Parcours : individu, morale et société
Texte : Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678)
Introduction :
Mme. de La Fayette est une femme de lettres française du XVII ème siècle qui publie son
roman historique La Princesse de Clèves sous couvert d’anonymat en 1678, suivant les
principes du Classicisme, « plaire et instruire ». Ce roman narre les intrigues à la cour d’Henri
II, dont celle de Mme. De Clèves et du Duc de Nemours. Dans cet extrait, Mme. De Clèves
fuit M. De Nemours à Coulommiers, et avoue à son mari ses sentiments pour un autre,
pendant que M. De Nemours écoute en secret. Il s’agit d’une scène pivot du roman.
Lecture
Attention ! Débit de lecture, ton de voix, liaisons, dialogue.
Projet de lecture :
En quoi cet aveu est-il exceptionnel ? ~ Est-ce un aveu vertueux ? Moral ?
Analyse :
Paradoxe/Antithèse Euphémisme Métaphore Interjection Vocabulaire imprécis Négation
Impératif Superlatif Allitération en m
Texte Analyse
— Eh bien ! Monsieur, lui répondit-elle en se Introduit aveu + soulagement ; Incise
jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu descriptive, geste théâtral
que l’on n’a jamais fait à son mari, mais Renforce le côté exceptionnel de l’aveu =>
l’innocence de ma conduite et de mes conscience sans orgueil de la supériorité
intentions m’en donne la force. morale ; Connotation péjorative, criminelle
aveu vs innocence
Il est vrai que j’ai des raisons de m’éloigner de
la cour et que je veux éviter les périls où se Echo au discours de Mme. De Chartres
trouvent quelquefois les personnes de mon âge.
Je n’ai jamais donné nulle marque de faiblesse La négation s’annule => conscience sans
et je ne craindrais pas d’en laisser paraître si orgueil de la supériorité morale
vous me laissiez la liberté de me retirer de la Me = COD ; Autorisation du Mari, elle n’est plus
cour ou si j’avais encore Mme de Chartres pour maîtresse d’elle-même
aider à me conduire.
Quelque dangereux que soit le parti que je Aveu TRÈS GÉNÉRALISÉ : bienséance
prends, je le prends avec joie pour me Dangereux vs joie
conserver digne d’être à vous.
Je vous demande mille pardons, si j’ai des
sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne Sentiments vs actions
vous déplairai jamais par mes actions
Songez que, pour faire ce que je fais, il faut Implore M. de Clèves
avoir plus d’amitié et plus d’estime pour un Plus d’amitié et d’estime vs sentiments
mari que l’on n’en a jamais eu. Conduisez-moi, [amoureux]
ayez pitié de moi, et aimez-moi encore si vous Rythme ternaire, implore son mari, demande
pouvez. » une conduite exemplaire et de l’aide dans son
entreprise
| Aveu de Mme. De Clèves Vocabulaire imprécis ; engagements futurs ;
aucune évocation de Nemours
M. de Clèves était demeuré, pendant tout ce Dans un état second Xen colèreX
discours, la tête appuyée sur ses mains, hors de
lui-même, et il n’avait pas songé à faire relever Choqué, il en oublie la bienséance
sa femme.
Quand elle eut cessé de parler, qu’il jeta les Il souffre de sa passion, il la trouve toujours
yeux sur elle, qu’il la vit à ses genoux le visage aussi belle et son aveu admirable malgré tout
couvert de larmes, et d’une beauté si Meurt => de jalousie ; lien au tome 4
admirable, il pensa mourir de douleur, et Accepte l’aveu : applique la bienséance ; geste
l’embrassant en la relevant : théâtral
| Description des personnages par le narrateur ~ Didascalie, M. De Clèves manque à la
bienséance + beauté physique
—« Ayez pitié de moi vous-même, Madame, lui Parallèle à la fin du discours de la princesse
dit-il, j’en suis ; et pardonnez si, dans les Pathétique : Femme supérieure ; Se sous-
premiers moments d’une affliction aussi estime ~ bienséance
violente qu’est la mienne, je ne réponds pas, Jalousie > affliction > tristesse
comme je dois, à un procédé comme le vôtre. S’excuse pour son manquement à la
bienséance
Vous me paraissez plus digne d’estime et Superlatif : beauté morale + plus Mme. De
d’admiration que tout ce qu’il y a jamais eu de Clèves semble parfaite, plus M. De Clèves
femmes au monde ; mais aussi je me trouve le souffre et devient misérable
plus malheureux homme qui ait jamais été. Labiale qui appuie sur la plainte : augmente
l’aspect dramatique
[[[Vous m’avez donné de la passion dès le « Passion » ≠ pas de bienséance
premier moment] [que je vous ai vue]]; [[vos
Passion => feu
rigueurs et votre possession n’ont pu
l’éteindre]: [elle dure encore]], [je n’ai jamais Certaine froideur, aucun rapprochement
pu vous donner de l’amour]], [[et je vois] [que physique dans le couple
vous craignez d’en avoir pour un autre]]].
Constat de M. de Clèves
Et qui est-il, Madame, cet homme heureux qui
vous donne cette crainte ? Depuis quand vous Questions qui montrent la jalousie de M. de
plaît-il ? Qu’a-t-il fait pour vous plaire ? Quel Clèves
chemin a-t-il trouvé pour aller à votre cœur ? Je
m’étais consolé en quelque sorte de ne l’avoir Chemin => inaccessible
pas touché, par la pensée qu’il était incapable
de l’être. Expression précieuse
| Réponse de M. De Clèves M. de Clèves avoue à son tour son erreur : sa
femme ne lui appartient pas, et elle est capable
d’amour.
M. de Nemours voit la différence entre les
relations, ainsi que ses chances
Conclusion :
Deux aveux, un à demi-mot de Mme. de Clèves, et l’autre de la passion extrême de M. de
Clèves. Le plus admirable ? Aveu héroïque ou le contrôle presque total de M. De Clèves ?
M. De Nemours entend la scène, espère être la personne aimée, mais condamne l’aveu à
l’échec => causera un quiproquo et la jalousie de M. De Clèves l’empêchera de « protéger »
efficacement Mme. De Clèves de sa passion.
OUVERTURE : Clélie de Mme. De Scudéry avec l’image de la carte du tendre qui se compare
au contrôle de soi et la bienséance de M. De Clèves.