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Justiciabilite Du Concept de Developpeme

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UNIVERSITE CATHOLIQUE D’AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE


------------------------
FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
---------------------------
Association pour la Promotion des Droits de l’Homme en Afrique Centrale

THEME :
LA JUSTICIABILITE DU CONCEPT DE
DEVELOPPEMENT DURABLE EN
DROIT INTERNATIONAL

Mémoire présenté et soutenu en vue de l’obtention du Master Droit de l’Homme et Action


Humanitaire

Par :

YANGO DJOMO NADINE MIRELLE


Licence en Droit Privé

Sous la direction de :

Dr. PARFAIT OUMBA


Chargé de cours à UCAC

Année académique : 2015-2016


LA JUSTICIABILITE DU CONCEPT DE
DEVELOPPEMENT DURABLE EN DROIT
INTERNATIONAL

DEDICACE
A ma fille et à nos générations futures
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

REMERCIEMENTS

Ce travail n’aurait pu être fait sans l’apport direct et indirect d’une multitude de personnes.
Toute notre gratitude va en premier lieu à Dr. Parfait Oumba pour sa compréhension, son
apport scientifique et sa disponibilité. Nos remerciements à l’ensemble du staff académique
qui d’une façon ou d’une autre nous a permis d’évoluer sur le plan académique et scientifique.
Toute notre reconnaissance à M. Carlos Mukam pour son apport matériel, M. Fréderic Foka
pour ses conseils et sa sollicitude, et les membres de jury de soutenance pour leur appréciation
scientifique hautement utile.

Notre reconnaissance va à l’endroit de nos collègues de classes et ceux qui à travers les
échanges, critiques, mots d’encouragement et de sollicitude ont participé à enrichir ce travail.

Nos sincères remerciements à Nelly et Jean- Marcel pour la relecture de cette modeste
production scientifique. Enfin, toute notre gratitude va à l’endroit de nos parents, frères et
sœurs dont les sacrifices quotidiens et la présence ont permis que se réalise un rêve longtemps
chéri. Vos efforts n’auront pas été vains.

A toi seigneur, tout honneur et toute gloire, pour des siècles et des siècles.

ii
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

SIGLES ET ABREVIATIONS

APDHAC : Association de Promotion des Droits de l’Homme en Afrique Centrale

CADHP : Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

CCNUCC : Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique

CDB : Convention sur la Diversité Biologique

CDD : Commission du Développement Durable

CDI : Commission de Droit International

CEDH : Cour Européenne des Droits de l’Homme

CIJ : Cour Internationale de Justice

CIRDI : Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux


Investissements

CJCE : Cour de Justice des Communautés Européennes

CJUE : Cour de Justice de l’Union Européenne

CMB : Convention de Montego Bay

CMED : Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement

CNUED : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement

CNUEH : Conférence des Nations Unies sur l’Environnement Humain

Commission ADHP : Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

COP : Conférence des parties

CPA : Cour Permanente d’Arbitrage

Crt ADHP : Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples

iii
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

EIE : Étude d’Impact Environnemental

FAO: Food and Agricultural Organisation

GATT : General Agreement on Tariffs and Trade (Accord général sur les tarifs
douaniers et le commerce)

GES : Gaz à effets de serre

HCDH : Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme

IFDD : Institut de la Francophonie pour le Développement Durable

MDP : Mécanisme pour un développement propre

ODD : Objectifs du Développement Durable

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectifs du millénaire pour le développement

ONU : Organisation des Nations Unies

ORD : Organe de Règlement des Différends

Par. : Paragraphe

PMP : Procédés et moyens de production

TFUE : Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne

TIDM : Tribunal International du Droit de la Mer

TUE : Traité de l’Union Européenne

UCAC : Université Catholique d’Afrique Centrale

UNISDR : Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe

URCE : Unité certifiée de réduction des émissions

iv
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

RESUME

Loin d’être un concept creux sans aucune portée, le concept de développement durable
apparaît aujourd’hui comme un principe du droit international. Son caractère souvent abstrait
et les réticences du juge international de lui reconnaître toute sa nature juridique sont relevés
pour amoindrir sa juridicité et contredire sa justiciabilité. Pourtant eu égard aux différents
éléments qui caractérisent la notion de justiciabilité, ce principe de droit a bien des obligations
juridiques, conventionnelles et de l’ordre coutumier. Son encadrement juridique met bien en
exergue l’existence de voies de recours sur le plan universel et régional, ainsi qu’un régime de
sanctions qui pourrait lui être applicable.

Le principe de développement durable est donc justiciable même si sa spécificité


recommande qu’une démonstration particulière soit faite de ce qui devrait être une évidence.
Celle-ci basée sur les règles du droit international en matière de traités, procédures
juridictionnelles et responsabilités, permet d’affirmer qu’il existe déjà un contentieux
international du développement durable en pleine évolution. C’est un contentieux qui
concerne aussi bien les Etats, que les organisations internationales, les entreprises et la société
civile. Celui-ci a certainement son lot de difficultés et de contraintes, ce qui n’enlève en rien à
la valeur juridique du principe de développement durable.

Mots clés: Développement durable, Justiciabilité, Obligations juridiques, Droit international,


Droit international de l’environnement, Principe d’intégration, Prévention, Précaution,
Responsabilités communes mais différenciées, Droits de l’homme.

v
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

ABSTRACT

Far from being an indefinite concept with no legal scope, the concept of sustainable
development has come to exist as a legal principle in international law. Due to its flexible and
evasive nature, and the reluctance of the ICJ in ascertaining its legal nature, legal critics have
thrown doubts on its normative character and its justiciability. Yet, the principle lays down
obligations of means as well as results even in the field of customary law. Furthermore,
various normative instruments empower international and regional courts to hear cases and
render decisions based on this legal norm.

Sustainable development is thus a justiciable norm even though its peculiarities


recommends a thorough scientific approach in order to ascertain what should have being
obvious. A study of the rules of international law in the field of treaty law and conflict
resolution puts to light a growing number of litigations pertaining to this norm. Apart from
states, case law in the field of sustainable development implicates international organizations,
multinationals and the civil society, at large. Thus, notwithstanding the challenges and
constraints involved with proving a claim pertaining to sustainable development, it is far from
being just an interpretative tool in the hands of judges.

Key words: Sustainable development, Justiciability, Legal obligations, International law,


International environmental law, Principle of integration, Prevention, Precaution, Common
but differentiated responsibilities, Human rights.

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................. 1

PREMIÈRE PARTIE : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU


POINT DE VUE SUBSTANTIEL ........................................................................................ 21

CHAPITRE 1 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN TANT QUE


PRINCIPE CONVENTIONNEL ............................................................................................. 24

Section 1 : L’existence d’obligations précises ........................................................................... 25

Section 2 : L’existence d’obligations minimales dans des dispositions générales ..................... 33

CHAPITRE 2 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE SUR LE PLAN


COUTUMIER .......................................................................................................................... 39

Section 1 : L’existence d’une pratique effective ........................................................................ 41

Section 2 : L’existence d’un opinio juris valable ....................................................................... 47

DEUXIÈME PARTIE : L’EXISTENCE DE VOIES DE RECOURS ET DE SOLUTIONS


JURIDIQUES ......................................................................................................................... 55

CHAPITRE 3 : LA JUSTICIABILITÉ DU PRINCIPE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU


POINT DE VUE PROCEDURAL ........................................................................................... 57

Section 1 : L’existence d’un juge international compétent ........................................................ 58

Section 2 : La qualité des parties et la question de recevabilité ................................................. 71

CHAPITRE 4 : LA POSSIBILITE DE SOLUTIONS JURIDIQUES AUX DIFFERENDS


PORTANT SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE .......................................................... 79

Section 1 : Le régime de responsabilité applicable au principe ................................................. 80

Section 2 : La sanction applicable .............................................................................................. 87

CONCLUSION GÉNÉRALE ..................................................................................................... 95

BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................... 97

ANNEXES ....................................................................................................................................... a

TABLE DE MATIERES ............................................................................................................. dd

vii
[email protected]
INTRODUCTION GENERALE

Depuis le Sommet de Rio de 1992, le développement durable a progressivement fait


l’objet des discours, qu’il s’agisse des questions d’ordre social, environnemental, politique,
économique et même culturel tant sur la sphère internationale que nationale, dans les secteurs
public et privé. Plus encore, cette actualité est présente dans le domaine du droit1.

Les nombreux discours sur le développement durable dénotent bien de l’importance de


ce concept. En effet, l’accumulation de sinistres de grande ampleur tels que les catastrophes
de Seveso en 1976, de Bhopal en 1984, de Tchernobyl en 1986, le naufrage pétrolier d’Erika
de 1999, pour ne citer que ceux-ci, et la prise en compte des risques d’épuisement des
ressources naturelles, ont permis d’accroître la sensibilisation internationale sur les risques
irréversibles qui menacent la planète et qui mettent en péril l’avenir des générations futures2.
Dès lors, les Etats ne peuvent plus se permettre de promouvoir leur croissance économique en
négligeant l’environnement, la mère nourricière de toutes les nations. De plus, le
développement ne peut plus se construire en vase clos ; il ne peut y avoir de développement
viable et continu que si les écarts sont réduits et les «riches» se rapprochent le plus possible
des « pauvres », le Nord du Sud. Aussi le développement apparaît- il de nos jours comme
devant associer préservation de l’environnement et protection des droits de l’homme aux
perspectives d’avenir des Etats en matière de croissance et d’autonomie. Le développement
durable est ainsi devenu un paradigme incontournable qui semble vouloir redéfinir la plupart
sinon toutes les actions de l’homme3.

Pourtant, le discours sur le développement durable reste encore un discours imprécis.


Comme beaucoup de notions en droit international, sa création n’a pas pour autant été
accompagnée d’une définition claire et concrète. Plus encore, sa juridicité est d’autant plus
discutée que sa justiciabilité sur le plan international est peu envisagée. Pourtant, il ne manque

1
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, A.G RES S-19/2 du 27 Juin 1997.
2
Christian Byk, « Développement durable et droit international », in Journal International de Bioéthique,
Biodiversité, biosécurité et développement durable, Vol. 17, N°4, 2006, pp. 11- 13.
3
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, A.G RES S-19/2 du 27 Juin 1997.

1
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

pas d’occasions où le juge international s’est appuyé sur ce « concept » ou a dû s’y appesantir.
Cependant, on ne peut que noter, que ceci n’a pas pour autant fait évoluer de façon
significative l’appréhension du concept du développement durable, le juge étant assez
circonspect quant à ses développements sur le sujet. Ceci étant, eu égard à la multiplication
des forums internationaux sur la question ainsi que des textes déclaratoires et contraignants
sur le sujet, il n’est pas vain aujourd’hui d’envisager que cette notion puisse devenir comme
tant d’autres une cause de saisine du juge international.

I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE

Le développement durable est cité dans un nombre important de traités, de déclarations,


de résolutions d’organisations internationales, de programmes d’action et de codes de
conduite. Selon Virginie Barral, il est inclus dans plus de 300 conventions. Des traités
multilatéraux, au nombre de 112, y font référence parmi lesquels environ 30 visent une
participation universelle4. De façon générale, ce concept est utilisé pour traduire la nécessité
de concilier développement et préservation de l’environnement. Déjà en 1972, la Déclaration
de la conférence des Nations Unies sur l’environnement à Stockholm précisait en son principe
1 que l’homme “… a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les
générations présentes et futures”. Ce devoir, exprimé de différentes façons, a continué à être
intégré dans des textes liés à l’environnement. Dans la Convention des Nations Unies sur la
lutte contre la désertification du 15 juin 1994 par exemple, les pays touchés s’engagent « à
établir des stratégies et des priorités, dans le cadre des plans ou des politiques de
développement durable, pour lutter contre la désertification et atténuer les effets de la
sécheresse5 ».

Toutefois, le lien avec les droits de l’homme est aussi affirmé. Dans le Pacte de non-
agression et de défense commune de l’Union africaine du 31 janvier 2005 par exemple,
précisément à l’article 3, les Etats parties « s'engagent à promouvoir des politiques de
développement durable propres à assurer le bien-être des populations, y compris la dignité et
les droits fondamentaux inhérents à toute personne humaine dans le cadre d'une société
démocratique, comme stipulé dans la Déclaration de Lomé ». D’ailleurs, le Protocole à la

4
Virginie Barral, “Sustainable Development in International Law: Nature and Operation of an Evolutive Legal
Norm”, in The European Journal of International Law (EJIL) Vol. 23, N° 2, 2012, pp. 384- 400.
5
Article 5 (b).
2
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes du 11
juillet 2003 consacre à son article 19 un « droit à un développement durable ».

Le juge international quant à lui, n’a pas pu rester longtemps loin de cette nouvelle
donne. Ainsi, la Cour Internationale de Justice (CIJ.), reconnaît l’importance du
développement durable pour la première fois en 1997, dans l’affaire du Barrage sur le fleuve
Danube6. Plus récemment en 2010, dans l’affaire des Usines de pâte à papier sur le fleuve
Uruguay, la Cour fait mention de « l’objectif du développement durable7 ».

Le concept se trouve encore aujourd’hui mis au-devant de la scène à travers notamment


l’accord de Paris de décembre 2015 qui a comme objectif de « … renforcer la riposte
mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement
durable et de la lutte contre la pauvreté8». De façon plus concrète, les Etats du monde ont
adopté un nouveau programme d’action post 2015 le 27 septembre 2015 avec des nouveaux
objectifs intitulés des objectifs du développement durable. Ces dix-sept objectifs visent à
« réorienter le monde vers une voie pérenne » sans que personne ne soit laissé pour compte9.

C’est fort de cette évolution normative et jurisprudentielle que cette étude propose une
analyse quant à la possible justiciabilité du concept de développement durable. Pour cela, elle
s’articulera dans un champ de recherche précis.

II. DELIMITATION DU SUJET

Il conviendrait, pour clarifier le champ de la recherche, de procéder à une délimitation


temporelle (A) et matérielle (B).

A. Délimitation temporelle

Sur le plan temporel, l’étude couvrira la période de 1987 à 2016, année à laquelle
prendra fin nos recherches.

6
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), arrêt du 25 septembre 1997, CIJ.,
Recueil 1997, § 140.
7
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay), arrêt du 20 avril 2010, CIJ., Recueil
2010, § 177.
8
Article 2.
9
Préambule du nouveau programme d’action mondiale traduit par l’Institut de la Francophonie pour le
Développement Durable (IFDD).
3
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Beaucoup d’auteurs conviennent que la notoriété du concept de développement durable


naît d’une campagne de promotion du concept de l’ONU depuis Rio 199210. C’est en 1992,
lors du Sommet de la terre sur l’environnement et le développement qu’une conception
universelle commune du concept fut consacrée. Toutefois, celle-ci est fondée sur la définition
présente dans le rapport de la Commission sur l’environnement et le développement11 initié en
1983 par l’Assemblée générale de l’ONU. Ce rapport, adopté en 1987 fut ainsi une sonnette
d’alarme à l’endroit des Etats mais aussi des entreprises et autres sujets du droit international,
sur la nécessité de redéfinir la mise en œuvre du développement. La conférence sera ainsi la
matérialisation de la réponse du monde à travers l’adoption de deux textes contraignants qui
constituent les premiers engagements internationaux en faveur du développement durable 12.
En plus, elle va également donner lieu à trois instruments non obligatoires qui constituent la
base même de la consolidation du droit de l’environnement et de l’émergence du concept du
développement durable. Ce sont la Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement, l’Agenda 21 et la Déclaration sur les forêts.

L’année 1987 marque ainsi sur le plan international, les prémices de la naissance d’une
nouvelle conception du développement basée sur la prise en compte des effets des activités de
l’homme sur l’environnement.

B. Délimitation matérielle

Le champ de l’étude est principalement le droit international public. Les préceptes de


base comme les sources du droit international et les règles sur les traités seront convoquées
afin d’éclairer notre argumentaire. Dans cette logique, la Convention de Vienne de 1969 sur le
droit des traités et le Statut de la CIJ qui indique entre autres les différentes sources du droit
international, seront des outils importants. Les règles du droit international en matière de
responsabilité étatique telles que précisées dans les travaux de la Commission du droit
international (CDI), et développées par la doctrine des plus grands publicistes et différentes
décisions du juge international permettront d’asseoir une démonstration scientifique.

Le développement durable est un concept à caractère pluridimensionnel dont les trois


piliers sont l’environnement, l’économie et le social. Ceci étant, le Droit international de
10
Virginie Barral, Op. Cit., pp.379-400.
11
Commission Brundtland.
12
La Convention cadre des nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) et la Convention sur la
diversité biologique (CDB).
4
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

l’environnement et le Droit international des droits de l’homme sont les principales


disciplines qui seront convoquées.

Le Droit international de l’environnement est la source même du concept de


développement durable. C’est à travers ses différents textes de la hard law et de la soft law,
que le concept a pu s’affirmer. La Déclaration de Rio sur l’environnement et le
développement montre bien la relation étroite qui existe entre le développement durable et
l’environnement. Le principe 4 prévoit spécifiquement que « pour parvenir à un
développement durable, la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du
processus de développement et ne peut être considérée isolément ». Cette protection est
garantie par le Droit international de l’environnement à travers les conventions sur le
changement climatique, la diversité biologique, la pollution et autres questions
environnementales. Par ailleurs, un nombre de principes est reconnu dans la CCNUCC et tous
ses documents connexes13 et dans la Convention sur la diversité biologique. Seront également
évoqués les principes tels que le principe de précaution, d’intégration, de pollueur-payeur, de
participation et de prévention, et les concepts tels que le concept d’équité, qui sont importants
à la mise en œuvre du développement durable.

Le Droit international des droits de l’homme, et de façon générale le droit


communautaire, seront aussi convoqués. Les instruments invoqués sont principalement ceux
qui font référence au développement durable mais aussi au droit au développement et à un
environnement sain. Leur importance naît du fait que le principe est cité dans certains de ses
instruments. De plus, le juge des droits de l’homme et le juge communautaire ont eu à se
prononcer sur le concept.

La démonstration sera donc étayée grâce aux différentes décisions pertinentes


notamment celles de la CIJ. La CIJ n’a pas à proprement parlé une compétence en matière
d’environnement et de développement durable. Toutefois, à travers son appréciation des
relations conventionnelles, elle a eu depuis sa création à rendre des décisions portant sur le
Droit de l’environnement. La Cour a également relevé l’importance du développement
durable comme outil interprétatif ou transformateur des obligations des Etats. Que ce soit
dans la fameuse affaire Gabcikovo-Nagymaros ou la non moins importante affaire des usines
de pâte à papier, les problèmes présentés à la Cour sont, aux termes de Parfait Oumba, « …

13
Dont le Protocole de Kyoto de 1997.
5
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

emblématique [s] des problèmes du développement durable et des difficultés à concilier


développement économique (industriel, agricole, touristique…) d’une part, et protection
d’une ressource naturelle partagée (un fleuve frontière) d’autre part »14.

L’équilibre à établir entre préservation de l’environnement et développement


économique a également été évoqué dans certaines affaires portées à l’attention de d’autres
juridictions spécialisées. Ce sont l’Organe de règlement des différends (ORD) de
l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le Tribunal international du droit de la mer
(TIDM), le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
(CIRDI) ainsi que la Cour permanente d’arbitrage (CPA) ; mais aussi la Commission
africaine des droits de l’homme et des peuples (Commission ADHP), la Cour de justice de
l’union européenne (CJUE). Dans la pratique, les affaires telles que la ligne du Rhin de fer, le
thon à la nageoire bleu ou encore l’usine de Mox, mettent en exergue les actes bien souvent
licites qui pourraient porter atteinte à la durabilité de l’environnement et ainsi violer les règles
du développement durable.

A travers ces instruments, les écrits doctrinaux et les décisions des juridictions
compétentes, il sera possible de démontrer qu’il existe de voies de recours liées au concept de
développement durable. Ils permettront aussi de mettre en exergue les obligations susceptibles
d’être l’objet d’un recours dans le domaine du développement durable ainsi que des sanctions
applicables.

III. DEFINITION DES CONCEPTS

Comme l’affirme Émile Durkheim, pour une bonne compréhension d’un sujet d’étude,
« il faut toujours définir les concepts afin de les démarquer de la confusion qui caractérise le
sens commun15 ». Aussi sera-t-il question de donner un sens aux concepts de ‘justiciabilité’,
‘développement durable’ ainsi qu’à la notion de ‘concept’ telle qu’employée dans ce travail.

14
Parfait Oumba, Responsabilité internationale de l’état et risques environnementaux, Thèse présentée et
soutenue publiquement en vue de l’obtention du diplôme de Doctorat en Droit, Université Catholique d’Afrique
Centrale, Yaoundé, 2015, p.104.
15
Emile Durkheim, « les règles de la méthode sociologique », in Revue philosophique, Paris, 1894, p.26, cité par
Maxime Bissay, l’impact de l’éducation aux droits de l’homme au Cameroun : cas de la région du Littoral,
mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master en Droits de l’Homme et Action Humanitaire,
UCAC- Institut d’Ekounou, année académique 2012- 2013, p.15.
6
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

A. Justiciabilité

Certains auteurs tels que Mireille Delmas-Marty, définissent la justiciabilité simplement


en termes d’existence de recours (juridictionnels ou quasi juridictionnels)16. Aussi, pour
Golay, cette notion peut être envisagée comme étant la possibilité pour un droit “d’être
invoqué par un individu ou un groupe devant un organe judiciaire ou quasi-judiciaire qui
pourra déterminer son contenu dans un cas particulier, concret et décider des mesures à
prendre pour remédier à sa violation, si violation il y a17 ». Cependant, cette approche peut
poser problème dans la mesure où on aurait tendance à vérifier la justiciabilité d’une règle de
droit ou d’un principe par la seule existence d’un contentieux y relatif. De plus, elle ne permet
pas de distinguer toutes les questions liées à cette notion d’origine anglo-saxonne qui exprime
une réalité au-delà de la seule existence d’un juge pour la règle de droit ou le principe en
question18.

En effet, le terme justiciabilité, transposition de la notion anglaise « justiciability »,


exprime une préoccupation juridique qui est celle de savoir si, selon les termes de Justice
Barak, "… the court is the appropriate authority to determine a particular dispute19” (la Cour
est l’autorité appropriée pour se prononcer sur un conflit donné)20. De ce fait, Collier et Lowe
définissent le terme comme « an aspect of the focusing of a disagreement or clash of interests
into a concrete dispute, capable of resolution by a judicial process on the basis of law21”.

16
Mireille Delmas-Marty, « Sens et non-sens de l’humanisme juridique », in Études juridiques comparatives et
internationalisation du droit, pp. 748- , consulté sur https://www.college-de-france.fr/media/mireille-delmas-
marty/UPL580252029222612112_delmas_marty.pdf (13 octobre 2015 à 23h03).
17
Lorenzo Cotula (dir.), Le droit à l’alimentation et l’accès aux ressources naturelles :Utilisation des arguments
et des mécanismes des droits de l’homme pour améliorer l’accès aux ressources des populations rurales
pauvres, FAO, Rome, 2009, p.52.
18
C’est dans ce sens que le juge Koroma dans son opinion individuelle à l’arrêt de la CIJ du 21 juin 2000 portant
sur l’incident aérien du 10 août 1999 (Pakistan c. Inde), opère la différence entre le concept de justiciabilité qui
est lié à l’existence d’obligations juridiques imposables à des parties à un différend et celui de compétence qui
est lié à l’existence d’un recours accepté par les parties (par. 51- 55).
19
Juge Brennan dans Baker v Carr 369 U.S. 186, 217 (1962), Ariel L. Bendor, “Are there any limits to
justiciability? The jurisprudential and constitutional controversy in light of the Israeli and American experience”,
in IND. INT'L & COMP. L. REV., Vol. 7:2, pp. 315- 377, consulté sur https://mckinneylaw.iu.edu (22 décembre
2015 à 11h). Voir aussi Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci
(Nicaragua c. Etats Unis d’Amérique), Arrêt du 27 juin 1986, C.I.J., §. 32- 35.
20
Christian Atias estime que le terme désigne la qualité de ce qui est propre à être examiné par des juges, voir
Diane Roman, « La justiciabilité des droits sociaux ou les enjeux de l’édification d’un État de droit social », in
La Revue des droits de l’homme [En ligne], 1 | 2012, p. 4 (mis en ligne le 27 mars 2014, consulté le 09 décembre
2015).
21
John Collier & Vaughan Lowe, The settlement of disputes in international law. Institutions and procédures,
Oxford, 1999, p. 16.
7
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Pour être justiciable donc, un principe doit pouvoir être invoqué dans le cadre de différends
dont la solution serait basée sur le droit ou serait du pouvoir du judiciaire.

Cette approche, plus ouverte22peut cependant donner lieu à une interprétation limitée et
non évolutive du concept de justiciabilité dans une situation où l’intervention du juge le
pousserait à analyser l’action du pouvoir exécutif. En effet selon le principe de la séparation
des pouvoirs, un différend ne saurait être justiciable si le juge est appelé à faire incursion dans
le domaine réservé aux autres pouvoirs. Ceci étant, selon Jean- Maurice Arbour et Sophie
Lavallée, la justiciabilité est facile à établir lorsqu’on se réfère à la seule approche qu’il faut
suivre pour appréhender la question, c'est-à-dire celle de savoir s’il existe des obligations
internationales au regard de ces droits23.

Il ressort de tout ce qui précède que la notion de justiciabilité englobe trois éléments à
savoir : l’existence d’obligations juridiques, l’existence d’un juge, et la possibilité pour le
juge de régler les différends liés à ces obligations sur la base du droit.

B. Concept

Aux termes de Michel Virally, le concept est « la forme la plus abstraite qu’un principe
juridique puisse revêtir, puisqu’elle élimine toute allusion aux circonstances concrètes dans
lesquelles elle peut avoir à s’appliquer24». C’est ainsi que Paul Amselek définit le concept
comme correspondant à « … la représentation intellectuelle des lignes essentielles, des
contours typiques qui forment la constitution fondamentale d’une chose25 ». Allant dans le
même sens, Jean Pierre Beurrier opère une distinction pratique importante entre les concepts
et les principes. A la différence des principes, les concepts qu’il décrit comme des
« …représentations abstraites des objectifs de la société […] ne peuvent pas être appliqués
directement, ils sont sous-jacents à toutes règles formant l’ordre juridique26».

22
Elle comprend en plus de l’existence d’un juge, la possibilité légitime de sanctions.
23
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Droit International de l’Environnement, Québec, Bruylant, 2006, p.
118.
24
Michel Virally, « Le rôle des principes dans le développement du droit international », in Recueil d’études de
droit international en hommage à Paul Guggenheim, Genève, Tribune, 1968, p. 534.
25
Paul Amselek, « Norme et loi », in Archives de philosophie du droit, N° 25, Paris, Sirey, 1980, p. 95, cité par
Jean-Philippe Derosier, « Enquêtes sur la limite constitutionnelle : du concept à la notion », in Revue française
de droit constitutionnel, Vol. 4, N°76, 2008, pp. 791- 795.
26
Jean Pierre Beurrier, Droit international de l’environnement, 4e édition, Paris, Pedone, 2010, p.165.
8
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Ainsi donc, nous retiendrons dans le cadre de ce travail de recherche que, un concept est
une représentation globalisante, à caractère abstrait et universel, des objectifs de la société qui
ne peut pas être appliquée directement dans le cadre du droit mais est à la base de certains
principes ou règles de droit.

C. Développement durable

La définition la plus reprise et semble –t-il, la plus universelle du développement


durable, est celle du rapport Brundtland de 198727. Le concept est défini comme un
« développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des
générations futures de répondre aux leurs 28».Toutefois, celle-ci ne permet pas de comprendre
de façon pratique à quoi ce terme renvoie.

De façon générale, le développement durable est souvent envisagé de façon limitative


sous l’angle de la préservation de l’environnement. C’est ainsi que la CIJ, sans définir le
concept, souligne toutefois qu’il « … traduit bien cette nécessité de concilier développement
économique et protection de l’environnement29».Gérard Cornu met l’accent sur cette
caractéristique environnementale quand il définit la notion comme un « pacte sur l’avenir
d’où découlent, entre autres devoirs, obligation de respecter l’environnement, de sauvegarder
l’équilibre biologique, de veiller au renouvellement des ressources énergétiques, plus
généralement de ménager à long terme le sort des populations30».

Par contre, la Convention sur la coopération pour la protection et le développement


durable de l’environnement marin et côtier du Pacifique du Nord-est du 18 février 2002, nous
offre une définition plus extensive qui prend en compte tous les piliers du concept. Selon une
traduction de l’article 3, le développement durable renvoie au « processus de changement
progressif de la qualité de la vie des êtres humains, qui les place en tant que sujets premiers
au centre du développement, grâce à la croissance économique combinée avec la justice

27
Notre Avenir à tous, Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement
(Commission Brundtland), Les Éditions du Fleuve, 1989, traduction française de ‘Our Common Future’ paru en
1987.
28
A quelques termes prés, la Loi-cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun du 05 août 1996 à
son article 4 (d), définit le concept comme étant « le mode de développement qui vise à satisfaire les besoins de
développement des générations présentes sans compromettre les capacités des générations futures à répondre
aux leurs».
29
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie/Slovaquie), précitée.
30
Gérard Cornu, Vocabulaire juridique, P.U.F, 9e édition, 2011, p.340.
9
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

sociale et la transformation des méthodes de production et de consommation, et qui est


soutenu par l’équilibre écologique et vital de la région31 ».

En outre, dans son premier rapport présenté en décembre 2007, le Commissaire du


développement durable du Québec, donne une « définition opérationnelle » du concept. Pour
lui, le développement durable se dit « des activités déployées32 pour assurer aux êtres
humains une vie saine et productive, qui est en harmonie avec la nature et établit une équité
entre les générations (actuelles et à venir), et ce, en maintenant fonctionnels les écosystèmes
et la biodiversité qu’ils recèlent tout en respectant le patrimoine socioculturel, cadre de vie
des sociétés33 ».

Au regard de tout ce qui précède, l’on peut comprendre le développement durable


comme un processus qui consiste à l’amélioration des conditions de vie des populations des
générations présentes de façon à réduire les inégalités et à léguer aux générations futures un
patrimoine environnemental semblable, viable et utile qui leur permette d’en faire autant.

IV. INTERÊT DU SUJET

L’étude sur la justiciabilité du concept de développement durable en droit international


est intéressante à plus d’un titre. Elle présente un double intérêt scientifique(A) et social (B).

A. Intérêt scientifique

L’histoire du développement durable permet de constater une évolution de ce concept


tant sur le plan du droit que sur la scène politique. C’est dans ce sens que ce travail propose de
démontrer que le développement durable devrait être saisi par le juge non plus seulement
comme un outil d’interprétation, mais en lui-même comme un principe mettant en évidence
des obligations de comportement et de résultat pour les sujets du droit international que sont
les Etats mais aussi les personnes morales. Il propose de mettre en exergue les juridictions
compétentes qui peuvent être saisies des questions liées au principe et le type de sanction
applicable.

31
Entreprise et développement durable, Manuel de formation, Master de droits de l’homme et Action
Humanitaire, Université Catholique d’Afrique centrale de Yaoundé, p.10 [inédit].
32
Comme activités, il cite l’éducation et la formation des populations en vue de sa participation au processus de
planification et à la prise de décision.
33
Harvey Mead, « La Loi sur le développement durable et les enjeux du développement », in Conférence des
juristes de l’état 2009 (Québec du 22 au 23 avril 2009), 18 e conférence, éditions Yvon Blais, 2009, pp.148- 194.
10
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Cette étude est donc une modeste contribution à l’évolution des débats juridiques sur le
développement durable en droit international.

B. Intérêt social

Selon une opinion largement partagée, l’effectivité est étroitement liée à la


justiciabilité34. En effet, est effectif non seulement un droit consacré qui est observé et
appliqué par ses destinataires, mais aussi pour lequel les éventuels écarts sont sanctionnés par
des procédures établies35. De même, l’appréciation du droit par le juge concourt à ce que le
droit ne demeure pas une simple proclamation mais devienne une réalité sociale. Ce travail
pourrait donc aider à faire du développement durable une réalité sociale.

Ceci dit, les populations, que ce soient celles des générations présentes ou futures, sont
censées être les premières bénéficiaires du développement durable ; le politique, le premier
acteur de ce mode de développement. Ce travail pourrait être d’intérêt aux gouvernants, aux
organisations intergouvernementales ainsi qu’à la société civile, mais aussi au juge interne. A
chacun selon son intérêt, il contribue à donner des pistes de solutions sur le regard à poser sur
le concept du développement durable et la façon de s’en approprier. Il offre ainsi des éléments
de réponse à la question de savoir comment contraindre les Etats et les personnes morales à
œuvrer pour le développement durable.

V. REVUE DE LITTÉRATURE

L’on peut entrevoir de la thèse de nombreux auteurs qui remettent en cause la juridicité
du concept de développement durable36, un refus d’une possible justiciabilité37 de celui-ci.
Pourtant, la doctrine reconnaît le caractère justiciable de certains principes liés au
développement durable tels que les principes de prévention et de précaution38. Ainsi, plusieurs

34
Jean-François Flauss, « Le droit de l’homme à un environnement sain. Conclusions », in Annuaire
international des droits de l’homme, Vol. I, 2006, pp.541- 546.
35
Projet de recherche, Manuel de formation, Master de droits de l’homme et Action Humanitaire, Université
Catholique d’Afrique centrale de Yaoundé, 2011/2012, p.7 [inédit].
36
Exemple: Vaughan Lowe, « Sustainable Development and Unsustainable Agreements” in International Law
and Sustainable Development: Past, Achievements and future Challenges, Boyle and Freestone, Oxford, OUP,
1999.
37
Selon Jean Carbonnier, « […] qu'est juridique ce qui est propre à provoquer un jugement, ce qui est
susceptible de procès, justiciable de cette activité très particulière d'un tiers personnage qu'on appelle arbitre ou
juge ». Cf. J. Carbonnier, Flexible droit. Pour une sociologie du droit sans rigueur, 10e édition, Paris, Librairie
Générale de Droit et de Jurisprudence, 2001, p.23.
38
Nathalie Hervé- Fourneau, « Le juge communautaire et le principe d’intégration : une jurisprudence empreinte
de paradoxes ou les paradoxes de la prudence du juge », in Olivier Lecucq et Sandrine Maljean-Dubois (dir.), Le
11
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

auteurs apprécient la justiciabilité du concept à travers l’existence de recours pour violation


d’un des éléments qui s’y rapportent. D’autres remettent en cause l’effectivité de cette
justiciabilité en mettant en exergue les difficultés du juge, national et supra national à se
prononcer sur la question. Cependant, certains auteurs lisent clairement de l’application du
concept devant le juge national et de son insertion dans certains ordres juridiques, une
justiciabilité certaine, bien que restreinte. Loin de ce débat, une lecture de la doctrine permet
d’identifier des essais de construction de la justiciabilité de ce concept dont l’importance sur
la scène internationale est soulignée.

Selon Raphaël Romi, « pour qu’il existe « un principe de développement durable », il


conviendrait au moins qu’existe un minimum d’accord sur son contenu mais aussi sur les
conséquences de son existence, et qu’il soit impératif et sanctionnable : ce n’est pas encore le
cas39 ». L’auteur par ces termes méconnaît au développement durable une justiciabilité
certaine. Moins catégorique, Parfait Oumba souligne toutefois qu’il serait osé, au regard de la
controverse doctrinale sur le statut du concept de développement durable, son caractère flou et
englobant, de donner à celui-ci la nature de principe. De plus, en l’état actuel de la
jurisprudence internationale, l’on pourrait difficilement parler d’une justiciabilité du
développement durable40. Il relève l’internalisation du concept dans plusieurs ordres
juridiques notamment celui de la France. Néanmoins, il remet en question la possible
justiciabilité du concept tel que consacré dans la mesure où les textes semblent imposer une
obligation immédiate au politique sans prendre en compte les différentes variables d’un tel
devoir difficilement mesurable. Selon lui, « les juges devront faire preuve de divination pour
appliquer les dispositions y relatives à moins qu’ils renoncent à faire une lecture littérale de
ce principe et ne lui accordent une valeur purement programmatoire41 ».

Le problème semble donc être la difficulté à donner à ce concept un contenu juridique et


un caractère opérationnel ; car si l’on se réfère aux explications de Michel Virally et de
Maurice Kamto sur le concept en droit, un concept peut aussi bien qu’un principe avoir une
portée juridique. Le travail de l’auteur est cependant d’une importance particulière dans le
cadre de ce mémoire. A travers son appréhension de la responsabilité internationale de l’Etat

rôle du juge dans le développement du droit de l’environnement, Bruxelles, Bruylant/Larcier, 2008, pp. 210-
233.
39
Raphaël Romi, Droit de l’environnement, 7e édition, Paris, LGDJ, 2010, p. 116.
40
Parfait Oumba, Op. Cit., p. 223.
41
Parfait Oumba, Op. Cit., p.227.
12
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

pour risques environnementaux, il nous donne des orientations certaines à la mise en œuvre
d’une responsabilité étatique liée au développement durable. Cette responsabilité ne serait
basée uniquement sur les faits illicites, mais également sur les faits licites ; car c’est bien
souvent dans le cadre des activités permises que les obligations relatives au principe sont
violées.

Dans le même ordre d’idée, Luis Anibal Avilès reconnaît que la justiciabilité du
développement durable reste problématique pour plusieurs ordres juridiques42. Pour illustrer
cette observation, il relève le peu de succès enregistré par la CJUE dans ce domaine. La Cour
apparaît ainsi pour l’auteur comme ayant la lourde charge de définir l’équilibre à opérer entre
les différents principes reconnus par l’UE afin d’assurer le développement durable de la
communauté43. Son appréciation de la justiciabilité du développement durable est toutefois
limitée dans la mesure où l’auteur fait appel uniquement à deux affaires44. De plus, il ne
relève aucunement d’autres affaires dans lesquels le concept aurait pu être utilisé par la Cour.
Ceci étant il est difficile de voir dans quelle mesure les Cours mexicaines, celles dont il est
concerné, ou tout autre ordre juridique d’ailleurs, pourrait s’inspirer de cette jurisprudence.
L’auteur lui-même reconnaît que « the episodic and dispersed articulation of these
environmental protection principles cannot be considered a coherent application of the
general principle of sustainable development 45».

Par ailleurs, la justiciabilité est présentée ici seulement sur le plan objectif, c'est-à-dire
que le principe du développement durable est utilisé par la Cour, à travers ses sous-principes,
dans le but de se prononcer sur la conformité entre des mesures réglementaires ou législatives
et ceux-ci. Ceci limiterait la portée du concept à encadrer les comportements. Ceci est
d’ailleurs généralement le cas.

42
Luis Anibal. Avilés, “Sustainable development and environmental legal protection in the European Union: a
model for Mexican Courts to follow?”, in Mexican Law Review, Vol.VI, Issue 2, 2014, pp. 253- 272.
43
L’article 3.3 du Traité de l’Union Européenne présente le développement durable comme la pierre
fondamentale des activités de l’Union. Celle –ci doit promouvoir un développement durable fondé sur un
équilibre entre la croissance économique, la justice sociale et une protection élevée de l’environnement.
44
Luis Anibal Avilés, Op. Cit., pp. 269 ; 270- 272.
45
Luis Anibal Avilés, Op. Cit., pp. 270- 272.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Béatriz Esperança46 appréhende le concept à travers sa dimension sociale. Elle relève


une évolution dans le niveau de contrainte lié au concept dans la mesure où sa normativité est
de plus en plus reconnu tant dans les textes que par la jurisprudence 47. Pour l’auteur, le
concept ne peut plus être considéré comme ayant une simple valeur morale mais bien comme
un principe fédérateur comportant des obligations de moyens en terme de comment les lois
devraient être appliquées48. La justiciabilité du concept apparaît donc comme étant indirecte
dans la mesure où très peu de jurisprudences se réfère au développement durable en tant que
tel, mais à des principes qui y sont liés. Ainsi, parlant de la CEDH, l’auteur affirme que, « it is
still possible to observe application of the socio economic dimension of the sustainable
development principle – social and economic rights become relevant in relation with
environmental concerns49”. Cependant, le concept a été directement appliqué dans les
tribunaux internes dans les pays tels que l’Australie, l’Inde, les Philippines ou le Sri Lanka50.

Cette présentation limitée à la dimension sociale du développement durable a le mérite


de faire ressortir une possible justiciabilité du concept. Le risque est d’agrandir encore plus le
caractère fourre- tout de ce concept, lui reconnaissant une justiciabilité sans limite pour peu
qu’une question portée devant le juge est familière à l’une de ses valeurs. Il est donc
important de définir clairement les bases d’une saisine par le juge pour les questions de
développement durable. Pourtant, l’auteur ne fait aucune analyse des éléments normatifs qui
pourraient permettre de définir de telles bases.

C’est également le cas de Sandrine Maljean- Dubois51 dont l’article a le mérite de porter
sur le concept lui- même. Selon cet auteur, les principes d’intégration et de développement
durable ont vocation à exister en propre et peuvent être applicables en tant que tel devant le
juge. C’est d’ailleurs à travers l’action de celui-ci au cours du processus juridictionnel que le
seuil de normativité de ces principes sera concrétisé. Elle cite à cet effet l’affaire des

46
“Sustainable development concerning socioeconomic rights: a duty towards future generations? An
international humanitarian legal right for future generations”, in e-públicarevistaelectrónica de direitopúblico,
número 5, 2015, 28p.
47
Beatriz Esperança, Op. Cit., p.6.
48
Idem, p.28.
49
Idem, p.22.
50
Emelie Folkesson, “Human Rights Courts Interpreting Sustainable Development: Balancing Individual Rights
and the Collective Interest”, in ELR, N° 2, November 2013, p. 146.
51
Sandrine Maljean-Dubois, « La Contribution du juge international », in Olivier Lecucq et Sandrine Maljean-
Dubois (dir.), Le rôle du juge dans le développement du droit de l’environnement, Bruxelles, Bruylant/Larcier,
2008, pp. 201- 207.
14
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

crevettes52 dans laquelle l’Organe d’appel de l’OMC « confère un contenu véritablement


opérationnel 53» au développement durable en tant que principe conventionnel. Ce travail met
en exergue l’utilisation du concept de développement durable et les principes qui y sont liés
par le juge. Cependant, il reste encore à démontrer comment une telle justiciabilité devrait se
matérialiser.

C’est dans cette optique que Loïc Vatma dans son article « Regard prospectif sur la
gouvernance internationale du développement durable »54 propose un modèle de contrôle de
la mise en œuvre du développement durable sur le plan international 55. L’auteur cite comme
modèle de moyens de régulation des conduites similaires mises en exergue dans le Protocole
de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, et celui du
Protocole de Kyoto à la CCNUCC. Et surtout, il s’appuie sur l’exemple que constitue
l’Organe de règlement des différends de l’OMC 56. L’auteur présente pourtant un mécanisme
de règlement de différends très similaire à celui qui s’opère devant les organes quasi-
juridictionnels des droits de l’homme. Cependant il entrevoit une procédure à deux niveaux
avec possibilité d’ « appel ». De plus il prévoit un recours contre les multinationales au regard
de l’influence de ces dernières et des violations qu’elles commettent57.

A cause de sa nature quasi-judiciaire, les décisions de l’organe en question seront de


portée limitée. Au-delà d’une décision de non-conformité, seule la branche exécutive
prononcerait des sanctions concrètes de natures politique et économique58. L’auteur ne
souhaite donc pas une sanction financière ou sous forme de réparation, mais plutôt des
recommandations de mise en conformité59.

Cette présentation a le mérite de ressortir des éléments importants pour un recours en


matière de développement durable. Toutefois, elle est surtout du domaine procédurale et

52
OMC, Etats- Unis- Prohibition à l’importation de certaines crevettes et produits à base de crevettes, Rapport
de l’Organe d’appel du 12 octobre 1998, WT/DS58/AB/R.
53
Sandrine Maljean-Dubois, Op. Cit., pp. 203- 207.
54
Revue Québécoise de Droit International, Vol.24, N°2, 2011, pp.217 – 237.
55
Le but ici est d’assurer l’effectivité de ce concept, qui malgré la renommée internationale et nationale dont il
jouit garde un caractère abstrait. Ce contrôle devra être investi dans une des institutions existantes ayant un
mandat en matière de développement durable ou dans une nouvelle institution spécialement crée à cet effet, qui
aura entre autre une existence quasi- juridictionnelle.
56
Loïc Vatma., « Regard prospectif sur la gouvernance internationale du développement durable », in Revue
Québécoise de Droit International, Vol. 24, N°2, 2011, pp.229 – 237.
57
Idem, pp.233 – 237.
58
Idem, pp.235 – 237.
59
Idem, pp.236 – 237.
15
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

purement prospective puisque liée à la création d’une institution ou encore à l’élargissement


de la compétence d’une institution existante. Il reste encore à définir le fond même d’un
différend sur le développement durable (domaine substantif) envisageable devant les
juridictions existantes. Ces paramètres de fond sont mis en exergue par Alexandre Flückiger
sur le plan interne.

A l’instar de certains auteurs60, Alexandre Flückiger reconnaît la justiciabilité du


développement durable en tant que principe constitutionnel consacré à l’article 73 61 de la
Constitution suisse. Dans son article sur le développement durable en droit constitutionnel
suisse, l’auteur soutient qu’il serait inexact d’apprécier le développement durable dans cet
ordre juridique loin du judiciaire étant donné que le judiciaire a déjà eu à juger du concept
même si de façon « quelque peu follet »62. De ce fait, il relève la pratique des tribunaux dans
ce domaine, notamment celle du Tribunal fédéral et du Tribunal administratif vaudois. Dans
le cadre de son analyse, cet auteur met en exergue des cas de figures pratiques qui
constitueraient les violations de ce principe constitutionnel63.

Aussi, pour l’auteur, le principe de développement durable ne peut être considéré


comme non justiciable en se basant seulement sur sa faible densité normative ou l’inexistence
de jurisprudences à ce sujet64. Il se justifie en citant un certain nombre de principes et de
règles qui sont confrontés aux mêmes limites mais dont le caractère justiciable n’est pas remis
en question65. Par ailleurs, le concept ne lui apparaît pas vague dans le cadre de cet article
puisqu’il est précisé dans sa dimension écologique. De plus, l’existence de jurisprudence dont
il fait état montre que ce concept peut être apprécié à la lumière d’éléments pratiques.

Cette analyse est quelque peu limitée dans la mesure où, une fois de plus, l’application
du développement durable dans le cadre de grief est axée sur un élément de ce dernier.
Cependant, elle permet de s’interroger sur les moyens les plus efficaces pour démontrer la
justiciabilité du concept cette fois –ci sur le plan international. En effet, chacun des auteurs,

60
A titre d’exemple Anne Petitpierre-Sauvain, "Que fait le développement durable dans la constitution
fédérale ?", in Aux confins du droit : essais en l'honneur du Professeur Charles-Albert Morand, Bâle, Genève
2001, p. 553s ; et Vallender/Morell.
61
Dans cet article le développement durable est consacré en tant que principe dans sa dimension écologique.
62
Alexandre Flückiger, «le développement durable en droit constitutionnel Suisse », in Droit de l'environnement
dans la pratique (DEP), Zurich 2006, pp. 506-526.
63
Affaire Köniz, TF, arrêt du 23 février 2004, RDAF 2005, § 581, 582.
64
Alexandre Flückiger, Op.Cit., pp. 511 ; 512-526.
65
Il cite notamment la proportionnalité, l’intérêt public et la prohibition de l’arbitraire dont les contours n’ont été
définis que grâce à une longue pratique jurisprudentielle.
16
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quelque soit la position, ne définit pas ce qui caractériserait la justiciabilité de ce concept. On


manque ainsi de paramètres à travers lesquels pourrait être mesuré le caractère justiciable du
concept. Il est question dans ce travail d’adopter cette démarche méthodique tout en se
fondant sur les règles juridiques pour conclure à la justiciabilité ou non du concept de
développement durable.

VI. PROBLÉMATIQUE

De nombreux auteurs remettent en question la justiciabilité du concept de


développement durable. Certains reconnaissent une possible justiciabilité avec une certaine
hésitation mettant ainsi en exergue les nombreuses incohérences liées au concept. Au rang de
ces incohérences, la plus citée semble être sa faible densité normative. De plus, la réticence du
juge international à qualifier le concept pousse à s’interroger sur la possibilité de celui-ci de
l’appliquer autrement que comme un outil d’interprétation. Pourtant, sur le plan national, il
existe dans certains pays un contentieux en pleine évolution sur la question du développement
durable. Ceci étant, au regard de l’évolution du concept du développement durable, et de son
acceptation quasi universel comme un objectif envisageable, dans quelle mesure le
développement durable peut-il être invoqué devant le juge international ?

VII. HYPOTHÈSE DE RECHERCHE

Au regard de l’évolution du droit international, il peut être affirmé que le concept


de développement durable peut être le motif d’un recours en violation devant le juge
international. Deux éléments concourent à cette conclusion. Premièrement, il existe un
ensemble d’obligations juridiques applicables au concept. Ensuite, un ensemble de traités et
de textes organisationnels donnent compétence à de nombreuses juridictions internationales
de se prononcer sur des différends liés à certains principes du développement durable.

VIII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Il convient d’examiner tour à tour la méthode d’analyse (A) et la technique de recherche


(B).

17
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A. Méthodes d’analyse : la méthode juridique

La méthode est « l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre et les vérifie66 ». Dans le cadre
de ce travail, la méthode juridique est celle choisie afin de vérifier l’hypothèse.

Selon Jean-Louis Bergel, la méthode juridique permet d’analyser les textes juridiques et
de dégager leur interprétation67. Cette méthode a deux composantes ; la dogmatique et la
casuistique.

La dogmatique facilite la compréhension du sens formel de la règle de droit à travers


l’analyse des textes et les conditions de leur édiction. Il s’agit de l’étude du droit écrit, de la
norme juridique au sens strict et plus spécifiquement du droit positif. Cette méthode permet
de comprendre et d’interpréter les textes relatifs au concept du développement durable afin de
ressortir sa portée juridique et de construire sa possible application devant le juge. Ceci
contribue ainsi à mieux comprendre ce concept et son utilisation en droit international
conventionnel, à travers une analyse de l’esprit des textes.

La casuistique quant à elle renseigne sur la confrontation de la loi au réelle. Elle


favorise l’exploration des conditions d’interprétation et d’application du concept du
développement durable et ses principes. Il est question de mettre en exergue la pratique des
Etats en matière de développement durable. Dans le cadre de cette étude, l’accent sera
également mis sur l’analyse de la jurisprudence du juge international en matière de
responsabilité internationale et de développement durable.

B. Technique de recherche

La recherche documentaire a été utilisée conjointement avec l’interview semi-directe


afin de collecter les données nécessaires à l’étude.

Il était question d’explorer les ouvrages et les différentes publications comme les
revues, les traités et autres instruments juridiques, les rapports et autres documents qui
permettent de cerner et d’apprivoiser l’objet de l’étude. Par ailleurs, il s’est agi aussi de faire

66
Marie Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1974, p331, cité par Maxime Bissay, Op. Cit.,
p.29.
67
Jean- Louis Bergel, Méthodes du droit : Théorie générale du droit, 2ème édition, Paris, Dalloz, 1989, p.7.
18
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une lecture analytique de la jurisprudence de la CIJ, de l’ORD, du TIDM, de la CPA et de


d’autres juridictions sur le sujet. Ceci s’est fait à travers l’analyse et la synthèse
d’informations disponibles dans les documents consultés dans les bibliothèques. On peut citer
à titre d’exemple la bibliothèque de l’UCAC, celle de l’APDHAC, la bibliothèque de la Cour
AFDHP d’Arusha et le Centre Paul Engo Ella.

La recherche internet a aussi été profitable dans la mesure où il n’est pas évident d’avoir
accès au format physique de toute la documentation nécessaire sur la question de la
justiciabilité du concept de développement durable en droit international.

Par ailleurs, les entretiens semi-directs ont permis d’appréhender et de recueillir les
points de vue objectivement situés des experts sur la problématique.

IX. ARTICULATION ET JUSTIFICATION DU PLAN

Il est question de définir, dans le cadre de cette étude, les conditions qui doivent être
réunies en droit international publique pour qu’un droit, un principe ou toute norme de façon
générale soit justiciable. Ensuite de démontrer que le développement durable réunit ces
conditions.

Ceci étant, selon Diane Roman, « la justiciabilité est la conséquence du droit au recours
et recouperait deux caractéristiques, la capacité intrinsèque du droit à être garanti par un
juge et la possibilité formelle qu’il existe un juge pour en connaître68 ». La capacité
intrinsèque renvoie au fait qu’il existe pour la partie accusée des obligations juridiques. De
plus, le litige doit pouvoir trouver une résolution devant le juge ; le juge doit pouvoir décider
de la question dans le respect des règles qui encadrent son activité. La possibilité
formelle exige qu’il existe un juge qui a compétence de régler les éventuels litiges selon le
droit.

Aussi, la vérification de l’hypothèse donnée impose d’axer la réflexion autour de deux


parties. Dans la première partie, il sera question de démontrer que le développement durable
est bien caractérisé par des obligations juridiques conformément aux exigences du droit
international. (Première partie).

68
Diane Roman, Op. Cit., p. 4.
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Il s’agira ensuite de démontrer qu’il existe bien un juge international susceptible de « dire
le droit » (juris dictio) en matière de développement durable. Ceci se fera à travers l’analyse
des différentes voies de recours sur le plan universel et régional. Ceci permettra de répondre
aux questions de compétence, de recevabilité et de définir le régime de sanctions (Deuxième
partie).

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

PREMIÈRE PARTIE : LA JUSTICIABILITÉ DU


DÉVELOPPEMENT DURABLE DU POINT DE VUE
SUBSTANTIEL

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La présomption d’injusticiabilité du développement durable naît entre autres de


l’hésitation du juge international à préciser son caractère juridique. Cette hésitation semble
conforter les nombreuses imprécisions conventionnelles qui en présentant le concept comme
un objectif ou tout simplement à travers des engagements non définis amoindrissent sa portée
juridique. Pourtant, le développement durable serait a priori justiciable du faut qu’il soit
reconnu sur le plan conventionnel,. Il est donc question dans cette première partie de
démontrer que le concept est justiciable dans la mesure où il existe un ensemble
d’engagements internationaux en matière de développement durable. Cette approche se
justifie par le fait que l’existence d’un engagement international est un élément important à la
justiciabilité en droit international.

En effet, le juge international ne peut être saisi que par les différends d’ordre juridique ;
et, selon l’article 36(2) (c) du Statut de la CIJ, les différends d’ordre juridique ont pour objet,
entre autres, « la réalité de tout fait qui, s’il était établi, constituerait la violation d’un
engagement international69 ». Ainsi, dans l’affaire des activités militaires et paramilitaires
au Nicaragua et contre celui-ci, le juge de la CIJ ne s’étend pas sur la question de
justiciabilité de l’objet du différend, ayant relevé que les parties au différend ne dénoncent pas
le caractère juridique de celui-ci et qu’il n’aurait pas à se lancer dans des questions politiques
ou militaires, « ce qui sortirait des limites d'une activité judiciaire normale70 ».

Une autre question s’impose toutefois : qu’est-ce qu’un engagement international aux
termes de l’article précité ? Dans l’affaire précitée en effet, le juge de la CIJ précise qu’une
simple déclaration ne comportant pas d’offre formelle pouvant constituer par son acceptation
une promesse en droit, donc ne comportant pas d’obligations juridiques, ne peut lier les
parties71. Un engagement international justiciable serait donc « une offre formelle pouvant
constituer par son acceptation une promesse en droit ». En d’autres termes, c’est une
promesse en droit comportant des obligations juridiques.

Ceci dit, selon l’article 38(1) du Statut de la CIJ, les sources primaires d’obligations
internationales sont :

69
Notre emphase.
70
Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, précitée, § 32- 35.
71
Idem, § 132 ; Différend frontalier Burkina Faso/ Mali, arrêt du 22 décembre 1986, Recueil CIJ, 1986, 574 ;
Entraide judiciaire en matière pénale (France c. Djibouti), Recueil CIJ, 2008, p.42, § 128- 130.
22
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- les conventions internationales, soit générales, soit spéciales, établissant des règles
expressément reconnues par les Etats en litige ;

- la coutume internationale comme preuve d’une pratique générale acceptée comme


étant le droit ;

- les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées.

Il s’agira donc précisément dans cette partie, de démontrer la justiciabilité du concept de


développement durable en mettant en exergue les obligations juridiques qui y sont liées sur le
plan conventionnel (chapitre 1) mais aussi sur le plan coutumier (chapitre 2). Il importe
toutefois de souligner qu’il n’est pas question de donner toutes les obligations juridiques liées
au concept mais de relever suffisamment d’exemples pratiques afin de vérifier l’hypothèse de
ce travail.

23
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CHAPITRE 1 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN TANT


QUE PRINCIPE CONVENTIONNEL

Parmi les critiques formulées à l’encontre de la juridicité du développement durable et


par extension sa justiciabilité, figure le fait qu’on ne peut y lire des obligations juridiques. Il
est argué qu’il est consacré de façon trop générale et imprécise 72. Il existe pourtant des textes
dans lesquelles les engagements en matière de développement durable sont clairement définis.
Cette précision est renforcée par le fait que les obligations sont définies au regard de contextes
précis ; les préoccupations liées au changement climatique, la protection de la biodiversité, ou
encore le problème de pollution. Cependant, même clairement défini, le principe
conventionnel de développement durable ne serait qu’un outil interprétatif et ne serait pas
justiciable s’il n’est présenté que comme un objectif ou un but73 ou cité rien qu’au niveau du
préambule. Frédérique Ferrand relève la différence de valeur juridique liée à la position d’un
principe dans une convention. En effet, aux termes de ce dernier « les principes contenus dans
le corps de règles sont des principes de droit positif, obligatoires pour les Etats parties qui
sont tenus de les appliquer »74.

Il sera donc question de mettre en avant des obligations précises liées au développement
durable telles qu’inscrites au niveau des dispositifs de certaines conventions afin de démontrer
la justiciabilité conventionnelle du concept (Section 1). Par ailleurs, les dispositions
imprécises laissent paraître l’existence d’obligations minimales (Section 2).

72
Dire Tladi, Op. Cit., p. 253.
73
Alexandre Flückiger, Op. Cit., pp. 509-526.
74
Frédérique Ferrand, « Le développement soutenable est-il une notion de droit international public ? », in La
politique de l'environnement : de la réglementation aux instruments économiques, Michael Bothe & Peter H.
Sand (dir.), Académie de Droit International de La Haye- Nijhoff, pp.262- 268.
24
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Section 1 : L’existence d’obligations précises

L’obligation principale qui découle du principe conventionnel du développement


durable est celui de promouvoir le développement durable (paragraphe 1). Cette obligation,
lue conjointement avec le principe d’intégration, permet de mettre en exergue des
engagements internationaux dans le domaine du développement durable. Par ailleurs, d’autres
principes conventionnels apparaissent comme les obligations d’action à mener dans le cadre
de la mise en œuvre du principe du développement durable (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’obligation générale de promouvoir le développement durable

La promotion du développement durable est concrétisée par l’adoption de mesures


administratives et/ ou juridiques (A), selon un cadre conceptuel précis qui caractérise ce
concept (B).

A. L’adoption de mesures administratives et /ou juridiques


Dans le cadre de la réduction des gaz à effets de serre (GES), il est question pour les
Etats parties de l’annexe 1 d’élaborer et d’appliquer (selon les cas) des politiques et mesures
d’atténuation des changements climatiques qui promeuvent le développement durable. Selon
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, c’est une obligation fondamentale75. Pour être plus
précis, le Protocole de Kyoto de 1998 citent une liste de mesures qui permettent d’encadrer
l’action des concernés dans ce domaine. Certaines de ces mesures sont celles visant à
accroître l’efficacité énergétique, à promouvoir l’adoption des méthodes durables de gestion
forestière, de boisement et de reboisement, de mesures visant à développer l’énergie
renouvelable. Il est aussi question de voir dans quelle mesure récupérer le méthane dans le
secteur de la gestion des déchets, limiter les émissions de GES dans le domaine de transports
ou encore prendre des politiques qui suppriment les subventions et les exonérations fiscales
dans les secteurs qui sont source d’émissions de GES. Même si cette liste n’est pas
exhaustive, elle permet de voir le type de mesures attendues d’une partie au texte concerné.
L’on constate ainsi que les mesures citées sont de nature environnementale ou économique.

Par contre, la consécration de l’obligation générale dans le cadre du Pacte de non-


agression et de défense commune de l’Union africaine du 31 janvier 2005 met en exergue le
lien qui existe entre développement durable et droits de l’homme. L’article 3(c) stipule que
75
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 257.
25
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« les Etats parties s'engagent à promouvoir des politiques de développement durable propres
à assurer le bien-être des populations, y compris la dignité et les droits fondamentaux
inhérents à toute personne humaine dans le cadre d'une société démocratique, comme stipulé
dans la Déclaration de Lomé ».

Les mesures consacrées sont bien souvent administratives, mais aussi législatives et
quelquefois judiciaires. A titre d’exemple, l’on retrouve une telle obligation dans la
Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants du 22 mai 200176, le
Protocole de Nagoya du 29 octobre 201077 et à l’article 14 de la Convention africaine sur la
conservation de la nature et des ressources naturelles du 11 juillet 2003. Aux termes de
l’article 3(1) (a) du premier texte, les parties doivent entre autres interdire et/ou prendre « les
mesures juridiques et administratives qui s’imposent pour éliminer :i) La production et
l'utilisation des substances chimiques inscrites à l’annexe A, suivant les dispositions de ladite
annexe ; ii) L'importation et l'exportation des substances chimiques inscrites à l'annexe A
conformément aux dispositions du paragraphe 2 ». Cette obligation est généralement suivie
d’une autre qui est celle de la communication des mesures prises ou de « reporting » à la
Conférence des parties de la convention concernée selon une certaine procédure et un
calendrier définie78.

Ainsi, l’obligation qui soit la plus clairement définie s’agissant du développement


durable est l’obligation de comportement ou de moyen selon laquelle les parties, Etats ou
organisations inter- étatiques doivent prendre différentes mesures dans des domaines précis.
L’adoption des mesures protectrices de l’environnement conforte ainsi la reconnaissance du
principe d’intégration comme une obligation conventionnelle. En effet, le principe
d’intégration au sens du principe 4 de la Déclaration de Rio de 1992, commande d’intégrer les
mesures protectrices de l’environnement à la planification du développement. D’ailleurs, le
juge international reconnaît le principe d’intégration comme obligation du droit international
et du droit communautaire dans l’affaire de la Ligne du Rhin de fer79.

76
Celle-ci reconnaît en son préambule et dans ses dispositions un ensemble de principes de la Déclaration de Rio
de 1992. Exemples des principes 2, 7, 15 et 16.
77
Protocole sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur
utilisation relatif à la Convention sur la Diversité Biologique, article 5(2).
78
Comme exemple l’article 7(1) et 15 de la Convention de Stockholm de 2001 précitée.
79
Arbitrage relatif à la ligne du Rhin de fer, (Royaume de Belgique v. Royaume du Pays Bas), Tribunal
d’arbitrage, 24 mai 2005, § 59.
26
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Toutefois, le principe d’intégration n’est pas le seul concept ou principe qui donne une
substance au concept de développement durable.

B. Le cadre conceptuel de mise en œuvre de l’obligation générale


Il faut relever la spécificité conceptuelle du développement durable. Le développement
durable, tel que formulé par le Rapport Brundtland laisse apparaître deux principes clés qui
ensemble permettent de comprendre le concept, à savoir : le principe d’intégration et celui
d’équité (intergénérationnelle et intra générationnelle). L’équité intergénérationnelle telle que
mise en avant par le principe 3 de la Déclaration de Rio implique une responsabilité des
générations présentes envers les générations futures ; celle de leur léguer un environnement de
valeur comparable propice à leur développement. L’équité intra générationnelle quant à elle
figure implicitement dans plusieurs principes de la Déclaration. Elle a deux éléments :
premièrement elle renvoie à la justice sociale ; ceci implique un développement harmonieux
qui réduise les différences de niveau de vie et tend à éliminer la pauvreté 80. Le deuxième
élément est la justice entre Etats. Selon cet élément, les besoins des Etats en termes de
développement et de protection de l’environnement ne sont pas les mêmes et il est important
que la situation des uns et des autres soit prise en compte en établissant les responsabilités et
en prescrivant les obligations. Le principe le plus porteur de cette conception est le principe
de responsabilités communes mais différenciées mis en avant par le principe 7 de la
Déclaration de Rio de 1992.

Ainsi, comme le concept de justice entre Etats qui est un élément de l’équité intra-
générationnelle, les principes définitionnels du concept de développement durable peuvent
être fragmentés en d’autres concepts ou principes utilisés notamment dans le cadre du Droit
international de l’environnement. Ces principes, on peut les appeler des principes subsidiaires
du développement durable ; car leur application, leur consolidation et leur développement
contribueraient efficacement au développement durable. En somme, ils permettent de lui
donner un contenu plus clair en termes d’obligations. Ces différents principes du
développement durable (définitionnels et subsidiaires), ont fait l’objet de débats lors de la
Conférence de Johannesburg en 2002. L’Association de droit international, dans la
Déclaration de New Delhi de 2002, en dégage sept principes. Le Groupe d’experts pour
l’identification des principes de droit international pour le développement durable des Nations

80
Principe 5 de la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le développement
(Déclaration de Rio) de 1992.
27
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Unies81 a quant à lui établi une liste de dix-neuf principes82. On peut citer entre autres les
principes de précaution, de prévention, de la responsabilité pour dommages transfrontaliers ou
de l’utilisation non dommageable du territoire, de la participation du public, de l’étude
d’impact environnementale, du pollueur payeur et de l'utilisation équitable et de gestion
concertée des ressources naturelles. Ceux-ci sont d’ailleurs pris en compte par la Déclaration
de Rio de 1992 et consacrés dans plusieurs conventions sur le développement durable ou dont
l’un des objectifs est la promotion du développement durable.

Ainsi, au-delà de l’obligation générale directement liée au développement durable,


l’utilisation de ces concepts et principes, ainsi que leurs différentes formulations83 en droit
international conventionnel, permet d’établir la justiciabilité du concept de développement
durable.

Paragraphe 2 : Les obligations du développement durable liées à ses sous-principes

Le développement durable commande de prendre des mesures de prévention et de


précaution afin de préserver et de sauvegarder l’environnement (A). L’on relève aussi des
obligations liées au concept d’équité (B).

A. Les obligations de prévention et de précaution


La mise en œuvre du développement durable requiert certaines actions, pour la plupart
procédurales, définies par des principes ou concepts liés au développement durable. L’objectif
principal est d’empêcher ou du moins atténuer les impacts néfastes des activités de
développement sur l’environnement. Ceci se fait à travers le respect des principes de
prévention et de précaution. L’adoption des mesures de prévention et l’application du principe
de précaution sont érigées en obligations fondamentales des parties à la Convention africaine
sur la conservation de la nature et des ressources naturelles du 11 juillet 2003 84. S’agissant du
principe de précaution, principe 15 de la Déclaration de Rio de 1992, l’article 3(3) de la

81
Le rapport a été établi sous l’instigation de la Division des Nations Unies pour le Développement Durable, à la
demande des Etats à la deuxième session de la Commission des nations Unies sur le développement Durable en
1994 et publié en Septembre 1995.
82
Department for Policy Coordination and Sustainable Development, Report of the Expert Group Meeting on
Identification of Principles of International Law for Sustainable Development, Geneva, Switzerland, 26-28
September 1995, Prepared by the Division for Sustainable Development for the Commission on Sustainable
Development Fourth Session, 18 April - 3 May 1996, New York
(http://www.un.org/esa/sustdev/documents/docs_sdissues_international%20law.htm).
83
Étant entendu que les dispositions normatives ne font pas toujours allusions à ceux-ci tel quel.
84
Article 4.
28
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

CCNUCC stipule que, « il incombe aux Parties de prendre des mesures de précaution pour
prévoir, prévenir ou atténuer les causes des changements climatiques et en limiter les effets
néfastes ». Ce principe est aussi consacré à l’article 1 de la Convention de Stockholm sur les
polluants organiques persistants du 22 mai 2001.

D’autre part, la prévention des dommages environnementaux requiert le respect de


certaines procédures qui ont été elles-mêmes érigées en obligations. En guise d’exemple
l’obligation de mener des études d’impacts environnemental, obligation inscrite au principe
17 de la Déclaration de Rio de 1992. Aux termes de l’article 14 1(a) de la Convention sur la
diversité biologique du 5 juin 1992 (CDB), les parties contractantes ont l’obligation d’adopter
« des procédures permettant d'exiger l'évaluation des impacts sur l'environnement des projets
qu'elle a proposés et qui sont susceptibles de nuire sensiblement à la diversité biologique en
vue d'éviter et de réduire au minimum de tels effets ».Une obligation similaire est consacrée
par le Protocole à la Convention sur l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un
contexte transfrontière, relatif à l'évaluation stratégique environnementale du 21 mai 2003
(Protocole de Kiev de 2003). Celui-ci oblige ses Parties à évaluer les conséquences
environnementales de leurs plans et programmes officiels85 à travers une procédure mettant en
avant l’information et la participation du public86, qui est d’ailleurs un autre principe
subsidiaire du développement durable. Les contours du principe, sont clairement définis dans
la Convention d’Aarhus du 25 juin 1998.

Affirmant la nécessité de protéger, de préserver et d'améliorer l'état de l'environnement


et d'assurer un développement durable et écologiquement rationnel87, les Etats parties à la
Convention d’Aarhus prennent un ensemble d’obligations relatives au principe 10 de la
Déclaration de Rio de 1992. Ces obligations sont entre autres l’obligation de prendre des
mesures législatives, réglementaires, judiciaires en vue d’assurer l’information, la
participation du public et l’accès à la justice s’agissant de la protection de l’environnement 88.
L’information et la participation sont exigées dans différents cas ; pour les projets susceptibles
d’avoir un impact important sur l’environnement (article 6)89, dans le cadre des plans,

85
Article 4 du protocole.
86
Article 8 du Protocole.
87
Préambule de la Convention sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et
l'accès à la justice en matière d'environnement dite convention d’Aarhus (par. 5).
88
Article 3 de la Convention d’Aarhus.
89
Obligation de mener une étude d’impact environnementale.
29
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

programmes et politiques relatifs à l'environnement (article 7)90 et durant la phase


d'élaboration des dispositions réglementaires et/ou d'instruments normatifs juridiquement
contraignants d'application générale (article 8).

Les principes 10 et 16 de Rio et leur formulation ou application sur le plan


conventionnel mettent en évidence des droits procéduraux au bénéfice de la société civile. Ce
sont : le droit à l’information, le droit de participer au processus décisionnel et le droit
d’obtenir réparation pour atteinte à l’environnement. Ceux-ci sont d’ailleurs consacrés en tant
que tels à l’article 16 de la Convention africaine sur la conservation de la nature et des
ressources naturelles du 11 juillet 2003. Ces droits existent aussi dans le cadre des relations
étatiques basées sur le concept d’équité.

B. Les engagements justiciables relatifs au concept d’équité


Le développement durable préconise la prise en compte des intérêts communs et
spécifiques dans la le cadre des activités de développement ayant un impact sur d’autres
nations. Pour cela, un certain nombre de principes est à respecter. En guise d’exemple, c’est le
principe de la responsabilité pour dommages transfrontaliers, principe 21 de la déclaration de
Stockholm de 1972 et principe 2 de la Déclaration de Rio de 1992. Cette responsabilité est
inscrite dans plusieurs conventions notamment à l’article 3 de la CDB et à la Partie V la
Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer. De cette obligation découle une
obligation de communication en faveur d’autres Etats conformément au principe 19 de la
déclaration de Rio de 1992. Aux termes de l’article14 1(d) de la CDB, l’Etat partie doit
informer immédiatement les Etats susceptibles d'être touchés par le danger ou par le
dommage imminent ou grave.

Par ailleurs, la Convention et son protocole mettent en avant le principe de l'utilisation


équitable et de gestion concertée des ressources naturelles. Conformément aux articles 6, 7 et
8 du Protocole de Nagoya de 2010, l’accès aux ressources énergétiques couvertes par le texte
est conditionné par le consentement préalable et éclairé de la partie qui fournit ces ressources.
Ce consentement doit faire l’objet d’un permis et d’un contrat qui précise le partage équitable
des avantages à tirer de ces ressources. Afin de rendre effectif ce partage équitable, l’article
15(2) stipule que les parties prennent des mesures « appropriées, efficaces et proportionnée »

90
De ceci on peut conclure à une reconnaissance juridique de l’évaluation environnementale stratégique.
30
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

en interne et en coopération (paragraphe 3) pour traiter les situations de non-respect91. Ce qui


suppose des sanctions notamment sur le plan judiciaire. En effet, aux termes de l’article 18(2),
« Chaque Partie veille à garantir la possibilité de recours dans son système juridique,
conformément aux règles juridictionnelles applicables, en cas de différend concernant les
conditions convenues d’un commun accord ».

L’équité intra- générationnelle est aussi consacrée à travers le principe de


responsabilités communes mais différenciées inscrit au principe 7 de la Déclaration de Rio de
1992. Si le principe lui-même apparaît plus comme une valeur, une condition à respecter, sa
mise en œuvre donne lieu à des obligations juridiques précises, donc justiciables. Dans le
domaine du changement climatique, les instruments juridiques mettent en exergue des
obligations de résultats et ceux de moyens à l’égard surtout des pays développés 92. Les
premières sont plus précises que les secondes, pour lesquels les termes utilisés tels que
« encouragent » affaiblissent le niveau d’obligatoriété. S’agissant des obligations précises, les
Etats93 ont principalement une obligation de comptabilisation et de « reporting » selon le
principe de responsabilités communes mais différenciées94. Cette obligation est inscrite de
façon générale aux articles 4 et 12 de la Convention cadre sur le changement climatique du 9
mai 1992 et précisée aux articles 5 et 7 de son protocole, le Protocole de Kyoto de 1998. Il est
question pour les Etats de faire une comptabilisation de leurs émissions anthropiques de gaz à
effets de serre (crédits et débits) non réglementés par le Protocole de Montréal, d’en faire un
inventaire et ensuite de communiquer ceux- ci ainsi que des mesures prises pour réduire leurs
émissions à la Conférence des Parties95. La possibilité d’un recours pour violation de ces
obligations est confirmée par la jurisprudence du Comité de contrôle, plus précisément celle
de sa Chambre d’exécution. Celle-ci relève que les obligations procédurales et administratives

91
De mécanismes similaires sont envisagés par l’article 30 pour le non-respect du Protocole.
92
Kristina Maximova, « L’avenir du régime international sur les changements climatiques : quel véhicule
juridique ? », p.3, consulté sur
https://www.cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/sites/cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/files/texte_gagnant_2014.pdf (13 mai
2016).
93
En dehors des Etats, la CCNUCC et son protocole reconnaissent la possibilité pour une organisation
notamment les organisations régionales d’intégration économique d’adhérer aux textes et d’être soumise à
certaines obligations ; Cf. articles 22 et 15 (2) de la CCNUCC.
94
La différence dans le degré d’engagement est vérifiable par le fait que le peu d’obligations qui pèsent sur les
pays du Sud ou pays en développement est conditionné au respect de certains engagements par les pays de
l’Annexe II.
95
La méthodologie de comptabilisation telle que prévue par les articles 5 et 7 sera définie par les Accords de
Marrakech du 10 novembre 2001 et entérinée par la COP en 2005.
31
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

inscrites dans le protocole consisteraient notamment à la mise en place d’un registre national
des crédits d’émission96.

Par contre, seuls les pays du Nord (les pays développés) ont des engagements juridiques
liés à la réduction des émissions pour la première période d’engagement qui était de 2008-
2012. De façon plus précise « Les Parties visées à l’annexe I font en sorte, individuellement
ou conjointement, que leurs émissions anthropiques agrégées, exprimées en équivalent-
dioxyde de carbone, des gaz à effet de serre indiqués à l’annexe A ne dépassent pas les
quantités qui leur sont attribuées […]97 ». La moyenne de réduction est de 5,2% pour la
première période d’engagement et de 18% pour la seconde98. Si ces engagements peuvent être
jugés comme étant faibles99, il n’en demeure pas moins que leur existence démontre de la
justiciabilité du principe de développement durable à travers celle le principe de
responsabilités communes mais différenciées.

Le Protocole de Kyoto offre aux Etats de l’Annexe I différentes méthodes par lesquelles
ils peuvent remplir leur obligation de réduction des GES. Il est établi à l’article 12 du
Protocole un Mécanisme de développement propre dont les conditions de participation sont
des obligations pour les Etats qui souscrivent à ce mécanisme. Dans le cadre de ce
mécanisme, les parties visées à l’Annexe I peuvent investir dans un projet de réduction
d’émission de GES dans un pays en développement. Selon le paragraphe 5 de l’article cité, le
pays investisseur (pays développé) reçoit ainsi un crédit sous forme d’unité de réduction
certifiée des émissions (URCE)100. La condition à remplir est que le projet procure des
avantages réels et durables et conduise à une réduction des GES en plus de ce qui aurait été
réalisée en l’absence du projet. Le pays d’accueil et le pays investisseur ont donc au terme
d’un tel accord101, une obligation de résultat : la réduction additionnelle des GES à travers le
projet dans le pays d’accueil.

96
Sandrine Maljean- Dubois et Matthieu WEMAËRE, La diplomatie climatique : les enjeux d’un régime
international du climat, Paris, Pedone, 2010, p. 129.
97
Article 3(1) du Protocole de Kyoto de 1998.
98
Article 3 (1bis), Amendement de Doha au Protocole de Kyoto, Décision 1/CMP.8, adoptée par la Conférence
des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto, FCCC/KP/CMP/2012/13/Add.1, consulté
sur https://unfccc.int/files/kyoto_protocol/application/pdf/kp_doha_amendment_french.pdf (13 mai 2016).
99
Observation faite par Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 237.
100
Idem, p. 265.
101
On peut voir une matérialisation de ce procédé à travers le projet de récupération de biogaz mené par
l’entreprise HYSACAM au Cameroun avec ses partenaires, cf. Mécanisme pour un développement propre
consulté sur https://www.hysacam-proprete.com/node/139. Voir aussi Victorine Ghislaine Nzino Munongo, La
32
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Les obligations du développement durable ne seraient donc pas uniquement l’obligation


générale de promouvoir ce développement. Ses principes et les dispositions détaillées qui leur
sont liées précisent ainsi le contenu des engagements des Etats concernés en matière de
développement durable. Cependant, des obligations minimales peuvent être identifiées même
pour les dispositions conventionnelles vagues.

Section 2 : L’existence d’obligations minimales dans des dispositions générales

Il est vrai que bien de dispositions sur le développement durable ou encore relatives à ce
concept sont souvent exprimées de façon vague. D’un autre côté, même lorsque les termes
utilisés sont clairs, il est difficile de dire avec exactitude la conduite imposée à la partie
concernée. A titre d’exemple on peut citer l’Accord de Paris adopté lors de la Conférence des
Parties à Paris en décembre 2015 (COP 21). Celui-ci reconnaît certes en son préambule et à
l’article 2(2) les principes de la CCNUCC. Néanmoins, l’on note une faiblesse dans les
engagements pris, faiblesse sensible notamment par un langage moins contraignant avec
l’utilisation des termes tels que « devraient », « peuvent », « sont encouragés », et
« reconnaissent ». Ainsi, contrairement au Protocole de Kyoto, les quantités d’émissions pour
chaque Etat ne sont pas précisées ; il revient à chaque partie de communiquer ses
engagements pris volontairement pour ce qui est de l’atténuation mais aussi d’adaptation102. Il
est vrai qu’un objectif mondial s’agissant du niveau de température moyenne par rapport au
niveau préindustriel est fixé à 2°C103. Il est difficile de voir en cet objectif une obligation
juridique. La question est à qui serait imputable la non- atteinte de celui-ci ? Cependant, les
dispositions relatives au développement durable ne sont pas les seules dans ce cas. Le Droit
international des droits de l’homme, qui met en exergue plusieurs obligations juridiques
utilise des termes semblables.

Aussi, malgré son degré d’abstraction, le principe conventionnel du développement


durable peut être justiciable. Cette conclusion se justifie par le fait que le caractère abstrait
d’une règle de droit ou d’un principe ne soit pas nécessairement un frein à sa justiciabilité en
droit international (paragraphe 1). Par ailleurs, malgré certaines imprécisions, l’on peut lire

mise en œuvre du mécanisme pour un développement propre au Cameroun : le cas du projet HYSACAM,
Mémoire présenté aux fins de l’obtention d’un Master en droits de l’Homme et Action Humanitaire, Université
Catholique d’Afrique Centrale, 2012, consulté sur http://www.memoireonline.com/03/12/5601/m_La-mise-en-
oeuvre-du-mecanisme-pour-un-developpement-propre-au-Cameroun--le-cas-du-projet-HYSACAM.html.
102
Article 4 et 7 de l’Accord.
103
Article 2.
33
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

des obligations minimales dans les dispositions imprécises liées au développement durable. Il
sera question de donner un exemple de telles obligations (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La possible justiciabilité des dispositions vagues et générales en droit


international

L’abstraction et la conceptualisation ne sont pas les seules caractéristiques du


développement durable. En effet, les règles de droit ne sont pas toujours formulées de façon à
s’appliquer aux cas concrets (A). Cependant, pour que des règles à caractère générale lient les
parties, certaines conditions doivent être remplies (B).

A. L’abstraction et la conceptualisation comme moyens de formulation de la norme


juridique
Selon les auteurs Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet dans leur ouvrage
intitulé « Droit international public », « la formulation de toute norme juridique se réalise
nécessairement, à des degrés divers, par le moyen de l’abstraction et de la conceptualisation
[…] il est rare qu’une règle de droit puisse s’appliquer automatiquement à un cas concret
[…] il faut, le plus souvent, s’efforcer de dissiper au préalable les incertitudes et les
ambiguïtés104». Les dispositions dans lesquelles le développement durable ou ses principes
sont inscrits ne seraient donc inutilisables devant le juge international pour la seule raison
qu’elles sont formulées de manière large et générale. Robert Lecourt se situe dans cette
logique lorsqu’il souligne que : « là où s’arrête la précision du texte, commence le pouvoir du
juge […] qui ne peut , sans déni de justice, se retrancher derrière l’imprécision des traités
pour refuser de dire le droit , ni comme serait tenté de le faire une juridiction internationale –
tirer du silence des textes l’obligation de décliner tout jugement105».

Aussi, les droits ou principes définis de façon vague peuvent être justiciables. Une telle
logique est relevée par certains auteurs s’agissant de la justiciabilité des droits de la 2 ème
génération qui font l’objet de critiques semblables. Selon une analyse faite par Jean- Maurice
Arbour et Sophie Lavallée, qui eux même s’appuient sur une analyse d’Olivier de Schutter, il
ne s’agit pas de savoir si les droits en question ont une définition concrète (degré d’abstraction
de la règle de droit). Il est plutôt question de savoir si les obligations imposées par la norme

104
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Droit International Public, Paris, LDGJ, 2009, p. 276.
105
« Le juge devant le marché commun », in Institut Universitaires des Hautes Études Internationales, Genève,
1970, 69 p, cité par Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp. 210- 233.
34
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

sont « […] suffisamment définies pour permettre au Comité non pas d’indiquer dans le détail
quelles mesures doivent être prises, mais d’identifier dans le chef d’Etat certains
comportements qui constituent des violations suffisamment claires de ces obligations106 ».
Établissons un parallèle avec le développement durable. Il ne serait pas question pour les
dispositions dites abstraites que le juge prenne la place du politique et lui dicte dans les détails
les mesures à prendre alors que celles-ci n’auraient pas été définies. Il s’agit plutôt d’établir
que celles prises sont clairement contraire au traité ratifié. Le juge resterait ainsi dans le cadre
des activités dévolues au pouvoir judiciaire et selon le respect du principe de séparation des
pouvoirs ou encore celui de la souveraineté. Selon une telle approche, le principe de
développement durable serait donc justiciable.

Toutefois, pour que les dispositions formulées d’une manière large et générale, lient les
parties à un traité, il faut qu’elles satisfassent deux conditions.

B. Les conditions de justiciabilité des dispositions générales


Selon le juge dans l’affaire Entraide judiciaire en matière pénale, elles doivent être
des « règles pertinentes » et exprimer des aspirations107. L’on peut lire de l’expression « règle
pertinente », des normes qui modifient l’état du droit. Ainsi pour Virally, a proposition will
have legal scope when it is formulated ‘with the intention to modify . . . elements of the
existing legal order, or . . . that it simple mentation effectively achieves this result108’. Les
traités sur le développement durable ont pour objectif, chacun dans un domaine précis de
modifier l’ordre juridique existant et produisent ce résultat dans la mesure où le
développement n’est plus désormais envisagé sans une prise en compte des questions
environnementales. Du même avis, Dire Tladi relève que l’effet transformatif du
développement durable peut être lu de son évolution depuis « the early days in Founex and
proceedings through the conference in Johannesburg109 ». Par ailleurs, le juge de la CIJ
confirme ceci dans l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros lorsqu’il recommande la prise
en considération des évolutions du droit international dans le domaine de la protection de

106
Olivier de Schuster, le Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels, Centre de philosophie du droit, cellule de recherche interdisciplinaire en droits de l’homme, Université
Catholique de Louvain, p. 11 [en ligne : http://cridho.cpdr.ucl.ac.be/working%20papers/cridho.wp.2005.03.pdf].
107
France c. Djibouti, Recueil CIJ 2008, p.37, § 113.
108
Michel Virally, ‘Le rôle des “principes” dans le développement du droit international’, in Recueil d’études de
droit international en hommage à Paul Guggenheim, Institut universitaire des hautes études internationales,
1968, pp. 531-535 (author’s translation), cité par Virginie Barral, Op. Cit., pp. 384- 400.
109
Dire Tladi, Op. Cit., p. 241.
35
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

l’environnement110. Par ailleurs, ces traités expriment une aspiration, un développement


équitable et continu pour les générations présentes, mais également pour leurs héritiers, les
générations futures. Les parties ont donc aussi la responsabilité de les exécuter de bonne foi
(article 26 de la Convention de Vienne de 1969).

Selon une formule générale de la Convention de Vienne, exécuter de bonne foi


signifie en effet « s’abstenir de tout acte visant à réduire à néant l’objet et le but du traité »
(article 18 de la Convention de Vienne de 1969)111. Dans le cadre des conventions ayant pour
objectif le développement durable, ceci impliquerait une obligation négative, celle de ne pas
prendre des mesures contraires à l’objectif du développement durable. Une telle approche
peut être relevée sur le plan communautaire s’agissant des directives de l’Union européenne.
Bien qu’elles ne sont pas obligatoires ou contraignantes, le Conseil d’Etat (France) précise
que dès lors que « la directive lie tout Etat membre quant au résultat à atteindre [objectif ou
but], tout en laissant aux instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens ,
les Etats membres disposent bien d’une latitude de décision, mais ils ne peuvent adopter des
mesures contraires aux buts définis par la directive visée ou aux objectifs définis par celle-
ci112». Aussi, dans l’arrêt d’Assemblée Alitalia rendu le 03 février 1989, il a été établi le
principe selon lequel l’autorité administrative est obligée d’abroger un règlement qui viole les
objectifs d’une directive ou leur est contraire113.

Aussi, des obligations minimales peuvent être tirées des dispositions vagues liées au
développement durable.

Paragraphe 2 : Exemples d’obligations minimales liées au principe de développement


durable

Même si la conduite à tenir dans le cadre de certaines obligations conventionnelles n’est


pas claire, une lecture contextuelle permet de mettre en exergue un exemple de ce qui serait
attendu de l’Etat partie. On relève ainsi des obligations relatives au principe d’intégration (A)
et aux dommages à l’environnement (B).

110
Projet de barrage sur le Danube dit "Gabcikovo-Nagymaros" précitée, § 140.
111
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 239.
112
Raphaël Romi, Op. Cit., p. 55.
113
Ibid.
36
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

A. L’obligation d’intégration
Prenant l’exemple de l’obligation de promouvoir le développement durable, cette
obligation est conventionnelle dans la mesure où elle est consacrée dans plusieurs textes
juridiques de cette nature. L’on peut citer l’article 8(e)114 de la Convention sur la diversité
biologique. S’il est vrai que le terme « promouvoir » en tant qu’obligation peut paraître vague,
l’on peut se référer aux autres parties des textes concernés et même des textes auxquels ont
participé ou auxquels l’Etat concerné est partie conformément au principe d’interprétation des
droits des traités, pour mettre en exergue un exemple de conduite attendue de ce dernier. Il
ressort d’une telle lecture croisée que promouvoir le développement durable revient à intégrer
la protection de l’environnement dans des textes, dans des politiques, dans des plans et
programmes de développement. Une telle lecture peut aussi être faite de l’article 3(4) de la
CCNUCC de 1992. L’article commence en ces termes : « Les Parties ont le droit d’œuvrer
pour un développement durable et doivent115 s’y employer ». L’on peut dire de l’emploi du
terme « doivent » comme traduisant une obligation pour les parties d’œuvrer pour le
développement durable. Cependant ceci ne dit pas exactement ce qui est attendue d’elles dans
le cadre d’une telle obligation. La suite de l’article permet quand même de faire un
rapprochement entre cette disposition et le principe de l’intégration, cette fois-ci appliqué à la
lutte contre les changements climatiques. Dans sa forme la plus vague, le développement
durable serait donc lié à des obligations de comportement et non de résultats, obligation qui
de par leur nature, sont généralement plus imprécises116.

D’un autre côté, l’application des règles d’interprétation peut aussi mettre en lumière
des obligations de résultats malgré la généralité des dispositions.

B. Les obligations relatives aux dommages à l’environnement


Dans le cadre du changement climatique, la réduction des gas à effets de serre est une
obligation même si elle n’est pas toujours clairement définie. S’agissant des mécanismes du
marché117 reconnus par la Convention et le Protocole de Kyoto par exemple, des obligations
similaires mais plus vagues sont prescrites par l’Accord de Paris118. Pourtant, une lecture
conjointe des articles 4(16) et suivants, 6 de l’Accord et du paragraphe 38 de la décision
114
« Promeut un développement durable et écologiquement rationnel dans les zones adjacentes aux zones
protégées en vue de renforcer la protection de ces dernières ».
115
Notre emphase.
116
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 240.
117
Le MDP, l’application conjointe entre pays industrialisés, la mise en commun des obligations de réduction.
118
Articles 4(16) et suivants et 6.
37
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

d’adoption de l’Accord119 permet d’affirmer que les parties qui participeraient au mécanisme
pour le développement durable120 ont la même obligation de résultat énoncée par l’article 12
du Protocole de Kyoto sur le MDP.

En outre, malgré le fait que le nouvel accord ne quantifie pas les engagements
individuels en matière de réduction des émissions, les parties ont quand même une obligation
minimale. En vertu de la règle pacta sunt servanda, les pays développés qui communiquent
volontairement des engagements de réduction d’émissions de GES ont une obligation de les
respecter.

Une lecture des différentes dispositions liées au principe de responsabilité pour


dommage transfrontaliers permet d’affirmer que les Etats ont l’obligation de ne pas causer des
dommages significatifs à l’environnement des autres Etats. De plus, selon le Compact121, les
entreprises qui adhèrent à ce mécanisme contractuel ont pour obligation de ne pas causer un
changement mesurable, significatif et négatif à la biodiversité. En effet, aux termes de l’article
6.2 de ce texte contraignant, « Un Dommage à la Diversité biologique donne lieu à une
Réponse uniquement lorsqu’il s’agit d’un Changement mesurable, Significatif et Négatif au
niveau d’une Espèce, ou d’un Changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une
Espèce ou d’un Écosystème ayant pour résultat la perte d’un service de ressource naturelle
essentielle à la survie d’une Espèce donnée ».

Ainsi, sur le plan conventionnel, l’application du principe de développement durable


met en lumière des obligations juridiques générales, minimales mais aussi précises qui
permettent de conclure que ce principe est bien justiciable. Sur le plan coutumier, l’évolution
du droit international en la matière porte à croire à l’émergence d’obligations coutumières.

119
Adoption de l’Accord de Paris, Décision 1-/ CP 21 du 12 décembre 2015 consulté sur
http://unfccc.int/resource/docs/2015/cop21/fre/l09f.pdf (11 mai 2016).
120
L’expression est utilisée au Par. 38 de la décision d’adoption de l’Accord de Paris.
121
Le Compact est un mécanisme contractuel de réponse en cas de dommage causé à la diversité biologique en
conséquence de la libération d’un organisme vivant modifié adopté par six entreprises dans le cadre de la mise
en œuvre du principe pollueur- payeur. Cf. www.biodiversitécompact.org.
38
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CHAPITRE 2 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE SUR LE


PLAN COUTUMIER

Selon l’approche objectiviste, le processus coutumier a une caractéristique sociologique,


il répond soit à une nécessité sociale ou découle d’une nécessité logique. Pour les auteurs
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, « la formation spontanée de telles règles se
réalise par suite d’une prise de conscience juridique collective de la nécessité sociale 122 ».
Cette approche peut bien être appliquée au concept en étude. En effet, l’origine et les
applications du développement durable remontent bien loin avant l’étude de la CMED dont il
sera l’objet123. Déjà dans les années 60 les effets dévastatrices du développement industriel
étaient sources de préoccupations. Ainsi, le Club de Rome, un groupe d’intellectuels et de
chercheurs créé en 1968, va, en 1971 publié un rapport important intitulé « The limit to
growth » (les limites de la croissance), traduit en français par « Halte à la croissance ». C’est
pour dire que la nécessité de concilier développement et protection de l’environnement n’est
pas récente. Est –ce pour autant qu’on peut affirmer que ce principe fait désormais partie du
droit international coutumier et serait donc justiciable ?

Comme l’a relevé la CIJ, la substance du droit international coutumier intègre deux
éléments : la pratique effective et l’opinio juris des Etats124. L’élément matériel du processus
coutumier est l’ensemble des comportements des sujets de droit international125. Concernant
l’élément psychologique, pour qu’il existe une coutume établie, La CIJ précise que « les Etats
doivent avoir le sentiment de se conformer à ce qui équivaut à une obligation juridique. Ni la
fréquence, ni même le caractère habituel des actes ne suffisent. Il existe nombre d'actes
internationaux, dans le domaine du protocole par exemple, qui sont accomplis presque
invariablement mais qui sont motivés par de simples considérations de courtoisie,

122
Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 355.
123
Kristin Bartentstein, « les origines du concept de développement durable », in 3 Revue juridique de
l’environnement, 2005, p. 289.
124
Affaire du Plateau continental (Jamahiriya arabe libyenne/Malte), arrêt, Recueil CIJ 1985, p.29, § 27.
125
Il existe un débat doctrinal s’agissant de l’apport des organisations non gouvernementales à la formation
d’une coutume. Selon une pratique contemporaine, leurs comportements peuvent constituer l’élément matériel
de la coutume du moment où ils ne sont pas en opposition expresse des sujets premiers du droit international que
sont les Etats (Patrick Daillier, Mathias Forteau et Alain Pellet, Op. Cit., p. 358).
39
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

d'opportunité ou de tradition et non par le sentiment d'une obligation juridique126 ». Par


ailleurs, selon l’article 15 du Statut de la Commission du droit international des Nations
Unies, les éléments à réunir comme moyens de preuve de l’existence d’une coutume sont une
pratique étatique considérable, de précédents jurisprudentiels et d’opinions doctrinales
convergentes127 .

Il sera donc question dans ce chapitre de se baser sur ces moyens de preuve afin de
vérifier s’il existe effectivement une pratique générale (section 1) et un opinio juris valable
(section 2) s’agissant du principe de développement durable tel que défini par le Rapport
Brundtland. Il s’agira plus précisément de définir quelles obligations juridiques réunissent les
deux éléments et seraient donc justiciables.

126
Plateau continental de la mer du Nord, arrêt du 20 février 1969, Recueil CIJ 1969, p. 44.
127
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 366.
40
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Section 1 : L’existence d’une pratique effective

Selon les règles du droit international, la pratique n’est effective que si trois conditions
sont réunies. Premièrement, il doit exister des comportements susceptibles de constituer des
précédents (paragraphe 1). Ensuite ces précédents doivent être répétés dans le temps et dans
l’espace (paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’existence de précédents importants

Comme il a déjà été relevé, l’on note sur la sphère internationale et même nationale la
constance d’un discours en faveur du développement durable. Celui-ci est matérialisé par des
comportements qui constituent des précédents relatifs au principe en question. Ceux-ci de
portées juridiques différentes, contraignantes ou non sont cependant valables. En effet, les
comportements susceptibles de constituer des précédents peuvent correspondre à des actes
juridiques, internes ou internationaux mais ce n’est pas une nécessité. Ce qui importe est que
les actes ou agissements émanant des sujets du droit international soient opposables à leurs
auteurs. Et par le terme « opposable », la doctrine entend par là qu’ils ne soient pas viciés128.
Aussi, au rang de ces comportements ou actes, on peut citer des textes juridiques internes, des
discours politiques, des prises de positions sur le plan international, des actes judiciaires
internes et internationaux, des textes déclaratoires, des résolutions ou recommandations, des
directives et des conventions. Il sera question ici de donner des exemples de comportements
sur le plan interne (A), puis sur la scène internationale (B).

A. Des comportements en faveur du principe sur le plan interne


En ce qui concerne les actes juridiques internes, on retrouve la consécration du principe
de développement durable dans plusieurs constitutions et lois en tant qu’objectif ou principe.
De même, ces textes reconnaissent un ensemble de principes liés au développement durable
dont ceux cités au chapitre 1. En droit suisse par exemple, le développement durable s'inscrit
implicitement au préambule de la Constitution fédérale, aux articles 54 al. 2, 75 à 79, 89, 120
et 126 Cst. Le principe est plus explicite aux articles 2 et 73 Cst129. On trouve aussi une
reconnaissance des principes qui permettent la mise en œuvre de ce développement durable,

128
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 355.
129
Alexandre Flückiger, Op. Cit.
41
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tels que le principe de précaution à l’article 74. Pour Isabelle Romy, le principe est aussi
présent dans le droit de construction suisse130.

En France, la Charte sur l’environnement du 11 février 2005 reconnaît le principe du


développement durable et élève entre autres le principe de précaution au rang de principe
constitutionnel. On peut citer aussi la loi n°99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement du territoire et le développement durable et la loi n°2000-1208 du 13
décembre 2000 relative à la solidarité et au développement urbain qui marquent l’entrée
officielle du développement durable en politique131.

En outre, d’autres exemples existent dans d’autres pays. A titre d’exemple, la loi
fédérale sur le développement durable de 2008 au Canada132, la loi n°96/12 du 5 aout 1996
portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement au Cameroun et la loi n°00211/008
du 06 mai 2011 d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire
au Cameroun. On relève aussi des stratégies en faveur du développement durable telles que la
stratégie fédérale pour le développement durable de 2016- 2019 au Canada et les discours en
faveur du développement durable.

En outre, les actes judiciaires internes ont aussi été retenus comme pouvant faire partie
des précédents dans l’affaire du Lotus133. La préservation de l’environnement ou sa protection
en faveur des générations présentes mais aussi pour les générations futures, le leitmotiv du
développement durable est une cause qui caractérise la scène nationale. Cet objectif, qui doit
encadrer toute les actions des autorités étatiques est mis en avant par le juge interne dans
différentes affaires portant sur l’environnement. Par exemple, dans l’affaire Imperial Oil Ltd
v. Quebec (Minister of the Environment)134, portant sur un cas de pollution, la Cour Suprême
du Canada a souligné que « Québec environmental legislation is concerned not only with
safeguarding the environment of today, but it is also concerned with “evidence of an
emerging sense of inter-generational solidarity and acknowledgment of an environmental
debt to humanity and the world of tomorrow135”. Aussi reconnait-il au Ministère de

130
Isabelle Romy, Op. Cit., 42p.
131
Ministère des affaires étrangères et Européennes, La France à la loupe : le développement durable en France,
Info synthèse, Juin 2008, consulté sur www.ambassade-es.org (17 mai 2016).
132
Disponible sur http://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/F-8.6/.
133
CPJI, série A n°10, p.28.
134
[2003] 2 S.C.R. 624 (Can.).
135
[2003] 2 S.C.R. 624 (Can.).para 19.
42
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

l’environnement, l’obligation de prendre outres les mesures jugées nécessaires (dans ce cas
une étude d’impact) afin de résoudre un problème de pollution malgré le fait que ce dernier
aurait, avant les plaintes des résidents du secteur concerné approuvé un plan d’assainissement
de la société Imperial Oil ltd136. De plus, les auteurs Alexandre Flückiger137 et Béatriz
Esperança138 relèvent dans leurs ouvrages respectifs des exemples de décisions sur le plan
interne liées au principe du développement durable en Suisse, en Australie, en Inde et au Sri
Lanka.

Les prises de position en faveur du principe sur la scène internationale et dans le cadre
des procédures internationales sont aussi des exemples de précédents.

B. Une pratique effective sur le plan international


Au rang des comportements pouvant constituer des précédents, la doctrine cite à titre
d’exemple les actes accomplis par les organes de l’Etat. Ceux-ci incluent les agents
diplomatiques mais aussi les agents gouvernementaux notamment leurs prises de position au
cours des procédures arbitrales, juridictionnelles internationales ou au sein d’une organisation
internationale139. Pour ce qui est de ce travail, un exemple serait le communiqué de presse
soumis aux Nations Unies en novembre 2011 par les Etats- Unis présentant la vision de cet
Etat pour Rio+20140. On peut aussi relever le discours du président de la République du
Cameroun, le 30 novembre 2015 lors de la COP 21 à Paris141. De même, l’appréhension du
principe par la Hongrie et la Slovaquie dans l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros
démontre d’une reconnaissance du principe. Même si chaque Etat essaie de l’utiliser à son
avantage, ils reconnaissent son sens fondamental, la nécessité de concilier la protection de
l’environnement au processus de développement. Ainsi, le juge Weeramantry relève dans son
opinion dissident que «La Hongrie et la Slovaquie admettent toutes deux que le principe du
développement durable, tel qu'il est formulé dans le rapport Brundtland, la déclaration de Rio
et action 21, est applicable au présent différend …[et] Le droit international en matière de
développement durable est maintenant suffisamment bien établi et les deux Parties semblent

136
Katia Opalka and Joanna Myszka, “Sustainability and the Courts: A Snapshot of Canada in 2009”, in
Sustainable development in the courts, Sustainable Development Law &Policy (SDLP), Volume X, Issue 1,
2009,pp.62- 63.
137
Alexandre Flückiger, travail précité.
138
Béatriz Esperança, travail précité.
139
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 356.
140
Disponible sur http://www.state.gov/e/oes/sus/releases/176863.htm.
141
Disponible sur https://www.prc.cm/files/a7/77/b8/1006596420d80b5dd94ad6563dc1adc0.pdf.
43
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en convenir (Réplique de la Hongrie, par. 1.45, 1.47) 142


». Il est important d’observer que
malgré la réticence de la CIJ à reconnaître au développement durable le statut de principe en
droit international dans l’affaire du projet sur le fleuve Danube, celui-ci va constituer un point
important du déroulement de l’affaire et des décisions. L’appréhension du concept par le juge
va d’ailleurs attirer l’attention des critiques loin de la question centrale du différend qui
portait en fait sur l’application du droit des traités au cas d’espèce143. Ceci donne lieu à penser
que loin d’être complètement abstrait, le principe de développement durable pourrait être
appliqué aux cas concrets et est donc justiciable.

Par ailleurs, en dehors de la CIJ, des exemples sur le plan communautaire et


international sont donnés par Luis Anibal Avilès144 et dans la revue Sustainable development
in the courts, Sustainable Development Law and Policy145. Quant aux actes inter- étatiques, la
multiplicité des textes déclaratoires et contraignants sur le développement durable est
confirmée par plusieurs auteurs. Il est à relever que selon une doctrine établie les textes
juridiques qui ne lient pas les Etats parties, peuvent servir de point de départ du processus
coutumier146. On cite ainsi les actes des institutions et organisations internationales, les
résolutions, dans une moindre mesure, les pratiques internes des organisations
internationales ; La CIJ s’est appuyée sur ces dernières dans plusieurs affaires notamment
l’affaire des jugements du Tribunal administratif de l’OIT sur requêtes contre l’UNESCO et
l’avis du 09 juillet relatif au mur Israélien construit en territoire palestinien occupé.
Cependant, la CJCE les a rejetées comme preuve d’une coutume dans le but de sauvegarder
les pouvoirs respectifs des organes de l’organisation ou encore de la communauté au regard
des Etats147.

En termes de déclarations, les instruments déclaratoires de la CNUED marquent le


début d’un processus de multiplication d’accords, de déclarations, de résolutions148 et autres
en faveur du principe et de ses sous principes sur le plan universel et communautaire. Ceci

142
Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p.90, consulté sur http://www.icj-
cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
143
Maljean-Dubois Sandrine, « L'arrêt rendu par la Cour internationale de Justice le 25 septembre 1997 en
l'affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie c. Slovaquie) », in Annuaire français de droit
international, Vol. 43, 1997. pp. 286-332.
144
Luis Anibal Avilés, travail précité.
145
Vol. X, Issue 1, American University Washington College of Law, 2009, 96 p.
146
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 356.
147
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 357.
148
On peut citer les résolutions 43/53 et 46/169 adoptées par l’Assemblée Générale de l’ONU même avant Rio
1992, en 1988 et 1991 respectivement.
44
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

donnera naissance à la création d’organes aux statuts divers tels que la Commission des
Nations Unies du développement durable, pour ne citer que celle-ci. Il importe peu, à notre
humble avis de revenir sur la multiplicité des conventions qui consacrent le principe et ses
sous principes, celles-ci ayant déjà été évoquées au chapitre 1. Ceci étant, tout porte à croire
que la pratique en la matière est répétitive dans le temps et l’espace.

Paragraphe 2 : Une pratique constante et répétitive dans le temps et l’espace

Selon la doctrine et la jurisprudence, l’élément matériel doit être répétitif afin de faire
voir une pratique constante149 ou mieux encore constante et uniforme150. Dans le cadre du
développement durable, la pratique est constante dans la mesure où les différentes émanations
du principe sont conformes à sa nature pluridimensionnelle (A). D’autre part, on note une
participation représentative et/ ou fédératrice constante en matière conventionnelle (B).

A. Une pratique conforme à la nature pluridimensionnelle du principe


Il a été relevé que l’appréhension du concept de développement durable existe bien
avant Rio 1992. Cette appréhension continue d’exister jusqu’à ce jour151. Cette appropriation
est constante dans l’espace, du moins l’espace international qui est le lieu même de la
définition des attentes clés en la matière.

Toutefois, il est relevé que la consécration du concept ou de son contenu est utilisée de
façon variable, rendant incertaine la nature même des obligations qui y sont liées. Pourtant,
l’on constate que dès la conférence de Rio, le concept est défini de façon générale et aucune
restriction n’est faite de son contenu. Au contraire, il est lié à certains principes qui définissent
son essence ou permettent sa réalisation. L’on ne peut ainsi parler d’une pratique inconstante
ou non uniforme, dans la mesure ou les différentes approches au développement durable
s’inscrivent bien en droite ligne de sa nature pluridimensionnelle.

En effet, « il n’est pas nécessaire pour qu’une règle soit coutumièrement étable que la
pratique correspondante y soit rigoureusement conforme152 ». Dans la mesure où les

149
CPJI, Wimbledon, série A n°1, p. 25.
150
Droit d’asile et droit de passage en territoire indien, arrêt, Recueil CIJ 1950, p. 227 et Rec. 1960, p. 40.
151
Les ODD permettent de mettre le principe au centre de la stratégie mondiale en faveur du développement
depuis novembre 2015.
152
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 359 ; les auteurs citent à cet effet la CIJ dans
l’affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci, précisément l’arrêt du 27 juin
1986.
45
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

conventions et déclarations sur le développement durable reprennent certains des principes de


Rio (1992) tout en les adaptant au contexte précis, l’on peut dire que la pratique est constante,
même si elle n’est pas rigoureusement conforme. De plus, comme pour prouver leur adhésion
au texte fondateur qu’est la Déclaration de Rio de 1992 et donc au principe, ces conventions
citent la déclaration ou encore le principe bien souvent au niveau du préambule, mais
également dans leurs dispositifs. Cette citation est faite en plus des principes définitionnels
et/ou subsidiaires inscrits au niveau de leurs dispositifs. De façon récurrente on note donc,
l’obligation de prendre des mesures protectrices de l’environnement. Le fait que cette
obligation soit appliquée à des préoccupations pratiques différentes n’enlève en rien l’essence
de l’obligation faite. Au contraire, il montre que le principe peut être appliqué au cas concret,
et donc est justiciable.

B. Une participation représentative et/ ou fédératrice aux conventions


De même, il faut relever une participation massive aux différentes conférences et
déclarations qui portent sur le développement durable. Ce sont là des exemples de forums où
tous les sujets de droit internationaux sont représentés, les Etats, les organisations
interétatiques, les entreprises, les Organisations non gouvernementale et la société civile en
général. Moins représentative mais aussi très fédératrice, c’est l’adhésion aux conventions sur
le développement durable. Il est à observer que pour les règles coutumières générales, il n’est
pas nécessaire que la pratique soit unanime. Une participation très large et représentative à
l’acte ou la convention peut suffire à condition que soient concernés les « Etats
particulièrement intéressés »153. Ce qui est vrai pour les Etats l’est aussi pour les autres sujets
du droit international. Ainsi, si l’absence ou le refus d’adhésion des grands pollueurs au
Protocole de Kyoto serait une preuve du refus du monde de se sentir lié par les obligations
particulières inscrites dans celui-ci, le contraire pourrait être relevé des obligations inscrites
dans la CCNUCC et tous ces textes ratifiés de façon massive.

En plus de la représentativité, la CIJ, dans son arrêt sur le Plateau continental de la mer
du Nord, a posé trois autres conditions à la reconnaissance d'une coutume fondée sur les
conventions154. L'existence d’une coutume ne peut donc être présumée et doit en plus
répondre aux exigences que sont : « la disposition en cause doit avoir un caractère normatif,
[…], les réserves à la convention doivent être exclues et, enfin, la pratique des Etats doit

153
Affaire du Plateau continental de la Mer du Nord, précitée, p. 43.
154
Idem, p. 41-43.
46
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pouvoir être interprétée comme une reconnaissance155. S’agissant du caractère normatif, au


regard des développements précédents sur l’existence d’un engagement international
justiciable au chapitre 1, l’on peut dire que la condition est remplie. Par rapport aux réserves,
l’une des particularités des conventions sur l’environnement et le développement, c’est
l’inscription d’une disposition claire excluant les réserves156. Quant à la troisième condition, il
en sera question dans la section suivante.

Section 2 : L’existence d’un opinio juris valable

L’élément psychologique peut être interprété comme un besoin de droit ou encore la


reconnaissance du caractère obligatoire de la règle ou du principe concerné. Toutefois, deux
approches doctrinales se contredisent sur l’origine de l’opinio juris. Selon la doctrine
classique, l’élément psychologique est un « aboutissement de l’accumulation des
précédents157 » ou de l’élément matériel158. En revanche, l’opinio juris peut être selon la
pratique contemporaine, le point de départ du processus159. Il est question ici de voir dans
l’établissement du développement durable en tant que norme coutumière, une coutume
sauvage, l’élément psychologique ayant entrainé la pratique (paragraphe 1). Ensuite, en se
référant aux moyens de preuves établies par le droit international, des exemples d’obligations
juridiques de nature coutumière seront mis en exergue (paragraphe 2).

Il est à relever que certains des moyens de preuves cités plus haut pourraient être
utilisés. Cependant, la démarche est tout autre. Alors que dans la précédente section il s’est
agi de voir en ces moyens de preuve l’existence d’une pratique, dans celle-ci il est question de
détecter l’expression d’une reconnaissance du caractère impératif des obligations énoncées.

Paragraphe 1 : Un besoin de droit affirmé à la naissance d’une pratique constante

L’expression du besoin de droit en matière du développement durable (A) est complétée


par une reconnaissance de ce besoin dans des domaines ou sur des questions précises (B).

155
Frédérique Ferrand, Op. Cit., pp.265- 268.
156
Articles 24 de la CCNUCC, 37 de la CDB, 27 de l’Accord de Paris et 39 de la Convention Africaine de
Maputo de 2003, pour ne citer que ceux-ci.
157
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Droit, Op. Cit., p. 353.
158
Coutume sage.
159
Coutume sauvage.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

A. L’expression et la confirmation du besoin de droit


Une lecture de l’opinion dissidente du juge Weeramantry dans l’affaire du Projet
Gabcikovo- Nagymaros, nous laisse croire que le juge postule pour le premier courant en ce
qui concerne le développement durable. En effet, celui-ci interprète la pratique existante
comme témoignage de la juridicité du principe de développement durable. Cette position est
critiquée par plusieurs auteurs160 qui estiment, qu’en adoptant une telle démarche le juge
prouve certes l’existence de l’élément matériel, mais non de l’élément psychologique. Selon
une tendance doctrinale suivie d’ailleurs par la jurisprudence, la preuve de l’existence d’une
coutume doit être faite de façon séparée pour les deux éléments qui caractérisent le processus
coutumier. De ce fait, il agit pour nous d’adopter une approche un peu différente de celle du
juge Weeramantry, afin de démontrer le deuxième élément du caractère coutumier du concept
et d’établir ainsi sa justiciabilité intrinsèque.

Dans le cas d’une coutume sauvage, l’on ne peut parler a priori de reconnaissance du
caractère obligatoire du principe coutumier dans la mesure où la pratique n’est que naissante.
L’élément psychologique apparaît donc comme « l’expression d’un besoin de droit161 ». La
reconnaissance, qui bien évidemment pourrait accompagner la pratique, serait alors une
confirmation et une clarification de ce besoin. Dans le cas du développement durable,
l’expression du besoin de droit peut être tirée de la déclaration issue de la Conférence de Rio
de 1992, adoptée alors que la pratique en la matière était encore naissante. En effet, à travers
le principe 27, l’ensemble des participants, entités étatiques et privées, organisations étatiques
et non gouvernementales, proclame que : « Les Etats et les peuples doivent coopérer de bonne
foi et dans un esprit de solidarité à l'application des principes consacrés dans la présente
Déclaration et au développement du droit international dans le domaine du développement
durable ».

Ce besoin de droit est confirmé par le Rapport du Département de la coordination des


politiques et du développement durable du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies162
présenté à la quatrième session de la Commission du développement durable du 18 avril-3
mai 1996. Selon le résumé de ce document, le Secrétaire suggère qu’au vu de « […]
l'importance du droit international dans la perspective du développement durable […] les

160
Vaughan Lowe.
161
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 362.
162
Chef de projet pour l'application du chapitre 39 d'Action 21i, relatif aux instruments et mécanismes juridiques
internationaux
48
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

principes et concepts figurant dans le rapport du Groupe d'experts sur l'identification des
principes du droit international pour le développement durable soient étudiés et approfondis,
dans l'optique de la formulation de nouveaux instruments obligatoires ou facultatifs, et de
l'interprétation et l'application des instruments existants relatifs au développement
durable163 ».

Ce besoin de droit est d’ailleurs confirmé dans une certaine mesure par la Cour
permanente d’arbitrage dans l’affaire du Rhin de fer. Dans sa sentence du 24 mai 2005, la
Cour met en exergue l’objectif du développement durable en précisant que « ainsi, lorsque le
développement risque de porter atteinte de manière significative à l’environnement, doit
exister une obligation d’empêcher ou au moins d’atténuer, cette pollution164 ».

Par ailleurs, la pratique confirme ce « besoin de droit » à travers les nombreux textes
contraignants qui reconnaissent le principe de développement durable ou les principes qui y
sont associés, dans le préambule ou dans le corps du texte. Et plus encore par ceux qui
réaffirment l’adhésion à la Déclaration de Rio de 1992165. L’on peut ainsi affirmer, que ce soit
en s’appuyant sur la pratique traditionnelle ou contemporaine, qu’il existe un opinio juris lié
au caractère normatif du développement durable.

Par contre, le concept étant de nature ondoyante et diverse, l’on ne saurait astreindre un
Etat ou une entreprise à n’importe quelle obligation au nom du développement durable.

B. La reconnaissance encadrée du besoin de droit


Les hésitations dans la formulation de certaines obligations en matière de
développement durable laissent penser qu’il faudrait user d’une certaine prudence avant de
conclure à l’existence de l’élément psychologique. Cette hésitation est visible dans le domaine
du changement climatique. En effet, on note la réticence de la Conférence des parties à
adopter la décision sur les sanctions applicables aux violations du protocole de Kyoto,
amoindrissant ainsi la valeur de la procédure de non-respect prévue par le protocole. On
relève aussi l’imprécision croissante de la formulation des obligations juridiques de Kyoto à
Paris, qui laisse croire que les Etats veulent bien lutter contre le changement climatique sans
toutefois être liés au-delà du minimum.
163
Instruments et Mécanismes Juridiques Internationaux, Conseil Économique et Social, E/CN.17/1996/17 du 28
février 1996, consulté sur http://wwwv1.agora21.org/cdd4/9604818f.pdf (08 mai 2016 à 21h 37).
164
§ 222.
165
A titre d’exemple la Convention d’Antigua du 18 février 2002, préambule, paragraphe 4.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Tout ceci permet d’affirmer qu’il serait difficile de conclure que le principe de
développement durable en tant qu’un tout ferait partie du droit international coutumier.
Cependant, une lecture différente peut être faite des concepts ou principes qui y sont liés. Une
telle approche est fidèle à la nature du concept qui de par sa globalité peut avoir à s’appliquer
différemment selon les domaines ou encore évoluer dans le temps. Il ne faudrait pas ainsi, au
nom du développement durable, demander aux Etats de répondre de tout et de n’importe quoi
mais seulement des obligations relatives au développement durable qui sont incontournables
ou irréductibles de par leur caractère coutumier.

De plus, la logique voudrait que face à un concept qui de par sa nature est appelé à
évoluer, l’on ne restreigne pas sa portée juridique en limitant sa capacité de contrainte au
regard de quelques éléments existants. Il est donc important de mettre en exergue le contenu
des obligations de nature coutumière pour lequel il y aurait Opinio juris sive necessatis
(conviction du droit ou de la nécessité). Cette restriction n’enlève en rien le caractère
justiciable des obligations ainsi définies. Dans le domaine du Droit international des droits de
l’homme, les droits de deuxième génération connaissent une appropriation judiciaire moins
affirmée que ceux de la première génération. Cela n’empêche en rien que l’effectivité du
caractère justiciable de ces derniers soit reconnue par la doctrine, la jurisprudence et les
conventions.

Ceci dit, les obligations coutumières liées au développement durable ne sont pas
seulement celles relatives à certains de ses principes subsidiaires.

Paragraphe 2 : Des exemples de normes coutumières

La reconnaissance du caractère obligatoire de certains engagements en matière de


développement durable ne s’est pas faite de façon uniforme. En effet, alors qu’on note un
assentiment quasi universel pour certaines normes (A), d’autres exigences sont par contre
sujettes aux controverses importantes (B).

A. Des exemples de normes coutumières quasi universelles


Marie- Claire Cordonier exprime l’opinion selon laquelle, le consensus international qui
existe sur certains principes du développement durable dans des domaines tels que le
changement climatique, la biodiversité, la désertification et le droit de la mer est une preuve
que ces principes ont déjà acquis le statut de normes coutumières. Elle ne voit pourtant pas en

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

ceux-ci un caractère de norme de jus cogens dans la mesure où, ils ne lieraient que les Etats
qui n’auraient pas affirmé avec persistance la volonté de ne pas être liés par ces normes166.

Il est ainsi établi qu’il est désormais impératif de concilier la protection de


l’environnement et le développement, ou encore de promouvoir le développement durable.
Les auteurs Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, traduisent ce caractère impératif
lorsqu’ils relèvent que le Principe 3 de la Déclaration de Rio de 1992167 fait désormais partie
du discours diplomatique et juridique168. De façon plus précise, un consensus est atteint quant
à l’urgence de prendre des mesures protectrices de l’environnement (principe d’intégration).
L’existence d’un opinio juris s’agissant de ce principe peut être déduite du principe 11 de la
Déclaration de Rio. Ce principe met en exergue un besoin de droit en matière de promulgation
de normes protectrices de l’environnement. Ces normes doivent cependant être adaptées à la
situation de l’Etat concerné en matière de développement. Par ailleurs, dans l’affaire du Rhin
de fer, la CPA reconnaît implicitement le principe comme étant une norme coutumière dans sa
sentence du 24 mai 2005169.

Le juge de la CIJ, malgré sa prudence, laisse à penser qu’il reconnaît en le principe de


prévention une norme coutumière. En effet, dans l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros,
la Cour précise qu’elle « ne perd pas de vue que, dans le domaine de la protection de
l'environnement, la vigilance et la prévention s'imposent170 en raison du caractère souvent
irréversible des dommages causés à l'environnement et des limites inhérentes au mécanisme
même de réparation de ce type de dommages171 ». La nécessité de vigilance est encore
énoncée dans la reconnaissance de la valeur coutumière de l’étude d’impact
environnementale. Dans l’affaire des usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, la Cour
affirme qu’il existe « une pratique acceptée si largement par les Etats ces dernières années
que l’on peut désormais considérer qu’il existe, en droit international général, une obligation
de procéder à une évaluation de l’impact sur l’environnement lorsque l’activité industrielle
projetée risque d’avoir un impact préjudiciable important dans un cadre transfrontière, et en

166
Marie-Claire Cordonier Segger., Op. Cit., pp.10- 18.
167
« Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins relatifs au
développement et à l'environnement des générations présentes et futures »
168
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 66.
169
27 RIAA (2005) 35, §. 59.
170
Notre emphase.
171
§140.
51
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

particulier sur une ressource partagée172 ». De ceci ont pourrait conclure que le principe de
d’information et de participation dans le cadre de la protection de l’environnement est aussi
d’une valeur impérative dans la mesure où ceux-ci font partie intégrante de la mise en œuvre
de l’EIE.

Le caractère coutumier du principe de l’utilisation non dommageable de son territoire


(sic utere tuo ut alienum non laedas), est reconnu par la CIJ dans son avis consultatif du 8
juillet 1996 sur la Licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires173. La Cour va
confirmer cette position dans d’autres affaires dont l’affaire du barrage sur le fleuve Danube
de 1997 au paragraphe 53 de l’arrêt du 25 septembre174.

B. Des normes sujettes à des controverses importantes


Le statut juridique du principe de précaution hors du cadre conventionnel est sujet à
controverse. Il nous semble que le problème ne soit pas tant le principe en lui-même, mais ses
implications. Le principe commande à la fois l’abstention (s’abstenir en cas d’incertitude) et
l’action- prendre des mesures pour limiter les effets néfastes futurs sur l’environnement.
Cependant, étant donné qu’il n’existe pas de preuve scientifique de l’impact négatif qu’on
veut éviter, ce principe peut facilement être utilisé pour restreindre les activités commerciales
et donc le développement. Ceci explique la prudence de l’ORD quant à l’application du
principe et encore plus quant à son caractère coutumier. L’organe d’appel relève d’ailleurs
l’existence de la controverse dans l’affaire du bœuf aux hormones175. A cette approche
prudente on peut aussi ajouter celle de la CIJ qui dans plusieurs affaires, dont celle des usines
à pâte à papier sur le fleuve Uruguay, va évaser la question de la nature coutumière du
principe. Par contre l’avis consultatif rendu par le Tribunal international du droit de la mer le
11 février 2011 semble montrer une opinion contraire176. En effet, celui-ci interprète le
principe comme faisant partie de l’obligation de « due diligence », obligation reconnue
comme norme coutumière par la CIJ dans l’affaire précitée. De même, la pratique normative

172
Argentine c. Uruguay, arrêt du 20 avril 2010, Recueil CIJ 2010, § 204.
173
Recueil C.I.J 1996, p. 241-242, §. 29.
174
Autres exemples, Détroit de Corfou (Royaume-Uni c. Albanie), arrêt du 9 avril 1949 ; Fonderie de Trail,
Sentence du arbitrale du 11 mars 1941.
175
OMC, Communautés européennes- Mesures communautaires concernant les viandes et les produits carnés
(hormones), Rapport de l’Organe d’appel du 16 janvier 1998 (WT/DS26/AB/R).
176
ITLOS, Responsibilities and obligations of States sponsoring persons and entities with respect to activities in
the Area (Request for Advisory Opinion submitted to the Seabed Disputes Chamber), Advisory opinion of 1st
February 2011.
52
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

et jurisprudentielle de l’Union européenne montre que ce principe fait partie du


fonctionnement normal de l’organisation177.

Face à ces controverses, il nous semble que le principe de précaution, dont l’importance
est reconnue sur la scène internationale peut être une norme coutumière justiciable, mais
certainement pas d’applicabilité générale. Il revient donc au juge de l’appliquer à la lumière
des obligations qu’elles mettent en lumière dans différentes conventions, selon le cas concret
en présence.

Par contre, le principe de responsabilités communes mais différentiées malgré son


caractère conventionnel peut difficilement être considéré comme étant une obligation
justiciable en lui-même. Ce principe guide les Etats dans le cadre de la répartition des
responsabilités et des obligations. Il apparaît un peu comme une cause exonératoire en faveur
des pays en développement (PED) et une cause d’aggravation pour les pays développés. Fort
de ceci, la doctrine considère que ce principe ne peut être une norme coutumière justiciable
malgré l’existence d’un opinio juris certain du fait qu’il n’est pas « intrinsèquement une
norme prescriptive »178. Néanmoins, c’est une règle fondamentale censée guider le juge dans
son appréciation des obligations qui y sont liées.

Ceci étant, la pratique des sujets de droit international, Etats, personnes physiques et
morales, montre bien qu’il existe un élément matériel et une reconnaissance du caractère
impératif du principe de développement durable. Cette réalité est renforcée par la
jurisprudence du fait de l’application de certaines obligations qui découlent du principe en
tant que normes coutumières. Le principe de développement durable serait donc justiciable
dans le domaine du droit international coutumier, du moins, certaines de ses obligations
pourraient être imposées aux Etats hors du cadre conventionnel.

177
OMC, Communautés européennes- Mesures communautaires concernant les viandes et les produits carnés
(hormones), Rapport de l’Organe d’appel du 16 janvier 1998 (WT/DS26/AB/R).
178
Sophie Lavallée, « Le principe des responsabilités communes mais différenciées à Rio, Kyoto et Copenhague
: essai sur la responsabilité de protéger le climat », in Études internationales, Vol. 41, N° 1, 2010, pp. 62-78.
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

Eu égard à l’évolution de la manipulation de l’expression développement durable en


droit international, il nous semble incorrect de se référer encore à celui-ci comme à un
concept. Mieux encore, l’utilisation de l’expression en tant que principe conventionnel
commande désormais une nouvelle interprétation de sa justiciabilité. En effet, comme il a été
relevé dans cette partie, le développement durable comme tout principe en droit, revêt un
certain caractère général et même évasif. Pourtant, il donne bien lieu à des obligations
juridiques et donc à des engagements internationaux pour lesquels ses débiteurs doivent
répondre en cas de violation. Vu sous cet angle, le principe de développement durable est
donc justiciable, du moins, les obligations spécifiques et minimales qui le caractérisent
peuvent fonder, seul ou à l’appui à d’autres droits ou principes, les motifs d’un recours devant
le juge international.

Cette conclusion est toutefois relativisée sur le plan coutumier. En se référant aux règles
de preuve s’agissant de l’existence d’une coutume en droit international, l’on peut
difficilement affirmer sans l’ombre d’un doute, que le développement durable est un principe
coutumier. Cependant, l’on ne peut non plus affirmer qu’il n’existe pas des obligations liées
au développement durable ayant un caractère coutumier. Après une analyse de quelques unes
de ces obligations, l’on peut conclure que la nature coutumière du développement durable,
comme un tout caractérisé par des sous principes, est encore en construction. Pour l’heure, il
est attendu des Etats, de respecter certains principes subsidiaires du développement durable
tels que le principe d’intégration, de prévention et de l’usage non dommageable de son
territoire.

Ceci dit, malgré ces obligations juridiques, le principe de développement durable ne


pourrait être considéré comme justiciable, s’il n’existe pas de voies de recours pour violation
du principe. C’est ce qui fera l’objet de la deuxième partie.

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DEUXIÈME PARTIE : L’EXISTENCE DE VOIES DE


RECOURS ET DE SOLUTIONS JURIDIQUES

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La justiciabilité se définit en partie comme l’existence d’un recours. De ce fait,


l’existence d’un contentieux relatif à la règle de droit ou à la norme juridique est le moyen de
preuve généralement avancé à l’appui de son caractère justiciable. Cependant, le fait qu’une
norme n’ait jamais fait l’objet d’un différend ne signifie pas que celle-ci n’est pas justiciable.
Une logique contraire serait selon Alexandre Flückiger complètement erronée179. Par ailleurs,
qu’est ce qui constituerait un différend portant sur le développement durable ? Un litige axé
sur la conciliation entre développement économique et social et protection de l’environnement
ne serait il pas un litige portant sur le développement durable même si celui-ci n’est pas
spécifiquement cité comme moyen de preuve ? Une telle analyse peut se justifier par le fait
qu’en définitive, ce sont les parties qui choisissent le fondement juridique de leur
argumentaire ; le fait que l’un soit choisi en préférence à l’autre ne veut pas nécessairement
dire que le litige aurait été rejeté dans un autre cas de figure.

L’existence d’un contentieux ou du volume du contentieux constitue donc un indice


secondaire du caractère justiciable de la norme. L’existence de recours n’est en fait qu’un
élément procédural qui peut se déterminer à travers les accords entre parties et les statuts des
juridictions internationales. Par contre, les exemples tirés des affaires jugées, permettent de
s’assurer de la possibilité pour une question juridique de trouver une solution en droit. En
effet, le juge pourrait se déclarer incompétent pour un différend qui lui ferait outrepasser ses
fonctions. Pour être justiciable, un différend doit ainsi donner lieu à une décision qui entre
dans le cadre normal des activités du juge180. Le litige pourrait avoir des aspects politiques
sans pour autant qu’il ne soit justiciable181. L’important est que le juge puisse se prononcer
sur les questions juridiques qui opposent les parties en se basant sur le droit. La possibilité de
dire le droit et donc d’apporter une solution au différend est donc importante dans la
définition du caractère justiciable d’un différend. Ceci s’appréhende autant à travers des
exemples de litiges que les normes ; car celles-ci encadrent la détermination du contenu et la
mise en œuvre de la responsabilité de la partie alléguée avoir commis des violations.

Ceci étant, cette partie a pour but de déterminer le caractère justiciable du principe de
développement durable du point de vue procédural (chapitre 2) et à travers les solutions
applicables aux différends portant sur le principe (chapitre 3).

179
Alexandre Flückiger, Op. Cit., pp. 512-526.
180
Affaire des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre celui-ci (Nicaragua c. Etats Unis
d’Amérique), Arrêt du 27 juin 1986, CIJ, §. 32- 35.
181
Licéité de la menace ou de l’emploi d’armes nucléaires, Avis consultatif, Recueil CIJ 1996, p. 225, § 13.
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CHAPITRE 3 : LA JUSTICIABILITÉ DU PRINCIPE DU DÉVELOPPEMENT


DURABLE DU POINT DE VUE PROCEDURAL

La condition procédurale pour qu’il y ait justiciabilité commande de se pencher sur les
règles qui entourent la participation du juge au processus juridictionnel relatif à une violation
du principe. La compétence d’une juridiction est généralement fondée sur les textes qui
reconnaissent la capacité à celle-ci de régler les différends entre les parties. Une lecture des
conventions relatives au principe de développement durable permet d’affirmer qu’il existe un
juge compétent sur le plan universel et régional. Par ailleurs, la pratique même de certaines
juridictions et le corps de règles qui les régissent permettent d’élargir leur champ de
compétence.

En outre, ces mêmes règles et textes contraignants établissent des règles de recevabilité,
et par là l’identité des parties qui peuvent être convoquées devant ces juridictions. Suivant
cette logique, il apparaît que les Etats ne soient pas les seuls créditeurs et débiteurs des
obligations juridiques du principe. La qualité de partie peut être reconnue aux personnes
physiques et morales, individus, organisations et entreprises. Il sera donc question dans ce
chapitre de déterminer l’identité du juge du développement durable (section 1) et ensuite des
débiteurs et créditeurs du principe (section 2).

57
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Section 1 : L’existence d’un juge international compétent

La CIJ est la juridiction la plus citée dans les conventions relatives au principe du
développement durable. Pourtant, les juridictions permanentes et/ou spécialisées telles que
celles de l’OMC, du droit de la mer, des différends relatifs aux Investissements, ont eu à se
prononcer sur des éléments du principe. Toutefois, le principe semble être très souvent utilisé
comme outil d’interprétation. Il est donc question de voir dans quelle mesure toutes ses
juridictions peuvent être saisies de plein droit pour des griefs portant sur les obligations liées
au développement durable. Dans une moindre mesure, il s’agira de présenter brièvement les
questions de procédures particulières à celles-ci. Une lecture de l’applicabilité du principe
devant ces juridictions permet de mettre en exergue l’existence d’un juge sur le plan universel
(paragraphe 1) et sur le plan régional (paragraphe 2).

Il est à relever que la possibilité de recourir à l’arbitrage est aussi envisagée dans
plusieurs conventions,182 ainsi que la création d’organes quasi-juridictionnels pour régler les
questions de violation183. Cependant, par souci de concision, ce travail ne s’étendra pas sur
cette question, ni sur le recours à la médiation ou à la conciliation.

Paragraphe 1 : Le juge universel et le développement durable

L’on note une compétence affirmée de la CIJ et des tribunaux créés par la Convention
sur le droit de la mer (A). Les normes qui encadrent les différentes juridictions compétentes
en matière de commerce et d’investissement mettent également en exergue la possibilité de
régler les différends relatifs au développement durable (B).

A. La compétence affirmée de la CIJ et du TIDM


L’un des points communs aux différentes conventions portant sur le principe de
développement durable est la référence faite à la CIJ184. A titre d’exemple, l’article 14(2) (a)
de la CCNUCC stipule que « Lorsqu’elle ratifie, accepte ou approuve la Convention ou y
adhère, ou à tout moment par la suite, une Partie qui n’est pas une organisation régionale
d’intégration économique peut déclarer dans un instrument écrit soumis au Dépositaire que,

182
Article 14 (2) (b) de la CCNUCCC, article 27 (3) (a) de la CDB, article 15 (2) (b) de la Convention sur
l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un contexte transfrontière et les annexes VII et VIII de la
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.
183
Le Comité de contrôle du Protocole de Kyoto et le mécanisme de suivi du protocole de Nagoya (article 30).
184
L’Article 27 (3) (b) de la Convention sur la diversité biologique, l’article 24 de l’accord de Paris, l’article
16(3) de la Convention d’Aarhus et l’article 15(2) de la Convention d’Espoo, pour ne citer que ceux-ci.
58
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pour ce qui est de tout différend lié à l’interprétation ou à l’application de la Convention, elle
reconnaît comme obligatoire de plein droit et sans convention spéciale, à l’égard de toute
Partie acceptant la même obligation: a) La soumission du différend à la Cour internationale
de Justice ».

Le Statut de la Cour permet d’étendre sa compétence aux conventions ne l’ayant pas


spécifiquement reconnue, ce qui inclut certaines conventions liées au principe de
développement durable. On peu citer ici le Protocole de Nagoya de 2010. Aux termes de
l’article 36(1) (2) du Statut, la compétence de la Cour s’étend à trois types de différends :
premièrement à toutes les affaires que les parties soumettront à la Cour ; deuxièmement à tous
cas spécialement prévus par la Charte des Nations Unies ou dans les traités et conventions en
vigueur185 ; et troisièmement à tous différends d’ordre juridique du moment où les Etats
parties au Statut ont exprimé leur volonté à reconnaître sa compétence de plein droit et sans
convention spéciale.

La première possibilité, qui n’est limitée d’aucune condition, donne à penser que la CIJ
a une compétence illimitée. Le juge Sir Robert Jennings semble être de cet avis, ainsi que les
auteurs Mario Prost et Julien Fouret, qui relèvent d’ailleurs le manque de limitation
géographique et matérielle de la compétence de la Cour186. Ce cas de figure ouvre ainsi la
voie à la compétence de la Cour pour les différends basés sur les normes coutumières de
caractère général relatives au principe de développement durable lorsque les parties au Statut
ne seraient, l’une ou l’autre liée par aucune convention.

La jurisprudence de la CIJ confirme la compétence de cette dernière pour les affaires


portant sur les engagements internationaux relatifs au principe de développement durable. Au-
delà de la question centrale de la responsabilité des parties en vertu du Traité de 1977, il faut
relever que le différend qui opposait la Hongrie et la Slovaquie dans l’affaire du barrage sur le
fleuve Danube portait sur l’application du principe. En effet, les deux parties convoquent
celui-ci même comme à des fins différentes187. Il était bien question de concilier les
préoccupations environnementales de la Hongrie et celles de développement de la Slovaquie.

185
Exemple, l’affaire des usines de pâtes à papier, précitée, § 1.
186
Mario Prostet Julien Fouret, « Du rôle de la Cour Internationale de Justice : peau neuve ou peau de chagrin?
Quelques réflexions sur l'arbitralisation de la cour mondiale », in Revue Québécoise de Droit International,
N°16/2, 2003, pp. 204- 233.
187
Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p.90, consulté sur http://www.icj-
cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
59
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Par ailleurs l’utilisation du principe par le juge, même si en tant qu’outil d’interprétation,
montre bien que celui-ci peut être applicable aux cas concrets.

De même, dans l’affaire des usines de pâte à papier, certaines des questions de droits
qui motivent la saisine de l’Argentine portent sur le principe de développement durable. En
effet, le requérant allègue les violations d’un nombre d’obligations du défendant en vertu du
Traité de 1975 dont l’obligation d’information préalable et l’obligation de procéder à une
étude d’impact sur l’environnement. Il ressort de ceci que la CIJ peut bien être saisie des
différends liés à la violation des obligations du développement durable ; le principe est donc
justiciable.

Le TIDM peut aussi être saisi des différends relatifs au principe. Aux termes de l’article
288 de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer du 10 décembre 1982 188, le
TIDM a compétence pour connaître de tout différend relatif à l’interprétation ou à
l’application de la Convention ainsi que de tout autre accord se rapportant à ses buts. La
XIIème partie de la Convention impose aux parties des obligations liées au développement
durable notamment l'utilisation non dommageable du territoire (article 194), et l'évaluation
des effets potentiels des activités sur le milieu marin (article 206). Par ailleurs, le lien de la
Convention avec le principe peut être établi dès le préambule même si celui-ci n’est pas
cité189. Selon une lecture des paragraphes 4 et 5, la Convention a pour objectif d’établir un
ordre juridique pour les mers et les océans … qui favorise les utilisations pacifiques des mers
et des océans, l'utilisation équitable et efficace de leurs ressources, la conservation de leurs
ressources biologiques et l'étude, la protection et la préservation du milieu marin, afin de
mettre en place un ordre économique international juste et équitable dans lequel il serait tenu
compte des intérêts et besoins de l'humanité tout entière et, en particulier, des intérêts et
besoins spécifiques des pays en développement. Il est donc bien question de satisfaire
équitablement aux besoins de toute l’humanité tout en protégeant et préservant le milieu
marin et ses ressources.

De plus, deux autres raisons peuvent justifier l’interprétation de certains principes de la


Convention, à la lumière de celui du développement durable. La première est la nature
coutumière générale de promouvoir le développement durable ; la deuxième est le principe

188
Convention de Montego Bay.
189
Ce qui est normal puisque la Convention a été adoptée avant la formalisation du principe.
60
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

d’interprétation évolutive des dispositions liées à l’environnement utilisé par la CIJ dans
plusieurs affaires notamment l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaroset par l’ORD dans
l’affaire des crevettes I190. Cette possibilité d’ouverture est reconnue par Christophe Nouzha
s’agissant de l’utilisation du principe de précaution par le tribunal. Il souligne ainsi qu’il « est
toujours possible pour les parties à un différend porté devant le Tribunal de se fonder sur les
règles de droit international qui ne sont pas incompatibles avec la Convention, comme
l'indique l'article 293191 ». Ainsi dans l’affaire du Thon à nageoire bleu, les demandeurs
fondent également leur prétention sur la Convention du 10 mai 1993 pour la conservation du
thon à nageoire bleue qui sera d’ailleurs pris en compte par le tribunal192.

De façon générale, la pratique de la Cour a montré qu’elle était prompte à accepter sa


compétence pour des différends basés sur d’autres accords pertinents, et ce malgré l’article
282 de la Convention de Montego Bay qui limite son champ d’action193. La notion de
prévention est même au centre des activités de la Cour194 qui portent plus sur l’ordonnance
des mesures provisoires et des mains-levées. Ainsi, dans l’affaire de l’usine Mox, l’Irlande
fonde ses prétentions entre autres sur le principe de prévention et de l’évaluation des impacts
environnementaux195. De plus, dans cette même affaire et plus encore dans l’affaire du Détroit
de Johor196, le tribunal va donner un sens concret à l’obligation relative de coopérer inscrite
dans plusieurs dispositions de la Déclaration de Rio197 ainsi que dans la CMB (partie XII). Par
contre, en matière de commerce et d’investissement, la compétence des juridictions est plus
restrictive.

B. Le juge du commerce et des investissements et le développement durable


Pour ce qui est de l’Organisation mondiale du commerce, il est arrivé que l’ORD soit
saisi de différends portant sur la conciliation entre le commerce (développement) et la

190
OMC, Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, Organe
d’appel, Rapport États-Unis du 12 octobre 1998 (WT/DS58/AB/R).
191
Christophe Nouzha, « le rôle du Tribunal International du Droit de la Mer dans la protection du milieu
marin », Revue québécoise de droit international, Vol. 18, N°2, 2005, pp.86-90.
192
Affaires du thon à la nageoire bleue (Nouvelle-Zélande c. Japon ; Australie c. Japon), Affaires no 3 et 4,
Ordonnance du 27 août 1999, TIDM 1999, § 50.
193
Parfait Oumba, Op. Cit., p. 116-120.
194
Affaire relative aux travaux de poldérisation par Singapour à l'intérieur et à proximité du Détroit de Johor
(Malaisie c. Singapour), mesures conservatoires, Ordonnance du 8 octobre 2003, TIDM 2003, § 96.
195
TIDM, Affaire de l'usine MOX (Irlande c. Royaume-Uni), Affaire n° 10, Ordonnance du 3 décembre 2001, §
26.
196
Idem, § 89 ; et aussi Affaire du Détroit de Johor, précitée, § 106.
197
Principe 7 et 12.
61
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protection de l’environnement198. Toutefois, seule la violation des obligations qui figurent


dans les accords de l’OMC ou auxquelles ces accords font référence peut donner naissance à
un différend199. L’application autonome des autres règles est ainsi exclue. Il en va de même
des règles coutumières dont l’utilisation est bien restreinte200. Cette restriction matérielle est a
priori une limite de la justiciabilité formelle du principe du développement durable pour ce
qui est du commerce international tel que régi par l’OMC. Car, le principe n’apparaît pas
comme une obligation dans l’ordre juridique de l’OMC.

Le principe de développement durable est certes inscrit comme un objectif au


paragraphe 1 du préambule de l’Accord de Marrakech instituant OMC. Toutefois, les règles
de l’organisation sont de facto contraires au principe 4 de la Déclaration de Rio et au principe
du développement durable. L’intégration de mesures protectrices de l’environnement au
processus de développement (dans ce contexte aux politiques commerciales internationales)
apparaît plus comme un droit, donc volontaire et non comme une obligation. Ce droit 201 est
par ailleurs limité par des conditions très strictes. Le principe de précaution semble ainsi banni
de facto, étant donné que les mesures nécessaires à la protection de la santé des personnes, des
animaux et à la préservation de l’environnement doivent être fondées sur des principes
scientifiques et ne doivent pas être maintenues sans preuves scientifiques suffisantes202.
Malgré l’exception prévue par l’article 5 (7)203 de l’Accord SPS, la jurisprudence de l’ORD
confirme le peu de place accordé à ce principe204.

La conciliation entre l’environnement et le développement est encore minorée dans


l’application de l’article XX du GATT de 1994 qui prévoit pourtant des exceptions de nature
environnementale aux règles de l’OMC (alinéa b et g). Premièrement, la prise en compte de
l’environnement reste volontaire. Deuxièmement, cette exception est fortement limitée. En

198
Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, précitée.
199
Hubert Lesaffre, Le règlement des différends au sein de l’OMC et le droit de la responsabilité internationale,
LGDJ, 2007, p.33- 34.
200
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 1248.
201
Les principaux accords commerciaux de l’OMC reliés à l’environnement sont l’accord sur les obstacles
techniques au commerce (Accord OTC), l’Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires
(Accord SPS), l’Accord sur l’agriculture et l’Accord sur les services.
202
Jean- Maurice Arbour et Sophie Lavallée, Op. Cit., p. 639. Voir dans cet ordre d’idée l’affaire des Mesures
communautaires concernant les viandes et les produits carnés (hormones) ou affaire du bœuf aux hormones (DS
48).
203
L’article 5 (7) opère une ouverture pour les cas où les informations scientifiques pertinentes ne sont pas
suffisantes.
204
Voir par exemple l’affaire du bœuf aux hormones (DS 48) et les affaires des Mesures communautaires
affectant l’approbation et la commercialisation des produits biotechnologiques.
62
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

effet, selon l’organe d’appel dans l’affaire Crevettes, le paragraphe introductif pose trois
conditions, à savoir : la mesure prise ne doit pas produire une discrimination arbitraire entre
pays où les mêmes conditions existent ; la discrimination ne doit pas être injustifiée ; ni être
une restriction déguisée au commerce international. Aussi, malgré le fait que la mesure prise
par les Etats Unies soit considérée comme entrant dans le champ d’application de l’article
XX, elle a été jugée contraire aux règles de l’OMC à la lumière de ces conditions 205. En
définitive, le principe de non- discrimination prend l’ascendance sur la nécessité de protéger
l’environnement.

L’évolution jurisprudentielle dans la prise en compte des préoccupations


environnementales permet certes à l’ORD de respecter l’objectif du développement durable,
tel qu’inscrit dans le préambule de l’Accord de Marrakech de 1994. Elle montre aussi que
celle-ci peut appliquer les principes de développement durable aux affaires portant sur le
commerce international206. Cependant, à l’état actuel des dispositions normatives de l’OMC,
et eu égard aux points relevés ci-dessus, tout porte à croire que le développement durable et
ses sous principes ne soient pas des normes obligatoires dans le cadre de l’OMC. Ils ne
peuvent être la base juridique des prétentions du demandeur et ne sont donc pas justiciables.
Le principe serait à la limite un outil d’interprétation.

Les préoccupations environnementales ont également été avancées comme moyens


légitimes de défense dans le cadre des règlements des différends liés aux investissements et
particulièrement dans le cadre de la procédure CIRDI207. Cependant, eu égard aux affaires
pour lesquelles le Centre208 est saisi, il serait difficile que le principe de développement
durable soit justiciable dans ce cadre. Comme son nom l’indique et conformément à l’article
25 (1), le Centre est compétent pour les différends qui sont en relation direct avec un

205
Prohibitions à l’importation de certaines crevettes et de certains produits à base de crevettes, précitée, § 159.
206
Dans le même ordre d’idée, au niveau du préambule de leur Décision sur le commerce et l'environnement, les
Ministres de Marrakech précisent que « …qu'il ne devrait pas y avoir, et qu'il n'y a pas nécessairement, de
contradiction au plan des politiques entre la préservation et la sauvegarde d'un système commercial multilatéral
ouvert, non discriminatoire et équitable d'une part et les actions visant à protéger l'environnement et à
promouvoir le développement durable … ».
207
Jorge Viñuales, « Foreign Investment and the Environment in International law: an ambiguous relationship »,
in British Yearbook of International Law, Vol. 80, 2010, pp. 314-315, cité par Mélanie Riofrío Piché, Les
considérations environnementales dans l’arbitrage d’investissement sous l’égide du CIRDI, Mémoire présenté à
la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de Maîtrise en droit des affaires, Université de
Montréal, 2014, p. 55. Voir aussi Parkerings-Compagniet AS c. Lituanie, affaire CIRDI no. ARB/05/8, Décision
du 11 septembre 2007, § 369.
208
Le CIRDI est créé dans le cadre de la Convention pour le règlement des différends relatifs aux
investissements entre Etats et ressortissants d’autres Etats, conclue en 1965 sous les auspices de la BIRD.
63
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investissement. La Convention ne définit pas le terme investissement ; toutefois, les tribunaux


du Centre sont guidés par un certain nombre de critères communs209. Dans la pratique, les
prétentions portent sur le traitement juste et équitable, et sur le droit à l’indemnisation pour
expropriation210. Donc, a priori, la saisine du Centre ne peut être fondée sur le principe de
développement durable.

Pourtant, l’évolution croissante du droit de l’environnement et son empiètement sur la


protection des investissements a donné naissance à des différends qui mettent en exergue la
difficulté à concilier le droit à la protection de l’environnement et le droit au développement.
L’exploitation des ressources naturelles et les projets d’investissement alimentent de plus en
plus un contentieux d’intérêt public, caractérisé par des références à la protection des droits
humains et de l’environnement, en plus des intérêts et droits économiques des parties211. La
possibilité qu’un des principes de développement durable soit invoqué dans le cadre d’une
réclamation se trouve confirmée dans l’affaire Emilio Maffezini c. le Royaume de l’Espagne.
En effet, une des questions en litige était de savoir si le défendeur était responsable des coûts
supplémentaires résultant de l’EIE sur la base que le requérant avait été contraint de faire
l’investissement avant que le processus d’EIE ne soit finalisé et ses impacts connus
auparavant212. Selon cette logique, le principe de développement durable pourrait être
justiciable dans le cadre des litiges liés aux investissements.

Ainsi, selon Jorge Viñuales, il est possible d’identifier des réclamations d’ordre
environnemental présentées comme des réclamations d’investissement et des réclamations
environnementales présentées de manière indépendante213. Dans le premier cas de figures, ce
sont les effets dommageables sur les investissements causés par la violation d’une norme
environnementale qui fondent le motif du recours. Le second cas est plus difficile à envisager.
La compétence du CIRDI ne pourrait être établie que si les obligations ou droits défendus font

209
Toutefois, selon le test Salini (SaliniCostruttoriSpA et ItalstradeSpA c. Maroc, affaire CIRDI no. ARB/00/4,
Décision sur la compétence du 23 juillet 2001), quatre critères cumulatifs permettent de circonscrire le sens de la
notion « investissement » : l’existence d’une contribution économique substantielle, une certaine durée du projet,
la participation aux risques de la transaction et la contribution au développement de l’État hôte.
210
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p. 43 et suivants.
211
On peut citer Biwater Gauff (Tanzania) Ltd. (Biwater) c. Tanzanie, affaire CIRDI n° ARB/05/22, sentence du
24 juillet 2008; Suez, Sociedad General de Aguas de Barcelona S.A., and InterAguas Servicios Integrales del
Agua S.A., (Suez) c. Argentine, affaire CIRDI n° ARB/03/17, sentence au fond du 30 juillet 2010 ; Piero Foresti,
Laura de Carli & Others (Foresti) c. Afrique du Sud, affaire CIRDI n° ARB(AF)/07/01, sentence du 4 août
2010.
212
Emilio Maffezini c. le Royaume de l’Espagne, Affaire CIRDI no. ARB/97/7, Décision du 13 novembre 2000,
§ 65.
213
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p. 21.
64
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partie de la clause arbitrale ou sont inscrits dans l’accord d’investissement qui lie les parties.
Il pourrait ainsi arriver que l’accord portant sur l’investissement contienne des standards de
protection de l’environnement214. Dans la mesure où le tribunal statue en premier lieu
conformément aux règles de droit adoptées par les parties215, les obligations de nature
environnementales seraient donc justiciables.

Ceci étant, il est difficile, même si possible, d’imaginer qu’un recours devant le CIRDI
puisse être fondé sur le principe de développement durable malgré les connotations
environnementales liées à beaucoup de différends.

Contrairement au CIRDI, la Cour permanente d’arbitrage216 a une compétente affirmée


pour le règlement des différends à caractère environnemental217. Cette est consacrée à l’article
1 de son Règlement facultatif pour l’arbitrage des différends relatifs aux ressources naturelles
et/ou à l’environnement du 19 juin 2001. Les différends interétatiques administrés par la
Cour, découlent de traités multilatéraux tels que la Convention sur la protection du Rhin
contre la pollution par les chlorures de 1976. Ceci nous rappelle la fameuse sentence du Rhin
de fer dans laquelle la Cour a mis en évidence l’importance des principes du développement
durable, d’intégration et de prévention218. Ces litiges naissent également sur la base des traités
bilatéraux et accord d’arbitrage ad hoc. Encore plus intéressant est le fait que la Cour a
compétence pour les différends environnementaux mixtes, ce qui inclut les différends dont
l’une des parties est une entreprise ou une organisation intergouvernementale. Cette
compétence est basée sur différents instruments. On peut citer à titre d’exemple le Compact
qui est un mécanisme contractuel de réponse en cas de dommage causé à la diversité
biologique en conséquence de la libération d’un organisme vivant modifiée219. On peut
également citer la version intégrée du Règlement CPA de 2012 dans plusieurs instruments du
Fonds vert pour le climat, fonds multilatéral visant à soutenir les pays en développement afin
de les aider à limiter ou réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux effets

214
Mélanie Riofrío Piché, Op. Cit., p.23.
215
Article 42 (1) de la Convention instituant le CIRDI.
216
Organisation intergouvernementale établie initialement par la Convention de 1899 pour le règlement
pacifique des conflits internationaux impliquant diverses combinaisons d’États, d’entités étatiques,
d’organisations intergouvernementales et de parties privées.
217
Règlement des différends environnementaux à consulter sur https://pca-cpa.org/fr/services/arbitration-
services/environmental-dispute-resolution/.
218
Arbitrage relative à la ligne du Rhin de fer, précitée.
219
Deuxième révision adoptée en septembre 2012, cf. www.biodiversitycompact.org.
65
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inévitables du changement climatique220. Une version adaptée du Règlement facultatif de la


CPA est utilisée par la Gold Standard Foundation221 dans sa procédure de recours contre ses
décisions en matière de certification222. Ceci étant, le développement durable pourrait faire
l’objet de la prétention du demandeur devant la CPA.

Paragraphe 2 : Le juge régional et le développement durable

Il s’agit de parler de la Cour de justice de l’Union européenne (A) et du juge des droits
de l’homme (B).

A. La justiciabilité du principe dans le cadre de l’Union européenne


La Cour de justice de l’Union européenne223, qui depuis l’entrée en vigueur du Traité de
Lisbonne224 remplace la Cour de justice des communautés européennes, assure le respect du
droit dans l’interprétation et l’application du Traité sur l’Union européenne (TUE) et le Traité
sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)225. Parmi les principes invocables
devant cette Cour, figurent le principe de développement durable tel qu’inscrit à l’article 3(3)
de la version consolidée du TUE, le principe d’intégration inscrit à l’article 11 du TFUE. Le
TFUE consacre aussi d’autres principes de mise en œuvre du développement durable sur le
plan environnemental tel que les principes de prévention, précaution, et pollueur payeur, à
l’article 191 (2). Aussi, du point de vue des textes, ces obligations sont justiciables devant la
Cour. La jurisprudence de la Cour le confirme d’ailleurs.

Effectivement, plusieurs principes de mise en œuvre du développement durable ont fait


l’objet de litiges portés devant le juge communautaire226. Malgré la prudence du juge
communautaire européen quant à se prononcer sur la portée du principe d’intégration, celui-ci
s’est retrouvé au centre du différend dans quelques affaires227. La Communauté européenne
considère d’ailleurs que l’obligation d’intégration est en principe soumise au contrôle

220
A consulter sur http://www.greenclimate.fund/.
221
L’organisme proposant le plus haut degré de certification pour les crédits-carbone compensatoires générés par
les projets répondant aux conditions requises prévus par le Mécanisme de développement propre du Protocole de
Kyoto
222
A consulter sur http://www.goldstandard.org/.
223
La Cour est présentée comme un organe de l’UE à l’article 13 (1) du TUE.
224
Adopté le 13 décembre 2007, entré en vigueur en 2009.
225
Article 19 (1) du TUE.
226
Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp.215- 237.
227
Idem, pp.214- 237.
66
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juridique du juge communautaire228. De façon générale le principe est invoqué en qualité de


moyens dans quelques affaires dans le cadre de recours en annulation 229. Dans l’affaire Suède
contre Commission des Communautés européennes, par exemple, le Tribunal de première
instance230 reconnaît sa compétence pour un différend fondé sur un ensemble d’obligations du
développement durable. Dans cette affaire, le juge va donner raisons aux prétentions de la
Suède quant à la violation, entre autres, du principe d’intégration et du principe de
précaution231.

Dans l’affaire Afton Chemical Limited contre Secretary of State for Transport, il était
question pour la Cour de se prononcer sur la validité de la Directive 2009/30 à la lumière,
entre autres, du principe de précaution232. La High Court of Justice (England & Wales),
l‘auteur de ce recours préjudiciel, faisait ainsi écho à la demande d’annulation de certaines
dispositions de l’acte présentées par Afton sur la base, entre autres, du principe de
précaution233. La Cour va d’ailleurs s’inspirer du principe de développement durable. En effet,
elle précise que « il importe de vérifier si, en exerçant son pouvoir d’appréciation, le
législateur de l’Union a tenté d’assurer un certain équilibre entre, d’une part, la protection
de la santé, de l’environnement et des consommateurs et, d’autre part, les intérêts
économiques des opérateurs, dans la poursuite de l’objectif qui lui est assigné par le traité
d’assurer un niveau élevé de protection de la santé et de l’environnement234 ».

Par ailleurs, le principe de précaution est également évoqué dans le cadre des recours en
pourvoi. Dans le cadre de l’affaire Acino contre Commission, le requérant remettait en cause
« […] l’appréciation par le Tribunal des conditions d’application des articles 116 et 117 de
la directive 2001/83 au regard du principe de précaution, tel que dégagé par la jurisprudence
de la Cour235 ».

228
Communication, « partenariat d’intégration : une stratégie pour intégrer l’environnement dans les politiques
de l’UE ». COM (1998) 333 du 27/5/98.
229
Nathalie Hervé- Fournereau, Op. Cit., pp.221- 237.
230
Celui-ci est désormais appelé « tribunal » conformément au Traité de Lisbonne.
231
Arrêt du 11 juillet 2007, Suède / Commission, T-229/04, EU : T : 2007 :217, points 54 et 262.
232
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 9.
233
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 44.
234
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 56.
235
Arrêt du 10 avril 2014, Acino / Commission, C-269/13, EU : C : 2014:255, point 43. Voir aussi le point 38.
67
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

En outre, les recours en manquement ont également été introduites devant la Cour
communautaire sur la base des allégations de violations des dispositions des traités,
règlements ou directives portant sur les obligations liées au développement durable. On peut
citer comme exemple, l’affaire Commission Européenne contre Suède236. Celle-ci portait sur
le manquement aux obligations en vertu de la Directive 2008/1/CE du Parlement européen et
du Conseil, du 15 janvier 2008, relative à la prévention et à la réduction intégrées de la
pollution (IPPC). La disposition citée commande aux Etats de prendre des mesures
nécessaires afin que les installations existantes soient exploitées selon certaines règles. Il
s’agit notamment du respect de l’accès à l’information et de la participation du public à la
procédure d’autorisation.

Il ressort de ces quelques affaires que le principe d’intégration et autres obligations


relevant du développement durable sont justiciables au sein de l’Union européenne. Par
contre, la justiciabilité du principe de développement durable devant les juridictions des droits
de l’homme est assez problématique.

B. Le juge des droits de l’homme et le développement durable


S’agissant du système juridique des droits de l’homme, la plupart des textes adoptés
date avant Rio 1992. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples par exemple,
ne comporte pas de dispositions sur le principe de développement durable. A priori celui-ci ne
serait donc pas justiciable devant la Commission ADHP ni devant la Crt ADHP. Cependant,
la Charte consacre certains droits qui ont un lien avec le développement durable. Il s’agit
notamment du droit à l’information, du droit au développement et du droit à un
environnement sain. Le droit à l’information est, à la lumière de la Déclaration de Rio,
important à la mise en œuvre du principe. Quant aux deux autres, la mise en œuvre du
développement durable permet dans une certaine mesure la sauvegarde de ceux-ci. C’est fort
de ceci que la Déclaration de Rio précise que les êtres humains sont au centre des
préoccupations relatives au développement durable. Elle reconnaît d’ailleurs à ces derniers le
« droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature237 ». Le lien entre le principe
et ces différents droits repose notamment sur la relation qu’ils entretiennent avec
l’environnement. Alexander Kiss met ceci en évidence lorsqu’il déclare que « un
environnement dégradé par la pollution et par la destruction de toute beauté et variété est

236
C-607/10, EU : C : 2012:192.
237
Principe 1.
68
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

aussi contraire à des conditions de vie satisfaisantes et au développement, que l’effondrement


de l’équilibre écologique fondamental est néfaste à la santé physique et morale238”.

Il ressort de ceci, que le principe de développement durable pourrait être invoqué dans
les différends portant sur ces droits en appui aux dispositions qui les consacrent. On peut par
exemple imaginer un recours porté contre un Etat pour violation du droit à un environnement
sain à travers le non-respect du principe d’intégration, du moment où cet Etat aurait ratifié des
conventions portant sur le principe239. Cette possibilité se trouve confirmée par la décision de
la Commission ADHP dans l’affaire SERAC c. Nigéria. En effet, dans le cadre de cette
affaire, la Commission va rattacher le principe de prévention et de promotion du
développement écologiquement durable au droit à un environnement sain. Celle-ci déclare
que ce droit requiert de l’Etat « de prendre des mesures raisonnables et d’autres mesures
pour prévenir la pollution et la dégradation écologique, favoriser la préservation de
l’environnement et garantir un développement écologiquement durable et l’utilisation des
ressources naturelles240 ». Le développement durable apparaît donc comme une obligation
par ricochet.

Cette construction pratique est d’ailleurs utilisée dans le système européen des droits de
l’homme. Un exemple est l’application jurisprudentielle du droit à un environnement sain.
Malgré le fait que ce droit ne soit pas expressément consacré, la Cour européenne des droits
de l’homme a affirmé l’existence de ce droit en le rattachant au droit au respect de la vie
privée, familiale et du domicile241. Cependant, la Convention EDH ne permet pas à son état
actuel une application directe des principes de protection de l’environnement. On note quant
même le fait que l’approche de précaution fut évoquée en filigrane dans quelques affaires. On
relève surtout le regret des juges de la minorité que la Cour n’ait pas mis en exergue le
principe dans l’affaire Balmer-Schafroth c. Suisse du 26 août 1997242.

238
Cité dans Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and Social Rights v.
Nigeria, Communication 155/96 de 2002, ACHPR, § 51
239
Tel que la Charte africaine de la démocratie, des élections, et de la gouvernance de 2010.
240
Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and Social Rights v. Nigeria,
précitée, § 52.
241
Voir pour exemple l’affaire Lopez Ostra c. Italie, requête N°16798/90, décision du 09 décembre 1994,
CEDH.
242
Guillaume Bonnel, Le principe juridique écrit et le droit de l'environnement, Thèse présentée pour le doctorat
en droit nouveau régime, et soutenue publiquement le 22 juin 2005, Université de Limoges, p. 206.
69
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Il est à relever cependant que la Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et
des peuples relatif aux droits des femmes du 11 juillet 2003 reconnaît à la femme le droit à un
développement durable. Même si l’expression « développement durable » telle qu’appliquée
dans ce contexte n’est pas conforme au principe du développement durable, on note
néanmoins la mise en évidence d’un droit de participation. En effet, l’article 19 (b) commande
aux Etats d’« assurer une participation équitable des femmes à tous les niveaux de la
conception, de la prise de décisions, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et
programmes de développement ». Une obligation similaire est inscrite au paragraphe (a) de
l’article 18 portant sur le droit à un environnement sain. Il en ressort que le principe de
participation et même celui de développement durable pourraient être invoqués devant les
organes de la Charte africaine à l’appui des dispositions pertinentes du Protocole de Maputo.

Ceci étant, s’il semble aventureux de parler de la justiciabilité des obligations de


développement durable devant les juridictions africaines des droits de l’homme, cette
éventualité reste dans le domaine du possible. Par contre, l’encadrement du principe de
développement durable et des droits procéduraux par la Convention de Maputo de 2003243,
permet d’envisager une justiciabilité plus certaine de ces obligations devant la future Cour
africaine de justice et de droits de l’homme. En effet, l’article 30 de la Convention donne
compétence à la Cour de justice pour les différends portant sur l’application de ses
dispositions.

Ainsi, certaines juridictions ont compétence sur les différends relatifs au développement
durable du fait que les textes, d’où elles tirent leur légalité, reconnaissent le principe comme
une obligation juridique. Le principe serait dans ce cas justiciable. D’autres par contre,
statuent bien sur des différends portant sur la conciliation entre le développement et
l’environnement, sans pour autant que le principe ne puisse leur être imposé. En effet, celui-ci
n’est pas reconnu comme une obligation, mais quelque fois seulement comme un objectif. De
ce fait, il ne peut être l’argumentaire juridique sur laquelle pourrait se fonder la prétention du
demandeur. Le développement durable ne serait, dans ces cas-là, qu’un outil d’interprétation.
Ceci dit, la plupart des litiges liés au développement durable mettent en conflit des Etats.
Ceux-ci ne sont pourtant pas les seules parties possibles.

243
Articles 14 et 16.
70
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Section 2 : La qualité des parties et la question de recevabilité

La seule existence d’obligations justiciables relatives au développement durable ne


garantit pas la disponibilité de voies de recours. Encore faudrait –il que soit fondé en droit et
en fait, le droit de saisir les juridictions compétentes. Les obligations doivent ainsi
inversement créer un droit en faveur de la partie requérante. De plus, celle-ci doit démontrer
qu’une atteinte a été effectivement portée à ce droit juridiquement protégé. En effet, il est
établi que le fait d’être le titulaire d’un droit n’est pas suffisant en soi pour que le recours soit
recevable244, du moins en droit international classique. Une telle analyse est confortée par
l’article 42 du projet d’articles sur la responsabilité étatique pour fait illicite tel qu’adopté par
l’AG de l’ONU le 12 décembre 2001245.

D’un autre côté, un recours ne peut être intenté que contre une personne (morale ou
physique) titulaire d’une obligation en droit. Par ailleurs, l’acte ou le manquement critiqué
doit avoir un lien avec le préjudice évoqué.

La notion de préjudice est donc importante à la définition des parties pouvant ester en
justice. Mais elle est liée à l’acte même (le fait générateur) et surtout est une condition au
droit de réclamer réparation246. Elle n’est donc pas directement liée à la notion de
justiciabilité, mais plutôt à l’exercice du contentieux. De ce fait, il sera surtout question de
voir du point de vue des conventions et statuts des juridictions internationales compétentes,
les personnes ayant le droit de saisine (paragraphe 1) et qualité de défendeur (paragraphe 2)
dans le cadre de recours pour violation des principes de développement durable.

Paragraphe 1 : La définition du locus standi

Le droit de saisine est conféré aux Etats, de façon individuelle ou collective (A), ainsi
qu’aux personnes physiques et morales (B).

244
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p.882. Voir aussi, affaire de la Barcelona Traction,
Light and Power Company, limited - deuxième phase (Belgique c. Espagne), arrêt du 5 février 1970, recueil CIJ
1992, § 32-101.
245
« Un Etat est en droit en tant qu’un Etat lésé d’invoquer la responsabilité d’un autre Etat si l’obligation
violée est due :
a) A cet Etat individuellement ; ou
b) A un groupe d’Etats dont il fait partie ou à la communauté internationale dans son ensemble, et si la
violation de l’obligation :
i) Atteint spécialement cet Etat ; ou […] ».
246
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 851.
71
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A. Le droit de saisine des Etats et organisations intergouvernementales


Il est à noter que les conventions ne reconnaissent pas expressément aux Etats, ni même
aux individus d’ailleurs, le droit au développement durable. L’article 3(4) de la CCNUCC de
1992 est l’une des rares dispositions à préciser l’existence d’un droit en faveur des Etats.
Selon cet article, les parties ont le droit d’œuvrer pour un développement durable. A la lecture
des obligations relatives au principe dans les autres textes, et eu égard à la relation corrélative
entre obligations juridiques et droit subjectif, il peut être affirmé que c’est un droit reconnu de
façon générale aux Etats. Cependant, selon une lecture de la définition du développement
durable et des principes 2 et 4 de la déclaration de Rio, les Etats ont bel et bien droit au
développement ainsi qu’à la protection de leur environnement.

D’autres droits plus précis leur sont expressément dévolus. Conformément au principe
19 de la Déclaration de Rio de 1992, il existe un droit à l’information et à la consultation
lorsqu’une activité est susceptible d’avoir des effets transfrontières aux Etats voisins. Le droit
à l’information est aussi inscrit à l’article14 1(d) de la CDB. On peut ajouter à ces droits, le
droit à l’utilisation équitable des ressources partagées et le droit à la réparation pour dommage
transfrontière.

En principe, l’existence de tels droits et surtout des droits procéduraux serait un motif
suffisant de saisine du juge international en cas de violation même en absence d’un dommage
concret. Ceci entrerait bien dans le cadre de la notion de dommage moral ou encore du
dommage juridique qui renvoie à la simple violation du droit de l’Etat lésé. Ainsi selon
Anzilotti, « le seul* fait qu'un État voit un de ses droits* méconnu par un autre État implique
un dommage* que celui-ci ne peut pas être tenu de supporter, quand même n'en devraient pas
dériver des conséquences matérielles247 ». De façon générale, il existe une relation de
corrélation entre obligations et droits. A ce titre, les conventions précisent les personnes
habilitées à saisir la juridiction compétente pour les violations de toutes les obligations y
inscrites ou de certaines, selon les cas.

Ceci étant, que ce soit sur la sphère universelle ou régionale, devant les juridictions
permanentes ou spécialisées, l’Etat est considéré comme le premier justiciable en droit
international. A titre d’exemple, l’article 34(1) du Statut de la CIJ stipule que seuls les Etats

Rapport de la Commission du droit international sur les travaux de sa quarante-cinquième session (3 mai –
247

23 juillet 1993), p.80.


72
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ont qualité à se présenter devant la Cour. De même, l’article 20 (1) du Statut du TIDM précise
que le tribunal est ouvert aux Etats parties.

Ceci dit, la reconnaissance de la qualité de sujets de droit international des organisations


intergouvernementales est admise depuis l’avis consultatif de la Cour internationale de justice
de 1949, concernant la question de la réparation des dommages subis au service des Nations
Unies248. Certaines conventions relatives au développement durable reconnaissent la
possibilité pour les organisations interétatiques et plus précisément les organisations
régionales d’intégration économique, d’être parties au traité249 et de faire partie d’une
procédure d’arbitrage. C’est le cas de l’article 14 (2) de la CCNUCC, article 27 (3) de la
CDB. L’article 20 (2) reconnaît aussi la compétence rationae personae du TIDM envers toute
autre entité que les Etats parties. Lu conjointement avec le règlement de procédure du
Tribunal et notamment les articles 22 et 57, l’on peut conclure que cette autre entité peut être
une organisation intergouvernementale. Cependant, le tribunal n’a pour l’instant été saisi par
une entité autre que les Etats parties250.

Par ailleurs, aux termes de l’article 19 (3) (a) du TUE, la compétence rationae personae
de la CJUE s’étend aux institutions de l’UE251. Celles-ci, garantes des obligations reconnues
aux Etats parties et donc celles liées au développement durable, ont ainsi un droit de saisine
selon leur domaine de compétence. Conformément à l’article 258 TFUE, la Commission
européenne peut saisir le juge communautaire pour manquement d’un Etat à ses obligations.
Cette saisine doit cependant être précédée d’un avis adressé à cet Etat. C’est le non- respect de
cet avis qui permet le déclenchement de la procédure contentieuse. Ce fut le cas dans l’affaire
Commission Européenne contre Suède252portant sur le manquement aux obligations en vertu
de la Directive 2008/1/CE du Parlement européen et du Conseil, du 15 janvier 2008 et dans
laquelle le principe de prévention est invoqué.

248
Cas Bernadotte, Recueil CIJ 1949, pp. 179-185.
249
TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la
Commission Sous-Régionale des Pêches, § 158 (https://www.itlos.org/fr/affaires/role-des-affaires/affaire-no-21/)
250
Cf. https://www.itlos.org. On relève cependant la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches le 27 mars 2013.
251
Voir aussi l’article 263 (2) du TFUE.
252
Commission/Suède, C-607/10, EU : C : 2012:192.
73
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En outre, le droit de saisine des personnes physiques et morales, est reconnu aussi bien
devant le TIDM253, le CIRDI254 que devant la CJUE255.

B. Le droit de saisine des personnes physiques et morales


L’expression « personne morale » semble assez ouverte pour inclure en plus des
entreprises les organisations non gouvernementales. Dans le cas du CIRDI, tout porte à croire
qu’une organisation de la société civile qui participe à un projet de développement au nom
d’une communauté puisse saisir le Centre pour manquement par l’Etat. Cependant, dans la
pratique, ce sont les entreprises et les personnes physiques qui ont eu à saisir le juge
international256.

Dans le cadre des litiges liés aux investissements et conformément à l’article 25 (2) (a)
de la Convention de Washington, la personne physique ne doit pas avoir la nationalité du
défendeur, sauf si celui-ci accepte expressément un tel recours. Le droit de saisine de la
personne morale ou physique peut être de source directe ou indirecte. Il est de source directe
lorsqu’il naît de l’existence d’un contrat entre l’entreprise et l’Etat dans lequel le recours à
l’arbitrage est spécifié. Il est indirect lorsque la saisine repose sur l’acceptation de compétence
de l’Etat dont il est ressortissant en vertu de la Convention de Washington ou de toute autre
convention pertinente. Toutefois, le droit de saisine est conditionnée par l’épuisement de
recours interne au cas où l’Etat défendeur l’aurait requis (article 26 Convention de
Washington).

Généralement, la saisine des personnes physiques et morales est conditionnée par


l’existence d’un intérêt direct. Selon l’article 263 para 4 du TFUE portant sur les recours en
annulation, l’acte critiqué doit directement et individuellement concerner le requérant. Dans
les arrêts Plaumann/Commission et Codornium contre Conseil, le juge communautaire
précise qu’il faut que les concernés soient atteints dans leur position juridique, en raison
d’une situation de fait qui les caractérise par rapport à toute autre personne et les
individualise de manière analogue à celle d’un destinataire257. Un producteur de MMT ne

253
Article 20 du statut du TIDM et 190 (2) de la Convention sur le droit de la mer.
254
Article 25 § 2 de la Convention de Washington.
255
Article 293 (4) du TFUE. Dans le cadre de l’union européenne, le seule recours ouvert aux entreprises et
individus est le recours en annulation d’un acte jugé contraire aux traités et règles de l’UE.
256
On peut citer ici Biwater Gauff (Tanzania) Ltd. (Biwater) c. Tanzanie ; Suez, Sociedad General de Aguas de
Barcelona S.A., and InterAguas Servicios Integrales del Agua S.A. (Suez) c. Argentine, et Emilio Maffezini c. le
Royaume de l’Espagne, précitées.
257
Arrêts du 15 juillet 1963, 25/62, Rec. p. 197, 223, et du 18 mai 1994, C-309/89, Rec. p. I-1853, point 20.
74
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pourrait donc directement demander l’annulation d’une directive simplement parce que celle-
ci concerne les producteurs de MMT258.

Cependant, la compétence extensive du TIDM prévue par l’article 290 de la Convention


sur le droit de la mer laisse croire à la possibilité d’un actio popularis réglementé. Christophe
Nouzha semble être de cet avis. En se basant sur l’opinion du juge Treves259 entre autres,
celui- ci déclare qu’ « Il semble, en effet, ressortir de la logique même de l'article 290 que le
Tribunal est en mesure d'agir indépendamment de la prise en compte des droits des parties, à
la condition d'avoir été préalablement saisi. Selon le juge Treves, ‘[l] es parties peuvent ainsi
fonctionner comme défenseurs de l'environnement même si elles n'y ont pas un intérêt
direct260 ».

Ceci étant, les conventions, traités universels et régionaux portant sur le développement
durable ne reconnaissent pas aux individus un droit au développement durable qui aurait pu
donner lieu à un actio popularis. Certains textes reconnaissent par contre un ensemble de
droits procéduraux tels que le droit à l’information, à la participation aux évaluations
environnementales et à l’accès à la justice pour violation de ces droits ou pour dommages
environnementaux. Il s’agit notamment de la Convention africaine de Maputo et précisément
l’article 16. Toutefois, compte tenu du fait que les individus ne soient pas partie à de tels
textes, leur droit ne pourrait être défendu que par leurs Etats en application de la notion de
préjudice médiat et des règles liées à la protection diplomatique. Il n’est pas exclu cependant,
que pour un recours devant les juridictions de droits de l’homme, un individu ou une ONG
invoque les obligations du développement durable à l’appui d’un droit, selon les cas de
figures évoqués à la section précédente. Celui-ci ne pourrait cependant pas être défendeur
pour un litige portant sur le développement durable.

Paragraphe 2 : La nature du défendeur

En plus des Etats, les principes du développement durable lient d’autres sujets du droit
international que sont les entreprises et même les organisations intergouvernementales (A).

258
Arrêt du 8 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-343/09, EU : C :
2010:419, point 22 et suivants.
259
Tullio Treves, « Le Règlement du Tribunal international du droit de la mer entre tradition et innovation» in 43
A.F.D.I., 1997, p. 361.
260
Christophe Nouzha, « le rôle du Tribunal International du Droit de la Mer dans la protection du milieu
marin », in Revue québécoise de droit international, Vol. 18, N°2, 2005, pp. 69-90.
75
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Ceci découle notamment de leur qualité de parties aux accords internationaux. Les conditions
d’adhésion des communautés étatiques commandent de se pencher sur conditions qui
encadrent leur responsabilité (B).

A. La possibilité de recours contre les Etats et personnes morales


Les droits que les Conventions relatives au principe du développement durable créent en
faveur des Etats, ont comme revers des obligations que ceux-ci doivent respecter sous peine
de voir leur responsabilité évoquée devant le juge international. De façon générale, les deux
parties au différend doivent être liées par un accord, excepté pour ce qui est d’une norme
coutumière. Toutefois, une requête peut être introduite devant le juge international, même en
l’absence d’une déclaration préalable de l’Etat défendeur acceptant la compétence de celui-ci.
La seule condition est que le défendeur accepte la compétence de la Cour pour permettre à la
procédure contentieuse de suivre son cours, et ce conformément à l’article 38 (5) du
Règlement de la CIJ 261. Par contre, cette acceptation peut être implicite. Ainsi dans l’affaire
Haya de la Torre, la Cour a estimé que plaider sur le fond valait acceptation tacite de sa
compétence262.

Le développement du Droit international de l’environnement permet de nos jours que


des litiges à caractère environnemental soient introduits devant les juridictions contre les
entreprises. Il s’agit de procédures en arbitrage. Le Compact prévoit en effet la compétence de
la CPA pour un différend contre l’un de ses membres, entreprise, organisation scientifique ou
gouvernementale sur la base du principe pollueur payeur263. Selon l’article 18(3) des Statuts,
la signature du Compromis d’arbitrage contraignant vaut acceptation par un État, ou tous les
États, et un membre, ou tous les membres, impliqués dans le processus d’évaluation et
d’arbitrage, des modifications du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, et engagement exprès de s’y conformer. Pour l’instant, 6 entreprises en sont
membres264. En vertu du préambule du Compact, la responsabilité de ces derniers sera

261
Certaines questions concernant l’entraide judiciaire en matière pénale (Djibouti c. France), Arrêt du 4 juin
2008, disponible sur : http://www.haguejusticeportal.net/eCache/DEF/9/388.TD1GUg.html.
262
Affaire Haya de la Torre (Colombie c. Pérou), Arrêt du 13 juin 1951, Recueil CIJ.1951, p. 78, disponible sur
: http://www.icj-cij.org/docket/files/14/1936.pdf.
263
Le Compact, préambule C, par. 2.
264
Ce sont BASF Plant Science Company GmbH, Bayer Crop Science Aktiengesellschaft, Dow Agro sciences,
DuPont, Monsanto Company et Syngenta Crop Protection AG.
(http://www.biodiversitycompact.org/about/membership consulté le 02 juin 2016).
76
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engagée sur la base des principes directeurs du Compact, particulièrement le principe de


prévention et de responsabilité pour dommage transfrontière265.

Les recours contre les entreprises sont également envisageables dans le cadre du CIRDI
dans la mesure où les règles du centre reconnaissent comme parties, sans distinction, les Etats
et les entreprises.

Une organisation intergouvernementale peut aussi être appelée à répondre de ses actes
dans le cadre des litiges portant sur les investissements, de ceux de caractère commercial266 et
devant le TIDM. A titre d’exemple, l’affaire concernant la conservation et l’exploitation
durable des stocks d’espadon dans l’océan pacifique sud-est devant la chambre spéciale du
TIDM, portait sur un différend entre le Chili et la Communauté européenne, tous deux parties
à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Le Chili reprochait principalement à
l’organisation, d’avoir manqué à ses obligations s’agissant d’assurer la conservation de
l’espadon, au cours des activités de pêche entreprises dans la haute mer adjacente à la zone
économique exclusive du Chili par les navires battant pavillon de l’un quelconque des Etats
membres de la Communauté. Il lui reprochait également d’avoir manqué à ses obligations de
coopération en vertu de la Convention267.

B. Les conditions de recours contre les organisations intergouvernementales


Il est à relever que pour qu’une organisation intergouvernementale fasse l’objet d’un
recours contentieux, celle-ci ne doit pas seulement avoir accepté de se soumettre à la
compétence de la juridiction concernée. Conformément aux articles 4 et 6 de l’annexe IX de
la Convention sur le droit de la mer, le différend doit en outre porter sur les questions de fond
pour lesquelles elle accepte cette compétence ou pour lesquelles les Etats membres lui ont
transféré leur compétence268. Ceci est important devant les juridictions telles que celles créées
par le Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, dans la mesure où la Convention
permet aux parties le choix des obligations sur lesquelles pourrait être fondée leur
responsabilité. Il en est de même des conventions admettant des réserves.

265
Préambule E.
266
Affaire Municipalité de district de La Punta (Pérou) c. Le Bureau des Nations unies pour les services d'appui
aux projets (UNOPS), en cours (http://archive.pca-cpa.org/showpage5ef6.html?pag_id=1643).
267
TDIM, Ordonnance du 20 décembre 2000, § 3.
268
TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la
Commission Sous-Régionale des Pêches, § 157.
77
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Par ailleurs, les communautés d’Etats, en tant que personnes juridiques autonomes, ont
généralement des compétences et des obligations partagées, mais aussi distinctes de celles de
leurs Etats membres sur la scène internationale269. Il découle de ceci que certains actes des
Etats ou des citoyens (personnes physiques mais aussi morales telles que les entreprises)
pourraient donner lieu à l’évocation de la responsabilité individuelle de l’Etat ; alors que
d’autres donneraient lieu à une action intentée contre la communauté. Ainsi, dans son avis
consultatif du 02 avril 2015 portant sur une demande soumise par la CSRP, il est souligné
que l’Union européenne étant la seule partie contractante avec l’Etat côtier, « [i]l s’ensuit que
seule l’Union européenne – l’organisation – pourrait voir sa responsabilité engagée en droit
international à raison de manquements aux obligations prévues par ces accords270 ». Lorsque
les violations sont du fait des navires battant pavillon de l’un de ses Etats membres, sa
responsabilité « dépend de l’existence dans l’accord pertinent de dispositions spécifiques
concernant la responsabilité en cas d’un tel manquement271 ». En outre, en cas d’obligations
partagées, l’organisation et ses Etats pourraient être conjointement et solidairement
responsables272.

Toutefois, les règles concernant de tels différends sont très strictes. Elles font
effectivement ressortir la place capitale de l’existence d’un dommage à toute procédure de
réclamation en réparation.

269
Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches, précitée, § 163.
270
Idem, § 167.
271
Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative soumise par la Commission
Sous-Régionale des Pêches, précitée, § 170.
272
Idem, § 174.
78
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CHAPITRE 4 : LA POSSIBILITE DE SOLUTIONS JURIDIQUES AUX


DIFFERENDS PORTANT SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

En droit international, la réparation est la conclusion légitime la plus courante d’un


recours. Ceci étant, la violation des obligations de développement durable aboutirait à une
obligation de réparation. En effet, aux termes de la Cour permanente de justice internationale
(CPJI) dans un arrêt rendu en 1927 sur l’usine de Chorzów, « c’est un principe du droit
international, voire une conception générale du droit, que toute violation d’un engagement
comporte l’obligation de réparer273». La réparation est donc le complément indispensable
d'un manquement, sans qu'il soit nécessaire que cela soit inscrit dans la convention elle-
même274.

Cependant, la réparation ne serait que l’aboutissement d’un processus à travers lequel la


responsabilité du défendeur aurait été prouvée. Ceci correspond au sens donné au droit de la
responsabilité par le Rapporteur spécial de la CDI Roberto AGO. Selon lui, ce droit porte sur
l’appréciation par le juge du fait de savoir si une obligation juridique a effectivement été
violée et les suites de cette violation275. La responsabilité renvoie donc généralement à l’idée
selon laquelle « l’auteur de la violation d’une obligation doit en “répondre” (du latin
“respondere”) à l’égard du sujet auquel il a causé préjudice en portant atteinte à ses
droits276 ». S’il est ainsi établi qu’il existe un lien entre responsabilité et réparation, il n’est
pas exclu que la suite à donner à la conclusion de l’existence d’une violation soit bien plus
que l’obligation de réparer.

Aussi dans le cadre de ce chapitre, la solution du juge ne sera pas envisagée sous le seul
angle de la réparation telle que conçue en droit international. D’où l’utilisation du terme
sanction (section 2). L’existence d’une telle sanction conforme au droit pour les violations du
principe du développement durable, permet d’affirmer que celui-ci est justiciable. Cependant,
eu égard au lien entre l’appréciation de la responsabilité et la sanction du juge, il sera d’abord
question d’envisager les formes de responsabilité et ses particularités dans le cadre d’un
contentieux relatif au développement durable (section 1).

273
Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), CPJI, 16 décembre 1927 (arrêt en interprétation), Série A, n°13,
Recueil des arrêts, p.29.
274
Ibid.
275
Annuaire du Droit international de 1970, Vol. II (Deuxième partie), p. 327, paragraphe 66 c).
276
Pierre Marie- Dupuy, Droit international public, Paris, Dalloz, 2006, p.472.
79
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Section 1 : Le régime de responsabilité applicable au principe

La notion d’illicéité est très importante en matière de responsabilité étatique mais aussi
des autres sujets de droit. La détermination de l’illicéité serait donc importante à la
reconnaissance de la responsabilité du défendeur et donc à la conclusion du litige. De façon
générale, cette détermination peut être plus ou moins contraignante selon le type d’obligations
évoquées. Néanmoins, cette notion n’est pas la seule qui puisse guider le juge vers une
solution plus ou moins favorable au demandeur.

Ceci étant, la responsabilité classique est principalement une responsabilité pour fait
illicite (paragraphe 1). Celle-ci n’est pas toujours adaptée au développement durable. Au
regard de la particularité du principe, il serait approprié d’envisager une forme de
responsabilité plus objective (paragraphe 2)

Paragraphe 1 : Responsabilité pour faits illicites

Selon l’article 1 du projet d’articles sur la responsabilité de l’Etat pour fait


internationalement illicite adopté par l’Assemblée générale de l’ONU le 12 décembre 2001, «
Tout fait internationalement illicite d’un Etat engage sa responsabilité internationale ». En
d’autres termes, lorsqu’une action ou omission est attribuable à l’Etat selon le droit
international et constitue une violation d’une obligation internationale 277. Le principe est
également affirmé par la CIJ dans plusieurs affaires dont l’affaire du Projet Gabcikovo-
Nagymaros278. Dans l’affaire du Rainbow Warrior, le tribunal arbitral précise que « toute
violation par un Etat d’une obligation, quelle qu’en soit la source, engage la responsabilité
de l’Etat279 ». Aussi, s’agissant du principe de développement durable, la responsabilité du
défendeur pourrait être engagée du fait de la violation des obligations reconnues qui lui
seraient attribuables. Encore faudrait- il déterminer l’illicéité, c'est-à-dire qu’il y a bel et bien
eu violation d’une obligation.

La détermination de l’illicéité serait plus ou moins aisée selon la nature de l’obligation


juridique contractée (A) et du type de recours (B).

277
Article 2 du projet d’articles de la CDI sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite.
278
Arrêt précité, § 47.
279
Rainbow Warrior (Nouvelle Zélande c. France), Nations Unies, recueil des sentences arbitrales (1990), Vol.
XX, p.251, § 75.
80
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A. La détermination de l’illicéité et la nature des obligations


La détermination de l’illicéité présente normalement moins de difficulté pour les
obligations de résultat que pour les obligations de comportement ou de moyen. Ceci pourrait
pourtant se révéler faux selon la précision de l’obligation. Il serait important avant de
poursuivre, de préciser le sens de ces deux notions.

La CIJ fait une distinction pratique entre les deux types d’obligations dans l’affaire
d’Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide 280.
Elle affirme ainsi le caractère opératoire de ces notions telles que les envisageait le droit
romain dont la distinction est issue. Au sens de ce droit, « les obligations de résultat
comportent dans une certaine mesure une garantie du résultat, alors que les obligations de
comportement s’apparentent plutôt à une obligation de faire de son mieux, de faire tout ce qui
est en son pouvoir pour parvenir à un résultat, mais sans engagement quant au résultat
final281». Ainsi dans l’affaire des Usines de pâte à papier, la Cour a considéré que «
l’obligation formulée à l’article 36 [du Statut du fleuve Uruguay de 1975] incombe aux deux
Parties et leur impose d’adopter un comportement spécifique consistant à prendre les
mesures nécessaires de façon coordonnée, par l’intermédiaire de la Commission, pour éviter
toute modification de l’équilibre écologique. L’obligation d’adopter des mesures
réglementaires ou administratives, que ce soit de manière individuelle ou conjointe, et de les
mettre en œuvre constitue une obligation de comportement. Les deux Parties doivent donc, en
application de l’article 36, faire preuve de la diligence requise (‘due diligence’) en agissant
dans le cadre de la Commission pour prendre les mesures nécessaires à la préservation de
l’équilibre écologique du fleuve282 ».

Ainsi, le principe de développement durable donne lieu plus souvent à des obligations
de comportement ou de moyen qu’à des obligations de résultat. Pour Virginie Barral, le
principe est en lui-même uniquement une obligation de comportement ; c'est-à-dire, il
commande de prendre un certain nombre de mesures283. En effet, l’atteinte d’un
développement soutenable est certes l’objectif général du principe ; toutefois, la mise en

280
Arrêt du 26 février 2007, § 429-430.
281
Alain Pellet, « Remarques sur la jurisprudence récente de la CIJ dans le domaine de la responsabilité
internationale », in Perspectives of International Law in the 21st Century - Perspectives du droit international au
21e siècle, Liber Amicorum Professor Christian Dominicé in Honour of his 80th Birthday, Martinus Nijhoff,
2012, pp. 327-345.
282
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, § 187.
283
Virginie Barral, Op. Cit., pp. 390- 400.
81
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œuvre du principe et son encadrement ne créent pas une obligation d’atteindre cet objectif
mais plutôt de prendre certaines mesures et d’adopter des comportements qui participent à
l’atteinte de cet objectif. C’est dans cette logique que ce travail place la disposition du
CCNUCC qui souligne que les Etats ont le droit d’œuvrer pour le développement durable et
doivent s’y employer. Ainsi peut- on affirmer que le principe d’intégration, de prévention et
de précaution constituent des obligations de moyen ou de comportement. Par contre
l’obligation de réduction des gaz à effets de serre constitue une obligation de résultat.

Sur le plan normatif, les obligations de résultat sont généralement plus contraignantes
car plus rigoureuses. Les obligations de comportement quant à elles ne commandent aux
parties que d’adopter une certaine attitude. La mise en œuvre de la responsabilité pour
violation d’obligations de comportement devient ainsi plus contraignante. Il est difficile de
prouver que l’attitude adoptée était exclue de l’obligation en question. Le juge est
généralement appelé à comparer l’attitude du défendeur à un comportement moyen ; ce qui
donne lieu à une certaine subjectivité. De l’autre part, un traité peut énoncer des résultats en
termes vagues et fixer plutôt des comportements avec précision 284. Par ailleurs, les
dispositions d’un traité peuvent avoir un caractère évolutif, c’est-à-dire imposé aux parties
d’adapter leurs comportements dans la mise en œuvre de leur engagement conventionnel 285. Il
s’agira simplement alors de comparer le comportement adopté à celui qui est attendu pour
prouver la violation. Par contre, le résultat vaguement prescrit laisserait une marge de
manœuvre au défendeur. La difficulté est encore plus grande lorsque le traité entre parties ne
précise pas le type d’obligations. L’interprétation du juge donnera généralement une marge de
manœuvre à l’Etat pour les dispositions de caractère général ; ce qui rend plus difficile la
détermination de l’illicéité et la mise en œuvre de sa responsabilité.

La détermination de l’illicéité et du contenu de la responsabilité pourrait être plus


contraignante en fonction du type d’actions portées devant le juge.

B. La détermination de l’illicéité et le type de justiciabilité


Il y a lieu ici de faire une distinction entre justiciabilité objective ou normative et
justiciabilité subjective. La justiciabilité subjective permet d’obtenir du juge la satisfaction

284
Patrick Daillier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 240.
285
Affaire relative au Projet Gabcikovo-Nagymaros, précitée, § 112.
82
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d’un droit, soit en nature soit en compensation286. Elle suppose l’existence d’un droit subjectif
dont le demandeur puisse obtenir le respect en justice. La difficulté ici relève plus de la
démonstration de l’existence de ce droit et du fait que le comportement critiqué lui a porté
atteinte. La satisfaction ne serait alors que la conséquence d’une démonstration réussie. Nous
sommes là dans le cadre normal des recours généralement portés devant le juge du
développement durable, la CIJ, le CIRDI, la CPA et le TIDM.

La justiciabilité objective par contre, s’inscrit dans le contentieux des normes. Elle
permet au juge d’examiner la conformité d’une règle de droit avec une norme prééminente.
De façon pratique, elle pourrait être le contrôle du respect du principe d’intégration. La
sanction portant sur la règle, et par ricochet sur la prérogative d’un Etat de légiférer, la
détermination de l’illicéité serait plus contraignante. En effet, selon une précision de Diane
Roman, la justiciabilité normative « constitue un moyen d’encadrement et, le cas échéant, de
réorientation des politiques publiques menées, afin d’en garantir la conformité aux droits
constitutionnellement et conventionnellement garantis287 ». La marge de manœuvre laissée à
l’Etat serait généralement plus large, au vu des conséquences que pourrait avoir la décision du
juge sur l’ordre juridique de l’Etat. Ce type d’action est plus courant sur le plan
communautaire. Le juge communautaire pourrait ainsi être amené à sanctionner une règle
interne qui serait contraire à une directive, au regard de son objectif, en dépit du fait que la
directive en elle-même n’est pas obligatoire. Le droit invoqué ou le principe serait donc plus
un outil de mesure pour s’opposer à des mesures générales visant à diminuer le niveau de la
protection en cause288. Ceci pourrait aller de soi pour un organe de l’Union qui exercerait sa
compétence en conformité avec les traités. Par contre, lorsque l’action est portée par une
personne physique ou morale, la preuve du préjudice individuel s’ajouterait encore plus à
celle de la non- conformité, surtout si elle attend obtenir réparation.

De façon générale, la preuve du préjudice et l’existence d’un dommage limite la marge


d’action dans le cadre du développement durable. Dans le cadre des activités de
développement pouvant porter atteinte au principe, l’illicéité survient avant le dommage et
bien souvent à travers un acte licite. La responsabilité classique pour fait illicite serait dans ce
cas un outil limité de sanction.

286
Diane Roman, Op. Cit., p. 4.
287
Ibid.
288
Ibid.
83
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Paragraphe 2 : De la responsabilité pour fait illicite à une possible responsabilité


objective

Il s’agit ici de parler de la raison d’être d’une responsabilité objective pour risque (A).
Ce type de responsabilité n’est toutefois applicable en toutes circonstances, vu que certains
textes normatifs précisent le type de responsabilité à appliquer (B).

A. La raison d’être d’une responsabilité objective


L’importance du préjudice individuel est un frein à la sanction pour violation du
principe de développement durable. La formulation de l’article 42 du projet d’articles sur la
responsabilité étatique le démontre. Seul l’Etat à qui l’obligation est due individuellement, ou
encore qui aurait subi un préjudice personnel (généralement matériel) pour des droits
partagés, peut invoquer la responsabilité d’un autre Etat. Ainsi, le préjudice individuel
constitue la base du droit d’invoquer la responsabilité et plus encore conditionne l’ampleur de
l’obligation de réparer. S’il est vrai que le dommage n’est pas nécessaire à la preuve de la
responsabilité, il l’est dans le cadre de la réparation. Le dommage peut certes être juridique
autant que matériel. Cependant, en dehors des normes jus cogens, pour qu’il ait préjudice
juridique, il faut que l’obligation soit due au demandeur, ce qui ne va pas de soi. Ceci est aisé
dans le cadre des accords bilatéraux, mais plus difficile dans le cadre des accords
multilatéraux. Le dommage matériel reste donc un élément qui a toute son importance. En
général, les actions en réparation sont liées à des dommages matériels. Mais qu’en est-il d’une
action portée avant la survenance du dommage sur la simple base de la prévention ou d’une
approche par précaution ?

Il est à relever que le développement durable ne méconnaît pas le droit au


développement des Etats. De même, il prend en compte le fait que ces même Etats ont droit à
la protection de l’environnement. Vu l’ampleur des conséquences d’un mauvais contrôle de
cette protection sur l’environnement des générations présentes, mais aussi futures, ainsi que
sur le processus de développement, il est plus judicieux d’éviter ou du moins d’atténuer la
survenance d’un dommage matériel que de le réparer. Or la réparation est fondamentale à la
notion de responsabilité pour fait illicite. Dans le cadre de la responsabilité classique, le
comportement que l’Etat aurait dû avoir, et donc l’obligation de prévention et de précaution,
s’analyse à la survenance du danger, du dommage ou de l’évènement pour lesquelles les
mesures doivent être prises. La CIJ confirme ceci dans l’affaire Génocide (Bosnie-

84
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Herzégovine)289. En effet, l’article 14 (3) des articles du CDI sur la responsabilité étatique
stipule que « la violation d’une obligation internationale requérant de l’Etat qu’il prévienne
un évènement donné a lieu au moment où l’évènement survient ». Le droit international en
l’état ne sanctionne pas le risque, ou encore le dommage futur ou tout simplement les
comportements dangereux. Il sanctionne le manque de diligence à la prévention d’un
dommage qui s’est réalisé. Une telle approche qui est inappropriée pour la protection de
l’environnement l’est également pour l’atteinte des objectifs du développement durable. C’est
dans cet ordre d’idée que certains auteurs dont Parfait Oumba, postulent pour un régime de
responsabilité objective pour risque dans le domaine du droit de l’environnement290.

Ainsi, l’illicéité étant le fondement de la responsabilité internationale, la responsabilité


du défendeur devrait également être engagée du moment où il serait prouvé qu’il ait violé
l’une des obligations relatives au développement durable, quelque soit la nature de l’acte
primaire et même en l’absence d’un dommage. Dans un tel cas, la violation d’obligations
procédurales relatives au développement durable, donnerait naissance à l’obligation de réparer
malgré l’inexistence d’un dommage. L’Etat défendeur qui aurait manqué à son obligation
d’information pour activités transfrontières dangereuses, verrait sa responsabilité engagée sur
la base de cette violation, même si le dommage envisageable ne s’est pas encore produit. Ceci
n’est pourtant pas le cas dans la pratique.

B. Le rôle des accords entre parties à la détermination de la responsabilité


Comme le relèvent Patrick Dailier, Mathias Forteau et Alain Pellet, excepté pour des
normes de jus cogens, la responsabilité des Etats (et des organisations internationales) pour
faits internationalement illicites ne produit pas d’effets concrets, donc pas de réparation, en
l’absence de préjudice individualisé291, et par là il s’agit surtout de dommage matériel. Seul
l’accord des parties précisant le régime de responsabilité pourrait lier le juge autrement. En
effet, en l’absence d’un régime de responsabilité précisé par l’accord entre les parties, c’est
normalement les règles de la responsabilité internationale pour fait illicite qui s’appliquent 292.
Ainsi, la capacité de saisine en l’absence de préjudice est consacrée dans le cadre du droit
communautaire. Déjà en 1963, le juge communautaire avait eu à préciser dans le cadre de

289
Application de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Bosnie-Herzégovine c.
Serbie-et-Monténégro), arrêt du 26 février 2007, Recueil CIJ 2007, § 431.
290
Parfait Oumba, Op. Cit.
291
Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p. 851.
292
Parfait Oumba, Op. Cit., p.17 et 31.
85
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l’arrêt Van Gend en Loos du 5 février 1963 que le Traité de Rome (TCE), « constitue plus
qu’un accord qui ne créerait que des obligations mutuelles entre Etats contractants …la
Communauté constitue un nouvel ordre juridique international de droit international293 ».
Comme pour confirmer ceci, l’article 259 (1) du TFUE donne qualité à « Chacun des États
membres » de saisir la CJUE « s'il estime » qu'un autre État membre a manqué à une de ses
obligations en vertu des traités. Toutefois, comme relevé dans la section précédente, les
personnes physiques et morales doivent démontrer d’un préjudice individuel.

Dans le cas des différends liés aux investissements et au commerce par contre, le
dommage reste un élément clé. Toutefois, celui-ci pourrait être le manque à gagner. Même
dans le cadre des instruments ayant comme l’un des objectifs primaires la protection de
l’environnement, la responsabilité est liée au dommage. A titre d’exemple, le Compact place
le dommage à la biodiversité au cœur de la responsabilité. Par contre, les dommages
personnels ou à la propriété ne sont pas considérés. En signant le Compact, chaque membre
donne son accord à un système volontaire d’arbitrage contraignant, de manière à ce qu’un État
puisse chercher à obtenir une « Réponse » lorsqu’il est allégué que la libération d’un
Organisme vivant modifié (OVM) par un membre est la cause d’un dommage à la diversité
biologique. Des mesures d’intervention peuvent être requises, même lorsqu’une telle
libération n’est pas intentionnelle, n’est pas la conséquence d’une négligence, ou survient bien
qu’un soin raisonnable ait été pris dans le but de la prévenir294.

Le Compact entre ainsi dans la droite ligne du Protocole additionnel de Nagoya-Kuala


Lumpur sur la responsabilité et la réparation relative au Protocole de Cartagena sur la
prévention des risques biotechnologiques (le Protocole additionnel) qui a été adopté le 15
octobre 2010 sur le principe pollueur payeur. Toutefois, aux termes de l’article 6 (2), un
dommage à la diversité biologique donne lieu à une Réponse uniquement lorsqu’il s’agit d’un
changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une Espèce, ou d’un Changement
mesurable, significatif et négatif au niveau d’une espèce ou d’un écosystème ayant pour
résultat la perte d’un service de ressource naturelle essentielle à la survie d’une espèce
donnée. Le principe de précaution n’a donc pas de place dans ce cadre, puisque l’évaluation
du dommage se fait sur les bases scientifiques. Une évaluation réussie donnerait lieu à une
indemnisation ou une restauration.

293
Affaire 26/62, Rec. p.3, cité dans Patrick Dailier, Mathias Forteau & Alain Pellet, Op. Cit., p.900.
294
Le Compact, préambule C, par. 2
86
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Section 2 : La sanction applicable

Le caractère de règle de droit est généralement lié au fait que sa violation peut entrainer
des sanctions. Cette règle doit être relativisée dans plusieurs domaines, en donnant une
définition plus large du terme sanction. Dans le cadre des relations entre Etats, la possibilité
de recourir à des contre mesures est un forme de sanction qui contrairement à la réparation est
décidée par l’Etat lésé et non par le juge295. Ce travail portant sur l’action du juge, ainsi que
sur des différends qui ne sont pas nécessairement entre Etats, ce type de sanction ne sera pas
évoqué.

Toutefois, la confirmation de l’illégalité du fait illicite constitue déjà une sanction au


regard des conséquences juridiques qui en découlent. Dans certaines circonstances, elle est
même la seule sanction du juge. Aussi sera –t-il question avant de préciser les modes de
réparations classiques applicables au développement durable (paragraphe 2), d’analyser cette
forme de sanction et par là, d’autres décisions du juge qui ne sont pas nécessairement relatives
à la réparation (paragraphe 1). C’est de la possibilité de recourir à ces différentes formes de
sanction que découle la preuve de la justiciabilité du principe de développement durable.

Paragraphe 1 : La confirmation de l’illégalité du comportement critiqué

Le seul fait qu’une action pour violation du principe de développement durable puisse
aboutir à une déclaration de violation constitue une preuve de la possible justiciabilité du
principe (A). Par ailleurs, certaines juridictions ont eu à appliquer d’autres sanctions autres
que la réparation telle que généralement envisagée (B).

A. La déclaration de l’illégalité
La déclaration de l’illégalité de l’acte mis en cause (ou de l’omission) est la solution
légitime qui découle d’un recours. Cette déclaration est d’autant plus important que tout
recours ne vise pas nécessairement à obtenir réparation. Gilles Cottereau semble être de cet
avis lorsqu’il déclare que, « la fonction de la responsabilité change. Elle devient le moyen
privilégié du contrôle de la légalité296 ». Ainsi dans le cadre de la justiciabilité normative, le
recours au juge a pour objectif d’examiner la conformité d’une règle de droit à des énoncés

295
Voir le chapitre II des articles de la CDI sur la responsabilité étatique.
Hubert Lesaffre, Le règlement des différends au sein de l’OMC et le droit de la responsabilité internationale,
296

LGDJ, 2007, p.6.


87
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juridiques prééminents afin de sanctionner les normes inférieures contraires ou incompatibles.


Ce qui est attendu du juge, c’est de déclarer l’acte valide ou pas. Ceci fut le cas dans l’affaire
Suède contre Commission. Le Tribunal communautaire, ayant accueilli partiellement les deux
branches du groupe de moyens tirés de la violation de l'article 5 de la Directive 91/414, des
principes d'intégration, de précaution et du niveau élevé de protection, a déclaré la Directive
2003/112/CE de la Commission, du 1er décembre 2003 invalide297.

Par ailleurs, la déclaration sur la validité peut intervenir a priori. Ainsi, conformément à
l’article 218 (11) TFUE, un État membre, le Parlement européen, le Conseil ou la
Commission, peut recueillir l'avis de la Cour de justice sur la compatibilité d'un accord
envisagé avec les traités. En cas d'avis négatif de la Cour, l'accord envisagé ne peut entrer en
vigueur, sauf modification de celui-ci ou révision des traités.

En outre, l’article 260 du TFUE permet à la CJUE d’ordonner des paiements de sommes
forfaitaires (amendes) ou d’infliger des astreintes aux Etats membres qui ne donneraient pas
suite à la constatation de manquement. Aux termes du juge communautaire, « l’imposition
d’une somme forfaitaire doit, dans chaque cas d’espèce, demeurer fonction de l’ensemble des
éléments pertinents ayant trait tant aux caractéristiques du manquement constaté qu’à
l’attitude propre à l’État membre concerné par la procédure initiée sur le fondement de
l’article 260 TFUE298 ». La somme imposée peut aussi constituer une mesure dissuasive au
regard des circonstances. Ainsi, dans le cas d’espèce précité, « la Cour considère que
l’ensemble des éléments juridiques et factuels entourant le manquement constaté constitue un
indicateur de ce que la prévention effective de la répétition future d’infractions analogues au
droit de l’Union est de nature à requérir l’adoption d’une mesure dissuasive telle que
l’imposition d’une somme forfaitaire299 ».

La confirmation de l’illégalité peut ainsi donner lieu à d’autres sanctions que la


réparation telle qu’appliquée en droit international classique.

B. Les solutions particulières appliquées dans le cadre de la réduction des GES


La justiciabilité du développement durable, peut donner lieu à d’autres solutions que la
réparation et la simple déclaration d’illégalité. Ceci est le cas dans le cadre du changement

297
Arrêt du 11 juillet 2007, Suède / Commission, T-229/04, EU : T : 2007 :217, points 262 et ss.
298
Arrêt du 4 décembre 2014, Commission / Suède, C-243/13, EU : C : 2014:2413, point 62.
299
Arrêt du 4 décembre 2014, Commission / Suède, C-243/13, EU : C : 2014:2413, point 63.
88
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climatique, du moins dans le cadre de la Chambre d’exécution du Comité du contrôle du


respect du Protocole de Kyoto. La Chambre est habilitée à accorder des mesures consécutives
qui ne sont pas considérées comme des sanctions, mais en ont tout le caractère300. En dehors
de la déclaration de non-respect, elle peut suspendre l’admissibilité aux mécanismes de
flexibilité si les critères en matière d’émission et de « reporting » ne sont pas remplis. D’autre
part, au cas où une partie dépasse les taux assignés, le taux de la période suivante sera réduit
de 1,3 fois le montant de l’excès. Plusieurs pays ont eu à subir une suspension. En 2009, la
Croatie a fait l’objet d’une procédure de non- respect. La Chambre d’exécution a considéré
que l’ajout de 3,5 millions de tonnes équivalentes de dioxyde de carbone au volume de ses
émissions n’était conforme ni au Protocole de Kyoto, ni aux modalités de comptabilisation.
De ce fait, elle a demandé à l’Etat de lui fournir un plan de mise en œuvre dans les trois mois
suivants. De plus, la Croatie a été suspendue de l’admissibilité au mécanisme de flexibilité301.
La Bulgarie a eu à subir une sanction similaire le 28 juin 2010, deux ans seulement après la
décision de son admissibilité au mécanisme302.

Il importe de relever que l’Accord de Paris qui est censé encadrer les obligations en
matière d’émissions ne prévoit pas de mesures pareilles. Par ailleurs, la légalité ou du moins
la portée des sanctions prises par la Chambre d’exécution peut être remise en cause. Ces
sanctions n’engagent pas les Etats, dans la mesure où le mécanisme de sanction n’a été adopté
que hors du cadre du protocole ; de plus, aucune révision du texte conforme à l’article 18 qui
aurait pu lui conférer une reconnaissance officielle, n’a été faite303.

Ceci dit, les modes de réparations classiques, sont celles généralement appliquées aux
litiges portant sur la conciliation entre le développement et la protection de l’environnement.

Paragraphe 2 : Les formes de réparation

Le préjudice supporté par la violation des obligations du développement durable


entraîne une obligation de réparer, que le préjudice soit simplement moral ou matériel. En
droit international, la notion de réparation s’applique tant dans le domaine de la responsabilité

300
Sandrine Maljean- Dubois & Matthieu WEMAËRE, Op.Cit., p. 118.
301
Conclusion préliminaire, CC-2009-1-6/Croatie/EB, 13 octobre 2009, confirmée le 26 novembre 2009 dans la
Décision finale, CC-2009-1-8/Croatie/EB.
302
Sandrine Maljean- Dubois & Matthieu Wemaëre, Op. Cit., p. 133.
303
Idem, p. 118.
89
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pour acte illicite que dans celui de la responsabilité pour simple dommage, c’est-à-dire,
découlant d’activités qui ne sont pas interdites par le droit international304.

Les modalités de réparation pour fait contraire au droit international furent définies par
le juge de la CPJI dans la fameuse affaire des usines Chorzów, principalement dans son arrêt
en interprétation de décembre 1927305. Ainsi, selon la doctrine et la jurisprudence, la
réparation doit, autant que possible, effacer toutes les conséquences de l'acte illicite et rétablir
l'état qui aurait vraisemblablement existé si ledit acte n'avait pas été commis. Celle-ci inclut
donc la restitution en nature, ou, si elle n'est pas possible, l’indemnisation (A), c'est-à-dire le
paiement d'une somme correspondant à la valeur qu'aurait la restitution en nature et
allocation, s'il y a lieu, de dommages-intérêts pour les pertes subies et qui ne seraient pas
couvertes par la restitution en nature ou le paiement qui en prend la place. Le mode de
réparation peut aussi être la satisfaction et les garanties de non-répétition (B).

A. La restitution et l’indemnisation
La restitutio in integrum concerne la remise des choses en état. Dans le cadre du
détournement d’un bien, cette forme de réparation peut se révéler aisé lorsque le bien subsiste.
Il peut par contre être difficile dans des situations complexes qui caractérisent le
développement durable. C’est ainsi que dans l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros, le
juge international, après avoir reconnu des manquements par les deux parties, leur a
recommandé d’exploiter la variance C dans la nouvelle appréciation de leur partenariat sur la
base du traité violé. Il observe qu’au vu des circonstances, la construction du barrage de
Nagymaros serait devenue inutile306. Par ailleurs, le barrage de Cunovo ayant assumé le rôle
qui avait été prévu à l'origine pour les ouvrages de Dunakiliti, et il devrait donc bénéficier
d'un statut analogue307.

De même, la difficulté naît lorsque le fait générateur de l’illicéité n’est pas illicite. La
forme de réparation dépend donc, autant du fait générateur que de la nature des obligations
violées. Dans l’affaire des Usines de pâte à papier, étant face à une telle difficulté, la Cour
précise que« tout comme les autres formes de réparation, la restitution doit être appropriée

304
Parfait Oumba, Op. Cit., p.20.
305
Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), précitée, p.47.
306
Affaire Gabcikovo- Nagymaros, précitée, § 138.
307
Idem, § 145.
90
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au préjudice subi, compte tenu de la nature du fait illicite dont il procède308 ». C’est selon
cette logique que la Cour relève « qu’il n’était pas interdit à l’Uruguay de construire et de
mettre en service l’usine Orion (Botnia) après l’expiration de la période de négociation, et
que l’Uruguay n’a violé aucune des obligations de fond imposées par le statut de 1975,
ordonner le démantèlement de cette installation ne saurait constituer, de l’avis de la Cour,
une forme de réparation appropriée à la violation des obligations de nature procédurale309 ».

La remise en état pour un fait illicite qui serait un acte juridique est également délicate.
En effet, la reconnaissance de l’illégalité ne serait qu’un début. Encore faudrait- il que l’acte
soit annulé. Cependant, les instances internationales n’ont en principe pas compétence pour
procéder d’elles-mêmes à l’annulation d’un acte national310. Le juge international n’est pas un
juge constitutionnel ; le respect de la souveraineté étatique l’oblige à ne pas se substituer à lui
dans ses prérogatives de législateur. Ceci est d’ailleurs conforme avec la notion de
justiciabilité qui voudrait que le juge ne se substitue pas aux politiques. Le principe est
applicable, même dans le cadre communautaire311. Ceci étant, l’obligation de verser une
amende pour non respect de la décision constitue un moyen de pression à l’encontre de l’Etat
souverain pour l’amener à mettre un terme à l’acte à annuler.

Lorsqu’il est impossible ou difficile de procéder à la remise en état, l’indemnisation


semble alors indiquée. L’indemnisation doit couvrir l’intégralité du préjudice subi et celui-ci
seulement. Selon l’article 36 du projet d’articles la CDI de 2001, l’indemnité qui est versée au
titre de la réparation « couvre tout dommage susceptible d’évaluation financière, y compris le
manque à gagner dans la mesure où celui-ci est établi ». Au regard des circonstances, les
deux parties peuvent être appelées à s’indemniser mutuellement. C’est ce qui fut le cas dans
l’affaire du Projet Gabcikovo- Nagymaros312. Par ailleurs, le comportement de la partie lésée
peut donner lieu à la réduction de l’indemnisation. Celle-ci peut également avoir à contribuer
aux coûts financiers liés à la solution du juge. Tel fut le cas dans l’affaire du Rhin de fer dans
laquelle le Tribunal a procédé à la répartition des coûts et risques financiers selon l’esprit du
traité entre la Belgique et les Pays Bas 313. Une telle solution, est selon Virginie Barral,

308
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, §. 274.
309
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, §. 275.
310
Affaire du mandat d’arrêt (RDCc. Belgique), arrêt du 14 février 2002, CIJ 2002 (affaire Yerodia).
311
Patrick Dailier et autres, Op. Cit., p. 892.
312
Affaire Gabcikovo- Nagymaros, précitée, § 155.
313
Arbitrage relative à la ligne du Rhin de fer, précitée, § 236.
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conforme au principe du développement durable qui reconnaît une égale légitimité au droit au
développement et au droit à la protection de l’environnement314.

Par contre, la satisfaction pourrait être indiquée lorsque le préjudice est tout simplement
moral.

B. La satisfaction et les garanties de non- répétition


Selon le droit international public, la satisfaction peut être des regrets exprimés ou
excuses présentées, des sanctions internes contre l’agent public auteur de la violation, la
cessation du fait illicite ou le respect des obligations censées être mise en œuvre, ou tout
simplement la déclaration par le juge de l’illégalité du fait illicite. La reconnaissance de la
violation d’une obligation juridique implique pour le défendeur l’obligation de mettre fin au
fait s’il continue. Les circonstances peuvent aussi donner lieu à l’assurance et aux garanties de
non- répétition appropriées. Dans l’affaire relative aux activités armées sur le territoire du
Congo, la CIJ a estimé qu’un engagement conventionnel pris par l’Etat satisfait à une
demande de garantie et d’assurances de non- répétition315. Même si la CIJ a démontré d’une
facilité à accorder les garanties de non répétition, elle a eu à relever le fait que ceci n’était pas
automatique. Dans l’affaire des usines de pâte à papier, elle souligne que : « En règle
générale, il n’y a pas lieu de supposer que l’État dont un acte ou un comportement a été
déclaré illicite par la Cour répétera à l’avenir cet acte ou ce comportement, puisque sa bonne
foi doit être présumée (voir Usine de Chorzów, fond, arrêt no 13, 1928, C.P.J.I. série A no 17,
p. 63 […]. Il n’y a donc pas lieu, sauf circonstances spéciales … d’ordonner [que des
316
assurances et des garanties de non-répétition soient offertes] ». Ceci est en conformité
avec le principe de bonne foi censé régir la relation entre Etats.

Par ailleurs, la déclaration d’illégalité de l’acte sous- entend que le défendeur reste
débiteur d’une obligation juridique qu’il doit encore respecter. Ainsi, aux termes de l’article
29 du projet d’articles de la CDI sur la responsabilité internationale étatique, les conséquences
juridiques d’un fait internationalement illicite n’affectent pas le « maintien du devoir de l’Etat
responsable d’exécuter l’obligation violée ». Cette obligation est toutefois limitée par
certaines conditions. S’il s’agit d’une obligation instantanée, son respect tardif ne sera pas
314
Virginie Barral, « la sentence du Rhin de fer, une nouvelle étape dans la prise en compte du droit de
l’environnement par la justice internationale », in Revue Générale de Droit International Public, Vol 110, 2006,
pp. 667- 668.
315
RDC c. Ouganda, arrêt du 19 décembre 2005, Recueil CIJ 2005, § 257.
316
Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay, précitée, § 278.
92
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nécessaire. De plus, si la violation constitue une violation substantielle aux termes de l’article
60 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, l’Etat lésé peut choisir de mettre fin à
celui-ci, rendant impossible le respect de l’obligation violée317.

De façon générale, les modes de réparation et le régime de sanctions applicables aux


Etats le sont aussi aux organisations internationales et entreprises. Cependant dans la pratique,
il pourrait être difficile pour une organisation internationale de respecter certaines obligations
telles que celles de l’indemnisation. Une organisation n’ayant pas les moyens financiers peut
trouver difficile de payer une somme considérable sous forme d’indemnisation. D’autant plus,
qu’en principe, la sanction contre une organisation ne crée pas une obligation subsidiaire des
membres envers le demandeur lésé. C’est la logique adoptée, du moins par le projet d’article
de la CDI sur la responsabilité des organisations internationales de 2007318.

Ceci étant, malgré la particularité du principe du développement durable, les


contentieux basés sur la conciliation entre le développement économique et social et la
protection de l’environnement trouvent une solution devant le juge. Cette solution est aussi
bien la reconnaissance de l’illicéité du fait générateur que l’application particulière des règles
de réparation selon les circonstances en présence.

317
James Crawford, Op. Cit., p. 234.
318
Rapport CDI, 2007, A/62/10 ; p .220, article 43.
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CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE

Malgré les critiques faites sur le développement durable, il est généralement admis que
ce principe est un outil interprétatif pour le juge. Cependant, la reconnaissance normative de
juridictions internationales ayant compétence pour des différends relatifs au développement
durable permet d’affirmer que celui-ci est également justiciable sur le plan procédural. A cet
effet, les obligations relatives au principe ont constitué le fondement de plusieurs affaires
portées devant le juge international, même s’il n’est pas toujours fait référence au principe.
Ces différentes affaires ont la qualité de montrer que le principe est justiciable que ce soit sur
le plan universel que régional. Le contentieux du développement durable apparaît donc
comme étant un contentieux qui concerne l’ensemble des sujets du droit international, bien
qu’à des degrés variés. En effet, les normes liées au développement durable mettent en
évidence des droits et obligations au bénéfice ou à l’encontre des Etats, mais aussi des
organisations intergouvernementales telles que la communauté européenne. Les entreprises et
les individus ont également qualité pour agir devant certaines juridictions telles que le TIDM
et le CIRDI.

D’autre part, la résolution d’un litige sur le développement durable d’une façon qui
permette d’atteindre ses objectifs, est relativisée par le régime de responsabilité généralement
appliqué en droit international. En effet, l’illicéité joue un rôle important dans la
détermination du litige, tout autant que la survenance et la nature du dommage à la prise de
décision. La généralité de certaines obligations et leur nature procédurale peuvent rendre
difficile la détermination de l’illicéité. La conception classique de l’appréciation de la
réparation seulement après dommage ne permet pas aux principes tels que la prévention et la
précaution de jouer complètement leur rôle. Il pourrait donc être envisagé un régime de
responsabilité objective basée sur le risque. Quelque en soit le cas, la sanction reste possible.
Elle se limite souvent à la déclaration d’illégalité ; mais elle peut être une application
circonstanciée du principe de réparation.

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

CONCLUSION GÉNÉRALE

Le droit international public est marqué par des controverses doctrinales sur la
justiciabilité de plusieurs principes et droits. Il en est ainsi du développement durable dont la
référence en tant que concept et puis objectif par la CIJ a remis à l’ordre du jour le débat sur
la normativité de cette notion. Toutefois, la notion elle-même est caractérisée par une
appréhension évolutive sur le plan international. Aussi, il était question pour cette étude de
répondre à la question de savoir : dans quelle mesure le développement durable se traduit-
il par des obligations juridiques qui peuvent être invoquées devant le juge
international ?

Pour ce faire, les règles du Droit international public, du Droit international de


l’environnement et dans une certaine mesure du Droit international des droits de l’homme ont
été la source privilégiée de ce travail de recherche. Le but était de s’appuyer sur la pratique
interne et internationale, sur les normes aux plans universel et régional et sur la jurisprudence
correspondante, pour démontrer le caractère justiciable du développement durable. Il était
ainsi question de vérifier, à travers une analyse juridique basée sur des sources documentaires
et des entretiens semi-directs, l’hypothèse de départ. C’est-à- dire de vérifier si le concept de
développement durable peut être le motif d’un recours en violation devant le juge
international. De par la définition du terme « justiciabilité », la démonstration s’est focalisée
sur trois angles repartis en deux parties, à savoir : l’existence d’obligations juridiques relatives
au développement durable, de voies de recours et d’un régime de sanctions juridiques
applicables à celui- ci.

Sur le premier point, il ressort de l’analyse faite que le développement durable est un
principe de nature conventionnelle caractérisé par des obligations juridiques de comportement
et de résultat. Son appréhension continue sur le plan interne et international permet d’affirmer
que certaines de ces obligations font partie de la coutume internationale.

Deuxièmement, les conventions relatives au développement durable disposent des


moyens et voies de recours qui peuvent être utilisés par des parties à un litige. Celles-ci ne
sont pas seulement les Etats ; l’ensemble des sujets du droit international a qualité pour agir,
mais aucun différend ne peut être porté à l’encontre des individus devant les juridictions
compétentes. Par ailleurs, la jurisprudence sur les principes relatifs au développement durable

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analysée conjointement avec les règles du droit international sur la réparation, montre qu’une
solution juridique peut être appliquée à ces litiges.

Ceci étant, il peut être affirmé que le développement durable ne devrait plus être
appréhendé comme un simple concept, ou un outil d’interprétation. C’est un principe
justiciable en droit international. Par contre, le contentieux du développement durable est
encore jeune. Comme d’autres contentieux, tels que celui des droits de l’homme, il est
caractérisé par des limites, notamment en ce qui concerne le régime de responsabilité. L’on ne
peut ne pas affirmer que le caractère général de certaines dispositions du développement
durable soit sans conséquences sur l’application du principe par le juge. De plus, la
responsabilité pour faits illicites, telle qu’appliquée, restreint dans une certaine mesure la
portée du principe. Il est difficile d’envisager dans un tel contexte que les générations
présentes puissent jouir d’un environnement sain favorable à un développement économique
et social continu. Il est autant difficile de voir dans quelle mesure celles-ci pourraient le léguer
aux générations futures. Aussi, la responsabilité des débiteurs du principe devrait être
engagées sans pour autant que le risque de dommage à l’environnement ne se réalise. Il
revient donc aux différentes parties prenantes ainsi qu’au juge, de renforcer le caractère
juridique du principe de développement durable pour que ce mode de développement soit
véritablement réalisable et réalisée.

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

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Octobre 2015).
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Development: Lessons from East Africa”, in Sustainable Development Law &Policy (SDLP),
Vol. X, Issue 1, 2009, pp.31- 40.
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 LAVALLÉE S. & YENTCHARÉ P- Y. M., « L’équité au cœur de l’APA : le
Protocole de Nagoya et la Loi modèle de l’Union africaine sous la loupe », in Revue Africaine
de Droit de l’Environnement (RADE), N°02, 2014, pp. 41- 64.
 LAVALLÉE S., « Le principe des responsabilités communes mais différenciées à
Rio, Kyoto et Copenhague : essai sur la responsabilité de protéger le climat », Études
internationales, Vol. 41, N° 1, 2010, pp. 51-78.
 LEBEN C., « La responsabilité internationale de l'État sur le fondement des traités de
promotion et de protection des investissements », in Annuaire français de droit international,
Vol. 50, 2004. pp. 683-714.
 LIPIETZ A., « Les négociations écologiques globales : enjeux nord- sud », in Jean
Masini (dir.), Revue Tiers- Monde, Tome XXXV, N° 137, janvier- mars 1994, pp. 31- 51.
 MALJEAN- DUBOIS S., « Droit communautaire et droit du conseil de l’Europe.
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commun de l’environnement, mélanges en l’honneur de Michel Prieur, Paris, Dalloz, 2007,
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 MALJEAN-DUBOIS S., « Environnement, développement durable et droit
international. De Rio à Johannesburg : et au-delà ? ». in Annuaire français de droit
international, Vol. 48, 2002. pp. 592-623, http://www.persee.fr/doc/afdi_0066-
3085_2002_num_48_1_3718, (document généré le 12 mars 2016)
 MALJEAN-DUBOIS S., « L'arrêt rendu par la Cour internationale de Justice le 25
septembre 1997 en l'affaire relative au projet Gabcikovo-Nagymaros (Hongrie c. /
Slovaquie) », in Annuaire français de droit international, Vol. 43, 1997. pp. 286-332.
 MALJEAN-DUBOIS S., «L’émergence du développement durable comme
paradigme et sa traduction juridique sur la scène internationale », in Bruno Villalba,
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d’Ascq, Presses universitaires du septentrion, 2009, pp. 67- 106.

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éditions Yvon Blais, 2009, pp. 131- 194.
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natural resources: the need to speed up its entry into force to ensure its timely
implementation”, in Revue Africaine de Droit de l’Environnement (RADE), N°01, 2014, pp.
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narrative », in Revue de synthèse IV S. N° 3, juil. Sept. 1990, pp. 299- 328, consulté sur
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narrative (11 novembre 2015 à 05h 03).
 NOUZHA C., « Le rôle du Tribunal International du Droit de la Mer dans la
protection du milieu marin », in Revue québécoise de droit international, Vol. 18, N°2, 2005,
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et opportunités d’actions », in Pas à pas vers une justice environnementale, Liaison Énergie-
Francophonie, N° 98, 3e trimestre 2014, Québec, 2014, pp.59- 62.
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3085_1983_num_29_1_2554 (téléchargé 15 octobre 2015).
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protection de la nature », in Géopolitique Africaine, N° 29, janvier- mars 2008, pp. 149- 186.
 RIBAUT J.P., « Environnement, mondialisation développement durable… et
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Prieur, Paris, Dalloz, 2007, pp. 339- 346.
 ROBERT E., « L’articulation de l’environnement et du développement : la résolution
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International, 1997/2, Bruxelles, Bruylant, 1997, pp. 522- 532.
 ROMAN D., « La justiciabilité des droits sociaux ou les enjeux de l’édification d’un
État de droit social », in La Revue des droits de l’homme [En ligne], 1 | 2012, 35 p (mis en
ligne le 27 mars 2014, consulté le 09 décembre 2015).
 ROMI R., « La ‘transversalité’, caractéristique, moteur et frein du droit de
l’environnement », in Confluences, Mélanges en honneur de Jacqueline Morand-Deviller,
Montchrestien, pp. 913- 923.
 SACHS I., « Le développement reconsidéré. Quelques réflexions inspirées par le
Sommet de la terre », in Jean Masini (dir.), Revue Tiers- Monde, Tome XXXV, N° 137,
janvier- mars 1994, pp. 53- 60.
 SANDS P., “International Courts and the Application of the Concept of Sustainable
Development”, in Max Planck Yearbook of United Nations Law 3, pp. 389- 405, available at:
http://www.mpil.de/files/pdf2/mpunyb_sands_3.pdf.
 SASSOU N’GUESSO D., « S’unir pour imaginer une nouvelle croissance », in
Géopolitique Africaine, N° 29, janvier- mars 2008, pp. 13- 18.
 SAUVÉ L., « L’équivoque du développement durable », in Chemin de Traverse, N° 4,
2007, pp. 31-47, accédé sur http://cms2.unige.ch/isdd/IMG/pdf/SauveUQAM.pdf (13 Octobre
à 22h35).
 SAVADOGO Y., « L’environnement dans le Traité de l’UEMOA : une prise en
compte implicite », in Revue Africaine de Droit de l’Environnement (RADE), N°01, 2014, pp.
91- 101.

106
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

 SHELTON D. L., “Developing Substantive Environmental Rights”, in Journal of


Human Rights and the Environment, Vol. 1, N°. 1, 2010, pp. 89–120.
 SIEGEL J. L., « A theory of justiciability », in Texas Law review, Vol. 86, N° 73,
2007, pp. 72- 139.
 SONHLE J., « Irruption du droit de l’environnement dans la jurisprudence de la CIJ :
L’affaire Gabcikovo- Nagymaros », in RGDIP, 1998, pp. 85- 121.
 SPIELMANN D., « La Cour Internationale de Justice et le droit de
l’environnement », in Annuaire international des droits de l’homme, Vol. 1, 2006, pp. 39- 56.
 VATMA L., « Regard prospectif sur la gouvernance internationale du développement
durable », in Revue Québécoise de Droit International, Vol. 24, N°2, 2011, pp.217 – 237.

V. DOCUMENTS

A. Textes internationaux
 Accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires.
 Accord sur les obstacles techniques au commerce.
 Charte Africaine de Droits de l’Homme et des Peuples, de Juin 1981.
 Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles de
2003.
 Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques du 9 mai 1992.
 Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays
gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique du 15
juin 1994.
 Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.
 Convention de Vienne sur le droit des traités 1969.
 Convention et règlements du CIRDI, CIRDI/15, Washington, avril 2006.
 Convention internationale pour la réglementation de la chasse du 2 décembre 1946.
 Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus
décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement du 25 juin 1998.
 Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage
du 23 juin 1979.
 Convention sur la coopération pour la protection et le développement durable de
l’environnement marin et côtier du Pacifique du Nord-est du 18 février 2002.

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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

 Convention sur la diversité biologique du 5 juin 1992.


 Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage
menacées d’extinction du 3 mars 1973.
 Déclaration de Rio sur l'Environnement et le Développement de juin 1992.
 Déclaration de Stockholm sur l’environnement de 1972.
 Déclaration sur le Droit au développement, G.A res.L1/128, UN Doc. A/41/53 de
1986.
 Instruments et Mécanismes Juridiques Internationaux, Conseil Économique et Social,
E/CN.17/1996/17 du 28 février 1996, consulté sur
http://wwwv1.agora21.org/cdd4/9604818f.pdf le 08 mai 2016 à 21h 37.
 Le Compact, mécanisme contractuel de réponse en cas de dommage causé à la
diversité biologique en conséquence de la libération d’un organisme vivant modifiée du 10
juin 2014.
 Projet d’articles sur la responsabilité de l’Etat pour fait internationalement illicite de
2001.
 Protocole à la Convention sur l'évaluation de l'impact sur l'environnement dans un
contexte transfrontière, relatif à l'évaluation stratégique environnementale du 21 mai 2003.
 Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques du 17 décembre 1997
 Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et
équitable des avantages découlant de leur utilisation relatif à la Convention sur la Diversité
Biologique du 29 octobre 2010.
 Recueil des sentences arbitrales, Vol. 27, Nations Unies, New York, 2007.
 Règlement facultatif de la Cour permanente d’arbitrage pour l’arbitrage des différends
relatifs aux ressources naturelles et/ou à l’environnement du 19 juin 2001.
 Résumé des arrêts, avis consultatifs et ordonnances de la Cour International de Justice
(1997- 2002), Nations Unies, New York, 2006.
 Résumé des arrêts, avis consultatifs et ordonnances de la Cour International de Justice
(1992- 1996), Nations Unies, New York, 1998.
 Résumé des arrêts, avis consultatifs et ordonnances de la Cour International de Justice
(1948- 1991), Nations Unies, New York, 1992.

108
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

 Résumé des arrêts, avis consultatifs et ordonnances de la Cour International de Justice


(2003- 2007), Nations Unies, New York, 2010.
 Statut de la Cour Internationale de Justice de 1945.
 Versions consolidées du traité sur l’Union européenne et du traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne et Charte des droits fondamentaux de l’Union
Européenne (http://europa.eu/pol/pdf/consolidated-treaties_fr.pdf).

B. Jurisprudence

 Affaire relative aux travaux de poldérisation par Singapour à l'intérieur et à proximité


du Détroit de Johor (Malaisie c. Singapour), mesures conservatoires, Ordonnance du 8
octobre 2003, TIDM 2003.
 Affaires du thon à la nageoire bleue (Nouvelle-Zélande c. Japon ; Australie c. Japon),
Affaires no 3 et 4, Ordonnance du 27 août 1999, TIDM 1999.
 Arrêt du 08 juillet 2010, Afton Chemical Limited / Secretary of State for Transport, C-
343/09, EU: C: 2010:419.
 Arrêt du 10 avril 2014, Acino / Commission, C-269/13 P, EU : C : 2014:255.
 Arrêt du 4 décembre 2014, Commission / Suède, C-243/13, EU : C : 2014:2413.
 CPA, Arbitrage relative à la ligne du Rhin de fer, (Royaume de Belgique v. Royaume
du Pays Bas), Ordonnance du 24 mai 2005.
 Emilio Maffezini c. le Royaume de l’Espagne, Affaire CIRDI no. ARB/97/7, Décision
du 13 novembre 2000.
 ITLOS, Responsibilities and obligations of States sponsoring persons and entities with
respect to activities in the Area, Case n° 17, Advisory opinion, 1st February 2011.
 Licéité de la menace ou de l’utilisation d’armes nucléaires, avis consultatif du 8 août
1996, Recueil CIJ 1996.
 OMC, Etats- Unis- Prohibition à l’importation de certaines crevettes et produits à
base de crevettes, Rapport de l’Organe d’appel du 12 octobre 1998 (WT/DS58/AB/R).
 Parkerings-Compagniet AS c. Lituanie, affaire CIRDI no. ARB/05/8, Décision du 11
septembre 2007.
 Projet de barrage sur le Danube dit "Gabcikovo-Nagymaros", (Hongrie c/ Slovaquie),
arrêt du 25 sept. 1997, Recueil CIJ 1997.

109
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

 The Social and Economic Rights Action Center and the Center for Economic and
Social Rights v. Nigeria, Communication 155/96, ACHPR, 2002.
 TIDM, affaire de l'usine MOX (Irlande c. Royaume-Uni), Affaire n° 10, Ordonnance
du 3 décembre 2001.
 TIDM, Avis consultatif du 02 avril 2015 portant sur la demande d’avis consultative
soumise par la Commission Sous-Régionale des Pêches.
 TIDM, Conservation et exploitation durable des stocks d’espadon (Chili/Communauté
européenne), Rôle des affaires : No. 7, Ordonnance du 20 décembre 2000, Ordonnance du 29
décembre 2005.
 Usine de Chorzów (Allemagne c. Pologne), arrêt du 13 septembre 1928 (demande en
indemnité : fond), Recueil CPJI série A 17.
 Usines de pâte à papier sur le fleuve Uruguay (Argentine c. Uruguay), arrêt du 20
avril 2010, Recueil CIJ 2010.

C. Rapports

 NATIONS UNIES, Rapport du Sommet mondial pour le développement durable,


Johannesburg (Afrique du Sud) du 26 août-4 septembre 2002, NU 2002.
 Notre Avenir à tous, Rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le
développement (Commission Brundtland), Les Éditions du Fleuve, 1989, traduction française
de ‘Our Common Future’ paru en 1987.
 UNISDR, 2015. Bilan mondial 2015 - Version de poche Rendre le développement
durable : l’avenir de la réduction des risques de catastrophe. Genève, Suisse : Bureau des
Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNISDR), 28 pages.

D. Autres Documents

 CISDL, What is Sustainable Development Law?, consulté sur www.cisdl.org (20


décembre 2015).

 ESMAS M., The concept of Sustainable development : definition and principles,


consulté sur https://sustainabledevelopment.un.org/ (20 décembre 2015).
 GEHRING M., Sustainable Development and Solidarity in EU and International Law
Model Institutions for a Sustainable Future : A Comparative Constitutional Law Perspective,

110
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

26 April 2014, Budapest, 14 p., accédé sur https://www.ajbh.hu/documents/ (14 Octobre 2015
à 00h02).
 LANFRANCHI M. P., Le développement durable, 51 p. consulté sur www.ceric-
aix.univ-cezanne.fr .
 Le développement durable : mise en œuvre juridique et instrumentalisation du
concept, consulté sur http://www.gredeg.cnrs.fr/Seminaire-
doctoral/Fichiers/SEM_DOCT_CLAREBOUT.pdf (19 décembre 2015 à 22h 21).
 LOOTS C, Access to the courts and justiciability, acceded on www.chr.up.ac.za
(December 22, 2015 at 11 a.m.)
 MAXIMOVA K., « L’avenir du régime international sur les changements climatiques
: quel véhicule juridique ? », 22p, consulté sur
https://www.cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/sites/cahiersdedroit.fd.ulaval.ca/files/texte_gagnant_2
014.pdf (13 mai 2016 à 20h03).
 Opinion individuelle de M. Weeramantry, vice-président, p. 88- 119, consulté sur
http://www.icj-cij.org/docket/files/92/7383.pdf.
 ROMY I., Construction et développement durable, Journées du droit de la
construction 2011, pp. 155-196, accédé sur
http://www.froriep.com/uploads/tx_news/5_Isabelle_Romy_-
_Construction_et_de__veloppement_durable.pdf (13 Octobre 2015).
 TOURME JOUANNET E., Droit du développement et droit de la reconnaissance,
les « piliers » juridiques d’une société mondiale plus juste ? Consulté sur
https://justiceglobale.files.wordpress.com.
 Traités d’investissement et développement durable : l’arbitrage entre investisseurs et
État, IIED Briefing, mai 2014, consulté sur http://pubs.iied.org/pdfs/17241FIIED.pdf (29 mai
2016 à 15h 25).

111
[email protected]
ANNEXES

a
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

DÉCLARATION DE RIO SUR L'ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT

La Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement,


Réunie à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992,

Réaffirmant la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement adoptée


à Stockholm le 16 juin 1972, et cherchant à en assurer le prolongement,

Dans le but d'établir un partenariat mondial sur une base nouvelle et équitable en créant des
niveaux de coopération nouveaux entre les Etats, les secteurs clefs de la société et les
peuples,

Œuvrant en vue d'accords internationaux qui respectent les intérêts de tous et protègent
l'intégrité du système mondial de l'environnement et du développement,

Reconnaissant que la Terre, foyer de l'humanité, constitue un tout marqué par


l'interdépendance,

Proclame ce qui suit :

PRINCIPE 1
Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement durable.
Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.

PRINCIPE 2
Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international, les Etats
ont le droit souverain d'exploiter leurs propres ressources selon leur politique
d'environnement et de développement, et ils ont le devoir de faire en sorte que les activités
exercées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle ne causent pas de
dommages à l'environnement dans d'autres Etats ou dans des zones ne relevant d'aucune
juridiction nationale.

PRINCIPE 3
Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les besoins
relatifs au développement et à l'environnement des générations présentes et futures.

PRINCIPE 4
Pour parvenir à un développement durable, la protection de l'environnement doit faire
partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément.

PRINCIPE 5
Tous les Etats et tous les peuples doivent coopérer à la tâche essentielle de l'élimination de
la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du développement durable, afin de
réduire les différences de niveaux de vie et de mieux répondre aux besoins de la majorité
des peuples du monde.

PRINCIPE 6
La situation et les besoins particuliers des pays en développement, en particulier des pays les
moins avancés et des pays les plus vulnérables sur le plan de l'environnement, doivent se

b
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

voir accorder une priorité spéciale. Les actions internationales entreprises en matière
d'environnement et de développement devraient également prendre en considération les
intérêts et les besoins de tous les pays.

PRINCIPE 7
Les Etats doivent coopérer dans un esprit de partenariat mondial en vue de conserver, de
protéger et de rétablir la santé et l'intégrité de l'écosystème terrestre. Étant donné la
diversité des rôles joués dans la dégradation de l'environnement mondial, les Etats ont des
responsabilités communes mais différenciées. Les pays développés admettent la
responsabilité qui leur incombe dans l'effort international en faveur du développement
durable, compte tenu des pressions que leurs sociétés exercent sur l'environnement
mondial et des techniques et des ressources financières dont ils disposent.

PRINCIPE 8
Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie pour tous les
peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de production et de
consommation non viables et promouvoir des politiques démographiques appropriées.

PRINCIPE 9
Les Etats devraient coopérer ou intensifier le renforcement des capacités endogènes en
matière de développement durable en améliorant la compréhension scientifique par des
échanges de connaissances scientifiques et techniques et en facilitant la mise au point,
l'adaptation, la diffusion et le transfert de techniques, y compris de techniques nouvelles et
novatrices.

PRINCIPE 10
La meilleure façon de traiter les questions d'environnement est d'assurer la participation de
tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau national, chaque individu doit
avoir dûment accès aux informations relatives à l'environnement que détiennent les
autorités publiques, y compris aux informations relatives aux substances et activités
dangereuses dans leurs collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de
prise de décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la participation
du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un accès effectif à des
actions judiciaires et administratives, notamment des réparations et des recours, doit être
assuré.

PRINCIPE 11
Les Etats doivent promulguer des mesures législatives efficaces en matière
d'environnement. Les normes écologiques et les objectifs et priorités pour la gestion de
l'environnement devraient être adaptés à la situation en matière d'environnement et de
développement à laquelle ils s'appliquent. Les normes appliquées par certains pays peuvent
ne pas convenir à d'autres pays, en particulier à des pays en développement, et leur imposer
un coût économique et social injustifié.

PRINCIPE 12
Les Etats devraient coopérer pour promouvoir un système économique international ouvert
et favorable, propre à engendrer une croissance économique et un développement durable

c
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

dans tous les pays, qui permettrait de mieux lutter contre les problèmes de dégradation de
l'environnement. Les mesures de politique commerciale motivées par des considérations
relatives à l'environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination
arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux. Toute
action unilatérale visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la
juridiction du pays importateur devrait être évitée. Les mesures de lutte contre les
problèmes écologiques transfrontières ou mondiaux devraient, autant que possible, être
fondées sur un consensus international.

PRINCIPE 13
Les Etats doivent élaborer une législation nationale concernant la responsabilité de la
pollution et d'autres dommages à l'environnement et l'indemnisation de leurs victimes. Ils
doivent aussi coopérer diligemment et plus résolument pour développer davantage le droit
international concernant la responsabilité et l'indemnisation en cas d'effets néfastes de
dommages causés à l'environnement dans des zones situées au-delà des limites de leur
juridiction par des activités menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle.

PRINCIPE 14
Les Etats devraient concerter efficacement leurs efforts pour décourager ou prévenir les
déplacements et les transferts dans d'autres Etats de toutes activités et substances qui
provoquent une grave détérioration de l'environnement ou dont on a constaté qu'elles
étaient nocives pour la santé de l'homme.

PRINCIPE 15
Pour protéger l'environnement, des mesures de précaution doivent être largement
appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages graves ou
irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour
remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de
l'environnement.

PRINCIPE 16
Les autorités nationales devraient s'efforcer de promouvoir l'internalisation des coûts de
protection de l'environnement et l'utilisation d'instruments économiques, en vertu du
principe selon lequel c'est le pollueur qui doit, en principe, assumer le coût de la pollution,
dans le souci de l'intérêt public et sans fausser le jeu du commerce international et de
l'investissement.

PRINCIPE 17
Une étude d'impact sur l'environnement, en tant qu'instrument national, doit être
entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d'avoir des effets nocifs
importants sur l'environnement et dépendent de la décision d'une autorité nationale
compétente.

PRINCIPE 18
Les Etats doivent notifier immédiatement aux autres Etats toute catastrophe naturelle ou
toute autre situation d'urgence qui risque d'avoir des effets néfastes soudains sur

d
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

l'environnement de ces derniers. La communauté internationale doit faire tout son possible
pour aider les Etats sinistrés.

PRINCIPE 19
Les Etats doivent prévenir suffisamment à l'avance les Etats susceptibles d'être affectés et
leur communiquer toutes informations pertinentes sur les activités qui peuvent avoir des
effets transfrontières sérieusement nocifs sur l'environnement et mener des consultations
avec ces Etats rapidement et de bonne foi.

PRINCIPE 20
Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l'environnement et le développement. Leur
pleine participation est donc essentielle à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 21
Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier afin de
forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement durable et à garantir
à chacun un avenir meilleur.

PRINCIPE 22
Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales ont un rôle
vital à jouer dans la gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs
connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats devraient reconnaître
leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire et leur
permettre de participer efficacement à la réalisation d'un développement durable.

PRINCIPE 23
L'environnement et les ressources naturelles des peuples soumis à oppression, domination
et occupation doivent être protégés.

PRINCIPE 24
La guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement durable. Les
Etats doivent donc respecter le droit international relatif à la protection de l'environnement
en temps de conflit armé et participer à son développement, selon que de besoin.

PRINCIPE 25
La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et
indissociables.

PRINCIPE 26
Les Etats doivent résoudre pacifiquement tous leurs différends en matière d'environnement,
en employant des moyens appropriés conformément à la Charte des Nations Unies.

PRINCIPE 27
Les Etats et les peuples doivent coopérer de bonne foi et dans un esprit de solidarité à
l'application des principes consacrés dans la présente Déclaration et au développement du
droit international dans le domaine du développement durable.

e
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LE COMPACT, MECANISME CONTRACTUEL DE REPONSE EN CAS DE DOMMAGE CAUSE A


LA DIVERSITE BIOLOGIQUE EN CONSEQUENCE DE LA LIBERATION D'UN ORGANISME
VIVANT MODIFIE319

Deuxième révision adoptée en septembre 2012 (extrait)

PREAMBULE

A. Titre et date d’entrée en vigueur

Le présent instrument sera désigné le « Compact ». Toute référence au « Compact » ou aux


dispositions, ou encore, aux « conditions générales du Compact » inclut le Compact et ses
Annexes, y compris les Statuts.

La Date d’entrée en vigueur est le [ ].

B. Composition

Le Compact est fait et conclu par les signataires ci-après (désignés ci-après individuellement
un « Membre » et ensemble, les « Membres ») :

i. BASF Plant Science Company GmbH, société de droit allemand, dont le siège social est sis
Carl-Bosch-Strasse 38, 67056 Ludwigshafen/Rhein, Allemagne ;

ii. Bayer CropScience Aktiengesellschaft, société de droit allemand, dont le siège social est sis
Alfred Nobel Strasse 50, 40789 Monheim am Rhein, Allemagne ;

iii. DowAgroSciences, LLC, société à responsabilité limitée (limited liability company) de droit
de l'État du Delaware, aux États-Unis d’Amérique, dont le principal établissement est sis au
9330 Zionsville Road, Indianapolis, Indiana 46032, États-Unis d’Amérique ;

iv. EI du Pont de Nemours and Company, société de droit de l'État du Delaware, aux États-
Unis d’Amérique, dont le principal établissement est sis au 1007 Market Street, Wilmington,
Delaware, 19898, États-Unis d’Amérique ;

v. Monsanto Company, société de droit de l'État du Delaware, aux États-Unis d’Amérique,


dont le principal établissement est sis au 800 North Lindbergh Blvd, St Louis, Missouri,
63167, États-Unis d’Amérique ;

vi. Syngenta Crop Protection AG, société de droit suisse dont le siège social est sis
Schwarzwaldallee 215, 4058 Bâle, Suisse.

319
Ce document est une traduction non officielle du Compact, mécanisme contractuel de réponse en cas de
dommage causé à la diversité biologique en conséquence de la libération d’un organisme vivant modifié
uniquement pour référence. En cas d’incompatibilité entre cette version et la version anglaise du document, cette
dernière prévaudra.
f
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Le Compact sera administré conformément à ses dispositions et conditions, et sous les


auspices de CropLife International. Les critères d'adhésion au Compact seront larges et
ouverts.

C. Objet

En signant le Compact, chaque Membre donne son accord à un système volontaire


d’arbitrage contraignant, de manière à ce qu’un État puisse chercher à obtenir une réponse
lorsqu’il est allégué que la Libération d’un Organisme vivant modifié (un « OVM ») par un
Membre est la Cause d’un Dommage à la Diversité biologique. Chaque Membre est
strictement tenu par les conditions générales du Compact. La décision d’un État de prendre
part à un arbitrage contraignant en vertu des dispositions et conditions du Compact est
toujours totalement volontaire.

Le Compact crée un système de règlement des différends à la fois accessible, efficace,


effectif et équitable, auquel les États peuvent se fier et qu’ils sont susceptible de considérer
comme de grande valeur. L’idée selon laquelle il incombe à la partie responsable de
supporter le coût du Dommage à la Diversité biologique causé par elle, est conforme aux
principes énoncés dans la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement (la «
Déclaration de Rio »)320. Des Mesures d’intervention peuvent être requises même lorsqu’une
Libération n’est pas intentionnelle, n’est pas la conséquence d’une négligence, ou survient
bien qu’un soin raisonnable ait été apporté dans le but de la prévenir. Ainsi, un Membre
apportera-t-il une Réponse en temps utile, sous réserve des dispositions et conditions du
Compact, lorsqu’une Libération par lui d’un OVM est cause d’un Dommage à la Diversité
biologique.


Les Membres reconnaissent le champ d'application limité du Compact et respectent
pleinement la souveraineté étatique. Le système d'arbitrage du Compact est
complémentaire par rapport aux règles et procédures internationales adoptées en vertu de
l’article 27 du Protocole de Cartagena sur la biosécurité (le « Protocole »), et ne saurait les
remplacer.

E. Principes directeurs

Les Membres sont conscients du fait que des inquiétudes ont été exprimées publiquement
quant au fait que des dommages à la diversité biologique pourraient survenir, à l’avenir, en
conséquence d’un mouvement transfrontières d’un OVM. Le Compact répond directement à
ces inquiétudes. En vertu du Compact, dans le cas où une Libération d'un OVM par un
Membre serait Cause d’un Dommage à la Diversité biologique, ce Membre mettra en œuvre
en temps utile une Réponse adéquate et nécessaire.
En ce qui concerne les décisions concernant les Demandes, les principes directeurs ci-après
s’appliquent :

320
Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, Rio de Janeiro (Brésil) 3-14 juin 1992, Principe
16.
g
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(a) les Membres considèrent que la Diversité biologique est un bien public qu’il incombe
spécialement aux États de protéger, et que, de ce fait, seuls les États sont compétents pour
chercher à obtenir une Réponse à un Dommage à la Diversité biologique en vertu du
Compact ;

(d) dans la mesure où il s’agit d’une convention conçue pour mettre en place un cadre
volontaire et autonome, à la fois sur le fond et en termes de procédure, pour le règlement
de Demandes impliquant des OVM des Membres, toutes définitions, dispositions et
conditions, ainsi que tous processus se rapportant à la soumission des Demandes afférentes
à des Dommages à la Diversité biologique en vertu du Compact sont établis par ce dernier ;

(i) les Membres doivent apporter une Réponse en temps utile suite à une sentence d’un
Tribunal, ou en conséquence du règlement d’une Demande, et ils doivent posséder la
capacité financière requise pour Répondre ; et
(j) rien dans le Compact n’est destiné à avoir une quelconque incidence sur les droits et
obligations d’un Membre hors des auspices du Compact, ni sur les droits et obligations d’un
quelconque Non-Membre.

EN CONSEQUENCE DE QUOI, en contrepartie d’accords et d’engagements réciproques


contenus dans les présentes, les Membres conviennent par les présentes de ce qui suit :

CHAPITRE I. CHAMP D’APPLICATION, OBJET ET TERMINOLOGIE

Article 1 : Champ d’application et objet


1.1 Le Compact est formé volontairement ; il demeurera en vigueur et sera mis en œuvre
pour une durée indéfinie.

1.2 L’objet du Compact est de mettre à la disposition d’États un moyen efficace et effectif
d’obtenir une Réponse, conformément aux dispositions et conditions spécifiques du
Compact, lorsqu'un Dommage à la Diversité biologique est Causé par la Libération d'un OVM
par un Membre.


1.4 Le Compact respecte la souveraineté étatique ; complète les lois nationales et
internationales en matière de réparation des dommages causés à la diversité biologique ; et
ne déroge pas, ni ne saurait déroger, à la capacité d'un État à instituer une quelconque
demande au titre d’un tel dommage, que ce soit en vertu du droit national ou international.

1.5 Rien dans le Compact ne limite le droit d’un citoyen d’un État à soumettre des
observations à l’État concernant un Dommage supposé à la Diversité biologique, ou le droit
ou une quelconque obligation de l’État de soumettre une Demande conformément au
Compact. Rien dans le Compact ne limite le droit d’un citoyen d’un État à instituer une
quelconque action autorisée par le droit interne de l’État pour obliger l’État à soumettre une
Demande en vertu du Compact.

h
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1.7 Le Compact n’affecte pas les droits et obligations des Membres en dehors de l’objet et
des processus spécifiques du Compact. …

1.8 Aucune disposition du Compact, mesure adoptée, procédure engagée, conclusion établie
ni décision prise en conséquence de la mise en œuvre du Compact, ou dans le cadre des
processus de celui-ci, non plus qu’aucun Document lié au Compact n’affectera, que ce soit
expressément ou par implication, les droits ou obligations d’un Non-Membre, excepté dans
la mesure où celui-ci, par consentement écrit conforme aux dispositions et conditions du
Compact, choisit de participer aux Demandes ou Évaluations, et au Processus arbitral.

1.9 Le Compact n'affecte en rien les droits ou obligations d'un Membre en ce qui concerne
(a) la communication avec une quelconque entité publique ou autorité de régulation en
relation avec une question se rapportant au Membre ; ou (b) l'exécution d'une obligation
légale ou normative.

Article 4 : Obligations et droits généraux attachés à la qualité de membre


4.1 Les Membres acceptent la totalité des dispositions et conditions du Compact et
conviennent de soumettre toute Demande à leur encontre à arbitrage administré par la CPA
conformément au Compact.

4.2 Les Membres exécuteront de bonne foi leurs obligations en vertu du Compact. Un
Membre auquel est demandé une Réponse en liaison avec une Demande signera le
Compromis d'arbitrage signé par l'État pour introduire les Demandes et le Processus
d’évaluation et d’arbitrage en vertu du Compact.


4.4 Rien dans le Compact n’interdit aux Titulaires d’autorisation, Membres ou Non-
Membres, de conclure des conventions prévoyant une indemnisation ou une répartition de
leurs responsabilités respectives en relation avec les coûts liés à l'exécution de l'obligation
de Réponse. Ces conventions peuvent autoriser la partie en charge de l’indemnisation ou
supportant le coût à opposer une défense à une Demande à l’encontre d’un Membre. Ces
conventions seront sans effet sur le droit d’un État à instituer une demande à l’encontre
d’un Membre.

4.5 Rien dans le Compact n’affectera le droit d’un Membre à recouvrer auprès d’un autre
Membre, ou d'un Non-Membre, une contribution ou une indemnisation en relation avec une
Réponse.

4.6 Il incombe à un Membre qui cesse d’être Membre, pour quelque raison que ce soit, y
compris une dissolution, d'exécuter toutes obligations de Réponse non exécutées.

CHAPITRE III. DOMMAGE A LA DIVERSITE BIOLOGIQUE

Article 6 : Obligation résultant d’un Dommage à la Diversité biologique

i
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6.1 Chaque Membre s’engage à Répondre à un Dommage à la Diversité biologique Causé par
la Libération d’un OVM par un Membre, conformément aux dispositions et conditions du
Compact, et en convient.

6.2 Un Dommage à la Diversité biologique donne lieu à une Réponse uniquement lorsqu’il
s’agit d’un Changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une Espèce, ou d’un
Changement mesurable, Significatif et Négatif au niveau d’une Espèce ou d’un Écosystème
ayant pour résultat la perte d’un service de ressource naturelle essentielle à la survie d’une
Espèce donnée.

Article 7 : Situation de départ et évolution mesurable de la diversité biologique


7.1 L’existence d’un Dommage à la Diversité biologique est déterminée en comparant la
nature et l’importance du changement d’une Espèce ou d’un Écosystème par rapport à la
Situation initiale. Pour déterminer dans quelle mesure un Changement mesurable de la
Diversité biologique est survenu, il est indispensable d'établir au préalable la réalité de la
Situation initiale. Les conditions supposées représenter un changement ou un Dommage
doivent être comparées à cette Situation initiale afin de déterminer si un Changement
mesurable est survenu par rapport à celle-ci. Lorsqu’un Changement Mesurable est survenu,
il faut alors déterminer s’il est Significatif et Négatif, comme prévu par l’article 8.

Article 9 : Preuve de réponse


9.1 Une Réponse sera uniquement sous la forme d’une restauration, d’une indemnisation ou
d’une combinaison des deux en vertu du présent article 9.

9.2 La Réponse privilégiée est la restauration. Lorsque l’État cherche à obtenir une
restauration, il proposera un Plan, et le Membre pourra proposer un Plan de rechange
comportant au moins les éléments prévus dans le présent article 9.2.

9.3 Une indemnisation est possible uniquement lorsque (a) un Objectif de restauration n’est
pas possible ; (b) il n’est pas possible, tant techniquement que financièrement, de parvenir à
l'Objectif de la restauration ; (c) le coût de la mise en œuvre du Plan excède la valeur
économique du Dommage à la Diversité biologique ; ou (d) le Tribunal détermine que
l’indemnisation est adéquate en vertu de l’article 9 du Compact.

9.4 Lorsque l’État demande une indemnisation, le montant de celle-ci sera déterminé au
moyen d’une méthode d’évaluation sur la base de processus objectifs et de critères
objectifs. L'évaluation :

(a) s’appuiera sur des Preuves de Nature scientifique ;


CHAPITRE V. REPONSE ET LIMITES FINANCIERES

Article 12 : Obligation de réponse


12.1 Les Mesures d’intervention seront mises en œuvre uniquement par un Membre
responsable, dans la mesure de la Responsabilité proportionnelle de ce Membre en relation

j
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avec le Dommage à la Diversité biologique. Les Membres pour lesquels il n’existe pas de
Responsabilité proportionnelle en relation avec le Dommage (par exemple, le Membre n’a
pas Libéré un OVM ou ses actes ne sont pas autrement la Cause du Dommage à la Diversité
biologique) n’auront pas d’obligation de Réponse au titre de ce Dommage à la Diversité
biologique.

CHAPITRE VI. TRAITEMENT DES DEMANDES

Article 14 : Procédure
14.1 Seul un État peut soumettre une Demande. Un État peut soumettre une Demande
uniquement en relation avec un Dommage à la Diversité biologique survenu dans les limites
de sa juridiction nationale.

14.2 Un État ne peut soumettre ni poursuivre une Demande à l’encontre d’un Membre en
conséquence d’un Incident faisant l’objet d’une action judiciaire ou administrative à
l’encontre de ce Membre dans l’État, ou ayant fait l’objet d’une action judiciaire ou
administrative à l’encontre de ce Membre dans l’État lorsque (a) l’État l’a emporté sur le
Membre à l’issue de l’action judiciaire ou administrative ; (b) l’État et le Membre ont conclu
un règlement de l’action ; (c) le Membre l’a emporté sur l’État à l’issue de l’action judiciaire
ou administrative ; ou (d) l’action a été rejetée sur le fond ou de telle manière qu'il est
interdit à l’État d’instituer à nouveau l’action.

Article 16 : Évaluation et arbitrage


16.1 Le Processus d'évaluation et d'arbitrage consistera en l’examen et la détermination, par
le Tribunal, conformément au Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, tel que modifié par les Statuts, de :

(a) la Demande ;
(b) la décision du Commissaire relative à la conformité de la Demande aux conditions de
l'article 13.3 ou de l'article 14.2 du Compact ; ou
(c) la décision du Commissaire en vertu de l’article 14.9 du Compact.

16.5 En ce qui concerne l’examen d’une Demande en vertu de l’article 16.1(a) ci-dessus,
conformément aux dispositions et conditions du Compact, le Tribunal prendra les décisions
requises en vertu des chapitres III, IV et V du Compact, ainsi que toutes autres décisions
requises, en vertu du Compact, pour mener à bien cet examen.

(a) Chaque élément d’une Demande et d’un moyen de défense doit être examiné par le
Tribunal sur la base d'éléments de preuve de Nature scientifique conformes au Niveau de
preuve.

(c) Lorsque le Tribunal établit qu’il existe plus d’une Cause au Dommage à la Diversité
biologique (par exemple, dans le cas où la Libération d’un OVM est imputable à la fois à un
cas de Force majeure et à un Membre, ou bien à la fois à un Membre Titulaire d’autorisation

k
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et à une Utilisation abusive de l’OVM par un Non-Membre ou un autre Membre), ou que le


Membre a invoqué avec succès un moyen de défense, le Tribunal déterminera la
Responsabilité proportionnelle attribuée à chaque Cause, ainsi qu'à tous les moyens de
défense cumulés.
(d) Le Tribunal déterminera la Responsabilité proportionnelle de chaque Membre.

(e) Le Tribunal rendra une sentence définitive comportant (i) un résumé et un exposé des
motifs de chaque décision prise par lui conformément au présent article 16.5 ; (ii) la
Réponse, le cas échéant, exigée d'un Membre ; (iii) le coût de l'obligation de Réponse de ce
Membre ; (iv) la formule interdisant les réparations doubles ou multiples, conformément à
l’article 12.9 ; (v) tout remboursement devant être effectué à un État en vertu de l’article
17.4 du Compact ; (vi) des obligations de confidentialité en vertu des articles 20.1(b) ou 20.3
du Compact ; et (vii) tous autres éléments d’une sentence requis par le Compact.

16.6 Le Tribunal signifiera toute ordonnance, ainsi que la sentence définitive, aux Parties, et
en communiquera un exemplaire au Directeur exécutif. Aucune ordonnance ni sentence
d’un Tribunal ne fera l’objet d’un appel. La Convention de New York pour la reconnaissance
et l'exécution des sentences arbitrales étrangères régira les contestations des sentences.

EN FOI DE QUOI, les Membres ont fait en sorte que le Compact soit signé par leurs
représentants dûment autorisés, à la date indiquée en regard de chaque signature.

ANNEXE A

STATUTS

CHAPITRE I. OBJET, DEFINITIONS ET LANGUE

Article 1 : Objet
1.1 Les présents Statuts sont adoptés conformément à l’article 21 du Compact (MECANISME
CONTRACTUEL DE REPONSE EN CAS DE DOMMAGE CAUSE A LA DIVERSITE BIOLOGIQUE EN
CONSEQUENCE DE LA LIBERATION D'UN ORGANISME VIVANT MODIFIE), à la signature du
Compact.
1.2 Les présents Statuts sont établis pour l’administration et le fonctionnement du Compact,
et seront interprétés conformément aux dispositions du Compact, afin :

(a) de faciliter la réalisation efficace et effective de l’objet du Compact ; et


(b) de mettre en place ou de compléter des règles ou procédures relatives, entre autres, à la
qualité de membre, à la gouvernance et à la résolution des Demandes.

CHAPITRE VII. MODIFICATIONS DES REGLES D’ETABLISSEMENT DES FAITS, DE


CONCILIATION ET D’ARBITRAGE EN MATIERE D'ENVIRONNEMENT DE LA CPA

l
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Les règles de procédure de la CPA sont modelées sur le Règlement de conciliation de la


Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) de 1976 et
prévoient que les parties peuvent les modifier par convention écrite. (« Il se peut que les
rédacteurs d’accords existants ou futurs aient à déterminer le rapport entre le présent
Règlement [de la CPA] et de tels accords, et les modifient si nécessaire. ») Les présents
statuts contiennent les modifications suivantes des règlements de la PCA, afin de les mettre
en accord avec la pratique de l’arbitrage et du règlement des différends telle qu’elle a évolué
depuis 1976, afin d’aider les Commissaires, Conciliateurs ou Tribunaux à traiter une
Demande d’un État en vertu du Compact.

Article 18 : Modifications du Règlement d’arbitrage en matière d’environnement de la CPA

18.1 Le Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement


La Cour permanente d'arbitrage (la « CPA ») a promulgué le Règlement facultatif de la Cour
permanente pour l’arbitrage des différends relatifs aux ressources naturelles et/ou à
l'environnement (le « Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement
»). Le Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement est disponible à
l’adresse suivante : http://www.pca-cpa.org/showpage.asp?pag_id=1204.

18.2 Utilisation du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement


dans le cadre du Processus d’évaluation et d’arbitrage
L’article 16 du Compact prévoit que le Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement régira le Processus d’évaluation et d’arbitrage, sauf modification par les
Statuts.

18.3 Modifications du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement


Les dispositions ci-après modifient le Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, ainsi qu’autorisé par l’article 1.1 du présent Règlement. Le Règlement
d’arbitrage de la CPA dans le domaine de l'environnement tel que modifié dans les présentes
sera appliqué dans le Processus d’évaluation et d’arbitrage, ainsi que par le Tribunal
constitué conformément au Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement. La signature du Compromis d’arbitrage contraignant vaut acceptation par
un État, ou tous les États, et un Membre, ou tous les Membres, impliqués dans le Processus
d’évaluation et d’arbitrage, de ces modifications du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le
domaine de l'environnement, et engagement exprès de s’y conformer.

18.4 Dispositions applicables à l'institution d'une procédure


S’agissant des articles 2 et 3 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, parce que le Traitement des Demandes en vertu de l’article 14 du Compact
requiert la soumission d’une Demande à un Commissaire, la procédure d’arbitrage sera
réputée commencer conformément à l’article 14 du Compact. Une notification formelle
d’arbitrage sera effectuée par le Comité exécutif à l’État ou aux États ayant institué la
Demande, ainsi qu’au(x) Membre(s) supposément Cause du Dommage à la Diversité
biologique. La notification inclura la Demande et d'autres éléments soumis au Commissaire
par l'État ou les États dans le cadre du Traitement de la Demande, ainsi qu’un exemplaire du
Compact. Une notification sera adressée par coursier à l’État ou aux États et au(x)

m
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Membre(s), et le coursier sera tenu d’obtenir un accusé de réception comportant la date de


signification de la notification.

18.8 Exposé de Demande ou de Défense


(a) En relation avec les articles 18 et 19 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine
de l'environnement, le Tribunal consultera précocement les parties au Processus
d’évaluation et d’arbitrage, afin de déterminer dans quelle mesure il est nécessaire que soit
soumis un Exposé de Demande ou un Exposé de Défense, à la lumière des documents déjà
soumis par les parties dans le cadre du Traitement de Demande.

18.11 Mesures provisoires


En relation avec l’article 26 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, des mesures provisoires seront autorisées uniquement lorsqu’il est
démontré qu’il est substantiellement vraisemblable que la personne demandant des
mesures provisoires parviendra à atteindre le Niveau de preuve en relation avec tous les
éléments nécessaires à l’établissement de l’existence d’un Dommage à la Diversité
biologique Causé par un ou plusieurs Membres, indépendamment des moyens de défense
employés par ce ou ces Membres ; que la mesure provisoire est nécessaire pour éviter un
préjudice irréparable ; et que le préjudice dont la prévention est recherchée excède celui
subi par le ou les Membres dans le cas où les mesures provisoires seraient ordonnées.
Lorsque des mesures provisoires sont ordonnées, elles n’excèderont pas celles requises pour
contenir ou minimiser le dommage, ou pour préserver autrement le statu quo jusqu’à ce que
puisse avoir lieu une audience sur le fond de la Demande. Lorsque des mesures provisoires
sont ordonnées, le Tribunal exigera de la partie qui en a fait la demande qu’elle constitue
une garantie.

18.14 Forme et effets de la sentence


(a) En relation avec l’article 32.1 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, la sentence finale et toute sentence provisoire, interlocutoire ou partielle
sera conforme aux conditions du Compact, des Statuts et du Compromis d'arbitrage. Excepté
ainsi qu'autorisé par ailleurs par les présents Statuts, le Tribunal n'est en aucun cas autorisé
à attribuer des intérêts avant jugement. Lorsqu'une sentence ordonnant l'indemnisation de
la victime est rendue, les montants pourront être exprimés en toute devise. Le Tribunal peut
ordonner le paiement d'intérêts simples ou composés en relation avec une telle sentence
d'indemnisation, à compter d'une date future spécifiée, dans le cas où l’indemnisation ne
serait pas payée à cette date future.

18.16 Principes du Compact applicables aux décisions en relation avec les Demandes ; règles
d’interprétation et droit en vigueur
En relation avec l’article 33 du Règlement d’arbitrage de la CPA dans le domaine de
l'environnement, le Tribunal appliquera les dispositions du Compact aux décisions en
matière de Causalité, de Dommage à la Diversité biologique, de Réponse et concernant le
Plan, conformément au Niveau de preuve du Compact. Si le Tribunal conclue qu'il existe une
quelconque ambiguïté nécessitant le recours aux règles d'interprétation des contrats, les
n
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

dispositions suivantes s'appliqueront au Tribunal : (i) aucune disposition ne sera interprétée


à l'encontre d'une personne au motif qu'elle aura rédigé la disposition en question ; (ii) en
cas d'incompatibilité avec une annexe ou un autre document, les dispositions du Compact
prévaudront ; et (iii) les mots du Compact auront leur sens ordinaire ou courant. Un
témoignage verbal ne sera pas pris en compte dans l'interprétation du Compact, à moins
qu'il n'existe une ambiguïté identifiée par le Tribunal, mais en aucun cas des versions
préparatoires antérieures du Compact, documents de négociation liés au Compact ou
communications publiques concernant le Compact, ou des documents extrinsèques à celui-ci
ne seront pris en compte pour interpréter le Compact. Lorsque des règles d'interprétation
supplémentaires doivent être utilisées, le Code suisse des obligations (à l'exclusion des
dispositions du droit suisse en matière de conflit de lois) sera la source des règles
interprétatives applicables à la résolution des ambiguïtés ; sous réserve que les règles
d’interprétation prévues par les présents Statuts prévaudront sur toutes règles
d’interprétation incompatibles contenues dans le Code suisse des obligations.

o
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

L’AVENIR QUE NOUS VOULONS321

Résolution de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable organisée à


Rio de Janeiro du 20 au 22 juin 2012 (Rio + 20)

I. Notre vision commune

1. Nous, chefs d’État et de gouvernement et représentants de haut niveau, réunis à Rio de


Janeiro (Brésil) du 20 au 22 juin 2012, avec la participation pleine et entière de la société
civile, renouvelons notre engagement en faveur du développement durable et de la
promotion d’un avenir durable sur les plans économique, social et environnemental, pour
notre planète comme pour les générations actuelles et futures.

2. L’élimination de la pauvreté est le plus grand défi auquel le monde doit faire face
aujourd’hui et un préalable indispensable au développement durable. Ainsi sommes-nous
déterminés à affranchir d’urgence l’homme de la faim et de la pauvreté.

3. Nous prenons de ce fait acte de la nécessité d’intégrer davantage les aspects


économiques, sociaux et environnementaux du développement durable à tous les niveaux,
et reconnaissons les liens qui existent entre ces divers aspects, de façon à assurer un
développement durable dans toutes ses dimensions.

4. Nous reconnaissons que l’élimination de la pauvreté, l’abandon des modes de


consommation et de production non viables en faveur de modes durables, ainsi que la
protection et la gestion des ressources naturelles sur lesquelles repose le développement
économique et social sont à la fois les objectifs premiers et les préalables indispensables du
développement durable. Nous réaffirmons également que pour réaliser le développement
durable il faut : encourager une croissance économique durable, équitable et sans exclusive;
créer davantage de possibilités pour tous; réduire les inégalités; améliorer les conditions de
vie de base; encourager un développement social équitable pour tous; et promouvoir une
gestion intégrée et durable des ressources naturelles et des écosystèmes qui contribue,
entre autres, au développement économique, social et humain sans méconnaître la
protection, la régénération, la reconstitution et la résistance des écosystèmes face aux défis
existants et nouveaux

6. Nous reconnaissons que les peuples sont au centre du développement durable et en


conséquence nous oeuvrons en faveur d’un monde juste et équitable pour tous et nous nous
engageons à travailler ensemble en faveur d’une croissance économique durable qui profite
à tous, du développement social, et de la protection de l’environnement dans l’intérêt de
tous.

7. Nous réaffirmons que nous continuons d’être guidés par les buts et principes de la Charte
des Nations Unies, en respectant pleinement le droit international et ses principes.

8. Nous réaffirmons également l’importance de la liberté, de la paix et de la sécurité, du


respect de tous les droits de l’homme, y compris le droit au développement et le droit à un
321
Extrait.
p
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

niveau de vie adéquat, notamment le droit à l’alimentation, l’état de droit, l’égalité des
sexes et l’autonomisation des femmes ainsi que, plus généralement, notre engagement en
faveur de sociétés justes et démocratiques aux fins du développement.

9. Nous réaffirmons l’importance de la Déclaration universelle des droits de l’homme ainsi


que d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et au droit
international. Nous soulignons que tous les États sont tenus, conformément à la Charte des
Nations Unies, de respecter, de défendre et de promouvoir les droits de l’homme et les
libertés fondamentales pour tous, sans distinction de race, de couleur, de sexe, de langue,
de religion, d’opinion politique ou autre, d’origine nationale ou sociale, de situation de
fortune, de naissance, d’incapacité ou de toute autre situation.

10. Nous reconnaissons que la démocratie, la bonne gouvernance et l’état de droit, au


niveau national et au niveau international, ainsi qu’un environnement favorable, sont des
conditions sine qua non du développement durable, notamment d’une croissance
économique durable et profitant à tous, du développement social, de la protection de
l’environnement et de l’élimination de la faim et de la pauvreté. Nous réaffirmons que pour
atteindre nos objectifs en matière de développement durable, nous devons nous donner, à
tous les échelons, des institutions efficaces, transparentes, responsables et démocratiques.

II. Renouveler l’engagement politique

A. Réaffirmer les principes de Rio et les plans d’action passés

14. Nous réaffirmons la Déclaration de Stockholm adoptée le 16 juin 1972 à l’issue de la


Conférence des Nations Unies sur l’environnement.

15. Nous réaffirmons tous les principes énoncés dans la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement, y compris, entre autres, le principe de responsabilité
commune mais différenciée énoncé au principe 7 de la Déclaration de Rio.

16. Nous réaffirmons notre engagement à appliquer pleinement la Déclaration de Rio sur
l’environnement et le développement, Action 21, le Programme relatif à la poursuite de la
mise en œuvre d’Action 21, le Plan de mise en œuvre du Sommet mondial pour le
développement durable (Plan de mise en œuvre de Johannesburg) et le Programme d’action
pour le développement durable des petits États insulaires en développement (Programme
d’action de la Barbade) et la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œuvre du
Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en
développement. Nous réaffirmons également notre volonté de mettre en œuvre
intégralement le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour
la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul), le Programme d’action d’Almaty :
répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un
nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays
en développement sans littoral et de transit, la Déclaration politique sur les besoins de
développement de l’Afrique et le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.

q
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

Nous rappelons également les engagements résultant des documents issus des grandes
conférences et réunions au sommet des Nations Unies dans les domaines économique,
social et environnemental, y compris la Déclaration du Millénaire et le Document final du
Sommet mondial de 2005, le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale
sur le financement du développement et la Déclaration de Doha sur le financement du
développement, le document final de la Réunion plénière de haut niveau de l’Assemblée
générale des Nations Unies sur les objectifs du Millénaire pour le développement, le
Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement
ainsi que les principales mesures pour la poursuite de l’application du Programme d’action
de la Conférence internationale sur la population et le développement et la Déclaration et le
Programme d’action de Beijing.

17. Nous reconnaissons l’importance des trois Conventions de Rio pour la promotion du
développement durable et, à cet égard, nous exhortons toutes les Parties à la Convention-
cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, à la Convention sur la diversité
biologique et à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les
pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique,
à s’acquitter pleinement de leurs engagements, conformément aux principes et dispositions
desdites conventions, à prendre à cet effet des mesures efficaces et concrètes à tous les
niveaux et à renforcer la coopération internationale.

18. Nous sommes déterminés à donner une nouvelle impulsion à la volonté politique de la
communauté internationale en faveur de la réalisation des objectifs de développement
convenus au plan international, y compris les objectifs du Millénaire, et à aller de l’avant sur
la voie du développement durable. Nous réaffirmons en outre notre détermination à
atteindre d’autres objectifs pertinents convenus depuis 1992 au plan international dans les
domaines économique, social et environnemental. Nous décidons par conséquent d’adopter
des mesures concrètes destinées à accélérer l’application des divers engagements en faveur
du développement durable.

IV. Dispositif institutionnel du développement durable

A. Renforcement des trois dimensions du développement durable

75. Nous soulignons l’importance d’un dispositif institutionnel renforcé pour le


développement durable qui permette de relever de manière cohérente et efficace les défis
présents et futurs et de combler rationnellement les lacunes dans la mise en œuvre du
programme de développement durable. Ce dispositif institutionnel devrait inclure les trois
dimensions du développement durable d’une manière équilibrée et améliorer la mise en
œuvre notamment en favorisant une cohérence et une coordination accrue et en
permettant d’éviter les efforts redondants et de faire le bilan des progrès réalisés quant à la
concrétisation du développement durable.

C. Le pilier « Environnement » dans le contexte du développement durable

r
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

87. Nous réaffirmons la nécessité de renforcer la gouvernance environnementale


internationale dans le contexte du cadre institutionnel du développement durable afin de
promouvoir une intégration équilibrée des dimensions économique, sociale et
environnementale du développement durable ainsi que la coordination au sein du système
des Nations Unies.

V. Cadre d’action et suivi

A. Domaines thématiques et questions transversales

104. Nous savons que pour atteindre l’objectif de la Conférence, à savoir renouveler
l’engagement politique en faveur du développement durable, ainsi que pour aborder les
questions de l’économie verte dans le contexte du développement durable et de
l’élimination de la pauvreté, et du dispositif institutionnel du développement durable, nous
devons nous engager à combler les lacunes qui subsistent dans la mise en œuvre des
documents issus des grands sommets sur le développement durable, à faire face aux
problèmes présents et futurs, et à tirer parti des nouvelles possibilités qui s’offrent à nous en
menant à bien les activités énoncées ci-après dans le cadre d’action, appuyé comme il
convient par des moyens d’exécution. Nous sommes conscients que les objectifs, les cibles
et les indicateurs, notamment, selon qu’il conviendra, les indicateurs relatifs à la
problématique hommes-femmes, sont précieux pour mesurer et accélérer les progrès. Nous
constatons en outre que les progrès accomplis dans la mise en œuvre des mesures énoncées
ci-après peuvent être améliorés par la mise en commun volontaire de l’information, des
connaissances et de l’expérience.

B. Objectifs de développement durable

245. Nous soulignons que les objectifs du Millénaire pour le développement permettent de
mettre l’accent sur la réalisation de progrès spécifiques en matière de développement, dans
le cadre d’un vaste projet de développement qui constitue la trame des activités de
développement du système des Nations Unies, en vue de la formulation de priorités
nationales et de la mobilisation des parties prenantes et des ressources aux fins de la
réalisation d’objectifs communs. Nous demeurons donc résolument attachés à la réalisation
intégrale et rapide de ces objectifs.

246. Nous déclarons que la formulation d’objectifs pourrait également contribuer au


lancement d’une action ciblée et cohérente en faveur du développement durable. Nous
affirmons qu’il importe de définir un ensemble d’objectifs de développement durable fondés
sur Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg; qui respectent pleinement les
Principes de Rio, en tenant compte de la différence de contexte, des ressources et des
priorités de chaque pays; sont conformes au droit international; s’appuient sur les
engagements précédemment pris; et contribuent à la mise en œuvre intégrale des textes
issus des grands sommets économiques, sociaux et environnementaux, y compris le présent
document. Ces objectifs doivent tenir compte, de manière équilibrée, des trois volets du
développement durable et des liens qui existent entre eux. Ils devraient être conformes et

s
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

intégrés au programme de développement de l’ONU pour après 2015 de façon à contribuer


au développement durable et à faciliter la mise en œuvre et l’intégration de ces activités à
l’échelle de l’ensemble du système des Nations Unies. Ces objectifs ne devraient pas faire
oublier les objectifs du Millénaire pour le développement.

VI. Moyens de mise en œuvre

252. Nous réaffirmons que les moyens de mise en œuvre définis dans Action 21, le
Programme relatif à la poursuite de la mise en œuvre d’Action 21, le Plan de mise en œuvre
de Johannesburg, le Consensus de Monterrey issu de la Conférence internationale sur le
financement du développement et la Déclaration de Doha sur le financement du
développement sont indispensables pour traduire pleinement et effectivement les
engagements pris en faveur du développement durable en résultats concrets. Nous
réaffirmons que tout pays est responsable au premier chef de son propre développement
économique et social et que l’on ne peut surestimer le rôle des politiques nationales, des
ressources internes et des stratégies de développement. Nous réaffirmons que les pays en
développement ont besoin de ressources supplémentaires pour assurer le développement
durable. Nous reconnaissons qu’il faut mobiliser des ressources considérables de diverses
sources et utiliser efficacement les ressources financières en vue de promouvoir le
développement durable. Nous considérons que la bonne gouvernance et l’état de droit aux
niveaux national et international sont des conditions indispensables à une croissance
économique soutenue, sans exclusive et équitable, au développement durable et à
l’élimination de la pauvreté et de la faim.

E. Registre des engagements

283. Nous nous félicitons des engagements pris volontairement à la Conférence des Nations
Unies sur le développement durable et tout au long de l’année 2012 par toutes les parties
prenantes et leurs réseaux de mettre en œuvre des politiques, plans, programmes, projets
et mesures concrets pour promouvoir le développement durable et l’élimination de la
pauvreté. Nous invitons le Secrétaire général à établir un recueil de ces engagements sous
forme d’un registre électronique, qui permettrait aussi d’accéder à d’autres registres
d’engagements. Le registre devrait fournir des informations transparentes et accessibles au
public concernant les engagements et être mis à jour régulièrement.

t
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La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

ACCORD DE PARIS (extrait)

2015

Les Parties au présent Accord,

Étant parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ci-
après dénommée « la Convention »,
Agissant en application de la plateforme de Durban pour une action renforcée adoptée par
la décision 1/CP.17 de la Conférence des Parties à la Convention à sa dix-septième session,
Soucieuses d’atteindre l’objectif de la Convention, et guidées par ses principes, y compris le
principe de l’équité et des responsabilités communes mais différenciées et des capacités
respectives, eu égard aux contextes nationaux différents,
Reconnaissant la nécessité d’une riposte efficace et progressive à la menace pressante des
changements climatiques en se fondant sur les meilleures connaissances scientifiques
disponibles,

Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la riposte face aux
changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable au développement durable
et à l’élimination de la pauvreté,

Conscientes que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour
l’humanité toute entière et que, lorsqu’elles prennent des mesures face à ces changements,
les Parties devraient respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations
respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples
autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes
handicapées et des personnes en situation vulnérable et le droit au développement, ainsi
que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations,

Affirmant l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la
participation du public, de l’accès de la population à l’information et de la coopération à tous
les niveaux sur les questions traitées dans le présent Accord,
Reconnaissant l’importance de la participation des pouvoirs publics à tous les niveaux et des
divers acteurs, conformément aux législations nationales respectives des Parties, dans la
lutte contre les changements climatiques,
Reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables de
consommation et de production, les pays développés parties montrant la voie, jouent un
rôle important pour faire face aux changements climatiques,
Sont convenues de ce qui suit :

Article 2
1. Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de
son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques,
dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en
:

u
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

a) Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous


de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter
l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu
que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques;

b) Renforçant les capacités d’adaptation aux effets néfastes des changements climatiques
et en promouvant la résilience à ces changements et un développement à faible émission de
gaz à effet de serre, d’une manière qui ne menace pas la production alimentaire;
c) Rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un
développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements
climatiques.
2. Le présent Accord sera appliqué conformément à l’équité et au principe des
responsabilités communes mais différenciées et des capacités respectives, eu égard aux
contextes nationaux différents.

Article 3
À titre de contributions déterminées au niveau national à la riposte mondiale aux
changements climatiques, il incombe à toutes les Parties d’engager et de communiquer des
efforts ambitieux au sens des articles 4, 7, 9, 10, 11 et 13 en vue de réaliser l’objet du
présent Accord tel qu’énoncé à l’article 2. Les efforts de toutes les Parties représenteront, à
terme, une progression, tout en reconnaissant la nécessité d’aider les pays en
développement parties pour que le présent Accord soit appliqué efficacement.

Article 4
1. En vue d’atteindre l’objectif de température à long terme énoncé à l’article 2, les
Parties cherchent à parvenir au plafonnement mondial des émissions de gaz à effet de serre
dans les meilleurs délais, étant entendu que le plafonnement prendra davantage de temps
pour les pays en développement parties, et à opérer des réductions rapidement par la suite
conformément aux meilleures données scientifiques disponibles de façon à parvenir à un
équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et les absorptions anthropiques
par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle, sur la base de
l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.

2. Chaque Partie établit, communique et actualise les contributions déterminées au


niveau national successives qu’elle prévoit de réaliser. Les Parties prennent des mesures
internes pour l’atténuation en vue de réaliser les objectifs desdites contributions.

3. La contribution déterminée au niveau national suivante de chaque Partie représentera


une progression par rapport à la contribution déterminée au niveau national antérieure et
correspondra à son niveau d’ambition le plus élevé possible, compte tenu de ses
responsabilités communes mais différenciées et de ses capacités respectives, eu égard aux
contextes nationaux différents.

4. Les pays développés parties continuent de montrer la voie en assumant des objectifs
de réduction des émissions en chiffres absolus à l’échelle de l’économie. Les pays en
développement parties devraient continuer d’accroître leurs efforts d’atténuation, et sont
encouragés à passer progressivement à des objectifs de réduction ou de limitation des
émissions à l’échelle de l’économie eu égard aux contextes nationaux différents.
v
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

5. Un appui est fourni aux pays en développement parties pour l’application du présent
article, conformément aux articles 9, 10 et 11, étant entendu qu’un appui renforcé en faveur
des pays en développement parties leur permettra de prendre des mesures plus
ambitieuses.

6. Les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement peuvent
établir et communiquer des stratégies, plans et mesures de développement à faible émission
de gaz à effet de serre correspondant à leur situation particulière.

7. Les retombées bénéfiques, dans le domaine de l’atténuation, des mesures d’adaptation


et/ou des plans de diversification économique des Parties peuvent contribuer aux résultats
d’atténuation en application du présent article.

8. En communiquant leurs contributions déterminées au niveau national, toutes les


Parties présentent l’information nécessaire à la clarté, la transparence et la compréhension
conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions pertinentes de la Conférence
des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

9. Chaque Partie communique une contribution déterminée au niveau national tous les
cinq ans conformément à la décision 1/CP.21 et à toutes les décisions pertinentes de la
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris et en tenant
compte des résultats du bilan mondial prévu à l’article 14.

10. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris
examine des calendriers communs pour les contributions déterminées au niveau national à
sa première session.

11. Une Partie peut à tout moment modifier sa contribution déterminée au niveau
national afin d’en relever le niveau d’ambition, conformément aux directives adoptées par la
Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

12. Les contributions déterminées au niveau national communiquées par les Parties sont
consignées dans un registre public tenu par le secrétariat.

13. Les Parties rendent compte de leurs contributions déterminées au niveau national.
Dans la comptabilisation des émissions et des absorptions anthropiques correspondant à
leurs contributions déterminées au niveau national, les Parties promeuvent l’intégrité
environnementale, la transparence, l’exactitude, l’exhaustivité, la comparabilité et la
cohérence, et veillent à ce qu’un double comptage soit évité, conformément aux directives
adoptées par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de
Paris.

14. Dans le contexte de leurs contributions déterminées au niveau national, lorsqu’elles


indiquent et appliquent des mesures d’atténuation concernant les émissions et les
absorptions anthropiques, les Parties devraient tenir compte, selon qu’il convient, des
méthodes et des directives en vigueur conformément à la Convention, compte tenu des
dispositions du paragraphe 13 du présent article.

w
[email protected]
La justiciabilité du concept de développement durable en droit international / juillet 2016

15. Les Parties tiennent compte, dans la mise en œuvre du présent Accord, des
préoccupations des Parties dont l’économie est particulièrement touchée par les effets des
mesures de riposte, en particulier les pays en développement parties.

16. Les Parties, y compris les organisations régionales d’intégration économique et leurs
États membres, qui se sont mises d’accord pour agir conjointement en application du
paragraphe 2 du présent article, notifient au secrétariat les termes de l’accord pertinent, y
compris le niveau d’émissions attribué à chaque Partie pendant la période considérée, au
moment de communiquer leurs contributions déterminées au niveau national. Le secrétariat
informe à son tour les Parties à la Convention et les signataires des termes de l’accord.

17. Chaque partie à un accord de ce type est responsable de son niveau d’émissions
indiqué dans l’accord visé au paragraphe 16 ci-dessus conformément aux paragraphes 13 et
14 du présent article et aux articles 13 et 15.

18. Si des Parties agissant conjointement le font dans le cadre d’une organisation
régionale d’intégration économique qui est elle-même partie au présent Accord, et en
concertation avec elle, chaque État membre de cette organisation régionale d’intégration
économique, à titre individuel et conjointement avec l’organisation régionale d’intégration
économique, est responsable de son niveau d’émissions indiqué dans l’accord communiqué
en application du paragraphe 16 du présent article conformément aux paragraphes 13 et 14
du présent article et aux articles 13 et 15.

19. Toutes les Parties s’emploient à formuler et communiquer des stratégies à long terme
de développement à faible émission de gaz à effet de serre, en gardant à l’esprit l’article 2
compte tenu de leurs responsabilités communes mais différenciées et de leurs capacités
respectives, eu égard aux contextes nationaux différents.

Article 5
1. Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer
les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de
l’article 4 de la Convention, notamment les forêts.

2. Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment
par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les
décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches
générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des
émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la
conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone
forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment
des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale
et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient,
les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches.

Article 6
1. Les Parties reconnaissent que certaines Parties décident d’agir volontairement en
concertation dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national

x
[email protected]
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pour relever le niveau d’ambition de leurs mesures d’atténuation et d’adaptation et pour


promouvoir le développement durable et l’intégrité environnementale.

2. Les Parties, lorsqu’elles mènent à titre volontaire des démarches concertées passant
par l’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international aux fins des
contributions déterminées au niveau national, promeuvent le développement durable et
garantissent l’intégrité environnementale et la transparence, y compris en matière de
gouvernance, et appliquent un système fiable de comptabilisation, afin notamment d’éviter
un double comptage, conformément aux directives adoptées par la Conférence des Parties
agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris.

3. L’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international pour réaliser


les contributions déterminées au niveau national en vertu du présent Accord revêt un
caractère volontaire et est soumise à l’autorisation des Parties participantes.

4. Il est établi un mécanisme pour contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet
de serre et promouvoir le développement durable, placé sous l’autorité de la Conférence
des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, dont il suit les directives,
à l’intention des Parties, qui l’utilisent à titre volontaire. Il est supervisé par un organe
désigné par la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de
Paris, et a pour objet de :
a) Promouvoir l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant le
développement durable;
b) Promouvoir et faciliter la participation à l’atténuation des gaz à effet de serre d’entités
publiques et privées autorisées par une Partie;
c) Contribuer à la réduction des niveaux d’émissions dans la Partie hôte, qui bénéficiera
d’activités d’atténuation donnant lieu à des réductions d’émissions qui peuvent aussi être
utilisées par une autre Partie pour remplir sa contribution déterminée au niveau national;
d) Permettre une atténuation globale des émissions mondiales.

5. Les réductions d’émissions résultant du mécanisme visé au paragraphe 4 du présent


article ne sont pas utilisées pour établir la réalisation de la contribution déterminée au
niveau national de la Partie hôte, si elles sont utilisées par une autre Partie pour établir la
réalisation de sa propre contribution déterminée au niveau national.

6. La Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris veille
à ce qu’une part des fonds provenant d’activités menées au titre du mécanisme visé au
paragraphe 4 du présent article soit utilisée pour couvrir les dépenses administratives ainsi
que pour aider les pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques à financer le coût de l’adaptation.

8. Les Parties reconnaissent l’importance de démarches non fondées sur le marché


intégrées, globales et équilibrées dont les Parties disposent pour les aider dans la mise en
œuvre de leur contribution déterminée au niveau national, dans le contexte du
développement durable et de l’élimination de la pauvreté, d’une manière coordonnée et
efficace, notamment par l’atténuation, l’adaptation, le financement, le transfert de
technologies et le renforcement des capacités, selon qu’il convient. …
y
[email protected]
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Article 7
1. Les Parties établissent l’objectif mondial en matière d’adaptation consistant à renforcer
les capacités d’adaptation, à accroître la résilience aux changements climatiques et à réduire
la vulnérabilité à ces changements, en vue de contribuer au développement durable et de
garantir une riposte adéquate en matière d’adaptation dans le contexte de l’objectif de
température énoncé à l’article 2.

2. Les Parties reconnaissent que l’adaptation est un problème mondial qui se pose à tous,
comportant des dimensions locales, infranationales, nationales, régionales et
internationales, et que c’est un élément clef de la riposte mondiale à long terme face aux
changements climatiques, à laquelle elle contribue, afin de protéger les populations, les
moyens d’existence et les écosystèmes, en tenant compte des besoins urgents et immédiats
des pays en développement parties qui sont particulièrement vulnérables aux effets néfastes
des changements climatiques.

3. Les efforts d’adaptation des pays en développement parties sont reconnus


conformément aux modalités qui seront adoptées par la Conférence des Parties agissant
comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, à sa première session.

6. Les Parties reconnaissent l’importance de l’appui et de la coopération internationale
aux efforts d’adaptation et la nécessité de prendre en considération les besoins des pays en
développement parties, notamment de ceux qui sont particulièrement vulnérables aux
effets néfastes des changements climatiques.

Article 8
1. Les Parties reconnaissent la nécessité d’éviter et de réduire au minimum les pertes et
préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques, notamment les
phénomènes météorologiques extrêmes et les phénomènes qui se manifestent lentement,
et d’y remédier, ainsi que le rôle joué par le développement durable dans la réduction du
risque de pertes et préjudices.

Article 9
1. Les pays développés parties fournissent des ressources financières pour venir en aide
aux pays en développement parties aux fins tant de l’atténuation que de l’adaptation dans la
continuité de leurs obligations au titre de la Convention.


Article 12
Les Parties coopèrent en prenant, selon qu’il convient, des mesures pour améliorer
l’éducation, la formation, la sensibilisation, la participation du public et l’accès de la
population à l’information dans le domaine des changements climatiques, compte tenu de
l’importance que revêtent de telles mesures pour renforcer l’action engagée au titre du
présent Accord.

z
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Article 13
1. Afin de renforcer la confiance mutuelle et de promouvoir une mise en œuvre efficace, il
est créé un cadre de transparence renforcé des mesures et de l’appui, assorti d’une certaine
flexibilité, qui tient compte des capacités différentes des Parties et qui s’appuie sur
l’expérience collective.

2. Le cadre de transparence accorde aux pays en développement parties qui en ont


besoin, compte tenu de leurs capacités, une certaine flexibilité dans la mise en œuvre des
dispositions du présent article. Les modalités, procédures et lignes directrices prévues au
paragraphe 13 du présent article tiennent compte de cette flexibilité.

3. Le cadre de transparence s’appuie sur les dispositifs relatifs à la transparence prévus en


vertu de la Convention et les renforce en tenant compte de la situation particulière des pays
les moins avancés et des petits États insulaires en développement, et doit être mis en œuvre
d’une façon qui soit axée sur la facilitation, qui ne soit ni intrusive ni punitive, qui respecte la
souveraineté nationale et qui évite d’imposer une charge excessive aux Parties.

7. Chaque Partie fournit régulièrement les informations ci-après :
a) Un rapport national d’inventaire des émissions anthropiques par les sources et des
absorptions anthropiques par les puits de gaz à effet de serre, établi selon les méthodes
constituant de bonnes pratiques adoptées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat et convenues par la Conférence des Parties agissant comme réunion
des Parties à l’Accord de Paris;
b) Les informations nécessaires au suivi des progrès accomplis par chaque Partie dans la
mise en œuvre et la réalisation de sa contribution déterminée au niveau national au titre de
l’article 4.

8. Chaque Partie devrait communiquer des informations sur les effets des changements
climatiques et sur l’adaptation à ces changements au titre de l’article 7, selon qu’il convient.

9. Les pays développés parties et les autres Parties qui apportent un appui devraient
communiquer des informations sur l’appui fourni, sous la forme de ressources financières,
d’un transfert de technologies et d’un renforcement des capacités, aux pays en
développement parties au titre des articles 9, 10 et 11.

10. Les pays en développement parties devraient communiquer des informations sur
l’appui dont ils ont besoin et qu’ils ont reçu, sous la forme de ressources financières, d’un
transfert de technologies et d’un renforcement des capacités au titre des articles 9, 10 et 11.

11. Les informations communiquées par chaque Partie au titre des paragraphes 7 et 9 du
présent article sont soumises à un examen technique par des experts, conformément à la
décision 1/CP.21.

Article 15
1. Il est institué un mécanisme pour faciliter la mise en œuvre et promouvoir le respect
des dispositions du présent Accord et en promouvoir le respect.

aa
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2. Le mécanisme visé au paragraphe 1 est constitué d’un comité d’experts et axé sur la
facilitation, et fonctionne d’une manière qui est transparente, non accusatoire et non
punitive. Le comité accorde une attention particulière à la situation et aux capacités
nationales respectives des Parties.

Article 20

2. Toute organisation d’intégration économique régionale qui devient Partie au présent
Accord sans qu’aucun de ses États membres y soit partie est liée par toutes les obligations
découlant du présent Accord. Lorsqu’un ou plusieurs États membres d’une organisation
d’intégration économique régionale sont parties au présent Accord, cette organisation et ses
États membres conviennent de leurs responsabilités respectives aux fins de l’exécution de
leurs obligations au titre du présent Accord. En pareil cas, l’organisation et ses États
membres ne sont pas habilités à exercer concurremment les droits découlant du présent
Accord.

Article 21
1. Le présent Accord entre en vigueur le trentième jour qui suit la date du dépôt de leurs
instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion par 55 Parties à la
Convention qui représentent au total au moins un pourcentage estimé à 55 % du total des
émissions mondiales de gaz à effet de serre.

2. Au seul fin du paragraphe 1 du présent article, on entend par « total des émissions
mondiales de gaz à effet de serre » la quantité la plus récente communiquée le jour de
l’adoption du présent Accord par les Parties à la Convention ou avant cette date.

Article 22
Les dispositions de l’article 15 de la Convention relatif à l’adoption d’amendements
s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord.

Article 23
1. Les dispositions de l’article 16 de la Convention relatives à l’adoption et à
l’amendement d’annexes de la Convention s’appliquent mutatis mutandis au présent
Accord.
2. Les annexes du présent Accord font partie intégrante de celui-ci et, sauf disposition
contraire expresse, toute référence au présent Accord constitue en même temps une
référence à ses annexes. …

Article 24
Les dispositions de l’article 14 de la Convention relatif au règlement des différends
s’appliquent mutatis mutandis au présent Accord. …

Article 27
Aucune réserve ne peut être faite au présent Accord.

Article 29

bb
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L’original du présent Accord, dont les textes anglais, arabe, chinois, espagnol, français et
russe font également foi, sera déposé auprès du Secrétaire général de l’Organisation des
Nations Unies.

FAIT à Paris le douze décembre deux mille quinze


EN FOI DE QUOI les soussignés, dûment autorisés à cet effet, ont signé le présent Accord.

cc
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TABLE DE MATIERES

DEDICACE .................................................................................................................................................... i

REMERCIEMENTS ...................................................................................................................................... ii

SIGLES ET ABREVIATIONS..................................................................................................................... iii

RESUME ....................................................................................................................................................... v

ABSTRACT ................................................................................................................................................. vi

SOMMAIRE ................................................................................................................................................ vii

INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................................... 1

I. CONTEXTE DE LA RECHERCHE ...................................................................................................... 2

II. DELIMITATION DU SUJET ................................................................................................................. 3

A. Délimitation temporelle ........................................................................................................................... 3

B. Délimitation matérielle ............................................................................................................................ 4

III. DEFINITION DES CONCEPTS ............................................................................................................ 6

A. Justiciabilité ............................................................................................................................................. 7

B. Concept 8

C. Développement durable........................................................................................................................... 9

IV. INTERÊT DU SUJET ........................................................................................................................... 10

A. Intérêt scientifique ................................................................................................................................. 10

B. Intérêt social .......................................................................................................................................... 11

V. REVUE DE LITTÉRATURE ............................................................................................................... 11

VI. PROBLÉMATIQUE ............................................................................................................................. 17

VII. HYPOTHÈSE DE RECHERCHE ......................................................................................... 17

VIII. CADRE MÉTHODOLOGIQUE ........................................................................................... 17

A. Méthodes d’analyse : la méthode juridique ........................................................................................... 18

B. Technique de recherche ......................................................................................................................... 18

IX. ARTICULATION ET JUSTIFICATION DU PLAN ........................................................................... 19

PREMIÈRE PARTIE : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU POINT DE VUE


SUBSTANTIEL .................................................................................................................................... 21

dd
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CHAPITRE 1 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE EN TANT QUE PRINCIPE


CONVENTIONNEL ............................................................................................................................. 24

Section 1 : L’existence d’obligations précises ............................................................................................. 25

Paragraphe 1 : L’obligation générale de promouvoir le développement durable ........................................ 25

A. L’adoption de mesures administratives et /ou juridiques ...................................................................... 25

B. Le cadre conceptuel de mise en œuvre de l’obligation générale ........................................................... 27

Paragraphe 2 : Les obligations du développement durable liées à ses sous-principes................................. 28

A. Les obligations de prévention et de précaution ....................................................................................... 28

B. Les engagements justiciables relatifs au concept d’équité .................................................................... 30

Section 2 : L’existence d’obligations minimales dans des dispositions générales ...................................... 33

Paragraphe 1 : La possible justiciabilité des dispositions vagues et générales en droit international.......... 34

A. L’abstraction et la conceptualisation comme moyens de formulation de la norme juridique ............... 34

B. Les conditions de justiciabilité des dispositions générales .................................................................... 35

Paragraphe 2 : Exemples d’obligations minimales liées au principe de développement durable ................ 36

A. L’obligation d’intégration ..................................................................................................................... 37

B. Les obligations relatives aux dommages à l’environnement ................................................................. 37

CHAPITRE 2 : LA JUSTICIABILITÉ DU DÉVELOPPEMENT DURABLE SUR LE PLAN


COUTUMIER ....................................................................................................................................... 39

Section 1 : L’existence d’une pratique effective.......................................................................................... 41

Paragraphe 1 : L’existence de précédents importants .................................................................................. 41

A. Des comportements en faveur du principe sur le plan interne .............................................................. 41

B. Une pratique effective sur le plan international .................................................................................... 43

Paragraphe 2 : Une pratique constante et répétitive dans le temps et l’espace ............................................ 45

A. Une pratique conforme à la nature pluridimensionnelle du principe .................................................... 45

B. Une participation représentative et/ ou fédératrice aux conventions ..................................................... 46

Section 2 : L’existence d’un opinio juris valable ........................................................................................ 47

Paragraphe 1 : Un besoin de droit affirmé à la naissance d’une pratique constante .................................... 47

A. L’expression et la confirmation du besoin de droit ............................................................................... 48

B. La reconnaissance encadrée du besoin de droit ..................................................................................... 49

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Paragraphe 2 : Des exemples de normes coutumières ................................................................................. 50

A. Des exemples de normes coutumières quasi universelles ..................................................................... 50

B. Des normes sujettes à des controverses importantes ............................................................................. 52

DEUXIÈME PARTIE : L’EXISTENCE DE VOIES DE RECOURS ET DE SOLUTIONS JURIDIQUES


............................................................................................................................................................... 55

CHAPITRE 3 : LA JUSTICIABILITÉ DU PRINCIPE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE DU POINT


DE VUE PROCEDURAL ..................................................................................................................... 57

Section 1 : L’existence d’un juge international compétent .......................................................................... 58

Paragraphe 1 : Le juge universel et le développement durable.................................................................... 58

A. La compétence affirmée de la CIJ et du TIDM ..................................................................................... 58

B. Le juge du commerce et des investissements et le développement durable .......................................... 61

Paragraphe 2 : Le juge régional et le développement durable ..................................................................... 66

A. La justiciabilité du principe dans le cadre de l’Union européenne........................................................ 66

B. Le juge des droits de l’homme et le développement durable ................................................................ 68

Section 2 : La qualité des parties et la question de recevabilité ................................................................... 71

Paragraphe 1 : La définition du locus standi ............................................................................................... 71

A. Le droit de saisine des Etats et organisations intergouvernementales ................................................... 72

B. Le droit de saisine des personnes physiques et morales ........................................................................ 74

Paragraphe 2 : La nature du défendeur ........................................................................................................ 75

A. La possibilité de recours contre les Etats et personnes morales ............................................................ 76

B. Les conditions de recours contre les organisations intergouvernementales .......................................... 77

CHAPITRE 4 : LA POSSIBILITE DE SOLUTIONS JURIDIQUES AUX DIFFERENDS PORTANT


SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE .......................................................................................... 79

Section 1 : Le régime de responsabilité applicable au principe ................................................................... 80

Paragraphe 1 : Responsabilité pour faits illicites ......................................................................................... 80

A. La détermination de l’illicéité et la nature des obligations .................................................................... 81

B. La détermination de l’illicéité et le type de justiciabilité ...................................................................... 82

Paragraphe 2 : De la responsabilité pour fait illicite à une possible responsabilité objective...................... 84

A. La raison d’être d’une responsabilité objective ..................................................................................... 84

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B. Le rôle des accords entre parties à la détermination de la responsabilité .............................................. 85

Section 2 : La sanction applicable ............................................................................................................... 87

Paragraphe 1 : La confirmation de l’illégalité du comportement critiqué ................................................... 87

A. La déclaration de l’illégalité .................................................................................................................. 87

B. Les solutions particulières appliquées dans le cadre de la réduction des GES ...................................... 88

Paragraphe 2 : Les formes de réparation...................................................................................................... 89

A. La restitution et l’indemnisation............................................................................................................ 90

B. La satisfaction et les garanties de non- répétition ................................................................................. 92

CONCLUSION GÉNÉRALE...................................................................................................................... 95

BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................................................................... 97

ANNEXES ......................................................................................................................................................a

TABLE DE MATIERES ............................................................................................................................. dd

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