Tedzkiret en-nisin fi Akhbar molouk es-Soudn, traduction française par O. Houdas.... 1901.
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ERNEST LEROUX, EDITEUR
28, EUE BONAPARTE, 28
PUBLICATIONS DE Lf OLE DES LANGUES ORIENTALES MES
PREMIÈRE SÉRIE
I, II. HISTOIRE DE L'ASIE CENTRALE (Afghanistan, Boukhara, Khiva, Khoqand),
de 1153 à 1233de l'hégire, parMir Abdul Kerim Boukhari. Texte persan et
traduction française, publiés par CH. SCHEFER, de l'Institut. 2 vol. in-8, avec
carte. Chaque volume . 15 fr.
III, IV. RELATION DE L'AMBASSADE AU KHAREZM (Khiva), par Riza Qouly
Khan. Texte persan et traduction française, par CH. SCHEFER, de l'Institut.
2 vol. in-8, avec carte. Chaque volume.' 13 fr.
V. RECUEIL DE POEMES HISTORIQUES EN GREC VULGAIRE, relatifs à la Tur-
quie et aux Principautés danubiennes, publiés, traduits, et annotés par
EMILELEGUAKD. 1 volume in-8. 15 fr.
VI. MEMOIRES SUR L'AMBASSADEDE FRANCE PRÉS LA PORTE OTTOMANE
et sur le-commerce des Français dans le Levant, par le comte DE SAINT-
PRIEST,publiés et annotés par CH.SCHEFER, de l'Institut. In-8 . . 12 fr.
VII. RECUEIL D'ITINÉRAIRES ET DE VOYAGES DANS L'ASIE CENTRALE ET
L'EXTREME-ORIENT (publié par SCHERZER, L. LÉGER,CH. SCHEFER). In-8,
avec carte 15 fr.
F. Scherzer.Tournai d'une missionen Corée. — L. Léger. Mémoiresd'un voyageurchi-
nois dan, l'Empired'Annam.— Ch. Schefer.Itinérairesde l'Asiecentrale, de la vallée
du Moyen-Zérefchan, de Pichaverà Kaboul,Qandaharet Hérat.
VIII. BAG-O-BAIIAR. Le jardin et le printemps, poème hindoustani, traduit en
français par GARCIN DE TASSY,de l'Institut. 1 vol. in-8 12 fr.
IX. CHRONIQUE DE MOLDAVIE,'depuis le milieu du xiv° siècle jusqu'à l'an 1594,
par Grégoire Urechi. Texte roumain en caractères slavons, et traduction
par EM. PICOT,de l'Institut. 1 fort volume in-8, en 5 fascicules. . 25'fr.
X. XI. BIBLIOTHECA S1NIGA.Dictionnaire bibliographique des ouvrages relatifs
à chinois, par HENRICORDIER. 2 vol. gr. in-8 à 2 colonnes. 125 fr.
—l'empire
Le même sur papier de Hollande 150 fr.
sur
Épuisé papier ordinaire.
XI bis. Tome III. Supplément. In-8, en 3 fascicules ...'.... 40 fr.
— Le même, sur papier de Hollande 50 fr.
—
Couronnépar l'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres. PrixStanislasJulien.
XII. RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES ET HISTORIQUES SUR PEKIN ET SES
ENVIRONS, par BRSTSCHNEIDER, traduction de V. COLLWDE PLANCY. In-8,
fig. et plans 10 fr.
XIII. HISTOIRE DES RELATIONS DE LA CHINE AVEC L'ANNAM-VIETNAM,du
xive au xix= siècle, par G. DEVÉRIA, de l'Institut. In-8, avec une carte. 7 fr. 50
XIV. ÉPIIÉMÉRIDES DACES. Histoire de la guerre entre les Turcs et les Russes
(1736-1739), par C. DAPONTÈS, texte grec publié par EUILELEGRAND. In-8,
_portrait et fac-similé 20 fr.
XV. ÉPIIÉMÉRIDES DACES. Traduction française, notes et glossaire, par EMILE
LEORAND. In-8 20 fr.
XVI. RECUEIL DE DOCUMENTS SUR L'ASIE CENTRALE, d'après les écrivains
chinois, parC. IJIBAULT-IIUART. In-8, avec 2 cartes coloriées ... 10 fr.
XVII. LE TAM-TU'-KINH, OU LE LIVRE DES PHRASES DE TROIS CARACTÈRES,
texte et commentaire chinois, prononciation annamite et chinoise, expli-
cation littérale et traduction, par A. DESMICHELS. In-8 20 fr.
XVIII. HISTOIRE UNIVERSELLE, par ETIENNE AÇOGIHH-DE DARON, traduit de l'ar-
ménien, par E. DULAURIER, de l'Institut. In-8. . 10 fr.
La secondepartie est en préparation.
XIX. LE LUC VAN TIEN CA DIÈN. Poème annamite, publié, traduit et annoté
par A. DESMICHELS. In-8 20 fr.
XX. ÉPIIÉMÉRIDES DACES, par C. DAPONTÈS. Tome III. Supplément et Index
alphabétique par EMILE LEGRAND. In-8 7 fr. 50
DEUXIÈME SÉRIE
I. SEFER NAMÈH, RELATION DU VOYAGEen Syrie, en Palestine, en Egypte,
en Arabie et en Perse, fait pendant les années de l'hégire 437-444 (1035-
1042), par NASSIRIKHOSRAU, texte persan, publié, traduit et annoté par CH.
SCHEFER, de l'Institut. In-8, avec quatre chromolithographies . . 25 fr:
II, III. CHRONIQUEDE CHYPRE PAR LÉONCE MACHERAS, texte grec publié,
traduit et an loté par E. MILLER, de l'Institut, et C. SATHAS. 2 vol. in-8, avec
une carte ancienne en chromolithographie 40 fr.
IV, V. DICTIONNAIRE TURC-FRANÇAIS. Supplément aux dictionnaires publiés
jusqu'à ce jour, par A.-C. BARBIER DE MEYNARD, deTInstitut. 2 forts volumes
in-8 à 2 colonnes, publiés en 8 livraisons à 10 fr 80 fr.
PUBLICATIONS
DE
L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES
R?5 SÉRIE. — VOL. XX
^.c
TEDZKIRET EN-NISIAN
/. ti
ETC10,ANOFB8.
A. BUBD1N
IS1P,ORIENTALE
-J^TRODUCTION
Ce second volume de Documents arabes relatifs à
l'Histoire du Soudan contient : 1° un dictionnaire bio-
graphique intitulé : Tedzkiret-en-Nisiân\ 2° un frag-
ment très court de YHistoire du Sokoto, ou, pour mieux
dire, la biographie de trois princes qui régnèrent sur
cette contrée au début du xixe siècle.
Le premier de cesouvrages est de beaucoup plus
important que le second, non seulement par son éten-
due, mais surtout par l'intérêt des informations qu'il
renferme sur l'occupation marocaine à Tombouctou.
Ces renseignements, en effet, font suiteà ceux fournis
par le Tarikh-es-Soudan, tout en étant présentés sous
une forme un peu différente.
C'est à l'obligeance de M. le capitaine Gaden que je
dois d'avoir eu à ma disposition l'unique manuscrit
connu du Tedzkiret-en-Nisiân. Durant un premier sé-
jour au Soudan, alors qu'il n'était encore que lieute-
nant, et avant d'avoir pris plus tard une part active à
la prise de Samory, M. Gaden avait eu l'heureuse idée de
faire copier un ouvrage arabe qu'il avait vu entre les
II INTRODUCTION
mains d'un chef soudanais et qu'on lui avait dit contenir
des renseignements historiques. Lors de son premier
retour en France, M. Gaden s'empressa de me commu-
niquer la copie qu'il avait fait exécuter et, avec une
complaisance et une grâce bonne
dont je ne saurais le
remercier trop vivement, il m'a permis de faire usage
de son manuscrit en m'autorisant à le déposer ensuite
en son nom à la Bibliothèque nationale, dans les col-
lections de laquelle figurera dorénavant cet intéres-
sant document.
Avec une discrétion et une modestie qu'on retrouve
assez rarement ailleurs, les auteurs soudanais semblent
peu empressés de faire connaître leurs noms à la
postérité. L'auteur du Tedzkiret-en-Nisiân n'a pas sans
doute voulu rompre avec cette tradition, car il a omis
de renseigner ses lecteurs sur ses noms et qualités.
Tout au plus s'est-il contenté de dire, en passant, l'épo-
de sa naissance — entre le 18 juin et le 18 juillet
que
1700 — et de mentionner le nom de quelques-uns de
ses parents. Ainsi, page S, il indique la date de la mort
de deux de ses arrière-grands-pères, l'un du côté
maternel, l'autre du côté paternel. Plus loin, page 21,
il signale la date de la mort d'une femme ou d'une
concubine de son grand-père et enfin, page 113, la date
de la mort de son oncle paternel. A cela se borne tout
ce que nous savons de lui ou des siens.
Le seul point sur lequel nous soyons fixés relati-
vement à notre auteur est le nom de son
grand-père.
Ce derniers'appelait Mohammed-ben-El-Amîn-ben-
Mohammed-Soud.
• • Encore ce dernier nom de Soud
• n'est-
il pas bien certain, car il pourrait se lire sur le ms.
INTRODUCTION III
Moud ou Moudi, nom que l'on rencontre ailleurs et qui
paraît être spécial au Masina. Cette contrée pourrait
donc être la patrie de la famille de l'auteur, si l'on
admet l'hypothèse de la lecture Moud ou Moudi.
La rédaction du Tedzkiret-en-Nisiân a été achevée
le 19 juillet 1751. Toutefois la dernière date fournie
pour la déposition du pacha Babeker est le 29 novem-
bre 1750 et il n'est pas fait mention de la date de
l'élection de son successeur au pachalik. Mais, comme
dans une liste récapitulative des pachas de Tombouctou
donnée par l'auteur il existe cinq pachas dont les bio-
graphies ne se trouvent point dans le Tedzkiret-en-
Nisiân, on peut admettre soit que cette liste a été mise à
jour par un premier copiste, ce qui est assez
soit, vrai-
semblable, que c'est l'auteur lui-même qui l'aura com-
plétée sans vouloir remanier son ouvrage pour y
insérer à leur ordre alphabétique les biographies de
ces cinq personnages. Cette addition d'ailleurs ne per-
mettrait guère de se faire une idée de la longévité de
l'auteur, les pachas à cette époque tourmentée ne de-
meurant parfois qu'un petit nombre de jours au pou-
voir. Enfin, pour en terminer avec ces détails peu précis
il faut admettre que le père de l'auteur vivait encore en
l'année 1751, sinon la date de sa mort n'eût pas manqué
d'être relatée par son fils.
Le Tedzkiret-en-Nisiân n'est point rédigé sous la
forme d'un véritable ouvrage historique ; c'est simple-
ment un dictionnaire de tous les pachas
biographique
de Tombouctou l'année 1590 l'an-
depuis jusqu'en
née 1750. Sauf dans formant obi-
quelques passages
tuaire et contenant quelques détails très succincts sur
IV INTRODUCTION
certaines personnalités du Soudan, l'ouvrage ne s'oc-
cupe que des pachas.
Toutes les biographies sont rangées dans l'ordre
alphabétique ; mais le classement des lettres est des
plus singuliers. Il commence parde l'al-
la 5e lettre
phabet suivant l'ordre oriental, puis il passe successi-
vement à la 24e, à la 18e, à la 12e, à la 6e, à la 28e, à la 2e,
à la lre, à la 25e, à la 9e et enfin à la 11e. Cet ordonnan-
cement bizarre est expliqué assez vaguement par l'au-
teur. Il a dressé une liste par ordre d'importance des
principaux pachas, puis il a pris la première lettre de
chacun de ceux qui n'avaient pas la même initiale et
c'est d'après les lettres obtenues ainsi qu'il a opéré son
classement. Le pacha Djouder, le conquérant du Sou-
dan, se trouvant naturellement en première ligne, c'est
par la lettre arabe dj que le dictionnaire a commencé;
Mahmoud-ben-Zergoun venant ensuite dans l'ordre
d'importance, la lettre m a suivi, et ainsi de suite. On
trouvera à la table des matières une liste par ordre al-
phabétique de tous les pachas, ce qui permettra sans
peine au lecteur français de retrouver la biographie des
personnages dont il aura besoin.
Les notices des pachas mentionnés dans le Tarikh-
es-Soudan ont été reproduites textuellement par le
Tedzkiret-èn-Nisiân. Aussi n'ai-je pas cru devoir les
réimprimer ni dans le texte, ni dans la traduction, me
contentant d'indiquer la page où elles figurent soit
dans le texte, soit dans la traduction du Tarikh-es-
Soudan. On voit par là que, ainsi qu'il le dit lui-
même, l'auteur du Tedzkiret-en-Nisiân avait à sa dis-
position l'ouvrage d'Es-Sa'dî et qu'il y a puisé lar-
INTRODUCTION V
gement pour toute la période antérieure à 1656.
Nous sommes moins bien renseignés sur les
sources qui ont servi à établir les biographies des
pachas à partir de l'année 1656. L'auteur a eu certai-
nement d'autres ouvrages à sa disposition puisque,
page 61, il dit : a Suivant une autre copie », ce qui donne
à entendre non seulement qu'il avait sous les yeux un
ouvrage, mais encore qu'il en avait plusieurs copies.
Toutefois il ne cite aucun titre, ni aucun nom d'auteur
et il se pourrait qu'il ne s'agît que de notes analogues
à celles dont il parle et quiprises avaient
par son été
père. Ces cahiers de sont notes
point netrès rares en
pays musulmans. Bien des personnages instruits ins-
crivent au jour le jour les événements importants
auxquels ils assistent ou qui leur sont racontés par
des témoins oculaires dignes de foi. Il y a une vingtaine
d'années j'ai eu occasion de voir à Mascara un de ces
cahiers modernes qu'on m'avait signalé comme un
ouvrage historique.
L'auteur du Tedzkiret-en-Nisiân a dû de bonne
heure suivre l'exemple de son père et enregistrer tous
les événements dont il était le contemporain. Jamais il
ne dit qu'il a entendu raconter telle ou telle chose par
une personne digne de foi, ce, qui laisse à penser qu'il
n'a guère usé de ce moyen d'information et qu'il
a plutôt consulté tous les documents écrits a pu
qu'il
se procurer clans sa famille ou ailleurs. On remarque
aussi qu'à partir de l'année 1716 les dates sont géné-
ralement mieux précisées qu'auparavant, ce sem-
qui
blerait indiquer que dès de seize ans il avait com-
l'âge
mencé à tenir une sorte de journal.
VI INTRODUCTION
Les biographies despachas sont de longueur fort
inégale. Les unes mentionnent sèchement le nom du
personnage, la date de son élection et celle de sa
chute. D'autres, au contraire, sont très
développées ;
elles sont pleines cle détails et d'informations et four-
nissent de précieux renseignements sur toutes sortes
de matières. C'est surtout quand les choses se sont
passées du vivant de
que le récit
l'auteur en est vif et
animé. Il y a même tout lieu de croire que si, renon-
çant à embrasser une aussi longue période et à adopter
la forme d'un dictionnaire biographique, l'auteur
s'était borné à écrire une chronique des événements
de son temps, nous aurions eu une oeuvre bien supé-
rieure à celle qu'il nous a laissée.
Certes le style et l'orthographe laissent beau-
coup à désirer dans le Tedzkiret-en-Nisidn. Toutefois,
dans son ensemble, le récit est clair et la pensée sou-
vent mieux développée qu'elle ne l'aurait été par un
musulman du nord de l'Afrique. D'ordinaire, en effet,
les biographes arabes sont d'une concision excessive
et d'un singulière monotonie. dépeignent Ils
leur ne
personnage que par quelques épithètes ronflantes et
banales. Ils se contentent de tracer une sorte de canevas
qu'ils laissent au lecteur le soin de remplir avec leurs
souvenirs empruntés à des légendes courantes qui se
transmettent de bouche en bouche et font l'objet
de ces longues causeries, la principale sinon la seule
distraction de ces. peuples qui sont privés du plai-
sir cle la lecture. Les Soudanais semblent avoir
mieux compris la tâche du biographe et, lorsque
les matériaux ne leur font pas défaut, ils n'hé-
INTRODUCTION VII
sitent pas à parler avec une certaine abondance.
Il se pourrait d'ailleurs que la plupart des fautes
de style et d'orthographe, que j'attribue à l'auteur, fus
sent l'oeuvre des copistes qui, d'ordinaire, sont gens
fort peu instruits et qui sont, pour le moins, aussi em-
barrassés que nous pour lire les noms propres surtout,
L'écriture maghrébine du Soudan favorise singulière-
ment les erreurs de ce genre. Rien de plus aisé à con-
fondre, — si les caractères ne sont nettement
pas
— un J [d) avec
tracés, qu'un f (m) avec ^ (s) ; un un j
(r), etc. Quand on a plusieurs manuscrits ou qu'il s'agit
de noms arabes, les rectifications sont assez faciles à
faire, mais, avec une copie unique ou lorsque les noms
sont étrangers à la langue arabe, il faut le plus souvent
renoncer à retrouver la véritable orthographe. En
outre les voyelles qui devraient fixer la lecture sont
mises avec une telle désinvolture par les scribes sou-
danais qu'il vaut souvent mieux n'en tenir aucun
compte.
Bien que les dates soient toujours écrites en toutes
lettres dans le Tedzkiret-en-Nisiân les scribes ne pa-
raissent pas toujours les avoir bien reproduites. Dans
leur précipitation et aussi dans leur insouciance, il
leur arrive d'omettre les unités dans le millésime d'une
année, d'écrire sep£pour neuf on réciproquement, etc.
Même pour les noms de mois les erreurs sont fréquen-
tes et l'on voit très bien djomada Ier pour rebic Ier ou
vice versa.
Pour remédier à ce dernier inconvénient et aussi
pour mieux rectifier quelques fautes typographiques
qui ont échappé à la correction, j'ai était
pensé qu'il
VIII INTRODUCTION
utile d'établir dans un appendice, qui termine ce vo-
lume, un tableau chronologique des pachas de Tom-
bouctou. Mais, en dépit de mes efforts, je suis loin
d'être sûr d'avoir réussi à fixer toutes les dates exactes
des élections et des dépositions des pachas.
L'examen attentif de ce tableau sera du reste très
On mesure que Ton s'é-
suggestif. remarquera qu'à
loigne du moment de la conquête la durée de chaque
pachalik tend plus de en plus à diminuer. Certains
ne font pour ainsi dire qu'apparaître et
dispa-
pachas
raître et l'on en trouve dont le règne est véritablement
éphémère. En outre, on verra de fréquentes périodes
durant lesquelles aucun pacha ne figure au pouvoir. Ces
sortes d'interrègnes sont à certains moments d'une
longueur excessive et l'on en rencontre un qui dure
plus de trois années consécutives.
Cet état de choses montre quelle anarchie régnait
à Tombouctou à la fin du xvne siècle et au commence-
ment du xvme. Depuis le moment où les pachas maro-
cains cessèrent d'être nommés par la métropole pour
être éluspar l'armée, nulle autorité impérieuse n'exista
plus pour mettre fin à leurs conflits personnels. Pour
s'assurer l'affection des troupes, il fallut tolérer les
vexations qu'ils exerçaient sur les populations. En
outre, les partis rivaux, qui aspiraient à nommer un
des leurs au pachalik, firent appel aux Touareg qui
saisirent avec ardeur cette occasion de molester et
d'accabler de leurs avanies les malheureux habitants
de Tombouctou. Enfin les choses en vinrent à ce point
que les pachas contribuèrent dans la plus large me-
sure à la ruine du pays qu'ils avaient charge d'admi-
INTRODUCTION IX
nistrer. Ils furent puissamment aidés dans cette tâche
singulière par ces nomades pillards, les Touareg, qui
semblent avoir un tel attrait pour le désert qu'ils le
créent là où il n'existait pas.
Les empires noirs indigènes avaient été dé-
truits par les Marocains; ceux-ci, à leur tour, vont
disparaître devant les Touareg, et le Soudan central,
vivement ébranlé par toutes ces secousses successives,
devra, pour recouvrer le calme et la sécurité, attendre
que la France vienne lui apporter sa bienfaisante pro-
tection.
Si la conquête marocaine a eu de déplorables con-
séquences pour le Soudan, il serait injuste néanmoins
de nier qu'elle ait été sans exercer quelque influence
favorable à certain moment. Tant que les pachas ont
été nommés par l'empereur du Maroc etqu'ils ont eu
à côté d'eux un contrôle financier, la situation des ha-
bitants du Soudan fut plus heureuse qu'elle ne l'avait
été précédemment. Le commerce fut plus florissant et
les relations entre les rives du Niger et les côtes de la
Méditerranée devinrent plus importantes et plus nom-
breuses. La plus grande diffusion de l'islamisme exerça
de son côté une sensible amélioration en restreignant
l'esclavage dans une certaine mesure, la loi musul-
mane décidant que le fidèle, né libre, ne pouvait ja-
mais devenir esclave.
Le niveau intellectuel et moral des habitants de la
région de Tombouctou s'éleva à une plus grande hau-
teur, en sorte qu'ils conquirent dès ce moment une su-
périorité marquée sur les autres peuplades nègres du
Soudan. Le mouvement littéraire, dont Ahmed-Bâbâ
X INTRODUCTION
fut un des plus glorieux représentants, paraît avoir
persisté sous la domination marocaine, sans cependant
qu'on puisse assurer qu'elle y contribua beaucoup.
C'est à cette époque en effet que remontent les deux
seules chroniques importantes qui nous soient parve-
nues sur ces contrées : le Tarikh-es-Soudân et le
Tedzkiret-en-Nisiân.
Le fragment relatif à l'histoire du Sokoto ne
comprend en réalité que l'histoire des trois princes :
Mohammed-Bello (1817-1832); 'Atîq, ou suivant la pro-
nonciation locale, 'Atîqou, le frère du précédent
(1832-1837), et celle de Ali ou 'Aliou, fils de Moham-
med-Bello, de 1837 à 1849. Au cours de son récit, l'au-
teur de ce fragment nous apprend, dans un
passage où
il est interpellé directement, qu'il se nomme Hâdj-
Sa'îd et qu'il exerça les fonctions de lecteur du Coran
auprès de 'Ali. Aucune date ne figure dans ces quelques
pages, mais comme les événements sont rapportés
année par année, cette lacune est facile à combler.
D'après une indication, un peu vague il est vrai, Hâdj-
Sa'îd était originaire du Masina et c'est dans cette
contrée qu'il rédigea sa brève chronique. Les faits
qu'il relate sont en partie connus par les relations de
Clapperton et de Barth. Il m'a cependant paru .qu'il
n'était pas inutile de reproduire cette plaquette dans
la série de Documents arabes relatifs à l'histoire du
Soudan dont j'ai commencé la publication.
Pour expliquer quelques incertitudes, je tiens à
rappeler que je n'ai eu qu'un seul manuscrit moderne
INTRODUCTION XI
à ma disposition et que j'ignore la valeur du manuscrit
sur lequel il a été copié. Il se peut donc que le texte
renferme des lacunes ou des interpolation dont je n'ai
pas été à même de constater l'existence. Mais j'estime
que, dans son ensemble, il est assez correct et qu'il y
aura peu de choses à retoucher lorsqu'on réussira à se
procurer un nouvel exemplaire plus ancien ou d'une
autre famille. Seuls les noms propres de personnes et
de localités prêteront peut-être à des rectifications d'une
certaine importance.
Sous ce dernier rapport il convient de signaler
une autre source de confusion. Par exemple, les noms
de Ahmed et Hammedi sont souvent employés l'un pour
l'autre pour certains personnages, alors que chez
d'autres on trouve toujours Ahmed ou toujours Ham-
medi. Est-ce la faute du copiste? Est-ce, au contraire,
que ces deux noms s'emploient indifféremment l'un
pour l'autre ? Il est bien difficile de seprononcer à ce
sujet. Quant à Brahîm et Ibrahim, il est plus vraisem-
blable qu'ils ne forment qu'un seul et même nom bien
ou mal orthographié.
Quoi qu'il en soit, lorsqu'on voudra utiliser ces
matériaux pour rédiger une Histoire du Soudan, il
sera utile de choisir une forme unique de tous ces
noms, en adoptant celle que l'on rencontre le plus
souvent ; on évitera ainsi de dérouter le lecteur euro-
péen qui est habitué à une plus grande précision.
Les musulmans, on le sait, font assez rarement
usage de noms patronymiques. Aussi, pour préciser
XII INTRODUCTION
l'identité des personnages, leur a-t-il fallu s'astreindre
à une énumération de noms
longue qui, le plus souvent,
ne sont guère variés. La raison de cette monotomie
tient au désir que l'on a de ne donner aux enfants que
des noms de bon augure, c'est-à-dire ceux qui ont été
portés par le Prophète et les premiers personnages
considérables de l'islamisme. On a donc renoncé à user
des nombreuses ressources qu'offre l'ancienne ono-
mastique arabe.
Parfois même un père a tenu à donner à deux de
ses fils le nom de Mohammed et, pour les distinguer
l'un de l'autre, il y a ajouté les épithètes de El-Kebîr,
l'aîné, et d'Es-Seghîr, le cadet, et, au besoin, il a pu en-
core attribuer ce nom préféré à un troisième fils en
altérant légèrement la physionomie du mot qui, au
lieu de se prononcer Mohammed, s'est prononcé Ma-
hammed ou Mehemet suivant les pays.
Dans ces conditions on conçoit sans peine qu'un
auteur, pour abréger le discours, ne reproduise pas
constamment la série des noms qui appartient à un
même personnage et qu'il n'en conserve qu'une partie
quand il sait qu'il n'y aura pas confusion dans l'esprit
du lecteur; mais, pour peu que le
copiste oublie une
quelconque des fractions de ce nom, il résulte parfois
de ce système que deux personnages, homonymes en
partie, sont confondus l'un avec l'autre.
Afin d'éviter ce danger, et aussi parce que ce
volume contient deux récits d'époque différente et ne
se rapportant pas à un même pays, il m'a paru néces-
saire d'établir deux index séparés, un pour chacun des
documents traduits. En outre j'ai cru devoir ranger
INTRODUCTION XIII
sous le nom complet tous les passages se référant à
un même personnage, que son nom fût donné en
abrégé ou qu'il eût toute l'ampleur nécessaire à en
caractériser sûrement la personnalité.
Toutefois, dans les deux index, il m'a semblé inu-
tile de noter, pour l'article consacré spécialement à un
même personnage, toutes les pages auxquelles son
nom est mentionné et les chiffres gras sont là pour
indiquer ces articles. Enfin il ne m'a pas paru néces-
saire de faire figurer dans l'index la récapitulation des
noms de pachas qui se retrouve reproduite dans le
tableau chronologique que j'en ai dressé dans l'appen-
dice.
Je terminerai ces quelques lignes en émettant le
voeu que tous nos administrateurs civils et militaires
du Soudan veuillent bien suivre l'exemple qui leur a
été donné par M. le général Archinard et M. le capitaine
Gaden et qu'ils profitent de toutes les occasions pour
se procurer l'original ou la copie des ouvrages histo-
riques que le hasard mettra sous leurs yeux. Non seu-
lement ils feront ainsi oeuvre utile pour la connaissance
de l'histoire de l'humanité, mais ils contribueront
encore dans une large mesure à répandre le goût de
notre langue, en permettant de donner une traduction
française de ces divers écrits.
Beaucoup de Soudanais, en effet, seront heu-
reux de connaître le de leur et comme, en
passé pays
général, la lecture d'un texte arabe leur sera souvent
plus difficile à acquérir que celle d'un texte français,
ils trouveront avantage à étudier notre langue qui leur
fournira, dans ces traductions, des faits plus intéres-
XIV INTRODUCTION
sants à leurs yeux que les récits de notre histoire ou
les études morales de notre littérature. Plus tard, cette
première initiation terminée, la curiosité, tout au
moins, les engagera à chercher ailleurs des plaisirs
plus raffinés en lisant les chefs-d'oeuvre de notre
langue.
TRADUCTION
TEDZKIRET EN-NISIAN
FI AKHBÂR MOLOUK ES-SOUDAN
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Au nom de Dieule Clément, le Miséricordieux! Qu'il ré-
pande ses bénédictions sur notre seigneur Mahomet, sur sa
famille, sur ses compagnons et qu'il leur accorde le salut!
Louange à Dieu, le Maître des mondes! Que le salut et la
bénédiction soient sur le seigneur des Envoyés, sur les ver-
tueux personnages de sa famille et sur ses Compagnons purs
et éminents!
Nous avons disposé ci-dessous les noms des pachas en
suivant l'ordre des caractères de l'alphabet dont la première
lettre est Valif et la dernière le yal. Mais, dans cette énu-
1. Autrement dit : l'alphabet arabe. Toutefois l'auteur n'a suivi ni l'ordre
alphabétique habituel oriental ou occidental, ni l'ordre dans lequel on dispose
encore les lettres d'après leur valeur numérique en en formant des séries grou-
pées portant les noms de jud ou {jA\. Le classement qu'il a adopté paraît abso-
lument arbitraire.
(Biographies des pachas du Soudan.) • 1
2 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
mération, il se trouve qu'il n'y a que onze séries de noms
commençant par des lettres différentes.
La première lettre mentionnée est le dfîm, à cause du
nom de Djouder ; la deuxième est le mîrn, à cause des noms
de Mahmoud-ben-Zergoun, Mohammed, Mesa'oud, Mansour ;
la troisième est le 'ain, par suite de la présence des noms
'Ali, 'Abdallah, 'Abderrahman; la quatrième est le sîn qui
commence les noms de Seliman, Sâ'îd ; la cinquième est le
hd, première lettre des noms Ahmed 1, Ilamîd, Haddou; la
sixième est le yd, à cause des noms de Yousef, Yahya; la
septième est le bd, première lettre des noms Ibrahim 2, Bâ-
Haddou, Bokarna, Bâ-Bokar, Bâ-Ahmed, Boubeker; la hui-
tième est 3 les noms de El-Fa', El-Mobâ-
Yalif qui commence
rek, El-Hasen; la neuvième est le noûn, à cause du nom
de Nâsir; la dixième est le dzâl'\ première lettre du nom de
Dzou'n-Noun; enfin la onzième est le zd qui commence les
noms de Zanaka et Zenka.
Telles sont les onze lettres différentes sous lesquelles sont
les noms des pachas. Celui-là donc précédera son
rangés
1. Puisque, partout ailleurs, l'auteur n'a tenu aucun compte de la racine des
noms pour déterminer son classement, il aurait dû mettre le nom de Ahmed
sous la rubrique de Yalif. Mais il convient de remarquer que très souvent il em-
ploie indifféremment pour un même personnage les formes JL^J et JL^. Le der-
nier nom, d'après le Turîkh-es-Souddn, devrait se prononcer Hammedi, nom
qui existe en effet chez les Arabes de Maghreb. La forme Hammedi est donc une
variante de Ahmed comme Mabammed est une -variante de Mohammed. Au lieu
de Hammedi, on pourrait prononcer Hammed, mais cela est peu probable,
2. Môme observation ici que pour le nom de Ahmed. Quant aux noms précé-
dés de Bâ, abréviation de Baba, sorte de titre honorifique, il eût été aussi logique
de les classer d'après la seconde partie du nom.
3. L'alif étant toujours celui de l'article défini, c'est par e qu'il sera transcrit,
cette voyelle représentant exactement la prononciation de l'alif initial de l'arti-
cle aussi bien dans le langage courant que dans la lecture du Coran et des
textes littéraires.
4. Le texte donne à cette lettre le nom de dzd au lieu de celui de dzdl que
l'on emploie d'ordinaire. Est-ce une erreur du copiste ou une dénomination par-
ticulière aux Soudanais? je ne puis le déterminer, n'ayant eu qu'un seul manu-
scrit en ma possession.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 3
aura pour initiale de son nom une lettre placée
collègue qui
avant clans l'ordre indiqué ci-dessus. L'ensemble des
plus
noms réunis dans ces onze catégories en
commençant par le
djim et en finissant (v) par le zd est de 98, ce qui, en tenant
compte de la répétition d'un certain nombre d'entre eux,
forme un total de 145 noms de personnages dont nous don-
nerons, à la place que leur assigne leur initiale, l'histoire et
la biographie, s'il plaît à Dieu.
Il arrivera parfois qu'une catégorie alphabétique ne con-
tiendra qu'un seul nom; c'est ainsi que celle du djtm, par
exemple, ne renfermera que le nom de Djouder. D'autres en
auront plusieurs : il en est qui n'en contiendront que trois,
deux ou même un seul, telle la lettre dzdl sous laquelle on
ne trouve que le nom de Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj-El-Mokh-
târ-ben-Bou-Youkhef '-Ech-Chergui.
Je donne à ce travaille nom de Tedzkireten-nisidn fi alch-
bâr molouk es-Souddn; c'est un recueil en prose ordinaire
dont les perles sont dispersées çà et là 2. Je demande
à Dieu,
le Très-Haut, son aide et son concours pour cette oeuvre. Lui
seul suffit à tout; quelle admirable providence II est! Il n'y
a de force et de puissance qu'en Dieu le glorieux, le puis-
sant.
Lettre djîm (dj).
Djouder 3. — C'était un homme de petite taille, au teint
1. Ailleurs on trouve Jii}- au lieu de IJLJ-J.-,. La confusion du £ avec le i-
se retrouve plus loin pour le mot »L*s qui remplace toujours la forme régulière
»Lji~ Elle est fréquente au Soudan.
2. Les Arabes comparent les mots disposés en vers à des perles formant un
collier. Quand il s'agit de la prose on dit que ces perles sont éparpillées ou ré-
pandues au hasard.
3. La biographie détaillée de Djouder est donnée dans le Tarîkh-es-Souddn où
l'on trouvera également la biographie d'un certain nombre de personnages in-
4 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
clair 1. Il fut le premier pacha qui vint de Merrâkech au Son-
ghaï où il arriva en l'année 999 (30 octobre 1590-19 octobre
1591). 11 exerça son autorité neuf mois, de moharrem au 26
du mois de chaouâl de cette année (novembre 1590-17 août
1591), puis il fut déposé. Durant son pachalik il fit une ex-
pédition dans le Songhaï et livra combat àl'askia Ishâq-ben-
Askia-Daoud dont il défit les troupes en un clin d'oeil. Il se
rendit ensuite à Tombouctou (?) et s'installa tout d'abord sur
l'emplacement du marché qui est à l'est de la ville en un
endroit appelé Djouder-Kanghoniya. Après être resté là deux
ou trois mois, il entra dans la ville et y bâtit la casbah. Mah-
moud-ben-Zergoun, qui arriva plus tard de Merrâkech avec
le titre de pacha, déposa Djouder.
Lettre mîm (m).
Mahmoud-ben-Ali-ben-Zergoun (v. le Tarîkh es-Sou-
dan, p. 22.5).
Mahmoud-Tàba'-El-'Euldji (v. le Tarîkh es-Soudan,
p. 271).
Mahmoud-Lonko-El-'Euldji (v. le Tarîkh es-Soudan,
p. 291).
Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâssi (v. le Tarîkh es-Sou-
dan, p. 342).
Mesacoud-ben-Mansour-Ez-Zaceri (v. le Tarîkh es-Sou-
dan, p. 396).
Mohammed-ben-Mohammed-ben-'Otsmân-Ech- Cher-
gui (v. le Tarîkh es-Soudan, p. 403).
diqués plus loin. Il a paru inulile de les reproduire aussi bien dans le texte
arabe du Tedzluret-cn-niddn que dans la traduction.
1. Le mol^jjl peut à la rigueur se rapporter à la couleur des yeux de Djou-
der et indiquer qu'il avait les yeux bleus; cependant, comme le mot « yeux »
n'est pas exprimé en arabe, il paraît plus probable qu'on ait voulu parler de son
teint a clair « ou « couleur d'un fer de lance ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 5
Mohammed-ben-Mousa(v.le Tarîkh es-Soudan, p. 480).
Mohamme d-bcn-El- Qâïcl -Ahmed, -ben - Sa'doun-Ech-
Ghiâdemi (v. le Tarîkh es-Soudan, p. 483).
1
...Le pacha Mohammed-ben-Ahmed entreprit une expédi-
tion contre Faraman, village du Kati-Cherif (i), en l'année
1067 (20 octobre 1656-9 octobre 1657). A son retour de
cette expédition, et alors qu'il était en cours de route, il ré-
voqua l'askia El-Hàdj de ses fonctions et nomma à sa place
l'askia Daoud-ben-Haroun dont les gens du Songhaï accep-
tèrent l'autorité. Ce fut après son retour de cette expédi-
tion que le pacha Mohammed fut déposé, le lundi, 10 du
mois de djomada II de cette même année (26 mars 1657); il
était resté en fonctions deux années entières.
—
Mohamrtied-ben-El-iïâdj-ben-Daoud-Ech-Ghetouki.
Ce personnage, plus connu sous le nom de : le caïd
Bouya,
fut élevé à la
dignité de pacha après Mohammed-ben-Ah-
med dont il vient d'être parlé ci-dessus, c'est-à-dire à la fin
de l'année 1067 (1657). Sous son pachalik il mourut un très
grand nombre de personnes : Dieu seul en sait le chiffre
exact.
Parmi les notables et gens d'importance qui moururent
à cette époque on cite : 1° le jurisconsulte Mohammed-ben-
Mohammed-ben-Âbou-Bekr-Sâdeq,le grand-père de ma mère,
Outana 2, c'est-à-dire le père de son père; 2° le grand-père
de mon père nommé El-Fa'-El-Amîn-bon-Mohammed-Soud,
le maître d'école (Dieu lui fasse miséricorde!). Sa mort eut
lieu vers la fin de l'année; 3° le jurisconsulte, le cadi Abd-
errahman, fils du jurisconsulte, du mufti, Ahmed-Mo'yà (Dieu
1. Ou : Mohammcd-ben-El-Qaïd-Ahmed-bcn-Sa'doim-Ech-Chiâdcmi. Le para-
graphe, qui suit, manque dans le Tarilih cs-Souddn.
2. Les voyelles ne sonl pas indiquées dans le ms. Il y a, je crois, une erreur
du copiste ; il aura mal lu le groupe «a,j qui devait être dans l'original et qui
écrit à la hâte peut très bien se lire X,^ dans l'écriture maghrébine. Si l'on
adopte cette hypothèse, le nom de Oulâna doit disparaître de la traduction.
G BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
lui fasse Si je ne me trompe, il succomba au
miséricorde!).
commencement de l'année 1070 (18 septembre 1659-6 sep-
tembre 1660); 4° 'Abderrahman-ben-Ei-nâdj-Mohammcd-
be;i-El-Amiii-Kànou lui fasse miséricorde!) qui mourut
(Dieu
cette même année ; 5° le jurisconsulte, l'imam
également
'
Ahmed fils du jurisconsulte, l'imam, Mohammed-Kourdi
lui fasse
miséricorde!) qui mourut
aussi cette année-
(Dieu
là; 6° enfin, encore cette même année, si je ne me trompe,
2 fils du Kabara-Farma
mourut le Kabara-Farma Hammou,
Ibrahim-Djâmf (Dieu lui fasse miséricorde!). Cette épidémie
de peste appelée la grande calamité dura deux ans.
Au début de l'année 1071
septembre (6 1660-27 août
1661), Bouya fut déposé et remplacé le jour même par 'Al-
lâl-El-Harousi. Puis il revint au pouvoir une seconde fois,
3 à son tour
lorsque le pacha 'Arumâr-'Adjeroud fut déposé.
Personne auparavant, c'est-à-dire avant Bouya, n'avait
exercé à deux reprises différentes les fonctions de pacha.
Investi pour la seconde fois du pachalik en l'année (s)
1077 (4 juillet 1666-23 juin 1667), Bouya, le mercredi, 18
du mois de djomada Ier (16 novembre 1666), révoqua le lieu-
4
tenant-général Ahmed-Rouaïdesi qui fut remplacé par
le lieutenant-général 'Abdelqàder-ben-El-ïïasen. Le jeudi,
13 du même mois (13 novembre), il avait déjà révoqué
le lieutenant-général Talhaouï-ben-Mousa et mis à sa
1. La lecture de ce mot n'est pas fixée par des voyelles. On pourrait aussi
bien lire : Kourd, Kaouered, etc.
2. Ou : chef de Kabara.
3. Le ms. donne ailleurs la forme 'Adjeroued, en indiquant les voyelles. Il
semble cependant que ce nom doit être le même que celui de la petite rivière de
Adjeroud, qui l'orme une partie de la frontière de l'Algérie et du Maroc. Gela
est d'autant plus vraisemblable que la personne était un Cliergui, c'est-à-dire
originaire de l'est du Maroc ou de la partie de l'Algérie qui avoisiue les frontières
de l'empire chérifien.
i. Ce fifre signifie d'habitude : « adjoint », « second ». Le mot de lieutenant-
général, avec la valeur qu'il avait en France il y a une cinquantaine d'années,
paraît le rendre assez exactement ou, pour mieux dire, le représente d'une
manière assez approximative.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 7
place le lieutenant-général Nâsir-ben-'Ali-bcn-'Abdallah-Et-
ïelemsàni.
Le vendredi, 22 du mois de chaouàl', un des derniers mois
de cette année (17 avril 1667), nous eûmes 2, au mois de
mars, une pluie, qui dura depuis le matin jusqu'au coucher
du soleil. C'était en l'année 1077.
Le pacha Bouya fut ensuite déposé après n'être, cette
seconde fois, resté en fonctions que fort peu de temps.
— Il
Mohainraed-hen-Ahmed-El-Koïlhl3-Ech-Chergui.
succéda comme pacha àNâsir-ben-'Ali-Et-Telemsâni, le mardi,
2 du mois de djomada II de l'année 1082 (6 septembre 1671).
Dans la nuit du mardi, 4 du mois de ramadan de la même
année (4 janvier 1672), la crue du Fleuve atteignit Ma'doko
le 24 décembre 4. Le septième jour de ce mois de ramadan
(7 janvier), il y eut des coups de tonnerre après la prière de
l'après-midi. Au cours de cette année il y eut une grande
mortalité dans la population.
Ce fut également à cette époque que la discorde éclata
entre le caïd 'Ali-ben-Mohammed et le caïd El-Hasen-ben-
Mellouk. Les partisans des deux caïds formèrent deux camps
séparés et ils en vinrent à un tel
degré d'inimitié que, tau-
dis que l'un des
partis se rendait à Kabara, l'autre allait
s'établir à Amzagho. Le caïd El-Hasen demeura le chef des
1. Le texte dit : le dernier mois, ce qui est inexact; dans la pensée de l'auteur
cela signiûe seulement un des derniers. De même plus loin on verra le premier
pour ïim des premiers mois.
2. L'auteur n'était pas né à cette époque. L'emploi qu'il fait de la première
personne montre seulement qu'il a copié textuellement le texte d'un autre ou-
vrage ou une note écrite par un de ses parents. Il parle plus loin d'une noie
écrite par son père d'où il a tiré certains renseignements.
3. Les voyelles de ce mot ne sont pas toutes fournies par le ms. Cela semble
bien être un diminutif.
4. L'écart que l'on remarque ici entre la date fournie par l'auteur et la con-
cordance indiquée de l'année musulmane provient de ce que la réforme grégo-
rienne est inconnue de la plupart des musulmans ou qu'ils n'en tiennent aucun
compte.
8 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
gens de Kabara jusqu'au moment où Mohammed-Boulîdi
mourut à Amzagho. Alors une réconciliation s'opéra entre
les deux partis.
Quant au pacha, il fut déposé, mais j'ignore le temps qu'il
resta en fonctions 2.
Mohammed, fils du lieutenant-général 'Ali-El-Mobârek-
Ed-Der'i.—Il succéda au pacha précédent dans la soirée du
lundi, dernier du mois sacré de dzou'l-qa'ada de l'année
jour
mentionnée ci-dessus, c'est-à-dire de l'année 1082 (29 mars
D'autres disent que son élévation au pachalik eut lieu
1672).
à la fin du mois de chaouâl (28 février) ; cette seconde opi-
nion me paraît la plus certaine 3.
Le 7 du mois sacré de dzou'l-qa'ada (6 mars), le caïd
4 fut nommé caïd-amîn. Les grains et les
Ahmed-Rouaïdesi
5
produits comestibles des jardins se gâtèrent ("\) cette année-
là, aussi ce temps fut-il appelé Dzou-Zebîb 6. Le lieutenant-
général Mohammed-Es-Selenki fut nommé à cette époque.
Le pacha fut ensuite déposé, le lundi, 15 du mois de djomada
1. Je suppose que Boulîdi est un nom de personne. Cependant'on pourrait le
prendre pour un nom de localité et traduire alors : Mohammed mourut à Oulîdi
dans Amzagho.
2. Puisque, au début de l'article, l'auteur dit que ce pacha fut remplacé à la
fin du mois de dzou'l-qa'ada ou à celui de chaouâl par Mohammed, fils du
lieutenant-général 'Ali, la durée du pachalik de Mohammed-ben-Ahmed aurait
été de six ou sept mois.
3. Si la nomination de Ahmed-Rouaïdesi a été vraiment faite par ce pacha à
la date indiquée, la seconde version donnée pour l'élection du pacha est seule
possible.
4. Le texte porte : ^J^J ; la confusion du j (d) et du j (r) est fréquente dans
l'écriture maghrébine. En outre, les Soudanais omettent souvent les lettres
faibles finales qui ne représentent à l'oreille qu'un simple son-voyelle et qu'ils
jugent alors inutile de marquer dans l'écriture.
5. Cette expression signifie sans doute: «séchèrent sur pied », ce qui explique
le nom donné à cette année et qui eu arabe équivaut à l'expression française :
« l'année aux fruits secs ».
6. Le ms. a jj au lieu de ji ; le point diacritique a été omis. Dans l'usage vul-
gaire le nom signifie : « aux raisins secs ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 9
Ier de l'année 1084 (28 août 1673), après être resté au pou-
voir un an et sept mois.
Mohammed-ben-Bâ-Redouân-El-'Euklji, connu sous le
surnom de Mâmoy'-Berouàn. — Il succéda à Dzou'n-Noun-
ben-El-Hâdj-Ech-Chergui, le dimanche, 12 du mois de redjeb
l'unique de l'année 1090 (19 août 1679) et il fut déposé,
quatre jours après, dans la nuit du mercredi, 24 du mois
(22 août). Nommé ensuite de nouveau aux mêmes fonctions,
le pacha Zenka-Bou-Zcnàd, le vendredi, 7 du mois de
après
redjeb l'unique de l'année 1095 (20
1684), il resta
juin cette
fois trois mois au pouvoir et il l'exerçait encore quand il
mourut le vendredi soir, vers la fin de la nuit, le 4 du mois
sacré de dzou'l-qa'ada (13 octobre 1684).
Mohammed-ben-Cheikh2-cAli-Ed-Der'i. — Il succéda à
Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj lorsque celui-ci fut déposé pour
la seconde fois, le 17 du mois de rebi' Ier de l'année 1093
(26 mars 1682). Il fut déposé au mois de chaouâl (octobre)
vers la fin de cette même année. Il avait exercé ses fonctions
huit mois ou, selon une autre version, cinq mois 3.
Mansour-ben-Mesacoud-ben-Mansour-Ez-Za'eri, connu
sous la dénomination de caïd Seniber 4. —Il succéda au pacha
déposé, le caïd El-cAbbàs-ben-Sa ul-El-'Amri, vers le milieu
de l'année 1099 (avril 1688). A cette époque, à la tête
d'une colonne dite Outoulo 5, il fit une expédition contre
1. Lo ms. donne les voyelles. Il ne faut donc pas confondre ce nom avec celui
de Màmi que l'on recontrera plus loin.
2. Le mot « cheikh » ici fait partie du nom propre.
3. Les deux chiffres sont inexacts, aussi bien celui de huit mois que celui de
cinq mois. Si l'on garde le mot « chaouâl », la durée serait de plus de six mois.
Il se pourrait que le mot « chaouâl «ait été mis par erreur et qu'il fallût lire le
dernier mois de l'année tout simplement: on aurait alors les huit mois indiqués.
4. On retrouve ce nom au Maroc sous la forme Zeniber.
5. Les voyelles sont fournies par le manuscrit. On verra, par d'autres passages,
était d'usage de donner un surnom particulier à chacune des expéditions
' qu'il les
que pachas entreprenaient. Ce surnom rappelait sans doute certaines parti-
10 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Kaokao', et chassa les Touareg- de cette ville. A son retour il
les Touareg, fit mettre à mort leurs chefs, et em-
rejoignit
mena leurs enfants, leurs femmes et leurs familles (v).
captifs
Puis, poussant devant lai leurs troupeaux de vaches 2, il ra-
mena le tout avec lui.
A peine de retour de cette expédition, le pacha fut déposé
le 4 du mois sacré de moharrem,le premier mois de l'année
11 était donc resté en fonctions
1100 (29 octobre 1688). sept
mois. Durant cette année 1100, il éclata dans le pays une
de qui fit périr un grand nombre de person-
épidémie peste
nes. Le Ciel nous de semblables fléaux!
préserve
Le pacha Mansour fut réintégré dans ses fonctions quand
le caïd 'Abdallah-ben-Nâsir-Et-Telemsâni, alors pacha, fut
c'est-à-dire le vendredi, 5 du mois de rebf Ier de
déposé,
l'année 1110 1698). Le lendemain de ce jour,
(11 septembre
il fit mettre à mort, sur le marché, Senîber-ben-El-IIâdj-
Mohammed-ben 3-Tâleb-Ibrahim-Ed-Der'i.Cette exécution le
fit redouter par la population.
Le 29 du mois de clia'bân de cette année
dimanche,
la de l'asr, mourut le juriscon-
(2 mars 1699), après prière
le cadi, Ibrahim, fils du jurisconsulte 'Abdallah, fils
sulte,
du saint de Dieu, Seyyid Ahmed-Mo'ya (Dieu lui fasse mi-
Le jour de sa mort il avait environ soixante-
séricorde!).
ans 4. Il eut pour successeur, dans ses fonctions de
quatorze
cadi, son fils, le jurisconsulte,'le cadi Seyyid Ahmed (Dieu
le dirige dans sa conduite !) qui fut nommé au mois de
chaouâl, un des derniers mois de cette année-là, et qui, à
cette époque, était âgé d'environ trente-huit ans.
cularilés qui s'étaient produites dans la colonne expéditionnaire au moment
de sa formation ou quand elle était en cours de roule.
1. Les voyelles sont indiquées dans le texte.
2. Le texte emploie le mot « vaches », mais c'est vraisemblablement une faute
d'orthographe et il faut dire « boeufs <>d'une manière générale.
3. Le mot « ben» n'est pas dans le ms.; il se trouve dans le ms, 5259.
4. En années lunaires, ou soixante-douze en années solames.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 11
Durant son second
passage au pouvoir, le caïd Senîber
1 il cerna
marcha contre Tinghalhaï ; la contrée, en fit périr
les habitants mâles, détruisit les réserves d'eau, combla
les puits et emmena en captivité nombre de femmes et d'en-
fants des Touareg. Il entreprit ensuite une expédition contre
la tribu de Soudoub, entièrement composée de Foulâni, et
la razzia.
Vers cette époque, au mois de chaouâl, le dixième mois
de l'année 1111 (22 mars-20 avril 1700), accompagné de
l'askia Mohammed-ben-el-Hàdj, il se rendit en personne, à
la tète d'une armée à Dienné où il fit arrêter Ahmed-ben-
Cherif et 'Ammàro2-Dououâï; il exila l'un et ordonna de don-
ner la bastonnade à l'autre. 11 trouva dans la ville des ri-
chesses considérables et se rencontra là avec le Djiuni-Koï
'Amoiâr qui était en fonctions à cette époque. Puis, il s'en
retourna et ce fut à ce moment que les Foulàui habitants de
Sanqara mirent à mort El-Arab-ben (A)-EI-Caïd-Màini, ainsi
que le lieutenant-général "Abdelkerîm-ben-El-Hasen-El-'Eul-
dji. Trois mois environ après cette expédition, le pacha Se-
nîber était déposé.
A la même époque, au mois de moharrem, si je ne me
trompe 3, en l'année 1M2 (18 juin-18 juillet 1700) naquit
l'auteur de ce recueil.
La déposition du pacha, à ce que je crois, avait eu lieu au
mois de djomada Ier (14 octobre-! 3 novembre 1700). Il était
donc resté en fonctions deux ans et deux mois. Il ne sur-
vécut que six mois à cet événement et mourut (Dieu lui
1. Nom d'une tribu touareg.
2. Ce nom est marqué dans le ms. d'une voyelle finale o. C'esl un usage
d'ajouter aux noms arabes la terminaison o ou ou dans une partie du Soudan.
C'esl ainsi qu'on dit Ahmadou pour Ahmed. En arabe on prononce 'Ammâr.
3 Les musulmans n'ayant point d'état-civil ne savent qu'approximativement
leur âge d'une façon générale. Cependant dans certaines familles on inscrit la
dale de la naissance des enfants sur un carnetou sur un des feuillets de garde
d'un livre. L'hésitation ici ne porte que sur le mois et non sur l'année.
12 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
fasse miséricorde!) le 5 du mois de dzou'l-qa'ada, l'avant-
dernier mois de l'année indiquée ci-dessus (13 avril 1701).
, Parmi les notables ou jurisconsultes
personnages (Dieu
leur fasse miséricorde!) qui moururent sous sonpachalik on
peut citer : Senîber-ben-El-Hâdj-Mohammed-ben-Talcb-
Ibrahîm, mort le dimanche 29 du mois de cha'ban, après
la prière del'asr ; le très docte cadi Ibrahim, fils de 'Abdallah,
fils du très docte Ahmed-Mo'yâ ; sa mort eut lieu au mois de
redjeb l'unique de l'année 1111 (janvier1700); le juriscon-
sulte Mohammed-Ta, fils du jurisconsulte 'Abdelkerîm, fils
du cadi 'Abderrahman, fils du très docte x4hmed-Morya ;
l'honorable (Dieu lui fasse miséricorde!) Ahmed-Touri-ben-
El-Hâdj-Mohammed-Touri ; il mourut à Dienné pendant le
glorieux mois de ramadan de cette année (mars 1700); enfin
le caïd Senîber, fils du caïd Mohammed-Bouya (Dieu lui
fasse miséricorde !), décédé au cours du brillant mois de
cha'bân de l'année 1112 (janvier 1701 ).
Mansour, connu sous le nom de Bâbâ-Seyyid, fils de Tà-
leb-Ahmed-Ech-Chergui.— 11 succéda au caïd Ibrahiui-ben-
Hassoun, au mois de rebi' II, ou, suivant une autre opinion,
au mois de djomada Ier de l'année 1104 (décembre 1692 ou
février 1693). Il demeura dans ces fonctions cinq ou sept
mois, car il fut déposé au mois de chaouâl de la môme an-
née (juin 1693) (^).
— Un seul 1 il
Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi. jour
exerça les fonctions de pacha après le caïd El-Mobârek-ben-
Ahmed-bcn-'Ali-Ecl-Der'i, et cela au mois de djomada Ier de
l'année 1109 (15 novembre-15 décembre 1697). Réélu de
nouveau le dernier jour du mois brillant de cha'bân ou,
suivant d'autres, du mois
de redjeb de l'année 1116 (29 no-
vembre au 30 octobre 1704), il fut déposé pendant le glo-
rieux mois de ramadan (28 décembre 1704-27 janvier
l. C« passage est mal rédigé; peul-ètrey a-t-il ici quoique erreur de copisle.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 13
1705). Il ne resta donc en fonctions que vingt-deux jours 1.
Cette seconde fois, il avait remplacé le pacha déposé,le caïd
Mohammed-ben-Sa'îd-ben-'Omar qui, lui, avait été élu pour
la seconde fois au mois de rebi' II de l'année précitée 2.
Mohammed-ben-Sa'ïd-ben-'Omar-El-Fâsi.—Il succéda
au caïd Yousef-ben-'Abdallah-Ed-Der'i, le 2 du mois de
moharrem, le premier des mois de l'année 1114 (29 mai
1702). Huit mois
après son élection il fut déposé. Durant son
pachalik, il y eut un certain nombre de gens notables qui
moururent, entre autres : Mohammed, fils du jurisconsulte,
du cadi Ibrahim, décédé le 20 du mois de safar de cette
année (16 juillet 1702) (Dieu lui fasse miséricorde!); le juris-
consulte El-Habîb-Bâbâ, connu sous le nom deSenîberetfils
de rimâm-Sa'd-ben-El-Habîb-Bâbâ-ben-El-Hâdi-El-Oued-
clâni (Dieu lui fasse miséricorde!) qui mourut le 2 du mois
de rebi' II de la même année (26 août 1702); le même
mois mourut le jurisconsulte Abou-Bekr-ben-Mostafa-El-
Ouankori (Dieu lui fasse miséricorde !) ; l'askia Moham-
med-ben-El-Hâdj-Mohammed, fils de l'askia Mena-Neker 3,
fils du Balama' Sàdeq. fils d'Askia-Daoud, rendit l'âme
(Dieu lui fasse miséricorde!) dans la soirée du dimanche,
23 de djomada II de la même année (14 novembre
1702). Alors il se produisit un conflit entre les gens du
à leur tête 4 le Kormina-Fâri 'Ammâr et
Songhaï ayant
1. Si l'on admet la date du mois de cha'bân, ce ne serait pas vingt-deux, mais
trente-deux jours qu'il faudrait lire.
2. La date exacte est le 30, comme on le voit par l'article biographique sui-
vant. Dans ce cas ce ne serait pas au mois de redjeb qu'il aurait été élu la
seconde fois, mais au mois de djomada Ier qui suit le mois de rebî' II. On peut
supposer aussi qu'il y a eu une interpolation et que ce serait la première élec-
tion de Mohammed-ben-Mohammed qui aurait eu lieu au mois de redjeb 1109,
tandis que la seconde se serait produite au mois de djomada Ie* 1116.
3. Ces deux mots sont sans voyelles dans le ms., la prononciation en est.
donc incertaine.
4. Ces mots : « ayant à leur tête » ne figurent point dans le texte; le sens seul
semble en indiquer la nécessité.
14 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
les enfants de Mena-Nekcr dont il vient d'être parlé.
Dans la matinée du lundi, 28 de redjeb de cette
l'unique
année (18 décembre 1702), mourut le juriscon-
également
sulte, l'imam Ahmed-Bouso, fils du très docte jurisconsulte,
du savant, du saint, du vertueux Mohammed-ben-Ahmed-
bcn-Mahmoud-ben-Abou-Bckr-Baghyo'o-El-Ouankori (Dieu
très haut lui fasse miséricorde! Amen!).
Enfin le mardi, 6 du mois brillant de cha'bân de cette
année (26 décembre 1702), mourut le jurisconsulte, l'imam
El-Mokhtâr, fils de l'imam Ahmed, fils de l'imam Saîd, fils
de l'imam Mohammed-Kidâdo (Dieu lui fasse miséricorde!
Amen!).
Mohammed fut de nouveau élu pacha (s •) après la dépo-
sition du caïdMâma'-ben-'Ali-Et-Tezerkîni, le 10 du mois
de rebi' II de l'année 1116 (9 août 1704) ; mais il ne conserva
ses fonctions que vingt jours et fut déposé à la fin du mois.
Mohammed-ben-'Ali-ben- Mohammed- ben-'Abdallah-
Et-Tezerkîni. — Il est connu sous le norodeMàma-ben-
plus
'Ali 2. Il succéda au caïdSentâ'-ben-Fâres, le 22 du mois de
chaouâl, ou, selon une autre opinion, du mois de dzou'l-
qa'ada, à la fin de l'année 1115 (28 février ou 28 mars
1704).
Sous son pachalik, la crue du Fleuve atteignit Ma'doko.
La peste et la disette
régnèrent à cette époque dans le pays
et cette période fut appelée Bd?id-Fdsd'.Ce pacha demeura au
pouvoir environ quatre mois, puis il fut déposé le 20 du
mois de safar,undes premiers mois de l'année 1116 (24 juin
1704) 4. Il fut de nouveau appelé au pouvoir après la déposi-
1. Dans le ms. il y a ici Mâhi : le ms. 5259 a Mâdj ou Màdji. A l'article
bibliographique suivant, consacré à ce personnage, le nom est écrit et voyelle
Mâma.
2. Celte phrase a été omise dans le texte imprimé.
3. Ou : « Fasaï ».
4. On a vu plus haut que l'auteur se serl des mots premier et dernier dans le
sens de : un des premiers ou des derniers.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 15
tion du pacha Sa'id-Bou-Ziyan, au cours de la première dé-
cade du mois de redjeb l'unique de l'année 1117 (19-28 oc-
tobre 1704).
Dorant son secondpassage au pouvoir, immédiatement
après sa réélection, le 27 du mois qui vient d'être dit (14 no-
vembre il nomma 'Abderrahman, fils du Kormina-
1704),
Fâri 'Ammâr 1, à la dignité d'askia, à la suite des troubles
s'étaient produits pendant trois ans, ainsi qu'il a été
qui
dit plus haut, après la mort de l'askia Mohammed-ben-El-
Ce fut seulement au cours du mois pendant lequel
Hâdj.
cet askia mourut, dix-huit jours s'en étant écoulés, que la
fut rétablie 2. Aussitôt que l'askia eut été nommé,
paix
Tenka3-Bokar prit la place du Kormina-Fâri 'Ammàr et
fonctionnaire reprit son poste normal.
chaque
Vers cette époque le pacha entreprit une expédition contre
Benko et la colonne qui l'exécuta prit le nom de « colonne
de Iwfc'» 4. Au retour de cette campagne le pacha fut déposé
durant le mois sacré de dzou'l-hiddja, le dernier mois de
1118 avril cette fois il était resté
l'année (6 mars-4 1707);
au pouvoir un an et six mois. Ce fut à ce moment que les
de Tadmekket tuèrent le fils de sonfrère, le lieu-
Touareg
tenant-général Ben-El-Hâdj, fils du caîd Hammedi-ben-'Ali.
la du caïd Mesa'oud-ben-Mansour, au
Après déposition
mois de dzou'l-hiddja (\\) le dernier du mois de l'année
1124 décembre-1712-28 janvier 1713), ou, suivant une
(30
autre version, au début de l'année 1125 (28 janvier 1713),
Mâma fut, la troisième fois, élevé aux fonctions de
pour
pacha, puis il fut déposé, au mois de rebi' Ier (28 mars-27
1. Ici ce nom est voyelle 'Amar; plus haut sa forme est 'Ammâr qui paraît
être la véritable orthographe.
2. Il s'agit de la mort de l'askia Mohammed-ben-El-Hâdj, mais le texte est
ambigu en cet endroit.
3. Ce mot est sans voyelles dans le ms.
4. Les voyelles du nom de cette colonne sont indiquées par le ms.
16 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
avril 1713), après être resté en fonctions cette fois-là pendant
trois mois.
Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben- Ali-ben-Mo-
hammed-ben-A.bdallah-Et-Tezerkîni.-—Le 27 du mois sacré
de dzou'l-qa'ada de (7 février
l'année 1120
1709), il succéda
au pacha déposé,le caïd Ali-ben-Rahmoun-El-Monebbih.
Sous son pachalik on apporta 1 nécessaire à la cons-
l'argile
truction de la grande mosquée. L'opération commencée à la
fin du mois de mobarrem, le premier mois de l'année 1121
(12 avril 1709),prit fin au mois de
safar(12 avril-11 mai). Le
pacha Mohammed assista à l'achèvement du monument, en
fit l'inauguration et ce fut le jurisconsulte,le cadi Ahmed, qui
appela sur lui la bénédiction du Ciel 2. L'imam de
la mosquée
à ce moment-là était l'imam 'Otsmân, fils de l'imam Ahmed.
Au mois de rebi' II (10 juin-9 juillet 1709), le pacha fut
déposé après être resté en fonctions durant six mois; puis il
fut de nouveau réélu au mois de redjeb l'unique de l'année
1127 (3 juillet-2 août 1715), en remplacement du pacha
déposé, le caïd Bà-Haddou, Ce fut au temps de ce second
pachalik que Mohammed fit mettre à mort El-ïV-Beniya 3,
fils du caïd Hammedi-EL-Khalîf, ainsi que 'Abdelqàder-ben-
El-Hasen-Semmi et A.bdallah-Konba4-ben-Konba.Les deux
premiers : El-Fa'-Beniya etAbdelqâder furent tués dans les
5 6
écuries et leurs corps enfouis en cet endroit où ils étaient
1. On sait que les constructions de Tombouctou sont faites en briques d'argile
séchée au soleil ou adobes; c'est pour fabriquer ces briques qu'on avait apporté
de l'argile.
2. Le pronom lui peut se rapporter dans le texte aussi bien à la mosquée
qu'au pacha. Si, ce qui est probable, il se rapporte à ce dernier, c'était un
honneur souverain qui lui était ainsi rendu.
3. Ou « Beniyi >.
4. Le ms. 5259 écrit : « Ghonba ».
5. C'est par erreur que Je copiste a écrit :
ts\sJ\. Les écuries servaient fré-
quemment de lieu de détention et d'exécution.
6. L'expression employée semble indiquer que les honneurs funèbres ne furent
pas rendus, sinon on aurait vraisemblablement fait usage du verbe /JJ.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 17
restés emprisonnés jours.
quelques Quant à'Abdallah-Konba-
ben-Konba il fut amené sur
le marché; on lui trancha la tête
à l'endroit où l'on attache les ânes et son corps fut suspendu
1
par les pieds à l'une des perches dressées là pour l'usage
des bouchers. Cela se passa pendant le glorieux mois de ra-
madan de cette année-là (31 août-30 septembre 171 o), à
l'heure du crépuscule 2.
Au même moment le pacha expédia des de se-
troupes
cours vers le bourg de Cheïbi. Ces troupes placées furent
sous les ordres de deux lieutenants-généraux :1e lieutenant-
général Ben-El-Gheffàr; fils du caïd-'Ali-Et-Tezerkîni et le
lieutenant-général Mohammed-Bahhou3,fils du caïdSenîber-
bcn-(w) Mansour.Le pacha leur enjoignit de livrer combat
aux gens de Cheïbi,, de s'emparer de leur chef, le tyran in-
juste, le gouverneur 'Ali, de le charger de chaînes et de le
lui amener. Mais celui-ci,ayant eu connaissance de ces des-
seins, prit la fuite et se déroba à la poursuite dont il était
l'objet.
Les
lieutenants-généraux se rendirent à Cheïbi et, dès le
moment de leur départ de Tombouctou, ils se préparèrent
au combat. Ils avaient avec eux des canons 4
djoudériens; qui
1. Ces perches ou poteaux servent à suspendre les animaux tués pour les
écoi'cher et les débiter; tantôt ces perçues sont dressées au moment du marché,
tantôt elles sont à poste fixe.
2. Le mot n'est pas précis. Il sert à désigner le moment de la journée où on
distingue àpeine les objets, que ce soit le matin ou le soir. C'est à ce moment
que les musulmans cessent de manger le matin et rompent le jeune le jour de
ramadan.
3. Le mot est sans voyelles dans le texte, mais il parait analogue aux noms :
Hammou, Haddou, etc.
i. Ou : « obusiers », « mortiers ». D'ordinaire ce mot s'emploie dans le sens
de « pétard » et s'écrit avec un h au lieu d'un Ji : la véritable orthographe exige-
rait un Lp>.
5. Cette épithète semble indiquer que les canons avaient été apportés par
Djouder lors de la conquête ; pourtant on aurait pu aussi leur donner cette
qualification en souvenir seulement de Djouder. On ne voit pas bien la nécessité
d'avoir répété cette épilhète après le mot « chaîne ». La syntaxe exigerait aussi
que ces épithètes fussent accompagnées en arabe de l'article défini.
{Biographies des pachas du Soudan.) -
18 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
furent traînés par des chaînes djoudériennes de la casbah de
Tombouctou à Cheïbi. Ces canons devaient servir à bom-
barder la ville. Aussitôt qu'il eut connaissance de cette expé-
dition, le gouverneur de Cheïbi abandonna son poste et,
prenant la fuite il alla se réfugier à Douko, un des bourgs
des païens du Bambara, et réussit ainsi à s'échapper.
Quand les troupes de secours arrivèrent à Cheïbi elles n'y
trouvèrent plus le gouverneur. Elles séjournèrent quelque
temps dans cette localité, puis elles retournèrent à Tombouc-
tou. Les canons furent abandonnés à Cheïbi où ils restèrent
gisants sur le sol depuis ce jour jusqu'à l'époque où le Ka-
bara-Farma 'Abdallah, fils du Kabara-Farma 'Abderrahman
vint dans cette ville. Le Kabara-Farma donna alors l'ordre
de transporter les canons à Kabara où ils restèrent un cer-
tain temps avant d'être transportés de nouveau à la casbah
de Tombouctou où ils sont encore actuellement.
Le pacha fut déposé vers la fin de cette même année au
mois de chaouâl (30 septembre-29 1715). 11 avait octobre
conservé ses fonctions
quatre mois, suivant les uns, sept
mois, suivant d'autres qui disent que sa déposition n'eut
lieu qu'au mois de safar, au début de l'année 1128 (26 jan-
vier-24 février 1716). Dieu seul sait exactement ce qu'il en
est. Il fut réélu une troisième fois le
jeudi, 14 du mois de
djomada II de l'année 1147 (11 novembre 1734) ; il succéda
alors à son frère déposé le caïd El-Hasen, fils du cadi Ham-
mcdï, après un interrègne de un au et cinq mois pendant le-
quel personne ne fut investi de l'autorité de pacha.
Revenu au pouvoir pour la troisième fois, Mohammed se
hâta de nommer l'imam Bâbâ-El-Mokhtâr, fils du cadi Mo-
hammed, aux fonctions de cadi de Tombouctou. Cette no-
1
mination fut faite au mechoudr en présence d'un grand
I. Le mol « mccliouàr » signifie exactement l'endroit où se lient un conseil.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 19
nombre de fidèles musulmans, le samedi, 16 du mois (\?)
précité (13 novembre 1734). Le pacha imposa ensuite une
contribution de 4.000 mitsqal d'or aux musulmans et la perçut
en entier. Puis les soldats perçurent une partie de cette
somme que Dieu voulut leur départir 1.
A ce moment les noix "de kola 2, faisant défaut dans la
ville, devinrent extrêmement chères; on les paya jusqu'à
deux cents cauris pièce. Mais, peu après, le prix baissa et
cette cherté ne fut pas de longue durée. Le dimanche, 28 du
brillant mois de cha'bân de cette année (23 janvier 1735),
le pacha fut déposé. Il était resté en fonctions deux mois et
demi.
Liste des principaux personnages qui moururent à cette
époque :
Nâna-Bîn 3, fille de l'imam 'Àbderrahman, fils de l'imam
Sa'îd, fils de l'imam Hammedi-Kidâdo-El-Foulâni, décédée
dans la nuit du dimanche, 21 de ce mois (16 janvier 1735).
Dieu lui fasse miséricorde !
Le lieutenant-général Mohammed-Fodou, fils du caïd 'Abd-
allah-ben-El-Hàdj (Dieului fasse miséricorde!), mort le ven-
dredi, 26 du même mois (21 janvier 1735).
Le caïd Abdallah-ben-El-Hâdj,dont il vient d'être parlé.
11 mourut dans la nuit du samedi, 4 du mois vénéré de
ramadan (28 janvier 1735) et fut enterré le lendemain de
bonne heure.
'Abclelkerîm-ben-Tâleb-Ibrahîm-ben-El-Hàdj-Mohammed
Au Maghreb on l'ait parfois usage de ce mot pour désigner la résidence d'un
souverain ou d'un chef de district. Quelquefois le mcchouâr est une vraie cita-
delle royale, par exemple, le mechouar de TJemccn.
1. La phrase est 1res ambiguë dans le texte. On ne dit pas (railleurs comment
les soldats prirent ou reçurent une partie de celte contribution.
2. Ou : « gourou », nom de la kola à Tombouctou.
3. Peut-être faut-il lire Bîr. A la fin d'un mot, dans l'écriture maghrébine,
le. j et le ^ se confondent aisément.
20 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
12 du mois 1 Dieu lui
mort le dimanche, (4 février 1735).
fasse miséricorde.
2 fils du juriscon-
Nàna-Hafsa-bent-El- Fa'-Ahmcd-Zerrouq,
sulte Àhmed-Mo'yâ, fils du très docte jurisconsulte'Abdal-
lah-ben-Ahmecl-Mo'yâ (Dieu lui fasse miséricorde !), décédée
le vendredi, dans la matinée du 5 du mois sacré de dzou'l-
hiddja, le dernier du mois de l'année ci-dessus indiquée
(28 avril 1733).
Nâna-Omm-El-'Aïd, fille du jurisconsulte, le cadi Scyyid-
Ahmed, fils du cadi Ibrahim (Dieu très-haut lui fasse misé-
ricorde! Amen!). Elle mourut le dimanche, vers midi, le 28
de ce même mois de dzou'l-hiddja (21 mai 1735).
Le caïd Mohammed-Bahhou, fils du caïd Senîber (Dieu lui
fasse miséricorde!), décédé le mercredi, après la prière de
l'après-midi, le 23 du mois sacré de moharrem, le premier
mois de l'année 1148 (15 juin 1735).
Nanâ-Rahma, fille du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni (Dieu lui fasse
miséricorde!), décédée au commencement de la nuit du
mercredi, 303 du mois de moharrem (22 juin 1735).
Nâna-Mouchi, fille du caïd Mohammed-Bouya (Dieu lui
fasse miséricorde!), morte le lundi, 4 du mois de cha'bân de
cette même année (20 décembre 1735) (\i).
Le caïd Mesa'oud, fils du caïd Senîber-ben-Mesa'oud
(Dieu lui fasse miséricorde!). Il mourut dans la soirée du
mercredi au moment du coucher du soleil, le 4 du mois
vénéré de ramadan de cette année (18 janvier 1736).
1. Le nom du mois n'est pas indique d'une façon précise. Il s'agit du mois
do ramadan très vraisemblablement.
2. « El-Fa' » ou « Alfa' » est un titre analogue à celui de Si ou Sidi chez les
Arabes. Il se donne à loute personne ayant une certaine inslruction ou quelque
renom de piété.
3. Le texte dit : « la nouvelle lune du mois de safar », mais il ne faut pas
oublier que, dans le syslème de supputation des Arabes, la nuit précède le jour
dont elle porte la date.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 21
Nâna-Fâtima-Tâgh 1, fille du chef des panégyristes 2, le ju-
risconsulte Mohammed, fils du jurisconsulte, le savant
fils du très docte Seyyid Ahmed-Bâbâ (Dieu lui
Seyyidi,
fasse miséricorde! Amen!). Sa mort eut lieu dans la nuit du
vendredi, 20 du même mois (3 février 1736).
El-Fa'-Tâgh, fils de El-Fa'-Ali, fils du jurisconsulte, l'imam
Mohammed-Kourdi (Dieu lui fasse miséricorde!) 11 était le
chef des panégyristes de la grande mosquée et il mourut le
mardi, clans la nuit qui précéda la fête de la rupture du
jeûne (13 février 1736).
la concubine 3 de mon
Yem-Rahma, grand-père El-Fa'-
Mohammed-ben-El-Amîn-Soud (Dieu lui fasse miséricorde!)
décédée le lendemain matin, mercredi (14 février 1736).
Mohammed fut une quatrième fois réélu pacha le jeudi,
24 du mois de djomada Ier de l'année 1150 (19 septembre
1737). Ce fut à la suite de l'affaire de Ta'ya et après la mort
du pacha Hammedi qui succomba à la tête
de ses troupes.
Aussitôt réinvesti de ses fonctions, le pacha Mohammed
nomma Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Zenka, lieutenant-général
des gens de la garde 4; il nomma également, à Kabara,
Mahmoud, fils du caïd Seniber-ben-Mohammed-Bouya et
1. Ou « Ta' «. Les Soudanais et les Touareg confondent aisément le c avec
le c.
2. Faute d'autre mot, ce terme sera employé ici pour désigner celui qui récite
des poèmes en l'honneur du prophète Mahomet, surtout à la fête de la Nativité.
Les fêles de la Nativité ont été organisées au Maroc en 671 de l'hégire par Yousef-
ben-Ya'qoub le Mérinide.
3. Le mot du texte s'emploie à la fois pour dire : femme légitime, servante,
concubine ou femme quelconque. Il est peu probable que ce soit une femme
légitime, sinon on aurait mis «C^-jj.
4. Le ms. et le texte imprimé ont : ,jjJI qui signifierait « de la religion ». 11
parait bien évident qu'il'faut lire ;J|jJI, nom de la garde ou sorte de corps do
gendarmerie; c'est ce qu'on appelle au Maroc et en Algérie mekhdzcni, khidla ou
daïra.
22 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Hammedi-ben-Tingharàsi des fonctions de hàkem
chargea
de la ville 1.
Au mois de c'est-à-dire, dans ce même mois,
djomada,
le lieutenant-général Ibrahim, fils du caïd Hammcdi-ben-
de la ville de Benba. Il en était à la suite
cAli, arriva parti
d'une lettre avait reçue du pacha Hammedi; en même
qu'il
la lettre celui-ci avait envoyé des soldats pour
temps que
défendre le pays 2; puis il se mit lui-même en route à- la tête
d'une colonne expéditionnaire.
Pendant le mois de II, le mercredi, 21 (16 oc-
djomada
tobre au moment où ils se retiraient, les Touareg
1737),
tuèrent, sur la route du port 3, le caïd El-Hasen, fils du caïd
Ilosaïn lui fasse miséricorde!). Ce fut également à la
(Dieu
l'ordre du pacha, le gouverneur de
même époque que, sur
Cheïbi fut tué à Kabara par le Kabara-Farma.
Le dimanche, 17 du mois de redjeb l'unique (10 novem-
bre 1737), le caïd les troupes de
rÀli-ben-El-Djesîmattaqua
4 de midi au cou-
l'armée et leur livra un combat qui dura
cher du soleil. Puis les deux partis se réconcilièrent et la
fut conclue le mercredi 27 du mois (20 novembre
paix
1737).
Le mercredi, 11 du mois brillant de cha'bân(4 décembre
4737), qui était le septième jour de la pluie 5, l'eau du Fleuve
atteignit An-Irbodo 6; le lundi, 23 du même mois (16 dé-
cembre) il y eut une légère averse, puis dans la nuit (s s) du
jeudi 26 (19 décembre) la pluie tomba torrentielle avec une
1. Il s'agit, selon toute probabilité, de la ville de Tombouctou et non du bourg
de Kabara.
2. Ou défendre le pays surtout contre les attaques des païens et des infidèles.
3. Du port de Kabara.
4. Les combats entre deux fractions de l'armée étaient choses fréquentes au
Soudan.
5. C'est-à-dire : « de la saison des pluies ». Le même mot arabe signifie pluie
et saison d'hiver.
G, Ou : In-Irbodo ou Aribodo.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 23
extrême abondance. On était alors au 8 décembre 1. Le di-
manche, 28 du mois de ramadan de cette même année
1738), la crue du Fleuve atteignit Dja'far-Benka
(19 janvier
et le lundi, 6 du mois de chaouâl (6 février 1738), elle ar-
riva jusqu'à El-Khemchi.
Au moment où le soleil allait se coucher, le vendredi,
1er du mois sacré de dzou'l-qa'ada, lavant-dernier mois de
l'année 1150
(20 février 1738), Maulaï-Dzehebi, Maulaï-
Mohammed-ben-Maulaï-Er-Rechîd et
Maulaï-Sa'kl-ben-Qà-
sem-El-Andalosi se rendirent à la porte de la maison du lieu-
tenant-général Hammedi-El-Fac-Mansour; ils trouvèrent ce
dernier sur le pas de sa porte au moment où il sortait de chez
lui; ils lancèrent contre luileurs javelots, le blessèrent et s'en-
fuirent ensuite pour aller se réfugier dans leur quartier de Ki-
simo-Benkoul A la suite de cette agression une lutte s'en-
gagea entre les deux partis; puis ils firent la paix avec les
soldats 3 et d'observer leur convention en
jurèrent présence
du pacha Mohammed.
Plus tard, le
pacha envoya aux deux principaux agres-
seurs, Maulaï-Dzehebi et Maulaï-Mohammed, un messager
leur intimant l'ordre de quitter la ville, ce qu'ils firent aus-
sitôt en se joignant à Oghmor4-ben-Alel-Et-Targui. Ils se
mirent en route le dimanche, 10 du mois de dzou'l-qa'ada
(1er mars 1738), emmenant avec eux Sa'îd.
1. Et non le 2 décembre. Le texte imprimé, par suite de l'usure des carac-
tères, semble avoir 2LJlT,au lieu de Â_-'U", qui est la vraie leçon.
2. Kisimo paraît signifier « quartier » et Benkou pourrait se prononcer Ben-
koua.
3. Les soldats marocains qui étaient en lutte contre les chérifs firent la paix
avec eux. Le titre de Maulaï s'applique à la fois aux chérifs et aux membres de
la famille souveraine au Maroc. Les personnages dont il est question ici agis-
saient à l'instigation du Maroc, selon toute vraisemblance.
4. Oghmor est peut-être une forme altérée de 'Omar, nom que les Berbères
prononcent volontiers A'omar, en changeant le e en p.
21 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Arrivés au Maghreb', Maulaï-Mohammed-Er-Rechîd et
Sa'îd revinrent sur leurs pas. Quant à Maulaï-Dzehebi, il se
2 d'Arabes
rendit vers un campement delà contrée qui étaient
installés à l'ouest de Oualata et s'y étaient fixés à demeure.
Parvenu dans cette
tribu, il s'y fixa, y prit femme et se ren-
dit ensuite au pays 3 de Seyyid Sa'id où il fonda une ville
nouvelle et aujourd'hui encore il est fixé là en état de révolte.
De son côté, Maulaf'-Sald prit la route du Fleuve, assu-
rant qu'il se rendait à Dienné. Il monta donc sur une em-
barcation, mais, arrivé à Che'ïbi, il alla à Baro-Cheïbi-
Iïaousas, monté sur son cheval qu'il avait emmené avec lui
dans son embarcation. De là il alla rejoindre Maulaï-Dze-
hebi, violant ainsi le serment qu'il avait fait.
Le dimanche, 16 du mois sacré de dzou'l-hiddja, le der-
nier mois de l'année susdite, c'est-à-dire de 1150 (6 avril
1738), les gens de Kabara, ayant leur imam à leur tête, ar-
rivèrent dans la ville pour voir le pacha. Ils se rendirent à
la maison de celui-ci, mais ne purent être admis en sa pré-
sence car, à ce moment, il était atteint d'une maladie mor-
telle. Ils se présentèrent alors chez le lieutenant-général
Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour et lui exposèrent ainsi les
motifs de leur venue : « Si, dirent-ils, nous avons quitté la
ville de Kabara,c'est (si) à cause cle la crainte et de la ter-
reur que nous inspirent les Touareg. Nous sommes vive-
ment tourmentés de notre situation et ne pouvons demeurer
1. Le mot « Maghreb » ici désigne une région du Soudan à l'ouest .de Tom-
bouctou.
2. Le texte porte ^, mais je traduis comme s'il y avait j^., nom donné aux
campements des nomades.
3. Dans le texte il y a le mot « ville »; le copiste aura vraisemblablement mis
jiL, au lieu de JX.
4. Le mot « Maulaï » ne figure pas toujours dans le texte, ni dans le ms.
5. Ces trois mots paraissent ne former qu'un seul nom propre de localité;
rien ne dit cependant qu'il ne s'agisse pas d'un personnage.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 25
en cet état. Le Kabara-Farma réside à Tombouctou,en sorte
que nous n'avons avec nous d'autres soldats que ceux des
1 de Kabara. En nous venons vous de-
gens conséquence,
mander de détacher un corps de troupes qui viendra de-
meurer parmi nous; sinon, nous allons tous émigrer et nous
rendre ici chez vous. »
En entendant ces paroles, le lieutenant-général donna
aussitôt l'ordre à un messager de se rendre auprès du Ka-
bara-Farma et de lui enjoindre d'envoyer un détachement
de cinquante soldats qui irait habiter avec les gens de Ka-
bara. Mais le Kabara-Farma s'opposa à cette mesure. « En
ce moment et pour l'instant, dit-il, il m'est impossible de
faire la chose. » — « Si tu ne peux te charger de la chose,
répliqua le lieutenant-général, alors résigne tes fonctions
pour les mois de cette année qui restent à courir et je don-
nerai à ces gens un chef qui résidera parmi eux. » Le Ka-
bara-Farma refusa de souscrire à cette proposition et un
conflit armé fut sur le point d'éclater entre ces deux per-
sonnages. Peu de temps après cela, le
lieutenant-général
nomma gouverneur de Kabara 'Ali-bcn-El-Djesîm sous l'in-
fluence de la fraction merrakechienne 2.
Le vendredi, vers midi, le 21 du mois dont il vient d'être
parlé (11 avril 1738), le pacha Mohammed mourut en fonc-
tions (Dieu lui fasse miséricorde!). Cette fois il avait occupé
le pouvoir pendant neuf mois.
1. Ou plutôt : « les gens de Kabara eux-mêmes ». Le mot JAI est souvent
employé dans ce texte avec le sens de soldats d'origine marocaine. On pourrait
donc traduire : « d'autres soldats que la garnison de Kabara ».
2. Les soldats marocains étaient partagés en trois grands groupes qui réu-
nissaient chacun les gens de la même région. Il y avait une division de Fez, une
de Merrâkech el une deCheraga, cette dernière moins considérable que les deux
autres. Chaque division avait une sorle d'autonomie et élisait à tour de rôle le
pacha, exerçant ainsi à un moment donné une influence prépondérante dans la
direction des affaires. Un lieutenant-général commandait chacune de ces divi-
sions. 11 y avait encore d'autres groupes moins importants.
26 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Mansour-ben-Mesa'oud-ben'-Mansour -Ez-Za'eri 2, plus
connu sous le nom du Konri. — Il fut élevé au
pacha pouvoir
le mardi, 28 du mois de rebi' II de l'année 1124 (4 juin
1712); il succéda au pacha déposé, le caïd 'Ali-ben-El-Mo-
bàrek-Ed-Der'i. C'était un homme excellent, très beau de
visage, d'élégante stature et de teint brun. Esprit ouvert,
d'une grande habileté et d'une intelligence très vive, ses
pareils furent rares parmi les pachas du Soudan. Il était fils
de la fille du prince 3. Il était brave et spoliait4tout homme
qui, par un moyen quelconque, avait amassé de la fortune,
car il aimait beaucoup l'argent. Toutefois il n'était pas gé-
néreux en raison de son opulence et pourtant il n'y a aucun
mérite à être généreux quand on est riche.
Aussitôt élu, un détachement
le pacha
expédia de troupes
à Kirâï pour s'emparer de Sanqari 5. A la tête de ces troupes
6 le caïd fils du
il avait placé son cousin paternel El-Bâchâ,
caïd El-Mobàrek. Non seulement le but de cette expédition
ne fut pas atteint, mais encore (sv) les soldats subirent de
grandes pertes et revinrent en pleine déroute.
A la fin du mois de cha'bân (fin septembre 1712), le pa-
cha fut déposé, mais il n'accepta pas cette déchéance et
continua de résider dans sa demeure, exerçant le pouvoir et
tenant conseil. Or, c'était une ancienne coutume que durant
le mois de ramadan, il y eut à la casbah une lecture du
1. Le ms.met tantôt Mes'aoud-ben-Mansour, et tantôt Mansour-bcn-Mes'aoud.
2. Le ms. porte partout « Ez-Zeghri >>;cet ethnique doit être lu Ez-Za'eri;
il vient du nom de la tribu marocaine dcsZo'aïr, dits vulgairement Zaères, qui
jouissent d'une réputation justifiée de brigands et de détrousseurs de rouie.
3. Ou : « roi » si l'on s'en rapporte au texte. Peut-être y a-t-il une faute de
copiste qui aura mis le mot <>roi » à la place d'un nom propre qu'il n'aura pas
bien déchiffré.
4. Tout ce passage est obscur et mal rédigé. Au lieu de « spolier », il y a en
réalité « mettre à pied ».
ij. Ou : Sanqara.
6. Dans quelques passages, entre aulres celui-ci, en trouve; « son frère et
coilsin paternel »; l'un des mots est de trop.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 27
Sahih de El-Bokhâri faite aux
pachas. Ce fut là la cause du
car le pacha ne s'était pas rendu à la casbah; aussi
conflit,
tout le monde était-il unanime à vouloir le déposer. Alors
on lui adressa 'Abdallah, fils du Kabara-Farma 'Abderrah-
rnarv qui alla le trouver et discuta la question avec lui 1.
A la suite de cette entrevue, le pacha installa une tente
au dehors devant la porte de sa maison. Ce fut sous cette
tente tint son conseil et qu'il reçut les caïds et lieute-
qu'il
qui venaient y assister et qui exécutaient du
nants-généraux
reste ses décisions. Toutefois c'était sans la moindre convic-
tion que ces personnages lui disaient : « C'est à Dieu d'a-
bord, à toi ensuite, qu'il appartient de décider 2. »
puis
Cette situation dura depuis le moment où l'on avait pro-
noncé ces mots : «nous n'en voulons
plus », c'est-à-dire de
la fin 3 du mois de cha'bàn au commencement du mois de ra-
madan. A ce moment, le cadi, les notaires et les panégy-
ristes vinrent pour procéder, selon la coutume, à la lecture
du Sahih de El-Bokhâri et allèrent à cet effet dans la maison
du pacha. Mais, à la fin du mois, le caïd Bâ-Haddou s étant
rendu à Sankoré auprès du cadi Seyyid-Ahmed 4, lui inter-
dit de continuer cette lecture de El-Bokhâri et de se rendre
dorénavant dans la maison du pacha, celui-ci étant, lui dit-
il, déposé. Dès lors on s'abstint d'aller à la maison du pacha,
chacun resta chez soi et le pacha cessa de tenir conseil, de
de ses prérogatives 5 et de faire acte de gouvernement,
jouir
1. La rédaction de ce paragraphe el des deux paragraphes suivants est des
plus confuses. Il semble que la lecture de El-Bokhâri n'était qu'un prétexte; en
réalité on trouvait mauvais que le pacha ne résidât pas dans la casbah où il se
trouvait mieux sous la dépendance immédiate des troupes.
2. C'est la formule que l'on emploie d'ordinaire quand on s'adresse à une
autorité quelconque.
3. Ou plus exactement ; « des derniers jours ». La formule : « nous n'en vou-
lons plus » était celle prononcée pour la déposition des parties,
4. La lecture de El-Bokhâri n'était pas nécessairement faite par le cadi.
5. Le mot ilil£,l_J que l'on trouve à plusieurs reprises, semble être formé du
28 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
car il était bien évident à ce moment qu'il était déposé. Son
élévation au pouvoir avait duré cinq mois.
Quelques années après, le lundi, 15 du mois de redjeb
l'unique de Tannée 1128 (5 juillet 1716), Mansour fut de
nouveau élu pacha en remplacement du caïd 'Abdallah-ben-
El-Hàdj-El-'Imrâni'.Il se montra un souverain si redoutable
que personne n'osait
plus seulement remuer la tête en sa
présence. Il fut élu à la suite de graves désordres et il n'ar-
riva au pouvoir qu'après avoir usé de ruse, de promesses
d'argent, de serments et de perfidie envers bon nombre de
gens qu'il réussit à acheter 2.
Une fois en possession de l'autorité, il ne trouva plus per-
sonne pour la lui contester ou lui faire opposition. Il en usa
durement envers ses subordonnés et ceux-ci se trouvèrent
désormais dans une situation misérable, abjecte et avilie. Ils
cessèrent de pouvoir se procurer leurs profits habituels, la
porte des abus leur fut fermée et ils n'eurent plus la ressource
de remplir leurs coffres des sommes qu'ils percevaient sur la
terre ou sur le Fleuve à titres de « coutumes » 3. Sauf quel-
ques grands personnages, chacun dut se contenter de ce qui
lui était attribué bénévolement comme traitement, indemnité
de vivres ou cadeaux.
Cette époque ne fut pas très prospère (\A); il n'y eut ni
récoltes plantureuses, ni abondance de vivres. La seule chose
qui fut très florissante ce furent les abus de pouvoir, en
sorte que rien ne fut rare 4 dans ce genre sous son pachalik,
pas même les exactions et les avanies.
mot lilj suivant un procédé étranger à la langue arabe. Il signifie les fonctions
et prérogatives du pacha.
1. Le nom complet de ce pacha était, ainsi qu'on le verra plus loin : 'Abdal-
lah-ben-El-Hâdj-ben-Sa'îd-El-'Imrâni.
2. La phrase est loin d'être claire en arabe.
3. C'est-à-dire : péages, redevances coutumières, cadeaux, etc.
4. L'auteur aurait pu dire plus simplement: Il n'y eut ni disette, ni abondance
de vivres et les abus seuls furent très florissants.
BIOGRAPHIES Û-ES PACHAS DU SOUDAN 29
Les abus et les
misères, à ce moment, furent surtout dus
aux esclaves noirs du pacha; ils harcelèrent les populations
de leurs pillages, de leurs déprédations, de leur tyrannie, et
cela nuit et jour. Personne n'avait été nommé aux fonctions
1 de Kabara.
de hàkem, ni à celle de sultan Ce fut un des es-
claves noirs qui, de concert avec El-Mordo-ben-'Ammâr,
gouverna Kabara, tandis que l'office de hàkem était rempli
par Mohammed-Sorgho2-ben-Ël-Mobàrek-Boubo-El-Fâsi, qui
n'avait pas été investi régulièrement de cette autorité 3.
Cette anarchie s'étendit de tous côtés : à l'est, à l'ouest,
au nord, au sud," sur terre, sur le Fleuve, ainsi que dans les
villes, villages et îles de toute la région du Tekrour qui se
trouvaient au pouvoir des Marocains, des frontières du pays
de Kikoï à celles du territoire de Dienné. Cela s'étendait
même à la ville de Araouân dont le lieutenant-général comme
aussi le Koronkoï-Farma furent contraints de remettre aux
esclaves noirs jusqu'à des paquets de poisson sec, redevance
qui, d'ordinaire, était perçue par le chef des écuries, jamais
par le pacha lui-même. De même pour le kharadj, la dîme
du mil 4, etc. que les gens de Bokouhîr 5, de la région de
Benka, devaient payer aux conseillers du pacha, c'était en-
core le pacha lui-même qui s'attribuait ces impôts. S'il arri-
vait que quelque village du Kîso ou tout autre bourg eût à
payer le prix du sang, c'était toujours le pacha qui s'en em-
parait. Ainsi faisait-il encore quand une succession vacante
ou quelque chose d'analogue devait échoir au domaine pu-
blic. La cupidité du pacha s'exerçait également à l'égard de
toute succession sur laquelle un soldat marocain avait un
i. Ce mot « sultan » signifie souvent « gouverneur », « chef d'une ville ou
d'un district », ici par exemple.
2. C'est l'orthographe donnée plus loin, car ici le mot est sans voyelles.
3. Les esclaves noirs ou legha trafiquaient de ces situations.
4. Ce mil était appelé dans le pays kanaï.
5. La première partie du mot est surchargée en sorte que la lecture en est un
peu douteuse.
30 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
droit, soit du fait de sa femme, soit pour la restitution d'un
succession n'était laissé au soldat.
dépôt 1; rien de cette
S'il agissait ainsi c'est ce que Dieu lui avait donné force,
et domination sur ses soldats et qu'il voulait se
pouvoir
venger d'eux et de toute la population 2. Quand un esclave
noir insultait par une expression malsonnante un soldat ou
une c'était la victime qui était frappée,
personne quelconque,
ou l'un de ses parents; on lui extorquait une partie de
ses biens et elle ne pouvait se plaindre au pacha (N<\), car
celui-ci, quand il recevait une plainte contre un de ses es-
claves, se gardait bien de lui en parler ou de lui défendre
de recommencer ses méfaits, que le plaignant fût un juris-
consulte ou un chérif ; à plus forte raison quand ce n'était
qu'un simple soldat.
Tous ces abus provenaient du désir qu'avait le pacha de
se venger des misères que lui avait fait endurer l'armée
autrefois, misères dont le souvenir s'était à jamais gravé dans
sa mémoire. On nous a raconté, en effet, que les soldats
l'avaient humilié et insulté et qu'ils étaient même allés jus-
qu'à le frapper. Aussi, depuis ce moment, avait-il résolu de
les humilier à son tour et de tirer vengeance des affronts
qu'ils lui avaient fait subir. Dans toute sa façon d'agir à leur
égard, il n'avait d'autre préoccupation que de satisfaire sa
rancune. De là la conduite qu'il tint envers ses soldats et qui
s'étendit à tous les musulmans sans
exception. Dieu nous
préserve de vivre sous un pareil régime !
Non content d'avoir enlevé toute autorité à ceux qui en
étaient les dépositaires, il ne laissa à personne la libre jouis-
sance de ses biens. Ce fut au point que personne n'était, en
1. I.e dépôt n'entre jamais dans l'actif d'une succession puisqu'il reste tou-
jours la propriété du déposant. C'est pour cela que l'auteur cite ce fait comme
constituant un abus des plus graves de la part du pacha.
2. On trouvera plus loin, à la biographie de 'Abdallah-ben-EI-Hâdj-bcn-Sald
les raisons qu'il avait d'être irrité contre l'armée et la population.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 31
réalité, maître de ses esclaves mâles ou femelles et tout cela
à cause de ses esclaves noirs appelés legha 1. Chaque fois
qu'un homme ou une femme esclave abandonnait le toit de
son maître, c'était toujours dans la maison de ces leghaque
le fuyard trouvait asile et jamais le legha, à qui ou venait
réclamer un esclave en fuite, que celui-ci fût mâle ou femelle,
ne le rendait à son
légitime propriétaire.
Le nom du pacha se répandit à l'est comme à l'ouest; il
dépassa en renom celui de tous les autres personnages à tel
point qu'à cette époque on n'entendait citer d'autre nom
que le sien ou celui de ses esclaves noirs. Une ou deux fois,
il reçut un messager porteur de lettres de félicitations ou de
compliments envoyés par le sultan. Dans ces lettres il n'était
2 et nulle mention
question que de lui n'était faite des caïds,
des lieutenants-généraux ou de l'armée. Il renvoya ensuite
ces messagers avec des cadeaux pour le sultan.
L'influence du pacha, sa puissance, son autorité et son
prestige allèrent sans cesse en croissant, Au cours de son
pachalik il amassa des richesses considérables et il eut en
réserve d'immenses approvisionnements des objets qu'il
recevait à titre de redevance. Quelle que fût la chose
qu'il
désirât il la trouvait emmagasinée dans sa propre demeure.
C'est ainsi qu'il avait chez lui, de For, de l'argent, des
pépites d'or (ofiouz)z, du drap, du linge, des peaux tannées
1. Ce nom de legha est sans doule d'origine soudanaise. Cette institution des
esclaves noirs paraît empruntée à l'organisation imaginée à cette époque au
Maroc par Maulaï Isma'il, qui s'était formé une garde noire à l'aide d'esclaves
amenés du Soudan.
2. A cette époque le pacha était en réalité tout à fait indépendant de la cour
marocaine qui n'intervenait en aucune façon dans son clecUon. Le gouverne-
ment marocain n'avait donc plus à avoir de relations avec les fonctionnaires du
Soudan. Toutefois il cherchait à laisser croire quels pacha était son vassal et son
subordonné et c'est pourquoi de temps à autre il lui envoyait des messages. Le
cadeau que le pacha envoyait dans ces circonstances pouvait être considéré
comme un tribut.
3. Le ms. porte nettement jf*Àc qui m'avait paru d'abord être une altération
32 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1
rouges et jaunes, des baudriers de sabre, des broderies d'or ;
des cauris blancs en nombre considérable, de
grands vases
des armes
(r •) en cuivre jaune et rouge, du fer, du plomb;
de toutes sortes : fusils, sabres, arcs, carquois et javelots 2;
des outils et ustensiles de ménage de toute nature : pioches,
de boeufs 3 eu
pelles, mortiers avec pilons, marmites etpeaux
grand nombre; du poisson sec, des vivres de toute sorte :
7' et kanaï en grande
blé, riz blanc et non décortiqué, bechna
quantité ; des coussins, des grands tapis, des nattes et même
des chaussures faites de peau de boeuf battue et amincie.
Enfin il y avait là des ballots en nombre considérable.
On trouvait également dans la demeure du pacha des che-
vaux, des mulets, des ânes, des chameaux, des boeufs et des
moutons. Dix chevaux bais étaient constamment attachés au
5 dans la cour de sa maison. Tout ce que, selon la
piquet
on 6 devant lui lorsqu'il se rendait à
coutume, conduisait
cheval aux réjouissances qui avaient lieu sur le mosalla le
jour d'une grande fête et le septième jour suivant 7, devenait
sa propriété personnelle, chose que ses collègues faisaient
rarement à cette époque 8. Pour donner une idée de ce qu'il
de ùfî*e' ma's ceL^e leÇon ne saurait guère convenir. Aussi ai-je traduit par
« pépites d'or », en lisant ^Lâe.
1. D'après le ms. il faudrait lire JJJ^ OU JJ,^, mots qui ne donneraient pas
un sens approprié. J'ai traduit comme s'il y avait i_^, forme vulgaire de UJJJI^
nom donné au fil d'or et aux broderies en or fin sur cuir ou sur étoffes.
2. Ou « lances ».
3. Ces peaux de boeufs étant rangées parmi les articles de ménage, il faut en-
tendre par là des outres.
4. Le bechna est fort commun en Algérie; c'est une espèce de sorgho. Quant
au kanaï, cela paraît être une variété du mil ou du sorgho.
5. Ces dix chevaux étaient ceux spécialement affectés à l'usage personnel du
pacha.
6. A l'occasion des fêtes il était d'usage d'offrir des cadeaux que l'on exhibait
dans le cortège ; ces cadeaux consistaient en objets et en animaux.
7. Chez les musulmans le septième jour d'une l'été est également férié.
8. Il était d'usage que le pacha distribuât à son entourage tout ou partie des
cadeaux qu'il recevait. Comme on le voit,Mansour ne se conformait point à cette
tradition.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 33
recevait il suffira de rappeler
quantité d'or la
que le caïd
Bâ-Haddou dut faire transporter chez le pacha lorsqu'il fut
exilé : il y en avait pour la valeur de 12.000 mitsqâl. Or à
cette époque personne n'avait 4.000 mîtsqâl d'or en sa pos-
session.
Mansour prenait tout ce que ses fonctionnaires percevaient
à titre de redevance, péage, coutume, droit de drapeau 1, et
il agit ainsi dès le jour où il fut élevé au pouvoir. Quant
aux fonctionnaires, ils ne recevaient rien de tout cela et le
pacha n'en donnait que ce qu'il voulait à ceux d'entre eux
qu'il affectionnait plus particulièrement.
Aucun de ceux qui, sous son pachalik, occupèrent des
2 de ne fut nommé
fonctions lieutenants-généraux par lui.
Ainsi le lieutenant-général Yahya-El-Hindi était déjà, avant
l'avènement du pacha, lieutenant-général des gens de Fez 3,
le lieutenant-général Ahmed, fds du caïd Bâ-Haddou-ben-
Sâlem, était également à la tête des gens de Merrâkech avant
cette époque ; de même encore le lieutenant-général Mo-
hammed, fds du caïd Ben-Ibrahîm-ben-Hassoun, était lieu-
tenant-général de la garde* ainsi que son frère, déjà nommé,
fils du caïd Senîber ; tous avaient été investis de
Bàbâ-Seyyid,
leurs fonctions antérieurement à l'avènement du pacha. Man-
sour avait donc trouvé tous ces personnages en place et il ne
fit d'autre nomination de ce genre que celle du lieutenant-
général El-Mobârek, fils du caïd Bàkarna, qu'il éleva
1. Le texle porte simplement « les étendards », sans spécifier de quelle sorte
de redevance il s'agissait.
2. Le mot traduit par « fonctions » est écrit êU*_jil dans le ms. Je suppose que
c'est la forme altérée de «lA*;^!.! avec substitution de l'alif au c, substitution
fréquente au Soudan.
3. C'est-à-dire de la division de Fez. On a vu plus haut (p. 25, note 2) que les
troupes étaient partagées en trois fractions principales.
4. Comme on l'a vu plus haut (p. 21, note 4), la garde ou ;Jb daim taisait ot-
flee de maréchaussée et de courrier.
(Biographies des pachas du Soudan.) 3
34 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
au poste de lieutenant-général desgens des Cherâga 1.
Il nomma (v>) à la garde du chemin du port son fils,
Seyyid 'Ali, afin qu'il en perçût tous les droits. Il aurait re-
douté de nommer tout autre à ces fonctions 2. Or, selon la
tradition, cette surveillance revenait au hâkem. Le hâkem
'Azrâ devint donc ainsi le subordonné de Seyyid 'Ali. Quant
à Mohammed-Sorgho il n'avait aucune autorité de ce genre,
car il ne s'occupait cpue de certaines parties des fonctions de
liàkem. C'était donc en réalité le fils du pacha Seyyid 'Ali
qui exerçait la plupart des attributions du hâkem, celle de
surveillant du port, par exemple, et d'autres du même genre.
Mansour pratiqua le premier un certain nombre de
choses nouvelles : par exemple, il appliqua la peine de la bas-
tonnade à des personnages dont la situation ne comportait
pas un
pareil traitement. C'est ainsi qu'il fit frapper El-Fa'-
'Abdallah, fils du jurisconsulte, de l'imam Ibrâhîm-ben-Mo-
hammed-Ouankorba 3, et le chef des ailiers, l"Ara-Koï Bilâl,
fils de l'Ara-Koï Mousa. Il fit, dit-on, donner le fouet à ce
dernier et à plus forte raison en fit-il autant pour les simples
âniers qui étaient dans une situation moins élevée. Chaque
jour il en agissait ainsi à leur égard.
Enfin il lui arriva l'aventure suivante : un jour qu'il se
trouvait sur le chemin du port, il s'emporta contre un des
âniers et donna l'ordre à ses esclaves noirs de le saisir ; mais
celui-ci réussit à leur échapper et alla se réfugier dans le
mausolée du saint de Dieu, le très-haut, du jurisconsulte
Ahmed-Mo'yâ. Les esclaves abandonnèrent alors le fugitif
1. Le texte porle « Cherâg » ; mais il est bien évident qu'il faut lire « Cherâga ».
Les Soudanais omettent volontiers le ô qu'ils ne distinguent pas de la voyelle a
ordinaire, laquelle ne s'écrit pas habituellement.
2. Ce passage eût été incompréhensible s'il n'avait été légèrement développé.
Mot à mot il y a : « Il nomma au chemin du port son fils Seyyid 'Ali, afin de
percevoir ce qui sortirait de lui, à cause de sa crainte ».
3. Le mot est sans voyelle dans le ms. ; la lecture en est par suite incertaine.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 35
dans sonasile, n'osant point pénétrer eux-mêmes dans le
sanctuaire. Un instant après Seyyid 'Ali arriva à son tour en
cet endroit et menaça les esclaves de sa colère s'ils ne péné-
traient pas dans le mausolée. Ils y pénétrèrent donc, saisi-
rent le fugitif et essayèrent de l'entraîner de
force; celui-ci
accrocha sa main à un des pieds du catafalque, mais en le
tirant les esclaves brisèrent à la fois et la main de l'ânier et
le pied du catafalque. On entraîna ensuite le fugitif au dehors
et là on le frappa.
A peine peu de jours s'étaient-ils écoulés depuis cet évé-
nement que Seyyid 'Ali se cassa la jambe pendant qu'il était
sur la route de Kerân. Son cheval s'étant cabré, Seyyid 'Ali
tomba sur le sol
pieds les
engagés dans les étriers; il de-
meura ainsi suspendu, tandis que le cheval s'emportait. Enfin
il resta sur le sol et en réchappa grâce à la toute-puissance de
Dieu 1. On le transporta alors dans sa maison souffrant et il ne
sortit plus de chez lui sauf
le jour où le pacha fut chassé de
la ville ; ce dernier vint alors se présenter à la porte de sa
maison avec ses chevaux ; il fit charger son fils sur un cheval
et l'emmena avec lui, abandonnant dans sa demeure toutes
les richesses dont elle était remplie 2.
Durant son passage actuel au pouvoir, le pacha Mansour
entreprit trois expéditions : pendant la première de ces ex-
péditions dirigée sur Bara, il attaqua Deba, ville des païens
deBambara, dans les conditions suivantes. Comme son armée
était arrivée près de la ville de Deba, le caïd 'Ali, fils du
lieutenant-général Sa'id-ben-Yahya, lui demanda d'en com-
battre les habitants, de fondre sur eux (vv) et de les expul-
ser de cet endroit parce qu'ils l'incommodaient, lui le caïd
1. Le copiste avait oublié une partie de la phrase qui a été rétablie en marge
par une autre personne. Malgré cette restitution le.sens n'est pas encore bien
net, si l'on s'en tient au texte.
2. La confusion produite par les pronoms est telle que l'on n'est pas sûr du
sens.
36 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1 était voisine delà. Telles
'Ali, dont la ville nommée Arkora
étaient les raisons pour lesquelles le caïd demandait au
pacha de chasser les gens de Deba. Le pacha répondit que
les musulmans n'avaient le droit de combattre les païens
qu'après leur avoir proposé d'embrasser l'islamisme ou de
2 le cas où
payer l'impôt de
capitation ; ce n'était que dans
les païens refuseraient de souscrire à l'une de ces proposi-
tions qu'il serait de son devoir de les combattre et alors,
ajoutait-il^, je les combattrai et les exterminerai jusqu'au
dernier, s'il plaît à Dieu.
Le pacha Mansour était un homme instruit, habile, sai-
sissant vite les choses et ayant toujours une réponse prête.
Très il parlait la langue arabe d'une façon remar-
éloquent,
quable au point qu'il était plus disert que bien des Arabes.
11 fréquentait volontiers les Arabes, allait chez eux clans
leurs tentes et souvent il avait pris femme parmi eux 3.
Quand il voyait un savant il le traitait avec les plus grands
honneurs et lui
posait nombre de questions juridiques. 11 en
agissait de même avec les tâleb auxquels il adressait aussi
des questions et demandait l'interprétation de choses énig-
matiques. Il ne les quittait qu'après s'être rendu compte de
leur valeur scientifique et du degré de leur instruction.
Quand l'un d'eux restait court sans pouvoir répondre, il s'en
moquait et faisait parade de sa propre science.
Mansour avait passé de longues heures à étudier sous la
direction des jurisconsultes 4; il fréquentait les tâleb pour
1. L'orthographe du nom de celle localité est donnée de deux façons diffé-
rentes : Arkora et Arkoza.
2. La loi musulmane relative au djihdd interdit d'attaquer un peuple païen
avant de l'avoir sommé au préalable, ou d'embrasser l'islamisme, ou de payer un
impôt de capitation.
3. La lecture de ce passage n'est pas certaine.
h. Le mot &3à traduit par « jurisconsulte » signifie aussi au Maroc et dans
l'ouest de l'Algérie tout homme instruit ou même habile dans une profession
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 37
étudier et s'instruire et cela avant qu'il ne fût arrivé au
pouvoir. A cette époque, il prétendait qu'il ne voulait en
rien avoir affaire avec les soldats, qu'il rejetait leur fréquen-
tation pour s'en tenir uniquement à la société des savants ;
c'était au point qu'on l'avait surnommé zâouï'-pacha et cette
existence dura des années. Plus tard, comme les soldats qui
nommaient le pacha l'avaient déposé secrètement, Mansour,
qui avait eu connaissance de ce fait, revint au milieu d'eux
et c'est alors qu'il fut nommé pacha pour la première fois,
ainsi que cela a été dit plus haut. Ensuite, la conduite qu'il
tint à l'égard des soldats qui l'avaient nommé pacha, l'avait
fait déposer secrètement, puis il avait été de nouveau élu au
pouvoir et c'est de cette période dont
parlons. nous
Pour en revenir à l'achèvement
du récit commencé plus
haut, nous dirons que, pendant le séjour 2 qu'il fit à ce mo-
ment à Deha, le pacha n'accéda pas au désir du caïd 'Ali
3
qui ne l'avait fait venir là qu'à cause du préjudice que cau-
saient les habitants de Deba à la ville de Arkora ; il avait
donc demandé au pacha de ruiner Deba par surprise. Mais
le pacha n'en usa pas ainsi; il envoya le Bara-Koï aux habi-
tants de Deba pour les engager à embrasser l'islamisme ou,
à défaut de leur conversion, à payer
capitation. « Nous
la
acceptons votre proposition, répondirent ceux-ci à l'envoyé
du pacha ; nous nous soumettons à l'autorité de Dieu d'abord,
à celle de l'askia ensuite et, enfin, à celle du pacha. Si vous
manuelle. Toutefois on s'en sert plus souvent pour désigner les théologiens,
jurisconsultes et grammairiens.
1. Le ms. porte ^jUà, qui serait pour ^jU* « éclairé »; mais je lis ij^j\
qui signifie « séminariste », '« étudiant », et alors le surnom voudrait dire :
« pacha-séminariste », « pacha-étudiant ». La zaouïa, d'où est formé le mot
zaoui, est, comme on le sait, une sorte de sémina;re ou de couvent servant à la
fois de collège et d'asile pour les malheureux.
2. Le pacha n'était pas à Deba même, mais seulement près de cette localité.
3. Le préjudice, dont on veut parler, était plus exactement la rivalité com-
merciale des deux localités dont il est question.
38 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
nous donnez l'ordre de vous remettre tout ce que nous pos-
sédons, nous le ferons sur l'heure » (Y?). Telle fut la ré-
ponse faite
par les gens de Deba à l'envoyé du pacha. Cet
envoyé, qui était le Bara-Koï, dont il vient d'être question,
s'en retournait auprès du pacha pour lui rendre compte du
résultat de son message, lorsque le caïd 'Ali vint au-devant
lui, le rejoignit en route avant qu'il ne fût de retour auprès
du pacha et lui demanda ce qu'avaient répondu les gens de
Deba.
Comme le Bara-Koï lui répétait les paroles qui ont été
rapportées plus haut, le caïd 'Ali lui demanda de ne point
les transmettre ainsi. « Ilfaut,ajouta-t-il,que tu lui dises les
choses les plus désagréables au nom gensdes de Deba et
que tu transformes leur discours de la manière que voici :
« Le chef de Deba m'a chargé de vous faire en son nom la
« réponse suivante : Si tu es un
homme, moi aussi je suis
« un homme comme toi. Si tu as des hommes avec toi, moi
« aussi j'ai des hommes avec moi; si tu as des fusils, moi
« j'ai un arc et des flèches empoisonnées. Par Dieu, nous ne
« te donnerons absolument rien. »
Le Bara-Koï se rendit auprès du pacha et lui répéta mot
pour mot ce que le caïd Ali l'avait engagé à dire sans
rapporter la véritable réponse des gens de Deba dont le
pacha n'eut jamais connaissance. Celui-ci, d'ailleurs, n'était
pas parti en campagne contre les gens de Deba tout d'abord ;
son expédition était dirigée contre les
gens de Doboro;
mais le caïd 'Ali était allé trouver ceux-ci et, après plu-
sieurs démarches, pour réconcilier les gens de Doboro avec
le pacha, il avait réussi à obtenir cetteréconciliation, grâce
à ses efforts personnels. Les gens de Doboro avaient donné
au pacha, par l'entremise du caïd cAli, quarante chevaux,
1 et cent
quarante esclaves vaches. C'est ainsi que le caïd
1. Mot à mot : « serviteurs ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 39
avait conjuré l'orage qui menaçait les gens de Doboro et
avait tourné la colère du pacha contre les gens de Deba.
Dès qu'il eut entendu les paroles que lui rapporta son en-
voyé, le Bara-Koï, le pacha donna l'ordre de distribuer de
la poudre et réunissant ses soldatsenjoignitil leurd'atta-
quer aussitôt la ville de Deba; ceux-ci, en un clin d'oeil,
entourèrent la ville de tous côtés et l'emportèrent d'assaut ;
ils détruisirent toutes les maisons, massacrèrent hommes
et femmes, et emmenèrent en captivité les enfants et quel-
ques femmes. Dieu seul sait le chiffre exact de ceux qui
furent tués
ce jour-là et la ville devint déserte. Dieu a dit
dans le Coran: « ;.. Tu aurais vu alors le peuple gisant sur le
sol pareil à des troncs de palmiers évidés 1 » ; et le Prophète,
en parlant de l'histoire des Adites : « ils pillèrent toutes
leurs richesses. »
L'armée du pacha, dans cette affaire, ne perdit que six
hommes; deux d'entre
eux appartenaient de à la division
Fez: Sa'îd-ben-El-Hâdj-El-'Imrâni, le frère du caïd 'Abdallah-
et 2
ben-El-Hâdj l'odabâchi Mousa; deux appartenaient à la
division de Merrâkech : 'Abderrahman, fils (Y I) du lieutenant-
général Abâ-ben-El-Hâdj et le bachout Mohammed-El-'An-
kebout ; enfin deux appartenaient à la division des Cherâga :
Ghanber-El-Atrech et le caïd Ben-Nâser-Idji. En somme le
nombre des morts, à ce que l'on assure, fut au total de qua-
torze personnes ; mais, en dehors des six personnes vien-
qui
nent d'être nommées, tout le reste ne des
comprenait que
gens de la basse classe et des esclaves.
Le pacha en quittant Tombouctou à la tète de ses troupes
cette s'était rendu au port de Koronzofiya 3
pour expédition
i. Coran, sourate LXIX,verset 7. Les paroles qui suivent et qui sont attri-
buées au Prophète font partie d'un hadits.
2. Mot turc signifiant : capitaine.
3. Ce mot est tantôt écrit Koronzofiya etKorondzofiya.
40 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
au mois de rebi' II de l'année 1129 (15-mars-13 avril 1717).
avoir
séjourné en cet endroit pris quelques et y avoir
Après
de repos, il s'était rerais en marche et il était de retour
jours
à Tombouctou à la fin du mois vénéré de ramadan. Son entrée
dans cette ville eut lieu le 27 du mois précité (4 septembre)
et, selon l'usage, il fit le tour de la ville 1. Grâce au Giel il
était revenu sain et sauf et chargé de butin.
Vers cette
époque, avant qu'on se mît en marche pour
cette expédition et alors que les préparatifs n'en étaient pas
terminés, les Touareg Tadmekket volèrent les chevaux du
pacha; ils profitèrent de la nuit pour s'avancer jusqu'à la
partie extérieure de la casbah, puis franchissant les murs de
la citadelle ils pénétrèrent à l'intérieur, ouvrirent la porto,
détachèrent deux chevaux dans les écuries et réussirent à
sortir et à emmener ces animaux sans que personne s'en
aperçût avant qu'il fît jour.
Les montures volées étaient deux chevaux de selle du
pacha; chacun connaissait ces magnifiques bêtes ayant étoile
au front et balzanes, admirables de formes et superbes
d'aspect. Le pacha fut vivement affecté de ce larcin qui lui
causait un
préjudice et une sorte de déconsidération 2; des
hommes furent expédiés pour les réclamer de bon gré et les
lui ramenèrent plus tard ; mais les Touareg leur ayant fait
saillir toutes leurs juments, ces chevaux n'avaient plus la
moindre force. Ce fut à cause de ce fait que le pacha fit une
expédition contre les Touareg.
L'expédition contre Kaokao futentreprise ensuite. Le
pacha se mit en marche à la tête de ses troupes et quitta
Tombouctou le lundi, 4 du mois brillant de cha'bân de l'an-
1. Il était d'usage, au retour de chaque expédition, de faire une sorte de pro-
menade triomphale autour de la ville.
2. Les Touareg montrant ainsi qu'ils n'avaient aucun respect pour la personne
du pacha et le tournant en dérision aux yeux de ses administrés.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN H
née H 30 (3 juillet 1718). Les troupes ayant reçu leur solde
se mirent en route par terre pour se rendre à Kâgho. Après
avoir accompli là ce qu'il y fit, le pacha se dirigea du côté
des Touareg Tadmekket; il les pourchassa vivement, mais
ceux-ci fuyant devant lui, on ne put leur prendre qu'un petit
nombre d'animaux et on ne fît qu'un maigre butin des
objets qu'ils abandonnaient dans leur fuite. La poursuite
se continua jusqu'à Adâgh, les Touareg fuyant toujours à
toute vitesse devant le pacha qui, ne réussissant pas à les
joindre, revint sur ses pas. Le retour àTombouctou eut lieu
au mois vénéré de ramadan (vo) de cette année et l'on y
arriva le jour de la rupture du jeûne (28 août).
L'armée revenait saine et sauve, mais sans butin. Aussi
crut-on que le pacha n'avait pas voulu atteindre l'ennemi,
afin qu'on ne lui pût point enlever ses troupeaux 1. Cette
émise par certaines personnes, n'était en aucune
opinion,
façon exacte : le pacha avait seulement considéré que ses
troupes n'étaient pas en état de résister et de combattre avec
succès les Touareg et c'est
pour cela qu'il n'avait pas voulu
les atteindre, craignant que l'armée ne fût défaite pendant
qu'il était au pouvoir et qu'il ne lui arrivât ce qui devait ad-
venir à son frère Hammedi à Toghaï. C'était comme une
sorte de pressentiment.
On rapporte que le pacha raconta lui-même quelque chose
d'analogue et qu'il se serait alors exprimé ainsi : « J'ai entendu
des sages vieillards dire que, dans un temps éloigné, un
des petit-fils du pacha Mesa'oud-ben-Mansour se mettrait en
marche à la tête d'une armée, que ce petit-fils, alors pacha,
ferait une expédition contre les Tadmekket; qu'une rencontre
aurait lieu et qu'à la suite de ce combat les Touareg met-
1. Les troupeaux formaient l'unique richesse des Touareg. Le pacha craignait
en les lui enlevant d'exaspérer la tribu qu'il pourchassait et d'ameuter par suite
les autres Touareg contre lui.
42 BIOGRAPHIES r>ES PACHAS DU SOUDAN
traient en fuite l'armée du pacha après l'avoir vaincue et
lui avoir infligé une honteuse défaite ; qu'un grand nombre
de soldats du pacha périraient dans cette rencontre en sorte
qu'ils seraient exterminés presque tous jusqu'au dernier;
enfin les Touareg tueraient le pacha. J'ai craint d'être
que
moi-même le pacha faisait allusion ce discours. »
auquel
En entendant ces paroles,le caïd Nâsir, fils du caïd cAbd-
allah-ben-Nâsir Ed-Dera'i, dit au pacha : a Ce que tu viens
de l'avoir entendu toi-même est exact. Tou-
rapporter pour
tefois, ce n'est pas toi le pacha auquel il est fait allusion,
mais quelqu'un qui est dans ta maison, un de tes frères, et
cela se passera à une époque à laquelle ni toi, ni moi ne
serons présents. » Cependant quelques-uns prétendent que
ces paroles du pacha ne furent prononcées qu'au sujet de
l'expédition contre Anasa, la troisième expédition qu'il en-
treprit dans la région de l'ouest.
Pendant que le pacha était en route vers Koronzofiya 1, à
la tête de ses troupes et avant qu'il n'eût encore procédé à
son départ pour l'expédition 2, il nomma El-Mokhtâr-ben-
Chems à la dignité d'askia et l'emmena avec lui dans son
armée.
La troisième expédition du
pacha fut dirigée du côté de
l'ouest vers Ras-el-Ma, où se trouvait Anasa-ben-Ghenbekfi-
Et-Targui. Celui-ci prit la fuite avec tous les Touareg
qu'il avait avec lui et décampa devant le pacha qui ne put
l'atteindre. Malgré le petit nombre de ses soldats, le pacha
avait fait environ quarante prisonniers qu'il laissa au camp
3
avec les Touareg Ouldi-'Alân qu'il avait avec lui. On rapporte
1. Le mot est orthographié ainsi ^ jjT; mais il s'agit bien de la localité
indiquée un peu plus haut.
2. C'est-à-dire que le vrai départ de l'expédition n'avait commencé qu'à Ko-
ronzofiya qui n'était qu'un point de concentration des troupes. C'est dans cette
dernière localité qu'on avait décidé définitivement la campagne qu'on allait en-
treprendre.
3. Tout ce passage est si mal rédigé qu'il est impossible d'être sûr du sens.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 43
que le pacha avait ainsi exprimé son opinion dans une con-
versation : « Une expédition contre les Touareg ne doit être
faite avec les soldats marocains qu'autant que ceux-ci se
seront adjoints neuf dixièmes de Touareg (vi),en sorte que
l'effectif des soldats réguliers ne soit que d'un dixième; alors
tout Touareg qui fera une action d'éclat n'en aura pas le
mérite qui reviendra seulement aux soldats réguliers. »
Aussi chaque fois qu'il se mettait en marche pour une expé-
dition, le pacha convoquait toutes les tribus touareg moins
1 et il emmenait
celle qu'il combattait avec lui des tribus
telles que les Foulâni, les Touareg Ouldi-'Alân, des Arabes,
des Bambara, etc., c'est-à-dire tous ceux qui lui étaient fi-
dèles.
Le pacha revint ensuite ramenant avec lui les Ouldi-'Alân.
On avait fait un butin plus considérable que celui rapporté de
l'expédition contre Oghmor. Ce butin consistait en vaches,
moutons, esclaves mâles et femelles. Toutefois on n'avait pas
réussi à atteindre l'ennemi en personne. Je n'ai trouvé aucune
indication sur le nom donné à la colonne 2, non plus que sur le
quantième en mois et en jour de la date du retour de cette
expédition; je sais seulement qu'elle eut lieu en l'année
1131 (24 novembre 1718-14 novembre 1719).
Les legha du pacha opprimaient les musulmans et les dé-
pouillaient de leurs biens en pleine rue quand ils les y ren-
contraient. La nuit
ils perçaient les murs des maisons et cha-
que jour la population avait à subir de nouveaux méfaits de
leur part : actions ignobles de toute sorte, procédés tyran-
niques abominables, dommages matériels, avanies et mo-
lestations indiscutables 3. Ils allaient jusqu'à détrousser sur
1. Le texte dit : « moins une tribu ».
2. On a vu plus haut que chaque colonne expéditionnaire prenait un nom par-
ticulier.
3. G'esl-à-dire : constituant d'une manière indiscutable des infractions à la loi
musulmane.
44 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
la route tous ceux se rendaient au marché ou à la mos-
qui
Nul ne passait devant eux, allant au marché, sans
quée.
être dévalisé et quiconque se rendait à la mosquée pour y
faire sa prière était sûr d'être dépouillé de ce qu'il portait
sur lui. Ce fut au point que personne, à cause d'eux, ne put
à l'office du vendredi. Pour les prières de l'acha
plus assister
et du maghreb, chacun les faisait dans sa maison 1, renon-
de ces legha à faire, dans la mosquée, les
çant par crainte
de Tacha, du maghreb et de l'aube.
prières
On ne pouvait plus fréquenter les rues ou les routes si l'on
tenait vase à la main, si l'on portait dans son vê-
quelque
2 cauris ou
tement une bourse, ou dans sa manche quelques
quel objet, car aussitôt on était en un clin d'oeil
n'importe
dépouillé de toutes ces choses. Personne n'était épargné :
ni l'homme de la plus haute noblesse, ni le personnage le
ni celui dont la beauté faisait sensation, ni
plus honorable,
celui qui se distinguait par sa bienfaisance et sa piété. Les
legha ne faisaient aucune distinction et ne s'inquiétaient pas
de regarder la figure des gens qui étaient tous égaux à leurs
yeux pour ce qu'ils voulaient leur faire. Us ne se disaient
jamais : « Voilà un personnage tel qu'on ne saurait lui in-
un affront »
fliger (vv), lui faire une avanie ou l'injurier.
Tout au contraire ils invectivaient grossièrement tout le
monde, que ce fût un chérif ou un jurisconsulte, à plus forte
raison quand c'était un simple soldat.
En somme ils
ne respectaient pas les personnes les plus
honorables et humiliaient quiconque jouissait de quelque
considération. Ils étaient violents, turbulents, commettant
sur terre toute sorte de méfaits. Ils pénétraient dans les
1. Le musulman n'est tenu de faire à la mosquée que la prière solennelle du
vendredi. Cependant il est de bon ton de faire le plus possible ses prières à la
mosquée.
2. La manche joue souvent le rôle de poche.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 45
maisons des saints et des hommes pieux ; ils leur manquaient
jusque chez eux et les outrageaient clans leurs pro-
d'égard
demeures. Ainsi agirent-ils dans les maisons des enfants
pres
de Sidi Mahmoud, dans celles des petit-fils de SidiAhmed-
Bâbâ et dans d'autres du même genre qui se trouvaient dans
la ville. Ils y accomplirent des actes ignobles de tyrannie
et de pillage. Dieu nous préserve de telles choses !
Une certaine nuit, ils avaient
pénétré, pour y voler, dans
la maison de El-Fa'-'Abdaliah; fds du jurisconsulte, le saint
Mohammed-benBàbâ-'Abderrahman-ben-Ahmed, le modjta-
hid 1. Les gens de la maison s'étant réveillés, les legha leur
livrèrent combat et leur tuèrent un tout jeune enfant qu'ils
foulèrent aux pieds jusqu'à ce que mort s'ensuivit. Un autre
ils s'introduisirent dans la maison des enfants de Sidi
jour,
Ahmed-Bâbâ et
emportèrent tout le mobilier, ustensiles,
2
vases et jusqu'aux titres de propriété de ces maisons qu'ils
dévalisèrent toutes à fond en n'y laissant absolument rien.
A cette époque le propriétaire d'une boutique ne pouvait
l'ouvrir, ni se livrer à son commerce à cause de ces
plus
Nul ne pouvait davantage aller par la ville offrir à
legha.
vendre comestibles ou marchandises sans qu'on les lui prît
de force. Cette tyrannie, cette méconnaissance de tous droits,
cette arrogance, ces violences, cette
oppression, ces dégâts
de toute nature, ces actes ignobles et cette spoliation des
gens allaient chaque jour grandissant. Gela se passait à
toute heure et dans n'importe quel endroit. Le pauvre lui-
même n'osait revêtir ses bons vêtements et se contentait de
porter de vieilles loques usées, trouées et misérables. Même
1. Le litre Je « modjtahid » se donne à tout personnage dont la science est
telle qu'il lui est permis d'innover en matière de législation, voire même d'au-
toriser certaines pratiques religieuses nouvelles, sous la réserve, bien entendu,
que rien de tout cela ne sera formellement interdit par le Coran ou la Sonna.
2. On veut parler, sans doute, des rescritsqui avaient conféré à Ahmed-Bàbà
la propriété des emplacements où il avait établi sa demeure et qui passèrent
par voie de succession à ses descendants.
46 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
un jour de fête il ne lui était pas loisible de porter un cos-
tume fraîchement lavé (vv), et tout cela à cause des leglia.
Car si un pauvre avait quelque vêtement fraîchement lavé ou
neufetqu'il s'avisât de le revêtir un jour, leslegha, dès qu'ils
l'apercevaient, s'informaient de sa demeure, s'en allaient
vers lui la nuit suivante et, s'ils le trouvaient chez lai, ils le lui
enlevaient. S'ils ne pas chez lui, ils empor-
le rencontraient
taient tout ce qu'ils trouvaient dans la maison, n'y laissant
absolument rien. Puis ils battaient cet individu ainsi que
toutes les personnes qui étaient là; ou encore, ils faisaient
mettre nues toutes les personnes de la maison, les blessaient
à coups de piques et ne laissaient sain et sauf que celui que
le Dieu très-haut tirait lui-même du
danger.
Ces legha faisaient montre en la ville des choses les plus
extraordinaires et les
plus extravagantes en matière de ty-
rannie et de méchantes actions. C'est ainsi qu'ils buvaient du
vin ouvertement et publiquement nuit et jour ; qu'ils en-
traient de force dans les maisons des commerçants, leur de-
mandant les objets qu'ilsvoulaient; si on ne leur donnait
pas de plein gré,ils employaient la violence et la contrainte.
Impossible à ces victimes de seplaindre au pacha qui en-
tretenait ces esclaves dont l'audace allait jusqu'à frapper
les commerçants et à les obliger de décharger de leurs
1 leurs clés ils les
épaules quand rencontraient dans la rue.
Un jour El-Mebârr2-Bouri-Kendi, connu pour être le chef
des legha, souffletta si violemment El-Hâdj-Ahmed-ben-
3
Djelloul que celui-ci tomba sur le sol; on le traîna par terre
ensuite. Enfin, dans les derniers temps, les legha sortaient
1. Les clés sont si volumineuses et si massives qu'elles constituent un véri-
table fardeau que l'on porte sur les épaules.
2. Le mot « mebarr » transcrit comme un nom propre est peut-être un nom
commun signifiant chef en langue soudanaise.
3. Telle est la leçon du ms. 5259, qui paraît préférable à Djeloun ou Djel-
loun.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 47
le matin et s'installaient sur la route du marché afin d'y
guetter tous ceux qui passaient pour s'y rendre. Dès que
quelqu'un arrivait devant eux, quelque fût d'ailleurs ce pas-
sant, ils se ruaient sur lui et le frappaient avec des fouets
à la main.
qu'ils avaient
Chaque nuit, ils se réunissaient pour se livrer à leurs
ébats et dès qu'ils avaient achevé leur jeux, ils se précipi-
taient par la ville, volant, pillant et maltraitant tous les mu-
sulmans. Ainsi firent-ils nuit et jour clans la ville depuis le
moment où ils arrivèrent et encore n'ai-je plus présents à
la mémoire bien des méfaits qu'ils commirent.
Tandis qu'ils étaient dans cet état de tyrannie, commet-
tant violences et préjudices, il leur arriva de tuer Maulaï1-
Hâchem-ben-Maulaï-Ahmed-Boudi, le frère de Maulaï-
'Abdallah-beu-Maulaï-Hammedi (Yy), de Maulaï-Moham-
med et de
Maulaï-'Ali, tous issus d'un
père commun. Voici
dans quelles circonstances ce meurtre fut commis. Maulaï-
Hâchem se trouvait un jour présent au moment où les legha,
ayant rencontré un pauvre diable porteur d'une charge de
bois à brûler, voulurent la lui prendre de vive force. Le
malheureux appela alors à son aide le défunt Maulaï-
Hâchem, qui s'avança pour lui porter secours et le délivrer
des mains de ses agresseurs ; mais ceux-ci tuèrent aussitôt
Maulaï-Hâchem et s'enfuirent ensuite chez eux.
Cet événement, qui se passa le vendredi, dernier jour du
mois de chaouâl de l'année 1131 (15 septembre 1719), fut
le dernier des exploits de ces legha et occasionna un conflit
entre leur maître et les chérifs dont le principal alors était
Maulaï-'Abdallah, le frère aîné de la victime, qui se mit à la
tète de la révolte. Dès qu'il apprit le meurtre de son frère,
2 de
Maulaï-Hâchem, Maulaï-'Abdallah enleva son bonnet
1. Le fait de tuer un chérif est considéré comme le crime le plus abominable.
2. Prendre la résolution de ne plus porter de coiffure équivaut pour un mu-
48 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
sa tête et jura devant Dieu qu'il ne l'y replacerait jamais
tant que Dieu n'aurait pas décidé entre lui et le pacha Man-
sour. Et il resta en effet le chef nu depuis le moment où son
frère avait été tué par les legha jusqu'au jour de la déposi-
tion du pacha Mansour. Alors il remit son bonnet sur sa tête.
Aidé des principaux chérifs, de leurs enfants et de leurs
familles, Maulaï-'Abdallah prit toutes ses dispositions pour
la lutte. Ainsi firent également tous ceux qui avaient quelque
grief contre le caïd Mansour et ses legha. Les principaux
chérifs qui étaient là à cette époque étaient, si je ne me
: Maulaï-Mohammed, Maulaï-Ali, frère de Maulaï-
trompe
'Abdallah, Maulaï-Mohammed-ben-Ahmed, père de Maulaï-
Sald, Maulaï-Hammedi, Maulaï-Er-Rechîd, Maulaï-Ahmed-
ben-Cherîf, Maulaï-El-'Arbi et Maulaï-Bou-Beker. Quant à
Maulaï- 'Abderrahman, un des frères du défunt, il était alors
à Dienné et, au moment du meurtre, il ne se trouvait pas à
Tombouctou.
Tous les chérifs de lignée authentique ainsi que leurs es-
claves, ou pour mieux dire leurs serfs 1, se préparèrent au
combat. Des renforts leur
arrivèrent, composés de leurs
con-
frères d'Araouân et du Tafilelt 2, et le pacha Mansour éprouva
des craintes sérieuses (v«); mais il les dissimula et les garda
par-devers lui. Cependaut un jour que son frère, le conseil-
3 était venulevoir et l'entretenait de lasitua-
ler Bâbù-Monîr,
sulman à celle que prendrait un personnage européen de ne plus porter de
chaussures.
1. Mot à mot : « leurs esclaves qui sont leurs hartâni. » Ce mot hartâni signi-
fie» affranchi», d'après l'auteur de ^-aVXI <->jM JjJ jLi.^ Lail^l t-Aïf qui
donne de ce mot une étymologie fantaisiste (cf. t. IV, p. w). En général le
hartâni est un métis plutôt qu'un nègre pur et sa condition est fort voisine de
celle du servage.
2. L'orthographe ;}&* pour ci^jù est assez fréquente.
3. Le (^j3Lu ou jjLi^, cette seconde forme étant plus régulière, est quel-
que chose d'analogue à un conseiller d'État ou conseiller intime. La parenté de
Bàbâ-Monîr avec le pacha ne résulte pas du texte d'une façon certaine, le mot
« frère « s'employant pour dire aussi « collègue » ou « confrère ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 49
tioiij le pacha lui demanda avis ec conseil et lui dit : « Que
pensez-vous qu'il faille faire en cette occurrence? — Je
ne vois pas autre chose à faire, répondit Bâbâ-Monîr, que
de livrer aux chérifs le coupable et de mettre à mort dix
autres d'entre vos legha. Ce sera une satisfaction donnée aux
chérifs. Quelques questions que vous me fassiez mainte-
nant à ce sujet je n'ai pas d'autres solutions à vous propo-
ser. »
A la suite de cet entretien, le pacha manda Mohammed-
ben-Tingharâsi et lui fit part desparoles du conseiller. Dès
qu'il eut entendu ce propos, Mohammed
dit au pacha: « Que
signifient un pareil avis et une telle résolution? Ce serait
une honte pour vous et une lâcheté. N'êtes-vous donc pas le
maître de ce pays et son souverain? Je ne suis pas d'avis,
en que vous suiviez le conseil
conséquence, qui vous a été
donné et que vous tuiez dix de vos legha. Toutefois si les
chérifs se contentaient de la mort d'un seul legha, alors oui
il faudrait en faire exécuter un. »
Aussitôt qu'il eut entendu l'opinion de Mohammed au su-
jet de l'avis formulé par le conseiller Bâbâ-Monîr, le pacha
décida d'agir conformément aux indications fournies par
Mohammed. Il fit alors saisir un de ses legha, le plus jeune'
d'entre bien que celui-ci ne fût désigné
eux, par aucun grief
spécial et qu'il ne piitse douter du motif de son arrestation.
Puis, montant à cheval,le pacha Mansour poussa devant lui
ce jeune legha jusqu'à la place du marché, et là il le mit à
mort 2. On assure que, en jaillissant, le sang de la victime
atteignit le pacha qui cependant était resté sur son cheval.
Cette exécution ne servit à rien. Les chérifs continuèrent
1. Ou : « le plus infime », le mot du lexle ayant ces deux significations.
2. Comme on se sert de la même expression pour dire « mettre à mort soi-
même » ou « faire mettre à mort », on pourrait à la rigueur accepter la seconde
interprétation quoiqu'elle ne paraisse pas expliquer aussi naturellement le jet
de sang atteignant le pacha.
{Biographies des pachas du Soudan.) 4
50 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
les préparatifs commencés pour la lutte, assurés que le pacha
ne leur donnerait d'autre satisfaction que la mort de ce
jeune esclave. Cependant, comme ils doutaient de leurs pro-
pres forces et qu'ils voyaient qu'ils ne pouvaient rien par
eux-mêmes s'ils n'avaient pour les appuyer quelqu'un de
l'armée marocaine, les chérifs demandèrent au caïd Bâ-
Haddou de se joindre à eux. Un accord fut conclu avec lui
et il fut décidé qu'on verserait au caïd la somme de cinq
cents mitsqâl d'or ; mais, plus tard, celui-ci fît aux chérifs
remise de cet argent, en considération de leur ancêtre Ma-
homet (que Dieu répande sur lui ses bénédictions et lui
accorde le salut !).
Leurs
préparatifs terminés, les chérifs allumèrent le feu
de la révolte qui bientôt empourpra la face de leurs visages.
1
Tous ceux de leurs confrères qui se trouvaient dans la ville
vinrent les rejoindre dans leur quartier de Kisimo-Benkou 2 et
la concentrations'opéra en cet endroit, à la fin du mois
sacré de dzou'l-qa'da de l'année (r\) 1131 (16 novembre-
15 octobre 1719).
Dans la soirée du jeudi, 27 de ce mois (12 octobre 1719),
le pacha Mansour donna l'ordre à un crieur public de lan-
cer la proclamation suivante : Que tout chérif sorte immé-
diatement pour sa rendre dans la ville ; que ses suivants
fassent de même et que personne d'entre eux ne reste dans
le quartier des chérifs, car cette ville est leur propre ville 3.
Le lendemain matin,
vendredi, 28 du mois, le caïd Bâ-
Haddouprit les armes contre le pacha et, sans bruit, se mit
en marche, suivi de tous ses partisans, soldats marocains,
esclaves, gens de son quartier, notables et populace de Tom-
1. Ou : « des conjurés ».
2. Le mot transcrit « Benkou » est sans voyelles dans le ms.
3. La proclamation du pacha est assez amphigourique. Il veut dire que les
gens réfugiés dans le quartier de Kisimo-Benkou ou y habitant devront le quitter
immédiatement et s'établir dans la ville même de Tornbouctou.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 51
bouctou; puis tirant un coup de fusil il s'écria : « Qu'il n'y
soit plus heureux 1! »; formule que l'on employait, selon
une coutume ancienne, quand on voulait déposer un pacha.
Aussitôt que le pacha Mansour entendit ces paroles il
s'écria : « Bâ-Haddou se fait grande illusion; il court à sa
Bientôt, s'il plaît à Dieu, on m'apportera sa tête. » La
perte.
révolte s'étendit à toute la ville de Tombouctou qui tout en-
tière se. leva contre
le pacha. On assure même que le caïd
Bâ-Haddou fit monter en chaire dans la mosquée de El-Djo-
zouli quelqu'un qui invita la foule à combattre le pacha et à
entreprendre contre lui la guerre sainte au nom de Dieu 2.
Le jour même de sa démonstration 3, le caïd Bâ-Haddou
rentra chez lui. Aussitôt qu'il y fut de retour, la lutte à ou-
trance fut résolue et la compétition fut franchement ouverte
eutre le caïd
et le pacha. Dès le lendemain, samedi, dernier
jour du mois de dzou'l-qa'ada ci-dessus indiqué (14 octobre
1719), les révoltés engagèrent le combat de très bonne
heure ; ils cernèrent le pacha dans le quartier de la grande
mosquée et le bloquèrent étroitement. Débouchant ensuite
par toutes les voies qui donnaient accès à ce quartier, ils
réussirent à s'introduire dans la maison du beau-fils du pa-
cha Mohammed-ben-Et-Tingharâsi et la dévalisèrent en un
clin d'oeil; puis ils cherchèrent à pénétrer dans la maison
du pacha lui-même. Celui-ci, monté sur la terrasse, se dé-
1. Le texte de cette formule a été traduit plus haut d'une façon différente. Gomme
il s'agit d'une formule d'arabe parié, je crois qu'il vaut mieux lire : <uj U* l»
« Qu'il n'y soit pas heureux 1 » dans le sens de : « A bas ! » On remarquera que
cette exclamation était précédée d'une décharge de coups de fusil dans la
direction de la casbah.
2. Ce passage montre nettement que le djihdd peut être dirigé contre un
musulman. En effet, la guerre sainte, comme nous appelons le djihdd, doit être
faite chaque fois que l'islamisme est en danger, sans distinguer si ces attaques
viennent du dedans ou du dehors, d'un infidèle ou d'un musulman d'origine.
3. C'est-à-dire le jour où il avait fait la démonstration qui servait à indiquer
la déposition du pacha en tirant des coups de fusil et en prononçant la formule
habituelle en pareille circonstance.
52 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
fendit contre eux et fit le coup de feu, allant tantôt du côté
des chérifs, tantôt dans la direction des soldats marocains.
Bien que ses hommes et ses esclaves fussent dans le quar-
tier 1, il n'avait avec lui, en ce moment, que ses deux beaux-
fils, Mohammed, et le frère de celui-ci, Ahmed.
Enfin, certain d'être et ses partisans
vaincu et ses fidèles
assurés, eux aussi, que la victoire ne serait pas pour eux en
ce jour, — au moment où les soldats s'étaient enfin appro-
chés de sa demeure, puisqu'ils étaient parvenus jusqu'à la
maison du caïd 'Ali-ben-lbrahim, —le pacha enfourcha son
cheval et partit suivi de quelques-uns de ses fidèles, tels que
le caïd (tv) Yousef-ben-'Abdallah, Seyyid Mohammed-ben-
ïingharâsi, le frère de ce dernier, Hammedi, son fils Seyyid-
Ali qui était malade ayant eu la jambe brisée ainsi qu'il
a été dit plus haut 2, et tous ceux de ses soldats ou autres
qui ne pouvaient point se séparer de lui. Il se dirigea du
côté de rouest,puis il fit un détour pour passer par le port
de Kabara et pousser devant lui son troupeau de vaches.
Leschérifs, parmi lesquels se trouvait Râbah-ben-El-Hâdj-
El-'Imrâni, sortirent de la ville et se mirent un instant à la
poursuite du fugitif; bientôt ils revinrent sur leurs pas sans
avoir réussi à l'atteindre. Un seul d'entre eux, le lieute-
nant-général Râbah, arriva à le rejoindre et l'on assure
même qu'il laissa partir le pacha déposé, parce que celui-ci
lui avait donné une de ses vaches. Ceci se passait le samedi,
dernier jour du mois de dzoul-qa'ada, l'avant-dernier mois
de l'année 1131(14 octobre 1719). Le pachalik de Mansour
avait duré trois ans et cinq mois.
Mahmoud-ben-El-Caïd-Mohammed-Bouya-ben-El-
Hâdj-ben-Daoud-Ech-Chetouki 3. — Il fut élevé au pouvoir
1. L'attaque avait été si soudaine que les troupes du pacha n'avaient pas eu
le temps de le rejoindre.
2. Voir ci-dessus, p. 35.
3. Originaire de la tribu des Chetouka au Maroc.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 53
le dimanche, 8 clu mois de chaouâl, un des derniers mois de
l'année 1138 (9 juin 1726); il succéda au pacha, le caïd
'Abdallah-ben-El-Hâdj-El-'Imrâni, lorsque celui-ci fut déposé
pour la cinquième fois. Mahmoud ne fit aucune expédition
militaire et il fut déposé un mercredi' dans la deuxième dé-
cade du mois de dzou'l-qa'ada, un des derniers mois de
l'année précitée (18 juillet 1726). Son pachalik avait duré
trente-huit jours.
Mohammed-ben-El-Caïd-Mansour-ben-El-Pacha-Senî-
ber2-ben-Mansour-Ez-Zaceri, connu sous le nom de : le caïd
Mohammed-Bahhou.
Il fut investi du pouvoir la déposition
après du caïd 'Abd-
allah-ben-El-Hàdj-El-'Imrâni, lorsque celui-ci fut déposé
pour la septième fois, le vendredi, 28 du mois de rebi° 1er de
l'année 1145 (18 septembre 1732). Sa nomination fut résolue
par les troupes alors qu'il était à Kîso, absent de Tombouc-
tou. On lui manda aussitôt de venir, ce qu'il fit, et il arriva
dans la soirée du jeudi 27 du mois indiqué ci-dessus. Tout
cette nuit-là la garde 3 veilla à la porte de sa maison et le
lendemain matin, vendredi, on le nomma pacha.
Il renouvela les commissions des divers fonctionnaires 4.
Ainsi (VT) il nomma El-Hasen-ben-El-Caïd-Hammedi-ben-
'Ali-Et-Tezerkini, lieutenant-général de la division de Fez;
Mohammed-ben-El-Caïd-Bâ-Haddou, lieutenant-général
de la division de Merrâkech; El-Fa'-Ibrahîm-ben-El-Caïd-
Hammedi-Et-Tezerkîni, lieutenant-général de la
garde;
Sa'îd-ben-El-Caïd-'Ali-Et-Tezerkmi fut hâkem ; Hammedi-
1. Si la durée de trente-huitjours, indiquée plus bas, est exacte, ce mercredi
dont le quantième n'a pas été écrit, était le 18 du mois de dzou'l-qa'da.
2. Le ms. porte Mesa'oud au lieu de Seniber que donne le ms. 5259. Le nom
de Senîber est certainement le vrai.
3. C'est-à-dire des soldats de la garde.
4. L'expression employée est si ambiguë qu'on ne sait exactement s'il nomma
de nouveaux titulaires ou s'il confirma les anciens fonctionnaires dans leurs
postes. La première hypothèse semble préférable à la seconde.
54 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
ben-El-Caïd-Senîber, frère du pacha, devint conseiller ; Bâbâ-
Seyyid-ben-El-Caïd-Ahmed-Zenka la dignité
eut de Kabara-
Farma. Chacun d'eux reçut sa commission le mercredi, 3 du
mois de rebi' II (23 septembre 1732).
1 du les
Sept jours après l'avènement pacha Mohammed,
Touareg Tadmekket firent une incursion dans l'île de Yen-
dobogho; c'était le mercredi, 10 du mois. Ils pillèrent tout
ce qui se trouvait dans l'île et enlevèrent seize ou dix-sept
troupeaux appartenant aux habitants
parmi lesquels se
et
trouvaient les vaches
du caïd Mansour. Ils enlevèrent éga-
lement trente troupeaux de moutons et trente et un bergers 2.
Le nombre total des esclaves 3 emmenèrent s'éleva à
qu'ils
cent moins un. En outre ils tuèrent deux des habitants de
l'île et enlevèrent leurs montures. Tout ceci se passa après
Tavènement du pacha dénommé plus haut.
Le pachaimposa une'contribution de 1.000 mitsqâl d'or
aux négociants ; il perçut cette somme et n'en donna pas la
moindre partie à aucun des soldats marocains. Il fut déposé
le mercredi, 15 du mois
djomada de
Ier (3 novembre 1732),
n'étant resté en fonctions que un mois et dix-sept jours.
Mahmoud-ben-El-Caïd-Senîber-ben-El-Caïd-Moham-
— Son avènement au pachalik
med-Bouya-Ech-Chetouki.
eut lieu le vendredi, 23 du mois de rebi' Ior de l'année 1159
(15 avril 1746); il succéda au caïd Bâbâ-Seyyid-ben-El-
un an 4
Caïd-Ahmed-Zenka, après le second passage au pou-
voir de celui-ci. Après quatre jours de fonctions il fut déposé
le mardi 27 du même mois.
1. Le texte ajoute fautivement « cinq jours » après avoir dit « sept jours ». La
date indiquée plus loin confirme la version adoptée dans la traduction.
2. Mot à mot : « domestique », « serviteur ».
3. Ces esclaves étaient sans doute des femmes. Le mot <-£{>*) parait être le
pluriel de AJL^.$, forme féminine qui ne s'emploie généralement pas en Algérie
tout au moins, où le mot <Ju^j pour signifier nègre est d'usage courant.
4. Le ms. a<Lil, ^U ^, qui a été remplacé dans l'édition imprimée par Je
ry
,jH,. Ni l'une, ni l'autre de ces deux lectures n'est bien correcte.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 55
Lettre ain (') (ri)
Ammar-El-Feta (v. YHistoire du Soudan,-p. 277).
'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni {v.Y Histoire du Soudan,
p. 335).
'Ali-ben-Abdelqâder-Ech-Chergui (v. YHistoire du Sou-
dan, p. 348).
'Ali-ben-Mobârek-El-Mâssi (v. YHistoire du Soudan,
p. 379).
'Abderrahman-ben-El-Caïd- Ahmed-ben- Sa'doun-
Ech-Chiâdemi (v. YHistoire du Soudan, p. 392).
'Allâl-ben-Sa'îd-El-Harousi.— Il fut nommé pacha après
la déposition du caïd Mohammed-Bouya;il ne resta en fonc-
tions seul jour, car il fut déposé le jour même de son
qu'un
avènement.
— Il fut élevé au
'Ali-ben-'Abdelaziz-El-Feredji. pouvoir
vers le milieu de l'année 1071 (6 septembre 1660-27 août
à la suite de la déposition du paclia Hammou-ben-
1661),
' Ce fut sous son pachalik lieu la bataille de
Abdallah. qu'eut
El-Feq-Tandaï 1. Il envoya une colonne pour faire une ex-
pédition contre les Touareg Ghâli-Mousa. Il fut déposé le
mardi, 12 du mois de djomada Ier de l'année 1072 (3 jan-
vier 1662), après avoir exercé le pachalik environ onze mois.
'Ali-ben-Bâchout-Mohammed-ben -'Abdallah- Et - Tczer-
kîni, plus connu sous le nom de Ibn-Akhràz.—Il devint pacha
le jour où le pacha déposé, 'Ali-ben-'Abdelazîz, abandonna le
pouvoir, le mardi, 12 du mois (v«) ci-dessus mentionné de
l'année 1072
(3 janvier 1662). Il garda le pouvoir trois mois,
puis fut déposé au cours de cette même année, c'est-à-dire
en 1072. Il ne fit aucune expédition militaire.
'Ammâr-ben-Ahmed-rAdjeroud-Ech-Chergui-Er-Râ-
1. On pourrait aussi lire : Kandaï; la première lettre est mal formée et peut
se lire f ou t.
5G BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
chedi. — II fut élevé au pachalik durant la deuxième dé-
cade du mois de djomada Ier de l'année 10731 (22-31 dé-
cembre après la révocation du pacha 'Ali-ben-Moham-
1662),
med-Et-Tezerkîni. Aussitôt investi de l'autorité,il entreprit
2 et la mena à bien, Dieu lui
une expédition contre Djâouer
assuré la victoire. Il fit un grand butin des richesses
ayant
des gens de Djaouer.
Il fut déposé le samedi, 26 du mois de safar au commen-
cement de l'année 1077 (28 août 1666), après être resté en
fonctions trois ans, neuf mois et neuf jours. Ce fut à ce mo-
ment que commença le renouvellement de la fonction su-
prême entre les mêmes mains et qu'onvit revenir au pouvoir
une première, une deuxième, une troisième, une quatrième
et une cinquième fois un pacha précédemment déposé; on
en vit même qui rentrèrent en fonctions une huitième fois.
Le premier qui jouit de cette prérogative fut le caïd Moham-
med-Bouya-ben-El-Hâdj, qui succéda au pacha déposé dont
nous venons déparier, 'Ammâr-ben-Ahmed-'Adjeroud. Quant
aux pachas précédents, aucun d'eux n'avait été appelé plu-
sieurs fois au pachalik.
'Abderrahman-ben-Sa'îd-El-Andalosi, surnommé
Ibn-Sa'îd-Ounedàm 3. — Il fut appelé au pachalik le mardi,
9 du mois de rebir II de l'année 1078 (28 septembre 1667),
après la déposition du caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'ame-
chi. Il resta en fonctions une année et fut déposé à la fin du
mois de rebi' II de l'année suivante 1079 (commencement
d'octobre 1668).
1. Comme on ne dit pas qu'il y eut un interrègne d'un an enlre la nomination
de 'Ammâr-Ben-Ahmed cL la déposition de 'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezorkini,
il se pourrait que la date fût inexacte et qu'il fallût dire 1072 au lieu de 1073.
2. Cela paraît être un nom de localité. A la rigueur cependant, ce pourrait
être un nom do personne.
3. Ce ncm paraît berbère ou soudanais. Peut-être faudrait-il traduire Ou par
nls et faire du mot suivant un mot arabe ,»Ui; ncdddm.
BIOGRAPHIES DUS PACHAS DU SOUDAN 57
Abderrahman - ben - Mohammed - Kiraï - Ech - Cher -
— Il succéda au Mohammed-ben-
gui-El-Andâlosi. pacha
Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i, dans la matinée du mardi, 23 du
mois de djomada Ier de l'année 1084 (3 septembre 1673):
il resta au pouvoir quarante jours, après quoi il résigna ses
fonctions.
'Ali-ben-Ibrahim-Ed-Der'i. — Son élévation au pachalik
eut lieu le quatrième jour du mois deredjeb l'unique, le
septième mois (vi) de l'année 1084 (15 octobre 1673) ; il
succéda au
pacha 'Abderrahman dont il vient d'être parlé
ci-dessus. Il fit une expédition contre les Oulad Ghorko et-
partit avec ses troupes le dimanche, 20 du mois de safar le
bon,au début de l'année 1085(26 mai 1674). Le 4 du mois de
rebi' Ier (8 juin) il quitta le port emmenant avec lui l'askia
Mohammed-Sâdeq, alors que Mohammed-ben-Tâhar s'était
mis en route dans la matinée du jeudi, 28 de moharrem
(6 mai).
Les troupes attaquèrent les Oulad-Ghorko, les vainqui-
rent grâce à Dieu et revinrent à Tombouctou sans en-
combre et chargées de butin. Le samedi, 21 du mois de
cha'bân de l'année 1086 (10 novembre 1676), le pacha fut dé
posé après avoir être resté au pouvoir deux ans et deux mois.
'Abdallah-ben-Mohammed-ben-El-Caïd-Hassou'-Ed-
Der*i, nommé Ibu-El-Caïd-'Abdallah-Hassou. Élevé au pou-
voir le samedi, 17 du mois de djomada II de l'année 1089
(6 août 1678), il fut le successeur de Sa'îd-ben-'Omar.
L'époque à laquelle il exerça ses fonctions est appelée Bd-
chourkor-Idji.
Le dimanche, 18 du même mois le minaret de
(7 août),
1. Au lieu de Hassou on pourrait peut-être lire Hassoun, mais le ras. reproduit
à plusieurs reprises la première orthographe.
2. Ou : « Bâsour-Koï-Idji ».
58 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
la mosquée de Sankoré écroula et tout un côté de la grande
mosquée fut également détruit 1.
Le pacha 'Abdallah demeura une année en fonctions; il
les conserva jusque vers la fin de l'année 1090. Il y fut rap-
pelé une seconde fois à la fin de cette même année et y
resta alors environ sept mois.
'Abderrahman-ben-Bâchout-Bou -Zenâd, surnommé
'
Zenka. Il succéda au caïd El-Fa'-Benkânou 2, à la fin du mois
sacré de dzoul-qa'ada de l'année 1094 (milieu de novembre
3
1685) et après la répression de la sédition de Tinaouer qui
avait commencé le mercredi, 13 du mois de dzou'l-qa'ada,
ci-dessus mentionné (3 novembre 1683). Ces deux événe-
ments se produisirent la même année. Le pacha 'Abderrah-
man fut déposé dans le courant du mois de djomada Ier vers
le milieu de l'année 1095 (17 avril-16 mai 1684), après être
resté au pouvoir six mois.
'Ali-ben-Hamîd-El-'Amri. — Il fut élu la mort du
après
pacha Mâmi-El-'Euldji à la fin de (vv) l'année 1095 (20 dé-
cembre 1683-8 décembre 168i). Il demeura en fonctions
une année. Sous son pachalik l'askia Mohammed-ben-El-
Hàdj fut élevé à la dignité d'askia en titre, et ce
après un
désaccord et un conflit qui s'étaient produits entre ce der-
nier personnage et le Kormina-Fâri 'Ammâr.
Le pacha 'Ali confirma dans son poste, en lui délivrant
une commission, le cadi Ibrahim, fils du jurisconsulte 'Abd-
allah qui avait été désigné auparavant le Mo-
par pacha
hammed-ben-Bâ-Redouân. Cette nomination devint donc
1. D'après le contexte on pourrait croire que c'est le minaret de Sankoré qui,
dans sa chute, aurait détruit tout un côté de la grande mosquée, tandis qu'en
réalité ce sont deux événements simultanés se passant dans des endroits diffé-
rents.
2. Le ms. écrit ici : Benkanou; ailleurs la terminaison ou n'est pas indiquée.
3. Les habitants du bourg de Tinaouer se livraient à la piraterie. La localité
était donc sur le bord du Fleuve.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 59
ainsi définitive. Ce fut à la fin de cette année, c'est-à-dire de
l'année 1096 (fin 1685), que le pacha 'Ali fut déposé.
cAbdallah-ben-El-Caïd-Nâsir-El-Amechi. — Il fat
nommé à la suite de la déposition du caïd Senîber-ben-Mo-
hammed-Bouya, au mois de djomada II de l'année 1107
février il ne resta en fonctions que cinq
(7 janvier-5 1696);
mois, car il fut déposé au mois de chaouâl vers la fin de la
même année (fin mai).
'Ali-ben-El-Caïd-Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i.—
11 succéda au caïd Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi Tin
la nomination 1 de ce au mois de
un jour après dernier,
djomada Ier de l'année 1109 (15 novembre-15 décembre
1697), ou, suivant certains récits, au mois
djomada II de
(15 décembre 1697-13 janvier 1698). Il conserva le pou-
voir six ou sept mois et fut déposé au mois de dzou'l-qa'ada
vers la fin de la même année (11 mai-11 juin 1698).
Rappelé au pouvoir une seconde fois après la déposition
du caïd Yahya-El-Fechtân 2, au mois deredjeb l'unique de
l'année 1122
(26 août-25 septembre 1710), il n'y resta que
peu de jours et fut déposé ; il fut réélu une troisième fois,
après la déposition du caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-
ben-'Ali, au mois de safar, dès le début de l'année 1128
(26 janvier-24 février 1716), puis de nouveau déposé, quel-
ques jours après, au mois de rebic Ier (24 février-25 mars
1716).
'Abdallah-ben-El-Caïd-Nâsir-ben- 'Ali-ben- 'Abdallah-
Et-Telemsâni. — Il fut élu la déposition du caïd
après Yahya-
El-Fechtân, au mois de safar, au début de l'année 1110
(9 août-7 septembre 1698) ; il resta un mois et quatre jours
au pouvoir, puis fut déposé au mois de rebf Ier, le troisième
1. C'est ce que porte le texte. Peut-être y a-t-il eu ici un lapsus calami et
serait-ce « après la déposition» qu'il faudrait lire. La biographie de Mohammed-
ben-Mohammed-Seyyidi ne fournit à cet égard aucun renseignement.
Z Ce mot parait être l'altération de Fichtâli, originaire de Fichtala au Maroc _
m BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
mois de cette môme année
(7 septembre-7 Il revint
octobre).
au paclialik cinq fois; la seconde, à la suite de la déposition
du caïd Hammedi(rA)-ben-'Ali 1, après le troisième paclialik
de ce dernier. Je n'ai trouvé nulle part la date de son entrée
en fonctions. Trois mois après il fut déposé à la fin du mois
de rebi 'II, de l'année 1113 (fin septembre 1701).
Son troisième pachalik eut lieu après la déposition du
caïd Yahya-El-Fechtân, au nfois de moharrem, si je ne me
trompe, le premier des mois de l'année 1117 (25 avril-25
mai 1705)-. Déposé de nouveau au mois de safar, le second
des mois de cette année (25 mai-23 juin), il fut réélu le 4 du
mois sacré de moharrem, le premier des mois de l'année
1120 (26 mars 1708) ou, selon certains auteurs, à la fin de
ce mois, après la déposition du caïd Nâsir-ben-'Abdallah-
El-A'mechi. II resta en fonctions cette fois deux mois et
quelques jours, puis il fut déposé au mois de rebi'Ier (21 mai-
20 juin) de la même année.
Ce fut au cours de ce dernier mois qu'eut lieu l'expédition
contre le bourg de Tinaouer, dont les habitants étaient ac-
cusés de dévaliser les voyageurs qui passaient en cet endroit
sur le Fleuve. L'armée demeura cinq mois devant ce bourg;
puis, au mois de redjebl'unique (16 septembre-16 octobre),
les ulémas et les jurisconsultes de la ville se rendirent au
camp et demandèrent à négocier la paix. Les chefs de l'ar-
mée refusèrent d'accepter toute négociation dirent-ils,
tant,
2
qu'ils n'auraient pas choisi quelqu'un parmi eux pour en faire
un pacha. Quand, sur l'avis unanime des troupes, 'Ali-ben-
Rahmoun-El-Monebbih eut été élu pacha, on l'amena devant
la ville et on termina l'affaire 3.
1. Ce nom ne figure pas ainsi dans la liste donnée.
2. Le texte porte o^<JU; qui doit être rétabli en o_jJL*î, ou en corrigeant la
faute d'orthographe 4**!.
3. On ne dit pas comment, mais vraisemblablement on négocia la paix.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 61
Le caïd 'Abdallah-ben-Nàstr-Et-Telemsâni fut nommé
pacha une cinquième fois au mois sacré de moharrem, le
premier des mois de l'année 1124 (9 février-10 mars 1712).
Cette fois il ne demeura qu'un jour au pouvoir,car le même
jour il fut déposé.
'Ali-ben-Mobârek 1, fils du lieutenant-général 'Ali-ben-
Mobârek-Ed-Der'i. — Il succéda au pacha déposé, Bâbâ-Ah-
med-ben-Mansour, au mois sacré de moharrem, le premier
des mois de l'année 1115 (17 mai-16 juiu 1703); deux mois
après avoir exercé le pouvoir, il fut déposé, puis réélu une
seconde fois après la cinquième déposition du caïd 'Abdal-
lah-Et-ïelemsâni, au mois sacré de moharrem, le premier
des mois de l'année 1124 (9 février 1712-28 janvier 1713).
Suivant une autre copie 2, c'eut été au mois de safar le bon
(10 mars-8 avril) de cette même année. Cette fois encore il
resta deux mois en fonctions, puis (r<\) il fut de nouveau
déposé au mois de rebf Ier de cette année (8 avril-8 mai).
Sous son pachalik, le dimanche, 19 du mois de rebi' Ier de
cette année (26 avril 1713), le bourg de Amzagho fut détruit
par les Touareg Tadmekket qui, à cette époque, avaient à
leur tête Akzâm-ben-Ël-Al3.Ce bourg est encore abandonné
aujourd'hui.
— Il fut élu
'Ali-ben-Rahmoun-El-Monebbih. après la qua-
trième déposition du caïd 'Abdallah-Et-Telemsâni. Son élec-
tion fut faite sur l'avis unanime des troupes qui se trouvaient
alors devant le bourg de Tinaouer,au mois de redjeb, l'uni-
que, de l'année 1120 (16 septembre-16 octobre 1708). Dès
qu'il fut investi de ses fonctions il fut
conduit dans le bourg
de Tinaouer dont il régla définitivement la situation.
1. Il manque ici le mot ben. Le nom exact est : 'Ali-ben-Mobârek, fils du
lieutenant-général 'Ali-ben-Mobàrek.
2. Celte indication montre nettement que l'auteur se servait d'un ouvrage
écrit par un auteur précédent.
3. Ou : Akrâm-ben-El-Aouel ; mais cette leçon parait moins bonne que celle
donnée par le ms. u° 5259, qui est reproduite ici.
62 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Aussitôt son élection, le nouveau pacha fit mettre à
après
mort, sur la place du marché, El-Filâli-ben-'Aïssa-El-Ber-
bouchi. Le motif de cette exécution fut que El-Filâli avait
tué Maulaï-Hammedi, surnommé le chérif Biro-Koï, et c'est
pour cela que le pacha ordonna son supplice.
Au cours du mois brillant de cha'bân (16 octobre-14 no-
le pacha'Ali fut déposé après avoir été en fonctions
vembre)
deux mois. Personne, pendant les trois mois qui
pendant
suivirent, ne fut appelé au pouvoir suprême.
Le 5 du mois de dzou'lqa'ada, vers la fin de l'année 1120
tua Es-Sed-
( 16 janvier 1709), 'Abderrahman-ould-Dzonkoul
fils du caïd Mâmi. Il lui lança son épieu et l'atteignit à
diq,
Es-Seddiq, qui était à cheval, tomba mort sur le
l'épaule.
La foule s'ameuta avec la famille de la victime, se jeta
coup.
sur le coupable et lui fit subir le jour même la plus horrible
mort.
Le caïdcAli-ben-Rahmounfut élevé au pachalik une seconde
fois la troisième déposition du caïd Mâmi-ben-'Ali, au
après
mois de rebi' II de l'année 1125 (27 avril-26 mai 1713).
Ce fut à cette époque que Ag-Cheikh 1, le chef des Aliinî-
dân2,vint à Tombouctou, il envoya au pacha un cadeau con-
sistant en deux chevaux, un bai, l'autre blanc, et en vête-
ments ; puis il retourna dans son pays. Après être resté au
environ quatre mois, le pacha 'Ali fut dé-
pouvoir pendant
posé au mois de redjeb (24 juillet-23 août).
'Abdelqâder-ben-'Ali-ben-Mohamnied-ben-' Abdallah- Et-
Tezerkîni. — Il devint après la seconde déposition du
pacha
caïd Yousef, au mois de redjeb ou, suivant d'autres, au mois
de cha'bân de l'année 1123 (t«) (15 août-14 septembre ou
14septembre-13octobre 1711). Sous son pachalik il y eut une
1. Le texte dit : « Kecheikh », mais il est probable que c'est une mauvaise
transcription.
2. Les voyelles sont données par le ms. Il s'agit des Touareg Aouelimidden.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 63
grande disette qui fut appelée mina-kikoï; elle s'étendit dans
tout le pays et acquit la plus grande intensité. Le change tomba
à 700 cauris. A ce moment, on commença à Tombouctou à
faire usage de la mesure dite qadalf ; elle contient quarante
2 et est encore tout
rations employée aujourd'hui. Auparavant
le monde vendait au plateau à pied 3 et ce fut seulement de-
puis cette époque que l'on connut le qadah. Cette famine
dura sans interruption pendant sept ans et elle ne cessa que
dans l'année 1128 (27 décembre 1715-16 décembre 1716).
Dieu nous préserve de ce fléau et d'autres du même genre !
Le pacha 'Abdelqâder fut
déposé au mois sacré de clzou'l-
qa'ada, vers la fin de l'année 1123 (19 février 1711-9 fé-
vrier 1712); il était resté en fonctions cinq mois, car sa
déposition eut lieu à la fin du mois.
— Autant
'Abdallah-ben-El-Hâdj-ben-Sald-El-lmrâni.
que j'ai pu m'en assurer, il occupa le pouvoir suprême sept
fois. La première fois, il fut élu aumois de redjeb, l'unique,
de l'année 1125 (24 juillet-23 août 1713), après la seconde
déposition du caïd 'Ali-ben-Rahmoun. 11 reçut la visite de
El-Ouâfi-ben-Tàlibina 4, petit-fils de Seyyid Ahmed-Aghâdou
et le nomma cadi de la ville de Araouân.
Il avait envoyé à Dienné le lieutenant-général de la garde
avec les soldats de Mohammed, fils du caïd Ibrahim, qui était
alors investi des fonctions de lieutenant-général. Les habi-
tants de Dienné ayant refusé de les laisser pénétrer dans la
ville, ceux-ci revinrent à Tombouctou. A peine s'étaient-ils
éloignés de Dienné que les jurisconsultes de cette ville, c'est-
à-dire de Dienné 5, partirent sur leurs traces et arrivèrent
1. Mot à mot : « coupe », « gobelet ».
2. Le texte dit : Âiîù nefaqa qui d'ordinaire signiûe « pension alimentaire ».
3. Je suppose qu'il s'agissait de ces plateaux avec pied en sparlerie dont les
nègres faisaient usage en Algérie.
4. Ce nom signifie : « notre tâleb ».
5. Cette redondance est dans le texte.
64 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
ainsi à Tombouctou. Ils se rendirent auprès du pacha, im-
plorant le pardon pour les troupes de Dienné qui s'étaient
conduites envers son envoyé de la façon qui vient d'être
dite 1. Le pacha se montra plein d'indulgence et ne donna pas
suite à cette affaire. Ce fut lors de cette venue des juriscon-
sultes à Tombouctou que je vis l'un d'entre eux, le juriscon-
sulte Mohammed-TenântâV ; depuis je ne le revis plus ja-
mais. Les jurisconsultes se remirent de suite en route et re-
tournèrent dans leur cité.
Le pacha 'Abdallah fut ensuite déposé (t\) au mois de
dzou'l-hiddja, le dernier mois de l'année 11125 (8 décembre
1713-7 janvier 1744), après avoir exercé le pouvoir durant
six mois. La seconde fois qu'il fut élu ce fut après la dépo-
sition du caïd Bâ-Haddou-ben-Yahya, au mois de chaouâl de
l'année 1126(10 octobre-8 novembre 1714) ; puis, trois mois
après environ, au mois de dzou'l-hiddja à la fin de cette
année (8 décembre 1714-7 janvier 1715), il fut
déposé.
Une troisième fois, 'Abdallah fut nommé pacha à la suite
de la dernière déposition du caïd cAli-ben-Mohammed-ben-
Cheikh-'Ali; son élévation eut lieu clans la soirée du mer-
1' de l'année 1128 mars il
credi, 23 de rebfP (17 1716);
venait alors d'être blessé par un coup de feu à la cuisse. Ce
fut ce jour-là que fut tué le caïd Bàch-Benba dans les cir-
constances suivantes :
Le caïd Mesa'oud avait fait sortir sa tente 3 avec tous les
1. Los troupes de Dienné avaient refusé de recevoir les envoyés du pacha.
Cette rivalité entre les garnisons importantes des grandes -villes devint funeste
aux Marocains. On voit par ce passage que les habitants de chaque ville faisaient
cause commune avec l'armée installée dans leurs murs.
2. Ou : « Tenâ-Netâ'a », en deux mots. Peut-être aussi Scnlâ'a.
3. Le copiste a mis »LS au lieu de »Li. « tente », ce qui ne donnerait aucun
sens; mais il faut remarquer que les Soudanais confondent volontiers dans la
prononciation les lettres j et i- et l'orthographe indiquée répond à la pronon-
ciation locale.
Le pacha ne se mettait lui-même en route qu'après avoir fait installer son
campement et celui des troupes qu'il emmenait avec lui.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 65
soldats qui étaient rangés sous sa bannière et avait donné
le commandement de cette troupe à Seyyid Mohammed-
ben-Tingharâsi en lui
enjoignant de se rendre au port de
Kabara, d'arrêter là toutes les barques qui s'y trouvaient et
d'attendre qu'il s'y rendît en personne. « Toute barque qui
arrivera à Kabara, dit-il, ne devra pas décharger ses mar-
chandises avant
que je ne sois là; pas non
elle ne paiera
* avant
plus la redevance qu'elle doit payer que j'arrive parmi
vous. Soyez cette nuit même à Kabara et passez-y la nuit. »
Tous ces agissements du caïd étaient motivés par son dé-
sir d'arriver au pouvoir suprême. Sa troupe passa donc la
nuit à Kabara, mais il ne la rejoignit que dans la matinée
du mercredi, 23 du mois de rebi' Ier (17 mars 1716). Le caïd
Mesa'oud, au moment de partir, prétendit que tous les sol-
2 se révolter; mais les
dats de Tombouctou voulaient gens de
Tombouctou, qui avaient eu vent de son dessein, se réunirent
pendant la nuit et, après en avoir délibéré, ils jurèrent qu'ils
iraient attendre le caïd sur la route quand il se rendrait à
Kabara et qu'ils le chasseraient ou lui livreraient combat.
En conséquence, dès le matin, les soldats de Tombouctou
s'équipèrent et se rendirent sur la route de Kabara. Les no-
tables delà les jurisconsultes
ville, et leschérifs se joignirent
à eux. 11 y avait là des gens tels que le caïd Seyyid Ahmed,
ses assesseurs, les imams 3 des certains caïds de
mosquées,
l'armée, les lieutenants-généraux avec tous les soldats équi-
pés et armés.
Parmi ceux qui assistèrent à cette affaire ce jour-là, on
1. Ce passage est assez obscur; cependant il semble qu'il s'agit du péage perçu
sur les embarcations.
2. Autant qu'on peut comprendre ce récit mal rédigé, le caïd voulait justifier
son départ de Tombouctou, en assurant que les troupes de cette ville voulaient
se révolter; cependant à la rigueur il pourrait s'agir des troupes qu'il avait
envoyées à Kabara.
3. Le mol « mosquée » étant au pluriel dans le texte, il aurait donc fallu que
le mot « inmm » y fût aussi.
{Biographies des pachas du Soudan.) 5
66 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
peut citer : comme caïds, le caïd Ahmed-Zenka, le caïd
Mohammed, fils du caïd Hammcdi, le caïd 'Abdallah (iv)-
ben-El-Hàdj, le caïd Yousef-ben-'Abdallah, le caïd Nâsir,
le caïd Bâ-Haddou et le caïd Bach qui fut tué ce jour-là;
comme lieutenants-généraux, le lieuteuant-général Ali-beii-
Sa'id-ben-Yahya, le lieutenant-général El-Mobârek, fils du
caïd Mes'aoud, le lieutenant-général Bebbah'-ben-El-Hâdj
et le lieutenant-général 'Abdelgheflar-ben-'Ali; puis d'autres
personnes de l'armée de rang moindre ; des chérifs tels
que Maulaï-El-Kebir-ben- 'Abderrahman, Maulaï-Bou-Beker-
ben-Hammedi, Maulaï-'Abdallah-ben-Hammedi-Boudi et
son frère Maulaï-Hammedi; enfin des jurisconsultes, des
notables de la ville et toute la foule qui était venue pour
voir ce qui se passerait. En réalité, les jurisconsultes et
notables étaient venus là pour concilier les choses et obte-
nir un arrangement avec le caïd Mansour 2, quand celui-ci
se mettrait en route pour Kabara.
A peine toute cette foule s'était-elle groupée sur le che-
min de Kabara 3
en un endroit appelé Si'ya-Kiroï qu'elle
essuya trois coups de feu tirés à balle. L'une de ces balles
atteignit à la tête le caïd Bach qui était à cheval ; il tomba
mort sur le coup, sans qu'on sût qui avait tiré; une autre
balle frappa le cheval du lieutenant-général 'Ali, fils du lieu-
tenant-général Sa'îd, fils du pacha Yahya. L'animal atteint
fut tué du coup. Le lieutenant-général monta alors le
cheval du caïd qui venait d'être tué et rentra chez lui: Enfin
la troisième balle atteignit à la cuisse le caïd 'Abdallah;
elle y resta logée et ne put en être retirée que lorsqu'il
mourut.
Aussitôt que le caïd Bâch-ben-Mobârek eut été tué, la foule
1. La lecture de ce nom est incertaine.
2. Ici el plus loin le ms. écrit Mansour; auparavant il y avait Mesa'oud, qui
est une erreur,
3. Ces mots sont écrits sans voyelles dans le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU_SOUDAN 67
se dispersa de tous côtés et s'enfuit en désordre jusque dans
la ville, tandis que le caïd Mansour poursuivait sa route
vers Kabara où il allait rejoindre ses soldats et ses esclaves.
Le cadavre du caïd tué fut abandonné sur le sol jusqu'au
soif '. A ce moment, on le transporta derrière le mausolée de
Seyyid Abou'l-Qàsem, puis, après l'avoir lavé, on l'ensevelit
en cet endroit. Quant au caïd Mansour, après être allé à
Kabara, il ne revint chez lui que après le coucher du soleil.
Les troupes, rentrées (iv) dans la ville, tinrent une réunion
dans laquelle elles discutèrent la nomination d'un pacha;
elles tombèrent d'accord pour élire le caïd 'Abdallah et le
nommèrent pacha pour la troisième fois. Vers la fin de la
journée, le jour môme de son élection qui fut aussi celui de
la mort du caïd Bach, fils du caïd El-Mobârek, le nouveau
pacha 'Abdallah se rendit avec l'armée à la demeure du caïd
Mansour encore à Kabara à cette heure. On enleva alors de
la maison de Mansour tout ce qui put être emporté : meubles,
vêtements, ustensiles.
Cette opération dura jusqu'après la prière du coucher du
soleil. Pendant qu'on s'y livrait le caïd Mansour surgit tout
à coup accompagné de ses soldats et de ses esclaves. Gomme
les arrivants poussaient de grands cris et faisaient résonner
leurs tambours et leurs trompettes, les soldats du nouveau
pacha s'enfuirent de la maison. Les uns montèrent sur la
terrasse et, sautant de l'autre côté de la maison, prirent la
fuite; les autres se réfugièrent dans les maisons du quartier
et les dès que la fuite leur fut possible. Quant au
quittèrent
pacha, il retourna chez lui, ayant, dit-on, laissé ses chaus-
sures dans la maison du caïd dans la hâte qu'il mit à partir
dès que Mansour fut arrivéà la porte de la maison du juris-
consulte El-Hâdj- 'Abderrahman-ben-Ismall-Youro.
1. Après i le soir », lu ms. ajoute « le milieu de l'après-midi ». Il est impos-
sible de savoir duquel de ces deux moments il s'agit en réalité.
68 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le pacha, avant de quitter précipitamment la maison du
caïd, avait donné l'ordre de sceller au moyen de clous les
serrures des
portes qui donnaient accès au magasin 1. Ce
fut Bâbâ-Djem, le forgeron, qui fut chargé de cette opéra-
tion. C'était un vieux nègre, horriblement laid et l'un des
petits-fils de Djem-Kiraï. Après avoir cloué toutes les serrures,
Djem était parti chez lui et s'était couché; il ignorajusqu'au
matin que le caïd Mansour était revenu et aussi que le pacha
•Abdallah était sorti de la maison du caïd". Le lendemain,
en se levant, il se rendit à la demeure du caïd Mansour, y
j>énétra sans se douter qu'il allait l'y rencontrer et le trouva
installé chez lui. « C'est toi, lui dit le caïd, qui as scellé les
portes de ma maison sur l'ordre de 'Abdallah, fils du lieu-
tenant-général El-Hâdj? » Tout troublé à ce moment et
tremblant de tous ses membres, le forgeron répondit : « Si
je viens chez vous à cette heure c'est uniquement, pour vous
saluer. — Débarrasse-nous de ta s'écria Man-
présence,
sour! » Le forgeron partit aussitôt sans qu'il lui arrivât aucun
mal.
Les esclaves de Mansour tuèrent un chérif du nom de (i t)
Abou-Bekr-Ech-Cherif : c'était un homme qui avait l'esprit
troublé. 11 fut tué sur le seuil de la porte de la maison de
Mansour au moment où celui-ci rentrait chez lui ce soir-là.
Le caïd tenait à la main une bougie 3, mais il ne sut rien ce-
pendant, ni de ce qu'avaient fait ses esclaves, ni des per-
sonnes qui étaient venues chez lui ou en étaient sorties 4.
1. C'est-à-dire l'endroit où Mansour serrait toutes les choses qu'il possédait et
qu'il tenait sous clef.
2. Tout ce récit est confus et, parfois, ccrlains faits sont difficiles à concilier.
On ne comprend guère, par exemple, que le forgeron ait ignoré la venue du
caïd Mansour alors qu'il s'écoula fort peu de temps entre le pillage de sa maison
et son arrivée, puisque le pillage commença au moment où le soleil commençait
à perdre de son éclat et que le retour du caïd eut lieu au coucher du soleil.
3. Le texte dit : « un flambeau de cire ».
k. L'auteur veut sans doute insister sur ce fait que le meurtre du chérif eut
lieu à l'insu du caïd.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 69
Le lendemain, le caïd Mansour manda chez lui l'imam de
la grande mosquée, l'imam 'Abdelkàfi, fds de l'imam 'Abd-
errahman et lui dit : « Dieu soit loué ! c'est donc toi, ô
'Abdelkâfi,qui es venu hier chez moi faire l'inventaire de ce
que je possède pour 'Abdallah, fils du lieutenant général
El-Hâdj. » — « Certes oui, répondit l'imam, je suis venu
chez toi et y ai dressé l'inventaire de tes biens. Mais, je n'y
suis pas venu de moi-même ; je n'y suis venu que sur l'invita-
tion d'un messager qui m'avait étéenvoyé chez moi et qui
m'a dit : Le pacha te demande et il est en ce moment dans la
maison du caïd Mansour. Si toi
de même, ô caïd Mansour,
tu te rendais dans la maison du caïd 'Abdallah et que tu m'en-
voyasses chercher par un de tes messagers, il me faudrait
bien aussi répondre à ta convocation et me conformer à l'or-
dre de me rendre dans cette maison. » Cela dit, l'imam se
tut sans rien
ajouter.
Le lendemain du jour où le caïd Mansour fut rentré chez
lui, le conflit éclata entre lui et les troupes 1. Dieu nous pré-
serve de tels événements! On s'attaqua tout d'abord à la
maison du caïd 'Ali, fils du pacha Yahya-El-Gharnâti ; on se
précipita sur cette maison, on y fit une brèche par derrière,
on y mit le feu, puis on y tua un des frères de ce caïd 'Ali,
nommé le lieutenant Ma'î qui appartenait à la fraction des
Andalous 2. C'était un homme fort
courageux et qui, malgré
qu'il fût seul, lutta contre la masse des assaillants.
Quant au caïd 'Ali, dont il vient d'être parlé, il était, au
moment du combat, dans le quartier de Sâri-Kaïna 3, chez le
caïd Ahmed-Zenka. Il vint ensuite sous le minaret de Sidi-
1. Les troupes restées fidèles au pacha.
2. Mot à mot : « un des enfants de l'Andalou ». Le texte porte ,JJJJ, au lieu
de ^jJa'^l qui semble être la vraie lecture. Celte division des Andalous était
probablement une fraction de ce.le de Fez.
3. Ou « de Sarî-Kîni », mot qui rappelle celui de Saracollet.
70 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Yahya, près de la porte de la maison de son grand-père, le
pacha Yahya et là il pénétra dans diverses rues tenant à la
main Il attaqua
son fusil. un des esclaves du caïd Mansour
qui chargeait clans les rues et qui se nommait 'Ali. L'esclave
attendait que l'on vînt à lui ; puis, comme il tournait le dos,
le caïd lui tira une balle entre les deux épaules et le fit
tomber mort face contre terre '.
Cela fait, le caïd 'Ali retourna au quartier de
de nouveau
Sàri-Kaïna (ie), afin de s'assurer de ce qu'étaient devenus sa
femme, ses enfants et toute sa famille. A partir de ce moment
il revint habiter dans
quartiersonde la mosquée de Yahya,
la maison de El-Fa'-'Ali-ben-Ël-lV-Mohammed-Moudi; il
abandonna dès lors son ancienne demeure et n'y retourna
jamais plus jusqu'à sa mort qui eut lieu dans la maison de
son frère aîné Bâbâ-Seyyid. Depuis le moment où il quitta
son ancienne demeure, le caïd °Ali habita d'abord la maison
de El-Fa'-'Ali jusqu'à la mort de celui-ci, puis la maison du
cadi Meïmoun et enfin celle de son frère Bàbâ-Seyyid dans
laquelle il mourut.
Plus tard, quand la paix fut rétablie et qu'il fut devenu
pacha, le caïd Mansour se réconcilia avec le caïd 'Ali et le
nomma caïd des Beni-Sa'doun 2.0n dit même qu'il lui donna
cinq cents mitsqâl après leur réconciliation.
Le conflit qui venait d'éclater s'aggrava rapidement et
dura, dans la ville., quatre mois. Au cours de cette lutte, il se
produisit des événements graves,des trahisons, des perfidies
inoubliables comme il ne s'en était jamais produit de pareils
auparavant. Personne n'avait entendu parler de semblables
abominations ni chez les anciens ni chez les modernes. Entre
1. Ce passage est confus dans le texte. L'auteur a voulu dire que le caïd at-
tendit que l'esclave s'en allât pour pouvoir tirer sur lui sans courir le moindre
danger.
2. Les Beni-Sa'doun formaient une division de moindre importance que celles
de Fez, de Merrâkech et des Cherâga.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 71
autres choses, les Touareg et les païens du Bambara se mê-
lèrent de la lutte et il en résulta que Oghmor devint leur
sultan et le chef de toutes les populations qui leur étaient
soumises 1.
Quant au caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj,il resta confiné dans
sa maison sans retourner,même une seule fois, à la casbah,
tant que la sédition dura, et alors il fut déposé. Au cours de
ces troubles, il donna l'ordre de mander Maro, un Bambara
de ses amis, afin de lui venir en aide contre les révoltés.
Maro arriva avec toutes les personnes de sa suite et il apporta
ses grandes trompettes d'un homme. de la taille Quand on
soufflait dans ces trompettes le son en était entendu par tous
ceux qui étaient dans la ville en quelque endroit qu'ils fus-
sent.
Le pacha resta ainsi pendant ces troubles environ deux
mois. Chaque jour, depuis le moment de l'asr jusqu'au cou-
cher du soleil, les Bambara se livraient devant la porte de
sa maison, à des
jeux de tir à l'arc, frappaient sur leurs
tambours et soufflaient dans leurs trompettes. Cela dura jus-
qu'au jour où la paix fut faite avec les soldats (il). Alors les
Bambara rentrèrent dans leur pays sans avoir combattu,
fût-ce une seule fois, pour le caïd 'Abdallah.
De son côté, le caïd Mansour s'était adressé aux Touareg
Tadmekket et à leur chef d'alors, El-Bâqi-ben-Alel, frère de
Oghmor et son aîné. Il avait demandé au chef touareg de
venir à son aide et celui-ci était accouru suivi de tous ses
Touareg. Le caïd les avait logés près de Ma'doko du côté
du nord, sur une place appelée Serkilla-Djînou, c'est-
à-dire le mosalla des ancêtres de l'époque de la dynastie
Songhaï. Il leur avait installé là des tentes, des tapis,, un
1. L'expression est aussi vague dans le texte que dans la traduction. Il faut
sans doute entendre que les Touareg soumis autrefois aux Marocains devinrent
indépendants.
72 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
herketounK et des tables nombreuses et bien servies.
grandes,
Ces restèrent ainsi auprès du caïd Mansour.
Touareg
C'étaient eux les gens qui allaient à
qui accompagnaient,
Kabara ou en revenaient. Personne, affaire à
qui ayant
leur et sur
Kabara, ne pouvait s'y rendre qu'en compagnie
l'ordre du caïd. Ils restèrent ainsi tout le temps que dura la
de nourriture et de boisson, recevant vête-
sédition, gorgés
ments et cadeaux, jusqu'à ceque les haines s'affaiblissant,
on fit la paix et on nomma le caïd pacha. Alors El-Bâqi par-
2
tit avec ses Touareg dans la direction de l'est et mourut
son sa mort les Touareg
peu de temps après départ. Après
Tadmekket choisirent pour chef Oghmor-ben-Alel.
Vers cette époque mourut le Fondoko Djelàdji, seigneur
du Mâsina; il eut pour successeur Kidâdo, qui règne encore
Dieu fasse qu'il vive longtemps dans ce poste.
aujourd'hui.
Amen!
Parmi les événements qui se produisirent durant ces
troubles, il faut citer des constructions dans les rues de la
ville ou des exhaussements de murs de maison clans le but
de s'élever pour mieux tirer et se mettre à l'abri des balles des
fusils de l'ennemi 3. On se battait,
chaque jour, dans tous les
coins de la ville, de tous côtés, dans les rues, sur les places
en poussant des cris et des vociférations. Les huttes d'herbes
des gens pauvres et des malheureux furent toutes brûlées ;
les balles, lesépieux, les flèches volaient sans nécessité jus-
qu'au milieu de la ville. On tuait les gens sans le moindre
motif alors qu'ils étaient en train de marcher dans la ville.
(Nous demandons à Dieu qu'il nous accorde le calme!) Pen-
1. Ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires.
2. Ou : « nord-est », le mot ^.J indiquant au sens strict la direction de la
Mecque. En général cependant, au Soudan, ce mot veut dire l'est.
3. La phrase arabe est ambiguë et la traduction n'est pas aussi nette qu'elle
devrait l'être.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 73
dant quatre mois,
personne ne put plus traverser la place du
marché habituel 1, même simplement en passant ; aussi l'herbe
sur le sol du marché dès qu'il venait à pleu-
poussait-elle
voir. Plus tard on y bâtit (i v) un mur en argile et en briques
crues en manière de rempart.
On installa des marchés dans la ville en trois endroits,
chacun de ces marchés se tenant un jour différent; l'un
d'eux, Boubo-Kaïna, plus grand que le suivant, était affecté
aux gens de Sâri-Kaïna; un second, appelé Fintiker 2, était
également destiné aux gens de Sâri-Kaïna. Quant au troi-
sième, Askia3-Boubo-Kaïna, c'était le plus fréquenté et celui
dont l'emplacement était le plus vaste. C'est là que se réu-
nissaient tous les habitants ville, de la
du quartier de Sâri-
Kaïna et de celui de Sankoré ; on y trouvait même des gens
du quartier de la grande mosquée qui n'étaient point du
nombre des soldats du caïd Mansour. Les gens du quartier de
Kisimo-Benkou tenaient marché dans un endroit appelé Ton-
kala a et aussi dans le quartier de la grande mosquée, der-
rière la maison du caïd Mansour du côté du nord.
Les habitants de Tombouctou étaient divisés en deux
camps : dans un camp on se réjouissait quand le caïd Man-
sour était vainqueur ; dans l'autre ce même événement at-
tristait.
Quatre caïds avaient fait cause commune avec le caïd
Mansour; ils habitaient dans sa maison et y demeurèrent
tout le temps de la sédition. Aucun d'eux ne rentra chez
lui avant la fin des troubles et le rétablissement de la paix.
Ces caïds étaient : le caïd Yousef, le caïd Hoseïn, le caïd
El-Mobârek-El-Gharnâti et le caïd Bâbâ-Seyyid des Che-
1. Mot à mot : du marché connu. C'est-à-dire le marché qui servait à toute
la population.
2. Les deux voyelles i sont seules marquées dans le ms.
3. Le texte dit : « Aski », mais cette forme est souvent substituée à celle
ordinaire du mot : askia.
74 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
râga 1. Le caïd Bâbâ-Seyyid mourut dans la maison de Man-
sour, car sa mort eut lieu avant que la paix ne fût rétablie.
Prions Dieu qu'il nous préserve de tous les fléaux qui, de ce
moment jusqu'à nos jours, ont affligé la ville bénie!
Tout ceci se passait sous le pachalik du caïd 'Abdallah ;
mais, bien qu'il se crût souverain depuis le jour de son élec-
tion, c'est-à-dire depuis le jour de la mort du caïd Bach, fils
du caïd El-Mobârek, cependant, durant tout ce temps, il ne
se rendit pas une seule fois à la casbah. Et ce fut au point que
les soldats conclurent d'abord la paix avec le caïd Mansour
et renouvelèrent pendant la nuit la convention avec le caïd
'Abdallah.
A ce moment seulement le caïd 'Abdallah comprit que les
l'avaient déposé ; il se réconcilia avec le caïd Man-
troupes
sour tandis que les troupes se réconciliaient avec ce dernier
et lui juraient qu'aucun homme parmi elles ne le trahirait.
2 ensuite le caïd 'Abdallah
Les soldats lui vendirent qui avait
été leur pacha pendant tous ces troubles; puis ils récitèrent la
fatiha à Mansour en signe qu'aucun d'eux ne le trahirait et
ils lui firent remettre le pouvoir suprême des mains du caïd
'Abdallah. Le caïd 'Abdallah (*A) donna l'ordre de retirer de
sa maison les sacs 3 de kolas, de les ouvrir et deles distribuer
pour marquer qu'il acceptait leur décision.
Cette même nuit, tandis qu'on procédait à la réconciliation,
Bâbâ, le fils aîné du caïd 'Abdallah, vint à mourir.
On assure que c'était le caïd Bâ-Haddou et les chefs de
.l'armée qui avaient été les instigateurs de la sédition à cette
et que ce furent eux qui trahirent le caïd 'Abdallah et
époque
1. Ou : « Bàbâ-Seyyid-Cherâq ».
2. Par cette vente il faut probablement entendre que Mansour s'engageait à
donner quelque chose en échange du pouvoir qu'on enlevait à 'Abdallah pour
le lui transmettre.
3. Le mot employé ici, et dont j'ignore le sens exact, paraît signifier sac: pa-
nier, coffre.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 75
lui amenèrent le caïd Mansour dans sa maison ; ils firent leur
paix avec ce dernier et lui jurèrent devant le caïd 'Abdallah
qu'aucun d'eux ne le trahirait jamais; par cet acte ils dépo-
sèrent l'ancien pacha 'Abdallah. Ils donnèrent ensuite les in-
signes du pouvoir au caïd Mansour et reçurent en échange
un pot-de-vin qui leur fut remis en secret. Ils lui avaient
vendu le caïd 'Abdallah, mais celui-ci, ayant eu soupçon de
la chose, fit sa paix avec Mansour, distribua les sacs dont il
a été parlé en son nom et fut ainsi certain que Mansour ne lui
ferait aucun mal et ne lui causerait aucun préjudice 1. Dieu
le préserva en effet de tout mal de la part de Mansour tant
que celui-ci fut au pouvoir.
On rapporte que le caïd 'Abdallah tintle propos suivant à
ses familiers : « Dans cette nuit, trois choses douloureuses me
sont survenues à la fois en un même instant.
D'abord, pen-
dant que j'étais installé chez moi cette nuit-là, le caïd Bâ-
Haddou, accompagné des chefs de l'armée, est entré chez
moi inopinément, suivi du caïd Mansour avec qui il venait
de se réconcilier. Ils ont de nouveau fait la paix chez moi
en ma présence et ont donné à Mansour la promesse de le
faire pacha; j'ignore de quelle façon ils s'y prendront, car,
à mon sens, ils n'ont pas d'autre pacha que moi, et je ne
sache pas qu'il y ait eu conflit entre eux et moi, ni que je
leur ai fait quoi que ce soit pour qu'ils aient un motif d'agir
ainsi à mon égard 2.
Je ne m'étais pas encore séparé d'eux que quelqu'un de
ma famille est venu en secret me dire à l'oreille ces mots ;
Ton fils Bâbâ vient de mourir à l'instant. Peu après cela j'ai
1. Tout ce récit est rédigé d'une façon obscure. Cependant je crois en avoir
donné le sens général d'une manière assez complète. Dans celte dernière
phrase, la distribution des noix de kola, faite par 'Abdallah au nom de Mansour,
équivalait en réalité à une rançon qu'il lui payait sous cette forme déguisée pour
conserver sa liberté et acheter la clémence du pacha.
2. C'est-à-dire : « de me déposer ».
76 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
une vivo douleur 1 d'une
éprouvé dent molaire.
Eh! bien,
de ces trois choses, celle qui m'a été le plus pénible, c'est
la conduite des soldats vis-à-vis de moi lorsqu'ils ont élu le
caïd Mansour. Cela m'a été plus dur et plus sensible que la
mort de mon fils Bâbâ et à plus forte raison que mon mal de
dent. »
Tels sont les faits qui se passèrent entre le caïd 'Abdal-
lah et les soldats. Ceux-ci s'en allèrent ensuite, le laissant
déchu du pouvoir dans sa maison, car il fut évident pour
lui ( 11) qu'il avait été déposé cette nuit-là 2. Tout son pachalik
se passa dans cette sédition qui commença le 24 du mois de
rebi' Ier cle l'année 1128 (18 mars 1716) et qui dura jusqu'à
la première décade du mois de redjeb l'unique de cette même
année (21-30 juin 1716).
La quatrième fois que 'Abdallah fut élu pacha, ce fut après
la déposition du caïd 'Abdelgheffâr, fils du caïd 'Ali-Et-Te-
zerkîni, le jeudi de djomada II de l'année 1134 (23 mars
1732). II partit en expédition avec une partie des troupes
seulement, les autres ayant refusé de le suivre et étant res-
tées àTombouctou; il marcha contre le 3
bourg de Oukiya
pour châtier les fils du caïd Ahmed-El-Khalîfaqui arrêtaient
les voyageurs sur les routes. C'est pour cela 4 qu'il partit
avec une partie des troupes seulement.
Il venait à peine 3 à Tombouctou
d'entrer que le conflit
éclata aussitôt entre lui et ses soldats qui étaient à peine
i. Le texte emploie la singulière expression : « u-n- » dans le sens de per-
cevoir : d'ordinaire ce mot signifie entendre ou entendre dire.
2. La déposition n'avait pas été formelle en effet.
3. Le mot est sans voyelles dans le ms.
4. C'est-à-dire: parce qu'il s'agissait de châtier seulement quelques personnes.
A ce motif il faut ajouter le refus d'une partie des troupes, ainsi qu'il est dit
plus haut.
5. Le mot employé est -UJ, qui signifie « monter » ; il s'agit sans doute de
la prise de possession de la casbah et non de l'entrée dans la ville même. Tout
ce passage est d'ailleurs singulièrement confus et d'une rédaction déplorable.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 77
installés. Néanmoins il continua sa marche dans ces condi-
tions vers Oukiya, mais là il ne trouva personne, c'est-à-dire
ni le lieutenant-général Mohammed, fils du caïd El-Khalîfa,
ni ses frères; ils avaient tous pris la fuite dès avaient
qu'ils
appris sa venue, se dispersant dans diverses localités et lais-
sant leur bourg vide sans âme qui vive. Le pacha entra dans
le bourg et, le trouvant désert,il donna l'ordre de démolir les
maisons, de couper les arbres et de détruire les moissons 1.
N ayant pu s'emparer de personne, il retourna à Tombouctou
avec lesquelques troupes qu'il avait avec lui et fit son en-
trée dans la ville le jour de la fête de la rupture du jeûne
(14 juillet 1722); il était dès lors déchu pas et n'entra dans la
casbah. Il ne fit pas non plus la chevauchée accoutumée au-
tour de la ville et ne se rendit pas au mosalla. Il passa seu-
ment devant la casbah pour regagner sa demeure et, arrivé à
la porte de chez lui, il salua les soldats en leur faisant face ;
puis il leva la main en manière de salut et dit : « Dieu soit
loué de ce
que vous êtes sains et saufs. » Là-dessus, il rentra
chez lui déchu du pouvoir qu'il venait de garder environ quatre
mois.
Dans cette expédition, je veux dire dans celle que le caïd
'Abdallah entreprit contre le bourg de Oukiya, le pacha avait
emmené avec lui de Tombouctou l'askia El-Mokhtâr-ben-
Chems. Arrivé à Oukiya, l'askia, El-Mokhtàr partit /un soir
en cachette et s'enfuit seul par une nuit obscure, abandonnant
sa famille, ses bagages et sa tente. Il marcha jusqu'à ce qu'il
arriva dans sa maison au bourg de Kensa; là il groupa au-
tour de lui tous les gens du Songhaï. Cette nuit était celle du
mardi 1er du mois vénéré de ramadan, vers la fin de (<>•)
l'année 11 34(15 juin 1722). Le pacha revint ensuite de cette
expédition et, après son retour, il fut déposé. On resta alors
i. L'expression arabe est plus large; elle s'applique à tout ce qui est source
de produits.
78 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
quatre mois sans nommer personne aux fonctions de pacha.
Le 16 du mois desafar de cette même année (6 décembre
1 livra
1721) avait eu lieu le grand combat que Ghâl-Belboun
aux enfants du Maghcharen-Koï à Ras-el-Ma et danslequel
il périt beaucoup de monde de diverses tribus. Les troupes du
Maghcharen-Koï furent mises en déroute et poursuivies par
la cavalerie de Ghâl-Belboun qui les anéantit complètement.
La cinquième fois qu'il fut élu, 'Abdallah se succéda à lui-
même 2, car il n'y avait eu personne de nommé après lui ; ce
fut le vendredi, 3 du mois béni de safar, au début de l'année
1135 (13 novembre 1722). 11 conserva le pouvoir environ
quatre mois saus faire aucune expédition, puis il fut déposé
le vendredi, 13 du mois de djomada Ier au milieu de cette
même année (21 mars 1723).
Le vendredi, 2 du brillant mois de cha'bân(8mai 1723)
le caïd Mansour vint dans la ville de Tombouctou. Il campa
à l'ouest de cette localité
ayant avec lui nombre d'hommes
et de Touareg. Après l'office du vendredi, les notables de
Tombouctou, parmi lesquels le cadi Seyyid Ahmed et d'au-
tres, se rendirent auprès de lui pour le saluer; ils le trouvè-
rent en cet endroit, lui présentèrent leurs hommages et ren-
trèrent ensuite chez eux.
Après la prière de l'après-midi, le caïd Bâ-Haddou prit
les armes et sortit à la tête de ses soldats combattre
pour
Mansour qui avait également ses troupes avec lui. Au mo-
ment du déclin du soleil, Mansour repoussa les assaillants
vers la forêt, puis les poursuivit jusqu'à ce qu'ils rentrèrent
dans la ville tournant le dos et en fuite. Sa'îd-ben-Moham-
med-Fezzân 3 et
Hammou-Haddâd furent tués ce jour-là dans
la soirée.
1. Ces mots sont sans voyelles dans le ms.
2. En d'autres termes : il revint au pouvoir après un interrègne, sans avoir
eu de successeur nommé.
3. Peut-être : Fezzâni.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 79
Enfin le caïd Mansour pénétra de vive force dans la ville
1
et s'établit dans la maison de El-Hâdj-'Abdallah-ben- Ali-ben-
Tâleb-Ibrahim près du lieutenant-général Hammedi-ben-
Hammou dans le voisinage de la porte du marché.
Le feu de la lutte entre Mansour et le caïd Bâ-Haddou de-
meura allumé pendant huit mois: Ce fut le caïd 'Abdelghef-
fâr-ben-'Ali qui fut la cause et l'instigateur de cette sédition
parce que le caïd Bâ-Haddou l'avait fait déposer. 11 avait alors
mandé à Mansour de venir ; celui-ci arriva aussitôt et resta
dans la ville environ trois mois, puis il alla au bourg de ïi-
naouer pour intercepter les communications 1. Il fut rejoint
( o s ) là par tous ceux des soldats qui étaient de son parti, par
exemple :Brahim, fils du lieutenant-général Seyyid et tous les
siens, Mohammed, fils du caïd Senîber, fils du caïd Bouya et
ses partisans, etc. Son départ avait eu lieu à la fin du mois
de dzou'i-qacda,un des derniers mois de l'année 1135 (fin août
1723) et il séjourna en cet endroit environ trois mois.
Quant aux deux caïds Bâ-Haddou et
'Abdelgheffàr, ils
étaient restés à Tombouctou dura ce temps, moitié en bonne
harmonie, moitié en état de conflit. Enfin ils commencèrent
la lutte ouverte; ils en allumèrent le feu au mois de safar, au
début de l'année 1136 (31 octobre-29 novembre 1723), et
cela eut lieu de la façon suivante :
Un certain jour du mois dont il vient d'être parlé, le Ka-
bara-Farma 'Abdallah était venu de Kabara au cours de la
soirée. Arrivé dans le quartier de la grande mosquée, il y pé-
nétra,ayant avec lui ses soldats et ceux du caïd Bâ-Haddou.
Ses hommes ayant tué deux soldats du caïd 'Abdelgheffâr
qui se trouvaient à ce moment dans le quartier, Senîber-
ben-Qâder et 'Abdallah-ben-rAïcha, le caïd 'Abdelgheffârfit
1. Mot à mot : « couper le chemin », c'est-à-dire dévaliser les passants ou les
empêcher de poursuivre leur route.
80 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
aussitôt scs préparatifs et résolut, dans cette même soirée,
d'entamer l'action contre le caïd Bâ-Haddou.
En conséquence il manda au caïd Mansour de lui envoyer
des hommes de renfort et celui-ci lui expédia son frère Ham-
medi et le caïd Sa'îd avec un corps de troupes. Ces renforts,
venus de Tinaouer, arrivèrent à Tombouctou le vendredi
soir durant ce mois 1, c'est-à-dire au cours du mois de safar
de l'année 1136.Le lendemain, ils atteignirent la maison d'un
hôte du caïd Bâ-Haddou, un nommé Billi-Hasen-Djahchi;
ils y pénétrèrent et y firent un butin considérable de toutes
les choses trouvèrent là en quantité : étoffes, sel et
qu'ils
leghbou-.
Quant à Billi-Hassen-Djahchi, le maître de la maison, il
était en voyage et on ne le trouva pas chez lui. Il était
parti, emportant des marchandises bien plus considérables
celles qu'il avait laissées chez lui avant de se mettre en
que
route. C'était un grand négociant 2. Ainsi quand il s'était mis
en route, son hôte le caïd Bâ-Haddou lui avait dit: « Puisque
vous en voyage, indiquez-moi le nombre d'hommes
partez
armés de fusils que je dois commettre à la garde de ce que
vous laissez. — Je ne laisse rien de bien important, avait
il répondu, aussi vais-je simplement mettre mes esclaves pour
garder tout cela. »
C'est alors que Hammedi 3, fils du caïd Senîber, et le caïd
Sa'îd, suivis de leurs soldats et de leurs misérables esclaves,
arrivèrent la
qui vient d'être
nuit indiquée, attaquèrent la
maison au moment du crépuscule et, n'y trouvant personne
(«Y) sinon les esclaves du maître de la maison Billi-Hasen,
ils y pénétrèrent.
Dès que le jour vint, le caïd Bâ-Haddou envoya du monde
1. On ne dit pas le quantième. Celte omission se rencontre assez souvent.
2. J'ignore la valeur de ce mot qui, malgré une certaine ressemblance do son,
ne parait pas être le laghbi ou laghmi, \in fait avec la sève du palmier.
3. Mot à mol : un négociant accompli.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 81
pour chasser les gens qui avaient attaqué la maison et un vif
combat s'engagea ce matin-là entre les deux partis. Puis
Hammedi et ses compagnons retournèrent dans la maison,,
s'y installèrent au milieu des
richesses qu'elles contenait, les
abîmèrent et les dispersèrent à l'est et à l'ouest dans toute
la ville. Ils avaient mis la maison à sac 1, j
Tandis que le caïd 'Abdelgheffâr envoyait environ vingt
hommes armés de fnsils dans la maison de Brahim-ben-
Boumo-Qât, le caïd Bâ-Haddou en faisait autant pour la
maison de El-Hâdj-'Abdallah-ben-El-Hasen et 2 celle de
El-Hâdj-Ahmed-ben-Hammou. Pendant la durée de ce con-
flit, il se livra entre les deux partis, à maintes reprises, de
rudes combats, de terribles et nombreux engagements.
Un certain jour, entre autres, il y eut une bataille très vive.
On assure à ce sujet que le caïd Bà-Haddou se rendit à la
maison de El-Hâdj-Bou-Tâher et, s'en approchant par der-
rière, il donna l'ordre d'y pratiquer une brèche. Cette brèche
ouverte, on pénétra dans la maison et on y pilla les biens de
la femme de El-Hâdj-ben-Tàher. On se porta ensuite vers la
maison du caïd 'Abdelgheffâr, mais on ne réussit pas à s'en
emparer, les gens qui l'habitaient s'étant aperçus que l'on
s'approchait. Alors ou s'éloigna sans avoir obtenu le moindre
succès et l'on regagna la maison de Ei-Hàdj-Bou-Tâher à
l'intérieur de laquelle on s'installa. Ce fut à ce moment que
Hammedi, le fils du Kabara-Farma, fut tué.'
A la suite de ces événements le caïd 'Abdelgheffâr expé-
dia un messager à Tinaouer au caïd Mansour, lui demandant
de nouveaux renforts en hommes pour soutenir la lutte et
il donna l'ordre au messager de raconter au caïd Mansour
1. Le mot du texte n'existe pas; peut-être a-t-on voulu écrire ljl~~ pour
2. La copule et manque dans le ms.
(Biographies des pachas du Soudan.) G
82 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
tout ce qui s'était passé le jour où le caïd Bâ-Haddou avait
pénétré dans la maison de El-Hâdj-Bou-Tàher.
On assure
que le caïd Mansour, après avoir entendu les
paroles que lui avait fait tenir le caïd 'Abdelgheffâr, répondit
de la manière suivante : « Il n'a encore rien vu, ni rien
aperçu, et il n'ose déjà plus rester chez lui. Dès qu'il verra
quelque chose il ne saura faire autrement que de prendre
la fuite, de se réfugier auprès de nous en abandonnant sa
femme, ses enfants et tout ce qu'il possède sans chercher à
les défendre. Il va sûrement arriver encore chez nous aus-
sitôt qu'on lui aura fait voir clés choses plus graves et plus
sérieuses 1. »
Lorsqu'on rapporta cette réponse au caïd 'Abdelgheffâr,
celui-ci eut le coeur brisé; il perdit courage, négligea ses
affaires et cessa de déployer de l'activité clans la lutte qu'il
avait entreprise contre le caïd Bâ-Haddou. Il comprit que
Mansour lui était plus hostile que le caïd Bâ-Haddou. Dans
ces conditions il s'abstint dorénavant de prendre, part au con-
flit et de continuera lutter contre le caïd Bâ-Haddou et l'ini-
mitié commença entre lui et le caïd (»r) Mansour à partir de
ce jour. En même temps il se rapprocha du caïd Bâ-Haddou
et fit de nouveau amitié avec lui.
L'inimitié du caïd Mansour contre le caïd 'Abdelgheffâr
avait une cause ancienne. 111'avait dissimulée jusqu'au mo-
ment où il avait prononcé la réponse indiquée ci-dessus. Il
prétendait que le caïd 'Abdelgheffâr lui avait expédié un
messager lui demandant de venir à Tombouctou et lui avait
promis par l'organe de ce messager de l'aider de toutes ses
forces et. en toutes circonstances contre le caïd Bà-Haddou
s'il entreprenait de lutter contre lui.
1. Le slyle de celte réponse est si pitoyable qu'il n'est pas sur que le sens
exact en ail été reproduit clans la traduction. Il se pourrait d'ailleurs que la
réponse i'ûl obscure à dessein.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 83
Répondant à cet appel, Mansour s'était rendu à Tombouc-
tou, et le soir même de son arrivée dans cette ville il avait
eu une rencontre avec Bâ-H'addou et lui avait livré combat.
Le caïd Abdelgheffâr ne lui avait point prêté un secours effi-
cace contre le caïd Bâ-Haddou, bien qu'il en eût pris l'en-
'
gagement par l'intermédiaire du messager qu'il avait en-
voyé.
Mansour n'avait donc pas trouvé chez 'Abdelgheffâr ni
l'appui, ni l'énergie, ni l'effort qu'il en attendait; aussi après
un séjour d'environ trois mois à Tombouctou il avait aban-
donné son allié et s'était rendu dans le bourg de Tinaouer
où ses hommes l'avaient rejoint. Ceux-ci s'étaient alors ins-
tallés clans cette localité pour y arrêter et dévaliser tous
ceux qui passeraient sur le Fleuve en cet endroit.
A cette époque Mansour s'empara de embarca-
plusieurs
tions venues de Dienné. Parmi elles se trouvaient : celles du
jurisconsulte Bàbâ-Sayo 2, fils du jurisconsulte Abker3-ben-
Sayo, fils du jurisconsulte, le cadi Mohammed-Djem, cadi
du Mâsina; celle d'El-Mokhtàr, fils du patron* El-Amîn-ben-
Tàgh, l'architecte; celle d'un individu de Maulaï-Akhâf, un
nommé Seyyid-Abdelqâder, si je ne me trompe; on lui en-
leva tout son or et le malheureux la raison et devint 5
perdit
fou à la suite de la prise de son embarcation.
En faisant appel à Mansour, le caïd 'Abdelgheffâr n'avait
d'autre but véritable que de vouloir se venger du caïd Bâ-
1. Le texte porte : <u»U qui est sûrement pour «jjkW. Ce changement du
cl en t est assez fréquent chez les populations d'origine berbère et par suite
chez ceux qui ont appris d'eux la langue arabe. Ce pourrait être, il est vrai, un
simple lapsus calami du copiste.
2. Telle est l'orthographe donnée de ce nom parle ms.
3. Probablement : Abou-Bekr.
4. Dans le sens de maître ouvrier.
5. Au lieu de J^l que porte le ms., je lis : J^l qui semble plus en rap-
port avec le sens général.
'
84 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Haddou qui l'avait fait destituer dupachalik et c'est pourquoi,
quand Mansour était venu, il l'avait laissé tête à tête avec ce
dernier. De là alors la colère du caïd Mansour et son départ
pour Tinaouer. Ce fut après cela qu'il lui lança la réponse
citée ci-dessus qu'il fit au messager que 'Abdelgheffàr lui
avait envoyé.
Le vendredi, 18 du mois de rebi' Ie 1' de l'année 1136
(16 décembre 1723), le caïd Mansour sortit de Tinaouer
avec ses hommes et, montés sur des embarcations, ils se
dirigèrent tous du côté de Kabara. Quand ils furent près de
cette dernière ville et que les habitants de la localité les
eurent aperçus, le Kabara-Farma, suivi de ses hommes, se
porta au-devant d'eux dans des embarcations et une ren-
contre eut lieu à Rahbet'-Daï, sur le (o i) Fleuve, au moment
des hautes eaux, pendant la saison pluvieuse. Un violent
combat, s'engagea entre eux sur le Fleuve. A la suite de ce
combat le caïd Mansour retourna en arrière jusqu'au vil-
lage de Amzàgho où il débarqua et resta-quelques jours,
tandis que le Kabara-Farma faisait bonne garde contre lui
à Kabara.
Le conflit avait alors lieu à Tombouctou entre le caïd
'Abdelgheffàr et le caïd Bâ-Haddou ; mais bientôt l'hono-
rable jurisconsulte, le cadi Seyyid-Ahtned, fils du juriscon-
sulte, le cadi Ibrahim, s'interposa entre eux et aidé des ju-
risconsultes et des ulémas de la ville il les fit se réconcilier
le mercredi, 23 du mois de rebi' Ier de cette année (21 dé-
cembre 1723). Dès que le çaïd 'Abdelgheffàr eut fait sa paix
avec le caïd Bâ-Haddou, il ne s'inquiéta plus du caïd Man-
sour, l'abandonna où il était jusqu'au jour où celui-ci mou-
rut ainsi que tous les siens.
1. Le mot rahba signifie « place » et « marché». Il se pourrait donc que Daï
seul fût le nom d'une localité située sur le bord du Fleuve. Mais ce nom pourrait
être aussi celui d'une partie du Fleuve, le combat ayant lieu sur des barques.
^BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 85
Une rencontre eut lieu ensuite entre le caïd
'Abdelgheffâr
et le caïd Bâ-Haddou dans la maison du caïd Yousef, le ven-
dredi 25 du mois (23 décembre 1723) et ce jour-là encore
ils refirent la paix, en sorte qu'il ne resta plus entre eux ni
de haine ou d'inimitié. Cette réconciliation
peu ni beaucoup
fut vraiment cordiale et dura
jusqu'à la mort de ces deux
personnages (Dieu leur fasse miséricorde !).
La dimanche ou le lundi, je ne sais au juste, 12 du mois
de rebi' II (9 janvier 1724), mourut le jurisconsulte Moham-
med-El-Àmin, fils du cadi Seyyid-Ahmed (Dieu lui fasse
avait fait un cours 1 sur
miséricorde! Amen!). Ce Mohammed
livre de Ech-Chifa du cadi Iyâd durant environ trois ans
et ce cours avait lieu pendant le mois de ramadan dans la
mosquée de Sankoré. d'environ
Il mourut âgé vingt-neuf
ans.
Au mois de djomada Ier de cette année (27 janvier-26 fé-
vrier 1724), mourut le hâkem Seyyid-Mohammed-ben-Et-
Tinghârasi (Dieu lui fasse miséricorde!). Il était âgé d'envi-
ron trente-trois ans. Au cours du même mois mourut
Maulaï2-ben-Maulaï-El-Kebir-ben-'Abderrahman (Dieu lui
fasse miséricorde! Amen!). Qu'en échange de la vie de ce
monde Dieu lui accorde les délices du Paradis! le jour où
il mourut il avait vingt-trois ans.
Le dernier jour du mois qui vient d'être dit, au cours de
l'année 1136 (25 février 1724), mourut l'askia El-Mokhtâr-
ben-Chems, fils de l'askia Ismaïl, fils de l'askia Mohammed-
Bâno, fils de l'askia Daoud (»«), fils du prince Askia-El-
Hâdj-Mohammed (Dieu lui fasse miséricorde!). Il mourut
dans la ville de Kensa où il avait habité pendant un an et
1. H s'agit peut-être d'une simple lecture du texte avec de légères explications,
bien que le mot employé signifie « faire un cours ».
_2. Il manque sans doute un nom après le mot Maulaï.
86 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
neuf mois s'être réfugié dans ce bourg lorsqu'il avait
après
abandonné la colonne du caïd 'Abdallah.
Au mois de II (26 février-26 mars 1724), si je
djomada
ne me trompe, des Touareg, autres que les Tadmekket,
vinrent dans la ville de Tombouctou amenant des boeufs et
des moutons en quantité telle que Dieu seul en sait le
nombre. les échanger
Ils venaient contre des confections 1, des
des vêtements, etc. Quand ils les virent arriver, les
peaux,
habitants de la ville se hâtèrent d'aller les voir en foule.
Mais aussitôt furent installés en très grand nombre
qu'ils
des Touareg, dans la campagne, ceux-ci se jetèrent
auprès
sur eux, les dépouillèrent de leurs vêtements et les lais-
sèrent tout nus.
ainsi dépouillés ce jour-là,
Le nombre qui furent
de ceux
d'après une note écrite de la main de mon père (Dieu lui
fasse miséricorde!),fut de cent soixante-treize, tant hommes
Ce même jour les Touareg tuèrent El-Khalîfa-
que femmes.
ben-'Abdellatif-ben-Bahroun et la servante de Omm-Salim,
fille de l'imam Sâlih. Ils emmenèrent avec un certain nom-
bre de ceux qu'ils avaient 'dépouillés et les renvoyèrent
ensuite dans la ville.
Au moment où eut lieu cette aventure il n'y avait dans
notre ville de Tombouctou ni gouverneur, ni hâkem. Il res-
tait bien les soldats, mais ils n'avaient élu personne depuis
avaient déposé le caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj au mois
qu'ils
de djomada 1er de l'année 1135 (7 février-9 mars 1728). Et,
cet événement, ils restèrent quatre ans sans choisir
après
de chef.
Jamais on n'était resté aussi longtemps sans pacha qu'à
ce moment, depuis l'époque où le pacha Djouder était venu
1. Ce passage est fort douteux, le mot traduit par échange n'étant écrit qu'à
moitié dans le ms., si toutefois il n'y a pas erreur de lecture ; en outre, le mot
traduit par confections est en réalité le mot tailleurs au pluriel.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 87
au Soudan. En on demeura 1
somme, environ quatre ans
sans pacha ou
seulement, en comptant exactement le
nombre des mois, trois ans et six mois.
La sixième fois qu''Abdallah fut appelé au pouvoir su-
prême, ce fut le mardi, 5 du mois de rebi' Ier de l'année 11 40
(21 octobre 1727); il succéda au caïd 'Abderrahman, fils du
caïd Ahmed-ben-cAli-Et-Tezerkîni qui, après être resté quatre
mois et treize jours en fonctions, fut déposé en l'année
1139 au mois de djomada Ier (25 décembre 1726-24 jan-
'Abderrahman n'eut 2
vier 1727). d'autre successeur que le
caïd 'Abdallah, dont nous parlons, lors de sa sixième éléva-
tion au pachalik (o"\).
Ce fut durant ce pachalik que 'Abdallah, au mois de
rebi' II, fit tuer Bâbâ-Cheràg, fils du lieutenant-général
Sana3-Torkâdj et qu'il le fit enfouir dans les écuries. Le mer-
credi, 26 de ce même mois (11 décembre 1727), après être
resté un mois entier en fonctions, 'Abdallah fut de nouveau
déposé.
La septième élection de "Abdallah eut lieu après la troi-
sième déposition du caïdYousef-ben-'Abdallah, dans la soi-
rée du lundi, dernier jour dumois brillant de cha'ban de l'an-
née 1142 (19 mars 1730). Voici quelle fut la cause de son
élection cette fois-là. Le lieutenant-général Mohammed, fils
du caïd Ahmed-El-Khalîfa, avait coupé les communications
4 et
des musulmans s'était emparé d'une barque de Dienné
qui appartenait aux enfants de El-Hâdj-Bou-Taher, puis
d'uiie autre barque venant de Tombouctou à Seyyid-
1. Mot à motj. « quatre ans de date », c'est-à-dire du millésime 1135 au mil-
lésime 1139.
2. Ou en d'autres termes : il y eut un interrègne entre 'Abderrahman et
'Abdallah et personne ne fut nommé pacha dans l'intervalle.
3. Le ms. donne les voyelles de ce nom, qui pourrait être aussi le mol « San »
signifiant « maître ».
4. Mot à mot : « coupé la route ».
88 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Mohammed-ben-Chayyib. Dans cette dernière barque se
trouvait 'Abdelmalek-ben-Et-Tingharâsi, fils de la fille du
caïd Màmi-El-'Euldji et dans la première, c'est-à-dire celle
des enfants de El-Hâdj-Bou-Tâher, se trouvait le fils de
celui-ci, 'Abdelqâder. On avait donc pillé le chargement de
ces deux barques et on s'en était emparé.
La nouvelle de cet événement parvint au Kabara-Farma
'Abdallah pendant qu'il était à Kabara et lui fut communi-
quée le dernier jour du mois de cha'ban, le huitième mois
de l'année 1142 (19 mars 1730). Le soir même, le Kabara-
Farma expédia à Tombouctou un courrier porteur d'une
dépêche adressée par lui au cadi Seyyid-Ahmed, à l'armée
tout entière et aux négociants. Dans cette dépêche il leur
racontait ce qui venait de se passer et les invitait à élire
un pacha dès qu'ils auraient lu la teneur de sa missive.
Le courrier ayant transmis au cadi, à l'armée et aux
négociants la dépêche, ceux-ci se réunirent, lurent la lettre
du Kabara-Farma et convinrent aussitôt de nommer pacha
le caïd'Abdallah et de lui donner l'investiture. Le Kabara-
Farma, dans sa lettre, disait que si on ne nommait pas sur
l'heure et à l'instant même un pacha, tous les hôtes négo-
1
ciants qu'il avait à Kabara partiraient immédiatement et
iraient s'établir là-bas à Tombouctou. C'est pour cela que
les soldats se réunirent, convoquèrent le cadi Seyyid-Ahmed,
lurent la lettre et, sans désemparer, convinrent de nommer
'Abdallah pacha et l'investirent de ses fonctions dans la
soirée même.
Durant ce dernier pachalik, 'Abdallah nomma aux fonc-
tions d'askia, l'askia El-Hâdj, fils de l'askia Bokar, fils de
l'askia Mohammed-Sâdeq, fils de l'askia Boubeker, fils du
1. Les riches négociants étaient les hôtes des hauts fonctionnaires qui les
logeaient et les protégeaient. Il n'y avait d'ailleurs ni caravanérails, ni fondouq,.
ni hôtels où les étrangers pussent descendre.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 89
Balama' Sadeq, fils du prince Askia-Daoud, fils du prince
des Croyants Askia-El-IIâdj-Mohammed. Cette nomination
fut faite en conseil 1 le
(«Y) par pacha 'Abdallah-ben-El-
Hâdj, c'est-à-dire en l'année 1142.
Au mois de chaouâl de cette année (19 avril-18 mai 1730)
il arriva une grande caravane de marchands de sel Azlaï 2.
Les soldats refusèrent de les laisser entrer dans la ville et les
obligèrent' à demeurer sur'place à Abrâz pendant deux mois
environ. Les marchands de sel ne purent pénétrer dans
Tombouctou qu'après la déposition du pacha. Toutefois dès
le mois de dzou'l-hiddja, le dernier des mois de cette année
(17 juin-17 juillet 1730), on leva l'interdiction qui pesait sur
eux et on en laissa entrer quelques-uns isolément. Le pachafut
déposé à lafin du mois précité (milieu dumois de juillet 1730).
'Abdallah avait résolu de faire une expédition contre Ou-
kiya et il avait déjà
expédié dans ce but sa tente
port. au
C'était, dit-on, après les prières de la fête de la rupture du
3
jeûne que cela avait été décidé. Lorsqu'au mois de dzou'l-
hiddja, il voulut se mettre en route avec les troupes et ac-
complir son dessein, celles-ci refusèrent de le suivre et le
déposèrent. Il était resté cette fois en fonctions environ trois
mois et demi. Ce fut la dernière fois qu'il fut élu et jusqu'à
sa mort, il ne reprit plus le pouvoir. On ne trouve pas d'au-
tre pacha que lui seul qui ait exercé ainsi l'autorité à sept
reprises différentes.
Àmmâr, fils du caïd Sa'ïd-Bokarnâ, fils du pacha Mo-
1- Le texte porte « conseil », mais il se pourrait qu'il fallût lire « mois » et
alors les mots « c'est-à-dire » se comprendraient mieux.
2. Ce mot, dans le texte, peut aussi bien se rapporter aux marchands qu'au
sel qu'ils apportaient.
3. Au commencement du mois de chaoual, le 10° mois de l'année musulmane;
or le mois de dzou'l-hiddja étant le 12° de l'année, c'était donc plus de deux
mois après la résolution prise que l'expédition devait se mettre en marche, sans
aboutir d'ailleurs, ainsi que cela est dit. Le texte de ce passage esl assez ambigu
par suile de sa mauvaise rédaction.
90 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
hammed-ben-Mohammed -ben-'Otsmân- El-Ya'qoubi -Ech-
Chergui '. — Il succéda au caïd 'Abdallah-ben-El-Hàdj lorsque
celui-ci fut déposé pour la première fois au mois de dzou'l-
hiddja, dernier desmois de l'année 1125 (19 décembrel713-
17 janvier 1714). Il ne conserva ses fonctions que vingt-
cinq jours, ayant été déposé au mois de moharrem de l'année
1126 (17janvier-16 février 1714). Il fut le dernier des pachas
appartenant à la division de Cherâga ; aucun des membres
de cette division ne fut, en effet, dans la suite appelé au sou-
verain pouvoir.
'Abdelgheffâr, fils du caïd cxAli-ben-Mohammed-ben-
'Abdallah-Et-Tezerkîni.— Élevé au pouvoir après la déposition
du caïd Bâ-Haddou, le samedi, 17 du mois sacré dedzou'l-
hiddja, le dernier des mois de l'année 1133 (23 septembre-
22 octobre 1721), il conserva le pachalik environ cinq mois.
Il ne fit faire aucune expédition durant ce temps et il fut
déposé au mois de djomada Ier de l'année 1134 (17 février-
19 mars Ce fut cette en
1722). déposition qui le fit entrer
lutte contre le caïd Bâ-Haddou, et fit qu'il lui préféra le
pacha Mansour.
Abderrahman, fils
du généreux caïd, le père des sul-
tans 2, Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah (e A)-
Et-Tezerldni. — Il fut nommé la déposition du
pacha après
caïd Mahmoud, fils du caïd Mohammed-Bouya, le jeudi, 15
du mois de moharrem, le premier mois de l'année 1139 (12
septembre 1726). Aussitôt élu, il convoqua les négociants et
leur imposa une contribution de 4.000 mitsqâl ; puis il prit
sur cette somme 2.500 mitsqâl pour lui, avoir renoncé
après
à son entreprise 3.
1. Le mot « puis » est intercalé entre cet ethnique et le précédent; ces deux
ethniques doivent se rapporter à 'Olsman qui était des Cherâga et delà fraction
des Oulad-Ya'qoub.
2. « Père des pachas » serait plus juste.
3. Cette dernière phrase est fort obscure; le sens de la traduction n'est pas
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 91
Ensuite il expédia des messagers vers les villes de Benba,
Kàgho, Kîso pour convoquer les soldats qui s'y trouvaient.
Tous les soldats vinrent et répondirent à son appel, mais le
pacha ne les utilisant point et ne leur donnant rien en fait
d'argent, ils retournèrent dans les pays d'où ils venaient.
Le pacha envoya Hammedi, fils du caïd Senîber-ben-Man-
sourducôté de la villede Benba. Celui-ci, en y arrivant, trouva
1 et son cousin-
qu'un conflit avait éclaté entre le caïd El-Harîr
Qâder, un des petits-fils de Ahmed-Souâq l Les Touareg Tad-
raekket s'étaient rangés du côté du caïd El-Harîr qui avait
avec lui tous les Touareg Tadmekket sans exception et en
outre tous leurs partisans qui n'étaient point de la fraction
des Tadmekket et qui habitaient en dehors de la ville de
Benba. Quant à son frère Qâder et à la totalité des soldats
marocains de Benba, ils avaient avec eux les Touareg Ouldi-
Alen 4 et aussi tous les Touareg du Gourma sans excep-
tion.
En somme, quand Hammedi, fils du caïd Senîber, arriva
dans le pays, le conflit avait éclaté, s'était développé et était
en pleine activité ; mais cependant aucun combat n'avait eu
lieu entre les deux partis ; ils n'avaient point encore bougé
bien qu'il ne leur restât plus qua se jeter les uns sur les
autres.
Hammedi prit parti dans le conflit et fit cause commune
avec Qâder et les habitants de Benba ; il devint même leur
chef dirigeant dans le conflit, à tel point qu'on prétend que les
absolument certain. La contribution avait été imposée en vue d'une expédition,
mais on ne dit pas laquelle.
1. Ce nom écrit deux fois ainsi est donné une troisième fois avec la forme
ElHarîrî.
2. Plus loin il y a « son frère » . Peul-être le mot « cousin » esl-il pris ici dans
son sens vulgaire de concitoyen, collègue.
3. Il se pourrait qu'il fallût lire : « Cherâg » et que le copiste eût mal lu le ms.
sur lequel il copiait.
4. Les voyelles de ce nom sont indiquées plus loin dans le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 93
Benba ainsi que Hammedi, fils du caïd Seniber, dont il a été
déjà question. donc
Qâder sortit de Benba
soldats avec ses
contre les Touareg Tademekket pour leur livrer combat, Ham-
medi marchant à leur tête. La bataille s'engagea dans un en-
droit nommé Aghendel. Au moment du contact, Hammedi
chargea en personne contre les Touareg Tadmekket; il se
jeta résolument sur eux, s'enfonça jusque dans leurs rangs et
là, entouré de tous côtés, il fut assailli d une grêle générale
de javelots sans cependant être le moins du monde atteint.
Les Tadmekket vainqueurs firent un grand carnage de leurs
adversaires et peu s'en fallut qu'ils ne les exterminassent
jusqu'au dernier. Tous ceux qui furent tués dans cette ren-
contre étaient ou des soldats marocains ou des Soudanais 1.
Les Tadmekket tuèrent ce jour-là les chefs de l'armée de
Benba, entre autres le caïd Ahmed, fils du caïdBâbà-Kedàdj,
et divers personnages aussi considérables, caïds ou lieute-
nants-généraux. Ils ruinèrent Benba et tuèrent également ce
jour-là Man-ould-Fatima-bent-'Ali,un des hommes2deHam-
medi, fils du caïd Senîber.
Quant aux Touareg Ouldi-Alen, ils ne résistèrent pas à
l'attaque. Ils tournèrent le dos, lancèrent leurs chevaux
dans le Fleuve et s'enfuirent en faisant nager leurs montures
sur les eaux. Un certain nombre d'entre eux réussit à s'é-
chapper; d'autres, après être entrés dans le Fleuve et avoir
nagé, furent atteints par derrière au moment où ils gagnaient
3 de Benba
l'autre rive et tués aussitôt. Bien peu de soldats
échappèrent à la mort.
Le pacha fut déposé au mois de djomada Ier de Tannée
1139 (25 décembre 1726-24 janvier 1727); sa déposition
1. Aucun Touareg Takmekket n'avait donc péri dans ce combat. Les Touareg
Ouldi-Alen ne furent atteints que dans leur fuite, ainsi qu'il est dit ci-dessous.
2. Dans le sens de personnage de marque.
3. Le mot « soldat » tout court indique toujours les Marocains.
94 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
eut lieu vers la fin du mois. 11 était resté en fonctions quatre
mois et treize jours.
'Abderrahman, fils du caïd Hammedi-Zenka, fils du
Kabara-Farma'Abderrahman-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i.-
— Ilfut surnommé et fut élu après la déposition
Bâbâ-Seyyid
du caïd Yahya, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni,
le dimanche, 13 du mois de djomada Ie' de l'année 1153
moment de son élection il était caïd des
(6 août 1640). Au
Beni-Sa'doun. Aucun autre caïd de cette tribu ne fut élu
cette époque ce jour •
pacha depuis jusqu'à (n ).
La nuit du mardi, 5 du mois de redjeb l'unique de cette
année (26 septembre 1740), vers le moment du crépuscule,
mourut le caïd Hammedi-ben-El-Fac-Mansour, fils du caïd
Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i.
Le pacha 'Abderrahman fut déposé le dimanche, 21 du
mois vénéré de ramadan (10 décembre 1740), après être
resté en fonctions
cinq mois. Il fut de nouveau réélu 1 le mer-
credi, 22 du mois de djomada Ier de l'année 1158 (22 juin
1745). Il voulut alors imposer une contribution aux négo-
ciants, mais ceux-ci refusèrent et le déposèrent2le mercredi,
28 du mois de cha'ban de cette même année (25 septembre
174o). Il avait cette fois-là exercé le pachalik quatre mois.
'Abdelgheffàr, fils du lieutenant-général Ousâma, fils
du caïd 'xAli-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni,
surnommé San-Ho'ai 3. — Il fut élevé au pachalik après la dé-
position du caïd Mahmoud, fils du caïdSenîber, fils du caïd
Mohammed-Bouya, le mercredi, 6 du mois de'rebf Ier de
1. Le texte porte le mot Ul qui semble indiquer que la date n'est pas certaine
et qu'il y avait une indication différente fournie par un autre document; il y
aurait dans ce cas une omission de la part du copiste.
2. Ou : « le firent déposer »; cette seconde leçon est sans doute préférable,
car il est peu vraisemblable que l'armée eût abandonné le droit qu'elle s'était
arrogé.
3. Beaucoup de pachas recevaient un surnom en langue soudanaise; « san »
signifie « maître ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 95
l'année 1161 (6 mars 1748). Avant cette nomination il était
lieutenant-général de la division de Fez à laquelle il appar-
tenait. Aussitôt appelé aux fonctions de pacha, il nomma
' et cousin
son collègue paternel Bâbâ-ben-Mansour, fils du
caïd 'Ali, lieutenant-général de la division de Fez; et il ins-
titua Mohammed-Ramdan, fils du caïd Ahmed-Zenka, en
qualité de lieutenant-général de la division de Merrâkech.
Le jour du mercredi, 13 du mois précité (13 mars), il con-
voqua les négociants et leur imposa une contribution de
4,000 mitsqâl d'or. Ceux-ci la versèrent sans faire la moindre
2
observation à cause de la crainte et du respect naturels que
'
leur inspirait le pacha. Abdelgheffâr distribua cette somme
aux troupes; chacun des principaux chefs reçut 200 mitsqâl,
ceux d'un ordre inférieur, lo0. Ceux qui avaient un grade
subalterne n'eurent qu'un qarouï 3. Il distribua également
4 à ceux coutume d'en
des costumes qui avaient recevoir,
caïds, lieutenants-généraux, gardes 5, huissiers, valets de
chambre, chefs d'écurie, les soixante 6, les zemmâm 7, et
8 et les flûtistes.
même les Kachena
1. Le texte dit « frère » ; ce mot est pris dans le sens de collègue puisque Bâbâ-
ben-Mansour était véritablement le cousin du pacba.
2. Mot à mot : « que Dieu lui avait donnés»; la locution habituelle pour
exprimer qu'une chose est naturelle, c'est de dire qu'elle vienL de Dieu.
3. Ce mol paraît désigner ici une fraction du mitsqâl. D'ordinaire il s'emploie
pour indiquer une mesure de grains, olives et autres fruits.
4. Les musulmans se servent du costume comme insigne d'une l'onction ou
encore comme récompense honorifique. En Algérie on emploie encore le burnous
dit d'invesliture, lorsqu'on confère un grade à un fonctionnaire indigène.
5. Ou : personnages de la garde particulière.
6. On trouvera plus loin une indicalion sur la valeur de ce terme employé
pour désigner certains fonctionnaires de la cour du pacha.
~. Le mot du texte, s'il est exactement écrit, se rapporterait au temps et équi-
vaudrait à agent chargé d'établir les dates, ce qui s'expliquerait dans un pays où
les calendriers n'existaient pas. Toutefois, je crois plutôt à une erreur de copie
et lis ^Lj; le mot signifierait alors « celui qui était chargé de la tenue des re-
gistres».
8. Le mot Kachena est un nom de pays. Ici il signifie sans doute musicien
ou griot.
96 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
La coutume voulait que les riches étoffes fussent seulement
données aux caïcls, par exemple; d'autres, comme les lieu-
tenants-généraux, recevaient de soie;
des étoffes
certains,
ou des étoffes de Khomachi 1 des
des étoffes lustrées, rouge,
étoffes de Roum 2, ou du drap (IN), ce dernier réservé à
ceux qui portaient le cafetan. Et chacun n'avait droit qu'à
des étoffes de sa catégorie, rouge, jaune, verte ou noire.
Cette fois, ils en reçurent de toutes les sortes sans exception 3.
Dieu soit béni, lui qui est le meilleur des créateurs, et qu'il
soit loué de tout ceci!
Le vendredi, 5 du mois de
djomada Ier de cette année,
c'est-à-dire de l'année 1161 (3 mai 1748), on reçut des
nouvelles de Dienné. On racontait que le lieutenant-général
'Abdelqâder, filsdulieutenant-générarAli-ben-Bosa, avait été
cerné par les troupes de Dienné au moment de l'aurore ;
que les soldats l'avaient tué et avaient ensuite jeté son corps
dans un trou qu'ils avaient creusé, sans avoir auparavant
procédé au lavage du corps et sans avoir dit de prières.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 97
peu après, le pacha fut déposé le dimanche, 1er du
lorsque,
mais brillant de cha'ban (27 juillet 1748). 'Abdelgheffâr
avait été pacha pendant cinq mois.
Parmi les personnages qui moururent sous ce pachalik,
il faut citer -/Abdallah, fils du jurisconsulte Abokeni, fils du
jurisconsulte, le cadi Mohammed-ben-El-Mokhtâr-ben-Mo-
1 il mourut
hammed-Zenkan-ben-El-Fâ'-Abeker-El-Meddâh ;
lui fasse miséricorde!) le mardi, 5 du mois de rebi' Ier
(Dieu
un jour avant la nomination du pacha 'Abdel-
(S mars 1748),
gheffâr. Le dimanche soir, après le second acha 2, de
djomada Ier de l'année ci-dessus indiquée, c'est-à-dire de
l'année 1161 (29 avril-29 mai 1748), mourut Maulaï-Moha-
med-Saheb-Tsalets 3.
Le lundi, 6 du mois de djomada
11(3 juin 1748), mourut
Ammer 4, frère de Nâna-Kemi, appartenant aux gens de Mâdi ;
il fut tué injustement. C'était un descendant de El-Hâdj-
Ahmed-ben-cOmar (La miséricorde de Dieu soit sur lui !).
Son meurtrier ne fut pas tué, parce que les gens de Sârti-
Kinen 5 le protégèrent contre les soldats et le firent échapper
au châtiment du pacha. On prétend que les soldats avaient
reçu de l'argent de la mère du meurtrier et qu'à cause de
cela, ils intercédèrent en sa faveur auprès du pacha.
Le lundi, 13 du même mois, (10 juin), mourut Moham-
med-El-Fa'-Idji, l'ami du caïd Bâbâ-Seyyid; et le même
jour mourut EL-Fa'-'Ali-Fadelâdji (Dieu lui fasse miséri-
corde. Amen!).
1. Ou : « panégyriste du Prophète », si ce mot n'est pas un surnom.
2. Le quantième a été omis; cependant il n'y a pas de lacune dans le ms.
3. Ce mot signifie « troisième » ; il se pourrait qu'il fallût traduire « troisième
compagnon », en traduisant également le mot qui précède et qui serait alors un
titre de fonctions, quelque chose comme « troisième courtisan » ou « troisième
conseiller ».
4. Le mot est ainsi voyelle dans le ms.
5. Ce nom est sans voyelles dans le mSj^-—^
[Biographies des pachas du SoudmrfjW'•«.''/*,' /\ 7
98 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le mercredi (T Y), 22 du même mois (19 juin), mourut El-
Hâdj-El-Mobârek, le muezzin de la mosquée de Sankoré
(Dieu lui fasse miséricorde!).
Le lundi, 25 du mois de redjeb l'unique de cette même an-
née (21 juillet 1748), mourut Nâna-Khidj \ fille de El-Fac-
Ahmed, fils de l'imam Ahmed-Bouso, fils du très illustre
jurisconsulte Mohammed-Baghyo'o -ben - Ahmed-ben-Mah-
moud - Baghyo'o -El-Ouankori (La miséricorde de Dieu
soit sur elle et sur ses ancêtres ! Que Dieu fasse miséricorde à
ses ancêtres et fasse retomber sur nous leurs bénédictions !
Amen ! ).
Lettre sin (s).
Le pacha Selimân l'Histoire du Soudan, p. 288).
(voir
Socoud-ben-Ahmed-'Adjeroud-Ech-Chergui (v. YHistoire
du Soudan, p. 379).
Sald-ben-'Ali-El-Mahmoudi (v. ÏHistoire du Soudan,
p. 394).
Sacîd-ben-fOmar-El-Fàsi.— Il fut élu après la déposition
de rAli-ben-Ibrahim, dans la soirée du lundi, dernier jour de
cha'ban de l'année 1086 (18 novembre Il ne fit au-
1675).
cune expédition et fut déposé le jeudi, 3 de djomada Ier de
l'année 1089 (23 juin 1678), après être resté au pouvoir deux
ans et huit mois.
So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsmân-El-Ya'-
qoubi-Ech-Chergui 2. —Il fut élu après la déposition du caïd
El-Mobàrek-ben-Mesacoud-ben-Mansour, au milieu de l'année
1097 dans le mois de djomada Ier (27 mars-26 avril 1686).
Ce fut sous son pachalikqu'eut lieu l'expédition 3
de Gondâm
1. Sans voyelles dans le ms.
2. Le texte ajoute devant ce dernier mot : « puis ».
3. Ou : Kondâm.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 93
dans laquelle périt Rough-El-Foulâni-El-Mâsini 1. Ce fut lui
aussi ("^v) qui mit en mouvement de Hârir 2. Il
l'expédition
demeura au pouvoir quelques mois 3, fut déposé ensuite et re-
vint au pachalik après la déposition du caïd Ahmed-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni, au mois de chaouâl (8 juillet-6 août 1690), ou,
suivant d'autres, aumois sacré de dzou'l-qâ'da de l'année 1101
(6 aoiit-o septembre 1690). Il fut de nouveau déposé au
mois de rebi' Il de Tannée 1102 (2-31 janvier 1691) après
resté 4 au
être sept mois pouvoir.
Durant ce second pachalik de So'oud, l'imam de la grande
mosquée, l'imam Bàbâ-Sa'îd, fils de l'imam Ahmed, fils de
l'imam Sa'îd, fils de l'imam Kidâdo, mourut (Dieu lui fasse
miséricorde !). Sa mort eut lieu le jeudi, h' du mois de safar,
au début de l'année 1102 (8 novembre 1690). La miséri-
core de Dieu soit sur tous ces personnages !
Senîber-ben-Mesa'oud-Ez-Za'eri. — Ce fut au milieu
de l'année 1099 (7 novembre 1687-26 octobre 1688) qu'il
succéda au pacha déposé, le caïd El-'Abbâs-ben-Sa'îd-El-
'Amri, Il fit une expédition, celle qui fut nommée Tala 3, et
ce fut au retour de cette expédition qu'il fut déposé au com-
mencement de l'année 1100
(26 octobre 1688-15 octobre
1689). J'ai déjà parlé de ces événements à la lettre mim (m),
ainsi qu'on a pu le voir.
Senîber, fils du caïd Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj-
— Nommé
ben-Daoud-Ech-Chetouki. après la déposition du
caïdSo'oucl-Bokarnâ, le 12 du mois de rebi' II de l'année 1102
(13 janvier 1691), il conserva le pachalik cinq mois et fut
déposé le dernier jour du mois brillant de cha'ban de cette
même année (28 mai 1691). Il fut de nouveau élu après la
i. C'esl-à-dire : Rough, le Peul, l'homme originaire du Mâsina.
2. Ce nom est écrit ici avec un alif.
3. Le ms. dit : « des mois ».
4. D'après cette indication, la date de chaoual serait seule exacte.
5. Ou : « Batala ». Le mot est sans voyelles dans le ms.
100 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
du caïd Ahmed-El-Khalîfa, fils du pacha Ahmed
déposition
au commencement du mois de redjeb l'unique de l'année
1106 (15 février 1695).
11 fit une expédition contre Tendibi et razzia les Touareg
et les de Kolosouqo 2. Ce futaprès que
Souqi 1, jurisconsultes
le pacha fut de retour de cette campagne qu'il y eut dans la
ville une grande disette appelée Bdchi 3. Peu de temps après
cela, le pacha fut déposé au mois de safar le bon, au début
de l'année 1107 (11 septembre-10 octobre 1695). Il était resté
cette fois huit mois au pouvoir. Pendant les quatre mois
"suivirent, ne fut nommé aux fonctions de
qui personne
pacha.
Santâ'-ben-Fâris. —Il succéda au caïd, qui venait d'être
déposé, 'Ali-ben-El-Mobârek-Ed-Der'i, au mois (M) de safar
ou, suivant d'autres, au mois, de rebi'Ier
qui
(16 juin-15 juillet),
de l'année 1115 (16 juillet-14 août 1703). 11 fut déposé
deux mois plus tard. Ce fut à cette époque qu'eut lieuunfitcontre
BIOGRAPHIES DES PACHAS DQ SOUDAN 101
Sa'îd-ben-Bouziàn-El-Khebbâz'-El-Lemti 2. — Il fut élu
après la déposition du caïd 'Abdallah-Et-Telemsàni, au mois
de rebi' Il de l'année 1117 (28 juillet-21 août 1705) ; il resta
environ trois mois au pouvoir et il fut déposé au mois de
djomada II de la même année (20 septembre-19 octobre
1705).
Saîd, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-
Tezerkîni. —Il fut élu après la déposition du fils de son frère
aîné, le caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali,
ci-dessus nommé, le samedi, 20 du mois sacré de dzou '1-
hiddja, le dernier mois de l'année 1147 (13 mai 1735). Il
était hâkem lorsqu'il fut élu et désigna pour lui succéder
dans ces dernières fonctions Râbih, fils du caïd 'Abdallah-ben-
El-Hâdj-El-lmrâni.
Il convoqua les négociants et leur imposa une contribution
de 600 mitsqâl. Il reçut cette somme en cauris blancs au
nombre de 1.200.0003. Ensuite il fut déposé le samedi, 11
du mois de safar le bon, au début de l'année 1148 (23 juin-
22 juillet 1735), après un pachalik qui dura cinquante-deux
jours pendant lesquels il ne fit aucune expédition ; il se con-
tenta de prélever la contribution qui vient d'être dite 4.
Sa'id fut réélu une seconde fois, après la déposition du
caïd Hammedi, fils du caïd
Senîber-ben-Mansour, le lundi
22 du mois de safar le bon de l'année 1149 (2 juillet 1736).
Le samedi, 12 du mois de rebi' Ier suivant (2 août 1736), un
parti d'Arabes de la tribu des El-'Amiri se rendit du côté de
1. Ou : Khebbâzi.
2. Le ms. porte : El-Amli; mais dans les mots commençant par un J et pré-
cédés de l'article, on omet souvent la première lettre du mot quand c'est éga-
lement un j ; c'est ainsi qu'on écrit JJI pour J4|l, etc.
3. Le mitsqâl valait donc à cette époque 20.000 cauris blancs.
4. Ces contributions imposées aux négociants étaient souvent attribuées aux
soldats; elles équivalaient pour eux aux bénéfices d'une expédition ou razzia;
mais elles servaient ]à couvrir les frais d'une expédition que l'or, avait décidé
d'entreprendre et dont le but ostensible était d'assurer la sécurité du commerce.
102 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Araouân; une autre fraction de cette même tribu qui leur
était hostile 1 se mit à la poursuite des premiers pour les
rejoindre et les combattre. En apprenant la nouvelle de ce
départ, le pacha Sald (M) se mit aussitôt en route pour
rejoindre les gens de cette fraction 2; il les empêcha de
continuer leur route et les contraignit de revenir à Tom-
bouctou 3, ce qu'ils firent.
Après être restée jusqu'au matin du samedi, 26 du mois
(16 août 1736) dans la ville, la fraction des El-cAmiri quitta
de nouveau Tombouctou et se rendit du côté de Araouân ;
mais, après avoir laissé quelques-uns de ses hommes en cet
endroit 4, elle partit le lendemain dimanche et rejoignit ses
contribules.
Le vendredi, 4 du mois de rebi' IIS (12 août 1736), nous
eûmes un orage accompagné de grêle et d'une neige abon-
dante. C'était le 2 du mois de juillet.
Le lundi, 7 du même mois (16 juillet), nous reçûmes de
Dienné la nouvelle que Maulaï-'Abdallah, fils du sultan Ben-
Nâsir, petit-fils du sultan lsma'il, était parti de la région du
6 de Oualâta dans
Maghrib T'Aouâli 7, qu'il était arrivé dans
un des villages qui sont près de Dienné, qu'il avait désiré
entrer dans cette dernière ville et qu'il en avait été empêché
par les troupes de Dienné qui n'avaient pas voulu l'y lais-
ser pénétrer.
1. On trouve assez souvent le récit dejuttes engagées ainsi entre les membres
d'une même tribu ou de soldats appartenant à la même division.
2. Ce passage est obscur. Il semble cependant que c'est seulement la seconde
fraction qui fut ramenée par le pacha.
3. Le texte dit : « la ville », sans spécifier qu'il s'agit de Tombouctou.
4. On ne saitdequel endroit il s'agit au juste; vraisemblablement c'est àTom-
bouctou.
6. Il y a sûrement une erreur ici; c'est rebi' Ier qu'il faut lire et alors la date
du 2 juillet correspondrait au 13 juillet de l'année grégorienne.
6. Le mot « Maghrib », « ouest », employé ici est un nom de région, mais ne
désigne pas le Maroc.
7. Ce mot signifie « les hautes terres ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 103
Après avoir séjourné dans ce bourg, Maulaï-'Abdallah,
un certain matin, au moment de l'aurore, s'introduisit dans
une des mosquées de la ville de Dienné, sans que personne
eût connaissance de ce fait jusqu'au moment où on le dé-
couvrit là. S'adressant aux personnes qui l'avaient trouvé
en cet
endroit, il leur dit : « Vous ne me connaissez donc
pas ; je suis le petit-fils du sultan Maulaï-Isma'il. » —
« Nous ne vous connaissons pas, répondirent-elles ; nous
ne connaissons que les pachas et leurs enfants. Quant à
nous, nous ne vous reconnaissons aucune autorité ; nous ne
savons qui vous êtes et ne faisons aucun cas de vous 1. »
Maulaï-'Abdallah quitta alors la ville et retourna au bourg
d'où il venait.
Les soldats de Dienné s'assemblèrent ensuite et ayant
convoqué les négociants au mechouâr 2, ils leur imposèrent
une contribution de 400.000 cauris qu'ils donnèrent à Mau-
laï-cAbdallah. Comme on répartissait cette somme entre les
négociants en inscrivant sur un registre le nom de chacun
d'eux avec la somme qu'on lui imposait, on inscrivit le nom
de 3 sur le
El-Hàdj-Mesacoud-ben-El-Hâdj-Sâlah-El-Iefràni
registre. Cet El-Hàdj-Mesa'oud, qui se trouvait à Dienné à
cette époque, était un mulâtre 4. Or c'était un usage constant
et bien connu qu'en ces occasions on n'imposait rien aux
mulâtres et que les négociants de cette catégorie ne payaient
rien aux gens du Makhzen 5.
Mais tout le monde dit que El-Hâdj-Mesa'oud devait con-
1. On voit par ce passage que l'autorité du Maroc était alors entièrement mé-
connue au Soudan, ou tout au moins à Dienné. Néanmoins les chefs d'origine
marocaine consentaient à payer une sorte de tribut, ainsi;qu'on le voit ci-après.
2. Salle du conseil. Lieu de réunion pour les délibérations officielles.
3. Ifrâni ou Oufrâni.
4. Ou mieux : « fils d'un Marocain et d'une négresse du Soudan ». Le fils suit
la condition du père chez les musulmans.
5. D'après cela les soldats marocains ne devaient prélever directement aucune
contribution sur les populations indigènes.
104 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
tribuer, bien qu'il s'y refusât. Enfin, après bien des paroles
on déclara l'obligerait à payer de force et on insista
qu'on
au point qu'on le mit en colère. Furieux ("n), El-Hâdj-Me-
sa'oud se rendit chez lui, prit 100 mitsqâl; il les apporta au
mechouàr et les remit aux soldats en disant : « Voici mon
1
de 100 mais il faut alors que chacun
contingent mitsqâl;
verse la même somme aux gens du Makhzen. » En voyant
cela, on le laissa et on ne l'inquiéta pas. Mais les
partir
soldats n'abandonnèrent leur prétention et ne laissèrent
aller El-Hâdj-Mesa'oud qu'à la condition que les négociants
verseraient la somme de 1.100 mitsqâl qu'ils leur avaient
Cette somme ayant été refusée, ils s'emparèrent
imposée.
des négociants, les mirent en prison et ne les libérèrent
ceux-ci eurent de force les 1.100 mits-
que lorsque payé
qâl 8.
Tel est le récit que j'ai entendu de ce fait; j'ignore s'il
est exact, car à notre
époque les nouvelles certaines font
absolument défaut et il n'est plus personne au récit duquel
on puisse entièrement ajouter foi. Dans notre ville de Tom-
bouctou le mensonge est fort répandu et il est devenu si na-
turel qu'il ne faut pas même se fier à ce qui est écrit. On
est arrivé dans la correspondance à écrire les choses les plus
mensongères. Demandons à Dieu le très-haut la tranquil-
lité. On n'est plus sûr maintenant qu'un événement passé
ait eu lieu exactement et fidèlement comme on le rapporte;
qui le relate l'ait entendu raconter ou vu ;
que la personne
on en arrive à entendre les dires les plus contradictoires et
certains vont jusqu'à ajouter de leur imagination aux
choses qu'ils ont entendu dire. C'est une calamité que Dieu
nous a envoyée à tous tant que nous sommes. Un saint lui-
1. Chacun des mulâtres, sans doute.
2. Il y a dans le ms. une répétition de la même phrase qui est une erreur du
copiste.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 105
même doit rapporter des on-dit quand il parle ou sinon il
faut qu'il garde le silence 1.
Le lundi, 28 du mois de rebic Ier de cette année, c'est-à-
dire de l'année 1149 (6 août 1736), la population de la ville
sortit pour faire des rogations afin d'avoir de la pluie 2;
on était au 26 du et c'était
mois
de juillet le jurisconsulte, le
cadi Bâbâ-El-Mokhtâr, qui avait ordonné ces prières. La pluie
vint le mardi à la fin de la nuit ; elle fut torrentielle.
Dans l'un des deux mois de djomada de cette même an-
née (19 septembre-17 novembre 1736), eut lieu un grand
combat entre les Arabes 3, catastrophe terrible dans laquelle
Dieu fit périr leurs plus grands personnages, jeunes et vieux.
Voici ce qui s'était passé : les Arabes avaient quitté la ville
de Atrâm où ils avaient combattu leurs ennemis ; ils avaient
été mis en déroute, et après avoir été dispersés, ils étaient
rentrés àTombouctou, puis, delà ils étaient allés à Araouân.
Les vainqueurs, après s'être de divers
dispersés côtés aux
environs de Araouân, apprirent que les vaincus étaient ar-
rivés à Araouân ("\v) ; qu'une partie d'entre eux avait at-
teint Azaouâl 4 avaient entendu dire que leurs
parce qu'ils
biens étaient en cet endroit; ils avaient alors décidé d'aller à
Azaouâl chercher leurs propres biens. Les Oulad-'Amiri,
ayant alors appris que leurs adversaires étaient à Azaouâl
dans le but d'aller chercher leurs biens, partirent pour aller
les atteindre 4. Il y avait là tous les grands personnages des
1. C'est-à-dire qu'un saint doit se rendre complice d'un mensonge quand
il rapporte un récit qu'on lui a fait.
2. Il y a des prières spéciales pour demander au Ciel de faire cesser la séche-
resse.
3. 11 s'agit, je crois, des Oulâd-'Amiri qui s'étaient divisés en deux fractions
hostiles l'une à l'autre.
4. Tout ce récit est fort obscur par la faute de l'auteur ou du copiste. Le nom
de Azaouâl a, dans le ms., deux orthographes différentes :jljljl et Jjlj. Peut-
être faut-il lire : j^ljl Azaouâd. Par « biens » il faut sans doute entendre dans
ce récit les troupeaux qu'on avait éloignés du théâtre de la lutte.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 107
medi-Kouri et attaqué deux barques de sel dont ils s'étaient
Djouder avait de son côté coupé la route de Djin-
emparés.
i
et s'était des cauris blancs
djo au lieutenant-général emparé
de Hammedi et de ses marchandises.
Ce fut dans ces circonstances que Sa'îd fut élevé au pa-
chalik dans la soirée du jeudi, 23 du mois précité. Il était
caïd des Beni-Sa'doun au moment de son élection et nomma
le remplacer dans les fonctions qu'il quittait le caïd
pour
Bâbâ-Seyyid (iv).
Il convoqua les
négociants et leur imposa une contribu-
tion de 1.500 d'or. Cette somme, payée en cauris au
mitsqâl
nombre de 3.000.000, fut répartie entre les troupes à titre
2 Tombouctou à la tète d'une
de solde ; puis le pacha quitta
armée, à la fin du mois brillant de cha'bân (12 décembre
il resta à Kabara la fin du mois vénéré de
1738); jusqu'à
ramadan et, au commencement du mois de chaonal (18 jan-
vier 1739), il célébra la prière de la rupture du jeûne dans
cette localité.
De là il partit pour Djindjo à la tète de ses troupes. Ce-
pendant, avant cela, MauIaï-'Abderrahman-ben-Maulaï-
Ahmed et Maulaï-Seliman-ben-Daoud avaient fait appel à la
clémence du pacha Sa'îd, alors que celui-ci était encore à
Tombouctou et qu'ilne s'était pas mis en marche avec son ar-
mée. Ils avaient demandé au
pacha d'user d'indulgence et
de leur laisser le temps de se rendre auprès de Maulaï-Sa'id et
de Dzehebi, afin de négocier avec eux pour
qu'ils rendissent
tous les objets qu'ils avaient pris aux gens. Le pacha ayant
accueilli cette proposition, les deux négociateurs se rendirent
à Oukiya, mais ils n'y trouvèrent que Dzehebi seul à qui ils
i. Le passage qui précède manque de netteté et de précision. On ne sait,
d'après le texte, pourquoi Sa'îd s'était trouvé à Kabara. On ne dit pas davantage
pourquoi Djouder avait intercepté les communications sur la roule de Djindjo à
Tombouctou.
2. Solde arriérée,'sans doute pour l'expédition qu'ils allaient entreprendre.
108 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
firent par son père 1. Celui-ci
parler reprit tout ce qui restait
du sel qui avait été dérobé aux gens et le rendit à leurs pro-
priétaires ; puis les négociateurs reprirent le chemin de
Tombouctou.
A ce même moment le pacha Sa'îd fit arrêter le messager
des deux chérifs 2 qui était venu à Tombouctou s'occuper de
leurs affaires et le fit mettre à mort sur la place du marché.
Ce fut après cela que le pacha Sa'îd quitta le port de Kabara
pour marcher vers Djindjo, le but de son expédition.
Vers cette époque également Oghmor-ben-Alil-Et-Targui
se rendit à Kabara ; il y rencontra le pacha Sa'îd qui ne
s'était pas encore mis en route. Puis Oghmor
pour le partit
Maghrib 3, suivi de Maulaï-Edz-Dzehebi, celui-ci voulant de-
mander à Maulaï-Sa'îd de faire la paix en même temps que
lui avec le pacha par l'entremise de Oghmor.
Le dimanche, dernier jour du mois de chaouâl de cette an-
née (9 février), mourut l'imam de la mosquée de la Prospé-
rité 4, l'imam Bâbâ-Ahmed, fils du jurisconsulte El-Mostefa-
ben-'Abdallah-El-Kouri (Dieu lui fasse miséricorde!). Le
lendemain, si je ne me trompe, Maulaï-Sa'îd arriva seul et
rentra dans sa maison sans avoir parlé en faveur de qui
que ce soit.
Au cours du mois sacré de dzou
'1-qa'da (10 février-
12 mars 1739), un messager du pacha Sa'îd arriva de
Djindjo porteur d'une lettre adressée au cadi et aux négo-
ciants. Dans cette lettre pacha le
disait: « Nous sommes
arrivés dans la ville de Djindjo ; nous nous y sommes établis.
1. Ce passage est !si mal rédigé que la traduction en est douteuse. Je lis <U
au lieu de ej\ „
2. On ne dit pas nettement s'il s'agit des deux négociateurs qui, eux aussi>
étaient chérifs ou des deux chérifs coupables d'avoir dévalisé les voyageurs. Tou-
tefois c'est de ces derniers que l'on veut parler bien certainement.
3. II s'agit ici de la province du Soudan qui portait ce nom et non du Maroc.
4. Sur ce nom de mosquée, cf. Histoire du Soudan, p. 313. Toutefois la mos-
quée dont il s'agit ici se trouverait à Tombouctou.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 1C9
1
Djouder, avec son gendre Faran-Kânouna, se sont enfuis
de l'askia Mousa et ont prié celui-ci d'intervenir en
auprès
leur faveur en s'engageant payer pour à me
eux-mêmes (*n)
une somme d'argent.
accepté J'ai ces conditions et ai reçu de
les marchandises et les cauris blancs qu'il avait pris
Djouder
à Hammedi-Kouri et dont il s'était emparé auparavant. J'ai
repris tous objets ces sans exception et il ne leur en est
resté aucun, pas même un seul cauri. »
Djouder vint ensuite trouver à Djindjo le pacha qui y était
son Le 2
avec armée. pacha était, bien décidé dans son for
intérieur à faire arrêter Djouder, mais l'askia El-Hâdj inter-
céda en faveur de celui-ci et, l'ayant retiré des mains du
pacha, il l'emmena avec lui dans sa propre tente. On dit aussi
que l'askia l'engagea à s'enfuir et que Djouder suivit ce con-
seil, en sorte que le pacha 'ne put le retrouver avant de re-
tourner à Tombouctou. Quant à Faran-Kânouna, qui avait
pris la fuite tout d'abord, il s'abstint de reparaître.
Le mardi, 7 du mois sacré dedzou '1-hiddja, le dernier des
mois de cette année (12 mars-10 avril 1739), mourut à
Djindjo le lieutenant-général Yahya-El-Hindi qui faisait
partie de l'expédition.
Durant ce même mois, c'est-à-dire le mois de dzou'1-hiddja,
des marchands de sel arrivèrent dans notre ville de Tom-
bouctou. Ils formaient une caravane très nombreuse, com-
posée de Gherib 3, habitants du Sahel. Ils avaient avec eux
comme agent principal, un des petits-fils du sultan Isma'il
en dehors de Maulaï-'Abdallah, fils de Maulaï-ben-Nâsir. Le
nombre des Gherib était considérable ; il dépassait cinq
cents hommes, et on dit même qu'il atteignait le chiffre de
sept cents.
1. Ou : « beau-père « ; le mot signifiant simplement parent par alliance.
2. L'expressieu arabe est : jj| j, probablement pour ^11 J, dont le sens
paraît être: dans son l'or intérieur.
3. Ou : « Aghrîb »; le ms. a les deux orthographes.
110 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
La caravane entra en parfait état dans la ville de Tom-
bouciou, et en repartit de môme. Ces marchands trouvèrent
toutefois que la ville était misérable parce qu'il
y manquait
d'hommes; ils n'avaient point rencontré là, en effet, les
soldats qui étaient partis en expédition avec le pacha Sa'id
et étaient absents à ce moment-là.
Le pacha rentra à Tombouctou avec ses troupes, sain et
sauf, ayant fait du butin et ayant réussi à attendre le but
poursuivait au gré de ses désirs. De même, les princi-
qu'il
personnages de l'armée avaient fait un butin considé-
paux
rable au cours de cette expédition. Ils avaient rapporté des
objets de toute sorte et de nombreux cadeaux.
Tous les païens du Bambara jouirent alors du calme, du
pays de Dirma à celui de Bara et de celui de Bara à celui
du Maghrib, c'est-à-dire partout où, auparavant, on guer-
royait et où on détroussait les voyageurs. Le Ciel soit loué
de cela!
Au moment du retour de cette
expédition, les Foulâni de
Sanqara tuèrent le caïd Ben-Mansour, fils du caïd 'Ali-ben-
Mohammed-£t-Tezerkîni,qui se trouvait dans son embarca-
tion naviguant parallèlement au chemin que suivait la
colonne. 11 avait pris l'avance sur l'armée et était arrivé
entre le bourg de Tendoua et celui de Kidza. Après avoir
mouillé en cet endroit, il était descendu à terre et avait tiré
un coup de fusil 1. Les Foulâni arrivèrent alors et l'un d'eux
lui lança son javelot et le tua(vo). Ceci se passa dans la soi-
rée du jeudi, 7 du mois sacré de moharrem, le premier mois
de l'année 1152 (16 avril 1739).
Le pacha n'était pas encore
parvenu en cet endroit ; ce ne
fut que plus tard qu'il arriva avec son armée au point ou
avait été tué le caïd dont il vient d'être question. 11 fit alors
1. On ne dil pas dans quelles circonstances; mais il est vraisemblable qu'il
tira sur les Foulâni sans raison aucune.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN m
le serment ; « Je jure
suivant que je ne partirai d'ici
point
avant d'avoir détruit le campement 1 des
Foulâni, à moins que
l'on m'amène le coupable du meurtre ou qu'on me paie la
composition complète de la victime 2. » Il campa là avec une
partie de l'armée, tandis que le reste poursuivait sa route,
entre autres le caïd Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour et le caïd
Bâbâ-Sa'id, fils du caïd Hammedi-Zenka, tous deux
qui
atteignirent Tombouctou avant l'arrivée
du pacha et vinrent
au devant de lui le recevoir à Kabara au moment où il y
parvint. La nouvelle du meurtre du caïd arriva à Tombouc-
tou au moment du dohor, le samedi, 9 du mois indiqué plus
haut (18 avril 3 du
1739), qui était le jour neuvième mois et
le troisième depuis le meurtre du caïd.
Le pacha Sa'îd demeura à l'endroit où il était campé et s'y
attarda; il y passa quelques jours, environ Le
vingt-deux.
vendredi, dernier jour de moharrem (9 mai 1739), arriva à
Tombouctou un messager de sa part qui venait pour y régler
certaines affaires et apporter la nouvelle qu'un arrangement
avait eu lieu avec les Foulâni, à la condition ceux-ci
que
payeraient le prix de la composition.
Ce fut le mercredi, 4 du mois de safar le bon, au début de
l'année 1152 (13 mai 1739), que le pacha rentra à Tom-
bouctou avec ses soldats. Tons étaient sains et saufs et char-
gés de butin. Il ne manquait d'autres personnes que le caïd
dont on vient de parler et le lieutenant-général Yahya-El-
Hindi. L'entrée eut lieu dans la matinée et on fit le tour de
la ville suivant l'usage accoutumé.
Dans la soirée du jeudi, 16 du mois de rebf II (23 juillet
1739), mourut le lieutenant-général Sa'îd, fils du caïd El-
Abbâs-El-'Amri-Ech-Chergui, et le jeudi, 23 du même mois
1. Le mol employé désigne surtout la station habituelle d'une tribu.
2. Le prix du sang est admis, comme on sait, par la loi musulmane.
3. Cette répétition du quantième avec une forme particulière indique que l'on
était à la veille de la fête de 'Achoura qui a lieu le 10 du mois de moharrem.
112 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
(30 juillet 1739), des
gens de Dirma vinrent de la part du
Dirma-Koï apporter au pacha Sâ'îd la tête de Faran-
Kânouna, dont il a déjà été parlé, et qui était, dit-on, le
gendre de Djouder, fils du caïd El-Mobârek. Faran-Kânoima
s'était enfui lorsque le pacha était venu à Djindjo et les gens
du Dirma n'avaient réussi à le trouver qu'après le départ du
pacha. Ils s'étaient alors emparés de lui, lui avaient tranché
la tête qu'ils avaient enveloppée dans une peau et la lui
avaient envoyée. En recevant cette tête, le pacha les compli-
menta sur leur conduite; puis, tout joyeux, il se rendit im-
médiatement à cheval au marché; il suspendit la tête à un mur
et l'y laissa jusqu'au lendemain où on la retira; elle exhalait
une odeur abominable
(v\).
Au mois de djomada II (5 septembre-4 octobre 1739),on
reçut de Dienné la nouvelle que l'armée des Ouankoré était
parvenue sur le territoire de Dienné. Au mois brillant de
cha'ban (3 novembre-2 décembre 1739), nous fûmes infor-
més que l'on avait intercepté les communications entre
Konba et Kobi et entre Dienné.
Durant le même mois de cette année-là nous apprîmes à
des scélérats 1 s'étaient la
Tombouctou que avancés contre
ville duProphète (que Dieu répande sur lui ses bénédictions
et lui accorde le salut!) à la tête d'une armée de plus de
20.000 hommes, mais que, à leur approche delà ville,Dieu
avait fait pleuvoir sur ces soldats une pluie diluvienne 2, en
sorte qu'ils avaient tous péri par la volonté de Dieu le puis-
sangle redoutable. Un petit nombre d'entre eux, qui avaient
réussi à échapper à ce désastre, s'enfuirent, mais arrivés
1. Des « sacrilèges » pour mieux dire. Il semble quel'auteura voulu désigner
sous ce nom les Ouahhabiles qui auraient dirigé, dès cetle époque, un« attaque
contre Médine.
2. Ce fait n'a rien d'invraisemblable, On sait que dans les contrées désertiques
il arrive parfois des pluies si violentes qu'elles inondent subitement les vallées
et entraînent tout dans les torrents qu'elles forment.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 113
près de leurs demeures ils moururent par l'effet de la puis-
sance de Celui qui rendra la vie aux ossements quand ils
seront en poussière. Dieu sait mieux que personne l'avenir
et le destin qu'il réserve aux hommes.
Le mercredi, 2 du mois brillant de cha'ban (4 novembre
1739), mourut l'imâm Bâbâ, fils de l'imâm Bouya, imâm de
la mosquée d'El-Fa'-Bokar. Il périt noyé dans le Fleuve à un
endroit appelé Inâli (Dieu lui fasse miséricorde!). Au même
moment reçut on
de Dienné la nouvelle que les troupes de
Famâgh 1, le Ouankoré, étaient arrivées, aux environs de la
ville et en étaient tout à fait rapprochées, si bien que les
habitants ne pouvaient plus se rendre à leurs marchés. Les
Ouankoré assiégèrent la ville de Konba, s'en emparèrent et
s'y installèrent, puis ils assiégèrent tous les bourgs qui avoi-
sinaient Dienné et aussi la ville de Benkachi.
Le
dimanche, 13 du même mois (15 novembre 1739),
mourut mon oncle paternel Sald-ben-Mohammed-ben-El-
Amîn--beh-Mohammed-Moudi (Dieu lui fasse miséricorde !
Amen!).
Le mercredi soir, veille du 1er du mois vénéré de rama-
dan (1er décembre 1739), mourut le lieutenant-général
Bâbâ-'Abderrahnian, fils du lieutenant-général Seyyid-El-
Heddâdji (Dieu lui fasse miséricorde!). Il fut enterré le len-
demain matin.
A la fin du mois de chaoual, au moment où se terminait
ce mois (31 décembre 1739), mourut Nàna-Omm-Habiba,
fille du caïd Dieu lui fasse
cAli-ben-Mohammed-Et-Tezerkuii(
miséricorde! Amen!).
Le samedi soir, entre le coucher du soleil et Tacha, le 19 du
mois sacré de moharrem, le premier mois de Tannée 1153
(16 avril 1740), mourut El-Fa'-'Abdallah, fils du très docte
1. Le texte imprimé porte : EI-Emîr, qui est dans le ms.
2..Lecture douteuse.
(Biographies des pachas du Soudan.) S
114 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
jurisconsulte Ab-Mouya-Ouankareb (Dieu lui fasse miséri-
corde!).
Le mercredi, 23 du même mois (20 avril 1739), mourut
Seyyid-Boubeker-ben-El-Hâdj-Hamouda^El-Ghedâmsi (La
miséricorde (vy) de Dieu le très-haut lui!). soit avec
Le pacha Sa'îd fut déposé le vendredi, 25 de ce mois,,
c'est-à-dire du mois sacré de moharrem, le premier mois de
. l'année 1153 (22 avril 1739) ; il était resté au pouvoir un
an et sept mois.
A la fin du même mois, Maulaï-'Abdallah, fils de Maulaï-
Ben-Nâsir, petit-fils du sultan Maulaï-Isma'ïl, arriva dans la
ville et descendit dans le quartier de Kisimo-Benko chez les
chérifs qui lui offrirent l'hospitalité. Il acheta ensuite des
chérifs la maison dans laquelle il était descendu
auparavant ;;
il la reconstruisit 2 et
y pratiqua un grand nombre d'ouver-
tures ; puis il acheta de nombreuses 3 et les
gouttières disposa
dans chacun des trous qu'il avait pratiqués dans les murs
sur chacune des quatre faces.
Le mardi, après le moment du midi, le sixième jour du
mois de safar le bon de cette année (3 mai 1740), mourut
Nâna-Omm 4, fille du chef des panégyristes des gens de
Sankoré, le jurisconsulte Mohammed, fils du très docte ju-
risconsulte Seyyidi, fils de l'unique de son temps, le flam-
beau de son siècle, le jurisconsulte, le savant, la mer de
science, le très sagace Seyyidi-Ahmed-Bâbâ (Dieu lui fasse
miséricorde ! Amen ! qu'il fasse miséricorde à ses ancêtres
et fasse rejaillir sur nous leurs bénédictions et leur science.
Amen !).
1. Ou Hamoud, la voyelle a placée à la fia da mot paraît être due à l'habi-
tude des Soudanais de terminer les noms par. une voyelle.
2. Ou simplement : « y fit faire des réparations ou améliorations ».
3. Ou : « gargouilles >>.
4. Elle était l'arrière-petite-fille du célèbre Ahmed-Bâbâ, ainsi qu'on le voit
par la généalogie qui lui est donnée.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 115
Le lundi, 12 du mois de safar (9 mai 1740), un conflit éclata
entre le caïd Hammedi '-ben-Mansour, fils du jurisconsulte
Mohammed-ben-'Ali, et le caïd Sa'îd, le pacha déposé. Un
combat eut lieu entre eux, à l'occasion de cette déposition,
le pacha supposant caïd que le
Hammedi susnommé était
l'auteur de sa déchéance. Ils firent la paix ensuite dans la
soirée du jeudi 15 du mois (12 mai), dans la mosquée du
caïd 'Àmir-ben-El-iïasen-bea-Ez-Zobeïr.
Sa'îd fut rappelé au pachalik après la déposition du caïd
El-Hasen-ben-Mohammed-El-'Amri, le dimanche, 19 du
mois de rebi' Ier de l'année 1154
(4 juillet 1741). Il fut élu
par les troupes et se trouvait à ce moment à Kîso 2 occupé
à se faire bâtir une maison en cet endroit. On lui adressa là
une députation composée du conseiller, du chef des écuries,
du vice-lieutenant-général de la garde et des officiers su-
périeurs. Ces députés se rendirent auprès de lui à Kîso et
dirent : « Répondez à des ; elles vous de-
l'appel troupes
mandent pour faire de vous un pacha. »
La la nuit à Kîso et le lendemain 3
députation passa qui
était un lundi, Sa'îd partit avec elle pour Kabara; il y resta
jusqu'au dernier tiers de la nuit pour se rendre ensuite à
Tombouctou, où il entra aussitôt dans la mosquée (vv) de
Seyyidi-Yahya, assurant qu'il venait demander à être placé
sous la protection de ce saint, afin que celui-ci le fit rester
parmi eux, mais, en réalité, les choses n'étaient pas ainsi'.
Puis l'imam 3
de la mosquée arriva pour les prières du matin
et s'entretint avec lui. Était présents avec eux le lieutenant-
1. Le ms. donne tantôt Ahmed, tantôt Hammedi.
2. Ou : Keïso. On trouve ces deux orthographes dans le ms.
3. Le texte porte littéralement : « de jour, de lundi ».
4. Le pacha voulait se donner le temps de voir quelles étaient les dispositions
des esprits à son égard.
5. Le texte ms. porte : «pour le matin du matin », ce qui ne donne aucun sens
raisonnable.
116 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
général de la division de Merrâkech, le lieutenant-général
'Ali-ben-El-Djesîm. A titre de conseil, l'imâm et le lieutenant-
général engagèrent le nouveau pacha à accepter et à placer
sa confiance en Dieu '. Le pacha suivit ce conseil, puis il se
rendit dans sa maison, après qu'on eût fait la prière de l'au-
rore derrière 2
l'imam.
Le mardi, les gardes 3 la nuit devant la porte
passèrent
de sa maison et le lendemain de bonne heure on
le pro-
clama pacha pour la seconde fois. Durant ce pachalik il ne
fit aucune expédition, et le mardi, 13 du mois de cha'ban
(24 octobre 1741), les soldats lui refusèrent obéissance et le
déposèrent pendant huit jours, puis ils lui rendirent le
pouvoir le neuvième jour.
Ce fut après ce nouveau retour de Sa'îd au pachalik que
la disette se fit sentir, et 4 la discorde écla-
puis que la peste
tèrent. Une misère excessive se répandit par tout le pays,
aussi bien dans les régions de l'est que dans celles de
l'ouest; de la contrée de Benba au territoire de Dienné.
Elle s'étendit aussi au pays de Dirma, de Bara et du côté de
Kodenkeba 3 et le Haousa
des pays voisins depuis jusqu'au
Gourma. Aucun
territoire, aucun bourg ne fut épargné, tous
subirent le même sort.
Enfin commença alors une disette telle que jamais la pa-
reille ne s'était vue auparavant dans la ville de Tombouctou
depuis l'époque du caïd El-Hasen-El-'Amri. Elle alla sans
1. C'est-à-dire à ne point se livrer à l'influence d'un des partis qui divi-
saient la ville.
2. Le texte dit : « après l'imam ». On peut faire sa prière seul, sauf celle du
Vendredi, qu'on doit, à moins d'empêchement, faire en commun avec les autres
fidèles dans la mosquée. Mais quand il y a un imam présent, il est préférable
de se placer derrière lui.
3. C'est-à-dire la garde particulière qui faisait aussi office de gendarmerie.
4. Ms. : « ou », ce qui est une erreur.
5. La lecture de ce nom est incertaine, les voyelles faisant défaut dans le ms. -
et la lettre d pouvant être remplacée par celle de r qui, dans récriture du Soudan
et du Maghreb, se confondent assez aisément.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 117
cesse croissant, s'étendant sur toutes les régions et les con-
trées et atteignit un tel degré d'intensité que des gens man-
1 et d'êtres
gèrent des cadavres d'animaux humains et du
2 en La famine fit périr une foule de
sang coagulé poudre.
personnes et Dieu seul sait la quantité innombrable de
gens qui moururent de faim.
Tout le monde était si épuisé qu'on n'avait plus la force
d'enterrer les morts. Les choses persistèrent ainsi à s'ag-
graver; chaque jour les gens mouraient de faim ; on les
ensevelissait clans leurs propres vêtements et les gens des
bords du Fleuve et de Kîso se servirent de nattes ou de
mankour* en guise de linceuls 4. Enfin cela même vint à
manquer et on se contenta d'emporter les gens hors de chez
eux et de les jeter dans la campagne comme des charognes.
Certains laissaient le cadavre de l'individu là où il avait
succombé; des morts furent enfouis dans les maisons ou
dans les rues sans prières et sans avoir été lavés.
La cherté excessive des denrées s'étendit à toute chose,
à la nourriture, aux vêtements, etc. Bien des gens en
vinrent à ne se vêtir que d'une bande d'étoffe ou de tari" 0 ou
6
quelque chose d'approchant et le prix d'un qadah de bechna
atteignit la valeur de dix mille cauris et même
davantage ;
7 de blé valut trois cents cauris et v i les
une seule nefaqa ( ) gens
les plus distingués ne mangeaient autre chose que des
1. La loi musulmane interdit de manger le cadavre d'un animal qui n'a pas
été égorgé selon les rites, à plus forte raison quand l'animal est mort naturelle-
ment.
2. Le sang est impur, suivant les musulmans; il est donc interdit d'en faire
sa nourriture.
3. Ce mot, qui pourrait se lire aussi « sankour », ne m'est pas connu.
4. Les morts doivent être ensevelis dans une étoffe neuve de laine ou de coton.
5. Ce mot « tari » ne se trouve pas dans les dictionnaires.
6. Le bechna est une sorte de millet commun en Algérie. Le qadah (écuelle)
était une mesure de capacité.
7. Le mot « nefaqa » est ici le nom d'une mesure sans doute. Cependant, on
pourrait l'entendre dans le sens de « ration ».
U8 BIOGRAPHIES DES PACHAS. DU .SOUDAN
1
graines de kelb-el-hachich que nous nommons dans notre
pays danaï, ou d'autres graines d'herbes appelées qanach*
ou de tout autre graine qui n'était d'ordinaire mangée que
par les gens les plus vils et les plus misérables. Les bandes
d'étoffe, le tari manquaient ainsi que tous les genres de vê-
tements ; le coton faisait presque complètement défaut à
3 se vendait
Dienné au point qu'une seule coudée cent cauris
et cent coudées dix mille cauris.
On en était venu à se vêtir de toute sorte de chose qui
n'était point du tari et à couvrir sa nudité avec des herbes
desséchées qu'on gardait sur soi jusqu'à ce qu'elles tom-
bassent d'elles-mêmes. On se vêtit encore de kas 4, de
laine qui sert de vêtement aux paysans des régions du Fleuve
et l'on vit des gens s'habiller de costumes de ce genre qui
avaient dit qu'ils n'en porteraient jamais tant qu'ils vi-
vraient. Il y eut des gens qui s'habillèrent avec des algues 5,
d'autres avec des zeiHycâ, faute d'avoir autre chose pour
cacher leur nudité.
Après avoir duré trois ans, les années 1154, 1155 et
1156, la cherté des vivres commença à diminuer un peu.
Tous les habitants de Tombouctou avaient été réduits à la
misère ; ils ne possédaient plus aucun bien, car ils avaient
vendu tous leurs meubles et tous leurs ustensiles. Tous les
vieillards s'accordaient à dire qu'ils n'avaient jamais rien
vu de pareil, et qu'ils n'avaient connu aucun vieillard avant
eux qui eût vu semblable disette ou en eût entendu parler.
Jamais on n'aurait cru que les richesses de la ville pussent
1. Mot à mot : « chien d'herbe ». Peut-êlre l'aut-il lire qalb (coeur).
2. Je ne sais quelle est l'herbe appelée qanach.
!3. Il s'agit de ces bandes très étroites de coton, de six à sept centimètres de
largeur, qui servent 'parfois de. monnaies et qui, cousues ensemble, servent à
confectionner des vêtements. Cent cauris valaient environ 0 fr. 25,
4. Probablement ce qu'on appelle kesa, sorte de petit haïk.
5. Ce mot est traduit par conjecture.
6. J'ignore le sens exact de ce mot.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 119
être anéanties à cause de cette disette 1, ni que ses habitants
pussent jamais disparaître et cependant il ne resta plus per-
sonne à Tombouctou. Dieu sait mieux que personne ce qu'il
a décidé de l'avenir. La misère a persisté jusqu'à ce jour
dans la ville.
Quant aux conflits, ils se produisirent entre les Berâbîch
qui se massacraient les uns les autres, sans se soucier de
Dieu, ni de son Prophète, au sujet des meurtres qu'ils com-
mettaient. De même, les soldats marocains se décimèrent
les uns les autres. Un conflit éclata entre Mohammed-ben-
El-Khenîch, commandant de Ketouân, et les soldats du
2 faisaient
Maghrib qui partie de l'armée du sultan Maulaï-
Isma'îl. Tous ceux des tribus arabes qui, dans cette contrée,
n'avaient que des armes blanches, en vinrent à se jeter sur
ceux qui étaient armés de fusils 3. C'est ainsi que Hammedi-
Foulâni, fils du Fondoko du Mâsina, résolut d'attaquer
l'armée marocaine. A la tête de nombreux soldats il l'as-
saillit, mais il fut mis en déroute complète et ses forces
furent dispersées de tous côtés. Hammedi, qui était un homme
riche et de race royale, périt dans ce combat.
D'après une autre version, Hammedi-Foulâni fut tué par
des Foulâni ses compatriotes qui (v«) avaient fui leur tribu
et abandonné leurs campements du Màsina depuis une
époque lointaine. aperçu Hammedi-Foulàni,
Ayant ils le
reconnurent et sortirent
des rangs de l'armée (marocaine)
à sa poursuite ; puis se trouvant seuls avec lui : « Nous recon-
nais-tu, » lui dirent-ils. — « Je vous reconnais, » répondit-il.
Alors il ajouta : « Le Ciel soit loué de m'avoir fourni une oc-
d. En d'autres termes : les populations indigènes, malgré l'infériorité de leur
armement, attaquèrent l'armée d'occupation qui, elle, était munie d'armes su-
périeures.
%. Tant Tombouctou était prospère.
3.^ Bien que ce mot soit employé au Soudan pour désigner les contrées de
l'ouest, il se pourrait cependant ici qu'il désignât le Maroc.
120 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1 comme
casion que je désirais
celle-ci depuis bien long-
temps. » Il étendit alors sa manche sur son visage et ses
contribules lui lancèrent leurs javelots jusqu'à ce que mort
s'ensuivit. La tribu de Ketouân perdit un certain nombre de
personnages marquants des Foulàni.
Les Touareg étaient maîtres de tout le pays du Tekrour 2,
duHaousa au Gourma, tandis que les Foulàni s'emparaient
d'une partie du Gourma du côté des îles nommées Arikona.
Ils avaient détruit toute autorité des soldats marocains sur
leur pays, à ce point que les soldats"marocains leur payaient
un impôt à eux Touareg. Demandons à Dieu qu'il nous ac-
corde la paix.
Personnages qui moururent durant ce pachalik :
Le lundi dans la nuit, la veille du premier jour du mois
de redjeb l'unique de cette année, c'est-à-dire de l'année
1154(11 septembre 174*1), mourut le muezzin principal de
la mosquée de Seyyidi-Yahya, le nommé Bâbâ-Seyyicl-ben-
Mohammed-ben-Seyyid-Kolen (Dieu lui fasse miséricorde!
Amen!].
Le vendredi, dans
nuit, le 25 de ce mois
la (6 octobre
1741) au moment du second acha, mourut El-Fa'-Es-Seddiq,
fils de l'imâm Mohammed-Baghyo o, fils del'imâm Koured
(Dieu lui fasse miséricorde! Amen!).
Dans la nuit du jeudi, au moment de l'aurore, le 1er du
du mois brillant de cha'ban (12 octobre 1741), mourut le
Mondzo, Mohammed, fils du Mondzo 'Ali (Dieu lui fasse
miséricorde!).
Durant ce même mois mourut Nâna-Sita, "> fille de 'Abder-
1. II voulait sans doute dire qu'il préférait mourir de leurs mains que de
celles des soldats marocains.
2. Le nom de Tekrour s'applique à l'ensemble du Soudan septentrional.
C'est de ce mot prononcé Tokolor par les nègres qu'on a fait le mot Toucouleur,
employé pour désigner les Peuls métissés de nègres. Cf. Faidherbe, Grammaire
et vocabulaire de la langue Poul. Paris, 1882, p. 4.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 121
rahîm, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni (Dieu lui fasse mi-
séricorde !).
Le samedi, 4 du mois sacré de dzou'l-hiddja, le der-
nier mois de cette armée (10 février 1742), mourut
l'imâm Mahmoud, fils du jurisconsulte El-Mostefa-ben-
'Àbdallah (Dieu lui fasse miséricorde!). Il savait le Coran
en entier par coeur et sa voix était agréable à entendre
quand il récitait le Coran ou qu'il déclamait quelque pané-
gyrique du Prophète (La miséricorde de Dieu soit sur lui!).
Il fut investi des fonctions d'imàm de la mosquée de la
Prospérité et succéda dans ces fonctions à son frère aîné,
l'imâm Bâbâ-Ahmed. Après sa mort son successeur comme
1 ses fonc-
imâm fut son cousin Bâbâ-Latouâdj qui conserva
tions pendant environ trois ans, après quoi il mourut et fut
remplacé par Mahmoud, fils du jurisconsulte, le savant, le
très docte, El-Amîn-ben-Ahmed-ben-Mohammed-Tâchefin-
El-Oueddâni 2. Fasse Dieu qu'il demeure longtemps dans ces
fonctions !
Le pacha Sa'îd fit ensuite une expédition contre Asafaï
(vn); il campa dans un bourg de l'askia El-Hâdj, fils de
l'askia Bokar, bourg nommé Bonanboko, où l'askia avait sa
maison d'habitation. le pacha
Installé
expédia des déta-
là,
chements vers chacun des bourgs des païens Bambara qui
se trouvaient dans cette région. Ces détachements ruinèrent
onze de ces bourgs qu'ils attaquèrent à l'improviste. Ils tuè-
rent une partie des habitants, les autres ayant réussi à s'en-
fuir ; ils firent captifs les femmes et les enfants. Le pacha
rentra ensuite avec ses troupes, tout le monde étant sain
et sauf, chargé de butin et personne ne manquant à l'ap-
pel. Le Ciel soit loué de cela !
Pendant ce pachalik Sa'îd, fils du caïd Hammedi-ben-'AH-
1. Ces deux mots forment un seul groupe dans le texte.
2. Originaire du Oueddân.
122 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Et-Tezerkîni, fut nommé lieutenant-général de sa division, la
division de Fez. Le pacha avait quitté Tombouctou dans la
soirée du vendredi, 15 du mois sacré de moharrem, le pre-
mier mois de l'année 1155 (22 mars 1742); il y rentra au
mois de rebi' II (5 juin-4 juillet) et fut déposé le samedi,
12 de ce mois
(16 juin 1742), après être resté au pouvoir
un an, un mois et onze jours.
Sa'îd fut élu pacha pour la troisième fois après la déposi-
tion du caïd
Sa'îd, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkmi,
le dimanche, 14 du mois de chaouàl, vers lafin de l'année 1156
(1er décembre 1743). Cette élection se produisit dans les
circonstances suivantes.
Le vendredi soir, 17 du mois de redjeb l'unique de cette
année (6 septembre 1743), le caïd Sa'îd, fils du caïd Ham-
medi, tua le lieutenant-général 'Ali-ben-El-Djesîm. Il était
allé l'attendre à la porte de la mosquée de Seyyidi-Yahya au
moment du deuxième !acha. Après avoir fait sa prière der-
rière l'imam,'Ali partit pour se rendre chez lui. 11 était sorti
de la mosquée et était arrivé àlamaisondeEl-Fa'-El-Imâm,
lorsqu'il fut rejoint là par le caïd Sa'id-Et-Tezerkîni. Celui-ci
avait avec lui quatre de ses esclaves qui frappèrent si bien 'Ali
qu'il en mourut. Cela fait, le caïd rentra chez lui et ordonna
à ses gens de prendre les armes, ce qu'ils firent.
Le caïd était rentré chez lui, quaud des gens trouvèrent
le corps de 'Alî. Ils .voulurent savoir qui il était et après
avoir apporté de la lumière et l'avoir examiné, ils le recon-
nurent. La famille du défunt vint- alors emporter 'Alî qui
était à la dernière extrémité et qui mourut en arrivant chez
lui le soir même.
A ce moment le caïd Bâbâ-Seyyid était à Kabara et le
caïd SaId-ben-Mansour.était dans le bourg de Koïra-Tâ'a.
Le caïd Bâbâ (vv)-Seyyid se rendit sur-le-champ à Tom-
bouctou. On ne s'était pas encore occupé des funérailles du
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 123
défunt et ce ne fut qu'à son arrivée, cette nuit-là, qu'on y
procéda. On resta sous les armes et on fit dire au caïd Sa'îd 1
qu'on attendait sa venue. On ne fit aucune opération mili-
taire avant l'arrivée du caïd Sa'icl, arrivée qui eut lieu le
lendemain jour du dimanche, le 19 du mois ci-dessus indiqué
(8 septembre 1743). Dans la soirée, El-Hâdj-Mesa'oud-ben-El-
Hâdj-Solhi fut tué d'une balle perdue qui ne lui était pas
destinée.
Il vint ensuite des négociants avec leurs ballots de mar-
chandises contenant toutes sortes de vêtements et de cadeaux
ainsi que du drap rouge écarlate 2. Parmi ces négociants se
trouvait l'hôte du caïd Sa'îd-Et-Tezerkîni. Cette caravane
était arrivée devant Tombouctou le mardi, 21 du mois
(10 septembre).
Des gens de 3 se
Sâryakaïna portèrent au devant d'eux
à Abrâz, fondirent sur ces marchands, crevèrent leurs bal-
lots, pillèrent ce qu'ils contenaient et dispersèrent le tout, si
bien qu'il ne resta rien aux négociants. Les auteurs de ce
méfait étaient les
Ouled-'Ali-El-Mobârek, aidés de quelques
soldats du quartier de la grande mosquée et d'autres per-
sonnes. Ils gaspillèrent ce jour-là des richesses considérables.
Une rencontre entre les deux partis en présence 4 eut lieu
ensuite près du puits des gens de la grande mosquée; ils se
livrèrent combat dans la soirée du samedi, 2 du mois bril-
lant de cha'ban (21 septembre 1743) et la lutte dura jusqu'au
soir. Ce fut dans cette affaire qu'cAli-Châmi fut blessé à
un pied. Le caïd Sald-ben-Mansour n'avait pris aucune
part à ce conflit.
1. Les deux caïds s'appelant Sa'id, il est difficile de savoir duquel des deux il
s'agit. Celui dont on veut parler ici est sans doute le caïd Sa'id-Et-Tezerkîni.
2. Les deux partis étaient celui du pacha déposé Sa'îd-Et-Tezerkini et celui
de la famille du lieutenant-général 'Ali-ben-El-Djesîm.
3. Le mot du texte est sekernâti qui est pour sekerlâti.
i. Ce nom est vraisemblablement ici un nom de quartier. [Cependant il se
pourrait qu'il s'agît de : « Sarracolets », suivant l'expression usitée en français.
124 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le cadi Bâbâ, au nom de Dieu et du Prophète, supplia
les combattants de cesser les hostilités et de ne plus faire
usage de leurs armes. On était alors au mercredi, 6 du
mois (25 septembre). Les combattants cédèrent à la prière
du cadi et s'abstinrent de tirer un seul de feu pendant
coup
treize jours. Mais cela ne servit de rien,
ils recommen- car
cèrent ensuite à tirailler nuit et jour. Puis, le lundi, 3 du
mois vénéré de ramadan (21 octobre 1743), un grand com-
bat s'engagea qui dura depuis le matin midi. On
jusqu'au
resta ensuite sans se battre, mais sans tirer de ce
profit
répit pour faire lapaix et sans
que les chefs des partis
cherchassent à intervenir pour améliorer la situation.
Durant tout 1 n'avait
ceci, le caïd Sa'îd point pris part au
conflit. Il partit ensuite pour le bourg de Yendobogho, dans
la soirée du mercredi, 26 du mois de ramadan no-
(14
vembre 1743); il resta là une dizaine de jours, puis, suivi
de ses esclaves legha, il revint à Tombouctou où il rentra
seul, le samedi dans la nuit, laissant ses esclaves au port de
Kabara. C'était la nuit du 6 de chaouâl (23 novembre
1743). Dans la soirée du dimanche, il alla trouver les
combattants. La population s'assembla avec le cadi dans la
mosquée de Sankoré, le lundi
8 du mois (25 novembre). Le
caïd Sa'id-ben-Mansour assista à cette réunion où l'on es-
saya de rétablir la paix.
Le cadi (VA), les jurisconsultes de la ville et les chérifs
envoyèrent alors demander au caïd Sa'îd-Et-Tezerkîni de
livrer les esclaves qui avaient tué le défunt 'Ali en sapré-
sence, afin de mettre à mort ces esclaves et d'éteindre le
feu de la querelle s'était entre et les partisans" 2
qui élevée lui
delavictime,lesOulad-'Ali-El-Mobârek. Aux messagers qu'on
1. C'est-à-dire : Sa'id-Et-Tezerkîni.
2. Mot à mol : « frères » dans Je sens de « concitoyens », « gens du même
quartier ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 125
lui envoya Et-Tezerkînirépondit : « Je ne livrerai mes es-
la justice 1 ou au souverain. » En apprenant
claves qu'à cette
réponse que venait de faire Et-Tezerkîni, le caïd Sa'îd-ben-
Mansour s'écria : « Ce qu'il a dit est vrai et il n'a rien dit
que de juste. Accordez-lui trois jours pour qu'il puisse voir
chacun de nous. »
Le cadi et les jurisconsultes annoncèrent leur décision à
Et-Tezerkîni et vinrent ensuite le trouver. Après l'avoir
salué, le cadi lui dit : « Nous sommes envoyés vers vous
par le caïd Sa'îd qui vous demande de lui livrer vos esclaves
pour mettre fin à ce conflit. Il vous le demande pour l'amour
de Dieu et du Prophète et aussi en considération de notre
cité et de tous ses habitants, négociants, jurisconsultes,
femmes, enfants, pauvres et malheureux. » — « Mais, ré-
pondit-il, les esclaves n'ont rien fait; ce ne sont pas eux qui
ont tué 'Ali; c'est moi-même qui l'ai tué. Je ne vous livre-
rai donc pas mesesclaves, je ne les déférerai que devant le
sultan ou par-devant la justice toute-puissante. Donnez donc
l'ordre à nos adversaires de comparaître devant vous et la
justice décidera entre eux et nous. Nous nommerons chacun
un avocat; ces deux défenseurs se réuniront demain dans
la maison du caïd Sa'îd-ben-Mansour et alors vous jugerez
entre nous le litige. »
Le lendemain jeudi, il y eut une réunion générale à la-
quelle assistaient: le cadi, ses assesseurs, les jurisconsultes,
les deux avocats, celui du caïd Sa'îd-Et-Tezerkîni et celui
des Oulad-'Ali-El-Mobàrek, enfin l'imam. Bàbâ-ben-El-Fa'-
Mohammed-Baghyo o. Le caïd Sa'îd susdit remit à son
avocat un registre dans lequel étaient inscrits les 3.500
mitsqàl d'or appartenant à son hôte et qui avaient été pillés
1. D'ordinaire c'est le souverain qui juge au criminel, tandis que le cadi ne
tranche que les affaires civiles... Cependant le cadi, comme on le voit ici, peut
aussi décider au criminel, dans des circonstances exceptionnelles.
126 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
par les gens de Sâryakaïna, le jour de sa venue. Le procès
se déroula devant le public et, après les plaidoiries, le cadi
condamna l'avocat des gens de Sâryakaïna en vertu du texte
du Coran qui dit : « Ame pour âme » '. Ainsi se formula la
sentence du cadi.
Dans cette même soirée, on récita la f atiha avec le caïd
Sa'îd. Comme les noix de kola faisaient défaut (v\) dans la
ville à ce moment,
le caïd Sa'id envoya le lieutenant-général
2 avec ordre 3
de la garde An-Oukiya de lui rapporter un sac
de noix de kola, le jeudi soir, 11 de ce mois (28 novembre
1743). Puis le vendredi soir, Sa'id rendit visite au caïd
Sa'îd-Et-Tezerkini au sujet des esclaves ; il lui demanda de
les lui livrer pour apaiser le conflit et étouffer le feu qui
était allumé dans le coeur des Oulad-'Ali-El-Mobârek à cause
du meurtre dont l'un d'eux avait été la victime.
Et-Tezerkîni lui refusa et se prépara au combat ; le feu
de la lutte s'alluma aussitôt dans son quartier du côté du
marché et ses esclaves
legha reçurent l'ordre de sonner de
leurs trompettes. Mais, sur la représentation de certaines
personnes, il renonça à la lutte. Le lendemain, samedi, il
manda au cadi qu'il allait prendre ses esclaves et les lui
amener chez lui. Il monta aussitôt à cheval, se rendit à
l'endroit même où avait été tué le lieutenant-général 'Ali
et, là, il donna l'ordre de mettre à mort ses esclaves qui
étaient au nombre de trois, le quatrième ayant pris la fuite
et réussi à s'échapper.
On assure que le caïd Sa'îd-Et-Tezerkîni s'était entendu
avec le caïd Sa'îd-ben-Mansour et le caïd Bâbâ-Seyyid pour
le meurtre du lieutenant-général 'Ali-ben-El-Djesîm. Dieu
1. Coran, sourate iv, verset 49.
2. On : In-Oukiya. Je crois qu'il y a une faute dans le texte et qu'il faut lire
(Jl au lieu de ^1, et alors le sens serait : « il envoya le lieutenant-général de la
garde à Oukiya, chercher des noix de kola ».
3. Ce mot est traduit par conjecture.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 127
sait mieux que personne le secret des choses et ce qu'il a
décidé.
Le pacha avait été élu le dimanche, 14 du mois de
chaouàl qui avait précédé la date qui vient d'être
indiquée
décembre mais il ne l'investiture 1
(1er 1743), reçut que le
mercredi, 17 du même mois (4 décembre). Alors seulement
sa nomination fut complète et on lui donna l'aubade offi-
cielle ce jour-là. Il nomma Boubeker-ben-El-Fa'-Mansour
lieutenant-général de la division de Merrâkech et donna
les fonctions de Kabara-Farma à Mohammed-Ramdân, fils
du caïd Ahmed-Zenka. Il rendit à Seyyid-Mohammed-ben-
Abdallah les fonctions de hâkem de la ville et celles de
conseiller à El-Fa'-Bati, fils du lieutenant-général Sa'îd.
Le septième 2 de son
jour élection, il ne fit pas la chevau-
chée et la tournée habituelles dans la ville, à cause du conflit
qui avait eu lieu. Le troisième jour, dans la soirée de la
nomination d'un pacha, avait lieu, suivant un usage courant,
le voyage du pacha à la casbah. A cette cérémonie assistaient
les caïds et les lieutenants-généraux qui se trouvaient pré-
sents ce jour-là. Le caïd Et-Tezerkhii assista à cette céré-
monie en compagnie des caïds et des
lieutenants-généraux.
Les Oulàd-'Ali-El-Mobârek eurent le coeur rempli de rage
lorsqu'ils connurent la présence de Et-Tezerkini dans ce cor-
tège. Le septième jour de l'élection, Et-Tezerkîni se rendit
encore à la casbah; arrivé là, il pénétra dans la citadelle et
salua le pacha. A peine s'était-il assis que le lieutenant-
3 sortirent
général Boubeker et le caïd Bàbà-Seyyid aussitôt
et rentrèrent chez eux, laissant Et-Tezerkîni au méchouar
auprès du pacha.
1. Cette cérémoniejconsistait à donner une aubade.
2. Le septième jour d'une fête ou d'une cérémonie est l'occasion de nouvelles
réjouissances.
3. Le texte porte « Sa'id. », qui est une erreur du copiste. La sortie de ces
deux personnages était une protestation contre la présence du caïd Et-Tezer-
kîni.
128 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Si le caïd Sa'îd-Et-Tezerkîni était sorti de chez lui à ce
moment et avait été à la casbah aussitôt (A«) après une
aventure semblable à celle qui lui était arrivée avec les
Oulad-'Ali-Mobârek, c'était uniquement à cause des liens
d'amitié qui l'unissaient au pacha Sa'îd dont il avait été le
collègue et le compagnon depuis son enfance. Il y avait
aussi cette raison que c'était une tradition admise depuis
longtemps chez les
prédécesseurs du pacha que, lorsque l'un
d'eux avait été agréé comme chef, du consentement de tous,
il traitait tous ses anciens collègues sur un même pied
d'égalité, sans donner aucune préférence à l'un plutôt qu'à
l'autre.
Or, à ce moment, le caïd Et-Tezerkîni était l'objet de
réclamations de la
part des Oulâd-cAli-El-Mobârek et le
pacha Sa'îd devait tenir la balance égale entre eux et main-
tenir chacun d'eux à sa place en employant avec une égale
mesure la force et l'autorité 'que Dieu lui avait réparties. Et
certes tout ce que nous pouvons dire, c'est que le caïd Èt-
immédiatement et en hâte 1
Tezerkîni en allant et venant ainsi
n'agissait ainsi
que parce que Dieu avait mis dans sa poi-
trine uncoeur ferme et très énergique, plus ferme que le
fer Jet la pierre. Rien n'ébranlait son coeur, ni crainte, ni
terreur, ni frayeur, ni danger, ni ambition et il ne redoutait
pas que quelqu'un put le tuer. Telle était la situation véri-
table et il s'en fallait de beaucoup qu'un conflit éclatât alors
à cause de ses allées et venues.
Et-Tezerkini resta un instant auprès du pacha après le dé-
part du caïd Bâbâ-Seyyid et du lieutenant-général Bou-
beker ; puis il se leva, présenta ses hommages au pacha, et
sortit pour se rendre à la maison de Maulaï-Seliman, afin
de le saluer; il rentra ensuite chez lui.
1. Cette hâte en le mettant en conlact avec ses ennemis était, en effet, pleine
de danger.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 129
Au cours de cemois, et durant les mêmes jours, le caïd
Bâbà-Seyyid abandonna la maison de son père, qu'il habi-
tait, pour aller loger dans la maison de El-Hâdj-Milâd. Il
s'installait là, afin d'éviter tout conflit, de pouvoir devancer
l'ennemi et d'avoir l'avantage sur lui, au cas où une attaque
se produirait. Cette nouvelle demeure consistait en un châ-
teau 1 élevé, de construction très solide que El-Hàdj-Mîlâd
avait fait bâtir pour lui-même. Il était situé au coeur de la
ville et au centre de tous les quartiers dont il était égale-
ment distant à l'est, à l'ouest, au sud et au nord. Monté sûr
le sommet de cet édifice on dominait la ville des quatre côtés
et l'on en voyait l'ensemble en quelque sorte à ses pieds.
Le lundi, 3 du mois sacré de moharrem, le premier mois de
l'année 1157
(17 février 1744), le hâkem 'Abderrahîm, fils
du caïd Ahmed-ben-'Ali-Et-Tezerkmi, arriva de la ville de
Chîbi. Il vint dans son embarcation et, quand il fut tout près
du port de Kabara, sans cependant en être en vue, il mouilla
auprès d'une île nommé Tâta-Ghangha 2. Il n'avait pas
poussé jusqu'au port habituel, qui est situé au-dessous de
Kabara, n'étant point rassuré sur l'accueil des habitants à
cause du conflit qui avait eu lieu entre eux et son frère et
parce que le bourg de Kabara était surtout occupé par des
soldats de Sâryakaïna, lesOulàd(v\)-'Ali-El-Mobârek, tandis
que les soldats de la division deMerrâkech et autres y étaient
moins nombreux. C'est là que les Sâryakaïna avaient leurs
esclaves, hommes et femmes, leurs hartâni,,leur dépôt et un
grand nombre de gens à eux. C'était en quelque sorte leur
patrie où se trouvaient leurs familles et leurs guerriers.
. 'Abderrahîm ne se croyait pas en sûreté dans cette ville
1. Le mot traduit ici par « château » s'entend d'ordinaire de tout ensemble
de constructions réunies derrière une enceinte commune.
2. Le mot est sans voyelles dans le ms. On pourrait donc lire : Tâti-Ghongho,
Tâto-Ghinghi, etc.
(Biographies des pachas du Soudan.) 9
130 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
et au milieu de ses habitants. Il passa donc deux ou trois
nuits clans l'îleoù il était, c'est-à-dire les nuits du vendredi,
du samedi et du dimanche et, le lundi matin, il manda à
son frère Sa'îd de lui envoyer de ses soldats pour le con-
duire à Tombouctou, et de les expédier à sa rencontre au
port de Kabara. Ce fut seulement quand il vitque ces sol-
dats arrivaient que 'Abderrahîm quitta l'ile où il était et vint
mouiller à Kabara, ayant avec lui des hommes montés sur
d'autres barques.
Lorsque les soldais du caïd Sa'îd seportèrent à la ren-
contre du hâkem 'Abderrahîm, les soldats des Oulàd-'Ali-El-
Mobârek partirent sur leurs traces, ayant avec eux des
Touareg, et les atteignirent au port de Kabara. Ils leur li-
vrèrent bataille, combattant surtout 'Abderrahîm avec un
grand acharnement
; ils lui tuèrent un de ses soldats appar-
tenant à la division des Cherâga et qui était un des descen-
dants du pacha 'Ali-ben-'Abdallah, et ils lui prirent un
certain nombre 1 des autres soldats et de
qui lui restaient
ceux de son frère.
Ce combat, qui avait commencé dans la matinée, dura
jusqu'au soir et, à ce moment, le hâkem fut tué et laissé
mort sur le champ de bataille, où son corps resta jusqu'au
lendemain. Alors le pacha Sa'îd se rendit sur les lieux et
donna l'ordre de porter le cadavre du hâkem au mausolée
de Seyyidi-Ahmed-Moy'â. Il fit placer le corps dans l'intérieur
du mausolée, ordonna de le laver, de l'ensevelir et de l'en-
terrer dans le cimetière.
On prétend, d'autre part, que c'est l'imam de Kabara
qui ensevelit le corps du hâkem dans une chemise que
celui-ci lui avait donnée et fit laver 2 et
qu'il au préalable
1. L'expression est obscure; on ne sait s'il faut comprendre « tous les soldats»,
ou seulement « une partie de ces soldats ». Il semble que l'auteur a voulu dire
que tous ceux qui ne furent pas tués furent faits prisonniers.
2. Le linceul doit être fait rigoureusement avec une pièce d'étoffe toute neuve.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 131
ce serait seulementaprès cela que le pacha serait arrivé
et aurait donné l'ordre de porter le corps à Tombouctou.
Cette dernière version est plus exacte que la première (Dieu
très-haut fasse miséricorde au hâkem!).
Le samedi, 15 de ce mois (29 février 1744), nous reçûmes
à Tombouctou la nouvelle que 'Abdallah-ben-'Abdellatîf,
fils du caïd Ali-Et-Tezerkîni et le caïd Mâmi, fils du défunt
Abderrabîm, aussitôt qu'ils avaient appris le meurtre de
Abderrahîm, avaient empêché les voyageurs de se rendre à
Dienné et les avaient retenus par devers eux à Chîbi, ainsi
que leurs barques chargées de sel en disant : « Nous retien-
drons ces gens jusqu'à ce que nous ayons la nouvelle cer-
taine du meurtre de 'Abderrahîm, car si elle est confirmée,
nous nous emparerons d'eux et de leurs biens. » C'était
Bâbâboua'-El-Kheir qui leur avait apporté la nouvelle de
la part du lieutenant-général des Cherâga, alors dans la ville
de Tendirma.
Aussitôt qu'il eut connaissance de cet événement, le pacha
équipa un détachement de onze de ses soldats et manda
au caïd Sa'îd-Et-Tekerzini et au lieutenant-général (AY)
2 de lui
Sanamoghaï fournir chacun un de leurs frères, qui
accompagneraient ce détachement.auprès de 'Abdallah-ben-
'Abdellatîf et du caïd Mâmi-ben-'Abderrahim pour les enga-
ger à laisser passer les voyageurs qui se rendaient à Tom-
bouctou.
Le caïd Sald fournit son frère 'Abdesselâm et le lieu-
tenant-général Sanamoghaï, son frère Mohammed, fils du
A défaut cependant d'étoffe neuve, on peut employer une étoffe lavée, comme
l'aurait fait l'imam suivant la deuxième version donnée du fait. Cette remarque
du lavage de la chemise, chose exceptionnelle, milite en faveur de la deuxième
version rapportée ici.
1. Le nom est sans voyelles dans le ms. On pourrait donc lire : Bâbàbou,
2. Le mot « san » signifiant « maître », il faut peut-être lire en deux mots :
San-Amoghaï. L'orthographe exacte de ce mot est donnée plus loin dans le ms.
Ici il y a Sanmagha.
132 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
lieutenant-général Ousâma. Ils chargèrent leur frère de
dire à 'Abdallah et au caïd Mâmi de laisser partir les voya-
1 et de rendre
geurs libres les communications avec le pacha
sur-le-champ. « Il ne faut pas que l'on puisse dire, ajou-
taient-ils, que c'est nous qui nous avons donné l'ordre de
faire ce que vous avez fait, car nous ne vous avons nulle-
ment intimé d'agir comme vous le faites, actuellement. Tout
ce que vous ferez dorénavant en dégageons nous
notre res-
ponsabilité. » Les deux frères se rendirent à Ghîbi, accom-
plirent leur mission et les voyageurs mis en liberté purent
continuer leur route.
Le mercredi soir, 19 du mois (4 mars 1744), après la
prière de Tacha, mourut Nâna-Mo'ya^Bâbâ-'Ali-Idji. Elle
fut enterrée le lendemain matin en dehors du mausolée de
Seyyidi-Abou-'l-Qâsem (Dieu lui fasse miséricorde !). Elle
était fort âgée; elle mourut à quatre-vingt-quatorze ans.
Le pacha imposa aux négociants une contribution de
4.000 mitsqâl d'or. Il perçut cette somme et la mangea
3 sans
tranquillement faire, à ce moment, la moindre expé-
dition.
Le mercredi, 21 du mois de rebi' II de cette année, c'est-
à-dire de l'année 1157 4
(3 juin 1744), mourut le mo'allim
Boubeker-El-Heddjâmi (Dieului fasse miséricorde !). Il était
âgé de quatre-vingt-cinq ans.
Le samedi, 2 du mois de djomada Ier de cette année
(13 juin 1744), eut lieu le renouvellement d'une expédi-
1. Ceux qu'on avait arrêtés.
2. Ou : Mo'aï. Il faut sans doute ajouter ici : « fille de ».
3. Ces contributions, comme on l'a vu plus haut, étaient levées pour faire des
expéditions et assurer en principe la sécurité des routes. On conçoit donc que
les négociants intéressés à cette sécurité fissent les frais de ces expéditions. On
voit par ce passage que cet argent ne recevait pas toujours sa destination véri-
table.
' 4. Ce mot
signifie « maître » dans le sens de maître-ouvrier, patron et aussi
dans le sens d'instituteur ou de professeur. Il peut également faire partie d'un
nom propre.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 133
tion' des Touareg Tadmekket contre les Foulâni. Oghmor
se trouvait parmi eux.
Le mercredi, 6 du mois indiqué ci-dessus (17 juin 1744),
une querelle s'éleva entre les valets de la division de Fez et
ceux de la division deMerrâkech,les Oulad-'Ali-El-Mobârek ;
c'est à propos du puisage de l'eau au puits des gens de la
grande mosquée que la contestation se produisit. Elle se
termina par une bagarre où l'on échangea des
coups de
part et d'autre et qui faillit amener un conflit armé entre les
maîtres eux-mêmes. Enfin le caïd Bâbâ-Seyyid fit creuser
un puits dans le quartier de Sâryakaïna et mit
ainsi fin aux
conflits qui auraient pu se produire à l'avenir.
Ce caïd était un homme intelligent, avisé et ayant la
conception très prompte; le forage du puits fut commencé le
samedi, 9 du mois précité (20 juin 1744). Le caïd s'en occupa
activement pendant quelques jours ; il y installa un atelier
d'esclaves (A*) hommes et femmes avec un architecte et
enfants 2 de tous les de
convoqua à ce travail les quartiers
la ville, faisant égorger chaquejour une vache pour les ou-
vriers et dressant chaque jour de nombreuses tables ; cela
dura jusqu'au jour de l'achèvement du puits. Malheureuse-
ment l'eau n'en fut pas potable ; elle était amère et saumâtre
et il fallut abandonner ce puits.
Le vendredi, 22 du même mois (3 juillet 1744) de cette
année, c'est-à-dire de l'année 1157, mourut El-Fa-Ahmed,
fils de l'imam cAbderrahman-ben-Ahmed, fils de l'imam Mo-
hammed-Koured ; il mourut dans la ville deNonboV
(Dieu
lui fasse miséricorde !) et il était imam de la mosquée du
Marché. Il eut pour successeur, dans ses fonctions, l'imam
Bàbâ, fils du jurisconsulte Mohammed, fils de l'imam Mo-
1. On pourrait aussi comprendre que les Touareg revinrent à ce moment de
leur seconde expédition contre les Foulâni.
2. Comme aides et manoeuvres.
3. Les voyelles sont dans le ms.
134 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
hammed-Baghyo'o (Dieu fasse qu'il vive longtemps dans ses
fonctions!). Il fut nommé le samedi, 20 du mois de redjeb
l'unique de cette même année (29 août 1744), avec l'au-
torisation 1 du le cacli El-Mokhtàr, fds du cadi
jurisconsulte,
Mohammed.
Le pacha Sa'îd fut déposé le vendredi, 20 du mois de
rebi' lor de l'année 1158 (22 avril 1745). Alors un conflit
éclata ; le feu de la discorde s'alluma ; chacun ceignit ses
armes, l'on en vint aux mains, et un combat acharné s'en-
suivit. Les gens de la division de Fez furent assiégés dans
leur quartier où il devint impossible d'entrer et d'où on ne
put plus sortir. On les priva même de l'eau et on combla
un puits qui se trouvait à proximité d'eux.
La lutte continua dans ces conditions environ quarante
jours. Les gens de la division de Fez supportèrent vaillam-
ment la lutte jusqu'au moment où Dieu y mit fin 2. Le lieu-
tenant-général Boubeker-ben-El-Fa'-Mansour, qui était un
des leurs, n'était pas parmi eux au moment de ce conflit et
n'y prit aucune part. Il était d'accord avec le caïd Sa'îd-Et-
Tezerkîni et de cet accord était née une amitié entre eux.
C'est pour cela qu'il ne s'était rangé dans le conflit ni du
côté du frère de Et-Tezerkîni, le caïd Bâbâ-Seyyid, ni du
côté du pacha Sa'îd qui venait d'être déposé.
Les deux partis s'étant réconciliés et
ayant mis bas les
armes, le pacha leur demanda de le rétablir dans ses fonc-
tions, mais ils refusèrent; la déposition du pacha eut donc
lieu le jour indiqué plus haut. 11 était resté, dit-on, au pa-
chalik un an et six mois.
Sald, fils du caïd Hammedi3-ben-Ali-ben-Mohammed-
ben-cAbdallah-Et-Tezerkîni. — Il succéda au caïd Sa'îd-ben-
1. Ou : avec l'approbation.
2. On ne dit pas exactement dans quelles conditions se fit l'accord qui mit fin
au conflit.
3. Tantôt on l'appelle Hammedi, tantôt Ahmed.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 135
Mansour, lorsque celui-ci fut déposé pour la seconde fois, le
jeudi 17, du mois de rebi'IIde l'année 1155 (21 juin 1742).
Quand il fut élu il était lieutenant-général de la division de
Fez et il choisit, pour le remplacer dans ces fonctions, son
cousin paternel, le lieutenant-général Sanamoghaï, fils du
lieutenant-général Ousàma-ben-'Ali-(Ai) Et-Tezerkîni qui, à
cette époque, était lieutenant-général de la garde et qui,
plus tard, sur une décision du pacha Boubeker, eut
pour
successeur El-Kahiya 1, fils du lieutenant-général Ech-Cheikh-
El-'Amri.
Il n'y eut pas à un moment donné de chef de la division de
Merràkech. Quand le lieutenant-général lAli-ben-El-Djesîm
eut résigné ses fontions pendant l'expédition du pacha Sa'îd-
ben-Mansour, et, en attendant qu'on fût rentré à Tom-
bouctou, ce fut Hadi-ben-El-Berbouch2-El-Kerbâ qui suc-
céda au lieutenant-général 'Ali; il fut nommé lieutenant-
général de la division de Merràkech et reçut l'aubade officielle
sur place sur l'ordre du pacha Sa'îd; mais, arrivé à Tom-
bouctou, il fut destitué et retourna dans sou pays à Kîso.
Ensuite le lieutenant-général 'Ali-ben-El-Djesîm fut de
nouveau nommé et il conserva ce poste jusqu'à sa mort.
Le samedi, 17 du mois de djomada II de cette année,
c'est-à-dire de l'année 1155 (19 août 1742), mourut mon
confrère aimé, mon maître, le jurisconsulte Bâbâ-Saï 3, fils
du jurisconsulte Beker-Saï-ben-Mohammed-Saï, fils du
jurisconsulte, du cadi Mohammed-Djem, cadi du Mâsina
(La miséricorde de Dieu soit avec
lui!). Il mourut dans la
ville de Araouân (Dieu lui fasse miséricorde! Amen!).
Le dimanche, vers midi, le 18 du même mois (20 août),
1. Il se pourrait que ce mot fût le litre et que le véritable nom ait été omis.
Cependant il arrive qu'un nom de titre serve de nom propre, témoin El-Khelifa.
2. Ou : El-Berbouchi.
3. Ou : Sayyo, le ms. donne d'abord cette forme, puis celle de Saï.
136 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
mourut le jurisconsulte, l'imâm Ahmed-ben-'Otsmân-ben-
Ahmed-ben-Mohammed-ben-Mohammed-ben-Tâchefin-El-
Oueddâni (Dieu lui fasse miséricorde! Amen!). Il eut pour
successeur dans
l'imamat, l'imâm 'Abdallah, plus connu
sous le nom de Bâbir, fils du jurisconsulte, du cadi Seyyid-
Ahmed, fils du jurisconsulte, du cadi Ibrahim, fils du juris-
consulte 'Abdallah, fils du très docte, du saint, du bienheu-
reux Seyyidi-Ahmed-Moy'a (Dieu fasse qu'il vive longtemps
dans ces fonctions et lui continue les marques de sa faveur
dnrant tout le temps qu'il vivra! Amen! Que par sa grâce,
sa générosité et sa volonté il lui assure une heureuse fin et
la suprême récompense, après avoir accompli tous ses désirs
et lui avoir fait atteindre tous ses buts! Amen !).
Le vendredi, dernier jour du mois ci-dessus indiqué, au
moment où le soleil allait se coucher, dans la soirée où
apparut la lune de redjeb (31 août 1742) que tout le monde
put voir et alors que les cris de joie et d'allégresse n'avaient
pas encore cessé1,les enfants du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni tuèrent
le caïd Zenka, fils du lieutenant-général 'Abdelkerîm, fils
du caïd Sa'îd-ben-'Omar-El-Fâsi. Un homme de la division
de Fez lui lança son javelot et le tua. Voici les circonstances
de cet événement.
Le caïd El-Mobârek-ben-Solh, fils du caïd Mohammed,
fils du cheikh
'Ali-Ed-Der'i, avait ainsi, que ses soldats pris
les armes à ce moment et, accompagné du caïd Zenka, ci-
dessus nommé, il se rendit à la porte de la maison du caïd
(AO) 'Ali-ben-Rahmoun. Quand il fut arrivé sous la tour de
la casbah, ayant avec lui ses soldats, il tira un coup de fusil
du côté du pacha Sa'îd-Et-Tezerkîni, afin de marquer sa dé-
position, tandis que le caïd Zenka prononçait ces mots : Qu'il
1. On ne dit pas la cause de ces cris d'allégresse. Peut-être est-ce parce que
le mois de redjeb est un des quatre mois sacrés.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 137
n'y soit pas heureux 1! formule qui annonçait la déposition
des pachas.
avait comme condition 2 aux
Le caïd El-Mobârek imposé
soldats, qui le suivaient qu'il aurait sa part dans la distri-
bution qui leur serait faite
lorsqu'on partagerait les impôts 3,
car il était de règle que le soldat ne recevait de part que de
sa division. S'il appartenait à la division de Fez, c'est d'eux
qu'il recevait sa part, de même s'il appartenait à la divi-
sion de Merrâkech. Le caïd El-Mobârek demanda donc une
part nouvelle, que ceux
alors des soldats qui réclamaient
leur simple part ne l'obtenaient qu'avec peine et souvent
après lutte et combat.
Quand on eut tiré les coups de fusil annonçant la dépo-
sition du pacha, celui-ci, qui était dans la casbah, sortit à
la rencontre des révoltés dans le quartier des Oulàd-'Ali-Et-
Tezerkîni et un combat s'engagea entre les deux
troupes.
Le caïd Zenkareçut alors un javelot qui le fit tomber mor-
tellement blessé. Ses gens l'emportèrent dans la maison du
caïd El-Mobârek; il était à la dernière extrémité et mourut
vers la fin de cette nuit même. A ce moment le pacha rentra
dans sa maison 4.
Durant cette nuit mourut
Nâna-Heri, fille du caïd 'Abdal-
lah, fils du caïd Nâsir-El-A'amechi ; elle était la femme du
3
caïd Yousef-ben-'Abdallah et la mère de ses enfants (Dieu
lui fasse miséricorde!).
1. La formule a été mal reproduite dans le texte. Ainsi qu'on l'a vu plus haut
son sens équivaut à : A bas le pacha!
2. Le texte porte tljiàl ainsi que le ms. Mais il est évident qu'il faut lire JsJ&l.
3. Ce passage est assez obscur. Il semble cependant que les produits des
impôts étaient partagés entre les divisions, puis chaque division faisait la ré-
partition entre ses membres. On ne pouvait avoir de part que dans sa propre
division. Le caïd El-Mobârek s'en faisait, comme on voit, attribuer une seconde
par les gens d'une division à laquelle il n'appartenait pas.
4. En ne retournant pas à la casbah il reconnaissait qu'il était déposé.
5. Les enfants nés d'une concubine sont légitimes aux yeux des musulmans.
138 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Telles furent les circonstances de cette lutte entre le caïd
El-Mobârek et les gens de la division de Fez : c'est de cette
manière que ce caïd entraîna des partisans et les soudoya.
Le caïd El-Mobârek avait eu pour complice dans cette af-
faire le caïd Sa'îd-ben-El-Mansour. Il fit ensuite la paix
avec les gens de la division de Fez à laquelle il appartenait,
la caravane de Martounosa 1 vint à Abrâz, le
lorsque camper
samedi dans la nuit du 15 du mois indiqué plus baut (15 sep-
tembre 1742) et alors il reçut la part qui lui revenait.
Le pacha.Sa'îd fut de nouveau élu pacha le mardi, 18 de
ce mois ( 18 septembre), et le lieutenant-général Sanamogbaï 2,
fils du lieutenant-général Ousâma, lieutenant-général de la
division de Fez, se mit en route pour Dirma au commence-
ment du mois de cha'ban de cette année (1er octobre 1742) et,
durant ce même mois, le lieutenant-général 'Âli-ben-El-
Djesîm redevint lieutenant-général de la division de Merrâ-
kech, par décision du pacha Et-Tezerkîni.
Le pacha Sa'id-Et-Tezerkîni imposa ensuite une contribu-
tion de 4.000 3 aux il eut
mitsqâld'or négociants (AI). Quand
perçu cette somme il en distribua une partie aux soldats
et garda le reste pour lui-même. Les soldats trouvèrent
que la part qui leur avait été faite était iusuffisaute, aussi
engagèrent-ils un combat avec le pacha et le déposèrent-ils
ensuite le samedi, 5 du mois vénéré de ramadan (3 no-
vembre 1742). Le pacha était resté au pouvoir cinq mois
et quatre jours.
Le vendredi, dans la nuit du 25 de ce mois, c'est-à-dire
du mois de ramadan (23 novembre 1742), on vit apparaître
Et, comme, d'autre part, le divorce est fréquent chez eux, il n'y a pas de naï-
veté à dire qu'une femme est la mère des enfants de son mari.
1. Ce nom paraît être un nom de tribu. L'orthographe en est donnée par le
ms.
2. Le nom est orthographié tantôt Sanamaghaï, tantôt Sanamoghaï.
3. Le mîtsqal d'or vaut de 10 à 12 francs.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 139
une comète. Sa direction dans l'espace céleste était celle de
l'est à l'ouest et elle projetait une clarté très intense et très
étendue. Elle prit ensuite la forme d'un arc irrégulier f.
Ce phénomène extraordinaire n'avait jamais été vu jus-
qu'alors. Ce fut un de ces rares et étranges événements qui
se produisent parfois au cours des siècles.
A ce moment les portes de la discorde s'ouvrirent de tous
côtés et en tous lieux. J'ai vu cette comète apparaître cette
année-là, qui était l'année 11562 (25 février 1743-15 février
3 antérieur et \efergh
1744) ; elle se leva entre le fergh pos-
térieur, si je ne me trompe. Elle était telle que les livres nous
les décrivent 4. Dieu nous délivre de tout mal en ce moment
et toujours; qu'il nous accorde ses faveurs par les mérites de
notre Prophète Mahomet (Dieu répande sur lui, sur sa famille
et sur ses compagnons ses bénédictions et leur accorde le
salut! Amen!).
L'auteur de ce récit ajoute : Les gens qui étudient les
astres rapportent qu'une comète apparut, lorsque Gain tua
Abel ; au moment du Déluge ; lors de l'allumage du feu
d'Abraham,l'ami de Dieu 3; à l'époque de la destruction des
peuples de 'Ad, Tsemoud et Sâlih 6; au moment de l'appari-
tion deMoïse, de la mort de Pharaon, de l'expédition de
Bedr 7, des meurtres de 'Otsmàn et de 'Ali et de la présence
au califat de Er-Râchid-billah, d'El-Mo'atezz, de El-Mohtadi
et de El-Moqtader.
\. Mot à mot : tordu.
2. L'auteur du récit a donc vu Jui-même cette comète l'année suivante.
3. Il s'agit, je crois, de deux étoiles dans la constellation du Verseau, si on
lit
£^s ; des Gémeaux, si on lit c^s {fer').
4. L'auteur veut dire par là que cette comète eut les conséquences que lui
attribuent les livres d'astrologie.
5. Suivant le Coran, sourate xxi, v. 52-70, Abraham aurait été jeté dans un
bûcher par les infidèles de son temps; mais le feu ne lui aurait causé d'autre
impression que celle d'une fraîcheur agréable.
6. Peuples dont parle le Coran et qui furent anéantis par la colère divine.
7. Un des plus célèbres combats livrés par Mahomet.
140 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
El-Oueddâni dit que les événements [qui accompagnent
l'apparition des comètes sont les tremblements de terre et
les cataclysmes. Ceci
confirmé, est
ajouterai-je, par le hadits
rapporté par El-Hâkem, dans le Mostadrek, hadits authen-
tique et ainsi conçu : « On a vu apparaître une comète et
alors j'ai craint qu'il n'y eût la peste. » C'est également à
cela, si je ne me trompe, qu'a fait allusion Abou-'Abdallah-
Mohammed-El-'lrâqi (Dieu lui fasse miséricorde!) dans son
poème où il dit :
« Or, mes deux amis, écoutez un dire qui n'est pas mensonger; je vais
vous expliquer ce qui est rapporté dans les livres,
« Au sujet des indications vraies, avertissements ou menaces, qu'il y
aura lors de l'apparition de l'astre blanc orné d'une queue (AV).
« Lorsque cet astre apparaîtra dans les régions du ciel, vous verrez
à l'ouest des événements terribles à faire blanchir d'émotion.
« L'affection diminuant, les hommes se diviseront en partis ; il y aura
abondance de morts à ce moment, puis abondance de guerriers. »
J'ai vu ces vers tracés sur une des notes écrites cette an-
née-là par mon maître, le jurisconsulte, le docte, Sa'îd, fils
du jurisconsulte Mohammed-ben-Mohammed-Koured (Dieu
le garde et le protège! Amen!). Dieu fasse que nous res-
tions sains et saufs, nous et les autres musulmans. Amen ! Cet
événement fut le plus extraordinaire de notre époque actuelle
et tout le monde s'en entretint sans savoir à ce moment ce
qu'il en adviendrait et si Dieu nous ferait voir le bien et
nous préserverait de tout mal. Puisse Dieu avoir décidé que
nous serions sains et saufs et que nous échapperions à tout
danger. Amen!
Liste des personnages qui moururent à ce moment ou
vers cette époque :
Le mardi, dernier jour du mois de ramadan de cette
année (28 décembre 1742), mourut 'Aïcha, fille du ju-
risconsulte Mohammed-Baghyo'o, fils du très docte le
jurisconsulte, l'imâm, Abou-Ishaq-Ibrahim-ben-Ahmed-
• BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN lil
ben-Mahmoud-Baghyo'o-El-Ouankori (Dieu lui fasse misé-
ricorde!).
Le vendredi, 27 du mois sacré de dzou '1-hiddja, le der-
nier des mois de l'année 1155 (22 février 1743), mourut
San-EL-Fa'-Ahmed-ben-'Abdallah, fils dujurisconsulteAhmed-
Tàgb, fils du juriconsulte, le très illustre imam Ibrahim-ben-
Ahmed-ben-Mahmoud-Baghyo'o-El-Ouankori; il périt noyé
(Dieu lui fasse miséricorde) de la façon suivante : Il venait de
Dienné et était arrivé dans son voyage à un endroit voisin
d'un autre nommé Minni-Kaïna-Yendi 1, où il passa la nuit. 11
quitta cette localité le lendemain au moment de l'aube et fit
toute diligence pour arriver à Kabara avant le Fara-Koï ; tel
était son désir, si je ne me trompe. Il venait de larguer son
embarcation quand, arrivé à l'endroit bien connu qui se
nomme Minni-Kaïna-Yendi, l'embarcation chavira et en-
traîna sous l'eau tous ceux
qui la montaient, ainsi que les
objets qu'elle portait. Aussitôt les gens de Kabara dépêchè-
rent quelqu'un auprès de son frère aîné, l'imâm Ibrahim, lui
demandant d'accourir ; celui-ci arriva accompagné du caïd
Sa'id-ben-Mansour qui venait à son aide ; mais on ne retrouva
le corps du défunt que deux jours plus tard. Quand on l'eut
retrouvé, on le transporta à Tombouctou où on l'y enterra
près du tombeau de Seyyid-Ahmed-Mo'yâ. Dieu fasse misé-
ricorde au défunt avec qui périrent son fils, sa femme, ses
esclaves et tous ceux qui se trouvaient dans l'embarcation !
Quant à Minni-Kaïna-Yendi, c'est un endroit (A A) que chacuns
sait depuis longtemps être dangereux pour les mariniers et
où il y a eu de fréquents naufrages et pertes d'embarcations.
Le samedi, 5 du mois sacré de moharrem, le premier
mois de l'année H 56 (1er mars 1743), les Touraeg Tade-
mekket, dont le chef à cette époque était Mohammed-El-
Mokhtâr-ben-'Omar, exercèrent leurs brigandages sur la
1. L'orthographe de ces mots est fournie par le ms.
142 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
route qui mène de Kabara à Tombouctou. Ils commirent tous
les excès et causèrent de grands dommages. Ils s'emparèrent
de tous les animaux qui portaient des objets ou marchan-
dises, chameaux, ânes et mulets, buffles et môme, entre
autres, d'un cheval bai pur-sang, appartenant au lieutenant-
Ali-ben-El-Djesîm. Ils tuèrent nombre de personnes
général
et emmenèrent quelques femmes libres, des esclaves hommes
et femmes avec tous leurs effets. Dieu nous préserve d'une
pareille journée !
vint ; il rapporta
ensuite une partie des objets
Oghmor
été pris par ses Touareg et ramena
qui avaient chameaux,
ânes et gens, ainsi que le cheval du lieutenant-général. Tou-
tefois il renvoya le cheval au lieutenant-général avec un
en guise d'indemnité ensuite
petit chameau '; Oghmor perçut
la redevance accoutumée des soldats et partit pour le
; puis il se
dirigea vers l'est, après avoir passé
Maghrib
quelques jours au Maghrib 2.
A ce moment, c'est-à-dire dans le même mois, le lieu-
tenant-général Sanamoghaï 3, lieutenant-général de la divi-
sion de Fez, arriva de la région de Dirma.
Le dimanche, vers une heure de l'après-midi, le 11 du
mois de safar le bon ('6 avril 1743), mourut El-Hâdj-
Mohammed-Er-Resmouki (Dieu lui fasse miséricorde!). Au
mois de rebi' II de la même année (25 mai-23 juin 1743),
les Touareg firent une incursion à Kîso du côté de Benka ;
ils commirent de grands dégâts et emmenèrent en captivité
des hommes et des femmes de condition libre. Ils tuèrent
1. Le paiement de cette indemnité montrait clairement que Oghmor désa-
vouait la conduite des Touareg Tadmekket.
2. On a déjà vu ce mot « Maghrib » qui signifie « ouest » pris comme nom
propre désignant la région située à l'ouest de Tombouctou. On trouvera plus
loin le mol Machriq, « est », employé d'une façon analogue.
3. Ce mot ici est orthographié Sanmaghaï.
._ BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 143
en cet endroit le Bana-Farma-Koï 1, MoVï, fils du Arham-
Farma, Ya'qoub, fils de l'askia Mohammed-Sâdeq, fils de
l'askia Mohammed-Benkan, fils du Balama' Sâdeq, fils de
l'askia Daoud, fils du prince Askia-El-Hâdj-Mohammed-ben-
Abou-Bekr (Dieu lui fasse miséricorde!).
Dans la nuit du samedi, au moment du second acha, le
6 du mois de djomada Ier (23 juin-23 juillet 1743), mourut
El-Fa-'Mohammed, l'émule de l'imam 'Ali, fils de l'imam
Babeker2-El-Kabari (Dieu lui fasse miséricorde ! Amen)
M-
Lettre hâ (h).
Ahmed-ben-Yousef-El-Euldji (cf. Histoire du Sou-
dan, p. 338).
Hàddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi (cf. Histoire du
•
Soudan, p. 341).
Ahmed-ben-\Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni,
connu sous le nom de : le pacha 'Ammi (cf. Histoire du
Soudan, p. 423).
Hamîd-ben-'Abderrahman-El-Hayyouni (cf. His-
toire du Soudan, p. 42o).
Hammedi-ben-Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi
(cf. Histoire du Soudan, p. 442).
Hammou-ben-Abdallah-El-'Euldji. —Il fut élu après la
déposition du pacha El-Hâdj-El-Mokhtâr, au mois sacré de
moharrem, le premier mois de l'année 1070 (18 septembre
1659-6 septembre 1660). Cette même année, dans la pre
mière décade du mois de rebi' Ier de l'année 10703 (16 no-
1. Ces trois mots forment le titre d'un chef de Bena ou Bana.
2. Le ms. porte Babeken; mais il semble que le copiste a mal lu la dernière
lettre. On pourrait aussi supposer que JfZ, est pour -SL.
3. Ce texte porte 1071, après avoir mis plus haut i070. C'est cette dernière
date qui est exacte.
144 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
vembre-16 décembre
1659), il révoqua le lieutenant-géné-
ral Mohammed-ben-'Abdallah-Ech-Chetouki ; cette révocation
donna lieu à un conflit entre lui et la division à laquelle
appartenait Mohammed.
Il y eut batailles et combats. Enfin
Mohammed repoussé s'enfuit au port de Kabara et là s'em-
barqua pour se rendre à un endroit appelé Ourâkous. Il
fut atteint dans cette localité et tué en même temps que le
lieutenant-général Djesîm qui s'y trouvait aussi.
Le lieutenant-général Mohammed était un homme riche,
puissant, d'un esprit supérieur, au jugement ferme et
sachant se faire obéir de tous quels qu'ils fussent. Il était
ieutenant-général de ladivision de Merrâkech; durant ces
fonctions il avait été tyrannique à l'égard de ses subordon-
nés. Que de soldats de sa division il fit arrêter et dont il
confisqua à son
profit la maison et tous les biens. Aussi sa
déposition était-elle résolue par ses soldats depuis le jour
de sa nomination, mais ils ne purent y parvenir qu'en arri-
vant à le faire nommer pacha \
Ils choisirent en effet ce seul moyen (i«) qui leur per-
mît de le faire ensuite déposer. Il lui firent donc ambition-
ner les fonctions de pacha, puis ils les refusèrent 2. Quand il
vit ce qu'ils faisaient, il devint
arrogant, hautain et, à la
suite d'un conflit
avec eux, il leur dit : « Moi, je ne veux
pas être votre, pacha; ce que je veux c'est être sultan,
prince des Croyants, calife des musulmans. » Tous les gens
de sa division lui prêtèrent donc serment de fidélité et le
imam 3
reconnurent pour suprême pendant un mois et demi.
1. Il esl assez curieux de voir que les soldats qui déposaient un pacha avec
tant de facilité ne pouvaient se débarrasser d'un lieutenant-général qui com-
mandait leur division.
2. C'est-à-dire qu'après lui avoir laissé croire qu'on désirait le nommer pacha
on avait refusé de le mettre sur les rangs. C'était un moyen d'exciter son
ambition.
3. Ou : souverain indépendant.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 145
Durant tout ce temps il resta en lutte constante, livrant ba-
tailles matin et soir. C'était un homme ayant fait des
études,
intelligent et ayant appris quelques bribes de science. Telle
était la situation lorsqu'on le chassa et on le tua dans l'en-
droit qui a été indiqué.
J'ai retrouvé que ce fut cette année-là, c'est-à-dire en
l'année 1070 (18 septembre 1659-6 septembre 1660), sous
le pachalik de Hammou-ben-'Abdallah, que l'on cessa défaire
le prône au nom des enfants de Maulay Ahmed-Edz-Dzehebi
dans tout le Tekrour, de Koukiya à Bîna, après que ce
prône eût été fait en leur nom durant soixante et onze ans,
avant l'époque indiquée ci-dessus, dans toutes les chaires des
mosquées du Tekrour.
Ce fut à cause de cette circonstance que le lieutenant-
général Mohammed-Ech-Chetouki, lorsque les soldats lui
avaient refusé les insignes du pacha, voulut obtenir la souve-
raineté suprême, bien au-dessus de celle du pacha et qu'il se
lit déclarer sultan par les habitants de Tombouctou 1. Tous
les habitants de la ville s'accordèrent à lui reconnaître ce
titre et le cadi lui-même, les imams et les négociants lui
prêtèrent serment en cette qualité. Le titre d'imam suprême
lui ayant été ainsi attribué, toutes les troupes à l'exception
de celles de la division de Fez se liguèrent contre lui et
décidèrent de ne plus lui obéir aussitôt après que l'imam de
la grande mosquée aurait fait quelques prônes en son nom
du haut de la chaire. Ainsi fit également l'imam de la cas-
bah qui cessa de faire le prône au nom du sultan Moham-
med-Ech-Chetouki et ne prononça plus son nom. On ne fit
2 en son nom
d'actions de
grâces et de prône que dans la
ville de Tombouctou et à Gondam, non ailleurs.
1. Comme on le voit par ce passage, le Maroc n'avait véritablement conservé
son autorité sur le Soudan que 7i ans, ou 69, en comptant par années solaires.
2. On sait que le prône dit kholba est un des attributs du pouvoir souverain
chez les musulmans.
(biographies des pachas du Soudan.) 10
146 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le nom pachadu Hammou remplaça ensuite le nom de
Mohammed-Ech-Chetouki dans la formule qui était ainsi
conçue: « 0 mon Dieu, accorde à Hammou, notre
seigneur,
ton assistance ; fortifie par lui la religion ; abaisse le front
des hérétiques. Accorde la prospérité au pays et à ses habi-
tants et assure-leur le succès certain, toi qui es la meilleure
des providences ! » Cette formule fut récitée dans tontes
les villes où avait lieu le prône du vendredi 1. On commença
de la dire le vendredi, 3 du moisderedjeb l'unique, le sep-
tième mois de Tannée 1070 (15 mars 1660). Gloire à celui
dont le commencement n'a jamais eu lieu et dont la fin ne
s'accomplira pas non plus!
Le pacha fut ensuite déposé au mois de djomada II
(13 février-13 mars 1660), ou, suivant une autre version
(AN), durant la première décade du mois de rebi° Ier (16-25
novembre 1659). Il était donc resté en fonctions trois
mois d'après la seconde indication, six mois si l'on s'en rap
porte à la première.
Ahmed, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-
Et-Tezerkîni. —Nommé après la déposition du caïd Senîber-
ben-Mesa'oud-Ez-Zaeeri,au mois sacré de moharrem de l'an-
née 1100 (26 octobre 1688-13 octobre 1689), il fit une
2 il razzia
expédition dans la contrée de Korâro ; Sanqara, et
ses soldats firent un grand butin dans cette région. Ils ra-
menèrent autant de boeufs qu'ils voulurent et revinrent sains
et saufs, chargés de dépouilles. A peine Ahmed était-il de
retour de cette expédition que, dans la nuit du 7 du mois de
chaouâl, un des derniers mois de l'année 1101 (14 juillet
1690), il fut déposé après être resté au pouvoir dix mois.
Ahmed fut de nouveau élu pacha après la révocation du
1. Le prône du vendredi n'a lieu que dans les villes où il y a une mosquée
dite djamï.
2. Les voyelles sont données par le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN il?
caïd.'Abdallah, fils du caïd Nâsir-El-A'amechi, le samedi,
% du mois sacré de dzou 'l-qacda de l'année 1107 (3 juin
1696). Il fit en personne une expédition contre Ankabo
pour s'emparer du caïd Ahmed-El-Khalîfa et le tuer. On ne
l'avait élu pacha que pour exercer ces représailles. Quand
il fut installé au pouvoir, il prononça ces paroles: « Je ne
resterai pas sept jours ici ', car je veux partir promptement
en expédition vers la ville de Ankabo, afin de punir les
méfaits de Ahmed-El-Khalîfa. » Cet Ahmed-El-Khalifa atta-
quait les voyageurs sur les routes et il s'adressait spéciale-
à leurs hôtes - et à leurs
ment aux gens de la division de Fez,
familles. En outre, il se répandait en injures contre Ahmed
qui était pacha.
Les soldats demandèrent au pacha de vouloir bien sur-
seoir à ce départ précipité et attendre que l'on eût fait les
prières de la fête des sacrifices. Le pacha acquiesça à
cette requête et, quand les prières de la fête du sacrifice
furent terminées, il seprépara à partir. Il craignait que
x4hmed-El-Khalîfa ne prit 3 la fuite devant lui, en apprenant
4 là-bas 5
sa venue vers lui. On dit aussi qu'il le fit circonvenir
par les tolbas avant de partir.
Le pacha partit ensuite avec toutes ses troupes. Il trouva
Ahmed-El-Khalifa à Ankabo comme il le désirait et lui
1. Ou a vu déjà que te septième jour de son élection le pacha faisait une
chevauchée à travers la ville et renouvelait les fêtes de son avènement.
2. Le négociant qui venait du dehors se plaçait sous la protection d'un per-
sonnage de Tombouctou et devenait son hôte pendant toute la durée de son
séjour. Cette protection élait la source d'un profit plus ou moins considérable,
suivant l'importance du négociant. Certaines tribus se rendaient de préférence
chez les gens de Fez, d'autres chez ceux de Merrâkech ou des Cherâga. Chaque
division avait sa clientèle spéciale.
3. Le texte dit : « ne prît pas ». La négation paraît avoir été ajoutée à tort,
puisque aussitôt après on dit que le pacha trouva Ahmed à Ankabo, comme il
le désirait,
4. Au lieu de «dU»-l,il faut lire . <U* jbul.
5. Probablement pour empêcher Ahmed de quitter Ankabo.
148 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
livra combat, lui et ses hommes ; ceux-ci s'emparèrent de Ah-
med et le lui amenèrent. Il ordonna de le mettre dans un sac '
avec de lourdes pierres et de jeter le tout dans le Fleuve à un
endroit nommé Ydouritib ,\ Puis on amena au pacha deux
hommes de Oukiya qui s'étaient répandus contre lui en injures
que tout le monde avait pu entendre auparavant.
Ces deux hommes étaient : 'Abderrahman-ben-Zobeïr (i r)
et Kelli. Le pacha donna l'ordre de leur fendre la bouche
sur-le-champ. On la leur fendit des lèvres jusqu'aux oreilles.
'Abderrahman mourut au cours de cette mutilation, tandis
que l'autre demeura vivant jusqu'après l'année 1140 (19
août .1127-7 avril 1728).
On raconte que le pacha n'aurait pas voulu faire mourir
le caïd Ahmed-El-Khalîfa, et que ce furent le caïd Senîber-
ben-Mesa'oud, le lieutenant-général Seyyid-El-Hemmaçlâdji
et d'autres qui insistèrent pour qu'on le tuât. Personne n'y
mit autant d'insistance que les deux personnages ci-dessus
nommés, et l'exécution fut si peu du gré du pacha
faite qu'il
pleura au moment où le malheureux fut jeté dans le Fleuve.
Après avoir achevé de faire tout ce qu'il souhaitait, le
pacha revint à ïombouctou. Il y était à peine depuis quel-
ques jours lorsqu'il fut déposé le 14 du mois vénéré de ra-
madan de l'année 1108 (6 avril 1697). Il avait cette fois
exercé ses fonctions un. an moins un mois. Il y fut rappelé
de nouveau après la déposition du caïd Senîber, fils du
pacha Mesacoud-Ez-Za'eriaumois de rebi' II de l'année 1112
(15 septembre-4 octobre 1700). Cette fois il ne fit aucune
expédition; etil fut déposé au mois de chaoual, un des der-
niers mois de cette année mars-9 avril 1701),
(11 après un
pachalik de sept mois.
Ahmed, fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali-ben-
1. Ce mot est traduit par conjecture.
2. Ou : « Ydourtibi ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 119
'Abdallah-El-Telemsâni, plus connu sous le nom du caïd
Ahmed-El-Khalîfa. — Il fut élu la déposition du
pacha, après
caïd au mois
de
Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj-Ech-Chergui,
rebi'IIde l'année 1106 (19 novembre-18 décembre 1694),
dans les conditions suivantes : comme il se trouvait à Oukiya 1
d'où il détroussait les voyageurs, de leurs biens et
s'emparant
leur causant de graves préjudices, les soldats se rendirent
auprès de lui à Oukiya, allant deux par deux, trois trois,
par
quatre par quatre, puis par groupes plus ou moins nom-
breux jusqu'à ce que tout le monde fut réuni dans le bourg
de Oukiya ; il ne manquait que les caïds et les lieutenants-
généraux indifférents ou hautains 2.
Les troupes restèrent des mois dans elles
Oukiya, puis
nommèrent Ahmed pacha. Celui-ci avait, en effet, juré de
prendre les biens de tout le monde, disant que si on ne le
nommait pas pacha à ce moment, la population aurait à
souffrir des dommages plus nombreux et plus graves que
les précédents.
C'est alors que les grands personnages qui ne pouvaient
supporter ces abus décidèrentde les arrêter ; ils envoyèrent
leurs troupes vers le caïd pour lui reprendre les biens consi-
dérables qui étaient tombés entre ses mains, afin qu'il ne s'en
servît pas pour faire plus de mal encore à eux et aux mu-
sulmans 3. On assure qu'il s'était emparé de trente-sept
1. Le ms. écrit parfois Ouakïa.
2. Le sens de la première de ces deux épithètes est donné par conjecture.
3. Si je ne me trompe, les soldats qui s'étaient rendus auprès de Ahmed-EI-
Khalîfa se présentaient comme venant se joindre volontairement à lui. Devenus
ses hommes, ils recevaient une solde et c'est de cette façon qu'ils reprenaient
'es biens volés à leurs concitoyens. Ahmed n'osait pas lancer ces recrues dont
il n'était pas sûr et se trouvait ainsi empêché d'exercer de nouvelles dépréda-
tions contre les gens de Tombouctou. Quant à l'élévation au pachalik, on a vu
déjà que c'était un moyen pour l'armée de se débarrasser d'un personnage
gênant.
Tout ce passage est singulièrement obscur à cause de sa rédaction vraiment
déplorable.
150 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
barques dont dix-sept chargées de sel ("\v) et dix-sept
autres portant des marchandises de Dienné et de l'or en
sac \ Ces sacs contenaient, dit-on, la valeur de 37.000 mitsqâl
en poudre d'or 2.
Quand les troupes furent arrivées, Ahmed-Ël-Khalîfa leur
distribua de l'or et donna à chacun des soldats une part du
butin qu'il avait fait. « L'ordre de Dieu sera dorénavant
votre ordre 3, s'écrièrent les soldats; à dater d'aujourd'hui
vous êtes pacha. » — « Je viens d'entendre, répondit-il, que
j'étais votre pacha; mais où sont donc les attributs et les
insignes du pouvoir souverain? où sont les clarinettes, les
timbales, les violons, les tambours de basque, et les flûtes?
où sont le tambour zeïdâni 4, les tambours de basque as-
kiens 3 et tous les autres instruments de musique qui sont les
attributs du pachalik. »
: « Où donc est le trône 6 de
Et il ajouta encore ûjouder?
où sont les quarante-quatre étendards, le chapelet de corail,
le glaive du pouvoir royal, le sabre du pacha, sabre incrusté
d'or rouge et nommé Kab-Bo'o, la selle royale bénie dite
Ouançlàm7-Kâri avec ses pendeloques et la boule de son
pommeau 8? où sont la bride victorieuse garnie de plaquettes
d'or, la housse brodée, les vingt-quatre coussins royaux avec
leurs tapis? où sont les valets de chambre, les quarante-
quatre gardes avec leur lieutenant-général? où sont les offi-
1. Ou : « bourses ».
2. Environ 400.000 francs.
3. Façon de dire : vous serez dorénavant notre souverain.
i. Ce lambour élait peut-ôlre un présent de Maulay Zidân, l'empereur du
Maroc, ou, encore, un lambour que l'on avait battu en son honneur pour la
première fois.
5. C'est-à-dire les tambours do basque dont les Askia se servaient dans les
aubades officielles.
6. Le texte porte le mot qui signifie d'ordinaire « ventre ». J'ai lu ^J^, bien
que le mot ^5", ici donné, pût à l'a rigueur signifier une sorte de cornemuse.
7. Ce nom est aussi employé comme nom propre de personne.
8. Mot traduit par conjecture.
RTORRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 131
cicrs bachout, odabachis, oldach et hamladji 1, la poignée
de sabre diadémée, les étriers dorés, les parasols 2, le dje-
3 et les Kachena 4? Eavoyez chercher tout cela à Tom-
mal
bouctou et qu'on l'apporte ici! » On fit apporter tous ces
objets et alors on le proclama pacha.
Aussitôt le pacha manda le caïd 'Ali, fils du caïd Moham-
med-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i, et lui confia les fonctions de
lieutenant-général de la division de Fez. Quant au lieu-
tenant-général de la division de Merrâkech, c'était alors le
lieutenant-général Yahya-El-Gharnâti. Le pacha nomma
ensuite le caïd 'Abdallah hâkem.
Le jour où il arriva à Nekbet;i-El-Makhzen-Tendi,les caïds
et les lieutenants-généraux vinrent trouver le pacha et on
tint un conseil en cet endroit. Le pacha entra alors dans le me-
chouar avec les attributs de la souveraineté et du pachalik. tl
resta au pouvoir huit ou neuf jours, puis il fut déposé le se-
cond jour du mois de redjeb l'unique de cette année (16 fé-
vrier 1695). On l'exila à Dienné, mais les habitants de cette
ville ne voulurent pas qu'il séjournât parmi eux : « Nous ne
voulons dirent-ils, avoir avec nous un pacha déposé »
pas,
(M).
On le fit partir pour Kouna où il resta en prison jusqu'au
moment où il exerça ses brigandages et ses attaques contre
les gens de la division de Fez. Il se répandit contre le caïd
Ahmed-ben- 'Ali surtout en invectives et en paroles si gros-
sièresque c'était une honte de les entendre de la bouche d'un
homme comme lui.
Ahmed-El-Khalîfa resta prisonnier dans la ville de Kouna
1. Ce mot paraît signifier les officiers chargés des bagages royaux.
2. Traduit par conjecture.
3. Peut-être faut-il lire djemmdl « chamelier ».
4. Probablement des griots originaires du Kachena.
5. Ce mot signifie « colline » ; il peut donc être distrait du nom.
152 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
jusqu'à l'époque de la déposition du pacha Senîber, fils du
caïd Mohammed-Bouya, qui l'avait exilé. Alors il demeura à
Kouna et s'empara violemment des armes que portaient les
barques qui
passèrent en cet endroit. Enfin, long après un
séjour dans
cette localité, il se rendit à Oukiya, son pays.
Voici maintenant le lieu de parler de Bâbà-Ahmed-ben-Man-
sour-Ech-Chergui, après avoir terminé cet article consacré
au caïd Ahmed-EI-Khalîfa dont j'ai parlé deux fois 1.
Ahmed-ben-Mansour-Ech-Chergui, surnommé Bà-
Almied 2. —Il fut élu après la déposition du caïd Mohammed-
ben-Sacîd-ben-'Omar-El-Fâsi, au mois sacré de moharrem,
le premier mois de Tannée 1115 (17 mai 1703-6 mai 1704).
Il ne resta en fonctions que vingt jours et fut ensuite déposé.
Pendant les quatre mois qui suivirent personne ne fut élevé
au pachalik.
11 y a dans cette partie de mon récit
un point douteux au
sujet de l'intervalle qui s'est écoulé entre l'élection du pacha
Bâ-Ahmed à la date ci-dessus indiquée et la date à laquelle
fut élu ensuite le caïd 'Ali-ben-El-Mobârek-ben-'Ali-ben-
El-Mobârek-Ecl-Der 1, car ces dates sont indiquées comme
ayant eu lieu le même mois au commencement d'une même
année. On a vu plus haut en effet que le caïd Bâ-Ahmed fut
élu au mois sacré du moharrem, le premier mois de l'année
1 1 15, qu'il fut déposé vingt jours après et qu'après cela les
troupes restèrent quatre mois sans élire de pacha et qu'alors
le caïd Ali-hen-Mobûrek fut nommé. Or l'auteur 3 dit
que
'Ali fut élu au mois du moharrem et le premier mois de
1. Cette phrase est fort mal rédigée et très obscure.
2. Ou : Hammedi, le nom étant écrit de ces deux façons.
3. Le mot « auteur » n'est pas exprimé dans le texte qui porte simplement :
« il dit ». On voit que Fauteur cite ici un ouvrage qui n'est sûrement pas le
Tdrîkh-Es-Souddn. Son observation est d'ailleurs fort juste, quoiqu'elle soit
formulée d'une façon un peu amphigourique.
/
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 153
l'année H15. Cela est tout à fait impossible. Dieu sait ce
qu'il en est exactement.
Hammedi, fils du Kabara-Farma 'Abderrahman-ben-
'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i, connu sous le nom Zankd 1. — Il fut
élu après la déposition du caïd Mohammed, fils du caïd Ham-
medi-ben-'Ali, au mois de djomada II (<\») de l'année
1121
Il était Kabara-Farma au mo-
(8 août-6 septembre 1709).
ment de son élection au pachalik et ce fut le seul Kabara-
Farma qui, de ces fonctions, arriva directement à celles de
Aussitôt nommé, Hammedi investit des fonctions de
pacha.
askia l'askia Mohammed-Sadeq après avoir révoqué l'askia
'Abderrahman. Ce dernier, après sa révocation, ne vécut que
quelques jours et il mourut ensuite.. On a prétendu qu'il
aurait bu de l'eau de hils 2 pour s'empoisonner dès qu'il ap-
prit sa révocation.
du 3 et donna
Le pacha reçut un envoyé sultan en son
honneur de grandes fêtes auxquelles il convoqua une foule
considérable. Il fit venir tous les
gens qui étaient dans le
voisinage de notre ville de Tombouctou sur les rives du
Fleuve, tous les habitants des îles dans la direction des
quatre points cardinaux, en sorte qu'une foule de personnes
assistèrent à ces réjouissances; on y vit des Zeghràni, des
Foulâni et des personnes des tribus les plus diverses et des
contrées les plus variées qui étaient soumises à son autorité.
Tous les gens convoqués vinrent à ces fêtesauxquelles le
pacha se rendit à cheval, ayant auprès de lui l'ambassadeur
du sultan. On prétend que ce personnage était simplement
un envoyé d'un des caïds du sultan. On fit le tour de la
ville et on rentra ensuite sans encombres. Puis le pacha ren-
voya le messager au sultan avec des cadeaux.
1. Telles sont les voyelles données par le ms. On pourrait cependant, je
crois, lire aussi Zenka.
2. Le mot est écrit ^U- qui est le nom d'une plante vénéneuse sans doute,
3. L'empereur du Maroc.
151 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1
Ce fut à cette époque que l'on apporta de la terre pour
la mosquée de Sankoré. Puis
le pacha fut déposé le 12 du
mois de sâfar le bon, au début de l'année 1122 (12 avril
1710), après avoir exercé le pouvoir huit mois.
Voici l'indication de quelques-uns des notables person-
nages qui moururent à cette époque : au mois de redjeb
l'unique de l'année 1121 (6 septembre-6 octobre 1709),
mourut le Bana-Farma nommé Ilah-Bana, fils de l'askia
Mohammed, fils de l'askia El-Hâdj, fils de l'askia Benkan 2,
fils du Balama' Sâdeq, fils de l'askia Daoud, fils du prince
Askia-El-Hâdj-Mohammed-ben-Abou-Bekr (Dieu lui fasse
miséricorde !).
Le 27 du même mois (2 octobre 1709) mourut El-Fa-
Yousef, fils de l'imam Bouti (Dieu lui fasse miséricorde!).
Le 9 au soir de ce même mois, mourut le jurisconsulte
Abeker, fils du jurisconsulte, le cadi Mohammed, fils du
jurisconsulte El-Mokhtâr-ben-Mohammed-Zenkan, fils du
jurisconsulte Bokar 3, le panégyriste (Dieu lui fasse miséri-
corde!). Il fut enterré le lendemain près dn tombeau de
ses pères et de ses aïeux. Ce même lendemain, mourut
Seyyid-Mohammed-ben-EL-Ouâfi-ben-Tâlibina, fils du sey-
yid, 1'éminent, le saint, le pieux, Seyyidi-Ahmed-Aghâdo
(Dieu lui fasse miséricorde!). Il fut enterré près du mauso-
lée de Seyyid-Mahmoud.
Au mois de dzou 'i-qa'da, à la fin de l'année 1121
(12 janvier-11 février 1710), mourut le jurisconsulte Ahmed
Mo'yâ, fils («n) du jurisconsulte, le cadi Ibrahim, fils du ju-
risconsulte 'Abdallah, fils du très docte, du saint, du pieux
Seyyidi-Ahmed-Mo'yà (Dieu lui fasse miséricorde !).
1. Il s'agit de l'argile destinée à fabriquer les briques servant à la construc-
tion, la pierre faisant défaut à Tombouctou.
2. Le texte porte Men-Nekan, ce qui est une erreur.
3. La vocalisation du ms. est Bokar.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 155
Au mois brillant de cha'ban de l'année 1122 (25 sep-
tcmbre-24 octobre 1710), mourut le caïd Mobammed-Qan-
bel', cadi de la ville de Tendirma (Dieu lui fasse miséri-
corde!). Il eut pour successeur comme
son fils, le cadi cadi
El-Mokhtâr (Dieu le guide !), dans la seconde décade du mois
de ramadan de cette année (4-13 novembre 1710).
Le dernier mois de cette année (21 janvier-19 février
1711), mourut celui qui fut mon professeur et maître depuis
mon enfance, le jurisconsulte Ahmed-El-Mardjâni l'institu-
teur (Dieu lui fasse miséricorde et lui pardonne ! Amen !).
Au mois de sâfar le bon, au début de l'année 1123
(21 mars-19 avril 1711), mourut l'imam Bouya, filsdu ju-
risconsulte Youscf (Dieu lui fasse miséricorde!), qui était le
fils de Màmi-Ati 2, petit-fils de Tsoum3-'Otsmân. Il eut pour
successeur, comme imam, son fils, l'imam Bâbâ (Dieu pro-
longe son existence!).
Ahmed, fils du caïd Senîber-ben-Mesa'oud-ben-Man-
sour-Ez-Za'eri. — Il fut élu
après la déposition du caïd Sa'îd-
ben-t'Ali-Et-Tezerkîni, le samedi 3 du mois sacré de dzou'l-
qa'da, à la fin de l'année 1148 (16 mars 1736). Aussitôt élu,
il entreprit une expédition contre du côté de
Arham4-Ghayy
Tendi-Four 3. Il razzia les Foulàni, leur tua trois ou quatre
hommes et s'empara de leurs serviteurs, de leurs ânes, de
leurs troupeaux 6, de leurs bagages et de leurs vêtements ;
il revint avec le tout à Tombouctou. Toutefois on ne ramena
aucun boeuf, les Foulâni, dès qu'ils avaient appris la nou-
1. Le mot est sans voyelles dans le ms.
2. Le mot est sans voyelles dans le ms.
3. Nom sans voyelles dans le ms.
4. Ou : Irham. Le mot Arham est un nom de localité, mais j'ignore si Arham-
Gliayy désigne un fonctionnaire ou est un nom géographique.
5. Sans voyelles dans le ms.
6- Pourtant d'après la phrase suivante, on ne se serait emparé d'aucun animal,
les boeufs ayant été dispersés de tous côtés avant l'arrivée des troupes. La con-
tradiction est flagrante.
156 BIOGRAPHIES DES'PACHAS DU SOUDAN
velle de la vomie de l'expédition, ayant dispersé leurs boeufs
de divers côtés avant l'arrivée du pacha. On ne put donc
s'emparer que d'êtres humains, hommes et femmes. On prit
les femmes; on les dépouilla de ce qu'elles avaient et on les
conduisit ensuite chez le Fondoko Yam, fils du Fondoko
Seïri à qui on les remit * et celui-ci les renvoya plus tard
dans leur pays.
Pour faire cette expédition, le pacha avait quitté Tom-
bouctou dans la soirée du lundi, 18 du mois sacré de dzou'l-
hiddja, le dernier mois de l'année indiquée plus haut
(30 avril 1736). Il y rentra le samedi, 23 du même mois
(5 mai), et tous ceux qui avaient pris part à cette campagne
revinrent sains et saufs, chargés de butin. Après avoir fait
la promenade accoutumée avec le pacha fit
réjouissances,
son entrée dans la casbah.
Sous ce pachalik, un conflit éclata entre les Berâbîch.
En voici la cause. Une discussion s'était entre des
produite
jeunes gens des Oulâd-'Amir et de Oulâd-El-Mahfoud. Cette
discussion se termina par la rencontre de trois hommes des
El-Mahfoud qui étaient frères germains et dont le père était
Ahmed-ben-El-Hâdj-El-'Amiri. Ils avaient tous les trois
succombé dans le combat qui s'était engagé (^v), sans
qu'aucune personne appartenant à une autre tribu fût inter-
venue dans ce conflit.
Durant la deuxième décade du mois de moharrem les
2 3 se
Arabes des Oulâd-'Amir rendirent à Tombouctou et
campèrent à Abrâz, le samedi 14 de ce mois, c'est-à-dire
du, m ois sacré de moharrem, le premier mois de l'année
1149 (25 mai 1736). Ils avaient avec eux des fractions de
1. La phrase est mal rédigée ; cependant tel paraît être le sens.
2. Le texte porte ul Jjl qui est une faute.
3. Ici l'orthographe est « 'Atnir »; je l'ai conservée ainsi que celle de
« Mahfouçl », bien que l'autre orthographe soit beaucoup plus fréquente dans le
ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 157
leur tribu, telles que les Ghenâm 1, les Khech et d'autres. Ils
campèrent dans un endroit appelé Akomârpar ordre du pacha
de cette époque Ahmed, fils du caïd Senîber, et y séjour-
nèrent quelques jours. Ensuite le pacha leur enjoignit de
cette localité dans la crainte qu'ils n'y fussent re-
quitter
joints par ceux de leurs contribules qui étaient au conflit
avec eux, de façon à ce que, changeant de route, ils ne pus-
sent se rencontrer les uns les autres.
Mais les Arabes refusèrent d'écouter les conseils qu'on
leur donnaitet persistèrent à demeurer là ; même quand le
leur enjoignit de changer leur route ils refusèrent et
pacha
ne tinrent aucun compte de ses ordres, tant il y avait parmi
eux d'arrogance, de brutalité et d'insubordination. Enfin,
après être restéslà, l'idée leur vint et leurs têtes leurs sug-
gérèrent de partir sans que personne cette fois ne leur eût
rien dit à ce sujet. Ils changèrent donc leur itinéraire et
allèrent camper dans l'est de Abrâz. Alors arrivèrent de
Araouân deux groupes d'Arabes,
ayant avec eux leur lieu-
2 et le
cadi de Araouân, le juris-
tenant-général El-Kahiya
consulte, le cadi El-Ouâfi-ben-Talibina; ils venaient essayer
de rétablir la concorde entre les Arabes par l'entremise du
pacha.
Quand ils furent arrivés et qu'ils eurent commencé leurs
démarches, le pacha leur interdit d'entrer dans la ville et
leur refusa le droit d'acheter des grains en faisant crier par
un crieur dans toute la ville que personne ne devait
public
leur vendre des grains. Cette interdiction la famine
amena
à Araouân 3 nombre de ces deux
et à Tâouodi ; d'habitants
localités moururent de faim. Ils en furent réduits à manger
1. Au lieu de « telles que les Ghenâmi», on pourrait lire : « les Kelghenâmi »
mais cela est bien peu vraisemblable.
2. Il est possible que le copiste ait omis le nom du lieutenant-général et qu'il
faille lire « leur lieutenant-général, le lieutenant-général... ».
3. Ou : Tâouadi » ; mais on pourrait aussi lire Taouodeni.
158 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
de vieilles peaux desséchées qui gisaient depuis longtemps
sur le sol et à se nourrir de vieux os.
Le jour où les Arabes étaient arrivés à Àbrâz, le samedi,
14 du mois sacré de moharrem, le premier mois de l'année
11491 (25 mai 1736), on commença à creuser les fondations
de la grande mosquée du côté de l'ouest, derrière le tom-
beau de Seyyid Abou '1-Qâsem Et-Touâti; ce travail fut com-
mencé au moment de la crue du Fleuve. Ce fut le pacha
Ahmed qui donna l'ordre d'exécuter ces travaux et l'auto-
2 lui en
risation fut donnée parle cadi Baba-El-Mokhtâr.
Le pacha un
zèle pour ces travaux
déployagrand ; il vint
en personne s'installer
sur place avec sa tente; il y séjourna,
y siégea avec ses soldats et y tint ses conseils Il invita
(<u).
les gens de tous les quartiers de la ville à venir l'aider
dans cette entreprise. Tout le monde se rendit à cet appel.
Les habitants y vinrent ainsi que leurs cheikhs avec leurs
flûtes; les femmes s'y rendirent avec leurs tambours de
basque et leurs matrones 3. Ainsi firent tous les
également
panégyristes, les imams des mosquées et les chefs des pané-
gyristes. Seuls, le cadi, l'imam de la mosquée de Seyyid
Yahya et l'imam de El-Djezouli s'abstinrent d'y être présents.
Toutes les
personnes que nous venons d'énumérer assis-
tèrent aux travaux depuis le jour où ils furent commencés
jusqu'au jour où ils furent terminés, c'est-a-dîre le jeudi, 18
du mois de safar de cette année (18 juin Pendant
1736).
tout ce temps les Arabes étaient restés à Abrâz. Puis des
Berâbich vinrent trouver certains soldats et leur demandè-
1. Le texte ms. porte par erreur 1129.
2. Ou : «l'approbation ». La loi musulmane exige certaines conditions pour
l'édification des mosquées. C'était pour assurer que ces conditions avaient été
réalisées que le cadi avait dû intervenir et donner son approbation ou autori-
sation.
3. Les femmes avaient aussi des chefs de leur sexe quand elles exécutaient de
la musique ou. des danses.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 159
rent d'obtenir du pacha qu'il leur accordât la paix moyen-
nant qu'ils lui donnassent quelque argent; le pacha accepta.
Il fut déposé le vendredi, 19 du mois (30 mai), après être
resté au pouvoir trois mois et demi.
Le samedi, 20 de ce mois, c'est-à-dire du mois de safar le
bon de l'année 1149 (31 mai), le cadi El-Ouâfi et Seyyid
'Abd-el-Ouahhâb quittèrent Tombouctou pour aller trouver
l'autre fraction des Arabes, composée des Mahfoud, des
des 'Aïch et des Nehâr 1
'Imràn, qui se trouvait alors dans
le Sahara du côté de Arâouân dans l'Azaouâd. Elle était cam-
pée dans un endroit appelé Sedret 2-el-Idâm, endroit bien connu
sur la route de Aràouân. Les deux négociateurs la rejoigni-
rent dans cette localité et, après avoir passé là la première
nuit de leur arrivée, ils leur demandèrent le lendemain matin
de les suivre jusqu'à Tombouctou, afin d'y faire la paix avec
leurs contribules avec lesquels ils étaient en dissidence. « Nous
sommes venus, dirent-ils, sur cette route traités avec égards
et arrivons pour vous servir de chefs 3. »
Les dissidents consentirent à accepter la proposition qui
leur était faite; ils suivirent les négociateurs jusqu'à Abrâz,
jouissant de la sécurité, de la quiétude et de la sauvegarde
la plus Ils suivirent les deux cheikhs
complète. qui mar-
chaient devant eux et arrivèrent ainsi à Abrâz. Mais, arri-
vés là, ils tournèrent bride et se dirigèrent dans l'ouest du
côté de Kamkam-Y arod 4 et de la Nekba 5 de Omrn-'Aïcha-
1. Tous ces noms sont terminés par i dans le texte : Mahfouçli, 'Imràni, Àïclri
et Nehâri.
2. Il se pourrait qu'il fallût lire ôjJU., nom du jujubier sauvage. Le nom
alors signifierait le « jujubier des os ».
3. Cette phrase est fort obscure. Je ne suis pas sûr d'en avoir donné exactement
le sens. Le ms. porte
fljUOL, qui peut se lire f\J^\ % ou ,.ljU.ïli. C'est celte
dernière leçon que j'ai adoptée.
4. Ce mot n'a qu'une partie de ses voyelles. Plus loin le j final est remplacé
par la voyelle ou, en sorle qu'il se pourrait que ce nom fût Yarro au lieu de
Ya'rod.
5. Le mot Nekba signifie « colline ».
160 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
•S
ou-Idâdji. Toutefois ils ne s'étaient rendus dans ces localités
qu'à cause de leurs adversaires qui étaient à Abrâz; ils
allèrent donc s'installer en ces deux endroits et voulaient y
demeurer jusqu'à ce que la paix fût définitivement conclue
avec leurs adversaires campés en face d'eux à Abrâz. Mais
quand ceux-ci les avaient vu venir avec les deux cheikhs et
aller s'établir dans les endroits ci-dessus indiqués, ils les
fixèrent comme des gens altérés qui aperçoivent de l'eau
(<n) et se précipitèrent sur eux comme des lions sur un trou-
peau de boeufs; la bataille s'engagea dans un jardin qui se
trouvait près de là. Le combat en un clin d'oeil devint terri-
ble etily eut de nombreux morts et de nombreux blessés de
part et d'autre. Abou'1-Kheir-ben-Aboua 1, le meilleur d'entre
eux, fut tué et le nombre des morts s'éleva dans les deux
camps à vingt-six hommes, ce jour-là.
Les Mahfoud et les Tmràn en un instant furent défaits; ils
prirent la fuite devant les cAmri et dirigèrent leur course
droit devant eux vers l'ouest : les uns atteignirent le bourg
de Gondam; les autres entrèrent dans la ville de Tombouc-
tou avec leurs femmes et leurs enfants et se logèrent soit dans
des maisons, soit dans leurs tentes qu'ils dressèrent sur les
places et dans les rues. Un certain nombre d'entre eux étaient
blessés. Ceux qui furent logés dans les maisons étaient partie
dans la maison de Baba-Bouzeïd, partie dans celle du lieute-
nant-général 'Abdallah, fils du caïd Mohammed-Bouya. Il y
en avait également : dans la maison du caïd Ba-Haddou,
chez son fils le lieutenant-général Mohammed, du dans celle
caïd Sa K1, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni, dans celle du conseil-
ler Ahmed-ben-El-Fa'-Mâmi, fils du pacha Yahya, enfin dans
le quartier de Kisimo-Benko 2 chez les
chérifs. Des tentes
étaient dressées sur toutes les places. Puis le reste des
1. Ou : Abou.
2. C'était le quartier habité par les chérifs.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 161
Au milieu des Arabes arrivèrent : Oghmor avec ses Toua-
reg, Mohammed-ben-El-Hose'm et ses partisans,
ainsi que
1 et sa suite
Ibn-Hodeïz qui avaient pris part au combat qui avait
eu lieu entre les Arabes à la bataille du Jardin et qui, malgré
l'aide mutuelle'qu ils s'étaient donnéeles uns aux autres, avaient
été mis en déroute par leurs adversaires qui avaient pillé
leurs biens et pris leurs trésors. Les Touareg et les habi-
tants de Tombouctou acquirent à ce moment de grandes
richesses et l'on ne disait jamais autrement, en parlant de
quelqu'un de cette époque : celui qui a pillé telle chose.
Tel est le récit de ce qui se passa en ce qui concerne les
Berâbich d'une part et les Touareg et les
pillards de Tom-
bouctou, au sujet de cette affaire à la suite de la bataille du
Jardin 2 3.
qui eut lieu dans l'endroit appelé Kamkam-Y'arod
Quant à ce qui se passa plus tard dans l'affaire de Nekbet-
Hàmi, je l'ai raconté précédemment dans cet ouvrage enpar-
lant du second pachalik du caïd S'aîd-ben-'Ali-Et-Tezerkîûi
où vous pouvez vous reporter à la lettre sin (s). Après cette
affaire •
(s •) les soldats marocains se consultèrent entre eux
et examinèrent la situation pour élire un pacha qui délivre-
rait la ville de ces troubles et de ces désastres.
On élit alors le caïd Sa'îd-ben-'Ali-Et-Tezerkîni pacha
pour la seconde fois; il ferma la porte de la sédition; il s'in-
terposa dans les conflits entre les Arabes et les Touareg
et cela à partir du lundi, 22 du mois de safar le bon de cette
année-là (2 juillet 1736).
Remarque.—Hammedi, fils du caïd Senîber, fils du pacha
Mesa'oud, avait été déposé la première fois le vendredi, 18 du
1. C'est l'orthographe indiquée plus loin deux fois, ici il y a Hedîr ou plutôt
Hodeïr; cette dernière forme étant celle d'un diminutif, indiquée par une
voyelle ou placée sur la première lettre du mot dans un autre passage.
2. On a vu plus haut que ce combat avait été livré près d'un jardin, d'où son
nom.
3. Ici et plus loin le ms. donne « Ya'ro ».
(Biographies des pachas du Soudan.) 11
162 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
mois de safar le bon de l'année 1149 (18 juin 1736), après
l'arrivée des deux d'Arabes venus de Arâouan avec
groupes
le lieutenant-général de cette ville, le lieutenant-général cAli,
fils du lieutenant-général 'Abdelkerim et le cadi El-Ouâfi-
ben-Talibina demander à ce qu'il appuyât leur inter-
pour
vention en faveur de
la paix. Quand ces deux négociateurs
étaient arrivés à Tombouctou, le pacha Hammedi leur avait
interdit l'entrée de la ville et, par son ordre, on avait refusé
de leur vendre des grains, ainsi que nous l'avons dit précé-
demment.
Les négociateurs intriguèrent alors auprès de certain sol-
dat marocain, c'est-à-dire auprès de Hammedi-ben-Fac-Man-
sour, pour
qu'on déposât le pacha. Les soldats ayant reçu
à cet effet
de l'argent, le pacha fut déposé. Le lendemain de
cette déposition se produisit l'affaire des Arabes, qui eut lieu
à l'endroit nommé Kamkam-Ya rod, près de la nebka de
Omm-A'ïcha-ou-Idâdji. Les combattants avaient avec eux
Oghmor, Mohammed-ben-Hoseïn et Ibn-Hodeïz qui se prê
taient une assistance mutuelle. La fraction adverse ayant été
défaite, les Touareg et les malandrins de Tombouctou pillè-
rent leurs richesses.
Le samedi soir, 20 du mois précité (31 mai 1736), le len-
demain du
jour de l'affaire des Arabes, les soldats maro-
cains se concertèrent et cherchèrent parmi eux qui pourrait
être élevé au
pouvoir et préserver la ville de Tombouctou.
Ils finirent par s'accorder sur le nom du caïd Sald-ben-
Ali et l'élurent pacha, le troisième jour qui suivit l'affaire
des Arabes, le lundi 22 du mois (2 juin 1736). Le nouveau
pacha mit fin au conflit en s'interposant entre les Arabes et
les Touareg.
A ce moment le conflit changea d'acteurs et se produisit
entre les Touareg et les habitants de Tombouctou. La dis-
corde, la crainte et le manque de sécurité commencèrent à
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 163
dans la ville et le chemin du fut intercepté
port pour
régner
les habitants de Tombouctou qui ne purentplus ni s'y rendre,
ni en revenir, ni voyager la nuit pas plus que le jour. Ogh-
mor, Mohammed-ben-El-Hoseïn et Ibn-Hodeïz étaient retour-
nés dans leur pays, chacun d'eux ayant emporté (\ • \) dans
son campement des richesses considérables provenant du
avaient fait aux dépens des Arabes le jour in-
pillage qu'ils
diqué plus haut.
Le pacha Sald, qui était alors au pouvoir à Tombouctou,
avait avec lui un groupe d'Arabes et quelques Touareg ins-
tallés dans la ville dans un autre quartier; il profita un
puis il fut déposé. Dès lors il y eut danger
peu de cet appui,
et manque de sécurité, à cause des hostilités qui se produi-
sirent entre les habitants de Tombouctou et les Touareg,
mais c'était surtout entre Kabara et la ville de Tombouctou
le péril était grand et que les relations étaient inter-
que
rompues. Les soldats marocains se consultèrent sur la situa-
tion qui résultait pour eux de l'impossibilité des communi-
cations avec le port.
On était alors, à la fin du mois de djomada II de cette
année, si je ne trompe (6 novembre 1736) ou
dans la pre-
mière décade du mois de redjeb l'unique (7 à 16 novembre).
Les soldats marocains se consultèrent donc sur les dangers
que présentait la route de Kabara, dangers qui étaient tels
que les âniers n'allaient plus au port chaque jour comme
autrefois * et
qu'ils ne pouvaient s'y rendre qu'à la condition
de se grouper tous ensemble, en prenant les plus grandes
précautions tant à l'aller qu'au retour et en se fiant à la
grâce de Dieu.
Les soldats marocains prirent alors entre eux la résolu-
tion d'accompagner les âniers chaque jour, ce qu'ils firent
1. On sait que tout l'approvisionnement de Tombouctou se fait par le port
de Kabara.
164 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
aussitôt, car dès
première la décade du mois de redjeb
l'unique (7-16 novembre 1736) ils escortèrent tous les
âniers réunis. L'escorte comprenait à la fois la division de
Fez et celle de Merrâkech. Plus tard ils établirent un rou-
lement entre les deux divisions, chacune d'elles faisant l'es-
corte cbaque jour à tour de rôle. Toute la division prenait
part à ce service
d'escorte, l'une après l'autre. Ce furent
les soldats de la division de Fez qui formèrent la première
escorte, puis ce fut le tour de ceux de Merrâkech, puis de
Fez, puis de Merrâkech, etc. Ainsi fit-on chaque jour et l'on
n'admit pas qu'aucun soldat d'une division manquât à ce
service en restant à Tombouctou. Enfin, tous les jours, les
âniers furent escortés quand ils se rendaient à Kabara
jusqu'au moment où ils en étaient de retour.
Nous avons dit plus haut que ces escortes commencèrent
durant la première décade du mois de safar le bon de cette
année, c'est-à-dire de l'année 1149 (7-16 novembre 1736);
il dura jusqu'à la première décade du mois vénéré de ra-
madan de la même année (3-12 janvier 1737). A ce mo-
ment on se relâcha de cette ponctualité 1; on ne fut plus
aussi régulier et les soldats n'accompagnèrent plus qu'un
jour sur deux, marchant un jour et se reposant le lendemain.
Ce nouveau système dura jusqu'à la fin du mois de ramadan
(1er février), la nouvelle lune du mois de la rupture du jeûne
ayant eu lieu le vendredi soir. Alors les soldats ne se déran-
gèrent plus et ne donnèrent plus d'escorte régulière comme
ils l'avaient fait tout d'abord. Ils ne s'inquiétèrent plus de
la chose et la négligèrent, tantôt formant escorte, tantôt
restant chez eux.
Le dimanche, deuxième jour de la rupture du jeûne (3 fé-
vrier 1737), les âniers (\«r) étaient partis ce jour-là sans
1. La rigueur du jeûne musulman explique sans peine ce relâchement du zèle
des soldats.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 165
être escortés par les soldats lorsque, tout à coup, on vit ar-
river des
gens appelant au secours sur la route de Kabara et
disant que les Touareg attaquaient les âniers qui rentraient
à Tombouctou. Suivant une autre information, ils auraient
seulement entendu annoncer que les Touareg allaient venir
et, pris de peur, ils auraient envoyé demander du secours à
Tombouctou au moment de la méridienne.
Aussitôt les soldats
se portèrent en toute hâte sur la route
de Kabara, isolément, deux par deux, trois par trois, sans
s'attendre les uns les autres et, arrivés à la forêt, ils s'étaient
rejoints les uns les autres et étaient au complet. Mais ils ne
virent pas le moindre Touareg dans le Sahara et alors ils
prirent la
route de Kabara pour aller au-devant des âniers
qui venaient de ce port. Le conseiller Baba-Seyyid, fils du
Kabara-Farma 'Abdallah, Mohammed, fils du caïd Nâsir,
fils du caïd
'Abdallah-ben-Nâsir, 'Ali-Châmi, fils de El-Ka-
hiya, fils du chaouch Bâch^'Ali et Bokar le Docaï2-Farma, se
rendirent tous les quatre, eux aussi, sur la route de Kabara
pour y rejoindre leurs compagnons qui étaient partis avant
eux.
Quant aux Touareg, ils avaient pris la fuite devant les
soldats lorsque ceux-ci étaient venus; ils s'étaient dispersés
dans la forêt et en arrière de celle-ci.
quand Mais ils virent
arriver à leur poursuite les quatre personnages dont il vient
d'être parlé, ils sortirent de la forêt, se précipitèrent sur ces
cavaliers, les dispersèrent de tous côtés 3 et, les ayant ainsi
séparés, ils fondirent sur le conseiller et Mohamraed-ben-
1. 11se peut que le mot Bach ait été déplacé et qu'il faille lire : le « bâch-
chaouch « ou le chaouch en chef. Cela parait assez probable.
2. Do'aï est une localité voisine de Kabara. Le texte porle ^j « Deghi »
qui paraît être une mauvaise leçon.
3. Bien que le contexte ne parle que de quatre personnages, il est vraisem-
blable que ceux-ci avaient avec eux une escorte, car on nomme plus loin
parmi les personnes tuées Mohammed-ben-Bobba qui n'était pas un de ces per-
sonnages.
166 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Nâsir qui fuyaient devant eux et après les avoir poursuivis
ils réussirent à les atteindre, les tuèrent tous deux et les dé-
pouillèrent. Les autres personnages, 'Ali-Châmi et Bokar le
Do'aï-Farma, qui avaient également pris la fuite devant eux,
arrivèrent à Tombouctou tremblant de frayeur. Ils racon-
tèrent ce qui venait de se passer, mais ils ne savaient pas
que leurs deux compagnons avaient été tués. Alors hommes
et femmes, tout le monde sortit pour avoir des nouvelles de
ce qui s'était passé sur la route.
De leur côté, les soldats, qui se rendaient au port, ayant
appris la nouvelle de cet événement, quittèrent Kabara, se
rendant dans le Sahara pour chercher l'endroit où ces deux
personnages avaient succombé ; ils les trouvèrent sur
gisants
le sol et immobiles. Toutefois ils n'étaient pas à un même
endroit; ils étaient éloignés l'un de l'autre. On trouva (> •*)
le conseiller tout à fait mort ; il n'avait plus sur lui que son
pantalon qu'on lui avait laissé. Il était tout couvert du sang
qui dégouttait de ses blessures.
Les soldats de la division du conseiller chargèrent son
corps sur un cheval, ainsi que celui de son compagnon
Mohammed-ben-Bobba. Les deux corps furent disposés sur
la selle
et attachés ensemble. On jeta sur eux un manteau
de drap ' ; tout le corps était recouvert par. le vêtement, la
tête seule émergeait au dehors. On arriva ainsi au tombeau
de Seyyid El-Ouàfi. Là on descendit le corps du conseiller
que l'on détacha de la selle et on l'ensevelit en cet endroit,
après l'avoir lavé et avoir dit les prières funéraires.
Quant à Mohammed-ben-Nâsir que l'on avait retrouvé
encore vivant, on le transporta à Tombouctou où il rendit
le dernier soupir, le soir même, au moment de l'acha. Il fut
enterré près du tombeau de Seyyidi-Ahmed-Mo'yâ (Dieu leur
1. Il faut sans doute lire jUé au lieu de ,jUJ qu'a lu le copiste. Ce mot, re-
produit plus loin, signifie une sorte de manteau grossier.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 167
fasse miséricorde!). Suivant une autre indication 1, les funé-
railles de Mohammed, fils du caïd Nâsir, eurent lieu après
le coucher du soleil et il aurait été enterré la nuit même,
qui était la nuit du dimanche, 2 du mois de chaouâl de l'an-
née 1149 (3 février 1737).
Cet événement produisit une grande consternation et un
profond étonnement dans la ville deTombouctou. Les soldats
marocains étaient remplis de colère et leur fureur était extrê-
mement vive. L'exaspération et la douleur étaient arrivées à
leur comble. Les coeurs étaient si douloureusement affectés
que l'on resta cinq jours comme ivres, sans que l'ivresse
véritable y fût pour rien. Tous avaient la tête cernée et l'es-
prit engourdi, ne sachant que faire en cette circonstance.
Enfin on se réunit, on examina la situation, on prit des réso-
lutions et on convint d'un accord unanime de chercher quel-
qu'un qui pût être élevé aux fonctions de pacha à cette heure.
Après discussion on décida de confier à Ahmed,
le pouvoir
fils du caïd Senîber-ben-Mesacoud, après acceptation et avis
de ceux qui n'étaient point présents à la réunion, et après
avoir juré au nouveau pacha de ne point contrevenir à au-
cun des projets qu'il entreprendrait.
Sur l'avis unanime des soldats marocains Ahmed fut élu
après qu'on eût déposé le caïd Sa'id-ben-cAli-Et-Tezerkîni,
le samedi, 8 du mois de chaouâl de l'année 1149 (9 février
1737). Telle fut la résolution prise et accomplie par Dieu
dont les décisions ne sauraient être repoussées et dont le
pouvoir ne saurait être contesté.
Aussitôt élu, Ahmed forma un détachement de trente
soldats qu'il plaça sous les ordres du lieutenant-général El-
Hasen, fils du caïd Hoseïn, et les envoya à Kagho. El-Hasen
devait être le caïd de Kàgho et rester avec ses hommes dans
1. L'auteur veut parler ici d'une information orale.
168 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
en attendant le pacha vînt en
cette ville pour la garder, que
à la tête de son armée.
personne
Le pacha forma ensuite un second détachement à la tète
il plaça le lieutenant-général El-Fa'-Ibrahim, fils du
duquel
caïd Hammedi-Et-Tezerkîni et l'expédia dans la ville de
Benba, en lui enjoignant de tenir garnison en cet endroit
viendrait •
jusqu'au moment où l'armée y (> t). Il ordonna
à ces soldats de chasser complètement les Touareg des
bords du Fleuve et de les refouler dans la contrée de
Adàgha 1. Telles furent les dispositions prises par le pacha
Ahmed.
Ensuite il convoqua les négociants et leur imposa une con-
tribution de 2.000 mitsqâl d'or; il perçut cette somme, la
distribua à titre d'appointements à ses soldats et invita ceux-
ci, qui étaient dansles bourgs de Kîso 2, à venir à Tombouctou
recevoir cet argent. Puis il fit sortir ses tentes vers la porte
de Kabara, dans la soirée du vendredi, 2 du mois sacré de
moharrem, le premier mois de l'année 1150 (2 mai 1737).
Il fit ensuite la tournée dans la ville et les réjouissances
accoutumées ce même soir. Cette tournée avait été instituée
: chaque fois faisait sortir
par les premiers pachas qu'on
leurs tentes pour une expédition et qu'on les avait portées à
la porte de la casbah du côté de la porte du Fleuve, on fai-
sait tout le tour de la ville en partant de l'est pour revenir
à l'ouest; toutefois le pacha Ahmed fit cette tournée seule-
ment dans la soirée et non le matin, comme c'était l'usage
chez tous ses prédécesseurs qui ne sortaient jamais pour
cette tournée qu'au moment du doha 3. Cette innovation
provoqua des commentaires par la ville ; on augura mal de
1. Le ms. ne fixe pas la première voyelle de ce nom.
2. Une partie des troupes se trouvait dans les bourgs de Kîso. Le désir de
toucher leur solde engagea ces soldats à venir à Tombouctou et à marcher avec
le pacha.
3. Moment intermédiaire entre le lever du soleil et midi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 169
cette sortie faite le soir. En effet, par l'ordre de Dieu et con-
formément au destin inéluctable, il advint que toutes les per-
sonnes du sur un même champ de bataille.
cortège périrent
Aussitôt les soldats se mirent à chercher par des opéra-
tions cabalistiques, lectures, jets, divinations 1, quel serait
leur et l'on assure qu'ils découvrirent des indices an-
sort,
mourraient tous dans cette expédition et y
nonçant qu'ils
Aussi partirent-ils hésitants et inquiets, partagés
périraient.
entre la crainte et l'espérance. On assure même que tous
les chefs sans exception avaient la certitude absolue qu'ils ne
reviendraient dans leurs maisons. Mais Dieu seul sait
jamais
l'avenir et le présent, car il est le savant, le bien informé.
Cela fait, on commença les
préparatifs et l'organisation
du départ; on s'occupa activement de s'assurer des vivres
dans la ville et de préparer tout pour la route durant neuf
2 la sortie des tentes. Pendant ce temps on alla
jours après
chaque jour escorter les âniers qui se rendaient à Kabara
et cela dura ce que la colonne se mît en route. On
jusqu'à
n'avait plus cette résolution, ce courage, cette confiance,
cette entente et cette fidélité au serment prêté qu'on avait
tout d'abord; c'est que Dieu avait décidé et prédestiné la
perte de toute l'armée.
Le pacha partit avec ses troupes le lundi, 12 du mois,
c'est-à-dire du mois de moharrem, le premier mois de l'an-
•
née 1150 (12 mai 1737); on se rendit (\ •) au port de Do'aï
et l'on campa en cet endroit où l'on dressa les tentes. Toutes
les troupes sans exception s'étaient rendues à l'appel du
pacha et se trouvaient réunies autour de lui, chefs et sol-
1. Les trois moyens de connaître l'avenir qu'indique ici l'auteur sont : la
lecture du premier mot d'une page qu'on prend au hasard ; le jet des fèves,
dés ou osselets ; le présage tiré d'un Tait quelconque.
2. Le texte n'est pas plus explicite ici que la traduction. Mais n'après ce qui
suit il s'agissait non pas de faire neuf jours de vivres, mais de passer neuf jours
à faire des approvisionnements.
170 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
dats. Tous les gens des bourgs de Kîso et de Benka, ainsi
que les soldats de Bara, étaient venus se placer sous ses or-
dres. Le lieutenant-général Mohammed, fils du caïd Ahmed-
El-Khalifa, que le pacha avait mandé, arriva également le
rejoindre au port de Do'aï où il était encore à ce moment.
Le pacha lui confia alors les fonctions de lieutenant-général
de la division des Cherâga et l'emmena avec lui. Il avait
donné à son frère le caïd Sa'îd le gouvernement de Kabara
et l'avait institué alors le chef de cette ville. Il l'y laissa
quand il y passa avec son armée.
Arrivée au port, l'armée fut rejointe par tous les soldats
qui avaient été appelés par le pacha; soldats de Kîso, de
Benka et de Bara tous étaient venus, amenant avec eux des
tribus diverses et des gens de différentes villes du Soudan,
de Bara et de Kîso et aussi tous les esclaves 1 du caïd
legha
Mansour. Personne n'était resté en arrière; toutes les tribus
arabes riveraines du Fleuve, les Oulâd-Chebel et tous les
Foulâni étaient présents, en sorte que l'armée formait une
masse considérable.
On resta jours onze
à Do aï et pendant ce temps-là les
gens de Kabara arrivaient chaque jour voir l'armée appor-
tant des vivres 2 aux soldats ; de même tous ceux qui avaient
affaire au camp venaient de Kabara. A dater de ce moment
les Touareg coupèrent les communications avec Tombouctou
et l'on neput aller dans cette ville ni en revenir. Bâdiko 3, le
fils du Fondoko Sini, fut tué entre Kabara et le port de DoVï ;
l'endroit où il fut tué était voisin de Kabara. Les Touareg
tuèrent 4 entre Kabara et Tombouc-
également Babîr-Fatâdj
1. Le ms. porte i,UJ « loghât, » ; mais il y a là une erreur du copiste qui aura
mis un J» à la place d'un il>.
2. Au lieu de .. ,*„ii. que porte le ms., je lis : ,*-'
3. Ou : Bâdikko.
4. Ou : Fatradj.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 171
tou. Babîr était parti de Tombouctou pour se rendre à l'ar-
mée, porteur d'un message que lui avaient confié les négo-
ciants et pour le port duquel ils lui avaient donné un sa-
laire. A peine était-il sorti de la ville qu'il rencontra en
chemin les Touareg qui le tuèrent, et cependant l'armée à
ce moment était encore au port de DoVi.
Dans la soirée du mercredi, 21 du mois indiqué ci-dessus
(21 mai 1757), l'armée se rendit à Menna-Kaïna-Yindi où
elle passa la nuit. Alors le pacha voulut faire traverser à
gué l'armée jusqu'à Toghayya, c'est-à-dire passer le lac 1 qui
s'étend de cet endroit à la ville de Toghayya. On l'engagea à
n'en rien faire et on lui donna à ce sujet les plus sages con-
seils, mais il ne voulut rien écouter, parce que la destinée
prévue par Dieu était sur le point de s'accomplir. Quand
Dieu veut qu'une chose soit, elle est comme il le veut, car il
est puissant en toute chose.
« Quand une armée se trouve en face de
l'ennemi, ajou-
tèrent ces conseillers, elle ne doit pas à ce moment traverser
un gué et s'embourber pour se diriger ensuite du côté de
l'ennemi dans la direction de l'ouest. Nous avons entendu
dire que cela n'était pas bon, ni de favorable augure. Ce qui
est de bon augure, c'est, quand on se trouve en présence de
2 • la
l'ennemi, de lui faire face en venant de l'est (\ n), quand
chose est possible. Voilà pourquoi nous vous donnons cet
avis. S'il n'est pas possible que nous attaquions en venant de
l'est, ne nous faites
point du tout traverser ce lac. Ce que
nous disons est à titre de bon conseil; si vous nous écoutez
tout ira bien; sinon il arrivera ce que Dieu voudra. »
Le pacha persista dans ses projets; il ne tint aucun
compte de ces paroles et ce fut comme si on ne lui avait
1. Ou : « marigot. »
2. La précaution s'explique quand le combat a lieu dans la matinée afin de
n'avoir pas le soleil dans les yeux.
172 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
rien dit. C'était, d'ailleurs, un homme qui n'acceptait aucun
conseil quand il s'agissait des choses de la guerre; il était
beau de visage et portait toute sa barb enoire 1. Brave et vail-
lant à l'excès, il n'était pas intelligent et ne comprenait rien
aux questions de tactique et de guerre. Quand il engageait le
combat, il ne réfléchissait pas et ne voulait rien entendre, en
sorte qu'il finissait par exposer tout le monde, lui comme
les autres, au danger, sauf à y succomber ou à s'en tirer.
Après les représentations qui lui avaient été faites, le pa-
cha se remit en marche par terre avec ses troupes et se
rendit à Toghayya où il campa ; puis il fit dresser ses tentes
dans un endroit où d'ordinaire les pachas ne campaient point.
Alors on lui fit de nouvelles observations au sujet de l'em-
placement qu'il avait choisi pour y camper. « Nous avons,
lui dit-on, entendu dire par nos vieillards les plus âgés que
toute troupe qui a campé là où vous avez campé n'a pas
manqué d'être vaincue par l'ennemi. » Bien qu'on insistât
sur ce point, il fit la sourde oreille et ne bougea pas, ne
voulant rien entendre. On resta donc là jusqu'au moment où
on fut attaqué par les Touareg. (Dieu nous préserve!)
Quand Oghmor avait appris que le pacha Ahmed s'était
mis en mouvement avec
armée, son
il avait réuni les Toua-
reg Tadmekket, Ketouân, les Touareg Haouaïlakanaï 2,
Ghâli-Mousa et autres Touareg placés sous son autorité et
sous son pouvoir à ce moment. De même que le pacha Ah-
med avait rassemblé toutes ses forces, de même Oghmor
avait réuni tous les siens et toutes ses tribus, augmentant son
effectif autant qu'il le pouvait.
Lorsque l'armée fut campée à Toghayya, Oghmor se mit
en mouvement avec ses troupes; il partit avec tous ses
1. L'épithète peut ne pas se rapporter à la barbe; elle pourrait être attribuée
au teint ou aux yeux, mais rien ne l'indique.
2, Les voyelles sont ainsi indiquées par le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 173
gens, sa famille et ses partisans, emmenant tous leurs trou-
peaux. Personne de la tribu, hommes ou femmes, ne demeura
en arrière et ne se dispensa de partir. Cette troupe se diri-
gea d'abord du côté de Benba et alla camper au bourg de
Bouki.
Là, elle fut rejointe par A.bdelmoumenin1-ben-Seyyid-
Mohammed-El-Mostefa, le petit-fils de Seyyid Ahmed-ben-
Qâd-El-Kounti. Un jour, celui-ci vint de Tombouctou et alla
vers Oghmor, quand il apprit qu'il était en cet endroit; puis,
le lendemain, il revint. Comme on lui demandait alors le
nombre d'hommes qu'il avait vus avec Oghmor, il répon-
dit : « Par Dieu! Ce que j'ai vu est comme une bande de
sauterelles et le nombre de ces hommes est encore plus con-
sidérable. Il est impossible de l'estimer ou de l'évaluer et
Dieu seul en pourrait faire le dénombrement. Ils sont en
marche et vont arriver. »
Les
Touareg arrivèrent à Tombouctou au moment de
l'aube 2, le dimanche, 18dumoisdemoharrem(18 mai
1737);
à ce moment toute la population de la ville se trouvait hors
des maisons, sur les places publiques (>*v). Ils passèrent
tous à l'est de Tombouctou, se dirigeant vers Abràz et pour-
suivirent leur route à l'ouest avec leurs chevaux, leurs
hommes, leurs esclaves hommes, leurs femmes, leurs trou-
peaux et leurs esclaves femmes. On eût dit qu'ils n'avaient
rien laissé derrière eux.
Leur défilé dura sans interruption; rien n'arrêta leur
marche et ils
passèrent comme une nuée de sauterelles
depuis ce moment jusqu'après la prière de l'après-midi.
Alors toute la lie de la population sortit pour suivre leurs
traces; elle marchait derrière eux, s'emparant de tous les
1. C'est sans doute 'Abdelmoumen qu'il faut lire.
2. Le mot arabe traduit par « aube » désigne exactement le troisième tiers de
la nuit.
174 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
animaux incapables de continuer leur marche, boeufs, mou-
tons et ânes et allant de l'est à l'ouest. Elle trouva même
une femme et s'en empara. Cette femme mourait de soif et
cherchait de l'eau. On la conduisit à la maison du pacha
Ahmed ; on l'y fit entrer, puis on ne s'occupa plus d'elle
jusqu'au moment où parvint la nouvelle du désastre des
troupes marocaines. Alors, cette nuit même, on la fit sortir
de la maison et on la tua sur place.
Les Touareg abandonnèrent derrière eux tout ce qui fut
incapable de poursuivre sa route, boeufs, moutons et ânes.
Comme ils souffraient vivement de la soif, on éprouva de
grandes craintes à Tombouctou pendant la nuit durant la-
quelle eut lieu leur passage. Dans la matinée, les négociants
en armes, suivis de leurs esclaves et d'une partie de la po-
pulation de Tombouctou, sortirent à la découverte des Toua-
reg jusqu'à Abrâz. Ils avaient choisi [quelques-uns d'entre
eux comme éclaireurs, mais ceux-ci n'aperçurent pas les
Touareg avant d'arriver à la colline de Addi-'Ali-Idji ; ils les
virent alors, mais ne s'en approchèrent pas.
Les Touareg voulaient combattre les négociants et faire
obstacle à leur marche. Oghmorles en empêcha et les en dis-
suada '. Alors
pendant que nous étions assis au pied du mur 2
des fils de l'imam Sa'd, un des nôtres, nommé Seyyid 'Abdal-
lah-El-Kounti, un des petits-fils de Seyyid Ahmed-ben-Qâd,
se leva et se rendit auprès du chef des Touareg, Oghmor, à
Abrâz, et lui demanda
quelles étaient ses intentions, quelle
expédition il voulait faire et contre qui ; Oghmor lui raconta
ce qu'il voulait faire. Revenu promptement vers nous, notre
émissaire nous raconta ainsi ce que lui avait dit Oghmor.
« Il a fait annoncer à tous ses hommes qu'aucun d'eux ne
1. Mot à mot : « leur en intima l'ordre », si la lecture conjecturale du ms.
est exacte, car il manque ici un mot dans le ms.
2. Ou : « enclos ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 175
devait faire le moindre mal aux habitants de Tombouctou.
Me voyez-vous pas, en effet, qu'il les a empêchés devenir à
Tombouctou et de molester ses habitants. Oghmor m'a dit
encore : Je connais tous ceux qui sont restés à Tombouctou
et ceux qui en sont sortis. Il n'y reste plus en
aujourd'hui
ce moment que les jurisconsultes, les
taleb, les négociants,
les pauvres, les malheureux et les femmes ; je sais très bien
qu'il n'en est sorti que des guerriersi comme nous qui vont
• offrir le combat sur terre et lorsque je serai ar-
(\ A) nous
rivé en présence de ces 2 combattants nous aurons un enga-
gement avec eux. Je n'ai
pas à m'inquiéter des habitants
de Tombouctou, ni de ce que contient cette ville en ce moment;
je n'ai affaire maintenant qu'aux brigands et aux guerriers
qui l'habitent. »
Cela dit, Oghmor poursuivit son chemin sans avoir mo-
lesté aucun des habitants de Tombouctou. Il agit de même
après le combat dans
lequel il culbuta ses adversaires et les
gens de Tombouctou en furent quittes pour la peTH 1.
Les Touareg se portèrent du côté 3 de leurs adversaires, à
environ un mille du côté du Haoussa, en tirant un peu vers
les maisons d'El-Kherafa qui sont dans la ville de Toghayya.
Ils campèrent en cet endroit, formant une armée considé-
rable dont Dieu seul sait quel était le nombre de soldats. Ils
prirent l'offensive contre les soldats marocains dans la soirée
du jeudi. Dans le combat qui eut lieu ce soir-là, ils tuèrent
à l'ennemi onze hommes, ce qui amena le découragement
dans l'armée marocaine. On passa cette nuit-là en présence
de l'ennemi, c'est-à-dire la nuit du jeudi, 22 du mois indi-
qué plus haut (22 mai 1737).
Le lendemain matin, les Touareg se levèrent avant le
1. Mot à mot : hommes.
2. Au lieu de OJJ^IJ lil que porte le ms. je lis : OJJ^ lil.
3. Il manque un verbe dans la phrase arabe; je l'ai ajouté par conjecture.
176 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
jour, prirent les armes de très bonne heure et, aussitôt ar-
més, ils se rangèrent en ordre pour livrer bataille. Ils
commencèrent par lancer contre l'ennemi une partie de
leur cavalerie qui fit une charge. Alors l'armée marocaine
prit les armes et se rangea en ordre de bataille ; le pacha
Ahmed monta à cheval pour prendre part à l'action. Les
hommes armés de fusils se mirent en bataille, tandis que
d'autres qui n'avaient que des javelots ou des flèches s'ar-
maient à leur tour et que les cavaliers enfourchaient leurs
chevaux.
L'armée marocaine s'était partagée en deux ailes, l'une
à droite, l'autre à gauche. L'aile droite était composée de la
division de Fez et avait pris place à la droite du pacha, ayant
à sa tête le
lieutenant-général Mohammed-El-Morâd-ben-
'Ameur 1; la division de Merrâkech formait l'aile gauche ; elle
était commandée par son lieutenant-général, le lieutenant-
général Ahmed-ben-El-Fa'-Mansour. Devant se trouvait l'a-
vant-garde. Les deux ailes se faisaient face 2.
Les Touareg se mirent en marche et s'approchèrent; ils
continuèrent ainsi, s'approchant de plus en plus, jusqu'à ce
qu'ils furent très près de l'ennemi. Alors les soldats maro-
cains armant leurs fusils les assaillirent par une grêle de
balles une première, ou peut-être une seconde fois. Beau-
coup de Touareg, à ce que l'on rapporte, furent tués dans
cette première rencontre. A ce moment un combat violent
s'engagea et la mêlée devint terrible. Le pacha Ahmed com-
battit de sa personne avec la plus grande valeur et finit par
rester seul à résister, repoussant tous ceux qui l'assaillaient
et les mettant en fuite jusqu'au moment où il fut tué.
Suivant certains récits, le pacha aurait péri dans le Fleuve
1. Le ms. donne à ce nom l'orthographe suivante : 'Amor^»*.
2. Il eût été plus exact de dire : « marchaient parallèlement.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 177
de la façon suivante : quand les Touareg eurent gagné la
bataille, qu'ils eurent tué les principaux seigneurs, chefs de
l'armée et mis les troupes en déroute en sorte qu'il ne res-
tait du pacha, celui-ci •
plus personne auprès lança (\ n) son
cheval dans le Fleuve et périt englouti dans les eaux.
Parmi les personnages qui succombèrent sur terre, tués
pendant la lutte on cite : le caïd Sa'îd-ben-'Ali-Et-Tezerkîni,
je caïd El-Hasen, fils du caïd Ahmed, le caïd El-Fa'-Mah-
moud, fils du caïd Mohammed-Bouya, le caïd Mohammed,
fils du caïd Senîber, fils du caïd Mohammed-Bouya ci-
dessus nommé, le caïd Brahim, fils du lieutenant-général
Seyyid San-Mo'aï, fils du caïd Mohammed, fils du caïd Ham-
medi, les fils de son oncle paternel San-Mo'aï et son frère
'Abdelqâder, fils du caïd 'Abderrahman, fils du caïd Ham-
medi-ben-'Ali 1. Tels sont ceux qui furent tués sur terre par
les Touareg, d'après une source sûre. Les autres périrent
noyés dans le Fleuve par suite de la bousculade au moment
de monter dans les embarcations ou par le naufrage des bar-
ques. On se pressait si vivement les uns contre les autres
pour monter dans les embarcations qu'un grand nombre de
personnes tombèrent à l'eau et se noyèrent.
On assure que ce fut le
lieutenant-général Mohammed,
fils du caïd Bâ-Haddou, qui fut la cause de cette défaite parce
qu'il était de coeur avec les Touareg et qu'il les favorisa
comme s'il eût été l'un des leurs. Dieu sait si cela est vrai.
Les Touareg mirent en fuite les soldats du pacha Ahmed,
tuant tous ceux qu'ils pouvaient atteindre sans s'inquiéter
du reste de l'armée. Certains soldats marocains prirent la
fuite et réussirent ainsi à s'échapper; d'autres se jetèrent
dans le Fleuve, montés sur leurs chevaux, et échappèrent
en le traversant à la ; il en est se sauvèrent à la
nage qui
1. Le ms. porte « et 'Ali » au lieu de « ben-'Ali », qui est la vraie leçon.
(Biographies des pachas du Soudan.) 12
178 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
nage, en abandonnant chevaux et armes au milieu du
Fleuve ; il y en eut qui s'enfuirent à pied,
gagnèrent le
Fleuve et le traversèrent à la nage. Quelques-uns réussirent
à gagner des embarcations et à s'y installer avec d'autres
personnes. Enfin parmi ceux qui ne savaient pas nager il
en est qui se jetèrent dans le Fleuve et y périrent noyés,
tandis que d'autres succombèrent sur terre pendant leur
fuite. Le nombre de ceux qui périrent dans cette déroute fut
tel que seul le Dieu unique et dominateur en sait le chiffre 1.
D'après ce que l'on dit, le nombre total de ceux qui
furent tués atteignit trois
cents, c'est-à-dire ceux dont on
connaissait les noms, un tel, un tel, ou un tel sans compter
ceux dont le nom était inconnu. Suivant une autre version,
il y aurait eu en tout deux cents hommes tués au combat.
Quant aux soldats qui périrent autrement, ils étaient au
nombre de cent cinquante, en y comprenant les hartâni. Sur
ce dernier chiffre il y avait soixante-dix personnages de
distinction et quatre-vingts
personnes non connues.
Voici la liste de ceux
que nous avons connus personnel-
lement de vue et de nom qui moururent ce jour-là et qui
apppartenaient à la classe des chefs, des seigneurs ou des
fils de seigneurs. Tout d'abord le pacha Ahmed dont il a
déjà été question ; le caïd Sa'îd-ben-'Ali-(\> .)Et-Tezer-
kîni ; le fils de son frère, le caïd El-Hasen, fils du caïd Ah-
med-ben-cAli-Et-Tezerkîni ; le fils de son frère San-Mocaï,
fils du caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali déjà
mentionnés; les fils de l'oncle paternel de San-Mo aï, San
et son frère 'Abdelqâder, tous deux fils du caïd 'Abderrah-
man, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali déjà le lieu-
indiqués;
1. Les batailles sont d'ordinaire si peu meurtrières au Soudan que l'auteur
trouve innombrable Je chillre de 300 personnes tuées dans un seul combat. Il
est vrai qu'en général on ne tient compte, dans ces statistiques, que des person-
nages connus.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 179
tenant-général de la division de Fez, le lieutenant-général
Mohammed-El-Mouloud-ben-cAmor ; Zengha, fils du caïd
'Abdallah, fils du caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi;
les fils de son frère lieutenant-général de la garde à cette
époque, le lieutenant-général Bâbâ, fils du caïd Nâsir, fils
du caïd 'Abdallah-ben-Nâsir nommé ci-dessus; son frère
El-Mobârek, fils du caïd Nâsir précité ; le fils de son oncle
paternel, Mohammed-ben-Yahya, fils du caïd 'Abdallah-
ben-Nâsir- El-A'amechi, nommé plus haut; le fils de son
oncle le lieutenant-général Nâsir-ben-El-Fa'-Mâmi, fils du
caïd 'Abdallah- ben-Nâsir-El-A'amechi; Hammedi-ben-
'Ali-Dzi '1-Ouâli ; Zengha-ben-Senta'a ; un ou deux des fils du
lieutenant-général de la division de Fez ; Mansour, petil-fils
du caïd El-Hasen-ben-Malek; le pacha Dzou 'n-Noun, fils du
caïd El-Hasen-El-Monebbih; un ou deux des petits-fils du
lieutenant-général Bâbâ-ben-'Ali-ben-Dja'fer; un ou deux
des fils d''Ali-El-Qastelâni, le lieutenant-général Rabaha,
fils du caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj ; le fils de son oncle pa-
ternel Mohammed-Ta'a ; Hammedi et son frère le moqad-
dem, tous deux fils de Senîber-ben-Fekhi; San, fils du caïd
'Ali 1, fils du caïd Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i; le
fils de son frère l'oncle paternel de Sâlih-ben-'Abderraouf-
ben-Sâlih, fils du caïd Mohammed nommé ci-dessus ; Mau-
laï 'Ali-ben-El-Khelîfa, le chérif. Tels sont les noms qui me
viennent à la mémoire parmi ceux des
personnages et des
gens distingués appartenant à la division de Fez; il faut y
ajouter les hartâni et les affranchis.
Parmi les gens de la division de Merrâkech qui succom-
bèrent et dont les noms me sont connus, je citerai : le caïd
Mahmoud, fils du caïd Mohammed-Bouya-ben-Daoud-Ech-
Ghetouki; le fils de sonfrère, le caïd Mohammed, fils du caïd
1. C'est par erreur que le copiste a répété deux fois les mots : fils du caid 'Ali;
180 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Senîber, fils du caïd Mohammed-Bouya; les deux fils de sou
oncle paternel et son frère Senta'a, fils du lieutenant-géné-
raP Abdallah, fils du caïd Mohammed-Bouya; le lieutenant-
général Ben-Ammâr-ben-'Abdallah-Ech-Chetouki, fils du
frère du lieutenant-général Mohammed-ben-Ed-Doroubouti,
fils du Kabara-Farma El-Kouch' ; son frère Hammedi ; son
fils, le caïd Brahim, fils du lieutenant-général Seyyid-ben-
'Abderrahman-El-Heddâdji; son frère, les fils de son père,
Abdelqâder (\s\) et Mohammed, fils du lieutenant-général
Seyyid, mentionné ci-dessus; El-Mobârek, fils du caïd Mo-
hammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i; le fils de son frère
Mohammed-ben-El-Djesîm, fils du caïd Yahya-ben-Ali-El-
Mobârek ci-dessus nommé; trois des fils du caïd Yousef-ben-
'Abdallah-Ed-Der'i, Mohammed, son frère le pacha Mansour
et Mohammed-ben-Ta'a, fils du caïd Yousef; son petit-fils
Mohammed-ben-Mohammed; le conseiller Hammedi-ben-El-
Fa-'Mâmi, fils du pacha Yahya-El-Gharnâti, son frère, fils de
El-Fa'-Mâmi ci-devant nommé et le fils de leur frère, le
lieutenant-général Boryo'a, fils du caïd
'Ali, fils du lieutenant-
général Sa'îd, fils du pacha Yahya ; 'Abdallah, fils du caïd Man-
sour, fils du caïd Senîber, fils du pacha Mesa'oud-Ez-Za'eri ; le
fils du lieutenant-général Brahim-Botomâcha-El-Ouerdzâdzi ;
son frère Mohammed, fils du lieutenant-général Brahim; Ham-
medi-Kok et El-Kahiya, tous deux fils de la fille du lieutenant-
général Brahim ci-dessus nommé; El-Khalîfa; Mohammed-
El-Mouloud-ben-'Ammar, fils d'Abd-ben-'Ammâr et Ham-
medi-ben-Mohammed-ben-'Amir, surnommé Hamedyouch 3.
Tels sont les personnages marquants de la division de Mer-
râkech que j'ai connus et qui sont morts le jour de cette
1. Ou : El-Kouchi. La voyelle finale i donnée parle ms. appartienlsaus doute
à la terminaison de la déclinaison.
2. Ou : Botomâchi.
3. Ou : Hamedyouchi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 181
bataille. On n'a indiqué que les plus éminents, laissant de
côté les hartani et les affranchis.
Quant aux Cherâga ce jour-là,
qui périrent je ne les con-
naissais pas parce qu'ils habitaient dans la campagne. C'est
pourquoi je n'ai connu parmi eux que Dzou 'n-Noun-ben-
Mohammed, fils du caïd Dzou 'n-Noun-ben-El-Hâdj-ben-
Biyoukhef'-Ech-Chergui et El-Mostefa, fils du caïd Moham-
med-ben-Mohammed-Seyyidi.
La bataille, qui fut livrée dans le bourg de Toghayya, eut
lieu le vendredi, 23 du mois de moharrem, le premier mois
de l'année i 150 (23 mai 1737). Avant cette bataille avait eu
lieu le combat de Menkoli-Konko, le vendredi, 2 du même
mois (2 mai 1737). Les défenseurs de cette localité et les
plus vaillants furent tués; mais ils avaient eu soin, avant le
combat, d'envoyer leurs bagages, leurs femmes, leurs enfants
et leurs meubles de l'autre côté du Fleuve; aussi leurs
femmes furent-elles sauvées. Les hommes, qui étaient restés
dans ce bourg, en furent plus tard chassés par les Touareg
Ketouân qui les mirent à mort sans défense.
Quant à Oghmor, il ne le de bataille 2
quitta pas champ
et il séjourna en cet endroit jusqu'à la fin du mois de mohar-
rem (30 mai) et à l'apparition de la nouvelle lune (\ \ v) de sa-
far qui arriva un vendredi. Il attendit 3 39
qu'il s'écoulât jours
et lorsque le quarantième jour arriva il conclut la paix avec
les habitants de Tombouctou, et ceux-ci lui payèrent une re-
devance de 200 hâdja 4, de deux chevaux et de cadeaux.
En échange Oghmor autorisa les gens de Tombouctou à
1. Ou : Biyouqef. Ce mot est tantôt écrit avec un £, tantôt avec un j.
2. Mot à mot : « il ne s'éloigna pas des morts ».
3. Le ras, dit : quarante-neuf; mais il y a une erreur certaine puisque ensuite
on dit le quarantième jour.
4. S'il n'y a pas d'erreur de la part du copiste; il faut lire « hâdja », mot qui
signifie d'ordinaire « chose », « besoin ». Peut-être faut-il lire k-L qui aurait
le sens de poules ou volailles.
182 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
faire venir leurs vivres de Kabara et cela après avoir inter-
rompu les communications entre les deux localités depuis le
moment où l'armée marocaine mise en déroute avait quitté
Tombouctou pour se rendre au port de Do'aï.
La nouvelle de la bataille ne fut connue ce soir-là par les
habitants de Tombouctou qu'après la prière du second acha.
Ce fut alors seulement que la nouvelle fut apportée par le
caïd Sa'îd, fils du caïd Senîber, le caïd Ben-Mansour, fils
du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni, Seyyidi Mohammed-ben-'Abdal-
lah, 'Ali-Châmi-ben-El-Kahiya, Sa'îd-ben-El-Hâdj-Moham-
med-Ouchouch 1, Mohammed-ben-'Abdeldjebbâr, qui était le
fds d'un des négociants, et 'Omar-El-Fa', le domestique de
Mohammed-ben- Ahmed.
Aussitôt que cette nouvelle fut arrivée, voici ce qui se
passa parmi la population de Tombouctou : j'étais assis cette
nuit-là, lorsque tout à coup j'entendis de loin les gémisse-
ments d'une femme; je crus tout d'abord que c'était à cause
de la mort de l'imam de la casbah qui, à ce moment, était
atteint de la maladie à la suite de laquelle il mourut. Je me
levai et medirigea du côté où j'avais entendu cette femme
pleurer. Aussitôt les pleurs devinrent plus fréquents, les gé-
missements et les cris redoublèrent, ne venant plus seule-
ment d'une ou de deux personnes et à mesure que je
m'avançai je les entendis éclater de tous côtés et dans toutes
les directions de la ville. Comme
je continuai ma course au
milieu de ces lamentations, je parvins à la porte de la mai-
son du caïd Mohammed-ben-Ahmed, au moment même où y
arrivait son domestique cOmar-El-Fa\ Le caïd Mohammed
était debout sur la porte en dehors de la maison et deman-
dait à son domestique quelles étaient les nouvelles. « Tous
1. Ou : Ouchouchi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 183
ceux qui ne vous voienti plus, répondit-il, ont disparu et ne
sont plus de ce monde. »
Alors nous apprîmes que le caïd Ben-Mansour et Seyyid
Mohammed-ben-'Abdallah venaient d'arriver; puis, j'appris
également la venue du caïd Sa'îd, fils du caïd Senîber et
celle de Sa'îd-ben-Ouchouch. Hommes et femmes se pres-
sèrent auprès du caïd Ben-Mansour et de Seyyid Moham-
med pour leur demander des nouvelles de leurs parents : les
hommes demandaient des nouvelles de leurs frères, tandis
que les femmes s'informaient de leurs maris, frères, de leurs
de leurs pères ou de leurs oncles maternels. Les femmes de
condition libre sortirent durant cette nuit, le visage décou-
vert 2 et sans chaussures. On les rencontrait tout en larmes
dans les rues et sur les places. Toute la ville était remplie
de pleurs, de cris et de gémissements:
Le jurisconsulte, le cadi Baba se rendit à ce moment sur
la place qui est devant la porte de la mosquée de Sankoré et
manda aux chérifs et aux négociants (\ s v) de venir l'y re-
joindre. Tous se rendirent à cette convocation. « Que faire
à cette heure, leur dit-il, en présence de ce qui vient d'arri-
ver? Quelle résolution faut-il prendre tout d'abord pour cette
nuit, pour nos personnes, nos enfants et nos femmes? » —
« Vous êtes notre
cadi, notre jurisconsulte, notre chef, ré-
pondirent-ils; tout ce que vous nous ordonnerez de faire
nous le ferons. » — « Rentrez tous chez vous, repartit le
cadi; faites bonne garde toute cette nuit en attendant le jour
et,alors si Dieu veut,nous verrons quelles mesures il y a lieu
de prendre. »
Chacun rentra donc chez soi et pendant dix jours la popu-
lation de la ville resta en larmes. Enfin la douleur se calma
après cela et chacun se tut. Dans la matinée de ce vendredi,
1. Nous dirions plutôt : « ceux que vous ne voyez pas en ce moment ».
2. Ou : « la tête nue », si l'on s'en tient à la lettre du texte.
184 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
c'est-à-dire du jour où la bataille, dite ;de Toghayya-Han 1,
eut lieu, il avait soufflé un vent l'at-
extrêmement
violent;
mosphère était rouge et chargée de poussière et la popu-
lation de Tombouctou était restée à faire la sieste, suffoquée
et abattue. C'était à ce moment même que les soldats maro-
cains livraient combat aux Touareg et en venaient aux mains
avec eux. En allant à la mosquée pour l'office du vendredi on
entendit le bruit delà fusillade et en revenant de la mosquée
on l'entendait encore. Toutefois on n'eut aucune nouvelle
avant l'arrivée des personnages que nous avons nommés.
Tous ceux qui échappèrent au désastre de l'armée maro-
caine, chefs, soldats et valets se réfugièrent dans l'île de
Hondomi; là, ils gagnèrent
de Cheïbi qui se trouve en face
de l'autre côté du Fleuve où ils furent rejoints par les sol-
dats de Kîso et de Benka.
Quant au lieutenant-général El-Fac, fils du caïd Hammedi,
il n'était pas arrivé au moment du combat et ne se trouvait
pas parmi eux à ce moment. Il ne vint qu'au mois de djo-
mada Ier (27 août-26 septembre). Ce fut alors seulement que
le lieutenant-général El-Fa', fils du caïd Hammedi 2, avec les
troupes qu'il avait emmenées sur l'ordre du pacha Ahmed
pour garderla ville de Benba,rejoignit à Cheïbi les débris de
l'armée. Le lieutenant-général El-Hasen, fils du caïd Ho-
se'm, qui avait été envoyé avec des troupes à Kâgho sur l'or-
dre du pacha arriva également à cette époque à Cheïbi. Les
forces qui se rassemblèrent ainsi devinrent peu à peu nom-
breuses et atteignirent le chiffre d'environ 400 hommes.
Mais elles demeurèrent en cet endroit sans que personne
de Tombouctou vînt vers eux et sans qu'aucun d'eux allât à
Tombouctou. Avant leur départ de cette localité eut lieu le
1. Cette addition du mot Han signifie probablement combat.
2. Le ms. porte Ahmed. Mais plus haut il y a Hammedi, Il s'agit de El-Fa'
Ibrahim nommé précédemment.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 185
combat de Kiki, le mercredi, dernier jour du mois de mohar-
rem, le premier mois de l'année ci-dessus indiquée (30 mai
1737).
Quand il eut conclu la paix, Oghmor quitta son campe-
ment et voulut s'en retourner dans son pays du côté de l'est.
Il se mit donc en marche dans cette direction. Le lieutenant-
général Mohammed, fils du caïd Bâ-Haddou, fut si inquiet à
la suite dece départ qu'il laissa paraître son inquiétude. C'é-
tait un homme impatient de sa nature, prompt à s'emporter;
néanmoins il avait l'esprit résolu et le caractère excellent.
Beau (\\i) de visage, il étaitjeune, tout
riche, généreux,
doux en paroles, bien élevé, gai, aimant à plaisanter sur des
sujets scabreux, éloquent, bien de sa personne, énergique,
riche, cavalier habile et fils de princes par sa mère et par son
père. L'angoisse du
lieutenant-général Mohammed persista
donc quand il vit que Oghmor avait conclu la paix avec les
habitants de Tombouctou, dans la maison du caïd Moham-
med et pris avec ce dernier des engagements formels. .
A la suite
de cela, les troupes avaient perdu toute confiance
en Mohammed, le lieutenant-général. Alors le caïd Moham-
med le fit appeler chez lui, n'ayant personne en qui il eût
confiance pour leur servir d'intermédiaire, et lui adressa
quelques observations. « Faites apporter le Coran, que je
sur ce » dit le lieutenant-général. — « Non, lui
jure livre,
répondit le caïd, ne jurez pas sur le Coran. » Le lieutenant-
général insista pour qu'on apportât un Coran et quand il fut
là il jura et partit ensuite.
Lorsque Oghmor fut parti, le lieutenant-général Moham-
med voulut aller rejoindre les soldats qui étaient restés de
Fautre côté du mais
il n'y put parvenir.
Fleuve, Il chercha
vainement un moyen de réaliser ce dessein, il n'y réussit pas
et n'arriva pas à ses fins. Il resta donc à Tombouctou quatre
ou cinq jours après le départ des Touareg, puis le destin,
186 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
contre lequel aucune ruse ne peut être efficace, voulut qu'il
arrivât en face des soldats qui étaient à Haousa du côté du
Gourma. Il les interpella, les salua et prenant sa voix la plus
douce il leur adressa d'aimables paroles ; ceux-ci ayant ac-
quiescé à ses propositions, il s'en retourna.
Peu après, les soldats lui expédièrent un messager qui lui
parla en termes encore plus aimables et plus agréables que
ceux qu'il avait lui-même
employés. Il se laissa séduire
par
ce discours qui calma son coeur et pénétra vivement dans
son esprit au point que, dans son enthousiasme, il se crut à
l'abri du danger qui le menaçait, car Dieu dans son omni-
scienceet sa prédestination avait décidé
qu'il périrait de leurs
mains. Il les invita donc à lui envoyer une barque pour qu'il
allât les rejoindre dans l'île où ils étaient.
Les soldats lui expédièrent une embarcation qui le prit à
son bord et le débarqua au milieu d'eux. Il y était à peine
qu'on le tua. Tous les soldats, sur l'ordre de ses frères qui
étaient avec eux, l'entourèrent et dirent : « Nous allons tuer
ce jeune homme afin qu'il ne cause pas notre perte à tous. »
Aussitôt quelques individus déchargèrent sur lui leurs fusils,
lui lancèrent leurs javelots et le frappèrent de leurs glaives.
Il tomba sans connaissance; puis, ayant repris ses sens, il se
mit à parler avec la langue lourde. Alors on revint sur lui,
on l'emporta vers le Fleuve où on le précipita; il mourut
englouti dans les eaux au mois de rebir F 1' de cette année-là
(29-juin-29 juillet 1737).
Pendant tout ce temps, l'askia El-Hâdj (\ N•) n'avait pas
quitté sa ville. Les soldats de l'île n'avaient tué le lieutenant-
général Mohammed que le mardi, 3 du mois de rebic Ier
(1er juillet 1737) Koïra-Ta'o 1. L'askia, lui, se mit en marche
1. Ces mots Koïra-Ta'o sont isolés, en sorte qu'on ne sait s'ils désignent la
localité où fut tué le lieutenant-général Mohammed, ou bien]s'ils forment le nom
soudanais ,derebi' Ier.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 187
avec ses troupes, ses serviteurs et ses alliés, le samedi, 7 du
mois de rebf Ier (5 juillet 1737). Ce même jour-là 'A-Koïl
El~Hasen, chef des Ghâli-Moussa, à la tête de troupes nom-
breuses et ayant avec lui l'autre fraction des Ghâli-Moussa
2 ainsi tribus
nommée Haouamakanaï que d'autres diverses,
se mit en marche pour porter aide à Senba-Moussa-El-Fou-
contre les fils 3 de
lâni, qui avait avec lui tous les Sanqara,
El-Fa'-Mahmoud, Boubeker-El-Fa' et Nouh-Cherif. Les
Ghâli-Moussa et les Sanqara razzièrent les fils de El-Fa'-
Mahmoud, de toutes leurs vaches et ne leur
s'emparèrent
laissèrent rien, ni animal, ni objet. Un grand nombre de
des fils de El-Fa "-Mahmoud trouvèrent la mort dans
gens
Ie 1' de
cette affaire eut lieu le jeudi, 12 du mois de rebf
qui
l'année déjà indiqué (10 juillet 1737).
Revenons maintenant à la fin du récit concernant le
fils du caïd Bâ-Haddou. Dès
lieutena'nt-général-Mohammed,
le caïd eut
que son oncle paternel, 'Ali-ben-El-Djesîm, appris
s'être avaient décidé una-
que les soldats, après concertés,
nimement de tuer le lieutenant-général Mohammed et qu'ils
avaient mis leur projet à exécution, il quitta Tombouctou à
l'instant même et partit pour se rendre des soldats
auprès
et tirer vengeance d'eux; mais, arrivé à Kabara avec ses
soldats, il acquit la certitude qu'il ne pourrait point parvenir
jusqu'à eux.
Il se rendit au port de Kabara, animé de la plus violente
colère et demeura en cet endroit, chaque jour plus irrité de
ne pouvoir rien contre eux. Il retint à Kabara toutes les
marchandises et empêcha de les transporter durant ces jours-
là jusqu'à Tombouctou. La population souffrit vivement de
1. La lecture de ce mot est incertaine.
2. Plus haut ce nom est écrit : Haouaïlakanaï.
3. Ou peut-être « la tribu de El-Fa'-Mahmoud ». Ce mot Aoulâd semble la
première fois pris dans le sens de « fils » et plus loin dans le sens de tribu.
188 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
cet état de choses et toute la villeéprouva les inconvénients
de cette mesure. Plainte fut portée à ce sujet devantle cadi;
celui-ci envoya aussitôt ses assesseurs adresser des repré-
sentations au caïd, lui exposant les doléances de la popula-
tion et l'invitant, au nom de Dieu et de son Prophète, à
laisser circuler les marchandises en levant son embargo.
Le caïd refusa et ne tint aucun compte desparoles du
cadi, tant sa colère était grande. Les envoyés du cadi étaient :
l'imam Baba, oncle paternel du jurisconsulte El-Mostefa-ben-
'Abdallah-Kiraï-El-Oueddâni; le jurisconsulte Ahmed-ben-
'Otsrnân - ben -Mohammed -ben- Mohammed - Tàchefin- El -
Oueddâni; le jurisconsulte, le docte, l'unique de son époque,
le flambeau de son temps, le mufti Bâbîr, fils du juriscon-
sulte, du cadi Seyyidi-Ahmed-Mo yâ, fils du jurisconsulte,
Seyyidi-Ahmed, fils du jurisconsulte le cadi Ibrahim, fils du
jurisconsulte 'Abdallah, fils du très docte, du saint ver-
tueux Seyyidi-Ahmed-Mo'yâ. Tous étaient les assesseurs du
cadi Bâbâ-El-Mokhtâr; ils étaient venus en son nom, en
1 de toutes
même temps que l'imam les mosquées, à Kabara,
auprès du caïd
(\ \n) 'Ali^-ben-El-Djesîm. Le soir même, les
envoyés du cadi rentrèrent à Tombouctou, tandis que le caïd
restait à Kabara 2 en état de révolte en quelque sorte, puis-
qu'il tenait tête à toute la population de Tombouctou. Il de-
meura à Kabara, toujours agité par la haine et la colère,
environ quarante jours.
Le vendredi ou le
samedi, je ne sais au juste, le 13 du
mois de rebi' II de cette année (10 juillet 1737), Dieu déli-
vra les soldats qui étalent restés enfermés dans l'île. Ils
rentrèrent à Tombouctou dans la soirée
samedi, 1% du du
mois de rebi' II 3. Cette troupe, composée de tous ceux qui
1. Le mot « imam » est au singulier dans le ms., et cependant d'ordinaire
chaque mosquée a son imam.
2. Le texte porte le mot « ville » sans préciser davantage.
3. Il y a une erreur de date évidente, à moins que l'auteur n'ait voulu dire
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 189
avaient échappé au désastre de l'armée vaincue, quitta l'île
sous la conduite de l'askia El-Hâdj. Elle avait obtenu de
sortir de l'île, à la suite d'un accord et d'une paix conclue
par l'intermédiaire de l'askia El-Hâdj.
Celui-ci, que les soldats suivaient, marchait à leur tête à
la façon d'un de leurs pachas, avec l'étendard du pacha, sa
musique et ses insignes. Arrivé près d'un monticule du côté
de 'Amazagha 1, l'askia donna l'ordre aux soldats de s'arrê-
ter et de l'attendre, puis il se rendit à Kabara chercher le
caïd 'Ali-ben-El-Djesîm. J'ai déjà dit, en effet, que ce caïd
était à Kabara depuis qu'on avait tué son frère, le lieutenant-
général Mohammed. Il répondit à l'appel de l'askia qui l'en-
gageait à se rendre à Tombouctou et toute la troupe rentra
tranquillement dans cette ville.
Durant toute cette soirée, Tombouctou retentit de pleurs
et de gémissements, comme
le jour où on avait appris la
nouvelle du désastre de l'armée à Toghayya. Les soldats
étaient restés dans l'île environ soixante-dix jours.
Tels sont les renseignements certains que j'ai pu recueillir
sur cette lutte des soldats marocains contre les Touareg à
la bataille de Toghayya. Le défunt pacha avait occupé le
pouvoir environ quatre mois en comptant par mois 2, mais
plus exactement, en comptant par jours, trois mois et demi.
Ahmed-ben-El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mohammed-
ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Derl. — Il fut élu le mercredi, der-
nier jour du moisdesafar, au début de l'année 1151 (18 juin
1738), après la déposition du caïd El-Fa'-Ibrahim, fils du
caïd Ahmed. Aussitôt qu'il fut élu, il nomma aux fonctions
que ce jour-là les soldats qui étaient rentrés la veille se trouvèrent délivrés et
hors de danger. Dans ce cas, le 13 serait le samedi et le 12 indiqué plus bas
serait le vendredi soir, la confusion étant facile puisque le samedi dans le
calcul des Arabes commençait le vendredi après le coucher du soleil.
1. C'est l'orthographe indiquée par lems.
2. Cette façon de dire est assez naïve puisque le temps exact est indiqué en-
suite.
190 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
de hàkem San-Mo
aï 1, fils du lieutenant-général Ousama et
il désigna pour le poste de lieutenant-général de la division
de Merrâkech El-Fa'-Mahmoud, fils du caïd Senîber-ben-
Bouya.
Pendant la seconde décade du mois de rebir Ier (28 juin-
7 juillet on reçut une nouvelle
1738), duMaghrib, annonçant
qu'une colonne
de troupes, qui se trouvait dans ces parages
depuis un certain temps, s'était rapprochée des habitants
2
du Maghrib (\ \ v), puis s'était ensuite éloignée, se dirigeant
sur notre ville de Tombouctou. Aussitôt que cette nouvelle
fut connue, le pacha convoqua les négociants, leur imposa
une contribution de 1.000 mitsqâl d'or et cette
perçut
somme.
Sous ce pachalik, il y eut une disette dans le pays ; elle
atteignit son maximum d'intensité dans la ville d'Araouàn
où nombre de personnes, femmes et gens affaiblis, moururent
de faim. Au cours de cette disette on vit une chose qu'on
n'avait jamais vue auparavant et dont personne n'avait en-
tendu parler sinon à cette époque et cela c'était les
que
vivres étant rares et leur prix excessif, le change de l'or
resta cependant très élevé et que ces deux circonstances se
produisirent en même temps. Jamais personne n'avait été
témoin de pareille chose et ne l'avait non plus entendu rap-
porter. D'ordinaire, ce qu'on voyait, c'était que quand les vi-
vres étaient chers, létaux du change baissait immédiatement.
La valeur de la mesure de grains de bechna atteignit
6.000 cauris; le riz décortiqué se paya 3.000 cauris et, à ce
moment, le change était de 3.000 cauris 3; taux ordinaire
1. Ou : « Sa-Moghaï » en supposant l'omission du point diacritique, ce qui
est très possible.
2. Il s'agit de la région à l'ouest de Tombouctou et non du Maghreb, tel qu'on
entend ce mot d'une façon générale.
3. Il est à supposer qu'il s'agit de la piastre espagnole et non du mitsqal d'or,
sinon la valeur du mitsqal eût été bien faible ou le prix des cauris fort élevé.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 191
avait avant la disette. Telles sont les vicissitudes du
qu'il
temps; les circonstances fâcheuses vont sans cesse croissant
et l'on ne voit dans la suite des temps que des événements
toujours plus graves que les précédents. Cette époque de
1
famine fut appelée Bari-bouri par allusion à la disette et à
la misère la population
dont souffrit.
Toutefois elle ne dura pas longtemps, mais on n'avait ja-
mais vu aucune famine qui eût pu faire oublier celle
que je
viens de rapporter sous le pachalik du caïd Ahmed-ben-El-
Fa'-Mahsour et personne n'en verra de plus terrible ni de
plus violente que celle-ci, l'année des dix mille. Elle dépassa
en violence et en intensité toutes celles des temps antérieurs,
qui avaient eu lieu depuis la venue du pacha Djouder; elle
fut plus pénible que celle du temps du pacha 'Ali-ben-'Abdal-
lah ; plus terrible que celle qui eut lieu à l'époque du pacha
Mesa'oud-ben-Mansour ; plus intense que celle qui se pro-
duisit sous le pachalik du fils de ce dernier, le caïd Senîber
et qui fut appelée Tali ou encore que celle nommée Bâchi
qui eut lieu plus tard sous le caïd Senîber-ben-Bouya; plus
violente que celle
appelée Achour-Koï-Idji du temps du caïd
El-Mobârek-ben-Hammedi, que celle qui eut lieu sous son
fils, le caïd 'Ali-Et-Tezerkîni et qui fut nommée Ana-Fa-
ghasa, que celle
qui suivit et qui se prolongea sous Senîber au
point qu'elle dura sept ans et qu'elle se passa sous un grand
nombre de pachas différents, sous les pachaliks de Mâmi-
ben-'Ali, du caïd 'Abdelqâder-ben- (\ SA) cAli, du caïd Me-
sa'oud, fils du caïd Senîber, du caïd Mohammed, fils du caïd
Hammedi et d'autres pachas.
Cette famine fut appelée Mini-Kikoï dès le temps du caïd
1. Au Soudan comme dans le nord de l'Afrique, les années marquées par un
événement extraordinaire prennent un nom particulier. D'après ce qui suit, ces
mots Bari-bouri signifieraient dix mille, mais on ne dit pas à quoi se rapporte
ce chiffre. Il indique sans doute le nombre des victimes^
192 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Mâmi; ce fut le nom de la femme de ce caïd qui fut appliqué
à cette époque de famine. La famine .cessa
pendant quelque
temps après cette période de sept années qui s'acheva en 1128
(27 décembre 1715-16 décembre 1716), année qui con-
corda avec l'époque du second
pachalik du caïd Mesa'oud,
fils du caïd Senîber.
Après cela, il y eut encore une famine
en l'année 1133 (2 novembre 1720-22 octobre 1721); elle
dura jusqu'à l'année suivante 1134 (22 octobre 1721-12 oc-
tobre 1722); elle eut lieu du temps du caïd 'Abdelgheffar-
ben-'Ali et fut appelée l'année de Alteq 1 ou Karbaï-Hornou ;
il y en eut encore une autre ensuite du temps du caïd 'Abd-
errahman, fils du caïd Hammedi, mais on n'en vit aucune
aussi terrible que celle de l'année des dix mille.
Revenons maintenant au pachalik de Ahmed-ben-El-Fa'-
Mansour. Nous reçûmes ensuite une nouvelle des Touareg
du Maghrib disant que la cavalerie de la colonne des sol-
dats marocains, qui opérait dans la contrée, était arrivée
à leur campement, puis que les autres soldats étaient venus
avec leurs troupeaux. Le pacha fut déposé le samedi, 6 du
mois de djomada Ier de cette année, c'est-à-dire de l'année
1151 (22 aoxit 1738) ; il était resté au pouvoir deux mois et
six jours.
Lettre ya (y).
Yousef-ben-'Omar-El-Qasri (cf. Histoire du Soudan,
p. 344).
Yahya-ben-Mohammed-El-Gharnâti (cf. Histoire du
Soudan, p. 437).
— Il fut élu
Yahya-ben-'Ali-ben-El-Mobârek-Ed-Der'i.
après la déposition du caïd Mâmi-Ei-'Euldji, dans la soirée
1. Ou : « Etteq », si le mot est d'origine arabe ou précédé de l'article arabe.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 193
du dimanche, 7 du mois de cha'ban, le brillant, de l'année
1091 (2 septembre 1680). Il partit de (\n) Tombouctou à
la tête des
troupes pour faire une expédition dans la direc-
tion de l'est. Arrivées au port de Kabara 1, les troupes y cam-
pèrent quelques jours, puis elles se révoltèrent contre le
pacha et le déposèrent. Celui-ci rentra à Tombouctou. Il
était resté au pouvoir une année.
Yahya-ben-Mohammed-Zenkana-El-Fichtâni 2. — Il fut
élu après la déposition du caïd 'Ali, fils du caïd Mohammed-
ben-Ech-Cheikh-'Ali-Ed-Der î, au mois de dzou '1-qa'da, ou,
suivant d'autres, au mois sacré de dzou '1-hiddja, le dernier
mois de l'année 1109 (11 mai-10 juin ou 10 juin-10 juillet
1698). Il resta en fonctions environ trois ou quatre mois
et fut déposé ensuite au mois de safar, au début de l'année
1110 (9 août-7 septembre 1Ô98).
11 fut de nouveau élu après la déposition du caïd Moham-
med-ben-Mohammed-Seyyidi, au mois de chaoual, vers la
fin de l'année 1116 février
(27 janvier-25 1705), puis dé-
posé au mois sacré de dzou "1-qa'da de cette même année
(25 février-27 mars \ 705), étant resté deux mois en fonctions.
Suivant un autre manuscrit 3, il aurait été élu au mois de
dzou 'l-qacda (et déposé 4) aumois sacré de dzou'1-hiddja finis-
sant l'année ci-dessus indiquée (27 mars-25 avril 1705).
Il fut rappelé au pachalik une troisième fois
après la ré-
vocation du caïd Ahmed-Zenko, fils du Kabara-Farma 'Abd-
errahmân-ben-'Ali, au mois de djomada Ier de l'année 1122
(23 juin-28 juillet 1710). On venait de rester trois mois
1. Le texte dit simplement : « le port », sans en donner le nom.
2. Il faudrait sans doute écrire et lire « El-Fichtali », ethnique bien connu,
venant des Fichtala, tribu marocaine.
3. D'après ce passage, l'auteur aurait eu plusieurs copies d'un même ouvrage
à sa disposition.
4. Il manque ici un mot dans le ms., soit le mot jl « ou »,soit, ce qui paraît
plus vraisemblable, j,>P} « et il fut déposé ».
{Biographies des pachat du Soudan.) 13
194 , BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
sans que personne eût été investi des fonctions de pacha.
Il resta au pouvoir cette fois deux mois et fut déposé au
mois de redjeb de la même année (26 août-25 septembre
1710).
Yousef-ben-'Abdallah-Ed-Der'i.—Élu pacha, après la dé-
position du caïd 'Abdallah-ben-Nâsir-Et-Telemsâni, durant la
deuxième décade du mois de djomada Ier de l'année 1113
(13-22 octobre 1701), il fut déposé au cours de la deuxième
décade du mois brillant de cha'ban de l'année 1114 (21 dé-
cembre 1702-19 janvier 1703); il avait conservé le pouvoir
un an et quatre mois. On resta ensuite cinq mois sans lui
donner personne pour successeur, c'est-à-dire jusqu'à la fin
de l'année ; alors on l'élut de nouveau après la déposition du
caïd Babeker'-ben-Mohammed-Seyyidi, au mois sacré de
moharrem, le premier mois de l'année 1123 (19 février-21
mars 1711). Il conserva ses fonctions pendant quatre mois
et fut déposé au mois de rebi' II de cette année (19 mai-17-
juin 1711). Au cours de ce pachalik, il envoya à Kabara, et
nomma Kabara-Farma, Mohammed, fils du caïd 'Ali-ben-
Ibrahim.
Yousef fut encore
rappelé au pachalik après la mort du
caïd Bâ-Haddou, fils du caïd 2, le (\r«) jeudi, 17 du mois
sacré de dzou '1-hiddja, le dernier mois de l'année 1141 (14
juillet 1729) ; il resta un mois entier au pouvoir et fut déposé
le vendredi, 16 du mois sacré de moharrem, le premier mois
de l'année 1142 (11 août 1729).
Le jeudi, premier jour du mois ci-dessus indiqué (27 juil-
let 1729), les soldats du quartier de la grande mosquée, du
parti du caïd Mansour, pillèrent des boeufs qui se trouvaient
chez les gens de Saraïkaïna et qui appartenaient aux Touareg
1. Ce mot est écrit tantôt : JZ,, tantôt : ^,y
2, Il y a sans doute un nom omis ici.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 195
Tademekket, dont le chef était alors Oghmor. Les soldats du
quartier de la grande mosquée avaient pour chef Hammedi,
fils du caïd Senîber. Les soldats marocains eurent un enga-
gement avec quelques Touareg, mais ils n'obtinrent aucun
résultat et passèrentla nuit sur leurs gardes, conservant d'ail-
leurs les boeufs qu'ils avaient pris. Cette nuit-Là, nous eûmes
une pluie abondante.
Le
vendredi, à l'heure du
dohor, le combat recommença
et la lutte fut vive et acharnée. Un ou deux Touareg furent
tués dans cette rencontre. Alors le caïd 'Abdelgheffâr vint
s'interposer entre eux pour ramener l'accord entre les bel-
ligérants. Il alla tout d'abord trouver les soldats du quartier
de la grande mosquée et leur demanda de lui livrer les boeufs
pour les rendre aux Touareg, soit moyennant indemnité,
soit bénévolement/Ceci se passait le samedi, 3 du mois de
moharrem (29 juillet 1.729). Les soldats livrèrent les boeufs
au ca'fd qui les remit à son tour aux Touareg, éteignant
ainsi le féu de la discorde entre eux.
A ce même moment Touaregles tuèrent sur la route et
sans motif El-Amîn-ben-Abou-Bekr-Foulân 1. Puis ils se ré-
pandirent dans la ville, commettant les
plus grands excès. Il
n'y eut aucune sorte de violence et d'abus qu'ils ne commi-
rent en ce moment. Ils volaient la nuit et le jour, pillant et
3
dévalisant les gens sans motif; ils furent si agressifs que les
3 n'osèrent coucher dans leurs
gens habitant des paillotes plus
demeures, ni y laisser aucun de leurs objets ; ils les confiaient
1. Peut-être faudrait-il lire « El-Foulâni », mais le texte du ms. De le permet
pas.
. 2. Le texte porte : J.*~.JL, mais je pense qu'il faut lire «I^JLJ, sinon cela
n'aurait aucun sens raisonnable.
3. Le mot ^,„U» est traduit par conjecture ; il paraît être le pluriel d'un mot
soudanais ^.Ju, « sansan » auquel on a appliqué le procédé de formation du
pluriel arabe.
196 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
à ceux qui avaient des maisons et allaient passer la nuit chez
eux. Demandons à Dieu qu'il nous accorde la paix!
Les
Touareg se dirigèrent ensuite du côté de Kîso, sacca-
geant le pays ; ils pénétrèrent dans le bourg de Amtakel-
1 et tout ce qui
Ouma-Dâïa pillèrent s'y trouvait; puis,
chargés des objets pris aux gens de Kîso, ils vinrent à Tom-
bouctou les vendre aux habitants de cette ville. Enfin ils
regagnèrent leur pays et leurs campements et Dieu délivra
d'eux les musulmans.
Pendant tout ce temps le caïd Yousef avait conservé le
pouvoir et n'avait pas été déposé. Il ne fut cependant d'au-
cun secours en cette circonstance et ne délivra personne de
ces persécutions. Loin de là, il restait dans sa maison de
2 et il avait ses ministres
campagne quand reçu 3, (sw) qu'il
avait vérifié les sommes qui lui revenaient comme impôt
et qu'il les avait perçues, il estimait avoir rempli les
devoirs de sa charge et n'avoir point besoin de faire autre
chose. Il fut déposé le vendredi, 16 du mois indiqué plus
haut, ainsi qu'il a été dit, après être resté au pouvoir
trente jours.
Dans la soirée du 27 du mois de moharrem de cette an-
née (17 août 1729), Mansour le caïd arriva de Yendobo-
gho après la déposition du caïd Yousef. Il avait avec lui les
Touareg Ouldi-Alel, ses esclaves et ses soldats. Il descendit
dans sa maison où il était déjà descendu auparavant, y
passa la nuit du jeudi et du vendredi, puis il se rendit à la
maison du défunt caïd Bâ-Haddou, dans la matinée du sa-
i. Le ms. ne donne aucune des voyelles de ce nom.
2. Le mol employé ici est ^\j dont le sens est « extérieur ». Il vaudrait peut-
être mieux traduire « maison particulière»; le pacha, devant, selon la coutume,
habiter la casbah avait préféré conserver son domicile habituel.
3. Le texte porte »ljjuJI qui me paraît être une fausse lecture de *\jjj)\ due
à la ligature du j et de j transformé en j.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 197
medi, 24 du mois (19 août), afin de présenter ses condo-
léances à la famille de Bâ-Haddou et au fils de ce dernier,
à l'occasion de la mort de son père. De là il se rendit à la
maison du caïd 'Abdelggheffâr et lui fit ses compliments de
condoléances à cause de la mort du frère de celui-ci, le
lieutenant-général Ousâma. Cela fait, il le quitta et rentra
chez lui.
Le lendemain, Mansour alla chez le pacha déposé, le
caïd Yousef, afin de le saluer; il resta quelques instants
avec lui, puis il se rendit à la maison du jurisconsulte Mo-
hammed-ben-Mohammed-Baghyoro, fils de l'imam Moham-
med-Koured, pour présenter ses condoléances à la famille du
défunt. Ensuite il retourna chez lui. Dans cette même soi-
rée, il retourna auprès du caïd Yousef, dont il était l'ami
personnel, et revint ensuite chez lui où il resta pendant
trois jours.
Après cela Mansour entreprit sa lutte contre les gens de
Saraïkaïna. Il donna l'ordre à ses soldats et à ses esclaves
de commencer le combat de très bonne heure, le jeudi, der-
nier jour du mois
août). Ses partisans
(25 dans entrèrent
le quartier habité par les Saraïkaïna qui n'étaient pas
encore levés ; aussitôt, avant qu'ils eussent le temps de se re-
connaître, les soldats et les esclaves du caïd Mansour se
précipitèrent sur eux en poussant de grands cris, en frap-
pant sur leurs tambours et en faisant sonner leurs trom-
pettes. Qu'ils fussent armés de
fusils, de javelots ou de
flèches, tous attaquèrent vivement les Saraïkaïna et les
poursuivirent dans les
moindres recoins. 'Abderrahim, fils
du caïd Ahmed-ben-'Ali, qui était parmi les assaillants,
marchait partout le premier à leur tête.
Quelle fut la cause qui motiva et détermina le conflit en-
gagé entre ces deux partis? à cette heure personne ne la
connaît. Tout ce que l'on sait, c'est que le lendemain le
19S BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1 et
combat fut engagé parle caïd Mansour que la hitte re-
commença. Les Saraïkaïna prirent les armes à leur tour ; une
lutte très vive et une mêlée terrible commencèrent dès le
lever du soleil et durèrent jusqu'à midi. Deux esclaves des
Saraïkaïna et un esclave des négociants furent tués (\rv) et
il y eut un grand nombre de blessés dont j'ignore le chiffre
exact. Un des Touareg du caïd Mansour fut tué dans ce
combat et un autre Touareg fut atteint d'une balle au mo-
ment où il était debout sur le seuil de sa maison.
En somme, c'était une vieille querelle qui venait de se
renouveler et le feu de la discorde qui se rallumait. Le caïd
Mansour n'avait plus maintenant personne des Saraïkaïna
qui lui tînt tête, sauf
le Kabara-Farma 'Abdallah. Celui-ci
était à Kabara, préoccupé de la situation et ne voulant pas
abandonner cette localité dans la crainte d'être à son tour
attaqué par l'ennemi ; aussi faisait-il bonne garde et ne quit-
tait-il pas Kabara. Les chefs des Saraïkaïna à ce moment
étaient : Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour et son frère 2 Moham-
med, fils du caïd Bâ-Haddou.
Ce fut alors que le seigneur de cette époque, la bénédic-
tion des ancêtres, le jurisconsulte, le cadi Seyyidi-Ahmed,
fils du jurisconsulte, le cadi Ibrahim, juriscon-assisté des
sultes de la ville et du caïd 'Abdelgheffâr, s'interposa entre
les deux adversaires et tenta de les réconcilier. Désireux
d'arriver à cette réconciliation, ces divers personnages se
rendirent tout d'abord auprès du caïd Mansour. « Nous
venons, lui dirent-ils, vous demander, au nom de Dieu et de
son Prophète, de désarmer votre colère et de renoncer à la
lutte. » — « Pour Dieu et pour son Prophète, leur répondit-
il, je désarme ma colère. »
Les négociateurs se rendirent ensuite auprès des gens de
1. Cette phrase est fort obscure dans le texte arabe.
2. Frère utérin sans doute, bien que le texte ne le dise pas.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 199
Saraïkaïna, qu'ils trouvèrent tous réunis dans la maison du
caïd Zenko, auprès du fils de ce dernier, Bâbâ-Seyyid.
« Nous venons leur
dirent-ils, vous demander, au nom de
Dieu et de son Prophète, de désarmer votre colère et de re-
noncer à la lutte. » — « A cause de Dieu et de son Prophète,
répondirent-ils, nous désarmons notre colère et mettons bas
les armes. Mais nous ne sommes pas assez rassurés à l'égard
du caïd Mansour pour rentrer tous dans nos demeures. Il faut
donc que nous ne quittions pas nos
positions à moins qu'il
n'y ait un pacha. Sinon nous conserverons nos positions et
nous ne cesserons de faire bonne garde. »
Le cadi Seyyid-Ahmed, ainsi que les jurisconsultes et le
caïd 'Abdelgheffâr rentrèrent chez eux. Toute la division de
Fez se réunit ensuite dans la maison du caïd Mohammed,
fils du caïd Ahmed-Et-Tezerkîni, pour tenter aussi la récon-
ciliation, c'est-à-dire celle des gens de Saraïkaïna et du caïd
Mansour. Au messager que les gens de la division de Fez lui
envoyèrent, le caïd Mansour répondit qu'il n'accepterait de
faire la paix qu'à la condition que le Kabara-Farma 'Abdal-
lah, qui était alors à Kabara, viendrait àTombouctou.
Aussitôt le caïd'Abdelgheffâr dépêcha son plus jeune frère
Sa'îd, fils du caïd 'Ali, à 'Abdallah, le Kabara-Farma, le
priant de venir à Tombouctou pour se avec le réconcilier
caïd Mansour, celui-ci ayant mis cette condition lorsqu'on
lui avait demandé de faire la paix. Le messager [\ vv) arriva
le soir même à Kabara ; il transmit aussitôt son message et
passa la nuit auprès du Kabara-Farma. Le lendemain, dans
la soirée, le Kabara-Farma arrivait à Tombouctou avec le
messager qui lui avait été envoyé.
Ensuite les gens de la division de Fez retournèrent à la
maison du caïd Mohammed, fils du caïd Ahmed 1, pour s'en-
tretenir au sujet de la paix et en décider les conditions. Cela
1, Le ms. écrit ici Hammedi,
200 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
fait, ils mandèrent au caïd Mansour de congédier ses es-
claves 1, de les envoyer
Yendebogho, à de façon à ce qu'ils
quittassent la ville et
que le feu de la discorde fût ainsi
éteint. Mansour fit des objections, refusa de prendre cette
mesure et n'accepta pas cette condition. « Ce sont mes deux
frères, Hammedi et le caïd Sa'îd, répondit-il, qui ne con-
sentent point à cette mesure. » Enfin, laissant à Tombouctou
ses deux frères, Hammedi et le caïd
Sa'îd, Mansour partit
lui-même avec ses esclaves et se dirigea vers Yenclobogho,
le mercredi, 19 du mois de safar le bon, au début de l'année
1143 (2 septembre 1730). Aussitôt les gens de Saraïkaïna
déposèrent les armes.
Au mois de rebi' Ier de cette année-là (14 septembre-14
octobre 1730), les gens de la division de Merrâkech se réu-
nirent après ce conflit et prirent l'engagement mutuel de
s'entendre tous pour agir de la même façon; puis ils se rendi-
rent à Yendebogho auprès du caïd 2 Mansour et prirent avec
lui l'engagement de marcher tous d'un commun accord. Il
accepta d'être avec eux en laissant en dehors les de
gens
la division de Fez. Ensuite les gens de la division de Mer-
râkech conduisirent le caïd 3 au port de Kabara; après bien
des efforts, la réconciliation se fit et ils devinrent tous d'ac-
cord de marcher ensemble sans se préoccuper des de la
gens
division de Fez.
Cela fait et, pendant qu'ils étaient à Kabara, ils envoyèrent
aux gens de la division de Fez qui se trouvaient à Tombouc-
tou un messager pour lui demander de choisir un car
pacha,
d'après leurs
usages c'était le tour des gens de la division
de Fez de choisir le pacha. Les gens de la division de Fez
1. Il s'agit de ces esclaves appelés legha.
2. Le texte dit : « cadi », mais il y a sûrement une erreur, à moins qu'il ne
faille lire : « puis ils envoyèrent le cadi auprès de Mansour à Yendibogho », ce
qui est peu probable.
3. Il règne une certaine obscurité dans tout ce passage. Cependant tel paraît
en^être le sens.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 201
répondirent en ces termes au messager : « Vous allez choi-
sir parmi nos
cinq caïds celui qui sera nommé
pacha ; ces
caïds sont : le caïd Nâsir, le caïd Mohammed-ben-'Abdal-
lah, le caïd 'Abdallah, le caïd 'Abdelgheffâr et le caïd 'Abd-
errahman. » Le caïd Mansour les refusa tous 1 en disant dans
sa réponse : « Nous ne demandons qu'une chose, c'est que
quelqu'un vienne ici promptemeut et entreprenne une expé-
dition avec nous ; vous ferez immédiatement partie de cette
armée. Alors nous partirons avec ce chef et irons partout où
il voudra nous mener ; en dehors de cela nous n'avons envie
d'aucun d'eux 2. » Il entendait dire par là qu'il suffirait person-
nellement et qu'il ne voulait d'autre pacha que lui-même.
Puis il révoqua le Kabara-Farma Brahim, fils du lieute-
nant-général Seyyid, de ses fonctions de Kabara. Maintenant
qu'il avait avec lui la division de Merrâkech, le caïd Man-
sour se vengeait ainsi de ce que lui avait fait autrefois le
Kabara-Farma 3. Ensuite il retourna à Yendobogho et per-
sonne (\ vi) ne fut investi des fonctions de pacha.
On était resté ainsi sept mois sans pacha, lorsqu'on reçut
de Ouâkara la nouvelle que le
lieutenant-général Moham-
med, fils du caïd Hammedi-El-Khalîfa, détroussait les voya-
geurs; qu'il s'était emparé d'une barque de sel appartenant à
Mohammed-ben-El-Hâdj-Hammedi-ben-Taïeb, barque dans
laquelle se trouvait 'Abdelmalek-ben-Et-Tingharâsi, fils de la
fille du caïd Mâmi-El-'Euldji; qu'il avait encore pris une autre
barque de Dienné appartenant aux enfants de El-Hâdj-Bou-
1. Ou plus exactement : « il refusa de choisir l'un d'eux ».
2. Toute cette phrase est fort ambiguë. Le caïd Mansour ne voulait comme
pacha d'aucun des personnages proposés. Il demanda seulement que l'un des
cinq caïds prit le commandement des troupes et fit une expédition militaire à
laquelle-tout le monde prendrait part. De cette façon, il semblait bien recon-
naître à la division de Fez son droit à prendre un chef dans son sein, tout en
lui refusant d'accepter ce chef comme pacha.
3. La rédaction de ce paragraphe est si mauvaise qu'il n'est guère possible
d'être sûr de son sens exact.
202 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Tâher et dans laquelle se trouvait son fils 'Abdelqâder; qu'il
avait fait décharger ces barques et s'était emparé de leur
contenu.
Cette nouvelle
parvint ensuite àKabara au Kabara-Farma
'Abdallah, le dimanche, dernier jour du mois de cha'ban de
l'année 1142 ( 19 mars 1730). Le Kabara-Farma écrivit aussi-
tôt à ce sujet une lettre aux habitants de Tombouctou. Il y
avait trois copies de cette lettre : une était destinée au caïd
Seyyid-Ahmed ; la seconde à toutes les troupes, la troisième
aux négociants : « Dès que vous aurez lu la présente lettre,
était-il dit, que vous aurez compris l'importance de la nou-
velle qu'elle renferme, vous devrez vous entendre pour nom-
mer un pacha promptement, sans retard. Si vous refusez de le
faire ou
que vous n'ayez personne sous la main à l'heure
actuelle, faites partir de suite les négociants qui sont nos
hôtes et envoyez-les à Kabara où ils demeureront avec
nous. »
Ceci se passait le dimanche, dernier jour du mois indiqué ci-
dessus. Sur-le-champ les troupes se réunirent, le cadi Seyyid-
Ahmed se rendit à la casbah, on prit connaissance de la
lettre et on chercha qui on pourrait nommer pacha. Le choix
de tous se fixa sur le caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj, qui fut
nommé pacha le soir même, avec l'assentiment de toutes les
troupes.
Abdallah '
Aussitôt élu, nomma Mohammed, fils du caïd
Bâ-Haddou, qui était Kabara-Farma, ainsi qu'on l'a vu plus
haut, puis il investit des fonctions d'askia l'askia El-Hâdj,
fils de l'askia Bokar. Ces nominations eurent lieu le lundi,
25 du mois de dzou 1-qa'da de cette année, ainsi qu'il a été dit
ci-dessus (12 juin 1730).
Des Azlaï, marchands de sel, arrivèrent ensuite avec une
1. Il y a]]un mot oublié dans le texte, celui de la fonction à laquelle fut
nommé Mohammed, fils du caïd Bâ-Haddou.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 203
caravane nombreuse. Certains soldats leur interdirent (\v«)-
l'accès de la ville et les contraignirent à s'arrêter à Abrâz
pendant environ deux mois, à cause de la déposition du pa-
cha.
Ou n'avait nommé ce pacha qu'afin de tirer vengeance
des fils du caïd Hammedi-El-Khelîfa et
parce qu'il avait
assuré qu'il partirait à la tête de qu'il auraitsa colonne dès
terminé l'office de la fête de la rupture du jeûne 1. Quand les
marchands de sel arrivèrent, une partie de l'armée avait
déposé le pacha avant qu'il eût mis en marche l'expédition
projetée. Il n'avait encore rien
d'envoyer fait
sa tente sinon
au port de Kabara où elle était arrivée ; il n'y fut pas suivi
par les soldats qui le déposèrent, après l'avoir laissé au pou-
voir environ trois mois et demi, comme on l'a vu précé-
demment. C'était la fin de son septième pachalik.
Personne, jusqu'à notre époque et depuis la venue du
pacha Djouder, n'a été pacha à sept reprises différentes,
comme l'a été le caïd 'Abdallah. J'ai déjà dit cela précédem-
ment à la lettre et si je répète,
'aïn ici le nom de ce pacha et
une partie de son histoire, c'est que j'ai oublié de le faire en
son lieu et place, et pour la dernière fois après ce que j'en ai
dit à la lettre 'aïn, je parle ici de ce caïd 'Abdallah.
Le but 2 de la colonne des gens de la division de Fez était
d'aller jusqu'au bourg de Oukiya appartenant aux enfants
de El-Khalîfa qui les avaient méprisés et qu'ils voulaient à
leur tour humilier. Il m'a paru utile de de nou-
rapporter
veau Je récit de cette expédition ici.
Pendant ce temps les fils du caïd Hammedi-El-Khalîfa
ne cessaient de tout ravager, coupant les routes, empêchant
1. Le pacha avait été élu au commencement du ramadan. A cause de jeûne, l'ex-
pédition ne pouvait donc avoir lieu au plus tôt qu'un mois après.
2. Le texte est sûrement fautif; il porte : « et elle la casbah ». Tout le reste
de la phrase est peu précis.
204 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
les voyageurs de suivre leur chemin, aussi bien à celui qui
allait de Tombouctou à Dienné qu'à celui qui allait de
' de Tombouctou ou négo-
Dienné à Tombouctou : mulâtres
ciants étaient traités de la même façon. Ils s'emparèrent de
quatre barques : deux de Tombouctou chargées de sel et
deux de Dienné; ils se les approprièrent et spolièrent tout
ce qu'elles contenaient d'immenses richesses innombrables
et incalculables. On assure qu'ils disaient : « Nous n'en
voulons à personne sinon aux gens de Fez et en particulier
aux petits-fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni ; nous en voulons
à
tous les négociants qui sont leurs hôtes, à leurs esclaves, à
leurs affranchis, à tous les membres de leur famille sans
distinction. »
La raison qui faisait qu'ils avaient une haine spéciale
contre les gens de Fez et les fils de 'Ali-Et-Tezerkîni et non
contre les gens de la division de Merrâkech, c'est que c'é-
taient les premiers qui avaient tué leurs frères sur l'ordre
des pachas et du chef du pouvoir souverain, c'est-à-dire que
c'étaient les fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni (\ ri) spécialement
qui, en premier lieu, avaient tué leur père sous le pachalik
du caïd Ahmed-ben-'Ali, comme on l'a vu plus haut dans cet
ouvrage. Ensuite ils avaient tué El-Fa'-Boniya 2, fils du caïd
3 et 'Abdallah-
Ahmed-El-Khalîfa, 'Abdelqâder-Sama-Idji
Kenba-Idji sur l'ordre du pacha de l'époque le pacha Mo-
hammed, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni, ainsi
que nous l'avons déjà dit. C'est pour cela qu'ils disaient :
« Nous n'avons affaire qu'à eux et nous ne nous vengeons
1. Ou : « métis ». Il semblerait, d'après ce passage, que les fils de Marocains
et de Soudanaises formaient une sorte de caste à part, analogue à celle des Kou-
louglis en Algérie du temps des Turcs.
2. Les voyelles de ce nom ne sont pas indiquées. Sa forme paraît être celle
du diminutif du mot arabe ,j « fils ».
3. Ou : « Semi ». Plus loin ce mot est voyelle « Sama», mais iln'estpas suivi
de Idji.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 205
que d'eux en coupaDt les routes. » Auparavant, du vivant
du caïd 'Abdelgheffâr-ben-'Ali, ils avaient commencé à l'in-
jurier. Le caïd entendait les injures qu'on lui adressait
chaque jour; il n'en tenait aucun compte préoccu- et ne s'en
pait en aucune façon, n'ayant jamais manqué, fût-ce une
seule fois, de garder le silence et de les dédaigner.
Le caïd 'Abdelgheffâr mort, les fils de El-Khelîfa cou-
pèrent les routes aux musulmans, s'emparèrent des barques
dont il a été parlé et témoignèrent nettement leur mépris et
leur haine vis-à-vis de gens de la division de Fez. Ce fut
alors que les gens de la division de Fez poussèrent leurs
chefs à tirer vengeance de ce mépris. Déjà auparavant ils
avaient sollicité leurs chefs à cet égard, lorsqu'ils enten-
daient sur le compte du caïd 'Abdelgheffâr, quand celui-ci
était encore vivant, des propos qu'ils ne pouvaient suppor-
ter ; mais ils avaient vainement demandé à ce caïd de se
venger de son vivant; il n'y avait pas consenti et n'avait
rien fait contre ses diffamateurs. Et comme eux ne pou-
vaient rien faire sans leur chef, ils avaient renoncé à agir
jusqu'à ce moment.
Alors les gens de la division de Fez se concertèrent et
demandèrent, d'accord avec les autres troupes, que l'on
cherchât unpacha. Mais à ce moment la chose ne put se
faire par eux; il y eut désaccord et on abandonna ce projet.
Les chefs principaux des gens de Fez, caïds et lieutenants-
généraux, se réunirent de nouveau entre eux et décidèrent
des mesures qu'il convenait de prendre. Ils résolurent à
l'unanimité de faire une expédition, eux seuls en personne,
sans le concours des autres et de marcher contre les fils du
caïd Ahmed-El-Khalîfa, afin de faire cesser l'humiliation et
les vexations dont ils étaient les victimes, en brisant les liens
de l'opprobre quipesaient sur leurs cous.
Après discussion, le commandement de l'expédition fut
206 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
confié au lieutenant-général avaient à cette
qu'ils époque,
le lieutenant-général El-Hasen, fils du caïd Hammedi-ben-
Ali-Et-Tezerkîni. La campagne ayant été ainsi décidée, on
s'y prépara avec le plus grand et la pluszèle vive ardeur.
On fit appel aux soldats de Benka, à ceux de Kîso et à tous
ceux qui étaient de leur parti en quelque endroit fus-
qu'ils
sent dans tout le pays ; on fit même aux de Massa '
appel gens
qui tenaient garnison à Tendirma.
Toutes ces forces réunies formaient une armée considé-
rable (\ Yv). On donna à chacun sa solde et son équipement,
puis on quitta Tombouctou le jeudi, 12 du mois de djo-
mada Ier de l'année 1143 (23 novembre 1730). Toute la di-
vision de Fez était là, moins les caïds et les lieutenants-gé-
néraux. Toutes les embarcations destinées à cette expédi-
tion étaient, sur
la grève à ce moment. On ne les mit à flot
qu'après le départ des troupes du port de Kabara. On garda
les barques quelques jours dans le port et on attendit pour
les faire partir que les gens de Fez fussent en route ; alors
seulement elles furent mises en marche et suivirent l'expé-
dition.
On ne cessa de marcher directement et par étapes jus-
commencement du mois de II
qu'au djomada (12 décem-
bre 1730) ; on se trouvait alors
au bourg de Kir S-Seniba. Le
lieutenant-général 'Abdallah, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni,
oncle du commandant en chef, mourut dans cette localité,
le 3 mardi ; il fut enterré dans un endroit Koura-Ko-
appelé
raï (Dieu lui fasse miséricorde!).
Poursuivant sa route, la colonne campa sur une colline
voisine du bourg de Ghomni-Kobya, qui se trouvait à l'est
du camp; dans la soirée du vendredi, 4 du mois (15 décem-
1. D'après cela il y avait une division marocaine du nom de Massa.
2. La dernière lettre du mot est douteuse; on pourrait à larigueur lire « Kid ».
3. Le texte se sert du mot « mardi » qui ressemble au mot « trois ». Peut-être
faut-il lire : « le trois de ce mois ».
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 207
bre 1730), onatteignit le rivage de Farman-Tâ'o où. on de-
meura pendant neuf jours. On quitta cette localité le lundi,
14 (25 décembre 1770), après avoir adressé aux fils de El-
Khelîfa une sommation comminatoire et les avoir avertis de
ce qui les attendait. Quelques personnes leur envoyèrent
une lettre dans laquelle elles les invitaient à cesser de cou-
per la route aux musulmans s'ils croyaient en Dieu, en son
Prophète et au jour du jugement dernier 1, ajoutant celui
que
qui ne tiendrait pas compte de cet avertissement n'aurait qu'à
s'en prendre à lui-même s'il lui arrivait malheur.
gens de El-Khelîfa
Les n'acceptèrent point ce sage conseil
et n'en tinrent aucun compte. Ils refusaient de se rendre à
ces avis, parce qu'ils étaient dans une aberration évidente et
pleins d'orgueil. Ils persistèrent donc dans ces sentiments
de violence et de tyrannie et n'en voulurent point démordre,
aussi leur arriva-t-il une catastrophe pareille à celle qui fon-
dit sur les Compagnons de l'éléphant 2. Dieu a dit, en parlant
de ces derniers : « N'as-tu pas vu comment Dieu a traité les
Compagnons de l'éléphant? N'a-t-il pas fait tourner contre
eux leurs stratagèmes 3? »
Les gens de Fez formèrent leur colonne d'attaque à l'en-
droit appelé Doronaka et marchèrent sur le bourg de Oukiya
pour y attaquer l'ennemi; ils portaient leurs fusils sur
Les deux celle des opprimés 4 et celle
l'épaule. armées, des
oppresseurs, en vinrent aux mains dès que
gens les
de Fez
furent arrivés auprès du bourg d'Oukiya. L'armée des op-
primés, en un clin d'oeil, et dès la première décharge, mit
en déroute l'armée des oppresseurs qui tourna bride et se
réfugia à l'intérieur du bourg.
1. Ou, en d'autres termes : « s'ils étaient de vrais musulmans ».
2. Allusion à la défaite des Éthiopiens devant La Mecque, lors de la guerre
dite de l'Éléphant.
3. Coran, sourate v, versets 1 et 2.
4. Ou : des pillés et des pillards.
208 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Quinze soldats furent tués et restèrent sur le carreau à ce
moment. C'était : Bokar, Babeker, Sentâ a-ben-El-'Arbi-
Seddiq, T'Ar'a-Mondzo Seliman et l"Arca-Mondzo El-Amîn,
fils tous deux du lieutenant-général San-Teregh-Idji, Moham-
med-Sama-ben-El-Hâdj (\rv), Boubo, fils du lieutenant-
général El-Mord, un homme des gens du Gharb 1, nommé
'Abderrahmân, El-Hasen, fils du caïd Nâsir-ben-'Ali-ben-
'Abdallah-Et-Telemsâni,'Abdelqâder-ben-Mohammed-Benko-
Idji, Yahya-ben-El-Fa'-Cheïbi-Idji, Ahmed-ben-El-Benna,
'Achoura-ould-Benkânou, Bâbâ, surnommé Konnasou 2, fils
de Mohammed-El-'Arbi et le caïd, fils du lieutenant-général
3 si-
fAli. Ce dernier clôt la liste des morts. Le mot El-Mord
gnifie jeune homme.
Quant aux blessés, ils étaient très nombreux. En 'dehors
des soldats tués, il y eut nombre d'hommes et de femmes
les uns atteints par des flèches, les autres
qui succombèrent,
4 ils se dans les
par des javelots. Quant aux autres jetèrent
eaux et y périrent de crainte de la mort. Parmi les tués
figuraient également l'imam du bourg, l'imam Bâbâ-ben-
Moyâ, sa femme et sa soeur Khadidja. Les principaux per-
la fuite, abandonnant derrière eux leurs
sonnages prirent
femmes, leurs enfants et leurs parents. Tous ceux qui
demeurèrent en arrière furent la proie des vainqueurs et
tous les enfants furent réservés aux gens de Fez qui en eurent
la propriété.
On pilla tout ce que contenaient les maisons ; on dépouilla
les femmes et on s'empara de leurs bijoux; on ruina le
bourg de Oukiya qui resta pareil à un bourg des Israélites 5.
1. Ou : « de l'ouest ».
2. Ou : « Bekonnassou », si la première syllabe n'est pas la préposition i_>.
3. Ou plus exactement : _v*l « amred ». On pourrait traduire aussi : « El-
Mord était un jeune homme ».
4. Mot à mot : « le reste.
5. Allusion aux villes détruites, selon le Coran, par la colère de Dieu.
kiOGRAPHlES DES PACHAS DU SOUDAN 209
Les cadavres jonchaient le sol du village et restèrent là sans
être lavés, ni ensevelis et sans qu'on fit sur eux la moindre
prière.
Le lieutenant-général de la division de Fez, le lieutenant-
général El-Hasen, fils du caïd Hammedi-Et-Tezerkîni, rendit
la liberté aux femmes de condition libre et leur laissa la faculté
de rejoindre leurs familles. Elles partirent et se réfugièrent
dans le bourg de Ouaoubîr. Quant aux enfants du caïd
Ahmed-El-Khalîfa, le lieutenant-général Mohammed et ses
frères, ils avaient pris la fuite et, en se dispersant de divers
à s'échapper. Aucun d'eux n'était mort dans
côtés, réussirent
ce combat avait eu lieu le lundi, 21 du mois de djo-
qui
mada II, vers le milieu de l'année 1143 (1er janvier 1731).
Les tolba de Bara s'interposèrent alors pour que la paix
fût conclue. Ils craignaient le retour des actes de brigan-
et de pillage. Ils se rendirent d'abord auprès du lieu-
dage
tenant-général de la division de
Fez, le lieutenant-général
El-Hasen, fils du caïd Hammedi-Et-Tezerkîni qui était alors
au bourg de Cheïbi ; celui-ci jura sur le Coran sacré de cesser
les hostilités et la lutte, si les fils de El-Khalîfane recommen-
çaient point leurs errements d'attaque et de déprédations.
En quittant le lieutenant-général des gens de Fez (\x<\),
les tolbas se rendirent au bourg de Ouaoubir auprès du lieu-
tenant-général Mohammed, fils du caïd Ahmed-El-Khalifa.
Celui-ci jura
également, sur un exemplaire du Coran vénéré,
et en présence de toute l'assemblée, qu'il renonçait au pou-
voir 1, qu'il se repentait des actes criminels qu'il avait com-
mis et qu'il ne les renouvellerait plus jamais.
Le lieutenant-général de la division de Fez, le lieutenant-
général El-Hasen, fils du caïd Hammedi, suivi de son armée,
se rendit alors dans lavilledeDjindjo2poury demeurer quel-
1. C'est-à-dire à agir en chef indépendant comme il l'avait fait à Oukiya.
2. Ou : Djindjao.
{Biographies des pachas du Soudan.) 14
210 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
ques jours. Après être resté là sans rien faire il se remit en
marche pour rentrer à Tombouctou. On amena des barques
où tout le monde s'embarqua, puis on s'éloigna de la ville
de Djindjo et l'on vint mouiller au pied du bourg de Kabara.
De là, on se rendit sain et saufet chargé de butin dans la
ville de Tombouctou (Que Dieu veille sur elle!), où l'on
arriva le 28 du mois vénéré de ramadan (16 avril 1730).
Chacun rentra chez
soi, après avoir ainsi accompli complè-
tement le but proposé et fut heureux et joyeux de retrouver
sa famille. Le Ciel soit loué de tout cela!
Les spéciales,
barques qui emmenèrent les gens de Fez et
qui les portèrent à Oukiya, étaient au nombre de 62 ; le
chiffre total des soldats qui accomplirent le trajet dans ces
barques fut de 455. Quant aux barques de sel 1 qui firent
route en même temps qu'eux, elles étaient au nombre de 40.
Le nombre des fusiliers qui étaient sur les barques de sel
étant de 320, cela fait un total de 775 soldats armés de fu-
sils.
Les gens armés de javelots et d'arcs formaient une
masse innombrable et défiant toute estimation. La division
des Cherâga sous la direction du
lieutenant-général Moham-
med comptait 150 fusiliers en dehors des hommes armés de
javelots et d'arcs. Mais ils ne furent d'aucun secours, car ils
furent mis en fuite et en déroute par la toute-puissance de
l'Unique, du Dominateur 2. Tout ce que nous venons de dire
de cette affaire depuis le commencement jusqu'ici, nous
l'avons seulement entendu raconter à maintes reprises et
n'y avons point assisté en personne.
Dans la nuit du mercredi, si je ne me trompe, le 5 du
1. C'est-à-dire vraisemblablement : « servant à porter du sel en temps ordi-
naire », car on voit que chacune de ces barques portait un plus grand nombre
de passagers que les autres.
2. En d'autres termes : Dieu.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 211
mois de chaouâl, vers la fin de cette c'est-à-dire de
année,
l'année 1143 (23 avril
le vent avec une vio- souffla
1730),
lence extrême et partout le sol fut recouvert d'une couche
de poussière rouge. Ce phénomène une vive frayeur
inspira
à la population. On en augura une prochaine sédition et ce
présage se vérifia en effet. Le vent souffla toute la nuit et
dura jusqu'au lendemain jeudi, à l'heure de l'asr. A ce mo-
ment il mollit et se calma.
Au cours de cette année eurent lieu des conflits (\t«),
meurtres et batailles en divers endroits. Durant ce temps
notre ville de Tombouctou était vide, sans chef, sans pacha,
sans lieutenant-général,| sans hâkem, chacun de ces fonc-
tionnaires ayant été déposé ou révoqué. Et la guerre et les
luttes intestines se succédaient sans interruption.
Vers cette époque, nous apprîmes que les Touareg Ouldi-
Alen avaient attaqué Ma'n-'Al-El-Foulâni et avaient causé
de grands dommages dans son campement; c'était précisé-
ment le jour du vent On apprit
rouge. également que les
Touareg Tademekket étaient tombés sur le campement de
Soud-Kehmelf et l'avaient saccagé, y causant de grands dé-
gâts, leur tuant hommes et femmes et emmenant leurs trou-
peaux de boeufs. Le nombre de ceux qui furent tués atteignit,
dit-on, deux cent
cinquante. Cette agression avait eu lieu
après que les Touareg avaient garanti la sécurité des Foulâni
et reçut de ces derniers une redevance en chevaux et des ca-
deaux consistant en boeufs et en vêtements. Les Foulâni,
pour obtenir qu'on épargnât leurs personnes, avaient conclu
un pacte et obtenu un engagement formel.
Les Touareg retournèrent dans leur pays, y rassemblèrent
une armée considérable de fantassins et de cavaliers et
revinrent ensuite vers les Foulâni à la tête des troupes qu'ils
1. Les deux mots sont sans voyelles dans le ms. La dernière lettre du second
est douteuse.
212 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
avaient réunies et les attaquèrent à l'improviste, malgré le
pacte conclu et les engagements pris. Les Foulâni se por-
tèrent à leur rencontre et une bataille s'engagea dans la-
quelle Dieu accorda la victoire aux Foulâni. Ceux-ci repous-
sèrent les Touareg après en avoir fait un terrible carnage ;
ils en avaient tué un nombre tel qu'il ne saurait être chiffré.
Quelques-uns des Touareg périrent noyés de la plus affreuse
façon. Dieu leur avait donné la rétribution qu'ils avaient
méritée.
Tous les
Touareg qui avaient échappé à ce désastre ren-
trèrent dans leur pays. Là, ils se réunirent pour s'entendre
de nouveau, non sans s'être reprochés les uns aux autres
d'avoir fui, d'avoir mal choisi le moment du combat ou
d'avoir manqué de constance. Us revinrent ensuite pleins
de haine et d'animosité contre les
Foulâni, les attaquèrent,
leur tuèrent des
enfants, des femmes et des hommes dont
Dieu avait décidé la mort et pour lesquels il avait prédes-
tiné le martyre et les félicités éternelles. Tout cela se borna
à quatre ou cinq hommes tués en combattant 1. Dieu refoula
dans la gorge des Touareg la
perfidie qu'ils avaient em-
ployée contre les Foulâni. Ceux-ci, en effet, les mirent en
fuite, leur reprirent les boeufs qui leur avaient été enlevés
et firent un grand butin. Les Touareg avaient avec eux une
fraction d'une tribu foulânie nommée 'Ourorba ayant à sa
tête 'Ali-Soudoubo. Que Dieu fasse éprouver à ces Toua-
reg un rude châtiment ; qu'il disperse leurs groupes et rende
vides leurs demeures. Amen!
Le (\vs) mercredi, dernier jour du mois sacré de
dzou'l-hiddja (5 juillet 1731), les Touareg Ketouânfirent une
incursion contre le bourg de Bouna et le ruinèrent; ils
tuèrent neuf de ses habitants et emmenèrent en captivité
hommes, femmes et enfants.
1. Le sens de cette phrase est fort douteux.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 213
Le mois sacré de moharrem, qui fut
le premier mois de
l'année 1144 (5 juillet 1731), commença le mercredi soir,
si l'on accepte comme exacte la déclaration de ceux qui
disent avoir vu la nouvelle lune ce soir-là 1. Mais l'opinion
générale est qu'il commença le jeudi soir et que la veille
de 'Achoura fut un samedi soir. Le dimanche suivant, les
Touareg Tademekket firent une expédition contre Kîso. Ce
fut ce jour-là que les Touareg ruinèrent le village de
Mada'a 2, pillèrent les habitants de cette localité et incen-
dièrent la ville à laquelle ils mirent le feu. Ils se répandirent
ensuite dans les villages de Kîso et les détruisirent, puis ils
sur 3 et lui occasionnèrent
se jetèrent Menkoli-Ghongho les
dommages qu'ils purent commettre. Demandons à Dieu
qu'il nous accorde la paix !
Dans le courant de cette année, les conflits et les com-
bats éclatèrent parmi les habitants du pays de tous cô-
tés et en tous lieux. Dieu nous préserve des malheurs de
cette année et des malheurs des années qui suivront! Les
Tademekket assaillirent cette année-là le campement des
Bîdân 4 et leur tuèrent hommes et femmes. Les gens de Bî-
dân se portèrent ensuite à la rencontre des Tademekket,
leur livrèrent combat et réussirent à obtenir l'avantage
après avoir tué de leurs ennemis le nombre que Dieu voulut.
Durant cette année également il y eut une lutte entre les
Haoussa et les Gourma d'une part et les païens du Bambara
i. Pour connaître exactement le jour des fêtes, les musulmans chargent des
personnages dignes de foi de guetter l'apparition de la nouvelle lune; or il n'est
pas toujours possible de l'apercevoir exactement quand le temps est brumeux, ou
que la lune se couche de fort bonne heure. De là des incertitudes sur la date
exacte d'un événement.
2. Ou : Ma-Da'a, en deux mots.
3. Les voyelles sont ainsi données par le ms.
4. L'orthographe donnée est ^Iju, et non^Lx* qui signifierait « les Maures ».
Il est peu probable qu'il y ait une faute d'orthographe, cependant cela pourrait
être.
214 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
d'autre part. Puis un conflit éclata entre le Djinni-Koï et
l'armée de Dienné. Ce conflit devint si aigu que le caïd de
l'armée, qui à cette époque était
le caïdEl-Khalîfa-ben-Tirac,
se mit en marche avec ses troupes et alla camper à Konba'a
pour y combattre le Djinni-Koï. Mais cette démonstration
n'eut aucune suite, car le caïd mourut dans son lit en cet
endroit (Dieu lui fassemiséricorde!) et son corps fut trans-
porté à Dienné où il fut enterré.
Les troupes cherchèrent alors qui d'entre elles elle pour-
rait investir de l'autorité ; elles décidèrent de porter leur
choix sur
El-Fa-Mohammed, fils du bachout Ahmed-Ech-
Chérif et, d'un accord unanime, elles l'élurent caïd. Le nou-
veau caïd marcha, lui aussi, contre le Djinni-Koï; dans ce
but il dirigea ses
troupes vers le village de Farm an et campa
en route au milieu des champs avant d'arriver à ce village.
Le mercredi, 3 du mois de redjeb l'unique de cette année
(1er janvier 1732), le caïd Mansour vint de Yendobogho à
Kabara 1. Quand les gens de la division de Merrâkech ap-
prirent sa venue à Kabara, ils se concertèrent pour aller à
sa rencontre, le lendemain. Ils partirent tous, l'accueillirent
avec égards et respects et l'accompagnèrent du port (\vv)
de Kabara jusqu'à sa demeure dans notre ville de Tombouc-
tou (Que Dieu la protège!).
Les
troupes s'entretinrent ensuite de la question de la no-
mination d'un pacha. Les gens de Fez mandèrent à ceux de
Merrâkech de choisir parmi eux qui ils voulaient élire, puisque
c'était à leur tour de désigner un pacha. Après avoir dis-
cuté entre eux la question, les gens de Merrâkech confièrent
le soin de décider au caïd Mansour, le laissant libre de
faire ce qu'il voudrait, de nommer qui il lui plairait et de
donner le pouvoir à celui d'entre eux qu'il préférerait.
1. Le nom de Kabara n'est pas indiqué. Peut-être fant-il comprendre Tom-
bouctou qui était en réalité la destination définitive de Mansour.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 215
« Quelle que soit la personne que vous nommerez, lui
dirent-ils, nous l'accepterons. » La situation se prolongea
sans solution ; on tergiversait et le caïd Mansour exami-
nait, réfléchissait, cherchant qui conviendrait le mieux.
Les gens de Fez, qui attendaient une décision, trouvèrent
que l'attente durait trop, aussi firent-ils dire au caïd Man-
sour qu'ils étaient tous d'accord pour l'agréer et l'accepter
comme pacha et qu'aucun d'eux ne consentirait à un autre
choix. Alors les
langues se délièrent et on s'aperçut de la
perfidie et de l'animosité qu'avaient au fond les fils du coeur
de 'Ali-El-Mobârek contre le caïd Mansour, car ils refusèrent
hautement et ouvertement de l'accepter; puis après avoir
débordé en paroles, ils le laissèrent 1.
A ce moment le caïd Mansour
commença à faire recons-
truire sa maison en ruines qui avait été démolie par le caïd
Bâ-Haddou à l'époque où lui, Mansour, avait été chassé du
pouvoir et expulsé entièrement de la ville. En même temps
on avait démoli la grande citadelle qui entourait sa maison
du côté du Fleuve et lui était Bâ-Haddou,
contiguë. Le caïd
dès qu'il eut succédé à Mansour, avait donné l'ordre de
2 il en avait
détruire sa maison, de démolir sa citadelle ; fait
abattre les pièces du haut et boucher les gouttières, afin
3
d'empêcher les eaux de s'écouler par là; mais il n'en fut
pas comme il l'avait pensé et cela à cause de la solidité de
la construction et de l'excellence des matériaux.
Il y avait des briques blanches épaisses et très grandes
4 les bois étaient excel-
faites d'argile de choix et nouvelle ;
1. L'expression est un peu vague. On peut comprendre que les fils d"Ali re-
noncèrent à faire opposition à la nomination de Mansour ou qu'ils quittèrent la
ville et partirent.
2. Ou : son château.
3. Il y a évidemment une petite lacune dans le texte qui ne contient pas l'ex-
plication de ces mots : « mais il n'en fut pas comme il l'avait pensé ».
4. Cette épithète, indiquée dans le texte, pourrait ne pas s'appliquer à l'argile,
mais à un mode nouveau de fabrication des briques.
216 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
lents, très volumineux et très longs; les murs étaient très
épais; ils avaient jusqu'à deux coudées d'épaisseur et même
davantage. C'est grâce à tout cela que la maison était restée
habitable dans cet état jusqu'à cette
époque. Mansour la
restaura et l'enduisit de terre 1; à l'intérieur
jaune il la
revêtit de terre blanche. Enfin il la remit tout à neuf; il s'y
installa pour l'habiter et y resta jusqu'à sa mort. (Dieu lui
fasse miséricorde !)
Le jeudi, 21 du mois de chaouâl de cette année, je veux
dire de l'année 1144
(17 avril 1732), les musulmans com-
mencèrent à apporter de la terre 2 à la mosquée de Sankoré
avec l'autorisation du jurisconsulte, le cadi Seyyid-Ahmed,
fils du jurisconsulte, le cadi Ibrahim (\tr) (Dieu le dirige
dans ses paroles et dans ses actes!). Le travail, commencé
ce jour-là, fut achevé le mercredi, 27 du même mois
(23 avril).
Le cadi était là au moment de l'achèvement du travail; il
était accompagné de l'assemblée des musulmans, des
imams des mosquées et des notables. Quant à la foule, elle
se tenait ce jour-là à la porte de la mosquée. Le cadi fît des
prières pour la ville, pour ses habitants, pour les troupes,
les enfants du quartier, les cheikhs, hommes et femmes, les
musulmans, les musulmanes, les vivants et les morts. En-
suite il pria pour les anciens, les ancêtres disparus.
Le lieutenant-général Mohammed, fils du caïd Bâ-Had-
dou, qui était présent à la cérémonie, voulut qu'on fît des
prières pour lui
ce jour-là, parce qu'il désirait se rendre à
Dienné pour y porter assistance à ses soldats. Le cadi fit la
prière qui lui était demandée en mettant toute l'ardeur et
la ferveur possibles dans l'invocation qu'il prononça, si bien
1. Autrement dit : il fit crépir les murs qui furent badigeonnés en jaune exté-
rieurement et en blanc à l'intérieur.
2. Pour fabriquer des briques.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 217
une telle il ne restait plus rien à dire 1.
qu'après prière
Le eadi fit ensuite appeler le muezzin et lui dit : « De-
mandez à Dieu pour tous ces musulmans ici présents et pour
tous ceux d'entre eux qui sont absents, qu'il ne leur fasse
voir l'année ni malheur, ni aucune épreuve. »
prochaine
Puis il ajouta encore quelque chose, mais je ne pus le
à cause du bruit de la foule et de la bousculade.
comprendre
Il acheva son discours, parlant du ton de quelqu'un qui pleure,
si bien que je supposai se rendait compte lui-même
qu'il
suivante. 11 était sur le point de
qu'il ne verrait pas l'année
le dire au
muezzin, mais il ne le fit pas et se tut. Il récita la
fatitra au nom de tous, puis leva ses mains bénies vers Dieu
les élevait en même
le très-haut, tandis que tout le monde
lui. Ses prières et sa récitation terminées, le
temps que
cadi se frotta les mains 2 et le public en fit autant. Dieu nous
accorde ainsi qu'à tous les musulmans une fin heureuse et
le bonheur, grâce aux mérites du Prophète élu par lui, et de
sa famille. Amen!
A ce moment les gens de Tombouctou apprirent la nou-
velle du conflit entre la garnison de Dienné et le Djinni-
Koï. Tout ce qu'ils savaient, c'est que le Djinni-Koï avait
bloqué la garnison de Dienné et ses gens 3, en sorte que
personne d'entre eux ne pouvait se rendre à un marché
quelconque dans toute la région de Dienné.
Ce fut à cause de cet événement que le Kabara-Farma,
fils du caïd Bâ-îladdou, se mit en marche pour aller au
secours de Dienné et protéger cette ville contre le Djinni-
1. En d'autres termes : sa prière fut si belle qu'il eût été impossible de faire
mieux.
2. On se frotte les mains l'une contre l'autre pour marquer qu'une chose est
terminée complètement.
3. C'est-à-dire toute la suite de l'armée, femmes, enfants et valets d'armes. On
pourrait aussi comprendre : « la garnison de Dienné et les habitants de cette
ville », mais cela ne s'expliquerait guère.
218 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Koï. Il quitta Tombouctou pour se rendre au port de Dâ'a 1,
le vendredi, après la prière du dohor, le 7 du mois de dzou
'1-qa'da, vers la lin de l'année 1144 (2 mai 1732). Il campa
près du port, ayant avec lui une armée nombreuse compo-
sée (\?t) de fusiliers, d'esclaves, de Soudanais, d'Arabes,
de Touareg et autres.
Il resta en cet endroit
vingt-deux jours, puis il en repar-
tit le mercredi, dernier jour du mois (25 mai), se dirigeant
vers Dienné ; il ne cessa de marcher et de camper jusqu'à ce
qu'il entra dans la ville de Dienné (Que Dieu le protège!).
Il trouva le caïd de Dienné campé avec ses troupes au
milieu des champs. Les troupes n'étaient plus dans la ville
où elles n'avaient laissé aucun fusilier et elles faisaient face
à l'ennemi.
Le Kabara-Farma, qui venait à leur aide, ne se rendit
pas à ce camp; il entra dans la ville où il séjourna. Il sem-
blait qu'il n'était venu que pour s'établir dans la ville et
non pour prêter secours au
caïd, qu'il n'avait donc pas
besoin de se rendre auprès de ce dernier et qu'il estimait suf-
fisant d'envoyer des messagers au Djinni-Koï pour arran-
ger les affaires. Il manquait donc à ce que l'on attendait de
lui et au but qu'il s'était proposé en se rendant à Dienné.
Après un court séjour à Dienné, le Kabara-Farma revint
sur ses pas avec une partie de ses soldats, les autres ayant
refusé de le suivre et étant restés dans la ville. Ces derniers
quittèrent ensuite la ville et allèrent rejoindre les troupes
de Dienné 2, pensant que le conflit serait tranché eux.
par
Toutefois les soldats restés à Dienné n'allèrent rejoindre les
troupes de Dienné qu'après le retour du Kabara-Farma à
Tombouctou.
1. Peut-être est-ce le même port qui est appelé ailleurs tantôt Da'aï, tantôt
Do'aï, orthographe que j'ai adoptée.
2. C'est-à-dire les troupes marocaines qui, à ce moment, étaient campées hors
de Dienné à la suite du conflit qui avait éclaté entre elles et le Djinni-Koï,
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAIN 219
Le Kabara-Farma avait quitté Dienné dans la dernière
décade du mois sacré de moharrem, le premier mois de
l'année 1145 (13-24 juille 1732), sans avoir rien fait pour
porter secours aux soldats de cette localité. Aussi une par-
tie de ses troupes s'était-elle de tandis
séparée lui, que le
reste revenait avec lui.
Parmi les personnages principaux de son armée qui
restèrent à Dienné on cite : 'Abderrahim, fils du caïd
Ahmed-ben-'Ali; le lieutenant-général Boryo, fils du caïd
'Ali-ben-Sa°îd, fils du pacha Yahya El-Gharnâti ; Sa'îd-ben-
Qâsem-El-Andalousi, etc., tous gens des plus valeureux
parmi ces troupes. Le lieutenant-général Yahya-El-Hindi
suivit le Kabara-Farma tant à l'aller qu'au retour et ne
l'abandonna pas.
Quand le Kabara-Farma se fut mis en route pour aller de
Dienné à Tombouctou, les troupes qui l'avaient abandonné
allèrent rejoindre le caïd de Dienné et, avec lui, prirent part
à la lutte avec un véritable dévouement; elles combattirent
sous ses ordres et l'aidèrent jusqu'au moment où,, grâce à
leur entremise, elles réussirent à amener une réconciliation
avec le Djnni-Koï.
Le Kabara-Farma 1à
arriva Tombouctou dans la première
décade du mois de safar le bon(24 juillet-2 août 1732). De
retour dans sa maison il commença les réjouissances et dis-
tribua les cadeaux 2, ce qu'il n'avait pas encore fait. Puis,
cela terminé, il donna l'ordre à ceux de ses soldats restés à
Dienné de venir à Tombouctou; ils y arrivèrent par groupes
de deux, de trois, de quatre ou et bientôt
par compagnies
ils furent au complet, aucun d'eux n'étant resté à
(\v«)
Dienné.
1. Il y a une omission dans le texte qui porte simplement : « son arrivée à
Tombouctou ».
2. Il s'agit des réjouissances et des cadeaux faits à l'occasion de l'avènement
du pacha.
220 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Ici se termine ce que j'ai voulu rapporter au sujet des
événements qui se produisirent entre les gens de la division
de Fez et les fils du caïd Ahmed-El-Khalîfa dans le bourg
de Oukiya; j'y ai ajouté les combats, conflits et autres évé-
nements qui suivirent. Je les ai mentionnés ici à la suite de
l'article consacré au caïd Yousef-ben-c Abdallah. Maintenant
je vais terminer le chapitre relatif aux personnages dont le
nom commence par la lettre
y a (y).
Yahya, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-
ben-cAbdallah-Et-Tezerkîni. — Il fut élu
par l'unanimité des
troupes après la déposition du caïd Sa'îd, fils du caïd Senî-
ber, le jeudi, 22 du mois de safar le bon, au début de l'an-
née 1153 (19 mai 1740). Il fut déposé le mercredi, 12 du
mois de rebi' Ier (7 juin 1740), après être resté au pouvoir
vingt jours dans l'année qui vient d'être dite, c'est-à-dire en
l'an 1153.
Lettre ba (b).
Brahim-ben-cAbdelkerim-El-Djerrâri (cf. Histoire du
Soudan, p. 347).
Bâ-Haddou-ben-Sâlem-El-Hassâni. — Élu au mois de
safar, au début de l'année 1094 (30 janvier-28 février 1683),
après la déposition du caïd Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-
Der'i, il entreprit une expédition contre Benba, ayant en
secret l'intention d'arriver à Kâgho. Mais les troupes n'ayant
pas consenti à ce dernier projet, il ne resta pas longtemps
en route et revint sur ses pas pour regagner Tombouctou. Il
fut alors déposé, après être resté neuf mois au pouvoir. Sa
déposition eut lieu au mois de dzou '1-qa'da, vers la fin de
cette année, c'est-à-dire de l'année 1194 (22 octobre-21 no-
vembre 1683), si je ne me trompe.
Bokaruâ, fils du pacha Mohammed-ben-Mohammed-ben-
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 221
'Otsmân. —J'en ai déjà donné la biographie à la lettre sin
[s] en indiquant qu'il fut appelé deux fois au pouvoir suprême
(\r\).
Brahim-ben-Hassoun-Ed-Der'i. — Il fut nommé
pacha
le jeudi, '13 du mois derebi'II de l'année 1103(4 décembre
1691), la déposition
après du caïd Senîber, caïd Mo- fils du
hammed-Bouya. Il demeura une année au pouvoir.
On rapporte que le caïd Bâbâ-Seyyid fut de nouveau
appelé au pachalik après la déposition du caïd Senta a, au
mois de rebi' II de l'année 1115 (14 octobre-12 septembre
1703), qu'il resta au pouvoir environ cinq mois et qu'il fut
déposé le 13 du mois de cha'ban de la même année (19 fé-
vrier 1704); puis, pendant trois mois, personne nefutinvesti
des fonctions de pacha. Ensuite on élut le caïd Mâmi-ben-
'Ali pour la première fois 1.
Brahim fut déposé le 19 du mois de rebi' Ier de l'année
1104 (28 novembre 1692). Au cours de son pachalik,
pendant le mois vénéré de ramadan, un jeudi, le 12 de ce
mois (28 mai 1692), mourut 'Abdallah-ould-Arhama. Il fut
tué par le lieutenant-général Ech-Cheikh, sur la place de son
quartier, près delà maison du caïd Ahmed-ben-'Ali. Un con-
flit surgit alors entre Ahmed et le lieutenant-général Ech-
Cheikh et l'on se prépara au combat de part et d'autre. Les
notables intervinrent et cette effervescence fut calmée grâce
à l'entremise du pacha Brahim.. Il fit appliquer la peine du
fouet aulieutenant-général Ech-Cheikh et l'exila ensuite
dans la ville de Benba. Ce fut après cela que le pacha Bra-
him fut déposé.
Il fut de nouveau rappelé au pachalik après la déposition
du caïd El-Mobârek-ben-Mansour, au mois de rebi' II de l'an-
1. Tout ce paragraphe ne paraît pas être à sa place. Il y a sûrement une la-
cune dans le ms. ou une transposition, mais rien dans l'apparence du ms. lie
permet de se prononcer à ce sujet.
222 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
née H 05 (30 nov.-29 déc. 1693); il demeura alors neuf mois
au pouvoir, puis fut déposé à la fin du mois dedzou'l-hiddja,
le dernier mois de cette année (21 août 1694).
—
Bâbâ-Seyyid-ben-Tâlib-Hammedi-Ech-Chergui.
Son nom était Mansour; j'ai donné sa biographie précédem-
ment à la lettre mim [m).
Bâbâ- Hammedi -ben - Mansour- Ech -Chergui- Es-Se-
nàouni. — Ilfutéluaumoisdedzou'l-qa'da, vers la fin de l'an-
née 1122 (22 décembre 1710-21 janvier 1711) après la dé-
position du caïd 'Ali, fils du caïd Mohammed-ben-Cheikh-
cAli-Ed-Der i. Il resta au pouvoir cinq jours et fut déposé
ensuite.
Dans le courant du mois qui précéda celui dont il vient
d'être parlé, c'est-à-dire dans de chaouâl
le mois de cette
année, le 9 (12 décembre 1710), mourut le jurisconsulte,
le cadi Mohammed-ben-Mahmoud-Qanbali (\vv). Dieu le
très-haut lui fasse une large miséricorde. Amen! Il était cadi
de la ville de Tendirma.
Bâ-Haddou fils du caïd Yahya-ben-A.li-El-Mobârek-Ed-
Der'i. — Il fut élu au mois sacré de moharrem, le premier
mois de l'année 1126
(17 janvier-16 février 1714), après la
déposition du caïd 'Ammâr, fils du caïd So'oud-Bokarnâ.
Il y eut à ce moment deux meurtres qui furent commis :
l'un, sur la personne d'unhomme du Maroc, un Filâli ; l'autre,
sur la personne d'un individu de Dra du Maroc également.
Ils furent assassinés durant une nuit obscure. On
apporta
lun des cadavres sur le chemin de Kabara, on le déposa dans
une fosse
peu profonde qu'on avait creusée là; puis on ra-
massa des herbes sèches qu'on plaça sur le corps et on y
mit le feu. On l'avait brûlé dans la crainte qu'il ne répandît
une mauvaise odeur 1 ; on l'enfouit ensuite en le recouvrant
de terre.
1. Quand il serait entré en putréfaction et qu'il décelât ainsi sa présence.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 223
Les meurtriers allèrent ensuite chercher l'autre cadavre;
ils l'apportèrent à la porte de la casbah, une des portes de
Kabara, et le jetèrent là enveloppé d'un haïk, après lui avoir
rompu tous les membres ; puis ils le laissèrent sur la place qui
est devant la porte, c'est-à-dire la porte de la casbah. Le
lendemain matin, de bonne heure, les gens qui virent le
cadavre se le montrèrent les uns aux autres et s'informèrent
à son sujet. Ce fut alors qu'on trouva la seconde victime sur
le chemin de Kabara de l'endroit dit Makhzen-Tendi 1 :
près
c'était le cadavre de celui qu'on avait enterré après l'avoir
brûlé.
La nouvelle de cet événement se répandit dans la ville et
parvint aux oreilles du pacha Bâ-Haddou. 11 demanda qui
avait commis ces meurtres et, comme personne ne le savait,
il ordonna une
enquête pour rechercher le meurtrier. On
apprit alors que le crime avait été commis par cinq ou six
2 : deux
personnes des chérifs gens des
du Gharb, Maulay
Ben-'Abdelhâdi, le gendre de Maulay El-Kebir-ben-'Abder-
rahman et Maulay Hammedi-Et-Taouïl ; un homme du Dra 3,
un individu des Oulad4-Filâli, le frère de Mohammed-ben-El-
Hâdj-Tayyeb et un hartani filâli ou affranchi de Akhâou.
Quand le pacha Bâ-Haddou connut le nom des coupables,
il envoya à leur recherche le lieutenant-général de la
garde (\.u), le
lieutenant-général Mohammed, fils du caïd
Ibrahim-ben-Hassoun, ainsi que des hommes avec ordre de
les saisir et de les amener à la casbah. Les émissaires du
pacha se rendirent au quartier de Kisimo-Benko chez les
deux 5 étant
chérifs. Maulay El-Kebir le chef de ces chérifs et
1. Colline dont il sera parlé plus loin.
2. L'auteur en donne exactement cinq.
3. Le texte imprimé porte t?jb; mais je lis t^jljj qui d'ailleurs se trouve plus
loin.
4. Ou : des fils du Filâli qui avait été tué; mais cela est peu vraisembable.
5. Le beau-père de l'un des coupables.
424 BIOGRAPHIES DES PACHAS DÛ SOÎJDAN
leurs réunions se faisant dans sa maison, cette affaire n'avait
donc pas été possible sans sa connivence. Arrivés dans la
maison de Maulay El-Kebir, les émissaires trouvèrent là
1 dirent : « Le pacha vous de-
deux des coupables. Ils leur
mande et nous a donné l'ordre de vous amener vers lui. »
Hammedi et Ben-'Abdelhâdi sortirent aussitôt avec Mau-
lay El-Kebir et tous trois se rendirent auprès du pacha. Dès
qu'ils furent en sa présence, le pacha donna l'ordre d'arrêter
les deux coupables, de les conduire dans la casbah et de les
y mettre en prison. Ensuite il donnal'ordre de mettre les trois
hommes en prison dans les écuries. Puis il fit crier par le
héraut 'Ali dans toute la ville que quiconque était imam ou
jurisconsulte devrait se trouver le lendemain avec le cadi.
à la casbah.
Le lendemain, le cadi Seyyid Ahmed, fils du jurisconsulte,
le cadi Ibrahim accompagné de tous les jurisconsultes de la
ville à l'exception du seul jurisconsulte Mohammed-Baghyo'o,
se rendirent à la casbah en présence du pacha, selon l'ordre
qui leur avait été donné. Le pacha leur demanda quel sort
méritaient les
coupables. Tout le monde garda le silence et
personne ne donna aucune réponse. La même question fut
répétée et suivie d'un nouveau silence.
Alors, après être resté lui-même longtemps sans rien dire,
le pacha fit l'appel de tous les assistants en prononçant le nom
de chacun. «Vous
qui êtes ici, vous nos ulémas et nos juriscon-
sultes, dit le pacha, je vous demande de me faire connaître
le châtiment que méritent les coupables dans cette affaire.»
Comme tout le monde se taisait, le jurisconsulte, l'imam Sâ-
1. Le pronom est au singulier dans le texte ; il se rapporterait donc à Maulay
El-Kebir seulement. Mais il y a là; je crois, une faute du copiste ou une mau-
vaise rédaction due à l'auteur lui-même. D'après le texte également, Maulay El-
Kebir se serait rendu seul auprès du pacha, ce qui ne semble pas résulter de la
suite du récit. Tout ce passage est fort mal rédigé.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 2-25
lih, fils de l'imam Ahmed, fils de l'imam Sa'ïd, fils de l'imam
Mohammed-Kidâdo, leva se pendant que ses compagnons
restaient assis et, s'adressant au pacha Bâ-Haddou, il lui
dit : « Faites-^les tous mettre à mort, leur sang retombera
sur ma tête et Dieu aura à m'en demander compte. » On
récita alors la fatiha.
Les chérifs furent ramenés aprèschez eux
avoir été gar-
dés environ vingt jours. En même temps le pacha relâcha
1 des
quatre coupables, n'en gardant qu'un, le Draouï 2, qu'il fit
mettre à mort. On l'exécuta ce jour-là sur la place du mar-
ché. On assureque les familles des quatre autres coupables
venaient en secret trouver le pacha, lui faire des cadeaux
et lui donner de l'argent afin qu'il les remît en liberté et que
c'est à cause de cela qu'il les relâcha.
Le pacha imposa une contribution en or aux négociants ;
j'ignore quelle.en fut la quotité. Elle fut payée en nombreux
cauris (><n), mais j'en ignore le nombre également. Le pa-
cha avait 3
pris ces cauris uniquement pour les préparatifs
d'une expédition qu'il devait faire. Il ne s'en servit pas pour
cet objet qui n'entrait pas dans ses desseins. Il fut
déposé
au mois de cha'ban le brillant de cette année (12 août-
10 septembre après être resté au pouvoir environ huit
1714),
mois.
Il fut de nouveau appelé au pouvoir, après la déposition
du caïd au mois sacré
'Abdallah-ben-El-Hâdj-El-'Imrâni,
de moharrem, le premier mois de l'année 1127 (7 janvier-
6 février au mois de rebic II de la même
1715) et fut déposé
année (6 avril-5 mai 1715), après être resté en fonctions
environ quatre mois.
Rappelé au pachalik une troisième fois dans la soirée du
1. On n'a parlé que de l'arrestation de deux d'entre eux.
2. Draouï signifie originaire de la province de Dra, au sud du Maroc.
3. Ou plutôt : sous prétexte de faire une expédition.
(Biographies des pachas du Soudan.) 15
226 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
jour du départ du caïd
Mansour, fils du caïd Senîber, il re-
prit le pouvoir le samedi, dernier jour du mois sacré de
dzou '1-qa'da, vers la fin de l'année 1131 (14 octobre 1719).
Le lendemain même de cette nouvelle élection il confia le
gouvernement de Kabara au Kabara-Farma 'Abdallah. Or
il se trouva à ce moment que le bourg de Kabara était peuplé
de legha ou esclaves du caïd Mansour et pendant le passage
du caïd Mansour au pouvoir suprême personne n'avait
d autorité à Kabara sinon ses esclaves. Ils s'étaient établis
là par la violence et l'injustice, ne redoutant personne et ne
reconnaissant aucune autorité en ce qui touchait aux affaires
de Kabara,'pas même l'autorité des fils de El-Mobârek qui
étaient là à cette époque.
Le nouveau Kabara-Farma se rendit donc à son poste,
emportant ses armes et emmenant avec lui ses hommes et
ses esclaves. Il trouva les legha à Kabara. Les chérifs sor-
tirent alors de Tombouctou et suivirent le Kabara-Farma
'Abdallah, afin de lui venir en aide contre les
legha. Ils li-
vrèrent combat à ces derniers, leur infligèrent une déroute,
en tuèrent un certain nombre à Kabara tandis que d'au-
tres mouraient ensevelis dans les eaux sans avoir réussi à
se sauver. On en saisit un certain nombre et tous ceux que
le Kabara-Farma put atteindre il les expédia à Tombouc-
tou au pacha; celui-ci les fit mettre à mort dans le quar-
tier des chérifs à Kisimo-Benghol, en sorte qu'il ne resta
plus un seul legha à Kabara.
Le Kabara-Farma 'Abdallah demeura à Kabara, faisant
une garde très active sur la ville et se tenant en armes nuit
et jour. C'était à tel point qu'aucun soldat ne pouvait cou-
cher dans sa maison et qu'il devait passer la nuit en plein
1. Partout
ailleurs ce mot est écrit Benko tl5c. Cette orthographe «^ donne à
penser qu'il faut prononcer Bengo. LemotKisimo est aussi voyelle tantôt Kisomi,
tantôt Kisoma.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 227
air. 'Abdallah fît entourer Je bourg d'une haie d'épines, puis
il l'entoura d'un véritable fossé. Ensuite il fit bâtir pour s'y
retrancher un '
rempart solide avec tours et ce rempart en-
fermait toute la ville. Cette fortification existe encore au-
jourd'hui.
On tua un grand nombre d'esclaves du caïd Mansour sur
la place de Kisimo-Bengho, sur l'ordre de Son Excellence
le pacha Bâ-Haddou et cela depuis le jour du départ de leur
maître pendant deux mois environ, davantage, si
ou même
je ne me trompe (\ i ). Tout d'abord on en mettait à mort
chaque jour et à toute heure de la nuit et du jour, puis ce
fut une fois par jour, ensuite tous les deux jours et ainsi de
suite jusqu'à la fin du mois de dzou '1-hiddja (13 novembre
1719). Quand le mois sacré de moharrem commença, les
exécutions continuèrent, puis un mois après on en amenait
un qu'on exécutait, puis on n'en exécuta plus qu'un, deux
ou trois en plusieurs mois. Ces exécutions durèrent jusqu'à
ce qu'il ne resta plus un seul de ces legha dans aucune ré-
gion du pays.
Un certain nombre de ces legha avaient accompagné leur
maître. Quant à ceux qui s'étaient séparés de lui à ce mo-
ment, ils allèrent le rejoindre lorsque les habitants de Tom-
bouctou eurent arrêté deux de leurs chefs, leur chef princi-
pal appelé Ech-Cheikh-Bouro-Kandi et leur hàkem Abou '1-
Kheir.Ces deux personnages, qui étaient les plus tyranniques
et les plus puissants des legha, avaient été arrêtés par les
habitants de
Tombouctou, le jour même du départ de leur
maître Mansour. Ils devaient périr de la main des chérifs et
des soldats de Tombouctou. Ils n'avaient pas réussi à s'é-
chapper avant d'avoir été arrêtés ce jour-là.
Quand son maître était parti, Bouro-Kandi n'avait pu
1. Le texte emploie le mot fortification.
228 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
faire autrement que de se réfugier dans la maison du juris-
consulte, l'imam Bâbà-Mokhtàr, fils du jurisconsulte, le cadi
Mohammed, et de chercher un asile chez lui 1. Mais cela ne
lui servit de rien vis-à-vis des soldats et même des chérifs.
Eu effet, les soldats, ainsi qu'un certain nombre de chérifs,
vinrent l'arrêter là et, après l'avoir garrotté, l'emme-
nèrent dans leurs demeures, le faisant entrer dans chacune
d'elles afin
que tous leurs parents le vissent. Ensuite on
l'emmena au dehors et on le tua sans défense à coups de sa-
bres, de javelots et de fusil. Il mourut ainsi. Dieu envoie en
toute hâte son âme subir le châtiment au plus profond de
l'enfer!
Quant à son collègue Abou'l-Kheir, on le conduisit à un
2
endroit voisin du marché nommé Mesni et, là, on le tua sans
défense, puis on laissa son corps gisant sur le sol. Dieu en-
voie en toute hâte les âmes de ces coupables subir les tour-
ments du plus profond de l'enfer, dans le gouffre de feu le
plus inférieur.
Le pacha Bâ- Haddou ne tint pas de conseil le septième
jour de son élection. Il ne fit pas non plus la chevauchée
3
habituelle. Ce fut seulement le jour de la fête des sacrifices
qu'il se rendit au mosalla des grandes fêtes pour y faire la
prière et qu'il fit exécuter les réjouissances d'usage en ce
jour.
Au mois de safarle bon, au début de l'année 1132 (14 dé-
cembre 1719-12 janvier 1720), le caïd Mansour arriva avec
les Touareg Oulimiddàn ayant à leur tête Ag4-Cheikh-ben-
1. L'usage voulait que certaines demeures fussent inviolables et pussent servir
d'asile. Cependant il est peu de sanctuaires, même des plus vénérés, qui aient
toujours été respectés.
2. Le mot est sans voyelles dans le texte; on peut donc lire : Mesna, Misni
ou Misna.
3. Cette fêle eut lieu le onzième jour de l'élection du pacha.
<LBien que les voyelles indiquées dans le ms., fixent la prononciation Aghâ,
ce mot doit être lu Ag.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 229
Kâli-Dono'-Et-Targui. Ils campèrent à l'est de Tombouctou.
Les soldats, les chérifs, les esclaves et les hommes de Tom-
bouctou sortirent tous ce jour-là à la rencontre de l'ennemi
et le chargèrent (u \ ). L'ennemi d'ailleurs ne tint pas devant
cette attaque; il se déroba et s'enfuit dans la forêt. Le caïd
Mansour rebroussa chemin avec les autres et ne tira pas le
moindre avantage de sa venue cette année-là. L'ennemi alla
ensuite camper à Abrâz où il fut attaqué par le caïd Bâ-Had-
dou-en personne, à la tête de son armée. Cette fois encore
Mansour fut repoussé et ne tira avantage aucun
de sa venue.
Au mois de djomada Ier (11 mars-10 avril 1720), Mansour
renouvela son attaque pour la troisième fois. Il avait avec
lui les Touareg du Haoussa, les Touareg de Gourma et les
fusiliers de Benba. Toutes ces troupes, auxquelles se joigni-
rent les Foulâni, campèrent au bourg de Bouki et commen-
cèrent leurs incursions sur la route du port de Kabara, en
sorte que les gens de Tombouctou redoutèrent qu'il en ré-
sultât pour eux de grands dommages.
Le pacha forma un détachement de soldats qui eurent
mission de se rendre sur la route de Kabara et d'accom-
2 à cause du
pagner chaque jour le Ferkedi danger qu'il
courait durant ce parcours- En
conséquence, le dimanche,
9 du mois (19 mars 1720), le détachement, dont il vient
d'être parlé, accompagna les âniers qui se rendaient à Ka-
bara et les fît parvenir dans cette localité. Mais quand les
âniers revinrent à Tombouctou accompagnés du détache-
ment, les soldats dû caïd Mansour se portèrent au devant
d'eux et les attaquèrent dans un endroit appelé 'Orromarya 3.
1. Sur le ms. on peut lire : ^j ou ^j. Celte dernière orthographe inadmissible
en arabe signifie peut-être que le mot doit être annulé et qu'il n'en faut pas
tenir compte.
2. Ce nom paraît être celui de la caravane des âniers qui faisaient les trans-
ports de Kabara à Tombouclou et vice-versa, ou le titre du chef des âniers.
3. C'est peut-être l'endroit dit : « Our immand es », « Il ne l'entend pas »>
230 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Une charge de cavalerie dispersa le convoi et un combat
terrible s'engagea avec les hommes de qui résis-
l'escorte
tèrent. Un certain nombre d'entre eux furent tués, et ce fut
un grand désastre ce jour-là pour les habitants de Tom-
bouctou, car des fusiliers, des négociants, des fils des no-
tables de la ville et quelques-uns des chefs de l'armée pé-
rirent dans cette attaque.
Il y eut vingt fusiliers tués, ainsi que onze personnages
des principaux de l'armée de Tombouctou, à savoir : le lieu-
tenant-général de la division de Merrâkech, le lieutenant-
général Ahmed, fils du caïd Bâ-Haddou'-ben-Sàlem-El-Has-
sâm-El-Merrakochi; le lieutenant-général de la division du
Hâha 2, le lieutenant-général Senîber, iils du lieutenant-gé-
néral 'Abdallah-Sanh 3; le lieutenant-général Mohammed,
fils du caïd Brahim-ben-Hassoun-Ed-Deri'; le chef des écu-
ries, le caïd Tseldj-Mâmi-Atlou ; Mohammed, fils du caïd
Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj ; son frère Hammedi, fils du caïd
Dzou'n-Noun susdit ; Mahmoud-ben-Nâna-Kemcl* ; son frère
'Abdallah-Hindi, fils de Nâna-Kemel; 'Otsmân, fils du lieu-
tenant-général Seyyid; San-Moghaï, fils du cheikh Bâkh, et
San-Djînou, fils de Kâgho-Moumin, soit en tout onze
person-
nages principaux de l'armée qui furent tués ce dimanche-là.
Quant aux habitants de Tombouctou qui furent tués ce
même jour, ce sont : El-'Abbâs (u r)-Ech-Chérif, fils de
l'imam Baghyo'o, fils du jurisconsulte, l'imam, Mohammed-
Koured; 'Abdelghcfïâr, fils de El-Hâdj-El-Mobârek ; cAli-El-
Oufrâni; Bàbâ-Ahmed, fils de El-Hâdj-Senîber, fils de
Ahmed-Chcdâdo-El-Filâli ; un homme de Merrâkech, nommé
cndroil particulièrement dangereux sur la route de Kabara à Tombouctou. Cf.
Lcnz, Timhouctou, trad. française, tome II, p. 138.
1. Le texte porte : Bâ-Haddi.
2. Hâha est le nom d'une province du Maroc voisine de Mogador.
3. Ce mot est sans voyelles et sans points diacritiques dans le ms. On pour-
rait donc lire : Sandj, Sabadj, Sankli, etc.
4. Sans voyelles dans le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 231
Mohammed; El-Mobârek-El-Qàta 1, un des hartani des gens
de Sankoré.
Il y eut également une grande quantité de gens étrangers à
Tombouctou, voyageurs ou passants, qui furent tués ce jour-
là. Le nombre en fut tel que seul Dieu le très-haut en con-
naît le chiffre. Toute cette nuit-là on n'entendit à Tombouctou
que des pleurs et des lamentations.
Le pacha Bâ-Haddou se rendit enpersonne sur la route
de Kabara, mais sans s'éloigner beaucoup de Tombouctou,
car il s'arrêta à la colline de El-Makhzen-Tendi. Il était fort
troublé, ne sachant que faire en ce moment. Tous ceux qui
étaient restés dans la ville, fusiliers, caïds, lieutenants-gé-
néraux et autres personnes de l'armée, les négociants, la
population entière de Tombouctou sortirent à la suite du
pacha et se tinrent là en arrière de lui. Aussi des gens pu-
2 et
rent-ils venir de la forêt pénétrer dans la ville cette nuit-
là pour y commettre des meurtres.
Le pacha rentra à Tombouctou sans avoir poussé jusqu'à
Kabara, à cause des dangers de la route. On resta pendant
quelques jours sans pouvoir se rendre au port. Personne ne
pouvait se risquer ni sur cette route, ni dans le Sahara. Celui
3 tué
qui avait eu un frère dans cette affaire ne pouvait
aller chercher le corps sans être accompagné d'une foule de
gens qui le protégeaient moyennant salaire. Tout le monde
se rendait 4
auprès de Seyyid-Seddiq-El-Kontâouï pour lui
demander de faire transporter à Tombouctou les cadavres
qui gisaient sur la route. Le prix du transport de chaque
cadavre se monta à 1000 cauris 5. Tous ces troubles avaient
1. Ou : Qâtah.
2. Ce fourré, voisin de Tombouctou, servait de lieu d'embuscade aux Touareg'
et autres ennemis de Tombouctou.
3. Ou : parent.
4. Originaire de la tribu de Kounta, au nord-ouest de Tombouctou.
5. Soit une somme d'environ 1 fr. 50.
232 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
commencé, si je ne me trompe, le dimanche, 8, ou le 9'du
mois de djomada Ier de l'année indiquée plus haut, c'est-à-
dire de l'année 1132 (18 ou 19 mars 1720).
Ag-Cheikh, le sultan des Touareg Oulimiddân, marcha en-
suite sur Tombouctou, accompagné du caïd El-Mansour. Il
campa du côté de l'est près du mausolée du saint de Dieu,
le jurisconsulte Seyyidi-Ahmed-Mo'yâ; il demanda à faire la
paix avec le pacha Bâ-Haddou. Après mûres réflexions, le
pacha accepta de faire la paix qui fut conclue par l'entremise
des grands personnages et des chérifs. Le pacha Bâ-Haddou
donna à Ag-Cheikh la valeur de 3000 mitsqâl en poudre
d'or 1.
Ag-Cheikh resta encore deux mois dans son campement
en compagnie du caïd Mansour, puis il se mit en route
toujours avec le caïd Mansour et se dirigea du côté du
Maghrib2où se trouvait le quartier général du caïd Mansour.
Il resta quelques jours auprès de ce dernier (M v) et retourna
ensuite dans son pays; le caïd Mansour l'accompagna, lais-
sant là 3 pour le remplacer comme chef trois de ses partisans
qui ne l'avaient pas suivi dans son expédition. C'étaient
son ami fidèle et intime, le caïd Yousef-ben-'Abdallah-Ed-
Deri; puis ses deux beaux-fils, Seyyid-Mohammed et son
frère Hammedi, tous deux fils de Et-Tingherâsi.
A ce même moment, le pacha Bâ-Haddou investit des
fonctions de hâkem de la ville Seyyid-Mohammed. Cehâkem,
qui avait autorité sur le district de Tombouctou, fut heu-
reux dans ces fonctions ; il y fit une fortune telle qu'il sem-
blait qu'elle semblait inépuisable 4. Il devait cela aux avantages
1. De 30.000 à 36.000 francs.
2. Ce mot doit être pris encore ici dans le sens de région à l'ouest de Tom-
bouctou.
3. Dans son quartier-général.
4. La'phrase est^très obscure dans le texte.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 233
de cette situation et aussi à ses qualités personnelles. C'était
un homme favorisé du Ciel, heureux et béni; il avait de
nobles préoccupations et son humanité était grande et glo-
rieuse. C'était un esprit ferme tenant toujours parole et
exécutant toutes sespromesses. Au physique, il était mu-
lâtre, gros, fort en chair et très corpulent. (La miséricorde
de Dieu soit sur lui!) Il resta en fonctions environ trois ans.
Le caïd Mohammed-ben-Mouloud, caïd de Benba, qui
était destitué, vint à Tombouctou et alla trouver le pacha
pour être replacé dans ses anciennes fonctions. Le pacha lui
conféra de nouveau le caïdat de la ville de Benba dont il
devint ainsi caïd par l'ordre du chef suprême, le pacha Bâ-
Haddou.
Alors le
pacha forma un détachement de cent fusi-
liers de l'armée, mit à leur tête le lieutenant-général Ech-
Cheikh, fils du caïd Babeker-EPAmri 1, et les envoya avec
2 ci-dessus nommé dans la ville de Benba,
le caïd Mohammed
afin d'y faire bonne garde contre le caïd Mansour et les
Touareg qu'il avait avec lui. Le lieutenant-général et le caïd
arrivèrent à Benba et y trouvèrent le jurisconsulte Moham-
med-ben-Tahar-Et-Targui. Le lieutenant-général Ech-Cheikh
fit mettre à mort ce jurisconsulte. Il l'avait tenu d'abord
enfermé dans sa demeure pendant quelques jours et avait
envoyé au pacha un message pour lui demander s'il devait
le tuer ; le pacha en ayant donné l'ordre, le jurisconsulte fut
aussitôt mis à mort.
Cet Ibn-Tahar, qui venait d'être tué, était un camarade et
un ami intime du caïd Mansour. Certaines personnes ont
prétendu qu'il lui servait d'agent et qu'il lui attirait des par-
tisans par ses conseils et ses avis. Le pacha aurait eu con-
naissance de ces faits et c'est pour cela qu'il aurait ordonné
1. Le ms. porte ici t£_^JJI « El-Ghamri » qui paraît être une erreur.
2. Le texte porte : « Mahmoud »,
234 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
la mort d'Ibn-Tahar (la miséricorde de Dieu soit avec lui!).
Cet Ibn-Tahar était un jurisconsulte, un savant grammairien
1 et
et lexicographe, connaissant à fond les choses qui s'était
fait renom comme grammairien à Tombouctou (Dieu la
protège. Amen!).
Le chef suprême, le pacha Bâ-Haddou, apprit ensuite que
le caïd Mansour avait quitté le pays des Touareg pour se
rendre dans la contrée de Benko, localité tout près de cette
ville-ci, c'est-à-dire de notre ville de Tombouctou. Le pacha
prépara la mise en marche d'une
expédition destinée à com-
battre Mansour, ainsi que les gens qu'il avait avec lui, fusi-
liers et Touareg (\vt), Soudanais et esclaves legha. Ceci se
au mois de cha'ban le brillant de l'année 1133
passait
(28 mai-26 juin 1720).
Une bataille s'engagea à Benko
; la lutte fut vive et la mê-
lée terrible ; enfin après diverses phases du combat, le pacha
Bâ-Haddou mit en fuite les troupes de Mansour de la façon
la plus honteuse et on tua un grand nombre de legha. L'ar-
mée de Mansour tourna
le dos, poursuivie par le pacha jus-
qu'à ce qu'elle arriva à la"casbah de Benko. Le pacha avait
obtenu un grand succès ce jour-là.
Parmi les personnages qui furent tués dans cette rencon-
tre, on cite fil-rAbbâs, fils du caïd Senîber, fils du caïd Moham-
med-Bouya-Ech-Chetouki, ainsi qu'un serviteur âgé de son
père, le caïd Senîber, un nommé Bach" 2. Ils furent tués tous
deux dans cette affaire.
Après être resté quelques jours dans cette localité, le pa-
cha se remit en marche pour rentrer à Tombouctou (que
Dieu la
protège!) où il fit son entrée le 27 du mois vénéré
de ramadan, vers la fin de cette même année (22 juillet 1720)-
Il fit le tour de la ville, selon l'usage, quand on avait fait une
1. On pourrait également traduire : « connaissant les sciences occultes ».
2. Ou : Bach, si la voyelle finale appartient à la déclinaison.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 235
expédition et il rentra dans la casbah sain et sauf avec tout
son monde.
A cette époque le pacha donna l'ordre au Kabara-Farma
'Abdallah de faire mettre â mort Mohammed-Benba-Djiyya
qui se trouvait dans l'armée de ce dernier à Do'aï où
l'ar-
mée était encore. Dâdji 1, suivant les instructions qui lui
avaient été données, arrêta Mohammed-Benba-Djiyya et
le remit entre les mains du Kabara-Farma qui l'emmena à
Kabara et l'enchaîna dans la demeure officielle du Kabara.
On amena ensuite le prisonnier au Kabara-Farma et on le
serra avec les chaînes qui l'attachaient jusqu'à ce qu'il mou-
rut. Dieu nous préserve des abus de pouvoir des hommes!
Le Kabara-Farma fit ensuite creuser un trou profond dans
cette maison ; il y fit jeter le corps du supplicié et le fit re-
couvrir de terre.
Mohammed-Benba-Djiyya, dont on vient de
parler, était
le fils de l'ami du caïd. Senîber, le caïd Mansour., et un des
enfants de la ville de Benba. Mansour, l'ami de son père,
l'avait adopté comme fils, dès son plus jeune âge ; il l'avait
élevé dans sa maison et lui avait fait épouser une de ses
soeurs, Selma, la fille de son père. Il était donc l'allié de la
famille de Mansour et considérécomme un des siens.
Le pacha Bâ-Haddou fut déposé dans
du jeudi, la soirée
15 du mois sacré de dzoul-hiddja, le dernier mois de l'année,
c'est-à-dire de l'année 1133 (7 octobre 1721). Il fut élu en-
suite pour la quatrième fois, le mercredi 2, jour de la déposi-
tion du caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj, à la suite du meurtre de
Bâbâ-Cheraga 3, au mois de rebi' II de l'année 1140 (19 no-
vembre 1727).
1. Je crois qu'il y a une transposition dans le ms. et je lis : ^ta Jl s\à.
2. Il y a sans doute une confusion entre les mots « mercredi » et « quatre »
qui s'écrivent presque de la même façon en arabe ; le second mol est proba-
blement le vrai et la date que j'indique est la date du 4 de rebi' II1140.
3. Ou : Bâbâ-Cherâg.
236 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Il demeura au pouvoir une année (u «), sept mois et sept
jours, sans faire aucune expédition; il se contenta déformer
un détachement de renfort qu'il envoya à Ankoba secourir
le lieutenant-général 'Abdallah, fils du caïd cAli-Et-Tezer-
kini, afin de rétablir les communications avec le Fleuve. Le
lieutenant-général 'Abdallah était à ce moment gouverneur
du pays de Dirma. Le détachement se rendit auprès de lui
et revint ensuite sans avoir obtenu le moindre résultat.
Le chef suprême,
pacha le
Bà-Haddou, mourut dans la
soirée du mercredi, 2 du mois de dzou'l-hiddja, le dernier
mois de l'année 1141 (29 juin 1720). Il mourut étant pacha
et rendit le dernier soupir sur la terrasse de sa maison exté-
rieure où il s'était installé depuis le commencement de sa
maladie. On eut
beaucoup de peine à faire descendre son ca-
davre. On le lava, on l'ensevelit et l'enterrement eut lieu le
soir même au moment de la prière du coucher du soleil.
Parmi les personnages notables morts durant son
pacha-
lik, on cite : le jurisconsulte Mohammed, fils de l'imam Mo-
hammed-Baghyo'o, fils de l'imam Mohammed-Koured; son
frère le très docte Abou-Zeïd-El-Hâdj-'Abderrahman-ben-
Isma'ïl-Boro 2, fils de l'imam Mohammed-Koured (Dieu lui
fasse miséricorde!), et le jurisconsulte Hammedi, fils du
saint de Dieu, le jurisconsulte, le pieux, le scrupuleux Moham-
med, fils du jurisconsulte Bâbâ-ben-'Abderrahman-ben-Ah-
med-El-Modjtehid, et d'autres personnes moins importantes.
Brahim, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammcd-
El-Fac-Ibrahim.
lundi, — Il futélule
Et-Tezerldni,surnommé
premier jour de moharrem, le premier mois de l'année 1151
(21 avril 1738), après la mort de son frère le pacha Moham-
med, fils du caïd Hammedi, mort en fonctions. Aussitôt élu,
1. Il faut entendre par là sa demeure personnelle hors delà casbah.
2. Sur le ms. il y a j. On pourrait donc lire : Poro.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 237
Brahim nomma le caïd 'Ali-ben-El-Djesîm au gouvernement
de Kabara dont ce dernier devint dès lors le Farma.
Le pacha Brahim fut déposé le dimanche, 27 du mois de
salarie bon (16 juin 1738), après être resté en fonctions cin-
quante-six jours. Il fut de nouveau rappelé au pouvoir après
la déposition de Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour, le mardi,
17 du mois de djomada Ier de cette même année (2 septem-
bre 1738). Il n'eut à entreprendre aucune expédition et fut
déposé de nouveau le lundi, 13 du mois de redjeb l'unique,
de la même année (27 octobre 1738), après être resté deux
mois au pouvoir. Ce fut sousce pachalik que mourut le ju-
risconsulte, l'imam, le vertueux, le bienfaisant, le reste des
ancêtres 1, Abou 'l-'Abbâs-Ahmed-ben-Mahmoud-Baghyo'o-
ben2-Ibrahim-ben-Ahmed-Baghyo'o-El-Ouankori (\ M).
Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Hammedi-Zenka, fils du Ka-
bara-Farma 'Abderrahmân-Ed-Der'i. — Il fut élu la
après
déposition du caïd Yahya, fils du caïd Hammedi-Et-Tezerkîni,
le dimanche, 13 du mois de djomada Ior de l'année 1153
(6 août 1740). C'était un homme habile et bienveillant pour
3 et les chefs de
les gens du Makhzen l'armée. Il leur prodigua
4 à tous
de nombreux cadeaux et fit distribuer un vêtement
les gens du Makhzen sans exception, mais il ne donna pas
aux jurisconsultes et aux panégyristes les vêtements qu'une
ancienne coutume toujours en vigueur leur attribuait lors-
qu'ils avaient achevé la lecture du Sahih de El-Bokhari ou
récité des panégyriques durant le mois vénéré de ramadan
1. C'est-à-dire : un des rejetons d'ancêtres illustres,
2. Le mot : « ben » n'est pas daDs le ms.
3. Le Makhzen est le nom donné à la cour du souverain et aussi à l'ensemble
des personnages officiels ou fonctionnaires de l'État. Il signifie aussi parfois le
gouvernement.
4. La distribution de vêtements équivaut souvent à l'investiture d'une fonc-
tion. Dans le cas présent elle indiquait que le nouveau pacha confirmait tous
les fonctionnaires dans leurs anciennes fonctions, au lieu de les révoquer pour
les remplacer par ses créatures, comme c'était l'usage général.
238 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
dans la demeure royale. En résumé, il ne leur donna abso-
lument rien.
Au moment où il fut nommé pacha il était caïd desBeni-
Sa'doun ; il fut le dernier caïd de cette division, car, depuis
ce moment jusqu'à l'époque actuelle, nul autre n'a été in-
vesti de ces fonctions. Il fut déposé le dimanche, 21 du mois
de ramadan, vers la fin de l'année indiquée ci-dessus (10 dé-
cembre 1740). Il resta au pouvoir cinq mois. Au cours do
ce pachalik il imposa aux négociants une contribution de
1.000 mitsqâl d'or qu'il perçut et distribua aux troupes.
Il fut élu de nouveau après la déposition du caïd Sa'd-
ben-Mansour, le mercredi, 20 du mois de rebf II de l'an-
née 1158 {%% mai 1745). Les circonstances voulurent qu'à
ce moment les noix de kola 1 fussent d'un prix élevé à Tom-
bouctou. Avant son investiture, il avait envoyé à Oukiya des
messagers chargés de lui rapporter des noix de kola pour
son investiture ; il avait mis à la tête de ses envoyés le caïd
El-Mobârek-ben-Sâlih. Toutefois on ne lui apporta ces noix
qu'après son investiture.
Il resta cette fois au pouvoir environ quinze mois, puis il
fut déposé le mercredi, 18 du mois de cha'ban le brillaut
de cette même année (15 septembre 1745). J'ai déjà parlé
de ce personnage, à la lettre 'din sous le nom de 'Abderrah-
man. Reportez-vous-y.
Babeker 2, fils du gouverneur EL-Fa<-Mansour, fils du
ca cl Mohammed-ben-Ali-Ed-Der'i. — Il fut élu
après l'a dé-
position du caïd 'Abdelgheffâr, fils du lieutenant-général
Ousâma-Et-Tezerkîni, le vendredi, 10 du mois de chaouàl
de l'année 1161 (3 octobre 1748). Il donna des vêtements
de drap et des pièces d'étoffes à tout le personnel du
1. Au Soudan, on a coutume d'offrir des noix de kola dans toutes les grandes
solennités.
2. Ou ; Babokar. Ce mot est écrit tantôt 5Z,, tantôt jQi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 239
Makhzeu et
il imposa aux négociants une contribution de
2.500 mitsqâl d'or qu'il distribua.
Le hasard ce moment l'askia El-Fa' ' se trouvât
voulut qu'à
dans la ville où il venait solliciter les (\£v) fonctions de
askia. Il était venu du temps du caïd 'Abdelgheffàr, mais
celui-ci ne lui avait pas conféré ces fonctions avant d'être
déposé le 2 du mois de cha'ban (28 juillet). Après un séjour
de quatre mois cà Tombouctou, El-Fa' fut investi des hautes
fonctions d'askia au mechouar sur l'ordre du chef suprême,
le pacha Babeker, ci-dessus nommé. Ce fut donc ce der-
nier qui lui confia cette autorité le lundi, 19 du mois de
dzou'l-qa'da, vers la fin de l'année précitée (10 novembre
1748).
Le nouvel askia se nommait El-Fa'-Mahmoud, fils du
Kana-Fâri 2, 'Ammâr. Il quitta Tombouctou le samedi, 22 du
mois de dzou'l-hiddja, le dernier mois de l'année indiquée
plus haut (13 décembre 1748). Il était resté dans cette ville
environ six mois ety avait été l'hôte
-de l'honorable caïd
Sa'id, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni.
Le pacha Babeker fut
le lundi, déposé
premier jour du
mois de moharrem, le premier mois de l'année 1162 (22 dé-
cembre 1748), après être resté au pouvoir environ trois
mois. Ce fut quand il cessa d'être en fonctions qu'éclata un
conflit entre lui et le caïd 'Abdelgheffâr. Leurs partisans en
vinrent aux mains et, dans la lutte, deux des enfants du
caïd 'Abdelgheffâr furent tués ; c'étaient les deux fils de sa
fille. Suivant moi, ils étaient les petits-fils du caïd cAli-Et-
Tezerkîni, issus de la soeur du caïd 'Abdelgheffàr 3, fils de la
fille d'cAbdellatif, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni.
1. El Fa' est un titre qui devrait être suivi du nom du personnage. Ce nom,
donné plus loin, est Mes'aoud.
2. C'est un titre de fonction. Il est composé de nom de localité Kana et du
mot Fâri qui signifie « chef. »
3. En d'autres termes, ils étaient les neveux de 'AbdelghelFâr.
240 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le pacha fut élu de nouveau le lundi, 10 du mois de safar
le bon, un des premiers mois de l'année 1163 (19 janvier
1750). Depuis sa précédente déposition il n'avait pas eu de
successeur au pachalik. Voici comment les choses s'étaient
passées : les gens de la division de Merrâkech avaient fait
entre eux un pacte et avaient, sous la foi du serment, pris
l'engagement de lutter contre
la division de Fez. Le conflit
éclata entre eux et les hostilités commencèrent lorsque les
gens de Merrâkech refusèrent de donner, l'autorité souve-
raine au caïd Sald-ben-Mansour et s'y opposèrent formel-
lement 1.
Gomme les gens de Fez, au moment de l'arrivée du sel, se
trouvaient réunis à Abrâz avec les gens de Merrâkech, une
querelle surgit et un combat s'ensuivit à la suite duquel les
gens de Merrâkech eurent l'avantage sur les gens de Fez,
les mirent en déroute et les obligèrent à fuir et à se réfugier
dans leurs maisons. Ils leur prirent la part qui leur reve-
nait dans les produits du Makhzen et leur infligèrent tout le
mal qu'ils purent en même temps que toutes sortes d'humi-
liations.
Cette situation dura environ deux mois. Alors le caïd et
les çhérifs
s'interposèrent entre les deux partis dissidents et
les convoquèrent à la mosquée de Seyyidi-Yahyâ. La réunion
eut lieu le dimanche (MA), 9 du mois de safar le bon (9 jan-
vier 1750) et la
paix fut conclue. C'était cette fois le tour
des gens de Fez de nommer le pacha; ils choisirent le caïd
Babeker et lui récitèrent la fatiha, puis ils le conduisirent
dans sa demeure et vinrent l'y retrouver le lendemain pour
le proclamer et lui prêter serment de fidélité à la date qui a
été dite précédemment.
1. Cette phrase est fort mal rédigée et par suite assez obscure dans le lexle,
La division de Merrâkech avait refusé d'admettre le candidat au pachalik qui
avait été présenté par la division de Fez à qui incombait le tour de choisir le
pacha dans son sein.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 241
Le nouveau pacha distribua des vêtements au personnel
entier du Makhzen ; puis il confia la charge de cadi de Tom-
bouctou et de son district au jurisconsulte, le plus glorieux
et le plus fortuné de cette époque, la merveille et le joyau
de son temps, que dis-je, le flambeau qui éclairait tous les
hommes, l'idéal de son siècle par la supériorité, la perfec-
tion,, la modestie, la perspicacité, l'équité, l'heureuse in-
fluence et la bienfaisance, l'utile à tous les musulmans, le
père des orphelins, des pauvres et des veuves, le premier
pour toute bonne oeuvre, la bénédiction des ancêtres ver-
tueux, leur imitateur, le soutien des gens de bien et leur
ami, le continuateur de la conduite de ses purs aïeux les
plus anciens, celui qui montrait un même visage au peuple
et aux grands, l'homme sans peur, sans convoitise, sans
hypocrisie, ni perfidie, le seyyid, le cadi Abou-'Abdallah,
surnommé Bâbîr, fils du jurisconsulte le cadi Abou'l-'Abbâs-
Seyyid-Ahmed, fils du très docte, du puits de science, du
sagace Abou-Ishâq, le jurisconsulte, le cadi Ibrahim, fils du
très docte, l'unique de son époque, le flambeau de son siè-
cle, le jurisconsulte 'Abdallah, fils du saint de Dieu, le seyyid,
l'éminent, le parfait, celui qui connut le Dieu très-haut,
Seyyid-Ahmed-Mo'yâ. Rarement il arrivera que l'on trouve
sou semblable ou qu'on entende parler de son pareil. Dieu
l'aide et le dirige dans ses paroles et, ses actions ! Qu'il lui
accorde longue vie, qu'il le garde de tous vices, et le pré-
serve efficacement de tous maux 1 ! Amen!
Ce fut le samedi, 22 du mois de dzou '1-qa'da le sacré,
vers la fin de l'année 1163 (22 novembre 1750), que le cadi
fut nommé sur l'ordre du chef suprême de l'époque, le pa-
1. Le texte porte »jy- qui ne paraît offrir aucun sens acceptable : je lis t>jj^,
ce qui n'est du reste guère certain.
{Biographies des pachas du Soudan.) 16
242 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
cha Babeker, et non sur la désignation du conseil auguste
de cette époque 1.
Le pacha Babeker fut déposé le samedi, 29 du même mois
avoir eu à supporter tout ce qui
(29 novembre 1750), après
a été"dit de la part de ses compétiteurs. Il amassa dans ses
2
fonctions une certaine fortune {\t\)-'
Lettre alif(e) 3.
El-Hâdj-El-Mokhtâr-ben-Biyoukhef4-Ech-Chergui-El-
— Il fut élu après la déposition de 'AllâF-ben-Sa'îd-
Ya'qoubi.
El-Harousi en l'année 1070 (18 septembre 1659-6 septem-
bre 1660). Trois mois après il fut déposé.
— Élu
El-Fa'-Benkâno-ben-Mohammed-Ech-Chergui.
le mardi, 2 du mois de djomada II de l'année 1094 (29 mai
après la déposition du caïd Bâ-Haddou-ben-Sâlem-
1683),
El-Hassâni, si je ne me trompe. Il resta trois jours au pouvoir
et fut ensuite déposé.
El-Mobârek, fils du pacha Mansour-ben-Mesacoud-Ez-
Za eri. — Il fut élu après la déposition du caïd 'Ali-ben-Ha-
mîd-El-'Amri, à la fin de l'année 1096(8 décembre 1684-28
novembre 1685), ou, suivant d'autres, au commencement de
Tannée 1097 (28 novembre-1685-17 novembre 1686); Dieu
1. La désignation du cadi se faisait d'ordinaire en conseil ; ici le pacha prit
seul la décision, ce qui n'était guère régulier.
2. L'expression }|U <Ls tUUi>. paraît devoir être traduite ainsi. Cependant il
serait permis de supposer que le copiste a négligé d'ajouter ojàù J^a»-, et alors
le sens serait : « Il éprouva dans ces circonstances des épreuves que nul autre
avant lui n'avait subies. »
3. L'alif dont il est question ici est celui de l'article que l'on peut transcrire
par e, si l'on veut en indiquer la véritable prononciation courante.
4. Ce mot est orthographié Biyouqef ou Biyoukhef. Les voyelles, d'ailleurs,
ne sont pas données par le ms.
5. Bien que le ms. indique la prononciation : 'Ilâl, je crois qu'il faut lire
""Allai, nom arabe fort répandu.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 243
sait ce qu'il en est exactement. Il fut déposé au milieu de la
même année, après être resté en fonctions sept mois. Il fut
de nouveau élu au mois sacré de dzou '1-qa'da, vers la fin
de l'année 1104 (3 août-2 septembre 1693) et déposé à la
fin du mois de rebi' Ier de l'année 1105 (31 octobre-30 no-
vembre 1693). Cette fois il avait occupé le pouvoir suprême
pendant cinq mois.
environ
El-Hasen-ben-Mansour-El-Monebbih1.—Élu après la dé-
position du caïd So'oud-Bokarnâ, au commencement du
mois de moharrem, le premier mois de l'année 1098 (17no-
vembre 1686), il resta au pouvoir trois mois et fut ensuite
déposé. On dit aussi que sa déposition eut lieu au milieu de
l'année. Dieu sait
ce qu'il en est.
El-'Abbâs-ben-Sa'îd-El-'Amri. —Élu après la déposi-
tion du caïd
A.bdallah-ben-Hassou-Ed-Derci, au mois de
rebi 'Ier de l'année 1099 (5 janvier-4 février 1688), il fut dé-
posé au mois de djomada II, le 27 de ce mois (29 avril
1688), après avoir occupé le pouvoir quatre mois.
El-Mobâr ek-ben - Hammedi- ben - 'Ali- El - Mobârek- Ed-
Der'i. —Élu après la déposition du caïdHammedi-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni, le samedi, 25 du mois sacré
dzou'l-qa'da, de
vers la fin (\ o •) de l'année 1108 (15 juin 1697), il resta en
et fut au mois rebi'I 01' de
fonctions cinq mois déposé de
l'année 1109 (17 septembre-17 octobre 1697).
El-Mobârek-ben-Mohammed-El-Gharnâti Éluaprès
la déposition du caïd
Mâmi-ben-cAli-Et-Tezerkîni, au mois de
moharrem, le premier mois de l'année 1119 (4 avril-4 mai
1707), ou, suivantune autre version, au mois de dzou'l-hiddja,
le dernier mois de l'année 1118 (6 mars-4 avril 1707). Dieu
sait plus sûrement que quiconque ce qu'il en est.
Ce fut sous ce pacha qu'eut lieu un conflit entre le
i. Ou : « El-Monebbihi », comme on le Irouve dans le Tarikh-es-Soudan.
244 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Maghcharen-Koï Tâher et Elneïti-Belboul 1. La première
affaire entre les
partisans de ces deux chefs seproduisit le
lundi, 7 du mois sacré de moharrem, le premier mois de
l'année 1119 (10 avril 1707) et la seconde bataille, qui eut
lieu à Kouni, fut livrée un samedi de la seconde décade du
mois de rebi'II de la même année (11-20 juillet 1707).
Pendant son passage au pouvoir, le pacha fit une expédi-
tion contre les Ghâli-Mousa. Cette expédition reçut le nom
de « expédition Zagha » 2. Au retour de cette campagne, le
pacha fut déposé durant la première décade du mois de
djomada Ior de cette année (31 juillet-9 août 1787); il était
resté au pouvoir environ quatre mois, si je ne me trompe.
Il y eut à ce moment des attaques des Touareg Tademekket
sur le chemin qui mène à Kabara. Les attaques avaient lieu
le vendredi et comme c'était toujours un vendredi qu'elles
se produisaient on les désigna sous le nom de dj'omaY. Ces
attaques causèrent de grands préjudices en hommes et en
argent, Ce fut dans l'une d'elles que furent tués 'Abd 4, fils du
caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkini, le cheikh Sa'îd-
Kolen, hartani du
lieutenant-général Hammedi, fils du Ka-
bara-Farma Hammou, et bien d'autres personnes inconnues.
El-Fac-Mahmoud, fils du caïd
Mohammed-Bouya-ben-
— Élu la déposition du caïd
El-Hâdj-Ech-Chetouki. après
'Abdallah-ben-El-Hâdj, le dimanche, 8 du mois de chaouâl de
l'année 1138 (9 juin 1726), il resta au pouvoir trente-neuf
jours, puis fut déposé. Nous en avons déjà parlé à la lettre
mim (m).
El-Hasani, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tczerkîni.
1. Ou : Belbouli, si la voyelle finale, qui est notée, n'apparlient pas à la dé-
clinaison.
2. Ce nom est sans voyelle dans le ms.
3. C'est l'ethnique formé du mot vendredi.
4. Il manque peut-être la seconde partie du nom, à moins qu'il ne faille lire
Abdo.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 245
— Élu après la déposition de Mohammed-Behhou 1, fils du caïd
Senîber-ben-Mansour, le mercredi, quatrième jour de la
fête des sacrifices au mois de dzou '1-hiddja le sacré de
l'année 1145 (28 mai 1733). Aussitôt investi
du pouvoir et
installé (\»>) sur le trône, il s'occupa de nommer tous les
fonctionnaires et de les investir de leurs emplois 2. Tout
d'abord il mit à la tête de la division de Fez son frère Ibra-
him et en fit son lieutenant-général. Il nomma Hammedi-
ben-El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-El-
Mobârek, lieutenant-général de la division de Merrâkech. Il
institua Bâbâ, fils du caïd Nâsir, fils du caïd
'Abdallah, fils
du caïd
Nâsir-El-Acamechi, lieutenant-général de la garde,
et Bâbâ-Seyyid, fils du Kabara-Farma 'Abdallah-ben-'Abd-
errahman, fut nommé conseiller.
Le lieutenant-général Mohammed, fils du caïd Bâ-Haddou-
ben-Yahya-ben-'Ali-El-Mobârek, se révolta contre le pacha et
se mit en opposition contre lui. Il contraria ses décisions,
détruisit son prestige, cessa de
le fréquenter, négligea de
lui rendre les honneurset, après avoir prononcé sa dépo-
sition et l'avoir couvert d'injures, il se retira dans sa demeure.
Le pacha envoya le caïd Ibrahim, fils du lieutenant-général
Seyyid et le caïd Mohammed, fils du caïd Senîber-ben-
Bouya-Ech-Chetouki, auprès du lieutenant-général Moham-
med ci-dessus indiqué, pour lui faire des représentations à
titre de conseil et l'engagea à ne pas déposer le pacha 3.
Le lieutenant-général Mohammed refusa de tenir compte
1. Le ms. porle ~£ ; mais, dans la notice qui lui est consacrée plus haut, oe
personnage est appelé : Mohammed-ben-Mansour-ben-Mes'aoud-ben-Mansour-
Ez-Za'eri, surnommé Mohammed-Behhou.
2. Los fonctionnaires étaient naturellement soumis aux mêmes fluctuations
que les pachas.
3. Il n'est guère admissible qu'il pût suffire à un seul personnage de pronon-
cer la déposition du pacha pour que ce haut personnage fût déchu de ses fonc-
tions; mais l'exemple était contagieux et pouvait conduire en réalité à ce ré-
sultat.
246 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
de ces observations et il répondit à certains des hommes de
son entourage, qui lui tenaient le même discours, qu'il vou-
lait absolument déposer le pacha. Là-dessus on se sépara
en désaccord les uns avec les autres sans rien décider et on
se trouva sans chef; c'était l'anarchie.
Durant ce mois, nous apprîmes que l'askia
El-Hâdj, fils de
l'askia Babeker, s'était mis en marche à la tête de ses troupes
et s'était porté vers la colline de" Djouroya' du côté de Ka-
1 et était campé dans le bourg
rondzaka-Barâ qu'il de Kara-
maï-Ouenmâ. Cette expédition était dirigée contre Silti2-
Ouerendagh, un païen de Bambara, pour secourir El-'Afiya-
3 et lui
ould-Maro-Benbara permettre de rentrer dans la
maison de son père, Maro, d'où l'avait chassé Silti-Oueren-
dagh.
Celui-ci avait chassé El-'Afiya en
employant la force et
la violence ; il avait détruit ses maisons et tué un certain
nombre de païens de Bambara, ses parents, soldats ou auxi-
liaires. C'est à cause de cela que l'askia se trouvait campé
près du village dont il vient d'être parlé ; il venait au secours
de El-'Afiya combattre Ouerendagh et le chasser de ce vil-
lage ainsi que les soldats qu'il avait avec lui. L'askia con-
seilla à Silti d'évacuer le village de son
propre mouvement,
mais celui-ci n'y voulut point consentir, disant qu'il n'en
sortirait que de force, s'il était vaincu dans la lutte, ainsi que
cela avait eu lieu pour El-'Afiya, Ce fut de la même façon en
effet que l'askia chassa Silti, qu'il saccagea ses maisons et
qu'il lui tua des hommes, en sorte que Silti subit le traitement
qu'il avait fait éprouver à son adversaire.
Au mois de rebf Ier, la nuit de la nativité du Prophète de
cette année, c'est-à-dire de l'année 1146 (22 août 1733), une
1. Les voyelles de ce mot ainsi que celles de Djouroya' sont fournies par le ms.
2. Ou : « Siltiyo », si la voyelle o n'est pas la voyelle de la déclinaison.
3. Ou : « Bambara », suivant l'orthographe usitée en français.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 247
pluie abondante tomba dans notre ville de Tombouctou (Dieu
la protège!) (\»v). La pluie commença au moment du
deuxième acha 1 et dura jusqu'au dernier tiers de la nuit.
Elle fut si abondante que personne ne put quitter son logis
cette nuit-là, ni sortir dans les rues comme il était d'usage
depuis une époque reculée.
On sait, en effet, que durant cette nuit de la Nativité on
bat du tambour, et que des panégyristes déclament des poè-
mes ; les mosquées sont illuminées ; hommes et femmes sor-
tent dans les rues ; les femmes libres ainsi que les concubines
sont vêtues de costumes
élégants, parées de leurs plus beaux
atours et ornées de toutes leurs parures les plus riches. Les
panégyristes déclament leurs poèmes à la porte des mos-
quées; on joue du tambour dans certains endroits détermi-
nés; les hommes montent à cheval et se livrent à des jeux
équestres au son des tambours jusqu'au dernier tiers de la
nuit 2.
Cette nuit-là personne ne sortit de chez soi jusqu'au len-
demain à cause de la pluie. Alors seulement on fit ce qu'on
aurait dû faire la veille et ce fut durant cette nuit qu'on se
livra aux
réjouissances traditionnelles. Cette pluie coïncida
avec le 11 du mois d'août. Le mercredi, S du mois vénéré de
ramadan de cette année (9 février 1734), la crue du Fleuve
atteignit Ma'doko; c'était le 30 janvier et le mois de février
commença le vendredi, 7, du mois de ramadan précité.
Durant cette année, au mois de chaouâl (7 mars-5 avril
1734), Oghmor-ben-Alil-Et-Targui arriva avec tous les Toua-
reg Tademekket pour s'entendre avec l'armée 3; il ne trouva
1. Autrement dit : « à la nuit close ».
2. Ces réjouissances rappellent un peu celles de la nuit de Noël chez les chré-
tiens.
3. C'est-à-dire l'armée marocaine qui avait voix au chapitre dans les délibé-
rations importantes.
248 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
point de pacha, aucun d'eux n'étant en fonctions en ce mo-
ment. Alors les soldats se réunirent dans la maison du caïd
Mohammed, fils du caïd Hammedi-Et-Tezerkîni, dans le but
de faire bon accueil à Oghmor et de conclure la paix avec
lui.
On convoqua à cette réunion le
jurisconsulte, l'imam
Bàbâ-El-Mokhtâr, fils du cadi Mohammed, afin qu'il fût là
pour la conclusion de la
et que celle-ci paix en sa fût faite
présence. L'imam avait apporté un exemplaire du Coran
sacré et un exemplaire du Sahih de El-Bokhârî. Oghmor, qui
assistait également à cette réunion, jura sur les deux livres
qu'il ne s'imposerait en rien au sujet des affaires de la ville,
qu'il ne désirait autre chose que la paix et la sécurité pour
tous et que la paix durerait une année révolue. Là-dessus on
récita la fatiha et on donna à Oghmor cent hâdja 1. Oghmor
retourna danspays son après les engagements pris et le
pacte conclu ; il observa la paix pendant neuf mois et ne fit
aucune expédition durant cetemps. La tranquillité régna
à ce moment dans la ville et dans les environs.
Au cours du même mois, Maulaï 'Abdallah, fils de Mau-
laï Ben-Nâsir, fils du grand sultan Maulaï Isma'ïl 2, vint à
Tombouctou pour la deuxième fois ; il arrivait encore cette
fois de Oualâta ; il descendit au quartier de Kisimo-Benko,
tout près des (\ ov) Cherâga. Nos maîtres ne nous ont jamais
parlé de la venue à Tombouctou d'un seul des fils des sultans
issus de Maulaï Ahmed-Edz-Dzehebi, ni du fils d'aucun autre
sultan ou même du sultan Maulaï Isma'ïl, excepté de celle
de Maulaï 'Abdallah dont il vient d'êtreparlé ; c'est le seul
qui soit venu dans notre ville de Tombouctou.
A ce moment les soldats tinrent conseil entre eux pour
1. On a déjà vu ce mot plus haut, p. 181.
2. C'est-à-dire le sultan du Maroc dont l'autorité n'était que nominale à cette
époque.
[BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 249
s'occuper de l'élection de l'un des leurs comme pacha, après
être restés cinq ou six mois sans avoir élu personne à ces
fonctions. Des pourparlers s'engagèrent et entre eux la
question fut discutée de part et d'autre. C'était cette fois le
tour des gens de la division de Merrakech ; les gens de la
division de Fez traitèrent la question en termes excellents
et sages, mais qui étaient loin d'être l'expression exacte de
leur pensée.
Ils insinuèrent dans un langage doucereux qu'ils étaient
prêts à accepter l'un des gens de
Merrakech, que pour eux
tous les candidats se valaient et leur étaient indifférents,
même si c'était un des fils de 'Ali-El-Mobârek 1. « Tous, vos
candidats, ajoutèrent-il s, nous les accueillerons et nous les
accepterons doublement, à plus forte raison si ce candidat
est le lieutenant-général Mohammed-ben-Rouh en personne ;
celui-là nous l'accepterions dix fois pour une. » En disant
cela ils cachaient leur véritable désir.
Un certain nombre d'entre eux sans doute connaissaient
le véritable dessein des gens de Fez, mais sûrement le lieu-
tenant-général Mohammed l'ignorait, car le but n'était autre
que de se venger de lui à cause de la conduite qu'il avait tenue
à leur égard lors de la déposition du caïd El-Hasani, ainsi que
des humiliations et des avanies qu'il leur avait fait subir et
dont le souvenir était resté gravé dans leurs mémoires. C'est
pour cette raison qu'ils le choisissaient parmi les gens de sa
division, qu'ils acceptaient sa nomination et l'attendaient. « Si
votre division consent à vous nommer, lui disaient-ils, nous
vous accepterons et serons satisfaits de vous avoir pour
pacha. »
La dignité du pacha fut en effet conférée au lieutenant-
général Mohammed; au moment de cette décision 2, il se
i. L'ennemi particulier des gens de la division de Fez.
2. D'après le récit, il aurait assisté à la discussion, en partie, tout au moins.
250 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
trouvait au port de Kabara. Toutes les troupes, en appa-
rence tout au moins,
acceptèrent son élévation
pachalik. au
Le caïd Sald, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni, se rendit alors
à Kabara auprès du futur pacha, passa la nuit chez lui et le
félicita de son arrivée au pouvoir; c'était d'ailleurs un de ses
amis intimes.
Le lieutenant-général Mohammed ne s'étant pas rendu
ce jour-là à Tombouctou, on lui dépêcha le conseiller pour
l'inviter à venir et lui annoncer que les troupes attendaient
son arrivée à la casbah. Le conseiller passa la nuit chez le
nouveau pacha. Le lendemain matin, les troupes se rendirent
à la 'casbah et s'équipèrent complètement pour attendre la
venue du pacha
(\ »l). Tous les fonctionnaires assistèrent à
la cérémonie ; il y avait làaussi les joueurs de clarinettes, de
violons, de grosses caisses et de tambours de basque 1.
Le nouveau pacha arriva vers midi à Tombouctou où
l'attendaient les enfants du caïd Hammedi. Il entra dans la
casbah par la porte de Kabara, puis il alla vers le vestibule
qui est à l'intérieur et s'avança un peu sur la place. Quand
il arriva près de la mosquée on déchargea les fusils dans sa
direction et l'on cria : « A bas le pacha ! » Aussitôt le pacha
fit volte-face et retourna avec ses soldats à Kabara où il
s'installa dans la casbah, fort irrité.
Il ordonna alors aux mariniers et aux calfatiers de cesser
leurs travaux; il leur défendit de réparer les barques et de
se livrer à aucune autre de leurs occupations habituelles. Il
interdit de débarquer quoi que ce fût des barques, vivres
ou marchandises et de l'apporter dans la ville de Kabara. Il
empêcha les Fara-Koï 2, c'est-à-dire les âniers, de faire le
moindre transport de Kabara à Tombouctou; il les chassa
de la ville et ferma toutes les portes du château moins une,
1. La musique jouait un rôle important dans les cérémonies officielles.
2. Ce mot n'a pas de voyelles dans le ms. On pourrait donc lire : Faraki.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 251
celle qui donnait sur le port. Cela fait, il attendit le cours
des événements.
La population chercha le
de changer
moyen cet état de
choses et d'aviser à un expédient. Le pacha était comme un
lion blessé, affamé, qui s'empare de tous les animaux que
les autres ont tués. Chaque fois que quelqu'un venait le trou-
ver au sujet de ses marchandises et lui demander l'autorisa-
tion de les emporter, il répondait : « Non, tant qu'on n'aura
pas nommé un pacha, Alors je vous laisserai le chemin libre
et vous permettrai d'emporter vos marchandises. » Ceci se
passait au mois de rebi' II de l'année 1147 (31 août-29 sep-
tembre 1734).
Tandis
que le lieutenant-général Mohammed étant encore
à Kabara sans en bouger ni en sortir, il avait reçu la visite
d'un messager du caïd Mansour, fils du caïd Senîber, qui
venait le consulter sur l'élection du caïd Mohammed-ben-
Hammedi-Et-Tezërkîni. Déjà auparavant il avait reçu égale-
ment la visite du fils de son oncle paternel 1, Hammedi-ben-
El-Fa'-Mansour, qui était venu aussi au port de Kabara pour
lui faire des remontrances et l'empêcher de continuer les
mesures tyranniques et violentes dont il usait en ce moment
à l'égard de la population. Mais cela ne fit que l'exciter à
persister dans ses errements.
dont il vient d'être était son frère aîné 2
Hammedi, parlé,
et c'était à titre de conseil qu'il lui avait parlé. Néanmoins
un conflit s'était élevé entre eux dans
le bourg et une bataille
s'était engagée dans laquelle on échangea des coups de fusil
1. Tout ce récit est singulièrement obscur. D'après le texte, Hammedi aurait
été le neveu du lieutenant-général nommé pacha. Cela ne doit pas être exact
et le possessif son se rapporte, selon toute apparence, à un autre personnage
dont le nom a été omis ou qui serait Je caïd Mohammed-ben-Hammedi.
2. A s'en tenir au texte, Hammedi aurait donc été à la fois le neveu et le frère
aîné du lieutenant-général. Il y a donc ici ou une omission ou une erreur de
nom.
252 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
de part et d'autre. Le lieutenant-général Mohammed avait
été vainqueur et avait assiégé dans le palais de Kabara Ham-
medi et tous ses hommes; le lendemain matin, Hammedi
avait réussi à se dégager et à se rendre à ïomboutou. Il
était allé trouver les soldats, avait tenu conseil avec eux et
tout le monde avait été d'accord pour prendre -des mesures
et trouver'un expédient.
Après une longue discussion, on avait décidé de nommer
pacha le lieutenant-général Mohammed le lende- et
(s*»),
main, Hammedi se portaità la rencontre du nouveau pacha.
C'était alors que les fils deliammedi avaient tiré les coups de
fusil annonçant la déchéance et que le pacha était retourné
à Kabara, ainsi que cela a été raconté plus haut.
C'était après cela qu'un messager du caïd Mansour était
venu le consulter sur l'élection du caïd Mohammed, fils du
caïd Hammedi, parce que les
troupes étaient d'accord pour
le nommer et l'avaient agréé. A cause du caïd Mansour, le
lieutenant-général Mohammed fit bon accueil à cette pro-
position. D'ailleurs le caïd Mansour était pour lui comme
un frère de bon conseil et un ami dévoué.
Le lieutenant-gé-
néral revint le soir même avec le messager qu'on lui avait
envoyé et, après avoir donné son assentiment, il retourna à
Kabara sans plus attendre.
El-Hasen-ben-Mohammed-El-'Amri,frère du lieutenant-
général Ech-Cheikh-El-'Amri. — Il fut élu la déposi-
après
tion du caïd Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Hammedi-Zenko,
dans la deuxième décade de dzou '1-hiddja, dernier mois de
l'année 1153 (26 février-8 mars 1741). Voici dans quelles
circonstances cette élection fut faite.
Ghomân-ould-Ag-Cheikh-Et-Targui, sultan des Oulimid-
dân, était venu à Tombouctou demander aux Marocains de
lui conférer l'autorité sursescontribules, car c'étaient les Ma-
rocains qui faisaient cette désignation et cet usage avait com-
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 253
mencé du temps du grand-père de Ghomân, Kalidden 1, le père
de Ag-Cheikh; puis Ag-Cheikh avait été désigné ensuite.
C'était un usage admis du temps de leurs ancêtres que la
nomination du chef des Touareg ne devait avoir lieu que
dans le conseil du pacha 2.
Or, quand Ghomân arriva il n'y avait pas de pacha
nommé. Les soldats se réunirent donc pour élire un pacha
qui pût investir Ghomân des fonctions exercées par son père
et son grand-père. Le grand-père Kalidden avait été nommé
sous le pachalik du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni et
Ag-Cheikh sous le pachalik du caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj-
El-lmrâni. _
Après avoir discuté le choix d'un pacha, les soldats déci-
dèrent d'élire le caïd El-Fa'-Ibrahim, fils du caïd Hammedi-
ben-'Ali. Il fut donc désigné; mais, le lendemain matin, il
demanda à offrir sa démission qui fut acceptée et on le
remplaça par le lieutenant-général El-Hasen dont nous nous
occupons ici.
On présenta donc El-Hasen à l'assistance ; on l'élut pacha
et on lui
prêta aussitôt serment de fidélité ; c'était le mardi,
18 du mois précité (6 mars 1741). Aussitôt El-Hasen nomma
le caïd 'Ali-ben-El-Djesîm, lieutenant-général de la division
de Merrâkech ; 'Abderrahim, fils du caïd Hammedi-Et-Te-
zerkîni, fut élevé aux fonctions de hâkem et Bâbâ, fils du
caïd Brahim, fils du lieutenant-général Seyyid 'Ali, à celles
de Kabara-Farma.
AlorsGhomân-Et-Targui vint et, quand il fut en présence
du pacha et de toutes les troupes, on lui donna, suivant l'usage
établi (\ »n), deux chevaux, un blanc et un bai, une chemise
1. Ou : Kaladden.
2. Les pouvoirs du pacha étaient limités et dans bien des circonstances il
devait en référer à son conseil ou même à l'assemblée des soldats.
254 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
1 du et un baudrier en cuir 2. Au
de perles Sous, un pantalon
moment de la remise de tous ces objets les artistes du pacha
étaient présents, flûtistes et violonistes ; ils exécutèrent une
aubade en l'honneur de Ghomân qui était à cheval ; ils l'ac-
dans la casbah et le conduisirent dans la
compagnèrent
sa tente. Étaient présents également à cette
campagne jusqu'à
cérémonie : la garde, les officiers et sergents qui tous ac-
Ghomân jusqu'à sa tente dans la campagne.
compagnèrent
Ensuite tout le monde revint à la casbah selon l'usage accou-
tumé.
Ghomân retourna ensuite clans son pays. Quant au pacha,
il fut le jeudi, 16 du mois derebf Ier de l'année 1154
déposé
11 était resté au pouvoir environ trois mois.
(1CT juin 1741).
El-F a-Mahmoud, fils du caïd Mohammed-Senîber, fils
du caïd Mohammed-Bouya. — Élu le vendredi, 23 du mois
de rebic Ier de l'année 1159 (15 avril 1746), après la dépo-
sition du caïd Bàbâ-Seyyid, ainsi qu'il a été dit déjà à la lettre
mim [m), ilne resta en fonctions que quatre jours, après quoi
il fut déposé.
Lettre noun (?i).
Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi-Ed-Der'i.—Élu le lundi,
25 du mois vénéré de ramadan de l'année 1077 (21 mars
1667 ), après la seconde déposition du caïd Mohammed-Bouya.
Il donna les fonctions de lieutenant-général de la division
de Merrâkech au lieutenant-général 'Ali, fils du pacha Ham-
1. Probablement orné d'une garniture de perles. Le mot employé est celui
qui désigne ordinairement les perles fines, mais il est peu probable qu'il en fût
ainsi.
2. La lecture et la traduction de ce mot sont incertaines. Je lis ^j et non
^•j qui ne paraît pas donner un sens satisfaisant.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 255
medi-ben-Haddou, celles de hâkem à El-Hâdj-ben-Sa'îd-
El-'Imrâni. Ces nominations eurent lieu dans la matinée du
dimanche, 23 du mois de chaouâl vers la fin de cette année
être resté environ six mois au pouvoir,
(18 avril 1667). Après
Nâsir fut déposé à la fin du mois derebi' 1er de l'année 1078
(19 septembre 1667).
Nâsir, fils du pacha 'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni. —
Élu le lundi, 21 du mois de djomada Ier de l'année 1079
(8 octobre 1668), après la déposition du pacha (\ ov) 'Abder-
rahmân-ben-Sa'îd-Ouneddâm2-El-Andalousi. Durant ce pre-
mier passage au
pouvoir il envoya un corps d'armée vers
Ankouma, mais il ne s'y rendit pas en personne. Comme
l'askia Daoud était à ce moment malade et impotent, il
fit venirMohammed-Sâdeq, qui était alors Benka-Farma,
lui donna son cheval 3 et
prit l'engagement, si Dieu donnait à
ce dernier la victoire et faisait en sorte que tout le monde
revînt sain et sauf sans qu'il y eût personne atteint par le
fer, de lui donner en récompense les fonctions de askia,
avec tous ses avantages. Mohammed-Sâdeq accepta cette
condition et, comme il revint ensuite avec ses hommes sains
et saufs et chargés de butin, il fut investi de la charge
d'askia avec toutes
prérogativesses
Le dimanche, 28 du mois de djomada Ier de Tannée 1079
(3 novembre 1668) il y eut une éclipse de soleil. Tout le
monde se rendit pour prier à la mosquée. On était au
18 octobre 4.
1. Le quantième n'est pas indiqué dans le texte. Je suppose que c'est le 2
parce que le mot « lundi » et le mot « deux », en arabe étant semblables le
copiste aura pu oublier de le répéter.
2. 11faut sans doute lire Ou-Neddâm en deux mots : « Ou » signifiant « fils »
et « Neçldâm » étant un nom propre.
3. Mot à mot : « le cheval ». Était-ce son propre cheval que le pacha donna
ou un cheval quelconque, le texte ne précise rien à cet égard.
.4. Une des deux dates données est erronée, l'écart entre les années julienne
et grégorienne ne pouvant être alors de dix-sept jours.
256 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Le pacha Nâsir fut déposé le lundi, dans la matinée du
24 du mois de djomada Ier, ou, suivant une autre version, à
la fin du mois de rebi' Ier de l'année 1080 (20 octobre 1669
ou 28 août 1669), après être resté environ une année au
pouvoir. Suivant le texte d'un manuscrit historique oeuvre
d'un de nos professeurs, Nâsir-ben-'Abdallah fut déposé à
la fin du mois de rebi' Ier et il aurait eu pour successeur
'Abderrahman-ben-Sa'îd-Ouneddâm qui aurait été élu pacha
au mois de rebic II de l'année 1078 (20 septembre-19 octo-
bre 1667). Dieu sait mieux que personne ce qui en est et
ce qu'il y a de plus sûr là-dessus.
Pendant le pachalik de Nâsir dont il est ici question, au
mois vénéré de ramadan, le mardi soir, 22 de ce mois de
l'année ci-dessus indiquée, c'est-à-dire de l'année 1078
(6 mars 1668), on vit paraître dans le ciel du côté de l'ouest
une comète 1; elle était visible du coucher du soleil jusqu'à
la tombée de la nuit. Elle dura jusqu'au 15 du mois de
chaouàl (29 mars 1668).
Au mois de dzou'l-qa'da de cette année, le 14 (26 avril
1668), le lieutenant-général de la division de Merrâkech 'Ali-
ben-Hammedi-ben-Haddou-El-Adjenâsi fut déposé et rem-
placé par le lieutenant-général Yahya-ben-AJi-El-Mobârek-
Ed-Derïqui fut nommé dans la matinée du jeudi. Le lieute-
nant-général des Cherâga, 'Ali, fils du pacha Mohammed-ben-
'Otsmân, fut déposé le 13 du mois de dzou'l-hiddja, le der-
nier mois de l'année 1079 (14 mai 1669), et remplacé par le
5 Ben-'Abdallah-ben-
lieutenant-général 'Ali.
Des rogations pour la pluie eurent lieu pendant quinze jours
à partir du 17 juillet, c'est-à-dire du 27 du mois de safar,
au début de l'année 1080 (27 juillet 1669). La pluie tomba
1. Mot à mot : « un astre oblong ».
2. Il manque vraisemblablement le nom personnel de ce lieutenant-général.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 257
(\«A), le dernier jour du mois de juillet, le samedi pendant
la nuit.
Le lieutenant-général 'Ali, connu sous le nom de Senîber-
ben-cAbdallah, fut déposé à la fin de safar le bon (29 juillet
1669) et remplacé par Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj-Ech-Cher-
gui au mois de rebi' Ier dans la matinée du mercredi, le 2
du mois (31 juillet 1669). Le lieutenant-général de la divi-
sion de Merrâkech, Yahya-ben-'Ali-El-Mobàrek, fut déposé
le 16 du mois de safar (16 juillet) et remplacé par Bâ-Had-
dou-ben-Sâlem le mercredi, 18 du même mois (18 juillet);
puis ce dernier fut à son tour
déposé et remplacé comme
lieutenant-général de la division de Merrâkech par Tâlib-
ben-'Ali-El-Moueddzin, le jeudi, 4 du mois de dzou'l-hiddja,
dernier mois de cette année, c'est-à-dire de l'année 1080
(25 avril 1670).
Des rogations dirigées par l'imam de la casbah eurent
lieu pendant les deux jours de samedi et de dimanche, et la
pluie tomba dans la nuit du dimanche 21 du mois de rebf
11 de l'année 1081 (7 septembre 1670). C'était le 28 du
mois d'août.
Le hâkem El-Hàdj-ben-Sa'îd ayant été révoqué, il fut
remplacé dans ses fonctions de hâkem par le hâkem 'Abdal-
lah, fils du caïd Nàsir-Ed-Der'i, dans la matinée du lundi,
12 de ce mois de rebi' (29 août 1670). Puis le lieutenant-
général Dzou 'n-Noun-ben-El-Hâdj fut destitué au mois de
chaoual, vers la lin de cette année
(11 février-12 mars 1671) ;
il fut remplacé par le lieutenant-général 'Abderrahman-ben-
Mohammed-Kiraï-Ech-Chergui dans la soirée du mardi,
14 du mois 1 de cette année 1081 (24 février 1671).
Le mercredi, au commencement de djomada Ier de cette
année (16 septembre 1671), arriva à ïombouctou un envoyé
1. Le texte n'indique pas le mois; je suppose qu'il s'agit toujours du mois de
chaoual.
(Biographies des pachas du Soudan.) 17
258 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
du sultan Maulaï Er-Rechîd. Les troupes prêtèrent ser-
ment de fidélité à ce prince dans la matinée du jeudi.
Une éclipse de lune eut lieu le samedi dans la nuit du 4 du
mois de djomada I 01'de l'année 1082 (8 septembre 1671).
Suivant un autre manuscrit, le pacha Nâsir resta au pou-
voir jusqu'en cette année de 1082 (10 mai 1671-29 avril
1672); il y serait donc resté
quelques mois.
trois ans
Il et
mois 1 ci-dessus men-
aurait été ensuite déposé le lundi, 22 du
tionné. Telle est la version qui nous paraît la plus authen-
tique. Dieu sait ce qu'il y a de vrai dans tout cela.
Nâsir-ben-'Abdallah, petit-fils du caïd Nâsir-ben-'Abdal-
— Élu du caïd
lah-El-A amechi-Ed-Der'i. après la déposition
précité El-Gharnâti, le dernier jour du mois de cha'bân le bril-
lant de l'année 1119 (25 novembre 1707), il fut déposé au
mois de dzou '1-hiddja, le dernier mois de cette même année
(23 février-23 mars 1708). On prétend aussi que (N*^) sa
déposition eut lieu le 12 du mois de moharrem, le premier
mois de l'année 1120 (3 avril 1708). D'après la première
version, il serait resté au pouvoir trois mois et demi;
quatre mois et demi, si l'on adopte la seconde. Dieu est
mieux instruit et plus sûr de ce qui est. Il est Celui qui con-
naît tous les secrets.
Lettre dzal (dz).
Dzou'-n-Noun-ben-El-Hâdj-ben-Biyoukhef-El-Yâ'qonbi-
— Élu la déposition du caïd 'Abdallah-
Ech-Chergui. après
ben-Mohammed, fils du caïd Hassou-Ed-Der'i, le jeudi, 13
du mois de djomada Ier de l'année 1090 (22 juin 1679), il
1. Faute d'indication plus précise, on peut admettre que ce fut au mois de
djomada Ier de l'année 1082, Il se pourrait cependant que le nom du mois eu
été omis dans la phrase précédente.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 259
demeura une année et deux mois au pouvoir et fut ensuite
déposé dans la matinée du vendredi, vingtième jour du
mois de redjeb l'unique de l'année 1091 (16 août 1680).
Il fut réélu après la déposition du caïd Yahya-ben-rAli-El-
Mobârek-Ed-Der'i au commencement de l'année 1093 (10 jan-
vier-31 décembre 1682) et resta cette fois huit mois au pou-
voir. Quand il eut été déposé, un conflit s'éleva dans la,
division des gens des Cherâga au sujet de l'élection du caïd
El-Khalîfa qui était lieutenant-général de cette division. Le
caïd Mohammed-ben-Ech-Cheikh-cAli s'interposa entre les
dissidents, les
engageant à faire la paix et alors
la réconci-
liation eut
lieu amiablement. Puis, après que le conflit fut
on 1
apaisé, convint de prendre ce dernier caïd pour pacha et
on l'éleva au pouvoir suprême.
Dzou n-Noun fut de nouveau réélu après la seconde dé-
position du caïd Ibrahim-ben-Hassoun, au mois sacré de
moharrem, le premier mois de l'année 1106 (22 août-21 sep-
tembre 1694); il resta au pouvoir treize jours suivant les
uns, dix-sept jours suivant d'autres.
Il fut ensuite déposé
sans avoir fait, durant tout son pachalik, la moindre expé-
dition. Cependant son passage au pouvoir fut une ère de
prospérité et de gloire.
Lettre za (z).
Zenka-'Abderrahman, fils du bachout Bou-Zenâd-El-"
Fàsi,maisil est plus connu sous le nom deZenka. — Élu
après
la déposition du caïd El-Fa'-Benkàno, à la fin de dzou '1-
qa'da de l'année 1094 (20 novembre 1683) (w), il resta au
pouvoir six mois et fut déposé au mois de djomada I 01' de
1. C'est-à-dire Mohammed-ben-Ech^Cheikh-'Ali.
260 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
l'année 1095 avril-16 mai 1684). 11 en a déjà été parlé
(16
'
à la lettre 'aïn ( )j.
Zenko, fils du Kabara-Farma cAbderrahman-ben-'Ali,
connu sous le nom de Zenko. — Élu la déposition du
après
caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-Et-Tezerkîni, au
mois de djomada II de l'année 1121 (8 aoùt-6 septembre
1709). Il a été déjà question de ce pacha à la lettre ha'(h)-.
Ici se termine tout ce que nous voulions dire des rensei-
gnements qu'il nous a été possible de réunir sur les princes
3 le pacha
appartenant à la population de Merrâkech depuis
Djouder en en donnant toute la série jusqu'à ce jour, c'est-
à-dire jusqu'en l'année 1160 (13 janvier 1747-2 janvier
1748).
Maintenant nous allons reproduire leurs noms en les grou-
pant ensemble ; en indiquant le nombre de ces
personnages
et en distinguaut à part ceux qui ont été élus pachas et qui
appartenaient à la division de Fez, de ceux qui appartenaient
à celle de Merrâkech ou à celle des Cherâga. Nous dirons
le nombre de chacun d'eux, le nombre de ceux qui ont fait
des expéditions, de ceux qui sont morts étant au pouvoir,
de ceux qui sont venus directement comme pachas de Mer-
râkech, des fils
de pachas qui ont été élus, de ceux dont le
père et le grand-père ainsi qu'eux-mêmes ont également été
de ceux qui ont été élus ainsi leur 4
pachas, que père. Nous
3
donnerons la liste des caïds-amin depuis le pacha Djouder
jusqu'au moment où cette fonction cessa d'être exercée ; la
liste de tous ceux qui ont été nommés hâkem jusqu'à ce
jour, de même celle des Kabara-Farma, celle des askia du
Songhaï depuis la venue de l'expédition de Djouder jusqu'à
1. Cf. page 58.
2. Cf. page 153,
3. C'est-à-dire des pachas marocains.
4. Du vivant de leur père.
5. Ou : directeurs des finances.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 261
ce jour, la liste des cadis, des imams de la grande-mosquée
depuis Djouder jusqu'à l'heure actuelle. Je rappellerai en-
suite tout ce qui s'est passé à ce moment. Implorant donc
le secours de Dieu qui est mon appui et ma meilleure pro-
vidence, je dirai :
Voici la liste de tous ceux
qui ont été nommés pachas de-
puis Djouder jusqu'à Babekerl-ben-El-Fac-Mansour : ^Djou-
der; 2° Mahmoud-ben-'Ali-ben-Zergoun; 3° Mahmoud-
Tâba"; 4° Ammâr-El-Feta ; 5° Seliman ; 6° Mahmoud-
Lonko ; 7° 'Ali-ben-'Abdallah ; 8° Ahmed-ben-Yousef ; 9° Had-
dou-ben-Yousef; 10° Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâssi;
11° Yousef-ben-'Omar-El-Qasri ; 12° Ibrahim-ben-Abd-el-
Kerîm-El-Djerrâri; 13° cAli-ben-'Abdelqâder; 14° 'Ali-ben-
El-Mobârek-El-Mâssi ; 15° So'oud-ben-Ahmed-( s -\ > )-'Adje-
roud ; 16° 'Abderrahman, fils du caïd Hammedi-ben-Sa'doun-
ben-'Ali-El-Mahmoudi ; 17°Mesa oud-ben-Mansour-Ez-Za'eri ;
18° Mohammed-ben-'Otsmân; 19° Ahmed-ben-'Ali-ben-
'Abdallah-Et-Telemsâni ; 20° Homeïd-ben- 'Abderrahman-
El-Hayyouni; 21° Yahya-ben~Mohammed-El-Gharnâti;
22° Hammedi-ben-Haddou-ben-Yousef-El-Adjenàsi ; 23° Mo-
hammed-ben-Mousa; 24° Mohammed, fils du caïd Hammedi-
ben-Sa'doun; 25° Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj-Ech-
Chetouki; 26° 'Allâl-ben-Sa'îd-El-Harousi ; 27° El-Hâdj-El-
Mokhtâr-ben-Biyoukhef-Ech-Chergui; 28° Hammou-ben-
'Abdallah-El-'Euldji; 29° 'Ali-ben-'Abdelaziz-El-Feredji;
°
30° 'Ali-ben-Mohamm ed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni ; 31 'Am-
mâr-ben-Ahmed-'Adjeroud-Ech-Chergui; 32° Mohammed-
Bouya, déjà mentionné; 33° Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'ame-
chi-Ed-Der'i ; 34° 'Abderrahman-ben-Sa'îd-Ouneddâm-El-An-
dalousi; 35° Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni;
36° Mohammed-ben-Ahmed-El-Koihel-Ech-Chergui ; 37° Mo-
1. Le ms. porte par erreur cL.
262 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
hammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i ; 38° 'Abderrahman-
ben-Mohammed-Kiraï-Ech-Chergui ; 39° 'Ali-ben-Brahim-
Ed-Deri; 40° Sa'îd-ben-'Omar-El-Fasî; 41° 'Abdallah, fils
du caïd Hassou-Ed-Der'i; 42° Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj-
El-Mokhtâr-Ech-Chergui; 43° Mohammed-ben-Bâ-Redouân-
El-'Eiildji; 44° Yahya-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i;
45° Dzou'n-Noun-ben-El-Hâdj, déjà nommé; 46° Moham-
med-ben-Cheikh-cAli-Ed-Der'i;47°Bâ-Haddou-Sâlem-El-Has-
sâni; 48° El-Fa'-Benkâno-Ech-Chergui, fils de Mohammed-
El-Medâseni; 49° Zenka-'Abderrahman-ben-Bou-Zenâd-El-
Fâsi; 50° Mohammed-ben-Redouân, déjà nommé; 51° cAli-
ben-Homeïd-El-'Amri; 82° El-Mobârek-ben-Mansour-Ez-
Za'eri; 53° So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsmàn;
S4° El-Hasen-ben-Mansour-El-Monebbih; 55° 'Abdallah-
ben-Mohammed, fils du caïd Hassou, déjà nommé; 56° El-
'Abbâs-ben-Sa'îd-El-'Amri; 57° Senîber-ben-Mansour-Ez-
Za'eri; 58° Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 59° So'oud-Bo-
karnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsmân, déjà nommé; 60° Se-
nîber-ben-Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki; 61° Ibrahimf-
ben-Hassoun-Ed-Der'i ; 62° Bâbâ-Seyyid-ben-Tâlib-Ech-Cher-
gui; 63° El-Mobârek-ben-Mansour-Ez-Za'eri, déjà nommé;
64° Brahim-ben-Hassoun, déjà nommé; 65° Dzou 'n-Noun-
ben-El-Hâdj pour latroisième fois; 66° Ahmed ^"w)-El-Kha-
lifa-ben-Ahmed-ben-'Ali-ben-Abdallah-Et-Telemsâni ; 67° Se-
nîber-ben-Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki, déjà nommé;
-68° 'Abdallah-ben-Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi-Ed-
Der'i ; 69°Hammedi-ben-'Ali-ben-cAbdallah-Et-Tezerkîni, déjà
nommé; 70° El-Mobârek-ben-Hammedi-ben-'Ali-El-Mobâ-
rek-Ed-Der'i; 71° Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi-Ech-
Chergui-Es-Senaouni; 72° 'Ali-ben-Mohammed-ben-Cheikh-
'Ali-Ed-Der'i; 73° Yahya-ben-Mohammed-Zenko-El-Fech-
i. Le mol : « ben » n'est pas dans le ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 263
tant; 74° 'Abdallah-ben-Nâsir-beu-'Abdallah-Et-Telemsâni;
75° Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'eri, déjà nommé ; 76° Ham-
medi-ben-'Ali-Et-Tezerkmi, pour la troisième fois; 77° 'Abd-
allah-ben-Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâm, déjà
nommé ; 78° Yousef-ben-'Abdallah-Ed-Derl ; 79° Mohammed-
ben-Sa'îd-ben-'Omar-El-Fâsi ; 80° Bâbâ-Hammedi-ben-Man-
sour-Ech-Chergui ; 81° 'Ali-ben-El-Mobârek-ben-'Ali-El-Mo-
bârek-Ed-Der'i, déjà nommé; 82° Santâ'a-ben-Fâres-El-Fâsi;
83°Mâmi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni; 84° Mohammed-ben-Sa'îd-
ben-'Qmar,déjànommé;85°Mohammed-ben-Mohammed-Sey-
yidi-Ech-Chergui, déjà nommé; 86° Yahya-ben-Mohammed-
Zenka-El-Fechtâni, déjà nommé; 87° 'Abdallah-ben-Nàsir-
ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, pour la troisième fois ;
88° Sa'îd-ben-Bou-Ziàn-El-Khebbâzi; 89° Mâmi-ben-'Ali-Et-
Tezerkîni, déjà nommé; 90° El-Mobârek-ben-Mohammed-
El-Gharnàti; 91° Nâsir-ben-'Abdallah-ben-Nâsir-ben-'Abd-
allab.-El-À'amechi-Ed-Der'i; 92° 'Abdallah-ben-Nàsir-ben-
'Ali-ben-'AbdalIah-Et-Telemsâni, pour la quatrième fois;
93° Aii-beri-Rahmoun-El-Monebbih; 94° Mohammed-ben-
Hammedî-ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 95° Hammedi-Zenka-ben-
'Abderrahman-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i; 96° Yahya-
ben-Mohammed-Zenka-El-Fechtâni, pour la troisième fois ;
97° cAli-ben-Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Derci, déjà
nommé; 98° Babeker-ben-Mohammed-Seyyidi; 99° You-
sef-ben-'Abdallah-Ed-Der'i, déjà nommé; 100° 'Abdelqâder-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 101° 'Abdallah-ben-Nâsir-ben-'Ali-
Et-Telemsânî, la cinquième
pour fois; 102° 'Ali-ben-El-Mo-
bàrek-Ed-Der'i, pour la troisième fois ; 103° le pacha Mansour,
fils du caïd Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'eri; 104° Màmi-ben-
"Ali-Et-Tezerkîni, pour la troisième fois ; 105° 'Ali-ben-Rah-
moun-El-Monebbih, déjà nommé; 106° cAbdallah-ben-El-
Hâdj-ben-Sa'îd-El-'Imrâni; 107° 'Ammâr-ben-So'oud-Bo-
karnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsmân-Ech-Chergui (\if);
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 265
sour-Ez-Za'eri; 138° Yahya, fils du caïd Yahya, fils du caïd
Efommedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 139° Bâbâ-Seyyid, fils du
caïd Hammedi-Zenka-ben-'Abderrahman-ben-'Ali-Ed-
Der'i; 140° El-Hasen-ben-Mohammed-El-'Amri; 141° Sa'îd,
fils du caïd Senîber-ben-Mansour, déjà nommé; 142° Sa'îd,
fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 143° Sa'îd, fils
du caïd Sa'îd, fils du caïd Senîber-ben-Mansour, pour la
Iroisième fois; 144° Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Hammedi-
Zenka, déjànommé; 145° El-Fa'-Mahmoud, fils du caïd Se-
nîber, fils du caïd Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki;
146° 'Abdelgheffâr, fils du lieutenant-général Ousâma, fils
du caïd (\ni) 'Ali-Et-Tezerkîni; 147° Babeker-ben-El-Fa'-
Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i; 148° Babeker, pour la deuxième fois; il n'eut pas de
successeur direct; 149° Sa'îd, fils du caïd Hammedi-ben-
'Ali-Et-Tezerkîni; 150° 'Ali-ben-'Abderraouf-ben-Sâlih, fils
du caïd Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i; 151° 'Ali, fils
du caïd'Ammâr-ben-So'oud-Bokarnâ-Ech-Chergui; 152° Bâ-
Haddou, fils du caïd Babeker-ben-El-Fa'-Mansour, fils du
caïd Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i. Soit en tout
cent cinquante-quatre 1. Enfin le pacha 'Ali-ben-Mansour, fils
du caïd 'Ali-Et-Tezerldni, plus connu sous le nom de Bàbâ.
Il y eut en tout quatre-vingt-dix-sept pachas différents ou,
en comptant ceux qui furent réélus, cent cinquante-sept 2. Il
3 de ces divers
y eut cinquante réélections personnages et le
nombre de ceux qui furent réélus est en tout de quatorze pachas
qui furent : 1° le caïd Mohammed-ben-Bouya-Ech-Chetouki;
2° le caïd 'Abdallah-ben-Mohammed-Hassou ; 3° le caïd
Mâmi-Bâ-Bedouân-El-'Euldji ; 4° le caïd Dzou Jn-Noun-ben-
1. La liste n'en renferme que i5o, en y comprenant, celui dont le nom vient
ensuite. Plus loin on dit qu'il y en eut 157.
2. Plus haut on a donné le chiffre de 154.
3. La liste en comprend 30.
266 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
El-Hâdj-Ech-Chergui; S0 le caïd Bokarnâ-ben-Mohammed-
ben-'Otsmân ; 6° le caïd Ibrahim-ben-Hâssoun ; 7° le caïd
El-Mobârek-ben-Mansour; 8° le caïd Senîber-ben-Mansour ;
9° le caïd Senîber-ben-Bouya; 10° le caïd 'Ali-ben-El-Mobâ-
rek; 11° le caïd 'Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi;
12° le caïd Mohammed-ben-'Sa'ïd-ben-Bouya ; 13° le caïd
Yahya-Ei-Fechtâni ; 14° le caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-Te-
zerkîni; 15°le caïd 'Abdallah-ben-Nâsir-ben-'Ali-Et-Telem-
sâni; 16° le caïd Yousef-ben-'Abdallah-Ed-Der'i; 17° le caïd
'Ali-ben-Mohammed-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i; 18° le caïd Ali-
ben-Rahmoun; 19° le caïd Mâma-ben-'Ali ; 20° le caïd 'Abd-
allah-ben-El-Hâdj ; 21° le caïd Bâ-Haddou, fils du caïd
Yahya-Ed-Der'i; 22° le caïd Mansour-bacha, fils du caïd
Senîber; 23° le caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-Et-
Tezerkîni; 24° le caïd
Seyyidi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni ; 25° le
caïd Hammedi, fils du caïd Senîber; 26° le caïd El-Fa'-
Ibrahim-ben-Hammedi-Et-Tezerkîni; 27° le caïd Sa'ïd, fils
du caïd Senîber; 28° le caïd Bâbâ-Seyyidi, fils du caïd Ham-
medi-Zenka; 29° le caïd Ba-Babekar-ben-El-Fa'-Mansour;
30° le caïd Sa'ïd, fils du caïd 1.
Le nombre de ceux qui furent réélus et qui appartenaient
à la division de Fez fut de onze 2, dont dix étaient fils de
caïds 3. Ce furent : 1° le caïd (\M) Mâmi-El-'Euldji; 2°le caïd
Ibrahim-ben-Hassoun ; 3° le caïd Hammedi-ben-'Ali; 4° le
caïd Mohammed-ben-Sa'îd ; 5° le caïd 'Ali-ben-Mohammed-
ben-Cheikh-'Ali ; 6° le caïd Mâma-ben-'Ali ; 7° le caïd cAbdal-
lah-ben-El-Hâdj ; 8° le caïd Mohammed, fils du caïd Ham-
medi; 9° le caïd Saïd-ben-'Ali, et 10° le caïd El-Fâ'-Ibrahim,
fils du caïd Hammedi.
1. Il est certain que la liste est tronquée ou que le copiste a omis une partie
du texte.
2. La liste n'en compte que dix.
3. La traduction exacte de ce passage est : Et le caïd fils du caïd Hammedi
est dix. Je suppose que le mot Hammedi a été ajouté par erreur.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 267
Le nombre des pachas appartenant à la division de Mer-
râkech qui furent réélus fut de quinze : 1° le caïd Moham-
med-Bouya; 2° le caïd cAbdallah-ben~Mohammed-Hassou ;
3° le caïd El-Mobârek-ben-Mansour ; 4° le caïd Senîber-ben-
Mansour; 5° le caïd Senîber-ben-Bouya; 6° le caïd 'Ali-ben-
El-Mobârek; 7° le caïd Yahya-El-Fechtâni ; 8° le caïd
Yousef-ben-'Abdallah; 9° le caïd cAli-ben-Rahmoun; 10° le
caïd Mansour-bacha; 10° le caïd Senîber; 11° le caïd Bâ-
Haddou, fils du caïd Yahya; 12° le caïd Hammedi, fils du
caïd Senîber; 13° le caïd Sa'ïd, fils du caïd Senîber; 14°le
caïd Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Zenko et 15° le caïd Babeker-
ben-El-Fa'-Mansour.
Quatre pachas de la division des Cheraga furent réélus ; ce
furent : 1° le caïd Dzou n-Noun-ben-El-Hâdj ; 2° le caïd
Sooud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsniân; 3° le caïd
Abdallah-ben-Nâsir-ben-c Ali-ben-' Abdallah- Et-Telemsâni et
4° le caïd Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi.
Vingt et une réélections eurent lieu dans la division de
Fez et il y en eut un nombre égal dans la division de Mer-
râkech. Quant aux Cherâga, ils n'eurent que huit réélections
parmi leurs pachas.
Les pachas réélus deux fois sont au nombre de dix-
huit 1, savoir : 1° le caïd
Mohammed-Bouya-ben-El-
Hâdj; 2° le caïd Mâmoy-Bâ-Redouân 2; 3° le caïd 'Abdallah-
ben-Mohammed-Hassou ; 4° le caïd El-Mobârek-ben-Man-
sour; 5° le caïd So'oud-Bokarnâ, fils de Mohammed-ben-
'Otsmân ; 6° le caïd Senîber-ben-Bouya ; 7° le caïd Brahim-
ben-Hassoun; 8° le caïd Mohammed-ben-Sa'îd-ben-'Omar ;
9° le caïd rAli-ben-Rahmoun ; 10° le caïd Mohammed-ben-
Mohammed-Seyyidi; 11° le caïd Mansour-pacha, fils du caïd
1. Il n'y en a que 16 d'indiqués.
2. Il faut peut-être lire : Mamoy-Berouân, surnom du pacha Mohammed-ben-
Bâ-Radouân. Cf. ci-dessus, p. 9.
268 RIOGIUPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Senîber; 12° le caïd Sa'id-ben-'Ali-Et-Tezerkîni; 13° le caïd
Hammedi, fds du caïd Senîber; 14° le caïd
El-Fa'-Ibrahim,
fils du caïd Hammedi ; 1 o° le caïd Bâbâ-Seyyid, fils du caïd
Zenko; 16° le caïd Babeker-ben-El-Fa'-Mansour.
Les pachas qui furent réélus trois fois furent au nombre
de huit : lMecaïdDzou n-Noun-ben-El-Hâdj 2° le
(>m);
caïd Hammedi-ben-'Ali; 3° le caïd 'Ali-ben-El-Mobârek-
Ed-Derri ; 4° le caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-
Ed-Der'i ; 5° le caïd Yahya-El-Fechtâni ; 6° le caïd Yousef-
ben-'Abdallah-Ed-Der'i; 7° le caïd Mâmi-ben-'Ali-Et-Tezcr-
kîni, et 8° le caïd Sa'îd, fils du caïd Senîber-ben-Man-
sour.
Les pachas réélus quatre fois furent au nombre de deux :
1° le caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-Et-
Tezerkîni, et 2° le caïd Bâ-Haddou, fils du caïd Yahya-ben-
'Ali-El-Mobârek-Ed-Derl; un seul fut cinqélu fois, ce fut le
caïd 'Abdallah, fils du caïd Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-
Telemsâni ; personne ne fut élu huit fois, sauf, le caïd Abd-
allah-ben-El-Hâdj-ben-Saîd-El-cImrâni.
Pachas qui portèrent le même nom. Cinq d'entre eux se
nommèrent Mahmoud : 1° Mahmoud-ben-Zergoun : 2° Mah-
moud-Tâba' ; 3° Mahmoud-Lonko ; 4° Mahmoud, fils du caïd
Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki ; 5° le fils du frère de ce
dernier : Mahmoud, fils du caïd Senîber-ben-Bouya. Qua-
torze avaient nom Mohammed : 1° Mohammed-ben-Ahmed-
El-Mâssi ; 2° Mohammed-ben-'Otsmàn ; 3° Mohammed-ben-
Mousa; 4° Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-Sa'doun ;
5° Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj ; 6° Mohammed-ben-
Ahmed-El-Koïhel ; 7° Mohammed-ben-'Ali-El-Mobàrek;
8° Mohammed-ben-Bà-Beçlouàn ; 9nMohammcd-ben-Cheikh-
'Ali-Ed-DeiM ; 10° Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi;
H°Mohammed-ben-Sarîd-ben-rOmar; 12° Mohammed, sur-
nommé Mâmi-ben-'Ali; 13° Mohammed, fils du caïd Ham-
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 269
medi-ben-'Ali, et 14° Mohammed-Behhou, fils du caïd Se-
nïber-ben-Mansour.
le nom de Hammedi 1 :1° Hammedi-
Neuf pachas ont porté
ben-Yousef-El-'Euldji; 2° Hammedi-ben-'Ali-ben-'Abdallah-
Et-Telemsâni ; 3° Hammedi-ben-Haddou-ben-Yousef-El-
Adjenàsi; 4° Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezer-
kini; 5° Ahmed, plus connu sous le nom de caïd El-Khelîfa,
fils d'Ahmed-ben-'Ali-ben- Abdallah ci-dessus nommé ; 6° Bà-
bâ-Hammedi-ben-Mansour: 7° Hammedi-ben-El-Fa'-Man-
sour-Ech-Chergui ; 8° Ahmed-Zenka, fils du Kabara-Farma'
Abderrahman-ben-'Ali; 9° Hammedi, fils du caïd Senîbcr-
ben-Mansour, fils du caïd Hammedi-beu-El-Fa-Mansour, fils
du caïd Mohammed-ben-'Ali-Ed-Der'i.
Dix pachas (\*w) se sont appelés 'Ali : 1° cAli-ben-'Abdal-
lah-Et-Telemsâni; 2° 'Ali-ben-'Abdelqâder ; 3° 'Ali-ben-El-
Mobârek-El-Mâssi; 4° 'Ali-ben-'Abdelaziz-El-Feredji; 5° Ali-
ben-Mohammed-Et-Tezerkîni; 6° Ali-ben-Ibrahim-Ed-Der'i;
7° Ali-ben-Homeïd-El-'Amri; 8° fAli-ben-Mohammed-ben-
Cheikh-'Ali-Ed-Der'i; 9° Adi-ben-El-Mobârek-Ed-Der'i ;
10° rAli-ben-Rahmoun-El-Monebbih.
Neuf 2 pachas avaient pour nom Sa'id : 1 ° Sooud-ben-
Ahmed-Adjeroud ; 2° Sa îd-ben-'Ali-El-Mahmoudi ; 3° Sa'id-
ben-'Omar-El-Fâsi; 4° So'oud-Bokarnà-ben-Mohammed-
ben-'Otsmân; 5° Sa'id-Bou-Ziàn-Eb-Khebbâzi; 6° Sald-ben-
Ali-Et-Tezerkîni; 7° Sa'îd, fils du caïd Senîber; 8° Sa'id, fils
du caïd Hammedi.
Six pachas se nommaient 'Abderrahman : 1° 'Abderrah-
man, fils du
caïd Hammedi-ben-Sa'doun; 2° Abderrahman-
ben-Sa'îd-Ouneddàm ; 3° 'Abderrahman-ben-Hammedi-Kiraï-
Ech-Chergui; 4° 'Abderrahman, plus connu sous le nom de
1. Les noms de Ahmed et Hammedi sont confondus ensemble. Ce sont en
effet deux variantes du même nom.
2. Même en y comprenant les So'oud> cela ne fait que 8.
270 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Zenka, fils de Bou-Zenâd; S0 'Abderrahman, fils du caïd
Hammedi-ben-'Ali ; 6° 'Abderrahman, plus connu sous le
nom de Bâbâ-Seyyid,filsdu caïd Hammedi-Zenko-ben-Abd-
errahman-ben-Ali-Ed-Der'i.
Quatre avaient nom Abdallah : 1° 'Abdallah, fils
pachas
du caïd Mohammed-Hâssou; 2° 'Abdallah, fils du caïd Nâ-
sir-ben- 'Abdallah-El-A'-amechi-Ed-Der'i ; 3° 'Abdallah, fils du
Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, et 4° Abd-
pacha
allah-ben-Hâdj-Sa'îd-El-'Imrâni.
Trois pachas ont eu pour nom El-Mobârck : 1° El-Mo-
bàrek, fils
du pacha Mansour; 2° El-Mobârek-ben-Hammedi-
ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Deri, et 3° El-Mobârek-ben-Moham-
med-El-Gharnâti.
Trois pachas portèrent le nom de 'Ammâr : 1° 'Ammàr-
El-Feta-El-'Euldji ; 2° 'Ammàr-ben-Ahmed-Adjeroud, et
3° 'Ammâr, fils du caïd Socoud-Bokarnâ-ben-Mohammed-
ben-'Otsmân.
Trois pachas s'appelèrent Nâsir : 1° le caïd Nâsir-ben-
'Abdallah-El-A'amechi ; 2° Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-
Telemsâni, et 3° Nâsir-ben-cAbdallah, fils du caïd Nâsir, ci-
dessus mentionné.
le nom de 1 :1° El-Hasen-
Trois pachas portèrent El-Hasen
ben-Mansour-El-Monebbih ; 2°E1-Hasani, fils du caïd Ham-
medi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni, et 3° El-Hasen-ben-Mohammed-
El-Amrî.
Trois pachas eurent pour noms Ibrahim 2: l°Brahîm-ben-
Abdelkerîm-El-Djerrâri ; 2° Brahîm-ben-Hassoun-Ed-Derl
et 3°E1-Fa'-Ibrahîm, fils du caïd (\*u) Hammedi-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni.
Trois pachas se nommèrent Haddou : 1° Haddou-ben-
1. Ou : El-ttasani, ethnique de El-Hasen.
2. Ou ; Brahîm, prononciation vulgaire de Ibrahim.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 271
Yousef-El-Adjenâsi ; 2° Bâ-Haddou-beii-Sâleni-El-Hassâni,
et 3° Bâ-Haddou-ben-Yahya-ben-'Ali-Ed-Der'i.
Quatre pachas s'appelèrent Yahya : 1° Yahya-ben-Moham-
med-El-Gharnâti ; 2° Yahya-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i ;
3° Yahya-El-Fechtâni, et 4° Yahya, fds du caïd Hammedi-ben-
cAli.
Deux pachas se dénommèrent Yousef : 1° Yousef-ben~
'Omar-El-Qasri, et 2° Yousef-ben-cAbdallah-Ed-Der'i.
Deux pachas furent appelés Senîber : 1° Senîber, fils du
caïd Mohammed-Bouya, et 2° Senîber-ben-Mansour-Ez-
Za'eri.
Deux pachas portèrent de Bâbâ-Seyyid
le nom : 1° Bâbâ-
Seyyid-ben-Talib-Hammedi-Ech-Chergui, et 2° Bâbâ-Seyyid,
fils du caïd Hammedi-Zenko-ben-'Abderrahman.
Deux pachas eurent pour nom 'Abdelgheffâr : 1° 'Abdel-
gheffâr, fils du caïd 'Ali-Et-Tezerkîni ; 2° 'Abdelgheffâr, fils
du lieutenant-général Ousâma, fils du caïd 'Ali ci-dessus
nommé.
Neuf des pachas étaient des renégats, savoir : l°Djouder;
2° Mohammed-ben-Zergoun ; 3° Mahmoud-Tâba' ; 4° Am-
mâr-El-Feta ; 5° Seliman ; 6° Mahmoud-Lonko ; 7° Hammedi-
ben-Yousef ; 8° le caïd Mâmi-ben-Bâ-Redouân, et 9° Ham-
mou-ben-°Abdallah.
1
Dix-neuf pachas étaient originaires du Dra : 1° le pacha
Homeïd2-El-Hayyouni ; 2° le caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-
A'amechi ; 3° le caïd 'Abdallah-ben-Mohammed-Hasen-Ed-
Der'i; 4° le caïd Mohammed-ben-'Ali-ben-El^Mobârek-Ed-
Der'i; 5° le caïd Yahya-ben-'Ali, frère du précédent; 6° le
caïd Brahîm-ben-Hassoun ; 7° le caïd Mohammed-ben-
Cheikh-'Ali-Ed-Derl ; 8° le caïd 'Abdallah, fils du caïd Nâsir-
1. Lems. porte : dix-sept ici; plus loin il y a dix-neuf qui est le nombre in-
diqué dans l'énumération.
2. C'est par erreur qu'on trouvera quelquefois plus haut : Hamîd.
272 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
ben-'Abdallah-El-A'amechi; 9° le caïd rAli-ben-El-Mobârek-
ben-'Ali-El-Mobârek ; 10° le caïd El-Mobârek-ben-IIammedi-
ben-'Ali-El-Mobàrek-Ed-Der'i; 11° le caïd 'Ali-ben-Ibra-
hîm-Ed-Der4 ; 12° le caïd Nâsir-ben-'AbdaIJah, fils du caïd
Nâsir-ben-'Abdallah-El-Acamechi ; 13° le caïd Yousef-ben-
'Abdallah-Ed-Der'i ; 14° le caïd 'Ali, fils du caïd Mohammed-
ben-Cheikh-'Ali-Ed-Derl ; 15° le caïd Ahmed-Zenko-ben-
'Abderrahman-ben-'AU-El-Mobârck-Ed-Der'i ; 16° Je caïd
Bâ-Haddou, fils du caïd Yaliya-ben-Ali-El-Mobârek ci-dessus
nommé; 17° le caïd Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour ; 18" son
frère, le caïd Babeker-ben-El-Fac-Mansour, fils du caïd Mo-
hammed-ben-'Ali-EI-Mobârek-Ed-Der'i; 19° le caïd Bâbâ-
Seyyid, fils (\ni) du caïd Hammedi-Zenko-ben-'Àbderrah-
man-ben-'Ali-Ed-Der'i. Sur ces dix-neuf pachas qui étaient
originaires du Dra, sept appartenaient à la division de Fez,
savoir : l°Homeïd-El-l.layyouni ; 2°le caïd Nâsir-ben-'Àbdal-
lah-El-Aramechi ; 3° son frère, Brahîm-ben-Hassoun ; 4° son
fils, le caïd 'Abdallah ; o° son petit-fils, le caïd Nàsir-ben-'Abd-
allah ; 6° le caïd Mohammed-ben-Cheikb/AIî-Ed-Derl ; et
7° sou fils, le caïd cAli-ben-Mohammed. Tous les autres pa-
chas étaient de la division de Merrâkech.
Dans la division de Fez, il y eut quarante-deux' pachas
élus : 1° le pacha Djouder ; 2° Mahmoud-ben-Zergoun ;
3" Mahmoud-Tàba; 4° 'Ammâr-El-Feta ; 5° Seliman ; 6" Mal.i-
moud-Lonko ; 7° Hammedi-ben-Yousef; 8° Mohammed-El-
Mâssi; 9° Brahim-El-Djerrâri ; 10° 'Ali-ben-Mobârek-El-
Màssi; 1 l°Homeïd-El-Hayyouui; 120Mohanm_ed-ben-Mousa;
13° 'Allâl-El-I.Iarousr; 14° Ilammou-ben-'Abdallah-El-
'Euldji; 15° 'Ali-bcn-Mohammed-Et-Tezerkini; 16° Nâsir-
ben-'Abdallab.-El-A'amecb.i ; 17° Sa'id-ben-'Omar; l8°Màmi-
ben-Bâ-Bedouàn; 19° Mohammed-ben-Cheikb-'Ali-Ed-Der'i ;
1. Il n'y en a que 40 d'indiqués.
2. Le ms. porte ici : El-Djerouâsi, tandis qu'ailleurs on lit : El-Çarousi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 273
20°Zenka-ben-Bou-Zenâd; 21° A'li-ben-Homeïd-El-'Amri;
22° El-Hasen-ben-Mansour; 23°Hammedi-ben-A.li-Et-Tezer-
kîni; 24° Brahîm-ben-Hassoun ; 25° 'Abdallah-ben-Nâsir-
ben-'Abdallah-El-A'amechi ; 26° 'Ali-ben-Mohammed-ben-
Cheikh-'Ali; 27° Mohammed-ben-Sa'îd-ben-'Omar; 28° Sen-
ta a-ben-Fâres; 29° Mâmi-ben-cAli-Et-Tezerkîni; 30° Sa'îd-
ben-Ziân; 31° Nàsir-ben-'Abdallah-ben-Nâsir-El-A'amechi;
32° Mohammed -ben-Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkini.;
33° Abdelqâder-ben-'Ali-Et-Tezerkîni; 34° 'Abdallah-ben-
El-Hâdj-ben-Sa'îd-El-'Imràni; 35° 'Abdelgheffàr-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni : 36° 'Abderrahman-ben-Hammedi-ben-'Ali-Et-
Tezerkîni; 37° El-Hasani-ben-Hammedi-ben-rAli; 38° Sa'îd-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni; 39° El-Hasen-ben-cAli-Et-Tezerkîni ;
40° 'Abdelgheffâr, fils du lieutenant-général Ousâma-ben-
'Ali-Et-Tezerkîni.
Le nombre (\ v«) des pachas qui furent pris dans la divi-
sion de Merrâkech fut de trente-cinq' : 1° Hammedi 2-ben-
Yousef-El-Adjenâsi ; 2° Yousef-ben-'Omar-El-Qasri ; 3° 'Abd~
errahman-ben-Ahmed-ben-Sa'doun ; 4° Mesa'oud-ben-
Mansour-Ez-Za'eri ; 5° Yahya-ben-Hammedi-ben-Haddou-
El-Adjenâsi; 6°Mohammed-ben-Ahmed-ben-Sacdoun; 7°Mo-
hammed-Bouya-ben-El-Hâdj-Ech-Chetouki ; 8° 'Ali-ben-
'Abdelaziz-El-Feredji;9°'Abderrahmân-ben-Sa'îd-Ouneddâm-
El-Andalousi; 10° Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i; 11° 'Ali-ben-Ibrahim-Ed-Derci; 12° 'Abdallah, fils du
caïd Hasen-Ed-Der'i; 13° Yahya-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i; 14°Bâ-Haddou-ben-Sàlem-El-Hassâni; 15° El-Mobà-
rek-ben-Mansour-Ez-Za'eri ; 16° son frère, Senîber-ben-Man-
sour; 17° Senîber-ben-Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki;
1. Il n'y en a que 34. C'est le premier : Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi, qui
aura sans doute été omis par le copiste.
2. Ce nom manque dans le ms. ainsi que celui de ben-Haddou qui devait
venir ensuite.
(Biographies des pachas du Soudan.) 18
274 BIOGRAPHIES DÈS PACHAS DU SOUDAN
18° El-Mobârek-ben-Hammedi-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i; 19° Yahya-ben-Mohammed-El-Fechtâni ; 20° Yousef-
ben-'Abdallah-Ed-Der'i ; 21° 'Ali-ben-El-Mobârek-ben-'Ali-Ël-
Mobârek-Ed-Der'i ; 22° El-Mobârek-ben-Mohammed-El-
Gharnâti; 23° 'Ali-ben-Rahmoun-EI-Monebbib ; 24° Zenko-
ben-'Abderrahman-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i ; 25° Man-
sour-bâcha, fils du caïd Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'eri :
26° Bâ-Haddou-ben-Yahya-ben-'Aïï-El-Mobârek-Ed-Derl ;
27° Mahmoud, fils du caïd Mohammed-Bouya-Ech-Chetouki ;
28° Mohammed-Behhou, fils du caïd Senîber-ben-Mansour-
Ez-Za'eri; 29° son frère Hammedi, fils dudit caïd Senîber;
30° son frère Sa'îd, né du même frère; 31° Bàbâ-Seyyid,
fils du caïd Hammedi-Zenko-ben-'Abderrahman-ben-'Ali;
32° Mahmoud, fils du caïd Senîber-ben-Mohammed-Bouya-
Ech-Chetouki ; 33°
Hammedi-ben-El-Fa'-Mansour, fils du
caïd Mohammed-ben-'Ali-Ed-Der'i; 34° son frère Babeker-
ben-El-Fa'-Mansour, fils de Mohammed, ci-dessus nommé.
Vingt-deux pachas furent nommés qui appartenaient à
la division desCherâga : l^Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni ;
2° 'Ali-ben-'Abdelqâder, 3° So'oud-ben-Ahmed-'Adjeroud;
4° Sa'îd-ben-'Ali-El-Mahmoudi; 5°Mohammed-ben-Moham-
med-ben-'Otsmân ; 6° Hammedi-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-
Telemsâni; 7° El-Hâdj-El-Mokhtâr-ben-Biyoukhef; 8° 'Am-
mâr-ben-Ahmed-'Adjeroud ; 9°Nâsir-ben-rAli-ben-'Abdallah-
Et-Telemsâni ; 10° Mohammed-ben-(\ v\) Ahmed-El-Koïhel;
i 1° 'Abderrahman-ben-Mohammed-Kiraï; 12°Dzou 'n-Noun-
ben-El-Hâdj-ben-Biyoukhef ; 13°El-Fac-Benkâno-ben-Moham-
med-El-Medâseni; 14° So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-
•Otsmân; 15° El-'Abbâs-ben-Sa'îd-El-'Amri; 16° Bâbâ-Sey-
yid-ben-Tâlib-Hammedi-Ech-Chergui; 17°le caïdHammedi-
El.-Khelîfa, fils du pacha Ahmed-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-
ïelemsâni ; 18°Mohammed-ben-Mohammed-ben-Seyyidi-Es-
Senâouni; 19° 'Abdaliah-ben-Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 275
Et-Telemsâni; 20°Bâbâ-Ahmed-ben-Mansour-Ech-Chergui ;
21° Babeker-ben- Mohammed -Seyyid; 22° 'Ammâr,fils du
caïd So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-Mohammed-ben-
'Otsmân.
Les fils de pach° qui occupèrent le pouvoir suprême furent
au nombre de dix-huit : 1° Hammedi, fils du pacha 'Ali-ben-
'Abdallah-Et-Telemsàni ; 2° son frère Nâsir, fils du pacha 'Ali-
ben-'Abdallah précédemment nommé ; 3°Dzou'n-Noun,filsdu
pachaEl-Hâdj-El-Mokhtâr ; 4° So'oud-Bokarnâ, fils du pacha
Mohammed-ben-'Otsmân; 5° El-Mobârek, fils du pacha Man-
sour; 6° son frère Senîber, fils du pacha Mansour; 7° Ham-
medi, fils du pacha 'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezerkîni ; 8° Se-
nîber, fils du pacha Mohammed;9°'Abdallah, fils du pacha
Nâsir-ben -'Abdallah- El-
A'amechi-Ed-Der'i; 10° 'Ali, fils
du pacha Mohammed-ben-Cheikh- 'Ali -Ed-Der'i; 11° Mo-
hammed, fils dupacha Sa'îd-ben-'Omar ; 12° Màmi, fils du
pacha 'Ali-Et-Tezerkîni ; 13° son îrère 'Abdelqâder, fils du
même pacha; 14° Bâ-Haddou, fils du pacha Yahya-ben-'Aii-
El-Mobarek-Ed-Der'i; 15° 'Abdelgheffâr, fils du pacha
'Ali-Et-Tezerkîni; 16° Mahmoud, fils du pacha Mohammed-
Bouya-Ech-Chetouki; 17° Sa'îd, fils du pacha cAli ci-dessus
nommé; 18° Bâbâ-Seyyid, fils du pacha Ahmed-Zenko-
ben-'Abderrahman-ben-'Ali-El-Mobârek.
Quinze pachas furent élus qui étaient
petits-fils de pacha,
c'est-à-dire pacha, fils de pacha, petit-fils de pacha : 1° le
pacha Hammedi-El-Khelifa, fils du pacha Ahmed, fils du
pacha 'Ali-ben - 'Abdallah - Et-Telemsâni ; 2° son cousin 2
paternel 'Abdallah, fils du pacha (\VY) Nâsir, fils du pacha
'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni; 3°Nâsir, fils du pacha 'Abd-
allah, fils du pacha Nâsir-ben-'Abdallah-El-A amechi-Ed-
Der'i ; 4° Mohammed, fils du pacha Ahmed, fils du pacha
1. C'est par erreur que le texte ms. porte Bouya-Ech-Chetouki.
2. Dans le texte il y a à la fois frère et cousin paternel.
275 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
'Àli-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni; 5° Man-
sour-Bàcha,filsdupachaSenîber-ben-Mansour-ben-Mesa'oud-
Ez-Za'eri; 6°'Ammâr, fils du pacha So'oud-Bokarnâ, fils du
pacha Mohammed-ben-Mohammed-ben-'Otsmân; 7°\Abder-
rahman,fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali-ben-Moham-
med-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni; 8°Mohammed-Behhou, fils
du pacha Senîber-ben-Mansour-ben-Mesa'oud-Ez-Za eri ;
9°E1-Hasani 1, fils du pacha Ahmed, fils du pacha Ahmed, fils
du pacha Senîber-ben-Mansour-ben-Mesa'oud-Ez-Za'eri;
10°E1-Far-Ibrahim, fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali-
ben-Mohammed, nommé ci-dessus; 11° Sald, fils du pacha
Senîber, fils du pacha Mansour-ben-Mesa'oud nommé plus
haut; 12°Yahya, fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali-
ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni, mentionné ci-
dessus ; 13° Sa'îd, fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali,
ci-dessus nommé ; 14° Mahmoud, fils du pacha Senîber, fils
du pacha Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj-ben-Daoud-Ech-
Ghetouki.
Il n'y eut que trois
pachas dont le père de la mère fut
lui-même pacha et on n'en connaît que deux qui furent élus
dans un âge encore tendre : le pacha Mansour-ben-Mesa'oud-
Ez-Za'erietle caïd Mohammed, fils du caïd Hammedi-Et-Te-
zerkîni. Ces trois pachas furent : 'Ammàr, fils du caïd So'oud-
Bokarnâ, dont la mère était la fille du pacha 'Ammar-'Adje-
roud ; le caïd Bâcha-Mansour et son frère le caïdMohammed-
Behhou, tous deux fils du caïd Senîber-ben-Mansour et dont
la mère était la fille du caïd Mohammed-ben-Cheikh-lAli-Ed-
Der'i,
Un seul
pacha fut élu du vivant de son père; ce fut le
caïd Ahmed-ben-'Ali-Et-Tezerkîni. Quant à ceux qui furent
élus du vivant de leur mère, je n'en connais que six : 1° le
1, EI-Hasani était arrière-pelit-flls du pacha et trois de ses ancêtres avaient
occupé le pouvoir.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 277
caïd Mansour-Pacha ; 2° le caïd Bâ-Haddou, fils du caïd
Yahya; 3°Sa'îd, fils du caïd' Ali-Et-Tezerkîni; 4° El-Hasani,
fils du caïd Hammedi ; 5° le caïd Hammedi, fils du caïd
Senîber, et 6° son frère, le caïd Sa'îd.
Vingt-quatre pachas firent des expéditions militaires : l°le
pacha Djouder; 2° Mahmoud-ben-Zergoun, qui entreprit
l'expédition de El-Hadjeret y périt; 3° le pacha Mahmoud-
Lonko; 4° 'Ali-ben-'Abdelqâder; 5°So'oud-ben-Ahmed-'Adje-
roud; (svv) 6° le pacha Mansour; 7° le pacha Mohammed-
ben-'Otsmân ; 8° Homeïd-El-Hayyouni ; 9° le pacha Yahya-
ben-Mohammed El-Gharnâti; 10° le pacha Mohammed, fils
du caïd Ben-Sa'doun; 11° le pacha 'Ammâr-'Adjeroud;
12° Msir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni; 13° Mo-
hammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i; 14° 'Ali-ben-Ibra-
hîm-Ed-Deri; 15° Yahya-ben-c Ali-El-Mobârek ; 16° Bâ-
Haddou-ben-Sâlem-El-Hassâni; 17° Senîber-ben-Man-
sour-Ez-Za'eri; 18° Hammedi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni;
19° Senîber, fils du caïdMohammed-ben-Bouya; 20° Mâmi-
ben-A'li-Et-Tezerkîni; 21° El-Mobârek-ben-Mohammed-El-
Gharnâti; 22° Mansour-pacha, fils du caïd Senîber; 23° son
frère Hammedi, issu du môme père et qui périt à Toghaïa
dans l'expédition contre les Touareg; et 24° son frère Sa'îd,
fils du caïd Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'eri, ci-dessus indi-
qué.
Treize pachas succombèrent, dans l'exercice de leurs
fonctions, soit de mort naturelle, soit de mort violente ; ce
furent : 1° Mahmoud-ben-Zergoun, quifuttué par les païens
au cours de son expédition dans le Hadjer; 2° Mahmoud-
Tâba', qui mourut dans son lit, empoisonné, dit-on; 3° le
pacha 'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, qui fut tué; 4° Had-
dou-ben-Yousef-El-Adjenâsi, qui mourut dans son lit;
5° Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâssi qui fut tué par les sol-
dats: 6° Ali-ben-'Abdelqâder, tué également par les soldats;
278 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
7° So'oud-ben-Ahmed-'Adjeroud, mort dans son lit; 8° 'Abd-
errahman, fils du caïd Hammedi-ben-Sa'doun, mort éga-
lement dans son lit; 9° le pacha Ahmed-ben-cAli-ben-cAbd-
allah, mort dans son lit; 10° le pacha Mâmoy-ben-Bâ-Re-
douân El-'Euldji également mort dans son lit; 11° le pacha
Hammedi, fils du caïd Yahya-ben-cAli-El-Mobârek-Ed-
Der i, mort dans son lit ; 12° le pacha Hammedi, fils du
caïd Senîber-ben-Mansour, tué par les Touareg, ainsi qu'il
a été dit plus haut, et 13° Mohammed, iils du caïd Ham-
medi-ben-cAli-Et-Tezerldni, mort dans son lit.
Amîns.
Le
premier caïd-amin envoyé par Maulaï Ahmed-Edz-
Dzehebi fut le caïd Hammou-ben-Haqq-Ed-Der i; ce fut en
cette qualité qu'il vint de Merrâkech, en même temps que
Djouder. Il conserva ses fonctions sous le pachalik de Mah-
moud-ben-Zergoun et se rendit ensuite à Merrâkech sur l'or-
dre écrit que lui adressa le sultan Maulaï Edz-Dzehebi de
venir auprès de lui. Voici dans quelles circonstances eut lieu
ce rappel :
Le caïd Hammedi-ben-El-Haddâd s'était rendu en secret
de Tombouctou à Merrâkech sans que (>vfc) le pacha
Mahmoud eût connaissance de son départ. Hammedi, qui
avait pris la route de Oualâta, informa le sultan Maulaï
Ahmed de toutes les exactions commises par Mahmoud, puis
il ajouta : « Cet homme n'invoque d'autre autorité que celle
de son sabre. Si quelqu'un en sa présence formule un sou-
hait en faveur du sultan et lui demande quelque chose, il
répond eu montrant son sabre : « Le sultan, le voici 1 ! » En
entendant ces paroles, le sultan entra dans une violente co-
lère : « Comment! s'écria-t-il, je n'administre donc plus le
Soudan que grâce au sabre de ce maudit ! »
1. Le passage est fort mal rédigé. Cependant tel paraît bien en être le sens.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 279
les envoyés 1 du et les jurisconsultes
Quand pacha étaient
arrivés en présence du sultan et que celui-ci avait appris que
des richesses immenses avaient été prises dans les maisons
des habitants et qu'on ne lui avait envoyé de tout cela que
cent mille pièces d'or, sa colère devint encore plus vive. 11
écrivit alors à l'amîn, le caïd Hammou-ben-Haqq-Ed-Der i,
de se rendre auprès de lui et donna l'ordre à Bâqâs-Ed-
Der'i de remplir, par intérim, les fonctions d'amîn. Arrivé
devant le sultan, le caïd Hammou-ben-Haqq présenta ses
registres, et comme il y voyait figurer des sommes consi-
dérables, le sultan demanda ce qu'elles étaient devenues en
exceptant celles qu'il venait de recevoir. L'amîn répondit
que le pacha Mahmoud avait gaspillé cet argent et l'avait
dissipé de diverses façons.
2 des
Mais des gens au courant choses rapportèrent au sul-
tan que Hammou-ben-Haqq n'avait pas remis en entier l'ar-
gent qu'il avait, qu'il avait détourné à son profit une somme
de 20.000 pièces d'or et qu'il avait enfoui cette somme
dans un
jardin qu'il possédait au Dra. Là-dessus le sultan fit
arrêter Hammou et le mit en prison; puis il écrivit au caïd
El-Hasen-ben-Ez-Zobéïr qui était à Tombouctou qu'il le
nommait amîn dans cette ville, tandis que Bàqàs irait à
Dienné y remplir les mêmes fonctions.
Hammou resta en prison jusqu'à sa mort. Ce fut alors
seulement qu'on trouva l'argent qu'il avait dérobé et que,
grâce à la toute-puissance de Dieu et à sa volonté, le sultan
rentra en possession de cette somme. Ceci se passait, si je
ne me trompe, en l'année 1002 (27 septembre 1593-16 sep-
tembre 1594).
Après Hammou, dont on vient de parler, les fonctions
1. Le verbe « arriver » manque dans le lexte arabe et peut-être y a-t-il d'au-
tres mots omis. Il semble que le sultan du Maroc avait envoyé faire une enquête
sur les agissements de l'amîn et que ce sont ces enquêteurs dont il est question ici.
2. Ou : les enquêteurs.
280 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
d'amîn furent données à cette époque au caïd El-Hasen-
bcn-Ez-Zobeïr. Il conserva
longtemps ce poste. Pendant
qu'il était investi de ses fonctions, les troupes le soupçonnèrent
fortement de malversations et de dilapidation aux dépens du
trésor public du sultan. El-Hasen en effet s'était approprié
300 jeunes filles, bien qu'elles fussent incapables de travail-
ler 1. On lui reprit donc les fonds du sultan et on les déposa
dans une des pièces de la demeure royale de la casbah.
Puis le pacha consulta les officiers sur les mesures à pren-
dre à l'égard de El-Hasen. Les officiers répondirent alors :
« Ce n'est pas à nous de décider là-dessus, le sultan est près
de nous, écrivons-lui donc. » Un des officiers et lepacha
écrivirent alors chacun de son côté. Le sultan répondit au
pacha Seliman en lui enjoignant (\ vo) de laisser l'amîn agir
à sa façon et disposer de l'argent comme il l'entendrait. «Cet
argent, ajouta-t-il, est à nous et El-Hasen est notre amîn 2.
Les seuls rapports que vous deviez avoir avec lui seront, par
exemple, quand vous aurez besoin de 3.000
mitsqâl, qu'il
vous en fasse l'avance et que vous les lui rendiez ensuite. »
le caïd 3 était venu en aide
Mais il faut dire que 'Azzoûz à
El-Hasen et l'avait défendu auprès du sultan Maulaï Ah-
med.
Pendant qu'il était amîn, El-Hasen eut un différend avec
'Ali-ben-'Abdallah. Le gouverneur de Kîso, 'Ali-ben-'Obeïd 4,
s'était réfugié à Tendirma auprès du caïd cAli-ben-'Abdal-
lah avec l'intention de fixer sa résidence en cette dernière
1. Il faut entendre sans doute que ces jeunes filles appartenaient au trésor
public et que l'amîn se les était appropriées comme concubines, au lieu de les
vendre, comme il aurait dû le faire puisqu'elles n'étaient pas en état de travailler,
soit pour subvenir à leur entretien, soit pour accomplir une tâche quelconque
dont le produit eût appartenu à l'État.
2. Il y a ici un jeu de mots : amîn signifie à la fois homme de confiance,
loyal et agent financier.
3. Un des caïds de la cour marocaine.
4. Le ms. porte : 'Abdallah, ce qui est une erreur du copiste.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 281
localité. Les soldats de Tombouctou mandèrent au caïd de
renvoyer ce gouverneur. Comme il s'y refusait, le caïd-amîn
El-Hasen se rendit en personne auprès de 'Ali ; mais il ne
put obtenir le renvoi du réfugié. Alors, après une longue dis-
cussion, l'amîn finit par dire que l'attribution de la ville de
Tendirma qui avait été faite par le sultan au caïd 'Ali n'était
pas valable, attendu que c'était à lui, l'amîn du sultan et
son fondé de pouvoirs, qu'il appartenait d'infirmer ou de con-
firmer la nomination d'un gouverneur, même s'il y avait un
rescrit du sultan 1.
Or le caïd avait écrit précédemment au sultan Moulaï
Abou-Fàres et avait remis sa lettre au caïd Ahmed-ben-
Yousef lorsque celui-ci était allé à Merrâkech. Dans cette
lettre le caïd 'Ali faisait connaître au sultan sa situation,
disant qu'il était sans cesse
occupé par des expéditions; qu'il
avait à protéger les frontières du pays et qu'il manquait
des ressources nécessaires pour parer à toutes ces éventua-
lités. C'est pour cela qu'il n'avait pu lui envoyer aucun pré-
sent par le caïd Ahmed. Quand le caïd Ahmed retourna à
Merrâkech, le sultan lui remit une lettre
pour le caïd 'Ali,
lui annonçant le don de la ville de Tendirma, afin qu'il pût
se servir des produits de l'impôt foncier de cette localité.
Aussi, lorsque l'amîn El-Hasen eut dit au caïd 'Ali que
cette donation n'était pas valable, celui-ci lui répondit :
« Si cette donation n'est pas valable, alors qu'il y a un rescrit
du sultan, vos fonctions d'amîn n'ont aucune valeur puis-
qu'elles n'existent également qu'en vertu d'un rescrit qui vous
a été envoyé par le sultan. » Enfin ne trouvant aucun moyen
d'aboutir, l'amîn revint à Tombouctou et, avec le pacha
Mahmoud, il fit jurer aux soldats qu'aucun d'eux doréna-
vant n'irait chercher asile auprès du caïd 'Ali. Tous les sol-
1. D'après ce passage, l'amîn aurait été une sorle de fondé de pouvoirs du
sultan marocain, non seulement en matière financière, mais aussi au point de
vue administratif.
282 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
dats prêtèrent le serment qui leur avait été demandé.
Plus tard, Seyyid-'Ali-Et-Touâti alla trouver le caïd'Ali et,
à force de remontrances, il finit par le calmer, en lui disant :
« Ne causez pas d'ennuis, à cause de cette affaire, aux sol-
dats de l'armée, car il se pourrait, si Dieu voulait, qu'il
vous arrivât pareille chose demain. » Alors le caïd, se lais-
sant fléchir,
renvoya 'Ali-ben-'Obeïd.
L amîn, le caïd El-Hasen, s'occupa ensuite de la réorga-
nisation de l'armée et du changement des insignes. Il
replaça les gens' de Fez à l'aile droite, ceux de Merrâkech
à l'aile gauche, et il plaça les renégats (\ vi) et les Andalous
sous leurs ordres. Il prétendit qu'il avait reçu à cet égard
un ordre du sultan Abou-Fâres. Il nomma Mo'allem-Seli-
man-El-Arfaoui lieutenant-général de la division de Fez et
Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi lieutenant-général de celle
de Merrâkech. Le caïd-amîn El-Hasen mourut vers le mi-
lieu de l'année 1015 (9 mai 1606-28 avril 1607), après avoir
exercé ses fonctions pendant environ treize ans.
Il eut pour successeur comme amîn Talib-Mohammed-
El-Belbâli qui fut nommé par décision du pacha Mahmoucl-
Lonko. Il acheta une partie de la succession de son prédé-
cesseur, serviteurs et choses, et conserva son emploi sept
jours. Le huitième jour, arriva le fils du défunt amîn, le caïd
'Amir-ben-El-Hasen qui était envoyé comme amîn par le
sultan Maulaï Abou-Fâres
; il prit aussitôt possession de son
emploi et enleva à Tâlib-Mohammed tous les objets qu'il
avait achetés de la succession de son père.
L'amîn, le caïd/Amir, fils du caïd El-Hasen précité, suc-
céda à son père à la date que nous venons d'indiquer ; il fut
envoyé par le sultan Maulaï Abou-Fâres, fils de Maulaï
Ahmed-Edz-Dzehebi. Il resta en fonctions environ treize ans 1.
1. Ce chiffre de treize ans n'est pas tout à fait exact, ainsi qu'on le voit par
les dates indiquées.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 283
Au cours de son administration il fit bâtir la mosquée qui
porte son nom et qui est près de la porte de
Dâr-el-qiyâda 1.
Le mardi, dernier jour du mois de rebi' Ier de Tannée 1027
(27 mars
1618), arrivèrent à Tombouctou le pacha 'Ammâr-
El-Feta, ainsi que le caïdMâmi-Et-Tezerkîni. Ils étaient en-
voyés par le sultan Maulaï Zîdan à la tête d'un
corps d'armée
de 400 fusiliers. L'amîn, le caïd Mohammed-ben-Abou-
Bekr, les
accompagnait. Ils campèrent à Abrâz dans la ma-
tinée de ce jour. Aumois dedjomadaII(16mai-14juinl618),
le pacha 'Ammâr retourna à Merrâkech en compagnie de
l'amîn, le caïd 'Amir-ben-El-Hasen, celui-ci honoré et
respecté sans avoir éprouvé aucun des tourments ou des
ennuis qu'avaient eu à souffrir tous ceux qui l'avaient pré-
cédé dans les fonctions d'amîn.
Le caïd Mohammed-ben-Abou-Bekr resta comme amîn à
Tombouctou après le départ de caïd 'Amir-ben-El-Hasen
et depuis ce moment, c'est-à-dire depuis le mois de djo-
mada II de l'année 1027, il resta en fonctions douze ans.
Puis le sultan Maulaï 'Abdelmalek-ben-Maulaï-Zîdân or-
donna de le faire périr du plus cruel supplice. Il fut tué le
samedi, 17 du mois de djomada Ier de l'année 1028 (12 jan-
vier 1629). On l'exécuta sans qu'il fit de résistance sur la
place du marché où son corps fut suspendu sur l'ordre du
sultan. Auparavant il avait été mis en prison deux jours ; il
fut tué le troisième jour.
A sa place (\w) le caïd Yousef-ben-'Omar-El-Qasri fut
nommé amîn par la même lettre dans laquelle le sultan ré-
clamait l'exécution et le supplice de Mohammed. On avait
découvert que celui-ci avait commis des fraudes et des mal
versations. Il avait insisté pour faire mettre à mort le caïd
Yousef quand ce dernier avait rendu compte des sommes
1. « La maison du caïdat», nom donné, semble-t-il, à la résidence «des amîns.
284 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
qu'il avait reçues durant son administration et il l'avait
cruellement éprouvé en prison, voulant ainsi amener sa
mort. Quand les soldats de la division de Merrâkech à
laquelle Yousef appartenait, s'aperçurent des intentions de
l'amîn, ils s'interposèrent entre les deux personnages et
écrivirent à ce sujet au sultan.
La
réponse du sultan, qui arriva peu après, contenait
l'ordre de faire périr l'amîn aussi cruellement que possi-
ble et de donner son emploi au caïd Yousef. L'amîn garrotté
fut conduit au supplice qui eut lieu au marché et Yousef y
assista monté sur son cheval. Comme l'amîn avait passé la
nuit dans la terreur et l'angoisse, le caïd Yousef lui dit :
« 0 seyyid Mohammed, vos sens, maintenant
reprenez
qu'il ne vous reste plus qu'à être résigné. » Au moment où
on lui trancha la tête, l'amîn s'écria: « 0 ma mère! » Puis
il mourut et son corps fut On le détacha ensuite
suspendu.
pour lui faire ses funérailles, dire sur lui les prières funèbres
et on l'enterra dans le cimetière de la grande mosquée. Il
avait exercé les fonctions d'amîn pendant douze ans.
Le caïd-amin Yousef mourut au commencement de l'an-
née 1041 juillet
(30 1631-19 juillet il fut enterré
1632);
dans la mosquée de Mohammed-Naddî ; il avait été amîn
pendant deux ans et demi.
Il eut pour successeur l'amîn, le caïd El-lmrâni qui fut
nommé décision 1 du
par pacha de cette époque, cAli-ben-
Abdelqâder; il conserva ses fonctions pendant environ trois
ans et fut révoqué. Sa révocation eut lieu en l'année 1043
(8 juillet 1633-17 juin 1634).
Son successeur aux fonctions d'amîn fut le caïd Ahmed-
ben-Yahya qui fut révoqué par le pacha Mesa'oud-ben-Man-
i. Auparavant c'était l'empereur du Maroc qui nommait l'amîn. Le rôle de
ce dernier fonctionnaire fut dès lors singulièrement amoindri et c'est ce qui ex-
plique que l'on n'ait pas gardé souvenir du nom d'un certain nombre d'entre
eux.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 285
sour. Sur l'ordre du pacha
précipité il fut
ensuite dans le
Fleuve à un endroit appelé Boura-Yendi et y périt englouti,
trois jours après sa révocation. Il était resté en fonction cinq
ans moins vingt jours.
Le caïd Belqâsem-ben-'Ali-ben-Ahmed-Et-Temelli suc-
céda comme amîn au défunt le dimanche, 27 du mois sacré
de dzou 1-hiddja, le dernier mois de l'année 1048 (1er mai
1639). Il mourut le 27 du mois de safar le bon, au début
de l'année 1062 (8 février l]p2), après avoir son
rempli
emploi pendant treize ans.
Le caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-Aa mechi-Ed-Derifut en-
suite nommé amîn par décision du pacha Hammedi-ben-
Haddou-ben-(Nv^)Yousef-El-Adjenâsi, à l'époque que nous
venons d'indiquer, c'est-à-dire en l'année 1062. Il conserva
les fonctions d'amîn environ six ans, puis il fut élu pacha à
la casbah.
Le successeur du précédent 1
fut le caïd Ahmed-Domdech-
El-Andalousi. Il fut nommé amîn le 7 du mois de dzou
1-qa'da, à la fin de l'année 1082
(6 mars 1672), par décision
du pacha de l'époque Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i. Quand il devint amîn il s'était écoulé un espace de seize
ans entre le caïd Nâsir et sa nomination. J'ignore qui fut
chargé des fonctions d'amîn durant cet espace de temps.
Dieu le sait mieux que personne.
Le caïd Ahmed-ben-'Ali-Et-Tezerkîni fut ensuite nommé
amîn. Il avait
occupé ces fonctions durant deux années
entières quand les troupes le déplacèrent pour le nommer
pacha. Il fut le dernier amîn. Avec lui s'éteignit cette charge
dont personne ne fut investi dorénavant.
1. Il faut remarquer qu'il y a une lacune dans la liste donnée par l'auteur, et
que les périodes indiquées pour la durée des fonctions ne sont pas toujours
d'une exactitude rigoureuse. Nâsir ayant été nommé en 1062 et Ahmed-Douï-
dech en 1082, cela fait un intervalle maximum de vingt et un ans et non vingt-
deux ans, comme l'annonce l'auteur.
236 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Cadis.
Le
premier cadi qui fut nommé à Tombouctou les
par
Marocains 1 fut
le cadi Mohammed-ben-Ahmed, fils du cadi
Abderrahman. Le pacha Mahmoud-ben-'Ali-ben-Zergoun le
nomma après avoir fait arrêter les enfants de Seyyidi-
Mahmoud (Dieu lui fasse miséricorde!). Mohammed avait
soixante-cinq ans quand il fut appelé à ces fonctions de
cadi qu'il conserva durant quinze ans.
Il eut pour successeur le cadi Mohammed, fils de Anda-
Ag-Mohammed-ben-Ahmed-Bouya 2, fils du cadi
Anda-Ag-
Mobammed; il fut nommé par le pacha Mahmoud-Lonko ; il
était à ce moment âgé de soixante ans et mourut à l'âge de
soixante-quatre ans. Il resta donc cadi pendant quatre ans.
Son successeur fut son frère, le cadi Seyyid-Ahmed-ben-
Anda-Ag-Mohammed ; nommé également par le pacha Mah-
moud-Lonko, il était âgé à ce moment
de cinquante ans et
mourut à l'âge de soixante-dix-sept ans, ayant exercé sa
magistrature pendant vingt-sept ans-
Après lui vint le cadi Mohammed-ben-Mohammed-ben-
Mohammed-Kiraï. Il avait cinquante ans quand il fut
nommé par le pacha 'Abderrahman, fils du caïd Ahmed-ben-
Sa'doun. Il mourut à l'âge de exercé
soixante-sept, ayant
ses fonctions pendant
dix-sept ans.
Le cadi 'Abderrahman, fils du jurisconsulte Ahmed-Mo'yâ,
fut ensuite investi des fonctions de cadi le pacha Had-
par
dou. Au moment de sa nomination il avait soixante-treize
ans; il mourut à l'âge de quatre-vingt-un ans, si je ne me
1. Le Tarikh-es-Soudan donne la liste des cadis qui exercèrent leurs fonc-
tions avant la conquête marocaine. Au début de la conquête on avait conservé
le cadi en exercice.
2. La lecture de ce mol est incertaine.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 287
trompe, après avoir exercé samagistrature huit ou neuf
ans, je ne sais au
juste. Ce serait neuf ans, s'il est mort à
l'âge indiqué ci-dessus.
Mahmoud, fils du cadi Mohammed-ben(\v^)-Anda-Ag-
Mohammed, plus connu sous le nom de Bokar-Yenki-Idji,
fut nommé cadi par le pacha Hammou-ben-'Abdallah-El-
'Euldji; il ne resta en fonctions que fortpeu de temps.
Mohammed, fils du jurisconsulte El-Mokhtâr-ben-Moham-
med-Zenkan-ben-El-Fa'-Abker-El-Meddâh, fut également
nommé cadi par le pacha Hammou ci-dessus dénommé ; il
exerça sa magistrature pendant vingt-six ans.
Il eut pour successeur son frère utérin, le jurisconsulte, le
cadi Ibrahim, fils du jurisconsulte Abdallah, fils du Seyyid-
Ahmed-Mo'yâ ; il fut nommé par le pacha 'Ali-ben-Homeïd-
El-'Amri ; il était alors âgé de cinquante-neuf ans et il mou-
rut à l'âge de soixante-quatorze ans ; sa magistrature dura
donc quinze ans.
Son fils qui lui succéda, Seyyid-Ahmed, fils du juriscon-
sulte, le cadi Ibrahim, fils du jurisconsulte 'Abdallah, fils
du très docte Seyyid-Ahmed-Mo'yâ, fut nommé par le
pacha Senîber, fils du pacha Mansour-Ez-Za'eri. Il avait
trente-huit ans, lors de sa nomination et mourut à soixante-
quatorze ans, après une magistrature qui dura trente-sept
ans.
Bâbâ-El-Mokhtar, fils du
jurisconsulte, le cadi Moham-
m ed-ben-El-Mokhtâr-b en-Mohammed-b en-Zenkan-b en-El-
Fa'-Abker-El-Meddah, fut ensuite investi des fonctions de
cadi par le pacha Mohammed, fils du caïd Ahmed-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni ; il avait à cette époque soixante-huit ans et
mourut âgé de quatre-vingt-quatre ans, étant resté cadi
pendant seize^ans.
Le fils du frère du précédent, le jurisconsulte, le cadi,
"Abdallah, plus connu sous le nom de Bâbîr, fils du juris-
288 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
consulte, le cadi Seyyid-Ahmed, fils du cadi Ibrahim, fils du
jurisconsulte 'Abdallah, fils du seyyid, le très docte Ahmed-
Mo'yâ, fut nommé cadi par le pacha Babeker-ben-El-Fa'-
Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i. Il est encore aujourd'hui en fonctions. Dieu le dirige
dans ses jugements; qu'il prolonge son existence; qu'il le
maintienne par ses actes et ses paroles dans l'islam ; qu'il
donne à son âme joie et allégresse; qu'il le préserve du
malheur des temps nouveaux ; qu'il lui accorde la suprême
félicité quand il aura accompli sur terre ce qu'il désire et
qu'il le bénisse dans sa postérité, Amen!
Imams.
Le premier imam du temps
nommé, des Marocains, à la
grande mosquée de Tombouctou, fut l'imam Mahmoud, fils
de l'imam Seddiq; il fut nommé par le cadi Mohammed-
ben-Ahmed, fils du cadi 'Abderrahman, après la mort de
son frère, l'imam Ahmed, en l'année 1005 (25 août 1596-
14 août 1597). Le cadi avait écrit à ce sujet à Djouder
qui était en ce moment avec l'armée à Asafaï et Djouder
agréa sa proposition. L'imam Mahmoud était alors âgé
de soixante-dix ans; il conserva l'imamat (NA«) vingt-six
ans, car il mourut à l'âge de quatre-vingt-seize ans.
cAbdesselâm-ben-Mohammed-Diko-El-Foulâni fut nommé
ensuite imam en l'année 1032 (5 novembre 1622-25 octo-
bre 1623) : il resta en fonctions quatre ans, alors que le
pacha était Yousef-ben-'Omar et le cadi Seyyid-Ahmed.
A sa mort, il fut remplacé comme imam par Seyyid-'Ali-
ben-'Abdallah-Soraï, fils de l'imam Seyyidi-'Ali-El-Djozouli,
et cela, si je ne me trompe, au mois de redjeb de l'année
1035 (29 mars-28 avril 1626). Il resta en fonctions seize ans
et sept mois ; il mourut le lundi, 14 du mois sacré de mohar-
rem, le premier mois de l'année 1052 (14 avril 1642).
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 289
Son successeur fut, à cette époque, l'imam Mohammed-
Oudi'at-Allah, fils de l'imam Ahmed, fils de l'imam Sa'îd,
fils de l'imam Ibrahim, fils de l'imam Ahmed, fils de l'imam
Sa'îd, ci-dessus mentionné ; après lui vinrent successivement :
l'imam, fils de l'imam Ahmed susdit; son frère l'imam
'Otsmân, fils de l'imam Ahmed, ci-dessus nommé; son
autre frère germain l'imam Sâlih; leur cousin l'imam 'Abd-
elkâfi, fils de l'imam 'Abderrahman, fils de l'imam Saîd,
fils de l'imam Mohammed-Kidâdo; l'imam cAbderrahman-
Ouiqâyat-Allah, fils de l'imam
'Abdesselâm, fils de l'imam
Ahmed, fils de l'imam Sa 'îd, fils de l'imam Mohammed-Ki-
dâdo; son cousin paternel 1, l'imam Seddiq, plus connu sous
le nom de 'Atîq, fils de l'imam Ibrahim, fils de l'imam Ahmed,
fils de l'imam Sald, fils de l'imam Mohammed-Kidâdo, qui
exerce encore aujourd'hui les fonctions d'imam. Dieu pro-
longe son existence dans ce poste!
Askias.
Les askias nommés par les Marocains ont été au nombre
de seize : 1° l'askia Seliman, fils du prince Askia-Daoud-
ben-El-Mekki2-El-Hâdj-Mohammed-ben-Abou-Bekr; il fut
nommé par le pacha Mahmoud-ben-'Ali-ben-Zergouti durant
l'expédition dite Kikoï en l'année 1000 (19 octobre lo91-
8 octobre 1592). Cette nomination se produisit dans les con-
ditions suivantes :
Lorsque Bokar-Kîcha'a, fils de
El-Fa'-Donki, fils du Fa~
ran cOmar-Komzâgho, abandonna les gens du Songhaï pour
se réfugier auprès du pacha Mahmoud-ben-Zergoun, et il
1. II y a à la fois « frère et cousin paternel » dans le texte.
2. Ce mot signifie: originaire de La Mecque. C'est peut-être un simple surnom ,
quoiqu'il soit usité comme nom.
(Biographies des pachas du Soudan.) là
290 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
était le premier à chercher asile
auprès des Marocains,
le pacha Mahmoud lui dit : « Je vais te nommer askia. » —
« Je ne suis pas digne de ces fonctions, » répondit-il. Puis
quand Seliman vi'nt à son tour lui demander asile, le pacha
lui dit : « Voilà un askia! »
Plus tard,
ayant appris que Bokar-Kanbou'-ben-Ya'qoub
était en prison, Mahmoud le mit en liberté et quand Bokar
fut en sa présence, Kîcha'a dit : « Voilà un Kormina-Fàri !
(N A\). Quanta moi, je serai le Benka-Farma. » Le pacha in-
vestit alors ces trois personnages de ces trois fonctions.
Seliman demeura à son poste pendant treize ans ; il mourut
au mois de safar, au début de l'année 1013 (29 juin
28-juillet 1604) sous le pachalik de Mahmoud-Lonko.
Seliman eut pour successeur l'askia Hâroun, fils de l'askia
El-Hâdj, fils du prince Askia-Daoud, fils du prince des Croyants
El-Hâdj-Mohammed. Il était Balama' lorsqu'il fut nommé
askia par le pacha Mahmoud-Lonko. C'est le pacha Seli-
man qui avait ordonné de le nommer lorsque l'askia Seli-
man était mort en l'année 1013 (30 mai 1604-19 mai 1605).
Il était au pouvoir depuis quatre ans lorsque les gens du
Songhaï se soulevèrent contre lui et lui résistèrent à 'An-
kabo. Il était à ce moment avec le caïd cAli-ben-Abdallah-
Et-Telemsâni qui était en expédition pour chasser le Hi-Koï
Seyyid Kiraï.
Le caïd 'Ali réussit à calmer les révoltés qui laissèrent
l'askia en paix. Mais le caïd était à peine arrivé à Tombouc-
tou que les gens du Songhaï se soulevèrent de nouveau contre
l'askia et le déposèrent. L'amîn, le caïd Amir emmena l'as-
kia sous sa protection ; il le traita avec les plus grands égards
et la plus grande bienveillance jusqu'au jour où il mourut. La
déposition de l'askia avait eu lieu en l'année 1017 (17 avril
1608-6 avril
1609); il vécut encore après cela huit ans au-
près de l'amîn ci-dessus nommé. Il mourut ensuite au mois
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 291
de moharrem, le premier mois de l'année 1025 (20 janvier
1616-9 janvier 1617).
Bokar-Kanbou-ben-Ya'qoub, fils de l'émir Askia-El-Hâdj-
Mohammed fut nommé askia également par Mahmoud-
Lonko, lorsque les gens de Songhaï se révoltèrent contre
'askia Haroun et le
déposèrent en l'année 1017 (17 avril
1608-6 avril 1609). Ce fut à ce moment que le pacha Mah-
moud le choisit. Il demeura en fonctions douze ans et fut
révoqué par le pacha Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâssi, en
l'année 1028 ' (19 décembre 1618-8 décembre 1619).
El-Hâdj, fils du JBenka-Farma Bokar-Kîcha'a, fils de EL-
Fa'-Donko, fils du Faran 'Omar-Komzâgko, fut ensuite
nommé askia par le pacha Mohammed au début de son pa-
chalik. L'askia Bokar-Kanbou ayant été déposé, le pacha
nomma à sa place El-Hâdj en cette même année, c'est-à-dire
en 1028 (19 décembre 1618-8 décembre 1617). EL-Hâdj
resta en fonctions trois ans et fut ensuite révoqué.
Mohammed-Benkan, fils du Balama' Sàdeq, fils du prince
Askia-Daoud, fut nommé askia
l'amîn, le caïd
par Hammou-
ben-'Ali-Ed-Der'i après la révocation
de l'askia El-Hâdj dont
il vient d'être parlé, au mois de dzou '1-hiddja de l'année
2 le caïd
1030(17 octobre-16novembre 1621). Acette époque
Hammou n'était pas encore revêtu des insignes de pacha ; il
3 mais il s'était fait
n'occupait pas non plus la Maison haute ;
construire une autre habitation dans la casbah et c'est là qu'il
demeurait. Dès qu'il fut élu pacha, il révoqua (u Y) l'askia
El-Hâdj et nomma à sa place Mohammed-Benkan, après lui
1. Le ms. porte 1022. Mais cela est une erreur de copiste, puisque l'askia
exerça ses fonctions douze ans, et que plus loin il donne la date de 1028 pour
la nomination, de l'askia suivant.
2. Ce passage est un peu confus. Il semble que l'auteur a voulu dire que le
caïd Hammou était encore amîn lorsqu'il avait décidé la déposition de El-
Hâdj et qu'il ne l'exécuta que quand il fut pacha.
3. C'est-à-dire la casbah où se trouvait la demeure officielle du pacha.
292 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
avoir fait dire de venir de Tendirma. Mohammed était ac-
couru aussitôt le pacha
que avait été élu. Il fut ensuite ré-
voqué par le pacha 'Abderrahman, fils du caïd Hammedi-
ben-Sa'doum qui nomma pour le remplacer l'askia 'Ali-Senba-
Zelil qui resta en fonctions pendant cinq mois.
'Ali-Senba-Zelil, fils du Benka-Farma Bokar-Kîcha'a, fut
nommé askia par le pacha 'Abderrahman, fils du caïd Ham-
medi-ben-Sa'doun-Ech-Chiademi. Celui-ci, aussitôt arrivé
au pouvoir, avait révoqué Mohammed-Benkan et avait confié
son poste à 'Ali-Zelil dans la soirée du lundi 27 du mois de
redjeb Tunique de l'année 1044 (16 janvier 1635). Il resta
au pouvoir cinq mois et fut ensuite révoqué.
Mohammed-Benkan fut nommé pour la seconde fois askia
par le pacha Sald-ben-'Ali-El-Mahmoudi après la révoca-
tion de l'askia 'Ali-Senba, au mois de safar le bon, au début
de l'année 1045 (17 juillet-15 avril
1635). Nul ne fut élevé
deux fois à la dignité d'askia pendant la durée du
gouver-
nement marocain, sauf Mohammed-Benkan. Il conserva ses
fonctions jusqu'à sa mort, survenue le samedi dans la nuit du
20 du mois deramadan de l'année 1052 ( 12 décembre 1642). Il
était resté en fonctions vingt et un ans etneufmois, enycom-
prenant les cinq mois pendant lesquels 'Ali-Senba fut askia.
El-Hâdj, fils de l'askia Mohammed-Benkan, fut nommé
askia par le pacha Mesacoud-ben-Mansour-Ez-Za'eri aussi-
tôt après la mort de son père dans cette même année, c'est-à-
dire l'année 1052. Il conserva ses fonctions seize ans et fut
révoqué en l'année 1067 (20 octobre 1656-9 octobre 1657),
tandis qu'il était avec le pacha Mohammed, fils du caïd
Hammedi-ben-Sa'doun, en expédition à Farmân. Au moment
où on rentrait à Tombouctou et en cours deroute, les gens
du Songhaï qui formaient sa suite se soulevèrent contre lui
et lui refusèrent obéissance. Les soldats engagèrent les re-
belles à se calmer jusqu'au moment où on serait arrivé à
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 293
Tombouctou. Les rebelles consentirent à patienter jusqu'à
ce moment, puis, dès qu'ils furent à Tombouctou, ils dépo-
sèrent cet askia qui était resté seize ans en fonctions.
Daoud, fils de l'Askia-Hâroun, fils de l'askia El-Hâdj, fils
du prince Askia-Daoud-El-Hâdj-Mohammed, fut nommé askia
par le pacha Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-Sac-
doun Ech-Chiâdemi, lorsque les gens du Songhaï se révol-
tèrent contre l'askia El-Hâdj, fils de l'askia Mohammed-Ben-
kan, au moment de l'expédition de Farmân et quand on était
en route pour le retour en l'année 1067 (20 octobre 1656-9
octobre 1651) (>At); il était alors Kormina-Fâri et fut en-
suite nommé askia à la date indiquée. Il resta en fonctions
treize ans et fut révoqué en Tannée 1079 (11 juin 1668-
1er juin 1669).
Mohammed-Sâdeq, fils de l'askia Mohammed-ben-Ben-
kan, fils du Balama' Sâdeq, fils du prince Askia-Daoud, fils
de El-Hâdj-Mohammed, fut nommé askia par le pacha
Nâsir, fils du pacha 'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, en
l'année 1079 (11 juin 1668-ler juin 1669), au moment où
sa division partait pour Ànkouma. A ce moment l'askia
Daoud était malade et impotent.
Le pacha fit alors venir Mohammed-Sâdeq, qui était à
cette époque Benka-Farma, lui donna le chevali et lui
promit que, si Dieu donnait la victoire à ses troupes et si.
tous revenaient sains et saufs sans avoir été touchés par
le fer, il lui donnerait en récompense la fonction de askia.
Mohammed accepta cette condition et comme on rentra
sain et sauf et avec du butin, le pacha investit Mohammed
des fonctions de askia et lui en confia les insignes \ Il resta
1. Ce cheval était-il un signe d'investiture de la fonction de askia? L'auteur
ne le dit pas, mais cela semble probable.
2. Ou plus exactement : il lui fit donner l'aubade officielle réservée à ses
nouvelles fonctions.
294 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
dix-sept ans en fonctions et fut révoqué en l'année 1095
(20 décembre 1683-8 décembre 1684).
Mohammed, fils de l'askia El-Hâdj, fils de l'askia Mo-
hammed-Benkan, fils du Balama' Sàdeq, fils du prince Askia-
Daoud-ben-El-Hâdj-Mohammed, fut nommé askia par le
pacha 'Ali-ben-Homeïd-El-'Amri, en l'année 1096 (8 dé-
cembre 1684-28 novembre 1685), après une querelle et
une contestation entre l'askia ci-dessus nommé et le Kor-
mina-Fàri 'Ammâr; cette querelle avait commencé l'année
précédente, c'est-à-dire l'année 1095, du vivant du pacha
Mâmi-El-Euldji. Enfin on s'accorda sur son nom et on
lui donna les fonctions d'askia, sans que personne des gens
du Songhaï ne mît opposition à sa nomination. Il ne lui
manquait plus que d'être confirmé par le pacha Mâmi et de
recevoir l'investiture de ce dernier, mais à ce moment le
pacha était gravement malade de la maladie dont il mourut
peu après ', ce qui retarda l'investiture. Dès que le pacha 'Ali
fut installé au pouvoir, il confirma la nomination de l'askia
et confirma également celle du jurisconsulte, le cadi Ibrahim.
Chacun d'eux 2 reçut alors l'aubade? L'askia resta en fonc-
tions dix-neuf ans et mourut au mois de djomada ïl, au mi-
lieu de l'année 1114 (23 octobre-21 novembre 1702).
Abclerrahman, fils du Kormina-Fàri 'Omar, fils de l'askia
Bokar-Kanbou'-ben-Yaqoub, fils du prince Askia-El-Hâdj-
Mohammed, fut nommé askia par le pacha Mâmi-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni, aussitôt que celui-ci fut élu pacha, à la fin de
redjeb l'unique de l'année 1117 (17 novembre 1705), après
un conflit suivi de prise d'armes avec les gens du Songhai^
conflit qui dura trois ans à partir de la mort de l'askia
1. En droit musulman les actes d'une personne atteinte de la maladie qui
doit l'emporter dans la tombe ne sont pas toujours valables. Il paraît en avoir
été de même ici pour un acte officiel du gouvernement.
2. C'est-à-dire : l'askia et le cadi.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 295
Mohammed-ben-El-Hâdj et dans lequel périrent (\\t)
nombre de personnes entre autres quelques grands person-
nages. Ensuite la paix fut conclue et, après accord, on décida
de nommer 'Abderrahman askia et celui-ci se présenta 1
au
pacba Mâmi.
Aussitôt que 'Abderrahman eut été nommé, l'askia Bokar
reprit à Tombouctou les fonctions de Kormina-Fâri qu'il
occupait au moment d'être nommé askia. Il fut donc
nommé Kormina-Fâri et chacun d'eux reçut l'investiture de
sa nouvelle fonction. Tels sont les faits qui se sont passés.
'Abderrahman resta en fonctions quatre ans
; il fut révoqué
en l'année 1121 (13 mars 1709-2 mars 1710). Le caïd 'Abd-
allah-ben-El-Hâdj-El-'Imrâni l'emmena alors chez lui dans
sa maison, à cause des liens d'amitié qui les unissaient,
et le combla d'égards. 'Abderrahman ne resta pas long-
temps en ce monde après sa révocation et il ne tarda pas
à mourir (Dieu lui fasse miséricorde !).
Bokar, fils de l'askia Mohammed-Sâdeq, fils de Moham-
med-Benkan, fils du Balama' Sâdeq, fils du prince Askia-
Daoud-ben-El-Hâdj-Mohammed, fut nommé askia par le
pacha Ahmed-Zenko, fils du Kabara-Farma 'Abderrahman-
ben-cAli-El-Mobârek-Ed-Derri; sa nomination eut lieu cette
année, c'est-à-dire en 1121 (13 mars 1709-2 1710). Après
être resté en fonctions dix ans, il fut révoqué en 1130 (5 dé-
cembre 1717-24 novembre 1718).
El-Mokhtâr-ben-Chems, fils de l'askia Isma'îl, fils de
l'askia Mohammed-Bâno, fils du
prince Askia-Daoud-ben-
ElJlâdj-Mohammed.—Il fut nommé askia, en l'année 1130
(5 décembre 1717-24 novembre 1718), sous le pachalik de
Mansour. Ce fut en effet le pacha Mansour, fils du caïd
1. Comme on le voit, par ce passage, souvent le pacha ne faisait en quelque
sorte que ratifier le choix de l'askia élu par les gens du Songhaï, mais il le
révoquait de sa propre autorité.
293 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'eri qui le nomma après son
départ pour l'expédition dirigée contre Oghmor-Et-Targui
au port de Do'aï. Le pacha avait mandé à El-Mokhtâr de
venir le trouver et le nomma dès qu'il fut arrivé; il
l'emmena avec lui dans son expédition vers Kâgho où il
allait pour repousser Oghmor.
El-Mokhtâr revint avec le pacha à Tombouctou ; il y resta
quatre ans, puis il s'enfuit en cachette. Voici dans quelle
circonstance : quand le caïd fAbdallah-ben-El-Hâdj était
allé au bourg de Oukiya avec une partie seulement des
troupes, l'autre partie ayant refusé de le suivre. Son but
était de chasser de cette localité les fils du caïd Ahmed-El-
Khelîfa qui détroussaient les musulmans sur les routes et
il avait emmené avec lui l'askia El-Mokhtâr. Celui-ci déserta
à ce moment et abandonna l'armée pour se rendre dans un
endroit inconnu.
El-Hâdj, fils de l'askia Bokar, fils de l'askia Mohammed-
Sâdeq, fils de l'askia Mohammed-Benkan, fils du Balama'
Sâdeq, fils du prince Askia-Daoud-ben-El-Hâdj Mohammed,
fut élu askia par le pacha 'Abdallah-ben-El-Hâdj (u<s)-El-
Imrâni, le lundi, 25 du moi de dzou'l-qa'da, à la fin de
l'année 1142
(11 juin 1730). Il resta en fonctions dix-neuf
ans, mais il ne séjourna que fortpeuà Tombouctou, passant
la plus grande partie de son temps dans la campagne 1. Il fut
révoqué en l'année 1161 (2 janvier-22 décembre 1748).
Mahmoud, fils du Kormina-Fari 'Ammâr, fils du Kor-
mina-Fâri cAbderrahman,fils duBenka-Farma Bokar-Kîchaa',
fils du Faran 'Omar-Komzâgho, fut nommé askia par le
-pacha Babeker-ben-El-Fa'-Mansour, fils du caïd Moham-
med-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i à la fin du mois de dzou'l-
qacda, vers la fin de l'année 1161 (21 novembre 1748).
1. C'est-à-dire : en dehors de Tombouctou et aune assez grande distance de
la ville.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 297
C'est lui qui est aujourd'hui en fonctions ; il habite dans la
campagne. Toutefois nous avons entendu dire qu'il venait
d'être révoqué. Dieu sait mieux que personne si cela est
exact.
Hâkems.
11 y eut un grand nombre de hâkems qui se succédèrent
dans la ville de Tombouctouet qui furent choisis dans diffé-
1 de la mais
rentes catégories population, je n'ai pas pu
retrouver le nom du premier hâkem, ni la date à laquelle il
fut nommé.
Quant à ceux dont je connais l'ordre de succession qu'ils
aient été pris dans le Makhzen ou ailleurs, ils sont au nombre
de quarante-huit : l°le caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'ame-
chi-Ed-Der'i; 2°
El-Fa'-El-Hasen-ben-Mansour; 3° le caïd
Sa'id-Bou-Ziân-El-Khebbâzi; 4° le lieutenant-général El-
Hâdj-ben-Sa'îd-El-'Imrâni; 5° le caïd El-Hasen-ben-Man-
sour-El-Monebbih ; 6° le lieutenant-général Sousi2-El-Merrâ-
kechi ; 7° le caïd Santa'a-ben-Farès-El-Fâsi ; 8° le caïd 'Abd-
allah, fils ducaïdNâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi-Ed-Der'i;
9° son frère, le lieutenant-général Mohammed-ben-Nâsir;
10° son frère, le caïd Brahim-ben-Hassoun ; 11° le lieutenant-
général Aba, fils du lieutenant-général 'Abdelkerîm-ben-Ham-
medi-ben-Yousef-El-'Euldji; 12° le hâkem cAbderrahman,
fils du chef des écuries; 13° le hâkem 'Ali, fils du lieutenant-
général El-Hâdj-Sald-El-lmrâni ; 14° le lieutenant-général
Cheikh, plus connu sous le nom de Cheikh-Bàk; 15° le caïd
Abdelqâder-ben-El-Caïd3-ben-Mohammed-Et-Tezerkîni ; 16°
1. Le hâkem était un fonctionnaire analogue à nos maires. 11n'était pas tou-
jours choisi parmi les Marocains, ainsi qu'il est dit ici, et certains d'entre eux
furent des gens du pays.
2. Ce nom n'est pas absolument certain.
3. Il manque sans doute un nom ici, le nom de "Ali probablement, à moins
298 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
le caïd'Abdallah-ben-El-Hâdj-ben-Sa'îd-El-lmrâni ; 17°le lien-
tenant-général Cheikh, fils du caïd Babeker-El-lmrâni ; 18° le
hâkem 'Abdallah-ben-Mousa-Ed-Der'i; 19° le hâkem-El-Fa'-
'Abderrahman-ben-'Ali-ben-Yousef-El-'Euldji; 20° le hàkem
El-Mobârek-Ed-Der'i, connu sous le nom de 'Idi-Mil-Yello ;
21° le hàkem Mohammed-El-Mord-ben-'Abdallah-Cherrâti;
22° le caïd Nâsir, fils du caïd'Abdallah, fils du caïd
(ski)
Nâsir-ben-tAbdallah-El-A'amechi-Ed-Dercî;23°le hâkem El-
Fa'-El-Bichr' ben-'Abdallah-Cherrâti; 244e caïd'Abdelgheffàr,
fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezerkîni; 25° le lieute-
nant-général 'Abdallah, fils du caïd 'Ali nommé ci-dessus;
26° le lieutenant-général Rebaha 1, fils du lieutenant-général
El-Hâdj-Saîd-El-lmrâni; 27° le hâkem Mahmoud, fils du
caïd El-Hasen-ben-Mellouk-El-'Euldji; 28° le hâkem San,
fils du lieutenant-général Mohammed, fils du caïd Nâsir-
ben-'Abdallah-El-A'amechi-Ed-Der'i ; 29° le hâkem Moham-
med, fils du
lieutenant-général Bâbâ-ben-'Ali-ben-Djaïar-
El-'Euldji ; 30° le lieutenant-général Seniber, fils du caïd El-
Hasen-El-Monebbih ; 31° son frère, le lieutenant-général
'Ali, fils du caïd El-Hasen nommé ci-dessus ; 32° le hâkem
El-Mord, fils du caïd Sa'îd-ben-'Omar-El-Fâsi; 33° le lieute-
nant-général Ousâma, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-Et-
Tezerkîni; 34° le Jieutenant-général Mohammed, fils du caïd
Brahim-ben-Hassoun-Ed-Der'i; 35° le lieutenant-général
'Abdelkerîm, fils du caïd Ahmed-ben-'Ali-ben-Mohammed-
Et-Tezerkîni ; 36° le hâkem Seyyid-ben-Mobammed-bcn-
37°le caïd El-Hasani, fils
Seyyid-Abd-Zenko2-Et-T'ingharâsi;
du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezerldni;
qu'il faille prendre le mot « caïd » comme non propre, ce qui est peu vraisem-
blable.
1. Ce nom est peut-être mal orthographié dans le ms. ; ce serait alors Râbah
qu'il faudrait lire.
2. Ce nom est peut-être altéré. Après le mot 'Abd on s'attendrait, en effet, à
trouver une des épithètes attribuées à Dieu.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN 299
38° son oncle paternel, le caïd Sa'îd, fils du caïd 'Ali ci-
dessus nommé; 39° le lieutenant-général Qâsem, fils de
hâkem Mohammed-El-Mord-ben-'Abdallah-Cherrâti; 40° le
hâkem Bebaha, fils du caïd 'Abdallah-ben-El-Hâdj-ben-
Sa'îd-El-'Imrâni; 41° le hâkem Hammedi-ben-'Abdallah-
Et-Tingharâsi ; 42° le caïd 'Abdelgheffâr, fils du lieutenant-
général Ousâma, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-Et-Tezer-
kîni ; 43° le hâkem Mohammed-Nâna-Idji-ben-'Abderrahman-
ben-El-Hâdj-El-'Imrâni; 44° le hâkem cAbderrahim fils du
caïd Hammedi-ben-cAli-Et-Tezerkîni; 45° le hâkem Seyyid-
Mohammed-ben-'Abdallah, fils de la fille du caïd Ali-ben-
Mohammed-Et-Tezerkîni; 46° le lieutenant-général Bâbâ-
ben-Mansour, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammcd-Et-Tezerkîni ;
47° le hâkem Sald, fils du lieutenant-général 'Abdelqâder-
ben-Mohanimed-Mo'yâ-El-Fâsi; 48° 'Ali-ben-'Abderraouf-
ben-Sâlih, fils du caïd Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-
Der'i. On assure que ce dernier fit partie des hâkems 1.
Kabara-Farma.
D'après les anciennes informations que j'ai recueillies, les
personnages qui occupèrent le gouvernement de Kabara,
depuis la venue des Marocains, furent : 1° le Kabara-Farma
Barka 2; 2° le Kabara-Farma Brahim-Djâmi'; 3° son fils, le
Kabara-Farma Hammou-ben-(\ AV) Brahim, ci-dessus
nommé; 4° son frère, le caïd 'Ali-ben-Brahim-Djâmi'; 5° le
caïdMohammed-Bouya-Ech-Chetouki; 6° le Kabara-Farma
Mohammed-El-Merrâkechi; 7° le caïd Senîber, fils de caïd
Mohammed-ben-Ech-Chetouki ; 8° le Kabara-Farma 'Abd-
errahman-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Deri; 9° le lieutenant-
1. On ne s'explique guère ce doute de Fauteur, étant donné qu'il devait être
vivant à cette époque.
2. Les consonnes sont seules indiquées dans le ms.
300 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
général Hammedi, fils du Kabara-Farma Hammou-ben-
Brahim-Djâmi'; 10° le caïd 'Ali-ben-El-Mobârek-ben-'Ali-
ben-El-Mobârek-Ed-Derci;ll° le Kabara-Farma El-Kouch'-
ben-Mohammed, fils du caïd Yousef-En-Nasr; 12° le Kabara-
Farma El-Mobârek, fils du caïd Yousef-En-Nasr; 13° le
Kabara-Farma El-Mobârek, fils du caïd Mohammed-Bouya-
Ech-Chetouki; 14° le Kabara-Farma Mohammed, fils du
lieutenant-général Sa'id-ben-Sâlem-El-Hassâni; 15° le caïd
Ahmed-Zenko, fils du Kabara-Farma 'Abderrahman-ben-
'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i ; 16° le lieutenant-général Moham-
med, fils du caïd 'Ali-ben-Brahim-Ojâmi'-Ed-Der'i; 17° le
Kabara-Farma Qâsem, fils du lieutenant-général Sa'îd-ben-
Sâlem-El-Hassâni; 18° le Kabara-Farma Sa'îd, fils du caïd
'Ali-ben-Brahim-Djâmi '-Ed-Der'i; 19° le Kabara-Farma El-
Kâhiya?-ben-'Ammar-ben-cAbdallah-Ech-Chetouki; 20° le
Kabara-Farma, le caïd Cheikh-ben-'Ali-Daoud-El-Anda-
lousi; 21° le caïd El-Fa'-Mahmoud, fils du caïd Mohammed-
Bouya-Ech-Chetouki ; 22° le Kabara-Farma 'Abdallah, fils
du Kabara-Farma rAbderrahman-ben-rAli-El-Mobârek-Ed-
Der'i; 23° le caïd Brahim, fils du lieutenant-général Seyyid-
ben-'Abderrabman-El-Heddâdji; 24° le lieutenant-général
Mohammed, fils du caïd Bâ-Haddou, fils du caïd Yahya-ben-
cAli-Ed-Der'i; 2S° le caïd Mohammed, fils du caïd Senîber-
ben-Mohammed-Bouya-Ech-Ghetouki; 26° Ben-'Ali-Ed-
Der'i; 27° le caïd Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Hammedi-
Zenko-ben-'Abderrahman-Ed-Der'i; 28° le caïd El-Fa'-
Mahmoud, fils du caïd Senîber, fils du caïd Mohammed-
Bouya-Ech-Chetouki ; 29° le lieutenant-général 'Ali-ben-
fils du caïd Yahya-ben-'Ali-Ed-Der'i ; 30° le
El-Djesîm,
1. Ou : Kouchi, le ms. donnant les deux orthographes.
2. Ce mot qui signifie « lieutenant-général » pourrait ici ne pas être un nom
propre, mais alors il y aurait probablement omission d'un nom dans la copie du
ms.
BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN . 301
Kabara-Farma Yahya, fils du caïd 'Ali-ben-Brahîm-Djâim
Ed-Der'i; 31° le Kabara-Farma Bâbà, fils du caïd Ibrahim,
fils du lieutenant-général Seyyid-ben-'Abderrahman-El-
Heddâdji; 32° Hammou, fils du caïd Babeker, fils du gou-
verneur El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-
Ed-Der'i; 33° le lieutenant-général Mohammed-Bamdan,
fils du caïd Hammedi-Zenko, fils du Kabara-Farmac Abderrah-
man-ben-'Ali-Ed-Derci; 34° le Kabara-Farma, le caïd °Ali-
ben-Hammedi-El-Djesîm, fils du caïd Yahya
(\ AA)-ben-cAli-
Ed-Deri; 35° le Kabara-Farma El-Kouchi-ben-Bâch, beau-
fils du caïd Sa'îd-ben-Mansour-Ez-Za'eri; 36° le Kabara-
Farma Mohammed-Boto 1 de du caïd
; page l'entourage
Sa'îd, dont il vient d'être parlé. Trois Kabara-Farma péri-
rent de mort violente 2.
Les hâkems, qui devinrent ensuite pachas, furent : 1° le
caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi; 22 le caïd Sa'îd-Bou-
Ziân-El-Khebbàzî ; 3° le caïd El-Hasen-ben-Mansour-El-
Monebbih; 4° le caïd Sentâ'a-ben-Fârès ; 5° le caïd 'Abdallah-
ben-Nâsir-Ed-Der'i ; 6° le caïd Brahîm-ben-Hassoun ; 7° le
caïd cAbdelqâder-ben-cAli-Et-Tezerkîni ; 8° le caïd 'Abdallah-
ben-El-Hâdj ; 9° le caïd Nâsir-ben-'Abdallah-ben-Nàsir-Ed-
Der'i; 10° le caïd 'Abdelgheffàr-ben-'Ali-Et-Tezerkîni;
11° le caïd El-Hasen, fils du caïd Hammedi-ben-cAli ; 12° le
caïd Sa'îd-ben-'Ali-Et-Tezerkîni; 13° le caïd 'Abdelgheffàr,
fils du lieutenant-général Ousâma-ben-'Ali-Et-Tezerkîni.
Parmi les Kabara-F'arma il en est neuf qui devinrent
pachas, ce furent : 1° le caïd 'Ali-ben-Ibrahîm; 2° le caïd
Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj ; 3° son fils le caïd Senîber-
ben-Bouya; 4° le caïd 'Ali-ben-El-Mobârek-ben-'Ali-El-Mo-
bârek; 5° son cousin paternel, le caïd Ahmed-Zenko, fils de
1. Ou : valet.
2. Le texte dit seulement : « trois », sans ajouter s'il s'agit de pachas ou de
Kabara-Farma.
302 BIOGRAPHIES DES PACHAS DU SOUDAN
Kabara-Farma 'Abderrahman ; 6° le caïd El-Fa'-Mahmoud,
fils du caïd
Mohammed; 7°le caïd Bâbâ-Seyyid, fils du caïd
Zenko-ben-cAbderrahman ; 8° le caïd El-Fa'-Mahmoud, fils
du caïdSenîber ; 9° son cousin paternel, le caïd Babeker-ben-
El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-El-Mobâ-
rek-Ed-Deri.
Ici se termine ce recueil achevé, grâce à l'appui de Dieu,
qu'il en soit loué, à la date du dimanche, 25 du mois de
cha'ban, le brillant de l'année M64 (19 juillet 1751). J'en
témoigne à Dieu ici ma reconnaissance et lui adresse louanges
sur louanges.
Louange à Dieu le maître des mondes! Il est mon appui
et quelle admirable soutien il est! Dieu répande ses béné-
dictions sur notre seigneur Mahomet, son prophète, sur sa
famille, ses compagnons et qu'il leur accorde le salut! J'ai
achevé cette copie après la prière du dohor, le mercredi,
5 du mois derebi' II de l'année 1314 (13 septembre 1896)
de l'hégire du Prophète, Dieu répande sur lui ses bénédictions !
0 mon Dieu ! sois indulgent pour celui qui a écrit ces lignes 1,
pour quiconque qui possédera ce livre et ensuite pour tous
ceux qu'il te plaira. Amen!
1. Il s'agit du copiste et non. de l'auteur dont l'ouvrage se termine au para-
graphe précédent.
\M) HISTOIRE DU SOKOTO
Histoire du prince des Croyants Mohammed-Bello, fils du
prince des Croyants, notre cheikh 'Otsmân-ben-Mohammed-
ben-Foudi (Dieu soit satisfait de tous!).
Ce prince reçut le serment de fidélité dans l'intérieur de
la maison de son père après que celui-ci eut été enterré.
Ce fut Boubeker-Mo'allim 2, l'imam de la mosquée, qui lut
à la population l'acte le 3
par lequel cheikh l'avait déclaré
son successeur au califat.
Aussitôt qu'il
reçu eut
le serment de fidélité, Mohammed-
Bello se leva, se rendit dans la maison de Tandjàd 4, et
y de-
meura; il ne retourna pas dans sa propre demeure avant que
les populations du dehors ne fussent venues lui prêter ser-
ment d'obéissance.
Ensuite il fit une expédition contre Bekour ; mais, dès le
début du combat, il fut attaqué brusquement sur ses derrières
par Bânâq, esclave du sultan de Zanfara, à la tête de ses
soldats. Les troupes musulmanes furent mises en déroute;
1. Ce fragment ne renferme que l'histoire de trois souverains. Il a pour au-
teur un certain Pâdj-Sa'îd.
2. « Mo'allim » signifie littéralement : enseignant, qui enseigne. Ce mot,
souvent employé comme litre, a la valeur de notre mot « maître » en français
ou encore celle de « patron » quand il s'agit d'artisans.
3. C'est-à-dire le cheîkh 'Otsmân-ben-Mohammed-ben-Foudi, le fondateur
de la dynastie dont il est question dans ce fragment historique.
4. Tandjâd est le nom d'un personnage du Sokoto qui fut tué peu après
l'avènement de Mohammed-Bello, ainsi qu'on le raconte ci-dessous.
304 HISTOIRE DU SOKOTO
femmes esclaves 1 leur fut
une partie de leurs enlevée;
en outre on s'empara d'une certaine quantité des provi-
sions 2 du prince des Croyants. Mohammed-Bello rentra
alors à Sokoto.
Ce fut après le retour de cetteexpédition que 'Abdesse-
lâm abjura l'islamisme, chassant Mo'allim-Souf, saint
per-
sonnage doué du pouvoir de connaître l'avenir et San-Qoul-
Tâouâï. Tout le pays imita 'Abdesselam et abjura l'isla-
misme. Aussi le prince des Croyants entreprit-il contre eux
matin et soir des expéditions pendant deux mois. Cependant
tout d'abord le prince des Croyants ne crutpas à l'abjura-
tion d'cAbdesselâm; ce fut seulement le jour où celui-ci se
jeta sur Tandjâd, le tua et s'empara de tous les siens qu'il
acquit la certitude de cette abjuration. Alors il lui déclara la
guerre et fit des expéditions contre lui.
Ensuite Nemoud, le sultan de Zanfara, se rendit auprès
du prince des Croyants avec toute sa cavalerie qui se joignit
à celle du Sokoto et les deux princes entreprirent de (s\>)
diriger une expédition contre 'Abdesselâm. Quand ils furent
proches de la citadalleKaro, ils choisirent de cinquante ca-
valiers qui s'avancèrent vers la forteresse tandis que le reste
de la cavalerie se plaçait en embuscade. Les habitants de
Karo voyant le petit nombre de cavaliers qui s'avançaient
vers eux sortirent à leur rencontre; les cavaliers prirent
aussitôt la fuite en se dispersant. Les gens de Karo les
poursuivirent alors et quand ils furent éloignés de la forte-
resse, les cavaliers en embuscade fondirent sur eux, en
leur coupant le chemin de la forteresse et leur tuèrent
1. Je lis uj\j-^, bien que le ms. porte jlj-v— Ces femmes esclaves étaient
sans doute celles que les soldats emmenaient dans leurs expéditions pour faire
leur cuisine et s'occuper du campement.
2. Le mot indiqué par le ms. est vraisemblablement erroné. La traduction
donnée est donc conjecturale!
HISTOIRE DU SOKOTO 305
10.000 hommes. L'endroit où ce combat eut lieu porte au-
jourd'hui encore le nom de Lebboudo.
Les gens de Karo voulaient abandonner leur ville, mais
'Abdesselâm les en empêcha et les rassura si bien qu'ils res-
tèrent en place. Alors le prince des Croyants envoya 'Ali-
Djeït avec des troupes contre Karo et celui-ci, après un
combat qui dura depuis le matin jusqu'au moment de la mé-
ridienne, pénétra dans la forteresse. Il la détruisit ensuite et
ne laissa debout que la maison de 'Abdesselâm. Le prince,
qui était à Sokoto, apercevant de la fumée monta, aussitôt à
cheval et arriva au moment où le combat était engagé.
« Arrêtez, s'écria-t-il ; faisons la prière du coucher du soleil.
Il faudra bien qu'ils sortent maintenant. » Pendant qu'on
était occupé à faire la prière du coucher du soleil, 'Abd-
esselâm quitta la ville ; il fut blessé au moment où il sortait,
par un des hommes de °Ali-Djeït.
Après qu'une partie de la nuit se fut écoulée, le prince
demanda si quelqu'un savait ce qu'était devenu 'Abdesselâm.
« Prince, répondit celui qui l'avait blessé, je lui ai fait une
blessure à l'épaule droite. Si on l'examine et qu'on ne trouve
pas à cet endroit la trace de ma flèche, n'acceptez plus ja-
mais le dire d'un Foulâni. » 'Abdesselâm s'enfuit vers le
pays de Borma où il mourut. Dieu nous préserve d'une telle
déchéance !
Le prince était revenu de cette expédition quand le
cheikh 'Abdallah quitta Boutîgh pour aller à Ghândo à cause
de la grande agitation qui régnait parmi les populations.
Eu effet, le prince l'attaqua aussitôt, comme il l'avait
fait pour 'Abdesselâm. Le prince fit ensuite
expéditions des
contre le sultan de Ghober, le sultan de Zanfara, le sultan
de Kobi et tous les pays dont les habitants avaient abjuré
l'islamisme.
A cette époque les Blancs (Maures) firent une expédition
[Biographies des pachas du Soudan.) 20
306 HISTOIRE DU SOKOTO
contre les soldats de 'Ali-Djeït dans le pays de Karo; ils
leur tous leurs biens et ne leur laissèrent absolu-
prirent
ment rien. Cette année fut appelée par eux l'année de Bet-
tegh.
Le prince fit ensuite une expédition contre Dâkarâ et dé-
truisit cette ville ; il avait déjà auparavant envoyé contre
elle des troupes nombreuses qui n'avaient pas réussi à s'en
emparer. Il tua le sultan de Gbober. Cette
fut appelée année
l'année de l'investissement du prince par des gens de plume 1.
fit un tekhmis 2 de la
Ce fut pendant cette expédition qu'il
hamziya* àe El-Bousîri, du poème de Bdnet So'dd* de Ka'b-
0 de El-Bousîri
ben-Zoheïr du poème de la Borda égale-
ment, des poèmes du cbeikb 'Otsmân, poèmes composés
en langue soudanaise (\n\).
Ce fut dans cette expédition également qu'il opéra le par-
tage légal du butin, ce qui n'avait jamais été fait aupara-
vant, et qu'il décida de compter dans le partage la valeur
des mères d'enfants et le prix des enfants au compte de
leurs maîtres, parce que cette partie du butin n'était pas
susceptible départage 6.
1. Mot à mot : « les propriétaires d'encre ». J'imagine que par cette expres-
sion l'auteur fait allusion à l'influence que les lettrés avaient prise sur le
sultan Mohammed-Bello.
2. Le tekhmis est un exercice littéraire en honneur chez les Arabes. Il con-
siste à prendre chaque vers d'un poème et à faire suivre chaque hémistiche de
quatre hémistiches et de faire rimer le tout en délayant ou amplifiant l'idée.
3. Poème en l'honneur de Mahomet dont les vers riment en hamza.
4. C'est par ces deux mots que commence ce poème célèbre qui fut récité
devant' le Prophète et qui valut à son auteur le don d'un manteau de Ma-
homet.
5. Ce poème en l'honneur de Mahomet a été traduit récemment et commenté
par M. René Basset. Paris, 1894. •
6. Suivant la loi musulmane, le butin pris sur l'ennemi est réuni après le combat
pour être partagé entre tous ceux qui ont pris part à l'action. On prélève tout
d'abord le cinquième ou quint qui appartient à l'État et le reste est distribué par
parts égales et en nature, la part du cavalier étant le triple de celle du fantas-
sin. Mohammed-Bello, n'osant pas enlever les esclaves à ceux qui s'en étaient
rendus maîtres, les faisait entrer en compte dans la valeur du butin, ce qui était
déjà une légère infraction à la loi.
HISTOIRE DU SOKOTO • 307
Le partage du butin eut lieu de cette manière après trois
expéditions successives, puis les soldats refusèrent com- de
battre en disant : « Nous ne combattrons pas pour que le
produit du butin appartienne à un autre que nous et que cha-
cun prenne une part en disant : Voilà ce qui me revient. »
Voyant que ses efforts étaient inutiles, le prince finit parleur
accorder de conserver leurs anciennes coutumes qui étaient
de ne point partager, bien que cela lui répugnât très forte-
ment. « Avec votre aide, dit-il, j'écarte les maux des musul-
mans . Mais si je pouvais trouver d'autres que vous pour cet of-
fice, je m'en servirais pour vous combattre au nom de Dieu. »
Mohammed-Bello fit une expédition contre Kîd, dans le
pays de Kabi. Tout d'abord, il simula une attaque contre le
Ghober, et le sultan de ce pays ainsi que tous les habitants
de ces contrées lui envoyèrent demander l'aman ; puis il
revint en arrière, se dirigea sur Kîd en passant de nuit près
deSokoto, en sorte que personne ne sut rien de son passage.
Alors il mit son frère 'Atiq et son cousin paternel Moaddeb-
Àl à la tête de la cavalerie et leur enjoignit de pousser une
pointe rapide pour entrer sur le territoire de Kabi. Ils j
pénétrèrent, s'y répandirent de tous côtés et, dans un seul
jour, ils razzièrent une étendue de quatre jours de marche
ou même davantage. Le prince mit le siège devant Kîd et
s'en empara de vive force. Il fit la paix avec Tantàï 1 de
Kabi,
Doudjeq de Kour et d'autres bourgs encore.
L'expédition que le sultan fit ensuite fut celle de Boubouch
sur le territoire de Kabi. Les
gens de Boubouch avaient
reçu un renfort de mille hommes de gens de Aough. Sauf
sept hommes, personne de ces gens n'échappa à la mort.
1. Ces noms de Tantàï et de Doudjeq paraissent être des noms de localités ;
cependant il se pourrait que ce fussent des noms de personnages ou des titres
de fonctions.
308 HISTOIRE DU SOKOTO
^Le sultan prit Boubouch de vive force et tua tous les habi-
tants que cette localité renfermait.
Peu de temps avant le départ du sultan pour Boubouch,
notre cheikh 'Omar 1 était revenu de l'orient. Il avait laissé
sa famille à Kano et était venu à Sokoto. Le sultan lui fit
2 du sultan
donner 500.000 cauris qu'il devait percevoir de
Kano et il lui donna en mariage sa fille Meryem.
Quand le sultan fut de retour de Boubouch, on lui amena
les femmes adultères. Le cheikh 'Omar, l'imam de la mos-
Khelîl-ben-'Abdallah, et bon nombre d'ulémas enjoi-
quée,
gnirent de les lapider 3.
Les sultans de Ghober, de Zanfara, de Dzoum, de Nof et
tous les Maures se mirent en correspondance entre eux et
décidèrent de provoquer une révolte dans tout le pays. Le
sultan donna l'ordre aux populations d'apporter tous leurs
dans les châteaux; il insista très vivement sur ce
grains
point et manifesta sa colère contre tous ceux qui ne se con-
formèrent point à cette injonction..
Pendant qu'il était occupé à cela, le sultan de Ghober
avec Aber, le sultan
des Maures, attaqua subitement le bourg
de Kâtour; il le détruisit et en égorgea les femmes (\IY)
et les enfants. Informé de cette nouvelle, le prince des
Croyants se mit en marche ; il exhorta très vivement les
gens à faire la guerre sainte et cita dans ses exhortations la
sourate du Combat (XLVII), celle de l'Immunité (ix). C'était
moi qui lisais les versets et lui qui les commentait.
« Demain, dit-il, ensuite, en campagne si
je partirai
1. Le cheikh 'Omar était en quelque sorte le chef spirituel de l'empire dont
Mohammed-Bello était le souverain temporel.
2. Cette somme constituait sans doute un à compte sur le tribut payé parle
sultan de Kano.
3. La loi musulmane punit l'adultère de la femme du supplice de la lapida-
tion. Il convient d'ajouter que la preuve de l'adultère est presque impossible à
faire si l'on se conforme exactement aux prescriptions de la loi. Il faut, en
effet, quatre témoins honorables ayant vu l'acte de fornication.
HISTOIRE DU SOKOTO 309
Dieu veut. Sachez, ô populations, que ce que viennent de
faire ces gens-là en égorgeant femmes et enfants ne nous est
Toutefois, si Dieu nous donne la victoire, je
point permis.
l'aura 1
laisserai égorger par' celui qui pris tout individu âgé
de quinze ans. »
Le lendemain de ce jour, le sultan partit pour Ouorno où
il demeura quelques jours afin d'y faire tous ses préparatifs.
Il manda aux populations de tous les côtés de venir le trou-
ver et se mit en marche dans la soirée du vendredi se diri-
geant vers Ghober. Il avait pris rendez-vous avec les gens
2 dans un endroit
du Màchriq je crois,
qui, se nommait Ka-
gher-'Aîssa. Après avoir opéré en cet endroit sa jonction
avec eux, le sultan pénétra sur le territoire de Ghober, n'in-
quiétant personne des habitants qui fuyaient ni de ceux qui
restaient en place, et il donna aux siens l'ordre de ne mo-
lester personne. Puis il marcha sur Kagher-n- Al,la capitale
du sultan de Ghober.
Mohammed-Bello dit alors à notre cheikh 'Omar : « In-
voque Dieu pour qu'il nous donne la victoire clans cette
3 de
expédition. La fortune l'islam et celle de l'infidélité se
sont contrebalancées cette année. Si la fortune de l'islam
succombe aujourd'hui, n'y aura il
plus personne pour la
rétablir. » 11 entendait
par ces dernières paroles que, si son
armée était mise en déroute, il mourrait et que, s'il mourait,
personne ne serait plus là pour soutenir l'islam.
Quand on fut près de la capitale du sultan de Ghober,
1. Le mot à mot de cette phrase ne donne pas un sens satisfaisant. Je sup-
pose que la loi musulmane interdisant de mettre à mort tout non combattant,
le sultan, par représailles, considérera tout enfant de l'âge de quinze ans
comme étant en état de porter les armes et pouvant alors être tué au moment
de l'action.
2. Nom d'une région située à l'est du Soudan.
3. L'expression employée par l'auteur est cL, qui est le nom de la mesuré
de capacité des céréales.
310 HISTOIRE DU SOKOTO
Mohammed-Bello prit le chemin du Sahara et voyagea de
nuit pour ne s'arrêter qu'au moment de la méridienne. Tout
le monde souffrait de la soif au point que bien des gens fail-
lirent en mourir. Le prince enjoignit alors au cheikh 'Omar
de consulter Dieu 1 pour savoir s'il devait continuer ou re-
tourner sur ses pas. Le cheikh 'Omar pria Dieu durant la
nuit de lui faire connaître ce qu'il devait faire. Alors, au
moment de l'aube, le cheikh entendit une voix qui répéta
par trois fois : « La victoire est venue ! »
Au moment où le cheikh 'Omar terminait la
prière du
matin, Bâbâ-Nasâm vint le trouver et lui dit : « Le prince
des Croyants m'envoie vers toi, afin que tu l'informes de ce
que tu as vu. Faut-il nous mettre en marche oui ou non ? »
— « Marchons! » répondit le cheikh. Le prince se mit alors
en marche et campa à Ghouâkik. En ce moment, tout le
monde souffrait de la soif d'une façon très vive. Le prince
prit sa lance et la ficha en terre, puis il dit à Mech, le fonc-
tionnaire chargé de l'eau : « Creuse ici. » A peine eut-on
creusé un peu que l'eau se mit à sourdre. Chacun reçut
l'ordre de creuser à l'endroit où il était et, partout où l'on
avait creusé, l'eau jaillit.
Il faut ajouter que notre cheikh avait reçu du sultan l'or-
dre de faire une invocation, et qu'il avait cette
accompli
prière; il s'était ensuite
pendantprosterné et avait
longtemps
vu l'eau qui arrivait sous le sol. Alors seulement il avait levé
la tête. Tel est le récit qui nous a été fait par Ali-Hâchem.
On resta en cet endroit (\\f) deux jours. Le lundi, on fit
la prière de la fête des sacrifices et le mardi on vit arriver
les troupes ennemies composées d'infidèles. Elles s'ali-
gnèrent pour le combat et placèrent en avant leurs chefs
1. Ou, en d'autres termes, demander à Dieu de lui indiquer, soit dans un
songe, soit de toute autre façon, la décision qu'il y avait à prendre. Les musul-
mans ont souvent recours à ce moyen dans les circonstances difficiles.
HISTOIRE DU SOKOTO 311
clans la crainte qu'ils ne s'enfuissent. Alors quelques-uns des
Maures qui étaient avec le prince lui dirent : a 0 Bello,il est
venu cet homme que nous t'avions décrit, c'est Aber, le sul-
tan des Maures. » Irrité de ces paroles, le prince' dit à ces
Maures : « Sortez de mon armée ! »
Alors les musulmans se mirent à former leurs rangs et le
combat s'engagea. Dieu accorda la victoire aux musulmans
et les infidèles furent mis en déroute. Vingt-cinq mille d'entre
eux périrent dans ce combat. Âl, le sultan de Ghober, fut pris ;
Roud, le sultan de Kachena, fut tué; Aber, le sultan des
Maures, prit la fuite. Plus tard, au début du
règne de 'Atîq,
il fut tué. Cette journée fut appelée la journée de Dâgh.
Le prince donna l'ordre à ses gens de dévaster tout le
pays des Maures, puis il revint sans s'être emparé d'aucun
des habitants de Ghober et laissant femmes et enfants va-
quer à leurs occupations. « Si quelqu'un d'entre vous, dit-il
aux siens, s'empare d'une personne quelconque, je lui
tranche la tête. » On marcha jusqu'à ce qu'on arriva à
Kagher-n-Âl. Là le prince fît appeler tous les gens de
Ghober et leur dit: « Choisissez quelqu'un pour être votre
chef. » Ils choisirent Foudi, le fils du prince. Ce dernier
investit son fils des fonctions de chef de Ghober et lui
enjoignit de ne prendre des habitants autre chose que ce
que leur prenait le sultan de Ghober.
Mais Foudi eut une conduite scandaleuse. Il fut tyran-
nique, débauché, impie, uniquement occupé aux jeux et
aux divertissements. Il faisait venir sa mère pour assister à
ces divertissements et lui en faisait voir les acteursl. Il s'em-
parait des filles de sujets,ses
les entraînait dans sa demeure
et se livrait sur elles à tous ses caprices. Les gens de Ghober
se plaignirent de sa conduite et on verra plus loin comment
1. Ces divertissements étaient sans doute de nature obscène.
312 HISTOIRE DU SOKOTO
cela se termina lorsque nous parlerons du prince des
Croyants 'Atîq.
Le prince retourna ensuite vers Zanfara ; les sultans du
Bokour prirent la fuite devant lui et le prince entra dans
Bokour qu'il répara et où il installa son frère 'Atîq avec
Batqel, Dousiro et quelques gens de 'Ali-Djeït. Après cela
il rentra à Sokoto.
Parmi les expéditions de Mohammed-Bello figure l'expé-
dition de Kelem-Bîn qui eut lieu dans les circonstances sui-
vantes: L'oncle paternel du prince, 'Abdallah s'était conduit
à son égard d'une façon qui ne convenait pas. Le prince n'y
fit point attention jusqu'au moment où les débris de l'armée
de 'Abdesselâm se réfugièrent à Kelem-Bîn, château situé
près de Ghando.
Auparavant les fuyards avaient erré dans le pays et
avaient guerroyé contre le cheikh 'Abdallah. Tout l'entourage
de ce dernier avait abjuré la foi musulmane et 'Abdallah
avait été serré de près pendant trois ans. A ce moment
Omm-Khelîl écrivit au prince des Croyants une lettre qui
contenait ces mots: « Toi (sM) tu attends que l'on tue ton
oncle paternel et c'est nous qui en serons responsables 1. »
Alors le prince équipa ses troupes et comme son cousin
paternel Khelîl lui demandait dans quel endroit elles devaient
se porter, il lui dit : « Garde le secret. » C'était un jeu de
mots 2. Khelîl n'avait pas compris ces paroles et il avait pensé
que les troupes marcheraient contre le château de Katem?
Mais le prince se porta sur Kelem-Bîn en passant par
Ghândo où il n'entra pas et où il interdit à ses troupes d'en-
1. L'auteur a voulu dire que le sultan n'osait point punir lui-même son oncle
'Abdallah, mais qu'il eût désiré que d'autres se chargeassent de ce soin, sauf à
les désavouer ensuite et à leur reprocher ce forfait.
2. Les mots traduits par : « garde le secret » ressemblent en arabe au mot
katem. Ils signifient aussi « cache » et dans la pensée du sultan c'est cela qu'il
voulait dire.
HISTOIRE DU SOKOTO 313
trer à cause de la misère qui éprouvait les habitants de cette
ville depuis trois ans. Puis il campa sur la place de Kelem-
Bîn où son oncle paternel 'Abdallah vint le trouver.
Le prince voulait conclure un arrangement amiable entre
les gens de Kelem-Bîn et son oncle paternel ; mais celui-ci
en disant : « Ces gens-là sont des infidèles. » —
s'y opposa
« Mais, mon oncle, répondit le prince, ces gens-là sont nos
frères, ce ne sont pas des infidèles. » Gomme 'Abdallah vou-
lait soutenir la cause de 'Abdesselâm et qu'il était en rela-
tions avec le chef du château, il refusa 1. Le prince manda
alors son frère 'Atîq, El-Bokhâri et Mohammed, fils de
'Abdallah. Il leur donna l'ordre de commencer le combat et
se fit apporter de l'eau pour faire ses ablutions. Il n'avait
ses ablutions lui la tête de
pas terminé qu'on apportait
Tarbouya, le chef du château.
Le prince rendit la liberté à tous ceux des prisonniers qui
récitèrent et qui firent
la .fatiha convenablement leurs ablu-
tions 2. Les autres furent réduits en esclavage, c'est-à-dire tous
ceux qui ne purent accomplir exactement ces deux pratiques
religieuses. Ensuite il se mit en route sans entrer à Ghando
et sans y laisser pénétrer un seul de ses soldats.
Sous son règne, Mohammed-Bello envoya son frère 'Atîq
à la tête d'une armée contre Zanfara. On devait razzier le
pays et saccager les cultures. fait, les troupes
Cela revinrent,
mais elles furent poursuivies par les infidèles qui les attei-
gnirent dans une route encaissée qui descendait vers une
rivière profonde. 'Atîq avait déjà franchi la rivière ainsi qu'un
grand nombre de ses soldats lorsque le combat s'engagea.
'Abdelqâder-ben-Ech-Cheikh trouva la mort dans cette ren-
1. Tout ce passage est fort obscur dans le texte.
2. Réciter le premier chapitre du Coran ou Fatiha et savoir faire ses ablutions
sont les deux actes les plus importants de la pratique de la religion musul-
mane.
314 HISTOIRE DU SOKOTO
contre après avoir tué de sa main douze de ses ennemis.
Comme ses soldats l'engageaient à entrer dans la rivière et
à la franchir, ainsi que l'avaient fait les autres, 'Abdelqâder
refusa et dit : « Je ne veux point bousculer les gens et leur
causer de dommages 1. »
Avant de partir pour cette expédition, 'Abdelqâder avait
vu en songe le Prophète de Dieu (que sur lui soient les bé-
nédictions de Dieu et le salut!) et le cheikh 'Abdelqâder
(Dieu soit satisfait de lui!). Ces deux personnages étaient
venus à Sokoto, le Prophète de Dieu étant descendu dans
la maison du cheikh 'Otsmân, tandis que le cheikh 'Abdel-
qâder était descendu dans la maison du cheikh 'Omar.
Abdelqâder s'était alors rendu dans la maison de son
père ; il avait fait visite au
Prophète de Dieu et avait vu là
la demeure qu'il occupait dans le paradis. Son père lui avait
dit ensuite : « Viens avec moi; je veux te montrer ton ho-
monyme, celui dont je t'ai donné le nom. » Ils allèrent tous
deux dans la maison du cheikh 'Omar et trouvèrent le
cheikh 'Abdelqâder dans la chambre de ma mère, la sainte
dame Setour. Le cheikh était assis sur le sol, le visage tourné
du côté du cheikh 'Omar(\^«). Notre cheikh m'a raconté
maintes fois que, le plus souvent, les saints s'étaient mon-
trés à lui ou à d'autres dans la chambre de notre mère Se-
tour.
A de fréquentes reprises j'ai entendu répéter aux gens
que le prince des Croyants Mohammed-Bello disait souvent :
est le principal 2 de la famille du
'Abdelqâder des martyrs
cheikh 'Otsmân. Et au sujet de cette aventure, 'Abdelqâder-
ben-Ech-Cheikh a dit entre autres choses : « Après avoir vi-
1. Je ne saisis pas ce que signifie ce passage.
2. Les musulmans se servent du mot jugi, « témoin » pour désigner toute
personne qui meurt de mort violente, soit dans un combat, soit dans une épi-
démie. Le plus souvent ils l'appliquent à celui qui succombe en défendant la
communauté religieuse menacée par les infidèles.
HISTOIRE DU SOKOTO 315
site la meilleure des créatures 1, j'ai vu le cheikh 'Abdelqâder-
El-Djilâni en personne dans la maison de Hâdj en compa-
gnie du disciple du cheikh Ahmed-Et-Tidjâni.
Ce fut sous le règne de Mohammed-Bello que parut, au
Bornou, Mohammed-El-Kânemi, surnommé Kâlenba. Les
sultans vaincus
groupèrent, se
autour de lui et il promit à
tous de leur rendre leurs royaumes s'il parvenait à vaincre le
prince des Croyants. Kâlenba réunit en conséquence des
masses nombreuses d'hommes et forma une armée consi-
dérable avec les populations des frontières du Ouadaï, les
Arabes du pays du Baghirmi et les indigènes de ce dernier
pays. Son influence fut grande et son pouvoir immense. Il
se porta avec de véritables montagnes d'hommes vers Kano
et adressa de là au prince des Croyants une lettre dans la-
quelle il y avait des ignominies qu'il est inutile de rapporter.
On y trouvait aussi ces mots : « Contre toi certes je rem-
plirai le pays de chevaux au poil ras et d'hommes imberbes 2;
je t'en chasserai vil et méprisé. »
Au dos de cette lettre, Mohammed-Bello traça les mots
suivants : «Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux!
Dieu me suffît et quel il est ! Il n'y a de
admirable soutien
force et de puissance qu'en Dieu le Haut, le Puissant. Je
remets le soin de toutes mes affaires à Dieu, car il est
clairvoyant pour ce qui touche à ses adorateurs. Salut! »
Quand le messager porteur de la lettre fut parti, le
prince des Croyants dit : « J'espère que Dieu ruinera la puis-
sance de cet homme par la main du plus, humble des dis-
ciples du cheikh. » Il envoya alors dire au sultan de Bouchi,
Ya'qoub, de venir se joindre à lui, et Ya'qoub se mit en
marche avec toutes ses troupes.
Dès qu'on connut la nouvelle de la marche de Ya'qoub,
1. C'est un des surnoms donnés au prophète Mahomet.
2. En d'autres termes : de jeunes guerriers montés sur des chevaux de race.
316 HISTOIRE DU SOKOTO
quelqu'un qui en connaissait la valeur dit à Kâlenba : « 0
sultan du Bornou, cet homme qui vient vers toi, ne le com-
bats pas au milieu de ton propre pays, mais fais que le combat
ait lieu sur la frontière. » Kâlenba retourna aussitôt vers la
frontière du pays de Kano, poursuivi par Ya'qoub. Les gens
de Bouchi étaient contrariés de cette marche, mais Ya'qoub
qui les précédait en personne leur dit : « Je ne quitterai
pas la trace de l'homme qui a vu nos demeures, avant que
je n'aie vu les siennes. Hâtez-vous ou marchez lentement,
il n'importe. »
Un détachement de cavalerie se porta en avant et attaqua
l'armée de Kâlenba; celui-ci tourna les talons et alla cam-
per dans un marécage 1, en disant : « Je ne pense
pas que
sur un pareil terrain personne tente de m'attaquer. » (\^)
Ya'qoub voulait attaquer Kâlenba dans cet endroit où il
venait s'installer, mais ses gens l'en empêchèrent et il alla
camper sur un autre point.
Le lendemain matin, les troupes de Kâlenba engagèrent
l'action. Labataille fut extrême ment
Bendouâk2-Hasen, vive.
le général des troupes de Ya'qoub, fut tué; le sultan des
ainsi le 3
Zekzek, Ya-Mousa, que Galadima Djâfen prirent la
fuite et nombre de soldats de Ya'qoub furent tués. On
apporta à Kâlenba l'épée de Bendouâk en lui disant que
c'était celle de Ya'qoub. Aussitôt il monta à cheval; il se
rendit -fe l'endroit où gisait le corps de Bendouâk et y fit dres-
ser sa tente. Alors quelques-uns de ses gens lui dirent qu'en
lui rapportant que Ya'qoub avait été tué on lui avait fait un
pur mensonge, que Ya'qoub n'avait pas encore pris part au
combat.
Comme Ya'qoub était assis, sans s'inquiéter de rien, un
1. Mot à mot : « Dans l'eau ».
2. Bendouâk est peut-être un titre ici.
3. Le Galadima est une sorte de gouverneur d'une ville.
HISTOIRE DU SOKOTO 317
des siens vint le trouver et lui dit : « 0 sultan de Bouchi, le
sultan de Zekzek et tous les siens ont fait la prière du cou-
cher dusoleil, — c'était une façon détournée d'annoncer
leur fuite 1, — et Bendouâk-Hasen et tous les siens ont
bu de l'eau » — ce qui voulait dire qu'ils avaient été tués.
A cette nouvelle Ya'qoub donna l'ordre à son chef-timbalier
de battre du tambour, ce qui fut fait aussitôt; puis il se mit
en marche à pied, après avoir placé deux cents hommes
ses concubines et les empêcher de se disperser
pour garder
avant que Kâlenba ne parvînt jusqu'à elles dans le cas où
lui Ya'qoub serait tué et afin qu'on ne crût pas qu'il était un
pauvre personnage 2.
Ya'qoub continua ensuite sa marche et arriva à l'endroit
où était Kâlenba et l'action s'engagea de nouveau vivement.
Il prit lui-même une flèche et voulut la lancer. « 0 sultan
de Bouchi, lui dit Bendouâk-Adim, tu te vantes en voulant'
3 » — « Pas
lancer une flèche avant de marcher sur ma tête.
du tout, répondit Ya'qoub, ce que j'en fais, c'est parce que
ma » Ya'qoub sa flèche contre
j'ai retrouvé vigueur. lança
la tente où était Kâlenba ; la flèche se planta dans la tente
ceux qui y étaient la
qui fut ébranlée. Tous sortirent, prirent
fuite, abandonnant en même temps que la tente les tam-
bours, les livres et tous les instruments qu'elle contenait.
S'avançant alors' vers la tente, Ya'qoub y entra, prit les
joueurs de tambours de Kâlenba et leur donna l'ordre d'en
battre comme ils le faisaient pour Kâlenba; son but était de
faire venir vers la tente tous ceux de gens de Kâlenba qui
1. Par superstition les musulmans évitent souvent de dire les choses en
termes propres quand il s'agit d'un événement malheureux.
2. Le nombre des concubines étant d'autant plus grand qu'on jouit d'une
plus haute considération, Ya'qoub tenait à-ce qu'on vît bien qu'il en avait
beaucoup.
3. C'est-à-dire que le sultan ne prenait part au combat qu'en cas désespéré
lorsque son entourage s'était vainement sacrifié pour lui.
318 HISTOIRE DU SOKOTO
avaient pris la fuite. On battit donc le tambour de la façon
indiquée et les gens de Kâlenba arrivèrent de tous côtés.
On les tua tous. Ya'qoub passa la nuit en cet endroit ; puis,
pendant trois jours, il se mit à la poursuite de Kâlenba sans
z^éussir à l'atteindre. Il revint alors sur ses pas.
Ici se termine tout
ce que nous savons de certain sur les
expéditions de Mohammed-Bello. Il en fit un grand nombre
d'autres sur lesquels nous n'avons aucun renseignement
précis et c'est pourquoi nous n'en parlerons pas.
détails sur Mohammed-Bello. —
Quelques particuliers
Après son avènement, ce prince (Dieu soit satisfait de lui !)
vécut vingt-deux ans. Sous son règne, le pays dullaousafut
très florissant. Il y répandit la science et les savants de
divers pays y affluèrent de tous côtés ( \ <\v). 11 avait une vive
sollicitude pour eux, les voyait d'un oeil très favorable et
les comblait des plus grandes faveurs. Qu'il arrivât de l'est,
de l'ouest, du midi ou du nord, le savant, qui venait trouver
le prince, n'était jamais accueilli qu'avec les plus grands
égards. Le prince le gardait auprès de lui et ne s'en séparait
dans aucun cas.
Il consacra beaucoup de temps à composer des ouvrages :
chaque fois qu'il avait achevé une de ses oeuvres il la faisait
connaître au public et la lui faisait lire ; puis il se remettait
de nouveau à composer un autre volume. Les nombreux
sujets qu'il traita étaient des
réponses à des questions ou des
controverses relatives à la loi. Si on lui soumettait une ques-
tion il eu faisait aussitôt l'objet d'une publication. S'il ap-
prenait que tel et tel personnages étaient en divergence sur
un point, il composait aussitôt un traité sur la matière. Il
encourageait ses enfants, ses frères, les enfants de ses frères
à s'instruire et, s'ils s'en abstenaient, il les blâmait très
vivement.
Un jour, je lui ai entendu dire les paroles suivantes:
HISTOIRE DU SOKOTO 319
« Les gens du Haousa pervertissent nos enfants quand ils
leur disent que leur famille est une famille de saints et d'as-
cètes et qu'ils les détournent de l'instruction 1. Cela n'est
qu'un mensonge, une illusion, une erreur et une fausseté,
car la science ne se conserve que par l'instruction et les
ulémas sont plus près de la science
que nul autre. »
Il mettait chacun des
savants à sa juste place; il était
équitable et modeste. Il ne se nourrissait que du produit de
son travail, sans se faire en aucune entretenir
façon par le
trésor public. Au début de leur sainte campagne, il disait a
son père : « 0 cheikh, les ressources licites 2 sont insuffisantes;
il faut néanmoins que toi tu uses dans la mesure du néces-
saire de cet argent : quant à moi je gagnerai ma vie, car je
suis encore un jeune homme. » Il apprit un métier et, grâce
à lui, il put se passer du trésor public. C'est
pourquoi il ne
maudit jamais une seule personne sans qu'elle devînt aussi-
tôt comme du blé mangé en vert 3. C'est du moins ce que
nous a raconté lAli-Hâchem.
Il était bon pour le peuple et plein d'indulgence pour
tous ; calme, patient, il ne s'occupait point des richesses
que les gens possédaient. Administrateur
habile, il inspectait
les cadis, annulait les jugements qu'ils avaient rendus en se
laissant entraîner par leurs passions; il ne les laissait jamais
en repos dans leurs fonctions: Aussi les cadis dirent-ils à
son frère 'Atîq : « Ne contrecarre pas nos jugements comme
le faisait ton frère. » — « Si vous jugez avec équité, leur
1. On sait que, chez les musulmans d'Afrique surtout, les descendants d'un
saint personnage passent pour hériter de la vénération témoignée à leur as-
cendant. Cette croyance populaire n'est pas orthodoxe, ainsi que le déclare Mo-
hammed-Bello. Elle a surtout le grave inconvénient d'encourager l'ignorance
et l'inconduite dans cette sorte de noblesse religieuse.
2. Produits des impôts légaux, quint du butin, etc.
3. C'est-à-dire sans que la situation de cette personne devînt aussitôt fâ-
cheuse.
320 HISTOIRE DU SOKOTO
répondit 'Atîq, je ne les contrecarrerai jamais. Soyez donc
du côté du droit où qu'il soit. »
Voici son portrait: Rouge, grand, chauve, la barbe
longue et touffue. Il portait toujours un voile qui ne quitta
jamais son visage. Il resta malade pendant sept mois.
Lorsque la maladie devint grave, il manda son fils 'Alî qui
était à Senâki. Quand il fut venu, il lui fit les recommanda-
tions suivantes : « Ne cherche pas à être roi après moif ; si
(\A^) Dieu t'accorde la royauté, donne la première place
aux ulémas de bien, les auxiliaires du Clément et méfie -
toi des ulémas méchants qui sont lessuppôts de Satan.
Honore le plus humble des Foulânî comme tu honores le
plus puissant d'entre eux. »
J'ai entendu le cheikh 'Omar raconter le fait suivant :
« J'entrai, dit-il, chez le prince des Croyants Mohammed-
Bello, pendant la nuit du mardi qui précéda celle du mer-
credi au cours de laquelle il mourut. Je venais lui faire mes
derniers adieux. —Va, me dit-il, emmène ma fille où tu vou-
dras aller
et si quelqu'un veut t'en empêcher, ce sera affaire
de lui à moi en présence de Dieu. »
Le vizir m'a raconté qu'il entra chez leprince le mer-
credi. « Comment oses-tu entrer, lui cria le prince, sans
m'en avoir demandé l'autorisation. Sors d'ici! » — « Je
demande pardon à Dieu, lui répliquai-je, de la faute que
j'ai commise. » — « Puis j'ajoutai, dit le vizir : Ne m'auto-
risez-vous pas à exécuter les ordres de 'Alî. » — « Je ne
t'autorise, reprit-il, ni à exécuter ses ordres, ni ceux
d'aucun autre que lui. » — « Alors, ajoutai-je, entre les
mains de — «Je vous laisse entre les
qui nous laissez-vous?»
mains de Dieu, dit-il 2. » — « Mais, repris-je, le cheikh vous a
1. On sait que chez les Arabes le fils ne succède pas nécessairement au père.
En principe c'est le frère aîné qui occupe le trône devenu vacant.
2. Mahomet n'ayant pas désigné son successeur, aucun prince ne devrait
procéder à cette désignation. En réalité, d'ailleurs, c'est la communauté nlu-
HISTOIRE DU SOKOTO 321
confié le pouvoir souverain. » — « Le cheikh me connais-
sait, dit le prince, tandis que moi je ne connais aucun d'entre
vous comme le cheikh me connaissait. Je ne recommande
personne pour jouir du pouvoir royal ; je serais à cause de
celal'objet de tourments dans le purgatoire. Non, non ! Tou-
tefois gardez-vous de la discorde et toi sois le premier à prê-
ter serment de fidélité à celui sur lequel l'accord se sera fait
par les trois clans 1, le clan de Ken, celui de Oulrab, et
celui de Sehseheb, car celui-là sera le prince et quiconque
lui contreviendra sera un rebelle. »
Son fils Ma'âdz m'a
dit, à ce sujet, que son père Bello
2
avait envoyé un Maure à Farzân pour lui rapporter un coffre
de la longueur de sa taille. Le Maure resta une année avant
de rapporter ce coffre. « Alors, ajouta Ma adz, mon père
m'ordonna de le lui préparer 3
; je l'arrangeai, puis le mis de
côté. Mon père vécut encore cinq jours après cela, puis il
mourut. »
Ma'âdz m'a également fait : « Lorsque
ce récit mon père
était à ses derniers moments, il m'aperçut assis : « Que
fais-tu là? me dit-il, sors d'ici! » Je sortis et l'entendis pro-
noncer ces paroles: 0 Sidi 'Abdelqâder, ô cheikh 'Otsmân,
voici votre jour venu. Après avoir répété ces mots à plu-
sieurs reprises, il ajouta : « Il n'y a d'autre divinité que
Dieu, Mohammed est l'envoyé de Dieu' 4. » (Que Dieu répande
sur lui ses bénédictions et lui accorde le salut!) Après cela
il ne prononça plus une seule parole.
sulmane représentée par ses chefs principaux qui a le droit de choisir le sour
verain lorsque le trône devient vacant.
1. Ce mot est traduit par conjecture. Le texte porte : « drapeau ».
2. Il faut sans doute lire : « Fezzân ».
3. Il semble que Mohammed-Bello, contrairement à l'usage, ait voulu être
enterré dans un cercueil. Le texte ne s'explique pas sur l'arrangement dont il
est ici question au sujet du coffre.
4. Au moment de mourir le fidèle doit prononcer cette formule et, s'il n'est
plus en état de le faire, un des assistants la prononce en son nom.
{Biographies des pachas du Soudan.) 21
322 HISTOIRE DU SOKOTO
Mohammed-Bello mourut le jeudi, à l'heure de l'asr ; il
fut enterré avant le coucher du soleil. Il avait cinquante-
huit ans et il laissa onze fils : 'Ali-El-Kebîr, °Ali-es-Seghîr,
Atîq, Ibrahim-Ghando, Ma'adz et son frère germain Sa'îd,
Yousef, 'Abderraouf (\^), Foudi et son frère germain Al-
Ito et Yahya. Il avait eu treize filles dont je ne me rappelle
pas les noms.
Parmi les personnages qui moururent sous son règne, on
peut citer
Mo'allim-Sa'îd, que le prince avait logé dans son
palais pour s'entretenir avec lui, par amour de la science
et pour lui faire honneur, car c'était un savant éminent ;
Moud-Mâ-Mâra, grand savant ; ce fut lui qui engagea une con-
troverse avec le cheikh Abdallah sur cent vingt passages
du Sahih de El-Bokhâri. Le cheikh 'Abdallah lui donna rai-
son sur tous
les points sauf deux ; l'oncle paternel du prince,
le cheikh 'Abdallah (Dieu soit satisfait de lui, lui assure un
asile honorable et fasse du paradis sa demeure dernière !) ;
Ibrahim-Ghemez ; Mo allim-Ishâq ; Hamdan, fils du cheikh
1 le cheikh 'Otsmân assura le
Djebrîl et Mohammedin auquel
paradis; son frère Senba le saint; son frère El-Hasen; son
frère 'Abdelqâder ; 'Omar-Gharb, le chérif lmsani ; Moham-
med, fils du cheikh'Abdallah ; Mohammed-Es-Seghir, fils du
cheikh 'Abdallah-Foudiya ; Mohammed le secrétaire ; son
oncle paternel Mohammed-ben-Foudiya ; Mo'allim-Souf-El-
Haousi ; 'Abdesselâm-El-Haousi et Mo'allim-'Ali le juris-
consulte.
Les sultans
qui moururent sous le règne de Mohammed-
Bello furent le sultan de Zekzek, Yâ-Mousa ; le sultan de
Kano, Seliman ; le sultan de Boubo, Yaro ; le sultan de
Bornou, 'Ali ; le sultan de Nof, Mo'allim-Dedjet ; le sultan
de Dellel, Bes-Boubeker-'Omâdj et le sultan de El-Abtâk.
1. Ce nom semble être le pluriel de Mohammed.
HISTOIRE DU SOKOTO 323
Quant aux femmes qui moururent à cette ce furent :
époque,
Zâmi-Gharka, mère de El-Bokhâri ; Inna-Gharka, mère de
Bello et d'autres encore.
Histoire des des
princes Croyants, Atîq 1, fils du
cheikh 'Otsmân.
Il y eut divergence au sujet de son élévation au trône.
Voici comment la chose m'a été racontée des
par personnes
de l'entourage du général 'Ali-Dje'it. Lorsque l'on apprit la
fâcheuse nouvelle de la mort du prince des Croyants Mo-
hammed-Bello, 'Ali-Djeït se trouvait dans la ville de Anâm,
tandis que son fils Abou'l-Hasen et les principaux personnages
de Ken se trouvaient à Bandza. 'Ali-Djeït les fit tous mander et
quand ils furent auprès de lui il leur dit : « Allons à Ouorno. »
— « Vous faites lui à celui
allusion, répondit Abou'l-Hasen,
que vous voulez élever au pouvoir. » — « Nous avons El-
Bokhâri parmi nous, répondit "Ali-Djeït, et nous sommes
tous d'accord pour l'élire. »
Alors les notables personnages déclarèrent qu'ils ne vou-
laient pas enlever l'autorité royale de la famille de Inna-
Gharka, qui était à la fois la mère de Bello et celle de 'Atîq.
« Quant à moi, Abou'l-Hasen, n'irai
ajouta je pas prêter
serment de fidélité à El-Bokhâri du moment qu'il existe 'Atîq
et des enfants de Bello. » Mais le général 'Ali à
persista
vouloir choisir El-Bokhâri ; il partit Ouorno et, en son
pour
nom et au nom des chefs de l'armée, il envoya chercher
El-Bokhâri.
Les cavaliers se succédaient l'un l'autre
après (*• •) vers
El-Bokhâri, tandis que ce ne fut que le lendemain qu'on
i. Prononcé 'Atiqou par l'addition d'une voyelle finale, addition très fréquente
dans le langage du Soudan.
S24 HISTOIRE DU SOKOTO
un messager à 'Atîq et ce messager partit à pied.
dépêcha
« Inutilede parler, dit 'Atîqau sais pourquoi tu es
messagerie
venu. » Alors il convoqua tous les siens et leur dit : « Nous
venons de recevoir la triste nouvelle de la mort du prince
des Croyants. Je vais me rendre à Ouorno ; mais que per-
sonne vienne avec moi à l'exception d'un tel et d'un
n'y
tel. » Il adressa une à Dieu en disant : « Si mon élé-
prière
vation au pouvoir souverain doit être avantageuse pour mon
salut éternel et pour mon bonheur en ce monde, que Dieu
de moi ! »
me le donne ; sinon qu'il le détourne
se rendit ensuite à Ouorno et y trouva tout le monde
'Atîq
en faveur de El-Bokhâri. Il descendit dans sa mai-
disposé
son sans fût venu au devant de lui. Ensuite
que personne
on lui dit hyppocritement :. «Certes, nous vous attendions. »
— « Non, vous ne m'attendiez pas ; vous en
répondit-il,
attendiez un autre, mais devriez-vous attendre mille ans, il
ne viendra pas s'il plaît à Dieu. »
Puis, comme un long s'était déjà écoulé, les sol-
temps
dats dirent à : « Va chercher ton
'Abdelqâder-ben-Tofa
1 nous de fût-ce dans son
oncle paternel et amène-le force,
cercueil. » 'Abdelqâder ; il fit monter son oncle sur
partit
un cheval, mais arrivé sur le marché de la ville, l'oncle
tomba de cheval et s'écria : « Hélas ! Dieu s'est prononcé
en faveur de » 'Abdelqâder revint aussitôt à Ouorno.
'Atîq.
'Ali-ben-Bello engagea vivement tous les soldats à se pro-
noncer et dit : « Si un individu les musulmans vient à
parmi
mourir ces jours-ci avant qu'un prince ait été proclamé 2, la
faute en retombera sur vous. » Personne ne tint compte de
ce propos.
1. El-Bokhâri.
2. Ou : «avant d'avoir prêté serment de fidélité â un prince, «je ne saisis pas
bien ce qu'on pourrait reprocher à ce musulman ou le tort que cela lui ferait
au point de vue religieux.
HISTOIRE DU SOKOTO 325
Le cheikh 'Omar envoya un messager aux soldats et le
chargea de faire une déclaration aux cinq principaux per-
sonnages : le général de l'armée, Ghidâdo, Dousiro, le cadi
El-Hâdj et l'imam de la mosquée, Boubeker. Cette déclara-
tion était ainsi conçue : « Si nous devons choisir nous-
mêmes un souverain parmi eux en leur disant de nous
l'amener, ce serait leur faire injure et leur adresser un re-
proche. Qu'ils choisissent donc eux-mêmes celui que Dieu
leur inspirera! »
Le cheikh s'entretint à ce sujet avec Boutefel qui, à son
tour, en parla aux chefs. Ceux-ci se rendirent alors auprès
de 'Ali et un long échange de paroles eut lieu entre eux.
Enfin, 'Ali finit par leur dire : « Vous voulez donc nous
la famille de 'Abdesselâm! — et en disant cela
imposer
il faisait allusion à El-Bokhâri et aux de Ghândo —
gens
« s'il en est ainsi ce sera le commencement d'un conflit avec
mon oncle paternel, car si vous laissez ces deux personnages
dans une même localité, en prêtant serment de fidélité à l'un
d'eux, la discorde éclatera aussitôt. Ne vous souvenez-vous
donc plus des paroles qu'a dites le cheikh dans sa qasida :
En mài-magbatchi kao tono wa labana — 1 wa-né
djawa
aldjanou iya tabba alhaqiqa^
'Ali-Hâchem m'a raconté le fait suivant : lorsque la popu-
lation eut secoué ses mains de la terre du tombeau du prince
des croyants Bello, le vizir Ghidâdo dit : « Les gens de cette
famille ont quitté aujourd'hui ce tapis 2. » — « 0 Ez-Zeghrâni,
lui répondit le chef des tapissiers du prince des Croyants, ô
vizir, voulez-vous donc enlever aux gens ce que Dieu leur
a donné ou leur donner ce que Dieu leur a ôté. » Le vizir
i. D'après M. Delafosse, ce vers haousa signifie : « Si le maître de la destruc-
tion apporte la nourriture, qui tirera le lait ? — Certes, quel démon peut loucher
la vérité ? »
2. En d'autres termes : la branche à laquelle appartenait la famille de
Bcllo ne régnera plus désormais.
326 HISTOIRE DU SOKOTO
se montra très dur en paroles vis-à-vis de lui et faillit même
(y. \) le battre. Toutefois il le laissa tranquille. Yaro partit
alors, se rendit dans sa ferme et ne revint avant
pas que
'Atîq eut été proclamé souverain.
Le premier qui plaça sa main dans celle de 'Atîq fut
Boubeker, l'imam de la mosquée; puis ce fut le tour de
Ghidâdo et enfin celui de tout le monde. Khelîl-ben-'Abdallah
n'assistapas à la prestation du serment de fidélité. Il n'arriva
que plus tard et eut un long entretien avec les chefs de
l'armée.
Lorsque la prestation du serment de fidélité fut terminée,
les premières paroles que prononça 'Atîq furent les suivantes :
« Soyez fidèles du fond du coeur au serment que vous m'avez
prêté. Si vous voyez que je m'écarte de la loi, ramenez-moi
au droit chemin à coups de fouet s'il le faut. Quant à moi, je
ramènerai au droit chemin quiconque d'entre vous en déviera,
fût-ce 'Ali-ben-Bello. » Il ajouta ensuite : « Aujourd'hui les
choses sont tombées au point qu'il est impossible de les
relever. Car le bouc ne saurait porter un fardeau aussi lourd
que celui que portait un chameau. Toutefois je ferai tout ce
dont je serai capable. »
'Atîq (Dieu lui fasse miséricorde!) prit de fréquentes
mesures pour ordonner le bien et interdire le mal; il réforma
de nombreux abus qui s'étaient produits dans l'administra-
tion par suite de la façon dont avait gouverné le prince des
Croyants Mohammed-Bello. La première chose qu'il fit fut
de mettre à mort tout de tambour de
joueur basque pris en
train de jouer de cet instrument. Bientôt cette habitude
disparut et l'on n'entendit plus jamais le bruit de tambour
de basque ou des autres instruments au moment de la sortie
des troupes. Sous son règne la musique disparut à tel point
qu'on eût cru qu'elle n'avait jamais existé. Cette proscrip-
tion lui attira la haine des gens^de plaisirs et des sultans et
HISTOIRE DU SOKOTO 327
en même temps l'affection des ulémas et des saints person-
nages 1.
Il honora les savants et en fit ses familiers. Celui qu'il
fréquenta le plus fut Boubeker, l'imam de la mosquée. 'Ali-
El-Djeït n'était reçu chez lui qu'après l'imam delà mosquée
qui avait ainsi la préséance sur le général, préséance
qu'avaient également le cheikh Isma'îl-El-Haousi, 'Abdallah-
Fodououo,le cheikh Mohammed-El-Aïm, Mo'allim-Ibrahim-
Tedeni-Cherkin, Mo'allim-'Otsmân-Ez-Zeghrâni et Khelîl-
ben-'Abdallah-Foudiya. Tous ces personnages, il les com-
blait de bienfaits et leur donnait les biens les plus précieux.
L'anecdote suivante montrera le souci qu'il avait d'em-
pêcher les choses défendues par la religion : Une fois il
entendit une femme zeghrâniya qui élevait la voix pendant
qu'il faisait une tournée après le coucher du soleil. Il
demanda qui était cette femme, et comme on lui répondit
que c'était une
Zeghrâniya, : « Si elle ne
il dit baisse pas le
ton, je lui tords le cou. » La femme ayant appris cela s'en-
fuit dans la maison de cheikh 'Otsmân et se réfugia auprès
de la mère de Ahmed-Er-Refâ'i. Il fit si bien que l'on ne
commençait plus à faire quoi que ce soit, même s'il s'agissait
d'un jeu ou d'un divertissement, sans prononcer ces mots :
« Il n'y a d'autre divinité que Dieu 2. »
La première année de son avènement il voulut se rendre
à Zanfara y recevoir
pour le serment des gens de l'Est et
faire une expédition. Botefel s'y opposa en disant : « Ces
gens-là sont favorables à El-Bokhâri; si (r»v) tu vas chez
eux et que tu n'obtiennes pas leur serment, ils trouveront
un prétexte de prêter serment de fidélité à El-Bokhâri. »
1. On sait que la religion musulmane proscrit la musique. Mais cette prohi-
bition a été de tous temps bien rarement observée.
2. D'ordinaire la formule usitée est : « Au nom de Dieu le Clément, le Misé-
ricordieux ». Cette formule a un emploi analogue à celui du signe de la croix
chez les chrétiens.
32S HISTOIRE DU SOKOTO
Enconséquence 'Atîq ne se mit pas en route ; il envoya
Botefel pour recevoir le serment des gens du Bornou, du
Kachena, du Dour, du Bouchi et des musulmans de Zan-
fara. Après avoir reçu ce serment Botefel tomba malade et
ramena les principaux chefs de ces peuplades à Sokoto.
Les autres retournèrent dans leur pays.
Cette même année, 'Atîq voulut entreprendre une expé-
dition contre le pays de Dzauma au moment de la grande
chaleur de l'été. Arrivé au château de Ghernegh, il envoya
Abou'l-Hasen, le fils
de 'Ali-Djeït, démolir un des châteaux
de Dzauma. Abou'l-Hasen revint retrouver qui voulut
'Atîq
rentrer à Sokoto. Mais, au moment du départ, la plupart
des soldats qui étaient avec lui s'éloignèrent et il ne lui resta
qu'un petit nombre de fidèles. Rentré à Sokoto, 'Atîq dit à
ses soldats : « Vous avez fait avec moi, au moment du retour
de cette expédition, une chose que les infidèles n'auraient
jamais faite vis-à-vis de leur sultan et, à plus forte raison,
que n'auraient pas dû faire des musulmans. Si, à ce moment,
les infidèles m'avaient poursuivi ils se seraient emparés de ma
personne. »
La seconde année de son règne 'Atîq fit une expédition
contre la ville de Damri dans le pays de Zanfara. Après un
combat on pénétra dans la citadelle de Damri et on s'em-
para du fils du sultan. On l'amena à 'Atîq qui lui fit tran-
cher la tête, puis on abandonna le château sans avoir réussi
à s'y maintenir.
Cette même année, ou l'année précédente, un prodige fut
opéré par le cheikh 'Omar dans les circonstances suivantes :
Comme le prince des Croyants 'Atîq était revenu à Sokoto,
les troupes des infidèles attaquèrent la ville de Ghernegh
et s'établirent entre la ville et l'eau qui l'alimentait. On in-
forma de ce fait le prince des Croyants qui envoya de suite
chercher le cheikh 'Omar. J'étais avec le cheikh en compa-
HISTOIRE DU SOKOTO 329
gnie de 'Ali-Hâchem et de son frère l'intelligent Ahmed,
quand arriva l'eunuque du prince des Croyants qui, s'adres-
sant au cheikh, lui dit : « Le prince des Croyants vous fait
savoir que les habitants de Ghernegh souffrent de
beaucoup
la soif ; il vous prie de demander à Dieu qu'il leur envoie
de l'eau, que cette eau sourde du sein de la terre et qu'elle
descende du ciel. »
Après nous avoir congédiés, le cheikh se tourna vers
Dieu et, la nuit même, la pluie tomba du ciel, mais sans
s'étendre d'aucun côté à un seul pied au-delà de la ville. Les
troupes infidèles abandonnèrent aussitôt
siège le
et ce fut
alors que notre cheikh béni retourna au Maghrib 1.
Durant la troisième année, 'Atîq fit une expédition contre
Gherbâd dans le pays de Zanfara et je l'accompagnai dans
cette campagne. Après avoir saccagé les champs et brûlé
les récoltes et les villages, on arriva devant Gherbâd qui
est une citabelle Le prince
fortifiée. adressa une allocution
à ses troupes et leur dit : « Demain, si Dieu veut, vous li-
vrerez bataille bon gré mal gré; sinon je périrai sans vous
en combattant, car je vais me tenir en avant du talus du
fossé. Ne faites pas comme vous avez fait Tannée dernière. »
Les troupes combattirent vigoureusement, si bien qu'il (Y • r)
périt un grand nombre d'hommes d'entre elles et une
grande quantité de chevaux. Certains soldats disaient :
« Nous avons combattu vaillamment la mort, mais
jusqu'à
ce prince n'est pas favorisé du Ci-»el. » On abandonna le châ-
teau sans s'en être emparé.
Ce fut également à cette époque que Meyâgh, le sultan du
Ghober, avec le sultan du Kachena et les Maures assaillirent
Foudiya-ben-Bello dans le château de Tanchâouer ; ils démo-
1. Ou : « du côté de l'ouest », si ce mot n'est pas un nom de localité dans ce
passage. Il ne faut pas confondre ce Maghrib, province du Soudan, avec le
Maghreb, la grande région du nord de l'Afrique.
330 HISTOIRE DU SOKOTO
lirent le château
et pillèrent tout ce qu'il contenait. Foudiya
refusa de sortir de sa maison tant que le sultan de Ghober
ne lui eût pas fait dire qu'il pouvait sortir, qu'il ne voulait
point le tuer parce qu'il était le fils de leur soeur. Alors
Foudiya sortit avec son frère germain Mâl-Ito et le fils de
son oncle paternel Khelîl-ben-El-Hasen.
Ce qui avait motivé cette attaque c'était l'excessive tyran-
nie, l'oppression et les abus qu'exerçait Foudiya dans le pays.
Une des choses les plus graves qu'il commettait à l'égard
des gens de Ghober, c'était de s'emparer de leurs filles, de les
entraîner dans sa maison et de se livrer sur elles à des actes
que, malgré leur qualité d'infidèles, les sultans de Ghober
n'auraient jamais commis. Il faut ajouter à cela qu'il con-
trevenait souvent aux ordres du prince des Croyants
'Atîq.
Pendant la quatrième année, le prince partit pour le Gho-
ber à la tête de 60.000 cavaliers et d'une quantité innom-
brable de fantassins. Le sultan du Ghober et celui du Ka-
chena se portèrent à sa rencontre et le combat s'engagea.
Le prince fut trahi par les siens ; les deux ailes de son armée et
une partie du centre abandonnèrent le champ de bataille,
en sorte qu'il ne lui resta
que fort peu de monde. Il voulut
lancer lui-même une flèche, mais Qaser, homme grossier et
mal embouché plus encore que ne l'avait été Senba précé-
demment, lui dit : « Laisse-nous donc avec ta flèche, ô
prince des Croyants. Si tu étais avec ces gens-là tu serais
en fuite maintenant. »
Cela dit, Qaser poussa un cri, et, monté sur son cheval,
il fondit sur les infidèles. Comme l'un des fils d'un person-
nage lui disait à ce moment : « Prends garde aux immon-
1 il n'y a que celui
dices », Qaser lui répondit : « Aujourd'hui
qui ue connaît pas son père qui prendra de telles précau-
1. La traduction de ce dernier mot n'est pas absolument certaine.
HISTOIRE DU SOKOTO 331
tions. » Or il se trouvait que le fils en question était soup-
çonné être un bâtard.
L'armée à ce moment fondit sur les infidèles et, Dieu fai-
sant descendre sur elle la victoire, elle mit les infidèles
en déroute. Les musulmans qui avaient lâché pied revinrent
le lendemain de ce jour. Puis, après avoir séjourné en cet en-
droit pendant quelques jours, le prince des Croyants rentra
à Sokoto.
Parmi les aventures
qui se produisirent entre ce Qaser
et 'Ali-Bello on cite la suivante : Un jour, Qaser pénétra
dans l'intérieur de la maison de 'Ali-Bello. « O Qaser,
lui dit 'Ali, tu es donc un eunuque. » — « Si jamais un eu-
nuque n'avait pénétré dans cette maison, répliqua Qaser, tu
n'y serais toi-même jamais entré. » — « Tu es un maudit,
s'écria alors 'Ali. » — « Est-ce que tu en doutais par hasard? »
Qaser. — « Alors tu veux donc te faire tuer? s'écria
répliqua
'Ali. Va-t'en, car je veux te laisser tranquille comme l'ont
fait mes ancêtres. »
Au cours de la cinquième année, le prince se mit ne
marche sur le Ghober (*£) au milieu de l'automne. Il
campa sur le territoire du Zanfara et là il eut une altercation
avec Abou '1-Hasen à qui il dit : « Quiconque honore la barbe
de son père et n'honore point la mienne. Dieu gâtera son
sort. » — « Les barbes de nos ancêtres, répondit Abou
'1-Hasen, sont seules cause que nous connaissons les barbes
de ceux dont nous connaissons les barbes. » — « Je te
tords le cou, si tu ne te tais pas, » répliqua — ce Si,
'Atîq.
répliqua Abou '1-Hasen, tu touchais à ce cou 1, tes sujets ne
baisseraient plus la tête devant toi et installeraient ce cou
dans le palais du prince des Croyants. »
'Atîq continua sa marche vers le pays du Ghober et
1. Le mot traduit par « eou » s'emploie également pour dire « personne, in-
dividu ».
332 HISTOIRE DU SOKOTO
trouva que le sultan du Ghober et le sultan infidèle du Ka-
chena avaient bâti deux forteresses se faisant face de façon à
s'entr'aider mutuellement dans un combat contre le prince
des Croyants s'il venait à attaquer l'un d'eux. Quand il fut
arrivé sur le territoire de ces sultans, 'Atîq forma une co-
lonne sous le commandement de son fils Ahmed, de Dorbi
1 et de
le sultan du Kachena Mahmoud, sultan duZanfara;
il la dirigea contre le sultan du Kachena, l'infidèle Tar-Mofit,
et se porta en personne avec ses troupes contre Meyâgh, le
sultan du Ghober.
Dieu fît que les infidèles furent défaits, mis en fuite et
dispersés de tous côtés. La cavalerie les poursuivit dans
toutes les directions. Après cela, 'Atîq aurait voulu détruire
la forteresse, mais les soldats n'y consentirent point et refu-
sèrent de se battre, en sorte que la forteresse ne fut pas prise.
Durant les quelques jours qu'il séjourna en cet endroit il fit
diverses razzias sur le territoire du Ghober et sur celui du
Kachena; ce fut à ce moment qu'il tomba malade.
Au début de la maladie de 'Atîq, ainsi que je l'ai
su, car
j'étais présent lorsque son fils Ahmed racontait ce qui s'était
passé à 'Ali-Djeït, qui lui avait posé cette question : ce Dites-
moi donc comment votre père est tombé malade, comment
il est mort et pourquoi vous l'avez laissé en expédition alors
qu'il était malade sans le ramener dans sa maison? » Ahmed
répondit : « La maladie avait commencé avant son départ
pour l'expédition. jour Un
que je me présentai chez lui au
moment abattu
où il était par les vomissements : «J'ai quel-
à te demander, fis-je alors. » Levant
que chose la tête vers
moi, il me dit : « Que veux-tu? » — « Je voudrais, lui répli-
quai-je, que mes frères habitassent à Bokour ou dans tout
autre forteresse du pays du Zanfara et, quant à moi, je vou-
1. S'il n'y a pas d'erreur dans le texte il y avait donc à ce. moment deux
sultans du Kachena ; un musulman et un idolâtre qui se disputaient le pays.
HiSTOIRE DU SOKOTO 333
drais demeurer ici pour m'occuper à ta place des choses im-
et des affaires publiques. » — « Fem! fem! » me
portantes
» C'était ce
qu'il disait aux domestiques lors-
répondit-il.
avait fini de vomir en leur présence 1. Je m'en allai,
qu'il
vers lui et lui demandai ce mot.
puis revins ce que signifiait
« Il dit ensuite : Attends jusqu'à ce que je sois revenu de
cette expédition. Mais dès maintenant je te recommande
d'être bon pour tes deux mères 2. Sois encore meilleur pour
elles que tu ne l'as été jusqu'ici. »
Atîq partit après cela pour son expédition, étant déjà
malade sans que personne en sût rien jusqu'à ce que
Mo'allim-Tofa fit la chose suivante:(*•») Il faisait la lecture
en public du-Dhiyd-essoltdn 3. « Il convient, disait-il, qu'un
ait telles et telles qualités » et, en disant cela, il se
prince
4 et le — « Les choses, dit 'Ali-
tournait vers le sultan désignait.
Djeït à Ahmed, se sont passées conformément à ce qu'avait
annoncé le prince des Croyants Mohammed-Bello. N'avait-il
pas dit, un jour : Les braises que j'ai éteintes, quiconque les
l'allumera sera tué par leur fumée. »
Dans la nuit, où la maladie le visita, 'Atîq fit mander Aret5-
Sehseheb et les chefs de l'armée et quand ils furent là : ce Je
veux, leur dit-il, vous informer des devoirs de ce monde et
de la vie future. Cette année, je veux débarrasser les musul-
mans de la méchanceté du sultan du Ghober et de celui du
Kachena, en sorte que les musulmans n'aient plus doréna-
vant rien à craindre d'eux avant que n'arrive ce qui doit
i. La phrase est assez obscure pour qu'on ne puisse décider sûrement si
c'était le sultan ou ses domestiques qui prononçaient ces mots soudanais : fem!
fem !
2. Probablement : sa mère et sa nourrice, à moins que cette expression ne
soit métaphorique.
3. Le litre et le contenu de cel ouvrage rappellent le il_jUI Aj*, le « flambeau
des rois »,
4. Pour faire remarquer sans doute qu'il ne possédait point ces qualités.
5. Ce mot pourrait être un titre désignant le chef du clan de Sehseheb.
334 HISTOIRE DU SOKOTO
fatalement arriver 1. » Les assistants comprirent le sens de
ces paroles et fondirent en larmes. « Sortez, tous, s'écria-t-il
alors, vous êtes des gens de rien! » Tous sortirent aussitôt.
Les soldats de l'armée
partir voulaient
et s'éloigner de
2 de
cAtîq. Informé de cela, il donna l'ordre aux Djelaouïza
frapper tout individu qui partirait. Les Djelaouïza firent ce
qui leur avait été ordonné et se battirent avec les fils de
Ouoro à telqu'ils brisèrent
point le crâne de quelques-uns
de ses valets ; puis ils revinrent auprès du prince qui fut très
irrité de cela. Alors arriva Mo allim-Tofa tout en larmes :
« 0 'Atîq, lui dit-il, si nous abhorrons votre gouverne-
ment, c'est que vous nous montrez comme aujourd'hui votre
tyrannie. Vos esclaves ont frappé mes valets et ils ont
brisé mes vases. » Le prince pleura et dit : « Amenez-moi
de suite celui que vous voulez comme souverain et je serai
le premier à lui prêter serment de fidélité. » Mais on l'em-
pêcha d'en rien faire et alors il invoqua Dieu en disant que
s'il était le fils des reins 3 du cheikh 'Otsmân, Dieu ne le re-
pousserait pas plus que la famille de ce dernier.
Au moment du crépuscule, 'Atîq fut repris de vomisse-
ments et la maladie s'aggrava rapidement. Les chefs de
l'armée voulaient ramener les enfants de Mohammed-Bello
à Ouorno afin de trouver
un moyen d'élever au trône Ahmed-
'Atîq ou Ahmed-Er-Refâl. Ils donnaient pour prétexte qu'ils
ne voulaient pas se laisser devancer par les infidèles s'ils
emmenaient le prince des Croyants vers le Zanfara. Les
enfants de Bello refusèrent de partir, s'apercevant du but
de cettemanoeuvre, et un conflit faillit éclater. Mais le calme
se rétablit; on porta le prince à dos d'homme sur une
civière et il mourut en route. On l'enterra à Kâtour.
1. Par ces derniers mots il faisait allusion à sa mort.
2. Ce mot paraît être un pluriel du nom de certains fonctionnaires de la
cour du sultan.
3. Expression pour dire le propre fils.
HISTOIRE DU SOKOTO 335
Quand la maladie était devenue grave, 'Atîq avait appelé
son fils Ahmed et lui avait fait ses recommandations, en lui
disant : « Ne cherche pas à régner après moi, car si tu le
fais tu seras la cause d'une effusion
sang parmi de
les mu-
sulmans et cette effusion sera telle que le sang servira de
breuvage aux mouches. Maintenant je me trouve dégagé vis-
à-vis de toi dans ce monde et dans l'autre et je demande à
Dieu le très-haut qu'il ne te fasse pas voir mon visage au
jour de la Résurrection.
« Tu sais qui est chargé de payer les dettes que j'ai contrac-
tées pour acheter les chevaux (r «n) nécessaires à la guerre
sainte ainsi que les engins de guerre. Quant à mes dettes
personnelles, ce sera à toi de les acquitter de tes propres
deniers. Tu devras quitter Bokour et aller résider auprès de
l'imam 1, car, si tu t'éloignes de lui, les intrigants s'interpo-
seront entre lui et toi.
« Ne 2
réclame rien de ma succession aux mères qui sont
dans ma
maison, car je ne laisse rien comme succession,
pas même une aiguille. Ne leur fais rien dont tu puisses
rougir. Sois bon pour tes frères et pour tes soeurs. Applique-
toi à l'enseignement des enfants et marie-les dès qu'ils auront
l'âge de puberté. Donne tout ce que tu as par-devers toi,
chevaux et argent, à celui qui me succédera au trône. »
'Atîq (Dieu lui fasse miséricorde!) était vertueux; il ai-
mait les honnêtes gens et était bon pour eux. Il haïssait les
méchants, se tenait sur ses gardes à leur égard et ne se ser-
vait jamais d'aucun d'eux. En aucune occasion je n'ai vu ou
entendu dire qu'il eût accepté les services d'un seul malhon-
nête homme. Il était très timide, ne fixant jamais son regard
1. L'imam dont il s'agit ici est le souverain.
2. Par ce mot « mères » il faut entendre toutes les femmes légitimes ou
concubines dont le prince avait eu des enfants et qui, à ce titre, étaient ses
héritières.
336 HISTOIRE DU SOKOTO
sur le visage de quelqu'un par timidité. Il donnait comme
quelqu'un qui ne craint pas la pauvreté ; sa générosité attei-
gnait les plus hauts degrés ainsi que sa magnanimité et sa
bravoure. C'était au point que son frère lui disait : « Bello
était le plus généreux des
fils du cheikh ; 'Atîq était plus
élevé 1 de sa personne. »
Voici le portrait de cAtîq (Dieu lui fasse miséricorde!).
Rouge, petit de taille, la tète penchée, —il ne la relevait
— ne son sabre,
jamais que fort peu quittant jamais sa
lance et son arc. Jamais on ne le voyait autrement que te-
nant à la main deux de ces objets sur les trois et cela, même
à l'intérieur de sa maison.
Parmi les pressentiments de 'Atîq, on raconte que, au
moment où il allait partir pour l'expédition durant laquelle
il mourut, Mo'allim-Mân pour vint
prendre congé de lui.
Mo'allim-Mân était né la même année que 'Àtiq. « Je vous
fais mes adieux pour l'éternité, dit Mo'allim-Mân, car vous
ne me retrouverez plus vivant. » — « Vous me montrez mon
destin, répondit 'Atîq, car moi aussi je ne reviendrai pas et à
plus forte raison ne pourrai-je vous revoir. » 'Atîq mourut
le mardi dans la nuit, et Mân mourut dans la matinée du
jeudi.
Sous le règne de 'Atiq moururent les personnages sui-
vants : Botefel ; sa soeur germaine Fatim-Inna, femme du
général en chef de l'armée ; Mohammed-Fâti-Kabenko,
savant remarquable ; El-Bokhâri, fils du cheikh 'Otsmân ;
l'imam de la mosquée de Ouorno ; l'imam de la mosquée de
Bello à Sokoto ; Moudi-El-Aïm, frère germain du ministre
et le sultan du Zanfara.
Sous son règne également, le ministre Ghidâdo fut atteint
d'aliénation mentale ; il faisait des choses de toute sorte et
1. Ou : « avait des sentiments plus élevés ». Allusion au zèle religieux de
'Atîq.
HISTOIRE DU SOKOÎO 337
des actes extravagants. Ce fut au point qu'il engagea le
prince des Croyants Aiîq à tuer un des enfants de Bello et
à laisser la vie à l'autre en lui disant : « Si tu ne fais pas
cela, ton empire s'effondrera. » 'Atîq ne suivit pas ce con-
seil.
Histoire du prince des Croyants 'Ali, fils du
prince des Croyants Mohammed-Bello.
Aussitôt que la triste nouvelle de la mort du prince (v»v)
des Croyants, 'Atîq, arriva à Sokoto, le général en chef
convoqua les principaux personnages pour tenir conseil. Le
cadi El-Hâdj se prononça en faveur de 'Aïssa, tandis que
l'imam de la mosquée indiquait Ahmed-Er-Refâ'i. On se sé-
para sans avoir rien décidé. Ceci se passait avant l'arrivée
des troupes, car une partie des troupes avait prêté serment
de fidélité à Ahmed-Er-Refâ'i sur l'invitation de Moaddeb-
AlietdeMo'allim-Tofa.
On demanda avec
insistance à Abou'l-Hasen de recevoir
4
le serment de fidélité ; mais il s'excusa en disant qu'il
avait encore son père. On sollicita également 'Abdelqâder,
fils du vizir, pour qu'il reçût serment de fidélité ; il fit valoir
la même excuse qu'avait donnée Abou'l-Hasen. En réalité,
tous deux étaient secrètement partisans de cAli-Bello.
Quand Abou '1-Hasen fut retourné auprès de son père,
celui-ci ainsi que ses frères lui demandèrent des nouvelles
de ce qui s'était passé et s'aperçurent qu'il était favorable à
'Ahmed-Er-Refâ'i. « Si tu es favorable à Ahmed-Er-Refâ'i,
lui dit alors 'Omar, demande-lui pour nous ce que nous au-
1. Ce passage est peu clair. On pourrait, à la rigueur, comprendre que
Abou'l-Hasen et 'Abdelqâder furent sollicités de prêter serment à Ahmed-Er-
Refâ'i, mais alors l'excuse proposée n'aurait aucun sens,
hies des pachas du Soudan.) 22
338 HISTOIRE DU SOKOTO
rions à lui demander nous-mêmes, car les fils de Ouoroua,
ses oncles maternels, nous enlèveront tout ce que nous pos-
sédons. »
Le général en chef de l'armée alla ensuite trouver les
chefs pour tenir conseil avec eux.
Mohammed-Mouïidj vou-
lait y prendre part, mais le général en chef le lui interdit.
On tint donc conseil. L'imam de la mosquée prit la parole
en ces termes : « Quiconque ne
penche pas en faveur de
'Ahmed-Er-Refâ'i est le jouet du démon. » Le général en chef
s'étant levé ensuite, on voulut l'obliger à se rasseoir, mais il
refusa et dit : « La déclaration de l'imam de la mosquée
nous suffit. »
Cela fait, il rentra chez lui, assembla ses enfants et leur
dit : « Indiquez-moi qui vous préférez. » Les enfants lui
ayant répondu que c'était
'Ali-Bello, il envoya aussitôt
l'ordre à 'Ali et à Ghidâdo, qui tous deux étaient à Ouorno,
de venir au conseil le mercredi, et cela parce qu'il supposait
que Khelîl-ben-'Abdallah arriverait le jeudi. Or tous deux ar-
rivèrent le mercredi. Aussitôt que Khelîl fut arrivé, Ghidâdo
alla à sa rencontre et lui dit : « Gardez-vous de briser le bâton
des musulmans 1; nous sommes tous d'accord pour choisir
'Ali-ben-Bello. » cAli avait placé auprès de Ghidâdo un es-
pion du nom de El-Amin et cet espion, après avoir entendu
ces paroles, revint trouver Ali et lui rapporta ce qu'il
venait d'entendre.
Khelîl, en arrivant, s'était rendu à la mosquée et y avait
2 à l'imam
prié deux reka a, puis il demanda de la mosquée
un entretien particulier; celui-ci lui répondit qu'en ce mo-
ment cela lui était impossible. Quand la prière du dohor
fut terminée, le vizir se leva pour faire la khotba. Alors
1. Locution qui signifie : « briser la puissance des musulmans ».
2. Si l'on s'en tient au texte, c'est l'imam qui demanda un entretien particu-
lier. Mais je suppose qu'au lieu de <t!L il faut lire : JU-
340 HISTOIRE DU SOKOTO
avait refusé de le laisser disposer du trésor public, ainsi
qu'il le faisait habituellement.
Il s'entendit donc avec Ahmed-'Atîq, Aret-Sehseheb,
Moaddeb-cÂl, Mo'allim-Tofa et une foule d'autres personnes ;
puis il se rendit auprès du général en chef de l'armée et lui
dit : « Nous allons déposer ce jeune homme, car c'est un
perturbateur. » — « J'entends, répliqua le général ; mais
attendez que j'examine la question. » Puis le général manda
au vizir de ne plus venir le trouver, et ajouta que, s'il avait
quelque affaire à lui
exposer, il lui en fit part par message.
Moaddeb-Â.1 vint à son tour répéter ce qu'avait dit le
vizir. « Tu n'es pas comme les autres, lui répondit le gé-
1 et
néral, car toi tu es un de ceux qui ont connu le cheikh
sa science ; tu sais comment toute cette affaire a commencé.
Par Dieu, si vous ne renoncez pas à vos projets je remplirai
certainement ce château d'hommes aux oreilles sanglantes
et toi tu seras le premier à périr. » Le général envoya
alors son fils Ahmed-Zerrouq auprès d''Ali-Bello lui man-
dant de se rendre à Sokoto en toute hâte. °Ali-Bello étant
accouru, tout le monde se calma. Il révoqua le vizir et mit
à sa place son fils 'Abdelqâder.
Quand 'Ali-Bello avait été couronné, Ahmed, le fils de
Hammedi, dont 'Ali-Bello avaitépousé la femme qu'il avait
ensuite vint le trouver et lui dit : 0 prince des
répudiée,
Croyants, vous savez maintenant que cette femme est ma
mère et vous l'avez répudiée! Et il voulut, en vain, le faire
revenir sur cette répudiation 2.
3 demanda à être autorisé à écrire aux
Ahmed ensuite
i. Le cheikh 'Otsmân, le fondateur de la dynastie.
2. Il manque quelque chose à celte phrase dans le texte qui dit simplement:
« Et il le lui refusa ». La traduction donnée est donc conjecturale.
3. Le sujet de cette phrase est un pronom. Je pense que ce pronom se rap-
porte à Ahmed, fils de Hammedi, mais il se pourrait qu'il y eût une lacune
dans le ms.
HISTOIRE DU SOKOTO 341
qui étaient sous son autorité du temps de Mo-
populations
hammed-Bello et qui lui avaient été enlevées par 'Atîq, celui-
ci les ayant placées sous l'autorité de Moaddeb-'Âl. « C'est
vrai, répondit le prince, que Moaddeb-'Al a été autorisé à
cela. Maisje vous refuse, car moi, qui suis le fils de Bello, je
dois suivre la même voie que lui. »
Chacun des chefs écrivit aux populations qu'il adminis-
trait pour les faire venir prêter serment de fidélité. Tous les
contrées ne devaient, en effet,
gens des diverses se présenter
chez le prince des Croyants qu'avec celui qui était leur intro-
1 avait
ducteur. Chaque sultan quelqu'un qui l'introduisait.
Durant (XM) cette année, le prince expulsa Mohammed-
Moud de sa maison et y établit ses
; il agit ainsi esclaves
parce que Mohammed intimeétait l'ami
de 'Atîq. Mohammed-
Moud se rendit à Ghandi et alla loger avec Ibrahîm-ben-
Bello, car le père de ce dernier lui avait donné la ville de
Ghandi avec ses revenus. Ibrahim eut une querelle avec les
esclaves du trésor public que son père avait logés avec lui. Il
vint 'Ali et se plaignit
trouver des esclaves, mais sa plainte ne
fut pas accueillie et il s'en retourna déçu, en disant : « Je ne
retournerai jamais à Ouorno tant que 'Aline sera pas mort. »
Ibrahim mourut
peu de jours après. Au moment de ses funé-
railles Mohammed-Moud exprima le voeu de ne pas lui sur-
vivre. En effet Ibrahim était mort un lundi et, le lundi sui-
vant, Mohammed-Moud mourait également.
Ce fut cette année-là que Meyâgh, le sultan du Ghober, se
porta sur les frontières du pays du Zanfara. Le prince des
Croyants, à la tête de ses
troupes, se porta de à la son côté
rencontre de Meyâgh. Mais, dès que ce dernier eut connais-
sance de ce mouvement, il 'prit la fuite, abandonnant ses
ustensiles et ses tapis 2. Le prince des Croyants arriva alors,
1. Le mot de sultan s'applique ici à tous les chefs ou gouverneurs de districts.
Z. Par tapis il faut entendre ce qui servait de trône au sultan du Ghober.
342 HISTOIRE DU SOKOTO
et s'assit sur les
tapis de Meyâgh ; puis l'armée poursuivit
les troupes débandées du sultan ; elle s'empara d'une partie
de ses chevaux, tua quelques hommes et revint ensuite.
La seconde année de son règne, le prince fît une expédi-
tion contre le sultan du Ghober; il atteignit Zanfara et y
rencontra les troupes du Kano, du Kachena et du Bouchi.
Les populations de ces contrées l'informèrent qu'il trouverait
peu d'eau sur sa route. Le prince révoqua Dorbi, le sultan
du Kachena, et mit à sa place son frère Mohammed-Bello ; il
s'empara des biens de Dorbi qui s'enfuit dans le Ghober ;
puis le prince revint sur ses pas. Dès que le sultan du Ghober
eut appris que le prince retournait en arrière, il prit le che-
min du Sahara, tomba sur les villages de Abdalo, y commit
les plus grands ravages et étendit ses incursions depuis là
jusqu'à Ghober.
Pendant la troisième année du règne du prince, le sultan
de Ghober tomba sur les villages de Sâlâm et ceux qui l'a-
voisinaient et les dévasta complètement. Il prit les livres de
'Abdelqâder-ben-Tofâ et ses concubines, pendant que ce der-
nier était à Sokoto. De tous côtés les populations se portèrent
vers lui 1. Or, à ce moment, pendant que Abou '1-Hasen, qui
se trouvait à Ouorno, reprochait aux gens de Ouorno d'être
avec le prince des Croyants, les infidèles faisaient des incur-
sions de tous côtés. Il se mit alors en marche avec les gens
de Ouorno ;
mais, quand les deux troupes furent en pré
sence, les gens de Ouorno prirent la fuite, abandonnant traî-
treusement Abou '1-Hasen afin qu'il fût blâmé à son tour
comme il les avait blâmés eux-mêmes. Il n'avait avec lui
personne des siens, car il était venu seulement pour faire
visite au prince des Croyants.
l.'On ne dit pas nettement si c'était en faveur du prince ou contre lui. La
préposition semble bien indiquer le premier sens, mais il arrive souvent à
l'auteur de ne pas employer les prépositions que l'usage impose.
"
HISTOIRE DU SOKOTO 343
Au cours de la quatrième année du prince, (v S • ) Ahmed-
'Atîq se rendit à Ghoumez, résidence royale de son frère
'Omar, mais celui-ci refusa de le laisser entrer dans le châ-
teau. Alors Ahmed laissa ses troupes en face du château et
employa un stratagème. Il se déguisa en Maure et pénétra
par une autre porte que celle où se trouvaient les troupes,
ayant avec lui son héraut 1. Arrivé à la mosquée, il fit annon-
cer son nom. 'Omar laissa aussitôt ce qu'il était en train de
faire et vint le trouver.
Les troupes de Ahmed entrèrent dans le château. Ahmed
déposa 'Omar et mit à sa place son frère Senba qui ne le rem-
plaça pas et qui d'ailleurs n'était ni un homme équitable, ni
une personne avisée. Aussi le sultan de Telât trouva-t-il moyen
de,le tromper. Il lui fit mander de lui envoyer un renfort de
troupes, de choisir les plus braves de ses guerriers, les plus
intelligents et les plus habiles. Senba envoya les troupes
qu'on lui avait demandées. Mais le sultan de Telât avait fait
dire au sultan de Ghober de venir. Celui-ci arriva avec une
armée considérable, composée de Maures et d'autres, puis,
en passant près du château du sultan de Telât, il se fit don-
ner des haches et marcha ensuite sur Ghoumez 2 où il livra
un terrible combat à la suite
duquel il détruisit ce château.
Dès que le sultan de Telât eut appris que le château de
Ghoumez avait été détruit, il réunit toutes les troupes de
Senba qu'il avait avec lui et leur dit : « J'ai appris que le
sultan de Ghober a détruit votre château, rentrez chez vous. »
Ils rentrèrent chez eux et trouvèrent les choses telles que le
sultan les leur avait dites. Ils partirent ensuite pour Bokour.
Le nombre des tuées et des descendants de Fou- -
personnes
diya qui furent pris était de trente.
1. Le mot veut dire : « celui qui souffle >\ Il se pourrait que ce personnage
fût porteur d'un instrument de musique.
2. Le texte porte : « Ghober », ce qui est une erreur du copiste.
344 HISTOIRE DU SOKOTO
Lorsque reçut
Ahmed-'Atîg la nouvelle que le sultan de
Telât avait trahi son
frère Senba, il se présenta chez le
prince des Croyants et lui fit le récit de ce qui s'était passé
en disant : « Le sultan de Telât a trahi, faites frapper le tam-
bour. » On battit le tambour et Ahmed-'Atîq se mit en route
cette même nuit.
prince Le
des Croyants rassembla des
troupes et mit à leur tête Inna-Bard et Sed en leur enjoi-
gnant de se rendre à Bokour ou à Qandi 1 et s'ils trouvaient
qu'aucun dégât n'y avait été commis, de lui envoyer un mes
sager afin qu'il leur envoyât du renfort.
Au lieu d'agir ainsi, les officiers se rendirent à Ghour qui
était une petite forteresse. Ils y furent surpris par le sultan
du Ghober qui leur livra un combat acharné dans le
lequel
général en chef, Aret-Sehseheb et les principaux personnages
de l'armée furent tués. L'armée musulmane, mise en dé-
route, se dispersa honteusement de tous les côtés. Les gens
du Zanfara, ceux de Dzaumi et les populations de toutes ces
régions abjurèrent l'islamisme.
Ahmed-'Atîq n'était pas parti avec les troupes mises en
déroute. Il était seulement entré (Y\N) à Ghour qui était
près de la forteresse, au moment de la défaite, sans que le
sultan du Ghober en eût connaissance. Les gens de Ghour
avaient voulu le trahir, mais il quitta leur ville et se rendit à
Bokour où il enjoignit à la population d'émigrer, en sorte
que tout le pays fut désert jusqu'aux environs de Sokoto, ce
qui était une véritable calamité.
Pendant la cinquième année du règne du prince, le vizir
'Abdelqâder adressa des lettres au Bornou à El-Bokhâri-ben-
Senba-Daqmes, sultan deTeïdji, et à 'Abderrahman, sultan
de Ketâqom, à cause des plaintes nombreuses de leurs sujets.
1'. C'est vraisemblablement le même nom qui est écrit plus baut Ghandi. Là
confusion du j et du est c fréquente dans la prononciation et dans l'orthographe
des Soudanais.
HISTOIRE DU SOKOTO 345
D'ordinaire le vizir descendait à Teïdji ; cette fois il descen-
dit à Ketâqom. Il envoya à El-Bokhâri l'ordre de venir le
trouver; mais celui-ci refusa.
Après un échange de mes-
sages, El-Bokhâri vint enfin avec ses troupes. Le vizir lui
enjoignit d'entrer dans la ville, il refusa en disant : Sors,
toi. Le vizir ayant refusé à son tour, El-Bokhâri demeura
hors de la ville avec ses troupes jusqu'au soir, puis il partit.
A peine était-il parti qu'on cria derrière lui : El-Bokhâri a
apostasie. On le poursuivit, et on tua ceuxqui restaient en
arrière. Il fit alors volte-face et mit en fuite les assaillants
qui furent contraints de rentrer dans la forteresse.
El-Bokhâri se remit en marche. Il rassembla ses gens et
leur dit : « Vous venez de voir comment le vizir s'est con-
duit à mon égard ; il veut me brouiller avec le prince des
Croyants. Comme je crains pour ma personne, je vais fuir
seul. Quant à ceux d'entre vous qui aiment le prince des
Croyants, qu'ils demeurent ici. » El-Bokhâri partit avec ses
esclaves et ses pages. Il avait acheté toute la succession de
son père avec des armes \
Le vizir retourna ensuite à Kano. Il y arriva au moment
de la mort de Dabo, sultan de Ken ; il lui donna pour succes-
seur son fils 'Otsmân 2 était fort gros
qui et ne sortait que
rarement et qui confia le pouvoir à des gens qui n'en étaient
pas dignes. C'est à cause de cela que El-Bokhâri trouva le
moyen de détruire Ken ; le détail de ces événements serait
long à raconter.
El-Bokhâri envoya ensuite au vizir cinq chevaux, des
tuniques et des burnous. Le vizir n'accepta pas ce cadeau
en disant : « Si tu ne viens pas me trouver comme l'a or-
1. La traduction est aussi vague que le texte qui peut donner les deux sens :
« moyennant des armes données en paiement » ou « ainsi que les armes pro-
venant de la succession ».
2. Ici encore l'auteur ne s'est pas exprimé clairement. 'Otsmân était le fils de
Dabo, mais le texte permettrait de croire qu'il était le fils du vizir.
346 HISTOIRE DU SOKOÏO
donné le prince des Croyants, je n'accepterai rien de toi. »
Tout ceci provenait de l'amour que le vizir avait pour l'ar-
gent, car les gens de Kano lui avaient donné un pot-de-vin
pour qu'il guerroyât contre El-Bokhâri. Le vizir revint en-
suite à Ouorno avec la succession du sultan de Kano qui for-
mait une fortune très considérable.
Au cours de la sixième année de son règne, le prince
envoya Ahmed, fils du vizir, avec le sultan de Ketâqom, le
sultan du Bornou, les gens du sultan du Kano à la tête d'une
armée considérable pour combattre El-Bokhâri. Ils fon-
dirent sur lui et le mirent en déroute. El-Bokhâri envoya
ensuite l'ordre à Abb-'Omar de venir le renforcer avec ses
troupes, et tous
les gens de la région s'unirent à lui pour at-
taquer les musulmans. Enfin il se retira et rentra à Teïdji,
résidence (Y\r) royale de son père.
Pendant la septième année de son règne, le prince en-
voya le vizir avec des troupes composées des gens
So- du
koto et du Zanfara, du sultan du Zekzek et des gens du Kano
contre El-Bokhâri ; elles l'attaquèrent à Teïdji, mais furent
mises en déroute. Hasen-ben-Debbo, le fils et la fille de Ech-
Cheikh, dix-sept des enfants des sultans de Kano, le fils du
sultan du Zekzek et trois propres fils du sultan du Kano fu-
rent tués dans cette affaire. El-Bokhâri prit mille chevaux
aux musulmans. Le détail de tout cela serait long à ra-
conter.
La cause de tous ces événements était l'iniquité du vizir
et son amour de l'argent. Le père de El-Bokhâri lui avait
recommandé de ne point donner ce sultanat à son fils El-
Bokhâri, mais au fils de son frère germain qui convenait
mieux à ces fonctions que El-Bokhâri et qui était plus ver-
tueux, El-Bokhâri étant un homme corrompu. Le vizir
n'avait tenu aucun compte de cette recommandation, parce
El-Bokhâri lui des cadeaux précieux et des
que envoyait
HISTOIRE DU SOKOTO 347
armes superbes. C'est à cause de cela qu'il l'avait nommé
et que El-Bokhâri devint ce qu'il devint. Le vizir, qui me
faisait souvent des confidences, me disait: ce Tout ceci, c'est
moi qui en suis la cause et l'on peut m'appliquer avec vérité
ces paroles du Coran : « Il se peut que vous abhorriez une
« chose 1, etc. »
Pendant la huitième année du règne du prince, les habi-
tants de Kabi apostasièrent et attaquèrent Ahmed-Er-Refà'i
près de Seilàm qu'ils saccagèrent. Ahmed-Er-Refâ'i rassem-
bla sa famille dans une maison et dit : « Je vous confie à la
garde de Dieu, à celle du cheikh 'Abdelqâder et à celle du
cheikh 'Otsmân-Foudiya. » Aussi, grâce à Dieu et à la pro-
tection de ces deux saints, aucun des membres de sa famille
ne fut pris, tandis qu'on égorgea nombre d'ulémas dans la
mosquée, entre autres : 'Ali-Bedjâghil, grand savant et prédi-
cateur, et Djelâl-ed-Dîn, fils du saint 'Abderrahman-El-
Kabaouï, maître en exégèse coranique.
Ahmed-Er-Refâ'i combattit ce jour-là avec un vif achar-
nement et ses oncles maternels les fils de Ouoroua se por-
tèrent à son secours ; mais arrivés au Fleuve, ils s'arrêtèrent.
Alors Mohammed-Ouoroua s'avança vers eux et leur dit :
« Comment? vous voyez la fumée s'élever de la maison du
cheikh et vous restez là immobiles. Vous allez voir au-
jourd'hui que nous sommes bien les fils de Ouoroua. » Il
entra alors dans le Fleuve et les autres le suivirent ; ils attei-
gnirent l'armée, lui tuèrent cinq cents hommes et lui repri-
rent les prisonniers qu'elle avait entre les mains, en sorte
qu'il ne lui en resta plus qu'un petit nombre.
La ville de Seïlâm avait été donnée par Bello à son fils
Mohammed-Moud ; puis 'Atîq la lui avait enlevée pour la
donnera Ahmed-Er-Refà'ià cause des infractions qu'avaient
commises à son
égard les fils de Bello. Dans cette journée
1. Sourate n, verset 213.
348 HISTOIRE DU SOKOTO
les gens de Kabi tuèrent la mère de Mohammed-Moud, fille
du sultan du Ghober.
Dix jours après cette bataille (*\v), le prince marcha
contre Kabi à la tête des habitants de Sokoto seulement.
Dès que les gens de Kabi connurent sa marche contre eux,
ils rassemblèrent de nombreuses troupes près de Mîr. Le
prince les attaqua en cet endroit dans la soirée du jeudi et
un petit engagement eut lieu. Tandis que leprince des
Croyants était assis, 'Abdelqâder-Tandjagho vint vers lui et
lui dit : « Si tu ne te lèves pas de suite, tu ne passeras pas
la nuit ici. » — « Tu mens, lui répondit le prince, je passe-
rai la nuit ici, et demain, s'il plaît à Dieu, je détruirai Mîr et
Aough. »
Le lendemain matin, le prince fit les préparatifs du com-
bat. 11 plaça le drapeau de Konni d'un côté, celui de Oulerb
d'un autre côté, celui de Sehseheh d'un troisième côté et
donna son
drapeau à Ahmed-'Atîq, restant lui avec ses es-
claves et les palefreniers. Le combat s'engagea et Dieu fit
descendre sur eux la victoire. Les infidèles, mis en déroute,
furent poursuivis par la cavalerie jusqu'à Aough, mais ils
empêchèrent l'ennemi d'entrer dans la forteresse. L'infante-
rie rejoignit le prince des Croyants et, accompagnée de lui,
elle s'empara du château de Mîr que l'on démolit avant le
retour de la cavalerie.
Le prince vint camper à Mir. La population de Aough,
ayant émigré, fut poursuivie par la cavalerie- qui fit parmi
elle un grand nombre de prisonniers. Ce château de Aough
avait été bâti par le prince des Croyants, l'askia El-Hâdj-
Mohammed ; c'était la résidence de ses bergers, à ce que
l'on assure. Au moment de la construction de ce château
l'askia choisit
cinq cents lecteurs du Coran qui récitèrent la
sourate Ya-sini sur tout le pourtour des remparts. De son
1. La sourate xxxiv du Coran.
HISTOIRE DU SOKOTO 349
1 avait
temps le cheikh dirigé cinquante et une expéditions
contre ce château sans réussir à s'en emparer. Il fit un traité
avec lesgens de Aough qui causèrent également de grands
dommages aux troupes de Bello. Le récit détaillé de ces
faits serait long.
Pendant la dixième année du règne du prince, le sultan
duGhober, celui
du Kachena,Tan-Mo'ît, ainsi que les Maures
attaquèrent un des châteaux du Zanfara et renouvelèrent
l'attaque huit fois sans réussir à s'en emparer. Alors ils
campèrent près de cette localité et firent des incursions
chaque jour, pensant que le prince des Croyants ne pourrait
arriver jusqu'à eux à cause du peu d'eau qu'on trouvait sur
la route. Néanmoins ils faisaient des reconnaissances pour
savoir ce qui se passait.
Le prince se mit en route, mais soixante musulmans pé-
rirent de soif; alors il manda aux châteaux du Zanfara d'ap-
porter de l'eau à ses troupes. Dès que le sultan du Ghober
connut la marche du prince, il convoqua le sultan du Ka-
chena et lui fit part de la nouvelle. Ils décidèrent du battre
en retraite tous les deux. Le sultan du Ghober envoya aux
gens de Katan-Kendo un messager qui leur dit en son nom :
« Je veux faire une expédition contre des châteaux (v\i)
éloignés, afin d'aller chercher des
approvisionnements de
bouche pour nos troupes. Je voudrais laisser une partie de
mes troupes parmi vous. »
Cette proposition ayant été agréée, les troupes de Katan-
Kendo s'installèrent dans leurs forteresses, eux et les troupes
du Ghober entourant l'eau de tous côtés, afin de la garder.
Mais, le prince des Croyants, les ayant surpris à l'impro-
viste, les dispersa de la façon la plus honteuse. Les gens de
Katan-Kendo retournèrent sur leurs pas afin de rentrer dans
1. Il s'agit ici du cheikh 'Otsmân, le fondateur de la dynastie dont il est
question dans ce fragment historique.
350 HISTOIRE DU SOKOTO
leurs forteresses ; ils furent alors poursuivis par les musul-
sans qui pénétrèrent eu même temps qu'eux dans leurs châ-
teaux et c'est ainsi que furent pris tous les châteaux de
Katan-Kendo qui étaient au nombre de quatre-vingt-dix-
neuf. Ils étaient situés vers les sommets des montagnes et
depuis seize cents ans personne ne les avait conquis, à ce
que l'on prétend.
Au retour de cette expédition le sultan du Ghober attaqua
Toghal, localité où se trouvait Nânna-ben-Foudiya ; il la
saccagea et y prit les deux fils du prince des Croyants qu'il
emmena avec lui à Ghober et qu'il rendit ensuite au prince.
Dans cette affaire également, on tua le gendre du prince
qui avait épousé sa fille Maryem. Ce fut aussi cette même
année que les Maures chassèrent 'Abdelqâder, sultan d'Ad-
zeb, et prirent pour chef son cousin paternel Ahmed.
Comme Abdelqâder s'était plaint au prince des Croyants,
celui-ci manda les Maures et, quand ils furent en sa pré-
sence, il annula ce qu'ils avaient fait et rendit le pouvoir à
'Abdelqâder en leur enjoignant de lui obéir; il les renvoya
ensuite dans leur pays.
Cette année
encore, les gens du Zanfara attaquèrent Ghandi
où se trouvaient les esclaves du trésor public 1. Les esclaves
mirent en fuite les assaillants, leur tuèrent cent hommes
et, les ayant repoussés dans le Fleuve, ils en.firent prisonniers
quatre-vingts; de ces prisonniers ils en envoyèrent quarante
au prince des Croyants.
Dans cette année, ou dans la onzième du règne du prince,
on apprit que Dorbi, le sultan du Kachena, qui avait apos-
tasie, était venu au Kachena avec les troupes des infidèles de
ce pays et qu'ils s'étaient emparés de tout ce que les musul-
mans possédaient dans les villages du Kachena. Le prince
1. Les esclaves appartenant au domaine public; c'était ceux qui avaient fait
partie du quint du butin, quint qui revenait à l'État.
HISTOIRE DU SOKOTO 351
se rendit au Kachena et s'y installa dans la demeure royale.
Dès qu'ils connurent son arrivée, les gens du Kachena lui
firent dire qu'ils n'avaient pas apostasie, qu'ils avaient sim-
plement chassé son fils de leur pays et que si on leur accor-
dait l'aman ils le lui amèneraient. Le prince leur ayant ac-
cordé l'aman, ils lui amenèrent son fils qu'il emmena avec
lui à Ouornoet auquel il donna des sommes considérables.
« Je ne te donne pas le sultanat du Kachena, lui dit-il, mais
je te donnerai de quoi te suffire. » Il lui donna en effet le
territoire de Râb, un certain nombre de chevaux et de plus
une maison à Ouorno.
Lors de son retour de cette expédition, le prince fit mettre
une porte de fer à l'entrée du grand vestibule et une porte
de cuivre blanc 1 au vestibule
par lequelintérieur il entrait
chez lui. Il fit cela en imitation de ce qu'il avait vu aux portes
des vestibules du Kachena qui étaient ainsi.
Durant ces années, le prince reçut la visite du chérif El-
Habîb qui vint de Tombouctou et qui(r s •) jouait dans cette
ville un rôle analogue à celui que joue El-Bekkaï chez nous.
« 0 prince, dit le chérif, je ne mentirai pas comme le font
les gens vis-à-vis de toi. Je ne suis pas venu ici faire un pèle-
rinage au tombeau du cheikh 'Otsmân, ni à celui de Moham-
med-Bello à cause de leur sainteté. Je ne suis
pas venu
davantage pour te faire une simple visite. Je ne suis qu'un
chérif et viens uniquement te demander de l'argent. » —
« J'ai lui répondit le prince,
pour toi, plus d'affection que je
n'en ai pour tous ceux qui sont venus me demander quelque
chose. » Et il lui fit donner cinq chevaux à prendre sur la
succession de 'Abdelkerîm, sultan du Zekzek, deux cents es-
claves à prendre dans l'Adamaoua et aussi des provisions de
bouche.
1. Sans doute du cuivre jaune par opposition au cuivre rouge.
352 HISTOIRE DU SOKOTÛ
Il lui remit ensuite une lettre destinée à Hammedi, le
sultan du Zekzek. Celui-ci, sans se préoccuper de la lettre,
lui avait donné dix chevaux, puis, examinant cette lettre, il
vit qu'il ne s'agissait que de cinq. Il envoya alors
quelqu'un
sur les traces de chérif pour lui réclamer les cinq chevaux
donnés en trop. Quand ce messager l'eut rejoint, le chérif lui
dit : « Je n'ai accepté tous ces chevaux que comme valant
cinq chevaux de prix. » Comme le messager refusait de lui
laisser les cinq chevaux d'excédent, le chérif lui dit : « Si
tu me laisses pas j'ôte mon turban et mon bonnet 1. » —
« Tu enlèverais même tonpantalon, répliqua le messager crac
je ne te lâcherais pas. » Il lui enleva donc tout ce qu'il venait
de dire et s'en retourna avec les cinq chevaux; mais quand
il arriva il trouva que le sultan Hammedi était mort 2.
Le chérif continua sa route vers l'Adamaoua pour y prendre
les esclaves; arrivé chez le sultan de TAdamaoua, celui-ci
lui donna les esclaves qu'on lui avait enjoint de remettre et
en ajouta cinquante comme don personnel. Le chérif emmena
les esclaves à Kano où ïl en échangea quelques-uns contre
les choses dont il avait besoin, puis il se rendit chez Abb-
'Omar où il troqua le reste contre des chevaux.
Ensuite il insinua à Abb-'Omar de piller Kano. Abb-
'Omar lui fit don de un million de cauris à prendre à Kano.
Le chérif se rendit alors à Kano, prétendant qu'il voulait y
faire du commerce, puis il ourdit des machinations avec
certaines personnes; mais le sultan de Kano s'aperçut de
ses intrigues un jour qu'il faisait une promenade avec lui hors
du château. Il interdit alors au chérif d'y rentrer et celui-ci
alla informer de cela le prince des Croyants qui d'ailleurs
avait entendu parler de tous ces événements.
1. C'est une honte pour un musulman et en particulier pour un chérif que
de se montrer tête nue en public.
2. Cette mort était un châtiment providentiel. Hammedi était puni par le
Ciel de la façon dont il avait agi à l'égard d'un chérif.
HISTOIRE DU SOKOTO 353
Le prince manda ensuite au sultan de Kano de lui apporter
tout et de n'en rien garder,
l'argent pas même une parcelle.
Le sultan apporta cet argent au prince qui le remit en entier
au chérif \ « 0 prince des Croyants, lui dit le chéri f, laisse-
moi retourner à Kano. » — « Habite partout où tu voudras
dans nos États, répondit le prince, sauf toutefois à Kano. »
Le chérif se rendit alors à Adar à 2 où il
puis Djinder laissa
sa famille; enfiu de là il se rendit chez Abb-cOmar.
Ce fut sur ces entrefaites qu'un conflit éclata entre Abb-
'Omar et son frère 'Abderrahman. Ce dernier s'enfuit à Me-
nagha (v\ n) et se réfugia dans la forteresse de cette localité.
Abb-'Omar, à la tête de 8.000 cavaliers et d'un grand nom-
bre de fantassins, se mit à sa poursuite et vint camper en
dehors de la forteresse, puis il envoya douze de ses pages pour
en faire sortir son frère. Le récit complet de tous les détails
serait fort long.
Les habitants de Bornou trahirent Abb-'Omar et prêtèrent
en secret serment de fidélité à son frère 'Abderrahman. Alors
Abderrahman sortit de la forteresse et quand les deux
armées furent en présence, El-Hâdj-Bechîr envoya son page
donner l'ordre à ceux de 'Abderrahman de ne point fouler
le sultan 3 sous les sabots de leurs chevaux.
Le page envoyé
fut tué et El-Hâdj, qui vit cela, crut à une trahison qu'il
redoutait, sachant bien quels étaient les sentiments intimes
de 'Abderrahman 4. En conséquence, il prit la fuite, poursuivi
par la cavalerie de 'Abderrahman, le reste des troupes allant
rejoindre 'Abderrahman qui entra à Kaokao, sa résidence
royale.
1. G'esL-à-dire : le million de cauris.
2. On pourrait prononcer « Zinder », le djim se transformant souvent en j
puis en z.
3. Tous les gouverneurs des provinces prenaient le litre de sultan; il s'agit
ici de Abb-'Omar.
4. Ce nom n'est pas dans le texte qui ne contient qu'un pronom pouvant, à la
rigueur, se rapporter à El-Hâdj.
(BhfjraplUes des pachas du Soudan.) , 23
354 HISTOIRE DU SOKOTO
El-Hâdj-Bechîr s'enfuit vers le fleuve de Ach, mais En-Nît
l'empêcha de traverser lui-même le fleuve après qu'il l'eût fait
passer à tous ses bagages. On l'arrêta en cet endroit et on
l'y garda jusqu'à ce qu'un messager de 'Abderrahman vînt
lui donner Tordre de le rejoindre. Il refusa de se soumettre
à cetteinjonction tant qu'il n'aurait pas vu l'ordre écrit de
la main même de 'Abderrahman et apporté par son fils qui
était resté dans sa maison avec 'Abderrahman, Son fils étant
venu porteur de l'écrit de la main de 'Abderrahman il se
rendit auprès de ce dernier. « Puisque, dit 'Abderrahman, tu
as fait désirer à Abb-'Omar de tuer mon frère, nous allons
vider à nous deux la querelle. » Ils entrèrent en lutte 1 et
El-Hâdj-Bechir fut tué. Ce dernier, en effet, avait souvent
excité Abb-'Omar contre certaines personnes et l'avait
brouillé avec un grand nombre de .gens. Il était le commen-
sal de Abb-'Omar et ne le quittait ni la nuitni le jour, si bien
que Abb-'Omar crut trouver en lui un conseiller fidèle jus-
qu'au jour où il arriva ce qui vient d'être dit.
'Abderrahman, à la suite de cela, dit à son frère Abb-
'Omar : « Prends le sultanat, car moi j'ai voulu seulement
tuer ce perturbateur qui a semé le trouble entre toi et
moi comme aussi entre toi et d'autres
personnes. » Comme
Abb-'Omar refusait, 'Abderrahman reprit : « Garde le pou-
voir pour toi, car pour ma part je n'y suis point apte. » Puis
il quitta la résidence royale et se mit à étudier les livres.
'Abderrahman envoya quelqu'un assurer de sa loyauté le
prince des Croyants et lui dire qu'il combattrait El-Bokhâri ;
puis il manda à El-Bokhâri de renoncer à ses errements.
El-Bokhâri lui répondit par des
paroles injurieuses. Alors
'Abderrahman se mit à prendre tout ce que les gens du
Bornou possédaient comme femmes libres et concubines du
' « avoir un procès devant
1. Le mot employé clans le texte signifie d'ordinaire
un magistrat ».
HISTOIRE DU SOKOTO 355
pays de Haoussa et les conduisit au prince des Croyants. Cette
mesure le fit prendre en aversion par les gens du Bornou
qui le détestaient déjà à cause de son avarice. Ils usèrent de
stratagème à son égard et lui enjoignirent d'envoyer des
à Kerkeri 1 et d'autres à Loghono;
troupes puis quand tous
ces fidèles furent partis (r \ v), ils le trahirent et retournèrent
à Abb-'Omar.
'Abderrahman ne se doutait de rien
lorsqu'il entendit
battre du tambour dans le château où se trouvait Abb-cOmar,
tandis qu'il se trouvait dans un autre château. Il marcha
contre eux, et ceux-ci sortant àleur tour, un combat s'engagea
dans l'intervalle des deux châteaux. 'Abderrahman eut quatre
chevaux tués sous lui, puis il fut pris et conduit devant Abb-
'Omar, « Ne t'avais-je pas dit, dit alors Abderrahman à Abb-
Omar : Prends le pouvoir, et tu as refusé. » 'Abderrahman fut
ensuite placé dans un endroit où on le tint sous bonne garde,
puis il fut étranglé; on l'enterra après sa mort. La cause de
son trépas fut l'imprécation du prince des Croyants 'Ali qui,
informé par Mohammed-Senba-Tangheribi du départ des
troupes de Abb;'Omar vers Kano, s'était écrié : « Dieu nous
suffira contre lui ! » Dieu en effet lui suffit contre lui, comme
on vient de le voir.
Dans la douzième année de son
règne, le prince fit avec
son oncle paternel Khelîl-ben-'Abdallah une expédition
contre Arghongho. Il ne réussit pas à s'emparer de cette
localité. Il épousa la fille de 'Abdallah-Foudiya qui avait été
tout d'abord la femme de Boubeker-Âl-Foudiya, puis celle
de Khelîl-ben-El-Hasen, fils du cheikh 'Otsmân, après que
Ahmed-'Atîq eût voulu l'épouser et qu'il en eût été empêché
par sa mère qui redoutait les maléfices de Boubeker-Âl. Ce
fut cette année-là le retourner
que je quittai prince pour
dans le Maghrib.
1. On pourrait lire : Koukeri, au lieu de Kerkeri.
356 HISTOIRE DU SOKOTO
Sous le règne du prince, Hamza-El-Haousi apostasia.
C'était, à ce que je crois, un homme de Kano très savant et
grand magicien. Il se réfugia dans le pays de El-Hidjara
entre Kano et Bouchi et les habitants de cette contrée le
prirent pour chef. Les gens du sultan du Kano et les troupes
du sultan du Bouchi ayant marché contre lui, il les mit en
déroute les uns et les autres. Les gens du Bouchi l'ayant
attaqué une seconde fois, il les défit également. Enfin le
sultan de Bouchi en personne marcha
contre lui et dit à ses
gens : « Vous, vous êtes de ceux qui avancent et qui re-
culent ensuite; mais moi, dès que j'apercevrai Hamza, il
faudra ou que je le tue et alors je serai toujours sultan du
Bouchi, ou qu'il me tue et alors c'est lui qui sera sultan du
Bouchi. » Il marcha ensuite contre Hamza et le tua. Les
gens du pays retrouvèrent la sécurité aussitôt après la mort
de Hamza.
Telles sont les expéditions du prince que j'ai connues ; voici
maintenant son portrait (Dieu lui fasse miséricorde !). Avant
d'être au pouvoir souverain, il était d'une forte corpulence,
mais ensuite il devint maigre. Il était noir de peau, de
taille moyenne ; ses dents étaient espacées et il riait beau-
coup. Son visage était beau et sa barbe longue et superbe.
Il était aimable, bienfaisant, et n'opprimait personne, ayant
en horreur la tyrannie et ceux qui en faisaient usage. Per-
sonne ne pouvait, par ses discours, l'exciter un contre
malheureux. Très fin, très éloquent, personne n'était en état
de discuter avec lui sans qu'il le vainquît par un argument
topique. Il était très éveillé en toutes choses, connaissant
bien la marche normale des affaires et les causes des catas-
trophes.
Que de fois je lui ai entendu dire : Tel malheur nous
arrive parce que nous avons fait telle et telle chose (ru)
et telle chose que nous avons faite nous a valu telle mésa-
HISTOIRE DU SOKOTO 357
venture. Parent
dévoué, il faisait du bien à tous les enfants
de son oncle paternel 1. Il s'occupa de les marier tous, de les
aider dans leurs affaires et de leur donner des conseils. Il
aimait les docteurs dela religion qui sont les auxiliaires de
Dieu, détestant les docteurs de l'erreur qui sont les suppôts
du diable. Il ne cessait d'enseigner nuit et jour. Il avait la
plus grande horreur de l'effusion du sang et évitait avec
soin de le répandre. Il ne faisait périr que celui que la loi
condamnait et il avait atteint le plus haut degré de l'équité.
Voici un fait entre autres qui indique l'horreur qu'il
éprouvait à verser le sang: Un jour que j'étais avec lui,
on amena un homme des Foulânes du Haousa-Azned. Cet
homme, qui se trouvait avec l'armée du Ghober, avait été
pris. S'adressant alors au cadi 'Abdallah et à 'Otsmân
l'imam de
mosquée, la le prince leur dit : « Examinez le
cas de cet homme et tout ce que vous me direz de faire à
son sujet je le ferai. » Les deux magistrats se retirèrent et
après s'être consultés ils revinrent vers le prince. « Tuez-le »,
dit le cadi ; « Pardonnez-lui pour cette fois s'écria l'imam,
peut-être qu'il s'amendera. » Le prince prit l'avis de ce
dernier et laissa l'homme partir. Celui-ci retourna parmi
les soldats du Ghober; il fut de nouveau pris et amené
devant le prince qui, cette fois, donna l'ordre de le mettre à
mort, ordre qui fut exécuté.
Autre fait : Il avait nommé de nouveau Bendouâk, qu'il
avait précédemment révoqué à Ghiyâq. Bendaouâk avait
demandé la protection du chérif 'Abdallah-Ed-Dâ'i, puis un
échange de paroles avait eu lieu entre eux à la suite duquel
ils se querellèrent, parce que Bendaouâk s'était présenté
dans un état tel qu'il n'avait plus sa raison. Aussitôt le
chérif écrivit au prince des Croyants pour lui enjoindre de
1. L'expression peut également indiquer tous les parents sans exception.
358 HISTOIRE DU SOKOTO
tuer cet homme et de ne pas son Dans
accepter repentir.
cette lettre, se trouvait ce passage du Coran : « Le repentir
n'est pas 1, etc.. » Quand, sur son ordre, j'eus lu la lettre, le
me dit: « 0 Hâdj-Sa'îd 2, dis au chérif
prince que je n'ai pas
le pouvoir de tuer un homme et que je ne puis faire périr
que celui que la loi condamne. »
Voici un exemple de son équité : Un jour, avec le
j'étais
prince qui siégeait pour une affaire de la caravane de gens
de Adar; on prétendait que ces gens s'étaient rendus par
le chemin du Sahara à Zanfara pour y apporter du sel et
qu'en route on les avait contraints de se rendre dans le
pays des musulmans. Or, il se trouva que ces gens se diri-
geaient vers le pays des musulmans, qu'on les avait pillés
et qu'on leur avait enlevé tout ce qu'ils avaient et c'est alors
qu'ils étaient revenus sur leurs pas. Le prince, ayant appris
quelle était la vérité dans cette affaire et sachant ce que les
populations avaient fait subir aux gens de cette caravane,
siégea sept jours pour cette affaire, sans rentrer chez lui la
nuit ni le jour, sinon pour un besoin ce
pressant, jusqu'à
qu'il eut réussi à faire rendre à ces gens tout ce qui leur
avait été pris, moins une barre de sel qu'on soupçonnait
avoir été prise par un homme des habitants du Ka-
chena.
Lepère de l'accusé, dit alors au prince des Croyants :
« Tuez mon fils, car c'est un mécréant et un scélérat. » Le
prince des Croyants hésitait à prendre une telle mesure parce
que le père avait émigré du Kachena (n \) à Ouorno et que
c'était un homme très pieux. L'accusé avait, en effet, pris
1. Coran, chap. iv, verset 22. Voici la traduction complète de ce verset :
« Le repentir n'a aucune valeur pour celui qui commet sans cesse de mauvaises
actions et qui s'écrie, à l'approche de la mort : Je me repens. Il n'est d'aucune
utilité à ceux qui meurent infidèles. Nous avons préparé pour ceux-ci un châ-
timent douloureux. »
2. C'est la seule indication qu'on ait sur le nom de l'auteur de ce récit.
360 HISTOIRE DU SOKOTO
'Amr'-Anda; Mo allim-Sa ad, un grand savant; Ibrahim, le
porte-drapeau 2; son fils Ismall-Ouaïro-Ez-Zeghrâni, officier
de la literie et des provisions; Abouh, le muezzin bien
connu; Hammedi, chef du marché; Nanna-ben-Foudiya;
'Otsmân, son gendre, qui avait épousé sa fille Meryem; sa
mère Lâdi; sa fille
Meryem qui savait le Coran par coeur;
le général en chef de l'armée 'Ali-Djeït ; le vizir Ghidâdo;
Moaddeb-Mohammed-El-Aïm; le cadi El-Hâdj ; 'Abdallah-
Feroouou et Hoseïn-Tanbodda qui, chaque soir, lisait au
prince après l'acha cinq hizb 3 du Coran.
Après la mort de ce dernier, le prince me confia sa place
de lecteur et me fit habiter dans sa demeure. Chaque nuit,
je lisais au prince cinq hizb du Coran jusqu'à ce que j'eusse
lu le livre en entier. Puis je me reposai quelques jours et re-
prenai ma lecture. Cet usage avait été déjà celui de son père,
de son oncle paternel et de son grand-père.
Moururent également sous le règne du prince : Aret-
Sehseheb ; l'imam de la mosquée El-Hàdj-'Ali; Mohammed-
Maudi; Mo'allim-Tofa ; 'Aii-Hâchem, un éminent savant et
le grand ami de notre cheikh 'Omar; 'Abderrahman, fils de
Mo'allim-Meyyid ; Ibrahim-ben-Bello ; Foudiya-ben-Moham-
med-Bello (xv«); Senba-ben-'Atîq; Boubeker-ben-Âl-
Foudiya; Khelîl-ben-El-Hasen-ben-Ech-Cheikh; Maria, mère
de cA'issa-ben-Eeh-Cheikh; Hodzi, mère de
'Abdelqâder-ben-
Ech-Cheikh; Doused 4; cAïcha-bent-'Omar-Ba]kems, femme
du prince des Croyants Bello et mère de ses deux fils Ma'àdz
et Sa'îd; Mâdza, de race maure, femme du prince égale-
1. Ou : 'Omar-ou-Anda. Il paraît peu vraisemblable que l'auteur ait connu
l'orthographe ^j^e pour le nom de 'Amr,
2. Ou : l'officier chargé des drapeaux.
3. Le Coran est divisé en 60 parties dites hizb. Il fallait donc douze jours pour
en faire la lecture en entier.
4. Peut-être : Dousira.
5. La lecture de ce nom est incertaine.
HISTOIRE DU SOKOTO 361
ment ; Ya'qoub, sultan du Bouchi, et son fils Ibrahim dont le
1
prince hérita ; Dâb, le sultan de Kano, dont le prince hérita;
'Otsmân, un fils de ce dernier, dont le prince hérita; Senba-
Deghmes 2, le sultan de Teïdji, dont le prince hérita; 'Abdel-
kerîm, le sultan du Zekzek, dont le prince hérita, ainsi que
des deux successeurs de ce dernier, Hammedi et Moham-
med II; Tanqakaouaououa, sultan
de Ketâghom 3, dont le
prince hérita ainsi que de son successeur 'Abderrahman ; le
sultan de l'Adamaoua dont le prince hérita; Mahmoud, le
sultan du Zanfara, dont le prince hérita; Yousef, le sultan
du Bornou et son successeur Ahmed dont le prince hérita ;
deux sultans Adar,de dont le prince hérita; 'Abdelqâder,
le sultan de 'Adzeb, dont le prince hérita, etc.
Ici se termine tout ce qu'il m'a été possible de rassembler
sur l'histoire des princes du Sokoto et leurs conquêtes. Je
reconnais avoir commis un grand nombre d'omissions faute
de mémoire. Tout ce qui est exact dans ce récit c'est à Dieu
qu'il faut l'attribuer : tout ce qui en est erroné doit être
imputé à moi-même. Dieu me suffit, quelle admirable provi-
dence! Dieu
répande ses bénédictions sur notre seigneur
Mahomet qui a ouvert ce qui était fermé et qui a mis le sceau
à tout ce qui avait précédé sa mission. qui a faitIl est celui
triompher la vérité par la vérité et qui nous a dirigés, ô mon
Dieu, vers ta voie droite. Que les bénédictions soient égale-
ment sur sa famille autant qu'elle le mérite, c'est-à-dire en
nombre immense !
1. L'auteur veut sans doute dire que le sultan incorpora dans ses États le
territoire de tous les feudataires qu'il énumère ci-dessous. Toutes ces princi-
pautés devinrent dès lors de simples provinces de l'empire et perdirent leur
autonomie.
2. Plus haut ce mot a un j, tandis qu'ici il a un c.
3. Ici encore le c a été substitué au j. /
APPENDICE
Au lieu d'adopter l'ordre
chronologique, l'auteur du
Tedzkiret-en-Nisiân a préféré ranger la biographie de ses
personnages dans l'ordre alphabétique. Il m'a semblé qu'il
serait plus commode pour le lecteur français d'avoir sous
les yeux la liste de tous les pachas dans l'ordre où ils se sont
suivis et c'estpourquoi j'ai dressé le tableau ci-dessous dans
lequel j'ai indiqué la date de l'avènement et celle de la dépo-
sition ou cessation des fonctions des différents chefs qui ont
exercé le pouvoir souverain à Tombouctou depuis l'arrivée
du pacha Djouder en 1590 de notre ère jusqu'en l'année
1750.
Les dates ne seront pas toujours fixées d'une manière
bien rigoureuse. Quelquefois on ne mentionne que l'année,
le mois ou la décade du mois. En outre, il est arrivé souvent
qu'un pacha n'a été élu que quelques jours ou même quel-
ques mois après son prédécesseur immédiat, sans qu'on
puisse dire qu'il y eut un véritable interrègne. Enfin certains
personnages mentionnés dans ce tableau ne sont pas l'objet
d'une notice spéciale de l'auteur. C'est ainsi qu'on ne trouve
aucun détail sur Babeker-ben-Mohammed-Seyyidi qui est
simplement mentionné comme ayant étédéposé en mars
1711. Quant aux cinq derniers personnages, ils ont occupé
le pouvoir après que l'auteur avait eu terminé son premier
travail ; leurs noms, pour cette raison, ne figurent que dans
la liste récapitulative que l'auteur a tenue à jour jusqu'à sa
364 APPENDICE
mort sans vouloir cependant remanier son ouvrage en leur
consacrant un article à leur rang alphabétique.
Tableau chronologique
DES PACHASDE TOMBOUCTODDEPUIS I/ARRIVÉE DE DJOIIDER EN 1590
JUSQU'EN L'ANNÉE 1750
N° Nom du pacha. Durée
u de ses fonctions,
d'ordre. — —
1 Djouder. Nov. 1590 — 17 août 1591.
2 Ma/tmtmrf-ben-'AH-ben-Zer-
goun. 17 août 1591 —12 mars 1595.
3 Mansour - ben - 'Abderrah-
mân. 12 mars 1595 —9 nov. 1596.
4 Mahmoud-Tkba' 1. 28 déc. 1597 —11 mai 1598°-.
5 'Atnmâr-FA-FetSi. Février 1599 — 19 mai 1600.
6 Selimûn. 19 mai 1600 —juillet 1604.
7 Mahmoud-Lonko. Juillet 1604 —11 oct. 1612.
8 VA/i-ben-'Abdallah. 11 oct. 1612 — 13 mars 1617.
9 ^Amerf-ben-Yousef-El-'Eul-
dji. 13 mars 1617 —juillet 1618.
10 Haddou-ben-Yousel-El-
Adjenâsi. Juillet 1618 — 17 janv. 1619.
11 Mohammed-ben-Ahmed-El-
Mâssi. 17 janv. 1619 — 4 nov. 16213.
12 Fowse/'-ben-'Omar-El-Qaçri. 29 janv. 1622 — 6 mai 1627.
13 Ibrahîm-ben - 'Abdelkerim-
El-Djerrâri. 6 mai 1627—8 mai 1628.
14 U/t-ben-'Abdelqader. 8 mai 1628 —20 juillet 1632.
15 M/*'-ben-El-Mobârek-El-
Mâssi. 20 juil. 1632 — 17 oct. 1632.
16 5o'o2<c?-ben-Ahmed-rAdje-
17 oct. 1632 — fin août 1634.
roud-Ech-Chergui.
1. Le Tarikh-es-Souddn remplace ce nom de Mahmoud par celui de Moham-
med. Durant l'intervalle qui s'écoula entre la mort de Mansour et l'arrivée au
pouvoir de ce pacha, ce fut Djouder qui exerça le commandement, ainsi qu'il le
fit encore avant l'arrivée du pacha 'Ammâr-El-Feta.
2. C'est par suite d'une faute d'impression que le Tarikh-es-Souddn donne la
date de 1597 au lieu de celle de 1598.
3. Le caïd Hammou-ben-'Ali-Ed-Der'i exerça les fonctions de pacha du 4 no-
vembre 1621 au 29 janvier 1622, mais il ne fut pas régulièrement investi de
ces fonctions.
APPENDICE 365
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
17 'Abderrahmân, fils du caïd
Hammedi-ben- Sa'doun-
Éch-Chiâdemi. Finaoûtl634 —fin juil. 1635.
18 So'W-ben-'Ali-El-Mahmou-
di. Fin juil. 1635 —22 oct. 1637.
19 Mes'aoud -ben-Mansour-Ez-
Za'eri. 22 oct. 1637 — fin avril 1643.
20 Mohammed - ben - Moham -
med-ben-'Otsmân. Fin avril 1643 — lOnov. 1646.
21 ^/tme^-ben-'Ali-ben-'Abdal-
lah-Et-Telemsâni. lOnov. 1646 —14 févr. 1647.
22 //omeè'rf'-ben-'Abderrahmân-
El-Hayyouni. 14 févr. 1647 — 24 oct. 1648.
23 7a%a-ben-Mohammed-El-
Gharnâti. 24 oct. 1648 — 15 oct. 1651.
24 Eammedi 2 - ben-Haddou-
ben-Yousef-El-Adjenâsi. 16 oct. 1651 — 18 août 1654.
25 Mohammed-ben-M.o\isei< 18 août 1654 — 15 mai 1655.
26 Mohammed - ben - Ahmed -
Sa'doun-Ech-Chiâdemi. 15 mai 1655 - 26 mars 1657.
27 Mohammed -ben-El- Hâdj-
ben-Daoud-Ech-Chetouki,
(le caïd Bouya.) 1657 — août 16603.
28 ^//«/-ben-Sa'îd-El-Harousi. Août 1660 (un jour).
29 El-Hâdj-El-Mokhtâr-ben-Bi-
youkhef-Ech-Chergui. Août 1660 — novembre 1660.
30 Jïa?ttmem-ben-cAbdallah-El-
Novembre 1660 — fév. 1661.
'Euldji.
31 c4/;-ben-cAbdelaziz-El,Fe-
redji. Février 1661 — 3 janv. 1662.
32 'yl/z'-ben-Bachout-Moham-
med - ben - 'Abdallah - Et-
Tezerkîni 3 jany. 1662 — 3 avril 1662.
(Ibn-Akhrâz).
33 "i4mma?'-ben-Ahmed-cAdje-
roud-Ech-Chergui. Findéc.16621—28aoûtl666.
t. Ou: Hamid.
2. Ou : Ahmed. Ces deux noms se substituent souvent l'un à l'autre.
3. Le ms. dit tantôt 1070, tantôt 1071 ; c'est cette dernière date que j'ai adoptée.
4. Il y aurait eu un interrègne de huit mois entre 'Ali et 'Ammâr. Ces pé-
riodes d'interrègne se représentent assez souvent à partir de cette époque.
366 APPENDICE
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
34 Mohammed-ben-El-Rêidj-
ben-Dâoud-Ech-Chetouki
(caïdBouya). 28aoùtl666—24 mars 1667*.
35 Nâsir-ben- 'Abdallah-El-
A'amechi-Ed-Der'i. 21 mars 1667 —19 sept. 1667.
'
36 A6derrahmân-ben-Sa.'id-E\-
Andalousi (Ibn-Sacîd Ou-
28 sept. 1667 — 8 oct. 1668.
nedçlâm).
37 A^V-ben-'Ali-ben-'Abdal-
lah-Et-Telemsâni. 8. oct. 1667 — 20 oct. 1669 \
38 Mohammed-ben-Âhmeà-El-
6 sept. 1671 — 28 fév.
Koïhil-Ech-Chergui. 1672,
39 Mohammed-ben- AW-El-W.o-
bârek-Ed-Der'i. 28 fév. 16723— 28 août 1673.
c
40 Âbderrahmân-ben-Moh.s.m-
med-Kiraï-Ech-Chergui. 3 sept. 1673 — 12 oct. 1673.
41 '4/t-ben-Brab.lm-Ed-Der'i. 15 oct. 1673—10 nov. 1675.
42 Sa^-ben-cOmar-El-Fâsi. 18 nov. 1675 —23 juin 1678.
43 c^4Wa//a/i-ben-Mob.ammed-
ben-El-Caïd-Hassou-Ed-
Der'i. 6 août 1678 — 22 1679.
juin
44 Dzou'n-Noiin-ben-El-Ilkà.i-
El-Mokhtâr-Ech-Chergui. 22 juin 1679 — 16 août 1680.
45 Mohammed-ben-Bk-Reàou-
ân-El-'Euldji. 19 août 1680 — 22 août 1680.
46 Fa/M/a-ben-'Ali-El-Mobâ-
rek-Ed-Der'i. 2 septembre 1680—août 1681.
47 Dzon 'n-iVoMn-ben-El-Iïâdj-
El-Mokhtâr-Ech-Chergui. Août 1681 4 — mars 1682.
1. Cette date n'est pas donnée dans la notice qui se contente de dire que
Mohammed n'exerça le pouvoir que peu de temps. II est vraisemblable qu'elle
doit être avancée de beaucoup.
2. Cette date est incertaine. Selon certains auteurs, Nâsir aurait eu pour succes-
seur Ibn-Sa'îd-Ouneddâm, tandis que dans la liste donnée il est son prédéces-
seur.il est possible qu'Ibn-Sa'îd aità lafois précédé Nâsir et lui ait succédé. Cette
hypothèse permettrait de combler la lacune de plus de deux ans qui existe entre
Nâsir et Mohammed.
3. L'auteur donne les deux dates du 28 février et du 29 mars, ajoutant qu'il
opine pour la première.
4. D'après sa notice biographique, Dzou 'n-Noun aurait occupé le pachalik
cette fois-là du mois de janvier 1682 au mois d'août de la même année. Mais la
APPENDICE 367
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
48 Mohammed - ben - Cheikh -
'Ali-Ed-Der'i. 26 mars 1682 — octobre 1682.
49 Bâ-Haddou-Sk\em-E\-IlsLS-
sâni. Février 1683 — nov. 1683.
50 El- Fâ-Benkano -Ech-Cher-
gui- ben -Mohammed - El-
Modâseni. Novembre 1683'(3 jours).
51 Zerc/ca-'Abderrahmàn - berr_
Bou-Zenâd-El-Fâsi. 20 nov. 1683 — mai 1684.
52 Mohammed - ben - Bâ - Re-
douân. 20 juin 1684 — 13 oct. 1684.
53 '^'-ben-Homeïd-El-'Amri. Octobre 1684— octobre 1685.
5i Ë/-Mo6are>£-ben-Mansour-
ben- Mes'aoud-Ez-Za'eri. Novembre 1685 — mars 1686.
55 So'ond-Bokarnâ -ben- Mo-
bammed-ben-'Otsmân. Avril 1686—novembre 1686.
56 JB/-jHrasen-ben-Mansoiir-El-
Monebbih. 17 nov. 1686 — avril 1687.
57 'Abdallah-ben-Mohammed-
ben-El- Caïd-Hassou-Ed-
Der'i. 1er mai 16873— janvier 1688.
58 El-'Abbâs-hen-SAià-Ei-
'Amri. Janvier 1688 —29 avril 1688.
59 M«?iscmr-ben-Mescaoud-ben-
Mansour Ez-Za'eri (Senî-
ber). Mai 1688 — novembre 1689.
60 ,4Amed-ben-cAli-Et-Tezer-
kîni. Nov. 1689 — 14 juillet 1690.
61 So'oud - Bokarnâ - ben - Mo -
hammed-ben-Otsmân. 14 juillet 1690 — janv. 1691.
62 Senîber - ben - Mohammed -
Bouya-Ech-Chetouki. 13 janv. 1691—28 mai 1691.
63 7èm^m-ben-Hassoun-Ed-
Der'i. 4 déc. 1691 — nov. 1692.
date précise du 26 mars 1682 indiquée pour l'avènement de Mohammed permet
de croire qu'il y a une erreur dans le ms.
1. La biographie de El-Fa'-Benkano dit qu'il fut élu le 29 mai 1683. Il semble
bien que le copiste a commis une erreur en changeant le nom du mois.
2. Au lieu de 1090 que porte la notice, il faut lire 1098 ; le copiste aura omis
le nom des unités.
358 APPENDICE
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
64 Bâbâ - Seyyid - ben - Tâlib -
Hammedi-Ech-Chergui. Décembre 1692 —juin 1693.
65 El-Mobâ?'ek-ben-Ma.nsour-
Ez-Za'eri. Août 1693 — Bn nov. 1693.
66 /6ra/n4/n-ben-Hassoun. Dec. 1693 — 21 août 1694.
67 Dzou '?i-Noun-hen-El-Rkà]. Sept. 1694 — (13 ou 17 jours).
68 /4Awee?-ben-Ahmed-ben-'Ali-
ben-'Abdallah-Et-Telem-
sâni (Ahmed-El-Khelîfa). Nov. 1694—16 fév. 1695.
69 Senîber - ben - Mohammed -
Bouya-Ech-Chetouki. 16 fév. 1693 — octobre 1695.
70 'Abdallah -ben-Nâsir- ben-
'
Abdallah - El - A 'amechi-
Ed-Derfi. Janvier 1696—fin mai 1696.
71 Hammedi - ben- 'Ali - ben-
cAbdallah-Et-Tezerkîni. 3 juin 1696 — 6 avril 1697.
72 i?/-Mo6rt?*e^-ben-Hammedi-
ben-'Ali-El-Mobârek- Ed-
Der'i. 15 juin 1697—octobre 1697.
73 Mohammed- ben - Moham -
med-Seyyidi-Ech-Cher-
gui-Es-Senâouni. Novembre 1697 —(ljour).
74 'Ali-ben- Mohammed-ben-
Cheikh-'Ali-Ed-Der'i. Novembre 1697 —juin 1698.
75 JTï/iya-ben-Mohammed-Zen-
kana-El-Fichtâni. Juin 1698 — août 1698.
76 'Abdallah - ben - Nâsir-ben-
cAbdallah-Et-Telemsâni. Août 1698 — octobre 1698.
77 Mansoz<r-ben-Mes'aoud-ben-
Mansour-Ez-Za'eri (Senî-
ber). 11 sept. 1698—juillet 1700.
78 Jff<2m?nerf/-ben-tAli-Et-Tezer-
kîni. Sept. 1700 — mars 1701.
79 'A bdallah- ben-Nâsir -ben-
'Ali-ben-'Abdallah-Et-Te-
lemsâni. Juillet 1701 — sept. 1701.
80 Yousef- ben- 'Abdallah-Ed-
Der'i. 1701 — janv. 1702 *.
Octobre
1. Si Ton s'en rapporte à la notice biographique, Yousef aurait été déposé au
mois de janvier 1703 ; Mohammed n'aurait donc pu lui succéder le 29 mai 1702.
Aussi je suppose qu'il faut lire : janvier 1702.
APPENDICE 369
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
81 Mohammed-bea -Sa'îd-ben-
cOmar-El-Fâsi. 29 mai 1702 — janvier 1703.
82 Ahmed-ben.-M.ansour-Ecb-
Chergui. Mai 1703 (20 jours).
83 '^/z'-ben-El-Mobârek-ben-
cAli-El-Mobârek-Ed-Derci. Mai 1703 —juillet 1703.
84 Sa^«ca-ben~Fâris-El-Fâsi. Août 1703 — octobre 1703.
85 Marna (ou Mâmi)- ben- 'Ali- Fév. ou mars 1704 — 24 juin
El-Tezerkîiii.' 1704.
86 Mohammed-ben-S&'id-ben-
'Omar. 9 août 1704 — 29 août 1704.
87 Mohammed- b en -Moham-
med - Seyyidi - Ech-Gher-
g-ui. Octobre 1704 —janvier 1705.
88 Fa/M/a-ben-Mohammed-Zen-
kana-El-Fichtâni. Février 1705 — mars 1705.
89 'Abdallah - ben-Nâsir-ben.
'Ali-ben-cAbdallah-Et-Te-
lemsâni. Avril 1705 — juin 1705.
90 SV^-ben-Bouzîân-El-Kheb-
bâzi. Août 1705 — octobre 1705.
91 Mâma -bon- cAli-Et-Tezer-
kîni. Octobre 1705 — mars 1707.
92 El-Mobàrek-bexi-Wob&m-
med-El-Gharnâti. Avril 1707 — août 1707.
93 Nâsir -ben-'Abdallah-ben-
Nâsir-ben-'Abdallah-El- '
Acamechi-Ed-Derci. 25 nov. 1707 — mars 1708.
94 'Abdallah - ben - Nâsir -beri-
lAli -ben-' Abdallah - Et-
Telemsâni. 26 mars 1708 — 30 mai 1708.
95 'Ali-bzn - Rahmoun- El-Mo-
nebbih. Sept. 1708 — novembre 1708.
96 Moham?ned-ben-Jldi.mmedi-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 7 février 1709 — 7 juil. 1709.
97 Hammedi - Zenko - ben-
'Abderrahmân - ben - 'Ali-
El-Mobârek. Août 1709 — 12 avril 1710.
98 Ta/M/a-ben-Mohammed-Zen-
kana-El-Fichtâni. Juillet 1710 — sept. 1710.
{Biographies des pachas du Soudan.) 24
370 APPENDICE
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
99 'Ali -ben- Mohammed -ben-
Cheikh-'Ali-Ed-Der'i. Septembre 1710—sept. 1710.
100 Babeker-ben-Mohammed -
Seyyidi. Septembrêl7l0— mars 1711.
101 Yousef-ben -'Abdallah - Ed"
Der'i. Mars 1711—juin 1711.
'
102 Abdelqâder-ben- 'Ali-Et-Te-
zerkîni. Septembre 1711 — fév. 1712.
103 'Abdallah -ben- Nâsir-ben -
cAli-Et-Telemsâni. Février 1712 (1 jour).
104 '.M-ben-El-Mobarek-Ed-
Der'i. Février 1712 — avril 1712.
105 Mûmo?/?'-ben-Mescaoud-ben-
Mansour-Ez-Za'eri. 4 juin 1712 — fin sepl. 1712.
106 M«??2a-ben-cAli-Et-Tezer-
kîni. Janvier 1713 — avril 1713.
107 '4/z-ben-Rahmoun-El-Mo-
nebbih. Mai 1713 — août 1713.
108 'Abdallah-ben-E\-B.â.àybeii..
Sa'îd-El-lmrâni. Août 1713 — janvier 1714.
109 Mm?nar-ben-So'oud-Bokar-
nà-ben- Mohammed-ben -
'Otsmân-Ech-Chergui. Janvier 1714 — février 1714.
110 Bâ-Haddou-ben-Yahygi-ben-
El-Mobârek-Ed-Der'i. Février 1714 — août 1714.
111 r4ôe?a//a/i-ben-El-Hâdj-El-
Imrâni. • Octobre 1714 — janvier 1715.
112 Bâ-Haddou-ben-Yahya-ben-
El-Mobârek-Ed-Derci. Février 1715 — avril 1715.
113 Mohammed-ben-Raramedi-
ben-cAli-Et-Tezerkîni. Août 1715 — octobre 1715.
114 'Ali-ben- Mohammed -ben"-
Cheikh-'Ali-Ed-Der'i. Janvier 1716 — mars 1716.
115 'Abdallah-ben-El-màyEl-
Imrâni. 17 mars 1716 — fin juin 1716.
116 Afansow-ben-Mes'aoud-ben-
Mansour-Ez-Za'eri. 5 juillet 1716 — 14 oct. 1719.
117 Bâ-Haddou-ben-Yahya.-ben-
El-Mobârek-Ed-Der'i. 14 octobre 1719 -^7oct. 1721.
APPENDICE 371
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions.
d'ordre. — —
118 'Abdelgheffâr-ben-'Ali-El-
Tezerkîni. Octobre 1721 —mars 1722.
119 'Abdallah-ben-El-md]-El-
'Imrâni. 23 mars 1722 — 14juil. 1722.
120 'Abdallah-ben-El-Rkd\-El-
'Irnràni. 13 nov. 1722'—21 mars 1723.
121 Mahmoud-bea-E\-Caïi-Mo-
hammed-Bouya-ben-El-
Hâdj - ben - Dâoud - Ech -
Chetouki. 9 juin 17262 — 18 juil. 1726.
''
122 Abderrahmân-ben-'H.a.mrae-
di-ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 12 sept. 1726—janvier 1727.
123 'Abdallah-ben-El-Kkil-Ei-
'Imrâni. 21 oct. 17273—llnov. 1727.
124 Ba-Haddou-ben-Ya.hya.-ben-
cEÏ-Mobârek-Ed-Derci. ,, 19 nov. 1727 — 29 juin 1728.
125 7oi«e/-ben-rAbdallali-Ed-
Der'i. 14 juillet 1729 — 11 août 1729.
126 \4ôrfa#aA-ben-El-Çadj-El-
'Imrâni. 19 mars 1730 — mi-juil. 1730.
127 Mohammed - Behhou - ben -
Senîber-ben-Mansour-Ez-
Za5eri. 18 sept. 1732 — 3 nov. 1732.
128 El-Hasani~hen-lla.mmedi-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 28 mai 1733 — juin 1733 4.
129 Mohammed-ben-JïsLmmeài-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni, 11 nov. 1734 — 23 janv. 1733.
130 . 5a^-ben-cAli-El-ïezerkîni. 13 mai 1733 —2juillet 1735.
131 jHfammeofe'-ben-Senîber-ben-
Mansour-Ez-Za'eri. 16 mars 1736 —18 juin 1736.
132 Sa'^-ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 2 juillet 1736 — 3 nov. 1736.
133 jHram?nec?/-ben-Senîber-ben-
Mansour-Ez-Za'eri. 9 février 17 37 — 23 mai 1737.
1. 'Abdallah se succéda à lui-même après quelques mois d'interrègne.
2. L'interrègne entre 'Abdallah et Mahmoud est de plus da trois ans.
3. La notice dit que la durée de ce pachalik fut d'un mois plein. On voit que
cela n'est pas absolument exact.
4. Cette date n'est pas indiquée, on dit seulement qu'entre El-Hasani et
Mohammed il y eut un interrègne de un ans et cinq mois.
372 ' APPENDICE
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
1,34 Mohammed-ben-]la.mmedi-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 19 sept. 1737 —11 avril 1738.
135 El-Fa - Ibrahim - ben - Man -
sour - ben - Mohammed -
ben-'Ali-El-Mobârek-ed-
Der'i. 21 avril 1738 —16 juin 1738.
136 Hammedi - ben - Mansour -
ben-Moliammed-ben-'Ali-
El-Mobârek-Ed-Der'i. 18 juin 1738 — 22 août 1738.
137 El- Fa-Ibrahim- ben - Ham -
medi-ben-'Ali-Et-Tezer-
kîni. 2 sept. 1738 - 27 oct. 1738.
138 Sa'M-ben-Senîber-ben-Man-
sour-Ez-Za'eri. 6 nov. 1738 — 22 avril 1740.
139 FaAytf-ben-Hamrnedi-ben-
'Ali-Et-Tezerkîni. 19 mai 1740 — 7 juin 1740.
140 ZMM-Seyyirf-ben-Hammedi-
Zenko- ben - 'Abderrah-
mân-ben-'Ali-Ed-Der'i. 6 août 1740 — 10 déc. 1740.
141 Z?/-/fee?2-ben-Mohammed-
El-'Amri. 6 mars 1741 — 1" juin 1741.
142 Sa'W-ben-Senîber-ben-Man-
sour-Ez-Zaeeri. 4juil. 1741—24 oct. 1741.
143 Sa'zcf-ben-Senîber-ben-Man-
sour-Ez-Za'eri. 2 nov. 1741 — 16 juin 1742.
144 Sa'id-ben- Hammedi -ben -
cAli-Et-Tezerkîni. 21 juin 1742—31 août 1742.
145 Sa'zrf-ben-Hammedi-ben-
cAli-Et-Tezerkîni. 18 sept. 1742 — 3 nov. 1742.
146 Sa'îd- ben - Senîber- ben-
Mansour-Ez-Za'eri. 1er déc. 1743 — 22 avril 1745.
147 Bâbâ-Seyyid-ben-lïgLmmedi-
Zenko - ben - 'Abderrah -
mân-ben-cAli-Ed-Derci. 22 mai 1745 — 15 sept. 1745.
148 El-Fa'-Mahmoud-ben-Sem-
ber-ben- Mohammed -
Bouya-Ech-Chetouki. 15 avril 1746 —19 avril 1746.
149 'Abdelgheffâr-hen-Ouskma.-
ben-'Ali-Et-Tezerkîni. 6 mars 1748 — 27 juillet 1748.
150 £«6e/cer-ben-El-Fac-Man-
APPENDICE 373
N° Nom du pacha. Durée de ses fonctions,
d'ordre. — —
sour - ben - Mohammed -
ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i. 30 oct. 1748 — 22 déc. 1748.
151 Babeker-ben-E[-¥ a.'-U&n-
sour-ben-Mohammed-ben-
'Ali-El-Mobârek-Ed-
Der'i. 19janv. 175C —29 nov. 1750.
152 Sa'îrf-ben-Hammedi-ben-
'Ali-Et-Tezerkînil.
153 'Ali-ben- rAbderraouf-ben-
Sâlih - ben - Mohammed -
ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i.
'
154 Ali - ben - 'Ammâr - ben -
'
So oud - Bokarnâ r Ech -
Chergui.
155 Bâ - Haddou-ben -Babeker-
ben-el-Fa'-Mansour-ben-
Mohammed-ben-'Ali-El-
Mobârek-Ed-Der'i.
156 '^/f-ben-Mansour-ben-'Ali-
Et-Tezerkîni, surnommé
Bàbâ.
1. Les notices biographiques ne font pas mention de ce pachalik ni de ceux
qui suivirent parce qu'ils se produisirent après la rédaction de l'ouvrage. Il est
cependant probable que l'auteur les aura indiqués dans sa liste récapitulative
en marge de son manuscrit. Rien n'empêche aussi de supposer qu'ils ont été
ajoutés par un copiste.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DU
TEDZKIRET-EN-NISIAN
NOTA.— Les noms géographiques sont en italiques. Les chiffres gras indiquent
l'article spécial consacré à un personnage.
A chi-Ed-Der'i, hâkem et pacha,
59, 147, 257, 297.
'Abdallah - ben - El - Hàdj - ben-
Aba-ben- 'Abdelkerîm-ben-Ham-
medi-ben-Yousef-El- 'Euldji, Sa'îd-El- 'Imrâni, caïd, hâkem
hâkem, et pacha, 19, 28, 3o, 3g, 53, 63,
297.
'Abd-ben-Hammedi-ben-'Ali-El- 66, 68, 69^ 86, go, 101, 202, 225,
Tezerkîni, 244. 235, 2.44) 253, 298.
'Abdallah - ben - 'Abderrahmân - 'Abdallah-Kenba-Idji, 204.
'Abdallah - Konba - ben - Konba,
ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i,
Kabara-Farma, 18, 27, 79, 88, 16, 17.
'Abdallah-ben-Senîber-ben-Me-
198, 199, 226, 227, 235, 236, 300.
' Abdallah-ben-Abokeni-ben-Mo- s'aoud-Ez-Za'cri, 180.
hammed-ben-El-Mokhtâr-ben- 'Abdallah-ben-Mohammed-ben-
- Zenkan - ben-El- El-Caïd-Iiassou-Ed-Der'i, sur-
Mohammed
Fa'-Abeker-El-Meddâh, nommé Ibn-El-Caïd-'Abdallah-
97.
'Abdallah-ben-'Aïcha, HassoUj caïd et pacha, 87, 203,
79.
'Abdallah-ben- 'Ali-ben-Moham- 243, 258.
med-Et-Tezerkînï, lieutenant- 'Abdallah-ben-Mohammed-Bouya
général et hâkem. 206, 298. (la maison de), 160.
'Abdallah - ben - ' Abdellatîf- ben - 'Abdallah-ben-Mousa-Ed-Der'i,
CAH-Et-Tezerkîni, i3i, i32. hâkem, i5i, 297.
'Abdallah-ben-El-Gaïd-Nâsir-ben- 'Abdallah-ould-Arhama, 221.
'Abdallah-ben - Nâsir - Ed- Der'i.
'Ali-ben-'Abdallah-El-A'ame-
DU TEDZKIRET EN-NISIAN 377
'Abderrahmân-ben-'Ammâr, as- Mokhtâr-ben-Mohammed-Zen-
kia, i5, i53. kan-ben-Bokar, 154.
"Abderrahtnân-ben-Bâchout-Bou- Abel, i3g,
Zenâd, surnommé Zenka, pa- Abou-' Abdallah -Mohammed-El-
cha, 58. 'Irâqi, auteur cité, i4o.
r 68.
Abderrahmân -ben-El-Hàdj-ben- Abou-Bekr-Ech-Gherif,
El-Amîn-Kânou, 6. Abou - Bekr - ben - Mostafa - El -
'Abderrahmân-ben-Hammedi (ou Ouankori, i3.
Ahmed) -ben-'Ali-ben-Moham- Abou 'l-'Abbâs-Ahmed-ben-Mah-
med-ben-'Abdallah-Et-Tezer- moud-Baghyo'o-ben-Ibrahîm-
ben - Ahmed - Baghyo'o - El -
kîni, pacha, 87, 90, 201.
'Abderrahmân-ben-Hammedi (ou Ouankori, 237.
Ahmed)-Zenka-ben-'Abderrah- Abou '1-Kheir, hâkem des leg'ba,
mân-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed- 227, 228.
Der'i, surnommé Bâbâ-Seyyid, Abou'1-Kheir-ben-Aboua, 160.
94. - 'Abderrah-
pacha, Abou-Zeïd-El-Hâdj
'Abderrahmân-ben-Mohammed- mân - ben - Isma'ïl-Boro -ben-
Kiraï-Ech-Chergui-El-Anda- Mohammed-Roured, juriscon-
losi, pacha, 37, 257. sulte, 236.
cAbderrahmân-ben-cOmar-ben- Abraham, 139.
Bokar-Kanbouc-ben-Yacqoub- Abrâz, localité, 89, 123, i38, i56,
ben-El-Hâdj-Mohammed, as- 157, i58,159, 160, 173, 174, 2o3,
kia, 294, 295. 229, 240, 283.
'Abderrahmân- Achour-Koï-Idj, nom d'une di-
Ouiqayat-Allah-
ben-cAbdesselâm-ben-Ahmed- sette, 191.
ben-Sacîd-ben - Mohammed-Ki- Achoura-ould-Benkànou, 208.
dâdo, imam de Tombouctou, 'Ad, i39.
289. Adâgh, localité, 41.
'Abderrahmân-ould-Dzonkoul,62. Adâgha, localité, 168.
A.bderrahmân-ben-Sa'îd-El-An- 'Adjeroud ou 'Adjeroued, 6, note.
dalosi, surnommé Ibn-Sa'îd- Ag-Cheikh-ben-Kâli-Dono (ou
Ouneddâm, pacha, 86, 255, Kaliden)-Et-Targui, chef toua-
256. reg, 62, 228, 232, 253.
cAbderrahmân-ben-Zobeïr, 148. Aghendel, localité, 92, 93.
'Abdesselâm-ben-Hammedi-ben- Aghrîb, 109 note.
±3i. 100 note.
' cAli-Et-Tezerkîni,
- ben - Mohammed -
Agomâr,
— Voy. Sey-
Abdesselâm Ahmed (le cadi), 16.
Diko-El-Foulâni, imam de yid-Ahmed-ben-Ibrahîm-ben-
Tombouctou, 288. Seyyid-Ahmed-Mo'yâ.
cAbdo, 244 note. Ahmed-ben-'Ali-ben-'Abdallah-
Abeker-ben-Mohammed-ben-El- Et-Telemsâni, surnommé Ah-
378 INDEX ALPHABÉTIQUE
med-El-Khelîfa, pacha, 76, 100. Ahmed-El-Mardjâni, professeur
147, 148, i5o, i5i, i52. de l'auteur, i55.
Ahmed'-ben-'Ali-ben-'Abdallah- Ahmed-ben- Mohammed- Kourdi,
Et-Telemsâni, surnommé 'Atti- 6.
rai, pacha, 143 {Tarikh-es-Sou- Ahmed-Mo'yâ'-ben-Ibrahîm-ben-
'
dân, p. 423). Abdallah - ben - Seyyidi - Ah -
Ahmed -ben-'Ali- ben-Moham - 34, i54.
med-Mo'yâ,
med-ben-'Abdallah-Et-Tezer- Ahmed-ben- 'Otsmân - ben - Ah-
kîni, caïd, amîn et pacha, 21, 22, med-ben-Mohammed-ben- Mo-
4i, 60, 99, 146, i5i, 204, 243, hammed - ben - Tâchefin - El -
253, 288- Oueddâni, imam, i3G, 188.
Ahrned-ben-Bâ-Haddou-ben-Sâ- Ahmed-Rouaïdesi (ou Douïdech),
lem-El-Hassâni-El-Merrakechi, lieutenant-général et amîn, 6,
lieutenant-général, 33, 23o. 8, 28o.
Ahmed-ben-Bâbâ-Kedâdj, 93. Ahmed-ben-Seddîq, imam de
Ahmed-ben-Ei-Benna, 208. Tombouctou, 288.
Ahmed-Bouso-ben-Mohammed- Ahmed-ben -Senîber - ben -Me-
ben - Ahmed - ben - Mahmoud - s'aoud-ben-Mansour-Ez-Za'eri,
ben-Abou-Bekr-Baghyo'o-El- pacha, 158, 161, 162, 167, 168,
Ouankori, 14. 174, 176, 177, 178, 195.
Ahmed-ben-Cherif, n. Ahmed-Souâq, 91.
Ahmed-Douïdech-El-Andalousi, Ahmed-Touri-ben-El-Hâdj -Mo-
amîn, 6, 8, 288- hammed-Touri, 12.
Ahmed-ben-El-Hâdj-Ei-'Amiri, Ahmed-ben-Yahya, amîn, 284.
i56. Ahmed-ben-Yousef-El-'Euklji,
Ahmed-El-Khelîfa (les fils de), caïd et pacha, 143, 281 (Tari/ch-
2o5, 207, 209, 220. — Voy. Ah- es-Soudân, p. 338).
'Ali- ben - 'Abdallah - Ahmed-Zenko - ben - 'Abderrah-
med-Jben-
Et-Telemsâni, mân-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
Ahmed-ben-El-Fa'-Mahmoud- Der'i, caïd, Kabara-Farma et
ben-Bâbâ, 92. pacha, 66, 69, i93, 260, 300.
Ahmed-ben-El-Fa'-Mâmi-ben- — Voy. Zenko.
Yahya (la maison de), 160. Aïe h, tribu, 159.
- El -FV-Mansour- 'Aïcha - bent - Mohammed - Ba -
Ahmed-ben
ben-Mohammed-ben-'Ali-El- ghyo'o-ben-Abou-Ishâq-Ibra-
Mobârek-Ed-DeiM, lieutenanl- him - ben- Ahmed-ben-Mah-
général et pacha, 23, 24,111,162, moud-Baghyo'o-El-Ouankori;,
I76, 189, 191, 198, 237, 245, 2Ô2. i4".
Ahmed-ben-Mansour-Ech- Cher- Akbâou, 223.
gui, surnommé Bâ-Ahmed, pa- 'A-Koï-El-Hasen, chef touareg,
cha, l52. 187.
DU TEDZKIRET EN-NISIAN 379
Akomâr, 100 note, 167. —"Voy. 'Ali-ben-El-Hâdj-Sa'îd-El-'Imrâ-
Agomâr. ni, hâkem, 297.
Akrâm-ben-El-Aouel, 61 note. 'Ali-ben-El-Hasen-El-Monebbih,
Akzâm-ben-El-Al, chef touareg, hâkem, 298.
61. 'Ali-El-Mobârek-ben-'Ali-ben-El-
Alfa' ou El-Fa', 20 note. Mobârek-Ed-Der'i, Kabara-
'Ali, esclave, 70. Farma, 300.
'Ali, héraut, 224. 'Ali-El-Oufrâni, 23o.
'Ali, gouverneur de Cheïbi, 17. 'Ali-El-Qastelâni (les fils de),
'Ali. — Voy. Senîber-ben- 'Abdal- 179-
lah, lieutenant-général, 257. 'Ali-Et-Tezerkîni (les iils el les
'Ali, le khalife, 139. petits-fils de), 204.
'Ali-ben- 'Abdelazîz-El - Feredji, 'Ali-ben - Hammedi - El - Djesîm -
pacha, o5. ben-Yahya-ben-'Ali - Ed - Der'i,
'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, Kabara-Farma, 301.
caïd et pacha, 66, 191, 280, 281, 'Ali-ben-Hammedi-ben-Haddou-
282 (Tarikh-es-Soudân, p. 335). El-Adjenâsi, lieutenant-géné-
'Ali-ben- 'Abdelqâder-Ech- Cher- ral, 254, 256.
gui, pacha, 66, 284 (Tarikh-es- 'Ali-ben-Homeïd (ou Hamîd)-El-
Soudân, p. 348). 'Amri, pacha, S8, 242, 287.
'Ali-ben- 'Abderraouf-ben-Sâlih- 'Ali-ben-Ibrahîm-Ed-Der'i, caïd
ben- Mohammed-ben-Cheikh- et pacha, 52, 37, 98.
'Ali-Ed-Der'i, hâkem, 299. 'Ali-ben-Mobârek-ben- 'Ali - ben -
'Ali - ben - Bâchout - Mohammed - El-Mobârek-Ed-Der'i, pacha,
ben - 'Abdallah - Et - Tezerkîni, 26, 61, 100, 152. — (les fils de),
surnommé Ibn-Akhrâz, pacha, 2i5, 249.
So, 56. 'Ali-ben-Mobârek-El-Mâssi, pa-
'Ali- ben-Brahîm - Djami' - Ed- cha, SS (Tarilch-es-Soudàn, p.
299.
' Der'i, Kabara-Farma, - El - Kahiya-ben-
379)-
Ali-Châmi-ben 'Ali-ben-Mohammed-Cheikh-'Ali,
Bach-'Ali, i23, i65, 166, 182. caïd, 7, i5i.
'Ali-ben-El-Caïd-Mohammed-ben- 'Ali-ben-Mohammed-ben- 'Ots-
Gheikh-'Ali-Ed-Der'i, pacha, mân, lieutenant-général, 206.
o9, 64) 193, 222. 'Ali-ben-'Obeïd, gouverneur de
'Ali-ben-El- Dj esîm - ben - Yahyà- Kîso, 280, 282.
ben-'Ali-Ed-Der'i, caïd, lieute- 'Ali-ben-Rahmoun-El-Monebbih,
nant-général et Kabara-Far- caïd et pacha, 16, 60, 61, 63,
ma, 22, 25, 116, 122, 120, 126, i36.
i35, i38, 142, i44) 187, 188, 189, 'Ali-ben-Sa'îd-ben-Yahya, lieute-
237, 253, 300. — (les fils de), nant-général et caïd, 35, 36, 37,
208. 66.
DU TEDZKIRET EN-NISIAN 381
90. 194, 196, 2i5, 222.— (la Ech-Chergui-Es-Senâouni, pa-
maison de), 160. —(la famille cha, 222.
de), 197. Bâbâ-Latouâdj, imam, 121.
Bâbâ, imam deTombouctou, 188. Bâbâ-ben-Mansour-ben-'Ali-ben-
Bâbâ-ben - 'Abdallah-ben-El- lieu-
Mohammed-Et-Tezerkîni,
Hadj-ben-Sa'îd-El-'Imrani, 74, tenant-général, g5, 299.
75, 76. Bâbâ-ben- Mohammed-E]-cArbi,
Bâbâ-'Abderrahmân-ben-Seyyid- surnommé Konnasou, 208.
El-Heddâdji, n3. Bâbâ-ben-Mohammed-ben-Mo-
Bâbâ-Ahmed, imam, 121. hammed-Baghyo'o, imam, i33.
Bâbâ-Ahmed, surnom du pacha Bâbâ-Monîr, conseiller, 48, 49.
Ahmed - ben - Mansour - Ech - Bâbâ-ben-Mo'ya, imam, 208.
Chergui, 61. — Voy. aussi Bâ- Bâbâ-ben-Nâsir-ben-'Abdallah-
Ahmed. ben-Nâsir-El-Acamechi, lieu-
Bâbâ-Ahmed-ben-El-Hâdj -Senî- tenant-général, 179, 245.
ber-ben- Ahmed-Chedâdo- El - Bâbâ-Saï (ou Sayyo)-ben-Abker
Filâli, 23o. (ou Beker)-ben-Mohammed-
Bâbâ-Ahmed-ben-El -Mostefa - Saï - ben - Mohammed -Djem,
ben-'Abdallah-El-Kouri, imam, cadi du Mâsina, 83, i35.
108. Bâbâ- Sa'îd-ben - Ahmed-ben-
Bâbâ-ben-'Ali-ben-Dja'far (les Sa'îd-ben-Kidâdo, imam, 99.
petiLs-fils de), 179. Bâbâ-Sald-ben-Hammedi-Zenka,
Bâbâ-ben-Bouya, imam, n3. m.
Bâbâ-Bouzeïd (lamaison de), 160. Bâbâ-Seyyid, caïd des Cheraga,
Bâbâ-ben -Brahîm-ben-Seyyid- 70, 73, 74, 107, 122, 126, 127,
ben - 'Abderrahmân -El - Hed- 128, 129, i33, i34-
dâdji, Kabara-Farma, 301. Bâbâ-Seyyid, surnom du pacha
Bâbâ-ben-Brahîm-ben-Seyyid- 'Abderrahmân-Zenka, 94, 97.
cAli, Kabara-Farma, 253. Bâbâ-Seyyid, surnomdeMansour-
Bâbâ-Cherâg (ou Cherâga)-ben- ben-Tâleb-Ahmed-Ech-Cher-
Sana-Torkâdj, 87, 235. gui, 12, 221.
Bâbâ-Djem, forgeron, 68. Bâbâ-Seyyid-Cherâg, 74, note.
Bâbâ - ben - El-Fa'-Mohammed- B âbâ - Seyy id-b en-c Ab dallah-ben-
c
Baghyo'o, imam, 125. Abderrahmân, conseiller, iG5,
Bâbâ-El-Mokhtâr-ben-Moham- 245.
med-ben-El-Mokhlâr-ben-Mo- Bâbâ Seyyid-ben-Hammedi (ou
- ben - 'Ader-
hammed-ben-Zenkan-ben-El- Ahmed) - Zenko
Fa'-Abker-El-Meddah, cadi de rahmân - Ed - Der'i, Kabara -
Tombouotou, 18, io5, 124, i34> Farma et pacha, 54, 237, 252,
i58, i83, 188, 228, 248, 287. 254, 300.
Bâbâ - Hammedi - ben - Mansour - Bâbâ - Seyyid - ben - Mohammed -
DU TEDZKIRET EN-NISIAN 383
Benkoua ou Ben/cou, 23 note. Bouro-Yendi, localité, 2 85.
Berâbîch, îoo, i56, i58, 161. Bouya, surnom de Mohammed-
Bîdân, nom arabe des Maures, ben-EI-Hâdj-ben-Dcâoud-Ech-
2l3. Chelouki, 5, 6, 7.
Bilâl-ben-Mousa, ara-koï ou chef Bouya-ben-Yousef-ben-Mâmi-Ati-
des amers, 34. ben-Tsoum-'Otsmân , imam,
Billi-Hasen-Djahchi, 80. i55.
Bina, localité, 145. Brahîm - ben - 'Abdelkerîm - El -
Biro-Koï, chérif, 62. Djerrâri, pacha, 220 (Tarikh-es-
Biyouqef, 242 note. Soicdân, p. 347).
Bokar, soldat, 208. Brahîm-ben-Boumo-Qât, 81.
Bpkar, Docai-Farma, i65^ 166. Brahîm-Djamic-Ed-Der'i, Kaba-
Bokar-Kanbou'-ben-Ya'qoub-ben- ra-Farma, 299.
Aslda-El-Hâdj-Mohammed, as- Brahîm-Botomâch-El-Ouerdzâdzi
kia, 290, 291. (le fils de), 180.
BokarKîcha'a-ben-EI-Fa'-Donki- Brahîm-ben-Hammedi-ben-'Ali-
ben - 'Omar - Komzâgho, chef ben-Mohammed-Et-Tezerkîui,
songhaï, 289, 290. surnommé El-Fa'-Ibrahîm, pa-
Bokar-ben -Mohammed - Sâdeq - cha, 236.
ben-Mohammed-Benkan -ben- Brahîm-ben-Hassoun-Ed-Derci,
Askia-Dâoud-ben-El-Hâdj-Mo- hâkem et pacha, 221, 297.
hammed, askia, 29o. Brahîm-ben-Seyyid-ben-'Abder-
Bokar-Yendi-Idji, surnom du i, Kabara-
rahmân-El-Heddâdj
cadiMahmoud-ben-Mohammed- Farma, 79, 180, 201, 300.
ben-Anda-Ag-Mohammed., 287. Brahîm-ben-Seyyid-San-Mocaï(ou
Bokarnâ- ben - Mohammed - ben -
Sanamoghaï)-ben-Mohammed-
Mohammed-ben-cOtsmân, pa- Jjen-Hammedi, caïd, 177, 178.
cha, 220.
Bokoubîr, localité, 29.
Bonankobo, bourg, 121. G
Boryo-ben-'Ali-ben-Sa'ïd-ben-
Yahya-El-Gharnâti, lieutenant- Cadis (liste des), 286.
général, 180, 219. Gain, i3g.
Bfrubeker. — Voy. Babeker. Cheïbi, bourg, 17, 18, 22, 24, 129,
Boubeker-El-Heddjâmi, i32. i3i, i32, 184, 209.
Boubo-Kaïna, marché, 73. Cheikh, surnommé Cheikh-Bâk,
Boubo-ben-El-Mord, 208. hâkem, 297.
Bouki, bourg, 229. Cheikh-ben-rAli-Dâoud-El-Anda-
Bouna, bourg, 212. lousi, Kabara-Farma, 300.
Bouro-Kandi.—Voy.Ech-Cheikh- Gheikh-ben-Babeker-El-'Imrâni,
Bouro-Kandi, 227. hâkem, 298.
38i INDEX ALPHABÉTIQUE
Cherâga (division de), 25 note, 34, Djouder-ben-El-Mobârek-ben-El-
3g, 70 note, 73, 90, i3o, i3i, Hasen, 106, 107, îog, 112.
170, 181, 210, 248, 256, 25g, 260. Djouder-Kanghqniya,* marché de
Chergui, 6 note. Tombouctou, 4.
Chetoaka, 52 note. Djouroya , colline, 246.
Chîbi. — Voy. Cheïbi. Do'aï, port, 170, 171, 182, 218
note, 296.
Do'aï-Farma, titre, i65.
D Doboro, localité, 38, 39.
Donko, bourg du Bambara, 18.
Da'a ou Daaï, port, 218. — Voy. Doronaka, bourg, 202.
Do'aï. Dra, province du Maroc, 222, 223,
Dâdji, 235. 225 note.
daïra, nom de la garde, 21 note, Draouï, 225.
33 note, Dzou 'n-Noun-ben-El-Hâdj-ben-
danaï, nom d'une plante, 118. Biyoukhef-El-Ya'qoubi-Ech-
Daoud-ben-Hâroun-ben-El-Hâdj- Chergui, lieutenant-général et
ben-Askia-Dao ud-b en-El-Hâdj -
pacha, 9, i4g, 257, 2S8.
Mohammed, askia, 5, 255, 293. Dzou 'n-Noun-ben-Mohammed-
dâr-el-qiyâda, palais du pacha, ben-El - Hàdj -ben -
Biyoukhef-
283. El-Ya'qoubi-Ech-Chergui, 181.
Deba, ville, 35, 36, 37, 38, 3g. Dzou-Zebîb, nom d'une année, 8.
Dienné, ville, n, 24, 29, 48, 63,
64, 83, g6, 102, io3, 112, n3, E
116, 118, i3i, ±4*J i5o, i5i,2oi,
204, 2i4» 216, 217, 218, 21g, 27g. Ech-Cheikh- cAli -ben -Dahman,
Dmna, localité, 110, 112, 116, 106.
i38, 142, 236. Ech- Cheikh - ben - Babeker - El -
Dirma-Koï, titre, 112. 'Amri, lieutenant-général, 221,
Djafar-Benka, localité, 23. 233, 252.
Djaouer, localité, 56. Ech-Cheikh-Bouro-Kandi, chef
Djelâdji, prince du Mâsina, 72. deslegha, 227. •— Voy. Bouro-
Djeloun ou Djelloun, 46, note. Kandi.
Djem, 68. Ech-Chifa, ouvrage cité, 85.
Djem-Kiraï, 68. El - 'Abbâs -ben-Mohammed-Bou-
djemâl ou djemmâl, 101 et note. ya-Ech-Chetouki, 234.
Djindjo, localité, 106, 107, 108, El-'Abbâs-ben-Sa'îd-El-'Amri,
10g, 112, 209, 210. pacha, g, gg, 243.
Djinni-Koï, 214, 217, 218, 219. El-'Abbâs-Ech-Cherif-ben-Ba-
Djouder, pacha, 3, 17 note, 86, ghyo'o-ben-Mohammed-Kou-
i5o, 191, 2o3, 288. red, 23o.
DU TEDZKIRET EN-NISIAN 385
El-'Afiya-ould-Maro- Benbara, El-Fa'-Bokar (la mosquée de), 113.
chef bambara, 246. El-Fa'-Boniya. — Voy. El-Fa'-
El-Amîn-ben-Abou-Bekr-Foulân, Beniya.
495. El-Fa'-El-Amîn-ben-Mohammed-
El-Amîn-ben-San-Teregh-Idji, Soud, 5.
ar'a-mondzo, 208. Ël-Fa'-El-Bichr-ben-'Abdallah-
El-Amiri, tribu, 101, 102, io5, Gherrâti, hâkem, 298.
106. El-Fa'-EI-Hasen- ben - Mansour,
El-Amti, îoi note. hâkem, 297.
El-'Arab-ben-El-Caïd-Mâmi, 11. El-Fa'-Es-Seddîq-ben-Moham -
El-Bâchâ-ben-El-Mobârek, 26. - ben - Koured ,
med-Baghyo'o
El-Bokhâri, auteur cité, 27. 120.
El-Bâqi-ben-AIel, chef touareg, El-Fa'-Ibrahîm, surnom de Ibra-
hîm-ben-Hammedi - ben - ' Alî -
71, 72.
EI-Djozouli (la mosquée de), 5i, Et-Tezerkîni, lieutenant-géné-
i58. ral et pacha.
El-Fa' ou Alfa', titre, 20 note. El-Fa'-El-Imâm (la maison de),
El-Fa'-AbdalIah-ben-Ab-Mouya- 122.
Ouankareb, n3. El-Fa'-Mahmoud (les fils de ou la
El-Fa'- Abdallah -ben -Ibrahîm- tribu de), 187.
ben - Mohammed - Ouankorba, El-Fa'-Mahmoud - ben - 'Ammâr,
34- askia, 239.
El-Fa1- 'Abdallah-ben-Moham- El-Fa'-Mahmoud - ben - Moham -
'
med-ben-Bâbà-'Abderrahmân- med-Senîber-ben-Mohammed-
ben-Ahmed, 45. Bouya, câïd et pacha, 177, igo,
El-Fa' - 'Abderrahmân-ben-'Ali- 254.
hâkem, El-Fa'-Mahmoud - ben - Moham -
ben-Yousef-El-'Euldji,
298. med-Bouya-ben-El-Hâdj-Ech-
El -Fa'- Ahmed - ben-'Abderrah- Ghetouki, pacha et Kabara-
mân-ben-Ahmed-ben-Moham- Farma, 244, 300.
med-Koured, imam, i33. El-Fa'-Mâmi (le fils de), 180.
El-Fa'-'Ali-ben-El-Fa'-Moham- El-Fa -Mohammed-ben- Ahmed -
med-Moudi, 70. Ech-Cherif, caïd, 214.
El-Fa'-'Ali-Fadelâdji, 97. El-Fa'-Mohammed-ben-Babeker-
El-Fa'-Bati, conseiller, 127. El-Kabari, 143.
El-Fa' - Mohammed - ben - El -
El-Fa'-Beniya (ou Boniya)-ben-
Hammedi (ou Ahmed)-El-Rha- Amîn-Soud, 21.
iG, 204; - El - Fa' - 'Ali -
lîf(ouEl-Khelîfa), El-Fa'-Tâgh-ben
El-Fa'-Benkâno (ou Benkânou)- ben-Mohammed-Kourdi (ou
ben-Mohammed-Ech- Chergui, Koured), 21.
pacha, 58, 242, 259. El-Fa'-Yousef-ben-Bouti, i54-
Biographies des pachas du Soudan.) 2a
386 INDEX ALPHABÉTIQUE
55. -ben -Mohammed - Ben -
El-Feq-Tandaï (bataille de), El-Hâdj
El-Fichlâli, 193 note. kan, askia, 292.
El-Filâli-ben-'A'issa-EI-Berbou- El.- Hâdj - Mohammed - Er - Res -
chi, 62. mouki, 142.
El-Habîb-Bâbâ-ben-Sa'd-ben-El- - El - 'Imrâni,
El-IIâdj-ben-Sa'îd
Habîb-Bâbâ-ben-El-Hâdi-El- hâkem, 255, 257, 297.
Oueddâni, i3, El-Hâdj-Yousef-ben-Ahmed-ben-
El-Hâdj-cAbdallah-ben-El-Ha- El-Hâdj, 106.
sen, 81. El-Hâkem, auteur cité, 140.
El-Hâdj-'Abdallah-ben-'Ali-ben- El-Hasen (ou El-Hasani)-ben-
Tâleb-Ibrahîm, 79. Hammedi (ou Ahmed)-ben-'Ali-
El-Hâdj-'Abderralimân-ben-Is- ben-Mohammed-ben-cAbdallah-
ma'îl-Youro, jurisconsulte, 67. Et-Tezerkîni, lieutenant-géné-
El-Hâdj-Ahmed-ben-Hammou, ral, hâkem et pacha, 18, 53,
8i. 177, 178, 206, 209, 244, 249, 298.
El-Hâdj-Ahmed-ben-Djelloul,46. El-Hasen-ben-Ez-Zobeïr, amîn,
El-Hâdj-Ahmed-ben-'Omar, 97. 279, 280, 281, 282.
El-Hâdj-FAli-Mactouq, 106. El-Hasen-ben-Hoseïn, caïd et
El-Hâdj-ben-Babeker, askia, 246, • lieutenant-général, 22,167, 184.
El-Hâdj-ben-Bokar-Kîcha'a-ben- El-Hasen-ben-Mansour-El-Mo-
El -Fa'-Donko-ben-'Omar- nebbih, hâkem et pacha, 243,
Komzâgho, askia, 291. 297-
El-Hâdj-Ken-Bokar-ben-Moham- El-Hasen-ben-Mellouk, caïd, 7.
El -Hasen - ben -Mohammed -El-
med-Sâdeq-ben-Boubeker-ben-
Sâdeq-ben-Daoud-ben-Askia- 'Amri,pacha, n5,116,252, 253.
El-Hâdj-Moharnmed, askia, 5, Ël-Hasen-ben-Nâsir-beri-rAli-ben-
88, 109, 121, 186, 189, 202, cAbdallah-Et-Telemsâni, 208.
296. El-Harîr, caïd, 91, 92.
El-Hâdj-Bou-Tâher, 81, 82, 87, El-'Imrâni, amîn, 284-
88. — (les enfants de), 201. El-Kâhiya, petit-fils de Brâhim,
El-Hâdj-El-Mobârek, muezzin, le lieutenant-général, 180.
'
98. El -Kâhiya- ben - Ammar - ben-
El-Hâdj-El-Mokhtâr-ben-Biyou- 'Abdallah-Ech-Chetouki, Ka-
khef-Ech-Chergui-El-Yacqou- bara-Farma, 300.
bi, pacha, 143, 242. El-Kâhiya-ben -Ech-Cheikh-El-
El-Hàdj-Hâfedz, 106. cAmri, lieutenant-général, i35,
-
El-Hâdj-Mesa'oud-ben-El-Hâdj 157.
Sâlah-El-Yefrâni, io3, 104. El-Khelîfa, caïd, 180, 25g.
El-Khelîfa-ben-cAbdellatif-ben -
El-Hâdj-Mes'aoud-ben-El-Hâdj-
Solhi, 123. Bahroun, 86.
El-Hâdj-Milâd (la maison de), 129. El-Khelîfa-ben-Tira', caïd, 214.
DU TEDZKIKEÏ-EN-NISIAN 387
El-Kherafa (la maison de), 175. 'îd - ben - Mohammed - Ridâdo,
El-Kouch-ben-Mohammed-ben- imam, 14.
Yousef-ben-Nasr, Rabara-Far- El-Mokhtâr-ben-Chems-ben-Is-
ma, 300. ma'ïl-ben -Mohammed -Bâno -
El-Rouchi-bcn-Bâch, Rabara- ben-Dâoud-ben-Askia-El-Hâdj-
Farma, 301. Mohammed, askia, 42, 77, 85,
Elneïti-Belboul, 244. 295, 286.
El-Mebârr-Bouri-Kendi, cbef des El-Mokhtâr-ben - El- Amîn - ben -
legha, 46. Tâgh, architecte, 83.
El-Mo'alezz, le calife, 139. El-Mokhlâr-ben-Mohammed-Qan-
El-Mobârek-ben-Bâkarna, lieu te- bel, cadi, i55.
nant-général,.33. El-Moqtader, le calife, i3g.
El-Mobârek-Ed-Der'i, surnommé Et-Mord-ben-Sa'îd-ben-'Omar-
'Idi-Mil-Yello, bâkem, 298. El-Fâsi, hâkem, 208, 298.
El-Mobârek-EI-Qâta, 231. El-Mordo-ben-cAmmâr, Rabara-
El-Mobârek-ben-Hammedi (ou Farma, 29.
Ahmed)-ben~\A.li-El-Mobârek- El-Mostefa-ben-'Abdallah-Riraï-
Ed-Der'i, pacba, 12, 191, 243. El-Oueddâni, 188.
— (les enfants de), 226. El-Mostefa-ben-Mohammed-ben-
El-Mobârek-ben-Mansour-ben- Mohammed-Seyyidi, 181.
Mes'aoud-Ez-Za'eri, pacha, 66, El-Ouâfi-ben-Tâlibina, cadi, 63,
98, 242. 157, 159, 162.
El-Mobârek-ben -Mes'aoud-ben- El-Oueddâui, auteur cité, 140.
Mansour. —Voy. El-Mobârek- Er-Râchîd-billah, le calife, 139.
ben-Mansour-ben-Mes'aoud. Es-Seddîq-ben-Mâmi, 62.
El-Mobârek-ben-Mohammed-ben- Ez-Zaceri, 26 note.
'Ali-El-Mobârech-Ed-Derci, 180. Ez-Zeghri pour Ez-Za'eri, 26
El-Mobârek-ben-Mohammed-Bou- note.
ya-Ech-Chetouki, Rabara-Far-
ma, 3oo.
El-Mobârek-ben-Mohammed-El- F
Gharnâti, caïd et pacha, 73,243,
258. Famâgh, chef ouankoré, n3.
El-Mobârek-ben-Nâsir-ben-'Abd- Fara-Roï (àniers), 141, 25o.
allah-ben-Nâsir, 179. Faran-Rânouna, 109, 112.
El-Mobârek-ben-Sâlih, caïd, 238. Faraman, village, 5 .
El-Mobârek-ben-Solh-ben-Mo- Farmân, village, 214. —(expédi-
hammed-ben- Cheikh- 'Ali- Ed - tion do), 292, 293.
Der'i, caïd, i36, 137, i38. Farmân-Tâ'o, localité, 207.
El-Mohtadi, le calife, 139. Fasaï, 14 note.
EI-Mokhtâr-ben-Ahmed-ben-Sa- Fatrâdj, 170 note.
388 INDEX ALPHABÉTIQUE
fergh, i3g. hadja, 181 et note.
Ferkedi, 229. Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi,
Fez (division de), 25 note, 33, lieutenant-général et pacha, 143
3g, 53, 70 note, 95, 122, i33, (Tarikh-es-Soudan, p. 341),
i34, i35, i36, 137, i38, i42, ±45, 282, 286.
147, i5i, 164, 176, 179, 199, 200, Haha (division de), 23o.
201 note, 203, 204, 2o5, 206, Hâkems (liste de), 297.
207, 208, 209, 214, 2i5, 220, 240, fJâma, localité, 106 note.
245, 249) 2*>o>284- Hamedyouch, surnom de ïïam-
Fezzâni, 78 noie. medi - ben - Mohammed - bon -
Fichtala (tribu), 59 noie, 193 noie. 'Amir, 180.
Hamîd. —
Fintikei'y marché, 73. Voy. Homeïd.
Fondoko, i56. hamladj, i5i.
Fondoko-Djelâdji, prince du Mâ- Hammedi-ben-'Abdallah-Et-Tir.-
sina, 72. ghârasi, hâkem, 22, 52, 232,
Foulâni (ou Pculs), 110, m, 119, 299.
120, i33, i53, i55, 170, 2it, 212, Hammedi - ben - 'Abderrahmân -
2.29. ben-cAli-El-Mobârek-Ed-Der'i,
surnommé Zenko, pacha, 188.
Hammedi-ben-'Ali-Dzi '1-Ouâli,
G
Ghâl-Belboun, Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohanj-
général, 78.
Ghâli-Mousa nied-ben -'Abdallah-El-Te/.or-
(fraction touareg),
kîni, pacha. — Voy. Ahmed-
55, 172, 187, 244.
ben-cAli, etc.
Ghanber-El-Atrech, 39.
Gharb, du Maroc, 208. Hammedirben-Dzou'n-Noun-be;;-
province
EJ-Hâdj, 23o.
Glienâm, tribu, 157.
du Sahel, 109. ïïammedi-ben-El-Caïd-Senîbet' -
Gherîb, populations
Ghomân-ould-Ag-Cheikh-El-Tar- ben-Mansour, conseiller, 54, ««>,
gui, chef touareg,252, 253, 254. 8ij 91» 92; 93> 101-
206. Hammedi -ben-El -Fa '-Mansour-
Ghomni-Kobya, bourg,
ben-Mohammed-ben-'Ali-El -
Ghonba, 16 noie.
Mobârek-Ed-Der'i. —
Gondâm, localité, 98, i45, 160- Voy. Ali-
Goarma, localité, med-ben-El-Fa'-Maosour...
91,116,120, 186,
Ha m medi-ben-E l-Fa'-Mâmi-b en-
2i3, 229.
Yahya-El-Gharnâti, 180.
Hammedi - ben - Et -
Tingharâsi.
H — Voy. Hammedi-ben-'Abdal-
iah-Et-Tingharâsi.
Hadi-ben-El-Berbouch-El-Kerbâ. Hammedi-Foulâni, Fondoko do
lieutenant-général, i35. Mâsina, 119.
DU TEDZKIRET-EN-NISIAN 389
Hammedi-ben-Haddou-ben-You- Han, 184.
sef-El-Adjenâsi, pacha, 143 Haouaïlakanaï, fraction de Toua-
(Tarikh-es-Soudân, p. 442)» 285. reg, 172, J87 note.
Hammedi-ben-Hammou-ben-Bra- Haouaïnakanaï, fraction de Toua-
hîm-Djami'-Ed-Der'i, lieute- reg, 187.
nant-général et Kabara-Farma, Eaovsa, contrée, 116, 120, l75,
79, 244, 300. 186, 2i3, 22g.
Hammedi-Kok, 180. Eâroun-ben-EI-Hâdj-ben-Dâoud-
Hammedi-Kouri, 107, 109. ben-El-Hâdj-Mohammed, as-
Hammedi-ben-Mansour-ben -Mo- kia, 290.
hammed-ben-'Ali, caïd, n5. Hassoun, 67 note.
Hammedi -ben- Mohammed -ben- lils, plante, i53.
'Amir, surnom méHamedyouch, Eomeïd - ben-'Abderrahmân - El -
•180. Hayyouni, pacha, 143 (Tarikh-
Hammedi-ben-Bâbâ-ben-'Abder- es-Soudân, p. 420).
-
rahmân-ben-Ahmed-El-Modj Hondomi, île, 184.
tehid, jurisconsulte, 236. Hoseïn, caïd, 73.
Hammedi - ben - Senîber - ben -
Fekhi, 179. 1
Hammedi-ben-Senîber-ben-Me-
s'aoud, le pacha. — Voy. Ah- Ibn-Akhrâz, surnom de 'Ali-ben-
med - ben - Senîber -ben - Me - 'Abdelazîz.
s'aoud. Ibn-El-Caïd-'Abdallah-Hassou,
surnom du pacha 'Abdallah -
Hammedi-ben-Seyyid-ben-'Abd-
errahmân-EI-Heddâdji, 180. ben-Mohammed-ben-El-Caïd-
Hammedi - ben - Tingharâsi. — Hassou-Ed-Derl.
Voy. Hammedi-ben-'Abdallah- Ibn-Hodeïz, chef maure, 161, 162,
Et-Tingharâsi. i63.
Hammou-ben-'Abdallah-EI-'Eul- Ibn-Sa'îd-Ouneddam, surnom du
dji, pacha, 55, 143, 287. pacha' Abderrahmân-ben-Sa'îd-
Hammou-ben-Babeker-ben-El- El-Andalosi.
Fa'-Mansour-ben-Mohammed- Ibn-Tâhar. — Voy. Mohammed-
ben - 'Ali-Ed -Der'i, Kabara- ben-Tâhar-Et-Targui.
Farma, 301. Ibrahim-ben-'Abdallah-ben-Ah-
Hammou-Haddâd, 79. med-Tâgh-ben-Ibrahîm-ben-
Hammou-ben-Haqq-Ed -Der'i, Ahmed-ben-Mohammed-Ba-
amîn, 278, 279. ghyo'o-EI-Ouankori, 141.
Hammou-ben-lbrahîm (ou Bra- Ibrahîm-ben-'Abdallah-ben-Sey-
bîm)-Djami'-Ed-Der'i, Kabara- yid-Ahmed-Mo'ya, cadi de
Farma, 6, 299. Tombouctou, 10, 12, 58,84, 198,
moud, 114 noie. 287.
390 INDEX ALPHABÉTIQUE
Ibrahîm-ben-El-Caïd-Hammedi - 210, 2l4, 222, 223, 226, 229, 23l,
ben-'Ali-Et-Tezerkîni, lieute- 235, 237, 244i 250, 25l, 252, 253.
nant-général et pacha, 12, 53, Kabara-Farma (liste des), 299.
106, 168, i84i 189, 236, 245, 253. Kachena, région, 95, i5i.
— Voy. El-Fa-Ibrahim. Kâgho, ville, 4i> 91. 167, 184, 220.
Ibrabîm-ben-Hassoun, 12, 25g. Kalidden, chef touareg, 253.
— Voy. Brahîm-ben-Hassoun Kamkam-Ya'rod, localité, 159 ,
le pacha. 161, 162.
Ibrahîm-ben-Seyyid, caïd, 245. Kana-Fâri, titre, 23g et note,
'Idi-Mil-Yello, surnom du hâkem kanaï, sorte de mil, 29 note, 3a
El-Mobârek-Ed-Der'i, 298. note.
Ifrâni, io3 note. Kandaï, 55 note.
Ilah-Bana-ben - Mohammed - ben Kaokao, localité, 10, 40.
EI-Hâdj-ben-Benkan-ben - Sa - Kaouered ou Kourdi, 6 note.
deq-ben-Dâoud-ben-Askia-El - Karamaï-Ouenmâ, bourg, 246.
Hâdj-Mohammed-ben-Abou- Karbaï-Hornou , suraom d'un
Bekr, Bana-Parma, 154. amîn, 192.
'Ilâl, 242 note. Karo?idzaka-Barâ, localité, 246.
Imâms (liste des), 288. kas, nom de vêlement, 118.
'Imrân, tribu, i5g, 160. Kati-Cherif, localité, 5.
In-Irbodo ou An-Irbôdo, 22 note. Kecheikh, pour Ag-Cheikh, 16?.
lnâli, localité, 113. note.
Ishâq-ben-Askia-Dâoud, askia, 4. Kel-Souq, fraction touareg, 100
'Iyâd, auteur cité, 85. note,
kelb-el-hachich, nom d'une plan-
te, 118.
J Kelli, 148.
Kensa, bourg, 77, 85.
Jardin (bataille du), 161. Kerûn, localité, 35.
kerketoun, nom d'un objet, 72.
Kesa, 118 note.
K I{etoitân,îva.clion touareg, 119,120,
172, 181, 212.
Kab-Bo'o, nom d'un sabre, i5o. Khadidja, soeur de l'imâm Bâbâ-
Kabara (port de), 7, 8, 18, 11, 22, ben-Mo'yû, 208.
24, 25, 27, 29, 52, 54, 65, G6, 67, Khebbâzi, 101 note.
72, 79, 84» 88, 106, 107, 108, 111, Khe.ch, tribu, 157.
n5, 122, 124, 129, i3o, 14.1, i42> khomachi, nom d'une étoffe, 96.
i44, 15^, i63, i65, 166, 168, 169, Kid, 206 noie.
170, 182, 187, 188, 189, 193, 194, Kidâdo, prince du Masina, 72.
198, 199, 200, 201, 202, 203, 2o6, Kidza, bourg, 110.
DU TEDZKIRET-EN-NISIAN 391
Kiki (combat de), i85. leghbou, nom d'un 80.
objel,
Ki/coï, pays, 29. — (expédition Linki, i5.
dite), 289.
Kir-Seniba, bourg, 206.
Kiraï, 26. M
Kisimo-Benko(ou Benkou ou Ben-
gho), quartier de Tombouctou, Mada'a, village, 213.
*
28, 5o, 7,3, 114> 46o, 223, 226, 227, Madi, localité, 97.
248. Mâdj ou Mâdji, 14 note.
Kîso, bourg, 29, 53, 91, n5, 117, Ma'doko, localité, 7, 14, 71.
i35, i4a, 168, 170, i84, 196, 206, Mfghcharen-Koï, titre du chef
2i3, 280. des Touareg, 78.
Jiobi, localité, 112. Maghrîb, région du Soudan, 102,
Kodenkeba, localité, 116. 108, 119, i42j 190, 192, 202.
122. Mahfoud. —
Koïra-Tâ'a, bourg, Voy. OulâdEI-Mah-
Koïra-Tdo, bourg, 186. foud.
kola (noix de), ig. Mahi, 14 note.
Kolosonqo, fradion touareg, 100. Mahmoud-ben-'Ali-ben-Zergoun,
Konba, localité, 112, n3. pacha, 4 [Tarikh-es-Soudan,
Kcrnbaa, localité, 214. p. 225), 278., 279, 281, 286, 289-
Kondâm ou Gondàm, Mahmoud - ben - cAmmâr - ben -
98 note.
Konnasou, surnom de Bâbâ-ben- 'Abderrahmân-ben-Bokar-Kî-
Mohammed-El-'Arbi, 208. châ'a-ben-cOmar-Komzâgho,
Korâro, contrée, 146. askia, 296.
Mahmoud - ben -El-Amîn-ben-
Korondzoftya (voy. Koronzofiya),
bourg, 39 note. Ahmed -ben - Mohammed - Tâ-
Koronkoï-Farma, titre, 29. chefîn - El - Oueddâni, imam,
Koronzoftya, bourg, 39, 42. 121.
Kouchi, 3oo note. Mahmoud -ben- El-Caïd-Moham-
Koukiya, localité, 145. med-Bouya-ben-El-Hâdj-ben-
Koima, ville, i5i, i52. Dâoud-Ech-Chetouki, caïd et
Kouni, localité, 244. pacha, 52, 90, 179.
Koura-Koraï, localité, 206. Mahmoud -ben-El-Caïd-Senîber-
Kourd ou Kourdi, 6 note. ben-El-Caïd-Mohammed-Bou-
ya-Ech-Chetouki, Kabara-Far-
ma et pacha, 21, 34, 94-
L Mahmoud - ben - El - Hasen - ben-
Mellouk - El - cEuldji, hâkem,
legha (esclaves noirs), 29 note, 298.
3i, 43, 46, 47, 48, 49; 5o, 124, Mahmoud-ben-El-Mostefa-ben-
'
126, 170, 227, 234- Abdallah, imam, 121.
392 INDEX ALPHABÉTIQUE
Mahmoud-Lonko-El-'Euldji, pa- 229, 232, 233, 23/|, 235, 251, 252.
cha, 4 [Tarikh-es-Soudan, Mansour, pelit-fils de El-Hasen-
p. 291), 282,, 286, 290, 291. El-Monebbih, 179.
Mahmoud -ben-Mohammed-ben- Mansour -ben-Tâleb-Ahmèd-Ech-
Anda-Ag-Mohammed, surnom- Chergui, pacha, 12.
mé Bokar-Yendi-Idji, cadi de Mansour-ben-Yousef-ben-.'Abdal-
Tombouctou, 287. lah-Ed-Der'i, 180.
Mahmoud-ben-Nâna-Kernel, 23o. Marché (la mosquée du), i33.
Mahmoud-ben-Seddîq, imam de Maro, chef bambara, 71, 246.
Tombouctou, 288. Martounosa, i38.
Mahmoud-Tâba'-EI-'Euldji, pa- Mâsina, région, 72, 119, i35.
cha, 4 {Tarikh - es - Soudan, Massa (divison de), 206.
p. 271). Maulaï - 'Abdallah -ben - Maulaï -
Ma'i-ben-Yahya-El-Gharnâti, 69. Hammedi-Boudi, chérif, 47, 48,
Makhzen, 237 et note, 239, 240. 66.
Makhzen-Tendi (colline de). — Maulaï-' Abdallah-bcn-Maulaï-Nâ-
Voy. Ne/cbet Makhzen -Tendi, sir-ben-Maulaï-Isma'ïl, 102, io3,
223. 109, ii45 248.
Mâmâ. — Voy. aussi Mamoy et Maulaï-ben-'Abdelhadi, 223, 224.
Mâmi, 9 note. Maulaï-'Abdelmalek-ben-Maulaï-
Mâmâ (ou Mâmi)-ben-'Ali-Et-Tc- Zîdân, sultan du Maroc, 283.
zerkîni, surnom de Mohammed- Maulaï-'Abderrahmân, 48.
ben-'Ali-ben-Mohammed-ben- Maulaï- 'Abderrahmân -ben- Mau-
'Abdallah-El-Tezerkîni, 14 62, laï-Ahmed, 107.
191, 192, 2^3, 283. Maulaï-Abou-Fârès, sultan du
Mâmi-ben-'Abderrahim, caïd, i3i, Maroc, 281, 282.
i3a. Maulaï-Ahmed-ben-Cherif, 48.
Mamoy (ou Mâmi)-Berouân, sur- Maulaï-Ahmed-Ed-Dzehebi, sul-
nom du pacha Mohammed-ben- tan du Maroc, i45, 278, 280,
Bâ-Redouân-Ei-'Euldji, 9, 58. 282.
191, 201, 221. Maulaï-Akhâf, 83.
Ma'n-'Al-El-Foulâni, 221. Maulaï-'Ali-ben-EI-Khelîfa, ché-
Ma'a-ould-Fatima-bent-'Ali, 93. rif, i79.
mankour, 117. Maulaï-'Ali-ben -Maulaï -Hamme-
Mansour-ben-Mes'aoud-beh-Man- di, 47, 48.
sour-Ez-Za'eri, surnommé Se- Maulaï-Bou-Beker-ben-Hammedi,
nîber, caïd et pacha, 9, 26 note, 48, 66.
G6, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, Maulaï-Dzehebi, 23, 24.
75, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, Maulaï-Edz-Dzehebi, 106, 107, 108.
9"i 49i> J96! 197? l9^i J99> 200, — (ses fils), 248.
201, 2l4, 2l5, 2l6, 226, 227, 228, Maulaï-El-'Arbi, 48.
DU TEDZKIRET-EN-NrSIAN 393
Maulaï-El-Kebîr-ben-'Abderrah- I, Merzouq, cheikh, 106.
mân, chérif, 66, 223;, 224. Mes'aoud-ben-Mansour-Ez-Zaceri,
Maulaï-Er-R.echîd, envoyé du caïd et pacha, 4 [Tarikh-es-Sou-
sultan, 48, 258. dân, p. 396), i5, 20, 26, 64, 65,
Maulaï-Hâchem-ben-Maulaï-Ah- 191.
med-Boudi, 47. Mesni, localité, 228.
Maulaï-Hammedi, 48, 62, 66. Mina-Kikoï, nom d'une disette,
Maulaï-Hammedi-Et-Taouïl, 223, 63.
224. Mini-Koï, nom d'une disette, 191.
Maulaï-Isma'ïl, sultan du Maroc, Minni-Kaïna-Yendi, localité, 141.
31, note. — (son armée), 119. Mo'aï, 132 note.
Maulaï-ben-Maulaï-El-Kebîr-ben- Mo 'aï-ben-Ya'qoub-ben- Moham-
'Abderrahmân, 85. med-Sâdeq-ben-Dâoud-ben-As-
Maulaï-Mohammed-ben-Ahmed, kia-El-Hâdj-Mohammed-ben-
48. Abou-Bekr, Bana-Farma-Koï,
Maulaï-Mohammed-ben-Maulaï- i43.
Er-Rechîd, 23, 24. Mo'allem - Selimân - El - Arfaouï,
Maulaï-Mohammed-ben-Maulaï- lieutenant-général, 282.
Hammedi, 47, 48. Mohammed de Merrâkech, 231.
Maulaï -Mohammed - Saheb-Tsâ- Mohammed- ben-'Abdallah -Ech-
iets, 97. Chetouki, caïd et lieutenant-gé-
Maulaï-Sa'îd, 48, 106, 107, 108. néral, l44, l45, 1<|6, 201.
Maulaï-Sa'îd-ben-Qâsem-El-An- Mohammed-ben- 'Abdeldjebbâr,
dalosi, 23, 24. 182.
Maulaï-Selimân(lamaison de), 128. Mohammed-ben-Abou-Bekr,amîn,
Maulaï-Selimân-ben-Dàoud, 107. 283, 284.
Maulaï-Zîdân, sultan du Maroc, Mohammed - ben - Ahmed - ben -
283. 'Abderrahmân, cadi de Tom-
mechouâr, 18. bouctou, 286, 288.
Meïmoun, caïd, 70. Mohammed-ben-Ahmed-Et-Te-
Mena-Meker, askia, 14. zerkîni, caïd, 182, 185. — (la
Menkoli-Ghongho (ou Konko) (ba- maison du caïd), 199.
taille de), 181, 2i3. Mohammed-ben-Ahmed-El-Khe-
Menna-Kaina-Yindi, localité, 171. lîfa, lieutenant-général, 87,106.
Merrâkech (division de), 4, 25> Mohammed-ben- Ahmed-El-Koï-
note, 33, 39, 53, 70 note, g5, hii-Ech-Chergui, pacha, 7.
116, 127, 129, i33, i35, 137, i38, Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâs-
i44, i5i, 164, 176, 179, 180, 190, si, pacha, 7 [Tarikh-es-Soudân,
200, 201, 204, 214, 23o, 240, 245, p. 342).
249, 253, 254, 256, 257, 260, 278, Mohammed-ben-cAli,Mondzo, 120.
281, 282, a83, 284. Mohammed-ben-'Ali-ben-Brahîm
394 INDEX ALPHABÉTIQUE
Djami'-Ed-Der'i, Kabara-Far- Mohammed-Boto, Kabara-Farma,
ma, 300. 301.
Mohammed-ben-'Ali-El-Mobàrek- Mohammed-Bouya ou le caïd
Ed-Derci, pacba, 8, 5y, 285. Bouya, surnom du pacha Mo-
Mohammed-ben- 'Ali- ben-Ibra- hammed-ben-El -Hâdj -ben-
him^ Kabara-Farma, 194. Dâoud-Ech-Chetoukî.
Mohammed-ben-'Ali-bon-Moham- Mohammed-ben -Brahîm - Boto -
med-ben-'Abdallah-Et-Tezer- mâch-El-Ouerdzâdzi, 180.
kîni, surnommé Marna-ben- Mohammed-ben-Brahîm-ben-Has-
cAli-Et-Tezerkîni, pacha, 14, soun-Ed-Der'i, lieutenant-gé-
62, 191, 192, 243, 283. néral et hâkem, 23o, 298.
Mohammed-ben- Anda- Ag-Mo- Mohammed-ben-Cheikh-cAH-Ed-
hammed-ben-Ahmed-Bouya- Der'i, pacha, 9, 220.
ben-Anda-Ag-Mohammed, ca- Mohammed - ben - Dzou'n-Noun-
di de Tombouctou, 286. ben-El-Hâdj, 23o.
Mohammed-ben-Bâ-Haddou-ben- Mohammed-ben-Ech-Cheikh-cAli,
Yahya-ben-'Ali-Ed-Der'i, lieu- lieutenant-général, 259.
tenant-général et Kabara-Far- Mohammed-ben-Ed-Doroubou ti-
ma, 53, 177, i85, 186, 187, 189, ben-EI-Kouch', lieutenant-gé-
198, 202, 216, 217, 218, 219, néral, 180.
,,245. Mohammed-El-Amîn-ben-Seyyid-
Mohammed-ben-Bâ-Redouàn-El- Ahmed, jurisconsulte, 85.
'Euldji, surnommé Mamoy-Be- Mohammed-El -'Ankebout, ba-
rouân, pacha, 9, 58, 191, 201, chout, 39.
221. Mohammed-ben-El-Caïd-Mansour-
Mohammed-ben-Bâbâ-ben - 'Ali— ben - El - Pacha - Senîber - ben-
ben-Dja'far-EI-'Euldji, hàkem, Mansour-Ez-Za'eri, surnommé
298. caïd Mohammed-Bahhou, lieu-
Mohammed-Baghyo'o, juriscon- tenant-général et pacha, 17, 20,
sulte, 224. 83, 245.
Mohammed-Bahhou (le caïd), sur- Mohammed-ben-El -Djesîm-ben-
nom de Mohammed-ben-El- Yahya-ben-'Ali-El-Mobârek,
Caïd-Mansour-ben-El- Pacha- 180.
Senîber-ben-Mansour-Ez-Za'e- Mohammed-El-Fa'-Idji, 97.
ri, lieutenant-général et pacha. Mohammed -ben - El - Hâdj - bon -
Mohammed-Benba-Djiyya, 235. Dâoud-Ech-Chetouki, pacha,S,
Mohammed-Benkan-ben-Sâdeq- 55, 56, 254, 299.
ben-Askia-Dâoud, askia, 291, Mohammed - ben-El - Hâdj - Ham-
292. medi-ben-Taïeb, 201,
Mohammed-ben-Bobba, 166. Mohammed-ben-El-IIàdj-ben-Mo-
Mohammed-Boulidi, 8. hammed-Benkan-ben-Sâdeq-
DU TEDZKIRET-EN-NISIAN 395
ben-Askia-Dâoud-ben-El-Hâdj- 'Abdallah-Et-ïezerkîni, caïd et
Mohammed, askia, n, i5, 58, pacha, 16, 59, 66, 101, 204, 236,
294. 25i, 252, 260, 287. — (la maison
Mohammed-ben-El-Hâdj-Taïeb(le du caïd), 248.
frère de), 223. Mohammed -ben - Hammedi-El-
Mohammed-ben-El-Hoseïn, chef Khelîfa, lieutenant - général,
maure, 161, 162, i63. 281, 209, 2io. — (lesiilsde), 202.
Mohammed-ben-El-Khelîfa, lieu- Mohammed-ben-Ibrahîm, i3, 63.
tenant-général, 77. Mohammed - ben - Ibrahim - ben -
Mohammed-ben-El-Khenîch, 119. Hassoun, lieutenant-général,
Mohammed-El-Merrâkechi, Ka- 33, 223.
bara-Farma, 299. Mohammed-ben-Mahmoud-Qan-
Mohammed-ben-EI-Mokhtâr-ben- bali, cadi deTendirma, 222.
Mohammed-Zenkan-ben -El- Mohammed-ben-Mohammed-ben-
Fa'-Abker-EI-Meddâb, cadi de Abou-Bekr-Sâdeq, 5.
Tombouctou, 287. Mohammed - ben - Mohammed -
Mohammed - El - Mokhtâr - ben - - ben - Mohammed -
Baghyo'o
'Omar, chef touareg-, 141. Koured, jurisconsulte, 197, 236.
Mohammed - El - Morâd - ben - Mohammed-ben-Mohammed-ben-
'Ameur, lieutenant - général, 'Otsmân-Ech-Chergui, pacha,
176. 4 (Tarikh-es-Soudân,^. 4o3).
Mobammed-El-Mord-ben-'Abdal - Mohammed-ben-Mohammed-ben-
lah-Cherrâd, hâkem, 298. Mohammed - Kiraï, cadi de
Mohammed - El - Mouloud - ben - Tombouctou, 286.
cAmor, lieutenant-général, 179. Mohammed-ben-Mohammed-Sey-
Mohammed - El - Mouloud-ben - 12, i3 note, 5g,
yidi, pacha,
'Ammâr-ben-'Abd-ben- 'Am - 193.
mâr, 180. Mohammed-ben-Mouloud, caïd
Mohammed-ben-El-Qaïd-Ahmed- de Benba, 233.
ben- Sa'doun - Ech - Chiàdemi, Mohammed-ben-Mousa, pacha,
pacha, S (Tarikh-es - Soudan, p. o (Tarikh-es-Soudân, p. 48o).
483). Mohammed-Nâna-Idji-ben-'Abd-
Mohammed -Es- Solenki, lieute- errahmân -ben-El-Hâdj -El-
nant-général, 8. 'Imrâni, hâkem, 299.
Mohammed-ben-Et-Tingharâsi, Mohammed-Naddi (mosquée de)
49, 5i, 52, 65, 85, 232. 284.
Mohammed-Fodou -ben - 'Abdal- Mohammed-ben-Nâsir-ben-'Abd-
lieulenant- allah -El - A'amechi - Ed - Der'i,
lah-ben-El-Hâdj,
général, 19. hâkem, 297.
Mohammed- ben -ïïammedi-ben- Mohammed-ben-Nâsir-ben-'x4bd-
'Ali - ben - Mohammed - ben - allah-ben-Nâsir, i65, 167.
396 INDEX ALPHABÉTIQUE
Mohammed-Oudi 'at-Allah-ben- Mohammed - ben -Tâhar- Et - Tar -
Ahmed-ben-Sacîd-ben-Ibrahîm- gui, jurisconsulte, 57, 233, 234.
ben-Ahmed-ben-Sa'îd, imam Mohammed-Tenânta'a, 64.
de Tombouctou, 289. Mohammed-ben-Yahya-ben- 'Abd-
Mohammed-ben-Ousâma, i32. allah -ben-Nâsir-El-Acamechi,
Mohammed-Qanbel, cadi, i55. — J79-
Voy. Mohammed-ben - Mah- Mohammed - ben - Yousef - ben -
moud-Qanbali. 'Àbdallah-Ed-Der'i, 180.
Mohammed-Ramdan-ben-Ahmed Moïse, i3g.
(ou Hammedi) - Zenko - ben - Mostadrek, cité, 140.
ouvrage
'Abderrahmân-ben-'Ali-Ed-De- Mousa, askia, 109.
r'i, lieutenant-général et Kaba- Mousa, odebachi, 3g.
ra-Farma, 95, 127, 301.
Mohammed-ben-Rouh, lieutenant-
général, 249, 250, 25l^ 252. N
Mohammed-Sâdeq-ben-Moham-
med-ben -Benkan-ben-Sâdeq- Nâna-Bîn-ben! -'Abderrahmân-
ben-Askia-Dàoud-ben-El-Hâdj- ben-Sa'îd-ben-Hammedi-Kidâ-
Mohammed, Kabara-Farma et do-EI-FouIâni, 19.
askia, 5y, i53, 255, 293.. Nâna-Fâtima-ïâgh- bent-Moham-
Mohammed-ben-Sa'îd-ben'Omar- med-ben-Seyyidi-ben-Seyyid-
El-Fâsi, pacha, 13, i52. Ahmed-Bâbâ, 21.
Mohammed-ben-Sa'îd-ben-Sâlem- Nâna-Hafsa- ben l-El - Fa -Ahmed-
El - Hassâni, Kabara-Farma, -Ahmed - Mo'yâ-
Zerrouq-ben
300. ben- 'Abdallah-ben- Ahmed -
Mohammed-Sama-ben-El-Hâdj, Mo'yâ, 20.
208. Nâna-Heri-ben t-'Abdallah-ben-
Mohammed-ben-Senîber-ben-Mo- Nâsir-EI-A'amechi, 137.
hammed-Bouya-Ech-Chetouki, Nâna-Kemi, 97.
caïd et Kabara-Farma, 5, 6, 7, Nâna-Khidj-bent-El-Fa'-Ahmed-
79; i77> *79> 245, 300. ben-Ahmed-Bouso-ben-Moham-
Mohammed-Sorgho-ben-El-Mobâ- med-Baghyo'o-ben-Ahmed-ben-
rek-Boubo-El-Fâsi, hâkem, 29, Mahmoud-B;ighyo'o-El- Ouan-
34. kori, 98.
Mohammed-Tâ-ben-'Abdelkerîm- Nâna- Mouchi - bent - Mohammed-
ben-'Abderrahmân-ben - Ah- 20.
Bouya,
med-Mo'yâ, 12. ! Nâna-Mo'yâ-Bâbâ-'Ali-Idji, i3a.
Mohammed-ben-Ta'a-ben-Yousef- Nàna-Omm-EI-'Aïd-benl-Seyyid-
ben-'Abdallah-Ed-Der'i, 180. — Ahmed-ben-Ibrahîm, 20.
(le fils de son oncle paternel), Nâna-Omm-Habîba-bent-'Ali-ben-
'79- Mohammed-Et-Tezerkîoî, n3.
DU TEDZKIRET-EN-NISIAN 397
Nâna-Omm-bent-Mohammed-ben- 'Omar-El-Fa\ 182.
Seyyidi-ben-Ahmed-Bâbâ, 114. Omm-Salîm-bent-Sâlih, 86.
Nâna-Rahma-bent-Ali-Et-Tezer- 'Orromarya, localité, 229.
ldni, 20. 'Olsmân, le calife, i3g.
Nâna-Sita-bent-'Abderrahîm-ben- '0 tsmân - ben -Ahmed-ben-Sa'îd-
'Ali-Et-Tezerkîni, 120. ben -Ibrahîm-ben-Ahmed-ben-
Nâsir-ben-'Abdallah-EI-A'ame- Sa'îd, imam de Tombouctou,
chi-Ed-Der'i,caïd, amîn, hâkem 16, 289.
et pacha, 56, 60, 66, 201, 254, 'Otsmân-ben-Bâbâ, 92.
285, 297. . . 'Otsmân-ben-Seyyid, 23o.
Nâsir -ben-'Abdallah-ben-Nâsir- Ouâkara, localité, 201.
ben - 'Abdallah - El - A'amechi- Oualâta, ville, 24, 102, 248, 278.
Ed-Der'i, hâkem et pacha, 42, Ouandâm-Kâri, nom d'une selle,
238, 298. i5o.
Nâsir-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et- Ouankoré (l'armée des), 112, n3.
Telemsâni, lieutenant-général Ouaoubîr, bourg, 209.
— Voy. Silti-Oue-
et pacha, 7, 255. Ouerendagh.
Nâsir-ben-El-Fa' - Mâmi - ben- rendagh,246.
'Abdallah-ben-Nâsir-El-A'ame- Oufrâni, io3 note.
chi, lieutenant-général, 179. Oukiya, bourg, 76, 77, 89, 107,
nefaqa, 117. i48, i4g, i52, 2o3, 207, 208, 209,
Nehdr, tribu, i5g. note, 210, 220, 238, 296.
Nekba de Omm- Aïcha-ou-ldâdji, Oulâd- 'Ali-El-Tezerkini (q uar ti e r
colline, 159, 162. des), 127.
Nekbet-A/wmar, colline, 100. Oulâd-'Ali-EI-Mobârek, 123, 124,
Nekbel-El-Makhzen-Tendi, col- 126, 126, 127, 128, 129, i3o, i33.
line, l5l, 23l. Oulâd-'Amîr, tribu, i56, 160.
Nekbet-Hâma (ou Eâmi), colline, Oulâd-Chebel, tribu, 170.
106, 161. Oulad-El-Mahfoud, tribu, i56,
Nonbo'o, ville, i33. 159, 160.
Nouh-Cherif, 487. Oulâd-Ghor/w, tribu, 57.
Ouldi-Alân, fraction touareg, 42,
43. — Voy. Ouldi-Alen.
o Ouldi-Alel (ou Alil), fraction
touareg, 196.
Oghmor-ben-Alil (ou Alel)-Et- Ouldi-Alen, fraction touareg, 91,
Targui, chef touareg, 23, 43,71» 93, 211.
72, 108, i33, 142, 161, 162, i63, Oulîdi, 8 note.
172, 173, 174, 175, 181, i85, 195, Oulimiddân, fraction touareg,
247, 248, 296. 228, 232, 2Ô2.
'Omar, 23 note. Ourâkous, localité, 144.
398 INDEX ALPHABÉTIQUE
'Ourorba, tribu foulâni, 212. S
Ousâma, lieutenant-général, 197.
Ousâma-ben- 'Ali-ben-Moham- Sa'd, imam, 174.
med-Et-Tezerkîni, hâkem, 298. Sahel, région, 109.
Outana, 5. Sahîh, ouvrage cité, 27, 237, 248.
Outoulo, 9. Sacîd-ben-cAbdelqâder-ben - Mo -
hammed-Mô'yâ- El-Fâsi, hâ-
P kem, 299.
Sarîd-ben-cAli-ben-Brahîm - Djâ -
Pharaon, i,ig. mi'-Ed-Der'i, Kabara-Farma,
300.
Sa'îd-ben-'Ali-ben-Mohammed -
a 299.
Et-Tezerkîni, hâkem,
mesure de capacité, Sa'îd-ben-'Ali-El-Mahmoudi, pa-
qadah, 63,
cha, 98 {Tarikh-es-Soudân, p.
117.
394)-
Qâder, 91, 92.
Sa'îd-ben-'Ali-ben-Mohammed-
qanach, plante, 118.
ben - 'Abdallah - Et - Tezerkîni,
qarouï, mesure de capacité, g5.
caïd, hâkem et pacha, 53, 80,
Qâsem-ben-Mohammed-EI-Mord-
hâ- 101, i55, 161, 162, i63, 177, 178,
ben-'Abdallah-Cherrâti,
179,200, 25o. —(la maison de),
kem, 299.
160.
Qâsem-ben-Sâ'îd-ben-Sâlem- El -
Sa'îd-ben-Bou-Ziàu-EI-Khebbâz-
Hassâni, Kabara-Farma, 300.
El-Lemti, hâkem et pacha, i5,
101, 297.
R Sa'îd-ben-El-'Abbâs - El - 'Amri -
Ech-Chergui, lieutenant-géné-
Râbah (ou encore Râbih, et Râb- ral, ni.
- ben - Sa'îd -
bah)-ben-El- Hâdj Sarid-ben-El-Hâdj-El-'Imrâni,39.
El-'Imrâni, lieutenant-général Sa "îd - ben - El - Hâdj - Ouchouch,
et hâkem, 52, 101, 179, 298. 182, i83.
Rahba, 84 note. Sald-ben-Hammedi-ben-Moham-
Rahbet-Daï, localité, 84. med-ben-'Abdallah- Et - Tezer -
Râs-el-mâ, localité, 42, 78. kîni, lieutenant-général et pa-
Rebaha-ben- "Abdallah - ben - El - cha, 122, 124, 125, 126, 127, 128,
ïïâdj-ben.-Sa'îd-El-lmrâni, hâ- i3o, i3i, 134,23g, 25o.
kem, 299. Sa'îd-Kolen, cheikh, 244.
— —
Rcbbah-ben-El-Hâdj. Voy. Râ- Sa'îd-ben-Mansour, pacha.
bah. Voy. Sacîd-ben-Senîber-ben-
Rough-El-Foulâni-El-Mâsini, 99. Mes'aoud-ben-Mausour.
Roum (étoffes de), 96. Sa'id-ben-Mohammed-ben- El -
DU TEDZKIRET-EN-NISIAN 399
Amîn-ben-Mohammed-Moudi, Sanamoghaï-ben-Ousâma- ben-
n3. 'Ali-Et-Tezerkîni, lieutenant-
Sa'îd-ben - Mohammed - Fezzân, i3i, i35, i38, 142, 190.
général,
78. Sankoré (quartier et mosquée de),
Sa'îd-ben- Mohammed- ben-Mo- 27, 58, 73, 85, 98, 124, i54, i83,
hammed-Koured, auteur cité, 216, 23l.
i4o. Sanmagha ou Sauamoghaï, i3i
Sa'îd-ben-'0mar-El-Fâsi, pacha, note.
57, 98. Sanqara ou Sanqari, localité, n,
Sa'îd-ben-Qâsem-El-Andalousi, 26, 146, 187.
219. Santa'a (ou Senta'a)-ben-Fârès-El-
Sa'îd-ben-Seiiîber-ben-Mes'aoud- Fâsi, hâkem, 297.
ben-Mansour, pacha, 106, 122, Sari-Kaïna ou Saryakaïna, quar-
123, 124, 125, 126,127, 1281 i34, tier, 69, 70, 72.
i35, i38, 141, 182. Sari-Kîni, 69 note.
Sâlih, le prophète, i3g. Sarti-Kinen, localité, 97.
Sâlih-ben-'Abderraouf-ben-Sâlih- Saryakaïna ou Saraïkaïna ou Sa-
ben-Mohammed, 179. ri-Kaïna, quartier de Tombouc-
Sâlih-ben-Ahmed-ben-Sa'îd-ben- tou, 69, 70, 72, 123, 126, 129,
Mohammed-Kidâdo, imam de i33, 194, 197, 198, 199, 200.
Tombouctou, 226, 289. Sayyo, i35 note.
San, 87 note. Seddîq-ben-Ibrahîm-ben-Ahmed-
San-ben-'Abderrahmân-ben-Ham- ben-Sa'îd-ben -Mohammed-Ki-
medi-bén-'Ali, 178. dâdo, surnommé 'Atîq, imam
San -bën- 'Ali - ben - Mohammed - de Tombouctou,- 289.
ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i, 179. Sedret-el-'Idâm, localité, 159.
San-Djinou-ben-Kâgho-Moumin, Seïri, Fondoko, 156.
s3o. Selimâu, pacha, 98 (Tarikh-es-
San-El- Fa'-ben-'Abdallah-ben- Soudân, p. 288), 280.
Ahmed-Tâgh-ben-Ibrahîm-ben- Selimân-ben-Dâoud-ben-El-Mek-
Ahmed - ben - Mahmoud - Ba - - Mohammed-ben-
ki-El-Hâdj
ghyo'o-El-Ouankori, 141. Abou-Bekr, askia, 289, 290.
San-Ho'aï, surnom du pacha Selimân-ben-San-Teregh- Idji,
'Abdelgheffâr-ben-Qusâma, 94. ar'a-mondzo, 208.
San-Moghaï (ou Sanamoghaï)- Senba-Mousa-El-Foulâni, 187.
ben-Bâkh, 23o, Senîber, 53 note.
San-ben-Mohammed - ben-Nâsir- Senîber (le caïd), surnom du pa-
ben - 'Abdallah - El - A'amechi- cha Mansour - ben - Mes' aoud-
Ed-Derci, hâkem, 298. ben-Mansour-Ez-Za'eri.
Sana-Torkâdj, lieutenant-géné- Senîber-ben-'Abdallah-Sanh, lieu-
ral, 87. tenant-général, 230.
400 INDEX ALPHABÉTIQUE
Senîber, surnom de El-Habîb- Seyyid-'Ali, Kabara-Farma, 34,
Bâbâ-ben -Sa'd-ben-El -Habîb- 35, 52.
Bâbâ-ben-El-Hâdi-El-Oueddâ- Seyyid-'Ali-Et-Touâli, 282.
ni, i3. Seyyid-'Ali-ben-'Abdallah-Soraï-
Senîber-ben-EI-Hâdj-Mohamraed- ben-Seyyidi- 'Ali-El-Djozouli,
ben-Tâleb -Ibrahîm-Ed-Der'i, imam de Tombouctou, 288.
10, 12. -
Seyyid-Boubeker-ben-El-Hâdj
Senîber-ben-El-Hasen-El-Moneb- Hammouda-El-Ghedâmsi, 114.
bih, hâkem, 298. Seyyid-El-Hemmadâdji, lieute-
Senîber-ben-Mes'aoud-Ez-Za'eri, nant-général, 148.
pacha, 99, i46, i48, 191, 287. Seyyid-EI-Ouâfi (tombeau de), 166.
Senîber-ben-Mohammed-Bouya- Seyyid-Kiraï, Hi-Koï, 290.
ben-El-Hâdj-ben-Dâoud-Ech- Seyyid-Mahmoud (mausolée de),
Chetouki, pacha, 12, 99, i52, i54.
191, 221. Seyyid-Mohammed-ben- 'Abdal-
Senîber-bcn-Qâder, 79. lah, hâkem, 127, 182, i83, 299.
Sentâ'a, 64 note. Seyyid-Mohammed-ben-Chayyib,
Sentâ'a-ben- 'Abdallah -ben-Mo- 88.
hammed-Bouya, 180. Seyyid-Mohammed- ben- Tingha-
Sentâ'a-ben-El-'Arbi-Seddîq, 208. râsi. —Yoy. Mohammed-ben-
Senta'-ben-Fâris, pacha, 14, 100, Et-Tingharâsi.
221. Seyyid-Mohammed- ben - Ouâtî -
Serkilla-Djinou, localité, 71. ben-Tâlibina-ben-Seyyidi-Ah-
Seyyid-'Abdallah-El-Kounti, 174. med-Aghâdo, i54.
Seyyid-'Abd-El-Ouahhàb, 159. Seyyid-beïi-Mohamm'ed-ben-Sey-
Seyyid-'Abdelqâder, 83. yid-'Abd-Zenko-Et-Tingharâsi,
Seyyid-Abou'1-Qâsem-Et-Touâli hâkem, 298.
(mausolée de), 67, i32, i58. Seyyid-Seddîq-El-Konlâoui, 231.
Seyyid-Ahmed-Aghâdou, 63. Sidi-Ahmed-Bàbâ (les enfants de),
Seyyid-Ahmed-ben-Anda-Ag-Mo- 45.
hammed, cadi deTombouctou, Sidi-Mahmoud (lesenfants de),45.
10, 27, 65, 78, 84, 88, 286. Sidi (ou Seyyidi)-Yahya (mosquée
Seyyid (ou Seyyidi)-Ahmed-ben- de), 70, n5, 122, 188, 240.
Ibrahîm-ben- 'Abdallah-ben- Silli et Silli-Ouerendagh, chef
Seyyid-Ahmed-Mo'yâ, cadi de bambara, 246.
Tomboucloù, 198, 199, 202, 216, Siltiyo, 246 note.
224, 287, 288. Sïtja-Kiroï, localité, 66.
Seyyidi-Ahmed-Mo'yâ (mausolée Songhaï, contrée, 4, 5, i3, 71, 77.
de), i3o, 141, 166, 232. So'oud-ben-Ahmed- 'Adjcroud-
Seyyid - Ahmed - ben - Qâd - El - Ech-Chergui, pacha, 98 (Ta-
Kounti, 17.3, 174. rikh-es-Soudân, p. 379).
DU TEDZKIRET-EN-N1SIAN 401
So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed- Tinaouer, localité, 58, 60, 61, 79,
ben-'Otsmân-El-Ya qoubi-Ech- 80, 81, 83, 84-
Chergui, pacha, 98, 99, 243. Tinghalhaï, 11.
Soud-Kehmel, campement, 211. Toghaï, localité, 41.
Soudoub, tribu, 11. Toghayya, ville, i71, 172, i75,
Souqi, îoo. 181, i84, 189.
Sousi-El-Merrâkechi,hâkem,297. Toghayya-Han (bataille de), 184.
Tombonctou, ville, 4, t6 note, 17,
18, 22 note, 24 note, 25, 3g, 40,
T 4i, 48, 53, 57, 62, 63, 64, 65, 73,
76, 77. 78, 79- 80, 82, 83, 84, 86,
TV ou Tâgh, 21 note. 87, 88, 89, 92, 96, 100, 102, io5,
Tadmekket, fraction touareg, i5, 106, 107, 108, tog, 110, ni, n5,
4o, 4i> 54, 61, 72, 86, 91, 92, g3, 116, 118, 119, 122, 123, 124, i3o,
i33, i4i, 172, ig5, 211, 2i3, 244» i3i, i35, i4i, i42, i45, i48, loi,
247. i53, i54 note, i55, i56, 159, 1G0,
Tafilelt, région, 48. 161, 162, i63, 164, i65, 166, 167,
Tâgh, lieutenant-général, 92. 168, 171, 173, 174, 173, 181, 182,
Tâher, Maghcharen-Koï, 244. 184, i85, 187, 188, 189, 190, 193,
Tala, nom d'une expédition, 99. 196, 199, 200, 202, 204, 206, 210,
Talhaouï-ben-Mousa, lieutenant- 211, 218, 219, 220, 226, 227, 229,
général, 6. 23o, 2"3i, 232, 233, 234, 239, 247,
Tali, nom d'une disette, 191. 248, 250, 202, 257, 279, 28l, 286.
f âlib-ben - 'Ali - El - Moueddzin, Tonkala'a, marché, 73.
lieutenant-général, 257. Touareg, 10, i5, 24, 4o, 41, 4^, 43,
Tâlib - Mohammed - El - Belbâli, 54, 55, 61, 62, 71, 72, 78, 86, 91,
amîn, 282. 92, g3, 100, 120, i3o, i33, i4i,
Tâoaadi, i57 note. 142, 161, 162, i63, i65, 168, 170,
Tâonodeni, i5j note. 171, 172, 173, 174, 177, 181, i84,
Tâouodi, localité, 127. i85, 189, 192, 194, îgS, 196, 198,
tari, 117. 211, 212, 2l3, 2l8, 228, 229, 232
Tâta-Ghangha, île, 129. 234,244,247.
Ta ya, 21. Tseldj-Mâmi-Atlou, caïd, chef
Tekrour, région, 29, 120, i45- des écuries, 23o.
Tenâ-Netâ'a, 64 note. Tsemoud, i3g.
Tendi-Four, localité, i55.
Tendibi, 100. Y
Tendirma, ville, i3i, i55, 206, 222,
280, 281, 292. Yaliya-ben-cAli-ben-El-Mobârek-
Tendoua, bourg, no. Ed-Derci, lieutenant-général et
Tenka-Bokar, Kormina-Fâri, i5. pacha, 192, 256, 257, 259.
(Biographies des pachas du Soudan.) 26
402 INDEX ALPHABÉTIQUE DU TEDZKIRET-EN-NISIAN
Yahya - ben - 'Alî - ben - Brahîm - Yousef-ben- 'Omar -El - Qasri,
Djâmi' - Ed - Der'i, Kabara - amîn, 283, 284.
Farma, 3oi. Yousef-ben-Ya'qoub,le Mérinide,
Yahya-ben-El-Fa'-Gheïbi-Idji,2o8. 21 note.
Yahya-El-Fechtân (ou Fechlâni),
pacha. — Voy. Yahya-ben-Mo-
hammed-Zenkana-El-Fichlâni. Z
Yahya-El-Hindi, lieutenant-géné-
ral, 33, 109, 111, 219. Zaères, tribu, 26 note.
Yahya-ben-Hammedi-ben- 'Alî- Zagha, nom d'une expédition,
ben-Mohammed-ben-'Abdallah- 244-
Et-Tezerkînî, pacha, 94, 220, Zanko ou Zenko, surnom du pa-
237. cha Hammedi-ben-'Abderrah-
Yahya-El-Gharnâti, lieutenant - mân-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-
général, i5i. Der'i, i53.
Yahya-ben-Mohammed-El-Ghar- Zeghrâni, i53.
nâti, pacha, 192 [Tarikh-es-Sou- Zeïdâni, nom d'un tambour, i5o.
dân, p. 437). Zengha-ben-'Abdallah-ben-Nâsir-
ben - 'Abdallah - El - A'amechi,
Yahya-ben-Mohammed-Zenkana-
El-Fichlâni, pacha, 193. !79-
Yam, Fondoko, i56. Zêngha-ben-Sentâ'a, 179.
FaVo, localité, i5g note. Zenîber, 9 note.
Ydouritib, localité, 148. Zenka - ben - 'Abdelkerîm - ben -
Yem-Rahma, 21. Sa'îd-ben-'Omar-El-Fâsi, caïd,
Yendobogho, localité, 54, 124,196, i3G, 137.
' - ben-
200, 201, 2l4- Zenka - ben - Abderrahmân
Yousef-ben- 'Abdallah- Ed-Der'i, Bou-Zenâd-El-Fâsi, pacha, 9,
pacha, i3, 62, 62, 66, 73, 85, 289.
137, 194, 220, 232. Zenko -ben - 'Abderrahmân- ben-
Yousef-ben-'Omar-El-Qasri, pa- 'Ali, pacha, 260.
cha, 192 (Tarikh-es-Soudan, Zeriya, 118.
p. 344), 288. Zo'aïr, 26 note.
INDEX ALPHABÉTIQUE
DE
L'HISTOIRE DU S0KOT0
NOTA.— Les mots en italiques indiquent les noms géographiques. Les chiffres gras
marquent les articles spéciaux consacrés à un personnage.
A 'Abdelqâder-ben-Tofa, 324, 337,
342.
Abb-'Omar, 346, 35a, 353, 354, 'Abderrahmân,, sultan de l'Ada-
355. maoua, 36i.
'Abdallah (le cheikh), 3o5, 3i2, 'Abderrahmân, sultan du Kelâ-
3i3, 322. qom, 344.
'Abdallah, cadi de Sokoto, 357. 'Abderrahmân, frère de Abb-
'Abdallah-Ed-Dâ'i, chérif, 357. 'Omar, 353, 354, 355.
36o. 'Abderrahmân - ben - Mo'allim-
'Abdallah-Feroouou,
'Abdallah-Fodoouou, 327. Meyyid, 36o.
'Abdallah-Foudiya (la fille de), "Abderraouf, fils de Mohammed-
355. Bello, 322.
Abdalo, village, 342. 'Abdesselâm, 3o4, 3o5, 3i2, 3i3.
sultan du Zekzek, — (la famille de), 325.
'Abdelkerîm,
35i, 36t. 'Abdesselâm-El-Haousi, 322.
'Abdelqâder, sultan de 'Adzeb, Aber, sultan des Maures, 3o8, 3u.
35o, 36i. Abouh, muezzin, 36o.
'Abdelqâder (le cheikh), 322, 339, Abou 'l-Hasen-ben-'Ali-Djeït, 323,
340., 347. 328, 33i, 337, 342.
- ben - Ech - Cheikh, Adamaoua, contrée, 35i,35a,36i.
'Abdelqâder
3i3, 3i4, 32i, 36o. Adar, pays, 353, 358, 36i.
3i5. 'Adzeb, contrée, 35o, 36i.
'Abdelqâder-El-Djilâni,
Ahmed, sultan du Bornou, 361.
'Abdelqâder-Tandjagho, 348.
404 INDEX ALPHABETIQUE
Ahmed-ben-'Atîq, 332, 333, 334, Bandza, ville du Sokoto, 323.
335, 338, 339, 34o, 343, 344, 348, Bânet-So'ad, poème cité, 3o6.
355. Batqel (ou Botefel), 312.
Ahmed-Er-Refâci, 334, 237, 338, Bekour (ou Bokotir), pays, 3o3.
347. — (sa mère), 327. Bello. —Yoy. Mohammed-Bello.
Ahmed-El-Tidjâni, 3i5. Bendaouâk, 357.
Ahmed-ben-Hammedi, 34o. Bendouâk-Adim, 317.
Ahmed-Zerrouq, 340. Bendouâk-Hâsen, général du Bou-
'Aïcha-bent-'Omar-Balkem, fem- chi, 3i6, 317.
me de Mohammed-Bello, 36o. Bes-Boubeker-'Omâdj, sultan du
'Aïssa-ben-Ech-Cheikh, 337, 36o. Dellel, 322.
Al, sultan du Ghober, 3n. Bettegh (année dite), 3o6.
Al-Ito, fils de Mohammed-Bello, Bokour, localité, 3o3, 3i2, 332, 335,
322. 343, 344-
'Ali-Bedjâghil., savant, 347. Borda, poème cité, 3o6.
'Ali-Djeït, général du Sokoto, 3o5, Borma, pays, 3o5.
306, 3i2, 323, 327,332, 333, 33g, Bornou, contrée, 3i5, 3i6, 322,
36o. 328, 346, 354, 36i.
'Ali-El-Kebîr, fils de Mohammed- Botefel, 325, 3a7, 328, 336.
Bello, 322. Boubeker-ben-Al-Foudiya, 355,
'Ali-Es-Seghîr, fils de Mohammed- 36o.
Bello,, 322. Boubeker-Mo'allim, imam de So-
'Ali-Hâchem, savant, 3io, 3ig, koto, 3o3, 325, 326, 327. •—
329, 36o. (mosquée de), 35g.
'Ali-ben-Mohammed-Bello, 320, Bonèo, pays, 322.
324, 325, 326, 33i, 337, 338. Boubouch, localité, 307, 3o8.
Anâm, ville du Sokoto, 323. Bouchi, pays, 3i5, 3i6, 317, 328,
Aough, château, 307, 348, 349. 342, 356, 36i.
Aret-Sehseheb, 333, 339, 34o, 344, Boutîgh, localité, 3o5.
36o.
Arghongho, localité, 355.
'Atîq (ou 'Atiqou)-ben-'Otsmân, D
307, 3n, 3i2, 3i3, 3i9, 3ao, 322,
323, 341, 347. Dâb, sultan de Kano, 361.
Dabo, sultan de Ken, 345.
Dâgh (bataille de), 3n.
B Dâkarâ, ville, 3o6.
Damri, ville, 328.
Bâbâ-Nasâm, 3io. Dellel, pays, 322.
Baghirmi, contrée, 3i5. Djâfen, galadima, 316.
'
Bânâq, esclave, 3o3. Dj el âl-e d-Dîn-ben- Abderrahmân-
DE L'HISTOIRE DU SOKOTO 405
El-Kebaouï, savant exégète, F
Djelaouïza, 334. Farzân, localité, 321.
Djinder, localité, 353. Fatim-Inna, soeur de Botefel, 336.
Dhiyâ-es-soltân, ouvrage cité, Fezzân, pays, 321 note.
333. Foudi ou Foudiya-ben-Moham-
Dorbi, sultan du Kachena, 332., med-Bello,. 3n, 322, 329, 33o,
342, 35o. 343, 36o.
Doudjeq, localité, 307.
Doar, pays, 328.
Doused, 36o. G
Dousiro, 3i2, 325.
Dzauma, Ghândi, localité, 341, 35o. — "Voy.
pays, 328, 344.
Qandi.
Dzoum, pays, 3o8.
Ghândo, localité, 3o5, 3i2, 325,
359.
Gherbûd, citadelle du Zanfara,
E 329.
Ghernegh, château, 328, 329.
Ech-Cheikli, 339, 34c. Ghidâdo, vizir du Sokoto, 325,
El-AbtâA, pays, 322. 326, 336, 338, 36o.
El-Amîn, espion, 338. Ghiyâq, localité, 357.
EI-Bekkaï, 351. Ghober, contrée, 3o5, 3o6, 3o8,
El-Bokhâri-ben-'Olsmân, 3i3, 3og, 3n, 329, 33o, 33i, 332, 333,
323, 324, 325, 327, 336. 34i, 342, 343, 344, 34g, 35o, 357.
El-Bokhârî-ben-Senba-Daqmes, Ghouâkik, localité, 3io.
sultan de Teïdji, 344, 345, 346, Ghoumez, résidence royale, 343.
349, 354. Ghour, localité, 344.
El-Bousîri, auteur cité, 3o6.
El-Habîb, chérif de Tombouctou,
35i. H
El-Hâdj, cadi de Sokoto, 325,
337, 36o. Hâdj-Sa'îd, auteur de l'Histoire du
El-Hâdj-Bechîr, 353, 354. Sokoto, 3o3 note, 358.
El-Hâdj-Mohammed, askia, 348. Iiamdan-ben-Djebrîl, 322.
El-Hasen, 322. Hammedi, chef du marché, 36o.
El-Hidjara, région, 356. Hammedi, sultan duZekzek, 352,
En-Nît, 354. 36i.
Ilamza-El-Haousi, magicien de
Kano, 356.
Hamziya, poème cité, 3o6.
406 INDEX ALPHABÉTIQUE
Haousa, pays, 3i8, 3ig, 355. Kelem-Bîn, château près de Ghan-
Haousa-Az7ied, pays, 357. do, 3i2, 3i3.
Hasen-ben-Debbo, 346. Ken, 321, 323.
Hodzi, mère de 'Abdelqâder-ben- Ken, localité, 345.
Ech-Cheikh, 36o. Kerkeri, localité, 355.
Hoseïn-Tanboddo, lecteur du Co- Kerkoua, porteur du bouclier, 359.
ran, 36o. Ketâghom ou Ketâqom, localité,
344, 345, 346, 361.
Khelîl - ben- 'Abdallah-Foudiya,
I imam, 3o8.
Khelîl-ben-Ei-Hasen-ben-Cheikh-
Ibrahim, porle-drapeau, 36o 'Otsmân, 3i2, 326, 327,338, 33g,
Ibrahîm-ben-Bello, 36o. 355, 35g, 36o.
Ibrahîm-Ghando, fils de Mohàm- Kîd, localité, 307.
med-Bello, 322, 341. Kobi, pays, 3o5, 307.
Ibrahîm-Ghemez, 322. Konni, 348.
Inna-Bard, 344. Koukeri, 355 note.
Innna-Gharka, mère de Bello, 323. Kour, localité, 307.
Isma'ïl-El-Haousi, 327.
Isma'ïl-Ouàïro-Ez-Zeghrani, offi-
cier de la literie, 36o. L
Lâdi, mère de 'Ali-Bello, 36o.
K Lebboudo (combat de), 3o5.
Loghono, localité, 355.
Ka'b-ben-Zohaïr, auteur cité, 3oG.
Kabi, localité, 347, 348.
Kachena, pays, 3n, 328, 32g, 33o, M
332, 333, 342, 34g, 35o, 35i, 358.
Kagher-'Aïssa, localité, 3og. Ma'adz-ben-Mohammed -Bello ,
Kagher-n-'Ali, capitale du Gho- 321, 322, 36o.
ber, 3og, 3n. Machriq, région du Soudan, 3og.
Kalenba, surnom de Mohammed'- Mâdza, femme de Mohammed -
El-Kânemi. Bello, 36o.
Kano, localité, 3o8, 3i6, 322, 342, Maghrib, région du Soudan, 32g,
345, 346, 352, 353, 355, 356. 355.
Kaoltao, résidence royale, 353. Mahmoud, sultan du Zanfarâ, 332,
Karo, citadelle, 3o4, 3o5, 3o6. 36i.
Katan-Kendo, localité, 34g, 35o. Mâl-Ito-ben-Khelîl-ben-El-Hasen,
Katem, château, 312. 33o.
Kâtour, bourg, 3o8, 334. Mân. — Voy. Mo allim-Mân.
DE L'HISTOIRE DU SOKOTO 407
Maria, mère de 'Aïssa-ben- Mohammed- El - Kânemi , sur -
Cheikh, 36o. nommé Kalenba, 3i5, 3i6, 317,
Mech, fonctionnaire chargé de 3t8.
l'eau, 3io, Mohammed-Es-Seghîr-ben-'Abd-
Menagha, localité, 353. allah-Foudiya, 322.
fille du sultan Moham- Mohammed - Fâti - Kabenko, sa-
Meryem,
med-Bello, 3o8, 35o, 36o. vant, 336.
Meyâgh, sultan du Ghober, 329, Mohammed-ben-Foudiya, 322.
332, 34i> 342. Mohammed-Maudi, 36o.
Mîr, localité, 348. Mohammed-Moud, 341 > 347.
Moaddeb-IA.1, cousin de Moham- Mohammed-Mouïidj, 338, 33g.
med-Bello, 307, 337, 33g, 34o, Mohammed-Ouoroua, 347".
34i- Mohammed- Senba- Tangheribi,
Moaddeb - Mohammed - El - Aïm, 355.
327, 36o. Mohammedin, 322.
Mo'allim-'Ali, jurisconsulte, 322. Morout-'Amr-Anda, cadi, 35g.
Mo'allim-Dedjet, sultan du Nof, Moud-Mâ-Mâro, savant, 322.
322. Moudi-El-Aïm, 336.
Mo'allim-lbrahîm -Tedeni-Cher-
kin, 327.
Mo'allim-Ishâq, 322. N
Mo'allim-Mân, 336.
Mo'allim-'Otsmân-Ez-Zeghrâni, Nànna-ben-Foudiya, 35o, 36o.
Nemoud, sultan du Zanfara, 3o4.
327.
Mo'allim-Sa'd, savant, 36o. Nof, pays, 388, 322.
Mo'allim-Sa'id, 322.
Mo'allim-Souf-El-Haousi, saint
personnage, 3o4, 322. 0
Mo'allim-Tofa, 333, 334, 337, 340,
36o. 'Omar (le cheikh), 3o8, 309, 3io,
Mohammed, secrétaire de Moham- 3i4> 320, 325, 328, 337.
med-Bello, 322. 'Omar-ben-'Atîq, 343.
Mohammed II, sultan du Zekz'ek, 'Omar-Gharb^chérif, 322.
36i. Omm-Khelîl, 312.
Mohammed-ben-'Abdallah, 3i3, 'Olsmân, imam de Sokoto, 357.
322. Il épouse la fille du sultan 'Ali-
Mohammed-Bello -ben- 'Otsmân- Bello, 3i4, 32i, 36o.
ben - Mohammed - ben - Foudi, 'Otsmân, sultan de Ken, 345.
sultan du Sokoto, 303, 323, 326, 'Otsmân (cheikh), auteur cité,
333, 334, 34i, 342, 347, 35i. 3o6.
Mohammed-El-Aïm, 327. 'Otsmân-ben-Dâb, 361.
408 INDEX ALPHABÉTIQUE DE L'HISTOIRE DU SOKOTO
'Otsmân-ben- Mohammed-ben- T
Foudi, 3o3, 347.
Ouadaï, pays, 3i5. Tan-Mo'ît, sultan du Kachena,
Oulrab, 321.
349\
Ouorno, localité, 309, 323, 324, Tanchâouer, château, 329.
334,336,34i, 342,346, 35i, 358. Tandjâd, 3o4. —(samaison), 3o3.
Ouoroua (les fils de), 347. Tanqakaouaououa, sultan du Ke-
tâghom, 361.
Tantaï, 307.
a Tar-Mofît,sultan du Kachena, 332.
Tarbouya, chef de Kelem-Bîn,
Qandi, localité, — Voy. 3i3.
344.
Ghandi. Teïdji, localité, 344, 345, 346, 36i.
Qâser, 33o, 33i. Teîât, pays, 343, 344.
Toghaï, localité, 35o.
Tombonctoii, ville, 351.
R
Y
Mb (territoire de), 35i.
Roud, sultan du Kachena, 3n. Ya-Mousa, sultan du Zekzek, 31G.
322.
Yahya - ben- Mohammed-Bello,
S 322.
Ya'qoub, sultan du Bouchi, 3i5,
Sa'îd-ben-Mohammed-Bello, 322, 3i6, 3i7, 3i8, 36i.
36o. Yaro, sultan de Boubo, 322, 326.
San-Qoul-Tâouâï, 3o4- Yousef, sultan du Bornou, 36i.
Sed, 344. Yousef - ben - Mohammed - Bello,
Sehseheb, 321, 348. Voy. Aret. 322.
Seïlâm, localité, 347.
Selimân, sultan de Kano, 322. Z
Senâki, localité, 320.
Senba-ben-'Atîq, 322, 33o, 343, Zâmi - Gharka, mère" de El-Bo-
36o. khâri-ben-'Otsmân, 323.
Senba-Deghmes, sultan de Teïdji, Zanfara, pays, 3o3, 3o4, 3o5, 3<>8,
36i. 3i2, 3i3, 327, 328, 329, 33i, 332,
Setour, dame, 3i4=- 334, 336, 34i, 342, 344, 346, 349,
Seyyid, sultan du Zekzek, 359. 35o, 358, 36t.
Sokoto, ville et pays, 3o3, 3o4, Zekzek, pays, 316, Sij^HiïrzT^M,
3o5, 3o7,_3o8, 3ia, 3i4, 328, 33i, 35I, 352, 359, 36t/^\F^^^\
336, 337, 342, 344, 346, 348, 36i. Zinder, 353 nole./^.' , >S
h? ; 1} >, :-â
LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
DES PACHAS
DONT LA BIOGRAPHIE EST DONNÉE PAR LE TEDZKIRET-EN-NISIAN
Pages.
'Abdallah-ben-Ei-Caïd-Nâsir-ben- 'Ali-ben- 'Abdallah-Et-Te-
lemsâni 59
'Abdallah-ben-El-Caïd-Nâsir-El-A'amechi 89
'Abdallah-ben-El-Hâdj-ben-Sa'îd-El-'Imrâni 63
'Abdallah-ben-Mohammed-ben-El-Caïd-Hassou-Ed-Der'i . . 57
'Abdelgheffâr, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-
Et-Tezerkîni 90
'Abdelgheffâr, fils du lieutenant-général Ousâma, fils du caïd
'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni, surnommé
San-Ho'aï 94
'Abdelqàder-ben-'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezer-
kîni - 62
'Abderrahmân-ben-Bachout-Bou-Zenâd, surnommé Zenka
(voy. aussi Zenka) 58
'Abderrahmân-ben-El-Caïd-Ahmed-ben-Sa'doun-Ech-Chiâdemi. 55
'Abderrahmân, fils du caïdHammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-
ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni 90
'Abderrahmân, fils du caïd Hammedi-Zenko, fils du Kabara-
Farma 'Abderrahmân-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i. . . 94
'Abderrahmân-ben- Mohammed- Kiraï-Ecb- Chergui - El - An-
dalosi 57
'Abderrabmân-ben-Sa'îd-El-Andalosi, surnommé Ibn-Sa'îd-
Ouneddâm ' 56
Ahmed, fils du pacha Ahmed, fils du pacha 'Ali-ben-'Abdal-
lah-Et-Telemsâni, surnommé caïd Ahmed-El-Khalîfa . . 149
ilO LISTE ALPHABÉTIQUE DES PACHAS
Pages.
Ahmed-ben-'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni, surnommé le
pacha Ammi 143
Ahmed, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallâh-Et-Te-
zerkîni 446
Ahmed-ben-El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mohammed-ben-'Ali-
El-Mobârek-Ed-Der'i 189
Ahmed-ben-Mansour-Ech-Chergui, surnommé Bâ-Ahmed. . 152
Ahmed, fils du caïd Senîber-ben-Mesa'oud-ben-Mansour-Ez-
Za'eri 155
Ahmed-ben-Yousef-El-'Euldji 143
'Ali-ben-'Abdelazîz-El-Feredji 55
'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni , . 55
'Ali-ben-'Abdelqâder-Ech-Chergui 55
cAli-ben-Bachout-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni, sur-
nommé Ibn-Akhrâz 55
'Ali-ben-Homeïd-El-'Amri 58
'Ali-ben-Ibrahîm-Ed-Der'i 57
'Ali-ben-Mobârek, fils du lieutenant-général 'Ali-ben-Mobârek-
Ed-Der'i 61
'Ali-ben-Mobârek-El-Mâssi 55
'Ali-ben-El-Gaïd-Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i. . . 59
'Ali-ben-Rahmoun-El-Monebbih 61
'Allâl-ben-Sa'îd-El-Harousi 55
'Ammâr-ben-Ahmed-'Adjeroud-Ech-Chergui-Er-Râchedi . . 56
'Ammâr-El-Fela 55
'Ammâr, fils du caïd Sa'îd-Bokarnâ, fils du pacha Mohammed-
ben-Mohammed-ben-'Otsmân-El-Yâqoubi-Ech-Chergui . . 89
Bâbà-Hammedi-ben-Mansour-Ech-Chergui-Es-Senâouni. . . 222
Bâbâ-Seyyid, fils du caïd Hammedi-Zenko, fils du Kabara-
Farma 'Abderrahmân-Ed-Der'i 237
Bâbâ-Seyyid-ben-fâlib-Hammedi-Ech-Chergui 222
Babeker, fils du gouverneur El-Fa'-Mansour, fils du caïd Mo-
hammed-ben-'Ali-Ed-Der'i 238
"
Bâ-Haddou-ben-Sâlem-El-Hassâni . . 220
Bâ-Haddou, fils du caïd Ya'hya-ben-'Ali-El-Mobârek-Ed-Der'i. 222
Bokarnâ, fils du pacha Mohammed-ben-Mohammed-ben-'Ots-
mân 220
Brahîm-ben-'Abdelkerîm-EI-Djerrâri 220
Brahîm-ben-Hassoun-Ed-Der'i 221
Brahîm, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-Et-
Tezerkîni 236
DONT LA BIOGRAPHIE EST DONNÉE PAR LE TEDZKIRET-EN-NISIAN 411
Pages.
Djouder 3
Dzoun~Noun-ben-El-Hâdj-ben-Biyoukhef-El-Ya'qoubi-Ech-
Chergui 258
El-'Abbâs-ben-Saul-El-'Amri. 243
El-Fa'-Benkâno-ben-Mohammed-Ech-Chergui 242
El-FaVMahmoud, fils du caïd Mohammed-Bouya-ben-El-Hârîj-
Ech-Chetouki 244
El-Fa'-Mahmoud, fils du caïd Mohammed-Senîber, fils du caïd
Mohammed-Bouya 254
El-Hâdj-EI-Mokhtâr-ben-Biyoukhef-Ech-Cherg'ui-El-Ya'qoubi. 242
El-Hasani, fils du caïd Hamm.edi-ben-'Ali-Et-Tezerkîni. . . 244
El-Hasen-ben-Mansour-El-Monebbih 243
El-Hasen-ben-Mohammed-El-'Amrî, frère dulieutenant-général
Ech-Cheikh-El-'Amrî 252
El-Mobârek-ben-Hammedi-ben-'Ali-ben-El-Mobârek-Ed-Der'i. 243
El-Mobârek, fils du pacha Mansour-ben-Mesacoud-Ez-Za'eri. . 242
El-Mobârek-ben-Mohammed-El-Gharnâti 243
Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi 143
Hammedi, fils du Kabara-Farma 'Abderrahmàn-ben-'AH-EI-
Mobârek-Ed-Der'i, surnommé Zenko 153
Hammedi-ben-Haddou-ben-Yousef-El-Adjenâsi 143
Hammou-ben-'Abdallah-El-'Euldji 143
Homeïd-ben-'Abderrahmân-El-Hayyouiii 143
Mahmoud-ben-'Ali-ben-Zergoun 4
Mahmoud-Lonko-Ei-'Euldji 4
Mahmoud-ben-El- Gaïd-Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj-ben-
Dâoud-Ech-Chetouki 52
Mahmoud-ben-El- Caïd-Senîber-ben - El- Caïd - Mohammed •
Bouya-Ech-Chetouki 54
Mahmoud-Tâbâ-El-'Euldji 4
Mansour-ben-Mesa'oud-ben-Mansour-Ez-Za'eri, surnommé Se-
nîber * 9
Mansour-ben-Mesa'oud-ben-Mansour-Ez-Za'eri 26
Mansour, fils de Talib-Ahmed-Ech-Chergui, surnommé Bâbâ-
Seyyid 12
Mesa'oud-ben-Mansour-Ez-Za'eri 4
Mohammed-ben-Ahmed-El-Mâssi 4
Mohammed-ben-Ahmed-ben-Koïhil-Ech-Ghergui 7
Mohammed, fils du lieutenant-général cAli-ben-El-Mobârek-Ed-
Der'i 8
412 LISTE ALPHABÉTIQUE DES PACHAS
Pages.
Mohammed-beu-'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah-Et-Tezer-
kîni 14
Mohammed-ben-Bâ-Redouân-El-'Euldji, surnommé Mâmoy-
Berouân 9
Mohammed-ben-Cheikh-'Ali-Ed-Der'i 9
Mohammed-ben-El-Hâdj-ben-Dâoud-Ech-Chetouki .... 5
Mobammed-ben-El-Caïd-Ahmed-ben-Sa'doun-Ech-Chiâdemi . 5
Mohammed, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-
ben-'Abdallah-Et-Tezerkîni 16
Mohammed-ben-El-Caïd-Mansour-ben-El-Pacha-Senîber-ben-
Mansour-Ez-Za'eri 53
Mohammed-ben-Moliammed-ben-'Otsmân-Ech-Chergui. . . 4
Mohammed-ben-Mohammed-Seyyidi 12
Mohammed-ben-Mousa S
Mohammed-ben-Sà'îd-ben-'Omar-El-Fâsi 13
Nâsir-ben-'Abdallah-El-A'amechi-Ed-Der'i 234
Nâsir-ben-'Abdallah, fils du caïd Nâsir-ben-'Abdallah-El-
A'amechi-Ed-Der'i 238
Nâsir, fils du pacha 'Ali-ben-'Abdallah-Et-Telemsâni., . . . 253
Sâ'îd-ben-'Ali-Ei-Mahmoudi 98
Sâ'îd, fils du caïd 'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abdallah~Et-Te-
zerkîni. 101
Sâ'îd-ben-Bouziân-El-Khebbâz-El-Lemti 101
Sâ'îd, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-ben-'Abd-
allah-Et-Tezerkîni 134
Sâ'îd-ben-'Omar-El-Fâsi 98
Sâ'îd, fils, du caïd Senîber, fils du pacha Mesa'oud-ben-Man-
sour 106
Santâ'-ben-Fâris 100
Seliman (le pacha). 98
Senîber-ben-Mesa'oud-Ez-Za'eri 99
Senîber, fils_du caïd Mohammed-Bouya-ben-El-Hâdj-ben-
Dâoud-Ech-Chetouki 99
So'oud-ben-Ahmed-'Adjeroud-Ech-Chergui 98
So'oud-Bokarnâ-ben-Mohammed-ben-'Otsmân-El-Ya'qoubi-
Ech-Chergui 98
Yahya-ben-'Ali-ben-El-Mobàiek-Ed-Der'i . 192
Yahya, fils du caïd Hammedi-ben-'Ali-ben-Mohammed-ben-
'Abdallah-Et-Tezerkîni 220
Yahya-ben-Mohammed-El-Gharnâti 192
DONT LA BIOGRAPHIE EST DONNEE PAR LE TEDZKIRET-EN-NISIAN 413
Pages.
Yahya-ben-Mohammed-Zenkana-El-Fichlâni 193
Yousef-ben-'Abdallah-Ed-Der'i 194
Yousef-ben-'Omar-El-Qasri. 192
Zenka-'Abderrahmân, fils du bachout Bou-Zenâd-EI-Fâsi . . 259
Zenko, fils du Kabara-Farma cAbderrahmân-ben-'Ali. . . 260
ERRATA
DE IA TRADUCTION DU TEDZKIRET-EN-NISIAN
ET DE L'HISTOIRE DU SOKOTO
Lisez: Au lieu de : Ligne: Page :
1680 '^79 '' 9
septembre novembre 3o 12
biographique bibliographique 3o 14
1705 1704 3 i5
170,5 1704 fi id-
1675 1676 ai 57
1714 1744 l2 fi/i
1722 i73a 18 76
1722 1728 26 86
1728 i727 IO ^7
1740 1739 8 n4
18 octobre 1659 i659-6 septembre 1660 26 i/|3
25 novembre 1688 I688-I3 octobre 1679 22 1^16
Et-Telemsâni EI-Telemsâni 1 1/19
El-'Anrir El-'Amri 17 160
â^U à^L 33 181
Mousa Moussa 3.4.(5 ,87
Sanamoghaï. San-Mo'aï x 190
San-Moghaï Sa-Moghaï 29 id.
3 21 9 i94
9 *9 IO id.
cadi caïd 8 202
224 424 titre courant . 224
Bâchi Bach 25 334
1728 1720 11 236
Zenko Zenka i5 237
Sa'îd Sa'd 3i 238
Mahmoud Mes'aoud 3i 289
I7°7 1787 11 a/|4
avec «Ali-Djeït à «Ali-Djeit 21 332
^~
Al <Ali
i(y<^Q^?9%
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
INTRODUCTION i
TRADUCTIONDU TEDZKIRET-EN-NISIANOU BIOGRAPHIESDES PACHAS DU
SOUDAN 1
HISTOIRE DU SOKOTO 303
APPENDICE.Tableau chronologique des pachas de Tombouctou. . 363
INDEX ALPHABÉTIQUEdu Tedzkiret-en-Nisiân 375
— — de l'Histoire du Sokoto 403
LISTE par ordre alphabétique des pachas dont la biographie est
donnée par le Tedzkiret-en-Nisiân 409
ERRATAde la traduction du Tedzkiret-en-Nisiân et de rHi^âp^ti^
Sokoto /\Q «-'*£ A14
ANGERS. IMPRIMERIE
ORIENTALE
A. BURDIN
ET Ci0, RUEGARNIER
4.
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Lisez : Au lieu de : Ligne. Page.
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Lisez : Au lieu de : Ligne. Page.
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?*->•• H'X^Qf^
tfj 6 '
-y^v. -i\
S ; /j // SI
VI. MIRADJ-NAMÈH. Récit de l'ascension de Mahomet au Ciel. Texte turc-
oriental, publié, traduit et annoté d'après le manuscrit ouïgour de la Bi-
bliothèque nationale, par PAVETDECOURTEILLE, de l'Institut. In-8, avec fac-
similés du manuscrit en chromolithographie ........ 15 fr
VII, VIII. CHRESTOMATHIE PERSANE, composée de morceaux inédits avec
introduction et notes, publiée par Cu. SCHEFBR,de l'Institut. 2 volumes
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IX. MÉLANGES ORIENTAUX. Textes et traductions, par les professeurs.
de l'Ecole des langues, à l'occasion du sixième publiés Congrès international des
Orientalistes (Leyde, 1883). In-8, planches et fac-similé .... 25 fr.
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Abou'1-HassanAly, par H. Dercnbourg.—Trois chapitresdu Khitay Namèh,par Ch.
Schet'er.— Noticesur l'Arabie méridionale,par Barbier de Meynard.— L'incendiede
Singapour en 1828,par C. Favre.— Inscriptionsd'un reliquairearménien,par A. Car-
rière. —Fragments inédits de littératuregrecque, par E. Miller. — Mémorialde l'an-
tiquité japonaise,par L. de Rosny.— Ivirnvan kieu Truyen, par A, des Michels.—
La Bulgarieau SÏIII' siècle, par L. Léger. — Noticesur Nicolas Spatar Milescu,par
Ém. Picot. — Essai d'une bibliographiedes ouvrages publiésen Chine par les Euro-
péens au XVII 0et au xvm° siècles,par H. Cordier. — Un épisode du poème
Sindàmani,par J. Vinson. épique de
X, XI. LES MANUSCRITS ARABES DE L'ESCURIAL, décrits par HARTWIG DEREN-
BOURG, de l'Institut. Tome I : Grammaire, Rhétorique, Poésie, Philologie et
Belles-Lettres, Lexicographie, Philosophie. Gr. in-8 13 fr.
— Tome II : Morale et Politique, Histoire naturelle, Géographie, Histoire,
Divers, Supplément, Mélauges. Gr. in-8 15 fr.
XII. OUSAMA1BNMOUNKIDH (1095-1188). Un émir syrien au premier siècle des
Croisades, par HARTWIG DERENBOUUG. Avec le texte arabe de l'autobiographie
d'Ousàma, publié d'après le manuscrit de l'Escurial.
Première partie. Vie d'Ousàma. En 2 fascic. In-S 20 fr.
Deuxième partie. Texte arabe. In-8 15 fr.
Couronnépar l'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres.— Prix Saintour
XIII. CHRONIQUE DITE DE NESTOR, traduite sur le texte slavon-russe, avec in-
troduction et commentaire critique, par L. LÉGER.In-8 15 fr
XIV. XV. KIM VAN KIEU TAN TRUYEN. Poème annamite, publié, traduit et
annoté par ABELDESMICHELS.2 volumes en 3 parties. In-8 ... 40 fr
XVI, XVII. LE LIVRE CANONIQUE DE L'ANTIQUITÉ JAPONAISE. Histoire des
dynasties divines, traduite sur le texte original et accompagnée d'une
glose inédite composée en chinois et d'un commentaire perpétuel, par
LÉONDE ROSNY.Deux fascicules in-S. Chaque fascicule 15 fr.
I. La Genèse. — II. Le règne du Soleil. — III. L'Exil.
— Troisième fascicule. (Sous presse.)
Couronnépar l'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres.— Pris StanislasJulien
XVIII. LE MAROC, de 1631 à 1812. Extrait de l'ouvrage intitulé Ettordjemàn
Elmo'arib 'an douel Elmackriq oui Maghrib, de Aboulqàsem ben Ahmed
Ezziàni. Texte arabe et traduction par O. HOUDAS.In-8 .... ]5 fr.
XIX. NOUVEAUX MÉLANGES ORIENTAUX, publiés par les professeurs de l'E-
cole des langues orientales vivantes, à l'occasion du Congrès des Orien-
talistes tenu à Vienne en 1886. In-S, fac-similé 15 fr.
Tableaudu règne de Mouizzeddin Aboul Havith Sultan Sindjar, par Ch. Schefer.—
Considérationssur l'histoire ottomane,par A.-C. Barbier de Meynard.— Essai sur
l'écriture maghrébine,par 0. Houdas.— Ousàniaibn Mounkidh, par H. Derenbourg.
— Entretien do MoïseavecDieusur le Sinaï, par P. Favre. — Voyages de B. Vatace
en Europe et en Asie, par E. Legrand. — Les nocesde MaximeTzernoïévitch,par
A. Dozon.— Contes populaires annamites,par A. des Michels. — Note pour servir à
l'histoire desétudes chinoisesen Europe,par H. Cordier. — Spécimende paléographie
tamoule, par—J. Vinson. — Une version arménienne de l'histoire d'Asseneth,par
A. Carrière. Notice sur l'imprimeurAnlhimod'Ivir, par E. Picot. — Des différents
genres d'écriture employésparles Japonais,par L. de Rosuv.
XX. L'ESTAT DE LA PERSE en 1660, par le P. RAPHAËLDU MANS. Publié et
annoté par Cu. SCHEFER, de l'Institut. In-8 20 fr.
TROISIÈME SÉRIE
I. LA FRONTIÈRE SINO-ANNAMITE, description géographique et ethnogra-
phique, d'après des documents officiels chinois traduits par G. DEVÉRIA,de
l'Institut. In-8, illustré, avec planches et cartes 20 fr.
Couronnépar l'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres.— Prix StanislasJulien
II. NOZHET-ELHAD1. Histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1511-1670),
par Mohammed Esseghir ben Elhadj ben Abdallah Eloufràni. Texte arabe,
— publié par O. HOUDAS. In-8 . 15 fr.
III. Le même ouvrage. Traduction française, par O. HOUDAS.In-8. . 15 fr.
IV. ESQUISSE DE L'IIISTOIBE DU KHANAT DE KHOKAND, par NALIVKINE,
traduit du russe par A. DOZON.In-8, carte 10 fr.
V. VI. RECUEIL DE TEXTES ET DE TRADUCTIONS, publiés par les Professeurs
de l'Ecole des langues orientales vivantes, à l'occasion du Congrès des
Orientalistes de Stockholm. 2 vol. in-S 30 fr.
du
Quelques chapitres Seldjouq Namèh, publiés et traduits par Ch. Schefer. — L'Ours
et le Voleur,comédieen dialecte turc azéri,publiéeet traduite par Barbierde Meynard.
— Proverbes malais, par A. Marre.— Cérémoniesreligieuses des Tchérémisses,par
A. Dozon.—— Histoirede l;i conquêtede rAndalou>io, par Ibn El.fouthiya,publiépar
0. Houdas. La Compagniesuédoisedes Indes orientalesau xvuf0 siècle, par
H. Cordicr.— Dusensdes mots chinoisGiaoCM, nomdes ancêtresdu peupleanna-
Michels.— ChantspopulairesdesRoumains
mite,par A. desdans de Serbie,par Em. Picot.
— Les Français l'Inde —
), par J. Vinson. Noticesur J. et T. Zigo-
(17:ÎG-17GJ
malas,par il. Legrand,etc.
VIL S1ASSETNAMÈH.Traité .de Gouvernement, par Nizam oui Moulk, vizir du
sultan Seldjoukide Melikchâh. Texte persan et traduction française, par
CH. SCIIEFER, de l'Institut. Tome I en 2 parties. Texte persan. — Supplé-
ment. lu-8. Chaque fascicule 15 fr.
VIII. — Tome II. Traduction française et notes. In-8 15 fr.
IX,X. VIE DEDJELAL-EDDINMANKORIRTI,par EI.-NESAWI (VIIesiècle de l'hégire).
Tome I. Texte arabe, publié par 0. HOUDAS. ln-8. ..".... 15 fr.
Tome II. Traduction française et notes, par 0. HOUDAS. Iu-8. . . 15 fr.
XI. CH1I1LOUH KOUOII KIANÎi YUII TCIII. Géographie historique des Seize
royaumes fondés en Chine par des chefs tatares (302-433),traduite du chi-
nois et annotée par A. DESMICITKLS. Kasc. I et II, in-8. Chaque . 7 fr. 50
XII. CENT DIX LETTRES de
GRECQUES, FRANÇOIS FII.ELFE,publiées intégrale-
ment pour la première fois, d'après le Codex Trivulzianus 873, avec intro-
duction, notes et commentaires, par EMILELEGRAND. In-8. ... 20 fr.
XIII. DESCRIPTION TOPO-GRAPHIQUEET HISTORIQUE DE BOUKHARA,par
MOHAMMED NERCHAKHY, suivie de textes relatifs àla Transoxiane. Texte persan
publié par CH. SCIIEFER, de l'Institut, ln-8 15 fr.
XIV. ESSAI DE MAMUELPRATIQUEDE LALANGUEMANDÉOU MANDINGUE,
par MAURICE DELAFOSSE. In-8 (sous presse).
XV. LES FRANÇAISDANS L'INDE, Dupleix et Labourdonuais. Extraits des Mé-
moires d'Anandarangappoullé, divan de la Compagnie des Indes (1736-
1761), publié par J. VINSON. ln-8, portraits et cartes 15 fr.
XVI. KHALILED-DAHIRY. Description de l'Egypte et de la Syrie. Texte arabe,
publié par RAVAISSE. ln-8 12 fr.
XVII. — Le même, traduction française ln-8. (En préparation.)
XV11Ià XX. BIBLIOGRAPHIECOREENNE. Tableau littéraire de la Corée, conte-
nant la nomenclature des ouvrages publiés jusqu'en 1890, ainsi que l'ana-
lyse des principaux d'entre ces ouvrages, par MAURICE COURANT. 3 vol. in-8,
fi'gures et planches. Chaque volume — 25 fr.
Couronnépar l'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres. PrixStanislasJulien.
QUATRIÈMESÉRIE
1. CATALOGUEDE LA BIBLIOTHÈQUEDE L'ÉCOLE DES LANGUESORIENTALES
VIVANTES, publié par E. LAMBRECUT, secrétaire de l'Ecole. Tome I. Lin-
guistique : I. Philologie. — IL Langue arabe. In-8, p. xn-624 . . 15 fr.
11-VII. CATALOGUE DE LA BIBLIOTHÈQUEDE L'ÉCOLE DES LANGUES
ORIENTALES VIVANTES.Tomes II à VII (en préparation).
VIII. LES POPULATIONSFINNOISES DES BASSINSDE LA VOLGAET DE LA
KAMA, par JEANSMIRNOV. Etudes d'ethnographie bislorique, revues et tra-
duites du russe par PAULBOYER.— Première partie : Groupe de la Volga,
ou groupe bulgare. I. Les Tchérémisses. II. Les Mordves. In-8 . 15 fr.
IX. — Le même. Seconde partie : Groupe de la Rama, ou groupe permien. I. Les
Votiaks. II. Les Permiens. ln-8 (sous presse).
X. OUMARADU YÉMEN (xu° siècle), sa vie et son oeuvre. Tome I. Autobio-
graphie et récits sur les vizirs d'Egypte. — Choix de poésies. Texte arabe
publié par HARTYVIG DERENBOURG. ln-8 16 fr.
XI. — Le même. Traduction française, ln-8 (sous presse).
XII. DOCUMENTSARABESRELATIFS A L'HISTOIRE DU SOUDAN.1. Tarikh es-
Soudan. Histoire du Soudan, par Abderrahman lieu Abdallah Et-Tonboukti.
Texte arabe et traduction française, par 0. HOUDAS, avec la collaboration
de M. BENOIST, élève diplômé de l'Ecole des Langues orientales vivantes.
I. Texte arabe, ln-8 16 fr.
XIII. — II. Traduction française. In-8 16 fr.
XIV. DESCRIPTION DES ILES DE L'ARCHIPEL GREC, par CHRISTOPHE BUONDEL-
MONTI. Version grecque par un Anonyme, publiée avec une traduction fran-
çaise et un commentaire par EMILELEGRAND. Première partie, ornée de
52 cartes. Gr. in-8 20 fr.
XV. — Le même. Seconde partie. In-8 (sonspresse).
XVI. LE LIVRE DE LA CRÉATION ET DE L'HISTOIRE D'ABOU ZÉID AHMED
BEN SAHL EL-BALKHI. Texte arabe publié et traduit d'après le manu-
scrit de Constantinople, par CL. HUART. Tome I. In-8 20 fr.
—
XVI1-XVIII. Le même ouvrage. Tome III. In-8 (sons presse).
XIX. DOCUMENTSARABES RELATIFS A L'HISTOIRE DU SOUDAN.Tedzkiret
en-Nisian 11AkhbârMolouk es-Soudân. I. Texte arabe édité par O. HOUDAS,
avec la collaboration de M. EDM.BENOIST. In-8 15 fr.
XX. — II. Traduction française. In-8 15 fr.
CINQUIÈME SÉRIE
1-11. DICTIONNAIRE ANNAMITE-FRANÇAIS(Langue officielle et langue vul-
gaire), par M. JEANBONET.2 vol. in-8 40 fr.
Angers.— ImprimerieorientaleA. Burdinet Cie,\ rue damier.