9782710112303
9782710112303
Éditionétabliepar
LionelBellengeretPhilippePigallet
Corrigés 1à 17 ...................................... 63
Introduction
Percevons-nous le temps de manière linéaire commeun ruban décompo-
sableensegmentsdéterminésounouslaissons-nous facilementinterrompre
au milieu d'une tâche sans que cela nous perturbe outre mesure ?Notre
appréhensiondutempsnousendit long aussi surnous-mêmes.
Orce qui est important c'est de bien se connaître : de savoir ce qui nous
gouverne afin d'être vraiment l'acteur de notre existence au quotidien. En
fait, depuis notre enfance, nous sommes comme «programmés »par des
automatismes misenplace inconsciemment à travers diverses expériences.
Etceladistord, limite ougénéralisenotreperceptionde laréalité.
Parailleurs, laconstruction denotrepersonnalité s'est accomplieparlebiais
d'« inconscients parentaux »qui ont forgé, avec plusoumoinsdebonheur,
lesbasesdelaconfianceensoiqui mobilisenotre énergie. Enfin, nousnous
sommescrééavecl'âge une«imagedesoi»avec laquelle nouscherchonsà
donnerlechangeauméprisdesémotionsquinoushabitent :celles quenous
éprouvons,celles quenousnousautorisons àcopier, celles quenoustentons
demasquer,cellesquinoussontinconnues...
Nousnenousrendonspastoujourscomptequenotre subjectivité exacerbée,
nos stéréotypes nous font voir le mondeàtravers des lunettes déformantes.
Àtropnousaccrocherànosidées, nenousétonnonspas alors defaire mau-
vaiseimpression !...
Il faut dire que, tous les jours, notre caractère nous incite à adopter des
croyancesaidantesoulimitantes qui favorisentounonnotreépanouissement
personnel. Maisil n'est pas trop tard pourchanger. Pour éviter en particu-
lier d'entrer dans des «jeux »stériles avec les autres consistant àcritiquer
systématiquementpourseprotéger, fuirsesresponsabilités, oujouer lessau-
veursindésirables.
Après avoir évalué à leurjuste mesure tous ces stresseurs professionnels
qu'il importederéduire, rien nenousinterditplusdenousprendreenmains
pourchoisir désormaisce qui nousarrive. Il suffit pourcela que nous nous
montrions prêts à exprimer nos sentiments. Car bien se connaître rend
capable dedéfinir clairement ses priorités, donne aussi plus d'assurance en
soi, motiveenfin dans son attitude face au travail en permettant de faire la
part de ce qui relève de la réalisation de soi-même oude l'affiliation aux
valeursdel'entourage.
Laconnaissancedesoi nouspermet ainsi derepérer nos stratégies dechan-
gement.Carlaconnaissancedesoi-mêmeestdéjàlepremierpasvers laréa-
lisation de soi. Bien se connaître soi-même, c'est avoir déjà commencéde
changer...
1. Dans quelle mesure choisissons-nous
ce qui nous arrive ?
♦VirginieCornet, PhilippeAuriol, n°108
1. Listez les choix clés que vous avez faits dans votre vie.
2. Listez les événements de votre vie que vous avez eu l'impression de
«subir ». En quoi avez-vous contribué à ce qui s'est passé ?
3. Notez ce qui n'est pas juste d'après vous dans votre vie.
Que pouvez-vous choisir de faire pour changer ce qui n'est pas juste ?
4. Fermez les yeux et pensez à quelque chose que vous n'obtenez pas.
Appelez cette chose le problème X.
—Qui est impliqué avec vous dans ce problème ?
—Qui blâmez-vous ?
—Que vous dites-vous à vous-même ?
—Quels bénéfices vous procure le fait de ne pas obtenir ce que vous
aimeriez avoir ?
—Pensez au problème de la façon suivante :
«Je veux et ce qui est nécessaire pour l'obtenir c'est
Quelles sont les circonstances dans lesquelles je peux l'obtenir ?
Quelles actions sont nécessaires ?
Donc, pour obtenir .,je vais.. »
Corrigé page 63
2. Lediagnostic du caractère
♦RogerMucchieli,n° 11
SÉRIE1
ATTITUDEA ATTITUDEB
• Aucours de l'information reçue • Aucours de l'information reçueou
ou de la rencontre des faits, prend de la rencontre des faits, est habi-
habituellement l'attitude de specta- tuellement porté tout de suite à
teur-observateur. juger (approuver—désapprouver
—arbitrer—prendre parti).
• Manifeste un intérêt dominant • Manifeste un intérêt dominant
pour le monde des choses et les pour le monde des personnes et
problèmes matériels. les problèmeshumains.
• Devant un procédé nouveau, • Devant un procédé nouveau,
cherche d'abord à se renseigner cherche d'abord à savoir comment
sur son utilité pratique et ses appli- ilmarcheet surquel principeilfonc-
cations. tionne.
• Accorde plus de poids aux impé- • Accorde plus de poids aux exi-
ratifs de l'action, et pense qu'une gences de la réflexion et pense
réflexion prolongée handicape le qu'une action insuffisamment pré-
plussouvent l'action. parée risque plussouvent l'échec.
• Éprouveplus de plaisirà se plon- • Éprouve plus de plaisir à s'analy-
ger dans l'analyse des faits exté- ser soi-même, à vivreen pensée et
rieurs et de l'actualité. en imagination.
SÉRIE2
SÉRIE3
• Avez-vous un « moral » très • Ouêtes-vous facilement «démo-
résistant ? ralisé(e) »?
• Avant la décision, votre délibé- • Ou bien votre délibération se
ration intérieure est-elle rapide et prolonge-t-elle de manière pénible,
claire ? éveillant des conflits de tendances
et de multiples hésitations ?
• Après un choix ou une décision • Après un choix ou une décision
vous engageant dans une certaine vous engageant dans une certaine
direction, êtes-vous porté à ne direction, votre satisfaction est-elle
«rien regretter »et à avoir la certi- decourte durée, et êtes-vousgéné-
tude intime que vous avez fait du ralementenproieà des regrets ?
mieuxpossible ?
•Trouvez-vous que vos senti- • Trouvez-vousquevossentiments
ments sont faciles à définir et, sont confus, contradictoires, compli-
sommetoute, assez clairs ? qués ?
• Êtes-vous habituellement déten- • Ou êtes-vous habituellement
du(e), à l'aise dans votre existence, tendu(e), mal à l'aise dans votre
naturel (le), et d'esprit libre ? existence, jouant leplussouventun
rôle que vous vous imposez, con-
tracté(e) et toujours préoccupé(e)
pourunechose ouuneautre ?
négatifs (tout jugement de valeur est écarté, afin de mettre l'accent sur
le potentiel de chacun).
Legroupefonctionnera donccommeunmiroir, permettant à chaque par-
ticipant de savoir quelle image il donne aux autres, soit d'une certaine
manière, à la société. D'autre part, il est souhaitable que les participants
aient déjà collaboré ensemble, afin d'évaluer des modes de fonctionne-
mentet nonplus des apparences.
Consigne de passation : afin d'aider votre camarade (ou collègue) à
mieux se connaître, vous répondrez à ce questionnaire (p. 24) aussi
objectivement que possible, en cochant un seul choix par ligne. Si vous
estimez devoirfaire unchoix intermédiaire, ou ne pas pouvoir répondre,
cochez la case «neutre ». La personne concernée aura, au préalable,
fait sa propreauto-évaluation en remplissant letableau.
QUESTIONNAIRE
L'exercice proposé ici n'a aucun but clinique, puisqu'il s'agit simplement
de constater des concordances éventuelles de choix au sein d'un
groupe.
Pourconstituer le matériel de travail, le formateur sélectionne une série
de photos de personnages dans des magazines, si possible dans des
revues étrangères afin d'éviter les opinions préexistantes. Les répon-
dants devront classer leurs jugements individuellement sur une échelle
graduée de 1à 5(detrès antipathique à très sympathique). Lestypes de
photos devrontêtre homogènes :portraits ou «en pied », afin de ne pas
introduire de biais. Quoique obéissant à une sémiotique particulière, la
photo de mode pourra être utilisée ; elle rendra l'exercice encore plus
interactif.
Application 4
Matérielnécessaire :unmagnétophone
Peut-on relier la voix à la personnalité, ou à l'apparence physique des
individus ? L'exercice consiste à présenter aux observateurs 5 à 10
extraits d'entretiens de personnes inconnues de trois minutes chacun.
Dans un premier temps, le formateur montre l'image sans le son, puis
fait écouter à l'aide du magnétophone les voix des locuteurs ayant été
recopiées sur une cassette audio (utiliser les prises RCAet non pas un
micro). Untroisième passage permetde revoirles images muettes.
Legroupe observera le degré de concordance des jugements, ceci per-
mettant d'identifier les critères vocaux à l'origine des appariements
(volume de la voix, rythme, résolution, fluidité, intonations prosodiques),
ainsi que les critères «morphologiques », supposés correspondre.
Divers stéréotypes peuvent ressortir, tels que grosse voix—personne
corpulente, voixcassante —visage sévère, etc.
Uneautre expérience consiste à enregistrer lavoixdetous les membres
d'un groupe s'exprimant sur un point d'actualité, puis à faire écouter les
entretiens dans unordre aléatoire. Laliste nominativedugroupeest dis-
tribuée à chacun, qui tentera de reconstituer les appariements corrects.
Lepourcentage de convergence des choixest ensuite calculé, ainsi que
letaux de réponsesjustes. Lescas particulièrement intéressants concer-
nent les convergences de choixerronés.
Demême, on remarquera que de nombreuses personnes ont des diffi-
cultés à reconnaître leurpropre voix, tout commele premierpassage au
caméscope crée souvent chez l'individu un sentiment d'étrangeté à
l'égard des expressions lui appartenant.
Application 5
Stéphane Lagaffe, étudiant en BTSGestion, est sur le point de se pré-
senter à un entretien faisant suite à la demande de stage qu'il avait for-
mulée. Il s'agit de souligner, à partir du récit suivant, les différentes
erreurs de préséance commises aufilde cette rencontre.
Stéphane a rendez-vous à 11h avec le directeur de la BNP.Àl'heure
prévueilse dirige, unjournalà la main, verslehalld'accueil. Onl'oriente
alors vers la salle de réuniondupersonnel.
Autourde lui, ilaperçoitdiverspanneauxd'affichage:produitsfinanciers
de la BNP, notes deservice, procès-verbauxderéunions, etc. Stéphane
jette unvaguecoupd'œilpuiss'assied. Surla table, quelquesbrochures
présentent l'actualité bancaire, au milieu de diverses revues. Pourse
détendre, Stéphane feuillette tranquillementl'Équipe, en attendant son
interlocuteur, M.Courtois. Ilprofite deson avancepourfumerunepetite
cigarette : il n'y a pas de cendrier, mais unporte-parapluies paraît tout
indiqué.
Ah! Voilàenfin M.Courtois !Stéphane repose sonjournal, pendantque
l'arrivant se dirige vers lui. Il tend au directeur une main unpeu moite,
alors quecelui-citientunepile de dossiers. M.Courtoisdépose les docu-
mentsetseprésente : «Enchanté !»répondStéphane, unpeuintimidé.
Ledirecteuraccompagne Stéphane vers son bureau et tente d'engager
la conversation dans le couloir: «Vousavez trouvé notre agence sans
problème ? ». «Oui», répondStéphane.
M.Courtois le fait entrer dans son bureau. Lefuturstagiaire, deplus en
plus impressionné, s'assiedlepremier. Puisilregarde unpeupartout, et
enlève sa veste pour être plus à l'aise. Monsieur Courtois entame
l'entretien : Stéphane approche sa chaise pourmieuxentendre et prend
quelques points d'appuisur le bureau de son hôte afin de prendre des
notes. Il aperçoit alors un cendrier sur le bureau du directeur et
demande : «Vouspermettezqueje fume ? »«Oui, biensûr, acquiesce
celui-ci, je vais faire commevous. Vousen voulezune ?» «Nonmerci,
ditStéphane,je préfère les miennes ».
Aucours de la discussion, Stéphane griffonne quelques mots à l'aide
d'un stylo passablement rongé par les soucis. Soudain, le téléphone
sonne. «Uninstant », s'excuse M.Courtois. «Faites donc », répond
Stéphane quine dissimulepas son intérêtpourla conversation.
L'entretien reprend. Uncollaborateurdudirecteur entre dans le bureau,
M.Courtoisse lèvepourl'accueillir. Stéphane toujours dansson fauteuil
esquisse un timide «bonjour ». Après avoirpris congé, le directeur
retourne dans son bureau et passe en revue les différentes bévues de
son invité. Ilparaît bien sceptique et semble disposé à émettre toutes
réserves surcette candidature.
Chaque participant note toutes ses observations à propos de ce cas.
Une mise en commun permet au formateur de repréciser différents
pointsconcernant l'entretien de sélection.
Ouvrage conseillé : J. Tixier, L'entretien provocateur. Uneméthode de
sélection des cadres dirigeants, Épi, 1984.
Corrigépage 67
5. Lecas Marcel
♦LionelBellenger, n° 100
Le père de Marcel était métallurgiste dans un chantier naval au Havre.
Peu instruit, il restera simple ouvrier sableur, un métier ingrat et dur qui
lui vaudra d'attraper une maladie pulmonaire à caractère professionnel
du type silicose.
Militant syndical convaincu, il participe à toutes les grèves entre 1950
et 1970. Il inculque à sa famille les valeurs de camaraderie (renforcées
durant une captivité en Allemagne), de respect des autres, du travail et
de l'argent durement gagné. Marcel y est particulièrement sensible. Le
père de Marcel effrayé par les responsabilités, inhibé devant ses chefs,
refusera toute maigre responsabilité. Comme honteux et déçu par son
échec, il fera partager à Marcel son mépris pour la réussite sociale indivi-
duelle (« ces ingénieurs en blouse blanche qui ne savent rien et qui com-
mandent »). Marcel, dirigé vers un lycée technique (« là où on fait de
l'atelier pas de la philo ») traverse les études avec un certain succès
maistourne le dos auxécoles d'ingénieurs, se refusant inconsciemment
à «trahir »son père. Ilchoisit des études supérieures littéraires, pardéfi,
prend la revanche de son père «dans la rue »en mai 68, et se dirige
vers l'enseignement pour former les autres. Terriblement ambitieux, il
restera longtemps en retrait, sans aller vers des responsabilités, comme
à nouveau pourne pas trahir son père, lequel aspire pourtant ausuccès
de son fils. Lesuccès viendra pourtant pour Marcel dans l'accomplisse-
ment des valeurs parentales d'amour des autres, dutravail, du partage,
du mérite, et c'est l'enseignement, l'éducation et la formation qui consti-
tueront le seul champpossible d'expression en harmonieavec la problé-
matiqueparentale d'origine.
Àpartir de ce cas, engager une discussion pour établir le lien entre
construction dumoi,confiance en soi et rapport aux parents ; quels sont
les facteurs explicatifs ?
Commentaurait-on puaider Marcel?
Pourquoi Marcels'en est-il sorti ?
Créerdeuxéquipes decinq ousix personnes quitravaillent en parallèle.
Insister sur les deuxquestions clés :
• Àquoi Marcela-t-il dûfaire face ?
• Qu'est-ce qui pouvaitle faire échouer ous'en sortir ?
Faciliter le debriefingen désignant un rapporteur par équipes. Les parti-
cipants interrogent pourapprofondir.
Corrigépage 69
6. Lecas Marie-Christine
♦OdileFèvre,ÉricSchuler,n°114
Lecas particulier de l'assertivité dans les jeux de rôles
Onpratique de plus en plus les jeux de rôles dans les sessions de for-
mation. L'exercice est très formateur, mais présente un inconvénient
majeur qui est le temps nécessaire au déroulement complet : prépara-
tion des rôles, exécution dujeu, souvent enregistré, visionnage de tout
ou partie de l'enregistrement et commentaires du groupe, des partici-
pants et de l'animateur. Lamise en œuvre complète d'un jeu de rôle
demande fréquemment quarante-cinq minutes. Àraison de douze sta-
giaires jouant deux par deux, l'exécution de six jeux de rôles demande
donc près de cinq heures, soit la quasi-totalité d'une journée de forma-
tion. Deplus, si la participation est très formatrice, l'état de spectateur est
vite lassant et ne doit pas, à notre sens, se prolonger plus d'une heure
oudeux.
Pour cette raison, nous recommandons ou bien de limiter la taille des
groupes (sixà huitparticipants), oude réduire la durée desjeux de rôles
à une dizaine de minutes (une demi-heure environ pour le déroulement
complet), ouencore de répartir lesjeux de rôles tout au long dustage, à
raison par exemplede deuxoutrois parjour.
Néanmoins, les jeux de rôles consacrés à l'assertivité présentent, par
rapport àbien d'autres, unavantageconsidérable dans la mesure oùles
deux protagonistes ont un objectif à atteindre, alors que traditionnelle-
ment l'un d'entre eux travaille un point particulier et que l'autre ne sert
que defaire-valoir.
Il est enfin possible d'utiliser les jeux de rôles de différentes façons :
après une première présentation, onpeuten effet :
—demander aux mêmes participants de recommencer une séquence
que l'un d'entre eux n'a pas su maîtriser ;
—demander à un autre couple de jouer immédiatement le mêmejeu
(oncommenteraalors les deuxprestations à l'issue de la seconde) ;
—poursuivre plus longtemps l'exécution dujeu en demandant à de nou-
veaux participants de prendre la place des premiers et de continuer le
jeu en reprenant le dialogue là où il a été interrompu.
Méthode de mise en œuvre
Pourla miseen œuvredesjeux de rôles, nous recommandonsde suivre
la méthode suivante :
Présentationaugroupe et auxprotagonistes
Après le choix des protagonistes (volontaires ou selon l'ordre défini par
avance), l'animateur présente au groupe les grandes lignes dujeu, sans
préciser les données particulières qui ne seront connues que de l'un ou
l'autre desjoueurs.
Il invite alors quelques volontaires (un ou deux par rôle) à sortir de la
salle de réunion avec lesjoueurs pouraller, en deuxsous-groupes sépa-
rés, préparer leur rôle durant cinq à dixminutes. Il remet à chacun d'eux
le documentprécisant la situation ; les deuxjoueurs ne doiventalors plus
communiquer entre eux. Il rejoint ensuite quelques instants chacun des
joueurs et de leurscollaborateurs pours'assurer auprès d'eux que le rôle
est bien compris, répondre à d'éventuelles questions, souligner l'objectif
de chacun et l'inviter à l'atteindre. Il metenfin à profit le temps de prépa-
ration pourexposerau groupe les données complètes de la situation, les
points particuliers à observer, les critères d'évaluation de la réussite de
chacun desjoueurs. Enfin, il disposera la salle defaçon à créer unenvi-
ronnement favorable (place de la caméra, place des protagonistes,
accessoires utiles, etc.).
Lejeu de rôle se déroule alors jusqu'à ce que les points clés aient été
abordés ouque lesjoueurs estiment que leurdialogue est terminé.
L'animateur demande alors à un participant de prendre sa place et de
noter au tableau, durant son absence, les points forts et points faibles
remarqués par le groupe pourchacun desjoueurs. Pendant ce temps, il
sort de la salle avec les joueurs et recueille leurs remarques (difficultés
ressenties, satisfaction surcertains points, impressiongénérale, etc.).
Ladernière phase rassemble l'ensemble des participants pour donner
successivement la parole :
—auxjoueurs quiexpriment leursentimentsur lafaçon dontils ontexé-
cuté leur rôle et atteint leurobjectif ;
—au groupequiconfirme ouinfirmeleurs propos et ajoute les commen-
taires recueillis ;
—à l'animateurenfin qui effectue lasynthèse des observations.
Si lejeu de rôle est enregistré, nous recommandonsde nejamais vision-
ner la totalité de la séquence devant le groupe, mais de brèves
séquences mettant en évidence certains points forts ou points faibles
durant les échanges. Les protagonistes pourront, s'ils ledésirent, vision-
ner l'ensemble ultérieurement en dehors des heures de travail du
groupe.
Enfin, pour des raisons de confidentialité, nous recommandons de tou-
jours veillerà effacer les bandes à l'issue d'un stage.
Jeu de rôle : Marie-Christine
Il est 17 heures. Vous avez confié ce matin à votre assistante Marie-
Christine la tâche de mettre au net un rapport important et volumineux
(12 pages) que vous devez distribuer lors de la réunion de demain. Elle
vient de vous le rapporter, et vous êtes atterrée par le résultat : fautes
d'orthographe (uneoudeuxparpage), alinéas douteux, titres malmisen
évidence. Il est vrai que votre document manuscrit était difficile à lire et
mal mis en page. Vous pensez qu'il ya encore au moins une heure de
travail pourla mise au net définitive, et savez que Marie-Christine a pour
habitude de partirà 17h30. Votre réunionest demain matinà 9heures.
Commentprocédez-vous ?
Ilest 17heures et vousvenez de rapporterà votre direction le rapport de
12 pages qui vous a été confié ce matin (au dernier moment, comme
d'habitude) pourla réunion de demain matin. Lemanuscrit était malécrit,
vous avez eu du mal à le lire ouà l'interpréter, sans compter les fautes
d'orthographe à corriger. Voussavez que vous n'y avez pas consacré le
plus grand soin, et pensez bien que votre supérieure n'en sera pas très
satisfaite. Vouscomptez, commed'habitude, partir à 17h30 pour cher-
cher votre fils à la crèche avant de rentrer chez vous. La réunion est à
9heures demain matin, et vous pouvez, si nécessaire, venir unpeu plus
tôt pour effectuer des corrections et un nouveau tirage. Enfait, vous ne
vous estimez qu'à demi responsable car vous pensez, sans le lui avoir
jamais dit, que votre supérieure attend toujours le dernier momentpour
vous confier des tâches importantes commecelle-ci. Toutefois, vous ne
vous attendez pas à recevoir de compliments. Il va sans doute falloir
vous justifier, et trouver une solution pour régler ce problème avant
demain matin.
Corrigépage 70
Identifiez les cinq personnes, hors de votre contexte familial, avec les-
quelles vous avez eu une relation marquante qui a compté pour vous.
Dans un premier temps, décrivez le plus concrètement possible cette
relation et, dans un second temps, analysez le type de relation, la place
de chacun dans cette relation, la nature des échanges, leur durée, leur
rythme, la raison pour laquelle elle vous a marqué, de quelle manière,
etc.
Recommencez avec chacune des 5 relations identifiées.
Corrigé page 70
8. Les «jeux »
♦DominiqueChalvin,n°63
Unexemple de «jeu de persécuteur »1: Ball-trap2
(oula critique systématique pourse protégerde ses propresfaiblesses).
Faceauxdifficultés dumarché, et à son encadrement qui lui reproche de
ne pas prendre assez d'initiatives et de ne pas assez écouter le terrain,
le directeur d'exploitation d'une société de services décide d'appliquerà
ses cadres un remède «à la mode »:laconcertation, pourles faire par-
ticiper, les faire adhéreret les motiverà la viede la société. M.Poulain a
pris les grands moyens : deuxjours pleins dans une luxueuse résidence
au cœur de laforêt de Rambouilletpourétablirensemble unplanstraté-
gique pour les cinq ans à venir : évolution du marché, forces et fai-
blesses de la société, atouts, opportunités à saisir, plan d'actions, etc.
Laveille au soir, les cadres arrivent au rendez-vous, quelque peu sur-
pris. C'est la première fois qu'une telle réunion est organisée. Lasociété
deviendrait-elle maladede la parlotte ?
Les cadres sont-ils devenus d'un coup si intelligents qu'on prenne la
peine de demander leur avis ? Que peuvent-ils exprimer d'autre que ce
qu'ils disent quotidiennement depuis plusieurs mois?
Laréunioncommence, animée par M.Poulainen personne. Àl'issue de
la présentation de l'objectif poursuivi, il propose de laisser la parole à un
volontaire. Silence épais. Personne ne bronche. «Bon, reprend le direc-
teur. Ça commence bien. Je vais vous montrer ce à quoi moij'avais
pensé et nous allons endiscuter ».
Dès le premier transparent sur l'état du marché, des remarques se font
entendre : «Pas d'accord !Je ne crois pas que ça évoluera ainsi... »
Vers la fin de l'exposé, chaque transparent est commenté par unesérie
de «Oui, mais vous oubliez un point essentiel... ». Ce point étant
d'ailleurs aussitôt contesté par une autre partie de l'assemblée.
Àl'issue de la premièrejournée de réunion, M.Poulain constate que le
travail n'a pas beaucoup avancé. Ladiscussion a vite tourné aux prin-
1. Les cas présentés ici sont extraits du livre de D. Chalvin et F. Eyssette, Comment
sortirdespetits conflits dans le travail, Dunod.
2. Chacun connaît ce sport : un appareil à ressort lance en l'air des pigeons d'argile
qui servent de cible. Les joueurs tirent avec leur fusil pour atteindre le pigeon dès
qu'il est lancé.
cipes généraux. Etchacune de ses idées a immédiatement été démolie
par une majoritéd'intervenants.
Pouraméliorer la situation, M.Poulain recourt au travail en groupe pour
la deuxième journée. Malheureusement, les résultats ne sont pas
meilleurs. Chaque sous-groupe présente ses plans pour les cinq ans à
venir. Les autres se font un plaisir de descendre systématiquement
chaque pointénoncé auxcris de «Oui, mais... ». Laréuniontourne à la
grande rigolade. Oncroirait voir un stand de tir où les pigeons d'argile
sontenvoyéset chacun s'amuse àtirer dessus. Bientôt les éclats de rire,
la dérision, deviennent la règle.
Alors, M.Poulain, quibouillait d'une rage intérieure malcontenue depuis
de longues minutes, demande la parole. Les participants se taisent et le
voient qui, pendant trois ou quatre minutes de silence total, fait de
visibles efforts sur lui-même pour se calmer. Enfin, c'est d'une voix
sourde et presque détachée qu'il annonce :
«Messieurs, il est quatre heures. La réunion est terminée. Merci d'y
avoir participé. Simplement, je voudrais vous faire noter deux petites
choses :au prixoùnous sommestous payés, je pensais pouvoirrécolter
après deux jours de travail, une somme de réflexion qui nous aurait
aidés à affronter l'avenir. Eh bien franchement, eu égard à l'investisse-
ment, je dirai queje n'en ai pas pourmonargent. »
«Aprèsces deuxjours, je n'ai rien, ou presque rien. »
«La deuxième chose, c'est que j'ai joué le jeu de la concertation. J'ai
voulu entendre, et tenir compte, de vos idées et de vos avis. Or, vous
n'étiez d'accord sur rien sauf pour détruire les idées du voisin, ou les
miennes. Ce n'est pas très rassurant sur le niveau des cadres de cette
maison, nisur l'avenir. »
«Je nevouscache pas maprofondedéception. Merci, Messieurs. »
Ungrandsilence suivitcette remarque. Lescadres sont vexés, tristes ou
en colère, selon leur caractère. Tous sont malheureux et mécontents.
Après le départde Poulain, ils vont boire undernierverre et commentent
lasortie dupatron :
«C'est toujours la même chose, il veut avoir notre avis et dès qu'on le
donne, il n'est pas content. »
«C'est à vousdégoûter de participer. Onn'est pas des moutons, quand
même... onest des cadres... »
Etchacun s'en vaen pensant :
«Évidemment, Poulain est techniquement plus fort que nous et nos avis
sont faibles... mais Poulain, en tout cas, il est faible pour la concerta-
tion... »
Ensuivant une grille d'analyse des «jeux »entre interlocuteurs, déter-
minezles options possibles pouren sortir.
Unexemple de «jeu de victime »: débordé
(ou l'art de fuir ses responsabilités et de justifier ses échecs en entraî-
nant les autres avec soi)