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Connecteurs de Consequesnce Cahiers de Linguistiques Francaise

Cet article examine le paramètre de la portée sémantique pour déterminer les contraintes caractérisant les connecteurs inférentiels comme donc. Il propose de distinguer la portée structurelle et argumentale pour mieux comprendre les configurations syntaxico-sémantiques compatibles avec les connecteurs.

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Connecteurs de Consequesnce Cahiers de Linguistiques Francaise

Cet article examine le paramètre de la portée sémantique pour déterminer les contraintes caractérisant les connecteurs inférentiels comme donc. Il propose de distinguer la portée structurelle et argumentale pour mieux comprendre les configurations syntaxico-sémantiques compatibles avec les connecteurs.

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Connecteurs de conséquence et portée sémantique1

Corinne Rossari & Jacques Jayez


Université de Genève & EHESS
<[email protected],ch>
<jayez<s>silicone.fr>

0. Introduction
Le travail que nous conduisons sur les connecteurs vise à expliciter les
conditions qui permettent ou défavorisent l'usage d'un connecteur pour une
interprétation donnée. Les emplois des connecteurs peuvent être déterminés
soit à partir d'un noyau sémantique dont on essaie de les dériver (cf. Ducrot
et al. 1980. Roulet et al. 1985, Rossari 1994. Hybertie 1996, Morel 1996),
soit à partir d'un système de contraintes mutuellement indépendantes. A la
différence de la précédente méthode, celle-ci permet la combinaison de
paramètres de type différent, portant par exemple sur la position syntaxique
(cf. layez & Rossari 1997a), la nature sémantique des termes reliés, leur
statut vériconditionnel, l'ordre temporel ou encore la force de connexion (cf.
Rossari & Jayez 1996, Jayez & Rossari 1997b). Une telle combinaison
autorise beaucoup plus de flexibilité dans la description et permet
l'intégration de dimensions souvent séparées dans les autres approches
(propriétés syntaxiques, sémantiques et pragmatiques). De plus, elle semble
davantage en accord avec la majorité des théories actuelles sur
l'interprétation, qui mettent l'accent sur la collaboration (ou les conflits) de
sources différenciées (sous-spécification, modularité, enrichissement de la
forme logique). Dans cet article, nous allons reprendre et développer un
paramètre fondamental pour la détermination des contraintes qui
caractérisent les connecteurs inféremiels", celui de leur portée sémantique.

l. Cet article u t le résultat de plusieurs présentations faites dans différents groupes de


recherche à Genève et à Paris. Nous remercions Denis Le Pesant pour la journée qu'il
a organisée autour du thème de la conséquence ainsi que les équipes d'Oswald
Ducrot. d'Eddy Roulet et d'Emilio Manzotti pour tous les échanges fructueux dont
nous avons bénéficié dans le cadre de leurs séminaires.
234 Cahiers de Linguitiique Française 19

1. Généralités
L'examen du paramètre de la portée a permis de faire ressortir des
régularités quant aux configurations syntactico-sémaniiques compatibles
avec différentes catégories de connecteurs inférentiels. Par exemple,
certains connecteurs de conséquence, comme de ce fait et du coup, ont des
emplois contraints par une portée "étroite" : ils se limitent à prendre comme
arguments des objets sémantiques correspondant à des états de choses, alors
que d'autres, comme donc et alors ont des emplois moins contraints, car les
objets sémantiques qu'ils prennent comme arguments englobent les
attitudes associées aux états de choses. Cette portée "large" leur permet de
se combiner avec des énoncés non assertifs, comme des impératifs ou des
questions. Cependant, la spécification de la portée "large" vs. "étroite" n'est
pas suffisante pour déterminer tous les types de configuratioas syntactico-
sémantiques compatibles avec un connecteur donné. Par exemple, un
connecteur bénéficiant d'une portée "large" comme donc n'est pas
combinable avec n'importe quel type d'impératif (cf. la vs. Ib) ou de
question (cf. 2a vs. 2b et 3a vs. 3b).
( la) Arrange-toi pour arriver à l'heure ! Donc prends l'autoroute !
11b) '•'? Arrive à l'heure ! Donc prends l'autoroute \
(2a) Je n'ai pas reçu mon contrat. Donc est-ce qu'ils n'ont pas oublié de me
l'envoyer J
(2b) W Je n'ai pas lu le journal. Donc esi-cc que le PSG a gagné ?
^3a) Est-ce que Marie esi venue, donc autrement du est-ce qu'elle a vu Pierre '?
(3b) ? Est-ce que Marie est venue, donc est-ce qu'elle a vu Pierre ?

Ces divergences ne peuvent a priori s'expliquer si la portée est caractérisée


uniquement par la complexité de l'objet sémantique (attitudes sur des états
de choses vs. états de choses), dans la mesure où les énoncés (a) et (b)
peuvent être associés au même type d'objet sémantique : l'attitude volitive
du locuteur liée à l'impératif pour (1) et l'attitude épisiémique liée à la
question nui/non pour (2) et (3).
( la' ) Le loc. désire que l'intertoc. s'arrange pour arriver à l'heure, donc le lac.
désire que l'intertoc. prenne l'autoroute-

2 Dans Jaye/. & Rossari (1997b), nous envisageons la répartition des connecteurs en
trois classes sémantiques : les temporels, les thématiques cl les inférentiels. Ces
derniers .spécifient le type d'inférence qu'il faut sélectionner et la manière dont ces
inférenecs se combinent pour parvenir à une interprétation.
Corinne Rossari & Jacques Jayez 235

(lb'> Le loc. désire que l'inierloc. arrive à l'heure, donc te toc. désire que
l'interloc. prenne l'autoroute
(2a') Le loc. n'a pas reçu son contrat, donc le loc. se demande s'ils n'ont pas
oublié de le lui envoyer
(2b' ) Le loc. n 'a pas lu le journal, donc le loc. se demande si le PSG a gagné
(3a) Le loc. se demande si Marie est venue, donc autrement dit il se demande si
elle a vu Pierre
(3b) Le loc. se demande si Marie est venue, donc il se demande si elle a vu
Pierre

Il est par conséquent nécessaire d'affiner l'analyse du paramètre de la portée


pour être en mesure de déterminer précisément les types de configurations
syntactico-sémamiques que le connecteur peut admettre à sa gauche et à sa
droite. Nous nous fonderons sur les contraintes qui caractérisent l'emploi de
donc.

2. Portée sémantique structurelle et argumentai?


Traditionnellement, la notion de portée est utilisée pour définir la nature des
composants linguistiques que le connecteur peut mettre en relation. On peut,
à la suite des travaux menés dans une tradition de philosophie du langage.
de pragmatique et de sémantique (Scarle & Vandervekcn 1985, Bierwisch
1980. Motsch &. Pasch 1987, Sweetser 1990), s'accorder sur une structure
de l'énoncé tripartite comprenant les éléments suivants :
- la composante illocutoire (FI, force illocutoire)
- les attitudes propositionnelles (ATT)
- les contenus propositionnels (CP)

La composante illocutoire, dans une tradition de sémantique linguistique


(Motsch & Pasch 1987. Pasch 1989. Dohcrty 1983), est conçue comme une
manifestation communicative interagissant avec une composante cognitive
appelée Satzmodus- d'après Pasch (1989). Ainsi, la structure sémantique
d'un énoncé est représentée par une hiérarchisation de ces trois
composantes :

3. Cela correspond à la conception pragmatique traditionnelle selon laquelle des


informations sémantiques minimales (dans ce cas le Satzmodus) se combinent avec
des informations contextuelles pour aboutir à une force illocutoire. Par exemple, la
force illocutoire d'ordre peut être obtenue à partir des indices syntactico-prosodiques
correspondant au Satzmodus (impératif, assertion, e(c.) ci de facteurs contextuels (la
situation, les relations sociales entre les interlocuteurs, etc.).
236 Cahiers du Linguistique Française 19

(I) SM(ATT(CP)).

Cette représentation stipule que le SM donne des indications sur la


composante AIT. qui modalise la composante CP. La composante SM est
constituée par des indices syntactico-prosodiques, la composante ATT par
des indices lexicaux et la composante CP par la structure prédicat-
urguments. En fonction de ces indices, la composante SM reçoit l'attribut
OUVERT ou NON OUVERT. Cet attribut détermine l'attribut de la
composante ATT qui consiste en POS (positif) ou NON POS (non positif). Si
le type de phrase est non déclaratif, le SM est OUVERT et l'attitude est
NON POS ; à l'inverse, si le type de phrase est déclaratif, le SM est NON
OUVERT et l'ATT est POS. Par défaut tout CP se voit associer une attitude
de type épistémique POS. On remarquera que, dans cette approche, la
composante SM implique la présence d'une attitude épistémique.4

En concevant ainsi rillocution, il est possible d'attribuer des


structures différentes à un énoncé véhiculant une force illocuioire d'ordre
via un impératif et à un énoncé véhiculant une même force illocuioire via un
performatif explicite. Ferrari (1995, 116), associe à l'énoncé :
(4a) Je l'ordonne de sortir

la structure suivante :
(U.) SM = NON OLrVERT(ATT<piltfn»qne = POS(CT • ORDONNER(LOC,
SORTIR (INTERLOC). INTERLOO))

En revanche l'énoncé :
(4b> Sors !

devrait selon les mêmes critères être analysé comme :


(Ul) SM = OUVERT! ATTu^Mpi = NON POS(CP m SORTlR(INTERLOO) &
ATT2votM = VOL'LOIR(SORTIR(INTERLOC))

Sans la composante SM. il n'est plus nécessaire d'avoir une attitude de type
épistémique. Les énoncés (4a et b) sont alors représentés par la même
structure.
tIV) Fl = ORDREtLOC. INTERLOC. CP = SORTI R< INTERLOC)) & ATT^w
= VOULOIR(SORT1R( INTERLOC))

4, Nous renvoyons au travail de Ferran (1995, chap 2) pour loin ce qui concerne la
présentation et l'analyse de ces trois composantes.
Connut Rassari & Jacques Jayez 237

Ce type de représentation sémantique permet en outre d'établir des


distinctions syntactico-sémanuques entre les différents morphèmes qui
peuvent fonctionner comme connecteurs (cf. Ferrari 1995. chap, 2 et 3).
Pour ne donner qu'un exemple simple des analyses de Ferrari, les
connecteurs temporels (pendant que, après que...) sont caractérisés par le
fait qu'ils ne peuvent relier que des propositions simples (des CP). les
conjonctions de subordination (parce que, afin que, pour que...) des
propositions évaluées au moins épistémiquement, et les adverbes
conjonctifs (donc, par conséquent, de ce fait...) des propositions qui sont
des actes (pourvues d'un SM à partir duquel il est possible de leur attribuer
une FI).

On peut aussi utiliser ces représentations pour distinguer certains


connecteurs appartenant à une même classe syntactico-sémantique : par
exemple les emplois de de ce fait peuvent être discriminés de ceux de donc
par le fait que le premier n'accepte pas de structure de type (III), alors que le
second accepte des structures de type (II) et (III). En effet (5a) est possible
et non (5b) :
(5a) Tu as été très impoli. De ce fait je l'ordonne de sortir immédiatement de
cette pièce !
(5b) '?'.' Tu as été très impoli. De ce fait sors immédiatement de celte pièce !
alors que donc accepte les deux configurations :
(6a) Tu as été irès impoli. Donc je t'ordonne de sortir immédiatement de cette
pièce !
(6b) Tu as été très impoli. Donc sors immédiatement de cette pièce !
Toutefois, ces différences de compatibilité entre divers types de
structures linguistiques ne sont pas expliquées si on se limite à l'approche
structurelle de la portée. C'est pourquoi nous analysons les différences
observées comme des manifestations de surface d'une contrainte plus
profonde qui concerne la nature sémantique des arguments que le
connecteur peut prendre dans sa portée gauche et droite. Ainsi, dans les
exemples (5a) et (6a), nous postulons que le connecteur ne met pas en
relation le même type d'argument, même si les suites linguistiques X et Y
articulées par le connecteur peuvent être représentées par la même structure
sémantique (cf. Il pour la suite Y).
238 Cahiers de Linguistique Française 19

Pour définir le format sémantique des arguments du connecteur, nous


adoptons les conventions suivantes.
1. Toute phrase est représentée sémaniiquement à l'aide d'un attribut ATT et
d'un attribut CP.
2. L'attribut ATT et l'attribut CP ont pour valeur des structures relationnelles
de forme P(x,...x„).
3. La structure relationnelle qui est la valeur de l'attribut ATT doit contenir
un paramètre x, qui est identifié à la valeur de l'attribut CP.
4. Etant donné une phrase et sa représentation sémantique, nous noterons
att la valeur de l'attribut ATT, ét.ch. la valeur de l'attribut CP.
5. Les arguments d'un connecteur sont constitués, soit par une paire (att.
ét.ch.), soit par ét.ch."

Par exemple, (4a) recevrait les deux représentations suivantes :


«/VIT = CROIRE*loc.,0. te = x = ORDONNERllocimerloc.SORTIR
nnterloc.))l,ou
(ATT • VOULOIR(loc.j). CP = x = SORTlR(interloc))

L'argument droit de de ce fait consiste en l'état de choses qui constitue la


valeur du CP. Cet argument peut être explicité intuitivement par la
paraphrase suivante :
15a' t le toc. a ordonné au destinataire de sortir

Le type sémantique de l'argument de donc consiste en un couple (att.


ét.ch.) 7 . L'argument droit de donc en (6a) peut être explicité intuitivement
par la paraphrase suivante :
(6a') Le toc. désire que le destinataire réalise l'étal de choses consistant en
l'action de sortir

La valeur du prédicat ordonner change donc selon le connecteur. Avec de ce


fait, ce prédicat est interprété comme descriptif, alors qu'avec donc il peut

5. Nous verrons dans la section 4.2. que ces conventions doivent Être considérées comme
des notions commodes.
6. Nous notons les arguments sémantiques du connecteur en caractères gras.
7. Nous présentons dans les sections suivantes les raisons qui nous ont fait adopter un
format comprenant le couple att et ét.ch. pour les arguments d'un connecteur de type
donc.
Corinne Rouan & Jacques Jayei 239

être interprété comme un performatif explicite, à partir duquel il est possible


de déduire une attitude volitive prise en charge par le locuteur.
L'interprétation descriptive n'est toutefois pas exclue avec donc. Dans ce
cas, la valeur de l'ATT qui figure dans l'argument du connecteur n'est pas de
type volitif, mais épistémique. Cel argument peut être explicité
intuitivement par la paraphrase suivante :
l6a") Le locuteur sait qu'il existe un état de choses tel qu'il a ordonné au
destinataire de sortir

Nous concevons donc les contraintes sur les structures linguistiques


que le connecteur peut articuler comme une manifestation du type
sémantique des arguments qu'il peut prendre dans sa portée.

3. Distinction entre deux types d'arguments : analyse des données


La distinction entre deux types de portée argumentalc qui caractérisent les
connecteurs de conséquence {de ce fait, du coup vs. donc, alors) est
corroborée par quatre indices de nature différente :
(i) la compatibilité de alors et donc avec des énoncés non assertifs ;
(ii) la compatibilité de alors et donc avec des structures reposant sur une
abduction causale ;
(iii) la compatibilité de alors et donc avec des structures exprimant une
implication analytique ;
liv) la compatibilité de alors et donc avec des structures où Y consiste
seulement en une spécification de ATT (le CP étant implicite).

Dans ces quatre types de structures, l'emploi de de ce fait et du coup est soit
exclu, soit nettement plus contraint.

Pour analyser ces quatre cas, il nous faut rappeler brièvement le type
de relation inférenuelle qui caractérise les connecteurs de conséquence. Ces
connecteurs partagent la propriété d'instaurer une relation de conséquence
entre les deux arguments qu'ils relient ; le second étant légitimé par le
premier et un nombre non limité de prémisses non explicitées.8 Dans une

8. Nous n'entrons pas dans cet article dans l'analyse du format logique de ce type de
relation. Nous nous limitons à le caractériser comme mobilisant des contraintes sur
des procédures abductives et déductives. en renvoyant à Jayez & Rossari ( 1997b) pour
une étude détaillée de ces procédures.
240 Cahiers de Linguistique Française 19

suite X Ccons Y, Ccons légitime l'objet sémantique associé à y en se basant


entre autres sur l'objet sémantique associé à X.
(7) Picne va beaucoup mieux, donc / par conséquent / alors / de ce fait / du
coup / pour cette raison il pourra reprendre son travail rapidcment-

Les connecteurs utilisés dans (7) sont tous des marqueurs de conséquence,
car la relation qu'ils expriment correspond à une relation de conséquence
entre des prémisses (dont certaines sont implicites) et une conclusion :
l'objet sémantique relatif à Y est légitimé par l'objet sémantique relatif à .V
ainsi que par d'autres prémisses, telles que H faut être en bonne santé pour
pouvoir travailler ou autres principes liés au contexte. Nous notons =* la
relation de conséquence. Nous admettons, pour simplifier.9 que le statut de
la relation =* par rapport au connecteur peut être décrit ainsi : un connecteur
de conséquence qui porte sur un objet x à gauche et un objet y à droite
"présuppose" qu'il existe une règle partagée x => >' et indique que c'est cette
règle qui est utilisée pour légitimer la connexion. Nous adoptons ici une
formulation qui tient compte de l'analyse proposée par Knott (1996, 102-
103) : lorsqu'un locuteur utilise un connecteur comme so en anglais, dans
une forme X so Y, il ne cherche pas à informer l'auditoire qu'il y a une
régularité de forme X =* Y, mais communique plutôt que cette régularité est
valable dans le cas considéré, c'est-à-dire que ce dernier ne constitue pas
une exception. Nous utilisons, de façon vague, le verbe présupposer. Une
analyse détaillée des propriétés présuppositionnelles des connecteurs serait
nécessaire mais sort du cadre de cet article (cf. Beaver 1997 pour un exposé
synthétique récent sur les différentes notions de présupposition).

Une des contraintes fondamentales propre aux connecteurs de


conséquence est la contrainte de succession.

(a) Contrainte de succession


La relation de conséquence => associée à un connecteur de conséquence est
telle que l'événement ou l'état qui correspondent à l'argument gauche du
connecteur ne débute pas après l'événement ou l'état qui correspond à
l'argument droit du connecteur.

9. C'est-à-dire si l'on fait abstraction de la nature de la relation implicative elle-même, ci


de la "force" des connecteurs, cf. Jayez A Rossari ( 1997b).
Corinne Rouan & Jacques Jayez 241

Il pourrait sembler que cette contrainte est redondante. Mais en fait,


l'existence d'une relation de conséquence entre A et B n'implique pas que B
ne puisse débuter avant A. Ce que dit (a), c'est que la relation de
conséquence se comporte comme une relation de causalité ou un lien entre
propriétés, pas comme une relation abduclive.

En vertu de ce que nous avons expliqué dans la section précédente, les


objets sémantiques qui constituent les arguments du connecteur sont des
couples (att, ét.ch.) ou de simples ét.ch. Nous allons montrer dans cène
section que les connecteurs de conséquence se partagent en deux grandes
classes, du point de vue de la portée sémantique.
- Les connecteurs du type de ce fait correspondent à une relation ét.ch. 1
=> ét.ch.1 où ét.ch. 1 (resp. ét.ch.2) est l'état de choses assigné à X (resp.
Y) par la représentation sémantique.
- Les connecteurs du type donc correspondent à deux relations : ét.ch. 1 =»
ét.ch.2 ou ét.ch.2 =» étch.l 1 0 , et attl=s att2. Les att sont des objets
complexes qui incorporent parmi leurs arguments un état de choses. La
relation att 1 =» att2 ne vaut donc pas seulement entre des attitudes, par
exemple des croyances, mais entre des attitudes à propos de tel ou tel état
de choses, par exemple des croyances que p.

Dans nos données, on constate une nette différence de comportement


entre alors et donc, d'un côté, et du coup et de ce fait de l'autre.
(i) Donc et alors peuvent être utilisés dans les configurations suivantes :
(8) Ton père est très fatigué, donc / alors / ?? de ce fait / ?? du coup ne le
dérange pas !
(9) Je n'ai pas reçu mon contrat, donc / alors / ?? de ce fait / ?? du coup est-ce
qu'ils n'ont pas oublié de me l'envoyer ?

Les transformations suivantes en Y rendent possibles les emplois de de ce


fait et du coup :
l10) Ton père est très fatigué, de ce fait je te prie de ne pas le déranger
(II) Ton père est très fatigué, du coup il vaut mieux ne pas le déranger pour
l'instant

10. La relation de conséquence entre les états de choses peut aussi bien aller de gauche a
droite que de droite à gauche avec des connecteurs de type donc. cf. cas I n I
242 Cahiers de Linguistique Française 19

112) Je n'ai pas reçu mon contrai, de ce fait / du coup je me demande s'ils n'ont
pas oublié de me l'envoyer

tu) Donc et alors peuvent être utilisés dans les configurations du type :
( 13) Pierre vient de reprendre son travail, donc / alors / 7? de ce fait / f? du
coup il doit presque cire guéri

Les transformations suivantes en Y rendent possibles les emplois de de ce


fait et du coup :
(14) Pierre vient de reprendre son travail, de ce fan je pense qu'il doit presque
cire guéri
< 15) Pierre vient de reprendre son travail, du coup lout le monde a pensé qu'il
clair guéri
i lii ) Donc et alors peuvent être utilisés dans des configurations du type :
< 16) C'est une baleine, donc / alors c'est un mammifère
1171 C'est le mari de ma soeur, donc / alors c'est mon beau-frère

tandis que de ce fait et du coup ne sont possibles que si la prémisse est


interprétée comme la cause de la conclusion :
(16a) C'est une baleine, de ce fait c'est un mammifère
( 17a) C'est le mari de ma soeur, de ce fait c'est mon beau-frère

Pour celte raison, quand l'interprétation causale est bloquée, leur emploi est
exclu :
118) La baleine a été classée comme un mammifère donc / alors / ?? de ce fait /
?? du coup elle allaite ses petits

La transformation suivante en Y améliore l'emploi de de ce fait et du coup :


(19) La baleine a été classée comme un mammifère de ce fan / du coup je sais
qu'elle allaite ses petits

(îv) Donc et alors peuvent être utilisés dans des configurations du type :
(20) C'est lui qui n'a pas voulu venir, donc / alors / V de ce faii / '.'? du coup
tant pis

Les transformations suivantes en Y rendent possibles l'emploi de de ce fait


et du coup :
(21) C'est lui qui n'a pas voulu venir, de ce fait je n'éprouve pas de regrets
(22) C'est lui qui n'a pas voulu venir, du coup personne n'a éprouvé de regrets
Corinne Rossari A Jacques Jaycz 243

Pour rendre compte de ces données, on pourrait se satisfaire d'une


conception plus simple de la portée en admettant, comme nous l'avons fait
jusqu'à présent, que les connecteurs de conséquence se distinguent
uniquement en fonction de la complexité de l'objet sémantique qu'ils
prennent comme argument. Les connecteurs comme de ce fait ont comme
argument des ét.ch. et les connecteurs comme donc se satisfont d'une
relation entre des objets complexes constitués par des attitudes avec leur état
de choses associé. Leurs arguments correspondent alors à des att. Si les
trois derniers cas peuvent être traités avec cette conception de la portée
sémantique, le premier cas nécessite en revanche l'adoption d'une
conception basée à la fois sur la double relation prévue par le formai tatt,
ét.ch.) et sur une nouvelle analyse de att. pour les arguments d'un
connecteur de type donc.

Dans les cas (ii), la relation de conséquence ne peut s'établir à partir


d'un étal de choses consistant en une conséquence factuelle d'un autre. En
effet, le fait que Pierre a guéri ne peut être légitimé par le fait que Iï a repris
son travail, étant donné que ce dernier fait est postérieur lemporcllement au
premier (violation de la contrainte de succession). En revanche, la
légitimation d'un objet complexe consistant en une attitude épistémique sur
un état de choses ne viole pas la contrainte de succession, qui est un
préalable a la relation de légitimation : la validation de la. pensée du locuteur
étant bien postérieure à ce qui 'induit' cène pensée (Pierre a repris le
travail). Ainsi l'objet validé par donc dans ce type d'emploi pourrait être
paraphrasé par le loc. pense que y. Lorsque l'attitude épistémique du
locuteur est exprimée propositionnellement par un verbe de croyance, l'étal
de choses consiste en cette croyance : le loc. pense que p. Dans ce cas la
contrainte de succession est respectée, dans la mesure où ce qui est légitimé.
c'est l'état de choses : le loc. pense que p. Dans ces configurations, les
emplois de de ce fait et du coup sont alors possibles.

Dans les cas (iii). la portée sur une attitude épistémique permet de
légitimer le savoir du locuteur et d'éviicr ainsi une interprétation basée sur
l'existence d'une causalité factuelle entre les deux états de choses. En
revanche, la légitimation de l'état de choses ne peut se faire qu'en vertu de
l'existence d'un lien causal entre les deux états de choses. Dans les
configurations où une attitude est exprimée propositionnellement (et donc
244 Cahiers de Lwfçuisrique Française 19

considérée comme un état de choses), de ce fait et du coup n'imposent alors


pas de lecture causale entre l'état de choses être classé comme un
mammifère et l'état de choses allaiter ses petits.

Dans les cas (iv), la portée englobant l'attitude permet de légitimer


certaines évaluations affectives du locuteur." En revanche la portée sur
ét.ch. ne permet la légitimation d'une telle évaluation que si elle est
exprimée propositionnellement.

Dans les cas (i), à première vue, il est également possible de rendre
compte de la compatibilité de donc avec des énoncés non assertifs en se
limitant à cette conception simple de la portée sémantique. Le SM
caractérisant les impératifs et les questions suspend l'attribution d'une
valeur de vérité au CP qui forme le contenu de l'impératif ou de la question
en attribuant à ATT le trait NON POS. De ce fait, si le connecteur prend
comme argument un objet consistant en un état de choses, il y a
incompatibilité entre le SM qui suspend la valeur de vérité du contenu
propositionnel exprimant cet état de choses et la valeur sémantique du
connecteur qui signale la légitimation de cet état de choses. 11 en résulte
l'inappropriété de de ce fait et du coup avec de telles structures, la
conclusion ét.ch.2 devant être présentée comme vraie par rapport à la
prémisse explicite ét.ch.1.'* En revanche, si le connecteur légitime un objet
complexe consistant en une attitude propositionnellc sur un état de choses,
alors la suspension de la valeur de vérité de cet état de choses n'affecte pas
la légitimation signalée par le connecteur dans la mesure où elle concerne
l'attitude. Ainsi l'objet validé par donc pourrait être paraphrasé, dans le cas
des impératifs, par le toc. désire que y et dans le cas des vraies questions, par
le loc se demande si y. L'expression propositionnelle de l'attitude est par

11. Le problème des attitudes affectives est toutefois plus complexe. Par exemple, les
connecteurs de conséquence acceptent mal les exclamatives en général, et
notamment, comme l'a remarqué ïïorgel (I9S4), les exclamatives en si : M Louis a
mal aux dents, donc il est si maussade.
12. Dans les conditionnelles, l'emploi de du coup, dont la portée est restreinte à ét.ch..
est possible, car même si la vérité de Q n'est pas garantie. Q peut néanmoins être
présenté comme vrai relativement à P, cf. Si Paul vient, du coup Marie sera contente.
Pour une analyse de la compatibilité des consécutifs français dans les
conditionnelles, voir Rossari & Jaycz (1996). Jayez & Rossari (1997b) et pour une
analyse contrastive des consécutifs français et italiens dans de telles structures, voir
Rossari (à paraître).
Corinne Rossari A Jacques Jayez 245

contre compatible avec de ce fait et du coup, puisqu'elle devient partie


intégrante de l'état de choses légitimé.

Toutefois, comme annoncé dans l'introduction, une telle conception


ne permet pas de rendre compte de l'ensemble des configurations valides ou
non pour un connecteur donné, en l'occurrence donc. En effet, elle ne
permet pas de rendre compte du fait que ce connecteur n'est compatible
qu'avec certains impératifs et certaines questions, cf. (la) vs. (lb) ou (2a)
vs. (2b) :
(ta) Arrange-loi pour arriver à l'heure ! Donc prends l'autoroute !
( lb) ?? Arrive à l'heure ! Donc prends l'autoroute !
(2a) Je n'a4 pas reçu mon contrai. Donc est-ce qu'ils n'oni pas oublie de me
l'envoyer I
(2b) ?? Je n'ai pas lu le journal. Donc est-ce que le PSG a gagné ?

C'est ce qui nous a amenés à adopter un format plus complexe pour


représenter les arguments d'un connecteur de type donc Dans la section
suivante nous allons (a) motiver ce format en analysant l'interaction entre la
relation dont le connecteur est le vecteur et ses arguments (4.1.). (b) préciser
la nature sémantique de la composante ait en analysant l'interaction entre la
sémantique de l'argument gauche et celle de l'argument droit (4.2.), (c)
discuter une conception alternative de la portée (Knott 1996) basée sur les
effets perlocutoircs des enchaînements en donc (4.3.).

4. La portée argumentale : précisions à propos des arguments (att,


ét.ch.) de donc
4.1. La différence d'acceptabilité entre (2a) et (2b) indique que la relation de
légitimation ne peut se satisfaire uniquement dune compatibilité entre les
att des suites X et Y. En effet, dans ces deux exemples la croyance que
ét.ch.l 1 3 légitime une att non positive (NON POS) vis-à-vis de ét.ch.2,
véhiculée par la forme interrogative, cf. les paraphrases (2a' et 2b'),
(2a") Le loc. n'a pas reçu son contrat, donc le loc. se demande s'ils n'ont pus
oublié de le lui envoyer
(2b' ) Le loc. n 'a pas lu le journal, donc le loc. se demande si le PSG a çagné

13. Dans le cas de l'assertion, la force illocutoire peut être amalgamée a l'altitude
épistémique de croyance, car assener que t équivaut à communiquer que l'on croit
que x et ce, même avec une forme atténuée d'assertion comme la question
rhétorique.
246 Cahiers de Linguistique Française 19

Ces paraphrases mettent toutefois bien en relief ïaspect "saugrenu" de (2b).


La relation entre X et Y semble incongrue, car il n'y a pas de lien "logique"
entre étch.l et ét.ch.2 : la "non lecture du journal" n'a en effet aucun
rapport avec "la victoire ou la non victoire du PSG". Il semble donc que la
relation de légitimation doive également être validée au niveau du CP et cela
même si l'argument du connecteur est de type att. En d'autres termes, ce
que le locuteur légitime en (2a) et (2b), c'est une attitude épistémique NON
POS à propos d'un certain état de choses, mais aussi un état de choses
associé à la conclusion, et qui doit apparaître comme une conséquence de
celui de la prémisse, cela parallèlement à la relation instaurée par le
connecteur entre les attitudes. C'est pourquoi nous avons choisi la notation
i att. ét.ch. I pour désigner les arguments des connecteurs du type donc au
lieu de la notation att : nous soulignons ainsi le fait qu'il y a une double
validation, et pas seulement une validation de att utilisant ét.ch. Nous
aboutissons donc à la contrainte suivante.

(fi) Portée des ctmnecteurs de conséquence (formulation provisoire : p* f.p.)


Une forme X donc /alors Y est admissible seulement dans une interprétation
où:
a) - att2 est posé comme vrai et est une conséquence de attl, et,
b) - ét.ch.2 peut être compris comme une conséquence ou une prémisse de
ét.ch. 1.
Une forme X du coup / de ce fait Y est admissible seulement dans une
interprétation où ;
- ét.ch.2 est posé comme vrai et est une conséquence de é t c h . l .

On remarquera d'abord que, pour du coup et de ce fait, un état de choses


dont la vérité est suspendue par une altitude non assertive ne peut être posé
comme vrai. Ceci rend compte de l'allergie de du coup et de ce fait pour les
impératifs et les questions. D'autre part, si X est un impératif ou une
question, ét.chl voit sa vérité suspendue, il n'est donc pas possible de poser
que ét.ch.2 est vrai s'il est une conséquence de étch.l.

Considérons à présent les cas de donc et de ses acolytes. La relation


de légitimation que le connecteur établit doit par conséquent être satisfaite
tant au niveau de att qu'au niveau de étch. Dans le cas que nous venons
Corinne Rossari & Jacques Jayez 247

d'examiner cette relation est satisfaite au niveau de att et non au niveau de


ét.ch. L'emploi de donc est également moins naturel lorsque la relation est
pleinement satisfaite seulement au niveau de ét,ch.
(2c) ? Je n'ai pas vu le match, donc donne-moi le résultat !
i.2d) ? Je n'ai pas vu le maich, donc ne me donne pas le résultai I
(2e) Je n'ai pas encore vu le match, donc ne me donne pas le résultai \

En (2c) (resp. (2d)). c'est la croyance de ét.ch.1 qui est présentée comme
motivant le désir de ét.ch.2 (resp. ->étch.2). Comme cette croyance peut
servir de motivation pour le désir de voir se réaliser ét.ch.2 ou ->ét.ch.2, elle
ne peut être perçue comme un légitimateur très fort pour motiver un désir.
En revanche, en (2e), l'adverbe encore permet, à partir de l'assertion initiale,
de dériver une attitude de désir portant sur un état de choses voir le maich.
Dans ce cas, seul le désir de ->ét.ch.2 peut être légitimé. Du coup l'attitude
de désir exprimée en Y paraît plus fortement motivée. La relation de
légitimation est alors pleinement satisfaite tant au niveau de l'altitude qu'au
niveau des états de choses.

Enfin, la différence d'acceptabilité que l'on perçoit entre les trois


énoncés suivants confirme la contrainte (fj).
(2f) ? Je suis ion père, donc dis-moi ce que tu as fait hier soir !
(2g) '.' Je suis ton père, donc éteins la télé !
<2h) Je suis ion père, donc ne me parle pas sur ce ton |

Pour cerner le facteur qui fait varier l'acceptabilité de ces exemples, on


procédera par élimination.

(i) Ce n'est pas la compatibilité entre les forces illocutoircs des suites X et Y
qui est en cause. Au niveau des n on ne perçoit pas de différence dans la
"plausibilité" de la connexion ; dans les trois cas. on peut envisager une
connexion de type "ma connaissance sur le rôle social que me donne le
statut de père motive l'ordre évoqué en Y, resp. l'interloc. doit dire ce
tju il a fait la veille, doit éteindre la télé, ne doit pas parler sur ce ton".

(ii) Ce n'est pas non plus l'attitude indépendamment de son ct.ch. associé
(l'ATT ne varie pas d'un exemple à l'autre, il s'agit toujours d'un désir).

La variation d'acceptabilité ne peut être saisie que si les composantes att et


ét.ch. sont considérées comme liées, ce qui est le cas dans notre
248 Cahiers de Linguistique Française 19

représentation, puisque att incorpore étch. Dans ce cas. c'est l'objet


complexe qui doit être motivé pour que la relation de conséquence soit
pleinement satisfaite. La revendication du statut de père motive davantage le
désir que le destinataire lui parle sur un autre ton que celui qu'il éteigne la
télé ou lui dise ce qu'il a fait la veille. Les paraphrases suivantes rendent
compte de ces différents degrés de motivation.
(2D '? Ma connaissance sur le rôle social que me donne te statut de père motive
mon désir de savoir ce que tu as fait hier soir
< 2g' ) ? Ma connaissance sur te rôle social que me donne le statut de père motive
mon désir que tu éteignes la télé
(2h') Ma connaissance sur le rôle social que me donne te statut de père motive
mon désir que tu me parles sur un autre ton

4.2. Jusqu'ici, les deux contraintes examinées, la contrainte de succession


ta) et la portée (|$), traitent la relation de conséquence comme un simple
lien entre des objets vériconditionnels servant de prémisse et de conclusion.
La paire d'exemple (la) et (lb) permet de mettre en évidence une autre
contrainte, qui porte sur la nature du type des arguments liés par la relation
de conséquence.
(la) ArTangc-toi pour arrivera l'heure ! Donc prends l'auioroute !
( lb) V Arrive à l'heure ' Donc prends l'autoroute !

Les paraphrases ( la') et ( lb') ne font ressortir aucune différence quant à la


plausibilité de la connexion dans ces deux énoncés :
(la') Le lac. désire que l'interloc. s'arrange pour arriver à l'heure, donc le lac.
désire que l'interloc, prenne l'autoroute
(lb") Le toc. désire que l'interloc. arrive à l'heure, donc te loc. désire que
Vinterloc. prenne l'autoroute

Ce n'est donc pas une incompatibilité entre les att ou entre les él.ch. qui
restreint l'emploi de donc en (lb). mais l'interaction entre la nature
sémantique de l'argument gauche et droit. Pour saisir ce qui nuit à cette
interaction, il faut faire deux remarques préalables. D'abord, si (lb) peut
paraître naturel c'est au prix d'une lecture d'équivalence par reformulaiion
telle que Arrive à l'heure ! Donc, autrement dit, prends l'autoroute. Ensuite,

14. Les scénarios que l'on peut associer à cet énoncé, à savoir qu'un père et un fils viveni
en principe sous le même toit et donc que le son de la télé peut nuire au bien-être du
père, permettent d'améliorer le degré de motivation entre les deux arguments du
connecteur.
Corinne Rossari & Jacques Jayez 249

le paramètre qui différencie les deux exemples ( la) et ( lb) est la direction de
la relation causale entre étch. En (la) la causalité va de gauche à droite,
alors qu'en (lb) elle est inversée. On peut effectivement associer à (la) une
explication telle que "c'est parce qu'il s'est efforcé d'arriver à l'heure qu'il
• pris l'autoroute". Pour (lb). c'est absurde : "?? c'est parce qu'il est arrivé
à l'heure qu'il a pris l'autoroute". Cependant, on a vu que la causalité
inversée entre ét.ch. n'est pas un obstacle pour l'emploi de donc, le
rétablissement de la direction de la relation se faisant au niveau des att, cf.
( 13) et les paraphrases ( la*) et (lb"). On constate donc une différence entre
les cas d'abduction causale avec les assertions (cas parfaitement tolérés par
donc) et ceux avec les impératifs (cas non tolérés par donc).

Comment expliquer cette différence ? On ne peut invoquer une


violation de la contrainte de succession. Rappelons les deux observations
majeures qui concernent la succession.

(a) L'opération d'abduction causale suppose une relation d'antécédente


entre les deux états de choses : ét.ch.2 a eu lieu avant ét.ch. 1.
(23) Max a pris une aspirine. Il avait mal a la lêie.

L'état de choses "avoir mal à la tête" précède l'état de choses "prendre


une aspirine".

(b) La connexion en donc instaure systématiquement une relation de


succession entre les deux arguments reliés, de par la contrainte de
succession. Dans les cas d'abduction causale examinés jusqu'à
maintenant, celle-ci ne concerne que les états de croyance du locuteur :
la croyance que ét.ch. ! succède à la croyance que cLch.2. Si ce n'est pas
le cas, l'emploi de donc est inapproprié.
(23a) Max a pris une aspirine. Tu sais, il avait mal à la tetc
(23b) V Max a pris une aspirine. Donc, lu sais, il avait mal à la tcic
( 23c) Max a pris une aspirine. Donc il avait mal à la tête

La marque énonciative lu sais impose une lecture où la "connaissance"


de y précède celle de x. Donc, qui impose une succession entre les étals
de croyance, entre en conflit avec cette marque.
250 Cahiers de Linguistique Française 19

Si Ton accepte (lb') comme paraphrase de (lb). on constate que (lb') est
conforme aux deux restrictions (a) ei (b). Il n'y a donc aucune raison pour
que (lb) soit bizarre.

L'hypothèse que nous proposons consiste essentiellement à préciser la


nature de att. Jusqu'à présent, nous avons simplement traité att comme la
valeur du trait ATT, et implicitement admis que, lorsqu'une phrase P était
représentée sémantiquement. le couple (ATTP = att,» OJ> • ét.ch.,0 était
ajouté à l'ensemble des informations. Cela a pour conséquence que toutes
les informations se retrouvent dans le même monde (le monde de référence).
Une assertion telle que Marie est venue est ajoutée au monde de référence
sous la forme (ATT = croyance, c:p = Marie est venue), une question Est-ce
que Marie est venue est ajoutée sous la forme (ATT = se-demander-si. CP =
Marie est venue), etc.

Cette conception est incorrecte parce qu'elle ignore le fait qu'on ne


peut pas enchaîner sur des attitudes.
(24a) Je crois que / me demande si Marie est venue. Cette croyance I ce doute
n'étonnera personne
(24b 1 Je souhaite que Marie vienne. Ce désir n'étonnera personne
(24c) Marie est venue. Tt Cette croyance n'étonnera personne
(24d) Esi-ce que Marie est venue ? 17 Ce doute n'étonnera personne
(24e) N'y touche pas 1 ?? Ce désir n'étonnera personne

Il est peut-être correct de relier les att et les ét.ch., mais pas de concevoir ce
lien sur le modèle d'enchaînements discursifs de référence (relations de
cohérence et relations anaphoriques).

Notre nouvelle conception consistera à dire que les enchaînements


se font sur des opérations, cl non sur des formes logiques du type de celles
présentées dans la section 2. Toutefois, l'utilisation de ces formes est
inoffensive si l'on garde présent à l'esprit qu'elles ne désignent que des
opérations, et qu'elles ne représentent pas des informations quelconques qui
seraient ajoutées à l'état d'information courant. Dans le cas contraire, on les
traiterait comme n'importe quelle information courante, et on ne
s'expliquerait pas les anomalies dans (24c) à (24e). D'autre part, on ne
comprendrait pas très bien pourquoi le phénomène d'abduction causale

15. Comme on le verra dans la section 4.3, elle esi proche de celle de Knoti (1996).
Corinne Rossari & Jacques Jayez. 251

Bendt restreint aux seules phrases déclaratives, et pourquoi, par exemple, il


serait impossible avec les impératifs, comme en ( lb). En somme, on ne peut
pas dire, sauf par abus de langage, que les attitudes fassent partie de la
représentation sémantique des phrases de la même manière que les contenus
propositionnels. Les attitudes renvoient à des effets plutôt qu'à des
structures de traits, et ces structures de traits ne peuvent être considérées que
comme des notations commodes.

Nous avons a priori deux possibilités pour redéfinir les attitudes.


L'une consiste à envisager l'effet perlocutoire des actes de langage. Cela
revient à tirer les attitudes du côté des actes et à généraliser l'approche de
Knott ( 1996). Par exemple, une question correspondrait à une opération où
le loc. ajoute à tous les mondes futurs idéaux qu'il envisage un état de
choses où l'interloc. répond à la question. L'autre possibilité est de rester
plus près de la notion traditionnelle d'attitude en logique modale. Par
exemple, l'effet d'une question où ATT • sc-demander-si et CP = Marie est
venue serait d'ajouter la proposition Marie est venue ou Marie n'est pas
venue à certaines alternatives épisiémiques du monde de référence. Plus
généralement, nous pouvons utiliser la conception traditionnelle en logique
modale. A chaque modalité (ici altitude) est affectée une relation
d'accessibilité [R) qui relie les mondes pertinents pour la modalité associée
au monde où l'on se trouve. Dans cette section, nous adoptons cette seconde
approche (modale). Il n'est pas certain qu'il existe des données permettant
de distinguer clairement les deux approches, et nous les considérons plutôt
comme des variantes d'une même approche générale (fondée sur les effets
et les opérations) que comme deux solutions antagonistes. Nous discutons à
nouveau ces deux approches dans la section 4.3.

Dans l'approche modale, le monde où l'on se trouve est par défaut le


monde réel ou monde de référence. Les interprétations liées aux
conditionnelles en si nous invitent à admettre que, dans certains, cas il est
possible d'avoir plusieurs mondes de référence. Par exemple, un exemple
comme Si Marie vient, du coup Paul ne viendra pas serait analysé en disant
que dans le monde de référence "parallèle" où Marie vient, Paul ne vient
pas. Cependant, c'est un problème que nous ne considérerons pas ici. Nous

16. Cf. Cann ( 1993, chap. 9) pour une introduction très rapide et Hughes & Cresswcll
( 1996) pour un panorama.
252 Cahiers de Linguistique Française 19

nous contenterons d'un unique monde de référence, noté vv<>. Toutefois, ce


monde change. Par exemple, on peut lui ajouter ou lui retirer des états de
choses. Nous adopterons la convention suivante : w0 désigne l'état du
monde de référence, au moment où une certaine opération est effectuée. Le
monde courant est celui où l'on se trouve au moment d'effectuer une
opération telle qu'ajouter ou retirer une proposition. Il peut ou non coïncider
avec le monde de référence. Il n'y a qu'un monde de référence (avec
différents états), alors qu'il peut y avoir plusieurs mondes courants en
parallèle. Par exemple, l'effet d'un impératif isolé portant sur une certaine
proposition p sera analysé comme l'ajout, à tous les mondes futurs idéaux
accessibles à partir de wn (l'état du monde de référence), de l'état de choses
p. Tous les mondes futurs idéaux ainsi obtenus peuvent constituer des
mondes courants pour un deuxième impératif, et ainsi de suite.

Il existe plusieurs conceptions des mondes. La plus traditionnelle les


voit comme consistants et complets : pour chaque proposition p. un monde-
donné contient p ou sa négation. Une conception plus épislémique les
considère comme partiels : il peut exister des propositions p telles que ni p
ni sa négation ne figurent dans (au moins) un monde w. Dans ce cas, w est
indéterminé par rapport à p. Cette conception épislémique a connu
différentes manifestations, depuis la sémantique d'Urquhart pour les
logiques pertinentes jusqu'aux notions d'updaté utilisées en sémantique
dynamique (Veltman). C'est cette conception globale que nous adoptons,
mais nous ne discuterons pas ces différentes approches, dont les
particularités ne sont pas pertinentes ici. Nous nous contenterons d'utiliser
une opération de mise à jour (update) : étant donné un monde *v, vu comme
un ensemble d'états de choses, et un étal de choses p, la mise à jour de w par
p. est simplement w u { p } . Nous dirons que p est ajouté à w. A chaque
valeur de ATT. nous corrélons une opération modale que nous définissons
par la contrainte (y).

(Y) Effet de att


Soit uv> le monde de référence. R> la relation d'accessibilité entre un monde
et ses alternatives épistémiques, et /?. la relation d'accessibilité entre un
monde et ses états futurs idéaux.
Corinne Rossari <£ Jacques Jayez 253

- Si att est épistémique de type croyance, l'état de choses associé est


ajouté par défaut au monde de référence. Le monde courant demeure le
monde de référence. On a donc une transition de type :
w
n (monde de référence)— croyance que p -*w^{p)
- Si att est épistémique de type se-demander-si (interrogative), l'état de
choses associé est ajouté par défaut à au moins un w' tel que R^w^w') et
la négation du même état de choses associé est ajouté à au moins un w "
tel que /î?(H'0>w">. Le monde courant demeure le monde de référence w0.
On a donc une transition de type :

p ? —* W/ (alternative épistémique où p)
I *>
WQ (monde de référence) WQ
\ T
p ? —> Wn (alternaiive épistémique où -y> i

- Si att est volitive. et si nous sommes dans le monde w (qui n'est pas
nécessairement le monde de référence), l'état de choses associé est ajouté
par défaut à tous les mondes futurs idéaux w, tels que /fifw.wj18. Par
défaut, le monde courant peut être n'importe quel w,. On a donc une
transition de type :

p ! —* W/ (monde futur idéal où p)


/
w (monde courant)
\
p ! —» W„ I monde futur idéal où p)

On voit que, d'après cette définition, seuls les impératifs font


"avancer les mondes". Nous motivons cette décision par l'observation
suivante : par défaut, les séquences d'impératifs sont comprises comme

17 Pour noter les transitions, nous utilisons des suites de flèches, Dans cette notation.
une sous-transition est constituée par n'importe quelle sous-suite de flèches
consécutives.
18 On remarquera que cette contrainte n'utilise que des opérations prenant effet par
défaut. D'autres contraintes peuvent donc les bloquer.
254 Cahiers de Linguistique Française 19

concernant des étals successifs du monde. Par exemple. Ferme la porte,


ouvre la fenêtre sera interprété comme Ferme la porte d'abord et ouvre
ensuite la fenêtre. La phrase Ferme la porte, ??auparavant ouvre la fenêtre
est maladroite. Une forme plus naturelle serait Ferme la porte, mais,
auparavant, ouvre la fenêtre,'' Pour les questions, par contre, il ne semble
pas possible de se greffer sur un monde différent du monde de référence. Par
exemple, l'enchaînement Va voir ce film. Tu en feras un compte-rendu ? est
bizarre parce qu'il suppose, pour être compris, qu'on l'interprète comme
Dans le cas où tu vas voir ce film, en feras-tu un compte-rendu ?, ce qui
n'est pas possible vu que les questions se situent toujours dans le monde de
référence. En résumé, (ï) l'assertion nous ramène au monde de référence
après l'avoir modifié par ajout d'un état de chose, (ii) la question nous
ramène au monde de référence sans l'avoir modifié, (iii) l'impératif nous
amène dans les mondes courant obtenus en modifiant par ajout les états
futurs idéaux du monde courant.

En fonction de cette nouvelle conception de ATT. on peut reformuler


la contrainte (p f.pj, en conservant la portée (attitudes vs. états de choses),
mais en utilisant une nouvelle définition de la conséquence entre attitudes.
Les attitudes étant des transitions (et plus seulement des opérateurs
modaux), nous requerrons que la transition correspondant à l'attitude
introduite à droite du connecteur apparaisse comme une conséquence de la
transition correspondant à l'attitude à gauche du connecteur.

(p) Portée des connecteurs de conséquence


Une forme X donc/alors l'est admissible seulement dans une interprétation
où l'opération (transitions ou ses sous-transitions initiales"0), correspondant
à aU2 est une conséquence"1 de l'opération (transition) correspondant à
«111»
Une forme X du coup / de ce fait Y est admissible seulement dans une
interprétation où :

19. A notre connaissance, le fonctionnement de mais dans de tels exemples n'a pas été
étudié.
20. Nous utilisons un peu plus bas cette précision sur la sous-transition, pour rendre
compte des enchaînements assertion-question.
Corinne Rossari <t Jacques Jayet 255

- ét.ch.2 est posé comme vrai et est une conséquence de ét.ch. 1. dans tout
monde ou ét.ch. 1 est vrai.

Les commentaires faits plus haut sur les exemples où X est assertif ne
changent que marginalement. Par exemple, pour (6b),
(6b) Tu as été très impoli. Donc sors immédiatement de cette pièce !

on remarquera que la mise à jour du monde de référence par Tu as été ires


impoli peut entraîner l'ajout à tous les mondes futurs idéaux, représentant
les mondes désirés par le locuteur, d'un état de choses où l'inlerloc. sort de
la pièce. En revanche, la nouvelle formulation de (p) nous permet
d'expliquer la différence entre (lai et (lb).

Dans ( lb), la relation causale entre ét.ch.l et ét.ch.2 va dans le sens


droite-gauche il'interloc. prend l'autoroute (ét.ch.2) => l'interloc. arrive à
l'heure (ét.ch.l)). La succession des opérations peut être décrite ainsi :

w0 (monde de référence) — arrive à l'heure ! -* w (un inonde futur idéal de w0 où l'in-


lerloc est arrivé à l'heure) —prends l'autoroute ! —* w' (un monde futur idéal de w où
l'interloc. a pris l'autoroute)

l ne fois que le loc. a effectué la première opération, il n'a aucune raison de


construire de nouveaux mondes futurs idéaux dans lesquels l'interloc. prend
l'autoroute, car celui-ci, dans les mondes tels que W, est déjà arrivé à
l'heure. On voit mal comment la seconde opération (mise à jour de w')
pourrait être une conséquence de la première (mise à jour de w).
L'enchaînement apparaît comme une erreur de planification : à partir d'un
monde où une certaine situation est réalisée, pourquoi construire des

21. Rappelons que nous n'examinons pas ici ta nature formelle de la relation de
conséquence. File correspondrait a la traduction, en termes d'opération de mise à
jour, des relations de validité utilisées dans les différentes logiques modales
dcontiques ei êpislémiques. Nous nous contenterons de commentaires informels.
Nous ne considérons pas ce problème comme purement technique, parce qu'il
engage la conception qu'on se fait des altitudes II nous faudra donc l'aborder de
toute façon.
22 Nous verrons par la suite pourquoi, avec cette conception de ATT, nous n'avons plus
besoin de la condition b). qui pose une relation entre ét.ch. pour bloquer des emplois
comme (2b). Cela ne remet toutefois pas en cause le format des arguments de donc
«ail, ét.ch.I qui rend compte du fait que donc est a la fois sensible aux tiens entre ait
cl aux liens entre ét.ch.
256 Cahiers de Linguistique Française 19

mondes futurs idéaux où les conditions d'obtention de cette situation


seraient réalisées ?

En ce qui concerne les questions, les contraintes postulées prédisent


qu'aucun enchaînement X donc/alors Y ne sera naturel si X correspond à une
"vraie" question (non rhétorique). En effet, une vraie question est associée à
une opération de forme :

p ? —> Wf (alternative épistemique où p)

WQ (monde de référence) WQ

\ r
p ? —» W„ (alternative epistémique où ~v»)
Examinons les trois principaux cas. Il est difficile de faire suivre une vraie
question d'une assertion ( ?? Est-ce que Marie est venue ? Donc elle a vu
Pierre), parce que la mise à jour des alternatives épistémiques n'a aucun
effet sur le monde de référence w0. L'assertion est donc "suspendue en l'air"
dans ce type de cas. Pour la même raison, il est difficile de faire suivre une
vraie question d'un impératif, car. étant donné que le monde de référence
n'est pas modifié, la mise à jour de mondes futurs idéaux, conçus à partir du
monde de référence, est là aussi suspendue en l'air. C'est pourquoi
l'enchaînement ?? Est-ce que tu viens, donc parle à Pierre est peu
compréhensible. La succession de deux questions, comme en (3b), est
également problématique, sauf si l'on rétablit un autrement dit implicite (cf.
la version explicite (3a)).
(3b) ? Est-ce que Marie est venue ? Donc est-ce qu'elle a vu Pierre ï

Par la première opération on ajoute Marie est venue à certaines alternatives


épistémiques et Marie n'est pas venue à d'autres. Les mondes n'avancent
pas. donc on est toujours dans le monde de référence, qui n'a pas été
modifié. Le fait de reconverger, à partir des alternatives épistémiques du
monde de référence, vers ce monde lui-même n'est pas une opération de
nature à légitimer la prise en compte de nouvelles alternatives épistémiques.
puisque le monde de référence demeure inchangé.
Corinne Rossari <& Jacques Ja\r: 257

Considérons, par contraste, quelques couples d'opérations qui


respectent la contrainte (B).

(a) En ( la), le monde futur idéal w contient le fait que le locuteur est en train
de faire des efforts pour arriver à l'heure. Ceci rend possible l'expression
d'un conseil supplémentaire énoncé sous forme d'un désir concernant
l'orientation spécifique de l'action à exécuter. Les expressions de type fais
tout ce que tu peux pour p. débrouille-toi pour p, essaie de p améliorent
ainsi les couples d'impératifs, parce qu'elles présentent le second état de
choses (l'interloc. prend l'autoroute) comme posténcur au premier
(l'interloc. fait des efforts pour arriver à l'heure). Il y a un sens à modifier un
état futur idéal w qui inclut les efforts d'un agent pour obtenir un certain but
B. si la modification consiste, par exemple, à imaginer un état futur de w qui
contient une condition nécessaire de B accessible aux efforts de l'agent :
dans l'hypothèse où l'interloc. veut B (monde w), le locuteur pense qu'il est
nécessaire que A (monde w'), A étant une condition nécessaire pour
l'obtention de B. En revanche, les exemples traditionnels de parties de script
donneront lieu à des enchaînements bizarres. Ainsi (le), à propos d'un
hypothétique restaurant.
Ile) ?? Arrange-toi pour te trouver une table, donc consulte le menu

Si l'on suppose que l'interloc. tente de trouver une table dans un restaurant,
il n'y a aucun sens à lui demander de consulter le menu (même si c'est la
suite normale du script) : dans l'hypothèse ou l'interloc. veut s'installer à
une table, pourquoi lui demanderait-on de consulter le menu ? On pourrait
s'attendre à ce que ( ld) soit meilleur, mais ce n'est pas le cas.
( Id) ?? Trouve une table, donc consulte le menu

l ld) n'est pas possible parce que la relation entre opérations n'est pas claire.
On crée d'abord un monde futur w dans lequel l'interloc. a trouvé une table
(p), puis un nouveau monde w' postérieur à H', dans lequel il consulte le
menu {q). Mais, en même temps, q est présenté dans le script comme la suite
normale de p. On ne voit donc pas pourquoi il serait nécessaire de
l'introduire comme objet souhaité dans un état idéal. C'est pourquoi les
successions d'impératifs qui correspondent à une causalité (de gauche à
droite) sont également bizarres. En face de // est riche donc il ne se soucie
pas de son avenir, qui est clairement causal, on a ?? Sois/Deviens riche,
donc ne te soucie pas de ton avenir, qui est peu interprétable.
258 Cahiers de Linguistique Française 19

(b) Les questions sont en général acceptables après des assertions.


L'assertion modifie le monde de référence. La question fait alors sens parce
que ses premières sous-transitions consistent dans la modification des
alternatives épistémiques du monde de référence, ce qui peut être
compréhensible quand ce monde vient lui-même d'être modifié. Deux
remarques sont nécessaires ici. D'abord, il est possible d'éliminer la
condition sur la sous-transition en ([}) en disjoignant les mises à jour des
mondes et les mises à jour du compteur de monde (monde de référence ou
non), mais nous ne l'avons pas fait ici. par simplicité. Deuxièmement, il faut
bien comprendre que la relation de conséquence vaut entre des transitions,
pas entre les mondes eux-mêmes. C'est pourquoi un exemple comme Pierre
est venu. H faisait beau. '.'? donc, est-ce qu'il a vu Marie ? est beaucoup
moins naturel qu'un exemple comme 11 faisait beau. Pierre est venu, donc
est-ce qu'il a vu Marie ?. Dans la première forme, bien que le monde de
référence ait été mis à jour par l'assertion Pierre est venu, ce qui pourrait
légitimer la question, la transition pertinente correspond à l'assertion il
faisait beau, qui légitime très mal la question. Ce ne sont donc pas les
informations stockées au fur et à mesure qui sont pertinentes, mais le fait de
stocker telle information à tel ou tel moment. C'est pour des raisons
semblables qu'un exemple comme (2b) est peu naturel : la modification du
monde de référence ("non lecture du journal") liée à l'assertion ne légitime
pas la transition opérée par la question (ajout de "le PSG a gagné" et de "le
PSG n'a pas gagné" dans resp. w' et w"). <P) permet ainsi de bloquer ce
type d'emploi sans la condition b).

(c) Comme on l'a noté, la lecture d'équivalence par reformulation (avec un


autrement dit implicite ou explicite), rend possible <lb). et est aussi
accessible pour (la). Nous n'essaierons pas de proposer ici une analyse de
autrement dit. Nous admettrons simplement qu'une des fonctions de ce
connecteur, dans une configuration X autrement dit Y, est de signaler que les
opérations associées à X à partir du monde courant impliquent les opérations
associées à Y à partir du même état du monde courant. \je sens du
connecteur est donc, dan.s ce type de cas. de signaler que transformer le
monde courant d'une certaine manière (relative à X) implique qu'on le
transforme d'une autre manière (relative à Y)2i. Dans (lb), par exemple, on

23. Nous n'étudierons pas ici les représentations formelles possibles de ces opérations et
desrelationsd'implication entre elles.
Corinne Rossari & Jacques Jayei 259

ajoute d'abord, à partir du monde de référence, à tous les mondes futurs


idéaux, un état de choses où l'interloc. arrive à l'heure. On ajoute ensuite, à
partir du même monde de référence, à tous les mondes futurs idéaux l'état
de choses où rimerloc. prend l'autoroute. Autrement dit peut être
"paraphrasé" en disant que la première situation obtenue implique la
seconde. Il n'y a par conséquent pas de succession des mondes entre X et Y.
Donc est approprié dans ce cas parce qu'il est approprié en général pour
signaler les relations implicatives (cf. exemples (16) et (17)).

4.3. Il est traditionnel, dans l'analyse des enchaînements marqués par des
connecteurs, de faire appel à des notions illocutoires. telles que les actes de
langage ou renonciation (cf. groupe X.-1 1975. Roulet et al. 1985, chap. 2.
Sweetser 1990, pour quelques exemples). La description que nous avons
proposée va au contraire dans le sens, soit de la référence (états de choses),
soit des objets mentaux (attitudes). On peut faire trois remarques à ce sujet.
D'abord, nous n'avons présenté ici qu'une analyse des connecteurs de
conséquence. Rien ne dit qu'elle puisse être étendue à l'ensemble des
connecteurs. Deuxièmement, la notion d'attitude utilisée pourrait
parfaitement être aménagée pour incorporer les forces illocutoires, ce qui
reviendrait à remplacer les attitudes par des entités hybrides. D'ailleurs,
nous ne prétendons pas que les aspects illocutoires, ou, plus largement,
énonciatifs, ne soient pas pertinents. L'attitude peut parfaitement être
déterminée par la force illocutoire ou par la situation énonciative. par
exemple. D'une manière générale, nous ne cherchons pas à déterminer ce
qui. dans la situation de communication, permet d'assigner des valeurs aux
paramètres sur lesquels les contraintes portent, mais plutôt quels sont
iminimalement) ces paramètres. Enfin, il faut souligner que la difficulté
d'utilisation de notions illocutoires ou énonciatives tient à ce que, de toute
façon, on est obligé de faire appel aux entités sur lesquelles les forces
portent ou que renonciation introduit. Cela a été noté à plusieurs reprises
par Moeschler dans ses analyses de parce que (cf. Mocschler 1996, chap. 12
pour une synthèse récente) : on ne peut pas réduire les forces ou les
énonciations â des événements conversationnels, parce qu'elles visent des
situations ou des objets mentaux.

Nous revenons maintenant sur la distinction entre les deux approches,


modale et perlocutoire. mentionnée dans la section précédente. Knott ( 1996»
260 Cahiers de Linguistique Française 19

a fait remarquer que les analyses qui distinguent différentes portées (par
exemple des croyances, des actes, etc.) ne tenaient pas compte de l'effet sur
l'auditeur ou le lecteur. Il mentionne celle de Sweetser (1990), mais ses
réserves valent pour l'analyse présentée ici. Nous acceptons l'idée que les
analyses fondées sur la portée sont partielles et qu'elles ne rendent pas
compte du statut des enchaînements en tant que phénomènes de
communication. Là aussi, il est possible qu'il faille intégrer d'autres
dimensions pour rendre compte de certaines observations, et la
"philosophie" de notre travail y est tout à fait favorable.

En ce qui concerne les phénomènes notés ici, l'approche proposée par


Knott basée sur les effets perlocutoires prédit correctement l'anomalie de
(lb) et des couples de question. Knott propose de paraphraser l'effet visé
par un enchaînement lel que (26) par "la croyance de l'interloc. que le temps
est compté est cause du fait qu'il se dépèche".
(26) Hurry up, bceause we haven'i much urne

En étendant sa proposition aux impératifs et aux questions on remarquera


que son approche est effectivement en mesure de bloquer des
enchaînements comme ( lb) ou (3b) :
- pour ( lb) le fait que l'interloc. arrive à l'heure ne peut être la cause du fait
qu'il prenne l'autoroute (inversion causale),
- pour (3b). et les couples de question en général, il est difficile d'imaginer
des situations où le fait que t'inierloc. réponde à une question A soit la
cause du fait qu'il réponde à une question B. En général, cela ne peut se
produire que si B est un préalable à A, mais, dans ce cas, de nouveau par
inversion causale, on a une absurdité, cf. (3c).
(3c) ?? Est-ce que Marie a vu Pierre, donc est-ce qu'elle est venue ?

On voit que la solution pour (lb) n'est guère différente sur le fond de celle
que nous avons esquissée.

Pour les questions de type (2a) et (2b). en revanche, nous avons utilisé
une approche épistémique parce qu'il nous semble que ce choix est
davantage compatible avec la contrainte (p). On a observé plus haut que des
exemples tels que (2b) ne sont pas très heureux.
(2b) ?? Je n'ai pas lu le journal. Donc est-ce que le PSG a gagné ?
Corinne Rossari & Jacques Jayez 261

Cet exemple est parasité par une lecture où le fait de ne pas avoir lu le
journal influence le résultat du match. Si l'on veut expliquer le caractère un
peu malheureux de tels enchaînements, on ne peut, de toute façon, pas se
contenter d'une contrainte sur l'existence d'un rapport de causalité entre
deux effets perlocutoires comme le fait Knott. En effet, la "traduction" de
(2b) en termes perlocutoires serait quelque chose comme : le fait que
l'interloc. croit que le toc. n'a pas vu le match est la cause du fait qu'il
réponde à la question du loc. sur le résultat du match. Mais ceci décrit une
situation plausible, qui ne devrait pas créer de gêne interprétative. On sera
donc, même si l'on adopte une analyse perlocutoire. obligé de lui ajouter
des paramètres. Si ceux-ci portent, comme nous l'avons proposé pour ([i
f.p.), sur une relation causale entre états de choses, quel est le lien avec la
partie de la contrainte qui concerne les att ? Il semble qu'un lien naturel, qui
"motiverait" partiellement (p f.p.) est le suivant : un lien entre attitudes doit
pouvoir être légitimé par un lien causal entre les états de choses manipulés
par les attitudes. Les deux sources de légitimation les plus connues sont les
systèmes de croyance et les systèmes de planification. Dans un système de
croyance, si x croit que A et que A est la cause de B, .r croit (en général) que
B. Dans un système de planification, si x souhaite obtenir A et croit que B
est un moyen d'obtenir A, x peut souhaiter obtenir B. Ces deux types de
systèmes interagissent dans les théories de la planification (Schank &
Abelson 1977).

On pourrait néanmoins nous objecter que la croyance que l'on n'a pas
assisté au match peut causer une question sur son résultat. Sous cette forme,
on ne voit pas comment intégrer un lien entre états de choses, pour bloquer
(2b), car on ne voit pas pourquoi le lien entre les attitudes aurait à tenir
compte du lien entre les états de choses. Cependant, si l'on interprète la
question comme une mise à jour des alternatives épistémiques (cf.
contrainte B), on comprend qu'un lien possible est : l'ajout d'une
proposition p au monde de référence (effet de l'assertion) conduit à
envisager q et ->q dans les alternatives épistémiques seulement si p peut
avoir une influence positive ou négative sur q." La redéfinition des attitudes
comme des opérations modales où l'on introduit des états de choses dans

24. Rappelons que les mondes que nous envisageons sont partiels. Le fait d'ajouter q a
certaines alternatives épistémiques et -q à d'autres ajoute de l'information, car ces
alternatives ne contenaient pas forcément q ou -<q.
262 Cahiers de Linguistique Française 19

des mondes permet de fonder le fait que donc est à la fois sensible aux liens
entre att et aux liens entre étch. sans avoir besoin de la condition b) de la
contrainte ([} f.p.). Par exemple, interpréter une question comme un
ensemble de mises à jour, plutôt que comme un état d'ignorance, permet de
lier les différentes propositions (états de choses) qui interviennent dans
l'enchaînement en donc. Ainsi, pour (2b), comme on l'a vu dans la section
précédente, la proposition "le loc. n'a pas vu le match" doit pouvoir être
perçue préférenuellement comme étant en relation avec les deux
propositions "le PSG a gagné" et "le PSG n'a pas gagné" pour que
l'enchaînement soit naturel.

Dans le cas des couples X (assertion)-Y (impératif), l'analyse de type


perlocutoire devrait également intégrer le paramètre concernant les états de
choses pour rendre compte de l'enchaînement. L'énoncé (6b) serait analysé
ainsi : la croyance de l'interloc. qu'il a été très impoli cause son départ
(lien entre attitudes). Mais parallèlement, pour qu'il puisse y avoir cette
relation entre une attitude de croyance et un comportement (le départ), il
faut savoir que l'impolitesse conduit souvent à quitter les lieux où le face à
face social s'est produit (lien entre états de choses), soit parce que c'est une
sanction soit parce que c'est une manière de ne pas prolonger le malaise
social né de l'impolitesse. 11 faudrait donc dire que la croyance de l'interloc.
qu'il a été très impoli cause son départ parce que les panicipants savent
qu'une manière de sanctionner les gens impolis ou de ne pas prolonger le
malaise est d'obtenir qu'ils quittent les lieux. En d'autres termes, l'ajout
d'une proposition p au monde de référence (assertion) conduit à envisager q
dans les étais futurs idéaux de ce monde, si l'on sait que q est un des moyens
de remédier aux effets de p ou de les compenser.

Cela dit, nous considérons la question du choix entre une perspective


modale et une perspective perlocutoire comme ouverte.

5. Conclusion
Dans cet article, nous avons fait les suggestions suivantes.
(i) Les différences de comportement des connecteurs de conséquence sont
mieux expliquées si l'on fait l'hypothèse que les contraintes associées
aux connecteurs utilisent des objets de types différents. La "portée"
correspond à cette sélection de types d'objets par les contraintes.
Contint Rossari <& Jacques Jayez 263

(ii) Cette portée n'est pas équilibrée : elle parait plus sensible à des objets
traditionnellement considérés comme référentiels (états de choses) et
mentaux (attitudes) qu'à des objets illocutoires.
(iii) Les objets du type des attitudes correspondent plus à des opérations ou
des effets qu'à des prédicats sémantico-logiques.
(iv) Les comportements observés sont au confluent de trois contraintes. La
contrainte (a) concerne la succession, la contrainte (B) concerne les
arguments du connecteurs, la contrainte (y) décrit l'effet associé aux
arguments de type attitude.

Parmi les points empiriques que nous n'avons pas pu aborder, et que
nous réservons à un travail futur, figurent le statut de la polyphonie (au sens
de Ducroi) et l'insertion des connecteurs dans des phrases enchâssées. La
représentation formelle des transitions est également un préalable nécessaire
à la construction d'une notion plus précise de ce que nous avons appelé lu
"portée sémantique".

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25. Nous nous réservons dans un prochain travail d'examiner le statut de la contrainte
la). Il est possible que notre nouvelle conception de (fi) rende (a) superflue.
26. Les conflits de contraintes sont tous déclenchés par le connecteur donc. Toutes les
suites linguistiques examinées (cf. ex Ibcd, 2bcdfg, 23b, 3bc> sont parfaitement
naturelles sans donc.
264 Cahiers de Linguistique Française 19

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