La situation de communication
Une situation de communication s’établit quand quelqu’un s’adresse à quelqu’un
d’autre à un moment et en un lieu donnés avec une intention particulière. Elle se compose
donc de :
- l’émetteur (destinateur) : la personne qui parle ou écrit;
- le récepteur (destinataire) : la personne à qui l’émetteur s’adresse; habituellement,
le récepteur et le destinataire sont la même personne, mais il arrive que nous entendions ou
lisions des messages qui ne nous sont pas destinés;
- le message : l’information transmise par l’émetteur au destinataire dans un code
commun: le langage;
- les circonstances : le lieu et le moment dans lesquels le message est produit.
Bien comprendre un message/énoncé écrit ou oral, il est nécessaire de bien définir la
situation de communication en se posant les questions suivantes:
- qui parle? - à qui? - pourquoi? - où? - quand?
Deux cas d’énonciation
On appelle énoncé ce qu’on dit ou ce qu’on écrit (quelques mots, des phrases, un
texte…). Il existe deux types d’énoncés:
- on a besoin de connaître la situation d’énonciation pour comprendre l’énoncé. On
dit que l’énoncé est ancré dans la situation d’énonciation. Ex: « Je suis effrayée, inquiète.
Pas moyen de trouver Berthe! Vos petites la cherchent dans le jardin. »
- on n’a pas besoin de connaître la situation d’énonciation pour comprendre l’énoncé.
On dit que l`énoncé est coupé de la situation d’énonciation. Ex: « Ce matin-là,
madame d’Embrun demanda à Octavie où était Berthe et remarqua que ses petites la
cherchait dans le jardin. »
Les indices de la situation de communication :
Certaines expressions contenues dans le message/énoncé renvoient à la situation de
communication: ce sont les indices de personne, de lieu, de temps et les temps verbaux:
1. Les indices de personne: ce sont les pronoms personnels, déterminants et pronoms
possessifs de 1ère et 2ème personne :
- désignant l’émetteur: je, nous, notre, la mienne…
- désignant le récepteur: tu, vous, votre, le tien…
2. Les indices de lieu:
- lieu où l’émetteur parle ou écrit: ici, de ce côté…
- lieu éloigné de l’émetteur: là, là-bas, de l’autre côté…
3. Les indices de temps
- moment où l’émetteur parle ou écrit: aujourd’hui, maintenant…
- moment situé après: demain, la semaine prochaine…
- moment situé avant: hier, l’an dernier…
4. Les temps verbaux : ils renvoient eux aussi à la situation de communication. C’est
notamment le cas du présent et du passé composé (qui établissent une relation entre les
évènements rapportés et le moment de la parole ou de l’écriture)
Exercice. Relevez et classez les indices de personnes, de lieu et de temps :
Texte 1.
Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte,
mes yeux se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : "Je m'endors." Et,
une demi-heure après, la pensée qu'il était temps de chercher le sommeil m'éveillait ; je
voulais poser le volume que je croyais avoir encore dans les mains et souffler ma lumière ;
je n'avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que je venais de lire, mais ces
réflexions avaient pris un tour particulier ; il me semblait que j'étais moi-même ce dont
parlait l'ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles Quint.
Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma
raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte
que le bougeoir n'était plus allumé.
Marcel Proust, À la recherche du Temps perdu, Du côté de chez Swann,
col. Le livre de poche, Éditions Gallimard, 1954 [1919], 510 p.
Texte 2.
Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un
télégramme de l’asile: «Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués». Cela
ne veut rien dire. C’était peut-être hier.
A. Camus «L’Étranger» (1942)
Texte 3.
Jeudi 26 juillet, 6 heures du matin, chaussée des Tilleuls, 35 °C sous abri.
Liza, vingt-cinq ans, hoquette de chagrin devant sa vieille Opel vandalisée. Les
quatre pneus sont crevés, lacérés à mort. Des pneus comme neuf, un cadeau d’Édouard
quand ils se sont dit adieu au printemps dernier. «Je fais ça pour Noun, pas pour toi, mère
irresponsable !» Noun, c’est leur blondinette chérie, et, sauf imprévu fâcheux, elle aura
sept ans la nuit prochaine à 5 h 25 et des poussières. Elle vit chez son père, hélas, mais
elles partent en vacances demain soir. La mère et la fille uniquement. Une semaine à la
mer sur l’île de Sarnia, vers le ponant. La maison de rêve est louée, le passage en ferry-
boat réservé pour elles deux et pour la voiture, elles dîneront d’un sorbet sur le port en
arrivant.
Yann Queffélec «Fuchsia» (2017)