Blocs Argumentaires Santé
Blocs Argumentaires Santé
SANTÉ
V i n c e n t L A M O T T E
BLOCS ARGUMENTAIRES
SANTE
4 - Développer l’endurance
5 - Développer la force
6 - Rendre l’échauffement efficace et motivant
7 - Utiliser les ressentis pour réguler ses actions
8 - Favoriser l’appropriation des contenus par l’élève obèse
1 – Démonstration
Montrer comment il est possible de solliciter et développer l’endurance (ressource aérobie) des élèves
dans le cadre des cours d’EPS.
2 – Caractérisation de l’outil
Définition
L’endurance est une ressource qui permet de soutenir pendant une longue durée une activité plus ou
moins intense Cette qualité physique repose sur le processus énergétique aérobie qui consiste à
dégrader, grâce à l’apport et à l’utilisation d’oxygène, des substrats tels que les lipides et le glycogène,
afin de fournir l’énergie nécessaire à la re-synthèse de l’ATP, combustible principal de la contraction
musculaire. Ce système intervient prioritairement pour des efforts d’intensité relativement modérée, mais
de durée importante (de 3 minutes à quelques heures). Ce processus se caractérise selon deux
dimensions : la capacité aérobie, qui intervient pour des exercices de longue durée ; et la puissance
aérobie, qui intervient davantage pour des exercices d’intensité plus importante, mais de durée plus
courte (proche de la vitesse maximale aérobie : VMA). Cela permet de distinguer trois intensités d’effort
de l’endurance : la puissance aérobie, l’endurance maximale aérobie et l’endurance fondamentale. Par
ailleurs, le VO2max se définit comme le volume maximal d’oxygène qui peut être apporté et utilisé par le
muscle. Enfin, chaque individu possède des ressources aérobies différentes, ce qui implique de fait une
individualisation des exercices.
Commentaires
Il existe des tests qui permettent de connaître les ressources aérobies d’un sujet. C’est le cas par
exemple du VAM EVAL pour déterminer la vitesse maximale aérobie (VMA), et de l’EA100 qui permet de
connaître le temps qu’est capable de courir l’athlète à 100% de sa VMA. Les méthodes d’entraînement de
l’endurance diffèrent selon que l’on veut développer la capacité ou la puissance aérobie. L’enseignant
pourra ainsi utiliser des efforts continus ou intermittents. Il jouera aussi sur plusieurs paramètres pour
adapter la charge de travail selon l’objectif visé : la durée de l’effort, l’intensité de l’effort, la durée et la
forme de récupération (active ou passive) et le nombre de répétitions (M. Pradet, L’endurance en milieu
scolaire, 2006). Enfin, il faut souligner la dimension psychologique de l’endurance. À ce titre, il faut noter
qu’un effort proche de la VMA ou de durée importante, est souvent perçu négativement par les élèves car
associé à un effort peu ludique et une fatigue importante (essoufflement, points de côtés…). Comme le
précise G. Millet (Endurance, 2006), il faut résister à la douleur, à la fatigue, à la monotonie, à l’ennui… Il
faut « en-durer ».La prise en compte des ressentis est de fait très utile pour l’enseignant afin de réguler
les exercices proposés.
Conditions de mise en œuvre
Nous retiendrons quatre conditions pour solliciter et développer l’endurance chez nos élèves :
1) Connaître leur niveau de ressources initial.
2) Jouer sur les paramètres d’entraînement (intensité, durée et quantité de l’effort, récupération) selon
l’objectif visé (capacité ou puissance aérobie).
3) Individualiser le travail en exploitant le ressenti des élèves
4) Développer et/ou entretenir un rapport affectif positif à l’activité.
Exemple 1 collège
Contexte
Pour illustrer notre propos, nous exploiterons la proposition de M. Travert et de G. Hanula (Réussir avec
sa manière, Revue EPS n°377, 2017) avec une classe de quatrième dans un cycle de quatorze leçons de
demi-fond. Les attendus de fin de cycle principaux sont de « gérer son effort, faire des choix pour
réaliser la meilleure performance » et « s’engager dans un programme de préparation individuel ou
collectif » (Attendus de fin de cycle du champ d’apprentissage n°1, Programme EPS cycle 4 du
9/11/2015).
Situation
Au début du cycle, l’enseignant propose un test de VAM EVAL afin de déterminer la vitesse maximale
aérobie (VMA) de chaque élève. Le test est renouvelé à la séance n°8.
Le travail s’effectue ensuite sur un espace balisé tous les 25m par des plots disposés autour de la piste.
Trois possibilités de travail (projets) sont proposés à l’élève : le projet santé ‘‘bleu’’ qui consiste à courir
12’ sans arrêt à VMA - 3km/h ; le projet bien-être “jaune’’ qui consiste à courir 6’30’’ à VMA - 3km/h
suivi d’un intervalle d’1’30“ de récupération et enchaîné avec un quatre fois 30/30 (30’’ à courir à VMA,
30’’ de récupération) ; enfin le projet performance “rouge’’ qui consiste à réaliser un 3x3’ de 30/30 avec
des intervalles d’une minute de récupération qui peut se faire en statique, en marchant ou en footing
léger.
Exemple 2 collège
Contexte
Pour illustrer notre propos, nous nous appuierons sur un exemple développé par N. Terré (Des jeux pour
apprendre en EPS, Revue EPS n°368, 2015) pour une classe de sixième où l’objectif est de prendre des
repères sur sa respiration et ses foulées (amplitude et fréquence) pour maintenir une allure à 100 % de
sa vitesse maximale aérobie (VMA). Cet objectif s’inscrit en prise avec la compétence visée « Pendant la
pratique, prendre des repères extérieurs et des repères sur son corps pour contrôler son déplacement et
son effort » (Programme EPS cycle 3, arrêté du 9/11/2015).
Situation
Le cycle débute par un test destiné à apprécier la VMA des élèves. La valeur obtenue est ensuite corrigée
au cours du cycle en fonction des résultats obtenus lors des différents exercices. La situation proposée
appelée « Le tour de France », consiste à relier symboliquement différentes villes de France. À chaque
carte correspond un trajet que les élèves doivent réaliser par équipe, en tenant compte d'une contrainte
particulière. Concrètement, il s’agit de franchir, sur la base des VMA individuelles, la plus grande distance
possible sur trois périodes de trois minutes en courant ni trop lentement ni trop vite par rapport à la
vitesse moyenne qui est annoncée au départ. Lors de la première course, l'élève ajuste sa vitesse à l'aide
d'un radar pédagogique (plots disposés tous les 2,5 m correspondant à 1 km/h par tranche de 9 s). Lors
de la deuxième course, la vitesse de l'élève est contrôlée par un radar fixe (calcul de la vitesse par un
observateur à partir du temps relevé dans une zone matérialisée de 20 m) et sanctionnée par un arrêt de
10 s par écart d’1 km/h. Lors de la troisième course, la vitesse de l'élève est contrôlée par des jumelles
(calcul de la vitesse par un observateur à partir du temps relevé entre deux plots aléatoires espacés de
20 m) et sanctionnée par un arrêt de 10 secondes par écart d'1 km/ h. Cette situation du Tour de France
est renouvelée lors des leçons suivantes avec des temps de course différents (6’, puis 9’), voire combinés
(9’, 3’, 6’) et des temps et formes de récupération variables.
Analyse par rapport aux conditions
- En faisant passer aux élèves un test de VMA dont les valeurs sont progressivement corrigées au cours
du cycle, l’enseignant peut disposer du niveau de ressources de chacun de ses élèves afin d’adapter la
charge de travail (condition n°1).
En proposant plusieurs Tour de France différenciés selon la durée et l’intensité de course, ainsi que par la
nature de la récupération, l’enseignant peut viser prioritairement le développement de la capacité ou la
puissance aérobie (condition n°2).
Le fait de projeter les vitesses de course sur la base des VMA de chaque élève permet une
individualisation du travail propice au développement de l’endurance de chacun (conditionn°3).
Quant à la forme jouée et collective du travail proposée, on peut espérer que les élèves trouveront par
cette pratique originale de la course des motifs d’investissement supplémentaires (condition n°4).
Exemple lycée
Contexte
Pour illustrer nos propos, nous nous appuierons sur la proposition de F. Hug et E. Baudin
(Développement des qualités physiques chez l’enfant et l’adolescent, Revue EPS n°339, 2009). Les
auteurs présentent une étude réalisée avec des élèves de première sur six APSA, où, à partir de la
fréquence cardiaque maximale des élèves calculée selon la méthode d’Astrand (220-âge), un
aménagement des situations d’apprentissage permet d’obtenir une FC moyenne d’effort supérieure à
80% de la FC max afin de viser le développement de la VO2max (pour eux, le VO2max peut notamment
être amélioré par des exercices intermittents avec des courses à allures supérieures à la VMA et
entrecoupées de périodes de récupération). Cette proposition s’inscrit dans l’attendu de fin de cycle du
champ d’apprentissage n°1 « Produire et répartir intentionnellement ses efforts en mobilisant ses
Le demi-fond fait partie des APSA les plus choisies par les élèves dans l’épreuve du bac
- Le rapport annuel 2016 de l’évaluation au baccalauréat montre que le demi-fond est l’activité la plus
choisie par les élèves au bac général (40,45%), la troisième en bac pro et CAP/BEP (40,21% et 33,73%).
Le travail aérobie, basé sur une individualisation du travail, permet de placer chaque élève en situation
de progrès et de réussite
- En s’appuyant sur le potentiel individuel qui est assez facilement mesurable, l’enseignant peut fixer des
objectifs à chaque élève qu’il peut atteindre. Tous les élèves peuvent ainsi se trouver en position de
réussite quel que soient les moyens de départ dont ils disposent.
- Dans cette optique, « la mesure devient la source essentielle de l’individualisation, du progrès et donc
de la motivation » (M. Gerbeaux, S. Berthoin, Aptitude et pratique aérobies chez l'enfant et l'adolescent :
la préparation physique à l'horizon 2000, 1999).
- Pour individualiser équitablement le travail, G. Baquet et S. Ratel (L’engagement des élèves en EPS. Les
ressources métaboliques, Dossier EPS n°85, 2018) proposent de calculer la VMA des élèves et d’utiliser
également la fréquence cardiaque et la perception de l’effort.
L’endurance est un facteur de santé et de bien-être pour maintenant, ailleurs et plus tard.
- Par ailleurs, l’élève sera plus apte à soutenir des efforts dans les divers APSA. Il disposera en fait d’un
niveau « foncier » lui permettant de mieux aborder les divers apprentissages.
- On peut aussi espérer que la pratique régulière nécessaire à ce développement puisse contaminer
l’élève dans ses goûts de pratique (M. Pradet, La préparation physique, 1996).
- L’EPS est une discipline privilégiée pour développer le corps et contribuer à l’éducation à la santé. Cet
objectif s’inscrit dans les recommandations de l’ANSES (2017) qui préconise pour les adultes trente
minutes quotidienne d’activité physique d’intensité modérée à élevée.
5 – Nuances, ouvertures
- Pour un résultat comparable, F. Hug et E. Baudin (Développement des qualités physiques chez l’enfant
et l’adolescent, Revue EPS n°339, 2009) soulignent que les exercices intermittents semblent plus
intéressants car ils permettent de rompre avec la monotonie des cycles classiques d’endurance. De plus,
ils se rapprochent davantage de l’activité spontanée des jeunes (jeux brefs et intenses). Enfin, ils
permettent un élargissement de la gamme de vitesse proposée, pour des exercices intermittents (de 80 à
130% VMA).
- Par ailleurs, on se montrera prudent sur le travail en puissance en rappelant que J. Weineck (Manuel
d’entraînement, 2003) déconseille ce type d’effort jusqu’à la puberté car il peut entraîner des lésions
notamment au niveau des cartilages et des zones encore incomplètement ossifiées (épiphyses et
apophyses). D’autant plus que la plupart des collégiens n’ont pas une masse musculaire très développée
leur permettant de se préserver. Tous les auteurs ne sont toutefois pas d’accord sur ce point.
- Enfin, l’enseignant devra proposer un travail visant à dépasser les représentations souvent négatives
des élèves sur le travail d’endurance (effort pénible, aspect peu ludique).
1 – Démonstration
Montrer que le développement de la force de l’élève peut constituer une réelle ambition pour l’EPS, mais
que cela nécessite la mise en place de conditions précises.
2 – Caractérisation de l’outil
Définition
La force peut-être définie comme la « la faculté de s’opposer ou de vaincre une résistance
extérieure grâce à la contraction musculaire » (M. Pradet, Préparation physique, 1996). Quant à la
puissance, elle correspond au produit de la force par la vitesse. La force peut ainsi prendre différentes
formes : force maximale (maximum de force déployée lors d’une contraction maximale volontaire), force
vitesse (vitesse d’exécution de la force) et force endurance (utilisation de la force dans un processus
d’endurance).
La possibilité de développer de la force dépend des facteurs structuraux du muscle (taille et nombre des
fibres musculaires, vascularisation…), des facteurs d’étirement du muscle (réflexe myotatique
notamment) et des facteurs neuromusculaires (recrutement d’unités motrices, synchronisation d’unités
motrices, coordination intermusculaires). Les régimes de contractions musculaires peuvent se faire sans
variation de la longueur du muscle (isométrique) ou avec modification (concentrique, excentrique et
pliométrique). Enfin, nous retiendrons qu’il existe sept groupes musculaires qui peuvent être travaillés :
dos, jambes, fessiers, abdominaux, épaules, pectoraux, bras (F. Delavier, Guide des mouvements de
musculation, 2010).
Commentaires
Le travail de la force en EPS trouve une résonnance très différente selon les élèves. Pour certains, c’est
un moyen de valorisation de soi alors que pour d’autres, c’est la mise en route de stéréotypes négatifs du
corps. Il faut ensuite rappeler que le niveau de force diffère d’un élève à l’autre. C’est notamment le cas
chez les filles et les garçons. Si avant la puberté, la force maximale des garçons et des filles n’est pas
très différente, les filles présentent un accroissement marqué plus précoce de leur force que les garçons
(12 ans, contre 15 ans) ; au final, les garçons possèdent en fin de croissance une force supérieure de 35
à 40% par rapport aux filles. De plus, le travail de cette qualité physique s’accompagne de ressentis
différents selon les individus. Classiquement, on distingue trois méthodes de musculation : efforts
maximaux ; efforts répétés ; efforts dynamiques. Toutes ces méthodes reposent sur le réglage de
paramètres d’entraînement tels que l’intensité de l’exercice, la quantité de travail, la récupération et la
connaissance. Ainsi que sur la connaissance de la force maximale pour chacun. À l’instar des autres
ressources physiques, le développement de la force trouve une place naturelle en EPS. Dans le cadre du
champ d’apprentissage n°5 (développer ses ressources et s’entretenir), il est possible selon l’objectif
choisi de développer la force et la puissance, d’augmenter l’endurance ou d’accroître le volume
musculaire. Toutefois, cela requiert une attention particulière. D’abord à cause des traumatismes qu’elle
peut engendrer si le travail est mal fait ou inadapté au pratiquant. D’autre part, parce que si les élèves
en période d’adolescence voient leur force augmenter, leur croissance n’est pas encore terminée,
notamment au niveau des cartilages de conjugaison qui ne sont pas encore soudés. Enfin, parce que la
musculation généralement utilisée comme support au développement de cette qualité physique se fait
avec des appareils qui peuvent s’avérer dangereux.
Conditions de mise en œuvre
Pour développer la force musculaire l’enseignant doit :
1) Connaître le niveau de ressources initial de l’élève ;
2) Jouer sur les paramètres d’entraînement (intensité, durée et quantité de l’effort, récupération) selon
l’objectif visé (force max, force vitesse, force endurance) ;
3) Individualiser le travail en exploitant le ressenti des élèves ;
4) Développer et/ou entretenir un rapport affectif positif à l’activité ;
5) Mettre en place les conditions d’une pratique sécuritaire.
Le développement de la force et plus largement des ressources fait partie des objectifs de l’EPS
- « Par son engagement dans des APSA diversifiées, chaque élève enrichit sa motricité, mobilise et
développe ses ressources, quels que soient son niveau d’expertise, son genre, sa condition physique et
son degré d’inaptitude ou de handicap » (Programme de lycée professionnel, arrêté du 3/4/2019)
Le développement de la force répond aux besoins des adolescents et plus particulièrement des garçons
- Cette perspective éducative trouve en général un écho très favorable chez les élèves, notamment chez
les garçons de lycée professionnel pour qui l’image du corps constitue un élément très fort de l’image
sociale. De fait, ils peuvent accorder une importance accrue à l’EPS si celle-ci contribue au
développement et au maintien de l’estime de soi en raison des impacts qu’elle possède sur les
dimensions du soi (apparence physique induit par la musculation). En effet, l’adolescent possède « une
perception de son propre corps fortement médiatisée par des stéréotypes culturels prescrivant ce qui est
« viril » (force, résistance, énergie, audace) et ce qui ne l’est pas (fragilité, faiblesse, non énergie,
mauvaise santé, crainte) » (A. Davisse, C. Louveau, Sport, école, société : la part des femmes, 1991).
Le développement de la force, basé sur une individualisation du travail, permet de placer chaque élève en
situation de progrès et de réussite
- M. Pradet (Le développement de la force en EPS, 2003) distingue huit variables constitutives des
exercices de développement de la force qui permettent d’individualiser et de cibler au mieux
l’entraînement et donc la réussite : combinaison des différents régimes de contraction musculaire ;
intensité de la charge ; durée du mouvement et nombre de répétitions ; nature et durée des
récupérations ; nombre de groupes musculaires et de zones articulaires participant au mouvement ;
ordre d’intervention des différents groupes musculaires.
Le développement de la force permet de motiver l’élève car la réussite et les effets obtenus sont
rapidement visibles
- Le développement de la force peut contribuer à l’accès du goût de l’effort par l’élève. En effet,
l’hypertrophie musculaire est un révélateur de progrès accomplis. J-A. Méard (Comment donner le goût
aux élèves de l’effort ? 2000) montre ainsi que « l’effort est plus accepté lorsque les progrès accomplis
sont visibles ».
Le développement de la force permet d’être plus efficace dans d’autres habiletés motrices et sportives
- Pour R. Manno (Les bases de l’entraînement sportif, 1992), « les capacités motrices ou qualités
physiques constituent le présupposé ou prérequis moteur de base, sur lequel l’homme et l’athlète
construisent leurs propres habiletés techniques ».
- J.Weineck (Biologie du sport, 1992) fait de la force – avec l’endurance et la vitesse - les facteurs
déterminants de la condition physique.
Le développement de la force contribue à l’éducation à la santé ici et maintenant pour ailleurs et plus
tard
- Ce type de travail, par les effets qu’il génère (tonicité des ceintures abdominales et pelviennes ; tenue
du dos…) contribue à améliorer la santé des élèves en leur permettant de se confronter avec plus
d’efficacité à des tâches exigeantes.
- La musculation contribue même au renforcement des articulations par l’action protectrice des muscles
et des structures telles que les tendons et ligaments (Kraemer et Fleck, 1993).
- L’EPS est une discipline privilégiée pour développer le corps et contribuer à l’éducation à la santé. Cet
objectif s’inscrit dans les recommandations de l’ANSES (2017) qui préconise pour les adultes une à deux
séances hebdomadaires de renforcement musculaire des bras et des jambes.
5 – Nuances, ouvertures
- Le développement de la force musculaire possède donc bien des vertus éducatives qui de plus, peuvent
être un révélateur de réussite scolaire pour des élèves en difficulté.
- Cependant, il faudrait 2 ou 3 séances par semaine pour véritablement modifier la force musculaire. Ce
qui dans le cadre scolaire est difficilement possible (sauf à combiner avec l’UNSS).
- Il faudra cependant veiller à ce que ce développement s’accompagne d’un travail sur la souplesse. En
effet, l’augmentation de la masse musculaire se traduit généralement par une diminution de
l’extensibilité du muscle, ce qui augmente le risque potentiel de blessures.
1 – Démonstration
Montrer que l’on peut donner les moyens à l’élève d’identifier et d’interpréter ses ressentis afin qu’il
puisse réguler ses actions.
2 – Caractérisation de l’outil
Définition
Un ressenti correspond à un ensemble d’informations perçues par le sujet qui lui parviennent par ses
sens extéroceptifs (vision, audition, olfaction, goût et toucher) et à l’intérieur de lui-même
(proprioception et intéroception). Plus spécifiquement dans le cadre des pratiques physiques qui offrent
une richesse de ressentis potentiels, ceux-ci peuvent être respiratoires (essoufflement), cardiaques
(rythme cardiaque), musculaires (pénibilité de l’effort), proprioceptifs (perception de la position des
différentes parties de son corps) et psychologiques (excitation, difficulté de l’effort)…
Commentaires
La prise en compte des ressentis et la régulation de l’action par l’élève constituent un élément central de
l’enseignement de l’EPS. En effet, la gestion de la vie physique, l’appréciation des effets de l’activité
physique ou l’utilisation de différentes démarches pour apprendre à agir efficacement (compétences
méthodologiques des programmes EPS) s’appuient sur l’identification et l’utilisation des ressentis
éprouvés par l’élève. Les ressentis sont également particulièrement importants dans les APSA qui
relèvent du champ d’apprentissage n°5 intitulé « réaliser et orienter son activité physique en vue du
développement et de l’entretien de soi ». Il faut noter que les ressentis sont par définition personnels et
donc subjectifs. Il est aussi possible pour les exprimer de les verbaliser, voire de les quantifier comme
avec l’échelle RPE de perception de l’effort de Borg. Par ailleurs, si le ressenti est une variable importante
d’apprentissage, il peut aussi déjouer celui-ci et court-circuiter la compréhension des liens qui existent
avec l’activité pratiquée. Un ressenti désagréable pourra ainsi diminuer l’activité de l’élève (cela fait
mal…). De plus, éprouver et tenir compte d’un ressenti ne signifie pas automatiquement que l’élève saura
quoi en faire pour réguler son action : jusqu’où pousser le niveau d’essoufflement pour fixer son allure de
course ?
Conditions de mise en œuvre
En fin de compte, on retiendra quatre conditions pour que l’élève puisse utiliser ses ressentis en vue de
réguler son action :
1) Éprouver et identifier des sensations ;
2) Exprimer les ressentis (verbalisation) ;
3) Les mettre en relation avec l’exigence de la tâche demandée.
4) Faire de ces sensations des points d’appuis pour réguler son projet d’action.
Exemple lycée
Contexte
Pour illustrer nos propos, nous prendrons un exemple dans un cycle de demi-fond réalisé avec une
classe de seconde. Ce travail est notamment en prise avec l’attendu de fin de cycle notifié dans le
champ d’apprentissage n°5 « construire et stabiliser une motricité spécifique pour être efficace dans le
suivi d’un thème d’entraînement en cohérence avec un mobile personnel de développement »
(Programme EPS lycée, Arrêté du 17/1/2019).
Situation
Au cours de la première leçon, un test VMA a été mis en place afin d’évaluer les capacités aérobies des
élèves. (G. Cazorla, « Test de terrain pour évaluer la capacité aérobie », 2002). Lors de la suite du
cycle, l’enseignant propose aux élèves de vivre plusieurs projets avec des allures de courses différentes.
Il propose ainsi plusieurs « allures cible » (C. Schnitzler, La notion d’allure cible pour construire des
contenus en cycle terminal, Revue EPS n°333, 2008) avec un choix possible entre un travail à 100% de
la VMA pendant 6 à 9 minutes (3 séries de répétitions de 30 sec/30 sec), un travail à 80% pendant 10
fois 3 minutes avec 30 secondes de récupération, ou un travail à 70% de la VMA pendant 2 fois 20
minutes avec 5 minutes de récupération. L’enseignant balise l’apprentissage des élèves par des coups de
sifflets définissant leur rythme et transmet les temps de passage. Les élèves travaillent par binôme de
niveaux.
À la fin de chaque course, il demande aux élèves d’estimer l’effort fourni sur la base d’une échelle
graduée de 1 à 10 (de 1 « très faible, je ne ressens aucune fatigue » à 10 « très élevé, je n’en peux
plus »). Il les questionne également sur les ressentis physiques : fréquence cardiaque perçue (possibilité
aussi d’utiliser des cardio-fréquence mètre), rythme respiratoire, transpiration et fatigue musculaire,
sensations de vitesse liée à la foulée… Puis, au cours d’un temps de verbalisation, il cherche à faire
établir par chaque binôme un lien entre les conditions de l’action et les sensations éprouvées (par
Interpréter ses ressentis permet de développer des modalités plus fines de contrôle de l’action
- Progressivement, les élèves passent d’une utilisation de repères extéroceptifs, donnés par l’enseignant
(temps de passage) à la construction de repères proprioceptifs (rythme respiratoires…).
- Pour C. Grellier (Heureux qui communique fait un bon apprentissage, Les cahiers EPS de Nantes n°36,
2007), « l'entrée dans les apprentissages par ses propres ressentis à verbaliser sert de starter pour
interpeller (…) l'élève sur ses propres sensations… ».
- G. Dietsch (Exploiter le ressenti, Revue EPS n°358, 2013) montre à travers un cycle de musculation
comment l’identification puis l’analyse des ressentis par les élèves leur permet de mettre en perspective
l’évaluation de l’effort produit et les incidences physiologiques. Ce qui leur ouvre la possibilité d’entrer
dans une réelle démarche de construction de leur séquence d’entraînement.
Prendre en compte les ressentis des élèves permet au professeur de mieux cibler son enseignement
- E. Pontais (Le questionnement sur soi au badminton, Contre-Pied n°23, 2009) travaille avec des fiches
navettes destinées à questionner l’activité de l’élève et à mieux accéder à leurs représentations.
5 – Nuances, ouvertures
- L’un des principaux obstacles de la connaissance de soi réside dans la capacité à pouvoir exprimer
précisément une sensation éprouvée. Cette dimension cognitive peut en effet freiner certains élèves,
mais aussi ne pas les accrocher à une éducation physique qui s’éloignerait trop, pour eux, d’une pratique
« défoulatoire ».
- Cependant, la connaissance de soi induite par la prise en compte des ressentis constitue un objectif
indéniablement fort pour la discipline EPS en vue d’une pratique lucide et autonome.
1 – Démonstration
Montrer que l’échauffement doit permettre d’engager l’élève dans l’activité, tout en le préparant
efficacement à la pratique.
2 – Caractérisation de l’outil
Définition
« On entend par échauffement toutes les mesures permettant d’obtenir un état optimal de préparation
psychologique et motrice avant un entraînement ou une compétition, et qui jouent en même temps un
rôle important dans la prévention des lésions » (J. Weineck, Manuel d’entraînement, 2003). Sur le plan
corporel, la mobilisation du système cardiovasculaire et du système musculo-articulaire permet
notamment de créer de la chaleur favorable au travail des muscles et des tendons dont le rendement est
maximum entre 38 et 39 degrés. Sur le plan cognitif, il s’agit de mobiliser l’attention de l’élève sur sa
pratique physique en prise avec le travail qui va être accomplis dans la suite de la leçon. Enfin, sur le
plan motivationnel et social, l’échauffement ambitionne « d’accrocher » les élèves de manière à créer une
dynamique de travail.
Commentaires
Cette phase d’échauffement apparaît donc essentielle en EPS, dans la mesure où la sollicitation des
ressources s’effectue sur plusieurs plans (physique, cognitif, méthodologique, social…). Pourtant,
l’échauffement, assimilé souvent par les élèves à une phase peu ludique, est souvent ressenti comme
une contrainte par les élèves qui de plus, connaissent peu de blessures musculaires à leur âge.
Néanmoins, il faut considérer sue l’utilité de l’échauffement se décline à court terme (préparation à
l’effort) et à long terme (habitudes de pratiques). Il apparaît de fait d’autant plus important d’instituer
des repères que l’élève retrouve d’une leçon à l’autre, tout en lui permettant de ressentir (sensation de
chaleur, début de sudation et d’essoufflement… ) et de comprendre les raisons des exercices qui lui sont
proposées. C’est ainsi qu’un un échauffement bien réalisé est un premier pas vers l’éducation à la santé.
Enfin, rappelons que l’échauffement est progressif et qu’il comporte deux parties : un échauffement
général, qui permet la sollicitation globale de l'organisme (activation cardio-pulmonaire, mobilisation
musculaire et articulaire) et un échauffement spécifique, centré sur la mobilisation des habiletés pour
lesquelles l'exécutant se prépare.
Conditions de mise en œuvre
Pour que cette phase soit la plus pertinente possible au regard de l’activité pratiquée, et la plus
motivante possible pour les élèves, l’échauffement doit répondre à cinq critères :
1) Une structure récurrente pour que l’élève se repère.
2) Une augmentation progressive de la sollicitation musculaire.
3) Une mobilisation en relation avec l’activité pratiquée.
4) Une dynamique affective afin d’engager les élèves dans l’activité.
5) Une connaissance et une compréhension des exercices proposés.
Exemple collège
Contexte
Pour illustrer notre propos, nous nous appuierons sur une situation proposée par Pascal Dupré (Des
routines pour s’échauffer, Revue EPS n°339, 2009). Il est question d’un échauffement spécifique réalisé
lors d’un cycle de basket ball avec une classe de 5ème, dont le travail est basé sur la recherche du gain du
match par des choix pertinents d’actions de passe ou dribble pour accéder régulièrement à la zone de
marque et tirer en position favorable. Cet échauffement est notamment en prise avec la compétence
générale « S'approprier par la pratique physique et sportive, des méthodes et des outils » (Programme
EPS collège cycle 4, arrêté du 9/11/2015).
Situation
Comme toutes les leçons précédentes, l’échauffement commence par une forme jouée (poule-renard-
vipère ; luck-Luke…). Dans la situation proposée ci-dessous, le tiers de la classe qui porte un chasuble de
couleur joue le rôle des « sorciers ». Chaque élève, qu’il soit sorcier ou non-sorcier, évolue en dribblant
avec un ballon sur un terrain de basket. Pendant trois minutes, le but des sorciers est de toucher avec
une main les autres joueurs. Les joueurs touchés s’accroupissent à l’endroit où ils ont été touchés. Ceux
qui n’ont pas été touchés peuvent délivrer leurs partenaires en les touchant. Le jeu se déroule en trois
séquences pour que chaque rôle soit tenu par tous. Lors de la première séquence, les déplacements se
réalisent en marche rapide. S’ensuit une phase de récupération où les élèves dribblent en marchant main
gauche, puis main droite, les yeux fermés, à genoux… L’enseignant profitant de ce moment pour
introduire ou rappeler des contenus d’enseignement favorables au dribble (ballon poussé verticalement
sur le côté́ et accompagné dans une alternance supination/pronation/supination). Enfin, les élèves
Vincent LAMOTTE – Blocs argumentaires – STAPS Réunion - 2020 15
doivent traverser le terrain en dribble en suivant un parcours qui les confronte à des passages obligés et
à des défenseurs qui les poursuivent avec au départ, un temps de retard.
Analyse par rapport aux conditions
Nous constatons ici que toutes les conditions sont réunies pour que l’échauffement réponde aux critères
d’efficacité et de motivation.
D’abord parce que ces élèves de cinquième retrouvent une structure connue d’échauffement avec une
partie générale basée sur un jeu, puis une partie spécifique qui comprend un travail orienté vers le thème
de la leçon, en l’occurrence le dribble (condition n°1).
Cet échauffement est également construit de manière progressive. Le fait d’imposer une marche rapide
lors de la première séquence permet une entrée progressive dans l’effort. De plus, les dribbles et les
tentatives de touches des camarades vont permettre de solliciter les muscles, les tendons et les
articulations. Enfin, les accélérations qui vont être fournies, ainsi que les brusques changements de
directions vont aller crescendo (condition n°2).
Par ailleurs, le choix des exercices apparaît clairement en prises avec le travail à venir dans la mesure où
le dribble constitue le fil conducteur de cet échauffement. Ainsi, le jeu des sorciers invite les joueurs à
dribbler tout en décentrant le regard de la balle. En effet, pour échapper aux « sorciers » ou au contraire
pour attraper les « non-sorciers », les élèves devront apprendre à lever la tête pour se situer par rapport
à leurs camarades. En outre, cette situation sollicite l’organisation et la répartition des rôles dans l’équipe
pour être efficace : attraper, délivrer, surveiller les prisonniers (condition n°3).
Le fait de débuter l’échauffement par un petit jeu permet une émulation collective. De même, la mise à
disposition d’un ballon par joueur vise à favoriser le plaisir ressenti lié à la manipulation de l’objet et donc
l’investissement de ces élèves de collège dans l’activité basket (condition n°4).
Enfin, la diversité des exercices proposés permet à l’élève de se constituer un répertoire de situation.
Alors que les explications de l’enseignant sur les conditions de réalisation du dribble pendant la phase de
récupération doivent permettre aux élèves de comprendre l’intérêt des exercices (condition n°5).
L’échauffement permet d’instaurer des habitudes de pratique pour ailleurs et plus tard
- Pour G. Cogérino (Des pratiques d’entretien corporel aux connaissances d’accompagnement, Dossier
EPS n°37, 1998), le « savoir s’échauffer est envisagé comme la mise en œuvre par les élèves des
principes d’efficacité relatifs aux différentes phases. Il s’agit de se mettre en condition, mobiliser ses
articulations, s’étirer et se tonifier en respectant les principes d’efficacité ».
- « L’échauffement est un préalable indispensable à toute éducation physique de quelque nature qu’elle
soit » (P.Berthon, L’échauffement en EPS, Revue EPS n°290, 2001).
- J. Listello (Du rituel de l’échauffement aux contenus d’enseignement, Revue EPS n°319, 2006) souligne
que « si l’enseignant veut être crédible dans son discours de prévention sur la nécessité de s’échauffer, il
convient d’accorder à ce thème une place essentielle dans son enseignement quotidien ».
- A. André et O. Caltot (Vers un « savoir s’échauffer », revue EPS n°355, 2013) plaident pour le
développement d’une autonomie progressive des élèves dans le « savoir s’échauffer en jouant sur le
guidage, la justification, la délégation progressive et la balance stabilité-variété des situations.
5 – Nuances, ouvertures
- Il serait possible de rendre l’échauffement encore plus motivant et pertinent en dévoluant à l’élève ou à
un groupe d’élèves la construction et la gestion de son propre échauffement (F. Cibert, Confier le savoir
s’échauffer aux élèves, Revue EPS n°273, 2016). Cela lui permettrait de mieux prendre en compte ses
ressources et l’amènerait vers une pratique plus autonome, tout en développant un plus haut degré
d’expertise. En effet, il faut insister sur la singularité de l’échauffement dans la mesure où chaque corps
réagit plus ou moins rapidement aux effets de l’activité physique.
- S’il faut entre 15 et 30 minutes pour amener la température du corps à 38,5°, il convient toutefois de
noter qu’au bout de dix minutes d’inaction, sans survêtement et par temps frais, le bénéfice de
l’échauffement a totalement disparu.
- G. Cometti (Intérêts des étirements avant et après la performance, Revue EPS n°304, 2003) affirme
toutefois que les étirements ne permettent pas un échauffement correct (les tensions isométriques
interrompent l’irrigation sanguine) ; pire, que le stretching d’avant compétition diminue la performance à
venir (vitesse, force et surtout détente).
- Mentionnons enfin l’avis de S. Bihan (L’échauffement s’enseigne-t-il ? Revue EPS n°305, 2004) qui
constate l’omniprésence de l’échauffement dans les textes officiels et qui de fait, doit être « enseigné et
évalué ». De fait, on peut affirmer que l’échauffement ne prépare pas à la leçon d’EPS, mais qu’il fait
partie de la leçon.
1 – Démonstration
Montrer que l’enseignant d’EPS peut « travailler » les contenus d’enseignement de manière à ce que
l’élève en surcharge pondérale puisse les intégrer.
2 – Caractérisation de l’outil
Définition
La surcharge pondérale est un excès de masse grasse corporelle. Elle est calculée en établissant un
rapport entre le poids et la taille du sujet. L’indice de masse corporelle (IMC = masse / taille²) est
devenu la référence internationale (L’élève obèse, Dossier Revue EPS n°62, 2004). Un individu est
considéré en surcharge pondérale lorsque son IMC est supérieur à 25 ; il est obèse lorsque son IMC
dépasse 30. L’obésité peut-être considérée comme un handicap dans le cadre défini par la loi pour
l’égalité des droits et des chances du 11/2/2005 qui évoque des « limitations d’activité ou restriction de
participation à la vie en société subie par une personne en raison d’une altération substantielle durable
ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives, ou psychiques,
d’un poly-handicap ou d’un trouble de santé invalidant ».
Commentaires
Il faut d’abord mentionner que la surcharge pondérale est une réalité dans la jeunesse française.
Aujourd’hui, 18% des élèves de troisième présentent une surcharge pondérale, dont 5% sont obèses
(DREES 2018). Les conséquences en EPS sont nombreuses. En effet, ces élèves éprouvent des problèmes
de coordination (produire une foulée bondissante), de souplesse, de fatigue (enchaîner des courses
d’attaque, puis de défense en sports collectifs), ou de sécurité (maintenir des positions en appui manuel
en gymnastique)… quand ils acceptent d’entrer en action ! Ainsi, si les répercussions sur la motricité sont
considérables, les blocages psychologiques ne sont pas moindres. Une image de soi dévalorisée par les
performances («échecs répétés, faibles réalisations) et par le regard des autres (moqueries) constitue
souvent le quotidien des élèves en surpoids ou obèses. Ainsi, même si l’activité physique est
recommandée pour ces élèves, l’obésité peut toutefois se révéler être un frein pouvant aller jusqu’à la
dispense. Surtout dans une activité où les apprentissages se font à la vue de tous et où le corps est
particulièrement exposé (natation). Pour autant, ces caractéristiques ne signifient pas que ces élèves ne
peuvent s’approprier les contenus d’enseignement prévus dans les programmes. C’est ainsi que face à
ces élèves en situation de Besoin Educatif Particulier (BEP), il est « fondamental d’amener cet élève à
prendre conscience qu’il progresse comme les autres et qu’à cet égard il n’est pas différent d’eux »
(L’élève obèse, Dossier EPS n°62, 2004).
Conditions de mise en œuvre
Pour proposer des contenus « intégrables » par l’élève qui souffre d’un surpoids, nous nous appuierons
sur quatre critères à savoir :
1) Sélectionner les contenus utiles et adaptés aux caractéristiques de cet élèves afin qu’il puisse réussir
la tâche.
2) Développer un environnement affectif sécuritaire.
3) Offrir des conditions de pratiques aménagées de manière à ce que l’élève puisse travailler par rapport
à ses possibilités.
4) Favoriser les pratiques collectives
4 – Argumentaire sur l’intérêt de travailler les contenus pour faire progresser les élèves en
surcharge pondérale
La prise en compte des élèves qui présentent un handicap est une injonction institutionnelle
- Un des principes essentiels de la Loi du 11/2/2005 (Loi pour l’égalité des droits et des chances) est de
rendre possible une participation effective à la vie sociale en assurant « l’accessibilité de tous à tout ».
- Depuis longtemps, de nombreux auteurs (A. Hébrard, Réflexion et perspectives, 1986) soutiennent
l’idée que l’EPS, comme toute discipline, « doit s’adresser à tous les élèves quelque soient leurs
caractéristiques ».
- (L’éducation physique et sportive) « assure l'inclusion, dans la classe, des élèves à besoins éducatifs
particuliers ou en situation de handicap » (Programme EPS cycle 3 & 4, arrêté du 9/11/2015).
- « Selon le principe d’une école inclusive, les établissements de formation doivent accueillir tous les
élèves quel que soit leur degré d’aptitude partielle ou de handicap. Il est de la responsabilité des
professeurs de concevoir et de mettre en œuvre des traitements didactiques spécifiques, adaptés aux
enjeux de formation retenus pour les différents élèves de l’établissement. Compte tenu des enjeux de
santé publique liés à la sédentarité, tout doit être mis en œuvre pour proposer une EPS adaptée »
(Programme EPS CAP, Bac pro, arrêté 3/4/2019).
- « Le lycée doit accueillir tous les élèves quel que soit leur degré d’aptitude partielle ou de handicap »
(Programme EPS lycée général et technologique, arrêté 17/1/2019.
Des contenus travaillés au sein d’un aménagement de l’environnement peuvent devenir accessible aux
élèves en surcharge pondérale
- Le handicap n’est pas lié seulement à la personne mais aux situations et environnements rencontrés
par la personne handicapée. D. Mestejanot (Accueil des élèves en situation de handicap en EPS, 2009)
précise ainsi que le handicap peut s’estomper dans d’autres situations ou environnements parce qu’ils
auront été rendus accessibles aux possibilités de la personne par un aménagement. Une tâche non
réalisable peut alors devenir possible et valorisante pour la personne parce que quelques éléments
générant des effets handicapants seront transformés et remplacés par des éléments réalisables qui
conservent à la tâche ses caractéristiques essentielles.
Progresser via des contenus adaptés peut donner envie de continuer de pratiquer et contribue à une
éducation à la santé
- En inscrivant l’élève dans une démarche active d’apprentissage et de réussite, on participe à lui donner
les moyens de rentrer dans un processus de construction de sa propre vie physique, qu’il pourra
poursuivre en dehors de l’école.
5 – Nuances, ouvertures
- Comme le souligne J-P Garel (Avec les autres et comme les autres, Contrepied hors-série n°12, 2015)
« la dynamique de l’inclusion est entravée si l’élève, objet d’une trop forte assimilation à l’élève ordinaire,
doit se fondre dans la norme, parce que l’on ignore ses besoins particuliers ou au nom d’un principe
d’égalité mal compris ».
- Plus largement, il demeure toutefois essentiel que l’enseignement à des élèves en situation de surpoids
s’inscrive dans le cadre d’un collectif qui mobilise les acteurs de l’école, tout en développant une relation
avec les différents partenaires en dehors de l’école (parents, médecins…).