Grandjean Alexis Mémoire
Grandjean Alexis Mémoire
Je tiens à remercier sincèrement Monsieur Djibril Cissé pour son encadrement, sa disponibilité et ses
nombreux conseils pour l’accomplissement de ce travail.
Mes remerciements s’adressent également à Madame Claire Mouquet-Rivier pour le suivi et les
orientations apportées pour l’analyse et la rédaction de ce mémoire.
Je remercie Monsieur Denis Garnier de m’avoir permis de réaliser mon stage au sein de l’UNICEF
Burkina Faso et pour l’aide fourni tout au long de ce stage
Mes remerciements vont aussi à Messieurs Jean-Marc Leblanc et à tous les membres de l’IRD de
Ouagadougou pour leur accueil.
Je remercie également Madame Beloum Cécile, Monsieur Ramde Tanga ainsi que l’ensemble du
personnel des ONGs AMMIE et SEMUS pour le soutien tout au long de l’enquête.
Je tiens particulièrement à remercier toutes les OBCE de la région Nord pour nous avoir facilité
l’enquête de terrain.
Enfin, je souhaite adresser mes remerciements les plus sincères à toutes les personnes qui ont apporté
leur contribution pour la réalisation de cette analyse et pour l'élaboration de ce mémoire.
ii
Acronymes
ANJE Alimentation du nourrisson et du jeune enfant
AME Allaitement maternel exclusif
AMMIE Appui moral, matériel, intellectuel à l’enfant
ASBC Agent de santé à base communautaire
CAP Connaissances, attitudes et pratiques
CCC Communication pour le changement de comportement
CHR Centre hospitalier régional
CHU Centre hospitalier universitaire
CM Centre médical
CMA Centre médical avec antenne chirurgicale
CSPS Centre de Santé et de Promotion Sociale
EDS Enquête démographique et de santé
ENN Enquête nutritionnelle nationale
FCFA Franc de la communauté financière africaine
GASPA Groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques d’ANJE
OBCE Organisation à base communautaire d’exécution
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
PADS Programme d’appui au développement sanitaire
PNAN Plan national d’action pour la nutrition
PNDS Politique nationale de développement sanitaire
PISA Paquet intégré des services d’ANJE
PNN Politique nationale nutrition
PRV Personne ressource volontaire
RENCAP Renforcement des capacités
SEMUS Association de solidarité et entraide mutuelle au sahel
SUN Scaling Up Nutrition
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfant
iii
Résumé
Au Burkina Faso, on estime encore à plus de 1 million le nombre d’enfants de moins de 5 ans
souffrant de retard de croissance. Il est reconnu que les bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson
et du jeune enfant (ANJE) sont efficaces dans la lutte contre la malnutrition. Or, au Burkina Faso, en
2013, le taux de pratique d’allaitement maternel exclusif chez les enfants âgés de moins de 6 mois est
de 47,2% alors que le taux de pratique d’alimentation minimale acceptable chez les enfants âgés de 6 –
23 mois est de 7,2%.
Dans l’objectif d’améliorer les bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, le
Burkina s’est doté d’un plan de passage à l’échelle de la promotion des pratiques optimales d’ANJE.
Ce plan de passage à l’échelle a pour but de faciliter la mobilisation des ressources mais également de
guider la mise en œuvre des interventions d’ANJE. Le renforcement de la qualité et de la couverture
des interventions communautaires constituent le principal axe stratégique.
Le but de l’enquête est de recueillir l’appréciation des bénéficiaires et des différents groupes d’acteurs
impliqués dans le projet sur les principales options stratégiques priorisés par le plan de passage à
l’échelle. L’objectif étant d’évaluer le niveau d’applicabilité de ces options stratégiques et d’identifier
les mesures d’ajustements nécessaires afin de guider la phase d’extension.
L’enquête s’est déroulée durant les mois de Juin et Juillet 2014 dans la région Nord qui est
actuellement dans une phase test. Des focus groups ont été organisés dans chaque district sanitaire de
la région afin de percevoir l’appréciation des bénéficiaires. L’appréciation des différents groupes
d’acteurs a été recueillie à travers l’administration d’un questionnaire composé de questions ouvertes.
Si bien que la majorité des bénéficiaires et des différents acteurs du projet décrivent ces options
stratégiques comme pertinente dans le but de renforcer la qualité et la couverture des interventions
communautaires, l’enquête a permis d’identifier un certain nombre de difficultés à la mise en œuvre
des interventions. En effet, l’enquête met en avant des difficultés associées à l’implication des acteurs
communautaires dans les interventions d’ANJE ainsi que la nécessité de prendre en compte les
spécificités interrégionales. Ces résultats laissent également apparaitre l’importance d’adapter les
différents outils ainsi que de mettre en place des moyens de motivation adéquats afin de garantir une
implication totale de tous les acteurs.
iv
Abstract
In Burkina Faso, the number of children less than 5 years old suffer from stunting is still estimated at
more than 1 million. It is acknowledged that appropriate infants and young child feeding practices are
effective to fight malnutrition. However, in Burkina Faso, in 2013, the rate of exclusive breastfeeding
for children younger than 6 months is 47, 2% while the rate of children 6–24 months of age receiving
a minimum acceptable diet is 7.2 %.
With the aim to improve infant and young child feeding (IYCF) practices, Burkina Faso has adopted a
national plan to scale-up infant and young child feeding practices. The aim of this scaling up plan is to
facilitate the mobilization of resources, but also to guide the implementation of IYCF interventions.
Strengthening the quality and the coverage of community-based interventions to promote optimal
infant and young child feeding practices is the main strategic focus for the implementation of this
scaling up plan.
The objective of this survey was to know the perceptions by beneficiaries and project stakeholder of
the main strategic options prioritized by the scaling up plan by beneficiaries and project stakeholder.
This is to assess the level of applicability of these strategic options and identify necessary adjustments
to guide the extension phase of the scaling up plan.
The survey covered the period of June and July 2014 in the northern region, which is currently in a test
phase. Focus groups were held with the beneficiaries in each health district of the Northern region in
order to collect their judgments. The point of view of the project stakeholders was collected thanks to
a questionnaire with open questions.
Although he majority of beneficiaries and project stakeholders describe these strategic options as
appropriate for the improvement of the quality and coverage of community-based interventions,
however, this survey identified a number of difficulties for the implementation of interventions.
Indeed, this survey highlights the difficulties associated with the strong involvement of community
workers in IYCF interventions and the need to take into account the specific characteristics of each
region. These results also show the importance of adapting tools and to find adequate incentives to
ensure a heavy involvement of all stakeholders.
v
Sommaire
Liste des figures .................................................................................................................................... viii
Liste des tableaux ................................................................................................................................. viii
1 Introduction ..................................................................................................................................... 1
2 Cadre de l’étude .............................................................................................................................. 2
2.1 Présentation du Burkina Faso .................................................................................................. 2
2.2 Cadre institutionnel et organisationnel .................................................................................... 2
2.3 Situation nutritionnelle ............................................................................................................ 3
2.4 Plan de passage à l’échelle de la promotion des pratiques optimales d’ANJE........................ 4
2.5 Stratégie d’implantation du plan de passage à l’échelle .......................................................... 7
2.6 Les acteurs du projet................................................................................................................ 8
2.6.1 Point focal nutrition ......................................................................................................... 8
2.6.2 Gestionnaire du projet ONG ............................................................................................ 8
2.6.3 Les agents de santé .......................................................................................................... 8
2.6.4 OBCE .............................................................................................................................. 9
2.6.5 Les prestataires communautaires ..................................................................................... 9
3 Objectif de l’étude :....................................................................................................................... 10
4 Méthodologie ................................................................................................................................ 10
4.1 Cadre conceptuel de l’étude .................................................................................................. 10
4.2 Questionnaire destiné aux prestataires d’ANJE .................................................................... 11
4.3 Détermination de la taille de l’échantillon ............................................................................ 11
4.3.1 Echantillon des prestataires de santé à interroger .......................................................... 12
4.3.2 Echantillon des prestataires communautaires à interroger ............................................ 12
4.3.3 Nombre de focus group planifié. ................................................................................... 13
4.4 Saisie et analyse des données ................................................................................................ 13
5 Résultats ........................................................................................................................................ 13
5.1 Description de l’échantillon .................................................................................................. 13
5.1.1 Enquête quantitative ...................................................................................................... 13
5.1.2 Enquête qualitative ........................................................................................................ 13
5.1.3 Caractéristiques des interviewés.................................................................................... 14
5.2 Appréciation concernant la promotion d’un paquet intégré de service d’ANJE (PISA) à
travers le cycle de vie ........................................................................................................................ 14
5.3 Appréciation concernant la mise en place de groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques
d’ANJE (GASPA) ............................................................................................................................. 16
vi
5.3.1 Contraintes perçues à la mise en place de groupe d’apprentissage et de suivi des
pratiques d’ANJE (GASPA) ......................................................................................................... 17
5.4 Appréciation concernant la gestion des GASPA ................................................................... 18
5.5 Appréciations des acteurs concernant la systématisation à travers les GASPA d’une
approche de suivi des pratiques optimales d’ANJE .......................................................................... 19
5.6 Appréciation des acteurs concernant l’implication des PRV aux interventions d’ANJE ...... 21
5.6.1 Avantages perçus à l’implication des PRVs dans les interventions d’ANJE ................ 22
5.6.2 Contraintes perçues à l’implication des PRVs dans les interventions d’ANJE ............. 22
5.7 Appréciation concernant la conduite de diagnostic communautaire de base pour implanter
les interventions de promotion des pratiques optimales d’ANJE ...................................................... 23
6 Discussions ................................................................................................................................... 25
7 Conclusion .................................................................................................................................... 29
Bibliographie ......................................................................................................................................... 31
Annexes ................................................................................................................................................. 34
vii
Liste des figures
Figure 1 : structuration des niveaux d’intervention d’ANJE ................................................................... 3
Figure 2 : Stratégie d’implantation et d’extension du PISA autour des aires communautaires .............. 7
Figure 3 : Différentes phases du plan de passage à l'échelle ................................................................... 8
Figure 4 : Appréciation des acteurs concernant la mise en place du PISA à travers le cycle de vie ..... 14
Figure 5 : Appréciation concernant la mise en place de groupe d’apprentissage et de suivi des
pratiques d’ANJE (GASPA) ................................................................................................................. 16
Figure 6 : Appréciation des acteurs sur la gestion des GASPA ............................................................ 18
Figure 7 : Appréciation concernant la systématisation à travers les GASPA d’une approche de suivi
des pratiques optimales ......................................................................................................................... 19
Figure 8 : Pourcentage d'acteurs percevant des contraintes à la mise en place des registres de suivi ... 21
Figure 9 : Appréciation des acteurs concernant l'implication des PRVs dans les interventions d'ANJE
............................................................................................................................................................... 21
Figure 10 : Pourcentage d'acteurs affirmant percevoir une contrainte à l'implication des PRV ........... 23
Figure 11 : Appréciation concernant la conduite de diagnostic communautaire de base pour implanter
les interventions de promotion des pratiques optimales d’ANJE .......................................................... 24
Figure 12 : Implication des femmes dans les GASPA en fonction de leur état physiologique ............. 26
viii
1 Introduction
Le retard de croissance est considéré depuis maintenant plusieurs années comme un fléau majeur. En
2012, selon les données fournies par les Nations Unies, près de 165 millions d’enfants de moins de 5
ans dans le monde souffrent de retard de croissance. Ceci apparait comme une véritable injustice pour
l’enfant qui, à partir de sa conception, voit ses capacités de développement réduites (walker et al,
2011). Le retard de croissance affecte également le potentiel de développement du pays car il est
associé à un développement cérébral non optimal (Mendez et al, 1999), susceptible d’avoir des
répercussions durables sur les capacités intellectuelles, les performances scolaires et la rémunération
future (Dewey et al, 2011).
La communauté scientifique s’accorde à dire que la lutte contre le retard de croissance est une lutte
multisectorielle (Onis et al, 2013). Parmi les actions nutritions spécifiques, les activités de promotion
des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant sont reconnues comme étant
efficaces dans la lutte contre le retard de croissance. En effet, il a été montré (Buttha et al, 2013) que
des activités de promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant
avaient un impact positif sur la santé de l’enfant. Parmi ces bonnes pratiques, une autre étude (Buttha
et al, 2008), montre que le respect des recommandations concernant l’allaitement maternel et
l’alimentation de complément ont un véritable impact sur la survie de l’enfant. Le respect des
recommandations de ces deux pratiques conjointes pourrait prévenir 1/5eme des décès des enfants de
moins de 5 ans (Jones et al, 2003).
Ces dernières années, de nombreuses études ont montré qu’il existe des interventions efficaces contre
le retard de croissance. Cependant, l’impact de ces interventions reste encore limité. En effet la
majeure partie des financements pour la nutrition sont des fonds d’urgence, non prévisibles qui sont
principalement destinés à la prise en charge de la malnutrition aigüe. Suite à l’engagement du Burkina
Faso dans le mouvement Scaling Up Nutrition (SUN) en Juin 2011, le gouvernement du Burkina Faso
s’est engagé à respecter l’objectif annoncé lors de l’assemblée mondiale de la santé de réduire de 40%
le retard de croissance d’ici 2025. Le ministère de la santé et ses différents partenaires techniques et
financiers ont alors œuvré pour le développement d’un plan de passage à l’échelle de la promotion des
pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE). Ce plan de passage à
l’échelle a pour but de faciliter la mobilisation des ressources mais également de guider la mise en
œuvre des interventions d’ANJE. Le renforcement de la qualité et de la couverture des interventions
communautaires étant le principal axe stratégique de ce plan de passage à l’échelle.
Le plan de passage à l’échelle est actuellement dans une phase test (2013-2015) au niveau de 3 régions
(Nord, Cascades, Plateau Centrale) qui permettra l’affinement des différentes stratégies,
l’harmonisation des outils de formation et de gestion ainsi que l’affinement des aspects politiques et
des normes afin de guider la phase d’extension (2015-2022). Dans l’attente d’une nouvelle enquête
CAP (Connaissances, Attitudes, Pratiques) prévue début 2015 qui permettra d’évaluer l’impact des
différentes stratégies mises en place, il apparait important de recueillir l’appréciation des différents
acteurs et des bénéficiaires au sujet des principales options stratégiques du plan de passage à l’échelle.
~1~
Cette appréciation permettra d’évaluer la motivation et l’implication des différents groupes d’acteurs,
d’identifier les principales contraintes et difficultés à la mise en place des interventions, ainsi que de
rendre compte de la réceptivité des bénéficiaires. Cette enquête permettra ainsi de souligner les
principaux challenges auxquels seront confrontées les régions lors de leur enrôlement dans le plan de
passage à l’échelle.
Dans un premier temps, le cadre de l’étude sera approfondi, puis les objectifs et la méthode présentés.
Les résultats et la discussion nous permettront ensuite d’éclairer les points du programme du plan de
passage à l’échelle qui pourront faire l’objet d’un renforcement. Cette étude a été réalisée dans le
cadre d’un accord passé entre l’UNICEF et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
2 Cadre de l’étude
2.1 Présentation du Burkina Faso
Le Burkina Faso est un pays enclavé au cœur de l’Afrique de l’Ouest, et présente une superficie de
274 200 km2 qui s’étend en bordure australe du désert du Sahara, dans la bande sahélienne. On estime
à environ 17M la population du Burkina-Faso en 2013 (Banque mondiale) dont une grande majorité
(78%) vit en milieu rural. Au Burkina-Faso, on retrouve un climat tropical de type soudano-sahélien
avec une saison des pluies s’étendant de Juin à Septembre. Contrairement à de nombreux pays côtiers,
le Burkina Faso n’a pas d’accès à l’océan, l’économie du pays repose donc majoritairement sur
l’élevage et l’agriculture. Cependant, il existe des différences assez importantes entre le Sud et le Nord
notamment dues à la composition des sols et à la pluviométrie.
Le Burkina Faso a récemment fait des progrès importants en termes de croissance économique, qui est
passée de 3,2% en 2009 à 8,1% en fin 2012. Les conditions climatiques favorables à la campagne
agricole 2012-2013 favorise également l’accélération de cette croissance. Cependant, le Burkina-Faso
demeure encore un des pays les plus pauvres du monde. Le pays est également caractérisé par un fort
taux de croissance démographique annuel (3,11%), par un indice synthétique de fécondité relativement
élevé : (6,2 enfants/femme) et un taux d’analphabétisme élevé avec 75% chez les hommes et 85% chez
les femmes (RGPH, 2006). Cette situation, ainsi que de nombreuses faiblesses du pays dans le
domaine de l’eau et l’assainissement entrainent des répercussions importantes sur l’état nutritionnel de
la population et plus particulièrement sur l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans.
~2~
Au Burkina Faso, le faible accès des populations aux structures de santé limite la couverture des
interventions et ne favorise pas la qualité des interventions. En 2010, une analyse de la situation
réalisée par UNICEF a montré que 59% de la population est située à plus de 30 min du centre de santé
le plus proche. Or, il est reconnu que la distance au service de santé est en lien avec la mortalité
infantile (Schoeps et al, 2010). A travers le Programme d’Appui au Développement Sanitaire (PADS),
le ministère de la santé a mis en place un programme de contractualisation impliquant un réseau
d’Organisations à Base Communautaire d’Exécution (OBCE) pour délivrer des services de santé et de
nutrition à bases communautaires. Ce programme de contractualisation permet de rendre plus
accessibles divers services dans le domaine de la santé, de l’éducation et de l’hygiène à la population.
Ce programme est basé sur un apport financier fourni aux OBCE pour faciliter la mise en place
d’interventions de santé et de nutrition au niveau communautaire. Ces OBCE étant sous la supervision
d’ONG de renforcement de capacités (ONG rencap).
Communauté
Concernant les pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, le Burkina Faso est
caractérisé par un allaitement maternel de longue durée. En effet, d’après l’enquête SMART
2013, 97,1% (IC : 95,7%-98,5%) des enfants de 12-15 mois sont toujours allaités. Ce point est
cependant contrasté par de nombreuses insuffisances concernant d’autres pratiques de
l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. En effet, seulement 30,8% (IC : 29,2%-32,3%)
des enfants ont été mis au sein dans l’heure qui suit la naissance et le taux d’allaitement
maternel exclusif est de seulement 47,2% (43,7%-50,8%) (SMART 2013).
L’objectif général du plan de passage à l’échelle est d’augmenter le taux de pratique d’allaitement
maternel exclusif chez les enfants âgés de moins de 6 mois de 38% en 2012 à au moins 80% en 2025
et le taux de pratique d’alimentation minimale acceptable chez les enfants âgés de 6 – 23 mois de 3,2%
en 2012 à au moins 30% en 2025. La mise en place de ce plan de passage à l’échelle s’appuie
essentiellement sur les recommandations internationales (mesures prioritaires de la stratégie mondiale
d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant OMS-UNNICEF 2003), des insuffisances révélées par
l’analyse de la situation ainsi que sur la capitalisation des expériences réussies au Burkina Faso et
ailleurs. En effet, depuis maintenant plusieurs années, de nombreux pays ont mis en place des
programmes à l’échelle dans l’objectif d’améliorer les pratiques d’ANJE. Pour exemple, à
Madagascar, un projet financé par USAID, BASICS et Jireo Salama Isika (JSI) a mis en place des
interventions nutritionnelles à l’échelle afin d’améliorer les bonnes pratiques d’ANJE entre 1997-
2006, ce projet mettait en avant l’importance de renforcer la nutrition dans le secteur de la santé et
comprenait un plaidoyer national et régional, la formation des agents de santé, le renforcement de la
mobilisation de la communauté avec une participation active de ces membres ainsi qu’une
communication de masse (radio). L’impact de ce projet a été étudié (Guyon et al, 2009) et on a pu
observer une nette amélioration de certaines pratiques d’ANJE. En effet, dans la zone de projet, les
résultats ont montré que le taux de mise au sein précoce est passé de 32% en 1997 à 68% en 2006,
l’allaitement maternel exclusif est lui passé de 42% à 70% et la poursuite de l’allaitement maternel à
20-23 mois a augmenté de 43% à 73%. Toutefois l’impact sur l’état nutritionnel des enfants n’a pas
été étudié. D’autres pays comme le Ghana et la Bolivie ont également mis en place des interventions
nutritionnelles à l’échelle nationale avec des progrès similaires (Quinn et al, 2005). En s’appuyant sur
ces expériences réussies, le Burkina Faso à travers le plan de passage à l’échelle d’ANJE se propose
de :
~4~
-Créer au niveau communautaire un environnement favorable à la protection et à la promotion
des pratiques optimales d’ANJE.
-Mettre en œuvre au niveau national un plan de communication d’appui aux activités
communautaires.
-Appuyer la protection et la promotion des pratiques optimales d’ANJE au niveau des
structures sanitaires.
-Renforcer l’application du code international de commercialisation des substituts du lait
maternel par une adoption du texte réglementaire relu et la mise en place d’un système de surveillance.
-Renforcer les compétences pour la gestion de l’ANJE dans les situations difficiles (VIH,
urgences).
Sur la base des résultats de l’analyse de la situation, le renforcement de la qualité et la couverture des
interventions communautaires de promotion des pratiques optimales d’ANJE constituent le principal
axe stratégique du plan de passage à l’échelle. En effet, l’analyse a montré que dans ce contexte de
faible système de santé où l’accès aux soins présente encore des couvertures très réduites, le niveau
communautaire offre plus de contact pour atteindre les populations bénéficiaires. Cet axe apparait
comme essentiel sachant qu’il a été montré (Perry et al, 2009) que 58% des programmes de santé qui
ont atteint leurs objectifs impliquent la population. De nombreuses expériences à travers le monde
montrent qu’il existe des interventions efficaces afin de renforcer la qualité et la couverture des
interventions communautaires. Au Bénin, le gouvernement a utilisé l’approche des Essentials
Nutrition Actions (ENA) afin de consolider et de renforcer les activités et les investissements en
matière de nutrition. Cette approche s’est concrétisée à travers la mise en place d’un « paquet
minimum d’activités en nutrition » visant à définir les messages clés, les interventions à mettre en
place ainsi qu’à définir le rôle des différents acteurs dans les actions de promotion. Sa mise en œuvre a
été accompagnée d’une nette amélioration de l’allaitement maternel exclusif qui est passé de 19% en
1998 (DHS) au début du programme à 61% en 2002 (PROSAF). De plus, une étude réalisée par
USAID (BASICS II Country Report: Benin 2004) montre que dans les zones d’interventions du
paquet minimum d’activité en nutrition, la connaissance déclarée des gardiennes d’enfants vis-à-vis
des pratiques essentielles d’ANJE est beaucoup plus importante que dans les zones de non
intervention.
Comme autre intervention efficace, la revue Cochrane (McCormick et al, 2007) a mis en avant
l’importance de mettre à contribution la communauté afin d’appuyer les messages des différents
acteurs extérieurs. En effet, cet article montre que les femmes qui ont reçu des conseils
supplémentaires par des conseillers appartenant à la communauté ont une durée d’allaitement maternel
exclusif plus élevée que les autres femmes. L’importance d’impliquer des personnes de la
communauté a également été prouvée lors de différentes expériences en Amérique latine. Au
Guatemala (Dearden et al, 2002), il a été montré que les femmes qui sont en contact avec des mères
conseillères soit par des visites à domiciles, soit à travers des réunions de groupes ont des pratiques
d’allaitement plus adéquates que les autres mères. En s’appuyant sur les recommandations
internationales (UNICEF, OMS) et les différents expériences réussies au Burkina et ailleurs
(Mongasaryan et al, 2012), cinq options stratégiques ont été priorisées par le plan de passage à
l’échelle :
-La mise en place d’un Paquet Intégré des Services d’ANJE (PISA) à travers le cycle de vie
définissant les messages clés à promouvoir ainsi que les interventions à mettre en place en fonction du
statut de la femme (tableau 1). Ce PISA intègre des normes de qualité faisables fixant le nombre
d’agents de santé à base communautaire à affecter en fonction du nombre d’enfants 0 – 23 mois ciblés
~5~
(1 ASBC pour 50 enfants de 0-23 mois). Tout cela, dans l’objectif d’assurer de bonnes couvertures de
disponibilité et d’accessibilité.
-L’affectation à chaque ASBC d’une Personne ressource volontaire afin de faire face aux
barrières sociales et culturelles.
-La systématisation à travers les GASPA d’une approche de suivi des pratiques optimales
(allaitement maternel exclusif, et alimentation minimale acceptable) pour garantir l’amélioration des
indicateurs clés d’ANJE au niveau des zones d’intervention. Cette option stratégique se concrétise par
la mise en place de registres tenus par les acteurs communautaires dans lesquels un suivi individuel
des enfants est réalisé.
~6~
2.5 Stratégie d’implantation du plan de passage à
l’échelle
Comme décrit précédemment dans ce rapport, au Burkina Faso, le faible accès des populations aux
structures de santé limite la couverture des interventions et ne favorise pas une bonne qualité des
interventions. Face à ce problème, le Ministère de la santé a contractualisé avec un réseau
d’Organisations à Base Communautaire d’Exécution (OBCE) pour délivrer des services de santé et de
nutrition à base communautaire. Ces OBCE sous la supervision d’ONG de renforcement de capacités
(ONG rencap) sont un lien entre le système de santé et les sites communautaires. La stratégie
d’implantation et d’extension des sites communautaires se base sur un partenariat entre les agents de
santé et les acteurs communautaires.
Pour résumer, au niveau de chaque district sanitaire, il y a un certain nombre de formations sanitaires
(CM , CSPS, Dispensaire, CHR, CMA..). Les formations sanitaires couvrent une aire fixée et
englobent un certain nombre de villages définis. Ensuite, les villages seront introduits successivement
dans le plan de passage à l’échelle en fonction du nombre de bénéficiaires (les villages comportant le
plus grand nombre de bénéficiaires sont ciblés prioritairement afin de parvenir à une couverture
maximale). La stratégie d’implantation et d’extension du PISA autour des aires communautaires est
résumée sur la figure 2.
Afin de parvenir à une bonne implantation des interventions préconisées, le plan de passage à l’échelle
a été élaboré et divisé en 3 phases distinctes (figure 3). La première phase (2013-2015) est une phase
test qui permettra de tester les différentes stratégies priorisées ainsi que l’harmonisation des outils de
formation et de gestion. Dans un second temps, une phase d’enrôlement (2015-2022) des régions et
d’extension des couvertures est prévue. La priorisation des zones d’intervention est réalisée sur la base
des prévalences de retard de croissance et du taux de pauvreté au niveau régional. Puis une phase de
renforcement (2023-2025) est prévue pour finaliser la documentation et consolider les acquis.
~7~
Phase test Phase d’enrôlement Phase de renforcement
Le plan de passage à l’échelle intègre une responsabilisation au niveau régional. Par conséquent, une
certaine autonomie est offerte à la région afin de mettre en place l’ensemble des interventions prévues
en collaboration avec les différentes ONG présentes localement. Sous la juridiction de la Direction
Régionale de la Santé, le point focal nutrition du District sanitaire est l’un des premiers acteurs de la
bonne mise en œuvre des interventions de promotion d’ANJE. Avec d’autres membres de l’équipe
cadre du district sanitaire, le point focal est membre du pool régional de formation de sa région. Cette
équipe du district sanitaire est chargée d’assurer la formation des prestataires de santé. Suite à cette
formation, le point focal doit assurer le suivi post formation des prestataires de santé afin de garantir
une bonne application des services d’ANJE au niveau des CMA, CM et des CSPS. Il est également de
sa responsabilité de collecter, analyser et assurer la retro-information sur les données des formations
sanitaires en vue de leur consolidation et transmission au niveau régional. Il a également pour rôle de
définir la priorisation des formations sanitaires à intégrer dans le projet avec pour but d’atteindre les
différents objectifs de couverture prévus au cours du temps.
Les ONG Rencap ont également un rôle central dans la stratégie d’implantation des interventions
d’ANJE. En effet, ces ONG jouent un rôle de coordination pour le renforcement et l’extension des
interventions communautaires d’ANJE en collaboration avec le district sanitaire et les élus locaux. La
formation des ASBC (agent de santé à base communautaire) et des agents d’OBCE sont de leur
responsabilité. Cependant leur rôle ne s’arrête pas à la formation. En effet, le suivi post formation des
ASBC et des agents OBCE sont de leur devoir, intégrant la mise en place des objectifs, ainsi que la
nécessité de fournir un soutien permanent lors de la réalisation des activités prévues dans le projet.
Les agents de santé doivent jouer leur partition dans la mise en œuvre du PISA à l’échelle d’un district
sanitaire à travers les contacts existants au niveau des formations sanitaires. En effet, les structures
~8~
sanitaires apparaissent comme une bonne opportunité afin de promouvoir les bonnes pratiques
d’ANJE lors de diverses consultations. C’est dans ce sens que des agents de santé (infirmier(e)s,
sages-femmes..) ont reçu une formation afin de promouvoir les bonnes pratiques d’ANJE. Dans le
plan de passage à l’échelle, les agents de santé ont comme principale responsabilité d’assurer
l’intégration des données de nutrition communautaire dans le système d’information de la santé tout en
fournissant un appui aux acteurs communautaires (PRV, ASC) afin d’apporter toute leur expertise.
2.6.4 OBCE
La contractualisation des OBCE a été mise en place afin d’étendre les zones de couverture des services
de santé. Les OBCE ont le rôle de faire le lien entre le service de santé et la communauté. Les OBCE
sont une structure qui se situe au niveau inférieur du CSPS et dont la zone d’intervention est réduite à
une communauté. Le rôle des OBCE est la mise en place d’interventions de santé très diversifiées dans
la communauté (nutrition, hygiène, éducation…). Le plan de passage à l’échelle sollicite également les
OBCE pour assurer la formation, l’appui et la supervision des actions menées par les acteurs
communautaires ou encore pour la réalisation de diagnostic communautaire de base avec restitution
pour l’implantation des interventions d’ANJE. Le faible taux d’instruction, le manque d’expérience
dans le domaine de la nutrition de nombreux acteurs communautaires ainsi que la courte durée des
formations, font des agents OBCE des éléments essentiels du projet afin de garantir la qualité des
interventions. Ils sont également les garants de la remontée des rapports mensuels d’activités. A
travers un financement biannuel, le plan de passage à l’échelle prévoit une prise en charge pour les
OBCE.
Sous le terme prestataire communautaire, deux types d’acteurs distincts sont regroupés, les agents de
santé à base communautaire (ASBC) et les personnes ressources volontaires (PRV).
Un ASBC est défini par l’OMS comme « un membre de la communauté dans laquelle il travaille, il
devrait être sélectionné par celle-ci et être capable de répondre aux attentes de la communauté.
N’ayant pas suivi d’études de santé poussées, sa formation est assurée par les services de santé. Il doit
être soutenu par ceux-ci, sans y être forcément intégré ». Les ASBC apportent donc une proximité
avec la communauté ce qui est indispensable dans le but d’étendre la couverture des actions de
promotion. De plus, ils possèdent une grande connaissance de la communauté et sont familiarisés avec
l’environnement socioculturel ce qui est un avantage certain pour parvenir à un changement de
comportement. Avec le soutien des agents OBCE, les ASBC participent activement aux différentes
activités mises en place au niveau de la communauté et sont responsables de l’animation des GASPA.
Les ASBC travaillent sur la base de normes de qualité présentée dans le tableau 2.
Tableau 2 : Normes de qualité faisable pour la mise en œuvre au niveau communautaire du paquet de
services D’ANJE
Utilisation d’une norme d’établissement des Accessibilité des services d’ANJE en rapport avec la
Groupes d’Apprentissage et de Suivi des possibilité d’organiser des sessions de groupes
Pratiques d’ANJE (GASPA) au niveau d’apprentissage des femmes enceintes ou mères d’enfants
~9~
communautaire (15 femmes par groupes). de 0 – 6 mois
Les personnes ressources volontaires (PRV) sont également des personnes vivant dans la
communauté. Ce sont généralement des personnes qui ont un rôle important au sein de la communauté
(élus locaux, enseignants, représentant des groupements de femmes, grand mères, animateurs de radios
communautaires, leaders communautaires, guides religieux, guides traditionnels….) L’implication des
PRVs a pour objectif de faire face aux différentes barrières sociales et culturelles et donc de favoriser
le changement de comportement. Ce sont des personnes très écoutées et respectées qui apparaissent au
niveau de la communauté comme la voix de la raison. Dans le plan de passage à l’échelle, leur rôle est
de participer à la diffusion de messages clés sur la base d’un outil simple et organiser des dialogues
communautaires avec l’appui des ASBC, des OBCE et des agents de santé.
3 Objectif de l’étude :
L’objectif de l’étude est d’évaluer chez les acteurs et les bénéficiaires l’appréciation et les
connaissances concernant les principales options stratégiques du plan de passage à l’échelle de la
promotion des pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Burkina Faso à
travers deux projets modèles de la phase test au niveau de la région du Nord (2013 – 2015). Cette
étude permettra d’évaluer le niveau d’applicabilité de ces options stratégiques et d’identifier des
mesures d’ajustements nécessaires afin de guider la phase d’extension du plan de passage à l’échelle.
4 Méthodologie
4.1 Cadre conceptuel de l’étude
La méthodologie utilisée pour cette étude se base sur la stratégie d’implantation du plan de passage à
l’échelle des bonnes pratiques d’ANJE décrite plus haut. Dans cet exercice, il s’agit d’évaluer la valeur
ajoutée d’une innovation afin de favoriser le changement de comportement chez des bénéficiaires que
représentent les femmes enceintes et les mères d’enfants âgés de 0 – 23 mois (Cadre conceptuel de
l’étude : Annexe 1). L’ensemble des acteurs cités ci-dessous représentent des prestataires de services
qui travaillent en partenariat afin de favoriser le changement social et de comportement :
Prestataires de santé
Gestionnaires de projet au niveau des ONGs
Personnel d’OBCE
Prestataires communautaires (agents de santé communautaire, personnes ressources
volontaires)
A cause des contraintes opérationnelles et les implications financières, il n’a pas été possible de
réaliser une enquête dans des districts dans lesquels les options stratégiques du plan de passage à
l’échelle ne sont pas mises en œuvre. Toutefois les prestataires et les bénéficiaires devaient apprécier
les stratégies du modèle promu à travers leurs expériences antérieures. Ainsi la documentation de leurs
expériences antérieures a été réalisée en vue de dégager la valeur ajoutée des innovations en matière
~ 10 ~
d’intervention d’ANJE dans le contexte du plan de passage à l’échelle. La réalisation des entretiens
avec les différents groupes d’acteurs s’est faite à partir d’un questionnaire nommé « questionnaire
prestataires de services d’ANJE » (annexe 2)
Pour un modèle d'enquête fondé sur un échantillon aléatoire simple, on peut calculer la taille
d'échantillon requise en appliquant la formule suivante (IFAD) :
Formule:
n= t² x p(1-p)
m²
~ 11 ~
n = taille d'échantillon requise
t = niveau de confiance à 95% (valeur type de 1,96)
p =prévalence estimative d’acteurs ne trouvant pas de valeur ajoutée à la mise en œuvre des options
stratégiques (10%)
m = marge d'erreur à 5% (valeur type de 0,05)
n= 138
Pour les prestataires de santé, un échantillon de 138 prestataires de santé est nécessaire. Cependant,
nous ne possédons pas la liste des prestataires de santé formés. Les structures sanitaires des districts
ont ainsi été utilisées comme le premier niveau de sondage. Sachant qu’en moyenne, il y a 3
prestataires de santé formés par formation sanitaire, la visite de 46 formations sanitaires (138/3) était
nécessaire pour atteindre la taille de l’échantillon souhaitée. Par précaution, 49 formations sanitaires
parmi les 130 de la zone d’intervention ont été tirées aléatoirement. La base de sondage étant la liste
des formations sanitaires fournies par les ONG partenaires.
D’après la formule retrouvée plus haut dans ce rapport, une taille d’échantillon de 138 était également
nécessaire pour les prestataires communautaires. Or, comme pour les agents de santé, nous ne
possédons pas la liste des prestataires communautaires formés. Afin de faire face à cela, les villages
ont été utilisés comme premier niveau de sondage. Sachant qu’il y a en moyenne 5 prestataires
communautaires formés par village, 28 villages ont dû être visités afin d’atteindre la taille
d’échantillon. Le tirage aléatoire d’un village dans l’aire communautaire d’une des structures
sanitaires antérieurement sélectionnées (la liste de villages autour des formations sanitaires
fournie par les ONG partenaires constitue la base de sondage) a été réalisé, puis l’ensemble
des acteurs formés au niveau du village ont été interrogés pour une moyenne de 5
« prestataires communautaires » par village. Le nombre d’acteurs à interroger pour chaque
groupe est résumé dans le Tableau 3.
La réalisation des entretiens à destination des 3 autres groupes d’acteurs (ONG, OBCE, Points focaux)
ont été réalisés par moi-même durant cette même période.
~ 12 ~
4.3.3 Nombre de focus group planifié.
L’étude nécessite également le recueil de l’appréciation des bénéficiaires concernant les options
stratégiques priorisées par le plan de passage à l’échelle. En accord avec cet objectif, la réalisation de
focus group apparaissait être la méthode la plus adaptée. Dans notre cas, les bénéficiaires sont
différenciés en deux groupes : les femmes enceintes et les femmes allaitantes (mères d’enfants de 0-23
mois). Un focus group avec chaque groupe de femmes était prévu dans chaque district sanitaire (5 au
total pour la région de l’enquête) pour un total de 10 focus groups. Les villages dans lesquels les focus
groups ont eu lieu ont été tirés aléatoirement parmi les villages ciblés par le plan de passage à
l’échelle. L’ensemble des focus group ont été réalisés par une sociologue et sa reportrice à
partir d’un guide d’entretien focus group (voir annexe n° 2) réalisé par moi-même et adapté
aux spécificités locales par la sociologue en charge de la réalisation des focus groups.
5 Résultats
5.1 Description de l’échantillon
Le tableau 4 résume le nombre d’acteurs interrogés par rapport à ceux prévus initialement. On observe
une différence assez importante pour les prestataires de santé pour lesquels le taux de réalisation des
entretiens est de seulement 75%. Cette différence s’explique en partie par le fait que le nombre de
prestataires de santé formés dans les différentes formations sanitaires était plus faible qu’initialement
prévu.
La collecte des données s’est déroulée du 25 au 30 Juin 2014 dans des villages couverts par
les districts sanitaires de la région du Nord. Au total 8 focus groups par rapport aux 10 prévus
initialement ont été réalisés dans les villages de Nénébrou, de Woro, de Gambo, de
Pilimpikou et de Songnaaba. Nous préciserons que dans les villages de Nénébrou et de
Songnaaba, les deux groupes de femmes (enceintes et allaitantes) ont été associés lors des
~ 13 ~
focus compte tenu du nombre très réduit des femmes enceintes qui se sont présentées. Chaque
focus group réunissait généralement entre 8 et 12 femmes. L’ensemble des focus group ont
été réalisés par une sociologue et sa reportrice en langue locale de l’ethnie Mossi du Burkina
Faso « le mooré ».
On observe une certaine régularité pour l’âge des différents groupes d’acteurs allant d’une moyenne de
43,6 ans pour les Points focaux Nutrition à une moyenne de 34,3 ans pour les agents de santé. Pour le
niveau d’ancienneté, on observe chez les « gestionnaires » du projet (Point Focal nutrition, Agents
ONG et OBCE) une plus grande stabilité que pour les deux autres groupes. Le groupe des prestataires
communautaires est le groupe avec le moins de stabilité. Concernant le sexe des différents acteurs, on
observe que majoritairement les acteurs sont de sexe masculin notamment au niveau des Point Focaux
Nutrition et des Agents d’OBCE. Le profil des différents acteurs est résumé dans le tableau 5.
10%
0%
Points focaux Agent ONG Prestataires de Agent OBCE Prestataires
nutrition santé communautaires
Figure 4 : Appréciation des acteurs concernant la mise en place du PISA à travers le cycle de vie
~ 14 ~
La promotion d’un Paquet Intégré des Services d’ANJE (PISA) à travers le cycle de vie est un point
essentiel du plan de passage à l’échelle. Comme l’illustre la figure 4, l’appréciation générale des
différents types d’acteurs concernant cette approche est globalement bonne et est principalement
considérée comme très pertinente 54.4% (IC : 48.4%-60.4%) ou pertinente 42.3% (IC : 36.5%-48.4%).
Afin de justifier une appréciation positive concernant la promotion d’un paquet intégré à travers le
cycle de vie, 46.0% (IC : 39.6%-51.6%) des acteurs s’accordent à dire que cette approche montre
l’intérêt d’un continuum de soins entre la mère et l’enfant. A travers ces termes, c’est le fait de prendre
en compte la santé de la mère comme un déterminant important de la santé future de l’enfant qui est
mis en avant. L’intégration de services de promotion à destination de la femme enceinte apparait
comme un avantage certain afin de prévenir de potentiels dangers pour l’enfant et intègre la fenêtre
d’opportunité des 1000 jours. Dans ce sens, 11.0% (IC : 7.90%-15.7%) des acteurs affirment que cette
approche permet d’anticiper certains problèmes et ainsi de réduire les interventions d’urgence.
Ce sentiment est globalement partagé par les femmes rencontrées lors des focus groups qui voient en
la mise en place de ce PISA à travers le cycle de vie, une stratégie très bénéfique pour l’enfant
notamment en matière de santé : «Mon enfant que je porte ne fait pas la diarrhée comme ses grands
frères parce que je suis les conseils qu’on donne. Je n’ai pas encore commencé à lui donner de l’eau.
Il faut qu’il ait 6 mois d’abord » (Focus Songnaaba).
Comme on peut le voir sur le tableau 6, une autre valeur ajoutée perçue à la mise en place de ce PISA
à travers le cycle de vie concerne l’aspect organisationnel des services. En effet, pour 22.0% (IC :
17.4%-27.4%) des acteurs rencontrés, cette option stratégique apparait comme un bon moyen
de faciliter l’organisation des services notamment en définissant le rôle précis de chacun des acteurs.
Cela permet d’avoir une certaine complémentarité entre les actions menées par les différents acteurs
dans le but d’un objectif commun. Ce point a été principalement avancé par les acteurs
communautaires et les prestataires de santé qui auparavant ne savaient pas clairement qu’elles étaient
leurs priorités et les limites de leurs rôles concernant la promotion des bonnes pratiques d’ANJE ce qui
entrainait une sensibilisation de manière désordonnée et par conséquent une non optimisation du
temps de contact avec les femmes. Or, il est reconnu que les prestataires de services d’ANJE ont très
peu d’occasions d’être au contact des femmes et quand l’occasion se présente, le temps de contact est
assez restreint. Pour les bénéficiaires, depuis la mise en place des nouveaux services d’ANJE, le
principal changement perçu concerne une meilleure proximité avec les agents de santé et les agents
communautaires qui fournissent de nombreuses orientations en ce qui concerne les bonnes pratiques
d’ANJE : « Les agents de santé et les ASBC sont plus proches des femmes, donc chaque fois ils nous
orientent. En tout cas ça ne peut plus être comme avant » (Focus FA Pilimpikou).
Globalement, la mise en œuvre de ce paquet intégré est réellement perçu comme une innovation par
les prestataires de services ainsi que pour les bénéficiaires. En effet, 32.0% (IC : 26.6%-37.8%) des
acteurs le considèrent comme un bon aide-mémoire qui définit précisément les messages clés à
promouvoir en fonction de l’état physiologique de la femme ce qui permet la spécificité de la
communication et par conséquent, une optimisation du temps de contact avec les femmes. Notons
enfin que, selon plus de la moitié des participantes aux focus group, la mise en place d’un paquet
intégré de services d’ANJE à travers le cycle de vie profite à tous les membres de la famille dans la
mesure où elle y favorise une réduction des dépenses liées aux soins de santé, d’où les propos
suivants : « C'est bien parce que ce qu'on donne comme conseils a des conséquences immédiates…..
Ça profite à tout le monde parce que vous n’allez pas dépenser pour des soins » (Focus FE
Pilimpikou).
~ 15 ~
Tableau 6 : Fréquence de citation des avantages perçus à la mise en place du PISA
100% 2,80%
3,60% 1
90% 1
4
80%
2 40,1%
70% 49,5%
Sans Avis
60% 2
8 Peu pertinent
50%
Assez pertinent
40%
Pertinent
30% 55,6%
2 46,8% Très pertinent
20% 2
6
10%
0%
Points focaux Agents ONG Prestataires de Agents OBCE Prestataires
nutrition santé communautaires
Figure 5 : Appréciation concernant la mise en place de groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques
d’ANJE (GASPA)
La mise en place de groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques d’ANJE (GASPA) est une
approche connue au niveau international sous l’appellation de « groupe de soutien mère à mère ». Il
fait partie des options stratégiques du plan de passage à l’échelle pour rompre avec des formes de
causeries qui ne permettent pas de dérouler des modèles de changement de comportement. Basés sur
des normes de qualité faisable (recensement et répartition des bénéficiaires en groupes de 15 femmes
~ 16 ~
selon leur état physiologique), ces GASPA apparaissent également comme légitimes aux yeux des
différents acteurs du projet (Figure 5). Pour la majorité des acteurs (58.7% IC : 52.7%-64.7%), la
véritable valeur ajoutée est que cette approche permet un échange d’expériences ce qui favorise une
meilleure assimilation des conseils. Ce dernier point est majoritairement partagé par les bénéficiaires
qui voient à travers ces GASPA, un cadre d’échange très favorable dans la mesure où il permet la
confrontation ainsi que le partage d’idées entre les différentes participantes : « Quand on vient pour la
causerie, parfois il y a des femmes qui ne connaissent pas certaines choses, donc celles qui
connaissent montrent aux autres et la dame (animatrice) nous appuie. On se partage les idées »
(Focus Songnaaba). En outre, la mise en place de GASPA est perçue par certaines bénéficiaires
comme une stratégie permettant l’anticipation dans les pratiques d’ANJE : « Lorsque tu ne participes
pas aux différentes rencontres, l’évolution de ta grossesse et l’entretien de ton enfant seront différents
de celles qui participent... Celle qui a participé saura comment entretenir sa grossesse, et plus tard
son enfant, ce que l’enfant doit manger pour rester en bonne santé, elle le saura. Mais toi, qui n’as
pas écouté, tu vas certainement souffrir avec ton enfant quand tu vas accoucher » (Focus FE
Pilimpikou)
A travers la mise en place de ces GASPA, l’objectif est également de créer une certaine dynamique
qui permettrait de renforcer la présence des femmes aux différentes interventions de promotion. Ce
point est également fréquemment évoqué par les acteurs. En effet, pour 21.0% (IC : 16.4%-26.2%) des
personnes interrogées, la mise en place des GASPA favorise la création d’un climat de confiance et de
liens sociaux forts entre les femmes de la communauté favorisant une adhésion régulière des femmes
aux activités de promotions. Les exemples suivants appuient cela : « Le GASPA nous a permis de
constituer un groupe d’entraide. Nous avons même notre champ que nous exploitons ensemble. C'est
notre propre idée en tant qu'amies, en tant que jeunes femmes, pour pouvoir subvenir à nos petits
besoins » (Focus FA Pilimpikou). En somme, nous dirons que les GASPA représentent un cadre idéal
de changement en matière de pratiques d’ANJE en plus d’offrir une opportunité de renforcement des
liens sociaux au sein d’une communauté.
L’approche globale concernant la mise en place de ces GASPA est donc plutôt bien appréciée mais la
réelle innovation apportée par le plan de passage à l’échelle réside principalement dans de la mise en
place de normes de qualité faisables. Antérieurement, des groupes de causerie étaient mis en place
sans la définition d’un nombre précis de femmes par sessions et la fréquence de ces sessions. A travers
le plan de passage à l’échelle, ces deux derniers points ont été définis de manière à favoriser le
changement de comportement. Cet avantage est en effet perçu par 43.8% (IC : 37.9%-49.8%) des
acteurs qui déclarent que la mise en place de ces normes permet d’avoir un groupe avec un nombre de
femmes gérables et propices au changement de comportement.
Cependant, parvenir à avoir une bonne participation des femmes aux GASPA planifiés n’est pas chose
simple. Certaines femmes expliquent qu’une bonne participation à ces groupes est rendue difficile par
certaines normes sociales. En effet, le consentement de l’homme pour la participation de la femme est
indispensable. De plus, la polygamie peut être un frein comme le montre la citation suivante « Si tu as
une coépouse c’est un peu difficile pour toi de participer à toutes les rencontres si toutefois ta
coépouse n’est pas membre. Ton mari dira que tu es paresseuse, donc tu ne peux participer
pleinement.» (Focus Songnaaba). Il a aussi été donné de noter l’implication des événements sociaux
parmi les difficultés entravant la bonne marche des GASPA dans les villages. « Si la rencontre
coïncide avec des cérémonies, ou une activité collective dans le village cela est très difficile pour nous
~ 17 ~
de pouvoir tenir nos rencontres. Les problèmes comme les décès, funérailles et autres ne nous
permettent pas d'être régulières.» (Focus FA Pilimpikou).
Un autre facteur ressort également comme une difficulté à la bonne tenue des GASPA. En effet, la
gêne suscitée par l’état physiologique d’une femme enceinte pourrait également être considérée
comme une contrainte à la participation aux GASPA : « Il y a certaines femmes qui veulent cacher
leur grossesse. Elles ont honte donc elles préfèrent cacher jusqu’à 6 mois avant de commencer même
les pesées (consultations prénatales)». (Focus FE Pilimpikou).
Une des raisons encore formulée pour le maintien des GASPA « homogène » est qu’ils suscitent une
meilleure implication des femmes qui se sentent concernées, « indexées » pour la mise en œuvre d’une
action : « Pour moi, le fait de séparer les groupes est une bonne chose. Lorsqu’on dira qu’il y a une
~ 18 ~
rencontre des femmes enceintes tu sais que tu es concernée. Mais si on les convoque ensemble, elles
ne sortiront pas parce qu’elles ne se sentiront pas très impliquées. ». (Focus FA Gambo). L’état des
femmes enceintes manifesté généralement par une faiblesse physique demeure également une raison
qui pousse les participantes aux GASPA à encourager la séparation des groupes en fonction du statut
physiologique : « Les causeries avec les femmes enceintes doivent être d'une durée moins longue que
celles avec les femmes allaitantes parce que leur état ne leur permet pas de tenir pendant longtemps.
Elles ne tardent pas à se fatiguer. Vous ne voyez pas comment elles sont déjà assises ?» (Focus
Songtaaba). Notons, du reste que ces différentes positions expliquent l’acceptation des participantes
par rapport au mouvement des femmes enceintes après leur accouchement. En effet, bien que les
femmes soulignent le sentiment de rupture que pourraient avoir ces dernières en quittant un groupe
déjà bien intégré avec une organisation dynamique pour un autre, elles préconisent néanmoins ce
changement de groupe compte tenu de l’évolution du statut.« C’est vrai que c’est pas facile de quitter
un groupe dans lequel tu t’étais déjà fait des amies pour un autre mais c’est avant tout pour les
conseils que nous sommes là » (Focus FE Pilimpikou).
100%
3,60% 1 7,70%
90% 2
80%
2
70% 5
51,4% 47,8%
60% Sans Avis
10%
0%
Points focaux Agents ONG Prestataires de Agents OBCE Prestataires
nutrition santé communautaires
Figure 7 : Appréciation concernant la systématisation à travers les GASPA d’une approche de suivi des
pratiques optimales
Les avantages perçus par les différents acteurs du projet sont assez divers et sont récapitulés dans le
tableau 8. Parmi les avantages cités par les acteurs, le fait que ces outils de suivi permettent des
conseils spécifiques basés sur les insuffisances et permettent des ajustements ou modifications si
nécessaire revient régulièrement. En effet, ces registres sont perçus comme un réel avantage afin de
~ 19 ~
pouvoir observer de manière régulière l’évolution des différentes pratiques d’ANJE et donc la
possibilité de réagir assez rapidement afin de parvenir à atteindre les objectifs initiaux. Ces registres
sont également perçus comme une valeur ajoutée indispensable pour un projet sur le long terme car ils
permettent un suivi régulier des indicateurs d’ANJE qui pourront être intégrés dans les rapports des
enquêtes SMART et CAP.
Au niveau organisationnel, ces registres apparaissent intéressants car ils laissent une trace écrite ce qui
permet une certaine continuité en cas de changement d’acteurs. Ces registres de suivi apparaissent
donc comme un bon moyen de faire à l’instabilité des acteurs communautaires.
Tableau 7 : Avantages perçues à la systématisation à travers les GASPA d’une approche de suivi des
pratiques optimales
Avantages perçues n %
Permet des conseils spécifiques basés sur les insuffisances 91 32.4%(IC : 26.9%-3.8.2%)
Permet d'éviter la répétition d'actions 67 23.8%(IC : 19.0%-29.3%)
Orienté vers la performance des indicateurs d'ANJE au cours des 57 20.3%(IC : 15.7%-25.5%)
enquêtes SMART ou CAP
Permet ajustement ou modification si nécessaire 43 15.3%(IC : 11.3%-20.1%)
Permet une continuité quand changement d'acteurs 38 13.5% (IC : 9.80%-18.1%)
Permet d'avoir trace écrite, archives 31 11.0% (IC : 7.60%-15.3%)
Autres 13 4.60% (IC : 2.50%-7.80%)
Cependant, comme remarqué sur la figure 8, un grand nombre d’acteurs du projet perçoit des
contraintes dans la mise en place de ces registres. On observe également que c’est principalement au
niveau des différents gestionnaires du projet, que les contraintes se font le plus sentir. En effet, 3 des
agents ONG, 16 des agents OBCE et l’ensemble des Points Focaux Nutrition interrogés affirment
percevoir des contraintes à la mise en œuvre de ces registres de suivi. La principale contrainte
concerne les personnes qui utilisent ces registres de suivi (les acteurs communautaires). Pour 63.3%
des acteurs, les problèmes de langue, d’analphabétisme et le faible niveau d’instruction de certains
prestataires communautaires rendent difficiles la bonne tenue de ces registres. Les acteurs
communautaires ont reçu une formation dans laquelle, il était question de la tenue de ces registres mais
le faible nombre de formations ainsi que le grand nombre de points à soulever pendant celle-ci font
que ces personnes n’ont pas les compétences adéquates pour une bonne utilisation. Pour une partie des
acteurs interrogés (15%), un des problèmes est que ces outils ne sont pas adaptés aux personnes
destinées à les utiliser.
~ 20 ~
5
100%
90% 16
80% 3
52.1% (43.6%
70%
44.1% (34.7% 60.6% )
60% 53.9% )
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Points focaux Agents ONG Prestataires de santé Agents OBCE Prestataires
nutrition communautaires
Figure 8 : Pourcentage d'acteurs percevant des contraintes à la mise en place des registres de suivi
Figure 9 : Appréciation des acteurs concernant l'implication des PRVs dans les interventions d'ANJE
~ 21 ~
5.6.1 Avantages perçus à l’implication des PRVs dans les
interventions d’ANJE
47.7% (IC : 41.7% 53.7%) des personnes interrogées voient dans l’implication des personnes
ressources volontaires, un moyen efficace de faire face aux barrières culturelles et sociales et pour
43.1% (IC : 37.2% 49.1%) des interviewées, c’est un bon moyen d’appuyer le message des personnes
extérieures. Du coté des bénéficiaires, on s’accorde également sur ce point en affirmant que
l’implication des PRV joue un rôle important dans le taux de participation aux activités et pour la prise
de décision des femmes : « Le chef du village intervient quand les femmes mènent activités de
GASPA…Dès qu'il se met devant les autres aussi le suivent. Il accompagne l’activité. A chaque fois
que nous voulons mener une activité nous l'avisons . Dès qu'il dit quelque chose les autres le suivent.
Personne ne le contredit dans le village » (Focus FA Pilimpikou).
Cela est possible car ce sont des personnes respectées, écoutées qui apportent une plus grande
crédibilité et dont la parole va avoir un impact plus conséquent que celui des autres acteurs car ils
jouissent d’un certain respect au niveau de la communauté : « Il y a l’ex maire qui participe souvent
aux rencontres et il s’intéresse beaucoup à ce que nous faisons. Il a une place très importante et il
s’impose facilement et respectueusement dans le village. Si nous avons une décision à prendre, il nous
facilite parce qu'il est beaucoup écouté » (Focus FE, Pilimpikou). De plus, 43.8% (IC : 37.9% 49.8%)
des acteurs se rejoignent pour dire que l’implication des PRVs dans les interventions de promotion des
bonnes pratiques d’ANJE permet une plus grande couverture car ce sont des personnes qui sont en
contact avec un grand nombre de personnes de la communauté et que l’on retrouve dans des lieux très
fréquentés (lieux religieux par exemple) et par conséquent, ils permettent de mobiliser et de toucher un
plus grand public.
Tableau 8: Fréquence de citation des avantages perçus à l'implication des PRVs dans les interventions
d'ANJE
Types d'avantages n %
Permet de faire face aux obstacles culturels, sociaux 134 47,7% (IC : 41.7% 53.7%)
Permet d'appuyer le message des acteurs extérieurs 121 43,1% (IC : 37.2% 49.1%)
Personnes respectées, écoutées, apporte de la crédibilité 109 38,8% (IC : 33.1% 44.8%)
Amène une certaine prise de conscience, une autonomie au niveau 77 27,4% (IC : 22.3% 33.0%)
communautaire
Permet une plus grande couverture 123 43,8% (IC : 37.9% 49.8%)
Toutefois, d’après la majorité des acteurs du projet (58.6% IC : 50.8-62.7), l’implication des PRVs
dans les actions de promotion présente quelques contraintes. Comme le montre la figure 10, c’est
principalement, au niveau des agents ONG, des agents OBCE et des points focaux nutrition que des
contraintes se font ressentir. La principale contrainte perçue (44.7% des acteurs interrogés) est la
nécessité d’une longue formation afin de faire face à l’analphabétisme et au faible niveau
d’instruction de ces personnes. Ceci entraine de nombreuses conséquences comme la nécessité d’un
~ 22 ~
soutien permanent de la part des agents d’OBCE et des agents ONG, le risque de falsification de
messages ou encore la nécessité de mettre en place des outils spécialement adaptés afin de permettre
une bonne mise en œuvre des interventions.
De plus, au niveau des différents gestionnaires du projet, une autre contrainte déclarée est
l’instabilité de ces personnes. Ce problème d’instabilité serait en partie lié à un problème de prise en
charge inadéquate, à des moyens de motivation qui ne sont pas adaptés afin de garantir de manière
pérenne l’implication des PRVs dans les interventions de promotion d’ANJE. Cette instabilité a pour
conséquence qu’un grand nombre de communautés se retrouve constamment sans le nombre adéquat
de PRVs défini par le projet initial. Or, ce nombre a été défini selon des normes de qualité faisables en
fonction du nombre d’ASC présents dans la communauté et tout cela dans le but de parvenir à un
changement de comportement.
5
100%
90% 16
4
80% 52.4% (43,0%- 54.6% (46.4%-
70% 61.6%) 62.8%)
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Points focaux Agents ONG Agents de santé Agents OBCE Prestataires
nutrition communauaires
Figure 10 : Pourcentage d'acteurs affirmant percevoir une contrainte à l'implication des PRV
~ 23 ~
100%
5,40% 1 4,30%
90% 1
1 1
80%
70% 52,3% 50,7%
8 Sans Avis
60%
Peu pertinent
50% 5
Assez pertinent
40% 3 Pertinent
30% Très pertinent
20% 41,4% 8 44,4%
10%
0%
Points focaux Agents ONG Prestataires de Agents OBCE Prestataires
nutrition santé communautaires
Figure 11 : Appréciation concernant la conduite de diagnostic communautaire de base pour implanter les
interventions de promotion des pratiques optimales d’ANJE
Parmi les avantages avancés à la mise en place de cette option stratégique, 55.2% (IC : 49.1%-61.1%)
des personnes rencontrées affirment que la réalisation d’un diagnostic communautaire avec restitution
entraine une prise de conscience des problèmes au niveau de la communauté. Cette prise de
conscience apparait importante afin de parvenir à une implication totale de la communauté.
Les diagnostics communautaires ont été globalement perçus d’un intérêt capital par les différents
acteurs du projet mais également par les communautés bénéficiaires dans le démarrage des activités
d’ANJE à plus d’un titre. On cite la prise de conscience suscitée par ces diagnostics au sein de la
communauté en ce qui concerne les problèmes d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, en plus
de l’acquisition des connaissances dont ils sont désormais dépositaires. En effet, pour les femmes
ayant pris part aux focus, les diagnostics, en plus de mettre l’accent sur les défaillances des individus
en matière d’alimentation, leur ont été d’un apport non négligeable en termes de compétences et de
connaissances sur différents aspects de l’ANJE d’où l’illustration suivante : « Le diagnostic a permis
d'avoir une idée exacte des pratiques des gens en matière d'alimentation et d'orienter les actions en
faveur de la population. Ça nous a permis de savoir que nous pouvons faire quelque chose pour nous
même. C’est très important. Ils nous ont montré comment s’occuper de nous-même et de nos enfants ».
(Focus FA Pilimpikou). Cette prise de conscience permet donc une meilleure implication et de
manière plus efficace des communautés. Cet engouement serait également la conséquence du
sentiment de reconnaissance engendré par le fait d’impliquer la communauté dans la mise en place des
interventions. Dans ce sens, 38.1% (IC : 32.4%-44.0%) des acteurs interrogés estiment que cette
approche entraine un sentiment de reconnaissance et donne le sentiment de participer activement ce
qui garantit une plus grande implication de la communauté dans les interventions de promotion. De
plus pour les femmes bénéficiaires, cette collaboration favorise la fluidité des échanges et le
développement d’une interaction gagnante : « Cela nous permet d'être comme de la même famille. Le
fait que l'étranger vienne s'entretenir avec les gens, il recueille les propos pour aller étudier afin de
pouvoir aider dans l'entretien des enfants. Ça nous a beaucoup éclairé ».
~ 24 ~
Tableau 9: Fréquence de citation des avantages perçus à la réalisation de diagnostics communautaires
6 Discussions
Lors de cette étude, une appréciation plutôt positive se dégage des options stratégiques priorisées par
le plan de passage à l’échelle dans l’objectif de renforcer la qualité et la couverture des interventions
communautaires de promotion des pratiques optimales d’ANJE. Les différents groupes d’acteurs ayant
trouvés une réelle valeur ajoutée à chaque option stratégique. Cependant, on observe la présence de
certaines contraintes notamment au niveau des modalités de mise en œuvre.
La mise en place d’un paquet intégré de services d’ANJE (PISA) à travers le cycle de vie fournit un
cadre permettant de faciliter l’organisation des services d’ANJE. Il permet également de coordonner
les interventions de promotion entre les différents acteurs dans le but d’optimiser le temps de contact
avec les femmes permettant de transmettre les messages clés en adéquation à la situation de la femme.
Afin d’obtenir une bonne réceptivité à ces messages, mettre en place un environnement de confiance
est indispensable. Ceci est alors possible et est observé à travers la réalisation de groupes de soutien
mère à mère (GASPA). En effet, les GASPA sont un bon moyen d’obtenir une forte implication des
femmes à travers un modèle propice au changement de comportement. Ces GASPA sont également
l’occasion d’être régulièrement en contact avec les femmes permettant ainsi, une certaine continuité
dans les messages de sensibilisation. Toutefois, avoir une bonne participation des femmes à ces
GASPA n’est pas chose simple notamment pendant certaines périodes de l’année où une adaptation
par rapport aux évènements sociaux est indispensable. De plus, il ressort de cette étude que le statut de
la femme au Burkina Faso peut être un frein à une bonne participation aux actions de promotion.
La présence des femmes aux GASPA est également l’occasion d’observer l’évolution des pratiques
d’ANJE au cours du temps fournissant des données sur les indicateurs d’ANJE qui permettront
d’évaluer l’impact des interventions et d’identifier les points qui nécessitent un renforcement.
Toutefois, des difficultés à la bonne tenue des registres ressortent ce qui laisse envisager certains
ajustements. En ce qui concerne les deux autres options stratégiques (implication des PRVs dans les
interventions d’ANJE et la réalisation de diagnostics communautaires), malgré les difficultés associées
à l’implication des acteurs communautaires dans les interventions d’ANJE, elles apparaissent
légitimes dans le projet car elles permettent de faire face aux barrières socio-culturelles et entrainent
une prise de conscience au niveau de la communauté. Cette prise de conscience est alors suivie d’une
forte implication des communautés dans les interventions d’ANJE et d’une meilleure réceptivité des
bénéficiaires.
Le plan de passage à l’échelle s’appuie principalement sur de nombreuses interventions qui ont connu
un réel succès dans d’autres pays. Les exemples du Bangladesh, Benin, Philippines, Sri Lanka,
~ 25 ~
Uganda, Ouzbékistan ont été étudiés (Mangasaryan et al 2011 ; saha et al 2008). Il reste pourtant
certains points non élucidés. Si bien que de nombreuses études rappellent l’efficacité et l’intérêt de la
mise en place de groupes de femmes (Dearden et al, 2002 ; Buttha et al, 2008) dans l’objectif
d’œuvrer pour le changement de comportement et d’accroitre la couverture de la promotion des
pratiques d’ANJE, aucune étude ne mène une analyse sur les différents moyens de gérer ces groupes
de soutien mère à mère dénommés GASPA au Burkina Faso. Suite à cette enquête, il ressort que la
grande majorité des acteurs et des bénéficiaires s’accorde à dire qu’il est nécessaire de différencier les
groupes de femmes enceintes et les groupes de femmes allaitantes et que suite à l’accouchement, le
changement de groupe est une nécessité (figure 12). Ce type de gestion est appuyé par le fait qu’il
permet de délivrer des conseils spécifiques, de faire face aux éventuels problèmes physiologiques
(femmes enceintes) sans toutefois que le problème de rupture sociale qu’entraine le changement de
groupe ait un impact trop négatif. Cette méthode nécessite cependant une importante organisation afin
de contrôler et de gérer le mieux possible les flux (entrée, changement, départ) de femmes. Dans la
région nord du Burkina Faso, il a été remarqué que le nombre de femmes enceintes est quelque chose
qui est très difficilement prédictible. Or, cette méthode de gestion des GASPA implique la nécessité de
mettre en place un moyen efficace afin de recenser les femmes enceintes le plus rapidement possible
afin de les intégrer dans les GASPA de femmes enceintes. A défaut, le risque est d’avoir un taux de
participation faible des femmes enceintes et donc une non optimisation des interventions mises en
place.
La question de la durée de présence dans ces groupes de femmes se pose également. En effet, une fois
l’enfant âgé de 2 ans, la femme ne peut plus faire partie de ces groupes pour être conforme à la
stratégie des 1000 premiers jours qui est la fenêtre d’opportunité. Garder les mères d’enfants de plus
de 2 ans dans les GASPA n’apparait pas comme quelque chose d’aberrant mais cela impliquerait soit
la nécessité de former un plus grand nombre de GASPA, soit le fait d’avoir des groupes avec un
nombre de femmes plus conséquent ce qui n’est pas propice au modèle de changement de
comportement. Même si ces femmes ne font plus partie de ces groupes, elles pourraient représenter un
intérêt certain afin d’appuyer de nombreuses interventions de promotion (à travers l’organisation des
GASPA, visites à domiciles…). Ces femmes représentent une opportunité intéressante car suite à une
longue participation à ces groupes (théoriquement 1000 jours), elles ont acquis de nombreuses
connaissances et compétences concernant les bonnes pratiques d’ANJE et disposent donc d’une
expérience qui pourrait rendre de nombreux services.
Figure 12 : Implication des femmes dans les GASPA en fonction de leur état physiologique
Ces femmes ont en effet acquis des connaissances et ont été confrontées aux différentes
problématiques d’ANJE. De plus, elles possèdent une grande connaissance de la communauté, et ont
une grande crédibilité ce qui rend leur profil très intéressant pour être un lien avec la communauté et
~ 26 ~
afin d’appuyer le message des acteurs extérieurs. Sachant que les acteurs communautaires sont
principalement des hommes, l’intégration de ces femmes serait un atout supplémentaire afin de faire
face aux barrières socio-culturelles. Cette association serait intéressante sachant qu’une étude récente
menée à Haiti (Mbuya et al, 2013) relève le fait que globalement des agents de santé communautaires
de sexe féminin possèdent une plus grande connaissance sur les recommandations d’ANJE que les
agents communautaires de sexe masculin. Toutefois, cette étude a rapporté que les agents de santé
communautaires de sexe masculin ont une efficacité de transfert de ces connaissances supérieur aux
femmes. Par conséquent, l’association d’agents communautaires de sexe féminin et masculin apparait
comme une bonne opportunité afin de parvenir à un changement de comportement.
L’enquête nous a donc permis de montrer que la grande majorité des acteurs ont une appréciation
positive à la mise en place de ces cinq options stratégiques et les perçoivent comme de véritables
innovations qui permettent de renforcer la couverture et la qualité des interventions communautaires
de promotion des bonnes pratiques d’ANJE. Cependant, certaines difficultés associées aux modalités
de mise en œuvre apparaissent. L’implication des PRVs est perçue comme difficilement gérable
compte tenu de leurs caractéristiques et de leurs aptitudes. Les PRVs et plus globalement les acteurs
communautaires ont un rôle important dans le plan de passage à l’échelle. Le niveau d’instruction pose
cependant problème et nécessite la mise en place d’outils adaptés afin de faciliter leurs actions dans les
interventions prévues. Pour cela, le plan de passage à l’échelle prévoit la mise en place « d’aides
mémoires ».Toutefois, ces outils ne prennent que très peu en compte la diversité des préférences et des
spécificités inter-régionales (notamment pour les dialectes) rencontrées au Burkina Faso.
Une autre difficulté associée à l’implication des acteurs communautaires dans les interventions
prévues par le plan de passage à l’échelle réside dans le fait que maintenir leur présence n’est pas
chose simple. Les acteurs communautaires sont caractérisés par une forte instabilité et la justifie par
des moyens de motivation inadéquats et des contraintes majeures de la vie quotidienne. De
nombreuses études ont pointé le problème sans toutefois arriver à une solution définitive. Il a été
montré (Bhattacharya et al, 2001) qu’il existe plusieurs types de motivations et la combinaison d’une
motivation monétaire avec une motivation non monétaire (matériel, acquisition de compétences…)
parait être la solution la plus efficace. Même si le sentiment d’apporter et d’agir pour le bien de la
communauté est fort, la non mise en place d’une motivation monétaire peut être un problème
notamment pour les hommes (Kironde et al, 2002). Comme exemple de réussite, on peut citer le
programme « female community health worker program » au Népal où il a été observé un taux de
rétention relativement faible (le nombre de volontaires abandonnant le projet est inférieur à 5% par an)
des acteurs communautaires (Glenton et al, 2010). Ce même programme ne met pas en place de
paiement régulier mais utilise des motivations telles que la mise en place d’un financement afin de
subvenir à l’ensemble des dépenses associées au transport, l’accès à des micro-crédits, le don de
matériels afin de faciliter la mise en œuvre des interventions, la mise en place d’une journée en
l’honneur des volontaires ainsi que des messages de reconnaissance diffusés sur les radios locales.
Dans le cas du Burkina Faso, cette instabilité est également rencontrée et dans la région nord, ce
phénomène est encore amplifié du fait de l’attrait financier que représente l’exploitation des mines
d’or (entrainant une forte migration). Il est donc important de trouver la meilleure alternative possible
afin de maintenir sur la durée l’implication des acteurs communautaires. Dans le cas contraire, un
renouvèlement régulier des formations sera impératif. En plus des récompenses (sous forme
monétaire) pour les interventions menées, la mise en place d’une somme adéquate afin de
dédommager les dépenses associées aux transports (déplacement pour l’organisation des interventions)
ressort comme une nécessité. De plus, il a souvent été mentionné que certaines dépenses comme les
dépenses en cartes téléphoniques ne sont que très peu prises en compte alors qu’elles représentent une
somme conséquente. Sur ce point, fournir des cartes téléphoniques pourrait également être une
~ 27 ~
motivation supplémentaire qui favoriseraient une bonne organisation des interventions. Une autre
source de motivation à moindre coût pourrait également être envisagée. En se basant sur ce qui a été
fait au Népal (Glenton et al, 2010), l’organisation d’une journée en l’honneur des volontaires et la
diffusion de messages radios afin de mettre en valeur les personnes volontaires pourraient être un
moyen de motivation supplémentaire à moindre coût.
Afin de maintenir un engagement total des différents acteurs, il est également essentiel que des
supervisions régulières ainsi qu’un renforcement de formation soient réalisés. Il est maintenant
reconnu que des supervisions régulières ainsi que le fait d’évaluer la performance des acteurs
communautaires est un bon moyen de maintenir un engagement dans le temps (Crigler et al, 2009).
Lors de notre enquête, le sujet du renforcement des formations a été régulièrement évoqué par les
agents de santé ainsi que par les agents communautaires qui souhaiteraient que des sessions de
formations supplémentaires soient mises en œuvre afin de renforcer leurs aptitudes et de faire face à
leurs interrogations. Ces sessions pourraient également être l’opportunité de fournir un retour sur les
différentes actions menées avec si possible un bilan concernant l’impact de ces interventions. Avoir
une visibilité sur l’impact que peuvent avoir les interventions auxquels les acteurs participent est
inéluctable afin de renforcer leur engagement et permettrait de renforcer le sentiment
d’accomplissement que peuvent ressentir les acteurs communautaires.
Via la contractualisation des OBCE, le Burkina Faso a mis en place un système afin d’apporter un
soutien et une supervision nécessaire aux acteurs communautaires. Toutefois, l’ensemble des
difficultés décrites ci-dessus à l’implication des acteurs communautaires entraine une charge de travail
plus conséquente qu’initialement prévue pour les OBCE. Cette augmentation de charge de travail est
alors associée à une certaine frustration et entraine le sentiment de devoir faire beaucoup avec une
prise en charge qui n’est alors plus perçue comme adéquate. Ce problème se concrétise par un certain
découragement de la part des OBCE ce qui met en péril leur implication dans le projet et donc la
viabilité sur le long terme d’une bonne mise en œuvre des interventions.
En juin 2011, un groupe de travail s’est réuni à l’Université de Columbia afin de discuter de
l’importance des acteurs communautaires dans l’objectif d’atteindre les OMD. Ce groupe de travail
rapporte à travers un exemple que des interventions de qualité sont possibles via la mise en place d’un
superviseur pour 8 à 20 ASC (Singh et al, 2013). Dans le cadre de plan du passage, ce sont
principalement les OBCE qui ont la responsabilité de soutenir les ASBC lors des interventions et de
leur supervision. Le plan de passage à l’échelle prévoit pour 2022, la formation de 35839 ASBC pour
seulement 468 agents OBCE ce qui fera 1 agent OBCE pour 77 ASBC. Dans cette optique, la question
se pose de la bonne tenue des interventions et des supervisions et par conséquent le risque d’observer
une baisse d’implication de ces deux groupes d’acteurs.
L’étude nous a donc permis de pointer les principaux avantages et contraintes associés aux principales
options stratégiques. Cependant, cette étude présente un certain nombre de limites. Tout d’abord, la
non-existence de listes recensant les différents acteurs de santé et les différents acteurs
communautaires formés ont fait qu’un premier niveau de sondage a été utilisé (village et
formation sanitaire). Cette méthodologie entraine la présence d’un effet grappe qui n’a pas été
intégré au calcul de l’échantillon. De plus, à cause des contraintes opérationnelles liées au temps
impartis et les implications financières, cette même étude n’a pas été possible dans une zone de non
intervention du plan de passage à l’échelle. De ce fait l’ensemble des acteurs interrogés devaient
apprécier les stratégies du modèle promu à travers leurs expériences antérieures. Or, l’ensemble de ces
acteurs ont reçu au moins une formation en relation avec les actions planifiées dans le plan de passage
~ 28 ~
à l’échelle. Lors de ces formations, un plaidoyer en faveur de ces actions a été réalisé ce qui pourrait
être un biais à la perception initial des personnes interrogées.
La méthodologie utilisée lors de l’enquête regroupe sous le terme de prestataires communautaires deux
types d’acteurs bien distincts, les PRVs et les ASBC (pour des raisons financières, la séparation de ces
deux types d’acteurs n’a pas été possible). Ces deux groupes d’acteurs ont pourtant des fonctions et un
rôle relativement différent et donc leur perception concernant les options stratégiques et les modalités
de mise en œuvre n’est pas forcement la même. Différencier ces deux groupes d’acteurs aurait été un
moyen efficace de déceler plus précisément une appréciation négative et certaines contraintes que
pourraient ressentir un type d’acteur communautaire sans que celles-ci soient partagées par le second
groupe d’acteur.
Enfin, une autre limite identifiée implique la mise en place d’un pré-codage des réponses en amont de
l’enquête. Bien que cette méthode facilite l’enquête de terrain, la saisie et l’analyse des résultats, elle
nécessite une grande attention de la part des enquêteurs afin de retranscrire de façon la plus correcte
possible les dires des personnes interrogées.
Cette étude nous a donc permis de fournir les arguments en faveur ou en défaveur des choix priorisés
par le plan de passage à l’échelle. Recueillir l’appréciation des différents acteurs est un bon moyen
d’anticiper d’éventuels problèmes de fonctionnement et par conséquent de garantir la pérennité du
projet et de mettre en place des ajustements et modifications si nécessaire avant le début de
l’enrôlement de nouvelles régions dans le cadre de la phase d’extension. Les résultats de cette étude
devront être renforcés par l’analyse CAP prévu pour 2015 dans les 3 régions tests. Cette analyse CAP
permettra ainsi d’évaluer si les options stratégiques mises en place ont un réel impact sur les acteurs et
les bénéficiaires. Afin de donner plus de poids à cette enquête CAP, l’intégration d’autres indicateurs
que ceux déjà prévus par l’enquête pourrait être une option intéressante. En effet, en plus d’évaluer les
connaissances des différents acteurs et des bénéficiaires, il serait intéressant d’évaluer l’efficacité de
transfert de ces connaissances entre les différents groupes d’acteurs. Une étude menée à Haiti (Mbuya
et al, 2013) met en place une méthodologie qui permet d’évaluer le transfert de connaissances des
agents de santé communautaires à destination des femmes bénéficiaires du projet. Cette méthodologie
repose essentiellement sur un questionnaire à destination des acteurs et des bénéficiaires et apparait
très intéressante car elle a permis d’identifier le profil d’acteur qui possède la meilleure efficacité de
transfert de connaissances. Cette méthode pourrait être utilisée dans le cadre du plan de passage à
l’échelle afin d’évaluer le transfert de connaissances entre les différents acteurs ainsi qu’à destination
des bénéficiaires. Le plan de passage à l’échelle se basant sur une formation en cascade, l’utilisation
de cette méthodologie permettrait de définir les niveaux pour lesquels le transfert de connaissances est
limité ce qui rendrait possible par la suite, la mise en place d’ajustements dans le but de parvenir à un
transfert optimal des connaissances.
7 Conclusion
A travers cette enquête, on note que les options stratégiques priorisées par le plan de passage à
l’échelle dans le but de renforcer la qualité et la couverture des interventions communautaires de
promotion apparaissent légitimes aux yeux des acteurs du projet et des bénéficiaires. Ces options
stratégiques s’appuient sur de nombreuses expériences qui ont fait leurs preuves à travers le monde.
Malgré tout, de nombreux efforts seront nécessaires afin de parvenir à une mise en œuvre optimale des
interventions. En effet, le plan de passage à l’échelle se base sur l’implication d’un grand nombre
d’acteurs via une formation en cascade. Maintenir une implication optimale des acteurs à tous les
niveaux est donc important. Cela passera en partie par la réalisation de nombreuses supervisions, la
~ 29 ~
mise en place d’un « paquet » de motivations adéquat ainsi que des retours réguliers des interventions
réalisées. Un autre challenge sera que lors de l’enrôlement des régions dans le plan de passage à
l’échelle, chaque région en fonction de leurs spécificités adapte les outils afin de permettre une bonne
utilisation. De plus, le plan de passage à l’échelle s’appuyant énormément sur les ONG rencap,
l’efficacité et la bonne mise en œuvre des interventions dépendra de l’engagement total de ces ONG et
du bon respect des stratégies prévues.
~ 30 ~
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~ 32 ~
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~ 33 ~
Annexes
Annexe 1 : Cadre conceptuel de l'étude ................................................................................................ 34
Annexe 2 : Questionnaire prestataires d'ANJE ..................................................................................... 35
Annexe 3 : Guide d'entretien de groupe focalisé avec les femmes ....................................................... 44
~ 34 ~
Annexe 2 : Questionnaire prestataires d'ANJE
Identification
Visite de l’enquêteur
1. Date de la visite
2. Nom de l’enquêteur
Résultat *
* Code Résultat:
1 – Complété 4 – Refus
Français
Téléphone
Entretien de groupe
~ 35 ~
Contrôle Relecture sur Relecture Saisi par
intermittent terrain
Bureau
Nom
Date
A. INSTRUCTIONS GENERALES:
Le répondant doit donner UNE SEULE réponse pour chacune des questions
posées. Excepté pour celles où la mention « PLUSIEURS REPONSES
POSSIBLES » apparaît.
NE PAS LIRE les réponses au répondant (les réponses doivent être spontanées)
sauf lorsque la lecture est indiquée.
B. INTRODUCTION ET CONSENTEMENT:
Bonjour / bonsoir, je m’appelle__________. Nous réalisons actuellement une étude en vue d’évaluer
la mise en œuvre des options stratégiques du plan de passage à l’échelle de la promotion des pratiques
optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant au Burkina Faso. Afin de favoriser la phase
d’extension, nous recherchons à recueillir le point de vue des acteurs du projet. Leur point de vue sera
pris en compte dans les recommandations.
J’aimerai vous poser quelques questions en rapport avec ce sujet et je vous serais reconnaissant(e) de
me consacrer un peu de votre temps. Soyez assuré que tout ce que vous direz sera strictement
confidentiel.
Vous pouvez, si vous le souhaiter, ne pas répondre aux questions qui vous dérangent et interrompre à
n’importe quel moment l’entretien. Puis-je continuer ? Merci.
~ 36 ~
SI L’INTERVIEWEE DIT OUI, CONTINUEZ
SI L’INTERVIEWEE DIT NON, REMERCIEZ-LE/LA ET PASSEZ AU PROCHAIN
PRESTATAIRE
CARACTERISTIQUES GENERALES
3 : Statut ?
6 : Avez-vous suivi une formation concernant la mise en œuvre du paquet intégré de services
d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (PISA) ou dans le cadre de la mise en œuvre des
projets Komneeba ou KombiRibo ?
~ 37 ~
Oui [ ] (1) Non [ ] (2)
Une des caractéristiques du plan de passage à l’échelle est l’organisation des services d’ANJE selon le
cycle de vie. Les services d’ANJE selon le cycle de vie sont l’anticipation des actions de promotion
durant la grossesse suivi de la promotion des pratiques optimales d’alimentation de l’enfant jusqu’à
l’âge de 23 mois
8 : Par rapport à votre expérience antérieure, quelle est votre appréciation concernant la
nouvelle organisation des services d’ANJE selon le cycle de vie ? (Citez les niveaux
d’appréciation)
~ 38 ~
La mise en œuvre des services d’ANJE utilise une approche de groupes de soutien mère à mère
appelée groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques d’ANJE (GASPA) avec des normes de
qualité faisable (nombre de femmes par groupe limité, réalisation des GASPA de manière
fréquente ect…). Cette approche est utilisée pour la conduite des activités de changement de
comportement.
10 : Pour vous et par rapport à votre expérience antérieure, quelle est votre appréciation
concernant cette organisation de femmes en groupes d’apprentissage et de suivi des pratiques
d’ANJE (GASPA)? (citez les niveaux d’appréciation)
Les groupes de soutien mère à mère ou GASPA sont composés de femmes ayant le même état
physiologique (groupes de femmes enceintes ou groupes de femmes allaitantes).Après
l’accouchement, la femme passe dans un groupe de femmes allaitantes
12 : Selon vous, comment faut ’il gérer le changement d’état physiologique ? (citez les deux
possibilités)
Les femmes qui accouchent doivent rejoindre des groupes de femmes allaitantes [ ] (1)
Les femmes ne changent pas de groupe même après l’accouchement et le groupe se transforme
progressivement en groupe de femmes allaitantes [ ] (2)
~ 39 ~
13 : Si réponse 1, posez la question suivante : Quels sont les arguments qui plaident en faveur du
fait que la femme qui accouche rejoint un groupe de femmes allaitantes ? (plusieurs réponses
possibles)
14 : Si réponse 2, posez la question suivante : Quels sont les arguments qui plaident en faveur de
laisser les groupes de femmes enceintes se transformés progressivement en groupe de femmes
allaitantes ? (plusieurs réponses possibles)
Une autre option stratégique est la conduite de diagnostics communautaires suivis de restitution
comme étape d’implantation des interventions de promotion des pratiques optimales d’ANJE
~ 40 ~
Reconnaissance, sentiment d’être utile et de participer activement (motivation) [ ] (1)
Prise de conscience des problèmes à tous les niveaux [ ] (2)
Amène vers plus d’autonomie [ ] (3)
Acquisition de compétences pour les acteurs communautaires [ ] (4)
Facilite les échanges et la collaboration, combine les différentes expertises [ ] (5)
Permet la mise en place d’actions efficaces [ ] (6)
Processus dynamique (adaptable en fonction du temps) [ ] (7)
Autres (précisez) : _____________________________ [ ](8)
Dans la mise en œuvre des stratégies de communication de proximité, on utilise les personnes
ressources volontaires ou PRV (élus locaux, enseignants, représentant des groupements de
femmes, représentant des groupements de jeunes, animateurs de radios communautaires,
leaders communautaires, guides religieux, guides traditionnels…)
18 : Par rapport à votre expérience antérieure, quelle appréciation faites-vous sur cette
approche ? (citez les différents niveaux d’appréciation)
~ 41 ~
21 : Si oui, lesquelles ? (plusieurs réponses possibles)
Les personnes ressources volontaires (PRV) doivent, après leur formation, organiser des sessions
de dialogues communautaires
23 : Par rapport à votre expérience antérieure, quelle appréciation portez-vous sur la conduite
de ces dialogues communautaires ? (citez les niveaux d’appréciation)
Enfin, afin de garantir l’amélioration des indicateurs clés d’ANJE, des registres de suivi ont étés
mis en place (suivi de la gestion des GASPA, registre de suivi de l’AME et d’introduction
d’aliments de complément dès 6 mois, registre des « 3A » pour le suivi et la promotion des
pratiques d’alimentation complémentaire)
~ 42 ~
25 : D’après vous, la mise en place de ces outils est ? (citez les niveaux d’appréciation)
Orienté vers la performance des indicateurs d’ANJE au cours des enquêtes SMART ou CAP
[ ] (1)
Permet d’éviter la répétition d’actions [ ] (2)
Permet d’observer l’évolution (motivation) [ ] (3)
Permet ajustement ou modification si nécessaire [ ] (4)
Permet une continuité quand changement d’acteurs [ ] (5)
Permet des conseils spécifiques basés sur les insuffisances [ ] (6)
Autres (précisez) : ________________________ [ ] (7)
29 : Pour finir, quelles contraintes générales voyez-vous au sujet des nouvelles approches de
promotion des pratiques optimales d’ANJE ? (plusieurs réponses possibles)
~ 43 ~
Annexe 3 : Guide d'entretien de groupe focalisé avec les femmes
ETAPES INDICATIONS
Il s’agira de :
2. Quels sont les services de promotion concernant l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant
auxquels vous avez étés confrontés?
~ 45 ~
3. Avez-vous perçu de récents changements concernant la mise en œuvre de services de promotion
des pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ?
4. Par rapport à vos expériences antérieures, que pensez-vous de la mise en place de ces services à
travers le cycle de vie (expliquez que les services d’ANJE à travers le cycle de vie sont
l’anticipation de la promotion pendant la grossesse suivi de la promotion des pratiques optimales
d’alimentation de l’enfant jusqu’à l’âge de 23 mois) ? Application, déroulement, effets…
5. Par rapport à votre expérience antérieure, pouvez-vous me citer les avantages perçus concernant
les nouvelles méthodes de promotion des pratiques optimales d’ANJE à travers le cycle de vie.
6. La mise en œuvre des services d’ANJE utilise une approche de groupes de soutien mère à mère
appelée groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques d’ANJE (GASPA). Que pensez-vous de
cette approche ? Application, déroulement, effets…
7. Les groupes de soutien mère à mère ou GASPA sont composés de femmes ayant le
même état physiologique (groupes de femmes enceintes ou groupes de femmes
allaitantes) Pensez-vous que le fait de se retrouver uniquement avec des femmes de
même état physiologique que vous soit une bonne chose ?
9. Quand l’enfant atteint les 2 ans, la mère ne participe plus aux groupes de soutien mère à mère ou
GASPA. Quelle est votre sentiment concernant ce point ?
10. Lors de la mise en place de cette stratégie, on vous a affecté dans un groupe de soutien mère à
mère précis. Respectez-vous l’organisation officielle mise en place? sinon pourquoi ? Quels sont
les contraintes associées au déroulement de ces sessions de groupe ? Pour vous, comment serait-il
possible de faire face à ces contraintes ?
11. La mise en œuvre des services d’ANJE intègre la réalisation de diagnostics communautaires suivis
de restitution comme étape d’implantation des interventions de promotion des pratiques
optimales d’ANJE. D’après vous, quel est l’intérêt de cette stratégie ?
12. L’objectif de ces diagnostics communautaires est d’utiliser la collaboration entre agents extérieurs
et les membres de la communauté afin de définir des actions efficaces au niveau de la
communauté. Comment percevez-vous la collaboration entre agents extérieurs et membres de la
communauté pour la réalisation de ce diagnostic ? Quels intérêts percevez-vous à cette
collaboration ?
13. Dans la mise en œuvre des stratégies de communication de proximité, on utilise les personnes
ressources volontaires ou PRV (élus locaux, enseignants, représentant des groupements de
femmes, représentant des groupements de jeunes, animateurs de radios communautaires, leaders
communautaires, guides religieux, guides traditionnels…) Quelles interactions avez-vous avec les
PRV ?
~ 46 ~
14. D’après vous, quelle est le rôle de ces personnes ?
15. Leurs actions ont elles un rôle important dans vos prises de décision ? Quels intérêts et quelles
contraintes voyez-vous à l’utilisation des PRV ?
16. Régulièrement, des questions vous sont posées concernant l’alimentation et les pratiques d’alimentation de votre
enfant. Quel est votre appréciation (avantages, contraintes) concernant ces questions posées mensuellement ?
Bénéficiez-vous de conseils spécifiques suite à ces questions ? Uniquement pour le groupe de femmes
allaitantes
~ 47 ~