12 - Cours de Finances Publiques - 2017
12 - Cours de Finances Publiques - 2017
Union-Discipline-Travail
ET DE MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION
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COURS DE FINANCES
PUBLIQUES
Juin 2017
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INTRODUCTION GENERALE
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croissance économique en vue d’améliorer les aspects sociaux et culturels du
développement.
De nos jours, le budget cherche à influencer l’économie et est à juste titre
considéré comme un outil d’interventionnisme étatique.
C’est donc la fin de la neutralité budgétaire avec une procédure budgétaire
pilotée par le pouvoir exécutif.
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C’est dans ce contexte que s’inscrit ce cours de Finances Publiques qui se
voudra pratique afin de faire des apprenants, de futurs acteurs avertis en
matière de pratique budgétaire.
II / DEFINITION DU BUDGET
Le budget est un document prévisionnel qui fixe en cours d’année l’ensemble
des ressources et des charges nécessaires à la conduite de la politique
nationale pour l’année suivante. C’est le descriptif des comptes annuels,
c'est-à-dire un document comptable qui récapitule les moyens d’actions
financiers de l’Etat.
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✓ La loi de finances de l’année (LFA)
La loi de finances de l’année ou loi de finances initiale est celle qui « prévoit
et autorise pour chaque année civile, l’ensemble des ressources et des
charges de l’Etat ».
✓ La loi de finances rectificative (LFR) ou collectifs
budgétaires
Elle sert à modifier en cours d’année le contenu de l’autorisation budgétaire
initiale.
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Le principe de l’annualité budgétaire est posé par les articles 1 er et 8 de la loi
organique des finances publiques ivoiriennes et repris par les articles 4 et 6
de la directive n°05 de l’UEMOA relative aux lois de finances.
L’article 1er de la loi N°59-249 du 31 décembre 1959 organisant les
finances publiques ivoiriennes dispose que « pour chaque année, les lois de
finances déterminent la nature, le montant et l’affectation des ressources et
des charges de l’Etat ».
L’article 8 de cette même loi ajoute que « l’impôt est établi et autorisé
annuellement par la loi ».
Dans le cadre communautaire de l’UEMOA, la directive N°05/97/CM/UEMOA
du 16 décembre 1997, relative aux lois des finances, en son article 4, stipule
que « la loi de finances de l’année prévoit et autorise pour chaque année
civile, l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat ».
L’article 6 de cette directive confirme bien que « l’autorisation de percevoir
les impôts est annuelle ».
b-signification
Le principe de l’annualité signifie que l’Etat limite son horizon budgétaire à une
(01) année.
En Côte d’Ivoire, le budget est voté pour un (01) an et exécuté en une (01)
année ; la période d’exécution débutant le 1 er janvier et s’achevant le 31
décembre de l’année à laquelle le budget s’applique.
Ainsi, le principe interdit d’inscrire dans la loi de finances des crédits portant
sur plusieurs années ; le Gouvernement devant en conséquence utiliser
toutes les autorisations qui lui sont accordées dans l’année pour laquelle elles
le sont.
Politiquement, ce principe permet un contrôle régulier des Finances
Publiques ; techniquement, il oblige l’administration à produire ses comptes à
des périodes assez rapprochées en se calquant économiquement sur le
rythme de la vie socioéconomique.
Dans certains Etats, l’année budgétaire ne coïncide pas avec l’année civile.
C’est le cas de la Grande-Bretagne et de la Suède, où l’année budgétaire court
du 1er avril au 31 mars, ou encore des USA et du Sénégal où elle démarre le
1er octobre pour s’achever le 30 septembre.
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qui prend en compte l’exécution matérielle des opérations sans que nul ne
s’inquiète de leur date d’engagement. Autrement dit, l’on rattache la dépense
à l’année du décaissement effectif.
En Côte d’Ivoire, c’est le système de gestion qui est en vigueur, mais avec
une période complémentaire qui va de la fin du cycle budgétaire annuelle au
28 février pour les dépenses de fonctionnement et au 31 mars pour les
dépenses d’investissement.
Au système de gestion s’oppose le système de l’exercice dans lequel toutes
les dépenses sont rattachées au budget de l’année de leur engagement,
quelle que soit la date de leur exécution effective. Il a l’avantage de faciliter
le rapprochement entre les prévisions et les réalisations, mais il provoque un
arrêt tardif des comptes.
b-2 Le report de crédits
Cette disposition s’analyse comme une autorisation donnée aux services
administratifs d’utiliser l’année suivante, le solde des crédits inutilisés de
l’année en cours. Elle est une prérogative du Ministre des Finances et porte
sur les opérations en capital, les crédits de subventions économiques et
sociales, les crédits d’entretien d’immeubles et de matériels dans la limite du
dixième des crédits de la destination budgétaire visée, correspondant aux
dépenses engagées, liquidées et non ordonnancées.
De même, le solde de chaque compte spécial du trésor se reporte d’année
en année (article 25 de la loi organique).
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Cette règle indique que les recettes et les dépenses de l’Etat doivent figurer
au Budget pour leur montant intégral, leur montant brut. Cela signifie qu’il
est interdit de compenser ou de contracter les recettes et les dépenses de
façon à ne retenir dans le budget que le solde, c'est-à-dire un chiffre net. En
outre, toutes les recettes et toutes les dépenses doivent être prises en
compte, sans aucune omission ni dissimulation.
Les comptes spéciaux du trésor constituent l’exception majeure à cette règle
dans la mesure où ce sont les soldes de ces comptes qui sont transférés au
Budget Général.
✓ La règle de la non affectation
La règle de la non affectation des recettes aux dépenses indique que les
recettes de l’Etat se fondent en une masse unique, sans distinction de
provenance, pour couvrir l’ensemble des dépenses. Il est donc interdit
d’affecter une recette particulière à la couverture d’une dépense particulière
dans la mesure où toute recette perçue perd sa particularité en tombant
dans les caisses du trésor public (l’ensemble des recettes assurant
l’exécution de l’ensemble des dépenses).
Ainsi, au plan des principes, il n’y a pas de lien juridique entre recettes et
dépenses. Il en découle qu’en cours d’exécution du budget, les engagements
dépendent uniquement des autorisations de dépenses et non des avoirs en
caisse des comptables à un moment donné.
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Cela signifie que l’on prévoit pour une même année budgétaire des ressources
et des charges d’un égal montant. Il en résulte qu’un excédent, c'est-à-dire plus
de recettes que de dépenses, implique qu’un trop grand sacrifice a été
demandé aux citoyens ; et qu’un déficit, c'est-à-dire plus de dépenses que de
recettes, conduit l’Etat à recourir à l’emprunt ou à presser encore plus les
citoyens.
L’équilibre budgétaire peut être apprécié à deux moments : au moment de
l’élaboration du budget (Equilibre prévisionnel) ou après l’exécution de celui-
ci (Equilibre réel). Dans le dernier cas c’est à l’arrêté des comptes qu’on peut
véritablement mesurer la valeur de l’équilibre parce qu’on dispose de tous
les résultats de la gestion budgétaire.
En Côte d’Ivoire, le principe de l’équilibre budgétaire est consacré par l’article
80 de la constitution d’Août 2000 qui dispose que : « le projet de loi de
finances doit prévoir les recettes nécessaires à la couverture intégrale des
dépenses.
L’Assemblé Nationale vote le budget en équilibre ».
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L’équilibre budgétaire s’impose de nos jours car entre autres raisons,
accepter un déficit élevé conduit à reporter sur les générations futures le
fardeau de son financement, à rigidifier les dépenses ultérieures et à sacrifier
les priorités nationales.
En définitive, le principe de l’équilibre budgétaire est bien présent dans
l’esprit des décideurs même si sa réalisation reste aléatoire.
B- De la négation à la réhabilitation du
principe en Côte d’Ivoire
Cette négation est expressément consacrée par l’article 3 nouveau de la loi
organique de 1959, qui stipule que « les ressources et les charges de l’Etat
sont réparties entre deux catégories de budgets annuels : le Budget Général
et les budgets Annexes de fonctionnement des services publics ; le Budget
Spécial d’Investissement et d’Equipement ».
Avec la réforme budgétaire, le BGF et le BSIE ont été à nouveau fondus dans
un document unique.
A- signification du principe
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Les autorisations de crédits ne sont pas accordées en bloc mais sont plutôt
fractionnées en crédits ayant chacun une affectation précise. Ce qui veut dire
qu’il n’est possible d’imputer sur un chapitre que des dépenses
correspondant à l’objet et sans dépassement du chiffre voté par le
parlement. Ce principe de la spécialité budgétaire a pour corollaire
l’obligation de répartir les crédits en :
- Titres (mise en évidence des types de dépenses économiques)
- Sections (institutions et ministères),
- Chapitre (Destinations),
- Nature de dépenses (Articles, Paragraphes, Lignes).
Plus la spécialisation des crédits est étroite, plus le contrôle de l’autorité
délibérante est strict sur l’autorité dépensière.
En pratique, les crédits sont spécialisés par chapitre groupant les dépenses
selon leur nature ou selon leur destination.
Ce principe de la spécialité budgétaire qui exige que chaque crédit doit être
utilisé pour les dépenses correspondant à la nature ou à la destination
apparaît trop rigide et a appelé des assouplissements.
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Si dans le principe, tous les crédits budgétaires ont un caractère limitatif, dans
la pratique les dépenses dont on ignore le montant exact et qui vont être
réglées existent. Il s’agit des crédits évaluatifs qui peuvent dépasser la
dotation initialement inscrite (dette publique, dette viagère, pension, frais de
justice et de réparation civile).
c- Fonds spéciaux ou fonds secrets
Les fonds spéciaux sont sans affectation officielle. Ils sont relatifs aux crédits
ouverts en bloc qui n’ont pas d’affectation spéciale et qui peuvent servir à
financer le contre-espionnage, de même que les subventions politiques tant
à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Etat.
Ces crédits ainsi soustraits à toutes les règles de la procédure budgétaire et
de la comptabilité publique, apparaissent comme la manifestation, sous
l’angle financier de la raison d’Etat. Comme quoi, même dans un Etat de
droit il subsiste toujours une certaine marge discrétionnaire impartie aux
pouvoirs publics.
d- Crédits provisionnels
Les crédits provisionnels correspondent à des besoins dont la survenance ne
dépend que partiellement de la volonté de l’administration et qui de ce fait
ne peuvent être connus avec exactitude au moment du vote du budget. Sont
classés dans cette rubrique, les frais de réceptions de personnalités
étrangères, les charges d’organisation d’élections, le coût d’entretien des
services pénitentiaires...).
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Deuxième partie : LE PROCESSUS DE
PREPARATION, DU VOTE
ET DU CONTROLE DU
BUDGET DE L’ETAT
Chapitre I : L’ELABORATION DU BUDGET DE L’ETAT
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Les recettes publiques sont composées de ressources intérieures et de
ressources extérieures
a.1 les ressources intérieures
✓ Les recettes fiscales : leur niveau découle des projections macro-
économiques, du renforcement des capacités de recouvrement des
régies financières ;
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b.1 Le service de la dette publique : Le service de la dette est
budgétisé conformément à l’échéancier signé avec les créanciers. Il est
composé des intérêts et du capital dû. Au titre de la gestion budgétaire 2007
par exemple, les dépenses de la dette publique se sont chiffrées à 545,7
milliards FCFA.
b.2 Les dépenses ordinaires : elles comprennent les dépenses
de personnel, d’abonnement (eau, électricité, gaz, téléphone, poste) et les
autres dépenses de fonctionnement. Leur détermination tient compte des
actions et opérations structurelles, des mesures et actions nouvelles et des
engagements antérieurs non dénoués.
b.3 Les dépenses d’investissement : le niveau des dépenses
d’investissement est fonction des projets retenus dans le Programme
d’Investissement Public (PIP) et des accords de financement en ce qui
concerne les emprunts et dons projets ;
b.4 Les dépenses des comptes spéciaux du trésor : elles
concernent les opérations dont l’exécution requiert un suivi particulier. Il
s’agit notamment des comptes de prêts qui programment les
remboursements de prêts rétrocédés à des entreprises et des comptes de
garanties et d’avals qui prévoient le remboursement des garanties actionnées
ou des dettes avalisées .
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acteurs selon leurs propres besoins qui tiennent compte elles-mêmes des
orientations données par le Gouvernement.
Ces priorités doivent être contenues dans les enveloppes communiquées. Les
besoins complémentaires non couverts par ces dotations peuvent être
exprimés. Ces besoins feront l’objet d’un examen lors des conférences
budgétaires. La ventilation des crédits par les DAAF est transmise à la
Direction Générale du Budget et des Finances par voie électronique grâce au
Système Intégré de Gestion Budgétaire (SIGBUD).
Peuvent alors commencer les conférences budgétaires.
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Une fois que le projet de Loi de finances est établi dans le respect de
l’équilibre financier déterminé, il est fait obligation de lui conférer la valeur
juridique donnant valeur d’autorisation aux prévisions effectuées.
En ce qui concerne l’Etat, c’est le Parlement qui est habilité à donner cette
autorisation de dépenses et de recettes. S’il est vrai que cette compétence
ne fait aucun doute au plan formel, il aussi plausible que l’Exécutif joue un
rôle si capital que l’on est tenté d’affirmer que le pouvoir financier de
l’Assemblée Nationale est d’autant réduit.
Aussi, étant donné que la procédure suivant laquelle cette autorisation est
donnée diffère de celle qui encadre les lois ordinaires, convient-il d’examiner
la procédure de vote de la Loi de finances et le pouvoir financier de
l’Assemblée Nationale.
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dévolu aux rapporteurs qui procèdent à l’examen technique et approfondi du
projet de Loi de finances.
Outre le Rapporteur général chargé d’une analyse globale du projet du
Gouvernement, s’attèlent à cette tâche des Rapporteurs spéciaux, qui
étudient les budgets des différents Ministères et les Comptes Spéciaux du
Trésor.
Le Rapporteur général présente une vue d’ensemble sur la situation
économique générale et sur l’analyse globale du budget avant de l’exposer
devant les députés en séance publique.
c. Vote en séance plénière
L’examen en séance plénière a lieu généralement entre novembre et
décembre. Elle débute par un discours du Rapporteur général de la CAEF. Le
Ministre en charge du Budget, lui succédant rappelle le contexte économique
dans lequel s’insère le projet de Loi de finances, la politique économique et
financière du Gouvernement et expose les objectifs et le contenu des
principales dispositions du projet de Loi de finances. Le processus débouche
sur un débat général.
Ensuite, le projet de budget est examiné dans ses articles. La discussion de
cette première partie s’achève par le vote de l’article consacrant l’équilibre
financier.
La seconde partie du débat fixe les grandes catégories des dépenses. Ce
débat a un aspect fondamental car l’examen du budget donne l’opportunité
aux députés d’évoquer et de discuter de façon intégrale les différentes
politiques menées par le Gouvernement. C’est l’un des intérêts de la
discussion budgétaire au Parlement.
Le Ministre en charge du Budget défend le projet de Loi de finances, quitte à
se faire accompagner par certains de ses collègues pour des questions
techniques propres à leurs domaines.
Avec les nouvelles reformes des Finances Publiques, chaque Ministre et
Président d’Institutions constitutionnelles va défendre son projet de budget.
Cet examen est clos par l’approbation de l’ensemble du projet de Loi de
finances.
Le vote est une décision des parlementaires portant sur les opérations de
recettes et de dépenses. Par cet acte, le Parlement donne pouvoir au
Gouvernement d’exécuter le budget selon les dispositions votées.
Cependant, l’Assemblée Nationale dispose de soixante-dix (70) jours, après
le dépôt du projet de Loi de finances pour se prononcer. Si le vote
n’intervient pas dans ce délai, les dispositions du projet peuvent être
éventuellement mises en vigueur par ordonnance du Président de la
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République. Sinon, le Gouvernement saisit pour ratification l’Assemblée
Nationale convoquée en session extraordinaire dans un délai de quinze (15)
jours. Si le Parlement n’a pas voté le budget à la fin de cette session
extraordinaire, le budget est établi définitivement par ordonnance.
Mais si le projet de Loi de finances n’a pas pu être déposé à temps utile par
le Gouvernement pour être promulgué avant le 1 er janvier de l’année à
laquelle il s’applique, alors le Président de la République demande d’urgence
à l’Assemblée Nationale l’autorisation de reprendre le Budget antérieur par
douzièmes provisoires (article 80 de la constitution).
Au total, le projet de Loi de finances une fois voté, doit être exécuté
conformément aux dispositions de la Loi de finances. Son vote ouvre les
possibilités de recettes et de dépenses et permet à l’Administration publique
d’utiliser une certaine masse de deniers publics pour certaines fins et
pendant un temps précis.
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Il faut souligner que ce délai de 70 jours sanctionne l’inertie du législateur.
En revanche, si le projet de Loi de finances n’a pas pu être déposé en temps
opportun pour être promulgué avant le 1er janvier de l’année à laquelle elle
s’applique, le Président de la République demande d’urgence au Parlement
l’autorisation de reprendre le budget de l’année précédente par Douzièmes
Provisoires.
Au total, toutes ces mesures sont prises pour surmonter la lenteur, voire
l’hostilité du Parlement au projet de Loi de finances.
b. Protection de l’équilibre financier
L’importance des prérogatives du Gouvernement dans la discussion
budgétaire se manifeste par les limites exceptionnelles qui sont apportées au
pouvoir d’amendement des parlementaires. Cette stricte limitation du droit
d’amendement du Parlement découle de la Constitution et de la Loi
Organique.
En effet, selon l’Article 78 de la Constitution : « les propositions et
amendements déposés par les membres du Parlement ne sont pas
recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit une
diminution des ressources publiques, soit la création ou
l’aggravation d’une charge publique, à moins qu’ils ne soient
accompagnés d’une proposition d’augmentation de recettes ou
d’économies équivalentes ».
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✓ d’émettre des titres de recette ;
✓ d’émettre des ordres de paiement.
Les compétences des ordonnateurs sont définies selon que les crédits de
l’Etat sont déconcentrés ou non.
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A cet égard, il ressort que la responsabilité des Ministres est purement
politique car leurs décisions ont plutôt une tendance gouvernementale
qu’administrative. Dans cette optique, ils sont responsables devant le
Président de la République qui les nomme et met fin à leur fonction.
b. Les Maires
Le Maire est élu par les habitants de sa Commune. Et c’est devant cet
électorat qu’il est responsable. Cependant, en qualité de représentant de
l’Etat au sein de la Commune, il est sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur.
Sur ce, en cas de faute lourde, il peut être démis de ses fonctions par cette
tutelle administrative.
c. Les autres ordonnateurs
S’ils se rendent coupables de faute de service (avertissement, blâme,
rétrogradation, suspension, révocation …), ils engagent leur responsabilité
disciplinaire. Ils peuvent aussi voir leur responsabilité pénale engagée s’ils
sont coupables d’actes qualifiés de délit et de crime. De même, leur
responsabilité civile est matérialisée par le paiement de dommages et
intérêts.
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comptables supérieurs. Ces derniers sont nommés par décret du Président
de la République tandis que les premiers le sont par arrêté du MEF.
- Comptables patents et comptables de fait
Le critère retenu est la nomination. Tandis que les comptables patents sont
ceux qui ont été régulièrement nommés es qualité pour exercer les fonctions
de comptables publics, les comptables de fait sont des agents qui
s’immiscent dans la gestion des comptables patents.
- Comptables directs du Trésor et comptables spéciaux
Les comptables directs relèvent directement de la Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique (DGTCP). Les autres sont des
comptables spéciaux tels que les receveurs d’impôts et les receveurs de
douanes.
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Il consiste à émettre un ordre de recettes en vertu duquel, le comptable
public pourra recouvrer la créance.
✓ Liquidation
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Cette opération permet de calculer ce que chaque contribuable va devoir
payer. Elle diffère selon qu’il s’agit d’un impôt de répartition ou d’impôt de
quotité.
Ainsi, pour les impôts de répartition, la somme totale que doit rapporter
l’impôt est-elle déterminée à l’avance au plan national et ensuite répartie
entre les différents bénéficiaires (Communes et Etat). Enfin, au niveau de
chaque Commune, la part de chaque contribuable est calculée en fonction
des bases d’imposition des contribuables.
En ce qui concerne les impôts de quotité, la liquidation est assurée en
fonction d’un taux appliqué à la matière imposable de chaque contribuable.
En Côte d’Ivoire, la plupart des impôts directs sont des impôts de quotité.
Pour liquider ces impôts, les services de la DGI se chargent de la confection
d’une matrice générale pour un ensemble d’impôts et de matrices spécifiques
pour certains impôts.
✓ Emission du rôle
L’émission d’un titre de perception que l’on appelle le rôle vaut ordre de
recettes. Les impôts directs sont généralement recouvrés par voie de rôle.
Un rôle est la liste nominative alphabétique des contribuables par exemple
d’une Commune avec une indication des bases imposables et du montant
réclamé à chaque contribuable. Ce rôle est confectionné par les services des
contributions directes à partir des matrices d’impôts. Il est ensuite
homologué par le Directeur Départemental des services fiscaux qui implique
la certification du contenu du rôle par une vérification.
a.2 Opérations du comptable
En matière d’impôts directs, le comptable effectue la prise en charge du rôle
et se charge de son recouvrement.
✓ Prise en charge du rôle
Les rôles homologués sont pris en charge par les comptables directs du
Trésor Public, qui deviennent personnellement responsables sur leurs biens
propres de leur recouvrement. Toutefois, lorsque le comptable a fait
diligence pour recouvrer l’impôt mais que ses efforts ont été vains, il existe
une possibilité de faire admettre en non-valeur les contributions
irrécouvrables.
✓ Recouvrement
Pour cette opération, le contribuable reçoit un avis d’imposition qui n’est en
réalité qu’un article du rôle indiquant le montant de l’impôt, la date de mise
en recouvrement et le délai de paiement.. Il existe aujourd’hui des
possibilités permettant de procéder à des paiements mensuels par
acomptes. Lorsque le contribuable refuse de payer, les comptables mettent
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en œuvre le recouvrement forcé. Après la lettre de rappel, le comptable rend
exécutoire le rôle nominatif en décernant une contrainte. Un
commandement est notifié par lettre recommandée au contribuable puis,
après un certain délai (trois jours), si ce commandement est resté sans effet,
le Trésor Public fait procéder à la saisie-exécution mobilière et immobilière,
et suivie de la vente aux enchères publiques de ce qui a été saisi.
C. Perception des impôts indirects
En matière d’impôts indirects, la séparation entre ordonnateur et comptable
est atténuée. Les opérations d’assiette et de liquidation des impôts indirects
ne présentent pas de spécificité par rapport aux impôts indirects. En
revanche, les impôts indirects ne donnent pas, en principe, lieu à, l’émission
d’un titre de perception sauf en cas de refus par le contribuable.
Dans le cas général, l’on passe directement de la liquidation au
recouvrement. Ces taches normalement séparées sont pourtant assurées par
la même administration financière que sont les services des douanes et ceux
des impôts.
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Le Ministre de l’Economie et des Finances est l’unique ordonnateur des
opérations de recettes et de dépenses sur le budget de l’Etat. Les DAAF, le
corps préfectoral et les autres ordonnateurs sont des ordonnateurs délégués.
Chaque Ministre est l’administrateur des crédits alloués à son département.
Les responsables des structures bénéficiaires de deniers publics sont des
administrateurs de crédits délégués.
Les dépenses publiques s’exécutent selon deux procédures qui sont:
- la procédure normale ;
- la procédure simplifiée.
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Le dossier physique composé de la demande d’engagement, des factures,
des bons de commande et du bordereau de transmission est également
transmis au Contrôleur Financier.
Le Contrôleur Financier a désormais le dossier électronique et le dossier
physique et dispose de huit jours pour contrôler les éléments ci-après :
- la qualité de l’administrateur de crédits;
- la disponibilité des crédits;
- le rythme de consommation des crédits;
- l’imputation budgétaire;
- l’utilité de la dépense;
- la réalité du coût de la dépense;
- la conformité du projet de dépense avec la réglementation en vigueur.
A l’issue de ce contrôle, le Contrôleur Financier peut adopter les trois
attitudes suivantes :
- si le dossier comporte des irrégularités, il le rejette et édite les motifs du
rejet;
- si le Contrôleur Financier a besoin d’un complément d’information pour
mieux apprécier le projet de dépense, il diffère son visa et en édite les
motifs;
- si le contrôle est concluant, le Contrôleur Financier vise le dossier physique
et électronique, il édite un bordereau de transmission et retourne le dossier
physique à l’ordonnateur délégué.
Le dossier électronique quant à lui retourne chez l’ordonnateur délégué dès
le rejet, le différé ou le visa.
La procédure est suspendue pour le différé jusqu’à satisfaction des motifs,
elle est interrompue et est à reprendre pour le rejet.
L’ordonnateur délégué en recevant le dossier visé du Contrôleur Financier,
effectue la revalidation de l’engagement, édite les copies n°2 et 3 du bon de
commande et un bordereau d’envoi au fournisseur. Il édite par ailleurs une
étiquette de validation qu’il appose à l’endroit prévu à cet effet sur le bon de
commande original.
L’étiquette de validation comporte les mentions ci-après :
o N° d’engagement,
o Nom du fournisseur,
o N° compte contribuable du fournisseur,
o la date de notification au fournisseur,
o le nom du DAF,
o la signature du DAF,
o le cachet du DAF,
o un numéro de contrôle de l’étiquette.
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L’ordonnateur délégué notifie le bon de commande original étiqueté
accompagné du bordereau d’envoi soit directement au prestataire de service,
soit par le biais de l’administrateur de crédit délégué.
Le bon de commande est l’élément juridique qui garantit au prestataire ou
au fournisseur de l’Etat l’assurance d’un paiement à l’issue de sa prestation.
La notification du bon de commande étiqueté marque la fin de l’étape de
l’engagement.
✓ L’ordonnancement de la dépense publique
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- montant de la liquidation (vérification horizontale et verticale de la
liquidation).
Le second consiste à vérifier la réalité du service fait. A cet effet, le
Contrôleur Financier ou un de ses collaborateurs se rend sur place pour se
rendre compte de l’effectivité de la livraison conformément à la commande.
Ce contrôle effectué après la livraison est appelé contrôle après coup. Si le
Contrôleur Financier participe à la livraison, il s’agit d’un contrôle
concomitant.
Le contrôle de la réalité du service fait après coup (après livraison) n’est pas
à confondre avec le contrôle a posteriori qui intervient après le paiement de
la dépense et qui est exercé par les inspections. Le contrôle financier est un
contrôle a priori quel que soit les modalités.
Si la livraison n’a pas été faite ou si elle est partielle, ou si le contrôle sur
pièces révèle des irrégularités dans le dossier, le Contrôleur Financier rejette
le dossier, s’il a besoin d’un complément d’information, il diffère son visa.
Si le dossier satisfait au contrôle, le Contrôleur Financier vise le dossier
physiquement et électroniquement, édite un bordereau de transmission,
signe les mandats physiques et transmet le dossier à l’ordonnateur délégué
après avoir archivé un exemplaire de chaque pièce constitutive du dossier.
A la réception du dossier du Contrôleur Financier, deux possibilités s’offrent à
l’ordonnateur délégué : il peut annuler le mandat ou le revalider.
En cas de revalidation, il signe le mandat papier, édite le bordereau de
transmission et envoie le dossier électronique et physique au Trésor pour
paiement après avoir conservé un exemplaire de chaque élément constitutif
du dossier.
C’est la fin de la phase administrative ou budgétaire de l’exécution de la
dépense publique. L’étape suivante concerne la phase comptable.
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- la certification du « service fait »;
- le visa du contrôleur financier et de l’ordonnateur ;
- l’opposition ou non au paiement;
- le caractère libératoire du règlement.
Si le Comptable relève des irrégularités, il rejette le dossier et en notifie les
motifs à l’ordonnateur délégué. La procédure est interrompue et
l’ordonnancement est à reprendre.
Si le Comptable a besoin d’un complément d’informations pour la prise en
charge, il diffère son visa et en notifie les motifs à l’ordonnateur délégué.
Si le contrôle est concluant, le Comptable vise électroniquement le mandat,
signe le mandat papier, édite une fiche d’écriture des mandats pris en
charge.
✓ mise en règlement
Il s’assure qu’il n’y a pas de suspension ou d’opposition au paiement du
mandat.
La suspension ou l’opposition peut provenir de :
- l’Etat;
- le Receveur Général des Finances ou les autres comptables;
- les impôts;
- le payeur d’un autre pays;
- la justice;
- l’ordonnateur en cas d’un double mandatement.
S’il n’y a pas de suspension ou d’opposition, le comptable procède à
l’édition des documents de paiement selon le mode de paiement demandé
par le bénéficiaire. Ces documents sont :
- Avis de crédit,
- Ordre de virement,
- Bon de caisse,
- Ordonnance délégation,
- Avis de règlement,
- Bordereau de règlement.
L’avis de règlement est envoyé directement au bénéficiaire pour son
information.
L’avis de crédit, l’ordre de virement et bordereau de règlement
correspondant sont envoyés à l’établissement bancaire.
Le bon de caisse est envoyé au bénéficiaire et le bordereau correspondant
au comptable assignataire.
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L’ordonnance de délégation (à l’étranger) et le bordereau de règlement
correspondant sont envoyés au comptable assignataire à l’étranger.
Le Comptable après le paiement garde les éléments suivants :
- 1 original du mandat;
- 3 exemplaires de la facture certifiés « service fait »;
- 1 bordereau d’envoi du fournisseur;
- les pièces justificatives;
- 1 copie de la délégation de crédits.
Tel est le circuit de la dépense publique exécutée en procédure normale.
Certaines natures de dépenses limitativement citées à l’article 68 du décret
n° 98-716 du 16 décembre 98 sont éligibles à la procédure simplifiée.
B- La procédure simplifiée
Dans cette procédure, l’engagement et l’ordonnancement se font de façon
concomitante réduisant la phase budgétaire en une seule étape
(engagement ordonnancement) suivie de la phase comptable.
35
Le contrôleur financier reçoit le dossier tel que transmis par le DAAF et
procède aux contrôles de son ressort à savoir :
- l’éligibilité de la dépense à la procédure simplifiée ;
-la qualité de l’administrateur de crédits ;
-la disponibilité des crédits ;
-le rythme de consommation des crédits ;
-l’imputation budgétaire ;
-la réalité du service fait, le cas échéant ;
-la validité de la certification du “service fait’’.
A l’issue de ces contrôles, le Contrôleur Financier rejette le dossier, diffère
son visa ou vise le dossier selon qu’il a relevé des irrégularités, constaté un
besoin d’information complémentaires ou constaté que le contrôle est
concluant.
Dans ce dernier cas, il édite le bordereau de transmission, vise le dossier
physique et le dossier retourne chez l’ordonnateur délégué.
Ce dernier, s’il n’a aucun motif d’annuler le mandat, le revalide, édite le
bordereau de transmission signe le mandat visé du Contrôleur Financier et
transmet le dossier électroniquement et physiquement au Comptable
assignataire de la dépense pour la phase comptable qui va se décliner en
prise en charge et en mise en règlement.
Les dépenses éligibles à la procédure simplifiée (article 68 du
décret 716-98 du 16 décembre 1998)
36
- les dépenses sur fonds spéciaux, et les actions et interventions urgentes
engagées par les organes de souveraineté ;
- les subventions d’exploitation et les autres transferts courants, dont les
bourses et les pécules des stagiaires ;
- l’amortissement et la charge de la dette publique ;
-les charges exceptionnelles énumérées dans la nomenclature budgétaire de
l’Etat à l’exception des redevances SGS ;
- les prises de participation, placements, cautionnement, souscriptions ;
-les transferts en capital ;
- les prêts et avances ;
-le renouvellement des avances aux régisseurs ;
-les ordonnances de délégation au profit des ambassades et services
techniques à l’étranger ;
-les décisions express du ministère chargé des finances autorisant le recours
à la procédure simplifiée ;
-la régularisation des dépenses payées sans ordonnancement préalable ;
-l’enregistrement de dépenses réalisées directement par des bailleurs de
fonds lorsque l’Etat leur en a confié la maîtrise d’ouvrage, dans les conditions
fixées à l’article 81 du présent décret.
Les différentes décisions sanctionnant les actions de l’ordonnateur délégué,
du contrôleur financier et du comptable assignataire sont :
La Validation (ordonnateur délégué) ou le visa (Contrôleur
Financier et Comptable : c’est l’action qui consiste à approuver un dossier
régulier dans le circuit de la dépense publique au niveau du contrôle
financier et de la prise en charge comptable par apposition d’un visa.
Le Visa différé : c’est l’action qui consiste à retarder pour une période de
temps donné l’apposition du visa.
Le Rejet : Si le dossier est irrégulier, le contrôleur financier ou le comptable
assignataire le rejette. Ce résultat implique une reprise de l’engagement ou
de l’ordonnancement.
37
Troisième partie : LES INNOVATIONS
DES FINANCES PUBLIQUES
Cette troisième partie du cours sera consacrée à la présentation des
innovations majeures des finances publiques issues des nouveaux textes
transposés :
- Loi organique n°2014-336 du 05 juin 2014 relative aux lois de
finances ;
- Loi organique n°2014-337 du 05 juin 2014 portant code de
transparence dans la gestion des finances publiques ;
- Décret n°2014-416 du 09 juillet 2014 portant règlement
général sur la comptabilité publique ;
- Décret n°2014-417 du 09 juillet 2014 portant nomenclature
budgétaire de l’Etat ;
38
- Décret n°2014-418 du 09 juillet 2014 portant plan comptable
de l’Etat ;
- Décret n°2014-419 du 09 juillet 2014 portant tableau des
opérations financières de l’Etat.
A. Présentation
40
nouvelles normes et techniques de gestion des finances publiques et
l’alignement sur les meilleures pratiques internationales (nouveau
référentiel comptable, nouvelle version du MSFP du FMI 2001, etc.).
b. L’introduction davantage de transparence
L’obligation d’introduire davantage de transparence et de rigueur dans le
dispositif normatif de gestion publique apportée par le code de
transparence du 29 juin 2000 constitue la deuxième motivation de cette
réforme.
41
A. la notion de la gestion axée sur les résultats
a. La définition du concept de la GAR
La gestion par résultats ou axée sur les résultats est un mode de gestion qui
mise simultanément sur la qualité des services aux citoyens, l’optimisation
des ressources disponibles et la conformité aux règles administratives.
b. Les principales préoccupations de la GAR
La GAR permet de répondre au besoin croissant d’information de la société
civile et donc à l’enjeu d’exigence démocratique de compte rendu.
La GAR permet de satisfaire le besoin de l’Etat de disposer de systèmes
d’information pertinents, constituant des aides efficaces à la décision.
La GAR se préoccupe également de renforcer l’efficacité des politiques de
développement, axant la gestion publique sur les résultats à atteindre et
mesurant la performance.
B. Les notions de programmes et de dotations
a. Les programmes
a.1- La définition du programme
Avec les nouvelles réformes des finances publiques, le budget de l’Etat n’est
plus spécialisé par chapitres (destinations budgétaires) et par lignes
budgétaires mais par programmes, reposant sur des politiques publiques.
Article 15 de la LOLF : « …Un programme regroupe les crédits
destinés à mettre en œuvre une action ou un ensemble cohérent
d’actions représentatif d’une politique publique clairement définie
dans une perspective de moyen terme.
Les crédits de chaque programme sont décomposés selon leur
nature en crédits de personnel, biens et services, investissements
et transferts.
Un programme peut regrouper tout ou partie des crédits d’une
direction, d’un service, d’un ensemble de directions ou de services
d’un même ministère.
A ces programmes sont associés des objectifs précis, arrêtés en
fonction de finalités d’intérêt général, et des résultats attendus.
Ces résultats, mesurés notamment par des indicateurs de
performance font l’objet d’évaluations régulières et donnent lieu à
un rapport de performance élaboré en fin d’exercice par les
ministères et par les institutions constitutionnelles concernés. »
a.2- Le responsable de programme
42
L’article 16 de la LOLF met en place un nouvel acteur dans le pilotage des
crédits budgétaires et de l’action de l’Etat : le responsable de
programme.
« Les responsables de programme sont nommés par décret sur
proposition du ministre sectoriel dont ils relèvent. L’acte de
nomination précise, le cas échéant, les conditions dans lesquelles
les compétences d’ordonnateur leur sont déléguées, ainsi que les
modalités de gestion du programme ».
✓ Le statut du responsable de programme
Les programmes votés en loi de finances sont sous la responsabilité des
ministres, à qui les crédits sont mis à disposition. Pour l’exécution des
programmes, les ministres désignent des responsables de programme qui
sont sous leur autorité.
Tous les programmes ont à leur tête un responsable clairement identifié.
Les responsables de programme sont des cadres supérieurs, le plus souvent
directeurs d’administration centrale ou directeurs de cabinet.
✓ Les missions du responsable de programme
Les missions du responsable de programme sont essentiellement :
- l’élaboration de la stratégie et du budget du programme (objectifs,
résultats attendus, répartition des crédits et des emplois);
- le pilotage du programme (déclinaison des objectifs stratégiques en
objectifs opérationnels adaptés aux compétences de chacun des
services : il assure ainsi une démarche de performance à tous les
niveaux d’exécution du programme);
- la mise en œuvre du programme (gestion des crédits et des emplois,
mise en place du contrôle interne et du contrôle de gestion,
préparation du rapport annuel de performance).
b. Les dotations
La dotation est instituée par l’article 17 de la LOLF :
«Les crédits budgétaires non répartis en programmes sont répartis
en dotations.
Chaque dotation regroupe un ensemble de crédits globalisés
destinés à couvrir des dépenses spécifiques auxquelles ne peuvent
43
être directement associés des objectifs de politiques publiques ou
des critères de performance ».
Font ainsi l’objet de dotations :
- les crédits destinés aux pouvoirs publics ;
- les crédits globaux pour dépenses accidentelles et imprévisibles ;
- les crédits destinés à couvrir les défauts de remboursement ou appels
en garantie intervenus sur les comptes d’avances, de prêts, d’aval et
de garanties ;
- les charges financières de la dette de l’Etat (dotées de crédits
évaluatifs et non limitatifs).
a. Les objectifs
« A chaque programme, sont associés des objectifs précis définis en
fonction de finalités d’intérêt général et des résultats attendus .»
(art.15 LOLF)
Les objectifs doivent être déterminés de manière équilibrée, par rapport aux
trois axes de description de l’efficacité des actions de l’Etat :
- efficacité socio-économique (quoi ? répondant aux attentes du
citoyen);
- qualité du service rendu (comment ? intéressant l’usager);
- efficacité de la gestion des ressources (à quel coût ? intéressant le
contribuable).
Elle sera différente selon qu’il s’agit d’une politique d’intervention, pour
laquelle le critère d’efficacité socio-économique est primordial, d’une
prestation de service, ou d’une fonction support pour laquelle les critères de
qualité et d’efficience seront largement prépondérants.
L’objectif est mesuré par un ou plusieurs indicateur(s) de résultat(s).
b. Les indicateurs
L’indicateur correspond à une valeur, qui n’est pas obligatoirement chiffrée et
permet de mesurer la réalisation le plus objectivement possible.
Il doit être cohérent avec l’objectif et apporter une information utile à la
mesure. Il doit être bâti sur des éléments vérifiables et suffisamment
pérennes pour ne pas nécessiter une modification du mode de calcul à
44
chaque exercice. Afin de situer l’action publique dans le moyen terme,
l’indicateur doit rappeler la valeur à atteindre pour l’année en cours (n), être
assorti d’indications sur les réalisations passées (n-1, n-2), afficher une
prévision pour l’année à venir (n+1) et fixer une cible à moyen terme.
NB: afin d’être pertinents et utiles, les objectifs et les indicateurs doivent
être en nombre limité : dans l’idéal cinq objectifs au maximum par
programme et deux indicateurs par objectif.
A- Signification du principe
Le Code de transparence pose comme principe que les budgets annuels sont
réalistes et sincères tant dans leurs prévisions de dépenses que de recettes.
L’article 57 de la LOLF stipule :
« Les prévisions de ressources et de charges de l’Etat doivent être
sincères. Elles doivent être effectuées avec réalisme et prudence
compte tenu des informations disponibles au moment où le projet
de loi de finances est établi ».
L’article 74 alinéa 3 de la LOLF précise aussi que :
« La comptabilité générale de l’Etat a pour objet de décrire le
patrimoine de l’Etat et son évolution. Elle doit être sincère et
refléter une image fidèle de la situation financière de l’Etat ».
B- Les limites du principe de sincérité
Le principe de sincérité est limité par la nature prévisionnelle de la loi
de finances. On peut considérer que le principe de sincérité, qui s’apprécie
compte tenu des informations disponibles et des prévisions pouvant
raisonnablement en découler, n’a pas la même portée s’agissant des lois de
règlement et des autres lois de finances :
✓ Dans le cas de la loi de finances de l’année et des lois de finances
rectificatives, la sincérité se caractérise par l’absence
d’intention de fausser les grandes lignes de l’équilibre
déterminé par la loi de finances.
✓ L’insincérité ne pourrait donc résulter que d’une erreur
manifeste, intentionnelle (pas une simple erreur matérielle) et
d’ampleur conséquente (de nature à remettre en cause les
équilibres).
IV. LA FONGIBILITE DES CREDITS BUDGETAIRES
45
La fongibilité est la liberté offerte à chaque gestionnaire de modifier la
répartition des crédits dans le processus de pilotage de la mise en œuvre du
programme, dans l’optique de la recherche de la performance.
La fongibilité permet la modification des affectations prévisionnelles initiales
des crédits afin de les adapter à l’évolution des besoins.
Le montant autorisé des crédits de personnel ne peut pas être augmenté et
les crédits d’investissement ne peuvent pas abonder les autres catégories de
crédits. On parle ainsi de la fongibilité asymétrique.
La notion de fongibilité est introduite par l’article 23 de la LOLF :
46
V. L’INTRODUCTION DE LA PLURI-ANNUALITE
A. Le concept de la pluri-annualité budgétaire
L’introduction de la pluri annualité constitue une innovation significative dans
la gestion publique à travers la prise en compte, à moyen terme, de l’impact
des décisions publiques. Si l’annualité reste le cadre d’exécution des recettes
et des dépenses de l’État, la programmation budgétaire doit désormais
anticiper les exercices ultérieurs.
Cette innovation revêt un intérêt particulier dans le cadre de la gestion des
finances publiques. Elle offre une réponse technique aux problèmes
d’articulation entre les stratégies nationales de développement et les
budgets.
La pluri annualité budgétaire permet d’être plus en phase avec les stratégies
nationales, elles-mêmes pluriannuelles, et d’améliorer leur prise en compte
dans la loi de finances et leur mise en œuvre effective.
La pluri annualité du cadre harmonisé des finances publiques est affirmée à
l’article 40 de la Loi organique n°2014-337 du 5 juin 2014 portant
code de transparence : « le budget de l’Etat s’insère dans un cadre
global de politique macroéconomique, financière et budgétaire à
moyen terme couvrant l’année à venir et les deux années suivantes.
Les hypothèses économiques retenues sont explicitées et justifiées.
Ce cadre global est cohérent avec les engagements pris en
application du Pacte de convergence, de stabilité, de croissance et
de solidarité au sein de l’UEMOA et comporte toutes les
informations nécessaires à l’application des dispositifs de
surveillance associés à ce Pacte».
La pluri annualité du cadre des finances publiques est fixée aussi dans
l’article 1er de la LOLF qui stipule: «La présente loi… détermine les
conditions dans lesquelles est arrêtée la politique budgétaire à
moyen terme pour l’ensemble des finances publiques ».
L’article 53 de la LOLF énonce que « Le projet de loi de finances de
l’année est élaboré par référence à un document de programmation
budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP) couvrant une
période minimale de trois ans ».
47
Enfin, l’article 55 prévoit que le DPBEP, accompagné des DPPD, sont publiés
et soumis à un Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) au Parlement au plus
tard à la fin du deuxième trimestre de l’année ».
48
L’instauration de la gestion axée sur les résultats et le développement de la
démarche de performance modifient sensiblement le rôle et les
responsabilités des acteurs de la gestion publique.
De nouveaux procédés de gestion, visant à permettre aux gestionnaires
d’atteindre leurs objectifs, sont mis en place.
Il s’agit notamment de la déconcentration du pouvoir d’ordonnateur principal
et de la régulation budgétaire.
49
« Le ministre chargé des finances est responsable de l’exécution de
la loi de finances et du respect des équilibres budgétaire et
financier définis par celle-ci. A ce titre, il dispose d’un pouvoir de
régulation budgétaire qui lui permet, au cours de l’exécution du
budget :
- d’annuler un crédit devenu sans objet au cours de l’exercice ;
- d’annuler un crédit pour prévenir une détérioration des
équilibres budgétaire et financier de la loi de finances.
Le ministre chargé des finances peut subordonner l’utilisation des
crédits par les ordonnateurs aux disponibilités de trésorerie de
l’Etat ».
b. Les modalités de mise en œuvre de la régulation
budgétaire
La régulation consiste à mettre en réserve une part minime de crédits
ouverts en loi de finances initiale pour faire face à d’éventuelles difficultés
d’exécution (moins-values sur recettes, dépassements sur dépenses
obligatoires).
50
- la restriction qu’elle apporte aux autorisations parlementaires; mais le
Parlement vote des autorisations de dépenses, qui constituent des
plafonds maximaux, et non une obligation de dépenses ;
- la perturbation qu’elle occasionne à la gestion des ordonnateurs; mais
tous les ministres doivent être conscients de l’incertitude qui affecte
par construction l’exactitude de la prévision budgétaire ;
- la base très étroite de son assiette. En effet, l’essentiel du budget est
par nature exclu du gel : les rémunérations des personnels, les charges
de la dette.
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- évaluation a posteriori des résultats et des performances des
programmes;
- adaptation des modalités de mise en œuvre des contrôles au regard de
la qualité et de l’efficience du contrôle interne et du contrôle de gestion
réalisé par l’ordonnateur.
b. Les caractéristiques du contrôle financier rénové
Le contrôle rénové du contrôle financier est caractérisé :
- un contrôle a priori (qui intervient avant l’exécution de la dépense) à
deux étapes: l’engagement et l’ordonnancement.
- un contrôle a posteriori (qui intervient après l’exécution de la
dépense) à travers le développement du rôle de conseil et
d’appréciation, sur la base de la formulation d’avis, sur la qualité de la
gestion et la conduite de la performance du secteur.
Il s’agit là d’une nouvelle mission de contrôle des résultats et des
performances des programmes.
- un contrôle modulable: le contrôleur financier a désormais la
possibilité d’adapter les contrôles a priori qu’il opère, afin d’améliorer la
qualité et l’efficacité de son contrôle, en fonction de l’évaluation des
risques qu’il aura lui-même déterminés.
NB : le contrôle financier a vocation à devenir un véritable contrôle des
risques, adossé au contrôle interne des ministères.
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La juridiction financière dispose donc désormais du pouvoir de contrôler la
gestion des ordonnateurs de façon directe, et non plus seulement par
l’intermédiaire du jugement des comptes des comptables publics.
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- une responsabilité personnelle des contrôles qui leur incombent dans
l’exercice de leur fonction : disponibilité des crédits, vérification des
prix par rapport à la mercuriale en vigueur, validité de la créance,
exactitude des calculs de liquidation de la dépense et réalité du
service fait (article 93 du RGCP).
- une responsabilité qui peut être disciplinaire, pénale ou civile, sans
préjudice des sanctions qui peuvent leur être infligées par le juge des
comptes à raison de leurs fautes de gestion (article 91 de la LOLF).
La juridiction financière peut leur infliger des sanctions lorsque des fautes de
gestion leur sont imputées. La faute de gestion est sanctionnée par une
amende (article 92 de la LOLF).
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