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Les Traumatismes Oculaires Et ORL Aux Urgences

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URGENCES

2010 Chapitre 94
co-fondateurs
Les traumatismes oculaires
et ORL aux urgences

M. CRINIER-PICHEREAU

1. Les urgences traumatiques en ophtalmologie


Les urgences en ophtalmologie ont représenté 5 508 motifs de consultation sur
les 9 premiers mois de l’année 2009 dans le service des urgences spécialisées
tête et cou du CHU de Montpellier ; 33,5 % ont consultés pour un motif trau-
matologique (Figure 1) que nous avons défini de la façon suivante :
– traumatismes chimiques (projection liquide) ;
– traumatismes physiques (kérato conjonctivite aux ultra-violet) ;
– traumatismes mécaniques (corps étrangers superficiels, contusion oculaire).

Figure 1 – Répartition des motifs de venue traumatologiques en ophtalmologie


aux urgences spécialisées tête et cou du 01/01/2009 au 30/09/2009

Corps étranger dans l’œil

32 % Coup d’arc

50 % Hémorragie sous-conjonctivale

Projection de liquides dans l’œil

8%
Traumatisme opht.
7%

3%

Correspondance : M. Crinier-Pichereau, Cadre De Santé « Urgences spécialisées tête et cou » CHU


Montpellier – Hôpital Gui-de-Chauliac, 85, avenue A.-Fliche, 34025 Montpellier.
Tél. : 04 67 33 79 20. Fax : O4 67 33 72 57. E-mail : [email protected]

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Ces motifs de venue sont fréquents et sont traités le plus souvent en ambulatoire
car seulement 5,8 % des patients sont hospitalisés et 81 % sont des trauma-
tismes oculaires.

La prise en charge de ces patients demande un matériel spécifique pour effec-


tuer l’examen ophtalmique (lampe à fente), l’acuité visuelle (projecteur de test),
un fond d’œil (verre de Volk), l’ablation de corps étrangers superficiels (une
fraise), de la petite instrumentation, des dispositifs médicaux stériles et des pro-
duits pharmaceutiques spécifiques.

Le service des urgences spécialisées « tête et cou » (UTEC) est informatisé à


l’aide du logiciel « Résurgences ». Les motifs de venue ont été répertoriés,
classés en délai de prise en charge lors d’un travail de groupe composé d’infir-
miers, de médecins urgentistes et de médecins spécialistes. Après validation du
travail par le chef d’unité, le service informatique a assuré la programmation qui
permet de calculer automatiquement la priorisation lorsque l’infirmière organi-
satrice de l’accueil (IOA) saisie le motif d’admission du patient (Tableau 1). Elle
peut ainsi suivre sur écran le respect des délais de prise en charge et intervenir
s’il y a des dépassements signalés par des signaux de couleurs.

Tableau 1 – Motifs de venue informatisés pour le tri en ophtalmologie urgences


tête et cou
2 Très urgent - Prise en charge immédiate

3 Urgent - Prise en charge dans les 30 minutes


Motifs
4 Moins urgent - Prise en charge dans les 45 minutes

5 Non urgent - Prise en charge dans les 60 minutes

2 Transfixiant

3 Superficiel - EVA supérieure ou égale à 6


Corps étranger dans l’œil
4 Superficiel - EVA 4 à 5

5 Superficiel - EVA inférieure à 3

2 Brûlures par agents chimiques


Projection de liquides dans l’œil
2 Projections diverses

3 Patient sous anticoagulants

3 EVA supérieure à 4
Hémorragie sous-conjonctivale
3 Baisse de l’acuité visuelle associée

5 Isolée - EVA inférieure ou égale à 4

2 Plaie ou suspicion de plaie du globe


3 Sans plaie du globe associée - EVA supérieure à 6
Traumatisme opht.
4 Sans plaie du globe associée - EVA 5 à 6

5 Sans plaie du globe associée - EVA inférieure à 5

1028 ■ PRISES EN CHARGE SPÉCIFIQUES


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Tableau 1 – Motifs de venue informatisés pour le tri en ophtalmologie urgences
tête et cou
3 EVA supérieure à 6
Coup d’arc 4 EVA 5 à 6

5 EVA inférieure ou égale à 4

Les enfants sont admis le plus rapidement possible quel que soit le motif car
l’attente majore la difficulté de l’examen ophtalmique.

1.1. Rappel physiopathologique


Le globe oculaire est protégé par les paupières et le réflexe de clignement, par
l’orbite osseuse et par les mouvements d’esquive de la tête. Parfois, ces systèmes
de défenses sont insuffisants et l’œil peut-être atteint par une brûlure, un coup
ou un corps étranger…

En cas de projection de corps étrangers, celui-ci lésera successivement les struc-


tures oculaires d’avant en arrière : la cornée, l’iris, le cristallin, le vitré, la rétine
ou la conjonctive, la sclère, le vitré, la rétine selon que la porte d’entrée est
cornéenne ou sclérale. En fonction de la taille du corps étranger et de son éner-
gie cinétique, une composante contusive pourra être associée à la composante
perforante.

1.2. Traumatismes chimiques


La projection d’un liquide chimique est une urgence ophtalmique à prendre en
charge immédiatement par l’infirmière organisatrice de l’accueil. Elle est
fréquente et résulte d’accident domestique mais le plus souvent d’accident du
travail.

1.2.1. Identification du produit chimique


On distingue 2 types de brûlures :
– les brûlures alcalines : les hydroxydes de sodium (soude : déboucheurs d’évier),
de potasse et de calcium (chaux, ciment, mortier), l’hypochlorite de sodium (eau
de javel) provoquent les brûlures les plus graves car elles diffusent rapidement
en profondeur en hydrolysant les protéines des structures et en dissolvant les
cellules (nécrose de liquéfaction). ;
– les brûlures acides : les acides organiques (acide acétiques, acide formique), les
acides minéraux parmi lesquels l’acide fluorhydrique (antirouille, décapant), acide
chromique, acide nitrique et acide sulfurique (vitriol, liquide batterie) provoquent
une nécrose d’homogénéisation des tissus superficiels d’où une pénétration
tissulaire moindre que les bases.

LES TRAUMATISMES OCULAIRES ET ORL AUX URGENCES 1029


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1.2.2. Clinique à l’arrivée


Le patient arrive avec un œil très douloureux, rouge et larmoyant. L’infirmière
recueille le contexte et les gestes effectués en préhospitalier.

1.2.3. Conduite à tenir


– Rassurer le patient.
– Identifier le produit responsable et les circonstances de survenue.
– Calmer la douleur afin de favoriser les soins, en mettant 3 gouttes de chlo-
rhydrate d'oxybuprocaïne dans l'œil ; la durée d'action est de 15 minutes.
Le produit peut provoquer des picotements à l'instillation ce qui est normal puis
le patient est calmé.
Le lavage est réalisé systématiquement sur les 2 yeux avec un flacon de 100 ml
minimum par œil de la façon suivante :
– ouvrir l'œil et bien laver le globe en faisant mobiliser le globe oculaire ;
– tirer sur la paupière inférieure afin de bien laver les culs-de-sac conjonctivaux
et vérifier l'absence de corps étranger type résidu de poudre ;
– soulever la paupière supérieure, voir la retourner à l'aide d'un coton tige afin
de bien laver et vérifier l'absence de corps étranger type résidu de poudre ;
– renouveler l'analgésie avec 3 gouttes de chlorhydrate d'oxybuprocaine sans
dépasser 2 fois 3 gouttes si l'œil est douloureux ;
– appel de l'ophtalmologiste ;
– faire un pansement oculaire occlusif à but antalgique :
• en fermant la paupière supérieure avec un « transpore »,
• en fixant une compresse oculaire ;
– vérifier la vaccination antitétanique du patient ;
– faire signer l’autorisation de soins s’il s’agit d’un mineur.

1.2.4. Évolution
L’examen ophtalmologique du patient à la lampe à fente déterminera la gravité
des lésions. Dans la plupart des cas, le pronostic est favorable et le patient a une
kératite superficielle (classification I et II de Roper-hall). Le patient sortira avec :
– une ordonnance de collyre antibiotique et une pommade cicatrisante avec les
conseils pour bien instiller et mettre la pommade dans l’œil (tirer sur la paupière
inférieure et déposer le collyre et faire un clignement de l’œil pour répartir le
produit) ;
– la consigne de revenir en consultation d’ophtalmologie s’il y a des douleurs
persistantes au bout de 48 h de traitement et/ou des troubles visuels ;
– une déclaration d’accident de travail selon le contexte de survenue.
Si les lésions sont graves, c'est-à-dire une désépithélisation partielle ou totale
(classification III et IV de Roper-hall), le patient sera hospitalisé pour suivre un
traitement local intensif et une surveillance rapprochée.

1030 ■ PRISES EN CHARGE SPÉCIFIQUES


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1.2.5. Cas clinique


Mlle V., technicienne dans un laboratoire de recherche, reçoit dans les 2 yeux de
l’éthanol et un mélange d’autre produit non identifié. Elle arrive dans le service,
après un lavage oculaire à l’infirmerie de l’entreprise. Elle se plaint d’une douleur
à type de brûlure des 2 yeux prédominant à droite et elle est très angoissée. Elle
est à jour d’un point de vue vaccinal.
Elle fait l’objet d’une prise en charge immédiate selon le protocole cité précé-
demment avec antalgie, lavage oculaire bilatérale et pansement occlusif.
À l’examen ophtalmologique, on retrouve une kératite superficielle majorée à
droite. _La patiente repart à domicile avec les ordonnances de collyre, la décla-
ration d’accident de travail et les recommandations suivantes : l’observance du
traitement, une nouvelle consultation en service de consultation d’ophtalmologie
si les troubles persistent et des conseils de prévention pour éviter les récidives
(port de lunettes de protection).

1.3. Traumatismes physiques


1.3.1. Identification de la cause du traumatisme
Le patient a effectué de la soudure à l’arc sans protection, dans la plupart des
cas, ou a eu une exposition solaire sans protection (ski en altitude par temps
ensoleillé).

1.3.2. Clinique à l’arrivée


Le patient se présente à la 8e heure après l’exposition avec une photophobie, un
larmoiement et une sensation de corps étranger intolérable.

1.3.3. Conduite à tenir


L’infirmier soulage la douleur :
– en instillant 3 gouttes de chlorhydrate d'oxybuprocaïne ;
– en réalisant un pansement occlusif de l’œil ;
– en plaçant le patient dans une pièce sombre et en lui demandant d’éviter les
mouvements oculaires.

1.3.4. Évolution
L’examen ophtalmique à la lampe à fente peut être effectué par un urgentiste
formé ou sera confié à un ophtalmologue. Il constate une kératite superficielle
avec un œdème épithéliale.
Le patient sort avec :
– une ordonnance de collyre antibiotique et de pommade cicatrisante ;
– la consigne de revenir en consultation d’ophtalmologie s’il y a des douleurs
persistantes au bout de 48 h de traitement et, ou des troubles visuels ;

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– une déclaration d’accident de travail selon le contexte de survenue ;
– des conseils de prévention pour éviter les récidives (port de lunettes de
protection).

1.4. Traumatismes mécaniques


1.4.1. Les corps étrangers superficiels
1.4.1.1. Identification de la cause du traumatisme
L’interrogatoire permet d’identifier :
– les circonstances de survenue professionnelle ou dans une activité de bricolage ;
– Le type de corps étranger : bois, métal (limaille), coup d’ongle, feuille de végé-
taux, insecte…
1.4.1.2. Clinique à l’arrivée
Le patient se présente avec un œil douloureux, une sensation de corps étranger,
un larmoiement et une photophobie.
1.4.1.3. Conduite à tenir
L’infirmière calme la douleur en instillant 3 gouttes de chlorhydrate d'oxybupro-
caïne dans l'œil et en réalisant un pansement occlusif, la couverture vaccinale est
vérifiée.
L’examen à la lampe à fente qui avec un test à la fluorescéine positif permet de
localiser la ou les lésions.
L’ablation du corps étranger, peut-être réalisée par un urgentiste formé, ou
sinon, sera confié à un ophtalmologue. Après avoir expliqué au patient le geste,
le praticien réalise une anesthésie topique puis retire le CE, selon son type, avec
un coton-tige, une aiguille à corps étranger ou hypodermique. les corps étran-
gers métalliques peuvent être entourés d’un anneau de rouille que l’on retire à
l’aide d’une fraise (Figure 2).

Figure 2 – Photo d’une fraise d’ophtalmologie et d’une aiguille à corps étranger

1032 ■ PRISES EN CHARGE SPÉCIFIQUES


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Le patient sort avec :
– une ordonnance de collyre antibiotique et de pommade cicatrisante ;
– la consigne de revenir en consultation d’ophtalmologie s’il y a des douleurs
persistantes au bout de 48 h de traitement et, ou des troubles visuels ;
– une déclaration d’accident de travail selon le contexte de survenue ;
– des conseils de prévention pour éviter les récidives (port de lunettes de
protection).

1.4.2. Les traumatismes oculaires


1.4.2.1. Identification de la cause du traumatisme
À l’interrogatoire, faire préciser si le patient a été victime :
– d’une contusion avec balle de tennis, bouchon de champagne, coup de
poing ;
– d’un risque de plaie du globe par plomb de chasse, crayon, fléchettes ou tout
autre objet ;
– noter les circonstances de survenue et l’heure.

1.4.2.2. Clinique à l’arrivée


À son arrivée, noter :
– si le patient présente une baisse de l’acuité visuelle ;
– un hématome palpébral ;
– une évaluation de sa douleur ;
– un saignement.

1.4.2.3. Conduite à tenir


– Rassurer le patient.
– Mettre une compresse stérile sur l’œil après nettoyage si saignement.
– Vérifier le statut vaccinal.
– Noter l’heure de jeûne.
– Établir une autorisation de soins si le patient est mineur.

1.4.2.4. Évolution
Le patient sera pris en charge par un ophtalmologiste pour une évaluation des
lésions au niveau des différentes structures de l’œil d’avant en arrière et d’un
bilan radiologique complémentaire (scanner).
Dans le cas de plaie oculaire, le patient sera pris au bloc opératoire pour une
exploration chirurgicale qui permet de faire un bilan lésionnel, de restituer l’inté-
gralité du globe oculaire.
Le patient sera hospitalisé.

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1.4.2.5. Cas clinique
L’enfant R. 2 ans 1/2, de sexe féminin, arrive aux urgences dans les bras de sa
maman à 17 h. Elle présente un saignement, un hématome au niveau de l’œil
droit, pas de douleur, calme mais refuse qu’on la touche. Sa maman explique
qu’elle a reçu accidentellement le crochet d’un cintre de vêtement qui pendait
au bras lors de course dans un supermarché. Elle est à jeun depuis 14 h et est
à jour de ses vaccins.
Elle est prise en charge immédiatement par l’ophtalmologiste qui constate une
plaie de la conjonctive de la paupière supérieur, l’examen complet à la lampe à
fente est très difficile du fait de l’agitation de l’enfant.
L’ophtalmologiste informe les parents du diagnostic et de la conduite à tenir. La
petite fille est hospitalisée avec une prise en charge au bloc opératoire dans la
soirée pour une exploration chirurgicale et un parage de la plaie. Les parents
signent l’autorisation de soins et sont informés de laisser l’enfant à jeun.
À l’examen sous anesthésie, aucune autre lésion n’est constatée.

2. Les urgences traumatiques en ORL


Les urgences ORL ont représenté 2 478 motifs d’admissions sur les 9 premiers
mois de l’année 2009 dans notre service ; 26,5 % ont consultés pour un motif
traumatologique que nous avons défini de la façon suivante :
– les épistaxis ;
– les corps étrangers des voies aérodigestives supérieures ;
– les corps étrangers des fosses nasales ;
– les corps étrangers du conduit auditif externe ;
– les otorragies résultent de plaies du conduit auditif externe, de plaies du
tympan, de fractures du rocher et sont associées à des traumatismes de la face
et cérébrale. Elles peuvent avoir des causes infectieuses ou tumorales. Les otor-
ragies d’origine traumatique ne seront pas abordées car elles font l’objet d’une
prise en charge neurochirurgicale, chirurgie maxillo-faciale et ORL.
L’accueil de ces pathologies nécessite un matériel spécifique (microscope, fibro-
scope souple, source lumière froide, casque d’ORL), de la petite instrumentation
(pince, spéculum…), des dispositifs médicaux (mèches, hémostatique, gouttes
auriculaires...)
Sur les neufs premiers mois de l’année, ces motifs ont générés 16 % d’hospita-
lisation et ils se répartissent selon le diagramme (Figure 3).
Pour favoriser le tri, l’ensemble des motifs de venue (Tableau 2) ont été enregis-
trés avec une priorisation des prises en charge qui est calculée automatiquement
lorsque l’infirmière organisatrice de l’accueil (IOA) saisie les données du patient.

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Figure 3 – Répartition des motifs de venue traumatologiques en ORL du 01/01/09
au 30/09/09 aux urgences spécialisées tête et cou.

Corps étranger dans le nez


10 % 8%
Corps étranger ingéré

24 % Corps étranger inhalé

Corps étranger oreille

44 % 4% Épistaxis

10%
Otorragie

Tableau 2 – Motifs de venue ORL informatisés pour le tri urgences tête et cou

Priorisation des prises en charge

1 Réanimation - Prise en charge immédiate

2 Très urgent - Prise en charge immédiate

Motifs 3 Urgent - Prise en charge dans les 30 minutes

4 Moins urgent - Prise en charge dans les 45 minutes

5 Non urgent - Prise en charge dans les 60 minutes

1 Patient en état de choc

1 Traumatisme facial sévère

2 Patient sous traitement anticoagulant

Épistaxis 2 Mal toléré par le patient

3 Bien toléré - Patient non coopérant

4 Bien toléré - Patient coopérant

5 Tarie

2 Pile type « bouton »

3 EVA supérieure à 5
Corps étranger oreille
4 EVA inférieure à 6

5 EVA inférieure à 4

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Tableau 2 – Motifs de venue ORL informatisés pour le tri urgences tête et cou

2 Enfant - Syndrome de pénétration associé

2 Pile type « bouton »

Corps étranger dans le nez 2 Adulte - signes de gravité associés

3 Enfant

5 Adulte - pas de signes de gravité associés

2 Dyspnée associée

2 Pile type « bouton »

Corps étranger ingéré 3 Vulnérant

4 Objet souple

4 Aliment

1 Détresse respiratoire aiguë

Corps étranger inhalé 2 Dyspnée - tirage - patient ne tolérant que la position assise

2 Toux associée

2.1. Épistaxis
Les épistaxis sont très fréquentes, elles sont souvent d’intensité modérée et
d’évolution bénigne, néanmoins, ils existent des formes graves imposant une
prise en charge urgente et adaptée. Elles ne sont pas souvent d’origine trauma-
tique et elles ont souvent des causes médicales (hypertension artérielle, trouble
de l’hémostase).

2.1.1. Évaluation clinique


L’infirmier s’attachera à :
– évaluer l’importance de l’hémorragie avec le patient et en étudiant les signes
de choc (diminution de la tension artérielle, tachycardie, polypnée, sueur, mar-
brure, cyanose…) ;
– identifier la cause du saignement ;
– rechercher les tares susceptibles de faire décompenser le patient (anticoagu-
lant, pathologie cardiaque...).

2.1.2. Conduite à tenir


– Rassurer le patient en l’installant en position demi-assise, au calme.
– Prendre les constantes : pouls, tension artérielle et saturation en oxygène.
– Si le patient est en état de choc et/ou avec un gros traumatisme facial, la prise
en charge médicale est immédiate avec une pose de voie veineuse, hématocrite
et réalisation d’un bilan sanguin (numération formule sanguine et hémostase).

1036 ■ PRISES EN CHARGE SPÉCIFIQUES


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Dans les autres cas, la prise en charge de l’hémostase s’effectuera de la façon
suivante :
– faire pencher la tête en avant ;
– demander au patient de se moucher pour éliminer les caillots dans les narines
qui entretiennent le saignement ;
– comprimer fortement les ailes du nez sur la cloison nasale pendant environ
10 minutes en maintenant la tête penchée en avant ;
– faire sucer des glaçons ;
– mettre une mèche hémostatique en attendant le médecin.

2.1.3. Évolution

Si le saignement n’est pas tari avec le premier niveau d’hémostase, le médecin


urgentiste corrigera les tares, pratiquera un méchage antérieur (Figure 4) de la
cavité nasale que le patient gardera 48 h sous couverture antibiotique. Après
une surveillance au repos et un arrêt du saignement en extérieur et en fond de
gorge, le patient sortira et sera reconvoquer pour déméchage en ORL. Une fiche
conseil sur la conduite à tenir en cas d’épistaxis et en cas de méchage lui sera
remise et expliquée.

Si le saignement persiste, une prise en charge ORL sera nécessaire pour effectuer
une compression par double tamponnement antérieur et postérieur (Figure 5)
soit par des mèches ou par une sonde à ballonnet et une hospitalisation du
patient.

En cas d’échec d’hémostase, des techniques d’embolisation pourront être


réalisées.

Figure 4 – Méchage antérieur de la cavité nasale

LES TRAUMATISMES OCULAIRES ET ORL AUX URGENCES 1037


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Figure 5 – Méchage antérieur et postérieur à l’aide d’une sonde à épistaxis
double ballonnet

Figure 6 – Cliché radiiologique d’un corps étranger à l’extrémité supérieure


de l’œsophage

2.2. Les corps étrangers des voies aérodigestives supérieures


Ils sont très courants chez l’enfant entre 1 an et 3 ans ; les corps étrangers sont
alimentaires telles les cacahuètes, noisettes ou des pièces de jouet en plastique,
des pièces de monnaie et les piles-boutons. Chez l’adolescent et l’adulte, on
retrouvera des débris alimentaires (arête de poisson, petit os) ou des objets de
bricolages (clous, aiguille...).

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Les corps étrangers des voies aériennes ou pharyngo-œsophagiens sont toujours
à considérer comme des urgences.

2.2.1. Évaluation clinique


– Évaluer la tolérance respiratoire.
– Rechercher un syndrome de pénétration qui se caractérise par un accès de
suffocation de survenue brutale, avec tirage, cornage, quintes de toux expulsives
et souvent cyanose.
– Évaluer le comportement immédiat du patient.
– Évaluer la douleur, son type, sa localisation.
– Noter s’il existe une dysphagie, une hyper sialorrhée.
– Identifier le corps étranger :
• caractère vulnérant, volume ;
• nature de l’objet.
Les piles-boutons sont très dangereuses car elles sont responsables d’une
réaction chimique corrosive au contact de la muqueuse ; leur extraction doit être
réalisée en urgence.

2.2.2. Conduite à tenir


– Rassurer le patient et son entourage.
– Mettre au calme afin d’éviter toute mobilisation du CE.
– Mettre le patient en position demi-assise, ne pas l’allonger pour favoriser la
ventilation.
– Laisser les enfants dans la position qui leur convient (bras de la maman).
– Laisser à jeun et faire signer les autorisations de soins pour les enfants.

2.2.3. Prise en charge


– Le médecin pratiquera une auscultation, un examen de l’oropharynx une
nasofibroscopie et un bilan radiologique en fonction de la localisation du CE.
– Pour les CE aériens : Les CE complètement obstructifs nécessitent des gestes
d’extrême urgence afin de maintenir une ventilation suffisante : une intubation
afin de repousser le C.E vers la carène ou la bronche souche voir une trachéo-
tomie. Le plus souvent, le C.E permet un passage d’air et est responsable d’une
dyspnée bien tolérée. Nous pouvons alors organiser et préparer le patient dans
les meilleures conditions de sécurité pour une endoscopie sous AG afin de retirer
le CE.
– Pour les CE au niveau des amygdales : ils sont facilement enlevés à l’aide
d’une pince et d’un abaisse-langue.
– Pour les CE digestifs : Après un examen de l’oropharynx, un bilan radiologique
scanner ou radio standard selon la nature du CE, une exérèse sous AG est réalisé
à l’aide d’un fibroscope rigide.

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2.2.4. Cas clinique


Une petite fille de 19 mois arrive, à 22 h 46, par ambulance des urgences d’un
hôpital périphérique, pour ingestion d’un corps étranger avec syndrome de
pénétration. À son arrivée, l’enfant est calme, apyrétique, joue et sourit. Ses
parents racontent qu’elle jouait avec sa cousine et a ingéré une fleur métallique
qu’elle avait détachée de sa barrette à cheveux vers 19 h. Il décrive un syndrome
de pénétration avec une dyspnée qui a duré environ 1 h et qui a motivé la
consultation au service d’urgence le plus proche.
L’examen en bouche et la nasofibroscopie ne visualise pas de corps étrangers.
La radiologie (Figure 6) visualise « la fleur de la barrette ». Une ablation du corps
étranger sous anesthésie générale est décidée après entretien avec les parents.
L’enfant est préparé pour le bloc opératoire : visite de l’anesthésiste, préparation
cutanée, autorisation de soins, dossier et départ à 1 h du matin. L’enfant sera
ensuite hospitalisé en ORL en postopératoire.

2.3. Les corps étrangers des fosses nasales


Ces corps étrangers sont facilement identifiables car leur introduction est
souvent récente. Il peut exister des corps étrangers inertes souvent d’origine
végétale qui peuvent être anciens. Ils se manifestent par une rhinorrhée muco-
purulente et une odeur fétide unilatérale.
Ces corps étrangers sont enlevés à l’aide d’un spéculum et d’un crochet en
mousse.

2.4. Les corps étrangers du conduit auditif externe


Ces corps étrangers sont fréquents chez l’enfant et sont généralement des per-
les, des morceaux de jouet et des petits végétaux. La pénétration accidentelle se
rencontre chez l’adulte surtout à l’occasion du nettoyage du conduit auditif
(fragment de coton-tige allumette), la pénétration d’insecte peut être rencon-
trée. Généralement, du fait de l’existence d’un rétrécissement, le corps étranger
s’enclave à la jonction entre le conduit cartilagineux et le conduit osseux, épar-
gnant ainsi le tympan et l’oreille moyenne.
L’ablation du corps étranger pourra se faire sous « Meopa » chez l’enfant afin
d’éviter tout mouvement et une extraction plus facile qui sera réalisée avec un
bon éclairage, sous microscope avec des pinces adaptées, un spéculum par un
urgentiste ou un ORL. Le Meopa est un mélange équimolaire d’oxygène et de
protoxyde d’azote commercialisé sous le nom d’Entonox® ou Kalinox®. Il permet
de réaliser une analgésie sous forme inhalée par du personnel infirmier formé et
sur prescription médicale.

1040 ■ PRISES EN CHARGE SPÉCIFIQUES


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3. Conclusion
L’accueil des urgences traumatologiques ORL et ophtalmologiques demandent
un matériel spécifique, des personnels formés et une collaboration étroite avec
les spécialistes. Le tri par l’infirmier est primordial afin d’optimiser les soins
donnés au patient. La mise en place de protocole de soins selon la pathologie,
la prise en charge de la douleur au plus tôt permettront d’améliorer la qualité
des soins.

Références
1. Tuil E, De Nicola R, Mann F, Milea D, Barale, PO, Sahel JO. Ophtalmologie en
urgence 2e édition. Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson 2009, 417 pages.
2. Ayache D, Bonfils P. ORL 5e édition. Paris, éditions MED-LINE 2009, 367 pages.
3. Laccourreye L. Les corps étrangers en ORL, SFMU Urgences 2003, 10 pages.
4. Tchaplygune F, Gain Ph. Traumatologie et ophtalmologie, chapitres 24 et 25,
Faculté de médecine de Saint-Étienne 2003, 17 pages.

LES TRAUMATISMES OCULAIRES ET ORL AUX URGENCES 1041

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