Cultiver le maïs en Agriculture Biologique
Cultiver le maïs
en Agriculture Biologique
Points clé
Choix variétal: utiliser des variétés à bonne vigueur à la levée.
Besoins en azote : culture exigeante en azote à mettre dans des conditions favorables (précédent légumineuse, couvert
en interculture puis complément organique si nécessaire).
Implantation : semer sur une terre bien réchauffée, à bonne réserve hydrique, pour favoriser un développement rapide
de la culture.
Gestion des taupins : Eviter les situations à risque comme les précédents prairies.
Carte d’identité
Monocotylédone
Famille : Poacées
Genre : Zea
Espèce : Zea mays
Place dans la rotation
Le maïs est à positionner derrière une culture restituant de l’azote type prairie temporaire ou
luzerne. Il valorise très bien l’azote issu de ces précédents.
En cas d’interculture longue, privilégiez le semis d’un couvert à base de légumineuses.
Le maïs (notamment le maïs grain) est un précédent très défavorable pour le blé car il libère le
sol tard et il augmente fortement le risque de mycotoxines (fusariose sur épi).
Eviter les précédents prairies qui peuvent augmenter le risque taupins.
Semer dans un sol meuble et ressuyé : le potentiel de rendement du maïs est très dépendants de
la structure du sol. le maïs apprécie un sol meuble en surface et non compacter en profondeur.
Semer dans un sol réchauffé (10°C à 5 cm de profondeur)
Le maïs est exigeant en eau. Il s’accommodera mal des sols superficiels, séchants …
Techniques AGRO 1 Les cultures d’été
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Choix des variétés
1. Critères de choix des variétés
Traditionnellement, les critères de choix sont les suivants :
- Destination de la récolte : grain, grain humide, ensilage, …
- Vigueur de départ ;
- Port de la plante : plus le maïs a un port étalé, plus il sera compétitif sur la flore adventice ;
- Précocité à la récolte : dans nos régions, on choisira des maïs précoces ou très précoces
- Dans une moindre mesure tolérance à la verse et aux maladies (charbon commun, helminthosporiose et rouille, …).
Le tableau ci-dessous précise les différents indices de précocité existant sur le marché :
Somme T°C en base 6°C nécessaire du semis
Précocité Indice de précocité Recommandations
au stade 32-35% d’humidité du grain
Très précoces <240 1525 à 1625
Adapté à nos secteurs
Précoces 240-320 1630 à 1650
Demi précoces 320-470 1650 à 1825
Demi tardifs 470-600 1830 à 1925
Inadapté à nos secteurs
Tardifs 600-650
1930 à 2050
Très tardifs >650
2. Semences hybrides ou population ?
Les semences proposées sont exclusivement d’origine hybride ; elles ne peuvent donc pas être ressemées et coûtent cher.
Des associations tentent néanmoins de conserver des variétés de population (Agrobio Périgord).
3. Origine des semences
La culture de semences OGM est interdite en agriculture biologique. Pour contrôler la qualité des semences, il est possible de
réaliser des analyses PCR.
4. Systèmes mixtes
La production d’un maïs bio (ou en conversion) et d’un maïs conventionnel est autorisé sous certaines résveres : « la
production de maïs pour des variétés différentes et distinguables au champ et post récolte de manière immédiate (couleur
du panicule, couleur du grain : jaune en bio et blanc et jaune en conventionnel, grains cornés ou dentés [est conforme]). »
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Conditions de semis
1. Date de semis
Des semis trop précoces sont souvent à l’origine d’échecs : la faible vigueur des cultures entraîne des pertes de pieds (fontes
de semis, plus grande sensibilité aux ravageurs du sol) et un enherbement plus précoce.
Vérifier que les conditions sont propices à une levée rapide et homogène : le maïs a un « zéro de germination » de 6°C mais
il ne pousse activement que lorsque la température du sol au moment du semis est d’environ 10°C (mesure à effectuer en fin
de matinée à 5 cm de profondeur). Dans notre région, cette température peut être atteinte entre mi-avril et début mai (en
fonction des années et des secteurs). Lorsque le maïs est semé en sol trop froid, la levée peut nécessiter 20 degrés jour
supplémentaires soit environ 4 jours.
2. Densité de semis
La densité de semis est à ajuster en fonction de la précocité des variétés.
Variétés Densité de semis *
Très précoces 100 à 110 000 grains/ha
Précoces 95 à 100 000 grains/ha
* préférer les densités les plus fortes en cas de désherbage mécanique agressif au semis (herse étrille) ou de semis précoce.
3. Profondeur de semis
Semer le maïs entre 3 et 5 cm de profondeur. Privilégier une profondeur de 5 cm pour limiter les dégâts d’oiseaux et les
pertes lors du désherbage mécanique.
4. Ecartement de semis
Actuellement, plusieurs modes de semis du maïs sont envisageables :
- Le semis classique, avec un semoir de précision et des rangs écartés (75 à 80 cm) ;
- Le semis « resserré » avec un semoir à céréales (généralement 1 rang sur 3). Cette technique rend le binage difficile
(compatibilité entre largeur du semoir et bineuse ; écartements entre les rangs ; …) et impose une récolte avec une
coupe adaptée type « becs Kemper® » (ensilage ou grain), cueilleur Geringhoff® (grain), … Les résultats sont pour
le moment assez variables et rendent la conclusion difficile sur l’intérêt de cette technique.
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Fertilisation
Le maïs est une plante exigeante en azote et moyennement exigeante en phosphore et potasse.
En revanche, les décolorations constatées pendant la phase d’installation de la culture, souvent attribuées à des carences,
sont généralement liées à des réactions de stress climatique (jaunissements) et/ou à des réactions variétales (bleuissements
violets : maïs anthocyanes).
Un apport régulier de produit organique, en particulier de compost de bovins, est une pratique quasi indispensable
pour assurer la fertilité du maïs.
1. Fertilisation azotée
Quel que soit le système de production
Les besoins en azote du maïs sont d’environ 2,3 uN/q de grain et 14 uN/tMS ensilée (soit environ 150 uN/ha pour un maïs
grain à 65 q/ha ou un maïs ensilage à 11 tMS/ha). Lorsque l’eau n’est pas un facteur limitant, le maïs valorise très bien l’azote
organique car ses besoins coïncident avec la période de minéralisation (10 feuilles à floraison femelle).
La gestion de la fertilisation organique doit également tenir compte des fournitures du sol (minéralisation de l’humus +
reliquats azotés), des restitutions des cultures précédentes, des effets directs et indirects des apports de produits organiques,
… On décrira par la suite deux situations :
- Restitutions potentielles fortes : Précédent légumineuse ou antéprécédent prairie temporaire, apport régulier
d’effluent d’élevage et couvert d’interculture à base de légumineuse bien développé ≈ 40 à 50 uN/ha
supplémentaire pour le maïs.
- Restitutions potentielles fortes : Précédent ou antéprécédent peu favorable, absence d’apport régulier d’effluent
d’élevage et couvert peu ou pas développé ≈ 0 uN/ha supplémentaire pour le maïs.
En polyculture-élevage
Le tableau ci-dessous résume les préconisations en fertilisation azotée sur maïs en fonction du potentiel de la culture :
Fournitures Restitutions Apport complémentaire au
Type de sol Apport en interculture
du sol potentielles semis
AC profond G4/Argiles/Limons Fortes Compost bovins 20 t/ha Inutile
Rendement potentiel : 120
≈ 65 q/ha uN/ha
≈ 11 tMS/ha Faibles Compost bovins 20 t/ha 2 T/ha de fientes de volailles
AC moyen G3 Fortes Compost bovins 20 t/ha Inutile
Rendement potentiel : 60
≈ 45 q/ha uN/ha
≈ 8 tMS/ha Faibles Compost bovins 20 t/ha 2 T/ha de fientes de volailles
Compost bovins N 7 – P2O5 4 – K2O 10 / Fientes volailles N 35– P2O5 20 – K2O 20
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En polyculture
Le tableau ci-dessous résume les préconisations en fertilisation azotée sur maïs en fonction du potentiel de la culture :
Fournitures Restitutions
Type de sol Apport au semis
du sol potentielles
AC profond G4/Argiles/Limons Fortes 1 T/ha de fientes de volailles
Rendement potentiel : 120
≈ 65 q/ha uN/ha
≈ 11 tMS/ha Faibles 3 à 3.5 T/ha de fientes de volailles
Fortes 1 T/ha de fientes de volailles
AC moyen G3
Rendement potentiel : 60
≈ 45 q/ha uN/ha
≈ 8 tMS/ha Faibles 3.5 T/ha de fientes de volailles
Compost bovins N 7 – P2O5 4 – K2O 10 / Fientes volailles N 35– P2O5 20 – K2O 20
2. Fertilisation phosphatée et potassique :
Cas du maïs grain
Le maïs grain est moyennement exigeant en phosphore et potasse : ses exportations (différence entre les besoins et les
restitutions de la culture) sont relativement faibles (environ 40 uP2O5 et uK2O /ha pour un rendement de 65 q/ha). Des
impasses en P2O5 et K2O sont possibles en sols correctement pourvus.
Un apport de 3 t/ha de fientes de volailles (60 uP 2O5 /ha et 60 uK2O /ha) ou de 20 t/ha de compost de bovins (80 uP2O5 /ha
et 200 uK2O /ha) couvre largement les besoins des maïs grains dans tous les sols, y compris ceux qui sont faiblement
pourvus.
Cas du maïs ensilage
Le maïs ensilage est moyennement exigeant en phosphore … : ses exportations en P2O5 sont comparables à celles du maïs
grain (environ 45 uP2O5 /ha pour un rendement de 11 tMS/ha) et des impasses sont possibles en sols correctement pourvus.
En revanche, il exporte beaucoup de potasse : le maïs ensilage est moyennement exigeant en K2O mais il en exporte
beaucoup (environ 130 uK2O /ha pour un rendement de 11 tMS/ha). Des impasses sont possibles en sols correctement
pourvus mais il est aussi important de surveiller la richesse des sols cultivés régulièrement en maïs ensilage.
Un apport de 20 t/ha de compost de bovins (80 uP 2O5 /ha et 200 uK2O /ha) couvre largement les besoins des maïs ensilés
dans tous les sols, y compris ceux qui sont faiblement pourvus.
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Désherbage mécanique
1. Stades d’intervention en désherbage mécanique
Désherber mécaniquement dès que les conditions sont favorables (temps sec, sol ressuyé) en suivant les recommandations
suivantes :
Outil Prélevée 1 feuille 3 à 4 feuilles 4 à 6 feuilles 6 à 8 feuilles > 8 feuilles à LPT
Herse étrille Recommandé Déconseillé Possible Déconseillé
Rotoetrilleuse Recommandé Déconseillé Possible Déconseillé
Houe rotative Recommandé Possible Recommandé Possible Déconseillé
Binage Déconseillé Recommandé
2. Positionnement du désherbage en prélevée
Le désherbage en prélevée doit intervenir après la germination du grain et avant que le germe ne soit à moins de 1 cm de la
surface du sol.
La somme de températures nécessaire au maïs entre le semis et la levée est situé entre 80 et 100 degrés jours (en base 6°C)
suivant la température du sol au moment du semis. Pour un semis entre le 15 avril et le début du mois de mai, cette somme
de températures est atteinte en 10 à 15 jours. Le désherbage en prélevée intervient donc entre 3 jours et 10 jours après le
semis.
Gestion des bioagresseurs
1. Contrôle de la pyrale du maïs
L’évaluation du risque pyrale doit être faite au cas par cas à l’aide de deux indicateurs :
- Le diagnostic des dégâts de l’année précédente réalisé par une observation visuelle. Le seuil de risque couramment
utilisé est le constat de 0,8 larve par pied l’année précédente.
- Le suivi du vol de pyrales au cours de l’année grâce aux piégeages
Deux méthodes permettent de contrôler la pyrale sur une parcelle :
- Le broyage des cannes : comme la pression pyrale une année donnée est fortement corrélée au nombre de larves
présentes à la récolte de l’année précédente, il est important de limiter la survie des larves durant l’hiver. Le broyage
fin des cannes et résidus de maïs est une méthode très efficace pour atteindre cet objectif. Il a aussi l’avantage de
réduire l’inoculum de fusariose. L’efficacité sur les larves de pyrale peut atteindre 70 à 80%.
- L’utilisation de trichogrammes : l’usage des trichogrammes est autorisé en agriculture biologique dans la lutte contre
les pyrales. Les trichogrammes sont des parasitoïdes qui se reproduisent grâce aux œufs de lépidoptères : ils
pondent dans les œufs de pyrale ; à leur émergence les larves consomment les œufs et empêchent la naissance des
chenilles. Les trichogrammes ne sont actifs que sur les œufs de la pyrale (ils n’ont pas d’effet sur les chenilles ou sur
les adultes).
La lutte peut s’envisager en cas de dégâts conséquents l’année précédente, notamment dans les secteurs à maïs
grain. Elle consiste à placer des diffuseurs cartonnés dans les parcelles dès les premiers vols identifiés et avant que
les premières pontes n’aient eu lieu : suivre les Avertissements du Bulletin de Santé du Végétal
http://www.champagrica.fr/agriculture-durable/bulletins-de-sante-du-vegetal.html
Positionnement des diffuseurs : leur densité à l’hectare dépend de la génération de pyrale concernée (G1 ou G2).
Sous nos latitudes, il n’y a généralement qu’une génération par an (G1). Pour celle-ci, on compte 25 diffuseurs par
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hectare, soit 1 diffuseur tous les 15 à 20 mètres en tous sens (en s’assurant de positionner les premiers diffuseurs
entre 7 à 10 m de la bordure du champ). Les diffuseurs sont placés à l’aisselle des feuilles du maïs ou sur un tuteur
lorsque la culture n’est pas assez développée. Il faut compter une vingtaine de minutes par hectare pour les installer.
Prix indicatif : 40 à 50 €/ha
2. Contrôle du taupin
Nous ne disposons pas en agriculture biologique de méthodes de lutte curative contre le taupin. Il est donc nécessaire
d’éviter les situations à risque en particulier les précédents prairies.
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