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Infractions Contre Les Biens

Ce document décrit les infractions contre les biens selon le code pénal marocain, notamment le vol simple, les vols spéciaux comme les vols privilégiés et les vols aggravés.

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Infractions Contre Les Biens

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TITRE II: LES INFRACTIONS CONTRE LES BIENS

Le recensement des infractions contre les biens dans le code pénal et leurs
répressions vise à protéger le droit de propriété. Ainsi, constitue une infraction contre les
biens, le vol (Chapitre I), l’escroquerie (Chapitre II), l’abus de confiance (Chapitre III), la
banqueroute (Chapitre IV) ainsi que le recel (Chapitre V).

CHAPITRE 1 : LE VOL

La première infraction recensée par le chapitre IX consacré aux infractions contre les
biens dans le code pénal est le vol. Dans ce contexte, il s’agit de mettre l’accent sur les
différentes catégories du vol à savoir le vol simple (Section I) et les vols spéciaux (Section II).

SECTION I : LE VOL SIMPLE

L’article 505 du C.P. définit et punit le vol simple comme vol dépouillé de toute
circonstance aggravante ou de tout vol moins punit. A ce titre, il s’agit de s’intéresser aux
éléments constitutifs de l’infraction de vol simple (Sous-section I) puis sa répression
(Sous-section II).

Sous-section I : Les éléments constitutifs de l’infraction

Le vol simple est prévu par l’article 505 du code pénal. Il s’agit de l’élément légal (A).
L’existence d’un comportement caractérisant la matérialisation et l’extériorisation de la
volonté délictueuse de vol simple par la soustraction constitue également un élément
constitutif de l’infraction, c’est l’élément matériel (B). Cette infraction doit être
intentionnelle. Il s’agit de l’élément moral (B).

A- L’élément légal 
L’article 505 du code pénal dispose que « Quiconque soustrait frauduleusement une
chose appartenant à autrui est coupable de vol et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans
et d'une amende de 200 à 500 dirhams ».
B- L’élément matériel
a. La notion de la soustraction

1
C’est l’élément matériel du vol, au sens où il s’agit de l’acte incriminé, la loi n’a pas
davantage définit cette notion. Toutefois, l’on retrouve la soustraction dans d’autres
infractions comme le détournement par les magistrats et fonctionnaires (Art. 241 du C.P.)
ainsi que l’abus de confiance (Art. 547 du C.P.).

L’appropriation d’un bien d’une manière invisible sans la connaissance de la victime.


Un arrêt de la cour de cassation marocaine a souligné que le vol est la soustraction
d’une chose appartenant a autrui avec l’intention de possession. Et attendu que l’accusé a
pris des sachets d’autrui afin d’acquitter une créance a l’encontre de la victime. Et attendu
que le tribunal a motivé sa décision de condamnation par le fait que la prise de ces sachets
étaient contre la créance n’exclut pas l’élément de mauvaise fois et l’arrêt de la cour d’appel
doit être pourvu en cassation1.

La définition de la notion de la soustraction a connu une évolution en droit français. Il


s’agit de la soustraction matérielle et la soustraction juridique

1- Soustraction matérielle (classique)


• Un agissement matériel, une prise matérielle de la chose, qui donne lieu à un
déplacement de la chose des mains de son possesseur à celles de celui qui se l’approprie.
Ainsi que l’exprime un arrêt, il y a vol "lorsque la chose objet du délit passe de la possession
du légitime détenteur dans celle de l’auteur du délit, à l’insu et contre le gré du premier ; pour
soustraire, il faut prendre, enlever, ravir" 2.

2- Soustraction juridique
• La soustraction n’est pas un acte d’appréhension de la chose, mais plus une
usurpation de la possession. La doctrine ayant définie cette notion avant de l’adopter par la
jurisprudence, dématérialise la notion de soustraction pour non plus l’entendre comme un
acte, un agissement, mais comme un résultat : usurpation ou non de la possession.

« La notion de "soustraction" a été dégagée par Emile Garçon qui s’est attaché à
préciser la notion de possession. Selon ce dernier, la possession suppose chez le possesseur

1
Arrêt n°3062 en date du 4/4/1985, doss. pénal n° 12527 publié dans la ،39 .‫ ع‬،‫مجلة قضاء المجلس االعلى‬
‫ و مايليها‬189 .‫ ص‬cité par
2
Cass.crim., 18 novembre 1837, Beaudet, Bull.crim. 1837, n° 405.

2
l’intention de se comporter comme propriétaire. Elle se compose de deux éléments, le corpus
et l’animus. Le corpus est l’ensemble des faits matériels qui constituent la possession : faits de
détention, d’usage, de jouissance et de transformation. L’animus est la volonté de se
comporter sur la chose comme un propriétaire, d’agir pour soi et son propre compte. Le
possesseur est celui qui a ce corpus et cet animus. Emile Garçon propose dès lors de définir la
soustraction comme l’usurpation de la possession dans ses deux éléments simultanés et
concomitants du corpus et de l’animus ». La soustraction est le fait pour l’agent de convertir
la détention précaire qu’il a sur un bien en une véritable possession qu’il usurpe »3.

L’on peut donner à titre d’exemples de soustraction juridique, Le fait de franchir les
barrières d’une caisse avec des marchandises impayées ou non déclarées constitue un vol.
Un acheteur éventuel de motocyclette qui sous prétexte de l’essayer quelques minutes, s’en
empare et la conserve.

b. L’objet de la soustraction

La chose peut être matérielle: choses susceptibles d’être volées: argent, bijoux,
véhicules ou bien immatérielle: vol d’énergie (Art. 521 du C.P.). Concernant l’appropriation de
la chose, la chose doit être appropriable écartant le vol d’une personne humaine.

1 - Bien matériel: seules les choses mobilières peuvent faire objet de vol. On peut donc
voler des immeubles par destination: bétail d’une exploitation agricole, machines et camions
d’une usine.

Les immeubles par nature comme le sable, le gravier, le charbon, les récoltes, dès lors
qu’ils ont été détachés de l’immeuble principal, soit, avant, soit au moment de la
soustraction.

2- l’appropriation de la chose

3
Rapport de Mme Labrousse, Conseiller référendaire rapporteur, disponible sur le site de la cour de
cassation française sur le lien suivant:
[https://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/avis_15/avis_classes_date_239/2010_3365/4_mai_2
010_0100001p_3578/labrousse_conseiller_16254.html#N_17_] (Consulté le 25/03/2018).

3
Il y a vol, dès lors que la chose est indivise ou en copropriété, le vol porte sur la part qui
n’appartient pas à l’auteur.

Un cohéritier qui soustrait des objets de la succession laissée par le défunt ou le


copropriétaire qui s’approprie les fruits d’un immeuble indivis.

Dans ce contexte, l’article 523 du C.P. dispose qu’ « Est puni de l'emprisonnement d'un
mois à un an et d'une amende de 200 à 1.000 dirhams, le cohéritier ou le prétendant à une
succession qui, frauduleusement, dispose avant le partage, de tout ou partie de l'hérédité.

La même peine est applicable au copropriétaire ou à l'associé qui dispose


frauduleusement de choses communes ou du fonds social ».

3- L’élément moral
« Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui .. .». Il en
ressort de cet article 505 du code pénal que le vol est une infraction intentionnelle. On
explique traditionnellement cette exigence par l’adjectif « frauduleux », qui renvoie à
l’exigence du caractère intentionnel du vol. Il n’existe pas de vol pour inattention.
Sous-section II : Répression
A- Les peines
L’article 505 du code pénal dispose que « Quiconque soustrait frauduleusement une
chose appartenant à autrui est coupable de vol et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans
et d'une amende de 200 à 500 dirhams ».
B- Le régime
1- La tentative :
La tentative de vol est toujours punissable: vol criminel ou délictuel, simple ou aggravé.
Notons que la tentative est constituée d’un commencement d’exécution et d’une
absence de désistement volontaire. Toutefois, le commencement d’exécution ne doit pas
être confondu avec les actes préparatoires qui ne sont pas punissables, sauf s’ils constituent
une infraction en eux-mêmes (exemple : le port d’arme prohibé). Il est à noter que le fait de
fouiller dans une poche vide constitue une tentative de vol.
2- Immunité familiale

4
L’article 534 du code pénal dispose que « N'est pas punissable et ne peut donner lieu
qu'à des réparations civiles, le vol commis :

1° Par des maris au préjudice de leurs femmes, par des femmes au préjudice de leurs
maris;

2° Par des ascendants au préjudice de leurs enfants ou autres descendants ».

L’article 535 du code pénal ajoute que «  Les vols commis par des descendants au
préjudice de leurs ascendants, ou entre parents ou alliés jusqu'au quatrième degré
inclusivement, ne peuvent être poursuivis que sur plainte de la personne lésée; le retrait de la
plainte met fin aux poursuites ».
Après avoir mis l’accent sur le vol simple, il est important de se focaliser les différentes
catégories des vols spéciaux.

SECTION II : LES VOLS SPÉCIAUX

Les vols spéciaux sont des vols qui réunissent les éléments du vol simple mais
« l’adjonction de particularités tenant à la nature d l’objet dérobé ou aux modalités de la
soustraction motive une répression autre que celle du vol simple, exceptionnellement moins
sévère, plus souvent aggravée»4. Ces vols spéciaux se divisent en vols privilégiés
(Sous-section I) puis les vols aggravés (Sous-section II).

SOUS-SECTION I : LES VOLS PRIVILÉGIÉS

A- Les vols ruraux :


L’article 518 du code pénal dispose que « Quiconque vole dans les champs des récoltes
ou autres productions utiles de la terre, déjà détachées du sol, même mises en gerbes ou en
meules, est puni de l'emprisonnement de quinze jours à deux ans et d'une amende de 200 à
250 dirhams.

4
R. MERLE et A. VITU, Traité de droit criminel, éd. CUJAS, 6ème éd., 1988, n°146, p. 1839 cité A.
EN-NEFLKHAOUI, op. cit., p. 187.

5
Si le vol a été commis, soit la nuit, soit par plusieurs personnes, soit à l'aide de véhicules
ou d'animaux de charge, l'emprisonnement est d'un à cinq ans et l'amende de 200 à 500
dirhams».

Article 519 du même code ajoute que « Quiconque, soit avec des paniers ou des sacs
ou autres objets équivalents, soit à l'aide de véhicules ou d'animaux de charge, soit en
réunion de deux ou plusieurs personnes, soit la nuit, vole des récoltes ou autres productions
utiles de la terre non encore détachées du sol, est puni de l'emprisonnement de quinze jours à
deux ans et d'une amende de 200 à 250 dirhams.

Si le vol a été commis avec la réunion des quatre circonstances prévues à l'alinéa
précédent, la peine encourue est l'emprisonnement de deux à cinq ans et une amende de
200 à 500 dirhams ».

B- Le larcin :
Art. 506 du code pénal énonce qu’est qualifié larcin et puni de l'emprisonnement d'un
mois à deux ans et d'une amende de 200 à 250 dirhams, la soustraction frauduleuse d'une
chose de faible valeur appartenant à autrui. Il est à noter que les larcins commis avec les
circonstances aggravantes constituent des vols punis des pénalités édictées auxdits articles.

SOUS-SECTION II : LES VOLS AGGRAVÉS

Le code pénal prévoit dans son article 507 que « Sont punis de la réclusion perpétuelle
les individus coupables de vol, si les voleurs ou l'un d'eux étaient porteurs de manière
apparente ou cachée d'une arme au sens de l'article 303, même si le vol a été commis par
une seule personne et en l'absence de toute autre circonstance aggravante. La même peine
est applicable si les coupables ou l'un d'eux détenaient l'arme dans le véhicule motorisé qui
les a conduits sur le lieu de l'infraction ou qu'ils auraient utilisé pour assurer leur fuite.

L’article 508 du C.P. ajoute que sont coupables de vols punis de la réclusion de vingt à
trente ans, ceux commis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport
des voyageurs, des correspondances ou des bagages, ou dans l'enceinte des voies ferrées,
gares, ports, aéroports, quais de débarquement ou d'embarquement, lorsque le vol a été
commis avec l'une au moins des circonstances prévues par l’article 509 du code pénal. Cet

6
article 509 prévoit les circonstances dans lesquelles l’auteur du vol est puni de la réclusion de
dix à vingt ans. Il s’agit de la réunion deux au moins des circonstances suivantes :

- Si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences, ou port illégal


d'uniforme, ou usurpation d'une fonction d'autorité;
- Si le vol a été commis la nuit;
- Si le vol a été commis en réunion par deux ou plusieurs personnes;
- Si le vol a été commis à l'aide d'escalade, d'effraction extérieure ou intérieure,
d'ouverture souterraine, de fausses clés, ou de bris de scellés, dans une maison,
appartement, chambre ou logement, habités ou servant à l'habitation ou leurs dépendances;
- Si les auteurs du vol se sont assurés la disposition d'un véhicule motorisé en vue de
faciliter leur entreprise ou de favoriser leur fuite;
- Si l'auteur est un domestique ou serviteur à gages, même lorsqu'il a commis le vol
envers des personnes qu'il ne servait pas, mais qui se trouvaient soit dans la maison de son
employeur, soit dans celle où il l'accompagnait;
- Si le voleur est un ouvrier ou apprenti, dans la maison, l'atelier ou magasin de son
employeur ou s'il est un individu travaillant habituellement dans l'habitation où il a volé ».

L’article 510 du code pénal prévoit que les vols commis avec l’une des circonstances
indiquées ci-après sont punis de la réclusion de cinq à dix ans. Il s’agit des circonstances
suivantes :

- Si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences, ou port illégal


d'uniforme, ou usurpation d'une fonction d'autorité;
- Si le vol a été commis la nuit;
- Si le vol a été commis en réunion, par deux ou plusieurs personnes;
- Si le vol a été commis à l'aide d'escalade, d'effraction extérieure ou intérieure,
d'ouverture souterraine, de fausses clés ou de bris de scellés, même dans un édifice ne
servant pas à l'habitation;
- Si le vol a été commis au cours d'un incendie ou après une explosion, un
effondrement, une inondation, un naufrage, une révolte, une émeute ou tout autre trouble;

7
- Si le vol a porté sur un objet qui assurait la sécurité d'un moyen de transport
quelconque, public ou privé.

Dans ce contexte, l’article 511 du code pénal prévoit que « Est réputée maison habitée,
tout bâtiment, logement, loge, tente, cabine même mobile, qui, même sans être actuellement
habité, est destiné à l'habitation et tout ce qui en dépend comme cours, basses-cours,
granges, écuries, édifices qui y sont enfermés, quel qu'en soit l'usage et quand même ils
auraient une clôture particulière dans la clôture ou enceinte générale ».

L’article 512 du code pénal ajoute que « Est qualifié effraction le fait de forcer ou de
tenter de forcer un système quelconque de fermeture soit en le brisant ou le détériorant, soit
de toute autre manière afin de permettre à une personne de s'introduire dans un lieu fermé,
ou de s'emparer d'une chose contenue dans un endroit clos ou dans un meuble ou récipient
fermé ».

L’article 513 du code pénal définit l’escalade comme étant toute entrée dans les
maisons, bâtiments, cours, basses-cours, édifices quelconques, jardins, parcs et enclos,
exécutée par-dessus les murs, portes, toitures ou toute autre clôture.

SECTION III : LES INFRACTIONS VOISINES

Le code pénal prévoit au niveau de ses articles 537 et 538, la répression de certaines
infractions que l’on peut qualifier d’infractions voisines des vols en parlant d’extorsion. Dans
ce sens, l’article 537 du code pénal indique que « Quiconque par force, violences ou
contraintes, extorque la signature ou la remise d'un écrit, d'un acte, d'un titre, d'une pièce
quelconque contenant ou opérant obligation, disposition ou décharge, est puni de la
réclusion de cinq à dix ans ». Il s’agit de l’extorsion de signature, de titre ou de fonds. L’article
538 du code pénal en réprimant le chantage dispose que « Quiconque au moyen de la
menace, écrite ou verbale, de révélations ou d'imputations diffamatoires, extorque soit la
remise de fonds ou valeurs, soit la signature ou remise des écrits prévus à l'article précédent,
est coupable de chantage et puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de
200[ à 2.000 dirhams ».

8
A ce niveau, il est intéressant de mettre l’accent sur l’extorsion (Sous-section I) puis le
chantage (Sous-section II).

SOUS-SECTION I : L’EXTORSION

« La différence entre l’extorsion et le vol réside dans le fait que le vol porte sur une
chose mobilière, alors que l’extorsion de titre ou de signature et le chantage portent aussi sur
les titres juridiques, contenant obligation ou décharge, par lesquels le coupable se procure la
preuve d’un droit, le bien obtenu est, en cas, moins immédiatement utilisable que la chose
mobilière volée, dont on peut tirer profit sans délai »5. Ainsi, l’extorsion porte sur la signature
ou la remise d'un écrit, d'un acte, d'un titre. L’article 537 du code pénal indique une «
obligation, disposition ou décharge ».

Dans ce contexte, il est important d’indiquer que le coupable doit agir dans la
connaissance de l’illicéité des moyens employés et avec pleine volonté.

Il faut ajouter quant aux moyens mis en œuvre pour cette extorsion que
l’établissement d’un lien de causalité entre la force, la violence ou les contraintes et la
signature de l’écrit ou la remise des fonds ou des valeurs est nécessaire.

SOUS-SECTION II : CHANTAGE :

Le chantage est un acte qui va faire pression sur autrui pour le contraindre à le
déterminer à faire quelque chose.

Ce délit est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 2.000
dirhams en vertu de l’article 538 du C.P.

En matière de chantage, il est à noter que le coupable doit avoir agi de mauvaise foi,
c’est-à-dire en connaissance de l’irrégularité du moyen employé pour obtenir la signature
exigée ou la remise des objets convoités.

CHAPITRE II : L’ESCROQUERIE

5
A. VITU et R. MERLE, Traité de droit criminel, éd. CUJAS, 6ème éd., 1988, n° 146, p. 1871 cité dans
A. EN-NEFKHAOUI, op. cit., p. 184.

9
Le code pénal dans le cadre des infractions contre les biens prévoit certaines
infractions pour appropriation frauduleuse par autrui. La figure emblématique de ces
infractions d’appropriation est l’escroquerie (Section I) puis il existe des infractions voisines
de l’escroquerie (Section II).

SECTION I : L’ESCROQUERIE

L’escroquerie est une infraction qui suppose la tromperie et l’emploi de la ruse par
son auteur. Prévue par l’article 540 du C.P., l’escroquerie est constituée par la réunion de
trois éléments (Sous-section I). Il est également nécessaire d’étudier sa répression
(Sous-section II).

SOUS-SECTION I : ELÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION

A- ÉLÉMENT LEGAL :
L’article 540 du code pénal dispose que « Quiconque, en vue de se procurer ou de
procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime, induit astucieusement en erreur une
personne par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation de faits vrais, ou exploite
astucieusement l'erreur où se trouvait une personne et la détermine ainsi à des actes
préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d'un tiers…».
B- ELÉMENT MATÉRIEL :
1- EMPLOI DE MOYENS FRAUDULEUX

Ce sont les actes matériels incriminés, ils sont au nombre de trois:

- Affirmations fallacieuses :

La production d’écrits, de pièces ou de documents contrefaits ou falsifiés par l’escroc


lui-même, ou l’intervention d’un tiers. L’Organisation d’un cadre simulé d’activité est
également retenue.

L’usage d’un faux nom et d’une fausse qualité : Leur matérialité est identique, l’acte
d’usage. Ce terme renvoie à n’importe quelle utilisation possible, mais renvoie à une
utilisation positive : l’individu met en avant positivement son faux nom ou fausse qualité.

10
- Dissimulation de faits vrais

- Exploitation astucieuse de l’erreur d’autrui

2- PRÉJUDICE

L’article 540 du code pénal prévoit concernant l’escroquerie qu’elle est constitué par
«des actes préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d'un tiers ». L’escroquerie est un
délit contre la propriété. On ne peut escroquer une personne ou une idée.

3- LIEN DE CAUSALITÉ
Le rapport de cause à effet entre les manœuvres frauduleuses et le résultat.
C- ÉLÉMENT INTENTIONNEL :
L’escroquerie est une infraction intentionnelle : il convient que l’auteur ait voulu
obtenir la remise, aux moyens des agissements frauduleux. Cette intention coupable est
déduite des manouvres frauduleuses employées. Ainsi, l’adjectif frauduleux accompagne le
terme d’acte.

SOUS-SECTION II : RÉPRESSION

A- Peines applicables
L’article 540 du code pénal dispose qu’« Est coupable d'escroquerie et puni de
l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 500 à 5.000 dirhams.

La peine d'emprisonnement est portée au double et le maximum de l'amende à


100.000 dirhams si le coupable est une personne ayant fait appel au public en vue de
l'émission d'actions, obligations, bons, parts ou titres quelconques, soit d'une société, soit
d'une entreprise commerciale ou industrielle ».

B- Immunité familiale :
L’article 534 du code pénal dispose que « N'est pas punissable et ne peut donner lieu qu'à
des réparations civiles, le vol commis :
1° Par des maris au préjudice de leurs femmes, par des femmes au préjudice de leurs maris;
2° Par des ascendants au préjudice de leurs enfants ou autres descendants ».

11
L’article 535 du code pénal ajoute que «  Les vols commis par des descendants au préjudice
de leurs ascendants, ou entre parents ou alliés jusqu'au quatrième degré inclusivement, ne
peuvent être poursuivis que sur plainte de la personne lésée; le retrait de la plainte met fin
aux poursuites ».

SECTION II : INFRACTIONS VOISINES

SOUS-SECTION I : LA FILOUTERIE D’ALIMENTS ET DE BOISSONS

L’article 532 du code pénal dispose que «Quiconque, sachant qu'il est dans
l'impossibilité absolue de payer, se fait servir des boissons ou des aliments qu'il consomme en
tout ou en partie dans des établissements à ce destinés, même s'il est logé dans lesdits
établissements ».

SOUS-SECTION II : LES FILOUTERIES DE TAXI, D’HÔTEL

L’article 532, al 2 du code pénal indique que « La même peine est applicable à celui qui,
sachant qu'il est dans l'impossibilité absolue de payer, se fait attribuer une ou plusieurs
chambres dans un hôtel ou auberge et les occupe effectivement ».

CHAPITRE III : L’ABUS DE CONFIANCE

Dans le cadre des infractions contre les biens prévues par le code pénal,
l’abus de confiance caractérise l’infraction principale prévue par ce code pour
appropriation frauduleuse par détournement. A ce niveau, il importe d’étudier les
éléments constitutifs de l’abus de confiance (Section I) puis la répression de cette
infraction contre les biens (Section II).

SECTION I : ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS

SOUS-SECTION I : ÉLÉMENT LEGAL

L’article 527 du code pénal dispose que « Quiconque de mauvaise foi détourne ou
dissipe au préjudice des propriétaires, possesseurs ou détenteurs, soit des effets, des deniers
ou marchandises, soit des billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant
obligations ou décharges et qui lui avaient été remis à la condition de les rendre ou d'en faire

12
un usage ou un emploi déterminé, est coupable d'abus de confiance et puni de
l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 2.000 dirhams.

Si le préjudice subi est de faible valeur, la durée de la peine d'emprisonnement sera d'un
mois à deux ans et l'amende de 200 à 250 dirhams sous réserve de l'application des causes
d'aggravation …».

Un délit ayant une structure complexe, l’abus de confiance suppose d’une part
l’existence d’un accord entre l’auteur de l’abus de confiance et la victime en vertu duquel
celle-ci lui remet, et d’autre part, le détournement de la chose remise en vertu de cet accord.

SOUS-SECTION II : LA REMISE PRÉALABLE A L’INFRACTION

A- LA REMISE AU SENS DE L’ARTICLE 547 DU CODE PÉNAL

L’abus de confiance suppose que l’objet du détournement ait été préalablement remis
entre les biens de l’auteur dans un cadre contractuel: louage des choses, le dépôt, le mandat,
le nantissement, le prêt à usage ou la remise en vue d’un travail

Cette remise n’est pas considérée comme un élément constitutif proprement dit car
cet élément ne provient pas de l’auteur et qu’elle intervient avant cet acte.

B- OBJET DE REMISE

1. MEUBLES CORPORELS
Effets (meubles ordinaires), des deniers (argent liquide) ou marchandises.
2. MEUBLES INCORPORELS
Des billets, quittances, écrits de toute nature contenant ou opérant obligations ou
décharges.
Les valeurs mobilières de toute nature, les effets de commerce, les chèques, ainsi que
les actes authentiques ou privés lorsqu’ils contiennent des obligations ou des décharges.

C- AFFECTATION DE LA CHOSE REMISE

L’article 547 du C.P. prévoit que les choses doivent être remises par leurs propriétaires
ou possesseur « à la condition de les rendre ou d'en faire un usage ou un emploi déterminé».

13
SOUS-SECTION III : MATÉRIALITÉ

A- DÉTOURNEMENT
- INEXÉCUTION DU CONTRAT :
L’article 551 du code pénal dispose: « Quiconque s'étant fait remettre des avances en
vue de l'exécution d'un contrat, refuse sans motif légitime, d'exécuter ce contrat ou de
rembourser ces avances, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une amende de
200 à 250 dirhams ».
Il est à noter que le retard à restituer ne constitue pas un détournement.
B- PRÉJUDICE

L’abus de confiance punit le détournement au préjudice d’autrui. L’incrimination exige


l’existence du préjudice.

Tout en posant ce principe de l’exigence du préjudice comme élément constitutif de


l’abus de confiance, la jurisprudence considère que ce préjudice est établi dès lors qu’il est
acquis que la chose a fait l’objet d’un détournement. Le détournement implique le préjudice,
selon elle (même solution que l’escroquerie).

SOUS-SECTION IV : L’ÉLÉMENT INTENTIONNEL

L’abus de confiance est un délit intentionnel. L’intention comprend par définition la


connaissance du caractère précaire de la remise. C’est donc la volonté d’user du bien en
qualité d’appropriation du bien. Cette volonté est résolument distincte de celle de la
conscience d’user du bien en contradiction du caractère précaire. La volonté porte sur le fait
de ne pas respecter le contrat ce qui n’est pas la volonté de s’approprier le bien. L’élément
intentionnel se déduit des constatations matérielles, tout acte qui va traduire ce
comportement de propriétaire établit l’existence de l’intention.

SECTION II: REPRESSION

SOUS-SECTION I : PEINES

A- ABUS DE CONFIANCE SIMPLE

14
L’Article 547 du code pénal: puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une
amende de 200 à 2.000 dirhams.

Si le préjudice subi est de faible valeur, la durée de la peine d'emprisonnement sera


d'un mois à deux ans et l'amende de 200 à 250 dirhams.

B- L’ABUS DE CONFIANCE AGGRAVÉ

L’article 549 du code pénal prévoit que si l'abus de confiance est commis :

- Soit par un adel, séquestre, curateur, administrateur judiciaire agissant dans l'exercice
ou à l'occasion de leurs fonctions;

- Soit par un administrateur, employé ou gardien d'une fondation pieuse, au préjudice


de cette fondation;

- Soit par un salarié ou préposé au préjudice de son employeur ou commettant, la


peine est l'emprisonnement d'un à cinq ans et l'amende de 200 à 5.000 dirhams.

SOUS-SECTION II : RÉGIME : LA TENTATIVE

La tentative d’abus de confiance n’est pas punissable Car les textes applicables à l’abus
de confiance ne prévoit pas que la tentative soit punissable.

Pourquoi?

L’auteur ayant déjà la chose entre ses mains, il n’y a pas de processus possible de
commission d’un abus de confiance qui permette d’isoler un commencement d’exécution de
la consommation. L’auteur ayant déjà sa chose entre ses mais, ce détournement est
immédiat.

SECTION III : LES INFRACTIONS VOISINES

SOUS-SECTION I : L’ABUS DE BLANC-SEING

L’article 553 du code pénal précise que «Quiconque, abusant d'un blanc-seing qui lui a
été confié, a frauduleusement écrit au-dessus une obligation ou décharge, ou tout autre acte

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pouvant compromettre la personne ou le patrimoine du signataire, est puni de
l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 5.000 dirhams.

Dans le cas où le blanc-seing ne lui avait pas été confié, le coupable est poursuivi
comme faussaire et puni des peines édictées aux articles 357 ou 358, suivant les distinctions
prévues auxdits articles».

SOUS-SECTION II : LE DÉTOURNEMENT D’OBJETS SAISIS

L’article 524 dispose que « Est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une
amende de 200 à 500 dirhams le saisi qui détruit volontairement ou détourne des objets
saisis, si ces objets avaient été confiés à la garde d'un tiers.

Si les objets saisis avaient été confiés à sa garde, la peine est l'emprisonnement de six
mois à trois ans et une amende de 200 à 500 dirhams ».

CHAPITRE IV : LA BANQUEROUTE

Le code pénal consacre un autre délit contre les biens, il s’agit de la banqueroute. Elle
consiste en la gestion frauduleuse des comptes par un commerçant en état de cessation de
paiement. Cette infraction est prévue par les articles 556 à 569 du code pénal et également
consacrée par les articles 721 à 723 du code de commerce marocain. A ce niveau, il est
important de mettre l’accent sur les éléments constitutifs de la banqueroute (Section I) puis
la répression de cette infraction (Section II).

SECTION I : ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE L’INFRACTION

SOUS-SECTION I : ÉLÉMENT LÉGAL :

L’article 556 du code pénal prévoit qu’« Est coupable de banqueroute et puni des
peines édictées à la présente section suivant que cette banqueroute est simple ou
frauduleuse, tout commerçant en état de cessation de paiements qui, soit par négligence,
soit intentionnellement, a accompli des actes coupables de nature à nuire à ses créanciers».

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SOUS-SECTION II : ÉLÉMENT MATÉRIEL :

A- BANQUEROUTE SIMPLE
1- Banqueroute simple de bonne foi (Art. 559 du code pénal)

« En cas de cessation de paiement d'une société, sont punis des peines de la


banqueroute simple, les administrateurs, directeurs ou liquidateurs d'une société anonyme,
les gérants ou liquidateurs d'une société à responsabilité limitée et d'une manière générale,
tous mandataires sociaux, qui ont en cette qualité et de mauvaise foi :

1° Soit dépensé des sommes élevées appartenant à la société en faisant des opérations de
pur hasard ou des opérations fictives;

2° Soit, dans l'intention de retarder la constatation de cessation des paiements de la société,


fait des achats en vue d'une revente au-dessous du cours ou, dans la même intention,
employé des moyens ruineux de se procurer des fonds;

3° Soit, après cessation des paiements de la société, payé ou fait payer un créancier au
préjudice des autres;

4° Soit fait contracter par la société, pour le compte d'autrui, sans qu'elle reçoive de valeurs
en échange, des engagements jugés trop considérables eu égard à sa situation lorsqu'elle les
a contractés;

5° Soit tenu ou fait tenir irrégulièrement la comptabilité de la société ».

2- BANQUEROUTE SIMPLE DE MAUVAISE FOI


l’article 560 du code pénal dans le cadre de la banqueroute simple de mauvaise foi
dispose que « Sont punis des peines de la banqueroute simple, les administrateurs, directeurs
ou liquidateurs d'une société anonyme, les gérants ou liquidateurs d'une société à
responsabilité limitée et d'une manière générale, tous mandataires sociaux qui, en vue de
soustraire tout ou partie de leur patrimoine aux poursuites de la société en état de cessation
de paiement ou à celles des associés ou des créanciers sociaux ont, de mauvaise foi, détourné
ou dissimulé tout ou partie de leurs biens, ou qui se sont frauduleusement reconnus débiteurs
de sommes qu'ils ne devaient pas ».

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B- BANQUEROUTE FRAUDULEUSE

L’article 561, al. 1er du code pénal dispose que « Est coupable de banqueroute
frauduleuse …… tout commerçant en état de cessation de paiement qui a soustrait sa
comptabilité, détourné ou dissipé tout ou partie de son actif ou qui, soit dans ses écritures,
soit par des actes publics ou des engagements sous signatures privées, soit dans son bilan,
s'est frauduleusement reconnu débiteur de sommes qu'il ne devait pas.

SECTION II : RÉPRESSION

SOUS-SECTION I : BANQUEROUTE SIMPLE

Les articles 557 et 558 du code pénal répriment la banqueroute simple par
l'emprisonnement de trois mois à trois ans.

SOUS-SECTION II : BANQUEROUTE FRAUDULEUSE

L’article 561 du code pénal punit la banqueroute frauduleuse par L'emprisonnement de


deux à cinq ans et peut être frappé pour cinq ans au moins et dix ans au plus.

CHAPITRE V : RECEL

Le recel est une infraction de conséquence supposant pour pouvoir être retenue,
l’existence d’une infraction d’origine que ce soit un crime ou bien un délit aux termes de
l’article 571 du code pénal, même si cette infraction n’est pas poursuivie, même si on en
ignore l’auteur exact6. A ce titre, il s’agit de déterminer les constitutifs de cette infraction de
conséquence (Section I) ainsi que la répression prévue par le code pénal marocain (section
II).

SECTION I : ELÉMENTS CONSTITUTIFS

SOUS-SECTION I : ÉLÉMENT LÉGAL

6
AMBROISE-CASTEROT Coralie, Droit pénal spécial et des affaires, Gualino: Lextenso-éd., Paris,
2012, p. 106.

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L’article 571 du code pénal dispose que « Quiconque, sciemment recèle en tout ou en
partie des choses, soustraites, détournées ou obtenues à l'aide d'un crime ou d'un délit, …….
à moins que le fait ne soit punissable d'une peine criminelle comme constituant un acte de
complicité de crime prévu par l'article 129.

Toutefois, le receleur est puni de la peine prescrite par la loi pour l'infraction à l'aide de
laquelle les choses ont été soustraites, détournées ou obtenues dans tous les cas où cette
peine est inférieure à la peine prévue à l'alinéa précédent ».

SOUS-SECTION II : CONSTITUTION MATÉRIELLE DE L’INFRACTION

A- LES CHOSES RECELÉES

La chose recelée doit impérativement provenir d’un crime ou d’un délit (une infraction
d’origine) sans aucune limitation (Art. 571 du code pénal). Peu importe le crime ou le délit
d’origine dès lors qu’une chose y est issue et qu’il y a un lien.

Le recel de choses doit forcément porter sur des choses mobilières: argent, bijoux,
chèques, meubles, photocopies de pièces administratives, animaux, outillages….etc7.

Dans ce cadre, un arrêt de la cour suprême datant du 13/02/2008 a déclaré qu’il est
possible d’appliquer les dispositions de l’article 571 du code pénal relevant de l’ordre public
sur le journaliste qui reçoit d’une personne tenue par le secret professionnel un document
dont il connait le caractère secret et l’origine illégale et le possède matériellement en
sachant qu’il provient d’une infraction dont il connait l’origine et qu’il n’ a pas reçu
directement. Ceci entre dans le cadre de l’infraction de recel des choses obtenues à l’aide
d’un crime ou délit. Considérant que les choses prévues par l’article 571 du C.P. sont liées
avec les choses prévues par les dispositions de l’article 187 du même code concernant les
secrets de la défense nationale8.

B- L’ÉLÉMENT MATÉRIEL

7
EN-NEFKHAOUI Aziz, op. cit., p. 212.

8
C.S. arrêt n° 395/3 du 13/02/2008, doss. pénal n° 21620/07 publié dans la revue de la justice de la
cour suprême, n°69, pp. 281 ss publié dans :
.405 .‫ ص‬،2017،‫ الدار البيضاء‬،‫ المطبعة النجاح الجديدة‬،‫ مجموعة القانون الجنائي و العمل القضائي‬،‫محمد بفقير‬

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1- Le recel par détention des choses
Le fait de dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose, ou de faire office
d’intermédiaire afin de la transmettre. La durée de cette détention importe peu. Le recel
commence dès que l’individu à un contact matériel avec la chose qui doit se trouver entre
ses mains.
2- Le recel par profit tiré de l’infraction
L’article 571 du C.P. indique que le recel concerne la dissimulation de choses. Par conséquent,
les biens immobiliers ne rentrent pas dans ce cadre. Toutefois, l’achat d’un bien immobilier
avec des fonds provenant d’un crime ou d’un délit peut être qualifié de recel.

SOUS-SECTION III : ÉLÉMENT MORAL

L’article 571 du C.P. précise d’une manière indiscutable que le receleur doit être
animé par une intention coupable « sciemment ».

Le recel est un délit intentionnel, c’est-à-dire que le comportement matériel de


détention ou de transmission doit se faire en connaissance de la provenance criminelle du
bien par l’auteur du l’infraction du recel.

Ainsi, l’élément matériel et moral doivent être réunis au même temps.

Dans ce contexte, un arrêt de la cour suprême datant du 30/12/2010 a déclaré que la


cour ne peut retenir l’élément du faible prix pour la condamnation de l’accusé pour
l’infraction de recel de choses obtenues à l'aide d'un crime en vertu de l’article 571 du code
pénal. Le prix ne constitue pas une preuve concluante pour la connaissance de l’origine
illégale de la chose vendue du moment que certaines marchandises peuvent être vendues à
un prix inférieur au prix réel sous l’effet d’une circonstance déterminée9.

SECTION II : RÉPRESSION

9
C.S. arrêt n° 1819 du 30/12/2010, doss. pénal n° 10/9/6/14861 publié dans la revue AL MILAF, n° 21,
pp. 333 ss cité par :
.405 .‫ ص‬،2017،‫ الدار البيضاء‬،‫ المطبعة النجاح الجديدة‬،‫ مجموعة القانون الجنائي و العمل القضائي‬،‫محمد بفقير‬

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SOUS-SECTION I : PEINES PRÉVUES POUR RECEL SIMPLE :

L’objet recelé provient d’une infraction qui a la nature d’un délit correctionnel (vol
simple), ou même d’une infraction devenue crime par l’effet de circonstances aggravantes
dont le receleur a ignoré l’existence aux termes de l’article 571 du code pénal. La peine
prévue pour ce recel simple est l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à
2.000 dirhams.

SOUS-SECTION II : PEINES PRÉVUES POUR RECEL AGGRAVÉ

L’article 571 du code pénal indique que « A moins que le fait ne soit punissable d'une
peine criminelle comme constituant un acte de complicité de crime prévu par l'article 129 ».
Dans le cas d’une peine criminelle, « les receleurs encourent la même peine s'ils sont
convaincus d'avoir eu, au temps du recel, connaissance des circonstances auxquelles la loi
attache cette peine criminelle. Toutefois, la peine de mort est remplacée à l'égard du receleur
par celle de la réclusion perpétuelle » (Article 572 du C.P.).

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