Vénérable Maitre de loge,
et vous tous mes Sœurs et mes Frères en vos rangs, grades et qualité.
Je suis un Compagnon, comme vous tous au minimum ici ce soir. Mais savons-nous
vraiment ce que cela implique dans la vie d’un Maçon que nous sommes devenus le jour de
notre Initiation ?
Ce grade de Compagnon, considéré trop souvent que comme une étape transitoire
entre le grade d’Apprenti et le grade de Maitre, c’est pourtant l’un des grades les plus beaux
à vivre et riche en enseignements et ceci pour plusieurs raisons que je fais essayer ce soir de
vous faire ressentir.
Car ce n’est qu’en ressentant les choses et non pas que en les écoutant que nous
pouvons nous imprégner et comprendre un message.
Ce grade de compagnon est très vieux comme celui d’apprenti. Le grade de maître
comme nous l’entendons en Loge n’a été que très récemment introduit. C’est la Franc Ma-
çonnerie qui en a fait un grade et une sorte d’aboutissement d’un parcours initiatique que
nous vivons dans les loges bleues et dont il est le dernier maillon.
Au temps de la Maçonnerie opérative le grade de compagnon était l’aboutissement
d’une initiation à un métier dont le point d’orgue final était la réalisation d’un « chef
d’œuvre » en rapport avec son métier et que devait réaliser tout compagnon à la fin de sont
parcourt et formation.
Cette formation n’avait pas lieu dans un endroit unique comme pour les apprenties
qui restaient de longues années chez le même patron. Mais il fallait l’acquérir en voyageant
à travers les pays. De patron en patron pour découvrir des techniques et des nouveautés.
Ces voyages il fallait bien souvent les faires seul, en parcourant des contrés souvent
hostiles, et dangereuses. Et parfois quand la chance et le hasard s’en mêlait vous trouviez un
« compagnon » de voyage pour partager l’aventure. Et votre chemin vous menait de chan-
tier en chantier ou de boutique en boutique, d’atelier en atelier tout cela en fonction de
votre métier de base.
Car être un compagnon n’était pas réservé qu’au constructeur de cathédrales,
comme bien souvent on le croit avec erreur. Mais c’était un passage obligé pour tous les
corps de métiers qui existaient au moyen âge. Car c’est à cette époque de l’histoire que c’est
développé cette tradition et qui a été l’âge d’or du compagnonnage.
Donc plus vous changiez de formateur et vous parcouriez de kilomètres et que vous
croisiez de culture différente, plus vous maitrisiez au final votre métier. C’est l’ouverture
vers le monde et les autres qui vous faisaient progresser et grandir.
Pour cela il valait montrer une force de caractère et une volonté à toutes épreuves.
Sans cette persévérance point de salut et de reconnaissance par ces pairs.
De nos jours avec la maçonnerie spéculative, il en est autrement. Nous avons gardé le
terme Atelier autre mot pour désigner la Loge en souvenir de ces temps là. Et donc dans
cette Atelier moderne, point de voyages périlleux à accomplir.
Les seules que nous faisions se font au sein d’une Loge qui n’a rien de menaçante
contrairement au jour de notre initiation. Ce jour là les yeux bandés l’endroit l’expérience et
les trois voyages que vous y avez fait vous on semblé beaucoup moins agréables que les cinq
voyages que vous avez parcouru le jour de votre augmentation de salaire au grade de com-
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pagnon.
Ce jour là, les yeux grands ouvert, vous n’y avez retrouvé que des visages amis et
bienveillants que vous connaissiez déjà. Une certaine maitrise du à la pratique pendant votre
parcoure d’apprentie, vous a permis de contrôler votre émotion. Rappelez-vous seulement
la signification du signe d’ordre d’apprenti.
Ces voyages que nous faisons que virtuellement seulement, par rapport au temps an-
ciens. Symbolise entre autre signification, que c’est désormais l’esprit qui remplace la ma-
tière.
Rappelez-vous la fin de cette cérémonie et vous y retrouverez tous les ingrédients
symboliques des voyages de nos anciens compagnons.
L’Orateur qui est le gardien des traditions et des lois. Prépare par un échange de ré-
pliques avec le Vénérable Maitre, le départ du nouveau compagnon.
Il lui fait tracer en premier une étoile qui lui servira de guide pendant son voyage.
Il lui fait remettre un bissac.
Ensuite il lui fait donner les outils qu’il insérera dans son bissac et qui lui serviront
pendant son expédition à aller œuvrer sur les autres chantiers.
Le frère Orateur lui fait remettre aussi un viatique de la part du frère Hospitalier qui
lui remémore son devoir de fraternité, rappelé par le symbole du partage du pain.
Et pour finir on lui remet à notre compagnon voyageur un bâton de marche pour le
soutenir dans les moments de fatigues et de doutes et pour aussi se défendre en cas de dan-
gers, qu’il soi extérieur ou qu’il soi intérieur c’est d’ailleurs celui qui est le plus dangereux
des deux.
Rappelez-vous la encore lors de votre initiation, l’épreuve du miroir.
Vous le voyez tout est lié, rien n’est l’effet du hasard ou de l’improvisation. Toutes
ces épreuves que l’on vous fait vivre et ressentir, forme un tout qui ne font qu’un.
De votre temps d’apprentie ou sur votre colonne du Nord vous avez appris dans le si-
lence de la méditation, qui permet d’accentuer tous vos autres sens. Vous vous êtes impré-
gné, vous avez engrangé en vous une sommes d’informations et de connaissances, et tous
cela à l’abri, dans une loges à couvert et sous la protection de vos autre Sœurs et Frères.
Tout ceci pour vous préparer à ce moment unique et solennel, ou sur le seuil de cet
atelier, qui à été votre refuge jusqu’à présent.
Là maintenant préparé et équipé avec soin par vos Sœurs et Frères, vous allez dans
quelque instant pour la première fois, prendre votre envol seul et libre hors du cocon frater-
nel de la Loge.
Bien sur vous êtes déjà sorti de votre loge quelque fois pendant votre temps
d’apprentissage. Mais c’était toujours accompagné par un Maitre ou au minimum un Com-
pagnon. Mais vous n’aviez toujours pas accès à la parole, vos accompagnateurs la prenant à
votre place. Ce qui au bout d’un moment est rassurant et bien pratique, le silence devient un
bouclier qui nous évite de nous exposer et de prendre des risques.
Mais maintenant que vous êtes reconnu Compagnon par vos Sœurs et Frères. Et que
parmi tous les nouveaux outils qui vous ont été confié avec votre nouveau grade. Un outil
que l’on a tous tendance à mettre de suite de coté et on le range bien au fond de son bissac.
Peut être de peur de l’abimer ou de le perdre
Et pourtant ce nouvel outil est essentiel et c’est la PAROLE.
Qui va vous être indispensable maintenant que vous allez voler de vos propres ailes
de chantier en chantier.
Elle vous servira cette parole à demander votre chemin, à demander l’entré dans une
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autre Loge, à vous exprimer pour donner votre avis et apporter votre pierre à l’édifice après
la lecture d’une planche par une autre Sœur ou un autre Frère de la Loge.
C’est d’ailleurs la à ce moment précis ou le si pratique et rassurant bouclier du silence
doit être baissé.
Car prendre la parole en Loge c’est aussi prendre son envol, c’est s’émanciper, c’est
prendre des risques aussi, c’est s’exposer au regard et surtout à l’écoute des autres.
Car lire une planche, est une chose et c’est relativement facile à maitriser. Car c’est
une émanation de nous même, que l’on a murie et longuement préparé en nous. Nous en
connaissons le début et la fin. Pas de surprise ni d’improvisation. On ce cale sur ces rails et
on roule sans dévier de sa trajectoire.
Par contre prendre la parole à la suite d’un travail d’un autre, là il faut une certaine
forme de courage et d’affirmation de soi pour le faire. Là il faut improviser, synthétiser, for-
muler sur le vif en un mot maitriser le Verbe.
Vous me connaissez tous et vous m’avez souvent entendu dire en d’autre moment et
en d’autre place en cette Loge cette phrase qui est «La Parole est facile, mais le Verbe est
difficile ».
Et c’est là un de nos premiers devoirs et travail en tant que compagnon.
Et plus vous retarderez l’échéance de prendre cette parole et plus ce bouclier du si-
lence sera difficile à baissé. Au point de devenir une carapace si épaisse et si lourde que vous
n’arriverez plus à vous en dépêtrer.
Et vous passerez alors à coté de tellement de chose comme les échanges d’idées, les
moments d’émotions et de partage qui son comme des cadeaux descendu de notre voute
étoilé et tant d’autres choses encore si magnifique et qui font l’âme de La Franc-maçonnerie
et sa fraternité.
Qu’au bout d’un moment vous vous sentirez comme frustré, vous aurez l’impression
de ne plus faire corps avec les autres. D’être comme un étranger en pays inconnu et d’on
vous ne comprendriez plus la langue.
Rappelez vous ce que je vous ai dit plus haut sur les dangers, vous êtes à ce moment
là votre pire ennemie.
Et le découragement risque de vous gagner et vous finiriez par quitter notre commu-
nauté en oubliant pourquoi vous avez frappé un jour en profane à la porte du Temple.
Et l’amnésie va continuer à s’installer progressivement et sournoisement, comme
une maladie pour vous faire tout oublier et alors la dégringolade va s’accélérer et vous fini-
rez par.
Oublié l’expérience unique et personnel de votre initiation et que seul peuvent com-
prendre les autres initiés.
Oublié aussi la sensation que l’on éprouve après la lecture de sa planche et de cons-
tater l’émotion que ses Sœurs et Frères on ressenti.
De même dans l’autre sens oublié aussi celle que vous avez pu recevoir à en avoir les
poils qui s’hérissent sur la peau et à en avoir parfois les larmes aux yeux.
Oublié aussi toutes les cérémonies que vous avez pu vivre en spectateur, mais qui
chaque fois vous faisaient revivre la votre.
Oublié aussi la fraternité si particulière et si magique de cette Loge, que beaucoup
nous envie.
Oublié aussi les agapes de fin de tenue avec leur convivialité et leur chaleur.
Et enfin oublié cette Loge, la votre, qui était comme une famille pour vous à un mo-
ment.
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Et tous cela pourquoi ?
Pour ne pas avoir osé prendre son envol en prenant la parole à un moment donné,
alors que c’est justement au cœur des loges Maçonnique que l’on peu prendre cette parole
sans crainte et avec sérénité. La Loge est un des derniers endroits ou l’on respecte la parole
de son prochain.
Cette parole qui libère et qui éclaire les Hommes.
Le GADLU ou donné lui le nom que vous voulez, selon vos croyance, vous à donné
cette possibilité que seul les Homme ont. Parler c’est échanger, partager, communier avec
les autres. C’est une ouverture sur le monde et la vie. C’est un cadeau que l’on offre aux
autres et qui vous le rendent en vous répondant.
Souvenez-vous du prologue de saint Jean que l’on récite au début de chaque tenue.
Relisez le et imprégniez vous en, laissez vous pénétrer par lui, et souvenez vous que tous ce
qui est fait ou dit en Loge à un sens et vous devez le découvrir vous-même si vous voulez
qu’il est une signification durable et efficace sur vous.
Être un compagnon, vous le voyez ce n’est pas plus compliquer que cela.
C’est comme pour un enfant quand il décide de ce lancer pour la première fois dans
une piscine sans sa bouée, mais sous le regard attentif et bienveillant des ses parents pour le
protéger et le secourir si il en avait besoin.
Alors redressez vous, regardez autour de vous tous les Sœurs et les Frères qui vous
soutiennent de leur regard.
Plongez vous dans leurs yeux pour y lire toute la confiance et l’amitié que vous leur
inspiré.
Enfin, respiré profondément et lentement. Puis laissé monter du plus profond de
vous, sans lutter ni essayer de vous poser de question pour savoir si votre intervention est
fondé ou infondé.
Lancez-vous, il n’y a que la première fois qui compte. Après c’est comme le vélo, cela
ne s’oublie plus.
Allez un petit effort !
Tu y es presque !
Je veux et nous voulons tous l’entendre de ta bouche, MAINTENANT !
« JE SUIS UN COMPAGNON ET JE LE DIS !»
Vénérable Maitre, J’ai dit.