DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL ET URBANISTIQUE DE LA VILLE DE

MARTIL

Entre 1966 et 2003

Khabali H.a; Targuisti K.a; Ezzouak F.a & Valenzuela Montes L. M.b

a
Laboratoire de Géologie de l’Environnement et des Ressources Naturelles, B.P. 2121, M’hannech II, Faculté
des Sciences, Université Abdelmalek Essaâdi, Tétouan, Maroc, [email protected]
b
Laboratorio de Planificación Ambiental, Edificio Politécnico, Campus de Fuentenueva, s/n.18071 Granada,
[email protected]

Abstract
Diachronic analysis of aerial photographs and satellite imagery taken between 1966 and 2003, as well as of
the topographic map of 1970 was treated to evaluate the Martil urbanization evolution. In a more specific
way, the coastal fringe has been transformed by urbanization destined for tourism. The parallel development
of housing areas and tourist centers where central planning is either absent or inadequate and with rapid
development of housing said illegal and unsafe in direct contact with the population explosion and rapid
urbanization that characterize it, has made of Martil a case in point when discussing the changing face of
suburban coastline areas and their immediate surrounds in North-west Morocco.

Key words: Coastline, Urbanisation Evolution, Diachronic Analysis, Land Use, GIS, Data Processing, Housing
Illegal, Population Explosion, Martil.

Résumé
L'évolution de l’urbanisation de la ville de Martil entre 1966 et 2003 a été traitée par l'analyse diachronique
des photographies aériennes, des images satellitaires prises dans cette période, et d’une carte
topographique. De façon plus spécifique, la frange littorale de la commune a vu se développer une
urbanisation intense de type touristique. Cette conjonction entre croissance résidentielle et touristique, dans
un contexte de planification absente ou déficiente, et avec un développement rapide de l’habitat dit
clandestin et insalubre en liaison directe avec l’explosion démographique et l’urbanisation accélérée qui le
caractérisent, fait de Martil un cas d’école en matière de mutations des aires périurbaines littorales et sub-
littorales dans le Nord-Ouest du Maroc.

Mots clés: Littoral, Evolution Urbaine, Analyse Diachronique, Utilisation Du Sol, SIG, Traitement D’image,
Habitat Clandestin, Explosion Démographique, Martil.

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1. INTRODUCTION La commune urbaine de Martil

La frange littorale méditerranéenne au (Figure.1) s'étendu sur une superficie de 33,50

Nord du Maroc a subi depuis le début des années km2, soit 1,03% du total de la province et 4,31%

soixante dix de profonds changements, liées à de sa population.

l’installation accélérée des infrastructures La commune est limité la mer à l’Est, les
touristiques et une croissance socio-économique municipalités de Mdiq et Tétouan, les communes
très importante. rurales El Malalyienne et Azla. Son territoire abrite

Le cas de Martil est celui d’un petit la ville de Martil, un village touristique important

centre côtier qui a connu le développement du (Cabo Négro) et de petites agglomérations

tourisme national populaire et qui a enregistré (Foum El Oullek, Mahjour, Souani).

une forte extension urbaine. La topographie se caractérise par deux unités

Si l’évolution urbaine de Martil saute distinctes:

aux yeux de n’importe quel observateur, elle reste • La plaine de Martil d’un millier d’hectares,
impossible à chiffrer précisément et à estimer presque entièrement au niveau de la mer.
d’une manière localisée comparable à différentes
• Les collines Kodiat Taifor, avec des pentes de
dates.
25-30%, un point culminant à 332m.
Le présent rapport rentre dans le cadre
• Le contact avec la mer est constitué de
d’un diagnostic environnemental et urbanistique
falaises ou de longues et larges plages
de la ville de Martil.
sablonneuses.
• Le premier volet de cette étude a pour objet
Le climat, sous la double influence
de Suivre l’évolution de l’urbanisation de
maritime de la Méditerranée et l’Atlantique, se
littoral de la ville depuis 1966 jusqu’au 2003.
caractérise par des étés doux ensoleillés, des
• Le deuxième volet de cette étude devrait hivers tempérés humides et des vents assez
traiter les contraintes d’urbanisation, ainsi fréquents (surtout le chergui ou vent d’Est). La
l’élaboration d’une vision stratégique globale température varie entre 25 et 10°c, et la moyenne
de développement et de gestion sur la base des précipitations est de 760 mm par an.
des conclusions recommandations du
diagnostic général, faisant apparaître la
vocation principale de la ville.

Le but est de présenter les résultats

préliminaires d’une étude faisant appel aux
documents cartographiques, des photos
aériennes et à l’imagerie satellitale pour mesurer
les conséquences des installations touristiques et
urbanistiques et la dégradation des milieux
naturelles dans la frange méditerranéenne de la
ville de Martil au Nord-ouest du Maroc.

2. CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET Figure 1: Situation géographique de la ville de Martil

GEOLOGIQUE

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3. DONNEES ET METHODOLOGIE DE souvent de géoréférencement. Une correction

L’ANALYSE géométrique est le processus qui permet de

3.1. INTRODUCTION placer ou d'ajuster une image dans un système

de projection particulier (Le système de
Au Maroc, il existe 3 types des donnés
coordonnées Maroc est le système de projection
cartographiques, les cartes (topographiques et
Lambert conique conforme, Système géodésique
géologiques), les photos-aériennes ou le
Merchich, ellipsoïde Clarke 1880).Vous pouvez
distributeur officiel est l’Agence Nationale de la
utiliser des données géoréférencées pour
conservation foncière, du cadastre et de la
localiser précisément certains objets. La
cartographie. Pour les images satellites, le Centre
rectification d'images vous permet de
Royal de Télédétection Spatiale (CRTS) est le
rééchantillonner les données afin de changer la
distributeur officiel, grâce à son archive propre,
taille des pixels. Pour le traitement de ces
son accès direct aux archives de SPOT IMAGE
données nous avons choisi le logiciel Erdas
(France) et EURIMAGE (Italie) et son réseau de
Imagine 8.4.
contact (stations de réception), le CRTS réalise les
recherches catalogues et les études pour le choix L’organigramme ci-dessous résume les

des images satellites les mieux adaptées (date, corrections géométriques que nous avons

zone, type). appliquées sur les rasters.

3.2. ACQUISITION DES DONNEES

L’analyse de l’évolution spatio-

temporelle de la ville de Martil repose sur la
comparaison de six données rasters échelonnées
de 1966 à 2003.

Année Résolution
Echelle
Données d’acqui (m)
sition
Photographies 1966 1/21000 -
aériennes
1997 1/17500 -
2003 1/20000 -
Raster

Carte
1970 1/50000 -
topographique
Image 1973 - 30
Satellitaire Figure 3: Les étapes du traitement des données rasters
1999 - 30
Landsat TM
3.4. REALISATION DES CARTES
Figure 2: Descriptions des données Rasters utilisées
D’OCCUPATIONS DU SOL
3.3. TRAITEMENT DES DONNEES RASTERS
Une fois les données rasters sont traiter,
Les images satellites peuvent ressembler
on fait appelle à un autre logiciel de
à une photographie du terrain. Les objets
Cartographie, il s’agit du Arc Gis 9.0 pour
géométriques de ces images (routes. aéroport,
l’élaboration des cartes d’occupations du sol, ainsi
etc.) permettent d'associer à ces images un
que le calcul des pourcentages pour chaque
système de cordonnées géographiques.
catégories du sol (tissu urbain, bois…etc.).
Cependant, les images brutes ne possèdent pas

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L’organigramme suivant donne, les concentration urbaine. Plusieurs facteurs

étapes qui ont été entreprises: s’imbriquent dans le système de la dégradation
de ses paysages. Certains résultent des conditions
physiques relevant de la structure, de la
concentration des pluies, souvent torrentielles, du
tracé perpendiculaire aux vents forts de l’Est et de
la faible protection qui constitue la couverture
végétale actuelle. L’homme par son intervention
dans ce milieu littoral, renforce, de son côté, cette
dégradation.

Ces contraintes menacent sérieusement

le littoral méditerranéen de Martil, elles
nécessitent des mesures urgentes pour la
protection et la sauvegarde de l’environnement
Figure 4: Méthode d’élaboration des cartes de cette région.
d’occupations des sols à partir des photos aérienne
Pour cela Le Maroc a engagé un
3.5. REALISATION DES CARTES D’EVOLUTION
ensemble de réformes pour mettre à niveau son
URBAINE
économie et créer un environnement favorable
au développement et à la mise en valeur des
potentialités du pays.

Ainsi, sous la pression des nouvelles

donnes de l’économie et de la société, l’espace
local apparaît, de plus en plus, comme le cadre
adéquat d’élaboration et de mise en œuvre des
stratégies de développement économique et
social, de planification et d’aménagement du
territoire.

Dans ce nouveau dispositif la ville, levier

Figure 5: Méthode d’élaboration des cartes d’évolution
du développement territorial, occupe une place
urbaine à partir des photos aériennes
centrale et doit assumer des fonctions
NB:
essentielles:
• (-) signifié l’extraction ;
• Economiquement, la ville, centre de
• (+) signifié la superposition ; production des richesses et de réseaux
• (=) signifié le résultat de la superposition d’échanges, est également l’espace privilégié

4. LES CONTRAINTES D’URBANISATION ET où se concrétisent les processus de mise à

PLAN DU DEVELOPPEMENT LOCAL niveau, les ajustements nécessaires et les

innovations.
Les composantes naturelles ont
influencé le littoral méditerrané de Martil par une • Socialement, en contribuant à la mise en

fragilité importante, défavorable à une forte place de programmes de développement

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dont certains sont ciblés sur les besoins de précédemment nous a permis d’avoir une simple
base de la population, en aidant à la idée sur l’état des lieux de la situation existante.
recherche de solutions pertinentes pour les 5.1. OCCUPATION DU SOL EN 1966
problèmes de l’emploi, de lutte contre la
pauvreté et l’exclusion sociale, elle améliore
l’immunité de l’économie nationale.

• Politiquement enfin, c’est en ville que

s’élabore le projet de développement du
territoire.

Dans ce contexte général, le plan de

développement local (PDL) de la ville de Martil,
outil de planification et de programmation se
réfère aux résultats du diagnostic établi dans le
cadre du S.D.V. (schéma directeur de la ville) du
Grand Tétouan. Le PDL vise les objectifs suivants:

• faire le point sur la situation du

développement de la ville de Martil.

• Proposer des orientations stratégiques dans

le cadre d’une vision de développement de la
ville dans son environnement. Figure 6: Cartes d’occupation du sol en 1966

• Fixer des axes prioritaires pour l’action et L’examen de la carte d’occupation du

orienter l’utilisation des ressources sol de l’année 1966 a permis de dégager les
remarques suivantes concernant chaque classe
• Mobiliser les citoyens autour d’objectifs clairs
identifiées, consignées dans le tableau suivant :
de développement.

• Donner aux opérateurs publics et privés une Nom de la classe Superficie en ha % Superficie

visibilité en matière d’actions d’investissement Plage et dunes

300 14%
bordières
à engager à court, moyen et long terme.
Oued et Bras morts 125 6%
Fondé sur une approche globale et
Bois 137 7%
intégrée le plan de développement local de Martil
Tissus urbains 289 1%
se présente comme un projet collectif, dans le
Zones non
cadre d’une vision partagée pour planifier le 1493 72%
urbanisées
devenir de notre cité et améliorer le bien être des Figure 7: Utilisation du sol dans l’aire d’étude en 1966
citoyens. Le graphique suivant illustre le
5. RESULTATS ET INTERPRETATION DES pourcentage correspondant à chaque classe par
CARTES OBTENUS : rapport à la superficie total de l’aire d’étude.
Le diagnostic environnemental du
littoral de la ville de Martil, effectué

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Graphe d'occupation du sol de la ville

5.2. OCCUPATION DU SOL EN 1997
de Martil en 1966

72%

1% 14%
7%
6%

Plage et dunes bordiéres Oued et Bras morts Bois Tissus urbains Zones non urbanisées

Figure 8: Occupation du sol de la ville de Martil en

1966

Ainsi, les zones non urbanisés

représentent la classe le plus dominante
montrant la vocation rurale et l’activité agricole
de cette région en 1966, car la plaine de Martil, a
été connue par sa production de légumes frais
très appréciés de la population de la région
Figure 9: Carte d’occupation du sol en 1997
Les plages et les dunes bordières
Après trois décennies la zone d’étude a
occupent, quant à elle, une superficie non
subi des profonds changements intéressant les
négligeable (300 ha) mettant en relief
différentes classes.
l’importance l’environnement littoral. De même,
Le tableau et le graphique suivants
la classe de bois, existant au niveau de la côte,
fournit d’une façon synthétique, les différentes
domine une surface de 139 ha (soit 7%), et joue
valeurs spatiales de toutes les composantes de
un rôle primordial dans le microclimat local.
l’utilisation du sol, ainsi que les pourcentages
Durant cette période, Le secteur de la
correspondant par rapport à la superficie total de
pêche, bien que pas stratégique et peu
l’aire d’étude.
prometteur dans la zone, reste un secteur
important pour la diversification de la production Nom de la classe Superficie en ha % Superficie
et des sources d’emploi. Il constitue en plus de Plage et dunes
131 7%
bordières
son apport économique non négligeable, un trait
Oued et Bras morts 103 5%
de culture pour les habitants, imprégnant
Bois 59 3%
notamment leurs habitudes culinaires.
Tissus urbains 349 17%
Par ailleurs, il faut noter la faible Zones non
1375 68%
urbanisées
superficie de tissu urbain (1%) quasi-inexistant en
Figure 10: Utilisation du sol dans l’aire d’étude en 1997
1966, ce qui nous permet de dire que Martil était
vers un village tranquille, avec des cabanes de
pêcheurs en front de mer et quelques résidences
secondaires pour les habitants de Tétouan
(population fixe: 9000 selon le recensement
1971).

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La réduction progressive de la surface

Graphe d'occupation du sol de la ville
de Martil en 1997 agricole, se répercute évidemment sur la quantité

68%
de la production et le taux d’activité dans le
secteur. Elle transforme également le paysage et
nuie à l’environnement, ainsi que le déversement
en mer des eaux usées sans aucun traitement est

5%
7% à l’origine de la chute progressive des prises et
17% 3%
des restrictions, voire interdictions, de pêche de
certaines espèces (mollusques) dans la zone, par
Plage et dunes bordiéres Zones non urbanisées

Figure 11: Graphe d'occupation du sol de la ville de le ministère des pêches.

Martil en 1997.
Après avoir déterminé les superficies
Ainsi, on a assisté à un saut très fort de relatives à chaque classe, nous avons calculé les
l’urbanisation passant de 1 à 17% de la superficie écarts d’évolution entre 1966 et 1997. Le
globale. Ceci a eu lieu au détriment de la zone graphique suivant illustre cette évolution:
littorale et le bois qui ont régressé respectivement
de 8% et 4%. Tendance d'évolution des différentes classes
entre 1966 et 1997
Durant cette période, Martil compte
une population de près de 27000 habitants, ainsi 20%
16%

cette ville domicilie près de 5% de la population 15%

de la province de Tétouan et plus de 7% de sa 10%

population urbaine. 5%

0%
Par contre, l’arrière-pays n’a pas connu -1%
-4% -3%
-5%
un changement notable, ou que l’activité -8%
-10%
urbanistique à été concentré le long du littoral. Plage et dunes Oued et Bras Bois Tissus urbains Zones non
bordiéres morts urbanisées
Aussi l’implantation des sites industriels et
touristiques dans la région a conduit à la Figure 12: Tendance d'évolution des différentes classes
contamination et la pollution du réseau entre 1966 et 1997
hydrographique constitué principalement par
l’Oued Martil qu’est considère actuellement
comme un égout a ciel ouvert. Les mesures
effectuées montrent que l’Oued Martil reçoit
actuellement environ des eaux usées d’origine
domestique, industrielle et des quantités
importantes de métaux lourds.

Durant cette période on a assisté à la

naissance des quartiers sous équipés touché par
la zone inondables construisent au niveau des
oueds et des bras morts (Quartier Diza, Ahrik et
Oued el Maleh).

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5.3. OCCUPATION DU SOL EN 2003 passer la population de 9185 en 1982 à 35 000

actuellement.

Comme conséquence directe de cette

dynamique démographique, une extension
urbaine proportionnelle, au détriment de la
plaine agricole limitrophe et de l’espace littoral.

Mais à Martil, l’urbanisation doit aussi

compter les vastes superficies, support à la
réalisation des résidences secondaires, qui
absorbent une part importante des zones
d’extension.

On estime ainsi à près de 300 nouvelles

constructions réalisées chaque année depuis
1993, dont au moins 120 non réglementaires.

Durant cette période Martil devenu une

ville a vocation touristique au lieu d’une ville
agricole, puisque on assiste l’apparition d’activité
dominante est le commerce, suivie par les
services, ainsi on assiste presque la disparition des
Figure 13: Carte d’occupation du sol en 2003 activités agricoles et de la pèche qui n’occupent
Le changement constaté en 1997 a dans la structure de l’emploi dans la commune
continué à avoir lieu du fait de la croissante de qu’un très faible taux.
l’activité touristique. L’évolution des différentes Les graphiques suivants montrent
composantes se résume dans le tableau suivant: respectivement l’occupation du sol en 2003 et les
Nom de la classe Superficie en ha % Superficie tendances d’évolution entre 1997 et 2003 :
Plage et dunes
bordières 95 5%
Graphe d'occupation du sol de la ville
Oued et Bras morts 97 5% de Martil en 2003
Bois 489 2%
67%
Tissus urbains 422 21%
Zones non urbanisées 1355 67%
Figure 14: Utilisation du sol dans l’aire d’étude en 2003

On remarque ainsi, la confirmation de

la tendance à la hausse du tissu urbain (+4%) et
5%

la dégradation de littoral et des espaces verts, 21% 2%

5%

pourtant important pour l’environnement local.

Plage et dunes bordiéres Zones non urbanisées

Durant les deux dernières décennies, le

Figure 15: Graphe d'occupation du sol de la ville de
centre a connu un taux de croissance
Martil en 2003
démographique des plus forts au Maroc, faisant

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Tendance d'évolution des différentes classes • D’autre part, les débordements de l’oued
entre 1997 et 2003
Martil et oued El Maleh qui occasionne, en
4%
4% période de crues, des inondations et des
3%
zones marécageuses.
2%

Par ailleurs, les vents qui sont fréquents

1%

0%
à Martil, et principalement le vent d’Est, peuvent
-1%
-0.5%
-1%
-0.5%
être considérés comme une gêne du
-2%
-2%
développement touristique et cause de sa
Plage et dunes Oued et Bras Bois Tissus urbains Zones non
bordiéres morts urbanisées
saisonnalité. Des systèmes de protection ou brises
Figure 16: Tendance d'évolution des différentes classes vents, sont à encourager dans les projets d’une
entre 1997 et 2003
certaine importance.
6. DIAGNOSTIC ENVIRONNEMENTAL DE LA
6.1.2. CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES
VILLE DE MARTIL
L’environnement dans ses différentes
6.1. CONTRAINTES PHYSIQUES ET
dimensions est toujours évoqué dans études et
ENVIRONNEMENTALES
analyses sur Martil, comme un problème majeur,
Le littoral méditerranéen de Martil une entrave au développement global alors que,
composé de deux types sites diversifiés, le premier pris en charge, il peut être un atout ou facteur
est constitué des plages et les dunes bordières, d’attraction. Le Plan stratégique de Martil est
c’est un milieu écologique de transition entre la Parmi ces études. Les aspects négatifs liés à
ligne du rivage actuel et l’arrière pays, il s’étend l’environnement (selon PSM 2003):
entre Cabo Négro à Oued Martil au Sud, sur un
• L’assainissement : faiblesse de la collecte et
plongeur total de 7 Km environ.
surtout absence de traitement ;
Le deuxième s’agit de la plaine de
• Le bras mort de O. Martil et lagune de O.
Martil c’est la plus important de la région par sa
Maleh : dépotoirs déversoirs pour ordures et
superficie de 53 km2 environ. Son altitude varie
eaux vannes ;
entre 2 et 5m sur toute son étendue plane, ce qui
la caractérise par une faible dénivellation et un • Le quasi absence d’espaces verts et jardins

drainage difficile. Ainsi, elle est soumise à des publics et la rareté de rues plantées d’arbres ;

inondations hivernales qui envahissent une partie • La régression continue de l’espace agricole,
importante de sa superficie. avec en plus la contamination de la nappe
6.1.1. CONTRAINTES PHYSIQUES qui l’irrigue ;

D’après le plan de développement local • Le système de ramassage des ordures

de la ville de Martil, Deux contraintes physiques ménagères : très en deçà des demandes ;
majeures à l’urbanisation sont à prendre en • Les autorisations généreuses pour l’extraction
considération, il s’agit: des sables, de différentes formes ;
• D’une part de la nature friable des sols et les • Les rejets de certaines unités situées hors du
très faibles pentes du terrain, ce qui territoire Martil (COLAINORD, zone
engendre des problèmes techniques industrielle).
importants pour l’assainissement ;

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6.2. DYNAMIQUE TOURISTIQUE de création d’emplois en nombre suffisant, ce qui

Le Maroc qui était parmi les pays a engendré un fort taux de chômage. Le nombre

pionniers de la rive Sud de la Méditerranée de demandeurs d’emploi est estimé actuellement

comme destination touristique dès les années 60, à près de 32% de la population active effective ou

a peu bénéficié de ce placement précoce sur le 10% de la population totale.

marché touristique mondial puisque vers la fin du

siècle dernier (1999) il se situait, avec 3,9 millions
d’arrivées de touristes internationaux, en
quatrième position après la Turquie, la Tunisie et
l’Egypte (Sophia Antipolis 2008).

La côte méditerranéenne du Maroc est

sans doute le plus attrayant pour les vacanciers,
Une petite ville avec une belle plage et Martil.

Durant les vingt dernières années, la Figure 17: Structure de l'emploi (source PSM 2003)

base économique de Martil a certainement 6.4. LES ACTIONS ANTHROPIQUES ET LEUR

évolué par le fait d’abord du dernier découpage IMPACT DANS LA FRANGE LITTORAL ENTRE
administratif de 1992, intégrant d’importantes CABO NEGRO ET OUED MARTIL
structures touristiques et de vastes zones Les interventions anthropiques dans la
agricoles mais détachant la seule zone industrielle frange littorale entre Cabo Negro et Oued Martil
de la région. son multiples, elles entraînent des changements
Par ce nouveau découpage, Martil se physionomiques naturels du site.
voit renforcé en capacités d’accueil touristiques Cette action anthropique se manifeste
avec des structures importantes telles que le Golf, par:
le Club Med et le millier d’appartements et
6.4.1. EXTENSION URBAINE DE MARTIL
résidences touristiques du vieux village et ses
La majorité des plages se trouvent en
extensions.
général en état d’équilibre précaire avec les
Cet apport constitue également un
conditions dynamiques naturelles du milieu. La
rééquilibrage dans le type et niveau de standing,
réalisation de tout aménagement rompt
Martil étant connue généralement pour son
l’équilibre naturel et il se crée un nouvel état se
tourisme populaire et de masse, presque
traduisant par une nouvelle évolution du littoral.
exclusivement national.
Ainsi, l’aménagement du littoral de
A l’intérieur du périmètre de la ville elle
Martil est plus en plus dangereux pour l’équilibre
même, de nombreux projets à caractère
du rivage. Les dunes bordières ont été utilisées
touristique ou résidentiel de taille importante,
comme un remblai sur lequel l’urbanisation s’est
sont venu renforcer le secteur et ses structures
développée: infrastructures, lotissements
d’accueil.
d’habitat collectif, de maisons individuelles, et
6.3. DONNEES SOCIO-ECONOMIQUE d’autres équipements. Par ailleurs, l’occupation
La croissance démographique à Martil maximale des espaces côtiers tout prés de la mer
ne s’est pas accompagnée, ces dernières années, augmente le pouvoir frottement attractif des

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touristes, ce qui conduit à un état de sur A cette extraction, s’ajoutent les

fréquentation humaine supérieure à celle dragages des sables à l’aide des bateaux citernes
observée dans les sites moins exploités. Cette au large, et les remblaiements en sédiments
fréquentation a pour conséquence le tassement apportés par les courants torrentiels lors des
des sables. Ecrasement ou dégradation des périodes de crues, ce qui perturbe encore la
plantes, ce qui facilite la reprise des processus dynamique côtière. Ces dragages provoquent
d’érosion éolienne ainsi que d’autres aussi des nuisances pour la vie touristiques, et
phénomènes dynamiques au niveau de la plage. engendrent d’eaux turbides au niveau des côtes.
Face à ce type d’action anthropique, le mur de 6.4.4. DESTRUCTION DES DUNES BORDIERES
protection construit lui aussi tout prés de la mer
Hormis leur caractéristique de former
ne peut pas empêcher les eaux de tempêtes
un ouvrage de protection, empêchant les eaux
d’atteindre les espaces en arrière du mur, et qui
d’inonder des zones basses situées en arrière, les
pourraient provoquer des dommages.
dunes bordières constituent un élément essentiel
6.4.2. AMENAGEMENT DU BASSIN VERSANT de l’équilibre dynamique d’une plage pour
La frange littorale entre Cabo Negro et laquelle elles représentent une réserve en sable.
Oued Martil est alimentée en sédiments par un Les plantes jouent un rôle primordial dans la
ensemble d’oueds dont l’Oued Martil est le plus fixation de ces dunes. Ainsi au niveau des plages
important. La déforestation, le surpâturage de la Cabo Negro et Martil, la destruction de la
végétation à l’amont et à l’aval du bassin versant végétation fixatrices sous l’effet de piétinement
accentue l’action érosive sur les sols qui enlevées dans le but de l’implantation des
provoquent des dégâts non négligeables sur le complexes et/ou des résidences touristiques.
milieu environnant et affecte d’une manière Les ouvrages de protection ont pour
sérieuse la vie des habitants tant sur le plan objet d’arrêter, au moins partiellement les
écologique que sur le plan socio-économique impactes de cette intervention anthropique,
(Pomel, 1999). dans la zone on trouve :
6.4.3. EXTRACTION DES SABLES ET DES GALETS • La petite jetée de Cabo Negro ;
Elle concerne principalement les plages
• La digue de l’Oued Martil ;
de Cabo Negro et Martil, en affectant la
• Les digues du port de Martil ;
morphologie naturelle de la côte.
7. QUARTIERS CLANDESTINS EN 2003
Cet usage de prélever les matériaux du
littoral d’une manière abusive et anarchique A l’instar de beaucoup de villes côtières

conduit dans certains cas à l’ouverture des passes marocaines, Martil a connu depuis les années 90

"mer-continent" empruntés par les eaux marines un développement rapide de l’habitat dit

exceptionnellement lors de fortes tempêtes. Sous clandestin et insalubre en liaison directe avec

les actions hydrodynamiques, les sédiments l’explosion démographique et l’urbanisation

s’érodent aux abords des passes, sortes de accélérée qui le caractérisent. Alors qu’on pensait

chenaux, qui iront en s’élargissant et d’où que ce type d’habitat était transitoire et appelé à

l’avancé de la mer vers le continent. disparaître, on s’est rendu compte

progressivement que, devant l’ampleur et la
complexité des facteurs qui l’engendrent, on est

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en présence d’un phénomène durable qu’il aggravation des phénomènes de pauvreté et de

convient de traiter globalement et précarité.
spécifiquement dans ses différentes formes
d’expression. Parmi ces facteurs, la croissance
urbaine, les flux migratoires de la population
rurale vers les centres urbains, ainsi que du centre
ou du sud du Maroc vers le nord (Tétouan ou
Tanger).

Entre 1966 jusqu’à 2003, Martil s'est

développé depuis les années 1950 dans deux
directions principales, l'une vers le nord longeant
la plage (front de mer) et l'autre vers Tétouan le
long de la rive gauche de l'oued.

La progression des besoins sociaux

induite par la croissance démographique
associée à une urbanisation non maîtrisée et une
économie locale aux capacités d’intégration
limitées a généré les phénomènes de chômage,
de pauvreté, de précarité et de marginalisation
sociale.
Figure 18: Carte des quartiers clandestins de la ville
L’extension de la pauvreté, se localisant Martil
principalement dans les quartiers périphériques
Le tableau suivant représente les
et les tissus anciens (Quartiers clandestins), s’est
différentes valeurs spatiales des quartiers
traduite par un relâchement voire même une
clandestins ainsi que les pourcentages
rupture dans la chaîne de la cohésion sociale. La
correspondant par rapport de la superficie brute
cohésion sociale, axe structurant du
urbanisée.
développement humain durable, est considérée
Superficie en
pourtant comme condition sine qua non de Type du Quartier % superficie
ha
compétitivité et d’amélioration de la productivité. Sakia Dfel 16 4%
Ahrik 87 21%
En effet, malgré les efforts qui ont été
clandestins

O.Maleh 22 5%
Quartiers

consentis jusqu’à présent, l’habitat insalubre El Kabilia 9 2%

57%
Diza 33 8%
demeure un des points noirs de la ville et se Chbar 23 5%
développe le long des deux rives de l’oued Martil, Aghras 25 6%
Catalan 24 6%
confisquant les espaces et rendant difficile tout
Quartiers non
183 43%
développement urbanistique cohérent de la ville. clandestins
Figure 19: Valeur spatial des Quartiers clandestins en
Cette prolifération d’habitat insalubre,
2003
liée en grande partie à l’arrivée massive de
migrants ruraux, s’accompagne d’une

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Le graphique suivant illustre ces valeurs Années 1966 1997 2003

spatiales:
Superficie Superficie Superficie
Nom de la en % en % en %
Valeur spatial des Quartiers clandestins de classe
la ville de Martil en 2003
Plage et dunes
14% 7% 5%
bordières
Sakia Dfel
Oued et Bras
4%
6% 5% 5%
Ahrik
21%
morts
Quartiers non clandestins Bois 7% 3% 2%
43%
Tissus urbains 1% 17% 21%
Oued El Maleh
5% Zones non
El Kabilia
72% 68% 67%
Diza
2%
urbanisées
8%
Catalan
6%
Aghras
6%
Chbar
5% Figure 22: Utilisation du sol dans l’aire d’étude entre
1966 et 2003
Quartiers clandestins Quartiers non clandestins

Figure 20: Valeur spatial des quartiers clandestins de la

ville de Martil en 2003

Figure 23: Graphe d'occupation du sol de la ville de

Martil entre 1966 et 2003

CONCLUSION

A Martil, l’artificialisation des zones

littorales et sub-littorales se caractérise par
l’évolution des zones urbaines, l’imbrication entre
modes d’occupation du sol et l’occupation
extensive de grandes superficies. Si la
construction et le tourisme constituent désormais
une des bases du développement local, les effets
pervers et les dysfonctionnements engendrés par
cette urbanisation peu rationnelle sont
Figure 21: Carte d’évolution urbaine entre 1966,1997
nombreux:
et 2003
• Dégradation de l’environnement naturel et
biologique,

• Augmentation des quartiers non

réglementaires,

• Recul de l’agriculture et des espaces naturels,

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• Extraction de sable et les dépôts d’ordures, REFERENCIAS BIBLIOGRAFICAS

etc.
CAMPBELL, J. B., 1987. Introduction to remote
À partir de cette situation complexe, les
sensing. -Guilford Press, 551 p.
efforts récents de planification urbaine ont
beaucoup de difficultés à infléchir des tendances EL GHARBAOUI, A. (1981) La terre et l’homme
urbaines fortement ancrées dans le territoire et dans la péninsule tingitane. Etude sur l’homme et
les mentalités. le milieu dans le Rif occidental. Trav. Ins. Sci.
Une stratégie à long terme pour gérer Rabat. Ser. Géol. et Géogr. Phys. 15, 439 p.
et aménager le littoral s’impose de la part des
LPEE, (1991): Rapport technique. LPEE,
autorités compétentes. La protection et la
Casablanca.
sauvegarde de l’environnement littoral sont une
priorité nationale et urgente. Cette protection
P A, (2001): Plane d’aménagement de Martil.80 p.
doit commencer par la création de nouvelles
législations et l’application des lois actuelles qui Paskoff R. (1996). Aménagement du littoral et
protègent l’environnement. L’urbanisation du protection de l’environnement en France.
littoral doit être règlementée et organisée. Des Armand Collin- l’information géographique, 60,
programmes scolaires et d’information doivent pp 157-166.
être développés. Des parcs marins et des zones
protégées doivent être installés. PDL, (2006) : Plan de dévloppement local,
commune urbaine Martil. 30 p.
Du côté technique je propose une
étude plus approfondie le long du littoral
Pomel .S (1999): Les organisations pelliculaires de
Tétouanais sans se contenter par étudier les sites
surfaces (OPS) pour enregistrer le
les plus risqués en tenant compte de la
fonctionnement et fixer les paysages tropicaux :
vulnérabilité de la côte et des menaces qu’elle
marges Nord et sud du Sahara et montagne
rencontre.
d’Afrique. Rapport. Scientifique du programme
Du coté juridique, une étude doit être international de coopération scientifique (PICS N°
faite sur les lois portant sur le littoral Marocain, 521) franco-allemand du CNRS sur les OPS, Paris.
apparues durant la période étudiée, et leur
influence sur l’apparition des aménagements et PSM, (2003) : Plan stratégique de Martil.21 p
des équipements urbains le long de cette côte.
SDAULTT, (1993): Schéma directeur
d’aménagement et urbanisme du littoral
touristique Tétouanise. 100 p.

Sophia Antipolis, (2008) : Suivi de la stratégie

méditerranéenne pour le développement durable
– Mediterranean. Plan bleu, Regional Activity
Centre.resum 3 p.

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