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Cours Propriétés Physques Des Matériaux

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Cours Propriétés Physiques Des Matériaux

Sommaire

Partie I: Propriétés Mécaniques

Chapitre 1: Notion de Tenseur……………………………………….1

Chapitre 2: Tenseur des contraintes…………………………………15

Chapitre 3: Tenseur des déformations………………..……………..27

Chapitre 4: Elasticité linéaire……………………………….……….34

1
Chapitre 1: Notion de Tenseur

1. Scalaires, vecteurs et tenseur de rang 2


a) Scalaires: un scalaire est défini par un seul nombre et indépendant de toute
notion d'orientation: masse, densité, température, volume…
b) Vecteurs: Par opposition aux scalaires, il existe des grandeurs physiques très
différentes; les vecteurs, qui sont inséparables de la notion de direction: la
force, le champ électrique...
x3
E

E1
E E2 Ou E   E 1 , E 2 , E 3 
E3 O
x2

x1 Figure 1.1

E1, E2 et E3 sont les composantes du vecteur E sur les axes (les projections du
vecteur sur les trois axes)
Un vecteur est un tenseur de rang 1 (le vecteur a un seul indice).
c) Tenseur de rang 2: Appliquons un champ électrique représenté par le
vecteur E sur un conducteur isotrope, il se produit un courant électrique. La
densité du courant est représentée par le vecteur J .

Conducteur isotrope

Figure 1.2 x3
Si le conducteur est isotrope et la loi d'Ohm

S'applique, J est parallèle à E et l'intensité

de J est proportionnelle à l'intensité de E : O


x2

J E
x1
où  est la conductivité électrique Figure 1.3

Si, dans le système d'axe: Ox1, Ox2, Ox3 on a

2
E   E 1 , E 2 , E 3  et J   J 1 , J 2 , J 3 

Sachant que:

J 1   E 1

J 2   E 2 (1.1)
J   E
 3 3

Chaque composante de J est proportionnelle à la composante correspondante de E .

Par contre, si le conducteur est anisotrope (cas d'un cristal) la relation entre les
composantes de J et de E n'a plus la forme simple de l'équation (1.1) et J n'a plus
la même direction de E (Fig 1.4)

Pour les cristaux, les relations (1.1) sont remplacées par:

J 1   11 E 1   12 E 2   13 E 3 x3

J 2   21 E 1   22 E 2   23 E 3 (1.2)
J   E   E   E
 3 31 1 32 2 33 3

 11 ,  12 …….. sont des constantes.


O
x2
Chaque composante de J est liée par une relation

linéaire aux trois composante de E . x1 Figure 1.4

On peut donner aux coefficients  11 ,  12 …de (1.2) une signification physique par
exemple, si on suppose que le champ électrique est appliqué suivant l'axe Ox 1 :
E   E 1 ,0,0  et les équation (1.2) devienent: x3

J 1   11 E 1

J 2   21 E 1
J   E
 3 31 1

O
IL y a donc des composantes de J non seulement x2

Sur l'axe Ox1 mais aussi sur les autres axes.

La composante dans la direction du champ est x1 Figure 1.5

donnée par  11 et les deux composantes transversales par  21 et  31 .

De façon semblable,  23 par exemple mesure la composante de J parallèle à Ox2


quand le champ est parallèle à Ox3, donc: la conductivité d'un cristal est une propriété

3
qui est décrite par neuf coefficients, que l'on peut écrire sous la forme d'un tableau
carré entre deux crochets, qui symbolise un tenseur de rang 2.

 11  12  13 
 
 21  22  23   ij  : i est la ligne, j est la colonne.
 31  32  33 

 ij sont les composantes du tenseur.

Ainsi, nous avons introduit trois sortes de quantités:

-Tenseur de rang Zéro (scalaire) représenté par un seul nombre et indépendant de tout
système de référence.

-Tenseur de rang 1 (vecteur) caractérisé par trois nombres ou composantes qui sont
associés d'axes de référence.

-Tenseur de rang 2 caractérisé par neuf nombres ou composantes dont chacun est
associé à deux axes.

Remarque: le nombre des indices donne le rang du tenseur.

 : Tenseur de rang 0; 30 = 1 nombre de composantes

 i : Tenseur de rang 1; 31 = 3 nombre de composantes

 ij : Tenseur de rang 2; 32 = 9 nombre de composantes

D'une façon générale, si une propriété T lie deux vecteurs p   p1 , p 2 , p 3  et


q  q1 , q 2 , q 3  de telle sorte que:

 p1  T11q1  T12q 2  T13q 3



 p 2  T 21q1  T 22q 2  T 23q 3 (1.3)
 p  T q T q T q
 3 31 1 32 2 33 3

T ij étant des constantes, on dit que T ij représente un tenseur de rang 2.

1.1 Notation des indices muets:

Il convient de simplifier nos équations. Les équations (1.3) peuvent s'écrire:

4
 3

 1 p  T q
11 1  T q
12 2  T q
13 3   T1 j q j
 j  1

 3

 2p  T q
21 1  T q
22 2  T q
23 3   T2 j q j
 j  1
 3
 p 3  T 31q1  T 32q 2  T 33q 3  T 3 j q j
 j 1

Ou, sous forme plus condensée:


3
p i  T ij q j (i=1, 2, 3)
j 1

On peut supprimer le signe de sommation 

pi  T ij q j (i, j=1, 2, 3) (1.4)

Convention d'Einstein: quand un indice intervient deux fois dans un terme monôme,
la sommation par rapport à cet indice est automatiquement sous-entendue.

pi  T ij q j  T ik q k

i: indice libre

j (k): indice muet.

2. Transformations:

Les valeurs des coefficients T ij dépendent des axes de références choisis. On va


étudier les modifications de ces coefficients lorsqu'on change le repère.

2.1 Transformation des axes

Soit deux système d'axes trirectangles ont la même origine; le premier système est
(x1, x2, x3) et le second (x'1, x'2, x'3).

x3

x'3

Figure 1.6 O
x2

x1
x'1

5
Les relations angulaires liant les axes sont données par le tableau suivant (tableau des
cosinus directeurs).

Anciens axes
x1 x2 x3
Nouveaux x'1 cos 11 cos 12 cos 13
axes x'2 cos  21 cos 22 cos 23
x'3 cos 31 cos 32 cos 33

Si on pose aij  cos  ij (i indique nouveau axe et j indique ancien axe) le tableau
devient:

Anciens axes
x1 x2 x3
Nouveaux x'1 a11 a12 a13
axes x'2 a21 a22 a23
x'3 a31 a32 a33

Par exemple: les cosinus directeurs de x'2 par rapport à (x1, x2, x3) sont a21 , a22 , a23
et les cosinus directeurs de x3 par rapport à (x'1, x'2, x'3) sont a13 , a23 , a33 .

Le tableau des aij est une matrice: désigné symboliquement par (aij ) et les neuf
composantes ne sont pas indépendantes les unes des autres. Dans le cas général
aij  a ji

2.2 Transformation des composantes d'un vecteur

Considérons un vecteur p x3

p   p1 , p 2 , p 3  dans le système d'axe (x1, x2, x3)

p   p1, p 2 , p 3  dans le système d'axe (x'1, x'2, x'3) x'2

O
x2

x1

Figure 1.7

p1 est obtenu en projetant p 1 , p 2 et p 3 sur la nouvelle direction x'1.

6
p1  p .i   ( p1 i  p 2 j  p 3 k )i   p1 cos 11  p 2 cos 12  p 3 cos 13
p1  a11 p1  a12 p 2  a13 p 3

De même on peut trouver p 2 et p 3 . Donc on peut écrire

 p1  a11 p1  a12 p 2  a13 p 3



 p 2  a21 p1  a22 p 2  a23 p 3
p  a p  a p  a p
 3 31 1 32 2 33 3

Que l'on peut écrire selon la notation des indices muets:

p i  aij p j (1.5) expression des nouveaux p en fonction des anciens.

On peut faire le même raisonnement pour la transformation inverse.

On trouve alors:

 p1  a11 p1  a21 p 2  a31 p 3



 p 2  a12 p1  a22 p 2  a32 p 3 ou pi  a ji p j (1.6)
p  a p  a p  a p
 3 13 1 23 2 33 3

expression des anciens p en fonction des nouveaux.

2.3 Remarque: Transformation des cordonnées d'un point

Soit un point P (x1, x2, x3)/Oxi, ces coordonnées sont les composantes du vecteur OP .

x i  aij x j
On a donc : (1.7)
x i  a ji x j

2.4 Transformation des composantes d'un tenseur de rang 2

Les vecteurs p et q sont reliés entre eux par la relation pi  T ij q j dans le système
d'axes (x1, x2, x3).

Pour trouver les relations qui existent entre les nouvelles composantes p'i et q'j nous
utiliserons la série d'équations suivantes:

p' P q q'

pi  aik p k , p k  T kl q l , q l  a jl q j

7
En combinant ces équations:

p i  aik T kl a jl q j ou pi  T ijq j

Soit: T ij  aik a jlT kl (1.8)

k, l sont des indices muets, alors que i et j sont des indices libres.

La relation (1.4) représente la loi de transformation d'un tenseur de rang 2.

Remarque: Développement de l'équation (1.4)

Le développement se fait en deux étapes: d'abord indice puis l'autre

Développement /l:

T ij  aik a j 1T k 1  aik a j 2T k 2  aik a j 3T k 3

Développement /k:

T ij  aik a j 1T k 1  aik a j 2T k 2  aik a j 3T k 3


 ai 1a j 1T11  ai 2 a j 1T 21  ai 3a j 1T 31
 ai 1a j 2T12  ai 2 a j 2T 22  ai 3a j 2T 32
 ai 1a j 3T13  ai 2 a j 3T 23  ai 3a j 3T 33

La transformation inverse permet d'établir les anciennes composantes en


fonction des nouveaux, on utilise le schéma suivant:

p p' q' q

Et T ij  aki aljT kl (1.9)

Le tableau suivant résume les lois de transformation d'un tenseur de rang n:

Nom Rang Nouveaux en fonction des Anciens en fonction des


anciens nouveaux
Scalaire 0      
Vecteur 1 p i  aij p j pi  a ji p j
Tenseur 2 T ij  aik a jl T kl T ij  aki aljT kl
3 T ijk  ail a jm aknT lmn 
T ijk  ali amj ank T lmn
4   aim a jn ako alpT mnop
T ijkl 
T ijkl  ami anj aok aplT mnop

8
Tenseur symétrique et antisymétrique

T ij  est symétrique si  (i , j :T ij  T ji )

T ij  est antisymétrique si  (i , j :T ij  T ji )

 i : T ii  T ii  T ii  0
T11  T 22  T 33  0.

3. Quadrique représentative (QR): On va essayer de donner une représentation


géométrique d'un tenseur de rang 2.

Considérons l'équation suivante:

S ij x i x j  1 (1.10)

Où les S ij sont des coefficients.

Effectuons les somations par rapport à i et j on obtient:

S 11x 1x 1  S 12 x 1x 2  S 13 x 1x 3  S 21x 2 x 1  S 22 x 2 x 2  S 23 x 2 x 3  S 31x 3 x 1  S 32 x 3 x 2  S 33 x 3 x 3  1

Si on pose: S ij  S ji on obtient:

S 11x 12  S 22 x 22  S 33 x 32  2(S 12 x 1x 2  S 13x 1x 3  S 23x 2 x 3 )  1

Cette dernière équation représente dans l'espace l'équation géométrique d'une surface
du second degré appelée quadrique représentative (Q.R) qui peut être une ellipsoïde
ou une hyperboloïde, dont l'origine est le centre O (0, 0).

On peut transformer l'équation (1.5) dans un nouveau système d'axes.

x i  aki x k , x j  alj x l

S ij aki x k alj x l  S ij x k x l  1

Avec : S kl  aki alj S ij

On s'aperçoit que cette dernière loi de transformation est identique à celle d'un tenseur
de rang 2: T ij  aik a jlT kl .

Nous avons posé que S ij  S ji . Donc les coefficients S ij de la quadrique se


transforment comme les coefficients d'un tenseur symétrique de rang 2.

9
Conclusion: La Q.R peut être utilisé pour décrire une propriété physique qui est
représenté par un tenseur symétrique de rang 2.

3.1 Diagonalisation d'un tenseur: axes principaux

La quadrique représentative possède des axes principaux tels que l'équation générale
de la Q.R rapportée à ces axes s'écrit:

S 1x 12  S 2 x 22  S 3 x 32  1

Un tenseur symétrique de rang 2 rapporté à ces axes principaux s'écrira de même.

S 11 S 12 S 13  S 1 0 0 
S  0 S 0 
 21 S 22 S 23    2 
s 31 S 32 S 33  0 0 S 3 

Axes arbitraires axes principaux

S1, S2 et S3 sont les composantes principales du tenseur S ij  .

Si les valeurs S1, S2 et S3 sont positive on a :

x 12 x 22 x 32 x 12 x 22 x 32
   2
 2
 2
1 (1.11)
1 1 1  1   1   1 
S 1 S 2 S 3  


 S 
 
 S 

 S1   2  3

x2 y2 z2
La comparaison de cette équation à l'équation classique    1 montre
a2 b 2 c 2
que les longueurs des demi-axes de la quadrique sont:

1 1 1
, , et la surface est un ellipsoïde (Fig 1.8)
S1 S2 S3

x3

x2

x1
Figure 1.8

11
Si deux valeurs sont positives et une valeur est négative la surface est une
hyperboloïde à une nappe (Figure 1.9).

x3

Figure 1.9
O x2

x1

Si deux valeurs sont négatives et la troisième est positive, la surface est un


hyperboloïde à deux nappe (Fig 1.10).

x3

Figure 1.10

O x2

x1

Si S1, S2 et S3 sont négatives, la surface est un ellipsoïde imaginaire.

11
3.2 Simplification des équations quand elles sont ramenées aux axes
principaux

pi  T ij q j (1.12)

Si T ij  est symétrique, on a p i  S ij q j

Si S ij  est rapporté à ses axes principaux, l'équation (1.12) s'écrit:

p1  S 1q1 , p 2  S 2q 2 , p3  S 3q 3

Si q  q1 ,0,0 /axes principaux : p1  S 1q1 , p 2  0 , p 3  0 . Donc p est


parallèle à q .

Si q   0, q 2 , 0 /axes principaux : p1  0 , p 2  S 2q 2 , p 3  0 . Donc p est


parallèle à q .

Si q   0, 0, q 3  /axes principaux : p1  0 , p 2  0 , p3  S 3q 3 . Donc p est


parallèle à q .

Mais S 1  S 2  S 3 (la propriété T est différente le long des trois axes)

4. Intensité d'une propriété dans une direction donnée:

4.1 Définition: Si on a une propriété tensorielle du type p i  S ij q j , l'intensité S de la


propriété S ij  dans certain direction s'obtient en appliquant q dans cette direction et
p
en mesure la quantité // , p // étant la composante de p parallèle à q .
q

Figure 1.11

p //
S  (1.13) intensité de S ij  dans la direction 1  2
q

12
4.2 Expressions analytiques: Considérons l'exemple de la conductivité
a) Par rapport aux axes principaux: (OX1, OX2, OX3)

Par rapport aux axes principaux le tenseur  ij  s'écrit:

 1 0 0 
 ij   0  2 0 
 
0 0  3  X3

Les cosinus directeur du vecteur


unitaire // E (la direction) sont:

cos 1  l1

cos  2  l 2 X2
cos   l O
 3 3

Figure 1.12
X1

E / OX i   E l1 , E l 2 , E l 3   J / OX i   1 l1E ,  2 l 2 E ,  3 l 3E 

 
J .E  J   J // .E  J  .E  J // .E  J // E

  
J .E  J 1  J 2  J 3 . E 1  E 2  E 3  J 1E 1  J 2 E 2  J 3 E 3
 E l1 1 l1 E  E l 2 2 l 2 E  E l 3 3 l 3 E  J // E

 J //  1 l12 E   2 l 22 E   3 l 32 E

J //
  1 l12   2 l 2 2   3 l 32 (1.14)
E

b) Par rapport à des axes quelconques: Soit l i les cosinus directeurs de E / ox i

On a les relations suivantes: E i  E l i , J i   ij E j

J .E J 1 E 1  J 2 E 2  J 3 E 3 J i E i
J //   
E E E

Dans la direction l i , la conductivité est donc:

J // J i E i  ij E j E i  ij E l j E l i
      ij l i l j
E E2 E2 E2

13
   ij l i l j (1.15) Cette équation est valable même si le tenseur n'est pas
symétrique.

5 Propriétés géométriques de Q.R


5.2 Longueur du rayon vecteur

Soit P un point quelconque de l'ellipsoïde  ij x i x j  1

P x i  r l i  OP .l i
x3

x2

x1

Figure 1.13

 ij x i x j  1   ij r l i r l j  r 2 ij l i l j   r 2

1 1
   ou r (1.16)
r2 

Ce raisonnement s'applique à toutes les propriétés représentées par un tenseur de rang


2; S ij 

1 1
S  , r 

2
r

S: intensité de la propriété dans la direction donnée.

14
5.3 Propriété de la normale au rayon vecteur

P
O

Figure 1.14

Si p i  S ij q j , on peut déterminer la direction de p lorsque q est donné: en menant


d'abord parallèlement à q un rayon vecteur OP de la quadrique représentative et en
menant ensuite la normale en P à la quadrique. p est parallèle à la normale n .

6 Directions et valeurs principales d'un tenseur:

En tout point M, il peut être intéressant de rechercher le repère dit principal, de


directions principales (OX1, OX2, OX3), dans lequel le tenseur S ij  est diagonal. Il
faut donc chercher les valeurs propres et les vecteurs propres du tenseur, il a 3 valeurs
propres distinctes, appelées valeurs principales, notées Si et 3 directions propres
perpendiculaires entre elles, appelées directions principales. La détermination des
valeurs propres du tenseur passe par la résolution de l'équation suivante:

S 11   S 12 S 13
det S 12 S 22   S 23 0 (1.17)
S 13 S 23 S 33  

La résolution de l'équation (1.17) conduit à rechercher les racines du polynôme


suivant:

 3  I 1 2  I 2   I 3  0 (1.18)
Avec :
I 1  S 11  S 22  S 33  S ii (1.19)

I 2  S 11S 22  S 22 S 33  S 11S 33  S 122  S 132  S 232 


1
2
 S ii S jj  S ij2  (1.20)

I 3  det S ij (1.21)
Comme les racines de l'équation (1.7) ne dépendent pas du repère choisi, un
changement d'axes ne modifie pas cette équation et les valeurs principales sont des
quantités invariantes. Les coefficients I1; I2; I3 étant indépendants du repère, ils sont
également appelés des invariants.
15
Chapitre 3 Tenseur des contraintes
1. Notion de contrainte
Un solide est un état de contrainte quand il est soumis à l'action des forces
extérieures.
Un élément de volume à l'intérieur d'un corps est soumis à deux catégories de
forces:
a) Les forces de volume (comme par exemple la pesanteur) qui exerce sur tous
les éléments de volume. Les forces de volume sont proportionnelles au volume
de l'élément.
b) Les forces de surface (Contact): exercée sur la surface de l'élément par le
milieu qui l'entoure. Elles sont proportionnelles à la surface externe de
l'élément.
Considérons un solide en équilibre sous l'action de forces extérieures et un point
P à l'intérieur du solide (Fig 2.1).
Effectuons une coupe suivant un plan quelconque passant par le point P en dehors
des points d'applications du chargement et isolons l'une des deux parties résultant
de la coupe. Soit n la normale au plan de coupe (la normale étant dirigée vers
l'extérieur de la partie isolée).
Plan de coupe

Figure 2.1

La partie isolée est en équilibre sous l'action d'une partie des forces extérieures et
des forces intérieures  f s'exerçant sur des éléments de surface d'aires S
entourant chaque point P de la surface sectionnée. Ces forces élastiques inconnues
sont les forces de cohésion qui remplacent l'action de la partie retirée (Fig 2.2)

Figure 2.2

16
Par définition, le vecteur contrainte au point P relatif au plan de coupe dont la
normale extérieur (au solide) est n , est défini par:

 f  df
T n  lim    (1.22)
S 0 S
  dS

On dit aussi la contrainte au point P sur la facette dS de normale n .

2. Composantes du vecteur contrainte:


a) Si la normale n est quelconque par rapport aux axes du repère:

Les composantes de T n sont:


x3
T1
T n T2
T3 P

x2

x1

Figure 2.3

b) Si on utilise le repère mobile ( n , t ): le deuxième axe t du repère appartient


au plan formé par n et T n .

x3

x2
P

x1 Figure 2.4

T n   n   t   n n  t t (1.23)
  0 tension
 n : Contrainte normale  n
 n  0 compression
 t : Contrainte tangentielle (Cisaillement ou cession)

17
La norme du vecteur contrainte étant homogène à une pression. L'unité de
contrainte est Pascal: 1Pa = 10-5 bar.

c) Si la normale n coïncide avec l'un des axes du repère:


x3

P x2

x1

Figure 2.5
La notation est alors la suivante pour les composantes du vecteur contrainte:

Sur chaque face du parallélépipède (infiniment petit) la matière exerce une force
qui peut être décomposée en trois composantes.
x3

Figure 2.6
x2

x1

 ij représente la contrainte exercée dans la direction +Oxi par la matière qui se


trouve du coté + Oxj sur la matière qui se trouve du coté - Oxj
 ii : Contrainte normale.
 ij ( i  j ) : Contrainte de cisaillement.

18
3. Caractère tensoriel des σij
Soit à l'intérieur d'un solide en équilibre un tétraèdre élémentaire PABC (infiniment
petit) et étudions son équilibre (Fig 2.7).

L'orientation de la face ABC du tétraèdre est C


définie par sa normale n dont les cosinus directeurs
Sont:
n1
n / ox i n 2
n3
P B x2
T n est le vecteur contrainte s'exerçant sur
la surface ABC
T n  T1 ,T 2 ,T 3 
Les forces qui s'exercent sur les trois A
autres faces sont représentées par les
composantes des contraintes  ij . Figure 2.7

Sur la facette ABC s'exerce une force égale à T n S ABC .


Le tétraèdre en équilibre   F  0
Suivant l'axe Px1 cette équation s'écrit:
T1S ABC  11S BPC  12S APC  13S ABP  11 S ABC n1   12 S ABC n 2   13 S ABC n3 
 T1   11 n1   12 n 2   13 n3
De même pour les axes Px2 et Px3: Soit:

T1   11 n1   12 n 2   13 n 3

T 2   21 n1   22 n 2   23 n 3  T i   ij n j (2.1)
T   n   n   n
 3 31 1 32 2 33 3

Les  ij lient les vecteurs T n et n selon une relation linéaire (2.1), donc ils
forment une tenseur de rang 2.
La relation (2.1) permet donc de calculer les contraintes pour une facette
d'orientation quelconque à partir des composantes  ij .
La connaissance du tenseur des contraintes  ij suffit donc pour déterminer
complètement l'état de contrainte autour du point P.
L'équation (2.1) peut se présenter sous forme matricielle:

T     n 

19
4. Symétrie du tenseur de contrainte
Considérons un parallélépipède (infiniment petit) de cotés dx1, dx2, dx3 à
l'intérieur d'un solide en équilibre (Fig 2.8). Les moments par rapport à un axe
parallèle à l'un des axes du repère et passant par le centre du parallélépipède sont
nuls.
x3

Figure 2.8 O x2

En équilibre la somme des moments est égale à zéro  M / Ox i 0


dx 2 dx dx dx
F 32  j  F 23  3 k  F 32  2 ( j )  F 23  2 (k )  0
2 2 2 2
dx dx
  32dx 1dx 3 2 (k  j )   23dx 1dx 2 3 ( j  k )  0
2 2

  23   32

De même suivant les deux autres axes:  31   13 ,  12   21 .


  ij   ji (2.2)

5. Calcul des contraintes normales et tangentielles


a) Contrainte normale  n :
x3

 n  T n .n  T1n1  T 2 n 2  T 3 n 3  T i n i   ij n j n i

 n   ij n j ni (2.3) x2
P

x1
Figure 2.9

 n  11n12   22 n22   33 n32  212 n1n2  2 23 n2 n3  213 n1n3 (2.4)

21
Présentation matricielle:  n   n    n 
T

b) Contrainte tangentielle  t :
 t  T n .t  T1t 1  T 2t 2  T 3t 3  T i t i   ij n j t i
 t   ij n j t i (2.5)
 t  11n1t1   22 n 2t 2   33 n3t 3  12  n 2t1  n1t 2    23  n3t 2  n 2t 3   13  n1t 3  n3t1 
Présentation matricielle:  t  t    n 
T

Si le tenseur des contraintes est ramené à ses axes principaux:


 n  1n12   2 n22   3 n32
 t   11n1t1   22 n 2t 2   33 n3t 3
6. Ellipsoïde de Lamé
(X1, X2, X3) sont des axes principaux (Fig 2.10). Considérons l'extrémité F du
vecteur contrainte T n sur un élément dS défini par sa normale positive
n   n1 , n 2 , n 3  .
Le point F a pour coordonnées: X3

 F1   1n1 F

 F2   2 n 2
F   n
 3 3 3
dS
PP X2

Figure 2.10
X1

Le lieu géométrique de F lorsque dS décrit tout l'espace autour du point P est:

X 12 X 22 X 32
n  n 2  n 3  1 Soit
2 2 2
  1 (2.6)
1
 12  2 2  32
C'est un ellipsoïde (Fig 2.11) dont les demi-axes sont:  1 ,  2 ,  3 .

X3

X2

X1 Figure 2.11

21
7. Recherche des éléments principaux quand on connait une direction
principale  3
a) Forme de bases: soit la figure 2.12, x3 est un axe principale.

x2
X2
m

X1

x1
P

Figure 2.12

Par rapport aux axes x1, x2, X3 le tenseur  ij a la forme:


X3

 11  12 0 
 ij    21  22 0 
 
0 0  3 

x2

x1 Figure 2.13

Par rapport aux axes principaux ; X1, X2, X3 le tenseur  ij a la forme:


X3

 1 0 0 
 ij   0  2 0 
 
0 0  3 

X2

Figure 2.14

22
T1   11  12 0  cos    11 cos    12 sin  
T i   ij n j
       
  T 2    21  22 0  sin     12 cos    22 sin  
T     n 
 T 3  0 0  3  0  0 

La contrainte normale  n :
 n  11n12   22n22  212n1n2  11 cos2    22 sin 2   212 cos sin 
1  cos 2 1  cos 2
En utilisant les deux relations suivantes: cos 2   , sin 2  
2 2
on obtient:
   22 11   22
 n  11  cos 2  12 sin 2 (2.7)
2 2

 sin 
La contrainte tangentielle  t suivant t cos 
0
 t   11n1t1   22 n 2t 2   33 n3t 3   12  n 2t 1  n1t 2 
  11 sin  cos    22 sin  cos    12   sin 2   cos2  

 22  11
t  sin 2   12 cos 2 (2.8)
2

  11   22  11   22
 n  2

2
cos 2   12 sin 2

   22   11 sin 2   cos 2
 t 2
12

>
Par rapport aux axes principaux où    et  12  0 :
 1   2 1   2
 n  2

2
cos 2
 (2.9) C
   2   1 sin 2 P ψ 2
 t 2
m
  2    2 
2 2
 X1
  n  1   t 2   1  (2.10)
 2   2 
Figure 2.15 Cercle de Mohr

C'est l'équation paramétrique d'un cercle, lieu de l'extrémité m de T n dans les


axes mobiles n et t

23
Remarque: Quand n tourne d'un angle  par rapport à l'axe principale X1, on
tourne d'un angle 2 en sens inverse.
 2   n  1
1   2
 t max  qui correspond à   45 .
2

8. Problème: On connaitσ11, σ22 et σ12 déterminer les éléments principaux


σ1 et σ2:

Supposons, comme dans la figure suivante, que les axes Oxi se déduisent de axes
principaux OXi par une rotation d'angle  0 autour de l'axe principale OX3. Les
valeurs principales des contraintes sont:  1 ,  2 ,  3 .

X2
x2

x1
Figure 2.16

X1
P

D'après la signification de la matrice de transformation  aij  (Voir le premier


chapitre):

 a11 a12 a13   cos  0 sin  0 0


aij    a21 a22  
a23     sin  0 cos  0 0

a a33   0 1 
 31 a32 0

En utilisant la loi de transformation suivante (Voir le premier chapitre):

S ij  aik a jl S kl on trouve les nouvelles valeurs des contraintes par rapport au
système d'axes Oxi:

 1 1
 11  2  1   2   2  1   2  cos 2 0

 1 1
 22   1   2    1   2  cos 2 0
 2 2
 1
 12   2  1   2  sin 2 0

Ce résultat peut se résumer sous forme d'un graphique à deux coordonnées (  n ,  t


)

24
1
PC   1   2 
2 >
1
CR   1   2 
2
Les coordonnées de R et T sont: R
R  11 ,  12  C 2
 P
T  22 ,  12  N
2
Q
Par exemple:  11 ,  22 ,  12 étant donnés T m
  11   22
 1  PC  CQ  2
r
 Figure 2.17: cercle de Mohr
  PC  CN   11   22  r
 2 2
1/ 2
1 
Avec r  CR    11   22    12 2 
2

4 
2 12
tg 20  (2.11)
 11   22

9. Tricercle de Mohr:

a) Pour une facette parallèle à l'un des axes principaux

Soit X1, X2, X3 les axes principaux et  1 ,  2 ,  3 les contraintes principales avec
la convention  1   2   3 .
X3

c1
c2
m m
X2

c3
m
X1

Figure 2.18

Lorsque la facette parallèle à X3 tourne autour de X3, le point m se trouve dans le


 2
plan (X1, X2) et sur le cercle de centre c3 et de rayon 1 .
2
Il en est de même pour les facettes parallèles aux axes X1, X2.

25
b) Pour une facette quelconque (Non parallèle à l'un des axes principaux):

On a les trois relations suivantes:

 n  1n12   2 n22   3 n32


T n 2   n 2  t 2  T12 T 22 T 32  12 n12   22 n22   32 n32 X3
n  n 2  n3  1
2 2 2
1 m
 n   n   2 n 2   3 n3
1 1
2 2 2

 2
T n   n   t  T1  T 2  T 3   1 n1   2 n 2   3 n3
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2

 2 dS
n1  n 2  n3  1
2 2

PP X2
 n   1n12   2 n 2 2   3 n32

  n 2   t 2   12 n12   2 2 n 2 2   32 n32 Figure 2.19

1  n1  n 2  n3
2 2 2
X1
La solution de ce système pour les variables n12 , n 22 , n32 donne:
 2  t 2   n   2  n   3 
n1  0
   1   2   1   3   t 2   n   2  n   3   0

 2  t   n   1  n   3  
2

n 2   0   t 2   n   1  n   3   0 
  2   1  2   3   2
  t   n   1  n   2   0
n 32  t
 2
         
n 1 n 2
0
  3 1  3 2 
     
 2  3 
2
 2  3 
2

 n    2
  2   m à l 'éxtérieur du cercle de centre c1
2 
t
  

1   3   1   3 
2 2

  n   t     m à l ' intérieur du cercle de centre c 2
2

 2   2 

  n   1   2    t 2    1   2   m à l 'éxtérieur du cercle de centre c 3
2 2

 2   2 
(2.12)

m
Figure 2.20

Le point m se trouve obligatoirement c1 c2 c3


dans la zone colorée du diagramme P
(  n ,  t ).

26
10. Etats de contraintes particuliers:

a) Traction simple
 1 0 0  1 1
 ij   0 0 0 
 
0 0 0 
b) Compression simple

  1 0 0 
1
 ij   0 0 0 
1
 
0 0 0  2

c) Cisaillement simple
0  12 0 
 ij    12 0 0 
  1
0 0 0  1

d) Torsion

0 0  13 

 ij   0 0  23 
3 3

  13  23 0 

e) Compression uniforme

  1 0 0

 ij   0   2 0 

0 0   3 

27
Chapitre 3: Tenseur des déformations

1. Déformation unidimensionnelle:

Soit un fil extensible, l'origine x Δx


O est fixe (Fig 3.1). a O P Q
a: le fil avant étirement
b: le fil après étirement
x+u Δx+Δu
u: déplacement b
O P' Q'
Figure 3.1

Après étirement le point P du fil est venu en P' et le point Q est venu en Q'
Posons: OP = x, OP'=x+u, PQ = Δx
Dans l'étude de la déformation nous n'avons pas considéré les
déplacements réels des points, mais leurs déplacements relatifs.
La déformation de segment PQ est définie par:

augmentation de longueur P Q   PQ u
 
longueur initial PQ x
La déformation au point P est:
u du
e  lim  (3.1)
x 0 x dx

2. Déformation bidimensionnelle:
x2
Soit une feuille extensible, l'origine Q'
O est fixe (Fig 3.2).
Δui
Considérons un point P, dont les coordonnées
sont P(x1, x2) avant la déformation; il vient Δxi
Q P'
en P' (x1+u1, x2+u2) après la déformation. Δxi ui
Le point Q est voisin de P, tel que P
xi
PQ   x i  . Après la déformation, O x1
Q devient en Q'.
Le vecteur ui constitue donc le déplacement du point P. Figure 3.2

 u i  est la variation de la distance des deux points P et Q séparés


initialement de  x i  .
Pour préciser la déformation en point P, définissons d'abord quatre les
quantités suivantes:

28
u1 u u u
e11  , e12  1 , e 21  2 , e 22  2
x 1 x 2 x 1 x 2
u i
Ou sous forme réduite: e ij  (i, j=1,2).
x j
Les eij sont tous des quantités sans dimensions, de faibles valeurs par
rapport à l'unité (eij << 1, le cas de petit déplacement).
Les composantes de  u i  étant fonctions de xi, nous pouvons écrire:
 u1 u1
u1  x x 1  x x 2
 1 2
 (3.2)
u  u 2 x  u 2 x
 2 x 1 1
x 2
2

Ou en notation abrégée:
u
u i  i x j  e ij x j (3.3)
x j
 u i  et  x i  étant des vecteurs, donc eij  est un tenseur de rang 2 (voir
le premier chapitre).

Signification géométrique de quantités e ij:


x2 Q'2
Considérons deux positions particulières
e12
du vecteur  x i  , l'une parallèle à θ =e21
Q'1
Ox1(PQ1) et l'autre parallèle à Ox2(PQ2),
Q2 Δu2
P' Δxi Δu1
et cherchons comment se déforme le
rectangulaire en P.
P Δxi Q1

O x1

Pour PQ1: x 2  0 et les équations (3.1) deviennent: Figure 3.3

 u1
u1  x x 1  e11x 1
 1

u  u 2 x  e x
 2 x 1 1 21 1

u1
 e11  : mesure l'allongement par unité de longueur de PQ1 dans la
x 1
direction Ox1.

29
u 2
e 21  : mesure la rotation de PQ1 (dans le sens inverse des
x 1
aiguilles d'une montre), car l'angle de rotation  est donnée par:
u 2 u 2
tg      ( u1 et u 2 sont petits par rapport à x 1 : le
x 1  u1 x 1
cas de petits déplacement).

De même:

u 2
e 22  : mesure l'allongement par unité de longueur de PQ2 dans la
x 2
direction Ox2.

u1
e12  : mesure la rotation de PQ2 dans le sens des aiguilles d'une
x 2

montre.

Remarque: Considérons la figure suivante (Fig 3.4) où nous avons fait une
rotation d'une feuille dans son plan avec un angle φ (petit)

Q'2
φ Q'1
φ
P'
Q2

P Q1
φ

Figure 3.4

D'après la signification géométrique des e ij donnée précédemment:


 0  
e ij     (3.4)
 0 
Bien que la feuille ne se déforme pas, et les eij ne s'annulent pas?
Pour lever cette difficulté il faut trouver le moyen de soustraire à eij  la
part correspond à la rotation.

31
Tout tenseur de rang 2 se décompose en deux tenseurs, l'un symétrique et
l'autre antisymétrique.
e ij   ij  w ij (3.5)


  ij 
1
2
eij  e ji    ij
 (3.6)
w ij  1 e  e   w
 ij ji ji
2

e12  e 21   e12  e 21 
1 1
e11 0
e11 e12   2 2
e    
 21 e 22   1 e  e  e    1 e  e  0 
 2 12 21 22
  2 12 21


La figure 3.5 illustre la décomposition de eij  en deux parties

e12
ε12
= +
0.5( e21- e12)
e21 ε12= 0.5( e12+ e21) e21 ε12

Figure 3.5

 ii : sont les allongements par unité de longueur parallèlement à Ox1 et


Ox2
 ij : mesure le tenseur de déformation de cisaillement.
3. Déformation tridimensionnelle:
Le tenseur de déformation d'un corps à trois dimensions est donnée par:
e11 e12 e13 
u
e ij   e 21 e 22 e 23  , Ou bien e ij  i (i, j =1, 2, 3) (3.7)
  x j
e 31 e 32 e 33 
Ces composantes ont les significations suivantes:
e11, e22, e33 sont les allongements par unité de longueur parallèlement à
Ox1, Ox2, Ox3 respectivement.
e12: est la rotation vers Ox1 d'un élément linéaire parallèle à Ox2, cette
rotation étant faite autour de Ox3.
e21: est la rotation vers Ox2 d'un élément linéaire parallèle à Ox1, cette
rotation étant faite autour de Ox3.
Les autres eij ont des significations analogues.

31
e ij   ij  w ij 
1
2
 e ij  e ji   e ij  e ji 
1
2

e12  e 21  e13  e 31  
1 1
 e11
11 12 13   2 2

   e 23  e 32 
1 1
 ij    21  22  23  e12  e 21  e 22
  2 2
 31  32  33   
 1 e13  e 31  1 e 23  e 32  e 33 
 2 2 
Les composantes diagonales de  ii sont les allongements ou déformation
de tension.
Les autres composantes  ii ( i  j ) mesurent les déformations de cisaillement.

3.1.Déformation homogène à trois dimensions:


Dans une déformation homogène, toutes les composantes e ij sont des
constantes; donc nous pouvons écrire:
u i  u 0   e ij x j
u 0  étant le déplacement de l'origine.

 
u i  u 0 i   ij  w ij x j  u 0 i   ij x j  w ij x j
La déformation étant représentée par le second terme, nous pouvons donc
écrire:
u i   ij x j (3.8)
Le tenseur  ij lie le vecteur u i ; déplacement d'un point du à la
déformation au vecteur définissant la position de ce point
La déformation pure (tenseur symétrique) peut être rapportée à ses axes
principaux (les composantes de cisaillement disparaissent):
1 0 0 
 ij    0  2 0  (3.9)
/ axe principaux
 0 0  3 

3.2.Signification géométrique des déformations principales  1 ,  2 ,  3 :


On considère un cube de volume unité, dont les arrêtes sont parallèles aux
axes principaux (Fig 3.6).
Pendant la déformation, les arrêtes restent perpendiculaires et leurs
longueurs deviennent: 1  1  , 1   2  , 1   3  .

ε2
1 1 ε3
Figure 3.6
La variation de volume du cube unité est la dilatation, elle a pour valeur:
1

32
ε1
V V V 0 1  1 1   2 1   3   1
    1   2   3  I 1  trace  ij 
V0 V0 1
les  i étant petits
Remarque: Si on ne néglige pas les termes du second et troisième ordre en
 i on trouve:
  I1  I 2  I 3 (3.10)
I 1 , I 2 , I 3 sont les trois invariants du tenseur  ij  .

4. Dilatation linéaire dans une direction quelconque:

n1 Q
n n2 Q1
n3
P
Figure 3.7

La dilatation linéaire dans la direction n est donnée par la relation:


 nn   ij ni n j
Si n est parallèle à l'axe Ox1, n i   ij et  nn  11 .
De même pour les axes Ox2 et Ox3.
Les composantes diagonales de  ij  représentent donc la dilatation
linéaire unitaire selon les axes de coordonnées.

5. Distorsion d'un angle quelconque:


 
 est la variation (distorsion) de l'angle n , t et donnée par: Q
Q1
cos   nn , tt    sin   2 ij ni t j (3.11)
P θ θ±δθ

 
Cas particulier: Si n est perpendiculaire à t     Q'
 2
   2 ij n i t j  2 nt (3.12) Figure 3.8 Q'1
2

Exemple: si n est parallèle à l'axe Ox1 et t parallèle à l'axe Ox2:

33
   2 ij n i t j  212 (3.13)
2

6. Calcul pratique des déformations:


On écrit souvent le tenseur de déformation pure  ij  sous la forme:

 11 1
2  12 1
2  13 
 ij    12  12  22 
2  23 
1

 12  13 2  23
1
 33 
x2

π/2-γ12

O x1

Figure 3.9

Avec par exemple:  12  212


 12 est la diminution de l'angle formé par
deux droites qui, avant la déformation étaient
parallèles aux axes Ox1 et Ox2.

34
Chapitre 4: Elasticité linéaire

1. Relation entre contrainte et déformation: Loi de Hooke


a) Traction simple:
Un corps solide soumis à une contrainte se déforme.
Si la contrainte est inférieure à une certaine valeur limité  e (limite d'élasticité)
la déformation est temporaire: le corps reprend sa forme initiale si l'on
supprime la contrainte.

Plasticité rupture

Elasticité
linéaire

Figure 4.1

La figure 4.1 représente la variation de la contrainte appliquée (tension pure)


en fonction de la déformation longitudinale ( ) d'une barre solide isotrope.
La relation entre la contrainte et la déformation est linéaire tant que la
contrainte  reste inférieure à la limite  e :
  c  (ou   E  ) (4.1) loi de Hooke pour une contrainte uniaxiale.
c: est la rigidité (E: Module de Young).
La loi de Hook s'éctit aussi:   s  où s est l'élasticité
Dans ce cas simple on constat que c  1/ s

b) Loi de Hooke généralisée: Si l'on applique à un cristal une contrainte, la


déformation homogène qui en résulte est telle que chaque composante de
la contrainte est liée aux composantes de la déformation par une relation
linéaire (ou bien l'inverse), c'est la formule généralisée de la loi de Hooke:

 ij  C ijkl  kl (4.2)

 ij : tenseur de contrainte (rang 2)


 kl : tenseur de contrainte (rang 2)
C ijkl : tenseur de rigidité (rang 4)

35
Exemple:
 11  C 1111 11  C 1112 12  C 1113 13  C 1121  21  C 1122  22  C 1123  23  C 1131  31  C 1132  32  C 1133  33
C ijkl  : tenseur de rang 4  81 coefficients (34 = 81).
Imaginons un ensemble de composantes de contrainte appliquées au cristal et
choisissons-les de telle sorte que les composantes de déformation s'annulent,
sauf une composante normale ou deux composantes de cisaillement. Les
contraintes nécessaires pour produire les composantes de déformations de
cisaillement 12 et  21 sont:
 ij  cij 1212  cij 21 21  cij 12  cij 21  12 (  ij  est symétrique)
En écrivant que les coefficients qui se présentent toujours par paires sont
égaux, il vient: C ijkl  C ijlk
Si on appliquait, par exemple des contraintes sachant qu'on obtient une seule
composante de déformation  33 , les composantes de contraintes seraient:
 11  C 1133  33 ,  22  C 2233  33 ,………….
En particulier:
 12  C 1233  33 et  21  C 2133  33
Comme  12   21 (  ij  est symétrique) on obtient: C ijkl  C jikl (4.3)
La symétrie des tenseurs de contraintes et de déformations réduisent le nombre
des coefficients C ijkl indépendants de 81 à 36.
Démontrons que lesC ijkl forment un tenseur de rang 4:
Nous avons:
 ij'  aik a jl  kl
 kl  c klmn  mn
 mn  aom apn  op'
On combinant les trois équations qui précèdent selon le schéma:

'   '

c'

Nous obtenons:

 ij'  aik a jl c klmn aom apn  op'  cijop


'
 op' , sachant que:

'
c ijop  aik a jl aom apn c klmn

C'est la loi de transformation d'un tenseur de rang 4.

36
D'une façon générale, si deux tenseurs de rang 2 Aij et Bkl sont liés par l'équation:
Aij=CijklBkl, les quantités Cijkl forment un tenseur de rang 4.

2. Notation matricielle:
Les composantes de contrainte ainsi que les composantes de déformation sont
écrites avec un indice unique allant de 1 à 6.
 11  12  13   1  6  5 
   
 21  22  23    6  2  4 
 31  32  33   5  4  3 

11 12 13   1 1


2 6 1
25 

 21  22  23    12  6 2 1
2 4 
 31  32  33   12  5 2 4
1
 3 

Notation tensorielle: 11 22 33 23-32 31-13 12-21


Notation matricielle: 1 2 3 4 5 6
On applique cette numérotation dans le cas des C ijkl :
C ijkl  C mn (i, j, k, l =1, 2, 3; m, n = 1,………..6)

Exemple:
1  C 11 1  12 C 16  6  12 C 15  5  12 C 16  6  C 12  2  12 C 14  4  12 C 15  5  12 C 14  4  C 13  3
 C 11 1  C 12  2  C 13  3  C 14  4  C 15  5  C 16  6
Ou: 1  C1 j  j (j = 1,……….6)
En générale, l'équation (4.1) prend la forme abrégée:

 i  C ij  j (i, j = 1,………6) (4.4)

Les coefficients Cij forment une matrice 6x6.

 1  C 11 C 12 C 13 C 14 C 15 C 16  1 
    
 2  C 21 C 22 C 23 C 24 C 25 C 26   2 
 3  C 31 C 32 C 33 C 34 C 35 C 36   3 
    (4.5)
 4  C 41 C 42 C 43 C 44 C 45 C 46   4 
  C 51 C 52 C 53 C 54 C 55 C 56   5 
 5   
 6  C 61 C 62 C 63 C 64 C 65 C 66   6 

Les significations physiques de chacune de ces composantes sont indiquées symboliquement


sur la figure (4.2). Nous remarquons en particulier que certaines composantes jouent un rôle
similaire mais pour des axes différents et que la matrice n'est pas a priori symétrique.

37
Fig.4.2: Significations physiques des composantes du tenseur des rigidités

38
3. Energie d'un corps soumis à des contraintes:

On considère un volume unité à des composantes de contrainte  i , le travail de


ces composantes agissant sur les faces du cube est:

dW   i d  i (i = 1,……6) (4.6)

d  i : variation de déformation.

Si la déformation est isotherme (T = cte) et réversible, le travail est égal à


l'accroissement d  de l'énergie libre:

d  dW   i d  i  C ij  j d  i

    
 C ij  j     C ij
 i  j   i 

       
 est une fonction d'état:    
 j   i   i   j 

 C ij  C ji (4.7)

Ce qui traduit par une matrice Cij symétrique  21 coefficients indépendants.

Par intégration de (), on trouve que le travail nécessaire pour produire une
déformation, énergie de déformation est:

1
W  C ij  i  j (4.8)
2

4. Effet de la symétrie du corps:

Les éléments de symétrie du corps réduisent encore le nombre des coefficients


indépendants de matrice Cij. Suivant la symétrie du cristal, certains constantes
élastiques sont nulles. Dans ce paragraphe sont reportés les tenseurs de rigidité
correspondant à chaque groupe ponctuel de symétrie. Dans le tableau 4.1 sont reportés
pour chaque système cristallin et groupe de symétrie l’expression du tenseur de
rigidité.

39
TAB. 4.1: Tenseurs de rigidité en fonction de la symétrie du cristal

41
4.1 Relations entre les élasticités et les rigidités:
On donne ici les relations entre les sij et les cij pour quelques classes.

41
4.2 Relations (contraintes-déformations) pour des corps isotropes:

Un matériau est dit isotrope quand son comportement ne dépend pas de la direction
dans laquelle on a réalisé l'éprouvette de contrainte: c'est-à-dire la matrice de rigidité
Cij ne dépend pas du repère choisi. Dans ce cas la matrice Cij n'a que deux terme
indépendants:

C 11 C 12 C 12 0 0 0 
C 
 12 C 11 C 12 0 0 0 
C 12 C 12 C 11 0 0 0 
C ij    (4.9)
 0 0 0 1
2 (C 11  C 12 ) 0 0 
 0 0 0 0 1
(C 11  C 12 ) 0 
 
2

 0 2 (C 11  C 12 ) 

1
0 0 0 0

Avec:

C 11  2  
 (4.10)
C 12  

 ,  sont les coefficients de Lamé.

  G : module d'élasticité en cisaillement (rigidité).

 1   2G   C 12 C 12 0 0 0   1 
   C 2G   C 12 0 0 0   2 
 2   12
 3   C 31 C 32 2G   0 0 0   3 
    (4.11)
 4   0 0 0 G 0 0   4 
 5   0 0 0 0 G 0   5 
    
 6   0 0 0 0 0 G   6 

42
4.3 Déformation en fonction des contraintes pour des corps isotropes:

La relation (4.1) peut se transformer selon la relation suivante:

 ij  S ijkl  kl (4.12)

Sijkl: étant les élasticités

Dans ce cas on a la matrice de Sij:

S 11 S 12 S 12 0 0 0 
S 
 12 S 11 S 12 0 0 0 
S S 12 S 11 0 0 0 
S ij   12  (4.13)
0 0 0 2(S 11  S 12 ) 0 0 
0 0 0 0 2(S 11  S 12 ) 0 
 
 0 0 0 0 0 2(S 11  S 12 ) 

Avec:

 1
S 11 
 E
 
S 12   (4.14)
 E
 1 E
2  S 11  S 12   G , G  2 1   

Où E: module de Young,  : coefficient de Poisson.

On a aussi la relation suivante:

E
 (4.15)
1   1  2 
 1   
 E   0 0 0
E E
 
  1 
0   1 
 1    E E

E
0 0

     2 
 2    
 1
0 0 0  
 3   E E E   3 
     (4.16)
 4   0 0 0
1
0 0  4
 5   G   5 
    
 6   0 0   6 
1
0 0 0
 G 
 1
0 0 0 0 0
 G 

43
 1  1   0 0 0   1 
      
 2  1 0 0 0   2 
 3  1    1 0 0 0   3 
     (4.17)
 4  E  0 0 0 2 1    0 0   4 
 5  0 0 0 0 2 1    0   5 
    
 6   0 0 0 0 0 2 1      6 

5. Compressibilité en volume:

La diminution relative du volume d'un cristal soumis à un pression hydrostatique de


valeur unité est donnée par:

 / p  s iikk , avec    ii (4.18)

En notation matricielle la compressibilité en volume est:

 / p  s11  s 22  s 33  2  s12  s 23  s 31  (4.19)

Elle est la somme des neuf coefficients du carré supérieur gauche de la matrice des
élasticités. Pour un cristal cubique elle est évidemment égale à:

 / p  3  s11  2s12  (4.20)

On a coutume de définir l'inverse de la compressibilité en volume qui est donnée par:

K  1/ 3  s11  2s12   E / 3 1  2  (4.21)

6. Compressibilité linéaire:

La compressibilité linéaire d'un cristal est la diminution de la longueur d'une droite


lorsque l'on soumet ce cristal à une pression hydrostatique égale à l'unité. Elle dépend,
en général, de la direction définie par le vecteur unitaire l i:

  s ijkk l i l j (4.22)

Pour un système cubique:

  s11  2s12 (4.23)

Elle est isotrope (Independent de li): une sphère cristalline soumise à une pression
hydrostatique reste une sphère.

44
7. Module de Young pour un système cubique:

Une barre cristalline dont la longueur est dirigée selon un axe arbitraire Ox'1(li) est
soumis à une tension simple, celle-ci produit en général, des déformations
longitudinale et latérale, mais aussi une déformation de cisaillement. Pour la direction
de la tension (li), le module de Young est le rapport de la contrainte longitudinale à la
déformation longitudinale, E  1/ s 11' . l'inverse du module de Young pour un système
cubique est donné par:

1/ E  s11  2  s11  s12  0.5s 44   l12l 22  l12l 32  l 22l 32  (4.24)

Dans le système cubique, le module de Young n'est pas isotrope.

Bibliographie

1. Nye J F: "Propriétés physiques des cristaux", Dunod, France, 1961.


2. Boivin M and Fantozzi G: cours "Mécanique des milieux continus
déformables", INSA de Lyon, 2000.
3. Salençon J, "Mécanique des milieux continus", ellipses, 1988.

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