Épreuve de spécialité
Histoire-Géographie Géopolitique Sciences politiques 1re
Étude critique de document
Corrigé
Sujet
Le droit de la mer
Après avoir présenté le document, vous montrerez pourquoi et dans quelle mesure l’ONU
cherche à organiser une gestion commune de la biodiversité marine aujourd’hui.
Grille d’analyse du document
Thématiques Éléments du texte Informations à utiliser pour analyser le document
d’étude à citer
(plan de l’étude)
Introduction L’ONU est un acteur majeur de la défense de
l’environnement dans le monde depuis les années 1950
Auteur « ONU » (1958 : convention de la haute mer ; 1974 : protection
des mers régionales). D’autres acteurs majeurs
s’occupent de la gestion des océans (CNUDM, OMI,
CIJ). L’ONU organise des réunions annuelles du BBNJ
depuis 2018.
Nature/public « Rapport public » Rapport public : campagnes de sensibilisation de la
protection environnementale (par l’ONU mais aussi par
les ONG). Son objectif consiste à convaincre l’opinion
publique comme les gouvernements de modifier leurs
pratiques.
Contexte « 2018 » Contexte : territorialisation des espaces maritimes
(Montego Bay, 1982) ; prise de conscience écologiste
depuis la fin du XXe siècle : patrimonialisation des
espaces « naturels », multiplication des aires maritimes
protégées (AMP), réflexion sur l’anthropocène et le
changement global. La conférence reste cependant
difficile à mettre en place (14 années de tractations).
Sujet/problématique « Gouvernance Sujet/problématique : il s’agit de compléter la
mondiale pour la gouvernance mondiale des océans par un volet
protection des environnemental, indispensable pour transformer
océans » l’économie bleue en une économie durable capable de
nourrir et de transmettre aux générations futures des
ressources indispensables à leur survie. En effet, l’océan
représente 2,5 % des richesses mondiales, 40 millions
d’emplois directs et de multiples activités (pêche,
industrie, tourisme, forage, transports…).
I. Les océans, un A. « des zones hors A. Un espace de liberté : la haute mer (la zone marine
espace de liberté juridiction située au-delà des juridictions nationales (ZAJN) est à
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gravement nationale » distinguer de la mer territoriale et de la ZEE) est soumise
menacé par à la liberté de pêche et de circulation (64 % des océans).
l’exploitation de Cependant, la haute mer n’est pas une zone de non-
leurs ressources droit : l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) définit des politiques internationales des pêches et
A. Un espace de l’Organisation maritime internationale (OMI) assure la
sécurité des transports maritimes pour prévenir la
liberté
pollution des mers par les navires. Elle est également
contrôlée grâce à la protection des fonds marins par
l’AIFM (1994), et grâce à la protection des océans
préconisée par la CNUDM mais peu appliquée
(notamment en haute mer).
B. Le pillage des B. « obligation des B. Le pillage des ressources maritime : l’économie
ressources États de coopérer », bleue est une économie prédatrice qui multiplie les
maritimes « critères exploitations pétrolières offshore, recourt à la pêche
scientifiques industrielle (pêche électrique), au forage des fonds
fiables » marins pour extraire des terres rares. Parmi les acteurs du
pillage, on compte : les États et leurs experts
scientifiques, les FTN (pêche industrielle), les PME
(pêche artisanale). Les pillages des ressources maritimes
s’expliquent en partie par le fait que la haute mer n’est
pas reconnue comme un patrimoine mondial de
l’humanité.
C. De graves C. « conservation et C. De graves menaces environnementales : les océans
menaces utilisation durable sont au cœur du changement global en raison des
environnementales de la biodiversité pratiques commerciales destructives comme la pêche au
marine » chalut, au filet maillant et à la palangre, de la surpêche
(notamment dans le Pacifique à proximité de l’immense
foyer de consommation asiatique), des pollutions
(dégazage, pollutions industrielles, gyres de plastique,
dégradation de la barrière de corail, marées noires), du
réchauffement climatique. Ces menaces
environnementales s’ajoutent à la hausse du niveau des
océans ainsi qu’à leur acidification.
II. Vers une A. « zones hors A. Une protection environnementale trop
gouvernance juridiction fragmentaire : la protection environnementale est
mondiale des nationale », « Aires aujourd’hui réalisée à différentes échelles (locale,
maritimes régionale, continentale) sans grande cohérence ni
océans
protégées », interrelation. On compte ainsi différentes conventions
« centre d’échanges environnementales et différentes organisations régionales
A. Une protection
d’informations » de pêche. Les divers acteurs de la protection
environnementale
environnementale entrent souvent en concurrence : les
trop fragmentaire
États (responsables des AMP), les ONG, les scientifiques
et instituts (IFREMER). Ils empêchent ainsi la mise en
place d’une stratégie globale de défense des mers et des
océans.
B. Un acteur majeur, B. « BBNJ », B. L’ONU, un acteur majeur : par le biais de ses
l’ONU « Instrument différentes antennes, l’ONU est l’acteur principal de la
juridiquement régulation des activités maritimes, auprès des États et des
contraignant » entreprises privées. Elle multiplie à cette fin les
rencontres internationales depuis un demi-siècle (COP,
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Unesco, conférence sur la haute mer, Sommet de la Terre
à Rio) et compte sur le soutien de nombreuses agences
dépendant d’elle (OMI, FAO, AIFM, PNUE).
C. Le BBNJ C. « utilisation C. Le BBNJ cherche à mettre en place une réelle
durable de la gouvernance mondiale des océans en 2021, notamment
biodiversité » en soutenant une politique de sanctuarisation, surtout en
haute mer (non réglementée). Il s’agit notamment de
lutter pour la préservation de la biodiversité (protections
des espèces animales menacées : phoques, ours, baleines,
dauphins, tortues, requins, coraux…). L’ODD14 de 2015
cherche à mettre en place une politique de
développement durable afin de réduire les inégalités
entre Nords et Suds.
III. Limites et A. « critères A. Des accords peu respectés : les aires maritimes
fragilités de la scientifiques protégées (AMP) dépendent en effet du bon vouloir des
gouvernance fiables » gouvernements. Ainsi, le gouvernement australien réduit
ses AMP pour favoriser la pêche industrielle, ce qui
mondiale
contribue à la destruction de la barrière de corail. Les
AMP sont par ailleurs trop diverses, peu nombreuses et
A. Des accords peu
loin des espaces véritablement exploités. Elles sont trop
respectés
rares dans les pays des Suds et peinent à avoir une
efficacité réelle. En Arctique, les tensions autour des
ZEE pour le contrôle des ressources (diamants, pétrole)
et des routes commerciales l’emportent, là aussi, sur la
coopération.
B. De nombreux B. « 3 jours de B. De nombreux désaccords entre les États : il a fallu
désaccords entre les débats », « esprit de 14 années de tractations avant d’ouvrir le cycle de
États souplesse et de réunions de l’ONU. Les grandes nations de la pêche
coopération des (États-Unis, Islande, Corée du Sud, Canada, Japon,
délégations », Russie, Chine…) continuent de s’opposer à la mise en
« Présidente Rena place d’une véritable politique de développement durable
Lee, de Singapour » pour gérer les richesses des mers et des océans.
C. De profondes C. « renforcer C. De profondes inégalités entre les Nords et les
inégalités Nords- l’accès des PVD Suds : les FTN des pays des Nords tendent aujourd’hui à
Suds aux ressources accaparer, grâce à leur supériorité technologique, les
génétiques ressources halieutiques aux dépens des Suds dont la
marines », pêche reste à faible rendement. On assiste également à
« transferts des une forte opposition entre les pays côtiers et le G77 (qui
techniques marines veut faire de la haute mer un bien commun de
aux PVD, assistance l’humanité, à l’instar des fonds marins) ou bien encore à
scientifique et l’opposition des PEID du Forum du Pacifique aux grands
technique », États (Accord de Nauru).
« centre
d’échanges » En dépit d’une prise de conscience généralisée et d’une
multitude d’initiatives favorisant la mise en place d’une
politique de développement durable pour préserver les
ressources halieutiques, le droit de la mer reste, à l’aube
du XXIe siècle, toujours à construire.
© Magnard 2021