PDNA Guidelines Culture Sector 2014 FR
PDNA Guidelines Culture Sector 2014 FR
Culture
n PROCESSUS D’ÉVALUATION 5
n État des lieux avant la catastrophe et vue d’ensemble du secteur 8
n ÉVALUATION DES EFFETS D’UNE CATASTROPHE 12
n ESTIMATION DE LA VALEUR DES EFFETS D’UNE CATASTROPHE 16
n ÉVALUATION DE L’IMPACT D’UNE CATASTROPHE 18
n LIENS INTERSECTORIELS ET THÈMES TRANSVERSAUX 22
n STRATÉGIE DE RELÈVEMENT SECTORIELLE 23
n Références 31
n Annexes 34
INTRODUCTION
« Les thèmes culturels font intégralement partie de nos vies. Si l’on peut considérer le
développement comme une amélioration de nos standards de vie, les efforts liés au dé-
veloppement ne peuvent pas ignorer le monde de la culture. » Amartya Sen
Il est fondamental que tous les secteurs pour lesquels une évaluation des besoins post-catastrophe (PDNA)
est prévue ou en cours tiennent compte du contexte culturel dans lequel la catastrophe s’est produite et dans
lequel le relèvement et la reconstruction auront lieu. La résilience des systèmes sociaux face aux catastrophes
est profondément influencée par les aspects culturels, dans la mesure où la culture détermine les relations
humaines, les comportements et la relation au monde qui nous entoure, notamment l’environnement naturel.
L’intégration de la culture dans les programmes de relèvement post-catastrophe contribue par conséquent
profondément à leur efficacité et à leur pérennité, tout en renforçant l’adhésion des bénéficiaires. Dans ce
contexte, la culture peut être considérée comme un « facilitateur » et un élément transversal à intégrer dans
toutes les évaluations sectorielles, au même titre que les questions relatives à l’égalité des sexes, à la gouver-
nance ou à la réduction des risques de catastrophe (voir l’annexe 10.3 qui présente une étude de cas hypothé-
tique illustrant ce type de question).
Par ailleurs, l’impact spécifique des catastrophes sur la culture (voir chapitre 3 pour la définition de ses com-
posantes) doit également faire l’objet d’une évaluation indépendante à l’égard du développement humain et
économique, d’où la nécessité d’une évaluation sectorielle spécifique et de la publication des présentes lignes
directrices.
Nous savons tous que la culture, dépositaire de symboles et creuset de notre identité, a une valeur intrinsèque.
Nous sommes tous conscients du profond impact psychologique que la perte de repères culturels (p. ex., lieux
de cultes, rituels et traditions) peut avoir sur les êtres humains, ce qui peut gravement affecter leur capacité à
faire face à des situations difficiles et à se relever. De nombreuses parties prenantes commencent toutefois à
prendre conscience de la forte contribution que la culture peut apporter aux dimensions économique, sociale et
environnementale du développement durable. En effet, la culture a un rôle considérable à jouer dans la création
d’emplois verts, la réduction de la pauvreté, la construction de villes plus durables, l’accès à l’eau potable, la
sécurité alimentaire, la protection des ressources océaniques et forestières, voire le renforcement de la résilience
des communautés face aux catastrophes. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture (UNESCO), entre autres, a étudié le lien entre la culture et le développement, et a publié de nombreux
documents de référence à cet égard1.
1
Voir http://fr.unesco.org/themes/culture-d%C3%A9veloppement-durable
1 | CULTURE
La contribution de la culture au renforcement de la résilience des communautés est particulièrement importante
dans l’évaluation de l’impact d’une catastrophe sur le secteur, et peut prendre plusieurs formes. La préservation
du patrimoine local et des structures emblématiques, le respect de la diversité culturelle et la survivance des
croyances, des valeurs, des pratiques et des savoirs culturels et leur transmission de génération en génération,
sont non seulement essentielles à la cohésion sociale et à la préparation des populations en amont d’une ca-
tastrophe, mais pourront aussi susciter espoir et solidarité lors du relèvement et de la reconstruction après une
catastrophe. Une société qui est dotée d’un capital culturel solide fondé sur la transmission des savoirs et des
symboles sera mieux préparée à se relever après une catastrophe. Elle pourra s’appuyer sur sa mémoire collec-
tive, ses valeurs communes, son savoir-faire traditionnel et un tissu social dense. De plus, de par sa nature, la
culture peut généralement contribuer de façon majeure à l’emploi local et à un développement économique
qui soit durable et inclusif, notamment après une catastrophe.
Par ailleurs, la culture, à travers ses multiples manifestations matérielles et immatérielles (patrimoine bâti, pay-
sages ruraux, savoir traditionnel, etc.), contribue significativement à la réduction des vulnérabilités et des fac-
teurs de risque sous-jacents liés à l’environnement physique. Par exemple, l’expérience a démontré que, s’ils
sont bien entretenus, les bâtiments traditionnels et les paysages historiques ont un effet nettement plus positif
que des structures modernes mais défaillantes (matériaux de mauvaise qualité et en mauvais état, mauvais as-
semblage, etc.) et qu’ils peuvent jouer un rôle de « tampon » efficace en cas d’aléas majeurs. Intégrés aux pro-
grammes modernes de réduction des risques de catastrophe, les systèmes du savoir traditionnel se sont révélés
des outils efficaces et rentables d’atténuation des risques environnementaux et des vulnérabilités2.
Le lien inhérent entre culture et résilience s’explique par le fait que les cultures présentent toujours un ancrage
géographique et temporel. Ainsi, la culture détermine la relation des personnes à la nature et à leur environ-
nement physique, à la Terre et à l’univers, ainsi que leurs attitudes envers les autres formes de vies, à savoir les
animaux et les plantes. La diversité biologique et la diversité culturelle sont fondamentalement et étroitement
liées: les êtres humains et l’environnement ont appris à s’adapter l’un à l’autre et à coexister au fil du temps, au
travers d’interactions complexes. Cela indique que tous les efforts destinés à réduire les risques de catastrophe
chez les populations et leur environnement doivent impérativement tenir compte de la culture des communau-
tés concernées et prendre des mesures en conséquence.
Les recommandations partent du principe que l’équipe d’évaluation a une bonne connaissance (i) de l’ensemble
des expressions et des biens culturels (matériels et immatériels) de la région sinistrée, (ii) du rôle des ressources
culturelles dans l’économie locale et (iii) de la forte corrélation entre le développement durable et la diversité
culturelle. L’évaluation relative au secteur de la culture doit être plus stratégique qu’exhaustive. Elle doit être
menée en temps opportun et respecter le court délai imparti à l’évaluation, en coordination étroite avec les
autres analyses sectorielles.
2
Voir Patrimoine et résilience, disponible à l’adresse: http://whc.unesco.org/fr/evenements/1048/
2 | CULTURE
Enfin, il convient de prendre en compte le fait que l’évaluation du secteur de la culture n’en est qu’à ses débuts.
Les présentes recommandations seront étoffées au fur et à mesure des nouvelles expériences. Le cadre concep-
tuel définissant la contribution de la culture au développement humain sera par ailleurs renforcé et adopté plus
largement au niveau international. Des connaissances, des études de cas et des outils pratiques supplémen-
taires seront également proposés.
Comme expliqué dans le Volume A, l’approche utilisée dans l’évaluation intègre à la fois la dimension écono-
mique fondée sur la méthode d’évaluation des pertes et dommages (DaLA) et les questions relatives au déve-
loppement humain. Dans le cas du secteur de la culture, tandis que les pertes et les dommages du patrimoine
matériel sont généralement mesurables et que les besoins et les plans de relèvement peuvent être déterminés
rapidement, ce n’est pas toujours le cas pour certains biens culturels emblématiques porteurs d’une valeur sym-
bolique forte et jugés « irremplaçables ». Il est également difficile de réaliser une évaluation quantitative des
effets d’une catastrophe sur le patrimoine immatériel et sur la créativité.
Par conséquent, la principale difficulté des évaluations dans ce domaine est de déterminer les moyens de relève-
ment après une catastrophe, même lorsqu’une reconstruction est impossible. Sur le plan culturel, le relèvement
ne consiste pas nécessairement à reconstruire les actifs physiques, mais plutôt à rétablir les liens des habitants
entre eux et avec leur environnement. Cela demande une connaissance approfondie des dynamiques et des
processus qui caractérisent les relations entre les populations touchées et leurs ressources culturelles, ainsi que
de l’ampleur de l’impact de la catastrophe, ce qui permet d’identifier les mesures de relèvement appropriées (et
leur coût). Il ne faut pas non plus perdre de vue que la culture est un processus ascendant, dynamique et très
poreux, incarné par des communautés, des groupes, et, dans certains cas, des individus, qui contribuent de
façon prépondérante à la façonner, la sauvegarder, l’entretenir et la renouveler3.
Une autre difficulté est que, généralement, la culture est alimentée par des activités informelles (souvent des
activités secondaires) qui ne figurent donc pas dans les statistiques officielles. En outre, dans certains cas, il est
difficile de distinguer clairement les rôles du secteur public et du secteur privé. Dans de nombreux pays, par
exemple, les industries créatives sont des moteurs majeurs du développement économique et social. Dans les
pays en développement, la plupart des entreprises sont des entreprises familiales ou des petites et moyennes
entreprises (PME), généralement créées et dirigées par des femmes. De même, il faut tenir compte des organisa-
tions à base communautaire et des PME qui opèrent dans le secteur du tourisme culturel, notamment en ce qui
concerne les services proposés sur les sites touristiques ou la gestion et la protection des ressources culturelles
et naturelles.
Qui plus est, la valeur ajoutée de la culture (en matière de développement humain) dans le relèvement post-ca-
tastrophe n’est pas encore reconnue dans les paramètres standards ni dans les cadres tels que les objectifs du
3
Voir la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (2003), notamment les articles 11, 12 et 15 qui
décrivent le rôle fondamental et proactif des communautés et des dépositaires d’information en général, dans la documentation et la
sauvegarde du patrimoine immatériel; et la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de
l’UNESCO (2005), dans laquelle l’article 11 reconnaît le rôle fondamental de la société civile dans la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles.
3 | CULTURE
Millénaire pour le développement (OMD) ou les nombreux indices relatifs au développement humain. Comme
indiqué plus haut, le rôle fondamental de la culture dans le développement durable et la résilience est important
et étayé par de nombreux documents et expériences de terrain. De ce point de vue, l’évaluation doit par consé-
quent s’intéresser aussi bien à l’impact de la catastrophe sur la culture qu’au rôle de la culture dans l’orientation
du processus de relèvement, par le rétablissement des points de repère d’une société.
Par ailleurs, l’évaluation du secteur de la culture offre de nombreuses possibilités de consolider les autres efforts
de relèvement, afin de les rendre plus efficaces et pérennes. Les liens existant entre la culture et les autres di-
mensions du développement sont multiples.
Les ressources culturelles génèrent de nombreux emplois et des revenus, aussi bien pour les individus que pour
les États, dans le cadre de l’économie formelle et informelle, dans des secteurs tels que le commerce, le tou-
risme et les industries créatives. La culture est également un secteur auquel les personnes marginalisées peuvent
facilement accéder, que leurs besoins soient d’ordre spirituel ou matériel. Sur le plan du développement social,
la sauvegarde du patrimoine en période de catastrophe procure à la communauté touchée un sentiment de
continuité et d’identité collective; elle atténue l’impact psychologique de la catastrophe en aidant à surmonter
les traumatismes et en redonnant un sentiment de normalité, de stabilité, d’inclusion et d’espoir.
Compte tenu de la place prépondérante qu’il occupe au sein de la communauté, le patrimoine culturel constitue
un élément essentiel de la promotion du dialogue et de la prévention des risques de tension et de conflit (p. ex.,
le recours aux paradigmes culturels connus facilite la compréhension, l’apprentissage et la communication au
sein d’une communauté). Les communautés, les professionnels, les artistes, les artisans et les petits créateurs
peuvent contribuer considérablement au processus de reconstruction, en conjuguant tradition et innovation,
ainsi qu’à la qualité et la transmission des traditions.
Les experts en charge de l’évaluation relative à la culture doivent donc être en mesure d’identifier et de promou-
voir toutes ces possibilités et, en travaillant étroitement avec les autres secteurs, d’en exploiter le potentiel pour
renforcer le processus de relèvement et de reconstruction.
La culture jouant un rôle essentiel dans le tissu social des communautés, elle est parfois manipulée et exploitée,
ce qui peut conduire à des abus, en alléguant par exemple le respect des traditions comme prétexte à des pra-
tiques discriminatoires qui légitiment les inégalités entre les sexes ou la marginalisation d’un sous-groupe (Centre
de gouvernance d’Oslo du PNUD/UNIFEM, 2009). Comme indiqué dans la Déclaration universelle de l’UNESCO
sur la diversité culturelle de 2001: « Nul ne peut invoquer la diversité culturelle pour porter atteinte aux droits
de l’homme garantis par le droit international, ni pour en limiter la portée. » La nature universelle des droits de
l’homme est clairement définie dans la Charte des Nations Unies comme un droit international « pour tous,
sans distinction ». Toutes les conventions culturelles de l’UNESCO reconnaissent sans détour ce principe. La
reconnaissance, la compréhension et la tolérance envers les autres cultures sont privilégiées, sur la base d’une
éthique mondiale et contraignante fondée sur des valeurs universelles et sur le respect mutuel, au-delà des
frontières culturelles.
Les droits de l’homme incluent de nombreux droits culturels très importants, qui devraient faire l’objet de la
même attention, comme le droit de participer à la vie culturelle, de vivre librement sa culture, etc., toutefois ils
ne sont pas sans limites. Selon le droit international, le droit à la culture prend fin là où il empiète sur un autre
droit de l’homme. L’équipe d’évaluation doit par conséquent veiller à ce que les femmes et les hommes de tout
âge, de même que les sous-groupes de la population, soient impliqués dans la prise de décision, et promouvoir
les pratiques fondées sur les droits ainsi qu’une meilleure égalité sociale.
4 | CULTURE
Résultats escomptés et composantes de l’évaluation
Le rapport d’évaluation relatif à la culture doit permettre de recenser les personnes touchées, les effets de la
catastrophe sur le secteur et leurs impacts sur les populations, les mesures de sauvegarde urgentes, ainsi que la
stratégie de relèvement à long terme, laquelle doit intégrer la réduction des risques de catastrophe. La stratégie
de relèvement du secteur culturel – qui est fonction des résultats visés à long terme – doit non seulement cher-
cher à rétablir la situation d’avant la catastrophe, mais aussi viser le renforcement du secteur et son relèvement
durable (« Reconstruire en mieux ») en comblant les faiblesses ou les lacunes identifiées lors de l’évaluation.
À l’issue de l’évaluation, un rapport de 20 à 30 pages doit être remis. À l’instar des autres évaluations secto-
rielles, celui-ci doit inclure un résumé analytique de trois à cinq pages et une introduction, ainsi que les compo-
santes essentielles figurant dans le tableau 1 ci-dessous.
L’annexe 10.4 fournit des exemples de questions permettant d’orienter chacune des sections du rapport sus-
mentionnées.
PROCESSUS D’ÉVALUATION
Choix des mécanismes de coordination du relèvement
Une évaluation stratégique commence par l’identification des mécanismes de coordination à mettre en place,
des ressources humaines et logistiques disponibles pour faire face à la catastrophe, ainsi que des besoins en
matière d’appui.
Une fois la décision prise de mener un PDNA, le gouvernement doit désigner au sein de l’un des ministères
concernés ou de l’autorité nationale, un point focal national chargé de superviser l’ensemble du processus.
Celui-ci devra commencer par former un comité de pilotage et superviser l’évaluation et le cadre de relève-
ment (auquel devront participer activement des femmes et des hommes représentant tous les âges des com-
munautés touchées). Il devra ensuite valider la stratégie et le plan de recouvrement et en suivre l’exécution. La
5 | CULTURE
supervision globale de l’évaluation sera assurée par le comité de pilotage, lequel peut être composé des comités
de coordination interministériels, s’ils existent.
Si la culture fait l’objet d’une évaluation, l’UNESCO accompagnera le point focal et le comité de pilotage dans la
création d’une structure dédiée. Idéalement, le gouvernement doit désigner un point focal spécial pour l’évalua-
tion relative à la culture au sein d’une institution compétente, qui interviendra en tant qu’interlocuteur auprès
de l’UNESCO et des autres acteurs.
En raison des multiples facettes que revêt la culture (traditions, connaissances et savoir-faire artisanaux, mo-
numents, ressources naturelles, etc.) et des différentes structures de gestion possibles au sein d’un pays, il est
impératif de désigner les ministères concernés et la principale autorité en charge du PDNA (de nombreux pays
ne disposent pas d’un ministère spécifiquement consacré à la culture, ce domaine est couvert par différents
ministères: par exemple, le ministère des Monuments historiques et du Patrimoine ou le ministère du Tourisme,
de l’Artisanat et de l’Économie sociale). C’est pourquoi il est important de rappeler que la culture est parfois
considérée comme un sous-secteur du secteur Social, qui comprend également les sous-secteurs Santé, Loge-
ment, terres et établissements humains et Éducation. Les deux autres grands secteurs sont le secteur Productif
et le secteur Infrastructures.
Un mécanisme de coordination de l’évaluation doit ensuite être mis en place. Les rôles du point focal natio-
nal, des experts nationaux, des organisations intergouvernementales et des autres partenaires internationaux
doivent être clairement définis. Il est recommandé que, outre le gouvernement central, les collectivités terri-
toriales (communes, etc.) et les départements ministériels concernés des régions vulnérables et des régions
sinistrées soient, dans la mesure du possible, représentés, afin de garantir que les plans reflètent bien la réalité
du terrain.
Pour accompagner les gouvernements, l’UNESCO mobilisera, selon les cas, son large réseau d’institutions par-
tenaires spécialisées, notamment le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), l’Union inter-
nationale pour la conservation de la nature (UICN), le Centre international d’études pour la conservation et la
restauration des biens culturels (ICCROM), le Conseil international des musées (ICOM), le Conseil international
des archives (ICA), la Fédération Internationale des Associations et Institutions de Bibliothèques (IFLA), le Comité
International du Bouclier Bleu ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) actives dans le
domaine culturel.
Compte tenu du manque de connaissance général à l’égard de la culture, et de la faible priorité qui lui est ac-
cordée dans les plans d’urgence, les décideurs, les acteurs clés du développement et les partenaires politiques
doivent être impliqués dès le début du processus en vue de: (i) faciliter l’accès des équipes et de prendre les
6 | CULTURE
premières mesures, au moyen de sondages rapides et d’analyses détaillées; (ii) de jeter les bases d’une recons-
truction durable, en élaborant un processus de reconstruction pertinent et en intégrant le patrimoine culturel
au cadre général de développement et de planification; et (iii) de renforcer ou mettre en place des mécanismes
nationaux de réduction des risques de catastrophe et d’alerte rapide en matière de culture, et de les intégrer au
plan national global de réduction des risques de catastrophe.
L’évaluation doit être confiée à une équipe de quatre à cinq spécialistes, composée d’un chef d’équipe et d’un
ou deux assistants et agents de collecte de données secondaires. L’équipe doit compter au moins un architecte/
conservateur ou un spécialiste en génie civil, un spécialiste en anthropologie culturelle, un archéologue, un
expert en archives/bibliothèques/collections, ainsi qu’un économiste ayant des compétences dans le domaine
culturel. Idéalement, tous ces professionnels doivent avoir de l’expérience dans les situations de catastrophe et
bien connaître la culture locale. Il est recommandé que l’équipe soit composée de femmes et d’hommes afin de
faciliter et de garantir l’interaction avec les différents groupes au sein des populations touchées.
L’équipe d’évaluation doit travailler de concert avec les spécialistes du sous-secteur Logement, terres et éta-
blissements humains afin d’éviter les doublons dans les prévisions visant les structures abritant des institutions
culturelles (lorsque le patrimoine bâti ne figure pas de manière distincte dans les inventaires nationaux ou
internationaux). L’équipe devra aussi se rapprocher du/de la spécialiste de l’égalité des sexes, afin d’ajuster les
entretiens et d’évaluer l’impact différencié de la catastrophe par sexe. Il est également possible de collaborer
avec des experts du sous-secteur Éducation afin de relier la culture et l’éducation (formelle et non formelle,
formation professionnelle et autres domaines pertinents). Enfin, l’équipe devra consulter des spécialistes de
l’environnement et de l’emploi (compétences en entrepreneuriat et commerce pour les PME d’artisanat et de
création, formation professionnelle, etc.). La coordination intersectorielle doit être maintenue tout au long du
processus d’évaluation.
L’équipe Culture, en concertation avec le point focal national, doit également s’adjoindre les services, en fonc-
tion de ses capacités opérationnelles et du niveau de sécurité, d’agents locaux qui accompagneront l’ensemble
du processus (sondage rapide, analyse, élaboration, mise en œuvre, suivi et évaluation des interventions) et du
cadre de relèvement. Ces personnes, dont il faudra consigner les coordonnées, peuvent être: (i) des profession-
nels et des techniciens liés aux institutions culturelles, des responsables de sites; (ii) des représentants d’associa-
tions de professionnels de la culture, des coopératives d’artisans, des organisations à base communautaire, des
chefs religieux ou de communauté.
7 | CULTURE
État des lieux avant la catastrophe et vue
d’ensemble du secteur
L’état des lieux avant la catastrophe est indispensable pour obtenir un point de référence à partir duquel on
pourra juger la portée et l’impact d’une catastrophe. Il permet, par exemple, de déterminer si la dégradation des
structures d’un bâtiment historique est le fait d’une usure normale ou de la catastrophe. Il est par conséquent
essentiel de bien connaître les principaux mécanismes et caractéristiques du secteur avant la catastrophe, aux
fins de comparaison (identification des écarts).
1. Patrimoine bâti et sites culturels/naturels: ils comprennent les bâtiments/structures – allant d’un en-
semble de structures cohérent (p. ex., quartier historique, villages ou villes) aux bâtiments ou sites indivi-
duels (lieux de culte, sites archéologiques, monuments, chefs-d’œuvre modernes ou contemporains) –, et
les infrastructures (ponts, installations portuaires), qui ont une valeur culturelle reconnue (classés au niveau
local, national ou international). Ils incluent également les espaces naturels protégés qui présentent un intérêt
particulier du point de vue esthétique et de la biodiversité, dans les milieux urbains et l’arrière-pays, dans les
parcs régionaux et nationaux, etc.
2. Biens meubles et collections: ils comprennent les œuvres d’art, les objets archéologiques et ethnolo-
giques, les documents d’archives, les manuscrits, etc.
3. Patrimoine culturel immatériel: il comprend les pratiques, les représentations, les expressions, les connais-
sances et le savoir-faire dont l’importance est reconnue par les communautés et les professionnels. Le patri-
moine immatériel inclut également les systèmes de savoir et les pratiques traditionnelles axés sur la connais-
sance de la nature et de l’univers, ainsi que les systèmes traditionnels de partage des richesses, de résolution
des conflits et d’exploitation rationnelle des ressources naturelles.
4
La terminologie et les définitions employées sont celles adoptées dans les conventions de l’UNESCO. Pour la définition des domaines
du patrimoine matériel, voir l’article 1 de la Convention concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation,
l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels de l’UNESCO (1970); et les articles 1 et 2 de la Convention concer-
nant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de l’UNESCO (1972). Pour la définition du patrimoine culturel immaté-
riel, voir l’article 2 de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (2003), cité ci-après: « 1. On
entend par « patrimoine culturel immatériel » les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire - ainsi que les
instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés - que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les
individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en
génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature
et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité
culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immaté-
riel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre
communautés, groupes et individus, et d’un développement durable. » 2. Le « patrimoine culturel immatériel », tel qu’il est défini
au paragraphe 1 ci-dessus, se manifeste notamment dans les domaines suivants: (a) les traditions et expressions orales, y compris la
langue comme vecteur du patrimoine culturel immatériel; (b) les arts du spectacle; (c) les pratiques sociales, rituels et événements
festifs; (d) les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers; (e) les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. » Pour les
définitions des expressions culturelles, des industries culturelles et des concepts y afférent, voir l’article 4 de la Convention sur la pro-
tection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO (2005).
8 | CULTURE
4. Dépositaires du patrimoine: ils comprennent les musées, les bibliothèques, les archives, les institutions
culturelles, les établissements de formation professionnelle, les jardins zoologiques et botaniques et leurs
installations auxiliaires (laboratoires spécialisés, réserves, etc.).
5. Industrie culturelle et créative: elle comprend les infrastructures, les ressources et les processus de pro-
duction, distribution et commercialisation de biens culturels créatifs comme la musique, l’artisanat, les pro-
duits audiovisuels, le cinéma, les livres, etc.
L’équipe Culture doit recenser les personnes touchées pour chacun des cinq volets. L’annexe 10.1 des présentes
recommandations dresse une liste des biens et des infrastructures caractéristiques de chaque volet, ainsi que
des ressources humaines afférentes.
La culture étant essentiellement présente dans l’esprit des gens, il est également important de tenir compte du
fait que certaines personnes peuvent elles-mêmes constituer un bien culturel et un dépositaire du patrimoine,
et que leur intégrité physique ou leur capacité à exercer leur fonction sociale peuvent être affectées en cas de
catastrophe. Dans certains pays, les personnes possédant un degré exceptionnel de connaissance culturelle sont
considérées comme des « trésors nationaux » (Japon) et sont soutenues par les autorités publiques en recon-
naissance de leur contribution à la culture en général.
Lors de la collecte d’informations, il est recommandé d’inclure également les données concernant les zones voi-
sines de la région sinistrée. Celles-ci peuvent fournir des informations utiles à l’élaboration et la mise en œuvre
de la stratégie de relèvement.
L’évaluation doit fournir une vue d’ensemble de ce secteur dans les régions sinistrées du point de vue historique
et géographique. Elle doit en outre dresser un état des lieux des quatre dimensions suivantes:
• Prestation de services se rattachant à des biens culturels et accès aux ressources culturelles.
Les informations à collecter doivent inclure: le nombre et les principales caractéristiques des actifs physiques,
culturels et naturels et des institutions de la région sinistrée, ainsi que leur contenu, leur équipement général ou
spécialisé, les différents types d’infrastructures et le mobilier typique. Ces informations doivent être ventilées par
zones urbaines et rurales (et par quartier administratif) et selon qu’il s’agit d’une propriété publique ou privée.
9 | CULTURE
Prestation de services, production de biens et accès aux ressources
culturelles
On entend par « prestation de services, production de biens et accès aux ressources culturelles », le très large
éventail d’activités culturelles, sous toutes leurs formes, dont les personnes touchées pouvaient bénéficier
avant la catastrophe, à savoir: visiter un site du patrimoine ou un musée; se rendre dans un lieu sacré (comme
les édifices religieux) et pratiquer des rituels traditionnels; exprimer un patrimoine immatériel sous toutes ses
formes (notamment en utilisant sa langue maternelle); assister à un événement culturel; transmettre et accé-
der à des informations culturelles (p. ex., par le biais d’activités éducatives); produire, distribuer et acquérir des
biens culturels (acheter du matériel audiovisuel, des livres, etc.); et, de façon générale, participer activement à
la création et la critique de la culture.
Les informations à collecter dans ce domaine doivent généralement inclure: le nombre de personnes qui ont
accès aux ressources culturelles et la nature des ressources; la qualité, la disponibilité et les coûts habituellement
pratiqués pour les matériaux et les équipements spécialisés avant la catastrophe (aux fins de conservation,
de restauration et d’entretien des institutions culturelles et du patrimoine bâti); le nombre de personnes qui
expriment un patrimoine immatériel (professionnels, artistes, détenteurs de savoirs traditionnels) ainsi que le
nombre et la nature de ces manifestations (festivals, rituels, etc.); le type et le nombre de biens culturels pro-
duits (notamment dans les industries créatives et culturelles, y compris le secteur touristique) et par qui (nombre
et profil des personnes employées dans le secteur touristique); et enfin le nombre et la nature des entreprises
associées (publiques et privées), des marchés et des foires locales, nationales et/ou internationales.
Dans la mesure du possible, ces données de référence doivent être ventilées par division administrative, âge,
origine ethnique et sexe. Il est essentiel de veiller à éviter les doublons avec les autres PDNA, notamment pour
les sous-secteurs Commerce, Tourisme et Logement, terres et établissements humains, entre autres.
Les informations à collecter dans ce domaine doivent inclure: (i) les lois, les politiques, les directives et les pro-
tocoles en vigueur relatifs à la sauvegarde et à la promotion du patrimoine culturel et des industries culturelles
et créatives; (ii) le nombre et la nature des institutions impliquées dans la gouvernance du secteur de la culture,
ainsi que leurs organigrammes, budgets, équipements et autres installations; et (iii) les statistiques de base rela-
tives à la productivité de ces institutions, notamment le nombre et la nature des actions menées sur une période
donnée (avant la catastrophe).
Risques et vulnérabilités
Les risques et les vulnérabilités se rapportent au niveau d’exposition de la culture à des aléas connus, à ses
vulnérabilités inhérentes et à sa capacité de résilience, avant la catastrophe. Cela inclut les informations (i) sur
10 | CULTURE
l’existence d’une éventuelle stratégie globale de réduction des risques de catastrophe du secteur (ou de ses
sous-secteurs); (ii) sur les mesures d’atténuation des risques qui étaient déjà en place pour réduire les impacts
des éventuelles catastrophes sur le secteur; (iii) sur l’état de conservation des infrastructures et des biens cultu-
rels, ainsi que le niveau connu des risques auxquels ils étaient exposés; (iv) sur les risques ayant compromis la
prestation des services, la production des biens et l’accès aux ressources culturelles; et enfin, (v) sur le risque de
perturbation en matière de gouvernance.
Les informations à collecter doivent généralement inclure, entre autres: (i) les stratégies et les plans de gestion
des risques de catastrophe relatifs à la culture; (ii) une cartographie des risques (sites classés, etc.); (iii) les éva-
luations des risques menaçant les institutions culturelles (musées, archives, etc.) menées avant la catastrophe;
(iv) les copies de sauvegarde de la documentation essentielle; (v) la disponibilité des stocks d’équipements et
de matériaux essentiels pour les interventions d’urgence; et (vi) la capacité des unités individuelles au sein du
gouvernement à agir indépendamment en cas de perturbation des infrastructures de communication.
Informations générales
Qualité et sources des données de référence
Dans de nombreux pays, les données de référence relatives à la culture ne sont pas toujours disponibles ou
alors sous différents formats (bases de données bien alimentées et/ou sites/portails Internet). Toutefois, elles
négligent généralement des aspects importants comme les expressions culturelles immatérielles et les indus-
tries créatives. La qualité des données, par ailleurs, est parfois contestable en raison de l’absence d’indicateurs
normalisés et de statistiques. Enfin, la disparition de certaines données est parfois à mettre sur le compte des
mauvaises conditions de stockage et d’archivage.
Les données de référence doivent être si possible établies avant l’évaluation, à l’aide d’indicateurs appropriés, en
vue d’être utilisées ultérieurement dans le cadre d’un suivi et d’une évaluation de qualité. Il est recommandé de
veiller à ce que la collecte et l’enregistrement des données concordent avec la base de données centrale et les
inventaires pertinents des ministères, des collectivités territoriales et des institutions concernés. Pour cela, tous
devront s’aligner sur un jeu d’indicateurs unique, voire en créer des nouveaux. Les nouvelles données collectées
devront être intégrées à la base de données centrale/à l’inventaire national/au portail consacré à la culture, en
vue de renforcer la planification des interventions d’urgence.
11 | CULTURE
ÉVALUATION DES EFFETS D’UNE CATASTROPHE
Une fois que les données de référence ont été collectées, voire même avant, l’équipe d’évaluation doit com-
mencer à étudier les effets de la catastrophe, à savoir ses conséquences directes. Il faut pour cela réaliser une
collecte de données secondaires (c’est-à-dire des données recueillies par d’autres acteurs et déjà disponibles) et
primaires (obtenues en effectuant des visites et/ou des entretiens sur le terrain).
Cette étape de l’évaluation s’attache dans un premier temps à dresser une description générale de la catas-
trophe (nature et ampleur), des régions et des populations touchées. Cette description sera probablement iden-
tique à celle des autres secteurs et peut donc être insérée au début du rapport global. Toutefois, il peut s’avérer
utile, dans le cadre de l’évaluation de la culture, de rappeler les principales caractéristiques de la catastrophe du
point de vue de ce secteur. L’équipe d’évaluation doit ensuite analyser les données de façon exhaustive puis les
valider, afin de déterminer les effets spécifiques de la catastrophe à l’égard des quatre dimensions décrites dans
la section 3. Ces effets seront ensuite comparés aux données de référence en vue de déterminer les « lacunes »
causées par la catastrophe.
Il convient ici de préciser qu’au moment de l’évaluation, l’équipe Culture doit considérer tous les effets sur les
actifs physiques et les infrastructures déjà survenus qui sont afférents, d’une manière ou d’une autre, à la catas-
trophe, et estimer leur coût en conséquence. Même si certains effets secondaires potentiels ne sont pas encore
apparus au moment de l’évaluation, ils doivent être pris en compte. Les effets sur les infrastructures et les actifs
physiques incluent également les éventuels nouveaux risques résultant des effets directs (voir ci-après). Voici
quelques exemples de dommages causés aux biens culturels et aux infrastructures:
12 | CULTURE
secondaires, il est possible de fonder l’estimation sur les coûts moyens habituellement pratiqués; pour la répara-
tion/reconstruction des ressources culturelles prioritaires, il convient de recueillir des informations détaillées des
coûts réels, dans la mesure du possible. Lorsque, pour des questions pratiques, il n’est pas possible d’obtenir des
données complètes pour toutes les régions sinistrées, l’évaluation peut être menée dans une région représen-
tative, choisie préalablement avec les autres membres de l’équipe d’évaluation, suivant des critères déterminés
et justifiés.
Il convient de préciser que lorsque les effets d’une catastrophe sont importants, la destruction partielle ou totale
d’une structure originale ayant une valeur spirituelle ou culturelle particulière entraînera elle-même des pertes
irrémédiables, même si l’on reconstruit l’édifice. Celles-ci seront par conséquent difficiles à évaluer du point de
vue économique. Bien que la valeur des coûts directs des effets de la catastrophe ne puisse être estimée comme
indiqué à la section 5, dans de telles circonstances, c’est la perturbation de l’accès à la culture (voir ci-après) ou
plus généralement l’impact sur le développement humain (voir section 6) qui est évalué(e). La détermination des
besoins de relèvement afférents (et de leurs coûts) dépendra de la stratégie adoptée, laquelle doit tenir compte
de leur faisabilité dans le contexte culturel et socio-économique local (voir section 8).
13 | CULTURE
Il est en outre très important d’adopter une démarche sexospécifique, de considérer les différents groupes
d’âge et de ventiler les données en conséquence, dans la mesure du possible, compte tenu de la nature infor-
melle générale du secteur.
La plupart de ces effets peuvent se traduire par des pertes financières, c’est-à-dire par des dépenses supplé-
mentaires engagées par les secteurs public et privé ainsi que par les individus, en vue de garantir la continuité
des services, de la production et de l’accès, jusqu’au relèvement complet (voir section 5). Toutefois, en ce qui
concerne les dommages causés aux actifs physiques et aux infrastructures, les pertes en matière de services, de
production et d’accès aux ressources culturelles sont parfois difficilement chiffrables. Dans ce cas, il est possible
de fournir une description qualitative de la valeur socio-culturelle5. Ici encore, la détermination des besoins
et interventions de relèvement (et de leurs coûts) pour réparer les pertes subies par les populations touchées
dépendra de la stratégie adoptée, laquelle doit tenir compte de leur faisabilité dans le contexte culturel et so-
cio-économique local (voir section 8).
Les dommages subis par les bâtiments, les structures et les équipements (notamment les infrastructures de
communication) qui sont essentiels au bon fonctionnement des autorités administratives centrales et locales
sont déjà évalués dans le cadre de la composante relative aux « effets sur les infrastructures et les actifs phy-
siques » (voir section 4.1). Concernant les effets sur les processus, il faut étudier en priorité les capacités des
autorités administratives et de la société civile à diriger et à mettre en œuvre le relèvement culturel après la
catastrophe, au niveau général et particulier. Ces capacités doivent être évaluées à deux niveaux: celui de la
coordination et de l’élaboration de la stratégie d’une part, celui du savoir technique professionnel d’autre part.
Les aspects à prendre en compte peuvent inclure:
5
Par exemple: « Ce festival, bien qu’il ne représente pas un enjeu économique important, a lieu chaque année depuis 233 ans, et
constitue le point de ralliement le plus important de la communauté pour l’ensemble de la région. Le maintenir malgré les ravages
causés par la catastrophe permettra d’envoyer un signal fort à l’ensemble de la communauté/région touchée, en lui faisant savoir qu’il
est possible de surmonter la catastrophe et ses impacts. »
14 | CULTURE
Parmi les institutions et les organisations à considérer, une attention particulière doit être accordée:
• au ministère de la Culture, aux autres ministères concernés ou aux organismes nationaux dotés
d’un mandat à l’égard du patrimoine et des industries culturelles;
• aux brigades de pompiers, aux organismes de protection civile, aux chargés de surveillance du
patrimoine culturel;
• aux associations communautaires nationales et locales, aux ONG engagées dans la culture;
• aux institutions religieuses;
• aux établissements scolaires, aux centres de formation professionnelle et de recherche.
15 | CULTURE
ESTIMATION DE LA VALEUR DES EFFETS D’UNE
CATASTROPHE
Une fois les effets de la catastrophe déterminés, l’équipe d’évaluation doit, dans la mesure du possible, estimer
la valeur économique correspondante. Cette estimation est faite suivant la méthode DaLA, élaborée par la
Banque mondiale en se fondant sur l’expérience développée par la Commission économique des Nations Unies
pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) dans les années 19706. Les dommages et les pertes y sont dé-
finis comme suit:
• Dommages: destruction totale ou partielle des biens/actifs matériels existant dans la zone sinis-
trée.
• Pertes: variations des flux économiques des biens et services (baisse de revenus et/ou surcoûts,
traduits en valeur monétaire actualisée), induites par la catastrophe et pouvant perdurer tout au
long de la période de réhabilitation et de reconstruction.
Bien qu’il ne soit pas toujours possible de réparer tous les dommages subis ou de compenser toutes les pertes
occasionnées par une perturbation des services, de la production ou de l’accès aux ressources culturelles,
l’équipe d’évaluation s’attachera à dégager, dans la mesure du possible, la valeur économique de ces effets.
Ces estimations seront ensuite regroupées et prises en compte par les équipes chargées d’étudier l’impact
macro-économique et l’impact sur le développement humain, dans la section consacrée à la culture. L’impact
sur le développement humain (voir section 6) doit également refléter les aspects non chiffrables. La valeur
monétaire des dommages correspond aux coûts de remplacement selon les prix pratiqués juste avant la ca-
tastrophe; celle des pertes correspond aux baisses de revenu et aux surcoûts induits par la catastrophe et est
exprimée en valeur monétaire actualisée.
L’ampleur des pertes étant déterminée sur la base de l’estimation du temps nécessaire pour effectuer les répa-
rations dans leur intégralité et des capacités du secteur à mettre en œuvre les mesures requises, le calcul de leur
valeur économique doit se fonder sur un scénario post-catastrophe réaliste doté d’un calendrier, tenant compte
de la possibilité d’adopter des solutions temporaires, etc. Ces hypothèses sont reflétées dans la stratégie de
relèvement sectorielle (voir section 8).
Compte tenu de la difficulté de rétablir la situation telle qu’avant la catastrophe, les mesures de relèvement
mises en œuvre dans le secteur de la culture se fondent généralement sur des solutions originales et créatives
6
Voir les notes d’orientation de la méthode DaLA de 2010 (Volume 2) publiées par la Banque mondiale: http://documents.worldbank.
org/curated/en/2010/01/19533771/damage-loss-needs-assessment-guidance-notes-vol-2-3-conduite-des-evaluations-des-dom-
mages-des-pertes-apres-une-catastrophe
16 | CULTURE
dans l’optique de compenser la perte des biens culturels et des avantages associés pour la population touchée.
Ces mesures doivent être élaborées dans le cadre d’une stratégie de relèvement globale définie selon une ap-
proche participative et respecter le contexte socio-culturel et économique local. C’est pourquoi l’estimation de
la valeur économique des effets d’une catastrophe, réalisée sur la seule base de la compréhension de ces effets
et à l’aide d’hypothèses, devra être vérifiée et validée au moment de l’élaboration de la stratégie de relèvement
finale.
Pour réaliser cette estimation, il est proposé de se référer à la méthode présentée dans l’étude menée par Kas-
pars Vecvagars, intitulée: « Valuing damage and losses in cultural assets after a disaster: concept paper and
research options7 » (Évaluer les dommages et les pertes des biens culturels après une catastrophe: document
de réflexion et pistes de recherche). L’approche considérée comme la plus efficace dans des situations post-ca-
tastrophe est fondée sur la « méthode de transfert du bénéfice », qui évalue la valeur d’un bien ou d’un
service en se fondant sur la valeur d’un bien ou service analogue. Cette méthode est privilégiée car elle est
plus rapide et demande moins de ressources. Toutefois, des estimations des bénéfices tirés des biens culturels
doivent être disponibles. L’annexe 10.6 dresse une liste des bénéfices directs et indirects pouvant être générés
par des biens culturels, et qui peut s’avérer utile pour calculer leur coût de remplacement.
L’étude menée par Kaspars Vecvagars reconnaît que le remplacement d’un bien culturel endommagé peut
s’avérer très difficile. C’est la raison pour laquelle l’étude explore une variante de la méthode de transfert du
bénéfice, appelée la « méthode du coût de remplacement amélioré » ou « avancé ». Celle-ci se fonde
sur la méthode du coût de remplacement standard selon laquelle le coût de remplacement d’
Un bien ou service est utilisé pour estimer la valeur du bien ou service endommagé. Toutefois, selon cette nou-
velle méthode, le coût, et par conséquent la valeur, ne sont pas calculés sur la base de la création d’une réplique
ou de la reconstruction de l’original, mais sur celle de la création d’un nouveau bien culturel, probablement
différent et/ou amélioré8.
Cette méthode demande plus de temps que la méthode standard (le choix du bien culturel « amélioré » im-
plique généralement des consultations, des concours de conception, etc.). Elle peut donc être utilisée lorsque
le temps n’est pas une priorité.
Lorsque la réparation ou la reconstruction des biens culturels endommagés est possible et souhaitable, le coût
afférent doit être calculé en se fondant sur les prix en vigueur de la main-d’œuvre, des matériaux et de la ges-
tion. Ces coûts doivent être ventilés par secteur public et privé afin de connaître la répartition de l’effort de
reconstruction. S’agissant des structures historiques, les coûts doivent tenir compte d’exigences spécifiques, ces
projets étant bien plus complexes que le simple remplacement d’un bâtiment moderne ordinaire. Certains pays
compilent les coûts unitaires des interventions standards de conservation du patrimoine, ce qui permet de les
utiliser comme référence. L’étude de la faisabilité et du coût de la remise en état des biens meubles tels que les
peintures, les vestiges archéologiques, les textiles, etc., exige l’avis d’un expert et peut se révéler très coûteuse.
L’annexe 10.5 présente une synthèse des méthodes d’évaluation des dommages pour différents types de biens
culturels, en proposant la méthode d’évaluation la mieux adaptée à chaque cas.
7
Cette étude a été ordonnée par la CEPALC et menée en 2006 dans le cadre du projet de la Banque mondiale et de la CEPALC intitulé
« Impact socio-économique et environnemental des catastrophes: l’évaluation, un outil de réduction des risques de catastrophe dans
les pays en développement ». Disponible en anglais à l’adresse: http://www.eclac.cl/publicaciones/xml/8/26728/L731.pdf. L’une des
limites de cette étude est qu’elle définit la culture comme un patrimoine matériel et immatériel, sans tenir compte des industries créa-
tives et culturelles.
8
Ibid. p. 8.
17 | CULTURE
Estimation de la valeur économique des variations des flux des ressources écono-
miques (pertes)
Outre les dommages, il est important d’évaluer la variation des flux économiques (pertes) consécutive à l’en-
dommagement ou la destruction des actifs physiques et des infrastructures, c’est-à-dire les baisses de revenus
et les surcoûts induits par la catastrophe jusqu’à la reconstruction et au relèvement complets. Ces variations
peuvent être imputables à tout type d’effet causé par la catastrophe, de la destruction des actifs physiques à
l’accroissement des risques. Les variations des flux économiques (pertes) habituellement observées dans le sec-
teur de la culture incluent:
• la perte de revenus induite par la fermeture temporaire ou la non-disponibilité des biens culturels et la
cessation ou l’interruption des événements culturels annuels ou réguliers;
• les coûts induits par la mise en œuvre de mesures d’urgence temporaires en vue d’éviter tout dommage
supplémentaire aux biens culturels;
• la perte de revenus occasionnée par la perturbation de la production de biens dans les industries cultu-
relles et créatives;
• les coûts induits par les mesures temporaires visant à assurer la continuité des services culturels essentiels
et de l’accès aux ressources culturelles de base;
• les coûts induits par les mesures d’atténuation des nouveaux risques et l’augmentation des vulnérabilités
résultant de la catastrophe.
La section 4 fournit des exemples d’effets générant habituellement des pertes. L’annexe 10.5 présente une
synthèse des méthodes de calcul des pertes pour différents types de biens culturels, en proposant la méthode
d’évaluation la mieux adaptée à chaque cas.
Ces impacts peuvent également être analysés sur une échelle géographique restreinte (municipalité, district/
département, région), sous réserve que les statistiques de la part de la culture dans le PIB, la balance des paie-
ments et le budget avant la catastrophe soient disponibles. Il faut garder à l’esprit qu’une partie importante
de l’activité économique culturelle se déroule dans le secteur informel et n’est donc pas prise en compte dans
les statistiques nationales officielles: la part de l’impact macro-économique d’une catastrophe liée à culture est
donc généralement plus importante que ce qu’indiquent les données disponibles. Cet écart concerne particu-
lièrement les femmes et les segments de la population les plus démunis.
18 | CULTURE
Au niveau macro-économique, l’impact global de la catastrophe sur la culture correspond à la baisse en pour-
centage de la contribution du secteur au PIB et aux pertes potentielles d’exportation de biens culturels. Les
principales composantes des impacts macro-économiques sont présentées dans le tableau 2 ci-dessous.
La culture et le patrimoine ne sont pas pris en compte dans les objectifs du Millénaire pour le développe-
ment (OMD) ni dans les modifications en cours de l’Indice de développement humain (IDH). Toutefois, il existe
des indicateurs visant à déterminer la contribution de la culture au développement humain. Certains sont spé-
cifiques au domaine, c’est-à-dire qu’ils reflètent les avantages particuliers de la culture par rapport aux autres
secteurs, comme le plaisir esthétique, l’apprentissage et le sentiment d’appartenance. D’autres indiquent sa
valeur ajoutée spécifique vis-à-vis d’autres dimensions plus générales du développement humain – comme le
développement social et économique – et de la protection de l’environnement.
L’UNESCO et d’autres institutions travaillent à remédier aux lacunes des OMD en vue d’intégrer la culture dans
le programme de développement de l’après-2015. Dans cette perspective, il a été proposé, comme hypothèse
de travail, de diviser la contribution de la culture au développement humain en cinq grands domaines9:
Éradication de la pauvreté
La culture est un moteur du développement économique inclusif. Le patrimoine culturel, les industries créatives
et culturelles, le tourisme culturel durable, la redynamisation de l’espace urbain grâce à la culture, ainsi que les
infrastructures culturelles, sont autant de niches stratégiques qui favorisent la création de revenus, d’emplois
et de nouvelles opportunités de marché. Les industries créatives et culturelles constituent l’un des domaines les
plus dynamiques de l’économie mondiale, avec une croissance annuelle de 5 à 20 %. La culture est également
un moteur de développement social inclusif: l’accès aux savoirs traditionnels, le soutien et la solidarité au sein
9
Consulter le site de l’UNESCO pour obtenir des informations actualisées: http://fr.unesco.org/themes/culture-d%C3%A9veloppe-
ment-durable
19 | CULTURE
du groupe social ou encore l’accès au crédit, par exemple, permettent de renforcer l’inclusion sociale et, par
conséquent, de réduire la pauvreté.
Environnement
L’accès aux biens et services environnementaux de base nécessaires à la subsistance des communautés doit être
garanti. Cela exige une meilleure protection et une utilisation plus durable de la diversité culturelle et biolo-
gique, ainsi que la sauvegarde des connaissances et des savoir-faire traditionnels. En effet, il existe une étroite
corrélation entre la culture et la durabilité environnementale du fait du lien essentiel entre diversité culturelle et
biodiversité, de sa capacité à inciter à une consommation plus responsable et de sa contribution aux pratiques
de gestion durable véhiculées par les connaissances locales et traditionnelles. Par ailleurs, la bonne conservation
de l’environnement historique, notamment des paysages culturels, et la sauvegarde des valeurs, des pratiques
et des savoirs traditionnels, en synergie avec d’autres savoirs scientifiques, renforcent la résilience des commu-
nautés face aux catastrophes et au changement climatique.
Inclusion et cohésion
Dans le contexte actuel de la mondialisation et face aux questionnements identitaires et aux tensions qu’elle
peut générer, le respect de la diversité culturelle et le dialogue interculturel contribuent à renforcer l’inclusion,
la stabilité, la paix et la résilience au sein des sociétés, car ils favorisent la tolérance et la compréhension mu-
tuelle. Garantir le respect des droits culturels, l’accès aux biens et services culturels, la libre participation à la vie
culturelle et la liberté d’expression artistique est essentiel à la construction d’une société inclusive et équitable.
Encourager la participation culturelle contribue au renforcement de la citoyenneté active. Plus particulièrement,
les projets ayant trait à la culture contribuent à l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Des indicateurs spécifiques mesurant la contribution de la culture à chacun de ces cinq domaines sont en cours
d’élaboration. Certains, comme le nombre d’emplois créés (ou perdus à la suite d’une catastrophe) par la
culture, refléteront la contribution de la culture aux indicateurs de l’Indice du développement humain; d’autres,
toutefois, seront propres à la culture, dont l’importance pour le développement humain est désormais recon-
nue. Ils pourraient être utilisés pour mieux cerner l’impact d’une catastrophe sur le développement humain.
Bien que ce travail soit encore en cours d’élaboration et qu’aucun cadre ne soit encore disponible, les indica-
teurs suivants peuvent toutefois être considérés:
20 | CULTURE
• Variation de la fréquentation des institutions culturelles
• Baisse des revenus des ménages (en pourcentage) par rapport à la situation avant la catastrophe,
induite par la perturbation des activités économiques liées à la culture
• Reconnaissance des droits culturels applicables et conformité de ces droits avec les droits fonda-
mentaux
• Intégration des pratiques et des savoirs traditionnels aux plans de développement environnemental
et urbain
• Intégration d’une approche respectueuse de la culture dans les plans et politiques de réduction des
risques de catastrophe et de lutte contre le changement climatique
Le choix de l’indicateur dépendra de la nature de la catastrophe et du contexte local et doit être effectué au cas
par cas. Compte tenu des contraintes auxquelles est soumise le PDNA, notamment le temps disponible pour
collecter les données, il est recommandé de mesurer en priorité le niveau d’accès de la population aux activités
et aux biens culturels (toutes manifestations confondues) ainsi que les pertes d’emplois et de revenus des mé-
nages liés à la perturbation des activités d’ordre culturel.
Dans la mesure où les données secondaires ne permettent pas toujours de rendre compte des impacts sur la
communauté et sur la société (soit que la culture n’est pas prise en compte dans les statistiques, soit en raison
de sa nature informelle), l’équipe d’évaluation devra collecter les informations sur les dommages et les pertes
directement auprès des responsables communautaires (entretiens, forums, etc.). Reportez-vous à l’annexe 10.4
pour les questions relatives à l’impact sur les ménages/la communauté, et à l’annexe 10.5 pour les méthodes
de calcul. Il faut également s’intéresser aux dommages et aux pertes touchant directement les activités rému-
nératrices des femmes dans le domaine culturel (y compris dans le secteur informel). Cela implique de ventiler
les données par sexe et par âge et de mener des consultations inclusives, en vue d’identifier les besoins et les
priorités spécifiques des femmes, des filles, des garçons et des hommes pour chaque tranche d’âge, ainsi que
ceux des sous-groupes de la population.
21 | CULTURE
LIENS INTERSECTORIELS ET THÈMES TRANSVERSAUX
Compte tenu des multiples effets du patrimoine culturel et des expressions socio-culturelles sur tous les secteurs
de la société, une bonne compréhension des pratiques et des comportements culturels et leur intégration dans
les plans de relèvement contribuent à améliorer l’efficacité des programmes d’intervention. Les résultats de
l’évaluation doivent compléter ceux des autres secteurs, comme indiqué dans le tableau 3 ci-dessous.
22 | CULTURE
STRATÉGIE DE RELÈVEMENT SECTORIELLE
Vision du relèvement sectoriel
Après le recensement des effets et des impacts de la catastrophe, il faut élaborer une stratégie de relèvement
exhaustive. Pour cela, il faut commencer par définir la vision générale du relèvement sectoriel – à savoir la situa-
tion visée à la fin du processus de relèvement – ainsi que les principes directeurs. Cette vision doit être fondée
sur un « scénario post-catastrophe », c’est-à-dire une analyse approfondie du contexte, de ce qu’il est possible
d’atteindre au regard des conditions, ainsi que des contraintes et des possibilités qui guideront la transition
après la catastrophe (voir section 5).
Il est également essentiel d’aligner la stratégie de relèvement sur les plans de développement nationaux (et
d’expliquer comment) et de consolider les mécanismes locaux, ce dernier point étant fondamental pour ren-
forcer l’adhésion et la durabilité. La vision doit par ailleurs veiller à « reconstruire en mieux », c’est-à-dire que
le relèvement et la reconstruction doivent permettre de renforcer la résilience et la préparation aux risques de
catastrophe du secteur.
La section 8.2 décrit les étapes de l’élaboration de la stratégie de relèvement sectorielle. L’expérience montre
que le processus de planification est composé de plusieurs cycles et non d’une série d’étapes individuelles.
L’étude des modalités de mise en œuvre, des coûts, des hypothèses et des contraintes (voir sections 8.4 et 8.5)
peut amener à reconsidérer les priorités et, par conséquent, l’ensemble de la stratégie.
Les effets d’une catastrophe et leur valeur économique ne sont pas systématiquement traduits en besoins et
en plans de relèvement; un processus complexe de négociation tenant compte du contexte socio-économique
local doit être engagé. De fait, les catastrophes permettent souvent aux communautés de réévaluer leurs priori-
tés, et les avantages et les inconvénients des différentes solutions font alors l’objet d’un véritable débat: certains
prôneront la reconstruction à l’identique et au même endroit tandis que d’autres préféreront repartir de zéro.
Des points de friction peuvent apparaître entre les hommes et les femmes ou entre les personnes de statut so-
cial, d’origine ethnique ou d’âge différent.
L’équipe d’évaluation doit, dans la mesure du possible, faciliter cette concertation avec l’aide de ses interlo-
cuteurs directs au niveau national et local et tenir compte des conclusions dans la stratégie de relèvement. La
culture étant indissociable de la notion d’identité et de lieu, les consultations doivent être les plus inclusives pos-
sible et accorder une attention particulière aux minorités ethniques, aux femmes et aux jeunes (une approche
descendante pourrait ignorer leur point de vue vis-à-vis de la culture).
23 | CULTURE
ressources culturelles; rétablissement de la gouvernance et des processus décisionnels; et mesures d’atténuation
des nouveaux risques et des vulnérabilités.
Par ailleurs, lors de la cartographie des besoins de relèvement, il faut penser la reconstruction de manière à
allier rapidité et qualité afin d’éviter tout dommage ou préjudice supplémentaires aux biens culturels et au
patrimoine. Comme mentionné précédemment, cet exercice est aussi l’occasion de contribuer aux objectifs de
développement à long terme fixés par l’État, notamment par les cadres institutionnels et l’élaboration de poli-
tiques. Toutefois, le plan de relèvement et le plan de développement doivent être clairement distingués.
Enfin, les besoins de relèvement doivent inclure des mesures pour « reconstruire en mieux », lesquelles se-
ront nettement favorables au secteur et plus rentables si elles sont mises en œuvre pendant le relèvement
et la reconstruction. Les besoins pour « reconstruire en mieux » doivent être identifiés en vue de renforcer la
résilience des quatre dimensions considérées dans le PDNA. Les besoins de relèvement pour « reconstruire en
mieux » (et leurs coût) doivent, autant que possible, être distingués des besoins de relèvement visant à rétablir
la situation d’avant la catastrophe. En effet, les premiers sont généralement considérés comme des éléments
« souhaitables » contrairement à la reconstruction, considérée comme essentielle; les décideurs souhaitent être
en mesure d’apprécier les surcoûts occasionnés par la reconstruction « en mieux ».
Les besoins habituels en matière de réparation et de reconstruction des actifs physiques et des infrastruc-
tures incluent entre autres:
• la mise en place d’une aide d’urgence et d’interventions de sauvegarde d’urgence pour les bâti-
ments, les œuvres d’art et les collections les plus sévèrement endommagés;
• la réparation ou la reconstruction des monuments, du patrimoine bâti, des musées et autres actifs
physiques et infrastructures endommagés par la catastrophe, et l’intégration de mesures de réduc-
tion des risques de catastrophe;
• le fonctionnement des systèmes de sécurité des musées, des bibliothèques, des archives, des ré-
serves, des monuments non endommagés et des sites majeurs;
• la mise à disposition d’une plateforme de gestion des réclamations pour les biens volés et exportés
illégalement.
Les besoins de relèvement associés au rétablissement des services, de la production et de l’accessibilité des
ressources culturelles incluent:
• le rétablissement des services fondamentaux fournis par la culture et de l’accès aux institutions
culturelles, aux établissements de formation professionnelle, aux bibliothèques, aux archives, aux
musées et aux sites culturels et naturels;
• la reprise des pratiques culturelles immatérielles, avec la mise à disposition des lieux et du matériel
nécessaires; l’apport d’un soutien psychosocial en vue d’aider les populations les plus fragiles; l’inci-
tation au respect des droits fondamentaux et culturels et à l’entente interculturelle;
• le rétablissement des revenus de base de la population touchée impliquée dans les industries cultu-
relles et d’autres activités afférentes, par l’octroi d’un soutien financier ou la création temporaire
d’un marché secondaire et/ou d’emplois;
• la mise en place de programmes de formation adaptés aux PME et aux organisations à base com-
munautaire (regroupant des hommes et des femmes), en vue d’encourager la création d’entreprises
et les savoir-faire commerciaux, et d’améliorer la qualité des produits culturels;
• la création d’un environnement juridique favorable aux industries culturelles, facilitée par des poli-
tiques multisectorielles.
24 | CULTURE
Le rétablissement et le renforcement de la gouvernance et des processus décisionnels incluent entre autres
les besoins de relèvement suivants:
• le rétablissement des fonctions administratives des institutions publiques, aux niveaux central et
local;
• la mobilisation de personnel et de ressources supplémentaires pour renforcer les organismes pu-
blics ayant subi des perturbations, de préférence en réaffectant ceux des districts voisins;
• la récupération des bases de données, des registres et des équipements de travail de base perdus;
• le rétablissement (ou la création) des mécanismes de consultation, de coordination et de prise de
décision ayant subi des perturbations.
Le rétablissement de la gouvernance et des processus décisionnels se prête généralement à l’introduction de ré-
formes (« Reconstruire en mieux ») permettant de renforcer la formulation des politiques et leur mise en œuvre.
Ces modifications incluent entre autres:
• le renforcement de la réduction des risques de catastrophe au niveau des sites classés, des musées,
des dépositaires culturels, en mettant en place des plans ciblés de gestion des risques de catas-
trophe;
25 | CULTURE
• la mise en place de protocoles visant à intégrer systématiquement la culture (toutes manifestations
confondues) dans les stratégies, les procédures et les plans locaux et nationaux de réduction des
risques de catastrophe;
• l’intégration du savoir traditionnel et de la science et des technologies modernes dans les stratégies
et les plans de réduction des risques de catastrophe à tous les niveaux, lorsqu’il est prouvé que cela
renforce la résilience (il faudra pour cela évaluer la pertinence des techniques, des matériaux de
construction, des pratiques et des systèmes sociaux traditionnels);
• la mise en place de programmes de sensibilisation et d’éducation, à tous les niveaux, afin de pro-
mouvoir le rôle de la culture;
• la révision du cadre, des politiques et des normes juridiques et réglementaires, en vue d’améliorer
la résistance structurelle des bâtiments et des sites culturels de premier plan ainsi que des dépo-
sitaires culturels (p. ex., en mettant en place des codes de construction sécurisée qui tiennent
compte des spécificités des structures historiques);
• le renforcement des compétences du personnel au sein des pouvoirs publics, des collectivités locales
et de la société civile (femmes et hommes) si besoin, en vue de consolider la résilience des biens,
des activités et des processus culturels face aux risques de catastrophe et aux situations d’urgence
en général. Cela implique l’élaboration d’initiatives, de ressources et de supports de formation, en
s’appuyant sur les nombreux modèles et outils conçus par l’UNESCO, l’ICCROM, l’ICOM et l’IFLA.
De nouvelles possibilités peuvent apparaître en cours de processus et être prises en compte dans les besoins de
relèvement, puis intégrées à la stratégie de relèvement finale. Par exemple, des valeurs et des biens culturels
qui n’étaient pas nécessairement considérés comme importants par la communauté avant la catastrophe, ou
seulement par une minorité, peuvent soudainement devenir un facteur central d’identité collective pour un plus
grand groupe au sein de la population touchée. Le sentiment d’un vécu commun, le mélange des pratiques et
des croyances socio-culturelles des communautés, leur exposition à celles d’autres groupes, la promotion des
échanges culturels et de la création de valeurs communes au sein des groupes, sont autant de facteurs contri-
butifs.
Par ailleurs, la pénurie de matières premières traditionnelles peut favoriser la créativité, en mettant à l’essai de
nouveaux modèles de production artistique et de manifestations culturelles; en introduisant des matériaux (dis-
ponibles localement) nouveaux et innovants; en faisant naître de nouvelles formes de biens et de biens culturels;
et en promouvant une utilisation plus pérenne des ressources naturelles (systèmes d’économie d’énergie).
Les enquêtes sociologiques et anthropologiques à plusieurs niveaux auprès des principaux informateurs, les
entretiens dirigés, les questionnaires, les réseaux en ligne et les inspections visuelles peuvent aider à obtenir
des informations sur les pratiques non documentées ou sur les pratiques préalablement recensées mais ayant
évolué suite à la crise. Ces informations, lorsqu’elles sont intégrées au cadre de relèvement, facilitent également
l’évaluation et le suivi des résultats, des besoins et des activités y afférentes.
26 | CULTURE
Priorités et calendrier
La hiérarchisation des priorités et le calendrier (à court, moyen et long terme) des besoins de relèvement doivent
être établis en fonction de la vision générale du relèvement (qui tient compte des contraintes et des possibilités).
Comme indiqué plus haut, les interventions visant à rétablir la situation telle qu’elle était avant la catastrophe
doivent être distinguées, dans la mesure du possible, des interventions pour « reconstruire en mieux ». Les
considérations suivantes doivent être prises en compte lors de la hiérarchisation des besoins:
Coûts
Les coûts de reconstruction et de relèvement sont estimés en fonction des besoins prévus au titre des quatre
dimensions du PDNA. Il en va de même pour les coûts des besoins pour « reconstruire en mieux », qui doivent
être proportionnels aux coûts du relèvement de base, aux budgets nationaux disponibles et à la capacité d’ab-
sorption.
Les coûts de réparation et de restauration des édifices, des sites et des biens meubles culturels classés varient
considérablement selon le contexte, la nature des biens, les capacités disponibles et le coût de la main-d’œuvre
locale, etc. Il est donc impossible d’indiquer des coûts moyens dans le cadre des présentes lignes directrices.
Le coût pour « reconstruire en mieux » dépend également de la nature de l’intervention et des particularités
du bien (techniques de construction et état de conservation). À ce jour, nous manquons encore de données
relatives aux coûts moyens de réfection des bâtiments historiques après différents types d’aléas. Les coûts de
reconstruction « en mieux » doivent être:
27 | CULTURE
De façon générale, le montant total estimé au titre de l’évaluation des dommages et des pertes doit corres-
pondre au coût du plan de relèvement, hors interventions pour « reconstruire en mieux ». Il faut éviter les écarts
excessifs entre les dommages et les pertes évalués et les coûts de relèvement prévus, les donateurs et les États
étant peu enclins à financer des interventions qui ne sont pas clairement liées aux effets de la catastrophe. Il est
important de détailler minutieusement toutes les estimations des coûts de relèvement et d’indiquer les formules
et les références utilisées pour calculer les coûts unitaires de chaque élément du budget, et de l’annexer au
rapport sectoriel.
Tableau 4: Exemple de plan de relèvement axé sur les résultats pour le secteur de la culture
Besoins de relè- Interventions Produits attendus Coûts du Objectifs
vement priori- relèvement
taires
Restauration des 1) Lignes directrices et protocoles Élaboration et entrée en vigueur de Nombre de biens mena-
monuments et relatifs à la restauration lignes directrices et de réglementa- cés qui sont protégés et
du patrimoine tions peuvent être utilisés
bâti menacés
2) Cartographie et enquête (par Carte indiquant les régions me- Nombre de sites ayant
du personnel spécialisé et autori- nacées exigeant une intervention été sauvés d’un effon-
sé) de l’état des édifices menacés prioritaire drement et d’une dé-
gradation rapide
3) Formation de personnel tech- Nombre d’inspections, d’évaluations
nique aux interventions d’ur- et de contrôles des bâtiments histo- Nombre de collections
gence riques temporairement mises
en lieu sûr ou sécurisées
4) Mesures d’urgence, consolida- Nombre d’effectifs qualifiés
tion et restauration des édifices Augmentation de l’em-
les plus sévèrement endommagés Nombre d’interventions de consoli- bauche de profession-
dation prioritaires réalisées nels qualifiés
8.5.2 Thèmes transversaux
Cette section doit détailler l’intégration des thèmes transversaux dans la mise en œuvre, à savoir: la réduction
des risques de catastrophe, la gouvernance, l’environnement, le genre, les droits fondamentaux, le VIH/sida et
toutes autres questions jugées pertinentes (voir section 7).
28 | CULTURE
Elle décrit également les aspects intersectoriels comme l’éducation (formelle et informelle, formation profes-
sionnelle, enseignement supérieur), les plans pour l’emploi associés à la culture, la gestion des camps, le lo-
gement, l’environnement, le tourisme et les autres programmes visant à renforcer les moyens de subsistance.
• Indicateur 1: cohérence et correspondance entre les différents outils de gestion des situations
d’urgence
• Indicateur 3: intégration du PDNA à l’évaluation conjointe prévue au niveau du pays après une
crise en vue de la transition/du développement (stratégies nationales et Plan-cadre des Nations
Unies pour l’aide au développement [PNUAD]).
b. Associer les résultats de l’évaluation PDNA aux politiques, aux stratégies et aux plans
stratégiques nationaux sectoriels (notamment la réduction de la pauvreté), tant au niveau du
relèvement que du développement:
• Indicateur 2: degré d’intégration de la PDNA dans les plans du pays au niveau national, région-
al et local
• Indicateur 3: alignement du PDNA sur les objectifs nationaux pour atteindre les ODD, notam-
ment les OMD 1 et 3.
• Indicateur 3: liens avec les réseaux techniques internationaux existants et rapprochement avec
le programme officiel de formation
29 | CULTURE
Suivi et évaluation
Cette section doit présenter le plan de suivi et d’évaluation du secteur, à savoir:
• ce qui doit être suivi et évalué, et les indicateurs les mieux adaptés;
• les activités nécessaires au suivi et à l’évaluation (et leur coût);
• le nom du ou de la responsable de ces activités;
• le moment où ces activités sont prévues (calendrier);
• la façon dont elles seront menées (méthode);
• les ressources nécessaires et leur allocation.
30 | CULTURE
Références
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32 | CULTURE
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Disponible à l’adresse: http://www.unesco.org/new/fr/culture/achieving-the-millennium-development-goals/mdg-f-culture-and-development/mdg-f-
culture-and-development-a-closer-look/
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Disponible en anglais à l’adresse: http://www.ifla.org/pac
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Disponible à l’adresse: http://icom.museum/programmes/programme-durgence-dans-les-musees/L/2/
Programme d’urgence dans les musées, « Web Sites Emergency Preparedness and Response ».
33 | CULTURE
Annexes
Méthode et outils pratiques recommandés:
les étapes de l’évaluation
Il est essentiel de fixer un calendrier d’évaluation en vue de prévenir une nouvelle détérioration du patrimoine
matériel et vivant qui a été endommagé. L’évaluation doit commencer par une enquête rapide destinée à mesu-
rer l’ampleur et la nature de l’impact de la catastrophe sur la culture, avant de passer à une étude plus poussée
permettant de définir en détail les besoins de relèvement.
Enquête rapide
Une enquête rapide (une semaine maximum) doit être menée dans les quatre semaines suivant la catastrophe.
Elle doit être réalisée par trois ou quatre membres de l’équipe, qui doivent se mettre en relation avec les auto-
rités concernées (locales, régionales/de district, nationales) en vue d’identifier les points focaux (personnes de
contact) et les principales ressources disponibles et mobilisables, à savoir: les ressources humaines (p. ex., les
brigades de pompiers et les forces de police); les infrastructures (bâtiments où mettre les biens culturels en lieu
sûr); les moyens de transport (pour évacuer les biens/manuscrits fragiles hors des édifices menacés, etc.); ainsi
que les experts nécessaires pour l’ensemble de l’évaluation. Ces derniers pourront éventuellement participer à
l’estimation chiffrée initiale des dommages et pertes occasionnés dans le secteur de la culture. L’enquête devra
fournir un mandat clair au PDNA et recenser les interventions prioritaires.
Évaluation approfondie
L’évaluation approfondie doit être réalisée en trois semaines par une petite équipe de professionnels chevron-
nés. Elle sert à compléter l’évaluation des dommages et des pertes réalisée dans le cadre de l’enquête rapide, à
faire un bilan des ressources disponibles et des besoins, à formuler les priorités d’intervention, à fournir les don-
nées de référence aux fins du suivi et de l’évaluation, et à fournir des éléments en vue de planifier rapidement
le relèvement du patrimoine culturel. Cette évaluation doit inclure un plan d’action validé par le ministère de
référence du pays (Culture ou autre) et par les autres ministères concernés (Tourisme, Industrie, etc.), ainsi qu’un
budget chiffré. Les chiffres doivent être justifiés autant que possible. L’évaluation doit examiner les régions
sinistrées, mais aussi, selon la nature de la catastrophe, celles susceptibles d’être affectées ultérieurement. Les
informations ainsi recueillies pourront servir à l’élaboration d’un plan de préparation et à obtenir des données
de référence fiables si celles-ci sont insuffisantes.
Préparation de l’évaluation
Quatre ou cinq jours doivent être consacrés à la collecte et à l’analyse des différentes données contextuelles
obtenues; cela permettra ensuite de gagner du temps au moment de l’évaluation sur le terrain et d’identifier les
domaines culturels à évaluer en priorité (régions géographiques et/ou thématiques). Cela facilitera également
la préparation des questionnaires qui serviront à la collecte des données primaires et le choix des personnes à
interroger, de la taille de l’échantillon et du nombre minimum de sources d’information par thème ou par région
géographique. Ce dernier point contribuera à l’obtention de résultats solides et fiables. Par ailleurs, la collecte
et l’analyse des données contextuelles permettront de vérifier les données de référence disponibles et, éven-
tuellement, de procéder à une première comparaison. Cet exercice peut s’avérer particulièrement utile lorsque
les ressources sont insuffisantes pour couvrir la ou les régions sinistrées. Les données secondaires peuvent pro-
venir, entre autres: (i) de ressources disponibles au niveau local; (ii) d’informations publiques (bases de données
nationales); et (iii) de mécanismes de synergie et d’adaptation (données émanant d’institutions nationales et
internationales, de réseaux scientifiques et culturels, d’associations culturelles, des médias).
34 | CULTURE
Collecte des données sur le terrain
S’il n’est pas possible de réaliser des enquêtes préliminaires rapides, il faut alors prévoir une évaluation appro-
fondie complétée d’une analyse exhaustive des zones représentatives sélectionnées; les résultats ainsi obte-
nus pourront ensuite être extrapolés à l’ensemble de la région sinistrée. Les données relatives à la population
touchée doivent, dans la mesure du possible, être ventilées par sexe et par âge. L’annexe 10.4 propose une
synthèse des principales questions auxquelles l’équipe d’évaluation doit s’efforcer de répondre ainsi que des
indicateurs pertinents. Avant d’être utilisées, les données secondaires doivent être validées sur la base des don-
nées primaires obtenues lors des inspections visuelles (y compris à partir des survols de la région et des images
satellites) et lors des enquêtes auprès des principales sources d’information (enquêtes auprès des ménages, in-
formations de première main). Lorsque la région/population sinistrée est particulièrement vaste ou inaccessible,
il est possible d’organiser des entretiens dirigés ou aléatoires. Des entretiens doivent être réalisés auprès des
femmes et des hommes représentatifs des communautés touchées afin de garantir la prise en compte équitable
de leurs priorités et de documenter l’analyse par sexe. Les entretiens et les consultations doivent se dérouler
dans des environnements sécurisés et respecter l’anonymat et la vie privée des informateurs.
Si la collecte de données primaires est restreinte en raison de l’inaccessibilité des régions sinistrées/vulnérables,
l’équipe d’évaluation doit s’appuyer sur les données secondaires. Au moins trois régions sinistrées représen-
tatives devraient alors être inspectées pour chaque domaine culturel. Les cartes thématiques indiquant les
ressources culturelles (sites archéologiques, etc.), les inventaires SIG nationaux, les outils de cartographie (Pro-
gramme pour les applications satellites opérationnelles [UNOSAT] de l’Institut des Nations Unies) et les images
satellites (Google Earth) pour les régions vastes, ainsi que les photographies et les films (sur le terrain, aériens
ou satellites) peuvent fournir une définition raisonnablement précise de l’état du patrimoine bâti, des espaces
naturels protégés et d’autres biens culturels avant et après la catastrophe. Toutes ces informations devraient,
d’une part, permettre aux spécialistes de la culture de mener une étude qualitative et quantitative exhaustive
et, d’autre part, permettre un suivi efficace à grande échelle des sites et des ressources naturelles, notamment
lorsqu’il est difficile pour les véhicules et les équipes d’y accéder (manque de véhicules, de systèmes de com-
munication, routes fermées à la circulation, etc.). Par ailleurs, cette phase doit permettre d’identifier les régions
nécessitant une analyse et une étude approfondie.
35 | CULTURE
Tableau 1: Récapitulatif du processus d’évaluation global
Étapes Objectifs Calendrier
Enquête rapide • Définition du mandat du PDNA (y compris le profil des experts requis pour l’évalua- 3-5 jours
tion sur le terrain)
3-4 membres
de l’équipe • Désignation des points focaux locaux pour les différentes régions géographiques ou
les différents thèmes
Étude doc- • Collecte et analyse des données contextuelles en vue de réaliser une première car- 4-5 jours max.
umentaire tographie Peut être réalisée
préparatoire • Identification des domaines culturels prioritaires, hiérarchisation des évaluations en même temps
1-2 personnels (régions géographiques et/ou thématiques) que l’enquête
d’appui rapide
• Vérification des données de référence et (éventuellement) première comparaison des
données
Évaluation sur • Élaboration d’un premier plan de relèvement sectoriel 15 jours max., sel-
le terrain on l’ampleur des
• Collecte des données primaires et réalisation des entretiens; analyse et vérification
effets et la portée
4-5 membres des données secondaires déjà collectées
de la catastrophe
de l’équipe • Évaluation des capacités d’intervention du ministère de la Culture et des autres
ministères concernés, ainsi que des agents sur le terrain
• Évaluation de la capacité des institutions culturelles à participer activement à la
reconstruction du pays
• Évaluation des dommages et des pertes dans les domaines culturels touchés et
vulnérables
• Identification des principaux risques et menaces
• Identification des sous-domaines/thèmes nécessitant une analyse et une étude
approfondies
Étude docu- • Hiérarchisation des besoins (« relèvement rapide », « relèvement », etc.) et définition 6 jours max.
mentaire des domaines d’action, des cibles, des indicateurs et du plan d’action de relèvement
rapide
Équipe d’évalu-
ation • Bilan des dommages et des pertes et première ébauche du cadre de relèvement
36 | CULTURE
Tableau 2: Les actifs physiques, les infrastructures et les ressources humaines dans le secteur de la culture
Processus de gouvernance Actifs et infrastructures Personnel, praticiens et utilisateurs
Observance du cadre juridique, Bureaux et équipements pour la Instances ministérielles aux niveaux central, régional et
des politiques et de la gestion gestion et l’administration générales local (personnel dirigeant des comités de direction/per-
globale du secteur (ordinateurs, etc.) sonnel administratif/services généraux et leurs familles)
Équipements de transport et de com-
munication
2. Biens meubles culturels et • Musées et locaux abritant des • Ressources humaines spécialisées travaillant principale-
collections collections publiques et privées ment dans un centre de conservation/de formation
centralisé
3. Patrimoine culturel immatériel Lieux culturels, religieux et spirituels: • Communautés et praticiens
reconnu par les communautés et • Infrastructures/rénovation (parfois • Ressources humaines (religion, services, etc.)
les professionnels, notamment modestes: en plein air, etc.)
les systèmes de savoir et les • Associations, bénévoles et fidèles
pratiques traditionnels • Stades, théâtres, etc.: • Personnel chargé de la logistique
• Équipements, outils et matériels • Utilisateurs, praticiens et producteurs culturels (com-
afférents posante généralement importante)
Manifestations culturelles ren-
dues vulnérables par la catastro- • Infrastructures/rénovation (parfois
phe modestes)
• Équipements (parfois modestes)
37 | CULTURE
4. Dépositaires culturels: musées, • Infrastructures/rénovation des • Personnel dirigeant/personnel administratif/services
bibliothèques, archives, institu- locaux et des installations auxilia- généraux
tions culturelles, établissements ires (laboratoires, réserves, dépôts, • Personnel spécialisé (conservation, documentation,
de formation professionnelle, jar- etc.) commercialisation, activités promotionnelles et éduc-
dins zoologiques et botaniques • Équipements spécialisés de base atives, etc.)
et installations auxiliaires (labora- des laboratoires (conservation,
toires spécialisés, réserves, etc.) • Enseignants et apprentis
diagnostic, documentation,
clichés), y compris la régulation • Bénévoles et associations d’« amis des musées »
de la température, les systèmes
d’éclairage, etc.
5. Industrie des biens cul- • – Infrastructures/rénovation (par- • – Dirigeants d’entreprises/personnel (généralement
turels (formelle et informelle): fois modestes – notamment dans des entreprises familiales et des PME)
production, distribution et le cas des entreprises familiales), • – Utilisateurs, praticiens et producteurs culturels
commercialisation de musique, studios de production, imprimeries
de livres, de produits artisanaux, • – Équipements
audio-visuels, etc.
• – Infrastructures de distribution/
entrepôts
• L’art de la broderie est-il pratiqué et transmis activement dans la tradition des brodeurs ? Est-il
réparti uniformément entre les différentes tranches d’âge ? Est-il plus pratiqué par les femmes ou
par les hommes d’une certaine génération ? Si oui, laquelle ? Comment la transmission se fait-
elle (de mère/père en fille/fils ? De grand-mère/grand-père en petite-fille/petit fils ? Au sein de la
famille ?) ? La transmission est-elle institutionnalisée dans les écoles, les ateliers ou ailleurs ?
• Quels aspects de cette pratique sont associés aux femmes ? Aux hommes ? La broderie est-elle
pratiquée par les hommes, les femmes ou les deux ? Certaines tâches sont-elles plus prises en
charge par certains que par d’autres (récolte, filature, teinture, tissage, broderie) ? Qui est respon-
sable de l’achat des marchandises et de la vente des produits finis ?
38 | CULTURE
• Les broderies sont-elles achetées et vendues à travers des circuits commerciaux ? Ou sont-elles
troquées, offertes ou transmises dans le cadre d’échanges non monétaires ? Y a-t-il des grossistes,
des chefs d’entreprise, des ouvriers ou d’autres fonctions spécialisées (division du travail) ? Ces
fonctions sont-elles organisées par sexe, par âge ou par origine ethnique ? Le matériel nécessaire à
la fabrication est-il disponible au sein de la communauté ou faut-il se le procurer à l’extérieur ? La
fabrication a-t-elle été perturbée par la crise ? Nécessite-t-elle un relèvement ? Qui contrôle/pos-
sède les ressources nécessaires à la fabrication des broderies ? Les fonctions et l’emploi du temps
des femmes et des hommes ont-ils changé après l’inondation ?
• Si la broderie constitue une source de revenus familiaux, qui contrôle les finances du ménage ?
Cette activité est-elle la principale source de revenus des personnes qui exercent cette activité ou
constitue-t-elle un complément de revenu ? Quel est le niveau de salaire de cette activité par rap-
port à d’autres sources de revenus (agriculture, pêche, industrie, professions diverses) ? Si l’activité
venait à s’intensifier, quelles conséquences cela aurait-il sur l’emploi du temps et les ressources des
femmes, des hommes, des filles et des garçons (tous âges confondus) ?
• Une analyse de la chaîne de valeur a-t-elle été réalisée ? Quel est le potentiel de nouveaux mar-
chés ? De nouveaux produits ? Dans quelle mesure le savoir-faire des brodeurs est-il adapté à une
production intense ?
• Dans le camp de déplacés, comment la broderie pourrait-elle constituer une activité valorisante
pour une partie des survivants ? Comment pourrait-elle procurer un sentiment d’épanouissement
et contribuer au bien-être psychologique ?
• Si seuls les brodeurs peuvent fabriquer ce type de broderies, existe-t-il des artisanats au sein des
39 | CULTURE
autres groupes ethniques qui pourraient faire l’objet d’interventions de développement ou de relè-
vement, de sorte à ne pas créer ou creuser des inégalités sociales ou culturelles ?
40 | CULTURE
Exemples de questions/indicateurs pouvant être utilisés pour l’évaluation
Avant de formuler les questions, il est indispensable de réfléchir à la façon dont les données seront utilisées.
responsables
local, national, mondial
d’institutions, du
patrimoine bâti, • Proportion de dommages et de pertes
de sites archéo- structurels et non structurels appa-
logiques, de rents (évaluation visuelle)
parcs naturels, de • Ratio des dommages structurels (avant
jardins et après la catastrophe)
• État des dommages structurels et Propriétaire(s) de • % d’équipements perdus ou hors
non structurels occasionnés aux lieux d’habitation d’usage
infrastructures; rénovations; équi- privés/directeur
pements ou responsables • Type d’équipements perdus/endom-
d’institutions et de magés
patrimoine bâti
• Personnel (nombre, compétences, Directeurs/ Vérifier la capacité de charge et la stabi-
sites culturels
41 | CULTURE
Tableau 4: Évaluation par domaine/thème
Thème Informateurs Indicateurs et étapes
Questions d’évaluation
PRINCIPAUX THÈMES
• Des politiques et des plans d’ur- Autorités cen- • % de districts sinistrés dotés de plans de préparation aux
Capacité du gouvernemental, coordination et politiques
gence sont-ils en place concer- trales et collecti- situations d’urgence couvrant la culture
nant le patrimoine culturel ? vités territoriales
• Les décideurs locaux et la
communauté en général sont-ils
mieux informés du rôle poten-
tiel du patrimoine culturel, du
patrimoine immatériel et des
industries créatives et culturelles
nationales
le domaine culturel ? vités territoriales/ • Nombre d’utilisateurs qui accèdent à la base de données/au
Partage de
• Si oui, dans quelle mesure les directeurs d’ins- portail, représentant les différentes parties prenantes et à
utilisateurs y ont-ils accès ? titution différents niveaux (central, régional, district, local, etc.)
• Quelle est la fréquence de mise à • Données de référence quantitatives générées
jour des statistiques relatives à la
culture ?
42 | CULTURE
• Des plans adaptés de gestion des Autorités cen- Pour cette section, veuillez utiliser, dans la mesure du possible,
risques ont-ils été mis en place trales et collecti- les indicateurs recommandés pour la préparation aux risques de
pour le patrimoine culturel ? vités territoriales/ catastrophe, établis à Kobé en 2005:
responsables de
• Le personnel et les membres de la • % de monuments menacés pour lesquels des mesures desti-
site
société civile concernés (habitants nées à renforcer la résistance aux aléas ont été prises
et utilisateurs) sont-ils au fait des
• % de sites disposant de plans de gestion des catastrophes
plans d’urgence et de gestion des
risques ? • Nombre de personnes et de fonctionnaires concernés au fait
des plans d’urgence et de gestion des risques établis et revus
• Les fonctionnaires concernés
connaissent-ils bien les plans d’ur- • Nombre de plans de gestion des risques mis en œuvre avec la
gence en place ? Ont-ils participé communauté locale
à leur élaboration ?
• D’autres régions disposent-elles Oui/non – les décrire
d’un plan de préparation aux • Nombre de plans de gestion des risques conçus pour les sites
risques de catastrophe ? Est-il classés au patrimoine mondial
fonctionnel et efficace ?
• Des personnes référentes ont-elles • % des sites/institutions potentiellement menacés dotés d’un
été désignées au sein du person- plan de préparation aux risques de catastrophe
nel des institutions et des sites
culturels pour prendre en charge la
réponse aux catastrophes et/ou la
Plans de préparation aux risques de catastrophe
43 | CULTURE
• Combien de personnes (fonctionnaires, Autorités cen- • Sécurité et coordination
personnel, utilisateurs, etc.) étaient pré- trales et collecti- Gouvernement, institutions culturelles, etc.
sentes au moment de l’événement ? vités territoriales
• Les services de base des cabinets ministé- • Nombre de personnes (F/H) et de membres du
riels/institutions culturelles sont-ils opéra- personnel blessés
tionnels (électricité, eau) ? Quelle était la
situation avant la catastrophe ?
Services de base, accès et sécurité du personnel
• Le personnel peut-il se rendre en toute Autorités cen- • Nombre de personnes et de membres du person-
sécurité dans les institutions/musées/lieux trales et collecti- nel blessés (F/H)
de travail pour exercer son activité ? vités territoriales • Réduction des heures d’ouverture des institutions
Personnel (F/H) qui se sent en sécurité pour se
rendre sur son lieu de travail dans les régions
sinistrées
• Quels services de protection du patri- Directeurs et • Estimation du taux de fréquentation (F/H/total)
moine culturel sont actuellement dispo- personnel d’ins- • % d’institutions culturelles en mesure de conti-
nibles ? Sont-ils suffisants pour couvrir titutions (F/H) nuer à fournir des services (de base)
tous les domaines concernés ? Quelle était
la situation avant la crise ?
• Un accès satisfaisant aux sites, institutions
et centres culturels est-il assuré ?
• Les inventaires au format papier/électro- Autorités • Documentation relative au patrimoine matériel
nique des archives et des bibliothèques centrales et
sont-ils (encore) disponibles ? collectivités
territoriales/
• Les documents/livres sont-ils encore sur
directeurs d’ins-
les rayonnages (emplacement d’origine
titutions
indiqué dans les inventaires) ?
• Les inventaires peuvent-ils être utilisés
pour vérifier si les documents, les manus-
crits, etc., sont dispersés/perdus ?
44 | CULTURE
• Les œuvres d’art sont-elles suffisamment Directeur et • Protection des collections et des biens
en sécurité ? Des vols et des pillages ont- personnel de
ils été commis ? Quelle était la situation l’institution
avant la catastrophe ?
• Des inventaires/bases de données/sys- Directeur et • % des biens en sécurité : mobilier et équipement,
tèmes de gestion d’information sont-ils en personnel de fournitures (prises de courant, etc.)/inventaires
place pour les collections ? l’institution des collections
(http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.php-
URL_ID=35511&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SEC-
TION=201.html), qui couvre :
45 | CULTURE
• Quels éléments authentiques du patri- Directeur et • Conservation et compatibilité d’usage
moine peuvent être conservés ? Quels personnel de
projets doivent être mis en place pour l’institution % de bâtiments historiques nécessitant des mesures
garantir un usage compatible de ce patri- de stabilisation/préservation immédiates
moine ?
(patrimoine individuel et regroupé)
(F/H)
• Des cas de fouilles illégales ont-ils été re- Directeur du • % de baisse des fouilles illégales
censés ? Quelle était la situation avant la site/
catastrophe ? personnel spé- • L’archéologie préventive peut être envisagée pour
cialisé les situations les plus graves.
• Quelles sont les mesures à prendre ?
• Quel est le degré de vulnérabilité des sites Directeur de • Vulnérabilité du site
aux aléas naturels ? site/
personnel spé-
cialisé/
responsables et
membres des
communautés
(F/H)
46 | CULTURE
• Le plan de gestion du site répond-il effi- Responsable du • Efficacité du plan de gestion
cacement aux principaux problèmes du site/
site ? personnel spé-
cialisé
Ressources naturelles
responsables et
membres des
communautés
(F/H)
• Qui est disponible pour réaliser les tâches Ensemble du • % de personnel qualifié disponible (selon les
prioritaires urgentes ? (lieu, compétences) personnel normes nationales)
• Le niveau des salaires avant la catastrophe • Ratio femmes/hommes dans la direction des insti-
est-il maintenu ? tutions
sources
• En temps normal, quels sont les forma- • Nombre d’institutions, d’organes et d’organisa-
tions professionnelles et le développe- tions à base communautaire disposant de capaci-
ment professionnel continu proposés au tés, de stratégies et de structures renforcées
personnel ? Couvrent-ils les besoins priori-
taires ? • Développement professionnel
47 | CULTURE
• Quelles manifestations/croyances/pra- Autorités cen-
tiques/expressions/connaissances/com- trales et collec-
pétences culturelles votre communauté tivités territo-
considère-t-elle comme des valeurs fonda- riales/dirigeant
(traditions et expressions orales, arts scéniques, pratiques sociales, rituels et fêtes,
connaissances et pratiques liées à la nature et à l’univers, artisanat traditionnel)
mentales collectives qu’il faut protéger ? et membres des
Quelle était la situation avant la catas- communautés
trophe ? (F/H)
• Quels sont les pertes et les dommages oc-
casionnés aux valeurs culturelles qui sont
Patrimoine immatériel et savoirs traditionnels
48 | CULTURE
• En temps normal, à cette époque de l’an- Directeur de • Taux de pauvreté et niveau de revenus des mé-
née, par quels moyens les ménages de la PME/d’organi- nages
région vendent-ils communément leurs sation à base
biens culturels/prestations culturelles ? communautaire • Entreprises culturelles : petites/moyennes
familiale
• Quelle proportion d’entreprises familiales
dans la région/le district est engagée dans (dirigée par un
ce type d’activités (approximativement) ? homme, une
femme, un en-
• Quel est le revenu moyen (estimé) généré fant)
par ces activités ? À combien s’élèvent les
revenus actuels ?
prise ?
49 | CULTURE
• Des pertes de biens immobiliers, de biens • % d’entreprises familiales – notamment dirigées
culturels (lieux d’habitation privés histo- par une femme – dont les revenus sont issus de la
riques ou traditionnels, collections), de production de biens culturels et du tourisme cultu-
biens traditionnels (p. ex., métiers à tisser) rel (OMD 1)
ont-elles été enregistrées ?
• % de hausse du salaire et des revenus réguliers
• Une perte des revenus générés par les des membres (ciblés) de la communauté (notam-
biens et services a-t-elle été enregistrée (p. ment des femmes et des jeunes) issus du marché
ex., services de tourisme culturel) ? des biens culturels et de la prestation de services
de tourisme culturel
• Les coûts de production culturelle des
entreprises familiales ont-ils augmenté ? Possibilités de diversification des sources de revenus
au niveau de la communauté et des ménages
• Des pertes d’opportunités d’affaires (sa-
lons, événements culturels, services de
tourisme culturel) sont-elles à déplorer ?
communautés
• Pour ceux n’ayant pas reçu de formation
officielle mais offrant des prestations de (F/H)
qualité, leur reconnaissance par un mé-
canisme officiel d’accréditation est-elle
envisagée/envisageable ?
• Percevez-vous une montée des tensions • Nombre et pertinence des initiatives et des pro-
sociales ? grammes nés des plateformes d’échange
• Visitez-vous des sites historiques, des Tous les infor- Dépenses des ménages lors des visites de sites histo-
Respect de la diversité et
parcs et jardins publics et des zoos ? Quel mateurs riques/culturels/archéologiques, de parcs et de zoos
montant dépensez-vous lors de ces vi-
des droits culturels
sites ?
(impact social)
50 | CULTURE
• Combien d’opérateurs/services externes Opérateurs • % d’opérateurs percevant un revenu régulier issu
à la communauté continuent de propo- nationaux et du tourisme culturel
ser leurs services dans les secteurs de la internationaux
culture et du tourisme ?
Tourisme culturel
51 | CULTURE
Sécurité alimen- • Quelles coutumes et traditions culturelles Population tou- • Amélioration de l’efficacité de l’accès aux produits
empêchent les ménages/la communauté/la chée (F/H) alimentaires
population en général d’accéder aux produits
alimentaires et d’en avoir la jouissance ?
taire
liques qui entravent les campagnes en ma- chée (F/H) d’eau, d’assainissement et d’hygiène
Eau, assai-
hygiène
• Les langues locales sont-elles utilisées pour Population tou- • Renforcement des objectifs éducatifs
Éducation
• Des pratiques ou problèmes culturels en- Population tou- • Amélioration des campagnes de sensibilisation à la
du VIH/sida
Prévention
52 | CULTURE
• La sécurité est-elle assurée ? Depuis la • % de biens en sécurité: mobilier et équipement,
survenue de la catastrophe, des vols et fournitures (prises de courant, etc) /inventaires des
des pillages ont-ils été commis ? Quelles collections (livres, manuscrits, documents, etc.)
étaient les cibles ? Quelle était la situation
avant la catastrophe ?
• Un inventaire exhaustif des collections est- • Oui/non (documentation relative au patrimoine
il disponible ? culturel matériel)
53 | CULTURE
Méthodes d’évaluation des dommages et des variations des flux économiques
Tableau 6: Récapitulatif des méthodes d’évaluation des dommages
Domaine Dommages Méthode de calcul des dommages
Patrimoine bâti Bien individuel Restauration Selon la méthode d’évaluation des pertes et dommages
(individuel/ possible (DaLA), les dommages peuvent être estimés en se fondant sur
regroupé), le coût de la réhabilitation ou du relèvement des biens [selon
les normes en vigueur avant la catastrophe]: coût des travaux
sites archéolo- de restauration (matériaux et main-d’œuvre) + réaménage-
giques, etc. (y ment et équipement (pour les équipements spécialisés non
compris les sites disponibles dans le pays, inclure les coûts de maintenance,
classés au patri- d’assurance et de transport)
moine mondial)
La méthode de calcul la mieux Détruit (i) Si le bien n’a pas de valeur marchande: la méthode du
adaptée doit être déterminée coût de remplacement amélioré permet une évaluation
au cas par cas. monétaire fiable, quoique chronophage (elle peut par consé-
quent être plus appropriée lors l’évaluation approfondie/ex-
haustive des dommages et des besoins).
54 | CULTURE
Tableau 7: Méthodes d’estimation des variations des flux économiques
Variations des flux Causes Méthode de calcul des variations Impacts
économiques des flux
Fermeture/ Services de base défi- Pertes de salaires du personnel x durée • Emploi
cients (électricité, eau, des travaux de remise en état et de
inaccessibilité des ins- etc.) récupération du contenu (lorsqu’elle • Pauvreté
titutions culturelles/ n’est pas immédiate) + perte des re-
musées, bibliothèques cettes de l’institution générées par les • Capital social (aggravation du
et archives entrées + pertes des bénéfices tirés des manque de services pour l’en-
expositions, des activités et des événe- semble de la communauté en-
ments (billetterie, librairie, etc.) traînant une réduction du capital
social, du développement, de
l’appartenance)
Fermeture/ Services de base défi- Pertes de salaires du personnel x durée • Emploi
cients, sécurité insuffi- de restauration des infrastructures et du
inaccessibilité des actifs sante pour les visiteurs capital naturel + perte des recettes gé- • Capital culturel
naturels, des zoos et nérées par les entrées + pertes des béné-
des espaces protégés fices tirés des autres activités (billetterie,
visites guidées, etc.)
Retards/perturbation Inaccessibilité/disparition Perte des recettes générées par la pro- • Pauvreté (inflation, dépréciation
dans la production des des matières premières duction de biens culturels x durée des des biens)
biens culturels et des outils retards/interruptions prévisibles
• Macro-économie (stagnation/
fluctuation/perturbation des mar-
chés,
55 | CULTURE
Tableau 8: Méthodes d’estimation des dommages et des pertes d’ordre social et communautaire
Impact sur la Dommages et variations des flux économiques Méthodes de calcul
culture
Pertes humaines • Professionnels, direction et administration, personnel de Nombre de victimes, de personnes blessées et
service (fonctionnement du secteur) touchées (F/H)
• Perte des revenus générés par les biens et services (p. ex.,
services de tourisme culturel) Perte du capital féminin: nombre (ou % au sein
d’une communauté donnée) de femmes qui ont
Questions d’éva- • Hausse des coûts de la production culturelle pour les mé- dû cesser d’exercer leur activité pour s’occuper
luation relatives nages de leur famille/de la communauté; baisse de la
à l’impact sur les contribution des femmes au taux d’emploi
ménages/la • Perte d’opportunités d’affaires (p. ex., salons, événements
culturels, services de tourisme culturel)
communauté de
l’annexe 10.4 • Accès au marché réduit/impossible
56 | CULTURE
VANTAGES PRIMAIRES ET SECONDAIRES DES BIENS CULTURELS
Source: ICOMOS, 2005
Avantages primaires:
• Prix payé – pour la conservation des biens et services, en tenant compte du prix que les consom-
mateurs sont prêts à payer pour ceux-ci, tels que les droits d’entrée, les dépenses dans le tourisme
culturel, les acquisitions de biens culturels et de biens immobiliers, les subventions et les dona-
tions (net d’impôts), etc.
• Valeur des visiteurs – surplus des consommateurs, valeurs supérieures aux prix pratiqués, estima-
tion du prix maximum que les consommateurs sont prêts à payer pour la conservation des biens et
services
• Parts des surplus des consommateurs perçus par les prestataires – générées par la pratique de prix
supérieurs aux prix d’équilibre du marché
• Impact sur le développement économique – revenus nets des producteurs et des prestataires de
biens et services culturels après la déduction des impôts
• Revenus indirects nets perçus par les fournisseurs qui approvisionnent les producteurs et les presta-
taires culturels – de biens et services culturels, nets d’impôts
• Revenus indirects nets par rapport aux dépenses par employé des producteurs et des prestataires
culturels – revenus des employés et des fournisseurs des prestataires culturels. Revenus induits par
les dépenses dans les prestations indirectes
• Économies d’énergie
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• Amélioration potentielle de l’accessibilité
• Cohésion citoyenne
• Image de la collectivité
• Hausse du nombre de touristes (hausse des emplois mais salaires probablement plus bas)
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