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Pour Une Poétique de La Voix

Ce document long traite de la poésie de transmission orale et de sa relation avec l'écriture. Il explore les questions de savoir si la poésie orale possède des caractéristiques indépendantes des conditions culturelles, et quelle est la relation entre oralité et écriture, spécialement si la poésie orale a des formes propres.

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Pour Une Poétique de La Voix

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Pour une poétique de la voix 515

rait-on que les transmissions orales ne possêdent en commun aucun trait pertinent;
Paul Zumthor ou, peut-être, au contraire. De toute maniêre iI vaut Ia peine de s'interroger.
Je ne voudrais ici que prendre date et, en attendant qu'ait míiri le livre que
j'aimerais y consacrer, énoncer, de façon nécessairement sommaire, Ie problême
Pour une poétique de la voix tel qu'il apparait aujourd'hui. Je me limite intentionnellement, dans ce qui suit,
à Ia considération des transmissions orales de Ia poésie : cette partie du terrain
est en effet un peu mieux débroussaillée, moins encombrée de résidus d'analyses
structuralistes que, par exemple, Ie secteur du conte dit populaire. L'ouvrage
récent de Ruth Finnegan, quoique l'auteur s'en interdise toute théorisation,
fournit un terme de référence commode 2• Empiriquement, c'est sur ce corpus-Ià
que peut, me semble-t-il, s'articuler avec le plus de profit une discussion générale.
Celle-ci, tôt ou tard, devra faire appel à la Iinguistique, à la mythographie et, sur
certains points, à Ia psychanalyse.
Écriture, texte (et Ia série de ses déri".és) : Ia phénoménologie qui, depuis une
vingtaine d'années, s'est constituée des deux côtés de l'Atlantique autour de ces Certes, l'existence de procédures nommées, selou le cas, tradition orale, poés1e
notions - cette poétique en dérive sous Ie double impact de Ia linguistique des populaire, ou de quelque terme analogue, ne fut jamais niée depuis qu 'il y avait été
discours et de Ia critique des idéologies - s'est en pratique concentrée sur l'ana- fait référence, dans l'Allemagne de la fin du xvme siecle, par des hommes comme
lyse de documents écrits. « Écriture » et « texte », il est vrai, se prêtent à un emploi Wolf à propos d'Homere, ou Hamann et Herder à propos de la Volksdichtung. Le
généralisant, non moins que« discours ».Mais, en vertu peut-être d'un présupposé romantisme, à travers l'Europe, en fit ses choux gras et en tira une composante
classique mal résorbé, c'est par rapport aux formes scripturaires de Ia parole (et de sa mythologie des origines. Tourné en scientisme positiviste aprês 1850 ou
Ies plus manifestement thématisées) qu'ont été élaborés Ies concepts aujourd'hui 1870, il l'intégra à Ia fameuse notion de« sources », qui ravagea nos études à la
tombés dans Ie domaine public... et au maniement ou à Ia mise en cause desquels belle époque des Pio Rajna, des Gaston Paris, pour ne point parler des Sherman
se réduit pour nous l'étude - on dit la lecture - de ce que j'appellerais conven- Loomis et pour ne citer que d'illustres médiévistes ...
tionnellement (car là n'est pas Ia question) le « fait littéraire ». Par-delà le cercle Invoquée dans les polémiques sur I'« authenticité » des textes, voire banalement
de l'écrit, notre terminologie perd tout pouvoir dénominatifprécis, et n'entretient, pour justifier Ie découpage pseudo-critique de compositions un peu trop éloignées
avec ce qu'elle entend désigner, qu'une vague relation allusive : ainsi, pour ne de l'esthétique néo-classique, la « tradition orale », désignée par un vocabulaire
citer qu'un exemple, d'expressions telles que « texte oral », voire « littérature imprécis, notionnellement non définie, renvoyant à des faits superficiellement
orale », fréquentes chez Ies ethnologues et chez ceux qui utilisent Ieurs travaux. observés, servit longtemps de simple alibi à I' « histoire Iittéraire » régnante. Les
Cette situation fait problême. Un Iarge secteur de pratiques aujourd'hui cou- choses commencerent à se clarifier vers 1920-1930, à Ia fois chez Ies exégetes (en
rantes échappe ainsi à la prise critique. lnutile d'appeler à Ia rescousse McLuhan particulier, à propos des psaumes), chez les anthropologues (les Études de psycho-
et son livre déjà bien vieilli 1• Ce n'est pas en effet de circonstances évidentes qu'il logie collective de Marcel Jousse, livre-pionnier, datent de 1925), chez un médié-
s'agit (l'apparent recul de l'écrit devant l'invasion actuelle de l'audio-visuel), mais viste isolé comme R. Menendez Pidal, promoteur du néo-tradicionalismo, et dans
de la fonctionnalité même de la parole, dont on peut admettre qu'elle est (au moins les travaux de Milman Parry sur l'épopée balkanique. Depuis 1950, A. B. Lord 3,
en partie) déterminée par Ie mode de sa transmission et de sa conservation dans successeur de Parry à Harvard, et ses éleves donnerent à ces recherches une impul-
la mémoire sociale. sion dont, par l'intermédiaire de J. Rychner, les médiévistes européens ne tarde-
Parmi ceux d'entre nous qui font profession de« Iecture critique», les hellénistes rent pas à ressentir, parfois exagérément, les effets 4• Une bibliographie 5 volumi-
et Ies médiévistes sontici três particulierement concemés car, contraints de travailler
sur de l'écrit, ils savent qu'un certain nombre de ces « textes » (mais Iesquels?) 2. R. Finnegan, Oral poetry, Londres, Cambridge University Press, 1977.
3. A. B. Lord, The Singer of tales, Cambridge/Mass., Harvard University Press, 1960, et
existerent (mais sous quelle forme?) durant un temps plus ou moins long dans Ia « Perspectives on recent work on oral poetry » dans J. J. Duggan ed., Seven Essays on oral /itera-
seule tradition orale. Mais qu'est-ce qu'une tradition orale? Quel en est I'effet ture, Londres, Scottisch Academy Press, 1975, p. 1-24.
sur la parole, ainsi peut-être que sur Ie Iocuteur et celui qui capte sa voix? 4. J. Rychner, La Chanson de geste et l'Art épique des jongleurs, Geneve, Droz, 1955; cf. La
Technique littéraire des chansons de geste, actes du colloque de Liege, 1957, Paris, Belles Lettres,
Ces questions importent en elles-mêmes, indépendamment du corpus considéré. 1959.
On peut s'attendre à des réponses nuancées selou le type de culture à propos 5. L'étude publiée en 1929 par R. Jakobson et P. Bogatyrev dans les Mélanges Schrijnen (tra-
duquel on les pose. Mais rien n'assure qu'elles se différencieraient au point duite p. 59-72 de R. Jakobson, Questions de poétique, Paris, Êd. du Seuil, 1973) n'est qu'une
approximation suggestive mais paradoxale, peut-être abusivement généralisante, et qui ne tient
d'empêcher toute généralisation. Peut-être, au terme d'une telle enquête, conclu- compte que secondairement du fait de l'oralité comme telle. L'article de H. Jason, «A multi-
dimensional approach to oral literature », Current anthropology, X, 4, 1969, ale mérite considé-
1. M. McLuhan, La Galaxie Gutenberg, Montréal, Hurtebise, 1971, trad. fr. par J. Paré, rable de faire éclater le cadre folkloriste de ces études et de revendiquer la nécessité d 'une ~que
Gallimard, coll. « Idées ». spécifique. ·
516 Paul Zumthor Pour une poétique de la voix 517

neuse s'est peu à peu constituée sur ces bases : on n'y trouve guere mieux que 1. Question informative :
de lointaines et sporadiques approches du probleme théorique ainsi, en fait, L'existence d'une poésie de transmission orale est-elle ou non indépendante des
-posé. On pourrait dire de l'ouvrage de Mme Finnegan qu'il clôt magnifiquement conditions spatio-temporelles, c'est-à-dire du type de culture et de l'idéologie?
cette fructueuse mais décevante piéhistoire 6• 2. Question interprétative :
Quelle(s) relation(s) y a-t-il entre oralité et écriture? Spécialement : la poésie orale
Néanmoins, si l'on met à part les conclusions, aujourd'hui fortement battues possêde-t-elle ou non des formes propres, en vue de Ia production d'effets propres?
en breche, de l'école de Lord surde possibles universaux formels de l'épopée, un Et, si oui, ces formes et ces effets sont-ils nécessaires, conditionnés ou (relative-
petit nombre de propositions générales (dont certaines, il est vrai, ont une gênante ment) aléatoires?
allure de truismes) ont été, chemin faisant, cahin-caha démontrées : 11 est trop tôt pour hasarder une réponse à ces questions. Du moins entrevoit-on
1. La transmission orale de la poésie pose des problemes aussi complexes que sa dans quel genre de termes elle pourra être formulée.
mise en écriture; mais il semble que ces prcblemes soient de nature radicalement
différente, autrement ancrés dans le psychisme des individus et des groupes. Je n'insisterai pas sur la premiere, celle de l'universalité; je me borne à énu-
2. De même que, dans des cultures comme la nôtre, à base grammaticale et mérer, en les classifiant, un certain nombre de faits de communication poétique
rhétorique, l'écriture modalise tout discours et engendre, chez les locuteurs, des orale. Ce bref inventaire suffit à suggérer l'hypothêse que la relation entre oralité
obsessions spécifiques, de même d'autres cultures apparaissent obsédées par la et type de culture n'est pas simple mais résulte d'un nombre élevé et imprévisible
parole vive, appel à la reconnaissance de l'autre, don de sens, action 7 • Cette de facteurs.
opposition ne semble pas toutefois recouvrir celle que l'on peut tracer entre popu- Une premiere catégorie embrasse, sans autre distinction, tous les faits d'oralité
lations alphabétisées et analphabetes. survenus dans le passé, donc non directement observables. On peut réserver le
3. La poésie orale ne présente, au niveau de ses manifestations, aucune unifor- cas des enregistrements sur disque ou sur bande pratiqués depuis un demi-siecle.
mité, aucune homogénéité même, dans le temps ni dans !'espace : supposé qu'elle Mettons qu'ici passé désigne un moment quelconque de la durée antérieure à
possede une unité, celle-ci doit probablement se définir au niveau des fonctionne- l'emploi de cette technologie. L'oralité ne nous y est connaissable que réfléchie
ments profonds et de schemes archétypiques. par des textes : documents écrits, objets d'histoire, et comme tels inévitablement
4. Diverses fonctions sociales plus ou moins ritualisées, dans les groupes obser- ambigus. Tous les faits allégués par les hellénistes et les médiévistes, quelle que
vés, y compris celui dont nous sommes participants, s'exercent exclusivement par puisse être leur vraisemblance externe, relevent de cette catégorie.
la parole vive (quels qu'aient pu être, chez nous, les essais tentés pour y substituer S'y oppose globalement l'oralité observable dans le présent. lei, des distinctions
une audio-visualité mécanique) : l'enseignement, le témoignage judiciaire, la s'imposent, car les faits présentent une grande diversité. Celle-ci tient, pour une
consultation médicale (visant à la nomination de la maladie) et, d'une autre part, à un effet d'optique : le manque de distance entre l'observateur et son objet
maniere, la cure psychanalytique (ou l'énonciation prend valeur euristique et entraí:ne souvent pour le premier une difficulté à démêler le principal de l'acces-
thérapeutique). Ces faits semblent confirmer la présence active d'archétypes dont soire; pour une autre part, à la complexité et aux contradictions internes de
on devra, apres examen, tenir compte dans l'étude de toute forme d'oralité. notre culture, ainsi qu'aux formes prises par son agressivité envers les cultures
5. Les manifestations jusqu'ici répertoriées d'une poésie destinée à la trans- traditionnelles, dont elle est en train d'achever la destruction.
mission orale (même lorsqu'elles reposent sur un texte initialement écrit) impli- Provisoirement, je propose de distinguer six classes ou sous-classes :
quent une primauté du rythme sur le sens, de l'action sur la représentation, de 1. Faits de communication poétique orale manifestant des formes de culture
l'attitude sur le concept : elles tendent, comme à un terme ultime, à l'identifica- contrastives, parfois conflictuelles, qui s'opposent aux tendances dominantes dans
tion de la poésie et de la danse. un contexte socio-historique donné. Ces formes fonctionnent dans des groupes
minoritaires; mais il semble opportun de considérer séparément (dans la mesure
II convient de partir de ces observations, en dépit de leur hétérogénéité, et du possible) deux especes de situations, selon que :
quitte à les préciser ou les corriger en cours de route. Je propose de les traduire a) le groupe en question conserve une certaine cohésion, définissable (selon les
en termes interrogatifs, et deles regrouper selou les types de discours que l'on solli- cas) par le nombre, la stabilité géographique, le rôle économique, la conscience
cite ainsi. De là, deux questions qui, dans cette phase initiale de la recherche, linguistique. Les faits d'oralité relevés dans ces conditions seront qualifiés de survi-
subsument, me semble-t-il, les autres. C'est seulement lorsqu'il y aura été répondu vances. Celles-ci impliquent
que pourront êtr~ abordés les problemes déterminant la définition que l'on sou- - soit le maintien, au sein d'une culture historiquement homogene, de quel-
haite finalement produire, d'une poétique ou de poétiques de la voix : qu'une de ses formes archai:ques (ainsi, du Romancero hispanique en Amérique
• latine);
6. L'ouvrage de D. Fabre et J. Lacroix, La Tradition ora/e du conte occitan, vol. I (Paris, PUF, -'- soit la permanence de formes allogenes, débris d'une culture ancienne et
1974), inaugure une phase nouvelle de ces recherches : une grande partie de ses conclusions est originale en voie de désagrégation (ainsi, chez les Amérindiens ou les Inuit du
méthodologiquement applicable à l'étude de la poésie de transmission orale.
7. L'ouvrage capital reste celui de G. Calame-Griaule, Ethnologie et Langage: /aparo/e chez Canada). Dans une mesure inégale, la plupart des faits observés aujourd'hui en
les Dogon, Paris, Gallimard, 1965. Afrique et en Asie appartiennent à cette sous-classe;
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b) Ie groupe est complêtement marginalisé, et n'existe plus guêre que comme noire, quoiqu'elle ne se soit pas créé de systême graphique propre, connut dês les
agrégat de quelques individus vivant à l'écart des circuits économiques et idéolo- xe-x1e siêcles l'écriture arabe, assez largement diffusée, en milieux lettrés, dans
giques : c'est le cas, en particulier, des derniêres communautés paysannes de type l'Ouest, Ie Centre-Nord et Ie Sud-Est du continent : à l'époque coloniale,
traditionnel qui subsistent encore çà et là en Europe et en Amérique du Nord ... l'alphabet latin Ia concurrença et finit par Ia refouler.
communautés souvent réduites aujourd'hui aux vieillards du groupe sociologique Par ailleurs, écriture ne désigne pas un phénomêne unitaire et homogêne :
réel (village, famille). Les faits d'oralité relevés dans ces conditions seront dits on peut supposer que la voix s'oppose autrement à l'écrit, et vice versa, selon qu'il
reliques : ainsi les chants gascons publiés il y a une vingtaine d'années par Jean Sé- s'agit d'une graphie de type chinois, de pictogrammes, d'hiéroglyphes, ou de l'une
guy, Ies chansons de tisserandes écossaises notées par Me Cormick, une partie des nombreuses variétés d'alphabet, aux príncipes parfois éloignés les uns des
de celles qu'enregistrêrent par milliers, dans les trente derniêres années, au Québec, autres (sémitiques, hindous, ou de filiation gréco-latine). Même diversité selon
Luc Lacourciêre et son équipe 8 • que la fonction du signe écrit est spécifique (sacrale, panégyrique, historiogra-
La distinction entre survivances et reliques reste toujours contestable : il est phique, administrative, commerciale) ou universelle, destinée à enregistrer toute
impossible de tracer entre elles une limite nette; et l'on peut s'attendre à ce que parole. Les descriptions qui ont été faites des effets socio-psychologiques produits
telle forme poétique fonctionne comme une survivance mais son thême comme une par l'introduction de l'écriture en milieu illettré en révêlent la grande variabilité
relique, ou l'inverse (exemples dans Ie Nord-Est brésilien). selon le contexte culturel global et, en particulier, la nature des techniques gra-
2. Traditions de poésie orale d'origine ancienne (ou structurellement compa- phiques11.
rables à des modeles anciens), mais fonctionnellement intégrées à un contexte De toute façon, dês qu'une société possêde une écriture, un double courant
culturel modifié. Ainsi, Ies chansons de travail ou de contestation relevées en d'échanges s'établit presque nécessairement entre les deux types de messages ou
milieu ouvrier aux États-Unis par Greenway, Denisoff et d'autres 9 • de discours en présence, oraux et écrits. On admettra en príncipe qu'il en va de
3. Formes d'oralité ritualisées et apparemment restées intactes et vivantes à même en ce qui concerne le langage poétique. P. Wunderli naguêre étudia ce phé-
12
travers diverses mutations culturelles : Ies plus notables me semblent propres aux nomêne relativement aux plus anciens textes conservés de langue romane •
groupes d'enfants (comptines, formules rimées de jeu, moqueries rythmées). Si l'on tient compte des ti:ois termes de la communication (production du mes-
4. Un cas particulier, dans la classe précédente, a pris historiquement et sociolo- sage - transmission - réception), dont chacun peut être modalisé soit par la
giquement une telle ampleur à travers toute l'Eurasie, puis l'Amérique, qu'il voix soit par l 'écriture, il semble que l 'on puisse dénombrer six parcours possibles :
déborde largement la problématique de l'oralité, à laquelle pourtant il ressortit écrit - oral - écrit (un discours composé par écrit, lu à la radio, enregistré puis
pour une part essentielle : le théâtre. publié); oral - écrit - oral (improvisation notée par un secrétaire, puis lue en
5. Formes d'oralité liées à des media mécaniques, et proptes à notre culture public), etc. Mais la réception est toujours, par la force des choses, du même mode
technologique : formes vocales-auditives pures (par radio, disque, cassette), que la transmission; en outre, lorsque cette derniêre est orale, la réception, audi-
ou audio-visuelles (par cinéma ou télévision). La spécificité de ces formes, relati- tive, coincide chronologiquement avec elle : acte complexe que je nommerai
vement aux précédentes, réside à Ia fois dans l'unicité contrainte de ce qu'elles désormais « performance ». Les termes. ne se distribuent donc pas de maniêre
transmettent, et dans la suppression de toute tactilité lors de Ia performance, c'est- réguliêre. Si l'on fait intervenir, à la suite de Wunderli (et puisqu'il s'agit de poésie),
à-dire dans Ie dé-placement spatio-temporel de Ia parole ... caracteres qui pour- le mode de conservation ultérieure du message dans la culture du groupe, on peut
tant ne les rapprochent qu'apparemment des formes de transmission écrite 10 • distinguer, en dehors d'un type écrit pur (écrit - écrit - lecture), les trois pro-
cessus suivants :
Quant aux rapports de l'oralité avec l'écriture, se pose la question préalable 1. production orale, performance, fixation par Ie souvenir (mémoire collec-
de la diffusion de cette derniêre. Y eut-il, y a-t-il, des cultures totalement dépour- tive) : c'est le type oral pur;
vues d'écriture? 2. production orale, performance, puis mise par écrit (archive, « Iittérature »);
La réponse est évidemment affirmative. Néanmoins, le nombre des cultures à 3. production écrite, transmission orale, mais fixation
tradition exclusivement orale fut sans doute (dans la perspective, certes, Iimitée, - soit dans la mémoire collective seule,
de notre temps historique) bien moindre qu'il ne parait. C'est ainsi que l'Afrique - soit à la fois dans la mémoire et dans l'archive,
- soit dans l'archive seule. Ce dernier cas semble propre à notre société, ou du
reste il est apparu il y a peu d'années : dans sa fonction archivale, l'écrit est alors
8. J. Séguy et X. Ravier, Chants folkloriques gascons de création loca/e, formant les n°8 VI
(1959) et VII (1960) de Via Domitia, publiée par la faculté des lettres de Toulouse; D. Me Cormick,
Hebridean Folksongs, Oxford, Clarendon Press, 1969; L. Lacourciere, préface au Catalogue de 11. Comparer en particulier H. Lefebvre, Le Langage et la Société, Paris, Gallimard, 1966,
la chanson folklorique française, Archives du folklore, université Lavai, Québec, 1953. p. 349-353; McLuhan, op. cit., p. 19-35, 54-57 et 80-82; Finnegan, op. cit., p. 150-152 et 160-168;
9. J. Greenway, American Folksongs of protest, Philadelphie, University of Pennsylvania
Press, 1953; A. Paredes et E. Stekert, The Urban Experience and Folk Tradition, Austin et Londres, Fabre-Lacroix, op. cit., p. 189-250; J. Goody, Literacy in traditional societies, Londres, Cam-
University of Texas Press, 1971. bridge University Press, 1968; Ong, op. cit., p. 35-50.
12. « Die ãltesten romanischen Texte unter dem Gesichtswinkel von Protokoll und Vorlesen »,
10. Cf. R. Berger, La Télé-Fission, Paris, Casterman, 1976; W.·Ong, Presence of the word,
Yjl}e univ. press, 1968. Vox romanica, 24, 1, 1965, p. 24-63.
520 Paul Zumthor Pour une poétique de la voix 521

relayé par Ie disque ou la cassette, et ceux-ci rendent inutile et aléatoire l'opération part; la lecture, de l'autre. Chacun des facteurs de l'une et de l'autre exige examen
mémorielle. comparatif.
Les procédures de communication apparaissent ainsi à la fois assez variables C'est ainsi que, considérant l'émetteur de la communication, on décrira deux
dans leur réalisation, et réductibles à un tres petit nombre de modeles. Mais s'agit- situations de discours. L'écrit rend possible (et comporte souvent) des jeux de
il seulement de communication? Le passage de l'oral à l'écrit ou de l'écrit à l'oral masque, une dissimulation sinon un mensonge; mais aussi (ou par ce moyen même)
ne s'accompagne-t-il pas d'une mutation radicale, affectant tous les niveaux et les il propose, au moins fictivement, une globalité textuelle, de caractere utopique et
éléments du message transmis, ainsi que le comportement des personnes qu'il généralement interprétée comme unité du sens. La performance orale implique une
concerne? traversée du discours par la mémoire, toujours aléatoire et trompeuse, déviante en
Cette question se pose avec trop de force pour être esquivée. En reprenant l 'oppo- quelque façon; d'oú les variations, les modulations improvisées, la re-création du
sition devenue classique entre document et monument, on la formulerait naivement déjà-dit, la répétitivité : aucune globalité n'est perceptible, à moins que le message
ainsi : le monument oral se différencie-t-il du document de la même maniere, par ne soit tres bref.
desmarques identiques ou comparables, et avec les mêmes effets, que le monument La performance, plus que la lecture, est une situation réelle : les circonstances
écrit? qui l'accompagnent la constituent. La réception du message engage plus ou moins
Une réponse ne pourra être donnée, si elle l'est, que plus tard. Du moins cer- tous les registres sensoriels. D'ou, une sorte de convergence de l'oralité avec ce
taines perspectives s'ouvrent-elles des maintenant. Je les signale sous la forme de que I'on a considéré comme la tendance fonciere de toute poésie : la saisie du
remarques juxtaposées entre lesquelles je me garde d'établir un ordre hiérar- particulier incommunicable en une individuation du poeme (et de la situation ou il
chique. est perçu et vécu) si puissante qu'à la limite ce poeme ne joue plus dans cette situa-
tion qu'un rôle de stimulus, d'appel à l'action.
I. Toutes les questions relatives à l'oralité poétique sont impliquées par une
autre, qui les enveloppe de son paradoxe : de la voix ou de l'écriture, laquelle est III. D'un point de vue linguistique, la mise par écrit d'un message comporte
premiere? un risque de perte d'information, dü à l'élimination des facteurs situationnels.
Dans la perspective chronologique, cela a tout l'air d'une absurdité. Mais la Ce risque est compensé et circonscrit par des marques particulieres, propres à
chronologie n'a rien à voir à l'affaire quand il s'agit d'interroger une origine. En l'écriture, et qui, par répétition dans l'usage, engendrent une tradition spécifique :
revanche, la perspective grammatologique, ouverte il y a une dizaine d'années par mémoire extériorisée, temporalisée, conventionnalisée. Par là même (stabilité des
Derrida, permet de déplacer juste assez les termes pour qu 'ils fassent sens. L' « écri- graphies, artifice grammatical, truquage) s'inscrit dans le texte comme le souvenir
ture » en effet y apparait comme le lieu d'une déconstruction du logos et l'avene- d'une origine : non de son origine même, mais d'un commencement décentré.
ment d'un jeu initial, différé, ou s'inscrit une rationalité propre. Ces traits, (plu- L'oralité, elle, intériorise la mémoire, et dans le même temps la spatialise.
tôt que de l'écrit comme tel, sont définitoires de la« monumentarisation », impres- Contrairement en effet à l'apparence, l'oralité se déploie dans !'espace plus que dans
sion de cette marque qui inaugure un tracé second du langage. C'est au sein de Ie temps : par les variations et la répétitivité qui la caractérisent, elle confere au
cette identité nouvelle de la parole que s'opposent peut-être monuments oral et message une dimensionnalité, un volume ... qui s'identifient avec ceux mêmes du
écrit : parle sens du tracé, le mode d'inscription de la marque, la nature du signal récitant ou du chanteur dans sa corporéité.
que celle-ci constitue pour le groupe humain.
Culturellement conditionnée, cette opposition, certes, peut se désaxer au cours IV. L'analyse linguistique repere, on le sait, dans l'écriture les marques, expli-
du temps. Ainsi, la pratique de l'oralité ancienne, « artisanale » impliquait pré- cites ou non, de l'énonciation : énonciation-absence, énonciation-mémoire, dont
sence du récitant, lieu concret, et temps déterminé; la lecture à grande diffusion l'écriture, inapte à saisir la voix vive, livre nécessairement la trace différée. La
que nous connaissons aujourd'hui s'en distingue par l'absence de lien réel entre le communication orale, en revanche, comporte une énonciation-présence, perçue en
lecteur et l'auteur, et par une presque totale disponibilité spatio-temporelle; situation plus qu'en discours.
l'oralité mécanisée du disque neutralise en partie l'opposition ainsi définie, et se D'ou la valeur particuliere que prend dans la performance le je poétique. Sans
distingue de la lecture par d'autres traits, dont il faudra dresser la liste. être identique ni à celui de la conversation courante ni auje-personnage du roman-
cier (pour me référer aux termes extrêmes), il reste, du seul fait de la présence, rela-
II. Oralité- écriture : il ne s'agit pas de comparer deux faits (car le « fait » n'est tivement proche du premier : c'est pourquoi, du reste, dans l'opinion des récep-
qu'une abstraction) mais bien deux séries d'actes et leur effet : production - pro- teurs d'une tradition orale, ont tendance à se confondre les rôles 'd'auteur et de
duit - transmission - réception - accumulation. chanteur ou de récitant, dont la distinction apparait comme futile.
Cela interdit de définir les deux termes de façon statique et négativement l'un D'ou encore, un déplacement fonctionnel. Chacun en effet, dans tout groupe
par rapport à l'autre. L'oralité n'est pas plus l'absence d'écriture que celle-ci humain, accêde à son identité à partir et à l'intérieur d'un systeme maintenu par
n'est l'absence de voix. Le seul moment ou l'on puisse capter les éléments de défi- le langage, manifesté et rendu effi.cace par la parole. Le locuteur revendique, en
nitions valables, c'est celui, central, ou l'action se perpetre : la performance, d'une parlant, une « place » : une énergie soutient sa voix, comme une poussée vers un
522 Paul Zumthor Pour une poétique de la voix 523

accomplissement désiré; un sujet, dans les mots, exige d'être reconnu grâce à cette présentes dans le chant de la voix comme le souvenir d'une figure non inscrite,
énergie même 13• Dans la performance poétique, la parole du locuteur assume, présente-absente : rappel, mémoire-en-acte du fait qu'entre le monde vécu et
au moins virtuellement, le discours non prononcé des auditeurs. Le poeme, dit ou l'intelligible le passage primordial est le son que forme ma bouche, le plus subtil
chanté, aspire à « mettre en place » à la fois le groupe social comme tel, et chacun et malléable élément du concret.
des individus qui le composent. Le locuteur est vraiment, comme on le dit de musi- Ces implications devraient être contrôlables dans une perspective psychana-
ciens, un «interprete», mais dans l'acception antique du terme : il opere un trans- lytique. Peut-être toute communication vocale tient-elle en quelque maniere à la
fert de parole, dont l'effet est d'en accroitre le pouvoir significateur pour celui qui question posée en chacun de nous sur le pere, sur l'unité perdue, liée à un désir de
la reçoit, et de mettre en cause celui-là même. réintégration ... de sorte que la voix, indépendamment des signes phoniques qu'elle
véhicule, est par elle-même vecteur de sens 17•
V. Performance : acte d'énonciation; acte-dénonciation; par l'un de ses aspects,
illocution, au sens ou l'entendait Austin : du fait même de la présence, mais aussi VI. Toute performance particuliere fait partie d'un ensemble, en gros syn-
de la cohérence particuliere conférées au message-en-situation par la gestualité, plus chronique (spatial), dont les unités sont les autres performances du même locuteur
ou moins codée, dont il s'accompagne et qui le supporte. ou chanteur (son « reuvre ») ou celles de tons les chanteurs d'un temps donné
Cette gestualité constitue un facteur essentiel de la communication orale. Elle (leur « art », la « mode », etc.). Dans la plupart des cultures autres que la nôtre,
ancre dans le concret toute la problématique de l'oralité. Elle se définit en termes la performance s'integre de plus à une tradition, reconnue comme telle (ensemble
de tension, de modélisation, de distance - ceux mêmes qui servent à décrire temporel). Elle introduit ainsi, quel que soit son contexte, du discontinu au sein
l 'énonciation. d'une continuité. Comme acte, elle est en ce sens fragmentarisation; et le message 1;-..-

La gestualité pose, in praesentia, avec son poids entier et son prix, le corps, qu'elle transmet, essentiellement fragmentaire.
médiat naturel de la communication orale. Par elle, l'oralité déborde largement Le texte écrit, lui aussi, peut être dit fragmentaire, en vertu d'un inachevement
le langage et se confond avec ce qu'à propos du Moyen Age j'ai nommé la théâtra- irrémédiable, provenant de ce que l'écriture le traverse sans s'y arrêter. Sans doute
lité. On a remarqué l'aspect théâtral de beaucoup de performances dans les cultures le texte s'organise-t-il sous l'effet d'une tension profonde entre le mouvement
traditionnelles 14 ; nous faisons couramment cette expérience aujourd'hui à l'audi- infini de l'écriture et les limites étroites du discours. La fragmentarité du poeme
tion de nos chansonniers. Mais qu'est-ce ici que le « corps »?Une apparence phy- oral est analogue, mais non identique à celle-là. La tension par laquelle est théâtra-
sique, un vêtement, un comportement, des gestes ... et surtout une voix. En tant lisée la performance, c'est celle que l'on vit entre la voix et la parole, entre la
que médiat, le corps tend à se résorber dans la voix. finitude des formes du discours et l'infinité de la mémoire.
Cette résorption n'a pas toujours la même valeur fonctionnelle : la voix en effet
tantôt parle et tantôt chante. Comme parole, elle réalise, en un segment de lon- VII. On a souvent évoqué l' « opacité » propre au texte poétique écrit. Quelle
gueur quelconque, le systeme phonématique d'une langue naturelle, forme non que soit la diversité des gloses dont s'accompagne ce terme, il désigne globalement
substantielle, négativité qui tend à atténuer l'impact de la présence corporelle les effets de l'interaction et de la combinaison d'un élément répétitif et d'un élé-
(parler à l'ennemi qui survient diminue la peur ...). Comme chant, la voix constitue ment inattendu. Est « opaque » un texte dont la lecture se déroule en un mouve-
une forme substantielle spécifique, désaliénant le langage et épanouissant le corps. ment allant du connu au reconnu et à l'inconnu, de l'attente à la frustration et à
Ce n'est donc pas un hasard si la quasi-totalité des performances poétiques obser- la découverte, et aboutissant à la réification des signes. D'ou, une opacité «inter-
vées à travers le monde comportent du chant. .. ou tout au moins des cadences qui ne ».
s'en rapprochent. Sans doute, comme le suggere N. Ruwet, la musique vocale Le message poétique oral se perçoit comme l'accomplissement d'une attente,
remplit-elle une fonction privilégiée parmi tous les systemes signifiants grâce aux- comme une confirmation, en vertu de la fonction fondamentale de la voix : ce
quels l'humanité tente de réduire la béance ouverte par la culture dans la nature 1s. caractere a été étudié de façon particuliere à propos de l' « épopée vivante »,mais
II vaudrait la peine d'inventorier et d'analyser les mythes que plusieurs cultures semble généralisable. Si« opacité » il y a, elle provient moins d'une réification que
ont constitués à propos de la voix. Associée au feu, créateur ou destructeur, à la d'une distanciation, le poeme se différenciant du langage commun par l'emploi de
conscience, à la personnalité, emblématisée par la bouche (la « bouche d' enfer » du procédés techniques plus ou moins exactement codés : opacité «externe ».
théâtre médiéval), la voix ouvre l'acces au monde intérieur, qui est l'autre monde. La consistance du texte écrit se révele peu à peu dans la durée de la lecture : il
Elle possede ç,omme telle une vérité propre, confondue avec l'énergie vitale 16. On arrive un moment (en général peu apres le début) ou l'imagination du lecteur
peut supposer que de telles valeurs demeurent sous-jacentes à toute performance, commence à en concevoir la probabilité, laquelle par la suite se trouve périodi-
quement confirmée ou mise en question, de façon imprévisible, jusqu'à devenir
13. F. Flahaut, La Parole intermédiaire, Paris, Éd. du Seuil, 1978, p..101-152. certitude ou à retoinber à zéro au moment ou la lecture s'achêve 18 •
14. M. J. Herkowits, Cultural Anthropo/ogy, New York, Knopf, 1960, p. 176-181.
15. Langage, Musique, Poésie, Paris, Éd. du Seuil, 1972, p. 41-69. 17. G. Rosolato, Essais sur /e symbolisme, Paris, Gallimard 1969, p. 287-305; cf. A. Tomatis.
16. Ainsi, Calame-Griaule, op. cit., deuxieme partie; cf. N. K. Chadwick, Poetry and Pro- La Libération d'<Edipe, Paris, ESF, 1975, spécialement p. 22-56 et 161-171.
phecy, Londres, Cambridge University Press, 1942. 18. Cf. M. Charles, Rhétorique de la /ecture, Paris, Éd. du Seuil, 1977, p. 263-298.
524 Paul Zumthor

La consistance du poeme oral est donnée d' emblée, car elle résulte de la situation
d'énonciation-présence, c'est-à-dire de la réalité concrete de la voix. C'est une
consistance à la fois sensorielle (mon corps entend le tien) et mémorielle, tenant à
Poétique X, 1979
l'évidence de la fragmentarité du message.
Le texte littéraire écrit n'est jamais saturé : il ne cesse de convoquer des signifi-
cations, des associations, des réminiscences sonores même, autres que celles qu'il
inscrit conventionnellement sur la page 19• Le poeme oral, lui aussi, ignore la satu-
ration; mais pour une raison différente et qui lui est propre : parce que, dans la
chaleur de la présence, jamais la parole, même chantée, ne peut s'identifier à la Index
plénitude de la voix.

On pourrait assez aisément poursuivre ce parallele. Je n'entends ici que suggérer


une hypothese de travail : la coexistence, dans la plupart des traditions culturelles,
de deux types de poéticité, irréductibles l'un à l'autre, autrement articulés sur l'his-
toire et déterminés par des modes différents d'être au monde. Du moins, d'ores Jean-Michel Adam, Encore « Les Chats » (37) 43-55
et déjà, apparait-il que, pour traiter de la poésie orale, les instruments d'analyse Jeanne Bem, Corneille à l'épreuve du désir ,r,kl (37) 83-90
mis au point à l'intention de l'écrit sont d'utilité limitée, tant le changement d'objet Jean-Claude Bonnet, « L' héroi"sme de la valeur » (40) 388-394
les rend équivoques. Ils contraignent à poser pour acquis ce dont il conviendrait Ross Chambers, Parole et poésie (37) 56-62
de prouver d'abord l'existence, ou bien présupposent une dialectique irréalisée Michel Charles, Liminaire (40) 385-387
hors du champ de l'écriture. A quelques conclusions que l'on doive parvenir un Michel Charles, Digression, régression (40) 395-407
Hélene Cixous, L'approche de Clarice Lispector (40) 408-419
jour, la tâche initiale sera de construire un petit nombre de concepts adéquats et
_\. Lucien Dãllenbach, Actualité de la recherche allemande (39) 258-260
une terminologie appropriée. (40) 420-431
> · Lucien Dãllenbach, Du fragment au cosmos
Michel Deguy, L'infini et sa diction (40) 432-444
Université de Montréal Béatrice Didier, L'inscription musica/e dans l'écriture autobiogra-
phique (37) 91-101
Serge Doubrovsky, Faire catleya (37) 111-125
Monique Dubanton, L'ovale du portrait (37) 102-110
Gérard Genette, Ecrire catleia (37) 126-128
Gérard Genette, Cat(t)lei/ya, suite ( et fin?) (38) 254
Gérard Genette, Andromaque, je pense à vous ... (40) 445-452
Hans Ulrich Gumbrecht, Persuader ceux qui pensent comme vous (39) 363-384
Philippe Hamon, Narrativité et lisibilité (40) 453-464
Wolfgang lser, Lafiction en ejfet (39) 275-298
Hans Robert Jauss, La jouissance esthétique (39) 261-274
Abd El-Fattah Kilito, Sur le métalangage métaphorique des poéti-
ciens arabes (38) 162-174
Philippe Lacoue-Labarthe, Holderlin et les Grecs (40) 465-474
Philippe Lejeune, La Côte-Verte et le Tartaret (40) 475-486
Benito Pelegrfn, La rhétorique élargie au plaisir (38) 198-228
Jean Pellegrin, Les Ineffables (37) 1-9
Marie-Claude Porcher, Systématique de la comparaison dans la
poétique sanskrite (38) 175-197
Jean-Pierre Richard, Le sang de la complainte (40) 487-495
Michael Riffaterre, La syllepse intertextuelle (40) 496-501
Judith Robinson, L'architecture ouverte de« La Jeune Parque» (37) 63-82
Hamadi Sammoud, Rachid Ghozzi, La définition de la poésie dans
l' ancienne poétique arabe (38) 149-161
Wolf-Dieter Stempel, Aspects génériques de la réception (39) 353-362
19. M. Calle-Gruber, « Effets d'un texte non saturé », Poétique 35, 1978, p. 325-335. Karlheinz Stierle, Réception et fiction (39) 299-320

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