quellen-
kunde zur römischen Geschichte); à la fin de la guerre, à laquelle il a
participé, il est séduit un moment par la Deutsche Vaterlandspartei,
ultra nationaliste, annexionniste et "fascisante"27, puis rompt brus-
quement et adhère au parti communiste dès sa création en 1920. Le
marxisme révolutionnaire le subjugue : il lui restera fidèle durant
sept années, député communiste (de Berlin-Brandenbourg) au
Reichstag de 1924 à 1928, et membre du praesidium lors du 5ème
congrès mondial du Komintern. Mais la dérive stalinienne le heurte
et il rompt avec la ligne "orthodoxe" soviétique après 1927 et avec le
KPD. Il retrouve, pour quelques années, une activité d'enseignant -
mais dont l'avenir était définitivement compromis par suite de son
engagement politique -, avant d'être, en 1933, contraint de fuir son
pays. Après la Suisse, puis Liverpool, il trouve asile à New-York, où
il meurt prématurément en 1943. Durant les années qui ont suivi son
retrait de l'activité politique, il se consacre surtout à l'histoire de l'Al-
lemagne contemporaine et à celle du bolchevisme.
Der Staat der alten Italiker précède de plusieurs années - celles,
décisives, de la guerre et de la révolution bolchevique - la propre ré-
volution intellectuelle de Rosenberg : on ne peut, de fait, raison-
nablement déceler sur cet ouvrage aucun reflet, ni signe avant-cou-
reur des conceptions marxistes28 qui marqueront très profondément
les travaux plus tardifs de l'auteur. Tout juste a-t-on pu y relever une
sensibilité certaine aux réalités du monde social, au concept de
classes, mais qui, appartenant à la tradition hégélienne, se trouve-
rait aussi bien chez Ed. Meyer. Mais il n'est peut-être pas déplacé
d'attribuer à un esprit marqué par une farouche indépendance et
une tendance à l'éclat la forte originalité de la thèse qui sous-tend
Der Staat der alten Italiker.
L'ouvrage s'inscrit en réaction contre la vision romano-cen-
triste de l'administration municipale telle qu'on la trouvait chez
Mommsen. Mommsen ne s'était guère intéressé à l'origine indi-
gène des constitutions locales, ni au respect substantiel par Rome
des institutions indigènes au-delà de la romanisation. En une for-
mule que l'on finira par critiquer, on y reviendra29, alors qu'elle
semble bien devoir résister à toute objection, Mommsen affirmait
27
"Extrem nationalistische, annexionistische, frühfaschistische Massenbe-
wegung" selon les expressions de H.U. Wehler in ; Wehler 1974 : 7 (cf. note 26).
28
Comme l'a fait Schachermeyer, H., A. Rosenberg, Wiesbaden, 1964 : 16;
contra, Wehler, in : Wehler 1974 : 6, note 3 (cf. note 26).
29
Voir infra, à propos de la critique de Mommsen par Rudolph.
u
156 MICHEL HUMBERT
à la fois la négation de la souveraineté des cités conquises, du fait
de leur incorporation dans l'Etat romain, à la fois le respect par
Rome d'une autonomie métamorphosée (umgestaltete Autonomie),
du fait du maintien, par Rome, des constitutions indigènes30. En
trois lignes, Mommsen avait dit l'essentiel : si les constitutions lo-
cales sont maintenues en place, leur nature s'est néanmoins trans-
formée. L'autonomie est désormais concédée : elle n'est plus,
comme du temps de l'indépendance, manifestation d'une souverai-
neté qui eût survécu à l'intégration dans la citoyenneté complète
ou sans suffrage. Mais l'esprit du Staatsrecht ne devait pas engager
Mommsen à aller plus loin qu'à affirmer ce principe : la souverai-
neté est abolie, remplacée par une autonomie locale tolérée. L'é-
tude du droit municipal dépassait l'objet d'un traité consacré au
droit public de l'Etat romain. L'origine du dictateur de Caere ou
du meddix de Cumes ne présentait pas grand intérêt; il suffisait
de fixer exactement les pouvoirs aménagés à ces magistrats locaux
au sein de la constitution romaine.
Rosenberg adopte un point de vue tout différent. A partir des
mêmes sources (témoignages littéraires ou épigraphiques relatifs
aux organes d'administration municipale), Rosenberg reconstitue
(ou tente de le faire) les institutions indigènes antérieures à la
conquête. Par cette approche, exclusivement historique (l'essence
de la conquête, dégradation de souverainetés locales n'est pas en
cause), il parvient à des conclusions qui, juridiquement, sont de
première importance. Il soutient que Rome, lors de l'acte d'inté-
gration, s'est montrée éminemment respectueuse des traditions lo-
cales. S'il y a des preuves d'uniformisation, elles ne sont pas dues
à l'action autoritaire de Rome, mais il faudrait les attribuer à des
phénomènes de contagion antérieurs et extérieurs à la conquête
romaine. Allant même plus loin, Rosenberg soutient que Rome
elle-même objet et non source d'influence, élément récepteur plus
30
Mommsen, Staatsrecht, III : 777 : "Wenn die eigentliche Genesis der Mu-
nicipalordnung nicht in der Sonderstellung, sondern in der Selbstverwaltung
liegt, so geht diese zurück auf die partielle Conservirung der durch den Eintritt
eines anderen Staats in den römischen rechtlich aufgehobenen Souveränetät des-
selben. Dies ist auch der Grund, wesshalb das Municipalrecht an dieser Stelle be-
handelt wird; es ist nur verständlich als umgestaltete Autonomie". "L'essence de
l'organisation municipale ne se trouve pas dans l'indépendance, mais une admi-
nistration autonome : celle-ci résulte du maintien partiel par un Etat de sa souve-
raineté juridiquement supprimée du fait de l'intégration de cet Etat dans l'Etat ro-
main. C'est la raison pour laquelle le droit municipal trouve sa place ici; on ne
peut le comprendre que comme une forme d'autonomie métamorphosée" (au sens
d'une autonomie transfigurée ou dénaturée ; elle n'est plus d'essence souveraine,
mais de nature concédée).
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 157
que diffuseur, a emprunté sa dictature à un modèle latin transmis
par les Etrusques. L'approche de Rosenberg sera rectifiée sur des
points importants par E. Kornemann {Zur altitalischen Verfas-
sungsgeschichte, Klio, 1915; divers articles de la RE, notamment
Municipium, 1933), mais cette approche ne sera pas remise en
question.
On constate, grâce à Rosenberg, un tournant significatif.
Rome faisait l'objet jusqu'ici d'une surdimension évidente. Rosen-
berg replace dans le contexte plus général de l'Italie l'accident de
la conquête. Il en résulte une vision fondamentalement retouchée
qui modifie la lecture politique de l'incorporation et de la romani-
sation. Si Rome s'est montrée si respectueuse des traditions indi-
gènes (auxquelles elle dut probablement une partie de sa propre
constitution), il est certain que l'épaisseur de l'autorité centrale
doit être rectifiée et ramenée à de plus justes proportions. La ro-
manisation perd cette apparence d'une conversion subite, défini-
tive et totaie, pour devenir progressive et faite d'échanges réci-
proques. La définition juridique de la citoyenneté romaine - car
tous ces municipes, étrusques, volsques, campaniens, latins sont
romains - perd son aspect fallacieux d'un bloc monolitique et im-
muable, rigide et statique. L'analyse diachronique s'impose de la
sorte.
L'inversion de tendance, par rapport au Staatsrecht, et sans
doute aussi par rapport à l'Italischer Bund de Beloch (qui n'avait
pas pris en considération les institutions italiques et n'avait retenu
que l'autorité centripète romaine), me paraît si décisive que l'on
peut se demander (je n'ai aucun élément de réponse) si l'idéologie
allemande de l'époque, les réflexions sur la nature de l'Etat, le pro-
blème posé par l'autonomie des Länder dans le Reich offrent des
éléments d'explication. Je ne sais si l'hypothèse a un sens. Peut-
être, si on confronte l'angle d'étude de Rosenberg à celui de H.
Rudolph.
Elève de Helmut Berve, Hans Rudolph publie en 1935, avec
son Stadt und Staat im römischen Italien (Untersuchungen über die
Entwicklung des Munizipalwesens in der republikanischen Zeit,
Leipzig) une analyse passionnée de la puissance romaine. Il ne s'a-
git pas d'une étude partisane ni d'un plaidoyer - dénué alors de
valeur scientifique -, mais de la lecture abrupte et fervente d'une
conquête, présentée sous le jour d'une manifestation de puissance
sans concession. Il est rarement donné de pouvoir observer une
plus étroite correspondance entre le style même d'un auteur et la
signification de sa démonstration31. La reconstitution de Rudolph
31
II suffit de relire les quelques pages de l'introduction (ainsi, par ex., p. 2) :
158 MICHEL HUMBERT
ne se discute pas plus que la "réalité" qu'elle décrit : Rome dicte
sa loi à des cités conquises, placées de force et sans condition
sous sa domination.
Il n'est pas question de peser la valeur historique des argu-
ments de Rudolph. Mais il n'est pas sans intérêt de reconstituer le
chemin de sa démarche pour son intérêt historiographique. L'a-
morce en est fournie par la position prêtée à Mommsen et contre
laquelle Rudolph s'élève sans détour : c'est le point de départ de sa
reconstitution. Mais je crains bien que ce point de départ ne ré-
sulte d'un malentendu.
Rudolph reproche à Mommsen d'avoir pensé le droit munici-
pal en terme d'autonomie, d'avoir, en conséquence, attribué une
origine non romaine, mais indigène, à l'organisation municipale
républicaine. Mommsen n'aurait pas compris la signification juri-
dique de l'acte d'incorporation : fondée sur des bases erronées,
l'histoire de l'administration municipale serait à reprendre 32 . De
fait, ces reproches sont injustifiés; ils déforment l'interprétation de
Mommsen. Celui-ci, juriste, avait très exactement compris la na-
ture de l'incorporation de la cité défaite dans la puissance ro-
maine comme "l'abolition juridique de la souveraineté" de la cité
incorporée (rechtlich aufgehobene Souveränität). Aussi, poursuivait
Mommsen, si les cités ont conservé, au-delà de l'intégration, des
éléments de leur indépendance passée (sous forme, notamment de
magistratures indigènes), ce ne pouvait être que par l'effet d'une
concession souveraine de Rome. L'autonomie de facto des muni-
cipes est, par sa nature, une autonomie différente (umgestaltete
Autonomie) de l'autonomie d'un Etat souverain; on parlera d'une
Selbstverwaltung et non d'une Sonderstellung. La rigueur de l'inter-
prétation ne devait laisser la place à aucune ambiguïté.
les phrases sont martelées de immer, alle, allein, nie, niemals, nur, absolut.... Le
stade de l'hypothétique reconstitution est dépassé pour celui d'une réalité qui
n'admet ni discussion, ni objection.
32
Rudolph, Hans, Stadt und Staat im römischen Italien, 1935 : 3, note n. 1 :
"Die hier wiedergegebene Auffassung des römischen Munizipalwesens weicht
von der herrschenden, die vor allem von Mommsen im Staatsrecht (3, 773 ff.)
vertreten wurde, erheblich ab. Mommsen hat wesentlich an einen selbständigen
Ursprung des Munizipalrechts gedacht; es wird als "umgestaltete Autonomie" be-
zeichnet, die städtischen Rechte als "die partielle Konservierung der durch den
Eintritt eines anderen Staates in den römischen rechtlich aufgehobenen Souverä-
nität desselben" (777)". Mais le reproche adressé à Mommsen est infirmé par la
citation même de la pensée de Mommsen (supra, p. 160). De même, plus loin :
"Das, was sich empirisch über die Rechte der Städte ergibt, erlaubt nicht nur,
sondern zwingt sogar, in ihnen nur von Rom mandierte Befugnisse zu sehen" :
c'est exactement ce qu'affirmait déjà Mommsen, III : 773, 777-778.
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 159
Rudolph, pourtant, s'affirme d'emblée en réaction contre la
position de Mommsen - mais pour finalement le rejoindre : car l'i-
dée d'une concession (Mandierung) d'autonomie locale reflète
exactement l'interprétation qu'exposa Mommsen. Mais il est vi-
sible que cette bruyante mise en cause de la position mommsé-
nienne, plus artificielle que fondée, permit à Rudolph de présenter
comme une innovation brillante et définitive la thèse de la néga-
tion de la souveraineté des cités incorporées. Mais Rudolph n'en
resta pas là et, sur cette base, édifia sa propre thèse : puisque
Rome, juridiquement, est la source de l'administration municipale,
on lui attribuera aussi l'origine des magistratures locales. Rome,
en même temps qu'elle prononçait la déchéance des souverainetés,
aurait introduit, sur place, le schéma purement romain des consti-
tutions municipales. Mais c'était lier deux questions en réalité dis-
tinctes (et que Mommsen avait eu raison de distinguer soigneuse-
ment). Rudolph crut ainsi pouvoir définir les1 municipes non seule-
ment comme placés dans un état "de soumission inconditionnelle
à la Zentralgewalt de Rome" (ce qui est rigoureusement exact),
mais comme titulaires d'une organisation d'importation romaine
(ce qui reste à démontrer).
La démonstration de Rudolph (dont les travaux ont pourtant
été fort bien accueillis, notamment en France par Piganiol) révèle
ses limites, quand on passe de la forme de la conquête au statut
concret des cités conquises. Car il est certain que Rudolph, ébloui
par la démarche romaine initiale (l'acte de conquête), ébloui par
la manifestation de force qu'exprime la décision d'intégrer un ter-
ritoire défait, fut conduit à sous-estimer, à nier les preuves pour-
tant solides d'une très large autonomie concédée par Rome. L'ori-
gine indigène de maintes constitutions municipales ne pouvait
être niée pourtant. Rudolph prenait ainsi le contre-pied de la théo-
rie du libéral Mommsen et rejetait systématiquement les conclu-
sions de Rosenberg : les spécificités constitutionnelles locales
(triple édilité, octovirat, dictature) seraient en fait des créations
originales de Rome introduites dans les municipes.
De la même manière, en étudiant le passage de la Cité-Etat à
un Etat territorial, Rudolph fut conduit, contre la vraisemblance
historique, à soutenir que la centralisation romaine fut plus éten-
due et les marques de confiscation plus nombreuses au 4e s. qu'au
1er siècle. Le sens de l'évolution ne serait pas marqué par une cen-
tralisation progressive, mais, inversement, par une réduction éche-
lonnée de la puissance centralisatrice de Rome.
Le paradoxe présente surtout un intérêt historiographique. Les
événements contemporains n'ont-ils pas entraîné Rudolph à sur-
charger une conception initiale exacte (le caractère unilatéral de
l'incorporation), pour lui donner un contenu marqué par une vo-
160 MICHEL HUMBERT
lonté de puissance centralisatrice dont on trouve difficilement la
trace avant la Guerre Sociale?
C'est sur ce dernier exemple que je termine cette modeste en-
quête, sans vouloir l'étendre aux travaux proprement historiques
consacrés aux aspects politiques de la domination de Rome. Mais là
encore la politique italienne de Rome semble avoir fait l'objet (cf. J.
Göhler, Rom und Italien. Die römische Bundesgenossenpolitik von den
Anfängen bis zum Bundesgenossenkrieg, 1939) d'études très partagées,
entre les partisans du divide et impera et ceux du parcere subiectis.
Michel HUMBERT
THEODORA HANTOS
Kommentar
Die Erforschung des römischen Bundesgenossensystems in Italien ist
im wesentlichen auf drei relativ enge Zeiträume konzentriert : eine erste
Phase, die dominiert wird von Karl Julius Beloch (und danach Theodor
Mommsen) in den achtziger Jahren des vergangenen Jahrhunderts, dann die
zweite Phase in den ersten Jahrzehnten unseres Jahrhunderts, die geprägt
ist von der intensiven Diskussion um die vorrömischen Verfassungen (v.a.
Arthur Rosenberg, Ernst Kornemann, Hans Rudolph); und schließlich eine
bislang letzte Phase der Auseinandersetzung mit der Thematik in den siebzi-
ger Jahren (Wilhelm Simshäuser, Hartmut Galsterer, Michel Humbert,
Theodora Hantos). Ich beschränke mich im folgenden auf die ersten beiden J
Phasen. Es wird sich im wesentlichen um ergänzende Überlegungen zu den
Gedanken des sehr verehrten Kollegen M. Humbert handeln.
In Mommsens 'Römischer Geschichte', der ersten bedeutenden Römi-
schen Geschichte der deutschen Altertumswissenschaft nach Niebuhr, die
Mitte des 19. Jahrhunderts erschienen ist (Bd. 1 1854, im Geburtsjahr von
Karl Julius Beloch übrigens, über dessen 'Italischen Bund' gleich noch zu
handeln sein wird), figuriert "Italien" noch nicht als eigenständige Größe.
Dem römischen Bundesgenossensystem in Italien wird kein gesondertes sy-
stematisches Kapitel gewidmet (etwa vor dem Ausbruch des Ersten Puni-
schen Krieges, wie die meisten Autoren Römischer Geschichten es heute
tun). Die Organisation römischer Herrschaft in Italien findet sich noch ganz
und gar eingebettet in die Ereignisgeschichte der Eroberung Italiens
(Kap. V "Unterwerfung der Latiner und Kampaner unter Rom" und
Kap. VIII "König Pyrrhos und die Einigung Italiens", mit der Gewichtung :
35 Seiten Pyrrhos zu 12 Seiten Italien). Warum der spätere Autor des 'Römi-
schen Staatsrechts', der in Band 3 dieses Werkes das Bundesgenossensystem
ausführlich unter staatsrechtlichen Gesichtspunkten abhandelt, der Thema-
tik in seinen jüngeren Jahren eine vergleichsweise geringe Aufmerksamkeit
widmet, wird aus seinen eigenen Bemerkungen in der 'Römischen Ge-
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 161
schichte' verständlich. Es gibt dafür zwei Gründe : 1. Was die politischen
und herrschaftsorganisatorischen Intentionen Roms betrifft, so seien sie so
klar, daß m a n sie kaum darlegen müsse : "Die bei diesem Bau zu Grunde lie-
genden leitenden Gedanken liegen dagegen so offen vor, daß es kaum nötig
ist sie noch besonders zu entwickeln" (Berlin 141931, S. 425) - die leitenden
Gedanken liegen nach Mommsen darin, so weite Gebiete zu inkorporieren
bzw. mit römischen Bürgern zu besiedeln wie irgend möglich. 2. Was die
Feststellung der Bevölkerungszahlen u n d die Ausdehnung der Territorien
angeht, so lasse sich darüber kaum etwas sagen : "Selbst das Zahlenverhält-
nis, in welchem die drei Klassen der Untertanenschaft standen, ist nicht
mehr auch n u r annähernd zu ermitteln u n d ebenso die geographische Ver-
teilung der einzelnen Kategorien über Italien n u r unvollkommen bekannt."
(S. 424 f.).
An eben diesem Punkt der demographischen und geographischen Erfas-
sung Italiens hat dann das erste Werk, das sich mit "Italien" beschäftigt, an-
gesetzt. Es ist der 'Italische Bund' des 26jährigen Karl Julius Beloch, der ein
Jahr zuvor mit einem Buch über Campanien hervorgetreten war 1 . Wenn
auch das Campanien-Buch sein Erstlingswerk war, das er später selbst für
vorzeitig abgeschlossen und in manchen Punkten für revisionsbedürftig
hielt 2 , so betrat er doch mit beiden Werken wissenschaftliches Neuland : Die
Topographie Campaniens ist vor ihm ebensowenig erfaßt worden wie die
Bevölkerung u n d das Territorium der italischen Staaten. Der damit erzielte
Fortschritt ist sicher sehr viel höher zu veranschlagen, als die zu kritisieren-
den Punkte zu bemängeln wären (an Kritikern hat es Beloch zu seiner Zeit
wirklich nicht gefehlt). Wie ist Beloch n u n zu seinem neuen Ansatz gekom-
men?
Zum einen ist der Impetus zur demographisch-statistischen und geogra-
phisch-topographischen Herangehensweise in allgemeineren Bestrebungen
1
K. J. Beloch, Der Italische Bund unter Roms Hegemonie - Staatsrechtliche
und statistische Forschungen, Leipzig 1880, ND 1964; ders., Campanien. Ges-
chichte und Topographie des antiken Neapel und seiner Umgebung, Berlin 1879;
zweite vermehrte Ausgabe mit zahlreichen Ergänzungen (S. 433-472), Breslau
1890.
2
Vgl. S. 9 seiner Selbstdarstellung (vgl. Anm. 5), das Vorwort zur 2. Aufl.
seines Campanien-Buches sowie den Brief an seinen befreundeten Kollegen
Eduard Meyer vom 23. Juli 1888 : "[...] und was ich über die älteste Geschichte
der griechischen Kolonien geschrieben habe, glaube ich zum größten Theil selbst
nicht mehr [...]. Ich habe mir schon lange vorgenommen, einmal gegen mich
selbst zu polemisieren, damit nicht noch andere Leute auf diese Dinge hereinfal-
len, wie Busolt". Zitiert nach K. Christ, "Zu Belochs Rezeption in Deutschland ,
in : L. Polverini (ed.), Aspetti della storiografia di Giulio Beloch. Acquasporta 19-21
maggio 1986, Napoli 1990 (= Incontri perugini di storia della storiografia antica e
sul mondo antico, 1), S. 181, Anm. 5; die Korrespondenz Ed. Meyer/K. J. Beloch
wird demnächst publiziert von L. Polverini. Zur Edition selbst sowie auch bereits
zu manchen interessanten Gesichtspunkten inhaltlicher Art, die sich aus ihr erge-
ben, vgl. L. Polverini, "II carteggio Beloch - Meyer", in : K. Christ/A. Momigliano
(Hg.), Die Antike im 19. Jahrhundert in Italien und Deutschland, Berlin 1988,
S. 199-219.
162 MICHEL HUMBERT
zu suchen, die Beloch mit seinen Zeitgenossen verbindet, zum anderen in
charakteristischen Eigenschaften Belochs selbst. Zum ersten : In den 60er,
70er u n d 80er Jahren des 19. Jahrhunderts gehen die Forschungstendenzen
der Alten Geschichte in Deutschland dahin, von der Ereignisgeschichte, vom
Narrativen, wegzukommen und ein dauerhaftes Fundament zu legen in sy-
stematischen Darstellungen bestimmter Sachbereiche des römischen Staa-
tes. Dieses dauerhafte Fundament wurde von den Zeitgenossen Belochs vor
allem auf dem Gebiet der Staatsrealien gesucht, insbesondere des Staats-
rechts 3 . Aus ihrem Recht heraus sollten Staat und Geschichte der Römer
verstanden 4 , die nicht selten lückenhafte Quellenlage durch die immanente
Logik des Systems geschlossen werden.
In dem Bestreben, der römischen Geschichte eine sachlich fundierte, sy-
stematische Basis zu geben, u m von einer gewissen Beliebigkeit der Ereig-
nisse loszukommen u n d sich auf gesichertem Terrain zu bewegen, ist Be-
loch mit diesen Forschern in einer Reihe zu sehen. Daß er innerhalb dieser
Bestrebungen jedoch nicht die staatsrechtliche Richtung eingeschlagen hat,
liegt in den Rahmenbedingungen seines Lebens, in der Entwicklung seiner
Person begründet.
Erstens ist da zu nennen die Faszination, die Geographie, insbesondere
Demographie, Wirtschaft, Statistik und Topographie, auf den Knaben Be-
loch ausgeübt haben 5 . Die Bevölkerungs-, Finanz- und Wirtschaftsgeschich-
te des 19. Jahrhunderts von Kolb ist seine Lieblingslektüre gewesen, u n d er
baute als Kind die Erdteile aus Pappkarton nach, worauf er d a n n die ent-
sprechende Zahl von Einwohnern in der Gestalt von Bleisoldaten u n d die
von ihnen hergestellten Produkte in Form z.B. von Kaffeebohnen und Mais-
körnern setzte. "Noch heute", so schreibt Beloch in seiner skizzenhaften
3
L. Lange, Römische Alterthümer, 3 Bde., Berlin 1863, 1862, 1871; J. Mar-
quardt, Römische Staatsverwaltung, Leipzig, Bd. 1 1873; J. N. Madvig, Die Verfas-
sung und Verwaltung des römischen Staates, 2 Bde., Leipzig 1881 f.; Th. Momm-
sen, Römisches Staatsrecht, 3 Bde., Leipzig 1871-1888; E. Herzog, Geschichte und
System der römischen Staatsverfassung, 2 Bde., Leipzig 1884, 1887.
4
Vgl. bereits die akademische Antrittsrede Mommsens vom 8. Juli 1858 in
Berlin : Sich in der Nachfolge Niebuhrs und Savignys sehend, plädiert er für eine
"Verschmelzung von Geschichte und Jurisprudenz".
5
Vgl. Belochs autobiographische Skizze (fortan zitiert als Selbstdarstellung)
in : S. Steinberg (Hg.), Die Geschichtswissenschaft der Gegenwart in Selbstdarstel-
lungen, Bd. 2, Leipzig 1926, S. 3. - Zu Belochs Leben und seinen wissenschaft-
lichen Leistungen vgl. v.a. G. De Sanctis, "Giulio Beloch", in : P. Treves, Lo studio
dell'antichità classica nell'Ottocento, Milano 1962, S. 1231-1246; A. Momigliano,
"Karl Julius Beloch", in : Dizionario Biografico degli Italiani 8, 1966, S. 32-45
(wieder abgedruckt in : Terzo contribute) alla storia degli studi classici e dei mondo
antico, Roma 1966, S. 239-265); K. Christ, "Karl Julius Beloch", in : ders., Von
Gibbon zu Rostovtzeff, Darmstadt 1972, S. 248-285, ferner die Beiträge in dem
von L. Polverini herausgegebenen Sammelband (vgl. Anm. 2) : K. Christ, "Zu Be-
lochs Rezeption in Deutschland", S. 167-195; E. Gabba, "Rileggendo 'Der Ita-
lische Bund' di Julius Beloch", S. 171-176; B. Näf, "Die Geschichtskonzeption Be-
lochs", S. 19-35 und A. Russi, "A proposito dei 'Campanien' di Beloch", S. 159-
167.
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 163
Selbstdarstellung aus dem Jahr 1926 (S. 3), "macht mir kaum etwas anderes
so viel Freude, als ein schöner Atlas". Ob m a n für diese besondere Vorliebe
Belochs für Geographie einen jenseits seiner eigenen Person liegenden Fak-
tor namhaft machen kann, vermag ich nicht zu entscheiden.
Zu dieser Vorliebe sowie der Überzeugung, daß historische Abläufe nur
auf ihrem ökonomischen u n d topographischen Fundament zu begreifen
sind, kam zweitens die Verlagerung seines Lebenszentrums von Schlesien,
wo er auf dem Rittergut seines Vaters in Nieder-Petschkendorf geboren wor-
den war, nach Italien hinzu, die ihn d a n n endgültig zum Ansatz seines Cam-
panien-Buches und d a n n des 'Italischen Bundes' geführt hat. Durch sein
Bronchialleiden dazu gezwungen, in Italien u n d nicht in Deutschland zu
studieren 6 , lernte er früh u n d intensiv die Landschaften Siziliens u n d d a n n
Italiens kennen. Auf der Grundlage dieser eigenen Anschauung u n d seiner
Inschriftenaufzeichnungen 7 entstand sein topographisch ausgerichtetes
Buch über Campanien (mit 13 selbstgefertigten Karten), das aus seiner Hei-
delberger Dissertation über die griechischen Kolonien Campaniens hervor-
gegangen ist. Seine Arbeit a n der Bevölkerungsgeschichte der griechisch-
römischen Welt, die 1886 in Leipzig erscheinen sollte, und Campanien als
bereits erfaßte Großlandschaft Italiens legten den Gedanken nahe, ganz Ita-
lien demographisch u n d topographisch als nächstes Projekt in Angriff zu
nehmen 8 . "Der Italische Bund unter Roms Hegemonie" erschien in Leipzig
1880. Wenn auch die Staats- u n d völkerrechtliche Seite des Phänomens mit
in die Betrachtung einbezogen wird, so spielt sie doch eher eine untergeord-
nete Rolle. Die hauptsächliche Aufmerksamkeit Belochs gilt der statisti-
schen Erfassung Italiens : der überlieferten Regionen, Städte, Flecken, Kolo-
nien, den Bevölkerungszahlen. Auch zum 'Italischen Bund' fertigt Beloch
zwei Landkarten als Ergebnis seiner topographischen Forschungen an.
Trotz des von ihm gewählten Titels Der Italische Bund ist ihm klar, daß das
Verhältnis Roms zu den Staaten Italiens - weder von der Idee noch von der
Durchführung her - föderativ war; er ü b e r n i m m t den Begriff aber offen-
sichtlich, weil zu seiner Zeit 'italische Eidgenossenschaft' u.a. üblich war
(vgl. vor allem ebda., S. 194) und variiert damit in sprachlich eingängigerer
Weise den bundesstaatlichen Gedanken. Gliederung wie auch Terminologie
verraten, daß Beloch nicht - wie er es eigentlich gern getan hätte, wenn ihm
ein Studium in Deutschland möglich gewesen wäre - Jurisprudenz studiert
6
Er tat dies v.a. bei Ruggero Bonghi und dem Epigraphiker und Mommsen-
Schüler E. De Ruggiero.
7
Selbstdarstellung, a.O., S. 7 : "Die Inschriften, die ja in und bei Rom auf
Schritt und Tritt zu finden sind, hatten überhaupt für mich eine größere An-
ziehungskraft; ich habe sie massenhaft abgeschrieben". Die in seinem Campa-
nien-Buch ausgewerteten Inschriften tragen vielfach den Vermerk "Meine Ab-
schrift" und sind Erstveröffentlichungen.
8
Vgl. dazu auch Selbstdarstellung, a.O., S. 9 f. : "Die Arbeit an 'Campanien'
hatte mich zu eingehender Beschäftigung mit dem römischen Munizipalrecht ge-
führt; meine bevölkerungsgeschichtlichen Forschungen machten eine Untersu-
chung über die Ausdehnung des römischen Gebietes in Italien vor dem Sozial-
kriege notwendig, die bis dahin noch niemals vorgenommen worden war, von so
fundamentaler Bedeutung diese Frage für das Verständnis der ganzen älteren rö-
mischen Geschichte auch ist".
164 MICHEL HUMBERT
hat. Die politische Geschichte bewegt Beloch in seinem 'Italischen Bund'
wenig; sie spielt n u r indirekt eine Rolle. Ausgehend vom Gemeindekatalog
des Augustus, beschreitet die Untersuchung den Weg über die Tribuseintei-
lung Italiens, den ager Romanus, die Bevölkerung Italiens bis hin zum itali-
schen Bundesrecht. Sie legt die Grundlage für alle zukünftigen topographi-
schen und demographischen Untersuchungen im Bereich des 'Italischen
Bundes'.
Die Reaktion Theodor Mommsens, der sich wenige Jahre später im 3.
Band seines 'Staatsrechts', also in einem anderen Rahmen, der Belochschen
Thematik des 'Italischen Bundes' zugewandt hat 9 , fiel recht harsch aus :
"Kaum ist je eine Monographie mit gleicher Vernachlässigung der Spezial-
untersuchung geschrieben u n d eine Fahrt ins Blaue der Wissenschaft mit
gleich leichtem Gepäck angetreten worden" 10 . Das ist u m so bemerkenswer-
ter, als Mommsen über Belochs Campanien-Buch offenbar noch wohlwol-
lend geurteilt hatte 11 . Wo liegen die Ursachen für diese Reaktion?
Zuvor noch eine weitere Bemerkung Mommsens, die deutlich macht,
daß ihm nicht n u r der 'Italische Bund' mißfiel, sondern wohl vor allem des-
sen Verfasser : I m Zusammenhang mit der Neubesetzung der vakanten
Greifswalder historischen Professur (Nachfolge Hirsch) fragt sein Schwie-
gersohn Wilamowitz brieflich n a c h geeigneten Nachfolgern an, worauf
Mommsen antwortet : "Beloch, an den manche denken, [...] dio ce ne guar-
di"12.
Ich denke, es gibt eine ganze Reihe von Ursachen für Mommsens Reak-
9
Zwischenzeitlich und parallel zu Belochs 'Italischem Bund' erschien seit
1881 J. Marquardts Römische Staatsverwaltung; es handelt sich um eine staats-
und völkerrechtliche Untersuchung, auch wenn die Kapitelüberschrift die Italien
betreffenden Abschnitte "Politische Stellung der italischen Städte" lautet. Beloch
hat von dem Buch Marquardts übrigens nichts gehalten, vgl. Selbstdarstellung,
a.O., S. 10 : "Jedenfalls bezeichnet das Buch [i.e. Belochs eigenes Buch über den
'Italischen Bund'] einen Fortschritt gegenüber Marquardts unmittelbar darauf
(1881) erschienenen 'Römischen Staatsverwaltung', was freilich sehr wenig sagen
will".
10
Th. Mommsen, "Die italischen Bürgercolonien von Sulla bis Vespasian",
Hermes 18,1883, S. 208 (wieder abgedruckt in : ders., Historische Schriften 2, Ber-
lin 1908, S. 249).
11
Vgl. Beloch, Selbstdarstellung, a.O., S. 10 : "[...] der [i.e. Mommsen] mir ein
Jahr vorher, nach Übersendung meines Campanien, einen sehr freundlichen
Brief geschrieben hatte".
n
• Mommsen und Wilamowitz- Briefwechsel 1872 - 1903, hg. von Friedrich
und Dorothea Hiller von Gaertringen, Berlin 1935, S. 106; Brief ohne Datum (Fe-
bruar/März 1881, also nur wenige Monate nach Erscheinen des 'Italischen
Bundes'). Die Auslassung beruht wahrscheinlich auf familiärer Zensur oder geht
möglicherweise auf den "ältesten Freund" Mommsens und Wilamowitz' zurück,
Eduard Schwartz aus München, den die Familie gebeten hatte, die Briefe einer
Revision zu unterziehen und "sein Urteil über das, was man geben durfte, was
nicht", zu äußern, vgl. S. 587. - Diese Einstellung zu Beloch wird von Wilamo-
witz geteilt, vgl. S. 487 : "Ettore Pais hat mir seine Storia della Sicilia geschenkt -
sie ist schrecklich zu lesen und verträgt die Prüfung schlecht. In Italien scheint
Beloch [Pais' Lehrer] die Köpfe zu verwirren, der ist gewiß gescheit und fündig,
aber gewissenlos und rerum novarum Studiosus" (Brief vom 14. Januar 1894).
LA ROMANISATION DE L'ITALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 165
tion, u n d es fällt schwer, sie zu gewichten. Zunächst einmal geht es lediglich
um die Interpretation einer Plinius-Stelle, die nach Auffassung Mommsens
nicht zutreffend und nicht sorgfältig genug vorgenommen worden ist. Be-
denkt m a n jedoch, daß Mommsen über das Campanien-Buch, das auch
nach Belochs Einschätzung zu früh in den Druck gegeben worden war, noch
günstig geurteilt hat, so wäre zu erwarten, daß der erfahrene u n d u m eine
Generation ältere Mommsen auch bei diesem Buch hätte Milde walten las-
sen können. Insofern liegen die Gründe für die Ablehnung tiefer. Sie liegen
im persönlichen Bereich u n d in der Sache, im zwar verwandten, aber doch
ganz anderen Ansatz Belochs begründet. Was den persönlichen Bereich an-
geht, so bedürfte er einer näheren Erforschung. Der demnächst erscheinen-
de Briefwechsel Belochs mit Eduard Meyer setzt erst 1885 ein, also fünf Jah-
re nach Erscheinen des 'Italischen Bundes' 13 . Soweit ein Urteil darüber jetzt
schon erlaubt ist, hat das Zerwürfnis zwischen Beloch und Henzen, dem da-
maligen Leiter des Preußischen Archäologischen Instituts in Rom, der Gene-
ration Mommsens angehörend u n d durch gemeinsame Forschungsreisen in
Italien mit ihm verbunden, eine nicht ganz unwesentliche Rolle gespielt 14 .
Henzen stand in regem Briefwechsel u n d in persönlichem Kontakt zu
Mommsen u n d wird ihn über den jungen, ungestümen Beloch gewiß aus sei-
ner Sicht informiert haben. Darüber hinaus war Mommsens methodischer
Ansatz ein anderer als der Belochs. Während Beloch trotz aller Kritik an
Mommsen viel von ihm gehalten hat 15 , scheint das umgekehrt nicht der Fall
gewesen zu sein. Mommsen hatte im Gegensatz zu Beloch, der in seinem
Fach weitgehend Autodidakt war, an der Kieler Universität eine vorzügliche
juristische Ausbildung bei Vertretern der historischen Schule Savignys ge-
nossen u n d eine ebenso hervorragende handwerklich-philologische Bildung
durch Otto Jahn erhalten 16 . Auf dieser Grundlage u n d nach mehr als dreißig-
13
Kleinere Auszüge aus dem Briefwechsel sind in den beiden Sammelbän-
den, die in Anm. 2 genannt sind, bekanntgeworden. Sie beleuchten das Verhält-
nis Beloch - Mommsen nicht näher, leider ebensowenig wie der gesamte Brief-
wechsel. Dessen Herausgeber Polverini, der mir freundlicherweise vorab schon
einen Einblick gewährte, gilt hierfür mein herzlicher Dank! - Die vierbändige
Mommsen-Biographie von Lothar Wickert kommt nur ein einziges Mal auf Be-
loch zu sprechen. Wickert gibt an dieser Stelle den Eindruck wieder, den er selbst
von Beloch gewonnen hat : Ein "Meister der Topographie" sei er, jedoch mit
"schlechtem Ortssinn" (Theodor Mommsen, Bd. 1, Frankfurt/M. 1959, S. 384,
Anm. 8).
"Anlaß zur Auseinandersetzung war die Frage der Örtlichkeit der Allia-
schlacht (Beloch, Selbstdarstellung, a.O., S. 7). Die Ursachen liegen naturgemäß
sehr viel tiefer. Henzen hat dann aus seiner Meinung über Beloch keinen Hehl
gemacht.
15
Beloch bewunderte Mommsens Römische Geschichte, vgl. Selbstdarstel-
lung, a.O., S. 3 : "Endlich kam mir Mommsens Römische Geschichte in die
Hand, und nun hatte ich, was ich immer gewünscht hatte. Außer der Statistik
von Kolb und der Ilias hat kein anderes Buch einen so großen Einfluß auf meine
geistige Entwicklung gehabt." Trotz gelegentlicher inhaltlicher Seitenhiebe auf
Mommsen (z.B. in seiner 'Römische Geschichte', Berlin 1926) hat Beloch ihn
immer als bedeutend empfunden, im Gegensatz etwa zu den "kleinen Kläffern"
(z.B. Holm und Niese, Selbstdarstellung, S. 16).
16
Vgl. A. Heuß, Theodor Mommsen und das 19. Jahrhundert, Kiel 1956, S. 8 ff.
166 MICHEL HUMBERT
jähriger Beschäftigung mit der römischen Geschichte schrieb er das 'Römi-
sche Staatsrecht', das er für sein bedeutendstes Werk hielt. Er konzentrierte
die Darstellung des römischen Staates auf dessen Institutionen u n d Rechts-
sätze. Allein auf diesem verfassungsgeschichtlichen Fundament, das er als
ein in sich stimmiges Gesamtsystem entwickelt hat, sah er eine sinnvolle
u n d zukunftsweisende Möglichkeit für die Entwicklung der Wissenschaft. In
Belochs Forschungen mochte er die topographischen Ergebnisse für nütz-
lich (siehe seine Reaktion auf das Campanien-Buch) 17 , die demographischen
hingegen für viel zu ungenau halten. Beloch selbst erachtete eine Fehlerquo-
te von 2 5 % bei der Schätzung von Bevölkerungsziffern für wahrscheinlich 18 .
Die staatsrechtlichen Auffassungen Belochs konnte Mommsen gewiß in den
seltensten Fällen teilen. Sehr gegen den Strich gehen mußte ihm beispiels-
weise Belochs Auffassung des municipium foederatum, das staatsrechtlich
ganz u n d gar widersinnig schien. Während ich im übrigen Mommsens Auf-
fassung in diesem Punkt teile, haben doch viele die Ideen Belochs weiter ver-
folgt und fortgeführt. - Die politischen Divergenzen zwischen Mommsen
u n d Beloch dürften im Hinblick auf Mommsens scharfe Reaktion eine weni-
ger gewichtige Rolle gespielt haben als die genannten persönlichen u n d wis-
senschaftlichen.
Mommsen selbst beschäftigt sich im dritten Band seines Staatsrechts (1.
Abt., erschienen Leipzig 1887), in dem es u m die Bürgerschaft u n d den Se-
nat geht, in mehreren Abschnitten mit dem Gegenstand, dem auch Belochs
'Italischer Bund' gewidmet war. Sieht m a n von den "Halbbürgergemeinden"
ab, wie Mommsen die direkt Teilintegrierten genannt hat, d a n n sind die "au-
tonomen" und "nicht autonomen Unterthanen" nicht eigentlich Gegenstand
eines Staatsrechts. Der Grund, sie dennoch in die Darstellung mit einzube-
ziehen, war für Mommsen, der ja in seinem 'Staatsrecht' Republik u n d Prin-
zipat vereint, wahrscheinlich der, daß die "autonomen Unterthanen" mit
dem Bundesgenossenkrieg, die "nicht autonomen Unterthanen" durch die
Constitutio Antoniniana 212 n. Chr. römische Bürger geworden sind. Die
Staats- u n d völkerrechtliche Behandlung des Themas durch Mommsen wur-
de für die nachfolgende Zeit prägend, wenn nicht gar kanonisch. Die topo-
graphische u n d demographische Seite des 'Italischen Bundes' galt als durch
Beloch erschöpfend analysiert. So wich die deutsche altertumswissenschaft-
liche Forschung, was das Thema 'Italien' anbetrifft, auf eine von Mommsen
u n d von Beloch nicht näher behandelte Fragestellung aus.
Wohl hatte nämlich Mommsen im dritten Band seines 'Staatsrechts' ein
Kapitel den munizipalen Verfassungen gewidmet ("Das Municipalrecht im
Verhältniss zum Staate", S. 773-823) : Er vertrat die Auffassung, daß es sich
17
Nach Auffassung von Wilamowitz' spielt in diesem Zusammenhang
Mommsens Kurzsichtigkeit auch eine gewisse Rolle : "Topographische Fragen
mußten ihm fernliegen, denn sein Auge, in der Nähe wunderbar scharfsichtig,
versagte ihm das Gelände im Ganzen aufzufassen." (U. v. Wilamowitz, Theodor
Mommsen. Ansprache, gehalten am 30.11.1917, Berlin 1918, S. 11).
18
Vgl. das Vorwort zu K. J. Beloch, Die Bevölkerung der griechisch-römischen
Welt, Leipzig 1886, S. VI : 25% für die freie Bevölkerung, bis zu 50% für die Skla-
ven.
LA ROMANISATION DE LTTALIE, DE BELOCH À RUDOLPH 167
u m eine "umgestaltete Autonomie" handelte, er sah die städtischen Rechte
als "die partielle Konservierung der durch den Eintritt eines anderen Staates
in den römischen rechtlich aufgehobenen Souveränität derselben" (S. 777),
das gesamte Munizipalwesen als Form der abhängigen Autonomie. Es ging
ihm dabei mehr u m eine allgemeine Einordnung des Munizipalrechts in das
Staatsrecht als u m die genauere Untersuchung ihrer jeweiligen Ursprünge
im Einzelfall.
Arthur Rosenberg, Schüler des Mommsen-Schülers Otto Hirschfeld und
Eduard Meyers, der Beloch in der wissenschaftlichen Forschungslandschaft
am nächsten stand, setzte nun an diesem Punkt an u n d machte die vorrömi-
schen Verfassungen der italischen Staaten zum Gegenstand seiner Habilita-
tionsschrift "Der Staat der alten Italiker. Untersuchungen über die ur-
sprüngliche Verfassung der Latiner, Osker u n d Etrusker", Berlin 191319. Spä-
ter wurde er zu einem aktiven kommunistischen Politiker, anschließend
zum Zeithistoriker 20 . Da sich jedoch in Rosenbergs ersten althistorischen
Werken - soweit ich sehe - nichts von seiner neuen Lebensphase andeutet,
kann seine weitere persönliche Entwicklung hier außer Betracht bleiben.
Ausgehend von der Beobachtung, daß die Verfassung mancher italischer Ge-
meinden von der römischen grundsätzlich abwich, suchte Rosenberg nach
Gründen für diese Abweichungen. Das in Fundi, Arpinum, Formiae (zu-
nächst teilintegrierte, im Jahr 188 v. Chr. voll integrierte volskische Stadt-
staaten) vorkommende Drei-Ädilen-Kollegium, das schon durch die Drei-
zahl so auffällig von der römischen Verfassung abwich, oder das Octovirat
im mitderen Italien, vor allem im sabinischen Gebiet, suchte er als die alte
volskische (wenn auch als Übernahme von Tusculum) bzw. sabinische Ma-
gistratur zu erklären, die die Eroberung u n d Einbürgerung der Staaten
durch Rom überlebt hätte. Anschließend habe auf Wunsch der italischen
Staaten in jeweils unterschiedlichem Ausmaß eine "Romanisierung der itali-
schen Magistratur" (so auch eine Kapitelüberschrift von Rosenberg) stattge-
funden.
Das von Rosenberg aufgegriffene Thema wurde bereits zwei Jahre spä-
ter intensiv diskutiert von Ernst Kornemann. Seine wissenschaftlichen An-
fänge gehen ebenfalls auf Otto Hirschfeld sowie auf Mommsen selbst zu-
rück, dessen glühender Verehrer er war. Vor seinem Aufsatz über die altitali-
sche Verfassungsgeschichte 21 hatte er bereits das Lemma 'Coloniae für die
RE bearbeitet u n d sollte später noch seine Untersuchungen zum römischen
Munizipalwesen durch einen weiteren Artikel 'Municipium fortsetzen 22 . Er
19
Sein Dissertationsthema lautete : Untersuchungen zur Römischen Zentu-
rienverfassung, Berlin 1911. Zu seinem weiteren althistorischen Œuvre vgl. das
Werkverzeichnis in R. W. Müller/G. Schäfer (Hg.), Arthur Rosenberg zwischen Al-
ter Geschichte und Zeitgeschichte, Politik und politischer Bildung, Göttingen 1986
(= Zur Kritik der Geschichtsschreibung 4), S. 159-173.
20
Vgl. K. Kersten (Hg.) in der Einleitung zu seiner Ausgabe von A. Rosen-
berg, Entstehung der Weimarer Republik, 17. Aufl. Frankfurt/M. 1977 (1. Aufl.
1961), S. 5 ff. sowie H.-U. Wehler (Hg.) in der Einleitung zu A. Rosenberg, Demo-
kratie und Klassenkampf, Frankfurt/M. 1974, S. 5 ff.
21
Klio 14, 1915, S. 190-206.
22
RE 4, 1900, Sp. 511-588; RE 16, 1933, Sp. 570-638.
168 MICHEL HUMBERT
hat Rosenbergs Ergebnisse a n mehreren Punkten korrigiert (z.B. in der Fra-
ge der Drei-Ädilen-Verfassung der drei volskischen Staaten, die er mit der
Ordnung der pagi im mittleren Italien in Zusammenhang gebracht hat).
Die von Rosenberg ausgelöste, lebhafte Diskussion u m die altitalische
Verfassungsgeschichte stand trotz aller Abweichungen im einzelnen noch
ganz im Bann der Mommsenschen Auffassung von einem selbständigen vor-
römischen Ursprung des Munizipalrechts. Diese Auffassung hat dann Hans
Rudolph in seiner Schrift "Stadt und Staat im römischen Italien. Untersu-
chungen über die Entwicklung des Munizipalwesens in republikanischer
Zeit", Leipzig 1935, in Frage gestellt. Der Berve-Schüler Rudolph, den ich
noch selbst als akademischen Lehrer in Hamburg kennengelernt habe, hat,
ebenso wie die Berve-Schüler Heuß u n d Hampl, sein Dissertationsthema
sehr eigenständig gewählt u n d auch bearbeitet 23 . Er hat mit der in ihren Ur-
sprüngen auf Mommsen zurückgehenden u n d durch Rosenberg u n d Korne-
m a n n ausgeführten u n d z.T. modifizierten Auffassung gebrochen. Die Rech-
te der italischen Städte sah er nicht als aus ihren alten Rechten heraus er-
wachsen an, sondern als Verfassungen, die ihnen von den Römern z u m
Zeitpunkt ihrer vollen Integration in den römischen Staat gegeben worden
sind. Wie er zu berichten pflegte, haben die italienischen Archäologen viel-
fach u n d erfolgreich mit seinen Hypothesen gearbeitet. Leider hat er d e m
Neudruck seines Werkes keine Stellungnahme zur neueren Forschung bei-
gefügt, hat aber in mündlichen Äußerungen mehrfach zu erkennen gegeben,
daß er an seinen Ideen weiterhin festhielt.
Die Forschungen zum römischen Bundesgenossensystem in Italien von
Beloch bis Rudolph sind dadurch gekennzeichnet, daß in der ersten Phase
das Fundament für jede zukünftige Auseinandersetzung mit dieser Thema-
tik gelegt wurde - von Beloch auf der topographischen u n d demographi-
schen Ebene, von Mommsen auf der Ebene des Staats- und Völkerrechts. In
der zweiten Phase wurde d a n n u m die Frage des Ursprungs der altitalischen
Verfassungen u n d u m die Einschätzung der gegenseitigen Beeinflussungen
zwischen Rom und den Staaten Italiens gerungen. In diesen Fragenkomplex
wurde der Aspekt der Romanisierung, der bis dahin eher als eine selbstver-
ständliche Entwicklung stillschweigend vorausgesetzt worden war, als ei-
genständiger, wenn auch nicht zentraler Aspekt neu aufgenommen. Die Un-
tersuchungen legten dabei den Schwerpunkt auf die Institutionen u n d die
Verfassungen der italischen Staaten. Weniger im Blickpunkt standen (und
das ist beiden Phasen gemeinsam) Elemente der Entwicklung - sowohl der
Entwicklung einzelner Teile des römischen Bundesgenossensystems in Ita-
lien als auch der Beziehungen Roms zu den italischen Staaten in den langen
Jahrzehnten der kriegerischen Auseinandersetzungen, aber auch der kon-
struktiven Zusammenarbeit. In dem Element 'Entwicklung' lag dann vor
allem der Ansatzpunkt für die Erforschung des Themenkomplexes "Rom
u n d Italien" in der dritten Phase wissenschaftlicher Bemühungen u m diesen
vielfältigen u n d für das Verständnis der römisch-republikanischen Ge-
schichte zentralen Gegenstand.
23
Kap. 1 des Buches ("Die Diktatur") bildete seine Dissertation (Leipzig
1932) und die weiteren Teile seine Habilitationsschrift (Leipzig 1935; Neudruck
Göttingen 1965).
JEANANDREAU
RÔLE DE L'ÉCONOMIE
DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE À L'EMPIRE
Tout un faisceau de questions de fond sur l'économie antique,
sur ses structures, sur son rôle, sont depuis très longtemps posées.
Est-il possible d'écrire une histoire économique du monde antique?
Par le biais de quelle documentation peut-on y parvenir légitime-
ment et de manière efficace? Les mutations sociales que révèlent les
textes antiques découlaient-elles ou non de l'évolution économique?
Et comment situer, dans l'Antiquité, les rapports entre politique et
économie?
Dans ces quelques pages, je ne vais certes pas aborder ces
énormes problèmes, qui concernent toute l'Antiquité, et même, de
proche en proche, l'ensemble des sociétés préindustrielles. Je me li-
miterai à un certain aspect de l'un d'entre eux : les rapports entre
économie et politique. Conformément au thème du colloque, je vais
traiter, d'un point de vue historiographique, du passage de la Répu-
blique à l'Empire : dans les bouleversements politiques qu'a connus
Rome au premier siècle av. J.-C, quel rôle, ces dernières décennies,
a été attribué par les historiographies allemande et française aux
transformations de la société et à l'évolution économique?
Mes remarques vont être regroupées en quatre parties. Je signa-
lerai d'abord quelques difficultés du thème du colloque, et en parti-
culier de celui de ma communication. La deuxième partie, elle, sera
consacrée à deux différences importantes entre l'histoire écono-
mique romaine telle qu'on l'entend en Allemagne fédérale, et celle
qu'on pratique en France ou en Italie. Je passerai ensuite à la princi-
pale tradition historique, dont la prééminence reste forte en France
comme en Allemagne, mais surtout en Allemagne, et qui est avant
tout politique et administrative. Cette tradition, qui remonte aux
grands Antiquisants allemands du XIXe siècle, intègre à la trame po-
litique des facteurs sociaux et économiques, notamment quand on
en arrive aux crises et guerres civiles de la fin de la République...
Enfin, la quatrième et dernière partie sera consacrée à l'influence de
M. I. Finley en Allemagne et aux réactions qui se sont récemment
manifestées contre cette influence.
Je tiens à souligner en commençant que la manière dont je pré-
sente la pensée de tel ou tel courant, de telle ou telle discipline ou
170 JEAN ANDREAU
sous-discipline, n'implique en elle-même, de ma part, aucune cri-
tique. Si je me trouve en désaccord avec une démarche ou une
conclusion, je le dirai explicitement, pour qu'il n'y ait pas d'ambi-
guïté.
*
* *
Une telle comparaison entre deux historiographies nationales
est très délicate, car les pays comparés ne se sont pas également il-
lustrés, et ils ne se sont pas illustrés de la même manière sur chacun
des secteurs de l'histoire. Avant la première guerre mondiale, en his-
toire romaine, l'érudition allemande dominait incontestablement,
en particulier quant à la politique, à l'administration, à l'armée et
aux recherches sur les élites sociales. Cette domination a créé une
forte dissymétrie, puisqu'en nous servant de la Pauly Wissowa, des
I.L.S., du CLL., e t c . , nous continuons, encore aujourd'hui, à nous
pénétrer de la pensée historique allemande de cette époque-là.
Cela n'empêche pas que, depuis le milieu de ce siècle, les deux
historiographies allemande et française, pour les sujets dont je parle
ici, ne soient pas du tout tournées l'une vers l'autre. L'historio-
graphie française est tournée soit vers l'Angleterre, soit vers l'Italie,
soit vers les deux à la fois. L'historiographie d'Allemagne fédérale est
avant tout tournée vers l'Angleterre. Les deux recueils d'articles pré-
sentés par H. Schneider sont à cet égard très significatifs1. On n'y
trouve que deux articles français et un italien, contre une quinzaine
d'articles anglais ou américains. Les maîtres à penser de H. Chr.
Schneider, dans ces recueils, ce sont A. H. M. Jones et P. A. Brunt;
ce ne sont ni Cl. Nicolet, ni P. Veyne, ni E. Gabba, ni F. Coarelli, ni
M. Torelli, ni même A. Chastagnol (quoiqu'on puisse lire un article
de lui dans le recueil sur l'Empire). Même chose pour le Handbuch
der europäischen Wirtschafts- und Sozialgeschichte : dans son pre-
mier tome, publié sous la direction de Fr. Vittinghoff, les parties gé-
nérales dont il ne s'est pas chargé lui-même ont été confiées à des
Anglo-Saxons ou à des historiens fortement influencés par la pensée
anglaise2.
Une autre difficulté vient de ce qu'en historiographie, il existe
toujours plusieurs "genres littéraires", plusieurs niveaux d'érudition
1
Schneider, H., Zur Sozial- und Wirtschaftsgeschichte der späten römischen
Republik, Darmstadt, 1976; et Schneider, H., Sozial- und Wirtschaftsgeschichte der
römischen Kaiserzeit, Darmstadt, 1981.
2
Vittinghoff, Fr. (éd.), Handbuch der europäischen Wirtschafts- und Sozial-
geschichte, vol. 1. Europäische Wirtschafts- und Sozialgeschichte in der römischen
Kaiserzeit, Stuttgart, 1990.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 171
et de publications, qui communiquent, certes, entre eux, mais en
partie seulement. Si l'on étudie, sur quelque sujet que ce soit, tous
les petits manuels publiés ces dernières décennies pour les étudiants
de premier cycle, on obtiendra une image partiellement commune,
et qui diffère de celle que présentent les manuels approfondis (tels
que ceux de la Nouvelle Clio en France), ou de l'image qu'on trouve
dans les recherches exhaustives portant sur un sujet plus limité
(telles que les anciennes "thèses d'Etat" en France). Comparer un
petit manuel allemand à une grosse thèse française, ou l'inverse,
n'est donc guère légitime.
Troisième difficulté : beaucoup de courants se survivent sans
être dominants, ou renaissent après avoir subi une plus ou moins
longue éclipse, - surtout à notre époque où le nombre des cher-
cheurs, des livres et des revues s'est multiplié.
La vieille démarche d'Eduard Meyer, par exemple, qui insistait
sur le caractère capitaliste de l'économie antique, dominait certaine-
ment parmi les Antiquisants allemands du début du siècle, et de fa-
çon beaucoup plus affirmée et consciente qu'en France. Entre les
deux guerres, elle a été renforcée, en France comme en Allemagne,
par l'influence de M. I. Rostovtzeff. Elle a suscité de nombreux dé-
bats, mais davantage en Allemagne qu'en France 3 ; elle a ensuite per-
du beaucoup de terrain, dans les années 1970; elle continue cepen-
dant à exister, en France comme en Allemagne. On la présente de fa-
çon plus prudente, voire dissimulée qu'autrefois (parce qu'elle est
infiniment moins bien reçue), mais elle n'est pas morte. Autre
exemple : la tradition antiquaire, florissante au tournant du siècle
en Allemagne comme en France (mais davantage en France qu'en
Allemagne), a connu un très long purgatoire, mais elle est récem-
ment renée de ses cendres, parfois sous la forme de certains travaux
archéologiques ou d'inspiration anthropologique.
Dans la forêt de l'historiographie, il est donc difficile de repérer
les routes principales et de s'y tenir.
Par ailleurs, l'histoire économique soulève des difficultés spéci-
fiques, en particulier quant à la question qui a été choisie pour le
présent colloque. L'histoire économique et l'histoire sociale n'ont ja-
3
Voir par exemple Oertel 1975 : 313 - 320. Fr. Oertel avait compris aussitôt
l'importance de l'histoire économique et sociale de Rostovtzeff, mais il distin-
guait deux espèces de capitalisme : d'une part, la "méthode économique capita-
liste", qui cherche l'accroissement de la fortune par l'accumulation d'entreprises
artisanales; d'autre part, le mode de production capitaliste, qui s'épanouit dans le
développement des fabriques. L'Antiquité, selon lui, connaissait la première,
mais non pas le second. Cette distinction établie par Oertel mérite encore d'être
prise en considération.
172 JEAN ANDREAU
mais été au centre des grandes traditions de 1'"Altertumswissens-
chaft", pour plusieurs raisons, dont les unes tiennent aux sociétés
antiques et d'autres à l'histoire de l'Europe moderne et à celle de l'Al-
tertumswissenschaft. Cela reste vrai en Allemagne fédérale aussi
bien qu'en France. Malgré l'énorme quantité de documentation que
l'archéologie, l'épigraphie de Yinstrumentum et la numismatique
ont, depuis vingt ou trente ans, apportée à l'histoire économique de
l'Antiquité, assez nombreux sont encore ceux qui, d'une manière ou
d'une autre, hésitent à aborder cette discipline ou à en reconnaître la
légitimité, - sinon indirectement, par exemple dans le cadre d'une
histoire régionale. En France, cela a été récemment le cas de J. Le
Gall et M. Le Glay, mais aussi de Fr. Jacques et de J. Scheid4; en Al-
lemagne, de la série Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, où
l'économie n'est traitée que de façon régionale, exactement comme
dans les deux volumes cités ci-dessus.
Ce n'est pas ici le lieu de discuter longuement cette démarche. Je
me borne à indiquer deux ou trois raisons pour lesquelles il faut à
mon avis la refuser. L'une de ces raisons est que si l'on s'abstient
d'envisager dans leur globalité les grands problèmes posés par l'é-
conomie grecque ou romaine, on s'interdit de comprendre des as-
pects importants de la spécificité antique. L'anthropologie des socié-
tés antiques passe aussi par les comportements et les structures
économiques des Anciens, - comportements et structures qu'une
analyse régionale ne suffit pas à mettre au jour. Autre raison, qui re-
joint la première : dans ses aspects intellectuellement les plus sédui-
sants et qui ont le plus de prolongements, l'histoire économique de
l'Antiquité a toujours abordé des problèmes généraux, même si elle
les a parfois abordés à partir d'exemples locaux ou régionaux. On
peut lui reprocher d'être trop globalisante et de toujours remettre en
question l'ensemble de ses bases, mais sûrement pas de se placer sur
un terrain local ou régional. La réduire à une histoire régionale re-
vient donc à la vider de tout ce qui fait son véritable intérêt. Troi-
sième raison de refuser une telle démarche : elle interdit évidem-
ment de poser le problème du rapport qu'entretient avec l'évolution
économique le passage de la République à l'Empire.
*
* *
Je vais maintenant signaler deux éléments importants qui me
paraissent absents ou presque absents de l'historiographie alle-
4
Le Gall, J & Le Glay M., L'Empire romain, tome 1, Paris, 1987; Jacques, Fr.
& Scheid J., Rome et l'intégration de l'Empire (44 av. J.-C.-260 ap. J.-C), tome 1,
Les Structures de l'Empire romain, Paris, 1990.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 173
mande, et par l'absence desquels celle-ci se distingue nettement de
ce qui se fait en France ou en Italie.
Le premier concerne la pensée marxiste et son influence. Même
si certaines revues erudites d'Allemagne fédérale ont assez souvent
publié des articles de collègues d'Allemagne de l'Est, la pensée mar-
xiste, qu'elle fût communiste ou non, n'y a pas été souvent discutée
en histoire ancienne5. Elle n'y a pas été intégrée au reste de l'érudi-
tion. Elle n'a pas même été intégrée partiellement, comme cela s'est
produit en Italie, - ni même indirectement, comme cela a été le cas
en France. En Italie, des historiens qui ne se considèrent nullement
comme marxistes, par exemple E. Gabba, ont participé pendant des
années aux mêmes groupes de travail que les membres les plus
convaincus du Parti Communiste, et n'ont cessé d'entretenir avec
eux des rapports d'échange et de discussion. En France, sans que la
situation politique et intellectuelle soit comparable, il y a eu aussi, à
partir du début des années 1970 et pendant une quinzaine d'années,
une influence surtout indirecte, mais non négligeable du marxisme.
Quelles conséquences cette différence a-t-elle eues?
D'une part, en histoire sociale, le marxisme a contribué à déve-
lopper, même chez des historiens qui en étaient très éloignés, un in-
térêt pour les milieux dépendants et défavorisés. Il est vrai qu'un es-
prit non conformiste, une pensée sociale, un travaillisme, un popu-
lisme, chrétien ou non, ou encore un paternalisme conservateur,
peuvent eux aussi pousser à étudier les esclaves, les pauvres, le
peuple, les "classes dangereuses", les paysans. Et l'on sait que les re-
cherches sur l'esclavage se sont beaucoup développées en Alle-
magne6, même s'il ne s'agissait pas du même type de recherches que
celles de France ou d'Italie, dont d'ailleurs il serait facile de montrer
la diversité et l'hétérogénéité. Sur le plan social, si l'on fait abstrac-
tion des préférences idéologiques, la différence n'est donc pas si
grande.
Mais le marxisme, directement ou non, a aussi contribué à déve-
lopper un intérêt pour l'économie, pour les activités profession-
nelles, pour les affaires privés, pour l'argent, pour la "culture maté-
rielle", c'est-à-dire, si l'on prend l'expression dans son sens le plus
large, les aspects matériels de la vie et de la production. Même en
s
Pas souvent, mais parfois : à titre d'exemple, voir quelques remarques ra-
pides dans Bleicken, J., Geschichte der römischen Republik, Munich, 1988 :172, et
dans Schneider 1981 : 15-16 et note 69 (cf. note 1).
6
Cf. Vogt, J., Sklaverei und Humanität, Wiesbaden, 1965; Christ, K., Rö-
mische Geschichte und deutsche Geschichtswissenschaft, Munich, 1982 : 265 -
267; et Dumont, J.-Chr., Servus, Rome et l'esclavage sous la République, Rome,
1987 : 1-20.
174 JEAN ANDREAU
histoire politique, même quand la causalité n'accorde pas une place
prépondérante à l'économie, l'influence marxiste conduit à mettre
en valeur les aspects patrimoniaux, pécuniaires, matériels. Prenons
un exemple : L. Canfora a consacré un article aux éléments patrimo-
niaux et économiques des proscriptions de la fin de la République7.
Il n'y a là rien de typiquement marxiste, et l'idée même d'écrire un
article sur un tel thème peut venir à quelqu'un qui n'a rien à voir
avec le marxisme; néanmoins, l'influence marxiste a beaucoup
contribué, me semble-t-il, à susciter un intérêt pour de tels thèmes,
et ce n'est pas un hasard s'ils sont très appréciés en Italie.
La seconde absence est en partie liée à la première, mais en par-
tie seulement. C'est, en Allemagne, l'absence presque totale d'une ar-
chéologie complètement séparée de l'histoire de l'art, et qui, ayant
pour objectif de contribuer à l'élaboration de l'histoire tout court,
dans tous ses aspects, se tourne volontiers vers l'économie. Cette ar-
chéologie, qui est à la fois une discipline (ou un groupe de sous-
disciplines) et un courant intellectuel, et qu'on ne peut séparer de
l'épigraphie de Yinstrumentum, est très développée en Italie. On la
pratique aussi de plus en plus en France, aux Etats-Unis et en
Grande-Bretagne. Elle a deux visages : d'un côté, elle s'intéresse au
territoire, à l'occupation du sol et à l'exploitation agricole 8 ; de
l'autre, aux objets, c'est-à-dire en général aux objets commercialisés,
donc au commerce 9 .
En matière économique, elle a plusieurs effets. D'abord, elle met
en relief les activités privées des élites, aux dépens de leurs intérêts
politiques et des revenus personnels qu'elles tiraient de la gestion
des affaires publiques. Alors qu'à la suite des textes antiques, l'histo-
riographie de la fin du siècle dernier et du début de ce siècle insistait
beaucoup sur les affaires des publicains, sur les profits politiques et
la corruption, sur le butin, les travaux français et italiens plus ré-
cents qui portent sur les élites sénatoriales et équestres sont davan-
tage consacrés à leurs bénéfices privés. Ce courant surtout archéo-
logique produit en outre de la documentation, qui vient s'insérer
dans les trames politiques, en confirmant les textes antiques, en leur
7
Canfora, L., "Proscrizioni e dissesto sociale nella Repubblica romana",
Klio, 62 : 425-437.
8
Voir par exemple, parmi les ouvrages les plus récents, Barker, Gr. & Lloyd
J., Roman Landscapes, Archaeological Survey in the Mediterranean Region,
Londres, 1991; Leveau, Ph., Sillières P. et Vallat J. P., Campagnes de la Méditerra-
née romaine, Paris, 1993; et Carlsen, J. (éd.), Landuse in the Roman Empire,
Rome, 1994.
9
Voir par exemple Amphores romaines et histoire économique, Dix ans de re-
cherche (ouvrage collectif), Rome, École Française de Rome, 1989; et Harris, W.
V., The Inscribed Economy, Production and Distribution in the Roman Empire in
the light of instrumentum domesticum, Michigan, Ann Arbor, 1993.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 175
donnant davantage de chair, parfois en les précisant, ou en les recti-
fiant, ou en les démentant. L'étude de la céramique à vernis noir10,
celle de la sigillée italique", celle des amphores gréco-italiques, des
amphores Dressel 1 et Dressel 2-412, celle des sites miniers et des lin-
gots13, e t c . , ont permis de prendre davantage conscience des consé-
quences des conquêtes sur la production et le commerce, et de la
prospérité de l'Italie à la fin de la République et sous le règne d'Au-
guste. Les études d'occupation du sol aident à mieux comprendre les
effets de la conquête sur la propriété foncière et les modes d'exploi-
tation, ainsi que le rapport entre les transformations des domaines
et les progrès de la commercialisation des produits. De telles re-
cherches ne conduisent pas nécessairement à la conclusion que
l'installation du régime impérial s'est accompagnée de grandes
transformations économiques, mais de toute façon elles apportent
un éclairage nouveau sur l'économie à l'époque de cette installa-
tion. Le fait que les historiens allemands (à l'inverse des Français,
presque tous anciens membres de l'École Française de Rome) ne sé-
journent pas de façon durable en Italie et qu'ils ne soient guère im-
pliqués, surtout pour l'époque républicaine, dans de telles études, a
évidemment des effets sur l'historiographie allemande.
Pour la période impériale, ces études archéologico-économiques
tendent, il est vrai, à se répandre en Allemagne. Il y a réception des
travaux faits à l'étranger, dans certains cas par l'intermédiaire de
livres ou d'articles anglais, qui eux-mêmes ont pour objectif d'offrir
une synthèse commode des résultats obtenus par l'archéologie ita-
lienne et française. Ainsi, le livre de K. Greene. Le compte-rendu, ré-
digé par G. Prachner, qui en a été publié dans les Münstersche Bei-
träge, le tire d'ailleurs dans un sens finleyen, en insistant sur le fait
que l'évolution économique à la fin de la République et au début de
l'Empire se limite à une intensification qui paraît être l'effet de l'ex-
pansion territoriale de l'Empire, sans qu'il y ait de mutations struc-
turelles14.
10
Morel, J.-P., Céramique campanienne, Les formes, 2 vol. Rome, 1981; et
Pucci, G., "La ceramica campana : dalla tipologia alla storia", Opus, 2,1983 : 271-
312.
11
Goudineau, Chr., La Céramique arétine lisse, Rome, 1968; et Pucci, G., "La
produzione délia ceramica aretina, Note sulTindustria' nella prima età imperiale
romana", Dialoghi di Archeologia, 1, 1973 : 255-293.
12
Tchernia, A., Le Vin de l'Italie romaine, Rome, 1986.
13
Domergue, CL, Les Mines de la péninsule ibérique dans l'Antiquité romaine,
Rome, 1990.
14
Greene, K., The Archaeology of the Roman Economy, Londres, 1986 et
Prachner, G., (C. r. de Greene 1986), in : MBAH, 7, 2, 1988 : 95-101.
176 JEAN ANDREAU
Il y a d'autre part des études de caractère à la fois archéologique
et économique relatives à la Germanie et aux régions voisines15, et
dont certaines conduisent à des conclusions de portée plus géné-
rale16. Mais ces études concernent presque toujours la période impé-
riale, et ne nous intéressent donc qu'indirectement ici. Malgré ces
études, ce courant "archéologico-économique" me paraît encore très
peu représenté en Allemagne. En 1992, H. Kloft écrit que, pour les
périodes antérieures à l'Empire, les études régionales fondées sur
l'archéologie ne donnent que de fort modestes résultats : une telle
réflexion montre à quelle méfiance ce courant continue à se heurter
en Allemagne17.
Il ne faut pas présenter cette situation sous un jour entièrement
négatif. Les recherches archéologiques itîdiennes (auxquelles sont
associés un certain nombre de Français et d'Anglo-saxons) ont par-
fois trop exclusivement orienté le débat historique vers le commerce
et les progrès du capital commercial, ainsi que vers les transforma-
tions des domaines agricoles privés. Elles ont ainsi conduit à négli-
ger l'importance de la politique agraire de l'Etat dans ses divers as-
pects (mesures concernant Yager publions et sa transformation en
domaines privés, colonisation, e t c . ) . Au contraire, l'historiographie
allemande récente, me semble-t-il, continue à juste titre à accorder
une large place à cette politique agraire18.
*
* *
En Allemagne comme en France, l'économie est normalement
évoquée, d'une façon ou d'une autre (serait-ce pour lui refuser toute
importance) dans les histoires politiques de la fin de la République
15
Par exemple Gassner, V, "Amphoren aus Carnuntum, Überlegungen zu ih-
rem wirtschaftgeschichtlichen Aussagewert", MBAH, 8, 2, 1989 : 52-72.
16
Par exemple Strobel, K., "Einige Bemerkungen zu den historisch-archäo-
logischen Grundlagen einer Neuformulierung der Sigillatenchronologie für Ger-
manien und Rätien und zu wirtschaftsgeschichtlichen Aspekten der römischen
Keramikindustrie", MBAH, 6, 2, 1987 : 75-115.
17
Kloft, H., Die Wirtschaft der griechisch-römischen Welt, Darmstadt, 1992 :
186. En Italie, un des premiers grands ouvrages d'inspiration archéologique sur
l'évolution économique et sociale de la fin de la République romaine est la publi-
cation, dans la revue Dialoghi di Archeologia (4-5, 1970-1971), de la rencontre de
Pontignano (18-21 septembre 1969) : il y a déjà plus de vingt ans!
18
A propos de ces recherches d'histoire agraire, voir Christ 1982 : 293-294
(cf. note 6). Il y a cependant en Italie et en France d'excellents spécialistes de cette
politique agraire; voir par exemple Capogrossi Colognesi, L., La terra in Roma an-
tica, Forme di proprietà e rapporti produttivi, I, Età. arcaica, Rome, 1981 et Capo-
grossi Colognesi, L., Ai margini délia proprietà fondiaria, Rome, 1995; et Moatti,
Cl., Archives et partage de la terre dans le monde romain (IIe siècle av. J.-C.-Ier siècle
ap. J.-C), Rome, 1993.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 177
et dans les manuels qui dressent une synthèse, notamment poli-
tique, de la période. Mais, en Allemagne fédérale, l'École "prosopo-
graphique" (ou "prosopographiste") issue de M. Gelzer et de Fr.
Münzer, qui défend une vision globale de la vie politique romaine
dans ses rapports avec les groupes sociaux et avec leurs intérêts ma-
tériels, est beaucoup plus vivante qu'en France, en particulier grâce
à Chr. Meier et à ses disciples. En France, cette Ecole n'a jamais
existé en tant que telle, même si les spécialistes de la période
tiennent compte de ses résultats et leur accordent une place dans
leur propre vision (voir par exemple l'œuvre de Cl. Nicolet). L'exis-
tence de cette École influe sur le panorama historiographique en
matière économique. Disons, pour aller vite, que ses représentants
nient toute intervention des facteurs économiques dans le déroule-
ment de la vie politique. Certes, ils admettent un lien étroit entre po-
litique et société, et par exemple Chr. Meier écrit qu'à Rome, "les
facteurs sociaux pénétraient de tous côtés la réalité politique" et que
"la constitution romaine n'était rien d'autre que l'ordre politique (et
social)"19. C'est même, à ses yeux, une caractéristique du monde ro-
main que cette interpénétration du politique et du social, par rap-
port au monde moderne où le politique est beaucoup plus auto-
nome. Mais il s'agit d'une société organisée selon d'autres principes,
d'une société où les liens verticaux, par exemple la clientèle, sont dé-
terminants, et les hommes politiques, s'ils se battent pour défendre
des intérêts, ne se battent pas pour des intérêts économiques20. Il
faut étudier la structure de ces intérêts et comprendre que l'histoire
politique romaine ne dérive ni d'appartenances à des groupes so-
ciaux au sens moderne de l'expression, ni d'intérêts économiques21.
A côté de ce courant, il existe, en Allemagne fédérale aussi bien
qu'en France (et ailleurs), une histoire générale, plus ou moins chro-
nologique (la République, puis l'Empire y sont traités par grandes pé-
riodes), politique, militaire et administrative dans ses grandes lignes
et articulations, mais qui veille à intégrer à cette trame historique une
étude plus ou moins précise et circonstanciée (parfois extrêmement
rapide et sommaire) des évolutions économiques et sociales. Cette
tradition centrale de l'histoire romaine, ce "main stream", qui se
fonde avant tout sur les textes littéraires et épigraphiques, sans comp-
ter quelques œuvres maîtresses de l'art antique, traite beaucoup plus
volontiers des problèmes sociaux que de l'économie. L'économie y in-
tervient, mais souvent par raccroc. Elle se consacre tout particulière-
ment à l'évolution des élites sénatoriales et équestres, qui, dans cette
19
Meier, Chr., Introduction à l'anthropologie politique de l'Antiquité classique,
Paris, 1984 : 79.
20
Meier 1984 : 5 3 ; voir aussi la Préface de Veyne : 6 (cf. n o t e 19).
21
Meier 1984 : 58-62 (cf. n o t e 19).
178 JEAN ANDREAU
tradition, occupent évidemment une énorme place, mais sans doute
moindre que dans la précédente (l'histoire sociale du monde romain
est d'ailleurs souvent celle de l'aristocratie22). En France aussi bien
qu'en Allemagne, elle occupe, pour les deux derniers siècles de la Ré-
publique et jusqu'à l'époque augustéenne, la place prédominante.
Quant à l'histoire politique et à sa signification, cette tradition
centrale est très diversifiée. En ce qui concerne l'économie, elle me
semble beaucoup plus unitaire. Un certain nombre de facteurs poli-
tiques et sociaux explique l'instabilité des deux premiers tiers du 1er
siècle av. J.-C. et l'avènement d'Auguste; ces facteurs, de proche en
proche, s'expliquent eux-mêmes par les diverses transformations que
les conquêtes, depuis les guerres puniques, ont fait subir à la cité ro-
maine dans sa globalité, de telle sorte que le fonctionnement des ins-
titutions n'a plus du tout été adapté aux situations nouvelles. La
guerre civile et l'avènement de l'Empire, c'est, de proche en proche,
l'héritage d'Hannibal et de sa défaite, - pour user d'une expression fa-
meuse de A. J. Toynbee, qui est fréquemment cité dans ce contexte.
La question est de savoir quelle place on réserve dans ce schéma
aux facteurs non strictement politiques (c'est-à-dire aux facteurs so-
ciaux et économiques), quelle place on réserve à l'action de la cité,
quel type de liens l'on établit entre le social et l'économique et
quelles causes immédiates on attribue au déclenchement des
troubles politiques et des guerres civiles (que certains acceptent
d'appeler crise et d'autres non, mais peu importe).
Le nombre de pages que l'on consacre à l'économie n'entre
guère en ligne de compte : une histoire de l'économie telle que celle
de H. Kloft parle plus longuement de faits économiques qu'une syn-
thèse générale de la période23; mais les tenants et aboutissants et la
causalité peuvent être exactement identiques. H. Kloft part des
conquêtes, indique les changements sociaux et économiques qu'elles
déterminent, en particulier par l'intermédiaire de l'action de l'Etat.
L'évolution qui en résulte, à la fois dans la vie économique privée et
dans les équilibres sociaux, finit par conduire, plus ou moins in-
directement, aux événements du 1er siècle av. J.-C. Mais, selon H.
Kloft, les structures économiques ne se transforment pas fonda-
mentalement. Au-dessous du remue-ménage politique, dont l'am-
pleur est elle-même difficile à cerner, il y a donc, jusqu'en plein Haut
Empire, une part importante de stabilité24.
22
Sur ce point, voir par exemple Christ, K., Römische Geschichte und Wis-
senschaftsgeschichte (3 vol.), tome 1, Römische Republik und Augusteischer Princi-
pal, Darmstadt, 1982 : 153 - 156.
» Kloft 1992 (cf. note 17).
24
Kloft 1992 : 152 - 186 (cf. note 17).
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 179
Quant à ces rapports de l'économie et des événements politiques
du 1er siècle av. J.-C, on discerne, au sein de cette tradition centrale,
plusieurs directions. Il arrive qu'elles s'entremêlent. Il est d'autant
moins facile de les individualiser que la plupart des auteurs s'in-
téressent avant tout à l'histoire politique. J'ai cru en apercevoir au
moins trois (la troisième étant plus éloignée des deux autres que les
deux premières ne le sont l'une de l'autre).
La première met l'évolution politique en rapport avec l'évolu-
tion sociale des milieux dirigeants, mais elle a tendance à sou-
ligner l'autonomie de l'histoire politique, et, au fond, elle n'attache
pas grande importance aux relations structurelles entre politique
et société. Sauf exception, elle ne fait pas intervenir l'économie.
C'est la direction la plus classique et la plus empirique. Elle pré-
sente souvent une vision assez modernisante de l'économie, et en
même temps ne lui accorde guère d'importance. C'est en gros celle
qu'adopte G. Alföldy dans sa Römische Sozialgeschichte, où il in-
siste tout particulièrement sur la continuité en matière écono-
mique et même sociale : les institutions politiques changent, mais
le reste demeure à peu près semblable, de la seconde guerre pu-
nique au premier siècle de l'Empire25. D'autres, toutefois, quoi-
qu'ils aillent dans cette même direction, peuvent être plus sen-
sibles au changement social ou aux transformations des élites
qu'aux permanences.
La seconde accorde plus aux évolutions économiques, mais sans
en faire la cause des événements politiques, et en insistant surtout
sur les interventions de l'Etat (notamment en matière agraire et
pour l'approvisionnement de la ville de Rome). Accordant une place
toute particulière au domaine social, elle essaie en même temps d'é-
viter l'anachronisme quant aux rapports entre société et politique, et
quant aux caractéristiques des divers groupes sociaux. On la trouve
notamment chez J. Bleicken26.
La troisième est celle de H. Schneider27. Entre les facteurs
économiques et sociaux et les grands événements politiques, elle éta-
blit des liens plus directs que les précédentes. Dans le prolongement
de ce choix, elle a tendance à dramatiser davantage la "crise" du 1er
siècle av. J.-C. et à en faire une crise avant tout sociale. Et, dans la
25
Alföldy, G., Römische Sozialgeschichte, (lèl* éd. : 1975, 3e éd. : 1984), Wies-
baden, 1984 (cette troisième édition allemande a été traduite en français : His-
toire sociale de Rome, Paris, 1991), surtout : 78 - 84.
26
Bleicken 1988 : 171 - 174 (cf. note 5).
27
Schneider 1976 : 1 - 9 (cf. note 1); voir aussi Schneider, H., Wirtschaft und
Politik, Untersuchungen zur Geschichte der späten römischen Republik, Erlangen,
1974.
180 JEAN ANDREAU
logique de cette direction, les dysfonctionnements sociaux ont direc-
tement des causes économiques, ce qui n'est pas du tout le cas dans
la Römische Sozialgeschichte de G. Alföldy.
Sans prendre position sur ces diverses directions (ce n'est pas
l'objectif de mon article), rappelons toutefois que Th. Mommsen a
sans hésitation attribué à la "crise" du 1er siècle av. J.-C.des causes
économiques et sociales28.
Les recherches portant sur cette période, dans quelque pays
qu'elles soient menées, et malgré la surabondance de la bibliogra-
phie, ne me paraissent pas éclairer suffisamment l'articulation entre
événements politiques, facteurs sociaux et facteurs économiques. Il
manque quelques études précises directement consacrées à ce pro-
blème. Mais l'œuvre de Cl. Nicolet et celle de P. A. Brunt comptent
sans aucun doute parmi celles qui apportent le plus à ce point de
vue.
*
* *
Dans les années 1970 et 1980, l'œuvre de M. I. Finley a exercé
une influence sur un certain nombre de jeunes Antiquisants alle-
mands et en a poussé quelques-uns vers l'histoire économique, à
moins qu'au contraire leur désir de faire de l'histoire économique ne
les ait orientés vers M. I. Finley. Les deux absences que j'ai évoquées
précédemment contribuent à expliquer l'importance de l'influence
finleyenne, - qui, à l'inverse, sauf exception, ne me paraît pas direc-
tement liée au vieux débat "Bücher-Meyer" du début du siècle (dé-
bat dans lequel les historiens de l'Antiquité se trouvaient d'ailleurs
massivement aux côtés de Ed. Meyer, contre les thèses de K. Bü-
cher)29.
Pour l'économie, l'influence de Finley était particulièrement
sensible dans les premiers volumes de la revue Münstersche Beiträge
zur antiken Handelsgeschichte, fondée en 1982. Les thèmes des ar-
ticles de ces premiers volumes sont tous liés aux questions posées
par Finley et, avant lui, par J. Hasebroek. Par leur intermédiaire, ils
se rattachent aux idées de Max Weber et au débat sur l'économie an-
tique. Ce sont par exemple :
28
Voir le passage de la Römische Geschichte qui est cité dans Christ 1982 :
150 (cf. note 6).
29
Dans le même passage, J. Bleicken fait référence à M. I. Finley, à Ed.
Meyer, à K. Bücher et à M. Weber (Bleicken 1988 : 172 - 173, cf. note 5). Est-ce
l'influence de Finley et les débats actuels sur l'économie antique qui l'ont amené à
s'intéresser à la "Bücher-Meyer Controversy", ou bien le souvenir de cette contro-
verse était-il resté vivant dans le milieu des Antiquisants allemands? Je penche
pour la première hypothèse.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 181
- le problème de la raison d'être et de l'efficacité des routes
(avaient-elles une vocation économique? suffisaient-elles à animer
un commerce terrestre, à côté du commerce maritime? quelle était
l'ampleur du commerce intérieur et du commerce terrestre?)30;
- le problème du rôle de l'Etat et de l'armée (ce rôle était-il de
nature à porter atteinte au libre exercice d'un commerce de mar-
ché?)31, auquel se rattache aussi le rôle de la ville de Rome et de ses
ports32;
- le problème de l'importance du commerce oriental33;
- les questions posées par le rang social et les moyens financiers
des agents du commerce34.
Dans ces premiers volumes des Münstersche Beiträge, les ré-
ponses, elles aussi, sont presque toujours finleyennes. Très logique-
ment, de tels articles ne mettent pas les caractères de l'économie en
relation avec les événements politiques, ni même avec la grande
transformation politique que représente le passage de la République
à l'Empire. En effet, même si J. Hasebroek tenait grand compte de la
chronologie dans son ouvrage sur le commerce grec, M. I. Finley et
ceux dont la pensée est proche de la sienne se révèlent avant tout
soucieux de souligner les constantes de l'économie antique, et ils ne
croient ni que la "Révolution romaine" ait une origine économique,
ni qu'elle ait bouleversé la vie économique. Th. Pekary est parti-
culièrement net à cet égard : contre Fr. De Martino, il refuse la no-
tion de crise et l'idée que l'action des Gracques doive être mise en re-
lation avec des déchirements sociaux ou à plus forte raison écono-
miques35. Pour une étude statique de l'économie antique, le Haut
Empire est d'ailleurs une période mieux adaptée que la fin de la Ré-
publique. Beaucoup de ces articles laissent de côté tout ce qui pré-
cède l'époque augustéenne, même lorsqu'il serait légitime de s'en oc-
cuper (Felmet MBAH, 10, 1, 1991, par exemple, après une très brève
30
Schneider, H. Chr., "Die Bedeutung der römischen Strassen für den Han-
del", MBAH, 1982, 1, 1 : 85-96; Drexhage, H. J., "Beitrag zum Binnenhandel im
römischen Ägypten aufgrund der Torzollquittungen und Zollhausabrechnungen
des Faijum", MBAH, 1982, 1, 1 : 61 - 84.
31
Wierschowski, L., "Soldaten und Veteranen der Prinzipatszeit im Handel
und Transportgewerbe", MBAH, 1982, 1, 2 : 31-48.
32
Habermann "Ostia-Getreidehandelshafen Roms", MBAH, 1982, 1, 1 : 35-
59.
33
Drexhage 1982 (cf. note 30); voir aussi Drexhage, R., Untersuchungen zum
römischen Osthandel, Bonn, 1988 et Pieket, H. W., (C. r. de R. Drexhage, 1988),
MBAH, 1990, 9, 2 : 127-130.
34
Holtheide, B., "Zum privaten Seehandel im östlichen Mittelmeer (1.-3.
Jhd.)", MBAH, 1982, 1, 2 : 3-13.
35
Pekary, Th., (C. r. de Fr. De Martino), Wirtschaftsgeschichte des alten Rom,
trad, allemande, Munich, 1985, in : MBAH, 1986, 5, 2 : 106-115.
182 JEAN ANDREAU
introduction sur l'époque républicaine, ne traite que de la période
impériale du port d'Ostie).
Le livre de H. U. von Freyberg est un cas tout à fait à part : il est
l'œuvre d'un économiste, et, malgré la nationalité de son auteur, il
ne fait pas vraiment partie de l'historiographie allemande, puisqu'il
se nourrit avant tout de références anglo-saxonnes. Von Freyberg,
lui aussi, est lié à la pensée de certains disciples de M. I. Finley
(avant tout K. Hopkins), sinon à celle de Finley lui-même, dont il cri-
tique plus d'un aspect. Et, quoiqu'à l'intérieur des premiers siècles
de notre ère, il fasse preuve d'un très vif souci de la chronologie, lui
aussi se limite au Haut Empire, en partie pour des raisons qui
tiennent à son sujet36.
Certaines idées finleyennes ou apparentées se retrouvent main-
tenant dans des grands manuels ou dans des livres et articles de
synthèse. Ainsi, H. Schneider souligne que, dans l'ensemble de l'An-
tiquité, il n'y avait pas de milieu d'entrepreneurs poussant, par es-
prit de gain, à une productivité plus haute37. H. Kloft, lui, présente
l'aristocratie romaine comme durablement et structurellement ren-
tière : elle vise avant tout à convertir son argent en terres et en im-
meubles38. Mais elles y sont mêlées à de tout autres idées, qui
viennent d'autres horizons, - ce qui ne veut dire ni qu'elles soient
fausses, ni qu'elles soient toujours incompatibles avec les pre-
mières. Ainsi, Kloft parle à plusieurs reprises d'une bourgeoisie,
d'une classe moyenne, qu'il situe au-dessous des élites sénatoriales
et équestres39. R. Werner40, lui, reste fidèle à la vision de H. Hill, se-
lon laquelle l'ordre équestre formait une grande bourgeoisie finan-
cière et bancaire41. Ces conclusions de H. Hill, à mon sens absolu-
ment indéfendables, sont encore assez répandues en Allemagne.
Elles ont disparu de l'historiographie anglaise. En France, l'œuvre
de Nicolet et le courant "archéologico-économique" les ont
combattues avec succès, même si on les retrouve encore ici et là,
mais très rarement.
La revue Münstersche Beiträge a évolué. Elle a rapidement fait
plus de place à des auteurs non allemands, - O. Bounegru et A.
Avram (Roumanie), J. Iluk et T. Malinowski (Pologne), H. W. Ple-
36
von Freyberg, H. U., Kapitalverkehr und Handel im römischen Kaiserreich
(27 v. Chr.-235 n. Chr.), Fribourg-en-Brisgau, 1988.
37
Schneider, H. Chr., Einführung in die antike Technikgeschichte, Darmstadt,
1992 : 221 - 223.
38
Kloft 1992 : 184 (cf. note 17).
39
Kloft 1992 : 173, 186 et 200 (cf. note 17).
40
Werner, R., "Vom Stadtstaat zum Weltreich. Grundzüge der innen-politis-
chen und sozialen Entwicklung Roms", Gymnasium, 80, 1973 : 209-235 et 437-
456.
41
Hill, H., The Roman Middle Class in the Republican Period, Oxford, 1952.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 183
ket (Pays-Bas), G. Raepsaet et M.-Th. Raepsaet-Charlier (Belgique),
J. Remesal Rodriguez (Espagne), etc...Elle s'est davantage ouverte,
comme nous l'avons vu, aux études "archéologico-économiques".
Et, liée au développement de cette voie archéologique, s'y est affir-
mée une pensée beaucoup moins finleyenne, parfois même très
économiciste, - de la part de spécialistes dont certains se mon-
traient précédemment favorables aux conclusions de Finley. Etu-
diant l'évergétisme en Afrique du Nord, G. Wesch-Klein tend ainsi
à montrer que les donateurs avaient des intérêts financiers et
économiques dans les secteurs concernés par leurs bienfaits, par
exemple qu'un notable offrant un macelium avaient des intérêts
dans le commerce de détail, - idée qui ne va pas de soi42. L. Wiers-
chowki, de son côté, essaie d'expliquer les mariages de notables en
fonction de leurs intérêts commerciaux43. Et L.-M. Günther inter-
prète en termes économiques un miracle de Saint-Etienne44. Mais
cette évolution radicale ne les conduit pas à mettre les phénomènes
économiques en relation avec les grands événements politiques, et
en particulier ils ne sont pas amenés à poser le problème du pas-
sage de la République à l'Empire, de ses causes et de ses consé-
quences.
Pour terminer, je souhaite dire quelques mots de deux cher-
cheurs allemands, qui, chacun pour sa part, et avec des contenus
différents, s'efforcent, me semble-t-il, de tenir compte à la fois des
traditions d'histoire politique et sociale et des débats récents sur l'é-
conomie antique. Le premier est Th. Pekary45, le second Th.
Schleich46.
Dans sa synthèse sur l'économie antique, Th. Pekary s'est posé la
question qu'a posée à son tour, quelques années plus tard, K. Hop-
kins47 : comment penser à la fois l'archaïsme de l'économie romaine
et ses progrès, l'accroissement de ses moyens entre le IIIe siècle av.
J.-C. et le début de l'Empire? Dans l'optique qui est la sienne, Pekary
y parvient assez bien, mais il le fait en évitant de confronter ses re-
42
Wesch-Klein, G., "Private Handelsförderung im römischen Nordafrika",
MBAH, 1989, 8, 1 : 29-38.
43
Wierschowski, L., Wirtschaftsinteressen oder Liebesehen?", MBAH, 1992,
11, 1 : 32-55.
44
Günther, M.-L., "Schweine für Uzalis : Zur Interpretation einer Wundertat
des heiligen Stephanus", MBAH, 1992, 11, 1 : 56-69.
45
Pekary, Th., Die Wirtschaft der griechisch-römischen Antike, Wiesbaden,
1976.
44
Schleich, Th., "Überlegungen zum Problem senatorischer Handelsaktivitä-
ten", MBAH, 1983, 2, 2 : 65-90 et 1984, 3, 1 : 37-76.
47
Hopkins, K., "Introduction", in : P. Garnsey, K. Hopkins & C. R. Whitta-
ker (edd.), Trade in the Ancient Economy, Londres, 1983 : LX-XXV.
184 JEAN AJMDREAU
marques économiques avec le tournant politique de la fin de la Ré-
publique. Ce qu'il dresse, c'est donc une synthèse de l'évolution
économique à long terme, sur cinq ou six siècles, sans se préoccuper
- ou en se préoccupant très peu - de la périodisation politique. Dé-
marche qui me paraît légitime en elle-même, quoi qu'on pense du
détail de ses analyses et de ses orientations "minimalistes" (le n o m
de "minimalistes" est assez souvent employé, n o t a m m e n t dans les
Münstersche Beiträge, pour désigner ce que d'autres n o m m e n t les
primitivistes ou les finleyens).
Th. Schleich, lui n o n plus, ne cherche pas à poser de front le
problème des rapports entre évolution économique, évolution so-
ciale et mutations institutionnelles dans l'Antiquité romaine, et il re-
proche à H. Schneider de le supposer résolu. Il cherche à définir les
conditions sociales et économiques de l'exercice de la politique, et,
dans cette voie, ses articles sur les intérêts économiques des séna-
teurs expliquent d'une certaine manière l'évolution des comporte-
ments et des patrimoines aristocratiques à la fin de la République 48 .
La concurrence politique, l'afflux des biens appartenant à la cité et
auxquels l'aristocratie a, d'une manière ou d'une autre, accès, contri-
buent à expliquer que les sénateurs soient à la tête de patrimoines de
plus en plus importants et mènent de plus en plus d'affaires di-
verses, dont les revenus s'ajoutent à leurs terres et à leurs esclaves. A
vrai dire, son propos n'est pas de rendre compte de la crise du 1er
siècle av. J.-C, ni de définir la place des sénateurs dans le nouvel
ordre qui s'instaure avec Auguste. Th. Schleich, dans ces articles, ne
répond donc pas aux questions que j'ai essayé de poser ici, mais il
propose une démarche. Cette démarche s'inspire à la fois de celle de
M. I. Finley et de celle de Cl. Nicolet; elle prend acte de ce que nous
ont appris les "prosopographistes" et n'est pas si éloignée de la voie
ouverte par P. Veyne. Dans le domaine de l'histoire économique ro-
maine, ces articles comptent, à m o n sens, parmi les recherches les
plus notables de l'historiographie allemande de ces dernières an-
nées, et c'est d'eux que, probablement, je me sens le plus proche.
Jean ANDREAU
48
Schleich 1983-1984 (cf. note 46).
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 185
HlNNERK BRUHNS
Zur Wirtschaftsgeschichte der römischen Republik in der deutschen For-
schung : Kommentar zum Beitrag von Jean Andreau1.
Jean Andreau hat seine Beobachtungen zur deutschen Forschung in vier
Schritten formuliert :
1. Er weist auf eine Reihe von Schwierigkeiten hin, die die generelle Fra-
gestellung der Tagung und der Versuch eines Vergleichs der französischen
und der deutschen Forschung im Hinblick auf die Behandlung der römi-
schen Wirtschaft mit sich bringen. Dazu gehören das Nebeneinander unter-
schiedlicher Tendenzen und Auffassungen in beiden Ländern, die unter-
schiedliche Ausrichtung nach England und Italien und die sowohl in Frank-
r e i c h wie in D e u t s c h l a n d zu b e o b a c h t e n d e T e n d e n z , a n t i k e
Wirtschaftsgeschichte in einem regionalgeschichtlichen Rahmen zu behan-
deln. <
2. In seinem Inventar der Unterschiede zwischen der deutschen und der
französischen Forschung stellt J. Andreau zwei Beobachtungen in den Vor-
dergrund :
a) die Schwäche, wenn nicht gar das fast völlige Fehlen einer marxi-
stisch beeinflussten Wirtschafts- und Sozialgeschichte in der Bundesrepu-
blik, was in der Tat im Vergleich zu Frankreich oder Italien sehr auffällig ist.
Jean Andreau sieht hier zu recht einen deutlichen Zusammenhang mit
einem schwächeren Interesse in der deutschen Forschung für abhängige
Schichten und für die materielle Kultur.
b) Die zweite große Differenz sieht er in dem andersartigen Verhältnis
von Alter Geschichte und Archäologie, zumal in der sehr viel stärkeren Prä-
gung der deutschen Archäologie durch kunstgeschichtliche Fragestellungen
einerseits und durch das Fehlen eines archäologisch-ökonomischen Ansat-
zes andererseits, der sich auf Fragen wie Territorium, Bodennutzung, Land-
wirtschaft und Handel konzentriere.
3. In einem dritten Schritt wendet sich Andreau der für die späte Repu-
blik aus französischer Sicht dominanten deutschen historiographischen
Tendenz zu (Gelzer, Münzer, Meier), die die Bedeutung ökonomischer Fak-
toren für die Politik abstreite. Daneben stehen für ihn Autoren spezieller
Wirtschafts- oder Sozialgeschichten, wie H. Kloft oder G. Alföldy. Hier wür-
den aber kaum Verbindungen zwischen der politischen und wirtschaftlichen
Entwicklung gezogen; oder aber, wie im Fall der Arbeiten von H. Schneider,
eine Verbindung, in der die Krise des 1. Jahrhunderts vor allem als eine so-
ziale Krise erscheine.
4. In einem vierten Schritt schließlich prüft Andreau die deutschen Auf-
fassungen der römischen Wirtschaft an ihren Einstellungen zu den Thesen
von Moses I. Finley. Dessen Einfluß hänge wohl mit der Schwäche sowohl
der marxistischen wie der archäologischen Tradition zusammen. Er sei
1
Für nützliche Hinweise bin ich Wilfried Nippel dankbar.
JÜAN ANDREAU
deutlich zu spüren in den ersten Jahrgängen der Münsterschen Beiträge zur
antiken Handelsgeschichte.
Zu diesen vier Schritten möchte ich folgende Anmerkungen machen :
ad 1) Den generellen Beobachtungen von Jean Andreau zur antiken Wirt-
schaftsgeschichte in Deutschland kann m a n nur zustimmen. In der Bundes-
republik selbst ist die schwache Entwicklung wirtschaftshistorischer Ansät-
ze verschiedentlich festgestellt u n d beklagt worden, so zum Beispiel von so
unterschiedlichen Gelehrten wie Karl Christ und Christian Meier 2 , ohne daß
hier jedoch auf den fehlenden ökonomisch-archäologischen Ansatz verwie-
sen worden wäre. Es wäre möglicherweise lohnend gewesen, in etwas syste-
matischerer Weise den Anteil u n d die Funktion wirtschaftsgeschichtlicher
Fragen in vergleichbaren deutschen u n d französischen Publikationen einan-
der gegenüberzustellen (etwa in Handbüchern für den Studienbetrieb, in
althistorischen Fachzeitschriften oder auch in allgemeinhistorischen wirt-
schafts- und sozialgeschichtlichen Fachzeitschriften 3 ).
Als ein recht zuverlässiger Indikator für den Stellenwert wirtschaftsge-
schichtlicher Fragestellungen in der deutschen Althistorie heute mag der
Anteil wirtschaftshistorischer Doktorarbeiten gelten. Das letzte Disserta-
tionsverzeichnis der Mommsen-Gesellschaft weist 287 Doktorarbeiten im
weiteren Bereich der Alten Geschichte auf, die im Jahre 1992 an deutsch-
sprachigen Universitäten in Arbeit oder gerade abgeschlossen waren 4 . Da-
von betrafen n u r 17 wirtschaftsgeschichtliche Themen 5 . Hinzuzufügen wä-
2
Meier, Christian, "Vor neuen Herausforderungen und Möglichkeiten al-
thistorischer Forschung", in : Forschung in der Bundesrepublik Deutschland, Bei-
spiele, Kritik, Vorschläge, Im Auftrag der DFG herausgegeben von Chr. Schneider,
Weinheim, 1983, 39-47.
Christ, Karl, Römische Geschichte und deutsche Geschichtswissenschaft.
München, 1982 : 116.
Optimistischer : Alföldy, G., "Beobachtungen zur Lage der Althistorie in der
Bundesrepublik", in : Flashar, Hellmut et alii (Hg.), Geisteswissenschaften als
Aufgabe. Kulturpolitische Perspektiven und Aufgaben, Berlin - New York, 1978 :
196. Alföldy setzt hier die Fragen der antiken Sozial- und Wirtschaftsgeschichte
mit strukturalistischen Fragestellungen gleich.
3
Zum Beispiel Geschichte und Gesellschaft oder Vierteljahresschrift für So-
zial- und Wirtschaftsgeschichte in Deutschland, Annales. Economies, Sociétés, Ci-
vilisations (seit 1994 : Annales. Histoire, Sciences Sociales) und Revue d'histoire
économique in Frankreich).
4
Das Verzeichnis ist sicher nicht ganz vollständig; die fehlenden Meldungen
würden das Bild wohl kaum zugunsten der Wirtschaftsgeschichte verän-
dern. Eine jährliche Liste der in der Archäologie abgeschlossenen deutschen Dis-
sertationen findet sich im Archäologischen Anzeiger.
5
- Das nachrepublikanische Finanzsystem. Fiscus und fisci in der frühen
Kaiserzeit.
- Landbesitz senatorischer Familien vom Beginn des Prinzipats bis ins
späte 3. Jh.
- Zum Münzumlauf im griechischen Mutterland zur Zeit der römischen
Republik.
- Die Opuscula Agrimensorum veterum und die Entstehung der römi-
schen Limitationstheorie.
- Bauverwaltung im kaiserlichen Rom.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 187
ren einige rein numismatische Arbeiten sowie eine kleine Zahl archäologi-
scher Arbeiten über römische Villen oder Fundstätten im germanischen
Raum. Aus den Themen der wirtschaftshistorischen Arbeiten ergibt sich
deutlich, daß hier im Grunde kaum eine Verbindung zur Archäologie be-
steht. Zieht m a n zum Vergleich eine Aufstellung der althistorischen u n d ar-
chäologischen 6 Dissertationen in Frankreich heran, die in den Jahren 1993
und 1994 verteidigt (34 althistorische, 22 archäologische) oder deren The-
men in diesen beiden Jahren in den 'Fichier Central des Thèses' neu einge-
tragen worden sind (116 althistorische, 48 archäologische), so ergibt sich ein
sehr unterschiedliches Bild. Zwar ist die Zahl eindeutig wirtschaftshistori-
scher Themen 7 auch hier relativ gering, aber etwa ein Fünftel der althistori-
schen Dissertationen geht, d e m Titel nach zu urteilen, von archäologisch-
topographischen oder archäologisch/sozial- u n d wirtschaftshistorischen
Fragestellungen aus. Dabei scheint in manchen Fällen die Klassifizierung
als archäologisches oder althistorisches Dissertationsthema beliebig aus-
tauschbar zu sein 8 . Die administrative Klassifizierung durch die französi-
schen Universitäten ist hier jedoch weniger von Interesse als das Licht, das
- Zum Verhältnis ökonomischer und nichtökonomischer Strukturen in der
antiken Gesellschaft.
- Zur Beurteilung sozialer Probleme, insbesondere der Agrarfrage bei Ci-
cero.
- Das Gebührenwesen in der Spätantike.
- Blei in der Antike. Bergbau, Verhüttung, Verwendung.
- Politische und wirtschaftliche Hintergründe der Münzprägung thraki-
scher Dynasten (bis 200 v. Chr.).
- Attische Redner als Quelle für soziale und wirtschaftliche Probleme in
Athen im frühen 4. Jahrhundert.
- Ettore Ciccotti und die Erforschung der antiken Sklaverei in Italien.
- Sozialökonomische Charakteristika des attischen Handwerks im 5. und
4. Jh. v. Chr.
- Zum Handel von Herakleia Pontike und Sinope mit dem bosporanischen
Reich. Eine historische Studie auf Grundlage der Amphorenstempel.
- Verschuldung im römischen Ägypten (1.-2. Jh. v. Chr.).
- Die ältere römische Agrargeschichte im Spiegel der Literatur der späten
Republik und der frühen Kaiserzeit.
- Untersuchungen zu M.I. Finley.
6
Für das Gebiet und den Zeitraum des 'klassischen' Altertums.
7
Beispiele wirtschaftshistorischer Themen :
- "La piraterie sur le littoral "océanique" à l'époque gallo-romaine".
- "Le commerce en Méditerranée au 4ème siècle à partir des épaves trou-
vées sur les côtes françaises".
- "Recherches sur le commerce maritime de l'Afrique romaine".
- "La circulation monétaire en Gaule mosellane".
- "Les importations d'amphores orientales en Gaule durant l'Antiquité tar-
dive".
- "Le commerce des esclaves dans l'Egypte romaine".
8
Einige Beispiele dafür :
- "La céramique commune gallo-romaine de Perigueux" (Alte Geschichte).
- "Recherches sur le commerce maritime de l'Afrique romaine" (Archäolo-
gie).
188 JEAN ANDREAU
durch solche Themenstellungen auf die Praxis u n d das disziplinare Selbst-
verständnis der französischen Althistoriker u n d Archäologen fällt. Die Nähe
der beiden Disziplinen in der französischen Universität unterscheidet sich in
bemerkenswerter Weise von dem Verhältnis von Alter Geschichte u n d Ar-
chäologie in Deutschland 9 .
Eine weitere kurze Bemerkung : Angesichts der schwachen Entwicklung
der Wirtschaftsgeschichte in der deutschen Althistorie erscheint es m i r
zweifelhaft, ob es Sinn hat, eine Linie von Eduard Meyer über M.I. Ro-
stovtzeff zur heutigen Forschung in Deutschland (und in Frankreich) ziehen
zu wollen. Eher bietet sich das Bild unsystematischer Anleihen bei verschie-
denen Traditionen an.
ad 2) Was das Fehlen eines marxistischen Ansatzes in der bundesrepubli-
kanischen Altertumskunde angeht, so mag m a n dafür die bündige Erklä-
rung anführen, daß für diese Art von Geschichtsschreibung in den Zeiten
der deutschen Teilung die Historiker der DDR zuständig gewesen seien. Nur
sagt das noch nichts aus über die effektive Fruchtbarkeit dessen, was m a n
hier als marxistische, vulgärmarxistische oder naiv-marxianische Ansätze
antrifft. Bis zu einem gewissen Grade ist eine solche Erklärung dennoch
nicht ganz sinnlos, denn anders als in Frankreich oder in Italien wurden
'marxistische' Positionen in der Bundesrepublik sofort unter dem Aspekt der
ideologischen Konfrontation zwischen West- u n d Ostdeutschland gelesen,
und das hilft zu verstehen, warum marxistische Ansätze in der Bundesrepu-
blik n u r so schwer Fuß fassen konnten 10 . Der Einfluß der politischen Rah-
menbedingungen nach dem zweiten Weltkrieg ist hier nicht zu überschät-
zen. Dies betrifft natürlich das gesamte intellektuelle Klima in der Bundes-
republik, hat sich aber, im Bereich der Geistes- u n d Sozialwissenschaften,
von Fach zu Fach unterschiedlich stark ausgeprägt. Die Alte Geschichte hat
sich nach dem Krieg in Deutschland n u r sehr spät u n d sehr langsam erneu-
ert. Den Herausforderungen, die sich ihr infolge des Abgleitens mancher be-
kannter Althistoriker auf nationalsozialistische Positionen u n d infolge des
intellektuellen und institutionellen Zusammenbruchs 1945 stellten, ist sie,
bewußt oder unbewußt, zunächst durch den Rückzug auf traditionelle, 'hu-
- "Paysages et occupation des sols dans les colonies romaines : le cas du
pays d'Arles" (Alte Geschichte).
- "La défense du territoire en Carie aux époques classique et hellénistique.
(Histoire et archéologie)" (Archäologie).
- "Mise en valeur de la zone archéologique centrale de Rome : retrouver et
communiquer la réalité vivante du genius loci" (Alte Geschichte).
- "Recherches sur la topographie religieuse du Quirinal sous l'Empire" (Alte
Geschichte).
9
Max Weber erschien die Notwendigkeit archäologischer Kompetenz für
die Erforschung der antiken Ökonomie als eine Evidenz : "Agrarverhältnisse im
Altertum" (1909) in : Gesammelte Aufsätze zur Sozial- und Wirtschaftsgeschichte,
1924, Tübingen : 45, cf. p. 97.
10
Die Spannungen zwischen Historikern der beiden deutschen Staaten in
den 50er und 60er Jahren sind von französischen Historikern recht kritisch be-
obachtet worden, cf. : Mandrou, R., "A côté du Congrès : une mise en accusation
du matérialisme historique", Annales ESC 16, 1961 : 518-520.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 189
manistische' Positionen aus dem Wege gegangen". Die Altertumswissen-
schaft hat so nicht n u r ihre zentrale Stellung im deutschen Bildungskanon
nicht wiedergewonnen, sondern auch an der Neuentwicklung der deutschen
Geschichtswissenschaft im Sinne einer historischen Sozialwissenschaft in
den 1960er und 1970er Jahren nur verspätet, langsam und partiell teilge-
nommen.
Das Beispiel der Sozial- und Wirtschaftsgeschichte für das 19. und 20.
Jahrhundert zeigt jedoch, daß eine innerdeutsche Arbeitsteilung, wie sie sich
in der Alten Geschichte für den Gebrauch 'marxistischer' Ansätze aber ei-
gentlich kaum ergeben hat, auch einen anderen Effekt hätte hervorrufen
können, nämlich den der Rivalität u n d der Entwicklung konkurrierender
Methoden, wie sie gegen Ende der 60er Jahre im Bereich der Geschichte des
19. und 20. Jahrhunderts zur 'Historischen Sozialwissenschaft' geführt hat,
die sich explizit auf Max Weber und Karl Marx berief. Das aber war in der
Alten Geschichte nicht der Fall. Gerade das Beispiel des wissenschaftlichen
Großunternehmens der Mainzer Akademie der Wissenschaft zur Geschichte
der antiken Sklaverei zeigt, daß m a n kaum versucht hat, die 'Marxisten' auf
dem Feld der wirtschaftlichen oder soziologischen Analyse zu schlagen, son-
dern daß m a n im Gegenteil eher bemüht war, traditionelle humanistische
Positionen auszubauen 12 . Gleichwohl m u ß m a n hinzufügen, daß der positive
Ertrag dieses Unternehmens nicht n u r in vielen sehr material- u n d kenntnis-
reichen Arbeiten bestand, sondern daß einem Teil der westlichen Forschung
durch Übersetzungen russischer Forschungen marxistische Deutungen erst
hier zugänglich wurden.
Zu bemerken ist ferner, daß von der DDR-Althistorie in dem uns interes-
sierenden Bereich weder theoretische noch methodische Anstöße ausgegan-
gen sind, und daß dort auch, anders als in der Bundesrepublik, keine ernst-
haften Auseinandersetzungen mit Finleys Werk geführt worden sind. Zur rö-
mischen Republik hat die DDR-Historie a u c h keine bemerkenswerten
wirtschaftsgeschichtlichen Arbeiten hervorgebracht, wie überhaupt ökono-
mische Fragen der späten römischen Republik nicht zu den vordringlichen
(und von der Akademie auf Anweisung der Partei) für die Forschung festge-
legten Themen gehörten 13 . Anders verhielt es sich damit für die Geschichte
der Kaiserzeit 14 .
11
Zur antimarxistischen Einstellung der Alten Geschichte cf. : Bichler, Rein-
hold, "Neuorientierung in der Alten Geschichte?", in : E. Schulin (Hg.), 1945-
1965, Deutsche Geschichtswissenschaft nach dem Zweiten Weltkrieg, München,
1989 : 63-86, hier p. 77.
12
Zu den Arbeiten der Mainzer Akademie cf. Brockmeyer, Norbert, Antike
Skaverei, Darmstadt, 1979 : 33 ff.
13
Cf. bei Willing, Matthias, Althistorische Forschng in der DDR. Eine wissen-
schaftsgeschichtliche Studie zur Entwicklung der Disziplin Alte Geschichte vom
Ende des Zweiten Weltkriegs bis zur Gegenwart (1945-1989), Berlin, 1991, die Cha-
rakterisierung der Forschungstendenzen in den verschiedenen Phasen der Wis-
senschaftsentwicklung der DDR. Dazu jedoch zu Recht kritisch : Nippel, W.,
Gnomon 66, 1994 : 342-347. (Bertolt Brechts Geschäfte des Julius Caesar haben
anscheinend auch in der DDR nicht anregend gewirkt).
14
Als Beispiel sei genannt : Johne, K., Köhn, P. J. & Weber, V., Die Kolonen
in Italien und den westlichen Provinzen des römischen Reiches. Eine Untersuchung
190 JEAN ANDREAU
Völlig abwesend waren (im weitesten Sinne) marxistische Ansätze in der
bundesrepublikanischen Althistorie natürlich nicht, aber sie waren marginal
u n d konnten sich auch nicht auf ein weites intellektuelles Umfeld stützen,
wie dies in Frankreich der Fall war. Es kam jedoch in den Jahren nach 1968
zu einer größeren Offenheit für Fragestellungen, die aus dem Marxismus
hergeleitet wurden, u n d dabei auch zu Kritik an der oft prinzipiellen Ableh-
nung solcher Problemstellungen durch die westdeutsche Althistorie 15 .
ad 3) Nun einige Bemerkungen zu Andreaus Äußerungen zur Bedeutung
der Wirtschaft im Übergang von der Republik zum Prinzipat :
Wenn neben der Schwäche eines im weiten Sinne marxistischen Ansat-
zes der wesentliche Unterschied zwischen der deutschen u n d der französi-
schen Althistorie, unter dem Aspekt der Ökonomie, in dem fast völligen Feh-
len einer von der Kunstgeschichte getrennten Archäologie besteht, die sich
auf den Boden u n d auf die (kommerzialisierten) Objekte konzentriert u n d
von hier aus die Wirtschaftsgeschichte mitstrukturiert, so ergibt sich daraus
umgekehrt in vielen französischen Arbeiten eine ganz selbstverständliche
Integration der politischen, sozialen u n d ökonomischen Ebenen, die sich
von den oft künstlich wirkenden Verknüpfungen dieser Dimensionen bei
manchen deutschen Autoren unterscheidet. Denn was begreift m a n von der
Wirtschaft der späten Republik, wenn, u m ein Beispiel zu zitieren, ihr Bild
aus verschiedenen Versatzstücken zusammmengesetzt wird : Zunächst eine
Prise Mommsen (eine "vollkommen ausgebildete Plantagenaristokratie, mit
einer starken Schattierung kaufmännischer Spekulation u n d einer leisen
Nuance von allgemeiner Bildung"), d a n n etwas C. Hill : ein bißchen Mittel-
stand habe es aber auch gegeben. Danach ein Schuß De Martino : ("Das so-
zioökonomische System des republikanischen Rom wurde von Imperialis-
mus u n d Sklaverei beherrscht, einer Herrschaftsform, die voll von Wider-
sprüchen u n d von Grund auf unfähig zum Fortschritt war"), aber Handel,
Gewerbe u n d freie Arbeit habe es doch gegeben... Und d a n n kommt das er-
leuchtende Fazit : "Und wenn die Erkenntnis zutrifft, daß die politischen
Grenzen zwischen Republik und Prinzipat außerordentlich fließend sind,
dann ist auch die Überlegung nicht abwegig, daß die wirtschaftlichen Zu-
stände der Kaiserzeit Strukturen aufnehmen und weiterentwickeln, die be-
reits in der Republik angelegt waren." 15 "
Hier haben wir es mit einer Form der Wirtschaftsgeschichte zu tun, die
weder im Sinne Finleys oder Webers u m eine theoretische Durchdringung
der literarischen, juristischen und epigraphischen Quellen vom 2. Jahrhundert
v.u.Z. bis zu den Severern, Berlin, 1983.
15
Als Beispiel zu nennen wäre etwa die Dissertation von N. Brockmeyer (Ar-
beitsorganisation und ökonomisches Denken in der Gutswirtschaft des römischen
Reiches), die 1968 von der neugegründeten Universität Bochum (der ersten Uni-
versität in einer traditionell sozialdemokratischen Arbeiterregion) angenommen
worden ist.
15a
Kloft, H., Die Wirtschaft der griechisch-römischen Welt, Darmstadt 1992,
p. 185/186.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 191
der Andersartigkeit der Antike bemüht ist, noch von der archölogisch-öko-
nomischen Feldarbeit gespeist wird. Wie Andreau richtig sieht, wäre auf die-
ser Ebene eine wissenschaftliche Auseinandersetzung u m die Rolle der Öko-
nomie beim Übergang von der Republik zum Prinzipat nicht sehr ergiebig.
Wichtig wäre es dagegen, diese Frage anhand der Gegenüberstellung
unterschiedlicher globaler Entwürfe der römischen Gesellschaft und Politik
in der späten Republik zu diskutieren, etwa derjenigen von Christian Meier
(Res publica amissa) u n d von Claude Nicolet (Le métier de citoyen)16. Abgese-
hen von der unrichtigen Einschätzung Meiers u n d seiner Schüler als "Proso-
pographen" 17 , skizziert Andreau Christian Meiers Einschätzung der Bedeu-
tung wirtschaftlicher Faktoren richtig. Hier müsste dann aber die Diskus-
sion b e g i n n e n u n d nicht a b g e b r o c h e n w e r d e n . Dazu n u r zwei kurze
Hinweise :
a) Im Prinzipiellen liegen die Positionen von Christian Meier einerseits,
von Claude Nicolet oder Jean Andreau andererseits gar nicht so weit ausein-
ander, wie es auf den ersten Blick aussieht. Zumindest, wenn m a n dazu die
jeweiligen Publikationen der letzten Jahre heranzieht. Um dies deutlich zu
machen, würde es genügen, die Bemerkungen von Christian Meier aus der
Einleitung zur Neuauflage (1980) von Res publica amissa den Äußerungen
von Nicolet und Andreau (Annales 1980) gegenüberzustellen. Die Unter-
schiede zeigen sich d a n n in der Art und Weise, wie die genannten Autoren in
einem System, in dem Politik u n d Wirtschaft keine autonomen Bereiche
sind, ihre Verbindung und Integration im Konkreten denken.
Andreau schreibt, daß die Repräsentanten der prosopographischen
Schule (Gelzer, Münzer, Meier - hier hält anscheinend jeder den anderen für
einen Prosopographen!) jegliche Intervention ökonomischer Faktoren "dans
le déroulement de la vie politique" abstreiten. Ob das so für Gelzer stimmt,
möchte ich bezweifeln; und auch bei Christian Meier sind die Zusammen-
hänge wohl etwas komplexer 18 . Meiers Entscheidung, innerhalb einer Be-
trachtung der Krise der späten Republik "die wirtschaftlichen u n d gesell-
16
Meier, Christian, Res publica amissa. Eine Studie zu Verfassung und Ge-
schichte der späten Republik, Wiesbaden, 1966 (2. Aufl. : Frankfurt a.M., 1980).
Nicolet, Claude, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976.
Nicolet, Claude, "Economie, société et institutions à Rome au IIe siècle av.
J.-C. : de la lex Claudia à l'ager exceptus", Annales ESC 35, 1980 : 871-894. Dazu
im gleichen Heft : Thébert, Y., "Economie, société et politique aux deux derniers
siècles de la République Romaine" (p. 895-911) und : Andreau, S., "Réponse à
Yvon Thébert" (p. 912-919).
17
Deren Einstellung zur Prosopographie als Methode ist exakt diejenige von
Claude Nicolet und seinen Schülern und wendet sich gegen den Mißbrauch pro-
sopographischer Daten zur Konstruktion von Faktionen, wie dies vor allem bri-
tische und amerikanische Historiker unter Berufung auf Friedrich Münzer getan
haben.
18
Dazu zwei Zitate : "Der Prozeß der Krise der res publica hat sich, woher er
auch gespeist war, wesentlich im Politischen vollzogen. Im wirtschaftlichen und
gesellschaftlichen Bereich bildeten sich zwar wichtige Voraussetzungen, reich-
haltiger Zündstoff, bedeutende Antriebe dafür, conditiones sine qua non Im
ganzen hat nicht wirtschaftliche Veränderung auf die Politik gedrückt, sondern
die Veränderungen im Politischen haben es bedingt, welchen Gebrauch man von
192 JEANANDREAU
schaftlichen Umstände nur insofern in die Betrachtung einzubeziehen, als sie
ins Politische transferiert wurden, respektive sie unter der Frage zu behan-
deln, wie weit sie dorthin transferierbar waren", beruht auf der Annahme,
daß diese Krise, die "nach langen Bürgerkriegen in einem neuen politischen
System" endete, "... in dem aber das alte Gesellschafts- (und Wirtschafts-)
System beibehalten wurde" eben nur politisch zu analysieren sei (p. XVIII).
Die Diskussion müsste hier beginnen, und zu fragen wäre, wie in einem
System, in dem es keinen autonomen Bereich von Wirtschaft im modernen
Sinn gegeben hat, die politischen und wirtschaftlichen Dimensionen des
Verhaltens der römischen Oberschicht analytisch zu trennen und in ein Ge-
samtbild der späten Republik zu integrieren wären.
b) Sehr unterschiedlich ist jeweils die Sicht der römischen Gesellschaft :
- auf der einen Seite, bei Christian Meier, ein aristokratisch geprägtes
Gemeinwesen, in dem eine "Großbourgeoisie" es sich recht lange bequem
einrichten kann, solange sie die Politik dem Adel überlässt19;
- auf der anderen Seite, bei Claude Nicolet, das Bild einer sehr viel ge-
schlosseneren Gesellschaft, in der das Politische/Bürgerliche (im weiten Sin-
ne) dem Einzelnen sehr viel weniger Spielraum lässt, in dem die "organi-
sation civique" alle Bereiche der Gesellschaft sehr viel stärker durchdringt
und ihre Interdependenz deutlicher werden lässt.
ad 4) Die Einstellung zu Finley ist sicher ein Kriterium, an dem man die
Auffassung von der antiken (römischen) Wirtschaft bei deutschen Histori-
kern auch messen kann. The Ancient Economy (1973) ist 1977 in deutscher
Sprache erschienen, aber bereits 1975 in französischer. Sicher ist, daß die Auf-
nahmebereitschaft für Finleys Ideen in Frankreich nicht nur größer war, son-
dern sehr viel früher existierte20, und daß es in Deutschland keine vergleichba-
re gezielte Rezeption und Verbreitung seiner Schriften gegeben hat21.
Für den römischen Bereich aber spielt Finley - auch in Frankreich - eine
geringere Rolle als für den griechischen. Auffallend im Zusammenhang mit
Verweisen auf Finley in französischen und deutschen Beiträgen zu wirt-
schaftsgeschichtlichen Fragen ist die sehr viel geringere Bereitschaft deut-
scher Autoren antiker Wirtschaftsgeschichten, sich überhaupt auf grundsätz-
den wirtschaftlichen Gegebenheiten machte. "{Res publica amissa, 2. Aufl. :
1980 : XVII f).
19
Das sind natürlich Formulierungen aus den 60er Jahren, die der Autor
wohl heute so nicht mehr benutzen würde.
20
Cf. Vidal-Naquet, Pierre, "Economie et société dans la Grèce ancienne :
l'œuvre de Moses I. Finley", Archives Européennes de Sociologie, VI, 1965 : 111-
148. Finleys Arbeiten sind seit dem Ende der 70er Jahre systematisch ins Fran-
zösische übersetzt worden.
21
Cf. auch : Andreau, Jean & Roland Etienne. "Vingt ans de recherches sur
l'archaïsme ete la modernité des sociétés antiques", REA 86, 1984 : 57-83. "C'est
Paris et la VI section de l'EPHE (où enseignent J.P. Vernant et P. Vidal-Naquet)
qui lancent définitivement Finley en France" (p. 62). Stärker als im griechischen
Bereich wird aber Finleys Einfluß im Hinblick auf die römische Ökonomie in
Frankreich durch die stark archäologisch arbeitenden italienischen Historiker
die Waage gehalten; die Bedeutung der Ecole française de Rome macht sich hier
geltend.
RÔLE DE L'ÉCONOMIE DANS LE PASSAGE DE LA RÉPUBLIQUE 193
liehe Fragen einzulassen u n d die Nützlichkeit von Modellen zu diskutie-
ren. Eine Ausnahme, oder vielleicht eher eine neue Entwicklung, stellt in
dieser Hinsicht der Beitrag des (holländischen) Historikers Henri Willy Pieket
im Handbuch der Europäischen Wirtschafts- und Sozialgeschichte22 dar, der ex-
plizit von Finleys Modellen ausgeht und dabei übrigens, wie üblich, die frühe-
ren theoretischen Diskussionen (Weber, Polanyi) durch Finleys Brille liest.
Auch in der französischen Forschung haben sich theoretische u n d methodo-
logische Diskussionen vielfach an Modellen Finleys oder seiner Schüler ent-
zündet.
Dazu sei zum Schluß noch angemerkt, daß m a n bei diesen Auseinander-
setzungen in Frankreich zwar häufig vermeinte, Max Webers Sicht der anti-
ken Wirtschaft zu diskutieren, in Wirklichkeit aber oft nur das Finleysche
Bild von Weber vor sich hatte. In der deutschen wirtschaftsgeschichtlichen
Literatur zur Antike aber hatte m a n meist nicht einmal dieses. Daß das dann
keinen großen Unterschied mache, erweist sich als eine falsche Annahme,
wenn m a n an die Debatten denkt, die dadurch in Frankreich ausgelöst und
auf theoretischer Ebene und an empirischem Material gemeinsam von Hi-
storikern u n d Archäologen geführt worden sind 23 .
22
Band 1, Europäische Wirtschafts- und Sozialgeschichte in der römischen
Kaiserzeit. Herausgegeben von Friedrich Vittinghoff, Stuttgart, 1990.
23
Zum Beispiel : Leveau, Philippe (Hg.), L'origine des richesses dépensées
dans la ville antique, Publications de l'Université d'Aix-en-Provence, 1985 und zu-
letzt : Entretiens d'archéologie et d'histoire, Economie antique. Les échanges dans
l'Antiquité : le rôle de l'Etat, Saint-Bertrand-de-Comminges, 1994.
JEAN-MICHEL DAVID
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME
DE L'ANALYSE À L'AUTRE
La question de la clientèle n'occupe pas une place très impor-
tante dans l'historiographie allemande, pas plus d'ailleurs que dans
l'historiographie des autres pays. Elle intervient çà et là lorsque tel
ou tel auteur la rencontre au détour d'une analyse de la société ou de
la politique romaine dont les ambitions sont en fait bien plus vastes.
Comme telle cependant elle constitue un de ces points auquel tout
auteur est amené à accorder un peu de réflexion s'il veut tenir comp-
te des spécificités du monde romain. Elle s'impose ainsi à la pensée,
et s'y insère. Elle permet alors d'apprécier selon quels axes princi-
paux et surtout selon quels concepts explicites ou implicites les his-
toriens ont mené leurs propres raisonnements. Elle peut servir en
quelque sorte de révélateur des méthodes d'analyse qui furent em-
ployées, des catégories qui furent à l'œuvre dans une historiogra-
phie.
Dans le cas des pays de langue allemande, il y eut deux moments
surtout où la question de la clientèle fut l'objet des préoccupations
des historiens. La première fut quand on éprouva le besoin d'expli-
quer l'organisation de la société gentilice. Il s'agissait alors de ces
grands ouvrages fondateurs dont les auteurs avaient véritablement
l'ambition de mener une réflexion globale sur le monde romain et
qui commençaient souvent par s'engager dans une reconstitution
des origines ou des principes autour desquels la cité s'était structu-
rée. La seconde fut en revanche lorsque l'on s'interrogea sur les ins-
truments qui permettaient à l'aristocratie romaine de dominer l'en-
semble de la société à la fin de la République. Les visées n'étaient
pas de même envergure. Il s'agissait alors bien davantage de re-
constituer les mécanismes qui permettaient d'expliquer le fonction-
nement du système politique. Dans les deux cas cependant, la ques-
tion de la clientèle était importante, imposait une analyse parti-
culière qui révélait dans ses termes et son organisation les formes
que prenait alors la pensée historique.
B. G. Niebuhr1 y consacra évidemment quelques pages dans la
1
Niebuhr, B. G., Römische Geschichte (5e éd.), Berlin, 1853,1 : 183-186, 329-
196 JEAN-MICHEL DAVID
vaste fresque narrative qu'était son Histoire de Rome. Il en plaça la
description dans les chapitres où il étudiait les origines de la société
romaine. C'étaient les gentes patriciennes, pensait-il, qui avaient for-
mé la cité. Le peuple romain alors était formé des patriciens et de
leurs clients. Ces derniers étaient soumis à leurs patrons mais
étaient protégés par eux et recevaient, mais à titre précaire, les habi-
tations et les terres qui leur permettaient de vivre. Ils ne s'identi-
fiaient pas à la plèbe que B. G. Niebuhr imaginait comme une popu-
lation d'agriculteurs. Ils constituaient en revanche une population
dont les relations avec les patriciens se structuraient dans ce sys-
tème de devoirs réciproques où l'assistance s'échangeait contre des
services, qui dans les sources caractérisait d'une façon générale la
clientèle. C'était cette société patricienne qui devint ainsi la matrice
de la société romaine, définissant par la structure des relations qui
l'animaient, les normes qui réglèrent ensuite les comportements so-
ciaux et politiques puisque, lorsqu'à leur tour certaines familles plé-
béiennes s'élevèrent, elles se conformèrent aux mêmes règles. Ainsi
s'expliquait le fait que la clientèle ait perduré : elle était en quelque
sorte consubstantielle de la cité romaine.
L'analyse de B. G. Niebuhr était profondément historique. C'é-
tait par une reconstitution des origines et de l'évolution qui s'était
produite ensuite, qu'il expliquait les phénomènes sociaux. Il posait
malgré tout la question de la définition des normes. Or après lui, ce
fut surtout dans cette direction que la réflexion, stimulée par les
courants historiographiques qui dominaient alors2, s'engagea. Elle
visait à mettre en place des définitions plus strictes et aboutissait
alors à inscrire la notion de clientèle dans une conception d'en-
semble de type juridique.
Ce fut d'abord le cas de R. Von Ihering. Tout l'effort qu'il menait
dans son grand ouvrage sur l'esprit du droit romain avait pour but
d'établir selon quels principes et par quelles nécessités celui-ci s'était
construit. Il cherchait donc à identifier les données que l'on pourrait
considérer comme primitives à partir desquelles l'Etat s'était struc-
turé 3 . La famille et l'organisation de la défense commune faisaient
ainsi partie de ces formes et fonctions naturelles qui en se dévelop-
pant avaient généré des institutions politiques. C'était dans ce cadre
333 (trad, française : 1830, Paris, II : 25-32, 392-403); cf. Christ, K., Römische
Geschichte und deutsche Geschichtswissenschaft, Munich, 1982 : 35-43.
2
Cf. en particulier sur l'originalité de Mommsen : Thomas, Y., "Mommsen
et T'Isolierung' du droit" in : Mommsen, Th. (rééd.), Le droit public romain, Paris,
1984, trad, française, tome 1: 1-52.
3
Ihering, R. von, Geist des römischen Rechts aus den verschiedenen Stufen
seiner Entwicklung (1852), Leipzig, 1927 (7e éd.), tome 1: 236-244.
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 197
qu'il inscrivait son analyse de la clientèle. Aucun individu, souli-
gnait-il, ne pouvait bénéficier de la protection de la communauté,
s'il ne lui appartenait pas. Le seul moyen d'intégration à la portée
d'un étranger était son inscription dans le cadre élémentaire de la fa-
mille. Ainsi se créait la clientèle. Elle était aussitôt renforcée par
l'institution du precarium puisque le patron donnait à son client les
moyens de vivre, ce qui avait des effets sur l'organisation agraire de
la société romaine.
La réflexion de Von Ihering prenait alors une autre orienta-
tion. Il notait en effet que la relation de clientèle restait inaccessible
au droit civil puisqu'elle s'était construite à un niveau inférieur à ce-
lui de la cité. Et il soulignait aussi qu'une telle situation ne pouvait
manquer de s'institutionnaliser et de se maintenir dans la vie so-
ciale. Des normes étaient créées, qui participaient au fonctionne-
ment de la cité. La règle naissait ainsi de l'absence de droit. Et c'était
sur cette constation et d'autres encore du même genre que Von Ihe-
ring pouvait reconstruire le processus de constitution de la cité où la
part des concepts juridiques était prédominante, pour ne pas dire
exclusive.
Il participait en cela aux ambitions intellectuelles de son temps,
comme l'indique aussi la démarche que Th. Mommsen empruntait
presqu'au même moment. Celui-ci reprit en effet le raisonnement de
Von Ihering mais en lui donnant une tout autre ampleur et en l'ins-
crivant au cœur de la reconstruction théorique à laquelle il procé-
dait. Dans son Histoire romaine*, il décrivait déjà la clientèle comme
l'ensemble des dépendants des patriciens et donc comme des non-
citoyens de la cité primitive. Petit à petit, imaginait-il, par accroisse-
ment et par émancipation progressive, elle donnait naissance à la
plèbe. C'était là encore faire de la communauté patricienne la ma-
trice de l'Etat romain.
La véritable étude qu'il consacrait à la clientèle était cependant
celle qu'il publiait en 1859 sous le titre "Das römische Gastrecht und
die römische Clientel5" et où il précisait son raisonnement. Il identi-
fiait alors les relations d'hospitalité et de clientèle comme étant ex-
térieures à la communauté. Dans son esprit, les clients étaient pri-
mitivement des individus isolés qui se plaçaient sous la protection
de patrons par applicatio. La relation était alors inaccessible au droit
civil puisque les clients n'étaient pas citoyens. Pourtant cette situa-
tion de non droit, engendrait des devoirs qui étaient précisément co-
difiés. De la même façon, le precarium qui était une conséquence de
4
Mommsen, Th., Histoire romaine, P (= P) : 61-62, 84-88 (trad, française,
1863 : 84-87, 115-121); cf. Christ 1982 : 58-66 {cf. note 1).
5
Mommsen, Th., dans Sybels histor. Zeitschrift, I, 1859 (= Römische Forsch.
I. Berlin, 1864 : 319-390).
^,0 JEAN-MICHEL DAVID
la relation de clientèle avait ses règles en dehors du droit de proprié-
té. Th. Mommsen employait les termes de "Verpflichtung" et de
"Rechtsbildung" pour définir cette situation qui produisait des
normes sans pour autant avoir reposé sur une obligation juridique-
ment sanctionnée. Il s'agissait là de l'un des principes de sa ré-
flexion. Il la fondait en effet sur le droit à la fois parce que celui-ci
constituait selon lui la seule source qui permettait de remonter à ces
époques reculées et aussi parce que c'était la constitution de l'Etat
romain qui au fond l'intéressait. Il procédait cependant de façon
plus rigoureuse que ses prédécesseurs dans la mesure où il tenait
compte de la complexité des situations en distinguant entre le droit
civil, le droit public et celui engendré par les relations entre les cités,
et où il n'imaginait pas que la cité se fût constituée suivant un sché-
ma défini par un principe unique.
Dans son Staatsrecht6, Th. Mommsen confirmait ces premières
analyses. Les clients était des non patriciens qui s'étaient mis sous la
protection des gentes. Comme tels, ils étaient dépourvus du droit pri-
mitif de citoyenneté. Ils constituaient ainsi la plèbe primitive. Mais
cette situation archaïque était intenable et contraignait à l'évolution.
Cette population était amenée à tirer une capacité de droit de cette
absence de droit en affirmant sa condition, en revendiquant aussi et
en obtenant un statut de citoyen qu'elle redéfinissait complètement
dans la forme qui fut celle qui eut cours sous la République romaine
et qui ne tenait plus seulement à la naissance légitime dans une fa-
mille patricienne. Au bout du compte la clientèle qu'il définissait
comme un état intermédiaire entre la servitude et la liberté se dissol-
vait dans l'acquisition de l'égalité des droits.
La pensée ne manquait pas de force. Elle identifiait la naissance
de la cité classique dans l'émergence d'un droit nouveau que l'ab-
sence de statut pour certains de ses habitants rendait nécessaire.
C'était encore une fois faire de la norme et de la définition juridique,
la mesure qui permettait d'analyser toute instance sociale. L'Etat de-
venait ainsi le véritable sujet de l'Histoire7. Mais c'était aussi imagi-
ner que des mutations profondes aient pu se produire dans l'organi-
sation de la communauté civique et se donner les moyens de l'étu-
dier.
Plus tard cependant, lorsqu'il résuma ses thèses dans l'Abriss des
römischen Staatsrechts*, Th. Mommsen nuança ces définitions un
peu abruptes. Il introduisit en effet une distinction qui était évidem-
6
Mommsen, Th., Römisches Staatsrecht, III3, 54 sqq.; trad, française, 189,
VI, 1 : 59-97.
7
Thomas 1984. (cf. note 2).
8
Mommsen, Th., Abriss des römischen Staatsrechts : 15-21.
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 199
ment nécessaire entre la plèbe et la clientèle en relevant que l'identi-
fication ne pouvait être que de principe. Il insistait aussi davantage
sur les manifestations de la clientèle telles qu'on pouvait les ap-
préhender à la fin de la République et qui faisaient apparaître une
dépendance bien atténuée. Il remarquait enfin que le patronat et la
clientèle étaient davantage définis par les mœurs que par le droit et
il soulignait le rôle que jouèrent probablement la fiscalité et la parti-
cipation de tous aux charges militaires dans l'affaiblissement de la
clientèle archaïque. De ce point de vue il mettait davantage l'accent
sur l'évolution historique qui avait marqué l'histoire de la cité ro-
maine et revenait à une conception sans doute moins théorique que
celle qui avait marqué son droit public.
Pour tous les auteurs que l'on vient de citer cependant, Niebuhr,
Von Ihering et Mommsen, la seule clientèle qui méritait l'étude était
celle que l'on pouvait reconstituer pour une période de l'histoire de
Rome tellement archaïque qu'elle en était mythique. Les sources
dont ils diposaient, ne leur livraient guère d'information que pour
les deux derniers siècles avant notre ère. Mais peu leur importait.
C'était la compréhension de la Rome primitive qu'ils espéraient
trouver dans cette analyse et plus encore celle des mécanismes qui
avaient présidé à sa construction et à son développement. La ques-
tion qui les préoccupait était celle des origines et par là celle des
principes selon lesquels s'était structuré d'après eux l'Etat romain.
La clientèle archaïque était l'un des objets qui permettait de telles
reconstitutions car elle permettait de saisir un état de subordination
indépendant de la définition civique. Elle lui était donc sans doute
antérieure et remontait donc à un état originel. On comprend donc à
la fois l'intérêt et les limites de telles analyses. La clientèle comme
état fossilisé de structures sociales disparues permettait certes de les
reconstituer mais légitimait aussi une méthode et une conception où
l'analyse historique s'effaçait devant une refondation de la cité
idéale. Elle maintenait aussi la réflexion dans ces formes juridiques
dans lesquelles elle s'était volontairement inscrite autant par intérêt
que par souci de rigueur.
Cette perspective qui avait été tracée, fut celle dans laquelle la
plupart des auteurs de la fin du XIXe siècle se maintinrent. Il s'agis-
sait alors pour eux de reprendre et d'approfondir les définitions juri-
diques qui avaient été données.
Le plus caractéristique de ce point de vue fut sans doute
M. Voigt qui, dans sa dissertation publiée en 18789, proposait un bi-
9
Voigt, M., Berichte über die Verhandlungen der königlich sächsischen Ge-
sellschaft der Wissenschaften zu Leipzig, phil. hist. Kl., XXX, 1878 : 147 sq.
200 JEAN-MICHEL DAVID
lan très descriptif des définitions juridiques et des normes qui orga-
nisaient la clientèle. Dans cet ouvrage la relation restait tout à fait
idéale. Il envisageait malgré tout, en quelques pages finales10, l'évolu-
tion qui avait conduit à la situation des derniers siècles de la Répu-
blique mais se révélait incapable de l'expliquer autrement que sous
la forme d'une "transsubstantiation".
On pourrait presque dire la même chose des trois manuels de
L. Lange11, d'E. Herzog12 et d'O. Karlowa13, à ceci près qu'ils adop-
taient un point de vue un peu plus historique et qu'ils distinguaient
en particulier entre la clientèle et la plèbe. Le premier se maintenait
dans une tradition pré-mommsénienne. Il revenait par exemple à
certaines thèses de Niebuhr et inscrivait la clientèle dans l'Etat pa-
triarcal précivique. Il insistait ainsi sur le fait que le développement
des instances civiques et notamment la réforme de Servius Tullius
avaient conduit à l'émancipation des clients et à l'épuisement de la
relation dans cette forme affaiblie et pratique que l'on connaissait
aux derniers siècles avant notre ère. Le second porta une attention
un peu plus soutenue que ses prédécesseurs à la clientèle telle qu'elle
se présentait sous sa forme évoluée - et atténuée - à la fin de la Ré-
publique. Il en introduisit l'étude en effet dans le paragraphe qu'il
consacra au peuple et à la citoyenneté romaine. Il s'interrogeait en
particulier sur les facteurs qui avaient pu contribuer à l'émancipa-
tion des clients, la colonisation par exemple, et évoquait les princi-
pales étapes de l'acquisition des droits civiques. O. Karlowa enfin
décrivait surtout l'organisation normative de la relation dans sa
forme la plus ancienne.
C'est au début du XXe siècle que se situe la grande mutation qui
affecta l'analyse des relations clientélaires et, dans la mesure où
celle-ci est représentative, l'ensemble de l'historiographie de la Ré-
publique romaine.
On pourrait, certes de façon anecdotique, donner comme
exemple de ce changement les travaux qu'A. Von Premerstein à deux
reprises consacra au sujet. Le premier était l'article qu'il publia en
1901 dans la Realencyclopädie14 de Pauly et Wissowa. Comme il s'a-
gissait d'un article d'encyclopédie qui devait rendre compte de tous
10
Voigt 1878 : 213-219 (cf. note 9).
11
Lange, L., Römische Alterthümer, Berlin (3 e éd.), 1876, I : 237-252; cf.
Christ 1982 : 78.
12
Herzog, E., Geschichte und System der römischen Staatsverfassung, Leip-
zig, 1894, I en particulier : 988-992; cf. Christ 1982 : 78.
13
Karlowa, O., Römische Rechtsgeschichte, Leipzig, 1885 : 37-40.
14
Von Premerstein, A., article : "Clientes", RE, IV, 1901, coll. 23-55; Christ
1982 : 128-133 (cf. note 1).
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 201
les aspects de cette institution sociale, il était amené à en analyser
l'économie mais aussi à en présenter l'histoire et donc à tenir comp-
te de son évolution. Il se révélait alors très embarrassé et pratique-
ment incapable de se dégager de la présentation archaïsante et idéa-
lisante qui avait été celle de ses prédécesseurs du XIXe siècle.
Le plan qu'il suivait était complètement déterminé par cette
conception. La plus grande partie de l'article, par exemple, était
consacrée à l'origine de la clientèle. Il mêlait sous ce terme les as-
pects historiques et juridiques, convaincu que la cité s'était
construite selon certains principes qui se trouvaient tout à la fois
être les traits constitutifs de son histoire et les normes qui en ré-
glaient les relations sociales. La première forme de clientèle était par
exemple celle qui était issue de la conquête. Elle se manifestait en-
suite sous celle de la deditio. Celle qui découlait de Yapplicatio était
chronologiquement postérieure et donc seconde dans l'économie de
l'institution. Dans ces conditions, l'évolution vers les formes de la fin
de la République ne pouvait pas être envisagée autrement que par
un affaiblissement du modèle primitif. Elle correspondait alors au
passage d'une relation de type juridique à des liens de type écono-
mique - comme si les deux formes dussent être opposées - qui n'é-
taient plus réglés que par le lien moral de la fides. Il ne restait plus à
l'auteur qu'à consacrer un très court paragraphe à la clientèle de l'é-
poque impériale.
Cet article, en recueillant les thèses antérieures, reprenait
complètement le présupposé qui les fondait et qui consistait à imagi-
ner que la société romaine s'était organisée selon un principe néces-
saire qui était tout à la fois l'axe qui avait conduit son développe-
ment et la logique qui gouvernait son droit. Il en fournissait en quel-
que sorte la synthèse ou plutôt le panorama.
Or trente-quatre ans plus tard, en 1935, le même Von Premers-
tein entreprenait de revenir sur le sujet. Il empruntait pourtant une
tout autre démarche. Cette nouvelle réflexion s'inscrivait dans un
ouvrage sur l'origine et la nature du principat15. Il s'intéressait alors
notamment aux fondements sociologiques qui avaient permis à la
monarchie de se constituer. Dès lors les principes mêmes du rai-
sonnement avaient changé. La clientèle dont il était question n'était
plus la clientèle archaïque qui se définissait en termes juridiques
mais l'instrument d'une domination qui s'appréciait désormais au
travers des réseaux de dépendants. Les relations se définissaient par
un système de prestations et de contre-prestations qui assuraient la
15
Von Premerstein, A. Vom Wesen und Werden des Prinzipats, ABAW, 15, Mu-
nich, 1937 : 15-22. L'ouvrage est posthume, il a été édité par H. Volkmann.
202 JEAN-MICHEL DAVID
continuité et la fidélité. Elles expliquaient la puissance des membres
les plus importants de l'aristocratie romaine qui mobilisaient autour
d'eux des partisans nombreux ("Gefolgschaften") qui leur permet-
taient de dominer la cité et qui constituaient les groupements poli-
tiques réels. Les concepts à l'œuvre étaient ainsi ceux de la proximité
et de l'échange fondé sur une fides qui ne relevait plus du droit, ni
même de l'organisation de la cité. L'origine même de la relation de
clientèle n'était plus évoquée qu'en note.
Le contraste était saisissant. Entre les deux textes évidemment
s'étendait le temps d'une vie entière qui avait permis à Von Premers-
tein de modifier ses appréciations. Et il serait sans doute bien diffi-
cile de déterminer précisément les influences qui s'exercèrent sur ce
savant. On pourrait tout au plus remarquer que parmi les auteurs
qu'il citait, et qui n'étaient pas directement des spécialistes du
monde romain, se trouvaient des politologues dont R. Kjellén qui
cherchait à établir une typologie des systèmes politiques16. Mais sans
doute convient-il de ne pas surestimer l'importance ni de Von Pre-
merstein, ni des personnages auxquels il se référait. Au cours des
premières décennies du XXe siècle toute l'ambiance intellectuelle s'é-
tait transformée, dans les pays de langue allemande et partout ail-
leurs. La perception que l'on avait des catégories historiques s'était
modifiée. L'emploi même du mot "sociologique" pour définir cer-
tains fondements du principat témoigne de l'importance qu'avaient
prise les sciences sociales dans la réflexion du temps. Elles fournis-
saient une partie des concepts sur lesquels s'appuyait désormais l'a-
nalyse.
Sans vouloir - ni pouvoir - refaire cette histoire de la pensée eu-
ropéenne, on peut noter que la clientèle avait effectivement fait par-
tie des catégories prises en compte par la sociologie. M. Weber s'y
était intéressé dans son analyse des "Agrarverhältnisse im Alter-
tum17" et lui avait consacré quelques pages dans Wirtschaft und Ge-
sellschaft1*. Dans le premier ouvrage, il en avait inscrit l'examen par-
mi les formes de possession de la terre qui s'étaient mises en place à
Rome. Il notait alors que comme dans toutes les sociétés antiques
celui qui était dépourvu de propriété était également dépourvu de
16
Kjellén, R., "Versuch eines natürlichen Systems der Staatsformen" in :
Zeitschrift für Politik, VIII, 1915 : 427-451.
17
Weber, M., "Agrarverhältnisse im Altertum". Éditée sous sa version défini-
tive dans le Handwörterbuch der Staatswissenschaften, 1909 (3 e éd.) et republié
dans les Gesammelte Aufsätze für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, Tübingen,
1924 : 190-208; cf. Christ 1982 : 107-112 (cf. note l).
18
Weber, M., Wirtschaft und Gesellschaft (1922), 5e éd. Tübingen, 1972 : 422-
423, 583-584, 806-807, 812-813.
LA CLIENTÈLE. D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 203
droits et que ceux qui se trouvaient dans ce cas étaient amenés à se
mettre sous la protection d'un patron. La relation était alors réglée
par un code moral défini par la fides qui avait survécu à l'organisa-
tion primitive. Avec l'apparition de l'armée hoplitique, la clientèle
ancienne avait fait place à une forme plus libre, pendant que le déve-
loppement de l'esclavage d'origine marchande permettait l'appari-
tion d'autres formes de dépendance. La clientèle de la fin de la Ré-
publique gagnait alors en signification politique.
Dans le second, la question était traitée de façon plus rapide et
alimentait les réflexions comparatistes que l'on connaît bien. Les
termes et la démarche reprenaient cependant la première approche.
La clientèle apparaissait parmi les formes de la domination patriar-
cale et patrimoniale, mais aussi dans son état évolué parmi celles de
la démocratie antique et médiévale. Elle était alors comprise dans
un rapport d'analogie et d'identification partielle avec la féodalité du
moyen-âge. La fides faisait enfin partie des systèmes de normes qui
permettaient de construire le droit.
Dans les deux cas cependant, M. Weber, tout en construisant les
catégories de l'analyse sociologique, établissait une articulation
entre l'économie de la relation clientélaire et la société. Elle était née
en effet pour lui des conditions d'accès à la terre. Mais il en faisait
aussi une institution sociale qui avait évolué, qui, comme telle, avait
sa propre structure et sa propre logique, et fonctionnait alors selon
ses propres règles. A son tour elle inspirait et déterminait les
conduites et contribuait ainsi à structurer la société. En fait la clien-
tèle ne se distinguait pas dans l'analyse wéberienne des autres
formes d'organisation sociale. Elle s'inscrivait simplement dans
cette même logique qui consistait à les identifier, à en examiner l'ar-
chitecture et à en comprendre le mécanisme. C'était évidemment
ouvrir la voie à une analyse des nécessités internes de la société ro-
maine qui reposait sur d'autres critères que les principes fondateurs
de la cité et qui confortait toute réflexion qui viserait à donner un
sens historique à la logique propre des relations sociales. Grâce à ce
genre d'approche, l'intérêt se déplaçait en quelque sorte de la re-
cherche des origines à la compréhension des fonctionnements.
Malgré tout, l'influence la plus forte qui s'exerça fut sans doute
celle du livre de M. Gelzer, son "Habilitationschrift", Die Nobilität
der römischen Republik qui fut publié en 191219. Cet ouvrage devint
en effet, mais un peu plus tard, un classique. L'auteur déplaçait déli-
bérément l'analyse à la fin de la République car il était assuré de
"Gelzer, M., Die. Nobilität der römischen Republik, Leipzig-Berlin, 1912;
Christ 1982 : 113-116 (cf. note l).
204 JEAN-MICHEL DAVID
pouvoir s'appuyer sur des sources contemporaines. Les relations de
clientèle qu'il examinait alors n'étaient plus celles qui fondaient la
dépendance dans la société archaïque, mais celles qui organisaient
la puissance et le rayonnement politique des membres de l'aristocra-
tie sénatoriale. Il ne pouvait plus être question de droit public, mais
des définitions sociales des structures d'un Etat qui, dans une telle
perspective, devenait évidemment second. La réflexion se faisait
aussi plus souple et plus descriptive. Elle aboutissait néanmoins à
un tableau cohérent du fonctionnement de la domination nobiliaire.
M. Gelzer commençait en effet par définir les catégories impor-
tantes qui déterminaient les appartenances et la hiérarchie ci-
viques : la noblesse, l'ordre équestre, les clarissimi, les principes. Il
étudiait aussi les conditions de l'acquisition et de la préservation des
instruments d'exercice du pouvoir politique et parmi eux de la clien-
tèle. Il s'interrogeait ainsi surtout sur la nature et l'organisation de
ces liens en analysant notamment les concepts, comme la gratia et la
fides, qui étaient alors employés. Cette recherche, à la différence de
celles qui avaient été menées jusque là, ne prétendait ni reconstituer
une institution sociale idéalisée dans un passé archaïque, ni en pro-
poser l'histoire au travers de la mise en œuvre d'un principe fonda-
teur de la cité et de son droit. Elle avait simplement pour but de pré-
senter le système des relations aristocratiques tel que les contempo-
rains le percevaient eux-mêmes et tel qu'ils en exprimaient les
principes et les catégories dans le vocabulaire qu'ils employaient. A
priori la démarche pouvait sembler simpliste ou en tout cas moins
historique que toutes les précédentes, et d'ailleurs certains recen-
seurs considérèrent qu'au fond elle n'apportait pas grand chose20.
Elle marquait pourtant un changement important dans la réflexion
sur l'aristocratie romaine de la fin de la République car la séman-
tique des mots sur laquelle elle s'appuyait, révélait en fait une sé-
mantique des échanges sociaux21. Elle permettait aussi que l'on
20
Cf. en particulier W. Soltau, dans Sokrates, Zeitschrift für das Gymnasial-
wesen, 69, 1915 : 158-159. Le même Soltau avait noté, dans "Grundherrschaft
und Klientel in Rom", NJbb, 29, 1912 : 489-500, en critiquant fortement la thèse
de K.J. Neumann, Die Grundherrschaft der römischen Republik, die Bauernbe-
freiung und die Entstehung der servianischen Verfassung, Strasbourg, 1900, que
l'histoire de la clientèle n'appartenait pas à l'histoire agraire mais à celle des re-
lations de proximité et de de fidélité. Les analyses de Gelzer ne le surprenaient
donc pas. Pour les autres recensions cf. le bilan fait par Ridley, R.T., "The Gene-
sis of a Turning-Point : Gelzer's Nobilität", Historia, 35, 1986 : 474-502, en parti-
culier pages 497-500; Simon, C, "Gelzers Nobilität der römischen Republik" als
"Wendepunkt", Historia, 37, 1988 : 222-240, en particulier pages 223-224. Je re-
mercie ici J. von Ungern-Sternberg des indications qu'il m'a données sur ce
point.
21
Cf. Christian Meier, "Matthias Gelzers Beitrag zur Erkenntnis der Struktur
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 205
considérât le monde aristocratique comme un ensemble clos et ho-
mogène qui méritait des études spécifiques.
On s'est interrogé sur les influences qui ont conduit M. Gelzer à
une telle réflexion22. J. Bleicken23 insistait sur celle de R. Heinze qui
fut l'un de ses maîtres. Effectivement, dans l'article que ce dernier
consacrait en 1909 aux débuts de la carrière de Cicéron24, apparais-
saient déjà les premières interrogations sur les mécanismes poli-
tiques de la fin de la République. Et c'était le même R. Heinze qui
dans un article important qu'il publiait en 1929, étudiait la notion de
fides25 en reprenant l'analyse sémantique qu'en avait fait E. Fraenkel
en 1916 au moment de la publication de la notice du Thesaurus lin-
guae latinae. Il insistait alors sur le caractère moral de la notion et
montrait qu'elle définissait le crédit d'un personnage et permettait
ainsi la constitution de relations de réciprocité. Peut-être faut-il ima-
giner alors qu'au début du siècle, il avait déjà mis cette méthode en
œuvre. Dans la leçon inaugurale qu'il prononça à Leipzig en 1906 il
proposait en effet une problématique de type sociologique en insis-
tant sur le fait qu'il fallait placer la littérature dans la vie sociale et la
mettre en relation avec l'activité civique, le mécénat et le patronat,
envisager en fin de compte une histoire de la littérature comme une
partie de l'histoire du peuple romain26. Sans doute exprimait-il là un
besoin qu'un certain nombre de savants du temps ressentaient, qui
témoignait d'une ambiance intellectuelle générale27 et qu'il commu-
niqua probablement à M. Gelzer qui fut son élève de 1907 à 1909.
D'autres influences s'exercèrent certainement et notamment
celle de F. Münzer qui était alors professeur à Bâle et qui travaillait
déjà aux notices prosopographiques de la RealEncyklopädie. Gelzer
collabora à l'entreprise en prenant en charge la biographie de Cicé-
ron28. Les liens entre aristocrates que de telles recherches révélaient
von Gesellschaft und Politik der späten römischen Republik", dans Bleicken, J. et
alii, Matthias Gelzer und die römische Geschichte, Kalimünz, 1977 : 29-56.
22
Cf. Bleicken et alii 1977 (cf. note 21); R.T. Ridley 1986 (cf. note 20) et Si-
mon 1988 (cf. note 20).
23
Dans Bleicken et alii 1977 : 7-28 (cf. note 21); cf. aussi Ridley 1986 : 478-
481 (cf. note 20).
24
Heinze, R., "Ciceros politische Anfänge", in : Abh. Akad. Leipzig, 27, 1909 :
947-1009 (= Vom Geist des Römertums, Leipzig et Berlin, 1939 : 59-141).
25
Heinze, R., Hermes, 64, 1929 : 140-166 (= Vom Geist des Römertums, 1939 :
25-58).
26
Heinze, R., "Die gegenwärtigen Aufgaben der römischen Literaturges-
chichte", NJK1A, 19, 1, 1907 : 161-175, en particulier pages 174-175.
27
Cf. les remarques de J. Bleicken in : cf. Bleicken et alii 1977 : 12 {cf. note
21).
28
Cf. Meier, dans Bleicken et alii 1977 : 33 (cf. note 21); Ridley 1986 : 476-478
(cf. note 20).
i U O JEAN-MICHEL DAVID
ne pouvaient pas ne pas amener ceux qui s'y aventuraient à s'inter-
roger sur les mécanismes de la solidarité et de la dépendance.
Celle cependant que M. Gelzer revendiquait de la façon la plus
explicite était celle de N. D. Fustel de Coulanges. Et il n'y a stricte-
ment aucune raison de douter, comme on l'a fait parfois, de la réali-
té d'une telle lignée intellectuelle29. Déjà dans La cité antique, cet au-
teur avait abordé la question de la clientèle. Il en avait fixé l'appari-
tion dans l'organisation familiale qui formait le cadre premier de la
cité, l'avait en ce sens distinguée de la plèbe et avait tracé à grands
traits le mouvement d'émancipation qui l'avait conduite à la situa-
tion que l'on connaissait à la fin de la République30. Mais c'était sur-
tout dans son Histoire des institutions politiques de l'ancienne
France*, qu'il avait analysé sous ce dernier aspect les relations qui
associaient les patrons et leurs dépendants dans la mesure où il
voyait dans ces liens une des origines du système féodal. La perspec-
tive était donc très ample et de grande ambition puisqu'elle visait à
faire apparaître les continuités historiques. Fustel de Coulanges
considérait que pour comprendre l'organisation de l'Etat, il fallait
examiner la Société32. Il employait alors pour comprendre cette der-
nière une méthode qui n'était pas différente de celle que suivit
M. Gelzer. Il reprenait en effet les termes employés dans la littéra-
ture latine (se commendare, clientela, fides, patronus etc..) et les
analysait, mais moins systématiquement avec moins d'exhaustivité
que ne devait le faire M. Gelzer.
Quelle qu'ait été l'influence réelle de N. D. Fustel de Coulanges
sur M. Gelzer, la piste était donc la même. Sans doute ce dernier
mit-il davantage de rigueur et d'esprit de système dans les ana-
lyses de vocabulaire. Mais la démarche d'ensemble était sem-
blable. A une conséquence près cependant. M. Gelzer ne s'intéres-
sait pas aux vastes perspectives historiques qui avaient inspiré les
savants des générations précédentes. Sa réflexion était plus sage et
29
Cf. Bleicken et alii 1977 :14-15 {cf. note 21); Ridley 1986 : 491-492 (cf. note
20); Simon 1988 : 225-228 (cf. note 20) a à juste titre insisté sur cette influence,
en soulignant également, pages 228-231, celle de Wilcken mais qui fut plus géné-
rale et ne portait pas sur les questions de clientèle.
30
Fustel de Coulanges, N.D., La cité antique, Paris, 1864, réédité en 1879, cf.
en particulier 1. IV. ch. I-II, VI.
31
Fustel de Coulanges, N.D., Histoire des institutions politiques de l'ancienne
France, t. V : Les origines du système féodal, Paris, 1990 : 206-225. Cette Histoire
des institutions avait été revue et complétée par C. Jullian. Le même C. Jullian,
dans l'introduction des Questions historiques de Fustel de Coulanges, qu'il publia
à Paris en 1893, après la mort de leur auteur, indiquait (p. XI) que la clientèle ro-
maine était une des questions qu'il se proposait encore d'étudier.
32
Fustel de Coulanges, 1890,1.1. : XIII (cf. note 31) : "pour savoir comment
chaque génération d'hommes était gouvernée, nous devrons observer son état so-
cial, ses intérêts, ses mœurs, son tour d'esprit (...)".
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 207
en même temps plus limitée : elle se concentrait au fond sur une
sémantique sociale et éthique de la fin de la République, dont il
faut bien voir cependant qu'elle postulait l'unité d'une conscience
civique.
Ce ne fut pourtant qu'après la deuxième guerre mondiale que ce
changement dans l'analyse des relations clientélaires que l'on repère
au début du siècle dans l'historiographie de langue allemande, et qui
correspond bien entendu au contexte général de la réflexion intellec-
tuelle, trouva sa plus grande postérité.
Deux synthèses dont les principes étaient différents, mais dont
les auteurs cherchaient à présenter un état complet de l'histoire ro-
maine, reprenaient la question de la clientèle. E. Meyer dans son
Römischer Staat und Staatsgedanke13, en insérait l'examen dans une
définition de l'unité d'une culture sociale et politique romaine. Il l'é-
tudiait principalement dans la partie qu'ü, consacrait à la société de
la Rome archaïque et pour la fin de la République reprenait, pour
l'essentiel, des définitions déjà connues de la necessitudo ou de la
fides. A. Heuß, quant à lui, après avoir, dans sa Römische Ges-
chichte34, écarté tous les faits religieux et culturels, identifait la
constitution romaine avec les mécanismes de la vie sociale à Rome.
Il les considérait en quelque sorte comme les instruments qui en
permettaient la régulation. On retrouvait alors le même mode de rai-
sonnement qui était apparu avec M. Gelzer et qui reposait fonda-
mentalement sur l'analyse d'une sémantique sociale. Aucun de ces
deux livres cependant n'ajoutait véritablement aux analyses de
Mommsen ou de Gelzer. Ils ne faisaient guère que marquer pour un
temps l'état de la réflexion, mais enregistraient du même coup les
résultats d'une historiographie, devenue déjà classique, qui cher-
chait surtout à rendre compte du fonctionnement des relations so-
ciales et politiques.
Un livre aussi fut partiellement consacré à la clientèle et qu'il
faut mentionner, celui de W. Neuhauser, Patronus und Orator35.
L'auteur n'avait pas alors de véritables visées historiques : il s'atta-
chait surtout à définir ces deux termes. Mais sa démarche le contrai-
gnait à proposer une définition de l'institution sociale. Il en présen-
tait alors un état de la question qui était surtout bâti à partir des
33
Meyer, E., Römischer Staat und Staatsgedanke, Zürich et Stuttgart, 1948
(2e édition 1961), cf. en particulier pages 30-32, 246, 254; Christ 1982 : 334-337
(cf. note 1).
34
Heuß, A., Römische Geschichte, Braunschweig, 1960; Christ 1982 : 275-281
{cf. note 1).
35
Neuhauser, W., Patronus und Orator, Innsbruck, 1958, cf. en particulier
pages 24-35.
208 JEAN-MICHEL DAVID
travaux juridiques, notamment ceux de Th. Mommsen, qui avaient
porté sur le sujet.
Les analyses de Ch. Meier36 en revanche aDaient beaucoup plus
loin. Elles visaient à établir une anthropologie politique de la cité ro-
maine. Dans ce contexte, les liens de clientèle étaient un des élé-
ments du mode de constitution des relations sociales et des rapports
civiques - celui qu'il nommait le "Bindungswesen" - dont il conve-
nait de suivre la formation et l'évolution depuis les formes anciennes
de l'organisation gentilice jusqu'à celui des necessitudines de la fin
de la République.
L'auteur distinguait alors trois étapes. La première correspon-
dait à la clientèle archaïque qui s'était structurée dans la domus pa-
tricienne. Les dépendants n'appartenaient alors à la cité que de fa-
çon médiate. La seconde apparut au cours de la première moitié du
Vème siècle quand, sous l'effet de la mise en place de l'armée hopli-
tique et de l'organisation centuriate, les clients devinrent citoyens.
Ce fut alors qu'eut lieu la transformation la plus importante : les
liens de clientèle s'étendirent à l'ensemble de la société, ce qui écar-
tait l'éventualité d'un corps séparé. La troisième étape fut celle de la
fin de la République quand des valeurs relativement informelles de
gratitude et de proximité complétèrent les normes anciennes qui
s'affaiblissaient. Le système des liens prit alors une autre ampleur
sous l'effet des conquêtes. Les relations de patronat s'étendirent en
effet avec l'empire romain et devinrent ainsi un des instruments de
son gouvernement et de son intégration.
La réflexion était ample puisqu'elle reprenait toute l'évolution
de la clientèle mais surtout très historique car elle en inscrivait la
nécessité dans l'histoire des relations sociales. Une des idées impor-
tantes qui sous-tendait l'analyse était que les liens qui s'étaient ainsi
mis en place structuraient à la fois le fonctionnement politique de la
cité et la perception que les acteurs en avaient. Ainsi les valeurs de la
société patriarcale demeurèrent-elles vivantes et le mode de domina-
tion de l'aristocratie, efficace puisque le fait que les citoyens de rang
modeste ne pussent avoir accès aux instances civiques que par la
médiation des puissants, restait accepté et reconnu. L'analyse liait
ainsi le fonctionnement des instances civiques aux mécanismes de la
solidarité sociale et associait dans une même nécessité l'économie
des relations et la conscience politique. Ainsi l'auteur pouvait-il po-
ser les principes d'une sémantique du politique cohérente et efficace
36
Meier, Ch., Res publica amissa, Wiesbaden, 1966, en particulier pages 24-
45; Christ 1982 : 293 (cf. note 1).
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 209
dans son mode d'explication, puisqu'il expliquait que la prégnance
d'un tel système de relations conduisait à l'émiettement des intérêts
et à l'impossibilité pour les acteurs d'imaginer des solutions à la
crise qui affectait la respublica.
C'était pourtant entrer dans un certain fonctionnalisme poli-
tique qui n'allait pas sans inconvénients. Il laissait en effet de côté
l'évolution générale de la société italienne au cours des deux der-
niers siècles avant notre ère et il avait tendance également à ne
guère tenir compte de l'influence que d'autres modes de représenta-
tion liés notamment à la philosophie grecque pouvaient avoir eu sur
les acteurs de la vie politique romaine. Cette grammaire de la poli-
tique, en d'autres termes, enfermait l'action des agents dans le
champ sémantique qui était déterminée par leur propre expérience
et sur laquelle ils contruisaient leur horizon d'attente. Les autres fac-
teurs d'évolution historique, plus larges et qui échappaient à la per-
ception et à la réflexion des contemporains, n'avaient pas pour cette
raison à être pris en compte pour la définition de leurs choix37. Une
telle analyse contribuait alors fortement à la compréhension des mé-
canismes qui permettaient aux membres de la communauté civique
de déterminer leurs conduites en introduisant un modèle dont l'effi-
cacité était précisément liée au fait qu'il reposait sur une sémantique
de l'action et de l'expérience civique mais dont la limite tenait aussi
au fait qu'il reposait sur le primat du politique et privilégiait le ci-
toyen conscient comme agent principal de l'Histoire.
Peut-on alors, en jetant un regard rétrospectif sur l'ensemble de
cette historiographie de langue allemande, porter une appréciation
sur ce qui en aurait fait l'originalité? La tentative est osée car il n'est
évidemment pas légitime d'isoler une partie du monde savant des
autres membres de la communauté scientifique38. Pourtant une ten-
dance générale apparaît qui pourrait avoir été le fruit d'une tradition
intellectuelle ou de certains choix conceptuels privilégiés. On ne
peut manquer en effet d'être frappé par la façon dont la réflexion a
mis l'accent sur les formes de l'organisation sociale en révélant les
principes selon lesquels elle se constitua, et ce à chaque étape de ce
37
Cf. les explications que l'auteur donne de ces principes dans l'introduction
à la nouvelle édition de 1980 : XV-XXXI.
38
On notera pourtant que tous les auteurs allemands ou de langue alle-
mande qui ont été évoqués ci-dessus n'ont guère cité, sur ce sujet précis, que des
auteurs tout autant allemands qu'eux et que l'on ne pourrait guère relever comme
exception notable que le livre de Badian, E., Foreign Clientelae, Oxford, 1958 cité
par Ch. Meier mais dont les ambitions erudites et très positivistes n'engageaient
pas à un type de réflexion particulier.
chemin que l'on a suivi en examinant la question de la clientèle. Elle
n'est certes pas l'une des plus essentielles parmi toutes celles qui ont
contribué à l'analyse de la société romaine, mais elle est révélatrice
de la façon dont ceux qui se sont intéressés à elle, ont abordé l'étude
de la communauté civique. Ainsi les aspects qui tenaient à l'évalua-
tion des services échangés, ceux qui concernaient la qualification
des individus, ceux enfin qui tenaient à la place de la relation dans
l'ensemble de la vie sociale et économique ne furent traités que très
marginalement.
Ce n'était pas cela qui intéressait les différents auteurs que nous
avons rencontrés, Mais plutôt les règles qui gouvernaient le fonc-
tionnement de la relation dans la mesure où elles révélaient à leur
tour celles qui déterminaient la vie civique. Trois grands schémas de
réflexion se sont ainsi succédés. Le premier était celui auquel parti-
cipait Th. Mommsen et qu'il enracina durablement dans la pensée
allemande et européenne. Les termes en étaient de droit public et vi-
saient à mettre en lumière les définitions juridiques de la citoyenne-
té et de l'exercice du pouvoir. L'image de la cité qui apparaissait
alors était celle d'une construction continue dans la permanence de
principes tout à la fois conditions et expressions de la vie sociale. Le
second fut celui qui apparut avec M. Gelzer et qui mettait en lu-
mière les champs sémantiques au sein desquels les actes des parte-
naires de la relation prenaient leur sens. Le troisième fut celui de
Ch. Meier qui reprenait l'analyse en termes d'anthropologie poli-
tique et révélait les logiques à l'œuvre dans les comportements et les
relations civiques. Dans tous les cas, ces modèles avaient l'immense
qualité de donner en même temps un sens à la relation de clientèle
et à l'organisation de la cité. Ils inscrivaient ainsi un type d'échange
humain particulier et original dans le cadre plus vaste de la commu-
nauté civique. Porteurs comme ils l'étaient d'une telle puissance ex-
plicative, ils ne pouvaient manquer de rayonner. La question qui de-
meure alors est celle de la place qu'à tour de rôle ils occupèrent dans
l'historiographie de leur temps, et du rapport qu'ils entretinrent avec
celle dont ils furent les héritiers aussi bien que celle qu'ils contri-
buèrent à inspirer, et qui expliquerait cette apparente continuité
dans le souci de fournir les instruments cohérents d'une explication
formelle.
Jean-Michel DAVID
LA CLIENTÈLE, DUNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 211
Jürgen von UNGERN-STERNBERG
Forschungen zur Klientel in Rom
Kommentar zum Beitrag von Jean-Michel David
J.-M. David, dessen Ausführungen für das Verständnis des Folgenden
stets vorausgesetzt werden, unterschied bei seiner Betrachtung der Klientel
im wesentlichen zwei Epochen der Forschung : eine juristisch orientierte
des 19. Jahrhunderts zur Klientel in den ersten Jahrhunderten Roms u n d
eine eher sozialgeschichtlich orientierte des 20. Jahrhunderts zur Klientel in
der späten Republik.
Zur ersten Epoche n u r wenige Bemerkungen. Sie findet ihre Fortset-
zung naturgemäß in der rechtshistorischen Literatur unserer Tage. Hier ist
in erster Linie auf das monumentale Werk von Franz Wieacker zu verwei-
sen. Wieacker widmet der Klientel nicht viel Raum. Als herrschende Mei-
nung bezeichnet er die ursprüngliche Unterscheidung einer bäuerlichen
Klientel und der Plebs 1 . Dabei befindet er sich durchaus in Übereinstim-
m u n g mit André Magdelain 2 u n d Jean-Claude Richard 3 , die beide - wenn
auch mit unterschiedlicher Datierung - die Klienten als Konsequenz der
Einrichtung von tribus rusticae in den Bürgerverband eintreten lassen. Vor-
wiegend rechtshistorisch orientiert ist Norbert Rouland 4 . Seine Arbeit ist
denn auch als Thèse an der Faculté de Droit et des Sciences politiques d'Aix-
en-Provence entstanden. In einer anschließenden Studie 5 vergleicht Rouland
interessant moderne Formen der politischen Klientelbindung in Frankreich,
Italien u n d in den Vereinigten Staaten mit der Antike, ein Phänomen, das of-
fenbar m e h r im m e d i t e r r a n e n Bereich Aufmerksamkeit erregt 6 als in
Deutschland.
1
Franz Wieacker, Römische Rechtsgeschichte, Erster Abschnitt, Handbuch
der Altertumswissenschaft X 3.1.1, München 1988, 198-199, 231 Anm. 48.
2
André Magdelain, "Remarques sur la société romaine archaïque", REL 49,
1971, 103-127.
3
Jean-Claude Richard, Les origines de la plèbe romaine : essai sur la forma-
tion du dualisme patricio-plébéien, Paris 1978; "La population romaine à l'époque
archaïque : sa composition, son évolution, ses structures", in : Roma arcaica e le
recenti scoperte archeologiche. Giornate di studio in onore di U. Coli, Milano 1980,
35-64; "Patricians and Plebeians : The Origin of a Social Dichotomy", in : K.
Raaflaub (Hrsg.), Social Struggles in Archaic Rome. New Perspectives on the
Conflict of the Orders, Berkeley 1986, 105-129.
4
Norbert Rouland, Pouvoir politique et dépendance personelle dans l'Antiqui-
té romaine. Genèse et rôle des rapports de clientèle, Bruxelles 1979.
'Norbert Rouland, Rome, démocratie impossible?, Le Paradou 1981.
6
Vgl. etwa E. Gellner - J. Waterburg (Hrsg.), Patrons and Clients in Mediter-
ranean Societies, London 1977.
>«
212 JEAN-MICHEL DAVID
Ausgangspunkt der neueren Forschung sind die Arbeiten von N u m a De-
nis Fustel de Coulanges 7 u n d Matthias Gelzer 8 . Zwar geht es Fustel de Cou-
Ianges in 'La cité antique' allein u m die ursprüngliche Form der Klientel, die
er als völlige Abhängigkeit von den Patriziern im Rahmen der religiös fun-
dierten Hausgemeinschaft begreift 9 . Indem er aber zugleich ihre allmähliche
Befreiung im 6. u n d 5. Jahrhundert v. Chr. beschreibt u n d diese im 4. Jahr-
hundert abgeschlossen sein läßt10, kann er die Klientel der späten Republik -
wenn auch n u r in gelegentlichen Bemerkungen - scharf davon abheben. Fol-
genreich war aber besonders, daß er später Patron - Klientenbeziehungen
sozusagen am anderen Ende der Welt des Altertums, in der Spätantike, wie-
derentdeckte u n d in ihnen die gesellschaftliche Grundlage für den Übergang
zum Feudalismus herausarbeitete".
Gelzer selbst hat auf seinen Vorgänger nachdrücklich verwiesen :
"Es ist Fustel de Coulanges gewesen, der zum ersten Male diese Ver-
pflichtungsverhältnisse als das entscheidende Moment im Aufbau der
spätrepublikanischen Gesellschaft erkannt hat, und zwar faßt er sie unter
dem Begriff des Patronats zusammen 12 . In mancher Hinsicht kann sich
meine Untersuchung auf dem von ihm gelegten Fundament erheben. Da
seine Darstellung in Deutschland wenig beachtet wurde, erlaube ich mir,
zunächst noch einmal ausführlicher auf seine Erörterungen zurückzu-
kommen..." 13 .
Die Verbindungslinie zwischen Fustel de Coulanges u n d Gelzer haben
nach ihm selbst Anton von Premerstein 14 u n d Christian Meier 15 gezogen,
auch aufgrund biographischer Materialien. Eingehend hat zuletzt Christian
7
Numa Denis Fustel de Coulanges, La cité antique. Etude sur le culte, le
droit, les institutions de la Grèce et de Rome, Paris 1864; 7e édition (revue et aug-
mentée), Paris 1879 (deutsche Übersetzung : Der Antike Staat. Studie über Kultus,
Recht und Einrichtungen Griechenlands und Roms. Übersetzt von Paul Weiß,
Leipzig 1907; modernisierte Fassung mit einer Einleitung von Karl Christ, Stutt-
gart 1981); Histoire des institutions politiques de l'ancienne France V. Les origines
du système féodal, Paris 1890.
8
Matthias Gelzer, Die Nobilität der römischen Republik, Leipzig - Berlin,
1912; Neuausgabe mit den von Gelzer später autorisierten Ergänzungen und Vor-
wort von Jürgen v. Ungern- Sternberg, Stuttgart 1983. Zur 'Revisionismus-De-
batte' um das Werk s. L. Burckhardt, "The Political Elite of the Roman Republic :
Comments on Recent Discussion of the Concepts Nobilitas and Homo Novus",
Historia 39, 1990, 77-99.
9
Fustel de Coulanges, La cité antique, 1. II, ch. X; 1. IV, ch. I-II.
10
Fustel de Coulanges, La cité antique, 1. IV, ch. VI.
11
Fustel de Coulanges, Les origines du système féodal (Anm. 7).
12
Gelzer zitiert dazu : Les origines du système féodal, 205-225.
13
Gelzer, Nobilität (Anm. 8), 49-50.
14
Anton von Premerstein, Vom Werden und Wesen des Prinzipats, München
1937, 13.
15
Christian Meier, "Matthias Gelzers Beitrag zur Erkenntnis der Struktur
von Gesellschaft und Politik der späten römischen Republik", in : J. Bleicken -
Ch. Meier - H. Strasburger, Matthias Gelzer und die römische Geschichte, Kali-
münz 1977, 34-35.
LA CLIENTÈLE, DTJNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 213
Simon 16 den Sachverhalt dargelegt. Simon kommt insbesondere das Ver-
dienst zu, die Dissertation Gelzers 17 in diesen Kontext gestellt zu haben. Er
zitiert die Rezension von Louis Bréhier 18 , der "die Verbindung von Sozial-
mit Wirtschaftsgeschichte, die Betonung der Faktizität neben der Norm und
das Schwergewicht auf den Themen Verwaltung, Gesellschaft, Klientel re-
spektive Patronage" hervorgehoben habe. Gelzer war zu seiner Sicht des
spätantiken Ägypten durch eigenständige Quellenarbeit gelangt, das Ver-
ständnis des französischen Rezensenten für das Neuartige daran mag aber
schon auf den Einfluß der Konzeptionen von Fustel de Coulanges verweisen.
Sie lernte Gelzer selbst erst wenig später durch seinen Mentor Eduard Fue-
ter kennen, u m sie dann für seine 'Nobilität' fruchtbar zu machen 19 . So ver-
einen sich in diesem grundlegenden Werk französische und deutsche For-
schungsansätze (Mommsen, Wilcken, Heinze) in einer selten glücklichen
Synthese, zu der freilich auch der schweizerische Hintergrund Gelzers we-
sentlich beigetragen hat 20 .
Gleichzeitig mit Fustel de Coulanges 'La cité antique' hat Gaston Bois-
sier21 die Bedeutung der Klientel, insbesondere der durch das Gerichtspatro-
nat erworbenen, für die politische Karierre Ciceros hervorgehoben. Sein
Werk entstand in stetiger Auseinandersetzung mit der deutschen Forschung,
wie er auf der ersten Seite der Einleitung in einer Anmerkung programma-
tisch erklärt :
"La suite de ce travail montrera que je me suis beaucoup servi des
ouvrages publiés en Allemagne, et surtout de la belle Histoire romaine de
M. Mommsen, si savante et si vivante à la fois. Je ne partage pas toujours
les opinions de M. Mommsen, mais on reconnaîtra, même dans les en-
droits où je me sépare de lui, l'influence de ses idées : C'est le maître au-
jourd'hui de tous ceux qui étudient Rome et son histoire".
Andererseits ist bemerkenswert, daß bereits vier Jahre später eine deut-
sche Übersetzung erschien 22 . Boissier hatte Mommsen in Rom kennenge-
lernt u n d blieb mit ihm über alle Wechselfälle der Zeitgeschichte hinweg in
lebenslanger Freundschaft verbunden 23 , Mommsen wie dem deutschen Cice-
robild generell stand er indes durchaus kritisch gegenüber, u.a. mit dem
16
Christian Simon, "Gelzer's 'Nobilität der römischen Republik' als 'Wende-
punkt'", Historia 37, 1988, 222-240.
" Matthias Gelzer, Studien zur byzantinischen Verwaltung Ägyptens (Diss.
Leipzig 1909), Leipziger Historische Abhandlungen 13, Leipzig 1909.
"Revue historique 111, 1912, 332-333.
19
Christian Simon, (Anm. 16), 231. Vielleicht ist es nicht ganz ohne Inter-
esse, daß eben damals die deutsche Übersetzung von 'La cité antique' erschienen
ist (Anm. 7). Leopold Wenger widmete ihr eine ausführliche, sehr verständnis-
volle Besprechung : Deutsche Literaturzeitung 28, 1907, 1733-1737, 1797-1801.
20
H. Strasburger, "Matthias Gelzer und die großen Persönlichkeiten der aus-
gehenden römischen Republik", in : J. Bleicken u.a., Matthias Gelzer (Anm. 15),
75-89.
21
Gaston Boissier, Cicéron et ses amis. Etude sur la société romaine du temps
de César, Paris 1865, 119-127.
22
Cicero und seine Freunde. Deutsch bearbeitet von Eduard Doehler, Leipzig
1869.
23
J. v. Ungern-Sternberg, "Deutsche und französische Altertumswissen-
214 JEAN-MICHEL DAVID
Verweis auf die unterschiedlichen politischen Traditionen in Frankreich
u n d England einerseits, in Deutschland andererseits :
"Quand on a vécu dans la pratique des affaires, au milieu des ma-
nœuvres des partis, on est plus disposé à comprendre les sacrifices que
peuvent exiger d'un homme d'Etat les nécessités du moment, l'intérêt de
ses amis, le salut de sa cause" 24 .
Einen Schritt über Gelzer hinaus tat Anton von Premersteins Arbeit
'Vom Werden u n d Wesen des Prinzipats'. Gewiß verdankt sie dem Vorgän-
ger manches; ebenso bedeutend ist hier aber der Einfluß der Gegenwart.
Premerstein konzipierte seine Arbeit in den 20er Jahren u n d spricht selbst
von "unserer bewegten Zeit..., die durch ihr besonderes Schicksal lebhaftes
Interesse für politische u n d soziale Fragen an den Tag legt" 25 . Über 'Gefolg-
schaften' nachzudenken, lag in den Aufstiegsjahren des italienischen Fa-
schismus und der deutschen Freikorps, allmählich auch des Nationalsozia-
lismus, nahe : Premerstein hat denn auch die grundlegende Marburger Dis-
sertation von Elsa Wiehn 26 angeregt. E r selbst verwendet vornehmlich den
Begriff 'Heeresgefolgschaft'; der heute übliche : 'Heeresklientel' stellt die
Verbindung zwischen den althergebrachten privaten Klientelverhältnissen
und den neuen militärischen noch m e h r heraus. Ob ganz zu Recht, kann
hier nicht diskutiert werden. Die äußeren Formen zeigen Analogien; die Be-
reitschaft der Soldaten, ihrem Feldherrn gegen das Zentrum der legalen
Macht (Rom - Senat) zu folgen, müßte unter dem Stichwort 'Legitimitäts-
krise' neu überdacht werden. Ansätze zu weiterführender Betrachtung bietet
Elisabeth Erdmann 2 7 , die den Begriff der 'politischen Kultur' in die Debatte
einführt.
Während André Piganiol die Klientel n u r in ihrer ursprünglichen Form
erwähnt u n d Gelzers Werk zwar nennt, in seinem Abschnitt 'Le gouverne-
ment des nobles' aber keinerlei Einfluß erkennen läßt 28 , begrüßte er Premer-
steins Arbeit ausdrücklich mit der Bemerkung, er sei in einem eigenen Arti-
kel zu etwa denselben Ergebnissen gekommen 29 . Eine tiefergreifende Wir-
schaftler vor und während des Ersten Weltkrieges" (in diesem Bande) bei
Anm. 50.
24
Cicéron et ses amis, 26. (cf. Anm. 21).
25
Vom Werden und Wesen des Prinzipats, 13. Der Sachverhalt ist evident,
auch wenn im Einzelnen da noch manches zu klären bleibt : I. Stahlmann, Impe-
rator Caesar Augustus. Studien zur Geschichte des Principatsverständnisses in der
deutschen Altertumswissenschaft bis 1945, Darmstadt 1988, 128-130.
26
Elsa Wiehn, Die illegalen Heereskommanden in Rom bis auf Caesar, Borna
- Leipzig 1926.
27
Elisabeth Erdmann, Die Rolle des Heeres in der Zzit von Marius bis Caesar.
Militärische und politische Probleme einer Berufsarmee (Diss. Konstanz 1971),
Neustadt 1972.
28
André Piganiol, Histoire de Rome, Paris 1939, 45. 120-123. 135.
29
Histoire de Rome, 23>1 mit Verweis auf : "Les pouvoirs constitutionnels et
le principat d'Auguste", Journal des Savants, 1937, 150-166 (deutsche Überset-
zung : "Die verfassungsmäßigen Befugnisse und der Prinzipat des Augustus", in :
G. Binder (Hrsg.), Saeculum Augustum I. Herrschaft und Gesellschaft, Wege der
Forschung 266, Darmstadt 1987, 141-160). Piganiol meint wohl insbesondere sei-
LA CLIENTÈLE, D'UNE FORME DE L'ANALYSE À L'AUTRE 215
kung von Premerstein (und von Andreas Alföldi) wird bei Jean Gagé 30
deutlich, der die konstitutive Bedeutung der cives servati für die Ideologie
des Prinzipats nachweist. Gleichzeitig erschien die Arbeit von Louis Har-
mand 31 , die ihr Schwergewicht freilich in der Kaiserzeit hat. Sie ist vorwie-
gend an den Institutionen interessiert.
Die neuere Forschung hat das Phänomen der Klientel zunehmend diffe-
renziert, ja in gewisser Weise aufgelöst. Schon Gelzer hat für amicitia und
Klientel 'Nah- u n d Treuverhältnisse' eingesetzt. Christian Meier 32 spricht
von 'Bindungswesen' u n d zeigt, wie sich die Verpflichtungen vielfach über-
schnitten. Der Wahlkampf eines homo novus wie Cicero ist ja nur verständ-
lich, wenn nicht alle schon festgelegt waren.
Hier - unter dem Einfluß Meiers - setzt die umfangreiche u n d gewichti-
ge französische Forschung der letzten zwei Jahrzehnte ein. Sie darf wohl
mit dem Namen von Claude Nicolet als Spiritus rector verbunden werden.
Nur eine der folgenden Arbeiten nennt ihn nicht im Vorwort; Elisabeth De-
niaux 33 spricht, wenn auch mit Anführungszeichen, geradezu von seiner
"patronage". Nicolet selbst behandelt in seinem Werk 'Le métier de citoy-
en' 34 den kleinen Bürger in Rom durchaus als Einzelwesen. Die Klientel
spielt n u r in dem Abschnitt über den Wahlkampf eine gewisse Rolle. Die Ar-
beiten von Georges Fabre 3 5 wie die von Jean-Michel David 36 u n d Deniaux ha-
ben n u n aber sehr verschiedene Aspekte der spätrepublikanischen Patron-
Klientenverhältnisse minutiös untersucht.
Damit folgen sie dem Konzept des zweiten Teils von Gelzers Nobilität,
allerdings mit einer erheblichen Ausdehnung des Interesses auf die subjekti-
ve Seite der Beziehungen u n d auf ihre gesellschaftliche Bewertung. So kann
etwa David aufzeigen, wieviel höher in Rom die Verteidigung eines Ange-
klagten gegenüber der Anklage eingeschätzt wurde, u n d dies einleuchtend
damit erklären, daß die Aufstiegschancen neuer Redner und zugleich das
ohnehin große Prozeßrisiko der oberen Beamten vermindert werden sollten.
Seine Arbeit zeigt, welch mannigfache Gründe für die Übernahme eines Ge-
nen Nachweis : "Le terme de princeps n'a pas du tout été employé par Auguste
comme signifiant un prestige honorifique et une autorité civile, mais bien
comme caractérisant l'autorité du chef militaire en face des armées ou des na-
tions étrangères" (163).
30
Jean Gagé, "Les clientèles triomphales de la République romaine. A pro-
pos d'un aspect du 'principat' d'Auguste", Revue historique 218, 1957, 1-31.
31
Louis Harmand, Le Patronat sur les Collectivités publiques des origines au
Bas-Empire, Paris 1957.
32
Christian Meier, Res Publica Amissa. Eine Studie zu Verfassung und Ge-
schichte der späten römischen Republik, 2. Auflage, Frankfurt/M 1980.
33
Elisabeth Deniaux, Clientèles et pouvoir à l'époque de Cicéron, Rom 1993.
34
Claude Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1976.
Lobend zur Zurückhaltung von Nicolet : P. A. Brunt, "Clientela", in : The Fall of
the Roman Republic, Oxford 1988, 385.
35
Georges Fabre, Libertus : Recherches sur les rapports patron - affranchi à la
fin de la république romaine, Rom 1981.
36
Jean-Michel David, Le patronat judiciaire au dernier siècle de la république
romaine, Rom 1992.
216 JEAN-MICHEL DAVID
richtspatronats bestimmend sein konnten u n d wie verschieden es sich d a n n
gestaltet hat.
Das Interesse an der Selbstdarstellung u n d am Selbstgefühl der Akteure
hängt wohl auch mit dem mentalitätsgeschichtlichen Ansatz zusammen, der
in der Forschung zur neueren Geschichte, gerade in Frankreich, so wichtig
geworden ist. Analoges zu diesen Arbeiten - auch in der Verbindung von
Philologie u n d Geschichte - findet sich in der neueren deutschsprachigen
Forschung nicht. Auf dieses Manko weist David zu Recht hin. Erwähnung
verdienen aber die wichtigen Überlegungen von Jochen Bleicken 37 zu der
Frage, wie die Abhängigkeit der Klienten sich mit dem politischen Freiheits-
begriff in Rom vereinen ließ.
Mehr für sich steht Gérard Freyburger 38 mit einer sprach- u n d religions-
geschichtlichen Arbeit zum Begriff der Fides aus der Schule von Robert
Schilling. Forschungen zu 'römischen Wertbegriffen' waren einige Jahr-
zehnte lang eine - nicht immer unproblematische - Domäne deutscher Wis-
senschaftler 39 . So hat insbesondere Richard Heinze das Verständnis für die
Entwicklungsgeschichte der fides entscheidend gefördert 40 .
Abschließend sei auf Paul Veyne, 'Le pain et le cirque' hingewiesen; das
einzige dieser Bücher, das auch in deutscher Übersetzung vorliegt 41 . Veynes
Werk ist ungemein facettenreich. Die Abgrenzung von Euergetismus u n d
christlicher Barmherzigkeit ist durchaus begriffsgeschichtlich; es geht u m
Machtgewinnung und -erhaltung durch Klientelbildung - wichtig ist Veyne
aber vor allem der Bereich des Symbolischen und Rituellen in einer breiten
komparatistischen (anthropologischen/ethnologischen) Perspektive.
Lehrreich ist der Vergleich mit dem thematisch eng verwandten Werk
von Hans Kloft42. Auch Kloft verankert die Begriffsgeschichte stets in der ge-
sellschaftlichen Situation der jeweiligen Epoche; fachwissenschaftlich be-
trachtet ist sein Werk wohl mehr lege artis gearbeitet - aber es konnte nie
die Breitenwirkung eines Paul Veyne erreichen. Französische Brillanz ver-
sus deutsche Gründlichkeit? Das hieße den Vergleich unzulässig zu verabso-
lutieren. Daß aber der literarische Anspruch der französischen Arbeiten im
Durchschnitt höher ist als der der deutschen, ist unverkennbar.
37
Jochen Bleicken, Staatliche Ordnung und Freiheit in der römischen Repu-
blik, Frankfurter Althistorische Studien 6, Kalimünz 1972, 64-80; vgl. Die Verfas-
sung der römischen Republik. Grundlagen und Entwicklung, Paderborn 1975.
38
Gérard Freyburger, Fides. Etude sémantique et religieuse depuis les origines
jusqu' à l'époque augustéenne, Paris 1986.
39
Forschungsüberblicke in der Einleitung von H. Oppermann, Römische
Wertbegriffe, Wege der Forschung 34, Darmstadt 1967, VTi-XI und : H. Fuchs,
op. cit., 23-41 (24-26 zu fides).
40
"Fides" (1929), in : E. Burck (Hrsg.), Richard Heinze. Vom Geist des Rö-
mertums, 3. Auflage, Darmstadt 1960, 59-81.
41
Paul Veyne, Le pain et le cirque, Paris 1976; deutsche Übersetzung : Brot
und Spiele. Gesellschaftliche Macht und politische Herrschaft in der Antike, Frank-
furt/M 1988.
42
Hans Kloft, Liberalitas principis. Herkunft und Bedeutung. Studien zur
Prinzipatsideologie, Köln 1970.
JOCHEN MARTIN
DIE FRANZÖSISCHE FORSCHUNG ZUR
RÖMISCHEN FAMILIE - EINIGE ANMERKUNGEN
Die gesamte französische Forschung zur römischen Familie
überblicke ich nicht, aber vielleicht kann man vier Sammelwerke als
repräsentativ für verschiedene Tendenzen heraustellen.
1) Die von der Ethnologie beeinflußte Forschung.
Hier ist zunächst die von André Burguière u.a. herausgegebene
"Histoire de la famille" (1986) zu nennen, für die Claude Lévi-
Strauss ein Vorwort geschrieben hat. Im einleitenden Artikel expli-
ziert Françoise Zonabend zentrale Thesen von Claude Lévi-Strauss. -
Dieser geht davon aus, daß den verschiedenen Heirats- und Ver-
wandtschaftsformen Grundstrukturen zugrundeliegen, von denen
die konkreten Erscheinungsformen nur Variationen sind. Diese Po-
sition wird auch von Anthropologen vertreten, die an der Table ron-
de von 1986 teilnahmen : Parenté et stratégies familiales dans l'anti-
quité romaine, hrsg. von Jean Andreau und Hinnerk Bruhns, Paris
1990. Da heißt es z.B. : "... alors que l'historien cherche, dans ce
champ de la parenté romaine, à identifier des ruptures et des stades,
une évolution dans la complexité semble attestée à partir des don-
nées disponibles (ce qu'ils ont parfaitement raison de souligner et de
poser comme objet d'étude), l'anthropologie sera plus volontiers ten-
tée (à tort ou à raison) de postuler une unité de ce champ de la pa-
renté et de l'alliance et de chercher les raisons (structurelles?) qui
expliquent ces variations" (Pierre Bonté, Elisabeth Copet-Rougier,
S. 253). Historische Prozesse also als Variationen innerhalb eines
einheitlichen und strukturell bestimmten Feldes? Selbst wenn Hi-
storiker mit Begriffen wie "Sachlogik" arbeiten, können sie m.E. die
anthropologischen Voraussetzungen nicht übernehmen.
Wenn ich recht sehe, ist das auch die Meinung der französischen
Althistoriker. Yan Thomas polemisiert sogar in der "Geschichte der
Frauen" (hrsg. von G. Duby - M. Perrot, dt. 1993) ausdrücklich gegen
die Annahme eines "dualistischen Funktionsprinzip(s) von Gesell-
schaften gemäß den elementaren Strukturen des Austausches und
218 JOCHEN MARTIN
der Reziprocität" (S. 106). Dennoch gibt es gemeinsame Unterneh-
mungen von Althistorikern und Ethnologen. Ich sehe aber nicht ganz
klar, ob man von einem Einfluß der Ethnologie auf die französische
Althistorie sprechen kann. Vier Möglichkeiten wären denkbar :
a) Eine Stärkung des Bewußtseins für die Wichtigkeit von Ver-
wandtschaftsbeziehungen. Ich denke hier z.B. an den Aufsatz von
Philippe Moreau im Band von Jean Andreau und Hinnerk Brunns,
aber auch an die anderen Beiträge dieses Bandes. Hinnerk Bruhns
selber relativiert allerdings die Wichtigkeit von Verwandtschaftsbe-
ziehungen.
b) Ein Zugewinn und eine Präzisierung von Fragen. Als Beispiel
dafür könnte man die Arbeiten von Mireille Corbier zitieren (Zu-
sammenfassung in : Jean Andreau, Hinnerk Bruhns, S. 225-249),
die Probleme wie die genaue Bestimmung einer "Familie", Frucht-
barkeit, Familienverbindungen und Verwandtschaft sowie die Ei-
gentumsübertragung behandelt; man erkennt in den Fragestellun-
gen den Einfluß der Ethnologie, ohne daß sich Corbier die Metho-
den der Ethnologie zu eigen machte.
c) Eine Tendenz, sich aus der rechtshistorischen Betrachtung
der Familie zu lösen und sowohl alltagsgeschichtliche Probleme der
Familie als auch solche, die mit dem Symbolsystem, der Religion
und dem Kult zusammenhängen, zu behandeln. André Burguière
hat die historische Anthropologie auch im Sinne einer Alltagsge-
schichte interpretiert. Freilich scheinen mir für die französische Alt-
historie alltagsgeschichtliche Forschungen ebensowenig kennzeich-
nend zu sein wie für die deutsche (in Deutschland ist die Ethnologie
für das Verständnis von neuzeitlicher Alltagsgeschichte wichtig ge-
worden, z.B. am Max Planck-Institut für Geschichte in Göttingen).
d) Eine Tendenz, sich in Unternehmen einzuordnen, die entwe-
der frühe Kulturen und/oder die europäische Geschichte von der
Antike bis zur Gegenwart zum Thema haben (Histoire de la famille,
Geschichte der Frauen, Geschichte des privaten Lebens). Daraus
entstehen freilich in den genannten drei Bänden keine im eigentli-
chen Sinne vergleichenden Betrachtungen, während im von Jean
Andreau und Hinnerk Bruhns herausgegebenen Band immerhin
Vergleiche vor allem mit der mittelalterlichen Gesellschaft eine Rol-
le spielen (z.B. Jean Andreau, Mireille Corbier, Bernard Derouet).
Insgesamt wäre aber interessant, von den Repräsentanten der
französischen Althistorie selber zu hören, welche Bedeutung ethno-
logisch-anthropologische Studien für sie haben.
2) Die meisten französischen Studien zur antiken Familie, die
ich kenne, ordnen sich nicht einem bestimmten Wissen-
schaftsparadigma unter, also weder dem der Ethnologie noch der
DIE FRANZÖSISCHE FORSCHUNG ZUR RÖMISCHEN FAMILIE 219
von M. Foucault ausgehenden Diskurstheorie noch anderen Para-
digmen (im Vergleich mit der angelsächsischen Forschung scheinen
mir auch psychologisch oder psychoanalytisch ausgerichtete For-
schungen, etwa zur Frauengeschichte, eher selten zu sein).
a) Für den Bereich rechtshistorischer Studien sei es erlaubt,
eine Arbeit von Yan Thomas als Beispiel heranzuziehen : Für die
"Geschichte der Frauen" hat er den Beitrag "Die Teilung der Ge-
schlechter im römischen Recht" beigesteuert. Was diesen - und
auch andere Beiträge von Thomas - von deutschen rechtshistori-
schen Studien unterscheidet, ist ein Faktum von zentraler Bedeu-
tung : Nämlich daß Thomas einen Standpunkt von außen einnimmt
und es ihm damit gelingt, das Recht als eine nicht durch die Natur
bedingte, sondern ihr übergestülpte Konstruktion aufzuzeigen. Das
zieht dann zweitens die konsequent verfolgte Frage nach sich, auf
welche zentralen Bezugspunkte die Konstruktion hingeordnet ist.
Sind sie erkannt, kann drittens schließlich die Frage nach Kontinui-
tät und Veränderung anders beantwortet werden als dann, wenn
man immer von Einzelregulierungen ausgeht (Beispiele dafür bei
M. Käser). - Man könnte auch sagen : hier wird das Recht als Dis-
kurs konstituiert. Ob die Diskurstheorie für Yan Thomas eine Rolle
spielt - und das muß ja nicht gleich für alle Implikationen der Dis-
kurstheorie zutreffen -, weiß ich freilich nicht.
b) Um die Breite von Herangehensweisen deutlich zu machen,
sei hier noch auf eine Studie von Danielle Gourevitch verwiesen, die
ein Problem, mit dem sich auch Mireille Corbier beschäftigt hat,
nämlich das der Fruchtbarkeit, aus medizinhistorischer Sicht be-
handelt (in : Jean Andreau, Hinnerk Bruhns, S. 139-151). Ihr Ergeb-
nis : Obwohl die kaiserzeitlichen Ärzte ein großes Instrumentarium
von Ratschlägen für die Empfängnis, das Verhalten während der
Schwangerschaft und für die Geburt bereitstellten, sei dadurch die
Natalitätsrate in den großen Familien nicht erhöht worden.
3) In der "Geschichte des privaten Lebens" hat Paul Veyne den
Beitrag zu Rom geschrieben. Von ihm weiß man, daß er Michel Fou-
cault verpflichtet ist, was sich freilich auf den größten Teil seines
Beitrages kaum auswirkt. Nur dort, wo es um die entstehende "Sor-
ge um das Selbst" geht, werden Thesen Foucaults weiterentwickelt
und kommt auch methodisch die Diskurstheorie insofern zum Zug,
als der "Auftritt des liebenden Paares" in der Kaiserzeit zu einem
"falschen" deklariert wird, die entsprechenden Grabinschriften und
andere Zeugnisse eben als Diskurs analysiert werden, der ein Supp-
lement für den verlorenen politischen Status des Ehemannes sein
soll. Hier liegt der Blickpunkt also weder auf rechtlichen Gegeben-
15
JLIK) JOCHEN MARTIN
heiten noch auf dem Verwandtschaftssystem, sondern auf den bin-
nenfamilialen Beziehungen, vor allem denen zwischen Ehegatten,
und dem, was die Person konstituiert. Inwiefern ist diese Her-
angehensweise repräsentativ für die französische Althistorie?
Fazit : Der Breite der französischen Forschungen zur Familie
hat die gegenwärtige deutsche Althistorie nichts an die Seite zu stel-
len. Engt man den Betrachtungsraum noch auf die Republik ein,
dann sind selbst rechtshistorische Studien selten geworden. An Ar-
beiten der letzten Zeit sind hier zu nennen die vom Freiburger Insti-
tut für Historische Anthropologie herausgegebenen Bände "Ge-
schlechtsreife und Legitimation zur Zeugung" (ed. E. W. Müller,
1985), "Sozialgeschichte der Kindheit" (ed. J. Martin - A. Nitschke,
1986) und "Aufgaben, Rollen und Räume von Frau und Mann" (ed.
J. Martin - R. Zoepffel, 1989). In diesen Bänden sind Studien zu ver-
schiedenen Kulturen vereinigt. Hervorzuheben ist ferner ein Buch
von Angelika Mette-Dittmann über "Die Ehegesetze des Augustus"
(1991), schließlich die Dissertation von Thomas Späth : "Männlich-
keit und Weiblichkeit bei Tacitus" (1994, sie ist übrigens teilweise in
Paris entstanden). Angesichts der französischen und der wenigen
deutschen Arbeiten gewinnt man den Eindruck, daß die Einbettung
in interdisziplinäre und gesamtgeschichtliche Zusammenhänge sich
fruchtbar auf die Familienforschung auswirkt.
Jochen MARTIN
JEAN-LOUIS FERRARY
OPTIMATES ET POPULARES
LE PROBLÈME DU RÔLE DE L'IDÉOLOGIE
DANS LA POLITIQUE1
L'emploi de partes dans le vocabulaire romain de la vie poli-
tique a sans aucun doute facilité l'utilisation de la notion de parti
dans les ouvrages modernes sur l'histoire romaine à partir de la
seconde moitié du 18ème siècle. Puis l'évolution de la vie parle-
mentaire et de la notion même de parti dans l'Europe du 19ème
siècle a été projetée sur une histoire romaine que l'on continuait
d'analyser au moyen de concepts empruntés à l'actualité contem-
poraine. La Römische Geschichte de Mommsen ne fut pas seule à
procéder ainsi, mais sa célébrité a éclipsé les autres histoires de la
République romaine, et, en Allemagne, elle a tout naturellement
été la cible par excellence de ceux qui ont récusé cette méthode et
cherché à retrouver la spécificité de la vie sociale et politique ro-
maine.
La parution en 1912 de l'ouvrage de M. Gelzer, Die Nobilität der
römischen Republik et à peu de distance, en 1920, de celui de Fr.
Münzer, Römische Adelsparteien und Adelsfamilien marqua le début
d'une nouvelle époque de l'historiographie allemande en la matière,
mais aussi d'une certaine ambiguïté, qui fut durable, et dont il reste
encore certaines traces. Gelzer et Münzer rejetaient l'un et l'autre
l'application anachronique à la Rome républicaine du modèle
contemporain de la vie parlementaire, et en particulier de sa
conception des partis (c.-à-d. d' organisations possédant une assise
1
Je suis bien conscient du caractère incomplet de ces quelques pages. J'ai
choisi de me limiter à quelques noms, ceux notamment de Fr. Münzer, M. Gelzer,
•H. Strasburger, Chr. Meier. Ce n'est pas que je méconnaisse l'importance d'autres
travaux, comme ceux de J. Bleicken, mais le temps m'a fait défaut, aussi bien
avant la rencontre de Strasbourg qu'avant la remise des textes définitifs, pour
étendre d'une façon qui ne soit pas superficielle l'enquête qui a donné lieu à ces
quelques réflexions. Je tiens à remercier les collègues qui, à Strasbourg, m'ont
' permis par leurs remarques d'apporter quelques corrections à mon texte, et en
tout premier lieu K.-J. Hölkeskamp.
222 JEAN-LOUIS FERRARY
populaire, se dotant d'un programme et présentant des candidats
lors des élections). L'un et l'autre insistaient sur le rôle essentiel
que monopolisaient les grandes familles constituant la nobilitas.
Mais Münzer croyait en l'existence de véritables partis nobiliaires,
les familles se regroupant en un petit nombre de groupes qui pou-
vaient connaître des modifications au cours du temps, mais possé-
daient une relative stabilité, et dirigeaient l'ensemble de la vie poli-
tique. Gelzer avait une conception différente, où la multiplicité des
liens personnels et le fort individualisme des aristocrates romains
créaient les conditions d'une vie politique beaucoup plus fluide et
fluctuante, même si, en 1912, il parlait encore des factiones, des co-
teries, en des termes qui pouvaient paraître annoncer les "partis
nobiliaires" de Münzer2, et si, dans les deux articles qu'il écrivit
après la parution de l'ouvrage de Münzer3, il ne crut pas devoir sur
ce point marquer ses distances par rapport à celui qui avait été l'un
de ses premiers maîtres à l'université de Bâle. On associa donc vo-
lontiers les noms de Gelzer et Münzer, comme le fit par exemple H.
Strasburger, tout au début de sa dissertation Concordia Ordinum
(Francfort, 1931)4, et encore dans l'article Optimates de la RE paru
en 19395. La même année 1939, R. Syme publiait son grand ouvrage
The Roman Revolution, dont le deuxième chapitre, consacré à l'oli-
garchie romaine, se référait à Gelzer dès sa seconde note et accep-
tait dans la troisième sa définition de la nobilitas, mais qui, dans le
fond était encore beaucoup plus imprégné de l'enseignement de
Münzer : c'est d'ailleurs le nom de Münzer qui seul est l'objet d'un
vibrant hommage dans la préface6. Et bien que l'ouvrage de Gelzer
ait été traduit en anglais (seulement, il est vrai, en 1969) alors que
celui de Münzer ne l'a pas été, c'est bien dans l'historiographie an-
glo-saxonne que Münzer a fait souche. Un hommage à peine moins
vibrant que celui de Syme lui fut rendu en 1951 par H.H. Scullard
2
Voir le chapitre 7 ("Faktionen") de Die Nobilität der römischen Republik de
M. Gelzer in : Gelzer, M., Kleine Schriften [désormais cités KS], I, Wiesbaden,
1962 : 121-132, et en particulier les pages concernant le 2ème siècle av. J.-C.
3
Le C r . publié en 1920 dans les Neue Jahrbb. : 438-40 (= KS, 1: 196-200), et
l'article "Die Entstehung der römischen Nobilität" publié en 1921 dans HZ : 1-13
(= KS, 1: 186-95). Les reproches formulés dans les pages 198-9 ne concernent pas
la conception münzerienne des partis nobiliaires. Cf. Chr. Meier, dans Bleicken,
J, Chr. Meier & H. Strasburger, Matthias Gelzer und die römische Geschichte,
Kallmünz, 1977 (Frankfurter Althistorische Studien, 9) : 45.
4
Strasburger, H., "Concordia Ordinum" (1931) : IV, in : Strasburger, H., Stu-
dien zur alten Geschichte [désormais cités Studien], I, Hildesheim, 1982 : 4.
5
Strasburger, H., "Optimates", RE, 18, Col. 779, in : Studien, I : 332.
6
Syme, R., The Roman Revolution, Oxford, 1939 : 10-27, VIII : "it will at
once be evident how much the conception of the nature of Roman politics here
expounded owes to the supreme example and guidance of Münzer : but for his
work on Republican family-history, this book could hardly have existed".
LE PROBLÈME DU RÔLE DE L1DÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 223
dans la préface à son ouvrage Roman Politics (220 - 150 B.C.)7, et
c'est dans le compte rendu du livre de Scullard que, pour la pre-
mière fois, Gelzer prit nettement parti contre la théorie des groupes
nobiliaires remontant à Münzer : l'idée notamment que ces
groupes aient pu présenter leurs candidats aux élections, et leurs
membres voter au Sénat selon des mots d'ordre convenus, lui pa-
raissait une façon de réintroduire dans l'histoire romaine des
conceptions empruntées au parlementarisme moderne 8 . Ce compte
rendu fut repris en 1962 dans le premier volume des Kleine Schrif-
ten. La même année, dans la préface de ses Studies in Greek and
Roman History (incluant l'article "Caepio and Norbanus" de 1957,
dédié "Fr. Muenzeri manibus"), E. Badian reconnaissait avant tout
sa dette envers Münzer et Syme, mais en 1958, dans l'avant-propos
de son œuvre majeure, Foreign Clientelae, il avait associé dans un
hommage commun les noms de Gelzer et de Münzer9. Lorsqu'il fit
en 1967 la recension des trois volumes de Kleine Schriften de Gel-
zer, il fut amené à aborder de front le problème du désaccord entre
Münzer et Gelzer, mais on ne saurait être surpris qu'il ait eu ten-
dance à le réduire, ne retenant pas le caractère fondamental de la
critique gelzerienne, et la réduisant pratiquement à une incitation à
poursuivre avec une prudence particulière le chemin tracé par
Münzer10. Les deux héritages de Gelzer et de Münzer sont restés
importants dans l'historiographie anglo-saxonne. Pour la période
post-syllanienne, les grandes monographies consacrées par Gelzer à
César (traduction anglaise en 1968, à laquelle contribua d'ailleurs
Badian), Pompée et Cicéron ont eu une influence incontestable. La
tradition purement münzerienne est restée plus visible pour la péri-
ode antérieure, où l'indigence même des sources laissait plus libre-
ment carrière à une reconstruction fondée sur l'hypothèse de
grands groupes stables au sein de l'aristocratie, le représentant ac-
tuel le plus significatif de cette tradition étant probablement
'Scullard, H. H., Roman Politics (220-150 B.C.), 1951 : IV : "the pioneer
work of Fr. Münzer". L'avant-propos à la 2e"« édition (Oxford, 1973 : XVII-XXX)
contient une réponse aux critiques avancées dans plusieurs comptes rendus (en
particulier celui de M. Gelzer) et dans des travaux postérieurs (parmi lesquels la
Res publica amissa de Chr. Meier) contre "the results which can legitimately be
drawn from the Livian evidence by Münzer's pioneering methods".
8
Gelzer, M. (Cr. de Scullard, Roman Politics), Historia, 1950 : 634-42, in :
KS, I, 201-10, notamment 203.
'Badian, E., Foreign Clientelae, 1958 : VII : "among foreign scholars, Gelzer
and Münzer, who revolutionized the approach to the study of this period, claim
pre-eminence".
10
Badian (Cr. de Gelzer, Kleine Schriften), JRS, 1967 : 216-22, notamment
218-9.
JKAN-LOUIS FERRARY
J. Briscoe11. Parmi les héritiers de Gelzer, Chr. Meier a repris avec
force en 1966 la critique de la "Faktionsthese" dans Res publica
amissa12, avant de la formaliser en 1980, dans l'avant-propos à la
deuxième édition de cet ouvrage, avec la notion de "Gegenstand-
sabhängigkeit der römischen Parteiungen"13. Une critique en règle
de la "Gruppierungsrekonstruktion" remontant à Münzer se
trouve également dans l'ouvrage de K.-J. Hölkeskamp sur la nais-
sance de la nobilitas patricio-plébéienne, issu d'une dissertation
dont Chr. Meier avait été le "Korreferent"14. En Grande-Bretagne,
l'historien le plus critique de l'école issue de Münzer est sans
doute P.A. Brunt, mais la différence, essentielle, est que cette cri-
tique atteint aussi Gelzer et ses héritiers spirituels : le dialogue
critique entre Chr. Meier et P.A. Brunt15 me paraît, de ce point de
vue, plus fondamental que le dialogue critique entre Chr. Meier et
E. Badian16.
Je n'ai pas jusqu'à présent parlé de l'historiographie française ni
de l'historiographie italienne. C'est que l'influence de Münzer et
même de Gelzer me paraît avoir été sensiblement moins forte dans
ces deux pays. L'absence de traductions en est une indication, tout
particulièrement en Italie où l'on traduit beaucoup plus qu'en
France17. Assez significative également, pour l'Italie, est la consulta-
tion de l'index des noms modernes du tome 11,1 de la Storia di Roma,
publié en 1990 sous la direction d'E. Gabba, G. Clémente et F. Coa-
relli. Quant à la France, l'hommage rendu par Gelzer à Fustel de
Coulanges dans sa Nobilität ne suffit pas à lui conférer dans ce pays
"Voir en dernier lieu, Briscoe, J., "Livy and Senatorial Politics, 200-167
B.C. : The Evidence of the Fourth and Fifth Decades", ANRW, II, 30, Berlin-New
York, 1982 : 1075-1121, et surtout Briscoe, J., "Political Groupings in the Middle
Republic : a Restatement", in : Deroux, C. (éd.). Studies in Latin Literature and
Roman History, VI, coll. Latomus 217, Bruxelles, 1992 : 70-83.
12
Meier, Chr., Res publica amissa, 1966 : 182-90. Cette critique est dirigée
contre R. Syme, L. Ross Taylor, H.H. Scullard et E. Badian, sans que le nom de
Münzer figure explicitement. Cf. cependant pages 49, note 135, 51, note 142, 98,
note 197.
13
Meier, Chr., Res publica amissa (2e éd.), 1980 : XXXVIII-XXXIX (cité par la
suite : RPA, 1980).
14
K.-J. Hölkeskamp, Die Entstehung der Nobilität, Wiesbaden, 1987 : 41-61.
15
Brunt, P. A., C r . de Meier, Res publica amissa, JRS, 1987 : 229-32; Meier,
Chr., avant-propos de RPA, 1980; Brunt, P.A., The Fall of the Roman Republic and
Related Essays, Oxford, 1988.
16
Meier, Chr., Cr. de Badian, Foreign Clientelae, Bonner Jbb, 1961 : 503-14;
Badian, E„ C r . de Meier, Caesar, Gnomon, 1990 : 22-39.
17
On notera en revanche la publication en français des conférences pronon-
cées par Chr. Meier au Collège de France, à l'invitation de P. Veyne {Introduction
à l'anthropologie politique de l'Antiquité classique, Paris, 1984); elle a précédé, et
sans aucun doute favorisé, la traduction de plusieurs de ses œuvres.
LE PROBLÈME DU RÔLE DE LTDÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 225
une réelle influence sur les historiens de la république romaine,
dont Fustel, il est vrai, n'avait jamais été revendiqué comme le grand
maître18. D'un autre côté, si C. Nicolet a écrit et dirigé toute une série
de travaux fondés sur la prosopographie, ce programme de "proso-
pographie et histoire sociale"19 se différenciait sensiblement de la
tradition de Münzer et rendait à Gelzer un hommage plutôt lointain.
Je me suis attardé sur le problème des rapports entre Gelzer et Mün-
zer, parce que, me semble-t-il, il existe entre les travaux de ces deux
savants une différence importante qu'on a trop souvent eu tendance
à négliger, en France comme dans les pays anglo-saxons, ou peut-
être à leur suite20.
Gelzer, on le sait, n'a pas donné après sa Nobilität la véritable
synthèse sur la vie politique et sociale de la Rome républicaine qu'on
aurait pu attendre21, ce qui s'en rapproche le plus étant sans doute
l'étude parue en 1920 et intitulée "Die römische Gesellschaft zur Zeit
Ciceros"22. On ne trouve dans l'œuvre de Gelzer, sur optimates et po-
pulares, que des remarques relativement rares et isolées; il est parti-
culièrement soucieux de réfuter deux erreurs : il n'est pas question
de partis au sens moderne du terme, et les populares, même s'ils re-
courent au slogan de la souveraineté du peuple, ne sauraient être
considérés comme des partisans de la démocratie23. C'est un élève de
Gelzer, H. Strasburger, qui fut chargé de rédiger les articles Opti-
mates et Populares dans la RE, mais les circonstances historiques
18
La dette reconnue par Gelzer ne figure pas au nombre des exemples de la
"revanche" de Fustel signalés par Cl. Nicolet dans 1889, Réflexions sur Fustel de
Coulanges, Institut de France, Paris, 1989 : 7.
19
Voir notamment Nicolet, CL, "Prosopographie et histoire sociale : Rome et
l'Italie à l'époque républicaine", Annales E.S.C., 1970 : 1209-28, notamment
1214-6.
20
Cf. Nicolet, Cl., Les Structures de l'Italie romaine, Paris, 1977 : 419 : par
rapport à Mommsen, "le renouvellement fut dû à ce qu'on peut appeler l'école
prosopographique allemande (M. Gelzer, dès 1912, F. Münzer, en 1920), relayée
bientôt par les Anglo-Saxons". La mention des Anglo-Saxons est particulièrement
intéressante, car ils ont, me semble-t-il, en revendiquant la double filiation,
contribué à masquer aux yeux des Français les divergences entre les deux tradi-
tions.
21
Cf. Chr. Meier article de 1977 cité note 3 : 50-56.
22
Gelzer, M., "Die römische Gesellschaft zur Zeit Ciceros", 1920; étude re-
prise dans les KS, I : 154-185.
23
Voir notamment KS, I : 188-9 ("das waren keine "Volksparteien" in unse-
rem Sinne, sondern die Bezeichnungen galten den beiden gegensätzlichen Auf-
fassungen der Staatsmänner darüber, ob der Schwerpunkt der politischen Ent-
scheidung in den Senat oder in die demagogisch gehandhabten Volksversamm-
lungen zu legen sei") et 199.
226 JEAN-LOUIS FERRARY
ne lui permirent d'écrire que le premier, qui fut publié en 193924.
L'article Populares ne parut qu'en 1965, sous la plume de Chr.
Meier25. Contemporain de Res publica amissa, il témoignait de la
même volonté de parfaire en quelque sorte l'œuvre de Gelzer : en
prenant plus de distance critique par rapport aux sources anciennes,
en allant plus loin dans le sens d'une conceptualisation et d'une
théorisation de la vie politique romaine, il s'agissait de proposer une
interprétation qui tirât les conséquences des découvertes fondamen-
tales de Gelzer de façon plus rigoureuse et systématique que Gelzer
lui-même ne l'avait fait26.
Le rejet de la théorie munzérienne des partis nobiliaires permet-
tait à Gelzer et à son école de rendre compte de la coexistence de
choix se conformant aux liens divers d'amitié ou de dépendance, et
de choix déterminés par des considérations plus proprement poli-
tiques face aux grands problèmes. Chr. Meier, dans sa Res publica
amissa, a de ce point de vue apporté une contribution importante à
l'interprétation de la vie politique romaine, grâce à la distinction
qu'il a introduite entre deux niveaux : l'un qui relevait de la norme,
de la politique quotidienne gouvernée par les necessitudines, et
l'autre, celui des grands affrontements, qui restait en principe du do-
maine de 1' exception mais qui, vers la fin de la république, finit par
constituer lui aussi un élément quasi-permanent, en sorte que "das
Nebeneinander von partium sensus und necessitudines zu einer Art
von Schizophrenie führte"27. L'introduction à la 2ème édition (1980),
en même temps qu'elle met l'accent sur la notion de "Gegenstand-
sabhängigkeit der römischen Parteiungen", ce qui permet de mieux
comprendre "die relativ geringe politische Rolle von Geschlechtern
und Faktionen in Rom"28, restitue à l'opposition optimates I popu-
lares une importance qui, me semble-t-il, leur était plus chichement
mesurée dans les textes de 1965-1966 : "eine der Konstanten war die
wiederkehrende Opposition der Senatsmehrheit gegen grosse Geset-
zesprojekte, insofern eine Parteiung zwischen Optimaten und Popu-
24
Strasburger, H., "Optimates", RE, 18, 1939 : col. 773-798 (= Studien, I :
329-341).
25
Meier, Chr., "Populares", RE, Supplbd. 10,1965 : col. 549-615. Parut égale-
ment la même année la dissertation de J. Martin, Die Popularen in der Geschichte
der späten Republik, Freiburg i. Br.
26
Tout à fait éclairant est de ce point de vue l'article de Meier sur Gelzer
(1977) signalé note 3.
27
Meier, RPA, 1980 : 173.
28
Meier, RPA, 1980 : XXXVIII. Sur cette notion importante de "Gegenstand-
sabhängigkeit", voir aussi, Meier, Chr. Introduction à l'anthropologie politique de
l'Antiquité classique : 57-61.
LE PROBLÈME DU RÔLE DE ^IDEOLOGIE DANS LA POLITIQUE 227
laren (wenn auch die letzteren, abgesehen von einem Unterbau,
meist von Situation zu Situation andere waren). Diese Gruppierung
ist bestimmend nur in Ausnahmesituationen. Bei kleineren Agenden
bezieht sie sich nur auf beschränkte Teile der Politik. Sie ist aber im-
mer wieder mindestens in der Agitation gegenwärtig"29.
Dans son article de 1965, Chr. Meier avait essentiellement re-
cherché dans le recours à une méthode commune l'élément distinc-
tif des populares, et un ouvrage récent de L. A. Burckhardt a, de la
même façon, choisi de mettre l'accent sur la méthode des opti-
mates^. Meier pourtant n'ignorait pas que cette méthode, si impor-
tante et distinctive qu'elle soit en effet, était liée à un certain nombre
de problèmes récurrents, qu'elle avait créé une tradition, et qu'elle
s'accompagnait enfin d'une série de slogans, de tout un complexe de
thèmes et de revendications qui "erfüllt in den damaligen Umstän-
den die Funktion einer Ideologie, ohne freilich Ideologie zu sein".
Meier ajoutait aussitôt après : "man könnte versucht sein, ihn als
Programm zu bezeichnen, aber auch das, wäre falsch, da diesem
'Programm' das einheitliche Subjekt und die auch nur leidlich ge-
naue Festlegung fehlen würde"31. La notion de "programme" popu-
laris est en effet contestable, pour la simple raison qu'il n'y avait pas
de parti popularis, mais seulement des individus, magistrats ou can-
didats à une magistrature, qui pouvaient choisir de collaborer entre
eux, mais n'étaient nullement contraints de le faire : il n'y avait à
proprement parler de programmes que lorsqu'un ou plusieurs de ces
individus, à la veille d'une élection, cherchaient à se gagner l'adhé-
sion des électeurs en promettant le vote d'une ou plusieurs lois. Cela
n'était nullement nécessaire (on a souvent souligné, depuis Gelzer, le
texte du Commentariolum où Quintus Cicéron conseille à son frère
de ne pas prendre de positions tranchées au Sénat ou devant le
peuple dans les mois qui précéderont son élection au consulat)32,
mais cela n'était pas non plus exclu, en particulier pour une candi-
dature au tribunat. En l'absence de véritable parti, il y avait néan-
moins ce que Strasburger a justement appelé un "ideales Konti-
29
Meier, RFA, 1980 : XXXLX. Chr. Meier, juste avant, admet avoir "sous-
estimé" les constantes dans RPA.
30
Burckhardt, L. A., Politische Strategien der Optimaten in der späten römis-
chen Republik, Historia-Einzelschriften, 57, Wiesbaden, 1988 : 10 : depuis Gelzer
et Strasburger, "man sah nun in den beiden Gruppen nicht mehr rivalisierende
Parteien..., sondern erkannte, dass sich ihre Vertreter hauptsächlich in der Art
ihres Vorgehens, also in ihrer politischen Methode unterschieden".
31
Meier 1965 : col. 592. {cf. note 25).
32
Comm. pet. : 53 (cité par Gelzer dans Nobilität : 49, in : KS, I : 68 (cf. note
2).
228 JEAN-LOUIS FERRARY
nuum", et, d'un programme individuel à un autre, d'évidents carac-
tères tralatices33. Je ne vois pas, d'autre part, pour quelle raison on
nierait l'existence de deux idéologies correspondant aux courants
des optimates et des populares. Il ne surfit pas pour cela que ces idéo-
logies aient pu trop souvent servir de paravents aux ambitions per-
sonnelles (cf. Sall., Cat., 38,3). On peut parler d'idéologies, me
semble-t-il, dès lors que l'on constate l'affrontement non pas seule-
ment de slogans isolés, mais de deux visions suffisamment cohé-
rentes de la hiérarchie et de la relation des pouvoirs au sein de la ci-
té. Autour de Yauctoritas senatus d'un côté, des iura, de la potestas
populi de l'autre, se sont constitués deux systèmes de valeurs (oppo-
sant, par exemple, l'utilitas publica aux commoda populi), où même
les valeurs communes, comme la libertas ou la maiestas populi Ro-
mani, reçoivent des interprétations nettement divergentes34. Quand
J. Martin admet l'existence d'une idéologie des populares, mais sup-
pose qu'elle ne fut guère constituée qu'en réaction aux réformes syl-
laniennes, et qu'un rôle déterminant fut joué alors par Licinius Ma-
cer35, il ne tient pas suffisamment compte, selon moi, du fait que
nous ne conservons presque rien de la littérature politique précicé-
ronienne (discours essentiellement, mais aussi traités sur les pou-
voirs et les magistratures). Le peu qui nous reste, toutefois, permet
de supposer avec vraisemblance que, pour la mise en place de cette
idéologie, l'époque des Gracques puis celle qui précéda et suivit im-
médiatement les tribunats de Saturninus 36 furent des étapes déter-
minantes. C'est ce que Gelzer avait bien vu, et en 1969 encore il ne
reniait rien de l'importance qu'il avait en 1920 accordée à Ti. Grac-
chus : "er sein Tribunat mit der hellenisch-demokratischen Idee von
der absoluten Volkssouveränität erfüllte"37. La notion moderne dös
souveraineté du peuple n'est peut-être pas la plus pertinente pour"
traduire potestas populi, mais Gelzer avait reconnu le fil conducteur^
qui conduit de la déposition d'Octavius à la justification de la sédn
33
Strasburger 1939 : col. 794 (= Studien, I : 339) : "das Verhältnis der Popu-
laren untereinander ist das von geistigen Vorgängern und Nachfolgern; das
ideale Kontinuum, das so entsteht, berechtigt von einer popularen Tradition in-
nerhalb der römischen Politik und ihren tralatizischen Programmpunkten zu
sprechen" (cf. note 5).
34
C'est ce que j'ai essayé de montrer dans "Le idee politiche a Roma neu"
epoca repubblicana" (in : L. Firpo (sous la direction de) Storia délie idee politiche,
economiche e sociati, I, Turin, 1982 : 723-804.
35
J. Martin 1965, notamment pages 15-8 et 216-7 (cf. note 25).
36
Cf. Ferrary, J.-L., "Les origines de l'idée de majesté à Rome", CRAI, 1983 :
556-571.
37
Gelzer in : KS, I : 174 (cf. note 2); Gelzer, M., Cicero. Ein biographischer
Versuch, Wiesbaden, 1969 : 64-5, note 40.
LE PROBLÈME DU RÔLE DE LlDÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 229
tion de Norbanus (Cic, de or., 2,167)38, et qui permet de donner plus
de consistance à une définition et une caractérisation des popu-
lares39.
La formule "hellenisch-demokratische Idee" utilisée par Gelzer
mérite qu'on s'y arrête quelque peu. Ainsi que Gelzer lui-même n'a
cessé de le dire, les populares n'ont jamais songé à transformer les
institutions romaines en une démocratie : les réformes qui furent
proposées n'atteignaient jamais le cœur du système aristocratique
(inégalité du vote dans les comices, et tout particulièrement dans les
comices centuriates; recrutement et statut quasi-viager des séna-
teurs; initiative législative réservée aux magistrats, en particulier).
En revanche, la pratique et l'idéologie des populares tendaient à ac-
croître le rôle des assemblées populaires, à étendre leurs compé-
tences, à contester tout ce qui prétendait contrôler et restreindre le
pouvoir du peuple d'exprimer sa volonté (intercession, Obnuntia-
tion). Cicéron caractérise la démocratie par l'absence de hiérar-
chisation du corps civique, d'ordines™, mais aussi par la toute-puis-
sance de l'assemblée populaire, compétente en toute matière41. Dans
une répartition des fonctions inspirée par le modèle si complexe et
multiforme de la constitution mixte, il est prêt à accorder au peuple
la potestas, mais c'est à la condition que le Sénat ait Yauctoritas, et
que la potestas populi ne soit en fait qu'une apparence {Leg., 3,12,28);
si elle devient une réalité, si le Sénat cesse d'être dominus publici
consilii, on se rapproche dangereusement d'une conception toute
différente de la formule potestas populi, qui n'est autre que la tra-
duction du grec demokratia (Rep., 1,44). L'une des ambiguïtés de la
politique popularis me paraît résider dans une discordance entre les
fins qu'elle poursuivait, et qui ne remettaient pas fondamentalement
en cause la nature aristocratique du pouvoir, et d'autre part une mé-
thode et une idéologie plus radicales, qui ne pouvaient que donner
l'impression d'infléchir les institutions dans un sens démocratique42.
38
C'est à tort, en revanche, que Gelzer invoque également Rhet. Her., 4, 47,
dont l'inspiration politique est à l'opposé (cf. Ferrary 1982 : 744).
39
Cette note de Gelzer contenait une remarque critique à propos de Meier
1965 : 544 (cf. note 25) qui de son côté, en 1977, l'a vivement condamnée : "wenn
damit das Problem der Popularen positiv erfasst sein sollte, wäre Gelzers ganzes
Lebenswerk unverständlich... An dieser und einigen anderen Stellen sind, so
scheint mir, die Schalen der alten Unterscheidung von Konservativen und Revo-
lutionären in Rom noch nicht ganz abgeworfen" (p. 47).
«Rep, 1, 34, 53.
41
Rep, 1, 27, 43 : nihil nisi populi scitis ac decretis agebant; 3, 33, 45 : per po-
pulum agi et esse in populi potestate omnia.
42
Cette discordance entre un relatif radicalisme idéologique et le caractère
limité des réformes proposées apparaît très clairement dans un texte dont l'au-
iju JEAN-LOUIS FERRARY
Avoir transformé l'aristocratie en démocratie, c'est ce dont C. Grac-
chus est accusé par Diodore (34/5,25,1) et par Plutarque (C. Grac-
chus, 5,4)43 : à tort, bien sûr, et par des auteurs de langue grecque,
mais les Romains n'avaient pas créé d'autre typologie des régimes
politiques que celle des Grecs, et les plus savants d'entre eux avaient
appris que Rome était menacée d'un régime qui, sous le nom de dé-
mocratie, serait une anarchie génératrice de tyrannie (cf. Polybe,
6,57). Il est vrai, encore une fois, qu'on ne saurait qualifier de démo-
crates les Gracques et ceux qui se réclamèrent d'eux, mais il ne faut
pas non plus oublier que leur méthode était condamnée à paraître
plus dangereuse que les mesures qu'elle permettait de faire passer,
et, plus dangereuse encore que cette méthode, l'idéologie à laquelle
ils avaient recours pour la justifier. Le refus par le Sénat de toute ré-
forme véritable mettait en quelque sorte quiconque voulait en impo-
ser une dans la nécessité de recourir à une méthode et une idéologie
disproportionnées, quasi-révolutionnaires, qui les conduisait inévi-
tablement à l'échec en les isolant progressivement.
Dans sa réponse aux critiques formulées par P.A. Brunt dans
son compte rendu de Res publica amissa, Chr. Meier justifie en par-
ticulier la façon dont il avait fourni une analyse presque exclusive-
ment politique de la crise : "im Politischen lag die eigentliche Ve-
ränderung, der eigentliche Mechanismus, die eigentliche Dynamik
(und Beschleunigung) der Krisenprozesses"44. Ces pages me pa-
raissent s'inscrire dans une tradition gelzerienne qui ne considère
comme véritable acteur de la vie politique romaine que la noblesse,
parce qu'elle seule pouvait exercer une véritable initiative : "das rö-
mische Volk ohne seine Aristokratie war, nach meinem Dafürhalten,
kein Subjekt des politischen Handelns"45. Je dois dire que, sur ce
point, les objections de P.A. Brunt ne me paraissent pas avoir été ba-
layées par la réponse de Chr. Meier : un aspect essentiel de la crise
est bien "a latent dissatisfaction of the people to the senate, which
thenticité est, il est vrai, fort controversée, mais acceptée par M. Gelzer et Chr.
Meier {RPA, 1980 : 7 note 1) : la deuxième lettre de Salluste à César.
43
Cf. Nicolet, Cl. (sous la direction de) Demokratia et aristokratia. A propos de
Caius Gracchus : mots grecs et réalités romaines, Paris, 1983; Ferrary, J.-L., "Les
Romains de la République et les démocraties grecques", Opus, 1987-9 : 203-216.
44
Meier, Chr., RPA, 1980 : XVI; une phrase explicitée un peu plus loin, page
XVII : "im ganzen hat nicht wirtschaftliche oder gesellschaftliche Veränderung
auf die Politik gedrückt, sondern die Veränderungen im Politischen haben es be-
dingt, welchen Gebrauch man von den wirtschaftlich-gesellschaftlichen Gege-
benheiten machte. Wie diese sich auswirkten, folgte also nicht aus ihrer gleich-
sam absoluten eigenen Stärke oder Schwäche, sondern daraus, wie stark oder
schwach man sie politisch zur Geltung brachte".
45
ÄS, I : 199 (cf. note 2).
LE PROBLÈME DU RÔLE DE L'IDÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 231
could become effective when members of the ruling class, whether
nobles or new men, were ready to be popular champions"46. C'est
^auctoritas senatus qui se trouvait ainsi atteinte, car la théorie cicé-
ronienne du consensus n'est que la formulation la plus achevée de ce
qui avait été depuis la formation de l'État patricio-plébéien l'un des
fondements essentiels de l'autorité du Sénat. On trouve chez les opti-
mates une autre forme de contradiction entre action politique et
idéologie : cette fois, la répugnance à toute réforme, l'incapacité à
apporter des réponses aux profondes mutations provoquées par la
conquête et par l'accès des alliés italiens à la citoyenneté, en éloi-
gnant du Sénat des parties de plus en plus nombreuses du corps ci-
vique, en provoquant un mécontentement latent du petit peuple
mais aussi cette apathie des boni que Cicéron constatait avec inquié-
tude à la veille de la guerre civile, sapaient l'auctoritas senatus qui
était le point cardinal de l'idéologie des optimates.
Chr. Meier a proposé dans Res publica amissa, puis repris et
complété à plusieurs reprises le concept particulièrement intéres-
sant de "Krise ohne Alternative"47. Il n'est peut-être pas impossible
d'essayer de l'utiliser aussi dans le domaine des idéologies. Le
couple auctoritas senatus /potestas populi ne constituait pas une al-
ternative, dans la mesure où la première s'affaiblissait sans que la
seconde pût rallier derrière elle des forces suffisantes. La crise ne fut
résolue par Auguste que par l'instauration d'un nouveau consensus
fondant une nouvelle auctoritas. C'est du moins l'idéologie officielle,
celle des Res gestae™; l'idéologie, bien évidemment, est loin de don-
ner toutes les clés, mais elle fournit toutefois un élément d'interpré-
tation qui n'est pas totalement négligeable.
Jean-Louis FERRARY
"JRS, 1968 : 232 (cf. note 15).
47
Voir également Meier, Chr., Die Ohnmacht des allmächtigen Dictators Cae-
sar. Drei biographische Skizzen, Francfort, 1980 : notamment pages 39-49 et 225-
287; Meier, Chr., "C. Caesar Diui filius and the Formation of the Alternative in
Rome", in : Raaflaub, K. & Toher M. (éds.), Between Republic and Empire, Ber-
keley, 1990 : 54-70.
48
Ou, plus exactement, un des aspects de cette idéologie officielle. Un autre
a été mis en valeur par Chr. Meier dans l'article de 1990 cité ci-dessus (cf. note
47) : "the alternative could be realized only if a monarch succeeded in insinua-
ting himself into the role of the foremost defender of the Republic. Then, finally,
the turning point in the history of Roman legitimacy was reached" (p. 70).
232 JEAN-LOUIS FERRARY
KARL-JOACHIM HÖLKESKAMP
Kommentar zu J.-L. Ferrary, "Optimates et populares. Le problème, du rôle, de
l'idéologie dans la politique. "
Dieser Beitrag ist ein ermutigendes Beispiel, wie aus wissenschafts-
geschichtlichen Fragestellungen etwas Substantielles herauskommen kann.
Hier geht es nicht (oder jedenfalls nicht nur) u m eine neue Antwort auf eine
alte Frage. Im Mittelpunkt stehen auch die Voraussetzungen u n d die Art u n d
Weise, w a r u m u n d wie eine alte Frage überhaupt - u n d d a n n so u n d nicht
anders - formuliert worden ist : Gerade das ist aber die wichtigste Vorbedin-
gung für die Gewinnung kritischer Distanz und eine eventuell notwendige
Neuformulierung der Frage, die dann vielleicht sogar zu neuen Antworten
führen könnte.
Der Ausgangspunkt ist die nicht grundsätzlich neue Feststellung einer
gewissen Verwirrung, die die Debatte über den Charakter der Parteiungs-
bildung u n d der politischen Konfrontation in Rom generell lange beein-
trächtigt hat 1 . Diese Verwirrung resultierte aus einer gewissen Verwischung
des strukturellen Unterschieds zwischen den Vorstellungen M. Gelzers und
Fr. Münzers, den Gelzer selbst erst sehr spät explizit thematisiert hat. Im
Gegensatz zu Münzers statischem u n d unflexiblem Konzept der "Adelspar-
teien" als stabilen Faktionen, die ausschließlich u n d permanent u m die
"Macht im Staate" in Gestalt des Consulats kämpften, hatte Gelzer von An-
fang an die Wandelbarkeit und Prekarität dessen betont, was er vielleicht ir-
reführend als "Coterien" und Faktionen bezeichnet hatte : Neben der kräfti-
gen Individualität des nobilis war es gerade die Vielfalt der Verpflichtungen
in alle Richtungen, die ihm keine festen, dauerhaften u n d womöglich exklu-
siven Bindungen n u r in eine Richtung erlaubte - u n d mithin auch nicht die
Bildung darauf beruhender stabiler Faktionen zuließ.
Daraus entwickelt Ferrary n u n seine Hypothese über die Wahrnehmung
und Einschätzung der Dichotomie von Optimaten u n d Popularen in der
"école gelzerienne" bis hin zu Chr.Meiers einschlägigen Arbeiten 2 . Die
Wahrnehmung der regelmäßigen Parteiungsbildung als ephemer und prekär
1
Vgl. zuletzt noch R.T. Ridley, "The Genesis of a Turning-Point : Gelzer's
'Nobilität'", Historia 35,1986, 474-502, und dagegen Ch. Simon, "Gelzers 'Nobili-
tät der römischen Republik' als 'Wendepunkt'", Historia 37, 1988, 222-240. Vgl.
außerdem T.R.S. Broughton, "Senate and Senators of the Roman Republic : The
Prosopographical Approach", in : ANRWI 1, 1972, 250-265, hier 252ff. und L.A.
Burckhardt, "The Political Elite of die Roman Republic : Comments on Recent
Discussion of the Concepts 'Nobilitas' and 'Homo Novus'", Historia 39, 1990, 77-
99.
2
Chr. Meier, RE Suppl. X, 1965, 549-615 s. v. "Populares"; ders., Res publica
amissa. Eine Studie zu Verfassung und Geschichte der späten römischen Republik,
Wiesbaden 1966, Neuausgabe mit einer wichtigen "Einführung" Frankfurt 1980,
116ff (in der Folge abgekürzt : RPA). Vgl. auch seine Introduction à l'anthropolo-
gie politique de l'Antiquité classique, Paris 1984, 45ff. ("Les groupements poli-
tiques dans l'Antiquité classique") und bereits seinen Aufsatz "Der Alltag des Hi-
storikers und die historische Theorie", in : Seminar : Geschichte und Theorie. Um-
LE PROBLÈME DU RÔLE DE LlDÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 233
u n d die dementsprechende Betonung der mangelnden Grundsätzlichkeit
u n d Beliebigkeit ihrer Anlässe u n d Gegenstände lasse das Auftreten oder
Aufbrechen des Optimaten-Popularen-Gegensatzes als Serie von Ausnahme-
situationen erscheinen, die wegen ihrer Verschiedenheit voneinander iso-
liert und isolierbar wirken. Die Erkenntnis, daß es dabei durchaus Gemein-
samkeiten gegeben habe, gerade auch in der Sache, daß nämlich populare
Politik sich an bestimmten, immer wiederkehrenden Gegenständen kristalli-
siere 3 , trete dabei in den Hintergrund zugunsten des vielzitierten Dictum,
daß populare Politik nur eine "Methode" sei, "eine Modalität, politisch zu
handeln, und zwar : seinen Willen gegen die Senatsmehrheit durchzuset-
zen" (RPA 116), nämlich mit der Volksversammlung. Das spiegelt sich un-
mittelbar in der Beurteilung der popularen "Ideologie", die eben keine zen-
tralen, im eigentlichen Sinne programmatischen Kern- u n d Kristallisations-
punkte habe u n d insofern nie zu einem wirklichen "Programm" hätte
gerinnen können - es sei bei einer Serie von typisch popularen Schlagwor-
ten, Parolen und exempta geblieben.
Dagegen sieht Ferrary mehr als n u r beliebig kombinierbare propagan-
distische Versatzstücke, die in unterschiedlichen Situationen beliebig ausge-
wählt u n d zusammengesetzt werden konnten. I m Rückgriff auf eine Formu-
lierung von H. Strasburger, der wegen der Ähnlichkeit und der immer wie-
derkehrenden Zielrichtung popularer Agitation von einem "idealen Kontinu-
u m " und einer "popularen Tradition" gesprochen hatte 4 , entdeckt er eine
hinreichend kohärente populare Position oder politische Sichtweise, u m
doch von einer "Ideologie" sprechen zu können. Der alles verbindende
Grundzug sei die Herausstellung der (zu verteidigenden oder wiederzuge-
winnenden) zentralen Rolle des populus Romanus als Referenzobjekt und
Subjekt politischen Handelns gewesen, die der Sichtweise oder dem "Wert-
system" der Optimaten, das u m den Vorrang der auctoritas senatus kreiste,
deutlich und dauerhaft entgegengesetzt worden sei.
Dabei ist allenthalben unstrittig, daß populare Politik und "Ideologie"
von Mitgliedern der classe dirigeante formuliert bzw. implementiert wurde -
und ebenso, daß die konkreten Ziele und Absichten der Popularen nie auf
eine wirkliche Änderung der aristokratischen Herrschaftspraxis gerichtet
waren. Viele von ihnen sahen sich als Verlierer im permanenten Wettstreit
u m Chancen, Einfluß u n d Rang - in die Minderheit geraten, oder gar nicht
erst mit einer Mehrheit rechnend, suchten sie Unterstützung, Kompensation
o.a. bei dem einzig denkbaren anderen Faktor, dem Volk u n d der Volksver-
sammlung. Insofern mußte die "Ideologie" der "Volkssouveränität" natür-
risse einer Historik, hrsg. von H.M. Baumgartner; J. Rüsen, Frankfurt 1976, 36-58,
hier 39ff.
3
Vgl. auch J. Martin, Die Popularen in der Geschichte der späten Republik,
Diss. Freiburg 1965.
4
RE 18, 1, 1939, 773-798 s.v. "Optimates", hier 794 (= H. Strasburger, Stu-
dien zur Alten Geschichte I, Hildesheim 1980, 329-341, hier 339). Vgl. dazu auch
J.-M. David, "'Eloquentia popularis' et conduites symboliques des orateurs de la
fin de la République", QS 12, 1980, 171-198; N. Mackie, "Popularis Ideology and
Popular Politics at Rome in the First Century B. C."., RhMus 135, 1992, 49-73.
234 JEAN-LOUIS FERRARY
lieh notwendiger Bestandteil der Methode sein - war doch die Unabhängig-
keit der Volksversammlung und ihrer Abstimmungsrechte (zumal nach Sul-
la) die institutionelle Voraussetzung der Methode.
Für Ferrary aber enthielt diese "Ideologie" - oder das erwähnte zentrale
Ideologen! - ein systemveränderndes Potential, weil es durch die Radika-
lität dieses populus-zentrierten Verständnisses die Praxis der ganzen aristo-
kratischen Politik in Frage stellte u n d damit letztlich doch auf eine "demo-
kratische" Aufwertung der Volksversammlung hinauslief.
Diese interessanten Überlegungen können unseren Blick schärfen für
eine wichtige fundamentale Frage, für die m a n in Frankreich immer noch
offener ist als in Deutschland : Müssen nicht auch "Ideologien", Denk- und
Sichtweisen, "Mentalitäten" als durchaus eigengewichtige Faktoren poli-
tisch-gesellschaftlicher Entwicklungen begriffen werden, die zumindest un-
ter bestimmten Umständen eine sehr reale Wirkungsmacht entfalten können
- etwa in besonders instabilen Situationen?
Diese Frage führt zu einigen weiteren Überlegungen, die ich hier n u r an-
deuten kann.
1) Eine wesentliche Voraussetzung der popularen Methode und insbe-
sondere ihrer Ideologie kommt gewissermaßen von der anderen Seite : Die
starre Weigerung des Senats, sich auf populare Projekte oder auch n u r die
notwendigsten Reformen einzulassen, bestand ja nicht n u r einfach in der
politischen Ablehnung, sondern manifestierte sich regelmäßig in dem Ver-
such, die Zulassung diesbezüglicher Tractanda in der Volksversammlung zu
verhindern, ja die "Politisierung" allgemeiner Gravamina systematisch zu
verweigern. Erst unter dieser Voraussetzung konnte m a n ja überhaupt auf
die Idee kommen, mit solchen Gegenständen - u n d damit immer verbun-
den, der allgemeinen Idee der Autonomie des populus - ganz ohne den Senat
(und das heißt immer gegen die Senatsmehrheit) in der Volksversammlung
Politik zu machen. Durch Sulla wurde die Möglichkeit der Verweigerung der
Politisierung ja sogar formal abgesichert, was zur Radikalisierung der popu-
laren Politik durch die Entwicklung jener Formen des gewalttätigen Prote-
stes und der Mobilisierung des populus wesentlich beigetragen haben dürf-
te, die die Kanäle der ohnehin ohnmächtigen Institutionen bewußt spreng-,
ten und die Regeln des Systems zum Teil parodierend spiegelten 5 .
2) Diese wiederholte Verweigerung wurde als willkürlich, illegitim u n d
"parteilich" wahrgenommen. Sie schürte nicht n u r im konkreten Fall die
Unruhe, sondern nährte eine latente Unzufriedenheit u n d die verbreitete Er^
Wartung, daß es wieder so laufen werde, beim nächsten Mal u n d überhaupt
immer in solchen Fällen. Der Senat erschien - und konnte von den Popula-
ren erfolgreich, weil glaubwürdig so dargestellt werden - als Partei der Ver-
weigerung, als "parteilich" in dem Sinne, daß er nicht mehr das Ganze, den
populus Romanus, sondern die egoistischen Interessen seiner Mitglieder
vertrat. Damit war seine Legitimität als Organ der res publica in Frage ge-
5
Vgl. dazu W. Nippel, Aufruhr und "Polizei" in der römischen Republik,
Stuttgart 1988, sowie P.J.J. Vanderbroeck, Popular Leadership and Collective Be-
havior in the Late Roman Republic (ca. 80-50B.C), Amsterdam 1987 und dazu
K.-J. Hölkeskamp, JRS 79, 1989, 191f.
LE PROBLÈME DU RÔLE DE LTDÉOLOGIE DANS LA POLITIQUE 235
stellt, da seine auctoritas nur aus einer ausschließlich und selbstlos erschei-
nenden Orientierung am und auf das Ganze stammen konnte.
3) Damit wurde die populare "Ideologie" gleich auf doppelte Weise ge-
fährlich für die Legitimität - und dadurch schließlich auch, unter den beson-
deren römisch-republikanischen Verhältnissen, für das konkrete Funktio-
nieren - des aristokratischen Systems insgesamt. Denn es war ja nicht nur
vor dem Hintergrund einer als intransigent erscheinenden bzw. darzustel-
lenden Verhinderungshaltung des Senats, daß die populare Propaganda ihr
Lieblingsthema entwickeln konnte. Dabei klagten sie ja immer etwas ein,
was auch bei dem strengsten Optimaten "ideologisch" gar nicht umstritten
sein durfte : die zentrale Rolle des populus Romanus in seiner institutionel-
len Gestalt als Versammlung, sein Recht auf Partizipation in Wahlen und
Gesetzgebung, die für die Regierungspraxis, die Rangfestlegung und das
Wertesystem der Aristokratie ja tatsächlich strukturell notwendig war6 - und
dementsprechend waren ja auch dieser populus, seine libertas, maiestas und
meinetwegen seine Souveränität der Bezugspunkt des Selbstverständnisses,
der Identität und öffentlichen Rolle der Nobilität, mithin des optimatischen
Ideals der res publica. Die populare Methode, die dem scharfen Kontrast des
Ideals mit den sozio-institutionellen Realitäten ja erst entsprungen war, und
die populare "Ideologie", die eine (Wieder-)Einsetzung des populus in diese
seine angestammte Rolle einforderte, waren daher auf besondere Weise hi-
storisch und politisch legitim, zumal sie mit dem populus auch immer gleich
das Ganze zu vertreten in Anspruch nehmen konnten - umso illegitimer er-
schien dann wieder der Senat als "Partei" der "Verweigerung". Gerade das
machte die populare Propaganda so plausibel und damit wirkungsvoll - und
attraktiv für populare Agitatoren und anfällig für eine immer radikalere
Steigerung.
6
Vgl. dazu zuletzt K.-J. Hölkeskamp, "Conquest, Competition and Consen-
sus : Roman Expansion in Italy and the Rise of the Nobilitas", Historia 42, 1993,
12-39, hier 18ff.; 30ff.
WILFRIED NIPPEL
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT
IN DER SPÄTEN REPUBLIK
IM SPIEGEL DER JÜNGEREN FRANZÖSISCHEN
UND DEUTSCHEN FORSCHUNG
Die Einschätzung der Rolle der plebs urbana in der spät-
republikanischen Politik und der politischen Gewaltanwen-
dung, die von ihr ausging bzw. unterstützt wurde, ist von erhebli-
cher Bedeutung für die Bewertung des Übergangs von der Republik
zum Principal Einerseits spiegelt sich hier die zunehmende politi-
sche und soziale Desintegration der Republik; andererseits manife-
stieren sich objektive Probleme der Administration der Hauptstadt,
der politischen, sozialen, kulturellen Integration ihrer Bürger, die
von den Kaisern aufgegriffen werden mußten, wenn sie ihr Ver-
sprechen der Wiederherstellung einer stabilen Ordnung erfüllen
wollten. Mit dieser Feststellung wird weder eine Zwangsläufigkeit
der Entwicklung zur Militärmonarchie augusteischen Typs postu-
liert, noch die plebs urbana als entscheidender Faktor für die Ver-
änderungen des politischen Systems angesehen. Die Machtfrage
wurde schließlich erst mit den, das gesamte römische Reich erfas-
senden, Bürgerkriegen zwischen 49 und 31 v. Chr. entschieden, für
deren konkreten Ausgang die städtische Bürgerschaft nur eine mar-
ginale Rolle spielte. Die Frage der Legitimität der Herrschaft ent-
schied sich jedoch in der Hauptstadt; und für diese politischen Pro-
zesse bildete die plebs urbana weit mehr als ein "bloß passives Pié-
destal"1.
Zu diesem Themenkomplex sind in den letzten drei Jahrzehnten
eine Vielzahl von Arbeiten erschienen, die eine Revision des älteren
Bildes von der Rolle des "Gesindels" oder des "Verbrechertums" in
der Spätphase der Republik mit sich brachten. Eine grundlegende
Veränderung der Perspektive wird man dem Aufsatz von Peter
1
Die Formulierung von Karl Marx aus dem Vorwort zur 2. Auflage (1869)
von Der achtzehnte Brumaire des Louis Bonaparte bezieht sich bekanntlich auf ei-
nen anderen sachlichen Kontext, nämlich die Rolle der Sklaven im Verhältnis
zum Klassenkampf zwischen reichen und armen Bürgern.
238 WILFRIED NIPPEL
Brunt über den römischen Mob (1966) zuschreiben müssen 2 ; ebenso
Zvi Yavetz' Monographie von 19693, die auch auf zuvor wenig beach-
tete Anregungen von Andreas Alföldi4 zurückgreifen konnte. Bei
Brunt wie Yavetz haben sich neue Sichtweisen auf die Rolle von
Protestartikulationen des "Mobs" in vor- und frühindustriellen Ge-
sellschaften niedergeschlagen, wie sie zumal in den Pionierstudien
von George Rude5, Eric Hobsbawm 6 (und später E. P. Thompson) 7
vorgeführt worden sind : die aktive Rolle von "respektablen" Perso-
nen, die man nicht einfach als "Pöbel" abtun kann; die Artikulation
von Forderungen, die nach der Tradition als gerechtfertigt galten, so
daß die Autoritäten zwar die Regelverletzung beim Protest zurück-
weisen, nicht jedoch die Inhalte einfach als ungerechtfertigt ableh-
nen konnten; der primär symbolische Charakter der Gewaltanwen-
dung durch die Protestierer, die im Regelfall bestimmte Schwellen
nicht überschreiten; die Tendenz der Autoritäten, auf Protest eher
mit paternalistischen Befriedungsstrategien statt mit massiver Re-
pression zu antworten; die Formen der symbolischen Kommunika-
tion, die sich zwischen Regierenden und Regierten gerade in Situa-
tionen des Aufruhrs zeigen8.
Wenn man die Bedeutung der Arbeiten von Brunt und Yavetz
betont und zugleich darauf hinzuweisen hat, daß zahlreiche Aspekte
des Gegenstands in Arbeiten von Andrew Lintott9 und Erich Gruen10
erörtert worden sind, mag man auf den ersten Blick bezweifeln, ob
sich das Thema überhaupt zum Vergleich zwischen signifikanten
2
Peter Brunt, "The Roman Mob", P & P 35, 1966, 3-27.
3
Zvi Yavetz, Plebs and Princeps, Oxford 1969.
4
Andreas Alföldi, Studien über Caesars Monarchie, Lund 1953; vgl. auch die
posthum publizierten Untersuchungen : Caesar in 44 v. Chr. I : Studien zu Cae-
sars Monarchie und ihren Wurzeln, Bonn 1985.
5
G. Rude, The Crowd in History, New York 1964.
6
Eric Hobsbawm, Primitive Rebels. Studies in Archaic Forms of Social Move-
ment in the 19th and 20th Centuries, Manchester 1959.
7
E. P. Thompson, The Making of the English Working Class (1963),
Harmondsworth 1974; "The Moral Economy of the English Crowd in the Eigh-
teenth Century", P & P 50, 1971, 76-136.
8
Vgl. W. Nippel, "Die plebs urbana und die Rolle der Gewalt in der späten
römischen Republik", in : H. Mommsen & W. Schulze (Hgg.), Vom Elend der
Handarbeit. Probleme historischer Unterschichtenforschung, Stuttgart 1981, 70-92,
hier 70-73; W. Nippel, "Reading the Riot Act : the discourse of law-enforcement
in eighteenth-century England", History & Anthropology 1, 1984/85, 401-426.
9
Andrew Lintott, "P. Clodius Pulcher - Felix Catilina?", G & R 14,1967,157-
169; Violence in Republican Rome, Oxford 1968; "Cicero and Milo", JRS 64,1974,
62-78.
10
Erich Gruen, "P. Clodius : Instrument or Independent Agent?", Phoenix
20,1966,120-130; The Last Generation of the Roman Republic, Berkeley 1974,405-
448.
DEE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 239
Trends der deutschen und französischen Forschung eignet. Ich will
im folgenden zu zeigen versuchen, daß sich sehr wohl an diesem
Gegenstand bestimmte Eigenheiten nationaler Forschungsdiskurse
feststellen lassen.
Den wichtigsten deutschen Beitrag zur Erhellung der Struktur
spätrepublikanischer Politik sehe ich in der Neubestimmung der Ei-
genart popularer Politik, die im Anschluß an eher unsystematisch
gewonnene Einsichten von Matthias Gelzer11 durch Hermann Stras-
burger12, Jochen Martin13 und Christian Meier14 vorgenommen wor-
den ist. Sie bedeutete eine Revision der älteren Positionen deutscher
Forschung, namentlich derjenigen Mommsens, in der Hinsicht, daß
die Rückprojektion von Gegensätzen des 19. Jahrhunderts - Junker
und Liberale, Reaktion und Fortschritt - abgelehnt wurde; zugleich
wurde die Konzeption festgefügter Parteiungen verworfen, die poli-
tisches Führungspersonal und Teile der Bürgerschaft in organi-
satorischer wie ideologischer Hinsicht zusammenfaßten. Dabei wird
man dieses Parteienbild nicht unbedingt Mommsen selbst zuschrei-
ben dürfen, sondern eher einem späteren Verständnis von Momm-
sens Begrifflichkeit, in dem sich die im späten 19. Jahrhundert
einsetzenden Veränderungen der Parteienstruktur von lockeren
Honoratiorenverbänden zu organisierten Vereinigungen nieder-
geschlagen hatten15.
Eine zweite deutliche Absetzung lag in der Betonung der Ei-
genart römischer politischer Kultur, die die Annahme griechischer
"Einflüsse" auf die Popularen der späten Republik verwarf. Das Aus-
maß von Forderungen nach Änderungen des politischen Systems
habe den vorgegebenen institutionellen Rahmen nie grundsätzlich
" Vgl. Ch. Meier, "Matthias Gelzers Beitrag zur Erkenntnis der Struktur von
Gesellschaft und Politik der späten römischen Republik", in : J. Bleicken, Ch.
Meier & H. Strasburger, Matthias Gelzer und die Römische Geschichte, Kallmünz
1977 (Frankfurter Althistorische Studien Heft 9), 29-56; Ch. Simon, "Gelzers 'No-
bilität der römischen Republik' als "Wendepunkt", Historia 37, 1988, 222-240.
12
Hermann Strasburger, "Optimates", RE 18 (1939), Sp. 773-798. Zu Stras-
burgers Absetzung von Mommsen vgl. Ch. Meier, "Gedächtnisrede auf Hermann
Strasburger", Chiron 16, 1986, 171-197, hier 177f.
13
Jochen Martin, Die Popularen der späten römischen Republik, Diss. Frei-
burg 1965.
14
Christian Meier, "Populares", RE Suppl. 10 (1965), Sp. 550-616; Res Publi-
ca Amissa. Eine Studie zu Verfassung und Geschichte der späten römischen Repu-
blik, Wiesbaden 1966 (Frankfurt 2. Aufl. 1980).
15
Die Notwendigkeit, Vergleiche auf der Basis empirisch gesättigter Typo-
logien vorzulegen, hat man nicht gesehen; vgl. Ch. Meier, "Der Alltag des Histori-
kers und die historische Theorie", in : H. M. Baumgartner & J. Rüsen (Hgg.), Se-
minar : Geschichte und Theorie, Frankfurt 1976, 36-58, hier 39-44; Ch. Meier, Res
Publica Amissa, Vorwort zur Neuausgabe 1980, XXXII-XLIII.
240 WILFRIED NIPPEL
in Frage gestellt, sei stets so begrenzt geblieben, daß man sinnvoller-
weise weder von "demokratischen" Tendenzen (im griechischen wie
im modernen Sinne) noch von einer "revolutionären" Bewegung
sprechen könne16.
Populare Politik steht nach der Sicht dieser Forschungstradi-
tion nicht für die personelle und programmatische Kontinuität
einer politischen Gruppierung; sie ist nur begrenzt mit bestimmten
politischen Inhalten gleichzusetzen; es handelt sich, aufs Ganze ge-
sehen, vornehmlich um eine bestimmte Methode zur Durchsetzung
politischer Ziele. Ihrer konnten sich grundsätzlich Politiker aller
Couleur bedienen, wenn sie am Senat vorbei bzw. gegen dessen
Willen eine Entscheidung auf dem Weg über die Volksversamm-
lung durchsetzen wollten. Insofern ist populare Politik eine spezifi-
sche Variante der politischen Willensbildung von oben, die auch
für den Entscheidungsprozeß in der Volksversammlung charakteri-
stisch ist. Auch wenn die Möglichkeit zum Mißbrauch dieser Vor-
gehensweise für partikulare Interessen evident ist, muß man doch
anerkennen, daß es verschiedentlich der einzig gangbare Weg zur
Durchsetzung sinnvoller Reformen war, wenn sich der Senat auf-
grund einer Mischung aus Verteidigung von Standesinteressen wie
aus Angst vor jeglicher Veränderung des Verfassungsgefüges als
handlungsunfähig erwies.
Die Grundzüge dieses Bildes sind stimmig, entsprechend wohl
auch in der internationalen Forschung weitgehend akzeptiert wor-
den. Die Grenzen dieser Interpretation sind zu sehen in der weitge-
henden Konzentration auf die handelnden Politiker; deren Be-
schwörung der libertas und des materiellen Wohlergehens des Vol-
kes wird in erster Linie als Teil einer manipulativen Strategie
bewertet. Seriöse Reformbemühungen, die von breiten Schichten
der Bürgerschaft gestützt wurden, könnten für die Gracchen und
das letzte Jahrzehnt des 2. Jahrhunderts angenommen werden, für
die spätere Zeit gelte jedoch, daß die plebs urbana weitgehend für
vergleichsweise beliebige Ziele instrumentalisiert worden sei17.
Einer der wichtigsten institutionellen Erfolge popularer Politik, die
schrittweise Durchsetzung der geheimen Abstimmung, hat nach
der Auffassung von J. Bleicken längerfristig gerade den Effekt ge-
habt, die Volksversammlung zum beliebig verfügbaren Instrument
16
M. Gelzer, "Die römische Gesellschaft zur Zeit Ciceros" (1920), in : Kleine
Schriften I, Wiesbaden 1962, 154-185; Ch. Meier, Res Publica Amusa, 116-151; J.
Bleicken, Staatliche Ordnung und Freiheit in der römischen Republik, Kallmünz
1972 (Frankfurter Althistorische Studien Heft 6), 7-18.
17
Ch. Meier, "Populares", Sp. 558, 587.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 241
derjenigen Magistrate zu machen, die die politische Initiative er-
greifen18.
Die plebs urbana kommt hier weitgehend nur als Resonanzbo-
den popular agitierender Politiker ins Bild. Das heißt, es wird unter-
stellt, daß sich keine Anzeichen für eine politische Willensbildung
innerhalb der Plebs selbst feststellen lassen. Es wird auch wenig dis-
kutiert, was es mit der sachlichen Notwendigkeit bestimmter inhalt-
licher Forderungen auf sich hat. So ist bei Christian Meier die Frage
der Getreideversorgung nur im Hinblick auf C. Gracchus als seriö-
ser Gegenstand thematisiert worden19, im übrigen das Problem mit
der Formel von der "Korrumpierung der plebs urbana durch Getrei-
degesetze" abgetan worden20. Damit wird ein Problem, das für den
Übergang zum Principat entscheidend ist, ausgeblendet21. Das paßt
zwar zu der einen Linie der Argumentation, die eine quasi-naturge-
mäße Entwicklung zur Monarchie ablehnt; nicht jedoch zu der an-
deren, die das Dilemma spätrepublikanischer Politik darin sieht,
daß hinsichtlich bestimmter Strukturprobleme Reformen genauso
wie die Verweigerung von Neuregelungen negative Folgen für das
Gesamtgefüge der politisch-sozialen Ordnung nach sich ziehen
mußten.
Die französische Forschung hat sich weniger auf die Verfas-
sungsgeschichte der späten Republik konzentriert und wohl auch
nicht ausgiebig das Problem "Römische Revolution" oder "Krise der
Republik" diskutiert, das in der deutschen Diskussion eine große
Rolle spielt22; ihre Zugriffe sind teils weiter, teils enger gefaßt. Wei-
ter gefaßt ist etwa Claude Nicolets Modell der Komplementarität der
Rollen von Bürger und Soldat; wobei die Zensusgliederung der insti-
tutionelle Ausdruck eines Systems von Leistungen, Verpflichtungen
und Ansprüchen ist23. Hier steht zunächst eine systematisierende
18
J. Bleicken, Staatliche Ordnung und Freiheit, 64-80; Lex Publica. Gesetz und
Recht in der römischen Republik, Berlin 1975, 278f.
19
Ch. Meier, Res Publica Amissa, 110.
20
Ch. Meier, "Populares", Sp. 562.
2!
Dies gilt auch noch für die Bemerkungen im Vorwort zur Neuausgabe
1980 von Res Publica Amissa, XIX.
22
A. Heuß, "Der Untergang der römischen Republik und das Problem der
Revolution", HZ 182,1956,1-28; "Das Revolutionsproblem im Spiegel der antiken
Geschichte", HZ 216, 1973, 1-72; E. Tornow, Der Revolutionsbegriff und die späte
römische Republik. Eine Studie zur deutschen Geschichtsschreibung im 19. und 20.
Jahrhundert, Frankfurt 1978; R. Rilinger, "Die Interpretation des Niedergangs der
römischen Republik durch 'Revolution' und 'Krise ohne Alternative'", AKG 64,
1982, 279-306.
23
Claude Nicolet, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris 1976;
Claude Nicolet, "L'idéologie du système centuriate et l'influence de la philosophie
politique grecque", in : La filosofia greca e il diritto romano, 1976,1, 111-137; sowie
jüngst Nicolets Beitrag zum Sammelwerk L'Uomo Romano, Rom 1989; hier zi-
242 WILFRIED NIPPEL
Darstellung im Vordergrund, die im Prinzip für die ganze Zeit der
Republik gilt, soweit sie historisch rekonstruierbar ist. Im Hinblick
auf die Strukturveränderungen der späten Republik sind zwei Punk-
te besonders herausgestellt worden. Erstens, daß die Forderungen
nach Getreideverteilungen (wie auch nach Landverteilungen) im
Kontext eines wechselseitigen Bedingungsverhältnisses zwischen
den Rechten und Pflichten der Bürger zu sehen sind, so daß es als
völlig legitim gelten muß, wenn die Bürger Anteil an den Ressourcen
des Imperiums haben wollen. Deshalb hatte man zuvor schon auf
die Erhebung von tributum verzichtet, sobald dafür kein Bedarf
mehr bestand24; dies begünstigte aber zunächst einseitig die ver-
mögenden Bürger. Insofern ist die von den Popularen betriebene
Gleichsetzung von libertas mit commoda ebenso konsequent wie le-
gitim; der Streit kann allenfalls darum gehen, ob bzw. in welchem
Ausmaß die Staatskasse eine solche Belastung tragen kann oder ob
hier nicht die utilitas publica gefährdet ist. Der zweite wichtige
Punkt ist der Nachdruck darauf, daß sich die politische Willensbil-
dung der Plebs nun stärker außerhalb der Volksversammlung, näm-
lich im Theater oder bei Demonstrationen, vollzieht25.
Diese Aspekte sind in einer Reihe von Spezialstudien vertieft
worden, die auch dafür stehen, daß sozial- und wirtschaftsge-
schichtliche Untersuchungen in der französischen Forschung zur
späten Republik insgesamt eine wesentlich größere Rolle spielen als
in der deutschen. Es sind sozusagen technische Untersuchungen ge-
wesen, die gezeigt haben, daß Clodius' Getreidegesetz von 58 (was
immer seine demagogischen Intentionen gewesen sein mögen) und
die dagegen gerichteten Maßnahmen des Pompeius 57 die entschei-
denden organisatorischen Strukturen für die zukünftige Behand-
lung des Problems geschaffen haben : die organisatorische Ver-
knüpfung der effizienten Versorgung mit der Verteilung in einer
neuen Struktur (jenseits der Zuständigkeit der Aedilen); die Einbin-
dung der vici in die Verteilung; die Aufstellung von Listen von Be-
rechtigten, die erstmals einen Sonderstatus für die in der Stadt Rom
selbst ansässigen Bürger (oder auch nur einen Teil davon) definitiv
festschrieben26; es beginnt hier die Konstituierung einer privilegier-
tiert nach der deutschen Ausgabe : Claude Nicolet, "Der Bürger und der Politi-
ker", in : A. Giardina (Hg.), Der Mensch der römischen Antike, Frankfurt 1991, 27-
66.
24
C. Nicolet, Tributum. Recherches sur la fiscalité directe sous la République
romaine, Bonn 1976.
25
Vgl. C. Nicolet, Rome et la conquête du monde méditerranéen, 1, Paris 1977,
419-451.
26
C. Nicolet, "Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à
Rome à l'époque républicaine d'après des découvertes récentes", CRAJ 1976, 29-
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 243
ten Gruppe innerhalb der städtischen Bürgerschaft, wie sich deut-
lich im Principat zeigte27. Daß dies nicht mit einer Fürsorge für die
Armen zu verwechseln ist, hat vor allem Paul Veyne unterstrichen 28 ;
Veyne hat zugleich auch in der Tatsache, daß die Getreideversor-
gung wie die Verteilungen Sache der staatlichen Institutionen war29,
die entscheidende Differenz zum Euergetismus von Honoratioren
der hellenistischen Welt herausgestellt.
Die Voraussetzungen für die Rolle, die Clodius in den Jahren 58-
52 spielen konnte, sind durch die Untersuchungen von Jean-Marc
Flambard zu den Collégien erhellt worden30. Die prosopographische
Analyse der bei Cicero erwähnten duces operarum macht deutlich,
daß Clodius durch die Verbindung der Collégien mit der Organi-
sation der vici sich auf eine Gruppe von Funktionsträgern stützen
konnte, die ihrerseits die Mobilisierung der Plebs in bestimmten Si-
tuationen besorgen konnte31. Wenn dies den Erfolg des Clodius in
bestimmten Situationen erklärt, dann meines Erachtens aber auch
die Grenzen in anderen : die Mobilisierung der Plebs geschah eben
weniger durch die Volksreden eines großen Demagogen (wie bei den
großen popularen Tribunen vorheriger Jahrzehnte), sondern in er-
ster Linie durch in ihrer engeren Nachbarschaft respektierten Qua-
si-Funktionäre der Plebs, denen man nur dann folgte, wenn sie
überzeugend für die Bedürfnisse der breiten Bürgerschichten ein-
51; "Tessères frumentaires et tessères de vote", in : Melanges offerts à Jacques
Heurgon II, Rom 1976, 695-716; "La lex Gabinia-Calpurnia de insula Delo et la loi
"annonaire" de Clodius (58 av. J.-C.)", CRAI1980, 260-287; C. Nicolet et al., Insu-
la Sacra. La loi Gabinia Calpurnia de Délos, Rom 1980.
27
C. Nicolet, "Plèbe et tribus : les statues de Lucius Antonius et le testament
d'Auguste", MEFRA 97, 1985, 799-839.
28
Paul Veyne, Le Pain et le Cirque, Paris 1976; vgl. auch H. Bruhns, Armut in
Rom, in : Mommsen & Schulze (Hgg.), Vom Elend der Handarbeit, 27-49 (cf.
Anm. 8).
29
Vgl. auch C. Virlouvet, Famines et émeutes à Rome des origines de la Répu-
blique à la mort de Néron, Rom 1985; H. Pavis d'Escurac, La préfecture de Van-
none : service administratif impérial d'Auguste à Constantin, Rom 1976.
30
Jean-Marc Flambard, "Clodius, les collèges, la plèbe et les esclaves. Re-
cherches sur la politique populaire au milieu du Ier siècle", MEFRA 89, 1977, 115-
156; Jean-Marc Flambard, "Nouvel examen d'un dossier prosopographique : le
cas de Sex. Clodius/Cloelius", MEFRA 90, 1978, 235-245; "Collegia Compitalicia :
phénomène associatif, cadres territoriaux et cadres civiques dans le monde ro-
main à l'époque républicaine", Ktèma 6,1981,143-166; vgl. auch : "Les collèges et
les élites locales à l'époque républicaine d'après l'exemple de Capoue", in : Les
"bourgeoisies" municipales italiennes aux H' et I" siècles av. J.-C, Paris/Neapel
1983, 75-89.
31
Vgl. auch den prosopographischen Anhang bei H. Benner, Die Politik des
P. Clodius Pulcher, Stuttgart 1987, 155-176. (Zu dieser ansonsten enttäuschenden
Arbeit siehe meine Rez. HZ 247, 1988, 385f.).
244 WILFRIED NIPPEL
traten. So konnte Clodius im Jahre 57 die Übertragung der cura an-
nonae auf Pompeius eben nicht verhindern, weil man sich von des-
sen Beauftragung mit weitreichenden Vollmachten eine nachhaltige
Verbesserung der Versorgungslage versprechen konnte32.
Flambards Untersuchungen können in einer Hinsicht als ty-
pisch für methodische Präferenzen der französischen Forschung
gelten, nämlich die prosopographischen Analysen, die anscheinend
zum Standard aller größeren sozialgeschichtlichen Untersuchungen
gehören33. Bemerkenswert ist ferner, daß die Vorliebe für Proso-
pographie sich auch in Arbeiten im Kontext der Besançon-Kollo-
quien über die Sklaverei zeigt. Autoren wie J. Annequin34, M.
Létroublon35 oder F. Favory36 gehen so vor, um aus den Angaben bei
Cicero die Rolle von Sklaven und Freigelassenen in den An-
hängerschaften von Catilina oder Clodius zu erheben; das heißt, daß
die Beteiligung von Sklaven nicht nur an Konflikten innerhalb Ita-
liens, sondern gerade auch in der Stadt Rom namhaft gemacht wer-
den soll. Auch wenn sie die denunziatorische Taktik in Ciceros Rhe-
torik sehen, so sind sie doch geneigt, die Beschwörung der Sklaven-
gefahr möglichst ernst zu nehmen, um somit die Bedeutung der
Sklaven auch für die Unruhen innerhalb der Stadt Rom möglichst
hoch ansetzen zu können. Demgegenüber wäre eher zu betonen,
daß die Organisation der plebs urbana über die Collégien die Mög-
lichkeit bietet, Statusunterschiede zwischen Bürgern, Freigelasse-
32
W. Nippel, Aufruhr und "Polizei " in der römischen Republik, Stuttgart 1988,
124-128.
33
Vgl. nur C. Nicolet, Vordre équestre à l'époque républicaine (312 - 43 av.
J.-C), Paris 1966/1974; F. Hinard, Les proscriptions de la Rome républicaine, Rom
1985; J. M. David et al., "Le 'Commentariolum Petitionis' de Quintus Cicéron.
État de la question et étude prosopographique", ANRWI, 3, 1973, 239-277; J.-M.
David, Le patronat judiciaire au dernier siècle de la république romaine, Rome
1992.
34
J. Annequin, "Esclaves et affranchis dans la conjuration de Catilina", in :
Actes du Colloque 1971 sur l'esclavage (Annales littéraires de l'Université de Besan-
çon, 140), Paris 1972, 193-238; "Une approche des discours de Cicéron ; les ni-
veaux d'intervention des esclaves dans la violence", in : Actes du colloque 1972 sur
l'esclavage (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 140), Paris 1974, 211-
235.
35
M. Létroublon, "Les esclaves dans les bandes armées d'après les discours
de Cicéron de 57 à 52", in : Actes du colloque 1972 sur l'esclavage (Annales litté-
raires de l'Université de Besançon, 163), Paris 1974, 235-47.
36
F. Favory, "Classes dangereuses et crise de l'état dans le discours cicéro-
nien de 57 à 52", in : Texte, politique, idéologie : Cicéron, Paris 1976, 109-233;
"Clodius et le péril servile : fonction du thème servile dans le discours polémique
cicéronien", Index 8, 1978/79, 173-205; "L'intervention de l'esclave dans le dis-
cours polémique cicéronien : étude du corpus des 'Philippiques'", Index 10, 1981,
86-174.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 245
nen, Sklaven in gemeinsamen Aktionen zu überspielen; während bei
Versuchen, an diesen Unterschieden etwas zu ändern - wie hinsicht-
lich des Stimmrechts der Freigelassenen - wahrscheinlich eher die
Interessengegensätze innerhalb der plebs urbana hervorgetreten wä-
ren37. Insgesamt liegt hier eine von einem orthodoxen marxistischen
Standpunkt38 ausgehende Fixierung auf die Sklavenfrage vor. Weder
im Hinblick auf die Quellenbehandlung (bei der eine quasi-statisti-
sche Auswertung nach vorgegebenen Rastern die hermeneutische
Arbeit ersetzt) und die materiellen Ergebnisse noch bezüglich des
theoretischen Zugriffs kann ich in diesen Arbeiten bedeutende
Erkenntnisfortschritte erkennen39.
Der zweite Aspekt, unter dem die Perspektiven der französi-
schen Forschung auf die plebs urbana zu diskutieren sind, bezieht
sich auf die neuen Formen politischer Kommunikation. Nicolets
nachdrücklichen Hinweis auf die Bedeutung des Theaters hatte ich
schon erwähnt. Jean-Michel David hat gezeigt, daß zum popularen
Stil von Politik nicht allein rhetorische Kompetenz zählt (wie sie
den großen Popularen zugeschrieben wird), sondern auch die dra-
maturgische Gestaltung der öffentlichen Auftritte, die unmittelbar
die Emotionen des Publikums ansprechen, von der Vorführung
eines Gegners vor der Volksversammlung bis zu diversen Formen
der Trauerbekundung40. Guy Achard hat die Bedeutung der Trauer-
feiern für die toten popularen Helden von den Gracchen bis Clodius
und Caesar hervorgehoben und zugleich gezeigt, wie damit die Tra-
dition der Ständekämpfe evoziert wird41. Paul Veyne hat auf die Vor-
kommnisse von Charivari-Formen sowohl in der Republik wie im
Principat aufmerksam gemacht und ihre von alltäglicher Sozialkon-
trolle über die Einforderung aristokratischer Großzügigkeit bis zum
politischen Protest reichenden Funktionen verdeutlicht; dabei hat er
nicht nur Abstand genommen von der durch Usener42 begründeten
37
Nippel, Aufruhr und "Polizei", 254, A. 55.
38
F. Favory, "Validité des concepts marxistes pour une théorie des sociétés
de l'antiquité. Le modèle imperial romain", Klio 63, 1981, 313-330.
39
Für unterschiedliche Bewertungen des Sammelbandes Texte, politique,
idéologie : Cicéron vgl. die dezidierte Kritik von S. Treggiari, JRS 70, 1980, 211-13
mit der (mit gewissen Einschränkungen) positiven Bewertung von J. Andreau,
Annales ESC 34, 1979, 1248-1252.
40
Jean-Michel David, "'Eloquentia popularis' et conduites symboliques des
orateurs de la fin de la République : problèmes d'efficacité", QS 12,1980,171-198;
"Compétence sociale et compétence oratoire à la fin de la République : ap-
prendre à ressembler", in : E. Frézouls (éd.), La mobilité sociale dans le monde ro-
main, (Colloque Strasbourg novembre 1988), Strasbourg 1992, 7-19.
41
Guy Achard, "Ratio popularis" et funérailles", LEC 43, 1975, 166-178.
42
Herman Usener, "Italische Volksjustiz", in : Kleine Schriften IV, Leipzig
1913, 356-382.
246 WILFRIED NIPPEL
und von Lintott43 wiederbelebten Sicht, es handle sich um archai-
sche Relikte, sondern auch die Entsprechung zu Artikulationswei-
sen der Eliten herausgestellt, von der rhetorischen und literarischen
Invektive bis zu den libelli famosi bzw. carmina famosa der Prinzi-
patszeit44.
Die Bedeutung symbolischer Interaktionen ist auch hervorzuhe-
ben, wenn man das Verhalten der Magistrate in Beziehung zu mehr
oder weniger gewalttätigen Störungen der öffentlichen Ordnung
setzt. Die deutsche und französische Forschung hat hier zwar unter-
schiedliche, sich jedoch meines Erachtens gut ergänzende Perspek-
tiven entwickelt. Es bedarf keiner weiteren Ausführungen dazu, daß
hinsichtlich der Reaktionsmöglichkeit der Magistrate der anachro-
nistische Hinweis auf das Fehlen einer institutionalisierten "Polizei"
keine ausreichende Erklärung bietet. Ch. Meier hat dargelegt, daß
im Rahmen des republikanischen Verfassungssystems das Problem
der öffentlichen Ordnung gar nicht durch Aufstellung einer perma-
nenten Ordnungstruppe zu lösen gewesen wäre, selbst wenn man
eine Lösung dafür gefunden hätte, wem das Kommando darüber zu-
stehen sollte. Da sich eine Vielzahl von Konflikten an der Kollision
von verfassungsmäßig unverzichtbaren Initiativ- wie Kontrollrech-
ten45 entzündete, hätte ein verhältnismäßiger Einsatz eine genaue
Normierung sowohl von Rogationsrecht wie Interzession und Ob-
nuntiation erfordert. Das hätte aber kaum etwas anderes als eine be-
wußte Neukonstituierung der gesamten politischen Ordnung bedeu-
tet46. Hingewiesen hat Meier auch auf zwei weitere Implikationen :
zum einen, daß man einer Durchbrechung der Regeln im Einzelfall
dann relativ gelassen gegenüberstand, wenn man sie als Versuch zur
Durchsetzung einer bestimmten, als solchen legitimen, Entschei-
dung und nicht als Angriff auf die Ordnung insgesamt verstehen
konnte; und zum anderen, daß die Magistrate durch Rückgriff auf
persönliche Gefolgschaften wie durch den Appell an Freiwillige
durch die Aufstellung von praesidia in der Lage waren, bei entspre-
chendem politischen Willen durchaus effiziente ad hoc-Maßnahmen
zu ergreifen47. Deutlich erkennbar ist auch, daß die Durchsetzungs-
43
A. Lintott, Violence in Republican Rome, (cf. Anm. 9) 6-21.
44
P. Veyne, "Le folklore à Rome et les droits de la conscience publique sur la
conduite individuelle", Latomus 42, 1983, 3-30.
45
Vgl. dazu die Untersuchungen von L. Thommen, Das Volkstribunat der
späten römischen Republik, Stuttgart 1989 und L. de Libero, Obstruktion. Poli-
tische Praktiken im Senat und in der Volksversammlung der ausgehenden Römi-
schen Republik (70-49 v. Chr.), Stuttgart 1992.
46
Ch. Meier, Res Publica Amissa, 157-159.
47
Ch. Meier, (Rez.zu : Adcock, Roman Political Ideas), GGA 216,1964, 37-52,
hier 44-48; Ch. Meier, "Der Ernstfall im alten Rom", in : A. Peisl & A. Mohler
(Hgg.), Der Ernstfall, Berlin 1979, 40-73; Ch. Meier, Caesar, Berlin 1982, 351.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 247
fähigkeit der Magistrate prinzipiell davon abhing, daß ihre Autorität
fraglos akzeptiert wurde, ohne daß dies auf dem Einsatz physischen
Zwangs beruhte.48. Bedeutsamer war vielmehr, daß ihr Auftreten in
der Öffentlichkeit diesen Anspruch immer wieder unterstrich 49 ;
Burckhardt Gladigow hat eindrücklich unterstrichen, daß in der
symbolischen Repräsentation magistratischer Autorität die wesent-
liche Funktion der Liktoren lag.50.
Zu ergänzen ist dies durch die Beobachtungen zum Hervortre-
ten spektakulärer, sich in der Öffentlichkeit vollziehender Exeku-
tionen in Krisensituationen der späten Republik, die von Jean-Mi-
chel David51 und François Hinard52 thematisiert worden sind : vom
Rückgriff auf das Ritual des Sturzes vom Tarpeischen Felsen bis zu
den spektakulären Strafen, die gegenüber hostes und Proskribierten
vollzogen wurden : Hinrichtungen auf dem Forum, entehrende Miß-
handlung von Leichen, Bestattungs- und Trauerverbote, Zerstörung
der memoria durch Niederreißen des Hauses und Verbot des Zei-
gens der imagines der "Staatsfeinde". Immer ging es nicht in erster
Linie oder jedenfalls nicht ausschließlich darum, Terror zu erzeu-
gen, sondern vor allem um die Demonstration, daß es sich nicht um
private Racheakte, sondern um den unmittelbaren, der Bürgerschaft
sichtbaren Vollzug des öffentlichen Interesses handelte.
Vor diesem Hintergrund wiederum lassen sich verschiedene
Formen der Gewaltanwendung von seiten der plebs urbana, zumal
unter der Regie des Clodius, als wohlkalkulierte Gegeninszenierun-
gen verstehen : das Zerbrechen der fasces von Consuln; die Zerstö-
rung des Ciceronischen Hauses und die Versuche, seine
Wiederherstellung zu verhindern, ebenso wie Angriffe auf die Häu-
ser anderer Gegner und die Androhung von Lynchjustiz symbolisie-
48
W. Nippel, "Policing Rome", JRS 74, 1984, 20-29; Aufruhr und "Polizei",
12-26; Public Order in Ancient Rome, Cambridge 1995.
49
Vgl. zur Selbstdarstellung der Nobilität insgesamt E. Flaig, "Politisierte
Lebensführung und ästhetische Kultur. Eine semiotische Untersuchung am rö-
mischen Adel", Historische Anthropologie 1, 1993, 193-217.
50
Burckhardt Gladigow, "Die sakralen Funktionen der Liktoren. Zum Pro-
blem von institutioneller Macht und sakraler Präsentation", ANRW I, 2, 1972,
295-314.
51
Jean-Michel David, "Du comitium à la roche Tarpéienne... Sur certains ri-
tuels d'exécution capitale sous la république, les règnes d'Auguste et de Tibère",
in : Du châtiment dans la cité. Actes de la table ronde, Rome 9-11 septembre 1982,
Rom 1984, 131-176.
52
François Hinard, "La maie mort. Exécutions et statut du corps au moment
de la première proscription", in : Du châtiment dans la cité..., 295-311; F. Hinard,
Les proscriptions de la Rome républicaine, 40-51, 239-244; F. Hinard, "Spectacle
des exécutions et espace urbain", in : L'urbs. Espace urbaine et histoire. Ier siècle
av. J.-C. - III' siècle ap. J.-C, Rom 1987, 111-125.
248 WILFRIED NIPPEL
ren die unmittelbare, nun von seiten des Volkes vollzogene Bestra-
fung derer, die als Verletzer der libertas denunziert werden. Dabei
kommt es weniger darauf an, wieweit im Einzelfall der Anspruch
der gewalttätigen Aktivisten gerechtfertigt war, hier im Interesse der
gesamten Plebs zu handeln; entscheidend ist vielmehr, daß solche
Formen der Artikulation des Volkswillens außerhalb der formalisier-
ten Mitwirkung in den Volksversammlungen gleichsam eingeübt
wurden; und daß die wirksame Mobilisierung von Teilen der plebs
urbana nicht mehr in erster Linie von der überragenden Rhetorik
eines Politikers abhing, sondern vom Funktionieren der auf Collé-
gien und vici gegründeten Organisationsstruktur. Die unterschiedli-
chen Reaktionen der Plebs nach der Ausschaltung der Gracchen
einerseits, der Ermordung von Clodius und Caesar andererseits,
sind signifikant; ebenso die Protestaktionen, die verschiedentlich ge-
genüber den Machthabern der Bürgerkriegszeit vorgekommen
sind53.
Aufgrund dieser Einschätzung der Rolle der plebs urbana in der
nachsullanischen Zeit lassen sich dann auch die besonderen Inte-
grationsmechanismen des Principats verstehen. Hier war die plebs
urbana neben Senat und Heer eine der Gruppen, gegenüber denen
die Kaiser ihre Herrschaftsausübung legitimierten : ich erwähne
nur die ausgedehnte Fürsorge für die stadtrömische Bevölkerung
durch Getreideversorgung und -Verteilungen; die Kontrolle über die
Collégien, zugleich aber auch die Einbeziehung der magistri der vici
und Collégien in die kultische Verehrung des Kaiserhauses; die Ri-
tuale der Kommunikation, wie sie sich zwischen Princeps und Plebs
besonders im Theater einspielten; die Hinnahme auch massiver Wil-
lensbekundungen durch die Plebs, soweit sie das Vertrauen in die
Fürsorge des Kaisers ausdrückten; der insgesamt zurückhaltende
Einsatz der permanenten Ordnungskräfte, die nun in Gestalt von
Praetorianern und cohortes urbanae zur Verfügung standen; schließ-
lich auch, daß die Herrscher den spektakulären Vollzug von Strafe
in bestimmten Fällen pflegten : die Volksfesthinrichtungen, die ent-
ehrenden Behandlungen von Majestätsverbrechern, das Zusammen-
spiel von Bestrafungen durch die Herrscher mit Aktionen von Volks-
justiz54. Für diesen Themenkomplex hat Egon Flaig55 eine beachtli-
53
Nippel, Aufruhr und "Polizei", 108-152.
54
Nippel, Aufruhr und "Polizei", 153-169.
55
Egon Flaig, Den Kaiser herausfordern. Die Usurpation im Römischen Reich,
Frankfurt 1992. Die Arbeit stellt auch einen Versuch dar, methodische Ansätze
der französischen Sozialanthropologie (Lévi-Strauss, Bourdieu, Foucault) für
althistorische Untersuchungen fruchtbar zu machen.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 249
che Ergänzung zu Veynes Analyse der Strukturen der Öffentlichkeit
in der Kaiserzeit56 vorgelegt.
Es versteht sich, daß dieser knappe Überblick sich auf solche Ar-
beiten konzentriert hat, die signifikant scheinen für die unterschied-
lichen Tendenzen in der jüngeren deutschen und französischen For-
schung; eine Reihe einschlägiger Arbeiten, die die Forschung in ein-
zelnen Fragen wesentlich gefördert haben, die sich jedoch nicht
spezifisch nationalen Paradigmen der Untersuchung zuweisen las-
sen, sind übergangen worden57.
Ich möchte im folgenden versuchen, die hier an einem begrenz-
ten Gegenstand gemachten Beobachtungen zu den unterschiedli-
chen Tendenzen der deutschen und französischen Forschung der
letzten zwei bis drei Jahrzehnte - mit aller Vorsicht - zu einigen
stärker generalisierenden Überlegungen auszuweiten. Die französi-
sche Forschung hat durch ihre Arbeiten zur Sozial- und Wirtschafts-
geschichte unser Bild der späten Republik und der frühen Kaiserzeit
erheblich erweitert58. Die einst von der deutschen Forschung im
Kontext der politischen Geschichte entwickelte prosopographische
Analyse ist auf diese Felder übertragen worden. Auffällig ist auch,
daß die reiche Tradition gelehrter antiquarischer Forschung seit der
Renaissance viel mehr präsent ist als in Deutschland, wo die Nei-
gung besteht, die eigentliche Wissenschaft erst mit den Heroen des
19. Jahrhunderts beginnen zu lassen.59. Eine Auseinandersetzung
z.B. mit Thesen von Justus Lipsius zu einer bestimmten Detailfra-
ge60 wäre in deutschen Arbeiten schwerlich zu erwarten. Die in fran-
zösischen Arbeiten viel geläufigere Verbindung mit archäologischen
Fragestellungen - etwa zur Topographie der Stadt - 61 ist sicherlich
56
P. Veyne, Le Pain et le Cirque, 539-730.
57
Ich verweise zum Beispiel auf die Untersuchungen zu spätre-
publikanischen Gesetzen, die im Kontext einer internationalen Forschergruppe
entstanden sind : J.-L. Ferrary, "Les origines de la loi de majesté à Rome", CRAI
1983, 556-572; "Lex Cornelia de sicariis et veneficis", Athenaeum 69, 1991, 417-
434; Ph. Moreau, "La lex Clodia sur le bannissement de Cicéron", Athenaeum 65,
1987, 465-492; "La rogation des huit tribuns de 58 av. J.-C. et les clauses de sanc-
tio réglementant l'abrogation des lois", Athenaeum 67, 1989, 151-178.
58
Vgl. den Überblick bei C. Nicolet, Rendre à César. Économie et société dans
la Rome antique, Paris 1988, 41-116. ("Economy and society, 133-43 B.C.", in :
J. A. Crook, A. Lintott/E. Rawson (eds.), The Cambridge Ancient History. Second
Edition, vol. IX: The Last Age of the Roman Republic, 146-43 B.C., Cambridge
1994, 599-643.)
59
Vgl. auch W. Nippel, "'Geschichte' und 'Altertümer'. Zur Periodisierung in
der Althistorie", in : W. Küttler, J. Rüsen & E. Schulin (Hgg.), Geschichtsdiskurs
1, Frankfurt 1993, 307-316.
60
Cl. Nicolet, "Plèbe et tribus...", MEFRA 97, 1985, 812.
61
Unter anderem im Zusammenhang mit dem Theater (E. Frézouls, "La
construction du theatrum lapideum et son contexte politique", in : Théâtre et
Spectacles dans l'Antiquité, Actes du Colloque de Strasbourg 5-7 novembre 1981,
250 WILFRIED NIPPEL
auch begünstigt durch die Rolle, die die École Française de Rome
für die Ausbildung des wissenschaftlichen Nachwuchses spielt62.
Schwieriger einzuschätzen ist - von außen - der Einfluß des
Marxismus auf die französische Forschung. Die Frage läßt sich ge-
wiß nicht allein anhand der oben erwähnten - und kritisierten - Ar-
beiten der Besançon-Gruppe diskutieren. Die Rückwirkungen eines
intellektuellen Klimas in Frankreich (und in Italien, wohin es viele
persönliche und wissenschaftliche Beziehungen gibt), in dem auch
in der seriösen und etablierten Altertumswissenschaft und Althisto-
rie der Marxismus eine erhebliche Attraktivität ausübte (während
diese in der westdeutschen universitären Althistorie kaum zu spüren
war)63, lassen sich in den einschlägigen Monographien und Aufsät-
Strasbourg, 1983,193-214; dem Nymphentempel und der Administration der fru-
mentationes (Nicolet, "Le temple des Nymphes...", CRAI 1976, 29-51); mit Se-
natssitzungen (M. Bonnefond, "Le sénat républicaine dans l'atrium libertatis",
MEFRA 91, 1979, 601-622; "Espace, temps et idéologie : le sénat dans la cité ro-
maine républicaine", DArch 1 1983, 37-44) oder mit Prozessen (J. M. David, "Le
tribunal dans la Basilique : évolution fonctionelle et symbolique de la République
a l'Empire", in : Architecture et société de Varchaisme grec à la finde la République
Romaine, Paris/Rom 1983, 219-241; Le patronat judiciaire, Paris/Rom 1992, 24-
48).- Historisch gewichtige Beiträge französischer Archäologen zur späten Repu-
blik und frühen Kaiserzeit scheinen zu fehlen, wahrend es hier einige bedeutende
deutsche Arbeiten gibt : siehe vor allem L. Giuliani, Bildnis und Botschaft. Her-
meneutische Untersuchungen zur Bildniskunst der römischen Republik, Frankfurt
1986; P. Zanker, Augustus und die Macht der Bilder, München 1987.
62
Siehe den Beitrag von H. Bruhns.
63
Die Abgrenzung zur DDR und die Abwehrhaltung gegenüber den neomar-
xistischen Strömungen in Teilen der westdeutschen Sozialwissenschaft nach
1968 hat ernsthafte Auseinandersetzungen mit marxistischen Positionen in der
westdeutschen Althistorie weitgehend verhindert. Allerdings muß man auch
deutlich feststellen, daß weder die sowjetische noch die DDR-Althistorie zur
Geschichte der römischen Republik Arbeiten vorgelegt hat, die einer seriösen
Diskussion unter fachwissenschaftlichen Gesichtspunkten bedurft hätten; vgl.
auch W. Nippel, (Rez. M. Willing, Althistorische Forschung in der DDR, Berlin
1991), Gnomon 66, 1994, 342-347. - Als marxistisch sind wohl in Teilen (oder in
der Mehrheit) der westdeutschen Zunft die (mit kräftiger Polemik gegen die
Elite-Fixierung der herrschenden Richtung gewürzten) Arbeiten von H. Schnei-
der, Wirtschaft und Politik. Untersuchungen zur Geschichte der späten römischen
Republik, Diss. Marburg 1974; Die Entstehung der römischen Militärdikatur, Köln
1977, verstanden worden. So hat man wohl auch Ch. Meiers Anti-Kritik als Pole-
mik gegen marxistische Tendenzen aufgefaßt, doch ging es bei Meier primär um
die Frage des Verhältnisses zwischen den Intentionen von Akteuren und dem
Verlauf komplexer Prozesse; Ch. Meier, "Fragen und Thesen zu einer Theorie
historischer Prozesse", in : K.-G. Faber/Ch. Meier (Hgg.), Historische Prozesse,
München 1978, 40, A. 66; "Nochmals zu den Unterschichten in Rom", Journal für
Geschichte 1, Heft 4, 1979, 44-46; dieser Artikel war eine Replik auf Schneiders
Aufsatz, "Protestbewegungen stadtrömischer Unterschichten" in der gleichen
Zeitschrift 1, Heft 3,1979,16-20. (Das Journal für Geschichte ist ein Äquivalent zu
L'Histoire; insofern erreichte der Disput eine breitere Öffentlichkeit).
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 251
zen im Regelfall nicht unmittelbar feststellen, sie dürften aber insge-
samt die Konzentration auf sozial- und wirtschaftsgeschichtliche
Fragen erheblich gefördert haben. Ähnliches gilt für die Relation zur
Sozialgeschichte, etwa der frühen Neuzeit oder der Zeit der Fran-
zösischen Revolution; explizite Vergleiche sind - anders als in Teilen
der deutschen Forschung - eher selten (abgesehen von Paul Vey-
ne)64; die Einflüsse sind vermutlich auch hier mehr im allgemeinen
intellektuellen Milieu und dessen prägenden Wirkungen auf die in-
tellektuelle Biographie der Forscher zu sehen65. Auffällig wiederum
ist für deutsche Beobachter, daß (möglicherweise als Folge des Qua-
lifikationssystems und der Genreregeln für eine Thèse d'État) man-
che erschöpfende Untersuchungen zu komplexen Problemen der
späten Republik kaum den Versuch unternehmen, ihre Ergebnisse
in ein Gesamtbild der späten Republik einzuordnen; entsprechend
sind z.B. einige deutsche Reaktionen auf Hinards Buch zu den Pro-
skriptionen eher kühl ausgefallen66.
Während für die deutsche Althistorie im Hinblick auf das poli-
tische System der Republik und bezüglich des Charakters der Trans-
formation zum Principat der Vergleich mit neuzeitlichen Phänome-
nen (Parteien, Revolution) dominiert oder auch (das eigentlich in
der Diskussion des nachrevolutionären Frankreich aufgekommene)
Thema67 von der Differenz zwischen antiker und moderner Freiheit
aufgenommen wird68, steht bei französischen Autoren die Einbet-
tung der römischen Verhältnisse in ein Gesamtbild einer helleni-
stisch-römischen Zivilisation im Vordergrund69. Das hat zweifellos
die Einsicht in die Bedeutung der Rhetorik für die spätrepublikani-
sche Politik ebenso gefördert wie die Betonung der Formen symboli-
scher Kommunikation und des materiellen Austauschs zwischen
64
Veynes Sonderstellung zeigt sich auch darin, daß er früh Max Weber rezi-
pierte, dessen althistorisch einschlägiges Werk in der französischen Altertums-
wissenschaft sonst erst seit den 1980™ Jahren und vor allem aufgrund der (im
einzelnen nicht unproblematischen) Vermittlung durch Moses Finley Beachtung
zu finden begann.
65
Ich habe dies aus den Diskussionen der Tagung, und vor allem von Kom-
mentaren von J.-M. David gelernt.
66
H. Schneider, HZ 244, 1987, 392f.; L. Schumacher, Gymnasium 95, 1988,
453-455.
67
P. Vidal-Naquet, La démocratie grecque vue d'ailleurs. Essais d'historio-
graphie ancienne et moderne, Paris 1990, 161-243; F. Hartog, "La révolution fran-
çaise et l'antiquité : l'avenir d'une illusion?", OPUS 6-8, 1987/89, 237-258; "La ré-
volution française et l'antiquité", La Pensée Politique 1, 1993, 30-61.
68
Bleicken, Staatliche Ordnung und Freiheit..., 7-13.
69
Vgl. auch J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme : aspects idéologique
de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde guerre de Macédoine
à la guerre contre Mithridate, Rom 1988. ., , ,
252 WILFRIED NIPPEL
Regierenden und Regierten, wie namentlich an Veynes Konzept des
Euergetismus zu sehen ist. Skeptischer sieht man in der deutschen
Forschung die fortdauernde Tendenz in französischen Arbeiten, für
einzelne Reformkonzeptionen, das politische Denken oder gar für
Institutionen der römischen Verfassung eine Prägung durch "grie-
chische Einflüsse" geltend zu machen70. Bei der Bedeutung, die man
in Deutschland "begriffsgeschichtlichen" Aspekten beimißt, wirkt es
auch irritierend, wenn (im Anschluß an den weiten Sprachgebrauch
der hellenistischen Zeit) vergleichsweise unbefangen über
"demokratische" Aspekte spätrepublikanischer Politik diskutiert
wird71. In der jüngeren deutschen Forschung sucht man den Demo-
kratie-Begriff im Hinblick auf Rom zu vermeiden, um sowohl die
Differenz zur klassischen athenischen wie zur neuzeitlichen
Demokratie herausstellen zu können. Wissenschaftsgeschichtlich
kann man dies sowohl in den Zusammenhang der Bemühungen
stellen, sich von Mommsens Aktualisierungen zu distanzieren, als
darin auch Nachwirkungen der nach dem 1. Weltkrieg einsetzenden
(mit fragwürdigen ideologischen Implikationen verbundenen) De-
batte über den "Geist des Römertums" sehen72.
Diese Schlußbemerkungen zeigen, daß es bei aller fruchtbaren
Komplementarität der jüngeren Forschungen in beiden Ländern
doch eine Reihe von jeweiligen nationalen Forschungstraditionen
gibt, die der Verständigung in manchen Hinsichten Probleme berei-
ten. Es bedarf noch einiger Anstrengung, um auf dem Weg über ein
vertieftes Verständnis der Genese und fortdauernden Wirkung der
unterschiedlichen Sichtweisen diese Hindernisse überwinden zu
können.
Wilfried NIPPEL
70
C. Nicolet, "L'inspiration de Tiberius Gracchus", REA 67, 1965, 142-158;
"Cicéron, Platon et le vote secret", Historia 19, 1970, 39-66; "L'idéologie du sys-
tème centuriate", in : La filosofia greca e il diritto romano I, Rom 1976; J.-L. Ferra-
ry, "Le idee politiche a Roma nell'epoca repubblicana", in : L. Firpo (Hg.), Storia
délie idee politiche, economiche e sociali I, Turin 1982, 723-804.
71
C. Nicolet (Hg.), Demokratia et Aristokratia. A propos de Caius Gracchus :
mots grecs et réalités romaines, Paris 1983.
72
Vgl. die Hinweise bei W. Nippel (Hg.), Über das Studium der Alten Ge-
schichte, München 1993, 15-17.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 253
Jean-Michel DAVID
Réponse à Wilfried Nippel
Le principal intérêt du débat qui nous rassemble est sans doute de per-
mettre u n e confrontation des questions que les u n s et les autres se posent.
L'examen critique auquel W. Nippel a soumis la production scientifique
française à propos de la plebs urbana et de la violence politique lui a permis
en fait de procéder à u n e évaluation d'ensemble des outils conceptuels et des
méthodes qui au cours de ces dernières années furent à l'œuvre dans l'ana-
lyse de la société r o m a i n e . Or m ê m e si les échanges intellectuels ne
connaissent pas de frontières, les conditions d'émergence et de développe-
ment de la réflexion sur les sujets qui nous intéressent ici, ont été suffisam-
ment spécifiques pour qu'il soit utile de les expliciter, ne serait-ce que parce
qu'elles permettent de mieux en comprendre les postulats ou les a priori.
Les tendances qui s'exerçaient au sein de l'historiographie française
dans les années soixante et soixante-dix contribuent en effet à expliquer les
particularismes qu'a relevés W. Nippel.
La première tient à l'influence de l'historiographie du monde moderne
et médiéval qui se renouvelait de façon importante au cours de ces mêmes
années. Les travaux notamment qui portaient sur la Révolution française
comptaient beaucoup. Ils prolongeaient l'œuvre de G. Rude 1 ou d'E. Hobs-
bawm et la faisaient connaître. Ceux d'A. Soboul dont la thèse sur les «Sans-
culottes parisiens» reprenait un certain nombre de ces aspects 2 , jouèrent
alors u n rôle dans l'analyse qui était proposée de la plèbe urbaine et de son
organisation. M. Foucault u n peu plus tard élargit encore la problématique
par ses recherches sur la violence et la publicité donnée au châtiment 3 et
suscita u n renouvellement de la réflexion dont on trouve évidemment les ef-
fets dans la production scientifique française.
Le développement de l'anthropologie sociale enfin contribuait à renfor-
cer ce courant et, à propos p a r exemple du charivari auquel W. Nippel fait
allusion, on pourrait citer le colloque organisé en 1977 par J. Le Goff et
J.C. Schmitt qui examinait ces questions sur une échelle beaucoup plus
large 4 . D'une façon générale en effet, l'intérêt pour les concepts à l'œuvre
dans les sciences sociales telles qu'elles étaient pratiquées aussi bien en an-
"Rudé, G., The Crowd in the French Revolution, Oxford, 1959, traduit en
français en 1982; cet ouvrage avait bénéficié d'un accueil très favorable en
France, cf. le compte-rendu de G. Lefebvre dans les Annales historiques de la Ré-
volution française, 1953, 4 : 289-291.
2
Soboul, A., Les Sans-culottes parisiens en l'an H, Mouvement populaire et
gouvernement révolutionnaire, 2 juin 1793-9 thermidor an H, Paris, 1958.
3
Du point de vue qui est celui de la communication de W. Nippel, c'est Fou-
cault, M., Surveiller et punir, naissance de la prison, Paris, 1975, qui eut le plus d'é-
cho.
4
Le Goff, J. & Schmitt, J. C. (éds.), Le Charivari. Actes de la table ronde orga-
nisée à Paris (25-27 avril 1977) par l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
et le CNRS, Paris, 1981. Les manifestations de charivari étaient alors examinées
dans toute l'Europe, de l'Antiquité (communication de P. Schmitt-Pantel) au
XLX* siècle.
17*
254 WILFRIED NIPPEL
thropologie qu'en sociologie explique largement l'évolution récente de l'his-
toriographie française de la fin de la République romaine.
Encore faut-il aussi replacer toutes ces données dans le contexte d'en-
semble des interrogations qui pesaient sur l'analyse historique en France de-
puis les années cinquante car c'est de ce point de vue que se comprennent le
mieux les questions évoquées par W. Nippel sur le rôle du marxisme et de la
prosopographie.
Au cours de cette période en effet l'histoire sociale représentait certaine-
ment le principal centre d'intérêt qui mobilisait l'activité des historiens fran-
çais. Un certain nombre de colloques, p a r exemple, furent organisés sur les
sources et les méthodes, sur les niveaux de culture ou sur la notion d'ordre et
de classe 5 . Les questions qui étaient alors posées tenaient d'abord aux mé-
thodes: l'analyse quantitative apparaissait ainsi comme u n instrument pré-
cieux de gestion de la documentation au moment surtout où l'on commen-
çait à entrevoir quelle aide l'informatique était susceptible d'apporter aux
spécialistes d'histoire moderne et contemporaine écrasés par la masse des
archives. Mais elles tenaient aussi et surtout aux concepts qu'il convenait
d'employer pour comprendre la structure d'une société donnée. E n ce sens,
le grand débat était celui de l'importance qu'il fallait accorder à la notion de
classe et il était évidemment lié à la place que, pour des raisons sociolo-
giques et historiques, le marxisme occupe dans l'histoire intellectuelle fran-
çaise. Les discussions sur ce point étaient intenses mais on peut les résumer
de façon suffisante en relevant que le point central était de savoir si le
concept était pertinent ou non pour toutes les formes de sociétés 6 .
Les nouvelles tendances de l'historiographie française de la fin de la Ré-
publique que W. Nippel a examinées se situaient bien évidemment dans ce
contexte. Les travaux qui ont été conduits à Besançon p a r le «Centre d'His-
toire ancienne» de l'Université de Besançon et qui ont été développés ensuite
p a r le «Groupe international de recherches sur l'esclavage antique», animé
p a r P. Lévêque et M. Clavel-Lévêque, s'inscrivaient clairement dans une pro-
blématique marxiste et avaient pour premier objet d'étudier de façon spéci-
fique les esclaves et l'esclavage comme une des formes caractéristiques de la
société antique. Ces questions firent ainsi l'objet de colloques réguliers où le
champ d'investigation finit par s'élargir à toutes les formes de la dépen-
dance, qui contribuèrent certainement à faire progresser la connaissance
5
Cf. en particulier, "L'Histoire sociale, sources et méthodes", colloque de
l'École normale supérieure de Saint Cloud (15-16 mai 1965), Paris, 1967; "Niveaux
de culture et groupes sociaux ", actes du colloque réuni du 7 au 9 mai 1966 à l'Ecole
normale supérieure, Paris-La Haye, 1967; Mousnier, R. (éd.), Problèmes de stratifi-
cation sociale, actes du colloque international (1966), Paris, 1968; Roche, D. & La-
brousse, C. E. (éds.), Ordres et classes, colloque d'Histoire sociale, Saint Cloud, 24-
25 mai 1967, Paris-La Haye, 1973.
6
Cf. en particulier les discussions vives menées par Roland Mousnier, dans
certains de ses principaux ouvrages: Mousnier, R., Les hiérarchies sociales de 1450
à nos jours, Paris, 1969; Mousnier, R., La stratification sociale à Paris aux XVII' et
XVIW siècles, l'échantillon de 1634, 1635, 1636, Paris, 1976.
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 255
mais n'inspirèrent pas, à m o n avis, u n bouleversement de la conception que
l'on avait des sociétés antiques 7 .
Ces recherches s'inspiraient malgré tout d'autres réflexions qui étaient
nées en histoire moderne, de ces interrogations où l'analyse sociale s'ap-
puyait sur la méthode quantitativiste. Les études de vocabulaire qu'avait pu-
bliées R. Robin sur le vocabulaire employé par les rédacteurs des cahiers de
doléance à la veille de la révolution de 17898, avaient en effet contribué à
orienter la réflexion en ce sens. Ils permettaient par des analyses lexicolo-
giques de dégager les thèmes récurrents qui apparaissaient dans les revendi-
cations des différentes couches sociales de la population française et donc
d'une certaine façon d'en reconstituer l'univers mental ou mieux encore les
horizons d'attente ou d'inquiétude. L'application de la méthode au vocabu-
laire employé par différents auteurs de l'Antiquité poursuivait le même but
et ambitionnait ainsi d'identifier dans l'univers mental des Anciens le regard
qui était porté sur les esclaves et les autres dépendants 9 . En ce sens la dé-
marche était originale et allait au delà de la recherche d'histoire sociale ha-
bituelle mais n'a pas toujours rencontré l'adhésion ne serait-ce que parce
que les corpus textuels choisis n'avaient que rarement l'homogénéité qui au-
torisait u n tel type d'analyse 10 .
L'autre grande tendance en matière d'analyse sociale, la prosopographie
dont W. Nippel a relevé l'importance, s'inscrivait aussi dans cette perspec-
tive née des développements de l'histoire sociale et de l'intérêt qui lui était
porté. La tradition était ancienne et il suffit de rappeler le n o m de
H. G. Pflaum pour le noter. Mais les développements que la méthode a
connue au cours des années soixante et soixante-dix tenaient aussi pour
beaucoup à l'influence de l'histoire quantitative dans la réflexion française.
La prosopographie apparaissait en effet pour les chercheurs d'Histoire an-
7
Ils ont été publiés soit dans la collection des Annales littéraires de l'Univer-
sité de Besançon (en particulier voll. 128, 140, 163, 182) soit dans la revue Index.
8
Robin, R., La société française en 1789: Semur-en-Auxois, Paris, 1970, cf.
aussi ses études plus générales: Robin, R., Histoire et linguistique, Paris, 1973, et
dans Guilhaumou, J., Maldidier, D., Prost, A. & Robin R., Langage et idéologies, le
discours comme objet de l'Histoire, Paris, 1974.
9
Cf. ainsi Clavel-Lévêque, M., Daubigney, A., Favory F. & Smadja, E., Texte,
politique idéologie: Cicéron. Pour une analyse du système esclavagiste; le fonc-
tionnement du texte cicéronien, Annales littéraires de l'Université de Besançon,
vol. 187, Paris, 1976; Mactoux, M. M., Douleia, esclavage et pratiques discursives
dans l'Athènes classique, Annales littéraires de l'Université de Besançon, vol. 250,
Paris, 1980; Morabito, M., Les réalités de l'esclavage d'après le Digeste, Annales lit-
téraires de l'Université de Besançon, vol. 254, Paris, 1981; Garrido-Hory, M., Mar-
tial et l'esclavage, Annales littéraires de l'Université de Besançon, vol. 255, Paris,
1981. A ces études s'ajoutent des indices thématiques destinés à faire apparaître
les occurences et les fréquences d'emploi des termes liés à l'esclavage chez diffé-
rents auteurs: Martial, lettres de Cicéron à Atticus, Thucydide, Tacite, voll. 303,
304, 452 et 488 des Annales littéraires de l'Université de Besançon.
10
Cf. notamment la polémique entre Dumont, J. C , REL, 54, 1976: 48-54, et
les auteurs du volume sur "Texte, politique idéologie: Cicéron" (cf. note 9), in:
DHA, 4, 1978: 48-54.
.00 WILFRIED NIPPEL
cienne comme un moyen qui, grâce à la mise en série des informations
concernant un groupe social, permettrait de compenser en partie la pauvreté
et la dispersion des informations". On imaginait ainsi pouvoir disposer d'en-
sembles documentaires qui permettraient quelques approches statistiques.
Et de fait le résultat fut dans l'ensemble relativement fructueux.
En fin de compte cependant, le renouvellement dont W. Nippel a sou-
ligné l'intérêt tenait davantage à certaines perspectives originales qui s'écar-
taient de ces tendances dominantes de l'historiographie sociale. P. Veyne
notamment s'inscrivait bien dans une tendance qui était aussi celle à la-
quelle appartenait M. Foucault, mais il introduisait aussi un type d'analyse
qui faisait intervenir d'abord les acquis de la sociologie et qui insistait sur les
comportements individuels; ce qui au moment où Le pain et le cirque fut pu-
blié n'alla pas sans éveiller certaines réticences12.
W. Nippel insiste toutefois surtout sur les apports dont a bénéficié la
conception que l'on avait en France des conditions de la vie politique ro-
maine à la fin de la République et il souligne le rôle que joua Claude Nicolet.
Il perçoit des changements qui s'inscrivaient dans une perspective à la fois
plus étroite que celle qui dominait ailleurs puisque l'intérêt y était fortement
concentré sur les questions de fiscalité ou plus précisément encore sur les
lois agraires et les distributions frumentaires, mais aussi plus large puisque
l'analyse historique dépassait la question de la crise pour englober les condi-
tions d'ensemble du fonctionnement de la cité.
Ceci tient dans une large mesure à l'intérêt propre que Claude Nicolet a
porté aux questions de l'Etat et dont témoignent aussi ses livres sur la démo-
cratie contemporaine13. Dans les années soixante-dix en effet, au moment où
il préparait le Métier de citoyen, Claude Nicolet faisait paraître un autre livre
sur l'impôt à Rome sous la République14 et provoquait surtout une série de
rencontres scientifiques qui rassemblaient de nombreux spécialistes d'His-
toire ancienne. La question était donc posée sur un terrain beaucoup plus
vaste que celui de la cité romaine. Une série de conférences sur la fiscalité
antique fut ainsi organisée de 1973 à 1976 dans le cadre du Centre G. Glotz
des Universités Paris I et Paris IV, qui aboutirent à ce que fussent envisagées
toutes les formes d'organisation politique et toutes les périodes de l'Antiqui-
11
Cf. Nicolet, C, "Prosopographie et histoire sociale: Rome et l'Italie à l'é-
poque républicaine", Annales ESC, 25,1970 : 1209-1228; Chastagnol, A., "La pro-
sopographie, méthode de recherche sur l'histoire du Bas-Empire", Annales ESC,
25, 1970 : 1229-1235.
12
Cf. en particulier les critiques énoncées en 1978 par J. Andreau, P. Schmitt
& A. Schnapp, "Paul Veyne et l'évergétisme", Annales ESC, 33,1978: 307-325; en
particulier page 312: "Cette conception théâtrale et d'une certaine manière psy-
chologique de l'histoire, dans laquelle il n'existe que des sujets personnels
confrontés les uns aux autres (ce qui en dernière analyse anéantit totalement la
catégorie de politique)..."
13
Nicolet, Cl., Le Radicalisme, Paris, 1957; Nicolet, Cl., Pierre Mendes-France
ou le métier de Cassandre, Paris, 1959; Nicolet, CL, L'idée républicaine en France
(1789-1824), essai d'histoire critique, Paris, 1982.
14
Nicolet, CL, Tributum, Recherches sur la fiscalité romaine sous la Répu-
blique romaine, Bonn, 1976. On notera que le Métier de citoyen y était annoncé
p. 4, n. 4 sous le titre "L'Etat et le citoyen".
DIE PLEBS URBANA UND DIE POLITISCHE GEWALT 257
té dans des exposés qui portaient souvent sur des aspects très concrets d'or-
ganisation et de réglementation 15 . Un colloque suivit enfin à Paris, en 1976
sur Armées et fiscalité dans le monde antique, où l'accent fut plus particulière-
ment porté sur le rapport entre recrutement et types d'armée, la fiscalité mi-
litaire, et les relations entre l'armée et la vie économique 16 .
En fait l'enjeu de ces recherches était double. Il s'agissait bien entendu
de faire progresser les connaissances en ce domaine mais il s'agissait surtout
de permettre d'appréhender la nature et le fonctionnement de l'Etat antique
au travers des moyens qu'il se donnait d'exister. Cette approche pouvait et
peut certainement toujours apparaître comme réductrice puisqu'au fond
l'objet d'étude n'était rien d'autre que la question du prélèvement et de la re-
distribution. Elle était pourtant très originale puisqu'elle prenait ses dis-
tances avec les formes alors dominantes de l'historiographie française qui
étaient soit tournées vers l'analyse sociale soit vers la reconstitution des évé-
nements ou des institutions. Elle fut efficace enfin puisque le regard qui fut
alors porté sur la République romaine permit une analyse très large de la po-
litique qui sortait du cadre des procédures de droit public et de la narration
des principaux faits, pour s'attacher à évaluer aussi bien la place des ci-
toyens dans la communauté civique que les aspects économiques qui ac-
compagnaient u n tel fonctionnement.
15
Van Effenterre, H. (éd.), Points de vue sur la fiscalité antique, Paris, 1979.
16
Colloques nationaux du CNRS n° 936, Armées et fiscalité dans le monde an-
tique. Paris, 14-16 octobre 1976, CNRS, Paris, 1977, organisé en collaboration avec
A. Chastagnol et H. Van Effenterre.
CHRISTIAN MEIER
CONCLUSION
Zu den eigentümlichen Erfahrungen des zusammenwachsenden
Europa gehört, daß nicht nur - selbstverständlich - nationale Tradi-
tionen fortgeführt werden, sondern daß man über die Grenzen hin-
weg oft auffällig wenig voneinander weiß, sich auffällig wenig zur
Kenntnis nimmt. In vielen Teilen des intellektuellen, aber auch des
politischen Lebens, nicht zuletzt in der Wissenschaft; zumindest in
manchen Disziplinen. Wieweit das an mangelnden Sprachkenntnis-
sen liegt, ist schwer zu bestimmen. Jedenfalls ist offenbar auch in
der Wissenschaft die Beeinflussung durch Traditionen - der Wissen-
schaft selbst, der Geistes-, der Nationalgeschichte - sowie durch das
jeweilige intellektuelle Klima im eigenen Lande nicht geringzuschät-
zen. Das aber hat zur Folge, daß Barrieren aufgerichtet werden, die
offenbar die Verständigung und den Austausch behindern (wenn
man einmal von der ohnehin verbreiteten Tendenz zu provinzieller
Abkapselung absieht).
Je verschiedene Fragen, Anschauungen, Methoden, Interessen,
Wertschätzungen und theoretische Voraussetzungen können dann
hier und dort eine solche Selbstverständlichkeit annehmen, daß
man sie zu explizieren nicht nur nicht das Bedürfnis, sondern so
leicht auch nicht die Fähigkeit hat. Das gilt selbst bei einer so sehr
international angelegten, auf eine den verschiedenen europäischen
Nationen gemeinsame Vorgeschichte gerichteten Wissenschaft wie
der Alten Geschichte.
Gewiß kann die Unterschiedlichkeit der nationalen Wis-
senschaftstraditionen die Forschung sehr bereichern. Aber das
setzt voraus, daß man sich gegenseitig zur Kenntnis nimmt, ja daß
man versucht, sich gegenseitig, und gerade auch in den Vorausset-
zungen der eigenen Ansätze, zu verstehen.
Das Straßburger Kolloquium "Comment pensons-nous l'Histoi-
re de la fin de la République et du début de l'Empire romain?"
begegnete also einem dringenden Bedürfnis. Und die Erfahrung die-
ser Tage war sehr ermutigend. Der vorherrschende Eindruck war,
daß sich ein relativ sehr gutes Verständnis zwischen den deutschen
und den französischen Teilnehmern eingestellt hat, große Be-
iUU CHRISTIAN MEIER
reitschaft und Fähigkeit, aufeinander einzugehen, die verschiedenen
Positionen sich gegenseitig bewußt zu machen und ernst zu neh-
men.
Die Referate zeigen durchweg, wenn auch mit einigen
interessanten Unterschieden im einzelnen, daß auf dem Gebiet der
späten römischen Republik und des Übergangs zum Principat der
Kontakt zwischen deutscher und französischer Forschung eng und
fruchtbar ist. Wir sind uns einander relativ nahe.
*
* *
Zuweilen war es schwierig, Unterschiede zwischen deutscher
und französischer Forschung herauszuarbeiten und sie gar auf ver-
schiedene Wissenschaftstraditionen zurückzuführen. Was sich da
unterscheidet, sind ja möglicherweise gar nicht so sehr nationale
Traditionen und die verschiedenen intellektuellen Klimata, inner-
halb derer auch Forschung betrieben wird, wie vielmehr individuel-
le Ansätze, auch Schulen, die durch bestimmte Individuen geprägt
sind.
Größere Unterschiede zwischen französischer und deutscher
Forschung kann man wohl am ehesten im Grad der Aufmerksam-
keit auf bestimmte Fragen und Gebiete ausmachen. So wurden die
Forschungen zur Familie etwa in Frankreich viel weiter vor-
angetrieben als in Deutschland, wobei die große Bedeutung der
f r a n z ö s i s c h e n E t h n o l o g i e P a t e s t a n d . Aber a u c h in der
Wirtschaftsgeschichte hat die französische Forschung sehr viel
mehr aufzuweisen als die deutsche. Das hat viel mit Anregungen aus
dem in Frankreich lange in hohem Ansehen stehenden Marxismus
zu tun, viel aber gewiß auch mit der engen Verbindung zwischen Al-
ter Geschichte und Archäologie, übrigens auch mit der Bedeutung
der Ecole Française de Rome. Ein geringeres Interesse an der mate-
riellen Kultur in Deutschland wird damit zusammenhängen, daß
Beides hier fehlte; auch ergibt sich ein Nachholbedarf bei der Er-
forschung der unteren Schichten, obwohl der Abstand sich zuneh-
mend verringert.
Umgekehrt ist, was auf der französischen Seite vernachlässigt
wurde, nicht so leicht dingfest zu machen, zumal hier nicht ganze
Gebiete zu nennen sind; wenn ich jedenfalls recht sehe. Höchstens
die Begriffsgeschichte könnte man hier anführen, die ja nicht mit
der des politischen Vokabulars zu verwechseln ist. Sie wirkt über
ihre eigenen Untersuchungsgegenstände hinaus, indem sie die,
Aufmerksamkeit für vielerlei Besonderheiten schärft. Insofern spielt
sie eine besondere Rolle im Zusammenhang der Ansätze zum Be-
greifen der politisch-gesellschaftlichen Ordnung. Insgesamt aber ist
die Wissenschaft der späten Republik und des frühen Principats in
CONCLUSION
Frankreich in einer ganz anderen Breite, über die verschiedenen Di-
mensionen der Gesellschaft hin, betrieben worden als in Deutsch-
land.
Das hängt zum einen wohl, wie Wilfried Nippel zeigt, wirklich
damit zusammen, daß dort die Tradition gelehrter antiquarischer
Forschung viel mehr präsent ist als in Deutschland, wo sie im 19.
Jahrhundert, wenn nicht abgeschnitten, so doch stark verdünnt und
gestört worden ist.
Doch müssen hier zum andern wohl auch persönliche Einflüsse,
konkret gesagt die Schule Claude Nicolets wahrgenommen werden,
für die eine außerordentliche Breite der Forschungsansätze und die
relativ große Zahl der "Schüler" charakteristisch ist. Daraus resul-
tierte, zudem unter dem Zeichen eines kräftigen Forschungsopti-
mismus (vielleicht auch einer Wissenschaftspolitik?), eine umfas-
sende Bearbeitung verschiedenster Materien. Vermutlich sollte man
in diesem Zusammenhang auch die Erfordernisse nennen, die mit
der besonderen Form der französischen Thèse d'Etat verknüpft sind.
Die Ergebnisse sind, auch wenn man manche Kritik vorbringen
könnte, aufs Ganze gesehen bewundernswert.
In Deutschland dagegen hat es eine solche Schule, wohl auch
einen so ungebrochenen Forschungsoptimismus, in den letzten
Jahrzehnten nicht gegeben. Quellen-, teilweise auch Erkenntnis-
kritik könnte in manchem etwas lähmend gewirkt haben. Und in
einem schwer bestimmbaren Ausmaß wird noch ein Faktor eine
Rolle gespielt haben, der sich aus der deutschen Geschichte dieses
Jahrhunderts ergibt : aus dem Abbruch verschiedener Traditionen
folgte eine bestimmte Weise des Fragens, eine bestimmte Problem-
orientierung, die auch vor der Alten Geschichte nicht ganz Halt
machte. Sie läßt sich schon seit den späten zwanziger und frühen
dreißiger Jahren, am stärksten in der Berve-Schule, zumal bei Hans
Schaefer und Alfred Heuß greifen. Sie bedingte, wenn ich das aus
meiner eigenen, wohl nicht typischen, aber in irgend einer Weise
doch "deutschen" wissenschaftlichen Biographie hier anfügen darf,
daß bei der Arbeit an Res Publica Amissa die Erfahrung des Un-
tergangs der Weimarer Republik, auch die des Aufstiegs der na-
zistischen Partei und diejenige des von ihr beherrschten Deutsch-
land im großen und kleinen eine Rolle spielte; auch Fragehorizonte,
die etwa Carl Schmitt, zum Teil im Gefolge Max Webers, aufgeris-
sen hatte. Dadurch wurde jedenfalls ein Interesse wach (und war
eher implizit als explizit wirksam), das zu ständigen Seitenblicken
auf die Neuzeit führte; so wurde ich dazu veranlaßt, antike Ge-
schichte besonders stark im Blick auf die neuzeitliche in ihrer Be-
sonderheit zu bestimmen, römische und später auch griechische.
Kann es sein, daß die französische Forschung stärker auf Rom
und - wie Nippel gezeigt hat - dessen Einbettung in die Geschichte
262 CHRISTIAN MEIER
des Altertums konzentriert war und daß diese Konzentration sich im
Diskurs zwischen zahlreichen Forschern bewährte und verstärkte -
während für uns in Deutschland der Horizont unserer Beschäf-
tigung mit Rom (wie mit der Antike insgesamt) viel durchlässiger zu
andern Epochen hin war? Kann es weiterhin sein, daß der Druck,
uns mit der römischen und griechischen Geschichte forschend zu
beschäftigen (der sich aus unserem Universitätssystem ergibt), zu
andern Fragen, Betrachtungen und Ergebnissen führte, die wir frei-
lich unsern Lesern (und Hörern) nicht unbedingt explizieren, deren
wir uns vielleicht selber nicht immer bewußt sind?
Vermutlich hat die starke Aufmerksamkeit auf die politische Ge-
schichte, die sich uns aus den tiefen Wunden der Zeit vor 1945 auf-
drängte, dazu beigetragen, daß die alte Tradition politischer
Geschichtsschreibung nach 1945 in Deutschland stärker fortwirkte
als in Frankreich. Und in dieser Geschichte nach 1945 lagen ja auch
Gründe für die entschiedene Ablehnung des Marxismus in Deutsch-
land. Gewiß, die Weise, politische Geschichte zu erforschen, hat sich
verändert. Probleme der Verfassung, der Sozial-, der Mentalitätsge-
schichte (avant la lettre) wurden viel stärker einbezogen als vorher.
Aber der Focus blieb eben im politischen Geschehen; und es mag
sein, daß die besondere Zuwendung zur Ereignisgeschichte, die sich
seit dem Ende des 19. Jahrhunderts beobachten läßt, in Teilen der
deutschen Geschichtswissenschaft ebenfalls fortgewirkt hat, zu-
mindest eine Zeitlang. Wenn ich es recht sehe, hat man durch diese
Betonung des Ereignisgeschichtlichen damals dem Eindruck entge-
genwirken wollen, daß die Geschichte weitgehend prozessual - und
dann eben in der damaligen Gegenwart : zugunsten des Proletariats
(und der Technik) - ablaufe.
Auf eine andere, historisch tiefer veranlagte Besonderheit der
deutschen Forschung macht Yan Thomas aufmerksam : Seit Savig-
ny (um von Vorläufern abzusehen) sei das Bild, das die deutsche Ro-
manistik von der Geschichte des römischen Privatrechts (und damit
der Rechtswissenschaft) zeichne, durch Skepsis gegenüber der
Französischen Revolution und dem Gesetzgebungsstaat sowie der
raison codificatrice bestimmt gewesen. So sei man zum "retrospek-
tiven Programm der Schöpfung des Privatrechts durch die Wis-
senschaft" gekommen. Daran ist gewiß viel Wahres, und jedenfalls
bietet dieses Referat ein sehr gutes Beispiel dafür, wie anregend es
sein kann, wenn andere eine ganze Wissenschaftstradition samt ih-
rer Einbettung in nationale Geschichte aus der Distanz betrachten.
Hier liegt auch eine besondere Rechtfertigung solcher binationaler
Kolloquien. Wahrscheinlich muß man in Konsequenz der Betrach-
tung von Thomas einige eher selbstverständliche Voraussetzungen
unseres Bildes von der römischen Rechtsgeschichte neu zu begrün-
den suchen, modifizieren oder aufgeben.
CONCLUSION 263
Andererseits müssen Erkenntnisse, zu denen eine bestimmte Si-
tuation, bestimmte Erlebnisse und Erfahrungen oder auch be-
stimmte Interessen führen, deswegen noch nicht falsch sein. Im Ge-
genteil, man könnte sich geradezu fragen, wieweit Geschichtswis-
senschaft immer wieder durch die verschiedensten Gegen-
wartserfahrungen und -interessen vorangebracht werden kann. Es
sei nur auf das Beispiel Premersteins, von dem Jean-Michel David
handelt, hingewiesen. Wahrscheinlich würde die Geschichts-
wissenschaft davon profitieren, wenn sie nicht nur, notwendi-
gerweise, in immer neuen Ansätzen, in immer neuer Abgrenzung ge-
gen Überkommenes sich fortbewegte, sondern auch die Summe des-
sen, was sich aus den so verschiedenen Erfahrungs- und Sehweisen
im Laufe der Zeit ergeben hat, aufhöbe und tradierte.
Erfahrungen von Krieg, von Hungersnöten, von totalitären
Regimen zum Beispiel veralten irgendwann; und doch haben sie
vermutlich zu ihrer Zeit manches erschlossen, was bewahrenswert
ist (auch wenn zugleich viele Fehlschlüsse und Interessen damit ver-
bunden waren, die wir nicht mehr teilen können).
Besonders eine Frage aber müßte man von Deutschland her an
Thomas richten : Ist es wirklich angebracht, die römische Republik
hier als "Staat" einzubringen? Gewiß, Thomas hat genau formuliert,
wie er Staat verstanden wissen will; nicht als Instanz, die von außen
auf die société civile einwirkt, vielmehr nur als instance d'autorisa-
tion, als ordre légal qui fonde les droits des sujets. Allein, of-
fensichtlich hat es - von wenigen Materien abgesehen (die beson-
ders strittig waren oder auch besonders die formale Festlegung
brauchten) - in Rom einer solchen Instanz nicht bedurft. Ganz an-
ders als in Griechenland, und aus guten, sehr wohl nachvollziehba-
ren Gründen. Ganz anders auch als in der Neuzeit, sowohl in Frank-
reich zur Zeit Napoleons wie dann in Deutschland vor 1900. Ande-
rerseits hat Thomas selbst gegen Ende seines Referats die moderne
Scheidung zwischen Staat und Gesellschaft wieder eingebracht. So
gerät man in diesem Zusammenhang in die - in diesem Kollo-
quium leider ausgesparte - Frage nach der Eigenart der
politisch-gesellschaftlichen Ordnung Roms, auf die gleich noch ein-
zugehen sein wird.
Nach meinem Urteil ist in Rom wohl nicht geradezu eine "Auto-
nomie" der Rechtsgeschichte, aber doch eine weitgehende Bestim-
mung des Rechts durch eine Wissenschaft zu beobachten, die zwar
durchaus Anteil an der Geschichte der römischen Gesellschaft (im
weiten Sinne des Worts) hat, aber zugleich aufs stärkste in einem
durch innerwissenschaftlichen Diskurs bestimmten Raum sich voll-
zog.
In der Religionsgeschichte dagegen läuft, wie John Scheid zeigt,
vieles in Deutschland und Frankreich lange Zeit über parallel. Im-
264 CHRISTIAN MEIER
merhin mag die intensive Frage nach den Ursprüngen in Deutsch-
land besonders beliebt sein. Vielleicht kann man auch von einer Nei-
gung mehr zu diachronem als zu synchronem Verstehen sprechen.
Doch wird das nicht ganz deutlich. Hier ist der wichtigste Fort-
schritt in Hinsicht auf die späte Republik und den frühen Principat
wohl durch Scheids eigene Arbeiten erfolgt.
Andere Unterschiede zwischen Deutschland und Frankreich
sind eher terminologisch bestimmt. Der Begriff "Ideologie" etwa
mag für die Deutschen mit andern Konnotationen verbunden sein.
Aber was Jean-Louis Ferrary dazu ausführt, kann in der Sache pro-
blemlos übernommen werden (einschließlich seiner Ausführungen
zur Bedeutung der optimatischen und popularen "Ideologie", in de-
nen die Akzente vermutlich richtiger gesetzt sind, als es in der leicht
polemischen Überspitzung meines populares -Artikels von 1965 mög-
lich war). Und Entsprechendes gilt für verschiedene andere Betrach-
tungen.
Doch wie immer man diese Unterschiede zwischen deutscher
und französischer Forschung in den genannten - sowie in andern -
Hinsichten beurteilen mag (ich mußte mich hier auf wenige Bei-
spiele beschränken) : insgesamt zeigten sich in diesem Kolloquium
auf dem Gebiet der römischen Geschichte relativ geringe Verständi-
gungsschwierigkeiten. Genauer gesagt : auf weitesten Teilen dieses
Gebiets weiß jeder, wovon hier und dort die Rede ist, und letztlich
behandeln wir mit verschiedenen Akzentsetzungen (und Vernach-
lässigungen) die gleichen Probleme und lernen voneinander. Frei-
lich ist dieser Eindruck dadurch zumindest verstärkt worden, daß
bestimmte Gebiete, wo größere Schwierigkeiten zu beobachten ge-
wesen wären, im ganzen ausgeblendet blieben.
*
* *
Die Schwierigkeiten, die ich für die zukünftige Arbeit auf un-
serm Felde sehe, sind am ehesten in der Sache begründet, genauer :
in den Problemen, die wir jetzt schon und künftig wohl noch mehi
damit haben werden, fußend auf so vielen neuen Erkenntnissen und
antwortend auf die Herausforderungen der eigenen Zeit, die Struk-
tur der römischen Republik und des Principals sowie des Prozesses,
der vom einen zum andern führt, zu erkennen.
Das beginnt mit der schon angeschnittenen Frage, die im Kollo-
quium ausgelassen worden ist : Wie kann eigentlich die poli-
tisch-soziale Ordnung der römischen Republik begriffen werden?
Hier gibt es das Bedürfnis, ein römisches Äquivalent unserer "Ver-
fassungen" herauszuarbeiten. Nur daß sich eben in Rom keine "Ver-
fassung", etwa im Sinne von Mommsens Staatsrecht, herauslöser
läßt, weil die politische Ordnung überall aufs vielfältigste - und
CONCLUSION 265
selbst analytisch kaum trennbar - in die Gesellschaft eingebettet
blieb. Im Unterschied etwa zu den Griechen, wo schon Kleisthenes
eine politische Ordnung gegen die gesellschaftliche setzte. Nach
meinem Urteil jedenfalls bestand diese Ordnung im Kern stets in
der je vorgegebenen, wenn auch langsam sich wandelnden Struktur
einer Gesellschaft, die, um politisch handlungsfähig zu sein (und
dann auch um eine bestimmte Herrschaftsstruktur zu befestigen) ei-
nige Instanzen einsetzen und fortbilden und das Zusammenspiel
zwischen ihnen regeln mußte; jeweils so, daß das, was sich dann an
"Recht" herausbildete, in die vorgegebene Gesellschaft eingeblendet
wurde. Die Gesellschaft in ihrer Struktur dagegen wurde nicht zum
Gegenstand politisch gezielter, geschweige denn legislativer Verän-
derung. Wie kann man eine solche "gewachsene Verfassung" in ein
System bringen? Wie kann man sie darstellen? Welches sind über-
haupt ihre Voraussetzungen? Hier haben die französischen For-
scher aus nationalen Traditionen heraus vielleicht mehr Schwierig-
keiten als deutsche. Oder soll man sagen : Hier ist diesseits und jen-
seits des Rheins mit ganz verschiedenen Selbstverständlichkeiten zu
rechnen?
In Deutschland ist der Staat, und nicht erst seit 1945, in ganz an-
derer Weise fragwürdig geworden. Wir sind daher bereit, mit einem
ganz anderen Ausmaß an unterschiedlicher Ausprägung ver-
schiedener politischer Einheiten zu rechnen. Das heißt noch nicht,
daß die Folgerungen, die sich aus einer derart relativ vorausset-
zungslosen Betrachtung ergeben, richtig sind. Aber eine größere Of-
fenheit läßt sich gewiß behaupten, jedenfalls in Teilen der deutschen
Forschung1. Wenn das Thema diskutiert worden wäre, wäre gewiß
mehr von den nicht nur persönlichen, sondern auch "national" be-
dingten Unterschieden deutlich geworden, auf die Hinnerk Bruhns
in seiner Antwort auf Jean Andreau hingewiesen hat.
Dahinter tun sich zahlreiche Probleme auf, auf die etwa Jean-
Michel David und Jean Andreau die Sprache gebracht haben. An-
dreau hat gezeigt, daß in Frankreich nicht nur die Wirtschaftsge-
schichte viel eingehender erforscht worden ist als in Deutschland
(wozu auch eine stärkere Auseinandersetzung mit Moses Finley ge-
hört), sondern daß dort auch die politische Geschichte in viel enge-
1
Insofern wäre es interessant gewesen, Gemeinsamkeiten und Differenzen
etwa zwischen Jochen Bleickens und meinen Ansätzen zu diskutieren. Cf.
J. Bleicken, Lex Publica. Gesetz und Recht in der römischen Republik. Berlin/New
York 1975. Dazu die Rezension : Ch. Meier, Savigny-Zeitschrift für Rechtsges-
chichte, Romanistische Abteilung, 95, 1978, 378 sqq. Bleicken hat übrigens auch
für den Übergang von der Republik zum Principat einen wichtigen Beitrag gelei-
stet (.Zwischen Republik und Prinzipat. Zum Charakter des Zweiten Triumvirats.
Göttingen 1990), der hier wohl vor allem deswegen keine Rolle spielte, weil das
Problem des Übergangs uns weniger beschäftigt hat.
266 CHRISTIAN MEIER
rer Verbindung mit der der Gesellschaft und der Wirtschaft ge-
schrieben zu werden pflegt. Die Feststellung ist gewiß richtig, ob-
wohl wir auf die (ja nicht geringzuschätzenden) Probleme der
Geschichtsschreibung nicht näher eingegangen sind (und obwohl
Andreau selbst bei der Wahrnehmung deutscher Ansätze zur politi-
schen Geschichte mit einigen Mißverständnissen aufgewartet hat).
Ebenso berechtigt ist es, wenn David einklagt, daß das Bin-
dungswesen, gerade wenn man es anthropologisch betrachtet, in
weiteren Zusammenhängen als dem der politischen Struktur gese-
hen werden muß. Wie entsteht die Gemeinsamkeit eines politischen
Willens, wenn so viele Bindungen miteinander konkurrieren? Diese
Frage bewegte sich noch innerhalb der Politik. Aber : Wie verhalten
sich die Bindungen zu andern Teilen römischer Mentalität? Hier
müßte nach vielen Vorarbeiten - unter denen besonders diejenigen
Paul Veynes hervorzuheben sind - noch vieles erforscht werden.
Und das gilt auch für die vielfältigen Dimensionen des
Veränderungsprozesses von der späten Republik zum frühen Prinzi-
pat, der in diesem Kolloquium übrigens ebenfalls so gut wie ausge-
spart blieb. Es gilt etwa für die Frage, wie unter den Beanspruchun-
gen dieser Zeit, angesichts auch der zunehmend geringeren Bedeu-
tung der Wahlen, diese Bindungen sich fortentwickeln, teilweise
zurücktreten, teilweise wichtiger werden (etwa die Heeresclientel,
aber wohl auch das Gemeindepatronat). Es fragt sich also, wie sich
das Bindungswesen in die Geschichte der Solidaritätsformen ein-
fügt. Und nicht zuletzt ist es der Prozeß der Extensivierung, nach
meinem Urteil auch die "Krise ohne Alternative", in deren Zusam-
menhang die Geschichte des Bindungswesens weiter untersucht
werden muß.
Hier geht es um Forschungen, die besonders stark auch der Dis-
kussion bedürfen, gerade auch der zwischen Franzosen und Deut-
schen, die, wenn ich es recht sehe, von den hier anstehenden Proble-
men besonders umgetrieben sind. Doch ist die deutsch-französische
Diskussion ja nur eine unter vielen möglichen anderen. Was Deut-
sche und Franzosen hier unter sich behandelt haben, könnte natür-
lich mit großem Vorteil auch Gegenstand der Debatte zwischen an-
deren Wissenschaftsnationen und mit deren Vertretern sein.
In diesen weiteren Fragen geht es auch, und in besonderem Ma-
ße, um die verschiedenen nationalen Hintergründe, angefangen von
Rechtsgeschichte und Verfassungsrechtswissenschaft über Sozio-
logie und Ethnologie bis zu den verschiedenen Erfahrungen - und
Unsicherheiten - die uns unsere so verschiedenen Geschichten ein-
gebracht haben.
*
* *
CONCLUSION 267
Die nicht nur freundschaftliche, sondern auch von intellektuel-
ler Verständigungsbereitschaft und -fähigkeit geprägte Nähe, die
dieses Straßburger Kolloquium so erfreulich machte, führt aber
auch zu der Frage, wie das möglich war. Auf andern Feldern der Al-
ten Geschichte, wenn ich etwa an mein zweites Arbeitsgebiet, die
griechische Geschichte denke, ist ja Vergleichbares nicht oder zu-
mindest sehr viel weniger zu beobachten. Bei allen, wenn ich es
recht beurteile, guten persönlichen Beziehungen, ist es mir jeden-
falls nicht gelungen, engere wissenschaftliche Kontakte zu Jean-
Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet oder Nicole Loraux herzustel-
len. Ich habe meinerseits viel von ihnen gelernt, zur griechischen
Polis, ihrer Entstehung, auch zu griechischem Denken und zur Tra-
gödie, auch wenn ich nicht in allem von ihren Thesen überzeugt bin.
Aber eine Auseinandersetzung ist nicht zustande gekommen. Vidal-
Naquet schrieb zwar in der Einleitung zur deutschen Übersetzung
eines seiner Bücher, daß es ihm sehr wichtig sei, daß die Arbeiten
von mir und meinen Schülern in Frankreich aufgenommen wür-
den2. Obwohl ich ihm aber jede meiner Arbeiten geschickt habe, ha-
be ich mich nicht ein einziges Mal - bis auf ein weiteres Vorwort zu
einer deutschen Übersetzung3 - bei ihm auch nur zitiert gesehen.
Anders steht es natürlich bei Paul Veyne, auch bei Pauline Schmitt
sowie in den letzten Forschungsberichten von Edouard Will.
Beruht das auf irgendwelchen Zufällen persönlicher Art? Das
kann man nicht ausschließen, aber es lassen sich bestenfalls beliebi-
ge Vermutungen darüber anstellen.
Eine andere Möglichkeit wäre, es auf die Quellenlage zurückzu-
führen. Die Quellen fließen in Hinsicht auf das, was uns hier
vornehmlich interessiert, also Politik, Gesellschaft, Wirtschaft,
Recht und öffentliche Ordnung, für Rom viel dichter als für Grie-
chenland. Ein Buch wie das Staatsrecht Theodor Mommsens hätte
nicht einmal für Athen in auch nur annähernd ähnlich ausführlicher
Weise geschrieben werden können. Die ganze Quellengattung der
Briefe fällt für Griechenland aus, die Reden sind dort viel weniger
auf die Politik bezogen als etwa diejenigen Ciceros in Rom, um von
vielerlei gelehrten antiquarischen, juristischen und anderen Wer-
ken, die wir für Rom wenigstens in Fragmenten besitzen, ganz zu
schweigen.
Wenn aber die Quellen für eine Zeit reichlicher fließen, so ergibt
sich eine viel breitere Basis, auf der man sich bei deren Erforschung
treffen kann. Man hat viel mehr mit der Kontroll- und gegebenen-
2
Michel Austin/Pierre Vidal-Naquet, Gesellschaft und Wirtschaft im alten
Griechenland. München 1984. p. VIII.
3
Pierre Vidal-Naquet, Der Schwarze Jäger. Frankfurt/New York/Paris 1989.
p. 5 sq.
268 CHRISTIAN MEIER
falls Veto-Instanz der Quellen zu tun als dort, wo man, wie in Grie-
chenland, darauf angewiesen ist, vieles auf der Basis gewisser
theoretischer Voraussetzungen zu rekonstruieren. Und sobald man
dies einmal tut, setzt man notwendig viel mehr voraus - was sich
nicht zuletzt aus nationalen Traditionen ergibt, die dem je anderen
nicht oder kaum recht bekannt sind. Das gilt besonders, wenn so ei-
gentümliche Voraussetzungen wie die des "Poststrukturalismus"
der Forschung zugrunde gelegt werden.
Weiterhin mag es eine Rolle spielen, daß für Rom die gegensei-
tige Beeinflussung zwischen Deutschland und Frankreich doch wohl
im 19. Jahrhundert sehr viel stärker war als für Griechenland; denn
daran kann man in manchem doch anknüpfen.
Vielleicht wirkt hier aber auch ein Unterschied in der Eigenart
zwischen Griechen und Römern mit. Betrachtet man den griechi-
schen im Vergleich zum römischen Bürger4, so sticht auf der einen
Seite die Exklusivität der griechischen Bürgerschaften, auf der an-
dern der vergleichsweise sehr großzügige Umgang der Römer mit
ihrem Bürgerrecht ins Auge. Mit der Exklusivität der griechischen
Bürgerschaften hängt ihre Fähigkeit, zum ersten Mal in der Weltge-
schichte Demokratien zu entwickeln, eng zusammen.
Zudem beobachtet man einen auffälligen Unterschied in Hin-
blick auf Verleihung und Kontrolle des Bürgerrechts. Wo die Grie-
chen darüber, mindestens in Athen und verschiedenen anderen Po-
leis, genossenschaftlich entscheiden, etwa in den Phratrien, können
in Rom Herren ihre Sklaven zu Bürgern machen und liegt die Kon-
trolle über das Bürgerrecht (wie die Einteilung in die verschiedenen
Unterabteilungen) beim Censor. Dort also baut sich die Bürger-
schaft aus kleinen familienartigen Kultgemeinschaften (mit Funk-
tionen zugleich der Solidaritätsstiftung und -Vermittlung) auf, for-
male Organisation und gewisse "emotionale" Verbindungen kamen
insoweit zur Deckung. Hier verliert sich der Einzelne eher in der
Bürgerschaft, und das Problem der Einteilung aller in - sehr unglei-
che - Abteilungen steht im Vordergrund; die "Bindungen" aber, in
die er in der Regel um so mehr eingebunden ist, sind nicht genos-
senschaftlich, sondern in der Form der Clientel - und amicitia -
strukturiert.
Offensichtlich spielt es eine große Rolle, daß die römischen Ari-
stokraten grundsätzlich zu Großzügigkeit bei der Bürgerrechtsver-
leihung neigten, weil dadurch aufgrund der Verpflichtungsverhält-
nisse ihre eigene Gefolgschaft zunahm. Nicht immer in gleichem
4
Die Begründung des folgenden Vergleichs soll in einem Aufsatz im Jahr-
buch der Athener Akademie der Wissenschaften geliefert werden : Ch. Meier,
"Der griechische und der römische Bürger" (enscheint demnächst).
CONCLUSION 269
Maße, es konnte auch dazu kommen, daß sie sich gegenseitig blok-
kierten, auch gab es gewisse Rücksichten, aber, aufs Ganze gesehen,
kann man dies wohl so feststellen.
Mit den beiden genannten hängt dann aber ein weiterer großer
Unterschied zusammen : daß nämlich das griechische Bürgerrecht,
jedenfalls in einer so ausgeprägten Stadt wie Athen, aufs engste mit
dem Gedanken der praktischen Mitsprache verbunden war, abge-
kürzt gesagt : Es war wesentlich partizipatorisch. Das heißt : die Zu-
gehörigkeit und dann auch der Rang der Bürger mußte sich ganz
konkret in der Teilhabe, an Ämtern, am Rat, am Gemeinwesen ins-
gesamt, auch am Kriegswesen manifestieren. Wie ja übrigens auch
die Teilhabe an der Verteilung von Beute, von Opferfleisch und an
den Einnahmen der Stadt von großer Bedeutung war. Das römische
Bürgerrecht hingegen bestand vornehmlich in den Freiheitsrechten,
zu denen zwar auch das der Beteiligung an Politik gehörte, doch
spielte es bei weitem keine so große Rolle wie bei den Griechen. We-
der waren die Abstimmungen - in der Regel jedenfalls - in Rom so
frei wie dort, noch war die Gleichheit auch nur des Stimmrechts
praktisch gewährleistet, um vom Umfang dessen, was Gegenstand
von Volksabstimmungen sein konnte, zu schweigen. Das griechische
Bürgerrecht war, freilich nur innerhalb des Kreises der Berech-
tigten, gleich, das römische in seiner politischen Bedeutung aufs
vielfältigste abgestuft.
Und was sich auf das Bürgerrecht bezogen feststellen läßt, gilt
natürlich auch allgemein in Hinblick auf die Weise, in der die Grie-
chen einerseits, die Römer andererseits ihren Gemeinwesen zuge-
hörten. Die Griechen waren in einer eigenartigen Dialektik
einerseits auf Eigenständigkeit, andererseits offenbar aufs stärkste
auf Teilhabe am Gemeinsamen bedacht. Ihre Poleis sollten, zumal,
aber nicht nur in der Demokratie, nicht über die Bürger hinausra-
gen, also ganz konkret aus ihren Teilen bestehen, nicht mehr als die
Summe ihrer Teile sein5. Und entsprechend verstanden diese sich -
zumal die Angehörigen der mittleren Schichten (seit dem späten 6.
Jahrhundert), dann auch die der unteren - wesentlich als Bürger,
eben als Teile der Stadt. Eigenständigkeit und Teil-Sein, Leben aus
Eigenem und weitgehende Teilhabe am Gemeinsamen - das mag
5
Athen, zumal zur Zeit des Perikles, bildete eine Ausnahme : Diese Stadt
konnte, wie vor allem Nicole Loraux gezeigt hat, ihren Bürgern sehr fordernd ge-
genübertreten; sie bildete eine Einheit, die in bestimmten Hinsichten durchaus
mehr war als die Summe ihrer Teile. Sie näherte sich insofern, ganz unantik,
dem "Staat". Aber man darf den Unterschied nicht übersehen : Was die Polis
Athen ihren Bürgern gegenüber gleichsam zu einer selbständigen Größe machte,
war nicht ein politisches Zentrum, das sie repräsentiert hätte (eine Regierung et-
wa), sondern die Gemeinsamkeit ihrer Bürger, über die Generationen hin sowie
das, was sie für diese Polis getan hatten.
z/u CHRISTIAN MEIER
man als Widerspruch ansehen. Aber es ergänzte sich. Zum einen
hinderte das Streben nach Eigenständigkeit daran, zu viel dem Ge-
meinwesen zu überantworten; zum andern mußte man offenbar,
eben aufgrund des Eigenständigkeitsstrebens und da man einmal
zusammen mit den andern das Gemeinwesen bildete (und es nicht
über die Summe der Teile hinauswachsen lassen wollte), die Teilha-
be daran besonders stark betonen. Das aber war nur möglich, wenn
die Eigenschaft als Hausherr deutlich von der als Bürger abgegrenzt
war; dazu gehörte dann auch, auf verschiedene Weise, die auffällig
starke Segregation der Frauen aus der Öffentlichkeit.
In diesen Poleis konnte folglich die Gleichheit der Mittleren, so-
bald sie einmal erreicht war, sehr konkret verstanden werden und
sie konnte die Bürgereigenschaft stark und überaus wirksam be-
stimmen. Das bedeutete zugleich, daß die Solidarität der Gleichen
Macht entfalten konnte : als horizontale Solidarität, in der die Ge-
meinsamkeit mit den andern Gleichen typischerweise sehr viel stär-
ker empfunden wurde als vertikale Bindungen an Höhere.
In Rom dagegen war horizontale Solidarität nur im Senat die
Regel, in der plebeischen Opposition dagegen begegnet sie eher sel-
ten. Vorherrschend sind die vertikalen Solidaritäten zwischen Hoch
und Niedrig, die wesentlich in Clientel- und Freundschaftsbindun-
gen bestehen. Wohl sind alle Bürger Teile der Stadt, aber sie sind es
nicht in gleicher Weise. Die Verantwortung konzentriert sich bei Se-
nat und Magistraten, die Republik ist mehr oder weniger in der
Hand des Senatsadels, sie ist weit mehr als die Summe der ihr Zuge-
hörigen, ihrer Teile also.
Das Gros der römischen Bürger ist in der Politik weit mehr als
Anhänger und Freunde von Adligen denn als Bürger engagiert. Auch
ist deren häusliche Existenz und sind deren häusliche Interessen
nicht so stark aus dem Politischen herausgehalten. Sie bilden ja
wichtige Inhalte und Antriebe des Bindungswesens. Der Schwer-
punkt der Existenz der römischen Bürger lag eindeutig im privaten
Bereich. Von Gleichheit ist keine Rede. Sehr bezeichnend übrigens,
daß abgesehen von Getreideverteilungen - und gelegentlich derjeni-
gen von eroberten Äckern - gemeinsames Gut unter den Römern
nicht aufgeteilt wird. Was dort verteilt wird, kommt in aller Regel
von Adligen und ist für deren Anhänger, gelegentlich auch für die
Plebs im ganzen bestimmt, es soll diese für die Verteilenden gewin-
nen.
Und so war denn Rom auch viel offener, viel weniger ausge-
prägt, viel elastischer, so daß es in der Lage war, immer weitere
Kreise von ursprünglich Fremden zu integrieren, so daß sich sein
Bürgerrecht zu einem Bürgerrecht aller Reichsangehörigen entfal-
ten konnte.
Wenn ich recht sehe, so folgt daraus, daß die Griechen uns sehr
CONCLUSION 271
viel weniger zugänglich, also verständlich sind, anders gesagt, daß
es uns viel mehr Anstrengung bedeutet, uns einigermaßen in ihnen
und ihren Verhältnissen zurechtzufinden. Schließlich geht es hier
wesentlich auch um Fragen der Identität, genauer : der eigentüm-
lich zugespitzten Bürger-Identität, eine ziemlich tiefe Schicht also
des Verstehens. Und hinter ihr türmen sich all die Probleme auf, die
der intensive und tiefgreifende Kulturbildungsprozeß der Griechen
im Mythos, in der Tragödie, in der Kunst und in vielen sozialen und
mentalen Besonderheiten hinterlassen hat. Um so mehr erfährt man
die Fremdheit der Griechen.
Kein Wunder, daß man sich in der Europäischen Union so gern
auf das lateinische Europa beruft, ein Europa mithin, dessen Bürger
sich weit eher in den römischen als in den griechischen Bürgern
wiedererkennen könnten.
Vielleicht muß man damit rechnen, daß die Griechen uns nicht
nur größere Schwierigkeiten bei dem Versuch, sie zu begreifen, be-
reiten als die Römer, sondern daß hier auch Unterschiede zwischen
deutscher und französischer Geschichte eine größere Rolle spielen.
Das, vor und nach 1945 auf je verschiedene Weise, unterschiedliche
Verständnis von Staat und Demokratie etwa könnte sich hier
auswirken. Aber es mag auch die starke Identifizierung der Deut-
schen mit den Griechen dahin gewirkt haben, daß wir besondere
Schwierigkeiten haben, manche französischen Ansätze zu verste-
hen. Schließlich unterliegen wir dadurch doch wohl stärker der
Versuchung, zu idealisieren und die Griechen auf die uns zuge-
wandten, die "rationalen" Seiten zu beschränken - um von Rück-
ständen im anthropologischen Interesse zu schweigen.
*
* *
Doch wie dem auch sei, man wird nach der Erfahrung dieses
Kolloquiums jedenfalls festhalten dürfen, daß die Forschung auch
und wahrscheinlich gerade heute nicht nur der Beschäftigung mit
ihren Gegenständen, sondern auch der mit den verschiedenen An-
sätzen, ihnen beizukommen, bedarf. Je tiefer unsere Fragen greifen,
je weiter wir den positivistisch festzustellenden Grundbestand
durchdringen, um so mehr macht sich die Unterschiedlichkeit unse-
rer Wissenschaftstraditionen bemerkbar.
Den Organisatoren dieses Kolloquiums ist also sehr viel Dank
zu zollen; unter ihnen ganz besonders Jean-Michel David, der die
Tagung so gut und mit einer so wundervollen Gastfreundschaft or-
ganisiert hat.
Christian MEIER
18
LES AUTEURS ET UN CHOIX
DE LEURS PRINCIPAUX TRAVAUX SUR L'HISTOIRE
ROMAINE
lean ANDREAU (1939), Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales, Paris.
- Vie financière dans le monde romain. Les métiers de manieurs d'argent
(IVe s. av. J.-C. - IIP s. ap. J.-C), Rome, EFR, 1987.
- Parenté et stratégies familiales dans l'Antiquité romaine, J. Andreau et
H. Bruhns (éd.), Rome, EFR, 1990.
Adresse : EHESS, Centre de recherches historiques, 54 bd. Raspail,
F-75006 Paris.
Hinnerk BRUHNS (1943), Directeur de recherche au CNRS, Centre de re-
cherches historiques (EHESS. CNRS), Paris.
- Caesar und die römische Oberschicht in den Jahren 49-44 v. Chr. Unter-
suchungen zur Herrschaftsetablierung im Bürgerkrieg, Göttingen, Vanden-
hoeck & Ruprecht, 1978.
- Parenté et stratégies familiales dans l'Antiquité romaine, J. Andreau et
H. Bruhns (éd.), Rome, EFR, 1990.
Adresse : EHESS, Centre de recherches historiques, 54 bd. Raspail,
F-75006 Paris.
Jean-Michel DAVID (1947), Professeur à l'Université des Sciences Humaines de
Strasbourg. Institut d'histoire romaine. Directeur du Groupe de Recherche
d'Histoire Romaine (CNRS URA 988).
- Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine.
Rome : Rome, EFR, 1992.
- La Romanisation de l'Italie, Paris, Aubier, 1994.
Adresse : Université des Sciences Humaines de Strasbourg, Groupe de
Recherche d'Histoire Romaine, 22, rue René Descartes, F-67084 Strasbourg
Cedex.
Elisabeth ERDMANN (1942), Professorin für Didaktik der Geschichte an der
Universität Erlangen-Nürnberg.
- Die Rolle des Heeres in der Zeit von Marius bis Caesar. Militärische und
politische Probleme einer Berufsarmee, Neustadt/Aisch, Schmidt, 1972.
- Die Römerzeit im Selbstverständnis der Franzosen und Deutschen,
Lehrpläne und Schulbücher aus der Zeit zwischen 1850 und 1918, 2 Bde., Bo-
chum. Brockmeyer, (Dortmunder Arbeiten zur Schulgeschichte und zur his-
torischen Didaktik Bd. 19/1,2), 1992.
274 LES AUTEURS ET UN CHOIX DE LEURS PRINCIPAUX TRAVAUX
Adresse : Universität Erlangen-Nürnberg, Erziehungswissenschaftliche
Fakultät, Lehrstuhl für Didaktik der Geschichte, Regensburgerstr. 160,
D-90478 Nürnberg.
Jean-Louis FERRARY (1948), Directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes
Etudes (IVe section), Paris. Directeur de l'URA 1979 du CNRS.
- «Le Idee politiche a Roma nell'epoca repubblicana», dans Storia délie
idee politiche, economiche e sociali (diretta da L. Firpo), I, Turin, 1982,
p. 723-804.
- Philhellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête ro-
maine du monde hellénistique, de la seconde guerre de Macédoine à la guerre
contre Mithridate, Rome, EFR, 1988.
Adresse : URA 1979 CNRS-PARIS I-PARIS W-EPHE (Fonctionnement
des systèmes politiques et sociaux du monde romain et hellénistique),
Centre de recherches historiques et juridiques, 9, rue Malher, F-75181 Paris
Cedex 04.
Theodora HANTOS (1945), Professorin für Alte Geschichte an der Universität
Siegen.
- Das römische Bundesgenossensystem in Italien, München, Beck, 1983.
- Res publica constituta. Die Verfassung des Dictators Sulla, Stuttgart,
Steiner, 1988.
Adresse : Universität-Gesamthochschule Siegen, Fachbereich 1, Adolf-
Reichwein-Str. 2, D-57068 Siegen.
Karl-Joachim HÖLKESKAMP (1953), Professor für Alte Geschichte an der Uni-
versität zu Köln.
- Die Entstehung der Nobilität. Studien zur sozialen und politischen Ge-
schichte der Römischen Republik im 4. Jh. v.Chr., Stuttgart, F. Steiner, 1987.
Adresse : Universität zu Köln, Institut für Altertumskunde, Albertus-
Magnus-Platz, D-50931 Köln.
Michel Humbert (1939), Professeur à l'Université Panthéon-Assas (Paris II).
- Le remariage à Rome. Etude d'histoire juridique et sociale, Milan, Giuf-
fré, 1972.
- Municipium et civitas sine suffragio, Rome, EFR, 1978.
- Institutions politiques et sociales de l'Antiquité, Paris, Dalloz, 6ème éd.,
1997.
Adresse : Université Panthéon-Assas, 12, place du Panthéon, F-75231
Paris Cedex 05.
Jochen MARTIN (1936), Professor für Alte Geschichte an der Universität Frei-
burg im Breisgau.
- Spätantike und Völkerwanderung, München, 1987, 3. neubearb. Aufl,
1995.
- (Hrsg.), Das alte Rom, Gütersloh, 1994.
- (Hrsg. zus. mit R. Zoepffel) Aufgaben, Rollen und Räume von Frau
und Mann, Freiburg, 1989.
Adresse : Universität Freiburg i. Br., Seminar für Alte Geschichte,
Werthmannplatz, D-79085 Freiburg.
LES AUTEURS ET UN CHOIX DE LEURS PRINCIPAUX TRAVAUX 275
Christian M E I E R (1929), Professor für Alte Geschichte an der Universität Mün-
chen.
- Res publica amissa. Eine Studie zu Verfassung und Geschichte der spä-
ten römischen Republik. (1. Auflage 1966) Frankfurt a. M., S u h r k a m p ,
Neuausgabe, 1980.
- Caesar, Berlin, Severin u n d Siedler, 1982 (traduction française : Cé-
sar, Paris, Editions du Seuil, 1989).
Adresse : Universität München, Institut für Alte Geschichte, Geschwi-
ster-Scholl-Platz 1, D-80539 München 22.
Wilfried NIPPEL (1950), Professor für Alte Geschichte an der Humboldt-Uni-
versität zu Berlin.
- Aufruhr und «Polizei» in der römischen Republik, Stuttgart, Klett-
Cotta, 1988.
- Public Order in Ancient Rome, Cambridge, Cambridge University
Press, 1995.
Adresse : Institut für Geschichtswissenschaften, Humboldt-Universität
zu Berlin, Unter den Linden 6, D-10099 Berlin.
John SCHEID (1946), Directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes
(Ve section), Paris.
- Religion et piété à Rome, Paris, La Découverte, 1985.
- Romulus et ses frères. Le collège arvale, modèle du culte public dans la
Rome des empereurs, Rome, EFR, 1990.
Adresse : Ecole Pratique des Hautes Etudes, Section des sciences reli-
gieuses, Sorbonne, 45, rue des Ecoles, F-75005 Paris.
Yan THOMAS (1943), Directeur d'études à l'Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales, Paris.
- «Mommsen et l'Isolierung du droit», Préface à la réédition de : Theo-
dor Mommsen, Droit Public romain, Paris, de Boccard, 1984.
- «Idées romaines sur l'origine et la transmission du droit», Rechts-
historisches Journal, n° 5, 1986, p. 253-273.
Adresse : Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 54, bd. Raspail,
F-75006 Paris.
Jürgen VON UNGERN-STERNBERG (1940), Professor für Alte Geschichte an der
Universität Basel.
- Untersuchungen zum spätrepublikanischen Notstandsrecht. Senatus-
consultum ultimum und hostis-Erklärung, München, Beck, 1970.
- Capua im Zweiten Punischen Krieg, Untersuchungen zur römischen
Annalistik, München, Beck, 1975.
Adresse : Seminar für Alte Geschichte der Universität Basel, Heuberg
12, Postfach 631, CH-4003 Basel.
INDEX DES AUTEURS CITÉS*
Achard, G. : 245. Briscoe, J. : 224.
Alföldi, A. : 40, 135, 215, 238. Bruch, R. v. : 54.
Alföldy, G. : 36n, 39n, 179, 180, 185. Bruhns, H. : 217, 218, 219, 265.
Altheim, F. : 127, 131. Brunt, P.A. : 170, 180, 224, 230, 238.
Althoff, F. : 62. Bücher, K. : 180.
Andreau, J. : 31n, 217, 218, 219, 265, Burckhardt, J. : 51.
266. Burckhardt, L. A. : 227.
Annequin, J. : 244. Burguière, A. : 217.
Aulard, A. : 79. Burkert, N. : 127.
Aust, E. : 137. Busolt, G. : 161.
Babelon, E. : 58, 72. Cagnat, R. : 57, 58, 68, 71.
Bachofen, J. J. : 51. Canfora, L. : 174.
Badian, E. : 223, 224. Carcopino, J. : 59, 95, 130.
Baschwitz, K. : 67-68. Cerfaux, L. : 137.
Bayet, J. : 137. Charte, C. : 14, 19n, 26n, 27n, 28n.
Beloch, K. J. : 143-154, 160466. Christ, K. : 7, 8, 10, 39n, 95, 186.
Benda, J. : 52, 54. Cochin, A. : 68.
Bengtson, H. : 10, 95. Conze, A. : 58, 60.
Benrath, K. •. 37. Copet-Rougieï, E. •. 217.
Bérard, V. : 69. Corbier, M. : 218.
Bergemann, C. : 135. Counson, A. : 61.
Bergson, H. : 64. Croiset, A. : 62.
Berve, H. : 261. Cruchet, R. : 75.
Beseler G. v. : 122. Curtius, E. : 48, 55.
Bichler, R. : 36n. Cysarz, H. : 53.
Bickermann, E. : 132, 136. David, J.-M. : 215, 245, 247, 263, 265,
Blanc, C. : 45. 266.
Blanchet, D. : 84, 85. De Martino, F. : 181, 190.
Bleicken, J. : 16, 41n, 97, 108, 109, 130, De Rossi, G. B. : 48.
132, 179, 216, 240, 265n. De Sanctis, G. : 151.
Bloch, G. : 95, 111. Déchelette, J. : 65.
Boeck, A. : 38. Delamarre, J. : 57.
Boissier, G. : 48, 50, 55, 86, 87, 128, Deniaux, E. : 215.
213. Derouet, B. : 218.
Bollack, J. : 61, 62. Dessau, H. : 57, 68.
Boute, P. : 217. Deubner, L. : 127, 130, 136.
Bordet, M. : 95. Diels, H. : 58, 62, 63.
Borst, A. : 142. Dieterich, A. : 134.
Bouché-Leclerq, A. : 96, 128. D'Ippolito, F. : 117.
Boyancé, P. : 137. Domaszewski, A. v. : 136.
Bréhier, L. : 213. Dörpfeld, W. : 69, 70.
Bretone, M. : 117.
* N'ont été retenus que les auteurs dont les travaux étaient cités ou discutés.
Z./Ö INDEX DES AUTEURS CITÉS
Driault, E. : 79, 87. Gruen, E. S : 238.
Duby, G. : 217. Gsell, S. : 58.
Ducoudray, G. : 86. Guiraud, P. : 79, 85.
Duhn, F. v. : 70. Günther, L.-M. : 183.
Dumézil, G. : 127, 130. Günther, R. : 133.
Durkheim, E. : 62.
Durrbach, F. : 58, 59. Hantos, T. : 160.
Duruy, V. : 79, 84. Harmand, L. : 215.
Harnack, A. v. : 154.
Ellul, J. : 97. Hartog, F. : 49.
Erman, A. : 71, 78. Hasebroek, J. : 180, 181.
Esch, A. : lin. Haussoullier, B. : 57, 58, 69, 70, 71.
Etienne, Robert : 130. Hegel, G. W. F. : 141.
Etienne, Roland : 3 In. Heinze, R. : 131, 205, 213, 216.
Helbig, W. : 55, 58.
Fabre, G. : 215. Henzen, W. : 55, 139, 165.
Favory, F. : 244. Herzog, E. : 97, 109, 149,162, 200.
Felmett, U. : 181. Heurgon, J. : 95.
Ferrary, J.-L. : 264. Heuß, A. : 34n, 38, 39, 95, 130, 134,
Finley, M. : 8, 169, 180-184, 185, 189, 207, 261.
190, 192, 265. Heuzey, L. : 58, 71.
Fishwick, D. : 137. Hill, C. : 182, 190.
Flaig, E. : 248. Hiller von Gaertringen, F. : 57.
Flambard, J.-M. : 243. Hinard, F. : 247, 251.
Foucart, P. : 58. Hirschfeld, O. : 62, 154, 167.
Foucault, M. : 218, 219, 253, 256. Hobsbawm, E. : 238, 253.
Fougères, G. : 65. Hoffmann, W. : 130.
Fowler, W. W. : 127, 130. Hohl, E. : 10.
Fraccaro, P. : 151. Hölkeskamp, K.-J. 224.
Freyberg, H. U. v. : 182. Holleaux, M. : 52.
Freyburger, G. : 216. Holm, A. : 165.
Friedländer, 58, 128. Holwerda, A. E. : 138.
Frost, K. T. : 65. Homo, L. : 96.
Fueter, E. : 213 Homolle, T. : 58, 71.
Fulda, L. : 64. Hopkins, K. : 182.
Furtwängler, A. : 60. Hugo, G. : 123.
Fustel de Coulanges, N. D. : 48, 49, 50, Hülsen, C. : 58, 139.
51, 54, 55, 66, 74, 77, 110, 202, 205, Humbert, M. : 160.
206, 212, 213, 224. Humboldt, W. v. : 7.
Gabba, E. : lOn, 173. Ihering, R. v. : 59, 196, 197, 199.
Gagé, J. : 214.
Galsterer, H. : 160. Jacques, F. : 95, 140, 172.
Gardthausen, V. : 138. Jahn, O. : 165.
Gelzer, M. : 129, 177, 185, 191, 203, Jones, A. H. M. : 170.
207, 210, 212, 213, 214, 215, 221-230, Jullian, C. : 57, 59, 61, 74, 75, 76, 77.
238, 239.
Gercke, A. : 72. Karlowa, O. : 97, 200.
Gesche, H. : 136. Kaser, M. : 113, 121, 123, 125, 219.
Gibbon, E. : 123. Kehr, P. : 35n.
Girard, P. F. : 59, 99n. Kekulé von Stradonitz, R. : 60.
Gladigow, B. : 247. Kienast, D. : 138.
Gourevitch, D. : 219. Kjellén, R. : 202.
Greene, K. : Î75. Kloft, H : 176, 178, 182, 185, 190, 216.
Grenier, A. : 130. Koch, C. : 127, 134, 135, 136, 137, 138.
INDEX DES AUTEURS CITÉS 279
Kornemann, E. : 143, 157, 160, 167. Münzer, F. : 177, 185, 191, 202, 221-
Köves Zulauf, T. : 130. 226, 232.
Krüger, P. : 59, 99. Muth, R. : 137.
Kubitscheck, W. : 151.
Kubier, L. A. : 59. Naville, E. : 45.
Kunkel, W. : 97, 113, 114, 121, 122, 123, Neuhauser, W. : 207.
125. Nicolet, C. : lln, 16, 40, 95, 130, 177,
180, 182, 184, 191, 192, 215, 225, 241,
Lacour-Gayet, G. : 85. 245, 256, 261.
Lange, L. : 144, 200. Niebuhr, B. G. : 50, 82, 86, 103, 160,
Latte, K. : 127, 130, 136, 138. 195, 196, 199.
Lavisse, E. : 77, 79. Niese, B. : 165.
Le Bonniec, H. : 130. Nilsson, M. P. : 139.
Le Gall, J. : 130, 172. Nippel, W. : 7, 8.
Le Glay, M. : 130, 172. Nitschke, A. : 220.
Le Goff, J. : 253. Nock, A. D. : 136.
Leibnitz, G. W. : 117. Norden, E. : 139.
Lepsius, R. : 45.
Létroublon, M. : 244. Oertel, F. : 171.
Lévêque, P. : 254. Orlandos, A. : 69.
Lévêque-Clavel, M. : 254. Otto, W. F. : 131.
Lévi-Strauss, C. : 217.
Lintott, A. : 244, 246. Pais, E. : 164.
Lipsius, J. : 249. Pekary, T. : 181, 183.
Loraux, N. : 267, 269. Perrot, G. : 55, 58, 60.
Lübtow, U. v. : 97. Petersen, J. : lln.
Petit, P. : 95.
Madvig, J. N. : 97. Pfister, F. : 130, 136, 137.
Magdelain, A. : 129, 211. Pflaum, H. G. : 130, 255.
Marquardt, J. : 99, 137, 164. Piganiol, A. : 95, 127, 130, 214.
Martin, J. : 220, 228, 239. Pigeonneau : 79.
Marx, K. : 173-174, 189, 254-255. Pippidi, D. M. : 137.
Meier, C. : 7, lOn, lin, 16, 39n, 41n, Planck, M. : 71.
135, 177, 185, 186, 191, 192, 208-209, Pieket, H. W. : 192.
210, 212, 215, 224, 226, 227, 229n, Polanyi, K. : 193.
230, 231, 232, 239, 241, 246. Pomtow, H. : 60.
Mette-Dittman, A. : 220. Pötscher, W. : 137.
Meyer, Eduard : 54, 70, 71, 73, 77, 78, Pottier, Ë. : 58, 59, 71.
135, 144, 154, 155, 161, 165, 167, 171,
Prachner, G. : 175.
180, 188.
Preller, L. : 137.
Meyer, Ernst : 97, 207.
Premerstein, A. v. : 136, 200, 202, 212,
Michaelis, A. : 58.
214, 263.
Misch, G. : 64. Price, S. : 136.
Mispoulet, J. B. : 96, 111.
Momigliano, A. : lOn. Radke, G. : 130.
Mommsen, T. : 8, 46, 47, 48, 50, 51, 59, Reinach, S. : 59, 60.
63, 74, 75, 77, 84, 85, 86, 87, 88, 98- Reinach, T. : 60.
110, 128, 129, 139, 145, 146, 148, 151- Reitzenstein, R. : 57, 134, 135.
154, 155-156, 158-159, 160, 162, 164, Renan, E. : 46, 47, 48, 58.
165, 180, 190, 197-199, 207, 210, 213, Richard, J.-C. : 211.
221, 239, 264, 267. Ringer, F. : 52, 68.
Monod, G. : 79, 87. Robert, K. : 70.
Moreau, P. : 218. Robin, R. : 255.
Motte, O. : 56, 59. Rohde, G. : 134.
Müller, E. W. : 220. Rolland, R. : 66, 67.
280 INDEX DES AUTEURS CITÉS
Rose, H. J. : 127, 130, 136. Thomas, Y. : 217, 219, 262, 263.
Rosenberg, A. : 143, 154-1^1, 167. Thompson, E. P. : 238.
Rostovtzeff, M. I. : 171, 180- Tondriau, J. : 137.
Rougé, J. : 97. Toynbee, A. J. : 178.
Rouland, N. : 211. Treu, G. : 60.
Roussel, P. : 58.
Rude, G. : 238, 253. Usener, H. : 127, 245.
Rudolph, H. : 143, 157-160. 168.
^arùert,Tk. :\yi>.
Rüegg,W. : 88.
Vallet, G. : 30.
Rüpke, J. : 134.
Vernant, J.-P. : 267.
Samter, E. : 131. Veyne, P. : lOn, 184, 216, 219, 243, 245,
Savigny, F. C. v. : 113,114, H5,117,118, 249, 252, 256, 266, 267.
122, 123, 125, 126, 262. Vidal-Naquet, P. : 267.
Schaefer, H. : 261. Vittinghoff, F. : 40, 170.
Schartz, E. : 164. Vogt, J. : 40, 96, 135.
Schazmann, P. : 69, 70. Voigt, M. : 199.
Scheid, J. : 95, 172, 263, 264. Volkmann, H. : 135.
Schiavone, A. : 117.
Schilling, R. : 130, 216. Wagenvoort, H. : 136.
Schleich, T. : 183, 184. Waldeyer, W. : 62.
Schmidt, J. : 57. Weber, M. : 2, 118, 180, 189, 190, 193,
Schmitt, C. : 263. 202, 203, 261.
Schmitt, P. : 267. Welwei, K.-W. : 16.
Schmitt, J.-C. : 253. Werner, R. : 182.
Schneider, H. : 170, 179, l« 2 , 184, 185. Wesch-KIein, G. : 183.
Schulz, F. : 113, 115, 118, 12L 123, 125. Wickert, L. : 165.
Schwartz, E. : 71. Wieacker, F. : 211.
Scullard, H. H. : 222. Wiegand, T. : 61, 69, 70.
Seel, O. : 132. Wiehn, E. : 214
Seignobos : 79. Wierschowski, L. : 183.
Siber, H. : 97, 109. Wilamowitz-Moellendorff, U. v. : 57,
Simon, C. : 52, 213. 58, 61, 62, 67, 70, 71, 131, 154, 164,
Simshäuser, >N. : 160. ^bb.
Sirinelli, J.-F., 54. Wilcken, U. : 213.
Soboul, A. : 253. Will, E. : 267.
Soltau, W. : 204n. Willems, P. : 96, 111.
Sontheimer, K. : 54. Wissowa, G. : 59, 127, 131, 134, 137,
Späth, T. : 220. 139, 140.
Speyer, W. : 138. Wolf, F. A. : 69.
Strasburger, H. : 222, 225, 227, 233, Wünsch, R. : 134.
239.
Straub, J. : 40. Yavetz, Z. : 238.
Strauß, D. F. : 46.
Studniczka, F. : 60. Zanker, P. : 141.
Syme, R. : 130, 222. Zeller, J. : 49.
Zevort, C. : 79.
Taeger, F. : 137. Zoepffel, R. : 220.
Taylor, L. R. : 136, 137, 1$1- Zonabend, F. : 217.
TABLE DES MATIÈRES
Présentation 1-4
Hinnerk B R U H N S , Les institutions et les réseaux ou com-
ment des traditions nationales se construisent sur u n
objet commun. Éléments p o u r une comparaison des
institutions scientifiques françaises et allemandes en
histoire ancienne 5-43
Jürgen VON UNGERN-STERNBERG, Deutsche u n d franzö-
sische Altertumswissenschaftler vor u n d w ä h r e n d
des Ersten Weltkrieges 45-78
Elisabeth ERDMANN, Der Einfluß der historischen For-
schung in deutschen u n d französischen Schulbü-
chern a m Ende des 19. u n d zu Beginn des 20. Jahr-
hunderts 79-92
Karl-Joachim HÖLKESKAMP, Zwischen «System» u n d
«Geschichte». Theodor Mommsens Staatsrecht u n d
die r ö m i s c h e « V e r f a s s u n g » in F r a n k r e i c h u n d
Deutschland 93-111
Yan THOMAS, La romanistique allemande et l'État depuis
les pandectistes 113-125
Wilfried N I P P E L , Erneuertes Recht oder Rechtsge-
schichte? Anmerkungen zum Beitrag von Yan
Thomas 125-126
John SCHEID, La Religion romaine à la fin de la Répu-
blique et au début de l'Empire. Un problème géné-
ralement mal posé 127-139
Jochen MARTIN, Kommentar zum Beitrag von John
Scheid 140-142
Michel H U M B E R T , La romanisation de l'Italie, de Beloch à
Rudolph 143-160
Theodora HANTOS, Die Romanisierung Italiens von
Beloch bis Rudolph. Kommentar zum Beitrag
von Michel Humbert 160-168
Jean ANDREAU, Le rôle de l'économie dans le passage de
la République à l'Empire 169-184
^„^ TABLE DES MATIÈRES
Hinnerk BRUHNS, Zur Wirtschaftsgeschichte der rö-
mischen Republik in der deutschen Forschung.
Kommentar zum Beitrag von Jean Andreau 185-193
Jean-Michel DAVID, La clientèle, d'une forme de l'analyse
à lautre 195-210
Jürgen VON UNGERN-STERNBERG, Forschungen zur
Klientel in Rom. Kommentar zum Beitrag von
Jean-Michel David 211-216
Jochen MARTIN, Die französische Forschung zur römis-
chen Familie - Einige Anmerkungen 217-220
Jean-Louis FERRARY, Optimates et populares. Le pro-
blème du rôle de l'idéologie dans la politique 221-231
Karl-Joachim HÖLKESKAMP, Kommentar zu J.-L. Fer-
rary, Optimates et populares. Le problème du rôle
de l'idéologie dans la politique 232-235
Wilfried NIPPEL, Die plebs urbana und die politische Ge-
walt in der späten Republik im Spiegel der jüngeren
französischen und deutschen Forschung 237-252
Jean-Michel DAVID, Réponse à Wilfried Nippel 253-257
Christian MEIER, Conclusion 259-271
Les auteurs et un choix de leurs principaux travaux sur
l'histoire romaine 273-275
Index des auteurs modernes 277-280
Table des matières 281-282
Achevé d'imprimer
en octobre 1997
sur les presses de la
Scuola Tipografica S. Pio X
Via degli Etruschi 7
I - 00185 Roma
PUBLICATIONS
DE L'ÉCOLE FRANÇAISE
DE ROME
Piazza Navona 62
00186 Roma (Italie)