0 évaluation0% ont trouvé ce document utile (0 vote) 127 vues70 pagesAztéques (Catalá)
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DU QUAI BRANLYENTRE MYTHE ET HISTOIRE :
UNE LONGUE MIGRATION
Les Aztéques forment le dernier groupe de migrants
de langue nahuatl qui occupérent le bassin de Mexico
aux xit-xil® siécles, lls appartiennent & la période
post-classique 900-1521], période de troubles et
Ginstabilité, marquée par de nombreux mouvements
de populations dus a la chute des grandes cités de
L'époque antérieure, appelée classique (200-900)
Durant le post-classique, et plus particuligrement
dans sa derniére phase dite récente (1200-1521),
se développe un militarisme qui détermine toutes
les actions politiques et modifie les conceptions
religieuses. homme y apparait comme un auxiliaire
des dieux, dieux qui perdent leur force en jouant
leur réle dans (univers et doivent étre nourris avec
du sang humain pour survivre, dieux qui vivent,
meurent et renaissent, occupant parfois le corps
des hommes.
Ceux que nous connaissons en Europe sous le
Seul nom daztéques sont en réalité nommés par
plusieurs termes en langue nahuatl Adteque
correspond 8 Aztlan, leur lieu @origine, le terme
Mexica, quills adoptérent durant leur migration,
viendrait de Mexi, le nom secret de leur divinité
supréme Huitzilopochtli, enfin le terme Tenochca
fait référence au chef Tenoch qui les guida dans
la derniére partie de leur migration et désigne les
habitants de Mexico-Tenochtitlan.
Le bassin de Mexico, dans le Mexique central, ol
ils siinstallérent définitivement, est une région
exceptionnellement favorable a établissement
humain, Entre 2.240 met 5 445 m daaltitude, i pré=
sentait alors une grande variété d’écosystémes,
des terres volcaniques fertiles, un ensemble de
lacs riches en faune et flore, et d'abondantes:
ressources minérales. Son climat semi-tropical est
tempéré, avec une saison sche et une saisontet pratiquant (agriculture, Selon
S , cé lieu aurait vraiment existé et se
)werat dans louest ou le nord du Mexique, pour
jutres, il s'agirait d'un lieu mythique, modéle de eae 1.Tutebee
Eurfuture capitate Tenochtitlan, = <@ “chalco @ eee
és ir dieu tribal Huitzilopochtli ® Sept
“ue, probablement en 1113, les Mexicas vont 4 xetieo
quitter Aztlan pour descendre vers le lac de ‘Mane
__Tevcoco dans te bassin de Metico, Le voyage est oe
fort tong, il durera deux siécles, et comporte tae
Plusieurs étapes telles que les grottes mythiques ian
At Ohicomfstc, puis te passage dans la vile de ae
Tul aussiappelée Tolan, Cetts importante capitate 7 Gunton
VO Aazreourstees ‘par | Ss eae
jes Villes autonomes établies au bord des lacs,
en luttes incessantes, jusqu’au jour ob, en 1325 ou
en 1340, bei ssant a un signe de leur dieu tribal,
transformé en un aigle posé sur un cactus et
dévorant un serpent, ils s’établissent sur le lac
_de Texcoco.
MEXICO-TENOCHTITLAN,
CAPITALE INSULAIRE
Sur une petite ile marécageuse de la partie occi-
dentale du lac de Texcoco - lac que les Espagnols
vont assécher pour établir, sur les ruines de
Tenochtitlan, Mexico, la capitale de la Nouvelle-
Espagne, qui devint en 1821 la capitale du Mexique
actuel -, les Mexicas vont construire une cité qui
atteindra 200 000 habitants. Son histoire témoigne
de la complexité des relations existant alors entre
les nombreuses villes du Bassin.
installation de Tenochtitlan ne fut en effet pas
aisée car (ile appartenait aux Tépanéques
d’Azcapotzalco, qui dominaient alors le bassin
tion du soleil 8 son zenith, peint ae celui
de Huitzilopochtli, {e dieu tribal, dieu du soleil et
de la guerre ; au nord, vers {a nuit et le Mictlan,
le monde des morts, peint en bleu, le temple de
Tlaloc, dieu de Veau, de ta pluie et de la fertilité
Pour Leonardo Lépez Lujan, le Templo Mayor —
semble en pleine résonance avec la cosmovision
nahua et représente une synthése des oppositions —
de Uunivers, comme la saison des pluies/la saison
séche, le solstice d'été/le solstice d’hiver, le ciel
la terre et le jour/la nuit.
Le Templo Mayor lui-méme est une image de
univers ; sa base symbolise la terre, les différents
corps et les temples jumeaux les cing cieux de
la cosmogonie. Ces temples ont été agrandis douze
fois entre 1325 et 1502, selon une tradition com-
mune & toutes les civilisations mésoaméricaines.
C’est le dirigeant qui donnait Vordre de ces agran-
dissements, au terme desquels ily avait une guerre:
pour obtenir des prisonniers destinés 4 la féte
d'inauguration de (‘édifice. Ainsi le temple - copie
de Uunivers - et (empire grandissaient-ils ensemble,
D'autres temples étaient dédiés aux plus importantes:
La civitisarion azreove 11"LA TRIPLE ALLIANCE
UNE UNION EPHEMERE
Entre 1925 et 1430, les Mexicas svallient par
mariage aux dynasties les plus prestigieuses
du bassin de Mexico et continuent 3 étre les merce-
naires des cités les plus pulssantes. C'est au sein
de ces cités - Culhuacan pour les Mexicas de
Tenochtitlan, Azcapotzatco pour ceux de Tlatelolco -
Gu'ils choisissent dans la classe noble, pour se
donner une légitimité quills ne cessent de recher-
cher, leur dirigeant semi-divin, le tlatoani, chef
militaire, grand prétre et juge suprame.
En 1430, sous le régne du tlatoani Ixcoatl (1428-
M40}, Tenochtitlan acquiert enfin son autonomie
en dominant militairement Azcapotzalco et s‘allie
8 deux autres cités Puissantes du Bassin, Texcoco
et Tlacopan, habitées par d'autres groupes ethni-
aves, pour former une « Triple Alliance », excan
Hatoloyan, qui dure moins d'un siecle, brutalement
interrompue par Uarrivée des Espagnols en 1519,
Cette Triple Alliance Suit, elle aussi, la structure
12 aztéaues
_ marchands professionnels, jusqu’aux terres du
~ Soconusco (ou Xoconachcol, entre le Chiapas et le
Guatemala, riche en cacao, utilisé comme monnaie.
Ce pouvoir qui dura a peine un siecle trouvait
sa justification dans une idéologie reli
les dieux jouaient un réle primordial, contrdlant
ordre du monde. Des guerres incessantes le
confirmaient, guerres qui avaient un double but :
capturer des combattants ennemis pour les
sacrifices aux dieux et conquérir d'autres territoires
pour recevoir un tribut.
Les populations conquises versaient en effet un
tribut, constitué de produits alimentaires, matieres
premiéres et biens de prestige tels que les plumes,
Peaux de jaguar, uniformes de guerriers, tissus
de coton et pierres fines. Elles devaient également
apporter leur aide durant les campagnes militaires,
menées par les officiers de la classe noble,
appartenant aux divers ordres guerriers, dirigeant
une troupe sans solde de plébéiens qui profitaient
du butin.
En 1519, comme des prédictions avaient annoncé,
apparurent des hommes blancs et barbus,
Vimage du dieu Quetzalcdatl, entrainant une
Confusion dramatique dans esprit du tlatoant
Motecuhzoma Xocoyotzin (1502-1529).Golfe
du Mexique
° te E ;
Océan Pacifique
1 Province tributaire
Province stratégique
Capitale provinciale 9
.- Etats ennemis
100 km
empire aztéque. Hernan Cortés débarqua sur la cote du golfe du
Mexique et, aidé des populations qui avaient souffert
des opérations guerriéres des Mexicas, s‘avanga Aisi mourut une des Sarin
jusqu’aux cités de Mexico-Tenochtitlan et Tlatelolco de (Amérique indienne.1.42
IMAGES, IDOLES ET IX/PTLATIN
Lorsque Hernan Cortés et ses hommes pénétrérent
pour la premiere fois dans le bassin de Mexico aprés
avoir franchi la Sierra Nevada, ils découvrirent un
monde ol! les images religieuses tenaient une place
encore plus importante que dans leur lointaine
Espagne. lls resterent interdits devant la profusfon
des effigies utilisées pour le culte parles Azteques et
leurs voisins = iLy en avait partout, @ la croisée des
chemins qui les conduisaient Tenochtitlan, au
sommet des collines et des montagnes, 8 Uintérieur
des grottes et des abris rocheux, devant des arbres
imposants, sur les falaises et les rochers, autour des
sources et dans tous les autres lieux dela géographie
sacrée ol se rendaient les fidéles pour entrer en
contact avec le surnaturel. A l'évidence, c'est dans
les maisons, les temples et sur les places de chaque
hameau, de chaque village, de chaque ville ol ils
entraient, que les nouveaux arrivants allajent trouver
la plus grande concentration de ces témoignages
d'un ritualisme exacerbé. Ils assistérent aux innom=
brables offrandes, priéres, chants, danses et proces-
sions dont {es Indiens entouraient les représentations
divines ; ils découvrirent aussi le spectacle, courant
dans le Mexique précolombien, de ces sculptures aux
lavres barbouillées du sang des sacrifiés, contrepartie
symbolique de ingestion rituelle de figurines de
dieux en pate d'amarante pratiquée par les fidéles.
Ce ne sont pas seulement le nombre et lubiquité de
ces étranges figures fagonnées dans tous les maté-
riaux imaginables qui suscitérent ('étonnement des
Espagnols. Ils furent également émerveillés par leur
incroyable diversité, comme Uobservait fray Toriblo
de Benavente des années aprés Ueffondrement de
empire azteque :
« {ul Ils avaient des idoles de pierre et de bois:
et de terre, et d'autres encore faites de pate et
de graines, et ity en avait de belle taille, dautres
6dela péche.
Be ts
dela péche. [.J lls avaient pour dieu le feu et
* Yair et eau et la terre ; dont ils avaient des figures
~ peintes, [...] et de bien d'autres choses ils avaient
des figures et des idoles en ronde-bosse et
en peinture, et méme des papillons, puces
et sauterelles, et fort grandes et bien travaillées”. »
Aprés ces premiéres approches d'une plastique qui
était dans une large mesure au service de {a foi
des indigénes, lentreprise de conquéte - d’abord
militaire, puis spirituelle dirigea une de ses plus
Grandes offensives, et une des plus efficaces, contre
lesicones religieuses azteques et tout ce qui pouvait
Yressembler. Pour ce faire, les fervents iconolatres
de Castille, 'Estrémadure et d’Andalousie ressusci-
trent Varchétype méditerranéen de Limago negativa
~ Cest-a-dire paienne - pour Vappliquer a leurs nou-
eave adversaires, qualifiant indistinctement leurs
representations figuratives d'« idoles ». Ces créations
{urent jugées « abominables », sans autre forme de
Procés, et réduites - selon un schéma manichéen du
bien et du mal absolus - soit Cétat de choses, de
16 aztégues
yam siecle, Seules échapperont a la destruction les
offrandes dédicatoires que les vaincus et leurs ancétres
avaient enterrées a lintérieur de leurs pyramides et
les images mises a Uabri du zéle évangélisateur dans
les endroits tes plus secrets‘. Quelques monolithes
réussiront aussi 8 étre sauvés dans certains cas
exceptionnels, lorsque les Espagnols jugérent bon de
les remployer dans les fondations de leurs maisons
seigneuriales, leurs églises ou leurs places®. Comme
on pouvait s'y attendre, annihilation des dieux indi-
génes fut suivie d'un rapide processus de substitution
iconique : les crucifix et les images des vierges et
des saints qui répandaient désormais leur vérité sur
les autels incarnaient imposition du nouveau dagme
et le monopole du sacré.
La double stratégie de destruction et de substitution
ne tarda pas a révéler son efficacité, en s'attaquant
directement a ce qui représentait aux yeux des
‘Azteques la source principale de leurs pouvoirs sur-
humains. Car ils voyaient dans chaque effigie de culte
~ tout comme dans les dirigeants, les prétres et les
victimes qui personnifiaient les dieux - un ixiptla, une
«peau», une «couverture», une «coquille» du
divin, Clest-a-dire un réceptacle des influences, des
vertus et des forces que les divinités insufftaient dans
la matiére pour le bien de leurs protégés*.
La nature dixiptia de Cimage découlait de sa ressem-
blance avec le dieu qui Uhabitait et lui donnait vie. Les
mythes racontent qu'une telle resemblance remontait
Parfois & Cube des temps : a cet instant génésiaque,lesrayons du soleilse répandirent surlaface delaterre
en pétrifiant un grand nombre de dieux. Ils restérent
emprisonnés dans la matérialité de la roche jusqu’a ce
que thomme les identifie pour les vénérer sous leur
aspect naturel ou dégayer, & coups de ciseau, leurs
formes de la gangue qui es enveloppait. Dans d'autres
as, Cétaient les artistes qui par leur habileté créaient
la ressemblance en «apprenant & mentir» & la pierre,
aU bois ou: la terre, Mais le contact avec la divinité
niallait pas sans risques, il pouvait entrainer la maladie
‘ou la mort. Nous savons, par exemple, que les sculp-
teurs mayas du xvt siécle se protégeaient en observant
le jeGne et Uabstinence sexuelle, et en faisant des
offrandes d'encens et de sang; ils se retiraient dans
des endroits écartés pour tailler les effigies et & mesure
Quils les achevalent, ils les rangeaient dans de grandes
jarres quiils refermaient soigneusement’.
Trés souvent, les Aztéques munissaient les statues
d'un «coeur», nouveau rappel de leur fonction de
réceptacle du divin: dans une cavité ménagée au
niveau de la poitrine, ils placaient une pierre semi-pré-
cieuse qui animait la matiére. Ces cceurs - les recher-
ches archéologiques nous l'apprennent ~ étaient des
peries, des ornements doreilles ou de petites tétes en
pierre métamorphique verte, qu’on recouvrait ensuite
avec un couvercle en pierre volcanique ou en stuc®
Une fois la sculpture achevée et activée par des
pratiques magiques, rares étaient ceux qui osaient
soutenir 'éclat des yeux d’obsidienne ou de pyrite
de la statue. Le pouvoir attribué aux sculptures était
tel qu’en temps de guerre, les Aztéques tentaient
par tous les moyens de dérober les dieux de leurs
ennemis. Non pour les détruire et imposer leurs
propres divinités, comme le feront les Espagnols,
mais pour dépouiller les vaincus de leur force
divine. Aprés avoir mis le feu aux temples en signe
de victoire, les Aztéques s‘en retournaient en liesse
a Tenochtitlan, portant sur leurs épaules les effigies
“capturées, Les images étaient apportées comme
trophée de guerre au temple Coateocalli, oi elles
étaient exhibées a cété des dieux des autres nations
soumises par (empire?. Les Azteques effectuaient
également de grandes fouilles dans les ruines de
Teotihuacan et de Tula, afin de récupérer les images
quiils pensaient étre (ceuvre de dieux, de géants ou
de peuples mythiques'®.
SCULPTEURS, OUTILS ET TECHNIQUES
On peut s’étonner que les sources historiques du
xvit siecle ne mentionnent nulle part te nom d'un
Phidias cu d'un Michel-Ange indigenes, surtout
quand on songe que les Aztéques comptent parmi
les sculpteurs les plus créatifs et prolifiques de
Uhistoire universelle de Vart. Tout porte a croire que
ce peuple n’attachait aucun prix a la gloire ici-bas ni
a la renommée posthume des artistes 4 qui on doit
des sculptures aussi magistrales que la Pierre du
Soleil ou la Coatlicue, en opposition flagrante avec
'éclatante célébrité dont jouissaient les dirigeants,
les militaires de haut rang, quelques prétres et méme
un historien'. Un tel anonymat pourrait trouver sa
justification dans certains textes qui présentent les
grands maitres, non comme les véritables artisans de
lus prédestinés
leurs ceuvres, mais comme des indi
= souvent pour étre nés le jour 1-xdchitl {« 1-fleur ») =,
qui puisaient leur inspiration et leur virtuosité dans
une révélation'? et une possession divines. Cette
hypothase est étayée par le fait que Uartiste était tenu
pour un yoltéotl (« cceur divinisé »] et considéré,
par extension, comme un t/ayolteuhuiani (« celui qui
agit avec le cceur divinisé sur les choses’ »),
La scuterune aztéque 17instar des autres artistes paste
jgnés par le nom générique
de toltécah (« Tolteques »), allusion évidente : i
mmythique Tollan. Avant de se disperser de pa
monde, {es habitants de cette cité archétypale
appartenaient & ‘ensemble des races humaines,
parlaient une méme langue et étaient habiles dans
tous les «arts mécaniques », lesquels avaient été
inventés par leur chef Quetzalcdatl'’. On trouve
aussi des dénominations plus précises en fonction
des matériaux et techniques employés : par exemple,
les tetzotzonque sculptaient les roches volcani-
ques, les tlatecque étaient spécialisés dans la taille
de pierres semi-précieuses, les tlaxinque étaient
les sculpteurs sur bois"
Nous ne savons pas grand-chose sur la condition
sociale des sculpteurs au post-classique récent'*,
Pour la cité.alliée de Texcoco, les sources mentionnent
de maniére laconique que les fils de nobles appre-
naient @ travailler la pierre, le bois et les métaux"”,
Méme en admettant que cette situation alt pu exister
Tenochtitlan, ilne fait pourtant aucun doute que la
majorité des sculpteurs de lle étaient des gens du
Peuple. La plupart d’entre eux vivaient dans les
Quatre grands secteurs de la ville, regroupés dans
differents calputtin, c'est-8-dire dans des unités
territoriales semblables 8 nos quartiers, dont les
habitants avaient des liens de parenté et exercaient
leméme métier, Certains artistes, peut-éire les plus
doves, résidaient au palais ro
appelée Totocalli qu’ils
Les sculpteurs, 8 i
ques, étaient dési
yal, dans Uenceinte
Partageaient avec les
Gardiens du parc zoologique'®
is #® sculpteurs de Tenochtitlan, ceux vivant dans
©8 calpultin comme ceux dy Palais, répondaient
® Fappel du roi lorsque c¢ males convoqua
ici
S conv
S travaillaient souvent en Collaboration avec des
18 srthouesCi-CONTRE, EN HAUT >
Les tetzotzonque sculptaient
{es raches voicaniques
{Codex de Florence,
1575-15771.
Ci-cowTRS, EN Bas,
DE GAUCHE A DROITE
Les tlatecque étaient
spécialisés dans la taille de
pierres semi-précieuses ;
{es tlaxingue étaient
les sculpteurs sur bols
(Codex Mendoza, vers 1561),
Ciepessus
Les dilférentes manieres
de sculpter la pierre
[dessin «Julio Romero}
fais si leur travail donnait satisfaction, ils recevaient
guise de rétribution des charges de mais, de hari-
. amarante, de graines de chia {un oléagineux],
de piment, de graines de courge, de cacao, de sel et
de coton, ainsi que des manteaux, des vétements et
des esclaves, Il arrivait, de maniére exceptionnelle,
‘que le roi distingue certains artistes - auxquels il
Sadressait par la formule « mes péres et aieUx » -
et leur octroie des titres et des insignes?!.
Les sculpteurs aztéques avaient des moyens relati-
ss, en décalage par rapport au trés haut
degré de développement que leur civilisation avait
atteint dans Vorganisation sociale et dans dautres
domaines du savoir. Ils continuaient 8 employer les
outils et les techniques de taille mis au point sur le
territoire mésoaméricain plusieurs millénaires
auparavant ; ces procédés, qui n’avaient pratique-
ment pas éyolué, correspondaient au niveau techni-
que du néolithique européen. Et pourtant les artistes
de Tenochtitlan, taillant pierre contre pierre, ont
atteint une qualité plastique qui émerveilla les
Espagnols du xvi siécle et qui surprend encore
aujourd'hui. « C’était chose admirable et digne de
vernent li
ae See een :
sans manche, soit fixés au bout d'un manche en
bois, soit 8 la maniére dun ciseau en placant le
tranchant sur la surface & sculpter et en frappant
autre extrémité avec un maillet en bois. Dans|
trois cas, Uoutil en pierre servait 4 travailler le bloc
initial par percussion, Le sculpteur proc&dalt ainsi pour
épanneler le bloc couche par couche avant débaucher
la forme générale, de dégager les principaux plans
de la sculpture et de modeler les surfaces.
Uoutillage indigéne comprenait également des
coins de bois pour séparer les gros morceaux de la
roche ; des marteaux de pierre pour pulvériser les
irrégularités de surface ; des percoirs coniques fen
pierre} et tubulaires (en os) pour pratiquer des cavités ;
des lames d'obsidienne, de quartz et de silex pour
scier, entailler et tracer les motifs. Sans oublier
le matériel de polissage, comme les limes de grés
at les abrasifs faits de sable et de silex broyé, et
les outils de brunissage (baguettes, roseaux, huaxin
= sorte de courge -, cuirs]*5.~
‘Avec cet outillage rudimentaire, les sculpteurs
aztéques se sont attaqués avec talent toutes sortes
de matériaux durs, Leur travail était naturellement
La scucprune azrkeve 17.tras différent de celui des artistes qui créaient des
-_ images en argile, résine, caoutchouc ou pate d’ama-
_rante. Les procédés de modelage permettaient
‘laborer rapidement des figures par adjonction de
‘matiére plastique aisément malléable, en partant
du noyau de la piece vers Uextérieur. Les sculpteurs
Sur pierre se livraient au contraire a une opération
longue, pénible et physiquement éprouvante : ils
Gevaient supprimer la matiére excédentaire de
Vextérieur vers Uintérieur, a force de coups. Méme
sills partaient toujours d'un modéle — une image
mentale, une maquette, une esquisse, un croquis -
et peut-étre de dessins préparatoires tracés sur le
bloc, aucun repentir n'était permis car chaque coup
était irréversible%,
MATERIAUX ET GISEMENTS
Les roches ignées effusives occupent une place pri-
vwilégiée dans (univers de la sculpture aztéque,
comme en témoignent les collections du musée
du quai Branly. Une telle prépondérance résulte
trés certainement d'un choix délibéré de la part
des artistes et des mécénes, mais aussi de deux
facteurs non négligeables. Tout d'abord, le bassin
de Mexico @ connu une intense activité volcanique
dans son passé récent, raison pour laquelle on n'y
trouve pas d’affleurements de roches sédimentaires
et métamorphiques. En second lieu, les civilisations
mésoaméricaines n‘utlisaient pas la roue puisqu'elles
ne disposaient pas de bétes de trait et de somme??,
Ces conditions ont tout naturellement restreint
le transport de roches exotiques - notamment de
grands blocs ~ qu'il fallait chercher dans des
régions lointaines, situées de surcroit derriére les
hautes montagnes entourant le Bassin, Les Aztéques
20 azreaues
employaient par conséquent les mémes matériaux
lithiques en sculpture” et pour batir les pyramides??
le basalte Imetitet] gris et noir; la scorie volcanique
{tezontii) de coloration rougeatre, violacée ou noiratre ;
et Vandésite (iztéctetl, tenayocateti] aux nuances
pales dans les tons roses et violets”. On trouve
accessoirement des porphyres et des rhyolites,
deux autres roches éruptives également originaires
du bassin de Mexico.
Les formations géologiques fournissant les roches
volcaniques que nous venons de mentionner séten-
daient pratiquement jusqu‘aux limites du systeme
{acustre entourant Tenochtitlan, ce qui simplifiait
considérablement les opérations d’extraction et
de transport des matériaux”, d’autant plus que les
Aztéques réquisitionnaient tous les peuples riverains
Pour ces travaux pénibles. D’aprés certaines sources
historiques, lorsque les rois de Tenochtitlan déci-
dalent de faire sculpter un nouveau monolithe pour
Lenceinte sacrée, chacune des cités réquisitionnées
devait fournir d'importants contingents dthommes
qui se retrouvaient dans les carriéres de Cayoacén,
Acocolco Ayotzinco] ou Aculco (Chalcol. lls se
servaient de cordes, de leviers et de « carretoncillos »,
sorte de traineaux sur lesquels ils faisaient glisser
les grandes roches®. Au milieu des cris et des
chants, ils extrayaient les blocs, puis les transpor-
taient sur des distances qui n’excédaient jamais une
Quarantaine de kilometres, souvent encouragés par
des danseurs, des musiciens et des bouffons. Grace
2 des calculs modernes, on estime que pour dépla-
cer un monolithe d'environ 24 tonnes ~ comme la
Pierre du Soleil -, il aurait fallu 8 Cépoque la force
conjuguée de 363 3 816 hommes”.
Lorsque les blocs arrivaient dans la capitale de
empire, les tetzotzonque attaquaient au ciseau lesSculpleurs azteques
talllant sur les rochers
de Chapultepec Uelfigie de
Motecuhzoma | & approche
de sa mart
(Duran, 1579-1581),
surfaces dures, rugueuses et toujours fragiles. Le
résultat final dépendait dans une large mesure du
talent de Uartiste, de son outillage et des techniques
mises en ceuvre, mais toujours dans les limites du
possible fixées par les qualités intrinséques de la
pierre volcanique. Car les roches du bassin de Mexico
ne permettent ni (a finesse des détails ni le poli
intense qu'on peut obtenir, par exemple, avec le
marbre“. On ne peut pas non plus tailler des arétes
vives, des entailles profondes, des perspectives
delicates ou trop prononcées, sans mettre en péril
intégrité de Uceuvre. Manifestement, les sculp-
teurs aztéques étaient conscients des contraintes
imposes par le matériau auquel ils se mesuraient
jour aprés jour. On voit comment leurs ceuvres ont
su s'adapter aux volumes de la pierre, Les formes
simples, ramassées et arrondies sont privl
sans reliefs trop saillants ni évidements excessifs,
On remarque également des surfaces adoucies et
convexes {comme sous la pression dune force
pneumatique venue de lintérieur} dont les details
ont di étre amplifiés pour ne pas disparaitre dans
les rugosités de la pierre®.
Les sculpteurs aztéques ont employé bien d'autres
matériaux, mais il ne faut pas oublier que la dimen-
sion des ceuvres était fonction de f
gisements. Les lapidaires [tlatecquel taillaient des
piéces d'une extréme finesse, généralement de
dimensions réduites, avec lobsidienne {itztetil verte
de la Sierra de las Navajas et grise d’Otumba,
le travertin blanchatre [iztacchalchihuitl} de Puebla
et Oaxaca, les pierres métamorphiques vertes
La seucerume aztkove 2(quetzalitzti, quetzaichalchihuitl, chalchihultl, mixte-
ccatetil de Puebla, Oaxaca et Guerrero™, la pyrite
fapetztl) d'Oaxaca’” et les coquillages [tapacht,
teccizt] des océans Atlantique et Pacifique™.
Diautres sculpteurs travaillaient différents matériaux
origine organique, comme (os, les andouillers de cer-
vide" et le bois. Il faut ajouter & cette longue liste les
minuscules piéces en obsidienne, pyrite, coquillage,
jais (évtet), turquoise lxihult, teuxthuit) et feuille dor
Icéztic teocuitlati) qui étaient incrustées sur les sta-
tues pour figurer les yeux, les dents et les ornements,
ou fies en guise de mosaiques et revétements¢!
Lorsqu'on voit les sculptures azteques exposées
dans les musées du monde entier, avec leurs surfaces
de pierre nue ol dominent les tons gris, rosés ou
violacés, ilfaut les imaginer chargées de couleurs®.
Comme dans l'art antique grec et égyptien, prati-
SSWOGS SSS SSS
RS
quement toutes étaient peintes, La palette chroma-
tique aztéque se limitait 3 quelques couleurs ;
rouge d'hématite {tlalchichilli, tiéhuitl), ocre de
goethite (teculxtl, tecozahulti), blanc de calcite
(tizat, etizat!, chimaltizatl}, noir de fumée (tlilli écotl),
et bleu d'indigo {tacehuilli, xiuhquiliti) et d’argile
(sépiolite, palygorskite)®. Ces cing pigments utili-
és purs étaient appliqués directement sur la pierre
ou sur un enduit de chaux. Les couleurs conféraient
aux ceuvres Un plus grand réalisme, car elles
correspondaient aux teintes naturelles ; ainsi, on
choisissait le rouge pour le cuir, Uocre pour lor et
le mais, le blanc pour les coquillages et le coton,
le noir pour les cheveux, le bleu pour les bijoux de
Pierre et les plumes. Les peintures appliquées sur
le Visage et le corps des statues servaient égale-
ment & identifier les divinités représentées,
i {
SSNS
|
eee
SSS
Au milieu des cris et
ddes chants, les sculpteurs
cextrayalent les blo Durén, 1951, 1, p. 514.
™ Durén, 1951, 1p. 194,
Arregui, 1974, pp. 17-21,
% Arreguin, 1974, pp. 41, 84.
®Mirambell, 1968, pp. 27-28.
4% Rich, 1976, pp. 3-5 Chel, 2000, pp. 37-98,
3 Lépez Austin et Lépez Lujén, 2001,
pp, 239-246,
Ct, catalogue n** 1,19, 20, 36 et 87.
27 Ct catalogue n® 23.
% Sshagin, 1950-1982, 11, pp. 222-223,
226-227, 290-231, 237.
2% Cf catalogue n° 85.
Cr, catalogue n™ 79-82,
* Sahagtin, 1950-1982, 11, pp. 223-224, 228,
233-234,
“Nicholson, 1985 ; Lopez Lujin et Chiari
2004,
‘© Sahagin, 1950-1982, 11, pp. 242-264, 257.
4 Lépez Lujan et al, 2003.
4 Matos, 1990); Lopez Lujan et Chiari, 2004,
4 Atvarado Tezozémoc, 1944, pp. 114115, 157.
‘Nicholson 1968; Townsend, 1979, pp. 15-22
4 Nicholson, 1971. p. 119 Townsend, 197%,
1.15 ; Umberger, 1987; Lépee Lujén,
1987, 2003; Fuente, 1990,
HCL catalogue n® 2-17, 21-28, 30.31,
"Of catalogue n™ 32-35,
Or, catalogue n? 18.
Chcataloguen 46-48
Gendrop et Diaz, 1994,pp. 71111,
Of catalogue n* 58-85, 67-68, 70-72. 76.
Ct, catalogue n® 49-57, 60,
Gutiérrez Solana, 1983 ; Gendrop et Diaz,
1994, pp. 21-49. .
“Ch catalegue n™ 77-79, 84,
Of, catalogue n™ 80-83, 85,87.
Krickeberg, 1969 ; Marcus, 1982; Lépez
{uj et Jiménez, 1987 ; Lopez Lujim et
Morelos, 1982.
™ Gt. catalogue n* 1,16, 2%, 6, 69, 73, ae
15-78, 86. .
Ct catalogue n* 23,77, 79, 81-82, 86-85.
Nicholson, 1985; Boone, 1982.
Nicholson, 1973 ; Pasztory, 1983,
pp. 7289,
7 Townsend, 1979, p71,
La scutprure azreove 270se boit », « (@ifemme qui
premiére fois, du pain, diautres vivres-et
des ragoits ». Il existait par conséquent
dinnombrables effigies de cette déesse,
depuis les plus humbles, grossiérement
sculptées pour le culte familial des
communautés rurales, jusqu’aux plus
raffinées destinées aux temples publics
des grandes cités, Toutes les représen-
tations de Chicomecéatl se caractérisent
par le port d'une coiffe architecturée de
grandes dimensions, appelée amacalli.
Cette coiffe était formée par une arma-
ture de baguettes de bois ou de roseaux
recouverte de papier et de corde;
elle était couronnée par des merlons
et encadrée de rosaces et de longues
bandes de papier. En régle générale,
les statues ont le visage peint en rouge,
avec Sur les joues une ou deux bandes
noires verticales, et portent des sceptres
de bois et papier surmontés d'une paire
d'épis de mais (cémmaitl
‘Au cours du mais de Je Huey tozortli, S
tes je jeunes les apportaient au temple
Pour la féte d’Ochpaniztli, on sacrifiait
une esclave dgée de douze ou treize ans
qui incarnait Chicomecéatl. La jeune
fille coiffée d’une plume verte symbolisait
le mais prét & étre récolté. Elle était
égorgée et écorchée, puis un prétre
revétait sa peau, son costume et ses
insignes pour exécuter une danse sur
la place du Templo Mayor. Des femmes
portant sept épis sur le dos étaient
également chargées de distribuer
4 la population les grains sacrés
pour la saison suivante.[car 1] CHICOMECOATL(Car. 2] CHICOMECOATL
MATERIAU ro anique dense
de couleur brun
DIMENSIONS
PROVENANCE D'APRES L'INVENTAIRE
INVENTAIRE M.0,
COLLECTION A(car. 2] CHICOMECOATL
MATERIAU roche v
anique dense
DIMENSIONS 57,6 x 23 x 17 cm
PROVENANCE D’APRES LINVENTAIRE
é i 919
untepec, E rouvée e
INVENTAIRE M.0.8. 7
COLLECTION Aubert, dFigure extraite de Kingsborough, 1831
lear. 3] CHICOMECOATL
MATERIAU roche volcanique poreuse
de couleur grisitre
DIMENSIONS 63,5 x35 x 18,2cm
INYENTAIRE M.0.8. 71.1887.155,13
(MH. 87,155.13 [M.E.T, 20013)]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
nationaux, 1887 ; anciennes coll
et Castaheda
BIBLIOGRAPHIE Kin
2
lections Dupaix
igsborough, 1831, v. 1,
Série, pl.ll,n° 5 ; Longpérier, 1850, p. 15,
n° 13; Anonyme, 1851, pp, 96-98
Basler et Brummer, 1947, p. IX, pl. 988
Bernal et Simoni-Abbat, 1986, p. 344, fig. 317
66 azriouns
s aux grands temples
Des ceuvres de cette qualité, probablement destinges aux grands "a
les ateliers spécial
ou aux sanctuaires des élites, étaient produites dans les ateliers SP 4
jent dispar
des grandes cités du Mexique central. Bien que les jambes aien
tant
Je en pied portar
iest évident que cette statue représentait un personage en pi cule
ents doreille
les attributs de la déesse du mais : amacalli, orements dorell
ar
et cémmaitl. La fi
gure est également vétue d'un cuéit/ lisse, fixé
ies
ndeur des ca
une ceinture attachée avec un nceud plat. D'aprés la profondeu
ments
oculaires et de la bouche, les a chs eee
@ (a base du cou et sous le menton, il semblerait que le visage et “gi
ne s‘agirait
Solent recouverts d'une peau humaine. Dans ce cas, il ne s'ag}
dune représentation de Chicomecéatl, mais du prétre abies
de la sacrifiée incarnant la d d Ochpaniatli
le visage
je n coiffe et le vis
de pigment rouge sur la coiffe
ailleurs d'ab,
dantes traceUcar. 61 CHICOMECOATL
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur rosatre
DIMENSIONS 41,6 x 20,4 x 16,7 cm
PROVENANCE D’APRES L'INVENTAIRE
ville de Mexico
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.96
IMH. 78.1.96 (M.E.T, 8113 ; Boban ? 1643]
COLLECTION Pinart, don au musée
d'Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
ancienne collection Boban
BIBLIOGRAPHIE Basler et Brummer, 1947,
Pp. Vill, pl. 818 ; Gendrop et Diaz, 1996,
pp. 158-159, fig. 231
Cette élégante sculpture parait hésiter entre le bas-relief et la ronde-bese
Concue pour étre wue frontalement, elle concentre la plupart de ses atrius
sur sa face antérieure plate qui contraste avec les autres cétés, dont es
grands volumes taillés plus implement fournissent peu de renseignens
supplémentaires. La déesse est paisiblement assise sur les talons, mas
son corps est ici subordonné aux attributs qui lidentifient avec le mais.
Développés au maximum, ils occupent une grande partie de espace
Visuel : 'amacalli, qui se distingue par ses arétes vives et la sobristé
de son ornementation ; et les deux cémmaitl, formés chacun d'une pai
d'épis rouges, d'une large traverse de bois et de grandes franges de PaPé®
Encadré par la ligne ocre de la chevelure, le visage rouge de indies
merge avec son menton pointu d'un plan plus profond. Les joues #28
apparemment peintes en noir. Chicomecéatl est simplement vetue
d'un quechquémit! et d'un cuéit/ lissela puissante
errestres et des m 5. une parure en papier. sli surta nage
__ lamacuexpaiiil et un collier de Perles
jlement Acuecuéyo
__ Les récits mythiques en font la compagne
du dieu de la pluie, Tlaloc, avec qui elle
it engendré Tecuciztécatl, personni-
‘fication de la lune, Sous son aspect
benéfique, Chalchiuhtlicue était vénérée
des rois et des seigneurs, qui affirmalent
que la déesse de l'eau, la déesse du mais
{Chicomecéatl) et la déesse du sel
(Huixtocihuatl) « nourrissaient les gens
du peuple pour qu’lls pussent vivre et
se multiplier ». Les accoucheuses
invoquaient en baignant les nouveau-nés
pour qu’elle les purifie avec ses eaux.
Mais a Cinstar de tous les dieux
du panthéon aztéque, Chalchiuhtlicue
avait aussi un aspect farouche.
On croyait que si Yon déchatnait sa colére,
la déesse provoquait des tempétes
et des tourbillons pour faire couler
(es bateaux et noyer les hommes,
C'est ainsi qu’on (ui attribuait la terrible
inondation qui dévasta Tenochtitlan
en 1499, lorsque se rompit 'aqueduc
amenant l'eau de la source d’Acuecuexco,
située dans la seigneurie de Coyoacan,
Du point de vue iconographique,
Chalchiuhtlicue est représentée avec
de la peinture faciale rouge et une ou
deux bandes noires verticales sur chaque
Joue. Elle porte généralement un diademe
Ae pierre vert. Elle tient dans ses ming
‘un bouclier omé d'un nénuphar pein,
lun sceptre-sonnaille[chicahuazi)
ou les outils & tisser.
Dans le calendrier dvinatoire,
Chalchiuhtt
du jour, la si
{a patronne du jour cdatl le serpent»)
et elle présidait la funestetreizaine cu
‘commencait le jour T-acatl [« 1-roseau |,
Plusieurs mois du calendrier solace
étaient consacrés : Aticanualo, ol ele
tait adorée avec les dieux de la pluie
et des vents ; pour Etza/cualiztli
les marchands d'eau et les construceus
de barques tui offraient un esclave:
au cours du mois de Muay Tozozti,
tune victime incarnant la déesse eat
sacrifige et son cadavre jeté dans
le tourbillon de Pantitlan, sur le lac
de Texcaco : pour la féte de Tepeilthut!
et Atemoztl, on confectionnalt are:
de la pate d’amarante des figurines
de la déesse en forme de montagne[car. 10] CHALCHIUHTLICUE
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur grisatre
DIMENSIONS 91,1 x 97,5 x 22,1 cm
PROVENANCE D'APRES LINVENTAIRE
vallée de Mexico
INVENTAIRE M.0.8, 71.1878.1.97
(MH, 78.1.97 (M.E.T. 8168)
COLLECTION Pinart, don au musée
#Ethnographie du Trocadéro, 1883
ancienne collection Boban
1s de Chalchiuhtlicue qu
ebout, le[ear 11] CHALCHIUHTLICUE
MATERIAU roche volcanique dense Ce fragment endommagé d'une figure féminine entigre pos,
de couleur grisatre ; pigment ocre de goethite tous les attributs iconographiques de la piece précédente (cat 0 «¢
et rouge d'hématite et se distingue comme elle par ses grandes dimensions et le bon a,
DIMENSIONS 45,9 x 32,9 x 18,5 cm de conservation de sa polychromie. Les seuls traits distinct
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.90 la perforation cylindrique au sommet de la
TM.H, 78.1.90 (M.E.T. 8116)) des bandes du diadéme et la parure élaborée ornant la poitrine, com.
COLLECTION Pinart, don au musée Giun disque dor ledztio teoc
d’Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
ancienne collection Boban
Jacomalli] suspendu a une c
et d'un collier 4 quatre rangs de perles bleues cylindr
BIBLIOGRAPHIE Basler et Brummer, 1947,
p. X, pl. 1058a
dela fertilité, ont en commun certains
traits iconographiques, comme la peinture
~ faciale rouge avec des bandes noires
verticales. En revanche, d'autres attributs
‘sont associés aux champs d'action
respectifs de chaque déesse et permettent
par conséquent aux spécialistes de les
distinguer. Nous avons vu que la déesse
du mais était identifiée par lamacail
et le cémmaiti, tandis que la déesse
des eaux terrestres et marines
se caractérisait par le diadéme orné
de glands sur les cétés et Cornement
de nez en forme de xiuhpapalotl.
On trouve néanmoins un nombre limité
de sculptures qui, dérogeant aux régles
habituelles, réunissent les attributs
théoriquement exclusifs de chaque
déesse, ce qui prouve qu’ll n’est pas
pertinent d’établir des distinctions
catégoriques dans le panthéon aztéque:MATERIAU roche volcanique dense
de couleur grisatre ; pigment ocre de goethite
etrouge dhématite
DIMENSIONS 33,8 x 20,3 x 13 cm
PROVENANCE D’APRES LINVENTAIRE
Mexicaltzingo, District fédéral
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.98
(MH. 78.1.98 (M.E.T, 8109)
COLLECTION Pinart, don au musée
graphie du Trocadéro, 1883,
ancienne collection Boban
BIBLIOGRAPHIE Hamy, 1897, p. 29, note 6 ;
Basler et Brummer, 1947, p.X, pl. 109
Simoni-Abbat, 1976, p. 72
Bernal et
Simoni-Abbat, 1986, p. 339, fig. 311
Son fro
attach
6 derriere
oe[car. 17] CHALCHIUHTLICUE-CHICOMECOATL
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur violacée
DIMENSIONS 43,4 x 23,9 x 15,5 cm
INVENTAIRE M.Q.B. 71.1887.155.20
IM.H. 87.155.20 (M.E.T, 200011]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
nationaux, 1887 ; anciennes collections Dupaix
et Castaneda
BIBLIOGRAPHIE Kingsborough, 1831, v. IV,
2¢ série, pl. , n° 8 ; Longpérier, 1850, p. 11, n®
Anonyme, 1851, p. 96 et 98;
Basler et Brummer, 1947, p. X, pl. 108
Bernal et Simoni-Abbat, 1986, p. 338, fig. 310;
Gendrop et Diaz, 1994, p. 152, fig. 222, fig. 226
TeOUES
Chef-d’ceuvre de l'art aztéque, cette statue prouve qu'il sufft d'un seul
ornement pour fusionner symboliquement les divinités aquatiques etceles
de la végétation. Nous voulons parler de imposant collier qui couvre
la poitrine ; les quatre rangs combinent harmonieusement des dizaines
de perles de pierre verte - image des gouttes d'eau petrifiées - cing ¢?s
de mais encore dans leurs enveloppes foliacées, et quatre paires de utars
union des powvoirs fertlisateurs est réatfirmée parla peinture facile o®
et les traces de couleur noire sur les joues. La déesse porte également
sur le front et derriére la téte le diadéme et les parures caractéristiauss
de Chalchiuhtlicue ; le quechquémit! orné sur le dos de trois glands:
et le cuéit! fixé a la taille par une ceinture. Le visage délicat de la déess®,
nt
: es, donne
sa posture, assise sur les talons et les mains posées sur les cus
te indiquet
arfaite sérénité, Des traces de colle nad
Une stall?
Etienne:
au spectateur une impression de pi
que la statue avait des incrustations sur les yeux et la bouche
similaire est conservée au musée diArt et dindustrie de SaintS DIVINITES
[car. 18] XOCHIQUETZAL
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur brun clair
DIMENSIONS 51,4 x 21 x 17,6 cm
PROVENANCE D’APRES L'INVENTAIRE
vallée de Mexico
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.106
IM.H. 78.1.106 (M.E.T. 11599 ; Boban 1626]]
COLLECTION Pinart, don au musée
@Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
ancienne collection Boban
BIBLIOGRAPHIE Hamy, 1897, pp. 29-30, pl. XV,
n° 45 ; Basler et Brummer, 1947, p. X, pl. 102;
Chefs-d'ceuvre de I'Amérique précolombienne,
1947, n? 55 ; Harcourt, 1948, p. 74
Nicholson, 1963, pp. 17-18 ; Lehmann et Simoni,
1965, pp. 190-191, n° 69
Les figures féminines coiffées, comme celle-ci, d'un large diadéme orné
de fleurs [icpax6chitl) sont rares dans la statuaire aztéque. Cet attribut permet
de Uidentifier 3 Xochiquétzal (« plume fleurie »], jeune déesse de la beauté,
de l'amour et du plaisir, patronne des tisserands et des artistes. Si le nombre
de fleurs formant le diadéme varie selon les codex, ily en a généralement
sept sur les sculptures. Ce qui est significatif, car le jour 7-x6chit! (« 7-fleur»
du calendrier divinatoire était dedi a cette divinité et a son homologue
ion Pinart
masculin, Xochipilli-Macuilxéchitl. Cependant la statue de la col
est couronnée de huit fleurs, chacune composée de six ou sept pétales.
Le diadéme est posé sur la chevelure lisse de la déesse, dont le visage
est encadré jusqu’aux tempes par une frange, Au-dessus des omements
indent
doreilles annulaires, les cheveux sont rejetés en arriére et des
dai
Mais on distingue, sur le cété droit
aration
s jusqu’a la hauteur des coude:
de la piéce, une légere rainure verticale qui semble marquer une sé
entre les cheveux (courts, dans ce cas] et un foulard couvrant le do:
Le visage de la déesse est réaliste : les yeux semi-circulaires, le nez dro
saillantes, la bouche ouverte laissant apparattre les dents.
le
les pommette:
Elle se tient debout et immobile, les pieds nus bien plantés sur un soc
quadrangulaire, Elle a les bras collés au buste, les avant-bras tendus
elle et les poings serrés comme si elle tenait quelque chose verticalement
ge bordure et de neu!
La déesse est
ue d'un quechquémit! orné d'une lar
gros glands, et d'un cuéit/ end au us du genou.et iconographiquement 3 Tezcatlipoca,
mais il posséde aussi d'importants
attributs célestes, solaires et ignés.
Sa forme animale est le colibri ou U'aigle,
deux oiseaux trés agressifs. Sous son
aspect humain, Huitzilopochtli est
reconnaissable aux bandes horizontales
jaunes peintes sur son visage
et son casque de plumes de colibri.
Un célébre mythe raconte comment
Coatlicue, déesse de la terre, tomba
enceinte aprés avoir ramassé et gardé
en son sein une boule de plumes tombée
du ciel, alors qu'elle faisait pénitence
en balayant au sommet de Coatépec
{la « montagne des Serpents »].
Ses enfants, Coyolxauhqui (déesse de la
lune) et les quatre cents Huitznahua
{les étoiles), se sentant déshonorés:
décidarent de tuer leur mére. Mais alors
quiils s‘apprétaient a le faire, Huitzilopochtli
sortit du ventre de Coatlicue, adulte
‘et armé de son redoutable xiuhcdatl
{« serpent de feu »J, Il décapita sa sceur
Coyolxauhqui, dont il démembra
soi genératement
fe pate d’amarante ~ était adore ay
cours de nombreuses fétes du calendrier
solaire, dont beaucoup avaient pour
picentre le Templo Mayor. Les principales
__cérémonies avaient lieu aux mois
de Téxcat!, Tlaxochimaco et surtout
Panquetzaliztli, {a grande féte de
Huitzllopochtli od fon mettait en scéne
le mythe de sa naissance. Le dieu était
€galement célébré le jour #-éepat!
(« 1-couteau de silex »] du calendrier
divinatoire. On croyait que les garcans
qui naissaient sous ce signe étaient
destinés & se distinguer par leur
bravoure ala guerre, tandis que
les filles seraient d'un caractére vinl
habiles et trés riches.(Car. 20] HUITZILOPOCHTLI
MATERIAU roche métamorphique dense
de couleur verte
DIMENSIONS 6,7 x 4,2 x 4,7 cm
PROVENANCE D'APRES L'INVENTAIRE Mexique
INVENTAIRE M.0.8. 71.1930, 100.43 [M.H. 30,100.43
(MET. 64655 ; musée Guimet 3579]
COLLECTION musée Guimet, prét au musée
@Ethnographie du Trocadéro, 1930
robablement ancienne collection Gillot
BIBLIOGRAPHIE Guimet et al., 1904, pp. 35-36, 42
Lehmann, 1906 ; Easby et Scott, 1970,
P. 314, n° 304 ; Simoni-Abbat, 1976, p. 112
Bernal et Simoni-Abbat, 1986, p. 273, fig. 237
Schubnel, 1987, p. 51 ; Nicholson, 1988
PP: 242-247, fig. 21 ; Boone, 1989, p. 10
Oliver, 1997, pp, 80-8 ; Fields et Zamudio-Taylor
2001, p, 385, n° 165 ; Lopez Lujén et
Fauvet-Berthelot, 2002e. pp. 430-431, n° 128
Huitzilopochtli éta
que les statues en pierre d
ols arriverent au Mexique
ux spheres d
s historiques, une gral
lorsque les E
lites et aux grands
t d'un culte officiel circ
s'agi
ples de la capital
Diaprés les sou!
x et pierres pré tronai
sculpture 8 son effigie
jes pyramides de Teno
Texcoco. Comme on pi
noclast
a fureur ic
harles Gillot, grand collectio
jes donations au musée Guime!
tte pice a longtemps été identiiée avec
m mant »), probablement en raison d
nits ayant en commun Ul
deux div
te port
te en pierre
nfem ae) RUITEILOPOCHTLE
Huitzilopochtl
représenté assis, arborant sur le front Uinsigne
fait de deux plumes de héron (aztaxelli) et sur la tate, Uinsigne horizo!
fait de deux plumes d’aigle (cuauhpilollil. Son visage réalist
par des volumineux pendants d’oreilles de for
pendentifs annulaires en
illage (andhuatl)
‘émités fendues (tlaxaliuhqu
Devant, le p
tandis que le deuxiéme, su
semble
lessiner ave
du colibri. On distingue sur les flancs un mantea
dossements entrecroisés (omicallo). Le dieu tient dans sa main gauc
pulseur de dard:
sacrificiel au manche richement décoré, La r
le bouclier apparait
la hampe est terminée par
erpent a la pla pied gauchles enfants nés dans ta treizaine
Tehécatl| {« 1-vent »} étaient destings
8 devenir sorciers et nécromanciens
Enécatl est reconnaissable& son masque
nt fa buccal rouge en forme de bec qui
- ss plus vénérés du Mexique dans Uiconographie azteque, réunt
central Son culte se déroulait en ragle _ les attributs de quatre oiseaux
"générale dans des pyramides de plan ‘aquatiques : le bec pointu en dents
eae de scie du harle couronné {Lophodytes
cucullatus), ta couleur de celui dun
Le vent précédant les précipitations, autre harle {Mergus merganser
les fidles croyaient qu’Ehécatl « balayait americanus}, les excroissances cornées
les chemins aux dieux de la pluie ». qui poussent sur le bec du pélican blane
ILétait assisté dans sa tache par Amérique (Pelecanus erythrorhynchos|
de nombreux collaborateurs, pendant la saison des amours et
les ehecatotontin {«nains du vent »], _ ta plaque frontale des rallidés.
quilaldaient 4 créer les courants d’air _Ces oiseaux se laissent tomber en paué
aux quatre points cardinaux. Chaque et plongent dans eau pour attraper
vent avait Ses propres caractéristiques: leur proie avant de remonter en volant
le vent doux venu de lest permettait dans les airs, ce qui n'est pas sans
la navigation ; celui du nord était siviolent — rappeler Quetzalcdatl traversant
que les gens abandonnaient sans plus univers de part en part.
tarder leurs barques pour se réfugier
sur la terre ferme ; le vent de Vouest
soufflait paisiblement mais était
extrémement froid ; enfin, celui du sud
arrachait les arbres et endommageait
les murs des maisons.
Dans les codex, Ehécatl apparat comme
(un des quatre porteurs du ciel ; il était
le neuviéme seigneur des heures diurnes,
le patron du jour placé sous le signe
du vent (ehécat et il présidait la treizaine
J-océlot! (« 1-jaguar »). Il était également
la divinité opposée Mictlantecuhtli,
le seigneur de la Mort.
D'aprés le calendrier divinatoire,MATERIAU roche volcanique poreuse
DIMENSIONS
1,7 x 23,1 x 21,7. cm
PROVENANCE D’APRES L'INVENTAIRE
vallée de Mexico
INVENTAIRE M.0.8. 71
(MH. 78.1.2259 (Boban 1
COLLECTION Pinart, don au mus
tion Boban
Les pieds bien plan
divinité dDessin de Maximilian Franck, 1829
[car. 26] EHECATL-QUETZALCOATL
k fit le dessin de cette sculpt
MATERIAU roche volcanique dense Lorsque Maximilian Franc
pas encore
de couleur grisatre les surfaces chargées d’éléments iconographiques n/ava
DIMENSIONS 34,7 x 18,7 x 22,5 cm subi une usure aussi sévére, ni le remarquage par un outil métallique
INVENTAIRE M..8. 71.1878.1.1873 quia laissé de profondes tr ur la pierre. Li
[M.H. 78.1.1873 (M.E.T. 81271] Ehécatl assis sur un tabouret, le corps recroquevil
COLLECTION Pinart, don au musée est orné d'un neeud central, de m ndés et de p
d'Ethnographie du Trocadéro, 1883 ; verte. Un insigne trapézoidal terminé par de lor
fanclengejcollectlonjasvan {tlaquechpényoti] couvre la nuque. En dessous, le dos est pare
téncatl] et d'un
BIBLIOGRAPHIE Franck, 1829, p. 17, feuille 47 4n insigne de plumes en éventall (cueza/hu
muni de trois nceuds. Le visage n’arbore pas le traditio
buccal, mais juste deux epcololli suspendus aux oreille :
s‘orne d'une bande avec des motifs triangulaires et de n
en coauillage, tandis qu'un méxtiat/ et une jupe couvrent les hane nes
et les parties génitales. Il tient dans ta main droite un ehecalepl™
dans la gauche un sceptre co bé en arriére
Des rubans sont
82 azréauesTLALOC
La nature imprévisible des régimes
pluviométriques a imprimé un caractére
particulier aux religions mésoaméricaines
La maitrise des précipitations a toujours
été une veritable obsession et les peuples
qui, & travers les siécles, se sont succédé
sur ce vaste territoire s'en remettaient
aux forces surnaturelles. Les Aztéques
n’ont pas fait exception : sur les dix-huit
mois du calendrier solaire, neuf étaient
consacrés a des cérémonies de
propitiation pour attirer la pluie et
la fertilité. On faisait des prieres,
des offrandes et des sacrifices d’enfants,
dont la plupart étaient destinés 3 Tlaloc,
dieu de la pluie et personnification
dela terre. On lappelait « le donneur »,
car il fournissait tout ce dont les plantes
ont besoin pour germer. Il envoyait
les cours d'eau, les pluies et les éclairs
depuis le Tlalocan, pays de ta brume
et de U'abondance, a la végétation
éternellement verte. Selon les informateurs
indigenes de Sahagun, le Tlalocan était
une montagne creuse remplie d'eau.
Un mythe celébre associait a Tlaloc de
nombreux petits assistants (les tlaloque)
qui distribuaient la pluie, lls remplissaient
leurs cruches en puisant dans quatre
jarres pleines d'eau et les déversaient
sur la terre. Chaque jarre contenait une
espece différente de pluie : la premiére
faisait pousser les graines ; une autre
donnait des champignons aux plantes ;
la troisiéme produisait la gréle ;
et la derniére empéchait les plantes
de fructifier. Lorsque par mégarde
(es tlaloque brisaient leurs cruches,
on entendait gronder le tonnerre
dans le ciel et les tessons transformés
en éclairs s'abattaient sur terre.
Dans le calendrier divinatoire, Tlaloc
était le huitieme seigneur du jour,
le neuvieme seigneur de la nuit, le patron
du jour mazatl (« cerf ») et il présidait
la treizaine 1-quiahuit! {« 1-pluie »).
Les enfants nés au cours de cette
treizaine étaient destinés 4 devenir
sorciers et nécromanciens, ils n’auraient
pas d’amis et resteraient célibataires.
On croyait également que le jour
1-quidhuitl (figuré par le chiffre un
et leffigie de Tlalocl, les cihuateteo
{femmes mortes lors de leurs premieres
couches) descendaient du ciel pour
frapper les enfants de paralysie.
83[car 27] TLALOC
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur rosatre
DIMENSIONS 43,7 x 19,7 x 16,4 cm
PROVENANCE D'APRES L'INVENTAIRE
ville de Mexico ; provient probablement de Tlaxcala
INVENTAIRE M.0.8. 71.1887.101.16
[M.H, 87.101.16 (M.E.T, 19416]]
COLLECTION Labadie, don au musée
d'Ethnographie du Trocadéro, 1887
BIBLIOGRAPHIE Hamy, 1897, p. 26, pl. Xill,
n° 38 ; Basler et Brummer, 1947, pp. IX-X,
pl. 100B ; Simoni-Abbat, 1976, p. 131 ;
Seguy et Simoni-Abbat, 1976, p. 64, n° 89 ;
Pasztory, 1983, p. 210, p. 157 ; Gendrop et Diaz,
1994, pp. 128-129, fig. 177
azréoues
Le style de cette sculpture est trés éloigné de celui des statues de Tidloc
mises au jour jusqu’a présent dans les ruines de Tenochtitlan. Réduite
a'ses traits essentiels, elle surprend par son abstraction, ce qui nous incite
a remettre en question Uorigine indiquée par Monsieur Labadie. La clef
de cette énigme pourrait se trouver dans une piece pratiquement identique,
exposée au Museo Nacional de Antropologia de Mexico (inv. 10-40832] et qui
appartenait au xn siécle a la collection Doremberg. D’aprés les registres
du musée, la piéce provient de la Hacienda Cuamantrineo, dans UEtat de Tlaxcala.
Le Tlaloc de la collection Labadie a pour attributs un aztatzontli géométrique
(couronne faite de franges de papier rectangulaires, d'une corde torsadée
et de plumes de héron dressées], les yeux cernés de « lunettes » rondes,
le nez torsadé, une moustache droite, quatre crocs et des ornements doreilles
marqués de la croix de Saint-André. Il porte un chignon lisse en papier
d'ol pend un cache-nuque. Ses mains aux doigts en forme de trapéze repasen!
de part et d’autre de la cavité disproportionnée ménagée dans [a poitrine
ILreste des traces de pigment bleu sur la coiffe et noir sur le corpsTear. 28] TLALOC
MATERIAU roche volcanique poreuse
de couleur rosatre
DIMENSIONS 27,2 x 16,9 x 15,2. cm
PROVENANCE D’APRES LINVENTAIRE
ville de Mexico
INVENTAIRE M.Q.B. 71.1878.1.116
[M.H. 78.1.116 (Boban 1946)]
COLLECTION Pinart, don au musée
d'Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
ancienne collection Boban
Cette statue au cory
aztatzo
former le
et des ornements d
ne parure en p:
cache-nuque divisé &
avec les mains qui
oreil
r plié
vt
ramass
us du maxtlat/ et des
tli. On observe sur le v
ez torsadé, les « lunett
lamacuexpal
‘a base[car 29] TLALOC
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur grisatre
DIMENSIONS 40,5 x 40,5 x 8,3 cm
PROVENANCE O’APRES LINVENTAIRE Mexique
INVENTAIRE M.0.B. 71.1887.155.121
(M.H. 87.155.121 (M.E.T, 20067)]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
Nationaux, 1887 ; anciennes collections Dupaix
et Castaeda
BIBLIOGRAPHIE Longpérier, 1850, p. 26, n® 67
Cette lourde sculpture quadrangulaire présente des surfaces planes
lisses, Uexception du revers r
x, ce qui exclut son emploi
it d’ur
e coffre. I
comme cou aque qui était probablement
Llée sur la facade d’un édifice religieux. Le masque de Tlaloc,
d
t, est sculpté en bas-relief sur la face. Il es!
entouré d'un cit, est sculpté en b
zontli, Les deux sourcils horizontaux en épingle
du traditionnel azt
sade formant le nez
ent se rejoindre dans une
t flanqués d’em en forme
witicac) faits de grai
en U invers
ntale figure la genci
ULPTURES ANTHROPOMORPHES 87individu de sexe masculin.
“revétu de la peau d'un sacrifié. §
le visage est couvert de bandes verticales
passant par les yeux (mixzolichiunticac)
srsonnage revét divers ornements
et le sceptre-sonnaille chicahuaztli.
Tous ces attributs, y compris la peau,
étaient portés par les rois aztéques
pendant les affrontements militaires.
Xipe Tétec est un dieu étrange, associé
Ala fois 8 la fertilité et la guerre
Il était le patron des orfévres et présidait
{a treizaine commencant le jour
t-itzouintli {« 1-chien »]. On tui rendait
un culte dans ('édifice nommé Yopico,
en particulier parce qu’on (ui attribuait
le double pouvoir de provoquer
et de guérir les maladies des yeux
et de peau, Au cours de la féte consacrée
8 Xipe Totec dans le calendrier solaire
= Tlacaxipehualiztil -, \es captifs de
guerre étaient sacrifiés par les fléches
(tlacacaliztli) ou par le sacrifice
gladiatoire (tlahuahuanaliztli) ;
le premier sacrifice symbolisait (union
sexuelle originelle, le second la guerre
primordjale et Vorigine du cinquiéme et
dernier age cosmique [Ollintonativh
‘ou « Soleil de Mouvement »]. Les cadavres
des victimes étaient ensuite écorchés et
les peaux remises a ceux qui les avaient
apturés et qui les donnalent 3g
uhaitant personnifier le aoe
~ Vingt jours. Au cours de cette période,
les « images » de Xipe Titec simulaient
les batailles, faisaient Caumine
fe quittaient leur dépouille putride
~ qu’au bout des vingt jours pour prendre
“Un bain rituel régénérateur. De maitre
significative, les cérémonies
-diinauguration des agrandissements
successifs du Templo Mayor de Tenacttan
_ étaient toujours célébrées pendant
le mois de Tlacaxipehualizth juste apres
“une campagne militaire victorieuse.tear, 90) XIPE TOTEC
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur grisitre
DIMENSIONS 43,7 x 26,1 x 23,4 em
PROVENANCE D'APRES L'INVENTAIRE
ville de Mexico
INVENTAIRE M.0.B. 71.1887.101.10
[M.H, 87,101.10 (M.E.T. 19418))
COLLECTION Labadie, don au musée
d’Ethnographie du Trocadéro, 1887
BIBLIOGRAPHIE Hamy, 1897, p. 30, pl. XV,
n° 46 ; Basler et Brummer, 1947, p. IX, pl. 90
wr er sonnage aux cheveux courts est assis les chevilles croisées,
St ses mains appuyées sur les genoux rele\
elles tenaient des objets amovibles, On
& la base du cou, au niveau des poign
vés sont ferm:
comme si
nettement des décrochements
et sous les genoux, qui indiquent
plus du méxtiatl. Ce qui est
quiil est revétu d'une peau humaine. e
corroboré par la saillie au-dess
Us des seins et le renf
du dos, qui
correspondraient aux ouvertures pratiquées sur la pes
ncement au milieu
du sacrifié. La posture de cette statue rappelle le céléb Xipe Totec
du Museum der Kulturen de Bale (IVb 647],
”[car 31] XIPE TOTEC
MATERIAU roi
de couleur grisatre
BIBLIOGRAP!es ne sont pas encore
identification
divinités des montagnes, de la pluie et
_ de eau, avec Tepeydlotl, Nappatecuhtli,
OmetéctI-Tonacatecuhtli et Xiuhtecuhtli.
Nous sommes convaincus, pour notre
part, que la derniére hypothese est
{a plus solide de toutes, car c'est la seule
qui prend sens lorsqu’on la confronte
avec les données contextuelles recueilties
au cours des fouilles archéologiques
du Templo Mayor. De plus, c'est
identification qui repose sur le plus
grand nombre d’analogies entre figures
sculptées, sources textuelles de la période
du contact et représentations dans les
codex. Xiuhtecuhtli était en effet concu
comme un étre a la physionomie trés
proche de celle de ces sculptures :
al un personage masculin nu ou
presque nu ; b) avec des traits ‘sénescents ;
] de la peinture noire sur la moitié
inférieure du visage et rouge autour
de la bouche ; d} coiffé d'un diadéme
‘orné de cercles concentriques et d'un
motif ondé représentant oiseau Cotinga
‘amabilis (xiuht6tot!} ; et e avec deux
protubérances saillant sur la téte qui
figurent soit deux batons feu ome
‘cuammamalitiil, soit ta paire de
roseaux-fléches couronnant sa coiffe
Xiuhtecuhtli-Huehuetéotl {le « seigneur
de Vannée ou de ta turquoise »,
te « vieux dieu»! sit seigneur du feu
_— et de son formidable powoir de
‘transformati
les plus eae Seren
igificatits du monde
préhispanique. C’est une divinité
étroitement lige au temps et 8 espace,
On croyait d'une part quill résidait
au centre de univers [tlalxicco),
til était alors invoqué en tant que
Teteo Innan-Teteo Inta [« mare, pére des
dieux »}. Mais on Cappelait également
Nauhyotecuhili (« seigneur des quatre
directions >) car, dieu du feu, it était
‘associé aux quatre points cardinaux,
tout comme le brasero était le centre
du foyer et du temple. D’autre part,
les fétes qui lui étaient dédiées
caincidaient avec le commencement
des cycles annuel, quadriennal et
‘« séculaire » (52 ans}. Xiuhtecuntl était
célébré au cours des mois de X6cat!
Huetzi, Teotleco et !zcalli du calendrier
solaire. Dans le calendrier divinatoire,
it tait le premier seigneur du jour
aft de La nut e patron dujour a «eau
le maitre secondaire de | {a treizaine
t-céat! [« T-serpent ») et le maitre
principal de la treizaine I-tochtl
{« 1-lapin »).(Cer. 32] XIUHTECUHTLI
MATERIAU roche v
de couleur grisatre
anique poreuse
DIMENSIONS 18 x 11,5 x 12,1 cm
PROVENANCE D'APRES L'INVENTAIRE
Santiago Tlatelolco, District fédéral
INVENTAIRE M.0.B, 71.1887.101.4
MH. 87.101.6 (M.E,T, 24439)
COLLECTION Labadie, don au musée
nographie du Trocadéro, 1887
On suppose que de telles s
fab
para
deT
iqué
5 pour étre ¢
onfirmer la m
htitlan, qui ti
2Les six faces du chac mool (dessin : Fernando Carrizosa]
[car. 36] CHAC MOOL
MATERIAU roche métamorphique dense
de couleur verte
DIMENSIONS 8,6 x 17,1.x 9,9 cm
PROVENANCE d’aprés U‘inventaire Tlaxcala ;
provient en réalité de la ville de Mexico
INVENTAIRE M.0.8. 71.1878.1.307
IM.H. 78.1.907 (ex-M.E.T. 8857 ; M.E.T. 6765 ;
Pinart 21 ; Boban 1199)]
COLLECTION Pinart, don au musée
@'Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
anciennes collections Leén y Gama et Boban
BIBLIOGRAPHIE Manuscrit 97, fonds mexicain,
£13 (pl. 1%, fig. 9} ; Leén y Gama, 1832,
2° partie, pp. 88-89 ; Bagby, 1950, pp. 20-21;
Bordeianu-Taladoire, 1981, pp. 140-141,
n° 2-X-72.; Landa, 1980, pp. 16-17
azreaues
Ce minuscule chac mool est exceptionnel & bien des égards. En premier
lieu, parce qu’ll faisait partie de la plus ancienne collection du corpus,
ayant appartenu & Antonio Leén y Gama (1735~1802]. D'aprés les documents
de ce grand érudit de la Nouvelle-Espagne, la piéce fut découverte dans
les fondations du Mayorazgo de Mota, sis dans ancienne rue del indo T8
de la ville de Mexico. Il y voyait un « bijou princier » (= alhaja de principe
en forme de guenon représentant la date 2-ozomat« 2-singe »)€” rast
de la présence d'une perle circulaire de chaque cété de la figure En second
lieu, cette piace différe par les dimensions et le matériau employe
moo! mises au jour dans les ruines
des autres sculptures de chac se
aillées dans
de Tenochtitlan, lesquelles sont beaucoup plus grandes et!
t également inhabituellé
pierres volcaniques. La position du personnage es également inh
erre comme sil
compltement renversée en arriére repose par te
la téte compli sae
mort, tandis que les mains, au lieu de tenir le récipient sont p
posées sur les cuisses.Dessin de Francisco Agliera, vers 1794.
On trouve d'autres différences notables dans les attributs iconographiques.
Dérogeant a la régle, ils ne sont pas associés a Tlaloc mais aux guerriers
morts. Le chac mool porte sur la téte le bandeau frontal [tzoncuetiachtli)
et l'insigne de deux plumes d’aigle (cuauhpilolli] caractéristiques
de Mixcéatl, des mimixcoah et des guerriers morts en général. Il est
également paré d’ornements d’oreilles circulaires avec des pendants ornés
de fleurs. Malgré une forte usure, on voit sur le visage deux lignes verticales
encadrant les yeux fermés (peut-étre pour indiquer qu'il s'agit d’un mort) et
une bouche avec d’étranges franges rectangulaires sur le menton. Un épais
filet de sang s’écoule du front vers le bas du visage. Bras et jambes sont
richement parés de rubans noués aux extrémités fendues. Il porte un pagne,
dont l'extrémité est également fendue, des bracelets de perles circulaires
et des sandales & talonniére. La poitrine accueille un récipient pour
les cceurs des sacrifiés (cvauhxicallil, décoré de plumes, de cercles
et de flots couronnés par des perles de pierre verte.
SCULPTURES ANTNROPOMORPHES 99ce et la diversité
nifestations architecturales,
‘de la statuaire de Tenochtitlan,
‘par exemple, transposent dans la pierre
le phénoméne de U'extinction physique
de la vie, rendant avec une grande
fidélité la sérénité des traits du défunt.
Beaucoup plus nombreuses et
impressionnantes, des images
terrifiantes représentent les divinités
et les symboles des enfers, lieu de la
géographie sacrée oli regnent le froid,
Vobscurité et la puanteur. La plus
remarquable est la figure de Mictlantecuhtli
{« seigneur du monde des morts »),
Gtre a moitié décharné ~ lorsqu'il n'est
pas carrément squelettique -, dont
importance dans la vie religieuse est
attestée par les calendriers : les mois
de Miccailhuitontli et Huey Miccailhuit!
de année solaire (ui étaient consacrés ;
tandis que dans le calendrier divinatoire,
iL était le sixiéme seigneur du jour,
le cinquiéme seigneur de la nuit,
le patron du jour itzcuintii [« chien »),
le maitre de la treizaine 1-técpat!
{« I-couteau de silex »] et son crane
@tait le signe du jour miquiztli [« mort »).
Mictlantecuhtli apparaissait comme
le pivot du cycle perpétuel de la vie
a
etde la mort. D'un cété, les codex
‘décrivent ce dieu comme un
‘insatic
févoreur de chair et de sang eee
armé d'une hache ou d'un couteay
de silex, c'est un sacrifcateur infatigabl,
‘toujours prét 3 arracher le cceur de seg
victimes. Mais de autre, Mictlantecuhti
exerce des fonctions qui semblent
Paradoxales, comme le fait d'octroyer
la vie et de Ventretenir. C’est ainsi qu’
joue un réle actif dans des scénes lies
3 Vaccouplement, la grossesse,
{a coupure du cordon ombilical et
Vallaitement. Cet aspect surprenant
du dieu de la mort s‘explique parle
pouvoir régénérateur des os-semences,
comme latteste le c&lébre mythe
de Quetzalcéatt descendant aux enfers
afin de dérober les ossements
qui devaient permettre de créer
tes hommes.tear. 44) TETE DECHARNEE
he vlcaniue dense
réniav roche
ouleur grisatre
Dimensions 184 15.8% 16,
OVENANCE D’APRES L'INVENTAIRE
m
rlte de Mexico
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.102
78.4.1 (Pinart 23]
; nau musée
EEN Pt ona mst
ethnographie du Trocadére, 1860
thn
clenne cllection Boban
Silles figures squetettiques g
resentations de corp
de cadavres en décom
Mlctlantecuhti sont courantes
artie décharnés
tion ~ prédomi
les rep ee
rougeatres p
ate appartenant §
Dans la pa
tie Supérieure, o
Coupe de cheveux. Des protub
Vartiste a figure
Voit deux reliefs fig
erances hémisphériques
parti
itagineuse du nez ; la b
€ rectangulaire ; enfin,
et des pendants ci
a une ca
ylindriques,(car. 49] QUETZALCOATL-SERPENT
MATERIAU andésite, couleur brun rougeatre
avec des veines noires
DIMENSIONS 43,8 x 25 x 24,6 cm
PROVENANCE D’APRES LINVENTAIRE
vallée de Mexico
INVENTAIRE M.0.B. 71.1878.1.59 [M.H. 78.1.59
(M.E.T. 10412)]
COLLECTION Pinart, don au musée
Ethnographie du Trocadéro, 1883 ;
ancienne collection Boban
BIBLIOGRAPHIE Liesville, 1879, p. 83 ;
Charnay, 1885, p. 67 ; Hamy, 1897, p. 24, pl. Xl,
n° 36 ; Les Arts anciens de l’Amérique, 1928,
n° 39 ; Basler et Brummer, 1947, pp. 82-83 ;
Chefs-d'ceuvre de I’Amérique précolombienne,
1947, n° 64 ; Harcourt, 1948, pp. 81-82 ;
Lehmann, 1960, pp. 34-35, fig. 36 ; Flor y canto,
1966, pl. 409-410 ; Becker-Donner, 1965,
pl. 55 ; Lehmann et Simoni, 1965, pp. 182-183,
n° 65 ; Easby et Scott, 1970, p. 302, n? 282 ;
Keen, 1971, pl. 8; Simoni-Abbat, 1976, p. 101 ;
Nicholson et Quifiones Keber, 1983, pp. 143-146,
nn? 60 ; Baquedano, 1984, pp. 26-28, n? 1;
Bernal et Simoni-Abbat, 1986, p. 22, fig. 12 et
. 313, fig. 283 ; Haberland et al., 1986, 2,
n° 162 ; Gutiérrez, 1987, pp. 60-62 ; Baer et
Bankmann, 1990, pp. 142-143 ; Carrandi, 1990,
pp. 10-19 ; Alcina et al., 1992, p.352;
Solis, 1993, pp. 72-73 ; Gendrop et Diaz, 1994,
pp. 108-109, fig. 148a-c ; Matos, 1994,
pp. 190-191 ; Smith, 2000 ; Solis, 2000a ;
Leclaire, 2004, Baudez, s.d.
120 azreaves
Figure extraite de Charnay, 1
Symbole par excellence de la création et dela fertilité, Quetzalcéat
leeserpent a plumes ») nait dela fusion de deux pales opposés et
complémentaires : le corps ophidien renvoie a élément terresre, es plumes
vertes de quetzal a sa nature céleste. La double nature de ce dieu sexplique
Par les fonctions qu'il remplit dans le devenir universel et en particulier dans
les mythes cosmogoniques. Disons, pour résumer, que Quetzalcéatl est
un @tre qui franchit inlassablement les limites temporelles et spatiales, fisant
circuler les substances entre le monde des dieux et celui des hommes. [Lest
levent qui ouvre la vole a la pluie ; en tant qu’incarnation de la planéte Vénus,
il marque lalternance du soleil et des ténébres nocturnes ; seigneur des arbres
cosmiques, il favorise le flux calendaire des dieux transformés en temps.
Quetzalcéatl est également le créateur qui extrait des matrices souterraines
le genre humain, ses différents groupes et enfant qui nat, de méme qui
rapporte de lau-dela la lumiére, le feu et le mais pour le bien des hommes
La statuaire témoigne de la place essentielle qu’occupait Quetzalcéat! dans
la religion aztéque. Son image a été reproduite sous les formes les plus
diverses et dans toutes sortes de pierres volcaniques, méme si on connait
également quelques exemplaires taillés dans des pierres dures dorigine
métamorphique (Museo Civico Numismatico-Etnologico-Orientale, Turin)
En régle générale, les représentations de Quetzalcdatl se limitent 3 un serpent
~entier ou uniquement la téte - recouvert de plumes de quetzal (ct. cat. n? 60).
Cet animal fantastique se voit parfois affublé d'autres attributs divins,
tels que Vornement en spirale fait d’un coquillage scié enecacézcatll
ou la date 1-4catl [« 1-roseau »). On trouve également un groupe ee
oU un visage humain émerge de la gueule ouverte du serpent [ct cat 1
55 et 78]. Dans d'autres cas, au contraire, la téte reptilienne est sane
par celle d'un oiseau (Museum fur Volkerkunde, Berlin, IV Ca a
homme portant le masque buccal d’Ehécatl (Museum der Kulturen,
images
IVb 612). Certaines figures atypiques opérent un dédoublement des im2aVue supérieure,
Trois ues de Quetzalcéatl-serpent (dessins : Julio Romero) Vue inférieure,
contexte iconographiqu
an Pinart est une pi
Crest ap
aspect hu
enroule capricieuseme
4 plumes du Mu
Missionario-E!
audal - dan
au sommet d
a plus pureFigure extraite de Kingsborough, 1831
[ear 51] XOCHIPILLI-TORTUE
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur grisatre
DIMENSIONS 24 x 30 x 47,5 cm
INVENTAIRE M.0.8. 71.1887.155.9
[M.H. 87.155.9 (M.E.T, 20053)]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
nationaux, 1887 ; anciennes collections Dupaix
et Castafeda
BIBLIOGRAPHIE Kingsborough, 1831, v. IV,
2¢ série, pl. X, n° 15; Longpérier, 1850,
p. 22, n° 53
azreoues
ia
Dans la tradition religieuse mésoaméricaine, la tortue symbolisait Ceau,
la terre, la fertilité et le tonnerre. Sa carapace servait d'embléme dorsal
3 la déesse Xochiquétzal et au dieu Xiuhtecuhtli (ef. cat. n° 35], tandis
a chai
MayShuel avait pour siége Vanimal entier. Les Azteques mangeaien
de ces chéloniens et utilisaient la carapace layotapalcati] comme conve
de vase, cuiller pour remuer le cacao, embléme de la surface terrestré
dans les offrandes et aussi comme instrument a percussion frappe 2¥e°
un bois de ceri, C’est précisément ce dernier usage qui est 4 lorigine
Macuiliéc
de association de la tortue avec le dieu de la musique, Xochipil
ous ta forme
{« noble fleur », « cing-fleur »), qui est souvent figure s
v. 10-1102
d'un chélonien [Museo Nacional de Antropologia, Mexico, in
ou d'un tambour teponaztli (cf. cat. n° 80).136
Figure extraite de Kingsborough, 1831
[car 57] PUCE A VISAGE HUMAIN
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur brun rougeatre
DIMENSIONS 30 x 22,4 x 45,5 cm
INVENTAIRE M.0.B. 71.1887.155.5
[M.H. 87.155.5 [M.E.T, 20055 ; Napoléon 47)]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
nationaux, 1887 ; anciennes collections Dupaix
et Castaneda
BIBLIOGRAPHIE Kingsborough, 1831, v. IV,
2¢ série, pl. IV, n° 7 ; Longpérier, 1850, p. 22,
n® 55 ; Anonyme, 1851, p. 196 et 198 ;
Basler et Brummer, 1947, p. X, pl: 1078
Gendrop et Diaz, 1994, p. 87, fig. 98
n réalité
Prise au xix® siécle pour un tatou, cette piéce représente
une puce (Pulex irritansl. Il ne s'agit pas d'un cas exceptionnel dans (att
azteque, image de ce parasite hématophage ayant été a plusieurs re
transposée sur pierre ; ce qui révéle importance symbolique que devalt
crites restent
avoir cette minuscule bestiole, méme si les sou
désespérément muettes sur ce sujet. La puce recroquevillée est seulems”
ment repliées. Son corps rythme
munie de deux paires de pattes complat
par 24 stries adopte dans la partie supérieure une forme de quille
oulées vers lar
La téte est munie de deux antenne mineuses, en!
et terminées par des cercles. En dessous apparait un visage hummair
dont les traits trahissent un age avancé : sourcils proéminents, Ye"
semi-circulaires, nez et menton crochus, pommettes saillanie bouche
apparemment édentée, grandes oreilles. La statue pr sente des perforations
5 deuxiéme strie du corps.
sur les oreilles, le méat au!fee web Sem OR LOCITlaltecuhti, le « seigneur de la terre » sculpté sur la base
[dessin : Fernando Carrizosa).
Esquisse anonyme, archives de Lord Kingsborough.
Icar. 60] SERPENT-QUETZALCOATL
MATERIAU roche volcanique dense
de couleur rosatre
DIMENSIONS 30 x 54 x 54 cm ; 66,5 kg
INVENTAIRE M.0.B. 71.1887.155.1
IM.H. 87.155.1 (M.E.T. 20059]]
COLLECTION Latour Allard, prét des Musées
nationaux, 1887 ; anciennes collections Dupaix
et Castaneda
BIBLIOGRAPHIE Kingsborough, 1831, v. IV,
2° série, pl. Ill, n° 6 ; cf. Dupaix, 1831, 1
(1834, 2°-LXI-117 ; 1969, 1°*-1-4) ; Longpérier,
1850, pp. 23-24, n° 59 ; Hamy, 1897, p. 23-24 ;
Les Arts anciens de I’Amérique, 1928, n° 41;
Basler et Brummer, 1947, p. VIll, pl. 80 ;
Chefs-d’ceuvre de I’Amérique précolombienne,
1947, p. 25, n° 56 ; Harcourt, 1948, p. 80
Lehmann et Simoni, 1965, pp. 186-187, n° 67;
Nicholson et Quifiones Keber, 1983, p. 141,
n° 58 ; Bernal et Simoni-Abbat, 1986, p. 312,
fig. 282 ; Gutiérrez, 1987, p. 84, n° 3
Schubnel, 1987, p. 52 ; Gendrop et Diaz, 1994,
p. 107 fig. 146 ; Matos, 1994, p. 21: jongne,
2000, p. 25, fig. 6 + Nicholson, 2000, p. 147;
Pasztory, 2000b ; Baudez, s. d.
142 azTeQues
Si Vimage fantastique du Serpent a plumes remonte 2 'époque
préclassique, ce n’est qu’avec Uart classique de Teotihuacan quielle
acquiert ses traits stéréotypés. Des siécles plus tard, les artistes aztéques
reproduiront de maniére trés naturaliste des ophidiens aux corps droits,
sinueux, enroulés ou lovés, revétus de longues plumes. Dans cette piéce
spectaculaire, le corps lové et le torrent de plumes décrivent une trajectaire
capricieuse qui aboutit a un organe caudal a cing cnes. On remarque
d'autres attributs caractéristiques du Serpent plumes (cf. cat.n° 49]
la plaque céphalique en forme de natte, les yeux fendus, les volutes aux
commissures de la bouche, la langue fourchue formant deux crochets
‘opposés, le cartouche sur la nuque portant la date t-dcatl [« 1-roseau »),
nom calendaire de la divinité. A Uinstar d’autres serpents de ce genre,
celui-ci présente sur la base non visible timage effacée de Tlaltecuhtli
{« seigneur de la terre »). Signalons que Guillermo Dupaix découvrit
San Miguel Tlaixtequi du village
un serpent trés similaire dans le quartier
ion en 1805.
de Tepeaca, dans Etat de Puebla, lors de sa premiére expéditi
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