100%(2)100% ont trouvé ce document utile (2 votes) 561 vues167 pagesBientôt Un Gouvernement Mondial Par Pierre Virion
L'arrivée d'une super contre-église est-elle proche ?
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malls Aste
BIENTOT
UN GOUVERNEMENT
MONDIAL ?
Préface de Dominique TassotSi la mondialisation imprégne tous les niveaux de
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approche économique et politique.
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aux inspirateurs du mondialisme et aux initiateurs de la
« république universelle » (Papus, D’Alveydre, etc.), en
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de Vincent Peillon dans Une religion pour la République
« Toute Uopération consiste bien, avec la foi laique, 8
CPD COCR uC ae) religion, de Dieu, du Christ
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dans cet ouvrage des clés de lecture indispensables pour
CeCe Coteau c tC Mar ent
ou sociétal des événements qui se présentent a lui
Pierre Virion (1899-1988) est un journaliste francais licencié
en droit et diplémé d'études supérieures en histoire. Auteur de
Cenk eens Mee Ce ee cat
dénonce notamment Vavénement du « Nouvel ordre mondial ».BIENTOT UN GOUVERNEMENT MONDIAL
LUNE SUPER ET CONTRE-EGLISEMille erreurs modernes ont été punies par leur propre échec
vous avez vu l'orgueil de certaines grandeurs sombrer dans le
néant, Vopulence de certaines fortunes disparatire a Vimproviste,
a boue de la luxure souvent se mélanger au fleuve de larmes et de
sang qui a traversé le monde ces temps passés.
Diautres erreurs devront disparatire; d'autres sieges élevés
devront tomber; d'autres ambitions effrénées s'écrouler, brisées
Et la ruine sera d'aurant plus vertigineuse qu'aura été plus
‘grande l'audace de rivaliser avec Dieu. L'été viendra, chers fils;
il viendra, riche en récoltes abondantes. La terre, baignée de
Tarmes, sourira avec des perles d'amour, et, arrosée du sang des
‘martyrs, elle fera germer les chrétiens.
PIE XI
(A la Jeunesse Italienne d’A.C., 19 mars 1958)
Pierre Virion
BIENTOT
UN GOUVERNEMENT MONDIAL
UNE SUPER
ET CONTRE-EGLISE
Prerré TEQUI éditeur
8 rue de Méziéres 75006 Paris,
‘wwweditionstequi.comDu MEME AUTEUR AUX Eprtions TEQUI
Mystere d’iniquité (3° dition),
Les forces occultes dans le monde moderne ~ Conférence pronon~
‘c&e A Rome le 25 octobre 1965, sous les auspices de Romana
Colloquia, (une plaquette).
Le Christ qui est Roi de France.
“Jeanne en son temps (une plaquette). L’Europe, apres sa derniére
‘chance, son destin.
AUTRES EDITIONS:
La Iglesia y la Masoneria — Ediciones Acervo, Barcelone.
El Gobierno Mundial y la contra Iglesia ~ Editions Cruz y Fierro,
Buenos-Ayres.
Civilisation, notre bien commun (€p
La premiere édition de cet ouvrage a été rapidement épuisée
‘au cours de l'année 1965-1966, et des traductions étrangéres en
ont prouve le puissant intérét.
Les événements internationaux qui se précipitent d une
cadence toujours plus rapide mettent sous nos yeux de fagon sai-
sissante la réalisation de ce plan occulte dénoncé par l'auteur, en
vue de U'instauration d'un gouvernement mondial.
Pour répondre aux demandes qui nous viennent de tous c6tés,
nous offrons a nos lecteurs cette nouvelle édition
© Téqui, 2009
Exhnp 5
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F
Jean Amos Coménius
1592-1670
« Apétre de la compréhension Mondiale »
(V'UNESCO}AVANT-PROPOS
Devant le défilé pressé des événements qui, de jour en
jour, modifient la face d’un monde en mouvement accéléré,
pourquoi vouloir lire (ou relire) un livre écrit voila presque
un demi-sidcle? C’est pourtant le propre des classiques — et
cet ouvrage de Pierre Virion en est un — que de dispenser une
lumiére toujours renouvelée : car les vérités profondes, celles
qui atteignent la trame méme de I’Histoire, ne se périment
pas. Mieux encore: ainsi muni des bonnes clés pour analyser
ce qu’on appelle « actualité », le lecteur prendra plaisir 4
découvrir par lui-méme le sens des récents événements.
En 1965, date de la premiere dition, évoquer les cercles,
mondialistes tels le C.F. R. ou le Bilderberg, relevait de la
presse confidentielle. Aujourd’hui les réunions de Davos
sont mentionnées par les grands quotidiens et le mot de
« gouvernance mondiale » se retrouve affiché & tous les car-
refours, mais pour nous habituer & ’idée, pour désamorcer
nos réflexes défensifs, sans qu’il nous soit donné de quoi
comprendre ici un drame od se joue pourtant le destin des,
peuples.
« En toutes choses, il faut considérer Ia fin », dit La
Fontaine. L'apport essentiel de Pierre Virion est de remonte:
aux inspirateurs du mondialisme, depuis le XVII sigcle et,
9agriice & une documentation précise, de suivre 2 la trace les
penseurs, visionnaires illuminés (ou illuministes 2) qui ont
tracé les plans de construction de la République universelle:
il faut du recul pour voir loin. Une premiére surprise, pour
beaucoup, sera de constater que ces plans existent et qu’ils
sont (ou furent) publiés, donc a la disposition des cher-
cheurs, Pierre Virion note toutefois que I’'Unesco, eélébrant
en 1957 le tricentenaite du Frere morave Coménius, r6éd
ses ceuvres, mais en exceptant celle, Lux in Tenebris, ot! 'on
peut lire: « A 1a fin de la guerre, la papauté et la maison
d’Autriche seront détruites ». II est vrai que cette prophétie
(ou ce programme) n'est encore réalisée qu’a moitié!
Car lenjeu du mondialisme, et c’est ici la dimension qui
‘manque Ie plus souvent aux nombreux livres qui en traitent,
n'est pas d°abord économique, méme si - et la chose figure
cexplicitement chez. Saint-Yves d’ Alveydre en 1882 ~ c'est
par des liens économiques et commerciaux qu’on en vient
aux liens politiques: I’histoire récente de la Communauté
européenne I’a bien montré. Mais l’enjeu essentiel, comme
toujours, est invisible: il est spirituel. Nos dirigeants poli-
tiques, malgré leur prestige levant les eaméras, ne sont plus
aujourd’hui que des exécutants d'un programme dont Ia réa-
lisation seule leur est confige. Les mots eux-mémes ont fini
par trahir cette piteuse réalité: il n'est plus question chez eux
que « d’agendas » (étymologiquement, en latin: les choses
qui doivent étre faites). Si les politiques étaient les auteurs
des mesures qu’ils signent, ils les concevraient eux-mémes
au vu des circonstances et n’auraient done pas d’agenda! Or
cet agenda fixé au pouvoir releve d'une autorité supérieure
qui, elle, reste inconnue du public. En documentant ce trait
majeur des régimes actuels, Pierre Virion n’hésite pas
Gorire que le veritable gouvernement mondial, du moins &
terme, devra se confondre avec lorgane exergant l"autorité:
10
une super-église visant A régenter tous les cultes, tous les
enseignements et toutes les meeurs, dans une diversité inter-
nationale apparente n’ayant pour unique adversaire que les
dogmes et les commandements intangibles de I’Eglise for-
dée par Jésus-Christ.
A voir les attaques croissantes dont les chrétiens sont
aujourd’hui objet: persécutions violentes en terre d’Islam,
lois de plus en plus antichrétiennes en Occident, propagande
hostile dans les médias et par I'école, on pourrait craindre
arrivé le réve de Comenius. Mais une science supérieure
nous apprend que, par nécessité théologique, le plan dz
Satan fait partie du plan de Dieu, Non seulement les pou-
voirs occultes échoueront, mais leur défaite verra le
triomphe d’une chrétienté revigorée. Le pape Pie IX, celui
qui vit le roi du Piémont le spolier de ses Etats et se retrouva
prisonnier au Vatican, écrivait le 20 septembre 1874 (Pierre
Virion nous le rappelle): « Qu’ils sachent, les ennemis de
VEglise qui, pleins de confiance, sont dans l’enthousiasme
de tout ce qui arrive et qui, comptant sur certains événe-
ments, proches ou lointains, Dieu seul le sait, qu’ils sachent
bien que les Pharisiens aussi et leurs amis étaient dans
Tenthousiasme pour la mort du Christ comme s’ils avaient
obtenu un triomphe; ils ne s'apercevaient pas que cette mort
Gtait V’origine de leur défaite complete. >
Dominique TassotINTRODUCTION
Le Gouvernement Mondial ! Beaucoup en parlent sans
savoir exactement de quoi il s’agit sauf les protagonistes
occultes, évidemment, car sur ce point, un secret & plusieurs
étages, bien gardé d’un palier et l'autre, en cache la nature
profonde, laissant aux « profanes » de discuter de sa réalisa-
tion selon Ia couleur du parti politique qu’ils ont adopté.
Nous examinerons plus loin cette nature profonde d’une
domination universelle que la Haute Synarchie entend exer
cer au moyen d’un gouvernement réputé d’aprés les parti-
sans du « Mouvement Mondial » ou de I’« Association par-
lementaire pour le Gouvernement Mondial » ou encore par
une bourgeoisie nourrie de littératures économiques bien
technicisées comme I’instance derniére du Progrés et de la
Paix, Contentons-nous, pour linstant, de poser sur son vrai
terrain ce projet de monstrueuse machine qui n’a rien
@humaniste malgré les apparences.
L’idée d’un Gouvernement mondial n’est sans doute pas
nouvelle. Depuis la fin de la Chrétienté médiévale qui n’en a
jamais été un, elle a donné naissance A de multiples projets
elle procéde d’une dégradation de l’idée chrétienne de
Punité du genre humain, hostile le plus souvent & la Papauté
quand elle ne vise pas purement et simplement a une théo-cratie A l'envers ce qui est le cas des Hautes Sociétés
Secrétes.
Pour ces demiéres, il ne s’agit pas du point de fuite théo-
rique sur lequel s"appuyaient naguere doctrines et propa-
gandes humanitaires dirigées contre I’Eglise romaine ; pas
davantage du slogan déja vieux, lancé par les Fréres de la
basse magonnerie, Rien de semblable & leur « République
universelle », dans cette dictature actuellement en gestation
dans le cercle hermétique des puissances économiques inter-
nationales, usant de politiciens « supermen » alliées aux plus
Hautes Sociétés Secrétes. Tout ce monde espére faire bient6t,
de ce Gouvernement, une réalité 2 la fois institutionnelle et
ésotérique, c’est-2-dire en partie visible et en partie secréte.
Pour bien en juger il ne faut done pas s"arréter aux réves
divers de Sociétés des Nations formés par des théoriciens
depuis Pierre Dubois par exemple (XIV* siécle), en passant
par Georges de Podiebrad, le roi hussite, jusqu’a Kant et aux
idéalistes modernes. Ils ont donné lieu & toute une littérature
bien connue et assez. indigeste.
UNE VISION DE NOTRE MONDE.
CHEZ LES ROSE-CROIX DU XVII SIECLE
Tout autre est le mondialisme synarchique. Plus secret, il
a des arcanes inconnus du public. C'est aux Rose-Croix, ces
précurseurs de la Magonnerie moderne qui demeurent
encore les maitres & penser des plus hauts cercles 4initiés
aujourd'hui, qu’il faut en demander une premiére vision.
Le dessein général, la structure essentielle, n’en ont pas varié
depuis parce qu’ils reposent sur les principes de leur contre-
théologie quasi-universellement répandue dans les sectes
“4
modernes. Un de leurs historiens, Sédir, de son vrai nom
‘Yvon Leloup, nous les montre a la recherche d’un canon du
savoir intégral et, sur le plan social, élaborant une Synarchie
couronnée par une Monarchie universelle. Ce sont, en effet,
es Rose-Croix du XVII° sigcle qui ont tracé les lignes de
eréte d’un gouvernement mondial composé de trois orga-
nismes: église universelle, conseil culturel international, tri-
bunal de la paix. L'un deux, Amos Kominsky, plus conn
sous le nom de Coménius, nous a laissé de cette synarchie
tun canevas si précis qu’il demeure aujourd'hui encore celui
de leurs successeurs. Malgré les retouches de Ia fin da
XIXe sidcle et celles de la premigre moitié du XX*, on
pourra, en confrontant ce canevas avec les documents plus
récents que nous donnerons a leur date, se convainere de la
persistance d’un méme plan et d’une continuité d'action qui
couvriraient de confusion, s*ils avaient le courage et la
curiosité d’en prendre connaissance, les plus passionnés
réveurs du « vent de histoire » et de I’évolution. Chez les
Rose-Croix, la vision du monde futur et de son gouverne-
ment s’accordait & leur philosophie secréte et & l’occultisme.
Moins de trois sigcles plus tard, un document d’inspira-
tion martiniste: le « Schéma de I’Archétype social »,
contemporain du fameux « Pacte synarchique », nous mon-
trera encore que la Synarchie rosicrucienne ne va pas sans
un pouvoir caché mais trs réel dominant des institutions
internationales visibles et formant un ensemble avec elles.
C'est done Comenius, disions-nous, qui, dés le XVII sitele
a fait de ce gouvernement que nous voyons se former peu 4
peu sous nos yeux une description si pleine d’actualité que
M. Piaget, dans un opuscule édité en 1957 par I’Unesco pour
un tricentenaire, disait de lui: « I’'Unesco et le Bureau inter-
national d’éducation lui doivent le respect et la reconnais-
sance que mérite un grand aneétre spirituel. »Qui était Coménius? II était né en 1592 en Moravie, de
parents appartenant 2 la communauté des Fréres Moraves qui
avaient pris ce nom en 1575 lorsqu’on leur accorda le droit
de réunion. C’étaient auparavant les Freres Bohémes, suc-
cesseurs directs des Hussites qui mirent I’Europe centrale &
feu et & sang, apres le supplice de Mhérésiarque Jean Huss &
Constance en 1415. A nouveau, dés le premier quart du
XVIF sicle, pillages, incendies, massacres s’abattirent sur
les abbayes, les couvents, les villages. LE REGIME COMMU-
NISTE LE PLUS ABSOLU FUT MEME INSTAURE A
MUNSTER PAR LES ANABAPTISTES, SOUS LE NOM DE
« REGNE DE DIEU ». Les princes répondirent chaque fois
par des représailles non moins cruelles, Battus enfin en 1620,
les Freres Moraves se dispersérent et se dissimultrent dans
exil, sous la conduite de leur évéque Jean Amos Kominsky.
Celui-ci accéda a I’état ecclésiastique & Zéranovice en
Moravie et recut sans doute comme d'autres membres du
clergé de l'Union des Fréres la consécration épiscopale d'un
évéque vaudois se disant de tradition ecclésiastique. Réfugié
a Lezno sur la frontidre de Moravie il y dirigea le gymnase
de la ville, poursuivit une ceuvre pédagogique dont la somme
parut dans la « Grande Didactique ». Puis il se rendit &
Londres, s"imprégna des ceuvres de Frangois Bacon, de
Robert Fludd, Rose-Croix, il alla en Suede chez. son ami,
protecteur et mécdne, Louis de Geer, lui aussi de la secte
rosicrucienne, puis 4 Amsterdam et en Pologne.
Notre but n'est pas d’entrainer le lecteur dans une étude
de ’euvre, d’ailleurs considérable, de Coménius. Mais nous
allons montrer, par quelques textes, comment & travers lui
les Fréres de la Rose-Croix avaient déja congu, au moyen de
trois corps internationaux, la planification jusqu’a !’échelle
mondiale de la culture, des institutions politiques et de toutes
les religions fondues dans une seule « Eglise rénovée » (sic).
16
« Lorsque, dit-il, les conditions auront été amélio-
rrées, au point que tout nous sera vraiment commun: la
philosophie, la religion et la politique, les lettrés auront
Voccasion de rassembler et de classer les vérités et de
les inculquer @ U'esprit humain : les prétres pourront
entrainer les mes vers Dieu ; les hommes politiques
pourront faire régner partout la paix et la tranguillité;
ils déploieront, pour ainsi dire, une sainte ardeur dans
leurs efforts pour contribuer, chacun a sa place, le
mieux qu'il pourra, a l’avancement du bien-étre du
genre humain. »
(La Panorthosie ~ 1644)
Mais pour que tout nous soit vraiment commun, il faudra,
ajoute-t-il, qu’il y ait « dans chaque école, dans chaque
Figlise, dans chaque Etat, des gardiens des normes et lois »
de manigre que « pour le monde entier, tous soient mainte-
rus dans les limites du salut », ce qui suppose que dans cha-
ccun des trois états: la culture, la religion et la politique, « on
instituera par conséquent un corps de dirigeants » :
« Ne faudrait-il done pas instituer trois tribunauc
arbitraux auxquels seraient soumis tous les différends
qui pourraient surgir entre les leutrés, les prétres et les
princes? Leurs soins vigilants ne pourraient-ils, dans
chacun des trois états, empécher des discordes et des
brouilles de nattre? La paix et la tranquillité seraient
maintenues. » (ibid).
11 n’est pas difficile d’apercevoir dans ces lignes,
annonce du régime synarchique et de sa technocratie totali
taire et si Coménius ajoute que le chef supréme de ces corps
serait le Christ — dont il a une notion opposée a celle de
l'Eglise romaine — nous voila bien assurés que ce Christ, le
faux Christ des Rose-Croix, que leurs successeurs appellentle « Seigneur du Monde », assumerait la monarchie univer-
selle sur tout Ie systéme. Mais poursuivons:
« Il sera utile d’adopter des appellations différentes
pour ces tribunaux: le tribunal des lettrés s'appellerait
le Conseil de la Lumiere, le tribunal ecclésiastique, le
Consistoire et le tribunal politique, la Cour de Justice.
« Le conseil de la Lumiere veillera a ce qu’il ne soit
nécessaire nulle part au monde d’instruire quelqu'un et
‘moins encore a ce qu'il se trouve quelqu'un qui ignore
quelque chose d'indispensable, et & ce que tous les
hommes soient instruits de Dieu. Ce qui veut dire que le
Conseil, en créant des occasions favorables, permettra
a tous les hommes du monde entier de tourner les yeux
vers cette lumiére, dans laquelle tous verront, par eux-
mémes, la vérité et a laquelle plus jamais aucune chi-
mere ne pourra se méler » (ibid)
N’allongeons pas cette citation sur les attributions de ce
Conseil de la Lumiére dont le nom significatif annonce la
philosophie des Lumires des écrivains du XVIII sigcle et
plus tard I’Unesco et dont les membres, dit Coménius,
devront étre « ILLUMINES COMME DE VERITABLES
TOILES » et auront la charge de contréler l’imprimerie et la
librairie, l'enseignement, ses méthodes et ses programmes et
tout ce qui conceme la culture. Passons aux deux autres ins-
titutions: la politique et la religieuse
«Ce Tribunal (le Tribunal de la Paix) aura pour
mission de veiller @ la sagesse humaine, qui consiste
a se maitriser soi-méme a tous les degrés, dans tous
les états et tous les cas, afin de maintenir sans altéra-
tion @ tous les points de vue la société humaine et son
systeme de relations, autrement dit d’étre ala téte de
la diffusion de la justice et de la paix entre les
18
peuples du monde entier. Ce corps pourrait s’appeler
aussi le « DIRECTOIRE DES PUISSANCES DU
MONDE, LE SENAT DU MONDE OU L'AREOPAGE DU
MONDE ».
Voici maintenant en quoi consisterait l’universelle Eglise
dont Saint-Yves d’Alveydre, a la fin du XIX® sidcle, préci-
sera la nature et que le Pacte synarchique au XX° sidcle
appellera I"« Ordre culturel mondial ».
« Les membres du Consistoire (mondial) auront
pour tache de s'assurer que le contact des ames avec
Dieu se fait sans empéchement @ quelque degré, dans
quelque état et dans quelque cas que ce soit, — autre-
ment dit de veiller au regne du Christ dans U'Eglise, ala
continuation et d la perpétuation de la communion des
Saints dans le monde entier, universellement, sans
empéchement (en subordonnant tous les membres de
U'Eglise a une seule téte: le Christ). Ce corps pourrait
s‘appeler aussi LE CONSEIL GENERAL, LE SYNEDRION
DU MONDE, LES VIGILES DE SION, etc. »
Telle sera I'« Eglise Générale » (c'est un autre nom que
lui donne Coménius) & laquelle chacune des Confessions,
quelle qu’elle soit, sera soumise par l’intermédiaire du
« Consistoire national de son pays », c’est-i-dire d’une
Eglise nationale. Les intégrant toutes, elle en proclamera
l'égalité, n'admettant aucune opposition dune « église
contre une autre église pour une différence d’opinion (s"il en
reste encore) ».
Ce «s'il en reste encore » fait pressentir I’étrange tolé-
rance dont se glorifieront les philosophes du XVIIF sigcle et,
plus tard, les politiciens du radicalisme laique & l’endroit de
toutes les croyances sauf celle de |’ EGLISE ROMAINE,
19incarnant, pour Coménius, la « Superbe de I’ Antéchrist ». I
précise mieux encore le dessein de la contre-église d’impo-
ser au monde le christianisme cosmique des Rose-Croix
comme religion universelle.
Ces bréves citations donneront, du Gouvernement uni-
versel projeté par les Rose-Croix, une idée suffisante pour
établir des points de comparaison avec les réalisations que
nous avons déja aujourd’hui sous les yeux. Nous aurions
pu, das ces premiéres pages, en ajouter d'autres peut-étre
plus suggestives, mais qui auraient eu besoin d’explications
préalables & cause de leur signification volontairement équi-
voque, ou plut6t ésotérique. Nous y reviendrons en temps
opportun. Mais afin que, d’ores et déja, on ne puisse douter
que I'échafaudage international de la Secte visait &
DETRUIRE L’BGLISE CATHOLIQUE pour y substituer un
Empire universel par le moyen de bouleversements poli-
tiques, ajoutons ces quelques lignes, extraites des conclu-
sions d'un ouvrage de Coménius: Lux in Tenebris (1657).
Elles sont lourdes dun avenir que nous avons déja vécu
« Le Pape est le grand Antéchrist de la Babylone
universelle
« La Béte a tout faire de la courtisane, c'est
!'Empire Romain (le Saint-Empire romain germanique)
et spécialement, la Maison d’Autriche.
« Dieu ne tolérera plus longtemps ces choses ; bien
mieux, il détruira enfin le monde des impies dans un
déluge de sang.
« Ala fin de la guerre, la PAPAUTE ET LA MAISON
D'AUTRICHE SERONT DETRUITES.
« Cette destruction sera le fait des Nations fatiguées
de leur despotisme, accourant des quatre coins du
‘monde, en premier lieu les peuples du Nord et de
F'Orient.
« Pour leur récompense, ils répandront la LUMIERE
de | Evangile.
« L’Univers tout entier sera réformé a la fin des
siécles. Les lois et la forme de cette réforme seront pro-
mulguées, @ savoir: destruction de I'Idole et de
lidoldtrie et partout rétablissement du culte le plus pur
de la divinité »'
Lhistoire de la Frane-magonnerie spéculative, telle qu’elle
apparut en 1717, n’entrant pas dans le cadre de cette étude,
nous ne parlerons ni de Vinfluence rosicrucienne sur sa for
mation ni des courants d’idées révolutionnaires et pas davan-
tage de la Révolution. Mais celle-ci est en étroite dépendance
de la pensée rosicrucienne qui péndtre les Sociétés Secrétes
de cette époque et qui n’en est pas un facteur moins déterm=
nant que les manoeuvres de la diplomatie anglaise, I’action
des clubs, le colportage des libelles imprimés en Hollande.
Un sidcle avant I’événement, au temps de Coménius, les
Rose-Croix eux-mémes, prédisaient l'explosion & laquelle
beaucoup d’entre eux pensaient pouvoir assister. Aprés la
chute de la Monarchie, la destruction de I’alliance autri-
chienne et du pacte de famille entre les Bourbons, la haine de
cette famille demeurera, d travers le XIX¢si8cle, un des enga-
‘gements sacrés, si l’on peut dite, des membres influents des
sectes. Le serment de Thiers sur un crucifix en est un exemple
et n'a pas été démenti. On attachait la plus grande importance
ala chute d’un édifice politique européen od la France tenait
une grande place. A cette démolition contribugrent les
guerres de la Révolution et de l’Empire dont les suites nous
retiendront davantage au cours de cette introduction,
1, Destruction dela Papauté et du catholicisme romain, instauration de Ia nou:
velle religion,LE CONGRES DE VIENNE,
ET LA SAINTE-ALLIANCE
Apres Waterloo ; le Congrés de Vienne et la Sainte-
Alliance. Une redistribution des territoires va modifier
F’équilibre de l'Europe chrétienne, une curieuse charte mys-
tico-politique va prétendre maintenir ce nouvel équilibre:
Sans doute le Congrés de Vienne entendait opposer une
barridre & l'extension de l'idée révolutionnaire et préserver
les trdnes, hier ébranlés par Napoléon, demain peut-€tre
abattus par les flots de Vinsurrection. Cela répondait & un
sentiment général qui n’était pas seulement celui des
Souverains absolus. En Angleterre, Pitt et Burke voulaient
museler Ie monstre que pourtant le Gouvernement britan-
nique avait puissamment contribué & déchainer. Alexandre
de Russie voulait l’exorciser au nom du Christianisme
transcendental que lui inspirait la Barone de Krudener. Le
non moins mystique Frédéric-Guillaume de Prusse pensait
V’étouffer sous le piétisme au sein duquel il se tenait lui
méme comme en un abri, protecteur de sa Iégitimité. La
Révolution frangaise dont Napoléon représentait le
paroxysme, heurtait le désir de sécurité et le sentiment
national des peuples dont il avait un instant bouleversé les
structures et menacé l’existence. Quoi d°étonnant ds lors
qu’d cOté de la Paix de Vienne, réglant les problémes terri-
toriaux, naquit cette Sainte-Alliance offensive et défensive
des monarques chrétiens convaincus, sinon sincérement, du
moins par nécessité, de Ia fraternité des peuples et des roi
et de la responsabilité de ceux-ci devant leurs sujets? Le
Traité de la Sainte-Alliance fut donc signé le
26 septembre 1815 entre le Czar de Russie, I'Empereur
a Auttiche et le roi de Prusse. Tres t6t, Louis XVIII y donna
son adhésion.
2
Elle apparut alors comme la charte internationale du
monde chrétien, Proclamant un droit collectif d’interventicn
sur les points de I’Europe od 1a révolution tenterait de ren-
vyerser "ordre établi, des congrés devaient se tenir et se tin-
rent, en effet, pour prendre, d’un commun accord, les
mesures qu’imposait la répression des troubles. II y eut, en
1819, les Congrés de Carlsbad et de Vienne réprimant les
soultvements universitaires d” Allemagne, en 1820 et 1821
ceux de Troppau et Laybach arrétant les insurrections de
Lombardie, de Naples et du Piémont, en 1822 le congrés de
Vérone décidant d’une intervention frangaise en Espagne &
Ja demande de son Roi.
Y avait-il donc quelque chose de changé dans latitude
de la Franc-Maconnerie ? En apparence, oui, et pour sati
faire un sentiment général qui repoussait la perspective de
nouveaux bouleversements. Si la Sainte-Alliance, cette
curieuse machine qui dura effectivement jusqu’en 1830 et
théoriquement jusqu’en 1848 porta pendant ce peu de
temps quelques maigres fruits, ce fut grace & homme qui,
Ja prenant des mains de Vidéaliste et vaporeux Alexandre,
tenta d’en faire l’instrument d’un retour, au moins partiel, 4
Ja Chrétienté. On a représenté Metternich comme un
ennemi acharné de la France, un rétrograde d’ancien
régime, un tenant du droit divin, voire comme un revan-
chard assoiffé du sang des peuples. Si l’on ne veut pas
admettre devant I’évidence des foyers secrets de révolution
et surtout celle des soulévements simultanés de 1848 que
tout fut I’euvre dune conjuration internationale, alors, bien
sGr, le chancelier de la catholique Autriche est un attardé, un
borné intelligent qui n’a rien compris & I’Evolution, En réa-
lité, Metternich soutint l'Europe & bout de bras, & tui seul,
jusqu’en 1848 et il fait figure, dans histoire, d’un tres
‘grand européen. Il considérait I’ Autriche, sa patrie, comme
Bfaire
le pivot du syst@me continental. Et que pouvai
autre en labsence de la France vaincue en 1815 et aprés
notre Révolution de 1830? Il ne s’est pas moins placé au-
dessus de tous les nationalismes avec une véritable concep-
inisme profond lui mon-
tion de Puniversel que son chris
trait comme le salut.
Crest en cela qu’il corrigeait, dans la mesure de son pou-
voir, cette malheureuse Sainte-Alliance oli manuait le Pape
et comme si l’on eft voulu décréter une nouvelle Chrétienté
en vertu d'un pacte ot se mélaient des mystiques étranges,
dénonciatrices de la présence des Sectes secretes, introduites
1 pour paralyser toute action contraire & leur dessein. Joseph
de Maistre qui avait appartenu & la maconnerie templiére
avant Ja Révolution n’en ignorait rien et connaissait la
Russie, il disait: « Cet esprit (de la Sainte-Alliance) est celui
des Illuminés de I’école de Saint-Martin chef du christia-
nisme transcendental opposant la RELIGIOSITE & la RELI-
GION... Je suis parfaitement informé des machines que ces
‘gens-Ia ont fait jouer pour s’approcher de I’ Auguste auteur
de la convention (Alexandre I*) et pour s’emparer de son
esprit. Les femmes y sont entrées comme elles entrent par-
tout... » Si esprit qui a produit cette pice (la convention
de la Sainte-Alliance) avait parlé clair, nous lirions en téte
« convention par laquelle tels et tels princes déclarent que
tous les chrétiens ne sont qu'une famille professant la méme
religion et que les différentes dénominations qui les distin-
guent ne signifient rien »
Les femmes, en effet et surtout une, y étaient pour
quelque chose. La baronne de Krudener aprés une vie trés
orageuse en étouffait les derniers grondements sous les
élans d’un mysticisme que lui avait infusé la fréquentation
des membres des sociétés martinistes et les adeptes de
Swedenborg alors nombreux en Russie. Elle endoctrinait le
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Czar pendant occupation de Paris par les Alliés, Dans son
hotel sis aux Champs-Elysées elle avait avec lui des entre-
tiens privés dune piété suave ob elle I’invitait d prier long-
temps a genoux sur le marbre, lui répétant, & limitation de
Jeanne d’Are, les oracles dune voix mais qu’elle laissait
entendre étre celle du Christ, en foi de quoi elle s’appli-
quait 2 le convaincre, ce qui n’était guére difficile, de sa
prédestination & restaurer un christianisme nébuleux parmi
les peuples. Si I’on en croit la comtesse de Boigne et le
chancelier Pasquier, la « voix » pouvait bien étre un écho
de celle de Bergasse, ancien disciple de Cagliostro qui lui
aurait soufflé les premiers articles de la Sainte-Alliance.
Tout cela pouvait s’accorder et s'accordait de fait avec le
mysticisme de Frédéric-Guillaume de Prusse, nourri de
Lesprit des magonneries prussiennes, dites chrétiennes,
dont I’action se poursuivrait désormais jusqu’a nos jours.
Celles-ci inspiraient un mouvement nationaliste et reli-
gieux, le Tugenbund, préchant la morale du christianisme
mais aussi le pur symbolisme de ses dogmes, alliant ainsi
Vincrédulité et la foi sur quoi on espérait fonder une Eiglise
allemande de l’avenir. Pour le présent, Frédéric-Guillaume,
quavait impressionné la chute des trdnes, comptait bien
assurer le sien sur le Tugenbund répandu dans toutes les
Universités, enflammant la jeunesse pour Ia patrie alle-
mande et provoquant l’admiration de toute la littérature
romantique pour la « religieuse Allemagne » si chére &
Madame de Staé!
Ainsi naquit la Sainte-Alliance.
Ala vérité, on ne pouvait rien inventer de mieux pour
empécher le retour & l'ancien ordre chrétien tandis que, de
son cété, le Congrés de Vienne, en remaniant les Etats,
posait les jalons dune avancée notable vers le renversement
des lignes de forces européennes et vers le but encore loin-
25tain d’une unité internationale hors des péles d’attraction du
monde catholique. Depuis la Réforme, les Etats protestants
pesaient déja d’un poids trés lourd sur les affaires de
l'Europe, mais en 1815 on avait fait pencher la balance en
leur faveur. Non sculement des pays en majorité trés catho-
liques: la Sarre, la Rhénanie, la Belgique passaient au pou-
voir de monarchies protestantes mais, désormais, la
Confédération germanique, amorgant l’unité allemande par
la disparition d’un certain nombre de petits Etats, amenuisait
considérablement influence de la catholique Autriche dans
le centre nord de I’Europe, tandis que la Russie en venait &
dominer la partie orientale. L’ Angleterre s'assurait, avec
empire des mers, les relais de sa future politique impériale
dans la Méditerranée, au Moyen-Orient et en Extréme-
Orient jusqu’au jour od, au commencement du XX° siécle,
elle contrélerait directement ou indirectement un quart de la
population du globe.
Dans la réalité des choses, la Sainte-Alliance ne pouvait
tre et ne fat qu’inefficace malgré les désirs de justice, de
concorde et de paix qui de la part de certains de ses promo-
teurs avaient présidé & sa fondation. Pour les magonneries,
elle n’était qu'un paravent derrigre lequel les circonstances
les obligeaient a se dissimuler. En Angleterre les sentiments
pacifiques des basses loges en 1815 n’étaient que feu de
paille bient6t suivi d’une recrudescence de leur activité
concordant avec les desseins impérialistes du Cabinet britan-
nique. En France leur nombre alla en croissant des le début
de la Restauration et, nonobstant leur loyalisme monar-
chique de facade, nous ne devons pas méconnaitre que leur
activité aboutit & la révolution de 1830. En Angleterre, en
France, en Italie le méme désir d’abattre les Bourbons, tous
les Bourbons, le pouvoir temporel du Pape, et de faite triom-
pher par toute I’Europe la démocratie universelle, demeurait
26
Je but prochain qui allait se manifester brusquement dans les
révolutions de 1848.
LES REVOLUTIONS DE 1848
Par une prudence tout extérieure au moins jusque vers
1840, les magonneries, en apparence respectueuses de
ordre établi, se contentent de soutenir partout le libéra-
lisme surtout dans les classes bourgeoises et aristocra-
tiques qui leur fournissent une bonne partie de leur
meilleure clientéle. Le Supréme Conseil de France (rit
Ecossais ancien et accepté) inscrit a cette époque sur ses
registres au grade de 33° des noms comme ceux-ci: le duc
Decazes, son Trés Puissant Souverain Grand
‘Commandeur, le comte de Ségur, le duc de Choiseul, La
Fayette, Berryer, Crémieux, James de Rothschild, le
prince Paul de Wurtemberg, le duc de Grammont, le baron
Taylor. Le recrutement du Grand Orient est plus populaire,
Mais, libéralisme religieux, libéralisme économique, libé-
ralisme politique ménent A coup sGr et rapidement au
scepticisme en religion, a l’éclosion de la question sociale
par I’exploitation du travail qui devient scandaleuse a par-
tir de 1840, et, secondé par les ambitions de la bourgeoi-
sie, 4 ’éveil de la Démocratie.
On ne peut mieux ménager un terrain propice & la révolu-
tion mondiale que les plus excités voient toute proche et
dont la préparation se poursuit parallélement et en profon-
deur A l'aide de nombreuses sociétés secrétes Faisant partie
‘ou émanant de la Franc-Magonnerie. II n’est pas de notre
sujet d’entrer dans les détails des soulévements qu’elles tra-
ment au cours des trente années qui séparent le Congrés de
Vienne de la Révolution de 1848. Les ceuvres de ces sociétés
asont connues, Qu’il nous suffise de rappeler ici la loge des
« Philalethes », celles des « Trinosophes » et des « Amis de
la Vérité » en France oli se multiplient les clubs révolution-
naires comme la société « Aide-toi, le ciel t'aidera >, ot I’on
voit la campagne des « banquets réformistes » précédant
explosion dirigée par cing maitres de loges.
‘Mais la plus importante, la plus étendue, la plus impéné-
trable de ces sociétés secrétes est, sans contredit, la
Charbonnerie divisée en « Ventes » superposées les unes aux
autres & la maniére magonnique et du sommet desquelles la
‘« Haute Vente » internationale, trés sélective, dirige tout le
Carbonarisme. Elle est manifestement en rapport avec les
Suprémes Conseils du rit écossais dont fait partic le
‘so Mazzini et avec les Grands Orients. Mais son recrute-
ment a la fois aristocratique, cosmopolite et populaire, ne
tarde pas & provoquer dans son sein des tiraillements entre
les tenants de la révolution invisible et corruptrice et ceux du
parti d’action violente et immédiate & la téte desquels se
trouve Mazzini. Derriere lui et le Fs. Kossuth, agitateur
hongrois, manceuvre seerétement le haut Fs. Palmerston,
ministre de Sa Majesté britannique.
Le parti de I'action déborde bient6t la Haute Vente. Outre
sa mission la plus proche: Ia chute du pouvoir temporel du
Pape et l'unité italienne, Mazzini en enflamme les éléments
les plus jeunes pour la révolution totale, A Marseille il fonde
la « Jeune Italie » un peu plus tard il lance la « Jeune
‘Allemagne » puis la « Jeune Europe ». Partout le feu couve
une révolution aux dimensions européennes qui se récla~
mera ici du nationalisme pour l’indépendance, comme en
Hongrie avec Louis Kossuth, 1a de I'établissement dune
constitution libérale qui dans I'esprit des chef, espérant le
plein succes de l’entreprise, balayera les trdnes et instaurera
Fre
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partout 1a République ou du moins le régime de la
Démocratie universelle.
Telle est la raison pour laquelle se tient & Strasbourg en
1847, le fameux Convent international des magonneries qui
va donner le signal de l’opération. On connait la suite. En
1848, les révolutions éclatent partout simultanément comme
une trainée de poudre. Le 24 février, celle de Paris fut un
modele et un coup de clairon, mais elle ne triompha finale-
ment que grace a la crapuleuse trahison du Fs. Odilon
Barrot et, fait notable & retenir, amena immédiatement au
Gouvernement provisoire de la République les Fs. Arago,
du Supréme Conseil, Ledru-Rollin, complice de Palmerston,
Cremieux, Marie, Garnier-Pagés, Marrast, Louis Blane;
Caussidiére s’empara de la préfecture de Police. Tous
franes-magons. Le clergé bénissait les « arbres de la liberté >
qu’on plantait sur les places publiques. Quinze jours plus
tard, le 13 mars, la Révolution éclata 4 Vienne, le 18 mars &
Berlin et & Milan, le 22 mars A Venise, puis avant ta fin du
mois, attisés par Lord Minto, l’envoyé de Palmerston, ce
sont des troubles & Naples, en Toscane et & Rome.
L’6difice de 1815, lézardé, tombe en ruine ; la Démocratie
universelle et le Socialisme sont lancés dans l'aréne poli-
tique.
D’UN ARTICLE DU « GLOBE »
AU CONGRES DE PARIS (1849-1856)
Les princes réagirent promptement. La démocratie ne
triomphait pas encore. Mais I’Europe, une fois de plus, était
ébranlée. Les Révolutions de 1848 ont laissé partout des
semences d’agitation et, cette fois, I’idée de la Sainte-
Alliance étant bien morte, chacun aura ses révolutions inté-
2»
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