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Hollier - 1993 - Les Dépossédés

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COLLECTION « CRITIQUE » DENIS HOLLIER LES DEPOSSEDES (BATAILLE, CAILLOIS, LEIRIS, MALRAUX, SARTRE) Xn MMIAN raed (IONS DE MINUIT A 38/1 DU MEME AUTEUR LA PRISE DE LA CONCORDE. ESSAIS SUR GEORGES BATAILLE, , 1974, POLITIQUE DE LA PROSE. JEAN-PAUL SARTRE ET L’AN QUARANTE, ROUAN. LA FIGURE DU FOND, Galilée, 1992. Ouvrages collectifs PANORAMA DES SCIENCES HUMAINES, Gallimard, 1973. ‘Le COLLEGE DE SOCIOLOGIE (1937-1939), Gallimard, 1979. ‘A New History oF FRENCH LITERATURE, Harvard University Press, 1989. DE LALITTERATURE FRANCAISE, Bordas, 1993, COLLECTION « CRITIQUE » DENIS HOLLIER LES DEPOSSEDES (BATAILLE, CAILLOIS, LEIRIS, MALRAUX, SARTRE) An INSTITUTO DE ARTES BIBLIOTECA UNICAMP LES EDITIONS DE MINUIT Herp 445 * {@ 1995 by Lis fomons pe Miu T, roe Bernard Palisy, 75006 Paris Ba apelin dee ld 11 mas 1957 et nerd Se eprehire ‘neglement on prillement pst core era atone Pear ‘od Cente fsa ds copyrig,6™ rc Gaviet Lauran, 75010 Pe ISBN 2.7073-1442.0 La littérature doit-elle étre possible ? 1. Ceci est une pipe. Ce recueil respecte une forme minimale d’unité de lieu : les ‘qui affichent leur fonction. Les Bor-dogs s'y vendent dans des stands qui leur ressemblent. ‘An vero, le ged reaver aston, Je ne me rappel t installations mlltaires sous des debors pactiqes Il, pour tom: 7 LA LITTERATURE DOIT-ELLE ETRE POSSIBLE? dans. es individus et les générations se communiquent leur sey se gee Dans « Aller et retour », son article sur la philosophie du langage de Bice Prein, Sate reprend la mime idee. Brice Parain, en effet, est un autre exemple du silence du permission- 3, Waler Benjin « Le narter. Refecons mr Tanne de Nice Lesko >, Gaars csi, rd. M de Gael, Julie, 1999, p. 292 ‘an Pe Sane, = Als Sea Galinard 17, 198198 9 Les DEPOSSEDES du roman modeme : c'est elle qui a mis fin une fois pour toutes au regne des « narrateurs », Elle détrut la distance narrative, fait Ciel est encombré, trop dangereux pour les oiseaux de Minerve, Aron (dans Lintroducton dl pilsopie de ise er Malraux (dans L'espoir) formuleront le méme diagnostic sur pour empécher I pipe indienne de devenehache de guerre, Let ‘mots, maintenant, deviennent, comme le dit Sartre, des pistolets chargés. Souvenirs de guerre? La guerre ne laisse pas le temps de se souvenir. Ce sont moins des histoire & raconter qu'une impossibi- If ‘Quarante ans plus tard, dans la perplexté de Duras en face de 3. Marguerie Dues, La doder, POL, 1985, p. 20. 10 LALITTERATURE DOTT-ELLE ETRE POSSIBLE? journal retrouvé. Elle se rappelle Ia scéne, les événements, mais au milieu d'eux, n'arrive pas départ de la critique moderne. Le malheur des uns fait leur propre Rat Mir La tris Rb Jomayin Ee comes Les péPossépés bonheur dexpression. Blanchot développe ce motif, en ouverture a son premier recueil, Faux pas, quand il décrit la condition de Vervin moderne « Ce quit quellangage es detruitn fa qu'elle décrivait : « Je me suis trouvée devant des pages réguliére- ment. t pleines d'une petite écritureextraordinairement it réguliére et 3. Limpossibilté des comeilles. Les esssis rassemblés dans ce volume traitent d'une forme paradoxale de littérature engagée : engagée a se faire exclure. ‘& Mace Blanch, Fa ps. Gallimard, 198, , 10-1 3, nye Conga ble Lier ml re complies wl IX, Glia 0. Gk pr Merce Bache Lace indir 1953, alin, ie/pc, 2 2 LA LITTERATURE DOIT-ELLE BTRE POSSIBLE? Limpteni eaisiqne augue ele obi et Vinvere exact de la linéracure n'y sera jamais a se place. Ee temps for des debas sure itrtue engage remont Aa renvoient é la Terreur et pour les raisons inverses : les chances de TH inter que ele, p813 B Les péposstnés LA LITTERATURE DOIT-ELLE ETRE POSSIBLE? la lieérature y sont réduites & zéro. Bataille commence le chapitre sur Sade de La littérature et le mal en demandant : « Pourquoi le 12 alata ma 0, ia : S. Mace Basch, sae tk dit a mon La pre Cala, hs pW es i oo ens 1908. 90 1S. Quieter qn le lttae 7 14 6 Les Dépossépés 4. Puissances du roman, Ce qu'on appelle lexistentialisme a d'abord été, sur le plan esthétique, un anti-naturalisme radical : il s'oppose a la déduction tainienne de l'ceuvre d'art, aux tentatives pour la loger dans un 36 La pot de fp. 294 17, Pascal Quand, « Ot ont es anes?» Lif 30, 68 1990, p23. 16 LA LITERATURE DOIT-ELLE ETRE POSSIBLE? paysage, dans un vallon, dans une généalogie. Les ceuvres évo- {quées dans ces esssis sont toutes engagées dans la consolidation d'un contexte dont il serait impossible de les déduire, oi elles seraient ou bien impossibles ou bien interdites - qui les rendrait, ‘au mieux, improbebles. Crest le cas de l'espace conjugal chez Leis, de apocalypse révolutionnsire chez Malraux, de la TTerreur chez Blanchot, du stalinisme chez Bataille. TE Rags Cal, Paine drome 140 Arvo Fiaxsi,Gainard, wep Bi 18 ppc: de Fmeie 132 v7 ‘LES DéPosstEs Pour illustrer lemprise exercée par le roman sur esprit de ses ecteurs, Caillois mentionne la lettre qu’une lectrice, s'arrachant a regret ale Vie de Jésus, aurait écrite a Renan pour le remercier tard, reconstituerait de la Nouvelle imaginée »”, 20.14, ph 21, Roger Calls, Ponce Pilate, Galinard, 1961, p. 100 18 LA LITERATURE DOIT-ELLE ETRE POSSIBLE? it effectivement prédit au procurateur de Judée l'avenir Gu senble svi it lesen Cat exc ce ude ne son pourant 19 LES DEéPosstpés logique sacrificielle : «il est avantageux qu'un homme périsse pour le salut du peuple »; «le salut de tous justifie le sacrifice ‘pas de Varbre avec des moyens d’arbre ; on ne conjure pas le sacré avec un sacrifice, Ce petit conte philosophique de Caillis tourne en effet autour de la possibilté d'interrompre le cycle de la violence religicuse. [Les deux personages les plus importants du roman ~ Pilate et le = u role que LA LITTERATURE DOMT-ELLE ETRE POSSIBLE? i le premier publié par Caillois. C'est la pence tes qe Faster € ane de mtations sar le sac Les DéPossipts ‘temple. Il faut maintenir le distinction, mais pour seuver le profane, un profane en soi, comme on parle de fin en soi; un profane sans profanation, pour le plaisir : le profane pour le profane. Que deviendra la littérature si elle ne peut plus plaider coupa- ble? Faure d’étre interdite, ele sera condamnée a le faire au second degré. Plit au ciel que ce fat une faute. Que jeusse les mains sales. A la manigre de ces paisirs dont, comme 'héroine de ‘Stendhal, la seule chose qu’on puisse dre, c'est: dommage que ca ne soit pas un péché. Peccato che nom sia un peccato. New York, 31 aott 1992 La poésie jusqu’a Z Cénotepbes. " See Mend Se Moesigne ss Au cour dune desertion, Leirs le mentionne en passant: name dropping, Un nom tombe. Avide', Le erabean 1 de Rousseau est en effet le centre réel de la page 1, Michel Lai, iil, Galiard, 1966, p38 Gait pas tacitement présupposé, cots B LAPOESIEJUSQUAZ lle tourne, s'augmente sans fin de I’éclipse de son centre. Si elle Sautotise, ce n'est jamais que du défaut de ce sur quoi elle porte ct repose. Elle ressasse sans répit la désertion de son foyer. Au corur du texte, on bute sur ce que Leitis a appelé « un réel défaut LES DEPOSSEDES comme son centre hétérogéne au cozur d'un texte écrit, prosai- ‘aeeeaty cas le nga de no fs Jour - | Lect fontaigne, il aétéjusqu’a le publier sur ses murs, seat décidée dans Paprés-coup de la perte de cet ami dont les Essais, dans leur premier projet, ne voulaient qu'étre une maniére La POsSTE JUSQUAZ maritale », Au troisitme livre des Essais, dans le chapitre « Sur des vers de Virgile », Montaigne s'étonnera de trouver dans I'Enéide Ia peinture « bien émue » d'une « Vénus maritale ». L’amour de Ia poésie se marie mal & la prose des conjugaisons légitimes, Révocations. Le ton n’est pas Ia voix de l’crivain, mais Tintimité du silence qu'l impose a la parole: M. Blanchot Ce qui fait le potte, c'est la vocation : on I'a appelé du seul nom augue il réponde il est marqué. eiris, li, personne ne lui a rien demandé et son pas autobio- ‘graphique ne cesse de revenir au lieu o& manque la marque qui ‘turait autorisé ce texte qui n’en finit pas de remarquer son ‘tbsence :il n'a pas eu Ia vocation, c'est le point de départ de son ceuvre. TH lui est pourtant arrive, vers l'ige de dix ans, d'etre saisi par Pils doc 2 LES DEPOSSEDES Dans le chapitre « Dimanche » de Biffures, un épisode voisin ‘ouvrait déja Ia séquence «Pour choisit une carriére». Cette fois-ci, le cadre est une église. A peine celui qui s'est défini comme «un spécialiste ou un maniaque de la confession »* sort-il du appelle, i raire et la raison invoquée pour ce refus mérite qu'on «Ty avait, pour ceux qui entrent dans les ordres, V'obligation d’étre chastes et, corrélativement, Vinter- diction de se marier. » A propos de mariage, il faut revenir a L'ége d’bomme, oft se LA POESIEJUSQUAZ entreprend de renoncer & la sexualité. On pourrait méme soup- utes abe wean pofekqee decn JL et manifesté aucun signe auparavant de surgit miraculeusement pour lui épargner 10. Lge Phone. 173. 1 Hp 208 1. Ud, 208. 29 Las DEPOssépés dichecBcomsere pl offre sur ce chemin, cest que, pour qu’l Peele ess aonns nt que Et mon tout n'aura pas liew. jemfensbeiene. Graal dont le nom ne s'achéve pas mais reste en Tair et sétire en dinvisibles cou- rants _La difference du réel et de Vimaginsire devrait ne pas etre . iC a "ur lve aussi, mais Aurora s'épelle Horreur. sunréaine, yelgues années plus to, eva intl fe pay de ses Quelle legon retenir de l'apologue de Gobineau? et plus réves®. Si, autrefois, Leiris « accordait une importance prépondé- ‘encore od et comment la retenir ? Contre quoi son lecteur a-il rante a Dimaginaite»™, voulait « fuir hors du récl », la mise en ‘cru qu'll le mettrait en garde ? La question s'impose d’autant plus place du dispositif autobiographico-conjugal Voblige & trancher, que le récit de ces tigueurs poétiques de bachelier est immédiate- 1d, pm. 1 Gat a ec (dans lation de Nerval) gure en sg au premier chap de Lge dbomme, p45 Vise Poem 9300 30 31 Les DEPossépes coupant sa vie en deux. Au milieu, la frontiére non négociable que dcr le pri pre de Lge Chom se ne dei avancent et stagnent d'un pas désormais concurrent, se conjugent et s'entravent, impatientes, incompatibles, mais incapables de se contenit ‘Le voyage au bout de T'isréel que raconte L’ige d'homme se termine sur un rével: sure plan de l’énoncé, est e mariage ; sur jeu, dont le volume inaugural aura la méme réveilleuse pour décicatire, met en scéne, dés son premier chapitre, le refoule- LA POESIE JUSQUA Z raved meg iio bn trunfonmaton au cour de laquelle be pote, potmes sans pote, Le singair mango. Jue i. Ty aussi la régle qui manque au jeu qu’elle intitle, L’auteur aura joué le jeu; mais sans la régle: elle devaitétre découverte et révélée dans Fibules, dont les volumes antérieurs avaient annonce 72, Michel Te, Hew mal, 204 33 LES DEPOsséDES Indemite le demir mot Mon second, c'est 'autobiographie, Part de toucher a sa fin. Mais avec distraction : on y touche, on la déplace et on ne Ia retrouve plus. Man ose; en mise de srs jute pour marques I a LAPOESIE JUSQUAZ ‘auquel Leitis renvoyait. Elle ne manque, bien sd, qu'a la lettre = esprit yet et Len dit qui lt de mémoire, Quan a page lisait : « Ce qui compte dans le vase, c'est le vide du milieu. » Actes sans paroles Mais oui» rept Ia duchess en soutant tres imprimés on appelle« talique ». Proust, Le oité de Guermantes II’ apron ponent pcs de tre resoet sotne et nor sccur, lal qu’ lezeur qu rita place ss Yavoir vue. _ Le théatre de Sartre offre a cette convention plus ou moins Ls péposstpés primer un mot duns un caractére différent de celui du contexte o il apparait. A cot de eur féquence ce iliqusparemés dans un tente bell Seonymncwenioenen, sews heapeny, Hs ook bs quel Ces possessifs italicisés a la premiére personne ont une troi- sitme particularité. Comme on le voit avec les mots d'Oreste découvrant dans Argos une ville qui n'est pas encore la sienne, is sont presque toujours introduits, du moins dans la premiére partie :« ur», bs fakeureamyamcaneaial pu Ie Ee ras maar 2 Joan Pal Saree, Thai, Gallimard 1947, p23. 5, Jen Prl Sar; Lae adnt,Gllnard 1963p 60. CE Danie Hoe, Pave ee poe,Joor Pal Sane Pon quart, Galinrd, BAD, p. 230 ‘4 Toate,» 6 38 biens, voire des maitres, une place qui est la leur, a laquelle conduit un chemin que personne ne peut leur emprunter. Mais lui, Oreste, entretient avec le monde dela possesion des rapports strictement privatifs. « Qu'est-ce qui est 4 moi?» * se demande- tet Ics réponse rete vd ean premise moe PC entemporin de Meursault (Les mouches datent de 1942), INSTITUTO DE ARTES 39 BIBLIOTECA UNICAMP Les DEPOSSEDES Pace de fue denne plac ot se troweTacerpe devi ane Ber =s.5 E by ae ui ay te reTu © ville est ma ville Ee pena quires pate, Sartre, que je cite, souligne ses possessifs, La métamorphose ext totale. double meurtre, 'étranger du début se réveille enfin, homme parm les hommes, comme un poisson dans l'eau dlans une Argos purice de toute Unbeimlicbed : Demain, je pparlerai a mon peuple » , annonce-til donc sans avoir seulement : Cest vivantes quill les lui faut. Se libido ne trouve ‘aucun attrait aux équivoques du repoussant. Le paradoxe du plaisir laisse indifferent ce partisan du principe didentité. Les Emons Bsa ead par D. Ketchoubey. 8 Er Baalle eat peat le public dant a cllecton Achat, cf. O.C, 1, ones,» 673. 16 LA TOMBE DE BATAILLE. 10 3 somvesineé uti 66 contr le second volume de La prt mani. La rection de Le SII ee ure rend ana nar (Nene Thon Suber f 6 at 1951, que done en append of ppendice dane le mie volume det 7 TTT Les pEPossépts LA TOMBE DE BATAILLE, affronte le Commandeur, lorsque son oui aux femmes céde le pas ‘au non su Commandeur. Car Bataille est moins naif qu’l ne le dt. Don Juan ne retient saccuse d’en étre responsable. I pide scoatle evan Ta sence de juge dont il est la cause. Rien de tel chez don Juan, qui jusqu’au bout refuse daccuser réception de la sentence qui Paccable. Celle-ci, écrit Bataille, « Paccable du debors. Tandis que Pexigence morale jamais ne cesse de peser sur Nietzsche du dedans ». ‘On cite souvent les lignes de L'expérience intérieure oi Bataille défend image d’un don Juan sans complexe : « Le bavarday futile ~ psychologique - propos de “don juanisme” Panile don Joan, Cea fe Commanier ge dab don oan intéresse Bataille. I note dans La souversineté : « Le libertinage de don Juan «frémissantes » que celles de Michelet dans V'édicule ob il va inhaler inspiration ? Le tombeau de don Juan, Peut-étre fautil faire ici un pas supplémentaire. nucle par la come dun taureau, Cet accident plonge le trio dans des transcs dont le sowvenir les secouera encore au chapitre suivant alors qu’ils ont quitté Madrid pour la sensualité méridio- nale de Seville. Seville, le théftre des trois chapitres finaux, est la ville natale de don Juan, Mais Ia localisation des événements est plus précise: ils ne se déroulent pas seulement dans la ville 03 don 9 seen RESTS Ls péPossépts Juan est né, mais dans Wéglise oi il » é€ enterré. Une plaque indiqu femplacement de «a tombe du fondater de epline que du cimetitre : Ie mor net ps cell que les habs dea lgende attendaient. La tombe devait étre celle du Commandeur ; mais don Juan a pris sa place. Plusieurs années aprés Histoire de Veil, en 1936, & Vépoque fale. [irs n'est pas don Joan lméine (ce atonal qu ge refuse 4 perdre In téte) mais son tombeau : Acéphale, intrus petfiguration de ce que Le somsreieté decir ps tard comme Je dépassement de don Juan par Nietzsche. 1G es Wel, Te Masato ow an, Sand Uri Pr 138, LA TOMBE DE BATAILLE Marx et don Juan. Ja légende avait montré le plus t ‘ill est mort, dans Le blew du ciel Les péPosstpes La seconde mention du Commandeur intervient, au début de la seconde partie, a 1 cours d'une conversation entre Troppmann et Lazare, Dans un besoin de confidences dont il est le premier & induc, par exemple, que TEspagne de 1922 (a ep 10. 7. web, 1, Cee Men die et La cdo mine gl ut tg Lp i sles del ope Maes tle, ie du Jule 199, ot Kater LA TOMBE DE BATAILLE mort de Granero date du 7 mai de cette année) vit toujours sous a barbe quill eut plus ‘ark age adulte : il était aujourd'hui sous terre, prés de Londres »*., etait le mort, Guns sbi de titer est tote ne ressuscite Le Blew dec p48. 21 ld, pas * Caleveras» de Bale, itn ule 1936 «Dans es rents du Mesique Dom Joan Se rarouve ea lst ude) » (OC, Hp. 48) Bs Ls DEPOSSEDES «que pour devenis nécrophile i ne sort de sa tombe que pour faire Ia féte cbt de celle de Marx. don Juan, le tentateur originel qui a insinué dans sa libido la Ordinairement, Je couple de don Juan et du Commandeur . u dsposttt acetic comptes. II presse le pécheur de se repentir. Rien de cela ne se retrouve dans Je Commandeur de Bataille: orgie n’attend que lui 3. Lesocintion du nom de Tree avec ue Iibricté macabre resort de osege que ‘Bauile en fre pat le site A deux eeprins. Une preméze fi, quand i ine Le pti ‘preadooyme de Louis Trent (.C, Il p.33)- Une seconde fis quand song nile [Le tombe de Lous XXX, a recuel de potmescbucines (OC, IV, p. 131). Publ en 191, Le pet pore en osfication I date de 1934 ete alse ds Ecc tenis, ‘24 Limposble, .C, Ip 16. 4 LA TOMBE DE BATAILLE. celui de la seconde. La nuit de Trente n’est pas datée. La premi¢re partic, od elle Lis DéPosstines pour plus de clarté du récit des événements fait de vive voix par Troppmann a Lazare. Estil possible de dater la premiére partie? De préciser son mention d’un passage a Vienne, ni de Passassinat de Dollfus. A quelle date placer les événements de la nuit de Trente™? 27, Tet publ en 1978 dan le value des Eels de Laure CE. us, la ote 1. ‘Boks Sourarine ae elie A ces éxénements dane Fntrodoction I fimpreon de Lr tg sce, Bona del Difrence, 1983, «En 1934, un de nt ame dont om, 86 ‘LA TOMBE DE BATAILLE centrale rend imminente I'arrivée de ce qu'on peut appeler sa version « politique ». Impuissances. e a Superficielle, ces contradictoires (sexualité et politique) ne se la souveraineté] est la contradiction la plus active » *. On se i r savoir en face de qui, démunie de droit, elle accepte détre coupable. Le communisme, écrit Bataille, a introduit dans la « conscience des hommes les plus sensibles » un déchirement inédit« entre ce 3 a 38 37 1k OG i 6 oe, 3 3 a1 uss pérosséés u's simentet ce qu'ls affirment » ”. Les intellectues de gauche, ‘une fois pour toutes de défendre a singularité de ses godts. Non pas qu'il soit innocent, mais parce qu'il n’a plus & se défendre détre coupable, «Jusquici j'ai parle de Nietzsche et je parlerai maintenant de Kalla» *. Qulgucs lignes apis ctedélarton ditto, le in ce jeer Kelis Pov coins per nator d.cetegution son Td, p36. Basle peopove ete défiton du commusixme :« Le commis, ei 658. ‘i Kade Set ge coxamnine tk pr en Ct enor 930, 92 LA TOMBE DE BATAILLE, Si Yous ne me tuez pas, vous ait de ne pas mourit. Kafka brit de brdr. Son seal probléne flammes. Viendraient-elles du dedans ou ged pean ta ba oa ropa es ae schéaaa donne son uni 3 ensemble des trces qui ‘composent La littérature et le mal. La lixérature, qui est 'enfance retrouvée, se doit en méme temps de plaider coupeble. Bataille dira par exemple de Baudelaire qu'il a « choisi d'tre en faute, ‘comme un enfant ». Car lenfance retrouvée ext tne enfance qui + perd on innocence premiére, esti cette enfance coupeble, qu'on pourrait appeler une enfance majeure, que la litérarure Sidentifie, Ses plasirs sont indéfendables, Mais les condamner “2, OC, p 470, now bl pge 271 (B. La inratne ole mal OC, 1X, p 285, 9B Les péposstpts pon Seve a Les retours du pere prodigue. ‘Le surmoi apparait comme un rt, jouisseur, crud... LAPLANcHE, Lagos, p. 302 ¢ Sec. Cre, cia pe ul est bon, ne s'oppose qu’a ce qui donne la « fitvre » a son fils. La lute des classes reprend celle des classes diye: Pénergie prolétarienne est refoulée par le paternslisme du pouvoir bour- LA TOMBE DE BATAILLE geois. De cette homologie découle une identification, a peine izaphoriqe, de a claie cuit eve le onpanes dea seus Tépoque aussi od il se faisait psychanalyser par Adrien Borel ~ Bataille note un réve qu'il fait suivre de quelques associations : Dans la rue, devant la maison que nous habitions a Reims. Je pars en bieyclete, rue pavée et rails de tramways, trés embétant 7 Larus solie, OC. 1, (cL vate ape” ee pine as msm die ©. 23398 1. « Le olton sexu et “Rapport Kiwey” Ci, alle aot 1948, 82627 (reps dane rote sous ee « Kintera pare ee tal») % Liss DéPosstpes pour la bicyclere, rue pavée on ne ssit od ‘gauche. Multiplication des rails de tramways. J f cfirayé, Cependant, ise mantient avec pene es poissonsvsqueux cet sanglans ou rats morts mais menagants & hauteur de figure * La structure de ce réve se plic au schéma bipolaire de la lutte des classes: les prolétaires y figurent en travailleurs souterrains, 4 mi-chemin entre fossoyeur et vieille taupe. Les ouvriers du «Confit » de Mallarmé étaient déja des fouilleurs de terre, des terrassiers. Ici, ils appartiennent & la variété rémoise de l’espéce, ies cas. a derence du pote en prone de Mallar pas trop de peine & reconnaitre dans ce « gentleman américain » cen visite et qui tremble pour V'intégrité de son complet une 50, , OC, I p-9. Au sue de ce ete, les noes du mancsci do Conpable ‘00 Bale menionne «i descent a cave, en apport ave erie enfant souvent sewerent rep » (OC, V, p33). 96 LA TOMBE DE BATAILLE, préfiguration de Troppmann, de ses mains bronzées et des vétements dé un peu clairs qu’ll porte en pleine revolution, Curieusement, la problématique de la lunte des classes, si verse de Ia plupart des bebés miles qui sont amoureux de leur mére, je fus, moi, amoureux de ce pére. » Cette sexualisation de la figure paternelle ne lui retire rien de peolires « extrémement virils et brutaux ». Le jeune bourgeois au complet coupable est terrorisé par la jouissance du Comman- 7 LES DEPOSSEDES deur qu'il désire : coupable pour son plaisir, coupable de son plaisir. Bataille revient sur le scénario du complexe d'CEdipe dans « Les fondements de la dialectique hégélienne ». La di ceedipienne commence avec les veeux que le fils forme de son pére. II soubaite la disparition de instance re la mort de son pére, écrit Bataille, mais leur répercussion sur Ja personne Tepe dc dan le desi dela pulon aprerie et cad rebroussement, quand la pulsion se replie sur sa source, reflue sur son sujet, Le périple se boucle dans la jouissance castratrice: si biais d'une régression sadico-anale dégénitalisa n'est plus simplement «la punition consécutive & la relation aénitale probibée, mais aussi le substitut régressif de cette relation elle méme » ®, Un pére se tape son enfant. La punition mise en jeu par ce fantasme, mélange indissoluble d'érotisme et de culpabilité, se soutient de Vanachronisme d'une logique qui exclut entre la punition et ticlle a Vinstant méme que de pun le plaisir qu'elle dire de produire le pais punit. Elle punit 288 5%. Seman Frc «Un cafe bas D Gbinen in Nee, con perenin, PU, 1913, p29 98 LA TOMBE DE BATAILLE, sont les coupables sans faute, les coupables dont toute la faute tient au plaisir qu’ils prennent au chétiment qui les en punit Ty a donc, au ceur sombre de l'économie générale notion de dépense, une histoire de rats dans laquelle un pére se livre sur son fils & un viol homosexuel et incestueux. Ce motif de la castration qui fait loi dans sa classe d'origine. Les positions ct les mouvements du schéma final ne sont pas différents mais Jeurs motivations sont rigoureusement in Lintellectuel tance impérative et obscéne qui sexualise Thomme au complet en Je marquant d'une castration glorieuse”. 33, Pour une lecure de Fae de Lwbb€ Cala lize de ce schime, ef D. Holi, Georges Batile devant Ie criqae communis», i Aes de calloge international Amsterdam (21 22 juin 1985), 6. Jan Vere, Amsterdam, Rodop, 187 ” Le désir insatisfait Bataille invoque avec une certaine ironie, au début de L’expé- rience intérieure, le «louable souci de composer un livre». Le ‘ P i exercices d'illuminations auxquels il aux confins d'un myysticisme non religieux et de diverses techniques de méditation Tenregistrement et la transcription rapide, sur le coup, d'une ‘expérience dont les vagues, les turbulences ont agité Bataille pendant les années de la guerre. Bataille, qui a beaucoup écrit, a toujours fait preuve, a 'égard du livre, Pune négligence impressionnante. La sténographie du Coupable répond & quelque chose d'infiniment plus urgent que le projet, quil soit lousble ou non, de composer un livre. Bataille ne s'y propose pas de donner tne forme systématique & développer une narration, il n’essaie pas convaincre, de se faire une place : il note, tran Je coup, une expérience élusive qu’urgen quiinsaisissable (« les doigts insaisissants », dit- vain» on entend platement un homme qui p: peut-étre Bataille n’a-t-il pas sa place dans la catégorie des grands crivains. Pourtant, Ja rigueur d'une désinvolture, souvent anxieuse, parfois insolente, & Pégard de la littérature, fait de ses crits Tun des événements majeurs de la langue du vingtiéme sitcle : une voix se débat, étranglée, échanerée, dans le labyrinthe du langage. «La date a laquelle je commence d’écrire (5 septembre 1939) n'est pas qu'une coincidence. » Le coupable n'est pas ce qu'on appelle un livre de guerre, L'expérience qu'il transcrit n'en est pas 101 Les DéPosstés moins liée aux événements d’une maniére aussi ét "essen- tielle. La vcr pout Struc Tocca dese commesira one de s'engager dans Ia production du sens ; pour iccompagnera d'une impression, scandaleuse & s, de légereté. Il ne fait pas la guerre, ila vit. Ren aire, tien Factiviste. «L'héroisme, note-t répondant 4 leurs besoins. Ils vont de Tavant pour vite Tangosse.» Mor, Wah publ dan Dig Bataille, & mootrer : 102 LE DESIR INSATISFAIT "Toe bli a bon Dieu sc pose sur une fuille de papier od Baal avait equsé (any dou au cours dune des conferences dix ans qu'il se dépensait en projets. Depuis le surréalisme, il vt isienne. Il avait @é une figure active de l'avant garde lit Contre-Attague et, juste avant que la guerre n’élat, le Collage de Sociologie. De cette période agitée, feconde, intense, restent les nombreux articles, manifestes et conférences qui composent les 103

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