Le Français Au Maroc
Le Français Au Maroc
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Table des matières
Résumé …………………………………………………………………………………….… 3
Introduction .............................................................................................................. 4
1 Encadrement théorique …………………………………………………………………… 5
1.1 Langue et nation définies ………………………………..……………………,,…….… 5
1.1.1 Pourquoi le français est-il une « langue » ? ………….…………………….…,,……... 5
1.1.2 « National » : un concept complexe …………………....………………..……,,…… 6
1.2 Les autres langues du Maroc : un aperçu …………………..……………….……,,….. 7
1.2.1 Les langues officielles du Maroc : l’arabe et l’amazighe ….………….…………..... 8
1.2.1.1 L’arabe classique …………………………………………….……………………….. 8
1.2.1.2 L’amazighe …………………………………………….………………………..…… 8
1.2.2 « Le marocain » ou darija, langue officieuse mais incontournable …………...…... 9
1.2.3 Les autres langues officieuses du Maroc …………………………………….…..….. 10
1.2.3.1 L’espagnol ………………………………………………………………………..…. 10
1.2.3.2 L’anglais …………………………………………………………………………..… 10
1.3 Le français : discuté et disputé mais présent ………………………..…………..….… 11
1.3.1 Le français dans l’histoire du Maroc …………………………….………………..…. 11
1.3.2 Le français d’aujourd’hui : une langue internationale ……..………………..……. 11
1.3.3 Le français et l’usage entre Marocains : une affaire de classe ? .………………….. 12
1.3.4 Le postcolonialisme et le français au Maroc …………………...……………....….. 14
2 Recherche empirique ……………………………………………………………………. 16
2.4 Les différentes langues sur la télévision nationale marocaine ............................… 16
2.5 L’enquête ……………………………………………………………………………….. 17
2.5.1 Le déroulement …………………………………………………………………….… 17
2.5.2 Les résultats …………………………………………………………………………... 18
Conclusion ……,,,,,…………………………………………………………………..….…. 21
Remerciements …………………………………………………………………………….. 22
Bibliographie ………………………………………………………………………….…… 22
Annexes …………………………………………………………………………………..... 25
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Résumé
Comme nous verrons déjà dans le chapitre théorique, le statut du français au Maroc est en
effet flou. Après l’indépendance, l’État marocain a proclamé l’arabe comme seule langue
standard, mais sans en tirant toutes les conséquences : le français est resté langue de
l’enseignement supérieur et reste dans certaines occasions usitées par l’État comme langue de
communication. De plus, le français est toujours étonnamment présent dans la presse et même
dans les nouveaux médias, et la littérature francophone marocaine reste remarquablement
vivante comparée à la littérature arabophone et surtout berbérophone marocaine considérant
que le français est une langue qui n’est ni officielle ni maîtrisée par la majorité de la
population.
Que veut donc dire « langue nationale » ? Langue du peuple, langue de l’État, langue
historiquement liée au pays ? Selon les différentes définitions attribuées au terme, toutes les
trois à la fois en fait. Et le français l’est tous les trois au Maroc ; mais toujours pas véritablement
à part entière. C’est la langue d’une frange du peuple, d’une partie de l’État, d’une des
identités historiques que représente le Maroc. Le français est symbole par excellence du fléau
linguistique qui règne au Maroc, où les langues quotidiennement parlées et parfaitement
maîtrisées par la population (notre enquête approuve qu’en fait que cette langue n’est en fait
que le darija) ne sont pas reconnues ni (bien) standardisées et presque sans importance
économique, tandis que la langue principale officielle, l’arabe, est difficile et classique, vieillie
et péniblement utilisé pour les nouvelles innovations scientifiques.
Au final, le français est à la fois langue nationale et étrangère au Maroc, pays multilingue qui
ne réussit pas à donner une place stable ou même professionnellement importante aux plus
importantes langues maternelles. Et malgré que l’espagnol parait avoir définitivement disparu
des devants du théâtre linguistique marocain, l’anglais surgit rapidement, profitant du manque
de lien émotionnel positif avec le français.
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Introduction
Le Maroc est situé entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne et se trouve en même temps aux
lointains confins nord-occidentaux du monde arabophone. Les deux grandes conquêtes qu’a
subi le Maroc, celle des Français/Espagnols et celle des Arabes auparavant, ont laissé des
empreintes substantielles au niveau de la langue et de la culture du pays, sans jamais faire
disparaitre l’ancienne langue des Amazighes. Malgré ces récentes colonisations étrangères, le
Maroc est une ancienne nation qui fut un État indépendant pendant des siècles et qui
s’étendait jusqu’au Mali actuel. La population marocaine d’aujourd’hui est un mélange
d’Arabes et de Berbères et s’est créé durant tous ces siècles une langue à lui : le darija, mélange
officieux entre arabe et amazighe et depuis le 19ème siècle imprégné par de plus ou moins
fortes influences espagnoles et françaises. C’est une langue, souvent considérée comme
dialecte, qui a la réputation d’être comprise par tous, mais elle n’est institutionnalisée ni
officialisée par personne. C’est donc dans cette nation colorée mais aussi divisée par un
complexe imbroglio ethnique, linguistique et culturel que le français doit trouver (ou non) sa
place.
Pour rechercher dans quel sens le français est une langue nationale ou étrangère du Maroc,
nous commencerons par définir les termes « langue » et « nation » à partir de plusieurs sources
et en l’appliquant au français dans le contexte marocain. Nous identifierons ensuite
brièvement les autres langues au Maroc telles qu’elles sont décrites dans la littérature, élément
essentiel pour pouvoir récupérer les fonctions que remplit le français au Maroc. Dans le
troisième paragraphe, nous traiterons plus spécifiquement du français et de sa position au
Maroc, en invoquant son histoire, son usage par les différentes classes sociales et par les
contextes plus larges du postcolonialisme et du multilinguisme.
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1 Encadrement théorique et recherche dans la littérature
Pour pouvoir préciser en quel sens le français est une langue nationale au Maroc selon nous,
il importe premièrement d’expliciter ce que nous entendons par les termes « langue » et «
national ». C’est ce que nous ferons dans ce chapitre.
Nous nous efforcerons d’appliquer ces définitions au contexte marocain dans nos exemples
et essayerons ainsi de délimiter les présuppositions que contient notre question principale,
par exemple que « le français est une langue ».
Dans chapitre 6 de Fromkin e.a. (2011), il est indiqué que « savoir une langue » implique la
connaissance d’un nombre fini de règles grammaticales cohérentes qui suffisent pour former
un nombre indéfini de phrases possibles. Ceci vaut aussi pour le français : les règles sont défi-
nies (dans des dictionnaires, des livres d’études, dans le cerveau de ceux qui maîtrisent le
français), mais les millions de locuteurs sont tous les jours créateurs de nouvelles phrases et le
français ne cesse de s’enrichir de néologismes.
Dans l’usage quotidien, notamment politique, ces termes sont néanmoins détournés selon
l’idéologie sociétale. Ceci est par exemple le cas en Chine, où les différentes langues chinoises
sont régulièrement appelées des « dialectes » dans l’intérêt de la cohérence nationale (Morris
2013) ; ou en Croatie et en Serbie, des pays qui, depuis leur indépendance, proclament avoir
une langue officielle différente (le croate versus le serbe), tandis que ces « langues » sont en
fait mutuellement parfaitement intelligibles (Garde 2001 ; 45-46).
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Le français par contre est pleinement reconnu comme langue auprès des instances officielles,
étant une langue officielle dans 29 pays (selon France Diplomatie 2013, site officiel du gou-
vernement français) et au sein de plusieurs instituts internationaux (OTAN, Nations Unies,
Union européenne, Jeux Olympiques etc.) et ayant une grammaire et un vocabulaire très
formalisés, notamment par l’Académie française. Son intelligibilité mutuelle avec les autres
langues avoisinantes de la même famille linguistique romane (l’espagnol, l’italien, le catalan)
est limitée, comme le confirme la recherche de Jensen (1989).
En même temps, il importe de considérer que le français normatif tel qu’il est défini officiel-
lement n’est que l’une des variétés pratiquées, et ceci est particulièrement vrai au Maroc, où
« la variété acrolectale est le fait d’une élite urbaine francisée très réduite. » (Benzakour e.a.
(2000) ; 114).
Effectivement c’est la variété mésolectale qui est la plus largement répandue au Maroc, une
langue française qui se distingue du français officiel par des constructions syntaxiques légère-
ment différentes, par une prononciation influencée par le darija et l’amazigh et surtout par
un vocabulaire adapté aux particularités de la société marocaine (Benzakour e.a. (2000) ;
113/114.). Ceci a même amené Benzakour e.a. à établir un vocabulaire des mots spécifiques
au français du Maroc (p. 117).
La transition vers « une autre langue » qui n’est plus intelligible devient encore plus graduelle
en considérant que le parler marocain, le darija, peut-être trempé de mots et même de phrases
et d’expressions françaises, et que le langage des Marocains peut en fait être autant francisé,
arabisé (l’arabe standard étant langue officielle et langue de l’école, les Marocains le maîtrisent
en général très bien) ou encore berbérisé ou hispanisé que la situation l’exige (Benzakour e.a.
(2000) ; 114/115, entre autres).
Ceci ne conteste pas le fait que le français comme l’arabe standard et l’amazigh sont des
langues clairement distinguables qui sont usitées dans des circonstances diverses au Maroc et
qui ont des règles formelles, auxquelles les Marocains savent se tenir, notamment à l’écrit ;
mais suite au plurilinguisme (parfois défaillant) des Marocains, le code switching, indice de
contextes interculturels eux-mêmes variables, est très régulier et le français a effectivement ses
spécificités marocaines (ou maghrébines) à lui. Dans les médias, nous constatons par exemple
que les noms arabes sont prononcés selon la prononciation arabe dans le journal télévisé
francophone marocain (cf. journal matinal du 22/3/16), journal francophone qui est immé-
diatement et sans transition suivi par des annonces en darija.
Premièrement, nous nous référons à la première définition que nous donne Littré (1878 ; 692)
du terme national : « qui concerne la nation, qui est de la nation ». Effectivement le suffixe
« al » est un suffixe grammatical qui sert à rendre du nom « nation » un adjectif, tel que le fait
ce même suffixe pour des mots tels « syndical », « cardinal, « marginal » etc. Un suffixe ne peut
pas être utilisé en tant que morphème autonome pour former un mot. Ceci vaut pareillement
pour l’affixe « e » suivant « al », qui est la marque flexionnelle du féminin mais qui en soi ne
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porte pas forcément de sens. Pour le sens du mot « national », nous nous baserons donc ef-
fectivement sur les définitions données pour « nation ».
Concernant le mot « nation », nous prenons Le Petit Robert comme point de départ. Il donne
quatre définitions différentes. Nous citons la deuxième définition (« groupe humain, généra-
lement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité et la volonté de vivre en
commun »), où le dictionnaire cite effectivement plusieurs philosophes français (Pierre Nora,
Renan, Paul Valéry) pour soutenir cette définition assez abstraite.
Ainsi, si nous nous tenons à cette troisième définition, pour découvrir en quel sens le français
est une langue nationale du Maroc, il importe que nous sachions dans quelle mesure le français
est une langue de l’État marocain, de la communauté politique qu’est le Maroc ; mais, selon
la deuxième définition de nation, il importe donc principalement de chercher à savoir dans
quelle mesure il est une langue des Marocains.
Pierre Nora donne une formulation plus nuancée et abstracte qui parait d’une certaine ma-
nière réunir deuxième et troisième définition :
« C’est que la Nation elle-même est tout entière une représentation. Ni un régime, ni une politique,
ni une doctrine, ni une culture, mais le cadre de toutes leurs expressions, une forme pure, la formule
immuable et changeante de notre communauté sociale, comme d’ailleurs de toutes les communau-
tés sociales modernes. Sans doute n’a-t-elle pas cessé d’évoluer au cours du temps, passible de toutes
les incarnations imaginables ; fluctuante dans les limites de sa souveraineté ; diverse selon les ré-
gimes qui en assument les pouvoirs, les formes étatiques qu’elle revêt, les lois et les coutumes qui
la régissent, les légitimités qui la revendiquent, les sentiments qu’elle inspire. Mais stable dans le
cadre de référence qu’elle constitue, et dans la forme politique originale de société humaine qu’elle
représente, par rapport aux tribus, aux empires, aux cités ou aux aires religieuses, culturelles et
idéologiques. » (Nora 1986 ; 10)
La nation dépasse ainsi son statut purement actuel et est le cadre stable mais changeant au
cours du temps de la communauté sociale ; toute langue nationale devrait donc contribuer à
définir ce cadre, en évoluant mais toujours en restant présent depuis longtemps.
Nous verrons plus tard dans quel sens le français se conforme à cette définition de langue
« nationale » du Maroc.
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1.2.1 Les langues officielles du Maroc : l’arabe et l’amazigh
Depuis 2011, l’État marocain reconnait deux langues nationales officielles : l’arabe et l’ama-
zighe. Ce sont effectivement les deux langues parlées au Maroc qui sont les plus pérennes sur
le territoire marocain : « Jusqu’à l’arrivée des Arabes au VIIe siècle, le phénicien, le grec, le
latin et l’amazighe constituent successivement les principaux idiomes utilisés pour les transac-
tions commerciales entre les pays riverains de la Méditerranée. » (Quittout 2007 ; 26)
1.2.1.1 L’arabe
L’arabe est l’une des deux langues officielles du Maroc. Il est généralement reconnu qu’il
prévale sous deux formes différentes : l’arabe standard (réservé principalement aux pratiques
rituelles de l’islam (dans sa forme la plus formelle classique), à l’écrit et aux situations orales
formelles) et les parlers, donc au Maroc le « dialecte arabe marocain » (le darija, qui est telle-
ment différent de l’arabe standard qu’il) que nous traiterons plus tard et qui sert surtout dans
la communication orale plus informelle.
L’arabe est une langue internationale qui est reconnue en tant que langue officielle par entre
autres l’ONU et la Ligue Arabe. C’est la seule langue officielle de bon nombre de pays voisins
et plus éloignés (Mauritanie/Algérie/Libye/Tunisie/Égypte/Arabie Saoudite/Qatar/Jorda-
nie/Syrie etc.). La connaissance de l’arabe classique permet donc effectivement aux Marocains
d’appartenir à une grande communauté linguistique. Pourtant, il faut noter la relative faiblesse
des pays arabophones dans plusieurs domaines importants : au niveau de l’éducation (Human
Development Index (2015 ; 242), de la science (où les arabophones sont quasiment absents
(Association Iremmo)) et du développement humain, où les pays arabophones sont absents
du top 30 mondial de l’Indice de Développement Humain de 2015 (le pays le mieux classé
étant le Qatar à la 32ème place). Ceci se fait ressentir dans le nombre de travaux scientifiques
et littéraires récents écrits en arabe et amenuise l’attirance de la langue arabe. Cette faiblesse
contribue à ce que les langues européennes, telles le français et l’anglais, puissent remplir leur
fonction de langue d’ouverture et d’ascension sociale et professionnelle.
Il est aussi à noter que l’arabe officiel n’est pas la langue maternelle ni la langue vernaculaire
des Marocains. Même le surgissement de l’arabe littéraire moderne qui a remplacé l’arabe
classique dans certains contextes notamment non religieux, un arabe qui est plus simple et
plus flexible au niveau syntaxique que l’arabe littéraire classique et qui est largement utilisé
dans les médias actuels, nie en rien que c’est le darija (« l’arabe dialectal marocain ») qui est
considéré dans la littérature comme langue maternelle de la majorité des Marocains, comme
dans les autres pays arabes par ailleurs : « L’arabe littéraire moderne reste une langue artifi-
cielle. Même les speakers d’Al Jazira, qui semblent s’exprimer de façon si élégante et si natu-
relle, cessent de l’utiliser dès que les caméras cessent de tourner, et ils retournent à leur arabe
dialectal, qu’il soit libanais, égyptien ou marocain. » (Laroui 2011 ; 67)
1.2.1.2 L’amazighe
La langue amazighe, ou berbère, n’a obtenu son statut officiel auprès de l’État marocain qu’en
2011. C’est le signe le plus remarquable de la revalorisation récente de la langue la plus an-
cienne du pays. La langue fut omniprésente et dominante avant la conquête des musulmans
arabophones au Maroc (il y a plus de dix siècles), quand le Maroc fut effectivement peuplé
par les Imazighen (Berbères). Suite à la conquête des Arabes, les Marocains se convertirent en
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masse à l’islam, et l’arabe obtint ainsi son statut de langue d’ascension sociale mais aussi reli-
gieuse (Quittout 2007 ; 30). À partir du XIe siècle, les Arabes sont effectivement allés vivre
en grand nombre au Maroc, et les ethnies amazighes et arabes ont ainsi fini par cohabiter au
Maroc, mais avec la langue des conquérants arabes comme langue toujours plus dominante
du pouvoir, de l’islam et de la politique, l’arabe devenant la langue maitrisée par (quasiment)
tous les Marocains tandis que l’amazighe est restée principalement la langue des Amazighes.
L’amazighe a ainsi régressé par rapport à l’arabe jusqu’à devenir aujourd’hui une langue seu-
lement maîtrisée par une minorité des Marocains (Benzakour e.a. 2000 (66)), repoussée vers
certaines sphères familiales et rurales, ces sphères rurales qui suite à l’urbanisation incessante
du pays perdent toujours du poids au niveau démographique et économique.
Il faut noter que selon certaines sources les Français ont tenté pendant la colonisation de faire
progresser l’amazighe aux dépens de la langue arabe, qui aurait été considérée comme une
menace beaucoup plus importante pour le français. Mais cette promotion de l’amazigh ne fut
que très partielle et peu efficace, l’amazighe n’ayant jamais reconquis de position importante
au sein de l’éducation ou de l’administration marocaine tel le français et l’arabe standard l’ont
à présent ou de lingua franca au Maroc tel qu’est le darija maintenant :
« Une forme de bilinguisme est observée surtout dans les domaines devant être gérés conjointement
par l’administration française et marocaine. Les textes officiels sont alors publiés en version française
et en version arabe. La circulaire du 2 septembre 1912, stipule en effet que les lois et règlements
doivent être publiés dans les deux langues. Le berbère, quant à lui, est, à cette époque déjà, mis
aux oubliettes. » Quittout (2007 ; 50/51)
La langue amazighe dispose donc bien d’un alphabet et d’un statut officiel et est quelque peu
enseigné à l’école. Elle a bien sa place dans la société marocaine en tant que langue véhiculaire
de la communauté amazighe. Pourtant, son manque d’importance à l’étranger et son statut
de langue minoritaire problématisent une présence plus importante de la langue amazighe au
Maroc. Il est à voir quelle fonction peut encore remplir cette ancienne langue dans l’avenir
du Maroc.
Comme dans les autres pays arabes, l’arabe officiel est côtoyé par un idiome officieux, qui est
langue maternelle et langue vernaculaire de la majorité de la population. Dans le cas du
Maroc, pays qui se trouve aux confins de la sphère arabophone, il s’agit du darija, un idiome
fortement influencé par l’amazighe et le français notamment.
Le darija est employé principalement comme une langue (dialecte ?) orale, qui ne possède
pas de règles formellement définies (effectivement toutes les langues disposent bien de règles,
cf. Fromkin e.a. 2011 ; 300, malgré que ceci n’est pas toujours reconnu dans les discussions
sociolinguistiques au Maroc, cf. Daouda 2015). Ceci est valable tant pour sa grammaire, son
orthographe, son vocabulaire que pour sa syntaxe, ce qui rend du darija une langue extrême-
ment flexible. Les mots et les expressions d’origine française sont aisément entrés dans le da-
rija, comme les mots d’origine anglaise se mettent à présent à entrer dans le darija sans que
d’institut officiel tel que l’Académie française juge que ceci serait « erroné » dans le darija.
Ici, nous analyserons brièvement la fonction des deux autres langues les plus présentes au
Maroc : l’espagnol et l’anglais.
1.2.3.1 L’espagnol
Dans l’enquête, nous verrons en quoi l’espagnol pourrait être encore considérée une langue
présente au Maroc en le comparant avec le français, l’autre langue ex-coloniale d’origine
européenne, et l’anglais, qui manque l’enracinement historique.
1.2.3.2 L’anglais
La langue anglaise manque donc l’enracinement historique dont disposent le français et l’es-
pagnol et selon la littérature son usage reste ainsi toujours assez restreint, surtout dans la
communication entre Marocains. Pourtant, il y a plusieurs facteurs qui renforcent la position
de l’anglais au Maroc : le nombre toujours croissant de touristes non-francophones qui visi-
tent le Maroc, la domination toujours croissante de l’anglais en tant que langue diplomatique
et scientifique internationale et sa très forte présence dans les nouveaux médias, qui sont
accessibles à tous (internet/télévision/films). Ces éléments font en effet que la langue anglaise
est de plus en plus plébiscitée en tant que langue étrangère importante.
Effectivement des voix s’élèvent pour remplacer le français par l’anglais en tant que langue
indo-européenne la plus importante dans l’éducation marocaine (Charrad 2015). Ceci n’est
pas (encore ?) le cas, mais des initiatives vont déjà dans le sens d’une position plus prononcée
de l’anglais au sein de l’enseignement marocain, comme la relative nouvelle obligation de
maîtriser l’anglais pour les enseignants dans l’éducation supérieure (Le Nouvel Observateur ;
2014).
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Dans notre enquête, nous comparerons la maîtrise entre jeunes et grands-parents er verrons
aussi s’il y a déjà des domaines où l’anglais est préféré sur le français.
Les contacts entre la France (et l’Occident en général) et le Maroc sont millénaires, le Maroc
et la France ayant fait partie du même Empire romain, mais la domination de la langue fran-
çaise au Maroc sur les autres langues européennes est un phénomène relativement récent qui
ne se fit sentir qu’au tournant du 20ème siècle. Effectivement, « vers 1880, l’espagnol était la
langue dominante en raison d’une forte communauté espagnole » (Quittout 2007 ; 50), et le
français ne possédait pas de position supérieure à l’anglais et à l’espagnol jusqu’en 1912, date
à laquelle la plus grande partie du Maroc devint officiellement protectorat français.
Malgré cette nouvelle gouvernance française, qui durait jusqu’en 1956, le français n’est jamais
devenu langue majoritaire au Maroc. Les vœux de J. Chailley illustrent bien le fait qu’effecti-
vement la France n’a en effet pas eu besoin de franciser la majorité des Marocains pour pou-
voir gouverner le Maroc :
« 80% (de la population autochtone) gardés et maintenus dans les habitudes et les travaux tradi-
tionnels, 10% associés à vous pour devenir des collaborateurs inférieurs, 6 à 7% dans l’administra-
tion à divers étages, 3 à 4% dans les sciences pures, la haute administration et la politique… Vous
n’aurez pas créé des oisifs. » (Quittout 2007 ; 55/56)
11
Cette forte position internationale du français rend intéressante la langue au niveau du com-
merce ; mais aussi pour les écrivains marocains qui souhaitent que leurs livres soient accessibles
à un public international.
Nous avons déjà décrit le français en tant que langue d’ascension sociale au Maroc, de langue
d’ouverture vers un monde plus riche et plus « développé » (cf. l’Index du Développement
Humain, où il y a six pays avec le français comme langue officielle qui se trouvent en-dessus
de tous les pays avec l’arabe comme langue officielle) et de langue usitée dans l’écriture for-
melle et littéraire. C’est la langue qui est royalement utilisée dans les établissements éducation
scolaire de l’élite (les écoles privées et les écoles françaises) et le français est largement em-
ployé dans les études universitaires, comme dans les emplois les mieux payés.
Effectivement, la langue française peut toujours être considérée une langue minoritaire au
Maroc. Le rapport de 2015 édité par l’Organisation Internationale de la Francophonie dé-
nombre un pourcentage de 32% des Marocains qui seraient francophones ; le rapport de
2007 qui distingue entre francophones partiels et entiers conclut que le pourcentage de fran-
cophones entiers n’était que de 13,5%. Pourtant, beaucoup d’auteurs littéraires écrivent et
vendent en langue française (nous citons Mohamed Nedali, qui a vécu presque toute sa vie
au Maroc et qui avoue avoir appris le français en tant que quatrième langue, après l’amazighe,
le darija et l’arabe) :
« Mon premier livre, Les amours d’un apprenti boucher, a été excellemment traduit en arabe par
Hassan Bourkia et Mohamed Ennaji. Hélas, c’est celui qui se vend le moins. Cette année, il m’a
rapporté 500 dirhams. C’est dérisoire. Il y a très peu de lecteurs en arabe. Je vends cinq fois, six
fois plus en français. » (Guessous 2012)
Avec l’amazighe en tant que langue maîtrisée par seulement une minorité de la population
marocaine, et pas vraiment de l’éducation ni de l’économie ou des médias, avec le darija en
tant que langue non-codifiée qui n’a jamais eu de statut officiel et avec l’arabe standard en
tant que langue maternelle de personne et en tant que langue peu utile dans la science inter-
nationale ni vraiment pour le progrès économique, le français peut en effet continuer à peser
dans la société marocaine.
Nous avons donc ainsi explicité comment les faiblesses des autres langues marocaines permet-
tent en partie au français de subsister et de conserver son importance au Maroc, mais il reste
à noter que la maîtrise beaucoup plus importante de la langue (ex-)coloniale auprès de l’élite
qu’auprès du reste de la population est un phénomène plus commun. Nous citons un extrait
de Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon, qui décrit la position du français aux Antilles
dans les années 50 :
12
« Oui, il faut que je me surveille dans mon élocution, car c’est un peu à travers elle qu’on me
jugera… On dira de moi avec beaucoup de mépris : il ne sait même pas parler le français.
Dans un groupe de jeunes Antillais, celui qui s’exprime bien, qui possède la maîtrise de la langue,
est excessivement craint : il faut faire attention à lui, c’est un quasi-Blanc. En France, on dit : parler
comme un livre. En Martinique : parler comme un Blanc. » (Fanon 1952 ; 16)
Bien évidemment, la position du français dans le Maroc actuel n’est pas tout à fait pareille,
les Antilles étant (aussi à l’époque de Fanon) officiellement sous l’égide de la France. Pourtant,
la position de la majorité des Marocains qui ne maîtrisent pas le français (ou, il faut nuancer,
une autre langue indo-européenne tel l’anglais) au Maroc est toujours d’une certaine manière
subjuguée, inférieure, à ceux qui possèdent cette maîtrise ; mais nous verrons dans l’enquête
que nous mènerons si effectivement le respect pour la France est toujours aussi grande.
Un certain statut élitaire du français se fait en tout cas facilement argumenter : le PIB par
habitant est toujours plus de cinq fois élevé en France qu’au Maroc et il reste difficile pour
beaucoup de Marocains d’aller en France (de grandes sommes d’argent sont souvent requises
et « les acceptations des visas sont particulièrement faibles », Maccaud 2010), et suite à l’ara-
bisation de l’éducation publique et la qualité médiocre de cette éducation qui utilise des mé-
thodes inefficaces pour enseigner le français et manquant de moyens (cf. Guisser 2010), il n’est
effectivement pas évident pour les classes populaires marocaines de bien apprendre le fran-
çais. La France et le français restent ainsi, somme tout, difficilement, voire pas du tout acces-
sibles pour cette grande frange populaire de la population du Maroc qui ne peut pas accéder
à l’enseignement privé ni obtenir de visa pour voyager en Europe, et ceci non pas par manque
de volonté, mais par impossibilité. De l’autre côté de la société marocaine, le nombre d’en-
fants scolarisés dans les écoles privées explose tout en restant très minoritaire (de 1 à 8% en
15 ans, cf. Salem 2015) et pendant qu’une partie grandissante de l’élite marocaine a tendance
à faire du français une langue maternelle :
« Les Marocains sont de plus en plus nombreux, surtout dans les grandes villes, à parler à leurs
enfants uniquement en français. Selon un récent article paru dans le quotidien Al-Massae, il s’agit
d’une nouvelle tendance. “Ces jeunes rêvent et parlent en français. Ils maîtrisent cette langue mieux
que les Français”, affirme le journaliste Abdellah Damoune. L’Institut français de Rabat confirme
cette évolution. Les Marocains manifestent un intérêt croissant pour les cours, surtout les garçons,
explique la directrice adjointe, Muriel Augry. » (Riemersma 2010)
Ainsi, celui qui « s’exprime bien, qui possède de la maîtrise de la langue » au Maroc est celui
qui possède de l’argent (comme le confirme aussi par exemple l’étude de Grandguillaume
dans Quittout 2007 ; 129), c’est celui qui possède du pouvoir, c’est celui qui puisse accéder à
des choses qui restent inaccessibles au reste de la population marocaine, et ceci n’a pas changé
depuis l’indépendance du Maroc, ou même au contraire, avec l’arabisation de l’enseignement
publique gratuit. En cas d’exemple, nous rappelons que le roi Mohammed VI ne parle pas
l’amazighe, langue officielle du pays, tandis qu’il a une bonne maîtrise du français (Larbi
2013).
Par rapport à l’usage du français auprès de l’État marocain, le français n’est donc effectivement
pas langue officielle du Maroc. Ceci n’empêche pas que l’État marocain ne cesse de l’utiliser
et non pas seulement comme langue diplomatique internationale, mais aussi comme langue
de l’administration technique (Laroui 2011 ; 74).
Il faut ajouter que le fait que le français est principalement utilisé par l’élite du Maroc n’em-
pêche pas – d’une certaine manière – au reste de la population marocaine de faire usage du
français dans la vie quotidienne, de façon moins directe et complète :
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« Le mélange des codes à dominante d’arabe dialectal est pratiqué par les locuteurs alphabétisés
mais qui ont une connaissance limitée du français, puisque ce type de discours n’exige pas une
bonne maîtrise de cet idiome. Il n’est pas la marque intentionnelle d’une identité bilingue mais un
parler commode, sécurisant, souvent déclenché par la difficulté du locuteur à trouver ses mots, à
composer ses phrases etc., trace d’une faible maîtrise de l’une ou l’autre langue composant le mé-
lange, mais qui, dans notre cas, concerne la défaillance en français. » (Benzakour e.a. 2000 ; 115)
Et tandis que les classes populaires francisent ainsi le darija, le français, lui, est effectivement
marocanisé, adapté par les Marocains à la société marocaine, dans sa variante mésolectale,
qui est « assurément la plus répandue, la plus vivante et la plus typique des variétés de français
en usage au Maroc » (Benzakour e.a. 2000 ; 114).
C’est suite à une colonisation relativement récente (qui a duré jusqu’après 1950) que le fran-
çais s’est largement répandu et installé sur le continent africain, dont le Maroc fait partie. La
proclamation de l’indépendance du Maroc (en 1956) s’est également faite dans la même pé-
riode que beaucoup de pays voisins (l’Algérie en 1962, la Tunisie en 1956 ; la Mauritanie, le
Mali, le Bénin et le Sénégal en 1960 etc.).
La façon dont le français s’est imposé au Maroc, en tant que langue élitaire d’un pouvoir
nouveau et étranger (dans les cas cités la France), est ainsi similaire à la façon dont il s’est
imposé dans d’autres ex-colonies. Le Maroc n’est donc pas seul dans le choix délicat de ce
qu’il doit faire avec cette langue de l’ancien colon après l’indépendance du pays, ni est-il seul
dans son plurilinguisme. La question si la langue de l’ex-colon (dans les exemples cités le
français) peut s’imposer en tant que nouvelle langue nationale se pose effectivement ailleurs
et les opinions divergent.
Ces similitudes n’impliquent pas que tous les pays ex-colonisés doivent être mis dans le même
sac, et la réponse à cette question dépend bien du cas spécifique. Là où le français s’est claire-
ment et nettement imposé au Gabon en tant que langue maternelle de la majorité des habi-
tants et en tant que seule langue officielle de l’État, le français est par exemple devenu extrê-
mement minoritaire au Vietnam et au Cambodge et a perdu tout statut officiel.
Le français n’a pas le même statut au Maroc qu’au Gabon ou qu’aux DOM-TOM (Martinique,
Guadeloupe, Réunion), le français n’étant la langue maternelle que d’une très petite minorité
de la population marocaine. La position du français au Maroc diffère aussi nettement de celle
par exemple en Guinée ou au Niger, où le français n’est pas la langue maternelle de la popu-
lation, mais où il est resté seule langue officielle et langue principale de l’enseignement, des
fonctions qui au Maroc sont principalement prises par ou au moins disputées avec l’arabe
standard. Effectivement cette présence de la langue arabe, langue officielle de l’État et de
l’enseignement marocain qui possède de plus une sacralité unique en tant que langue dans
laquelle Dieu a révélé le Coran et dans laquelle les prières sont censées se faire 5 fois par jour
selon la religion de la quasi-totalité des Marocains et de l’État marocain, rend la supériorité
de l’ancienne langue coloniale française plus complexe qu’ailleurs.
Mais, comme nous l’avons vu, le statut de langue élitaire dont le français dispose au Maroc
semble provenir d’une autre supériorité, non pas religieuse ou divine, mais plutôt socio-éco-
nomique. Comme nous l’avons vu, le français semble surtout maîtrisé par la minorité des
Marocains qui possèdent de relativement importants moyens financiers, de ceux qui peuvent
14
accéder aux écoles privées, de ceux qui sont au pouvoir (les ministres et le roi maitrisent
excellemment la langue française) et de l’élite intellectuelle qui fait des études supérieures ou
qui lit et écrit de la littérature, en plus d’être la langue du plus important partenaire écono-
mique actuel (qu’est la France) et des relativement riches Marocains qui sont allés vivre en
France et qui transfèrent actuellement à partir de la France d’importantes sommes d’argent
vers le Maroc (plus de 22 milliards dirhams soit 2 milliards d’euros par an, cf. Tali 2011). Nous
vérifierons ceci dans notre enquête.
Le choix pour ensuite écrire en français et non pas en arabe et donc de devenir écrivain
francophone, dépend de plusieurs facteurs. Nous avons déjà explicité, à l’aide de l’exemple
de Mohamed Nedali, le facteur d’un lectorat plus important, qui fait que les livres écrits en
français sont généralement plus vendus que les livres écrits en arabe et surtout que les livres
écrits en amazighe. Ceci implique donc tant plus de revenus pour l’écrivain qu’une plus grande
portée (potentielle) du message du livre.
Laroui (2011) dénombre d’autres arguments pour écrire en français : l’arabe, seule langue
officielle avant 2011, est complexe (surtout dans sa version officielle/classique) et n’est la
langue maternelle de personne, ce qui fait que l’excellente maîtrise de la langue qui est néces-
saire pour pouvoir écrire des livres dans cette langue n’est pas atteinte par beaucoup d’écri-
vains. Il motive effectivement pourquoi le français est moins complexe à écrire (orthographe
plus claire avec les voyelles, moins de synonymes, langue complète au niveau de la science
contrairement à l’arabe). De plus, il y a sa stérilité, sa sacralité, qui font que les écrivains du
8ème et du 9ème siècle restent insurpassables, et le fait que ce n’est pas une langue vivante, qui
fait que dans les récits en arabe classique il y a toujours une distance entre l’écrivain et la
langue, et ensuite entre la langue et le lecteur.
Abdelkébir Khatibi, autre écrivain marocain qui écrit en français, décrit cette langue française
dans laquelle il s’exprime en écrivant comme une langue étrangère, opposée à la langue ma-
ternelle (Memmes 1994 ; 121), notamment dans Amour bilingue, où le personnage marocain
principal qui maîtrise couramment le français et l’arabe ne parle qu’en français avec son amour
puisque son amour ne maîtrise pas l’arabe, mais où l’amant marocain se sent au final défait
de sa personnalité puisqu’il ne peut jamais exprimer ses sentiments dans sa langue d’enfance.
Ceci peut paraitre étonnant, après que nous avons conclu que le français est la langue princi-
pale du Maroc littéraire. Mais, comme l’indique Laroui (2011 ; 80), le Maroc n’a guère de
langue maternelle à l’écrit. Comment écrire dans sa langue maternelle (que ce soit le darija
ou l’amazighe) si l’on n’est pas éduqué dans cette langue maternelle, si la langue maternelle
15
n’est pas seulement dominée par une langue (ex-)coloniale comme le dirait Chamoiseau mais
par deux (le français et l’arabe classique), si l’on ne lit jamais dans sa langue maternelle, si l’on
n’apprend pas à étudier ni à réfléchir dans sa langue maternelle, mais toujours dans une langue
étrangère, que ce soit l’arabe classique ou le français ? Le choix pour le français que font
toujours tellement d’écrivains marocains sans qu’il ne soit leur langue maternelle ne devient
vraiment logique que si l’on considère qu’au final leur seul alternatif est l’arabe classique,
langue maternelle de personne, moins vivant, et offrant un lectorat beaucoup moins impor-
tant. Souvent, ils ne maîtrisent même pas suffisamment cette langue pour pouvoir y écrire
(ceci vaut par exemple pour Tahar Ben Jelloun ou Rachid Boudjedra, Laroui 2011 ; 66) ; le
français comme langue d’écriture n’est ainsi pour eux guère pas un choix, mais plutôt la seule
possibilité.
Pour finir, il faut noter que tant le nombre de publications que les ventes des livres au Maroc
sont en général très faibles (32 fois moins de livres de publiés qu’en France par an en 2015
tandis que le nombre d’habitants est seulement 1,4 fois moindre, cf. Mdidech 2016), tant en
français qu’en arabe. Tout inclus, le nombre de livres marocains publié en arabe dépasse
largement celui du nombre de livres publiés en français (Mdidech 2016), avec l’amazighe
encore très loin derrière en troisième position (1,1%).
2 Recherche empirique
Les chaînes nationales de la télévision marocaine sont également sujettes du débat linguistique
au Maroc. La grande majorité des chaînes est en arabe, soit en « dialecte » (darija) soit en
arabe plus officiel. Le journal télévisé du soir, en prime time, est toujours diffusé en français
sur la chaîne principale, mais la grande majorité des talkshows, des documentaires et des films
est diffusée en arabe, même si cet arabe parlé est régulièrement (avec des intervals très chan-
geants selon l’interlocuteur et le type d’émission, le français revenant surtout dans des
talkshows qui concernent par exemple l’économie) intercalé par des mots ou des expressions
français. L’amazighe est utilisé pour toutes les genres et a donc sa chaîne à lui, mais n’est pas
utilisé sur les plus grandes chaînes en prime time, ce qui semble confirmer son statut de « deu-
xième langue officielle », langue symboliquement protégée par la nation marocaine mais tou-
jours après l’arabe et ipso facto pas de plus grande valeur que le français. Notons aussi que le
français est la seule langue indo-européenne à avoir une position prononcée dans la scène
médiatique marocaine. L’espagnol ne dispose que d’un journal télévisé en plein après-midi et
l’anglais n’a aucune de programmation fixe sur la télévision nationale du Maroc.
Nous faisons une dernière remarque à ce sujet de la télévision : le site de cette Société Natio-
nale de Radiodiffusion et de Télévision Marocaine est accessible en français et en arabe, pas
dans d’autres langues, et donc en effet pas en amazighe, pourtant langue officielle de l’État
marocain.
16
2.5 Enquête
2.5.1 Le déroulement
Comme dernier aspect de ce mémoire, nous avons mené une enquête avec 38 questions, la
majorité (32 des 38) en choix multiple pour ainsi diminuer le temps que prend le rempli de
l’enquête tout en facilitant la comparaison des données, à l’aide des Formulaires Google.
L’enquête (proposée en arabe et en français) a été remplie par 112 personnes, qui ont tous en
commun d’avoir la nationalité marocaine (ce qui était condition préalable pour participer à
l’enquête) ; 70 personnes l’ont remplie en français, 42 l’ont fait en arabe. En effet nous nous
sommes décidés à mener l’enquête dans les deux langues, pour ainsi atteindre un public plus
large. Les questions dans l’enquête française et en arabe sont fondamentalement les mêmes,
exceptée de possible légères différences qui sont inévitables dans toute traduction.
Faute de temps et de moyens, nous n’avons pas mené l’enquête oralement. Il faut alors déjà
noter que les analphabètes, qui représentent pourtant 30% de la population marocaine
adulte et notamment 53% des femmes marocaines (Maad 2014), n’ont ainsi pas pu participer.
Aussi est-il que l’enquête a surtout était propagée par le biais de Facebook, donc par les
nouveaux médias, ce qui est donc plus susceptible d’atteindre des jeunes.
L’enquête consiste en trois parties : la première invite les répondants à donner des détails
personnels, de statut civil/âge/niveau d’éducation/sexe etc., pour pouvoir analyser quels Ma-
rocains ont participé à l’enquête et quels Marocains sont sous-représentés, ainsi que pour
soulever d’éventuelles différences signifiantes entre différents groupes sociaux.
La deuxième partie invite nos répondants Marocains à définir comment ils utilisent et appré-
cient leurs langues, tant dans un contexte professionnel que plus intime. En liant les réponses
à ces questions aux réponses de la première partie, nous
Nous présenterons donc ci-dessous les résultats et les réponses avec des analyses et des liens
avec notre partie littéraire. Vous trouverez toutes les questions de l’enquête ainsi que les
réponses possibles, en français et en arabe, dans les annexes.
Vous trouverez les résultats de l’enquête francophone et arabophone ainsi que toutes les ré-
ponses individuelles dans l’annexe de ce travail. Nous donnerons ici quelques explications
supplémentaires sur les questions et les réponses qui ont été obtenues.
Pour la question 2, le grand nombre d’enquêtes arabophones qui ont soumis l’enquête à
partir de l’étranger s’explique par le grand nombre de répondants (28 sur les 112 répondants
au total résident au Qatar) à partir du Qatar. Ceci n’est pas représentatif pour la population
marocaine en général, mais est une anomalie survenue pendant la collection des données.
Nous constatons aussi que 51 des 112 participants résident dans l’agglomération Casa-
blanca/Rabat/Salé, tandis que 6 réponses proviennent de Marocains résidant en France et
encore 6 de Marocains résidant dans un autre pays européen. Malgré un effort supplémen-
taire qui a été fait pour récolter des réponses de Guelmim, seulement deux personnes ont
indiqué résider dans cette petite ville du Sud, et la très grande majorité des Marocains qui ont
répondu vivent donc au final soit à l’étranger soit dans une grande agglomération.
17
Ceci explique aussi pour la question 3 le grand nombre de répondants arabophones qui vivent
à l’étranger mais souhaitent souvent retourner au Maroc, en effet les travailleurs vivent sou-
vent au Qatar de façon temporaire. Il y a pourtant une statistique qui se fait moins facilement
expliquer par la façon dont les données ont été collectées ; tandis que 49 des 58 répondants
(84,5%) des répondants en français qui vivent actuellement au Maroc et souhaitent y rester,
ceci est seulement le cas pour 17 des 33 (51,5%).
Il faut ensuite noter que tous les répondants résidant au Maroc vivent en ville, tandis qu’en
fait 40% de la population marocaine est rurale. Ceci s’explique en partie par un alphabétisme
plus élevé dans les zones rurales (55% contre 30% pour la moyenne nationale). Il vaut de
même pour la légère majorité des répondants masculins.
La grande majorité des répondants a entre 18 et 29 ans, ce qui correspond à peu près à l’âge
médian du Maroc (de 28,5 ans en 2015) et ce qui ne s’explique pas seulement par la propa-
gation de l’enquête par Facebook mais aussi par un alphabétisme plus élevé chez les jeunes.
La majorité des répondants est employé. Il faut noter qu’aucun répondant aurait un père
comme homme de ménage, tandis que presque la moitié de leurs mères prend soin du mé-
nage. La très grande majorité des répondants, près de 90%, affirme donc en effet avoir une
famille conservatrice. Parmi les 12 personnes indiquant avoir un français de débutant ou d’in-
termédiaire, ce pourcentage est de 67% ; par contre là où 25% (3 sur 12) des répondants
avec une famille non conservatrice parle (aussi) français avec les parents, ce pourcentage est
de 15% (17/112) sur tous les répondants.
Les ressentiments sur la France sont chez l’écrasante majorité mitigées, on ne peut donc ici pas
faire des distinctions parmi les répondants.
Pour les établissements fréquentés, nous voyons en effet un écart considérable entre les ré-
ponses en français et en arabe. Il faut noter que 57% des répondants en français a fréquenté
une école primaire privée, tandis que seulement 16,7% des répondants en arabe a fait pareil.
(Il faut en fait aussi noter que certains répondants (15% à peu près dans les deux langues) ont
probablement mal compris la question, en n’indiquant pas avoir fréquenté l’école primaire
mais bien un niveau supérieur ; ceci ne fait qu’augmenter le vrai nombre de répondants fran-
cophones qui ont fréquenté l’école primaire privée).
On constate un autre écart entre les répondants en arabe et en français au niveau de l’alpha-
bétisme des parents, avec 73,9% des répondants en français dont les deux parents savent lire
tandis que ce pourcentage est de seulement 59,5% des répondants en arabe.
Le niveau d’amazighe est un peu mieux auprès des répondants en arabe qu’en français, mais
reste faible ; 8% des répondants en arabe sait le parler aisément. Il faut noter que seulement
un répondant indique ne pas parler aisément le darija, ce qui en fait clairement la seule langue
parlée maîtrisée par la majorité des Marocains.
18
Par contre, le français, y compris les répondants dans les deux langues, est avec une légère
avance sur l’arabe la langue la mieux maîtrisée à l’écrit dans des situations officielles. Seule-
ment un répondant affirme y être capable en amazighe.
Une frange minoritaire mais signifiante (18) des répondants parle français avec sa famille,
personne ne le fait en anglais ou en espagnol. L’amazighe est là aussi très minoritaire, mais
revient en force dans le nombre des grands-parents qui le maîtrisent (30), dépassant ici large-
ment le français (15). L’espagnol est là aussi quasiment absent (1 répondant), et aucun grand-
parent ne maîtrise l’anglais.
L’anglais est par contre largement la langue la plus plébiscitée pour des cours extra-scolaires,
devant le français. L’intérêt et la maîtrise de l’anglais paraissent alors en très forte progression,
et même si le nombre total de Marocains qui pratiquent l’anglais ou ont suivi des cours extra-
scolaires ne peut pas être extrapolé à partir de l’enquête (qui a plus de répondants alphabètes,
maîtrisant le français, résidant à l’étranger et urbains que la moyenne de la population maro-
caine), l’écart avec les grands-parents est impressionnant.
En effet presque personne ne trouve le darija ou l’amazighe (les langues des grands-parents)
les plus importants, tandis que 57,2% des répondants estiment l’anglais la langue la plus
importante pour leurs (éventuels) enfants. Le français arrive somme toute en troisième posi-
tion, derrière l’arabe. Pourtant, comme on le constate d’après les réponses sur la précédente
question 24, la majorité des répondants souhaitent aussi que leurs enfants soient éduqués en
français et en arabe, et estiment donc aussi ces langues-là comme importantes à l’avenir.
La majorité des répondants ne parait pas d’accord avec la décision d’avoir l’amazighe comme
langue officielle du Maroc et souhaitent que l’arabe soit langue officielle unique ; ceci peut
être lié à la maîtrise extrêmement faible de nos répondants de l’amazighe, mais une recherche
supplémentaire à ce sujet serait le bienvenu.
L’arabe, le français, l’anglais et le darija passent tous les quatre devant un nombre comparable
de répondants sur le petit écran ; le grand absent de la télévision marocaine selon cette en-
quête est l’amazighe, après l’espagnol, qui en général n’a pas de place significative dans le
monde linguistique de nos répondants et n’est (plus) une véritable langue nationale maro-
caine.
Réponses intéressantes mais prévues pour l’utilisation du téléphone : le français est plébiscité
par ceux qui le maîtrisent, l’arabe n’est utilisé que par 11 répondants (dont 2 parmi ceux qui
ont répondu à l’enquête en français et 1 sur 5 parmi ceux qui affirment avoir un niveau « dé-
butant en français) ; sinon l’anglais est souvent utilisé. L’arabe parait donc en effet ne pas être
très prisé pour les dernières innovations techniques.
Le français est langue la plus utilisée au travail, surtout si l’on ne prend en compte que les
résidents du Maroc (seulement 5 des 28 résidants au Qatar affirment utiliser le français au
travail ; le pourcentage parmi les Marocains résidant au Maroc est donc encore plus élevé
que le pourcentage total des réponse). L’arabe ne l’est que très peu ; mais il est par contre la
langue la mieux maîtrisée pour raconter un poème intime, avec 48 « votes » au total, devant
le français avec 37, tandis que l’anglais n’est pas très bien maîtrisé dans ce domaine intime.
Les répondants en arabe paraissent plus liés non pas seulement à la présence de l’arabe au
Maroc (dont la disparation serait déplorée par presque tous), mais aussi à la présence du
darija et de l’amazighe que les répondants en français. Une grande majorité des répondants
19
en arabe ne souhaitent pas que ces langues disparaissent, tandis que cette majorité n’existe
pas pour les répondants en français. Le lien émotionnel parait ainsi beaucoup moins important
avec le français, dont entre 20 et 25% pourcent des répondants déploreraient s’il disparait.
Finirons par un une remarque en arabe qui est intéressante : « اللغة العربية ام جميع اللهجات سواء المغربية
بالنسبة للهجة المغربية جميل ان تتواصل بيها في الشارع هي واللغة العربية وحتى نكون منفتحين اكثر على العالم فالبد. وغيرها
» ان نركز على اللغة االنجليزية وننسى اللغة الفرنسية
Selon lui, le darija est bien pour rigoler dans la rue, l’arabe est langue sacrée, l’anglais langue
du monde, et le français langue à oublier…
20
Conclusion
Pour répondre à la question si le français est une langue nationale marocaine, nous devrons
donc répondre à deux questions.
La première question est si le français est une langue appartenant au groupe humain avec la
conscience et la volonté de vivre ensemble que constitue la nation marocaine.
La réponse à cette question n’est pas évidente. Comme nous l’avons vu, ce n’est qu’une rela-
tive petite frange des Marocains entre eux qui communiquent qu’à des occasions spécifiques
oralement entre eux en français « standard » ; le français mésolectal, donc le darija truffé de
mots et d’expressions d’origine française est par contre beaucoup plus régulier, surtout dans
certains domaines de la vie tel que les domaines technique et professionnel, ce qui fait que
les Marocains emploient souvent le français sans le savoir, et le français fait en tout cas bien
partie de l’héritage culturel et de l’actualité médiatique, littéraire, technique, économique et
scientifique des Marocains.
Le français n’est, selon nos sources, que très peu maîtrisés par les illettrés et les non-éduqués,
qui restent nombreux au Maroc. Cela ne fait pourtant pas que le français ne fasse pas partie
de leur vie quotidienne. La société marocaine les confronte bien au français, à l’école de leurs
enfants comme à la télévision et dans la rue, où les panneaux sont souvent bilingues. L’unité
de la société marocaine fait que le français est là pour tous d’une certaine manière, même
pour ceux qui ne le maîtrisent pas. De ce point de vue, le français peut en effet être considéré
comme langue nationale.
Dans notre enquête, nos répondants marocains ont en effet placé le français en première
position au niveau professionnel et le français est considéré très important aussi dans l’avenir
de leurs (éventuels) enfants. Ceci est vrai tant pour ceux qui le maîtrisent que pour ceux qui
ne le maîtrisent pas. Pourtant, cette importance du français au Maroc ne rend pas liés nos
répondants émotionnellement au français ni à la France.
Le français est-il aussi une langue nationale en tant que langue de l’État, de la communauté
politique que constitue le Maroc ? Disons qu’il l’est au moins pour une partie. Pas officielle-
ment, mais dans certaines circonstances. Pas en tant que première langue du parlement, mais
bien en tant que langue importante de l’enseignement public supérieur, en tant que langue
maitrisée par les ministres, qui eux ont fréquenté l’enseignement… privé bilingue ou franco-
phone (nous citons encore Amine 2013 ; certains ministres avouent effectivement ne pas bien
pouvoir tenir leur exposé en arabe (ce n’est pas précisé dans l’article, mais il s’agit de l’arabe
classique officiel) puisqu’ils maîtrisent mieux le français). Comme nous l’avons vu tant dans
notre enquête que dans notre recherche sur la programmation de la chaîne nationale maro-
caine, le français tient aussi toujours son rang sur la télévision nationale marocaine.
Les débats linguistiques, autour du français et autour de toutes les autres langues, poursuivront
encore longtemps au Maroc. Nous avons expliqué à l’aide de différents arguments, histo-
riques, linguistiques et économiques, pourquoi le français occupe aujourd’hui cette position
extrêmement ambiguë, non-formalisée mais primordiale, en tant que première langue pro-
fessionnelle et scientifique de la nation marocaine mais qui n’est pas substantiellement maitri-
sée par 68% de la population marocaine.
21
Le français contribue-t-il au cadre référentiel qu’est la nation marocaine, du cadre de ses ex-
pressions ? Sûrement, tant sur le plan politique, où le Maroc fait partie de l’OIF, que sur le
plan de son histoire, que sur le plan de sa littérature, le français encadre la nation marocaine
clairement, sans nier pour autant que le Maroc fait aussi, et dans ces mêmes aspects, aussi
pleinement partie de la Ligue Arabe, et du monde arabe, et qu’enlever l’amazighe de ce cadre
rendrait également incomplet ce cadre.
Concluons donc par dire français que selon notre recherche est actuellement l’une des langues
nationales du Maroc ; mais que pour la majorité du peuple marocain il est aussi langue étran-
gère, langue de l’étranger, langue de l’Autre, de la relativement petite élite (plus) occidenta-
lisée qui fréquente les écoles privées, langue de progrès économique, mais ce n’est pas forcé-
ment langue aimée. C’est une langue incontournable, mais difficilement accessible pour cer-
tains, seulement une nécessité pour d’autres, et contrairement aux langues plus anciennes
seulement émotionnellement indispensable au Maroc pour une minorité. Le plus danger pour
l’avenir français est qu’il non seulement n’est pas beaucoup aimé par les classes moyennes
(une prochaine recherche parmi les personnes alphabètes et les personnes plus âgées et pour-
tant nécessaire pour une vue plus complète) ne semble même plus (l’a-t-il été dans le passé
en fait ?) aimé par cette élite, et si la politique décide de faire de l’anglais une langue plus
importante dans l’éducation marocaine que le français (ce qui est actuellement encore l’in-
verse), l’avenir du français en tant que « langue nationale » semble pénible au Maroc.
Quel rôle le français jouera dans l’avenir du Maroc dépendra aussi de la volonté politique
qui a la lourde responsabilité de réparer les gigantesques défaillances de l’éducation publique
et de faire ainsi accéder tous les Marocains qui veulent à la maîtrise du français, parce que
pour le moment le français est toujours considérée langue importante qu’il vaut mieux maî-
triser ; ceci ne porterait non pas seulement de façon directe à plus de francophones, mais
pourrait aussi permettre au français de perdre son statut de langue difficile et élitaire, ce qui
pourrait le rendre plus aimé.
Sans que le français soit non pas seulement considéré mais aussi valorisé, tant officiellement
que dans les cœurs, le français risque à long terme de se faire supplanter petit à petit par
l’anglais, qui progresse rapidement ; mais pour le moment, que les Marocains le veuillent au
non, il parait bien justifié de considérer le français comme une langue nationale marocaine.
Remerciements
Remerciements spéciaux à Mustapha el Mehdaoui et Anas Taoussi qui ensemble ont large-
ment pris soin de la traduction de l’enquête du français en arabe. Remerciements spéciaux
aussi à eux ainsi qu’à Aziz Abaayousse pour avoir contribué à obtenir autant de réponses pour
cette enquête. Je remercie également tous ceux qui ont répondu à l’enquête en toute honnê-
teté, qu’ils l’aient fait en arabe ou en français, et je remercie mon accompagnateur Olivier
Sécardin, qui a pris le temps d’aider, à inciter à une recherche plus approfondie et à corriger.
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Maroc. Consulté le 29 janvier 2016.
Annexes
08:25 Amoudo
09:20 Documentaire DW
10:15 Documentaire
12:15 Attaouba
14:20 Arrayane
25
15:50 Ichta fi al awtane
18:30 JT en français
19:35 Canal 36
Actuellement Série
Chouk sedra
22:00 Magazine
Arrouad - Assia LOUADII
02:25 Attawba -R
26
04:35 Arrayane -R-
05:55 Al ouassit
08:20 Amoudo
09:15 Documentaire DW
10:10 Documentaire
12:15 Attawba
27
18:30 JT en français
19:35 Canal 36
22:45 Chachat
23:30 Mag 45
28
07:10 Dessins animés
10:10 Documentaire
12:15 Attawba
18:30 JT en français
19:35 Canal 36
29
19:45 Zine lebyar
22:00 Macharif
03:10 Roe’ya
30