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Dualisme (philosophie de l'esprit)

En philosophie, le dualisme est un point de vue strict affirmant que l’univers est constitué d'un constituant
physique et d'un constituant spirituel ou métaphysique.

Le dualisme se réfère à une vision de la relation matière-esprit fondée sur l'affirmation que les phénomènes
1
mentaux possèdent des caractéristiques qui sortent du champ de la physique .

Ces idées apparaissent pour la première fois dans la philosophie occidentale avec les écrits de Platon et
Aristote, qui affirment que l’« intelligence » de l’homme (une faculté de l’esprit ou de l’âme) ne peut pas
2, 3
être assimilée ni expliquée par son corps matériel . Cependant, le premier emploi du terme dans cette
acception ne date que de la première moitié du XVIIIe siècle et apparaît sous la plume de Christian Wolff
(1670-1754) [réf. nécessaire].

La version la plus connue du dualisme a été formalisée en 1641 par René Descartes qui a soutenu que
l'esprit était une substance immatérielle. Descartes fut le premier à assimiler clairement l'esprit à la
conscience, et à le distinguer du cerveau, qui est selon lui le support de l’intelligence. Ainsi, il a été le
4
premier à formuler le problème corps/esprit de la façon dont il est présenté aujourd’hui . De nos jours, le
dualisme est opposé à des formes variées de monismes, parmi lesquelles le physicalisme et le
phénoménisme. Le dualisme de substance s’oppose à toutes les formes de matérialisme, tandis que le
dualisme de propriétés peut être considéré comme une forme de matérialisme émergentiste, et serait alors
5
opposé à un matérialisme non-émergentiste .

Illustration du dualisme par René


Descartes. Les entrées sensorielles
sont transmises par les organes
sensoriels à la glande pinéale dans
le cerveau, puis à l’esprit immatériel.
Sommaire
Histoire du dualisme en philosophie
Platon
Aristote
Le néoplatonisme
La scolastique
Descartes et ses disciples
Typologie des dualismes en philosophie
Différents types de dualismes ontologiques
Dualisme de substance
Dualisme de propriété
Dualisme d’attribut
Différentes conceptions dualistes de la causalité
Interactionnisme
Epiphénoménisme
Parallélisme
Occasionnalisme
Arguments en faveur du dualisme
Arguments subjectifs en faveur du dualisme
L’argument des sciences spéciales
L’argument du zombie
Argument de l’identité individuelle
Arguments contre le dualisme
Argument sur l’interaction causale
Conservation de l’énergie et fermeture causale
Arguments fournis par l'observation clinique
Argument du développement biologique
Argument de simplicité
Références
Source
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Lien externe

Histoire du dualisme en philosophie

Platon
Dans son dialogue Phédon, Platon formule sa fameuse conception
des Formes éternelles en tant que substances distinctes et
immatérielles dont les objets et autres phénomènes que nous
2
percevons ne sont que les ombres . L’idée de Platon est devenue le
point de départ de toutes les formulations ultérieures de ce que l’on
appelle aujourd’hui le dualisme de substance en ontologie. Mais
cette conception ne doit pas être vue comme une notion
métaphysique ancienne et dépassée car elle entraîne des
conséquences précises et indéniables pour la philosophie de l'esprit,
en particulier pour le problème corps-esprit.

Platon explique clairement dans le Phédon que les Formes sont les
universalia ante rem, c'est-à-dire qu’elles sont des concepts (ou
idées) universels, rendant intelligible l’ensemble du monde
phénoménal. Par conséquent, pour que l’intellect (l’aspect le plus
important de l’esprit en philosophie jusqu’à René Descartes) ait
accès à une forme quelconque de connaissance en rapport à un On oppose souvent, de façon
aspect quelconque de l’univers, il est nécessaire qu’il soit lui-même caricaturale, l'idéalisme de Platon au
une entité immatérielle (ou la propriété d’une telle entité). Ainsi, il prétendu matérialisme d'Aristote
est clair en se fondant sur ces textes que Platon était un précurseur (celui-ci défend plutôt un
très clairvoyant de Descartes et des formulations ultérieures et plus hylémorphisme), comme en
2 témoigne le geste de chacun des
rigoureuses du concept de dualisme de substance .
deux philosophes dans ce détail
d'une fresque du peintre Raphaël
Aristote (vers 1510).

Aristote a par la suite rejeté la notion des Formes de Platon en tant


qu’entités existant indépendamment, mais maintient nombreux aspects de l'idéalisme, par exemple pour la
division de la substance d'avec l'accident. Dans son livre Métaphysique, il pointe déjà le problème central de
3
cette idée : d’un côté, si l’on dit que chaque particularité du monde phénoménal participe ou est incluse
dans les Formes, on semble détruire l’unité essentielle et indispensable de la Forme. D’un autre côté, si l’on
dit que les particularités sont seulement semblables, ou sont des copies des Formes, nous avons alors besoin
de Formes supplémentaires pour expliquer la connexion entre les membres de la classe constituée par les
particularités-et-les-formes, et ainsi de suite, nous menant dans une régression infinie. C’est ce qu’Aristote a
3
appelé l’argument du « troisième homme » .

C’est pour ces raisons qu’Aristote a revu la théorie des Formes afin d’en éliminer l’idée de leur existence
6
indépendante des entités concrètes particulières . La forme d’une chose, pour Aristote, est la nature ou
l’essence (du grec ousia) de cette chose. Affirmer que Socrate et Callias sont tous les deux des hommes ne
signifie pas qu’il existe une entité transcendante "homme" à laquelle Socrate et Callias appartiennent tous
les deux. La forme est substance, mais elle n’est pas substance au-delà de la substance des entités concrètes
6
qu’elle caractérise. Aristote rejette à la fois l’universalia in rebus et l’universalia ante rem . Certains
philosophes et penseurs ont considéré cela comme une forme de matérialisme, non sans raisons. Cependant,
ce qui est important du point de vue de la philosophie cognitive est le fait qu’Aristote ne croit pas que
l’intellect puisse être conçu comme quelque chose de matériel. Son raisonnement est le suivant : si l’intellect
était matériel, alors il ne pourrait pas inclure toutes les formes. Si l’intellect était un organe matériel
spécifique (ou la partie d’un tel organe), alors il serait limité à ne recevoir que certains types d’informations,
de la même manière que l’œil est limité à recevoir des données visuelles et l’oreille, des données auditives.
Puisque l’intellect est capable de recevoir et d’émuler toutes les formes de données, il ne peut pas être un
6
organe physique, et, par conséquent, il ne peut être qu’immatériel .

Le néoplatonisme
Le christianisme des premiers siècles semble avoir lutté afin d’arriver à une position unique concernant la
question de la relation entre l’esprit et le corps, de la même manière qu’elle a lutté pour définir le statut
ontologique du Christ. Le consensus semble avoir émergé autour de ce que l’on appelle aujourd’hui le
néoplatonisme, au début du Moyen Âge. Les doctrines liées au néoplatonisme sont essentiellement des
modifications mineures de l’idée générale de Platon à propos de l’immortalité de l’âme et de la nature des
Formes. Les chrétiens néoplatoniques assimilaient les Formes aux âmes, et croyaient que l’âme était la
substance de chaque être humain, tandis que le corps n’en était qu’une ombre, ou une copie de ses
7
phénomènes éternels .

La scolastique

Les philosophes ont ensuite poursuivi dans l’optique néo-Aristotélicienne tracée par Thomas d’Aquin,
développant une notion tripartite des formes, faisant ainsi le parallèle avec la Trinité constituée par le Père,
le Fils et le Saint-Esprit : les formes, l’intellect et l’âme étaient les trois aspects ou parties du même
phénomène singulier. Pour Thomas d’Aquin, l’âme (ou l’intellect) constituait toujours la substance de l’être
humain, mais, d’une façon semblable à ce qu’avait proposé Aristote, ce n’est qu’à travers ses manifestations
dans un corps humain qu’une personne pouvait acquérir le statut d’être humain. Alors que l’âme (intellect
ou forme) pouvait exister indépendamment du corps (contrairement à ce qu’affirmait Aristote), l’âme en
elle-même ne constituait pas une personne. Ainsi, Thomas d’Aquin suggéra que l’on dît "l’âme de St Pierre
prie pour nous" plutôt que de dire "St Pierre prie pour nous", puisque tout ce qu’il restait de St Pierre, après
sa mort, était son âme. Toutes les choses liées au corps, comme la mémoire individuelle, étaient effacées
8
avec la fin de l’existence corporelle de chacun . Différentes visions existent sur cette question dans le
christianisme moderne. La doctrine officielle de l’Église catholique, comme il est illustré par le Symbole des
Apôtres (Credo), affirme qu’à la seconde venue du Christ sur Terre, l’âme est réunie au corps lors de la
résurrection, et la personne tout entière (corps et âme) part ensuite vers le Paradis ou l’Enfer. Ainsi, il y a
une sorte d’inséparabilité de l’âme, de l’esprit et du corps, ce qui semble encore plus proche d’Aristote que
les positions exprimées par Thomas d’Aquin. Des théologiens n’acceptent pas cette doctrine et insistent sur
le fait que seule l’âme immatérielle (et par conséquent l’esprit ou l’intellect avec elle) part pour le Paradis,
laissant le corps (et le cerveau) derrière elle pour toujours.

Descartes et ses disciples

Dans ses méditations métaphysiques, Descartes se lança


dans une quête au cours de laquelle il s’engagea à
douter de tout ce en quoi il croyait, afin de découvrir ce
4
dont il pouvait être certain . En faisant cela, il découvrit
qu’il pouvait douter du fait qu’il ait ou non un corps (il
se pouvait qu’il soit simplement en train de rêver de son
corps, ou que ce ne fût qu’une illusion créée par un
"malin génie"), mais il ne pouvait pas douter de
l’existence de son esprit. Ceci constitua pour Descartes Une vision schématique de l’occasionnalisme, une
le premier indice montrant que le corps et l’esprit théorie de causalité qui est apparue comme une
étaient deux choses réellement différentes. L’esprit, solution au problème de l’interactionnisme
selon Descartes, était une "chose pensante" (du latin res résultant du dualisme cartésien.
cogitans), et une substance immatérielle. Cette "chose"
était l’essence de sa personne, celle qui doutait, croyait,
espérait, et pensait. Cette distinction entre le corps et l’esprit est ainsi étayée dans les méditations VI : « j'ai
une claire et distincte idée de moi-même, en tant que je suis seulement une chose qui pense et non étendue,
et [...] j'ai une idée distincte du corps, en tant qu'il est seulement une chose étendue et qui ne pense point. »
« Toutes les choses que je conçois clairement et distinctement, peuvent être produites par Dieu telles que je
les conçois. » Ainsi, explique Descartes, l’esprit est une chose pensante qui peut exister indépendamment de
son corps étendu. Et par conséquent, l’esprit est une substance distincte du corps, une substance dont
4
l’essence est la pensée .

L’affirmation centrale du dualisme cartésien est que l’esprit immatériel et le corps matériel interagissent de
façon causale, une idée qui continue d’apparaître de manière privilégiée dans de nombreuses philosophies
non européennes. Les événements mentaux causent des évènements physiques, et inversement. Cela conduit
à un problème très profond concernant le dualisme cartésien : Comment un esprit immatériel peut-il causer
quoi que ce soit dans un corps matériel, et inversement ? Ceci a souvent été appelé le "problème de
l’interactionnisme".

Descartes lui-même a peiné pour obtenir une réponse cohérente à ce problème. Dans sa lettre à la princesse
Elisabeth de Bohême, il suggéra que les esprits des êtres animés interagissaient avec le corps à travers la
4
glande pinéale, une petite glande au centre du cerveau, entre les deux hémisphères . Cependant, cette
explication n’était pas satisfaisante : comment un esprit immatériel peut-il interagir avec la glande pinéale
matérielle ? Étant donnée la difficulté qu’il y avait à défendre la théorie de Descartes, certains de ses
disciples, tels Arnold Geulincx et Nicolas Malebranche, proposèrent une explication différente : toutes les
interactions corps-esprit demandaient l’intervention directe de Dieu. Selon ces philosophes, les différents
états de l’esprit et du corps consistaient seulement l’occasion d’une telle intervention, et non sa cause. Ces
occasionalistes maintinrent cette thèse selon laquelle toute causalité était naturelle, exceptée celle liant le
9
corps et l’esprit .

Typologie des dualismes en philosophie

Différents types de dualismes ontologiques

Le dualisme ontologique consiste en l’affirmation du caractère dual de l’existence en rapport à l’esprit et à la


matière, et peut se diviser en trois catégories :

1. Le dualisme de substance avance que l’esprit et la matière sont des types de substance
1
fondamentalement distinctes .
2. Le dualisme des propriétés suggère qu’une distinction ontologique réside dans la
différence entre les propriétés de l’esprit et de la matière (tel que proposé par
1
l’émergentisme) .
3. Le dualisme des attributs est l’idée selon laquelle les attributs mentaux sont irréductibles
1
aux attributs physiques .

Dualisme de substance

Le dualisme de substance est une forme de dualisme rendue célèbre par Descartes, qui affirmait qu’il existe
5
deux types de substance : la substance mentale et la substance matérielle . La substance mentale n’a pas
d’étendue spatiale, et la substance matérielle ne peut pas penser.

Le dualisme de substance est un point de vue qui contredit le physicalisme, l’un des points de vue les plus
populaires en philosophie cognitive moderne. Cependant, on peut considérer l’importance historique du
dualisme de substance, qui a donné naissance à de nombreuses réflexions sur le problème corps-esprit.

On peut également noter que les interprétations philosophiques de la physique quantique, et en particulier
l’interprétation selon laquelle la conscience entraîne l’effondrement d’un système constitué de la
superposition de plusieurs états quantiques, ne sont pas des réminiscences du dualisme de substance,
puisque ces interprétations partent en général du principe que l’observateur est intriqué dans l’objet observé,
et non pas une substance séparée comme dans le cas du dualisme de substance.

Le dualisme de substance est une position compatible avec la plupart des théologies qui affirment que les
1
âmes immortelles occupent un royaume d'existence indépendant et distinct du monde physique . David
Chalmers a mis au point récemment une expérience de pensée inspirée par le film Matrix, dans laquelle le
dualisme de substance pourrait être vrai : Considérons une simulation informatique dans laquelle les corps
de toutes les créatures sont contrôlés par leurs esprits, et les esprits restent strictement extérieurs à la
simulation. Les créatures peuvent alors faire toutes les recherches qu’elles veulent, elles ne parviendront
jamais à trouver où se situent leurs esprits, puisqu’ils n’existent pas dans leur univers observable. Ceci est
un cas de dualisme de substance en rapport avec la simulation informatique. C’est naturellement différent
d’une simulation informatique dans laquelle l’esprit fait partie de la simulation. Dans un tel cas, on a affaire
à un monisme de substance.

Dualisme de propriété

Le dualisme de propriété suppose que lorsque la matière est organisée de manière appropriée (c'est-à-dire de
la manière dont les corps humains sont organisés), des propriétés mentales émergent. Ainsi, c’est une sous-
branche du matérialisme émergentiste. Des versions différentes du dualisme de propriété décrivent celles-ci
de différentes manières. L’épiphénoménisme suppose que, alors que la matière donne naissance aux
sensations, volitions, idées, etc., ces phénomènes mentaux eux-mêmes ne causent rien en retour : ce sont des
points d’arrêt causaux. L’interactionnisme, d’un autre côté, autorise que les phénomènes mentaux soient les
10
causes d’effets matériels, et inversement .

Dualisme d’attribut

Le dualisme d’attribut est le point de vue épousé par la plupart des physicalistes non réductionnistes, tels
Donald Davidson et Jerry Fodor, qui soutiennent que, tandis qu’il n’y a qu’une seule catégorie ontologique
de substance et de propriétés de substance (habituellement physique), les attributs que l’on utilise pour
décrire les évènements mentaux ne peuvent pas être à leur tour décrits à l'aide d’attributs physiques par le
11, 12
langage naturel, ni y être réduits . Si l’on caractérise le monisme d’attribut comme le point de vue
auquel adhèrent les matérialistes éliminativistes, qui maintiennent que des attributs intentionnels tels que la
croyance, le désir, le ressenti, etc., seront inévitablement retirés du langage des sciences et du langage
ordinaire car les entités auxquelles ils se réfèrent n’existent pas, alors le dualisme d’attributs est plus
aisément défini comme étant la négation de cette position. Les dualistes d’attribut croient que ce que l’on
peut appeler la "psychologie du peuple", avec toutes ses attributions d’attitudes propositionnelles, est une
partie inévitable de l’entreprise de description, d’explication et de compréhension des états mentaux et du
comportement de l’homme.

Par exemple, Davidson adhère à une vision du monisme anomale, selon laquelle il ne peut pas y avoir de
lois psychophysiques strictes reliant les évènements mentaux et physiques selon leurs descriptions en tant
qu’évènements mentaux et physiques. Cependant, à chacun de ces évènements mentaux correspond une
description physique. C’est selon cette dernière description que de tels évènements peuvent être reliés par
des relations causales avec d’autres évènements physiques. Les attributs mentaux (rationnel, holistique et
nécessaire) sont donc différents) de manière irréductible des attributs physiques (contingent, atomique et
11
causal) .

Différentes conceptions dualistes de la causalité

Interactionnisme
L’interactionnisme est le point de vue
selon lequel les états mentaux, tels que
la croyance et le désir, interagissent de
façon causale avec les états physiques.
C’est une position très attirante qui
corrobore la vision intuitive de notre
bon-sens, en dépit du fait qu’il soit très
difficile d’établir sa validité par le Trois sortes de dualisme. La flèche indique la direction de
moyen d’une argumentation logique ou l’interaction causale.
de preuves empiriques. Elle nous parait
être attirante parce que nous sommes
entourés par de tels évènements quotidiens, tel l’enfant qui touche un fourneau chaud (évènement physique),
ce qui lui fait ressentir de la douleur (évènement mental), puis crier et pleurer (évènement physique), ce qui
a pour conséquence de causer chez ses parents une sensation de peur et un besoin de le protéger (évènement
5
mental) et ainsi de suite .

Epiphénoménisme

Selon la vision épiphénoméniste, tous les évènements mentaux sont causés par des évènements physiques et
ils n’ont aucune conséquence physique. Ainsi, l’évènement mental qui consiste à vouloir ramasser une
pierre (appelons cet évènement M) est causé par le déclenchement de neurones spécifiques dans le cerveau
(appelons cet évènement P) ; cependant, lorsque le bras et la main se mettent en mouvement pour ramasser
la pierre (appelons cet évènement E), ce dernier événement n’est causé que par P. Les causes physiques sont
donc en principes réductibles à la physique fondamentale, et par conséquent les causes mentales sont
éliminées à travers cette explication réductionniste. Si P est la cause de E et aussi de M, il n’y a pas de
5
surdétermination par "M" pour l’explication de E .

Parallélisme

Le parallélisme psychophysique est un point de vue très inhabituel concernant l’interaction entre les
évènements physiques et mentaux, point de vue qui a été soutenu principalement, et sans doute pour la seule
fois véritablement, par Gottfried Wilhelm Leibniz. Comme Malebranche et d’autres avant lui, Leibniz a
reconnu la faiblesse de la prise en compte par Descartes des interactions causales intervenant en un lieu
défini dans le cerveau. Malebranche a décidé que l'invocation d'un support matériel tel que la glande pinéale
pour expliquer les interactions entre le matériel et l’immatériel était impossible, et il a par la suite formulé sa
doctrine de l’occasionalisme, supposant que les interactions étaient en réalité causées par l’intervention de
Dieu lors de chacune des occasions individuelles. L’idée de Leibniz est que Dieu a créé, une fois pour
toutes, une harmonie pré-établie de telle manière que tout se passe comme si les évènements physiques et
mentaux étaient la cause, et étaient causés l’un par l’autre mutuellement. En réalité, les causes mentales
n’ont que des effets mentaux et les causes physiques n’ont que des effets physiques. C’est la raison pour
10
laquelle ce point de vue a été appelé parallélisme .

Occasionnalisme

Arguments en faveur du dualisme


Les arguments en faveur du dualisme sont de plusieurs sortes.

Arguments subjectifs en faveur du dualisme


Un argument essentiel contre le physicalisme (et donc en faveur
d’une forme quelconque de dualisme) consiste en l’idée que le
spirituel et le matériel semblent avoir des propriétés plutôt
différentes et, sans doute, irréconciliables. Les évènements mentaux
ont une qualité subjective qui leur est associée, alors que les
évènements physiques n’en ont évidemment pas. Par exemple,
qu’est-ce que l’on ressent lorsqu’on se brûle le doigt ? À quoi
13
ressemble le ciel bleu ? À quoi ressemble une musique agréable ?
Les philosophes appellent qualia ces aspects subjectifs de l’esprit. Il
y a quelque chose à quoi ressemble une couleur, une brûlure, et ainsi
de suite ; les qualia interviennent dans ces évènements mentaux.
L’argument est alors que ces qualia semblent particulièrement
1
difficiles à ramener à quoi que ce soit de physique . Frank Jackson a
formulé son fameux argument de la connaissance en se fondant Illustration de Descartes. Le feu
justement sur de telles considérations. Dans son expérience de déplace la peau, ce qui tire un fil
pensée, il demande de considérer une neurologue, Mary, qui est née microscopique, ce qui ouvre un pore
et a vécu toute sa vie dans une pièce en noir et blanc, avec une dans le ventricule (F), permettant à
télévision en noir et blanc, et un ordinateur à travers lequel elle l’"esprit animal" de s’écouler à
collecte toutes les données scientifiques qu’elle peut sur la nature travers un tube, qui gonfle le muscle
des couleurs. Jackson affirme que, à partir du moment où Mary va de la cuisse, entraînant le retrait du
pied.
quitter la pièce, elle va obtenir une nouvelle connaissance qu’elle ne
possédait pas avant cela : la connaissance de l’expérience subjective
de la couleur. Bien que, par hypothèse, Mary savait déjà tout ce qu’il
y avait à savoir à propos des couleurs d’un point de vue objectif, scientifique, à la troisième personne, elle
n’a jamais su, selon Jackson, ce que c’était que de voir le rouge, le orange, le vert, etc. Si Mary apprend
vraiment quelque chose de nouveau, c’est que cette connaissance doit être une chose immatérielle,
14
puisqu’elle savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur l’aspect matériel des couleurs . David Lewis répond
à cet argument en disant que ce que Mary a été amenée à connaître était simplement la capacité à reconnaître
et à identifier les sensations de couleur auxquelles elle n’avait préalablement jamais été exposée. Cet
argument est mis en défaut puisqu’il fait la confusion entre le fait de savoir comment faire quelque chose, et
connaître une chose en tant que telle. D’autres ont repris l’argument de Lewis et ont tenté de le modifier,
avançant que la capacité qui est apprise consiste en un processus d’imagination ou de mémorisation. Mais
l’imagination et la mémorisation sont toutes deux fondées sur la représentation de ce à quoi une chose
ressemble. Par conséquent, cet argument ne répond pas au problème initial.

L’argument des sciences spéciales

Cet argument consiste à dire que, si le dualisme des attributs est vrai, alors il existe des sciences spéciales
irréductibles à la physique. Ces sciences spéciales irréductibles, qui sont la source de la perception
d’attributs supposés irréductibles, sont présumées différentes des sciences dures dans la mesure où elles sont
dépendantes d’une intentionnalité. Si elles dépendent d’une intentionnalité, alors elles doivent dépendre de
l’existence d’esprits capables d’une posture intentionnelle. La psychologie est bien sûr le cas typique d’une
telle science spéciale. Par conséquent, cette science et ses attributs doivent dépendre encore plus
profondément de l’existence de l’esprit.

Idéalement, la physique a pour fonction de nous dire comment est le monde, de le décomposer en ses
éléments les plus simples compréhensibles par l’homme, et de le décrire sans les interférences dues aux
points de vue limités des individus ou aux intérêts personnels en jeu. D’un autre côté, des choses tels que le
caractère prédictible de la météo ou le comportement des êtres humains n’ont d’intérêt que pour l’être
humain lui-même. Le problème est que le fait d’avoir un point de vue sur le monde est en soi un état
psychologique. Par conséquent, les sciences spéciales présupposent l’existence d’esprits qui peuvent
atteindre ces états. Si l’on souhaite éviter le dualisme ontologique, alors l’esprit, qui a un point de vue, doit
faire partie de la réalité physique sur laquelle il a son point de vue. Si c’est le cas, alors afin de percevoir le
monde physique en tant que monde psychologique, l’esprit doit avoir un point de vue sur le monde
10
physique. Ceci présuppose en retour l’existence de l’esprit .

L’argument du zombie

L'argument du zombie est fondé sur une expérience de pensée proposée par David Chalmers. L’idée
fondamentale est que l’on peut imaginer, et par conséquent mettre en œuvre, l’existence d’un corps humain
sans conscience associée. L’argument de Chalmers est qu’il semble tout à fait possible, au sens d'une
possibilité logique, non d'une possibilité empirique, qu’une telle entité existe puisque tout ce qu’il est
nécessaire à sa conception est que toutes les choses décrites par les sciences physiques, et seulement elles,
soient vraies pour le zombie. Puisque aucun des concepts impliqués dans ces sciences ne fait référence à la
conscience ou à tout autre phénomène mental, le passage de l’imagination à la conception n’est pas aussi
15
grand qu’il n’y paraît .

Ainsi, une version « zombie » de David Chalmers serait en tous points identique au David Chalmers actuel,
du moins identique du point de vue tant de sa constitution physique que de ses comportements. En principe,
il serait impossible d'identifier le "zombie" comme tel, ou de le différencier du Chalmers actuel, qui lui est
doté de conscience. Seul le Chalmers conscient a accès à l'aspect phénomènal de sa conscience. Comme nos
deux Chalmers sont identiques, spécifiquement leur cerveau est en tous points le même et fonctionne de la
même façon, un neurologue non plus ne pourrait les différencier. Néanmoins, selon l'expérience de pensée,
une chose peut les différencier : l'un est dénué de vie consciente, n'a pas de qualia.

Daniel Dennett a fait une critique de cet exercice de pensée. Il base son attaque sur une critique de la notion
16
de qualia .

En particulier, il présente dans Vues de l'esprit une drogue hypothétique transformant un individu en zombie.
Ainsi, si cet individu est en proie à d'intenses souffrances physiques ou morales mais ne peut se suicider,
parce que par exemple sa famille a besoin de lui, la drogue lui assure définitivement un fonctionnement
purement dénué de conscience, toutes choses égales par ailleurs (son corps assurera son travail et ses
relations en simulant mécaniquement les diverses émotions habituelles).

L'individu décide de prendre la drogue un jour donné. Il ignore que ses proches, constatant son extrême
souffrance, la lui ont déjà administrée à son insu. Il manifeste donc un grand étonnement que rien ne change
pour lui quand il l'absorbe.

Argument de l’identité individuelle

Cet argument concerne les différences dans l’application de propositions contrefactuelles aux objets
17
physiques d’une part, et aux entités douées de conscience d’autre part . Dans le cas de n’importe quel objet
matériel (par exemple : une imprimante), on peut formuler une série de propositions contrefactuelles de la
manière suivante :

1. Cette imprimante pourrait être faite de paille.


2. Cette imprimante pourrait être faite d’une sorte quelconque de plastique, et de tubes
électroniques.
3. Cette imprimante pourrait être faite à hauteur de 95 % de ce dont elle est réellement
constituée, et de 5 % de tubes électroniques, etc.
Quelque part entre le point où l’imprimante décrite est faite précisément des matériaux qui constituent la
véritable imprimante, et le point où l’imprimante est faite de, disons, 20 % de matériaux différents, on peut
décider que l’imprimante devient la même imprimante en fonction d’une convention fixée arbitrairement.
Imaginons une personne, Frédérique, qui a un jumeau né du même œuf et d’un spermatozoïde légèrement
différent. Imaginons une série de propositions contrefactuelles correspondant à l’exemple de l’imprimante.
Quelque part au cours du déroulement des propositions, l’identité de Frédérique devient incertaine. Dans ce
cas, il a été affirmé que la superposabilité des constitutions ne peut pas être appliquée à l’identité des esprits.
« Mais tandis que mon corps peut alors avoir sa copie partielle dans un éventuel autre monde, ma
conscience ne le peut pas. N’importe quel état de conscience que je peux imaginer est soit à moi, soit à un
17
autre. Il n’y a pas de nuances possibles ici. » Si le jumeau de Frédérique, Frédériqua, est constitué à 70 %
de la même substance physique que Frédérique, cela signifie-t-il que Frédérique est également à 70 %
identique mentalement à Frédériqua ? Est-ce que cela a un sens de dire que quelque chose est mentalement
18
semblable à 70 % à Frédérique ?

Arguments contre le dualisme

Argument sur l’interaction causale

Différentes sortes de dualismes impliquant que l’esprit affecte la matière de façon causale ont subi des
assauts laborieux de toutes parts, en particulier depuis le début du XXe siècle. Comment quelque chose de
purement immatériel peut-il affecter quelque chose de purement matériel ? C’est le problème fondamental
de l’interaction causale. Nous analysons ici ce problème sous trois aspects. D’abord, le lieu même de
l’interaction n’est pas très clair. Par exemple, le fait de se brûler les doigts cause de la douleur.
Apparemment, il y a une chaîne d’évènements, partant de la brûlure de la peau, conduisant à la stimulation
des terminaisons nerveuses, puis à un (ou plusieurs) événements ayant lieu dans un endroit particulier du
cerveau, pour finalement terminer par la sensation de douleur. Mais la douleur n’est pas supposée être
localisable. Alors, où est-ce que l’interaction a lieu ? Si vous répondiez, « Elle a lieu dans le cerveau », alors
je pourrais répliquer, « Mais, je pensais que la douleur n’était localisée nulle part. » Et, en tant que dualiste,
vous pourriez vous accrocher à votre idée et répondre « En effet, la douleur n’est localisée nulle part ; mais
l’évènement cérébral qui est la cause directe de la douleur est localisé dans le cerveau. » Et on se retrouve
avec une relation causale très étrange. La cause est localisée en un lieu donné, mais l’effet n’est localisé
nulle part. Peut-être cette critique n’est-elle pas si dévastatrice que ça.

Intéressons nous à présent à un second problème qui se pose avec l’interaction : Comment l’interaction se
produit-elle ? On pourrait penser, « Eh bien, c’est une question pour la science ; les scientifiques vont finir
par découvrir le lien entre les évènements physiques et mentaux. » Mais les philosophes ont aussi leur mot à
dire à ce sujet : l’idée même d’un mécanisme expliquant le lien entre le mental et le physique serait, au
mieux, très étrange. Pourquoi cela ? Comparons-le à un mécanisme que l’on comprend. Prenons une relation
causale très simple, par exemple ce qui se produit lorsque la bille blanche cogne la bille noire au billard
américain, et la fait aller dans le trou. Ici, on peut dire que la bille blanche a une certaine quantité de
mouvement quand sa masse traverse la table de billard à une certaine vitesse, puis que cette quantité de
mouvement est transférée à la bille noire, qui se dirige alors vers le trou. Comparons maintenant cette
situation avec ce qui se produit dans le cerveau, où l’on voudrait qu’une décision entraîne le déclenchement
de certains neurones et ainsi entraîner le mouvement de mon corps. L’intention « Je vais traverser la pièce »
est un événement mental et, en tant que tel, ne possède aucune propriété physique comme une force. Si elle
n’a pas de force, alors comment pourrait-elle entraîner le déclenchement d’un quelconque neurone ? Est-ce
par magie ? Comment quelque chose ne possédant aucune propriété physique pourrait-il avoir le moindre
effet physique ?
À cela, on pourrait répondre, comme certains philosophes l’ont fait en leur temps, de la manière suivante :
« Eh bien en effet, il y a quelque chose de mystérieux dans la manière lorsque l’interaction entre le mental et
le physique a lieu. Mais le fait qu’il y ait quelque chose de mystérieux ne signifie pas que l’interaction n’a
pas lieu. Simplement, il y a une interaction, qui a lieu entre deux sortes d’évènements totalement
différents. » Le problème avec cette réponse est qu’elle ne semble pas répondre entièrement à l’objection
formulée. Essayons de formuler cette objection plus précisément. Prenons comme exemple ma décision de
traverser la pièce. L’interprétation dualiste est la suivante : Ma décision, un événement mental, cause
immédiatement le déclenchement d’un groupe de neurones dans mon cerveau, un événement physique, ce
qui aboutit finalement dans le fait que je traverse en effet la pièce. Le problème est que, si quelque chose de
totalement non physique entraîne le déclenchement d’un paquet de neurones, alors il n’y a aucun événement
physique qui cause le déclenchement des neurones. Cela signifie que de l’énergie physique semble être
apparue de nulle part. Même si l’on affirme que ma décision possède une forme quelconque d’énergie
mentale, et que cette décision est la cause du déclenchement des neurones, on n’a toujours pas expliqué d’où
est-ce que l’énergie physique, pour le déclenchement, est venue. Elle semble simplement avoir été créée à
19
partir de rien .

Conservation de l’énergie et fermeture causale

Une des objections principales à l’interactionnisme dualiste, comme il a été mentionné plus haut, est qu’il
est très difficile, sinon impossible, de comprendre comment deux types de substances complètement
différentes (matérielle et immatérielle) peuvent interagir de façon causale. Une réponse possible à ce
problème est de souligner le fait que, peut-être, l’interaction causale qui a lieu n’est pas du tout du même
type que l’interaction de mécanique newtonienne classique comme dans l’exemple des boules de billard,
10
mais met plutôt en jeu de l’énergie, de la matière sombre ou un quelconque autre processus mystérieux .
Même si cette dernière affirmation est vraie, certains maintiennent qu’il y a toujours un problème : de telles
interactions semblent violer les lois fondamentales de la physique. Si une source d’énergie extérieure et
inconnue est responsable des interactions, par exemple, cela violerait le principe de conservation de
20
l'énergie . D’un autre côté, les lois de conservation ne s’appliquent qu’aux systèmes fermés et isolés, et,
puisque les êtres humains ne sont pas des systèmes fermés et isolés, répondent les interactionnistes, ces lois
ne s’appliquent absolument pas ici. Dans le même état d’esprit, certains réfutent l’interactionnisme dualiste
en expliquant qu’il viole un principe heuristique général de la science : la fermeture causale du monde
physique. Mais Mills a répondu à cet argument en soulignant le fait que les évènements mentaux peuvent
être surdéterminés. La surdétermination signifie que certains aspects d’un effet peuvent ne pas être
complètement expliqués par ses causes suffisantes. Par exemple, « la musique aiguë a fait casser ce verre,
mais c’est la troisième fois que ce verre s’est cassé cette semaine. » Il est certain que la musique aiguë est la
cause suffisante du fait que le verre se soit cassé, mais cela n’explique pas l’autre élément de la phrase, le
fait que « c’est la troisième fois cette semaine... ». Cet élément est lié de façon causale, dans un sens, aux
deux évènements antérieurs. Par conséquent, il a été souligné que l’on devrait probablement se focaliser sur
les aspects intrinsèques ou inhérents d’une situation ou d’un événement, s’ils existent, et n’appliquer l’idée
de fermeture causale qu’à ces éléments. Par ailleurs, la question se pose du déterminisme par opposition à
l’indéterminisme. En mécanique quantique, les évènements à l’échelle microscopique sont indéterminés.
Plus précise est la localisation de la position d’un électron, plus imprécise devient la mesure de son moment
cinétique, et vice-versa. Certains philosophes tels Karl Popper et John Eccles ont émis l’hypothèse qu’une
21
telle indétermination pouvait également s’appliquer à l’échelle macroscopique . La plupart des
scientifiques, cependant, insistent sur le fait que les effets d’une telle indétermination s’annulent
mutuellement pour les grands assemblages de particules.

Arguments fournis par l'observation clinique


Cet argument court mais puissant a été formulé entre autres par Paul Churchland. L’idée est simplement que,
en cas de lésion cérébrale (par exemple traumatique, ou secondaire à une maladie neurologique) les
propriétés et/ou la substance mentale de la personne concernée sont systématiquement affectées. Si l’esprit
était une substance entièrement distincte du cerveau, comment serait-il possible que, chaque fois que le
cerveau est blessé, l’esprit soit affecté ? En effet, il est même très souvent possible de prédire et d’expliquer
le type de détériorations ou de modifications mentales ou psychologiques qu’un être humain va subir
lorsque certaines parties spécifiques de son cerveau sont endommagées. Ainsi, la question à laquelle le
dualiste fait face est celle de savoir comment tout ceci peut être expliqué si l’esprit est une substance
22
immatérielle et distincte, ou ontologiquement indépendante, du cerveau . On peut répondre à cet argument
de façon très simple en considérant le cerveau comme une interface entre le corps et l'esprit, le corps étant
assimilé à une machine (comme une voiture par exemple) et l'esprit étant vu comme son utilisateur. Celui-ci
nécessite une interface en bon état pour piloter sa machine. Si l'interface est endommagée, cela ne
fonctionnera plus et l'esprit ne pourra plus se manifester dans son intégrité. Par analogie, si votre ordinateur
tombe en panne pour une raison quelconque, par exemple si son processeur fond, vous ne pourrez alors plus
effectuer de calculs complexes, lire cet article ou communiquer par internet, de sorte qu'aux yeux d'un
observateur qui vous verrait à travers le réseau, au mieux vous paraitriez passablement amoindri, au pire
vous auriez tout bonnement disparu. On peut tout à fait envisager un fonctionnement similaire de
l'interaction entre l'esprit et le corps via le cerveau, de sorte que si le cerveau est endommagé l'esprit - qui
demeure intact - parait avoir perdu de ses facultés voire avoir totalement disparu. Le parallèle est parfois fait
en sciences cognitives [Par qui ?] entre le cerveau et un ordinateur. Mais tout ordinateur nécessite un
utilisateur pour fonctionner. Si l'on pousse l'analogie au maximum, on est tenté de chercher quel pourrait
être l'utilisateur du cerveau et ainsi à considérer l'éventualité d'un esprit totalement indépendant qui piloterait
le cerveau. Reste à expliquer le mécanisme de cette interaction. [réf. nécessaire] Cette analogie du cerveau avec
un ordinateur est réfutée par de nombreux neuroscientifiques parmi lesquels Gerald Edelman qui argumente
que seule une théorie sélectionniste peut rendre compte des propriétés de reconnaissance du cerveau. Ce
modèle sélectionniste raisonne du point de vue des populations de neurones et s’appuie sur la sélection
d’éléments ou états particuliers tirés d’un vaste répertoire de possibilités. Pour Edelman, le processus de la
conscience est donc une manifestation dynamique de l’activité des cartes neuronales réparties dans de
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nombreuses aires différentes du cerveau . La conscience n'est pas localisée, le fait qu’une aire cérébrale
puisse être essentielle ou nécessaire à la conscience ne signifie pas qu’elle est suffisante – tel ou tel groupe
de neurones dans telle ou telle aire corticale peut d’ailleurs contribuer à l’activité consciente à un moment
donné et pas au suivant. Dès lors, le sophisme qui consiste à dire que si le cerveau peut être comparé à un
ordinateur cela implique qu'il y a un programmeur ne tient pas puisque les neurosciences réfutent la
première prémisse.

Argument du développement biologique

Un autre argument courant contre le dualisme consiste en l’idée que puisque l’être humain vient à
l’existence (à la fois phylogénétiquement et ontogénétiquement) en tant qu’entité purement physique ou
matérielle, et puisque rien d’extérieur au domaine de la physique ne lui a été ajouté par la suite au cours de
son développement alors on doit nécessairement terminer notre développement en tant qu’êtres entièrement
matériels.

Phylogénétiquement, l’espèce humaine a évolué, comme toutes les autres espèces, à partir d’un être
monocellulaire fait de matière. Puisque tous les évènements ultérieurs conduisant à la formation de notre
espèce peuvent être expliqués à travers le processus de mutation aléatoire et de sélection naturelle, la
difficulté pour le dualiste est d’expliquer où et pourquoi il aurait pu y avoir l’intervention d’un événement
non physique, non matériel dans le processus de l’évolution naturelle. Ontogénétiquement, on commence
notre existence en tant qu’ovule fertilisé. Il n’y a rien de non matériel ou de mentaliste dans la conception, la
formation du blastocyste, du gastrula, et ainsi de suite. Notre développement peut s’expliquer entièrement
par l'accumulation de matière à travers le processus de nutrition. Alors, d’où pourrait provenir notre esprit
non physique ?

Argument de simplicité

L’argument de simplicité est probablement le plus simple et également le plus courant contre le dualisme
corps/esprit. Le dualiste est systématiquement confronté à la question de savoir pourquoi l’on devrait
nécessairement croire en l’existence de deux entités ontologiquement distinctes (l’esprit et le cerveau), alors
qu’il semble possible, et plus facilement réfutable avec des outils d’investigation scientifiques, d’expliquer
les mêmes évènements et les mêmes propriétés avec une seule entité. C’est un principe heuristique en
science et en philosophie de ne pas considérer l’existence de plus d’entités qu’il n’est nécessaire pour une
explication et une prédiction claire (voir Rasoir d'Ockham).

Références
1. Hart, W.D. (1996) "Dualism", in Samuel Guttenplan (org) A Companion to the Philosophy of
Mind, Blackwell, Oxford, 265-7.
2. Platon, Apologie de Socrate [détail des éditions] [lire en ligne (http://philoctetes.free.fr/apologie
desocrate.htm)], Criton, Phédon, trad. M.-J. Moreau, Éd. Gallimard, Folio Essais, 1985.
3. Aristote (milieu IVe siècle av. J.-C.) La Métaphysique trad. Annick Jaulin, PUF, 1999
4. Descartes, R. (1641) Méditations métaphysiques, trad. Florence Khodoss, PUF, 2004
5. Robinson, Howard, "Dualism", The Stanford Encyclopedia of Philosophy (Fall 2003 Edition),
Edward N. Zalta (Éd.), URL=http://plato.stanford.edu/archives/fall2003/entries/dualism/
6. Aristote, mil. IVe siècle av. J.-C., "De l’Âme", trad. A. Jannone, ed Gallimard, TEL, 1994
7. Whittaker, The Neo-Platonists, (Cambridge, 1901)
8. Thomas d’Aquin, "Somme théologique"
9. Alquie, F., "Le Cartésianisme de Malebranche", Vrin, 2005
10. Robinson, H. (2003) "Dualism", in S. Stich and T. Warfield (eds) The Blackwell Guide to
Philosophy of Mind, Blackwell, Oxford, 85-101.
11. Donald Davidson, Essays on Actions and Events ed. Oxford University Press, 1980
12. Fodor, J. (1968) Psychological Explanation, Random House. (ISBN 0-07-021412-3).
13. Nagel, T. "La vue de nulle part", trad. Sonia Kronlund, éd. L’Eclat, 1993
14. Jackson, F. (1977) "Perception: A Representative Theory", Cambridge: Cambridge University
Press.
15. Chalmers, David, "The conscious mind"
16. Sweet Dreams: Philosophical Obstacles to a Science of Consciousness (Jean Nicod Lectures),
2005
17. Madell, G. (1981): "The Identity of the Self", Edinburgh University Press, Edinburgh.
18. Shoemaker, S. and Swinburne, R. (1984) "Personal Identity", Oxford: Blackwell.
19. Baker, Gordon and Morris, Katherine J. Descartes’ Dualism (Routledge, London 1996)
20. Lycan, William: "Philosophy of Mind" in The Blackwell companion to Philosophy, Nicholas
Bunnin and E. P. Tsui-James eds. (Blackwell Publishers, Oxford 1996).
21. Popper, K.R. and Eccles, J.C. (1977) "The Self and Its Brain", Berlin: Springer.
22. Churchland, Paul : "Matière et Conscience", trad. Gérard Chazal, ed. Champ Vallon, coll.
Milieux, 1998.
23. Gerald Edlman, Biologie de la conscience, Édition Odile Jacob
Source
(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé
« dualism (philosophy of mind) (https://en.wikipedia.org/wiki/dualism_(philosophy_of_mind)?
oldid=47374823) » (voir la liste des auteurs (https://en.wikipedia.org/wiki/dualism_(philosophy_of_mind)?actio
n=history)).

Voir aussi

Bibliographie
John Cottingham, Descartes, Seuil, collection Points, mars 2000, traduit de l'anglais par
Christian Cler : sur le dualisme de substance cartésien

Articles connexes
Dualisme cartésien
Âme
Corps
Immatérialisme
Matérialisme
Problème corps-esprit
Spiritualisme
Substance
Entité non-physique

Lien externe
Texte intégral des Méditations métaphysiques de Descartes (http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/ath
ena/descartes/desc_med.html)

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