Cours N°2 : Caractéristiques physico-chimiques des eaux
Le cycle de l’eau confié à l’eau son origine, ses propriétés, et ses caractéristiques.
Les principales caractéristiques physico-chimiques de l’eau sont :
1- Température
Il est primordial de connaître la température d’une eau. En effet, elle joue un rôle
très important dans la solubilité des sels et surtout des gaz, et la détermination du pH. La
mesure de la température est très utile pour les études limnologiques et le calcul des
échanges. Elle agit aussi comme un facteur physiologique agissant sur le métabolisme de
croissance des micro-organismes vivant dans l’eau.
2- Turbidité
La turbidité représente l’opacité d’un milieu trouble. C’est la réduction de la
transparence d’un liquide due à la présence de matières non dissoutes. Elle est causée,
dans les eaux, par la présence de matières en suspension (MES) fines, comme les argiles,
les limons, les grains de silice et les microorganismes. Une faible part de la turbidité peut
être due également à la présence de matières colloïdales d’origine organique ou
minérale, elle exprimée en NTU (Nephelometric Turbidity Unit).
Les colloïdes sont des particules chargées négativement (argiles, acides humiques). Les
solutions colloïdales sont très stables. Pour neutraliser ces colloïdes, il faut ajouter à
l’eau des colloïdes chargés positivement. Ensuite, ces colloïdes peuvent se rencontrer,
grossir et précipiter. Pour cela, on pourra utiliser des réactifs chimiques ou des bactéries
de l’eau fixées sur support qui émettent des polysaccharides qui sont des colloïdes
positifs (Rodier et al, 2009).
3- pH
Le pH mesure la concentration des ions H+ dans l'eau. Ce paramètre caractérise
un grand nombre d'équilibre physico-chimique. La valeur du pH altère la croissance et la
reproduction des micro-organismes existants dans une eau, la plupart des bactéries
peuvent croître dans une gamme de pH comprise entre 5 et 9, l’optimum est situé entre
6,5 et 8,5.
Le 𝑝𝐻 d’une eau représente son acidité ou son alcalinité ; à 𝑝𝐻 7 une eau est dite neutre,
à un 𝑝𝐻 inférieur à 7 une eau dite acide et à un 𝑝𝐻 supérieur à 7, elle est dite basique.
4- Conductivité
La mesure de la conductivité de l'eau nous permet d'apprécier la quantité des sels
dissous dans l'eau (chlorures, sulfates, calcium, sodium, magnésium…). Elle est plus
importante lorsque la température de l'eau augmente. La mesure de la conductivité
permet d’évaluer rapidement mais très approximativement la minéralisation globale de
l’eau, elle est exprimée en μS/cm.
5- Dureté, titre hydrotimétrique (TH)
La dureté ou titre hydrotimétrique représente la somme des cations
alcalinoterreux (ions positifs) sauf les monovalents (Na+, K+, H+, NH 4+), soit les ions
calcium et magnésium essentiellement qui sont des éléments importants dans la
formation du tartre.
On distingue:
Le TH total,
Le TH calcique qui ne mesure que les ions calcium,
Le TH magnésien qui ne mesure que les ions magnésium.
Le terme générique de dureté tient son origine dans l’utilisation de l’eau dans le lavage
du linge. Une eau est « dure » pour la lessive si elle nécessite l’emploi de beaucoup de
savon pour obtenir la mousse.
1 °hydrotimétrique correspond à 10 mg/L de carbonate de calcium.
La dureté de l’eau est due à la présence des ions 𝐶𝑎2+ et 𝑀𝑔2+ (dans certains cas aussi
𝐹𝑒2+), qui existent dans la solution sous forme avec sels solubles. Selon la nature des
sels que les ions alcalino-terreux peuvent former avec des ions négatifs présents dans
l’eau, on distingue la dureté temporaire et la dureté permanente.
Tableau 1 : Les valeurs du titre hydrométrique (Dureté totale).
6- Titres alcalimétriques TA, TAC, TAOH
L’eau contient des hydroxydes et des carbonates. Le titre alcalimétrique
hydroxyde (TAOH) mesure les hydroxydes. Le titre alcalimétrique (TA), mesure les
hydroxydes et la moitié des carbonates. Le titre alcalimétrique complet (TAC) mesure la
totalité des hydroxydes et des carbonates.
A l’inverse de l’acidité, l’alcalinité d’une eau correspond à la présence de bases et de sels
d’acides faibles. Dans les eaux naturelles, l’alcalinité résulte le plus généralement à la
présence d’hydrogénocarbonates, carbonates et hydroxydes.
Les valeurs relatives du titre alcalimétrique (TA) et du titre alcalimétrique complet
(TAC) permettent de connaitre les quantités d’hydroxydes, de carbonates ou
d’hydrogénocarbonates alcalins ou alcalinoterreux présents dans l’eau.
Le 𝑻𝑨 permet de mesurer la teneur totale en hydroxydes et seulement la moitié de
celle en carbonates, lorsque ces teneurs sont mesurées en méq /l ou °F, ce qui est traduit
par la formulation :
𝑻= [𝑶𝑯−] + 𝟏/𝟐 [𝑪𝑶−𝟐] 𝒎é𝒒/𝒍 𝑜𝑢 °𝑭
Le 𝑻𝑨𝑪 permet de mesurer les teneurs totales en hydroxydes, en carbonates et en
Hydrogénocarbonates, en 𝑚é𝑞/𝑙 ou °𝐹, soit :
𝑻𝑨= [𝑶𝑯−] + [𝑪𝑶−𝟐] + [𝑯𝑪𝑶−] 𝒎é𝒒/𝒍 𝑜𝑢 °𝑭
Tableau 2 : Résultats expérimentaux des titres alcalimétriques TA, TAC, TAOH (Berné et al,
1991).
7- Matières organiques
La Demande Biochimique en Oxygène (DBO) c’est la quantité d’oxygène
nécessaire à la dégradation de la matière organique biodégradable d’une eau par le
développement des micro-organismes, pendant 5 jours à 20 °C, on parle alors de la
DBO5. Elle est très utilisée pour le suivi des effluents urbains. Elle est exprimée en mg
O2/l.
La Demande Chimique en Oxygène (DCO) c’est la quantité d’oxygène nécessaire pour
oxyder la matière organique (bio-dégradable ou non) d’une eau à l’aide d’un oxydant, le
bichromate de potassium. Ce paramètre offre une représentation plus ou moins
complète des matières oxydables présente dans l’échantillon. Elle est exprimée en mg
O2/l. Généralement la DCO est 1,5 à 2 fois la DBO5 pour les eaux usées urbaines et de 1 à
10 pour tout l’ensemble des eaux résiduaires industrielles. La relation empirique de la
matière organique (MO) en fonction de la DBO5 et la DCO est donnée par l’équation
suivante :
MO = (2 DBO5 + DCO)/3
8- Carbone Organique Total (COT)
Le Carbone Organique Total (COT) est un indicateur de la pollution ou de la
contamination de l’eau par des molécules organiques. Ces molécules peuvent signer une
présence bactérienne, des polluants nuisibles à la santé de l’individu ou une
contamination de l’eau par le circuit de distribution (relargage à partir d’éléments
plastiques constitutifs). La recherche du COT est réalisée conformément à la
monographie « Carbone organique total dans l’eau pour usage pharmaceutique ». La
limite en carbone organique total est fixée à 0,5mg/L soit 500 ppb. La mesure du
carbone organique total est une méthode d’analyse quantitative et non spécifique où la
structure chimique des contaminants organiques présents dans l’eau n’est pas connue.
Cette technique permet d’obtenir rapidement et pour un coût d’utilisation limité une
indication sur le degré de contamination de l’eau.
On a vu que certains composés organiques résistent à l’oxydation chimique et
n’interviennent donc pas dans la DCO. Il faut donc une méthode encore plus énergique
pour les oxyder complètement.
On utilise actuellement des appareils dans lesquels les échantillons subissent une
combustion totale, à 950°C environ sous l’action de l’O2 gazeux ou une dégradation
totale à température ambiante, grâce à une double catalyse par les rayons U.V et par le
persulfate.