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Tombouctou
commune malienne
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Pour les articles homonymes, voir Tombouctou (homonymie).
Tombouctou
Tombouctou
Vue aérienne de Tombouctou et de la mosquée Djingareyber.
Administration
Pays Drapeau du Mali Mali
Région Tombouctou
Cercle Tombouctou
Maire Aboubacrine Cissé (RPM)
Démographie
Population 54 629 hab. (2009)
Densité 369 hab./km2
Population précédent recensement 29 732 hab. (1998)
Taux de croissance annuel moyen 5.7 %
Géographie
Coordonnées 16° 46′ 00″ nord, 3° 00′ 00″ ouest
Altitude 263 m
Superficie 14 789 ha = 147,89 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Mali
Voir sur la carte administrative du MaliCity locator 14.svgTombouctou
Voir sur la carte topographique du Mali
Voir sur la carte administrative du Mali
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Tombouctou (ⵜⵏⴱⴾⵜ, Tin Buqt en berbère tamasheq) est une commune du Mali, chef-lieu
du cercle de Tombouctou et de la région de Tombouctou; situé à une douzaine de
kilomètres au nord du fleuve Niger.
Surnommée « la ville aux 333 saints » ou « la Perle du désert », il s'agit d'une
ville historique de renommée mondiale, classée par l'UNESCO à plusieurs titres au
Patrimoine mondial de l'humanité[1].
Toponyme
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Le nom « Tombouctou » viendrait du tamasheq Tin Buqt, mot issu de la langue des
Touaregs qui auraient fondé la ville au xie siècle, composé de tin (ou tim), qui
signifie « puits » ou « lieu », et de buqt « lointain », ou de bouctou, le nom
donné à une femme targuie gardienne d'un puits qui vivait là[2][source
insuffisante]. Tin Buqt signifierait donc littéralement « la lointaine »[2].
À cette étymologie proposée par Abderrahmane Es Saâdi au xviie siècle dans son
Tarikh es-Sudan (Histoire du Soudan)[3], l’explorateur allemand Heinrich Barth
oppose au xixe siècle une origine songhaï du mot Tombouctou (« Tunbutu »[réf.
souhaitée]), qui désignerait une « dépression entre les dunes »[4].
Tahar Abbou, de l'université d'Adrar, rapporte de manière documentée des précisions
ainsi que d'autres hypothèses sur la formation du toponyme[5].
Dans le livre Racines d'Alex Haley, le personnage Kounta raconte à son frère que le
nom de la ville où veut se rendre le vieillard qu'ils viennent de rencontrer "doit
son nom à des Mandingues qui y étaient venus et qui, y voyant un insecte inconnu
d'eux, l'appelérent Toumbo Koutou, c'est-à-dire nouvel insecte"
Géographie
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Situation
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Tombouctou sur le fleuve Niger.
Tombouctou est située à proximité de la boucle du fleuve Niger, au point où celui-
ci se rapproche le plus du Sahara. À l'origine la ville se situait à la limite de
la zone inondable de la plaine du Niger[6]. Elle était reliée au fleuve par des
canaux qui ne sont plus fonctionnels aujourd'hui, et est desservie plus au sud à 7
kilomètres par le port de Kabara et 17 km par le port de Koriome.
Depuis plusieurs années, la ville est menacée par l'avancée des dunes
(ensablement). Sous l'impulsion de l'UNESCO, des travaux de stabilisation des dunes
ont été entrepris.
Climat
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Tombouctou bénéficie d'un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWhw) à
saison sèche « hivernale », typique de la zone saharo-sahélienne qui marque la
transition progressive entre le Sahara, espace aride ainsi que le Sahel, espace
semi-aride. Le climat y est extrêmement aride pendant une bonne partie de l'année
avec neuf mois où les précipitations moyennes sont inférieures ou égales à 20 mm.
La très longue saison sèche est elle-même subdivisée en une saison très sèche et
chaude qui dure de novembre à mars et en une saison sèche et très chaude qui dure
d'avril à juin. Pendant cette partie de l'année, les alizés continentaux, chauds et
secs associés au régime anticyclonique, venus des déserts balayent la région,
notamment l'harmattan (vent de secteur nord ou nord-est) : le ciel est parfaitement
dégagé, le temps est clair, stable, très sec, et l'inhibition pluviométrique y est
totale. La saison des pluies, très brève et irrégulière dure environ deux mois dans
l'année étant donné que le maximum pluviométrique est atteint en août avec près de
74 mm. En revanche, la saison des pluies résulte d'un changement du régime des
vents : la région est alors soumise au régime dépressionnaire associé à la remontée
vers le nord de la zone de convergence intertropicale. Les précipitations moyennes
annuelles sont très faibles avec seulement 183 mm d'eau. On enregistre en moyenne
14 jours par an 1 mm ou plus de précipitations. Les températures les plus élevées
se rencontrent à deux périodes de l'année : la première à la fin de la saison
sèche, où les températures moyennes maximales dépassent constamment 40 °C d'avril à
juin en atteignant un pic maximal supérieur à 43 °C en mai et la seconde au tout
début de la saison sèche où les températures moyennes maximales dépassent 38 °C
pendant les mois de septembre et d'octobre. Ces deux maximums thermiques
s'expliquent par le fait que dans cette zone, le soleil atteint son zénith à deux
périodes bien différentes. Les températures moyennes maximales restent supérieures
à 29 °C pendant les mois les moins chauds. Tombouctou est un des endroits les plus
chauds sur Terre, en se basant sur sa températures moyenne journalière annuelle
avec près de 29 °C.
Relevé météorologique de Tombouctou
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 13 16 18 22 26 27 25 24
24 23 18 14 21
Température moyenne (°C) 22 25,5 28 31,5 34,5 34,5 31,5 29,5 31
31,5 27,5 22,5 29
Température maximale moyenne (°C) 31 35 38 41 43 42 38 35
38 40 37 31 37
Précipitations (mm) 0,6 0,1 0,1 1 4 16,4 53,5 73,6 29,4 3,8
0,1 0,2 182,8
Nombre de jours avec précipitations 1 0 0 0 1 1 3 4
3 1 0 0 14
Source : Le climat à Tombouctou (en °C et mm, moyennes mensuelles) climate-
charts.com [archive]
Histoire
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Du Moyen Âge à la domination marocaine
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Portes de la medersa de la mosquée de Sankoré.
Djibril Tamsir Niane indique dans l'Histoire Générale de l'Afrique que « vers 1100,
Tombouctou fut fondée par les Touareg magcharen »[7]. Tombouctou est situé à la
frontière de l'Empire du Ghana, mais celui-ci est déjà affaibli par la poussée
almoravide, la sécheresse et la déforestation. La ville est alors une étape sur la
route transsaharienne des caravanes de l'or, et devient un centre commercial de
plus en plus important.
En 1240, Soundiata Keita annexe ce qui reste de l'Empire du Ghana, et Tombouctou
intègre l'Empire du Mali naissant. Elle en devient un des cœurs commerciaux : s'y
échangent dattes, tabac, sel, verre, bijoux et produits manufacturés européens,
venus de ou par l'Afrique du Nord, ainsi que le sel, « or blanc de Tombouctou »,
apporté de Taoudeni et Teghazza en plaques de 30 kg chacune[5].
À partir de 1325, le dixième empereur du Mali, Mansa Moussa, fait construire par
l'architecte Abou Ishaq es-Sahéli la mosquée Djingareyber, achevée en 1328. En
1353, le voyageur tangérois Ibn Battûta visite la ville[8]. La Rihla, important
livre écrit par ce dernier, est le plus ancien texte traitant de la ville de
Tombouctou et de l'empire Songhaï[9].
Au xve siècle, la construction de la mosquée de Sankoré (qui comprend une medersa
et est aux dimensions de la Kaaba) est à l'origine d'une université islamique d'une
très grande renommée dans toute l'Afrique de l'ouest. Jusqu'à 25 000 étudiants
fréquentent la ville sous le régime de Sonni Ali Ber (Sonni Ali le Grand).
Tombouctou est prise par Sonni Ali Ber, l'empereur songhaï, en 1458. La ville
construit sa prospérité sur les échanges commerciaux, dont l'esclavage, entre la
zone soudanaise du Sahel africain et le Maghreb. Elle connait son apogée au xvie
siècle, jusqu'à la chute en 1590 de l'Empire songhaï.
La ville passe alors sous domination saadienne de Marrakech c'est le Pachalik de
Tombouctou. En octobre 1591, se produit un soulèvement de la population, dont les
plus illustres savants (incluant Ahmed Baba) sont exilés à Marrakech. Sa richesse
décline lorsque les Européens ouvrent la voie maritime pour le commerce entre
l'Afrique du Nord et l'Afrique noire. Le déclin de la ville commence au xviie
siècle avec l'instabilité politique et l'apparition de la traite négrière qui
rapprochait cette activité des côtes. Le contrôle de Tombouctou par les Saadiens
est effectif jusqu'en 1660 (Abderrahmane Es Saâdi décrit la ville dans son Tarikh
es-Soudan), date de la chute de la dynastie au profit des Alaouites.
En 1760, les Touaregs battent les soldats marocains de la ville qui en devient
tributaire.
Période de la colonisation française
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L'Empire peul du Macina conquiert la ville en 1825. Après des siècles où Tombouctou
est une cité recluse vis-à-vis de l'Occident – son entrée est interdite aux non-
musulmans, sauf comme marchandise pour le trafic d'esclaves –, le major Alexander
Gordon Laing est le premier Européen, après Paul Imbert au XVIe siècle, à visiter
la ville en 1826, mais pris pour un marchand d'esclaves concurrent, il est
assassiné. Le 20 avril 1828, c'est au tour du Français René Caillié d'entrer dans
la cité, dissimulé sous le costume d'un lettré musulman, et d'en partir vivant. Son
célèbre récit de voyage fait ensuite grand bruit en Europe. En 1810, un marin
américain nommé Robert Adams, esclave des Maures, y aurait vécu quelques mois
durant sa captivité[10].
En 1844, à la mort de Sékou Amadou, la ville s'émancipe. L'explorateur allemand
Heinrich Barth vient ensuite dans la ville où il passe six mois en 1853-1854. La
seconde partie du xixe siècle marque le début de la colonisation française de
l'Afrique occidentale, dans le sillage de l'Afrique du Nord. La conquête de la zone
de Tombouctou par l'armée française se fait de manière heurtée, notamment en 1892
avec le massacre de la colonne Eugène Bonnier par les Touaregs Ouelleminden et
Igdalen après la première occupation de Tombouctou par les Français. Lorsque les
Français prennent le contrôle de la ville en 1894, sa population est d'environ 4
000 habitants[11]. Elle était dirigée jusque-là par une élite musulmane payant
tribut aux Touaregs[11]. La conquête et la stabilisation de la ville marquent la
fin de la pacification des zones du Nord du Mali à la veille de la Première Guerre
mondiale.
Maisons de Tombouctou habitées par des explorateurs européens
L'Écossais Alexander Gordon Laing (1826).
L'Écossais Alexander Gordon Laing (1826).
Le Français René Caillié (1828).
Le Français René Caillié (1828).
L'Allemand Heinrich Barth (1853).
L'Allemand Heinrich Barth (1853).
L'Autrichien Oskar Lenz (1880).
L'Autrichien Oskar Lenz (1880).
Alors que le Soudan français est une colonie française, Tombouctou devient par la
loi française du 18 novembre 1955[12], une commune de moyen exercice, dirigée par
un maire, fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d’un conseil
municipal élu par un collège unique[13]. La loi du 10 janvier 1957 intègre
Tombouctou dans l'Organisation commune des régions sahariennes[14].
Après l'indépendance malienne
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Tombouctou, monument commémorant la cérémonie de « La Flamme de la Paix ».
La loi du 2 mars 1966 donne un statut commun à toutes les communes créées avant
l’indépendance du Mali en 1960. Un conseil municipal élu désigne en son sein le
maire et un ou plusieurs adjoints[13].
Lors d'une visite officielle à Tombouctou en février 1977, le président français
Valéry Giscard d'Estaing appose une plaque à la mémoire du maréchal Joffre (qui y
avait séjourné quand il était jeune commandant), et annonce une aide à la
restauration de la maison de René Caillé. Il indique que la France est prête à
apporter son concours pour faire face aux conséquences de la récente
sécheresse[15].
En 1988, Tombouctou est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco pour ses
richesses culturelles (mosquée, mausolées et manuscrits) et historiques[16].
Le Nord du Mali et la ville sont à de nombreuses reprises secoués, à la fin des
années 1960 et au début des années 1990, par des insurrections armées touaregs qui
réclament plus d'autonomie et de désenclavement de leur région. Le 27 mars 1996 se
déroule une cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles
touaregs brûlent 3 000 armes utilisées durant la rébellion.
Le 1er avril 2012, dans le cadre de l'insurrection au Nord du Mali menée par le
MNLA, l'armée malienne perd le contrôle de la ville au profit de divers mouvements
rebelles touareg[17] rapidement supplantés par les islamistes salafistes radicaux.
Du 30 juin à fin décembre, les islamistes des mouvements AQMI et Ansar Dine se
lancent dans la destruction systématique des tombeaux des saints musulmans et des
mausolées de la ville[18],[19]. L'intervention de l'armée française dans le cadre
de l'opération Serval aux côtés de l'armée malienne permet la reprise de contrôle
partiel de la ville — aéroport de Tombouctou et principaux accès à la ville[20]
pris notamment par le 2e régiment de parachutistes de la Légion étrangère[21],[22]
— dans la nuit du 27 au 28 janvier 2013[23],[24]. Durant la journée du 28 janvier,
les troupes françaises et maliennes finissent de libérer la ville, sans combats
majeurs, et avec un accueil enthousiaste des populations[25]. Cette liesse
populaire s'amplifie lors de la visite de François Hollande, « accueilli en
libérateur », accompagné de son homologue malien Dioncounda Traoré, lors d'un
voyage d'une journée à Sévaré, Tombouctou et Bamako[26],[27],[28] au cours duquel
le président de la République française déclare « [avoir] sans doute [vécu] la
journée la plus importante de [s]a vie politique[29]. Durant les mois qui suivent,
des troupes burkinabés sont chargées par la MINUSMA, avec des éléments français, de
sécuriser la ville[30].
Pour la destruction des mausolées Ahmad al-Faqi al-Mahdi est arrêté puis jugé par
la Cour pénale internationale et condamné à neuf ans de prison en septembre
2016[31].
Démographie
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Touareg de Tombouctou.
Tombouctou avait une population estimée à 32 000 personnes en 2006. Cependant, au
faîte de sa grandeur au xve siècle, la ville comptait environ 100 000 habitants
dont 25 000 étudiants pour la seule université de Sankoré[32].
Les trois groupes ethniques principaux de Tombouctou sont en nombre les Songhaï qui
y sont majoritaires et dont la langue est véhiculaire suivis des touareg et des
Arabes , ces trois principaux groupes ethniques y ont toujours vécu en parfaite
concorde et harmonie et partage une culture similaire.
Administration
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Le cercle de Tombouctou comprend les communes de Alafia, Ber, Bourem-Inaly, Lafia,
Salam et Tombouctou.
Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
2004 2009 Saïd Mohamed ADEMA
2009 2018 Haley Ousmane[33] ADEMA
2018 2022 Aboubacrine Cissé RPM
Les données manquantes sont à compléter.
Jumelages
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La ville de Tombouctou est jumelée avec :
Drapeau de la France Saintes (France)
Drapeau de la France Château-Chinon (Ville) (France)
Drapeau de l'Allemagne Chemnitz (Allemagne)
Drapeau du Royaume-Uni Hay-on-Wye (Royaume-Uni)
Drapeau de la Tunisie Kairouan (Tunisie) depuis 1986
Drapeau du Maroc Marrakech (Maroc)
Drapeau des États-Unis Tempe (États-Unis)
Transport et économie
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Tombouctou, le bac sur le fleuve Niger.
Campement saisonnier créé par des nomades touareg, Tombouctou devint une plaque
tournante du commerce et, au xve siècle, un centre d'enseignement islamique. Mais,
avec le développement des ports maritimes d'Afrique de l'Ouest, le commerce des
caravanes décline. C'est encore un centre de négoce de produits de base,
particulièrement du sel, qui est extrait des mines de Taoudeni à 700 km plus au
nord et amené lors de l'Azalaï à Tombouctou. Ce transport, des plaques de sel de 40
kg[réf. souhaitée] chacune, se fait de moins en moins à dos de dromadaires, et de
plus en plus à bord de camions. La ville travaille également le textile, le cuir,
et divers objets d'artisanat touareg.
La ville est le centre administratif de la région du même nom. Elle abrite les
principaux services publics et est aussi le siège des ONG qui travaillent dans la
zone. Centre touristique, Tombouctou abrite deux hôtels et plusieurs agences de
voyages.
L'accès de la ville se fait par avion par l'aéroport international de Tombouctou
(vol hebdomadaire, via Mopti, lorsque le nombre de passagers est suffisant), en
voiture par une piste difficile en provenance de Douentza et en empruntant le bac
pour franchir le Niger ou bien en caravane par le désert. Un canal, qui avait
disparu à cause de l'ensablement, reliait la ville directement au fleuve Niger. Le
gouvernement libyen ayant accordé un financement pour son curage, son
rétablissement est effectif depuis septembre 2007[34].
Santé et éducation
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Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide
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La ville de Tombouctou possède de nombreuses écoles de quartier et un lycée
d'enseignement secondaire : le lycée Mahamane Alassane Haïdara (LMAHT) qui est
l'héritier de l'école franco-arabe fondée par l'administration française, devenue
le lycée franco-arabe avant de prendre en 1995 son nom actuel. Il peut accueillir
environ 1 500 élèves[35].
En revanche, l'importante activité intellectuelle et éducative présente du xve au
xviiie siècle avec l'université Sankoré a disparu.
Culture
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Manuscrits de Tombouctou
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Article détaillé : Manuscrits de Tombouctou.
Pages d'un manuscrit d'astronomie.
Le vrai trésor de Tombouctou est constitué par un ensemble de près de cent mille
manuscrits datant de la période impériale ouest-africaine (au temps de l'Empire du
Ghana, de l'Empire du Mali et de l'Empire songhaï) détenus par les grandes familles
de la ville[32]. Ces manuscrits, dont certains datent de l'époque préislamique
remontant au xiie siècle, sont conservés depuis des siècles comme des secrets de
famille. Ils sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul, par des savants
originaires de l'ancien empire du Mali et contiennent un savoir didactique
notamment dans les domaines de l'astronomie, de la musique, de la botanique… Des
manuscrits plus récents couvrent les domaines du droit, des sciences, de l'histoire
(avec d'inestimables documents comme le Tarikh el-Fettash (Chronique du chercheur)
de Mahmud Kati sur l'histoire du Soudan au xve siècle et le Tarikh es-Sudan
(Chronique du Soudan) d'Abderrahmane Es Saâdi au xviie siècle), de la religion, du
commerce.
Certains de ces textes gardent la trace de la tradition des grands jurisconsultes
de l'Islam de l'Empire du Mali : Ahmed Baba - l'un des intellectuels les plus
réputés du xvie siècle - est l'auteur d'un dictionnaire daté de 1596 présentant en
particulier le fonctionnement des écoles et universités qui réunissaient 25 000
élèves et étudiants dans la ville de Tombouctou.
Un recueil sur « les bons principes de gouvernement » rédigé par Abdul Karim Al
Maguly remonte au règne de l'empereur Askia Mohammed (1493-1528). Ce document
atteste de l'existence d'institutions étatiques très développées[36]. Il introduit
les règles du procès équitable qui préfigurent les grands textes du xxe siècle :
« L'impartialité du souverain doit être faite dans le cas notamment du jugement à
rendre entre deux personnes opposées par un différend : Il faut être juste dans
chacun des actes, allant de la façon de recevoir les personnes opposées jusqu'au
moment de trancher. Même si l'un des protagonistes tentait un rapprochement avec le
souverain-juge, il faudrait éviter toute amitié. »
« Le temps de plaidoirie doit être également équitable. L'équité veut qu'il
n'admette pour témoins que des personnes à la moralité avérée. »
« Les hommes de droit qui entourent le Roi ne doivent accepter de pots-de-vin ni
avant, ni après le procès. Aucun cadeau des plaignants ne doit non plus être
accepté. »
Le centre de documentation et de recherches Ahmed-Baba (Cedrab), fondé en 1970 par
le gouvernement avec l'aide de l'UNESCO, recueille certains de ces manuscrits pour
les restaurer et les numériser[37]. Si déjà plus de 18 000 manuscrits ont été
collectés par le seul centre Ahmed Baba, on estime qu'il existerait jusqu'à 300 000
manuscrits dans l'ensemble de la zone touarègue. Environ 60 à 80 bibliothèques
privées existent aussi dans la ville, parmi lesquelles la bibliothèque
commémorative Mamma Haidara et la bibliothèque Mahmoud-Kati. Couvrant l'ensemble
des domaines du savoir, les manuscrits sont menacés par les mauvaises conditions de
conservation et surtout par le trafic dont ils font l'objet au profit de riches
collectionneurs[32].
L’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba, a été inauguré
en janvier 2009 par le président malien Amadou Toumani Touré, le président sud-
africain, Kgalema Motlanthe et son prédécesseur Thabo Mbeki. Le coût des travaux
d’un montant de 2,5 milliards de Francs CFA a été financé par l’Afrique du Sud.
Construite sur la place Sankoré, sur le site de l'ancienne université Sankoré, les
locaux de 4 800 m2 comprennent notamment un amphithéâtre de 500 places, une salle
de conférence de 300 places et une bibliothèque[38].
Monuments
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Articles détaillés : Mosquée Djingareyber de Tombouctou et Mausolées de Tombouctou.
Cour de la mosquée Djingareyber.
Tombouctou est aujourd'hui plus connue par sa légende que par les différents sites
présents. Cependant, différents lieux sont dignes d'intérêt. La ville est inscrite
sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988[39].
Première caractéristique de la ville, le désert est très proche des premières
maisons. On trouve à différents endroits plusieurs zones de culture en terrasse,
disposées en entonnoir autour d'un puits ou d'un point d'eau. Ces puits de Bouctou
sont un bel exemple de culture dans un environnement difficile. L'ensemble des
maisons est construit en banco mais à Tombouctou le crépi est remplacé par un
parement en pierres. Les trois mosquées de la ville, Djingareyber, Sidi Yahiya et
Sankoré, sont la mémoire de l'apogée de la ville. Seule la première se visite. On
peut aussi visiter les restes des maisons qui abritèrent René Caillé, le major
Alexander Gordon Laing et le docteur Heinrich Barth, dont certaines ont été
transformées en musée.
Une place abrite le monument « de la Flamme de la Paix » qui symbolise la fin de la
rébellion touarègue, le 26 mars 1996. La cérémonie commémorative a lieu tous les
ans.
En 2007, Tombouctou a également été en compétition pour obtenir le titre de
Merveille du Monde moderne, mais elle n'a pas été retenue dans le choix final.
Le 28 juin 2012, l'UNESCO classe la ville au patrimoine mondial en péril après sa
prise par des islamistes radicaux. Visiblement en représailles de cette décision,
au moins une trentaine de membres armés d'Ançar Dine ont commencé à détruire les
mausolées jugés impies de la ville, devant une population non armée déconcertée. Le
1er juillet, sept des seize mausolées érigés pour certains des 333 saints que
compte la ville[40] sont déjà détruits, malgré l'indignation internationale. La
procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda qualifie les faits
de « crime de guerre »[41]. À partir de janvier 2015, l'UNESCO lance des travaux
pour la restauration des 14 mausolées[42],[43].
Manifestations culturelles
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Le Festival au désert se déroule chaque année à Essakane, à deux heures de piste de
la ville de Tombouctou, au mois de janvier.
Personnalités liées à la ville
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Mansa Moussa, roi de l'Empire du Mali, il fit construire un grand nombre de
mosquées dont la mosquée Djingareyber
Khaira Arby, chanteuse malienne née à Tombouctou en 1959, morte le 19 août 2018 à
Bamako.
Ahmed Baba, né en 1556, savant et homme de lettres ouest-africain mort en 1616 à
Tombouctou.
Souheil Ben Barka, réalisateur marocain né en 1942 à Tombouctou.
Moulaye Ahmed Boubacar, homme politique malien né en 1962 à Tombouctou.
Diallo Déidia Mahamane Kattra, femme politique malienne née en 1957 à Tombouctou.
Aline Sitoé Diatta, prêtresse diola née en 1920 en Casamance (Sénégal), et morte en
exil en 1944 à Tombouctou, héroïne de la résistance anti-coloniale.
Abdoul Kader Haïdara, né à Tombouctou, où il dirige la bibliothèque commémorative
Mamma-Haïdara.
Ismaël Diadié Haïdara (ou Ismaël Qûtti), écrivain et chercheur, né à Bajindé en
1957.
Mahamane Alassane Haïdara, né en 1910 à Tombouctou, et mort en 1981 à Tombouctou,
homme politique malien. Premier président de l'Assemblée nationale du Mali.
Messa Ould Mohamed Lady, né en 1946 à Tombouctou, homme politique malien.
Lamana Ould Bou, officier de l'armée malienne, né en 1972 à Tombouctou, assassiné
en 2009 à Tombouctou.
Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, née en 1948 à Tombouctou, femme politique malienne.
Zahabi Ould Sidi Mohamed, né à Tombouctou en 1958, homme politique malien.
Soumaïla Cissé (1949-2020), né à Tombouctou, homme politique malien.
Notes et références
Modifier
« Hassan al-Wazzan dit Léon l'Africain (1530) » [archive], sur Annaba-Patrimoine
(consulté le 6 octobre 2017)
Florence Braunstein et Jean-François Pépin, Les Grandes Civilisations pour les
Nuls, edi8, 28 juillet 2011, 546 p. (ISBN 978-2-7540-3416-6, lire en ligne
[archive]), p. 422.
Es Sa'di 1900, p. 37
« D’où vient le nom de Tombouctou ? [archive] », Jeune Afrique, 15 octobre 2006.
(en) Tahar Abbou, « Timbuktu: A Paramount Mediaeval Centre of Trade and Knowledge
», Rufuf Journal, 2013 (lire en ligne [archive], consulté le 19 janvier 2021)
Monographie de Tombouctou, 1900, p.19 [archive]
Djibril Tamsir Niane, « Le Mali et la deuxième expansion manden », Histoire
générale de l’Afrique - Vol. IV : L’Afrique du XIIe au XVIe Siècle, UNESCO, 1985
Es Sa'di 1900, p. 16
(en-US) « Ibn Battuta, Empire de Malli et Retour à Fez, 1352 » [archive], sur
www.culture-islam.fr (consulté le 6 octobre 2017)
Alexandre Tarrieu, Dictionnaire des personnes citées par Jules Verne, vol. 1 : A-E,
éditions Paganel, 2019, p. 28
Martin Klein, « De la conquête du Soudan à la fin de la conquête française, 1879-
1899 : Les tensions entre le système colonial français et le système d'esclavage
africain », dans Mariella Villasante Cervello, Colonisations et héritages actuels
au Sahara et au Sahel : problèmes conceptuels, état des lieux et nouvelles
perspectives de recherche, XVIIIe-XXe siècles, vol. 1, L'Harmattan, 2007 (ISBN
9782296040243), p. 525
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Annexes
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Bibliographie
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Tombouctou, Arles, Actes Sud, 2004, 186 p. (ISBN 2-7427-4908-X)
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Tombouctou, terre de rencontres, Prahecq, Patrimoines et Médias, 2011, 193 p. (ISBN
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Chandeigne, 2014, 32 p. (ISBN 978-2-36732-078-6) (littérature jeunesse)
Robert Davoine, Tombouctou : fascination et malédiction d'une ville mythique,
Paris, L'Harmattan, 2003, 188 p. (ISBN 2-7475-3939-3)
Jean-Michel Djian (préf. J. M. G. Le Clézio), Les manuscrits de Tombouctou, Paris,
Lattès, 2012, 189 p. (ISBN 978-2-7096-3954-5)
Félix Dubois, Tombouctou la mystérieuse, Brinon-sur-Sauldre, Éditions Grandvaux,
2010 (1re éd. 1897), 420 p. (ISBN 978-2-909550-68-8)
Lucien Hubert et Maurice Delafosse, Tombouctou, son histoire, sa conquête, Paris,
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historic city of Islamic Africa, with 193 colour illustrations, Londres, Thames &
Hudson, 2008, 175 p. (ISBN 978-0-500-51421-4)
Éric Milet (préf. Michel Onfray, photogr. Jean-Luc Manaud), Tombouctou : réalité
d'un mythe, Paris, Arthaud, 2006, 167 p. (ISBN 2-7003-9602-2)
Augustin-Prosper Hacquard, Monographie de Tombouctou, Paris, Société des études
coloniales et maritimes, 1900, 119 p. (lire en ligne [archive])
Ernest-Théodore Hamy, Tombouctou : conférence faite au Muséum d'histoire naturelle,
Paris, Armand Colin, 1902, 18 p. (lire en ligne [archive])
Abderrahmane Es Sa'di (trad. Octave Houdas), Tarikh es-Soudan, t. 2, Paris, E.
Leroux, 1900, 540 p. (lire en ligne [archive])
Articles connexes
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Touareg
Pachalik de Tombouctou
Mardochée Aby Serour
Charte des droits du Mandé
Timbuktu, film de fiction dont l'action principale ne se déroule pas dans la ville
de Tombouctou, mais dans la commune de Aguel'hoc, dans la région de Kidal, et qui a
été partiellement filmé à Oualata (Mauritanie).
Liens externes
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