Pfe - Les Banques Participatives Au Maroc, Défis Et Perspectives
Pfe - Les Banques Participatives Au Maroc, Défis Et Perspectives
Mustapha HARI
1
2
Dédicaces
Mes chers parents, pour tous leurs sacrifices, leur soutien et leurs
prières tout au long de mes études.
Mes deux chères sœurs pour leurs encouragements permanents,
et leur soutien moral.
Tous mes amis qui m’ont toujours encouragé et à qui je souhaite
plus de succès.
Mon binôme Mustapha et sa famille.
Abderrahmane.
Mon père feu M'barek qui m'a inculqué les bonnes valeurs et m'a
appris de la persévérance pour atteindre tout objectif même s’il parait
difficile voire impossible, je le dédie aussi à la précieuse femme de ma
vie, à ma mère Meriem qui n'a jamais épargné le moindre effort pour
me rendre heureux, et qu'elle m'encourage toujours à poursuivre mes
études et ne jamais lâcher,
Mustapha.
3
Remerciements
KARRA, Notre encadrant, pour ses orientations et ses conseils constructifs et précieux qu’il
nous a fourni, et le temps qui nous a accordé. Pour les informations et les données qui nous a
prêter ainsi que son assistance durant ce semestre. Pour sa disponibilité et pour l’intérêt qu’il
nous a donné à ce sujet en nous faisant profiter de ses précieuses remarques et conseils qui ont
Juridiques, Economiques et Sociales d’EL Jadida, qui veille sur la réussite de notre formation.
Sans oublier les personnes qui ont contribué de près ou de loin à l’élaboration et à
l’évaluation de ce travail.
4
Liste des abréviations
5
Introduction
L’islam n’est pas qu’une simple religion qui se contente de régir seulement la relation
entre l’Homme et le Dieu loin de tout autre aspect conformément à une approche laïque, en
revanche l’islam part au-delà de rapport humain-devin pour aller régir la vie du musulman dans
tous ses aspects et ses différent sens, il encadre les rapports du musulman vis-à-vis les autres
qu’ils soient musulmans ou de différentes confessions, cet encadrement porte sur tous les
aspects, religieux, social, politique et économique.
Le volet économique prescrit différentes règles et directives qui régissent les échanges
et les transactions économique tels que la vente, l’achat, l’hypothèque, crédit et d’autres
transactions financières.
Dans la première partie, nous allons essayer au premier chapitre de définir la finance
islamique et déterminer les ressources dans lesquelles elle puise et les principes sur lesquels
elle se base, nous essayerons aussi de mettre en évidence les défis auxquels elle fait face.
Ensuite dans le deuxième chapitre nous aborderons le système bancaire islamique, tout en
décrivant sa structure et ses composants, aussi nous essayerons de mettre en avant les activités
et les produits qu’il propose. Ainsi que les moyens auxquels il fait recours pour se refinancer,
puis nous aborderons les risques qu’une banque islamique encourt, et enfin nous terminerons
cette partie par une comparaison entre une banque islamique et un autre classique dite
conventionnelle.
6
Partie 1 : Cadre conceptuel de la finance islamique
La finance islamique est un mode de financement fondé sur les principes du droit
musulman ou la Charia, qui impose et incite à l’équité et à la justice, ce mode de financement
diffère du financement traditionnel ou conventionnel par une conception différentes des
facteurs de production, à savoir, le capital et le travail, Elle puise ses sources dans le Coran et
dans la Sunna , ainsi la finance islamique est une finance éthique qui privilégie un système bâti
sur l’équité ,la justice, un équilibre entre l’intérêt personnel et celle de l’autrui et de public, et
sur l’obligation d’éviter ce qui est interdit par le droit musulman (Charia)
2. Origines et évolution
Bien que la première banque à suivre les principes islamiques a été créé en Egypte
dans la ville de Mit Ghamr en 1963 sous forme de caisse d'épargne rurale, les banques
islamiques ont réellement vu le jour en 1974, lorsque l'Organisation de la Conférence Islamique
décida, lors du sommet de Lahore, de créer la Banque Islamique de Développement (BID).
La première banque privée islamique fut créée un an plus tard en 1975 à Dubaï, suivie
en 1978 par l'ouverture de la Bahreïn Islamique Banque. Dès lors le nombre d'institutions
islamiques n'a cessé de croître à travers le monde. En 1979 le Pakistan devint le premier pays
à décréter l'islamisation de son secteur bancaire et fut suivi en 1983 par le Soudan et l'Iran. Au
milieu des années 1990's les banques occidentales ont commencé à établir leur propre filiale
islamique dans la région du Golf. Ainsi en 1996 Citibank a installé sa filiale à Bahreïn suivie
très rapidement par la création de 'HSBC Amanah' par HSBC. L'Etat du Bahreïn devenu le
1
H. Smith « Guide de la finance islamique », page1
7
centre de la Finance Islamique dans la région du Golf, a vu les actifs consolidés des banques
islamiques doubler en moins de trois ans en raison de l'installation de ces filiales occidentales.
De nos jours les institutions financières islamiques sont présentées dans le monde
entier et ont réellement diversifié leurs activités. Elles offrent un large panel de produits et
services couvrant l'essentiel des domaines de la finance que l'on retrouve dans le circuit «
conventionnel » : banque commerciale, banque d'investissement, activités de marché, fonds
islamiques
➢ « Ce que vous prêtez à usure pour accroitre vos biens au détriment du prochain, ne vous
sera de nul profit auprès du Dieu. Ce que vous donnez, par contre, en aumône, quêtant
la face de Dieu, voilà qui vous sera porté à plusieurs fois sa valeur » 2..
➢ « Pour leur injustice, nous avons interdit aux juifs d’excellentes nourritures qui leur
étaient permises auparavant, ainsi que pour avoir souvent rebuté de la cause de Dieu et
avoir perçu (mangé) l’usure alors qu’ils en avaient été défendus, et pour s’être emparé
illicitement des biens d’autrui »3.
➢ « O vous les croyants, ne vous repaissez pas d’usure, multipliant abusivement votre
gain, et craignez Dieu, vous n’en serez que bien heureux »4.
➢ « Ceux qui se repaissent d’usure se verront pour le jugement dernier ressuscités en
convulsionnaires possédés par le démon, et ce, pour ce qu’ils ont avancé que la vente
ne s’assimile-t-elle pas à l’usure ! Celui qui a reçu une exhortation de son seigneur et
qui s’abstient gardera ses gains antérieurs et son cas relèvera a de Dieu. Quiconque
2
Sourate ARROUM, Verset 39
3
Sourate ANNISSAA, Verset 160-161
4
Sourate AL IMRANE, Verset 130
8
récidivera, ceux-là alors sont les condamnés à l’enfer, ils ont s’y éterniseront. Dieu
annihile l’usure et accroit les aumônes »5.
➢ « O vous les croyants, craignez Dieu et délaissez désormais ce qui subsiste de vos
pratiques usuraires, si vraiment vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas, attendez-
vous alors à une guerre que Dieu et son Messager vous déclarerons. Si par contre vous
vous repentez à Dieu, il vous reviendra le principal de vos avoirs, vous ne léserez ainsi
personne, et point vous ne serez lésés »6.
a) Les trois formes de l’usure (Riba)
Riba Annassi’a :
Riba annassi’a est l’intérêt sur le prêt des biens (monétaires ou en natures), elle est
l’usure de délai exigée sur le capital prêté en contrepartie du délai de remboursement, plus le
délai augmente, plus le surplus s’accroit selon la règle de prorata-temporis, un rapporte que
« le prophète a maudit quiconque perçoit l’usure ou la donne et quiconque en consigne l’acte
ou s’en porte témoin ».7
Riba Al Fadl :
Riba Al Fadl est l’écart dans l’échange dans une transaction de troc des bien de même
nature mais de qualité différente pour compenser l’écart de qualité, « L’interdiction d’échanger
un bien contre le même bien d’une qualité différente avec une compensation de poids ou de
mesures a pour finalité d’instituer le marché monétaire comme seul moyen d’échange de biens,
Il est cependant permis de réaliser l’échange de biens de nature différente par compensation (
un quintal de dattes contre trois quintaux de blé par exemple »8.
Le prophète (sws) a dit : « De l’or contre l’or, de l’argent contre de l’argent, du blé
contre du blé, de l’orge contre de l’orge, des dattes sèches contre des dattes sèches, du sel
contre du sel, quantité égale, main à main, celui qui donne un surplus ou exige un surplus
tombe dans l’intérêt »9.
5
Sourate AL BAQARA, Verset 278-279
6
Hadith rapporté par les livres authentifiés, ALBUKHARI, MUSLIM, ATHIRMIDI, ANNASA’I, IBN MAJAH
7
Abderrahmane LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca ,2015, page 56
8
Hadith rapporté par MUSLIM
9
Abderrahmane LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca ,2015, page 57
9
Riba annasa’a
Riba annasa’a est le surplus dégagé à cause de changement de cours entre devises
entre la transaction et le paiement différé de la contrepartie : « le change de monnaie à
tempérament est la troisième forme de l’usure bannie en Islam. Le change de devises doit être
fait au comptant (on the spot) »10. Le hadith interdisant ce type de l’usure et la suite de hadith
cité précédemment : « … lorsqu’il y a différence entre ces biens (de la même catégorie) ;
vendez-les (en sorte que les quantités échangées soient) comme vous voulez, à condition que
ce soit main à main »11.
➢ Le fait de tirer un intérêt est un gain sans aucune contrepartie, « le Riba vise
l’enrichissement sans cause »12, celui qui prétend au profit doit encourir un risque
commercial ou d’exploitation « … le banquier préteur se trouve dans l’impossibilité de
faire fructifier ses ressources monétaires par le simple prêt garanti. De même, une entité
ne peut financer ses besoins en liquidités par l’émission d’obligation à revenus fixes »13.
• Nul bénéfice sans sacrifice « » الغنم بالغرم
• Le profit d’une transaction appartient à qui en garantit la mise initiale
➢ La monnaie n’est pas une marchandise, elle ne peut être ni vendue, ni louée, « l’interdiction
de l’intérêt trouve son origine dans la non reconnaissance à la monnaie de son statut
marchandise, qui est communément admis dans la doctrine conventionnelle »14.
10
A. LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca ,2015, page 57
11
Hadith rapporté par MUSLIM
12
F. Guéranger, Finance islamique en Islam, une illustration de la finance éthique, page 44
13
A. LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca, 2015, page 97
14
Ibid.
15
F. Guéranger, Finance islamique en Islam, une illustration de la finance éthique, page 36
10
résultat futur d’un événement »16. Elle peut aussi caractériser l’occurrence ou non l’occurrence
de la contrepartie d’une transaction, c’est le cas dans les assurances d’accident ou la
contrepartie , et sa valeur dépend d’un évènement susceptible de se produire pendant la durée
du contrat , « cette situation génère une ignorance (Jahl) quant aux gains et aux pertes des
deux contractants, susceptible de causer un préjudice à l’un ou à l’autre car on ne peut savoir
à l’origine, si le contrat est équilibré, or un contrat ne doit léser aucune partie »17.
4. L’interdiction de la thésaurisation
La thésaurisation est un terme décrivant la volonté de garder son argent en dehors du
circuit économique, elle est née dans le cadre des systèmes métalliques, comme pratique de
spéculation sur le cours des monnaies en équivalent en or ou argent. Le coran a sévèrement
condamné la thésaurisation et l’associe au pire châtiment ; « Et ceux qui thésaurisent l’or et
l’argent et ne les dépensent pas pour la cause d’Allah, annonce-leur un douloureux
châtiment »19.
Ainsi, le Coran appelle les gens non seulement à dépenser leurs argents dans les œuvres
de charité, mais il les appelle aussi à le dépenser pour satisfaire leurs propres besoins et ceux
de leurs familles, puis à l’investir et le faire fructifier et en tirer profit, et contribuer ainsi à la
croissance et à la richesse de la communauté musulmane. L’exhortation coranique à dépenser
ne se limite pas à la charité, mais s’étend à la consommation raisonnée, « les actifs monétaires
ne doivent pas être thésaurisés, ni déposés sans fructification sous peine d’être totalement
amortis par la ZAKAT »20.
16
Ibid.
17
Coran, Sourate ATTAOUBA, Verset 34
18
Coran, Sourate AL MAIDA, Verset 90
19
Coran, Sourate ATTAOUBA, Verset 34
20
A. LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca, 2015, page 100
11
5. L’interdiction des activités illicites
L’islam a interdit de consommer ou de pratiquer l’illicite tel que l’industrie porcine, les
vins, les jeux de hasard, le tabac etc…, mais il a également interdit son achat, sa vente ou son
échange. Le prophète (SWS) a dit « Dieu a maudit le vin, celui qui le boit, celui qui le sert,
celui qui le vend, celui qui l’achète, celui qui presse son raisin, celui qui l’a commandé et celui
qui en touche le prix »21. A partir de cela, et pour se conformer à la Charia, dans une opération
de finance, la banque islamique ne peut en aucun cas financer une activité jugée illicite, faute
de quoi, elle n’est plus islamique.
21
Hadith rapporté par Abou Daoud et Al-Hakim
22
F. Guéranger, Finance islamique en Islam, une illustration de la finance éthique, page 38
23
Ibid, page 70
12
ajoute sa propre contribution dont l’assiette est constituée du capital initial, des réserves et des
profit »24.
Section 3 : Les sources de la finance islamique
La finance islamique puise ses règles et c’est principe dans le droit musulman, elle
régit par ce droit et orientée par les valeurs de la religion islamique, pour bien comprendre la
dynamique du droit musulman et son adaptation à tous les temps, il est nécessaire de parler des
sources de ce droit.
Le droit musulman est un système dont les principes et le contenu sont extraits des
sources principales qui sont les paroles du Dieu révélées à son prophète (SWS) regroupées au
Coran, et les paroles et les actions du prophète (SWS) et ils sont extraits aussi des sources
secondaires qui sont le consensus (Ijmaa) et la raison (Qiyas).
1. Sources principales
1.1. Le coran
Le Coran est le livre saint de l’islam, il se place au premier rang du droit musulman, Il
constitue la base juridique du droit musulman et sa première source, sans aucune possibilité de
doute, de changement, de modification ou de tri 25.
Le droit islamique est issu du Coran qui aborde tous les comportements de la vie du
musulman dans ses différents domaines et approches, globales et détaillées. Il est révélé par
Allah à son prophète et transmis de génération à génération.
1.2. La Sunna
La Sunna se place au deuxième rang du droit musulman après le Coran, elle regroupe les
interprétations et les explications des versets du Coran par les prophètes, elle comporte les
règles qui ne sont pas abordées par le Coran, C’est aussi une source de la Charia en ce qu’elle
fournit des réponses à des questions non abordées par le Coran 26. Elle est constituée de ce que
le prophète (SWS) a dit, fait, laissé, approuvé ou désapprouvé.
24
Ibid, p.71
25
Ibid. p.70
26
F. Guéranger, Finance islamique en Islam, une illustration de la finance éthique, page 27
13
abordées ni par le Coran ni par la Sunna, les juristes musulmans ont élaboré des méthodes
complémentaires pour instaurer des nouvelles règles du droit musulman, qui sont le consensus
et la raison.
Ijmaa est l’accord unanime des savants de la communauté musulmane à une époque
sur un règle islamique donnée, il est une technique de recherche et un effort d’interprétation et
de l’application du Coran et de la Sunna. Nécessairement, toute règle établie selon ce procédé
ne peut contredire ni le Coran ni la Sunna 27. Cette technique permet de suivre l’évolution et le
changement que connait la société.
Qiyas est le raisonnement par analogie fait par les savants de la communauté
musulmane, il permet de combiner la révélation avec la raison humaine 28. Il consiste à
assimiler un cas connu à un autre cas nouveau et inconnu, en vue de confirmer ou d’infirmer
une règle concernant le nouveau cas.
27
K-J Snoussi, op, cit page 6
28
M. L. Blanc F, Introduction à l’étude du droit musulman, Paris, Dalloz, 1987, page 117
14
1.1 Le problème d’image
Le premier obstacle rencontré par la finance islamique est le problème d’image qui est
dû à plusieurs facteurs :
- Les diverses réactions suscitées quant à l’émergence des institutions financières islamiques :
Pour les uns, tenants du milieu des affaires, les opérations bancaires et financières islamiques
reposent sur une opération marketing destinée à faire vendre des produits financiers
conventionnels légèrement modifiés afin de les présenter comme étant conformes à la Charia.
Pour d’autres, tenants d’autres religions, le terme finance n’allant pas de pair avec la religion.
Le fait d’accoler les deux termes a pu signifier qu’il s’agissait d’organisations caritatives, ceci
d’autant plus que l’absence de taux d’intérêt est présentée comme leur caractéristique
essentielle.29 .
-Dans les pays musulmans, l’héritage colonial a poussé la littérature occidentale à jeter
l’anathème sur le terme islamique, l’associant tantôt à barbarisme tantôt à archaïsme pour
l’opposer à la modernité, tantôt au sous –développement.
29
Geneviève Causse Broquet, op. cit , p178
30
Geneviève Causse Broquet, op. cit, p182
15
a. Les retards de paiement
Dans le cas d’un retard de paiement, les banques islamiques ne peuvent pas faire
recours à des pénalités de retard car elles sont considérées comme des intérêts. Ce qui expose
souvent les banques aux risques de retard. Pour faire face à ce risque, les banques islamiques
peuvent payer au retardataire une indemnité correspond au préjudice subi, cette indemnité
n’étant considérée comme un revenu si le comité de la charia l’accepte, dans le cas contraire,
ces indemnités seront versées à un organisme caritatif ou imputées au compte de la zakat. Ces
indemnités ne doivent pas être calculés en fonction du temps. En outre, si le retard se prolonge
aucune révision ne peut être effectuée. Malgré tout cela la gestion des retards de paiement
entraine des frais supplémentaires pour la banque31.
A leur début, les banques islamiques ont dû faire appel aux banquiers du secteur
traditionnel. Quel que soit leur niveau de formation, le profil exigé dans les banques islamiques
est différent. Ces derniers ont besoin de managers et de techniciens dont les compétences ne se
limitent pas au domaine bancaire classique. Outre les techniques bancaires, ils doivent se doter
31
Ibid, p.183.
32
Geneviève Causse Broquet, op. cit, p182
33
E. Jouini, Olivier Pastré, op. Cit, p59
16
de compétences dans le domaine commercial, des capacités de négociation, d’aptitude à
l’innovation et le plus important une formation dans les sciences de la charia34.
Les marchés des instruments et effets publiques islamiques restent peu développés par
rapport à ceux de la finance conventionnelle et le marché financier islamique international en
est qu’à ses débuts. La conception d’instruments islamiques pour les opérations monétaires
s’avère délicate.
Dans le système islamique, une émission d’obligations à long terme n’est pas possible
puisqu’elle repose sur l’intérêt, alors cela limite le champ de la gestion monétaire. Le besoin
en marché des actions est par conséquent bien plus élevé. Mais ce marché n’est pas vraiment
développé à cause du nombre limité des institutions spécialisées et l’inexistante de
l’information sur leur performance. Ce retard pose plusieurs problèmes au système financier
islamique : d’une part, il l’empêche d’assure son avenir et longévité à cause du déséquilibre
flagrant qui existe entre le court terme et le long terme. D’autre part, il augmente le décalage
déjà existant avec le marché traditionnel. Cette situation freine l’intermédiation financière et
l’approfondissement du marché.
➢ -La mise en œuvre d’un programme de recherche sur les problèmes de développement
des banques islamiques.
34
Gérard Naulleau, op. cit, p1
17
➢ -La mise en place d’une banque de données sur les banques islamiques existantes pour
assurer une meilleure transparence et une disponibilité des informations sur leur
activité.
➢ Le renforcement des liens entre les institutions financières islamiques et le promouvoir
de la coopération et la coordination entre elles.
2.3.La création d’une stratégie de concurrence avec les banques conventionnelles
Concurrencer les banques traditionnelles est un exercice difficile pour les banques
islamiques puisque tous les outils financiers existants sont basés sur l’intérêt et que les tailles
et l’expérience des établissements ne sont pas comparables. Ajoutant à cela, les banques
conventionnelles n’ont pas la contrainte religieuse.
Des grands efforts ont été mis en œuvre pour l’amélioration du cadre de formation. Dans
ce sens l’Association Internationale des Banques Islamiques a procédé : à la recherche des
modalités d’intensification des efforts de formation par l’élaboration de programmes de
formation proposés aux universités islamiques des différents états membres de l’Organisation
de la Conférence Islamique OCI. A la formation de formateurs en économie islamique et en
matière d’instruments et de techniques bancaires islamiques et les modalités pratiques de
coordination des formations. A la définition d’un programme d’études portant sur des sujets
concrets visant à une amélioration de la coordination du développement des banques
islamiques35.
35
H. Algabid, op. cit, p.237
18
Chapitre 2 : le système bancaire islamique
Sur le cadre juridique, les banques islamiques sont généralement constituées sous forme
de sociétés anonymes avec un capital variable, mais souvent très élevé, souscrit à la majorité
des membres fondateurs ou par les actionnaires généralement de religion musulmane et
enregistré dans un document signé, dénommé Acte constitutif.
Les banques islamiques proposent à leur clientèle des produits conformes et adéquats à
la loi musulmane, pour que ces banques distinguent entre ce qui est licite et ce qui est illicite,
elles chargent le comité de charia et celui de zakat de faire la différence.
36
K. J-Snoussi, op.cit, page 28.
19
2.1.1. Le comité de Charia
La majorité des banques islamiques offrants des produits islamique, disposent d’un
comité d’éthique, appelé communément « le comité Charia » ou « Charia Board ». Ce comité
est composé généralement de quatre à sept personnes. Il établit d’une façon indépendante les
conditions de validité des transactions au regard des règles et de la loi musulmane.
Bien que ce Comité confère à la banque un rôle social, celui-ci se révèle être également
une contrainte pour son activité (interdiction de pouvoir disposer librement des fonds déposés
sur ce compte).37
La banque islamique est considérée comme une banque de détail à l’origine, car elle
exerce des activités de crédit et d’offre de produits de placement, ainsi que les services de
conseils et d’accompagnement en gestion à sa clientèle afin de soutenir dans leurs entreprises
37
M. Ruimy op.cit., page 116
20
et d’assurer une activité économique saine et profitable aux deux partenaires (banque et
entrepreneur). D’une manière générale. La banque islamique fournit notamment :
▪ Les dépôts des particuliers, sont ainsi considérés comme des prêts garantis à la banque,
rémunérés à titre gracieux où les déposants collaborent avec une institution qui respecte
leur identité culturelle.
▪ Les prêts personnels, ne sont tolérés que dans la mesure où ils constituent des
microcrédits ne comportant pas d’intérêts, mais une rémunération des frais bancaires
indépendante de la durée et du montant du prêt. Le gain retiré de ce crédit doit être
soumis à la Sadaqua.
▪ Des produits de placement, la banque place des obligations (Sukuks), auprès de la
clientèle.
▪ L’offre des cartes de crédit
▪ La banque perçoit en premier lieu des marges commerciales sur certaines opérations
d’achat et de revente comme Mourabaha et le Salam. Il s’agit de la différence entre le
prix d’achat et de revente des biens. Cette marge bénéficiaire est spécifique aux banques
islamiques.
▪ Les profits réalisés sur les opérations de participation dans des contrats Moudaraba et
Moucharaka, perçu sous forme des dividendes. La part de la banque dans les résultats
réalisés par les partenaires financés est dictée par le ratio de partage négocié au
préalable. Ces revenus déterminent la part des résultats distribuables, par la suite aux
déposants dans les comptes de partage des profits et pertes en fonction de ratio de
21
partage contracté avec la banque lors de la constitution des dépôts. C’est la raison pour
laquelle ils doivent être clairement identifiés et séparés du reste des produits de la
banque.
Les deux dernières sources de revenu pour la banque islamique sont semblables à
celles de la banque classique, à savoir :
Les revenus réalisés par la banque islamique ne sont pas totalement distribuables sous
forme de rémunération aux déposants. La banque doit d’abord déduire ses charges et ses
dépenses directes. Elle conserve ensuite les revenus issus des opérations commerciales qu’elle
réalise et sur lesquelles elle perçoit des marges. Elle ponctionne des provisions et des réserves
rendues nécessaires étant donné le caractère participatif de ses opérations. La rentabilité de ces
contrats n’étant pas garantie, elle est dans l’obligation de constituer des provisions pour faire
face aux pertes potentielles sur les opérations d’investissement et de financement qu’elle
accorde. De la même manière, la rémunération pouvant être distribuée aux déposants dans le
cadre des comptes de partage des profits et des pertes est corrélée à celle réalisée lors de
l’utilisation de ces fonds par la banque. Cette corrélation est à l’origine d’une volatilité des
revenus.
Après déduction de ces éléments, le résultat obtenu est distribué aux déposants selon
deux affectations possibles. Une part est partagée avec les clients ayant confiés leurs fonds à la
banque dans le cadre des comptes de partage des profits et des pertes, les comptes PSIA (Profit
Sharing Investment Accounts). La répartition de ce résultat se fait par application du ratio de
partage défini lors de la signature du contrat avec le client. Il faut aussi noter qu’en plus de sa
part dans les profits réalisés, la banque retient également les frais qui rémunèrent sa gestion de
ces comptes et celle des investissements qu’elle finance grâce à eux. Cette rémunération est
définie de manière contractuelle dans un contrat de Moudaraba passée avec les déposants. Les
déposants et les tiers ont la possibilité de déléguer à la banque islamique le prélèvement à la
22
source de la Zakat qu’ils doivent à la société et la redistribution de cet impôt selon des modalités
explicitement défini.
Le mot Moucharaka vient du mot arabe Chirka ou Charika qui signifie une association
ou société, elle se définit comme une association entre deux parties (ou plus) dans le capital
d’une entreprise, projet ou opération moyennant une répartition des résultats (pertes ou profits)
dans des proportions convenues38 .
38
M. Ruimy « la finance islamique, guide et analyse » op.cit. p49
23
Les formes de la Moucharaka
24
1.1.2. Le contrat Moudaraba
La Moudaraba se définit comme « un contrat entre deux parties ou l’une d’entre elles
avance à l’autre une somme d’argent à des fins commerciales afin de partager les bénéfices
que l’emprunteur aura réalisé »39.Il s’agit d’une opération dans laquelle la banque joue un rôle
de l’investisseur (rab el mal) fournit la totalité du capital à un entrepreneur (Moudarib) pour le
financement du projet. En contrepartie, ce dernier fournit son savoir-faire et son capital humain
afin de fructifier l’investissement. En fait, la principale condition de conformité de ce contrat
c’est que la nature du projet doit respecter les préceptes de la Charia.
En cas de profit, le Moudarib est rémunéré pour son travail et son expertise, le rab el mal
pour son apport en capital. La rémunération se fais selon le pourcentage fixé à l’avance
dans le contrat.
En cas de perte, les pertes sont entièrement supportées par la banque à moins qu’elles ne
résultent d’une négligence ou d’une faute de la part du l’entrepreneur.
39
HEINRICH (Jacques B.), « Les principaux contrats de financement utilisés par les banques islamiques », in La
revue banque, décembre 1987, p1135.
25
1.2.Les financements par dette
1.2.1. La Mourabaha
La Mourabaha est une méthode de financement très populaire. C’est en effet l’un des
instruments financiers les plus utilisés par les institutions financières islamiques. Il s’agit en
général d’un financement à court terme.
1.2.2. Salam
Salam est un contrat d’achat ainsi de vente avec une livraison différé de la marchandise.
Contrairement au Mourabaha, la banque n’intervient pas comme vendeur à crédit de la
marchandise acquise sur commande de sa relation, mais comme acquéreur avec paiement au
comptant d’une marchandise qui lui sera livrée à terme par son partenaire.
26
Pour que le contrat Salam soit conforme aux préceptes islamiques, il doit remplir les
conditions suivantes :
• Le bien qui fait l’objet de ce type de contrat doit pouvoir être détaillé le plus précisément
possible, pour éviter tout malentendu lors de livraison à la date spécifiée
• L’objet doit être livré à la date convenue. La probabilité de son existence doit donc être
assez élevée. Dans le cas contraire, si l’existence du bien est soumise à trop
d’évènement et indéterminables, il ne peut faire l’objet de ce type de contrat. Tout cela
est en conformité au hadith de Prophète Mohamed qui dit : « Quiconque pratique une
vente par Salam, qu’il spécifie la marchandise par son poids ou son volume et un terme
prédéterminé ».
• La vente par Salam ne peut se faire sur un objet qui existe déjà, car les dommages et la
détérioration du bien ne peuvent pas être assurés avant sa livraison.
Une fois que le locataire du bien a défini ses préférences et ses spécifications du bien
après une négociation avec le fournisseur, il prend contact avec sa banque et signe un contrat
27
Ijara. Ce contrat engage la banque à acheter le bien et à le mettre à la disposition de son client
en contreparties d’un loyer mensuel prédéfini. A maturité, le locataire peut, ou ne pas, acheter
le bien, cela dépendant du type de contrat : Ijara ou bien Ijara Wa Iktina (avec option
d’achat).
1.2.4. L’istisnaa
L’Istisnaa est un moyen de financement progressif. C’est un contrat de fabrication (ou de
construction) au terme duquel le participant (vendeur) accepte de fournir à l’acheteur, dans un
certain délai et à un prix convenu, des biens spécifiés après leur fabrication (construction)
conformément au cahier des charges. En effet, le vendeur s’engage à fournir, dans un délai
précis et à un prix préalablement convenu, le bien selon les conditions émises lors de
l’élaboration du cahier de charges. En contrepartie, l’acheteur s’engage à payer le vendeur en
fonction de l’avancée des travaux.
28
Figure 6 : Schéma du contrat Istisnaa
Les Sukuks sont des instruments financiers définis par l’AAOIFI comme « […] des
certificats ayant une valeur égale et représentant des parts indivisibles de propriété d’actifs
tangibles ou intangibles, d’usufruit et de services, ou encore de propriété d’un projet
particulier ou d’une activité d’investissement spécifique ».40Ils sont les équivalents islamiques
du financement obligatoire pour les entreprises et les émetteurs souverains qui souhaitent se
conformer aux principes de la Charia. Il s’agit de produits financiers adossés à un actif tangible
et à échéance fixe, le Sukuk confère un droit de propriété sur les actifs de l’émetteur, et son
porteur reçoit une partie du profit attaché au rendement de l’actif sous-jacent. Ainsi, l’intérêt
est remplacé par un profit prévu à l’avance à risque quasi-nul. Cette forme d’obligation est
similaire aux Asset-Backed Securities, à la différence que les Sukuks ne versent pas d’intérêts
mais des revenus corrélés aux actifs sous-jacents.
40
K. J-Snoussi, op.cit, p.92
29
Il existe deux types de Sukuks :
Souverain : Emis par un Etat
Corporate : Emis par une société, banque.
Sukuk Obligation
Les actifs sous-jacents titrisés dans une L’obligation peut être émise pour financer
émission de Sukuk doivent être licites au presque n’importe quel type d’activité tant
regard de la Charia. qu’elle est légale dans sa juridiction
Les détenteurs de titres Sukuk sont liés aux Les détenteurs d’obligations ne sont pas
dépenses et aux risques relatifs aux actifs sous- concernés par les dépenses et les risques sur
jacents. les actifs sous-jacents de l’émetteur.
Dans les Sukuk, on ne retrouve pas de relation Dans une obligation, la relation entre
classique « créancier/débiteur » mais les l’émetteur et le souscripteur est quasi
porteurs de Sukuk s’exposent aux risques liés identique à celle d’un créancier et d’un
aux actifs titrisés. débiteur (prêt d’argent) dans laquelle il y a
versement d’intérêts (Riba).
C’est un prêt de bienfaisance. Il est a octroyé par les banques, sur les ressources de la
caisse de la Zakat et non sur les dépôts, pour venir en aide aux personnes se trouvant dans des
situations de besoin temporaire. Ainsi que les modalités de remboursement sont convenues par
les deux parties. L’emprunteur doit le rembourser sans intérêts et sans surplus. Il peut être
utilisé pour financer des projets dans le cadre sociale, économique éducatif ou religieux.
2. La structure du bilan
2.1. Les ressources
Les ressources des banques islamiques se constituent d’une part, des ressources
internes telles que le capital, les réserves, les profits et d’autre part, des ressources externes
telles que les dépôts à vue, comptes bloqués à rémunération participative ou compte d’épargne
et enfin les revenus des projets et placements ainsi que les commissions de gestion.
30
2.1.1. Les ressources internes
Il s’agit du capital initial (lors de la création) de la banque. Il peut être augmenté par
l’émission de nouvelles actions. Ainsi, la contribution des membres fondateurs est la principale
ressource de financement.
La réserve légale
La réserve générale
Les profits
Les gains enregistrés par l’institution financière sont fondus en une masse dont un
certain pourcentage qui est destiné à être partagé entre les déposants et actionnaires de la
banque en fonction des termes de leur contrat.
31
➢ Les comptes d’investissement restreint : en investissant dans un tel compte, le
client impose des restrictions sur la manière dont son argent va être réinvesti
➢ Les comptes d’investissement non restreint : le client laisse une totale liberté à la
banque sur l’emploi de ses fonds, qui peuvent être combinés avec les propres
ressources de la banque.
Ces comptes sont destinés à des placements peu risqués et ayant une échéance courte.
Contrairement aux comptes d’épargne classiques, la rémunération de ces dépôts n’est pas
garantie par les banques islamiques et dépend du résultat dégagé par la banque.
La banque islamique a pour mission de gérer la zakat, tâche supplémentaire qui n’a pas
d’équivalent dans l’activité de la banque conventionnelle. Elle a, dans ce cadre, pour mission
essentielle de permettre aux personnes en difficultés financières de pouvoir subvenir à leurs
besoins sans recourir à l’aide d’autrui.
2.2.Les emplois
32
2.2.2. Financement de la production
Ce risque se manifeste en cas d’insuffisance des liquidités pour les besoins des opérations
courantes des banques, réduisant ainsi leur capacité à satisfaire la demande de leurs clients.
Pour les banques islamiques, ce risque est accentué étant donné que les opérations d’emprunt
a intérêt sont prohibées par la Charia. Ces banques peuvent être en risque de liquidité si elles
rencontrent des difficultés à mobiliser des fonds à coût raisonnable, (situation qui s’aggrave en
l’absence d’un marché monétaire interbancaire islamique) ou si les actifs ne peuvent pas être
vendus à brève échéance.
Les contrats Moudaraba et Mourabaha sont les moins risqués puisque leur maturité est
de court terme. En revanche, d’autres instruments sont perçus comme présentant plus de risque,
ces contrat s sont la Moucharaka, le Salam, l’Ijara et l’Istisnaa.
33
1.2. Le risque opérationnel
Selon le comité de Bâle, le risque opérationnel est défini comme étant : « le risque de
pertes résultant de carences ou de défauts attribuables à des procédures, personnels et
systèmes internes ou à des événements extérieurs. La définition inclut le risque juridique, mais
exclut les risques stratégiques et de réputation. »41
Dans les banques islamiques, Les risques opérationnels sont encore plus amplifiés que
dans les banques conventionnelles, de fait que les banques islamiques supportent les mêmes
types de risques opérationnels des banques conventionnelles, relatifs aux facteurs humains,
procédures, technologies.
Etant donné que les banques islamiques sont d’une création récente, elles encourent un
risque opérationnel majeur provenant essentiellement du manque de personnel qualifié capable
de mener des opérations financières islamiques. Ces banques souffrent aussi de
l’incompatibilité des logiciels informatiques disponibles sur le marché, puisque ces logiciels
sont conçus pour les banques classiques. Ainsi que le risque lié aux procédures, existe dès que
la continuité de traitement des opérations et des dossiers est menacée par une défaillance des
processus de l’institution.
Les banques islamiques sont elles aussi confrontées aux risques de crédit classiques au
même titre que les banques conventionnelles. Ce risque est lié, notamment, à la défaillance de
l’acheteur dans un contrat Mourabaha. Et il se manifeste aussi dans les modes de financement
participatifs : Moucharaka et Moudaraba. Ce risque résulte du non-paiement par l’entrepreneur
de la part qui revient à la banque. Néanmoins on estime que, dans le contrat Mourabaha, ce
risque est moins pesant puisque l’actif qui a fait l’objet de financement est facilement
identifiable.
41
K. J-Snoussi, op.cit, page52.
42
Ibid.
34
1.4. Le risque de marché
Le risque de marché est le risque de réaliser des pertes suite à la fluctuation défavorable
des prix sur le marché. Il est devenu une préoccupation pour les banques à partir des années
80. Suite à la flambée des prix des marchés boursiers, les banques ont commencé à investir
dans les titres. Leurs portefeuilles sont devenus plus diversifiés mais le risque qui leur est
associé est devenu aussi plus difficile à mesurer. Ce risque de marché subdivise en risque de
taux, risque de change et risque de variation de prix (volatilité).
Le risque de taux :
C’est un risque majeur auquel sont confrontées les banques classiques. Il désigne le risque
de voir les résultats de la banque affectés par la baisse suite à une évolution défavorable des
taux d’intérêt. De fait que le recours au taux d’intérêt et aux produits de taux étant prohibé est
remplacé par une marge commerciale fixe, ou encore par un partage des profits et pertes. Ce
dernier est exprimé par la liaison inverse entre taux d’intérêt et la valeur d’un actif financier.
Un bilan bancaire est un portefeuille d’actif financier, donc chaque actif réagit favorablement
ou défavorablement aux variations d’intérêt qui est banni par la finance islamique. Puisque les
fluctuations de taux d’intérêt peuvent impacter la valorisation de certains actifs. Les institutions
financières islamiques utilisent fréquemment un taux d’intérêt de référence. Généralement le
London Inter Bank Offered Rate (LIBOR) afin de maintenir leurs conditions d’intervention
proches de celles des établissements conventionnels. Autrement dit, pour définir le prix des
différents instruments financiers et leurs marges. Si par exemple le taux de références (LIBOR)
augmente, la banque donc est exposée au risque de taux et elle doit tenir compte de cette
augmentation et distribuer des profits plus élevés aux déposants. Le risque de taux concerne le
contrat Istisnaa et le Salam en premier lieu, suivi des modes de financement participatifs portant
sur des engagements de long terme : Moucharaka et enfin, la Moudaraba est utilisée le plus
souvent à court terme, suivie de l’Ijara.
Risque de prix :
Le risque de prix concerne la valorisation par les marchés des actifs détenus par la
banque en cas de dépréciation de la valeur de ses investissements. Ce risque est souvent présent
lorsque la banque tient le rôle d’actionnaire, comme c’est le cas dans les contrats de Moudaraba
35
et de Moucharaka. La banque islamique est aussi exposée à ce risque, dans le cadre des contrats
Mourabaha, Salam et Istisnaa, aux variations des prix de matière première et de marchandise.
Risque de change :
Le risque de change et le risque de taux traditionnellement sont liés. Dans une opération
de change à terme, l’achat ou la vente au comptant de devises, conduit à deux risques. Le
premier est le risque de change et dans le placement de devises sur le marché des capitaux, le
deuxième est le risque de taux.
36
définie selon le principe de partage des profits et des pertes. Cette particularité expose les
déposants à un risque de volatilité, de taux de rentabilité de leurs placements. Celui-ci étant
corrélé à la rentabilité des projets financés par la banque. Les clients auront tendance à retirer
leurs fonds aux bénéfices des banques conventionnelles. Lorsque la rentabilité réalisée n’est
pas satisfaisante des taux de marché.
La gestion de du compte courant diffère d’une banque classique par rapport à une
banque islamique. Lorsqu’un client sollicite la banque islamique pour l’acquisition d’un
bien, le compte courant du client ne reçoit pas de l’argent. La banque verse l’argent au
fournisseur pour l’achat du bien et le revend à terme au client. Donc la rémunération de la
banque est constituée de la marge sur la vente du bien.
Dans le cas où le client souhaite de la banque un prêt pour une cause urgente (mariage
ou décès), la banque passe par un compte spécial (Qard Hassan) où la banque ne prélève pas
37
d’intérêt sur le prêt. Au contraire, Lorsque la banque classique octroie un prêt, elle le
transfert sur le compte courant de son client, ce prêt produit des intérêts
L’originalité des banques islamiques consiste à la mobilisation des fonds sous forme de
comptes d’investissement.
Les fonds déposés dans le compte d’investissement sont gérés par la banque en
contrepartie de frais de gestion qui peuvent êtres des profits ou pertes. Les dépositaires n’ont
aucun droit de regard sur la gestion de leurs comptes. La durée des dépôts varie entre 1 mois
et 5 ans. Si le détenteur du compte se retire avant la fin de l’échéance il partage les pertes, mais
pas les profits que les fonds ont pu générer. Donc, dans un compte d’investissement d’une
banque islamique ni le capital ni le taux de rendement ne sont garantis.
Dans la banque classique, il n’existe pas d’équivalent aux comptes « PSIA ». Cependant,
il est à noter que dans tout compte traditionnel le capital est supposé être garanti. La banque
doit donc pouvoir rembourser une partie du capital de tous ses déposants à tout moment. Ce
qui n’est pas le cas des comptes « PSIA ».
Dans la banque classique, le compte d’épargne génère un intérêt dont le taux d’intérêt fixe
est connu d’avance.
38
2. Les différences au niveau des principes de fonctionnement
Contrairement à la banque classique, les opérations effectuées par les banques islamiques
doivent être conforme avec les principes de la charia même si les deux banques, islamique et
classique ont des objectifs de rentabilité et de réaliser un gain. L’analyse des principes de
fonctionnement met en évidence les divergences au niveau de :
L’intérêt :
La banque islamique s’oppose au système bancaire classique qui repose sur le paiement
des intérêts et elle ne peut jamais donner des crédits qui engendrent des intérêts car la notion
d’intérêt ou Riba est interdite en islam. Dans ce sens, le système bancaire islamique et donc
totalement opposé au système bancaire classique, puisque ce dernier repose essentiellement sur
le paiement d’intérêts débiteurs et créditeurs.
Le partage du risque :
La productivité et la solvabilité :
Lorsqu’il est question de prêt, le système bancaire classique attache une importance toute
particulière à la solvabilité de l’emprunteur et met l’accent sur l’échéance du remboursement
de la somme prêtée et des intérêts.
Le système bancaire islamique diffère par le fait que l’accent est porté sur la productivité
et non sur la solvabilité de l’emprunteur. La banque islamique étant donné le partage des profits
et des dettes s’intéresse davantage à la viabilité des projets et aux capacités de l’entrepreneur.
Ce système est de ce fait plus humain, puisqu’il attache beaucoup d’importance aux
entrepreneurs et s’intéresse davantage à leurs projets.
Le risque moral :
Contrairement aux banques classiques, les banques islamiques attachent une très grande
importance aux implications morales des activités qu’elles financent. En effet, les banques
39
islamiques doivent se soumettre aux valeurs de l’Islam. Ainsi, elles ne pourront par exemple
pas financer les projets illicites.
40
3.2. Passif du bilan
Dans le système bancaire classique, Les banques sont les établissements financiers qui
collectent les dépôts du public, et qui accordent des crédits aux entreprises et aux ménages. Ces
banques tirent l’essentiel de leurs revenus en jouant sur les taux d’intérêts considérés comme
les loyers de l’argent prêté pour une période déterminée.
41
Les revenus des banques islamiques :
Puisque les intérêts sont interdits dans le système bancaire islamique, les revenus des
banques islamiques reposent sur deux catégories de techniques de financement :
➢ Les financements dans lesquels la marge est aléatoire et en fonction des bénéfices
générés par les projets financés.
Le financement participatif des banques islamiques peut s’exercer sous deux principales
formes :
➢ Les financements dans lesquels la marge est fixée d’avance, c’est le cas des ventes à
tempérament (Mourabaha) ou du leasing. Les opérations de ventes à tempérament
consistent à l’achat des équipements ou matériaux aux fournisseurs et à la revente à
terme aux clients, selon les modalités de paiement convenues d’avance. Dans le contrat
de leasing, la banque achète un bien d’équipement, qu’elle met à la disposition d’un
client sur la base d’une location avec l’option de cession de la propriété du bien au
client (locataire).
42
Partie 2 : Les enjeux des banques participatives au Maroc
Un autre prétexte que les autorités avançaient est l’incapacité du marché financier
national à absorber le nombre important des banques du Golf intéressées, et on ne pouvait pas
octroyer des agréments à des unes de ces banques et exclure les autres sous peine d’encourir
un risque diplomatique qui pourrait menacer les relations avec les pays du Golf si leurs banques
n’étaient pas traitées sur le même pied d’égalité. Tous ces prétextes, que les autorités
avançaient, étaient loin des raisons réelles qui sous-tendaient l’imperméabilité du marché
financier marocain à l’égard de la finance islamique. La vérité est ailleurs, l’ouverture de
l’économie marocaine à la finance islamique signifierait d’énormes pertes de part de marché
pour les banques marocaines44. C’est pour cette raison que le lobby marocain de finance
43
conventionnelle avait appuyé pour le blocage de toute tentative d’introduction d’une banque
islamique.
L’autorité monétaire marocaine a fait un pas intelligent par le fait de changer le mot
islamique et le remplacer par participatif, pour dénommer les banques islamiques pratiquantes
au Maroc par des banques participatives. Deux raisons sous-tendent ce changement du nom :
Ce choix d’appellation s’inscrit d’une approche objective où les banques demeurent des
institutions financières qui opèrent et gèrent des transactions monétaires et financières doivent
exercer sans aucune exploitation de l’Islam pour des fins matérielles.
44
B. Création de Comité Charia « CHARIA BOARD »
Assurer un suivi pour détecter les risques de non-conformité aux avis du conseil
supérieur des Oulémas.
Assurer le respect de la règlementation de la finance islamique et l’application des
recommandations du Conseil Supérieur des Oulémas
Contrôler les contrats, les opérations financières et même les compagnes publicitaires
qui doivent respecte les avis du Conseil Supérieur des Oulémas
Déceler les manquements et en informer le comité d’audit de la banque concernée tout
en lui recommandant l’application de mesures correctives adéquates.
C. Octroi des agréments pour les banques participatives par la banque centrale
Après tant de retard, Ban Al Maghreb a publié un communiqué le 02 janvier par lequel
elle annonce l’octroi des premiers agréments pour la création des banques participatives, ces
banques sont :
• Umnia Bank est la première banque participative au Maroc, elle a démarré ses activités
le 22 Mai 2017, elle est le fruit d’un partenariat entre CIH banque et Qatar International Islamic
Bank, inaugurée le 23/05/2017.
• BTI Bank est le fruit de partenariat entre BMCE banque et Al Baraka Banking group
qui en détiennent respectivement 51 et 49.
• Bank Al Yousr est le fruit d’un partenariat entre la banque centrale populaire et le
groupe Guidance Financial (Expert international de la finance islamique.
• Al-Akhdar Bank est une banque participative créée par le groupe Crédit Agricole du
Maroc et la Société Islamique pour le développement privé, filiale du groupe de la banque
islamique de développement.
45
• Banque Assafa est une banque participative Marocaine détenue par Attijariwafa Bank,
elle dispose d’un réseau de 38 agences dans 20 villes au Maroc.
Des fenêtres participatives s’ajoutent aux banques participatives, il s’agit de trois
banques qui ont été autorisées à ouvrir des fenêtres participatives. Ces fenêtres sont :
• Najmah : Fenêtre participative de la banque marocaine de commerce et de l’industrie.
• Arreda : Fenêtre participative de la banque Crédit du Maroc.
• Dar Al Amane : Fenêtre participative ouverte par la société générale marocaine des
banques.
Ces banques et fenêtres participatives sont autorisées à commercialiser les produits
Mourabaha, Moucharaka, Ijara, Salam et Moudaraba.
D. Umnia Bank : cas concret :
Umnia Bank est créée suite au partenariat entre CIH Bank, Qatar International Islamic
Bank (QIIB) et la caisse de dépôt et de gestion (CDG). C’est la première banque participative
autorisée par la Banque Centrale pour entreprendre ses activités. Avec un capital initial de 600
millions de dirhams. Son directeur général est Adnane El GUEDDARI, et Abdessalam ISSAMI
est son président de directoire. Son siège social est situé à Casablanca.
Réseau des agences d’Umnia BANK
De 2017 à 2020, Umnia Bank a réussi progressivement de couvrir la plupart des régions
marocaines. Avec un réseau de 33 agences réparties sur 23 villes, la banque est présente dans
les principales villes du Royaume, et continue de développer son réseau d’agences pour couvrir
l'ensemble du territoire Marocain
Résultats d’Umnia Bank
En 2018, Umnia Bank a dégagé un produit net bancaire de 17 millions de dirhams, elle
a collecté 680 millions de dirhams de dépôts, et elle a distribué 948 millions de dirhams des
financements.
46
EXTRAIT DU COMPTE DE PATRIMOINE DES BANQUES ET FENETRES PARTICIPATIVES
Encours en MDH
oct.-18 nov.-18 déc.-18 janv.-19 févr.-19 mars-19 avr.-19 mai-19 juin-19 juil.-19 août-19 sept.-19 oct.-19 nov.-19 déc.-19 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20
Financement 3640,9 3961,8 4587,8 4855,1 5268,7 5711,1 6054,6 6476,5 6832,4 7212 7469,4 7860,9 8286 8572,5 9128,4 9457,7 9738,7 9754,5 10129
Dont:
Financement participatif à l'immobilier 3347,3 3623,2 4130,7 4389,8 4714,1 5212,6 5524,6 5898,3 6150 6422,8 6612,6 6917 7305,3 7541 7952,6 8217,5 8451,4 8435,9 8787
47
8000
6000
6000 5000 Equipement
4000 Immobilier
4000 Financement
Consommation
3000
2000 2000
1000
0
0
D’après l’extrait nous pouvons constater que le financement de l’immobilier s’accapare
de la part lion du total de financement participatif, en effet l’encours de financement participatif
octroyé dans le cadre de Mourabaha immobilière a grimpé de 3347 MDH en octobre 2018 à
8787 MDH soit une hausse de 160% en accumulant un total de 119633 MDH durant cette
période et représentant ainsi 88.62% de financement participatif global octroyé qui totalise
toujours dans la même période 134998 MDH , cette formule de financement qui captive les
clients s’abstenant de recourir aux banques conventionnelles pour des convictions religieuses
et qui pour satisfaire leurs besoins tout en respectant les préceptes de la Charia acceptent de
payer un montant assez conséquent de par le coût d’achat qui se compose de différent cout à
savoir, le prix d’achat, des frais d’enregistrement et de conservation foncière, des frais de
mutation et d’autres frais tel que les frais de notaire ou avocat, ces coûts auxquels s’ajoute la
marge bénéficiaire de la banque majorée de la TVA.
En ce qui concerne les comptes courants ouverts auprès banques participatives, ils sont
allés de 52000 comptes en fin octobre 2018 à 87272 comptes à fin décembre 2019.Ainsi leur
réseau s’étend de plus en plus au fil des années, le nombre des agences a atteint 95 en octobre
2018 et à fin décembre 2019 il a grimpé à 133 agences déployées dans des différentes villes du
pays.
Les produits qui concernent les entreprises attendent toujours les contrat-types, ces
contrats sont toujours en retard et avancent lentement. Selon les déclarations de Mr. Abdellatif
48
Jouahri, Wali Bank Al-Maghrib : « On a décidé de faire accélérer l’adoption des contrats des
nouveaux produits par le GPBM et le conseil supérieur des Oulémas. Puis on a décidé de tenir
des réunions entre les responsables des banques participatives et les Oulémas pour qu’ils
s’écoutent mutuellement ».
49
risque. Les cotisations collectées sont dédiées gérées par la compagnie d’assurances
TAKAFUL séparément de leurs comptes, et elle reçoit une rémunération de gestion ou une
commission conformément à la Charia.
45Avoir confié Saïd Amaghdir président de l’association marocaine pour les professionnels de la finance
participative à medias24 www.medias24.com.
50
liquidité et de gestion des PME /TPE. Par ailleurs, la banque participative permet aux
PME/TPE de diversifier leurs sources de financement du cycle d’exploitation et de
l’investissement. En effet, elle peut leur accorder de la liquidité en mode continu, dit à court-
moyen-long terme. Cependant les formules privilégiées par le PME/TPE, à savoir,
Moucharaka, Moudaraba, Ijara ou Isatinae n’ont pas encore vu le jours, de ce fait, les banques
participatives restent peu attractives pour les PME/TPE, en plus de la cherté du produit
Mourabaha et l’absence d’une assurance TAKAFUL qui n’encouragent pas les PME/TPE à
solliciter un financement participatif.
51
Chapitre 2 : Enquête sur le comportement des marocains
face aux banques islamiques :
Ce questionnaire est destiné aux particuliers afin d’étudier leurs satisfactions des services
fournis par leurs banques, et aussi pour savoir si les banques participatives ont réussi d’attirer
de nouveaux clients, et quels sont les produits et services proposés par ces banques susceptibles
d’attirer et conquérir de nouveaux clients.
2. Présentation du questionnaire
Le questionnaire a été réalisé en utilisant l’outil en ligne Google Forms, un outil qui nous
a permis de collecter et organiser les données facilement, il nous a aider à obtenir les réponses
rapidement ainsi que leurs analyses avec une grande précision. Le questionnaire est composé
de 16 questions. Dans le cadre de notre enquête, nous avons collecté 139 réponses.
52
Section 2 : Analyse du questionnaire
Êtes-vous ?
139 réponses
L’enquête a porté sur 139 personnes, dont 51.8% sont des hommes et les
48.2% restantes sont des femmes.
70.5% des répondants sont âgés entre 20 et 29 ans, 13.7% sont âgés entre 30 et 39
ans, 6.5% sont âgés entre 50 et 49 ans et le reste est de 50 ans et plus
53
De quelle ville êtes-vous ?
139 réponses
Concernant les différentes zones géographiques que couvrent les différents répondants.
Les villes dominantes sont El Jadida d’un pourcentage de 31.7%, Suivi de Casablanca d’un
pourcentage de 17.3% et Marrakech d’un pourcentage de 7.2%.
Sur un échantillon de 139 personnes 68.3% sont des étudiants ,13.7% sont des
fonctionnaires,7.9% sont des employés, le reste est consacré pour les banquiers, les professions
libérales, les commerçants, les retraités, les chômeurs et les femmes au foyers.
54
Avez-vous un compte bancaire ?
139 réponses
On constate que 75.2% des répondants sont satisfaits des services fournis par leurs
banques, tandis que 24.8% ne sont pas satisfaits.
55
Avez-vous déjà entendu parler des banques participatives ?
139 réponses
Figure 14: le pourcentage des personnes qui ont déjà entendu parler des banques participatives
La grande majorité des répondants (79.9%) ont déjà entendu parler des
banques participatives, alors que 20.1% n’ont jamais été informé.
On remarque que seulement 22.3% des repondants ont un compte bancaire auprés
d’une banque participative .
56
Si oui, laquelle est votre banque ?
33 réponses
Figure 17: Les raisons pour lesquelles les répondants n'ont pas un compte auprès une banque participative.
Concernant la raison pour laquelle 95 des répondants n’ont pas un compte auprès d’une
banque participative, nous avons constaté que 53.7% ne sont pas intéressés des produits
islamiques, 38.9% ont constaté que le réseau de ces banques est faible, 9.5% trouvent que les
frais de tenue de compte sont plus chers que ceux des banques conventionnelles et 13.7% ont
jugé que les services ne sont pas à la hauteur de leurs attentes et besoins.
57
Avez-vous déjà bénéficié d'un financement participatif ?
139 réponses
Figure 18: Le pourcentage des répondants qui ont déjà bénéficié d'un financement participatif
Il s’est aperçu que seulement 15.8% de le population interrogé ont déjà bénéficié
d’un financement participatif, 84.2% n’ont jamais bénéficié.
Figure 19: Les pourcentage des financements participatifs acquis par les clients
Nous avons remarqué que sur 23 personne qui ont déjà bénéficié d’un financement
participatif, 21.7% d’eux c’était pour l’acquisition d’un terrain, 60.9% c’était pour acquisition
d’un logement, 26.1% c’était pour acquisition d’un véhicule et le reste c’était pour acquisition
d’un équipement.
58
Si non, pourquoi n'en avez-vous pas encore bénéficié ?
78 réponses
Figure 20:Les raisons pour lesquelles les clients n'ont pas encore bénéficié d'un financement participatif.
Sur 139 repondants 78 n’ont pas encore bénéficié d’un financement participatif. Nous
avons constaté que 38.5% d’eux n’ont pas encore profité parce que le coût est cher, 28.9% ont
trouvé que la procedure est compliqué, 20.5% ne sont pas intéréssés
Supposant que vous ayez besoin d'un financement et qu'une banque participative et autre
conventionnelle vous proposent la même offre (un financement aux coûts égaux), quel
financement contracteriez-vous ?
132 réponses
Nous avons constaté que 53% de 132 répondants préfèrent contracter un financement
d’une banque participative, et 47% préfèrent contracter celui de la banque conventionnelle.
59
Avez-vous déjà entendu parler de dépôts d'investissement chez les banques participatives ?
139 réponses
Figure 22: Le pourcentage des personnes qui ont déjà entendu parler des dépôts d'investissement
chez les banques participatives.
Il s’est aperçu que 41.7% des répondants ont déjà entendu parler des dépôts
d’investissement chez les banques participatives, mais 58.3% n’ont jamais entendu parler de
ces dépôts.
Figure 23: Le pourcentage des personnes qui investissent chez les banques participatives.
60
Si non, pourquoi n'y investissez-vous pas ?
92 réponses
Sur 139 répondants 92 n’ont jamais fait des dépôts d’investissement chez les banques
participatives, nous avons constaté que 75% d’eux ne sont pas intéressés, 18.48% refusent de
risquer leurs argents et 6.52% ont jugés que l’investissement chez les banques participatives et
peu rentable.
61
Section 3 : Synthèse
Dans le cadre de notre enquête qui a pour objectif principal d'étudier le comportement
des Marocains face aux banques participatives, nous avons dans un premier temps collecté les
informations et mené des recherches sur le terrain, ensuite nous avons effectué une constatation
des résultats obtenus pour enfin déduire que la majorité des marocains possèdent un compte
bancaire, et ont déjà entendu des banques participatives alors que seulement 22.3% ont déjà
ouvert un compte auprès de ces banques.
D’après les remarques et les données collectées, il s’est aperçu que parmi les raisons
majeures pour lesquelles les Marocains n’ont pas encore contracté une banque participative,
d’une part, ils ne sont pas encore convaincus des produits proposés par ces banques, d’autre
part, le faible réseau d’agence, la grande majorité des agences se situent dans les grandes villes,
par contre, elles ne sont pas encore installées dans les petites villes.
Les résultats obtenus indiquent que les banques participatives les plus contractés sont
Umnia Bank et Bank Assafa. La plupart des financements participatifs accordés sont les
financements pour acquisitions des logement, terrains ou véhicules, cela peut être expliqué par
le principe de la prohibition de l’intérêt (RIBA). Concernant l’investissement, il est
remarquable que la majorité des clients n’investissent pas leurs argents auprès des banques
participatives.
Les banques participatives doivent élargir encore leurs réseaux des agences pour qu'ils
attirent le maximum des clients, surtout ceux des petites villes. Ainsi que l'élaboration des
stratégies marketing qui vont attirer des clients potentiels sur les produits et services proposé,
pour que les banques participatives encouragent les clients à agir dans le cadre de la finance
islamique, elles doivent garantir les mêmes droits et les mêmes avantages que la finance
conventionnelle.
62
Conclusion générale
A travers ce travail, nous avons essayé de mener une étude sur la finance islamique, et
aussi de faire une revue sur l’expérience des banques participatives au Maroc depuis leur
introduction jusqu’au le jour d’écrire ces lignes.
Dans la première partie, nous avons essayé de définir la finance islamique et de mettre
en évidence ses origines et les principes qui la sous-tendent. En effet, ce mode de finance puise
du droit musulman qui prohibe l’usure dans toutes ses formes, à savoir, Riba Al Fadl, Riba
Annasi’a et Riba Annasa’a, tout en mettant en avant les raisons d’interdiction de l’usure, des
transactions qui portent sur l’incertitude et le jeu de hasard, de découragement de la
thésaurisation, et ce pour se conformer au principe d’éthique, d’équité, de partage de la perte
comme de gain. Le droit musulman oblige aussi l’aumône pour le principe de solidarité et de
la redistribution de la richesse au profit des gens nécessiteux, nous avons aussi aborder dans le
premier chapitre les ressources du droit musulman qui se subdivisent en deux types, des
ressources primaires, qui sont le Coran et la Sunna, et des ressources secondaires, qui sont le
consensus et l’analogie. À la fin de ce chapitre nous avons abordé les défis et les perspectives
de la finance islamique, des défis parmi lesquels figurent le problème d’image, le manque de
transparence et les problèmes rencontrés comme les retards de paiement et la pénurie du
personnel qualifié, quant aux perspectives, ils y figurent le renforcement du mouvement des
banques islamiques, la création d’une stratégie de concurrence vis-à-vis des banques
conventionnelles.
Dans le deuxième chapitre, nous avons essayé de mettre en exergue le système bancaire
islamique en abordant sa définition, ses caractéristiques et la structure organisationnelle des
banques islamiques qui se distingue de celle des banque conventionnelle par l’inclusion du
comité de Charia et comité de Zakat, nous avons aussi abordé dans ce chapitre les activités des
banques islamiques, leurs niveaux de rentabilité et la distribution du résultat réalisé , Ensuite
nous avons mis le point sur le mode de financement islamique avec ses différentes formes qui
sont la Moucharaka, la Moudaraba, la Mourabaha, le Salam, l’Ijara et l’Istisna’a, et aussi sur
la structure de leur bilan, et sur les différentes risques qu’elles encourent que ce soient des
risques communs avec ceux des banques conventionnelles ou des risques spécifiques aux
banques islamiques. Nous avons terminé ce chapitre par une comparaison entre les banques
participatives et conventionnelles.
63
Dans la deuxième partie, nous l’avons consacrée aux banques participatives au Maroc,
où nous avons abordé au premier chapitre l’historique de leur introduction et l’imperméabilité
du marché financier Marocain envers ces banques suite à la pression faite par le Lobby de
conventionnel, ce lobby qui craignait la concurrence des banques islamiques dans un marché
dont la quasi-totalité de sa clientèle est de confession musulmane, nous y avons abordé aussi
les évènements qui ont précédé leur introduction tel que l’adhérence de Bank Al Maghreb au
conseil du services financiers islamiques, et l’apparition des produits financiers islamiques que
commercialisait Dar ASSAFA, ancienne fenêtre d’Attijariwafa Bank, nous avons aussi vu le
retard que ces banques ont connu avant de voir le jour au Maroc et la raison derrière la
substitution de l’appellation islamique par participative pour éviter tout embarras si cette
expérience de finance islamique ne serait pas couronnée par le succès, et aussi pour éviter de
décrire implicitement les banques conventionnelles par des banques non islamiques.
Quant à la structure des banques participatives au Maroc, elle est légèrement différente
de celle de reste du monde, et ce, par la centralisation du comité de Charia qui relève du conseil
supérieur d’Oulémas présidé par sa majesté en sa qualité de commandeur des croyants,
conférant ainsi à ce comité l’indépendance et le pouvoir, et allégeant la masse salariale des
banques participatives par la suppression des salaires des Oulémas qui généralement sont
chèrement rémunérés.
Actuellement cinq banques et trois fenêtres participatives exercent leurs activités au
Maroc, elles ont pu, même à une offre limitée, de réaliser une performance prometteuse malgré
que le système soit incomplet et ces banques ne tournent pas à plein régime vu qu’elles
commercialisent seulement le produit Mourabaha à une clientèle qui s’abstiennent à faire
recours aux banques conventionnelles pour des convictions religieuses. En plus de l’offre
limitée des banques participatives, ces banques souffrent aussi de non achèvement de leur
écosystème notamment l’assurance de Takaful qui tarde à voir le jour, elles souffrent aussi de
la rareté des ressources de refinancement suite à la pénurie des dépôts des clients qui perçoivent
les banques participatives comme étant seulement une société de financement alors qu’elles
sont des banques qui offrent aussi des services bancaires comme la tenue de compte et le
virement etc…
Quant à leur impact sur l’économie Marocaine, les banques participatives pourraient
avoir une retombée positive sur l’économie nationale notamment sur le financement des TPE
et des PME qui rencontrent des barrières à l’accès au financement auprès des banques
conventionnelles assez exigeantes en terme de garantie, elle auraient aussi un impact sur
64
l’économie sociale, de par l’opportunité d’investissement qu’elles offrent au public, et ce à
partir d’un faible capital ( à partir de 5000 DH) avec un risque réduit .
Nous avons terminé notre travail par une étude de comportement des Marocains vis-à-
vis de ces banques participatives à travers un échantillon qui a répondu au questionnaire que
nous avons élaboré, d’après les réponses collectées nous avons essayé de formuler des
recommandations pour remédier aux insuffisances constatées, notamment l’élargissement des
réseaux bancaires par l’implantation des agences dans les différentes villes de pays, aussi
l’élaboration d’une stratégie marketing pour attirer les clients potentiels avec des publicités à
la fois informatives et persuasives, et enfin l’alignement voire le surpassement des services
offerts par les banques conventionnelles aussi bien à leur qualité qu’à leur coût.
65
Liste des figures
66
Liste des tableaux
67
Références bibliographiques
❖ Les ouvrages
✓ Abderrahmane LAHLOU, Economie et finance en Islam, Casablanca
✓ François GUERANGER, 1993, « Finance islamique, une illustration de la finance
éthique », Edition DUNOD.
✓ Herbert. Smith, 2009, Guide de la finance islamique, paris : Economica.
✓ K. Jouaber-Snoussi, 2013, la finance islamique, Alger : Hiber.
✓ M. Ruimy, 2008, La finance islamique, France : FR.
✓ HEINRICH (Jacques B.), « Les principaux contrats de financement utilisés par les
banques islamiques »
✓ Milliot L. Blanc F, Introduction à l’étude du droit musulman, Paris
✓ Al-Jarhi et Iqbal, 2002, « Banques islamiques : réponses à des questions fréquemment
posées », IRTI Editions.
✓ Hamid Al Gabid, 1990, Les banques islamiques .
❖ Mémoires et thèses :
✓ RAMDANE Nadia, SADOU NAWAL : La finance islamique : fondements théoriques
et réalité.
✓ Bahri Oum El Kheir : La finance islamique compartiment De la finance d’aujourd’hui
❖ Les revues
✓ Premier exercice complet pour Umnia Bank. Moulay Ahmed BELGHITI Edition N°
:5469 Le 08/03/2019. Leconomiste.
✓ Umnia Bank : 17 millions de DH de chiffre d'affaires. Franck FAGNON . Edition N°
:5460 Le 25/02/2019
❖ Webographie
✓ https://www.umniabank.ma/
✓ https://www.leconomiste.com/
✓ https://www.leboursier.ma/
✓ https://ribh.wordpress.com/
68
Table des matières
Dédicaces ................................................................................................................................... 3
Remerciements ......................................................................................................................... 4
Introduction .............................................................................................................................. 6
1. Définition .................................................................................................................... 7
4. L’interdiction de la thésaurisation......................................................................... 11
1. Sources principales.................................................................................................. 13
69
Chapitre 2 : le système bancaire islamique ......................................................................... 19
1. Définition .................................................................................................................. 19
70
Chapitre 2 : Enquête sur le comportement des marocains face aux banques islamiques :
.................................................................................................................................................. 52
1. Objectifs ................................................................................................................... 52
Annexes ................................................................................................................................... 72
71
Annexes
1/ Etes-vous ?
o Homme
o Femme
o Moins 20 ans
o De 20 ans à 29 ans
o De 30 ans à 39 ans
o De 40 ans à 49 ans
o 50 ans et plus
o El Jadida
o Casablanca
o Rabat
o Marrakech
o Tanger
o Agadir
o Autre : ………
o Etudiant
o Fonctionnaire
o Banquier
o Employé
o Profession libérale
o Autre : ….
72
5/ Avez-vous un compte bancaire ?
o Oui
o Non
o Oui
o Non
o Oui
o Non
o Oui
o Non
o Umnia Bank
o BTI Bank
o Banque Assafa
o Bank Al Yousr
o Al Akhdar Bank
o Najmah
o Dar Al Amane
o Autre : …….
73
10/ Avez-vous déjà bénéficié d'un financement participatif ?
o Oui
o Non
o D’un terrain
o D’un logement
o D’un véhicule
o D’un équipement
o Autre ...…
o Coût cher
o Procédure compliquée
o La banque exige Hamish Aljiddya
o Absence d’une assurance (Takaful)
o Vous n’êtes pas intéressé
o Autre : ….
13/ Supposant que vous ayez besoin d'un financement et qu'une banque participative et
autre conventionnelle vous proposent la même offre (un financement aux coûts égaux),
quel financement contracteriez-vous ?
14/ Avez-vous déjà entendu parler de dépôts d'investissement chez les banques
participatives ?
o Oui
o Non
74
16/ Si non, Pourquoi n'y investissez-vous pas ?
o Investissement peu rentable
o Vous ne voulez pas risquer votre argent
o Vous n'êtes pas intéressé
75