Dictionnaire Des Concepts Fondamentaux Des Didactiques-2013
Dictionnaire Des Concepts Fondamentaux Des Didactiques-2013
des concepts
fondamentaux
des didactiques
Yves REUTER (éd.)
Cora COHEN-AZRIA - Bertrand DAUNAY - Isabelle DELCAMBRE
Dominique LAHANIER-REUTER
3e édition
actualisée
Dictionnaire
concepts
des
fondamentaux
des didactiques
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web: www.deboeck.com
Imprimé en Belgique
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : avril 2013
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2013/0074/117 ISBN 978-2-8041-6910-7
PRÉSENTATION DE LA TROISIÈME ÉDITION
C H A
Yves REUTER P I T R E
5
à mieux comprendre les spécificités des didactiques et leurs relations avec des
domaines proches à certains égards : psychologie, sociologie, pédagogie…
D’autre part, les didacticiens eux-mêmes qui, bien souvent, demeurent confi-
nés dans l’espace de leur didactique disciplinaire tout en regrettant le manque
de communication entre les différentes didactiques. Dans cette optique, nous
avons essayé de faire en sorte, qu’à l’instar d’instruments disponibles dans
d’autres domaines scientifiques, celui-ci dresse un état des lieux, une sorte de
cartographie conceptuelle de la discipline, de ses consensus (toujours relatifs
cependant), de ses questions et de ses débats.
Il nous semble enfin que ce guide concerne un public plus vaste. En
effet, les professionnels de l’éducation, au sein de l’école ou hors d’elle (ensei-
gnants, inspecteurs, cadres…) et tous ceux qui s’y intéressent (parents
d’élèves…) peuvent trouver dans un tel ouvrage des informations quant à
telle ou telle notion (contrat didactique, transposition didactique…) qui tend
à se répandre ou quant à tel emploi, singulier, de notions apparemment par-
tagées par différentes disciplines (enseignement, apprentissages…).
Le succès des deux premières éditions explique la rapidité de cette troi-
sième édition. Il tend à confirmer ce que nous supposions quant à l’attente
d’un tel ouvrage. De façon complémentaire, les comptes rendus critiques ainsi
que les réactions de lecture des étudiants et de nos collègues nous ont confor-
tés quant aux principes d’organisation de chacune des entrées et de
l’ensemble de ce dictionnaire
Afin d’atteindre nos objectifs en facilitant au maximum les différents
usages possibles de cet ouvrage, nous avons en effet adopté un certain
nombre de principes. En premier lieu, nous avons retenu une quarantaine de
concepts qui nous paraissent constituer l’armature conceptuelle fondamentale
des didactiques à l’heure actuelle. Cette sélection, certes discutable comme
toute sélection, intègre quatre grandes catégories de concepts : ceux qui sont
reconnus dans les différents didactiques, qu’ils aient été forgés en leur sein
ou repris d’autres disciplines de recherche (contrat didactique, transposition
didactique…) ; ceux élaborés dans un cadre didactique mais plus spécifique à
telle ou telle didactique (niveau de formulation, genre de discours…) ; ceux
repris plus récemment à d’autres disciplines de recherche et retravaillés dans
une perspective didactique par différents courants au sein des didactiques
(rapport à, forme scolaire…) et enfin des notions incontournables (enseigne-
ment, apprentissages, pédagogie…) mais au statut relativement paradoxal
dans la mesure où elles sont constamment employées sans que leur élabora-
tion didactique soit véritablement réalisée, ce qui nous a paru nécessaire.
Chacune des « entrées », volontairement brève et lisible de manière
indépendante, est composée de quatre rubriques :
• Première approche du concept, qui le présente très rapidement, en pro-
posant une première définition ;
7
AVERTISSEMENT
9
ACTIVITÉS – PRATIQUES
11
Éléments d’éclairage
L’activité concerne tout ce que met en oeuvre le sujet didactique dans
l’accomplissement d’une tâche :
• ses conceptions du contenu d’enseignement ;
• sa construction ou élaboration du sens et de l’intérêt de la tâche ;
• son désir de travailler et sa motivation à répondre aux injonctions qui
lui sont faites ;
• les opérations cognitives qu’il met en jeu pour concevoir ou accomplir la
tâche ;
• les interactions avec les autres sujets engagés dans la tâche ;
• les actions physiques nécessaires à cet accomplissement…
Prenons l’exemple de l’activité de lecture d’un texte suivi de questions
auxquelles il faut répondre ; l’activité est ce que l’enseignant et les élèves
mettent en jeu pour réaliser cette tâche : il peut s’agir d’aspects
• matériels ou physiques : pour l’enseignant, se placer devant les élèves
pour donner la consigne oralement, prendre une craie pour l’écrire, don-
ner le signal de départ de l’activité, etc. ; pour les élèves, se mettre en
position de lecture sur la chaise, prendre un stylo, prendre le texte en
main, prendre un cahier ou une feuille blanche, etc. ;
• cognitifs : pour l’enseignant, concevoir la consigne en fonction de ses
objectifs d’enseignement et du programme officiel, identifier les modali-
tés de la réussite de la tâche par les élèves, etc. ; pour les élèves : déco-
der et rechercher du sens au texte, choisir la manière dont ils
considèrent l’ordre des opérations à mettre en jeu (par exemple, il peut
juger utile, pour lire le texte, de lire d’abord les questions, ou au
contraire il peut s’en tenir à un ordre linéaire : lecture du texte, puis lec-
ture des questions, puis écriture), etc. ;
• psychosociologiques : pour l’enseignant, mobiliser la conception qu’il a
des contenus en jeu, identifier l’intérêt de la tâche dans un apprentis-
sage de la lecture ou dans la conduite de la classe ; pour les élèves, se
donner une motivation pour répondre à des questions sur un texte, assi-
gner un but à cette tâche, lui donner un enjeu en terme d’apprentissage,
etc.
L’activité ainsi définie relève de la situation didactique, qui met aux
prises un sujet avec une tâche. Cette définition distingue l’activité de la
tâche, selon une opposition ordinaire en psychologie du travail, que Roland
Goigoux (2002) propose de reprendre en didactiques. Pour emprunter les mots
de Jacques Leplat et de Jean-Michel Hoc (1983 : 50 sq.) :
« D’après les acceptions courantes, la tâche indique ce qui est à faire, l’ac-
tivité, ce qui se fait. La notion de tâche véhicule avec elle l’idée de pres-
cription, sinon d’obligation. La notion d’activité renvoie, elle, à ce qui est
Activités – pratiques 13
pose comme une des priorités des sciences de l’éducation de s’interroger sur
ce que font les sujets :
« Comment les formateurs [c’est-à-dire les enseignants] agissent-ils effec-
tivement pour former ? Quels sont les problèmes qu’ils rencontrent dans la
gestion de leur activité, en fonction de leurs propres représentations des
situations et eu égard aux programmes et manuels, aux réactions des ap-
prenants et à celles de l’entour social, familial ou politique ? Qu’est-ce que
les formés [c’est-à-dire les élèves] apprennent réellement, et comment le
font-ils ? »
De telles questions engagent des recherches nombreuses, orientées dif-
féremment selon les disciplines de référence convoquées (psychologie, ergo-
nomie, sociologie…) et selon la manière d’envisager le faire des sujets, en
insistant plus ou moins sur son caractère situé, en donnant une importance
plus ou moins grande à ses dimensions matérielles, en interrogeant plus ou
moins ses aspects institutionnels, etc. En didactiques, l’accent mis sur les
activités et les pratiques s’explique par la volonté, au-delà des déclarations,
des prescriptions ou des recommandations, de comprendre ce qui se passe
effectivement — mais aussi ce qui ne se passe pas — dans les situations
didactiques. Cela demande d’interroger notamment :
• les déterminations historiques ou institutionnelles : par exemple, l’acti-
vité de lecture change selon les époques, en fonction des conceptions
de la lecture mais aussi en fonction des supports privilégiés à l’école et
de la prise en compte plus ou moins grande des pratiques sociales de
lecture (sur cette dimension, cf. A.-M. Chartier, 2007) ;
• les incidences des disciplines sur les activités et les pratiques (par
exemple, faire usage de la règle n’a pas le même sens en dessin qu’en
géométrie ou en histoire) ou des contenus enseignés et appris (parler en
cours de langue n’est pas la même activité dans un échange sur un sujet
de civilisation ou dans l’acquisition d’une structure syntaxique) ;
• le contexte situé des activités ou des pratiques : ce n’est pas la même
activité d’écrire un texte sur les volcans au cours d’une interrogation
écrite en classe ou dans le cadre d’un travail fait à la maison, même s’il
existe un lien possible entre le système didactique de la classe et le tra-
vail à la maison comme « système didactique auxiliaire » (Johsua, Félix,
2002).
Éléments bibliographiques
Bronckart Jean-Paul (2001) : S’entendre pour agir et agir pour s’entendre, dans Bau-
douin Jean-Michel, Friedrich Janette, dir. : Théories de l’action et éducation,
Bruxelles, De Boeck, p. 133-154.
Bru Marc (2004) : Les pratiques enseignantes comme objet de recherche, dans Marcel Jean-
François, dir. : Les Pratiques enseignantes hors de la classe, Paris, L’Harmattan, p. 281-299.
Bru Marc, Altet Marguerite, Blanchard-Laville Claudine (2004) : À la recherche des pro-
cessus caractéristiques des pratiques enseignantes dans leurs rapports aux appren-
tissages, Revue française de pédagogie n° 148, Évaluer et comprendre les effets des
pratiques pédagogiques, Paris, INRP, p. 75-87.
Mercier Alain, Buty Christian (2004) : Évaluer et comprendre les effets de l’enseigne-
ment sur les apprentissages des élèves : problématiques et méthodes en didactique
des mathématiques et des sciences, Revue française de pédagogie n° 148, Évaluer et
comprendre les effets des pratiques pédagogiques, Paris, INRP, p. 47-59.
Reuter Yves (2005) : Analyser le faire des élèves dans une perspective didactique, Les Ca-
hiers Théodile, n° 6, Villeneuve d’Ascq, Université Charles-de-Gaulle — Lille 3, p. 33-40.
Activités – pratiques 15
APPRENTISSAGES
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
En didactiques, la question de l’apprentissage est essentielle : l’appren-
tissage par les apprenants de contenus d’enseignement (savoirs, savoir-
faire, rapports à, etc.) est un élément important des relations qui s’établis-
sent entre les éléments du système didactique. Plus généralement, l’appren-
tissage donne son sens au système scolaire mais concerne spécifiquement
les didactiques par le fait que le système d’enseignement est structuré dis-
ciplinairement.
Ce n’est pas tant l’apprentissage qui importe aux didactiques, mais les
apprentissages : le pluriel, ici, veut marquer que les didactiques ne s’intéres-
sent pas à l’apprentissage en général, mais aux apprentissages spécifiques de
contenus d’enseignement. En effet, par rapport à d’autres disciplines théo-
riques, les didactiques restreignent leur approche de l’apprentissage de deux
manières :
• elles mettent au centre de leur champ d’investigation les apprentissages
qui impliquent une situation intentionnelle d’enseignement, contraire-
ment à l’apprentissage par l’enfant de la langue ou de la marche ;
• elles s’intéressent principalement aux apprentissages de contenus spéci-
fiés disciplinairement : les apprentissages, même scolaires, de ce qui
n’est pas référable à une discipline (ou à une éducation à identifiée
comme un système de contenus d’enseignement) ne relèvent pas à pro-
prement parler d’une didactique (comme par exemple apprendre à lever
le doigt pour parler).
La question des apprentissages est souvent pensée en relation avec
le développement du sujet apprenant, à double titre : d’une part, le déve-
loppement du sujet est censé conditionner la programmation didactique
des apprentissages (on apprend à lire, par exemple, à un âge où l’appren-
tissage de la lecture est possible dans le développement de l’enfant) ;
d’autre part, les apprentissages peuvent influencer et favoriser le dévelop-
pement du sujet.
17
Éléments d’éclairage
Les usages du mot apprentissage en didactiques sont divers, même s’ils
renvoient tous à un contenu conceptuel proche. D’abord, il convient de dis-
tinguer deux sens du mot : l’apprentissage comme processus (le fait
d’apprendre) ; l’apprentissage comme résultat ou effet du processus (le fait
d’avoir appris). D’autre part, on peut préciser ou non l’objet de l’apprentis-
sage : on parle d’un côté de l’apprentissage en mathématiques ; d’un autre
côté, on parle de l’apprentissage de tel ou tel contenu, plus ou moins préci-
sément (par exemple : l’apprentissage du calcul, de la lecture ou, plus spéci-
fiquement encore, l’apprentissage des fractions, de la relation sujet-verbe…).
Corollairement à cette distinction, on peut considérer l’apprentissage à long
terme (quand on dit par exemple que l’école est un lieu d’apprentissage) ou à
plus court terme (quand on parle de l’apprentissage visé dans telle situation
didactique).
On a vu plus haut que, par rapport à d’autres disciplines de recherche,
les didactiques restreignaient leur approche en envisageant essentiellement
les apprentissages impliquant un enseignement intentionnel dans le cadre
d’une discipline scolaire donnée. Cette double restriction entraîne une cer-
taine conception des apprentissages qui est spécifique à l’approche didactique
(nous nous en tiendrons ici aux caractéristiques didactiques des apprentis-
sages en milieu scolaire) :
• les apprentissages sont inséparables d’une programmation didactique,
dans un sens large (c’est-à-dire dans le cadre du cursus scolaire) ou res-
treint (dans le cadre d’un système didactique). Cela veut dire que les
apprentissages sont directement dépendants de deux facteurs impor-
tants, qui déterminent la programmation didactique : l’âge de l’appre-
nant et la logique disciplinaire ;
• les apprentissages sont contraints : même si l’apprenant peut (consciem-
ment ou non, sur un temps plus ou moins long) s’y dérober (en refusant
d’apprendre ou en n’apprenant pas), c’est une contrainte qui lui est a
priori imposée en raison même de son statut d’élève ;
• les apprentissages sont organisés dans un système didactique qui impose
d’autres contraintes : de lieu (la classe, où l’apprenant n’est pas isolé),
de place, de temps ; il dépend de la mise en place de situations didac-
tiques ;
• la dimension formelle des apprentissages est importante : elle se traduit
notamment par le fait que les apprentissages sont en grande partie
explicites — ou du moins sont voulus tels par l’enseignant ; d’où
l’importance de la dimension langagière des apprentissages et particu-
lièrement de l’écrit, qui a une importance capitale dans les apprentis-
sages scolaires ;
Apprentissages 19
courants théoriques développés en psychologie sur la question des apprentis-
sages scolaires (pour un aperçu : Amigues, Zerbato-Poudou, 1996 : 10-15 ;
Bronckart, 2005 : 136-143 ; Weil-Barais, dir., 2004 : 20-28). Mais il importe
de savoir que plusieurs courants ont une influence au sein de l’école, que ce
soit dans la conception même des programmes ou dans les pratiques des
enseignants : à cet égard, les approches didactiques des apprentissages ont
eu une influence non seulement dans le privilège accordé à telle ou telle
conception mais aussi dans l’évolution de certains cadres théoriques en psy-
chologie. On peut simplement citer les paradigmes suivants :
• le behaviorisme (ou comportementalisme) a eu une réelle influence,
dont les conséquences sont notamment le découpage des disciplines en
unités pouvant donner lieu à un comportement observable et l’exercice
répétitif de ce comportement assorti de renforcements du bon compor-
tement par l’enseignant (pour un développement : Amigues, Zerbato-
Poudou, 1996 : 33-36 ; Weil-Barais, 2004 : 21 ; pour une critique :
Bronckart, 2005 : 137) ;
• le cognitivisme a eu des conséquences non négligeables dans une
approche didactique des apprentissages, à partir des années 1970,
notamment dans le domaine de l’apprentissage de la lecture et de
l’apprentissage (initial et continué) de la compréhension (pour un déve-
loppement : Brassart, 2005) ;
• le constructivisme, approche théorique qui doit beaucoup aux travaux de
Jean Piaget, est certainement la théorie qui a été le plus longtemps la
plus influente (particulièrement pour ce qui est du primaire), pour plu-
sieurs raisons, notamment le fait que sa théorie rendait compte du rôle
décisif de l’action de l’enfant dans son apprentissage : c’est ce qui a jus-
tifié le développement des pédagogies dites « actives », mais aussi
l’attention à la programmation des apprentissages des contenus en fonc-
tion du développement de l’enfant. Mais l’influence de cette théorie a
pu faire négliger la réflexion sur les contenus et sur les conditions de
leur transmission comme sur le rôle de l’adulte dans l’apprentissage,
celui-ci étant considéré comme essentiellement déterminé par le déve-
loppement du sujet (sur ce point et plus généralement sur l’influence de
Piaget, voir Amigues, Zerbato-Poudou, 1996 : 44-50) ;
• l’interactionnisme social (ou socioconstructivisme) répond en partie aux
objections qui ont pu être formulées aux autres théories. Sa forme la
plus influente actuellement provient de la théorie conçue dans la pre-
mière moitié du XXe siècle par un chercheur soviétique, Lev Semionovich
Vygotski, dont les recherches ont été en fait redécouvertes dans les
années 1960 (et ont commencé à être traduites en français seulement
dans les années 1980). Vygotski met en avant la dimension sociale et
culturelle du développement du sujet et la conséquence didactique
directe de cette approche est la nécessité de penser les pratiques
Apprentissages 21
comprendre et d’apprendre », notamment en raison du fait que le développe-
ment du sujet s’élabore sur un terrain qui n’est pas seulement celui de l’école ;
aussi, selon lui (ibid.), « c’est dans la compréhension, la négociation et
l’exploitation même de ce terrain que doit s’orienter la recherche de solutions
didactiques ».
Concernant spécifiquement les emprunts des didactiques à la psycholo-
gie, la multiplicité des paradigmes contient en elle-même un élément de
débat : finalement, quelle théorie les didactiques doivent-elles privilégier ?
L’importance des emprunts faits au socioconstructivisme dans les recherches
en didactiques n’empêche pas, comme on l’a vu, que d’autres théories conti-
nuent à avoir une influence considérable dans les conceptions de l’apprentis-
sage partagées par le monde scolaire, ce qui se traduit non seulement par une
large diffusion d’outils didactiques (c’est le cas par exemple du behaviorisme
ou du constructivisme) mais aussi dans les financements publics de pro-
grammes de recherche (où le cognitivisme garde une place privilégiée à
l’heure actuelle).
Éléments bibliographiques
Amigues René, Zerbato-Poudou Marie-Thérèse (1996) : Les Pratiques scolaires d’ap-
prentissage et d’évaluation, Paris, Dunod.
Bronckart Jean-Paul (2005) : Développement, compétences et capacités d’action des
élèves, dans Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique du
français : fondements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck, p. 135-148.
Brossard Michel, Fijalkow Jacques, dir. (1998/2002) : Apprendre à l’école : perspectives
piagétiennes et vygotskiennes, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux.
Brossard Michel, Fijalkow Jacques, dir. (2008) : Vygotski et les recherches en éducation
et en didactiques, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux.Vygotski Lev Semio-
novich (1934/1997) : Pensée et langage, Paris, La Dispute.
Weil Barais Annick, dir. (2004) : Les Apprentissages scolaires, Paris, Bréal.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La chronogenèse (du savoir ou du cours, selon les auteurs) rend compte
à la fois de l’ensemble des opérations qui organisent le déroulement chrono-
logique (le « défilé ») des objets de savoir et du résultat de ces opérations,
c’est-à-dire l’organisation chronologique de ces objets de savoir. Ainsi, cer-
taines décisions de l’enseignant (présenter telle notion avant telle autre, pré-
voir une séquence longue, faire des rappels…) tout autant que certaines des
actions des élèves ((s’)interroger, proposer des reformulations…) sont enten-
dues en tant qu’opérations de chronogenèse. C’est en conséquence la question
de la temporalité de la relation didactique (chronos signifie temps) qui est ici
abordée.
Éléments d’éclairage
Ce néologisme a été forgé et utilisé tout d’abord dans le champ de la lin-
guistique par Gustave Guillaume pour désigner les opérations mentales pro-
duisant une organisation chronologique des éléments du discours. Il a été
introduit initialement en didactique des mathématiques par Yves Chevallard
(1985/1991) dans le cadre de l’étude de la transposition didactique. Depuis,
cette notion a largement été reprise par d’autres didactiques disciplinaires,
tout particulièrement dans les études qui s’intéressent à la compréhension des
actions de l’enseignant. Les problématiques didactiques liées à cette notion
ont donc quelque peu évolué. La problématique initiale qui a fait émerger
cette notion est celle de l’étude des conditions d’instauration et de maintien
de la relation didactique. Chevallard définit dans ce cadre la chronogenèse du
savoir (ainsi que la topogenèse qui renvoie au système des positions) comme
l’une des contraintes qui pèsent sur le fonctionnement du système didactique.
En effet, selon cet auteur, une des caractéristiques du fonctionnement de ce
système est qu’enseignant et élèves n’ont pas la même relation temporelle au
savoir : le premier peut anticiper le déroulement chronologique des objets de
savoir tandis que le second ne le peut pas.
Un des premiers intérêts de cette notion, toujours dans le cadre théo-
rique évoqué, est par conséquent de permettre de penser que le temps de
23
l’enseignement (celui qui est induit par le défilé des objets de savoir organisé
par l’enseignant) n’est pas le temps de l’apprentissage : la chronogenèse pro-
grammée par l’enseignant ne coïncide pas avec la construction des savoirs par
les élèves. Mais cette absence de coïncidence ne peut être réduite à un simple
décalage temporel. Le temps didactique instauré par l’enseignant lui permet
de mettre en scène et de différencier des savoirs « anciens » et des savoirs
« nouveaux ». Cependant, la dissymétrie des positions des élèves et des ensei-
gnants par rapport à la chronogenèse fait apparaître alors cela comme une
fiction, fiction sans doute nécessaire à la survie de la relation didactique :
l’enseignant « fait comme si » tous les élèves avaient appris la même chose
et au même instant. Cela permet d’expliquer, entre autres, l’apparition de phé-
nomènes qui manifestent une compréhension très décalée temporellement,
« après coup », de certains élèves et le sentiment de surprise des enseignants
qui en résulte.
Un autre intérêt que présente la notion de chronogenèse, est l’explora-
tion de la spécificité du rapport temporel des élèves aux objets de savoir selon
les disciplines scolaires. Ainsi, Henri Go et Gérard Sensevy (2000 : 3) montrent
que ce rapport est particulier en philosophie, en ce qu’il est marqué par la
« nécessité » de l’oubli temporaire des savoirs précédemment abordés, ce qui
n’est pas le cas dans d’autres disciplines scolaires.
L’étrangeté des textes, la diversité des thèmes abordés dans les classes
de philosophie expliquent peut-être ces difficultés d’élèves à se souvenir des
cours antérieurs : l’élaboration d’une mémoire didactique (Brousseau et Cen-
teno, 1991 ; Matheron, 2001) serait ainsi un pari difficile à tenir pour un
enseignant de cette discipline scolaire. Le concept de mémoire didactique se
trouve alors relié à celui de chronogenèse, dans la mesure où tous les deux
éclairent la dimension temporelle des rapports aux contenus.
La problématique actuelle dans laquelle la notion de chronogenèse
joue un rôle important est celle de la description et de la compréhension
des actions didactiques de l’enseignant. Cette notion est alors convoquée
de façon méthodologique pour repérer les décisions de l’enseignant concer-
nant l’organisation et l’articulation des temps de l’enseignement et de
l’apprentissage. Plus particulièrement les chercheurs de diverses didac-
tiques disciplinaires essayent de pointer soit les macro-décisions de
l’enseignant (la planification de plusieurs séquences, le choix des tâches à
réaliser…), soit ses micro-décisions (les injonctions du type
« attends/continue/on y reviendra plus tard »), qui sont autant de moyens
d’accélération ou de ralentissement du temps didactique. La notion de
chronogenèse est alors utilisée pour étudier toutes ces actions qui ont un
effet sur l’organisation temporelle des objets de savoir. Ce relevé d’actions
signifiantes a notamment pour but la construction de modèles destinés à
rendre compte des actions des enseignants.
Éléments bibliographiques
Chevallard Yves (1985/1991) : La Transposition didactique. Du savoir savant au savoir
enseigné, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Chopin Marie-Pierre (2010) : Les usages du « temps » dans les recherches sur l’ensei-
gnement, Revue Française de Pédagogie, n° 70, p. 87-110.
Chronogenèse 25
Sensevy Gérard, Mercier Alain, Schubauer-Leoni Maria-Louisa (2000) : Vers un modèle
de l’action didactique du professeur, Recherches en didactique des mathématiques,
vol. 20, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 263-304.
Go Henri, Sensevy Gérard (2000) : Qu’est-ce qu’un cours de philosophie ?, Diotime-
L’Agora, n° 8, p. 4-10.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Toute communauté qui vise à produire des connaissances peut être
considérée comme une « communauté discursive ». L’adjectif « discursive »
veut faire ressortir la dimension langagière et communicationnelle de toute
construction de connaissances. La classe, de ce point de vue, est une « commu-
nauté discursive » : des connaissances y sont produites par le moyen
d’échanges (écrits ou oraux) entre les personnes impliquées dans des situa-
tions didactiques.
Mais ces échanges sont précisément guidés par les savoirs visés, qui relè-
vent de disciplines de référence, elles-mêmes produites par des « communau-
tés discursives », celles des savants qui élaborent, dans leurs disciplines, les
savoirs qui sont à l’origine du processus de transposition didactique.
Les échanges au sein de ces « communautés discursives » savantes ont,
en conséquence, été conçus par certains didacticiens comme les pratiques
sociales de référence des échanges au sein de la classe : pour qu’un élève
apprenne, il doit s’instituer comme sujet d’un discours pertinent dans une dis-
cipline donnée ou, pour le dire autrement, prendre des positions discursives
propres à cette discipline.
Éléments d’éclairage
L’expression « communauté discursive » a été introduite en didactiques
par une équipe de recherche de Bordeaux II et de l’IUFM d’Aquitaine, sous la
direction de Jean-Paul Bernié (pour une première formalisation, qui est
l’aboutissement de travaux antérieurs, voir Bernié, 2002).
La notion de communauté discursive qui, dans ce cadre, a été adossée
aux principes épistémologiques de l’interactionnisme social (hérités de
Vygostki, 1934/1985), postule :
• un rôle décisif du langage dans la construction des connaissances ;
• une différence entre les connaissances acquises spontanément dans
l’expérience quotidienne et les connaissances disciplinaires formalisées ;
27
• l’élaboration progressive de ces dernières connaissances au sein d’une
culture ;
• l’organisation de ces connaissances entre elles en réseaux complexes.
Il s’agit, en introduisant cette notion de « communauté discursive », de
mieux comprendre les formes de « la re-construction, en contexte scolaire, de
savoirs dépendant des communautés humaines de référence et de leurs modes
d’agir-penser-parler » (Jaubert, Rebière, Bernié, 2003 : 52).
Voici une illustration, empruntée aux concepteurs de la notion (ibid. : 57) :
« Écrire en sciences sera donc conçu comme l’appropriation de manières
de penser-agir-parler propres à la communauté scientifique, manières co-
hérentes avec son rapport à l’expérience de laboratoire et donc aux tech-
nologies matérielles, avec le régime de preuve qu’elle reconnaît, avec les
formes d’argumentation qui sont devenues pertinentes pour elle.
Le professeur de littérature, lui, n’a pas pour objectif de former des écri-
vains ni même forcément des critiques, mais les postures, attitudes, ma-
nières de conduire les pratiques langagières orales ou écrites qu’il souhaite
voir se développer chez ses élèves renvoient aux pratiques sociales de la
discipline ; la manière de construire sur un texte ou une œuvre le discours
jugé souhaitable en classe de littérature, son régime argumentatif propre,
sa gestion des exemples, ses critères de pertinence épistémique, sont
l’écho transposé de manières d’agir-penser-parler reconnues dans l’univers
de la critique littéraire, des pratiques de lecteurs dont la référence a été
introduite depuis peu dans le travail scolaire. »
On peut supposer, dans cette optique, que tout apprentissage discipli-
naire nécessite l’intériorisation par les élèves des manières de penser, d’agir
et de parler propres à chaque discipline, autrement dit, des pratiques langa-
gières (qui s’inscrivent dans des genres discursifs spécifiques) mais aussi du
maniement des outils matériels et intellectuels qui caractérisent chaque dis-
cipline. Ce qui implique la construction d’une conscience disciplinaire et la
maîtrise des enjeux de la discipline.
La notion de communauté discursive a été reprise dans une perspective
sociodidactique, qui articule aux cadres didactiques des considérations issues
de la sociolinguistique. Une telle perspective permet de penser la question des
communautés discursives que cherche à instituer l’école en lien (et parfois en
tension) avec les communautés discursives extrascolaires dont relève chaque
élève. Du reste, la notion de communauté discursive dépasse l’école et les dis-
ciplines scolaires : l’expression elle-même est née en analyse du discours
(Maingueneau, 1984), pour identifier ce qui excède l’individu dans la produc-
tion d’un texte ou d’un propos.
La classe, entendue comme une « communauté discursive » particulière,
a pour fonction de reconstruire, de manière « fictionnelle » en quelque sorte,
le contexte d’une « communauté discursive » extrascolaire, dans le but de per-
mettre aux élèves l’accès à des savoirs ou à des savoir-faire nouveaux d’une
Communauté discursive 29
Autrement dit, même s’il est envisageable d’utiliser cette notion pour penser
les situations didactiques à mettre en place, il n’est pas dans la logique de
cette approche d’être applicationniste : instituer une communauté discursive
ne relève pas d’une décision à prendre de façon formelle en mettant en œuvre
une batterie de démarches pédagogiques ou didactiques ou en cherchant à
mimer, à tel ou tel moment du cursus scolaire, les échanges possibles au sein
d’une communauté de chercheurs…
Cela n’empêche pas, au contraire, de penser des situations didactiques
qui facilitent, à tous les niveaux d’enseignement, la construction de commu-
nautés discursives. Par ailleurs, cette approche n’est concevable, dans la
logique même de ses concepteurs, que dans une perspective développemen-
tale : l’école permet à l’élève, au moyen des disciplines et des communautés
discursives qu’elle institue, de se construire progressivement comme sujet
social et (donc) comme sujet cognitif. C’est donc très progressivement que
l’élève s’institue comme sujet d’un discours pertinent dans une discipline, tout
au long de son parcours scolaire, au travers des activités qui lui sont proposées.
Le risque est grand toutefois que cette notion ne devienne trop vite un
objet de prescription : mais pour l’heure, l’intérêt de la notion tient moins à
sa valeur praxéologique qu’à son statut d’outil théorique de description :
• des situations didactiques, qui permet de repérer et d’objectiver les
moments où s’opère (ou non) la secondarisation, où les élèves adop-
tent (ou non) des positions discursives pertinentes dans une discipline
donnée ;
• de la programmation des activités disciplinaires dans le cursus scolaire.
Quelques questions restent en débat. D’une part, la notion même de dis-
cipline, dans cette approche, reste à préciser : pour nous en tenir au seul
exemple du français, parler de « communauté littéraire » (cf. supra, l’illustra-
tion de la notion en littérature) ou de « communauté grammaticale », c’est
envisager des « communautés discursives » et des disciplines savantes de
référence qui seraient identifiables, ce qui est discutable. Mais, de surcroît, le
risque est alors de faire perdre son unité à la discipline scolaire « français » :
cela entre en conformité avec la structuration des « champs disciplinaires »
dans les anciens programmes de l’école primaire française ou avec la dimen-
sion essentiellement littéraire de l’enseignement du français au lycée, mais
cela pose problème en tout cas pour penser la cohérence de la discipline
« français » au collège, qui doit articuler l’enseignement de savoirs relevant
de diverses disciplines de référence (cf. Daunay, 2005b).
D’autre part, il reste à préciser les différences entre les manières de se
référer aux « communautés discursives » disciplinaires savantes selon les
niveaux du cursus scolaire. Pour le dire autrement, comment se différencie,
selon les niveaux, la référenciation à une communauté discursive au sein
même de la classe (conçue elle aussi comme une communauté discursive) ?
Communauté discursive 31
CONCEPTS — CHAMPS CONCEPTUELS
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Un concept est une construction rendant compte de caractéristiques
communes à un ensemble d’objets, de faits ou de phénomènes : la « poussée
d’Archimède », l’« habitus », « sœur » en sont des exemples. Il s’agit par
conséquent d’un élément important dans les processus de construction des
connaissances : en tant que tel, il intéresse les didacticiens. Mais, comme le
montrent les exemples précédents, il convient de distinguer les concepts
selon la sphère de pratiques au sein de laquelle ils sont élaborés et utilisés.
Ainsi, il est possible de différencier les concepts scientifiques élaborés dans
les disciplines de recherche, les concepts « scolaires » qui sont construits et
travaillés dans l’espace scolaire, ou encore les concepts « quotidiens » de la
vie de tous les jours. Par exemple le concept de « force » est analysé diffé-
remment en didactique selon qu’il s’agit du concept de la physique, domaine
scientifique, du concept qui est enseigné en classe de physique-chimie, dis-
cipline scolaire, ou du concept qui est utilisé dans la vie courante.
Si la préoccupation première des didacticiens est celle de l’étude des
concepts scolaires, ainsi que celle de leur construction par l’enseignement et
dans les apprentissages, elle requiert néanmoins l’étude des autres types de
concepts. En effet, concepts scientifiques, scolaires et quotidiens ne sont pas
sans relation. D’une part, certains concepts scientifiques peuvent devenir des
références pour des objets d’enseignement. Ainsi le didacticien peut chercher
à décrire des processus de transposition didactique en recourant à la confron-
tation entre concepts scolaires et concepts scientifiques de référence. D’autre
part, la désignation identique de certains concepts « scolaires » et concepts
quotidiens peut produire des confusions de sens ou des tensions : par
exemple, le concept de hasard élaboré en classe de mathématiques au lycée
est différent de celui de hasard dans la vie quotidienne (Lahanier-Reuter
1999).
Éléments d’éclairage
Les concepts scientifiques renvoient à des unités du discours théorique
caractérisées, entre autres, par leur mode de construction, leur définition, le fait
33
qu’ils fonctionnent dans un réseau et qu’ils sont des outils du travail théorique.
En effet, c’est au sein de toutes les disciplines de recherche que les concepts
scientifiques sont construits pour travailler de façon spécifique sur des ques-
tions posées dans des espaces de recherche délimités. Ces concepts scienti-
fiques sont élaborés pour organiser le regard des chercheurs sur des faits ou des
objets et pour construire des modèles explicatifs. Pour illustrer la spécificité de
ce mode de construction, Gérard Fourez (2001) a recours à l’exemple suivant.
Pour demander une définition du concept de coma, deux formes interrogatives
au moins sont possibles. La première peut être formulée de la manière suivante :
« Qu’est-ce que le coma ? ». Dans cette question le « coma » est naturalisé et
pensé comme s’il existait en tant que tel. En revanche, si la question est posée
comme suit : « Qu’entend-on par le terme coma ? », il y a ici une conscience du
fait qu’il s’agit non pas de la réalité mais d’un concept servant à définir et à
comprendre la réalité. Il en va de même pour des concepts très différents tels
ceux de phrase, d’insécurité, etc. À la différence des concepts « scolaires », c’est
par des écrits scientifiques signés que ceux-ci sont définis, et rendus publics. Et
ce sont ces formes écrites qui permettent leur discussion, leur structuration et
leur fonctionnement au sein d’une science. Ajoutons enfin qu’un concept scien-
tifique n’est jamais défini de façon isolée. Il s’enracine dans un réseau complexe
au sein duquel il est lié de façon variée à d’autres concepts (la structure même
de cet ouvrage en témoigne).
Les différences entre concepts scientifiques et concepts quotidiens ont
été des objets de réflexion très importants dans l’oeuvre de Lev Vygotski
(1934/1985). Pour lui, l’élaboration et l’usage de ces derniers se basent sur
des opérations de pensée non conscientes et surtout ne reposent pas sur une
définition explicite. Par exemple un jeune enfant saura dire qu’il a un frère,
que certains de ses amis aussi, sans pour autant pouvoir définir ce qu’est un
« frère ». Au contraire, les concepts scientifiques seraient d’abord définis de
façon explicite avant de pouvoir être mobilisés. Les processus de conceptua-
lisation ont en conséquence des trajectoires différentes selon les sphères dans
lesquelles ils sont construits : les concepts quotidiens sont utilisés et leur
définition est construite dans un second temps alors que la construction
conceptuelle à l’école nécessite un premier travail sur les définitions avant
que les concepts scolaires soient mis en relation avec des situations. Toujours
selon Vygotski, les concepts quotidiens, à la différence encore des autres
types de concepts, ne sont ni organisés, ni liés entre eux dans un système. Ils
naissent dans la pratique de l’enfant et leurs fonctionnements demeurent non
conscients. L’école place au contraire l’élève dans une situation où il lui est
indispensable de prendre conscience de ses processus de pensée. Enfin, les
situations scolaires successives sont centrées sur un travail intellectuel basé
sur des mises en réseaux conceptuels.
L’une des approches des concepts « scolaires » est celle développée par
Gérard Vergnaud : « un concept ne peut être réduit à sa définition, du moins
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre (2008) : La saveur des savoirs, Paris, ESF éditeur.
Brossard Michel (2004) : Vygotski, Lectures et perspectives de recherches en éducation,
Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.
Fourez Gerard (2001) : La Construction des sciences, Bruxelles, De Boeck.
Orange Christian (2006) : Problématisation, savoirs et apprentissages en sciences,
dans Fabre Michel, Vellas Etiennette, dir. : Situation de formation et problématisa-
tion, Bruxelles, De Boeck.
Vergnaud Gerard (1990) : La théorie des champs conceptuels, Recherches en didactique
des mathématiques, vol. 10, n° 23, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 133-170.
Vygotski Lev Semionovich (1934/1997) : Pensée et langage, Paris, La Dispute.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion de conscience disciplinaire est une notion récente puisqu’elle
a été proposée par Yves Reuter dans un article de 2003. Elle renvoie cependant
à un ensemble de travaux plus anciens et attentifs, même de manière moins
systématique, aux représentations des élèves quant aux savoirs disciplinaires
et à l’« image » de la discipline (Colomb, 1993 : 46), telles qu’elles se
construisent au travers des interactions entre maîtres, élèves et savoirs.
On pourrait définir la conscience disciplinaire comme la manière dont les
acteurs sociaux et, en premier lieu, les sujets didactiques — élèves mais aussi
enseignants — (re)construisent telle ou telle discipline. Cela nécessite donc
de prendre en compte les formes de ces reconstructions (les disciplines pou-
vant être structurées de manière différente par les apprenants et les ensei-
gnants), la plus ou moins grande clarté dont elles témoignent et leur plus ou
moins grande pertinence au regard d’un cadre de référence déterminé.
Éléments d’éclairage
Cette notion a notamment pour origine le constat, rarement effectué par
les praticiens et les chercheurs tant le découpage des savoirs semble évident
aux acteurs liés à l’école, que nombre d’élèves — essentiellement du primaire
— ont des difficultés à indexer disciplinairement le travail (exercices,
contrôles…) qu’ils effectuent. Complémentairement, on a pu s’apercevoir que
les représentations d’élèves du collège ou du lycée pouvaient parfois être éloi-
gnées du projet d’enseignement disciplinaire et, par voie de conséquence,
source d’obstacles ou de conflits (par exemple, lorsque le français est perçu
comme un espace où il s’agit essentiellement de « baratiner »). De fait, l’inté-
rêt de cette notion s’articule à une hypothèse — forte mais qui demeure à
vérifier — selon laquelle les performances des élèves dans une discipline don-
née dépendraient, au moins en partie, de la conscience qu’ils en ont.
Cette notion entre en congruence avec le cadre constructiviste — fréquem-
ment adopté à l’heure actuelle dans les recherches en sciences humaines sur la
cognition et les apprentissages — selon lequel tout sujet (re)construit l’uni-
vers au sein duquel il s’inscrit. Elle prend donc place dans une configuration
39
conceptuelle particulièrement importante pour les didacticiens, configuration
associant les concepts de discipline scolaire, de contrat didactique (comme sys-
tème d’attentes implicites, au sein d’une discipline, entre maître et élèves), de
représentations, de « rapports à » et de clarté cognitive, ces trois dernières
notions ayant en commun de référer à l’activité mentale des sujets en tant qu’ils
organisent et donnent sens au monde et aux objets auxquels ils sont confrontés.
Michel Brossard (1994a) a ainsi émis l’hypothèse qu’une des grandes différences
entre les élèves en situation d’échec et ceux en situation de réussite pourrait
résider en ce que les premiers n’arriveraient pas à relier véritablement les situa-
tions de travail proposées avec les objectifs qu’elles visent ainsi qu’avec les situa-
tions qui les ont précédées et celles qui les suivront. En cela, contrairement aux
élèves qui réussissent mieux, ils témoigneraient d’une moindre clarté cognitive
quant aux situations d’enseignement-apprentissage. On peut par exemple penser
à des élèves qui, ayant à reconstituer des phrases à partir de fragments découpés,
ne verraient pas le rapport avec la lecture (ou avec la grammaire) et avec d’autres
situations de travail. Par voie de conséquence, pour ces élèves, le sens des acti-
vités s’épuise dans la réussite ponctuelle de la tâche et la vie scolaire n’est perçue
que comme une juxtaposition de situations sans grandes relations.
Il n’en demeure pas moins vrai que si la notion de conscience disciplinaire
s’intègre dans le cadre ainsi tracé et entre en congruence avec les concepts
mentionnés, elle apporte cependant un élément de rupture propre aux didac-
tiques en spécifiant ces notions selon les disciplines. En effet, il ne s’agit plus de
représentations (ou de « rapports à » ou de « clarté ») « en général » ou infra-
disciplinaires (portant sur tel ou tel contenu singulier) mais de l’actualisation de
la discipline, en tant que configuration globale, dans l’esprit des apprenants.
Conscience disciplinaire 41
discursives qui tendent à montrer qu’un certain nombre de difficultés des élèves
relèveraient d’une construction insuffisante (ou erronée) des manières spécifiques
de penser et d’écrire selon les disciplines (Jaubert, 2001).
Outre cette hypothèse, plusieurs questions méritent encore d’être appro-
fondies. Il est par exemple nécessaire, dans un cadre didactique, d’essayer de
mieux comprendre comment se construit cette conscience disciplinaire, sans
doute en explorant divers canaux : celui de la transmission familiale (parents,
fratrie…) ; celui des pratiques d’enseignement : discours de l’enseignant,
organisation des contenus au travers de la distribution horaire, des situations
de travail et de leurs relations, des supports tels manuels, cahiers et classeurs
(Giguère, Reuter, 2003)… Il est tout aussi utile d’explorer les formes de la
conscience disciplinaire chez d’autres acteurs que les élèves : les maîtres, les
parents d’élèves (Chambon, 1990), les formateurs, les prescripteurs, les
hommes politiques… sans oublier les chercheurs eux-mêmes.
Il convient enfin d’éviter les confusions possibles entre, d’une part, les
formes que peut prendre la conscience disciplinaire et la plus ou moins grande
clarté dont elles témoignent et, d’autre part, leur pertinence. Ainsi considérer que
la philosophie est une discipline où il s’agit essentiellement d’exprimer son opi-
nion est une (re)construction qui est d’une clarté indéniable, sa pertinence au
regard du fonctionnement et des objectifs de la discipline étant, en revanche, par-
ticulièrement discutable. Ce qui amène complémentairement à explorer les cadres
de référence au regard desquels on décide que cette modalité de conscience dis-
ciplinaire est plus ou moins pertinente : notes de l’élève, textes officiels (de telle
ou telle époque), conceptions de l’enseignant, conceptions des chercheurs…
Éléments bibliographiques
Brossard Michel (1994) : L’Adaptation de l’enfant à l’école, Paris, Collection Scienti-
fique Stablon.
Jaubert Martine (2001) : Cohérence textuelle et positionnement énonciatif contextuelle-
ment pertinent en classe de sciences, dans Bernié Jean-Paul, dir. : Apprentissage, déve-
loppement et signification, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, p. 173-189.
Lahanier-Reuter Dominique, Reuter Yves (2002) : Écrits et apprentissages. Première
approche dans quatre disciplines au collège, Pratiques n° 113-114, Images du scrip-
teur et rapports à l’écriture, Metz, CRESEF, p. 113-134.
Lautier Nicole (1997) : À la rencontre de l’histoire, Villeneuve d’Ascq, Presses Universi-
taires du Septentrion.
Lebeaume Joël (2000) : Jeux d’étiquette, jeux de kim, jeux de famille, puzzles ou de-
vinettes à l’école. Découverte du monde, sciences et technologie aux cycles II
et III, Aster, n° 31, Les sciences de 2 à 10 ans, Paris, I.N.R.P., p. 97-215.
Reuter Yves (2003) : La conscience disciplinaire. Présentation d’un concept, Éducation
et didactique, vol.1, n° 2, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 57-71.
C H A P I T R E
Première approche de la notion
La notion de contenus renvoie à des choses aussi diverses que les
savoirs, les savoir-faire ou les compétences qui sont les objets d’enseignement
et/ou d’apprentissages les plus immédiatement identifiables dans un système
didactique, mais aussi des valeurs, des pratiques, des « rapports à », voire des
comportements ou des attitudes. Cette notion désigne donc tout ce qui est
objet d’enseignement et d’apprentissages, implicites ou explicites.
Éléments d’éclairage
Seront d’abord développés ici les éléments principaux qui permettent de
préciser la notion de contenu, en passant par différents domaines de
recherche avant d’en arriver au point de vue spécifiquement didactique.
D’un point de vue épistémologique, on distingue généralement savoirs et
connaissances. Avec la notion de savoirs, est visé le caractère à la fois institué
(construit socialement et historiquement), objectivé (construction d’un sys-
tème théorique, formalisation, etc.), dépersonnalisé et décontextualisé de la
connaissance. Avec la notion de connaissances, c’est un point de vue subjectif
qui est envisagé : les connaissances d’un sujet sont le résultat intériorisé de
son expérience, qui repose sur une recomposition à usage personnel des expé-
riences et des savoirs.
La distinction savoir/savoir-faire, depuis longtemps travaillée en psy-
chologie et en philosophie (Reboul, 1980) renvoie à l’opposition entre deux
formes d’apprentissages, apprendre que / apprendre à. Apprendre à écrire
des récits se distingue d’apprendre que le récit se compose d’ingrédients
comme des types de personnages (héros, adjuvants, opposants), des lieux
et des objets, des schémas d’actions, des organisations textuelles, des
formes linguistiques (l’emploi privilégié de certains temps verbaux), des sys-
tèmes énonciatifs, des modes de représentation (la question des points de
vue et des voix), etc. Les savoirs sont ainsi du côté de ce que les théoriciens
de l’intelligence artificielle ont appelé les connaissances déclaratives, les
43
savoir-faire du côté des connaissances procédurales. Ces deux types de
connaissances ne se manifestent pas de la même manière (George, 1988) :
les connaissances déclaratives (savoir que) sont verbalisables dans le lan-
gage naturel ou un langage symbolique et mobilisables en dehors de l’acti-
vité ; les connaissances procédurales (savoir comment) s’actualisent dans
une activité finalisée, elles sont intégrées dans une conduite particulière.
Schématiquement, « apprendre que » revient à acquérir de nouvelles infor-
mations (« je sais que le verbe s’accorde avec le sujet »), « apprendre à »
consiste à développer des capacités (« je sais faire l’accord »). Cependant,
et cela remet en cause ces définitions assez schématiques, les connaissances
procédurales peuvent faire l’objet d’une prise de conscience, d’un contrôle
intentionnel, et être mises en mots, sous forme déclarative donc. On parle
alors de connaissances métaprocédurales, c’est-à-dire de connaissances qui
portent sur l’activité procédurale elle-même.
La notion de compétences est actuellement centrale dans la plupart des
systèmes éducatifs qui redéfinissent en termes de compétences les contenus
d’enseignement. La notion, élaborée, dans les années 1980, dans les milieux
du travail et de la formation d’adultes, y est souvent présentée comme une
innovation dans la définition des emplois : les formes de production à flux
tendus, décentralisées, automatisées, etc., imposent des techniques et des
organisations de travail flexibles, elles demandent une mobilisation différente
des ressources humaines, laissant davantage place à ce qui se construit dans
l’expérience, à travers les tâches et les activités. Cette notion de compétences
s’oppose nettement à celle de qualifications dans l’univers du travail (mesu-
rées par le diplôme obtenu et l’ancienneté) et à celle de connaissances dans
l’univers scolaire (Ropé, Tanguy, 1994). Dans l’univers scolaire, cela signifie
par exemple que « d’un apprentissage centré sur les matières (où l’accent est
mis sur les savoirs) la pédagogie orientée sur les compétences définit les
actions que l’élève devra être capable d’effectuer après apprentissage » (Dolz,
Ollagnier, 1999 : 10). Mais la notion ne va pas de soi : Jean-Paul Bronckart
(2011) fait une analyse critique de son histoire et de ses ambigüités, notam-
ment lorsqu’on parle de compétences langagières.
Principalement, la théorisation didactique de la notion de contenus
consiste à prendre en compte le contexte scolaire d’élaboration, de transmis-
sion et de construction de connaissances. Les didactiques s’intéressent aux
contenus disciplinaires qu’elles décrivent comme spécifiés par leur inscription
dans une institution qui a une histoire, qui est investie de finalités sociales,
qui est structurée dans des curricula, etc. Certaines de ces caractéristiques
sont détaillées ci-dessous.
Pour commencer, les contenus d’enseignement sont structurés en disci-
plines scolaires, qui sont des produits de la demande sociale sur l’école, de l’évo-
lution historique de cette demande sociale, des avancées de la recherche et des
façons dont ces avancées sont transposées en contenus d’enseignement, etc.
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre (2008) : La saveur des savoirs. Disciplines et plaisir d’apprendre, Pa-
ris, ESF.
Boyer Catherine, Reuter Yves, dir. (2012) : Recherches en didactiques, n° 13, Les conte-
nus disciplinaires, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.
Bronckart Jean-Paul (2011) : La formation aux compétences langagières : pour un
réexamen des rapports entre langue et discours, Bulletin Suisse de Linguistique Ap-
pliquée, n° 93, Centre de linguistique appliquée, Université de Neuchâtel, p. 7-46.
Develay Michel, dir. (1995) : Savoirs scolaires et didactique des disciplines. Une ency-
clopédie pour aujourd’hui, Paris, ESF.
Ropé Françoise, Tanguy Lucie, dir. (1994) : Savoirs et compétences : de l’usage de cette
notion dans l’école et l’entreprise, Paris, L’Harmattan.
Schneuwly Bernard (2005) : De l’utilité de la “transposition didactique”, dans Chiss
Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique du français. Fondements
d’une discipline, Paris, Nathan, p. 47-59.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Contexte et milieu sont des termes relativement proches, dont la
définition fluctue selon le champ scientifique dans lequel ils sont
construits. En effet, histoire, sociologie, biologie… sont des disciplines
scientifiques qui élaborent et confèrent des sens précis mais différents à
ces notions. Il peut donc se faire que les didacticiens fassent usage de ces
termes en référence à un autre champ disciplinaire que le leur, en évo-
quant par exemple le contexte discursif d’un énoncé ou le milieu urbain
qui constitue l’environnement au sein duquel s’inscrit un établissement
scolaire. Mais nous nous intéresserons ici uniquement aux définitions de
ces termes issues des didactiques. Plus spécifiquement encore, nous commen-
cerons par envisager l’usage de ces deux termes dans le cas où ils sont atta-
chés au problème de la compréhension et de l’interprétation des conduites
d’élèves en situation. Dans le cadre de cette problématique, milieu et
contexte renvoient tous les deux à ce avec ou contre quoi l’élève agit, dans
une situation donnée. Milieu et contexte n’ont donc de sens que « locale-
ment » et ne sont pas directement observables, mais reconstruits par le
chercheur.
Le milieu, dans ce cadre, est constitué des éléments (toujours dans un
sens aussi large) de la situation avec lesquels le sujet est en relation.
La notion de contexte de la situation rassemble alors les éléments de la
situation avec lesquels le sujet est dans une relation de sens. Plus précisément
encore, il est l’ensemble des significations que le sujet attribue à ces éléments.
Comme l’écrit Jean-Paul Bernié (2005 : 147), « Le contexte englobe tout ce
qui fait sens dans l’univers des tâches ».
Le contexte est par conséquent un ensemble d’objets sémiotiques, de
signes, propre à chacun des sujets concernés, qui conditionne, contraint,
autorise… les conduites des sujets dans une situation donnée.
C’est donc par la nature différente des objets qui les composent, que
contexte et milieu se différencient en premier lieu. En effet, le milieu peut
contenir des éléments matériels (une équerre dans une situation d’exercice de
49
mathématiques, un ballon dans une situation de jeu de volley) tandis que le
contexte contiendra exclusivement les significations attribuées à ces objets
dans une situation donnée par les élèves concernés.
Éléments d’éclairage
Certaines définitions plus précises du milieu dépendent de plusieurs
décisions d’ordre théorique. En effet, selon que l’accent est plutôt mis sur la
nécessité de la relation (l’ensemble des éléments qui autorisent les actions
des élèves) ou plutôt sur les facteurs contraignants (ceux qui les condition-
nent), selon le mode de relation entre sujets et objets que le chercheur
reconstruit dans une situation didactique, diverses définitions du milieu sont
diffusées dans la communauté des didacticiens. Ainsi, Yves Chevallard, dans
le cadre de sa théorie anthropologique du didactique, propose de ne considé-
rer que des relations nécessaires entre sujets et objets, et de définir ces rela-
tions en tant que rapports institutionnels. Le milieu est alors l’ensemble des
objets institutionnels de la situation avec lesquels le sujet entretient des rap-
ports (institutionnels) stables, en l’absence desquels la relation didactique ne
pourrait s’établir. Pour le dire autrement, le milieu est alors l’ensemble des
objets de la situation qui sont, pour le sujet, transparents, « allant de soi »
(Chevallard, 1996 : 173). Chevallard illustre cette définition en racontant une
relation didactique particulière qui, lorsqu’il était enfant, s’était établie avec
son grand-père. L’enjeu de cette relation était de savoir fixer correctement un
hameçon à un fil de pêche. Pour ce petit garçon, il fallait, dit-il, que les objets
« hameçon », « fil à pêche », « fixation d’un hameçon à l’extrémité d’un fil à
pêche » existent pour lui afin que ce système didactique puisse fonctionner.
De son côté, Guy Brousseau, dans le cadre de sa théorie des situations
didactiques, envisage plutôt un mode de relation qui est celui de l’interaction
et une modalité qui est davantage celle du conditionnement (non nécessaire)
des conduites des élèves : « Le milieu, c’est tout ce avec quoi l’élève interagit,
que ce soit des problèmes, des objets ou des individus. » (Perrin-Glorian,
1994 : 107).
Dans une étape ultérieure de cette théorie, la définition du milieu évo-
lue, au travers d’une modélisation des relations qui lient sujet et objets de la
situation. Brousseau propose en effet de modéliser ces relations en termes de
jeux. Le milieu est alors défini comme ce avec quoi l’élève joue, ou plutôt ce
contre quoi l’élève joue : le milieu est le « système antagoniste de l’élève »
(Brousseau, 1988 : 321).
L’examen rapide des définitions accordées à ces deux termes montre par
conséquent des usages et des sens très divers dans les champs des didactiques
disciplinaires.
La diversité de ces approches s’explique par celle des projets de connais-
sance des différents didacticiens et par celle des théories de l’apprentissage
Contexte — Milieu 51
n’exigent pas de recours aux calculs, d’autres si. Comme l’écrit Brousseau, « le
signe d’une certaine connaissance de la soustraction sera justement de savoir
quand et comment “on” peut déterminer ces nombres » (Brousseau, 1988 :
327). Sans entrer plus avant dans la complexité des analyses menées, le milieu
est élaboré par l’enseignant / le chercheur en tant que référence du savoir et
des « interactions qu’il détermine » (Brousseau, 1988 : 321). Il s’agit dans ce
cas de fournir des analyses permettant d’anticiper et de prévoir des organisa-
tions d’objets spécifiques, bref de prévoir un milieu propice à l’élaboration
d’un savoir.
Ces différentes définitions reposent également, nous l’avons dit plus
haut, sur les théories de l’apprentissage qui les sous-tendent. En effet, la
notion de contexte, telle que nous l’avons présentée, s’inscrit dans une
perspective où l’apprentissage est considéré en tant que résultat d’un pro-
cessus de « négociation de sens » (Halté, 2005 : 65). Cette approche de
l’« acte d’apprendre » (Tozzi, 1996) est étayée par les théories du langage
et de son rôle dans les apprentissages et met également l’accent sur la
nécessaire prise en compte des significations et des valeurs que l’élève
accorde aux situations proposées. En revanche, celle de milieu, dans la
théorie de Chevallard, s’appuie davantage sur une conception de l’appren-
tissage scolaire selon laquelle cet apprentissage s’accompagne forcément
de modifications de rapports aux objets de savoir, puisque ce sont ces rap-
ports qui définissent la connaissance qu’en a le sujet. Par exemple, les rap-
ports à l’objet d’étude « symétrie orthogonale » diffèrent selon les niveaux
scolaires, les tâches et les techniques institutionnalisées : construction de
symétriques par pliage, décalque, à la règle et au compas… Enfin, le
concept de milieu, tel qu’il est théorisé par Brousseau, s’inscrit dans une
théorie de l’apprentissage par adaptations aux milieux, théorie qui s’inspire
du constructivisme.
Éléments bibliographiques
Bernié Jean-Paul (2005) : Les « situations différées » de Francis Ruellan : fécondité
et zones d’ombre d’un espace de problématisation, dans Reuter Yves, dir. (2005) :
Pédagogie du projet et didactique du français. Penser et débattre avec Francis Ruellan,
Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, p. 141-168.
Brousseau Guy (1988) : Le contrat didactique : le milieu, Recherches en didactique des
mathématiques, vol. 9, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 309-336.
Brousseau Guy (1996) : L’enseignant dans la théorie des situations didactiques, dans
Noirfalise Robert, Perrin-Glorian Marie-Jeanne, dir. (1996) : Actes de la huitième
école d’été de didactique des mathématiques, IREM de Clermont-Ferrand, p. 3-46.
Chevallard Yves (1996) : Concepts fondamentaux de la didactique : perspectives ap-
portées par une approche anthropologique, dans Brun Jean, dir. (1996) : Didactique
des mathématiques, Lausanne, Delachaux et Niestlé, p. 145-196.
Halté Jean-François (2005) : Interactions : une problématique à la frontière, dans
Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. (2005) : Didactique du français,
Fondements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck, p. 61-76.
Contexte — Milieu 53
Perrin-Glorian Marie-Jeanne (1994) : Théories des situations didactiques : naissance,
développement, perspectives, dans Artigue Michèle, Gras Régis, Laborde Colette, Ta-
vignot Patricia, dir. : Vingt ans de didactique des mathématiques en France, Gre-
noble, La Pensée Sauvage, p. 97-147.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Étudier l’espace des interactions entre les différents acteurs d’une situa-
tion pose la question des régulations qu’elles génèrent — ou tentent de géné-
rer — et qui les contraignent en retour ainsi que celle des déterminations qui
les autorisent. Ces régulations, ainsi que les effets qu’elles produisent/sont
supposées produire, peuvent être analysés en termes de contrats. On parle
ainsi de contrat pédagogique, de contrat social, de contrat de communication,
de contrat didactique… Le contrat didactique est l’ensemble des régulations et
de leurs effets, reconstruits à partir des interactions entre enseignants et
élèves, issus de la situation et liés aux objets de savoirs disciplinaires mis en
jeu dans cette situation.
Éléments d’éclairage
Le concept de contrat, tel qu’il est convoqué en didactique, a comme
fonctions principales de décrire et d’expliquer certains fonctionnements ou
dysfonctionnements constatés dans les situations. Ainsi, les échanges sui-
vants dans une classe de cours préparatoire — où il s’agit pour la maîtresse
de faire percevoir le son « ou » — peuvent s’analyser selon différents types
de contrats (Lahire, 1993 : 98-99) :
Enseignant : C’est blanc, on le mange avec du sucre à la cantine
Un élève : Yaourt
Enseignant : Sur une voiture il y a des…
Un élève : roues
Enseignant : la poule a un petit, c’est le…
Un élève : poussin […]
Enseignant : Quand on veut boire on achète…
Un élève : un verre
En premier lieu, on peut interroger la forme de ces échanges, ici le jeu
réglé de phrases amorcées par l’enseignant que les élèves complètent. Ce
mode « classique » d’échange scolaire est sans doute autorisé par les posi-
tions institutionnelles des acteurs (celle du maître qui enseigne et celle des
55
élèves qui sont enseignés) mais aussi par les positions dissymétriques des
acteurs par rapport au savoir en jeu (voir la notion de topogenèse).
En second lieu, le dysfonctionnement qui clôt cet extrait révèle aussi que
des règles tout aussi implicites gèrent ces interactions et surtout peuvent être
reconstruites différemment par certains des acteurs. Là encore, on peut expli-
quer cette distorsion entre les règles que l’enseignant suppose instaurer et les
règles que les élèves reconstruisent par des raisons locales, par exemple par
des différences de perception du but de l’échange (étudier des mots selon
qu’ils possèdent ou non le son « ou » / proposer des noms en référence à des
définitions). Mais on peut arguer aussi de déterminations qui dépasseraient
la situation étudiée, à savoir par exemple des usages sociaux différents du
langage (ici la dimension réflexive que met en place l’enseignant à la diffé-
rence d’usages liés aux actions pratiques).
En définitive, cet exemple accrédite l’idée qu’un seul type de contrat
ne peut parvenir à rendre compte de l’ensemble des règles et des détermi-
nations qui les fondent, puisque certaines semblent étroitement liées à la
situation et à l’objet de savoir en jeu tandis que d’autres le sont dans une
moindre mesure. Cependant, il permet de remarquer que les contrats évo-
qués plus haut se ressemblent sur plusieurs points. Tout d’abord, ils ne sont
pas explicités la plupart du temps, pas plus que ne le sont les « sanctions »
encourues en cas de ruptures. Enfin, ils ne sont pas établis pour des durées
strictement déterminées, mais au contraire apparaissent mouvants et en
perpétuelle co-construction.
Il reste à différencier les types de contrats en usage dans le champ des
didactiques. Le critère principal de différenciation sur lequel il est possible de
s’appuyer est celui de l’espace d’origine des déterminations qui rendent
compte des régulations. Ce dernier peut être limité à l’espace stricto sensu de
la situation ou au contraire le dépasser.
Dans ce dernier cas, divers espaces peuvent être convoqués : celui des
institutions (l’école ou la classe), celui de la discipline scolaire, celui des psy-
chismes… Ainsi, Janine Filloux élabore dès 1974 le concept de « contrat
pédagogique », en le faisant dériver d’un contrat initial, d’origine institution-
nelle. Ce contrat initial qui fixe les rôles et les statuts différents de l’élève et
de l’enseignant comprend une clause centrale, « le devoir d’enseigner et
d’éduquer, et le devoir d’être enseigné et éduqué » (Filloux, 1996 : 314). Le
rapport de soumission et de domination que ce contrat devrait instaurer est,
selon elle, d’une trop grande violence pour que ce contrat subsiste. Un autre
contrat, le « contrat pédagogique », s’instaure alors dans la relation ensei-
gnant/élève afin de masquer artificiellement ce contrat initial, comme le dit
Filloux (1996 : 316), en :
« Un nouveau contrat, “contrat exceptionnel de structure paradoxale”,
susceptible de poser et garantir la loi qui fonde l’échange, le don et le
consentement au don, et d’assurer la régulation du système en garantis-
Contrat didactique 57
reconstruire des attentes de l’enseignant. Dire que l’enseignant prévoit un
enjeu dans la situation ne signifie pas non plus qu’il peut imposer l’enjeu qu’il
s’est fixé. La situation ne se décrit pas comme un dévoilement progressif de
l’enjeu de savoir sous le contrôle absolu de l’enseignant. Au contraire, on sup-
pose plutôt que l’enjeu de la situation va se co-construire dans les interac-
tions des uns et des autres, sans être pour autant assuré qu’il sera le même
pour tous les acteurs de la situation.
D’autres contrats locaux, attachés étroitement à la situation étudiée,
peuvent aussi être reconstruits : ainsi le « contrat de communication » est
principalement déterminé par le « contexte de la situation et les construc-
tions intersubjectives » (Schubauer-Leoni, 1997 : 19). Au cours de la situa-
tion, les différentes interactions des protagonistes contribuent à approcher et
à confronter les enjeux supposés en construisant ensemble ce qui est rece-
vable et ce qui ne l’est pas, ce qui est dicible et ce qui ne l’est pas, ce qui est
audible et ce qui ne l’est pas, en délimitant les rôles, les attentes et les res-
ponsabilités de chacun. Ce contrat de communication a donc pour but de
maintenir la relation et de co-construire l’enjeu de celle-ci. On peut, dans ce
cas, envisager le contrat didactique comme un « cas de figure de contrat de
communication », ainsi que le propose Maria-Louisa Schubauer-Leoni (ibid.),
en tant que « système de rapports entre l’enseignant, les élèves et un objet
d’enseignement ».
Les divers types de contrats étudiés posent donc l’enjeu de la situation
en des termes fondamentalement différents : enjeux narcissiques, institution-
nels, communicationnels, scolaires, disciplinaires… Chacun d’entre eux pré-
sente un intérêt spécifique, mais aucun ne peut rendre compte dans son
exhaustivité des régulations mises en œuvre dans la situation.
Éléments bibliographiques
Blanchard-Laville Claudine (1989) : Questions à la didactique des mathématiques, Revue
française de pédagogie, n° 89, octobre-novembre-décembre, Paris, INRP, p. 63-70.
Brousseau Guy (2003) : Glossaire de quelques concepts de la théorie des situations
didactiques en mathématiques,http://perso.orange.fr/daest/guy-brous-
seau/textes/Glossaire_Brousseau.pdf
Contrat didactique 59
Charaudeau Patrick (1993) : Le contrat de communication dans la situation classe,
dans Jean-François Halté, dir. : Inter-actions, Metz, CASUM, p. 121-135.
Filloux Janine (1974/1996) : Du contrat pédagogique. Le discours inconscient de l’école,
Paris, L’Harmattan.
Lahanier-Reuter Dominique, Reuter Yves (2002) : Écrits et apprentissages. Première
approche dans quatre disciplines au collège, Pratiques, n° 113-114, Images du scrip-
teur et rapports à l’écriture, Metz, CRESEF, p. 113-134.
Sarrazy Bernard (1995) : Le contrat didactique, Revue française de pédagogie, n° 112,
Paris, INRP, p. 85-118.
Schubauer-Leoni Maria-Luisa (1997) : Entre théorie du sujet et théories des conditions
de possibilité du didactique : quel « cognitif » ?, Recherches en didactique des ma-
thématiques, vol. 17, n° 1, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 7-27.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La dévolution, ou le processus de dévolution, désigne l’ensemble des
actions de l’enseignant visant à rendre l’élève responsable de la résolution
d’un problème ou d’une question en suspens (Brousseau, 1998 : 303) :
« La dévolution est l’acte par lequel l’enseignant fait accepter à l’élève la
responsabilité d’une situation d’apprentissage (adidactique) ou d’un pro-
blème et accepte lui-même les conséquences de ce transfert. »
Les responsabilités évoquées ici sont celles du maître (la charge d’ensei-
gner) et celles des élèves (le devoir d’apprendre). Cependant, ces responsabilités
peuvent se concevoir d’un point de vue social, mais aussi psychologique ou psy-
chanalytique, selon que l’on considère que la relation didactique s’inscrit plutôt
dans un contexte d’interactions sociales et institutionnelles ou affectives.
Éléments d’éclairage
Les origines de ce concept peuvent être reconstruites selon trois points
de vue au moins : celui des constats empiriques de dysfonctionnements dans
une relation didactique auxquels il tente d’apporter une explication, celui de
la question théorique qu’il résout, et enfin celui de l’étymologie de ce terme.
Le concept de dévolution apparaît ainsi pour rendre compte de certains
dysfonctionnements dans le déroulement didactique d’une séquence d’ensei-
gnement. Comment expliquer, par exemple, l’apparition massive de stratégies
d’évitement du problème posé ? Comment comprendre que certains élèves
n’identifient pas les objets proposés par l’enseignant comme éléments d’un
milieu pour apprendre ?
C’est aussi en se démarquant de concepts explicatifs qui font plus ou
moins référence à la motivation que s’est construit le concept de dévolution
en didactique des mathématiques. Dans l’architecture de la théorie des situa-
tions didactiques, le concept de dévolution répond à un paradoxe que Guy
Brousseau (1986 : 66) pose en ces termes :
« Le professeur a l’obligation sociale d’enseigner tout ce qui est nécessaire
au savoir. L’élève — surtout s’il est en échec — le lui demande. Ainsi
61
donc, plus le professeur cède à ses demandes et dévoile ce qu’il désire,
plus il dit précisément à l’élève ce que celui-ci doit faire, plus il risque de
perdre ses chances d’obtenir et de constater objectivement l’apprentissage
qu’il doit viser en réalité. »
La résolution de ce paradoxe est, dans ce cadre théorique, expliqué par
le biais des opérations de dévolution.
Enfin, d’un point de vue étymologique, ce terme, tout comme celui de
contrat didactique, a une valeur métaphorique. En effet, dévolution, dans son
sens juridique, désigne les actes — le plus souvent notariés (testament ou
donation) — et leur enregistrement, par lesquels on désigne ses héritiers et
organise la transmission de ses biens. Le parallèle établi entre le juridique et
l’enseignement peut servir d’appui, dans un premier temps, à la compréhen-
sion de ce qu’est la dévolution.
Le concept de dévolution (du problème/de la question) peut encore se
comprendre dans le cadre de deux problématiques proches. La première est
celle de la recherche des éléments internes à la situation didactique qui peu-
vent peser sur (voire expliquer) l’apparition de certains phénomènes didac-
tiques. Plus spécifiquement encore, la question posée est celle des actions
de l’enseignant, qui, lors d’une situation donnée, peuvent générer ou au
contraire prévenir des stratégies de contournement du problème ou de la
question posée de la part des élèves. Ainsi, en didactique de l’éducation
physique et sportive, Chantal Amade-Escot (2005 : 96) signale que la dévo-
lution « est un pari toujours en chantier », tant les élèves tendent à « tirer
sur le contrat pour continuer à faire ce qu’ils savent faire et s’engager dans
des actions qui ne remettent pas en cause leur équilibre ou leurs habitudes
motrices (par exemple en natation, en gardant un équilibre semi-vertical
favorable au maintien de leurs repères visuels horizontaux de “terriens” mais
qui fait obstacle aux conditions d’avancement dans le milieu aquatique) ».
Ces tensions peuvent s’expliquer par le fait que la dévolution a pour objet
la question, ou le problème, et non la réponse à la question ou la solution
au problème.
La seconde problématique dans laquelle la notion de dévolution s’insère
est celle de l’identification de phases dans une séquence didactique, ou plus
largement encore celle du découpage en unités de temps pertinentes d’une
séquence. Le point de vue adopté consiste alors à étudier les différentes rela-
tions au savoir que l’enseignant tente de mettre en place. C’est à partir de
ces différences que les phases (dévolution, institutionnalisation…) seront
identifiées. La phase de dévolution (du problème/de la question) est celle
durant laquelle l’enseignant s’efforce de mettre les élèves dans une relation
bénéfique à l’apprentissage, c’est-à-dire où ils prennent la responsabilité de
la tâche. Cette relation est alors décrite en tant qu’acceptation de la respon-
sabilité individuelle dans la résolution du problème, c’est-à-dire qu’il s’agit
pour l’élève de reconnaître ses actions et leurs conséquences comme signi-
Dévolution 63
définir la dévolution comme « l’acte par lequel le maître autorise l’élève à
devenir non seulement acteur, mais auteur, c’est-à-dire à tenir lui aussi un
discours de maîtrise » (il emprunte cette expression à Jacques Lacan). De
plus, se pose la question de la prise en charge de cet espace psychique dans
la description et l’interprétation des observations. Qui en a la charge ? Est-ce
uniquement le didacticien ? On pourrait dire avec Brousseau que les condi-
tions nécessaires à l’instauration de la dévolution peuvent être étudiées au
travers de divers cadres théoriques et dans diverses disciplines, mais que la
dévolution en tant que concept didactique ne peut faire l’économie de la rela-
tion à des savoirs spécifiques. La question des relations entre disciplines de
recherche reste néanmoins posée.
Éléments bibliographiques
Amade-Escot Chantal (2005) : Milieu, dévolution, contrat. Regard de l’éducation phy-
sique, dans Salin Marie-Hélène, Clanché Pierre, Sarrazy Bernard, dir. : Sur la théorie
des situations didactiques, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 91-98.
Brousseau Guy (1988) : Le contrat didactique : le milieu, Recherches en didactique des
mathématiques, vol. 9, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 309-336.
Brousseau Guy (1998) : Théories des situations didactiques en mathématiques, Gre-
noble, La Pensée Sauvage.
Chervel André (1988) : L’histoire des disciplines scolaires, Histoire de l’éducation,
n° 38, Paris, INRP, p. 59-119.
Dumas Gilbert (2005) : Questions orales à Guy Brousseau, dans Salin Marie-Hélène,
Clanché Pierre, Sarrazy Bernard, dir. : Sur la théorie des situations didactiques, Gre-
noble, La Pensée Sauvage, p. 34-38.
Maulini Olivier (2004) : Mobilisation de ressources et conflits de savoirs : deux figures
de l’articulation théorie-pratique en formation des enseignants, Université de Ge-
nève : Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation : [En ligne :
http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/maulini/deux-figures.htm (dernière
consultation le 12 janvier 2013)].
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On pourrait définir, en première approche, les didactiques comme les
disciplines de recherche qui analysent les contenus (savoirs, savoir-faire…)
en tant qu’ils sont objets d’enseignement et d’apprentissages, référés/réfé-
rables à des matières scolaires.
Éléments d’éclairage
Cette définition permet d’abord de distinguer les didactiques d’autres
disciplines de recherche, proches à certains égards :
• celles qui analysent les contenus mais sans se préoccuper de l’enseigne-
ment ou des apprentissages (par exemple les mathématiques, la linguis-
tique, la biologie, l’histoire…) ;
• celles qui analysent l’enseignement ou les apprentissages mais en ne se
centrant pas sur les contenus (par exemple la pédagogie, la philosophie,
la sociologie ou la psychologie de l’éducation…).
C’est donc la focalisation sur les contenus et sur leurs relations à l’ensei-
gnement et aux apprentissages qui spécifie les didactiques.
Plus précisément encore, les didacticiens sont des spécialistes de dis-
ciplines scolaires (français, mathématiques, sciences, musique…). Cette
référence fondamentale aux disciplines renvoie à l’école, à ses fonction-
nements et à ses modes de structuration à long terme — ce que d’aucuns
appellent la forme scolaire — qui catégorise et organise les contenus en
matières.
Cette définition porte aussi l’accent sur le fait que les didactiques sont
des disciplines de recherche, c’est-à-dire des domaines scientifiques, caracté-
risés par des questions spécifiques (qui portent en l’occurrence sur la consti-
tution, la description, les variations des contenus et de leur mise en œuvre
via l’enseignement, ainsi que sur leurs modalités d’appropriation…), des
théories, des concepts, des méthodes de recherche et des recherches empi-
riques (recueillant et traitant des données). Les didactiques, en tant
65
qu’espace de recherches, ne sont donc pas à confondre avec trois autres
espaces :
• celui des pratiques d’enseignement et d’apprentissages disciplinaires (le
maître dans sa classe enseignant tels contenus à des élèves) ;
• celui des prescriptions : textes de lois, instructions officielles… régis-
sant, au moins en partie, ce qui est à enseigner et les manières de
l’enseigner ;
• celui des recommandations, composé de multiples sous-espaces et
acteurs qui encadrent les pratiques avec plus ou moins de légitimité en
prônant telle ou telle sélection, organisation ou mise en œuvre des
contenus : on peut penser ici à la formation, à l’inspection, aux associa-
tions pédagogiques, aux manuels…
Le premier espace, celui des pratiques d’enseignement et d’apprentis-
sages, est sans nul doute l’objet central des investigations des didacticiens
(voir, par exemple, la notion de système didactique qui circonscrit le domaine
des didactiques, autour des relations entre les trois pôles que sont l’Ensei-
gnant, les Apprenants et les Savoirs). Mais les deux autres font aussi partie
de leur champ d’analyse, par exemple pour comprendre l’émergence de ce qui
doit être enseigné ou les multiples formes que cela peut prendre.
Ajoutons encore que chacun de ces espaces se caractérise par des acteurs
particuliers, différenciés par leur identité, leur formation, leur métier : cher-
cheurs, maîtres et élèves, politiciens, membres de conseils chargés de propo-
ser ou de rédiger des programmes, formateurs, inspecteurs, militants…
Par voie de conséquence, les notions principales mises en œuvre par les
didactiques sont spécifiées par leur optique et donc différentes de leur manie-
ment dans d’autres disciplines de recherche. Pour n’en prendre ici que
quelques exemples qui seront développés dans d’autres chapitres de cet
ouvrage, le temps, l’activité ou les acteurs eux-mêmes ne sont analysés qu’au
travers du prisme de leurs relations à l’enseignement et aux apprentissages de
contenus déterminés. Ou encore, les partitions spatiales au travers desquelles
les didacticiens voient le monde social : espaces scolaires vs extrascolaires,
espaces disciplinaires vs non disciplinaires (la cour de récréation, la can-
tine…), leur sont propres et ne correspondent pas aux découpages de l’espace
que pourraient effectuer des géographes ou des sociologues.
Didactiques 67
d’enseignement et/ou d’apprentissage intentionnel quel que soit son lieu
d’actualisation : famille, espaces péri-scolaires (associations…), groupes de
pairs… Peut-être peut-on simplement remarquer ici, sans volonté aucune de
clore un débat complexe, qu’historiquement les didactiques se sont dévelop-
pées à partir de l’analyse du terrain scolaire et que celui-ci constitue, de fait,
une référence incontournable dès qu’on parle d’enseignement, d’apprentis-
sages et de disciplines. On peut encore songer au développement important,
depuis le début des années 1990, de la didactique professionnelle, caractéri-
sée par ses relations étroites avec la formation d’adultes, fondée sur des ana-
lyses fines du travail (prescrit et réel) et orientée vers le développement de
compétences professionnelles, sans référence donc à telle ou telle matière
scolaire (Pastré, 2008 ou 2011). Même s’il existe, dans ce cas, une analogie
structurelle avec les didactiques (les relations entre contenus, enseignement
et apprentissages, comme objet d’étude), on peut cependant considérer que
l’importance des différences mentionnées précédemment constitue ce
domaine comme un espace de recherche spécifique.
Les didacticiens ont encore des positions divergentes sur les relations
entre l’espace de recherche qui est le leur et les autres espaces (de pratiques,
de prescriptions, de recommandations…) auxquels ils sont confrontés. On
pourrait peut-être, au risque de schématiser à l’extrême, distinguer deux posi-
tions de base. La première, sur le mode de l’abstention, postule que, comme
nombre d’autres sciences dites fondamentales, les visées des didactiques rési-
dent non dans l’aide à l’intervention, susceptible d’entraîner des dérives
« applicationnistes », mais dans la description et l’analyse des pratiques, le
chercheur n’étant en aucun cas un prescripteur ou un expert de la pratique. À
l’inverse, les tenants de la seconde position, qu’on pourrait qualifier d’inter-
ventionniste, n’hésitent pas à considérer que la « science » a un rôle de guide
des pratiques qui peut aller jusqu’à la prescription de « bonnes pratiques ».
Entre ces deux positions extrêmes, existe un ensemble de positions, qui ont
en commun de remarquer qu’il existe des sciences dites appliquées dont la
vocation est, outre la connaissance, l’aide à l’amélioration possible des pra-
tiques et que les didactiques ont émergé et se sont développées en raison de
problèmes rencontrés sur le terrain, accompagnant souvent des réflexions sur
les réformes possibles. Dans cette perspective les didacticiens peuvent — et
doivent — penser les moyens d’améliorer l’enseignement. Ils ont, pour
reprendre une formule de Jean-Louis Martinand (1987), une responsabilité
quant aux contenus. Cette troisième position, impliquée, si elle considère
qu’on ne peut éviter la responsabilité, l’implication (Halté, 1992) ou l’horizon
praxéologique (Reuter, 2005c), demeure cependant prudente en cherchant à
se garder des confusions possibles entre recherche d’un côté, prescriptions,
recommandations et pratiques, de l’autre. Dans cette optique, les didactiques
peuvent, dans le cadre même de leur projet de connaissance, élaborer et expé-
rimenter des pistes d’amélioration à condition qu’elles soient étayées théori-
quement, évaluées quant à leurs intérêts et à leurs limites, et introduites
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre, Develay Michel (1989) : La didactique des sciences, Paris, PUF, col-
lection Que sais-je ?
Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. (2005) : La didactique du français :
fondements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck.
Johsua Samuel, Dupin Jean-Jacques (1993) : Introduction à la didactique des sciences
et des mathématiques, Paris, PUF.
Martinand Jean-Louis (1987) : Quelques remarques sur les didactiques des disciplines,
Les Sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle n° 1-2, Didactiques et sciences de l’édu-
cation, p. 23-29.
Lautier Nicole, Allieu-Mary Nicole (2008) : La didactique de l’histoire, Revue française
de pédagogie, n° 62, Lyon, INRP, p. 95-131.
Pastré Pierre (2008) : La didactique professionnelle : origine, fondements, perspec-
tives, Travail et apprentissages, n° 1, Dijon, Éditions Raison et Passion, p. 9-21.
Didactiques 69
DIDACTIQUE COMPARÉE
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La didactique comparée est un projet de recherche récent qui vise à
mettre en dialogue les didactiques disciplinaires. Il ne s’agit pas d’une nou-
velle discipline de recherche qui serait « la didactique » (ou « didactique
générale »), ignorant la spécificité des objets disciplinaires à enseigner et à
apprendre, spécificité qui est au fondement même de chaque didactique. La
didactique comparée est plutôt un projet scientifique de comparaison des
didactiques, destiné à décrire les spécificités de chacune d’elles (qui dépen-
dent notamment des objets d’enseignement et d’apprentissages) mais aussi
les invariants de l’ensemble des didactiques.
C’est au terme de ce projet seulement qu’il sera éventuellement possible
de décrire ce qui caractérise spécifiquement les interactions entre un contenu,
un apprenant et un enseignant dans le cadre d’un système didactique.
Éléments d’éclairage
Les didactiques des disciplines, entendues comme disciplines de
recherche qui analysent les contenus en tant qu’ils sont des objets d’enseigne-
ment et d’apprentissages, sont des disciplines relativement récentes : on peut
dater des années 1970 l’émergence des premières didactiques (du français —
langue étrangère et langue maternelle, des mathématiques, des sciences), les
autres didactiques se constituant progressivement depuis cette époque. L’his-
toire de chacune d’elles est particulière et s’explique par des conditions insti-
tutionnelles et épistémologiques en partie différentes (Sarremejane, 2001).
Dans le contexte d’émergence des didactiques, il était nécessaire, dans un
premier temps, qu’elles se consolident chacune de façon relativement isolée,
pour préciser leurs projets scientifiques respectifs, en relation avec les disci-
plines connexes, en partie communes (psychologie, pédagogie, etc.), mais en
partie spécifiques (les disciplines de recherche traitant des savoirs engagés
dans les didactiques : mathématiques, physique, linguistique, etc.).
Mais ce qui était nécessaire dans une phase d’émergence ne saurait se
poursuivre indéfiniment, sous peine d’un enfermement disciplinaire qui confi-
nerait à l’isolement ; le danger serait alors de rendre de plus en plus difficile
71
le dialogue entre didacticiens et de les empêcher de penser conjointement ce
qui les rapproche pourtant sur le fond : l’analyse des faits didactiques.
Le projet comparatiste engage deux grandes entrées possibles : la
comparaison entre les didactiques comme disciplines de recherche et la
comparaison des enseignements et des apprentissages disciplinaires tels qu’ils
sont décrits par les didactiques. Ces deux grandes entrées permettent plu-
sieurs approches : on peut en isoler quatre.
Une première approche comparatiste consiste en la confrontation de
notions communes à plusieurs didactiques pour déterminer à la fois les diffé-
rences d’usage au sein de chaque didactique et les fondements communs de
ces notions : une telle démarche a été menée à plusieurs reprises dès le début
des années 1990, au cours de rencontres entre didacticiens de disciplines dif-
férentes (Jonnaert, dir., 1991 ; Raisky, Caillot, dir., 1996). Sans qu’il soit
nécessaire de susciter des rencontres entre spécialistes de diverses disci-
plines, cette discussion s’effectue plus spontanément dans la reprise régulière
par telle ou telle didactique d’une notion construite dans une autre. À cet
égard, la notion de transposition didactique a eu un effet important dans le
dialogue entre les didactiques : introduite dans le cadre de la didactique des
mathématiques, elle a fait l’objet d’une large discussion dans d’autres didac-
tiques, pour étudier sa pertinence en dehors de son champ initial d’ancrage,
et n’a pas peu contribué à l’émergence d’une didactique comparée (Mercier,
2002 : 135).
Une autre façon d’aborder comparativement les didactiques est de
décrire les conditions de possibilité des interactions entre un contenu, des
apprenants et un enseignant dans le cadre d’un système didactique. Il ne s’agit
pas d’occulter la spécificité des contenus disciplinaires, qui sont précisément
au fondement de chaque didactique, mais de comprendre comment ces conte-
nus spécifiques peuvent être enseignés et appris dans le cadre des interac-
tions propres au système didactique et comment ils contraignent en partie ces
interactions (par exemple, le système didactique fonctionne-t-il de la même
manière quand est en jeu, comme contenu d’enseignement, un théorème ou
une activité sportive ?). Cette question a donné lieu au deuxième colloque de
l’Association pour des recherches comparatistes (ARCD) : cf. Daunay, Reuter,
Thépaut (2013).
Une troisième manière de faire avancer le projet comparatiste est de
confronter les didactiques entre elles de façon globale, en essayant de décrire
leurs systèmes conceptuels et leurs fondements épistémologiques respectifs.
Il s’agirait alors de déterminer ce qui, dans chaque didactique, est inhérent
aux objets d’enseignement et d’apprentissages qui la concernent (et à l’his-
toire de sa constitution en corps de contenus disciplinaires) et ce qui est inhé-
rent aux conditions d’émergence de chaque didactique comme discipline théo-
rique (le moment plus ou moins récent de sa naissance, ses liens avec ses
disciplines contributoires ou avec les didactiques déjà existantes, etc.). Une
Didactique comparée 73
Dans son extension maximale, la didactique comparée ne conçoit pas
seulement son objet de recherche dans le cadre de l’institution scolaire mais
veut adopter un point de vue plus généralement anthropologique, pour élargir
la question des savoirs « à l’ensemble des objets culturels qui fondent des
relations didactiques observables » (Mercier, Schubauer-Leoni, Sensevy,
2002 : 13). Une illustration d’une telle approche est donnée par un article de
Loquet, Garnier, Amade-Escot (2002), qui compare l’action didactique d’inter-
venants dans trois lieux institutionnels différents, mais qui sont autant
d’« institutions didactiques », destinés à transmettre des savoirs en activités
physiques, sportives et artistiques : enseignement scolaire, entraînement
sportif, transmission chorégraphique. Le risque d’une telle extension, légitime
a priori, est d’entraîner une possible dilution du projet de connaissance des
didactiques, centré au départ sur les faits didactiques scolaires, dont la des-
cription et la compréhension sont loin d’être achevées.
Mais le pari du projet comparatiste, tant dans sa mise en confrontation
des didactiques disciplinaires que dans son ouverture anthropologique, est
d’offrir de nouvelles perspectives épistémologiques aux didactiques discipli-
naires et de favoriser de ce fait leur propre développement.
Éléments bibliographiques
Bernié Jean-Paul (2002) : L’approche des pratiques langagières scolaires à travers la
notion de « communauté discursive » : un apport à la didactique comparée ?, Revue
française de pédagogie n° 141, octobre-novembre-décembre, Vers une didactique
comparée, Paris, INRP, p. 77-88.
Daunay Bertrand, Reuter Yves, Thépaut Antoine dir. (2013) : Les contenus discipli-
naires, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Mercier Alain, Schubauer-Leoni Maria-Luisa, Sensevy Gérard, dir. (2002) : Vers une di-
dactique comparée, Revue française de pédagogie n° 141, octobre-novembre-
décembre Vers une didactique comparée, Paris, INRP, p. 5-16.
Perrin-Glorian Marie-Jeanne, Reuter Yves, dir. (2006) : Les Méthodes de recherche en
didactiques, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Raisky Claude, Caillot Michel, dir. (1996) : Au-delà des didactiques, le didactique. Dé-
bats autour de concepts fédérateurs, Paris-Bruxelles, De Boeck-Larcier.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Toute discipline de recherche possède une certaine autonomie, caracté-
risée notamment par des questions, un corps théorique et un objet spéci-
fiques, qu’elle cherche sans cesse à préciser. Cependant, aucune ne peut vivre
en autarcie totale, repliée sur elle-même, sans relation avec les autres. De
nombreuses raisons peuvent expliquer cela : des domaines partiellement
communs malgré des différences d’approches (par exemple, les pratiques de
classe pour la pédagogie et les didactiques), des zones d’articulation possibles
qui engendrent des espaces théoriques « intermédiaires » (voir la psychoso-
ciologie), la circulation de concepts ou de méthodes, l’appui sur des
recherches issues d’autres disciplines pour éclairer tel phénomène (par
exemple, la différenciation sociale de l’échec scolaire dans telle discipline).
Dans cette perspective, les disciplines contributoires (pour les didactiques)
sont les disciplines de recherche qui, selon des modalités diverses, contri-
buent aux processus de recherche mis en œuvre par les didactiques (sans
oublier que chacune des didactiques peut être contributoire pour les autres
didactiques). Ces relations entre disciplines peuvent être explorées à partir de
trois questions principales : celle des origines, celle de la situation institu-
tionnelle et celle des référents théoriques.
Éléments d’éclairage
La question des origines est, en l’occurrence, d’autant plus prégnante
que les didactiques sont des disciplines « jeunes » (elles émergent véritable-
ment dans les années 1970-1980).
On pourrait dire, en schématisant, qu’il existe deux grandes thèses en
présence quant à leur genèse. Selon la première, plutôt soutenue par des phi-
losophes de l’éducation ou des théoriciens de la pédagogie (voir, par exemple,
Bertrand et Houssaye 1995 ou Houssaye 1997), les didactiques constitue-
raient les avatars contemporains d’un enseignement relativement ancien, sur-
tout dans les écoles normales, celui de la psycho-pédagogie où il s’agissait
d’expliquer aux futurs maîtres comment enseigner les matières scolaires.
L’accent est donc porté ici sur les techniques (comment faire ?), sur le primaire
75
et sur les références à la pédagogie et à la psychologie. En revanche, selon la
seconde thèse, plutôt soutenue par les didacticiens eux-mêmes, les didac-
tiques émergeraient au confluent de deux sources :
• d’abord la ou les discipline(s) « savante(s) » qui constituerai(en)t les
références scientifiques de la matière scolaire et qui sont parfois appe-
lée(s) discipline(s) — mère(s) ou source(s) ;
• ensuite les disciplines qui analysent l’enseignement ou les apprentis-
sages (pédagogie, psychologie, sociologie…).
Dans cette conception de la didactique, l’accent est donc porté sur les
contenus et sur la réflexion théorique (plus que sur les techniques), sans réfé-
rence exclusive au primaire.
Si l’on voit bien au travers de ces deux thèses qu’il existe un véritable
débat sur la définition des didactiques et sur les rapports — plus ou moins
distants — qu’elles entretiennent avec les pratiques, on peut aussi constater
qu’il existe un point commun fondamental, renvoyant aux notions de triangle
ou de système didactique, celui d’établir des relations entre contenus, ensei-
gnement et apprentissages. Au-delà, on peut penser qu’il serait pertinent de
spécifier des différences dans l’émergence des didactiques : par exemple,
l’articulation forte avec la psychologie pour la didactique des mathématiques
ou les difficultés, pendant longtemps, pour la didactique du français, à
s’extraire des références exclusives aux sciences du langage ou aux théories
de la littérature. Il conviendrait encore d’approfondir le rôle qu’ont pu jouer
dans cette histoire les mutations de l’école : massification de l’enseignement,
réformes successives, interrogations sur l’échec scolaire…
La question des origines n’est pas à confondre avec celle de la situation
institutionnelle. En effet, une discipline de recherche n’existe qu’au travers de
structures, de dispositifs et de pratiques, qui concernent l’organisation de la
recherche (Universités, CNRS, INSERM…), le recrutement des acteurs (voir les
concours de professeurs des écoles, le CAPES ou l’Agrégation pour les ensei-
gnants du secondaire ; les thèses, les comités de sélection et le Conseil Natio-
nal des Universités pour les enseignants-chercheurs…) et leur formation
(Universités, IUFM…). Cette dimension institutionnelle, dont les formes
varient selon les pays, est fondamentale pour comprendre le fonctionnement
scientifique des disciplines — loin d’être purement intellectuel — dans la
mesure notamment où elle détermine les formes des recherches, leurs possi-
bilités et leurs impossibilités. Ainsi, avant qu’il n’existe des postes de profes-
seurs des universités en didactiques, il était très difficile de faire une thèse
dans ce domaine ; ainsi, aujourd’hui, on perçoit souvent des différences de
compétences ou d’accentuation dans les thèses ou les articles selon que leurs
auteurs sont issus de la discipline « mère » ou des sciences de l’éducation.
Complémentairement, cette dimension institutionnelle permet de mieux
comprendre pourquoi l’émergence des didactiques ne fait pas que des heureux
Disciplines contributoires 77
• celles qui portent sur les didactiques elles-mêmes, analysant leur fonc-
tionnement, leurs contenus et leurs méthodes et constituant en quelque
sorte des méta-disciplines de recherche (histoire des sciences, épisté-
mologie…).
Sans oublier enfin que chaque didactique est pour les autres didactiques
une discipline « connexe » et contributoire, constituant elle aussi une source
de références possibles, ce qui a été par exemple le cas pour la didactique des
mathématiques au travers de concepts tels que transposition didactique ou
contrat didactique qui ont été largement repris.
La question des disciplines contributoires porte complémentairement sur
les modes d’usage de ces référents disciplinaires. On peut ainsi constater des
stratégies différentes à l’œuvre selon les didacticiens, voire selon les didac-
tiques :
• la référence dominante, voire exclusive, à une discipline ou, à l’opposé,
une multiréférentialité croisant diverses disciplines de recherche ;
• le transfert applicatif pur et simple de concepts ou de méthodes ou, à
l’opposé, leur reconstruction critique au sein des didactiques.
Il est d’ailleurs intéressant de constater des évolutions (ainsi la réfé-
rence exclusive tend à diminuer car elle renvoie à une époque où soit les
contenus, soit l’enseignement et/ou les apprentissages étaient négligés) et
d’analyser les avantages et les inconvénients de chacune de ces stratégies : la
référence dominante et le transfert mécanique entraînant, par exemple, des
risques d’applicationnisme (c’est-à dire d’application sur le terrain scolaire
sans tenir suffisamment compte des problèmes d’apprentissage) comme dans
le cas de la linguistique ou de la narratologie appliquées en didactique du
français ; la multiréférentialité drainant, quant à elle, des risques de bricolage
peu contrôlé en juxtaposant des cadres de référence et/ou des concepts hété-
rogènes…
Disciplines contributoires 79
didactiques résiderait dans la manière dont elles mettraient en interaction et
intègreraient d’autres disciplines qu’elles recomposeraient au travers de leur
logique propre en fonction de questions spécifiques.
Quelle que soit la position retenue, il convient de noter que ces thèses
ont en commun de porter l’accent sur la structure singulièrement complexe
des didactiques, nécessitant de mettre en interaction des domaines discipli-
naires diversifiés, ce qui impose sans doute de les maîtriser le mieux possible,
de justifier les emprunts et de préciser leur mode d’articulation dans une
logique spécifique susceptible de générer ses propres concepts et connais-
sances…
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre, Develay Michel (1989) : La Didactique des sciences, Paris, PUF, col-
lection Que sais-je ?, notamment les chapitres 1 et 2, p. 3-30.
Douady Régine, Artigue Michèle (1986) : La didactique des mathématiques en France :
émergence d’un champ scientifique, Revue française de pédagogie n° 76, juillet-
août-septembre, Paris, INRP, p. 69-86.
Houssaye Jean (1997) : Spécificité et dénégation de la pédagogie, Revue française de
pédagogie, n° 6, juillet-août-septembre, Paris, INRP, p. 83-97.
Marquilló Larruy Martine, dir. (2001) : Questions d’épistémologie en didactique du fran-
çais (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère), Poitiers, Les Cahiers FO-
RELL, n° 15, Université de Poitiers [notamment la partie « Relations avec les
disciplines connexes », p. 87-163].
Ropé Françoise (1990) : Enseigner le Français. Didactique de la langue maternelle, Paris,
Éditions Universitaires.
Terrisse André, dir. (2001) : Didactique des disciplines. Les références au savoir,
Bruxelles, De Boeck.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
En 1988, dans un article fondamental sur le sujet, André Chervel notait
que la notion de discipline n’avait pas véritablement fait l’objet d’une
réflexion approfondie et n’était pas non plus pourvue d’une définition précise.
En 2004, lors d’un colloque consacré au français, Dominique Lahanier-Reuter
et Yves Reuter effectuaient le même constat en ajoutant qu’il s’agissait d’une
situation paradoxale puisque les didactiques affirment se définir en relation à
telle ou telle discipline scolaire. On peut, au moins en partie, attribuer cet
état de fait à deux facteurs très différents : d’un côté, l’impression d’évidence
attachée à cette notion ; d’un autre côté, sa réelle complexité.
Aussi proposerons-nous, de manière prudente, cette définition que nous
détaillerons et discuterons dans les points suivants : une discipline scolaire
est une construction sociale organisant un ensemble de contenus, de dispo-
sitifs, de pratiques, d’outils… articulés à des finalités éducatives, en vue de
leur enseignement et de leur apprentissage à l’école.
Précisons d’emblée que si nous insistons sur l’idée de construction, c’est
pour bien marquer qu’une discipline n’a rien de naturel — elle varie d’ailleurs
historiquement et géographiquement — et est donc toujours en débat, en
renégociation, au sein de l’école et de la société (sachant cependant que les
contenus et les formes de ces débats peuvent varier considérablement selon
les disciplines). Précisons encore, à la suite de Chervel (1988 : 90), que la
visée fondamentale des disciplines est de rendre possible l’enseignement, de
« fabriquer de l’“enseignable” ».
Éléments d’éclairage
On peut, en reprenant et en modifiant quelque peu les positions de Cher-
vel (1988) et de Reuter (2004), préciser la notion de discipline scolaire au-
travers de quelques axes d’analyse privilégiés.
Toute discipline présente des composantes structurelles : les contenus
(savoirs, savoir-faire, rapports à…) et leur organisation (par sous-domaines,
par thèmes, par périodes…), les exercices (plus ou moins variés, plus ou
81
moins ouverts…), les modalités de contrôle, les modalités de travail des pro-
fesseurs et des élèves (plus ou moins importantes, en classe et/ou à la mai-
son…), les formes de mise en œuvre matérielle : outils plus ou moins spécia-
lisés (compas, équerre…), supports (cahiers, classeurs, manuels…), espace
spécifique (salle de sport ou de sciences) ou non, tenue particulière ou non…
Toute discipline scolaire s’organise en outre, plus ou moins explicite-
ment, autour de finalités, de visées, plus ou moins nombreuses, propres à la
discipline (maîtriser ses contenus, apprendre à penser, à agir, à discourir
d’une certaine manière…), propres à l’école et à l’ensemble des disciplines
(avoir des comportements respectueux, construire une distance réflexive,
débattre et argumenter avec raison et dans le respect de l’autre…), ou excé-
dant le cadre scolaire : devenir citoyen, épanouir sa personnalité, accéder à
différents univers culturels, préparer le devenir professionnel…
Les disciplines se caractérisent encore par des fonctionnements institution-
nels qui manifestent notamment leur identité (souvent en débat, par exemple
dans le cas de désignations concurrentes telles français ou lettres) ainsi que leur
importance et leur légitimité, au travers de leurs modes de présence :
• plus ou moins grande permanence au sein du cursus (par exemple fran-
çais, mathématiques vs philosophie) ;
• distribution dans l’ensemble des filières ou non ;
• poids des horaires et répartition dans l’emploi du temps ;
• coefficients plus ou moins importants, notamment dans les examens, et
importance dans l’orientation, les redoublements, les conseils de
classe ;
• nombre d’enseignants ;
• part plus ou moins conséquente dans la formation des maîtres…
Du point de vue des contenus, les disciplines scolaires peuvent s’analyser
plus précisément au travers de leurs relations aux espaces théoriques. Comment
sont construits les contenus scolaires ? Ont-ils des sources et lesquelles au
sein des disciplines « savantes » et, si tel est le cas, comment sont-elles
transformées et intégrées au sein de l’espace scolaire (ce qui renvoie à des
questions traitées dans le cadre de la transposition didactique) ?
On peut encore les saisir dans leurs relations aux espaces extrascolaires.
S’agit-il, par exemple, de disciplines « sensibles », objets d’une grande atten-
tion sociale et de polémiques médiatisées, comme dans le cas du français avec
la lecture ou l’orthographe ? Quelles sont les champs d’application des finali-
tés et leur importance sociale : construire l’identité nationale (au travers du
français ou de l’histoire), la citoyenneté (au travers de l’éducation civique),
l’esprit scientifique, telle compétence professionnelle, la sensibilité artis-
tique… ? Quelles sont leurs relations aux différents espaces professionnels
potentiellement associés (voir la question des pratiques sociales de référence
Disciplines scolaires 83
de lettres classiques) ou dans les emplois du temps, les bulletins scolaires, les
manuels : histoire-géographie (— instruction civique), sciences de la vie et
de la terre… S’agit-il à chaque fois, d’une seule discipline ou d’une matière
composée de plusieurs disciplines ? Le débat demeure véritablement ouvert.
Il l’est d’autant plus si l’on s’interroge sur les frontières, initiale et finale,
d’une discipline. À quel moment du cursus commencent véritablement les dis-
ciplines (peut-on parler de français, de mathématiques, de sciences… en
maternelle ou en début de primaire) ? À quel moment s’arrêtent-elles (dans le
cas des sciences, dans le cas de la lecture, dans le cas de l’éducation
civique…) ? Comme on le voit, au travers des contenus et des frontières, c’est
la question de l’identité même d’une discipline qui est posée…
Cela a d’ailleurs amené Yves Reuter et Dominique Lahanier-Reuter
(2004/2007) à proposer la notion de configuration(s) disciplinaire(s) pour
désigner les variations de la discipline, ses actualisations différentes selon les
moments du cursus, les filières (générale, technique, professionnelle…), les
modes de travail pédagogiques et selon les espaces : de prescriptions (textes
officiels), de recommandations (formation, inspection, associations…), de
pratiques (dans les classes). On peut alors parler de configurations discipli-
naires « prescrites », « recommandées », « représentées » (dans l’esprit des
acteurs) et « actualisées », pouvant prendre des formes différentes. Ainsi,
selon les époques, les pédagogies ou les maitres, le « français », peut se pré-
senter comme une juxtaposition de domaines (lecture, grammaire, ortho-
graphe…) ou de manière unifiée, sous la domination d’une composante
(l’écriture, par exemple). Ou encore, dans le cas de l’histoire (Tutiaux-Guillon,
2006), la configuration prend à l’école primaire des formes très homogènes :
des thèmes de deux ou trois séances d’une cinquantaine de minutes, avec peu
de rappels, peu de savoir-faire formalisés, peu d’analyses, et des
« recherches » d’élèves — essentiellement des collectes d’informations —
ainsi que beaucoup d’« auxiliaires » (photocopies, frises, cartes, schémas…)
alors que dans le secondaire, le fonctionnement est plutôt celui d’un suivi des
programmes, d’une temporalité linéaire, d’un cours magistral dialogué avec
guidage fort du maître. Reste que si parler de configurations disciplinaires
permet de régler certains problèmes, cela ne doit pas empêcher la recherche
d’un « noyau dur » de la discipline, d’une certaine durée, autour duquel
s’organiseraient ces variations. Il convient encore d’effectuer deux remarques
sur la notion de configuration disciplinaire. En premier lieu, elle doit aussi
permettre d’interroger les actualisations des disciplines au sein de l’espace des
recherches, notamment en didactiques. En effet, celles-ci ont besoin de
construire des images — implicites ou explicites — des disciplines scolaires
qui tiennent, de fait, un rôle non négligeable dans leur approche des phéno-
mènes et cela, parfois même lorsque telle ou telle discipline tend à s’effacer
dans les textes officiels au profit d’autres découpages (champs disciplinaires,
par exemple). En ce sens, les configurations disciplinaires de l’espace des
Éléments bibliographiques
Audigier François (2012) : Les Éducation à… : quels significations et enjeux théo-
riques et pratiques ? Esquisse d’une analyse, Recherches en didactiques, n° 3, mars,
p. 25-38.
Chervel André (1988) : L’histoire des disciplines scolaires. Réflexions sur un domaine
de recherche, Histoire de l’éducation n° 38, Paris, INRP, p. 59-119 (article repris
dans Chervel André, 1998, La Culture scolaire, Paris, Belin, p. 9-56).
Develay Michel (1995) : Le sens d’une réflexion épistémologique, dans Develay Michel,
dir. : Savoirs scolaires et didactiques des disciplines, Paris, ESF, p. 17-31.
Reuter Yves, Lahanier-Reuter Dominique (2004/2007) : L’analyse de la discipline :
quelques problèmes pour la recherche en didactique, Communication au 9e colloque
de l’Association Internationale pour la Recherche en Didactique du Français, Qué-
bec, août 2004, reprise dans Falardeau Érick, Fisher Carole, Sorin Noëlle, dir.
(2007) : Les Voies actuelles de la recherche en didactique du français, Québec, Presses
de l’université Laval, p. 7-42.
Martinand Jean-Louis (1995) : Rudiments d’épistémologie pour une discipline nou-
velle : la technologie, dans Develay Michel, dir., Savoirs scolaires et didactiques des
disciplines, Paris, E.S.F., p. 339-352.
Tutiaux-Guillon Nicole (2006) : L’enseignement de l’histoire en France : les pratiques
de classe, dans Erdmann Elisabeth, Maier Robert, Popp Suzanne : L’Enseignement de
l’histoire dans le monde, Braunschweig, Georg Eckert Institut, p. 301-322.
Disciplines scolaires 85
ÉLÈVE — APPRENANT — SUJET DIDACTIQUE
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Dans les disciplines de recherche, les choix terminologiques sont fonda-
mentaux dans la mesure où ils réfèrent à des définitions précises, s’inscrivent
dans des réseaux conceptuels et se différencient des usages courants ou des
choix terminologiques d’autres disciplines. Dans cette perspective, se pose
donc la question de savoir comment définir et désigner les acteurs auxquels
s’intéressent les didactiques.
Pour préciser ce qui vient d’être dit, il faut bien comprendre que chaque
discipline reconstruit ses objets de recherche, différents des objets du monde.
Ainsi, aucune discipline ne prend comme objet de recherche les individus
« réels », les sujets empiriques, en tant que tels, dans leur globalité et/ou
dans leur singularité. Par exemple, la psychologie s’intéresse aux sujets en
tant qu’ils sont constitués par leur développement ou leurs fonctionnements
cognitifs ou affectifs (d’où l’importance de notions telles que l’âge, les stades
de développement ou les styles cognitifs), ou encore la sociologie analyse les
acteurs en tant qu’ils sont constitués par leur statut, leur place et leurs fonc-
tionnements sociaux (d’où l’importance de notions telles que les catégories
socio-professionnelles, les genres — féminin/masculin —, l’habitus ou les
pratiques).
On pourrait donc définir, en première approche, les sujets didactiques,
c’est-à-dire les sujets auxquels s’intéressent les didactiques, comme les
acteurs en tant qu’ils sont constitués par des relations d’enseignement ou
d’apprentissages, relations institutionnalisées à des contenus, référés/réfé-
rables à des disciplines.
Nous allons maintenant expliquer cette définition et ce qu’elle implique,
en nous centrant d’abord principalement sur les élèves, avant d’évoquer le cas
des enseignants ou d’autres acteurs plus périphériques.
Éléments d’éclairage
Le syntagme sujet didactique renvoie donc d’abord au sujet auquel s’inté-
ressent les didactiques, mais il présente d’autres avantages non négligeables.
87
Il est ainsi constitué du terme « sujet » qui renvoie à deux aspects complé-
mentaires du fonctionnement des individus dans des structures sociales : ce
sont des acteurs qui agissent mais, en même temps, ils « sont agis », « assu-
jettis » (c’est-à-dire déterminés, constitués…) par le système de relations et
de contraintes de l’espace social, de l’institution, où ils se trouvent inscrits.
Ils font donc avec (grâce à / malgré) cela. En tant que sujets didactiques, ils
sont en quelque sorte sommés de s’inscrire dans le système didactique, c’est-
à-dire dans des relations institutionnelles, plus ou moins explicites et for-
melles, à des contenus disciplinaires médiés par le maître.
Ce sont, par voie de conséquence, des sujets triplement situés. En
effet, les relations d’enseignement et d’apprentissages auxquelles ils doi-
vent participer sont situées institutionnellement (l’école, la formation
d’adultes…), ce qui leur confère un statut (par exemple, de sujet scolaire,
d’élève : écolier, collégien, lycéen, étudiant…), des droits et des devoirs
(notamment d’étudier), des fonctionnements… ce que certains (Philippe
Perrenoud, par exemple) appellent un « métier d’élève » et ce qui rompt
avec ou spécifie leur statut d’enfant (opposé à celui d’adulte ou de parent).
Cette relation est encore formatée pédagogiquement par des choix dans les
principes et les modes de travail qui constituent (ou cherchent à constituer)
les élèves en sujets pédagogiques, en apprenants, devant se comporter et
étudier de telle ou telle manière (en étant plus ou moins actifs, plus ou
moins autonomes…). Elle est simultanément structurée disciplinairement,
c’est-à-dire par des manières de penser, dire, agir… spécifiques aux disci-
plines, à leurs savoirs, leurs savoir-faire, leurs pratiques… qui font que,
dans telle matière, à la différence de telle autre, les sujets disciplinaires
devront prioritairement observer et expérimenter, commenter et analyser,
ou encore résoudre des problèmes…
Les sujets didactiques sont donc caractérisés par cette triple inscription
et sont catégorisables, prioritairement, par rapport à la relation didactique
ainsi structurée, par exemple en ce qu’ils entrent plus ou moins dans cette
relation (ou la refusent), en ce qu’ils la facilitent plus ou moins (certains
élèves sont, par exemple, pour le maître, de véritables « auxiliaires didac-
tiques », pour reprendre les termes de Claudine Blanchard-Laville). Ils sont
encore catégorisables selon leur manière de faire (d’enseigner, d’apprendre…)
au sein de et avec cette relation ainsi que selon leur degré de réussite…
Les sujets didactiques peuvent enfin être différenciés selon leur place et
leur statut dans cette relation (en rapport avec la notion de topogenèse). On
peut ainsi distinguer des sujets centraux, nécessairement inscrits dans la rela-
tion, par exemple à l’école, l’enseignant et les élèves, et des sujets périphé-
riques, plus ou moins associés, intervenant plus ou moins directement :
parents d’élèves, membres de la fratrie, prestataires de cours particuliers, ins-
pecteurs…
Éléments bibliographiques
Blanchard-Laville Claudine (2001) : Les Enseignants entre plaisir et souffrance, Paris,
PUF.
Daunay Bertrand, Fluckiger Cédric (2011) : Enfant-élève-apprenant : une probléma-
tique didactique, Recherches en Didactiques, n° 11, Enfant-élève-apprenant, Ville-
neuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, mars, p. 7-15.
Lebeaume Joël (2011) : Les élèves « sujets épistémiques » ou « sous instruits norma-
lement doués » : deux désignations datées avec leur épaisse gangue sociale, Re-
cherches en Didactiques, n° 1, Enfant-élève-apprenant, Villeneuve d’Ascq, Presses
Universitaires du Septentrion, mars, p. 35-48.
Maury Sylvette, Caillot Michel, dir. (2003) : Rapport au savoir et didactiques, Paris,
Fabert.
Perrenoud Philippe (1994) : Métier d’élève et sens du travail scolaire, Paris, ESF.
Sirota Régine (1993) : Le métier d’élève, Revue française de pédagogie n° 104, juillet-
août-septembre, Paris, INRP, p. 85-108.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On pourrait penser qu’enseignement et métier d’enseignement se
confondent. Mais, en réalité, enseigner ne représente qu’une partie de l’acti-
vité professionnelle d’un enseignant. S’y ajoutent en effet des tâches liées
directement aux enseignements (préparer des cours, corriger des devoirs…)
ou indirectement, en relation avec la vie scolaire (participer aux conseils de
classe, recevoir les parents…), ou encore concernant la vie des élèves à l’exté-
rieur de l’établissement (faire un signalement dans le cadre de violences fami-
liales…). De surcroît, cette distinction est loin d’être simple. Par exemple, la
surveillance lors de la récréation peut, dans certains cas, participer de la mise
en oeuvre de principes pédagogiques et de la transmission de savoirs ou de
savoir-faire (quant à la civilité, par exemple). En outre, l’assertion initiale
mérite d’être interrogée au regard des situations, des acteurs et des savoirs.
Il existe ainsi des situations peu formelles d’enseignement (dans la vie cou-
rante par exemple), avec des acteurs qui ne sont ni élèves, ni enseignants (des
amis, un enfant avec ses parents) autour de savoirs et de savoir-faire quoti-
diens, non prescrits par une institution donnée : c’est le cas lorsque, avant de
sortir, un parent apprend à son enfant à lacer ses chaussures ou lorsque, pen-
dant leurs loisirs, un frère apprend à l’autre à faire de la bicyclette.
Si donc, dans une acception large, l’enseignement peut être défini
comme la mise en relation, par le biais d’un tiers, de contenus (savoirs, savoir-
faire, compétences…) avec des sujets afin que ceux-ci s’en emparent, la pers-
pective plus spécifique des didacticiens envisagera l’enseignement comme
l’ensemble des activités déployées par les enseignants, directement ou indi-
rectement, afin qu’au travers de situations formelles (dédiées à l’apprentis-
sage, mises en place explicitement à cette fin), des élèves effectuent des
tâches qui leur permettent de s’emparer de contenus spécifiques (prescrits par
l’institution, organisés disciplinairement…).
Éléments d’éclairage
Enseigner et apprendre sont parfois considérés comme deux faces d’un
même processus. Pourtant l’articulation entre ces deux phénomènes n’a rien
91
de systématique. Ainsi, Jean Houssaye (1988) refuse l’emploi généralisé de
l’expression « enseignement-apprentissage » en soulignant le fait que ce n’est
pas là un processus global. Il insiste sur la distinction à maintenir entre les
processus d’apprentissage et les processus d’enseignement. En effet, donner
une explication n’implique pas automatiquement sa compréhension et son
acquisition par les élèves. Lorsque, dans une classe, l’enseignant délivre un
enseignement, les élèves peuvent s’en emparer (ou pas) selon différents
modes d’apprentissages. Complémentairement, le fait de mettre les élèves au
travail (et le fait que ceux-ci travaillent) ne garantit en rien qu’il y ait appren-
tissages : la situation peut être inadaptée, les élèves peuvent effectuer la
tâche sans s’y intéresser, ils peuvent rencontrer un problème de compréhen-
sion… Les rapports entre enseigner et apprendre sont complexes et on ne
peut les réduire à une relation de cause à effet. Au sein de la même situation
peuvent donc s’articuler, se superposer, se croiser… ces deux processus que
sont l’enseignement et l’apprentissage. Les recherches dans les différentes
didactiques ont mis au coeur de leurs questionnements ces processus.
Définir les contours du processus « enseigner » pose encore la question
de la temporalité. Quand commence ce processus ? Avant l’entrée en classe,
durant les phases de préparation par l’enseignant, dès qu’il est avec les élèves
dans la classe, lorsque ceux-ci travaillent ? Intégrer à la définition de l’acte
d’enseigner la part en amont des « situations de cours » place l’élève au
second plan et pose l’axe enseignant/savoirs comme l’axe structurant de
l’enseignement. Pourtant la prise en compte de la réalité de la classe oblige à
nuancer ce propos. La planification réalisée par l’enseignant n’est qu’un scé-
nario a priori, un cadre pour l’action. Le cours est prévu par rapport aux conte-
nus, aux activités, mais son déroulement n’est pas exclusivement inféodé à
cette préparation. L’enseignement comporte une part non négligeable
d’improvisation, d’ajustement et d’adaptation. L’enseignement gagne donc à
être analysé par rapport au déroulement chronologique et aux actions de
l’enseignant ainsi qu’à leurs relations avec celles des élèves.
Du point de vue des contenus, l’enseignant construit son enseignement
en fonction de multiples facteurs : ce qui est prescrit, ses connaissances sur
ce qui est prescrit, son appréciation de ce qui est possible avec les élèves
d’une classe… Il lui faut donc sélectionner des contenus, les configurer au
travers de définitions, de situations, d’exercices spécifiques, les organiser au
sein d’une programmation… Il conçoit ainsi des enseignables et aménage des
cheminements dans le temps didactique. Par ailleurs, les choix pédagogiques
ne sont pas des « emballages » interchangeables. Ils participent des proces-
sus mêmes d’enseignement et d’apprentissages en leur donnant des formes
déterminées et en structurant de façon spécifique disciplines, contenus et
acteurs. Ainsi, selon ces choix, telle discipline sera axée sur les savoir-faire
nécessaires pour agir dans des interactions ordinaires ou sur la construction
réflexive d’un système de notions ; telle ou telle partie du programme sera pri-
Enseignement 93
élèves. Le travail de ces auteurs a pour but la construction d’outils théoriques
et méthodologiques pour élaborer une théorie de l’action didactique. Les acti-
vités des acteurs en jeu dans la classe sont pensées ici comme intimement
liées entre elles et se façonnent à partir des contenus de savoirs en jeu. Ainsi,
les contenus de l’enseignement sont étudiés à partir de l’action enseignante
pensée dans l’interaction avec les élèves. « Toute activité d’une instance (le
professeur ou les élèves) ne trouve l’intégralité de son sens qu’à travers l’autre
instance, l’une et l’autre rendues solidaires par le savoir en travail » (ibid,
p. 9). Ce cadre permet d’interroger, entre autres, les contours des savoirs
enseignés produits par l’action enseignante. Mais les recherches menées sem-
blent pour l’instant davantage axées sur l’action de l’enseignant orienté vers
les élèves plutôt que sur « la conjonction des actions qui impliquerait une
analyse fine des processus d’apprentissage des élèves et l’explication et la
description détaillée de leur action » (Schneuwly, 2007)
D’autres axes de recherches importants existent encore. Ils concernent
notamment les relations entre enseignement et apprentissages. Ainsi, se pose
la question de l’attribution des apprentissages à l’enseignement. Qu’est-ce qui
permet de dire, méthodologiquement, que des apprentissages sont des effets
de l’enseignement (Bru, Altet, Blanchard-Laville 2004) ? Ou encore, quels
modes d’enseignement sont les plus facilitateurs pour la construction de tels
savoirs ou de savoir-faire disciplinaires (voir, pour l’exemple de l’écriture,
Reuter, dir., 2005) ?
Éléments bibliographiques
Bru Marc, Altet Marguerite, Blanchard-Laville Claudine (2004) : À la recherche des pro-
cessus caractéristiques des pratiques enseignantes dans leurs rapports aux appren-
tissages, Revue française de pédagogie n° 148, Évaluer et comprendre les effets des
pratiques pédagogiques, p. 75-87.
Develay Michel (2004) : De l’apprentissage à l’enseignement, Paris, ESF.
Halté Jean-François (1992) : La Didactique du français, Paris, PUF, collection Que
sais-je ?
Houssaye Jean (1988) : Le Triangle pédagogique, Berne, Peter Lang.
Reuter Yves, dir. (2005) : Pédagogie du projet et didactique du français. Penser et dé-
battre avec Francis Ruellan, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Sensevy Gérard, Mercier Alain, dir, (2007), Agir ensemble, L’action didactique conjointe
du professeur des élèves, Rennes, PU Rennes.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion d’erreur est fondamentale au sein de l’école et elle est
constamment utilisée dans les recherches sur le fonctionnement de l’ensei-
gnement ou des apprentissages. Elle demeure cependant relativement floue
sans doute pour deux raisons principales : l’impression d’évidence qui lui est
attachée au premier abord et sa grande complexité pour qui cherche à la cer-
ner plus précisément. Et, de fait, il existe à l’heure actuelle plus de travaux
centrés sur les catégories d’erreurs, leurs causes possibles ou leurs modes de
traitement (questions sur lesquelles nous reviendrons dans la suite de cet
article) que sur la construction même de cette notion. C’est pour ces raisons
que nous proposerons, en première approche, la définition suivante (large-
ment inspirée de celle d’Yves Reuter, 2005), en précisant que le choix du
terme de dysfonctionnement sera expliqué et discuté plus loin : le dysfonc-
tionnement (à valeur) didactique est une partie ou la totalité d’un produit,
situé dans et relevant d’un espace d’enseignement et d’apprentissages disci-
plinaires, estimée problématique (inadéquate/inappropriée), en fonction d’un
cadre de référence déterminé.
Éléments d’éclairage
Cette définition peut paraître complexe mais force est de constater que
la catégorie d’erreur, elle-même, n’a rien d’évident. En effet, elle n’est pas
consensuelle : enseignants ou chercheurs ne s’accordent pas facilement sur le
repérage des erreurs, leur nombre ou leur importance. Elle est variable dans
ses dimensions et ses contours : localisée de manière précise en orthographe
par exemple, mais pouvant être plus étendue et avec des frontières moins
nettes dans un travail de rédaction. Elle est encore variable selon les tâches
et les disciplines : une erreur orthographique sera par exemple relevée systé-
matiquement en dictée, parfois en rédaction, plus rarement dans un devoir de
mathématiques. Elle est de surcroît non réductible à d’autres catégories aux-
quelles on l’associe parfois hâtivement :
• celle du vrai ou du faux puisque, en général, la vérité scolaire ne corres-
pond pas aux théories scientifiques en fonction notamment de ce qui
95
est compréhensible et exigible à tel niveau et que, dans nombre de cas,
les produits sollicités (récits d’imagination, par exemple) rendent
malaisé le maniement de cette catégorie ;
• celle du normal ou de l’anormal, puisque certaines erreurs peuvent être
considérées comme normales, en raison du moment de l’apprentissage,
de l’âge des apprenants, de la difficulté des contenus ou encore de la
situation de travail mise en place et, qu’à l’inverse, l’absence d’erreurs
peut sembler anormale ;
• celle du réussi ou du raté, puisque certains discours peuvent atteindre
leur objectif (convaincre, émouvoir…) malgré (ou grâce à) des entorses
aux normes et, qu’à l’inverse, certains textes respectueux de ces mêmes
normes peuvent ne pas atteindre leur but ;
• celle de l’appris ou du non appris puisqu’un devoir sans erreur ne
témoigne pas nécessairement d’une acquisition des savoirs (cela peut
être dû à un coup de chance ou au fait d’avoir copié) et, qu’à l’inverse,
un écrit truffé de problèmes ne renvoie pas mécaniquement à l’absence
de savoirs, mais peut être causé par la fatigue, le stress ou l’incompré-
hension de la consigne…
La définition proposée enregistre donc ces difficultés en portant l’accent
sur quelques traits essentiels. Un dysfonctionnement est toujours situé, ins-
crit, repéré et tributaire d’un espace social de pratiques qu’il importe donc de
définir le plus précisément possible dans la mesure où ce genre de phénomène
n’apparaît pas nécessairement ailleurs ou n’est pas forcément désigné comme
tel (le refus de répondre à une question en classe ne signifie pas que le sujet
refuse toujours de répondre à des questions et un tel refus peut être valorisé
en d’autres lieux ou d’autres circonstances). Un dysfonctionnement est tou-
jours doublement construit : en tant qu’il est produit par un sujet et aussi, ce
que l’on oublie souvent, en tant qu’il est catégorisé comme tel par un sujet
qui peut être le même (par exemple l’élève qui l’a commis) ou un autre (un
pair, un enseignant…). Il convient d’ailleurs ici de noter que les chercheurs
en didactiques peuvent travailler sur deux grandes catégories de dysfonction-
nements : ceux qui sont pré-constitués comme tels, notamment par les
enseignants, dans les pratiques « ordinaires » de correction et ceux qu’ils
constituent eux-mêmes en fonction de leur projet de recherche. Un dysfonc-
tionnement est enfin toujours désigné comme tel en référence à un cadre
d’analyse, théorique ou non, constitué de normes et de valeurs estimées
importantes au sein de l’espace institutionnel considéré. Ce cadre peut
d’ailleurs varier à l’école, selon la discipline, le niveau du cursus, les priorités
de l’enseignant, les références théoriques dont il se sert, les référents cultu-
rels dont il dispose : par exemple, dans l’éducation musicale, la référence à la
musique électro-acoustique peut amener à considérer certaines productions
d’élèves, autrement simplement désignées comme des fausses notes ou des
couacs, comme des sons possibles…
Erreur — Dysfonctionnement 97
la possibilité de l’erreur est au fondement même de la forme scolaire qui l’auto-
rise en tant qu’il s’agit d’un espace d’apprentissages dissociés d’autres
espaces, tel celui de la production. De surcroît, d’une certaine manière, les
dysfonctionnements justifient l’enseignement. Pourquoi enseignerait-on des
savoirs ou des savoir-faire qui ne poseraient aucun problème aux élèves ? Dans
la perspective des théories actuelles de l’apprentissage, ils sont encore consi-
dérés comme des modalités de fonctionnement : on apprend avec / contre ses
difficultés, via des tâtonnements, des restructurations, des régressions… Ils
constituent enfin, pour les maîtres notamment, des outils de guidage pour
déterminer objectifs, démarches ou situations de travail ou déterminer niveau
et classement des élèves.
Ce statut explique que les dysfonctionnements possèdent, pour le cher-
cheur (et pour les sujets didactiques qui les prennent au sérieux), une valeur
heuristique qui excède leurs valeurs descriptive et évaluative : ils constituent
des indicateurs (des indices, des signes, des symptômes, des témoins…) qui
attirent son attention sur certaines dimensions, plus ou moins visibles, et
sont des outils pour explorer les fonctionnements des sujets, des contenus et
de leurs relations. Ils signalent, dans cette perspective, non des manques mais
la présence d’éléments (des représentations par exemple) qu’il convient d’ana-
lyser précisément. Le dysfonctionnement peut ainsi orienter vers des fonc-
tionnements pédagogico-didactiques telles les situations de travail ou les
consignes proposées en ce qu’elles peuvent être sources de problèmes non
prévus pour les élèves ou tel le traitement des erreurs qui, selon les cadres
adoptés peut être péjorant (le dysfonctionnement est à éviter, l’erreur est
stigmatisée et à effacer au plus vite…) ou, au contraire, accueillant (l’erreur
est acceptée, elle n’est pas stigmatisée et peut devenir un objet de réflexion
au sein de la classe…). Le dysfonctionnement peut aussi amener à spécifier
des différences disciplinaires (par exemple, la présence de codages, de sym-
boles et de nombres écrits en chiffres en mathématiques, tendanciellement
proscrits en français) ou permettre de mieux cerner la complexité de certains
savoirs ou savoir-faire (par exemple, en écriture, la gestion conjointe d’opé-
rations « globales » telle la structuration du texte et d’opérations « locales »
tel le contrôle orthographique). L’erreur peut encore favoriser la mise au jour
de certains obstacles, tributaires par exemple de représentations ou de
valeurs. Sylvette Maury et Michel Caillot (2003) mentionnent ainsi une étude
(menée par Y. Jelman) qui montre comment, en classe de sciences physiques
en Tunisie, les explications à propos de la foudre viennent se heurter à la
croyance d’une origine divine.
Le statut et la valeur des dysfonctionnements ayant été construits, se
pose encore la question des catégories d’erreurs qui a fait l’objet de maintes
propositions avec sans doute, parfois, l’illusion de pouvoir parvenir à une
typologie générale qui s’avère en fait impossible ou, du moins, hétérogène.
En effet, les mécanismes de catégorisation des dysfonctionnements, à les étu-
Erreur — Dysfonctionnement 99
Il n’en demeure pas moins que la question des sources possibles est
d’autant plus importante qu’elle est structurellement liée à la détermination
du caractère didactique ou non du dysfonctionnement que nous évoquions
précédemment : soit il relève du système didactique (constitué par les inte-
ractions entre contenus, enseignement et apprentissages), soit on estime
qu’il n’en relève pas. Sans doute faut-il d’ailleurs, en l’occurrence, se garder
d’un côté de l’inflation selon laquelle tout relèverait du système didactique et
des théories didactiques (ce qui tiendrait d’une illusion pratique et de fan-
tasmes de toute puissance théorique) et, de l’autre, de la déflation, fréquente
dans les discours médiatiques, selon laquelle la majeure partie des problèmes
« sortiraient » du didactique en étant tributaires du social, du psychique ou
du médical… ce qui peut, parfois, décharger de nombre de responsabilités
certains acteurs ou systèmes (mais les empêchent conséquemment de se pré-
valoir des réussites).
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre (1997) : L’Erreur, un outil pour enseigner, Paris, ESF.
Margolinas Claire (1993) : De l’importance du vrai et du faux dans la classe de mathé-
matiques, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Marquilló Larruy Martine (2003) : L’Interprétation de l’erreur, Paris, CLE internatio-
nal/VUEF.
Maury Sylvette, Caillot Michel (2003) : Quand les didactiques rencontrent le rapport
au savoir, dans Maury Sylvette, Caillot Michel, dir. : Rapport au savoir et didactiques,
Paris, Fabert, p. 13-32.
Reuter Yves (1984) : Pour une autre pratique de l’erreur, Pratiques n° 44, L’Évaluation,
Metz, CRESEF, p. 117-126.
Reuter Yves (2005) : Définition, statut et valeurs des dysfonctionnements en didac-
tique, Repères n° 31, L’Évaluation en didactique du français : résurgence d’une pro-
blématique, Paris, INRP, p. 211-231.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
L’évaluation, en éducation, peut être définie comme la prise d’informa-
tions qu’effectue un acteur quelconque d’une situation de travail (enseignant,
élève, établissement scolaire, système d’enseignement ou de formation, etc.)
sur les performances identifiables ou les comportements mis en œuvre par les
personnes qui relèvent de cette situation (classe, établissement, système
d’éducation, de formation, etc.), en les rapportant à des normes ou à des
objectifs. L’évaluation peut donc être effectuée par un autre évaluateur que
l’enseignant (par exemple dans la classe, d’autres élèves, l’élève lui-même) et
sur d’autres acteurs que les élèves (au niveau de l’établissement, les ensei-
gnants, les chefs d’établissement, etc.).
L’évaluation poursuit des buts de certification, de régulation des appren-
tissages ou des comportements, d’amélioration des produits ou des processus
de production, ou enfin de prédiction de l’avenir (par exemple, en vue d’une
orientation scolaire ou professionnelle).
La prise d’informations suppose en amont un choix de démarches et
d’« instruments » d’évaluation ou de mesure (notes, moyennes de notes,
échelles d’acquisition, tests, épreuves standardisées, grilles critériées, audits,
etc.), et en aval, une interprétation de l’information recueillie, une communi-
cation aux acteurs directs et indirects de la situation d’évaluation et des prises
de décision quant aux interventions ou aux adaptations à faire dans la situa-
tion d’enseignement, de travail ou de formation.
Éléments d’éclairage
Cette définition, très large, vise à montrer que l’évaluation n’est pas ini-
tialement une notion didactique. L’évaluation a d’abord été l’objet dans les
années 1930 des travaux de docimologie qui ont établi le défaut d’objectivité
de l’évaluation scolaire jusque dans sa fonction certificative (écarts de nota-
tion d’un correcteur à l’autre) et ont proposé des aménagements pour
réduire les distorsions produites par ces écarts et rendre plus fiables les pro-
cédures de notation notamment aux examens, comme l’harmonisation préa-
lable des attentes des correcteurs par la production de barèmes de notation
101
ou a posteriori comme l’organisation de multi-corrections ou l’harmonisation
des moyennes par la prise en compte des écarts-types de chaque correcteur,
etc., ce en quoi ils ont contribué à alimenter l’image contestable d’une éva-
luation qui pourrait être une mesure juste et fidèle. La pédagogie par objectifs
(dite PPO), issue dans les années 1970 de la formation continue, puis diffusée
en formation initiale (elle est présente aujourd’hui surtout dans les référen-
tiels en usage dans l’enseignement professionnel en France), qui s’attache à
contrôler les résultats d’une formation en les mettant en relation avec les
objectifs visés, en décomposant les performances attendues en objectifs
intermédiaires, a lié évaluation et définition des objectifs (calibrer les perfor-
mances attendues, préciser le niveau d’exigence par des critères de réussite,
clarifier les circonstances de l’évaluation, etc.). L’explicitation des objectifs
correspond à l’explicitation des normes institutionnelles auxquelles se réfère
l’évaluation. La PPO a modifié la réflexion sur l’évaluation ; en posant les
questions de la nécessaire explicitation (pour l’enseignant et pour les élèves)
des moyens pour atteindre les buts assignés à un apprentissage et de la dif-
férenciation pédagogique, elle a jeté les bases de l’évaluation formative (Cra-
hay, 1986 : 138-139), cette forme de l’évaluation qui est censée contribuer à
la régulation continue des apprentissages.
Les didactiques naissantes se sont emparées des problématiques de l’éva-
luation ; on peut même situer leur origine dans la réflexion sur l’évaluation
(Martinand, 1996). Ainsi, dans un recueil de travaux inscrits dans le champ des
recherches en éducation se référant au constructivisme, l’évaluation formative
est présentée comme se donnant pour objet « l’analyse du comment l’élève
organise une connaissance au fur et à mesure qu’il progresse dans sa construc-
tion ; par quels tâtonnements, oscillations passe-t-il dans son acquisition ? »
(Brun, 1979 : 174). Quatorze ans plus tard, Linda Allal, Daniel Bain et Philippe
Perrenoud (Allal et al., 1993 : 17-23) ouvrent un nouveau recueil par le constat
des convergences incontournables entre l’évaluation formative et les didac-
tiques, dans ses dimensions épistémologique (définition des objets d’enseigne-
ment, organisation des savoirs), psychologique (élucidation des conditions
d’appropriation des savoirs par les élèves, obstacles, représentations, straté-
gies d’apprentissage, etc.) et praxéologique (réflexion sur les interventions
enseignantes, organisation des situations didactiques, etc.).
Cependant, alors que l’évaluation formative peut rester à un niveau de
description pédagogique, certains parlent d’évaluation formatrice (Hadji,
1995) pour cette évaluation née de questions didactiques, et qui donne une
grande importance à la compréhension et au contrôle des processus d’appren-
tissages par les élèves. L’évaluation, en ce qu’elle se donne l’élève et la régu-
lation des apprentissages comme visée principale, est donc une dimension
importante des didactiques.
Ces évaluations à visées didactiques sont à distinguer des évaluations à
fonction institutionnelle (comparaison des résultats des élèves au niveau
Évaluation 103
contextualisé de l’évaluation dans ses dimensions formative et même certifica-
tive, et ce dans toutes les disciplines. L’évaluation pose au chercheur en didac-
tiques la question de la construction des erreurs, et de leur interprétation (et
éventuellement, du lien avec les remédiations envisageables). Dans les pra-
tiques ordinaires d’enseignement, l’activité de correction de copies est pilotée
non seulement par des savoirs sur les processus et les produits mais aussi par
des valeurs accordées à telle ou telle dimension du produit : la propreté, le soin,
la graphie, le respect des normes édictées, interprétés souvent comme signes
d’implication dans le travail, parfois à tort, la connaissance (et/ou les représen-
tations) qu’ont les enseignants de leurs élèves, de leur passé scolaire ou de leur
monde extrascolaire, les attentes qu’ils ont quant à la restitution des contenus
de savoir ou des savoir-faire enseignés, signes de motivation, de compréhen-
sion et d’intérêt pour le travail scolaire, etc. Les pratiques évaluatives entrent
dans un jeu d’attentes et de construction d’images qui amène à interroger la
fonction de mesure et d’objectivité qui est souvent attribuée à l’évaluation sco-
laire par ceux qui la pratiquent. Isabelle Delcambre et Yves Reuter (2002) pro-
posent la notion d’image scripturale pour rendre compte de ces phénomènes
ténus mais importants grâce auxquels un lecteur (re)construit l’image que le
scripteur donne dans son texte de son rapport à l’écriture en général et à l’écri-
ture scolaire en particulier, de son rapport au texte qu’il produit dans la situa-
tion donnée, rapport à la consigne, aux choses à dire (par exemple, vécues,
pseudo vécues ou imaginaires), etc. Ces remarques alimentent des débats récur-
rents, notamment en formation des enseignants, sur les questions de l’objecti-
vité, de l’exactitude ou de la justesse de l’évaluation.
Yves Chevallard (1986) montre, de son côté, que les faits d’évaluation,
loin d’être des objets d’étude autonomes et séparables du fonctionnement
didactique, permettent de « repérer et de décrire les règles du jeu » didac-
tique et de mieux les comprendre. Il analyse la notation des travaux des élèves
comme un des moyens de négociation du contrat (scolaire ou pédagogique).
S’insurgeant contre la conception de la « vraie » note, de la note comme
mesure fidèle, il montre par l’analyse des notes données, au cours d’une
année, aux devoirs écrits de mathématiques d’une classe de quatrième, que la
variation des moyennes de la classe sont à mettre au compte d’une constante
négociation entre l’enseignant et le groupe-classe sur le niveau des exigences
(du point de vue du professeur) et celui des efforts à fournir (du point de vue
des élèves) pour atteindre le but visé et progresser vers le savoir.
Un autre effet de contrat peut être identifié dans l’analyse que faisait
Jean-François Halté (1984) de l’annotation des copies de français comme
reposant sur une injonction paradoxale, un malentendu communicationnel :
le professeur signifie par le signalement des erreurs locales (orthographe,
lexique, syntaxe) ou ses jugements négatifs que seuls comptent pour lui les
critères formels de l’écriture scolaire, et non le contenu du discours de l’élève,
pourtant explicitement sollicité par la consigne d’écriture (parle-moi de toi,
Éléments bibliographiques
Allal Linda, Bain Daniel, Perrenoud Philippe, dir. (1993) : Évaluation formative et di-
dactique du français, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé.
Chevallard Yves (1986) : Vers une analyse didactique des faits d’évaluation, dans De
Ketele Jean-Marie, dir. : L’Évaluation : approche descriptive ou prescriptive ?,
Bruxelles, De Boeck, p. 31-59.
Groupe EVA (1991) : Évaluer les écrits à l’école primaire, Paris, Hachette
Halté Jean-François (1984) : L’annotation des copies, variété ou base du dialogue pé-
dagogique, Pratiques, n° 44, L’évaluation, p. 61-69.
Nonnon Élisabeth (2005) : Entre description et prescription, l’institution de l’objet :
qu’évalue-t-on quand on évalue l’oral ?, Repères, n° 31, L’Évaluation en didactique
du français : résurgence d’une problématique, Lyon, INRP, p. 161-187.
Revue Française de Pédagogie (2008) : Évaluation des politiques éducatives et compa-
raisons internationales
Évaluation 105
FORME SCOLAIRE
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Le concept de forme scolaire se construit au croisement de travaux d’his-
toire et de sociologie de l’éducation (voir notamment Chartier, Julia et
Compère, 1976 ; Vincent, 1980 et Vincent, dir. 1994). Il ne s’agit donc pas, à
proprement parler, d’un concept didactique. Il nous paraît cependant fonda-
mental dans la mesure où il permet de mieux comprendre un certain nombre
de traits structurels qui contraignent et imprègnent, souvent à leur insu, les
fonctionnements des systèmes et des pratiques didactiques, voire des théories
qui s’efforcent d’en rendre compte.
On pourrait, en première approche, définir la forme scolaire comme une
forme spécifique de relations sociales (différente des relations professionnelles,
associatives, amicales…). Cette forme associe et met en interaction de multiples
dimensions (espace, temps, sujets, objets, activités…). On peut donc parler d’une
configuration qui structure de manière singulière la relation d’enseignement-
apprentissage, en la différenciant notamment des modes « informels » qu’elle
peut prendre (dans la famille, « sur le tas », par l’expérience…).
Avant de préciser les spécificités en question, il importe de noter que
cette définition porte l’accent sur l’unité et la cohérence d’un ensemble (d’où
le terme de configuration) historiquement constitué (qui émerge sur plusieurs
siècles) et de longue durée (qui excède donc les réformes et les lieux institu-
tionnels).
Éléments d’éclairage
En synthétisant à l’extrême les travaux sur ce concept, on peut avancer
quelques caractéristiques majeures pour le cerner.
La forme scolaire structure d’abord, de manière spécifique, la relation
pédagogique en rendant formelle (intentionnelle, consciente, explicite,
réglée…) la transmission entre un maître (défini par son statut et sa qualifi-
cation) et des élèves (regroupés par âge, niveau et classe). La professionnalité
du maître, l’interchangeabilité des acteurs (maîtres et élèves peuvent être
remplacés par d’autres et changent chaque année), ainsi que le caractère
107
collectif des apprenants constituent de fait une rupture avec des formes de
relations plus personnelles.
Cette transmission formelle rompt encore avec des formes de l’enseigne-
ment et des apprentissages, dominantes en d’autres lieux sociaux, qui passent
par les modalités du montrer, du voir-faire et du faire, ainsi que par la parti-
cipation aux activités ordinaires du groupe familial ou professionnel. Elle
s’organise autour de grandes catégories de pratiques telles l’exposition des
savoirs (par le maître ou le manuel), les exercices, les leçons et les contrôles,
en s’appuyant sur des outils spécifiques (tableau, cahiers, manuels…) et en
construisant un rapport distancié (réflexif, analytique…) au langage, au
monde et aux pratiques — ce que certains (cf. Bernard Lahire) ont pu appeler
un rapport « scriptural-scolaire » — dans la mesure où cela s’effectue au tra-
vers d’une relation privilégiée à la culture écrite qui favorise l’objectivation, la
codification, l’accumulation et la transmission de savoirs, dans un espace, une
temporalité et des communautés excédant les situations d’interaction directe
entre quelques personnes.
Cela signifie donc que cette forme de relation pédagogique s’autonomise
des autres relations sociales (familiales, amicales, professionnelles…), rompant
aussi bien avec l’éducation familiale qu’avec l’entrée précoce dans le monde du
travail. Il s’agit conséquemment d’un affranchissement radical des contraintes
de la production et de la rentabilité mais aussi des risques attachés à nombre
de pratiques sociales extrascolaires, cela afin de favoriser les apprentissages en
autorisant la durée, les essais, les tâtonnements, la progressivité…
Cette autonomisation s’appuie sur un espace propre : des lieux distincts
(écoles…), organisés de manière spécifique (classes, salles spécialisées, cour de
récréation…). Elle s’appuie aussi sur une temporalité singulière : une époque de
la vie (de 3 à 16 ans à peu près dans les pays industrialisés), elle-même décou-
pée en lieux institutionnels (maternelle, primaire, collège, lycée…) et en
niveaux (classes) ; une segmentation particulière de l’année, de la semaine, de
la journée ; un cursus organisant la confrontation aux savoirs selon certaines
formes de progression… En cela, le « temps des études », pour reprendre
l’expression de Michel Verret (1975), est bien un temps particulier.
Cette relation pédagogique n’est encore spécifique et autonomisée qu’au
prix d’une sélection et d’une organisation des contenus qui en constituent les
supports fondamentaux. Les contenus retenus pour faire l’objet de tels dispo-
sitifs et être destinés à un public aussi vaste doivent peu ou prou partager
quelques caractéristiques essentielles. Ils doivent être considérés, sociale-
ment, comme importants (en termes d’objectifs et de finalités scolaires et
extrascolaires), durables (non liés à des effets de mode et guettés par une
obsolescence trop rapide), nécessitant une transmission formelle, acceptables
éthiquement, organisables selon les modalités scolaires (cf. ci-après) et rela-
tivement solidarisables entre eux (il convient, autant que faire se peut, d’évi-
ter les discordances, voire les contradictions, au sein d’une même discipline
Éléments bibliographiques
Chervel André (1998) : La Culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin.
Dugas Éric (2004) : Des pratiques sociales aux pratiques scolaires en EPS : des logiques
de scolarisation plurielles, Revue française de pédagogie n° 149, Circulation et trans-
formation des savoirs dans et hors la classe, octobre, novembre, décembre, Paris,
INRP, p. 5-17.
Maulini Olivier, Montandon Cléopâtre, dir. (2005) : Les formes de l’éducation : variété
et variations, Bruxelles, De Boeck, collection Raisons Éducatives.
Verret Michel (1975) : Le Temps des études, Paris, Honoré Champion.
Vincent Guy (2012) : La forme scolaire : débats et mises au point (1re partie), Entre-
tien avec Bernard Courtebras et Yves Reuter, Recherches en Didactiques, n° 13, Ville-
neuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, mars, p. 109 -135.
Vincent Guy, dir. (1994) : L’Éducation prisonnière de la forme scolaire ? Scolarisation et
socialisation dans les sociétés industrielles, Lyon, Presses Universitaires de Lyon.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Les genres sont des produits culturels, propres à une société donnée,
élaborés au cours de son histoire et relativement stabilisés. Ils régissent les
discours des membres de cette société engagés dans les infinies situations de
la vie sociale ; ils régissent aussi les actions des acteurs sociaux, non forcé-
ment verbales, telles qu’on peut les observer dans les pratiques profession-
nelles par exemple. En tant que l’école fait partie du monde social, les genres
régissent donc les discours produits et reçus dans cette institution et les acti-
vités qui y ont cours. Cependant il faut remarquer que, si les genres détermi-
nent les conditions d’usage des discours, les contextes et les modalités des
actions, corrélativement ils sont définis, construits par les discours et les
actions. C’est la raison pour laquelle on les considère comme « relativement
stabilisés », on pourrait dire aussi qu’ils sont toujours en train d’évoluer.
Éléments d’éclairage
La notion de genre du discours repose sur des principes de catégorisation
des productions langagières (contextes énonciatifs, institutionnels, culturels
et/ou historiques) qui se distinguent d’une approche purement interne qui
considèrerait les grandes masses verbales selon des principes d’organisation
intrinsèques. Ce n’est pas un concept issu du champ des didactiques, mais il
a toute sa place ici parce qu’il est utilisé notamment en didactique du fran-
çais, et qu’au-delà de ce champ particulier, il aide à penser des phénomènes
didactiques.
La notion de genre du discours ne peut pas aujourd’hui ne pas être réfé-
rée à Mikhail Bakhtine (1984). Avec cette notion, Bakhtine articule la dimen-
sion historico-sociale des productions langagières (leurs aspects relativement
stables, historiquement produits, partagés par tous, etc.) et leurs dimensions
nécessairement individuelles (la production d’un énoncé par un individu X.).
Tout énoncé verbal, dit Bakhtine, depuis la réplique dans une conversation
ordinaire jusqu’au roman de plusieurs centaines de pages, réalise un genre du
discours, c’est-à-dire manifeste à la fois une dimension commune et une
« forme individuelle ». La notion de genre du discours s’oppose ainsi à une
113
visée formaliste sur les textes, coupée de l’histoire, du culturel, du socio-
culturel, comme celle de la typologie des textes qui a prévalu un temps en
didactique du français.
La notion de genre intéresse les didactiques pour différentes raisons.
En didactique du français, la notion de genre est utilisée pour catégoriser
certains contenus d’enseignement, les discours oraux et écrits, littéraires et
non littéraires, donnés à lire et à écrire. Ainsi, la catégorisation des genres
littéraires, héritée de la tradition rhétorique, est à l’origine de la structuration
de l’enseignement de la littérature (roman, théâtre, poésie, etc.) ; l’enseigne-
ment du français vise également l’enseignement et l’apprentissage de genres
du discours non littéraires (le discours argumentatif de la publicité, le dis-
cours polémique du débat, le discours narratif du récit d’expérience vécue, le
discours explicatif ou descriptif de la règle du jeu, etc.). L’émergence des
genres non littéraires dans les classes de français a été analysée comme un
des signes d’une nouvelle configuration didactique, centrée sur la récep-
tion/production de discours écrits et oraux et non plus seulement sur l’ensei-
gnement de la littérature (Halté, 1992).
Certains didacticiens du français interrogent les fonctions des genres qui
circulent dans la classe de français et les modalités de leur émergence.
Ainsi, les didacticiens du français qui s’inscrivent dans le courant de
l’interactionnisme social montrent en quoi les genres sont des appuis pour
l’apprentissage : ce sont des « outils » qui permettent à la fois de produire les
discours et de les reconnaître (Dolz, Schneuwly, 1998). La référence aux
genres sociaux qui sous-tendent les genres scolaires (par exemple, l’interview)
est présentée par ces auteurs comme une facilitation pour les élèves et un
appui pour leur transposition en genres à enseigner. Leurs recherches mon-
trent comment les dimensions des genres du discours définies par Bakhtine
(contenus du discours, structure communicative et configurations d’unités
linguistiques) peuvent fonder des contenus d’enseignement et permettent
d’identifier les compétences langagières à développer.
D’autre part, les genres, pratiqués dans l’univers scolaire, sont des
constructions disciplinaires. Nathalie Denizot (2010) montre à l’issue de quels
processus (sélection, découpage, etc.) des « objets extrascolaires » comme les
romans de Balzac, les tragédies de Racine deviennent les genres scolaires de
« la tragédie classique » ou du « roman réaliste ». De même des genres scriptu-
raux comme la narration, la description, etc., apparaissent comme le résultat,
toujours évolutif, d’un processus de « dérivation » et d’amalgame à partir de
différents genres rhétoriques avec lesquels ils vont progressivement perdre
contact dans leur transformation en exercices scolaires. On peut ainsi parler de
scolarisation des genres, dans une perspective très proche de celle de Chervel
(2006), pour désigner les « phénomènes de construction d’objets scolaires à
partir d’objets extrascolaires déjà existants » (Denizot, 2010 : 213).
Genres 115
d’observation en sciences n’a pas grand-chose à voir avec le compte-rendu de
lecture en classe de français, ou le compte-rendu de visite en histoire, de sor-
tie en géographie, etc. Les différences disciplinaires qui sous-tendent des pro-
ductions langagières désignées par le même terme (par exemple, ici compte-
rendu, mais ce peut être dissertation, analyse ou texte argumenté, etc.) sont
un des lieux de difficulté dans les apprentissages, que les didactiques ont à
analyser. Certains didacticiens se donnent, d’ailleurs, comme projet de
connaissance de décrire les variations auxquelles un genre de discours est
soumis par son ancrage dans des disciplines différentes (voir le numéro de
Pratiques, dirigé par Y. Reuter en 2007, Récits et Disciplines scolaires).
La notion de genre permet ainsi de mieux définir les fonctionnements
disciplinaires et scolaires. En ce sens, elle est importante pour les didactiques.
Genres 117
variation inopinée dans le genre attendu peut déstabiliser les élèves (particu-
lièrement dans les exercices d’examen, qui sont soumis à une tension consti-
tutive entre nouveauté de l’épreuve et respect des normes définissant le
genre).
Éléments bibliographiques
Bakhtine Mikhaïl (1984) : Esthétique de la création verbale, Paris, Éditions Gallimard,
chapitre « Les genres du discours », p. 263-308.
Chervel André (1999) : La composition française au xixe siècle dans les principaux
concours et examens de l’agrégation au baccalauréat, Paris : Vuibert/INRP.
Dolz Joaquim, Schneuwly Bernard (1998) : Pour un enseignement de l’oral. Initiation
aux genres formels à l’école, Paris, ESF.
Reuter, Yves (2007b) : Statut et usage de la notion de genre en didactique(s), Le fran-
çais aujourd’hui, n° 59, Les genres : corpus, usages, pratiques, p. 11-18.
Vérin Anne (1998b) : La description dans l’enseignement des sciences expérimentales,
dans Y. Reuter, dir. : La description. Théories, recherches, formation, enseignement,
Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p. 247-262.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Il existe deux approches quelque peu différentes de cette notion. La pre-
mière approche désigne par institutionnalisation les moments de l’étude sin-
gularisés par l’instauration dans la classe d’un rapport « officiel » à un savoir
ou à un savoir-faire : certains contenus de l’enseignement sont alors rendus
publics, mis en forme et nettement soulignés en tant que savoirs importants,
en conséquence de quoi ils doivent être appris par les élèves et peuvent deve-
nir des objets d’évaluation. La seconde approche désigne par institutionnali-
sation les processus par lesquels l’enseignant amène les élèves eux-mêmes à
reconnaître les apprentissages réalisés (ou estimés tels par l’enseignant).
Éléments d’éclairage
Ces deux approches de la notion se différencient tout d’abord par la rela-
tion posée entre l’institutionnalisation et les apprentissages. Dans le premier
cas, l’institutionnalisation, moment particulier de l’étude, peut précéder ou
anticiper les apprentissages. Dans certaines formes d’organisation pédago-
gique — tels le cours magistral — l’enseignant désigne ainsi, dans des phases
d’institutionnalisation, les savoirs à apprendre et non pas les savoirs appris.
Dans le second cas au contraire, le processus d’institutionnalisation est fina-
lisé par la mise en évidence et la légitimation collective des savoirs appris (ou
censés avoir été appris) au cours des situations (Brousseau, 1998 : 311) :
« Les maîtres doivent prendre acte de ce que les élèves ont fait, décrire ce
qui s’est passé et ce qui a un rapport avec la connaissance visée, donner
un statut aux événements de la classe, comme résultat des élèves et
comme résultat de l’enseignant, assumer un objet d’enseignement, l’iden-
tifier, rapprocher ces productions des connaissances des autres (cultu-
relles ou du programme), indiquer qu’elles peuvent resservir. »
Ce processus semble nécessaire car ce qui est nouveau en situation (par
exemple, les nouveaux moyens ou les nouvelles manières de faire auxquels
les élèves ont peut-être recouru) ne prend pas automatiquement le statut
de nouveau savoir aux yeux des élèves. On peut expliquer ce phénomène de
différentes manières. En premier lieu, par la difficulté à décontextualiser les
119
connaissances engagées en situation. En second lieu, par les représenta-
tions qu’ont les élèves de l’activité scolaire en situation : ainsi la résolution
satisfaisante d’un problème posé peut jugée être suffisante pour l’élève qui
ne s’interroge donc pas plus avant sur les connaissances mises en œuvre. Il
revient par conséquent à l’enseignant la tâche de faire construire des posi-
tions réflexives par rapport aux actions et aux savoirs en jeu. C’est en cela
que le processus d’institutionnalisation peut être considéré comme le pro-
cessus en quelque sorte réciproque de celui de dévolution, puisqu’au cours
des phases de dévolution, l’enseignant tend à rendre l’élève responsable des
actions qu’il engage et des apprentissages qu’il réalise (Margolinas,
1993 : 135).
Mais ces deux approches de la notion diffèrent également selon leurs
modes d’analyse. En effet, si l’on considère l’institutionnalisation en tant que
moment de l’étude spécifié par la mise en forme et la désignation des savoirs
« officiels », ce sont des éléments de discours, voire des énoncés (« c’est ainsi
que l’on dit », « voilà comment il faut faire ») qui constitueront le matériau
de travail des chercheurs. En revanche si l’on envisage d’étudier le processus
d’institutionnalisation, le matériau principal est constitué par les interactions
entre les différents acteurs de la situation et l’analyse didactique est sous-
tendue par la recherche de l’organisation chronologique de ces différentes
interactions et de leurs finalités.
En tout état de cause, la notion étudiée, quelle que soit l’approche adop-
tée, permet de différencier les savoirs ou savoir-faire qui font l’objet d’insti-
tutionnalisation des autres (Arsac, Tiberghien, 1995 : 10) :
« [Il existe] des connaissances en jeu dans un enseignement ou une for-
mation sans être explicitement des connaissances à apprendre et qui, de
ce fait, ne seront pas institutionnalisées. »
Par exemple, dans une classe de physique, certaines procédures de
calcul, comme les simplifications de fractions, ne sont pas des connaissances
à apprendre et sont ainsi laissées à la responsabilité de l’élève sans être ins-
titutionnalisées. Cependant, cet exemple ne doit pas laisser croire que seuls
des savoirs concernant des notions « extra-disciplinaires » ne feraient pas
l’objet d’une institutionnalisation : certaines connaissances peuvent être
considérées, à certains niveaux d’enseignement, ou dans certaines forma-
tions, comme « allant de soi » (Chevallard, 1985/1991 : 55), comme peut
l’être, par exemple, l’échelle d’une carte en géographie en Terminale.
L’étude des phénomènes liés à l’institutionnalisation fait encore appa-
raître des analyses qui sont plus ou moins spécifiques aux différentes didac-
tiques. Ainsi, la discipline scolaire dans laquelle s’inscrit l’institutionnalisa-
tion est sans doute un des facteurs de variation importants : les formes que
prend cette institutionnalisation diffèrent selon que l’on se trouve dans une
classe de philosophie ou dans une classe d’éducation physique et sportive. En
revanche, d’autres phénomènes semblent pouvoir être considérés comme
Institutionnalisation 121
Éléments bibliographiques
Arsac Gilbert, Tiberghien Andrée (1995) : Introduction, dans Arsac Gilbert, Gréa Jean,
Grenier Denise et Tiberghien Andrée, dir. : Différents types de savoirs et leur articu-
lation, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 7-11.
Brousseau Guy (1986) : Fondements et méthodes de la didactique des mathématiques,
Recherches en didactique des mathématiques, vol. 7, n° 2, Grenoble, La Pensée Sau-
vage, p. 33-115.
Brousseau Guy (1998) : Théories des situations didactiques en mathématiques,
Grenoble, La Pensée Sauvage.
Chevallard Yves (1985/1991) : La Transposition didactique, Grenoble, La Pensée
Sauvage.
Margolinas Claire (1993) : De l’importance du vrai et du faux dans la classe de mathé-
matiques, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Sarrazy Bernard (2005) : La théorie des situations : une théorie anthropologique des
mathématiques ?, dans Salin Marie-Hélène, Clanché Pierre, Sarrazy Bernard, dir. :
Sur la théorie des situations didactiques : questions, réponses, ouvertures, Hommage
à Guy Brousseau, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 375-390.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Lorsqu’un locuteur utilise le langage non pour parler du monde (des
autres, etc.), mais pour parler de la langue ou du langage (à l’écrit comme à
l’oral), on dit qu’il exerce une activité métalinguistique (ou métalangagière),
c’est-à-dire qu’il constitue la langue elle-même (ou le langage) en objet
d’étude ou de discours. Par exemple, lorsqu’un élève de CP doit identifier un
« mot » écrit et dans ce mot, un « morceau » qu’il a déjà rencontré (identifier
dans « manteau » le « man » de « maman »), il est confronté à une activité
métalinguistique. Cette activité caractérise tous les usages de la langue ou du
langage qui opèrent une réflexion sur les formes et les usages langagiers en
mettant entre parenthèses le contenu référentiel des énoncés et leur visée
communicationnelle, toutes les situations de langage où se construisent des
notions linguistiques utiles pour l’analyse de la langue et du langage, voire
pour celle des concepts scientifiques (les conduites de définition, par
exemple). On peut distinguer l’activité métalinguistique du métalangage. Le
terme métalangage désigne généralement un répertoire de termes spécialisés
pour parler du langage ou de la langue, par exemple « mot », « verbe »,
« adjectif », « phrase ». L’activité métalinguistique est une activité de prise
de conscience et d’analyse des phénomènes langagiers, qui permet leur étude
ou leur contrôle en situation de production. Mais les relations entre activité
métalinguistique et maîtrise d’un métalangage sont complexes, comme nous
le verrons ci-dessous.
Ces notions, bien que souvent peu formalisées, sont omniprésentes en
didactiques, dans la mesure où ces dernières sont concernées par une
réflexion sur les usages du langage et de la langue dans l’enseignement et les
apprentissages scolaires.
Éléments d’éclairage
La question du métalangage et des activités métalinguistiques se situe
à la croisée de théories linguistiques et de recherches en psychologie cogni-
tive. Ces deux disciplines de recherche ne donnent cependant pas la même
extension à ces notions. La première restreint la fonction métalinguistique au
123
métalangage, en se focalisant sur l’usage, dans le discours, du lexique spécia-
lisé de l’analyse de la langue (par exemple, les mots « syllabe », « lettre »,
« discours », « énonciation », etc., tout ce qui constitue les terminologies
grammaticales). La seconde cherche à identifier dans les comportements ver-
baux (ou non verbaux) des indices de contrôle ou de réflexion sur les objets
langagiers, ce qui les amène à distinguer autant de compétences métalinguis-
tiques qu’il y a de composantes langagières (Gombert, 1990). On parlera ainsi
de compétences métasyntaxiques, métatextuelles, métalexicales, métacom-
municationnelles, etc.
Cependant, les didactiques sont concernées par les questions du méta-
langage et des activités métalinguistiques pour au moins quatre raisons.
Toute discipline construit un langage spécialisé et développe une activité
métalinguistique à propos de ses objets. On parle de langage de spécialité pour
désigner ces répertoires de termes caractérisant un domaine de savoir et ses
concepts spécifiques, de « français scientifique et technique », etc. À l’école,
les élèves rencontrent les disciplines scolaires par la nécessité de comprendre
les usages spécifiques des mots dans chaque discipline. Ainsi ils doivent
comprendre que l’objet mathématique est le nombre et non le chiffre (mot qui
désigne le signe graphique utilisé pour écrire un nombre), que le sommet d’un
triangle ou d’un pavé n’a rien à voir avec le sommet d’une montagne, etc.
L’enseignement, quelle que soit la discipline, repose sur des activités méta-
linguistiques importantes. Ainsi, les activités de définition visent la construc-
tion d’un métalangage lié aux contenus disciplinaires. Dans les années 1980,
ce fut un des objets de débat, dans le champ qui se nommait alors le « français
bien commun » ou le « français transdisciplinaire », que de savoir qui, du
français ou des autres disciplines, était chargé du travail sur ces termes spé-
cifiquement disciplinaires. Un point de vue techniciste sur la langue renvoyait
au français le soin de clarifier ces vocabulaires de spécialité, mais on a depuis
pensé que les lexiques ne se construisent pas indépendamment des concepts
eux-mêmes et qu’il revient à chaque discipline de travailler sur les deux
dimensions indissociables de la pensée (le concept) et du langage (le mot
pour dire le concept). Les Instructions Officielles de 2002 pour l’école élémen-
taire en France qui insistaient sur les dimensions langagières des apprentis-
sages dans toutes les disciplines allaient dans ce sens.
Dans de nombreuses activités d’apprentissage, l’activité métalinguistique
est fortement sollicitée. C’est le cas notamment en français, discipline qui
construit la dimension métalinguistique ou métalangagière comme un de ses
objets spécifiques.
Par exemple, dans l’apprentissage de la lecture, les élèves ont à prendre
conscience de la structure phonique de la langue et des correspondances que
cette structure entretient avec la structure graphique. L’exemple suivant,
emprunté à Bernard Lahire (1993 : 98-99), et dont un autre extrait est
Éléments bibliographiques
Brossard Michel (1994b) : Quelques réflexions sur activités métalinguistiques et situa-
tions scolaires, Repères, n° 9, Activités métalinguistiques à l’école, p. 29-36.
Dolz Joaquim, Meyer Jean-Claude, dir. (1998) : Activités métalangagières et enseigne-
ment du français, Berne, P. Lang.
Gombert Jean-Émile (1990) : Le développement métalinguistique, Paris, PUF.
Lahire Bernard (1994) : L’inscription sociale des dispositions métalangagières, Repères,
n°, Activités métalinguistiques à l’école, p. 5-28.
Achard-Bayle Guy, Paveau Marie-Anne, dir. (2008) : Pratiques, n° 139-140, Linguis-
tique populaire ? Metz, CRESEF.
Reuter Yves (2006a) : Les enjeux du français : questions pour la didactique, Re-
cherches, n° 43, Les enjeux de l’enseignement du français, p. 5-38.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Les méthodes de recherche en didactique, comme dans toutes les
sciences de l’homme (sociologie, psychologie, histoire, etc.), sont une
composante essentielle de ce domaine puisque les résultats scientifiques y
sont élaborés au travers de prises de données sur le « réel », c’est-à-dire de
données empiriques. C’est à cette condition seule — la confrontation
méthodique au réel — que ces résultats peuvent être qualifiés de scienti-
fiques et différer d’opinions ou de croyances. Cependant, il ne faudrait pas
conclure que cette confrontation avec le réel se réduit à une simple lecture
du monde : une méthode de recherche ne s’appuie pas sur le réel mais sur
une reconstruction de celui-ci. C’est donc en tant que processus d’interpré-
tation du réel et non en tant que prise directe d’informations qu’elle doit
être appréhendée.
Une méthode de recherche ne se réduit pas davantage à des techniques
(entretiens, questionnaires, etc.) car elle est constituée par un ensemble de
pratiques (prises de données, mise en forme de ces données, traitements,
écriture, etc.) au cours desquelles les décisions et les choix des chercheurs
sont continuels et soumis aux exigences de la communauté scientifique à
laquelle ils appartiennent.
Enfin, les méthodes de recherche sont nombreuses et diverses en didac-
tique. Saisir cette diversité dépend de l’échelle de description choisie. En
effet, il est tout à fait possible de catégoriser certaines méthodes par leurs
invariants. Ceci permet d’identifier de façon globale des méthodes : l’étude de
cas par exemple. Mais il est important également de comprendre qu’une
méthode de recherche n’est jamais reproduite à l’identique par des chercheurs,
car toute méthode de recherche se détermine et est déterminée par l’objet de
la recherche qui peut être très différent (représentations des élèves, pratiques
d’enseignement…) ainsi que par les aléas inévitables, les terrains d’investiga-
tions accessibles… Une méthode de recherche est en quelque sorte une inven-
tion instrumentée.
129
Éléments d’éclairage
Il s’agit ici dans un premier temps de décrire et de permettre d’évaluer
des méthodes de recherche. Nous nous arrêterons ensuite sur celles qui sont
les plus classiques en didactique.
Si l’objet de la recherche entreprise détermine, au moins en partie, une
méthode de recherche (ainsi l’étude des pratiques d’enseignement suppose le
recours à l’observation de classe), plusieurs autres dimensions permettent de
les décrire précisément :
• Le choix des moyens et des techniques mis en œuvre pour recueillir des
données et les analyser. Parmi les modes classiques de prises de don-
nées, on peut citer les questionnaires, les entretiens, les observations…
auxquels correspondent des mises en forme de ces données comme par
exemple les retranscriptions d’entretiens. Parmi les traitements reconnus
de données, on peut aussi retenir des techniques d’analyse : l’analyse de
contenu ou des méthodes statistiques.
• Les terrains et les espaces d’investigation. Ils se définissent générale-
ment en didactique par leur position par rapport à l’espace scolaire, qui
est le plus usuel. Celle-ci permet de différencier les espaces explorés : la
classe stricto sensu, des espaces hors de la classe mais dans l’établisse-
ment scolaire (cour de récréation, étude surveillée…), des espaces hors
de l’établissement scolaire mais où les sujets peuvent encore être consi-
dérés comme des sujets de l’institution (travail à la maison, préparation
de cours, etc.) et enfin des espaces extrascolaires.
• L’organisation des techniques de recueil de données et les places respec-
tives qui leur sont accordées dans le processus de recherche. Il est par
exemple possible de faire passer un questionnaire puis de mener des
entretiens, auquel cas les discours recueillis seront à confronter. Il est
aussi envisageable de multiplier les observations auprès d’une même
classe (certaines recherches s’effectuent sur des temps très longs, pou-
vant aller jusqu’à l’année scolaire alors que d’autres limitent les prises
de données à des instant choisis — les débuts de cours par exemple) ou
dans des classes différentes.
• L’équilibre entre le poids accordé aux ressemblances et celui attribué
aux différences entre sujets étudiés. Ainsi, il n’est pas équivalent de
rechercher à mettre en évidence des similarités dans des productions
d’élèves ou d’essayer au contraire de reconstruire des stratégies particu-
lières à chacun. De même, on peut particulariser les méthodes de
recherche en didactique selon l’approche des sujets étudiés : celle-ci
peut être plutôt « généraliste » et tendre à envisager l’ensemble des
sujets comme un seul groupe ou plutôt « différentialiste » en essayant
au contraire de constituer ou d’étudier des groupes de sujets qu’il s’agit
dans ce cas de comparer (Ehrlich, 1990 : 102).
Éléments bibliographiques
Artigue Michèle (1988) : Ingénierie didactique, Recherches en didactique des mathé-
matiques, vol. 9, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 281-308.
Johsua Samuel (1996) : Qu’est-ce qu’un résultat en didactique des mathématiques ?,
Recherches en didactique des mathématiques, vol. 16, n° 2, Grenoble, La Pensée Sau-
vage, p. 197-220.
Margolinas Claire (1992) : Éléments pour l’analyse du rôle du maître : les phases de
conclusion, Recherches en didactique des mathématiques, vol. 12, n° 1, Grenoble, La
Pensée Sauvage, p. 113-158.
Martinand Jean-Louis (1994) : Didactique, dans Champy Philippe et Étévé Christiane,
dir. : Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, Paris, Nathan,
p. 254-256.
Mercier Alain, Schubauer-Leoni Maria-Luisa, Sensevy Gérard (2002) : Vers une didac-
tique comparée, Revue française de pédagogie n° 141, Vers une didactique comparée,
Paris, INRP, p. 5-16.
Reuter Yves (2006) : Penser les méthodes de recherche en didactique(s), dans Perrin-
Glorian Marie-Jeanne et Reuter Yves, dir. : Les Méthodes de recherche en didac-
tique(s), Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p. 13-26.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion de modèle didactique est une création récente, issue de la
didactique du français et encore en débat au sein de ce champ de
recherches. Elle vise à proposer une formalisation qui permet d’analyser ce
qui est enseigné (ou non), ce qui est enseignable (ou non) et les façons
dont c’est enseigné.
Ainsi, un modèle didactique est une construction théorique à visée des-
criptive et/ou praxéologique. Cette notion est utilisée à Genève par Joaquim
Dolz et Bernard Schneuwly (1998) pour décrire les objets de la didactique de
l’oral, mais elle est proche de la notion de formalisation proposée par Yves
Reuter (1996) à propos de la didactique de l’écriture.
Éléments d’éclairage
Les didacticiens genevois cités ci-dessus utilisent cette notion pour
décrire les modes d’élaboration des nouveaux objets d’enseignement suscités
par l’émergence de la didactique de l’oral. Le modèle didactique définit un
« objet potentiel pour l’enseignement » (Dolz, Schneuwly, 1998 : 73). Comme
ces nouveaux objets d’enseignement (les discours oraux) sont mis en relation
avec la notion de genre du discours, on trouve fréquemment sous leur plume
l’expression de modèle didactique du genre.
On peut mettre en évidence plusieurs utilisations possibles de cette
notion. D’abord, le concept de modèle didactique sert à comprendre les prin-
cipes de construction des objets didactiques ; il est fondamentalement lié à
la définition d’un objet « enseignable », d’un objet pour l’enseignement et les
apprentissages scolaires. Il sert également d’outil pour la construction de
séquences didactiques (ce qu’on appelle, dans d’autres didactiques, l’ingénie-
rie didactique). L’ouvrage de J. Dolz et B. Schneuwly (1998) en donne des
exemples précis sur différents genres de l’oral scolaire (le débat régulé, l’inter-
view radiophonique, l’exposé, la lecture à d’autres). S’appuyant sur la défini-
tion préalable du genre à partir des référents théoriques disponibles et de
l’analyse des pratiques sociales de référence, sur ce que l’on connaît des
pratiques langagières des élèves et de la tradition scolaire sur le genre en
135
question, les chercheurs proposent des séquences d’enseignement ayant pour
but de faire connaître/produire le genre visé et ses différentes composantes
à des élèves dont le niveau dans le cursus sera un des facteurs de variation du
modèle proposé. Le modèle didactique est ainsi conçu comme une matrice
permettant de générer des séquences pour l’enseignement et les apprentis-
sages à des niveaux scolaires différents et dans une temporalité variable (De
Pietro, Schneuwly, 2003). Dans cette même perspective, une des fonctions
des modèles didactiques est de permettre l’explicitation des modèles intuitifs,
ou modèles en actes, qui régissent ordinairement l’enseignement, ce qui les
constitue en outil important dans la formation des enseignants (Garcia-
Debanc, 2007).
Ensuite, cette notion peut servir à réfléchir à ce qui est fait dans les
classes et à ce qui n’est pas fait, que ce soit en termes de contenus discipli-
naires, en termes de relation à des contenus ou des pratiques extrascolaires,
en termes de progression ou de programme d’enseignement, mais aussi en
termes de modalités pédagogiques ou modes de travail, en termes d’articula-
tion entre le faire et le dire, entre les activités de production et les activités
de réception, etc. Dans la mesure où un modèle didactique est élaboré dans
une perspective praxéologique comme un système articulant démarches et
contenus (comme c’est le cas dans l’ouvrage de J. Dolz et B. Schneuwly), il
peut aussi servir de référence pour l’évaluation des performances des élèves.
Enfin, cette notion sert à proposer un cadre pour penser la didactique
elle-même. La notion de modèle est liée à celle de modélisation (opération de
construction de modèles) qui renvoie elle-même à une dimension réflexive de
la didactique sur ses propres processus, une méta-didactique en quelque sorte.
Y. Reuter (2001a : 57) propose de réfléchir sur les opérations de construction
de modèles didactiques, en cherchant à voir s’ils se rapprochent plutôt « des
mécanismes de transposition didactique » ou de « la construction socio-scolaire
des savoirs à enseigner ». Pour développer cette dernière option, l’on pourrait
faire appel à une autre notion, proche de celle de modèle didactique, la notion
d’« élaboration didactique des savoirs et des savoir-faire » que propose un
autre didacticien du français, Jean-François Halté (2001). La notion d’élabo-
ration didactique apparaît comme une alternative critique à celle de la trans-
position didactique, en ce qu’elle permet de souligner la relative autonomie
(et la complexité) de la production des objets didactiques en français. Une
séquence d’apprentissage, par exemple, serait davantage caractérisée par les
formes de solidarité entre types de savoirs hétérogènes rassemblés par une
intention d’enseignement, plus que par une accumulation de savoirs issus de
référentiels théoriques variés (Halté, 1998 : 192).
La réflexion sur les modèles didactiques (l’activité de modélisation) per-
met d’interroger les modèles « cachés » qui sous-tendent des modèles didac-
tiques particuliers, en ce qu’ils sont liés à telle ou telle définition de la disci-
pline, en l’occurrence le français, puisque cette notion a été construite dans
Éléments bibliographiques
Dolz Joaquim, Schneuwly Bernard (1998) : Pour un enseignement de l’oral. Initiation
aux genres formels à l’école. Paris, ESF.
Garcia-Debanc Claudine (2007) : Les modèles disciplinaires en acte dans les pratiques
effectives d’enseignants débutants, dans Falardeau Eric, Fisher Carole, Simard
Claude, Sorin Noëlle, dir. : La didactique du français. Les voies actuelles de la re-
cherche. Québec : Les Presses de l’université Laval, p. 43-62
Halté Jean-François (1992) : La didactique du français, Paris, PUF, coll. Que sais-je ?
Halté Jean-François (2001) : Des modèles de la didactique aux problèmes de la DFLM,
dans Marquillo Larruy Martine, éd. : Questions d’épistémologie en didactique du fran-
çais (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère), Les Cahiers FORELL, n° 5,
Poitiers, Maison des Sciences de l’Homme et de la Société, p. 13-19.
Reuter Yves (1996) : Enseigner et apprendre à écrire, Paris, ESF.
Reuter Yves (2001) : Éléments de réflexion à propos de l’élaboration conceptuelle en
didactique du français, dans Marquillo Larruy Martine, dir. : Questions d’épistémolo-
gie en didactique du français (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère),
Les Cahiers FORELL, n° 5, Poitiers, Maison des Sciences de l’Homme et de la Société,
p. 1-57.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Lorsqu’une notion est travaillée en classe, le savoir en jeu fait l’objet
d’une mise en texte. L’énoncé produit varie en fonction des problèmes spéci-
fiques étudiés, relatifs aux savoirs, et des périodes du cursus. Ainsi, pour un
même concept, différentes formulations peuvent être proposées. Ces énoncés,
correspondant aux objectifs d’un apprentissage situé, sont appelés par cer-
tains théoriciens « niveaux de formulation ».
Éléments d’éclairage
Au cours de la scolarité, dans chaque discipline, un même concept peut
être étudié plusieurs fois mais les contenus de savoir associés ne sont pas les
mêmes selon les niveaux scolaires. En effet, l’enseignement et les apprentis-
sages ne se répètent pas avec les mêmes modalités. La définition et les contours
du concept se modifient selon l’âge des élèves, mais aussi selon la nature du
problème qui oriente les séquences. Sur de nombreux objets de savoir, les didac-
ticiens des sciences ont proposé des niveaux de formulation pour chaque niveau
scolaire. Michel Develay (1991) a ainsi défini six énoncés concernant le concept
de nutrition. Nous avons retenu ici des parties de ces énoncés :
• aux cours préparatoire et élémentaire : « se nourrir c’est s’alimenter » ;
• au cours moyen : « se nourrir c’est transformer des aliments pour qu’ils
passent dans le sang » ;
• en sixième : « se nourrir c’est fabriquer sa propre matière à partir d’élé-
ments minéraux et organiques contenus dans les aliments » ;
• en troisième : « chaque individu renouvelle sa matière. Les molécules
constituant les cellules proviennent de la digestion : se nourrir c’est se
renouveler » ;
• en première : « se nourrir c’est fabriquer des réserves. Le renouvellement
est possible grâce à des régulations » ;
• en terminale : « se nourrir revient à respirer au niveau cellulaire, grâce
à des mécanismes d’oxydoréduction. Se nourrir c’est respirer au niveau
cellulaire ».
139
Jean-Pierre Astolfi et Michel Develay (1989) ont montré complémentai-
rement que les différents niveaux de formulation se distinguent sur trois
plans :
• le plan linguistique : les énoncés peuvent varier du point de vue lexical,
mais aussi du point de vue syntaxique. Ces variations modifient le sens
des formulations et, de ce fait, leur plus ou moins grande complexité et
leurs relations aux concepts scientifiques ;
• le plan psychogénétique : pour être compris, ils nécessitent la maîtrise
d’outils intellectuels différents. Ainsi cet axe permet de hiérarchiser les
niveaux de formulation ;
• le plan épistémologique : les énoncés étant référencés à un pro-
blème, ils y répondent de façon spécifique. Même si le concept traité
est analogue dans tous les niveaux de formulation, les questions
abordées peuvent être différentes. Par exemple, le concept de respi-
ration peut être abordé d’un point de « vue mécanique », à partir des
mouvements respiratoires, d’un point de vue physico-chimique avec
les échanges gazeux, ou encore d’un point de vue cellulaire en lien
avec la nutrition.
Interroger les niveaux de formulation permet de porter un regard analy-
tique sur les situations didactiques : d’une part en prenant en compte les
élèves et leurs capacités à acquérir ces savoirs, et, d’autre part, en interro-
geant les savoirs enseignés et leurs liens avec les savoirs de référence dans le
cadre d’une programmation à travers le temps scolaire. En ce qui concerne les
élèves, les apprentissages sont intimement liés à leurs états de connaissances
préalables c’est-à-dire, souvent, à leurs représentations. La mise en texte des
savoirs va donner à voir les contenus à enseigner et leur organisation. Un
même concept peut être utilisé dans différentes sphères sociales : concernant
la multiplication des végétaux par exemple, le jardinier obtiendra de nouvelles
plantes en pratiquant le bouturage et le marcottage, quand le biologiste
aborde ces notions à travers le terme théorique de clonage végétal par
exemple. Ainsi, selon les pratiques sociales qui serviront de référence à la
construction de l’objet d’enseignement, les notions et sous-notions convo-
quées seront alors spécifiques. Les énoncés varieront en fonction de la nature
des problèmes construits par les sphères de référence. C’est pour cette raison
qu’Astolfi, Darot, Ginsburger-Vogel, Toussaint (1997) préfèrent le terme de
registres à celui de niveaux.
Ce concept est donc fondé sur le fait qu’il existe une tension entre les deux
éléments d’analyse que sont les savoirs et les apprenants. Cette tension agit
comme une mise en dynamique d’un système qui ne peut trouver un équilibre
définitif mais des équilibres à chaque fois renouvelés et symbolisés par le niveau
de formulation. La stabilité provisoire du système est l’aboutissement d’un
apprentissage construit sur un niveau de formulation. Celle-ci ne durera pas si
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre, Darot Éliane, Ginsburger-Vogel Yvette, Toussaint Jacques (1997) :
Mots-clefs de la didactique des sciences, Bruxelles, De Boeck.
Astolfi Jean-Pierre, Develay Michel (1989) : La Didactique des sciences, Paris, PUF, col-
lection Que sais-je ?
Develay Michel (1991) : Discipline et « matrice disciplinaire », Cahiers pédagogiques
n° 298, Les Contenus d’enseignement, Paris, CRAP, p. 25-27.
Orange Christian (2006) : Problématisation, savoirs et apprentissages en sciences,
dans Fabre Michel, Vellas Etiennette : Situation de formation et problématisation,
Bruxelles, De Boeck.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Le terme de noosphère a été introduit en didactique des mathématiques
par Yves Chevallard (1985/1991) dans le cadre d’un ouvrage sur la transposi-
tion didactique. Il définit la noosphère comme l’ensemble des acteurs inter-
venant à l’intersection du système d’enseignement et de la société (notam-
ment — et surtout — les parents, les savants, l’instance politique
décisionnelle). Elle apparaît comme un lieu important du processus (dit par-
fois externe) de transposition didactique : c’est là que s’effectuent la sélec-
tion, dans le savoir savant, d’un savoir à enseigner et sa transformation en
objet d’enseignement.
Éléments d’éclairage
Chevallard (1985/1991 : 25) décrit ainsi la « rencontre » entre les
acteurs du système d’enseignement et de la société :
« Dans la noosphère, les représentants du système d’enseignement, man-
datés ou non (du président d’une association d’enseignement au simple
professeur militant), rencontrent, directement ou non (par le libelle dé-
nonciateur, la requête comminatoire, le projet transactionnel ou les dé-
bats assourdis d’une commission ministérielle), les représentants de la
société (les parents d’élèves, les spécialistes de la discipline qui militent
autour de son enseignement, les émissaires de l’organe politique). »
Dans ce modèle théorique, le rôle de la noosphère est de rendre légitime
le savoir à enseigner, d’une part en évitant qu’il soit perçu par les savants
comme trop éloigné du savoir savant dont ils sont les garants, d’autre part en
évitant qu’il soit perçu comme trop proche du savoir communément partagé
par les parents les mieux informés (ibid. : 26). C’est en ce sens que la noos-
phère permet le rééquilibrage entre le système d’enseignement et la société :
en effet, un déséquilibre est toujours possible (et apparaît régulièrement dans
l’histoire de l’enseignement), du fait de l’usure des savoirs à enseigner, soit
que les savoirs savants aient évolué de façon à rendre obsolètes les savoirs à
enseigner, soit que les savoirs à enseigner aient été si diffusés dans la société
qu’ils ne se justifient plus comme savoirs propres à l’école.
143
Deux caractéristiques de la noosphère sont encore à préciser. D’une part,
en raison de la difficulté à penser les relations entre savoirs savants et savoirs
à enseigner, la noosphère est un lieu de débats (voire de conflits, à certaines
occasions : qu’on pense aux récurrents cris d’alarme sur la « crise du fran-
çais » : cf. Boutan et Savatovsky, 2000) sur les choix des objets d’enseigne-
ment ou sur la méthodologie propre à la discipline.
D’autre part, pour Chevallard (1985/1991 : 214), la noosphère se carac-
térise encore par le fait qu’elle est constamment « désireuse de se faire
oublier » et qu’elle « semble s’évanouir aussitôt qu’elle a produit ses effets, et
dont nous sommes ordinairement oublieux jusqu’à la dénégation. » Cette
dénégation, qui caractérise en fait l’ensemble de la transposition didactique
(ibid. : 15 sq.), permet de maintenir l’illusion que les savoirs enseignés à
l’école ne feraient pas l’objet d’une élaboration spécifique, seraient comme le
fruit d’une construction naturelle, non soumise à des contraintes effectives.
On voit bien que la noosphère n’est pas un lieu institutionnel identi-
fiable, mais une entité abstraite (reconstruite par le chercheur) « où l’on
pense — selon des modalités parfois fort différentes — le fonctionnement
didactique » (ibid. : 25). Pour concrétiser cette entité abstraite, on peut évo-
quer divers acteurs (qui sont doués d’une relative autonomie, même si leur
légitimité doit être d’une manière ou d’une autre reconnue par le système
d’enseignement et/ou la société) : les rédacteurs des programmes (chercheurs
universitaires, inspecteurs, enseignants…), les auteurs de manuels, les mili-
tants d’associations d’enseignants ou de parents d’élèves, les membres de
revues professionnelles, les intellectuels qui s’intéressent aux questions péda-
gogiques et didactiques, etc. La noosphère est donc aussi un lieu de produc-
tion — des programmes et des manuels, bien sûr, mais aussi des ouvrages des-
tinés aux enseignants comme des articles ou ouvrages militants.
Il faut à cet égard noter le statut ambigu des programmes scolaires :
conçus au sein de la noosphère, ils prennent ensuite un statut réglementaire
et deviennent une sorte de texte de loi, émanant très officiellement de
l’organe politique : les enseignants y sont soumis par leur statut même. Il n’en
est pas de même des autres produits de la noosphère, même quand ils ont une
origine officielle et qu’il sont édités par le ministère, comme par exemple, en
France, les accompagnements des programmes, que les enseignants, régle-
mentairement, restent libres de suivre ou non.
Noosphère 145
différences entre eux et les confrontations effectives entre ces divers acteurs.
Cela explique sans doute que son usage est de moins en moins fréquent dans
les descriptions didactiques de la construction des contenus d’enseignement.
D’autres disciplines, sans faire appel au concept de noosphère, ont une
longue tradition de réflexion sur la manière dont les enjeux politiques,
sociaux, voire idéologiques, influent sur la construction des objets d’ensei-
gnement, dans un lieu qui leur est étranger : on peut penser à l’histoire des
disciplines (par exemple Jey, 1998, pour le français) ou à la sociologie (cf. la
synthèse récente d’Isabelle Harlé, 2010, qui fait d’ailleurs une description cri-
tique du concept de noosphère — p. 53 sq.). Plus récemment, en didactiques,
la perspective curriculaire interroge le contexte social d’émergence des disci-
plines scolaires, à la fois pour la compréhension des émergences d’objets
d’enseignement et pour la vigilance épistémologique que se doivent d’exercer
les didactiques (cf. Lebeaume, 2000b, 2008).
Éléments bibliographiques
Chervel André (1988) : L’histoire des disciplines scolaires. Réflexions sur un domaine de
recherche, Histoire de l’éducation n° 38, Paris, INRP, p. 59-119 (article repris dans
Chervel, 1998, La Culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin, p. 9-56).
Chevallard Yves (1985/1991) : La Transposition didactique. Du savoir savant au savoir
enseigné, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Harlé Isabelle (2010) : La Fabrique des savoirs scolaires, Paris, La Dispute.
Jey Martine (1998) : La Littérature au lycée. Invention d’une discipline (1880-1925),
Metz, Université de Metz — Centre d’études linguistiques des textes et des discours.
Johsua Samuel (1996) : Le concept de transposition didactique n’est-il propre qu’aux
mathématiques ? dans Raisky Claude, Caillot Michel, dir. : Au-delà des didactiques,
le didactique. Débats autour de concepts fédérateurs, Bruxelles, De Boeck, p. 61-73.
Lebeaume Joël (2008) : L’enseignement des sciences à l’école. Des leçons de choses à la
technologie, Paris, Delagrave.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Loin d’être linéaire, l’histoire de la production des connaissances scien-
tifiques témoigne d’un cheminement chaotique opérant par rectifications et
transformations des savoirs élaborés. En 1938, Gaston Bachelard
(1938/1993 : 13) ouvre sa réflexion sur la formation de l’esprit scientifique
par les propos suivants :
« Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la
science, on arrive bientôt à cette conviction que c’est en termes d’obs-
tacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. »
Il nomme « obstacles épistémologiques […] les causes d’inertie », de
dérive ou d’erreur dans la démarche de construction des savoirs scientifiques.
Pour Bachelard, ce concept peut être étudié dans l’histoire des connaissances
mais également dans la pratique éducative qui semble le méconnaître : « J’ai
souvent été frappé du fait que les professeurs de sciences, plus encore que les
autres si c’est possible, ne comprennent pas qu’on ne comprenne pas »
(1938/1993 : 18).
Les didacticiens des disciplines se sont emparés de cette notion pour
travailler sur les questions d’enseignement et d’apprentissages. Cette
construction théorique permet de donner du sens à ces phénomènes. Les
connaissances des élèves, qu’elles soient « fausses » ou « justes » au
regard des enseignants, peuvent expliquer des processus de résistance
quant à l’élaboration des savoirs en jeu dans les classes. Dans ce cadre,
certaines « erreurs » d’élèves ne peuvent plus être interprétées comme un
manque d’attention ou de travail, mais comme des manifestations d’états
de savoirs, comme des modes de fonctionnement. Bachelard s’appuie entre
autres, sur la notion « d’observation première ». L’expérience quotidienne
d’observation du monde que partagent les enfants, les amène à construire
des savoirs empiriques à distance des savoirs scientifiques, « il s’agit
alors, non pas d’acquérir une culture expérimentale, mais bien de changer
de culture expérimentale, de renverser les obstacles déjà amoncelés par la
vie quotidienne » (1938/1993 : 18). C’est en s’émancipant de ces états de
savoirs précédemment élaborés que les sujets en concevraient d’autres.
147
Ainsi, en didactiques, les obstacles peuvent être définis comme des struc-
tures et des modes de pensée qui font résistance dans l’enseignement et
dans les apprentissages.
Éléments d’éclairage
Dans une perspective constructiviste, lorsque des élèves sont confrontés
à de nouveaux savoirs, ils ne se les approprient pas tels quels, mais les intè-
grent en fonction de ce qu’ils connaissent et savent déjà. Cette prise en
compte peut renvoyer aux nombreux travaux didactiques sur les représenta-
tions. Dans ce cadre, qu’apporte la réflexion sur les obstacles ? N’est-elle pas
redondante par rapport à l’analyse que permet l’entrée par les représenta-
tions ? Les premières recherches sur ces thématiques ont permis d’une part de
poser l’existence de représentations et d’autre part de constater qu’elles pou-
vaient subsister même après l’enseignement. Ces investigations ont amené à
l’établissement de « catalogues » des représentations fréquentes dans diffé-
rentes disciplines. Si, pour chaque thématique, les représentations peuvent
être variées, les obstacles sont souvent en nombre restreint puisqu’ils les
expliqueraient et les structureraient en profondeur. Dans cette perspective,
différentes représentations pourraient être liées à un seul et même obstacle.
Ainsi, Pierre Clément (1998), par exemple, montre que la difficulté de conce-
voir que, dans le corps, une paroi peut à la fois constituer une limite et être
perméable constitue un obstacle commun à la compréhension de la digestion
et à celle du fonctionnement cellulaire : il existe ici un « noeud d’obstacles »
qui peut expliquer plusieurs conceptions. L’étude des représentations n’est
donc qu’un premier temps de l’investigation qui pourra être poursuivie par
l’analyse des obstacles qui les sous-tendent.
Il faut, pour bien comprendre cela, se dégager du sens commun du terme
obstacle. En effet, en didactique, il n’est pas entendu dans un sens purement
négatif puisqu’il participe d’un certain fonctionnement intellectuel. De plus,
cet obstacle est, pour celui qui l’a construit, une connaissance qui est le plus
souvent invisible. C’est le regard de l’enseignant, du pédagogue ou du didac-
ticien qui le fait tel, ainsi, l’interprétation d’un phénomène en termes d’obs-
tacle devient une question de recherche didactique. Ajoutons enfin que, le
plus souvent, il n’est pas vécu par le sujet apprenant comme un élément de
difficulté puisqu’il lui permet de construire sa réflexion et lui donne l’impres-
sion de comprendre. Dépasser un obstacle implique pour le sujet la réorgani-
sation d’un fonctionnement qui pouvait lui paraître confortable et efficace
lorsqu’il était en place. Cette reconstruction des connaissances est coûteuse
pour l’apprenant, mais une fois dépassé, l’obstacle peut rétrospectivement
sembler inconsistant puisqu’il perd, de ce fait, son statut de clef de voûte des
modèles de pensée.
Les recherches didactiques ont permis de travailler les contours de la
notion d’obstacle. Si Bachelard a mis en évidence les obstacles épistémolo-
Éléments bibliographiques
Bachelard Gaston (1938/1993) : La Formation de l’esprit scientifique, Paris, Vrin.
Brousseau Guy (1983) : Les obstacles épistémologiques et les problèmes en mathéma-
tiques, Recherches en didactique des mathématiques 4/2, Grenoble, La Pensée Sau-
vage, p. 164-198.
Clément Pierre (1998) : La biologie et sa didactique, dix ans de recherche, Aster,
n° 27, Thèmes, Thèses, Tendances, Paris, INRP, p. 57-93.
Martinand Jean-Louis (1986) : Connaître et transformer la matière, Berne, Peter Lang.
Migne Jean (1969) : Les obstacles épistémologiques et la formation des concepts, Édu-
cation permanente n° 2, avril-mai-juin, p. 39-66, repris dans Éducation permanente,
n° 119 (1994), pp. 101-124.
Peterfalvi Brigitte, dir. (1997) : Aster n° 24, Obstacles : travail didactique, Paris.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Un outil peut être défini dans les situations d’enseignement et d’appren-
tissage comme un dispositif matériel ou un artefact servant ces situations.
Ainsi le tableau noir ou blanc, les cahiers, les manuels scolaires, les ordina-
teurs, les cartes géographiques, les compas, les flûtes… peuvent être consi-
dérés comme des outils. Des études relevant de la pédagogie ont interrogé ces
éléments pour travailler sur les fonctionnements de classe. Lorsque les didac-
tiques s’emparent de cette notion, elles l’articulent à chaque enseignement
disciplinaire : on parle ainsi d’outils d’enseignement du français, des mathé-
matiques, des sciences… Mais il faut dès lors distinguer la notion d’objet
matériel et d’outil : le tableau préparé par l’enseignante pour une leçon de lec-
ture est un outil d’enseignement du français, le même tableau effacé par un
personnel de ménage peut être défini alors comme un objet scolaire, et si ce
tableau est effacé par un élève dont c’est la responsabilité du jour, il peut être
qualifié ici d’outil pédagogique.
Éléments d’éclairage
La définition de la notion d’outils permet de rassembler des éléments
très différents : les outils physiques (manuels, stylos…), les outils psycholo-
giques (langage…) et les outils symboliques (système de signes…). Nous
insisterons principalement ici sur la première dimension en évoquant le rôle
psychologique de l’outil.
Au sein des outils d’enseignement, les outils physiques peuvent être
catégorisés selon des principes diversifiés. On peut ainsi, par exemple, les
répartir en deux classes, à partir de leur lieu de conception. Dans la première,
on peut ranger ceux qui sont conçus pour l’école : les manuels, par exemple,
sont des outils fondamentalement scolaires qui n’ont que peu d’existence en
dehors des situations d’enseignement et d’apprentissage. Parmi ces outils,
certains, comme les cahiers ou le tableau, sont à l’oeuvre dans plusieurs dis-
ciplines, alors que d’autres sont spécifiques à certains enseignements (tubes
à essais, ballons, rapporteur…). On peut ranger dans une seconde classe les
outils conçus hors de l’école et transformés par elle : les images biomédicales
151
(telles les radiographies ou les échographies), par exemple, ont été dévelop-
pées pour des usages médicaux, mais sont transformées pour devenir des
outils d’enseignement et cette nécessaire transformation de l’objet assure la
possibilité d’un usage scolaire ; les oeuvres littéraires, les articles de journaux
ou encore les logiciels de mise en page peuvent également être rassemblés
dans cette catégorie.
D’autres classifications peuvent évidemment être proposées (outils
anciens/récents, outils de l’élève/du maître…). Selon les diverses classifica-
tions proposées, quelle que soit la catégorie, les outils sont censés participer
à l’enseignement et aux apprentissages de la discipline en jeu. Ils ne peuvent
donc pas être définis uniquement par leurs aspects physiques mais leurs uti-
lisations et les pratiques associées doivent être prises en compte. Cette ouver-
ture définitionnelle permet d’intégrer l’enseignant, les élèves et les parents
d’élèves qui peuvent tour à tour manipuler les mêmes objets physiques. L’outil
n’imposant pas toujours de pratiques particulières, chacun peut l’appréhender
différemment en fonction de son positionnement et des fonctions qu’il lui
attribue. Est-ce dans ce cas le même objet didactique ? Certes, l’objet phy-
sique ne change pas mais la prise en compte des actions du sujet, des fonc-
tions accordées à l’outil font varier les contours de sa définition : c’est le cas,
par exemple, du cahier, dont l’usage diffère selon les enseignants et/ou les
enseignements mais aussi selon les acteurs (enseignants, élèves, parents n’en
ont pas le même usage) (Chartier, 1999) ; autre exemple : la règle graduée,
utilisée en mathématiques pour mesurer, peut servir dans d’autres matières
uniquement à souligner ou à suivre les lignes d’un texte pendant sa lecture.
L’outil sera donc appréhendé au-delà de son existence physique, en intégrant
les gestes, les pratiques et les représentations qui lui sont associés par les dif-
férents intervenants dans les situations d’enseignement et d’apprentissage.
Les premières recherches didactiques ont privilégié des entrées par des
questions centrées sur les contenus d’enseignement. Lorsque les outils étaient
étudiés, ils l’étaient en lien avec ces axes d’observation. Les manuels scolaires
ont fait l’objet de nombreuses recherches portant sur les contenus de savoirs
en jeu et leur mise en texte. De là des questions se sont posées sur la
compréhension de ces documents par les élèves, les obstacles liés à ces écrits
et les compétences multiples exigées par ces pages de manuels (Ginsburger-
Vogel, Astolfi, 1987). C’est le manuel comme objet porteur de savoir qui était
analysé en excluant une interrogation sur son utilisation et son fonctionne-
ment dans la classe (par exemple, le manuel peut être utilisé en continu, fonc-
tionnant presque comme outil de programmation de l’enseignement, ou de
façon sporadique, au gré des besoins de l’enseignant). L’entrée par les outils
permet d’interroger autrement l’enseignement et les apprentissages des diffé-
rentes disciplines en se basant sur les fonctionnements de la classe. Les
gestes, les pratiques, les actions, les situations de classes ont donc été inté-
grés aux éléments d’analyse.
Outils 153
« Un outil médiatise une activité, lui donne une certaine forme, mais ce
même outil représente aussi cette activité, la matérialise. Autrement dit :
les activités ne sont plus seulement présentes dans leur seule exécution.
Elles existent en quelque sorte indépendamment d’elle dans les outils qui
les représentent et par là même les signifient. L’outil devient ainsi le lieu
privilégié de la transformation des comportements : explorer leurs possi-
bilités, les enrichir, les transformer sont autant de manières de transfor-
mer l’activité qui est liée à leur utilisation. »
Une telle représentation prend son sens dans une conception de l’outil,
qui, par les actions qui lui sont associées, contribue à la transformation de la
pensée et génère des processus psychiques (Vygotski, 1934/1997). L’outil, tel
qu’il est défini dans cette théorie, est d’une part un intermédiaire entre le
sujet et le milieu, et d’autre part un intermédiaire entre l’anticipation d’une
action et sa réalisation. Chacun peut agir sur son milieu à l’aide d’outils maté-
riels, mais peut aussi agir sur ses pairs et sur lui-même à l’aide d’outils men-
taux ou intellectuels (comme le langage ou les genres par exemple). Le manie-
ment de ces différents types d’outils résulte d’apprentissages qui sont
spécifiques dans la mesure où ils peuvent être référés à des exigences intel-
lectuelles particulières. Il est possible de rapporter cela aux différentes disci-
plines, et de prendre par exemple la conception du schéma. Il est construit
différemment dans un cours de français et dans celui de biologie. Les objectifs
n’étant pas les mêmes, les outils intellectuels et les processus psychiques en
jeu se distinguent également.
Outils 155
l’action. Il y a donc bien ici un rapport de but et de moyen qui est la struc-
ture de base de l’activité médiatisée. »
Puisque l’outil peut être objet physique, psychologique ou symbolique,
comment déterminer les limites de sa définition ? Qu’en est-il de l’exposition
que visite une classe pour illustrer un cours ? Cet espace culturel devient-il
par l’action et les pratiques scolaires un outil ? Mais encore, qu’en est-il des
baskets en éducation physique et sportive ou du porte-manteau individuel à
l’école maternelle sur lequel l’enfant non-lecteur reconnaît son prénom ? Ce
dernier exemple, aussi banal soit-il, permet au tout jeune élève de produire
un acte de transition entre l’extérieur et l’intérieur de l’école, entre sa posture
d’enfant et celle d’élève. On voit donc qu’il existe une variété d’éléments
considérables derrière l’appellation outil (c’est d’ailleurs la perspective au sein
de laquelle se situe B. Schneuwly que nous avons cité précédemment). C’est
pourquoi une des tâches importantes des didactiques pourrait résider en la
spécification de cette notion et en la construction de catégories opératoires
dans son champ de recherche.
Éléments bibliographiques
Chartier Anne-Marie (1999) : Un dispositif sans auteur : cahiers et classeurs à l’école
primaire, Hermès, n° 25, Le dispositif entre usage et concept, Paris, CNRS Édition,
p. 207-218.
Choppin Alain (1992) : Manuels scolaires : histoire et actualité, Paris, Hachette.
Giguère Jacinthe, Reuter Yves (2003) : Les cahiers et classeurs et la construction de
l’image de la discipline à l’école primaire, dans Jaubert Martine, Rebière Maryse, Ber-
nié Jean-Paul, dir. : Construction des connaissances et langage dans les disciplines
d’enseignement, Actes du colloque pluridisciplinaire international, Bordeaux.
[CDRom]
Ginsburger-Vogel Yvette, Astolfi Jean-Pierre (1987) : Sur la lecture des manuels de
biologie, Aster n° 4, Communiquer les sciences, Paris, INRP, p. 33-63.
Plane Sylvie, Schneuwly Bernard, dir. (2000) : Repères n° 22, Les Outils d’enseignement
du français, Paris, INRP.
Schneuwly Bernard (1994) : Genres et types de discours : considérations psycholo-
giques et ontologiques, dans Reuter Yves, dir. : Les Interactions lecture-écriture,
Berne, Peter Lang, p. 55-174.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On désigne généralement par pédagogie un mode d’approche des faits
d’enseignement et d’apprentissages qui s’attache à comprendre les dimensions
générales ou transversales des situations de classe, liées aux relations entre
enseignant et apprenants et/ou entre les apprenants eux-mêmes, aux formes
de pouvoir et de communication dans la classe ou les groupes d’apprenants,
au choix des modes de travail et des dispositifs, au choix des moyens, des
méthodes et des techniques d’enseignement et d’évaluation, etc., sans
prendre en compte spécifiquement les contenus disciplinaires.
Selon ses visées, l’approche pédagogique peut se présenter sous une
forme théorique (elle décrit les modèles pédagogiques ou analyse l’action et
les pratiques pédagogiques) ou prescriptive (elle recommande telle ou telle
façon de faire).
Éléments d’éclairage
La pédagogie s’oppose d’une certaine manière à la didactique : histo-
riquement la pédagogie est première, les didactiques se constituant progres-
sivement à partir des années 1970 à partir de préoccupations praxéologiques
et épistémologiques sur les contenus de savoir scolaires, leurs spécificités
disciplinaires et les incidences que ces spécificités peuvent avoir sur les
apprentissages et l’enseignement. Mais cette répartition des champs est
contemporaine : bien avant l’émergence des didactiques, à la fin du
XIXe siècle, la pédagogie se souciait aussi des contenus scolaires (voir le Dic-
tionnaire Pédagogique et d’instruction primaire de Ferdinand Buisson). Entre
autres thèses sur la filiation entre les didactiques et la pédagogie, Alain
Marchive (2008) avance que les didactiques seraient héritières du courant
de la pédagogie scientifique, qui reposait sur un modèle de recherches expé-
rimentales. Ce courant, qui s’est développé au début du XXe siècle, a été par-
ticulièrement théorisée en Belgique par Raymond Buyse (voir son ouvrage
de 1935, L’Expérimentation en Pédagogie). Mais l’apparition des didactiques
a produit une restructuration des champs d’étude en partageant les objets
de recherche.
157
Les deux approches, pédagogique et didactique, se côtoient aujourd’hui
dans les Sciences de l’Éducation mais avec des centres d’intérêt différents. La
pédagogie construit des modèles de l’enseignement et de l’apprentissage en
clarifiant les grands principes fondateurs, en posant la question des finalités
et des valeurs de l’enseignement, en déterminant différentes théories de
l’apprentissage et de la socialisation des individus en construisant l’histoire
des mouvements pédagogiques. Du fait de ces objets multiples, la pédagogie
emprunte à la philosophie, à la psychologie et à la sociologie (voir, par
exemple, le rôle d’Emile Durkheim à la naissance de ce qu’on appelait alors
« la » science de l’éducation). Parallèlement à ces dimensions théoriques, elle
traite également des pratiques avec une visée descriptive ou prescriptive en
analysant le travail pédagogique et ses composantes (Morandi, 2002). Les
didactiques, elles, sont en relation étroite avec les champs des disciplines par-
ticulières (universitaires ou scolaires) : à partir de ces disciplines (les mathé-
matiques, la biologie, l’histoire, la littérature, la linguistique ou la grammaire,
etc.), elles interrogent les contenus de savoir et les savoir-faire qui sont
concernés par l’enseignement et par les apprentissages scolaires (dimension
épistémologique, histoire des disciplines scolaires, etc.) et décrivent les rela-
tions entre ces contenus, les apprentissages (d’où l’intérêt que les didactiques
portent également à la psychologie et à la sociologie) et les formes d’ensei-
gnement. Les deux approches, pédagogique et didactique, rendent compte de
deux regards différents sur les situations de classe, qui sont vécues par les
sujets didactiques, la plupart du temps, comme indissociablement pédago-
giques et didactiques.
L’opposition entre les deux approches doit être modulée par deux
constats qui les rapprochent. Le premier est que ces deux termes sont pris
dans les mêmes ambigüités sémantiques : quand on les emploie, cherche-t-on
à désigner des pratiques d’intervention dans les classes ou des recherches sur
les pratiques (Reuter, 2011b : 41) ? Le second, articulé au premier, est que la
pédagogie comme les didactiques sont traversées de la même manière par des
points de vue différents selon les espaces institutionnels de la recherche, de
la formation ou de la prescription. Dans les deux champs, on peut observer
une tension entre, d’une part, description / explication de ce qui est et,
d’autre part, prescription de ce qu’il convient de faire en fonction de valeurs,
de principes, d’opinions plus ou moins fondées, de choix politiques, voire
d’idées « à la mode ». Ainsi, l’étude des dispositifs d’enseignement (pédago-
gie par objectifs, par compétences, pédagogie de projet, pédagogie différen-
ciée, etc.) et l’analyse des types d’apprentissages qu’ils peuvent ou non sus-
citer peuvent donner lieu à ces glissements de perspective. Deux exemples :
les modes de travail pédagogique (MTP) décrits par Marcel Lesne (1977/1994)
ne sont pas à prendre comme des conseils pour enseigner ou former, même si
l’on peut déceler une valorisation implicite du mode appropriatif (développe-
ment du « rôle d’agent social des personnes en formation ») ou du mode inci-
tatif (développement de rapports coopératifs dans le travail de groupe), par
Pédagogie 159
de théoriser les relations entre pédagogie et didactiques, notamment en pen-
sant leurs solidarités, au-delà de leurs différences (Reuter, 2011b).
Dans la perspective des nécessaires solidarités entre les deux points de
vue, on peut dire qu’il est artificiel, comme le montrent aussi les lignes qui
précèdent, de cantonner les unes à une centration sur les savoirs (à trans-
mettre ou faire construire) et l’autre à une centration sur l’enseignement ou
l’apprentissage, alors que dans les faits de classe les deux dimensions sont
étroitement imbriquées. Par exemple, Isabelle Bloch (1999) montre comment
le choix d’un mode de travail (le cours dialogué) conditionne les dimensions
didactiques de l’activité de l’enseignant, ainsi que celle des élèves. Le profes-
seur utilise ses connaissances mathématiques pour orienter le dialogue dans
la direction qu’il souhaite prendre. Il ne peut donc vu la forme ques-
tions/réponses du dialogue, ni relever les procédures mises en œuvre par les
élèves ni les interpréter comme signes de connaissances ou d’ignorances, ni
faire dépendre la suite du cours de ce qu’il aurait reconnu chez les élèves et
dont il aurait favorisé la verbalisation. Inversement, des décisions pédago-
giques (interrompre un travail de groupe pour opérer une mise en commun pro-
visoire) peuvent poursuivre des objectifs disciplinaires (formuler une
contrainte, identifier des obstacles, etc.). Plus largement, l’inscription de pra-
tiques d’enseignement dans les principes de la pédagogie Freinet peut amener
à redessiner les contenus disciplinaires (Reuter, dir., 2007).
Si la pédagogie est intéressée à la réflexion sur les valeurs et le rapport
à la loi, les didactiques interrogent également les valeurs véhiculées explici-
tement ou implicitement par les savoirs scolaires et les modes d’organisation
du travail des élèves. Si les didactiques se cantonnaient à la réflexion épisté-
mologique sur les savoirs à enseigner, elles ne franchiraient pas les portes de
la classe (Astolfi, Develay, 1989), elles deviendraient alors des corps de
savoirs scolaires constitués en dehors de l’analyse des stratégies d’enseigne-
ment et d’apprentissages, en dehors d’une psychologie et d’une sociologie des
apprentissages, ce qui les affaiblirait considérablement.
Il est vraisemblable, de même, qu’une réflexion pédagogique qui se
déroulerait sans prendre en compte la nature des savoirs tournerait à vide,
aboutirait à un certain fonctionnalisme qui ne produirait pas les effets
escomptés. Peut-on mettre en pratique une évaluation formative des écrits
dans la classe de français sans mener une réflexion approfondie sur la nature
des savoirs et des savoir-faire convoqués par la production de textes ?
Le travail de Francis Ruellan est exemplaire de cette articulation entre
pédagogie et didactique. Il nomme « mode de travail didactique » le dispositif
complexe qu’il a construit pour identifier le développement de compétences
narratives en situation ordinaire de classe (Ruellan, 1999). Les variations des
modes de travail (individuel, collectif, par groupes) et des tâches (élaborer un
projet, produire des textes, les analyser, les réécrire, seul ou à deux, élaborer
des critères, les utiliser, etc.) sont indissociables d’une réflexion didactique
Éléments bibliographiques
Altet Marguerite (1994) : La formation professionnelle des enseignants, Paris, PUF. Voir
le chap. 1, « Les fonctions pédagogiques et didactiques de l’enseignant ».
Lesne Marcel (1977/1994) : Travail pédagogique et formation d’adultes, Paris,
PUF/L’Harmattan.
Marchive Alain (2008) : La pédagogie à l’épreuve de la didactique. Approche historique,
perspectives théoriques et recherches empiriques. Rennes, Presses Universitaires de
Rennes.
Meirieu Philippe (1987) : Apprendre… oui, mais comment, Paris, ESF
Reuter Yves (2011) : Penser la perspective didactique : la question de l’articulation
entre disciplinaire, pédagogique et scolaire, dans Daunay Bertrand, Reuter Yves et
Schneuwly Bernard, dir., Les concepts et les méthodes en didactique du français, Namur,
Presses universitaires de Namur, 35-60.
Ruellan Francis (1999) : Un mode de travail didactique pour « l’enseignement » de
compétences en production d’écrits, Spirale, n° 3, Apprendre l’écrit, p. 3-73
Pédagogie 161
PRATIQUES EXTRASCOLAIRES DES ÉLÈVES
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Peut-on penser les relations entre l’école et le reste de la société en
méconnaissant les pratiques des élèves lorsque celles-ci ne relèvent pas de
prescriptions ou de recommandations scolaires ? Peut-on comprendre les
apprentissages et les performances des élèves dans l’ignorance de ces mêmes
pratiques ? Faut-il ou non que l’école prenne en compte les pratiques extras-
colaires des élèves ? Et si tel est le cas, pourquoi et comment ? Ces questions
traversent en fait l’école depuis sa fondation et génèrent des débats récur-
rents, qui sont d’autant plus passionnés lorsque la société a l’impression de
vivre une situation de crise de l’école. Mais, avant d’étudier quels sont les
positions et les arguments en présence, il convient de préciser que les pra-
tiques extrascolaires des élèves désignent ce qui est reconstruit (par les ensei-
gnants, par les chercheurs…) quant à ce que font les élèves en dehors des
injonctions de l’école.
Éléments d’éclairage
De fait, si cette notion est nécessaire, aussi bien pour penser les rela-
tions entre le scolaire et le non-scolaire que pour penser ce qui, dans ces
relations, est susceptible de favoriser ou de faire obstacle à la constitution
du sujet apprenant et aux apprentissages, elle n’est pas simple à construire
et cela pour plusieurs raisons. En effet, différentes catégorisations des
pratiques sont souvent confondues au travers de l’emploi du terme
« extrascolaire ». Il y a ainsi ce qui se situe à l’extérieur de l’école, envi-
sagé en tant que lieu, qu’espace matériel ; c’est par exemple ce que font
les élèves à la maison ou dans la rue. Mais il y a aussi ce que font les élèves
de non prescrit ou de non recommandé par l’école envisagé comme espace
institutionnel. Ces deux catégories ne se recoupent pas. Ainsi, en dehors
de l’école envisagée comme espace matériel, il peut y avoir des pratiques
scolaires (les devoirs à la maison) et, au sein de l’école, il peut exister des
pratiques qui ne répondent pas, voire qui contreviennent, aux injonctions
scolaires (écrire en cachette une lettre d’amour, par exemple). En fait,
dans la majeure partie des recherches, quand on traite des pratiques
163
extrascolaires des élèves, on a tendance à agglomérer ces deux catégo-
ries en se référant aux pratiques non scolaires réalisées en dehors de
l’école.
Concernant les relations entre l’école et les pratiques extrascolaires des
élèves, on pourrait dire — au risque de schématiser à l’extrême — que deux
grandes thèses s’affrontent depuis les origines de l’école. Pour la première, il
convient de ne pas laisser pénétrer les pratiques extrascolaires au sein de
l’école. Deux arguments sont privilégiés. D’abord le fait que l’école se serait
justement constituée en prenant ses distances avec les univers familiaux et
professionnels afin de garantir des fonctionnements propices à l’étude : tran-
quillité, neutralité, suspension de l’exigence de rentabilité, possibilité de
prendre des risques et de commettre des erreurs, temps conséquent… Réin-
troduire les pratiques extrascolaires serait donc susceptible de porter atteinte
aux principes mêmes de la forme scolaire et au bon fonctionnement des
apprentissages. De plus, l’enseignement viserait, au moins en grande partie,
à modifier ces pratiques considérées comme « pauvres » ou d’un faible intérêt.
Dans cette optique, elles constitueraient plutôt des obstacles aux apprentis-
sages visés et il conviendrait donc de les éradiquer. Sont évoquées ici cer-
taines formes langagières (patois, langage familier…), la « culture de
masse » (télé-réalité, hit-parade, presse à scandales…) ou encore des rela-
tions sociales qui seraient caractérisées par la superficialité ou la violence.
Cette position s’articule souvent à une vision ascétique des études, à l’affir-
mation de valeurs traditionnelles et à une appréhension de la société et de
son évolution loin de valoriser les pratiques extrascolaires. Elle participe fré-
quemment des discours sur la baisse de niveau et est, de fait, privilégiée dans
les médias et les pamphlets sur l’école, florissants à chaque rentrée.
La seconde position, plus fréquente chez les didacticiens et les pédago-
gues, postule qu’il est impossible de négliger ces pratiques. D’une part en rai-
son du fonctionnement même des apprentissages. En effet, au-delà de leurs
divergences, la majeure partie des théories se rejoignent pour considérer
qu’on apprend avec ce que l’on est, en intégrant donc ce qui est nouveau à ses
structures de pensée, forgées au travers de son histoire. Cela explique l’intérêt
porté aussi bien aux représentations qu’aux pratiques extrascolaires des
apprenants. On apprend grâce à ou malgré elles mais, en tout cas, pas sans
elles. D’autre part, d’un point de vue historique, force est de constater que,
depuis sa fondation, l’école a multiplié les passerelles entre univers scolaire
et extrascolaire : correspondances, sorties (musée, théâtre, bibliothèque…),
intervenants extérieurs (notamment dans les domaines artistiques), classes
vertes, exposés des élèves appuyés sur leurs expériences, travaux sur la presse
ou la chanson… La clôture de l’école tient donc, au moins en partie, plus d’un
mythe que de fonctionnements réels. De surcroît, les tenants de cette thèse
notent, en s’appuyant sur nombre de travaux de sociologie, que « l’indiffé-
rence aux différences » (selon l’expression de Pierre Bourdieu et de Jean-
Éléments bibliographiques
Baudelot Christian, Cartier Marie, Deprez Christine (1999) : Et pourtant ils lisent…, Pa-
ris, Seuil.
Cohen Cora (2001) : Comment l’enfant devient visiteur. Une nouvelle approche du par-
tenariat École/Musée, Paris, L’Harmattan (notamment les parties 1 et 2, p. 15-98).
Lahire Bernard (1993) : Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de l’« échec sco-
laire » à l’école primaire, Lyon, Presses Universitaires de Lyon.
Penloup Marie-Claude (1999) : L’Écriture extrascolaire des collégiens. Des constats aux
perspectives didactiques, Paris, ESF.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion de pratiques langagières est fondamentalement étrangère aux
approches purement formelles et décontextualisées du langage. Cette notion
désigne les usages du langage en ce qu’ils sont toujours contextualisés et
situés physiquement, institutionnellement et historiquement. Elle permet de
considérer que la capacité de langage n’est pas liée au seul agencement de
formes linguistiques (au fonctionnement de la langue comme système de
signes) mais à l’élaboration de significations et de modes de signification.
Parler de pratiques langagières, c’est donc analyser les fonctionnements du
langage en contexte, c’est s’interroger sur la production de sens et d’effets,
c’est enfin interroger le rapport du sujet au langage et à la situation dans
laquelle il est engagé comme sujet parlant/écrivant : les pratiques langagières
sont construites dans les milieux sociaux dont l’individu est/se reconnaît
membre et dans le contexte de l’interaction sociale où elles se déploient.
Éléments d’éclairage
La notion de pratiques langagières, bien que construite en linguistique
et en sociologie, donc en dehors des didactiques, présente au moins quatre
intérêts principaux pour les recherches en didactiques.
Elle permet d’abord de décrire les spécificités des usages scolaires du lan-
gage par rapport aux usages extrascolaires. L’école présente en effet des usages
du langage qui se différencient des usages ordinaires. Parler/écrire à l’école,
ce n’est pas que répondre aux questions de l’enseignant ou appliquer des
consignes d’exercices. C’est, par exemple, faire des phrases complètes à l’oral
pour montrer qu’on sait faire des phrases ; c’est justifier une réponse pour
montrer qu’on sait pourquoi cette réponse est la bonne ; c’est expliquer comment
on est arrivé à un résultat, et non seulement se contenter de l’exposer ; c’est
écrire un texte en faisant comme si le destinataire de ce texte (qui en est aussi
le prescripteur), à savoir l’enseignant, ne savait pas quel thème, quelle ques-
tion, quels personnages, quelle histoire, etc., vont être la matière de ce
texte ; c’est être capable de prendre la langue et le langage comme objet
d’étude ; c’est être capable de verbaliser certaines opérations mentales, etc.
169
Ces usages scolaires du langage, caractérisés par l’explicitation, la justifica-
tion, la décontextualisation, le métalangage, la réflexivité, etc., ne sont pas
dominants dans bien des usages extrascolaires du langage.
Cela rencontre les thèses de Bernard Lahire (1993) pour qui les pratiques
langagières scolaires, orales ou écrites, sont marquées par les exigences du
langage écrit. Il propose les notions de « formes sociales scripturales » et
« formes sociales orales » pour rendre compte de rapports au langage diffé-
renciés et socialement construits. Pour lui, les pratiques langagières scolaires
appartiennent à un espace de pratiques sociales, historiquement déterminé,
où dominent les formes scripturales, y compris à l’oral, et où se construit un
rapport au langage qui le constitue comme objet d’étude (le langage per se,
pour lui-même, dans la citation ci-dessous), y compris dans les interactions
quotidiennes. Comme l’écrit B. Lahire (1993 : 190),
« L’école est (…) le lieu stratégique où l’on tente de rendre les êtres so-
ciaux conscients du langage, en multipliant les angles d’attaque du lan-
gage per se grâce à des métalangages construits à cet effet, en pratiquant
un travail systématique sur la langue au moyen d’exercices, de questions
et de corrections sans cesse répétés, lieu où l’on essaie de transformer du
même coup les pratiques langagières “quotidiennes”, “spontanées” “ordi-
naires” (les guillemets sont importants) de ceux qui n’entretiennent pas
le même rapport au langage »
Au-delà de ces fonctionnements généraux, la notion de pratiques langa-
gières permet de spécifier les fonctionnements disciplinaires. Si, comme il a été
dit précédemment, cette notion repose sur une mise en relation, relativement
globale, des aspects langagiers, cognitifs et socialement ancrés des produc-
tions langagières, depuis peu, des recherches en didactiques interrogent les
pratiques langagières scolaires et s’efforcent de décrire en quoi elles sont spé-
cifiées par les disciplines scolaires. Ce travail porte surtout sur les pratiques
scripturales, vues du point de vue de l’enseignant (quelles pratiques de l’écrit
sont mobilisés ou suscitées en français, en mathématiques, en sciences, etc.),
ou du point de vue de la reconstruction par les élèves des pratiques discipli-
naires dominantes, approchée à travers leurs déclarations ou leurs produc-
tions écrites.
Ainsi, différentes recherches, reposant sur des observations de classe,
des entretiens avec enseignants et élèves, permettent de mettre en évidence
des éléments communs et des différences dans les pratiques d’écriture et de
réécriture selon les disciplines et les niveaux des élèves. Le constat semble
général, et cela quelle que soit la communauté éducative concernée : en
dehors des cours de français consacrés à l’apprentissage de l’écriture, on fait
écrire les élèves pour enregistrer des savoirs élaborés à l’oral, ou pour évaluer
leurs connaissances. François Audigier (2000) montre qu’en histoire-géographie,
à l’école élémentaire, l’écrit consigné dans le cahier, le « texte du savoir »,
est le plus souvent un résumé écrit au tableau par le professeur, synthétisant
Éléments bibliographiques
Bautier Elisabeth (1995) : Pratiques langagières, pratiques sociales. De la sociolinguis-
tique à la sociologie du langage, Paris, L’Harmattan.
Bautier Élisabeth (2001) : Pratiques langagières et scolarisation, Revue Française de
Pédagogie, n° 137, p. 117-161.
Bernstein Basil (1975) : Langages et classes sociales, Paris, Éditions de Minuit.
Lahanier-Reuter Dominique, Reuter Yves (2002) : Écrits et apprentissages. Première
approche dans quatre disciplines au collège, Pratiques, n° 113/114, Images du scrip-
teur et rapports à l’écriture, p. 13-129.
Lahire Bernard (1993) : Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de l’« échec sco-
laire » à l’école primaire, Lyon, Presses Universitaires de Lyon.
Filliettaz Laurent, Schubauer-Leoni Maria-Luisa, dir. (2008) : Processus interactionnels
et situations éducatives, Bruxelles, De Boeck
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion de pratique sociale de référence a été élaborée et travaillée par
Jean-Louis Martinand dans les années 1980. Il s’intéresse alors, dans le cadre
d’une recherche en didactique des sciences, aux questions spécifiques liées à
certains enseignements. Il interroge, entre autres, les liens entre les buts et
les contenus de l’enseignement avec les situations et les tâches de pratiques
existantes en dehors de l’école. Dans ce cadre, il pose le principe que des pra-
tiques sociales peuvent servir de référence à des activités scolaires. Cette
notion a donc pour fonction non seulement d’analyser les contenus et les acti-
vités d’enseignement, mais aussi d’en proposer.
Les trois aspects du concept se retrouvent dans le choix des termes : les
pratiques renvoient aux activités « réelles » d’un espace social identifié, qui
peut servir de référence pour la conception ou l’analyse d’activités scolaires.
Éléments d’éclairage
Pour l’enseignement scientifique, les pratiques sociales de référence
peuvent être très variées. Martinand (1986) a listé, dans sa première défini-
tion, les productions industrielles ou artisanales, les activités domestiques,
idéologiques et politiques, mais aussi la recherche scientifique fondamentale
ou appliquée. Lorsque ce dernier champ sert de référence à la construction
d’un objet d’enseignement, nous nous retrouvons face à un schéma proche de
celui de la transposition didactique. En effet, Yves Chevallard (1985/1991) a
défini ainsi le processus qui transforme un savoir savant en savoir à enseigner.
Mais avec l’introduction des pratiques sociales de référence, la sphère de
recherche n’est plus qu’une référence possible, parmi d’autres, et perd ainsi le
statut exclusif qu’elle avait dans la théorie citée précédemment.
Dans cette perspective, l’intégration de la notion de pratiques sociales
de référence dans la réflexion sur la construction des savoirs scolaires est un
complément à la transposition didactique qui permet de répondre à une pro-
blématique spécifique. En effet, travailler avec le concept de transposition
didactique incite à porter l’attention sur le savoir savant de référence et sur
sa transformation en un savoir scolaire. La nature du savoir est donc centrale
175
dans ce processus. Intégrer le cadre d’analyse des pratiques sociales de réfé-
rence pose les pratiques et les rôles sociaux comme éléments de référence sur
le même plan que la nature des savoirs. Cette notion permet de surcroît
d’interroger les pratiques scolaires au regard des pratiques sociales en ques-
tionnant notamment (Astolfi, Develay, 1989) :
• l’objet de travail (dans quel domaine ancre-t-on l’enseignement ?) ;
• le problème scientifique (quelle question décide-t-on de traiter ?) ;
• les attitudes et rôles sociaux (quelles images des sciences, et des pra-
tiques associées véhicule-t-on ?) ;
• les instruments matériels et intellectuels convoqués ;
• le savoir produit au cours et au terme de l’activité (qui répondra au pro-
blème travaillé).
La référence n’est donc pas neutre. Elle intègre certains éléments et en
exclut d’autres, essentiels pour d’autres cadres de référence. Ainsi, travailler
en classe sur des questions en biologie végétale peut amener à construire des
enseignements référencés aux pratiques de scientifiques, à celles d’ingénieurs
agronomes ou de techniciens ou encore à celles de jardiniers. D’autres réfé-
rences pourraient être encore convoquées comme celles liées aux activités
artistiques : le peintre dans sa création d’œuvres naturalistes ou l’écrivain.
Pour Martinand (1989), un des apports essentiels de la notion de pra-
tiques sociales de référence est de permettre de poser les problèmes de la réfé-
rence en termes :
• « [d’] écarts à analyser entre pratiques de référence possibles et activi-
tés scolaires (tâche de la didactique) ;
• [de] choix (politiques) à effectuer entre diverses pratiques de référence,
choix dont la didactique doit éclairer les significations ;
• et [de] cohérence à assurer entre les buts et les moyens une fois les
choix faits (fonction critique et constructrice des didactiques) ».
L’introduction de cette notion dans la réflexion didactique sur la
construction des objets d’enseignement permet donc de questionner les res-
semblances et dissemblances entre pratiques scolaires et extrascolaires. Une
distance pourrait, par exemple, influer sur le sens attribué par les élèves aux
activités scolaires. Dans cette perspective, pour Michel Caillot (1993 : 158),
la signification des activités didactiques doit être interrogée selon différentes
approches : « L’histoire de la discipline de référence, son épistémologie et les
pratiques sociales de référence qui font usage de cette discipline ». Or c’est
rarement le cas dans la conception des programmes scolaires. Cela le conduit
à parler d’un enseignement décontextualisé, caractérisé par :
• une déshistorisation : la dimension historique de la production des
connaissances est souvent absente ;
Éléments bibliographiques
Caillot Michel (1993) : Sens et situations didactiques en sciences expérimentales, dans
Jonnaert Philippe, Lenoir Yves, dir. : Sens des didactiques et didactique du sens,
Sherbrooke, Éditions du CRP, p. 157-174.
Develay Michel (1995) : Le sens d’une réflexion épistémologique, dans Develay Michel,
dir. : Savoirs scolaires et didactiques des disciplines, Paris, ESF, p. 17-31.
Johsua Samuel (1996) : Le concept de transposition didactique n’est-il propre qu’aux
mathématiques ? dans Raisky Claude, Caillot Michel, dir. : Au delà des didactiques,
le didactique, Bruxelles, De Boeck, p. 64-73.
Lebeaume Joël (2001) : Pratiques socio-techniques de référence, un concept pour l’in-
tervention didactique : diffusion et appropriation par les enseignants de technologie,
dans Mercier Alain, Lemoyne Gisèle, Rouchier André, dir : Le génie didactique, Usages
et mésusages des théories de l’enseignement, Bruxelles, De Boeck, p. 127-142.
Martinand Jean-Louis (1986) : Connaître et transformer la matière, Berne, Peter Lang.
Martinand Jean-Louis (1989) : Pratiques de référence, transposition didactique et sa-
voirs professionnels en sciences et techniques, Les sciences de l’éducation pour l’ère
nouvelle n° 2, p. 23-29.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On entend par « programmation didactique » le processus de planifica-
tion temporelle des contenus d’enseignement d’une discipline. Dans son sens
large, la programmation didactique est consubstantielle au système d’ensei-
gnement et constitue un des traits importants de la forme scolaire, qui envi-
sage la découverte progressive des contenus d’enseignement dans le cursus
scolaire : c’est le curriculum, qu’on peut définir comme l’ensemble des pro-
grammes disciplinaires. Dans son sens restreint, la programmation didactique
est consubstantielle au système didactique, dont elle règle la chronogenèse :
l’enseignant organise temporellement la découverte des contenus d’enseigne-
ment dans une durée plus ou moins longue.
Éléments d’éclairage
Tout système scolaire suppose une forme de programmation. Lié, d’une
manière ou d’une autre, au développement de l’enfant, l’apprentissage sco-
laire se conçoit en quelques grandes étapes, qui forment le cursus scolaire ; la
structure française actuelle n’en est qu’une des réalisations possibles, mais
elle ressemble pour l’essentiel à beaucoup d’organisations scolaires dans le
monde : maternelle, élémentaire, collège, lycée. Cette organisation en
grandes étapes du cursus se double d’une répartition des contenus en disci-
plines — plus ou moins distinctes selon les niveaux (en maternelle, par
exemple, les disciplines ne sont pas encore vraiment constituées et, dans
l’évolution du cursus, leur configuration peut changer, dans le sens d’une plus
grande spécialisation). Cette double organisation (chronologique et discipli-
naire) structure le curriculum, qui désigne la programmation des contenus
d’enseignement tout au long de la scolarité (avec de surcroît des différences
selon les filières scolaires : enseignement général ou technique, enseigne-
ment ordinaire ou spécialisé, etc.)
La programmation didactique concerne la programmation des contenus
selon chaque discipline et aux différentes étapes de la scolarité : c’est ce que
l’on appelle programme ou curriculum disciplinaire. Dans de nombreux pays,
le programme prend valeur de texte réglementaire (imposé par l’instance
179
politique). Dans les pays où un programme officiel est imposé par l’instance
politique, la programmation didactique peut varier : pour prendre deux
exemples contrastés, la France détermine un programme identique pour
l’ensemble du territoire national, alors qu’en Suisse, chaque canton décide de
la programmation.
Une autre variation s’observe sur la nature des contenus qui fondent la
programmation : on peut envisager une programmation organisée autour des
savoirs ou autour des compétences ; le Québec organise depuis longtemps la
programmation autour de compétences et si la France a longtemps privilégié
les savoirs comme organisateurs des programmes, la tendance est clairement
à un infléchissement vers les compétences (cf. le « socle commun de connais-
sances et de compétences » en parallèle des programmes). Cet infléchisse-
ment est le fruit d’un long processus, qui a conduit, dans la plupart des pays
occidentaux, à ce « nouveau pilotage des enseignements scolaires »
(Lebeaume, 2011, p. 7), qui a pour effet, en vertu d’une certaine transversa-
lité des compétences affichées, « un ébranlement voire une déconstruction
des disciplines scolaires » dans la scolarité obligatoire (ibid.). La question de
l’équilibre, dans la construction d’un curriculum, entre ce qui relève du disci-
plinaire et ce qui l’excède (des compétences transversales aux contenus
d’enseignement non identifiés disciplinairement) est au cœur des travaux de
didactique curriculaire (Martinand, 2003), qui interroge — en prenant en
compte les dimensions historiques de la constitution des disciplines et des
curriculums — la construction des contenus scolaires.
Au niveau de la classe, une autre programmation didactique est à l’œuvre
à l’école, celle de l’enseignant : il se doit en effet de programmer sur l’année
les contenus d’enseignement qu’il se propose de faire découvrir aux élèves :
on parle souvent, alors, de progression. Par ailleurs, s’agissant d’un contenu
d’enseignement déterminé isolable (même s’il entretient évidemment des
liens avec l’ensemble de la progression et du programme), l’enseignant envi-
sage aussi une programmation didactique sur un temps plus court, sous forme
d’un enchaînement entre situations, auquel on donne parfois le nom de
séquence (en français par exemple) ou de cycle (en éducation physique et
sportive par exemple). Cette programmation relève du travail de l’enseignant
— dont elle en constitue une part importante et néanmoins cachée (Nonnon,
Dolz, 2010).
Ces deux types de programmations didactiques (qui se distinguent selon
que l’enseignant en est ou non responsable) peuvent évidemment entrer en
conflit, quand la population scolaire de tel établissement ou de telle classe
est considérée par les enseignants (à tort ou à raison d’ailleurs) comme ne cor-
respondant pas à la population scolaire « moyenne » que visent les pro-
grammes. Philippe Perrenoud (1993), reprenant à son compte une distinction
née de la psychologie du travail, propose de distinguer curriculum prescrit et
curriculum réel, le premier étant ce que « les maîtres sont censés enseigner »
Éléments bibliographiques
Lahanier-Reuter Dominique (2005) : Enseignement et apprentissages mathématiques
dans une école Freinet, Revue française de pédagogie n° 153, janvier-février-mars,
Décrire, analyser, évaluer les pédagogies nouvelles, octobre-novembre-décembre, Pa-
ris, INRP, p. 55-65.
Martinand Jean-Louis (2003) : L’éducation technologique à l’école moyenne en France :
problèmes de didactique curriculaire, La revue canadienne de l’enseignement des
sciences, des mathématiques et des technologies, Ottawa, vol. 3, n° 1, p. 100-116.
Nonnon Élisabeth, Dolz Joaquim dir. (2010) Repères n° 41, La notion de progression
dans le pratique et la réflexion sur la langue de l’école au collège, Lyon, INRP.
Perrenoud Philippe (1993) : Curriculum : le réel, le formel, le caché, dans Houssaye
Jean, dir. : La Pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui, Paris, ESF, p. 61-76.
Reuter Yves, dir. (2005) : Pédagogie du projet et didactique du français. Penser et dé-
battre avec Francis Ruellan, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.
Sensevy Gérard (2001) : Théories de l’action et action du professeur, dans Baudoin
Jean-Michel, Friedrich Janette, dir. : Théories de l’action et éducation, Bruxelles, De
Boeck Université, p. 203-224.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Dans toute situation d’apprentissage (scolaire particulièrement, mais
pas seulement), le sujet apprenant est confronté à des contenus d’enseigne-
ment qu’il doit maîtriser progressivement. Cette confrontation l’amène à don-
ner du sens, à accorder une valeur aux contenus, autrement dit à supposer
notamment leur utilité sociale, leur légitimité dans la situation d’apprentis-
sage, leur pertinence dans la discipline. Ainsi, l’apprentissage des contenus
d’enseignement est indissociable du rapport à ces contenus que construit
l’apprenant.
Le concept de rapport à en didactiques désigne la relation (cognitive
mais aussi socio-psycho-affective) qu’entretient l’apprenant aux contenus et
qui conditionne en partie l’apprentissage de ces derniers : un rapport aux
contenus qui ne correspond pas à celui que l’école envisage peut rendre diffi-
cile l’accès aux contenus enseignés.
Ce rapport à peut devenir lui-même un contenu d’enseignement, au
même titre qu’un comportement ou qu’une attitude : dans la mesure où un
apprenant peut n’avoir pas spontanément un rapport aux contenus d’ensei-
gnement qui en favorise l’apprentissage scolaire, on peut penser que c’est le
rôle de l’école de l’aider à en construire un qui soit plus adéquat. Pour prendre
un exemple, ce peut être un contenu d’enseignement du français au lycée que
d’amener l’élève à un rapport distancié à la lecture d’un texte littéraire — rap-
port distancié qui, notamment, minore l’identification aux personnages au
profit d’une attention à leur construction formelle.
Éléments d’éclairage
Le concept de rapport à est issu de travaux en sciences de l’éducation,
élaborés au sein d’équipes pluridisciplinaires, qui croisaient essentiellement
les approches psychanalytiques et sociologiques (Beillerot, Blanchard-Laville,
Mosconi, 1989 ; Charlot, Bautier, Rochex, 1992).
Bernard Charlot (1997 : 94) propose, parmi d’autres possibles, la défini-
tion suivante du rapport au savoir :
185
« Le rapport au savoir est l’ensemble des relations qu’un sujet entretient
avec un objet, un “contenu de pensée”, une activité, une relation inter-
personnelle, un lieu, une personne, une situation, une occasion, une
obligation, etc., liés en quelque façon à l’apprendre et au savoir — par
là même, il est aussi rapport au langage, rapport au temps, rapport à l’ac-
tivité dans le monde et sur le monde, rapport aux autres, et rapport à
soi-même comme plus ou moins capable d’apprendre telle chose, dans
telle situation. »
Si nous retenons cette citation pour examiner le concept, c’est qu’on y
voit clairement apparaître deux dimensions qui en expliquent l’intérêt propre-
ment didactique : la centration sur le sujet et la question des spécifications
du rapport à.
L’intégration aux didactiques du concept de rapport à a permis à ce champ
théorique, avec d’autres concepts (comme ceux de conception, de compétence,
de représentation, etc.), de centrer davantage son programme de recherche sur
la question du sujet.
Le concept de rapport à vise à appréhender le sujet comme individu, dans
sa relation complexe au savoir, notamment scolaire. Cette visée veut se
démarquer en partie d’une approche déterministe parfois attribuée (à tort du
reste) aux théories sociologiques de la reproduction sociale (par exemple
Bourdieu, Passeron, 1970) : si les positions sociales des élèves (définies
notamment par la profession et la catégorie sociale de leurs parents) permet-
tent de rendre compte statistiquement de leur devenir scolaire, elles négligent
d’autres paramètres qui, en plus de leur position sociale, dessinent des façons
particulières à chaque individu d’entrer en relation avec l’école, ses savoirs et
ses pratiques ; c’est notamment ce qui explique les écarts entre certains tra-
jets individuels et les tendances statistiques observées (pour un développe-
ment, voir Charlot, 1997 : chapitres 2 et 3).
Cela ne veut pas pour autant dire que le sujet est isolable et que la
dimension sociale de son rapport au savoir est évacué. En effet, d’une part les
pratiques sociales (y compris scolaires donc) sont déterminantes dans le rap-
port au savoir et ne relèvent pas d’une disposition du seul sujet cognitif.
D’autre part, il est indéniable que le rapport au savoir, s’il est celui du sujet
individuel, reste socialement différencié : c’est ce qui ressort des approches
de Charlot, Bautier et Rochex (1992) ou de Bautier et Rochex (1998). Leurs
études, menées dans des collèges et des lycées socialement contrastés, ont
permis de mettre en lumière un écart tendanciel entre les élèves, selon les éta-
blissements, notamment pour ce qui est du rapport distancié au savoir (c’est-
à-dire un rapport qui tend à objectiver et à décontextualiser le savoir, sans le
tenir pour inhérent à la tâche en cours). Ces résultats entrent en concordance
avec des recherches didactiques, par exemple sur le rapport à l’écriture (Barré
de Miniac, Cros, Ruiz, 1993) ou à la lecture (Bucheton, 2000).
Rapport à 187
directement au rapport à la lecture ou à la culture ; a fortiori quand on aborde
des contenus de disciplines différentes. Ainsi, si l’on peut parler de façon
générale d’un rapport au savoir, l’intégration de ce concept en didactiques a
permis de mieux appréhender les rapports à des savoirs spécifiques, ancrés
dans une discipline.
C’est pourquoi la conscience disciplinaire (autrement dit la conception
que les apprenants ont de la discipline et de la manière dont les savoirs la
structurent) est importante dans le rapport à un contenu d’enseignement
comme à la situation didactique mise en place pour en construire l’apprentis-
sage : la discipline scolaire engage en effet un rapport spécifique aux conte-
nus. Cela veut dire aussi que le rapport personnel au savoir n’est pas séparable
du contexte : le rapport à un même savoir peut n’être pas le même selon que
l’on est en classe ou dans un groupe d’ami ou dans un lieu de culte, par
exemple. D’où d’ailleurs la possibilité de tensions fortes chez le sujet, comme
le montrent Sylvette Maury et Michel Caillot (2003), quand un rapport au
savoir attendu par l’institution scolaire entre en contradiction avec un rapport
au savoir fondé sur une croyance religieuse. Yves Chevallard (2003), de son
côté, développe le principe selon lequel le rapport personnel au savoir n’est
finalement appréhendable que par rapport à une institution donnée (au sens
large de « dispositif social »), selon que le rapport personnel au savoir d’un
sujet est ou non conforme au rapport institutionnel au savoir, c’est-à-dire au
rapport au savoir qui devrait être idéalement celui des sujets, selon leur posi-
tion dans l’institution. C’est ce qui explique qu’un même contenu puisse être
enseigné à divers niveaux : si le contenu reste en apparence le même, c’est le
rapport à ce contenu qui change ; Chevallard (ibid. : 86) cite par exemple un
texte officiel sur l’enseignement des mathématiques, qui pose un « change-
ment de rapport aux objets mathématiques » entre le cours moyen 2e année
et la 6e ; on peut prendre aussi comme exemple une même fable de La Fon-
taine donnée en cours moyen 2e année et en 1re littéraire et qui n’engagera
pas un même rapport à la lecture selon les niveaux d’enseignement : en pri-
maire, primeront le récit et sa morale (présentée comme à valeur universelle),
alors qu’au lycée, une connaissance du contexte pourra servir à la compréhen-
sion du texte et de ses implications idéologiques et politiques.
Rapport à 189
cognitive dans une manière d’écrire : quelle marque linguistique ou rhétorique
permet en effet de dire objectivement qu’elle est le signe d’une distance ou
d’une non-distance cognitive ?
Cependant, comme le dit Barré de Miniac (2011 : 191) à propos du rap-
port à l’écriture, le concept de rapport à présente un intérêt « pour construire
des connaissances utiles à la didactique, c’est-à-dire des connaissances per-
mettant de fonder des démarches d’enseignement nouvelles et efficaces ». De
fait, ajoute-t-elle, « s’interroger sur le rapport à l’écriture revient à s’intéres-
ser au sujet scripteur et à des dimensions souvent ignorées par l’enseignement
classique ». Cela demande de se placer dans une logique de formation à
« l’observation des élèves », à « l’observation des pratiques de classe » et au
« repérage du rapport à l’écriture des élèves, qui passe par le repérage, par
l’enseignant, de son propre rapport à l’écriture » (ibid. : 127). Le rapport à,
dans une telle approche, ne concerne pas en effet le seul élève et ses apti-
tudes propres, mais aussi l’enseignant et les autres acteurs du système sco-
laire. C’est encore à la condition de ne pas oublier ce principe que le rapport
à peut devenir un contenu d’enseignement.
Éléments bibliographiques
Barré de Miniac Christine (2000) : Le Rapport à l’écriture. Aspects théoriques et didac-
tiques, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Beillerot Jacky, Blanchard-Laville Claudine, Mosconi Nicole, dir. (1989) : Savoir et rap-
port au savoir. Élaborations théoriques et cliniques, Paris, Éditions universitaires.
Charlot Bernard (1997) : Du rapport au savoir. Éléments pour une théorie, Paris, Anthro-
pos.
Charlot Bernard (2003) : La problématique du rapport au savoir, dans Maury Sylvette,
Caillot Michel, dir. : Rapport au savoir et didactiques, Paris, Fabert, p. 33-50.
Delcambre Isabelle, Reuter Yves (2002) : Images du scripteur et rapports à l’écriture, Pra-
tiques n° 113-114, Images du scripteur et rapports à l’écriture, Metz, CRESEF, p. 7-28.
Maury Sylvette, Caillot Michel, dir. (2003) : Rapport au savoir et didactiques, Paris,
Fabert.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
En didactiques, la notion de représentation a été définie pour parler des
systèmes de connaissances qu’un sujet mobilise face à une question ou à une
thématique, que celle-ci ait fait l’objet d’un enseignement ou pas. Supposer
la présence d’un réseau de connaissances est une hypothèse qui va à
l’encontre de l’idée de l’élève arrivant la « tête vide » en cours. En effet, cha-
cun cherche à expliquer le monde qui l’entoure en élaborant des idées et des
raisonnements à partir de ce qu’il sait ou de ce qu’il croit savoir. Les connais-
sances ainsi mobilisées dépendent étroitement du contexte d’interrogation et
peuvent se révéler plus ou moins pertinentes au regard des connaissances
reconnues dans les sphères « savantes » ou scolaires.
Prendre en compte cette notion de représentation modifie la définition
de l’enseignement : il ne peut plus être conçu comme un simple apport de
nouvelles connaissances puisque l’élève intègre ces nouveaux éléments en
fonction de ce qu’il connaît déjà. L’enseignement consisterait plutôt à amener
le sujet apprenant à une réorganisation intellectuelle, c’est-à-dire à une trans-
formation de ses modes de pensée. Les représentations étant fonctionnelles
pour chacun d’entre nous, les ignorer dans les enseignements pourrait entraî-
ner des résistances (parfois durables) dans les apprentissages.
Éléments d’éclairage
Avant de devenir un concept dans les didactiques disciplinaires, la ques-
tion des représentations était déjà travaillée dans d’autres disciplines. Émile
Durkheim (1898) introduit ce terme pour travailler sur les formes collectives
de pensée au sein des sociétés. Ses travaux seront repris au fil du temps et
par différents courants disciplinaires. Serge Moscovici (1961) part de cette
notion pour élaborer, dans le champ de la psychologie sociale, le concept de
représentations sociales : tout individu peut se documenter, se renseigner sur
différents sujets de société (pollution, illettrisme, réformes économiques…)
et utiliser les savoirs qu’il se construit hors des cadres de référence initiaux
pour penser, communiquer ou agir dans le quotidien. En psychologie, les tra-
vaux sur le développement cognitif, en référence par exemple aux théories de
191
Jean Piaget, ont permis de mettre en relation des fonctionnements intellec-
tuels liés à l’enfance et certains modes de pensée (par exemple l’anthropomor-
phisme). Ainsi, les représentations sont travaillées dans différentes disci-
plines de recherche (histoire, sociologie, philosophie…) sous ce nom ou sous
d’autres (conception, idéologie, etc.).
Dans les années 1970, les recherches sur la notion de représentation ont
eu un retentissement important dans le champ des sciences de l’éducation.
Jean Migne (1969) a été l’un des premiers à introduire ce concept par rapport
à un questionnement didactique. Il souligne le fait que représentations et
concepts scientifiques constituent deux modes de connaissance différents. De
fait, des travaux, réalisés dans toutes les disciplines scolaires, ont mis en évi-
dence que les élèves avaient, avant même un enseignement, des représenta-
tions sur les savoirs en jeu, mais aussi qu’elles persistaient très souvent après
ces enseignements. Cet état des lieux a eu pour effet d’interroger l’efficacité
des formes d’enseignement traditionnelles et de légitimer la recherche de
nouvelles modalités pédagogiques.
Un des premiers axes de ces travaux a été d’établir, selon les disciplines
scolaires, des « catalogues » de représentations fréquentes ou des catégories
de représentations chez les sujets de différents âges sur différentes théma-
tiques. Ces recherches avaient notamment pour but de mesurer les distances
entre ce que les élèves mobilisaient comme savoirs et ce qu’ils étaient censés
maîtriser. Aujourd’hui ces recensements correspondent souvent à des docu-
ments d’aide pour les enseignants (Thouin, 1998). Si cette approche a permis
de mettre en évidence une forme de constance, d’invariance dans les représen-
tations de groupes de sujets par rapport à des thématiques particulières, elle a
cependant laissé de côté la variabilité des réponses en fonction du contexte de
production. Or, c’est un élément important à prendre en compte lorsque l’on
veut analyser les productions des élèves en termes de représentations. Selon la
situation dans laquelle une question ou un problème est posé, le sujet ne mobi-
lise pas les mêmes modèles explicatifs. Faire une promenade en forêt et s’y ins-
taller pour une nuit de camping pourra très souvent être qualifié de vivifiant
et de bon pour notre santé. Ces moments passés au milieu des végétaux contri-
bueraient, aux dires de nombreuses personnes, à nous « oxygéner ». Ce sont
pourtant les mêmes qui pourront refuser d’avoir une plante dans leur chambre
de peur de s’asphyxier tout en n’hésitant pas à partager ce lieu avec d’autres
êtres humains ayant le même mode de respiration. Cet exemple illustre le fait
que plusieurs modèles de pensée, parfois contradictoires, peuvent cohabiter
chez un même sujet. Selon la situation, ce sera l’un d’entre eux qui sera mobi-
lisé. Ainsi, analyser une production en termes de représentations ne peut pré-
tendre rendre compte d’un état de connaissance unique du sujet mais simple-
ment de celui qu’il a convoqué dans ce contexte précis et à un moment donné.
Ces états des lieux dans le champ didactique ont permis de confirmer le
caractère récurrent d’un certain nombre d’« erreurs » et d’interroger les
Représentations 193
Concernant la fonction et la place de ce qu’ils appellent conceptions dans
les processus d’apprentissage, André Giordan et Gérard De Vecchi (1987) pré-
cisent que la conception n’est pas le produit mais le processus d’une activité
de construction mentale du réel. Il est sans doute coûteux, pour chacun
d’entre nous, de transformer ses modèles explicatifs, et nettement plus
confortable de rester sur des schémas rodés. Ces transformations cognitives
demandent du temps. Cela interroge donc les modalités d’évaluation ainsi que
les moments de leur passation.
Il reste à préciser ici que d’autres populations que celle des élèves ont
été étudiées par les didacticiens : les étudiants, les enseignants, les futurs
enseignants, les publics des musées ou encore les concepteurs d’expositions.
Représentations 195
Éléments bibliographiques
Astolfi Jean-Pierre (1990) : L’émergence de la didactique de la biologie, un itinéraire,
Aster n° 11, Paris, INRP, p. 195-224.
Durkheim Émile (1898) : Représentations individuelles et représentations collectives,
Revue de métaphysique et de morale, VI, mai 1898, Paris, Hachette, p. 273-302.
Giordan André, De Vecchi Gérard (1987) : Les Origines du savoir, Lausanne, Delachaux
et Niestlé.
Giordan André, Girault Yves, Clément Pierre (1994) : Conceptions et connaissances,
Berne, Peter Lang.
Halté Jean-François, (1992) : Didactique du français, Paris, PUF, collection Que sais-je ?
Migne Jean (1969) : Les obstacles épistémologiques et la formation des concepts, Édu-
cation permanente n° 2, avril-mai-juin, p. 39-66, repris dans Éducation permanente,
n° 119 (1994), pp. 101-124.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
Une situation, en tant qu’objet d’étude didactique, est une coupe dans
la réalité (une situation ne dure pas éternellement). Ce découpage est le fait
du chercheur et non pas ceux qu’effectuent les acteurs, enseignants et élèves
(même s’ils effectuent leur propre découpage). Une situation se caractérise
par l’émergence, dans le temps et l’espace de la classe, d’un élément ou d’une
configuration d’éléments (relation, projet, objet de savoir, documents…)
nouveaux.
Cet essai de définition demande à être clarifié. Le premier point
concerne la caractérisation de situations évoquées en tant qu’« objet
d’étude didactique ». En effet, il est nécessaire de différencier certaines situa-
tions, établies et décrites dans d’autres espaces et d’autres temps que ceux de
la classe, de celles qui sont travaillées en didactique. Ainsi, convoquer la
notion de « situation de précarité » d’adultes en formation est légitime pour
analyser la formation évoquée, mais cette situation, construite en dehors de
la formation, n’est pas étudiée en tant que telle par le didacticien. Le second
point est celui de la « coupe dans la réalité » qui, en tant que décision métho-
dologique, constitue la situation à étudier. Comme l’étymologie du terme
l’indique (du latin situs qui a donné aussi site, situer, etc.), une situation se
définit dans l’espace et le temps. Dans le cas de la didactique, l’espace et le
temps pertinents sont ceux de la classe, entendue au sens large : ainsi on peut
parler de situation de « travail à la maison », en considérant que la relation
didactique est maintenue hors de l’espace physique de l’établissement. Cepen-
dant, la délimitation temporelle d’une situation n’est pas à confondre avec
celle des temps institutionnels : une situation peut perdurer au-delà de la
séance d’enseignement, voire rassembler plusieurs séances. Enfin, une situa-
tion, toujours en tant qu’objet d’étude en didactique, peut se définir et
s’appréhender selon ce qui est et reste nouveau dans l’espace et le temps de
la classe : ainsi, identifier une situation d’évaluation dans les quelques inte-
ractions entre un élève et un enseignant, c’est identifier comme « nouveau »
l’intention de l’enseignant et ses demandes par rapport au statut des interac-
tions précédentes. Identifier une situation didactique dans un continuum de
séances d’enseignement, c’est poser comme « nouveau » un objet de savoir et
197
les activités associées. Lorsque cet objet perd son statut de « nouveau » pour
devenir « ancien », la situation s’éteint.
Enfin, nous conclurons cette approche en soulignant l’intérêt de cette
notion en didactique. Étudier une/des situation(s) est intéressant parce que
l’on suppose que des rapports nouveaux aux objets de savoirs vont apparaître,
se former et prendre en sens dans des situations. Pour le dire encore plus net-
tement, on ne considère en didactique que des apprentissages et des ensei-
gnements en tant qu’ils sont situés.
Éléments d’éclairage
La notion didactique de situation est avant tout multiforme. En effet,
selon ce qui apparaît comme « nouveau » et qui fonde l’intérêt du didacticien,
le terme qualifiant la situation change et surtout son mode d’analyse. Ainsi
peuvent être analysées des situations qualifiées d’évaluation, de travail
réflexif, de validation, de communication, d’institutionnalisation, etc.
Pour mieux saisir la complexité de cette notion plusieurs pistes peuvent
être retenues. On peut tout d’abord différencier les travaux menés selon le pro-
jet de recherche dans lequel ils s’inscrivent : il peut s’agir de définir et d’étu-
dier une situation afin de mieux comprendre une réalité déjà là ou afin d’inflé-
chir une réalité à venir ou encore afin de décrire des réalités possibles. Cela
permet de distinguer les études où les didacticiens se donnent pour tâche de
construire une/des situation(s) à étudier de celles où ils tentent de les iden-
tifier. Pour le dire autrement, les travaux de didactique se différencient selon
que les situations considérées sont envisagées comme des « états possibles
du système didactique » (Chevallard, 1992), comme des états nécessaires,
souhaités ou recommandés, et enfin comme des états observés. La première
position engendre des études concernant les conditions de fonctionnement
des situations. C’est ainsi qu’Yves Chevallard peut développer sa définition de
milieu par exemple. La seconde position est caractéristique de travaux tels
ceux d’Yves Reuter (Reuter, 1996) sur les situations d’écriture. C’est dans le
but d’identifier des situations efficaces pour l’apprentissage que celui-ci étu-
die les critères (moyens de contrôle, fonctionnalisation, degré d’ouverture,
degré de contrainte…) dont l’enseignant peut jouer pour diversifier les situa-
tions d’écriture. La dernière position enfin est celle de chercheurs qui tentent
de comprendre les activités, les conduites d’élèves dans une situation donnée,
en interrogeant le sens que ces derniers attribuent à la situation. Comment la
nouveauté de l’objet est-elle acceptée ou ressentie par ces élèves ? Comment
est-elle négociée par le maître ? On voit en conséquence que la notion de
situation, selon les positions des chercheurs, est plutôt proche de celle de dis-
positif (lorsque l’on essaye de construire des situations pertinentes) ou au
contraire plutôt de celle de contexte (lorsque l’on tente de reconstruire les
significations des interactions didactiques en situation).
Éléments bibliographiques
Artigue Michèle (1986) : Étude de la dynamique d’une classe : une approche de la re-
productibilité, Recherche en didactique des mathématiques, vol. 7, n° 1, p. 5-62.
Brousseau Guy (2003) : Glossaire de quelques concepts de la théorie des situations
didactiques en mathématiques, http://perso.orange.fr/daest/guy-
brousseau/textes/Glossaire_Brousseau.pdf
Brousseau Guy (2012) : Des dispositifs piagétiens… aux situations didactiques, Éduca-
tion et Didactique, vol. 6, n° 2, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, p. 101-127.
Brousseau Guy, Centeno Julia (1991) : Rôle de la mémoire didactique de l’enseignant,
Recherches en didactique des Mathématiques, Vol 11, n° 2.3, Grenoble, La Pensée
Sauvage, p. 167-210.
Chevallard Yves (1992) : Concepts fondamentaux de la didactique : perspectives ap-
portées par une approche anthropologique, Recherches en didactique des mathéma-
tiques, vol. 12, n° 1, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 73-111.
Garcion-Vautor Laurence (2002) : L’entrée dans le contrat didactique à l’école mater-
nelle. Le rôle des rituels dans la construction d’un milieu pour apprendre, Recherches
en didactique des mathématiques, vol. 22, n° 2/3, Grenoble, La Pensée Sauvage,
p. 285-308.
Reuter Yves (1996) : Enseigner et apprendre à écrire. Construire une didactique de l’écri-
ture, Paris, ESF.
Ruellan Francis (2005) : Indices d’hétérogénéité dans une démarche d’écriture en pro-
jet, dans Reuter Yves, dir. : Pédagogie du projet et didactique du français. Penser et
débattre avec Francis Ruellan, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septen-
trion, p. 15-63.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On appelle système didactique le système de relations qui s’établissent
entre trois éléments : le contenu d’enseignement, l’apprenant, l’enseignant.
On représente souvent ces relations sous la forme d’un triangle (appelé
triangle didactique) dont les trois éléments du système didactique forment les
pôles :
contenu d’enseignement
apprenant enseignant
Éléments d’éclairage
On a vu que le système didactique se compose de trois éléments :
• l’apprenant, d’un point de vue didactique, est l’élève, mais envisagé
dans sa dimension de sujet apprenant, à l’exclusion des autres dimen-
sions du sujet scolaire. Précisons que le singulier d’apprenant désigne
un élément du système didactique : il est rare que l’apprenant soit seul
dans un système didactique scolaire ; dans une réalité scolaire
concrète, l’apprenant (abstrait) désigne donc ici l’ensemble des sujets
203
réels en position d’apprenant. On peut par ailleurs, dans une définition
plus large du système didactique, sortir de l’école : l’apprenant peut
être alors tout sujet didactique en situation d’apprentissage — sco-
laire certes, mais aussi universitaire, professionnelle (c’est l’apprenant
qu’envisagent les didactiques professionnelles) ou privée (dans toute
relation où une personne reçoit un contenu transmis intentionnelle-
ment par une autre) ;
• de la même manière, l’enseignant peut être entendu au sens strict (le
professionnel désigné comme tel dans une institution scolaire) ou au
sens large : tout sujet didactique qui, dans un système didactique
(scolaire, universitaire, professionnel, privé) accomplit intentionnelle-
ment un acte destiné à apprendre quelque chose à quelqu’un ; l’ensei-
gnant, dans ce cas, désigne donc aussi bien l’enseignant au sens strict
que le formateur ou n’importe quel sujet engagé dans une relation
avec un apprenant et un contenu d’enseignement — si du moins cette
relation est intentionnelle, ce qui exclut les formes d’apprentissage
spontanées (comme celle de la langue maternelle par imprégnation,
par exemple) ;
• le contenu d’enseignement (ou de formation, etc. : cf. les remarques qui
précèdent) peut consister en un savoir, un savoir-faire, un rapport à, etc.
Dans certaines modélisations, le contenu d’enseignement est parfois
ramené au seul savoir — simplification terminologique qui n’exclut pas
les autres formes de contenus d’enseignement.
Ces trois éléments du système didactique entretiennent des relations
(Chevallard, 1985/1991 : 23) — qui peuvent, précisons-le, n’être pas harmo-
nieuses, mais se réaliser sous forme de tensions. C’est l’analyse des relations
entre les trois éléments du système didactique qui caractérisent les didac-
tiques comme disciplines théoriques. On peut ainsi considérer que la modéli-
sation du système didactique par cette relation ternaire (que représente le
triangle didactique) est spécifique à l’approche de l’enseignement et de
l’apprentissage que proposent les didactiques comme disciplines de recherche.
Comme le dit Maria-Luisa Schubauer-Leoni (1998 : 274) :
« Poser l’existence d’un système didactique ternaire, par opposition au
modèle duel de la pédagogie et de la psychologie de l’éducation, me paraît
constituer un des actes fondateurs de la didactique des disciplines. »
Ajoutons que le pôle contenu (défini disciplinairement) est constitutif
de l’approche didactique, dont il ne peut être exclu, et qu’il spécifie les rela-
tions entre les éléments. C’est ce qui explique que la relation didactique que
permet de modéliser le système didactique est spécifique et diffère d’autres
types de relations, comme la relation pédagogique, qui peut, en partie et
dans certains cas, faire abstraction des contenus ; de même, parler d’inte-
ractions didactiques suppose de s’intéresser aux interactions entre sujets au
S
C C
S N
DI RE
DE
LE TIO
O
SC CH
O
IA A
N
IP ER
N C NT
LI C
T OBJETS D’ENSEIGNEMENT T
SO SE
N H
ES E
E
É
E APPRENTISSAGE
PR
X X
RE
S É
D
T
O
EN
APPRENANTS ENSEIGNANTS
N ES
U
PR G
C
LA
EM
IG R
AT AG
SE TIÈ
N
I
IQ IÈR
EN MA
A
U E
T
ES S
L
I
D’
F
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La notion de tâche renvoie à l’idée d’un travail à faire pour répondre à la
demande et aux attentes de la personne qui l’a donné à faire et qui en sera
généralement le destinataire et/ou l’évaluateur. La tâche est donc le fait d’un
« travailleur », qui réalise un travail obligé, défini et évalué par d’autres, sou-
mis à des contraintes temporelles et/ou matérielles, généralement imposées
de l’extérieur.
Éléments d’éclairage
La notion de tâche, en didactique, a trois utilités : elle permet d’observer
comment les contenus d’enseignement sont mis en scène dans la classe par
l’enseignant ou dans les manuels. D’une certaine manière, la notion de tâche
renvoie à la face visible de la transposition didactique : le travail donné à faire
manifeste la forme que prend le contenu à enseigner. Elle permet ensuite de
décrire et de comprendre le travail de l’enseignant : quelles sont les tâches
qu’il organise pour les élèves et celles qu’il effectue dans les multiples aspects
de son travail, didactiques, pédagogiques ou professionnels (conception et
programmation de tâches pour les élèves, gestion de la classe et interactions
didactiques avec les élèves autour des tâches prévues, évaluation des produc-
tions, relations avec les parents, etc.) ? Elle permet enfin d’analyser et de
comprendre le travail de l’élève : comment se construisent les connaissances
et les procédures d’apprentissage dans les tâches auxquelles il est confronté ?
La notion de tâche permet ainsi de revisiter chacun des pôles du triangle
didactique en se centrant sur l’activité des différents partenaires en relation
avec les composantes de la situation d’enseignement et d’apprentissages
(Dolz, Schneuwly, Thévenaz, Wirthner, 2002).
Pour détailler ces trois aspects de la notion de tâche, on peut commencer
par le dernier, décrire et comprendre le travail de l’élève.
La notion de tâche est indissociable de celle d’activité : « la tâche
indique ce qui est à faire, l’activité ce qui se fait » (Leplat, Hoc, 1983 : 50).
Ces deux notions, issues de la psychologie du travail, y sont diversement arti-
culées. Ainsi, certaines théories psychologiques ont mis en évidence les
211
écarts, constitutifs du travail, entre la tâche et l’activité. Yves Clot (1999,
2008) montre que l’activité de l’homme au travail (le travail réel) ne corres-
pond pas strictement au travail prescrit (la tâche), qu’elle n’en est pas une
application ni une traduction mais une interprétation, par exemple, celle qui
consiste à reconstruire derrière la tâche à effectuer tout ou partie de l’activité
de ceux qui l’ont prescrite (dans une situation scolaire, par exemple, lorsque
l’élève réussit à reconstituer certains des choix opérés par l’enseignant dans
son activité de rédaction d’un sujet de devoir).
Cette conception interroge fortement les représentations ordinaires des
tâches scolaires comme applications d’une consigne, et permet de comprendre
un certain nombre de déboires ordinaires dans les situations d’enseignement,
comme les difficultés de compréhension et de traitement des consignes. En
didactique du français, Elisabeth Nonnon (1998) propose par exemple de
distinguer tâche de niveau 1 (la consigne donnée, le travail explicitement
prescrit) et tâche de niveau 2. Cette autre tâche, explicite ou non pour l’ensei-
gnant, peut être induite par le dispositif de travail, les documents ou les
thèmes choisis ; mais elle peut aussi s’actualiser dans l’activité même de
l’élève, lorsqu’il identifie la tâche de niveau 2 derrière la formulation explicite
de niveau 1 ou lorsqu’il redéfinit, souvent à son insu, la tâche prévue par
l’enseignant. E. Nonnon donne l’exemple d’une interview collective entre
élèves de CM2 sur le choix d’un métier (sans intervention de l’enseignant). La
tâche de niveau 1 consiste à mettre en commun, par le jeu relativement formel
des questions/réponses typiques d’une situation d’interview, des informations
sur ces métiers ; la tâche de niveau 2 s’est manifestée dans une discussion sur
les valeurs morales qui sous-tendaient certains choix d’élèves ; l’interview
s’est transformée en débat sur fond de dilemme moral. Cette transformation
de la tâche, ici fortement liée à la dynamique des interactions, n’est pas spé-
cifique à l’oral, elle concerne tout autant des situations de production écrite.
On peut dire que les problèmes de compréhension de consigne ne sont pas
toujours signe d’erreur de compréhension du texte de la consigne (qu’il fau-
drait compenser par des explications lexicales) mais peuvent être signe de
l’activité de l’élève qui redéfinit dans ses propres cadres la tâche donnée par
l’enseignant, sans toujours bien contrôler cette redéfinition (Zakhartchouk,
1999). L’activité de l’élève pour effectuer la tâche prescrite, et peut-être plus
spécifiquement l’activité langagière, est un facteur de transformation de la
tâche elle-même.
Le deuxième intérêt de la notion de tâche est de décrire et comprendre le
travail de l’enseignant. Dans ce cadre, la notion de tâche est convoquée, mais
de manière hétérogène, pour analyser les contraintes qui pèsent sur le travail
de l’enseignant. C’est le cas, par exemple, des discours prescriptifs (Instruc-
tions officielles, interventions de formateurs, d’inspecteurs, etc.) qui assi-
gnent aux enseignants une multitude de choses à faire pour satisfaire à leurs
missions et aux évolutions de leur métier. En recherche, les didacticiens
Tâche 213
tâches, comme « calculer la valeur (exacte) d’une expression numérique
contenant un radical ». Les genres de tâche « n’existe[nt] que sous la forme
de différents types de tâches dont le contenu est plus étroitement spécifié »
(ibid.). On pourra dire de même que lire (ou écrire) est un genre de tâche, mais
que lire le résumé du cours d’histoire ou des questions sur un document, lire
un texte pour le reformuler ou pour en conseiller la lecture, etc. sont des types
de tâches différentes. Ainsi les tâches et les techniques qui leur sont associées
permettent de décrire les contenus à enseigner (ou effectivement enseignés
selon le type d’observation qui en est fait). Y. Chevallard propose la notion de
praxéologie pour rendre compte de deux niveaux du savoir mathématique :
l’association entre un type de tâche et une technique, et la justification de
cette association. Le premier niveau correspond, pour lui, aux différents types
de tâches liés à des techniques (de calcul), à des manières de faire, relative-
ment reconnues dans l’institution où elles se déploient (par exemple, pour
multiplier 15 par 100, on « met 15 et on ajoute deux zéros »). Le second
niveau réside dans la justification et la théorie de ces liens. Les praxéologies
(liens entre pratiques, tâches et techniques, et théorie de la pratique) appa-
raissent comme des modèles qui permettent une description des contenus en
jeu dans une institution donnée.
Éléments bibliographiques
Artigue Michèle (1988) : Ingénierie didactique, Recherches en Didactique des Mathé-
matiques, vol. 9, n°, p. 281-308.
Bloch Isabelle (1999) : L’articulation du travail mathématique du professeur et de
l’élève dans l’enseignement de l’analyse en première scientifique. Détermination
Tâche 215
d’un milieu — Connaissances et savoirs, Recherches en didactique des mathéma-
tiques, vol. 19, n°, p. 135-194.
Chevallard Yves (1999) : L’analyse des pratiques enseignantes en théorie anthropolo-
gique du didactique, Recherches en didactique des mathématiques, vol. 19, n°,
p. 221-265.
Clot Yves (2008) : Le travail sans l’homme ? Pour une psychologie des milieux de travail
et de vie, Paris, La Découverte — Poche.
Nonnon Élisabeth (1998) : L’apprentissage des conduites de questionnement : situa-
tions et tâches langagières, Repères n° 7, L’Oral pour apprendre, Paris, INRP, p. 55-86.
Zakhartchouk Jean-Michel (1999) : Comprendre les énoncés et les consignes. Amiens :
CRDP d’Amiens.
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
La topogenèse désigne à la fois l’ensemble des opérations qui organi-
sent les différents « lieux » occupés par les acteurs de la relation didactique
et le résultat de ces opérations, c’est-à-dire l’organisation des différents
espaces.
Lieux est à entendre ici dans un sens symbolique : comme places par rap-
port au savoir. Ce ne sont donc pas uniquement les positions qu’occupent les
élèves et l’enseignant dans l’espace physique de la classe qui déterminent ces
lieux, mais essentiellement les tâches à accomplir et les versions de l’objet de
savoir auxquelles chacun d’eux a accès (Chevallard, 1999 : 247) :
« Le grec topos signifie “lieu” : le topos de [l’un des acteurs], c’est le “lieu”
de [cet acteur], sa “place”, l’endroit où, psychologiquement, [cet acteur]
éprouve la sensation de jouer, dans l’accomplissement de t [la tâche], “un
rôle bien à lui”. Dans le cas d’une classe, on parlera du topos de l’élève et
du topos du professeur. Ainsi, lorsqu’une classe de mathématiques “fait un
exercice”, ce qui est une tâche éminemment coopérative, la sous-tâche
consistant à fournir l’énoncé de l’exercice revient, généralement, au pro-
fesseur : elle appartient à son topos. La tâche consistant à produire — par
exemple par écrit — une solution de l’exercice relève, elle, du topos de
l’élève, tandis que la tâche consistant ensuite, à fournir un corrigé ressor-
tit, à nouveau, au topos du professeur. »
Éléments d’éclairage
Comme la chronogenèse, le concept de topogenèse a été élaboré dans le
champ de la didactique des mathématiques par Chevallard en tant que
contrainte pesant sur le fonctionnement du système didactique, et en tant que
contrainte inhérente à ce système. Selon cet auteur, l’instauration d’une rela-
tion didactique suppose celle de deux positions différentes par rapport au
savoir, occupées respectivement par l’enseignant et par l’élève (Chevallard,
1985/1991 : 74-75) :
« […] non seulement l’enseignant, supposé savoir et supposé anticiper,
doit montrer qu’il peut conduire la chronogenèse didactique, affirmant
ainsi son pouvoir dans la diachronie, mais encore il va, en synchronie,
217
affirmer le caractère singulier de sa place propre dans la construction du
savoir : non content de savoir plus […] il sait autrement. »
Le premier intérêt que présente cette notion est de permettre de pen-
ser la différence entre les positions des enseignants et des élèves en fonc-
tion du savoir en jeu et de se distinguer ainsi des théories qui rendent
compte de cette différence par des déterminations supra-didactiques (par
exemple cette différence peut être étudiée en tant que relation du type
dominant/dominé, ou encore relation Père/Fils). Un exemple de la déter-
mination par le savoir en jeu dans la description des positions différentes
qu’occupent respectivement l’enseignant et l’élève est celui de l’étude
menée sur les « produits et factorisations de polynômes » au collège. Che-
vallard montre que la place de l’élève est déterminée par des tâches de
vérification et de calculs, tandis que celle de l’enseignant l’est par des
tâches de démonstration et en conclut que les relations à cet objet de
savoir sont différentes. L’un des intérêts de cette différenciation des
places de l’élève et de l’enseignant selon le savoir à enseigner et le savoir
à apprendre est de permettre l’exploration des spécificités disciplinaires
de ces différenciations. Le deuxième intérêt du concept, toujours pensé
dans la problématique initiale, réside alors dans l’étude des latitudes dont
dispose l’enseignant pour réaliser la topogenèse et la recherche des
variables de la situation sur lesquelles l’enseignant peut jouer pour obtenir
des effets topogénétiques.
Cet intérêt pour l’étude des actions et des décisions de l’enseignant est
aussi prégnant dans une autre problématique dans laquelle la notion de topo-
genèse est actuellement construite et utilisée, celle de la recherche de
modèles pour rendre compte des actions de l’enseignant. Dans cette problé-
matique, des didacticiens de diverses disciplines proposent de sélectionner
certaines des interventions de l’enseignant — qu’elles soient écrites, verbales
ou gestuelles — afin d’interpréter cet ensemble d’actions comme des opéra-
tions de production de lieux réservés aux élèves et de lieux appropriés par
l’enseignant. Cette démarche suppose, à partir de la mise en évidence de ces
opérations, d’en induire une description de ces lieux mêmes, et par consé-
quent des particularités des tâches assignées à chacun des acteurs de la rela-
tion didactique pour approcher la singularité de la relation au savoir en jeu
de chacun d’entre eux. Par exemple, des descriptions d’actions d’un ensei-
gnant face à un élève au tableau (se tourner vers l’élève/vers la classe, inter-
roger/affirmer, etc.) sont interprétées comme des opérations topogénétiques
différentes qui confèrent plutôt le statut de « conférencier » ou plutôt la posi-
tion de « scribe » à l’élève. Reste ensuite à décrire les versions (c’est-à-dire les
formes) du savoir caractérisées par les places différentes mises en évidence,
ce qui nécessite de convoquer les tâches et les objets disciplinaires en jeu
dans cette situation.
Éléments bibliographiques
Chevallard Yves (1985/1991) : La Transposition didactique. Du savoir savant au savoir
enseigné, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Chevallard Yves (1999) : L’analyse des pratiques enseignantes en théorie anthropolo-
gique du didactique, Recherches en didactique des mathématiques, vol. 19, n° 2,
Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 221-265.
Johsua Samuel, Dupin Jean-Jacques (1993) : Introduction à la didactique des sciences
et des mathématiques, Paris, PUF.
Sensevy Gérard, Mercier Alain, Schubauer-Leoni Maria-Louisa (2000) : Vers un modèle
de l’action didactique du professeur, Recherches en didactique des mathématiques,
vol. 20, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 263-304.
Topogenèse 219
TRANSPOSITION DIDACTIQUE
C H
Première approche de la A P I T R E
notion
On doit à Yves Chevallard, didacticien des mathématiques, la première
formalisation, dans le champ des didactiques, de cette notion importante.
Pour reprendre ses mots, on peut définir la transposition didactique ainsi
(1985/1991 : 39) :
« Un contenu de savoir ayant été désigné comme savoir à enseigner subit
[…] un ensemble de transformations adaptatives qui vont le rendre apte
à prendre sa place parmi les objets d’enseignement. Le “travail” qui d’un
objet de savoir à enseigner fait un objet d’enseignement est appelé la
transposition didactique. »
Y. Chevallard emprunte la notion au sociologue Michel Verret (1975) qui
a étudié les difficultés à scolariser les savoirs issus des sciences humaines : la
« distance entre l’objet scolaire et l’objet théorique » fait apparaître non pas
une simple adaptation (ou simplification) scolaire de l’objet théorique, mais
une véritable transformation, qui aboutit à une « substitution d’objet » :
l’objet enseigné n’est plus, à beaucoup d’égards, le même que l’objet théorique
initial qui le justifie (ibid. : 178).
Y.Chevallard s’est emparé, à sa manière, de cette notion et des analyses
de M. Verret pour décrire, dans plusieurs études réalisées dans les années
1980 (particulièrement Chevallard, 1982 ; 1985/1991), le processus de trans-
position didactique en mathématiques. Celui-ci fait subir aux savoirs savants
une série de transformations les rendant aptes à devenir des objets d’enseigne-
ment. Les propositions théoriques de Y. Chevallard ont rapidement été inté-
grées dans d’autres didactiques, où elles ont été discutées, parfois contestées
ou amendées : mais on peut dire qu’aujourd’hui, la notion de transposition
didactique est l’une de celles qui sont les plus transversales aux diverses
didactiques.
Éléments d’éclairage
Pour pouvoir être enseignés, les savoirs doivent être rendus ensei-
gnables. Cela passe par la mise en texte du savoir (que réalisent par exemple
les programmes ou les manuels) ; celle-ci engendre des modifications du
221
savoir savant, lequel n’est pas enseigné tel quel. Cette mise en texte du
savoir tente de satisfaire aux contraintes de toute transmission scolaire des
savoirs.
Pour devenir des objets d’enseignement, les savoirs sont parcellisés,
c’est-à-dire que plusieurs savoirs, normalement intriqués, sont présentés
comme autonomes. De ce fait, ils sont décontextualisés de leur sphère de pro-
duction pour être recontextualisés dans la sphère scolaire. La nature des
savoirs en est nécessairement modifiée : par exemple, ils ne répondent plus à
des questions de recherche, mais à des objectifs d’enseignement. Ainsi des
formulations ayant le statut d’hypothèses dans la recherche peuvent être
reprises comme des conclusions établies dans les livres scolaires (ce processus
avait été déjà étudié et défini dès 1979 par Guy Rumelhard, sous le nom de
processus de dogmatisation).
Dans la communauté scientifique, le savoir est construit et formalisé par
un chercheur ou une équipe de recherche. Lorsqu’il est convoqué dans un écrit
ou lors d’une conférence, il est toujours associé à son ou ses auteur(s), à ses
dates de publication, aux visées intellectuelles des personnes qui l’ont forma-
lisé. À l’école, le savoir est dépersonnalisé : les éléments de connaissance ne
sont pas présentés comme étant des objets d’élaboration intellectuelle datés
mais comme des éléments de savoirs existant dans l’absolu. Il y a des excep-
tions apparentes, quand des « stars » nationales ou d’autres figures embléma-
tiques peuvent, par exemple, être présentées durant tout le parcours scolaire
(citons Thalès, Pythagore ou en France, Louis Pasteur ou Pierre et Marie
Curie), mais même dans ce cas, le savoir est finalement présenté comme objec-
tif, non dépendant des conditions de sa production.
Le texte du savoir est organisé sous la forme d’une programmation pour
l’enseignement et l’acquisition du savoir. En cela, il s’oppose au savoir qu’il
prend pour référence, dont la logique n’est pas séquentielle ; par ailleurs, le
texte du savoir suppose que les apprentissages peuvent suivre l’ordre imparti
par la programmation qui régit l’acte d’enseignement : c’est là souvent une
illusion (les apprentissages peuvent ne pas suivre le cours « rationnel » du
savoir programmé, car les cheminements des élèves sont multiples et consti-
tués aussi de détours, régressions, restructurations…), mais elle est peut-être
nécessaire à l’élaboration de la transmission scolaire d’un savoir.
Le texte du savoir rend ce dernier public, ce qui le distingue des savoirs
personnels ou ésotériques. Cela permet de circonscrire ce qui doit être appris.
Il est ainsi possible et légitime de s’appuyer sur ce texte pour organiser un
contrôle des apprentissages au travers, notamment, des mécanismes évaluatifs
structurellement attachés à la forme scolaire.
Précisons que ce qui est décrit ici correspond au processus de transposi-
tion didactique que l’on pourrait dire externe au système didactique, lié à
l’action de la noosphère qui sélectionne des éléments du savoir savant afin de
Éléments bibliographiques
Bronckart Jean-Paul, Plazaola Giger Itziar (1998) : La transposition didactique. His-
toire et perspectives d’une problématique fondatrice, Pratiques n° 97-98, La Trans-
position didactique en français, Metz, CRESEF, p. 35-58.
Chervel André (1988) : L’histoire des disciplines scolaires. Réflexions sur un domaine de
recherche, Histoire de l’éducation n° 38, Paris, INRP, p. 59-119 (article repris dans
Chervel, 1998, La Culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin, p. 9-56).
Chevallard Yves (1985/1991) : La Transposition didactique, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Petitjean André (1998) : La transposition didactique en français, Pratiques n° 97-98,
La Transposition didactique en français, Metz, CRESEF, p. 7-34.
Rumelhard Guy (1979) : Le processus de dogmatisation, dans Actes des premières jour-
nées de Chamonix sur l’éducation scientifique, Paris, Université de Paris 7, Didactique
des sciences, p. 11-21, repris dans Les Cahiers Théodile n° 11, 2011, Villeneuve
d’Ascq, Université Charles de Gaulle — Lille 3, p. 65-178
Verret Michel (1975) : Le Temps des études, Paris, Librairie Honoré Champion.
Didactique de l’éducation C H A P I et
physique T sportive
R E
ARIS : Association pour la Recherche sur l’Intervention en Sport.
Mèl : [formulaire sur le site de l’association : http://www.aris-intervention-
sport.org/contact]
Revue : eJRIEPS (eJournal de la Recherche sur l’Intervention en Éducation Physique et
en Sport) [La revue est électronique et d’accès libre. Elle est hébergée sur le site de
l’IUFM de Franche-Comté : http://www.fcomte.iufm.fr/e_jrieps.html. Les articles
sont publiés sous format PDF et d’accès libre].
Site Internet : http://www.aris-intervention-sport.org/ [le site présente les principes
de l’association, ses productions (un lien est notamment proposé vers le site de la
revue eJRIEPS) et les manifestations qu’elle organise].
227
informations sur l’actualité de l’enseignement du français ; il est possible de s’abon-
ner à La Lettre du français (lettre d’information mensuelle)].
Revue : Le Français aujourd’hui
Diffusion : Armand Colin, 21 rue Montparnasse, 75006 Paris, France.
Mèl : [email protected]
Site Internet de la revue : http://www.armand-colin.com/revue/16/1/le-francais-
aujourd-hui.php [Le site donne des informations pratiques sur la revue (les tarifs et
les conditions d’abonnement, ainsi que des conseils aux auteurs d’articles à sou-
mettre)].
Recherches : Revue de l’ARDPF (Association Recherches pour une didactique et une pé-
dagogie du français)
Mèl : [email protected]
Site Internet : http://www.recherches.lautre.net/ [En plus d’informations pratiques
sur la revue (bon de commande notamment), on trouve sur ce site un résumé des
numéros parus, les sommaires des derniers numéros et quelques articles reproduits
en ligne].
Didactique de l’histoire
APHG : Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie
[Voir à Didactique de l’histoire-géographie]
Didactique de l’histoire-géographie
APHG : Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie
Adresse postale : BP 6541, 75065 Paris Cedex 2, France.
Mèl : [email protected]
Site Internet : http://ecehg.inrp.fr/ECEHG [Le site présente les principes et les travaux
des équipes Ifé engagées dans la recherche sur l’enseignement de l’histoire-géographie
(envisagée comme discipline scolaire)].
ECEHG : Enjeux contemporains de l’enseignement en histoire-géographie
Site Internet : http://ecehg.inrp.fr/ECEHG [Le site présente les principes et les travaux
des équipes INRP engagées dans la recherche sur l’enseignement de l’histoire-
géographie (envisagée comme discipline scolaire)].
Didactique de la musique
OBSERVATOIRE MUSICAL FRANÇAIS (OMF)
Adresse : Université de Paris-Sorbonne, 1 rue Victor Cousin, 75001 Paris, France
Revue : Le journal de recherche en ÉducationMusicale
Site : http://www.omf.paris-sorbonne.fr/ [Équipe de recherche universitaire (Paris-
Sorbonne) composée de six groupes de recherche spécialisés dans l’analyse des
théories, des esthétiques, des langages, des mouvements et de l’enseignement mu-
sical. Le site présente un calendrier des manifestations, un annuaire des chercheurs,
des informations sur les publications, etc. Le groupe MUSECO (Musique, Société, En-
seignement et Cognition) peut particulièrement intéresser les didacticiens. On trou-
vera aussi de nombreuses informations dans la rubrique « Publications ». La revue
Le journal de recherche en ÉducationMusicale, qui existe depuis 2002, est téléchar-
geable à l’adresse suivante : http://www.omf.paris-sorbonne.fr/Presentation-512
245
Amade-Escot Chantal, Marsenach Jacqueline (1995) : Didactique de l’Éducation Physique et
Sportive, Grenoble, La pensée sauvage.
Amade-Escot Chantal, Venturini Patrice, dir. (2008) : Les Dossiers des Sciences de l’Éduca-
tion, n° 20, Analyse de situations didactiques : perspectives comparatistes, Toulouse,
Presses Universitaires du Mirail.
Amigues René, Zerbato-Poudou Marie-Thérèse (1996) : Les Pratiques scolaires d’apprentis-
sage et d’évaluation, Paris, Dunod.
André Yves (1998) : Enseigner les représentations spatiales, Paris, Anthropos.
Ardouin Isabelle (1995) : Du dessin aux arts plastiques, dans Develay Michel, dir. : Savoirs
scolaires et didactiques des disciplines, une encyclopédie pour aujourd’hui, Paris, ESF,
p. 33-52.
Ardouin Isabelle (1997) : L’Éducation artistique à l’école, Paris, ESF.
Arnaud Pierre (1985) : La didactique de l’éducation physique, dans Arnaud Pierre, Broyer
Gérard, dir. : Psychopédagogie des activités physiques et sportives, Toulouse, Privat,
p. 241-273.
Arnaud Pierre (1989) : Contribution à une histoire des disciplines d’enseignement : la mise
en forme scolaire de l’éducation physique, Revue Française de Pédagogie, n° 89, Éduca-
tion physique et sportive, Paris, INRP, p. 29-34.
Arnaud Pierre (1991) : Le Militaire, l’écolier, le gymnaste. Naissance de l’éducation physique
en France (1869-1889), Lyon, Presses Universitaires de Lyon.
Arsac Gilbert, Tiberghien Andrée (1995) : Introduction, dans Arsac Gilbert, Gréa Jean, Grenier
Denise, Tiberghien Andrée, dir. : Différents types de savoirs et leur articulation, Grenoble,
La Pensée Sauvage, p. 7-11.
Artigue Michèle (1986) : Étude de la dynamique d’une situation de classe : une approche
de la reproductibilité, Recherches en didactique des mathématiques, vol. 7, n° 1, Gre-
noble, La Pensée Sauvage, p. 5-62.
Artigue Michèle (1988) : Ingénierie didactique, Recherches en didactique des mathéma-
tiques, vol. 9, n° 3, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 281-308.
Artigue Michèle, Gras Régis, Laborde Colette, Tavignot Patricia, dir. (1994) : Vingt ans de
didactique des mathématiques en France, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Astolfi Jean-Pierre (1990) : L’émergence de la didactique de la biologie, un itinéraire,
Aster, n° 11, Informatique, regards didactiques, Paris, INRP, p. 195-224.
Astolfi Jean-Pierre (1992) : L’École pour apprendre, Paris, ESF.
Astolfi Jean-Pierre (1997a) : Du « tout » didactique au « plus » didactique, Revue Française
de Pédagogie, n° 120, Penser la pédagogie, Paris, INRP, p. 67-74.
Astolfi Jean-Pierre (1997b) : L’Erreur, un outil pour enseigner, Paris, ESF.
Astolfi Jean-Pierre (2008) : La saveur des savoirs. Disciplines et plaisir d’apprendre, Paris,
ESF.
Astolfi Jean-Pierre, Darot Éliane, Ginsburger-Vogel Yvette, Toussaint Jacques (1997) :
Mots-clefs de la didactique des sciences, Bruxelles, De Boeck.
Astolfi Jean-Pierre, Develay Michel (1989) : La Didactique des sciences, Paris, Presses Uni-
versitaires de France, collection Que sais-je ?
Astolfi Jean-Pierre, dir. (1985) : Procédures d’apprentissage en sciences expérimentales,
Paris, INRP.
Astolfi Jean-Pierre, dir. (1997) : Pratiques de formation en didactique des sciences,
Bruxelles, De Boeck.
Audigier François (1993) : Les représentations que les élèves ont de l’histoire et de la géo-
graphie, à la recherche de modèles disciplinaires entre leur définition par l’institution et
leur appropriation par les élèves, Thèse de Doctorat, Université de Paris 7.
Audigier François (1999a) : L’Éducation à la citoyenneté, Paris, INRP.
Bibliographie 247
Balpe Claudette (1997) : L’enseignement des sciences physiques : naissance d’un corps pro-
fessoral (fin XVIIIe siècle-fin XIXe siècle), Histoire de l’éducation, n° 73, Paris, INRP, p. 49-
85.
Baron Georges-Louis (1989) : L’informatique, discipline scolaire ? Paris, PUF.
Baron Georges-Louis, Bruillard Éric (1996) : L’informatique et ses usagers dans l’éducation.
Paris, Presses Universitaires de France.
Baron Georges-Louis, Bruillard Éric (2001). Une didactique de l’informatique ? Revue fran-
çaise de Pédagogie, n° 135, Lyon, INRP, p. 163-172.
Barré de Miniac Christine (2000) : Le Rapport à l’écriture. Aspects théoriques et didactiques,
Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.
Barré de Miniac Christine (2011) : Le rapport à l’écriture : une notion heuristique ou un
nouveau concept ?, dans Daunay Bertrand, Reuter Yves, Schneuwly Bernard, dir. : Les
concepts et les méthodes didactiques du français, Namur, AIRDF — Presses universitaires
de Namur, p. 175-194.
Barré de Miniac Christine, Cros Françoise, Ruiz Jacqueline (1993) : Les Collégiens et l’écri-
ture. Des pratiques familiales aux exigences scolaires, Paris, INRP — ESF.
Barré de Miniac Christine, Reuter Yves, dir. (2006) : Apprendre à écrire au collège dans les
différentes disciplines, Lyon, INRP.
Barrère Anne (1997) : Les Lycéens au travail, Paris, Presses Universitaires de France.
Baruk Stella (1985) : L’Âge du capitaine. De l’erreur en mathématiques, Paris, Seuil.
Baudelot Christian, Cartier Marie, Detrez Christine (1999) : Et pourtant, ils lisent…, Paris,
Seuil.
Baudouin Jean-Michel, Friedrich Janette (2001) : Introduction. Théories de l’action et édu-
cation, dans Baudouin Jean-Michel, Friedrich Janette, dir. : Théories de l’action et édu-
cation, Bruxelles, De Boeck, p. 7-24.
Bautier Élisabeth (1995) : Pratiques langagières, pratiques sociales. De la sociolinguistique
à la sociologie du langage, Paris, L’Harmattan.
Bautier Élisabeth (1998) : Des genres du discours aux pratiques langagières ou des diffi-
cultés à penser le sujet social et ses pratiques, dans Grossmann Francis, dir. : Pratiques
langagières et didactiques de l’écrit. Hommage à Michel Dabène, Grenoble, IVEL-LIDILEM,
p. 145-156.
Bautier Élisabeth (2001) : Pratiques langagières et scolarisation, Revue Française de Péda-
gogie, n° 137, La pédagogie et les savoirs de débat, Paris, INRP, p. 117-161.
Bautier Élisabeth, Rochex Jean-Yves (1998) : L’Expérience scolaire des nouveaux lycéens.
Démocratisation ou massification ?, Paris, Armand Colin.
Beacco Jean-Claude (2007) : L’approche par compétences dans l’enseignement des langues,
Paris, Didier.
Beacco Jean-Claude, Chiss Jean-Louis, Cicurel Francine, Véronique Dominique, dir. (2005) :
Les cultures éducatives et linguistiques dans l’enseignement des langues, Paris, Presses
Universitaires de France.
Beaufils Daniel (1993) : L’ordinateur outil d’investigation scientifique au lycée : proposi-
tions et implications didactiques, Didaskalia, n° 1, Paris, INRP, p. 123-130.
Beillerot Jacky, Blanchard-Laville Claudine, Mosconi Nicole, dir. (1989) : Savoir et rapport
au savoir. Élaborations théoriques et cliniques, Paris, Éditions universitaires.
Beillerot Jacky, Mosconi Nicole, dir. (2006) : Traité des sciences et des pratiques de l’éduca-
tion, Paris, Dunod.
Beitone Alain, Decugis Marie-Ange, Dollo Christine, Rodrigues Christophe (2004) : Les
Sciences économiques et sociales. Enseignement et apprentissages, Bruxelles, De Boeck.
Beitone Alain, Decugis-Martini Marie-Ange, Legardez Alain (1995) : Enseigner les SES,
Paris, Armand Colin.
Belhoste Bruno, Gispert Hélène, Hulin Nicole, dir. (1996) : Les Sciences au lycée : un siècle
de réformes des mathématiques et de la physique en France et à l’étranger, Paris, Vuibert
— INRP.
Bibliographie 249
Bourg Adrien (2008) : Didactique de la musique : apports d’une approche comparatiste.
Étude des notions de transposition didactique et d’organisation praxéologique pour
l’enseignement/apprentissage du piano, Éducation et Didactique, vol.2, n° 1, p. 69-88.
Bourg Adrien (2010) : Des procédures pianistiques d’élèves débutants à leurs conceptions
du doigté, Les sciences de l’éducation — Pour l’ère nouvelle, vol. 43, n° 1, p. 37-62.
Bourg Adrien dir. (2012) : Éduquer/former, n° 43, Musique et pratiques actuelles en milieu
scolaire, Paris, ICP.
Boutan Pierre, Savatovsky Dan (2000) : Avant-propos, Études de linguistique appliquée,
n° 118, La Crise-du-français, Paris, Didier, p. 133-143.
Boyer Catherine, Reuter Yves, dir. (2012) : Recherches en didactiques, n° 13, Les contenus
disciplinaires, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.
Brassart Dominique-Guy (2005) : Didactique du français langue maternelle : approche(s)
« cognitiviste(s) » ?, dans Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique
du français. Fondements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck, p. 95-118.
Briane Chantal, Cain Albane, dir. (1995) : Quelles perspectives pour la didactique des lan-
gues ?, Paris, INRP.
Brigaudiot Mireille, Brossard Michel, dir. (1994) : Repères, n° 9, Activités métalinguistiques
à l’école, Paris, INRP.
Brissaud Catherine (2011) : Didactique de l’orthographe : avancées ou piétinements ?, Pra-
tiques, n° 149-150, Didactique du français-2, Metz, CRESEF, p. 207-226.
Bronckart Jean-Paul (1989) : Du statut des didactiques des matières scolaires, Langue fran-
çaise, n° 82, Vers une didactique du français ?, Paris, Larousse, p. 53-65.
Bronckart Jean-Paul (1996) : Activités langagières. Textes et discours. Pour un interaction-
nisme socio-discursif, Lausanne, Delachaux et Niestlé.
Bronckart Jean-Paul (2001) : S’entendre pour agir et agir pour s’entendre, dans Baudouin
Jean-Michel, Friedrich Janette, dir. : Théories de l’action et éducation, Bruxelles, De
Boeck, p. 133-154.
Bronckart Jean-Paul (2005) : Développement, compétences et capacités d’action des
élèves, dans Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique du français.
Fondements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck, p. 135-148.
Bronckart Jean-Paul (2011) : La formation aux compétences langagières : pour un réexa-
men des rapports entre langue et discours, Bulletin Suisse de linguistique appliquée n° 3,
p. 7-46.
Bronckart Jean-Paul, Bain Daniel, Schneuwly Bernard, Davaud Clairette, Pasquier Auguste
(1985) : Le Fonctionnement des discours. Un modèle psycholinguistique et une méthode
d’analyse, Lausanne, Delachaux et Niestlé.
Bronckart Jean-Paul, Brun Jean, Roulet Eddy (1991) : Quelle direction de recherche pour
la didactique du français langue maternelle ?, Études de linguistique appliquée, n° 84,
État de la recherche en didactique du français langue maternelle, Paris, Didier, p. 111-120.
Bronckart Jean-Paul, Bulea Ecaterinea, Pouliot Michèle, dir. (2005) : Repenser l’enseigne-
ment des langues : comment identifier et exploiter les compétences, Villeneuve d’Ascq,
Presses Universitaires du Septentrion.
Bronckart Jean-Paul, Dolz Joaquim (1999) : La notion de compétence : quelle pertinence
pour l’étude de l’apprentissage des actions langagières ?, Raisons Éducatives, n° 1-2,
L’énigme de la compétence en éducation, Bruxelles, De Boeck, p. 27-44.
Bronckart Jean-Paul, Plazaola Giger Itziar (1998) : La transposition didactique. Histoire et
perspectives d’une problématique fondatrice, Pratiques, n° 97-98, La Transposition didac-
tique en français, Metz, CRESEF, p. 35-58.
Brondeau-Four Marie-Jeanne, Darmon Béatrice, Huard Sylvie, Massuel Jean-Philippe,
Willaume Jacques (1997) : Connaissances en arts plastiques : bilan du premier cycle, Paris,
INRP.
Brossard Michel (1994a) : L’Adaptation de l’enfant à l’école, Paris, Collection Scientifique
Stablon.
Bibliographie 251
Nationale de France pour la première édition (site http://gallica.bnf.fr), par l’INRP pour
la deuxième (site http://www.inrp.fr)]
Buty Christian, Plantin Christian, dir : (2008) : Argumenter en classe de sciences, Paris,
INRP.
Caillot Michel (1993) : Sens et situations didactiques en sciences expérimentales, dans
Jonnaert Philippe, Lenoir Yves, dir. : Sens des didactiques et didactique du sens,
Sherbrooke, Éditions du CRP, p. 157-174.
Cain Albane (1992) : La didactique des langues. Un champ de lecture défini mais multiple,
Perspectives documentaires en éducation, n° 25, Paris, INRP, p. 75-87.
Calmettes Bernard, dir. (2012) : Didactique des sciences et démarches d’investigation : réfé-
rences, représentations, pratiques et formation, Paris, L’Harmattan.
Candelier Michel (2003) : L’éveil aux langues à l’école primaire. Evlang : bilan d’une innova-
tion européenne, Bruxelles, De Boeck — Duculot.
Canelas-Trevisi Sandra (2009) : La grammaire enseignée en classe, Bern, Peter Lang.
Canelas-Trevisi Sandra, Thévenaz-Christen Thérèse (2002) : L’étude des interactions en
classe de français langue étrangère et langue maternelle : deux « didactiques » au banc
d’essai ?, Revue Française de Pédagogie, n° 141, Vers une didactique comparée, Paris,
INRP, p. 17-26.
Carette Emmanuelle, Carton Francis, Vlad Monica, dir. (2012) : Diversités culturelles et ensei-
gnement du français dans le monde, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.
Caspard Pierre, dir. (1990) : Histoire de l’éducation, n° 46, Travaux d’élèves : pour une his-
toire des performances scolaires et de leur évaluation, XIXe-XXe siècles, Paris, INRP.
Caspard Pierre, dir. (1992) : Histoire de l’éducation, n° 52, Travaux d’élèves : pour une his-
toire des performances scolaires et de leur évaluation, XIXe-XXe siècles, Paris, INRP.
Castellotti Véronique, Chalabi Hocine, dir. (2006) : Le Français langue étrangère et seconde.
Des paysages didactiques en contexte, Paris, L’Harmattan.
Castellotti Véronique, dir. (2001) : La langue maternelle en classe de langue étrangère, Paris,
CLE International.
Chabanne Jean-Charles, Dezutter Olivier, dir. (2011) : Les gestes de régulation des appren-
tissages dans la classe de français. Quelle improvisation professionnelle ? Bruxelles, De
Boeck.
Chambon Michel (1990) : Les représentations des disciplines scolaires par les parents
d’élèves : enjeux de valeurs, enjeux sociaux, Revue Française de Pédagogie, n° 92, Paris,
INRP, p. 31-40.
Chanteux Magali (1989) : Les pratiques des enseignants en arts plastiques. Contribution
à leur description en CM2 et en 6e, Revue Française de Pédagogie, n° 87, Paris, INRP,
p. 5-14.
Charaudeau Patrick (1993) : Le contrat de communication dans la situation de classe, dans
Halté Jean-François, dir. : Inter-actions, Metz, CASUM, p. 121-135.
Charlot Bernard (1997) : Du rapport au savoir. Éléments pour une théorie, Paris, Anthropos.
Charlot Bernard (2003) : La problématique du rapport au savoir, dans Maury Sylvette,
Caillot Michel, dir. : Rapport au savoir et didactiques, Paris, Fabert, p. 33-50.
Charlot Bernard, Bautier Élisabeth, Rochex Jean-Yves (1992) : École et savoir dans les ban-
lieues et ailleurs, Paris, Armand Colin.
Charlot Catherine, Reuter Yves (2012) : Participer et faire participer : regards croisés
d’élèves et d’enseignants sur la participation en classe de seconde, Recherches en Didac-
tiques, n° 14, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p. 85-108.
Chartier Anne-Marie (1999) : Un dispositif sans auteur : cahiers et classeurs dans l’école
primaire, Hermès, Le dispositif, Entre usage et concept, 25, CNRS, pp. 207-218.
Chartier Anne-Marie (2003) : Exercices écrits et cahiers d’élèves : réflexions sur des pra-
tiques de longue durée, Le Télémaque, n° 24, Descriptions de l’ordinaire des classes,
Presses Universitaires de Caen, p. 81-110.
Chartier Anne-Marie (2007) : L’école et la lecture obligatoire, Paris, Retz.
Bibliographie 253
Chiss Jean-Louis (2008) : Immigration, École et Didactique du français, Paris, Didier.
Chiss Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. (2005) : La Didactique du français. Fon-
dements d’une discipline, Bruxelles, De Boeck.
Chiss Jean-Louis, Merlin-Kajman Hélène, Puech Christian dir. (2011) : Le français, discipline
d’enseignement : histoire, champs, terrain, Paris, Riveneuve éditions.
Chopin Marie-Pierre (2010) : Les usages du « temps » dans les recherches sur l’enseigne-
ment, Revue Française de Pédagogie, n° 70, p. 87-110.
Chopin Marie- Pierre (2011) : Le temps de l’enseignement, l’avancée du savoir et la gestion
des hétérogénéïtés dans la classe, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Choppin Alain (1992) : Manuels scolaires : histoire et actualité, Paris, Hachette.
Cicurel Francine (2011) : De l’analyse des interactions en classe de langue à l’agir profes-
soral : une recherche entre linguistique interactionnelle, didactique et théories de
l’action, Pratiques, n° 149 -150, Didactique du français — 2, Metz, CRESEF, p. 41-57.
Clément Pierre (1998) : La biologie et sa didactique, dix ans de recherche, Aster, n° 27,
Thèmes, Thèses, Tendances, Paris, INRP, p. 57-93.
Clot Yves (1999) : La Fonction psychologique du travail, Paris, Presses Universitaires de
France.
Clot Yves (1999/2002) : Avec Vygotski, Paris, La Dispute. [2e édition augmentée]
Clot Yves (2008) : Le travail sans l’homme ? Pour une psychologie des milieux de travail et
de vie, Paris, La Découverte — Poche.
Coen Pierre-François, Zulauf Madeleine (2006) : Entre savoirs modulés et savoir moduler.
L’éducation musicale en question, Paris, L’Harmattan.
Cohen Cora (2001) : Quand l’enfant devient visiteur. Une nouvelle approche du partenariat
École/Musée, Paris, L’Harmattan.
Cohen-Azria Cora (2011) : Sorties avec l’école dans les musées de sciences : quels statuts
pour le visiteur scolaire ? Recherches en Didactiques n° 11, Enfant, élève, apprenant,
Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, p. 97-110.
Cohen-Azria Cora, Sayac Nathalie, dir. (2009) : Questionner l’implicite. Les méthodes de
recherche en didactiques (3), Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.
Collès Luc, Dufays Jean-Louis, Fabry Geneviève, Maeder Costantino, dir. (2001) : Didactique
des langues romanes. Le développement des compétences chez l’apprenant, Bruxelles, De
Boeck — Duculot.
Colomb Jacques (1993) : Contrat didactique et contrat disciplinaire, dans Houssaye Jean,
dir. : La Pédagogie : une encyclopédie pour aujourd’hui, Paris, ESF, p. 39-50.
Combemale Pascal (1995) : Les Sciences économiques et sociales. Émergences et enseigne-
ment d’une discipline, Paris, CNDP — Hachette.
Compère Marie-Madeleine, Savoie Philippe (2005) : L’histoire de l’école et de ce qu’on y
apprend, Revue Française de Pédagogie, n° 152, Sciences cognitives, apprentissages et
enseignement, INRP, p. 107-146.
Constant Nathalie (2005) : Décrire en français et en mathématiques. Étude comparée de
représentations et de pratiques, Thèse de Doctorat en Sciences de l’Éducation, Université
Charles-de-Gaulle — Lille 3.
Coquidé Maryline (1998) : Les pratiques expérimentales : propos d’enseignants et concep-
tions officielles, Aster, n° 26, L’Enseignement scientifique vu par les enseignants, Paris,
INRP, p. 109-132.
Coquidé Maryline, Le Maréchal Jean-François, dir. (2006) : Aster, n° 43, Modélisation et
simulation, Paris, INRP.
Coquidé Maryline, Prieur Michèle, dir. (2010) : Enseigner l’espace et le temps à l’école et au
collège, Paris, INRP.
Cortier Claude, Bouchard Robert, dir. (2008) : Le Français dans le monde, Recherches et
applications, n° 43, Quel oral enseigner cinquante ans après le Français Fondamental ?,
CLE International.
Bibliographie 255
De Pietro Jean-François, Schneuwly Bernard (2003) : Le modèle didactique du genre : un
concept de l’ingénierie didactique, Les Cahiers Théodile, n° 3, Villeneuve d’Ascq, Univer-
sité Charles-de-Gaulle — Lille 3, p. 27-52.
Delacôte Goéry, Tiberghien Andrée, dir. (1984) : Recherche en didactique de la physique,
Paris, Éditions du CNRS.
Delamotte Régine, Penloup Marie-Claude, Chabanois Michèle (2013) : Recueillir le point de
vue d’élèves de CM sur l’écriture en sciences. Pourquoi ? Comment ?, dans Daunay Ber-
trand, Dufays Jean-Louis, Du côté des élèves. Étudier les discours et les pratiques des
apprenants en didactique du français : pourquoi et comment ?, Bruxelles, De Boeck.
Delcambre Isabelle (2004) : De quoi les traces linguistiques sont-elles l’indice ?,
Recherches, n° 41, Traces, Lille, ARDPF, p. 67-72.
Delcambre Isabelle (2006) : Évaluation et discipline scolaire, Les Cahiers d’études du CUEEP,
n° 57, L’évaluation : regards croisés en didactiques, Villeneuve d’Ascq, Université de Lille
1, p. 131-141.
Delcambre Isabelle, Dolz Joaquim, Simard Claude, dir. (2000) : La Lettre de la DFLM, n° 26,
Écrire pour apprendre, Namur.
Delcambre Isabelle, Lahanier- Reuter Dominique, dir. (2012) : Pratiques n° 153-154, Litté-
racies universitaires : nouvelles perspectives, Metz, CRESEF, juin.
Delcambre Isabelle, Lahanier-Reuter Dominique (2009) : Écrits et disciplines dans l’univer-
sité française : le cas des sciences humaines, dans Defays Jean-Marc, Englebert Annick
dir. : Acteurs et contextes des discours universitaires. T. II. Actes du Colloque international
« Les discours universitaires : formes, pratiques, mutations » (Bruxelles, 24, 25, 26 avril
2008), Paris, L’Harmattan, p. 151-166.
Delcambre Isabelle, Reuter Yves (2002) : Images du scripteur et rapports à l’écriture, Pra-
tiques, n° 113-114, Images du scripteur et rapports à l’écriture, Metz, CRESEF, p. 7-28.
Delcambre-Derville Isabelle, Legrand Guy, dir. (2009) : Spirale, n° 43, Documents officiels
et travail enseignant, Lille, ARRED.
Delesalle Dominique, dir. (2005) : L’apprentissage des langues à l’école : diversité des pra-
tiques, Paris, L’Harmattan. [2 tomes]
Delforce Bernard (1982) Les difficultés langagières. Pour une autre hypothèse explicative,
Bulletin du CERTE n° 1, Université Lille 3, p. 29-69, repris dans Recherches en Didactiques,
n° 12 (2011), p. 145-170.
Delforce Bernard (1985) Approches didactiques de la production d’un écrit « fonctionnel » :
les difficultés de la dissertation, Pratiques n° 48, Les écrits non fictionnels, p. 35-52.
Delpy Françoise, dir. (2006) : Spirale, n° 38, Les langues à l’école, Lille, ARRED.
Denizot Nathalie (2010) Genres littéraires et genres textuels dans la discipline français,
Pratiques n° 145-145, Didactique du français-1, Metz, CRESEF, p. 211-230.
Denizot Nathalie, Mabilon-Bonfils Béatrice (2012) : La dissertation : déclinaisons discipli-
naires d’un objet scolaire, Recherches en Didactiques, n° 14, Activités disciplinaires dans
le secondaire, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p. 11-27.
Dervin Fred (2011) : Impostures interculturelles, Paris, L’Harmattan.
Develay Michel (1987) : À propos de la transposition didactique en sciences biologiques,
Aster, n° 4, Communiquer les sciences, Paris, INRP, p. 119-138.
Develay Michel (1991) : Discipline et « matrice disciplinaire », Cahiers pédagogiques,
n° 298, Les Contenus d’enseignement, Paris, CRAP, p. 25-27.
Develay Michel (1995) : Le sens d’une réflexion épistémologique, dans Develay Michel,
dir. : Savoirs scolaires et didactiques des disciplines, Paris, ESF, p. 17-31.
Develay Michel (1997) : Origines, malentendus et spécificités de la didactique, Revue Fran-
çaise de Pédagogie, n° 120, Penser la pédagogie, Paris, INRP, p. 59-66.
Develay Michel (2001) : Propos sur les sciences de l’éducation, Paris, ESF.
Develay Michel, dir. (1995) : Savoirs scolaires et didactique des disciplines. Une encyclopédie
pour aujourd’hui, Paris, ESF.
Diemer Arnaud, dir. (2004) : Enseigner l’économie, Paris, L’Harmattan.
Bibliographie 257
Elalouf Marie-Laure, Robert Aline, Belhadjin Anissa, Bishop Marie- France, dir. (2012) : Les
didactiques en question(s). État des lieux et perspectives pour la recherche et la formation,
Bruxelles, De Boeck.
Endrizzi Laure, Rey Olivier (2008) : L’évaluation au cœur des apprentissages, Dossier
d’actualité Veille et Analyses de l’IFE, n° 9, novembre [En ligne : http://ife.ens-
lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=39&lang=fr (dernière consul-
tation le 12 janvier 2013)].
Erdmann Elisabeth, Maier Robert, Popp Suzanne, dir. (2006) : Geschichtsunterricht interna-
tional — Bestandsaufnahme und Visionen. Worldwide Teaching of History — Present and
Future. L’enseignement de l’histoire dans le monde — Bilan et visions, Hannover,
Hahnsche Buchkandlung.
Ernst Sophie, dir. (2008) : Quand les mémoires déstabilisent l’école, Lyon, INRP.
Fabre Michel, Orange Christian (1997) : Construction des problèmes et franchissement
d’obstacles, ASTER n° 24, Obstacles : travail didactique, Paris, INRP, p. 37-57.
Fabre-Cols Claudine, dir. (2000) : Apprendre à lire des textes d’enfants, Bruxelles, De Boeck
— Duculot.
Falardeau Érick, Simard Denis (2011) : La culture en classe de français : témoignages d’ensei-
gnants, Québec, Presses de l’Université Laval.
Falardeau Érick, Simard Denis, Gagné Julie-Christine, Côté Héloïse, Carrier Louis-Philippe,
Émery-Bruneau Judith (2009) : Rapport à la culture et formation du sujet lecteur, dans
Daunay Bertrand, Delcambre Isabelle, Reuter Yves, dir. : Didactique du français : le socio-
culturel en question. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion, p. 111-122.
Fayolle Roger (2009) : Comment la littérature nous arrive, Paris, Presses de la Sorbonne
Nouvelle.
Fijalkow Claire (2003) : Deux siècles de musique à l’école. Chroniques de l’exception pari-
sienne 1819-2002, Paris, L’Harmattan.
Filliettaz Laurent, Schubauer-Leoni Maria-Luisa, dir. (2008) : Processus interactionnels et
situations éducatives, Bruxelles, De Boeck.
Filloux Janine (1974/1996) : Du contrat pédagogique. Le discours inconscient de l’école,
Paris, Bordas — L’Harmattan.
Fluckiger Cédric (2008) : L’école à l’épreuve de la culture numérique des élèves, Revue fran-
çaise de pédagogie n° 163, La culture des élèves : enjeux et questions, Lyon, INRP, p. 51-
61.
Fourez Gérard (1988) : La construction des sciences : les logiques des inventions scienti-
fiques. Introduction à la philosophie et à l’éthique des sciences, Bruxelles, De Boeck.
[4e édition augmentée]
Fourez Gérard, dir. (1994) : Alphabétisation scientifique et technique : essai sur les finalités
de l’enseignement des sciences, Bruxelles, De Boeck.
Fourez Gerard (2001) : La Construction des sciences, Bruxelles, De Boeck.
Fourtanier Marie-José, Langlade Gérard (2000) : Enseigner la littérature, Paris, Delagrave —
CRDP Midi-Pyrénées.
Fourtanier Marie-José, Langlade Gérard, Rouxel Annie, dir. (2001) : Recherches en didac-
tique de la littérature, Presses Universitaires de Rennes.
François Frédéric (1980) : Analyse linguistique, normes scolaires et différenciations socio-
culturelles, Langages, n° 59, Conduites langagières et sociolinguistique scolaire, Paris,
Didier, p. 25-52.
Freinet Célestin (1964) : Les Techniques Freinet de l’école moderne, Paris, Armand Colin.
Gagné Gilles, Lazure Roger, Sprenger-Charolles Liliane, Ropé Françoise (1989) : Recherches
en didactique et acquisition du français langue maternelle. Tome 1 : Cadre conceptuel, thé-
saurus et lexique des mots-clés, Bruxelles, De Boeck — Wesmael ; Paris, Éditions Univer-
sitaire — INRP ; Montréal, Université de Montréal — PPMF.
Gaillot Bernard-André (1991) : Arts plastiques. Éléments d’une didactique critique, Paris,
Presses Universitaires de France.
Bibliographie 259
Goffard Monique, Weil-Barais Annick (2005) : Enseigner et apprendre les sciences, Paris,
Armand Colin.
Goigoux Roland (2002) : Tâche et activité en didactique du français : contribution de la
psychologie ergonomique, dans Dolz Joaquim, Schneuwly Bernard, Thévenaz Thérèse,
Wirthner Martine, dir. : Les Tâches et leurs entours en classe de français, Actes du 8e col-
loque international de la DFLM, Neuchâtel, septembre 2001, DFLM. [CDRom (diffusion
AIRDF)]
Goigoux Roland, Pollet Marie-Christine, dir. (2011) : Didactiques de la lecture, de la mater-
nelle à l’université, Namur, AIRDF — Presses universitaires de Namur.
Goigoux Roland, Vergnaud Gérard (2005) : Schèmes professionnels, La Lettre de l’AIRDF,
n° 36, Les Gestes professionnels, Namur, p. 7-10.
Gombert Jean-Émile (1990) : Le Développement métalinguistique, Paris, Presses Universi-
taires de France.
Grossmann Francis (2011) : Didactique du lexique : état des lieux et nouvelles orientations,
Pratiques, n° 49-150, Didactique du français — 2, Metz, CRESEF, p. 163-183.
Groupe EVA (1991) : Évaluer les écrits à l’école primaire, Paris, Hachette.
Guernier Marie-Cécile, Durand-Guerrier Viviane, Sautot Jean-Pierre (2006) : Interactions
verbales, didactiques et apprentissages. Recueil, traitement et interprétation didactiques
des données langagières en contextes scolaires, Besançon, Presses Universitaires de
Franche-Comté.
Guichard Jack, Martinand Jean-Louis (2000) : Médiatique des sciences, Paris, Presses Uni-
versitaires de France.
Guirard Laurent, Boudinet Gilles (2001) : Le sens de l’expérience musicale dans l’éducation,
Paris, Observatoire Musical Français.
Hadji Charles (1995) : L’Évaluation, règles du jeu, Paris, ESF.
Halté Anne, Petitjean André dir. (2010) : Pratiques, n° 145-146, Didactique du français
Metz, CRESEF, juin.
Halté Anne, Petitjean André dir. (2011) : Pratiques, n° 149-150, Didactique du français 2,
Metz, CRESEF, juin.
Halté Jean-François (1984) : L’annotation des copies, variété ou base du dialogue pédago-
gique, Pratiques, n° 44, L’Évaluation, Metz, CRESEF, p. 61-69.
Halté Jean-François (1992) : La Didactique du français, Paris, Presses Universitaires de
France, collection Que sais-je ?
Halté Jean-François (1998) : L’espace didactique et la transposition, Pratiques n° 97-98,
La transposition didactique en français, Metz, CRESEF, p. 71-192.
Halté Jean-François (1998/2008) : Le français entre rénovation et reconfiguration, Pra-
tiques, n° 137-138, La didactique du français. Hommages à Jean-François Halté, Metz,
CRESEF, p. 23-38.
Halté Jean-François (2001) : Des modèles de la didactique aux problèmes de la DFLM, dans
Marquilló Larruy Martine, dir. : Questions d’épistémologie en didactique du français (lan-
gue maternelle, langue seconde, langue étrangère), Poitiers, Les Cahiers FORELL — Uni-
versité de Poitiers, p. 13-19.
Halté Jean-François (2005) : Interactions : une problématique à la frontière, dans Chiss
Jean-Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique du français. Fondements d’une
discipline, Bruxelles, De Boeck, p. 61-76.
Halté Jean-François, Rispail Marielle, dir. (2005) : L’oral dans la classe. Compétences, ensei-
gnement, activités, Paris, L’Harmattan.
Harlé Isabelle (2010) : La Fabrique des savoirs scolaires, Paris, La Dispute.
Harlé Isabelle (2012) : La construction des contenus d’enseignement : quelle complémen-
tarité des approches sociologique, didactique et historique ? Recherches en Didactiques,
n° 13, p. 11-20.
Hasni Abdelkrim, Lenoir Yves, Lebeaume Joël, dir. (2006) : La formation à l’enseignement
des sciences et des technologies au secondaire, Québec, Presses de l’université du Qué-
Bibliographie 261
Johsua Samuel, Félix Christine (2002) : Le travail des élèves à la maison : une analyse
didactique en termes de milieu pour l’étude, Revue Française de Pédagogie, n° 141, Vers
une didactique comparée, Paris, INRP, p. 89-97.
Jonnaert Philippe (1988) : Conflits de savoirs et didactiques, Bruxelles, De Boeck.
Jonnaert Philippe, dir. (1991) : Les didactiques. Similitudes et spécificités, Actes du col-
loque pour le 150e anniversaire de l’école normale libre de Braine-le-Comte, Bruxelles,
Plantyn.
Kakpo Séverine, Rayou Patrick (2010) : Contrats didactiques et contrats de travail hors la
classe, Éducation et Didactique, vol. 4, n° 2, Rennes, Presses Universitaires de Rennes,
p. 57-74.
Klein Gilles (2003) : Une affaire de discipline. L’éducation physique en France et en Europe
(1970-2000), Paris, Éditions de la revue EPS.
Labov William (1978) : Le Parler ordinaire : la langue dans les ghettos noirs des États-Unis,
Paris, Éditions de Minuit.
Lahanier-Reuter Dominique (1999) : Conceptions du hasard et enseignement des statistiques
et probabilités, Paris, Presses universitaires de France.
Lahanier-Reuter Dominique (2005a) : Genres dans une classe de mathématiques — Pre-
mière approche, Les Cahiers Théodile, n° 5, Villeneuve d’Ascq, Université Charles de
Gaulle — Lille 3, p. 33-48.
Lahanier-Reuter Dominique (2005b) : Enseignement et apprentissages mathématiques
dans une école Freinet, Revue Française de Pédagogie, n° 153, Décrire, analyser, évaluer
les pédagogies nouvelles, Paris, INRP, p. 55-65.
Lahanier-Reuter Dominique (2008) : Performances et apprentissages en didactique des
mathématiques, Les Cahiers Théodile, n° 9, Villeneuve d’Ascq, Université Charles de
Gaulle — Lille 3, p. 45-60.
Lahanier-Reuter Dominique, Delcambre Isabelle (2010) : Usages comparés des traitements
statistiques dans deux didactiques disciplinaires, Revue d’anthropologie des connais-
sances, Vol 4, n° 3, SAC, p. 551-569.
Lahanier-Reuter Dominique, Reuter Yves (2002) : Écrits et apprentissages. Première
approche dans quatre disciplines au collège, Pratiques, n° 113-114, Images du scripteur
et rapports à l’écriture, Metz, CRESEF, p. 113-134.
Lahanier-Reuter Dominique, Thépaut Antoine, dir. (2008) : Les Cahiers Théodile, n° 9, Ville-
neuve d’Ascq, Université Charles de Gaulle — Lille 3.
Lahire Bernard (1993) : Culture écrite et inégalités scolaires. Sociologie de l’« échec sco-
laire » à l’école primaire, Presses Universitaires de Lyon.
Lahire Bernard (1994) : L’inscription sociale des dispositions métalangagières, Repères,
n° 9, Activités métalinguistiques à l’école, Paris, INRP, p. 15-28.
Lahire Bernard (2008a) : La raison scolaire. École et pratiques d’écriture, entre savoir et pou-
voir, Presses Universitaires de Rennes.
Lahire Bernard (2008b) : La forme scolaire dans tous ses états, Revue suisse des sciences de
l’éducation, n° 2, 30e année, Gros plan sur la forme scolaire, Fribourg, Academic Press Fri-
bourg, p. 229-256.
Laparra Marceline (1991) : Réflexions sur une didactique de la langue maternelle au niveau
des premiers apprentissages, Pratiques, n° 71, Le français et les réformes, Metz, CRESEF,
p. 11-26.
Larcher Claudine, Schneeberger Patricia, dir. (2007) : Aster, n° 45, Professionnalité des
enseignants en sciences expérimentales, Paris, INRP.
Lautier Nicole (1997a) : À la rencontre de l’histoire, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires
du Septentrion.
Lautier Nicole (1997b) : Enseigner l’histoire au lycée, Paris, Armand Colin — Masson.
Lautier Nicole, Allieu-Mary Nicole (2008) : La didactique de l’histoire, Revue Française de
Pédagogie, n° 162, Acquisitions et progressions scolaires : recherches en psychologie,
Lyon, INRP, p. 95-131.
Bibliographie 263
Lenoir Yves, Tupin Frédéric (2011) : Recherches en Éducation, n° 2, Revisiter la notion de
s i t u a t i o n : a p p r o c h e s p lu r i e l l e s [ E n l i g n e : h t t p : / /w w w .r e c h e r c h e s - en -
education.net/spip.php?article137(dernière consultation le 13 janvier 2013)].
Leplat Jacques, Hoc Jean-Michel (1983) : Tâche et activité dans l’analyse psychologique
des situations, Cahiers de psychologie cognitive, vol. 1, n° 3, p. 49-63.
Lesne Marcel (1977/1994) : Travail pédagogique et formation d’adultes, Paris, L’Harmattan.
Léziart Yves (1997) : Savoir savant et transposition didactique en éducation physique et
sportive, STAPS, n° 42, p. 59-71.
Loquet Monique, Garnier Annie, Amade-Escot Chantal (2002) : Transmission des savoirs en
activités physiques, sportives et artistiques dans des institutions différentes : enseigne-
ment scolaire, entraînement sportif, transmission chorégraphique, Revue Française de
Pédagogie, n° 141, Vers une didactique comparée, Paris, INRP, p. 99-109.
Louichon Brigitte (2011) : La lecture littéraire est-elle un concept didactique ?, dans Dau-
nay Bertrand, Reuter Yves, Schneuwly Bernard, dir., Concepts et méthodes en didactique
du français, Namur, Presses Universitaires de Namur, p. 195-216.
Mabilon-Bonfils Béatrice, Saadoun Laurent (1997) : Didactique des sciences économiques et
sociales, Paris, Nathan.
Maingueneau Dominique (1984) : Genèses du discours, Bruxelles, Mardaga.
Malet Régis, dir. (2010) : École, médiations et réformes curriculaires. Perspectives internatio-
nales, Bruxelles, De Boeck.
Manesse Danièle, Cogis Danièle, Dorgans Michèle, Tallet Christine (2007) : Orthographe : à
qui la faute ?, Issy-les-Moulineaux, ESF.
Marchand Chrystel (2009) : Pour une didactique de l’art musical, Paris, L’Harmattan [préface
de Jean-Pierre Astolfi].
Marchand Frank (1971) : Le français tel qu’on l’enseigne, Paris, Larousse.
Marchand Philippe (2002) : Sur l’histoire de l’enseignement de l’histoire : questions de
méthodes, Histoire de l’éducation, n° 93, Paris, INRP, p. 37-57.
Marchive Alain (2008) : La pédagogie à l’épreuve de la didactique, Presses Universitaires de
Rennes.
Margolinas Claire (1992) : Éléments pour l’analyse du rôle du maître : les phases de conclu-
sion, Recherches en didactique des mathématiques, vol. 12, n° 1, Grenoble, La Pensée
Sauvage, p. 113-158.
Margolinas Claire (1993) : De l’importance du vrai et du faux dans la classe de mathéma-
tiques, Grenoble, La Pensée Sauvage.
Marquilló Larruy Martine (2003) : L’Interprétation de l’erreur, Paris, Nathan — CLE Interna-
tional.
Marquilló Larruy Martine, dir. (2001) : Questions d’épistémologie en didactique du français
(langue maternelle, langue seconde, langue étrangère), Poitiers, Les Cahiers FORELL —
Université de Poitiers.
Marsenach Jacqueline, Amade-Escot Chantal (1993) : Les orientations de la recherche en
didactique de l’éducation physique et sportive, Revue Française de Pédagogie, n° 103,
Didactiques, Paris, INRP, p. 33-42.
Martinand Jean-Louis (1985) : Sur la caractérisation des objectifs de l’initiation aux
sciences physiques, Aster, n° 1, Apprendre les sciences, Paris, INRP, p. 141-154.
Martinand Jean-Louis (1986) : Connaître et transformer la matière, Berne, Peter Lang.
Martinand Jean-Louis (1987) : Quelques remarques sur les didactiques des disciplines, Les
Sciences de l’éducation — Pour l’ère nouvelle, n° 1-2, Didactiques et sciences de l’éduca-
tion, Université de Caen Basse-Normandie, p. 23-29.
Martinand Jean-Louis (1989) : Pratiques de référence, transposition didactique et savoirs
professionnels en sciences et techniques, Les Sciences de l’éducation — Pour l’ère nou-
velle, n° 2, Université de Caen Basse-Normandie, p. 23-29.
Martinand Jean-Louis (1994) : Didactique, dans Champy Philippe, Étévé Christiane, dir. :
Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, Paris, Nathan, p. 254-256.
Bibliographie 265
Mialaret Jean-Pierre (2002) : Processus médiateurs au cours des interactions d’enseignement-
apprentissage de la musique, dans Wirthner Martine, Zulauf Madeleine, dir. : À la
recherche du développement musical, Paris, L’Harmattan, p. 167-194.
Migne Jean (1969) : Les obstacles épistémologiques à la formation des concepts, Éducation
Permanente, n° 2, p. 39-66.
Monchamp Alain, Sauvagot-Skibine Marie, dir. (1995) : Aster, n° 20, Représentations et
obstacles en géologie, Paris, INRP.
Moniot Henri (1993) : Didactique de l’histoire, Paris, Nathan.
Morandi Franc (2002) : Pratiques et logiques en pédagogie, Paris, Nathan.
Moscovici Serge (1961) : La psychanalyse, son image et son public, Paris, Presses Universi-
taires de France.
Noël-Gaudreault Monique, dir. (1997) : Didactique de la littérature. Bilan et perspective,
Québec, Nuit blanche.
Nonnon Élisabeth (1998) : L’apprentissage des conduites de questionnement : situations
et tâches langagières, Repères, n° 17, L’Oral pour apprendre, Paris, INRP, p. 55-86.
Nonnon Élisabeth (1999) : L’enseignement de l’oral et les interactions verbales en classe :
champs de référence et problématiques (Aperçu des ressources en langue française),
Revue Française de Pédagogie, n° 129, L’école pour tous : conditions pédagogiques, insti-
tutionnelles et sociales, Paris, INRP, p. 87-131.
Nonnon Élisabeth (2000) : Le tableau de l’enseignant, entre écrit et oral, Repères, n° 22,
Paris, INRP, p. 83-120.
Nonnon Élisabeth (2004) : Les activités de réflexion et d’analyse de l’oral, dans Garcia-
Debanc Claudine, Plane Sylvie, dir. : Comment enseigner l’oral à l’école primaire ?, Paris,
Hatier, p. 311-335.
Nonnon Élisabeth (2005) : Entre description et prescription, l’institution de l’objet :
qu’évalue-t-on quand on évalue l’oral ?, Repères, n° 31, L’Évaluation en didactique du
français : résurgence d’une problématique, Lyon, INRP, p. 161-187.
Nonnon Élisabeth (2011) : L’histoire de la didactique de l’oral, un observatoire de questions
vives de la didactique du français ? Pratiques, n° 149-150, Didactique du français-2,
Metz, CRESEF, p. 184-206.
Nonnon Élisabeth, Dolz Joaquim dir. (2010) Repères n° 41, La notion de progression dans
la pratique et la réflexion sur la langue de l’école au collège, Lyon, INRP.
Orange Christian (1997) : Problèmes et modélisation en biologie. Quels apprentissages pour
le lycée ?, Paris, Presses Universitaires de France.
Orange Christian (2002) : Apprentissages scientifiques et problématisation. Les Sciences
de l’éducation pour l’ère nouvelle, vol. 1, n° 35, L’enseignement des sciences : méthodes,
finalités, CERSE — Université de Caen, p. 25-42.
Orange Christian (2006) : Problématisation, savoirs et apprentissages en sciences, dans
Fabre Michel, Vellas Étiennette, Situation de formation et problématisation, Bruxelles, De
Boeck, p. 75- 90.
Orange Christian, dir. (2005) : Aster, n° 40, Problème et problématisation, Paris, INRP.
Orange Ravachol Denise (2005) : Problématisation fonctionnaliste et problématisation his-
torique en Sciences de la Terre chez les chercheurs et chez les lycéens, Aster, n° 40,
p. 177-204.
Orange Ravachol Denise (2012) : Didactique des sciences de la vie et de la terre. Entre phé-
nomènes et événements, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Orange Ravachol Denise, Beorchia Françoise (2011) : Principes structurants et construction
de savoirs en sciences de la vie et de la Terre, Éducation et Didactique, vol. 5, n° 1, p. 7-
27.
Pagoni-Andréani Maria (2004a) : L’éducation morale, dans Weil-Barais Annick, dir. : Les ap-
prentissages scolaires, Paris, Bréal, p. 218-237.
Pagoni-Andréani Maria, dir. (2004b) : Spirale, n° 34, Citoyenneté et rapport à la loi, Lille,
ARRED.
Bibliographie 267
Plane Sylvie, Schneuwly Bernard, dir. (2000) : Repères, n° 22, Les Outils d’enseignement du
français, Paris, INRP.
Porcher Louis (1995) : Le français langue étrangère, Paris, CNDP — Hachette.
Porcher Louis, Groux Dominique (1998) : L’apprentissage précoce des langues, Paris, Presses
Universitaires de France.
Poucet Bruno (1999) : Enseigner la philosophie : histoire d’une discipline scolaire, 1860-
1990, Paris, Éditions du CNRS.
Poucet Bruno (2001) : De la rédaction à la dissertation : évolution de l’enseignement de la
philosophie dans l’enseignement secondaire en France, dans la seconde moitié du
XIXe siècle, Histoire de l’éducation, n° 89, Paris, INRP, p. 95-120.
Préfontaine Clémence, Godard Lucie, Fortier Gilles, dir. (1998) : Pour mieux comprendre la
lecture et l’écriture, Montréal, Les Éditions Logiques.
Privat Jean-Marie (2005) : Socio-logiques des didactiques de la lecture, dans Chiss Jean-
Louis, David Jacques, Reuter Yves, dir. : Didactique du français. Fondements d’une disci-
pline, Bruxelles, De Boeck, p. 133-153.
Puren Christian (1991) : Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues, Paris,
Nathan. [Republication en ligne pour APLV-LanguesModernes.org : http://www.aplv-
languesmodernes.org/spip.php?article813 (dernière consultation le 12 janvier 2013)]
Puren Christian (1994) : La Didactique des langues étrangères à la croisée des méthodes :
essai sur l’éclectisme, Paris, Didier.
Rabatel Alain, dir. (2004) : Interactions orales en contexte didactique, IUFM de l’Académie
de Lyon — Presses Universitaires de Lyon.
Ragano Serge (2009) : Les Dossiers des Sciences de l’Éducation, n° 1, Didactique : approche
vygotskienne, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail.
Raisky Claude, Caillot Michel, dir. (1996) : Au-delà des didactiques, le didactique. Débats au-
tour de concepts fédérateurs, Paris — Bruxelles, De Boeck — Larcier.
Rayou Patrick, dir. (2009) : Faire ses devoirs. Enjeux cognitifs et sociaux d’une pratique or-
dinaire, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Reboul Olivier (1980) : Qu’est-ce qu’apprendre ?, Paris, Presses Universitaires de France.
Recherches (1994) : Enseignement et cohérence, n° 20, Lille, AFEF.
Renard Fanny (2011) : Les lycéens et la lecture. Entre habitudes et sollicitations, Rennes,
Presses Universitaires de Rennes.
Renaud d’Enfert, Kahn Pierre, dir. (2010) : En attendant la réforme. Disciplines scolaires et
politiques éducatives sous la IVe République, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.
Reuter Yves (1984) : Pour une autre pratique de l’erreur, Pratiques, n° 44, L’Évaluation,
Metz, CRESEF, p. 117-126.
Reuter Yves (1996) : Enseigner et apprendre à écrire. Construire une didactique de l’écriture,
Paris, ESF.
Reuter Yves (2001a) : Éléments de réflexion à propos de l’élaboration conceptuelle en di-
dactique du français, dans Marquilló Larruy Martine, dir. : Questions d’épistémologie en
didactique du français (langue maternelle, langue seconde, langue étrangère), Poitiers,
Les Cahiers FORELL — Université de Poitiers, p. 51-57.
Reuter Yves (2001b) : Les pratiques extrascolaires de lecture et d’écriture : problèmes et en-
jeux, Repères, n° 23, Les Pratiques extrascolaires de lecture et d’écriture des élèves, Paris,
INRP, p. 9-31.
Reuter Yves (2003a) : La représentation de la discipline ou la conscience disciplinaire, La
Lettre de la DFLM, n° 32, Namur, Diffusion AIRDF, 18-22.
Reuter Yves (2003b) : La construction de la lecture en didactique, dans Egger Elisabeth,
dir. : Mobiles et mouvements pédagogiques. Un choix d’itinéraires offerts à Jacques Weiss,
Neuchâtel, IRDP, p. 37-43.
Reuter Yves (2005a) : Analyser le faire des élèves dans une perspective didactique, Les Ca-
hiers Théodile, n° 6, Villeneuve d’Ascq, Université Charles-de-Gaulle — Lille 3, p. 33-40.
Reuter Yves (2005b) : Définition, statut et valeurs des dysfonctionnements en didactique,
Repères, n° 31, L’Évaluation en didactique du français : résurgence d’une problématique,
Lyon, INRP, p. 211-231.
Bibliographie 269
Roditi Éric (2005) : Les pratiques enseignantes en mathématiques. Entre contraintes et liber-
té pédagogique, Paris, L’Harmattan.
Roditi Éric (2012) : Un point de vue didactique sur les questions d’évaluation en éducation,
dans Lattuati Marie, Penninckx Jacqueline, Robert Aline, dir., Une caméra au fond de la
classe de mathématiques, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, p. 275-
289.
Rollet Sylvie (1996) : Enseigner la littérature avec le cinéma, Paris, Nathan.
Romain Christina (2004) : La gestion discursive de la relation interpersonnelle dans la classe
de français, Paris, L’Harmattan.
Romian Hélène (1979) : Pour une pédagogie scientifique du français, Paris, Presses Univer-
sitaires de France.
Ropé Françoise (1990) : Enseigner le français. Didactique de la langue maternelle, Paris, Édi-
tions Universitaires.
Ropé Françoise, Tanguy Lucie, dir. (1994) : Savoirs et compétences : de l’usage de cette no-
tion dans l’école et l’entreprise, Paris, L’Harmattan.
Rosen Evelyne, dir. (2009) : Le français dans le monde, n° 45, La perspective actionnelle et
l’approche par les tâches en classe de langue, Paris, CLE international.
Rosier Jean-Maurice (2002) : La Didactique du français, Paris, Presses Universitaires de
France, collection Que sais-je ?
Roux Claude (1999) : L’Enseignement de l’art : la formation d’une discipline, Nîmes, Éditions
Jacqueline Chambon.
Rouxel Annie (1996) : Enseigner la lecture littéraire, Presses Universitaires de Rennes.
Rouxel Annie, dir. (2010) : Du corpus scolaire à la bibliothèque intérieure, Rennes, Presses
Universitaires de Rennes.
Rouxel Annie, Langlade Gérard, dir. (2004) : Le sujet-lecteur. Lecture subjective et enseigne-
ment de la littérature, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.
Ruellan Francis (1999) : Un mode de travail didactique pour « l’enseignement » de compé-
tences en production d’écrits, Spirale, n° 23, Apprendre l’écrit, Lille, ARRED, p. 53-73.
Ruellan Francis (2005) : Indices d’hétérogénéité dans une démarche d’écriture en projet,
dans Reuter Yves, dir. : Pédagogie du projet et didactique du français. Penser et débattre
avec Francis Ruellan, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, p. 15-117.
Rumelhard Guy (1979) : Le processus de dogmatisation, Actes des premières journées de
Chamonix sur l’éducation scientifique, Paris, Université de Paris VII, p. 11-21, repris dans
Recherches en Didactiques, n° 11 (2011), p. 165-178.
Rumelhard Guy, Desbeaux-Salviat Béatrice, dir. (2000) : Aster, n° 30, Rencontres entre les
disciplines, Paris, INRP.
Samurçay Renan, Barthier Daniel, Pastré Pierre, dir. (1995) : Éducation permanente,
n° 123, Le Développement des compétences. Analyse du travail et didactique profession-
nelle.
Samurçay Renan, Pastré Pierre, dir. (2004) : Recherches en didactique professionnelle, Tou-
louse, Octarès Éditions.
Sarrazy Bernard (1995) : Le contrat didactique, Revue Française de Pédagogie, n° 112, Di-
dactique des sciences économiques et sociales, Paris, INRP, p. 85-118.
Sarrazy Bernard (2005) : La théorie des situations : une théorie anthropologique des ma-
thématiques ?, dans Salin Marie-Hélène, Clanché Pierre, Sarrazy Bernard, dir. : Sur la
théorie des situations didactiques : questions, réponses, ouvertures. Hommage à Guy Brous-
seau, Grenoble, La Pensée Sauvage, p. 375-390.
Sarremejane Philippe (2001) : Histoire des didactiques disciplinaires, Paris, L’Harmattan.
Sarremejane Philippe (2004) : L’EPS depuis 1945. Histoire des théories et des méthodes, Pa-
ris, Vuibert.
Schneeberger Patricia, Verin Anne, dir. (2009) : Développer des pratiques d’oral et d’écrit en
sciences. Quels enjeux pour les apprentissages à l’école ? Lyon, INRP
Schneuwly Bernard (1994) : Genres et types de discours : considérations psychologiques et
ontologiques, dans Reuter Yves, dir. : Les Interactions lecture-écriture, Berne, Peter Lang,
155-173.
Bibliographie 271
Skholê (2005) : L’Enseignement des sciences économiques et sociales : entre savoir(s) et pra-
tique(s), Hors-série 1, IUFM d’Aix-Marseille.
Soulas Brigitte (2002) : Art, Musique, École, Paris, L’Harmattan.
Specogna Antoinette, Munoz Grégory, dir. (2011) Langage et activités enseignantes : in-
teractions et constructions de savoirs, Recherches en Éducation, hors-série n° 3, [En
ligne : http://www.recherches-en-education.net/spip.php?article135 (dernière consul-
tation le 12 janvier 2013)].
Springer Claude (1996) : La Didactique des langues face aux défis de la formation des
adultes, Paris, Ophrys.
Sultan Josette (1999) : Images technologiques et didactique de l’image : l’hypothèse des
arts plastiques, dans Masselot-Girard Maryvonne, Baron Georges-Louis, Bon Annette,
Chapelain Brigitte, Ollivier Bruno, Poirier Brigitte, Sultan Josette, Wallet Jacques, dir. :
Image, langages : recherches et pratiques enseignantes, Paris, INRP, p. 159-175.
Szajda-Boulanger Liliane (2009) : Des élèves en souffrance d’écriture, Paris, L’Harmattan.
Tauveron Catherine (1995) : Le personnage. Une clef pour la didactique du récit à l’école élé-
mentaire, Neuchâtel — Paris, Delachaux et Niestlé.
Tauveron Catherine (1996) : Des « pratiques d’évaluation » aux « pratiques de révision » :
quelle place pour l’écriture littéraire ?, Repères, n° 13, Lecture et écriture littéraires à
l’école, Paris, INRP, p. 191-210.
Tauveron Catherine (1998) : Pour une lecture littéraire du littéraire à l’école, dans Amrein
Michel, dir. : Lire des textes littéraires au cycle III, Clermont-Ferrand, CNDP — CRDP d’Au-
vergne, p. 57-58.
Tauveron Catherine (1999) : Comprendre et interpréter le littéraire à l’école : du texte ré-
ticent au texte proliférant, Repères, n° 19, Comprendre et interpréter les textes à l’école,
Paris, INRP, p. 9-38.
Tauveron Catherine (2003) : L’écriture littéraire : une relation dialectique entre intention
artistique et attention esthétique, Repères, n° 26-27, L’Écriture et son apprentissage à
l’école élémentaire, Paris, INRP, p. 203-215.
Tauveron Catherine (2005) : Que veut dire évaluer la lecture littéraire ? Cas d’élèves en dif-
ficulté de lecture, Repères, n° 31, L’Évaluation en didactique du français : résurgence
d’une problématique, Lyon, INRP, p. 73-112.
Tauveron Catherine, Reuter Yves, dir. (1996) : Repères, n° 13, Lecture et écriture littéraires
à l’école, Paris, INRP.
Terrien Pascal, Boudinet Gilles, Leroy Jean-Luc, Miniou Jean-Pierre (2010) : Musique et vi-
déo. Contribution à la réflexion et à l’action pédagogique, Paris, L’Harmattan.
Terrisse André (2001) : La référence dans l’enseignement de l’éducation physique et spor-
tive, dans Terrisse André, dir. : Didactique des disciplines. Les références au savoir,
Bruxelles, De Boeck, p. 120-139.
Terrisse André, dir. (2001) : Didactique des disciplines. Les références au savoir, Bruxelles,
De Boeck.
Themines Jean-François (2006) : Enseigner la géographie, un métier qui s’apprend, Paris —
Caen, Hachette éducation — SCÉRÉN de Basse-Normandie.
Thévenaz Thérèse, Schneuwly Bernard, Soussi Anne (2011) : Progression : un concept fon-
dateur de la didactique, l’exemple de la lecture à travers l’école obligatoire, dans Daunay
Bertrand, Schneuwly Bernard, Reuter Yves, dir. : Les concepts et les méthodes en didac-
tique du français, Namur, Presses Universitaires de Namur, p. 85-115.
Thévenaz-Christen Thérèse, Tröhler Daniel, dir. (2008) : Revue suisse des sciences de l’éduca-
tion, n° 2, 30e année, Gros plan sur la forme scolaire, Fribourg, Academic Press Fribourg.
Thouin Marcel (1998) : La Didactique des sciences de la nature au Primaire, Québec, Éditions
Multimondes.
Tozzi Michel (1996) : De la citoyenneté politique à la citoyenneté dans l’acte d’apprendre,
Cahiers Pédagogiques, n° 340, Paris, CRAP, p. 15-16.
Tozzi Michel (2003) : Les Activités à visée philosophique en classe. L’Émergence d’un genre ?,
Rennes, CRDP de Bretagne.
Bibliographie 273
Weil-Barais Annick, dir. (2004) : Les Apprentissages scolaires, Paris, Bréal.
Wirthner Martine, Zulauf Madeleine, dir. (2002) : À la recherche du développement musical,
Paris, L’Harmattan.
Xypas Constantin, dir. (2003) : Les citoyennetés scolaires. De la maternelle au lycée, Paris,
Presses Universitaires de France.
Zakhartchouk Jean-Michel (1999) : Comprendre les énoncés et les consignes, Amiens, CRDP
d’Amiens.
C H A P I T R E
Pour les mots suivants Voir à
Adidactique Dévolution
Applicationnisme Didactiques
Communauté discursive
Développement Apprentissages
275
Pour les mots suivants Voir à
Discours Genres
Communauté Discursive
Dispositif Situations
Docimologie Évaluation
Éducations à Apprentissages
Disciplines scolaires
Didactiques
Matière Didactiques
Disciplines scolaires
Praxéologie Tâches
Savoir-faire Apprentissages
Contenus d’enseignement et d’apprentissage
Métalangage — Activité Métalinguistique
Pratiques sociales de référence
Apprentissages . . . . . . . . . . . . . C
..H
. . .A. . P. . I. .T. .R. . E. . . . . . . . . . 17
Chronogenèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Communauté discursive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Concepts — Champs conceptuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Conscience disciplinaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Contenus d’enseignement et d’apprentissages . . . . . . . . . . . . 43
Contexte — Milieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Contrat didactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Dévolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Didactiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Didactique comparée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Disciplines contributoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Disciplines scolaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Élève — Apprenant — Sujet Didactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
Enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Erreur — Dysfonctionnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
Forme scolaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Genres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Institutionnalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Métalangage — Activité métalinguistique . . . . . . . . . . . . . . . 123
Méthodes de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
279
Modèle didactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Niveaux de formulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Noosphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Obstacles — Objectifs-obstacles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Pédagogie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Pratiques extrascolaires des élèves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Pratiques langagières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Pratiques sociales de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Programmation didactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Rapport à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Représentations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Situations didactiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Système didactique — Triangle didactique . . . . . . . . . . . . . . . 203
Tâche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211
Topogenèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Transposition didactique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Associations, revues et sites de didactique . . . . . . . . . . . . . . . 227
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Index des notions complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279