La Négociation Internationale-Projet ENCG
La Négociation Internationale-Projet ENCG
Méthodologie de recherche :
La négociation
Internationale
TAHER Oumaima
N° : 2249 Option : CI
© 2011
La négociation
Internationale
La négociation Internationale 2
Remerciement
N
ous tenons à remercier sincèrement Mme. BOUNGHAB
Souad, qui, en tant que notre professeur de la matière
méthodologie de recherche, s’est toujours montré à
l’écoute et très disponible tout au long de la réalisation de ce projet,
ainsi pour l’inspiration, l’aide et le temps qu’elle a bien voulu nous
consacrer et sans elle ce travail n’aurait jamais vu le jour.
La négociation Internationale 3
Résumé
La négociation Internationale 4
Sommaire
Introduction....................................................................................................... 6
Conclusion ....................................................................................................... 62
Bibliographie : ................................................................................................. 62
Webographie : ................................................................................................. 64
Annexes ........................................................................................................... 67
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Introduction
Gérer les contacts entre cultures est un défi majeur. Ces différences
culturelles représentent une richesse inestimable pour ceux et celles qui savent
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les appréhender. Capitaliser sur ces différences au lieu de les subir permet de
se démarquer durablement. Cela représente un avantage compétitif décisif, et
ce, quel que soit le domaine d’activité envisagé.
Ces éléments seront traités suivant deux parties : cadre théorique (partie
1) et le cadre pratique (partie 2) à travers l’étude de la relation entre la
négociation et la culture.
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Partie I :
Concepts
et théorie
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Chapitre I : cadre conceptuel
1- La culture
« La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits
distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou
un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits
fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »
Définition de l'UNESCO
2- La négociation
« La négociation est le processus grâce auquel deux ou plusieurs parties, ayant à la fois des
intérêts communs et des intérêts conflictuels formulent et discutent certaines propositions
concernant les termes précis d’un accord possible. La négociation fait normalement appel à
une combinaison de compromis et de coopération, et peut être d’oppression, dans les
domaines particuliers, parfois vitaux pour l’une des parties en présence, ou plusieurs d’entre
elles »
HELLRIELGEL-SLOCUM-WOODMAN
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Chapitre 2 : Cadre théorique
1- Généralités
D’un pays à l’autre, d’un continent à un autre, une négociation suppose un préalable
de connaissances dans différents registres.
Par respect, pour instaurer un climat de confiance, pour connaître les attitudes à
tenir lors des négociations, pour s’adapter aux différents styles de communication, pour
minimiser les divergences de signification, de conception de termes comme planning,
engagement, pour minimiser les risques d’erreurs, de pertes de temps, il s’avère crucial de
découvrir, de connaître la culture de l’autre.
1
Hall 1976
2
Hofstede 1980
La négociation Internationale 10
2- Notion de négociation commerciale
a- Définition
« La négociation est un processus de gestion des désaccords en vue d’une satisfaction contractuelle
des besoins. La négociation est un processus, c'est-à-dire une démarche qui comporte des étapes.
Elle est une gestion des désaccords car les deux parties ne sont pas d’accord au départ sur la façon
de satisfaire mutuellement leurs besoins. Elle est enfin une volonté de satisfaction contractuelle
puisqu’elle a pour objectif d’établir un accord précisant la nature de l’échange. »
(DELIVRE, 2005).
b- Approches de négociation
« Gagner, c’est toujours préserver le lien moral qui fonde l’identité de sa propre
organisation, et obtenir au contraire la dissolution du lien moral qui fonde l’identité de l’organisation
adverse ».
Thierry de Montbrial in Général André Beauffre, « Introduction à la stratégie »
La négociation Internationale 11
L’approche gagnant-perdant : Situation dans laquelle, une partie dit : « je veux
obtenir ce pour quoi je suis venu, je veux gagner la négociation, et si je gagne l’autre partie
aura perdu ». Le résultat de la négociation est alors inégale, rendant fragile l’exécution du
contrat.
Approche utilisée souvent dans le cadre des relations internationales. Dans le cadre
de cette approche, la stratégie est définie comme « l’art de la dialectique des volontés
employant la force pour résoudre leur conflit. Son but est d’atteindre la décision en créant et
en exploitant une situation entraînant une désintégration morale de l’adversaire suffisante
pour lui faire accepter les conditions qu’on veut lui imposer. L’art de la stratégie consiste
alors à identifier le « point décisif » permettant d’atteindre le résultat. Cette formule se situe
au niveau de la « stratégie totale », dont l’emploi éventuel de la force militaire n’est qu’une
composante. L’objectif du stratège est d’imposer sa volonté, et non pas de gagner une
simple bataille ».
L’approche perdant-perdant : Si les deux parties sont déterminées à ne pas laisser l’autre
gagner, elles peuvent toutes deux finir par ne pas atteindre leur objectif. Ceci arrive quand
les parties adoptent une approche de « gagnant-perdant » et sont plutôt déterminées à ne
pas céder. Dans cette hypothèse, la négociation aboutit à un échec.
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c- Acteurs de négociation
L’un des deux cherche à satisfaire un besoin par l’acquisition d’un produit. il est demandeur
du produit. C’est un acheteur.
On distingue en général :
La négociation de position :
Dans ce processus de négociation, les parties adoptent des positions relatives à leurs intérêts
respectifs et deviennent leurs revendications au moment de s’engager dans une négociation.
C’est le cas où chaque partenaire adopte une position, on se positionne dans un rôle, chacun
présente ses arguments. Une fois ces arguments exposés, il va y avoir la recherche d’un
arrangement. Chacun essaie de faire le moins de concession possible pour montrer sa force.
-attitudes :
Contrat de progrès
Co-développement de la prestation
La négociation Internationale 13
Dans un contexte de distribution distributive, les ressources sont limitées et
chaque partie cherche à maximiser sa part de ces ressources.
Ex : « On coupe la poire en deux »
La négociation raisonnée :
Mise au point par les américains, à l’école de Harvard (banlieue de Boston). Roger Fisher et
William Ury ont élaboré cette méthode basée sur 4 principes :
- Se concentrer sur les intérêts en jeu et non pas sur les positions ;
- Exiger que le résultat de la négociation repose sur des critères objectifs et non liés à la
volonté des parties.
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Petite négociation Grande négociation
Vendeur Offre de
Acheteur
Négociation vente
diplomatique
1 2
a- Représentation :
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Définition selon Hofstede (Cultures and organizations Software of the mind - Geert HOFSTEDE - McGraw-Hill Book
company (UK) Ltd - 1991)
En 1974, Hofstede fait une étude dans les filiales IBM sur la base de 13'000
questionnaires. D'un pays à l'autre, les personnes interrogées sont similaires à tous points de
vue sauf la nationalité. Comme le montre le graphique ci-dessus, HOFSTEDE a réduit en
quatre dimensions principales les critères par lesquels les cultures nationales diffèrent :
C’est une des " dimensions " culturelles nationales. Elle reflète la gamme de réponses
données par divers pays à la question de base sur la manière dont la société tolère une
distribution inégale du pouvoir dans les organisations et institutions. Les trois questions
posées étaient :
o Réponses par les non-cadres à la question : " A quelle fréquence, selon votre
expérience, le problème suivant apparaît : employés craignant d'exprimer
leur désaccord avec leurs supérieurs ? (score moyen entre 1 [très
fréquemment] et 5 [très rarement]).
o Perception des subordonnés du style de prise de décision de leur supérieur
actuel (pourcentage choisissant soit la description d'un style autoritaire ou
paternaliste à partir d'une liste de 4 styles possibles plus un cinquième = "
aucune de ces alternative ").
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o Préférences des subordonnés sur le style de décision de leur supérieur
(pourcentage préférant un style autoritaire ou paternaliste ou, au contraire,
un style basé sur un vote majoritaire, mais pas un style consultatif).
Les résultats représentent une position relative (non absolue) de 0 pour une distance
hiérarchique courte à 100 pour une distance hiérarchique élevée. La Malaisie a été ajoutée
à la liste par la suite raison pour laquelle son score est supérieur à 100.
Dans les pays où la distance hiérarchique est courte il y a une dépendance limitée des
subordonnés à leurs supérieurs et une préférence pour la consultation (interdépendance
entre supérieur et subordonné). La distance émotionnelle entre eux est relativement petite
: les subordonnés approchent et contredisent facilement leurs supérieurs.
Dans les pays où la distance hiérarchique est élevée il y a une considérable dépendance des
subordonnés à leurs supérieurs.
L'évitement de l'incertitude :
Indique la mesure dans laquelle une société se sent menacée par des situations incertaines
et ambiguës et essaie de les éviter en procurant une plus grande stabilité des carrières, en
établissant des règles plus formelles, etc.
o Job stress : " Combien de fois vous sentez-vous nerveux ou tendu au travail ? "
échelle de 1 à 5.
o Accord avec l'affirmation : "Le règlement de la compagnie ne doit pas être
changé même lorsque les employés pense qu'il est dans l'intérêt de la
compagnie de le faire ".
o Le pourcentage d'employés exprimant leur intention de rester dans leur
compagnie pour une longue carrière.
Individualisme / collectivisme :
L'individualisme indique une société dans laquelle les liens entre individus sont perdus :
chacun est supposé 'occuper de lui-même et de sa famille immédiate. Le collectivisme à
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l'opposé indique une société où les gens depuis leur naissance sont intégrés en un groupe
fort et cohérent, qui les protège durant toute leur vie en échange d'une indiscutable loyauté.
o Temps libre : avoir un travail laissant suffisamment de temps pour votre vie
privée ou votre famille.
o Liberté : avoir beaucoup de liberté pour adopter sa propre approche du
travail.
o Défi : avoir au travail un challenge qui permette l'accomplissement personnel.
On peut immédiatement constater que tous les pays en bonne santé ont un score élevé
(individualiste) alors que presque tous les pays pauvres ont un score bas (collectivisme).
La masculinité :
Exprime la mesure dans laquelle les valeurs dominantes dans une société sont
"masculines ", mettant par exemple en avant le tempérament fonceur, le goût pour l'argent
et les biens matériels, et non pas la préoccupation des autres ou de la qualité de la vie
(valeurs dites " féminines ").
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La masculinité est principalement associée avec l'importance attachée :
La négociation Internationale 19
Il y a cependant des exceptions :
o réussite (de soi-même ou du groupe) et estime pour des pays comme les USA.
o réussite et relations humaines dans pour les pays scandinaves.
o sécurité et estime pour des pays comme la Suisse, l'Allemagne, le Japon.
o sécurité et rapports humains pour des pays comme le Brésil, Israël...
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Masculinité, féminité et l'état
Cependant le pourcentage du produit national brut que les gouvernements des pays riches
ont consenti aux pays pauvres varie énormément. En 1988, par exemple, l'Autriche a
dépensé 0.24% du produit national brut tandis que la Norvège 1.12%, environ cinq fois plus.
Cette énorme variation entre pays donneurs n'a aucune relation avec la santé financière, les
anciennes relations coloniales ou les échanges commerciaux.
Incertitudes et l'état.
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population et un gouvernement gère cette sorte de conflit est néanmoins un
phénomène culturel :
En France, Brésil, (inégal et tendre) représente une norme sociale où les deux
parents sont dominants, partageant le même intérêt pour la qualité de la vie et pour
les relations, tous les deux dispensant tour à tour autorité et tendresse.
En Suisse, USA, GB, Allemagne, (égal et dur) la norme est dans la non-dominance
d'un parent où par exemple, le père est dur et agit selon les faits et la mère est un
peu moins dur et agit selon les sentiments.
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Dans les pays scandinaves, (égal et tendre) la norme est que mères et pères ne
dominent pas et sont tous deux concernés par les relations, la qualité de la vie, avec
les faits et les sentiments, donnant l'exemple d'une relative égalité des sexes dans le
contexte familiale.
Dans les pays " féminins ", les enfants (filles ou garçons) apprennent à ne pas être
ambitieux et à rester modestes. Cette une attitude de " nivellement par le bas ".
Dans les pays masculins, les enfants apprennent à admirer ce qui est fort (" Batman,
Rambo ").
Négocier avec un partenaire en France, Turkie ou Hong Kong ne pose pas uniquement des
problèmes de distance et de langue. Les difficultés tiennent, aussi, aux différences
culturelles qui provoquent souvent blocage, désaccords et malentendus.
Le poids de la culture est capital. Ne pas tenir compte risque tout simplement d’entrainer
l’échec de la négociation.
La culture est à comprendre au sens large. Elle est la résultante de facteurs géographiques,
économiques, philosophiques et religieux. Elle est le fondement de la vie sociale. On ne peut
3
M.Lachmann directeur général du groupe steelcase Strafor,propos rapportés dans l’article : « International : le
défi des cultures différentes ».Irène Rodgers,Harvard-L’Expansion,automne 88.
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trouver mieux que cette définition donnée par Anne Deysine et Jacques Duboin dans leur
excellent ouvrage « s’internationaliser « (édition Dalloz 1995) :
La culture est un ensemble de croyances et de valeurs qui sont transmises et partagées dans
une société déterminée. C’est aussi un mode de vie et de pensée qui se retrouve de
génération en génération. La culture inclut les normes de vie, les valeurs, les habitudes et
coutumes, les arts et toute la manière de vivre d’une société. En fait, c’est ce qui reste quand
on a l’impression qu’on a tout oublié et en particulier ce qui est tellement automatique,
évident et apparemment inné qu’on y prête plus attention.
A titre d’exemple, pour les produits alimentaires, les ingrédients seront incorporés selon les
proportions différentes, certains seront éliminés, d’autres, ajoutés pour respecter les
habitudes et les préférences des consommateurs, on peut citer, à titre d’illustrations, que le
fromage fondu sera très salé en Egypte, le foie gras sera peu consistant aux Etats-Unis, les
pâtés à destination des pays musulmans ne comporteront pas de porc…
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b) Savoir communiquer :
Une négociation efficace repose avant tout sur une bonne communication.
Souvent, les difficultés importantes sont celles qui proviennent de tout ce qui est non verbal,
car en matière de langage silencieux, les risques d’imprudences et d’erreurs sont plus
fréquents .ils peuvent être à l’origine d’un blocage ou tout simplement de la rupture de la
négociation.
Un éclat de colère qui serait toléré aux Etats-Unis peut être considéré comme un signe de
démence en Thaïlande. Les démonstrations d’émotion peuvent être interprétées
différemment selon les cultures.
Enfin, dans le monde musulman, ou la loi islamique interdit le prêt à intérêt, il faudra
imaginer d’autres formulations pour désigner les charges financières en les rebaptisant
« honoraires d’administration » ou « frais de gestion » s’i l’on veut obtenir l’acceptation de la
transaction.
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Partie II :
Volet
Pratique
La négociation Internationale 26
Chapitre 1 : Processus de négociation
Phase 1
Le négociateur instaure un climat de confiance,
Il positionne son image et celle de son entreprise.
Mise en
situation
Phase 4 Proposition
À partir de ce diagnostic, le négociateur se fait conseiller,
Il va suggérer une solution.
Phase 5
Le négociateur va s‘attacher à démontrer que cette solution est adaptée,
pour ce faire, il prouvera les avantages de la proposition. Argumentation
Phase 6
Le négociateur affirme et valide son offre, cette offre est complète et globale
intégrant tous les paramètres financiers directs et indirects. Valorisation
Phase 7
Le négociateur engage son client et s‘engage sur un accord Conclusion
Réciproque et équitable.
Phase 8 Consolidation
Le négociateur conforte, s‘attache à confirmer ses engagements et à laisser
ainsi une image positive et professionnelle au moment de prendre congé.
La négociation Internationale 27
Le respect de ce plan et de sa chronologie est primordial ; chaque étape a son
Importance. Beaucoup de commerciaux, dans le (louable) souci de gagner du temps, vont le
plus vite possible (voire directement !) à la phase argumentation en écoutant, voire bâclant
la phase découverte. Quelle erreur ! Sans phase découverte suffisante, c’est-à-dire sans
avoir capitalisé suffisamment d’informations, toute argumentation sera hasardeuse.
Un exemple caricatural est celui d’un homme qui entre dans une concession
automobile et s’attarde auprès d’un nouveau modèle, une petite citadine ; un jeune et
fringant commercial accourt et argumente « comme un fou » sur la maniabilité, la praticité,
l’esthétique, la tenue de route, le freinage, etc.
Quand (enfin) notre homme a un soupçon d’espace pour s’exprimer, c’est pour lui dire, par
exemple :
« Je me suis approché de ce véhicule par curiosité, mais vous savez j’ai cinq enfants alors
parlez-moi plutôt de votre monospace ! »
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1- la mise en situation
Pendant la négociation, c’est un moment bref d’observation durant lequel les acteurs
vont se « photographier » et cette photographie va influencer psychologiquement la suite de
la relation. Il convient donc d’instaurer un climat de confiance.
Le contact physique
Le premier échange physique est la poignée de main. Elle doit être à l’initiative de
l’interlocuteur, a fortiori s’il s’agit d’une femme. La poignée de main doit être ferme (sans
excès, ce n’est pas un défi physique !). Attendre pour s’asseoir d’y être invité. Le regard doit
être franc, mais là encore il ne s’agit pas d’un défi.
C’est aussi le moment de la question de sa place. Il convient d’être proche sans être
envahissant. Si la place qui vous est proposée est encombrée, il faudra alors demander
(poliment mais légitimement) un minimum d’espace. Beaucoup de commerciaux n’osent pas
le faire et se retrouvent ainsi recroquevillés et réduits à une position des plus inconfortables.
Certains de mes confrères préconisent une position en repli légèrement de biais, un bloc-
notes sur les genoux (invoquant la confidentialité des notes prises). Pour ma part, je préfère
une posture de face et une prise de notes plus confortable et plus transparente, autrement
dit une occupation équitable de l’espace.
4
C. -M. de Talleyrand
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Client
Fournisseur
Pour avoir eu l’occasion d’expérimenter en vidéo les différentes positions possibles, voici les
enseignements que j’ai pu en tirer :
Le contact verbal
C’est un moment-clé de la prise de parole. Il s’agit d’en avoir l’initiative et de se présenter et
de présenter son entreprise de façon synthétique et précise, d’annoncer clairement l’objet
de l’entretien dans le respect d’un temps imparti qu’il convient de préciser. Au-delà du fond,
la forme aussi est importante.
• Vous valorisez votre interlocuteur puisque vous lui prouvez que ce qu’il va vous
dire est important (c’est la preuve de l’écoute active).
• Vous allez capitaliser un maximum d’informations utiles pour développer ensuite
votre argumentation.
• Vous allez vous faciliter la tâche car la mémoire a ses limites.
• Vous allez donner une image positive de professionnalisme.
La négociation Internationale 30
Certains organisent leurs prises de notes en préparant à l’avance une trame, un
canevas, des repères, soit pour ne rien oublier, soit pour se constituer un guide d’entretien
structuré et chronologique. Selon le contexte, vous pouvez en demander l’autorisation
laquelle sera toujours acceptée et souvent appréciée.
Pensez à vérifier l’identité d’un interlocuteur que l’on rencontre pour la première
fois. Ce n’est en effet pas inutile puisque cela évite quelques quiproquos parfois rencontrés
chez des commerciaux pressés qui argumentent à toute vitesse pour s’entendre dire, par
exemple, que M. Martin, responsable des achats, c’est… deux bureaux plus loin !
À propos de gestion du temps, à la question : « Combien de temps pouvez-vous m’accorder
? » ; si la réponse est « 3 minutes, pas une de plus ! », mieux vaut se fixer comme unique
stratégie de reprendre un « vrai » rendez-vous. Si le temps imparti est plus conséquent, mais
insuffisant, il y a alors possibilité de modifier l’ordre du jour en réservant, par exemple,
l’entretien à la phase d’identification et prévoir d’ores et déjà de se revoir pour la
proposition. Le client dans ce cas soit acceptera le deuxième rendez-vous, soit s’il en a la
possibilité allongera le temps accordé… J’ai pu constater que beaucoup de clients annoncent
une disponibilité réduite et sont les premiers à « déborder » largement (cela signifie tout
simplement que notre offre les intéresse).
La négociation Internationale 31
Gérer le temps accordé cet
entretien ; à ce sujet, vous disposez bien
d’environ 1 heure
30 comme vous me l’avez indiqué au
téléphone
… (…) confirmation
Construire un ordre du jour Parfait, monsieur. Au cours de cet entretien,
j’ai prévu de
vous présenter brièvement mon entreprise,
d’en savoir
ensuite davantage sur la vôtre, de mieux
connaître votre
rôle dans cette organisation, de mieux
comprendre vos
attentes principales puis de vous présenter
nos solutions,
afin d’initier ensemble un partenariat
durable.
Avez-vous de votre côté des éléments que
vous souhaitez
intégrer dans l’ordre du jour de notre réunion
?… (…)
Remettre sa carte de visite Tenez monsieur, voici ma carte de visite.
(+ réciprocité)
Commentaires additionnels
La notion « d’ordre du jour » n’est pas anodine. En effet, ce vocable, habituellement réservé
à une réunion, permet habilement de valoriser l’entretien et de transformer un entretien
commercial en réunion de travail.
La négociation Internationale 32
2- l’identification (ou découverte)
Sans revenir sur ma conviction que toutes les étapes sont importantes, s’il en existe bien
une qui est majeure lors de la négociation, c’est bien la phase identification.
C’est elle qui conditionne la réussite ou l’échec d’une négociation.
L’identification, c’est l’essence même de l’argumentation. Sans découverte,
l’argumentation deviendra aléatoire, hasardeuse, elle sera sans consistance tout simplement
parce que c’est l’identification qui permet d’obtenir la matière du négociateur.
Alors que s’agit-il d’identifier ? Tout !
Tout, c’est-à-dire l’entreprise, son organisation, les attentes, les enjeux, les projets de
l’interlocuteur, ses besoins et ses motivations, ses insatisfactions…
Pour satisfaire un tel objectif, les techniques de questionnement évoquées précédemment
peuvent s’avérer des plus utiles car le temps imparti au négociateur n’est souvent ni
conséquent, ni extensible, il s’agit donc de poser les bonnes questions au bon moment.
Besoin Motivation
Concret Abstrait
rationnel irrationnel
objectif subjectif
matériel psychologique
quantifiable inquantifiable
Nous verrons plus avant l’importance de faire preuve de discernement, mais celui-ci
n’est pas toujours aisé.
Ainsi, par exemple, « J’ai besoin de travailler… »
Hypothèse A :… « car j’ai besoin d’argent pour me loger » BESOIN
Hypothèse B :… « car j’ai besoin de me réaliser socialement » MOTIVATION
La négociation Internationale 33
- Besoin exprimé ≠besoin latent
Situation imparfaite Vague
BESOIN LATENT = +
Sentiment d‘insatisfaction
a : « Avez-vous, et disponible dès à présent, un chariot élévateur qui ait telle et telle fonctions
à moins de 10 000 euros ? »
b : « Mon chariot élévateur est toujours en panne et n’est plus du tout performant.»
Dans le premier exemple (a), si le commercial dispose dudit matériel dans le budget
imparti par son client, l’accord est acquis car son besoin est (très) explicite (évident).
Dans le second cas (b), le besoin n’est que latent car un commercial qui interprétera ce
propos comme un besoin exprimé de changement de matériel risque de se voir objecter par
son interlocuteur que ce qu’il souhaite en réalité,
c’est une « bonne révision » de son matériel.
La négociation Internationale 34
3- le diagnostic
Pendant la négociation, notre intermédiaire vient de récolter à propos de son
interlocuteur un maximum d’informations sur :
• ses attentes ;
• ses besoins ;
• ses motivations ;
• ses insatisfactions ;
• ses projets.
Le moment est donc venu d’en faire la synthèse et d’établir un diagnostic.
La méthode
1. Utiliser les notes prises et faire le tri de ce qui est important pour l’interlocuteur.
3. Le résumé doit toujours s’accompagner d’une évaluation («C’est bien cela n’est-ce pas ?
»). Cette vérification est indispensable et ne présente que des avantages… même en cas de
contestations de l’interlocuteur.
La négociation Internationale 35
Les avantages du diagnostic sont nombreux :
• Le fait de résumer clairement les besoins du client permet de vérifier que toutes
ses attentes ont été enregistrées.
• La synthèse prouve l’écoute active.
• La synthèse est une démarche « facilitante » pour le client.
4- la proposition
Puisque le négociateur a obtenu l’aval de son interlocuteur sur le diagnostic, il va
pouvoir lui conseiller une solution : c’est la phase proposition du processus de négociation.
Cette étape est brève mais capitale, le négociateur doit être stratège pour concilier les
attentes du client à l’offre du fournisseur. C’est ce que l’on appelle la négociation gagnant-
gagnant souvent représentée par le schéma suivant :
C F C : attentes clients
F : objectifs fournisseurs
C F
La négociation Internationale 36
Les flèches représentent quelques légitimes tentatives d’influence de part et d’autre
traduisant une situation, certes moins idéaliste, mais me semble-t-il plus réaliste (un
fournisseur va défendre ses marges et un client ses remises).
La méthode
Tout se joue durant la phase découverte : si le questionnement est efficace, le
négociateur aura suffisamment d’informations validées sur les attentes de son interlocuteur
pour lui faire une proposition adaptée. Donc en phase exploratoire, le négociateur est en
situation d’écoute, sa proposition prend forme mentalement. Cette dernière est le
prolongement logique du diagnostic : « Monsieur, compte tenu de ce que nous venons de
voir ensemble, voici ce que je vous propose… ».
Ainsi lors du diagnostic, le négociateur résume et valide les attentes. Lors de la
proposition, il suggère une solution. Nous pourrions utiliser la comparaison d’un médecin qui
va :
• ausculter (phase identification) ;
• diagnostiquer (phase diagnostic) ;
• établir une ordonnance (phase proposition).
La seule différence est que le médecin inscrit sa proposition (ordonnance) sur le
mode affirmatif. Le négociateur se doit d’être plus nuancé et va plutôt inscrire son offre sur
le mode suggestif.
Ainsi le médecin va dire : « Voici ce que vous allez faire… ». Le négociateur dira plutôt
: « Voici ce que je vous propose… ».
Nous verrons par la suite qu’il existe quelques exceptions de situation ou le
négociateur devra se montrer plus assertif et plus directif mais dans le doute et a fortiori
face à un interlocuteur que l’on rencontre pour la première fois, la suggestion est préférable
à l’affirmation.
Afin de poursuivre la négociation dans une démarche où le client est en permanence
privilégié et valorisé, plutôt que de ne lui faire qu’une proposition, il est habile de doubler
son offre en lui proposant une alternative positive (positive pour C et positive pour F). Ainsi,
complétons l’exemple cité précédemment.
« Monsieur, compte tenu de ce que nous venons de voir ensemble, voici ce que je vous
propose : soit la solution x (…), soit la solution y (…). »
La négociation Internationale 37
5- L’argumentation
5
« La meilleure façon d’imposer une idée aux autres, c’est de leur faire croire qu’elle vient
d’eux ».
Lors de la négociation, nous venons d’établir une proposition qui nous semble
adaptée, encore va-t-il maintenant falloir le prouver. Cette étape est donc importante, mais
n’est pas la plus importante ni la plus délicate et ce pour deux raisons principales.
L’objectif est donc de prouver et de convaincre. L’enjeu à court terme est la réussite de la
négociation, car si l’argumentation est bien menée, elle ne suscitera pas ou peu d’objections
et la conclusion deviendra normale et naturelle.
5
A. Daudet
La négociation Internationale 38
Conseils et pièges
Autres conseils
La négociation Internationale 39
Imaginons un négociateur chargé de promouvoir une résistance électrique destinée à
dégivrer un rétroviseur extérieur. Imaginons toujours que ce négociateur ait pour
interlocuteur un acheteur d’un fabricant de rétroviseurs, Monsieur Martin, dont le profil
serait Sécurité (SONCAS) ; imaginons toujours que l’une des caractéristiques de cette
résistance est d’être dotée de connections soudées (et non rivetées). La présentation de cette
caractéristique pourrait être la suivante :
La négociation Internationale 40
Etape Descriptif commentaire
1 Reformulation Reformuler un besoin-clé, (recensé en phase identification). La
meilleure
reformulation possible est la citation de son interlocuteur.
2 Vérification Évaluer l’exactitude de la reformulation (la citation, c’est
incontestable).
3 Caractéristique Une caractéristique se rapporte au produit.
Avantage Un avantage se rapporte à son utilisateur.
Pour transformer une caractéristique en avantage :
• « Grâce à… vous pourrez… ».
Ou
• « Ce produit dispose de… ce qui vous permet de… ».
4 Preuve Les preuves possibles sont :
le produit lui-même (démonstration, essai) ;
des études (de préférence externes) ;
des analyses comparatives ;
des éléments chiffrés ;
des certifications, normes, garanties ;
des références (adaptées).
5 Avantage Un avantage est destiné à tous les clients.
bénéfice Un bénéfice est destiné à votre client.
Pour transformer un avantage en bénéfice SONCAS :
• si Sécurité, cela représente pour vous une solution sécuritaire
• si Orgueil, cela représente pour vous une solution
prestigieuse ;
• si Nouveauté, cela représente pour vous une solution
novatrice et originale;
• si Confort, cela représente pour vous une solution simple et
fonctionnelle ;
• si Argent, cela représente pour vous une solution économique
• si Sympathie, cela représente pour vous une solution
conviviale.
6 +/Concurrence C’est un écart positif favorable, c’est mettre en évidence une
spécificité de
son produit.
7 Évaluation Le « Qu’en pensez-vous » est destiné à valoriser l’approbation
de l’interlocuteur
(l’oublier en enchaînant l’argument suivant en diluera la
portée).
La négociation Internationale 41
Malheureusement une majorité de commerciaux inondent leurs interlocuteurs de
caractéristiques, charge à ces derniers d’en faire le tri utile, ce dont ils se lasseront
rapidement (dans cette hypothèse, une bonne documentation fait l’affaire).
Pourtant le seul réflexe qui consiste à transformer une caractéristique en avantage a un
impact positif, même dans des situations quotidiennes (en dehors de tout contexte de
négociation).
6- La valorisation
Pendant toute la négociation, l’argumentation a prouvé que la proposition était adaptée,
a donné envie à l’interlocuteur de bénéficier de son produit ou service, il va maintenant
falloir en déterminer la contrepartie, sa juste valorisation.
Certains dirigeants commerciaux avisés se posent les (bonnes) questions suivantes :
- mes commerciaux ont-ils une connaissance suffisante des aspects économiques et
financiers ?
- ont-ils également une connaissance suffisante de la structure des coûts ?
- savent-ils mesurer l’impact d’une remise sur le résultat de l’entreprise ?
- mon système de rémunération privilégie t-il la marge dégagée ?
- mes commerciaux mesurent-ils l’impact du rallongement des conditions de
règlement ?
- savent-ils évaluer les risques avant d’accorder un crédit client ?
- savent-ils mesurer l’importance stratégique d’un produit ou service pour le client ?
- sont-ils capables de fixer le seuil de rupture et d’en avoir l’initiative s’il est atteint ?
- savent-ils mesurer les contraintes de leurs clients pour évaluer voire inverser le
rapport de force ?
- savent-ils, lorsqu’ils ont repéré les insuffisances des solutions concurrentes, en
développer les conséquences ?
La présentation du prix
La négociation Internationale 42
- Le moment opportun.
Le moment idéal est à l’issue de l’argumentation. Mais si l’acheteur de typologie Argent
(SONCAS) fait une fixation sur le « Combien cela coûte », toute argumentation en force ne
sera pas écoutée, alors résister, oui ! (voir la tactique du « report ») mais se dérober, non !
- L’attitude opportune
Ne jamais justifier son prix juste après l’avoir annoncé, mais laisser au client le temps de
réagir. Rien n’indique que le client s’attend à un prix inférieur à celui annoncé ! S’il réagit, lui
rappeler les bénéfices procurés par l’offre.
La négociation Internationale 43
Consiste à partir du haut Par exemple, cette option n’est Peut engendrer
L’approche de gamme et descendre en pas indispensable ce qui vous des frustrations
descendante gamme jusqu’à l’accord permet d’optimiser votre
ou à proposer les solutions budget.
optimales et retirer des
postes annexes.
L’entre-deux Consiste à positionner le Par exemple, ce produit Présentation
prix fonctionne sans cordon assertive du
entre une spécificité et un d’alimentation ce qui signifie prix
avantage. que pour x euros vous disposez
d’une batterie autonome
Le Consiste par analogie à Par exemple, cela représente Permet de
rapprochement comparer un prix à des l’équivalent d’une place de minimiser
postes de dépenses cinéma la dépense
familiers.
La Consiste à décomposer les Par exemple : Composants Démarche
transparence éléments constitutifs du = x euros imposée
. prix Main d’oeuvre = x euros dans certains
Conditionnement = x euros secteurs
Transport = x euros, etc. d’activité
L’analyse Consiste à analyser la Par exemple, parler d’une Approche
globale fonction et non le produit. solution professionnelle
de chauffage et non de et valorisante
chaudières
et de convecteurs.
La rentabilité Consiste à différencier le Par exemple, cette machine Approche très
prix (au moment de représente un investissement de professionnelle
l’achat) du coût (durant 10 000 €, mais vous fait
toute sa durée économiser 65 € par jour
d’utilisation). (retour sur investissement).
7- La conclusion
6
« Le succès est une conséquence et non un but »
6
G. Flaubert
La négociation Internationale 44
souvent victime d’une sorte de blocage psychologique au moment de « sortir son contrat de
vente ». Cette appréhension lui faisait perdre de son assurance, il différait la conclusion et
comme pour se rassurer, il poursuivait son argumentation. Malheureusement, ses arguments
devenaient de moins en moins convaincants et de ce fait il a manqué des affaires, car c’est
bien connu un commercial qui sur-argumente, bien souvent ne conclut pas.
Dans l’exemple présent, la solution était simple et s’est avérée efficace : intégrer le contrat
dans les différents documents de négociation plus tôt dans l’entretien (au même titre que le
book, la documentation, le tarif, etc.) et utiliser le contrat de vente dès l’argumentation, en
support d’entretien comme preuve… (Par exemple : « Vous voyez, monsieur, nous nous
engageons contractuellement à intervenir en moins de x heures. »)
Le moment de la conclusion
La négociation Internationale 45
Des expressions du visage
Dans le doute, mieux vaut risquer de conclure trop tôt que trop tard. Dans le premier
cas, le seul risque pris est celui de s’entendre dire, par exemple :
« Attendez, vous allez un peu vite en besogne, nous n’en sommes pas encore là ! », ce qui
non seulement ne remet pas en cause l’issue positive de l’entretien, mais de surcroît traduit
l’intérêt de notre interlocuteur pour notre offre.
Nous parlerons alors d’une conclusion d’essai qui aura valeur de sondage. Dans le second
cas, conclure trop tard, c’est risquer de ne pas conclure du tout ! Rappelons-nous de ce vieil
adage : « Qui trop embrasse, mal étreint ! ».
Le comportement de la conclusion
La négociation Internationale 46
Le processus de la conclusion :
Il convient tout d’abord d’indiquer à son interlocuteur que le moment est venu de
conclure. Un bref moment de silence fera l’affaire. Il suffira parfois à provoquer un signal
verbal ou non verbal d’acceptation.
Pour passer de l’implicite à l’explicite, le négociateur doit se livrer alors à un résumé des
principaux (en garder un ou deux en réserve) bénéfices développés au cours de
l’argumentation. De nouveau, un bref moment de silence entre chaque, favorisera
l’approbation. Celle-ci est normalement acquise puisque ces bénéfices ont été acceptés au
cours de l’argumentation et ils correspondent à des besoins-clés.
La question qui se pose est la suivante : suffisent-ils pour emporter la décision?
Le négociateur doit déceler la réaction de son interlocuteur.
Rappelons-nous que nous avons procédé à une argumentation sélective. C’est donc
le moment d’en sélectionner un supplémentaire ; celui qui fera (souhaitons- le) la différence.
Une autre solution consiste à susciter un regret (la technique du « retrait », par exemple, «
Pourquoi vous priver d’une solution qui dès sa mise en application vous apporte x, y et z
bénéfices. »).
Si c’est toujours insuffisant, le moment est venu d’une sérieuse remise en cause doublée
d’une grande humilité :
La négociation Internationale 47
Processus de conclusion
Si Si absence de Si hésitation
approbation signal manifeste
implicite Ou vague Ou réticence
ou explicite hésitation
Reformulation
d‘un autre
bénéfice +
Si Ok sollicitation,
approbation
Si nouvelle
réticence
Présenter un
nouvel argument
ou provoquer un
Si Ok regret
Si réticence
caractérisée ou
refus
Formalisation du contrat
La négociation
Ex. : «Il Internationale
nous reste désormais à concrétiser ensemble 48
Si «insurmontable» :
nos accords.»
retrait positif
Cas particuliers
La conclusion d’un entretien peut avoir des objectifs différents de la signature d’un contrat
ou d’une commande. C’est le cas des négociations qui se traitent en plusieurs étapes. Dans
ce cas, jusqu’à la conclusion finale, il s’agit de conclusions intermédiaires ayant pour objet,
par exemple :
La négociation Internationale 49
8- La consolidation
C’est l’ultime étape de l’entretien de négociation. Celle durant laquelle on prend congé
de son interlocuteur, objectif atteint ou non atteint ! Dans les deux cas de figure, il convient
de communiquer positivement ; dans le premier cas pour consolider l’accord, dans le second
pour consolider l’image de son entreprise et ne pas hypothéquer ses chances pour une
négociation future.
Le comportement à adopter
D’autres vont jusqu’au recouvrement intégré. En fait, pour ma part, j’ai envie de
répondre à la question « Quand une affaire est-elle menée à bonne fin ? Jamais ! ». Tant
qu’un client est placé sous sa responsabilité, un négociateur est directement concerné et a le
devoir de se sentir informé et impliqué. Alors, concrètement, quel comportement adopter ?
La négociation Internationale 50
Il faut aussi rassurer et conforter son interlocuteur :
En cas de refus
« Monsieur, je regrette votre décision puisqu’elle ne m’est pas favorable, néanmoins bien
entendu, je la respecte… Par ailleurs, cet entretien m’a permis de noter de nombreuses
observations dont je saurai tenir compte pour être plus convaincant, notamment lors de la
prochaine acquisition dont vous m’avez parlé ».
Commentaires additionnels
La négociation Internationale 51
• Éviter les bavardages inutiles
Partir précipitamment engendre la suspicion, mais l’inverse est tout autant déplacé !
Certains commerciaux se sentent obligés, l’affaire conclue, de raconter leur vie ! En fait, un
moment de convivialité en fin d’entretien, bien sûr, mais brièvement et dans le cas
contraire, ce doit être à l’initiative du client.
9- Le suivi de la négociation
De la même façon que nous avons valorisé la préparation en amont de la négociation,
nous allons désormais nous intéresser à la phase aval, c’est-à-dire au suivi de la négociation.
D’ailleurs ces actions situées dans le temps aux deux extrêmes sont en fait étroitement liées
dans la mesure où le suivi d’une négociation vient en quelque sorte alimenter et enrichir la
préparation de la suivante. D’où l’intérêt (supplémentaire) de la prise de notes durant
l’entretien. Voilà une mine d’informations à capitaliser et à intégrer dans sa stratégie future.
L’un des objectifs majeurs des entreprises est de fidéliser et de pérenniser les relations avec
sa clientèle. Il est étonnant de constater combien d’entreprises, parmi les plus prestigieuses,
font des efforts colossaux de communication pour conquérir de nouveaux clients et en font
si peu pour les retenir ! À titre d’exemple, je me souviens de m’être rapproché de mon
banquier qui m’a dit tout de go, alors que je sollicitais de réviser mon taux de crédit à la
baisse :
La négociation Internationale 52
« Quel dommage que vous soyez déjà mon client, sinon j’aurais pu vous faire bénéficier d’un
super taux préférentiel réservé à nos futurs clients. » (Sans commentaire !) .
En matière de fidélisation, la définition que je propose au lecteur est d’une extrême
simplicité:
Fidéliser un client, c’est bien le servir, et bien le servir, C’est tenir ses engagements.
Il n’est pas suffisant de s’engager, il convient d’assumer, il ne suffit pas de dire, il faut agir !
Tout d’abord, pour tenir ses engagements, il faut les avoir consignés (attention à la
déperdition d’informations liée à la seule transmission orale.
Les notes prises vont servir à mener une démarche interne auprès des différents services
impliqués dans les engagements. Certains commerciaux me disent qu’ils doivent effectuer
deux négociations par affaire : la première pour convaincre le client, la seconde plus
fastidieuse pour convaincre leur hiérarchie!
De la même façon que le métier de footballeur ne se limite pas aux 90 minutes de chaque
match ou que le temps de travail du commerçant n’est pas égal à celui des heures
d’ouverture affichées, le négociateur doit mener en coulisses le plus efficacement possible,
une mission de coordination et veiller, contrôler les actions d’autres acteurs de l’entreprise
au service de son client. Peu le font, et ceux-là oublient parfois de valoriser leur action
auprès de leur client.
Dommage car c’est une action facile, brève et agréable, un appel téléphonique suffit.
Par exemple, « Monsieur Dupont, je m’étais engagé à avancer votre livraison d’une semaine,
pour vous livrer en semaine 12. Je viens de m’assurer que la mise en service est programmée
lundi 22, êtes-vous satisfait ? » Le client appréciera,
Le négociateur aura ainsi marqué un point de confiance, son travail sera ainsi valorisé. Tenir
ses engagements est important, mais il est également important de veiller au respect de
ceux du client.
Dans une démarche donnant lors de la négociation des concessions commerciales, le client a
pu prendre lui aussi des engagements.
La négociation Internationale 53
Il n’est pas choquant d’avoir la rigueur de les suivre, mission rarement menée ou menée à
reculons. Alors, y mettre les formes, certes, mais le faire tout de même. D’ailleurs cette
rigueur est à mettre au crédit du professionnalisme car, à l’inverse, le client attribuera (à
juste titre) l’absence de suivi à son égard comme du laxisme ; laxisme qu’il ne manquera pas
de repérer et peut-être d’exploiter.
Exemple d’un appel de relance : « Monsieur, je vous avais accordé lors de notre entretien
d’actualisation de notre marché, une remise supplémentaire de 1,75 % pour des cadences de
12 000 pièces minimum. Or la dernière cadence reçue est une cadence de 8 000 pièces (…).
Pouvez-vous faire le nécessaire auprès de vos services pour régulariser cette situation afin
que je puisse tenir mon engagement de remise ? »
La négociation Internationale 54
Chapitre 2 : la place de la culture
dans une négociation internationale
1- L’importance de la culture
La culture exprime son importance à travers 9 points :
Facteurs d’expression
Portée de la culture sur
de la culture
Les acteurs - La nature de l’interaction : confrontation, coopération
mutuelle, débat, rituel… ;
-L’octroi de concessions ;
La négociation Internationale 55
Le résultat -La définition des zones d’accords possibles ;
Il faut aussi intégrer le fait que d’un pays à l’autre les mêmes individus n’auront pas la
même crédibilité ce qui nécessitera des aménagements et que d’un pays à l’autre les
négociations seront plus ou moins directes. Cela impliquera donc un nombre
d’intermédiaires plus ou moins importants, des phases préalables et intermédiaires, plus ou
moins en rapport avec l’objet de la négociation, aux durées variées avant de rentrer dans le
cœur de la négociation.
La négociation Internationale 56
2- Le niveau de l’influence de la culture
a- La cognition
Dans les négociations d’affaires entre Américains et japonais, ce qui est perçu par ces
derniers comme une conduite agressive, voire hostile n’est pas nécessairement vu de cette
façon par les Américains. L’un des obstacles les plus importants à l’aboutissement des
La négociation Internationale 57
négociations de joint-ventures en Chine vient du fait que chacune des parties n’a pas mêmes
conception des enjeux, de la nature de ce qui est négocié et même du processus de
(Faure,2000c). Ce faible niveau d’adéquation cognitive conduit à conclure des accords
fondés sur un énorme malentendu. La saisie globale de la situation de négociation renvoie à
des conditionnements culturels. A la conception analytique et cartésienne en vigueur en
Occident s’oppose la conception holiste partagée par les Chinois et Japonais.
b- Les croyances
Ce second niveau correspond à l’ensemble des valeurs véhiculées par le négociateur. Ces
valeurs établissent la démarcation entre ce qui est désirable et ce qui ne l’est pas. Elles
occupent une fonction d’objectifs instrumentaux et orientent les conduites des individus.
Par exemple, la culture chinoise met l’emphase sur l’harmonie et ce faisant génère des
comportements de sauvegarde de la face, d’actions indirectes, de préoccupations collectives
et relationnelles (Faure, 1999). Si la seule culture nationale avait une influence sur la
négociation, il serait relativement aisé de prévoir les comportements. En fait avec des
combinaisons culturelles intégrant les valeurs de l’organisation, de la profession, de la
famille, de la religion, le résultat final devient beaucoup plus difficile à anticiper. Enfin,
lorsque ces valeurs culturelles se conjuguent avec des variables de personnalité et des
conduites stratégiques, il devient encore plus difficile d’exercer la moindre prédiction.
c- Les conduites
Si le niveau cognitif concerne la nature du jeu des croyances les valeurs à réaliser, le
niveau des conduites porte sur la manière de jouer. Il s’agit de choisir un certain nombre de
tactiques appropriées et d’arguments susceptibles de convaincre (Dupont, 1994), là aussi le
registre culturel joue un rôle différenciateur. Des tactiques du type menace, agression
verbale ou ultimatum appartiennent communément à la culture américaine. Dans les
mêmes situations, les négociateurs issus de la région Asie-Pacifique inclineront à utiliser des
tactiques du type « salami », jouer la montre ou rester silencieux.
La négociation Internationale 58
Chaque culture a sa propre notion du risque raisonnable et des limites à ne pas franchir
(Faure, 1995). Sur l’échelle d’évitement de l’incertitude établie par Hofstede (1980), parmi
les 53 cultures prise en compte, les Singapouriens sont ceux qui le sont moins préoccupés
d’éviter celle-ci tandis qu’à l’autre extrémité, les Grecs sont ceux qui la supportent le plus
mal. (Voir tableau de Hofstede en Annexes).
d- L’identité
Il s’agit là du niveau le plus profond, le plus sensible et le plus difficile à gérer. Il s’avère
crucial dans un certain nombre de situations telles que les négociations entre Israéliens et
Palestiniens concernant l’utilisation des eaux du Jourdain (Lowi et Rothman, 1993) ou encore
entre Arabes du Nord-Soudan et Africains du Sud-Soudan sur la construction du canal de
Jonglei (Deng, 1993).
Lorsque l’identité n’est pas seulement construite par différenciation mais par opposition
à l’autre, chaque changement d’attitude en vue de faciliter l’accord peut apparaître comme
une trahison. La modification des éléments constitutifs de l’identité est alors un déni de soi-
même et peut être perçue comme une initiative d’auto-destruction. Des valeurs aussi
fondamentales que l’identité nationale ou la souveraineté, lorsqu’elles sont remises en
cause, peuvent faire facilement basculer la négociation en un combat sans merci (Salacuse,
1993). Difficile à saisir, encore plus difficile à manier, particulièrement couteuse à restaurer.
L’identité constitue le cœur névralgique de la culture.
La négociation Internationale 59
3- Maîtriser les techniques et outils pour défendre et
optimiser ses marges dans ce contexte
a- Procéder à un diagnostic
b- Choix de stratégie
Négocier suppose de prévoir notamment les concessions qui pourront être faites et
dans quelles conditions. D’une culture à l’autre les concessions ne sont pas accordées de la
même manière - progressives, selon un schéma de réciprocité régulier ou bien par effet de
surprise de dernière minute.
Il faut donc faire preuve de prudence et opter pour une stratégie intégrative qui
passera par une collecte et un échange d’informations.
La négociation Internationale 60
c- Place et rôle des informations
Le sujet des informations est là aussi délicat. La culture influence aussi la manière
dont seront traitées ces informations ce qui déterminera les distances, rapports et façon
dont la négociation sera menée.
Suivant les cultures certains (occidentaux) poseront des questions sur les
préférences, les priorités en posant le postulat que l’autre est sincère, transparent et
encourageront la divulgation d’informations par un envoi au compte goutte d’informations.
D’autres (asiatiques) opteront pour la formulation de propositions qui permettront de
déduire des préférences, priorités à partir des réactions suscitées qui seront ensuite
extrapolées.
d- En cas de problème
De la culture dépend :
La négociation Internationale 61
Conclusion
Les discussions entre les cultures varient pour donner une multitude
d'opinion. Par conséquent, les facteurs culturels peuvent entraver les relations
en général, et même de compliquer, prolonger une négociation. Dans ce cas,
l’appel à la diplomatie, la formation, l'éducation et l'expérience est crucial pour
éviter les malentendus.
La négociation Internationale 62
culturels, d'identifier et de poursuivre une stratégie réactive, mais en même
temps reconnaître et tenir compte aussi des aspects individuels et structurels.
La négociation Internationale 63
Bibliographie :
Wilbaut, Manoëlla. (2010). La négociation interculturelle. Paris : Dunod.
Webographie :
http://www.creg.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Negociation-internationale.pdf
http://lacroze.catherine.perso.neuf.fr/contenu/pages%20pro/commerce%20international/com%20c
om/Com_1epart.pdf
http://www.techno-science.net/?onglet=glossaire&definition=5826
http://marketing.thus.ch/loader.php?page=International-II
La négociation Internationale 64
Table des matières
Introduction ................................................................................................................................. 6
La négociation Internationale 65
8- La consolidation..................................................................................................................... 50
9- Le suivi de la négociation ...................................................................................................... 52
Conclusion ................................................................................................................................. 62
Bibliographie ............................................................................................................................. 64
Webographie ............................................................................................................................ 64
Annexes ..................................................................................................................................... 67
La négociation Internationale 66
Annexes
La négociation Internationale 67
Extrait du cahier de recherche, Lionel BOBOT.
(2007), les negociations commerciales
multiculturelle.
La culture américaine procède par une approche inductive et avance de façon pragmatique
au fur et à mesure des difficultés rencontrées (Salacuse, 1991 ; Tinsley, 1998, 2001 ; Gelfand
& Realo, 1999). L'approche séquentielle américaine s'oppose notamment à l'approche
japonaise, qui consiste à saisir le problème de façon holiste c'est-à-dire comme un système
d'éléments interconnectés qu'il faut traiter par une démarche d'ensemble (Graham et Sano,
1984).
Des travaux de recherche montrent que les Américains, font très confiance aux autres,
encore plus que dans certains pays asiatiques (Yamagishi et Yamagishi, 1994 ; Fu & Morris,
2000 ; Adair et al. 2001). Cette approche du partage de l’information représente la culture
de la communication américaine qui met en valeur le fait d’être direct. En fait, cette
approche est si répandue aux Etats-Unis que les conseils standards pour obtenir de
l’information dans des négociations font part de ces stratégies : mettez en confiance, posez
des questions, partagez un peu d’information (Neale et Bazerman, 1992).
La négociation Internationale 68
Le style de négociation national sans doute le plus documenté après le style américain (et ce
n’est pas un hasard) est le style de négociation japonais. La littérature sur la culture
japonaise est très volumineuse, de même que la littérature sur le management japonais (cf.
par exemple de Maricourt, 1993 pour une synthèse). Plusieurs caractéristiques typiques de
la culture nipponne peuvent être soulignées comme le rapport individu-autrui selon le mode
communautaire, l’importance du statut et les relations sociales hiérarchiques, une vision du
temps où prédomine le long terme dans l’appréhension du monde (des relations, des
activités), permettant aux Japonais de réduire l’anxiété fondamentale qui anime leur
mentalité.
Les conséquences de cette configuration culturelle sur le style de négociation japonais sont
diverses et nous n’en rappellerons que les grandes lignes soulignées par McCall et
Warrington (1984), Graham et Sano (1984), Tung (1984), Moran (1985), DeMente (1990),
Kashima & Callan (1994), Matsumoto (1996), Adair (1999) ou Brett (2001). Avant tout, les
négociateurs japonais accordent une grande importance au comportement interpersonnel.
Cela se manifeste dès la phase de préliminaires par une grande place accordée aux tâches
qui ne sont pas directement liées aux affaires dans une conception américaine notamment
où prédomine une conception des affaires focalisée sur le résultat (« business is business »).
Le style (protocole) est indispensable pour parvenir au résultat, comme l’attestent par
exemple les véritables rituels d’échanges de cartes de visites et de salutations. La phase de
préliminaires est destinée à cerner la qualité du partenaire et elle dure en conséquence plus
longtemps qu’en Occident.
Au Japon, la perception du rôle de négociateur joue en faveur du rôle acheteur qui est
traditionnellement en position de force par rapport au vendeur. Celui-ci doit adapter son
comportement en conséquence, c’est-à-dire adopter une attitude générale de déférence.
L’influence des organisations mandatrices par leur taille est aussi significative dans le style
La négociation Internationale 69
de négociation japonais. La hiérarchie des tailles impose une hiérarchie dans les relations
des firmes entre elles. Les petites firmes de sous-traitance japonaise sont les obligées des
grandes firmes qui leur passent des ordres. Les mécanismes de la confiance liés à la
perception du partenaire sont très dépendants du fait qu’il s’agit d’un Japonais ou d’un non-
Japonais (« Gaijins »). La frontière entre le in-group et le out-group est très imperméable et
impose aux « Gai-jins » de recourir à des médiateurs culturels qui les introduiront et se
porteront garants de leur fiabilité. Cette frontière est si imperméable qu’il semblerait qu’un
« Gai-jin » reste toujours un « Gai-jin ».
Les stratégies de négociation sont guidées par la recherche de l’entente et la fuite devant
l’affrontement direct : les Japonais ne valorisent pas positivement l’activité même de
négociation et ont tendance à répondre aux tactiques de menace frontale par le retrait. Les
tactiques japonaises de persuasion concernent surtout la manipulation de l’information et
l’utilisation des silences. Le style de communication japonais s’appuie sur un fort recours aux
différents éléments du contexte. Sur le plan de l’accord, les Japonais privilégient une
approche holiste où la volonté générale de conclure est d’abord scellée et les points
spécifiques de l’accord négociés ensuite.
March (1990), lorsqu'il parle des négociations au Japon, décrit les étapes d'un discours
faisant appel à l'émotion : expression de sentiments pour la relation entre les négociateurs
et d'une grande tristesse concernant les implications potentielles de l'événement à l'origine
de la négociation pour la relation suivie d'une demande d'aide émotionnelle. March affirme
que plus la demande est touchante, plus elle a de chance d'être persuasive car pour refuser
de faire une concession devant une telle supplication, le destinataire est dans l'obligation
d'ignorer son rôle comme membre de la relation au statut le plus élevé et risque d'être vu
par les autres comme entièrement sans cœur. Les discours émotionnels sont très persuasifs
dans les cultures asiatiques en raison de l'importance primordiale qui est attachée aux
valeurs collectives et hiérarchiques. Les valeurs collectives insistent sur le fait que les
individus sont plongés dans un contexte de relations sociales et que celles-ci sont souvent
construites de façon hiérarchique. Les discours émotionnels sont bâtis pour rappeler à autrui
tout d'abord l'existence de la relation, puis sa position relativement plus forte du moins dans
les circonstances actuelles, et enfin, la responsabilité de la personne au statut le plus élevé
(Kolb, 2004).
La négociation Internationale 70
certain nombre de caractéristiques globales liées à l’éthique confucianiste qui s’est exportée
largement en Asie et dont certains traits se sont adaptés au Japon et en Corée. Il s’agit
d’une très forte orientation sociale, de l’orientation communautariste, de la recherche du
comportement juste, de l’harmonie au sein de groupe, de la modération, d’une très forte
différenciation entre le in-group et le out-group, de la soumission aux principes de
réciprocité et de loyauté. Ainsi, le chinois négocie en groupes, il est habitué à des circuits
décisionnels longs et cloisonnés, il dispose d’un temps abondant, il cherche à créer des
relations durables favorables à l’établissement d’une relation harmonieuse entre les
partenaires. Son style cognitif est davantage holiste. La façon de penser des Chinois a
tendance à être synthétique, concrète et contextuelle.
Mais le style chinois est aussi largement influencé par le cadre institutionnel chinois et par
l’argument du sous-développement (Gruère & Morel, 1991). Dans les négociations, cet
argument ressort assez systématiquement pour faire baisser les prix. Le Chinois sait se
montrer assez manipulateur et sait exploiter à son avantage les caractéristiques culturelles
occidentales (comme la vision du temps économique) dans son interaction avec des
étrangers (Eiteman, 1990).
De Mente (1992) souligne aussi que les Chinois apparaissent bien préparés dans les
domaines de la psychologie, de l’usage effectif du temps et du diagnostic des forces et
faiblesses comparées des parties. Leur stratégie générale de négociation suit un modèle
basé sur l’usure de la partie adverse ou se succèdent les attaques et les retraits. La facette
coopérative de leur comportement se manifeste à travers la réelle volonté de faire des
affaires et de mettre en place des relations à long terme. Elle est contrebalancée par une
facette distributive liée à des réticences pour donner de l’information sur leurs positions, et
à des questions frontales régulières.
Le nombre de personnes composant chacune des parties est lié à des habitudes culturelles.
Par exemple dans les négociations commerciales en Chine, la partie étrangère dépasse
rarement 3 à 5 personnes tandis que la partie chinoise fait volontiers participer de 15 à 30
personnes, voire davantage (Faure, 2000b). La répartition du pouvoir peut être très inégale
et dans ce cas la culture tend à légitimer certaines situations et à en invalider d'autres
(Elgstrom, 1992). Par exemple la position hiérarchique, la possession de ressources, le statut,
l'âge ont dans certaines sociétés une influence primordiale. Ainsi en Chine ou au Japon, c'est
l'acheteur qui a la prééminence. On ne vend pas à la Chine mais c'est la Chine qui achète aux
étrangers. Si le vendeur traite son interlocuteur comme un égal, il sera perçu comme ayant
une attitude arrogante (Fang, 1999; Faure, 1999a).
Les Chinois sont beaucoup plus soucieux de maintenir l'harmonie parmi les partenaires de la
négociation, de préserver la face de chacun plutôt que de satisfaire à des règles et des
principes abstraits. Ainsi les règles peuvent n'avoir qu'une importance très secondaire
(Faure, 1999b).
La négociation Internationale 71
Souvent considérés par les Occidentaux comme inutiles et vides de sens, les rituels sont en
Chine le garant de la qualité de la relation. C'est la capacité à accomplir convenablement les
rituels qui distingue le civilisé du barbare. Les actes rituels jalonnent le processus de
négociation : remise de cartes de visite à deux mains en s'inclinant, cadeaux de bienvenue,
banquets incluant discours et toasts, règles de préséance dans les rencontres, formules de
politesse, recours à des symboles visuels, cérémonie de signature de contrat (Faure, 2004).
Les difficultés soulevées dans les négociations entre chinois et occidentaux peuvent provenir
notamment de l'approche intellectuelle du Chinois qui est de nature holiste et repose sur
l'évidence empirique (Chen, 1999), tandis que le mode de pensée occidental est analytique
et se fonde sur une logique abstraite.
Les connaissances sur le style de négociation russe restent trop peu nombreuses et la
recherche n’est pas facilitée dans ce domaine par les changements politiques que connaît la
région. Malgré les rapides changements dans cette partie du monde, l’interprétation des
comportements actuels semble difficilement pouvoir faire table rase de soixante-dix ans
d’idéologie marxiste.
Plus récemment, Rajan et Graham (1991) décrivent le style de négociation soviétique autour
des caractéristiques suivantes : un penchant pour le secret dans un univers où l’information
est une source de pouvoir, une aversion au risque, une orientation vers le détail, une
attitude intransigeante à l’égard de tout non-respect des obligations écrites dans le contrat,
une attitude intransigeante pendant les face-à-face traduisant une orientation plutôt
distributive dans l’emploi des stratégies et des tactiques, un comportement manipulateur
dans les tactiques d’annonce des prix, des quantités commandées et des concessions
exigées, l’importance des relations interpersonnelles, la préférence pour des échanges à
long terme suivis par les mêmes interlocuteurs (Gelfand & Brett, 2004), la fiabilité à
respecter les engagements (et l’attente en retour que les autres fassent de même).
La recherche uniculturelle allemande sur le style de négociation reste peu développée, mis à
part à travers le courant de recherche comparatif plus général sur la communication
La négociation Internationale 72
francoallemande Hall et Hall (1990) présentent une analyse en profondeur de la mentalité
.allemande en général et de ses implications dans divers contextes des affaires. Il estpossible
de dégager de cette étude de type ethnographique quelques éléments caractéristiques du
style de négociation allemand. Les contributions de Schmidt (1979), de Burt (1989) et Hall &
Hall (1993) peuvent aussi être utiles pour dresser un portrait succinct des grandes
caractéristiques du style de négociation allemand.
Dans la négociation, comme dans la plupart des activités, l’approche allemande est lente,
logique et analytique. Les présentations doivent être bien ordonnées, avec une expression
logique des idées. Les Allemands sont très sensibles à l’information, synonyme de pouvoir et
qu’ils ne partageront pas spontanément : le secret des affaires est la règle en Allemagne.
Inversement, leur style de communication avec faible référence au contexte les pousse à
devoir disposer du maximum d’informations préalables pour circonscrire nettement les
situations. Ainsi s’explique la propension allemande à débuter tout rapport écrit ou
interpersonnel dans les négociations par un rappel exhaustif des conditions qui prévalaient
antérieurement. Le style de négociation allemand est influencé par les caractéristiques
élémentaires de communication non-verbale des Allemands. Par exemple, les distances
interpersonnelles des Allemands sont plus élevées, même que celles des Américains.
Littéralement, les Allemands gardent leurs distances. Le contact physique par le toucher est
exclu, et ils évitent tous les signes qui pourraient être perçus comme un engagement à
personnaliser davantage la relation. Les sourires sont réservés aux proches, et le contact
visuel permanent sert à manifester l’attention. Les gestes sont limités et de faible amplitude.
La poignée de main est ferme et accompagnée d’un contact visuel soutenu.
Les relations interpersonnelles allemandes sont très marquées par une forte sensibilité au
respect du protocole et des procédures d’une manière générale. L’Allemagne fonctionne
selon le système temporel monochronique dans lequel les individus sont subordonnés aux
procédures, ce qui les rend peu flexibles face aux impondérables. Comme le rappelle un
proverbe allemand : « Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ».
La négociation Internationale 73
Le style de décision allemand demande davantage de temps car les Allemands ont un
rythme lent lié à leur besoin de disposer d’un maximum d’informations avant de s’engager
dans un sens ou dans l’autre. Pour une proposition d’affaires, les délais de réponse seront
assez longs.
Le processus de décision collégial tel qu’il est pratiqué exige des délais plus longs par
exemple que dans le système américain où la décision prise à l’échelon supérieur est
immédiatement applicable par l’échelon directement subordonné. En Allemagne, la plupart
des grandes entreprises sont gérées par un double conseil, le conseil de surveillance (en
allemand : « Aufsichtsrat » qui s’occupe des décisions importantes, et le conseil de direction
(en allemand : « Vorstand ») qui dirige les affaires courantes et contrôle le déroulement des
activités. A l’échelon exécutif, au sein des différents services, le but est d’arriver au
consensus, pour permettre à chacun d’exposer son point de vue dans la recherche d’un
accord.
L’une des grandes caractéristiques de ce style de négociation réside en effet dans la forte
orientation interpersonnelle des Saoudiens d’une manière générale et au cours des
interactions de négociation en particulier. Cela implique d’abord que les négociateurs soient
choisis sur la base du statut (exprimé par les liens familiaux et personnels) et de la loyauté.
Ce critère de sélection renvoie au mode de relations sociales où le patriarcat et la famille
hiérarchique définissent la prédominance des obligations familiales parmi lesquelles
l’honneur (« Sharaf ») est d’une importance capitale : l’honneur prime sur l’efficacité. Il n’est
pas rare que des amis proches assistent à la négociation, les négociations ayant lieu dans un
La négociation Internationale 74
espace davantage public qu’en Occident. En parallèle avec cette orientation
communautaire, l’individualisme est aussi présent, le Coran prônant la loyauté envers la
famille mais aussi envers soi-même, tandis que les conditions de vie traditionnelles dans le
désert ont aussi favorisé une orientation individualiste.
Cela implique ensuite des moments de socialisation entre partenaires longs, notamment
avant que la discussion d’affaires n’entre dans le vif du sujet. Les Saoudiens accordent leur
confiance davantage aux personnes qu’aux organisations, et le Coran fait de la confiance et
du respect de la parole donnée un cadre fondamental de tous les aspects de la vie,
financiers, légaux, politiques, moraux … L’intermédiaire (« le sponsor ») est absolument
nécessaire aux étrangers pour être introduit auprès des décideurs pertinents, car il joue le
rôle de médiateur culturel, nécessaire dans une culture où la frontière entre le « in-group »
et le « out-group » est très imperméable.
Les bases de la persuasion sont diverses, qu’elles s’appuient sur l’émotion, l’intuition,
l’expérience (la tradition) ou l’idéologie (l’Islam). Le raisonnement empirique est considéré
comme étranger, occidental. Quand l’honneur et le maintien de la face sont en jeu, les
Saoudiens sont connus pour leur style d’argumentation de type émotionnel. D’une manière
générale, le Coran définit les grandes lignes du style de communication des négociateurs :
précision claire des objectifs, style direct sans fioritures, brève argumentation, accord scellé
par la parole orale avant la parole écrite.
La prise de décision est très centralisée mais consultative. Un individu ne prendra pas de
décision sans consulter les seniors de son groupe. Mais les subordonnés sont consultés de
manière informelle, même si le décideur prend la décision finale. Les Saoudiens ont
tendance à ne pas déléguer la responsabilité.
Cogan (2003) part de l’idée qu’il y a deux “fils” à analyser afin de mieux comprendre la
manière de négocier des Français - à savoir ce qu’on peut appeler le fil culturel et le fil
historique. Ces fils sont au demeurant souvent enchevêtrés. La culture politique française
est intimement liée à la Révolution française tout autant que la culture politique américaine
La négociation Internationale 75
est sortie de la Révolution américaine et de la Constitution qui s’est ensuivie. Or, ces deux
révolutions, qui sont survenues autour de la même époque, ont été animées par des
philosophies politiques fort différentes, surtout en ce qui concerne le rôle du gouvernement
dans la société, et le rôle de la religion. La Révolution française était dirigée, entre autres,
contre l’Église catholique. La société américaine a été formée à l’image du Protestantisme
dissident (Dissenter Protestantism). Ainsi dans le fil historique de son ouvrage on voit
poindre une dialectique entre “la Grande Nation” et “la culture de l’underdog.” D’un côté, il
y a la tradition de puissance et de longévité inhérente à l’État français, un État soutenu par
une bureaucratie centralisée qui date de l’époque du cardinal de Richelieu. La tradition de
“la Grande Nation” conduit à une culture d’autorité qui est l’apanage des négociateurs
français et qui apparaît parfois aux autres comme une marque d’arrogance. Liée intimement
à cette culture d’autorité est ce qu’on a qualifié de culture de guerre. Cette culture de
guerre dérive, à son tour, de l’histoire de France. La France a été construite pièce par pièce,
à travers une série de campagnes militaires, suivies généralement par l’imposition de termes
de paix draconiens.
Cette tradition de conquête et d’imposition d’une paix dure, qui a perduré jusqu’au mandat
de Georges Clemenceau et au traité de Versailles, a laissé des traces dans la manière de
négocier des Français. Une négociation est parfois décrite comme une ligne de bataille où il
n’y a aucune confiance dans le négociateur d’en face.
Pour Cogan (2003), le résultat est un certain style français : parler le premier, parler
longuement et dans le style de la dissertation, trouver la meilleure solution, par l’exercice de
la raison, et s’y tenir avec ténacité (ce qu’on appelle en anglais, “positional negotiations.”);
et finalement, ne pas se soucier du fait de se trouver seul, allant même jusqu’à quitter ou à
boycotter une négociation. Après tout, quand on a trouvé la meilleure solution par la voie
de la raison, on est peu enclin à la changer. Et va jusqu’à dire que, par tradition, mais qui a
moins d’actualité aujourd’hui, le compromis n’est pas français !
Fisher (1980) rappelle d’abord la conception même de la négociation pour les Français, qui la
considèrent comme un art usant du style de la logique cartésienne où la référence à des
écoles de pensée, l’utilisation de la bonne formule, la convention, les arguments a priori,
l’abstraction de la réalité sont fréquents. La négociation est conçue davantage comme un
débat, où controverses et argumentation s’imposent.
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