Justiciabilite Du Concept de Developpeme
Justiciabilite Du Concept de Developpeme
THEME :
LA JUSTICIABILITE DU CONCEPT DE
DEVELOPPEMENT DURABLE EN
DROIT INTERNATIONAL
Par :
Sous la direction de :
DEDICACE
A ma fille et à nos générations futures
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
REMERCIEMENTS
Ce travail n’aurait pu être fait sans l’apport direct et indirect d’une multitude de personnes.
Toute notre gratitude va en premier lieu à Dr. Parfait Oumba pour sa compréhension, son
apport scientifique et sa disponibilité. Nos remerciements à l’ensemble du staff académique
qui d’une façon ou d’une autre nous a permis d’évoluer sur le plan académique et scientifique.
Toute notre reconnaissance à M. Carlos Mukam pour son apport matériel, M. Fréderic Foka
pour ses conseils et sa sollicitude, et les membres de jury de soutenance pour leur appréciation
scientifique hautement utile.
Notre reconnaissance va à l’endroit de nos collègues de classes et ceux qui à travers les
échanges, critiques, mots d’encouragement et de sollicitude ont participé à enrichir ce travail.
Nos sincères remerciements à Nelly et Jean- Marcel pour la relecture de cette modeste
production scientifique. Enfin, toute notre gratitude va à l’endroit de nos parents, frères et
sœurs dont les sacrifices quotidiens et la présence ont permis que se réalise un rêve longtemps
chéri. Vos efforts n’auront pas été vains.
A toi seigneur, tout honneur et toute gloire, pour des siècles et des siècles.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
SIGLES ET ABREVIATIONS
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GATT : General Agreement on Tariffs and Trade (Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce)
Par. : Paragraphe
UNISDR : Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
RESUME
Loin d’être un concept creux sans aucune portée, le concept de développement durable
apparaît aujourd’hui comme un principe du droit international. Son caractère souvent abstrait
et les réticences du juge international de lui reconnaître toute sa nature juridique sont relevés
pour amoindrir sa juridicité et contredire sa justiciabilité. Pourtant eu égard aux différents
éléments qui caractérisent la notion de justiciabilité, ce principe de droit a bien des obligations
juridiques, conventionnelles et de l’ordre coutumier. Son encadrement juridique met bien en
exergue l’existence de voies de recours sur le plan universel et régional, ainsi qu’un régime de
sanctions qui pourrait lui être applicable.
v
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
ABSTRACT
Far from being an indefinite concept with no legal scope, the concept of sustainable
development has come to exist as a legal principle in international law. Due to its flexible and
evasive nature, and the reluctance of the ICJ in ascertaining its legal nature, legal critics have
thrown doubts on its normative character and its justiciability. Yet, the principle lays down
obligations of means as well as results even in the field of customary law. Furthermore,
various normative instruments empower international and regional courts to hear cases and
render decisions based on this legal norm.
vi
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
SOMMAIRE
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 97
ANNEXES ....................................................................................................................................... a
vii
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INTRODUCTION GENERALE
1
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, A.G RES S-19/2 du 27 Juin 1997.
2
Christian Byk, « Développement durable et droit international », in Journal International de Bioéthique,
Biodiversité, biosécurité et développement durable, Vol. 17, N°4, 2006, pp. 11- 13.
3
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, A.G RES S-19/2 du 27 Juin 1997.
1
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
pas d’occasions où le juge international s’est appuyé sur ce « concept » ou a dû s’y appesantir.
Cependant, on ne peut que noter, que ceci n’a pas pour autant fait évoluer de façon
significative l’appréhension du concept du développement durable, le juge étant assez
circonspect quant à ses développements sur le sujet. Ceci étant, eu égard à la multiplication
des forums internationaux sur la question ainsi que des textes déclaratoires et contraignants
sur le sujet, il n’est pas vain aujourd’hui d’envisager que cette notion puisse devenir comme
tant d’autres une cause de saisine du juge international.
I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE
Toutefois, le lien avec les droits de l’homme est aussi affirmé. Dans le Pacte de non-
agression et de défense commune de l’Union africaine du 31 janvier 2005 par exemple,
précisément à l’article 3, les Etats parties « s'engagent à promouvoir des politiques de
développement durable propres à assurer le bien-être des populations, y compris la dignité et
les droits fondamentaux inhérents à toute personne humaine dans le cadre d'une société
démocratique, comme stipulé dans la Déclaration de Lomé ». D’ailleurs, le Protocole à la
4
Virginie Barral, “Sustainable Development in International Law: Nature and Operation of an Evolutive Legal
Norm”, in The European Journal of International Law (EJIL) Vol. 23, N° 2, 2012, pp. 384- 400.
5
Article 5 (b).
2
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Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes du 11
juillet 2003 consacre à son article 19 un « droit à un développement durable ».
Le juge international quant à lui, n’a pas pu rester longtemps loin de cette nouvelle
donne. Ainsi, la Cour Internationale de Justice (CIJ.), reconnaît l’importance du
développement durable pour la première fois en 1997, dans l’affaire du Barrage sur le fleuve
Danube6. Plus récemment en 2010, dans l’affaire des Usines de pâte à papier sur le fleuve
Uruguay, la Cour fait mention de « l’objectif du développement durable7 ».
C’est fort de cette évolution normative et jurisprudentielle que cette étude propose une
analyse quant à la possible justiciabilité du concept de développement durable. Pour cela, elle
s’articulera dans un champ de recherche précis.
A. Délimitation temporelle
Sur le plan temporel, l’étude couvrira la période de 1987 à 2016, année à laquelle
prendra fin nos recherches.
6
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt du 25 septembre 1997, CIJ.,
Recueil 1997, § 140.
7
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay), arrêt du 20 avril 2010, CIJ., Recueil
2010, § 177.
8
Article 2.
9
Préambule du nouveau programme d’action mondiale traduit par l’Institut de la Francophonie pour le
Développement Durable (IFDD).
3
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L’année 1987 marque ainsi sur le plan international, les prémices de la naissance d’une
nouvelle conception du développement basée sur la prise en compte des effets des activités de
l’homme sur l’environnement.
B. Délimitation matérielle
13
Dont le Protocole de Kyoto de 1997.
5
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A travers ces instruments, les écrits doctrinaux et les décisions des juridictions
compétentes, il sera possible de démontrer qu’il existe de voies de recours liées au concept de
développement durable. Ils permettront aussi de mettre en exergue les obligations susceptibles
d’être l’objet d’un recours dans le domaine du développement durable ainsi que des sanctions
applicables.
Comme l’affirme Émile Durkheim, pour une bonne compréhension d’un sujet d’étude,
« il faut toujours définir les concepts afin de les démarquer de la confusion qui caractérise le
sens commun15 ». Aussi sera-t-il question de donner un sens aux concepts de ‘justiciabilité’,
‘développement durable’ ainsi qu’à la notion de ‘concept’ telle qu’employée dans ce travail.
14
Parfait Oumba, Responsabilité internationale de l’état et risques environnementaux, Thèse présentée et
soutenue publiquement en vue de l’obtention du diplôme de Doctorat en Droit, Université Catholique d’Afrique
Centrale, Yaoundé, 2015, p.104.
15
Emile Durkheim, « les règles de la méthode sociologique », in Revue philosophique, Paris, 1894, p.26, cité par
Maxime Bissay, l’impact de l’éducation aux droits de l’homme au Cameroun : cas de la région du Littoral,
mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master en Droits de l’Homme et Action Humanitaire,
UCAC- Institut d’Ekounou, année académique 2012- 2013, p.15.
6
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A. Justiciabilité
16
Mireille Delmas-Marty, « Sens et non-sens de l’humanisme juridique », in Études juridiques comparatives et
internationalisation du droit, pp. 748- , consulté sur https://www.college-de-france.fr/media/mireille-delmas-
marty/UPL580252029222612112_delmas_marty.pdf (13 octobre 2015 à 23h03).
17
Lorenzo Cotula (dir.), Le droit à l’alimentation et l’accès aux ressources naturelles :Utilisation des arguments
et des mécanismes des droits de l’homme pour améliorer l’accès aux ressources des populations rurales
pauvres, FAO, Rome, 2009, p.52.
18
C’est dans ce sens que le juge Koroma dans son opinion individuelle à l’arrêt de la CIJ du 21 juin 2000 portant
sur l’incident aérien du 10 août 1999 (Pakistan c. Inde), opère la différence entre le concept de justiciabilité qui
est lié à l’existence d’obligations juridiques imposables à des parties à un différend et celui de compétence qui
est lié à l’existence d’un recours accepté par les parties (par. 51- 55).
19
Juge Brennan dans Baker v Carr 369 U.S. 186, 217 (1962), Ariel L. Bendor, “Are there any limits to
justiciability? The jurisprudential and constitutional controversy in light of the Israeli and American experience”,
in IND. INT'L & COMP. L. REV., Vol. 7:2, pp. 315- 377, consulté sur https://mckinneylaw.iu.edu (22 décembre
2015 à 11h). Voir aussi Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats Unis d’Amérique), Arrêt du 27 juin 1986, C.I.J., §. 32- 35.
20
Christian Atias estime que le terme désigne la qualité de ce qui est propre à être examiné par des juges, voir
Diane Roman, « La justiciabilité des droits sociaux ou les enjeux de l’édification d’un État de droit social », in
La Revue des droits de l’homme [En ligne], 1 | 2012, p. 4 (mis en ligne le 27 mars 2014, consulté le 09 décembre
2015).
21
John Collier & Vaughan Lowe, The settlement of disputes in international law. Institutions and procédures,
Oxford, 1999, p. 16.
7
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Pour être justiciable donc, un principe doit pouvoir être invoqué dans le cadre de différends
dont la solution serait basée sur le droit ou serait du pouvoir du judiciaire.
Cette approche, plus ouverte22peut cependant donner lieu à une interprétation limitée et
non évolutive du concept de justiciabilité dans une situation où l’intervention du juge le
pousserait à analyser l’action du pouvoir exécutif. En effet selon le principe de la séparation
des pouvoirs, un différend ne saurait être justiciable si le juge est appelé à faire incursion dans
le domaine réservé aux autres pouvoirs. Ceci étant, selon Jean- Maurice Arbour et Sophie
Lavallée, la justiciabilité est facile à établir lorsqu’on se réfère à la seule approche qu’il faut
suivre pour appréhender la question, c'est-à-dire celle de savoir s’il existe des obligations
internationales au regard de ces droits23.
Il ressort de tout ce qui précède que la notion de justiciabilité englobe trois éléments à
savoir : l’existence d’obligations juridiques, l’existence d’un juge, et la possibilité pour le
juge de régler les différends liés à ces obligations sur la base du droit.
B. Concept
Aux termes de Michel Virally, le concept est « la forme la plus abstraite qu’un principe
juridique puisse revêtir, puisqu’elle élimine toute allusion aux circonstances concrètes dans
lesquelles elle peut avoir à s’appliquer24». C’est ainsi que Paul Amselek définit le concept
comme correspondant à « … la représentation intellectuelle des lignes essentielles, des
contours typiques qui forment la constitution fondamentale d’une chose25 ». Allant dans le
même sens, Jean Pierre Beurrier opère une distinction pratique importante entre les concepts
et les principes. A la différence des principes, les concepts qu’il décrit comme des
« …représentations abstraites des objectifs de la société […] ne peuvent pas être appliqués
directement, ils sont sous-jacents à toutes règles formant l’ordre juridique26».
22
Elle comprend en plus de l’existence d’un juge, la possibilité légitime de sanctions.
23
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Droit International de l’Environnement, Québec, Bruylant, 2006, p.
118.
24
Michel Virally, « Le rôle des principes dans le développement du droit international », in Recueil d’études de
droit international en hommage à Paul Guggenheim, Genève, Tribune, 1968, p. 534.
25
Paul Amselek, « Norme et loi », in Archives de philosophie du droit, N° 25, Paris, Sirey, 1980, p. 95, cité par
Jean-Philippe Derosier, « Enquêtes sur la limite constitutionnelle : du concept à la notion », in Revue française
de droit constitutionnel, Vol. 4, N°76, 2008, pp. 791- 795.
26
Jean Pierre Beurrier, Droit international de l’environnement, 4e édition, Paris, Pedone, 2010, p.165.
8
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Ainsi donc, nous retiendrons dans le cadre de ce travail de recherche que, un concept est
une représentation globalisante, à caractère abstrait et universel, des objectifs de la société qui
ne peut pas être appliquée directement dans le cadre du droit mais est à la base de certains
principes ou règles de droit.
C. Développement durable
27
Notre Avenir à tous, Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement
(Commission Brundtland), Les Éditions du Fleuve, 1989, traduction française de ‘Our Common Future’ paru en
1987.
28
A quelques termes prés, la Loi-cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun du 05 août 1996 à
son article 4 (d), définit le concept comme étant « le mode de développement qui vise à satisfaire les besoins de
développement des générations présentes sans compromettre les capacités des générations futures à répondre
aux leurs».
29
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), précitée.
30
Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, P.U.F, 9e édition, 2011, p.340.
9
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A. Intérêt scientifique
31
Entreprise et développement durable, Manuel de formation, Master de droits de l’homme et Action
Humanitaire, Université Catholique d’Afrique centrale de Yaoundé, p.10 [inédit].
32
Comme activités, il cite l’éducation et la formation des populations en vue de sa participation au processus de
planification et à la prise de décision.
33
Harvey Mead, « La Loi sur le développement durable et les enjeux du développement », in Conférence des
juristes de l’état 2009 (Québec du 22 au 23 avril 2009), 18 e conférence, éditions Yvon Blais, 2009, pp.148- 194.
10
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Cette étude est donc une modeste contribution à l’évolution des débats juridiques sur le
développement durable en droit international.
B. Intérêt social
Ceci dit, les populations, que ce soient celles des générations présentes ou futures, sont
censées être les premières bénéficiaires du développement durable ; le politique, le premier
acteur de ce mode de développement. Ce travail pourrait être d’intérêt aux gouvernants, aux
organisations intergouvernementales ainsi qu’à la société civile, mais aussi au juge interne. A
chacun selon son intérêt, il contribue à donner des pistes de solutions sur le regard à poser sur
le concept du développement durable et la façon de s’en approprier. Il offre ainsi des éléments
de réponse à la question de savoir comment contraindre les Etats et les personnes morales à
œuvrer pour le développement durable.
V. REVUE DE LITTÉRATURE
L’on peut entrevoir de la thèse de nombreux auteurs qui remettent en cause la juridicité
du concept de développement durable36, un refus d’une possible justiciabilité37 de celui-ci.
Pourtant, la doctrine reconnaît le caractère justiciable de certains principes liés au
développement durable tels que les principes de prévention et de précaution38. Ainsi, plusieurs
34
Jean-François Flauss, « Le droit de l’homme à un environnement sain. Conclusions », in Annuaire
international des droits de l’homme, Vol. I, 2006, pp.541- 546.
35
Projet de recherche, Manuel de formation, Master de droits de l’homme et Action Humanitaire, Université
Catholique d’Afrique centrale de Yaoundé, 2011/2012, p.7 [inédit].
36
Exemple: Vaughan Lowe, « Sustainable Development and Unsustainable Agreements” in International Law
and Sustainable Development: Past, Achievements and future Challenges, Boyle and Freestone, Oxford, OUP,
1999.
37
Selon Jean Carbonnier, « […] qu'est juridique ce qui est propre à provoquer un jugement, ce qui est
susceptible de procès, justiciable de cette activité très particulière d'un tiers personnage qu'on appelle arbitre ou
juge ». Cf. J. Carbonnier, Flexible droit. Pour une sociologie du droit sans rigueur, 10e édition, Paris, Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, 2001, p.23.
38
Nathalie Hervé- Fourneau, « Le juge communautaire et le principe d’intégration : une jurisprudence empreinte
de paradoxes ou les paradoxes de la prudence du juge », in Olivier Lecucq et Sandrine Maljean-Dubois (dir.), Le
11
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rôle du juge dans le développement du droit de l’environnement, Bruxelles, Bruylant/Larcier, 2008, pp. 210-
233.
39
Raphaël Romi, Droit de l’environnement, 7e édition, Paris, LGDJ, 2010, p. 116.
40
Parfait Oumba, Op. Cit., p. 223.
41
Parfait Oumba, Op. Cit., p.227.
12
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pour risques environnementaux, il nous donne des orientations certaines à la mise en œuvre
d’une responsabilité étatique liée au développement durable. Cette responsabilité ne serait
basée uniquement sur les faits illicites, mais également sur les faits licites ; car c’est bien
souvent dans le cadre des activités permises que les obligations relatives au principe sont
violées.
Dans le même ordre d’idée, Luis Anibal Avilès reconnaît que la justiciabilité du
développement durable reste problématique pour plusieurs ordres juridiques42. Pour illustrer
cette observation, il relève le peu de succès enregistré par la CJUE dans ce domaine. La Cour
apparaît ainsi pour l’auteur comme ayant la lourde charge de définir l’équilibre à opérer entre
les différents principes reconnus par l’UE afin d’assurer le développement durable de la
communauté43. Son appréciation de la justiciabilité du développement durable est toutefois
limitée dans la mesure où l’auteur fait appel uniquement à deux affaires44. De plus, il ne
relève aucunement d’autres affaires dans lesquels le concept aurait pu être utilisé par la Cour.
Ceci étant il est difficile de voir dans quelle mesure les Cours mexicaines, celles dont il est
concerné, ou tout autre ordre juridique d’ailleurs, pourrait s’inspirer de cette jurisprudence.
L’auteur lui-même reconnaît que « the episodic and dispersed articulation of these
environmental protection principles cannot be considered a coherent application of the
general principle of sustainable development 45».
Par ailleurs, la justiciabilité est présentée ici seulement sur le plan objectif, c'est-à-dire
que le principe du développement durable est utilisé par la Cour, à travers ses sous-principes,
dans le but de se prononcer sur la conformité entre des mesures réglementaires ou législatives
et ceux-ci. Ceci limiterait la portée du concept à encadrer les comportements. Ceci est
d’ailleurs généralement le cas.
42
Luis Anibal. Avilés, “Sustainable development and environmental legal protection in the European Union: a
model for Mexican Courts to follow?”, in Mexican Law Review, Vol.VI, Issue 2, 2014, pp. 253- 272.
43
L’article 3.3 du Traité de l’Union Européenne présente le développement durable comme la pierre
fondamentale des activités de l’Union. Celle –ci doit promouvoir un développement durable fondé sur un
équilibre entre la croissance économique, la justice sociale et une protection élevée de l’environnement.
44
Luis Anibal Avilés, Op. Cit., pp. 269 ; 270- 272.
45
Luis Anibal Avilés, Op. Cit., pp. 270- 272.
13
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C’est également le cas de Sandrine Maljean- Dubois51 dont l’article a le mérite de porter
sur le concept lui- même. Selon cet auteur, les principes d’intégration et de développement
durable ont vocation à exister en propre et peuvent être applicables en tant que tel devant le
juge. C’est d’ailleurs à travers l’action de celui-ci au cours du processus juridictionnel que le
seuil de normativité de ces principes sera concrétisé. Elle cite à cet effet l’affaire des
46
“Sustainable development concerning socioeconomic rights: a duty towards future generations? An
international humanitarian legal right for future generations”, in e-públicarevistaelectrónica de direitopúblico,
número 5, 2015, 28p.
47
Beatriz Esperança, Op. Cit., p.6.
48
Idem, p.28.
49
Idem, p.22.
50
Emelie Folkesson, “Human Rights Courts Interpreting Sustainable Development: Balancing Individual Rights
and the Collective Interest”, in ELR, N° 2, November 2013, p. 146.
51
Sandrine Maljean-Dubois, « La Contribution du juge international », in Olivier Lecucq et Sandrine Maljean-
Dubois (dir.), Le rôle du juge dans le développement du droit de l’environnement, Bruxelles, Bruylant/Larcier,
2008, pp. 201- 207.
14
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C’est dans cette optique que Loïc Vatma dans son article « Regard prospectif sur la
gouvernance internationale du développement durable »54 propose un modèle de contrôle de
la mise en œuvre du développement durable sur le plan international 55. L’auteur cite comme
modèle de moyens de régulation des conduites similaires mises en exergue dans le Protocole
de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, et celui du
Protocole de Kyoto à la CCNUCC. Et surtout, il s’appuie sur l’exemple que constitue
l’Organe de règlement des différends de l’OMC 56. L’auteur présente pourtant un mécanisme
de règlement de différends très similaire à celui qui s’opère devant les organes quasi-
juridictionnels des droits de l’homme. Cependant il entrevoit une procédure à deux niveaux
avec possibilité d’ « appel ». De plus il prévoit un recours contre les multinationales au regard
de l’influence de ces dernières et des violations qu’elles commettent57.
52
OMC, Etats- Unis- Prohibition à l’importation de certaines crevettes et produits à base de crevettes, Rapport
de l’Organe d’appel du 12 octobre 1998, WT/DS58/AB/R.
53
Sandrine Maljean-Dubois, Op. Cit., pp. 203- 207.
54
Revue Québécoise de Droit International, Vol.24, N°2, 2011, pp.217 – 237.
55
Le but ici est d’assurer l’effectivité de ce concept, qui malgré la renommée internationale et nationale dont il
jouit garde un caractère abstrait. Ce contrôle devra être investi dans une des institutions existantes ayant un
mandat en matière de développement durable ou dans une nouvelle institution spécialement crée à cet effet, qui
aura entre autre une existence quasi- juridictionnelle.
56
Loïc Vatma., « Regard prospectif sur la gouvernance internationale du développement durable », in Revue
Québécoise de Droit International, Vol. 24, N°2, 2011, pp.229 – 237.
57
Idem, pp.233 – 237.
58
Idem, pp.235 – 237.
59
Idem, pp.236 – 237.
15
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Cette analyse est quelque peu limitée dans la mesure où, une fois de plus, l’application
du développement durable dans le cadre de grief est axée sur un élément de ce dernier.
Cependant, elle permet de s’interroger sur les moyens les plus efficaces pour démontrer la
justiciabilité du concept cette fois –ci sur le plan international. En effet, chacun des auteurs,
60
A titre d’exemple Anne Petitpierre-Sauvain, "Que fait le développement durable dans la constitution
fédérale ?", in Aux confins du droit : essais en l'honneur du Professeur Charles-Albert Morand, Bâle, Genève
2001, p. 553s ; et Vallender/Morell.
61
Dans cet article le développement durable est consacré en tant que principe dans sa dimension écologique.
62
Alexandre Flückiger, «le développement durable en droit constitutionnel Suisse », in Droit de l'environnement
dans la pratique (DEP), Zurich 2006, pp. 506-526.
63
Affaire Köniz, TF, arrêt du 23 février 2004, RDAF 2005, § 581, 582.
64
Alexandre Flückiger, Op.Cit., pp. 511 ; 512-526.
65
Il cite notamment la proportionnalité, l’intérêt public et la prohibition de l’arbitraire dont les contours n’ont été
définis que grâce à une longue pratique jurisprudentielle.
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VI. PROBLÉMATIQUE
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La méthode est « l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre et les vérifie66 ». Dans le cadre
de ce travail, la méthode juridique est celle choisie afin de vérifier l’hypothèse.
Selon Jean-Louis Bergel, la méthode juridique permet d’analyser les textes juridiques et
de dégager leur interprétation67. Cette méthode a deux composantes ; la dogmatique et la
casuistique.
B. Technique de recherche
Il était question d’explorer les ouvrages et les différentes publications comme les
revues, les traités et autres instruments juridiques, les rapports et autres documents qui
permettent de cerner et d’apprivoiser l’objet de l’étude. Par ailleurs, il s’est agi aussi de faire
66
Marie Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1974, p331, cité par Maxime Bissay, Op. Cit.,
p.29.
67
Jean- Louis Bergel, Méthodes du droit : Théorie générale du droit, 2ème édition, Paris, Dalloz, 1989, p.7.
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La recherche internet a aussi été profitable dans la mesure où il n’est pas évident d’avoir
accès au format physique de toute la documentation nécessaire sur la question de la
justiciabilité du concept de développement durable en droit international.
Par ailleurs, les entretiens semi-directs ont permis d’appréhender et de recueillir les
points de vue objectivement situés des experts sur la problématique.
Il est question de définir, dans le cadre de cette étude, les conditions qui doivent être
réunies en droit international publique pour qu’un droit, un principe ou toute norme de façon
générale soit justiciable. Ensuite de démontrer que le développement durable réunit ces
conditions.
Ceci étant, selon Diane Roman, « la justiciabilité est la conséquence du droit au recours
et recouperait deux caractéristiques, la capacité intrinsèque du droit à être garanti par un
juge et la possibilité formelle qu’il existe un juge pour en connaître68 ». La capacité
intrinsèque renvoie au fait qu’il existe pour la partie accusée des obligations juridiques. De
plus, le litige doit pouvoir trouver une résolution devant le juge ; le juge doit pouvoir décider
de la question dans le respect des règles qui encadrent son activité. La possibilité
formelle exige qu’il existe un juge qui a compétence de régler les éventuels litiges selon le
droit.
68
Diane Roman, Op. Cit., p. 4.
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Il s’agira ensuite de démontrer qu’il existe bien un juge international susceptible de « dire
le droit » (juris dictio) en matière de développement durable. Ceci se fera à travers l’analyse
des différentes voies de recours sur le plan universel et régional. Ceci permettra de répondre
aux questions de compétence, de recevabilité et de définir le régime de sanctions (Deuxième
partie).
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En effet, le juge international ne peut être saisi que par les différends d’ordre juridique ;
et, selon l’article 36(2) (c) du Statut de la CIJ, les différends d’ordre juridique ont pour objet,
entre autres, « la réalité de tout fait qui, s’il était établi, constituerait la violation d’un
engagement international69 ». Ainsi, dans l’affaire des activités militaires et paramilitaires
au Nicaragua et contre celui-ci, le juge de la CIJ ne s’étend pas sur la question de
justiciabilité de l’objet du différend, ayant relevé que les parties au différend ne dénoncent pas
le caractère juridique de celui-ci et qu’il n’aurait pas à se lancer dans des questions politiques
ou militaires, « ce qui sortirait des limites d'une activité judiciaire normale70 ».
Une autre question s’impose toutefois : qu’est-ce qu’un engagement international aux
termes de l’article précité ? Dans l’affaire précitée en effet, le juge de la CIJ précise qu’une
simple déclaration ne comportant pas d’offre formelle pouvant constituer par son acceptation
une promesse en droit, donc ne comportant pas d’obligations juridiques, ne peut lier les
parties71. Un engagement international justiciable serait donc « une offre formelle pouvant
constituer par son acceptation une promesse en droit ». En d’autres termes, c’est une
promesse en droit comportant des obligations juridiques.
Ceci dit, selon l’article 38(1) du Statut de la CIJ, les sources primaires d’obligations
internationales sont :
69
Notre emphase.
70
Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, précitée, § 32- 35.
71
Idem, § 132 ; Différend frontalier Burkina Faso/ Mali, arrêt du 22 décembre 1986, Recueil CIJ, 1986, 574 ;
Entraide judiciaire en matière pénale (France c. Djibouti), Recueil CIJ, 2008, p.42, § 128- 130.
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- les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant des règles
expressément reconnues par les Etats en litige ;
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Il sera donc question de mettre en avant des obligations précises liées au développement
durable telles qu’inscrites au niveau des dispositifs de certaines conventions afin de démontrer
la justiciabilité conventionnelle du concept (Section 1). Par ailleurs, les dispositions
imprécises laissent paraître l’existence d’obligations minimales (Section 2).
72
Dire Tladi, Op. Cit., p. 253.
73
Alexandre Flückiger, Op. Cit., pp. 509-526.
74
Frédérique Ferrand, « Le développement soutenable est-il une notion de droit international public ? », in La
politique de l'environnement : de la réglementation aux instruments économiques, Michael Bothe & Peter H.
Sand (dir.), Académie de Droit International de La Haye- Nijhoff, pp.262- 268.
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« les Etats parties s'engagent à promouvoir des politiques de développement durable propres
à assurer le bien-être des populations, y compris la dignité et les droits fondamentaux
inhérents à toute personne humaine dans le cadre d'une société démocratique, comme stipulé
dans la Déclaration de Lomé ».
Les mesures consacrées sont bien souvent administratives, mais aussi législatives et
quelquefois judiciaires. A titre d’exemple, l’on retrouve une telle obligation dans la
Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants du 22 mai 200176, le
Protocole de Nagoya du 29 octobre 201077 et à l’article 14 de la Convention africaine sur la
conservation de la nature et des ressources naturelles du 11 juillet 2003. Aux termes de
l’article 3(1) (a) du premier texte, les parties doivent entre autres interdire et/ou prendre « les
mesures juridiques et administratives qui s’imposent pour éliminer :i) La production et
l'utilisation des substances chimiques inscrites à l’annexe A, suivant les dispositions de ladite
annexe ; ii) L'importation et l'exportation des substances chimiques inscrites à l'annexe A
conformément aux dispositions du paragraphe 2 ». Cette obligation est généralement suivie
d’une autre qui est celle de la communication des mesures prises ou de « reporting » à la
Conférence des parties de la convention concernée selon une certaine procédure et un
calendrier définie78.
76
Celle-ci reconnaît en son préambule et dans ses dispositions un ensemble de principes de la Déclaration de Rio
de 1992. Exemples des principes 2, 7, 15 et 16.
77
Protocole sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur
utilisation relatif à la Convention sur la Diversité Biologique, article 5(2).
78
Comme exemple l’article 7(1) et 15 de la Convention de Stockholm de 2001 précitée.
79
Arbitrage relatif à la ligne du Rhin de fer, (Royaume de Belgique v. Royaume du Pays Bas), Tribunal
d’arbitrage, 24 mai 2005, § 59.
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Toutefois, le principe d’intégration n’est pas le seul concept ou principe qui donne une
substance au concept de développement durable.
Ainsi, comme le concept de justice entre Etats qui est un élément de l’équité intra-
générationnelle, les principes définitionnels du concept de développement durable peuvent
être fragmentés en d’autres concepts ou principes utilisés notamment dans le cadre du Droit
international de l’environnement. Ces principes, on peut les appeler des principes subsidiaires
du développement durable ; car leur application, leur consolidation et leur développement
contribueraient efficacement au développement durable. En somme, ils permettent de lui
donner un contenu plus clair en termes d’obligations. Ces différents principes du
développement durable (définitionnels et subsidiaires), ont fait l’objet de débats lors de la
Conférence de Johannesburg en 2002. L’Association de droit international, dans la
Déclaration de New Delhi de 2002, en dégage sept principes. Le Groupe d’experts pour
l’identification des principes de droit international pour le développement durable des Nations
80
Principe 5 de la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le développement
(Déclaration de Rio) de 1992.
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Unies81 a quant à lui établi une liste de dix-neuf principes82. On peut citer entre autres les
principes de précaution, de prévention, de la responsabilité pour dommages transfrontaliers ou
de l’utilisation non dommageable du territoire, de la participation du public, de l’étude
d’impact environnementale, du pollueur payeur et de l'utilisation équitable et de gestion
concertée des ressources naturelles. Ceux-ci sont d’ailleurs pris en compte par la Déclaration
de Rio de 1992 et consacrés dans plusieurs conventions sur le développement durable ou dont
l’un des objectifs est la promotion du développement durable.
81
Le rapport a été établi sous l’instigation de la Division des Nations Unies pour le Développement Durable, à la
demande des Etats à la deuxième session de la Commission des nations Unies sur le développement Durable en
1994 et publié en Septembre 1995.
82
Department for Policy Coordination and Sustainable Development, Report of the Expert Group Meeting on
Identification of Principles of International Law for Sustainable Development, Geneva, Switzerland, 26-28
September 1995, Prepared by the Division for Sustainable Development for the Commission on Sustainable
Development Fourth Session, 18 April - 3 May 1996, New York
(http://www.un.org/esa/sustdev/documents/docs_sdissues_international%20law.htm).
83
Étant entendu que les dispositions normatives ne font pas toujours allusions à ceux-ci tel quel.
84
Article 4.
28
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CCNUCC stipule que, « il incombe aux Parties de prendre des mesures de précaution pour
prévoir, prévenir ou atténuer les causes des changements climatiques et en limiter les effets
néfastes ». Ce principe est aussi consacré à l’article 1 de la Convention de Stockholm sur les
polluants organiques persistants du 22 mai 2001.
85
Article 4 du protocole.
86
Article 8 du Protocole.
87
Préambule de la Convention sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et
l'accès à la justice en matière d'environnement dite convention d’Aarhus (par. 5).
88
Article 3 de la Convention d’Aarhus.
89
Obligation de mener une étude d’impact environnementale.
29
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90
De ceci on peut conclure à une reconnaissance juridique de l’évaluation environnementale stratégique.
30
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91
De mécanismes similaires sont envisagés par l’article 30 pour le non-respect du Protocole.
92
Kristina Maximova, « L’avenir du régime international sur les changements climatiques : quel véhicule
juridique ? », p.3, consulté sur
https://www.cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/sites/cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/files/texte_gagnant_2014.pdf (13 mai
2016).
93
En dehors des Etats, la CCNUCC et son protocole reconnaissent la possibilité pour une organisation
notamment les organisations régionales d’intégration économique d’adhérer aux textes et d’être soumise à
certaines obligations ; Cf. articles 22 et 15 (2) de la CCNUCC.
94
La différence dans le degré d’engagement est vérifiable par le fait que le peu d’obligations qui pèsent sur les
pays du Sud ou pays en développement est conditionné au respect de certains engagements par les pays de
l’Annexe II.
95
La méthodologie de comptabilisation telle que prévue par les articles 5 et 7 sera définie par les Accords de
Marrakech du 10 novembre 2001 et entérinée par la COP en 2005.
31
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inscrites dans le protocole consisteraient notamment à la mise en place d’un registre national
des crédits d’émission96.
Par contre, seuls les pays du Nord (les pays développés) ont des engagements juridiques
liés à la réduction des émissions pour la première période d’engagement qui était de 2008-
2012. De façon plus précise « Les Parties visées à l’annexe I font en sorte, individuellement
ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées, exprimées en équivalent-
dioxyde de carbone, des gaz à effet de serre indiqués à l’annexe A ne dépassent pas les
quantités qui leur sont attribuées […]97 ». La moyenne de réduction est de 5,2% pour la
première période d’engagement et de 18% pour la seconde98. Si ces engagements peuvent être
jugés comme étant faibles99, il n’en demeure pas moins que leur existence démontre de la
justiciabilité du principe de développement durable à travers celle le principe de
responsabilités communes mais différenciées.
Le Protocole de Kyoto offre aux Etats de l’Annexe I différentes méthodes par lesquelles
ils peuvent remplir leur obligation de réduction des GES. Il est établi à l’article 12 du
Protocole un Mécanisme de développement propre dont les conditions de participation sont
des obligations pour les Etats qui souscrivent à ce mécanisme. Dans le cadre de ce
mécanisme, les parties visées à l’Annexe I peuvent investir dans un projet de réduction
d’émission de GES dans un pays en développement. Selon le paragraphe 5 de l’article cité, le
pays investisseur (pays développé) reçoit ainsi un crédit sous forme d’unité de réduction
certifiée des émissions (URCE)100. La condition à remplir est que le projet procure des
avantages réels et durables et conduise à une réduction des GES en plus de ce qui aurait été
réalisée en l’absence du projet. Le pays d’accueil et le pays investisseur ont donc au terme
d’un tel accord101, une obligation de résultat : la réduction additionnelle des GES à travers le
projet dans le pays d’accueil.
96
Sandrine Maljean- Dubois et Matthieu WEMAËRE, La diplomatie climatique : les enjeux d’un régime
international du climat, Paris, Pedone, 2010, p. 129.
97
Article 3(1) du Protocole de Kyoto de 1998.
98
Article 3 (1bis), Amendement de Doha au Protocole de Kyoto, Décision 1/CMP.8, adoptée par la Conférence
des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, FCCC/KP/CMP/2012/13/Add.1, consulté
sur https://unfccc.int/files/kyoto_protocol/application/pdf/kp_doha_amendment_french.pdf (13 mai 2016).
99
Observation faite par Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 237.
100
Idem, p. 265.
101
On peut voir une matérialisation de ce procédé à travers le projet de récupération de biogaz mené par
l’entreprise HYSACAM au Cameroun avec ses partenaires, cf. Mécanisme pour un développement propre
consulté sur https://www.hysacam-proprete.com/node/139. Voir aussi Victorine Ghislaine Nzino Munongo, La
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Il est vrai que bien de dispositions sur le développement durable ou encore relatives à ce
concept sont souvent exprimées de façon vague. D’un autre côté, même lorsque les termes
utilisés sont clairs, il est difficile de dire avec exactitude la conduite imposée à la partie
concernée. A titre d’exemple on peut citer l’Accord de Paris adopté lors de la Conférence des
Parties à Paris en décembre 2015 (COP 21). Celui-ci reconnaît certes en son préambule et à
l’article 2(2) les principes de la CCNUCC. Néanmoins, l’on note une faiblesse dans les
engagements pris, faiblesse sensible notamment par un langage moins contraignant avec
l’utilisation des termes tels que « devraient », « peuvent », « sont encouragés », et
« reconnaissent ». Ainsi, contrairement au Protocole de Kyoto, les quantités d’émissions pour
chaque Etat ne sont pas précisées ; il revient à chaque partie de communiquer ses
engagements pris volontairement pour ce qui est de l’atténuation mais aussi d’adaptation102. Il
est vrai qu’un objectif mondial s’agissant du niveau de température moyenne par rapport au
niveau préindustriel est fixé à 2°C103. Il est difficile de voir en cet objectif une obligation
juridique. La question est à qui serait imputable la non- atteinte de celui-ci ? Cependant, les
dispositions relatives au développement durable ne sont pas les seules dans ce cas. Le Droit
international des droits de l’homme, qui met en exergue plusieurs obligations juridiques
utilise des termes semblables.
mise en œuvre du mécanisme pour un développement propre au Cameroun : le cas du projet HYSACAM,
Mémoire présenté aux fins de l’obtention d’un Master en droits de l’Homme et Action Humanitaire, Université
Catholique d’Afrique Centrale, 2012, consulté sur http://www.memoireonline.com/03/12/5601/m_La-mise-en-
oeuvre-du-mecanisme-pour-un-developpement-propre-au-Cameroun--le-cas-du-projet-HYSACAM.html.
102
Article 4 et 7 de l’Accord.
103
Article 2.
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des obligations minimales dans les dispositions imprécises liées au développement durable. Il
sera question de donner un exemple de telles obligations (paragraphe 2).
Aussi, les droits ou principes définis de façon vague peuvent être justiciables. Une telle
logique est relevée par certains auteurs s’agissant de la justiciabilité des droits de la 2 ème
génération qui font l’objet de critiques semblables. Selon une analyse faite par Jean- Maurice
Arbour et Sophie Lavallée, qui eux même s’appuient sur une analyse d’Olivier de Schutter, il
ne s’agit pas de savoir si les droits en question ont une définition concrète (degré d’abstraction
de la règle de droit). Il est plutôt question de savoir si les obligations imposées par la norme
104
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Droit International Public, Paris, LDGJ, 2009, p. 276.
105
« Le juge devant le marché commun », in Institut Universitaires des Hautes Études Internationales, Genève,
1970, 69 p, cité par Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp. 210- 233.
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sont « […] suffisamment définies pour permettre au Comité non pas d’indiquer dans le détail
quelles mesures doivent être prises, mais d’identifier dans le chef d’Etat certains
comportements qui constituent des violations suffisamment claires de ces obligations106 ».
Établissons un parallèle avec le développement durable. Il ne serait pas question pour les
dispositions dites abstraites que le juge prenne la place du politique et lui dicte dans les détails
les mesures à prendre alors que celles-ci n’auraient pas été définies. Il s’agit plutôt d’établir
que celles prises sont clairement contraire au traité ratifié. Le juge resterait ainsi dans le cadre
des activités dévolues au pouvoir judiciaire et selon le respect du principe de séparation des
pouvoirs ou encore celui de la souveraineté. Selon une telle approche, le principe de
développement durable serait donc justiciable.
Toutefois, pour que les dispositions formulées d’une manière large et générale, lient les
parties à un traité, il faut qu’elles satisfassent deux conditions.
106
Olivier de Schuster, le Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, Centre de philosophie du droit, cellule de recherche interdisciplinaire en droits de l’homme, Université
Catholique de Louvain, p. 11 [en ligne : http://cridho.cpdr.ucl.ac.be/working%20papers/cridho.wp.2005.03.pdf].
107
France c. Djibouti, Recueil CIJ 2008, p.37, § 113.
108
Michel Virally, ‘Le rôle des “principes” dans le développement du droit international’, in Recueil d’études de
droit international en hommage à Paul Guggenheim, Institut universitaire des hautes études internationales,
1968, pp. 531-535 (author’s translation), cité par Virginie Barral, Op. Cit., pp. 384- 400.
109
Dire Tladi, Op. Cit., p. 241.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Aussi, des obligations minimales peuvent être tirées des dispositions vagues liées au
développement durable.
110
Projet de barrage sur le Danube dit "Gabcikovo-Nagymaros" précitée, § 140.
111
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 239.
112
Raphaël Romi, Op. Cit., p. 55.
113
Ibid.
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A. L’obligation d’intégration
Prenant l’exemple de l’obligation de promouvoir le développement durable, cette
obligation est conventionnelle dans la mesure où elle est consacrée dans plusieurs textes
juridiques de cette nature. L’on peut citer l’article 8(e)114 de la Convention sur la diversité
biologique. S’il est vrai que le terme « promouvoir » en tant qu’obligation peut paraître vague,
l’on peut se référer aux autres parties des textes concernés et même des textes auxquels ont
participé ou auxquels l’Etat concerné est partie conformément au principe d’interprétation des
droits des traités, pour mettre en exergue un exemple de conduite attendue de ce dernier. Il
ressort d’une telle lecture croisée que promouvoir le développement durable revient à intégrer
la protection de l’environnement dans des textes, dans des politiques, dans des plans et
programmes de développement. Une telle lecture peut aussi être faite de l’article 3(4) de la
CCNUCC de 1992. L’article commence en ces termes : « Les Parties ont le droit d’œuvrer
pour un développement durable et doivent115 s’y employer ». L’on peut dire de l’emploi du
terme « doivent » comme traduisant une obligation pour les parties d’œuvrer pour le
développement durable. Cependant ceci ne dit pas exactement ce qui est attendue d’elles dans
le cadre d’une telle obligation. La suite de l’article permet quand même de faire un
rapprochement entre cette disposition et le principe de l’intégration, cette fois-ci appliqué à la
lutte contre les changements climatiques. Dans sa forme la plus vague, le développement
durable serait donc lié à des obligations de comportement et non de résultats, obligation qui
de par leur nature, sont généralement plus imprécises116.
D’un autre côté, l’application des règles d’interprétation peut aussi mettre en lumière
des obligations de résultats malgré la généralité des dispositions.
d’adoption de l’Accord119 permet d’affirmer que les parties qui participeraient au mécanisme
pour le développement durable120 ont la même obligation de résultat énoncée par l’article 12
du Protocole de Kyoto sur le MDP.
En outre, malgré le fait que le nouvel accord ne quantifie pas les engagements
individuels en matière de réduction des émissions, les parties ont quand même une obligation
minimale. En vertu de la règle pacta sunt servanda, les pays développés qui communiquent
volontairement des engagements de réduction d’émissions de GES ont une obligation de les
respecter.
119
Adoption de l’Accord de Paris, Décision 1-/ CP 21 du 12 décembre 2015 consulté sur
http://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09f.pdf (11 mai 2016).
120
L’expression est utilisée au Par. 38 de la décision d’adoption de l’Accord de Paris.
121
Le Compact est un mécanisme contractuel de réponse en cas de dommage causé à la diversité biologique en
conséquence de la libération d’un organisme vivant modifié adopté par six entreprises dans le cadre de la mise
en œuvre du principe pollueur- payeur. Cf. www.biodiversitécompact.org.
38
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Comme l’a relevé la CIJ, la substance du droit international coutumier intègre deux
éléments : la pratique effective et l’opinio juris des Etats124. L’élément matériel du processus
coutumier est l’ensemble des comportements des sujets de droit international125. Concernant
l’élément psychologique, pour qu’il existe une coutume établie, La CIJ précise que « les Etats
doivent avoir le sentiment de se conformer à ce qui équivaut à une obligation juridique. Ni la
fréquence, ni même le caractère habituel des actes ne suffisent. Il existe nombre d'actes
internationaux, dans le domaine du protocole par exemple, qui sont accomplis presque
invariablement mais qui sont motivés par de simples considérations de courtoisie,
122
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 355.
123
Kristin Bartentstein, « les origines du concept de développement durable », in 3 Revue juridique de
l’environnement, 2005, p. 289.
124
Affaire du Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/Malte), arrêt, Recueil CIJ 1985, p.29, § 27.
125
Il existe un débat doctrinal s’agissant de l’apport des organisations non gouvernementales à la formation
d’une coutume. Selon une pratique contemporaine, leurs comportements peuvent constituer l’élément matériel
de la coutume du moment où ils ne sont pas en opposition expresse des sujets premiers du droit international que
sont les Etats (Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 358).
39
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Il sera donc question dans ce chapitre de se baser sur ces moyens de preuve afin de
vérifier s’il existe effectivement une pratique générale (section 1) et un opinio juris valable
(section 2) s’agissant du principe de développement durable tel que défini par le Rapport
Brundtland. Il s’agira plus précisément de définir quelles obligations juridiques réunissent les
deux éléments et seraient donc justiciables.
126
Plateau continental de la mer du Nord, arrêt du 20 février 1969, Recueil CIJ 1969, p. 44.
127
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 366.
40
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Selon les règles du droit international, la pratique n’est effective que si trois conditions
sont réunies. Premièrement, il doit exister des comportements susceptibles de constituer des
précédents (paragraphe 1). Ensuite ces précédents doivent être répétés dans le temps et dans
l’espace (paragraphe 2).
Comme il a déjà été relevé, l’on note sur la sphère internationale et même nationale la
constance d’un discours en faveur du développement durable. Celui-ci est matérialisé par des
comportements qui constituent des précédents relatifs au principe en question. Ceux-ci de
portées juridiques différentes, contraignantes ou non sont cependant valables. En effet, les
comportements susceptibles de constituer des précédents peuvent correspondre à des actes
juridiques, internes ou internationaux mais ce n’est pas une nécessité. Ce qui importe est que
les actes ou agissements émanant des sujets du droit international soient opposables à leurs
auteurs. Et par le terme « opposable », la doctrine entend par là qu’ils ne soient pas viciés128.
Aussi, au rang de ces comportements ou actes, on peut citer des textes juridiques internes, des
discours politiques, des prises de positions sur le plan international, des actes judiciaires
internes et internationaux, des textes déclaratoires, des résolutions ou recommandations, des
directives et des conventions. Il sera question ici de donner des exemples de comportements
sur le plan interne (A), puis sur la scène internationale (B).
128
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 355.
129
Alexandre Flückiger, Op. Cit.
41
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tels que le principe de précaution à l’article 74. Pour Isabelle Romy, le principe est aussi
présent dans le droit de construction suisse130.
En outre, d’autres exemples existent dans d’autres pays. A titre d’exemple, la loi
fédérale sur le développement durable de 2008 au Canada132, la loi n°96/12 du 5 aout 1996
portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun et la loi n°00211/008
du 06 mai 2011 d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire
au Cameroun. On relève aussi des stratégies en faveur du développement durable telles que la
stratégie fédérale pour le développement durable de 2016- 2019 au Canada et les discours en
faveur du développement durable.
En outre, les actes judiciaires internes ont aussi été retenus comme pouvant faire partie
des précédents dans l’affaire du Lotus133. La préservation de l’environnement ou sa protection
en faveur des générations présentes mais aussi pour les générations futures, le leitmotiv du
développement durable est une cause qui caractérise la scène nationale. Cet objectif, qui doit
encadrer toute les actions des autorités étatiques est mis en avant par le juge interne dans
différentes affaires portant sur l’environnement. Par exemple, dans l’affaire Imperial Oil Ltd
v. Quebec (Minister of the Environment)134, portant sur un cas de pollution, la Cour Suprême
du Canada a souligné que « Québec environmental legislation is concerned not only with
safeguarding the environment of today, but it is also concerned with “evidence of an
emerging sense of inter-generational solidarity and acknowledgment of an environmental
debt to humanity and the world of tomorrow135”. Aussi reconnait-il au Ministère de
130
Isabelle Romy, Op. Cit., 42p.
131
Ministère des affaires étrangères et Européennes, La France à la loupe : le développement durable en France,
Info synthèse, Juin 2008, consulté sur www.ambassade-es.org (17 mai 2016).
132
Disponible sur http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/F-8.6/.
133
CPJI, série A n°10, p.28.
134
[2003] 2 S.C.R. 624 (Can.).
135
[2003] 2 S.C.R. 624 (Can.).para 19.
42
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l’environnement, l’obligation de prendre outres les mesures jugées nécessaires (dans ce cas
une étude d’impact) afin de résoudre un problème de pollution malgré le fait que ce dernier
aurait, avant les plaintes des résidents du secteur concerné approuvé un plan d’assainissement
de la société Imperial Oil ltd136. De plus, les auteurs Alexandre Flückiger137 et Béatriz
Esperança138 relèvent dans leurs ouvrages respectifs des exemples de décisions sur le plan
interne liées au principe du développement durable en Suisse, en Australie, en Inde et au Sri
Lanka.
Les prises de position en faveur du principe sur la scène internationale et dans le cadre
des procédures internationales sont aussi des exemples de précédents.
136
Katia Opalka and Joanna Myszka, “Sustainability and the Courts: A Snapshot of Canada in 2009”, in
Sustainable development in the courts, Sustainable Development Law &Policy (SDLP), Volume X, Issue 1,
2009,pp.62- 63.
137
Alexandre Flückiger, travail précité.
138
Béatriz Esperança, travail précité.
139
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 356.
140
Disponible sur http://www.state.gov/e/oes/sus/releases/176863.htm.
141
Disponible sur https://www.prc.cm/files/a7/77/b8/1006596420d80b5dd94ad6563dc1adc0.pdf.
43
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
142
Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p.90, consulté sur http://www.icj-
cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
143
Maljean-Dubois Sandrine, « L'arrêt rendu par la Cour internationale de Justice le 25 septembre 1997 en
l'affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie) », in Annuaire français de droit
international, Vol. 43, 1997. pp. 286-332.
144
Luis Anibal Avilés, travail précité.
145
Vol. X, Issue 1, American University Washington College of Law, 2009, 96 p.
146
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 356.
147
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 357.
148
On peut citer les résolutions 43/53 et 46/169 adoptées par l’Assemblée Générale de l’ONU même avant Rio
1992, en 1988 et 1991 respectivement.
44
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
donnera naissance à la création d’organes aux statuts divers tels que la Commission des
Nations Unies du développement durable, pour ne citer que celle-ci. Il importe peu, à notre
humble avis de revenir sur la multiplicité des conventions qui consacrent le principe et ses
sous principes, celles-ci ayant déjà été évoquées au chapitre 1. Ceci étant, tout porte à croire
que la pratique en la matière est répétitive dans le temps et l’espace.
Selon la doctrine et la jurisprudence, l’élément matériel doit être répétitif afin de faire
voir une pratique constante149 ou mieux encore constante et uniforme150. Dans le cadre du
développement durable, la pratique est constante dans la mesure où les différentes émanations
du principe sont conformes à sa nature pluridimensionnelle (A). D’autre part, on note une
participation représentative et/ ou fédératrice constante en matière conventionnelle (B).
Toutefois, il est relevé que la consécration du concept ou de son contenu est utilisée de
façon variable, rendant incertaine la nature même des obligations qui y sont liées. Pourtant,
l’on constate que dès la conférence de Rio, le concept est défini de façon générale et aucune
restriction n’est faite de son contenu. Au contraire, il est lié à certains principes qui définissent
son essence ou permettent sa réalisation. L’on ne peut ainsi parler d’une pratique inconstante
ou non uniforme, dans la mesure ou les différentes approches au développement durable
s’inscrivent bien en droite ligne de sa nature pluridimensionnelle.
En effet, « il n’est pas nécessaire pour qu’une règle soit coutumièrement étable que la
pratique correspondante y soit rigoureusement conforme152 ». Dans la mesure où les
149
CPJI, Wimbledon, série A n°1, p. 25.
150
Droit d’asile et droit de passage en territoire indien, arrêt, Recueil CIJ 1950, p. 227 et Rec. 1960, p. 40.
151
Les ODD permettent de mettre le principe au centre de la stratégie mondiale en faveur du développement
depuis novembre 2015.
152
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 359 ; les auteurs citent à cet effet la CIJ dans
l’affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, précisément l’arrêt du 27 juin
1986.
45
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
En plus de la représentativité, la CIJ, dans son arrêt sur le Plateau continental de la mer
du Nord, a posé trois autres conditions à la reconnaissance d'une coutume fondée sur les
conventions154. L'existence d’une coutume ne peut donc être présumée et doit en plus
répondre aux exigences que sont : « la disposition en cause doit avoir un caractère normatif,
[…], les réserves à la convention doivent être exclues et, enfin, la pratique des Etats doit
153
Affaire du Plateau continental de la Mer du Nord, précitée, p. 43.
154
Idem, p. 41-43.
46
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Il est à relever que certains des moyens de preuves cités plus haut pourraient être
utilisés. Cependant, la démarche est tout autre. Alors que dans la précédente section il s’est
agi de voir en ces moyens de preuve l’existence d’une pratique, dans celle-ci il est question de
détecter l’expression d’une reconnaissance du caractère impératif des obligations énoncées.
155
Frédérique Ferrand, Op. Cit., pp.265- 268.
156
Articles 24 de la CCNUCC, 37 de la CDB, 27 de l’Accord de Paris et 39 de la Convention Africaine de
Maputo de 2003, pour ne citer que ceux-ci.
157
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Droit, Op. Cit., p. 353.
158
Coutume sage.
159
Coutume sauvage.
47
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Dans le cas d’une coutume sauvage, l’on ne peut parler a priori de reconnaissance du
caractère obligatoire du principe coutumier dans la mesure où la pratique n’est que naissante.
L’élément psychologique apparaît donc comme « l’expression d’un besoin de droit161 ». La
reconnaissance, qui bien évidemment pourrait accompagner la pratique, serait alors une
confirmation et une clarification de ce besoin. Dans le cas du développement durable,
l’expression du besoin de droit peut être tirée de la déclaration issue de la Conférence de Rio
de 1992, adoptée alors que la pratique en la matière était encore naissante. En effet, à travers
le principe 27, l’ensemble des participants, entités étatiques et privées, organisations étatiques
et non gouvernementales, proclame que : « Les Etats et les peuples doivent coopérer de bonne
foi et dans un esprit de solidarité à l'application des principes consacrés dans la présente
Déclaration et au développement du droit international dans le domaine du développement
durable ».
160
Vaughan Lowe.
161
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 362.
162
Chef de projet pour l'application du chapitre 39 d'Action 21i, relatif aux instruments et mécanismes juridiques
internationaux
48
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principes et concepts figurant dans le rapport du Groupe d'experts sur l'identification des
principes du droit international pour le développement durable soient étudiés et approfondis,
dans l'optique de la formulation de nouveaux instruments obligatoires ou facultatifs, et de
l'interprétation et l'application des instruments existants relatifs au développement
durable163 ».
Ce besoin de droit est d’ailleurs confirmé dans une certaine mesure par la Cour
permanente d’arbitrage dans l’affaire du Rhin de fer. Dans sa sentence du 24 mai 2005, la
Cour met en exergue l’objectif du développement durable en précisant que « ainsi, lorsque le
développement risque de porter atteinte de manière significative à l’environnement, doit
exister une obligation d’empêcher ou au moins d’atténuer, cette pollution164 ».
Par ailleurs, la pratique confirme ce « besoin de droit » à travers les nombreux textes
contraignants qui reconnaissent le principe de développement durable ou les principes qui y
sont associés, dans le préambule ou dans le corps du texte. Et plus encore par ceux qui
réaffirment l’adhésion à la Déclaration de Rio de 1992165. L’on peut ainsi affirmer, que ce soit
en s’appuyant sur la pratique traditionnelle ou contemporaine, qu’il existe un opinio juris lié
au caractère normatif du développement durable.
Par contre, le concept étant de nature ondoyante et diverse, l’on ne saurait astreindre un
Etat ou une entreprise à n’importe quelle obligation au nom du développement durable.
Tout ceci permet d’affirmer qu’il serait difficile de conclure que le principe de
développement durable en tant qu’un tout ferait partie du droit international coutumier.
Cependant, une lecture différente peut être faite des concepts ou principes qui y sont liés. Une
telle approche est fidèle à la nature du concept qui de par sa globalité peut avoir à s’appliquer
différemment selon les domaines ou encore évoluer dans le temps. Il ne faudrait pas ainsi, au
nom du développement durable, demander aux Etats de répondre de tout et de n’importe quoi
mais seulement des obligations relatives au développement durable qui sont incontournables
ou irréductibles de par leur caractère coutumier.
De plus, la logique voudrait que face à un concept qui de par sa nature est appelé à
évoluer, l’on ne restreigne pas sa portée juridique en limitant sa capacité de contrainte au
regard de quelques éléments existants. Il est donc important de mettre en exergue le contenu
des obligations de nature coutumière pour lequel il y aurait Opinio juris sive necessatis
(conviction du droit ou de la nécessité). Cette restriction n’enlève en rien le caractère
justiciable des obligations ainsi définies. Dans le domaine du Droit international des droits de
l’homme, les droits de deuxième génération connaissent une appropriation judiciaire moins
affirmée que ceux de la première génération. Cela n’empêche en rien que l’effectivité du
caractère justiciable de ces derniers soit reconnue par la doctrine, la jurisprudence et les
conventions.
Ceci dit, les obligations coutumières liées au développement durable ne sont pas
seulement celles relatives à certains de ses principes subsidiaires.
50
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ceux-ci un caractère de norme de jus cogens dans la mesure où, ils ne lieraient que les Etats
qui n’auraient pas affirmé avec persistance la volonté de ne pas être liés par ces normes166.
166
Marie-Claire Cordonier Segger., Op. Cit., pp.10- 18.
167
« Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au
développement et à l'environnement des générations présentes et futures »
168
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 66.
169
27 RIAA (2005) 35, §. 59.
170
Notre emphase.
171
§140.
51
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particulier sur une ressource partagée172 ». De ceci ont pourrait conclure que le principe de
d’information et de participation dans le cadre de la protection de l’environnement est aussi
d’une valeur impérative dans la mesure où ceux-ci font partie intégrante de la mise en œuvre
de l’EIE.
172
Argentine c. Uruguay, arrêt du 20 avril 2010, Recueil CIJ 2010, § 204.
173
Recueil C.I.J 1996, p. 241-242, §. 29.
174
Autres exemples, Détroit de Corfou (Royaume-Uni c. Albanie), arrêt du 9 avril 1949 ; Fonderie de Trail,
Sentence du arbitrale du 11 mars 1941.
175
OMC, Communautés européennes- Mesures communautaires concernant les viandes et les produits carnés
(hormones), Rapport de l’Organe d’appel du 16 janvier 1998 (WT/DS26/AB/R).
176
ITLOS, Responsibilities and obligations of States sponsoring persons and entities with respect to activities in
the Area (Request for Advisory Opinion submitted to the Seabed Disputes Chamber), Advisory opinion of 1st
February 2011.
52
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Face à ces controverses, il nous semble que le principe de précaution, dont l’importance
est reconnue sur la scène internationale peut être une norme coutumière justiciable, mais
certainement pas d’applicabilité générale. Il revient donc au juge de l’appliquer à la lumière
des obligations qu’elles mettent en lumière dans différentes conventions, selon le cas concret
en présence.
Ceci étant, la pratique des sujets de droit international, Etats, personnes physiques et
morales, montre bien qu’il existe un élément matériel et une reconnaissance du caractère
impératif du principe de développement durable. Cette réalité est renforcée par la
jurisprudence du fait de l’application de certaines obligations qui découlent du principe en
tant que normes coutumières. Le principe de développement durable serait donc justiciable
dans le domaine du droit international coutumier, du moins, certaines de ses obligations
pourraient être imposées aux Etats hors du cadre conventionnel.
177
OMC, Communautés européennes- Mesures communautaires concernant les viandes et les produits carnés
(hormones), Rapport de l’Organe d’appel du 16 janvier 1998 (WT/DS26/AB/R).
178
Sophie Lavallée, « Le principe des responsabilités communes mais différenciées à Rio, Kyoto et Copenhague
: essai sur la responsabilité de protéger le climat », in Études internationales, Vol. 41, N° 1, 2010, pp. 62-78.
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Cette conclusion est toutefois relativisée sur le plan coutumier. En se référant aux règles
de preuve s’agissant de l’existence d’une coutume en droit international, l’on peut
difficilement affirmer sans l’ombre d’un doute, que le développement durable est un principe
coutumier. Cependant, l’on ne peut non plus affirmer qu’il n’existe pas des obligations liées
au développement durable ayant un caractère coutumier. Après une analyse de quelques unes
de ces obligations, l’on peut conclure que la nature coutumière du développement durable,
comme un tout caractérisé par des sous principes, est encore en construction. Pour l’heure, il
est attendu des Etats, de respecter certains principes subsidiaires du développement durable
tels que le principe d’intégration, de prévention et de l’usage non dommageable de son
territoire.
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Ceci étant, cette partie a pour but de déterminer le caractère justiciable du principe de
développement durable du point de vue procédural (chapitre 2) et à travers les solutions
applicables aux différends portant sur le principe (chapitre 3).
179
Alexandre Flückiger, Op. Cit., pp. 512-526.
180
Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats Unis
d’Amérique), Arrêt du 27 juin 1986, CIJ, §. 32- 35.
181
Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, Avis consultatif, Recueil CIJ 1996, p. 225, § 13.
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La condition procédurale pour qu’il y ait justiciabilité commande de se pencher sur les
règles qui entourent la participation du juge au processus juridictionnel relatif à une violation
du principe. La compétence d’une juridiction est généralement fondée sur les textes qui
reconnaissent la capacité à celle-ci de régler les différends entre les parties. Une lecture des
conventions relatives au principe de développement durable permet d’affirmer qu’il existe un
juge compétent sur le plan universel et régional. Par ailleurs, la pratique même de certaines
juridictions et le corps de règles qui les régissent permettent d’élargir leur champ de
compétence.
En outre, ces mêmes règles et textes contraignants établissent des règles de recevabilité,
et par là l’identité des parties qui peuvent être convoquées devant ces juridictions. Suivant
cette logique, il apparaît que les Etats ne soient pas les seuls créditeurs et débiteurs des
obligations juridiques du principe. La qualité de partie peut être reconnue aux personnes
physiques et morales, individus, organisations et entreprises. Il sera donc question dans ce
chapitre de déterminer l’identité du juge du développement durable (section 1) et ensuite des
débiteurs et créditeurs du principe (section 2).
57
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
La CIJ est la juridiction la plus citée dans les conventions relatives au principe du
développement durable. Pourtant, les juridictions permanentes et/ou spécialisées telles que
celles de l’OMC, du droit de la mer, des différends relatifs aux Investissements, ont eu à se
prononcer sur des éléments du principe. Toutefois, le principe semble être très souvent utilisé
comme outil d’interprétation. Il est donc question de voir dans quelle mesure toutes ses
juridictions peuvent être saisies de plein droit pour des griefs portant sur les obligations liées
au développement durable. Dans une moindre mesure, il s’agira de présenter brièvement les
questions de procédures particulières à celles-ci. Une lecture de l’applicabilité du principe
devant ces juridictions permet de mettre en exergue l’existence d’un juge sur le plan universel
(paragraphe 1) et sur le plan régional (paragraphe 2).
Il est à relever que la possibilité de recourir à l’arbitrage est aussi envisagée dans
plusieurs conventions,182 ainsi que la création d’organes quasi-juridictionnels pour régler les
questions de violation183. Cependant, par souci de concision, ce travail ne s’étendra pas sur
cette question, ni sur le recours à la médiation ou à la conciliation.
L’on note une compétence affirmée de la CIJ et des tribunaux créés par la Convention
sur le droit de la mer (A). Les normes qui encadrent les différentes juridictions compétentes
en matière de commerce et d’investissement mettent également en exergue la possibilité de
régler les différends relatifs au développement durable (B).
182
Article 14 (2) (b) de la CCNUCCC, article 27 (3) (a) de la CDB, article 15 (2) (b) de la Convention sur
l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un contexte transfrontière et les annexes VII et VIII de la
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
183
Le Comité de contrôle du Protocole de Kyoto et le mécanisme de suivi du protocole de Nagoya (article 30).
184
L’Article 27 (3) (b) de la Convention sur la diversité biologique, l’article 24 de l’accord de Paris, l’article
16(3) de la Convention d’Aarhus et l’article 15(2) de la Convention d’Espoo, pour ne citer que ceux-ci.
58
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pour ce qui est de tout différend lié à l’interprétation ou à l’application de la Convention, elle
reconnaît comme obligatoire de plein droit et sans convention spéciale, à l’égard de toute
Partie acceptant la même obligation: a) La soumission du différend à la Cour internationale
de Justice ».
La première possibilité, qui n’est limitée d’aucune condition, donne à penser que la CIJ
a une compétence illimitée. Le juge Sir Robert Jennings semble être de cet avis, ainsi que les
auteurs Mario Prost et Julien Fouret, qui relèvent d’ailleurs le manque de limitation
géographique et matérielle de la compétence de la Cour186. Ce cas de figure ouvre ainsi la
voie à la compétence de la Cour pour les différends basés sur les normes coutumières de
caractère général relatives au principe de développement durable lorsque les parties au Statut
ne seraient, l’une ou l’autre liée par aucune convention.
185
Exemple, l’affaire des usines de pâtes à papier, précitée, § 1.
186
Mario Prostet Julien Fouret, « Du rôle de la Cour Internationale de Justice : peau neuve ou peau de chagrin?
Quelques réflexions sur l'arbitralisation de la cour mondiale », in Revue Québécoise de Droit International,
N°16/2, 2003, pp. 204- 233.
187
Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p.90, consulté sur http://www.icj-
cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Par ailleurs l’utilisation du principe par le juge, même si en tant qu’outil d’interprétation,
montre bien que celui-ci peut être applicable aux cas concrets.
De même, dans l’affaire des usines de pâte à papier, certaines des questions de droits
qui motivent la saisine de l’Argentine portent sur le principe de développement durable. En
effet, le requérant allègue les violations d’un nombre d’obligations du défendant en vertu du
Traité de 1975 dont l’obligation d’information préalable et l’obligation de procéder à une
étude d’impact sur l’environnement. Il ressort de ceci que la CIJ peut bien être saisie des
différends liés à la violation des obligations du développement durable ; le principe est donc
justiciable.
Le TIDM peut aussi être saisi des différends relatifs au principe. Aux termes de l’article
288 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 188, le
TIDM a compétence pour connaître de tout différend relatif à l’interprétation ou à
l’application de la Convention ainsi que de tout autre accord se rapportant à ses buts. La
XIIème partie de la Convention impose aux parties des obligations liées au développement
durable notamment l'utilisation non dommageable du territoire (article 194), et l'évaluation
des effets potentiels des activités sur le milieu marin (article 206). Par ailleurs, le lien de la
Convention avec le principe peut être établi dès le préambule même si celui-ci n’est pas
cité189. Selon une lecture des paragraphes 4 et 5, la Convention a pour objectif d’établir un
ordre juridique pour les mers et les océans … qui favorise les utilisations pacifiques des mers
et des océans, l'utilisation équitable et efficace de leurs ressources, la conservation de leurs
ressources biologiques et l'étude, la protection et la préservation du milieu marin, afin de
mettre en place un ordre économique international juste et équitable dans lequel il serait tenu
compte des intérêts et besoins de l'humanité tout entière et, en particulier, des intérêts et
besoins spécifiques des pays en développement. Il est donc bien question de satisfaire
équitablement aux besoins de toute l’humanité tout en protégeant et préservant le milieu
marin et ses ressources.
188
Convention de Montego Bay.
189
Ce qui est normal puisque la Convention a été adoptée avant la formalisation du principe.
60
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d’interprétation évolutive des dispositions liées à l’environnement utilisé par la CIJ dans
plusieurs affaires notamment l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaroset par l’ORD dans
l’affaire des crevettes I190. Cette possibilité d’ouverture est reconnue par Christophe Nouzha
s’agissant de l’utilisation du principe de précaution par le tribunal. Il souligne ainsi qu’il « est
toujours possible pour les parties à un différend porté devant le Tribunal de se fonder sur les
règles de droit international qui ne sont pas incompatibles avec la Convention, comme
l'indique l'article 293191 ». Ainsi dans l’affaire du Thon à nageoire bleu, les demandeurs
fondent également leur prétention sur la Convention du 10 mai 1993 pour la conservation du
thon à nageoire bleue qui sera d’ailleurs pris en compte par le tribunal192.
190
OMC, Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, Organe
d’appel, Rapport États-Unis du 12 octobre 1998 (WT/DS58/AB/R).
191
Christophe Nouzha, « le rôle du Tribunal International du Droit de la Mer dans la protection du milieu
marin », Revue québécoise de droit international, Vol. 18, N°2, 2005, pp.86-90.
192
Affaires du thon à la nageoire bleue (Nouvelle-Zélande c. Japon ; Australie c. Japon), Affaires no 3 et 4,
Ordonnance du 27 août 1999, TIDM 1999, § 50.
193
Parfait Oumba, Op. Cit., p. 116-120.
194
Affaire relative aux travaux de poldérisation par Singapour à l'intérieur et à proximité du Détroit de Johor
(Malaisie c. Singapour), mesures conservatoires, Ordonnance du 8 octobre 2003, TIDM 2003, § 96.
195
TIDM, Affaire de l'usine MOX (Irlande c. Royaume-Uni), Affaire n° 10, Ordonnance du 3 décembre 2001, §
26.
196
Idem, § 89 ; et aussi Affaire du Détroit de Johor, précitée, § 106.
197
Principe 7 et 12.
61
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198
Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, précitée.
199
Hubert Lesaffre, Le règlement des différends au sein de l’OMC et le droit de la responsabilité internationale,
LGDJ, 2007, p.33- 34.
200
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 1248.
201
Les principaux accords commerciaux de l’OMC reliés à l’environnement sont l’accord sur les obstacles
techniques au commerce (Accord OTC), l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires
(Accord SPS), l’Accord sur l’agriculture et l’Accord sur les services.
202
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 639. Voir dans cet ordre d’idée l’affaire des Mesures
communautaires concernant les viandes et les produits carnés (hormones) ou affaire du bœuf aux hormones (DS
48).
203
L’article 5 (7) opère une ouverture pour les cas où les informations scientifiques pertinentes ne sont pas
suffisantes.
204
Voir par exemple l’affaire du bœuf aux hormones (DS 48) et les affaires des Mesures communautaires
affectant l’approbation et la commercialisation des produits biotechnologiques.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
effet, selon l’organe d’appel dans l’affaire Crevettes, le paragraphe introductif pose trois
conditions, à savoir : la mesure prise ne doit pas produire une discrimination arbitraire entre
pays où les mêmes conditions existent ; la discrimination ne doit pas être injustifiée ; ni être
une restriction déguisée au commerce international. Aussi, malgré le fait que la mesure prise
par les Etats Unies soit considérée comme entrant dans le champ d’application de l’article
XX, elle a été jugée contraire aux règles de l’OMC à la lumière de ces conditions 205. En
définitive, le principe de non- discrimination prend l’ascendance sur la nécessité de protéger
l’environnement.
205
Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, précitée, § 159.
206
Dans le même ordre d’idée, au niveau du préambule de leur Décision sur le commerce et l'environnement, les
Ministres de Marrakech précisent que « …qu'il ne devrait pas y avoir, et qu'il n'y a pas nécessairement, de
contradiction au plan des politiques entre la préservation et la sauvegarde d'un système commercial multilatéral
ouvert, non discriminatoire et équitable d'une part et les actions visant à protéger l'environnement et à
promouvoir le développement durable … ».
207
Jorge Viñuales, « Foreign Investment and the Environment in International law: an ambiguous relationship »,
in British Yearbook of International Law, Vol. 80, 2010, pp. 314-315, cité par Mélanie Riofrío Piché, Les
considérations environnementales dans l’arbitrage d’investissement sous l’égide du CIRDI, Mémoire présenté à
la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de Maîtrise en droit des affaires, Université de
Montréal, 2014, p. 55. Voir aussi Parkerings-Compagniet AS c. Lituanie, affaire CIRDI no. ARB/05/8, Décision
du 11 septembre 2007, § 369.
208
Le CIRDI est créé dans le cadre de la Convention pour le règlement des différends relatifs aux
investissements entre Etats et ressortissants d’autres Etats, conclue en 1965 sous les auspices de la BIRD.
63
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Ainsi, selon Jorge Viñuales, il est possible d’identifier des réclamations d’ordre
environnemental présentées comme des réclamations d’investissement et des réclamations
environnementales présentées de manière indépendante213. Dans le premier cas de figures, ce
sont les effets dommageables sur les investissements causés par la violation d’une norme
environnementale qui fondent le motif du recours. Le second cas est plus difficile à envisager.
La compétence du CIRDI ne pourrait être établie que si les obligations ou droits défendus font
209
Toutefois, selon le test Salini (SaliniCostruttoriSpA et ItalstradeSpA c. Maroc, affaire CIRDI no. ARB/00/4,
Décision sur la compétence du 23 juillet 2001), quatre critères cumulatifs permettent de circonscrire le sens de la
notion « investissement » : l’existence d’une contribution économique substantielle, une certaine durée du projet,
la participation aux risques de la transaction et la contribution au développement de l’État hôte.
210
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p. 43 et suivants.
211
On peut citer Biwater Gauff (Tanzania) Ltd. (Biwater) c. Tanzanie, affaire CIRDI n° ARB/05/22, sentence du
24 juillet 2008; Suez, Sociedad General de Aguas de Barcelona S.A., and InterAguas Servicios Integrales del
Agua S.A., (Suez) c. Argentine, affaire CIRDI n° ARB/03/17, sentence au fond du 30 juillet 2010 ; Piero Foresti,
Laura de Carli & Others (Foresti) c. Afrique du Sud, affaire CIRDI n° ARB(AF)/07/01, sentence du 4 août
2010.
212
Emilio Maffezini c. le Royaume de l’Espagne, Affaire CIRDI no. ARB/97/7, Décision du 13 novembre 2000,
§ 65.
213
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p. 21.
64
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
partie de la clause arbitrale ou sont inscrits dans l’accord d’investissement qui lie les parties.
Il pourrait ainsi arriver que l’accord portant sur l’investissement contienne des standards de
protection de l’environnement214. Dans la mesure où le tribunal statue en premier lieu
conformément aux règles de droit adoptées par les parties215, les obligations de nature
environnementales seraient donc justiciables.
Ceci étant, il est difficile, même si possible, d’imaginer qu’un recours devant le CIRDI
puisse être fondé sur le principe de développement durable malgré les connotations
environnementales liées à beaucoup de différends.
214
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p.23.
215
Article 42 (1) de la Convention instituant le CIRDI.
216
Organisation intergouvernementale établie initialement par la Convention de 1899 pour le règlement
pacifique des conflits internationaux impliquant diverses combinaisons d’États, d’entités étatiques,
d’organisations intergouvernementales et de parties privées.
217
Règlement des différends environnementaux à consulter sur https://pca-cpa.org/fr/services/arbitration-
services/environmental-dispute-resolution/.
218
Arbitrage relative à la ligne du Rhin de fer, précitée.
219
Deuxième révision adoptée en septembre 2012, cf. www.biodiversitycompact.org.
65
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Il s’agit de parler de la Cour de justice de l’Union européenne (A) et du juge des droits
de l’homme (B).
220
A consulter sur http://www.greenclimate.fund/.
221
L’organisme proposant le plus haut degré de certification pour les crédits-carbone compensatoires générés par
les projets répondant aux conditions requises prévus par le Mécanisme de développement propre du Protocole de
Kyoto
222
A consulter sur http://www.goldstandard.org/.
223
La Cour est présentée comme un organe de l’UE à l’article 13 (1) du TUE.
224
Adopté le 13 décembre 2007, entré en vigueur en 2009.
225
Article 19 (1) du TUE.
226
Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp.215- 237.
227
Idem, pp.214- 237.
66
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Dans l’affaire Afton Chemical Limited contre Secretary of State for Transport, il était
question pour la Cour de se prononcer sur la validité de la Directive 2009/30 à la lumière,
entre autres, du principe de précaution232. La High Court of Justice (England & Wales),
l‘auteur de ce recours préjudiciel, faisait ainsi écho à la demande d’annulation de certaines
dispositions de l’acte présentées par Afton sur la base, entre autres, du principe de
précaution233. La Cour va d’ailleurs s’inspirer du principe de développement durable. En effet,
elle précise que « il importe de vérifier si, en exerçant son pouvoir d’appréciation, le
législateur de l’Union a tenté d’assurer un certain équilibre entre, d’une part, la protection
de la santé, de l’environnement et des consommateurs et, d’autre part, les intérêts
économiques des opérateurs, dans la poursuite de l’objectif qui lui est assigné par le traité
d’assurer un niveau élevé de protection de la santé et de l’environnement234 ».
Par ailleurs, le principe de précaution est également évoqué dans le cadre des recours en
pourvoi. Dans le cadre de l’affaire Acino contre Commission, le requérant remettait en cause
« […] l’appréciation par le Tribunal des conditions d’application des articles 116 et 117 de
la directive 2001/83 au regard du principe de précaution, tel que dégagé par la jurisprudence
de la Cour235 ».
228
Communication, « partenariat d’intégration : une stratégie pour intégrer l’environnement dans les politiques
de l’UE ». COM (1998) 333 du 27/5/98.
229
Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp.221- 237.
230
Celui-ci est désormais appelé « tribunal » conformément au Traité de Lisbonne.
231
Arrêt du 11 juillet 2007, Suède / Commission, T-229/04, EU : T : 2007 :217, points 54 et 262.
232
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 9.
233
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 44.
234
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 56.
235
Arrêt du 10 avril 2014, Acino / Commission, C-269/13, EU : C : 2014:255, point 43. Voir aussi le point 38.
67
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
En outre, les recours en manquement ont également été introduites devant la Cour
communautaire sur la base des allégations de violations des dispositions des traités,
règlements ou directives portant sur les obligations liées au développement durable. On peut
citer comme exemple, l’affaire Commission Européenne contre Suède236. Celle-ci portait sur
le manquement aux obligations en vertu de la Directive 2008/1/CE du Parlement européen et
du Conseil, du 15 janvier 2008, relative à la prévention et à la réduction intégrées de la
pollution (IPPC). La disposition citée commande aux Etats de prendre des mesures
nécessaires afin que les installations existantes soient exploitées selon certaines règles. Il
s’agit notamment du respect de l’accès à l’information et de la participation du public à la
procédure d’autorisation.
236
C-607/10, EU : C : 2012:192.
237
Principe 1.
68
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Il ressort de ceci, que le principe de développement durable pourrait être invoqué dans
les différends portant sur ces droits en appui aux dispositions qui les consacrent. On peut par
exemple imaginer un recours porté contre un Etat pour violation du droit à un environnement
sain à travers le non-respect du principe d’intégration, du moment où cet Etat aurait ratifié des
conventions portant sur le principe239. Cette possibilité se trouve confirmée par la décision de
la Commission ADHP dans l’affaire SERAC c. Nigéria. En effet, dans le cadre de cette
affaire, la Commission va rattacher le principe de prévention et de promotion du
développement écologiquement durable au droit à un environnement sain. Celle-ci déclare
que ce droit requiert de l’Etat « de prendre des mesures raisonnables et d’autres mesures
pour prévenir la pollution et la dégradation écologique, favoriser la préservation de
l’environnement et garantir un développement écologiquement durable et l’utilisation des
ressources naturelles240 ». Le développement durable apparaît donc comme une obligation
par ricochet.
Cette construction pratique est d’ailleurs utilisée dans le système européen des droits de
l’homme. Un exemple est l’application jurisprudentielle du droit à un environnement sain.
Malgré le fait que ce droit ne soit pas expressément consacré, la Cour européenne des droits
de l’homme a affirmé l’existence de ce droit en le rattachant au droit au respect de la vie
privée, familiale et du domicile241. Cependant, la Convention EDH ne permet pas à son état
actuel une application directe des principes de protection de l’environnement. On note quant
même le fait que l’approche de précaution fut évoquée en filigrane dans quelques affaires. On
relève surtout le regret des juges de la minorité que la Cour n’ait pas mis en exergue le
principe dans l’affaire Balmer-Schafroth c. Suisse du 26 août 1997242.
238
Cité dans Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and Social Rights v.
Nigeria, Communication 155/96 de 2002, ACHPR, § 51
239
Tel que la Charte africaine de la démocratie, des élections, et de la gouvernance de 2010.
240
Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and Social Rights v. Nigeria,
précitée, § 52.
241
Voir pour exemple l’affaire Lopez Ostra c. Italie, requête N°16798/90, décision du 09 décembre 1994,
CEDH.
242
Guillaume Bonnel, Le principe juridique écrit et le droit de l'environnement, Thèse présentée pour le doctorat
en droit nouveau régime, et soutenue publiquement le 22 juin 2005, Université de Limoges, p. 206.
69
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Il est à relever cependant que la Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples relatif aux droits des femmes du 11 juillet 2003 reconnaît à la femme le droit à un
développement durable. Même si l’expression « développement durable » telle qu’appliquée
dans ce contexte n’est pas conforme au principe du développement durable, on note
néanmoins la mise en évidence d’un droit de participation. En effet, l’article 19 (b) commande
aux Etats d’« assurer une participation équitable des femmes à tous les niveaux de la
conception, de la prise de décisions, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et
programmes de développement ». Une obligation similaire est inscrite au paragraphe (a) de
l’article 18 portant sur le droit à un environnement sain. Il en ressort que le principe de
participation et même celui de développement durable pourraient être invoqués devant les
organes de la Charte africaine à l’appui des dispositions pertinentes du Protocole de Maputo.
Ainsi, certaines juridictions ont compétence sur les différends relatifs au développement
durable du fait que les textes, d’où elles tirent leur légalité, reconnaissent le principe comme
une obligation juridique. Le principe serait dans ce cas justiciable. D’autres par contre,
statuent bien sur des différends portant sur la conciliation entre le développement et
l’environnement, sans pour autant que le principe ne puisse leur être imposé. En effet, celui-ci
n’est pas reconnu comme une obligation, mais quelque fois seulement comme un objectif. De
ce fait, il ne peut être l’argumentaire juridique sur laquelle pourrait se fonder la prétention du
demandeur. Le développement durable ne serait, dans ces cas-là, qu’un outil d’interprétation.
Ceci dit, la plupart des litiges liés au développement durable mettent en conflit des Etats.
Ceux-ci ne sont pourtant pas les seules parties possibles.
243
Articles 14 et 16.
70
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
D’un autre côté, un recours ne peut être intenté que contre une personne (morale ou
physique) titulaire d’une obligation en droit. Par ailleurs, l’acte ou le manquement critiqué
doit avoir un lien avec le préjudice évoqué.
La notion de préjudice est donc importante à la définition des parties pouvant ester en
justice. Mais elle est liée à l’acte même (le fait générateur) et surtout est une condition au
droit de réclamer réparation246. Elle n’est donc pas directement liée à la notion de
justiciabilité, mais plutôt à l’exercice du contentieux. De ce fait, il sera surtout question de
voir du point de vue des conventions et statuts des juridictions internationales compétentes,
les personnes ayant le droit de saisine (paragraphe 1) et qualité de défendeur (paragraphe 2)
dans le cadre de recours pour violation des principes de développement durable.
Le droit de saisine est conféré aux Etats, de façon individuelle ou collective (A), ainsi
qu’aux personnes physiques et morales (B).
244
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p.882. Voir aussi, affaire de la Barcelona Traction,
Light and Power Company, limited - deuxième phase (Belgique c. Espagne), arrêt du 5 février 1970, recueil CIJ
1992, § 32-101.
245
« Un Etat est en droit en tant qu’un Etat lésé d’invoquer la responsabilité d’un autre Etat si l’obligation
violée est due :
a) A cet Etat individuellement ; ou
b) A un groupe d’Etats dont il fait partie ou à la communauté internationale dans son ensemble, et si la
violation de l’obligation :
i) Atteint spécialement cet Etat ; ou […] ».
246
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 851.
71
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D’autres droits plus précis leur sont expressément dévolus. Conformément au principe
19 de la Déclaration de Rio de 1992, il existe un droit à l’information et à la consultation
lorsqu’une activité est susceptible d’avoir des effets transfrontières aux Etats voisins. Le droit
à l’information est aussi inscrit à l’article14 1(d) de la CDB. On peut ajouter à ces droits, le
droit à l’utilisation équitable des ressources partagées et le droit à la réparation pour dommage
transfrontière.
En principe, l’existence de tels droits et surtout des droits procéduraux serait un motif
suffisant de saisine du juge international en cas de violation même en absence d’un dommage
concret. Ceci entrerait bien dans le cadre de la notion de dommage moral ou encore du
dommage juridique qui renvoie à la simple violation du droit de l’Etat lésé. Ainsi selon
Anzilotti, « le seul* fait qu'un État voit un de ses droits* méconnu par un autre État implique
un dommage* que celui-ci ne peut pas être tenu de supporter, quand même n'en devraient pas
dériver des conséquences matérielles247 ». De façon générale, il existe une relation de
corrélation entre obligations et droits. A ce titre, les conventions précisent les personnes
habilitées à saisir la juridiction compétente pour les violations de toutes les obligations y
inscrites ou de certaines, selon les cas.
Ceci étant, que ce soit sur la sphère universelle ou régionale, devant les juridictions
permanentes ou spécialisées, l’Etat est considéré comme le premier justiciable en droit
international. A titre d’exemple, l’article 34(1) du Statut de la CIJ stipule que seuls les Etats
Rapport de la Commission du droit international sur les travaux de sa quarante-cinquième session (3 mai –
247
ont qualité à se présenter devant la Cour. De même, l’article 20 (1) du Statut du TIDM précise
que le tribunal est ouvert aux Etats parties.
Par ailleurs, aux termes de l’article 19 (3) (a) du TUE, la compétence rationae personae
de la CJUE s’étend aux institutions de l’UE251. Celles-ci, garantes des obligations reconnues
aux Etats parties et donc celles liées au développement durable, ont ainsi un droit de saisine
selon leur domaine de compétence. Conformément à l’article 258 TFUE, la Commission
européenne peut saisir le juge communautaire pour manquement d’un Etat à ses obligations.
Cette saisine doit cependant être précédée d’un avis adressé à cet Etat. C’est le non- respect de
cet avis qui permet le déclenchement de la procédure contentieuse. Ce fut le cas dans l’affaire
Commission Européenne contre Suède252portant sur le manquement aux obligations en vertu
de la Directive 2008/1/CE du Parlement européen et du Conseil, du 15 janvier 2008 et dans
laquelle le principe de prévention est invoqué.
248
Cas Bernadotte, Recueil CIJ 1949, pp. 179-185.
249
TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la
Commission Sous-Régionale des Pêches, § 158 (https://www.itlos.org/fr/affaires/role-des-affaires/affaire-no-21/)
250
Cf. https://www.itlos.org. On relève cependant la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches le 27 mars 2013.
251
Voir aussi l’article 263 (2) du TFUE.
252
Commission/Suède, C-607/10, EU : C : 2012:192.
73
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
En outre, le droit de saisine des personnes physiques et morales, est reconnu aussi bien
devant le TIDM253, le CIRDI254 que devant la CJUE255.
Dans le cadre des litiges liés aux investissements et conformément à l’article 25 (2) (a)
de la Convention de Washington, la personne physique ne doit pas avoir la nationalité du
défendeur, sauf si celui-ci accepte expressément un tel recours. Le droit de saisine de la
personne morale ou physique peut être de source directe ou indirecte. Il est de source directe
lorsqu’il naît de l’existence d’un contrat entre l’entreprise et l’Etat dans lequel le recours à
l’arbitrage est spécifié. Il est indirect lorsque la saisine repose sur l’acceptation de compétence
de l’Etat dont il est ressortissant en vertu de la Convention de Washington ou de toute autre
convention pertinente. Toutefois, le droit de saisine est conditionnée par l’épuisement de
recours interne au cas où l’Etat défendeur l’aurait requis (article 26 Convention de
Washington).
253
Article 20 du statut du TIDM et 190 (2) de la Convention sur le droit de la mer.
254
Article 25 § 2 de la Convention de Washington.
255
Article 293 (4) du TFUE. Dans le cadre de l’union européenne, le seule recours ouvert aux entreprises et
individus est le recours en annulation d’un acte jugé contraire aux traités et règles de l’UE.
256
On peut citer ici Biwater Gauff (Tanzania) Ltd. (Biwater) c. Tanzanie ; Suez, Sociedad General de Aguas de
Barcelona S.A., and InterAguas Servicios Integrales del Agua S.A. (Suez) c. Argentine, et Emilio Maffezini c. le
Royaume de l’Espagne, précitées.
257
Arrêts du 15 juillet 1963, 25/62, Rec. p. 197, 223, et du 18 mai 1994, C-309/89, Rec. p. I-1853, point 20.
74
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
pourrait donc directement demander l’annulation d’une directive simplement parce que celle-
ci concerne les producteurs de MMT258.
Ceci étant, les conventions, traités universels et régionaux portant sur le développement
durable ne reconnaissent pas aux individus un droit au développement durable qui aurait pu
donner lieu à un actio popularis. Certains textes reconnaissent par contre un ensemble de
droits procéduraux tels que le droit à l’information, à la participation aux évaluations
environnementales et à l’accès à la justice pour violation de ces droits ou pour dommages
environnementaux. Il s’agit notamment de la Convention africaine de Maputo et précisément
l’article 16. Toutefois, compte tenu du fait que les individus ne soient pas partie à de tels
textes, leur droit ne pourrait être défendu que par leurs Etats en application de la notion de
préjudice médiat et des règles liées à la protection diplomatique. Il n’est pas exclu cependant,
que pour un recours devant les juridictions de droits de l’homme, un individu ou une ONG
invoque les obligations du développement durable à l’appui d’un droit, selon les cas de
figures évoqués à la section précédente. Celui-ci ne pourrait cependant pas être défendeur
pour un litige portant sur le développement durable.
En plus des Etats, les principes du développement durable lient d’autres sujets du droit
international que sont les entreprises et même les organisations intergouvernementales (A).
258
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 22 et suivants.
259
Tullio Treves, « Le Règlement du Tribunal international du droit de la mer entre tradition et innovation» in 43
A.F.D.I., 1997, p. 361.
260
Christophe Nouzha, « le rôle du Tribunal International du Droit de la Mer dans la protection du milieu
marin », in Revue québécoise de droit international, Vol. 18, N°2, 2005, pp. 69-90.
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Ceci découle notamment de leur qualité de parties aux accords internationaux. Les conditions
d’adhésion des communautés étatiques commandent de se pencher sur conditions qui
encadrent leur responsabilité (B).
261
Certaines questions concernant l’entraide judiciaire en matière pénale (Djibouti c. France), Arrêt du 4 juin
2008, disponible sur : http://www.haguejusticeportal.net/eCache/DEF/9/388.TD1GUg.html.
262
Affaire Haya de la Torre (Colombie c. Pérou), Arrêt du 13 juin 1951, Recueil CIJ.1951, p. 78, disponible sur
: http://www.icj-cij.org/docket/files/14/1936.pdf.
263
Le Compact, préambule C, par. 2.
264
Ce sont BASF Plant Science Company GmbH, Bayer Crop Science Aktiengesellschaft, Dow Agro sciences,
DuPont, Monsanto Company et Syngenta Crop Protection AG.
(http://www.biodiversitycompact.org/about/membership consulté le 02 juin 2016).
76
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Les recours contre les entreprises sont également envisageables dans le cadre du CIRDI
dans la mesure où les règles du centre reconnaissent comme parties, sans distinction, les Etats
et les entreprises.
Une organisation intergouvernementale peut aussi être appelée à répondre de ses actes
dans le cadre des litiges portant sur les investissements, de ceux de caractère commercial266 et
devant le TIDM. A titre d’exemple, l’affaire concernant la conservation et l’exploitation
durable des stocks d’espadon dans l’océan pacifique sud-est devant la chambre spéciale du
TIDM, portait sur un différend entre le Chili et la Communauté européenne, tous deux parties
à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Le Chili reprochait principalement à
l’organisation, d’avoir manqué à ses obligations s’agissant d’assurer la conservation de
l’espadon, au cours des activités de pêche entreprises dans la haute mer adjacente à la zone
économique exclusive du Chili par les navires battant pavillon de l’un quelconque des Etats
membres de la Communauté. Il lui reprochait également d’avoir manqué à ses obligations de
coopération en vertu de la Convention267.
265
Préambule E.
266
Affaire Municipalité de district de La Punta (Pérou) c. Le Bureau des Nations unies pour les services d'appui
aux projets (UNOPS), en cours (http://archive.pca-cpa.org/showpage5ef6.html?pag_id=1643).
267
TDIM, Ordonnance du 20 décembre 2000, § 3.
268
TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la
Commission Sous-Régionale des Pêches, § 157.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Par ailleurs, les communautés d’Etats, en tant que personnes juridiques autonomes, ont
généralement des compétences et des obligations partagées, mais aussi distinctes de celles de
leurs Etats membres sur la scène internationale269. Il découle de ceci que certains actes des
Etats ou des citoyens (personnes physiques mais aussi morales telles que les entreprises)
pourraient donner lieu à l’évocation de la responsabilité individuelle de l’Etat ; alors que
d’autres donneraient lieu à une action intentée contre la communauté. Ainsi, dans son avis
consultatif du 02 avril 2015 portant sur une demande soumise par la CSRP, il est souligné
que l’Union européenne étant la seule partie contractante avec l’Etat côtier, « [i]l s’ensuit que
seule l’Union européenne – l’organisation – pourrait voir sa responsabilité engagée en droit
international à raison de manquements aux obligations prévues par ces accords270 ». Lorsque
les violations sont du fait des navires battant pavillon de l’un de ses Etats membres, sa
responsabilité « dépend de l’existence dans l’accord pertinent de dispositions spécifiques
concernant la responsabilité en cas d’un tel manquement271 ». En outre, en cas d’obligations
partagées, l’organisation et ses Etats pourraient être conjointement et solidairement
responsables272.
Toutefois, les règles concernant de tels différends sont très strictes. Elles font
effectivement ressortir la place capitale de l’existence d’un dommage à toute procédure de
réclamation en réparation.
269
Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches, précitée, § 163.
270
Idem, § 167.
271
Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches, précitée, § 170.
272
Idem, § 174.
78
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
Aussi dans le cadre de ce chapitre, la solution du juge ne sera pas envisagée sous le seul
angle de la réparation telle que conçue en droit international. D’où l’utilisation du terme
sanction (section 2). L’existence d’une telle sanction conforme au droit pour les violations du
principe du développement durable, permet d’affirmer que celui-ci est justiciable. Cependant,
eu égard au lien entre l’appréciation de la responsabilité et la sanction du juge, il sera d’abord
question d’envisager les formes de responsabilité et ses particularités dans le cadre d’un
contentieux relatif au développement durable (section 1).
273
Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), CPJI, 16 décembre 1927 (arrêt en interprétation), Série A, n°13,
Recueil des arrêts, p.29.
274
Ibid.
275
Annuaire du Droit international de 1970, Vol. II (Deuxième partie), p. 327, paragraphe 66 c).
276
Pierre Marie- Dupuy, Droit international public, Paris, Dalloz, 2006, p.472.
79
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La notion d’illicéité est très importante en matière de responsabilité étatique mais aussi
des autres sujets de droit. La détermination de l’illicéité serait donc importante à la
reconnaissance de la responsabilité du défendeur et donc à la conclusion du litige. De façon
générale, cette détermination peut être plus ou moins contraignante selon le type d’obligations
évoquées. Néanmoins, cette notion n’est pas la seule qui puisse guider le juge vers une
solution plus ou moins favorable au demandeur.
Ceci étant, la responsabilité classique est principalement une responsabilité pour fait
illicite (paragraphe 1). Celle-ci n’est pas toujours adaptée au développement durable. Au
regard de la particularité du principe, il serait approprié d’envisager une forme de
responsabilité plus objective (paragraphe 2)
277
Article 2 du projet d’articles de la CDI sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite.
278
Arrêt précité, § 47.
279
Rainbow Warrior (Nouvelle Zélande c. France), Nations Unies, recueil des sentences arbitrales (1990), Vol.
XX, p.251, § 75.
80
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La CIJ fait une distinction pratique entre les deux types d’obligations dans l’affaire
d’Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide 280.
Elle affirme ainsi le caractère opératoire de ces notions telles que les envisageait le droit
romain dont la distinction est issue. Au sens de ce droit, « les obligations de résultat
comportent dans une certaine mesure une garantie du résultat, alors que les obligations de
comportement s’apparentent plutôt à une obligation de faire de son mieux, de faire tout ce qui
est en son pouvoir pour parvenir à un résultat, mais sans engagement quant au résultat
final281». Ainsi dans l’affaire des Usines de pâte à papier, la Cour a considéré que «
l’obligation formulée à l’article 36 [du Statut du fleuve Uruguay de 1975] incombe aux deux
Parties et leur impose d’adopter un comportement spécifique consistant à prendre les
mesures nécessaires de façon coordonnée, par l’intermédiaire de la Commission, pour éviter
toute modification de l’équilibre écologique. L’obligation d’adopter des mesures
réglementaires ou administratives, que ce soit de manière individuelle ou conjointe, et de les
mettre en œuvre constitue une obligation de comportement. Les deux Parties doivent donc, en
application de l’article 36, faire preuve de la diligence requise (‘due diligence’) en agissant
dans le cadre de la Commission pour prendre les mesures nécessaires à la préservation de
l’équilibre écologique du fleuve282 ».
Ainsi, le principe de développement durable donne lieu plus souvent à des obligations
de comportement ou de moyen qu’à des obligations de résultat. Pour Virginie Barral, le
principe est en lui-même uniquement une obligation de comportement ; c'est-à-dire, il
commande de prendre un certain nombre de mesures283. En effet, l’atteinte d’un
développement soutenable est certes l’objectif général du principe ; toutefois, la mise en
280
Arrêt du 26 février 2007, § 429-430.
281
Alain Pellet, « Remarques sur la jurisprudence récente de la CIJ dans le domaine de la responsabilité
internationale », in Perspectives of International Law in the 21st Century - Perspectives du droit international au
21e siècle, Liber Amicorum Professor Christian Dominicé in Honour of his 80th Birthday, Martinus Nijhoff,
2012, pp. 327-345.
282
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, § 187.
283
Virginie Barral, Op. Cit., pp. 390- 400.
81
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œuvre du principe et son encadrement ne créent pas une obligation d’atteindre cet objectif
mais plutôt de prendre certaines mesures et d’adopter des comportements qui participent à
l’atteinte de cet objectif. C’est dans cette logique que ce travail place la disposition du
CCNUCC qui souligne que les Etats ont le droit d’œuvrer pour le développement durable et
doivent s’y employer. Ainsi peut- on affirmer que le principe d’intégration, de prévention et
de précaution constituent des obligations de moyen ou de comportement. Par contre
l’obligation de réduction des gaz à effets de serre constitue une obligation de résultat.
Sur le plan normatif, les obligations de résultat sont généralement plus contraignantes
car plus rigoureuses. Les obligations de comportement quant à elles ne commandent aux
parties que d’adopter une certaine attitude. La mise en œuvre de la responsabilité pour
violation d’obligations de comportement devient ainsi plus contraignante. Il est difficile de
prouver que l’attitude adoptée était exclue de l’obligation en question. Le juge est
généralement appelé à comparer l’attitude du défendeur à un comportement moyen ; ce qui
donne lieu à une certaine subjectivité. De l’autre part, un traité peut énoncer des résultats en
termes vagues et fixer plutôt des comportements avec précision 284. Par ailleurs, les
dispositions d’un traité peuvent avoir un caractère évolutif, c’est-à-dire imposé aux parties
d’adapter leurs comportements dans la mise en œuvre de leur engagement conventionnel 285. Il
s’agira simplement alors de comparer le comportement adopté à celui qui est attendu pour
prouver la violation. Par contre, le résultat vaguement prescrit laisserait une marge de
manœuvre au défendeur. La difficulté est encore plus grande lorsque le traité entre parties ne
précise pas le type d’obligations. L’interprétation du juge donnera généralement une marge de
manœuvre à l’Etat pour les dispositions de caractère général ; ce qui rend plus difficile la
détermination de l’illicéité et la mise en œuvre de sa responsabilité.
284
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 240.
285
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros, précitée, § 112.
82
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d’un droit, soit en nature soit en compensation286. Elle suppose l’existence d’un droit subjectif
dont le demandeur puisse obtenir le respect en justice. La difficulté ici relève plus de la
démonstration de l’existence de ce droit et du fait que le comportement critiqué lui a porté
atteinte. La satisfaction ne serait alors que la conséquence d’une démonstration réussie. Nous
sommes là dans le cadre normal des recours généralement portés devant le juge du
développement durable, la CIJ, le CIRDI, la CPA et le TIDM.
La justiciabilité objective par contre, s’inscrit dans le contentieux des normes. Elle
permet au juge d’examiner la conformité d’une règle de droit avec une norme prééminente.
De façon pratique, elle pourrait être le contrôle du respect du principe d’intégration. La
sanction portant sur la règle, et par ricochet sur la prérogative d’un Etat de légiférer, la
détermination de l’illicéité serait plus contraignante. En effet, selon une précision de Diane
Roman, la justiciabilité normative « constitue un moyen d’encadrement et, le cas échéant, de
réorientation des politiques publiques menées, afin d’en garantir la conformité aux droits
constitutionnellement et conventionnellement garantis287 ». La marge de manœuvre laissée à
l’Etat serait généralement plus large, au vu des conséquences que pourrait avoir la décision du
juge sur l’ordre juridique de l’Etat. Ce type d’action est plus courant sur le plan
communautaire. Le juge communautaire pourrait ainsi être amené à sanctionner une règle
interne qui serait contraire à une directive, au regard de son objectif, en dépit du fait que la
directive en elle-même n’est pas obligatoire. Le droit invoqué ou le principe serait donc plus
un outil de mesure pour s’opposer à des mesures générales visant à diminuer le niveau de la
protection en cause288. Ceci pourrait aller de soi pour un organe de l’Union qui exercerait sa
compétence en conformité avec les traités. Par contre, lorsque l’action est portée par une
personne physique ou morale, la preuve du préjudice individuel s’ajouterait encore plus à
celle de la non- conformité, surtout si elle attend obtenir réparation.
286
Diane Roman, Op. Cit., p. 4.
287
Ibid.
288
Ibid.
83
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Il s’agit ici de parler de la raison d’être d’une responsabilité objective pour risque (A).
Ce type de responsabilité n’est toutefois applicable en toutes circonstances, vu que certains
textes normatifs précisent le type de responsabilité à appliquer (B).
84
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Herzégovine)289. En effet, l’article 14 (3) des articles du CDI sur la responsabilité étatique
stipule que « la violation d’une obligation internationale requérant de l’Etat qu’il prévienne
un évènement donné a lieu au moment où l’évènement survient ». Le droit international en
l’état ne sanctionne pas le risque, ou encore le dommage futur ou tout simplement les
comportements dangereux. Il sanctionne le manque de diligence à la prévention d’un
dommage qui s’est réalisé. Une telle approche qui est inappropriée pour la protection de
l’environnement l’est également pour l’atteinte des objectifs du développement durable. C’est
dans cet ordre d’idée que certains auteurs dont Parfait Oumba, postulent pour un régime de
responsabilité objective pour risque dans le domaine du droit de l’environnement290.
289
Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c.
Serbie-et-Monténégro), arrêt du 26 février 2007, Recueil CIJ 2007, § 431.
290
Parfait Oumba, Op. Cit.
291
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 851.
292
Parfait Oumba, Op. Cit., p.17 et 31.
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l’arrêt Van Gend en Loos du 5 février 1963 que le Traité de Rome (TCE), « constitue plus
qu’un accord qui ne créerait que des obligations mutuelles entre Etats contractants …la
Communauté constitue un nouvel ordre juridique international de droit international293 ».
Comme pour confirmer ceci, l’article 259 (1) du TFUE donne qualité à « Chacun des États
membres » de saisir la CJUE « s'il estime » qu'un autre État membre a manqué à une de ses
obligations en vertu des traités. Toutefois, comme relevé dans la section précédente, les
personnes physiques et morales doivent démontrer d’un préjudice individuel.
Dans le cas des différends liés aux investissements et au commerce par contre, le
dommage reste un élément clé. Toutefois, celui-ci pourrait être le manque à gagner. Même
dans le cadre des instruments ayant comme l’un des objectifs primaires la protection de
l’environnement, la responsabilité est liée au dommage. A titre d’exemple, le Compact place
le dommage à la biodiversité au cœur de la responsabilité. Par contre, les dommages
personnels ou à la propriété ne sont pas considérés. En signant le Compact, chaque membre
donne son accord à un système volontaire d’arbitrage contraignant, de manière à ce qu’un État
puisse chercher à obtenir une « Réponse » lorsqu’il est allégué que la libération d’un
Organisme vivant modifié (OVM) par un membre est la cause d’un dommage à la diversité
biologique. Des mesures d’intervention peuvent être requises, même lorsqu’une telle
libération n’est pas intentionnelle, n’est pas la conséquence d’une négligence, ou survient bien
qu’un soin raisonnable ait été pris dans le but de la prévenir294.
293
Affaire 26/62, Rec. p.3, cité dans Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p.900.
294
Le Compact, préambule C, par. 2
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Le caractère de règle de droit est généralement lié au fait que sa violation peut entrainer
des sanctions. Cette règle doit être relativisée dans plusieurs domaines, en donnant une
définition plus large du terme sanction. Dans le cadre des relations entre Etats, la possibilité
de recourir à des contre mesures est un forme de sanction qui contrairement à la réparation est
décidée par l’Etat lésé et non par le juge295. Ce travail portant sur l’action du juge, ainsi que
sur des différends qui ne sont pas nécessairement entre Etats, ce type de sanction ne sera pas
évoqué.
Le seul fait qu’une action pour violation du principe de développement durable puisse
aboutir à une déclaration de violation constitue une preuve de la possible justiciabilité du
principe (A). Par ailleurs, certaines juridictions ont eu à appliquer d’autres sanctions autres
que la réparation telle que généralement envisagée (B).
A. La déclaration de l’illégalité
La déclaration de l’illégalité de l’acte mis en cause (ou de l’omission) est la solution
légitime qui découle d’un recours. Cette déclaration est d’autant plus important que tout
recours ne vise pas nécessairement à obtenir réparation. Gilles Cottereau semble être de cet
avis lorsqu’il déclare que, « la fonction de la responsabilité change. Elle devient le moyen
privilégié du contrôle de la légalité296 ». Ainsi dans le cadre de la justiciabilité normative, le
recours au juge a pour objectif d’examiner la conformité d’une règle de droit à des énoncés
295
Voir le chapitre II des articles de la CDI sur la responsabilité étatique.
Hubert Lesaffre, Le règlement des différends au sein de l’OMC et le droit de la responsabilité internationale,
296
Par ailleurs, la déclaration sur la validité peut intervenir a priori. Ainsi, conformément à
l’article 218 (11) TFUE, un État membre, le Parlement européen, le Conseil ou la
Commission, peut recueillir l'avis de la Cour de justice sur la compatibilité d'un accord
envisagé avec les traités. En cas d'avis négatif de la Cour, l'accord envisagé ne peut entrer en
vigueur, sauf modification de celui-ci ou révision des traités.
En outre, l’article 260 du TFUE permet à la CJUE d’ordonner des paiements de sommes
forfaitaires (amendes) ou d’infliger des astreintes aux Etats membres qui ne donneraient pas
suite à la constatation de manquement. Aux termes du juge communautaire, « l’imposition
d’une somme forfaitaire doit, dans chaque cas d’espèce, demeurer fonction de l’ensemble des
éléments pertinents ayant trait tant aux caractéristiques du manquement constaté qu’à
l’attitude propre à l’État membre concerné par la procédure initiée sur le fondement de
l’article 260 TFUE298 ». La somme imposée peut aussi constituer une mesure dissuasive au
regard des circonstances. Ainsi, dans le cas d’espèce précité, « la Cour considère que
l’ensemble des éléments juridiques et factuels entourant le manquement constaté constitue un
indicateur de ce que la prévention effective de la répétition future d’infractions analogues au
droit de l’Union est de nature à requérir l’adoption d’une mesure dissuasive telle que
l’imposition d’une somme forfaitaire299 ».
297
Arrêt du 11 juillet 2007, Suède / Commission, T-229/04, EU : T : 2007 :217, points 262 et ss.
298
Arrêt du 4 décembre 2014, Commission / Suède, C-243/13, EU : C : 2014:2413, point 62.
299
Arrêt du 4 décembre 2014, Commission / Suède, C-243/13, EU : C : 2014:2413, point 63.
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Il importe de relever que l’Accord de Paris qui est censé encadrer les obligations en
matière d’émissions ne prévoit pas de mesures pareilles. Par ailleurs, la légalité ou du moins
la portée des sanctions prises par la Chambre d’exécution peut être remise en cause. Ces
sanctions n’engagent pas les Etats, dans la mesure où le mécanisme de sanction n’a été adopté
que hors du cadre du protocole ; de plus, aucune révision du texte conforme à l’article 18 qui
aurait pu lui conférer une reconnaissance officielle, n’a été faite303.
Ceci dit, les modes de réparations classiques, sont celles généralement appliquées aux
litiges portant sur la conciliation entre le développement et la protection de l’environnement.
300
Sandrine Maljean- Dubois & Matthieu WEMAËRE, Op.Cit., p. 118.
301
Conclusion préliminaire, CC-2009-1-6/Croatie/EB, 13 octobre 2009, confirmée le 26 novembre 2009 dans la
Décision finale, CC-2009-1-8/Croatie/EB.
302
Sandrine Maljean- Dubois & Matthieu Wemaëre, Op. Cit., p. 133.
303
Idem, p. 118.
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pour acte illicite que dans celui de la responsabilité pour simple dommage, c’est-à-dire,
découlant d’activités qui ne sont pas interdites par le droit international304.
Les modalités de réparation pour fait contraire au droit international furent définies par
le juge de la CPJI dans la fameuse affaire des usines Chorzów, principalement dans son arrêt
en interprétation de décembre 1927305. Ainsi, selon la doctrine et la jurisprudence, la
réparation doit, autant que possible, effacer toutes les conséquences de l'acte illicite et rétablir
l'état qui aurait vraisemblablement existé si ledit acte n'avait pas été commis. Celle-ci inclut
donc la restitution en nature, ou, si elle n'est pas possible, l’indemnisation (A), c'est-à-dire le
paiement d'une somme correspondant à la valeur qu'aurait la restitution en nature et
allocation, s'il y a lieu, de dommages-intérêts pour les pertes subies et qui ne seraient pas
couvertes par la restitution en nature ou le paiement qui en prend la place. Le mode de
réparation peut aussi être la satisfaction et les garanties de non-répétition (B).
A. La restitution et l’indemnisation
La restitutio in integrum concerne la remise des choses en état. Dans le cadre du
détournement d’un bien, cette forme de réparation peut se révéler aisé lorsque le bien subsiste.
Il peut par contre être difficile dans des situations complexes qui caractérisent le
développement durable. C’est ainsi que dans l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros, le
juge international, après avoir reconnu des manquements par les deux parties, leur a
recommandé d’exploiter la variance C dans la nouvelle appréciation de leur partenariat sur la
base du traité violé. Il observe qu’au vu des circonstances, la construction du barrage de
Nagymaros serait devenue inutile306. Par ailleurs, le barrage de Cunovo ayant assumé le rôle
qui avait été prévu à l'origine pour les ouvrages de Dunakiliti, et il devrait donc bénéficier
d'un statut analogue307.
De même, la difficulté naît lorsque le fait générateur de l’illicéité n’est pas illicite. La
forme de réparation dépend donc, autant du fait générateur que de la nature des obligations
violées. Dans l’affaire des Usines de pâte à papier, étant face à une telle difficulté, la Cour
précise que« tout comme les autres formes de réparation, la restitution doit être appropriée
304
Parfait Oumba, Op. Cit., p.20.
305
Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), précitée, p.47.
306
Affaire Gabcikovo- Nagymaros, précitée, § 138.
307
Idem, § 145.
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au préjudice subi, compte tenu de la nature du fait illicite dont il procède308 ». C’est selon
cette logique que la Cour relève « qu’il n’était pas interdit à l’Uruguay de construire et de
mettre en service l’usine Orion (Botnia) après l’expiration de la période de négociation, et
que l’Uruguay n’a violé aucune des obligations de fond imposées par le statut de 1975,
ordonner le démantèlement de cette installation ne saurait constituer, de l’avis de la Cour,
une forme de réparation appropriée à la violation des obligations de nature procédurale309 ».
La remise en état pour un fait illicite qui serait un acte juridique est également délicate.
En effet, la reconnaissance de l’illégalité ne serait qu’un début. Encore faudrait- il que l’acte
soit annulé. Cependant, les instances internationales n’ont en principe pas compétence pour
procéder d’elles-mêmes à l’annulation d’un acte national310. Le juge international n’est pas un
juge constitutionnel ; le respect de la souveraineté étatique l’oblige à ne pas se substituer à lui
dans ses prérogatives de législateur. Ceci est d’ailleurs conforme avec la notion de
justiciabilité qui voudrait que le juge ne se substitue pas aux politiques. Le principe est
applicable, même dans le cadre communautaire311. Ceci étant, l’obligation de verser une
amende pour non respect de la décision constitue un moyen de pression à l’encontre de l’Etat
souverain pour l’amener à mettre un terme à l’acte à annuler.
308
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, §. 274.
309
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, §. 275.
310
Affaire du mandat d’arrêt (RDCc. Belgique), arrêt du 14 février 2002, CIJ 2002 (affaire Yerodia).
311
Patrick Dailier et autres, Op. Cit., p. 892.
312
Affaire Gabcikovo- Nagymaros, précitée, § 155.
313
Arbitrage relative à la ligne du Rhin de fer, précitée, § 236.
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conforme au principe du développement durable qui reconnaît une égale légitimité au droit au
développement et au droit à la protection de l’environnement314.
Par contre, la satisfaction pourrait être indiquée lorsque le préjudice est tout simplement
moral.
Par ailleurs, la déclaration d’illégalité de l’acte sous- entend que le défendeur reste
débiteur d’une obligation juridique qu’il doit encore respecter. Ainsi, aux termes de l’article
29 du projet d’articles de la CDI sur la responsabilité internationale étatique, les conséquences
juridiques d’un fait internationalement illicite n’affectent pas le « maintien du devoir de l’Etat
responsable d’exécuter l’obligation violée ». Cette obligation est toutefois limitée par
certaines conditions. S’il s’agit d’une obligation instantanée, son respect tardif ne sera pas
314
Virginie Barral, « la sentence du Rhin de fer, une nouvelle étape dans la prise en compte du droit de
l’environnement par la justice internationale », in Revue Générale de Droit International Public, Vol 110, 2006,
pp. 667- 668.
315
RDC c. Ouganda, arrêt du 19 décembre 2005, Recueil CIJ 2005, § 257.
316
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, § 278.
92
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nécessaire. De plus, si la violation constitue une violation substantielle aux termes de l’article
60 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, l’Etat lésé peut choisir de mettre fin à
celui-ci, rendant impossible le respect de l’obligation violée317.
317
James Crawford, Op. Cit., p. 234.
318
Rapport CDI, 2007, A/62/10 ; p .220, article 43.
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Malgré les critiques faites sur le développement durable, il est généralement admis que
ce principe est un outil interprétatif pour le juge. Cependant, la reconnaissance normative de
juridictions internationales ayant compétence pour des différends relatifs au développement
durable permet d’affirmer que celui-ci est également justiciable sur le plan procédural. A cet
effet, les obligations relatives au principe ont constitué le fondement de plusieurs affaires
portées devant le juge international, même s’il n’est pas toujours fait référence au principe.
Ces différentes affaires ont la qualité de montrer que le principe est justiciable que ce soit sur
le plan universel que régional. Le contentieux du développement durable apparaît donc
comme étant un contentieux qui concerne l’ensemble des sujets du droit international, bien
qu’à des degrés variés. En effet, les normes liées au développement durable mettent en
évidence des droits et obligations au bénéfice ou à l’encontre des Etats, mais aussi des
organisations intergouvernementales telles que la communauté européenne. Les entreprises et
les individus ont également qualité pour agir devant certaines juridictions telles que le TIDM
et le CIRDI.
D’autre part, la résolution d’un litige sur le développement durable d’une façon qui
permette d’atteindre ses objectifs, est relativisée par le régime de responsabilité généralement
appliqué en droit international. En effet, l’illicéité joue un rôle important dans la
détermination du litige, tout autant que la survenance et la nature du dommage à la prise de
décision. La généralité de certaines obligations et leur nature procédurale peuvent rendre
difficile la détermination de l’illicéité. La conception classique de l’appréciation de la
réparation seulement après dommage ne permet pas aux principes tels que la prévention et la
précaution de jouer complètement leur rôle. Il pourrait donc être envisagé un régime de
responsabilité objective basée sur le risque. Quelque en soit le cas, la sanction reste possible.
Elle se limite souvent à la déclaration d’illégalité ; mais elle peut être une application
circonstanciée du principe de réparation.
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CONCLUSION GÉNÉRALE
Le droit international public est marqué par des controverses doctrinales sur la
justiciabilité de plusieurs principes et droits. Il en est ainsi du développement durable dont la
référence en tant que concept et puis objectif par la CIJ a remis à l’ordre du jour le débat sur
la normativité de cette notion. Toutefois, la notion elle-même est caractérisée par une
appréhension évolutive sur le plan international. Aussi, il était question pour cette étude de
répondre à la question de savoir : dans quelle mesure le développement durable se traduit-
il par des obligations juridiques qui peuvent être invoquées devant le juge
international ?
Sur le premier point, il ressort de l’analyse faite que le développement durable est un
principe de nature conventionnelle caractérisé par des obligations juridiques de comportement
et de résultat. Son appréhension continue sur le plan interne et international permet d’affirmer
que certaines de ces obligations font partie de la coutume internationale.
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analysée conjointement avec les règles du droit international sur la réparation, montre qu’une
solution juridique peut être appliquée à ces litiges.
Ceci étant, il peut être affirmé que le développement durable ne devrait plus être
appréhendé comme un simple concept, ou un outil d’interprétation. C’est un principe
justiciable en droit international. Par contre, le contentieux du développement durable est
encore jeune. Comme d’autres contentieux, tels que celui des droits de l’homme, il est
caractérisé par des limites, notamment en ce qui concerne le régime de responsabilité. L’on ne
peut ne pas affirmer que le caractère général de certaines dispositions du développement
durable soit sans conséquences sur l’application du principe par le juge. De plus, la
responsabilité pour faits illicites, telle qu’appliquée, restreint dans une certaine mesure la
portée du principe. Il est difficile d’envisager dans un tel contexte que les générations
présentes puissent jouir d’un environnement sain favorable à un développement économique
et social continu. Il est autant difficile de voir dans quelle mesure celles-ci pourraient le léguer
aux générations futures. Aussi, la responsabilité des débiteurs du principe devrait être
engagées sans pour autant que le risque de dommage à l’environnement ne se réalise. Il
revient donc aux différentes parties prenantes ainsi qu’au juge, de renforcer le caractère
juridique du principe de développement durable pour que ce mode de développement soit
véritablement réalisable et réalisée.
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BIBLIOGRAPHIE
B. Dictionnaire
C. COURS
II. OUVRAGES
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trimestre, 1998, pp. 7- 36, http://www.persee.fr/doc/polix_0295-
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GRANDBOIS M., « la protection et la gestion des zones côtières », in Revue
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GUÉMATCHA E., « Section 2. La justiciabilité des droits sociaux en Afrique :
L’exemple de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples », La Revue des
droits de l’homme, N°1, 30 Juin 2012, pp 140-157.
HALLEY P. & LEMIEUX D., « L’action publique et la mise en œuvre du
développement durable : la loi Québécoise sur le développement durable », in Confluences,
Mélanges en honneur de Jacqueline Morand-Deviller, Montchrestien, pp. 835- 856.
HALLEY P., « L’Avant-projet de loi sur le développement durable du Québec », in
JSDLP - RDPDD Vol. 1.1, pp. 59-80.
HUGLO C., « Le droit de l’environnement face aux risques émergents (éléments de
réflexion sur une problématique contemporaine) », in Confluences, Mélanges en honneur de
Jacqueline Morand-Deviller, Montchrestien, pp. 857- 878.
HUGON P., « Les enjeux africains du développement durable », in Géopolitique
Africaine, N° 29, janvier- mars 2008, pp. 67- 80.
KAMERI-MBOTE P. & ODOTE C.,“Courts as Champions of Sustainable
Development: Lessons from East Africa”, in Sustainable Development Law &Policy (SDLP),
Vol. X, Issue 1, 2009, pp.31- 40.
KERBRAT Y. & MALJEAN- DUBOIS S., « La Cour internationale de justice face
aux enjeux de protection de l’environnement : Réflexions critiques sur l’arrêt du 20 avril
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115, 2011, pp. 39- 77.
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V. DOCUMENTS
A. Textes internationaux
Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires.
Accord sur les obstacles techniques au commerce.
Charte Africaine de Droits de l’Homme et des Peuples, de Juin 1981.
Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles de
2003.
Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques du 9 mai 1992.
Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays
gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique du 15
juin 1994.
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.
Convention de Vienne sur le droit des traités 1969.
Convention et règlements du CIRDI, CIRDI/15, Washington, avril 2006.
Convention internationale pour la réglementation de la chasse du 2 décembre 1946.
Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement du 25 juin 1998.
Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage
du 23 juin 1979.
Convention sur la coopération pour la protection et le développement durable de
l’environnement marin et côtier du Pacifique du Nord-est du 18 février 2002.
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B. Jurisprudence
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The Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and
Social Rights v. Nigeria, Communication 155/96, ACHPR, 2002.
TIDM, affaire de l'usine MOX (Irlande c. Royaume-Uni), Affaire n° 10, Ordonnance
du 3 décembre 2001.
TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative
soumise par la Commission Sous-Régionale des Pêches.
TIDM, Conservation et exploitation durable des stocks d’espadon (Chili/Communauté
européenne), Rôle des affaires : No. 7, Ordonnance du 20 décembre 2000, Ordonnance du 29
décembre 2005.
Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), arrêt du 13 septembre 1928 (demande en
indemnité : fond), Recueil CPJI série A 17.
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay), arrêt du 20
avril 2010, Recueil CIJ 2010.
C. Rapports
D. Autres Documents
110
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26 April 2014, Budapest, 14 p., accédé sur https://www.ajbh.hu/documents/ (14 Octobre 2015
à 00h02).
LANFRANCHI M. P., Le développement durable, 51 p. consulté sur www.ceric-
aix.univ-cezanne.fr .
Le développement durable : mise en œuvre juridique et instrumentalisation du
concept, consulté sur http://www.gredeg.cnrs.fr/Seminaire-
doctoral/Fichiers/SEM_DOCT_CLAREBOUT.pdf (19 décembre 2015 à 22h 21).
LOOTS C, Access to the courts and justiciability, acceded on www.chr.up.ac.za
(December 22, 2015 at 11 a.m.)
MAXIMOVA K., « L’avenir du régime international sur les changements climatiques
: quel véhicule juridique ? », 22p, consulté sur
https://www.cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/sites/cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/files/texte_gagnant_2
014.pdf (13 mai 2016 à 20h03).
Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p. 88- 119, consulté sur
http://www.icj-cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
ROMY I., Construction et développement durable, Journées du droit de la
construction 2011, pp. 155-196, accédé sur
http://www.froriep.com/uploads/tx_news/5_Isabelle_Romy_-
_Construction_et_de__veloppement_durable.pdf (13 Octobre 2015).
TOURME JOUANNET E., Droit du développement et droit de la reconnaissance,
les « piliers » juridiques d’une société mondiale plus juste ? Consulté sur
https://justiceglobale.files.wordpress.com.
Traités d’investissement et développement durable : l’arbitrage entre investisseurs et
État, IIED Briefing, mai 2014, consulté sur http://pubs.iied.org/pdfs/17241FIIED.pdf (29 mai
2016 à 15h 25).
111
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ANNEXES
a
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Dans le but d'établir un partenariat mondial sur une base nouvelle et équitable en créant des
niveaux de coopération nouveaux entre les Etats, les secteurs clefs de la société et les
peuples,
Œuvrant en vue d'accords internationaux qui respectent les intérêts de tous et protègent
l'intégrité du système mondial de l'environnement et du développement,
PRINCIPE 1
Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable.
Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.
PRINCIPE 2
Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international, les Etats
ont le droit souverain d'exploiter leurs propres ressources selon leur politique
d'environnement et de développement, et ils ont le devoir de faire en sorte que les activités
exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de
dommages à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des zones ne relevant d'aucune
juridiction nationale.
PRINCIPE 3
Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins
relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures.
PRINCIPE 4
Pour parvenir à un développement durable, la protection de l'environnement doit faire
partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément.
PRINCIPE 5
Tous les Etats et tous les peuples doivent coopérer à la tâche essentielle de l'élimination de
la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du développement durable, afin de
réduire les différences de niveaux de vie et de mieux répondre aux besoins de la majorité
des peuples du monde.
PRINCIPE 6
La situation et les besoins particuliers des pays en développement, en particulier des pays les
moins avancés et des pays les plus vulnérables sur le plan de l'environnement, doivent se
b
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
voir accorder une priorité spéciale. Les actions internationales entreprises en matière
d'environnement et de développement devraient également prendre en considération les
intérêts et les besoins de tous les pays.
PRINCIPE 7
Les Etats doivent coopérer dans un esprit de partenariat mondial en vue de conserver, de
protéger et de rétablir la santé et l'intégrité de l'écosystème terrestre. Étant donné la
diversité des rôles joués dans la dégradation de l'environnement mondial, les Etats ont des
responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés admettent la
responsabilité qui leur incombe dans l'effort international en faveur du développement
durable, compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur l'environnement
mondial et des techniques et des ressources financières dont ils disposent.
PRINCIPE 8
Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les
peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de
consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées.
PRINCIPE 9
Les Etats devraient coopérer ou intensifier le renforcement des capacités endogènes en
matière de développement durable en améliorant la compréhension scientifique par des
échanges de connaissances scientifiques et techniques et en facilitant la mise au point,
l'adaptation, la diffusion et le transfert de techniques, y compris de techniques nouvelles et
novatrices.
PRINCIPE 10
La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de
tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit
avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les
autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités
dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de
prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation
du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des
actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être
assuré.
PRINCIPE 11
Les Etats doivent promulguer des mesures législatives efficaces en matière
d'environnement. Les normes écologiques et les objectifs et priorités pour la gestion de
l'environnement devraient être adaptés à la situation en matière d'environnement et de
développement à laquelle ils s'appliquent. Les normes appliquées par certains pays peuvent
ne pas convenir à d'autres pays, en particulier à des pays en développement, et leur imposer
un coût économique et social injustifié.
PRINCIPE 12
Les Etats devraient coopérer pour promouvoir un système économique international ouvert
et favorable, propre à engendrer une croissance économique et un développement durable
c
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
dans tous les pays, qui permettrait de mieux lutter contre les problèmes de dégradation de
l'environnement. Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations
relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination
arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux. Toute
action unilatérale visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la
juridiction du pays importateur devrait être évitée. Les mesures de lutte contre les
problèmes écologiques transfrontières ou mondiaux devraient, autant que possible, être
fondées sur un consensus international.
PRINCIPE 13
Les Etats doivent élaborer une législation nationale concernant la responsabilité de la
pollution et d'autres dommages à l'environnement et l'indemnisation de leurs victimes. Ils
doivent aussi coopérer diligemment et plus résolument pour développer davantage le droit
international concernant la responsabilité et l'indemnisation en cas d'effets néfastes de
dommages causés à l'environnement dans des zones situées au-delà des limites de leur
juridiction par des activités menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle.
PRINCIPE 14
Les Etats devraient concerter efficacement leurs efforts pour décourager ou prévenir les
déplacements et les transferts dans d'autres Etats de toutes activités et substances qui
provoquent une grave détérioration de l'environnement ou dont on a constaté qu'elles
étaient nocives pour la santé de l'homme.
PRINCIPE 15
Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement
appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou
irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour
remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de
l'environnement.
PRINCIPE 16
Les autorités nationales devraient s'efforcer de promouvoir l'internalisation des coûts de
protection de l'environnement et l'utilisation d'instruments économiques, en vertu du
principe selon lequel c'est le pollueur qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution,
dans le souci de l'intérêt public et sans fausser le jeu du commerce international et de
l'investissement.
PRINCIPE 17
Une étude d'impact sur l'environnement, en tant qu'instrument national, doit être
entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d'avoir des effets nocifs
importants sur l'environnement et dépendent de la décision d'une autorité nationale
compétente.
PRINCIPE 18
Les Etats doivent notifier immédiatement aux autres Etats toute catastrophe naturelle ou
toute autre situation d'urgence qui risque d'avoir des effets néfastes soudains sur
d
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
l'environnement de ces derniers. La communauté internationale doit faire tout son possible
pour aider les Etats sinistrés.
PRINCIPE 19
Les Etats doivent prévenir suffisamment à l'avance les Etats susceptibles d'être affectés et
leur communiquer toutes informations pertinentes sur les activités qui peuvent avoir des
effets transfrontières sérieusement nocifs sur l'environnement et mener des consultations
avec ces Etats rapidement et de bonne foi.
PRINCIPE 20
Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur
pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable.
PRINCIPE 21
Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de
forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir
à chacun un avenir meilleur.
PRINCIPE 22
Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle
vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs
connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître
leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur
permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable.
PRINCIPE 23
L'environnement et les ressources naturelles des peuples soumis à oppression, domination
et occupation doivent être protégés.
PRINCIPE 24
La guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement durable. Les
Etats doivent donc respecter le droit international relatif à la protection de l'environnement
en temps de conflit armé et participer à son développement, selon que de besoin.
PRINCIPE 25
La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et
indissociables.
PRINCIPE 26
Les Etats doivent résoudre pacifiquement tous leurs différends en matière d'environnement,
en employant des moyens appropriés conformément à la Charte des Nations Unies.
PRINCIPE 27
Les Etats et les peuples doivent coopérer de bonne foi et dans un esprit de solidarité à
l'application des principes consacrés dans la présente Déclaration et au développement du
droit international dans le domaine du développement durable.
e
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
PREAMBULE
B. Composition
Le Compact est fait et conclu par les signataires ci-après (désignés ci-après individuellement
un « Membre » et ensemble, les « Membres ») :
i. BASF Plant Science Company GmbH, société de droit allemand, dont le siège social est sis
Carl-Bosch-Strasse 38, 67056 Ludwigshafen/Rhein, Allemagne ;
ii. Bayer CropScience Aktiengesellschaft, société de droit allemand, dont le siège social est sis
Alfred Nobel Strasse 50, 40789 Monheim am Rhein, Allemagne ;
iii. DowAgroSciences, LLC, société à responsabilité limitée (limited liability company) de droit
de l'État du Delaware, aux États-Unis d’Amérique, dont le principal établissement est sis au
9330 Zionsville Road, Indianapolis, Indiana 46032, États-Unis d’Amérique ;
iv. EI du Pont de Nemours and Company, société de droit de l'État du Delaware, aux États-
Unis d’Amérique, dont le principal établissement est sis au 1007 Market Street, Wilmington,
Delaware, 19898, États-Unis d’Amérique ;
vi. Syngenta Crop Protection AG, société de droit suisse dont le siège social est sis
Schwarzwaldallee 215, 4058 Bâle, Suisse.
319
Ce document est une traduction non officielle du Compact, mécanisme contractuel de réponse en cas de
dommage causé à la diversité biologique en conséquence de la libération d’un organisme vivant modifié
uniquement pour référence. En cas d’incompatibilité entre cette version et la version anglaise du document, cette
dernière prévaudra.
f
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
C. Objet
…
Les Membres reconnaissent le champ d'application limité du Compact et respectent
pleinement la souveraineté étatique. Le système d'arbitrage du Compact est
complémentaire par rapport aux règles et procédures internationales adoptées en vertu de
l’article 27 du Protocole de Cartagena sur la biosécurité (le « Protocole »), et ne saurait les
remplacer.
…
E. Principes directeurs
…
Les Membres sont conscients du fait que des inquiétudes ont été exprimées publiquement
quant au fait que des dommages à la diversité biologique pourraient survenir, à l’avenir, en
conséquence d’un mouvement transfrontières d’un OVM. Le Compact répond directement à
ces inquiétudes. En vertu du Compact, dans le cas où une Libération d'un OVM par un
Membre serait Cause d’un Dommage à la Diversité biologique, ce Membre mettra en œuvre
en temps utile une Réponse adéquate et nécessaire.
En ce qui concerne les décisions concernant les Demandes, les principes directeurs ci-après
s’appliquent :
320
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, Rio de Janeiro (Brésil) 3-14 juin 1992, Principe
16.
g
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
(a) les Membres considèrent que la Diversité biologique est un bien public qu’il incombe
spécialement aux États de protéger, et que, de ce fait, seuls les États sont compétents pour
chercher à obtenir une Réponse à un Dommage à la Diversité biologique en vertu du
Compact ;
…
(d) dans la mesure où il s’agit d’une convention conçue pour mettre en place un cadre
volontaire et autonome, à la fois sur le fond et en termes de procédure, pour le règlement
de Demandes impliquant des OVM des Membres, toutes définitions, dispositions et
conditions, ainsi que tous processus se rapportant à la soumission des Demandes afférentes
à des Dommages à la Diversité biologique en vertu du Compact sont établis par ce dernier ;
…
(i) les Membres doivent apporter une Réponse en temps utile suite à une sentence d’un
Tribunal, ou en conséquence du règlement d’une Demande, et ils doivent posséder la
capacité financière requise pour Répondre ; et
(j) rien dans le Compact n’est destiné à avoir une quelconque incidence sur les droits et
obligations d’un Membre hors des auspices du Compact, ni sur les droits et obligations d’un
quelconque Non-Membre.
1.2 L’objet du Compact est de mettre à la disposition d’États un moyen efficace et effectif
d’obtenir une Réponse, conformément aux dispositions et conditions spécifiques du
Compact, lorsqu'un Dommage à la Diversité biologique est Causé par la Libération d'un OVM
par un Membre.
…
1.4 Le Compact respecte la souveraineté étatique ; complète les lois nationales et
internationales en matière de réparation des dommages causés à la diversité biologique ; et
ne déroge pas, ni ne saurait déroger, à la capacité d'un État à instituer une quelconque
demande au titre d’un tel dommage, que ce soit en vertu du droit national ou international.
1.5 Rien dans le Compact ne limite le droit d’un citoyen d’un État à soumettre des
observations à l’État concernant un Dommage supposé à la Diversité biologique, ou le droit
ou une quelconque obligation de l’État de soumettre une Demande conformément au
Compact. Rien dans le Compact ne limite le droit d’un citoyen d’un État à instituer une
quelconque action autorisée par le droit interne de l’État pour obliger l’État à soumettre une
Demande en vertu du Compact.
h
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
1.7 Le Compact n’affecte pas les droits et obligations des Membres en dehors de l’objet et
des processus spécifiques du Compact. …
1.8 Aucune disposition du Compact, mesure adoptée, procédure engagée, conclusion établie
ni décision prise en conséquence de la mise en œuvre du Compact, ou dans le cadre des
processus de celui-ci, non plus qu’aucun Document lié au Compact n’affectera, que ce soit
expressément ou par implication, les droits ou obligations d’un Non-Membre, excepté dans
la mesure où celui-ci, par consentement écrit conforme aux dispositions et conditions du
Compact, choisit de participer aux Demandes ou Évaluations, et au Processus arbitral.
1.9 Le Compact n'affecte en rien les droits ou obligations d'un Membre en ce qui concerne
(a) la communication avec une quelconque entité publique ou autorité de régulation en
relation avec une question se rapportant au Membre ; ou (b) l'exécution d'une obligation
légale ou normative.
…
4.2 Les Membres exécuteront de bonne foi leurs obligations en vertu du Compact. Un
Membre auquel est demandé une Réponse en liaison avec une Demande signera le
Compromis d'arbitrage signé par l'État pour introduire les Demandes et le Processus
d’évaluation et d’arbitrage en vertu du Compact.
…
4.4 Rien dans le Compact n’interdit aux Titulaires d’autorisation, Membres ou Non-
Membres, de conclure des conventions prévoyant une indemnisation ou une répartition de
leurs responsabilités respectives en relation avec les coûts liés à l'exécution de l'obligation
de Réponse. Ces conventions peuvent autoriser la partie en charge de l’indemnisation ou
supportant le coût à opposer une défense à une Demande à l’encontre d’un Membre. Ces
conventions seront sans effet sur le droit d’un État à instituer une demande à l’encontre
d’un Membre.
4.5 Rien dans le Compact n’affectera le droit d’un Membre à recouvrer auprès d’un autre
Membre, ou d'un Non-Membre, une contribution ou une indemnisation en relation avec une
Réponse.
4.6 Il incombe à un Membre qui cesse d’être Membre, pour quelque raison que ce soit, y
compris une dissolution, d'exécuter toutes obligations de Réponse non exécutées.
…
i
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6.1 Chaque Membre s’engage à Répondre à un Dommage à la Diversité biologique Causé par
la Libération d’un OVM par un Membre, conformément aux dispositions et conditions du
Compact, et en convient.
6.2 Un Dommage à la Diversité biologique donne lieu à une Réponse uniquement lorsqu’il
s’agit d’un Changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une Espèce, ou d’un
Changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une Espèce ou d’un Écosystème
ayant pour résultat la perte d’un service de ressource naturelle essentielle à la survie d’une
Espèce donnée.
9.2 La Réponse privilégiée est la restauration. Lorsque l’État cherche à obtenir une
restauration, il proposera un Plan, et le Membre pourra proposer un Plan de rechange
comportant au moins les éléments prévus dans le présent article 9.2.
…
9.3 Une indemnisation est possible uniquement lorsque (a) un Objectif de restauration n’est
pas possible ; (b) il n’est pas possible, tant techniquement que financièrement, de parvenir à
l'Objectif de la restauration ; (c) le coût de la mise en œuvre du Plan excède la valeur
économique du Dommage à la Diversité biologique ; ou (d) le Tribunal détermine que
l’indemnisation est adéquate en vertu de l’article 9 du Compact.
9.4 Lorsque l’État demande une indemnisation, le montant de celle-ci sera déterminé au
moyen d’une méthode d’évaluation sur la base de processus objectifs et de critères
objectifs. L'évaluation :
j
[email protected]
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avec le Dommage à la Diversité biologique. Les Membres pour lesquels il n’existe pas de
Responsabilité proportionnelle en relation avec le Dommage (par exemple, le Membre n’a
pas Libéré un OVM ou ses actes ne sont pas autrement la Cause du Dommage à la Diversité
biologique) n’auront pas d’obligation de Réponse au titre de ce Dommage à la Diversité
biologique.
…
Article 14 : Procédure
14.1 Seul un État peut soumettre une Demande. Un État peut soumettre une Demande
uniquement en relation avec un Dommage à la Diversité biologique survenu dans les limites
de sa juridiction nationale.
14.2 Un État ne peut soumettre ni poursuivre une Demande à l’encontre d’un Membre en
conséquence d’un Incident faisant l’objet d’une action judiciaire ou administrative à
l’encontre de ce Membre dans l’État, ou ayant fait l’objet d’une action judiciaire ou
administrative à l’encontre de ce Membre dans l’État lorsque (a) l’État l’a emporté sur le
Membre à l’issue de l’action judiciaire ou administrative ; (b) l’État et le Membre ont conclu
un règlement de l’action ; (c) le Membre l’a emporté sur l’État à l’issue de l’action judiciaire
ou administrative ; ou (d) l’action a été rejetée sur le fond ou de telle manière qu'il est
interdit à l’État d’instituer à nouveau l’action.
…
(a) la Demande ;
(b) la décision du Commissaire relative à la conformité de la Demande aux conditions de
l'article 13.3 ou de l'article 14.2 du Compact ; ou
(c) la décision du Commissaire en vertu de l’article 14.9 du Compact.
…
16.5 En ce qui concerne l’examen d’une Demande en vertu de l’article 16.1(a) ci-dessus,
conformément aux dispositions et conditions du Compact, le Tribunal prendra les décisions
requises en vertu des chapitres III, IV et V du Compact, ainsi que toutes autres décisions
requises, en vertu du Compact, pour mener à bien cet examen.
(a) Chaque élément d’une Demande et d’un moyen de défense doit être examiné par le
Tribunal sur la base d'éléments de preuve de Nature scientifique conformes au Niveau de
preuve.
…
(c) Lorsque le Tribunal établit qu’il existe plus d’une Cause au Dommage à la Diversité
biologique (par exemple, dans le cas où la Libération d’un OVM est imputable à la fois à un
cas de Force majeure et à un Membre, ou bien à la fois à un Membre Titulaire d’autorisation
k
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
(e) Le Tribunal rendra une sentence définitive comportant (i) un résumé et un exposé des
motifs de chaque décision prise par lui conformément au présent article 16.5 ; (ii) la
Réponse, le cas échéant, exigée d'un Membre ; (iii) le coût de l'obligation de Réponse de ce
Membre ; (iv) la formule interdisant les réparations doubles ou multiples, conformément à
l’article 12.9 ; (v) tout remboursement devant être effectué à un État en vertu de l’article
17.4 du Compact ; (vi) des obligations de confidentialité en vertu des articles 20.1(b) ou 20.3
du Compact ; et (vii) tous autres éléments d’une sentence requis par le Compact.
16.6 Le Tribunal signifiera toute ordonnance, ainsi que la sentence définitive, aux Parties, et
en communiquera un exemplaire au Directeur exécutif. Aucune ordonnance ni sentence
d’un Tribunal ne fera l’objet d’un appel. La Convention de New York pour la reconnaissance
et l'exécution des sentences arbitrales étrangères régira les contestations des sentences.
EN FOI DE QUOI, les Membres ont fait en sorte que le Compact soit signé par leurs
représentants dûment autorisés, à la date indiquée en regard de chaque signature.
ANNEXE A
STATUTS
Article 1 : Objet
1.1 Les présents Statuts sont adoptés conformément à l’article 21 du Compact (MECANISME
CONTRACTUEL DE REPONSE EN CAS DE DOMMAGE CAUSE A LA DIVERSITE BIOLOGIQUE EN
CONSEQUENCE DE LA LIBERATION D'UN ORGANISME VIVANT MODIFIE), à la signature du
Compact.
1.2 Les présents Statuts sont établis pour l’administration et le fonctionnement du Compact,
et seront interprétés conformément aux dispositions du Compact, afin :
l
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016
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18.16 Principes du Compact applicables aux décisions en relation avec les Demandes ; règles
d’interprétation et droit en vigueur
En relation avec l’article 33 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, le Tribunal appliquera les dispositions du Compact aux décisions en
matière de Causalité, de Dommage à la Diversité biologique, de Réponse et concernant le
Plan, conformément au Niveau de preuve du Compact. Si le Tribunal conclue qu'il existe une
quelconque ambiguïté nécessitant le recours aux règles d'interprétation des contrats, les
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2. L’élimination de la pauvreté est le plus grand défi auquel le monde doit faire face
aujourd’hui et un préalable indispensable au développement durable. Ainsi sommes-nous
déterminés à affranchir d’urgence l’homme de la faim et de la pauvreté.
7. Nous réaffirmons que nous continuons d’être guidés par les buts et principes de la Charte
des Nations Unies, en respectant pleinement le droit international et ses principes.
niveau de vie adéquat, notamment le droit à l’alimentation, l’état de droit, l’égalité des
sexes et l’autonomisation des femmes ainsi que, plus généralement, notre engagement en
faveur de sociétés justes et démocratiques aux fins du développement.
15. Nous réaffirmons tous les principes énoncés dans la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement, y compris, entre autres, le principe de responsabilité
commune mais différenciée énoncé au principe 7 de la Déclaration de Rio.
16. Nous réaffirmons notre engagement à appliquer pleinement la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement, Action 21, le Programme relatif à la poursuite de la
mise en œuvre d’Action 21, le Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le
développement durable (Plan de mise en œuvre de Johannesburg) et le Programme d’action
pour le développement durable des petits États insulaires en développement (Programme
d’action de la Barbade) et la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du
Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en
développement. Nous réaffirmons également notre volonté de mettre en œuvre
intégralement le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour
la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), le Programme d’action d’Almaty :
répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un
nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays
en développement sans littoral et de transit, la Déclaration politique sur les besoins de
développement de l’Afrique et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.
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Nous rappelons également les engagements résultant des documents issus des grandes
conférences et réunions au sommet des Nations Unies dans les domaines économique,
social et environnemental, y compris la Déclaration du Millénaire et le Document final du
Sommet mondial de 2005, le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale
sur le financement du développement et la Déclaration de Doha sur le financement du
développement, le document final de la Réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée
générale des Nations Unies sur les objectifs du Millénaire pour le développement, le
Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement
ainsi que les principales mesures pour la poursuite de l’application du Programme d’action
de la Conférence internationale sur la population et le développement et la Déclaration et le
Programme d’action de Beijing.
17. Nous reconnaissons l’importance des trois Conventions de Rio pour la promotion du
développement durable et, à cet égard, nous exhortons toutes les Parties à la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à la Convention sur la diversité
biologique et à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les
pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique,
à s’acquitter pleinement de leurs engagements, conformément aux principes et dispositions
desdites conventions, à prendre à cet effet des mesures efficaces et concrètes à tous les
niveaux et à renforcer la coopération internationale.
18. Nous sommes déterminés à donner une nouvelle impulsion à la volonté politique de la
communauté internationale en faveur de la réalisation des objectifs de développement
convenus au plan international, y compris les objectifs du Millénaire, et à aller de l’avant sur
la voie du développement durable. Nous réaffirmons en outre notre détermination à
atteindre d’autres objectifs pertinents convenus depuis 1992 au plan international dans les
domaines économique, social et environnemental. Nous décidons par conséquent d’adopter
des mesures concrètes destinées à accélérer l’application des divers engagements en faveur
du développement durable.
…
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104. Nous savons que pour atteindre l’objectif de la Conférence, à savoir renouveler
l’engagement politique en faveur du développement durable, ainsi que pour aborder les
questions de l’économie verte dans le contexte du développement durable et de
l’élimination de la pauvreté, et du dispositif institutionnel du développement durable, nous
devons nous engager à combler les lacunes qui subsistent dans la mise en œuvre des
documents issus des grands sommets sur le développement durable, à faire face aux
problèmes présents et futurs, et à tirer parti des nouvelles possibilités qui s’offrent à nous en
menant à bien les activités énoncées ci-après dans le cadre d’action, appuyé comme il
convient par des moyens d’exécution. Nous sommes conscients que les objectifs, les cibles
et les indicateurs, notamment, selon qu’il conviendra, les indicateurs relatifs à la
problématique hommes-femmes, sont précieux pour mesurer et accélérer les progrès. Nous
constatons en outre que les progrès accomplis dans la mise en œuvre des mesures énoncées
ci-après peuvent être améliorés par la mise en commun volontaire de l’information, des
connaissances et de l’expérience.
245. Nous soulignons que les objectifs du Millénaire pour le développement permettent de
mettre l’accent sur la réalisation de progrès spécifiques en matière de développement, dans
le cadre d’un vaste projet de développement qui constitue la trame des activités de
développement du système des Nations Unies, en vue de la formulation de priorités
nationales et de la mobilisation des parties prenantes et des ressources aux fins de la
réalisation d’objectifs communs. Nous demeurons donc résolument attachés à la réalisation
intégrale et rapide de ces objectifs.
s
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252. Nous réaffirmons que les moyens de mise en œuvre définis dans Action 21, le
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, le Plan de mise en œuvre
de Johannesburg, le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale sur le
financement du développement et la Déclaration de Doha sur le financement du
développement sont indispensables pour traduire pleinement et effectivement les
engagements pris en faveur du développement durable en résultats concrets. Nous
réaffirmons que tout pays est responsable au premier chef de son propre développement
économique et social et que l’on ne peut surestimer le rôle des politiques nationales, des
ressources internes et des stratégies de développement. Nous réaffirmons que les pays en
développement ont besoin de ressources supplémentaires pour assurer le développement
durable. Nous reconnaissons qu’il faut mobiliser des ressources considérables de diverses
sources et utiliser efficacement les ressources financières en vue de promouvoir le
développement durable. Nous considérons que la bonne gouvernance et l’état de droit aux
niveaux national et international sont des conditions indispensables à une croissance
économique soutenue, sans exclusive et équitable, au développement durable et à
l’élimination de la pauvreté et de la faim.
…
283. Nous nous félicitons des engagements pris volontairement à la Conférence des Nations
Unies sur le développement durable et tout au long de l’année 2012 par toutes les parties
prenantes et leurs réseaux de mettre en œuvre des politiques, plans, programmes, projets
et mesures concrets pour promouvoir le développement durable et l’élimination de la
pauvreté. Nous invitons le Secrétaire général à établir un recueil de ces engagements sous
forme d’un registre électronique, qui permettrait aussi d’accéder à d’autres registres
d’engagements. Le registre devrait fournir des informations transparentes et accessibles au
public concernant les engagements et être mis à jour régulièrement.
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2015
Étant parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ci-
après dénommée « la Convention »,
Agissant en application de la plateforme de Durban pour une action renforcée adoptée par
la décision 1/CP.17 de la Conférence des Parties à la Convention à sa dix-septième session,
Soucieuses d’atteindre l’objectif de la Convention, et guidées par ses principes, y compris le
principe de l’équité et des responsabilités communes mais différenciées et des capacités
respectives, eu égard aux contextes nationaux différents,
Reconnaissant la nécessité d’une riposte efficace et progressive à la menace pressante des
changements climatiques en se fondant sur les meilleures connaissances scientifiques
disponibles,
…
Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la riposte face aux
changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable au développement durable
et à l’élimination de la pauvreté,
…
Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour
l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements,
les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations
respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples
autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes
handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi
que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations,
…
Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la
participation du public, de l’accès de la population à l’information et de la coopération à tous
les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,
Reconnaissant l’importance de la participation des pouvoirs publics à tous les niveaux et des
divers acteurs, conformément aux législations nationales respectives des Parties, dans la
lutte contre les changements climatiques,
Reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables de
consommation et de production, les pays développés parties montrant la voie, jouent un
rôle important pour faire face aux changements climatiques,
Sont convenues de ce qui suit :
…
Article 2
1. Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de
son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques,
dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en
:
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b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques
et en promouvant la résilience à ces changements et un développement à faible émission de
gaz à effet de serre, d’une manière qui ne menace pas la production alimentaire;
c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un
développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements
climatiques.
2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au principe des
responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux
contextes nationaux différents.
Article 3
À titre de contributions déterminées au niveau national à la riposte mondiale aux
changements climatiques, il incombe à toutes les Parties d’engager et de communiquer des
efforts ambitieux au sens des articles 4, 7, 9, 10, 11 et 13 en vue de réaliser l’objet du
présent Accord tel qu’énoncé à l’article 2. Les efforts de toutes les Parties représenteront, à
terme, une progression, tout en reconnaissant la nécessité d’aider les pays en
développement parties pour que le présent Accord soit appliqué efficacement.
Article 4
1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les
Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre
dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps
pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite
conformément aux meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un
équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques
par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de
l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.
4. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des objectifs
de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie. Les pays en
développement parties devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont
encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des
émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux contextes nationaux différents.
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5. Un appui est fourni aux pays en développement parties pour l’application du présent
article, conformément aux articles 9, 10 et 11, étant entendu qu’un appui renforcé en faveur
des pays en développement parties leur permettra de prendre des mesures plus
ambitieuses.
6. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement peuvent
établir et communiquer des stratégies, plans et mesures de développement à faible émission
de gaz à effet de serre correspondant à leur situation particulière.
9. Chaque Partie communique une contribution déterminée au niveau national tous les
cinq ans conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions pertinentes de la
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris et en tenant
compte des résultats du bilan mondial prévu à l’article 14.
10. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris
examine des calendriers communs pour les contributions déterminées au niveau national à
sa première session.
11. Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au niveau
national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux directives adoptées par la
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.
12. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par les Parties sont
consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.
13. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau national.
Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques correspondant à
leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties promeuvent l’intégrité
environnementale, la transparence, l’exactitude, l’exhaustivité, la comparabilité et la
cohérence, et veillent à ce qu’un double comptage soit évité, conformément aux directives
adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de
Paris.
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15. Les Parties tiennent compte, dans la mise en œuvre du présent Accord, des
préoccupations des Parties dont l’économie est particulièrement touchée par les effets des
mesures de riposte, en particulier les pays en développement parties.
16. Les Parties, y compris les organisations régionales d’intégration économique et leurs
États membres, qui se sont mises d’accord pour agir conjointement en application du
paragraphe 2 du présent article, notifient au secrétariat les termes de l’accord pertinent, y
compris le niveau d’émissions attribué à chaque Partie pendant la période considérée, au
moment de communiquer leurs contributions déterminées au niveau national. Le secrétariat
informe à son tour les Parties à la Convention et les signataires des termes de l’accord.
17. Chaque partie à un accord de ce type est responsable de son niveau d’émissions
indiqué dans l’accord visé au paragraphe 16 ci-dessus conformément aux paragraphes 13 et
14 du présent article et aux articles 13 et 15.
18. Si des Parties agissant conjointement le font dans le cadre d’une organisation
régionale d’intégration économique qui est elle-même partie au présent Accord, et en
concertation avec elle, chaque État membre de cette organisation régionale d’intégration
économique, à titre individuel et conjointement avec l’organisation régionale d’intégration
économique, est responsable de son niveau d’émissions indiqué dans l’accord communiqué
en application du paragraphe 16 du présent article conformément aux paragraphes 13 et 14
du présent article et aux articles 13 et 15.
19. Toutes les Parties s’emploient à formuler et communiquer des stratégies à long terme
de développement à faible émission de gaz à effet de serre, en gardant à l’esprit l’article 2
compte tenu de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités
respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.
Article 5
1. Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer
les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de
l’article 4 de la Convention, notamment les forêts.
2. Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment
par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les
décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches
générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des
émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la
conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone
forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment
des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale
et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient,
les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches.
Article 6
1. Les Parties reconnaissent que certaines Parties décident d’agir volontairement en
concertation dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national
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[email protected]
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2. Les Parties, lorsqu’elles mènent à titre volontaire des démarches concertées passant
par l’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international aux fins des
contributions déterminées au niveau national, promeuvent le développement durable et
garantissent l’intégrité environnementale et la transparence, y compris en matière de
gouvernance, et appliquent un système fiable de comptabilisation, afin notamment d’éviter
un double comptage, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties
agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.
4. Il est établi un mécanisme pour contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet
de serre et promouvoir le développement durable, placé sous l’autorité de la Conférence
des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, dont il suit les directives,
à l’intention des Parties, qui l’utilisent à titre volontaire. Il est supervisé par un organe
désigné par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de
Paris, et a pour objet de :
a) Promouvoir l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant le
développement durable;
b) Promouvoir et faciliter la participation à l’atténuation des gaz à effet de serre d’entités
publiques et privées autorisées par une Partie;
c) Contribuer à la réduction des niveaux d’émissions dans la Partie hôte, qui bénéficiera
d’activités d’atténuation donnant lieu à des réductions d’émissions qui peuvent aussi être
utilisées par une autre Partie pour remplir sa contribution déterminée au niveau national;
d) Permettre une atténuation globale des émissions mondiales.
6. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris veille
à ce qu’une part des fonds provenant d’activités menées au titre du mécanisme visé au
paragraphe 4 du présent article soit utilisée pour couvrir les dépenses administratives ainsi
que pour aider les pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques à financer le coût de l’adaptation.
…
Article 7
1. Les Parties établissent l’objectif mondial en matière d’adaptation consistant à renforcer
les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire
la vulnérabilité à ces changements, en vue de contribuer au développement durable et de
garantir une riposte adéquate en matière d’adaptation dans le contexte de l’objectif de
température énoncé à l’article 2.
2. Les Parties reconnaissent que l’adaptation est un problème mondial qui se pose à tous,
comportant des dimensions locales, infranationales, nationales, régionales et
internationales, et que c’est un élément clef de la riposte mondiale à long terme face aux
changements climatiques, à laquelle elle contribue, afin de protéger les populations, les
moyens d’existence et les écosystèmes, en tenant compte des besoins urgents et immédiats
des pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes
des changements climatiques.
Article 8
1. Les Parties reconnaissent la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et
préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment les
phénomènes météorologiques extrêmes et les phénomènes qui se manifestent lentement,
et d’y remédier, ainsi que le rôle joué par le développement durable dans la réduction du
risque de pertes et préjudices.
Article 9
1. Les pays développés parties fournissent des ressources financières pour venir en aide
aux pays en développement parties aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la
continuité de leurs obligations au titre de la Convention.
…
Article 12
Les Parties coopèrent en prenant, selon qu’il convient, des mesures pour améliorer
l’éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l’accès de la
population à l’information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de
l’importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l’action engagée au titre du
présent Accord.
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Article 13
1. Afin de renforcer la confiance mutuelle et de promouvoir une mise en œuvre efficace, il
est créé un cadre de transparence renforcé des mesures et de l’appui, assorti d’une certaine
flexibilité, qui tient compte des capacités différentes des Parties et qui s’appuie sur
l’expérience collective.
8. Chaque Partie devrait communiquer des informations sur les effets des changements
climatiques et sur l’adaptation à ces changements au titre de l’article 7, selon qu’il convient.
9. Les pays développés parties et les autres Parties qui apportent un appui devraient
communiquer des informations sur l’appui fourni, sous la forme de ressources financières,
d’un transfert de technologies et d’un renforcement des capacités, aux pays en
développement parties au titre des articles 9, 10 et 11.
10. Les pays en développement parties devraient communiquer des informations sur
l’appui dont ils ont besoin et qu’ils ont reçu, sous la forme de ressources financières, d’un
transfert de technologies et d’un renforcement des capacités au titre des articles 9, 10 et 11.
11. Les informations communiquées par chaque Partie au titre des paragraphes 7 et 9 du
présent article sont soumises à un examen technique par des experts, conformément à la
décision 1/CP.21.
…
Article 15
1. Il est institué un mécanisme pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect
des dispositions du présent Accord et en promouvoir le respect.
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2. Le mécanisme visé au paragraphe 1 est constitué d’un comité d’experts et axé sur la
facilitation, et fonctionne d’une manière qui est transparente, non accusatoire et non
punitive. Le comité accorde une attention particulière à la situation et aux capacités
nationales respectives des Parties.
…
Article 20
…
2. Toute organisation d’intégration économique régionale qui devient Partie au présent
Accord sans qu’aucun de ses États membres y soit partie est liée par toutes les obligations
découlant du présent Accord. Lorsqu’un ou plusieurs États membres d’une organisation
d’intégration économique régionale sont parties au présent Accord, cette organisation et ses
États membres conviennent de leurs responsabilités respectives aux fins de l’exécution de
leurs obligations au titre du présent Accord. En pareil cas, l’organisation et ses États
membres ne sont pas habilités à exercer concurremment les droits découlant du présent
Accord.
…
Article 21
1. Le présent Accord entre en vigueur le trentième jour qui suit la date du dépôt de leurs
instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion par 55 Parties à la
Convention qui représentent au total au moins un pourcentage estimé à 55 % du total des
émissions mondiales de gaz à effet de serre.
2. Au seul fin du paragraphe 1 du présent article, on entend par « total des émissions
mondiales de gaz à effet de serre » la quantité la plus récente communiquée le jour de
l’adoption du présent Accord par les Parties à la Convention ou avant cette date.
…
Article 22
Les dispositions de l’article 15 de la Convention relatif à l’adoption d’amendements
s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord.
Article 23
1. Les dispositions de l’article 16 de la Convention relatives à l’adoption et à
l’amendement d’annexes de la Convention s’appliquent mutatis mutandis au présent
Accord.
2. Les annexes du présent Accord font partie intégrante de celui-ci et, sauf disposition
contraire expresse, toute référence au présent Accord constitue en même temps une
référence à ses annexes. …
Article 24
Les dispositions de l’article 14 de la Convention relatif au règlement des différends
s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord. …
Article 27
Aucune réserve ne peut être faite au présent Accord.
…
Article 29
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L’original du présent Accord, dont les textes anglais, arabe, chinois, espagnol, français et
russe font également foi, sera déposé auprès du Secrétaire général de l’Organisation des
Nations Unies.
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TABLE DE MATIERES
DEDICACE .................................................................................................................................................... i
REMERCIEMENTS ...................................................................................................................................... ii
RESUME ....................................................................................................................................................... v
ABSTRACT ................................................................................................................................................. vi
A. Justiciabilité ............................................................................................................................................. 7
B. Concept 8
C. Développement durable........................................................................................................................... 9
dd
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B. Les solutions particulières appliquées dans le cadre de la réduction des GES ...................................... 88
A. La restitution et l’indemnisation............................................................................................................ 90
CONCLUSION GÉNÉRALE...................................................................................................................... 95
BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................................... 97
ANNEXES ......................................................................................................................................................a