Droit Pénal Spécial UNIKIN-1-1
Droit Pénal Spécial UNIKIN-1-1
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
I. OBJECTIFS DU COURS
1. Objectif général
D’une manière générale, le cours de Droit pénal spécial participe, avec les autres
branches du Droit pénal, à la formation des étudiants à cette principale branche du Droit, en
insistant sur l’analyse de chaque infraction ainsi que de la peine dont elle est sanctionnée.
Cela revêt une importance théorique dans la mesure où former les étudiants à la
connaissance des infractions relève de la formation de base d’un juriste, le Droit étant assimilé
par le commun des mortels au Droit pénal spécial : les infractions et leurs peines.
Cela revêt également une importance pratique dans la mesure où le droit pénal couvre
100% d’activités de la police judiciaire, 90% d’activités du parquet, 50% d’activités des cours
et tribunaux ainsi que du barreau et 100% d’activités des juridictions militaires.
C’est pourquoi il est regrettable que le programme national ait déchu cet enseignement,
en le faisant passer du statut d’un cours à part entière à celui de simple contenu d’un cours de
105 heures intitulé « Droit pénal et procédure pénale », ne lui réservant, par-là, que 35
heures, soit 30 heures d’enseignement théorique et cinq heures de travaux dirigés. Dans le
nouveau programme national, il n’est plus utile de réussir en Droit pénal spécial pour passer
de classe parce que l’étudiant n’est plus spécifiquement évalué à sa connaissance. Dans les
questions posées dans l’évaluation des connaissances du cours de « Droit pénal et procédure
pénale », il peut réussir aux questions de droit pénal général et de Procédure pénale, échouer
aux questions de Droit pénal spécial, et passer quand même de classe.
2. Objectifs spécifiques
De façon spécifique, l’enseignement de Droit pénal spécial vise à amener les étudiants
à connaître :
- La nomenclature, la définition et la classification des infractions définies par le
code pénal congolais, le code de la famille, la loi portant protection de l’enfant
ainsi que d’autres textes complémentaires et le traité de Rome portant statut de la
cour pénale internationale ;
- La technique d’analyse d’une infraction ;
- L’étude analytique des infractions types dans la plupart d’axiologies.
Cela est utile d’autant plus que le droit pénal spécial fait l’O.P.J. et constitue l’une des
bases de la formation d’un juriste. Il est l’instrument indispensable dans la main de l’officier
du ministère public pour restaurer l’ordre public, l’outil nécessaire pour le travail de l’avocat
et l’élément incontournable du juge.
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Alors que, dans l’ancien programme, la charge horaire du cours de Droit pénal spécial, à
la Faculté de droit, comportait 60 heures réparties en 45 heures d’enseignement théorique et
15 heures de travaux dirigés, le programme actuellement appliqué à l’Université de Kinshasa
ne lui réserve plus que 45 heures réparties en 30 heures d’enseignement théorique et 15 heures
de travaux dirigés.
Il en découle que l’on réserve, à ce cours de tronc commun, le même volume horaire
que celui des cours à option. Cela ne valorise pas cet enseignement dans la mesure où les
cours à option sont généralement des cours de complément de connaissance qu’on apprend
mieux après avoir été solidement formé. Parmi lesdits cours à option d’ailleurs figurent des
démembrements du cours de Droit pénal spécial comme le droit pénal des affaires, le droit
pénal et la procédure pénale militaires.
Le manque de valorisation de cet enseignement est tellement criant tant il est vrai que,
d’une part, le nombre d’infractions de droit commun ne fait qu’augmenter (lois relatives aux
violences sexuelles, à la protection de l’enfant, à la criminalisation de la torture etc.) et,
d’autre part, les bibliothèques qu’on pouvait suggérer aux étudiants pour compléter leur
formation n’ouvrent, en général, qu’aux heures où les mêmes étudiants sont occupés dans
l’auditoire.
Les travaux dirigés visent à confronter la théorie aux cas pratiques et, par-là,
approfondir la connaissance de certaines infractions. Ils portent soit sur la résolution des cas
d’usage « casus », soit sur des recherches dont il faut rendre compte.
3. Lectures obligatoires
Elles portent sur le code pénal congolais, la loi portant protection de l’enfant et les
ouvrages de droit pénal spécial congolais. Ces lectures permettront à l’étudiant d’assimiler et
d’approfondir seul le cours.
Les principaux ouvrages recommandés sont :
Georges MINEUR, Commentaire du code pénal congolais.
Jean LESUEUR, Précis de droit pénal spécial zaïrois.
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4. Lectures facultatives
Tous les ouvrages, cours, syllabus, dictionnaires et autres publications sur Internet des droits
étrangers et congolais consacrés au droit pénal spécial sont susceptibles de compléter les
connaissances de l’étudiant et l’aider à effectuer des recherches plus personnelles. Nous citerons
particulièrement :
Evaluation et le contrôle des connaissances qui portent sur toute la matière dispensée
s’opèrent en deux étapes. D’abord, au cours de l’année académique sous forme
d’interrogations avisées et des travaux dirigés.
Ensuite, à la fin de l’année académique dans le cadre des épreuves finales.
L’interrogation comptera pour 25 % de la totalité des points. Il en sera de même des
travaux dirigés. Quant à l’examen de la première session, il sera en principe organisé pendant
la période de la session sanctionnant la fin de l’année académique et portera sur toute la
matière enseignée. Il comptera sur 50 % du total des points. L’examen et l’interrogation
seront en forme de choix multiple. L’examen à choix multiple est diffèrent de l’examen à
choix unique qu’on pose généralement aux examens d’Etat. En choix multiple, les assertions
renferment plusieurs bonnes réponses, il faut les trouver toutes. Au cas où dans les assertions
choisies il y a une mauvaise et une bonne : la mauvaise réponse annule la bonne. C’est
4
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
difficile à composer mais facile à corriger et ce système permet une appréciation égale de tous
les étudiants sans s’exposer aux erreurs dues à la fatigue.
V. CONTENU DU COURS
Nous examinerons les matieres reprises dans les lignes qui suivent.
INTRODUCTION
Section 1. DÉFINITION, SOURCES ET OBJET DU DROIT PÉNAL SPÉCIAL
§ 1. Définition
Il convient de commencer par définir le droit pénal, ensuite le droit pénal spécial, enfin
préciser le champ du droit pénal spécial avant de fixer les esprits sur le contenu de ce cours.
Le droit pénal « est la branche du droit public qui traite des infractions et des peines, et dont
l'objet essentiel est de déterminer les faits punissables et de fixer les sanctions qui doivent
leur être appliquées, compte tenu de la situation personnelle du délinquant et de la gravité
objective de l’acte, en vue de faire régner dans les relations sociales, à l’instar des autres
disciplines juridiques, mais avec plus de puissance et de contrainte, l’autorité et la liberté1 ».
Il fait partie des sciences criminelles et comprend traditionnellement le droit pénal spécial, le
droit pénal général, la procédure pénale et la pénologie.
1Voir J. GICQUEL, Droit constitutionnel et institutions, Montchrestien, Paris, 2003, p. 15, Cité par NYABIRUNGU mwene
SONGA, Traité de droit pénal général congolais, 2e éd., E.U.A, 2OO7, p.22.
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Le droit pénal spécial est « une discipline des sciences criminelles consacrée à l’étude
concrète et particulière de chaque incrimination précisant ses éléments constitutifs spéciaux,
les modalités de sa répression, ainsi que son régime juridique propre »2.
Il en étudie les conditions préalables et les éléments constitutifs, les sanctions et les
particularités procédurales éventuelles…4
Historiquement, le droit pénal spécial précède le droit pénal général, le législateur
s'empressant à prendre position d'abord sur les infractions, à dresser la liste des actes
qui portent atteinte à l'ordre public5.
§ 2. Les sources
En vertu du principe de la légalité criminelle, les infractions et leurs peines ont pour source la
loi pénale.
C’est ainsi qu’en droit congolais les infractions et, éventuellement, leurs peines sont prévues
par :
4. Décret du 6 août 1922 relatif aux sanctions à appliquer aux infractions à l’égard
desquelles la loi ne détermine pas de peines particulières6 ;
5. Ordonnance-loi n° 25-557 du 6 novembre 1959 relative aux peines à appliquer en cas
d’infraction à des mesures d’ordre général7 ;
2 LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, T.1, 2ème éd., L.G.D.J, 1985, p.11.
3 NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., p. 36.
4 Michèle-Laure RASSAT, Droit pénal spécial : infractions du code pénal, 6e éd., Dalloz, Paris, 2011, p. 1.
5 NYABIRUNGU mwene SONGA, op.cit., p. 36.
6
Article 1er. Les contraventions aux décrets, ordonnances, arrêtés, règlements d’administration intérieure et de police, à
l’égard desquelles la loi ne détermine pas de peines particulières seront punies d’une servitude pénale de deux mois au
maximum et d’une amende n’excédant pas deux mille francs, ou d’une de ces peines seulement.
Article 2. Le décret du 11 août 1886 est abrogé.
7 Art. 1er. — Est puni au maximum de sept jours de servitude pénale et d’une amende de deux cents francs ou d’une de ces
peines seulement:
1o celui qui commet ou tient en public tout acte, geste ou propos de nature:
a) à marquer ou à provoquer du mépris ou de l’insoumission à l’égard des pouvoirs établis ou des actes qui constituent
l’exercice de leurs attributions à moins que le fait, le geste ou le propos constitue une infraction passible de peines plus
fortes;
7
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§ 3. Objet du cours
Le droit pénal spécial étudie toutes les infractions en vigueur dans la législation d’un pays
donné, rendant ainsi la tache fastidieuse à quiconque décide d’épuiser la matière10.
Le droit pénal spécial est l’étude de toutes les infractions existant dans un ordre juridique
donné. C’est un droit, par principe, hétérogène. Une telle étude d’ensemble est possible
dans les sociétés où le rôle de la collectivité publique est peu développé et où la plupart
des infractions prévues sont de droit naturel. Un interventionnisme public qu’on peut juger
à certain égard pathologique, dans la mesure où il s’exerce dans le domaine du droit
pénal, qui ne devait être que l’ultima ratio sociale, a, depuis hypertrophié la matière. Or
cette évolution ne s’est pas contentée d’augmenter le volume de la matière pénale, elle en
a aussi … affecté l’esprit en spécifiant certains groupes d’infractions11.
Etre juriste, ce n’est pas connaître tous les textes. La connaissance du droit ne se réduit pas à
une bonne mémoire pour laquelle l’homme ne saurait rivaliser avec l’ordinateur. Elle suppose
b) à marquer ou à provoquer du mépris à l’égard des emblèmes ou insignes adoptés par les agents de l’autorité pour révéler
l’existence d’un mandat public ou à l’égard de documents ou objets remis en exécution des dispositions légales ou
réglementaires;
2o celui qui met en circulation ou répand un bruit sciemment mensonger susceptible d’alarmer les populations, de les
inquiéter ou de les exciter contre les agents de l’autorité publique ou contre les actes qui constituent l’exercice de leurs
attributions, à moins que ce fait ne constitue une infraction passible de peines plus fortes;
3o celui qui refuse de fournir les renseignements demandés par les agents de l’administration, les magistrats ou agents
judiciaires, les officiers de police judiciaire ou les agents de la force publique agissant pour l’exécution de leurs fonctions, ou
qui, sciemment, donne une réponse mensongère à une demande de cette nature, à moins que le refus ou le mensonge ne
forme une infraction passible de peines plus fortes;
4o celui qui, sauf cas de force majeure, ne répond pas à une convocation de service écrite et nominative émanant d’un
fonctionnaire ou d’un agent chargé d’un commandement territorial;
5o celui qui recèle ou aide à se soustraire aux recherches des personnes que l’on sait être poursuivies ou condamnées du
chef d’une infraction d’atteinte à l’ordre public, à la police de l’immigration ou aux dispositions légales ou réglementaires
concernant le droit de résidence.
Art. 2. — L’ordonnance-loi 25-250 du 20 mai 1959 est abrogée.
Art. 3. — La présente ordonnance législative entrera en vigueur le 15 décembre 1959.
8 Article 1er. Le président de la République peut sanctionner ses règlements de police de peines ne dépassant pas deux mois
des méthodes appropriées fondées sur une logique, des raisonnements divers, des instruments
techniques, des classifications, des qualifications, une terminologie riche et précise, des
techniques d’expression adéquates12.
C’est pourquoi l’étude des infractions, dans le cadre de ce cours ne consistera pas en l’analyse
de toutes celles qui sont en vigueur en République Démocratique du Congo, mais plutôt
s’articulera sur la technique de traitement d’une infraction à travers certains échantillons.
Cependant, face au trou de mémoire qu’une telle démarche risquera d’imprimer dans le chef
des étudiants, une nomenclature des infractions prévues par le statut de Rome, par la
constitution, par la loi portant protection de l’enfant et par le code pénal congolais ainsi que
leur définition se présentent comme un préalable. Certaines infractions courantes prévues par
certaines lois de droit pénal particulier seront également examinées.
Les infractions restantes seront étudiées dans le cadre de sous-branches du droit pénal spécial
entre autres :
- droit pénal des affaires ;
- droit pénal du travail ;
- infractions en droit pénal international.
La lecture des infractions contre les personnes prévues et punies par le code pénal congolais
révèle que, dans ce titre, le législateur entend protéger la personne humaine (appelée
personne physique lorsque l’on veut la mettre en parallèle avec la personne morale) dans sa
vie, son intégrité physique et mentale ainsi que dans ses droits.
Pour Jean-Paul DOUCET, est personne humaine, en science criminelle, tout être conçu par
une femme ; qu’il soit ou non déclaré médicalement viable, qu’il soit ou non civilement
reconnu comme sujet de droit. Le législateur n'a pas autorité pour limiter la notion de
personne humaine (p.ex. en instituant l'esclavage) ; en toute hypothèse il doit protéger son
existence, son inviolabilité, sa liberté, sa dignité propre. Le droit français actuel se prononce,
en principe, pour la protection de la personne humaine ; il refuse toutefois sans raison valable
cette protection à l’enfant en gestation13.
Des textes, aussi bien conventionnels que constitutionnels, affirment cette valeur en des
termes diversifiés :
7. Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne20.
8. La personne humaine est inviolable. Tout être humain a droit au respect de sa vie et à
l'intégrité physique et morale de sa personne: Nul ne peut être privé arbitrairement de ce
droit21.
14 VERGELY, Dictionnaire de philosophie, cité par Doucet, op. cit., v° personne humaine.
15 Malaurie, Droit civil - Les personnes, Avant-propos, cité par Doucet, op. cit., v° personne humaine.
16 Code pénal de Moldavie. Art. 2.
17 Constitution de la République Démocratique du Congo, in J.O.RDC, n° spécial, 47e année, Kinshasa, 18 février 2006.
Article 16.
18 Larousse médical.
19 DOUCET, JP, op. cit., v° Vie.
20 Article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans
9. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au libre développement
de sa personnalité dans le respect de la loi, de l’ordre public, du droit d’autrui et des
bonnes mœurs22. En aucun cas, et même lorsque l’état de siège ou l’état d’urgence aura
été proclamé conformément aux articles 87et 88 de la présente Constitution, il ne peut
être dérogé au droit à la vie23.
Toujours est-il que la loi qui défend de tuer ne protège pas tel ou tel individu déterminé, mais
l’humanité tout entière24. Le monde moderne affirme l'intangibilité de la vie humaine. La
protection de la vie est le but suprême ou, du moins, l'un des objectifs majeurs du droit25.
L’article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples précédemment citée
est éloquent à ce sujet.
Doucet enseigne que dans un but de protection des victimes, le droit criminel envisage
l’intégrité physique de la manière la plus large. Pour lui cette notion recouvre, non seulement
tous les éléments du corps matériel (allant jusqu’aux cheveux), mais encore son équilibre
psychique ; de sorte que le seul fait de causer un choc émotif à une personne suffit à
constituer le délit de coups et blessures. Le seul fait d’impressionner vivement la victime, au
point qu’elle en a ressenti un trouble physiologique, est une atteinte à son intégrité
corporelle28.
Il s’ensuit que, même lorsqu’il ne précise pas « intégrité physique et mentale » et qu’il s’arrête
au concept « intégrité physique » tout court, le législateur vise l’intégrité mentale. La raison à
cela est très simple, les troubles mentaux se révèlent à travers des comportements
21 Article 4 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981, entré en vigueur 21 octobre 1986, in
OAU Doc. CAB/LEG/67/3 rev. 5, 21 I.L.M. 58, 1982.
22 Constitution de la RDC, Article 16.
23 Id., Article 61.
24 Nypels et Servais (Le Code pénal belge interprété) : cité par Doucet, op. cit., v° Vie.
25 A.Vitu (Traité de droit pénal spécial) :
26 Constitution de la RDC. Article 16, al. 2 et 4.
27 Id., article 61 ;
28 LEVASSEUR, Cours de droit pénal spécial, cité par Doucet, op. cit., v° Vie.
11
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
La vie privée s'entend de l'intimité de l'être humain en ses divers éléments afférents
notamment à sa vie familiale, à sa vie sentimentale, à son image ou à son état de santé, qui
doivent être respectés en ce qu'ils ont trait à l'aspect le plus secret et sacré de sa personne34.
droits fondamentaux de l’Union européenne déclare que toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de
son domicile et de ses communications.
33 Constitution de la RDC, op. cit., article 31.
34 Paris (1e ch.) 5 décembre 1997 (Gaz.Pal. 1998 I somm. 234).
35 Raymond LINDON, les droits de la personnalité, cité par LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial congolais, T.1, 2ème éd.,
République Démocratique du Congo : Technologies-Appropriations-Société, Actes du séminaire sur les usages de l’Internet,
organisé le 17 juillet 2009, XVe année de la Faculté de Communication Sociale de l’Université Catholique au Congo, pp. 103-
112.
37 Raymond LINDON, op. cit., loc. cit.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
mérite seulement d’être assurée mais aussi renforcée. En effet, on enregistre quotidiennement
des nombreuses violations de la vie privée dans notre société38.
Sur le plan technique une observation s’impose. Tantôt elle se matérialise dans des éléments
concrets (domicile, lettres missives), et peut alors être sauvegardée par des Délits de résultat.
Tantôt elle est menacée par des procédés d’espionnage (jumelles, microphones), et donne
alors lieu à des Délits formels39.
En raison de son imprécision, la dignité humaine ne peut cependant susciter que des
incriminations éparses (interdiction de l’esclavage, exigence d’un hébergement décent ...)44.
Aux termes de l’article 12 de la déclaration universelle des droits de l’homme, nul ne sera
l'objet … d'atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de
la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
1° La considération
Un fait porte atteinte à la considération quand il détruit ou diminue l’estime que chacun peut
avoir acquise par ses qualités morales dans l’état qu’il exerce45.
La considération revêt une portée plus sociale, puisqu’elle consiste dans l’estime que les tiers
accordent à celui dont ils jugent la vie privée, professionnelle ou publique46.
Le droit criminel prend le mot considération parmi l’un de ses nombreux sens ; à savoir
l’estime, le respect, la déférence, les égards dont jouit une personne physique ou morale parmi
ceux qui la connaissent.
En science criminelle, la protection de la considération s'effectue dans le cadre des textes
assurant la protection de l'intégrité morale des personnes. Elle se situe sur le terrain des
incriminations de droit pénal privé, aussi ne peut-elle en principe être mise en œuvre qu'à la
demande de l'intéressé47.
2° La réputation
La notion de réputation est plus neutre ; elle concerne ce qui se dit d’une personne, que ce
soit en bien ou en mal.
3° L’honneur
Un fait porte atteinte à l’honneur quand il est contraire, soit à la probité soit à la loyauté qui
sont les bases de l’honneur pris dans un sens général…48
L’honneur est un bien moral qui résulte pour chaque homme du sentiment personnel d’agir
conformément aux exigences de la morale et de son devoir d’état49.
La notion d’honneur ne se situe pas sur le même plan que la considération et la réputation.
Alors que la considération publique se manifeste sur le plan social, et s’appuie sur des
considérations extérieures ; l’honneur est construit et apprécié par le sujet lui-même, qui
s’efforce d’accomplir l’ensemble de ce que son sens du devoir lui prescrit. De la sorte, si les
personnes morales peuvent revendiquer une certaine considération, seules les personnes
physiques peuvent de prévaloir de l’honneur et de la considération50.
pas nécessaire que les paroles soient caractérisées par un mot grossier, un terme de mépris ou une invective, dès lors qu’en
réalité les expressions utilisées comportent en raison des circonstances un sens injurieux, sont susceptibles de diminuer la
considération des citoyens pour les personnes qui représentent l’autorité, ou indiquent à leur égard un manque de respect.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
de dignité. De toute manière la notion d'honneur n'y apparaît que dans sa conception moderne,
édulcorée »51.
Enfin, l’honneur ne doit pas être confondu avec les honneurs, c.-à-d. la déférence avec
laquelle une personne occupant un certain rang dans la société doit être traitée sous peine
d’offense ou d’outrage.
§6. Liberté
La liberté est l’état de l’être qui agit avec pleine conscience et après réflexion52.
Si on écarte le problème philosophique du Libre arbitre, on peut dire que la liberté est la
faculté de n’agir qu’après s’être exactement informé, qu'après avoir pu assimiler les différents
aspects de la situation, et qu'après avoir pu effectuer sans entrave un choix souverain entre les
différentes possibilités ouvertes53.
Du point de vue de ses caractères, la liberté individuelle est moins un droit qu’un attribut de la
personnalité, un élément de la dignité de la personne humaine. Elle se situe sur le même plan
que la vie et l’honneur. C’est pourquoi elle est indisponible, inaliénable, imprescriptible. La
contrepartie de la liberté est la responsabilité54.
Aux termes de l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tout individu a
droit à … la liberté …55
51 Id., V° Honneur.
52 Cuvillier, Vocabulaire philosophique, v° Liberté.
53 DOUCET, J.P., op. cit., v° Liberté.
54 Id.
55 Déclaration universelle des droits de l’homme proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa
les droits civiques et les garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l’exercice des libertés publiques ;…
59 Ibid., article 150, al.1. Le Pouvoir judiciaire est le garant des libertés individuelles et des droits fondamentaux des citoyens.
60 Ibid., article 203. Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, les matières suivantes sont de la
compétence concurrente du pouvoir central et des provinces : 1. la mise en œuvre des mécanismes de promotion et de
sauvegarde des droits humains et des libertés fondamentales consacrés dans la présente Constitution; …
61 Ibid., article 220, al.2.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
La constitution de la R.D.C reconnaît deux catégories des libertés publiques (c.-à-d. les droits
de l’homme reconnus, définis et protégés juridiquement62.) :
- Les droits civils et politiques dont relèvent : la liberté individuelle (article 17) ; la
liberté de pensée, de conscience et de religion (article 22) ; la liberté d’expression
(article 23) ; la liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la
radio et la télévision (article 24) ; la liberté des réunions pacifiques et sans armes
(article 25) ; la liberté de manifestation (article 26) et la liberté de circuler, de
résider, de quitter et de revenir (article 30) ;
- Les droits économiques, sociaux et culturels dont relèvent : la liberté d’association
(article 37) ; la liberté syndicale (article 38) ; la liberté de création intellectuelle et
artistique, et celle de la recherche scientifique et technologique (article 46).
Aux termes de l’article 17, al. 1er de la constitution précitée : « La liberté individuelle est
garantie. Elle est la règle, la détention l’exception ».
62 Lexique des termes juridiques 2014-2015, Dalloz, 22é éd., Paris, 22014, v° libertés publiques.
63 DOUCET, J.P., op. cit., v° Liberté.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la
parole, l’écrit et l’image, sous réserve du respect de la loi, de l’ordre public et des bonnes
mœurs ».
- La liberté de presse : L’article 24, alinéas 1à 3 de la Constitution de la R.D.C dispose :
« Toute personne a droit à l’information. La liberté de la presse, la liberté d’information et
d’émission par la radio et la télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de communication
sont garanties sous réserve du respect de l’ordre public, des bonnes mœurs et des droits
d’autrui. La loi fixe les modalités d’exercice de ces libertés ».
- La liberté d’association: L’article 37, alinéa 1er de la constitution de la R.D.C dispose :
« L’Etat garantit la liberté d’association ».
De même, l’article 38 du même texte dit : « La liberté syndicale est reconnue et garantie.
Tous les Congolais ont le droit de fonder des syndicats ou de s’y affilier librement dans les
conditions fixées par la loi ».
En aucun cas, et même lorsque l’état de siège ou l’état d’urgence aura été proclamé
conformément aux articles 87 et 88de la présente Constitution, il ne peut être dérogé aux
droits et principes fondamentaux énumérés ci-après : la liberté de pensée, de conscience et de
religion68.
Les libertés spirituelles comportent :
- La liberté de religion ou de culte : Science sans conscience étant ruine de l’âme, l’Etat
garantit aussi la liberté de conscience et de religion ou culte.
Par culte, il faut entendre l’hommage qu’on rend à une divinité (à Dieu par une réunion de
fidèles, suivant le rite prescrit par leur religion70), à une personne ou à une chose71 ».
Les libertés de conscience de culte ou de religion ont souvent été mises en échec par les
religions d’Etat, les obligations religieuses ; des infractions religieuses…
La liberté de conscience est la liberté d’adhérer à une philosophie autorisée par la loi. A tort
ou à raison l’opinion considère certaines associations comme des mouvements philosophiques
et non des religions. C’est le cas de l’athéisme, de l’A.M.O.R.C (ancien et mystique ordre de
la rose croix) ; la franc-maçonnerie …
De tout ce qu’on vient de dire sur la liberté, il y a lieu d’ajouter que Tout individu, tout agent
de l’Etat est délié du devoir d’obéissance, lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte
manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques et des bonnes mœurs75.
Le principe de réciprocité est aussi à la base du déni des certaines libertés en faveur des
étrangers.
En effet, aux termes de l’article 50, al. 2 de la Constitution de la R.D.C : « Sous réserve de la
réciprocité, tout étranger qui se trouve légalement sur le territoire national bénéficie des
mêmes droits et libertés que le Congolais, excepté les droits politiques. Il bénéficie de la
protection accordée aux personnes et à leurs biens dans les conditions déterminées par les
traités et les lois».
Certes des conventions internationales utilisent le concept enfant, mais cela n’est pas
suffisant pour justifier l’utilisation de ce concept par le législateur congolais pour deux
raisons :
1° il avait déjà attribué à ce terme un autre sens dans le code de la famille. En effet, aux
termes de l’article 699 de ce code :
« Aux termes de la présente loi, on entend par père ou mère la personne liée par un lien de
paternité ou de maternité à l’individu désigné par les termes fils, fille ou enfant.
On entend par fils, fille ou enfant la personne liée par un lien de filiation au père ou à la
mère.
Considérés dans leur rapport entre eux, ces fils, fille ou enfant sont appelés frère et sœur. 78» ;
Les pouvoirs publics ont l’obligation de protéger la jeunesse contre toute atteinte à sa santé,
à son éducation et à son développement intégral79. Ce vœu est accompli par plusieurs lois
dont principalement le code pénal congolais et la loi portant protection de l’enfant.
Les pouvoirs publics ont l’obligation d’assurer une protection aux enfants en situation
difficile et de déférer devant la justice les auteurs et les complices des actes de violence à
l’égard des enfants80.
Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles
de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression81.
Si les deux notions de sécurité et de sûreté sont très proches l’une de l’autre, elles diffèrent
néanmoins quelque peu. On parle d’un sentiment de sécurité pour dire qu’une personne se
sent à l’abri du danger. On parle d’une situation de sûreté pour dire que tout a été fait pour
prévenir les divers dangers envisageables82.
En vue de prévenir ces divers dangers, les législateurs modernes incriminent les risques que
quelqu’un peut faire courir à la vie, à l’intégrité, à la santé ; à la qualité de la vie voire à
d’autres valeurs. D’où les infractions de mise en danger, de mise en péril ou encore les délits
(infractions) obstacles.
La « mise en danger d’autrui » résulte d'un acte par lequel, en violation d’une règle de
prudence et de sécurité, une personne met délibérément en péril la vie de son prochain, sans
pour autant lui porter effectivement atteinte. Commet ce délit celui qui, par jeu, roule à
contre-sens sur une autoroute83.
La mise en danger est punie à titre autonome, en l’absence de résultat ; pour ce délit, le
résultat est seulement une éventualité : seule sa probabilité importe. C’est la répression d’un
état dangereux, équivalant à une sorte de tentative d’homicide par imprudence84.
INTRODUCTION
Analyser une infraction n’est pas une tâche facile. On croirait que les infractions déjà
analysées l’ont été naturellement. Ce n’est pas le cas. Ceux qui l’ont fait ont eu recours à des
techniques diverses comme celle que je propose.
L’étude analytique d’une infraction consiste à dégager et à exposer les composantes de celle-
ci relatives à l’incrimination, à la sanction, au délinquant, à la victime et éventuellement à
l’enquête.
Au sujet des éléments constitutifs de l’infraction, il y a lieu d’opérer certaines différences.
En premier lieu, il faut distinguer les éléments permanents des éléments occasionnels de
l’infraction. En effet, « les éléments permanents sont les "actions nuisibles à la société" que
les incriminations pénales édictent dans le but de les réprimer, de sorte qu’un acte qui ne
trouble pas la paix sociale ne saurait relever que des juges civils ; tel est le cas par exemple
lorsqu'un acte est accompli en état de Nécessité85 ».
En deuxième lieu, il faut distinguer les éléments matériels des éléments intellectuels.
L’élément matériel c’est le corpus delicti ou actus reus et l’élément moral c’est la faute, la
mens rea : la tournure d’esprit socialement répréhensible qui a animé l’agent lors du passage à
l’acte.
« Une infraction pénale est constituée par un acte humain envisagé sous deux aspects.
Un aspect matériel : le trouble causé concrètement à l’ordre social (ce qui légitime
l’intervention du législateur, et permet d’asseoir concrètement des poursuites
judiciaires). Un aspect spirituel, psychologique ou moral : une faute qui met en jeu la
responsabilité subjective de l’agent »87.
« Les infractions sont généralement des actes qui produisent un effet dommageable
dans l’ordre social… La seconde caractéristique des infractions est qu’il s’agit d’actes
qui sont moralement mauvais »88.
En principe, tous ces éléments se dégagent de l’élément légal de l’infraction : la loi violée. En
vue de bien les dégager, il faut utiliser le schéma ci-dessus. Le tableau dit « magique » permet
d’y arriver aisément.
Signalons également, dans la suite de jean Paul DOUCET, que, par rapport à la valeur
protégée, l’acte définit comme infraction peut être tantot un acte principal qui porte atteinte à
ladite valeur, tantôt un acte accessoire consistant soit en un acte antérieur, concomitant ou
postérieur à l’acte principal.
B. CANEVAS DE L’ETUDE D’UNE INFRACTION
1. Elément légal ;
2. Dénomination ;
3. Définition ;
4. Elément axiologique ;
5. Eléments matériels ;
6. Eléments intellectuels ;
7. Sanctions ou régime répressif :
a) Peines principales ;
b) Peines complémentaires obligatoires ou facultatives ;
c) Circonstances aggravantes ;
86 Id.
87 Ibid.
88 Smith & Hogan (Criminal law):
21
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
d) Excuses légales ;
8. Délinquant ;
9. Victime ;
10. Quelques points d’attention.
circonstance ou de quelque condition et lors même que l’auteur se serait trompé dans la
personne de celui qui a été victime de l’attentat »89.
1. Définition
Par homicide, il faut entendre le fait de donner la mort à autrui90. Dans le vocabulaire
juridique, l’homicide revêt plusieurs variétés eu égard à la victime ou à l’auteur. DOUCET91
reprend les vocables suivants :
- Parricide, lorsque l’homicide est commis sur un père naturel ou un père adoptif, voire
sur un aïeul, par son enfant ou son petit-enfant ;
- Matricide : lorsque l’homicide est commis Meurtre de sa propre mère ;
- Fratricide, lorsque l’homicide est commis sur un frère par son propre frère, ou sur un
frère par sa propre sœur. Le fratricide est une variété aggravée de l’Homicide ;
- Sororicide, lorsque l’homicide est commis sur une sœur par son propre frère ou par sa
propre sœur. Le sororicide est aussi une variété aggravée de l’homicide ;
- Infanticide : Au sens large, c’est le fait de tuer un enfant, plus précisément un mineur
n'ayant pas atteint un certain âge (fixé par le législateur en fonction des circonstances
locales).
Au sens étroit, et plus précis, l’infanticide est l'homicide d'un tout nouveau-né commis
par sa mère, dans un temps où elle se trouve encore sous le choc psychologique causé
par l’accouchement et la séparation qu'il entraîne.
L'infanticide, au sens strict, ne constitue pas un crime autonome. Ce terme vise la
situation particulière de la mère venant d'accoucher : le législateur (français) considère
qu'elle se trouve dans un état d'affaiblissement qui interdit de la tenir pour pleinement
responsable de son acte ; en conséquence il la fait bénéficier de plein droit d'une
excuse atténuante personnelle. Tel était le cas dans le Code pénal de 1810 ;
- Régicide, lorsque l’homicide est commis sur le Prince de l’État (Roi, Président…). Ce
crime revêt une gravité exceptionnelle, du fait qu’il peut déclencher une guerre civile
avec son cortège de calamités ; c’est pourquoi il est ordinairement considéré comme
un délit formel, un attentat punissable dès le commencement d’exécution
indépendamment de son résultat. Dans notre Ancien droit (français) on parlait de
crime de lèse -Majesté humaine au premier degré. Le régicide est la variété de
l’homicide, et même du parricide.
- Déicide, lorsque l’homicide est commis est le meurtre d'une personne tenue pour un
Dieu. Le même terme désigne celui qui se rend coupable d'un tel acte.
- Uxoricide, consiste dans le meurtre du conjoint, c.-à-d., le meurtre de sa femme par le
mari, ou de son mari par la femme. Le jour même où Agamemnon revient à Mycènes,
victorieux de la ville de Troie, il fut assassiné par sa femme Clytemnestre assistée de
son amant Égisthe.
meurtre sont au nombre de trois : un acte matériel de nature à donner la mort, la personnalité
humaine de la victime, l’intention chez l’auteur de cet acte matériel de donner la mort92.
En réalité la personnalité humaine de la victime est une condition préalable à toute atteinte
à la vie et à l’intégrité physique. C’est ce que révèle le concept « avec le dessein d’attenter à
la personne d’un individu déterminé», comme pour préciser que tuer un animal ou une autre
créature n’est pas un homicide autant que les frapper ou les blesser ne constituent pas des
coups et blessures volontaires.
Toutes les variétés d’homicide ci-haut définies sont réprimées sur pied des infractions
d’homicides volontaires ou involontaires, sinon alors des infractions politiques qui protègent
certaines autorités telles que les atteintes à la vie et à l’intégrité physique du chef de l’Etat.
Trois types d’homicide volontaire sont considérés comme infractions de droit commun. Il
s’agit du meurtre, de l’assassinat et de l’empoisonnement. Cela ne veut pas dire qu’en dehors
de ces infractions il n’y a pas d’autres qui répriment l’homicide.
§1. LE MEURTRE
A. NOTIONS
La loi définit le meurtre comme l’homicide commis avec l’intention de donner la mort93. La
doctrine clarifie cette définition.
Ainsi, le meurtre se définit comme un acte humain, voulu comme un acte de violence envers
autrui, qui a été perpétré avec l’intention de causer sa mort et qui a produit ce résultat94.
Le meurtre consiste dans le fait de donner la mort à un être humain, accompli d’autorité
privée, par quelqu’un qui volontairement recherche cette mort, comme fin ou comme moyen,
en dehors du cas de légitime défense contre une violence physique actuelle95.
B. ELEMENT LEGAL ET ELEMENT AXIOLOGIQUE
1. Elément légal
L’élément légal d’une infraction c’est la loi violée c.-à-d. les dispositions légales enfreintes
par l’agent. Celui du meurtre est sans doute constitué des articles 43, 44 et 45 du C.P.
Aux termes de l’article 43 précité : « Sont qualifiés volontaires, l’homicide commis et les
lésions causées avec le dessein d’attenter à la personne d’un individu déterminé ou de celui
qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce dessein serait dépendant de quelque
circonstance ou de quelque condition et lors même que l’auteur se serait trompé dans la
personne de celui qui a été victime de l’attentat »96.
Cette disposition est commune aux homicides et aux lésions corporelles volontaires et
comprend des éléments qui interviennent soit dans la compréhension de la définition de
l’infraction, soit dans l’établissement de la responsabilité telle que l’error personnae ou
l’aberratio ictus.
92 Garçon, Code pénal annoté, cité par Doucet J.P., op. cit., v° Meurtre) :
93 Code pénal congolais, JORDC, 47e année, n° spécial, 05/10/2006, articles 44-45, al. 1.
94 DOUCET, op. cit , v° Meurtre.
95 Vittrant (Théologie morale) : cité par DOUCET, v° Meurtre.
96 Code pénal congolais, art. 43.
24
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Les articles 44-45 du C.P disposent: L’homicide commis avec l’intention de donner la mort
est qualifié meurtre.
Le meurtre commis avec préméditation est qualifié d’assassinat.
Ils sont punis de mort».
Le concours de plusieurs articles pour constituer l’élément légal d’une seule infraction appelle
un éclairage sur la technique légistique et la technique de qualification des faits.
En effet, toutes les dispositions portées par les articles d’un texte ou de plusieurs textes
différents, mais qui concourent à l’établissement des éléments de l’infraction, de sa définition
et de sa sanction doivent être retenues au titre d’élément légal de celle-ci, à partir du moment
où, sans le recours à l’une de ces dispositions, l’infraction ne peut être cristallisée, comprise
ou sanctionnée. C’est ainsi que le meurtre a pour élément légal les articles 43 et 44-45 du
code pénal congolais –C.P.- dont les uns prévoient l’incrimination tandis que l’autre la
sanction.
97 LOI 87-010 du 1er août 1987 portant Code de la famille, in J.O.Z., no spécial, 1er août 1987.
98 DÉCRET du 4 mai 1895 portant Code civil – Des personnes, in B.O., 1895.
99 LOI 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés, in
- Lorsqu’on n’a ajouté que cinq articles dans la suite de l’article 10, par exemple, on
écrira : article 10bis ; article 10ter ; article 10quater ; article 10quinquies ; article
10sexies ;
- Lorsqu’on a ajouté plus on écrira : article 10a ; article 10b ; article 10d ; article 10e ;
article 10f ; article 10g ; article 10h ; article 10i ; article 10j ; article 10k ; …
- Lorsqu’on a ajouté plus que le nombre des lettres de l’alphabet on écrira : article 10 I ;
article 10 II ; article 10 III ; article 10 IV ; article 10 V … ;
- Lorsqu’on a abrogé un article on écrira : article 10- abrogé par la loi x ;
- Lorsqu’on a fusionné les articles 10 et 11 on écrira : articles 10-11.
La fusion des articles 44-45 du C.P a été faite par l’O.-L n° 68-193 du 3 mai 1968 (art. 1er) qui
a introduit la peine de mort comme instrument de répression du meurtre. Avant cette O-L le
meurtre était prévu et puni de servitude pénale à perpétuité par l’article 44. On l’appelait
alors : « meurtre simple ». L’assassinat était prévu et puni de mort par l’article 45. On
l’appelait alors : « meurtre aggravé ». C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ce qui est écrit
dans les ouvrages publiés avant 1968.
2. Elément axiologique
Sur le plan axiologique, le meurtre protège la personne dans sa vie, la vie d’un particulier et
non d’une institution ou d’une autorité comme (le Président de la république) ou d’un autre
être vivant. L’homicide d’un Président de la république porte le nom d’attentat contre le chef
de l’Etat et est prévu et puni pas l’article 193, al.1 du C.P100.il s’agit donc d’une infraction
politique, tandis que les autres infractions homicides prévues par le code pénal sont des
infractions de droit commun.
C. ELEMENTS MATERIELS
Deux éléments matériels sont requis : un acte de nature à donner la mort et qui l’a
effectivement causé et la personnalité humaine de la victime.
Le meurtre comporte un seul acte matériel : Un acte de nature à donner la mort et qui
l’a effectivement causée. Il s’agit « d’un acte quelconque de nature à causer la mort, et l'ayant
effectivement et matériellement entraînée101 ».
Cet acte doit remplir deux conditions : Il doit être positif et matériel.
100 Article 193. L'attentat contre la vie ou contre la personne du Chef de l'Etat sera puni de mort.
101 LESUEUR, J., Précis de droit pénal spécial, Kinshasa, 1967.
102 JACOPIN, Sylvain, Droit pénal spécial, Hachette supérieur, 2010, p. 21.
103 LIKULIA BOLONGO, op. cit., p. 49.
26
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Acte matériel. L’acte positif susvisé ne doit pas être virtuel ou immatériel, il doit
être matériel c.-à-d. visible et palpable. Cet acte peut revêtir une forme
quelconque, les moyens le plus souvent employés étant les coups de pistolet ou de
fusil, coups de couteau ou de poignard, coups de hache, coups de marteau,
strangulation, noyade, etc104.
Font néanmoins exceptions les homicides commis par le poison ou par le feu qui sont
des infractions distinctes.
L’acte est unique en principe, mais il peut être constitué d’une série de gestes
échelonnés dans le temps105.
La consommation du meurtre par une omission, une inaction ou une abstention résulte
de la théorie de l’infraction de commission par omission admise en droits allemand107,
anglais108, grec109, italien110, japonais111, espagnol112 et polonais113 comme le remarque Jean
PRADEL114. Il remarque également que : « Le concept de commission par omission se
de dix-huit ans... confiées à ses soins... ou celui qui, en négligeant par malveillance son devoir de veiller sur elles porte
préjudice à leur santé... ». Article 13, alinéa 1 du même code : « celui qui s'abstient d'éviter un résultat constituant un élément
de l'infraction n'est punissable en vertu de la présente loi que s'il est légalement tenu d'éviter la réalisation de ce résultat, et si
l'omission équivaut à la réalisation active d'un élément constitutif légal de cet acte ».
108 La jurisprudence anglaise assimile l'omission à la commission. Dans un arrêt classique, la cour d'appel a considéré que le
père qui ferme les yeux devant les mauvais traitements infligés par son épouse à leur enfant commun commet un murder3.
109 Le Code pénal grec de 1951 dispose que « si la loi exige un certain résultat pour que l'infraction existe, le fait d'avoir omis
d'éviter ce résultat [...] sera considéré comme sa cause active, à condition que l'agent soit tenu d'une obligation légale
spéciale d'éviter la survenance dudit résultat » (art. 15).
110 On peut encore citer l'article 40 alinéa 2 CP italien : « ne pas empêcher un événement que l'on a l'obligation juridique
d'empêcher, équivaut à l'occasionner »\ Une formule proche se retrouve à l'article 11 du 'code pénal japonais de 1948.
111 Article 11 du 'code pénal japonais de 1948.
112 On évoquera encore l'article 11 du Code pénal espagnol de 1995 ainsi rédigé : « Les délits ou les contraventions dont
l'existence dépend de l'obtention d'un certain résultat ne pourront être considérés comme commis par une omission que si,
d'après le sens du texte de la loi, le fait de n'avoir pu éviter ce résultat, alors que l'agent violait ainsi un devoir juridique précis qui
s'imposait à lui, équivaut à l'avoir causé. À cet effet, l'omission équivaudra à l'action :
a) S'il existe en vertu de la loi ou d'un contrat une obligation d'agir spécifiée ;
b) Si la personne qui s'abstient a créé par une action ou une omission antérieure un risque compromettant le bien
juridiquement protégé »2.
113 Article 2 du Code pénal polonais de 1997 indique que « la responsabilité pénale d'une infraction matérielle commise par
omission n'est encourue que par celui qui a un devoir spécial imposé par la loi d'en prévenir l'effet ».
114 Jean PRADEL, Droit pénal comparé, 3é éd., Dalloz, Paris, 2008, nos 48 et 49.
27
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
retrouve également en Suisse où, dans le silence de la loi, doctrine et jurisprudence lui sont
favorables »115.
115 Id.
116 Le droit français rejette par principe les délits de commission par omission au double motif que la causalité entre omission et
résultat n'est pas toujours certaine et surtout que la loi ne les a pas prévus. La jurisprudence est formelle (Poitiers, 20 novembre
1901, affaire de La Séquestrée de Poitiers, D. 1902-11-81, note Le Poittevin, S. 1902-11-305, note J. Hémard; Crim. 29 janvier
1956, DH 1936, 134, RSC 1936, 226, obs. Magnol. Cependant, la jurisprudence récente évolue, la chambre criminelle
assimilant certaines omissions à des comportements actifs punissables, Crim. 27 octobre 1971. Gaz. Pal 1972, Somm. 2
(douanier tolérant des actes de contrebande de la part de tiers et pouvant être réprimé de complicité par abstention d'infraction à la
législation douanière) ; Crim. 26 novembre 1980, BuH. crim. n° 322 (chef d'entreprise qui, en omettant
de fournir des renseignements à l'inspecteur du travail, se rend coupable d'obstacle à l'exercice des fonctions de ce dernier, add. Ch.
Lazerges, obs. RSC 1988, p. 546).) et sur le plan législatif, la consécration de cette notion est tout à fait exceptionnelle (Ainsi,
l'article 221-6 du Code pénal en incriminant l'homicide involontaire met sur le même plan la maladresse (fait positif) et la
négligence (abstention).
117 Arguments en faveur du meurtre par omission.
1. L'acte de nature à donner la mort est le plus souvent un acte positif (meurtre par commission), mais ce peut aussi être
un acte négatif (meurtre par omission) : priver volontairement un incapable physique ou mental de nourriture jusqu'à sa
mort ; priver volontairement un malade de la drogue qui le maintient en vie (insuline pour le diabétique par exemple)
(LESUEUR, J., op. cit.,).
2. Le délit de commission par omission est pénalement punissable si la personne coupable a omis de faire ce qui
constitue pour elle une obligation légale, réglementaire ou contractuelle, mais elle n'est pas punissable si elle a omis
simplement de satisfaire à une obligation morale (Voir E. LAMY, Cours, op. cit., p. 206 ; LIKULIA BOLONGO, Droit
pénal spécial zaïrois, L.G.D.J., pp. 28-29.).
3. Se rendrait coupable d'homicide volontaire un gardien de prison qui priverait volontairement de nourriture un détenu et
le laisserait ainsi périr d'inanition. De manière plus générale, se rendrait coupable de meurtre celui qui priverait
d'aliments une personne enfermée (G. MINEUR, op. cit., p.124; LIKULIA, loc. cit.).
4. Il y a de cas où un acte négatif peut être considéré comme un cas de meurtre. C’est notamment lorsque son auteur
avait l’obligation légale d’agir. Par exemple un père qui laisse mourir son enfant d’inanition, c'est-à-dire qui ne lui
assure pas la nourriture alors qu’il a l’obligation alimentaire vis-à-vis de cet enfant (Pierre AKELE ADAU, Angélique
SITA MUILA AKELE, THEODORE NGOY ILUNGA wa NSENGA, Droit pénal spécial, cours polycopié, F.D., Université
protestante au Congo., 2003-2004, p. 171.).
5. C’est parce qu’ici, dans les rapports entre les parents et l’enfant, ce sont des rapports légalement protégés, qui
s’expriment en termes de droits et des devoirs. Cette abstention sera donc assimilée à un acte positif, assimilé à un
acte de meurtre. Cette assimilation à l’acte positif vaudra pour tous les rapports légalement protégés, entre les époux,
entre gardien de prison et prisonniers, entre médecin et patients. Donc, tous les autres cas en dehors des rapports
légalement protégés c’est l’infraction de non-assistance à personne en danger qui sera retenue » (Id., loc. cit.).
118 Pour eux, il faut éviter de confondre le délit de commission par omission avec le délit d'omission. Le délit d'omission
n'existe que lorsqu'il y a inexécution d'un ordre positif de la loi. Le délit de commission par omission, au contraire,
n'implique pas un ordre d'agir méconnu par l'omission ... il se réalise par une négligence intentionnelle à empêcher des
causes étrangères de produire leur effet nuisible. Exemple : un garde-barrière aperçoit sur la voie ferrée un objet faisant
obstacle à la circulation, il néglige intentionnellement de l'enlever au moment du passage d'un train, lequel déraille (Vidal et
Magnol, Cours de droit criminel, cité par Doucet, J.P., op. cit., v° Omission.).
28
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Nous pensons qu’en l’absence d’une règle légale qui consacre le meurtre par omission
ou, à tout le moins, l’infraction de commission par omission comme en droits allemand, grec,
italien, japonais etc., il n’est pas possible d’admettre le meurtre par omission ou l’infraction
de commission par omission en droit pénal congolais.
D. ELEMENT INTELLECTUEL
L’élément moral du meurtre est l’intention de tuer, c.-à-d. l’intention de donner la mort,
l’animus necandi. C’est donc une intention criminelle.
1. L’intention criminelle
L’intention peut être définie comme un état d’esprit consistant à désirer que certaines
conséquences découlent de l’acte ou de l’omission120.
119 - Le Professeur Nyabirungu enseigne que le problème d'infraction de commission par omission se pose surtout en
matière de meurtre. Prenons un exemple: Un homme qui, excédé par le mariage, passe près de la piscine où sa femme se
noie et ne lui apporte pas secours, peut-il répondre de l'homicide volontaire ?
Dans l'ancien droit pénal européen, le juge, fort du large pouvoir d'appréciation dont il jouissait, n'hésitait pas à considérer ce
cas comme un homicide, en application de la formule de LOYSEL: «Qui peut et n'empêche, pèche».
Dans le droit moderne, cette solution n'a jamais été retenue pour deux raisons:
1. Il est pratiquement impossible d'établir un lien de causalité entre l'abstention de l'agent et la mort survenue.
2. Retenir l'homicide volontaire porte atteinte au principe de l'interprétation stricte en droit pénal.
Il renchérit que l'abstention la plus coupable sur le plan moral restera cependant en dehors de l'intervention pénale, à moins
que la loi ne l'ait expressément prévue.
Il conclut qu’en droit congolais la controverse autour de cette théorie présente beaucoup moins d'intérêt depuis
l’ordonnance-loi n° 78-015 du 4 juillet 1978 qui incrimine la non-assistance des personnes en danger. (NYABIRUNGU
mwene SONGA, op. cit., pp. 202-203.).
- Georges LEVASSEUR considère que les textes nouveaux (qui incriminent l’omission de porter secours) ne sont
pas la consécration de la théorie des délits de commission par omission, ils en sont même la condamnation implicite,
puisque c’est seulement dans certaines hypothèses précises que l’abstention constituera une infraction (Georges
LEVASSEUR, Droit pénal spécial).
120 Glanville, Criminal law, cité par DOUCET, op. cit., v° Intention.
L’intention est couramment définie comme le but ultime vers lequel tend un acte humain. Plus précis, les philosophes
distinguent entre l’intention, qui est le but donné à l’action, et le mobile, qui est le motif poussant une personne à accomplir
cette action. Les juristes distinguent de surcroît entre la volonté d’accomplir tel acte, et la volonté d’atteindre tel résultat ;
c’est cette dernière seule qui mérite le nom d’intention.
L'intention est considérée par les philosophes comme l’élément qui confère à un acte son sens moral. Un acte est bon ou
mauvais, selon que l'intention qui le sous-tend, vise au bien ou au mal (DOUCET, v° Intention.).
Comme toute action volontaire, l'action morale implique une intention. Voire deux intentions, distinctes quoique liées.
Premièrement, "l'intention de faire ceci ou cela" ; par exemple tuer un homme, comme se le propose pareillement le brigand,
le bourreau ou le soldat ; ils ont tous en effet la même intention de tuer, quoique pour des motifs différents. C'est là
"l'intention matérielle" de l'acte considéré dans sa réalité physique. Deuxièmement, l'intention de faire ceci ou cela pour tel
motif défini : le brigand tue pour s'enrichir, le bourreau pour faire son métier, le soldat pour défendre sa patrie. Il y a autant
"d'intention formelles" différentes, qui correspondent à autant de fins différentes de l'action. L'intention morale ressortit
exclusivement au groupe des intentions formelles (Baudin, Cours de philosophie morale.).
Un même acte peut être moral ou immoral, suivant l'intention dans laquelle elle est faite : donner de l'argent à quelqu'un pour
le soulager est un bien, lui en donner pour le corrompre est un mal (Janet, La morale.).
Pour la doctrine pénale subjective également, c’est l’intention qui fait le crime. Mais les pénalistes considèrent qu’il serait
dangereux d’inviter le juge à scruter le for interne de l'agent. C’est pourquoi ils s’arrêtent au but premier et externe de
l’acte : à savoir l’intention de porter atteinte à tel intérêt protégé par la loi. Ce qui fait le vol, c’est l’intention technique de
29
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
L’intention homicide doit être recherchée dans la manière dont l’acte dommageable est
accompli. Elle peut résulter :
- Soit de l’arme employée lorsque celle-ci a une puissance mortelle en elle –même
telle qu’une arme à feu comme un revolver, une machette, un couteau tranchant, une
flèche, etc. Ex : lancer une flèche sur quelqu’un, un gros caillou. Ici le juge peut
déceler l’intention par le matériel utilisé.
- Soit de l’endroit où le coup a été porté, lorsque celui-ci est une partie vitale du corps,
par exemple l’abdomen, la tête, la poitrine, le poumon, le cœur.
- Soit du degré de la violence ou de sa gravité. Ex : un sportif qui administre des coups
forts et rapides à un enfant faible, telle une fillette.
- Soit enfin de l’état physique de la victime (une personne maladive)122.
S’agissant du mobile, il y a lieu de retenir qu’on peut tuer par vengeance, par jalousie, par
pitié, pour faire justice (un justicier)... Ce mobile peut être noble. Le mobile qui a déterminé
l’acte du meurtrier est en principe indifférent, inopérant quand bien même il serait louable ou
charitable. Mais le juge peut en tenir compte pour retenir des circonstances atténuantes123.
E. PROTAGONISTES DU MEURTRE
déposséder autrui ; non le Mobile qui aiguillonne l’agent : à savoir le désir de s’approprier le bien en cause, de le transmettre
à un tiers, de le détruire sur la place publique… (DOUCET, v° Intention.).
L’intention criminelle est la forme ordinaire de l’élément moral dans un système subjectif ; elle consiste dans le dessein,
définitivement arrêté, de porter atteinte à tel intérêt protégé précis (DOUCET, v° Intention.).
Elle ne saurait être la même pour toutes les infractions. Si elle n’est pas propre à chaque infraction, à la rigueur, elle peut
l’être pour les infractions de même catégorie.
Ainsi le meurtre suppose « l’intention de porter atteinte à la vie d’autrui », tandis que le vol suppose l’intention frauduleuse,
les coups et blessures volontaire : l’intention de nuire, tandis que l’injure : l’intention d’insulter.
Dans tous les cas, l’intention criminelle ne doit pas être confondue avec le Mobile, qui est la cause profonde de l’acte. Il peut
prendre diverses formes (Envie, Cupidité, Haine, Amour, Pitié, Faim…), mais qui demeure inaccessible au juge puisqu’il
relève du for interne et qui partant lui rendent inopérant dans la plupart des cas.
121 Pradel et Danti-Juan (Droit pénal spécial) :
122 LIKULIA BOLONGO, op. cit., pp. 52-53.
123 Id., p. 54.
30
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
F. REGIME REPRESSIF
§2. L’ASSASSINAT
A. NOTIONS
Il ne faut pas voir dans l'assassinat un crime spécial, sui generis, l'assassinat n'est que le
meurtre aggravé par des circonstances qui en augmentent la criminalité125. En science
criminelle, dit DOUCET, l'assassinat résulte d’un acte qui, non seulement est perpétré avec
l’intention d’ôter la vie d’autrui, mais encore se trouve marqué par une circonstance
aggravante telle que le guet-apens, la préméditation, la cruauté, la lâcheté... Ce crime majeur
appelle la sanction la plus élevée que le législateur entend retenir dans l'arsenal des peines
touchant les atteintes à la personne humaine126.
Le code pénal congolais définit l’assassinat comme le meurtre commis avec préméditation127.
C’est la même définition que lui réserve le Code pénal du Luxembourg en son article 394.
Mais il n’en est pas ainsi pour toutes les législations. En effet, aux termes de l’article 181 du
Code pénal de l Principauté d’Andorre: « Commet un assassinat celui qui tue une personne
lorsque intervient l’une des circonstances suivantes : a)- Préméditation, b)- Guet-apens, c)-
Cruauté non nécessaire, d)- Empoisonnement, e)- Récompense128 ».
Le meurtre ayant déjà été étudié, on s’y référera. Il ne nous reste plus qu’à savoir ce qu’il faut
entendre par préméditation.
B. LA PREMEDITATION
L’assassinat exige pour son établissement la réalisation de tous les éléments constitutifs du
meurtre et la préméditation de l’acte accompli.
Le terme préméditation dérive du verbe latin praemeditor qui, selon Gaffiot, signifiait :
méditer d'avance, se préparer par la réflexion, se concerter d'avance. L’ancien droit pénal
français n’utilisait pas le verbe préméditer, mais le verbe pourpenser qui signifiait : élaborer
un projet, méditer longuement une action, voir comploter. Il distinguait notamment le guet-
apens simple du guet-apens pourpensé130.
La préméditation est le dessein formé avant l’action de commettre un crime ou un délit131.
Il y a préméditation lorsque l’acte délictueux reproché au prévenu a été accompli, non de
manière spontanée, mais en application d’un dessein longuement réfléchi et adopté avant
l’action132.
La préméditation consiste ordinairement dans le dessein mûrement réfléchi et persistant
d’attenter à la vie d’autrui, par des moyens soigneusement choisis dans l’intention de réussir
l’entreprise coupable133.
Le dol réfléchi ou préméditation existe lorsque l'agent réfléchit à son action à l'avance. Suffit-
il qu'un certain temps s'écoule entre la résolution criminelle et la commission de l'infraction ?
A notre avis, non. La préméditation étant un dol aggravé, pour qu'elle existe, il ne suffit pas
que l'intention de commettre le crime ait précédé l'action, il faut encore que le temps qui s'est
écoulé entre la résolution criminelle et l'exécution de l'acte134 «ait été employé à la
réflexion.»135
La Cour Suprême de Justice a jugé que la préméditation requise pour l'existence de
l'infraction d'assassinat est établie par une succession d'actes préparés au moins 24 heures à
l'avance, à savoir le fait d'avoir déjà attiré la victime sur les lieux du crime, porteur d'un
revolver chargé136.
Il est entendu que cette appréciation ne lie aucune juridiction, et les Cours et tribunaux restent
libres de décider, dans chaque cas d'espèce, si le temps écoulé constitue ou non la
préméditation137.
La preuve de la préméditation est à rechercher parmi les faits qui ont accompagné l’acte. Par
exemple, en cas d’achat d’armes et de munitions et de menace de mort proférés quelques
heures avant le rendez-vous fixé avec la victime138.
La préméditation suppose donc :
- La résolution de donner la mort ;
- Une certaine durée du temps plus ou moins longue, en tout cas variable dans
chaque cas, entre la conception de l’infraction et son accomplissement et
- La réflexion.
Le guet-apens consiste à attendre dans un lieu un individu pour lui donner la mort ou exercer
sur lui des actes de violence. Il suppose donc la préméditation139.
§3. L’EMPOISONNEMENT
A. NOTIONS
L’empoisonnement est le meurtre commis par le moyen de substances qui peuvent donner la
mort plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées
ou administrées140.
Il est différent de l’empoisonnement prévu est puni par l’article 170 du code pénal militaire
aux termes duquel : « Tout empoisonnement de seaux ou des denrées consommables, tout
dépôt, aspersion ou utilisation de substances nocives destinées à donner la mort, en temps de
guerre ou sur une région sur laquelle l’état de siège ou d’urgence aura été proclamé ou à
l’occasion d’une opération de police tendant au maintien ou au rétablissement de l’ordre
public ».
Sur le plan moral, si toutes les autorités civiles et religieuses condamnent le meurtre, elles
abominent plus encore l'empoisonnement qui traduit chez son auteur lâcheté, hypocrisie et
dissimulation.
B. ELEMENT LEGAL ET ELEMENT AXIOLOGIQUE
1. Elément légal
L’élément légal de l’empoisonnement est l’article 49 du C.P qui dit : « Est qualifié
empoisonnement, le meurtre commis par le moyen de substances qui peuvent donner la mort
plus ou moins promptement, de quelque manière que ces substances aient été employées ou
administrées. Il sera puni de mort ».
Etant une variété du meurtre, son élément légal inclut celui du meurtre.
2. Elément axiologique
L’infraction d’empoisonnement, comme toute infraction de meurtre, protège la personne dans
sa vie.
C. ELEMENTS MATERIELS
« Pour que l’infraction soit retenue, les substances employées ou administrées avec la
volonté de donner la mort doivent être mortelles ou susceptibles de la provoquer plus
au moins promptement. Le législateur n’a pas défini ni donné la liste de ces substances.
En tout cas, il doit s’agir du poison et il faudra recourir à l’expert (toxicologue) pour
les déterminer. Généralement, on considère comme poison les substances toxiques ou
vénéneuses, des bacilles ou des virus.
Il s’agit donc de toutes les substances capables de détruire ou d’altérer les fonctions
vitales. Certaines substances végétales (comme les champignons) sont aussi retenues
comme poison.
L’empoisonnement exige pour sa réalisation un des deux éléments intellectuels qui suivent :
l’intention de provoquer la mort de la victime, animus necandi, ou tout au moins agir avec la
conscience que la substance administrée peut la provoquer plus au moins promptement.
E. PROTAGONISTES DE L’EMPOISONNEMENT
F. REGIME REPRESSIF
A. NOTIONS
Aux termes de l’article 52 du C.P : « Est coupable d’homicide ou de lésions involontaires
celui qui a causé le mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention
d’attenter à la personne d’autrui ».
Cet article est commun à l’homicide involontaire et aux lésions corporelles involontaires. Il
est l’équivalent de l’article 43 du même code pour ce qui concerne les homicides et lésions
corporelles volontaires. Nous en ferons, s’il le faut, même un commentaire commun.
Il résulte dudit article que l’homicide involontaire consiste dans le fait de causer la mort d’une
personne par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d’attenter à la
personne d’autrui.
Il ne s’agit donc pas uniquement de la mort provoquée par des violences involontaires. Certes,
la mort non recherchée qui survient à la suite des violences non voulues fait partie de
l’homicide involontaire, mais cette incrimination couvre également toute mort survenue,
même sans violence, mais à la suite d’une omission due à la maladresse, à l’imprudence, à la
négligence, à l’inattention, à l’indifférence ou à l’impéritie (ne pas mettre des garde-fous
autour d’une piscine dans laquelle les enfants se noient ; ne pas couvrir la fausse sceptique
dans laquelle un enfant tombe et meurt ; laisser les médicaments à la porté des enfants qui en
meurent … ).
Pour Jean LESUEUR, pour qu'il y ait infraction, au sens de l'article 52 du Code Pénal, il faut
qu'il y ait atteinte à l'intégrité corporelle de la victime, il peut s'agir de lésions externes (piéton
blessé par un automobile, accident de chasse....) ou de lésions internes, de maladie,
d'empoisonnement (état de folie survenu à la suite d'un accident de la route empoisonnement à
la suite de consommation de gâteaux avariés, ...).
Peu importe le degré de gravité des blessures ou de la maladie : dès que l'intégrité physique de
la victime est atteinte, si légèrement que ce soit, il y a lésion corporelle. Il faut cependant
qu'il s'agisse d'une véritable atteinte à l'intégrité physique : une simple indigestion, provoquée
par l'absorption de denrées légèrement avariées ne peut être considérée comme lésion
corporelle.
Peu importe, pour la constitution de l'infraction, la nature du fait matériel ayant causé la mort
ou les lésions : coup de feu, embardée d'un chauffeur imprudent, l’erreur d'un pharmacien
dans la confection d'une ordonnance, noyade, etc. (l'emploi de substances mortelles ou
nuisibles à la santé est ici assimilé aux autres moyens de provoquer la mort ou des lésions
corporelles)146.
B. ELEMENT LEGAL ET ELEMENT AXIOLOGIQUE
L’homicide involontaire est prévu et puni par les articles 52 à 53 du C.P qui dispose :
« Article 52. Est coupable d’homicide ou de lésions involontaires celui qui a causé le
mal par défaut de prévoyance ou de précaution, mais sans intention d’attenter à la
personne d’autrui.
Article 53. Quiconque aura involontairement causé la mort d’une personne sera puni
d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de cinquante à mille
francs».
L’homicide involontaire protège la personne dans sa vie.
C. LE DOMMAGE (ELEMENT MATERIEL)
Comme tout délit d’imprudence, l’homicide involontaire requiert un dommage, une faute
pénale et un lien de cause à effet entre ladite faute et ledit dommage.
Ici le dommage c’est le fait matériel homicide : Pour que le fait matériel soit établi, la loi
exige qu’une personne soit morte. On tient donc compte du résultat : la mort147.
D. LA FAUTE PENALE ET LE LIEN CAUSAL (ELEMENTS INTELLECTUELS)
Pour que l’infraction soit retenue, l’agent doit avoir commis une faute. Cette faute peut même
être légère. Si aucune faute n’est établie, il n’y a pas d’infraction. Le hasard n’est pas une
faute de même que le cas fortuit.
L’article 52 du code pénal donne une énumération limitative des fautes pénales en prévoyant
le défaut de prévoyance et de précaution sans énumérer les faits constitutifs de la faute pénale.
Mais la jurisprudence estime que par défaut de prévoyance ou de précaution, il faut entendre
toute faute non intentionnelle commise par un agent qui a omis d’accomplir un acte qui lui
incombait ou plus généralement celle qui consiste à un manque de soins pour éviter un mal149.
La faute peut revêtir plusieurs formes. Jean LESUEUR les présente de la manière suivante150 :
« 1° La maladresse, c'est-à-dire l'ignorance ou l'incapacité de son auteur. La
maladresse peut être manuelle ou intellectuelle.
Exemples :
- un chasseur blesse un passant en visant le gibier (maladresse manuelle) ;
- un maçon laisse tomber une pierre sur un passant (maladresse manuelle) ;
- un médecin prescrit un médicament mal dosé (maladresse intellectuelle) ;
- un architecte construit un ouvrage selon un plan défectueux ; l'ouvrage s'écroule
(maladresse intellectuelle) ;
- un chirurgien tue son patient, d'un, coup de bistouri au cours d'une opération très
simple (maladresse physique ou manuelle) ;
- un chirurgien cause la mort de son patient, non cette fois par maladresse
physique mais par ignorance de ce qu'il fallait faire (maladresse intellectuelle).
3°) L'inattention, qui est la faute de l'homme absorbé par autre chose que par ce
qu'il fait.
Exemples :
- automobiliste qui s'absorbe dans le spectacle de la rue et qui provoque un
accident
- pharmacien pensant à autre chose et qui délivre par mégarde un produit toxique
- chirurgien ayant oublié une pince dans le corps de son patient.
4°) La négligence est l'omission d'une précaution commandée par la prudence (on
voit d'après cette définition, que -les fautes par négligence pourraient être
classées dans la catégorie des fautes par imprudence) ;
Exemples :
- automobiliste qui omet de faire vérifier ses freins et cause un accident ;
- automobiliste abandonnant serrer les freins ;
- chasseur rangeant sur fusil sans le décharger ;
- ménagère laissant en son absence son fer électrique branché, provoquant un
incendie au cours duquel un voisin est brûlé ;
- industriel ayant négligé de disposer des appareils protecteurs autour de certains
organes dangereux de ses machines.
5°) L'inobservation des règlements. Les règlements dont il s'agit ici sont tous les
textes légaux et administratifs: lois, ordonnances, décrets, arrêtés des diverses
autorités administratives.
Exemples :
- automobiliste circulant en sens interdit et provoquant un accident ;
- patron de cinéma responsable d'accidents survenus au cours de l'incendie de sa
salle, pour n'avoir pas respecté les règlements concernant l'installation de la
cabine ou le mode d'ouverture des portes ;
- non éclairage de matériaux ou d'excavation ».
2. Lien causal entre la faute et le fait matériel (mort, coup ou blessure)
Il doit y avoir une relation de cause à effet entre la faute commise et le dommage subi par la
victime. Il importe peu qu’il y ait ou non des fautes multiples imputables à plusieurs
personnes pour qu’il y ait faute. Ici, la responsabilité pénale de chacune des personnes doit
être engagée. L’imprudence ou la négligence de l’une ne doit pas exclure la négligence ou
l’imprudence de l’autre. Exemple : un homme qui sait que sa femme ne sait pas conduire un
véhicule et qu’elle n’a pas de permis de conduire, lui confie néanmoins sa voiture avec
laquelle cette dernière va cogner un véhicule en mauvais stationnement qui va heurter
mortellement un piéton. Il y a ici plusieurs fautes imputables à plusieurs personnes à savoir le
propriétaire du véhicule en mauvais stationnement, la femme et son mari. La faute de l’un
n’excuse pas celle de l’autre, car il y a ici le cas de causalité directe et de causalité indirecte.
Personne ne peut donc écarter sa responsabilité car tous ont commis une faute. Dans tous ces
cas, l’agent sera poursuivi soit seul si c’est sa faute qui est à la base du dommage soit
conjointement avec l’auteur direct et matériel si sa faute s’ajoute à celle de celui-ci151.
A défaut de ce lien de causalité, le prévenu doit être exonéré de sa responsabilité. C’est le cas
notamment lorsque le décès de la victime est dû à sa propre faute. Et cette faute doit être la
cause unique et exclusive du préjudice. Exemple : un passager à bord d’un véhicule sentant un
danger, saute et meurt. La faute n’est pas du chauffeur. On ne peut pas non plus retenir la
responsabilité pénale en cas de force majeure résultant d’un événement irrésistible et
imprévisible152.
D’après Jean LESUEUR,
« La faute de l’auteur doit être la cause directe du dommage subi par la victime, mais il
n’est pas nécessaire, comme dans le cas de violences volontaires, que l’auteur ait agi
lui-même153. Il n’est pas nécessaire que l’auteur soit présent au moment où les
blessures sont infligées à la victime, il peut même s’écouler un temps assez long
entre la commission de la faute et le moment où le préjudice est subi154. Cas du
cumul de la faute de la victime avec celle de l’auteur : il arrive souvent, dans les cas
d’accidents, que la victime ait également commis une faute. Il en résulte un partage
de la responsabilité civile, mais la responsabilité pénale de l’auteur reste entière155».
E. PROTAGONISTES DE L’HOMICIDE INVOLONTAIRE
F. REGIME REPRESSIF
L’homicide involontaire est puni d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une
amende de cinquante à mille francs congolais ; soit le prix d’un paquet de cigarettes, donc une
somme qui ne peut procurer une bouteille de bière. La modicité du taux maximum de cet
amende appelle des observations.
Il y a homicide préterintentionnel toutes les fois que le décès de la victime, consécutif aux
actions ou omissions volontaires de l’agent, est survenu alors que ce résultat n’était pas
recherché par ce dernier.
153 Exemples : instituteur laissant des enfants jouer avec une arme chargée et qui blessent en passant ; personne laissant
imprudemment un pot de fleur sur le bord de la fenêtre ; cycliste commettant une imprudence et provoquant l’écart
d’automobiliste qui blesse un passant.
154 Exemples : un patron remet un outil défectueux à un ouvrier qui en l’utilisant plus tard, se blesse ou blesse un
compagnon; un architecte fait effectuer une construction défectueuse qui, parfois plusieurs années plus tard, s’effondre et
provoque des blessures ou des décès. Plusieurs exemples célèbres ont été fournis ces dernières années avec des ruptures
de barrages provoquant des centaines de victimes.
155 Exemple : un automobiliste, roulant en excès de vitesse dans une agglomération, renverse et tue un cycliste qui a
brusquement tourné à gauche sans prévenir. La responsabilité civile de l’automobiliste pourra être atténuée : si le juge
estime que la responsabilité du cycliste était engagée à 40%, l’automobiliste (ou son assurance) n’aura que 60% de
dommages-intérêts à payer. Mais la responsabilité pénale reste entière. Certes le juge, tenant compte de la faute du cycliste,
pourra infliger une peine moindre, mais légalement, l’automobiliste peut être condamné au maximum prévu par le Code
pénal
156Code pénal d'Andorre, note sur l'art. 24 : Praeter-intentionnel.
39
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
HAUS enseigne justement que dans ce type d'infraction (coup mortel), il y a concours de dol
et de faute, le dol portant sur les coups et blessures, et la faute sur la mort (culpa dolo
determinata)158.
DOUCET enseigne qu’une « infraction est dite intentionnelle lorsque l'agent accomplit un
acte de violence envers autrui dans le but d'atteindre un certain résultat ; elle devient praeter-
intentionnelle (préterintentionnel) quand le résultat dépasse le but recherché. Il en est ainsi
quand un individu a fait absorber une drogue à une personne dans le seul but de l'endormir ;
mais que cette personne vient à décéder. C’est aussi le cas lorsqu’un individu use de la force
pour violer une femme, et que cette violence cause la mort de la victime : le décès devient
dans certains droits une circonstance aggravante du viol»159.
MERLE et VITU enseignent que « l’hypothèse du délit praeter intentionnel se réalise lorsque
l’infraction développe des conséquences plus graves que celles qui étaient prévues ou
prévisibles pour l’agent. L’exemple classique est celui de l’individu qui, donnant
volontairement des coups à une femme enceinte dont il ignore la grossesse, provoque
l’avortement162.
praeter-intentionnelle lorsque, pour apprécier la culpabilité de l'agent, ils examinent ses "mobiles" et confondent alors le
motif, cause de l'action, et le but poursuivi
160 JEANDIDIER, Droit pénal général, n° 331, cité par DOUCET, JP., op. cit., v° Préterintentionnel.
161 DESPORTES et LE GUNEHEC, Le nouveau droit pénal, cité par DOUCET, JP., op. cit., v° Préterintentionnel.
162 MERLE et VITU, Traité de droit criminel.
40
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Les coups mortels sont prévus et punis par l’article 48 du C.P et par l’article 150 de la
L.P.P.E.
L’article 48 du C.P dispose : « Lorsque les coups portés ou les blessures faites volontairement
mais sans intention de donner la mort l’ont pourtant causée, le coupable sera puni d’une
servitude pénale de cinq ans à vingt ans et d’une amende qui ne pourra excéder deux mille
francs ».
L’article 150 de la L.P.P.E dit : « Les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort
d'un enfant sans intention de la donner sont punis de cinq à vingt ans de servitude pénale
principale et d'une amende de cinq cents mille à un million de francs congolais ».
41
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Pour que les coups mortels soient établis, l’infraction doit se révéler par le décès de la
victime, consécutif aux coups et blessures. D’où deux éléments matériels suivants : l’élément
matériel de l’infraction de coups et blessures volontaires et le résultat non voulu, non-
recherché : le décès de la victime.
1. L’intention, la volonté de faire du mal à la victime : L’élément intentionnel porte ici sur
l’acte, c'est-à-dire sur le coup et non sur la mort qui en est la conséquence. Il importe
donc peu que l’auteur ait prévu ou non cette conséquence, qu’il ait voulu ou non ou
même qu’il n’ait pas pu la prévoir. L’essentiel est qu’il ne doit pas avoir cherché ou visé
la mort de la victime163.
2. Absence d’intention de tuer ;
3. Lien de causalité entre l’acte posé (intentionnellement) et la mort de la victime :
L’infraction suppose une relation de cause à effet entre les coups portés et les blessures
faites volontairement et la mort de la victime. Il faut que la mort soit la conséquence des
coups sinon on tombe sur les articles 46 et 47 du code pénal.
La jurisprudence décide que cette causalité existe même si des soins appropriés auraient
dû empêcher la mort de la victime du moment qu’il n’est pas établi que cette mort est due
à une cause étrangère ou à la suite d’une infection provenant des soins. Exemple : lorsque
la mort de la victime résulte d’une rupture utérine sur une cicatrice de césarienne causée
par la gifle donnée par la prévenue laquelle gifle provoqua l’accouchement par suite du
choc émotif quelle occasionna.
Ce lien de causalité peut être indirect mais il doit être établi pour que le juge se prononce.
D. PROTAGONISTES ET REGIME REPRESSIF
Les coups mortels sont punis de servitude pénale et d’amende. La servitude pénale est la
même dans le code pénal congolais que dans la L.P.P.E : 5 à 20 ans.
La précision reprise par l’article 150 de la L.P.P.E, à savoir « servitude pénale principale » est
pléonastique. En effet, toutes les fois que la servitude pénale est l’instrument direct de la
répression, elle est principale ; elle ne devient subsidiaire que lorsqu’elle remplace l’amende.
Aussi l’expression servitude pénale principale est plus appropriée au juge qui l’utilise pour le
distinguer avec la servitude pénale subsidiaire, deux concepts qu’il utilise, mais pas au
législateur qui n’utilise pas le second. Ainsi, croyant qu’il corrigeait ses erreurs du passé, le
législateur a plutôt sombré dans le fourvoiement.
L’amende ne peut excéder deux mille francs, aux termes de l’article 48 du C.P.
L’article 150 de la L.P.P.E prévoit l’amende de cinq cents mille à un million de francs
congolais, lorsque l’enfant mineur est victime des coups mortels.
Le relevé des infractions d’homicide préterintentionnel que nous avons effectué démontre que
les infractions préterintentionnelles sont incriminées plus comme circonstances aggravantes
d’autres infractions que comme infractions autonomes. Même les coups mortels que nous
qualifions d’infraction préterintentionnelle type n’est en réalité qu’une des circonstances
aggravantes de l’infraction des coups et blessures volontaires. C’est pourquoi nous
examinerons les autres homicides préterintentionnels au cours de l’examen des infractions
qu’ils aggravent.
Les coups et blessures volontaires sont prévus et punis par les articles 43, 46 et 47 du C.P
congolais ; les articles 143 à 145 et 147 à 149 de la L.P.P.E et par l’article 1er du Décret du 3
43
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
164Décret du 3 décembre 1956 — Répression des violences commises à l’occasion d’accidents de roulage. – Approbation de
l’ordonnance-loi 05-320 du 10 octobre 1955. (B.O., 1956, p. 1986) in Les codes Larcier de la RDC, TII. Droit pénal,
Art. 1er. Sans préjudice de l’application de peines plus sévères qui seraient portées par le Code pénal, sera puni d’une
servitude pénale de 6 mois à 3 ans, celui qui, à l’occasion d’un accident de roulage, se sera livré à des violences à l’égard
du conducteur ou des passagers d’un véhicule.
Sera puni des mêmes peines celui qui aura commis des violences à l’égard des personnes qui portent ou cherchent à porter
assistance aux conducteurs et aux passagers des véhicules visés au premier alinéa du présent article ou aux victimes de
l’accident.
Art. 2. Sera puni d’une servitude pénale de 8 jours à 6 mois et d’une amende ne dépassant pas 200 francs ou d’une de ces
peines seulement, celui qui aura pris part à un attroupement au cours duquel des infractions visées par l’article 1 er auront été
commises.
Art. 3. N’est pas punissable, dans les circonstances reprises aux articles précédents, le fait de repousser une attaque,
défendre autrui ou séparer les combattants.
44
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 147 de la L.P.P.E. Les coups et blessures volontaires portés sur l'enfant sont
punis de trois à six mois de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à
deux cent cinquante mille francs congolais,
En cas de préméditation, l'auteur est passible de six à douze mois de servitude pénale
principale et d'une amende de cent cinquante mille à trois cent mille francs congolais.
Article 148 de la L.P.P.E. Les coups et blessures volontaires porté sur l'enfant ayant
entraîné une maladie ou une incapacité de plus de huit jours sont punis de six à douze
mois de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à trois cent
cinquante mille francs congolais
Article 149 de la L.P.P.E. Les coups et blessures volontaires ayant entraîné une
mutilation ou un handicap permanent de l'enfant sont punis de deux à cinq ans de
servitude pénale principale et d'une amende de trois cent cinquante à cinq cents mille
francs congolais.
Article 1er du Décret du 3 décembre 1956. Sans préjudice de l’application de peines
plus sévères qui seraient portées par le Code pénal, sera puni d’une servitude pénale de
6 mois à 3 ans, celui qui, à l’occasion d’un accident de roulage, se sera livré à des
violences à l’égard du conducteur ou des passagers d’un véhicule.
Sera puni des mêmes peines celui qui aura commis des violences à l’égard des
personnes qui portent ou cherchent à porter assistance aux conducteurs et aux
passagers des véhicules visés au premier alinéa du présent article ou aux victimes de
l’accident.
La lecture des articles susvisés nous convainc que le législateur incrimine différemment les
coups et blessures volontaires :
1. Selon qu’il tient compte de la gravité du préjudice causé, dans ce cas il faut
distinguer :
- Les coups et blessures volontaires simples ;
- Les coups et blessures volontaires aggravés.
2. Selon le degré de l’élément moral, dans quel cas on doit isoler des autres les coups et
blessures volontaires avec préméditation et
3. Selon la qualité de la victime, auquel cas il faut distinguer :
- les coups et blessures volontaires sur autrui ;
- les coups et blessures volontaires sur un enfant mineur et
- les coups et blessures volontaires sur une femme enceinte.
Du point de vue axiologique, les infractions susvisées protègent dans son intégrité physique et
mentale la personne physique qui peut être un homme ou une femme de n’importe quel âge et
de n’importe quelle condition physique ou mentale (ainsi celui frappe un fou ne sera pas
moins puni). Un accent est néanmoins mis sur la protection de l’enfant mineur et sur celle
d’une femme enceinte.
La réalisation de l’infraction de coups et blessures volontaires requiert un élément matériel et
un élément intellectuel. La personnalité humaine de la victime est requise comme pour toutes
les infractions portant atteinte à la personne. Toujours est-il que dans certains cas, la victime
doit être soit une femme enceinte, soit un enfant mineur.
45
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Qu’il s’agisse des coups et blessures volontaires simples, des coups et blessures volontaires
avec préméditation, des coups et blessures volontaires aggravés, des coups et blessures
volontaires sur toute personne, des coups et blessures volontaires sur un enfant mineur ou des
coups et blessures volontaires sur une femme enceinte, toute infraction de coups et blessures
volontaires requiert d’abord un fait matériel consistant soit en un coup, c.-à-d. une atteinte
physique à la personne, soit en une blessure, c.-à-d. une lésion interne ou externe, ensuite la
personnalité humaine de la victime.
Tel est le principal élément matériel de l’infraction de coups et blessures volontaires auquel
s’ajoutent des particularités diverses pour constituer telle ou telle autres variantes susvisées de
cette infraction. C’est pourquoi LIKULIA, qui est très détaillé sur la question et dont nous
résumons les propos dans les lignes qui suivent, le classe dans les « éléments communs » à
toutes les infractions de coups et blessures volontaires165. S’il est trouvé seul, l’infraction est
qualifiée de « coups et blessures volontaires simples ».
Quoiqu’il en soit, il faut que l’acte perpétré par l’agent soit un acte positif et matériel à la
fois.
Par acte positif on veut dire un acte de commission et non une omission.
Par acte matériel on veut dire un coup ou une blessure. Toujours est-il qu’un des deux suffit
pour caractériser l’infraction.
1. LE COUP
LIKULIA enseigne que le coup est toute atteinte matérielle ou physique résultant du
rapprochement violent de deux corps. Peu importe la gravité ou le degré de la violence, même
si le coup n’a pas laissé de traces apparentes. Mais pour qu’il y ait un coup, il faut que celui-ci
soit de nature à impressionner physiquement la personne, à agresser. Avec le coup, le contact
entre les deux corps doit être assez sérieux pour faire la différence avec l’infraction de
violences et voies de fait. C’est ainsi que tirer l’oreille de quelqu’un n’est pas un coup. Un
coup crée une panique, un sursaut. Celui qui saisit violement ou non une personne et lui
frappe la tête sur le sol comme l’infraction de coups et blessures volontaire. Un coup peut être
administré soit directement soit indirectement.
Sont compris dans le mot «armes», toutes machines, tous instruments, ustensiles ou
autres objets tranchants, perçants ou contondants dont on se sera saisi pour tuer,
blesser ou frapper, même si on n’en a pas fait usage167.
Selon Jean LESUEUR, « l’expression atteinte physique ne doit pas provoquer de confusion,
elle englobe les atteintes matérielles et les atteintes mentales à la santé de la victime»168.
Et d’ajouter que même les voies de fait entrainant une atteinte à la santé de la victime
doivent être réprimées comme coups et blessures volontaires.
« Les voies de fait sont des violences qui ne comportent ni coup ni blessure. Par
exemple : prendre une personne par le bras et l’expulser d’une pièce, d’un bar, etc. Les
voies de fait peuvent même ne comporter aucun contact direct avec la victime.
Par exemple : coucher une personne en joue avec un fusil, brandir contre elle une
hache, un rasoir, ou même frapper chaque nuit à sa fenêtre pour l’empêcher de trouver
le sommeil.
L’article 46 du Code Pénal ne parle pas des voies de faits qui ne sont citées que par
l’article 51 qui réprime les violences légères qui ne blessent ni ne frappent personne, en
prévoyant une peine légère de sept jours au maximum de servitude pénale. Que devra
faire le juge si les voies de fait nuisent, parfois gravement, à la santé de la victime.
Par exemple : - la victime couchée en joue avec le fusil, était cardiaque ; elle tombe
gravement malade ou meurt sur le coup.
- la personne qu’on empêche de dormir tombe malade, etc.
Il ne fait aucun doute que le juge doit, dans ces différents cas, appliquer les articles 46,
47 et 48 du code pénal et condamner l’auteur pour coups et blessures volontaires,
même s’il n’y a eu à proprement parler ni coup et blessure ».
N.B : Les violences exercées sur soi-même ne sont pas punissables (suicide manqué), sauf
textes spéciaux (avortement, mutilations volontaires pour se soustraire aux obligations
militaires).
2. LA BLESSURE
La blessure est toute lésion externe ou interne produite dans l’organisme humain soit par un
coup, soit par un choc ou rapprochement soit par une arme ou un instrument tranchant,
perçant, contondant, piquant soit par tout autre objet susceptible de laisser une trace apparente
ou durable, par exemple les dents169 (la morsure des dents comme objet perçant constitue les
coups et blessures). Donc par blessure, il faut entendre la déchirure de la peau ou de la chair
notamment la plaie, l’égratignure, l’ecchymose, les éraflures, toute brûlure, contusion ou
meurtrissure. Peu importe la gravité de la blessure, c'est-à-dire grande ou petite, la blessure est
une infraction. Une légère blessure peut être retenue. Envoyer son chien mordre quelqu’un est
une infraction de coups et blessures. Peu importe les moyens ou les instruments (liquide),
l’état physique de la victime (frapper un malade parce qu’il souffre il y a longtemps)170.
C. ELEMENT INTELLECTUEL
L’élément intellectuel des coups et blessures volontaires est « l’intention, la volonté de faire
du mal à la victime, une intention indéterminée d’attenter à la personne de la victime :
l’animus nocendi ».
E. REGIME REPRESSIF
Les sanctions des coups et blessures volontaires varient selon qu’ils sont simples ou affectés
des circonstances aggravantes. Toujours est-il que depuis l’entrée en vigueur de la L.P.P.E
leurs régimes ne sont plus les mêmes.
La différence au niveau du taux de la peine aurait commandé que l’on considéra les
incriminations de la L.P.P.E comme des circonstances aggravantes de l’infraction prévue par
le code pénal, mais le fait qu’elles soient calquées sur celle-ci, déjà à ce niveau, mais aussi au
niveau des circonstances aggravantes qui s’ajoutent aux incriminations de base nous amène à
considérer trois séries de coups et blessures volontaires simples qui ne différent pas en grand-
48
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
chose. En effet, elle ne différent en rien dans la définition de l’incrimination. Les seuls
différences qu’elles ont sont au niveau des victimes qu’elles protègent et des peines. Autant
reconnaître que cela relève d’une mauvaise légistique, parce qu’elle participe à l’inflation
pénale et à l’éparpillement des sources documentaires des infractions, deux maux qui
pouvaient être évités si l’on s’était limité à modifier et à compléter le code pénal à ce sujet.
a) Les coups et blessures volontaires simples sur autrui : ils sont punis de huit jours à
six mois de servitude pénale et de vingt-cinq à deux cents francs d’amende ou d’une
de ces peines seulement, en vertu de l’article 46, al.1 du C.P.
b) Les coups et blessures volontaires simples sur une femme enceinte : ils sont punis
de six mois à un an de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à
deux cent cinquante mille francs congolais, en vertu de l’article 143 de la L.P.P.E.
c) Les coups et blessures volontaires simples sur un enfant : ils sont punis de trois à
six mois de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à deux cent
cinquante mille francs congolais, en vertu de l’article 147, al.1 de la L.P.P.E.
Ici également, seuls la victime et les taux des peines distinguent les deux infractions dont les
incriminations sont les mêmes.
a) Coups et blessures volontaires avec préméditation sur autrui : ils sont punis d’une
servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinquante à cinq cents
francs, en vertu de l’article 46, al.2 du C.P.
b) Coups et blessures volontaires avec préméditation sur un enfant : ils sont punis
d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de cinquante à cinq
cents francs, en vertu de l’article 147, al.2 de la L.P.P.E.
blessures ont causé blessures faites porté sur l'enfant ayant entraîné une
une maladie ou une volontairement, sans maladie ou une incapacité de plus de
incapacité de travail détruire l'embryon ou le huit jours sont punis de six à douze
personnel, ou s’il en fœtus, entraînent pourtant mois de servitude pénale principale et
est résulté la perte de une altération grave de la d'une amende de deux cents mille à
l’usage absolu d’un santé de la femme, de trois cent cinquante mille francs
organe ou une l'embryon, du fœtus ou la congolais
mutilation grave, les perte d'un organe, l'auteur
peines seront une est passible de deux à Les coups et blessures volontaires
servitude pénale de cinq ans de servitude ayant entraîné une mutilation ou un
deux ans à cinq ans pénale principale et d'une handicap permanent de l'enfant sont
et une amende qui ne amende de deux cents punis de deux à cinq ans de servitude
pourra excéder mille mille à trois cent pénale principale et d'une amende de
francs. cinquante mille francs trois cent cinquante à cinq cents
congolais. mille francs congolais.
- une maladie : l’altération de la santé et non une simple douleur, car le coup fait
normalement mal ou provoque la douleur certainement. La simple douleur ne suffit pas à
caractériser la maladie. Il faut donc une maladie sérieuse ou grave et non simple maladie.
- une incapacité de l’enfant de plus de huit jours.
- une incapacité de travail personnel : C’est toute immobilisation de la victime de se livrer
à ses occupations habituelles ou à exercer un travail corporel quelconque. Et cette
171
172 NYABIRUNGU mwene SONGA,
50
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
incapacité doit être sérieuse soit par sa durée, soit par ses modalités. Exemple : donner
des coups à quelqu’un qui ne peut pas exercer son travail pendant deux mois. Cette
incapacité peut être totale ou partielle : I.T.P.T= incapacité de travail
personnel temporaire et I.T.P.P= incapacité de travail personnel permanente. Mais la
condition est qu’elle soit sérieuse. L’incapacité doit être le résultat des coups qu’il a
administrés.
- la perte de l’usage absolu d’un organe : Il s’agit d’une infirmité permanente résultant de
la perte d’un des organes du corps humain (Perte de la vue). La paralysie d’un membre du
corps humain entre dans cette catégorie. Exemple : couper l’avant-bras de quelqu’un avec
une machette, c’est un coup grave parce qu’on ne peut plus le reconstituer. Ce coup
provoque une infirmité permanente pour la victime.
- une mutilation grave : Il n’y a pas perte absolue d’un organe mais seulement perte de
l’usage. Ex : couper une des oreilles est une mutilation grave qui ne détruit pas l’ouïe.
Constitue la mutilation grave : la perte d’un œil, d’une oreille, du nez, d’un bras, d’une
jambe… qui n’empêche pas l’autre à fonctionner. Ne constitue pas une mutilation grave :
la perte d’un doigt. Ces questions sont des faits laissés toujours à l’appréciation
souveraine du juge. La perte du doigt n’est pas plus grave que celle du bras.
- Un handicap permanent de l’enfant.
- une altération grave de la santé de la femme, de l'embryon, du fœtus ou la perte d'un
organe.
§2. TORTURE
INTRODUCTION
I. ELEMENT LEGAL
L’interdiction de la torture en droit congolais résulte des plusieurs textes d’origines interne et
internationale qui y sont en vigueur. Aussi la base légale de cette infraction est diversifiée.
Cette diversification entraîne ipso facto une diversité de régimes juridiques de la torture en
RDC. Nous limiterons à la torture telle qu’incriminée dans le code pénal congolais et la loi n°
09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.
La torture est prévue et punie par le code pénal congolais sur pied des articles 48bis, 48ter
48quater et 67 dont les libellés suivent.
« Article 48 bis. Tout fonctionnaire ou officier public, toute personne chargée d’un service
public ou toute personne agissant sur son ordre ou son instigation, ou avec son consentement exprès
ou tacite, qui aura intentionnellement infligé à une personne une douleur ou des souffrances aiguës,
physiques ou mentales, aux fins d’obtenir d’elle ou d’une tierce personne des renseignements ou des
aveux, de la punir d’un acte qu’elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir
commis, de l’intimider ou de faire pression sur elle ou d’intimider ou de faire pression sur une tierce
personne ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu’elle soit, sera puni
52
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d’une amende de cinquante mille francs congolais
à cent mille francs congolais.
Article 48ter. Le coupable sera puni de dix à vingt ans de servitude pénale principale et d’une
amende de cent mille francs congolais à deux cent mille francs congolais lorsque les faits prévus à
l’article 48bis ci-dessus auront causé à la victime un traumatisme grave , une maladie , une incapacité
permanente du travail, une déficience physique ou psychologique, ou lorsque la victime est une femme
enceinte, un mineur d’âge ou une personne de troisième âge ou vivant avec handicap.
Il sera puni de servitude pénale à perpétuité lorsque les mêmes faits auront causé la mort de la
victime.
Article 48quater. Sans préjudices des dispositions de l’article 24 du Code pénal, l’action
publique résultant de faits prévus par les articles 48bis et 48ter ci-dessus est imprescriptible.
Article 67. Est puni d’une servitude pénale d’un à cinq ans celui qui, par violences, ruses ou
menaces, a enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter arbitrairement, détenu ou fait détenir une
personne quelconque.
Lorsque la personne enlevée, arrêtée ou détenue aura été soumise à des tortures corporelles, le
coupable est puni d’une servitude pénale de cinq à vingt ans. Si les tortures ont causé la mort, le
coupable est condamné à la servitude pénale à perpétuité ou à mort. »
Les articles 48bis, 48ter 48quater ont été introduites dans le code pénal par la loi n°11/008 du
09 juillet 2011 portant criminalisation de la torture173, qui ne fait aucun obstacle à la loi n° 09/001 du
10 janvier 2009 portant protection de l'enfant.
La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant incrimine la torture à travers les
articles 151 et 152 aux termes desquels :
« Article 151. Le fait de soumettre un enfant à la torture est puni de un à cinq ans de servitude pénale
principale et d'une amende de cinq cents mille à un million de francs congolais.
Il faut entendre par torture, tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou
mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment de :
1. obtenir d'elle ou d'une tierce personne des renseignements ou des aveux ;
2. la punir d'un acte qu'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d'avoir
commis ;
3. l'intimider ou faire pression sur elle, intimider, faire pression sur une tierce personne, ou
pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu'elle soit, lorsqu'une telle
douleur ou de telles souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute
autre personne agissant à titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès
ou tacite.
Article 152. La peine encourue est la servitude pénale à perpétuité lorsque les tortures ou les actes de
brutalité, de cruauté, d'odieuses souffrances, de privation ou de séquestration susceptibles de porter
atteinte à sa santé physique ou mentale ainsi qu'à son équilibre affectif et psychologique ont entraîné
la mort. »
173 Loi n°11/008 du 09 juillet 2011 portant criminalisation de la torture, in JORDC, n°14, 52ème année, Kinshasa, 15 juillet
2011, col. 21.
174 loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, in JORDC, n°14, 52ème année, Kinshasa, 15 juillet 2011,
col. 21.
53
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Ces textes diffèrent de ceux qui sont portés par la Loi n° 08/011 du 14 juillet 2008 portant
protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes affectées.
II.DENOMINATIONS
A la lecture minutieuse des incriminations de la torture, il s’avère que celles-ci ne définissent
pas une seule infraction, mais plusieurs, et qui, du reste, relèvent de différentes catégories.
Nous distinguons ainsi :
III. DEFINITIONS
Il ressort de la lecture de certains textes incriminateurs, en l’occurrence le code pénal
congolais, la L.P.P.E et le traité de Rome portant statut de la C.P.I, que ces derniers
définissent ce qu’ils entendent par la torture. Il en résulte deux définitions différentes et qui ne
correspondent pas à la définition que la morale ou le français courant réservent à ce concept.
175MORRIS, Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, cité par DOUCET, J.P, op. cit., V° torture.
176Convention des Nations unies contre la torture et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants adoptée le
10 décembre1984 ; entrée en vigueur le 26 juin 1987 et ratifiée par la RDC le 18/3/1996.
54
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
public agissant es qualité ou avec son accord, dans la poursuite de l’un des buts
déterminés par la loi ».
Ainsi sont exclus du champ de la torture deux catégories d’actes :
1° Les actes de même nature que ceux qui sont visés par la loi mais qui, soit sont
commis par l’agent public en dehors de l’exercice de ses fonctions, soit sont commis par
le commun des mortels et
2° Les actes de même nature que ceux qui sont visés par la loi commis par l’agent
public dans l’exercice de ses fonctions, mais dans un but autre que ceux qui sont visés
par la loi.
Les actes ainsi exclus ne peuvent être poursuivis que sur pied des qualifications suivantes:
- Les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Cela sera possible dans
un pays où cette infraction est consacrée. Elle ne l’est pas en R.D.C, sauf dans la
L.P.P.E ;
- d’autres infractions portant atteinte à la personne telles que les coups et blessures
volontaires …
Quoiqu’il en soit, toutes ces définitions associent l’infraction de torture à l’idée de douleur ou
de souffrance. Cependant, la Convention interaméricaine pour la prévention et la répression
de la torture de 1985 en dispose autrement.
Pour elle :
« La torture est l’application à toute personne de méthodes visant à annuler la
personnalité de la victime ou à diminuer sa capacité physique ou mentale même si ces
méthodes et procédés ne causent aucune douleur physique ou angoisse psychique. 177»
Le fait matériel qui consomme l’infraction de torture est communément appelé « acte matériel
de torture ». L’article 269-1 (2) du code criminel du Canada le dit clairement : « la torture est
l’acte, commis par action ou omission … ». La confusion qui peut résulter de la similitude
qu’il y a entre les concepts « acte » et « action », par opposition à « omission », justifie la
177 Convention interaméricaine pour la prévention et la répression de la torture, Signée en 1985 et entrée en vigueur en
1987.
178 NYABIRUNGU mwene SONGA, Droit international pénal : crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, éd. D.E.S,
préférence que nous avons sur le concept « fait », lequel terme peut bien traduire aussi bien
« l’action » que « l’omission ».
Le fait matériel de torture n’est pas n’importe lequel, c’est pourquoi sa précision importe
qu’on s’y attarde avec plus de détails en indiquant que :
1.1. Le fait matériel de torture consiste soit en une action, soit en une
omission.
En effet, le fait matériel de la torture peut consister en un acte positif et matériel ou en une
abstention. L’acception d’un acte positif et matériel a été développée lors de l’examen de
l’infraction de coups et blessures volontaires, on s’y référera.
Le fait matériel de torture se traduit par une abstention dans le fait, par exemple, de laisser la
victime souffrir d’inanition ou un fait analogue. L’article 66 du code pénal militaire révèle
bien qu’une inaction peut constituer un acte de torture lorsqu’il précise que
« Article 166. Constituent des crimes contre l’humanité et réprimées conformément aux
dispositions du présent Code, les infractions graves énumérées ci-après portant atteinte, par
action ou par omission, aux personnes et aux biens protégés par les conventions de Genève du
12 août 1949 et les protocoles additionnels du 8 juin 1977, … ».
L’acte matériel de torture physique doit être un acte cruel d’une gravité exceptionnelle
produisant une douleur ou des souffrances aiguës. La jurisprudence française a précisé que
l’élément matériel de cette infraction consiste dans la commission d’un ou plusieurs actes
d’une gravité exceptionnelle qui dépassent de simples violences et occasionnent à la victime
une douleur ou une souffrance aigüe 179.
Par douleur, il faut entendre une souffrance physique ou morale et par souffrance, il faut
entendre un malaise, une douleur ou une peine.
Le caractère aigu exigé par le législateur signifie que la douleur ou la souffrance ne doit pas
être normale, mais plutôt violente ; intense ; pénétrante ; piquante ou excessive.
Il s’agit donc d’une action ou d’une omission cruelle d’une gravité exceptionnelle produisant
une douleur ou des souffrances aiguës, physiques (acte matériel de torture physique) ou
mentales (acte matériel de torture mentale).
La Cour européenne des droits de l’homme abonde dans le même sens : « Constituent des
actes de torture des violences physiques et mentales qui ont provoqué des douleurs et des
souffrances aiguës et qui revêtent un caractère particulièrement grave et cruel180 ».
Souvent il s’agit d’un acte volontaire, programmé, répété, qui procède d’une décision (à la
différence d’une bavure ou d’un acte de colère).
Telle est l’intelligence de l’article 7, 2.e du Statut de la C.P.I et de l’article 1er.1, in fine, de la
Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants qui disent :
Il y a d’innombrables façons de faire mal et il n’est pas possible (ni souhaitable) de les
répertorier toutes. Néanmoins, les techniques suivantes sont les plus utilisées :
1. Les coups portés sur tout le corps, de préférence sur les parties les plus sensibles :
gifles, coups de poing, coups de pied ; coups assénés à l’aide de bâtons, de barres de
fer, de fouets, de câbles électriques, de matraques ;
2. L’immobilisation dans des positions douloureuses : ligotage ou menottage serré ;
maintien prolongé sans bouger debout, accroupi, sur un pied, sur la pointe des pieds ;
181
3. Les suspensions des heures durant par les poignets, par les pieds, par les genoux.
1. La privation de sommeil : quelques jours sans pouvoir dormir conduit les victimes à la
limite de la folie ;
2. Les privations sensorielles : le port prolongé d’un bandeau sur les yeux ou d’une
cagoule, de casques assourdissants ; le maintien dans l’obscurité complète et/ou dans le
silence absolu. Privé de tout repère temporel et spatial, de toute stimulation extérieure,
de toute activité relationnelle, un homme devient très vite la proie d’hallucinations et de
terreurs incontrôlées. Les troubles émotionnels, intellectuels, oculaires ou auditifs, et
psychosomatiques peuvent être irréversibles si la situation se prolonge ;
3. L’hyperstimulation sensorielle : confrontation à des bruits intenses (musique, cris,
sifflements…), à des lumières aveuglantes et/ou stroboscopiques (qui a trait à la
stroboscopie : procédé permettant d’observer un phénomène périodique au ralenti), à
des lumières constantes de jour comme de nuit. 182
Il convient de relever dès le départ que la qualité de l’auteur est préalable et déterminante à
tout établissement de l’infraction de torture simple d’autrui prévu et puni par l’article 48bis du
code pénal congolais. Une étude qui la présenterait comme élément matériel de cette
infraction ne ferait pas une œuvre médiocre. Fidèle à notre canevas, nous en parlerons dans le
181 Les méthodes de torture, publication de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture, disponible sur
www.acatfrance.fr.
182 Id. loc. cit.
183 Une intention d’obtenir de la victime des aveux, des renseignements, ou de la punir d’un acte commis par elle ou par un
autre, ou de l’intimider, de la terroriser (elle ou le groupe auquel elle appartient) ou de lui faire payer le fait d’appartenir à une
minorité. la poursuite d’un but spécifique qui distingue la torture d’autres traitements cruels.
57
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
point relatif aux protagonistes du drame pénal. C’est ainsi qu’ici, nous n’examinerons que le
but poursuivi.
L’article 48bis du code pénal congolais exige que le tortionnaire poursuive un des buts
suivants :
1. obtenir de la victime des renseignements ;
2. obtenir d’une tierce personne des renseignements ;
3. obtenir de la victime des aveux ;
4. obtenir d’une tierce personne des aveux ;
5. punir la victime d’un acte qu’elle a commis ou est soupçonnée d’avoir commis ;
6. punir la victime d’un acte qu’une tierce personne a commis ou est soupçonnée d’avoir
commis ;
7. intimider la victime ;
8. faire pression sur la victime ;
9. intimider une tierce personne ;
10. faire pression sur une tierce personne et
11. discriminer la victime de quelque manière que ce soit.
L’article 151 de la L.P.P.E exige, outre le fait matériel, la qualité de l’auteur et le but
poursuivi, la qualité de la victime en ce que celle-ci doit être un enfant mineur.
Il résulte de l’article 48bis du C.P sur la torture simple que celle –ci doit être commise
intentionnellement et avec un mobile précis: « Tout fonctionnaire ou officier public, toute
personne chargée d’un service public ou toute personne agissant sur son ordre ou son instigation, ou
avec son consentement exprès ou tacite, qui aura intentionnellement infligé … aux fins d’obtenir …».
1. L’agent public
Les dispositions du code pénal congolais et de la L.P.P.E sur la torture convainquent que seuls
peuvent se rendre coupables de torture en qualité d’auteur principal l’agent public et le
particulier qui agit sur son ordre ou sous son instigation.
Par agent public, l’article 147, 1 du code pénal184 entend « Tout fonctionnaire ou tout employé
de l’Etat ou de ses institutions, y compris ceux qui ont été sélectionnés, nommés ou élus pour
entreprendre des activités ou exercer des fonctions au nom ou au service de l’Etat, à tout
niveau de sa hiérarchie ».
Cette définition comprend toutes les qualités des autorités visées par les dispositions relatives
à la torture qui sont :
1° Le fonctionnaire ou l’officier public agissant dans le cadre de ses fonctions et
2° La personne chargée d’un service public agissant dans le cadre de ses fonctions.
Il peut s’agir donc des magistrats, officiers de police judiciaire, policiers, militaires, gardiens
de prison, fonctionnaires de la territoriale, groupes paramilitaires…
En vertu de la théorie de fonctionnaire de fait, il faut assimiler à l’agent public les personnes
se comportant comme tel dans les milieux non pourvus des autorités dûment établies telles
que les carrières de mines, de même que les milieux occupés par les insurgés, rebelles ou
autres groupes révolutionnaires dont le but est la prise de pouvoir.
B. Victimes
184 Article 147 du C.P. tel que modifié par l’article 1er de la Loi n° 05 mars 2005 modifiant et complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant Code Pénal Congolais.
59
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. Torture aggravée d’autrui (article 48ter, al. 1) : dix à vingt ans de servitude pénale
principale et d’une amende de cent mille francs congolais à deux cent mille francs
congolais. C’est en cas des circonstances aggravantes suivants :
- traumatisme grave ;
- maladie ;
- incapacité permanente du travail ;
- une déficience physique ou psychologique,
- qualité de la victime : femme enceinte, mineur d’âge ou personne de troisième âge ou
vivant avec handicap.
2. Tortures mortelles
Les tortures mortelles sont punies de servitude pénale à perpétuité en vertu de:
- article 48ter, al. 2 du C.P relatif à la torture mortelle d’autrui et
- article 152 de la L.P.P.E relatif à la torture mortelle d’un enfant qui dispose
« La peine encourue est la servitude pénale à perpétuité lorsque les tortures ou les actes
de brutalité, de cruauté, d'odieuses souffrances, de privation ou de séquestration
susceptibles de porter atteinte à sa santé physique ou mentale ainsi qu'à son équilibre
affectif et psychologique ont entraîné la mort. »
Il en résulte que cette disposition vise même « traitements cruels, inhumains ou dégradants »
dont le législateur n’a pas parlé dans l’article 151 que celui-ci aggrave.
Article 50. Sera puni d’une servitude pénale de un an à vingt ans et d’une amende de cent à
deux mille francs quiconque aura administré volontairement des substances qui peuvent
60
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
donner la mort ou des substances qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent cependant
gravement altérer la santé.
Pour ce qui est de l’administration, on se référera à ce qui est dit pour l’infraction
d’empoisonnement.
2. Substances nuisibles à la santé à savoir substances qui peuvent donner la mort ou qui, sans
être de nature à la donner peuvent cependant altérer gravement la santé.
« - substances qui peuvent donner la mort : à première vue, il semble qu’il y ait
contradiction entre les termes des articles 49 et 50, puisque d’après le premier
celui qui administre volontairement des substances pouvant donner la mort est
passible de la peine capitale, alors que d’après le second, il n’est passible que de
vingt ans de servitude pénale au maximum. En réalité le législateur a voulu
prévoir les cas de l’auteur qui, volontairement certes et dans le but de nuire, mais
sans l’intention homicide, aurait administré une substance dont il ignorait le
caractère mortel et qu’il croyait simplement nuisible à la santé.
- Substance qui, sans être de nature à donner la mort, peuvent cependant altérer
gravement la santé : peu importe la nature de la substance en question, produit
chimique, gaz, médicament dangereux, mais le mot « gravement » exige, pour que
l’infraction soit constituée, que ce produit soit susceptible de provoquer une
altération sérieuse de la santé. 185»
La volonté de nuire, d’infliger une gêne ou une souffrance à la victime, mais sans intention
homicide186. Cette infraction est différente de l’empoisonnement proprement dit. Ici l’auteur
ne vise pas la mort comme dans l’empoisonnement mais vise à nuire à la santé de la victime.
Ici l’intention homicide n’existe pas comme dans l’empoisonnement. Mais la simple volonté
de nuire ou « l’animus nocendi »187.
V. REGIME REPRESSIF
L’administration volontaire des substances nuisibles est punie d’un an à vingt ans de servitude
pénale et d’une amende de cent à deux mille francs.
Art. 74. — Celui qui a méchamment et publiquement imputé à une personne un fait précis qui
est de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la considération de cette personne, ou à
l’exposer au mépris public, sera puni d’une servitude pénale de huit jours à un an et d’une
amende de vingt-cinq à mille francs ou d’une de ces peines seulement.
Cette infraction protège la personne dans son honneur et sa réputation. Il s’agit d’une atteinte
diffamatoire.
B. ELEMENTS MATERIELS
188 LESUER
62
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Il s’agit donc des faits contraire à la probité, la loyauté, la valeur morale, des faits qui
diminuent l’estime, qui portent atteinte à la considération professionnelle ... le juge qui
apprécie souverainement si cet élément existe en se basant le milieu ou la situation de la
personne.
N.B : l’imputation d’un même fait peut être considérée comme dommageable pour une
personne, et non pour une autre.
N.B : si l’imputation a été faite dans l’intention de nuire, il y a infraction même si les faits
allégués sont exacts.
D. PROTAGONISTES DE DIFFAMATION
E. REGIME REPRESSIF
Servitude pénale de huit jours à un an et amende de vingt-cinq à mille francs ou une de ces
peines seulement.
Art. 75. — Quiconque aura publiquement injurié une personne sera puni d’une servitude
pénale de huit jours à deux mois et d’une amende n’excédant pas cinq cents francs ou d’une
de ces peines seulement.
Cette infraction protège la personne dans son honneur et sa réputation. Il s’agit d’une atteinte
méprisante.
B. ELEMENTS MATERIELS
Servitude pénale de huit jours à deux mois et amende n’excédant pas cinq cents francs ou une
de ces peines seulement.
Les injures simples diffèrent des injures publiques aux niveaux de l’élément légal des
éléments matériels et de la sanction.
A. ELEMENT LEGAL
Art. 77. [Décr. du 11 juin 1917. — Sera puni d’une servitude pénale de huit jours et d’une
amende de deux cents francs au maximum ou d’une de ces peines seulement celui qui aura
dirigé contre une personne des injures autres que celles prévues dans les dispositions
précédentes de la présente section.]
B. ELEMENTS MATERIELS
Servitude pénale de huit jours et amende de deux cents francs au maximum ou une de ces
peines seulement.
Art. 76. Sera puni d’une servitude pénale de cinq ans au maximum et d’une amende de vingt-
cinq à mille francs ou d’une de ces peines seulement:
1° Celui qui aura fait par écrit ou verbalement à une autorité judiciaire ou à un fonctionnaire
public, qui a le devoir d’en saisir ladite autorité, une dénonciation calomnieuse;
Cette infraction protège la personne dans son honneur et sa réputation. Il s’agit d’une atteinte
diffamatoire.
64
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
B. ELEMENT MATERIEL
Le fait de dénonciation (écrite ou verbale) qui doit remplir les conditions suivantes189 :
- Spontanéité (sans invitation) : Si elle est provoquée par un interrogatoire, ou par une
audition de témoin, elle ne constitue pas une infraction ;
- Fausseté : Le fait dénoncé doit être faux, ou s'il est réel, il doit être faussement imputé à
une personne qui n'en est pas l'auteur. Le juge saisi de l'action est seul compétent pour
trancher le point de savoir si le fait dénoncé est vrai ou faux 190 ;
- Le fait dénoncé doit être de nature à provoquer des sanctions. Un fait prévu et puni par la
loi pénale ;
- La dénonciation doit être portée sur une personne déterminée ;
- Elle doit être verbale ou écrite ;
- Elle doit être faite aux autorités judiciaires ou à un fonctionnaire public ayant le devoir de
saisir l’autorité judiciaire.
C. ELEMENT INTELLECTUEL
La connaissance par le dénonciateur de la fausseté totale ou partielle des faits allégués. La
dénaturation volontaire, ou l'exagération-volontaire d'un fait exact entrent dans le cadre de la
dénonciation calomnieuse. Peu importe que l'auteur ait agi par volonté de nuire ou par simple
désir de se rendre intéressant, la connaissance par lui de la fausseté des fait allégués suffit à
constituer l’infraction191.
D. PROTAGONISTES DU DRAME PENAL
1. Délinquant : n’importe qui.
2. Victime : n’importe qui.
E. REGIME REPRESSIF
Servitude pénale de cinq ans au maximum et amende de vingt-cinq à mille francs ou une de
ces peines seulement.
Art. 76. Sera puni d’une servitude pénale de cinq ans au maximum et d’une amende de vingt-
cinq à mille francs ou d’une de ces peines seulement:
2° Celui qui aura fait par écrit ou verbalement à une personne des imputations
calomnieuses contre son subordonné.]
189 LIKULIA BOLONGO, op.cit, pp.248-250. La dénonciation est le fait de porter à la connaissance d’une autorité un fait
répréhensible. Elle est appelée plainte lorsqu’elle émane de la victime (p.247).
190 LESUEUR
191 LESUEUR
192 La différence avec la dénonciation calomnieuse réside en ceci que 1. La dénonciation est faite devant un supérieur
hiérarchique ; 2. Il n’est pas nécessaire que le fait entraîne des sanctions pénales ; 3. L’action disciplinaire n’est pas une
question préjudicielle ; 4. Les relations de subordination entre l’autorité auprès de laquelle on dénonce et la victime. Id.,
p.251.
65
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Cette infraction protège la personne dans son honneur et sa réputation. Il s’agit d’une atteinte
diffamatoire.
B. ELEMENT MATERIEL193
La dénonciation doit être portée sur une personne qui est hiérarchiquement
subordonnée à la personne devant laquelle les faits sont portés, contrairement à la
dénonciation calomnieuse ;
Elle doit être verbale ou écrite ;
Elle doit être faite à un supérieur hiérarchique de la personne visée, qu'il s'agisse d'une
administration publique, d'une entreprise privée ou d'un simple particulier.
C. ELEMENT INTELLECTUEL
L’auteur doit avoir la connaissance de la fausseté des faits imputés. Peu importe alors qu'il ait
agi par désir de nuire, pour se rendre intéressant, pour se faire bien voir de la personne à qui il
effectue la dénonciation, ou pour toute autre raison.
D. PROTAGONISTES D’IMPUTATIONS CALOMNIEUSES
E. REGIME REPRESSIF
Servitude pénale de cinq ans au maximum et amende de vingt-cinq à mille francs ou une de
ces peines seulement.
193 LESUEUR
66
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Elles peuvent être volontaires (article 51 du CP) ou involontaires (article 56 du CP). Dans
ce dernier cas, il s’agit du fait, sans intention d’injurier la victime, de lancer sur elle un objet
quelconque de nature à l’incommoder ou à la souiller est constitutif de cette infraction.
a) Elément légal Art. 56. [Arr. du gouv. gén. du 29 juillet 1899, art. 3. — Sont
punissables au maximum d’une servitude pénale de deux jours ou d’une amende de vingt-
cinq francs ceux qui, imprudemment, auront jeté sur une personne une chose quelconque
pouvant l’incommoder ou la souiller.]
b) Eléments matériels
1. Acte matériel et positif de jeter ;
2. Personne humaine vivante ;
3. Chose de nature à l’incommoder ou à la souiller.
c) Eléments intellectuels
1. Faute pénale de l’agent : imprudence … ;
2. Lien causal.
l’épreuve est une expérience pour s’assurer de la valeur d’une chose, d’une personne.
L’épreuve superstitieuse consiste à soumettre, de gré ou de force, une personne à un mal
physique réel ou supposé, en vue de déduire des effets produits l’imputabilité d’un acte ou
d’un événement ou toute autre conclusion194.
On distingue :
1. Epreuves superstitieuses simples (article 57, al. 1) ;
2. Epreuves superstitieuses aggravées (article 57, al. 2) et
3. Epreuves superstitieuses ayant entrainé la mort (article 57, al. 3).
a) Elément légal Art. 57. — Seront punis d’une servitude pénale d’un mois à deux
ans et d’une amende de vingt-cinq à deux cents francs ou d’une de ces peines seulement, les
auteurs de toute épreuve superstitieuse consistant à soumettre, de gré ou de force, une
personne à un mal physique réel ou supposé, en vue de déduire des effets produits
l’imputabilité d’un acte ou d’un événement ou toute autre conclusion.
Si l’épreuve a causé une maladie ou une incapacité de travail personnel, ou s’il en est résulté
la perte de l’usage absolu d’un organe ou une mutilation grave, les auteurs seront punis d’une
servitude pénale de deux mois à vingt ans et d’une amende de cent à deux mille francs, ou
d’une de ces peines seulement.
Ils seront punis de mort si l’épreuve a causé la mort.
Art. 58. — Sont auteurs ou complices de l’épreuve superstitieuse visée à l’article 57 ceux
qui y ont participé selon les modes prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du Code pénal.
Sont considérés également comme auteurs ou complices de l’épreuve superstitieuse visée à
l’article 57 ceux qui, de quelque façon que ce soit, ont à dessein fait naître la résolution de la
réclamer, de l’ordonner ou de la pratiquer.
N’est considérée ni comme auteur ni comme complice la personne qui a consenti à subir le
mal physique constitutif de l’épreuve.
Art. 59. — Quand une épreuve superstitieuse, qu’elle soit ou non constitutive d’infraction,
est la cause directe d’une infraction, ceux qui ont participé à l’épreuve seront punis comme
complices de l’infraction consécutive, à moins qu’ils n’aient pas pu prévoir qu’elle serait
commise.
Il n’y a pas lieu à poursuite lorsque l’infraction consécutive à l’épreuve est un vol ou une
détention non accompagnés de sévices sur les personnes ou une autre infraction moins grave.
Art. 60. — Sont considérés comme ayant participé à l’épreuve superstitieuse non
constitutive d’infraction visée à l’article 59 ceux qui y ont prêté leur concours selon les
modes prévus aux articles 21 et 22 du livre 1er du Code pénal et ceux qui, de quelque façon
que ce soit, ont à dessein fait naître la résolution de réclamer, d’ordonner ou de pratiquer
l’épreuve.
b) Eléments matériels
1. Un acte matériel d’épreuve ;
2. La personnalité humaine de la victime ;
3. Un résultat dommageable : mal physique réel ou supposé
194
Article 57 du C.P.
68
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. Maladie ; incapacité de travail personnel, perte de l’usage absolu d’un organe ; mutilation
grave.
2. Mort.
II. Mutilation de cadavre (Art. 61du C.P) Définition : La mutilation de cadavre est
l’action d’attenter, avec de mauvaises intentions, à l’intégrité du corps d’un être humain déjà
mort195. Par l'emploi du terme «mutiler», le législateur a voulu atteindre tout outrage aux
cadavres, par une atteinte matérielle contraire au respect dû aux morts196. La mutilation de
cadavre comprend le fait de frapper, meurtrir, mutiler, souiller, blesser, brûler, incinérer ….
C’est une pratique barbare. Les actes licites, tels que ceux qui sont justifiés par les coutumes
funéraires ne sont pas concernés.
a) Elément légal Art. 61. Sera puni d’une servitude pénale de deux mois à deux ans
et d’une amende de vingt-cinq à cinq cents francs, ou d’une de ces peines seulement,
quiconque aura méchamment mutilé un cadavre humain.
b) Eléments matériels :
1. Acte de mutilation : toute meurtrissure ;
2. Cadavre humain.
c) Eléments intellectuels :
1. Intention coupable : agir avec connaissance de cause et non accidentellement.
2. Méchanceté : agir sans respect dû aux morts.
Faire délibérément manger à autrui de la chair humaine a toujours été considérée comme une
circonstance aggravante.
a) Elément légal Art. 62. — Sans préjudice à l’application des peines frappant
l’assassinat ou le meurtre, sera puni d’une servitude pénale de six mois à trois ans et d’une
amende de cent à mille francs, ou d’une de ces peines seulement, quiconque aura provoqué
ou préparé des actes d’anthropophagie, y aura participé, ou aura été trouvé en possession de
chair destinée à des actes d’anthropophagie.
b) Eléments matériels :
195
LESSUER, J., op.cit., p. 28.
196
Elis, 16 mars 1943, 98. «Sur l'infraction de mutilation de cadavre», voir l'étude de V. SERVAIS, J.T.O., 1956, 20.
197
Nigeria (Code pénal de l'état du Zamfara - Shari'ah). Art. 408. Cannibalisme - Quiconque, en connaissance de
cause, mange d'un corps humain, ou en reçoit une quelconque partie dans le but d'en manger, sera puni de
mort.
Code pénal de Mauritanie. Art. 278 : Sera puni de mort quiconque se sera rendu coupable d'un meurtre commis
dans un but d’anthropophagie. Tout acte d’anthropophagie, tout trafic ou cession de chair humaine à titre
onéreux ou gratuit seront punis des travaux forcés à temps. V° Doucet, J.P., op.cit., v°Anthropophagie.
198
Distr. Kivu, 17 janv. 1938, R.J.C.B., p. 155, cité par LIKULIA BOLONGO, op. cit., p.130.
69
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Définition : Le duel est le fait pour deux hommes de se battre, selon des conditions fixées
à l’avance, pour régler un différend199. C’est donc un combat singulier entre deux hommes
armés et en présence de témoins.
Sous cet intitulé sont réprimées les infractions suivantes : la provocation en duel (articles 63
et 64 du C.P) ; le duel simple (article 65 du C.P) et le duel mortel (article 66 du C.P).
1. La provocation en duel
a) Elément légal Art. 63. — La provocation en duel sera punie d’une amende de
cinquante à trois cents francs.
Art. 64. — Celui qui, par une injure quelconque, aura donné lieu à la provocation sera puni
d’une amende de cent à cinq cents francs.
b) Eléments matériels :
1. Existence d’un différend ;
2. Acte matériel constituant le défi lancé à l’adversaire.
c) Eléments intellectuels Intention coupable
2. Le duel simple
a) Elément légal Art. 65. — Celui qui se sera battu en duel sera puni d’une servitude
pénale d’un mois à trois ans et d’une amende de cinquante à mille francs, ou d’une de ces
peines seulement.
b) Eléments matériels :
1. Existence d’un différend ;
2. Actes matériels et positifs constitutifs d’un combat ;
c) Eléments intellectuels
1. Intention de se livrer au combat ;
2. But poursuivi : résoudre le différend.
3. Le duel mortel
Elément légal Art. 66. — Celui qui, dans un duel, aura donné la mort à son adversaire
sera puni d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende de mille à deux
mille francs, ou d’une de ces peines seulement.
La non – assistance à personne en danger n’est pas une infraction mais une catégorie
d’infractions introduite dans le code pénal par l’O.-L. 78-015 du 4 juillet 1978. On y
199
LESUER, J., op. cit., p. 30.
70
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
distingue :
a) Elément légal Art. 66bis. [O.-L. 78-015 du 4 juillet 1978, art. 1er. — Sera puni
d’une servitude pénale de trois mois à un an et d’une amende de cinq à cinquante
zaïres, ou de l’une de ces peines seulement, quiconque, pouvant empêcher par son
action immédiate, sans risque pour lui ni pour les tiers, une infraction contre
l’intégrité corporelle de la personne, s’abstient volontairement de le faire.]
b) - Conditions préalables 15
1. Existence d’une infraction et d’un danger provenant de celle-ci ;
2. Absence de risque pour le prévenu
c) - Eléments matériels :
1. Omission d’intervention.
d) Eléments intellectuels :
1. Volonté de s’abstenir
a) Elément légal Art. 67. — Est puni d’une servitude pénale d’un à cinq ans celui qui, par
violences, ruses ou menaces, a enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter arbitrairement,
détenu ou fait détenir une personne quelconque.
Lorsque la personne enlevée, arrêtée ou détenue aura été soumise à des tortures corporelles,
le coupable est puni d’une servitude pénale de cinq à vingt ans. Si les tortures ont causé la
mort, le coupable est condamné à la servitude pénale à perpétuité ou à mort.
b) Eléments matériels :
1. Le fait matériel de l’enlèvement ou de l’arrestation arbitraire, ou de la détention
2. L’emploi de violences, ruses ou menaces
c) Eléments intellectuels :
1. Illégalité de l’acte ;
2. Connaissance par l’auteur de cette l’illégalité
d) Circonstances aggravantes :
- Tortures corporelles ;
- Tortures ayant causé la mort.
2. Esclavage (Art. 68) Définition : L’esclavage est l’état d’un être humain auquel on
dénie la qualité de sujet de droit, et qui se trouve dès lors réduit au rang d’objet de propriété
en tant que bien meuble200.
200
DOUCET, J.P., op.cit., v° Esclavage.
72
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
L’esclavage proprement dit est l’établissement d’un droit qui rend un homme tellement
propre à un autre homme, qu’il est le maître absolu de sa vie et de ses biens. Il n’est pas bon
par sa nature201.
L’infraction dénommée « esclavage » dans le code pénal congolais est établie dans le chef
de :
- Celui qui a enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter, détenu ou fait détenir des
personnes quelconques pour les vendre comme esclaves ;
- Celui qui a disposé de personnes placées sous son autorité dans le même but.
a) Elément légal Art. 68. — Est puni des peines prévues par et selon les distinctions de
l’article précédent celui qui a enlevé ou fait enlever, arrêté ou fait arrêter, détenu ou fait
détenir des personnes quelconques pour les vendre comme esclaves ou qui a disposé de
personnes placées sous son autorité dans le même but.
Le domicile, dit DOUCET, est un lieu dont une personne a fait le siège de sa vie privée ; peu
importe qu'elle en soit propriétaire, locataire ou simple habitante202.
L'infraction consiste donc dans le fait de s'introduire dans un lieu d'habitation, par force
ou par ruse, sans l'agrément de celui qui y en a fait son domicile203.
En droit pénal congolais, on punit sous la qualification de violation de domicile, celui qui,
sans ordre de l’autorité et hors les cas où la loi permet d’entrer dans le domicile des
particuliers contre leur volonté, se sera introduit dans une maison, une chambre ou un
logement habité par autrui ou leurs dépendances, soit à l’aide de menaces ou de violences
contre les personnes, soit au moyen d’effraction, d’escalade ou de fausses clefs. (La
violation de domicile aggravée)
a) Elément légal Art. 69. — Sera puni d’une servitude pénale de huit jours à deux ans et
d’une amende de trois cents francs au maximum ou d’une de ces peines seulement celui
qui, sans ordre de l’autorité et hors les cas où la loi permet d’entrer dans le domicile des
particuliers contre leur volonté, se sera introduit dans une maison, une chambre ou un
201
MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, cité par DOUCET, J.P., loc.cit.
202
DOUCET, J.P., op.cit., v° Domicile.
203
DOUCET, J.P., op.cit., v° violation de domicile.
73
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
logement habité par autrui ou leurs dépendances, soit à l’aide de menaces ou de violences
contre les personnes, soit au moyen d’effraction, d’escalade ou de fausses clefs.
Art. 70. [Ord. du 4 juillet 1910. — Tout individu qui, hors les cas prévus à l’article 69,
pénètre contre la volonté de l’occupant dans une maison, un appartement, une chambre,
une case, une cabane, un logement ou leurs dépendances clôturées, est puni d’une
servitude pénale de sept jours au maximum et d’une amende de deux cents francs au plus,
ou d’une de ces peines seulement.]
b) Conditions préalables
1. Existence d’un domicile ;
2. Atteintes aux droits d’autrui.
c) Eléments matériels :
1. Acte matériel de violation : pénétrer, s’introduire, entrer dans les lieux (domicile d’autrui ;
une maison habitée ou ses dépendances) ;
d) Eléments intellectuels :
1. Agir contre le gré ou à l’insu de l’occupant
e) Circonstances aggravantes :
1. Les menaces ;
3. Les violences ;
2. Effractions ;
3. Escalade ;
4. Fausses clés.
L’infraction d’ouverture ou suppression des lettres consiste dans le fait pour toute personne
non autorisée par la loi :
- d’ouvrir ou de supprimer des lettres, des cartes postales ou autres objets confiés à la
poste, ou
- d’ordonner ou de faciliter l’ouverture ou la suppression de ces lettres, cartes et objets.
a) Elément légal Art. 71. — Toute personne qui, hors les cas prévus par la loi, aura
ouvert ou supprimé des lettres, des cartes postales ou autres objets confiés à la poste,
ou ordonné ou facilité l’ouverture ou la suppression de ces lettres, cartes et objets sera
punie d’une amende qui ne dépassera pas deux mille francs pour chaque cas.
L’amende pourra être portée à cinq mille francs si la lettre ou l’envoi était
recommandé ou assuré ou s’il renfermait des valeurs réalisables.
Indépendamment de l’amende, le délinquant pourra être puni d’une servitude pénale
de trois mois au plus s’il est agent des postes ou officiellement commissionné comme
tel.
d) Eléments matériels :
1. L’Ouverture ;
204
Id., v° Lettre.
74
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
2. Suppression ;
3. Le fait d’avoir ordonné ou facilité l’ouverture ou la suppression de l’objet protégé.
e) Objet protégé : lettres, cartes postales ou autres objets confiés à la poste (message
télégraphique, colis postaux…).
f) Eléments intellectuels :
1. Agir avec connaissance, avec la volonté d’ouvrir ou de supprimer la lettre ;
2. Agir sans droit.
g) Circonstances aggravantes :
1. Lettre ou envoi recommandée ou assurée ;
2. L’envoi contient des valeurs réalisables (cheque, mandat …) ;
3. Sac ou paquet postal ;
4. Qualité d’agent de poste ou d’officiellement commissionné ;
5. Porteur du courrier postal qui l’abandonne.
205
Article 73 du C.P. ; Code pénal du Brésil. Art. 154 : Révéler à quelqu'un, sans juste cause, un secret dont on a
eu connaissance en raison de sa fonction, de son ministère, de son métier ou de sa profession, et dont la
révélation est de nature à causer un dommage à autrui : Peine - détention de trois mois à un an, ou amende. ;
Article 226-13 du N.C.P.F : « La révélation d'une information à caractère secret par une personne qui en est
dépositaire soit par état ou par profession, soit en raison d'une fonction ou d'une mission temporaire, est punie
d'un an d'emprisonnement et de 15000 euros d'amende ».
75
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
qui n’ont pas été confiés, mais aussi à tous ceux appris, déduits, devinés ou surpris dans
l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de la profession206.
Sont notamment dépositaires du secret professionnel : le médecin ; l’infirmier ; les
ecclésiastiques, les avocats, les défenseurs judiciaires ; les notaires ; les dentistes ; les
pharmaciens ; les sages-femmes ; leurs auxiliaires ; les étudiants207 ; les secrétaires ; les
conseils fiscaux etc.
a) Elément légal Art. 73. [Décr. du 25 mai 1938. — Les personnes dépositaires par état
ou par profession des secrets qu’on leur confie qui, hors le cas où elles sont appelées à
rendre témoignage en justice et celui où la loi les oblige à faire connaître ces secrets, les
auront révélés, seront punies d’une servitude pénale de un à six mois et d’une amende de
mille à cinq mille francs, ou d’une de ces peines seulement.]
b) Eléments matériels :
1. Acte matériel de révélation ;
2. Un secret ;
3. Dépositaire par état ou par profession de secret professionnel18
c) Eléments intellectuels :
La révélation doit être volontaire.
206
GARRAUD, Traité de droit pénal, cité par DOUCET, J.P. , loc. cit.
207
Code pénal suisse. Art. 321, cité par DOUCET, J.P. , op. cit. V° Secret professionnel. Les étudiants qui auront
révélé un secret dont ils avaient eu connaissance à l’occasion de leurs études.
208
DOUCET, J.P. , op. cit. V° Diffamation.
76
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Ainsi, dire de quelqu’un publiquement qu’il a volé le téléphone de Alpha est une imputation
dommageable : le fait est precis.
Le droit pénal congolais ne consacre pas un texte spécifique sur la diffamation envers la
mémoire d’un mort connue en droit français209.
a) Elément légal Art. 74. — Celui qui a méchamment et publiquement imputé à une
personne un fait précis qui est de nature à porter atteinte à l’honneur ou à la
considération de cette personne, ou à l’exposer au mépris public, sera puni d’une
servitude pénale de huit jours à un an et d’une amende de vingt-cinq à mille francs ou
d’une de ces peines seulement.
b) Eléments matériels :
1. Un acte matériel d’imputation
2. Un fait précis
3. Le préjudice
c) Eléments intellectuels :
1. L’intention de nuire ou d’offenser (animus injuriandi).
2. Injures publiques (Art. 75) Définition : L’injure résulte d’un acte, d’une parole,
d’un écrit, de toute expression de mépris qui blesse l’honneur et la considération d’une
personne, sans pour autant se référer à un fait susceptible de preuve (ce qui la distingue de la
diffamation)210.
D’une façon générale, l'injure est le fait d'exprimer sur quelqu'un, par écrit, par parole ou par
geste, une opinion susceptible de porter atteinte à son honneur ou de l'exposer au mépris
public211.
Comme le souligne le Code pénal espagnol : « Constitue une injure l’action ou l’expression
qui blesse la dignité d’autrui, en affaiblissant sa réputation ou en portant atteinte à sa
propre estime212 ».
Dire de quelqu’un publiquement qu’il est voleur des téléphones n’est pas une imputation
dommageable, mais une injure publique parce que le fait n’est pas précis.
a) Elément légal Art. 75. — Quiconque aura publiquement injurié une personne sera
puni d’une servitude pénale de huit jours à deux mois et d’une amende n’excédant
pas cinq cents francs ou d’une de ces peines seulement.
b) Eléments matériels :
1 Agression outrageante ou offensante
209
La diffamation envers la Mémoire d’un mort n’est punie par l’art. 34 de la loi du 29 juillet 1881 que si leur
auteur a eu l’intention de porter indirectement atteinte à l’honneur ou à la considération des héritiers, époux
ou légataires universels vivants.
210
DOUCET, J.P. , op. cit. V° injure.
211
LESUEUR, J., op. cit., p. 41.
212
Art. 208 du Code pénal espagnol.
77
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
2. La publicité
c) Eléments intellectuels :
1 Intention d’offenser (animus injuriandi).
3. Dénonciation calomnieuse (Art. 76, 1°) Définition : La calomnie consiste à
imputer mensongèrement à autrui un fait infamant précis, susceptible de preuve, mais qui ne
saurait en réalité lui être reproché213.
En droit congolais, l’infraction de dénonciation calomnieuse existe lorsque l’imputation
mensongère sur autrui est faite par écrit ou verbalement auprès d’une autorité judiciaire
(A.P.J ; O.P.J ; O.M.P ou Juge) ou à un fonctionnaire public, qui a le devoir d’en saisir
ladite autorité judiciaire.
Ainsi, dire à un O.P.J que Mike a volé le téléphone d’Alpha, alors que c’est faux n’est ni une
imputation dommageable, ni une injure mais une dénonciation calomnieuse.
a) Elément légal Art. 76. Sera puni d’une servitude pénale de cinq ans au maximum
et d’une amende de vingt-cinq à mille francs ou d’une de ces peines seulement:
1° Celui qui aura fait par écrit ou verbalement à une autorité judiciaire ou à un fonctionnaire
public, qui a le devoir d’en saisir ladite autorité, une dénonciation calomnieuse;
b) Eléments matériels :
Le fait de dénonciation (écrite ou verbale) qui doit remplir les conditions suivantes214 :
- Spontanéité (sans invitation) : Si elle est provoquée par un interrogatoire, ou par une
audition de témoin, elle ne constitue pas une infraction ;
- Fausseté : Le fait dénoncé doit être faux, ou s'il est réel, il doit être faussement imputé à
une personne qui n'en est pas l'auteur. Le juge saisi de l'action est seul compétent pour
trancher le point de savoir si le fait dénoncé est vrai ou faux 215 ;
- Le fait dénoncé doit être de nature à provoquer des sanctions. Un fait prévu et puni par la
loi pénale ;
- La dénonciation doit être portée sur une personne déterminée ;
- Elle doit être verbale ou écrite ;
- Elle doit être faite aux autorités judiciaires ou à un fonctionnaire public ayant le devoir
de saisir l’autorité judiciaire.
c) Eléments intellectuels :
La connaissance par le dénonciateur de la fausseté totale ou partielle des faits allégués.
a) Elément légal Art. 76. Sera puni d’une servitude pénale de cinq ans au maximum
et d’une amende de vingt-cinq à mille francs ou d’une de ces peines seulement:
2° Celui qui aura fait par écrit ou verbalement à une personne des imputations
calomnieuses contre son subordonné.]
b) Eléments matériels :
213
DOUCET, J.P. , op. cit. V° Calomnie.
214 LIKULIA BOLONGO, op.cit, pp.248-250. La dénonciation est le fait de porter à la connaissance d’une autorité un fait
répréhensible. Elle est appelée plainte lorsqu’elle émane de la victime (p.247).
215 LESUEUR
78
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
5. Injures simples (Art. 77) Définition : ce sont des injures qui ne sont pas publiques
constituent l’infraction d’injures simples. C’est le cas des injures par téléphone, par s.m.s,
par lettre, dans un lieu où l’on est qu’à deux…
a) Elément légal Art. 77. [Décr. du 11 juin 1917. — Sera puni d’une servitude pénale
de huit jours et d’une amende de deux cents francs au maximum ou d’une de ces
peines seulement celui qui aura dirigé contre une personne des injures autres que
celles prévues dans les dispositions précédentes de la présente section.]
b) Eléments matériels :
1. Agression outrageante ou offensante : expression ou geste (au juge d’apprécier) ;
2. Absence de publicité ;
3. La catégorie des personnes protégées : les particuliers.
c) Elément intellectuel : Intention d’offenser (animus injuriandi).
Les propriétés constituent la deuxième valeur protégée par le code pénal sous la menace d’une
sanction. Le terme propriété est inapproprié, la doctrine et des législations étrangères
préfèrent parler des infractions contre les biens216. LIKULIA finit carrément par parler des
infractions contre les propriétés ou les biens217 au sujet de ce deuxième titre du code pénal
congolais, intitulé que nous adoptons dans ce cours.
Comme le dit si bien DOUCET, le droit de propriété place une chose sous le contrôle intégral
et exclusif d’une personne. … le droit criminel protège le droit de propriété non directement
en lui-même, mais à travers le fait tangible de la possession218.
Dès lors il importe de préciser l’étendue de l’intérêt protégé (section Ière) avant d’effectuer la
nomenclature et les définitions des infractions concernées (section II).
Le concept « bien » est un terme juridique appartenant au droit civil. Il y a un contenu très
significatif au point que cette branche de droit lui consacre tout un cours : « Droit civil/Les
biens ». En même temps le législateur lui a consacré une loi spécifique, la loi n° 73-021 du 20
juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des
sûretés qui comporte une des médiocres parties de la législation congolaise –le régime foncier
et immobilier- par cela qu’il est à l’origine de plusieurs conflits.
Son premier article opère la nette différence entre le bien et la propriété lorsqu’il dispose :
« Les biens ou droits patrimoniaux sont de trois sortes: les droits de créance ou
d’obligation, les droits réels et les droits intellectuels.
Les seuls droits réels sont: la propriété, la concession perpétuelle, les droits
d’emphytéose, de superficie, d’usufruit, d’usage et d’habitation, les servitudes foncières,
le gage, le privilège et l’hypothèque219.
Tous les biens sont mobiliers ou immobiliers220 ».
216 LIKULIA BOLONGO, op. cit., pp. 69-70 ; N.C.P.F. livre III.
217 Id., loc. cit.
218 DOUCET, op.cit., v° Propriété.
219 Art. 1er de la loi 20 juillet 1973 foncière. Tome I Édition 2003 – © Larcier(J.O.Z., no 3, 1er février
Ses articles 3 et 4 définissent tout en les distinguant les biens meubles et immeubles. Ainsi :
« Sont immobiliers tous les droits réels qui ont pour objet des immeubles, ainsi que les
droits de créance tendant à acquérir ou à recouvrer un droit réel sur un immeuble221.
Sont mobiliers tous les autres droits patrimoniaux et notamment les actions et intérêts
dans les sociétés, associations et communautés qui jouissent de la personnalité civile
encore que des immeubles appartiennent à l’être moral222 ».
La constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006 protège les biens
ainsi définis, parfois même en recourant en des termes creux, comme dans son article 34 où il
dispose notamment que : « La propriété privée est sacrée » tout en reconnaissant les droits
d’expropriation pour cause d’utilité publique et de saisie. Ces deux droits sont en
contradiction avec le caractère sacré, qui signifie ce qui « doit inspirer un respect absolu », ce
qui est « inviolable »223.
Qu’à cela ne tienne, les articles 50, 67, 182 et 187 de la constitution précitée protègent tantôt
les biens tantôt la propriété224. Les prescrits des articles 67 et 182 méritent d’être présentés.
En effet, aux termes de l’article 67:
« Tout congolais a le devoir de protéger la propriété, les biens et intérêts publics et de
respecter la propriété d’autrui ».
L’article 182 dispose :
« La Police nationale est chargée de la sécurité publique, de la sécurité des personnes et
de leurs biens, du maintien et du rétablissement de l’ordre public ainsi que de la
protection rapprochée des hautes autorités ».
§2. La propriété
Ainsi qu’il ressort de l’analyse précédente, la propriété n’est donc qu’un bien, c.-à-d. un droit
patrimonial. C’est le droit de disposer d’une chose d’une manière absolue et exclusive, sauf
les restrictions qui résultent de la loi et des droits réels appartenant à autrui225.
La propriété d’une chose, soit mobilière, soit immobilière, donne droit sur tout ce qui s’y unit
et s’y incorpore, soit naturellement, soit artificiellement, sauf ce qui sera dit de la propriété
immobilière distincte de celle du sol, ou de la concession foncière226.
220 Art. 2.
221 Art. 3.
222 Art. 4.
223 Larousse, 2013, v° sacré.
224 Article 50. L’Etat protège les droits et les intérêts légitimes des Congolais qui se trouvent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur
du pays. Sous réserve de la réciprocité, tout étranger qui se trouve légalement sur le territoire national bénéficie des mêmes
droits et libertés que le Congolais, excepté les droits politiques.
Il bénéficie de la protection accordée aux personnes et à leurs biens dans les conditions déterminées par les traités et les
lois.Il est tenu de se conformer aux lois et règlements de la République.
Article 187. Les Forces armées comprennent la force terrestre, la force aérienne, la force navale et leurs services d’appui.
Elles ont pour mission de défendre l’intégrité du territoire national et les frontières. Dans les conditions fixées par la loi, elles
participent, en temps de paix, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection des personnes et de
leurs biens.
225 Art. 14. —
226 Art. 21. —
81
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Sous l’intitulé « les infractions contre les propriétés » le législateur protège deux principales
valeurs : les biens et les droits qui s’y attachent. En d’autres termes: l’intégrité physique du
bien ainsi que les droits que le bien génère au profit des personnes. Cette dernière valeur
renferme deux volets différents: les droits résultant du rapport entre la personne et le bien et
les droits résultant des rapports entre deux personnes mais qui ont pour objets des biens. Dans
ce dernier volet, c’est la foi contractuelle qui peut être mis en jeu et qui est donc protégée.
Afin qu’il soit utile aux personnes et à la société, le bien droit être protégé dans son intégrité
physique. C’est ainsi qu’on punit la destruction méchante et l’incendie d’un bien par exemple.
§2. Les biens dans leurs rapports avec ceux qui les possèdent ou les droits
que la personne a sur un bien
Deux catégories de droits méritent d’être distinguées : les droits que la personne a sur un bien
et les droits résultants d’un contrat ayant pour objet un bien
Ici le législateur sanctionne l’atteinte à la valeur patrimoniale que le bien confère à une
personne. Il s’agit en principe des droits réels :
- la propriété qui comporte des démembrements : le droit d’usage, le droit d’usufruit et
le droit disposition ;
227Article 46, al. 2. Les droits d’auteur et de propriété intellectuelle sont garantis et protégés par la loi.
Article 122. Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, la loi fixe les règles concernant: … h) le
commerce, le régime de la propriété des droits et des obligations civiles et commerciales ;
Article 202. Sans préjudice des autres dispositions de la présente Constitution, les matières suivantes sont de la
compétence exclusive du pouvoir central :…19. la propriété littéraire, artistique et industrielle et les brevets.
82
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§3. Les biens comme objet des rapports entre deux personnes ou les droits
résultant d’un rapport entre deux personnes ayant pour objet un bien
Certains rapports juridiques portent sur les biens. La sécurité et de loyauté qui commandent le bon
déroulement des opérations commerciales et qui appellent ainsi à la sincérité se trouvent parfois
mises en péril, par la fraude, aussi la foi contractuelle et les autres rapports doivent être protégés.
Les vols sont prévus et punis par le code pénal congolais que par la loi portant protection de
l’enfant. Ils protègent non seulement le droit de propriété sur la chose mais aussi les droits
d’usage et d’usufruit, la possession et la détention précaire de la chose.
Art. 79. Quiconque a soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est
coupable de vol.
Art. 80. Les vols commis sans violences ni menaces sont punis d’une servitude pénale de cinq
ans au maximum et d’une amende de vingt-cinq à mille francs, ou d’une de ces peines
seulement.
Art. 81. La peine pourra être portée à dix années de servitude pénale:
1o si le vol a été commis à l’aide d’effraction, d’escalade ou de fausses clefs;
2o s’il a été commis la nuit dans une maison habitée ou ses dépendances;
3o si le vol a été commis par un fonctionnaire public à l’aide de ses fonctions;
4o si les coupables ou l’un d’eux ont pris le titre ou les insignes d’un fonctionnaire public
ou ont allégué un faux ordre de l’autorité publique;
5o [Abrogé par l’O.-L. 68-193 du 3 mai 1968, art. 7.]
Article 163. Quiconque soustrait frauduleusement un bien qu'il sait appartenir à un enfant est puni
conformément à la loi.
Article 164. Si le vol a été commis à l'aide de violences ou de menaces, l'auteur est puni de dix à vingt
ans de servitude pénale principale et d'une amende de cinq cents mille à un million de francs
congolais.
Sur le plan matériel, la réalisation du vol exige la réunion de deux éléments : un acte
matériel de soustraction et une chose susceptible de vol ; objet du vol.
1. Acte matériel de soustraction :
« On entend par soustraction le fait de déplacer matériellement la chose, c’est-à-dire de la
prendre ou de l’enlever, de la déplacer à l’insu ou contre le gré de son légitime propriétaire
ou possesseur, c’est aussi la ravir contre volonté de son propriétaire ou de son possesseur.
230
».
Le vol implique une idée d'appréhension et de déplacement de l'objet volé, même si le
déplacement est minime. Pour voler, il faut prendre. C’est l’acte matériel de soustraction qui
caractérise le vol, et le différencie de l’abus de confiance (où la chose est confiée) et de
l’escroquerie (où la chose est volontairement remise)231 et de l’extorsion (où la chose est
remise suite à la menace ou à la violence).
- il y a vol :
1. en cas de remise faite inconsciemment par un enfant, un dément, bref par un
propriétaire, détenteur ou possesseur qui n’est qu’un instrument passif ;
2. en cas de remise volontaire, lorsque celle-ci en réalité n’était qu’une remise
temporaire, provisoire et précaire, tels que le débiteur qui s’est fait remettre sous
prétexte de le vérifier avant de payer, le titre en vertu duquel le paiement lui est réclamé,
telle la facture acquittée, puis refuse ensuite de payer en prétendant qu’il a en mains la
preuve de sa libération232.c’est aussi le cas de qui emporte sans payer la marchandise
qui lui était remise dans le cadre d’une vente au comptant dans un magasin ou le facteur
qui s’approprie un objet confié à la poste 233 ;
3. en cas de remise nécessaire mais conditionnelle : cas du vol au rendez-moi (appelé
aussi au rendez-vous) s’il y a eu subtilisation, sinon il y a escroquerie.
Elis, 27/2/1940, Rev. Jur. 1943 , p. 103. ; Crim., 3 avril 1912, S., 1913, I, 337, note ROUX ; 12 déc. 1984, Bull., n°403;
R.S.C., 1985, 579, chron. P. BOUZAT ; D. 1985, I.R. 186. Voir aussi S. BRAHY, Les vols d'eau et d'énergie, le vol d'usage,
J.T. 1975, 597; G. HUBRECHTS, Les vols d'eau, de gaz et d'électricité, in R.D.P.C., 1935, 236 ; Cass. b., 23 sept. 1982,
Pas. 1982, I, 120.
235 Cour d'appel d'Anvers, 13 déc. 1984, in Rechtskundig weekblad, 1985-1986, 244-246, obs. VERSTRATEN, 215-230,
Recensé in R.D.P.C., 1988,429 ; Corr. Brux., 24 juin 1993, J.L.M.B. , 1994, 444 ; R.D.P.C., 1994, 1336. Voir aussi M.
BRIAT, La fraude informatique ; une approche du droit comparé, in R.D.P.C., 1985 ; 287, J.P. SPREUTELS, Les infractions
en matière d'informatique dans le projet de réforme du code pénal français, in R.D.P.C., 1991, 1027 et s ; La criminalité
informatique, Editions du Conseil de l'Europe, Affaires juridiques, Strasbourg, 1990, 125.
236 Elis., 30/11/1954, R.J.C.B. 1955, p. 315.
85
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Deux éléments intellectuels sont requis pour que le vol soit établi. Il s’agit de la propriété
d’autrui sur la chose volée et de l’intention frauduleuse.
2. L’intention frauduleuse
Elle résulte de l’article 79 du C.P lui-même : « Quiconque a soustrait frauduleusement… ».
Le législateur entend par là que l'auteur des faits reprochés doit avoir agi par des voies
détournées, afin de contourner tant les précautions prises par la victime que les dispositions de
la loi238.
Le Code pénal de Porto Rico le précise bien : un acte accompli frauduleusement est un acte
accompli par ruse, simulation, manœuvre, stratagème, ou par tout autre procédé de
tromperie239.
En droit pénal congolais, l’intention frauduleuse est triplement caractérisée :
- Par la connaissance de la propriété d’autrui sur la chose qui implique la
connaissance qu’a l’agent qu’il s’empare de la chose qui ne lui appartient pas et la
connaissance que la chose appartient à autrui ;
- Par la connaissance du défaut de consentement du propriétaire (la soustraction
doit avoir été opérée à l’insu ou contre le gré du propriétaire. Il n’y a pas de vol
lorsque la soustraction est acceptée par le propriétaire de l’objet c’est-à-dire s’il y
consentement de la part du propriétaire) et
- Par l’intention de se comporter ou d’user de la chose comme propriétaire.
Le mobile, tout comme le repentir actif sont inopérants.
V. REGIME REPRESSIF
2. Circonstances aggravantes :
- fonctionnaire à l’aide de ses fonctions : toute personne chargée par l’autorité d’un service
public et qui commet de vol à l’aide de ses fonctions ;
- faux fonctionnaire public : prendre le titre ou les insignes d’un fonctionnaire public ou
alléguer un faux ordre de l’autorité publique.
Dans tous ces cas on parle de vol qualifié punissable jusqu’à dix années de servitude pénale.
- Vol à main armée : tout instrument qui sert à attaquer ou à se défendre. L’arme comprend
toute machine, tout instrument, ustensiles ou tous autres objets tranchants, perçants ou
contondants (hache, fusil, revolver, pistolet, épée, ciseau, poignard, lance, flèche,
machette, pierre, bâton, pierre…)
Quand est-ce que le port d’une arme devient une circonstance aggravante ? La doctrine et la
jurisprudence sont divisées sur la question. Certains disent que le seul fait de porter l’arme
suffit à caractériser cette circonstance aggravante et d’autres estiment qu’il faut faire la
distinction entre le port d’arme et l’usage d’arme.
Une 3e thèse de compromis estime qu’il faut scruter l’intention du coupable. Si l’agent s’était
muni d’une arme spécialement pour réaliser son forfait, c’est-à-dire dans l’intention de
faciliter l’exécution du vol, peu importe l’usage, cette circonstance aggravante doit être
maintenue241.
Le vol à main armée est puni de mort (Art. 81bis du CP).
Violence : tout acte de contrainte physique exercée sur une personne. Il peut s’agir de
violences légères ou des violences ayant laissé des traces, des blessures ou de
contusions.
Menace : toute contrainte morale neutralisant par la crainte d’un mal imminent la
volonté que la victime se propose d’opposer à l’attaque.
Il faut qu’il y ait un lien de causalité entre la violence ou la menace et la soustraction
frauduleuse.
Le vol avec menace et violence est puni d’une servitude pénale de cinq à vingt ans et d’une
amende qui peut être portée à deux mille francs, ou de la première de ces peines seulement
(Art. 82 du CP).
§2. L’EXTORSION
Ainsi que le déclare Jean LESUEUR,
« Il faut bien distinguer l'extorsion de deux autres infractions constituant comme elle,
des moyens de s'approprier le bien d'autrui, le vol et l'escroquerie :
L’extorsion protège la même valeur que les vols. Elle est prévue par le code pénal congolais.
Art. 84. Est puni d’une servitude pénale de cinq à vingt ans et d’une amende qui peut être
portée à deux mille francs celui qui a extorqué, à l’aide de violences ou de menaces, soit des
fonds, valeurs, objets mobiliers, obligations, billets, promesses, quittances, soit la signature ou
la remise d’un document quelconque contenant ou opérant obligation, disposition ou
décharge.
Trois éléments matériels sont exigés par le législateur pour que cette infraction soit
établie.
1. Un acte d’extorsion : remise forcée
Selon LIKULIA, extorquer c’est arracher, confisquer, dépouiller, prendre quelque chose par
la force c’est-à-dire par la violence ou la menace. Obtenir quelque chose en dehors du
consentement libre de son propriétaire ou de son possesseur243.
2. Moyens utilisés par l’agent : Violences ou menaces.
- Violence : V° Vol.
- Menace : V° Vol.
Il importe peu que ce soit ou non la personne menacée ou accusée, ou celle contre qui la
violence est exercée, qui doit accomplir ou faire accomplir quelque chose244.
- Chantage : Il consiste dans une menace d’imputation ou de révélation d’un scandale ;
menace dont le but est de révéler un fait diffamatoire.
Peu importe que le chantage porte sur un fait vrai ou faux, il n’est pas requis que
l’objet du chantage soit précisé. Peu importe enfin que le fait soit déjà connu.
3. Une chose, objet de la remise forcée
L'extorsion suppose donc nécessairement un objet matériel qui peut être délivré ou transmis.
Il peut s’agir : des fonds ; valeurs ; objets mobiliers ; obligations ; billets ; promesses ;
quittance ; soit la signature ou la remise d’un document quelconque contenant ou opérant
obligation, disposition ou décharge.
Elle consiste dans la volonté de s’approprier injustement la chose d’autrui. C’est-à-dire que
l’agent doit poursuivre un gain illégitime pour lui-même ou pour autrui. Donc, lorsque le
prévenu a employé la violence pour se faire remettre un bien ou des biens auxquels il croyait
avoir droit, ces violences ou menaces-là ne sont pas illégitimes. Donc pas d’extorsion parce
que l’agent n’a pas voulu s’enrichir injustement245.
Servitude pénale de cinq à vingt ans et une amende qui peut être portée à deux mille francs.
La fraude est un acte qui relève de la notion de ruse, par opposition à la notion de violence.
Elle va contre l'honnêteté, la loyauté et la vérité et est condamnée dans son principe, tant par
les moralistes que par les juristes246.
La fraude désigne une action qui porte atteinte à la justice commutative. L’usage du mot s’est
maintenant élargi : il caractérise toute forme de falsification qui blesse les intérêts d’autrui247.
Le code pénal congolais incrimine huit catégories des fraudes : la banqueroute ; les cas qui lui
sont assimilés ; les abus de confiance ; le détournement de main-d’œuvre ; l’escroquerie et la
tromperie ; le recèlement des objets obtenus à l’aide d’une infraction ; le cel frauduleux et la
grivèlerie.
Nous n’analyserons que l’abus de confiance proprement dit (section I) et l’escroquerie
(section II).
Les abus de confiances sont au nombre de trois : l’abus de confiance proprement dit, le
stellionat et l’usure.
A la différence du vol qui porte atteinte à la paisible possession des biens, l’abus de
confiance blesse la foi contractuelle.
Art. 95. — Quiconque a frauduleusement, soit détourné, soit dissipé au préjudice d’autrui des
effets, deniers, marchandises, billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant
obligation ou décharge et qui lui avaient été remis à la condition de les rendre ou d’en faire un
usage ou un emploi déterminé, est puni d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et
d’une amende dont le montant ne dépasse pas mille francs ou d’une de ces peines seulement.
B. CONDITIONS PREALABLES
I. Contrat en vertu duquel la chose n’a été remise qu’à titre précaire
1. Remise de la chose
Elle doit être volontaire et faite à titre précaire (et non à titre définitif parce qu’il n’y aura plus
de chose à rendre et donc susceptible de dissipation ou de détournement).
Un mari qui utilise mal un bien appartenant au couple ne s’expose pas à l’abus de confiance.
Il importe peu que la chose ait été remise à l’auteur de l’infraction ou à une autre personne
agissant en son nom et pour son compte. La victime peut mandater quelqu’un d’autre pour
vous remettre la chose ou vous la remettre directement250.
C. ELEMENTS MATERIELS
I. Acte matériel de dissipation ou de détournement
Il est caractérisé par le détournement ou la dissipation de la chose reçue.
a) Actes de dissipation
La dissipation est le fait d'anéantir la chose par l’usage que l’on en fait. La preuve du
détournement ou de la dissipation se fera normalement par l’impossibilité dans laquelle se
trouve l’auteur de rendre l’objet251.
C’est le cas de l’agent qui a consommé l’argent qu’il a reçu ; de celui qui a incendié une
voiture louée, abîmée un meuble reçu en gage ou encore abandonné sur la voie publique une
voiture louée. Ces actes impliquent la consommation, la détérioration, la destruction252.
b) Acte de détournement
Le détournement est l'appropriation de la chose par l'auteur. Ce détournement peut résulter de
la vente ou du don de la chose à un tiers ; de sa mise en gage ; du refus de la restituer253, bref
de tout acte par lequel il se comporte en propriétaire.
La différence qui existe entre le détournement et la dissipation réside dans le fait que le
détournement suppose l’appropriation ou la rétention injuste de la chose reçue, tandis que la
dissipation suppose que l’agent se trouve dans l’impossibilité de remettre la chose reçue254.
II. Préjudice
Il est requis un préjudice réel effectif ou éventuel (possible, qui pourrait exister).
Le délinquant peut être n’importe qui pourvu qu’il soit débiteur de la victime à la suite d’un
des contrats susmentionnés. Il en est de même de la victime qui doit par contre être
créancière.
F. REGIME REPRESSIF
Servitude pénale de trois mois à cinq ans et amende dont le montant ne dépasse pas mille
francs ou une de ces peines seulement.
§2. L’ESCROQUERIE
Introduction
Aux termes de la loi, l’escroquerie est le fait de se faire remettre ou délivrer des fonds,
meubles, obligations, quittances, décharges, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses
qualités, soit en employant des manœuvres frauduleuses pour persuader l’existence de fausses
entreprises, d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire, pour faire naître l’espérance ou la crainte
d’un succès, d’un accident ou de tout autre événement chimérique, pour abuser autrement de
la confiance ou de la crédulité et ce, dans le but de s’approprier une chose appartenant à
autrui. L’escroquerie porte divers qualificatifs dans le langage courant255.
255 Entre l'ensemble de ceux qui portent atteinte à la propriété d’autrui, il se distingue par le fait qu’il n’emploie pas la
violence, mais dupe sa victime par le recours à la ruse.
Jean-Paul DOUCET relève certaines variétés de l’escroquerie. En effet, dit-il,
« la pratique a donné un nom particulier à certains modes opératoires.
- L’escroquerie à la charité. L’exploitation de la charité publique relève de l’escroquerie lorsqu’un individu fait appel aux
bons sentiments de la population pour une bonne œuvre, mais qu’en réalité il ne cherche qu’à s’enrichir personnellement.
Un tel délit doit être sanctionné de la manière la plus rigoureuse ; car, une fois dévoilé, il tarit les sources de revenus des
associations caritatives honnêtes et sérieuses.
- Escroquerie à l’assurance. Il existe de nombreuses variétés d’escroqueries à l’assurance, mais toutes se ramènent à
l’idée qu’un assuré cherche à utiliser la police qu’il a souscrite pour obtenir le paiement de sommes indues : qu’il déclare un
sinistre imaginaire, qu’il le cause volontairement mais secrètement, qu’il majore l’importance des dommages... Pour que
l’affaire puisse venir au pénal, il ne suffit pas d’une déclaration mensongère, il faut en outre qu’elle soit étayée par des
indications de fait précises. La tentative est constituée du moment où la déclaration de sinistre, accompagnée des pièces
justificatives, est transmise à l’assureur.
- Escroquerie au jugement. L’expression « escroquerie au jugement » vise une jurisprudence, quelque peu osée, qui fait
application de l’incrimination de l’art.313-1 C.pén. dans le cas où un individu parvient, en trompant un tribunal par la
production d’une pièce fausse, à obtenir une décision qui portera atteinte au patrimoine d’autrui.
- Escroquerie dite « à la succession imaginaire ». Il s’agirait d’un cas banal d’escroquerie par manœuvres reposant sur
une succession imaginaire, si elle n’avait donné lieu à une infraction qui eut un retentissement national : l’affaire Humbert.
L’argent de la succession était sensé se trouver dans un coffre-fort qui ne pourrait être ouvert qu’une fois achevée la
procédure en cours ; or le coffre était vide.
- Escroquerie dite « au trésor espagnol ». Grand classique de la délinquance, l’escroquerie dite « au trésor espagnol »
consiste pour un étranger (ou pseudo-étranger) à faire croire à une personne (généralement attirée par la cupidité) qu’il a dû
fuir son pays en y abandonnant une fortune considérable et que, si elle l’aide à le récupérer, elle en recevra une bonne part.
- Escroquerie dite « vol à l’américaine ». La principale forme de cette infraction consiste dans le fait pour un malfaiteur de
se faire remettre une somme d’argent, soit pour prix d’indications présentées comme confidentielles, mais en réalité fausses,
soit en contrepartie d’une chose sans valeur réelle. Il y a escroquerie, et non pas vol, puisque les deux parties sont entrées
en relations d’affaires (affaires généralement louches, c’est pourquoi les victimes hésitent à porter plainte).
- Escroquerie dite « vol au rendez-moi ». On englobe sous la formule « vol au rendez-moi » des agissements qui tournent
autour de l’exemple suivant : une personne entre dans un magasin, prétend faire un achat, paie avec un billet et empoche la
monnaie, puis renonce à cet achat, demande la restitution du billet mais profite de la confusion pour conserver la monnaie.
De telles manœuvres relèvent de l’escroquerie, dès lors qu’elles sont accomplies dans le cadre de relations contractuelles.
- Escroquerie informatique. De nos jours, l'escroquerie peut résulter d'une manœuvre frauduleuse perpétrée par l'entrée
frauduleuse dans un système informatique. »
1. L’ingénierie sociale255 . Le terme d’ « ingénierie sociale » désigne l’art de manipuler des personnes afin de
contourner des dispositifs de sécurité. Il s’agit ainsi d’une technique consistant à obtenir des informations de la part des
utilisateurs par téléphone, courrier électronique appelé « fake mail », courrier traditionnel ou contact direct. Elle est basée
sur la naïveté des utilisateurs en se faisant passer pour une personne de la maison, un technicien, un administrateur, etc.
93
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
L’escroquerie via l’informatique est désignée par le concept arnaque. Les principales
arnaques connues sont au nombre de quatre : l’ingénierie sociale, le scam ; le phishing et les
loteries256.
A. ELEMENT LEGAL ET ELEMENT AXIOLOGIQUE
Dans le code pénal congolais, l’escroquerie est prévue et punie par l’article 98 qui dispose :
« Quiconque, dans le but de s’approprier une chose appartenant à autrui, s’est fait remettre
ou délivrer des fonds, meubles, obligations, quittances, décharges, soit en faisant usage de
faux noms ou de fausses qualités, soit en employant des manœuvres frauduleuses pour
persuader l’existence de fausses entreprises, d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire, pour
faire naître l’espérance ou la crainte d’un succès, d’un accident ou de tout autre événement
chimérique, pour abuser autrement de la confiance ou de la crédulité, est puni d’une
servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende dont le montant ne dépasse pas
deux mille francs, ou d’une de ces peines seulement ».
B. CONDITION PREALABLE259
L’escroquerie suppose une condition préalable: un contrat, quel qu’il soit. Il faut que les
actes reprochés se soient déroulés dans le cadre de la conclusion d’un contrat. C’est ce que le
législateur entend lorsqu’il exige que la manœuvre ait tendu, soit à la remise de fonds, de
valeurs, de biens ou de services, soit à souscrire un acte opérant obligation ou décharge. La
2. Le scam ou la ruse255. Œuvre de Scameurs, le scam est une pratique frauduleuse d’origine africaine, consistant à
extorquer des fonds à des internautes en leur faisant miroiter une somme d’argent dont ils pourraient toucher un
pourcentage. L’arnaque du scam est issue du Nigeria, ce qui lui vaut également l’appellation « 419 » en référence à l’article
du code pénal Nigérian réprimant ce type de pratique.
3. Le phishing, hameçonnage ou courriel hameçon255. Le concept « phishing » est la variation cyberpunk de fishing,
aller à la pêche. Œuvre de Phishers, le Courriel hameçon est un courrier électronique qui persuade l'utilisateur final de
révéler des données confidentielles à l'aide d'une imitation de site censée représenter de véritables sociétés 255
C’est une technique frauduleuse utilisée par les pirates informatiques pour récupérer des informations (généralement
bancaires) auprès d’internautes.
4. La loterie internationale255. Vous recevez un courrier électronique indiquant que vous êtes l’heureux gagnant du
premier prix d’une grande loterie d’une valeur de plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour empocher le pactole il suffit de
répondre à ce courrier.
En définitive, les techniques de perpétration des délits liés aux T.I.C sont légion. En dehors des crimes qui nécessitent une
technicité particulière pour sa commission, plusieurs crimes facilités par les T.I.C se perpètrent normalement, sans technicité
particulière. C’est le cas d’injures, de la diffamation, des menaces… et autres crimes liés aux T.I.C dont il convient de faire
l’échantillon.
256 Attaques et arnaques, disponible sur <http://www.commentcamarche.net/contents/système>, dernière modification le
remise ou la délivrance de la chose objet d’escroquerie ne peut se faire que dans le cadre d’un
contrat.
C. ELEMENTS MATERIELS
I. Emploi des moyens ou procédés frauduleux
Il s’agit de l’un des trois moyens suivants : l’usage de faux nom ; de fausse qualité ou encore
les manœuvres frauduleuses.
a) Usage de faux nom : L'usage (oral ou par écrit) d'un nom autre que le sien (à tout les
moins le nom que l’agent utilise : nom patronymique, post nom, prénom ou même d’un
sobriquet), qu'il soit le nom d'un tiers ou un nom inventé (réel ou imaginaire), est un élément
constitutif de l'escroquerie, à condition que cet usage ait été déterminant dans la remise de
l'objet ou des fonds260. Peu importe le consentement de la personne dont le nom à été
usurpé261.
N.B. L’usage du faux nom pour une aventure amoureuse n’est pas de l’escroquerie car il ne
vise pas à prendre un bien d’autrui. Il veut seulement jouir d’un plaisir262.
b) Usage de fausse qualité (réelle ou imaginaire, que l’usage soit verbal ou écrit) : c.-à-d.
d'un mensonge portant sur les fonctions ; sur l’état-civil, la situation familiale, la nationalité
etc. ; sur la profession ou sur l'emploi d'un faux titre263 (une fausse profession ou fonction, un
faux état-civil, un faux diplôme, une fausse nationalité, un faux titre). Cet usage doit avoir
déterminé la victime à remettre la chose.
N.B. - Celui qui utilise une fausse qualité pour se faire un honneur simplement n’est pas un
escroc. Exemple : Se faire passer pour un licencié dans le quartier. Il en est de même de celui
qui utilise une fausse qualité pour jouir d’un prestige. Exemple : se faire passer pour Koffi
Olomide dans un coin reculé.
- Se prétendre être riche n’est pas de l’escroquerie.
- L’usage d’une qualité perdue établit coupablement l’usage de fausse qualité. Exemple : un
ancien commerçant qui se fait remettre de fonds en usant de ses anciennes qualités264.
c) Les manœuvres frauduleuses : c.-à-d. mensonge accompagné d'actes extérieurs et matériels
destinés à le rendre vraisemblable265. Le fait matériel et extérieur destiné à appuyer le
mensonge générateur d’escroquerie266.
1. Caractères des manœuvres frauduleuses
Elles doivent :
1° être antérieures à la remise et cause déterminante de celle-ci ;
2° avoir eu pour but :
4° consister en une mise en scène c’est-à-dire en des scénarii : une série des faits qui
s’appuient les uns les autres pour arriver à se faire une impression d’ensemble. L’escroc doit
chercher à convaincre, toucher son vif, son cerveau, son cœur.
267 Id.
96
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Ici l’escroc fait intervenir un coauteur ou un complice pour appuyer ses allégations
mensongères. Il suffit que ce tiers confirme et rende vraisemblables les allégations
mensongères. Ex. : Les italiens vendant des chaînettes opèrent toujours en complicité pour
appuyer leur mensonge. Quelqu’un dans un procès brandit un document et s’appuie sur un
témoin qui intervient dans le mensonge pour condamner la partie adverse à payer les
dommages et intérêts.
F. REGIME REPRESSIF
Servitude pénale de trois mois à cinq ans et amende dont le montant ne dépasse pas deux
mille francs, ou une de ces peines seulement.
268 Ibid.
97
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Le tableau ci-dessous reprend d’une manière synthétique les autres infractions contre les biens.
269
Le saisi ou les tiers qui auront détourné des objets saisis seront passibles des peines de vol.
270
Goyet, Droit pénal spécial, cité par DOUCET, loc.cit.
98
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
Intention frauduleuse
§ 2. Des cas assimilés à la banqueroute (– Intitulé ainsi modifié par le Décret du 20 avril
1935.)
3. Des cas assimilés à la banqueroute (articles 89) Définition : ce sont des délits
99
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Eléments matériels :
1. Qualité de dirigeant ;
2. Personne morale en faillite ;
3. Soit un acte de banqueroute frauduleuse prévu par l’article 89 du CP ;
4. Soit un acte de banqueroute simple prévu par les articles 90-92.
c) Elément intellectuel :
Intention frauduleuse.
§ 3 .Des abus de confiance
4. Stellionat (Art. 96) Définition : En droit congolais, le stellionat consiste dans le
fait de vendre ou d’hypothéquer un immeuble qui ne vous appartient pas.
a) Elément légal Art. 96. — Sera puni des peines portées à l’article précédent quiconque
aura vendu ou donné en gage un immeuble qui ne lui appartient pas.
b) Eléments matériels :
1. Un acte matériel de vente ou de mise en gage ;
2. Un immeuble appartenant à autrui
c) Eléments intellectuels :
Intention frauduleuse.
5. Usure (Art. 96bis) Définition : L’usure consiste dans le fait de se faire promettre
pour soi-même ou pour autrui un intérêt ou d’autres avantages excédant manifestement
l’intérêt normal au cours d’une opération de crédit, d’un contrat de prêt ou de tout autre
contrat indiquant une remise de valeur mobilière et ce, en abusant des faiblesses, des passions,
des besoins ou de l’ignorance du débiteur.
a) Elément légal —.Art. 96bis. [Décr. du 26 août 1959. — Est puni d’une servitude pénale
d’un mois à un an et d’une amende de mille à dix mille francs ou d’une de ces peines
seulement, celui qui, abusant des faiblesses, des passions, des besoins ou de l’ignorance
du débiteur, se fait, en raison d’une opération de crédit, d’un contrat de prêt ou de tout
autre contrat indiquant une remise de valeur mobilière, quelle que soit la forme apparente
du contrat, promettre pour lui-même ou pour autrui un intérêt ou d’autres avantages
excédant manifestement l’intérêt normal.
b) Eléments matériels :
1. Une convention ;
2. Un taux d’intérêt excédant l’intérêt normal.
c) Eléments intellectuels : Intention frauduleuse
100
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§ 4. Du détournement de main-d’œuvre
§ 5. De l’escroquerie et de la tromperie
7. La tromperie Définition : En droit pénal, la tromperie est l’exécution de la ruse
dans un contrat de transfert de propriété des choses lorsque l’auteur a trompé
l’acheteur:
o
1 sur l’identité de la chose vendue, en livrant frauduleusement une chose autre que l’objet
déterminé sur lequel a porté la transaction;
2o sur la nature ou l’origine de la chose vendue, en vendant ou en livrant frauduleusement une
chose qui, semblable en apparence à celle qu’il a achetée ou qu’il a cru acheter, déçoit
l’acheteur dans ce qu’il a principalement recherché et choses.
a) Elément légal Art. 99. [Décr. du 4 septembre 1928. — Est puni d’un an au plus de
servitude pénale et d’une amende dont le montant ne dépasse pas mille francs, ou d’une de ces
peines seulement, celui qui a trompé l’acheteur:
1o sur l’identité de la chose vendue, en livrant frauduleusement une chose autre que l’objet
déterminé sur lequel a porté la transaction;
2o sur la nature ou l’origine de la chose vendue, en vendant ou en livrant frauduleusement
une chose qui, semblable en apparence à celle qu’il a achetée ou qu’il a cru acheter, déçoit
l’acheteur dans ce qu’il a principalement recherché.]
Art. 100. — Est puni des peines prévues à l’article précédent celui qui, par des
manœuvres frauduleuses, a trompé:
b) Eléments matériels :
1. Un fait de tromperie caractérisé par l’emploi des manœuvres frauduleuses ;
2. Un but poursuivi par l’agent (tromper sur la quantité de la chose vendue, soit sur les
éléments devant servir au calcul du salaire).
c) Eléments intellectuels : Intention frauduleuse de se procurer un bénéfice illicite.
101
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§ 7. Du cel frauduleux
9. Cel frauduleux (Art. 102) Définition : En droit pénal congolais, le cel frauduleux
revêt deux modalités.
Premièrement, le cel frauduleux est le fait de cacher une chose mobilière appartenant à
autrui :
- Soit qu’on a trouvé ;
- Soit dont on a eu la possession par hasard.
Deuxièmement, il y a cel frauduleux lorsque ladite chose est plutôt livrée à des tiers par celui
qui l’a trouvé ou en a eu la possession.
a) Elément légal Art. 102. [Décr. du 24 décembre 1929. — Seront punis d’une servitude
pénale de huit jours à deux ans et d’une amende de vingt-cinq à mille francs, ou d’une
de ces peines seulement, ceux qui, ayant trouvé une chose mobilière appartenant à
autrui, ou en ayant obtenu par hasard la possession, l’auront frauduleusement celée ou
livrée à des tiers.]
b) Eléments matériels :
1. Une chose, objet du cel ;
2. Acte matériel du cel ;
3. Propriété d’autrui sur la chose ;
c) Eléments intellectuels :
Intention frauduleuse.
§ 8. De la grivèlerie
10. Grivèlerie ou filouterie (Art. 102bis.) Définition : c’est le fait pour une
personne sachant qu’il est dans l’impossibilité de payer se fait servir, dans un établissement à
ce destiné des boissons ou des aliments qu’il y aura consommés en tout ou en partie, se fait
donner un logement dans un hôtel où il s’est présenté comme voyageur ou qui aura pris en
location une voiture de louage.
a) Elément légal Art. 102bis. [Décr. du 4 août 1953. — Sera puni d’une servitude pénale
de huit jours à six mois et d’une amende de deux cents à trois mille francs, ou d’une de
ces peines seulement, celui qui sachant qu’il est dans l’impossibilité de payer, se sera fait
servir, dans un établissement à ce destiné, des boissons ou des aliments qu’il y aura
consommés en tout ou en partie, se sera fait donner un logement dans un hôtel où il s’est
présenté comme voyageur, ou aura pris en location une voiture de louage.
b) Eléments matériels :
102
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§ 1. De l’incendie
11. L’incendie Définition : L’infraction d’incendie consiste dans le fait de mettre le
feu à la chose, peu importe que celle-ci soit embrasé ou non.
Le code pénal congolais réprime :
1. L’incendie volontaire de la chose appartenant à autrui (Art. 103-105) ;
2. L’incendie de sa propre chose (Art. 106), (dans une intention méchante ou
frauduleuse) ;
3. L’incendie par communication (107) et
4. L’incendie involontaire de la propriété d’autrui (Art. 109).
a) Elément légal : Art. 103. — Seront punis d’une servitude pénale de quinze à vingt
ans ceux qui auront mis le feu soit à des édifices, navires, magasins ou tous autres
lieux quelconques servant à l’habitation et contenant une ou plusieurs personnes au
moment de l’incendie, soit à tous lieux, même inhabités, si, d’après les circonstances,
l’auteur a dû présumer qu’il s’y trouvait une ou plusieurs personnes au moment de
l’infraction.
Art. 104. — Seront punis d’une servitude pénale de cinq à quinze ans ceux qui auront
mis le feu à des édifices ou tous bâtiments quelconques, appartenant à autrui et
construits en matériaux durables, mais inhabités au moment de l’incendie.
Si les édifices ne sont pas construits en matériaux durables, les coupables seront punis
d’une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d’une amende de cent à deux mille
francs ou d’une de ces peines seulement.
Art. 105. — Seront punis des peines portées au deuxième alinéa de l’article précédent
ceux qui, en dehors des cas visés par la réglementation sur l’incendie des herbes et
végétaux sur pied, auront mis le feu à des forêts, bois, récoltes sur pied, bois abattus ou
récoltes coupées.
Art. 106. — Seront punis des mêmes peines les propriétaires exclusifs des choses
désignées aux articles 104 et 105, qui y auront mis le feu dans une intention méchante
ou frauduleuse.
Art. 107. — Celui qui, dans l’intention de commettre l’un des faits prévus aux articles
103, 104, 105 et 106, aura mis le feu à des objets quelconques placés de manière à le
communiquer à la chose qu’il voulait détruire sera puni comme s’il avait directement
mis le feu à cette dernière chose.
Art. 108. — Lorsque l’incendie a causé la mort d’une ou de plusieurs personnes, qui à
la connaissance de l’auteur se trouvaient dans les lieux incendiés au moment de
103
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
1. Intention criminelle.
Art. 112. — Seront punis des peines portées à l’article précédent ceux qui, dans des endroits
clôturés ou non clôturés, auront méchamment détruit ou dégradé des arbres, des récoltes, des
instruments d’agriculture ou d’autres biens meubles ou immeubles appartenant à autrui.
Art. 113. [Ord. du 28 février 1913. — Quiconque aura, même sans intention méchante,
détruit ou dégradé, sans titre ni droit, des arbres, des récoltes, des instruments d’agriculture ou
d’autres biens, meubles ou immeubles, sera puni d’une servitude pénale de sept jours au
maximum et d’une amende qui n’excédera pas deux cents francs, ou d’une de ces peines
seulement.]
§ 4. De la destruction d’animaux
Art. 114. — Sera puni d’une servitude pénale d’un mois à deux ans et d’une amende de
vingt-cinq à trois cents francs ou d’une de ces peines seulement quiconque aura méchamment
et sans nécessité, tué ou gravement blessé des bestiaux ou animaux domestiques appartenant à
104
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
autrui.
b) Eléments matériels :
1. Objets ou animaux protégés (spécifié par la loi) ;
2. Acte matériel de destruction ou de dégradation (détruire, dégrader, renverser …) c.à.d. acte
causant dommage aux objets protégés ;
c) Eléments intellectuels :
Intention méchante, celle de nuire au propriétaire.
a) Elément légal Art. 115. — Seront punis d’une servitude pénale de cinq ans au
maximum et d’une amende de vingt-cinq à mille francs ou d’une de ces peines
seulement ceux qui, sans y être valablement autorisés, auront enlevé ou déplacé et
ceux qui auront méchamment dégradé des bornes délimitant des terres légalement
occupées par eux ou par autrui.
b) Eléments matériels :
1. Chose, objet de l’infraction ;
2. Acte matériel ;
3. Absence d’autorisation ;
c) Eléments intellectuels :
Intention coupable. La connaissance qu’on agit sans autorisation valable et que la borne
enlevée délimitait légalement les terres occupées.
105
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
271 RIGAUX et TROUSSE, Les crimes et les délits du Code pénal belge, cité par DOUCET, op. cit., v° foi publique.
272 A.VITU, Droit pénal spécial, cité par DOUCET, op. cit., v° foi publique.
273 DOUCET, op. cit., v° foi publique.
106
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
On définit classiquement le faux comme une déformation, une altération ou une négation de la
vérité, de la réalité ou de l’authenticité ; cette corruption ayant pour but d’induire autrui en
erreur. L’auteur d’un faux est un faussaire274.
Toutes les définitions du faux en écriture reprennent comprennent la réalité susvisée.
En droit pénal congolais, le faux en écriture est défini comme l’altération de la vérité, dans un
écrit public ou privé, commise dans une intention frauduleuse et de nature à porter préjudice à
autrui275.
La plupart des définitions ressemblent à celle qui précède.
« Le faux est une altération de la vérité, commise en connaissance de cause et dans le but
de causer préjudice à autrui276 .»
« Le faux en écriture est constitué par l’altération de la vérité dans un écrit de nature à
porter préjudice et accompli avec l’intention frauduleuse et à dessein de nuire277. »
« Constitue un faux pénalement punissable l’altération frauduleuse de la vérité,
préjudiciable à autrui, accomplie dans un document faisant titre278.»
« Le faux est une altération de la vérité, commise dans une intention criminelle, qui a
porté ou a pu porter préjudice à des tiers. 279»
faussaire veut eu faire : c'est ainsi que les lois de l'Angleterre admettent la
prescription280. »
Le faux est une infraction formelle qui tend à assurer la crédibilité de la preuve littérale ; il est
constitué dès lors que la falsification commise est de nature à causer un préjudice social ou
privé. Le faux est, tantôt matériel, tantôt intellectuel281.
Faux matériel. On parle de faux matériel lorsque l’on est en présence d’un document qui a été
physiquement confectionné ou altéré ; en sorte qu’un examen diligent du document lui-même
permet d’établir la supercherie282.
« Le faux est dit matériel lorsqu’il se consomme par une altération physique d’un écrit et
laisse des traces corporelles283. »
« Le faux matériel résulte d’une falsification ou altération, en tout ou en partie, commise
sur la pièce arguée, et susceptible d’être reconnue, constatée et démontrée physiquement,
par une opération ou par procédé quelconque. La fabrication d’une pièce ou d'une
signature, une addition, une suppression, une altération, une radiation, un grattage, une
surcharge, une lacération, la substitution d’un acte à un autre, un changement même dans
la ponctuation d’un acte, si le sens en est changé, dénaturé, ou modifié, sont autant de
circonstances à l'aide desquelles le faux matériel peut être consommé. 284»
Le faux matériel se réalise par grattage surcharge, suppression d’une partie du texte, de
l’insertion après coup d’une fausse clause, de la fabrication intégrale d’un écrit, de
l’apposition d’une fausse signature.
La fabrication d’un document, forgé pour servir de preuve, constitue un faux matériel
susceptible de porter préjudice à un tiers, même si ce document est conforme à
l’original285.
Faux intellectuel. Le faux intellectuel consiste en une altération des énonciations de l’écrit
sans que la matérialité de celui- ci soit falsifiée. Le faux intellectuel résulte de l’inscription
dans l’acte d’une mention contraire à la vérité ou de la non-insertion d’une mention nécessaire
pour l’acte reflétant la vérité.
On parle de faux intellectuel lorsque l’on est en présence d’un document dont les
mentions comportent une altération de la vérité ; en sorte qu’il faudra faire appel à des
éléments extérieurs pour établir la supercherie286.
287
Le faux est dit intellectuel lorsqu’il porte sur le contenu d’un acte et ne laisse aucune
trace matérielle.
Le faux intellectuel résulte seulement de l’altération dans la substance d’un acte non
falsifié matériellement, c’est-à-dire dans les dispositions constitutives de cet acte ; il ne
peut être reconnu à aucun signe palpable, physique et matériel288.
280 BEXON, Développement de la théorie des lois criminelles, cité par DOUCET, J.P, op. cit. , V° FAUX.
281 DOUCET, J.P., loc. cit.
282 Id.
283 GOYET, loc. cit.
284 PONTAS, Dictionnaire de cas de conscience, V° Faux.
285 Cass.crim. 3 juin 2004, Bull.crim. n° 149 p.557.
286 DOUCET, J.P., loc. cit.
287 GOYET, loc. cit.
108
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Une attestation faisant état de faits matériellement inexacts contient un faux intellectuel
manifeste289.
Le droit pénal congolais ignore plusieurs distinctions, pourtant utiles, opérées par le droit
pénal français quant au régime juridique du faux.
En effet, en France, comme le souligne DOUCET290, en matière de poursuites pour faux
« On distingue depuis notre Ancien droit deux types de poursuites. D’une part le faux
principal, où une action est intentée pour faire établir qu’un acte a été forgé ou altéré ;
d’autre part le faux incident, où c’est une pièce produite dans un procès qui est arguée
de faux. Voir les articles 642 et suivants du Code de procédure pénale291.
DENISART, dans la Collection de jurisprudence, 1768 dit : Le faux principal est la
poursuite qui s’intente directement contre quelqu’un pour faire déclarer fausse une
pièce. Le faux incident est celui qui s’oppose, par forme d’exception, contre une pièce
de la partie adverse qui la produit et prétend en tirer avantage. Le faux est un crime
sanctionné par la peine de mort (Ordonnance de François 1er de 1531).
Parlant de l’inscription de faux, il dit : L’inscription de faux est une procédure spéciale,
par laquelle une partie soutient que telle pièce de la procédure a été forgée. On parle
aussi de faux incident (art. 646 et s. C.pr.pén.).
Comme le dit LE POITTEVIN dans le Dictionnaire des parquets : L’inscription de faux
est une procédure spéciale destinée à détruire la force probante de certains actes,
notamment de procès-verbaux auxquels s’attache une autorité exceptionnelle. Elle est
une voie de droit exceptionnelle, qui ne peut être prise que lorsque toutes les autres
voies sont fermées. »
I. ELEMENT LEGAL ET ELEMENT AXIOLOGIQUE
Article 124 du C.P. Le faux commis en écritures avec une intention frauduleuse ou à
dessein de nuire sera puni d'une servitude pénale de sis mois à cinq ans et d'une
amende de vingt-cinq à deux mille francs, ou d'une de ces peines seulement.
Article. 125 du C.P. Si le faux a été commis par un fonctionnaire ou agent public, dans
l'exercice de ses fonctions, la servitude pénale pourra être portée à dix ans et l'amende
à cinq mille francs.
Comme nous l’avons vu, ces infractions protègent :
arguée de faux, la juridiction décide, après avoir recueilli les observations du ministère public et des parties, s'il y a lieu ou
non de surseoir jusqu'à ce qu'il ait été prononcé sur le faux par la juridiction compétente.
Si l'action publique est éteinte ou ne peut être exercée du chef de faux, et s'il n'apparaît pas que celui qui a produit la pièce
ait fait sciemment usage d'un faux, le tribunal ou la cour saisi de l'action principale statue incidemment sur le caractère de la
pièce prétendue entachée de faux.
Article 647. La demande en inscription de faux contre une pièce produite devant la Cour de cassation est adressée au
premier président. Elle est déposée au greffe. Elle est signée par le demandeur ou par un avocat au Conseil d'Etat et à la
Cour de cassation ou par un fondé de pouvoir spécial. Dans ce dernier cas, le pouvoir est annexé à l'acte dressé par le
greffier. Si la personne qui dépose la demande ne peut signer, le greffier en fait mention.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. sincérité et probité que doivent manifester ceux qui prennent un engagement solennel
portant sur un point d’intérêt général ;
2. créance et confiance qu’il convient pour le public de porter aux documents et actes
pris dans ce même intérêt général.
Commettre un faux intellectuel, c'est altérer la vérité dans les énonciations de l'écrit,
sans que dans sa matérialité celui-ci soit falsifié. Cette altération peut se pratiquer par
addition ou soustraction, ou encore par substitution de nom, de chiffre ou de clause.
C'est dans le domaine du faux intellectuel que le coupable peut être, on celui qui écrit,
mais celui qui affirme la fausse mention. Exemple : — celui qui déclare un enfant
comme né d'une femme qui n'est pas la mère.
La loi n'impose aucune condition particulière concernant l'écrit objet du faux, mais
il faut, pour qu'il y ait infraction, que l'itération de la vérité soit susceptible de
porter préjudice à quelqu'un. Un faux ne lésant personne et n'entrainant aucun
préjudice présent ou futur n'est pas punissable. Par exemple :
- altération d'un écrit qui n'est la source d'aucun droit et qui ne peut servir de
preuve
- altération d'un acte non signé et n'ayant par conséquent aucune valeur
- altération d'un copie non authentifiée.
Par contre, quand il y a possibilité de préjudice, l'auteur du faux est poursuivable, que
le préjudice soit déjà réalisé, qu'il soit en train de se réaliser ou qu'il soit susceptible de
se réaliser dans l'avenir.
Le préjudice en cause peut être matériel ou moral, or il peut léser soit les intérêts d'un
particulier, suit les intérêts de l'Etat. Exemples :
ional : préjudice moral lésant les intérêts
de l'Etat
intérêts de l'Etat
L’article125 édicte des peines plus sévères lorsque le faux en écritures a été commis
par un fonctionnaire ou agent dans l’exercice de ses fonctions. Sont visées toutes les
111
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
L'usage de faux est l'infraction qui consiste à utiliser, dans une intention frauduleuse
ou à dessein de nuire, un acte faux ou une p:èce fausse.
I. ELEMENT LEGAL
Art. 126 du C.P. Celui qui, dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire, aura
fait usage de l'acte faux ou de la pièce fausse, sera puni comme s'il était l'auteur du
faux.
II. ELEMENT MATERIEL
C'est le fait d'utiliser, ou de tenter d'utiliser, un acte faux, cet acte ayant été établi,
falsifié ou altéré par un autre. Exemple : — individu postulant un emploi administratif
grâce à un faux diplôme qui lui a été remis par un faussaire.
REMARQUES.
- l'infraction d'usage de faux nécessite l'utilisation d'un acte faux ; l'usage d’une pièce
d'identité véritable mais appartenant à autrui, ne constitue pas l’infraction d’usage de
faux ;
- si c’est l’auteur de la pièce qui en fait usage, il est admis par la jurisprudence qu’il ne
commet que la seule infraction à l’article.
L'article 126 dispose que celui qui fait usage de faux « sera puni comme s'il était
l'auteur du faux ». Il faut en déduire que le particulier qui fait usage d'un faux commis
par un fonctionnaire public dans l'exercice de ses fonctions n'est passible que des
peines de l'article 124 et non de celles de l'article 125.
I. ELEMENT LEGAL
Art. 127. Tout fonctionnaire ou officier publie qui, dans l'exercice de ses fonctions,
aura délivré un faux certificat, falsifié un certificat, fait usage d'un certificat faux ou
falsifié, sera puni d'une servitude pénale de trois mois à cinq ans et d'une amende de
cent à mille francs, ou d'une de ces peines seulement.
On peut se demander pourquoi les rédacteurs du Code Pénal ont jugé utile de faire cet
article 127, alors que l'article 125 réprime déjà les faux commis par un fonctionnaire
dans l'exercice de ses fonctions, et que l'article 126 permet de poursuivre l'usage de
faux effectué par ce fonctionnaire. Si nous remarquons que l'article 127, contrairement
aux précédents, ne parle pas de l'intention frauduleuse, il faut en déduire que l'on a
voulu permettre une répression plus facile, sans qu'il soit besoin d'établir l'existence
d'un élément constitutif moral, de l'infraction que l'on appelle communément « la
délivrance de certifient de complaisance ».
Nous savons ce qu'il faut entendre par fonctionnaire public. Un officier public est une
personne chargée d'un emploi public, dont le concours est nécessaire pour des actes
d'un intérêt public ou privé. Par exemple : notaires, officiers de l'état civil, huissiers.
Exemples de faux certificats tombant sous le coup de l’article 127 :
- fabrication d'un faux certificat d'indigence, de bonne conduite, etc. ;
- fabrication d'un faux certificat de maladie, infirmité, établi par un médecin
fonctionnaire ;
- falsification d'un certificat officiel en modifiant le nom, etc. ;
Le tableau ci-dessous reprend d’une manière synthétique les autres infractions contre la foi publique.
b) Eléments matériels :
1. Contrefaçon, altération, introduction ou émission
114
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
Il faut que l’auteur ait connaissance de la fausseté de la pièce de monnaie
a) Elément légal Art. 117. [Décr. du 24 juin 1953. — Sont punis d’une servitude
pénale de cinq à vingt ans et d’une amende de cinq mille à vingt mille francs, ceux
qui ont frauduleusement contrefait ou falsifié des billets au porteur ayant cours légal
en République démocratique du Congo ou à l’étranger, et ceux qui ont introduit ou
émis en République démocratique du Congo des billets ainsi contrefaits ou falsifiés.]
b) Eléments matériels :
1. Contrefaçon, altération, introduction ou émission
2. D’une monnaie métallique ayant cours légal au Congo ou à l’étranger
c) Eléments intellectuels :
Il faut que l’auteur ait connaissance de la fausseté de la pièce de monnaie
3 Trafic de fausse monnaie (Art. 118) Définition : est le fait pour une personne,
sans être coupables de participation, se procure avec connaissance, des monnaies
métalliques ou des billets au porteur ou qui dans le but de les mettre en circulation, a
reçu ou se sont procuré des monnaies métalliques ou des billets au porteur.
a) Elément légal Art. 118. [Décr. du 24 juin 1953. — Sont punis d’une servitude
pénale d’un mois à trois ans et d’une amende de cent à cinq mille francs, ceux qui,
sans être coupables de participation, se sont procuré avec connaissance, des
monnaies métalliques ou des billets au porteur visés aux articles 116 et 117 et les ont
mis ou ont tenté de les mettre en circulation.
Sont punis d’une servitude pénale de huit jours à un an et d’une amende de cent à
mille francs, ceux qui dans le but de les mettre en circulation, ont reçu ou se sont
procuré des monnaies métalliques ou des billets au porteur visés à l’article 116 et
117.]
b) Eléments matériels :
c) Eléments intellectuels :
Il faut que l’auteur ait su qu’il s’agissait de fausse monnaie métallique ou de faux billets de
Banque
c) Eléments intellectuels :
Intention coupable.
a) Elément légal Art. 121. [O.-L. 85-007 du 14 février 1985, art. 1er. — Seront
punis d’une servitude pénale d’un à quinze ans et d’une amende de cinq mille à
116
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Eléments matériels :
1. Accomplissement d’un acte visé par la loi :
3. contrefaçon ou falsification
4. usage de l’objet contrefait ou falsifié
5. mise en vente des produits de ces contrefaçons ou falsification
2. Portant sur certains objets de l’Etat et des administrations publiques
c) Elément intellectuel :
Il faut que l’auteur sache qu’il s’agit d’un objet contrefait ou du produit d’une contrefaçon.
a) Elément légal Art. 122. — Ceux qui dans un but de fraude, auront fait subir aux
timbres-poste ou cartes postales de la République démocratique du Congo ou des
États étrangers une altération ou une préparation quelconque, ou qui auront, avec ou
sans intention frauduleuse, contrefait ces timbres ou ces cartes, seront punis d’une
amende qui ne dépassera pas cinq mille francs pour chaque cas.
b) Eléments matériels :
1. Altération ou contrefaçon
2. Portant sur des timbres-postes ou cartes postales émis par la RDC ou les Etats étrangers
c) Eléments intellectuels :
La loi précise que l’intention frauduleuse n’est pas nécessaire pour que l’infraction existe
dans les cas de contrefaçon. Par contre cette intention doit exister dans le cas d’altération
croire à l’existence d’un mandat public, celui qui publiquement l’aura porté ou l’aura
laissé ou fait porter par une personne à son service ou sous son autorité sera puni
d’une servitude pénale de sept jours au maximum et d’une amende qui ne dépassera
pas deux cents francs ou d’une de ces peines seulement.]
b) Eléments matériels :
1. Attribution de la qualité ou port d’insigne ou emblème
2. La qualité de fonctionnaire public
c) Eléments intellectuels :
L’intention de faire croire à sa fausse qualité ou à l’existence d’un faux mandat public.
9 Port illégal de décorations (Art. 123bis) Définition : c’est le fait pour une personne
de porter publiquement une décoration, un ruban ou autres insignes d’un ordre qui ne lui
appartient pas.
a) Elément légal Art. 123bis. [Décr. du 20 avril 1950. — Toute personne qui aura
publiquement porté une décoration, un ruban ou autres insignes d’un ordre qui ne lui
appartient pas, sera punie d’une servitude pénale de 7 jours au maximum et d’une
amende de 50 à 500 francs ou d’une de ces peines seulement.]
b) Eléments matériels :
1. Port apparent et public
2. de l’insigne
3. d’un ordre
4. qui ne lui appartient
c) Elément intellectuel :
Agir en connaissance de cause
10 Faux témoignage (Art. 128) Définition : c’est est l’altération de la vérité, dans une
déclaration verbale effectuée sous la foi du serment devant les tribunaux, dans la cause
d’autrui, et de nature à porter préjudice.
a) Elément légal Art. 128. — Le faux témoignage devant les tribunaux est puni de
servitude pénale. La peine peut s’élever à cinq ans.
Si l’accusé a été condamné soit à la servitude pénale à perpétuité, soit à la peine de
mort, le faux témoin qui a déposé contre lui peut être condamné à la peine de
servitude pénale à perpétuité.
b) Eléments matériels :
1. Altération de la vérité
2. Devant les tribunaux
3. Sous la loi du serment
Dans la cause d’autrui
4. De nature à porter préjudice
118
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
Il faut que l’auteur sache qu’il altère la vérité
11 Subornation de témoin (Art. 129) Définition : c’est le fait d’inciter une personne à
exposer mensongèrement devant un tribunal des faits venus à sa connaissance, que ce soit à
titre de témoin, d’interprète ou d’expert.
a) Elément légal Art. 129. Le coupable de subornation de témoin est passible de la
même peine que le faux témoin, selon la distinction de l’article précédent.
b) Eléments matériels :
1. Pression, conseils, instigation, dons, promesses, menaces, etc.
2. Sur une personne susceptible d’être appelée à témoigner en justice
Pour lui faire effectuer un faux témoignage
c) Eléments intellectuels :
Il faut que le suborneur ait su que ce qu’il demandait au témoin de déclarer était
contraire à la vérité
12 Fausses déclarations en justice (Art. 130) Définition : c’est le fait pour une
personne appelée à donner des renseignements en justice dit des mensonges des cours et
tribunaux.
a) Elément légal Art. 130. — Toute personne appelée en justice pour donner de
simples renseignements, qui se sera rendue coupable de fausses déclarations, sera
punie d’une servitude pénale de huit jours à un an et d’une amende de vingt-cinq à
cinq cents francs ou d’une de ces peines seulement.
b) Eléments matériels :
1. Altération de la vérité ;
2. Devant les tribunaux ;
3. Dans la cause d’autrui ;
4. De nature à porter préjudice.
c) Eléments intellectuels :
Il faut que l’auteur sache qu’il altère la vérité
c) Eléments intellectuels :
Intention coupable : Il faut que l’auteur sache qu’il altère la vérité
14 Faux serment (Art. 132) Définition : Est coupable de l’infraction de faux serment
celui à qui le serment aura été déféré ou référé en matière civile et qui aura menti.
Le serment décisoire est une espèce particulière de serment, très rare en pratique, car très
119
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
dangereux pour celui qui serait tenté de l'utiliser. Pour cette raison, seules les personnes
capables de disposer de leurs droits peuvent déférer le serment.
En effet, l'un des plaideurs offre de s'en remettre au serment de son adversaire pour établir le
fait contesté, dont dépend l'issue du débat. On dit qu'il défère serment à son adversaire.
Celui-ci peut adopter 3 attitudes :
- Ou bien il prête le serment qui lui est déféré et gagne son procès.
- Ou bien il refuse de le prêter, ce qui constitue un véritable aveu judiciaire dont l'autre
partie pourra se prévaloir pour gagner le procès. Il lui reste une troisième attitude
possible :
- il peut référer le serment au plaideur qui le lui a déféré. Si ce dernier prête serment, il
gagne le procès ; si, au contraire, il refuse de prêter le serment, il perd le procès.
Est coupable de l’infraction de faux serment celui à qui le serment aura été déféré ou référé
en matière civile et qui aura menti.
En effet, « dès lors que le serment est parfois admis comme mode ce preuve par le droit
civil, il importe d’en assurer la crédibilité. C’est à cette fin que répond l’article qui
incrimine le faux serment prêté devant une juridiction civile 296».
a) Elément légal Art. 132. — Celui à qui le serment aura été déféré ou référé en
matière civile et qui aura fait un faux serment sera puni d’une servitude pénale de six
mois à trois ans et d’une amende de vingt-cinq à deux mille francs, ou d’une de ces
peines seulement.
b) Eléments matériels :
1. Etre partie dans un procès civil ;
2. Le serment vous est référé ou déféré297 ;
3. Altération de la vérité ;
4. Devant les tribunaux
c) Eléments intellectuels :
Intention coupable : avoir connaissance de faire un faux serment.
Selon Duhamel et Mény, l’ordre public est la paix interne qui permet à un groupe humain
d’être vraiment une société, au sens où l’entendait la philosophie des lumières.
Est d’ordre public ce qui est si important qu’est mise en question l’essence même de la
société ou son droit.298.
Constituant un intérêt protégé majeur, l’ordre public doit impérativement être assuré tant par
le pouvoir législatif que par le pouvoir exécutif et par le pouvoir judiciaire. Sa protection
relève au départ de la police administrative299.
La police administrative générale vise à assurer le maintien de l’ordre public en général
(sécurité, salubrité et tranquillité publique) au regard des activités privées en général.300
L’ordre public, qui constitue l’un des principaux fondements de la société, comporte la
sécurité, la tranquillité, la salubrité et la santé publique301.
André VITU définit la sécurité publique de la manière suivante : « La sécurité publique peut
être définie comme la situation dans laquelle se trouve la société lorsqu’elle est à l’abri de
troubles nés, en particulier, de la commission d’actes délictueux. Une parenté évidente unit la
sécurité et la sûreté, les deux mots ayant à peu près le même sens302 ».
DOUCET renchérit que « Partie de l’ordre public, la sécurité publique constitue un intérêt
juridique que les autorités publiques ont le devoir impératif de protéger. C'est même l'un des
premiers aux yeux de certains législateurs.
L’objet de la sécurité publique est d’établir et de maintenir un environnement paisible et sûr
pour les personnes ou pour les biens.
Le devoir d'assurer la sécurité publique pèse à l'évidence sur les trois pouvoirs. Mais, au
quotidien, il incombe particulièrement à la police administrative : le préfet ou le maire doit
interdire ou du moins réglementer les activités susceptibles de créer un risque de trouble ou
d’accident303. »
Pour André De LAUBADERE, « L’expression sécurité publique vise la limitation du risque
d’accident304».
La sécurité publique est sûrement la composante la plus naturelle de l’ordre public : elle
recouvre la prévention des risques d’accidents, de dommages aux personnes et aux biens. Elle
implique la sécurité des biens et des personnes à assurer contre les agissements privés qui la
remettent en cause, et qui s’est plus récemment développée aussi sous l’angle de la sécurité
civile; les citoyens doivent être protégés non seulement des délinquants et des criminels, mais
aussi contre les risques naturels et technologiques majeurs. Ainsi l’administration doit par
exemple préserver cette sécurité publique sur les routes en édictant des règles (Code de la
route) et en procédant à des contrôles.
La sécurité des biens et des personnes passent par la protection de la propriété privée, la
garantie de l’intégrité physique, la protection du domicile, la réglementation de la circulation
routière, etc305.
Aux termes de l’article 52 de la constitution de la R.D.C : « Tous les Congolais ont droit à la
paix et à la sécurité tant sur le plan national qu’international.
Aucun individu ou groupe d’individus ne peut utiliser une portion du territoire national
comme base de départ d’activités subversives ou terroristes contre l’Etat congolais ou tout
autre Etat ».
L’article 182 de la même constitution dispose : « La Police nationale est chargée de la
sécurité publique, de la sécurité des personnes et de leurs biens, du maintien et du
rétablissement de l’ordre public ainsi que de la protection rapprochée des hautes autorités ».
personnes. On sait aussi qu’il est à l’origine, entre voisins, d’altercations aux suites violentes,
voire mortelles306 ».
L’article 53 de la constitution de la RDC dit : « Toute personne a droit à un environnement
sain et propice à son épanouissement intégral.
Elle a le devoir de le défendre.
L’Etat veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations ».
§3. La salubrité publique
L’objet de la salubrité publique est d’établir et de maintenir un environnement favorable à la
Santé307. L’expression salubrité vise la limitation du risque de maladie308.
§4. La santé publique
Aux termes de l’article 47 de la constitution de la RDC, le droit à la santé et à la sécurité
alimentaire est garanti. La loi fixe les principes fondamentaux et les règles d’organisation de
la santé publique et de la sécurité alimentaire.
L’article 53 renchérit que Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son
épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de
l’environnement et à la santé des populations.
306VITU, A., Traité de droit criminel, cité par Doucet, J.P., op. cit., v° Bruit.
307 Doucet, J.P., op. cit., v° Salubrité publique.
308 De LAUBADERE, Droit administratif, cité par Doucet, J.P., op. cit., v° Salubrité publique.
309 DOUCET, op. cit ., v° Corruption.
123
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. La corruption passive
En clair, la corruption passive est le fait du fonctionnaire qui se laisse acheter, soit
pour accomplir un acte de sa fonction, soit pour s'en abstenir313.
2. La corruption active
La faute commise par celui qui corrompt le fonctionnaire, c'est la corruption active.
310 LARGUIER, J., Droit pénal spécial, cité par DOUCET, loc. cit .
311 A.VITU, loc. cit.
312 LESUEUR, J., op. cit., p. 129.
313 VOUIN, R., Droit pénal spécial, cité par DOUCET, op. cit ., v° Corruption.
314 VOUIN, R., Droit pénal spécial, cité par DOUCET, op. cit ., v° Corruption.
315 Cass.crim. 29 juin 2005, Bull.crim. n° 200 p.698.
316 LESUEUR, J., op. cit., p. 129.
124
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
La corruption passive en vue d’un acte de la fonction, même juste protège la sécurité publique.
Elle est prévue est punie par l’article 149 ter du code pénal congolais qui dispose :
« Tout agent public ou toute autre personne qui aura, directement ou par personne interposée,
sollicité des sommes d’argent, tout bien ayant une valeur pécuniaire ou tout autre avantage,
pour faire un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission même juste, mais non sujet à
salaire, sera puni d’une servitude pénale de six mois à deux ans et d’une amende de vingt mille
à cent mille francs congolais constant ou d’une de ces peines seulement ».
Peuvent seules être poursuives pour corruption passive les personnes énumérées par l'article149 ter du
C.P.
a) Agent public
L’article 147 du C.P définit l’agent public à son premier point repris ci-dessous.
b) Toute personne
Le même article 147 du C.P définit « toute autre personne » comme étant « tout individu qui n’est pas
agent public ».
Peu importe, pour que l'infraction soit constituée, que l'auteur ait sollicité ces dons ou ces promesses,
ou qu'au contraire il se soit contenté d'accepter sans rien avoir demandé (évidemment le juge pourra en
tenir compte pour l'attribution de la peine, mais l'infraction existe aussi bien dans un cas que dans
l'autre). La corruption existe dès que des promesses, dons ou présents ont été agréés. Il n'est donc pas
nécessaire que le fonctionnaire ait reçu les dons, mais il est par contre nécessaire que les promesses ou
dons aient précédé l'accomplissement de l'acte ou l'abstention du fonctionnaire.317.
Le fonctionnaire a agréé ces promesses ou reçu ce don pour accomplir un acte entrant dans le cadre de
ses fonctions, même si cet acte est juste, mais non sujet à salaire. Si l'acte est sujet à salaire (certaines
vacations de fonctionnaires, honoraires d'officiers publics), il n'y a pas infraction. Mais si aucune autre
rémunération n'est prévue en dehors du traitement normal du fonctionnaire, ce dernier commet
l'infraction de corruption, en acceptant une promesse ou un don pour faire un acte qu'il doit
normalement effectuer dans le cadre de ses fonctions.
Exemples : — commissaire de police .qui accepte de l'argent de la victime d'un vol pour en rechercher
l'auteur — magistrat du parquet qui accepte un don pour signer un mandat d'arrêt contre un individu
qui se trouve dans les conditions requises pour être placé en détention préventive. L'accomplissement
de l'acte n'est pas nécessaire pour que l'infraction soit consommée. La consommation résulte de
l'agréation des dons ou des promesses, avec, en contre-partie, la promesse de la part du fonctionnaire
d'accomplir l'acte. Même s'il se ravise, il est punissable318.
L’auteur doit agir en connaissance de cause, en sachant qu’il n’avait pas le droit de poser
l’acte de corruption.
La corruption passive en vue d’un acte de la fonction, même juste est sanctionnée d’une
servitude pénale de six mois à deux ans et d’une amende de vingt mille à cent mille francs
congolais constant ou d’une de ces peines seulement.
La corruption passive simple est prévue est punie par les articles 147 à 148, al. 1 du code
pénal congolais. Elle protège la sécurité publique.
Article 147 bis. Sont constitutifs d’actes de corruption, les actes énumérés ci-après :
1. le fait, pour un agent public ou toute autre personne, de solliciter ou d’accepter,
directement ou indirectement, des sommes d’argent, tout bien ayant une valeur pécuniaire
ou toute autre avantage, tel qu’un don, une faveur, une promesse ou un gain pour lui-
Article 148, al.1. Tout agent public ou toute personne qui aura commis un des actes prévus à
l’article 147 bis sera puni de six à mois à deux ans de servitude pénale et d’une amende de
cinquante mille à deux cent mille francs congolais constants.
§2. ELEMENTS MATERIELS
Pour que la corruption passible simple soit établie, il faut la réalisation de trois éléments
matériels à savoir : Qualité de l’auteur ; un acte matériel de corruption et la nature de l’acte de
sa fonction à accomplir par l’auteur.
1. Qualité de l’auteur
L’article 148 du C.P parle de « tout agent public ou toute personne qui aura commis … ».
Il en découle que deux catégories d’auteurs.
c) Agent public
L’article 147 du C.P définit l’agent public à son premier point repris ci-dessus.
d) Toute personne
Le même article 147 du C.P définit « toute autre personne » comme étant « tout individu qui
n’est pas agent public ».
d'accepter sans rien avoir demandé (évidemment le juge pourra en tenir compte pour
l'attribution de la peine, mais l'infraction existe aussi bien dans un cas que dans l'autre). La
corruption existe dès que des promesses, dons ou présents ont été agréés. Il n'est donc pas
nécessaire que l’auteur ait reçu les dons, mais il est par contre nécessaire que les promesses
ou dons aient précédé l'accomplissement de l'acte ou l'abstention du fonctionnaire : recevoir
un cadeau après avoir agi (ou s'être abstenu de la faire), si ce don n'avait pas été sollicité-ou
agréé auparavant, ne constitue pas l'infraction de corruption mais, éventuellement, une
simple faute disciplinaire 319», à condition que celui qui vous l’offre soit prêt à assumer son
acte publiquement, car autrement la corruption sera établie dans votre chef par la modalité
d’enrichissement illicite.
C’est dans ce sens que s’exprimait LESUEUR, en référence au texte abrogé, de la manière
suivante : « accomplir un acte entrant dans le cadre de ses fonctions, même si cet acte est
juste, mais non sujet à salaire. Si l'acte est sujet à salaire (certaines vacations de
fonctionnaires, honoraires d'officiers publics), il n'y a pas infraction. Mais si aucune autre
rémunération n'est prévue en dehors du traitement normal du fonctionnaire, ce dernier
commet l'infraction de corruption, en acceptant une promesse ou un don pour faire un acte
qu'il doit normalement effectuer dans le cadre de ses fonctions.
L'accomplissement de l'acte n'est pas nécessaire pour que l'infraction soit consommée. La
consommation résulte de l'agréation des dons ou des promesses, avec, en contre-partie, la
promesse de la part du fonctionnaire d'accomplir l'acte. Même s'il se ravise, il est
punissable »320.
L’auteur doit agir en connaissance de cause, en sachant qu’il n’avait pas le droit de poser
l’acte de corruption.
La corruption passive simple est punie de six à mois à deux ans de servitude pénale et d’une
amende de cinquante mille à deux cent mille francs congolais.
Article 148, al. 2 du C.P : « La peine prévue à l’alinéa précédent pourra être portée au double
du maximum, si l’acte susvisé commis par l’agent public ou toute autre personne l’a été en
vue d’accomplir, dans l’exercice de ses fonctions, de son emploi ou de sa mission, un acte
injuste ou s’abstenir d’accomplir un acte qui rentre dans l’ordre de ses devoirs ».
La corruption passive en vue de commettre une infraction est prévue et punie par l’article 149,
al. 1 du C.P qui dispose : « La peine sera de quinze ans de servitude pénale et d’une amende
de cinq cent mille à un million de francs congolais constants, si l’acte susvisé commis par
129
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
l’agent public ou toute autre personne dans l’exercice de ses fonctions de son emploi ou de
sa mission constitue une infraction ».
321 Id.
130
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 150 du C.P. Ceux qui auront contraint par violence ou menaces ou corrompu par
promesses, dons ou présents l’une quelconque des personnes visées à l’article 147 ci-dessus,
pour obtenir un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission même juste mais non sujet
à salaire, ou l’abstention d’un acte qui rentre dans l’ordre de ses devoirs, ou la commission
d’une infraction, seront punies des peines prévues à l’article 149 ci-dessus.
Lorsque les dons ou présents ont été offerts, agrées ou reçus après l’accomplissement de l’acte
juste, injuste ou infractionnel prévu par les articles précédents, les coupables seront punis des
peines portées à ces articles selon les distinctions y établies, s’il est prouvé que c’est cet acte
qui en a été la cause ou que telle était l’intention déclarée d’une des parties au moins.
1°) Un acte de corruption. La liste en est plus étendue que pour la corruption passive : aux
promesses, dons et présents, il faut ajouter les violences et les menaces à l’encontre du
fonctionnaire. Il y a infraction de corruption active même si c'est Je fonctionnaire qui a
sollicité les dons ou promesses.
2°) Envers un fonctionnaire, etc. Voir la liste des personnes pouvant être coupables de
corruption Passive.
3°) Dans le but de corrompre. L'auteur de la corruption doit avoir eu pour but d'obtenir du
fonctionnaire l'accomplissement ou l'abstention d'un des actes visés aux articles 147, 148 et
149. Le délit est consommé dès que le prévenu a usé des moyens vus ci-dessus. Peu importe,
en conséquence, qu'ils aient été ou non suivis d'effet. Les actes de corruption doivent avoir été
accomplis avant d'obtenir la faveur sollicitée : offrir une récompense après l'accomplissement
de l'acte ne constitue une infraction que s'il y a eu entente préalable entre l'auteur et le
fonctionnaire.
TENTATIVE. La tentative de corruption active est punissable, lorsque l'entente entre l'auteur
et le fonctionnaire ne se réalise pas pour une cause indépendante de la volonté de l'auteur, par
exemple te refus du fonctionnaire.
§3. ELEMENT INTELLECTUEL
§5. Régime répressif : Servitude pénale de trois à cinq ans et une amende ne
dépassant pas deux cent mille francs congolais.
§6. Autre point de curiosité : Excuse légale absolutoire : bonne foi : article
149quinquies, al.2.
133
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1 . Définition Le code pénal congolais définit la rébellion en son article 133 qui
dispose : « Est qualifié rébellion toute attaque, toute résistance avec violences ou menaces
envers les dépositaires ou agents de l’autorité ou de la force publique, agissant pour
l’exécution des lois des ordres ou ordonnances de l’autorité publique, jugements ou autres
actes exécutoires ».
a) Elément légal Art. 134 (V° supra)
Art. 134. — La rébellion commise par une seule personne est punie au maximum
d’une servitude pénale d’un an et d’une amende de cent à cinq cents francs ou d’une de ces
peines seulement.
Art. 135. — Si la rébellion a été commise par plusieurs personnes et par suite d’un
323
DOUCET, J.P., op. cit., V° Rébellion.
MONTREUIL, Commentaire du Juris-classeur : L’infraction de rébellion requiert la réunion de quatre éléments
constitutifs. Le premier réside dans la qualité de la victime : il doit s’agir « d’une personne dépositaire de
l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ». Le deuxième élément est circonstanciel :
l’agent d’autorité devait agir lors des faits incriminés « dans l’exercice de ses fonctions, pour l’exécution des lois,
des ordres de l’autorité publique, des décisions ou mandats de justice. Le troisième élément, l’élément matériel,
est constitué par le fait pour le prévenu « d’opposer une résistance violente » à l’agent de l’autorité. Enfin,
l’infraction comporte un élément intentionnel.
134
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
concert préalable, la servitude pénale peut être portée à cinq ans et l’amende est de deux
cents à mille francs.
b) Eléments matériels :
1. Attaque ou résistance avec violences ou menaces
2. Envers les dépositaires ou agents de l’autorité ou de la force publique
3. Agissant dans l’exercice de leurs fonctions
c) Eléments intellectuels :
Le délinquant doit avoir : - volontairement exercé des violences ou des menaces – connu la
qualité de l’agent.
a) Elément légal Art. 135bis. [O.-L. 299 du 16 décembre 1963, art. 1er. Quiconque
aura provoqué directement à désobéir aux lois sera puni d’une servitude pénale de deux mois
à trois ans et d’une amende de mille à dix mille francs, ou d’une de ces peines seulement.]
b) Eléments matériels :
1. Acte matériel : il peut s’agir d’écrits ou de paroles, qui peuvent s’adresser à une seule
personne, à un groupe de personnes, ou à la collectivité
2. Incitant à désobéir à la loi
c) Eléments intellectuels :
L’auteur doit savoir que ce qu’il incite à faire est contraire aux lois
324
LAROUSSE, V° Provocation.
135
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
L’auteur doit savoir que ce qu’il incite à faire est contraire aux lois
Définition Les outrages et violences envers les autorités consistent dans le fait de
témoigner ouvertement le mépris ou de porter un acte de violence envers un parlementaire,
un membre du gouvernement ou un membre de la Cour constitutionnelle, un magistrat, un
officier militaire ou de la police ou un gouverneur et envers les autres dépositaires de
l’autorité ou de la force publique ou envers les corps constitués.
Doucet qui est plus détaillé sur la question estime qu’en droit criminel, l’outrage est
constitué par un acte, un geste, un écrit ou une parole de caractère méprisant, qui porte, non
seulement atteinte au sentiment de l’honneur d’une personne, mais encore et surtout à la
dignité de la fonction dont elle est investie. Alors que l'injure ou la diffamation apparaissent
comme des infractions de droit commun, l'outrage s'analyse plutôt en une atteinte à l'honneur
d'un supérieur hiérarchique (familial ou social) ; il est ordinairement perpétré en sa présence,
ce qui rend manifeste le mépris affiché envers sa fonction 325.
Outrager quelqu'un c'est lui témoigner ouvertement son mépris, soit en l'injuriant, soit en le
frappant326.
Est un outrage, blessant l’honneur et la délicatesse de la victime, tout ce qui tend à abaisser
le fonctionnaire visé, à diminuer l’autorité morale dont il jouit et, en définitive, à nuire au
respect qui doit entourer la fonction qu’il exerce327.
Par violences, il faut entendre tout acte de contrainte physique exercée sur une personne. Il
peut s’agir aussi bien de violences légères que de violences ayant laissé des traces, des
blessures ou de contusions328.
Sont réprimés :
1. Outrage ou violence envers un parlementaire, un membre du gouvernement ou un
membre de la Cour constitutionnelle (Art. 136)
2. Outrage envers un magistrat, un officier supérieur militaire ou de la police ou un
gouverneur (Art. 136)
3. Outrage envers les autres dépositaires de l’autorité ou de la force publique (Art. 136)
N.B : Excuse légale absolutoire (Art. 136) – La loi 71-001 du 12 juin 1971 dispose en son
article 9 que «les outrages prévus aux articles 136 et 138quater ne donneront lieu à aucune
action s’il est établi qu’ils ont été précédés de provocations de la part des personnes
protégées.»
325
DOUCET, op. cit ., v° Outrage.
326
THOMAS, Cours de philosophie morale, DOUCET, J.P., op. cit., V° Outrage.
327
A.VITU, loc. cit.
328
LIKULIA BOLONGO, op. cit., p. 393.
136
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Eléments matériels :
1. Fait matériel d’outrage : paroles, gestes ou menaces, écrits ou dessins, envoi d’objet
2. Adressé à un représentant de l’autorité
3. Dans l’exercice de ses fonctions
4. Outrage reçu personnellement par l’offensé
c) Eléments intellectuels :
L’auteur doit avoir connu la qualité de celui qu’il outrageait, et avoir eu l’intention de
l’outrager et de le blesser dans sa dignité et dans sa fonction.
[L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 4, 2o. — Sera puni d’une servitude pénale de six à
vingt-quatre mois et d’une amende de 20 à 100 zaïres, ou de l’une de ces peines seulement,
celui qui, sans qu’il en soit résulté des blessures, aura frappé les personnes visées à l’article
136, 2è alinéa, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de leurs fonctions.]
[L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 4, 3o. — Sera puni d’une servitude pénale de six à huit
mois et d’une amende de 5 à 30 zaïres, ou de l’une de ces peines seulement, celui qui, sans
qu’il en soit résulté des blessures, aura frappé les personnes visées à l’article 136, 3è alinéa.]
Art. 138bis. [L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 5. — Si les violences exercées contre les
personnes désignées à l’article 138 ont été la cause d’effusion de sang, de blessures ou de
maladie, le coupable sera puni:
1o d’une servitude pénale de 4 à 10 ans et d’une amende de 400 à 1000 zaïres, ou
de l’une de ces peines seulement pour les victimes visées à l’article 138, 1er alinéa;
2o d’une servitude pénale de 1 à 3 ans et d’une amende de 100 à 300 zaïres, ou de
l’une de ces peines seulement pour les victimes visées à l’article 138, 2è alinéa;
3o d’une servitude pénale de 6 mois à 2 ans et d’une amende de 50 à 200 zaïres, ou
de l’une de ces peines seulement pour les victimes visées à l’article 138, 3è alinéa.]
– La loi 71-001 du 12 juin 1971 dispose en son article 3 que «les outrages commis
envers les corps constitués seront punis de la même manière que les outrages commis envers
les membres de ces corps.»
Art. 138ter. [L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 6. — Les outrages adressés aux personnes
visées aux articles 136 et 138, ne peuvent, sauf le cas de flagrant délit être poursuivis que sur
plainte de la personne lésée ou celle du corps dont relève celle-ci.]
Art. 138quater. [L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 7. — Les peines prévues par les
articles 136, 138 et 138bis seront applicables dans le cas où l’on aura outragé ou frappé des
témoins en raison de leurs dépositions, selon qu’ils peuvent être rangés dans l’une des trois
catégories de personnes protégées par la présente loi.]
Art. 138quinquies. [L. 71-001 du 12 juin 1971, art. 8. — Sera puni selon le droit
commun mais avec des circonstances aggravantes, celui qui aura outragé ou frappé soit un
membre du bureau politique, soit un membre de l’Assemblée nationale, soit un membre du
gouvernement, soit un membre de la Cour constitutionnelle, soit un membre du cadre
dirigeant du parti, soit un membre des cours et tribunaux, soit un officier du ministère public,
soit un officier supérieur des forces armées et de la police, soit un gouverneur, en dehors de
l’exercice
a) Eléments matériels :
1. Fait matériel de violence: coup ou autre mais sans blessures ;
2. Adressé à un représentant de l’autorité ;
3. Dans l’exercice de ses fonctions
b) Eléments intellectuels :
1. L’auteur doit avoir connu la qualité de celui qu’il violentait ;
2. intention de le violenter ;
a) Elément légal Article 138sexies. - Sera puni d’une servitude pénale de huit jours
138
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
c) Eléments intellectuels :
L’auteur doit avoir eu l’intention d’outrager le drapeau national
a) Elément légal Art. 139. — Lorsque des scellés apposés par l’autorité publique
auront été brisés, les gardiens seront punis, pour simple négligence, d’une servitude pénale
de huit jours et d’une amende de vingt-cinq à cent francs, ou d’une de ces peines seulement.
Art. 140. — Ceux qui auront à dessein brisé des scellés seront punis d’une servitude
pénale de six mois à deux ans et d’une amende de cinquante à mille francs, ou d’une de ces
peines seulement; et si c’est le gardien lui-même ou le fonctionnaire qui a opéré l’apposition,
la servitude pénale pourra être portée à trois ans et l’amende à deux mille francs.
Il s’ensuit que le législateur réprime deux catégories de personnes :
- Le gardien qui n’a pas empêché le bris du scellé pour négligence et
- La personne qui a brisé ledit sceau.
c) Eléments matériels :
Acte matériel consistant à briser ces scellés : l’enlèvement ou la destruction des bandes
ou cachets qui forment scellés.
d) Eléments intellectuels :
Agir avec connaissance que l’objet était scellé.
329
Dictionnaire Littré, v° Scellé.
330
DOUCET, op. cit ., v° Scellé.
331
GARÇON, loc. cit.
139
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Cette infraction de police, caractérisée par tout acte de rébellion, est constituée même si la
résistance n’a pas été couronnée de succès332.
Elle vise notamment les actions menées par les membres d’associations de défense de
l’environnement ou de protection écologique contre des projets de lignes TGV, de barrages,
tunnels ou centrales nucléaires, ou celles menées par des propriétaires qui veulent s’opposer
au passage de lignes électriques, à des opérations de bornage ou de remembrement333.
Le Code pénal congolais réprime :
- Les entraves à l’exécution des travaux publics commises par un individu et
- Les entraves à l’exécution des travaux publics commises en groupe.
a) Elément légal Art. 141. Quiconque, par voies de fait se sera opposé à l’exécution
de travaux, ordonnés ou autorisés par le pouvoir compétent, sera puni d’une servitude pénale
de huit jours à trois mois et d’une amende qui ne dépassera pas cent francs, ou d’une de ces
peines seulement.
Art. 142. Ceux, qui, par attroupement et violence, voies de fait ou menaces, se seront
opposés à l’exécution de ces travaux seront condamnés à une servitude pénale de trois mois à
deux ans et à une amende qui pourra s’élever à cinq cents francs ou à l’une de ces peines
seulement.
b) Eléments matériels :
1. Existences des travaux ordonnés : ceux exécuté par l’autorité elle-même ou des travaux
autorisés : ceux concédés ;
2. Acte matériel d’entrave : voies de fait, attroupement, violences, menaces …
c) Elément intellectuel : Intention de s’opposer à l’exécution de ces travaux.
De même, son article 122 dispose : « Sans préjudice des autres dispositions de la présente
Constitution, la loi fixe les règles concernant : … 8. le commerce, le régime de la propriété
des droits et des obligations civiles et commerciales ; … »
L’infraction d’atteinte à la liberté de commerce et de la navigation consiste dans le fait pour
332
DOUCET, J.P., op. cit., V° travaux publics.
333
VERON, Droit pénal spécial, cité par DOUCET, op. cit ., v° travaux publics.
334
DOUCET, op. cit ., v° travaux publics.
140
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
une personne d’empêcher toute personne d'exercer telle activité de son choix, dans le
respect des lois et des règlements qui encadrent l'activité considérée dans l'intérêt du bien
commun en matière commerciale ou de navigation.
a) Elément légal Art. 143. — Sera puni d’une servitude pénale de deux ans au
maximum et d’une amende de vingt-cinq à cinq cents francs ou d’une de ces peines
seulement quiconque a employé la violence ou des menaces pour contraindre les indigènes,
sur les voies de communication intérieure ou sur les marchés, à céder leurs marchandises à
des personnes ou à des prix déterminés.
Art. 144. — Seront punis d’une servitude pénale de cinq années au maximum et d’une
amende de cinq cents francs au plus, ou d’une de ces peines seulement, ceux qui, soit par
violences, injures, menaces ou rassemblement, soit en prononçant des amendes, défenses,
interdictions ou toutes prescriptions quelconques, auront porté atteinte à la liberté du
commerce ou de la navigation, dans le but, soit d’arrêter des caravanes de commerce sur les
chemins publics, soit d’entraver la liberté du trafic par terre ou par eau ou le libre
recrutement des caravanes et des porteurs, soit d’interrompre les communications par terre
ou par eau.
b) Eléments matériels :
1. Existences d’une activité commerciale ;
2. Un des actes matériels visés par la loi : voies de fait, attroupement, violences,
menaces, rassemblement, prononcer des amendes, défenses, interdictions ou
prescriptions quelconques, …
c) Eléments intellectuels :
Intention de d’attenter à la liberté de commerce ou de navigation.
335
Id. loc cit.
336
GARÇON, loc. cit.
337
GOYET, loc. cit.
141
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
a) Elément légal : Art. 145. [L. 73-017 du 5 janvier 1973, art. 2. — Tout fonctionnaire
ou officier public, toute personne chargée d’un service public ou parastatal, toute personne
représentant les intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein d’une société privée,
parastatale ou d’économie mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de commissaire aux
comptes ou à tout autre titre, tout mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus,
qui aura détourné des deniers publics ou privés, des effets en tenant lieu, des pièces, titres,
actes, effets mobiliers qui étaient entre ses mains, soit en vertu, soit à raison de sa charge,
sera puni d’un à vingt ans de travaux forcés.
En condamnant à la peine prévue à l’alinéa précédent, le juge prononcera en outre:
1o [Abrogé par la loi 86-030 du 5 avril 1986];
2o l’interdiction pour cinq ans au moins et dix ans au plus, après l’exécution de la peine,
du droit de vote et du droit d’éligibilité;
3o l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en soit
l’échelon;
4o la privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelles et à la
réhabilitation dont le but est de faire bénéficier le coupable des avantages prohibés au
présent article;
5o l’expulsion définitive du territoire de la République après l’exécution de la peine, si le
condamné est un étranger.
Sera puni des peines portées aux alinéas 1 et 2 ci-dessus, celui qui, sciemment, aura, de
quelque manière que ce soit, dissimulé ou caché soit les deniers ou les biens détournés,
soit certains bien du coupable dans le but de les faire échapper à la confiscation.]
338
LAROUSSE, v° Dénier.
339
Lexique des termes juridiques, v° Denier.
340 e
MINEUR, G., Commentaire du code pénal congolais, 2 éd., Larcier, Bruxelles, 1953, p. 321.
142
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Eléments matériels :
1. L’auteur a disposé des objets s’ils lui appartenaient
2. Commis par un fonctionnaire public, un officier public ou toute personne chargée d’un
service public
3. Portant sur des objets définis par la loi : - Deniers publics – effet ou tenant lieu – denier
privés – pièces – titres – actes – effets mobiliers
4. Objet se trouvant entre les mains du fonctionnaire public soit – en vertu de sa charge – à
raison de sa charge
2. Recel des deniers ou des biens détournés ou de certains biens du coupable (article
145, alinéa 3).
C’est le fait pour une personne, de quelque manière que ce soit, dissimule ou cache
sciemment soit les deniers ou les biens détournés, soit certains biens du coupable dans le but
de les faire échapper à la confiscation.
La destruction ou la dissimulation des pièces consiste dans le fait pour tout agent public ou
son préposé de détruire ou supprimer, de dissimuler ou cacher, dans une intention méchante
ou frauduleuse, des actes, des titres ou tout autre document dont il était dépositaire en sa
qualité ou qui lui avaient été communiqués à raison de sa qualité.
a) Elément légal : Art. 145bis. [L. 73-017 du 5 janvier 1973, art. 2. — Tout
fonctionnaire ou officier public, toute personne chargée d’un service public ou parastatal,
toute personne représentant les intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein d’une
société privée, parastatale ou d’économie mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de
commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout mandataire ou préposé des personnes
énumérées ci-dessus qui aura méchamment ou frauduleusement détruit ou supprimé,
dissimulé ou caché des actes, des titres ou tout autre document dont il était dépositaire en sa
qualité ou qui lui avaient été communiqués à raison de sa qualité, sera puni d’une servitude
pénale de deux ans à vingt ans.]
b) Eléments matériels :
1. Acte matériel de destruction. L’auteur détruit ou fait disparaitre ;
2. Commis par un fonctionnaire public, etc. ;
3. Portant sur des actes ou des titres ;
4. Dont il était dépositaire en vertu ou à raison de sa charge.
c) Eléments intellectuels :
Intention frauduleuse ou méchante.
a) Elément légal : Art. 145ter. [L. 73-017 du 5 janvier 1973, art. 2. — Les infractions
143
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
visées aux articles 79 à 81, 89 à 94, 98 à 100, 101 à 102, 124 à 127, seront punies des peines
doubles de celles que la loi prévoit, lorsqu’elles ont pour but de réaliser ou de dissimuler les
infractions prévues aux articles précédents de la présente section.]
b) Eléments matériels :
1. Commission de l’une des infractions suivantes : vol ; cas assimilé à la banqueroute ;
escroquerie ; tromperie ; recel d’objets ; cels frauduleux ou faux commis en écritures.
c) Eléments intellectuels : Intention de détruire ou de dissimuler.
a) Elément légal : Art. 146. [L. 73-017 du 5 janvier 1973, art. 2. — Seront punis d’une
servitude pénale de six mois à cinq ans tous fonctionnaires ou officiers publics, toutes
personnes chargées d’un service public ou parastatal, toutes personnes représentant les
intérêts de l’État ou d’une société étatique au sein d’une société privée, parastatale ou
d’économie mixte en qualité d’administrateurs, de gérants, de commissaires aux comptes ou
à tout autre titre, tous mandataires ou préposés de personnes énumérées ci-dessus qui se sont
rendus coupables de concussion en ordonnant de percevoir, en exigeant ou en recevant ce
qu’ils savaient n’être pas dû ou excéder ce qui était dû pour droits, taxes, contributions,
revenus ou intérêts, pour salaires ou traitements, pour indemnités, primes ou tout autre
avantage.
En condamnant à la peine prévue à l’alinéa précédent, le juge prononcera en outre:
1o la confiscation de la rétribution perçue par le coupable ou du montant de sa valeur
lorsqu’elle n’a pu être saisie si la concussion résulte de la perception illicite, pour le compte
du concussionnaire ou d’un tiers autre que l’État, des avantages inclus cités à l’alinéa
précédent;
2o l’interdiction pour cinq ans au moins et dix ans au plus, après l’exécution de la peine,
du droit de vote et du droit d’éligibilité;
3o l’interdiction d’accès aux fonctions publiques et paraétatiques quel qu’en soit
l’échelon;
4o la privation du droit à la condamnation ou à la libération conditionnelles et à la
réhabilitation dont le but est de faire bénéficier le coupable des avantages prohibés à l’article
145 de la présente section;
5o l’expulsion définitive du territoire de la République après l’exécution de la peine, si le
condamné est un étranger.]
b) Eléments matériels :
1. Perception portant sur : droits, taxes, contribution, revenus ou intérêts, salaires ou
traitement
2. Perception indue ou exagérée
3. Par un fonctionnaire
4. Soit en exigeant, soit en recevant
c) Eléments intellectuels : L’intention frauduleuse. Le fonctionnaire doit savoir que la
somme versée n’est pas due, ou qu’elle est supérieure à ce qui est dû
341
A.VITU, loc. cit.
144
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Définition : Alors que la concussion et la corruption visent plus les agents publics, la
rémunération illicite concerne les employées des personnes privées qui sollicite des offres,
promesses, dons ou présents, comme condition ou récompense, soit pour faire un acte même
juste, soit pour s’abstenir de faire un acte qui rentrait dans l’exercice de son emploi.
N.B.
Art. 150 d. Dans le cas prévus aux articles 150 c, la confiscation des choses livrées au
coupable ou du montant de leur valeur sera toujours prononcée. (peine complémentaire).
L’Etat peut réclamer les sommes, biens ou valeurs provenant des infractions visées aux
mêmes articles à tous ceux qui les recueilleraient à cause de mort. La preuve de l’origine et
du montant des gains illicites peut être faites par toutes voies de droit. L’action est prescrite
cinq ans après le décès de l’auteur des ayants-droit à la succession. (créance de l’Etat).
§ 3. Du trafic d’influence
Définition : Le trafic d’influence est défini par la loi. En effet, l’article 150e du CP congolais
distingue deux formes de trafic d’influence : le trafic d’influence passif, émanant de l’agent
public et le trafic d’influence actif, provoqué par un simple particulier.
Le trafic d’influence passif est le fait d’agréer des promesses ou accepter des dons pour
user de son influence réelle ou supposée afin de faire ou de tenter de faire obtenir des
décorations, médailles, distinctions ou récompenses, des places, fonctions ou emploi ou des
valeurs quelconques accordées par l’autorité publique.
Le trafic d’influence actif consiste à faire ou à tenter de faire gagner des marchés,
entreprises ou autres bénéfices résultant de traités ou d’accords conclu soit avec l’Etat, soit
avec une société étatique, parastatale ou d’économie mixte, ou de façon générale de faire ou
de tenter de faire obtenir une décision favorable d’une autorité de l’Etat ou d’une société
étatique, parastatale ou d’économie mixte.
a) Elément légal : Art. 150 e. (modifié et complété par l’article 6 de la loi n° 05/006 du
29 mars 2005 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénale
congolais).
Sont constitutifs d’acte de trafic d’influence. Les actes énumérés ci-après :
1. Le fait de promettre, d’offrir ou d’accorder à un agent public ou à toute autre
personne, un avantage indu afin qu’il abuse de son influence réelle ou supposée, en vue
d’obtenir ou de faire obtenir d’une administration ou d’une autorité publique, un avantage
indu pour l’instigateur initial de l’acte ou pour toute autre personne ;
2. Le fait pour un agent public ou toute autre personne, de solliciter ou
d’accepter directement ou indirectement, un avantage indu pour lui-même ou pour autrui,
afin qu’il abuse de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une
administration ou d’une autorité publique un avantage indu.
L’avantage indu visé par l’alinéa précédent comprend notamment des décorations,
médailles, distinction ou récompense, des places, fonctions ou des valeurs quelconques
accordées par l’administration ou l’autorité publique, l’obtention des marchés, entreprises ou
d’autres bénéfices résultant des traités ou d’accords conclus soit avec l’Etat, soit avec une
entreprise publique, paraétatique ou d’économie mixte ou, d’une façon générale, une
décision favorable d’un agent public.
Quiconque aura commis un des actes visés par le présent article, sera puni d’une
servitude pénale de six mois à trois ans et d’une amende de cent mille à un million de francs
congolais constants ou d’une de ces peines s seulement.
b) Eléments matériels : Un des actes matériels prévus par la loi.
c) Eléments intellectuels : Agir en connaissance de cause.
Définition : L’abstention coupable de fonctionnaire est le fait pour tout agent public ou toute
autres personne, sans motif valable, de retarder ou de retenir le règlement des fonts dont il a
la gestion et qui sont motif valable, paiement des rémunérations, traitements, salaires et
créances dus par l’Etat ou par une entreprise publique, paraétatique, d’économie mixte ou
privée où l’Etat a des intérêts.
a) Eléments légal : Art. 150 g. (modifié et complété par l’article 6 de la loi n° 05/006
du 29 mars 2005 modifiant et complétant le décret du 30 janvier 1940 portant Code
Pénale Congolais
Sans préjudice de l’application d’autres dispositions visant des infractions plus
sévèrement punies, tout agent ou toute autre personne qui s’abstiendra volontairement de
faire, dans les délais impartis par la loi, ou par des règlements, un acte de sa fonction ou de
son emploi qui lui a été demandé régulièrement, sera puni d’une peine de six mois de
servitude pénale et d’une amende de dix mille à cent mille francs congolais constants ou
d’une de ces peines seulement.
Il en est de même lorsqu’il s’abstient volontairement de faire un acte de sa fonction ou de
son emploi pour lequel aucun délai n’a été préétabli et qui lui a été demandé régulièrement,
342
DOUCET, op. cit ., v° abstention coupable.
147
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Définition : L’infraction de transport illégal d’objets postaux est le fait de transporter sans
autorisation préalable des objets de correspondances dont le transport est le monopole de la
poste, sauf en cas d’exceptions admises par la loi.
a) Eléments légal : Art. 151. — Celui qui, sauf les exceptions admises par la loi, aura
transporté des objets de correspondance dont le transport est un monopole de l’État, sera
puni d’une amende qui ne dépassera pas cinq cents francs pour chaque cas.
Art. 152. [O.-L. 68-045 du 20 janvier 1968, art. 20. — Tout commandant d’un navire qui ne
(se) sera pas conformé aux prescriptions imposées par la législation postale sera puni d’une
amende qui n’excédera pas 2 zaïres pour chaque infraction.]
b) Eléments matériels :
343
DOUCET, op. cit ., v° Pamphlet.
148
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. Un objet postal ;
2. Acte matériel de transport ;
3. Inexistence de l’exonération à l’endroit de l’agent.
c) Eléments intellectuels : Agir en connaissance de cause.
Définition : C’est le fait pour toute personne obligée de faire les déclarations de naissance
ou de décès, ne le feraient pas le délai légal et celle qui, convoquée par l’officier de l’état
civil pour faire une déclaration de décès refuserait de comparaitre ou de témoigner.
Le délai légal de déclaration décès est d’un mois aux termes de l’article 98, alinéa 1 du code
de la famille qui dit : «Sauf dispositions spéciales prévues par la loi, les actes de l’état civil
doivent être rédigés dans le délai d’un mois du fait ou de l’acte juridique qu’ils
constatent ».
a) Eléments légal : Art. 153. —Seront punies d’une servitude pénale d’un à sept jours
et d’une amende n’excédant pas deux cents francs, ou d’une de ces deux peines seulement,
toutes personnes qui, obligées de faire les déclarations de naissance ou de décès, ne les
feraient pas dans le délai légal et celles qui, convoquées par l’officier de l’état civil pour faire
une déclaration de décès refuseraient de comparaître ou de témoigner.
b) Condition préalable : être une Personnes susceptibles de commettre l’infraction344 .
c) Eléments matériels :
1. Omission ou abstention ;
2. Refus de répondre à la convocation ou de comparaitre devant l’officier de l’état civil.
d) Eléments intellectuels :
1. Négligence ou
2. Oubli.
344Les personnes obligées de déclarer la naissance : Les parents ; les personnes présentes à l’accouchement ; les
personnes munies d’une procuration du père ou de la mère. Les personnes obligées de déclarer le décès : les parents ; les
personnes qui ont assistées au décès ; gérant et employé de la maison de commerce où le défunt travaillait ; …, LIKULIA
BOLONGO, op.cit., p. 312.
149
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
a) Elément légal : Art. 155bis. [O.-L. 299 du 16 décembre 1963, art. 4. — Sera puni
d’une servitude pénale de deux mois à un an et d’une amende de cinq cents à cinq mille
francs, ou d’une de ces peines seulement, celui qui aura publiquement porté l’uniforme,
l’insigne ou l’emblème d’une association ou d’un groupement de fait dissous par l’autorité
publique compétente.]
b) Eléments matériels :
1. Un des biens visés par la loi ;
2. Appartenant à une association dissoute ;
3. Acte matériel consistant à le porter.
c) Eléments intellectuels : intention coupable.
Jet de débris le 1ere de L’ordonnance Le fait pour toute personne, le long d’une voie
long des voies du 10 octobre 1910 ferrée, de jeter, de déposer, ou d’abandonner ou de
ferrées faire jeter, déposer ou abandonner des boîtes,
bouteilles vides et autres objets quelconques de
nature à blesser toute personne longeant la voie
ferrée, sans qu’il ne soit autorisé par l’administration
du chemin de fer.
ere
Jet de Art. 1 de Est le fait de jeter ou déposer sur ou à côté des voies
bouteilles et l’ordonnance du 27 de communication, ou en général aux endroits non
fragments de mars 1911. réservés à cet effet, des bouteilles vides et tous
verre sur la autres objets en verre et fragments de verre pouvant
voie publique causer des blessures aux piétons ou aux animaux
domestiques
ere
Tapage Art. 1 de C’est le fait de faire les bruits et les tapages de
nocturne l’ordonnance nature à troubler la tranquillité des habitants pendant
64/Cont. du 16 la nuit.
septembre 1925.
Ivresse Art. 1ere de C’est lorsqu’une personne est trouvée dans un
publique l’ordonnance état apparent d’ivresse dans les rues, places,
57/APAJ du 10 juin chemins, débits de boissons, salles de spectacles et
1939. autres lieux publics ainsi que dans les lieux non
clôturés sur lesquels le public peut avoir directement
vue.
Désordres sur Art. 1ere de C’est le fait pour toute personne d’être trouver
la voie l’ordonnance n°11-2 sur la voie publique causant du désordre par des cris,
publique du 14 février 1959 des chants, des querelles, attroupements ou de
sur les désordres sur quelque autre manière.
la voie publique.
Rétention Art. 1ere de C’est l’obligation faite à toute autorité de
illicite des l’ordonnance n°21- remettre, tout certificat, document ou reçu officiel
pièces ou 84 du 14 février 1959 prouvant qu’une personne a satisfait à une
documents relative à obligation légale ou réglementaire vis-à-vis de
l’interdiction de l’autorité et dont l’absence peut l’exposer
retenir certaines personnellement ou exposer l’agent de l’autorité
pièces ou documents ayant l’obligation de le délivrer à des poursuites,
officiels. doit rester en sa possession; il en est de même de
toute attestation ou autorisation remise par un agent
de l’autorité constatant dans le chef de son titulaire,
l’exercice d’un droit.
ere
Propagandes Art. 1 du décret-loi C’est le fait d’avoir été convaincu d’avoir, par
subversives du 14 janvier 1961 sur des moyens quelconques, fait acte de propagande
la répression des subversive, en préconisant le recours à la violence
propagandes pour transformer l’ordre politique ou l’ordre social
152
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
subversives. établis.
Chanvre à Art. 1ere de C’est le fait pour toute personne de cultiver,
fumer l’ordonnance-loi du 22 de vendre, de transporter et de détenir du
janvier 1903 portant chanvre à fumer. De même que l’usage de ce
mesures contre l’usage de chanvre, soit en le fumant, soit en le consommant
fumer le chanvre. de toute autre manière.
André VITU définit la sécurité publique de la manière suivante : « La sécurité publique peut
être définie comme la situation dans laquelle se trouve la société lorsqu’elle est à l’abri de
troubles nés, en particulier, de la commission d’actes délictueux. Une parenté évidente unit la
sécurité et la sûreté, les deux mots ayant à peu près le même sens348 ».
DOUCET renchérit que « Partie de l’Ordre public, la sécurité publique constitue un Intérêt
juridique que les autorités publiques ont le devoir impératif de protéger. C'est même l'un des
premiers aux yeux de certains législateurs.
L’objet de la sécurité publique est d’établir et de maintenir un environnement paisible et sûr
pour les personnes ou pour les biens.
Le devoir d'assurer la sécurité publique pèse à l'évidence sur les trois Pouvoirs. Mais, au
quotidien, il incombe particulièrement à la Police administrative : le préfet ou le maire doit
interdire ou du moins réglementer les activités susceptibles de créer un risque de trouble ou
d’accident349. »
Pour André De LAUBADERE: « L’expression sécurité publique vise la limitation du risque
d’accident350».
« Les provocateurs de cette association, les chefs de cette bande et ceux qui y auront exercé
un commandement quelconque seront punis de mort. ».
« Tous autres individus faisant partie de l’association et ceux qui auront sciemment et
volontairement fourni à la bande des armes, munitions, instruments d’infraction, seront
également punis de mort.».
c) Elément légal : Art. 156. [O.-L. 68-193 du 3 mai 1968, art. 3. — Toute association formée
dans le but d’attenter aux personnes ou aux propriétés est une infraction qui existe par le seul fait de
l’organisation de la bande.]
Art. 157. [O.-L. 68-193 du 3 mai 1968, art. 3. — Les provocateurs de cette association, les chefs
de cette bande et ceux qui y auront exercé un commandement quelconque seront punis de mort.]
Art. 158. [O.-L. 68-193 du 3 mai 1968, art. 3. — Tous autres individus faisant partie de l’association
et ceux qui auront sciemment et volontairement fourni à la bande des armes, munitions, instruments
d’infraction, seront également punis de mort.]
c) Eléments matériels :
1. Etre membre
2. D’une association formée
3. Dans le but d’attenter aux personnes et aux propriétés
d) Eléments intellectuels : Il faut que l’auteur ait connaissance de cause, qu’il ait su qu’il entrait
dans une bande de malfaiteurs ou qu’il fournissait des instruments destinés à la commission d’une
infraction par une association de malfaiteurs
Le code pénal congolais punit deux formes de menaces : les menaces d’attentat par écrit et les
menaces d’attentat verbales, par geste ou par emblème.
2. Menaces d’attentat par écrit (Art. 159) : La loi punit celui qui, par écrit anonyme ou
signé, aura menacé, avec ordre ou sous condition, d’un attentat contre les personnes ou les
propriétés punissable d’au moins cinq années de servitude pénale.
a) Elément légal : Art. 159. — Sera condamné à une servitude pénale de trois mois à
deux ans et à une amende de cinquante à cinq cents francs, ou à l’une de ces peines seulement, celui
qui, par écrit anonyme ou signé, aura menacé, avec ordre ou sous condition, d’un attentat contre les
personnes ou les propriétés punissable d’au moins cinq années de servitude pénale.
b) Eléments matériels :
1. Menace (écrite, verbale)
2. Menace d’un attentat contre les personnes ou contre les propriétés punissables d’au moins 5 ans de
servitude pénale
3. Menace avec ordre ou sous condition
c) Eléments intellectuels : Pour que l’infraction soit constituée, l’auteur doit avoir
l’intention d’intimider, mais il n’est pas nécessaire qu’il ait l’intimidation de mettre sa menace à
exécution
b) Elément légal : Art. 161. — Tout détenu qui se sera évadé ou qui aura tenté de s’évader
sera, pour ce seul fait, puni d’une peine de servitude pénale d’un an au maximum.
Sera puni de la même peine tout détenu qui se sera évadé ou aura tenté de s’évader d’un
établissement hospitalier ou sanitaire où il avait été transféré ou alors qu’il était employé à l’extérieur
d’un établissement pénitentiaire ou qu’il bénéficiait d’une permission d’en sortir.
Les peines de l’évasion sont également applicables à tout détenu mis à la disposition de la
surveillance du conseil exécutif national avec internement en application de l’article 14d) du présent
Code ou du décret du 23mai 1896 tout comme aux personnes qui contreviendraient à l’obligation de
s’éloigner de certains lieux ou d’une certaine région ou d’habiter dans un lieu déterminé, prévue aux
articles 14a) et 14b) du présent Code.
2) si l’évadé était poursuivi ou condamné du chef d’une infraction punissable de plus de cinq ans
de servitude pénale, des travaux forcés ou de la peine de mort, ces préposés seront punis en cas de
négligence, d’une servitude pénale de deux mois à un an, et, en cas de connivence d’une servitude
pénale de deux à cinq ans.
Les peines prévues pour le cas de connivence seront également encourues lorsque l’aide à
l’évasion n’aura consisté qu’en une abstention volontaire.
4. Aide apportée à l’évasion d’un détenu (Art. 162 bis et Art. 163)
a) Définition : La loi punit, au cas de l’article 162, 1o, d’une servitude pénale de deux
mois à un an et, au cas de l’article 162, 2o d’une servitude pénale de six mois à deux ans ceux
qui, n’étant pas chargés de la conduite ou de la garde d’un détenu, auront procuré, facilité ou
tenté de procurer ou de faciliter son évasion ou sa fuite une fois l’évasion réalisée.
b) Elément légal : Art. 162 bis. — Ceux qui, n’étant pas chargés de la conduite ou de la
garde d’un détenu, auront procuré, facilité ou tenté de procurer ou de faciliter son évasion ou
sa fuite une fois l’évasion réalisée, seront punis au cas de l’article 162, 1o, d’une servitude
pénale de deux mois à un an et, au cas de l’article 162, 2o d’une servitude pénale de six mois à
deux ans.
Art. 163. — Si l’évasion a eu lieu ou a été tentée avec violence, menaces ou bris de
prison, la peine contre ceux qui l’auront favorisée, soit par leur coopération, soit en
fournissant des instruments ou armes propres à l’opérer, sera la servitude pénale de deux à
cinq ans.
Si l’infraction a été commise par une personne préposée à la conduite ou à la garde des
détenus, la peine sera la servitude pénale de cinq à dix ans.
Art. 163bis. — Tous ceux qui auront connivé à l’évasion d’un détenu seront solidairement
condamnés, à titre de dommages-intérêts, à tout ce que la partie civile du détenu aurait eu
droit d’obtenir contre lui.
TITRE VI.
Au sens large, la famille est l’ensemble des personnes descendant d’un ancêtre commun et
rattachées entre elles par un lien horizontal (mariage, mais aussi concubinage), et un lien
vertical (la filiation)361.
Au sens strict, la famille est un groupe formé par les parents et leurs descendants, ou même,
plus restrictivement encore, par les parents et leurs enfants mineurs362.
On appelle famille l’unité sociale fondée par le mariage d’un homme et d’une femme appelés
à procréer et à assurer les conditions économiques de la vie commune363.
La famille doit par suite être considérée comme l’un des intérêts majeurs que le législateur
est tenu de protéger364.
Les infractions contre l’ordre des familles protègent, en principe, plusieurs intérêts. Mais
toutes les infractions qui concourent à cette protection ne sont pas définies par le code pénal
congolais. En effet, la R.D Congo ayant un code de la famille, d’autres infractions sont
portées par celui-ci.
La famille est sans doute un intérêt majeur en droit congolais qui lui a dédié tout un code, à
savoir : le code de la famille, qui renferme essentiellement les règles relatives aux droits de la
personne.
Dans le « Cours de philosophie morale », Baudin en dit que réduite à son essence, la famille
est la société que constituent les parents et leurs enfants... Elle est par essence la première des
sociétés naturelles et morales, par là qu'elle précède la nation sous toutes ses formes
historiques ... Elle a pour fin et fonction primaires la propagation et la perpétuité de la race
humaine ; elle est essentiellement organisée en vue de l'enfant, de sa procréation, de son
entretien, de son éducation, et de son établissement quand est venu pour lui le temps de fonder
un nouveau foyer365.
Les familles sont les fondements des États, et les individus sont les fondements des
familles367.
361 e
Lexique des termes juridiques, Dalloz, 19 éd., 2012, V° Famille.
362
Id.
363
HÖFFE, Dictionnaire d’éthique, cité par DOUCET, J-P., op. cit., V° Famille.
364
DOUCET, J-P., op. cit., V° Famille.
365
Id.
366
BRUGUES, Dictionnaire de morale catholique, cité par DOUCET, J-P., op. cit., V° Famille.
367
CONFUCIUS, Meng Tseu, IV I 5, cité par DOUCET, J-P., op. cit., V° Famille.
160
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
§2. L’enfant. Sans revenir sur le développement que nous avons consacré au concept enfant
dans le premier titre, auquel on se refera quant à ce, nous précisons que l’enfant est protégé
par le droit pénal : avant sa naissance ; après sa naissance et pendant sa minorité.
§3. La sexualité. Le concept sexualité est polysémique. Il signifie, entre autres, l’ensemble
des phénomènes relatifs à l’instinct sexuel et à sa satisfaction. La diversité des phénomènes a
amené le législateur à protéger :
INTRODUCTION
Dans sa conception classique, le viol consiste dans le fait pour un homme d’avoir une relation
charnelle avec une femme non consentante, ou dans des circonstances où elle ne peut
manifester sa volonté.
Dès lors qu’il consiste en un acte de violence envers les personnes, et qu’il est en outre de
nature à entraîner la conception d’un enfant illégitime, le viol porte atteinte, non seulement à
368 e
PRADEL, J. et DANTI-JUAN, M., Droit pénal spécial, 6 éd., Paris, éd. CUJAS, 2014, n° 763, p. 477.
369 e
VERON, M., Droit pénal spécial, 15 éd., Paris, éd. Sirey, 2015, n° 111, p. 72.
161
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
la pudeur de la victime, mais encore à la paix des familles. Il relève donc de la catégorie des
délits complexes370.
« On entend par viol le fait de connaître charnellement une femme sans la participation
de sa volonté371 ».
C’est le plus répréhensible de tous les attentats aux mœurs ou à la pudeur, puisqu’à
l’immoralité du but ce crime joint la violence des moyens372.
« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la
personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol374 ».
En droit pénal congolais, la définition du viol par le législateur va au-delà de ce qui est
imaginable. En effet, aux termes de l’article 170, al. 1 du CP congolais commet le viol :
1. tout homme, quel que soit son âge, qui aura introduit son organe sexuel, même
superficiellement dans celui d’une femme ;
2. toute femme, quel que soit son âge, qui aura obligé un homme à introduire même
superficiellement son organe sexuel dans le sien ;
3. tout homme qui aura pénétré, même superficiellement l’anus, la bouche ou tout
autre orifice du corps d’une femme par un organe sexuel, par toute autre partie du
corps ou par un objet quelconque ;
4. tout homme qui aura pénétré, même superficiellement l’anus, la bouche ou tout
autre orifice du corps d’un homme par un organe sexuel, par toute autre partie du
corps ou par un objet quelconque ;
5. toute personne qui aura introduit, même superficiellement, toute autre partie du
corps ou un objet quelconque dans le vagin ;
6. toute personne qui aura obligé un homme à pénétrer, même superficiellement son
anus, sa bouche ou tout orifice de son corps par un organe sexuel, pour toute autre
partie du corps ou par un objet quelconque ;
7. toute personne qui aura obligé une femme à pénétrer, même superficiellement son
anus, sa bouche ou tout orifice de son corps par un organe sexuel, pour toute autre
partie du corps ou par un objet quelconque.
Quiconque sera reconnu coupable de viol sera puni d’une peine de servitude pénale de cinq à
vingt ans et d’une amende ne pouvant être inférieure à cent mille francs congolais constants.
Est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel de sexes commis
sur les personnes désignées à l’article 167, alinéa 2.
Article 171. Si le viol ou l’attentat à la pudeur a causé la mort de la personne sur laquelle il a
été commis, le coupable sera puni de la servitude pénale à perpétuité.
Article 171 bis. Le minimum des peines portées par les articles 167 alinéa 2, 168 et 170
alinéa 2 du présent Code sera doublé :
1. si les coupables sont les ascendants ou descendants de la personne sur laquelle ou à l’aide
de laquelle l’attentat a été commis ;
2. s’ils sont de la catégorie de ceux qui ont autorité sur elle ;
3. s’ils sont ses enseignants ou ses serviteurs à gage ou les serviteurs des personnes ci-
dessus indiquées;
163
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
4. si l’attentat a été commis soit par les agents publics ou par des ministres du culte qui ont
abusé de leur position pour le commettre, soit par le personnel médical, para-médical
ou assistants sociaux, soit par des tradi-praticiens, envers les personnes confiées à leurs
soins ;
5. si le coupable a été aidé dans l’exécution de l’infraction par une ou plusieurs personnes ;
6 . s’il est commis sur des personnes captives par leurs gardiens ;
7. s’il est commis en public ;
8. s’il a causé à la victime une altération grave de sa santé et/ou laissé de séquelles
physiques et/ou psychologiques graves ;
9. s’il est commis sur une personne vivant avec handicap ;
10. si le viol a été commis avec usage ou menace d’une arme.
En cas de viol tel qu’aggravé au sens du point 1 et 2 de l’alinéa 1er, le juge prononcera en
outre la déchéance de l’autorité parentale ou tutélaire si l’infraction a été commise par une
personne exerçant cette autorité conformément a l’article 319 du Code de la famille.
Il en résulte qu’il y a lieu de distinguer :
1. Le viol (Article 170, al. 1 et 2) ;
2. Le viol réputé commis à l’aide de violences (Article 170, al. 3) : le seul fait du
rapprochement charnel de sexes commis sur les personnes âgées de moins de 18
ans ;
3. Le viol ayant causé la mort (Article 171) et
4. Le viol aggravé (Article 171 bis).
Deux éléments matériels sont requis : un acte matériel de viol et l’absence de consentement.
Les actes matériels de viol sont spécifiés par la loi à l’article 170, alinéa 1er du C.P. Il en
résulte que les actes ainsi spécifiés sont multiples et susceptibles de différentes classifications.
C’est ainsi que nous distinguons les viols impliquant les organes sexuels des viols sans
organes sexuels.
Par organes sexuels, nous faisons ceux qui sont visés par le législateur, en l’occurrence
l’organe sexuel de l’homme, communément appelé « pénis » et l’organe sexuel de la femme
appelé par le législateur « vagin ».
A la manière ce dernier, qui ne s’est pas gêné à utiliser les termes bruts, nous nous
exprimerons dans les mêmes termes afin de nous faire comprendre dans notre analyse.
164
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Toujours est-il qu’il y a lieu de distinguer le viol à l’aide du pénis du viol à l’aide d’autres
organes que du viol à l’aide d’objets.
La loi vise aussi bien la fellation imposée à la victime femme ou homme par un homme que
celle obligée à la victime homme par une femme ou par un autre homme.
2. Viol à l’aide du vagin par le vagin : une femme qui en viole une autre
peut sans doute recourir à son vagin contre celui de la victime.
Le viol à l’aide d’autres organes qui implique le sexe ne peut concerner que le vagin.
ou en aurait été privé par quelques artifices(personne évanouie, ivre, sous l'effet
d'un soporifique etc.).
8. L’absence de consentement est irréfragablement présumée dans le chef d’un enfant
mineur.
L’élément moral dans l’infraction de viol est l’intention coupable différemment caractérisée.
1. Dans les viols impliquant les organes sexuels cette intention coupable consiste en la
volonté consciente d'avoir des relations sexuelles avec une personne non consentante.
2. Dans les viols sans organes sexuels cette intention coupable consiste en la volonté
consciente de poser un acte défendu par la loi.
En général l'emploi des moyens qui annihilent le consentement suffit à démontrer cette
intention coupable.
Jadis seule la femme était victime du viol et seul l’homme en était auteur. Depuis la loi de
2006 relative aux violences sexuelles n’importe quel individu, homme ou femme peut en être
auteur ou victime.
Le viol simple est puni de servitude pénale de cinq à vingt ans et d’une amende ne pouvant
être inférieure à cent mille francs congolais.
Nous constatons que le législateur a laissé le plafond de l’amende ouverte. Cela suppose que
le juge peut aller jusqu’à l’infini. C’est une erreur sur le plan de la légistique qui viole le
principe de la légalité criminelle.
5. si le coupable a été aidé dans l’exécution de l’infraction par une ou plusieurs personnes
;
6. s’il est commis sur des personnes captives par leurs gardiens ;
7. s’il est commis en public ;
8. s’il a causé à la victime une altération grave de sa santé et/ou laissé de séquelles
physiques et/ou psychologiques graves ;
9. s’il est commis sur une personne vivant avec handicap ;
10. si le viol a été commis avec usage ou menace d’une arme.
L’aggravation de la peine ne portera que sur le minimum et non sur le maximum. En effet, dit
la loi :
« Le minimum des peines portées par les articles 167 alinéa 2, 168 et 170 alinéa 2 du
présent Code sera doublé ».
Des peines complémentaires obligatoires suivantes sont prévues :
- la déchéance de l’autorité parentale ou tutélaire si l’infraction a été commise par une
personne exerçant cette autorité conformément a l’article 319 du Code de la famille.
Par principe, le viol n’est pas impossible dans le mariage, pourvu que le législateur en décide
ainsi tout en en fixant les contours. C’est ce qu’a fait le législateur français.
11° Lorsqu'il est commis par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à
la victime par un pacte civil de solidarité ; … ».
Toutefois, le juge Bony CHIZUNGU pense que le viol est possible dans le mariage.
Jean LESUEUR est d’avis qu’il ne peut y avoir viol qu'en cas de relations sexuelles illicites.
Il ne peut donc y avoir viol de la part d'un mari sur son épouse (mais il pourrait y avoir,
éventuellement, coups et blessures volontaires, ou même attentat à la pudeur en cas de
pratiques contre nature).
Le professeur LIKULIA enseigne que cela est d’autant plus vrai qu’étendre l’interprétation de
l’incrimination du viol entre époux est de nature à exposer le mariage à la dislocation, alors
qu’il est plutôt très protégé en droit congolais par la constitution et par le code de la famille.
En effet elle donnerait aux époux des raisons valables de refuser d’exécuter leurs obligations
conjugales.
168
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Nous pensons que le code de la famille375 justifie le viol dans le mariage à travers l’obligation
pour les époux de perpétuer leur espèce. Aussi toute violence dans le mariage, fut-elle
sexuelle, doit être, en l’absence de l’intervention du législateur, qualifiée d’une infraction que
le code de la famille ne justifie pas.
SECTION I. DE L’AVORTEMENT
375 Art. 330. — Le mariage est l’acte civil, public et solennel par lequel un homme et une femme qui ne sont engagés ni l’un
ni l’autre dans les liens d’un précédent mariage enregistré, établissent entre eux une union légale et durable dont les
conditions de formation, les effets et la dissolution sont déterminés par la présente loi.
Art. 331. — Dans l’interprétation et l’application de la présente loi, les cours et tribunaux auront en vue la protection du
ménage fondé sur le mariage et la sauvegarde de son unité et de sa stabilité.
Art. 332. — Sauf disposition contraire, les règles de la présente loi sont impératives et d’ordre public.
Aucune convention conclue en considération d’une union distincte du mariage tel que défini à l’article 330 ne peut produire
les effets du mariage.
Art. 349. — Le mariage a pour but essentiel de créer une union entre un homme et une femme qui s’engagent à vivre
ensemble jusqu’au décès de l’un d’entre eux, pour partager leur commune destinée et pour perpétuer leur espèce.
Art. 350. — Est nulle toute stipulation visant à écarter l’une des fins essentielles du mariage.
Art. 453. — Les époux s’obligent mutuellement à la communauté de vie.
Ils sont tenus de vivre ensemble et d’assurer la consommation du mariage.
Art. 463. — Si l’un des époux manque gravement à ses devoirs, le président du tribunal de paix de la dernière résidence
conjugale ordonne, sur requête verbale ou écrite de l’autre époux, les mesures urgentes et provisoires qu’exige l’intérêt de
ce dernier et des enfants.
l’expulsion avant terme des fœtus, quel que soit le stade du développement de celui-ci et
indépendamment de sa viabilité378.
Selon Jean – Paul DOUCET :
« L’avortement est l’acte par lequel une personne prive de la vie, intentionnellement
(voire par imprudence), un enfant encore en gestation dans le sein de sa mère. Cet acte
porte atteinte à la personne de l'enfant, à sa famille et à la Nation.
L'avortement ne saurait être considéré comme exceptionnellement légitime, dans tel ou
tel cas d'espèce, que pour des raisons médicales concernant, soit la vie de la mère, soit
l’état de santé de l’enfant.
En droit pénal français, lorsque cet acte se commet sans l’autorisation de la mère, on
parle d’interruption illégale de grossesse (art. 223-10 C.pén.). Lorsqu'il est perpétré
avec l’autorisation de la mère, dans les formes légales, et n’est dès lors plus punissable,
on parle par euphémisme d’interruption volontaire de grossesse, en sigle I.V.G.
On est allé si loin dans la négation du droit à la vie, pour les enfants dans le sein de
leur mère, qu'il est actuellement interdit de discuter le "droit" des femmes à
l'avortement 379 ».
Le code pénal prévoit deux formes d’avortement :
1. Avortement par autrui (Art. 165) : Le fait de celui qui, par aliments, breuvages,
médicaments, violences ou par tout autre moyen, aura fait avorter une femme.
2. Avortement sur soi-même (Art. 166) : Le fait de la femme qui, volontairement, se
sera fait avorter.
Le législateur congolais ne définit pas le concept violences sexuelles qu’il a visées dans la loi
de 2006.
L’acte de violence, dit DOUCET, est souvent défini comme un dérèglement de la force vitale
que soutient chaque individu ; il prend des noms différents selon le domaine où il est perpétré.
On parle de coups et violences en matière d’intégrité corporelle des personnes, de cruauté
envers les animaux et de destruction en matière de choses. En ce qui concerne les personnes,
il est punissable dès la moindre atteinte à l’intégrité physique ou psychique de la victime380.
Lorsque ledit acte est lié au sexe, on parle alors de violence sexuelle.
L’acte de violence prend des noms différents selon le domaine où il est perpétré 381. Aussi
parle-t-on de violences sexuelles lorsque les actes de violences se rapportent au sexe.
La pudeur
Le mot pudeur vient du mot latin pudor. L’étymologie relie la pudor aux pudenda : les parties
honteuses. C’est ce qui fait que le sens commun relie la pudeur aux parties génitales 382. Mais
HÖFFE vas plus loin que ça lorsqu’il affirme que
« La pudeur ne se laisse pas enfermer dans une problématique purement sexuelle. Si elle
s’atteste le plus souvent par le refus d’exposer son corps aux regards de quiconque, la
pudeur est en profondeur une réserve ou une discrétion à travers laquelle se manifeste la
volonté de sauvegarder une stricte limite entre le domaine privé et le domaine public… La
pudeur s’étend alors du corps aux sentiments, voire à l’ensemble de la vie privée383 ».
DOUCET enseigne que
« La pudeur consiste en un sentiment de retenue qui invite à proscrire des attitudes et
des conduites de nature à choquer autrui, notamment sur le plan sexuel. Commet une
faute celui qui ne respecte pas cette réserve dans les rapports sociaux.
Au sens large, la pudeur consiste dans le sentiment intime que certaines choses ne
sauraient être faites, montrées ou dites, parce qu’une telle manifestation porterait
atteinte à la dignité de la personne humaine.
Au sens étroit, le sentiment de pudeur s’oppose principalement à l’exposition des
organes sexuels principaux et secondaires, ainsi qu’à la représentation des activités qui
s’y rattachent .
Qu’ils soient imposés à une personne contre son gré ou qu’ils soient rendus public, des
actes, des écrits ou des propos offensant la pudeur sont susceptibles de troubler l’ordre
social, et appellent dès lors une répression pénale384».
Pour André VITU:
« Les êtres humains se distinguent des animaux en ce que les manifestations de leur
instinct sexuel sont modérées par un sentiment profond, façonné par l’éducation reçue,
et qu’on appelle la pudeur. Toutes les législations assurent la protection de la pudeur
contre les abus et les déviations de cet instinct385 ».
« L’attentat à la pudeur peut être défini comme tout acte contraire à la pudeur de la
victime et mettant directement en cause le corps de celle-ci (à l’exception toutefois des
actes de pénétration sexuelle commis avec violence, qui relèvent de la notion de
viol)»388.
Pour DOUCET, cette infraction est essentiellement constituée par la commission consciente
d’un acte de nature à offenser la pudeur d’autrui, sans qu’il y ait lieu de rechercher si la
victime s’est effectivement sentie offensée389.
Sur pied de l’article 167, al. 2 la loi punit d’une servitude pénale de six mois à cinq ans
« Tout attentat à la pudeur commis sans violences, ruse, ou menaces sur la personne ou
à l’aide de la personne d’un enfant âgé de moins de dix-huit ans.
L’âge de l’enfant pourra être déterminé par examen médical, à défaut d’état civil »390.
DOUCET distingue l’attentant à la pudeur avec l’outrage public à la pudeur en ces termes :
« Alors que l’Outrage public à la pudeur vise principalement le maintien de l’ordre
public l’Attentat à la pudeur porte essentiellement atteinte au sentiment de décence de
la victime d’une agression présentant un caractère sexuel392».
3. L’attentat à la pudeur ayant causé la mort (Article 171) : Il est incriminé dans le
même article que le viol ayant causé la mort.
§2 : Du viol
Dans la conception classique le viol consiste dans le fait pour un homme d’avoir une relation
charnelle avec une femme non consentante, ou dans des circonstances où elle ne peut
manifester sa volonté.
DOUCET remarque que conséquence de la dissolution des mœurs, l’incrimination actuelle est
plus extensive. Elle vise tout acte de pénétration sexuelle, en sorte que la victime peut être soit
une femme soit un homme ; dans ce dernier cas il s’agit en réalité d’un crime d’Attentat à la
pudeur aggravé393. En effet, en droit pénal français :
« Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne
d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol394 ».
En droit pénal congolais, la définition du viol par le législateur va au-delà de ce qui est
imaginable. Nous l’examinerons dans les détails.
La débauche La débauche est une perversion de la nature humaine qui implique, avec
l’abolition de toute sentimentalité vraie, la recherche débridée de toutes les jouissances dont
au premier rang les jouissances sexuelles souvent les moins raffinées. Un tel dérèglement au
regard de la moralité publique a justifié de la part du législateur une certaine sévérité395.
On entend par débauche tout excès dans le domaine du boire ou du manger, mais plus encore
en matière sexuelle.
La débauche constitue une notion plus large que la prostitution, elle vise tout abandon à
l’impudicité ; elle est indépendante de toute condition de rétribution396.
envisage les liens de celui-ci avec ses parents ; mais plutôt de mineur, lorsqu'on s'attache à ses
rapports avec les tiers et plus généralement avec l'ensemble de la population. Le mineur doit
être protégé par le législateur, tout d'abord en raison de son inexpérience de la vie, ensuite du
fait de son état de faiblesse vis-à-vis de certains individus particulièrement pervers. Cette
protection doit être renforcée à l'égard des très jeunes mineurs»398.
1. Excitation des mineurs à la débauche (Article 172- 174) : L’excitation des mineurs
à la débauche consiste dans le fait d’attenter aux mœurs en excitant, facilitant ou favorisant
pour satisfaire les passions d’autrui, la débauche ou la corruption des personnes de l’un ou
l’autre sexe, âgées de moins de dix-huit ans, sera puni d’une servitude pénale de trois mois à
cinq « ans et d’une amende de cinquante mille à cent mille Francs congolais constants.
§2 : Du souteneur et du proxénétisme
2. Le proxénétisme : Au sens large, le terme proxénétisme vise toute activité tirant profit de
la prostitution d’une autre personne.
Dans le sens le plus large du mot, on désigne par proxénétisme le fait de faciliter ou de
favoriser les passions d’autrui ; dans un sens plus restreint, c’est le fait de favoriser, de
manière habituelle et dans un but lucratif, la débauche d’autrui402.
Au regard de la technique juridique, le proxénétisme consiste en l’accomplissement d’actes
accessoires à la prostitution ; il peut dès lors prendre toutes les formes de la complicité.
La fourniture de matériels, notamment le fait de procurer un véhicule ;
Le financement, par exemple le fait de prêter de l’argent à une prostituée
pour qu’elle achète un appartement où elle pourra recevoir ses « clients ». ;
La publicité faite au profit d’une prostituée, notamment par la publication de
petites annonces dans un journal ;
d) Le partage des produits de la prostitution.
§ 4 : Du harcèlement sexuel
Le harcèlement
Harceler une personne c'est la soumettre à des agressions constantes, chacune envisagée en
elle-même étant de peu de gravité, mais leur répétition étant susceptible de causer un trouble
physique ou psychique403.
Tourmenter, inquiéter par de petites mais de fréquentes attaques404.
Le droit français ne connaît pas de délit général de harcèlement, mais deux délits spéciaux :
le harcèlement moral et le harcèlement sexuel. Toutefois des actes de harcèlement peuvent
être réprimés sous la qualification de Voies de fait et violences légères, à défaut de
qualifications plus élevées tenant à la gravité de l'atteinte405.
A l’instar du droit pénal français, le droit pénal congolais ne connaît pas une infraction
générale de harcèlement, mais plutôt le harcèlement sexuel.
1. Le harcèlement sexuel (Article 174 d) : En droit pénal congolais, le harcèlement
sexuel consiste dans le fait d’adopter un comportement persistant envers autrui, se
traduisant par des paroles, des gestes soit en lui donnant des ordres ou en proférant des
menaces, ou en imposant des contraintes, soit en exerçant des pressions graves, soit en
abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions en vue d’obtenir de lui des faveurs de
nature sexuelle.
N.B : Les poursuites sont subordonnées à la plainte de la victime.
§5 : De l’esclavage sexuel
L’esclavage est l’état d’un être humain auquel on dénie la qualité de sujet de droit, et qui se
trouve dès lors réduit au rang d’objet de propriété en tant que bien meuble406.
L’esclavage est la condition de l’homme qui appartient à un autre en pleine propriété.
L’esclave n’est plus une personne, il est une chose407.
1. L’esclavage sexuel (Article 174 e) : L’esclavage sexuel consiste dans le fait d’exercer
un ou l’ensemble des pouvoirs associés au droit de propriété sur une personne, notamment en
détenant ou en imposant une privation similaire de liberté ou en achetant, vendant, prêtant,
troquant ladite personne pour des fins sexuelles, et de le contraindre à accomplir un ou
plusieurs actes de nature sexuelle.
Par mariage forcé on entend le fait pour toute personne qui, exerçant l’autorité parentale ou
tutélaire sur une personne mineure ou majeure, de le donner en mariage, ou en vue de celui-
ci, ou de le contraindre à se marier.
Le minimum de la peine prévu à l’aliéna 1er est doublé lorsqu’il s’agit d’une personne âgée
de moins de 18 ans.
La mutilation sexuelle consiste dans le fait de poser un acte qui porte atteinte à l’intégrité
physique ou fonctionnelle des organes génitaux d’une personne.
La loi vise sans doute le fait d’émasculer une personne en lui coupant la verge de même que
l’excision.
La circoncision n’est pas une mutilation sexuelle. Telle est la volonté du législateur congolais
qui l’affirme à l’article 153, alinéa 4 de la loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection
de l'enfant en ces termes :
« La circoncision n'est pas une mutilation sexuelle ni une atteinte à l'intégrité
physique ».
Le législateur a tout à fait raison parce que la circoncision ne porte atteinte ni à l’intégrité
physique ni à l’intégrité fonctionnelle des organes génitaux de l’homme, bien au contraire,
elle facilité le fonctionnement de l’organe et elle est un signe de beauté.
La loi punit celui qui aura délibérément contaminé une personne d’une infection
sexuellement transmissible incurable. C’est le cas du V.I.H.
la RDC, T. 2, Droit pénal, éd. Larcier et Afrique éditions, Bruxelles et Kinshasa, 2003, p. 63.
178
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
La loi punit quiconque aura commis sur une personne un acte à la priver de la capacité
biologique et organique de reproduction sans qu’un tel acte ait préalablement fait l’objet
d’une décision médicale justifiée et d’un libre consentement de la victime.
1857 ; il en fut de même pour D.H. Lawrence, en 1960, avec « L’amant de Lady
Chatterley 418».
La définition de la notion de bonnes mœurs est laissée à l'appréciation des magistrats419.
Propagande : Au regard du droit pénal, la propagande est une forme de publicité présentant
sous un jour favorable un acte qui, bien que condamné par la morale et nuisible pour la
société, est soutenu par certains idéologues. On parle notamment ainsi, pour la condamner, de
propagande en faveur de l’avortement ou en faveur du suicide ; il en irait de même pour une
littérature politique invitant au crime429.
Propagande antinataliste : La loi punit :
- quiconque aura, soit par l’exposition, la vente ou la distribution d’écrits, imprimés ou
non, soit par tout autre moyen de publicité, préconisé l’emploi de moyens quelconques
de faire avorter une femme, aura fourni les indications sur la manière de se les
procurer ou de s’en servir ou aura fait connaître, dans le but de les recommander, les
personnes qui les appliquent;
- quiconque aura exposé, vendu, distribué, fabriqué ou fait fabriquer, fait importer, fait
transporter, remis à un agent de transport ou de distribution, annoncé par un moyen
quelconque de publicité, les drogues ou engins spécialement destinés à faire avorter
une femme ou annoncés comme tels.
Propagande anticonceptionnelle : La loi réprime :
- quiconque aura exposé ou distribué des objets spécialement destinés à empêcher la
conception et aura fait de la réclame pour en favoriser la vente;
- quiconque aura, dans un but de lucre, favorisé les passions d’autrui en exposant,
vendant ou distribuant des écrits imprimés ou non qui divulguent des moyens
d’empêcher la conception, et en préconisant l’emploi ou en fournissant des indications
sur la manière de se les procurer ou de s’en servir;
Le pouvoir : Le pouvoir consiste en une relation d’autorité, de droit ou de fait, qui permet à
une personne d’adresser des injonctions à une ou plusieurs autres personnes.
L’aspiration au pouvoir, et l’exercice du pouvoir, agissent sur certains hommes comme une
drogue. C’est pourquoi, d’aucuns sont prêts à toutes les ignominies, comme à tous les crimes,
pour y parvenir. C’est aussi sans doute pourquoi ceux qui détiennent le pouvoir ont tendance à
surestimer leurs compétences et à s’imaginer affranchis des règles applicables au commun des
mortels430.
Le pouvoir relève toujours de quelque manière d’une relation d’autorité, de dépendance,
de subordination… Seule une compréhension fonctionnelle du pouvoir, susceptible de
contenir une éthique du service, peut s’accorder à la reconnaissance de droits naturels431.
L’abus de pouvoir : Celui qui use du pouvoir dont il dispose, non dans la recherche du bien
commun ou de l’intérêt général, mais dans l’intérêt de lui-même ou de ses mandataires,
commet une faute au regard de la morale. Cette faute constitue au demeurant, tantôt un délit
pénal, tantôt un mode d’imputation de l’infraction432.
y compris ceux qui ont été sélectionnés, nommés ou élus pour entreprendre des activités ou
exercer des fonctions au nom ou au service de l’Etat, à tout niveau de sa hiérarchie440.
6. Les atteintes portées par des fonctionnaires publics aux droits garantis aux
particuliers (Art. 180)
Tout acte arbitraire et attentatoire aux libertés et aux droits garantis aux particuliers par les
lois, décrets, ordonnances et arrêtés, ordonné ou exécuté par un fonctionnaire ou officier
public, par un dépositaire ou agent de l’autorité ou de la force publique, sera puni d’une
servitude pénale de quinze jours à un an et d’une amende de deux cents à mille francs ou
d’une de ces peines seulement.
S’il est constitutif d’une infraction punie de peines plus fortes, son auteur sera condamné à ces
peines.
La sûreté de l’Etat : Pendant des siècles les États (c’est-à-dire l’ensemble des organes
officiels qui structurent une Nation) ont eu à faire face à deux types de conflits : d’une part
des offensives menées de l’extérieur par des étrangers ; d’autre part des insurrections
perpétrées de l’intérieurs par des nationaux,. C’est pourquoi on a longtemps parlé de Sûreté
extérieure de l’État et de Sûreté intérieure de l’État.
Mais la distinction est trop schématique : des menées subversives sont parfois l’œuvre de
nationaux stipendiés par l’étranger ; elle n’a même plus de sens depuis que le recours à la
guerre subversive a été hissé au rang de principe par Lénine et Trotski. C’est pourquoi notre
nouveau Code pénal l’a abandonnée et parle de protection des intérêts fondamentaux de la
Nation441.
« Jusqu’en 1960 on avait de la protection de la sûreté de l’État une vue limitée presque
uniquement à ses aspects politiques, diplomatiques et militaires ; la mention des intérêts
économiques de la France n’apparaissait que d’une façon tout à fait secondaire
Or l’indépendance, la puissance et la grandeur de l’État peuvent être attaquées sur
d’autres points que politiques, ou militaires. De véritables offensives sont menées sur le
plan économique, commercial, industriel, scientifique ou financier, notamment par la voie
de l’espionnage industriel et économique… En outre, on tente de désorganiser l’économie
d’un pays adverse et de le rendre impuissant à tenir un rythme de concurrence suffisant,
en suscitant chez lui des grèves longues et coûteuses, des troubles politiques répétés, qui
sont de nature à dissuader les États ou les industriels étrangers à lui attribuer la
préférence dans l’attribution de marchés importants… Il est apparu au législateur qu’il ne
pouvait pas ignorer l’importance de ces données nouvelles442. »
L’espionnage consiste à rechercher dans un pays, puis à livrer à un État étranger, des
renseignements de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de ce pays445.
L’espionnage peut être défini comme l’acte par lequel un individu se procure ou
cherche à se procurer clandestinement et par fraude, des renseignements confidentiels
sur la situation militaire, politique ou économique d’un État afin de les communiquer,
soit gratuitement, soit à prix d’argent, à un État étranger446.
§ 2. Des autres atteintes à la sûreté extérieure de l’État (Art. 187 à Art. 192)
1. Appréhension, destruction ou divulgation d’un secret intéressant la défense nationale, sans
intention de trahison ou d’espionnage
2. Divulgation d’information militaire
3. Infiltration dans un établissement affecté à la défense nationale
4. Organisation occulte d’un moyen de correspondance ou de transmission à distance
5. Actes hostiles non approuvés par le gouvernement, exposant le Congo à des hostilités
6. Intelligences nuisible à l’armée ou à la diplomatie du Congo avec les agents d’une puissance
étrangère
7. Collaboration avec les sujets ou les agents d’une puissance ennemie en temps de guerre ;
8. Actes de commerce prohibés avec les sujets ou les agents d’une puissance ennemie en
temps de guerre
Le chef de l’Etat
Par l’effet de la Constitution en vigueur, le chef d’un l’État incarne peu ou prou la Nation à la
tête de laquelle il se trouve. Sans doute les textes pénaux le concernant diffèrent-ils beaucoup
en droit comparé. Mais deux questions se posent toujours : comment doit-il être protégé par la
loi pénale ? Doit-il répondre en justice de toute infraction qu’il peut commettre ? Qu'il soit
Empereur, Roi ou Président de la République, le chef de l'État a pour principal devoir de se
consacrer pleinement au Bien commun. Toute agression contre la personne du Chef de l’État
s’analyse en un délit complexe, puisqu’elle cause tout à la fois un dommage individuel et un
dommage public. Aussi est-elle ordinairement punie de la manière la plus rigoureuse447.
Sûreté extérieure de la Nation. Cette incrimination ne reposant sur aucun acte matériel,
constitue une exception au principe de Matérialité* et à la règle de la saisine in rem 451.
Le complot n'est pas une simple résolution, mais une "résolution d'agir concertée et
arrêtée entre plusieurs personnes", fait externe que le pouvoir social peut et doit punir452.
Le complot est ainsi défini par l’art. 110 C.pén. : « Il y a complot dès que la résolution a
été arrêtée entre plusieurs personnes ». Pour qu’il y ait complot il faut donc quatre
éléments : Une résolution d’agir, arrêtée, entre deux ou plusieurs personnes, dans le but
de commettre l’un des crimes expressément prévus par la loi453.
Le complot contre la sûreté de l'État non suivi d'actes préparatoires n'est encore qu'un fait
incertain et la loi ne peut indiquer les circonstances qui doivent l'accompagner pour que
la résolution criminelle des accusés soit évidente. Mais le législateur doit laisser à la
sagesse d'un jury indépendant et consciencieux l'appréciation de ces circonstances454.
§ 2. Des attentats, complots et autres infractions contre l’autorité de l’État et l’intégrité du
territoire
L'attentat dirigé contre le régime constitutionnel est caractérisé par un acte qui tend à
remettre en cause, en dehors des formes légales, l'organisation des pouvoirs publics de l'état.
On parle ici de crime de lèse-Majesté, de crime de lèse-Révolution, de crime de lèse-Parti
..455.
Il n’y a d’attentat consommé que si un ou plusieurs actes de violence ont été commis ; en
leur absence il ne saurait y avoir, tout au plus, qu’un complot, ou peut-être le
commencement d’exécution d’un attentat456.
La loi réprime :
1. Attentats contre l’autorité de l’État et l’intégrité du territoire (Art. 195) : détruire ou
changer le régime constitutionnel, exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre
l’autorité de l’État ou à s’armer les uns contre les autres, porter atteinte à l’intégrité du
territoire national ;
3. Atteintes à l’intégrité du territoire national (Art. 197) : entreprendre, par quelque moyen
que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national ;
4. Création illégale de troupes armées (Art. 198) : lever ou faire lever des troupes armées,
engager ou enrôler, faire engager ou enrôler des soldats, ou leur fournir des armes ou
munitions, sans ordre ni autorisation du gouvernement ;
La loi réprime :
1. Les attentats tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage (Art. 200) et
2. Les complots tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage (Art. 201).
Une bande armée est d’abord une bande organisée, c.-à-d., un groupement formé ou un
entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’une
ou plusieurs infractions. La particularité de la bande armée est que ses participants
bénéficient des armes à feu pour commettre leurs forfaits.
L’infraction de participation à des bandes armées consiste dans l’un des faits suivants :
- Se mettre à la tête de bandes armées ;
- y exercer une fonction quelconque ;
- y exercer un commandement quelconque ;
- en faire partie ;
Ladite bande doit être formée en vue de troubler l’État par l’un des attentats prévus aux
articles 195 et 200, ou par l’envahissement, le pillage ou le partage des propriétés publiques
ou privées, ou encore en faisant attaque ou résistance envers la force publique agissant contre
les auteurs de ces infractions.
sûreté intérieure de l’État, n’en fera pas la déclaration aux autorités militaires, administratives
ou judiciaires, dès le moment où il les aura connus.
N.B : Outre les personnes désignées à l’article 22, sera puni comme complice quiconque,
autre que l’auteur ou le complice:
1o fournira sans contrainte et en connaissance de leurs intentions, subsides, moyens
d’existence, logement, lieu de retraite ou de réunion aux auteurs d’infractions contre
la sûreté de l’État;
2o portera sciemment la correspondance des auteurs de telles infractions, ou leur
facilitera sciemment de quelque manière que ce soit, la recherche, le recel, le
transport ou la transmission de l’objet de l’infraction477.
NB :
1. Excuses légales. Sera exempté de la peine encourue celui qui, avant toute exécution ou
tentative d’une infraction contre la sûreté de l’État, en donnera le premier connaissance aux
autorités administratives ou judiciaires.
L’exemption de la peine sera seulement facultative si la dénonciation intervient après la
consommation ou la tentative de l’infraction, mais avant l’ouverture des poursuites.
L’exemption de la peine sera également facultative à l’égard du coupable qui, après
l’ouverture des poursuites, procurera l’arrestation des auteurs et complices de la même
infraction, ou d’autres infractions de même nature ou de même gravité478.
2. La confiscation de l’objet de l’infraction et des objets ayant servi à la commettre sera
toujours prononcée. La rétribution reçue par le coupable, ou le montant de sa valeur lorsque la
rétribution n’a pu être saisie, seront déclarés acquis au Trésor479.
3. l’interdiction du droit de vote et du droit d’éligibilité. Tout coupable de trahison,
d’attentat ou de complot contre la sûreté intérieure de l’État pourra être frappé, pour cinq ans
au moins et dix ans au plus, de l’interdiction du droit de vote et du droit d’éligibilité480.
Deuxième partie
NOMENCLATURE, CLASSIFICATION ET DEFINITION DES
INFRACTIONS PREVUES PAR LES LOIS DE DROIT PENAL
PARTICULIER
Les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale sont les
crimes qui heurtent profondément la conscience humaine. Ils sont inscrits dans le noyau dur
de la criminalité et sont considérés par d’aucuns comme des atteintes graves à l’humanité.
Ceux de la compétence de la Cour Pénale Internationale sont ceux que nous examinons dans
les lignes qui suivent.
00/3/2000 du 30 mars 2002, in Les codes Larcier de la R.D.C., Tome II, Droit pénal, éd. Larcier et Afrique édition, Bruxelles,
2003, p.63.
483 Article 7 du Traité de Rome, op. cit., p.63.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
b) Extermination;
c) Réduction en esclavage;
d) Déportation ou transfert forcé de population ;
e) Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation
des dispositions fondamentales du droit international ;
f) Torture ;
g) Viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou
toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable;
h) Persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs
d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste au sens du
paragraphe 3, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme
inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent
paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour;
i) Disparitions forcées de personnes;
j) Crime d’apartheid;
k) Autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes
souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou
mentale.
2. Aux fins du paragraphe 1:
a) Par «attaque lancée contre une population civile», on entend le comportement qui
consiste en la commission multiple d’actes visés au paragraphe 1 à l’encontre d’une
population civile quelconque, en application ou dans la poursuite de la politique d’un
État ou d’une organisation ayant pour but une telle attaque;
b) Par «extermination», on entend notamment le fait d’imposer intentionnellement des
conditions de vie, telles que la privation d’accès à la nourriture et aux médicaments,
calculées pour entraîner la destruction d’une partie de la population;
c) Par «réduction en esclavage», on entend le fait d’exercer sur une personne l’un
quelconque ou l’ensemble des pouvoirs liés au droit de propriété, y compris dans le
cadre de la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants;
d) Par «déportation ou transfert forcé de population», on entend le fait de déplacer de
force des personnes, en les expulsant ou par d’autres moyens coercitifs, de la région où
elles se trouvent légalement, sans motifs admis en droit international;
e) Par «torture», on entend le fait d’infliger intentionnellement une douleur ou des
souffrances aiguës, physiques ou mentales, à une personne se trouvant sous sa garde ou
sous son contrôle; l’acception de ce terme ne s’étend pas à la douleur ou aux
souffrances résultant uniquement de sanctions légales, inhérentes à ces sanctions ou
occasionnées par elles ;
195
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
f) Par «grossesse forcée», on entend la détention illégale d’une femme mise enceinte de
force, dans l’intention de modifier la composition ethnique d’une population ou de
commettre d’autres violations graves du droit international. Cette définition ne peut en
aucune manière s’interpréter comme ayant une incidence sur les lois nationales
relatives à la grossesse;
g) Par «persécution», on entend le déni intentionnel et grave de droits fondamentaux en
violation du droit international, pour des motifs liés à l’identité du groupe ou de la
collectivité qui en fait l’objet;
h) Par «crime d’apartheid», on entend des actes inhumains analogues à ceux que vise
le paragraphe 1, commis dans le cadre d’un régime institutionnalisé d’oppression
systématique et de domination d’un groupe racial sur tout autre groupe racial ou tous
autres groupes raciaux et dans l’intention de maintenir ce régime;
i) Par «disparitions forcées de personnes», on entend les cas où des personnes sont
arrêtées, détenues ou enlevées par un État ou une organisation politique ou avec
l’autorisation, l’appui ou l’assentiment de cet État ou de cette organisation, qui refuse
ensuite d’admettre que ces personnes sont privées de liberté ou de révéler le sort qui
leur est réservé ou l’endroit où elles se trouvent, dans l’intention de les soustraire à la
protection de la loi pendant une période prolongée.
3. Aux fins du présent statut, le terme «sexe» s’entend de l’un et l’autre sexe, masculin
et féminin, suivant le contexte de la société. Il n’implique aucun autre sens. »
a) Les infractions graves aux Conventions de Genève du 12 août 1949, à savoir l’un
quelconque des actes ci-après lorsqu’ils visent des personnes ou des biens protégés par
les dispositions des Conventions de Genève:
i) L’homicide intentionnel;
ii) La torture ou les traitements inhumains, y compris les expériences biologiques;
iii) Le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement
atteinte à l’intégrité physique ou à la santé;
iv) La destruction et l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et
exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire;
v) Le fait de contraindre un prisonnier de guerre ou une personne protégée à servir dans les
forces d’une puissance ennemie;
vi) Le fait de priver intentionnellement un prisonnier de guerre ou toute autre personne
protégée de son droit d’être jugé régulièrement et impartialement;
vii) La déportation ou le transfert illégal ou la détention illégale;
viii) La prise d’otages;
b) Les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés
internationaux dans le cadre établi du droit international, à savoir, l’un quelconque des
actes ci-après:
i) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle
ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités ;
ii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil, c’est-
à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires;
iii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le
matériel, les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire
ou de maintien de la paix conformément à la Charte des Nations unies, pour autant qu’ils aient
droit à la protection que le droit international des conflits armés garantit aux civils et aux
biens de caractère civil ;
iv) Le fait de diriger intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causera incidemment
des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles, des
dommages aux biens de caractère civil ou des dommages étendus, durables et graves à
l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de
l’avantage militaire concret et direct attendu ;
v) Le fait d’attaquer ou de bombarder, par quelque moyen que ce soit, des villes, villages,
habitations ou bâtiments qui ne sont pas défendus et qui ne sont pas des objectifs militaires;
vi) Le fait de tuer ou de blesser un combattant qui, ayant déposé les armes ou n’ayant plus de
moyens de se défendre, s’est rendu à discrétion;
vii) Le fait d’utiliser indûment le pavillon parlementaire, le drapeau ou les insignes militaires
et l’uniforme de l’ennemi ou de l’Organisation des Nations unies, ainsi que les signes
197
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
distinctifs prévus par les Conventions de Genève, et, ce faisant, de causer la perte de vies
humaines ou des blessures graves ;
viii) Le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population
civile, dans le territoire qu’elle occupe, ou la déportation ou le transfert à l’intérieur ou hors
du territoire occupé de la totalité ou d’une partie de la population de ce territoire;
ix) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des bâtiments consacrés à la
religion, à l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des monuments
historiques, des hôpitaux et des lieux où des malades ou des blessés sont rassemblés, à
condition qu’ils ne soient pas des objectifs militaires;
x) Le fait de soumettre des personnes d’une partie adverse tombées en son pouvoir à des
mutilations ou à des expériences médicales ou scientifiques quelles qu’elles soient qui ne sont
ni motivées par un traitement médical, dentaire ou hospitalier, ni effectuées dans l’intérêt de
ces personnes, et qui entraînent la mort de celles-ci ou mettent sérieusement en danger leur
santé;
xi) Le fait de tuer ou de blesser par traîtrise des individus appartenant à la nation ou à l’armée
ennemie;
xii) Le fait de déclarer qu’il ne sera pas fait de quartier;
xiii) Le fait de détruire ou de saisir les biens de l’ennemi, sauf dans les cas où ces destructions
ou saisies seraient impérieusement commandées par les nécessités de la guerre;
xiv) Le fait de déclarer éteints, suspendus ou non recevables en justice les droits et actions des
nationaux de la partie adverse ;
xv) Le fait pour un belligérant de contraindre les nationaux de la partie adverse à prendre part
aux opérations de guerre dirigées contre leur pays, même s’ils étaient au service de ce
belligérant avant le commencement de la guerre;
xvi) Le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut ;
xvii) Le fait d’employer du poison ou des armes empoisonnées;
xviii) Le fait d’employer des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires, ainsi que tous liquides,
matières ou procédés analogues;
xix) Le fait d’utiliser des balles qui s’épanouissent ou s’aplatissent facilement dans le corps
humain, telles que des balles dont l’enveloppe dure ne recouvre pas entièrement le centre ou
est percée d’entailles;
xx) Le fait d’employer les armes, projectiles, matières et méthodes de guerre de nature à
causer des maux superflus ou des souffrances inutiles ou à frapper sans discrimination en
violation du droit international des conflits armés, à condition que ces armes, projectiles,
matières et méthodes de guerre fassent l’objet d’une interdiction générale et qu’ils soient
inscrits dans une annexe au présent statut, par voie d’amendement adopté selon les
dispositions des articles 121 et 123;
xxi) Les atteintes à la dignité de la personne, notamment les traitements humiliants et
dégradants;
198
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
xxii) Le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, telle que définie à
l’article 7, paragraphe 2, alinéa f), la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence
sexuelle constituant une infraction grave aux Conventions de Genève;
xxiii) Le fait d’utiliser la présence d’un civil ou d’une autre personne protégée pour éviter que
certains points, zones ou forces militaires ne soient la cible d’opérations militaires;
xxiv) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre les bâtiments, le matériel, les
unités et les moyens de transport sanitaires, et le personnel utilisant, conformément au droit
international, les signes distinctifs prévus par les Conventions de Genève ;
xxv) Le fait d’affamer délibérément des civils comme méthode de guerre, en les privant de
biens indispensables à leur survie, y compris en empêchant intentionnellement l’envoi des
secours prévus par les Conventions de Genève;
xxvi) Le fait de procéder à la conscription ou à l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans
dans les forces armées nationales ou de les faire participer activement à des hostilités ;
c) En cas de conflit armé ne présentant pas un caractère international, les violations
graves de l’article 3 commun aux quatre Conventions de Genève du 12 août 1949, à
savoir l’un quelconque des actes ci-après commis à l’encontre de personnes qui ne
participent pas directement aux hostilités, y compris les membres de forces armées qui
ont déposé les armes et les personnes qui ont été mises hors de combat par maladie,
blessure, détention ou par toute autre cause:
i) Les atteintes à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses
formes, les mutilations, les traitements cruels et la torture ;
ii) Les atteintes à la dignité de la personne, notamment les traitements humiliants et
dégradants;
iii) Les prises d’otages;
iv) Les condamnations prononcées et les exécutions effectuées sans un jugement préalable,
rendu par un tribunal régulièrement constitué, assorti des garanties judiciaires généralement
reconnues comme indispensables;
d) L’alinéa c) du paragraphe 2 s’applique aux conflits armés ne présentant pas un
caractère international et ne s’applique donc pas aux situations de troubles et tensions
internes telles que les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence ou les actes de
nature similaire;
e) Les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés ne
présentant pas un caractère international, dans le cadre établi du droit international, à
savoir l’un quelconque des actes ci-après:
i) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle
ou contre des personnes civiles qui ne participent pas directement aux hostilités;
ii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre les bâtiments, le matériel, les
unités et les moyens de transport sanitaires, et le personnel utilisant, conformément au droit
international, les signes distinctifs des Conventions de Genève;
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
iii) Le fait de lancer des attaques délibérées contre le personnel, les installations, le matériel,
les unités ou les véhicules employés dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ou de
maintien de la paix conformément à la Charte des Nations unies, pour autant qu’ils aient droit
à la protection que le droit international des conflits armés garantit aux civils et aux biens de
caractère civil;
iv) Le fait de lancer des attaques délibérées contre des bâtiments consacrés à la religion, à
l’enseignement, à l’art, à la science ou à l’action caritative, des monuments historiques, des
hôpitaux et des lieux où des malades et des blessés sont rassemblés, pour autant que ces
bâtiments ne soient pas des objectifs militaires;
v) Le pillage d’une ville ou d’une localité, même prise d’assaut;
vi) Le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, telle que définie à
l’article 7, paragraphe 2, alinéa f), la stérilisation forcée, ou toute autre forme de violence
sexuelle constituant une violation grave de l’article 3 commun aux quatre Conventions de
Genève;
vii) Le fait de procéder à la conscription ou à l’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans dans
les forces armées ou dans des groupes armés ou de les faire participer activement à des
hostilités;
viii) Le fait d’ordonner le déplacement de la population civile pour des raisons ayant trait au
conflit, sauf dans les cas où la sécurité des civils ou des impératifs militaires l’exigent;
ix) Le fait de tuer ou de blesser par traîtrise un adversaire combattant;
x) Le fait de déclarer qu’il ne sera pas fait de quartier;
xi) Le fait de soumettre des personnes d’une autre partie au conflit tombées en son pouvoir à
des mutilations ou à des expériences médicales ou scientifiques quelles qu’elles soient qui ne
sont ni motivées par un traitement médical, dentaire ou hospitalier, ni effectuées dans l’intérêt
de ces personnes, et qui entraînent la mort de celles-ci ou mettent sérieusement en danger leur
santé;
xii) Le fait de détruire ou de saisir les biens d’un adversaire, sauf si ces destructions ou saisies
sont impérieusement commandées par les nécessités du conflit ;
f) L’alinéa e) du paragraphe 2 s’applique aux conflits armés ne présentant pas un
caractère international et ne s’applique donc pas aux situations de troubles et tensions
internes telles que les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence ou les actes de
nature similaire.
Il s’applique aux conflits armés qui opposent de manière prolongée sur le territoire d’un État
les autorités du gouvernement de cet État et des groupes armés organisés ou des groupes
armés organisés entre eux.
200
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
2. Aux fins du paragraphe 1, on entend par «acte d’agression» l’emploi par un État de la
force armée contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique
d’un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies.
Qu’il y ait ou non déclaration de guerre, les actes suivants sont des actes d’agression au
regard de la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale des Nations Unies en date du
14 décembre 1974 :
a) L’invasion ou l’attaque par les forces armées d’un État du territoire d’un autre État ou
l’occupation militaire, même temporaire, résultant d’une telle invasion ou d’une telle
attaque, ou l’annexion par la force de la totalité ou d’une partie du territoire d’un autre
État ;
b) Le bombardement par les forces armées d’un État du territoire d’un autre État, ou
l’utilisation d’une arme quelconque par un État contre le territoire d’un autre État ;
c) Le blocus des ports ou des côtes d’un État par les forces armées d’un autre État ;
d) L’attaque par les forces armées d’un État des forces terrestres, maritimes ou aériennes, ou
des flottes aériennes et maritimes d’un autre État ;
e) L’emploi des forces armées d’un État qui se trouvent dans le territoire d’un autre État
avec l’agrément de celui-ci en contravention avec les conditions fixées dans l’accord
pertinent, ou la prolongation de la présence de ces forces sur ce territoire après l’échéance de
l’accord pertinent ;
f) Le fait pour un État de permettre que son territoire, qu’il a mis à la disposition d’un autre
État, serve à la commission par cet autre État d’un acte d’agression contre un État tiers ;
g) L’envoi par un État ou au nom d’un État de bandes, groupes, troupes irrégulières ou
mercenaires armés qui exécutent contre un autre État des actes assimilables à ceux de forces
armées d’une gravité égale à celle des actes énumérés ci-dessus, ou qui apportent un concours
substantiel à de tels actes. ».
2 Crime contre Article 15. Les pouvoirs publics veillent à l’élimination des
l’humanité par violences sexuelles.
violence sexuelle Sans préjudice des traités et accords internationaux, toute
violence sexuelle faite sur toute personne, dans l’intention de
déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître
tout un peuple est érigée en crime contre l’humanité puni par
la loi.
3 Abandon, Article 41. L’enfant mineur est toute personne, sans
maltraitance et distinction de sexe, qui n’a pas encore atteint 18 ans révolus.
exploitation des Tout enfant mineur a le droit de connaître les noms de son
enfants mineurs père et de sa mère.
Il a également le droit de jouir de la protection de sa famille,
de la société et des pouvoirs publics.
L’abandon et la maltraitance des enfants, notamment la
pédophilie, les abus sexuels ainsi que l’accusation de
sorcellerie sont prohibés et punis par la loi.
Les parents ont le devoir de prendre soin de leurs enfants et
d’assurer leur protection contre tout acte de violence tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur du foyer.
Les pouvoirs publics ont l’obligation d’assurer une protection
aux enfants en situation difficile et de déférer, devant la
justice, les auteurs et les complices des actes de violence à
486
Loi organique n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la
Cour Constitutionnelle.
202
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
5 Haute trahison par Article 57. Les actes visés à l’article précédent ainsi que leur
pillage tentative, quelles qu’en soient les modalités, s’ils sont le fait
d’une personne investie d’autorité publique, sont punis
comme infraction de haute trahison.
6 Haute trahison par Article 63. Tout Congolais a le Article 74. Le Président de la
omission de droit et le devoir sacré de République ou le Premier
sauvegarder défendre le pays et son intégrité Ministre se rend également
l’unité de la territoriale face à une menace ou coupable de l’infraction de
République et à une agression extérieure. haute trahison lorsque l’un
l’intégrité de son Un service militaire obligatoire ou l’autre :
territoire peut être instauré dans les 1. (…) ;
conditions fixées par la loi. 2. manque à son devoir de
Toute autorité nationale, sauvegarder l’unité de la
provinciale, locale et coutumière République et l’intégrité de
a le devoir de sauvegarder l’unité son territoire ;
de la République et l’intégrité de
son territoire, sous peine de haute Article 75. La haute trahison
trahison. est punie de la servitude
pénale à perpétuité.
11 Délit Il y a délit d’initié dans le Article 78. Il y a délit d’initié dans le chef du
d’initié chef du Président de la Président de la République ou du Premier
République ou du Premier Ministre lorsque l’un ou l’autre effectue des
ministre lorsqu’il effectue des opérations sur valeurs immobilières ou sur
opérations sur valeurs marchandises à l’égard desquelles il possède,
immobilières ou sur en raison de ses fonctions, des informations
marchandises à l’égard privilégiées et dont il tire profit avant que
desquelles il possède des celles-ci ne soient connues du public.
informations privilégiées et
dont il tire profit avant que Il englobe l’achat ou la vente d’actions
ces informations soient fondées sur des renseignements qui ne
connues du public. Le délit seraient jamais divulgués aux actionnaires.
d’initié englobe l’achat ou la
vente d’actions fondés sur des Le délit d’initié est puni d’une servitude
renseignements qui ne pénale principale de dix à vingt ans et d’une
seraient jamais divulgués aux amende de dix à cinquante millions de Francs
actionnaires. congolais.
Le droit pénal intervient aussi comme sanctionnateur des règles relevant d'autres disciplines
juridiques: le droit commercial, fiscal, social, etc. Le droit pénal apparaît ainsi comme le
«gardien de tous les autres droits »487. Son intervention dans la vie sociale moderne a pris
une importance telle que l'on parle aujourd'hui de « l'inflation pénale.»488, de la
surpénalisation et de la repénalisation489, de la République pénalisée490 , de l’Etat pénal491, etc.
Cette réalité n’a pas épargné la constitution de la République démocratique du Congo du 18
février 2006 qui définit plusieurs infractions à la tète desquelles se trouve la haute Trahison.
487 François OST, Le temps du droit, Ed. Odile Jacob, Paris, 1999, p. 295.
488 Voir G. STEFANI et G. LEVASSEUR, Droit pénal général, Précis Dalloz, Paris, 1978, n° 31.
489 François OST, op. cit., pp. 295-296.
490 Titre d’un ouvrage sur la France d’André GARAPON et D. SALAS, aux éditions Hachette, Paris, 1996.
491 L. WACQUANT, De l’Etat charitable à l’Etat pénal, Note sur le traitement politique de la misère en Amérique, in Regards
2. Le pillage fait par une personne investie d’autorité publique en passant tout acte, tout
accord, toute convention, tout arrangement ou tout autre fait, qui a pour conséquence de
priver la nation, les personnes physiques ou morales de tout ou partie de leurs propres
moyens d’existence tirés de leurs ressources ou de leurs richesses naturelles, sans
préjudice des dispositions internationales sur les crimes économiques493.
3. Le fait pour toute autorité nationale, provinciale, locale et coutumière de ne pas
sauvegarder l’unité de la République et l’intégrité de son territoire494.
4. Le fait pour :
- le Président de la République de violer intentionnellement la Constitution ou
- lui ou le Premier ministre d’être reconnus auteurs, co-auteurs ou complices de
violations graves et caractérisées des Droits de l’Homme ou de cession d’une partie du
territoire national495.
5. Le détournement de l’armée à ses fins propres496.
6. L’organisation des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées, et
l’entretien d’une jeunesse armée497.
protection de l'enfant.
206
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
L’adultère es défini par les articles 467 à 472 du Code de la famille. Il n’est reproché qu’aux
mariés et à leurs complices. Ses éléments matériels varient selon qu’on est mari ou épouse.
Art. 467. — Sera puni, du chef d’adultère, d’une peine de servitude pénale de six mois à
un an et d’une amende de 500 à 2.000 zaïres:
1. quiconque, sauf si sa bonne foi a été surprise, aura eu des rapports sexuels avec une
femme mariée;
2. le mari qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre que son épouse, si
l’adultère a été entouré de circonstances de nature à lui imprimer le caractère
injurieux;
3. la femme qui aura eu des rapports sexuels avec un homme marié dans les
circonstances prévues au 2o du présent article;
4. la femme mariée qui aura eu des rapports sexuels avec une personne autre que son
conjoint.
Art. 468. — La poursuite des infractions prévues à l’article précédent ne pourra avoir
lieu que sur plainte de l’époux qui se prétendra offensé.
Le plaignant pourra, en tout état de cause, demander par le retrait de sa plainte,
l’abandon de la procédure.
À la condition de consentir à reprendre la vie commune, le plaignant pourra aussi
demander l’abandon des effets de la condamnation à la servitude pénale.
Article 469. — Dans les cas prévus à l’article 467, l’action du plaignant sera déclarée
irrecevable si l’infraction a été commise avec son consentement ou avec sa connivence.
Les frais de l’instance seront mis à sa charge.
Article 470. — Sera puni d’une peine de servitude pénale ne dépassant pas six mois et
d’une amende de 500 à 2.000 zaïres, le mari qui aura incité sa femme à commettre
l’adultère ou en aura sciemment favorisé l’exécution.
Article 471. — L’époux offensé peut réclamer une réparation au conjoint coupable et à
toute personne avec qui son conjoint a commis l’adultère, pourvu que l’époux lésé n’ait
pas approuvé ou toléré l’adultère. La personne avec qui le conjoint a commis l’adultère
ne sera pas tenue à la réparation si elle prouve que sa bonne foi a été surprise.
En déterminant la réparation, le tribunal s’inspirera des dispositions de l’article 461,
alinéa 2.
Article 472. — Sera puni des peines prévues en cas d’adultère, sauf si sa bonne foi a été
surprise:
208
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
1. quiconque aura enlevé, même avec son consentement, une femme mariée ou l’aura
détournée de ses devoirs de façon à la soustraire à la garde de son mari ou de la
personne chargée de ce soin pour le compte du mari, afin de faciliter ou permettre à
cette femme des rapports adultères;
1. quiconque aura caché ou gardé cette femme avec la même intention. »
La bigamie est prévue par l’article 408 du Code de la famille en ces termes :
« Quiconque, étant engagé dans les liens d’un mariage enregistré ou célébré devant
l’officier de l’état civil, en aura fait enregistrer ou célébrer un autre avant la
dissolution ou l’annulation du précédent, sera puni du chef de bigamie d’une peine de
servitude pénale de un à trois mois et d’une amende de 100 à 300 zaïres ou de l’une de
ces peines seulement.
L’action publique et l’action civile peuvent être intentées tout le temps que subsiste
l’état de bigamie. Elles s’éteignent par la dissolution du premier ou du second mariage
ou par la validation du second. ».
Article 143. Quiconque porte volontairement des coups ou fait des blessures à une
femme enceinte est passible de six mois à un an de servitude pénale principale et d'une
amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.
Article 144. Si les coups portés et les blessures faites volontairement, sans détruire
l'embryon ou le fœtus, entraînent pourtant une altération grave de la santé de la
femme, de l'embryon, du fœtus ou la perte d'un organe, l'auteur est passible de
deux à cinq ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à
trois cent cinquante mille francs congolais.
Article 145. Si les coups portés et les blessures faites volontairement, mais sans
intention de provoquer l'avortement, l'ont pourtant causé, l'auteur est passible de
deux à cinq ans de servitude pénale principale et d'une amende de trois cent
cinquante mille à cinq cent mille francs congolais.
Article 146. Est puni des peines prévues pour non-assistance à personne en danger, le
personnel soignant qui s'abstient de porter assistance à une femme en instance
d'accouchement.
Article 66ter du Code pénal congolais. [O.-L. 78-015 du 4 juillet 1978, art. 1er. —
Sera puni d’une servitude pénale de trois mois à deux ans et d’une amende de cinq à
cinquante zaïres, ou de l’une de ces peines seulement, quiconque s’abstient
volontairement de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui
ni pour son les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action personnelle, soit en
provoquant un secours.] (Omission de porter secours à une personne en péril)
506Loi N° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, Titre IV : De la protection pénale, in J.O.R.D.C, n°
spécial, 50e année, 25/5/2009, pp. 5-47.
210
Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 147. Les coups et blessures volontaires portés sur l'enfant sont punis de trois à
six mois de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à deux cent
cinquante mille francs congolais,
En cas de préméditation, l'auteur est passible de six à douze mois de servitude pénale
principale et d'une amende de cent cinquante mille à trois cent mille francs congolais.
Article 148. Les coups et blessures volontaires porté sur l'enfant ayant entraîné une
maladie ou une incapacité de plus de huit jours sont punis de six à douze mois de
servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à trois cent cinquante
mille francs congolais.
Article 149. Les coups et blessures volontaires ayant entraîné une mutilation ou un
handicap permanent de l'enfant sont punis de deux à cinq ans de servitude pénale
principale et d'une amende de trois cent cinquante à cinq cents mille francs congolais.
4. Coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort d'un enfant sans intention
de la donner
Article 150. Les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort d'un enfant sans
intention de la donner sont punis de cinq à vingt ans de servitude pénale principale et
d'une amende de cinq cents mille à un million de francs congolais.
Article 151. Le fait de soumettre un enfant à la torture est puni de un à cinq ans de
servitude pénale principale et d'une amende de cinq cents mille à un million de francs
congolais.
Il faut entendre par torture, tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës,
physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins
notamment de :
Article 153. La mutilation sexuelle d'un enfant est punie de deux à cinq ans de peine
de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à un million de
francs congolais.
(Définition) La mutilation sexuelle est un acte qui porte atteinte à l'intégrité physique
ou fonctionnelle de l'organe génital.
Article 154. Le fait de pratiquer ou faire pratiquer une expérimentation médicale sur
un enfant est puni de un à cinq ans de servitude pénale principale et d'une amende de
deux cents mille à un million de francs congolais.
Si elle entraîne une incapacité ne dépassant pas huit jours, la peine est de deux à cinq
ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à un million de
francs congolais.
Si elle entraîne une incapacité de plus de huit jours ou provoque une mutilation ou une
infirmité permanente, la peine est de cinq à dix ans de servitude pénale principale.
Article 157. Est puni de un à deux ans de servitude pénale principale et d'une amende
de deux cents mille à six cent mille francs congolais, l'auteur d'épreuves
superstitieuses commises sur un enfant.
Si les épreuves superstitieuses causent une maladie ou une incapacité, ou s'il en résulte
la perte de l'usage absolu d'un organe ou une mutilation grave, l'auteur est puni de cinq
à vingt ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à un
million de francs congolais.
Par épreuve superstitieuse, il faut entendre tout acte consistant à soumettre un enfant,
de gré ou de force, à un mal physique réel ou supposé, en vue de déduire des effets
produits, l'imputabilité d'un acte ou d'un événement ou toute autre conclusion.
Article 158. L'incitation d'un enfant au suicide est punie de un à cinq ans de servitude
pénale principale et d'une amende de quatre cents mille à un million de francs
congolais.
Si l'auteur de l'infraction est une personne exerçant l'autorité parentale sur l'enfant, le
juge peut, en outre, prononcer la déchéance de cette autorité.
2. Accusation de sorcellerie
En cas d'accusation de sorcellerie à l'égard d'un enfant, l'auteur est puni de un à trois
ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à un million de
francs congolais.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 161. Quiconque enlève ou fait enlever, arrête ou fait arrêter arbitrairement,
détient ou fait détenir un enfant car violence, ruses, ou menaces, est puni de deux à
cinq ans de servitude pénale principale.
Lorsque l'enfant enlevé, arrêté ou détenu a été soumis à des tortures corporelles,
l'auteur est puni de dix à vingt ans de servitude pénale principale.
Article 162. La traite ou la vente d'enfants est punie de dix à vingt ans de servitude
pénale principale, et d'une amende de cinq cents mille à un million de francs
congolais.
Article 164. Si le vol a été commis à l'aide de violences ou de menaces, l'auteur est
puni de dix à vingt ans de servitude pénale principale et d'une amende de cinq cents
mille à un million de francs congolais.
Article 165. Est puni de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d'une amende
de deux cent cinquante mille à cinq cents mille francs congolais, quiconque détruit ou
dégrade méchamment des biens meubles ou immeubles qu'il sait appartenir à un
enfant.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 166. Quiconque vend ou donne en gage un immeuble qu'il sait appartenir à un
enfant est puni de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d'une amende de
deux cent cinquante mille à cinq cents mille francs congolais.
Article 167. Est puni de deux à cinq ans de servitude pénale principale et d'une
amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais, quiconque se rend
coupable d'escroquerie au préjudice d'un enfant.
Article 168. Est puni de deux à cinq ans de servitude pénale principale et d'une
amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais quiconque détourne
frauduleusement ou dissipe au préjudice d'un enfant des effets, propriétés, deniers,
marchandises, billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant
obligations ou décharges qui lui avaient été remis à la condition de les rendre ou d'en
faire un usage ou un emploi déterminé.
1. Viol d'enfant
Article 170. Le viol d'enfant est puni de sept à vingt ans de servitude pénale
principale et d'une amende de huit cent mille à un million de francs congolais.
1. des ascendants de l'enfant sur lequel ou avec l’aide duquel le viol a été commis;
2. des personnes qui ont autorité sur l'enfant;
3. de ses enseignants ou de ses serviteurs à gage ou les serviteurs des personnes
ci-dessus:
4. des agents publics, des ministres de culte qui ont abusé de leur position pour le
commettre du personnel médical, para médical ou des assistants sociaux, des
tradi-praticiens envers les enfants confiés à leurs soins;
5. des gardiens sur les enfants placés sous leur surveillance;
Article 171. Commet un viol d'enfant, soit à l'aide de violences ou menaces graves ou par
contrainte à l'encontre d'un enfant, directement ou par l'intermédiaire d'un tiers, soit par
surprise, pression psychologique, soit à l'occasion d'un environnement coercitif, soit en
abusant d'un enfant qui, par le fait d'une maladie, par l'altération de ses facultés ou par toute
autre cause accidentelle a perdu l'usage de ses sens ou en a été privé par quelques artifices :
a) tout homme qui introduit son organe sexuel, même superficiellement dans celui d'une
enfant ou toute femme qui oblige un enfant à introduire même superficiellement son
organe sexuel dans le sien;
b) tout homme qui pénètre, même superficiellement l'anus, la bouche ou tout autre orifice
du corps d'un enfant par un organe sexuel, par toute autre partie du corps ou par un
objet quelconque ou toute femme qui oblige un enfant à exposer son organe sexuel à
des attouchements par une partie de son corps ou par un objet quelconque ;
c) toute personne qui introduit, même superficiellement, toute autre partie du corps ou un
objet quelconque dans le vagin d'une enfant;
d) toute personne qui oblige un enfant à pénétrer, même superficiellement son anus, sa
bouche ou tout orifice de son corps par un organe sexuel, par toute autre partie du
corps ou par un objet quelconque.
2. Attentat à la pudeur
Article 172. L'attentat à la pudeur sans violence, ruse, ou menace commis sur un
enfant est puni de six mois à cinq ans de servitude pénale principale. L'attentat à la
pudeur avec violence, ruse, ou menace commis sur un enfant est puni de cinq à quinze
ans de servitude pénale principale.
Si l'attentat est commis sur un enfant, à l'aide d'un ou de plusieurs enfants âgés de
moins de dix ans, l’auteur est passible de cinq à vingt ans de servitude pénale
principale.
Les peines encourues sont portées de cinq à quinze ans de servitude pénale principale
et à une amende de quatre cents mille francs congolais Si l'attentat à la pudeur a été
commis par des personnes ou dans les circonstances prévues à l'alinéa 2 de l'article
170.
L'attentat à la pudeur est tout acte contraire aux mœurs exercé intentionnellement sur
un enfant.
Article 173. Quiconque attente aux mœurs en incitant, facilitant ou favorisant pour
satisfaire les passions d'autrui, la débauche ou la corruption des enfants est puni d'une
servitude pénale principale de trois à cinq ans et d'une amende de cinq cents mille à un
million de francs congolais.
Le fait énoncé à l'alinéa précédent est puni d'une servitude pénale principale de dix à
vingt ans et d'une amende de deux cents mille à quatre cents mille francs congolais, s'il
est commis envers un enfant âgé de moins dix ans accomplis.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Les peines encourues sont portées à une servitude pénale principale de cinq à dix ans
et à une amende de un million à deux millions de francs congolais si l'incitation à la
débauche est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la marâtre, du tuteur ou de toute
personne exerçant en droit ou en fait l'autorité sur l'enfant.
Article 174. L'incitation d'un enfant à des relations sexuelles avec un animal est punie
de sept à quinze ans de servitude pénale principale et d'une amende de cinq cents mille
à un million de francs congolais.
Article 175. Le fait de détenir un ou plusieurs enfants dans le but d'abuser d'eux
sexuellement est puni de dix à vingt ans de servitude pénale principale.
Si grossesse s'en suit, la servitude pénale principale est de quinze à vingt ans.
Lorsque le fait est médicalement justifié, le consentement des parents ou de ceux qui
exercent l'autorité parentale est requis.
Article 178. L'exposition d'un enfant à l'exhibition sexuelle est punie de cinq à dix
ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à six cents
mille francs congolais.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Les peines encourues sont portées de cinq à quinze ans de servitude pénale principale
et l'amende de deux cents mille à un million de francs congolais, si l'exhibition
sexuelle est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la marâtre, du tuteur ou de toute
personne exerçant en droit ou en fait l'autorité sur l'enfant.
L'exhibition sexuelle désigne le fait de montrer certaines parties intimes du corps et/ou
de faire en oublie, des gestes à caractère sexuel.
On entend par pornographie mettant en scène les enfants toute représentation, par
quelque moyen que ce soit d'un enfant s'adonnant à des activités sexuelles explicites,
réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d'un enfant, à des fins
principalement sexuelles.
Article 180. L'exposition de l'enfant à la pornographie sous toutes ses formes est punie
de cinq à vingt ans de servitude pénale principale et d'une amende de un million de
francs congolais.
Article 181. Le harcèlement sexuel sur l'enfant est puni de trois à douze ans de
servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à quatre cents mille
francs congolais.
Le harcèlement sexuel sur l'enfant est le fait pour une personne d'abuser de l'autorité
que lui confère sa position sociale ou professionnelle en exerçant sur l'enfant des
pressions afin d'obtenir de lui des faveurs de nature sexuelle.
Article 182. Le proxénétisme à l'égard d'un enfant est puni de cinq à vingt ans de
servitude pénale principale.
La peine encourue est portée de dix à vingt-cinq ans si le proxénétisme à l'égard d'un
enfant est le fait du père, de la mère, du parâtre, de la marâtre, du tuteur ou de toute
personne exerçant l'autorité parentale.
Article 183. L'esclavage sexuel d'un enfant est puni de dix à vingt ans de servitude
pénale principale et d'une amende de huit cent mille à un million de francs congolais.
L'esclavage sexuel est le fait pour une personne d'exercer un ou l'ensemble des
pouvoirs assimilés au droit de propriété sur un enfant notamment en détenant ou en
imposant une privation de liberté ou en achetant, vendant, prêtant, troquant l'enfant
pour des fins sexuelles, et de le contraindre à accomplir un ou plusieurs actes de nature
sexuelle.
Article 185. Tout acte discriminatoire à l'égard de l'enfant expose son auteur de trois à
six mois de servitude pénale principale et à une amende de cent mille à deux cents
mille francs congolais.
Article 186. Est puni de un à trois ans de servitude pénale principale et d'une amende
de deux cents mille à un million de francs congolais, tout déplacement ou rétention
illicites de l'enfant à l'étranger par un parent ou un tiers.
Article 187. Quiconque contrevient aux dispositions de la présente loi sur les pires
formes du travail de l'enfant, est puni d'une peine de un à trois ans de servitude pénale
principale et d'une amende de cent mille à deux cents mille francs congolais.
Toutefois, l'enrôlement ou l'utilisation des enfants âgés de moins de dix-huit ans dans
les forces et groupes armés et la police sont punis de dix à vingt ans de servitude
pénale principale.
Article 188. Quiconque utilise un enfant dans les différentes formes de criminalité,
est passible de cinq à dix ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux
cents mille à un million de francs congolais.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 189. Toute personne qui exerce l'autorité parentale ou tutélaire sur un enfant,
le donne en mariage ou en vue de celui-ci, ou le contraint à se marier est puni d'une
peine de cinq à douze ans de servitude pénale principale et d'une amende de huit cents
mille à un million de francs congolais.
7. Délaissement d'enfant
Article 190. Le délaissement d'un enfant en un lieu quelconque est puni de un à cinq
ans de servitude pénale principale et d'une amende de cent mille à deux cent cinquante
mille francs congolais.
Lorsqu'il entraîne une mutilation ou une infirmité permanente, il est puni de cinq à dix
ans de servitude pénale principale et d'une amende de deux cents mille à cinq cents
mille francs congolais.
S'il entraîne la mort de l'enfant, il est puni de la servitude pénale à perpétuité et d'une
amende de cinq cents mille à un million de francs congolais.
(Définition) Par délaissement d'enfant, il faut entendre le fait pour le père ou la mère,
le parâtre ou la marâtre, ou le tuteur, d'abandonner et ou de rejeter un enfant sans s'être
assuré qu'il sera en sécurité et protégé dans ses droits.
La non dénonciation des violences commises sur un enfant est puni d'une amende de
cent mille à deux cent cinquante mille francs congolais.
Article 193. Tout fonctionnaire ou officier public toute personne chargée d'un service
public qui prend connaissance d'abus ou de mise en danger d'un enfant et qui s'abstient
volontairement d'accomplir un acte de sa fonction ou de son emploi requis pour la
circonstance est puni d'une amende de cent mille à deux cent cinquante mille francs
congolais.
Article 194. Quiconque utilise un enfant aux fins de mendicité est puni d'une amende
de cinquante mille à cent mille francs congolais.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
Article 195. Tout responsable d'un établissement sanitaire public ou privé intégré dans
le système des soins de santé primaires qui ne se conforme pas à la politique sanitaire
du pays et s'abstient de donner les soins préventifs requis à l'enfant est de un à six
mois puni de servitude pénale principale et d'une amende de cent cinquante mille
francs congolais ou d'une de ces peines seulement.
2. Refus délibéré d'assurer à son enfant les soins médicaux préventifs dont les
vaccinations
Article 196. Tout parent, tuteur ou responsable légal qui refuse délibérément d'assurer
à son enfant les soins médicaux préventifs et particulièrement les vaccinations, est
puni d'une servitude pénale principale ne dépassant pas cinq jours et d'une amende de
cinquante mille francs congolais ou d'une de ces peines seulement.
Article 198. Tout parent, tuteur ou responsable légal qui, délibérément, n'envoie pas
son enfant à l'école est puni d'une amende de cinquante mille francs congolais.
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Droit pénal spécial, Notes de cours, 2016 par Manasi N’kusu-Kaleba, P.A.
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 5
Titre III. LES INFRACTIONS COURANTES PREVUES PAR LE CODE DE LA FAMILLE ... 207
Titre IV. LES INFRACTIONS PREVUES PAR LA LOI N° 09/001 DU 10 janvier 2009
PORTANT PROTECTION DE L'ENFANT................................................................................... 209