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Les Secrets Du Cadrage Photo (Eyrolles 2015) - Denis Dubesset

Ce document traite des techniques de cadrage photographique. Il présente les notions générales de cadrage comme le format, le point de vue et l'angle, et aborde ensuite les règles de composition comme l'équilibre, la règle des tiers et les lignes directrices.

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Les Secrets Du Cadrage Photo (Eyrolles 2015) - Denis Dubesset

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Denis Dubesset

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Denis Dubesset

Les secrets du
CADRAG PHOTO
Complément indispensable aux connaissances techniques et à la maîtri se de son matéri el photo,
l'art du cadrage est souvent ce qui fait la différence entre une image simpl ement correcte et un vrai
regard de photographe. Denis Dube sset prend ici le lecteur par la main pour lui donner les bases
essentielles de cette disciplin e exigeante et délicate en procédant par t hématique : paysage,
portrait, photo de rue, nature, reportage .. . Chaqu e domaine répond à des règles différentes qui
sauront mett re en valeur le sujet et la lumière rencontrés par le photographe.
Le début de l'ouvrage pose les notions générales de tout cadrage harmonieux : point de vue, lignes,
perspectives ... afin que chacun puisse s'imprégner des règles avant de mieux les t ransgresser.

Denis Dubesset est photographe professionnel et auteur de plusieurs livres techniques et pra-
tiques, notamment sur la macrophotographie (éditions Pearson). Il a néanmoins développé un
regard créatif talentueux dans tous les domaines photographiques.
Denis Dubesset

Les secrets du
CADRAGE PHOTO
Paysage - Portrait - Reportage

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EYROLLES
Chez le même éditeur

Dans la même collection


P. Bricart, Les secrets de la photo de nu (à paraître).
E. Balança, Les secrets de la photo d'animaux, 2014, 232 p.
G. Simard, Les secrets de la photo en gros plan, 20 14, 208 p.
A. et 1. Guillen, Les secrets de la photo sous-marine, 2014, 280 p.
V. Bergamaschi, Les secrets de la photo de nui~ 20 14, 120 p.
F. Milochau, Les secrets de la photo de paysage, 2013, 224 p.
E. Balança, Le grand livre de la photo de nature, 20 13, 260 p.

Boîtiers argentiques et numériques


P. Druel, Photographier avec son Nikon 03300, 2014, 224 p.
N. S. Young, Photographier avec son Canon 070, 2014, 280 p.
R. Bouillot, Pratique du reflex numérique, 4e édition, 20 13, 484 p.
L. Breil lat, Choisir /'objectif idéal pour son reflex Canon/Nikon, 20 13, 176 p.
V. Luc, Nikon 0200 - Nikon 080 - Nikon 050 - Canon EOS 5000 - Canon EOS 3500 - Canon EOS 50 Mk Il -
Canon EOS 5500 - Canon EOS 600 - Canon EOS 70.
V. Luc, P. Brites, Canon EOS 50 Mk Ill, Canon EOS 6000.
V. Luc, M. Ferrier, Nikon 0300.
V. Luc, B. Effosse, Canon EOS 400 - Canon EOS 4000.
M. Ferrier et C.-L. Tran, Nikon 05200 - Nikon 03000 - Nikon 05000 - Nikon 090 - Canon EOS 10000 - Pentax K-x.
A. Santini, Nikon 060.

Techniques de la photo - Prise de vue


A.-L. Jacquart, Retouchez vos photos pas à pas, 2014, 180 p.
É. Delamarre, Profession photographe indépendant, 3e édition, 2013, 320 p.
S. Arena, Lumière - Pratique photo, 201 3, 284 p.
T. Legault, Astrophotographie, 2e édition, 20 13, 165 p.
A.-L. Jacquart, Photographier au quotidien avec Anne-Laure Jacqua~ 2013, 256 p.
S. Calabrese Roberts, La photo documentaire, 2013, 192 p.
T. Nagar, Street photo, 2013, 176 p.
A. Amiot, Conseils photo pour les voyageurs, 2013, 192 p.
G. Lepetit- Castel, Concevoir son livre de photographie, 2013, 176 p.
F. Hunter, S. Biver, et al., Manuel d 'éclairage photo, 2• édition, 2012, 260 p.
A. Mante, Composition et couleur en photographie, 2012, 208 p.
A.- L. Jacquart, Mémophoto - Les réglages de l'appareil, 20 12, dépliant, 14 p.
A.-L. Jacquart, Mémophoto - La composition étape par étape, 2012, dépliant, 14 p.
A.- L. Jacquart, Composez, réglez, déclenchez! La photo pas à pas, 2011, 168 p.
G. Blondeau, Photographier la nature en macro, 2• édition, 2010, 224 p.
B. Bodin, C. Bruno, Photographier la montagne, 2008, 166 p.
T. Seray, Photographier la mer et la voile, 2007, 200 p.
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..__ Consultez notre catalogue complet sur www.editions-eyrolles.com et notre actualité photo sur notre webmagazine
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w www.questionsphoto.com.
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Éditions Eyrolles
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N 61 , bd Saint-Germain
©
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75240 Paris Cedex 05
www.eyrolles.com
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>- Conception graphique et mise en pages : Nord Campo
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Tous droits réservés. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement
ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans l'autorisation de l'auteur.

©Groupe Eyrolles, 2015, ISBN: 978-2-212- 14081 -1


«Les photos sont là, il ne reste plus qu'à les prendre.»

Robert Capa

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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

TABLE DES MATIÈRES

1. Construire une photo ............................................................................................................................................. 1


La lecture d'une image .......................................................................................................................................................... 2
La symbolique des images ......................................................................................................................................................... 2
Qu'est-ce qu'une photographie réussie? ............................................................................................................................. 3
Œil pour œil ................................................................................ .............................................................................................. ...... 4
Sa Majesté le sujet ........................................................................................................................................................ ..... ...... .... 6

Dans le cadre ............................................................................................................................................................................... 9


La porte ouverte à toutes les fenêtres .................................................................................................................................. 9
Le format horizontal ............................................................... .............................................................. ..................................... 10
Le format vertical ........................................................................................................................................................................ 10
Le format carré ............................................................................................................................................................................ 14
Le format panoramique .................................................................................................................. ......................................... 15
Les grands types de cadrages ................................................................................................................................................. 16

Le point de vue ........................................................................................................................................................................ 17


Écraser les trois dimensions..................................... ......................................................... ..... ................................................. 17
L'angle ............................................................................................................................................................................................. 18

Couleur ou noir et blanc? ................................................................................................ .................................................. 19

2. La composition : règles et repères ......................................................................................................... 23


Écrire avec la lumière ........................................................................................................................................................... 24

Les règles de composition ................................................................................................................................................. 24


L'équilibre ...................................................................................................................................................................................... 24
La règle du nombre d'or ................................................................................................................................................... ........ 27
La règle des tiers ......................................................................................................................................................................... 28
Les lignes directrices .................................................................................................................................................................. 30

La technique au service
de la composition ................................................................................................................................................................... 31
Les paramètres ............................................................................................................................................................................ 32
Vl
(!) La vitesse d'obturation ............................................................................................................................................................. 32
0 L'ouverture ......................................................................................... ........................................................................................... 35
'--
>- La sensibilité ................................................................................................................................................................................. 35
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lJ)
..--t Les erreurs «classiques» ...................................................................................................... ............................................. 36
0
N Sujet trop centré ......................................................................................................................................................................... 36
© Sujet coincé au bord du cadre ................................................................................................................................................ 38
.......
..c Photographier dans le bon sens ............................................................................................................................................ 39
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·;:::: Horizon penché .. ......................................................................................................................................................................... 40
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0. N'avoir rien à dire ................................................................. ............................................................. ................................. ........ 42
0
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Connaître les règles pour mieux les transgresser ............................................................................................... 42
La loi est la loi? .... ................................................................... ................................................................................................... . 42
La photo graphique ................................................................................................................................................................... 43
Le bon et le mauvais chasseur d'images ........................................................................................................................... 45

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3. En pratique .................................................................................................................................................................... 47
Le paysage ................................................................................................................................................................................. 48
Généralités ................................................................................................................................................................................... 48
Définir le sujet : la hiérarchie des plans ... .......................................................................................................................... 49
Entrer dans l'image ..................................................................... ............................................................................................. . 51
Un cadre dans le cadre .................................................. ......................................................................... ..................... ..... ....... 58
Un paysage moins sage ........................................................................................................................................................... 59

Le portrait .................................................................................................................................................................................. 62
Généralités ................................................................................................................................................................................... 62
Le portrait et le noir et blanc ................................... ......................................................................... .................. ....... ............ 64
Regardez-moi dans les yeux ! ....................................... .................................................................... .......................... ........... 65
Plans et cadres .......... .................................................................... .............................................................................................. 68
L'arrière-plan ............................................................................................................................................................................... 72
Vers un portrait plus atypique ................................ .............................................................................................. ..... ........... 74

La photo de rue ....................................................................................................................................................................... 76


Généralités ................................ ......................................................... ........... ............................................................................... 76
Apprendre à regarder .................................................................. ............................................................................................. 78
Le« tir photographique » ............................................. ..... .................................................................... ........ .................. ....... 81
Les lignes de mire ..................................................................................................................................................................... 84
Graphie street ........... .................................................................... .............................................................................................. 86

La photo de nature ............................................................................................................................................................... 90


Généralités ................................................................................................................................................................................... 90
La nature en détail .............................................................. .............................................................................................. ........ 92
Environnement et mouvement ....................................................................................................... .................................... 95
La composition par le vide ..................................................................................................................................................... 99

Le reportage ........................................................................................... ................................... ............................................ 101


Généralités ......................................................................................... ..... .................................................................................. 101
La série ...................................................................................................................................................................................... 102
Une seule image pour raconter ...................... .............................................................................. .......................... ........... 108

Vl
(!)
4. Images expliquées .............................................................................................................................................. 113
0 Virage à droite ...................................................................................... ................................................................................... 114
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>- Perles d'eau ....................................................................................... ....................................................................................... 116
lJ)
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Genesis ....................................................................................................................................................................................... 118
0 Étrange carte postale ..................................................................... ................................................................................... .... 120
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© Le pêcheur ................................................................................................................................................................................. 122
....... Mariachi .......................................................................................................... .......................... ................................................. 124
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·;:::: Vélo vintage ......................... ..... ............................................................... ................................. ... ............................................. 126
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0.
La vie du fleuve...................................................................................... .................................................................................. 128
0 Rayons ......................................... .................................................................... .......................... ................................................. 130
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Fiers .............................................................................................................................. ............................................................... 132
Cigognes .................................................................................................................................. ..... .............................................. 134

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Construire
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une photo
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Composer une image, c'est réfléchir à une multitude d'éléments
0
N (sujet, point de vue, éclairage ... ) qui vont contribuer à son
©
.......
..c impact. Comme beaucoup de choses, cela s'apprend, et
O'l
·;::::
>- certains réflexes s'acquièrent aussi au fil de la pratique.
0.
0
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LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

La lecture d'une image


Pour savoir composer une image harmonieuse ou percutante, il faut tout d'abord
exercer son regard, en apprenant à lire celles que l'on côtoie, qu'il s'agi sse de
photos ou de peintures.

La symbolique des images


Bien des siècles avant la fabrication du premier capteur numérique, bien avant
même l'invention de la première chambre noire, les hommes utilisaient déjà abon-
damment les images. Oue de chemin parcouru depu is les premières fresques
orn ant les grottes de nos ancêtres jusqu'aux clichés infiniment détaillés sortant
de la moindre carte mémoire. Le succès de la représentation en deux dimensions
réside probablement dans sa si mpl icité et son caractère symbolique universel.
Si on la compare à l'écriture par exemple, la première chose qui saute aux yeux
(si je puis dire), c'est que l'image demande peu d'apprentissage pour sa compré-
hension. Pouvoir lire un texte nécessite en effet une période d'étude relativement
longue. L.:acqu isition de toutes les clés de lecture (alphabet, vocabu laire, ortho-
graphe, grammaire, syntaxe .. .) demande de passer par de nombreuses étapes.
En ce qui concerne l'i mage en revanche, les choses se font de manière plu s ins-
tinctive. En effet, par définition (mais avec toutes les exceptions induites), l'image
se veut être une représentation du monde. Cela est d'autant plus vrai en photo-
graphie, procédé par lequel on souhaite capturer ce que l'on voit. Ainsi, le spec-
tateur ne doit pas spécialement être instruit pour pouvoir lire ce type de repré-
sentation. En revanche, le degré de compréhension de chacun est infiniment
varié. Il dépend par exemple de sa sensibilité, de son appartenance cultu relle, de
son degré d'éducation ou encore du temps qu'il passera à observer et à décrypter
tous les éléme nts de l'œuvre.
Le pouvoir didactique des images a largement été uti lisé dans l'histoire. L.:écriture
n'étant finalement accessible au plus grand nombre que depuis une ce ntaine
d'années, la plupart des grandes idées étaient véhiculées par des représentations
visuelles. Les religions ont particulièrement employé ces supports pour trans-
Vl
mettre leurs messages aux fidèles. Plus récem ment, ils ont été uti li sés pour com-
QJ
muniquer dans des domaines variés comme la politique ou la publicité.
0
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,......
0
N
Nul besoin de savoir La Bière est Nourrissante
@

lire pour comprendre
..c ces publicités. Je les ai
Ol
·;:: également choisies pour
>- montrer que chaque
a.
0
u époque est liée à des
codes visuels différents.
Aujourd'hui, ces pubs
feraient le buzz et
seraient interdites. Celle·lâ n-en boitpas

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L
2 _J
LA LECTURE D'UNE IMAGE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Qu'est-ce qu'une photographie réussie?


Voilà une question épineuse à laquelle il est difficile de répondre de manière
simple. Si c'était le cas, vous ne seriez sans doute pas en train de lire ces lignes.
La réussite d'une image est en effet liée à de nombreuses variables dont la liste
exhaustive est difficile à dresser. C'est peut-être pour éviter des explications fas-
tidieuses que Ansel Adams, le grand maître de la photograph ie de paysage, a dit
à ce sujet qu'« il n'y a aucune règle pour faire de bonnes photographies, il y a
seulement de bonnes photographies». Je dirais plutôt qu'il y a tellement de para-
mètres qu'i l est impossible de tous les prendre en compte au moment d'appuyer
sur le déclencheur.

Vl
QJ

0
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>-
w J'ai longtemps cherché la bonne composition pour que ce cliché ait le sens que je voulais lui
lJ")
,...... donner: le spectateur est immédiatement confronté au chameau avec une attitude
0 interrogative. Dans un second temps, le regard, en parcourant l'image, observe que l'animal
N
@ ne se trouve pas dans son habitat naturel. La chaîne à laquelle il est attaché conduit ensuite
.µ /'œil vers l'arrière-plan constitué d'affiches publicitaires. On devine plus loin des voitures et une
.c imposante zone commerciale. Cet animal faisait en fait partie d'un cirque et était parqué dans
Ol
'i: un petit carré d'herbe jonché d'ordures. J'ai organisé tous les éléments de la photographie afin
>-
a. de faire ressortir le caractère insolite et triste de la scène. À mon sens, la photographie est
0
u réussie, car on comprend immédiatement ce que j'ai voulu montrer.
28 mm, f/3,5, 1/1000 s, 200 ISO

r --,
LA LECTURE D'UNE IMAGE 3
L -'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

En caricaturant un peu, on pourrait dire que nous souhaitons généralement que


nos œuvres soient belles. Le cri tère esthétique serait-il donc la clé du succès?
La conception de beauté est très subjective et touche à la rhétorique de la ph i-
losophie. Loin de moi l'idée de me lancer dans un essai pour définir le «beau» ou
même pour savoir s'i l existe, car je ne serai s pas le prem ier à m'y casser les dents.
Ce qui semble évident, c'est que nous avons tous une idée de ce que ce mot peut
signifier. Chaque individu peut j uger de l'apparen ce esthétique d'une personne ou
d'un objet. Mais selon la sensibil ité de chacun, les avis diffèrent. Notre conception
de la beauté est donc très nuancée. Vouloir la décrire précisément relève proba-
blement de l'utopie.
Alors s'i l n'est pas possible de définir de règ le pour produ ire des «bonnes photos»
et si le principe de beauté varie selon le spectateur, comment savoir si une pho-
tographie est réussie?
À mon humble avis, il y a un facteur primord ial : la composition. Car le plus impor-
tant est de donner du sens à l'œuvre. La manière de le faire passe inévitablement
par la mise en place minutieuse des éléments qui com posent l'i mage. Alors tout
est dit, il suffit de bien composer? Et bien, pas tout à fait. Il y a également la
délicate quête de la bonne lumière et l'exigeante maîtrise des paramètres tech-
niques. Cependant, l'art subtil du cadrage constitue en que lque sorte le langage
de l'image. Il est la résultante de la réflexion du photographe au moment de
prendre sa photo. C'est cela qui permet de mettre en valeur le sujet. L.:observateur
vous pardonnera donc plus volontiers des imperfections telles qu'un sujet un peu
flou ou une lumière inadéquate, si vous avez com posé l'ensemble de manière j uste.
Avant de s'occuper de l'esthétique, l'artiste doit donc commencer par se demander
ce qu'il ve ut dire. De là en découleront la subjective beauté de l'œuvre et sa réus-
site globale. Les photographies sont destinées à être vues. Pour les réu ssir, il faut
toujours se demander ce que l'on veut montrer et à qui.

Œil pour œil


Le déchiffrage d' une image ne se fait pas de façon aléatoire. Des études scien-
tifiques ont mont ré que nos observations sont régies par une série de facte urs
commu ns. En premier lieu, lorsqu'on découvre une photograph ie, son sens de
Vl
(!)
lecture est étroitement lié à notre appartenance culturelle.
0
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Plus précisément, nous sommes influencés par notre façon d'écrire et donc de
w
>- lire un texte. Cette approche de l'information est tel lement ancrée en nous que
lJ)
..--t nous abordons toutes les œuvres visuelles de la même façon. Ainsi, dans une
0
N cu lt ure dite occidentale, nous avons tous tendance à lire une image de gauche à
© droite et de haut en bas. Pour schématiser ce concept, on parle de lectu re en Z.
....... Nous faisons ce la sans même nous en rendre com pte. L.:œil balaie l'image très
..c
O'l
·;:::: rapidement et de manière imperceptible. Même si nous n'avons pas la sensation
>-
0.. de «lire» une photographie, c'est pourtant ce que nous faisons inconsciemment.
0
u Dans les pays de langue arabe ou au Japon, les textes s'écrivent de droite à
gauche et de haut en bas. Leur manière de décrypter une représentation visuelle
est donc différente.

L
4 LA LECTURE D'UNE IMAGE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Le sens de lecture d'une


Sens de lecture Sens de lecture image est lié à notre
manière d'écrire. Ainsi,
en Occident, nous avons
tendance à observer les
photographies de gauche
à droite et de haut en
bas. On parle de lecture
enZ.

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0
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lJ")
,......
0 En prenant ce cliché, je voulais mettre en
N
@ évidence le contraste entre la modernité et
.µ le mode de vie traditionnel de certains
.c habitants d'Asie. Selon le principe de la
Ol
'i: lecture en Z, l'œil parcourt les bâtiments
>-
a. modernes en arrière-plan, puis la mer sur
0
u laquelle il ne s'attarde pas et finit par la
jeune femme portant une lourde charge.
300 mm, f/5,6, 1/200 s, 400 ISO

r -,
LA LECTURE D'UNE IMAGE
L
5 -'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Ce schéma a été maintes fois prouvé par l'expérimentation, mais il ne constitue


pas la seule façon d'appréhender une œuvre. Il existe dans chaque image une
hiérarchie des motifs voulue par l'artiste. Si la composition est réussie, nous allons
avoir tendance à nous attarder sur ces éléments principaux, puis sur ceux plus
secondaires qui participent néanmoins à la compréhension générale de l'œuvre.
Pour une population donnée, des expériences répétées ont permis de constater
qu'une même image soumise à plusieurs sujets est déchiffrée de la même ma-
nière. Le trajet de l'œil et les points d'intérêt sont sensiblement identiques.
Pour orienter le regard, le photographe dispose de nombreux procédés. Par
exemple, l'œil sera plus faci lement attiré par les hautes lumières ou les couleurs
vives. Les visages seront également une source de curiosité plus importante pour
l'observateur. En outre, l'agencement de tous les éléments dans le cadre nous
guide et nous donne autant de pistes pour comprendre le message d'une photo-
graphie. Nous verrons que certaines règles graphiques (voir p. 24) peuvent nous
aider à agencer correctement les motifs de l'image.

Sa Majesté le sujet
Comme je l'ai déjà évoqué, le spectateur doit pouvoir identifier rapidement l'idée
qui se dégage de la photographie. Même si cela peut vous paraître évident, je me
dois cependant d'insister sur ce point. L.:un des écueils dans lequel tombent beau-
coup de photographes en herbe est de ne pas donner assez d'importance au
sujet. Que lques-uns même prennent des clichés sans trop se poser la question
de ce qu'i ls veulent mettre en valeur.
Lorsqu'on réalise un portrait, le motif principal de l'image semble cou ler de source,
mais c'est moins évident dans d'autres situations telles qu'un paysage ou une
scène de rue par exemple. Le photographe doit faire en sorte que l'observateur
reconnaisse le sujet de l'image sans ambiguïté. Si ce n'est pas le cas, il ne com-
prendra pas ce que vous avez vou lu dire et votre image sera immanquablement
ratée. Un test que vous pouvez réaliser est de montrer quelques clichés à vos
amis ou à votre famille et de leur demander ce qu'ils ressentent en les regardant.
Si leur jugement est à mille lieues de ce que vous avez vou lu transmettre, c'est
sans doute que votre composition n'était pas adéquate.
Vl
(!) Vous devez donc intégrer systématiquement cette idée que donner un sens à
0
..__ l'image, c'est définir clairement ce que vous vou lez photographier et donc montrer.
w
>- Cela peut paraître simpliste, mais croyez-moi, ce n'est pas si évident. Se lon votre
lJ)
..--t état d'esprit, vos impulsions créatrices ne seront pas les mêmes. Vous devez être
0
N assez réceptif pour tenter de capter la quintessence d'une scène qui se présente
© à vous.
.......
..c Ainsi, si vous vous baladez avec des amis, vous devrez probablement suivre un
O'l
·;:::: trajet ainsi que le fil des conversations. Ce faisant, vous ne serez sans doute pas
>-
0..
0 très concentré sur les clichés que vous prendrez. De plus, vous manquerez pro-
u bablement de temps pour soigner vos cadrages, car vos accompagnateurs per-
dront peut-être patience rapidement. En revanche, si vous êtes seul, vous serez
tout entier consacré à votre art et vos sens seront totalement disponibles pour

L
6 LA LECTURE D'UNE IMAGE
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1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Pour cette imoge, je voulais pointer le comportement parfois étrange de certains touristes. Ici,
la jeune femme a pris la peine d'emporter un parasol, mais ne l'a pas positionné de manière à
ce qu'il fui fasse de l'ombre. Je pense cependant que l'image est ratée. Le spectateur ne
comprend pas quel en est Je sujet et, par conséquent, la photographie est vide de sens. Pour
bien réaliser l'exercice, j'aurais sans doute dû m'approcher du sujet.
85 mm, 1/6 400 S, f/2, 200 ISO

laisser entrer l'inspiration. Vous vous surprendrez peut-être à admi rer une poignée
de porte, un vieux vélo posé contre une rambarde, un rocher à la forme évoca-
trice ...
Vl
QJ
De cette inspi ration découlera une réflexion qui régira tous les choix qui permet-
0
'-
>- tront de traiter convenablement le thème principal : où vais-je placer le motif dans
w
lJ")
l'image? Dois-je adopter un cadrage vertical ou horizontal? Quel angle de vue
,......
0
choisir? Quelle profondeur de champ? . .. À force de pratique, on acquiert des
N automatismes qui répondent à ces questions, nous permettant ainsi de nous
@

concentrer sur l'essentiel. On gagne en rapidité de choix et d'exécution. Les
.c choses deviennent progressivement plus instinctives et naturelles.
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'i:
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a.
0
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LA LECTURE D'UNE IMAGE
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LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

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a.
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u

r --,

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8 _J
LA LECTURE D'UNE IMAGE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Selon notre inspiration du moment, certains détails qui nous auraient échappé en temps
normal peuvent nous paraître intéressants. C'est le cas pour ce heurtoir de porte (page de
gauche). La faible profondeur de champ m'a permis d'isoler le visage qu'il représente. Le vieux
bois en fond accentue le côté graphique de l'image.
Sur le cliché ci-dessus, j'ai trouvé que ce vélo posé sur sa béquille suggérait plusieurs choses :
en premier lieu, il représente un style de vie. Ensuite, la présence de tongs sur le sable et de
vêtements accrochés au guidon laisse penser que le propriétaire a probablement laissé ses
affaires pour aller se baigner.
... 85 mm, 1/500 s, f/1,8, 100 ISO
<Ill 50 mm, 1/2 000 s, f/3,2, 400 ISO

Vl
QJ

w
1....
>- Dans le cadre
lJ")
,...... Cadrer, c'est choisir à la fois ce que l'on inclut dans l'image et ce que l'on n'inclut
0
N pas. C'est donc une étape primordiale de l'acte photographique. C'est aussi à ce
@ moment-là que le photographe décide du format de sa photo (horizontal, vertical,

..c panoramique ... ).
Ol
·;::
>-
a.
0
u
La porte ouverte à toutes les fenêtres
Présenter une photographie à quelqu'un, c'est comme si on l'invitait à regarder à
travers une fenêtre. C'est probablement le premier principe fondamental dont nous

r --,
DANS LE CADRE
L
9 -'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

devons avoir conscience : photographier, c'est poser un cadre sur une scène.
~acte créatif de la photographie commence là, en sélectionnant une zone de notre
champ visuel afin d'imprimer la lum ière qui s'y reflète sur le capteur numérique
(ou la pellicule). C'est le premier choix que vous aurez à faire avant d'appuyer sur
le déclencheur.
Par l'intermédiaire du cadre, on peut exclure des éléments, mais su rtou t on inclut
ceux qui nous semblent importants. Au final, ce qui est hors des limites de l'image
n'existe plus une fois que le cliché est pris. Le spectate ur n'aura pas accès à cette
information, car les bords de l'image imposent des limites au champ visuel. La
réussite d'une composition consiste donc (entre autres) à ne pas frustrer l'obser-
vateur qui sentira son regard bloqué si l'exercice est mal réalisé.
Le cad re est un élément imposé par l'art photog raphique, mais il existe différents
formats qui doivent être judicieusement emp loyés en fonction de ce que l'on veut
montrer.

Le format horizontal
Ce type de cad rage est également appelé le format «paysage». Il est de très loin
le plus utilisé. Cela tient sans doute au fait qu'il nous semble plus naturel. Il est
tellement in stinctif que bon nombre de photographes ne font presque jamais
appel à un autre format. Il faut d'aill eurs sou ligner que tous les apparei ls photo
sont conçus pour réaliser des clichés à l'horizontale. La prise en main est beau-
coup moins aisée à la verticale.
Ce sens de lecture correspond à notre champ de vision. Pour caricaturer un peu
les choses, on peut di re que dès que nous ouvrons les yeux, les scènes qui
s'offrent à nous se présentent sous la forme d'un vaste rectangle horizontal. Cette
disposition sera donc toujours plus reposante pour l'œi l puisqu'il y est habitué et
aura te ndance à parcourir l'image très facilement. Le cadrage horizontal est aussi
adapté à la narration. Là encore, c'est parce que cela nous renvoie à ce que nous
voyons tous les jours. Les écrans de té lé ou de cinéma sont des rectangles hori-
zontaux. Ai nsi, on emploie instinctivement ce form at lorsqu'on veut saisir une
scène qui se déroule dans la largeur. Il peut s'agi r d'un paysage, mais on l'uti lise
aussi pour mettre en avant une action : une voiture qui avance, un piéton qui
Vl
(!) marche ou juste un regard lancé au loin.
0
'-
w
>-
lJ)
..--t
0 Le format vertical
N
© Ce type d'agencement est moins fréquent. On l'appe lle également le form at «por-
....... trait », car c'est la manière la plus courante de l'employer. ~espèce humaine se
..c
O'l
·;:::: singularisant par sa verticalité, utiliser ce sens de cadrage semble évident pour
>-
0. ce cas de figu re. Pourtant, si vous mettez un appareil photo dans les mains d'un
0
u néophyte et que vous lui demandez de photographier quelq u'un, il aura majoritai-
rement tendance à opter pour un cadrage horizontal. Nous verrons plus loin que
plusieurs formats peuvent être judicieux pour un portrait, mais celui-ci reste le
plus adapté (voi r p. 62).

L
10 DANS LE CADRE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

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Vl
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>-
a.
0 Le format horizontal est particulièrement adapté au paysage. C'est de loin le plus utilisé. li convient à
u toutes les actions qui se déroulent dans la largeur, comme ce pêcheur à l'épervier en train
de lancer son filet.
...... 28 mm, 1/500 S, f/8, 400 ISO
à 50 mm, 1/250 s, f/3,5, 800 ISO

r --,
DANS LE CADRE
L
11 --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

D'une manière générale, ce format offre plus de dynamisme. Il a également tendance


à souligner la hauteur d'un objet Il convient par exemple parfaitement à la photo-
graphie d'architecture ou aux actions qui se déroulent dans ce sens, comme une
personne montant un escalier. On l'utilise également de manière préférentielle pour
marquer la profondeur d'une composition. Lorsqu'on observe un cliché pris à la ver-
ticale, notre regard a tendance à être rapidement bloqué par les bords de l'image
et il explorera plus facilement les différents plans du cliché jusqu'à l'horizon.

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0 Le format vertical convient très
N
bien à l'exercice du portrait
@
(page de droite).
On l'utilise également pour
1.... montrer une action qui se
i:Ï:
0
déroule dans la hauteur, ou pour
u marquer la profondeur comme
sur le cliché d'un champ de blé
(ci-contre).
28 mm, 1/400 s,f/10, 200 ISO. ........
50 mm, 1/100 s, f/2,8, 400 ISO. ....

r --,

L
12 _J
DANS LE CADRE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Vl
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a.
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r --,
DANS LE CADRE
L
13 --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Le format carré
Ce format est plus atypique. Il a particulièrement été utilisé au xxe siècle, car il
correspondait au format natif de beaucoup d'appareils photo, comme le Rolleiflex.
Le cadre carré est donc souvent connoté
comme étant «vintage ». C'est également
pour cette raison qu'on a tendance à uti-
liser le noir et blanc lorsqu'on y a recours.
Pour beaucoup ce format est considéré
comme monotone, car les quatre bords
ont des dimensions identiques (par défi-
nition). Il est également peu instinctif, car
rares sont les apparei ls actuels qui pro-
posent de photographier dans ce format.
Pour obtenir un carré, il faudra donc
«couper » la photo sur l'ordinateur après
l'avoir prise. Ce la induit que, dans la majo-
rité des cas, le format n'est pas voulu à la
prise de vue, mais plutôt a posteriori
lorsqu'on se rend compte qu'il serait plus
adapté.
En raison de ses dimensions intermé-
diaires ent re un cad re horizontal et verti-
cal, tous les sujets peuvent convenir au
carré. Les sujets symétriques s'y prêtent
cependant particulièrement bien.

Vl
QJ

0
1....
>-
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lJ")
,......
0
N
@

"§i Le carré est un format un peu passe-partout et
·;:: peut être employé dans de nombreuses
>-
a. situations. L'inconvénient est qu'il est difficile
0
u d'anticiper la composition, car on obtient cette
forme après avoir pris le cliché (qui est
rectangulaire à la base).
• 85 mm, 1/2 000 s, f/2,5, 100 ISO
~ 150 mm, 1/200 s, f/3,5, 800 ISO

r --,

L
14 _J
DANS LE CADRE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Le format panoramique
Comme son nom l'indique, ce cadrage a pour but de capturer un panorama. La
plupart du temps, le sujet sera donc un paysage, mais pas seulement. Il peut aussi
s'agir, par exemple, de photographier l'intérieur d'un bâtiment lorsque l'objectif
grand-angle ne suffit pas. Par définition, l'exercice impose néanmoins que la scène
soit une vue d'ensemble. Le cadre panoramique ne conviendra donc pas au por-
trait ou au gros plan par exemple.
Ce format peut être créé de deux man ières différentes. Première possibilité :
prendre un cliché à l'horizontale et le rogner en partie haute ou basse (ou les
deux) pour obtenir un rectangle aplati. La seconde méthode consiste à réaliser
une série de photos se chevauchant et à les assembler ensuite. Dans les deux
cas de figure, ce format est créé après la prise vue. À l'instar du format carré, il
sera donc peu aisé d'anticiper précisément sur ce que donnera le résultat final.
C'est probablement pour cette raison qu'en dehors de quelques paysagistes, peu
de photographes l'utilisent.
Le principal défaut du panoramique réside, à mon sens, dans le fait que la lecture
ne peut pas en être immédiate. Le cadre étant défini par un rectangle très étiré,
le spectateur doit bien souvent «lire» l'œuvre en deux temps : la partie de gauche,
puis celle de droite. Ainsi, on perd en clarté et donc en émotion.

0
'-
>- On utilise le format panoramique dans de rares cas, par exemple quand on ne dispose pas
w
lJ")
d'un angle de vue assez large pour capturer une scène. Pour ce cliché, je souhaitais montrer
,......
une vue du cratère du volcan que j'avais gravi péniblement. N'ayant pas assez de recul pour le
0
N faire de manière classique, j'ai pris trois clichés que j'ai assemblés ensuite. J'ai profité de la
@ présence de la personne située à gauche de l'image pour donner une échelle à la scène.

..c 17 mm, 1/1000 s, f/8, 200 ISO (pour les deux clichés assemblés)
Ol
·;::
>-
a.
0
u

r --,
DANS LE CADRE
L
15 --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Les grands types de cadrages


En parallèle du choix du format d'image, le photographe doit déterminer le cad rage
à employer. Il doit être judicieusement choisi et adapté à chaque situation. Les
questions à se poser sont par exemple : où vais-je focaliser l'attention du spec-
tateur? Est-ce que je fais le choix d'utiliser un très grand-angle et de montrer une
situation dans sa globalité? Est-ce que je décide d'isoler un détai l ? Ce type de
décision est généralement assez instinctive, mais si on théorise un peu les choses,
nous pouvons définir quatre grands types de cadrages possibles avec toutes les
nuances que cela implique.
• Le plan d'ensemble : ce type de vue consiste à photographier le sujet avec
beaucoup de recul. Il peut donc s'agir d'un paysage ou d'une action dont on montre
le déroulement dans sa globalité.
• Le plan moyen : ce cadrage est plus resserré que le précédent. Le sujet est
néanmoins montré dans son environnement. Le motif principal occupe générale-
ment 1/3 de l'image.
• Le plan rapproché : ici, on se concentre sur le sujet. C'est lui qui occupe la
majeure partie de l'image. Des éléments secondaires peuvent néanmoins indiquer
au spectateur le contexte dans lequel l'action se déroule.
• Le gros plan : le sujet occupe 80 à 90% de l'image. Aucun indice ne nous
permet de savoir où on se trouve. Il s'agit de montrer quelque chose qui existe
pour lu i-même ou un détail abstrait d'une scè ne.

Vl
QJ

0
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Ol
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16 _J
DANS LE CADRE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Le type de cadrage adopté est un choix important qui détermine ce que l'on montre au
spectateur. Pour ce retour de pêche, j'ai opté pour un plan d'ensemble qui présente la scène
dans sa globalité. Ainsi la photographie met en valeur les bateaux dans leur environnement.
On distingue en arrière-plan la plage, le village de pêcheurs, les bateaux traditionnels et le ciel
nuageux. En cadrant plus serré, le plan moyen aurait seulement montré une partie de la scène
mettant l'accent sur les pêcheurs à l'ouvrage. Cette configuration laisse cependant deviner
quelques éléments de l'environnement tels qu'un bout de plage ainsi que les bateaux. Pour le
plan rapproché, on se concentre sur le travail d'un pêcheur; on devine facilement son métier,
mais on ignore totalement ce qui se passe autour de fui. Enfin, pour le gros plan, le sujet
occupe la totalité de l'image. Pour ce type de cadrage, nous n'avons aucune idée de
l'environnement dans lequel évolue cet homme ni de l'activité qu'il pratique.
50mm, 1/250 s, f/5,6, 400 ISO

Le point de vue
Vl
QJ
Les photographes débutants ne s'imaginent pas à quel point cet élément est
0 important dans le rendu de la scène. Selon l'endroit où on se place, l'image n'aura
'--
w
>- pas du tout la même physionomie : les éléments seront placés différemment les
lJ")
,......
uns vis-à-vis des autres, la perspective ne sera pas la même, etc.
0
N
@

.c
Ol
Écraser les trois dimensions
·;::
>- Le monde dans lequel nous vivons est défini par plusieurs dimensions : la hauteur,
a.
0 la large ur et la profondeur (en langage mathématique : x, y et z). Lorsque nous
u
prenons un cliché, la réalité est forcément déformée. En photographie, nous
sommes en effet techniquement incapables de restituer la troisième dimension

r --,
LE POINT DE VUE
L
17 -'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

de l'espace. Il est très important de toujours garder à l'esprit ce princi pe : le résul-


tat d'une prise de vue est la projection lumineuse de ce qui existe réellement sur
une surface plane. Il faut donc apprendre à voir les choses en deux dimensions.
Une fois capturés, les motifs ne sont plus que des lignes, des droites, des courbes.
La conséquence de cela est que ce que nous voyons est aplati en quelque sorte.
Être conscient de ce phénomène aide beaucoup à comprendre comment compo-
ser les clichés de manière pertinente.
Si nous voulons restituer au maximum la réalité, il s'agit de cadrer judicieusement
pour que les formes suggèrent la profondeur. Au contraire, nous pouvons adapter
le type de cadrage ou l'ang le de vue pour tricher et réduire les perspectives. Fina-
lement, photographier, c'est truquer constamment la réalité pour donner à l'œuvre
le sens que nous souhaitons.

L'angle
Ce mot peut avoir plusieurs sens en photographie. En effet, on l'emploie souvent
pour résumer toutes les décisions prises lors de la réalisation d'une ou de plu-
sieurs œuvres artistiques. Il n'est pas rare de lire de la part d'un journaliste :
«~angle selon lequel l'artiste a traité le sujet est très original.» Dans cette expres-
sion, on ne parle pas de géométrie, mais plutôt de l'ensemble des décisions de
l'artiste qui font que son œuvre est singulière et intéressante.
De manière plus concrète, l'angle de vue définit la position de l'appareil photo par
rapport au sujet. Trois grandes catégories peuvent être distinguées.

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
8 Selon l'angle de vue que vous choisirez, l'effet produit changera radicalement. À hauteur du
sujet, vous placez le spectateur à égalité par rapport au sujet. Si le cliché est pris d'un point
de vue haut, cela a tendance à diminuer la taille du sujet. Au contraire, un angle de vue en
contre-plongée accentue ses dimensions. C'est ainsi qu'un simple poupon de quelques
centimètres de hauteur peut paraître assez effrayant.

r --,

L
18 _J
LE POINT DE VUE
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

• L'angle de vue naturel ou normal : le photographe est au même niveau que


le sujet. Cette vision est celle que nous avons au quotidien, elle induit une certaine
objectivité dans le rapport au motif principal.
• L'angle de vue haut ou «en plongée,, : le photographe est au-dessus du
sujet. Cet angle a tendance à diminuer la verticalité des motifs. Le spectateur a
une impression de domination sur la scène montrée. Une variante est le point de
vue zénithal, comme dans les photos vues du ciel de Yann Arthus-Bertrand. Dans
ce cas, la hauteur des objets est complètement écrasée.
• L'angle de vue bas ou «en contre-plongée» : le photograp he se place en
dessous du sujet. Cet angle a te ndance à accentuer la hauteur de l'objet ou de
la personne photographiée. Cela donne l'impression qu'il ou elle domine la situa-
tion et lui donne de l'importance.

Couleur ou noir et blanc?


Le choix du traitement chromatique d'un cliché est loin d'être anecdotique. En
effet, selon l'option que vous retiendrez, le spectate ur ne percevra pas la même
émotion. Pendant longtemps, cette décision se faisait préalablement à la prise vue,
en choisissant une pellicule avec un rendu monochrome ou en couleurs.
Aujourd'hui, même si certains apparei ls numériques permettent de prend re un
cliché directement en noir et blanc, pour beaucoup d'autres, c'est un choix qu'il
faut faire après la prise de vue. Cela offre une souplesse im portante et permet
de tester plusieurs options avant de faire un choix définitif. Si certains photo-
graphes actuels comme le célèbre Sebastiao Salgado ne voient la vie qu'en noi r
et blanc, pour d'autres, il s'agit d'adapter le traitement en fonction de chaque situa-
tion. Choisir de laisser un cliché en couleurs ou de le traite r en noir et blanc doit
être justifié par une réflexion. De la même manière que pour le reste, cet acte doit
appuyer le message que l'on veut faire passer.
La couleur n'est apparue que tardivement en photographie. Elle n'a commencé à
se démocratiser qu'à partir de la seconde moitié du xxe siècle. C'est en partie pour
cette raison qu'elle reste synonyme de modernité. De plus, puisque nous voyons
le monde en couleurs, il est généralement admis que ce traitement caractérise
Vl
(!)
une certaine objectivité, un rendu plus naturel. Il faut cependant l'utiliser à bon
0
..._ escient, elle doit participer de la composition de l'œuvre. Par exemple, si on veut
w
>- montrer le bleu profond de la mer ou le rouge intense d'une fraise.
lJ)
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N
©
.......
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O'l
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>-
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0
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r --,
COULEUR OU NOIR ET BLANC?
L
19 --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Le noir et blanc peut être utilisé dans bien des situations. Ici, mon souhait était d'accentuer le
graphisme répétitif des bâtiments quadrangulaires de cette ville d'Amérique centrale.
35 mm, 1/200 s,f/8, 200 ISO

Une image en noi r et blanc rappelle forcément de manière plus ou moins


Vl
consciente les premiers temps de la photographie. C'est à cette époque qu'offi-
QJ
ciaient des photographes considérés aujourd'hui comme les maîtres de cet art.
0
'-
>- Pour cette raison, le monochrome évoque souve nt un certain classicisme, une
w espèce de nostalgie vintage.
lJ")
,......
0 Le noir et blanc permet d'éliminer tout artifice chromatique. La couleur est parfois
N
considérée comme aguicheuse et flatteuse. Si elle ne fait pas partie intégrante
@
.µ de la composition, elle a tendance à masquer le propos. A contrario, le noir et
.c
Ol blanc accentue le graphisme d'un cliché. Il en fait ressorti r les lig nes et les courbes.
'i:
>-
a.
0
u

r
20 COULEUR OU NOIR ET BLANC?
'-
r 1

L
1J CONSTRUIRE UNE PHOTO

Le jaune de ce verdier d'Europe fait partie intégrante de ce que l'on veut montrer sur ce type
de cliché naturaliste. En outre, les couleurs du fond, caractéristiques de l'hiver, seraient
imperceptibles si le cliché était en noir et blanc.
420 mm, 1/500 s, f/5,6, 400 ISO

Vl
QJ

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COULEUR OU NOIR ET BLANC?
L
21 --'
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L
2 J

La composition :
Vl
(!)
règles et repères
0
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w
>-
lJ)
..--t
Quelques règles simples, une fois assimilées, vous seront d 'une
0
N grande aide pour composer des images réussies, le but étant,
©
.......
..c une fois qu 'elles sont acquises, de mieux les oublier pour
O'l
·;::::
>- inventer votre propre style.
0.
0
u
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

,
Ecrire avec la lumière
Si on décompose le mot «photographie» d'un point de vue étymologique, il signi-
fie littéralement «écrire avec la lumière». Cette définition est assez explicite. Mal-
gré ce que peuvent en dire certains, la photographie n'est pas une reproduction
rigoureuse du monde. Chacun retranscrit les choses différemment selon sa sen-
sibilité. Un autre aurait-il capturé la même chose que nous? Où se serait-il placé
par rapport au sujet? Aurait-il utilisé le même angle de vue? Aurait-il déclenché
au même moment? Aurait-il choisi la même profondeur de champ? La même
vitesse d'obturation? La même focale? Les réponses, évidemment, vous les
connaissez. Les innombrables décisions que nous prenons en une fraction de
seconde au moment d'appuyer sur le déclencheur font que chaque cliché est
unique. C'est pourquoi la photographie n'est pas une imitation, c'est une interpré-
tation.
Notre discipline se rapproche donc beaucoup plus de l'art pictural que nous ne
pourrions le penser au premier abord. Cette filiation a d'ailleurs été assumée par
bon nombre de maîtres de la photographie comme Henri Cartier-Bresson (dont
la formation initiale était la peinture) ou David LaChapelle. Malgré des moyens
techniques fondamentalement différents, la démarche artistique est identique :
dans un cadre, chaque élément est agencé de manière harmonieuse afin de com-
muniquer une idée ou une impression voulue par l'artiste.

Les règles de composition


Toutes les images bien construites répondent à des règles très anciennes. Peu
nombreuses, celles-ci sont un guide précieux pour le photographe qui veut com-
poser des photos réussies.

l'équilibre
La première notion à retenir en termes de composition photographique est l'équi-
libre des formes. En réalité, ce n'est pas une règle, mais plutôt un principe. Chaque
Vl
(!) motif que vous choisirez de faire figurer dans votre cliché a un poids visuel. En la
0 matière, on peut distinguer les masses, mais également les teintes de couleurs.
'-
w
>- Ces éléments constituent en effet des points d'ancrage pour le regard. La répar-
lJ)
..--t tition des formes géométriques et leurs caractéristiques dans l'image vont donc
0
N définir la manière dont le spectateur appréhende la photographie. Selon l'impor-
© tance de chacun, l'œil les fixera de manière plus ou moins insistante. Si vous
.......
..c souhaitez photographier une voiture par exemple et que la présence visuelle d'un
O'l
·;:::: bâtiment (masse, couleur, netteté) en arrière-plan est plus importante, le specta-
>-
0. teur ne saisira pas le sens de ce que vous avez voulu montrer.
0
u

L
24 ÉCRIRE AVEC LA LUMIÈRE
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Vl
QJ

0
'-
>-
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lJ")
,......
0
N
@

.c Ce cliché a été pris lors d'une fête religieuse en Amérique centrale. Malgré les apparences, ces
Ol
'i: enfants se trouvent au milieu d'une foule. J'ai choisi de les isoler et de montrer leur attitude. lis
>- avaient en fait perdu leurs parents et les cherchaient du regard. Je me suis servi du portoir et
a.
0 des torches situés à proximité pour équilibrer la composition. De plus, les flammes qui
u
virevoltent accentuent l'expression d'espérance qui se dégage de leur regard. Rassurez-vous,
l'histoire s'est bien terminée pour eux.
70mm, f4,5, 1/400 s, 400 ISO

r -,
LES RÈGLES DE COMPOSITION 25
L -'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c Ce pélican se baladant nonchalamment sur la plage est un sujet idéal pour le photographe.
Ol
'i: Afin d'équilibrer la composition, je me suis servi de la jeune femme qui l'observait en arrière-
>- plan. Le fait qu'elle soit floue permet de bien comprendre où se situe le sujet de l'image. Ici, les
a.
0 couleurs jouent également un rôle dans la composition. La ligne d'eau divise en effet la photo
u
en deux zones. Pour celle de droite, les couleurs chaudes du sable font écho à la peau bronzée
de la jeune femme. À gauche, le bleu plus froid de la mer renvoie au plumage de l'oiseau.
85 mm, f/8, 1/2 000 s, 400 ISO

r
26 LES RÈGLES DE COMPOSITION
'-
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Équilibrer une image ne veut pas dire que l'on doit répartir les masses de façon
régulière et symétrique. Il faut en réalité estimer l'importance de chaque motif pour
que le ou les éléments secondaires viennent jouer le rôle de contrepoids afin
d'animer la composition.

La règle du nombre d'or


La découverte du nombre d'or, ou cp, remonte à !'Antiquité. C'est un nombre dit
«irrationnel», c'est-à-dire qu'i l ne peut pas s'écrire sous la forme d'une fraction. Il
est approximativement égal à 1,6180339887 ... et contient une infinité de chiffres
après la virgule.
Depuis des siècles, les artistes, de manière intuitive ou consciente, ont remarqué
que si l'on transposait le nombre d'or à l'art et à l'architecture, on obtiendrait alors
des proportions censées être parfaites. Certains ont même parlé de proportions
divines.
Pour appliquer ce schéma à l'art pictural ou à la photographie, il faut transposer
le principe mathématique de la suite de Fibonacci (voir encadré page suivante)
d'un point de vue géométrique (voir l'image ci-dessous, à gauche) : pour créer un
rectang le d'or, il faut dessiner un premier carré central (1 ), sur un côté duquel
s'appuie un second carré (1), sur lesquels s'appuie un troisième carré (2), et ainsi
de suite (3; 5; 8; 13; 21 ... ). Si l'on trace ensuite les quarts de cercle dont le
rayon est égal au côté de chacun des carrés de la figure précédente, on obtient
une spirale d'or. À l'aide de ce schéma, il est possible de découper le cadre en
six parties. Les proportions qui en découlent sont jugées particulièrement esthé-
tiques par les Anciens.

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© Les proportions du nombre d'or.
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>-
0.
0
u

r --,
LES RÈGLES DE COMPOSITION
L
27 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

LA SUITE DE FIBONACCI
Au x111• siècle, le mathématicien Leonardo Pisano Fibonacci cherchait à résoudre un problème
d'économie marchande qui s'exprime à peu près ainsi : «Un couple de lapins, né le 1"' janvier,
donne naissance à un autre couple de lapins chaque mois, dès qu'il a atteint l'âge de deux
mois. Les nouveaux couples suivent la même loi de reproduction. Combien y aura-t-il de lapins
le 1er janvier de l'année suivante en supposant qu'aucun couple n'ait disparu entre-temps?))
Pour résoudre le problème, il établit une suite mathématique connue sous le nom de «suite
de Fibonacci» dans laquelle chaque terme est le résultat de l'addition des deux termes précé-
dents. Il obtient ainsi : 0 ; 1 ; 1 (résultat de 0+1 l; 2 (résultat de 1 + 1l; 3 (résultat de 2+1 l;
5 (résultat de 3 + 2l; 8; 13; 21; 34 ; 55; 89 ; 144; 233 ...
En vous épargnant les détails du raisonnement, Fibonacci a déterminé qu'en un an, on arrive
à 144 couples de lapins. Cette suite numérique a aussi d'extraordinaires propriétés. Le rap-
port entre un terme quelconque de cette suite et celui qui le précède tend vers cp au fur et à
mesure que l'on avance dans la série. Ainsi on obtient :
1/1 =1 2/1 = 2
3/2 = 1,5 5/3 = 1,666666 ...
8/5 = 1,6 13/8 = 1,625
21/13 = 1,615348 .. . 34/21 = 1,61904. . .
55/34 = 1,61764 .. . 89/55 = 1,61818 . . .
Lorsqu'on arrive au quarantième terme de la suite, le quotient s'approche du nombre d'or avec
une précision à 14 décimales. Ce qui est fascinant, c'est que la suite de Fibonacci se rencontre
très souvent dans la nature. La forme des feuilles des arbres et leur répartition, les propor-
tions dictant la croissance de nombreux êtres vivants, semblent commandées par des principes
mathématiques analogues.

La composition d'une photographie (ou de toute autre œuvre en deux dimensions)


est censée être harmonieuse si le motif principal de l'image est positionné sur l'un
des quatre angles (ou points forts) du rectangle central. Dans ce schéma, le tracé
de certaines diagonales partant des coi ns du cadre permet de visualise r des li gnes
de force qui faciliteront la mise en place du sujet et des motifs de la composition.
J'imagine déjà le questionnement que suscite en vous ce grand mystère de l'uni -
vers. Comme nt appliquer cette méthode dans la réalité? Je vous rassure, vous
n'êtes pas seu l dans cette situation. Cette technique est en effet assez contrai-
gnante et présente des inconvénients. En premier lieu, les formats «classiques»
Vl
(!) des tirages photographiques ne sont pas calqués sur les proportions du nombre
0
..__ d'or (bien qu'ils s'en inspi rent fortemen t). De plus, au moment de la prise de vue,
w
>- ce type de découpage est très difficile à visualiser. La règ le du nombre d'or est
lJ)
..-t donc plus facilement applicable en dessin ou en peinture, disciplines pour les-
0
N Les proportions de la quelles les artistes ont plus de temps. La photog raphie étant plus instinctive, une
© règle des tiers . méthode plus simple est uti lisée.
.......
..c
O'l
ï::::
>-
u
0.
0 La règle des tiers
La règle du nombre d'or étant relativement complexe, elle a été simplifiée
pour pouvoir être employée de manière moins alambiquée. ~idée est de
diviser le rectangle correspondant au cadre photographique en trois parties

r -,

L
28 _J
LES RÈGLES DE COMPOSITION
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

égales dans le sens de longueur ainsi que dans la largeur. On utilise pour cela
deux droites verticales et deux horizontales qui se recoupent en quatre endroits
différents du cadre. Pour la règle des tiers, ils constituent les quatre points forts
de l'image. Ce sont ces zones qu'il faudra privilégier pour placer le sujet de la
photographie. Avec un léger décalage, on peut observer une analogie entre le
point fort de la règle des tiers et celle du nombre d'or.

Exemple d'application. Le milieu du bateau est placé


sur un point fort. En faisant cela, on exploite
l'ensemble du cadre de l'image.
24 mm, f/8, 1/200 s, 100 ISO

Vl
QJ

0
POINTS FORTS ET LIGNES DE FORCE
1....
>- Les points forts (ou points d'intérêt) correspondent aux zones d'une image qu'il sera plus
w
lJ") agréable d'observer pour l'œil du spectateur. Selon le principe de la règle des tiers, ils sont
,......
0 au nombre de quatre. Ils ne sont ni trop centrés, ni trop excentrés. Le fait de placer les
N motifs principaux sur l'un (ou plusieurs) de ces points d'intérêt permet d'exploiter au mieux
@ l'espace disponible dans le cadre. En effet, si vous centrez trop votre sujet, la plus grande

..c partie de la surface du cadre restera souvent inexploitée. Un phénomène analogue se produira
Ol
·;:: si vous placez les motifs dans un coin de la photographie.
>-
a. Le fait de tenir compte des points forts au moment de choisir le cadrage d'une photographie
0
u ne constitue pas un frein à la créativité. Cela permet d'obtenir un rendu plus naturel et une
composition plus harmonieuse .
En reliant les points entre eux ou avec les coins du cadre de la photo, on obtient des lignes de
force. Elles sont utiles pour guider le regard du spectateur en y plaçant des motifs secondaires.

r --,
LES RÈGLES DE COMPOSITION
L
29 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Ce principe est infiniment plus facile à mettre en œuvre et s'adapte à tous les
formats (carré, panoramique et rectangulaire). Il est en effet beaucoup plus aisé
de découper mentalement un rectangle de cette manière plutôt que d'imaginer
les proportions du nombre d'or. De plus, beaucoup d'appareils photo actuels sont
en mesure de vous fournir des guides sur l'écran ou dans le viseur afin de vous
aider à composer idéalement votre cliché. Avec la règ le des tiers, nous n'avons
plus besoin d'être mathématiciens pour être photographes. Ouf!

Les lignes directrices


Tous les clichés que nous prenons ne sont finalement qu'une accumu lation de
droites et de courbes entre lesque lles s'étalent des aplats de couleurs. Dans cet
enchevêtrement, certai nes lignes sont, de manière évidente, plus marquées que
les autres. Il peut s'ag ir des bords d'une route, de la ligne d'horizon ou du tronc
d'un arbre par exemple. Elles constituent, en quelque sorte, la charpente visuelle
de l'image. Nous les percevons plus ou moins consciemment en observant une
scène. En complément de la règle des équi libres et de celle des tiers, la manière
dont nous les plaçons dans le cadre nous donne une occasion supplémentaire de
guider le regard du spectateur ve rs l'endroit que nous souhaitons. De plus, cer-
taines lignes nous offrent un moyen de retranscrire la troisième dimension et
donnent de la perspective à l'image.
Selon l'orientation des grandes lignes directrices, leur pouvoir évocateur ne sera
pas le même.
• Les lignes verticales : elles évoquent une impression de puissance et de force.
Il peut s'ag ir des contours d'un bâtiment ou d'un arbre par exemple.
• Les lignes horizontales : reposantes pour l'œil, elles sont synonymes d'apai-
sement, de cal me et de sérénité. La plus représentative est la ligne d'horizon.
• Les diagonales : elles sont inclinées envi ron à 45°, à mi-chemin entre les lignes
verticales et horizontales. Ces éléments graphiques induisent souvent la notion de
mouvement, mais aussi de profondeur en ajoutant une perspective à l'image. Il en
existe deux sortes.
- La diagonale ascendante qui part du coin inférieur gauche pour aller en direc-
Vl
tion du coin su périeur droit. Implicitement, ce type de ligne a tendance à induire
(!)
un mouvement vers l'avant. Ce ge nre de diagonale est considérée comme équi-
0
'-- librée et harmonieuse.
w
>-
- La diagonale descendante qui part du coin supérieur gauche pour aller en
lJ)
..--t direction du coi n inférieur droit. Elle correspond au sens naturel de lecture (sou-
0
N venez-vous). Pour cette raison, l'œil se laisse très facilement guider par une ligne
© orientée dans ce sens, quitte à moins percevoir les autres motifs de l'image. Ainsi,
.......
..c il faudra introduire des éléments verticaux afin de freiner le regard pour empê-
O'l
·;:::: cher qu'i l ne quitte l'espace photographique dans l'angle inférieur droit. La dia-
>-
0.
0 gonale descendante suggère la vitesse ou, plus rarement, l'agressivité.
u
• Les obliques : les lignes inclinées selon des angles différents des diagonales
provoquent une impression d'instabilité, de désordre.
• Les courbes : elles transmettent une certaine douceur par opposition à la rigi-
dité des angles.

r --,

L
30 _J
LES RÈGLES DE COMPOSITION
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Pour cette image, j'ai particulièrement


soigné /'agencement des lignes
directrices. Le premier but était de guider
le regard vers l'enfant et son jouet. Pour
cela, j'ai utilisé les limites de la rue.
Instinctivement, nous avons tous envie
d'aller voir ce qu'il y a au bout. De plus,
j'ai volontairement choisi de placer de
nombreuses lignes verticales dans ma
composition (j'aurais pu l'éviter en
cadrant différemment). Cela a pour effet
d'accentuer la grandeur et l'aspect
imposant des bâtiments qui contrastent
ainsi avec la fragilité de l'enfance.
SOmm, f/2, 1/1000 s, 200 ISO

Vl
QJ

0
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>-
w
lJ")
,......
0
N
@
La technique au service
de la composition

.c
Ol
'i:
>- Sans entrer dans des co nsidérations techniques poussées, on ne peut néanmoins
a.
0
u occulter l'impact des réglages de l'apparei l photo sur le rendu de l'image. Le pho-
tographe qui maîtrise ces paramètres peut alors choisi r avec précision la façon
dont il met en valeur son sujet.

r --,
LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA COMPOSITION
L
31 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Les paramètres
Comme dans toute autre forme d'art, le photog raphe utilise des moyens tech-
niques dans le but de produire des œuvres origi nales. Quels que soient les outils
employés, il est impératif de parfaitement les maîtrise r afin de contrôler le rendu
graphique fin al.
Depuis l'invention du principe de la photographie, plusieurs générations d'ingé-
nieurs se sont succédé afin d'améliorer le matériel et de pouvoir donner au pho-
tographe toujours plus de performances et de souplesse d'uti lisation. Les appareils
photo récents sont capables de prouesses étonnantes. Ils permettent d'obtenir
des images techniquement impossibles il y a quelques années. Toutefois, les fon-
damentaux de la photog raph ie restent identiqu es depu is le commencement. Un
apparei l doit comporter au moins trois éléments pour générer une photographie.
• Une surface sensible qui capture la lumière. Celle-ci peut se présenter sous
forme d'un film argentique photosensible ou d'un capteur numérique par exemple.
En employant un film plus au moins réactif à la lumière ou en modulant les capa-
cités du capteur numérique, on peut faire varier ce paramètre appelé «sensibilité».
L.:un ité employée pou r définir cette variable est l'ISO (ou ASA).
• Un obturateur qui laisse entrer la lumière pour que le capteur l'enregistre, au
moment souhaité. Le photographe contrôle ainsi le laps de tem ps pendant lequel
le capteur va être exposé à la lumière. Ce paramètre est appelé «vitesse d'obtu-
ration» et s'exprime en unité de temps (fraction de seconde, secondes ou mi-
nutes).
• Un dispositif optique qui oriente convenablement les rayons lumineux vers le
capteur et qui permet de moduler la quantité de lumière en ouvrant ou fe rm ant
un diaphragme. C'est de là que ce paramètre tire son nom, «l'ouverture ». Par
convention, sa valeu r est symbolisée par la lettre f, suivie d'un nom bre (f/2; f/2,8;
f/4 ... ). Plus la valeur du nombre est petite, plus le diaphragme est ouvert et laisse
passer une grande quantité de lumière.
Ces paramètres sont irrémédiablement liés. Si vous faites varier l'un d'entre eux,
cela aura une influence su r les autres. Ils doivent être parfaitement ajustés pour
donner ce qu'il convie nt d'appeler «la bonne exposition», Il s'agit d'obtenir la quan-
tité de lumière idéale pour que le cliché ne soit ni trop sombre, ni trop éclai ré.
Vl Vous pouvez également choisi r de so us-exposer ou de surexposer légèrement
(!)
l'image afin d'obtenir l'effet souhaité.
0
..__
>- Parmi ces trois variables fondamentales, la sensibilité influera peu sur votre com-
w
lJ) position. En revanche, la vitesse d'obturation et l'ouvertu re peuvent vous permettre
..--t
0 de mettre en valeur certains éléments de l'image ou d'en atténuer d'autres.
N
©
.......
..c
O'l
·;::::
>-
La vitesse d'obturation
0.
0 Comme je l'ai déjà indiqué, la vitesse d'obturation définit la durée que met l'appa-
u
reil à prendre la photo. On parle de «temps de pose». Si ce dernier est t rès rapide
(1 /500 s par exemple), on fige ce que l'on est en train de photographier. En re-
vanche pour un temps de pose long, tout ce qui se passe dans ce laps de temps

L
32 LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA COMPOSITION
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Afin de donner
l'impression de
mouvement et de vitesse
sur ce cliché, j'ai opté
pour une vitesse
d'obturation assez faible.
J'ai ensuite suivi le trajet
du scooter pendant le
laps de temps pour lequel
/'obturateur était ouvert.
Ainsi le sujet apparaît net
sur la photo tandis que
l'environnement est flou.
C'est ce que l'on appelle
un «effet de filé».
50 mm, f/10, 1/80 s, 100 ISO

Vl
QJ

0
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>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
Une vitesse d'obturation élevée fige l'action. Voici par exemple un oiseau en vol capturé à 1/4 000 s.
300 mm, f/7,1, 1/4 000 s, 400 ISO

r --,
LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA COMPOSITION 33
L --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

sera capturé sur le cliché. Dans ce cas, si un mouvement se produit, on obtiendra


en conséquence une traînée sur l'i mage. La modulation de la vitesse d'obturation
est donc un formidable moyen de retranscrire le mouvement. Pour les situations
pour lesquel les nous voulons figer la scène, ce paramètre a peu d'enjeu. Il suffit
que la vitesse soit assez élevée pour éviter le flou de bougé (léger mouvement
lors de la prise de vue qui entraîne une image floue). Dans ce cas, elle sert juste
à caler convenablement l'exposition.

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a. Ici, le recours à une pose
0
u longue m'a permis de
montrer le mouvement
des vagues sur
les rochers.
58 mm,f/13, 0,8 s, 100 ISO

r --,

L
34 _J
LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA COMPOSITION
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

L'ouverture
Le diaphragme est un élément circulaire localisé dans l'objectif de l'appareil photo.
Lorsqu'on l'ouvre (ou ferme), on module non seulement la quantité de lumière
disponible, mais également la profondeur de champ (ou zone de netteté). Ainsi,
plus le diaphragme est fermé, plus la scène photographiée apparaît nette sur
l'image. En revanche, si on laisse entrer une quantité importante de lumière (en
ouvrant le diaphragme), la zone de netteté sera réduite. Dans ce dernier cas de
figure, lorsqu'on fait la mise au point sur un objet, on détermine dans le même
temps le plan de l'image que l'on veut souligner. ~endroit où il se trouve se déta-
chera clairement des autres plans qui apparaîtront flous sur le cliché. ~ajustement
de l'ouverture du diaphragme est donc un bon moyen d'orienter le regard sur le
sujet de l'image, car l'œil est toujours plus attiré par les zones les plus nettes.

Pour bien mettre en


valeur cette fleur
sauvage, j'ai opté pour
une profondeur de
champ très réduite.
L'angle de vue que j'ai
choisi m'a également
permis de capter les
rayons de soleil se
reflétant dans une flaque
d'eau. Dans ce type de
cliché, l'esthétique de
l'arrière-plan est
importante. La beauté du
bokeh (voir encadré)
participe directement à la
réussite générale de la
composition.
300 mm,f/4, 1/6 400 s,
400150

Vl
QJ LE BOKEH
0
'- Le bokeh est un terme qui vient du mot japonais boke que l'on peut traduire par «flou». Plus
>-
w la profondeur de champ est faible, plus le flou sera élevé. La beauté du bokeh dépend princi-
lJ")
,...... palement de la qualité de fabrication de votre objectif. Lorsque les lamelles qui composent le
0
N diaphragme sont nombreuses. le bokeh est plus esthétique. C'est l'un des paramètres qui
@ influe sur le coût de fabrication d'une optique et se répercute bien souvent sur notre porte-

..c
monnaie .
Ol
·;::
>-
a.
0
u La sensibilité
Le paramètre de la se nsibilité n'a pas d'impact sur la composition de l'image. Cette
variable doit être ajustée en fonction de la lumière disponible pour obtenir une

r --,
LA TECHNIQUE AU SERVICE DE LA COMPOSITION
L
35 -'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

exposition correcte. Ainsi, plus on l'augmente, plus la surface qui capture la lumière
(pellicule ou capteur numérique) devient sensible. C'est bien pratique lorsque
l'ambiance devient plus sombre et que nous souhaitons tout de même conti nuer
à photographier.
Le revers de la médaille est que plus on augmente cette valeur, plus l'image s'en
trouve dégradée. En argentique, on appelle ce phénomène le «grain», Pour beau-
coup de photographes, ce dernier apporte une certaine valeur ajoutée à l'image
et un style particu lier. En numérique, on parle de« bru it». Ce dernier se décompose
en deux types : le bruit de chrominance qui est visible sous la forme de taches
de couleurs aléatoires, et le bruit de luminance qui se manifeste par des taches
plus foncées ou plus clai res donnant un rendu plus granu leux.
La majorité des photographes qui utilisent la technologie numérique tentent d'éli-
miner le bruit qui est jugé particul ièrement disgracieux (surtout celui de chromi -
Exemples de dégradation nance). De nombreux logiciels permettent d'atténuer le phénomène, mais atten-
de l'image lorsqu'on tion, car cela a pour effet de lisser l'image. En conséquence, on perd beaucoup
augmente la sensibilité. de détails.

Grain argentique (DxO). Bruit de chrominance. Bruit de luminance. Photo d'origine.

Les erreurs «classiques»


Ces erreurs courantes peuvent facilement être évitées avec un peu de concen-
tration. Il est donc utile de les rappe ler.
Vl
QJ

w
'-
>- Sujet trop centré
lJ")
,...... ~erreur la plus fréquente rencontrée en photographie est de trop centrer le sujet.
0
N Cette façon de cadrer est tellement instinctive que pratiquement tous les débu-
@ tants passent par ce stade. Inconsciemment, nous avons sans doute« l'angoisse»

.c que ce que nous photographions n'apparaisse pas sur l'i mage. Du coup, nous le
Ol
'i: mettons en plein mi lieu. Or, le cadre d'une photographie doit être exploité au maxi-
>-
a. mum. Si on centre trop le motif que l'on veut mettre en valeur, tous les bords de
0
u l'i mage ne servent plus à rien. Le cliché est donc raté. Pour éviter cet écueil, il
faut se faire violence et s'appuyer sur la règle des tiers.

r
36 LES ERREURS "CLASSIQUES»
'-
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Le regard de cette petite fille était


tellement expressif que j'ai voulu la
photographier. Malheureusement, dans
la précipitation, je n'ai pas eu le temps de
soigner mon cadrage. Il en découle que
seulement 30 % du cadre de l'image sont
exploités. Le reste de la surface ne sert à
rien. J'aurais dû orienter la photographie
verticalement et positionner le regard de
l'enfant dans le tiers supérieur du cadre.
200mm, f/5,3, 1/200 s, 400 ISO

Vl
QJ

0
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0
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Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,
LES ERREURS" CLASSIQUES"
L
37 --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Sujet coincé au bord du cadre


Dans le même ordre d'idée que le problème précédent, il arrive parfois que l'on
photographie un sujet en le positionnant trop près des bords de l'image. Ai nsi,
toute une partie de la photo reste inexploitée. De plus, le regard du spectateu r
reste coincé là où vous avez placé le motif principal. Il en découle une impression
de fru stration.

Vl
QJ

0
L
>-
w
~ Je me suis positionné trop loin pour
~ photographier ce pêcheur en train de
@ lancer sa ligne. La surface du cliché est
..., donc largement inexploitée. En recadrant
-§i radicalement, je peux visualiser l'image
·~ que je souhaitais prendre. On remarque ici
g- le rôle primordial de la ligne de pêche et
U du bouchon, à l'extrémité, qui équilibre la
composition malgré un poids visuel réduit.
28 mm, f/3,2, 1/1600 s, 100 150

r --,

L
38 _J
LES ERREURS "CLASSIQUES»
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Photographier dans le bon sens


Lorsqu'il s'agit de photographier un sujet en mouvement, les vides qui l'entourent
ont également une valeur expressive. Comme nous l'avons vu pour les cas évo-
qués précédemment, centrer le sujet serait une erreur. Pour cadrer convenable-
ment un objet ou une personne en mouvement, il y a deux façons de procéder.
• Soit on décale légèrement l'objet en mouvement pour que le plus grand vide
se trouve devant lui. Dans ce cas, l'action semblera être à son début. Le mouve-
ment apparaît plus dynamique.
• Soit on déplace l'objet en mouvement pour que l'espace vide se trouve derrière
lui. Ce schéma évoque l'idée d'une action qui s'achève.

Le positionnement de ce
bateau évoluant
lentement sur l'eau
suggère une action qui
commence. Le vide qui se
trouve devant lui évoque,
pour le spectateur, la
distance qu'il va
parcourir.
24mm,f/16, 1/4 000 s,
200150

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,...... Sur cette image, le vide se trouve derrière
0 l'enfant qui court sur la plage. Cela
N
suggère au spectateur que l'action est
@

révolue. À l'arrière-plan, on peut
.c distinguer des enfants qui jouent dans le
Ol
'i: sable. Cette disposition permet de
>-
a. montrer que le petit garçon vient de là. Le
0
u fait qu'il baisse la tête met également
l'accent sur la notion d'une action passée
(cela serait différent avec la tête relevée
et Je regard porté au Join).
200 mm,f/5,6, 1/320 s, 100 ISO

r --,
LES ERREURS "CLASSIQUES"
L
39 -'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

D'une manière générale, la dynamique d'un sujet se ra meilleure si le sens du mou-


vement s'effectue de la gauche ve rs la droite, ce qui correspond au sens de lec-
ture naturel.

L'aplomb de la ligne
Horizon penché
d'horizon est très C'est également une erreur très fréquente et cela n'arrive pas qu'aux débutants.
important. Si cette Ce problème survient généralement lorsque, trop concentré à soigner le cad rage
dernière est légèrement sur son sujet, on oublie de regarder l'arrière-plan. Si la ligne d'horizon est penchée
penchée, l'effet est très
sur vos clichés, même très légèrement, les spectateurs le remarqueront tout de
désagréable pour le
spectateur. suite. En effet, dans la vie de tous les jours, notre «niveau à bulle» interne s'éver-
28 mm, f/9, 30 s, tue constamment à garder notre regard parfaitement droit. De fait, voi r l'hori zon
200150 incliné sur un cliché est désagréable à l'œi l et donne un peu le mal de mer. Bien
sûr, il reste toujours la possibilité de recadrer après la prise de
vue, mais parfois cela ne suffit pas à sauver une situatio n.
Le fait d'incliner l'appareil au moment de la prise de vue peut être
cependant un acte volontaire. En recherche de cad rage ori ginal,
nous pouvons faire appel à cette technique pour ajouter du dyna-
misme à un portrait par exemple. Dans ce cas, il vaut mieux que
l'horizon n'apparaisse pas sur l'image. Ce procédé ne doit être
employé que très ponctuellement et est à proscrire totalement
lorsqu'on photographie un paysage.

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,

L
40 _J
LES ERREURS "CLASSIQUES»
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

Vl
QJ

0
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>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
Incliner légèrement mon appareil pour réaliser ce portrait m'a permis de donner à l'image
du dynamisme et de l'originalité. Cela n'aurait pas été le cas pour un paysage.
SOmm, f/1,8, 1/1000 s, 200 ISO

r --,
LES ERREURS "CLASSIQUES"
L
41 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

N'avoir rien à dire


C'est peut-être la pire faute que nous pourrions commettre. Pou r les autres cas
que j'ai évoqués dans ce chapitre, certaines manipulations informatiques peuvent
parfois sauver un cliché. En revanche, si une image ne dégage rien, n'a rien à
transmettre, il n'y a rien à faire. J'ai déjà abordé cet aspect dans le premier cha-
pitre de ce livre et je me permets d'enfoncer le clou ici.
C'est en effet cette notion de donner du sens à l'image qui fera de vous un meil-
leur photographe. Même dans les situations les plus banales, il faut rechercher ce
que l'on veut communiquer : une idée, une émotion, une se nsation. Au moment
de la prise de vue, il arrive parfois que l'on ait du mal à ressenti r les choses, que
notre manière de photog raph ier soit un peu trop «mécanique». Dans ce cas, il
vaut parfois mieux poser son appareil quelques minutes, prendre un peu de recul
et s'interroger sur la bonne manière de traiter la situation.

CADRAGE ET RECADRAGE
Les photographes ont toujours eu la possibilité de recadrer leurs clichés, mais avec le numé-
rique, cela n'a jamais été aussi simple. Dans certaines situations, pouvoir recadrer aussi faci-
lement présente bien des avantages. Comme nous l'avons vu, cela permet de redresser une
ligne d'horizon, mais aussi d'éliminer un élément inesthétique situé sur le bord de l'image en
rognant légèrement le cadre.
Je tiens cependant à vous alerter concernant l'emploi excessif de cette pratique. Le fantasme
de cadrer le plus largement possible, puis d'aller choisir en zoomant dans l'image des plans
qui nous intéressent, est à mon avis illusoire. Bien que le nombre de pixels grandissant per-
mette ce genre d'exercice, on perd à mon sens l'âme de la photographie. L'émotion d'une scène,
son ressenti se captent au moment de la prise de vue et pas après. La technologie offre de
formidables outils au photographe, mais elle ne remplacera jamais sa sensibilité et son inter-
prétation.

Connaitre les règles


pour mieux les transgresser
Vl
(!)
Le débutant a tout intérêt à suivre les règles de composition, au début de sa pra-
0
..._ tique, pour acq uérir les bons automati smes et apprendre prog ressivement à
>- construire correctement ses images. C'est quand on est suffisamme nt à l'aise avec
w
lJ) ces règles que l'on peut décider, sciemme nt, de s'en affranchir.
..-t
0
N
©
.......
..c
O'l
La loi est la loi?
·;::::
>- Je viens de vous présenter quelques règ les de composition afin de vous aider
0.
0 dans la réalisation de vos photographies. Cependant, si vous les appliquez de
u
manière un peu trop scolaire, de mauvais esprits auront vite fait de qualifier votre
travail comme étant trop «classique». Il s vous expliqueront sans doute que vous
ne faites pas assez preuve d'originalité, qu'il faut avoir plus d'imagination. Malheu-

L
42 CONNAÎTRE LES RÈGLES POUR MIEUX LES TRANSGRESSER
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

reusement, rien n'est simple en ce bas monde, car comme je l'ai déjà souligné, il
n'y a pas de recette magique qui commande la création d'une bonne photo. Les
règles graphiques sont utiles, mais elles doivent être considérées comme des
supports sur lesquels s'appuyer lorsque vous élaborez vos clichés. Plutôt que des
lois pour réussir vos photographies, il s'agit en fait de recomm andations pour ne
pas les rater.
N'hésitez pas à sortir de temps en temps des sentiers battus et à devenir un hors-
la-loi en quelque sorte. Cette démarche ne sera pas toujours une réussite, mais
ponctuellement, vous ferez peut-être une exceptionnelle découverte sur la ma-
nière de t raiter un sujet en étant plus orig inal. C'est en adoptant ce genre d'atti-
tude que l'on entre dans un univers fascinant : la recherche artistique.

La photo graphique
Il est parfois bon de s'affranchir de cer-
taines normes en photographie. Ainsi, les
règles décrites précédemment ne s'ap-
pliqueront que si le sujet est bien défini
à l'intérie ur de l'image. En revanche, il
arrive que nous ayons envie de mettre en
valeur le côté répét itif de certaines
scènes. À cet égard, la nature offre des
possibilités infinies. Dans ce cas, le sujet
de l'image est son aspect graphique.
Pour composer ce genre de cliché, les
règles de composition sont moins effi-
caces; il suffit de cadrer à l'endroit où
nous pensons que l'image sera la plus
esthétique.

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a. Ces trois clichés (ci-contre et pages suivantes)
0
u montrent comment il est possible de traiter
certains sujets de manière «graphique» en
s'affranchissant de certaines normes de l'art
photographique.
200 mm, f/5,6, 1/1000 s, 200 ISO

r -,
CONNAÎTRE LES RÈGLES POUR MIEUX LES TRANSGRESSER 43
L --'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
L
>-
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lJ")
,......
0
N
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Ol
'i:
>-
a.
0
u

150 mm, f/11, 1/200 s, 1600 ISO

r --,

L
44 _J
CONNAÎTRE LES RÈGLES POUR MIEUX LES TRANSGRESSER
r 1

L
2J LA COMPOSITION RÈGLES ET REPÈRES

La forme d'un escargot


est particulièrement
graphique. Pour éviter
d'avoir une image trop
symétrique, j'ai
légèrement décalé le
centre de la coquille. Cela
incite le regard à suivre la
courbe de développement
de la spirale.
150 mm,f/16, 1/60 s,
3200150

Le bon et le mauvais chasseur d'images


«Alors, pour vous, c'est quoi la différence entre le bon et le mauvais photographe?
Le mauvais photographe, c'est le gars qui a un appareil. Il voit un truc qui bouge.
Bon ben. Il déclenche ! Le bon photog raphe, c'est le gars qui a un appareil ... Il
voit un truc qui bouge ... Bon ben ... Il déclenche! Mais c'est un bon photographe!»
Je n'ai pas pu m'empêcher cette audacieuse comparaison avec le sketch mythique
des Inconnus.
Après avoir assimilé les lois à prendre en compte pour« bien composer» une pho-
tog raphie, j'imagine que vous devez vous poser quelques questions légitimes quant
à leur mise en œuvre. La première qui me vient à l'esprit est : comment appliquer
tous ces princi pes (règle des tiers, équili bre des form es, positionnement des lignes
directrices, ajustement des paramètres techniques ... ) en une fraction de seconde
Vl
QJ
lorsque nous prenons une photographie? Il est vrai que cela peut paraître assez
0 déroutant au premier abord, mais c'est avec de la pratique que l'on acquiert des
'-
>- automatismes. Il faut donc sortir de chez soi et photographier, varier les sujets,
w
lJ")
,......
tenter des choses, se tromper. C'est en faisant des erreurs que l'on avance.
0 Je vous conseille également d'être attentif au travail des autres photographes afin
N
@ de vous inspirer de ce qui vous plaît. Pour chaq ue cliché, il est intéressant de ten-

.c ter d'interpréter ce que l'artiste a vou lu di re ou transmettre. Il arri vera certainement
Ol
'i: que vous ne compreniez pas certaines œuvres. Dans ce cas, cela peut vouloir dire
>- que la photo est ratée (même les plus grands ont le droit à l'erreur) ou, plus si m-
a.
0
u plement, que vous ne correspondez pas au public que l'auteur a vou lu viser. Plus
vous allez pratiquer la photog raphie, moins vous aurez besoin d'intellectualiser
chaque situation. Au fi l du temps, vous trouverez ce rtainement votre style et vous
pourrez vous fier plus facilement à votre «instinct de chasseur d'images».

r -,
CONNAÎTRE LES RÈGLES POUR MIEUX LES TRANSGRESSER 45
L --'
Vl
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0
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0
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3
L J

En pratique
Vl
(!) Maintenant que les règles de composition n'ont plus de secret
0
'--
>- pour vous, il est temps de passer à la pratique. Nous allons voir
w
lJ)
..--t
que chaque discipline requiert des compétences particulières et
0
N qu'un photographe doit sans cesse s'adapter aux situations qui
©
.......
..c se présentent à lui. La théorie est une chose, mais la pratique
O'l
·;::::
>- est bien plus excitante, alors allons faire un tour sur le terrain.
0.
0
u
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le paysage
Ce genre photographique est probablement le plus traité par les photog raphes.
C'est peut-être aussi le plus difficile à maîtriser. Bien souvent, lorsque nous
sommes dans un lieu que nous trouvons particulièrement beau, nous avons envie
de le photog raphier. Cet acte permet non seu lement de garder en mémoire cette
expérience, mais surtout de pouvoir montrer à d'autres comme l'endroit que nous
avons vu est magnifique.
Par définition, le photographe est altruiste. Cela n'au rait aucun sens de garder
pour soi les clichés réalisés sans vou loi r les montrer. Il est un témoin comme les
autres, mais lui, il veut capturer ce qu'il voit pour le partager. Et pour le photographe
exigeant (que vous êtes certaineme nt), il faut que le cliché représente au mieux
l'expérience qu'il a vécue en observant un paysage.
Or, il arrive fréquemment que l'image que nous avons capturée ne retranscri ve pas
vraiment l'émotion que nous voulions faire passer. Il existe plusieurs raisons à cela.
En premier lieu, rappelons que, comme tous les arts, la photographie est un pro-
cédé technique. Il faut donc maîtriser un minimum ses outils afin de pouvoi r les
exploiter au mieux.
La lumière dans laquelle baigne le paysage doit également être soigneusement
choisie. Les conditions lumineuses peuvent en effet radicalement changer selon
le moment de la jou rnée ou la météo. D'une manière générale, on préférera la
douce atmosphère de l'aurore ou du crépuscule. Ces éclai rages naturels per-
mettent d'obtenir des ambiances particulières offrant des transitions progressives
entre l'ombre et la lumière. Il est en revanche déconseillé de photographier lorsque
le soleil est au zénith, car cela a pour effet d'écraser les volumes et de donner
des contrastes très durs, difficiles à atténuer.
Enfin, le dernier aspect (et probablement le plus important) pour qu'un paysage
soit réussi est l'atte ntion que l'on porte à la composition de l'image.

Généralités
Une caractéristique de la photographie de paysage, com parée aux autres genres,
Vl est le temps que l'on peut consacrer à l'élaboration de la prise de vue. C'est en
(!)

0
effet l'un des rares exercices pour lequel vous aurez généralement tout le loisir
'-
>- d'ajuster les paramètres de votre appareil et la manière dont vous voulez traiter
w
lJ) le sujet.
..--t
0 Une autre spécificité est qu'il est généralement admis que l'image doit comporter
N
© une foultitude de détails. Ainsi, on recherche habituellement une grande profon-
.......
..c
deur de champ en fermant le diaphragme de manière à ce que la photo soit
O'l
·;:::: nette sur tous les plans. Le reve rs de la médaille est que cela peut entraîner des
>-
0.. vitesses d'exposition relativement lentes lorsque la luminosité est faible. Quand le
0
u cliché est pris à main levée, on risque une perte de qualité due à un flou de bougé.
C'est pourquoi les « paysagistes » emportent souvent avec eux un trépied pour
stabiliser leur apparei l et éviter ai nsi ce problème. Dans certaines configurations,
les long ues expositions sont même recherchées. C'est le cas lorsque l'on photo-

L
48 LE PAYSAGE
r 1
3 EN PRATIQUE
L "

graphie la mer ou une cascade par exemple, afin de donner à l'eau un effet de
((fi lé».
Enfin, le dernier aspect à retenir est que l'on ne peut pas moduler à sa guise les
différentes composantes de son cliché comme le ferait un peintre. On doit donc
en permanence s'adapter à ce que l'on voit. C'est une constante en photographie,
mais ceci est particulièrement manifeste pour les paysages, car la scène est figée,
immuable. La li berté d'action du photographe est donc restreinte. Pourtant, malgré
les apparences, nous allons voir qu'il y a de multiples possibilités pour rendre
hommage aux paysages que vous rencontrerez.

LA PHOTO DE PAYSAGE PAS À PAS


Contrairement aux apparences, la pratique du paysage est particulièrement difficile. Bien sûr,
il n'y a pas de recette magique pour arriver à retranscrire nos envies graphiques. Cependant,
prendre les choses avec un peu de méthode peut parfois aider à trouver la marche à suivre
en situation.
1. En premier lieu, observez la lumière. Même si celle-ci n'est pas idéale (lumière trop dure par
exemple), il y a souvent une solution pour atténuer le phénomène. Vous pouvez changer
d'angle, de cadrage, bouger pour avoir le soleil dans le dos ...
2. Il faut ensuite choisir un sujet. Celui-ci détermine bien souvent les autres étapes. En la
matière, vous êtes seul maître à bord. Il peut s'agir d'une maison, d'un arbre, d'un bateau,
d'une montagne, de la mer...
3. La troisième étape consiste à adapter le point de vue à la situation qui se présente à vous.
Pour trouver le cadrage adéquat, je vous conseille de varier les possibilités en tentant
différents angles de vue [classique et contre-plongée par exemple) ou en changeant le format
[vertical, panoramique .. .l.
4. Enfin, il arrive que, lors de notre recherche pour réaliser la première vue, nous ayons une
seconde idée pour mettre en valeur un paysage. Ne soyez pas avare de cartes mémoires (ou
de pellicules) et tentez d'autres possibilités.

Définir le sujet : la hiérarchie des plans


Afin de composer une image convenablement, il est nécessaire de bien définir le
sujet. C'est la première question que nous devons nous poser. Qu'est-ce que nous
Vl
(!) voulons photographier ? Est-ce que ce sont les montagnes au loin ou est-ce la
0 petite cabane en bois située au premier plan que je souhaite mettre en valeur ?
'--
w
>- Tous les paysages doivent se composer de plusieurs plans. Si ce n'est pas le cas,
lJ)
..--t il y a de grandes chances pour que le cliché soit raté. Par exemple, si vous cadrez
0
N seu lement une chaîne de montagnes qui vous plaît au loin, sans aucun élément
© devant ou derrière, votre image sera plate, sans profondeur. Cette notion est donc
.......
..c capitale .
O'l
·;:::: D'une manière classique, on admet donc qu'une bonne photographie de paysage
>-
0.
0 doit comporter au moins deux niveaux de lecture : le premier plan et l'arrière-
u plan. Des plans intermédiaires peuvent naturellement se glisser entre eux; cela
enrichit l'image, mais attention à ne pas trop en faire de peur que la photo ne
devienne complexe à décrypter.

r -,
LE PAYSAGE
L
49 -'
LES SECRETS OU CADRAGE PHOTO

La manière dont vous allez mettre en valeur votre sujet et son environnement va
dicter la façon dont le spectateur doit lire votre création. C'est là votre arme prin-
cipale : le cadrage. En bougeant, en changeant l'angle de vue, la focale, vous
pouvez influer sur la manière dont vous vou lez que l'observateur interprète l'image.
Je rappelle qu'en général, il faut éviter de trop centrer le sujet. Nous avons vu que
la règle des tiers est sans doute la plus simple à mettre en œuvre. Elle s'applique
de manière pertinente pour les paysages et sera une all iée de poids dans votre
approche. À ce propos, n'oubliez pas qu'il n'y a pas de dogme. Les règles gra-
phiques sont là pour guider le photographe dans ses choix de composition, mais
il ne faut pas les considérer comme des lois rigides à respecter scrupuleusement.
En la matière, il faut parfois se laisser guider par sa sensibi lité. Ce constat est vrai
pour tous les genres photographiques.

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0 Dans cette photo, la hiérarchie des plans est claire. J'ai voulu
N
mettre en valeur cette petite barque de pêcheur traditionnelle.
@

Pour réaliser cela, j'ai placé l'objet au premier plan en le
..c décalant vers la gauche afin de ne pas emprisonner le regard .
Ol
'i: En adoptant un angle de vue bas (j'étais à genoux), j'ai permis
>-
a. à l'embarcation de bien se détacher des plans suivants. Cela
0
u n'aurait pas été le cas si j'avais adopté un point de vue plus
plongeant. Ici, la barque est le sujet, mais elle est représentée
dans son environnement. On distingue bien la plage et la mer qui
s'étend à perte de vue.
24 mm, 200 ISO, 1/200 S, f/8

r --,

L
50 _J
LE PAYSAGE
r 1
3 EN PRATIQUE
L "

Ici, le sujet ne se trouve pas au premier plan de l'image.


Remarquez qu'il ne se situe pas non plus à l'arrière-plan, mais à
un niveau intermédiaire. Le premier plan est disposé de telle
façon qu'il guide l'œil de l'observateur vers la tour génoise en
ruine. Dans la hiérarchie des plans, c'est donc le second qui est le
plus important. Les collines au fond de l'image ainsi que le ciel
nuageux sont là pour poser l'ambiance et contrastent avec la
lumière du coucher de soleil qui éclaire la tour. Vous remarquerez
donc que tous les éléments participent à la construction de
l'ensemble. Ils sont là pour guider la lecture de l'image telle que
le photographe l'a voulue.
17 mm, 200 ISO, 1 s, f/13

Entrer dans l'image


Vl
QJ Un aspect très important à maîtriser lorsqu'on compose un paysage est de per-
0
'-
mettre au spectateur d'entrer dans l'image. On parle de point d'accroche. Lorsque
>- le motif principal (cela peut être un rocher, un arbre, un objet. .. ) est placé au
w
lJ")
,...... premier plan, il a en général un double emploi. Il sert à la fois de point d'accroche
0 et de sujet. Mais, lorsque cela n'est pas le cas et que l'on souhaite mettre en
N
@ valeur un objet localisé sur un plan intermédiaire ou à l'arrière-plan, il faut recou-

.c rir à des éléments d'importance moindre qui permettent au spectateur d'entrer
Ol
'i: dans l'image.
>-
a. Le concept le plus employé en paysage pour y parvenir est la ligne directrice.
0
u En choisissant d'utiliser de manière subti le une forme linéaire (un chemin, une
rivière, une ligne de côte, une rambarde ... ), le photographe incite l'observateur à
la suivre et le guide ainsi vers le sujet en passant par les différentes composantes
de son image. Ainsi, idéalement, la ligne parcourt une partie importante de la

r -,
LE PAYSAGE
L
51 -'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

surface photographique, le rest~


au ciel.
La ligne directrice a aussi une c
permet de donner encore plus d
rappeler ici que la photographie
Pour faire ressortir la dimension
un paysage, le photographe se ~
aussi des éléments graphiques

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
r i
L3 J EN PRATIQUE

Vl
QJ

0
'-
>-
w Cette photographie me permet d'introduire la notion de paysage urbain. On a souvent
lJ")
,...... tendance à penser le paysage comme mettant en exergue la nature. Ici, mon but était
0
N justement d'opposer le milieu naturel, incarné par la mer, à la ville. Pour ce faire, j'ai utilisé un
@ point de vue bas. Le banc ne constitue pas vraiment le motif principal de la composition. li est
.µ là pour remplir l'espace au premier plan et sert de point d'accroche. Les nombreuses lignes de
.c
Ol l'image convergent vers un point central. De là, le regard peut remonter vers le ciel divisé en
'i:
>- deux. Ce dernier constitue l'assise de la composition, montrant une ambiance nuageuse côté
a. mer tandis que, côté ville, le temps est clair. Vous remarquerez que, dans cette organisation,
0
u j'ai souhaité mettre l'accent sur l'élément urbain qui occupe la majeure partie du visuel.
24 mm, 320 ISO, 1/400 s, f/8

r -,
LE PAYSAGE
L
53 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Cette image est divisée en deux de manière oblique. Ici, la ligne directrice représentée par la
voie ferrée est particulièrement imposante. Elle accroche tout de suite le regard. Le spectateur
peut la suivre jusqu'à l'arrière-plan où elle tourne et ramène /'œil vers le centre de l'image.
Pour ce cliché, la ligne est à la fois le motif principal et l'artifice qui permet d'explorer
l'ensemble du cliché de manière harmonieuse.
24 mm, 400 ISO, 1/320 s, f/8

Le concept de ligne directrice est particulièrement efficace. Cependant, ce la ne


Vl
QJ
représente pas le seul procédé pour aider le spectateur à entrer dans l'image. Il
0
m'arrive, par exemple, fréquemment d'utiliser un personnage observant le paysage
'-
>- que je veux photographier afin de magnifier ce dernier. Cet individu qui regarde
w
lJ")
l'hori zon est finalement une personnification du photographe. Par son intermé-
,......
0 diaire, il entre dans l'image. Cela donne un certain dynamisme à la composition
N
et permet également de donner un point d'appui au spectateur.
@

..c Il arrive parfois dans un paysage que le manque de profondeur soit dû à la pro-
Ol
'i:
fusion de lignes horizontales. Les plans, orientés de cette manière, peuvent se
>- succéder de manière un peu trop répétitive depuis le premier plan jusqu'aux
a.
0
u nuages courant dans le ciel. Cela donne une image « lisse » dans laquelle l'œil a
du mal à trouver son chemin. Nous verron s que cet effet peut être recherché
volontai rement mais, dans la démarche classique d'un paysagiste, ce phénomène
doit être évité.

r
54 LE PAYSAGE
'-
r i
L3 J EN PRATIQUE

En voyant arriver cette jolie surfeuse sud-américaine, j'ai saisi l'occasion pour m'en servir dans
ma composition qui aurait sans doute été fade sans elle. L'orientation de son surf ainsi que la
ligne de côte qui serpente jusqu'à /'arrière-plan constituent la structure générale de l'image.
24 mm, 400 ISO, 1/320 s, f/8

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0 Pour cette photo, j'étais
N
particulièrement inspiré par
@

le ciel chargé qui se
.c développait au-dessus de la
Ol
'i: mer. En voyant cet homme
>-
a. assis là à regarder la même
0
u scène que moi, j'ai pensé que
cela ferait un bon point
d'accroche pour ma
composition.
24 mm, 320 ISO, 1/400 s, f/8

r ---,
LE PAYSAGE
L
SS ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,

'-
56 _J
LE PAYSAGE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Ce lieu insolite (ci-contre) est une source d'eau pétrifiante située dans l'état d'Oaxaca au
Mexique. L'endroit est magnifique, mais difficile à mettre en valeur. Le paysage est en effet
composé d'une succession de zones orientées horizontalement à perte de vue. J'ai donc
cherché un élément qui contraste avec le reste afin de casser la monotonie de /'ensemble. Un
arbre mort et son reflet m'ont fourni un point d'accroche intéressant pour structurer mon
cliché. L'orientation verticale du cadrage fait écho à la composition et souligne cette volonté.
24 mm, 400 ISO, 1/500 s, f /8

L.:astuce consiste à rompre la monotonie du paysage organisé en aplats horizon-


taux en cherchant à y introduire un élément vertical. Cela fournit au spectateur
un objet qui attire l'attention, lui permettant d'entrer dans l'image et d'observer
l'œuvre plus intensément par la suite. Les possibilités sont nombreuses et n'ont
de limites que votre imagination.
Si la scène que vous souhaitez immortaliser ne comporte aucun motif vertical,
vous pouvez à votre guise choisir un objet ayant une forme différente et qui pro-
voque une rupture avec le reste. Cela peut être un rocher à la forme esthétique
ou une noix de coco posée sur une plage par exemple.

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c Ce cliché d'un coucher de soleil sur la mer des Caraïbes est une bonne illustration de ce que
Ol
'i:
peut être la succession des plans horizontaux, depuis le trait de côte, les vagues sur la mer,
>- l'horizon et la course des nuages dans le ciel. Sans la présence du palmier au premier plan,
a.
0 l'image serait sans doute un peu ennuyeuse. J'ai choisi cet arbre en raison de la palme cassée
u qui vient rompre (c'est le bon mot) l'effet carte postale. Le personnage au bout du petit ponton
en bas à droite fait un rappel vertical au palmier. Il redonne du dynamisme à la photo et en
constitue de manière subtile le sujet principal.
24 mm, 200 ISO, 1/8 s, f/5,6

r --,
LE PAYSAGE
L
57 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Un cadre dans le cadre


Un autre principe peut être appliqué pour composer un paysage. Il s'agit d'enca-
drer votre cliché avec les éléments qui sont à votre disposition. De la même
manière que pour les techniques précédentes, cela permet au spectateur d'entrer
dans l'image. Le centre d'intérêt est par conséquent concentré vers le milieu. Un
autre atout de cette méthode est de donner de la perspective. Le cadre crée un
premier plan et permet de se proj eter vers le sujet principal. Pour ma part, j'opte
souvent pour ce type de composition de manière opportune, lorsque je n'ai pas le
loisir de construire mon image autrement. Dans certains cas, ce genre d'arrange-
ment peut être judicieux, mais je trouve qu'il a tendance à enfermer le regard. Je
vous conseille donc de l'utiliser avec parcimonie.

Vl Cette photographie est une évidente


QJ
application du principe consistant
0
L à « encadrer » le sujet. Ici, le cadre
>- occupe même 70 % de l'image. li donne
w
~ l'impression au spectateur d'observer la
o scène à travers une fenêtre. L'avantage
N
de cette méthode est de créer un point de
@
..., vue original et d'ajouter de la perspective.
"§i Néanmoins, cela enferme le regard du
·;:: spectateur. Dans ce genre de situation,
>-
a. la maîtrise de l'exposition peut poser
0
u problème. Ici, j'ai utilisé un système de
mesure moyen sur l'ensemble de l'image
pour ne pas que l'arrière-plan, plus
lumineux, soit surexposé.
35 mm, 400 ISO, 1/60 s, f/5,6

r -,

L
58 _J
LE PAYSAGE
r i
L3J EN PRATIQUE

Cette vue de cascade montre une manière plus


subtile de créer un« cadre dans le cadre». La
chute d'eau est vraiment belle, mais il me semblait
que mes clichés rendaient ce paysage un peu plat,
sans profondeur. Excepté quelques rochers
disgracieux, je n'avais aucun élément à placer au
premier plan pour construire un point d'accroche
satisfaisant. Au détour d'un sentier, en remontant
de mon point d'observation, j'ai trouvé opportun
d'encadrer la cascade avec les branches des arbres
se trouvant là. Outre la perspective qu'introduit
cet effet, il permet au spectateur de s'imaginer
lui-même découvrant cet endroit idyllique au
détour d'un feuillage.
35 mm, 200 ISO, 1/60 s, f /8

Un paysage moins sage


Les grands principes que je viens d'exposer sont relativement dél icats à mettre
en œuvre. Contrairement aux apparences, trouver la manière de les appliquer pour
chaque situation est loin d'être aisé. Cependant, il s'agit des méthodes les plus
« conve ntionnelles ». Elles sont donc connues par bon nombre de photog raphes
Vl
QJ qualifiés. Ponctuellement, il est bon d'être un peu audacieux et de chercher à
0 s'affranchir de ces normes.
'-
>-
w Cette recherche vous permettra probableme nt de vous démarquer des autres,
lJ")
,...... mais aussi d'aller un pe u plus loin dans l'interprétation du paysage que vous avez
0
N devant les yeux. L:exercice est risqué, car vouloir être anticonformiste ne donne
@ pas toujours des images de qualité. Il vous arrivera peut-être de produire des pho-

.c tos difficiles à lire ou dont le sens sera délicat à saisir. Pourtant, avec de la per-
Ol
'i: sévérance, je suis sû r que cela vous apportera quelques réussites. N'oublions pas
>-
a. que c'est avec de l'audace que sont nés les cou rants artistiques les plus influents.
0
u Je vous invite donc à sortir de temps en temps des sentiers battus et à imaginer
une autre photo de paysage. Vous com prend rez de manière évidente qu'en la
matière, il n'y a pas de règles à suivre. C'est votre sensibilité qui vous permettra
d'obteni r des angles de vue originaux.

r -,
LE PAYSAGE
L
59 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Ce cliché en noir et blanc représente une cascade assez originale puisqu'elle a la particularité
de s'organiser en une ribambelle de filets d'eau. Les vues d'ensemble du lieu étaient plutôt
réussies, mais j'ai eu également l'idée de traiter ce sujet de manière différente. Ici, la photo
montre un détail de la cascade. J'ai volontairement ajouté un élément oblique en bas à droite
pour enrichir la composition et casser l'aspect répétitif Le résultat final est plein de défauts si
on le regarde dans une optique « classique ». Néanmoins, l'abstraction graphique de l'image
rend, à mon sens, le visuel intéressant.
17 mm, 200 ISO, 2,5 s, f/13

Il est généralement admis que, en


paysage, la profondeur de champ doit
être la plus étendue possible (comprenez
vi
QJ
que l'image doit être nette du premier au
0
dernier plan). Il est néanmoins possible
);_ de traiter certaines situations de manière
w différente. Sur ce cliché, j'ai souhaité
lJ")
,...... mettre en valeur la vague venant lécher
0
N le sable de cette belle plage baignée
@ dans la lumière du soir. Dans cette
.µ optique, j'ai effectué la mise au point
.c
Ol sur l'écume de l'eau au premier plan et
·;::
>- j'ai ouvert le diaphragme afin d'obtenir
a. une profondeur de champ réduite. Si le
0
u cliché avait été net sur tous les plans, le
spectateur aurait compris la composition
de manière différente.
50 mm, 200 ISO, 1/1 000 s, f/1,8

r -,

L
60 _J
LE PAYSAGE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Pour cette image, je vous accorde que son classement dans le genre photographique du
paysage est largement contestable. Je pense cependant qu'il ne s'agit pas d'un gros plan ou
d'un autre style. La catégorie dans laquelle je rangerais le cliché pourrait être : paysage
original. Il illustre donc complètement notre propos. Cette vue représente une dune de bord de
mer sculptée par le vent. En visitant ce lieu, j'ai trouvé cette caractéristique particulièrement
graphique. Les lignes d'ombres ondulent sur le sable à perte de vue. Contrairement aux
apparences, composer cette image n'a pas été chose facile. Il m'a fallu trouver un endroit où
personne n'avait laissé d'empreinte de pas pour pouvoir capturer le phénomène naturel sur
une grande distance. Ensuite, j'ai longuement cherché l'angle idéal afin de mettre en valeur les
vaguelettes et rendre compte de l'effet de répétition. En regardant le cliché, l'observateur a du
mal à définir ce qu'il voit dans un premier temps. Il a tendance à s'interroger sur ce qu'on lui
présente. C'est probablement la quête de tous les artistes : susciter un questionnement.
24 mm, 200 ISO, 1/200 s, f/8
Vl
QJ

0
'-
>- EN RÉSUMÉ ...
w
lJ")
,...... • Prendre son temps pour étudier la situation.
0
N • Essayer d'obtenir une grande profondeur de champ.
@ • Commencer par bien définir le sujet et la hiérarchie des plans de l'image .

.c • Utiliser les lignes ou les éléments secondaires de la scène pour guider le regard et donner
Ol
'i: de la profondeur.
>-
a. • Quand c'est possible, se servir des objets pour encadrer le sujet et introduire une troisième
0
u dimension.
• Chercher l'originalité en sortant des normes.

r -,
LE PAYSAGE
L
61 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le portrait
Tous les photographes se sont attelés un jour ou l'autre à ce genre photog raphique.
C'est d'ailleurs souvent l'une des prem ières choses que nous faisons lorsque nous
achetons un appareil photo : un portrait. Il s'agit la plupart du temps de photogra-
phier des membres de notre famille ou des amis. D'ailleurs, le si mple fait d'avoir
capturé l'image de quelqu'un que nous ai mons suffit généralement à notre bon-
heur, même si les plus exigeants ressentiront parfois la fru stration de ne pas avoir
totalement rendu hommage à la personne dont ils ont « tiré le portrait ».
En effet, il ne suffit pas seulement de photographier l'apparence de quelqu'un, il
faut aussi savoi r retranscrire ses émotions, ses sentiments tels que la joie, la
sérénité, l'étonnement. .. Un bon portraitiste sait révéler la personnalité de chacun
de ses modèles.

Généralités
Avec le paysage, le portrait constitue certainement le genre le plus populaire. La
plupart des photographes sont fascinés par la nature humaine. À travers leurs
clichés, ils essaient de montrer la palette d'émotions infinies dont les hommes
peuvent faire preuve.
La photographie est plus subjective qu'il n'y paraît. Lorsqu'o n prend quelqu'un en
photo, on le fait différemment d'un autre. En ce sens, on peut dire que chaque
portrait est également une photographie de nous-mêmes. Chaque cliché montre
irrémédiablement notre sensibil ité, nos états d'âme du moment. C'est vrai pour
tous les genres, mais c'est exacerbé pour un portrait puisque la personne que
nous photographions peut s'apparenter, en quelque sorte, à notre reflet. Pou r vous
en convaincre, vous pouvez regarder les clichés d'une star hollywoodienne qui a
posé pour plusieurs grands photographes. Vous constaterez sans doute que leurs
travaux so nt complètement différents. Chaque arti ste veut mettre en évidence une
facette particulière de son modèle.
Deux types de situations peuvent être distingués pour réaliser un portrait.
• La séance de prise de vue s'effectue dans un cadre dédié, en studio ou dans
Vl un environnement choisi au préalable. Le modèle sait que l'on est en train de le
(!)

0
photog raphier, il pose. On peut donc lui donner des indications pour qu'il ait l'atti-
'-
>- tude que l'on souhaite. Ces conditions permettent de maîtriser beaucoup de para-
w
lJ) mètres (environnement, lumière, cad rage minutieux). ~inconvénie nt est que le
..--t
0 modèle sera parfois crispé en raison de l'omniprésence du photographe, il se
N
se ntira peut-être un peu trop observé. Il s'agira alors de réussir à le mettre à l'aise.
©
.......
..c
• La prise de vue se déroule dans des co nditions dites « normales ». Le modèle
O'l
·;:::: évolue dans un envi ronnement fami lier, chez lu i ou au travai l par exemple. Il sait
>-
0.. qu'un photographe est là, mais ce dernier n'intervient pas. Au contrai re, il essaie
0
u de se faire oubl ier afin de capter l'attitude la plus naturelle possible qui pourrait
retranscrire un état d'esprit, une émotion. Ce cas de figure permet d'obtenir des
comportements plus spontanés ; en revanche, le photog raphe ne contrôle pas le
sujet ni les conditions de prise de vue. Il saisit l'instant, il ne l'invente pas.

L
62 LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

Un portrait réalisé en studio permet de maîtriser


beaucoup de paramètres. Ici, j'ai pu ajuster la lumière
à l'aide de deux sources déportées. Ce type
d'environnement conditionne le modèle qui prend la
pose.
85 mm, 100 ISO, 1/200 s, f/2,8

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i: Lorsque le modèle n'est
>-
a. pas au courant qu'on le
0
u photographie, cela
permet d'obtenir des
poses plus naturelles.
200 mm, 400 ISO, 1/1 250 s,
f/5,6

r -,
LE PORTRAIT
L
63 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le portrait et le noir et blanc


Le noir et blanc est très souvent lié au genre du portrait. Ce traitement permet
en effet d'obtenir une palette de lecture du visage plus diversifiée. On peut, par
exemple, mettre en valeur les traits et la personnalité d'un sujet avec un éclairage
contrasté qui fait ressortir les volumes. Au contraire, un éclairage doux aura ten-
dance à gommer les imperfections et les défauts de la peau. On peut également
se servir du même procédé pour faire avantageusement ressorti r le regard par
exemple. Beaucoup de photographes considèrent ainsi que seul le traitement
monochrome est à même de révéler la vraie personnalité des visages.

Vl
QJ La forte lumière du milieu de la journée fait ressortir La douceur de l'éclairage a permis d'effacer presque
0 les traits marqués du visage de cette vieille dame. tous les contrastes de la peau de ce jeune enfant
L
>- 200 mm, 200 ISO, 1/250 s, f/5,6 pour faire ressortir son regard pétillant.
w
lJ")
85 mm, 200 ISO, 1/200 s, f/2,2
,......
0
N « NOIR ET BLANC » OU « MONOCHROME » ?
@
.µ Nous pourrions penser que ces mots désignent la même chose, mais ce n'est pas le cas .
.c Comme son nom l'indique, le noir et blanc est caractérisé par l'absence totale de couleur. Il
Ol
'i:
>- est seulement défini par des nuances de gris. Certains traitements peuvent cependant utiliser
a. en plus un ton coloré unique. On parle alors de monochromie. L'exemple le plus emblématique
0
u est la couleur sépia. On peut également utiliser des teintes bleutées , rouges ou brunes.
Si certains spécialistes du genre se sentiront offusqués que quelqu'un désigne un traitement
« noir et blanc » sous le terme « monochrome », la plupart du temps personne ne relèvera la
nuance. De plus, le rai sonnement est identique pour les deux cas de figure.

L
64 _J
LE PORTRAIT
r i
L3J EN PRATIOUE

Regardez-moi dans les yeux !


Les yeux constituent selon une expression populaire « les miroirs de l'âme ». C'est
avant tout le regard qui définit le caractère d'une personne. Il est donc d'une
importance primordiale dans l'exercice du portrait. Cela simplifie grandement les
choses pour le photographe : nous n'avons plus à chercher le sujet de l'image, il
est tout trouvé. Pour un portraitiste, les yeux de son modèle constituent donc le

Vl
(!)

0
'--
w
>-
lJ)
..--t
0
N
©
.......
..c
O'l
·;:::: Pour un portrait, il est
>-
0. nécessaire de mettre l'accent
0
u sur le regard. La netteté peut
être réalisée sur un seul œil.
Cela suffit à donner de la
personnalité au modèle.
85 mm, 800 ISO, 1/640 S, f/2

r -,
LE PORTRAIT
L
65 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

motif principal. L.:exercice impose par conséque nt qu'au moins un des yeux soit
net car, si ce n'est pas le cas, votre modèle perdra sa personnalité. Le rendu de
l'image gênera certainement le spectateur, car le regard constitue le point le plus
expressif du visage humain.
En termes de composition, cela signifie donc que le sujet de l'image est préétabli.
Tous les êtres humains sont en effet attirés instinctivement par les visages et les
yeux. Le regard des spectateurs sera donc automatiquement dirigé vers ces zones.
Les autres éléments tels que les mains, les cheveux et l'environnement dans lequel
évolue le modèle, constituent donc, de fait, des motifs secondaires.
Pour réaliser un portrait, nous avons donc à nous concentrer sur les yeux et à les
placer judicieusement dans le cadre pour ajuster notre composition. En la matière,
la règle des tiers constitue le principe de construction su r lequel il faut s'appuyer
dans la très grande majorité des cas. Libre à vous ensuite d'ajuster le cadrage
afin de faire apparaître ou non les autres parties du corps, ou de réaliser un gros
plan sur le visage uniquement.

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

..c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,

1....
66 _J
LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

Pour composer un portrait, il faut placer le


regard dans le cadre en s'appuyant sur les
points et les lignes de force issus de la règle
des tiers. li ne s'agit pas de respecter la
géométrie de ce principe au millimètre près,
mais de découper l'image mentalement pour
ajuster le cadrage. L'idée est de ne pas trop
centrer le sujet et d'avoir un guide pour éviter
de rater un cliché.
85 mm, 100 ISO, 1/500 s, f/2,8
85 mm, 400 ISO, 1/150 S, f/2,5

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,
LE PORTRAIT
L
67 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Plans et cadres
Dans l'exercice du portrait plus que dans les autres genres, l'orientation du cadre
est fortement liée au type de plan pour lequel le photographe va opter (voir enca-
dré p. 71). À cet égard, il me semble que deux grands cas de figure (pour faire
un mauvais jeu de mots) peuvent se présenter.
• Le portraitiste a envie de réaliser un plan serré du visage de quelqu'un. Ce choix
se ra beaucoup mieux servi par un cadrage vertical. Cette orientation permet en
effet d'utilise r complètement l'espace disponible, car elle est adaptée à la forme
humaine du visage. C'est le
choix naturel ve rs leque l le
photographe va s'orienter très
majoritairement, car il est plus
instinctif dans cette situation.
Le format carré convient éga-
lement très bien aux gros
plans. Dans ce cas, la règle
des tiers est moins adéquate.
Comme ce format est symé-
trique, le sujet peut être rap-
proché du centre de l'image
avec succès.
• Le photographe veut réali-
ser un portrait, mais il souhaite
également montrer (ou sug-
gérer) l'enviro nn ement de la
prise de vue. Dans ce cas, il
est préférable de choisir un
format horizontal. Cela permet
de disposer d'un espace d'un
côté ou de l'autre du modèle
pour évoq uer le lieu dans le-
quel il évolue. Ce format est
égaleme nt emp loyé de ma-
Vl
QJ
nière logique lorsque le mo-
0 dèle est en position allongée.
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
Pour un plan poitrine, le format
vertical est certainement le plus
adapté.
85 mm, 200 ISO, 1/250 s, f/2,2

r --,

L
68 _J
LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u Le format carré est bien adapté au gros plan. Dans ce cas, il est possible
de s'affranchir de la règle des tiers et de mettre l'accent sur la symétrie
du visage du modèle.
250 mm, 400 ISO, 1/250 s, f /5, 6
50 mm, 400 ISO, 1/160 s, f/2

r -,
LE PORTRAIT
L
69 ..J
LES SECRETS DU CADRAG E PH OTO

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
Le format horizontal peut être utilisé favorablement pour réaliser un plan large (ou moyen) et mettre en
valeur le décor.
85 mm, 100 ISO, 1/ 1 000 s, f/1,8
50 mm, 400 ISO, 1/60 s, f4,5

r --,

'-
70 _J
LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

Parfois, la position du
modèle induit fortement
l'orientation du cadrage.
Lorsque le personnage
que vous photographiez
est allongé, il sera
souvent mieux mis en
valeur par un cadre
horizontal.
85 mm, 200 ISO, 1/500 s, f/2
50 mm, 400 ISO, 1/250 s, f/4

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,...... LE PORTRAIT EN PLANS
0
N On distingue en portrait toute une série de plans spécifiques à cette discipline. En voici la liste.
@
.µ • Le plan moyen ou portrait en pied : le modèle est présenté sur toute sa hauteur.
_c:
Ol
·;:: • Le plan américain : le modèle est cadré jusqu'au-dessus des genoux. Il est appelé ainsi en
>- référence au cinéma hollywoodien, car il permettait de montrer un sujet avec ses pistolets
a.
0 dans les westerns.
u
• Le plan poitrine : cadre la poitrine et le visage.
• Le gros plan : cadre le haut des épaules et le visage.
• Le très gros plan : cadre uniquement le visage.

r -,
LE PORTRAIT
L
71 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Les différents plans de la photographie de portrait.

L'arrière-plan
En portrait plus que dans les autres disciplines, un soin tout particulier doit être
accordé à l'arrière-plan. Ce dernier aura plus ou moins d'importance selon votre
cadrage (nous l'avons vu), mais également se lon vos choix techniques. Il est com-
munément admis en portrait que le sujet doit clairement se détacher du fond. Pour
Vl
QJ
le faire ressortir, les photographes choisissent généralement d'ouvrir le diaphragme
0 de leur objectif afin que l'arrière-plan apparaisse flou. Ai nsi, le contraste est très
L
>- clair entre le sujet et son environnement. Le procédé est très efficace et met en
w
lJ")
,......
valeur les visages de manière très esthétique. De plus, les portraitistes optent
0 également pour des focales relativement longues (50 mm et plus) pour accentuer
N
@ cet effet. Si l'arrière-plan n'est pas assez uniforme, des éléments peuvent venir
.µ gâcher votre cliché en perturbant sa lectu re. Il est donc souvent plus délicat de
.c
Ol réaliser un portrait en cadrant large (environnement trop présent) qu'en gros plan.
'i:
>- Le bokeh (ou flou) d'arrière-plan est le moyen le plus utilisé pour sublimer un modèle,
a.
0
u mais ce n'est pas le seul. Le portraitiste peut également choisir de photographier son
sujet sur un fond coloré ou sur un motif « graphique » comme un mur de pierre. Dans
les deux cas, l'esthétique de l'arrière-plan permettra la mise en valeur de la personne
photographiée.

L
72 LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

Sur cette image, les couleurs et le graphisme du mur tagué à l'arrière-plan


Vl
QJ contrastent avec le modèle. C'est un autre moyen de rehausser la présence
0 de la personne photographiée.
'-
>- 50 mm, 200 ISO, 1/125 s, f/4
w
lJ")
,......
0
N
@

..c
Ol
·;:: Pour ces deux clichés, la faible
>-
a. profondeur de champ m'a permis
0
u d'obtenir un joli bokeh en arrière-
plan.
85 mm, 200 ISO, 1/400 s, f /2
85 mm, 800 ISO, 1/320 s, f /2

r -,
LE PORTRAIT
L
73 ...J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vers un portrait plus atypique


Des partis pris moins convenus peuvent être envisagés pour traiter un portrait. On
peut, il est vrai, transgresser les règles (ceci est valable pour toutes les disciplines
d'ai lleurs) et choisir de s'écarter des codes visuels classiques. Je tiens cependant
à mettre en garde les débutants concernant ce type d'exercice. Mieux vaut, en
effet, bien maîtriser les compositions classiques avant de chercher à être original.
Dans un second temps, vous pourrez sortir des normes et expérimenter des
images moins habituelles.

Pour cette image, le sujet


principal est le regard
de cet enfant espiègle.
Contrairement aux
schémas classiques, j'ai
ici placé les yeux dans le
tiers inférieur de l'image.
Cela donne une certaine
originalité à ce portrait et
révèle la personnalité de
cet enfant farceur.
50 mm, 200 ISO, 1/500 s,
f/2,2

Vl
QJ
Pour cette série, j'ai
0
L utilisé une focale
>- grand-angle peu
w
lJ")
,...... conventionnelle en
0 portrait. Cette dernière
N
a la particularité de
@

déformer la réalité .
.c Mon modèle s'est
Ol
·;:: gentiment prêté au jeu
>-
a. et s'est amusé à faire
0
u des grimaces. Le résultat
donne un triptyque plein
d'humour et d'originalité.
24 mm, 6 400 ISO,
1/30s,f/11

r -,

L
74 _J
LE PORTRAIT
r i
L3 J EN PRATIQUE

J'ai eu l'idée de photographier des détails du corps de cet enfant


pour réaliser une composition singulière en assemblant les
différents clichés.

Le dos de cette jeune femme n'est pas à proprement


parler un portrait. li met en valeur les courbes
symétriques et harmonieuses du corps humain. Ce
cliché me permet de vous montrer une autre manière
de donner à vos photographies un aspect plus
graphique en sortant des conventions.
24 mm, 6 400 ISO, 1/30 s, f/11

Vl
QJ EN RÉSUMÉ ...
0
'- • Dans 90 % des cas, le sujet est les yeux et le regard.
>-
w
lJ")
• Deux types de prises de vue possibles :
,......
0 - en studio, dans un environnement préétabli : le photographe peut gérer un maximum d'élé-
N
ments et soigner son cadrage ;
@
.µ - dans un contexte normal : les poses sont plus naturelles et spontanées .
.c
Ol • Penser au noir et blanc, particulièrement bien adapté au portrait.
'i:
>- • Le choix du plan détermine l'orientation du cadre : vertical pour un gros plan. horizontal pour
a.
0
u un plan large ou plan moyen.
• L'arrière-plan est très important. Utiliser de grandes ouvertures de diaphragme permet
d'obtenir un flou esthétique.
• Sortir des normes favorise la créativité.

r -,
LE PORTRAIT
L
75 --'
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

La photo de rue
Cette pratique, marginale au départ, a gagné ses lettres de noblesse au cours du
siècle dernier. Certains des clichés les plus célèbres sont en fait des photogra-
phies prises dans la rue. ~exemple le plus emblématique est certainement Le
Baiser de l'hôtel de ville de Robert Doisneau. Depu is les débuts de la discipline,
certains des photographes les plus talentueux ont fait de la photo de rue leur
activité principale. Pour ne citer que les plus co nnus, il s'agit d'Henri Cartier-Bres-
son, Saul Leiter, Elliot Erwitt ou encore Diane Arbus. En arpentant les villes, ces
génies ont su capter l'ambiance particulière de leur époque, montrant la société
parfois avec un regard amusé, parfois dénonciateur. Sans vouloir prétendre riva-
li ser avec eux (dans un premier temps en tout cas), nous pouvons aimer arpenter
les rues pour en saisi r des scènes vivantes, esthétiques ou drôles.

Généralités
La photog raphie de rue est une pratique qui consiste à se promener avec son
appareil photo afin de capter les scènes qui nous interpellent. Le cadre de la prise
de vue peut être une rue, mais rien ne vous empêche d'aller dans un parc, dans
un grand magasin ou sur la plage. On considère que, dans cette discipline, le
sujet principal doit être la présence humaine, qu'elle soit représentée de manière
directe ou indirecte.
En photo de rue, il n'y a pas de préméditation. Dans une pratique norm ale de cet
art, on ne peut pas contrôler ni même anticiper ce que nous allons photographier.
C'est ce qui en fait le charme : on s'en remet au hasard. Ce qui exalte la plupart
des photog raphes friands de cette discipline c'est l'imprévu, la rencontre avec un
instant fugace que l'on doit s'appliquer à capter. Bien sûr, rien ne vous empêche
de sortir de chez vous avec un thème principal pour cible. Vous pouvez choisir de
photog raphier uniquement les pieds des gens, leurs ombres ou le mobi lier urbain
par exemple, mais vous ne pourrez jamais vraiment programmer ce que vo us allez
trouver.
Cette spécificité liée à la pratique de la photo de ru e implique que vous devez
être prêt à l'action en un laps de te mps très court. Il existe quelques astuces tech-
Vl
(!) niques simples qui permettent d'être le plus réactif possible. En premier lieu, le
0
'-
choix de l'appareil photo est important. Il doit pouvoir s'all umer et être prêt à l'ac-
w
>- tion en une fraction de seconde.
lJ)
..--t De pl us, la focale que vous allez sélectionner a une grande influence. Elle ne doit
0
N être ni trop courte, ni trop longue. Com prenez que si vous optez pour un grand-
© angle, vous êtes susceptible de ne pas bien cadrer une action qui pourrait se
.......
..c
Ol
dérouler un peu loin de vous. À l'inverse, si votre focale est trop important e, vous
·;:::: n'au rez pas la possibi lité de photog raphier intégralement une action qui se déroule
>-
0.
0
u
Voici un exemple de ce que peut être la photographie de rue. Alors que je
me baladais dans les rues de Saïgon, je suis tombé sur cet homme en train
de faire la sieste dans son outil de travail.
50 mm, 200 150, 1/200 s, f/2,8

r -,

L
76 _J
LA PHOTO DE RUE
r i
L3J EN PRATIQUE

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

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Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,
LA PHOTO DE RUE L
77 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

juste devant vos yeux. C'est pourquoi les objectifs de prédilection des photo-
graphes de rue ont une longueur focale comprise entre 35 et 50 mm. Ces der-
nières sont dites « intermédiaires » et se rapprochent de l'ang le de vue naturel
d'un être humain. Comme toujours, rien ne vous empêche d'aller à contre-courant
et d'uti liser un grand-angle ou un téléobjectif, c'est votre choix. Vous pourriez éga-
lement être tenté de vous servir d'un zoom qui a l'avantage de couvrir plusieurs
plages focales. Il est certain qu'en optant pour une telle optique, vous gagnerez
en souplesse, mais vous perdrez sans doute en créativité. La raison est que les
objectifs à focale fixe créent la contrainte de devoir bouger pour obtenir le cadrage
souhaité. En faisant cela, le photographe peut moduler les angles de vue et les
plans - à l'inverse de l'utilisation du zoom qui, lui, invite à la paresse.
Enfin, la dernière astuce consiste à fermer le diaphragme de votre objectif suffi-
samment pour obtenir une profondeur de champ étendue; on parle d'hyperfocale.
Cela permet de photographier une scène rapidement sans avoir à s'occuper des
paramètres techniques et d'être sûr que le sujet apparaisse net sur l'image.

L'HYPERFOCALE
L'hyperfocale permet d'obtenir la plus grande profondeur de champ possible en fonction de la
longueur focale de l'objectif. Ce procédé est surtout utilisé par les photographes de guerre ou
de rue afin de ne pas avoir à ajuster les paramètres de leur appareil photo (gain de temps)
et de se concentrer uniquement sur la composition. L'hyperfocale est également très utile pour
les paysages où l'on souhaite obtenir une image nette sur tous les plans.
L'hyperfocale est une distance à partir de laquelle toute l'image sera nette lorsque la mise au
point est réglée sur l'infini. Par exemple, pour un appareil photo dont le capteur est au format
24 x 36 utilisé avec un objectif 35 mm, si vous réglez l'ouverture du diaphragme à f/8 et la
mise au point sur l'infini, votre distance hyperfocale se trouve environ à 4,6 m. En d'autres
termes, à partir de 4,6 m, tous les éléments de votre image seront nets jusqu'à l'infini.
Pour les plus matheux d'entre vous, la formule pour obtenir cette distance est : H = F2/(f x cl.
F est la longueur focale de l'objectif.
f est l'ouverture de diaphragme choisie.
c est le cercle de confusion qui est défini par le diamètre des plus petits points juxtaposés de
l'image discernables à l'œil nu . Il s'exprime en millimètres. En numérique, pour un capteur plein
format (24 x 36 mml, sa valeur est d'environ 0,033 mm tandis que pour un format APS-C
(25,1 x 16,7 mml, sa valeur est de 0,018 mm.
Vl
(!)
Si, pour vous. toutes ces notions mathématiques s'apparentent à une langue inconnue, il existe
0
'-- des applications sur Internet ou sur smartphone et tablette qui calculent directement la
w
>-
distance hyperfocale et la profondeur de champ. De plus, la plupart de ces programmes sont
lJ)
..--t
adaptés à la marque et au modèle de votre appareil.
0
N
©
.......
..c
cri
·;::::
Apprendre à regarder
>-
0. La photographie de rue est un exercice formidable. Elle permet de chercher dans
0
u notre quotidien un potentiel graphique. Seu ls des artistes tels que les photo-
graphes arrivent à capter cela. Les autres, qui se rendent à leur travail où qui
vaquent à leurs occupations habituelles, n'ont pas cette facu lté. La raison est évi-
dente : ils ne cherchent pas !

L
78 LA PHOTO DE RUE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Personne ne faisait attention à ce gros chien qui observait les passants depuis une fenêtre.
L'attitude humaine de l'animal m'a semblé particulièrement amusante.
50 mm, 400 ISO, 1/250 s, f/5,6

Cependant, ne vous y trompez pas, arriver à trouver l'extraordinaire dans ce qui


Vl
QJ
semble banal au commu n des morte ls est loin d'être faci le. Le plus important est
0 de façonner son regard. Selon votre sensibilité ou votre humeur du moment, vous
'-
>- serez peut-être attiré par des choses différentes. Tour à tour, votre attention por-
w
lJ") tera sur des situations heureuses, des regard s amoureux entre deux êtres, ou
,......
0 plutôt sur de la détresse, de la solitude .. . À force de pratique, vous découvrirez
N
d'infinies possibil ités dans ce théâtre vivant qu'est la rue. D'ailleurs nous n'avons
@
.µ pas réellement besoi n d'avoir un apparei l photo pour nous exercer. Minar White,
.c
Ol photographe du milieu du xxe siècle, a déclaré à ce propos : « Je ne cesse de
'i:
>- photographier mentalement, à titre d'entraînement. »
a.
0
u

r -,
LA PHOTO DE RUE L
79 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
J'aime beaucoup
@

photographier les vélos .
.c Je trouve qu'ils ont un
Ol
'i: grand potentiel
>-
a. graphique. Cette série
0
u de clichés montre à quel
point ce simple objet de
la vie quotidienne peut
devenir intéressant
lorsqu'il est mis en valeur.

r --,

L
80 _J
LA PHOTO DE RUE
r i
L3J EN PRATIQUE

En photographie de rue, il
faut savoir utiliser les
éléments à sa disposition.
Au premier abord,
lorsqu'on regarde cette
image, nous avons
l'impression que le reflet
est celui de la jeune
femme en robe rouge. En
réalité, il s'agit d'une
autre personne, située
hors cadre, en train de
fumer une cigarette.
85 mm, 1 000 ISO, 1/2 500 s,
f/9

Le « tir photographique »
Cette fameuse expression est due à Hen ri Cartier-Bresson qu i est considéré pour
beaucoup comme LE photographe du xxe siècle. Son œuvre est tellement perti-
nente qu'e lle est et restera sans doute l'un des plus beaux j oyaux de notre disci-
Vl
QJ pline.Cartier-Bresson a été LE photographe de rue. Il savait capter le bon moment
0 et rendre compte du mouvement comme aucun autre.
'-
>-
w Si la photographie de rue consiste principalement à savoir regarder au bon endroit
lJ")
,...... et repérer les détai ls que d'autres ne voient pas, ce n'est pas la seule qualité dont
0
N il faut faire preuve pour cette pratique. Il faut également savoir prendre la photo
@ à « l'instant décisif » (pour reprendre une autre expressi on célèbre de Cartier-

.c Bresson). Certaines scènes peuvent se dérouler pendant plusieurs minutes, nous
Ol
'i: offrant tout le loisir de so igner l'angle de vue, le cadrage, les paramètres tech-
>-
a. niques ... D'autres en revanche ne durent qu'un instant, un souffle et puis s'éva-
0
u nouissent. Si vous ratez le coche, c'est fini, vous n'aurez pas d'autres occasions.
Pour composer une photo de rue, la règle des tiers fonctionne parfaitement. Ce-
pendant, vous n'aurez peut-être pas toujours le loisir d'ajuster un cadrag e « aux

r -,
LA PHOTO DE RUE L
81 ...J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

JI m'a fallu être très


réactif pour saisir cette
action. Ce qui m'a
semblé étrange (vous
en jugerez), c'est que
le bébé est assis sur
une simple chaise et
qu'il ne porte pas de
casque, contrairement
aux parents. Pour
obtenir un effet de filé
et retranscrire la vitesse
du scooter, j'ai utilisé
une vitesse d'obturation
relativement lente.
50 mm, 100 ISO, 1/80 s, f/11

petits oignons ». Dans cette discipline, ce qui me semble le plus important est
l'équilibre des formes (voir chapitre 2). Il sera parfois plus facile de se concentrer
sur cet aspect plutôt que sur une règle graphique préétablie. À force de pratique,
on arrive à simplifier mentalement la scène et à la considérer sous l'aspect de
formes géométriques. En un instant, il faut alors imaginer comment disposer ces
dernières dans le cadre pour obtenir le bon arrangement. Cela peut sembler com-
pliqué en t héorie, mais les automatismes s'acquièrent rapidement.

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

En levant les yeux, au cours d'une promenade, mon regard a
..c rencontré cette scène insolite. Une dame donnait à manger à
Ol
'i: un pigeon en mettant du pain dans sa bouche. L'action n'a duré
>-
a. que quelques secondes. Plutôt que d'utiliser la règle des tiers,
0
u je me suis servi de /'encadrement de la fenêtre pour composer
l'image. Le bout de carton au-dessus de la dame vient équilibrer
la composition qui, sans lui, aurait sans doute manqué de
contrepoids.
50 mm, 250 ISO, 1/125 s, f/5

r -,

1....
82 __J
LA PHOTO DE RUE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Pour composer ce cliché, j'ai utilisé la règle des tiers. L'homme, les bras en
croix, a eu cette attitude en me voyant avec mon appareil photo. J'ai
opportunément saisi /'occasion pour immortaliser ce moment.
35 mm, 400 ISO, 1/100 s, f/8

Vl
QJ

0
'-
>- L'endroit qu'a choisi cet homme pour se baigner n'est sans doute pas le
w
lJ")
plus idyllique. L'idée pour ce cliché était évidemment de montrer le
,...... contexte singulier dans lequel évolue le baigneur. Pour ce faire, j'ai dû
0
N reculer pour cadrer les immenses grues présentes à l'arrière-plan. En
@ faisant cela, le sujet principal est devenu beaucoup moins présent. Je l'ai

.c donc placé au centre de l'image en partie basse. J'ai déclenché lorsqu'il a
Ol
·;::
étendu les bras pour faire écho à la position de la grue située au-dessus de
>- lui. C'est par ce moyen que j'ai pu équilibrer la composition. Les autres
a.
0 grues, au fond, jouent le rôle de motifs secondaires et sont là pour
u dynamiser la composition.
35 mm, 200 ISO, 1/500 s, f/8

r -,
LA PHOTO DE RUE L
83 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Les lignes de mire


Dans certains cas, la photographie de rue peut s'apparenter à ce que l'on pourrait
appeler du « paysage urbain ». Or, nous avons vu que, pour un paysage (voir p. 48),
l'un des aspects importants, lorsque l'on élabore la composition, est de pouvoir
donner de la profondeur à la photo. Le but est d'induire une troisième dimension
dans l'image photographique qui, par définition, est une représentation aplatie.
Nou s pouvons dans ce cas appliquer les mêmes ficelles que pour un paysage
classique. Pour rappeler succinctement l'idée générale : il s'agit de hiérarchiser
les plans et de permettre au spectateur d'entrer dans l'image par l'intermédiaire
de points d'accroche.
Dans l'e nvironnement dans lequel vous évoluerez la plupart du temps, les éléments
les plus disponibles seront majoritairement des lignes. En effet, les bâtiments
jalonnant rues et ruelles, les trottoirs, les pierres sont des lignes droites rattachées
entre elles par des angles vi fs. Je vous suggère donc d'utiliser ces éléments que
vous offrent les villes afin de créer de la perspective lorsque vous en aurez besoin.
Vous pouvez également vous servir de l'encadrement des portes ou des porches
pour créer un effet semblable.

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c Pour composer ce cliché, j'ai choisi un angle
Ol
'i: de vue bas, près du sol. Cela m'a permis de
>-
a. mettre en avant les lignes que dessine le
0
u pavage et de créer ainsi de la perspective.
J'ai ensuite attendu que quelqu'un passe au
bout de la ruelle. Le contraste des lumières
accentue encore plus l'effet.
28 mm, 200 ISO, 1/500 s, f/8

r --,

'-
84 _J
LA PHOTO DE RUE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
Les lignes de la route menant jusqu'à l'enfant furent un bon support pour élaborer
N cette image. Lorsqu'on photographie quelqu'un en train de marcher, il est préférable
@ que ses deux pieds touchent Je sol. Le rendu sera plus naturel.

.c 28 mm, 400 ISO, 1/250 s, f/8
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r -,
LA PHOTO DE RUE L
85 ..J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le mur sur lequel est posé ce pigeon m'a servi pour guider le regard Ici, les lignes constituent le sujet de l'image. Dans
du spectateur vers l'animal. La composition est simple, mais efficace. cette grande ville d'Asie du Sud-Est, les réseaux
85 mm, 100 ISO, 1/5 000 s, f /2 électriques et téléphoniques s'ajoutent les uns aux
autres sans que l'on essaie de les camoufler.
Vl
QJ L'ensemble donne un réseau d'innombrables fils
0 tendus comme une toile au-dessus de la rue.
1....
>- 50 mm, 400 ISO, 1/200 s, f /8
w
lJ")
,......
0
N
@

..c
Ol
·;:: Graphie street
>-
a. Les vi lles regorgent de motifs géométriques que le photographe peut opportuné-
0
u ment exploiter pour suggérer de la profondeur ou pour équilibrer ses compositions.
Il est possible de pousser la démarche encore plus loin. Le mobilier urbain, les
bâti ments sont en effet des aménagements fonctionne ls pour lesquels les créa-
teurs ont souhaité qu'ils s'intègrent harmonieusement à la ville. À cet égard, ils

L
86 LA PHOTO DE RUE
r i
L3J EN PRATIQUE

ont donc soigneusement étudié le design de


ces constructions. Il en va de même pour les
« graphes » ou les graffitis. Lorsqu'i ls les ont
réalisés, les artistes avaient un but artistique,
mais ils ne savaient pas comment leurs œuvres
allaient vieillir. Nous pouvons très bien imaginer
que tous ces éléments, au potentiel graphique
indéniable, se suffisent à eux-mêmes. En les
photographiant, nous nous les réapproprions en
quelque so rte et nous en montrons un autre
état.

Pour cette composition, mon but était de mettre en avant la redondance des lignes formées par le
mobilier urbain. Le vélo, placé ainsi, constitue le point fort de J'image. If fait la transition entre les
registres de lignes obliques, horizontales et verticales.
50 mm, 800 ISO, 1/100 s, f/8

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i: Les vieux bâtiments sont des sujets très
>-
a. intéressants pour les photographes. Ici, la
0
u composition de l'image met en évidence un état
originel du bâtiment en partie haute, et en partie
basse, un réinvestissement du lieu avec les
nombreux graffitis.
24 mm, 200 ISO, 1/200 s, f/8

r --,
LA PHOTO DE RUE L
87 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le contraste de textures entre le revêtement défraîchi du mur et J'avoue n'avoir aucune idée du message initial de ce
le tuyau m'a semblé ici particulièrement intéressant. La collage réalisé sur le mur d'une petite rue. On ne sait
composition est minimaliste. Le tuyau est rejeté sur la droite afin pas si la jeune femme représentée est joyeuse ou si elle
de garder son ombre portée à l'intérieur de l'image et donner souffre. L'usure fait apparaître l'œuvre sous un jour
ainsi un peu plus de relief nouveau. On a l'impression que le personnage est
50 mm, 640 ISO, 1/125 s, f/5, 6 incrusté dans Je mur et a envie d'en sortir.
Vl
QJ 50 mm, 400 ISO, 1/80 s, f/5,6
0
1....
>-
w
lJ")
EN RËSUMË ...
,......
0 • Le plus important : apprendre à regarder le monde autrement pour dénicher l'extraordinaire
N
caché derrière la banalité.
@
.µ • Pour être réactif, choisir des longueurs focales intermédiaires (entre 35 et 85 mml et
..c
Ol utiliser !'hyperfocale.
·;::
>- • Composer en cherchant l'équilibre plutôt que selon la règle des tiers.
a.
0
u • Utiliser les lignes présentes dans le décor pour construire l'image.
• Créer des images graphiques grâce aux bâtiments , au mobilier urbain ou aux graffitis.

r -,

L
88 _J
LA PHOTO DE RUE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a. J'ai été particulièrement amusé par l'aspect de cette bouche d'incendie recouverte de petits
0
u escargots. Afin de mettre en valeur le phénomène, j'ai opté pour une profondeur de champ
réduite. L'accent est mis sur la symétrie de la structure qui contraste avec les coquilles
inégalement réparties sur sa surface.
28 mm, 200 ISO, 1/500 s, f/2,8

r -,
LA PHOTO DE RUE L
89 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

La photo de nature
Les beautés cachées de notre planète ont toujours été une source d'étonnement
et de fascination pour les hommes. Pour les photog raph ier, nous n'avons pas
forcé ment besoin de nous transporter de l'autre côté du globe. Certai ns joyaux
de la nature se cachent j uste à côté de chez nous, dans notre jardin ou sur les
branches de l'arbre d'en face.

Notre environnement
vi immédiat est parfait pour
(!)
commencer à exercer nos Généralités
0 talents de photographe
'--
>- animalier. J'ai observé ~expression photographie de nature, telle que je l'entends ici, désigne tout ce qui
w
lJ) cette petite mésange est en rapport avec le vivant (végétal, ani mal), en excl uant l'homme. Bien que, dans
..--t
0 bleue dans mon jardin, bien des cas, le paysage fasse partie de ce ge nre, je ne le traiterai pas ici puisqu'un
N
par une froide journée chapitre lui a déjà été entièrement dédié (p. 48).
© d'automne.
....... Pour s'appliquer à photog raph ier les organismes vivants, il faut s' intéresse r à eux.
..c 400 mm, 800 ISO, 1/500 s,
O'l
·;:::: f/5,6 Lorsqu'on réalise un portrait de quelqu'un, la plu part du temps on le conn aît per-
>-
0. sonnellement. C'est pe ut-être un ami, un membre de notre famille, et si cela n'est
0
u pas le cas, on fait connaissance, on lu i pose des questio ns pour en savoir un peu
pl us sur lu i. Ces inform ations dont nous disposons vont guider inconsciemment
(ou non) la manière dont nous allons le photog raphier. En photograph ie de nature,
la situation est comparable. Si on rencontre pour la première fois un animal ou

r --,

L
90 _J
LA PHOTO DE NATURE
r i
L3J EN PRATIQUE

un e plante, on aura tendance à le


photographier comme un inconnu. En
revanche, lorsqu'on connaît bien l'être
vivant auquel on a affaire (particula-
rité physique, comportem ent. .. ), la
composition de notre image sera dif-
férente, plus pertinente.
Ainsi, au moment de rentrer de vos
balades natural istes, la carte mé-
moire remplie de clichés, essayez
d'identifi er les espèces qu e vous
avez photographiées afin d'ap-
prendre leurs noms et les informa-
tions générales les concernant. En la
matière, Internet permet déjà d'obte-
nir beaucoup de rense ignem ents,
mais si un sujet vous passionne, de
nombreux livres sont également dis-
ponibles dans le commerce (les col-
lections des guides naturalistes édi-
tés par Delachaux et Nie stlé sont
une référence en la matière).
Un autre point important dont il faut
tenir compte en photo de nature est
le matériel. Si vous possédez un ap-
pareil de milieu de gamme, la qualité
des images s'en ressentira forte-
ment. Ce constat est malheureuse-
ment vrai pour toutes les disciplines,
mais je pense que cela est vraiment
exacerbé en photo de nature. L.:idéal
est de pouvoir utiliser un reflex ou un
hybride avec obj ectifs interchan -
geables : pour de la photograph ie en
Vl
QJ gros plan, l'outil le plus adapté est un Sans quelques connaissances naturalistes, je n'aurais jamais pu dénicher ce
0 objectif macro permettant d'obtenir spécimen qui se fond parfaitement dans son environnement. Il s'agit d'une
'-
>- des rapports de grandissement im- empuse (Empusa pennata) qui a la particularité de passer l'hiver à l'état
w
lJ")
,...... portants. Pour ph otographie r des larvaire.
0 animaux farouches tels que les oi- 150 mm, 640 ISO, 1/640 s, f /13
N
@ seaux par exem pl e, il vous faudra

.c disposer d'un téléobjectif (200 mm est un minimum à mon avis).
Ol
'i: Si vous ne possédez pas un matériel très performant, vous pouvez déjà uti liser la
>-
a. fonction macro de votre appareil ou exploiter le zoom de ce dernier pour « voir »
0
u le plus loin possible. Les résultats ne seront sans doute pas parfaits, mais la pho-
tographie est toujours un compromi s entre les possibilités du matériel, les com-
pétences du photographe et le résultat que l'on souhaite obtenir.

r -,
LA PHOTO DE NATURE
L
91 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

La nature en détail
Pour son propriétaire, un appareil photo est un formidable moyen de communica-
tion. Par l'i ntermédiai re des images qu'il produit, le photographe peut exposer son
point de vue, fai re passer un message, une émotion ... Dans certaines situations,
on peut littéralement s'en servir pour montrer ce que les autres n'ont pas la capa-
cité de voir. En se servant du dispositif optique d'un appareil photo, il nous est
possible d'observer la nature de très près et avec une grande précision.
Pour mettre en valeur les sujets que vous souhaitez photographier en détail, la
plupart des règles de composition peuvent s'appliquer de manière pertinente.
Lorsqu'on la regarde à la loupe, vous vous apercevrez que la nature fourmille
d'éléments linéai res qui peuvent guider le regard dans l'image. Ici, l'idée n'est pas
de donner de la profondeur comme nous avons pu le voi r en paysage ou en photo
de rue. Les tiges des végétaux, par exemple, sont des motifs dont il faut savoir
se servir pour amene r l'œil du spectateur au sujet principal de l'image. Ces motifs
secondaires nous permette nt également de remplir le cadre. Atte ntion cependant
à ne pas trop en abuser au risque d'avoir une image qui pourrait sembler un peu
trop fouillis et donc désagréable à regard er.

Vl
(!)
..•
0
'--
w
>-
lJ)
..--t
0
N
©
.......
..c
O'l
·;::::
>-
0..
0
u Cette araignée n'est pas plus grosse que l'ongle de votre auriculaire. En la photographiant en
gros plan, je souhaitais obtenir une image très détaillée de ses globes oculaires frontaux. Il
s'agit d'une araignée-crabe (Thomisus onustus) qui a la particularité de ne pas tisser de toile.
Elle se poste sur les fleurs et guette la venue d'une proie potentielle.
90 mm, 400 150, 1/250 s, f /8

r -,

L
92 _J
LA PHOTO DE NATURE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Pour photographier cette fleur, j'ai opté pour un cadrage qui respecte la règle des
tiers. Vous remarquerez que le fond, dû aux reflets du soleil dans une rivière, prend
une place importante dans la composition.
150 mm, 200 ISO, 1/1 000 s, f/4

J'ai photographié cette mélitée du


plantain (Melitaea cinxia) au petit
matin lorsque Je papillon était
encore prisonnier de la rosée. Pour
composer Je cliché, je me suis servi
de la plante sur laquelle if était
posé. Elle permet de guider Je
regard vers le point d'intérêt de
Vl
QJ l'image.
0 150 mm, 800 ISO, 1/125 s, f /5,6
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r -,
LA PHOTO DE NATURE
L
93 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

En France, les marguerites sont sans doute l'une des


espèces de fleurs les plus communes. La plupart du temps,
nous n'y prêtons même pas attention. En y regardant de
plus près, on peut voir que leur structure est relativement
complexe. Sur ce cliché, j'ai voulu retranscrire l'esthétique
symétrique de la plante. Notez que le format carré
accentue cet effet.
150 mm, 1 000 ISO, 1/250 s, f/4,2

Cette discipline est l'une des rares pour laquelle


vous pourrez mettre l'accent sur la symétrie de vos
sujets. En effet, la plupart du temps, il est déco n-
seillé de centrer le motif pour éviter que le regard
du spectateu r ne reste « coi ncé » au centre de
l'i mage. Lorsqu'o n observe la nature de t rès près,
on est cependant frappé par la forme parfaite de
certains organismes et il nous vient nature llement
l'envie de la mettre en valeur.
Dans un même ordre d'idée, vous observerez sans doute que de nombreux motifs
se répète nt dans la nature. Plus vous regarderez les choses dans le détai l, plus
vous vous rendrez compte de cette redondance. Une autre piste pour composer
vos images sera donc de mettre l'accent sur ce côté répétitif. Vous obt iendrez
ainsi des images très graphiques qui susciteront probab lement beaucoup d'éton-
neme nt.

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u
Le détail des aigrettes d'un pissenlit commun est un sujet classique en macrophotographie.
Leur potentiel graphique est très important.
150 mm, 400 ISO, 1/125 s, f /5

r --,

L
94 _J
LA PHOTO DE NATURE
r i
L3 J EN PRATIQUE

.....
:

••
•.
.
:" C• •
..-
_
.....
•••••
'

.••• :••·~...-

Pour cette image, j'ai
voulu mettre en valeur
les petits points noirs qui
; se trouvaient sur la partie
•• supérieure de cette

••
\ \.. simple fleur sauvage. À
cette échelle, la
profondeur de champ est
très réduite. Cela m'a
•...• permis de mettre en
.•.. ..••
évidence ces éléments
par rapport au reste de la
fleur qui apparaît flou .
'•
...:·· 150 mm, 500 ISO, 1/800 s,
·~··- ~~~~~~~~~~~~~-"'--~---""-------- f/5,6

MACRO OU PROXI ?
La macrophotographie
Si vous disposez d'un boîtier reflex ou hybride, vous avez la possibilité (moyennant finance)
d'utiliser un objectif dit « macro ». On le nomme ainsi, car il permet d'obtenir un rapport de
reproduction d'au moins 1:1 et d'entrer dans le monde de la macrophotographie. Cela signifie
que le sujet photographié apparaît au moins à taille réelle sur le capteur de votre appareil. En
agrandissant un tirage photo, vous agrandirez dans le même temps la taille réelle du sujet.
Les détails que vous pourrez ainsi observer seront extraordinaires.
La proxiphotographie
Les clichés pris en gros plan qui n'atteignent pas le rapport 1:1 appartiennent au domaine de
la proxiphotographie, appelée aussi « proxi » (rapport compris entre 1: 1 et 1 :2l.
Pour connaître les rapports de grandissement maximaux pour votre matériel, reportez-vous à
la notice de votre appareil (si ce dernier n'est pas à objectif interchangeable) ou de votre
objectif.
Vl
QJ

0
'-
>-
w Environnement et mouvement
lJ")
,......
0 En photographie de nature, ce que nous voulons la plupart du temps, c'est mon-
N
@ trer à quel point l'animal ou la plante que nous avons vu est extraord inaire. Mais

.c
au moment de déclencher, on a souvent tendance à trop se concentrer sur le
Ol
'i:
sujet principal de l'i mage. La conséquence est que nous oublions de donner de
>- l'importance à l'environnement dans lequel l'organisme évolue. Or, celui-ci est très
a.
0
u important, car il constitue une information essentielle. Il montre à quel point l'es-
pèce photog raphiée et son habitat sont en interaction. Même si un gros plan est
toujours très impressionnant, je vous suggère donc de laisser une belle place au
contexte afin de proposer une ambiance au spectate ur.

r -,
LA PHOTO DE NATURE L
95 _,
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Les couleurs qu'arbore cet écureuil sont particulièrement bien Ces oiseaux que j'ai photographiés en contre-jour
adaptées à l'habitat dans lequel il évolue. Ainsi, il est relativement sont des drongos. Ils vivent notamment en Asie du
difficile de le distinguer dans son environnement. Au lieu de le Sud-Est et apprécient particulièrement les forêts de
photographier en gros plan, j'ai préféré élargir un peu le cadre et bambous. J'ai attendu qu'ils se posent sur de
l{l montrer le mimétisme avec le tronc sur lequel il est posé. hautes tiges, puis j'ai eu tout le temps nécessaire
e 180 mm, 500 ISO, 1/800 s, f/5,6 pour ajuster mon cadrage qui rend hommage à la
>- fais à l'animal et à son habitat.
w
lJ")
250 mm, 400 ISO, 1/1 000 s, f/8
,......
0
N
@

..c
Ol
·;::
>-
a.
0
u

r --,

L
96 _J
LA PHOTO DE NATURE
r i
L3 J EN PRATIQUE

Pour rendre hommage et retranscrire au mieux le comportement des êtres vivants


que nous observons, il faut parfois tenter de les photographier tels que nous les
observons fréquemment : lorsqu'ils sont en mouvement. ~exercice est loin d'être
facile. En la matière, les performances de votre matériel seront particulièrement
mises à contribution. La rapidité de l'autofocus est notamment primord iale pour
ce genre de prise de vue. De plus, vous n'aurez qu'une fraction de seconde pour
tenter de composer au mieux le cliché. Les images inexploitables seront proba-
blement nombreuses dans un premier temps, mais en persévérant, vous appren-
drez à connaître le comportement de vos sujets. Vous anticiperez alors mieux les
réactions de l'animal, vos gestes gagneront en efficacité et la réussite de vos
images suivra certainement.

Ici, j'ai souhaité mettre en


évidence le
comportement des
flamants roses : ils se
nourrissent
principalement
d'invertébrés aquatiques
en filtrant l'eau avec leur
bec. Pour ce cliché, j'ai
patiemment attendu que
ces spécimens soient en
train d'exécuter cette
besogne. J'ai
volontairement choisi un
angle qui met en valeur
l'étendue d'eau dans
laquelle ils se trouvent,
qui constitue également
leur réserve alimentaire.
400 mm, 400 ISO, 1/ 1 250 s,
f/10

Vl
QJ

0
'- Alors que j'observais ces
>- étourneaux perchés sur
w
lJ")
,...... un fil électrique, l'un
0 d'entre eux s'est envolé.
N
J'ai opportunément saisi
@

cette occasion pour
.c donner un contrepoids à
Ol
'i: ma composition. L'image
>-
a. aurait été déséquilibrée si
0
u j'avais seulement
photographié les oiseaux
au repos.
300 mm, 200 ISO,
1/320s,f/4

r --,
LA PHOTO DE NATURE
L
97 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,...... JI est particulièrement délicat de photographier un colibri dans son milieu naturel. Ces
0 minuscules oiseaux battent très rapidement des ailes et volent en faisant des mouvements
N
saccadés et très imprévisibles. Heureusement, leur régime alimentaire (ils butinent le
@

nectar des fleurs à la manière d'un insecte) leur impose des vols stationnaires sur de très
.c courtes durées. Pendant ce laps de temps, il faut pouvoir faire le point sur ce tout petit
Ol
'i: animal et composer le cliché de manière pertinente. Ici, j'ai utilisé la règle des tiers.
>-
a. 300 mm, 800 ISO, 1/800 s, f/8
0
u

r
98 LA PHOTO DE NATURE
'-
r i
L3J EN PRATIQUE

Pour réaliser ce cliché, je


me suis posté sur la
plage, à proximité d'un
lieu que je savais
fréquenté par les
goélands. Lorsque l'un
d'entre eux s'est enfin
décidé à se poser, j'ai
attendu qu'il batte des
ailes pour ralentir avant
d'atterrir. Pendant ce bref
instant, j'ai pris plusieurs
clichés en rafale. Si mon
appareil n'avait pas eu un
bon autofocus, l'image
aurait é té difficilement
réalisable.
300 mm, 400 ISO, 1/1 000 s,
f/8

La composition par le vide


Ce chapitre sur la photog raphie de nature est pour moi l'occasion d'évoquer une
méthode de composition que je n'avais pas encore abordée. J'ai expliqué précé-
demment que, pour qu'une composition soit équi librée, il faut s'arranger pour y
disposer des motifs secondaires qui puissent fournir un contrepoids au sujet prin-
cipal. Dans certains cas, cette règ le peut cependant être transg ressée. La photo-
graphie de nature en fournit un bon exemple. Pour ma part, c'est le domaine pour
lequel j'ai tendance à utiliser le plus ce type de cadrage.
La mise en œuvre est relativement simple : il suffit de composer l'i mage, à l'aide
de la règ le des tiers par exemple, et de faire en sorte de ne rien mettre d'autre
dans le cadre, aucun éléme nt secondaire. Le contrepoids du sujet sera en quelque
sorte matérialisé par le vide. Le motif qui occupe la plus grande partie de l'i mage
doit avoi r un rendu homogène. Les plans d'eau se prête nt particulièrement bien
Vl
QJ à l'exercice. Ce type de composition génère une impression de sérénité, d'apai-
0 sement. Cela donne le sentiment que l'ani mal est en parfaite symbiose avec son
'-
>- environnement.
w
lJ")
,......
0
N EN RÉSUMÉ ...
@
.µ • Apprendre à connaître ses sujets .
..c
Ol
·;:: • S'équiper avec un matériel performant.
>- • Composer avec les lignes des végétaux et les motifs répétitifs présents dans la nature.
a.
0
u • Élargir le cadrage pour montrer les sujets dans leur environnement.
• Essayer de saisir le mouvement.
• Penser à utiliser le vide dans ses compositions.

r -,
LA PHOTO DE NATURE
L
99 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Ce jour-là, malgré le mauvais temps, j'ai décidé d'aller observer les oiseaux dans une lagune
proche de mon domicile. Une fois sur les lieux, j'ai constaté que la pluie redoublait d'intensité.
Plutôt que de me débiner, j'ai utilisé ces conditions climatiques difficiles pour prendre des clichés
originaux. Les gouttes frappant le plan d'eau constituent ici le contrepoids de la composition.
420 mm, 400 ISO, 1/250 s, f/5,6

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

..c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

Ce courlis corlieu est un magnifique oiseau que j'ai pu observer sur une plage du Pacifique en
Amérique centrale.
300 mm, 400 ISO, 1/1 600 s, f/8

r -,

1....
100 _J
LA PHOTO DE NATURE
r i
L3J EN PRATIQUE

Le reportage
De manière plus ou moins consciente, nous sommes tous des photographes de
reportage. Réaliser un reportage, c'est rendre compte d'une situation que nous
avons vue ou vécue par l'intermédiaire des photographies. À cet égard, on peut
considérer que tous les clichés non mis en scène sont à leur manière des photos
de reportage. Vos images de vacances, de l'anniversaire de vos enfants ou celles
que vous rapportez d'une promenade dominicale peuvent donc entrer dans cette
catégorie.

Généralités
Pour un photographe rigoureux, un reportage se prépare. Il s'agit dans un premier
temps d'adapter votre matériel au type de prise de vue que vous allez réaliser. Nul

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c Un soir, alors que je faisais une simple promenade sur la plage, j'ai constaté qu'elle était
Ol
'i: jonchée d'ordures ramenées par une tempête récente. Cette image de la Côte d'Azur est
>-
a. rarement vue par les touristes, car le bord de mer est soigneusement nettoyé avant leur
0
u arrivée. J'ai profité de la présence d'un pêcheur sur les lieux pour dynamiser la composition de
l'image. Pour l'anecdote, ce jour-là, j'ai eu la curiosité de regarder la date de péremption d'une
bouteille de soda qui se trouvait là. Elle était périmée depuis 20 ans et était certainement
restée en mer depuis tout ce temps.
28 mm, 800 ISO, 1/125 s, f/2

r -,
LE REPORTAGE
L
101 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

besoin d'emporter un téléobjectif de 600 mm si vous devez couvrir un mariage


par exemple. Savoir de quoi vous avez besoin et dans quel but constitue déjà une
première étape incontournable. Cela conditionnera certainement les choix artis-
tiques que vous ferez par la suite.
La seconde étape consiste à anticiper la manière dont vous allez pouvoir aborder
le sujet du reportage. À ce propos, le command itaire ou, plus généralement, le
public auquel vous allez montrer votre travail revêt une im portance capitale. Le
reportage que vous allez effectuer sera certai nement différent si vous souhaitez
le proposer à un quotidien, à un magazine ou si vous le destinez à être vu uni-
quement par votre famille. Lorsq ue vous avez bien défini la cible, vous pouvez déjà
imagi ner mentalement la manière dont les choses vont se dérouler. Un panel de
situations différentes se présentera sans doute à votre esprit. De cette manière,
vous pourrez déjà penser à la façon dont vous allez pouvoir cadre r, adopter un
angle de vue origi nal ou, au contraire, traiter ces situations de manière plus clas-
sique .. . Cette gymnastique intellectuelle peut s'effectuer très rapidement et vous
se rez ai nsi mieux préparé le moment vou lu.
Certains photojournalistes préfèrent ne pas donner trop d'importance à la prépa-
ration. Ils se fient à leur instinct. Pour eux, ce sont les sujets que l'on ren co ntre
qui indiquent le chemin à prendre. Évidemment, nous parlons ici de person nes qui
ont expérimenté le reportage pendant de longues années. Ils peuvent se payer le
luxe de s'appuye r uniquement sur leur feeling. Mais ce privilège s'acquiert et je
vous conseille dans un premier temps de tenter de vous préparer aux événements
auxquels vo us serez co nfronté. Dans de nombreux cas (préparés ou non), il vous
faudra analyser très rapidement une scène et tenter d'en tirer la quintessence.
Cette capacité est sans doute ce à quoi on reconnaît les plus grands photog raphes
de reportage.

La série
La manière la plus instinctive d'aborder un reportage est de traiter le sujet par
une série de photog raphies. Pour réaliser cela, il faut se mettre dans la peau d'un
narrateur. En observant les images, le spectateur doit en effet avoir la se nsation
qu'on le prend par la main pour lui raconter une histoire.
Vl
(!) Arriver à couvrir un sujet de manière convenable nécessite toute la palette de
0
'-
compétences du photographe. En reportage, on devient tour à tour paysagiste,
w
>- portraitiste, macrophotographe, photog raphe de rue ... Si ce chapitre arrive au
lJ)
..--t terme de cet ouvrage, cela n'est pas innocent. Tous les cas de figure que nous
0
N avons précédemment abordés peuvent en effet se rencontrer en photographie de
© reportage. À cet égard, je dois signaler, que dans ce domaine, on doit tenter de
....... ne pas lasse r le spectateur. Par exemple, si vous appréhendez toutes les sit uations
..c
O'l
·;:::: de manière frontale en utilisant un format d'image horizontal, l'observateur aura
>-
0. vite tendance à considérer votre travail comme étant monotone, même si le sujet
0
u est extraordinai re. Pour éviter cet écuei l, il est recommandé de varier les angles
de vue, les plans, l'orientation et le format des cad rages ... En outre, en s'imposant
cette diversité, on aborde sans doute plus facilement les différentes facettes du
sujet qui se présente à nous. La narration de l'histoi re en devient plus aisée.

L
102 LE REPORTAGE
r i
L3J EN PRATIQUE

Le coutelier corse
L.:île de Beauté, mondialement connue pour ses paysages et son patrimoine his-
torique, est aussi une terre d'artisans. J'ai rencontré Kevin Muzikar, digne héritier
du savoir-faire corse, il y a quelques années, afin de réaliser un reportage sur son
activité. J'ai traité ce sujet de manière à ce que le spectateur comprenne le travail
de cet artisan sans autre forme d'explication. !..:ajout d'un texte afin de fournir des
détails peut évidemment être envisagé, mais les photos suffisent à la compréhen-
sion du reportage.

Le reportage commence par un paysage. JI s'agit de poser le cadre de la narration. Le lieu où


j'ai réalisé le sujet se trouve en Corse, à proximité immédiate des calanques de Piana. Ce site
extraordinaire est protégé et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de /'Unesco. C'est un
endroit très touristique et connu. En présentant une vue comme celle-ci, on pose donc un
cadre au reportage et on stimule l'imaginaire du spectateur.
18 mm, 400 ISO, 1/250 s, f/8

Vl
QJ

0
1....
>- Pour cette seconde image, on entre immédiatement
w
lJ")
,...... dans le vif du sujet. Le forgeron est à l'œuvre. On le
0 voit marteler un bout de métal rougi par la chaleur. La
N
composition met en valeur le coutelier avec les outils
@

qu'il utilise le plus : l'enclume et le marteau. On
.c distingue cependant d'autres éléments importants à
Ol
'i: l'arrière-plan. On peut appréhender le cadre de
>-
a. travail: des étagères, de nombreux outils, quelques
0
u éléments de décoration sommaires, un vieux
ventilateur, mais surtout, en bonne place dans le
cadre, la forge à gaz qui permet de chauffer le métal à
très haute température.
18 mm, 800 ISO, 1/60 s, f/3,5

r -,
LE REPORTAGE
L
103 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Ces différentes vues en gros plan montrent le travail du coutelier


lorsqu'il est à la forge. Dans un reportage photo, il est important de
fournir ce genre de vue au spectateur. Ce dernier se sentira
probablement frustré si vous ne lui proposez pas des détails de certaines
scènes importantes. De plus, cela permet de varier les plans et les
angles de vue, et d'éviter de tomber dans une certaine monotonie.
40 mm, 800 ISO, 1/60 S, f /2,8
40 mm, 800 ISO, 1/60 s, f/2,8

Vl
QJ

0
1....
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
·;::
>-
a.
0
u Pour la fabrication du couteau, l'étape suivante est le polissage puis l'aiguisage. Dans fa
narration, il est important d'avoir toutes les phases de l'histoire pour ne pas induire une
éventuelle incompréhension.
24 mm, 400 ISO, 1/100 s, f/2,8
24 mm, 400 ISO, 1/60 s, f/4,5

r -,

1....
104 _J
LE REPORTAGE
r i
L3 J EN PRATIQUE

La finalité de tout ce travail est évidemment la confection de


couteaux. Un reportage de ce type doit donc comporter
quelques images des pièces les plus remarquables. Pour ce
type de cliché, essayez de montrer l'objet avec une petite
mise en scène plutôt que de le photographier simplement
posé à plat sur une table.
50 mm, 800 ISO, 1/1 250 s, f/2,5
50 mm, 800 ISO, 1/100 s, f/1,8

Vl
QJ

0
'-
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i: Enfin, l'artisan nous présente l'une de ses œuvres. Pour ce reportage, c'est le seul cliché pour
>-
a. lequel j'ai dirigé le modèle. Je voulais en effet qu'il tienne le couteau de cette façon. Durant
0
u tout le reportage, j'avais vraiment ressenti l'amour que cet homme éprouvait pour son travail.
Cette manière de mettre en scène cette photo, en floutant légèrement l'artisan, m'a permis de
montrer au sens figuré que ce qu'il souhaite valoriser, c'est son couteau et pas lui. De plus, on
peut remarquer le détail de ses mains abîmées par les milliers d'heures de travail.
24 mm, 800 ISO, 1/250 s, f /2,8

r -,
LE REPORTAGE
L
105 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

La culture du safran
En période automnale, alors que la plupart des plantes à fleurs sont en sommeil,
l'une d'entre elles ne fait ri en comme les autres et éme rge des so ls afin de livrer
l'un des plus beaux trésors de la gastronomie : le safran. Je me suis rendu dans
l'exploitation de Fabien Daini, dans le Haut-Var, lors de la récolte de cet or rouge,
afin d'assister à la journée type du safranier. Vous remarquerez que les images
de ce reportage tentent de montrer les différents aspects de cette culture. Là
encore, un texte explicatif pourra donner le détail des étapes de la récolte, mais
l'observateur comprend aisément de quoi il retourne en observant uniquement les
clichés.

Vl
QJ

0
'-
>-
w La première image du reportage est un plan général Le second visuel permet de montrer la manière dont
lJ")
,...... sur la safranière (le champ dans lequel poussent les les fleurs de safran émergent du sol. À l'arrière-plan, le
0 fleurs de safran). Ce cliché est indispensable pour safranier récolte le fruit de son labeur. Vous
N
@ poser un cadre, une ambiance. remarquerez ici que le sujet du reportage est le safran
.µ 30 mm, 400 ISO, 1/4 000 s, f/4 et pas le cultivateur. Cette orientation a dicté la
.c composition de cette photo. La fleur au premier plan
Ol
'i: apparaît nette, c'est elle qui constitue le motif principal
>-
a. de l'image. Les autres éléments sont secondaires et
0
u viennent donner des informations complémentaires.
18 mm, 400 ISO, 1/640 s, /5, 6

r --,

'-
106 _J
LE REPORTAGE
r i
L3 J EN PRATIQUE

J'ai effectué cette prise de vue en macrophotographie Cette vue présente une image plus graphique au
dans un but bien précis. Sur ce cliché, la fleur n'est pas spectateur. À ce stade du reportage, ce dernier a sans
encore éclose, mais on devine déjà, à l'intérieur des doute compris que le safran est ces petits filaments
pétales, les pistils rouges de safran. La composition rouges qui dépassent de cette masse violette. Il se
suggère au spectateur que la fleur est un fragile écrin souvient de l'image sur laquelle le cultivateur récoltait
pour ce trésor gustatif les fleurs et il imagine le travail que cela représente.
90 mm, 400 ISO, 1/160 s, f/6,3 24 mm, 800 ISO, 1/50 s, f/2,8

Enfin, cette photo présente le safran extrait de la fleur. Il faudra


encore le faire sécher ce qui induira une perte de poids. Une
Vl
QJ journée de travail ne permet de récolter que quelques grammes
0 de produit fini.
'-
>- 90 mm, 1 600 ISO, 1/60 s, f/4,5
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
·;::
>-
a.
0
u Afin de montrer comment le safran est extrait de la fleur, il m'a semblé important de réaliser cette image. On peut
apprécier la minutie que demande ce travail. Mise en parallèle avec le cliché précédent, le spectateur peut
s'imaginer le temps passé à décortiquer les fleurs (on appelle cela l'émondage) et ainsi comprendre pourquoi le
safran est l'épice la plus chère du monde.
90 mm, 800 ISO, 1/40 s, f/5

r -,
LE REPORTAGE
L
107 ...J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Une seule image pour raconter


Pouvoir couvrir un reportage par l'intermédiaire de plusieurs images offre une
grande liberté. Effectuer la même chose à l'aide d'un seul et unique support visuel
est autrement plus complexe. C'est pourtant un exercice familier des photojour-
nalistes qui doivent régulièrement illustrer un événement ou un fait divers avec un
seul cliché. Pour l'étape de prise de vue, la démarche que je vous conseille d'adop-
ter est sensiblement la même que lorsqu'on réalise une série. De cette manière,
si on vous demande la série complète de clichés, vous aurez de quoi la fournir. La
principale différence est qu'à un moment donné, se présentera certainement
l'opportunité de synthétiser l'événement que vous couvrirez en une seule image.
Il ne faudra pas rater cette chance et l'exploiter au maximum.
La manière dont vous allez composer l'image aura toute son importance. Le public
doit comprendre immédiatement quel est le sujet que vous avez traité. Ce dernier
doit donc se situer en bonne place dans le cadre et être facilement identifiable.

Vl
QJ
J'ai choisi cette image pour illustrer un
0
'- concours professionnel de BMX (sport dans
>- lequel les protagonistes font des figures
w
lJ")
,...... spectaculaires à vélo). À mon sens, ce cliché
0 permet d'accéder à plusieurs informations
N
nécessaires à la compréhension du
@

reportage. En premier lieu, on comprend
..c immédiatement qu'il s'agit d'un événement
Ol
'i: sportif lié au vélo avec plusieurs sportifs au
>-
a. premier plan. On peut voir l'un d'entre eux
0
u en train d'effectuer un saut au second plan.
Enfin, à l'arrière-plan, on devine un public
relativement nombreux venu assister au
« spectacle >>.
17 mm, 200 ISO, 1/2 000 s, f/2,8

r -,

'-
108 .....)
LE REPORTAGE
r i
L3 J EN PRATIQUE

J'ai écarté cette image en raison d'une erreur de composition. Dans le feu de Cette photo pourrait avoir sa place dans
l'action, je n'ai pas remarqué que le tremplin était trop présent au premier une série de clichés couvrant un sujet lié à
plan, de sorte qu'il occupe presque 1/4 de l'image. Dommage, car le cliché la pratique du BMX. En revanche si l'on doit
aurait été intéressant avec un cadrage plus pertinent. choisir un visuel pour illustrer un reportage,
25 mm, 200 ISO, 1/3 200 s, f/2,8 l'image ne fournit pas assez d'informations
au spectateur.
90 mm, 100 ISO, 1/200 s, f/3, 2

De plus, si vous en avez la possibilité, il sera très intéressant d'ajouter des élé- Ce cliché illustre la vie des
ments secondaires. Ces derniers auront une double fonction : ils donneront un habitants du delta du
Mékong pendant la
contrepoids visue l au sujet, et ils fourniront des informations supplémentai res au
mousson. J'ai eu la chance
spectateur afin qu'il puisse mieux saisir le sens de l'histoire qu'on lui raconte. de pouvoir observer
longuement le va-et-vient
des bateaux qui
transportent hommes et
marchandises sur le fleuve
pendant cette saison. J'ai
été impressionné de la
violence des orages.
Plusieurs éléments
Vl viennent montrer ces
QJ
difficultés : le jeune
0
'- capitaine de bateau n'a
>-
w pas d'abri; une jeune
lJ")
,...... femme tente de se
0 protéger de la pluie sous
N
un bout de polystyrène. À
@

l'arrière-plan, on devine
.c d'autres bateaux peu
Ol
'i: élaborés. Plus loin, de
>-
a. vétustes maisons sur
0
u pilotis témoignent des
conditions de vie au bord
du fleuve.
lSO mm, 400 ISO,
1/250 s, f/4,8

r -,
LE REPORTAGE
L
109 ...J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N Sur cette image, beaucoup d'informations sont mises à disposition du spectateur. Au Vietnam,
@ on observe régulièrement ce genre de scène loin des exploitations industrielles de culture de
.µ riz. La jeune femme au premier plan effectue le travail minutieux de séparer le grain de riz
.c
Ol de sa glume (enveloppe) en le tamisant. On peut voir également l'outil avec lequel elle étale
·;::
>- les grains, ainsi que le panier dans lequel elle stocke les végétaux et la glume indésirable. Au
a. second plan, une autre femme ramasse quelques précieux grains de riz qui traînent. Elle a
0
u vraisemblablement effectué la même besogne que le premier personnage. On peut remarquer
la trace laissée par une bâche sur le sol. Sur un troisième plan, on voit les piles de sacs de riz
qui représentent la finalité de ce fastidieux travail.
17 mm, 200 ISO, 1/1 000 s, f/8

L
110 LE REPORTAGE
r i
L3J EN PRATIQUE

Bien que cette photographie soit un gros plan, sa composition permet au spectateur d'avoir
une idée sur le contexte de prise de vue s'il se donne la peine d'observer attentivement. En
premier lieu, on est immédiatement attiré par le regard de la femme au centre. Juste après, on
est interpellé par le tableau coloré qu'elle porte. Cette image représente le pape uni à un autre
personnage dont /'apparence nous donne une indication sur le lieu de prise de vue. Cette scène
est bénie par une sainte dans le registre supérieur du tableau. En élargissant le regard, on
remarque que toutes les femmes portent des icônes et des offrandes. Elles sont vêtues de
vêtements traditionnels, sans doute imposés par les circonstances. Leur visage en sueur laisse
entendre qu'elles auraient choisi une autre tenue si elles avaient eu le choix. Grâce à tous ces
éléments, l'observateur peut comprendre qu'il s'agit d'une procession liée à une fête
religieuse.
Vl
QJ
J'ai photographié cette scène au Mexique à San Cristobal de Las Casas lors de la fête de la
0
« vierge noire ». Ce cliché est pour moi une bonne illustration de l'immense foi religieuse dont
'- font preuve les Mexicains lors de cet événement.
>-
w 200 mm, 400 ISO, 1/2 000 s, f/ 5,6
lJ")
,......
0
N
@ EN RÉSUMÉ ...

.c • Bien réfléchir au matériel nécessaire pour ne pas s'encombrer inutilement.
Ol
'i: • Anticiper les situations pour imaginer les plans et les angles de vue, et plus généralement, la
>-
a. manière de traiter le sujet.
0
u • Choisir entre deux options :
- la série, pour exposer le sujet sous toutes ses facettes ;
- une image unique qui synthétise les éléments importants du sujet.

r -,
LE REPORTAGE
L
111 ....J
-
Ill

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.......
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Ol
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0.
0
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1 l

L
4 J

Images expliquées
Dans ce dernier chapitre, je vous propose de vous exercer à la lecture critique d'une
photog raphie à t ravers quelques exemples. Je so uhaite que ce livre vous ait fait
prend re conscience, si ce n'était pas déjà le cas, de l'i mportance que l'on doit accor-
der à la composition dans une œuvre visuelle.
Afi n de pouvoir fai re des choix de cad rage précis, il faut nécessairement entraîner
son regard. Un bon moyen est de feuilleter des livres de photo ou des magazi nes ou
tout autre support de photog raph ies (sur Internet par exemple). C'est par ce moyen
que vous pourrez savoi r ce que vous aimez ou ce qui vous déplaît. Par la suit e, vous
appliquerez vos choix personnels en connaissance de cause au cours de vos f utures
prises de vue. De cette manière, lorsque vous montrerez votre travail photog raphique,
vous pourrez l'expl iquer de manière pertinente et assum er vos choix en toute sérénité.
C'est avec cette démarche que l'on se démarque progress ivement des autres et que
l'on arrive à acquérir un style person nel.
Pour les images suivantes, je vous invite donc à tenter de décortiq uer les cadrages
que j'ai réalisés au moment de la prise de vue. Les questions à se poser sont les
suivantes.
• Quel est le sujet principal de l'image ?
• Quel est le procédé employé pour guider le regard ?
Vl
(!)
• Pourquoi ce format ?
0
'--
• Pourquoi cet angle de vue et ce type de plan ?
>-
w • Qu'est-ce qui se dégage de l'image ? Qu'est-ce que le photog raphe a voulu dire ?
lJ)
..--t
0 Ensuite, je vous exposerai les raisons qui m'ont conduit à opter pou r ces cadrages.
N
Si vos remarques ne coïncident pas tout à fait avec les miennes, ce n'est pas forcé-
© ment qu'elles ne sont pas pertinentes. C'est peut-être dû au fait que nous avons tous
.......
..c notre sensibi lité propre et que nous percevons parfois les choses avec différentes
Ol
·;::::
>- nuances.
0..
0
u
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Virage à droite
Procédé employé pour guider contre-plongée. J'ai délibérément opté pour un ca-
drage en gros plan pour occuper l'ensemble du cadre.
le regard J 'ai également attendu qu e les ailes de l'oiseau
Aucun, le sujet est centré, ce qui met l'accent sur la penchent d'un côté ou de l'autre pour obtenir une
symétrie de l'animal. att itude re lativement singulière. Ici, la verticalité du
bec et l'alignement des ailes constituent la charpente
de l'image.
Format
Comme souvent, le suj et dicte l'orient at ion du cadre.
Avec un fo rmat vert ical, le haut et le bas de l'image Signification
auraient été vides. Le cadre horizontal permet donc Il s'agit d'un cliché d'un pélican bru n que j'ai photo-
d'utiliser l'intégralité de la surface disponible. graphié lors d'un voyage en A mérique centrale. Cet
animal est en fait un immense oiseau dont l'envergure,
ai les déployées est de 2 m environ. Mon but ici était
Angle de vue et plan de mettre en avant cette particularité physique. Au
J'ai pati emment attendu de pouvoir photographier cours de mes observations, j'avais également remar-
l'oiseau dans cette position. J'étais au sol et l'oiseau qué que, malgré un comportement un peu pataud au
haut dans les airs, mais la longue focale que j'ai utili- sol, il est extrêmement gracieux lorsqu'il est en vol.
sée m'a permis d'attend re que l'animal se situe à ~image montre l'attitude à la fois insolite et impres-
bonne distance et de rédu ire ainsi l'impression de sionnante de l'ani mal.

Vl
QJ

0
L
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r --,

L
114 _J
r i
L4J IMAGES EMPLIOU~ES

Ul

0
'- 300 mm, 400 ISO, 1/1 250 s, f/8
>-
w
lJ")
,......
0
N
@

.c
Ol
'i:
>-
a.
0
u

r -,

L
115 ....J
LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Perles d'eau
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue adopté est en légère contre-plongée
le regard
(j'étais couché dans l'herbe humide). Même si cela
Naturellement, l'œil suit la ligne que dessine le brin peut parfois sembler délicat en macro, il faut toujours
d'herbe jusqu'aux gouttes d'eau. La forme sphérique privilégier un angle de vue à hauteur du sujet. Si vous
de ces dernières interpelle forcément le regard du réalisez ce type de photo en plongée, les volumes
spectateur. seront écrasés, ce qui gâchera l'image.

Format Signification
~aspect de la courbe dessinée par l'herbe m'a incité Ce type d'image très graphique est pour moi une
à opter pour une orientation horizontale. Si le brin avait manière de rendre hom mage à la nature et à sa
été orienté plus verticalement (comme c'est souvent beauté à travers une image zen et apaisante. Cette
le cas pour ce type de sujet), j'aurais opté pour un harmonie est matérialisée par la courbe du brin
autre cadrage. Ici, le form at horizontal permet de bien d'herbe et la rondeur des gouttes.
occuper toute la surface de l'image.

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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Genesis
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est relativement bas. Cela m'a permis
le regard
de bien mettre en valeur le cours d'eau et de lui don-
Ici, j'ai posé mon trépied au milieu d'un petit cours ner une bonne place dans l'image. Dans un paysage,
d'eau qui se jetait dans l'océan. En choisissant une on cherche généralement à obtenir un plan large af in
vitesse d'obturation relativement longue, j'ai obtenu un que le spectateur puisse s'imprégner de l'ambiance
léger effet de filé sur l'eau ainsi que sur la vague au du lieu et de ne pas frustrer son regard.
second plan. Pour guider le regard vers l'arrière-plan,
j'ai donc utilisé le cours d'eau. Il m'a également aidé
à donner de la profondeur à l'image. Signification
Pour moi, cette photographie représente la nature à
Format l'état brut, orig inel. Le mouvement perpétuel de l'eau
est suggéré par une pose longue. Sur le cliché, la vie
J'aurais pu utiliser ici un format vertical, cela aurait organique est absente. Le traitement en noir et blanc
donné encore plus de profondeur et de dynamisme à accentue l'ambiance intemporelle.
l'image. J'ai préféré l'orientation horizontale pour son
côté plus naturel (proche de la vision humaine) et
apaisant.

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0 24 mm, 200 ISO, 1/1,3 s, f/16


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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Étrange carte postale


Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est normal, la photo est prise à hauteur
le regard d'homme.
La porte d'entrée de la composition est la sandale en
bas à droite de l'image. De proche en proche, l'œil
saute de déchet en déchet et accède ainsi aux diffé- Signification
rents plans. En parallèle, sur le registre droit, on note
J'ai pris ce cliché sur une plage d'Asie, loin des en-
la fin de la ligne d'eau qui démarre en bas à gauche
droits touristiques où le bord de mer est régulièrement
et guide le regard à travers l'image dans un sens dif-
nettoyé. Ce que j'ai voulu montrer, c'est à quel point
férent. On peut aussi noter que la souche située à
ce lieu pourrait être idyllique sans les ordures j onchant
gauche du cadre offre un contrepoids visuel intéres-
le sol. Si on enlevait les déchets du tableau, cela res-
sant. semblerait à une plage paradisiaque, mais la réalité
est différente.
Format
J'ai utilisé le format horizontal, car je souhaitais volon-
tairement obtenir un effet « carte postale ».

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L4J IMAGES EMPLIOU~ES

0 24 mm, 200 ISO, 1/1,3 s, f/16


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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Le pêcheur
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est normal. La photo est prise à hau-
le regard teur d'homme. Cette disposition était la seule à adop-
Aucun procédé particulier. Nous sommes tous natu- ter pour suivre le choix de composition triangulaire.
rellement attirés par les visages. Le regard du jeune Un angle en contre-plongée ou en plongée (il m'aurait
homme constitue donc le point fort de l'image. Il est fallu une échelle) n'était donc pas justifié ici.
placé sur une ligne de force délimitant le tiers supé-
rieur. Ici, la composition est dite triangulaire. Le som-
met du triangle est le visage et les deux autres angles Signification
sont les mains.
J'ai photographié cette scène qui m'a paru insolite et
m'a particulièrement amusé. Ce Vietnamien avec qui
Format j 'avais sympat hisé venait de me présenter la manière
dont on pouvait facilement attraper une grenouille.
Cet agencement t riangulaire dicte une orientation Après sa démonstration, il était très fier de me mon-
horizontale. Si j'avais utilisé un format vertical, j'aurais trer le résultat de sa chasse. Voyant que je voulais le
dû cadrer plus large et la scène aurait été moins mise photographier, il a pris cette pose. Ce qui rend la
en valeur. scène cocasse, c'est l'élégance de ses habits imma-
culés qui contrastent avec l'environnement.

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N 35 mm, 400 ISO, 1/640 s, f/8
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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Mariachi
Procédé employé pour guider ce dernier est assez large pour que l'on devine l'en-
droit où a été prise la photographie. On remarque ainsi
le regard le banc sur lequel est assis le personnage, le pavage
Comme pour tous les portraits, le spectateur est natu- du sol, quelques arceaux sur la droite délimitant sans
rellement attiré par les visages. Celui du personnage doute un espace vert, l'encadrement d'une porte en
est placé dans le tiers supérieur de l'image, sur une arrière-plan légèrement floutée.
ligne de force.

Signification
Format J'ai pris ce cliché dans une ru e de Guanajuato au
Le format vertical est ici dicté par le sujet. Bien que Mexique. J'ai observé ce mariachi jouer de la musique
l'homme soit assis, sa forme générale est plutôt orien- aux tables d'un restaurant. Lorsqu'il a fini son tour de
tée dans la hauteur. Notez que le fait que le musicien chant, il est allé s'asseoir calmement sur un banc non
tienne une guitare peut permettre d'em ploye r un loin de là J'ai profité de l'occasion pour alle r lui de-
cadre carré. Cependant, j'ai déli bérément choisi une mander l'autorisation de le prendre en photo. J'ai at-
forme rectangulaire, car je souhaitais que le specta- tendu qu'il me regarde pour déclencher. Ce qui m'a
teur ait une idée de l'environnement. intéressé chez lui, c'est qu'il contrastait avec le profil
des autres musiciens qui traquent les touristes avec
une bonne humeur exagérée. Il m'a sem blé avoir une
Angle de vue et plan attitude plus naturelle, moins surjouée. Je pense avoir
~ang le de vue est en légère contre-plongée, j'étais réalisé un portrait authentique de cet homme serein
accroupi. Le plan est relativement serré. Cependant, et sûr de lui.

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35 mm, 400 ISO, 1/320 s, f/4

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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Vélo vintage
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est frontal. Je me suis abaissé af in de
le regard placer l'objectif de mon appareil parallèlement au vélo.
Il s'agit d'un gros plan, le sujet principal occupe le Si j'étais resté à hauteur d'homme, l'angle de vue
premier plan de l'image et une t rès grande partie de aurait été en plongée et je n'aurais pas pu inclure un
la surface du cadre. Le regard est donc immédiate- second plan à la composition.
ment attiré par le vélo.

Signification
Format J'ai trouvé ce vélo particulièrement original, principa-
Le choix de réaliser un gros plan sur le vélo induit lement en raison de l'orientation de ses freins ainsi
forcément une orient ation du cadre dans le sens que de sa selle à ressorts. Son aspect général a un
horizontal (calqué sur la forme générale du sujet). look vintage qui m'a interpellé (d'où le traitement en
noir et blanc). La rue dans laquelle il se trouvait n'of-
frait pas vraiment un décor intéressant à la photo.
Après quelques secondes de réflexion, j'ai choisi de
donner une bonne place au sujet et d'attendre que
quelqu'un passe à l'arrière-plan pour dynamiser
l'image.

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L4J IMAGES EMPLIOU~ES

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'- 85 mm, 200 ISO, 1/320 s, f/2
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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

La vie du fleuve
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue adopté est en très légère contre-
le regard
plongée. Je me trouvais sur une berge du fleuve, mais
Le moyen employé ici pour guider le regard n'est à une distance qui permet d'atténuer cet effet. Le plan
peut-être pas évident au premier abord. Le visage de est assez large. ~i dée était de montrer l'environne-
la femme est le sujet principal de l'image, mais la sur- ment dans lequel évolue le personnage, ce qui aurait
face qu'il occupe est réduite. Ici, les lignes représen- été difficile avec un cadrage plus serré.
tées par le bateau et les rames convergent vers le
personnage. De plus, en suivant ces lignes, le regard
du spectateur parcourt inconsciemment l'ensemble Signification
du cliché.
J'ai pris cette photo depuis les rives du Mékong au
Vietnam. Le regard de cette femme est empreint
d'orgueil et de défiance par rapport à l'Occidental que
Format je représente. J'ai volontairement attendu qu'elle lève
Le cadre horizontal est adapté à la forme de la barque. la tête pour que le cliché soit plus humanisé. ~image
Il permet également de laisser une bonne place au est à mon sens représentative d'une Asie vivant en-
contexte de la scène. core selon un mode traditionnel.

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L4J IMAGES EMPLIOU~ES

0 50 mm, 200 ISO, 1/320 s, f/1,8


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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Rayons
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est frontal, à hauteur d'homme. Le
le regard choix du plan est relativement large.
Contrairement aux apparences, le sujet principal se
sit ue à l'arrière-plan. Les élément s placés dans les
premiers plans sont là pour suggérer au spectateur Signification
de regarder plus « loin ». Bien que visuellement très
La lumière représente toujours un sujet secondaire,
présents, les personnages à vélo servent à dynamiser
implicite, d'une photographie. Certaines situations
la composition. nous offrent cependant l'occasion de la matérialiser,
de la rendre presque palpable et d'en faire l'élément
principal de la scène, comme ici.
Format
Le format vertical est bien adapté ici, il donne de la
profondeur à la photographie. Si les vélos du premier
plan représentaient le motif principal, j'aurais sans
doute opté pour un cadre horizontal.

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24 mm, 400 ISO, 1/125 s, f/8

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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Fiers
Procédé employé pour guider Angle de vue et plan
~angle de vue est en légère contre-plongée, les en-
le regard
fants se trouvaient sur un podium. Le plan est serré,
Malgré la petite surface qu'ils occupent sur l'image, mettant l'accent sur les personnages et leurs carac-
les yeux de l'enfant de droite attirent immanquable- téristiques.
ment l'attention. Le fait que le reste de son visage soit
caché accentue cet effet. Les cannes que les person-
nages portent sont des lignes qui dirigent également Signification
le regard vers cette zone.
Alors que je visitais un village d'Amérique cent rale, j'ai
pu assister à des festivités annuelles. La tradition est
Format que les hommes en âge de se marier aillent courtiser
les jeunes femmes, habillés selon des codes particu-
Comme souvent lorsqu'on réalise un portrait en pied, liers (souvent en robe, avec des perruques blondes et
le cadrage vertical est requis. Ici, j'ai donné peu d'im- des masques) après avoir dansé sur une estrade de
portance à l'environnement. On devine juste quelques la grande place. J'avoue que les subtilités de cette
maisons à l'arrière-plan. coutume m'échappent. J'ai particulièrement été tou-
ché par ces jeunes enfants qui imitaient fièrement la
danse de leurs aînés.

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200 mm, 800 ISO, 1/160 s, f /5,3

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LES SECRETS DU CADRAGE PHOTO

Cigognes
Procédé employé pour guider Signification
le regard J'ai aperçu ces cigognes dans un champ du sud de
la France, alors que je me baladais en voiture. Le pro-
l..'.image est constituée d'un motif très homogène. Le blème en photographie animalière est que l'on n'arrive
spectateur est donc directement interpellé par ce qui jamais à se rapprocher assez. Les animaux se trouvant
tranche avec cette monotonie : les oiseaux. à une très grande distance, mon téléobjectif n'était
pas suffisant pour obtenir un gros plan de~ oiseaux.
J'ai donc tenté une approche par étapes. A chaque
Format fo is, je prenais une série de clichés. Pendant cette
Le format carré a été adopté pour appuyer l'effet de progression, les oiseaux se sont placés dos à dos. J'ai
symétrie de la composit ion. saisi cette opportunité pour réaliser une image singu-
lière qui donne une impression de reflet dans un mi-
ro ir. La position légèrement différente des animaux
Angle de vue et plan vient cependant casser la symétrie quasi parfaite de
L.'.angle de vue est frontal. Le plan est large, ce qui est la composition. Ce cliché mont re que, parfois, la créa-
peu courant pour ce type de sujet. tivité naît d'une situation contraignante, qui ne semble,
au premier abord, pas adaptée au sujet.

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L4J IMAGES EMPLIOU~ES

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>- 400 mm, 400 ISO, 1/500 s, f/4
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Dans la mên

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Les secrets de la photo d'animaux


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