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La Règle de Droit

Ce document présente les notes de cours relatives au chapitre 4 sur l'application de la règle de droit. Il aborde les conditions d'entrée en vigueur et d'abrogation des règles juridiques, ainsi que les solutions apportées aux conflits de lois dans le temps et l'espace.

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La Règle de Droit

Ce document présente les notes de cours relatives au chapitre 4 sur l'application de la règle de droit. Il aborde les conditions d'entrée en vigueur et d'abrogation des règles juridiques, ainsi que les solutions apportées aux conflits de lois dans le temps et l'espace.

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Université Mohamed V

Faculté des sciences juridiques économiques et sociales


Salé

Matière : Introduction aux sciences juridiques


Groupe : S1 Droit
Professeur : Chifae EL MOUDDEN

Notes de cours relatives au

Chapitre 4: l’application de la règle de


Droit

Objectifs :
OG : Démontrer la relativité spatio-temporelle du Droit.

OS1 : Etudier les conditions d’entrée en vigueur de la règle de Droit ;


OS2 : Connaître les modalités d’abrogation des règles juridiques ;
OS3 : Etudier les solutions apportées aux conflits de lois dans le temps et dans
l’espace.

N.B : Ce document ne constitue qu’un support pédagogique destiné à assister les


étudiants dans l’élaboration de leurs synthèses des cours. Il ne remplace
aucunement les cours magistraux,et est destiné aux étudiants de la promotion
2020-2021. Les supports pédagogiques précédents peuvent contenir des
informations désuètes par rapport au cadre législatif et réglementaire en vigueur

Année universitaire 2020-2021


Chapitre 4. L’application de la règle de Droit
135. Il est admis que la règle de Droit est obligatoire puisqu’elle s’impose
à tous les membres de la société sous peine de sanction par la puissance
publique. Les personnes, tant physiques que morales, de Droit public ou privé
sont tenues de se soumettre aux dispositions et prescriptions législatives et
réglementaires.
Néanmoins, cette force obligatoire n’est pas automatique, elle ne prend
naissance qu’avec l’entrée en vigueur de la loi (I). Cette dernière suscite
certaines difficultés relatives à l’étendue de l’application de la loi (II).

Section 1. L’entrée en vigueur de la règle juridique


136.L’entrée en vigueur de la règle juridique signifie son aptitude à être
appliquée et à produire les effets juridiques. La règle juridique n’entre en vigueur
que si elle a été promulguée et publiée (1). Elle peut faire l’objet d’une
abrogation, ce qui met alors fin à sa force obligatoire (2).

§1.La promulgation et la publication de la règle juridique


137. La promulgation consiste en un acte par lequel le Roi atteste
l’existence et la régularité de la loi adoptée par le Parlement et en ordonne la
publication et l’exécution. Elle se fait par Dahir qui doit être contresigné par le
Chef du Gouvernement. La promulgation intervient dans les 30 jours qui suivent
la transmission de la loi votée au gouvernement.
Exemple de Dahir de promulgation
DAHIR N° 1-04-22 DU 12 HIJA 1424 (3 FEVRIER 2004) PORTANT
PROMULGATION DE LA LOI N° 70-03 PORTANT CODE DE LA FAMILLE.
LOUANGE A DIEU SEUL !
(Grand Sceau de Sa Majesté Mohammed VI)
Que l'on sache par les présentes - puisse Dieu en élever et en fortifier la teneur!
Que Notre Majesté Chérifienne,
Vu la Constitution, notamment ses Articles 26 et 58, A DÉCIDÉ CE QUI SUIT:
Est promulguée et sera publiée au Bulletin officiel, à la suite du présent dahir, la
loi n° 70-03 portant Code de la Famille, telle qu'adoptée par la Chambre des
représentants et la Chambre des conseillers.
Fait à Rabat, le 12 hija 1424 (3 février 2004).
Pour contreseing: Le Premier ministre, DRISS JETTOU.

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Quant aux décrets, aucune règle de Droit ne dispose qu’ils sont soumis à
promulgation
138. La publication est une formalité intéressant toutes les règles
juridiques. Elle consiste en l’insertion du texte de la règle juridique dans le
Bulletin Officiel.
Les règles juridiques sont publiées au Bulletin Officiel, Ce dernier est édité par la
Direction de l’Imprimerie Officielle qui relève du Secrétariat Général du
Gouvernement.
139. Une fois publiée, la règle juridique devient obligatoire. Elle s’impose
au pouvoir exécutif, au juge et aux particuliers. La publication emporte la
présomption de connaissance de la loi par les membres de la société, exprimée
par le fameux adage « Nul n’est censé ignorer la loi ».
Concernant la date d’entrée en vigueur de la loi, celle-ci commence à courir, en
principe, à partir du jour de sa publication ou d’une date fixée par la loi même.

§2. L’abrogation de la règle juridique


140. La règle de Droit est, en principe, une règle permanente, destinée à
réglementer des situations générales de façon continue afin d’assurer une
certaine stabilité juridique des membres de la société.
Toutefois, la permanence des règles de Droit ne signifie pas leur éternité. Les
règles de Droit sont appelés à régir des situations de fait qui ne cessent
d’évoluer, emportant la modification, le remplacement ou encore l’abrogation des
règles juridiques.
141. L’abrogation des règles de Droit signifie l'annulation, pour l'avenir,
du caractère exécutoire d'un texte législatif ou réglementaire. Une règle abrogée
n’est plus opposable aux sujets de Droit et ne fait plus partie du Droit positif.
L’abrogation obéit au principe du parallélisme des formes, en vertu duquel
un texte ne peut être abrogé que par un autre texte, ayant la même valeur, ou
un texte ayant une valeur hiérarchiquement supérieure.
142. L’abrogation peut être tacite ou expresse, comme elle peut résulter
de la désuétude. Ces formes résultent de l’article 474 du DOC « Les lois ne sont
abrogées que par des lois postérieures lorsque celles-ci l’expriment formellement
ou quand la nouvelle loi est incompatible avec la loi antérieure »
 L’abrogation expresse : L’abrogation est dite expresse lorsqu’elle est
exprimée formellement par le législateur. Ce dernier, en édictant une loi

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nouvelle, énumère les lois anciennes qu’il entend abroger. Il s’agit, dans ce cas,
d’une abrogation totale.
Exemple :L’article 180 de la Constitution Marocaine du 29 juillet 2011
dispose que « Sous réserve des dispositions transitoires prévues dans le présent
Titre, est abrogé le texte de la Constitution révisée, promulgué par le dahir n° 1-
96-157 du 23 joumada I 1417 (7octobre 1996).
L’abrogation peut également être partielle lorsqu’elle ne concerne pas une
loi dans son intégralité, mais uniquement certaines de ses dispositions.
Exemple :L’article 26 de la loi 20-13 relative au Conseil de la concurrence
dispose que « Sont abrogées les dispositions des articles 14 à 23 inclus de la loi
n° 06-99 sur la liberté des prix et de la concurrence, promulguée par le dahir n°
1-00-225 du 2 rabii I 1421 (5 juin 2000) »
 L’abrogation tacite : L’abrogation tacite résulte de la simple
contradiction entre une nouvelle loi et la loi ancienne. Leur application
simultanée étant irréalisable, la nouvelle loi l’emporte sur l’ancienne, vu qu’elle
exprime la volonté récente du législateur. L’abrogation tacite provient également
de l’adoption d’une loi spéciale qui vient déroger à une règle générale.
 L’abrogation par désuétude : La désuétude concerne la situation
d’une règle juridique qui, en fait, n’est pas ou plus appliquée.
La question de l’abrogation par désuétude reste discutée en doctrine. Alors que
certains auteurs admettent que la désuétude d’une loi vaut abrogation tacite,
d’autres avancent qu’une loi prime dans toutes les circonstances et qu’elle ne
peut être abrogée que par la volonté du législateur.

Section 2. Difficultés d’application de la règle juridique


143. Il est reconnu comme règle générale que l’avènement d’une loi
nouvelle abroge l’ancienne et que la loi est l’expression de la souveraineté
nationale, qui ne s’applique que sur le territoire d’un Etat donné. Ce principe
connaît néanmoins certains tempéraments donnant lieu à des conflits de lois
dans le temps (2) et dans l’espace (1).

§1. Application de règle juridique dans l’espace


144. L’application de la loi dans l’espace ne doit théoriquement soulever
aucune difficulté. Expression de la souveraineté nationale, la loi s’applique dans
les limites du territoire de l’Etat qui l’a édicté. Or, dans la pratique, il arrive que

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des situations juridiques comportent un élément d’extranéité justifiant sa
soumission à une législation étrangère.
145. La détermination de la loi applicable se fait en application de deux
principes, en fonction du domaine considéré.
 Le principe de la territorialité des lois : En application de ce
principe, la loi d’un Etat donné s’applique sur tout son territoire et à toutes les
personnes qui s’y trouvent quelque que soit leur nationalité. Chaque Etat élabore
ses propres lois pour les appliquer dans les limites de son territoire. Ainsi, la loi
Marocaine s’appliquera indifféremment aux Marocains et étrangers se trouvant
sur le territoire Marocain.
Ce principe connaît une application rigoureuse en matière pénale, et dans les
matières de Droit public (Droit constitutionnel, Droit fiscal…)
Le principe de la territorialité des lois ne peut toutefois s’appliquer de manière
absolue. Certaines situations sont difficilement rattachables au Droit positif d’un
Etat donné ce qui implique de retenir le deuxième principe.
 Le principe de la personnalité des lois : Ce principe signifie que
l’Etat peut être amené à appliquer sur son territoire des lois étrangères. Ainsi, au
Maroc, les étrangers seront soumis, quant à quelques aspects de leur vie
juridique, à la loi de leur propre pays.
L’application de ce principe présente l’avantage de prendre en
considération les dimensions liées à la culture, à la civilisation et à la religion des
étrangers établis hors de leurs pays d’origine.
Le principe de la personnalité des lois trouve essentiellement son
application dans le domaine du statut personnel et familial. Il s’agit évidemment
d’une matière assez particulière ou s’interférent les considérations religieuses,
culturelles…
Les deux principes ne sont appliqués que de manière relative. Selon les
cas, on applique tantôt la loi territoriale, tantôt la loi personnelle.

§2. Application de la règle juridique dans le temps


146. Théoriquement, l’application de la règle juridique dans le temps ne
suscite pas de difficultés particulières, puisque la loi applicable est celle qui est
en vigueur actuellement. Toutefois la pratique nous révèle d’éventuels conflits
entre les effets produits par d’anciens textes et d’autres découlant de
l’application systématiques de nouveaux textes.

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147. La résolution de ces conflits obéit à deux principes fondamentaux :
l’effet immédiat de la loi nouvelle, et la non-rétroactivité de la loi.
 L’effet immédiat de la loi nouvelle : Selon ce principe, les règles
juridiques nouvelles s’appliquent immédiatement aux actes et faits postérieurs à
leur entrée en vigueur, ainsi qu’aux effets futurs des situations juridiques
préexistantes.
L’application de ce principe se justifie par deux arguments incontestables.
Le premier tient au fait que la loi nouvelle est présumée meilleure que la loi
ancienne. Le second répond à la nécessité d’assurer l’unité de législation, en
évitant de faire coexister la loi ancienne et la loi nouvelle.
Le principe de l’effet immédiat ne signifie pas que la nouvelle règle
juridique commence à s’appliquer aussitôt publiée. Une nouvelle règle juridique
peut entrer en vigueur, selon les cas :
 À compter du jour de sa publication ;
Exemple : Article 58 de la loi 02-03 relative à l’entrée et au séjour des
étrangers au Royaume du Maroc :« La présente loi, entre en vigueur à
compter de la date de sa publication au Bulletin officiel »
 À compter d’une date fixe ;
Exemple : Article 46 du Code de la nationalité Marocaine « Le présent code
entrera en vigueur le premier jour du mois qui suivra sa publication au Bulletin
officiel »
 Après un délai qui court à compter du jour de sa publication.
Exemple : Article 70 de la loi 2-00 relative aux droits d’auteur et droits
voisins « Les dispositions de la présente loi entreront en vigueur six mois après
sa publication au Bulletin officiel »
 La non-rétroactivité de la loi : Ce principe implique que les
nouvelles règles juridiques ne s’appliquent pas à des actes, faits, ou situations
juridiques nés sous l’empire de l’ancienne loi, mais dont les effets se prolongent
dans le temps.
Le principe de la non-rétroactivité est commandé par l’impérieuse
nécessité de la sécurité juridique. Il apparaît également comme un principe
juste, dans la mesure où il garantit aux citoyens de préserver les situations qui
leur sont reconnues. Il est proclamé par l’article 6 de la Constitution qui dispose
que « …La loi ne peut avoir d’effet rétroactif »

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En dépit de son caractère fondamental, la non-rétroactivité de la loi
connaît trois exceptions :
 Cas des lois pénales plus douces : Lorsqu’une nouvelle
disposition pénale prévoit des peines moins sévères que l’ancienne, elle
s’applique rétroactivement aux infractions commises sous l’égide de l’ancienne
loi.Cette exception en joue que lorsque le procès est en cours, ou que le
jugement n’est pas encore définitif
Article 6du code pénal : « Lorsque plusieurs lois ont été en vigueur entre le
moment où l'infraction a été commise et le jugement définitif, la loi, dont les
dispositions sont les moins rigoureuses, doit recevoir application »
 Cas des lois de procédure : Les nouvelles lois de procédure ou de
forme, relatives notamment aux règles de compétence et de fonctionnement des
juridictions, peuvent s’appliquer dès leur entrée en vigueur, même aux actes et
faits juridiques antérieurs et aux procès en cours.
La justification de cette exception est plus qu’évidente. Elle répond au besoin
d’une meilleure organisation de la justice
 Cas des lois interprétatives et des lois rectificatives
:Quoiqu’elles soient rares en pratique, les lois interprétatives et celles
rectificatives s’appliquent rétroactivement à compter de la date d’application de
la loi interprétée.

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