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109 vues124 pagesDoggyBags - Tome 14 - Shadow of Death
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Be ae Oui, on avait dit que DoggyBags était fini. Que le numéro 13 marquerait de sa symbolique lourde la fin de
la série. Et on n’avait pas menti. On y croyait fermement.
Je pensais avoir tout dit, avoir fait le tour du spectre de exploitation. Du Rape & Revenge classique, en
Passant par le Giallo avec HeartBreaker, jusqu'au Chambara et la Zombiexploitation. Je ne voulais pas
qu'on commence a s’auto-caricaturer. Je ne voulais pas faire le tome de trop. Et puis 13, quoi de mieux pour
arréter DoggyBags ? Et tant pis pour les triskaidékaphobes. On était au summum de la cohérence éditoriale.
Etil faut avouer qu’a titre personnel, étais épuisé, D'une certaine maniere, cette fin arrivait a point nommé.
Apres un sprint final pour boucler les trois demniers numéros, je pouvais enfin me reposer.
DoggyBags avait vicu, DoggyBags était mort. DoggyBags resterait dans les esprts. Rideau.
Et c'est quand tu penses que tout est fini, que le cadavre est enterré dans le fond du jardin entre la batavia
et la ciboulette, que son fantéme revient te hanter la nuit. Ga arrive comme un cauchemar qui te réveille
en sueur. Ga commence a prendre de plus en plus de place, ga te suit dans la douche, aux toilettes, au
supermarché, devant un film ou dans ta salle de sport.
Lenvie revient. Les idées nouvelles aussi.
Et des questions : "Quid de la Blaxploitation ? On n’a pas vraiment fait de slasher a Vancienne... Ki-Ki-Ki-
Ma-Ma-Ma... Dommage, on n'a pas suffisamment parlé des réseaux sociaux et des legendes urbaines:
numeériques qui les accompagnent. Le Momo Challenge, les creepy pasta... Et on n’a pas non plus parlé des.
sorcieres (méme si Midnight Tales le fait trés bien), ni des bourreaux.”
Alors, on s'arrange, on se concentre sur les DoggyBags Présente, avec des themes bien précis. Mais rien
& faire, le besoin de relancer la série originale se fait de plus en plus pregnant.
(On vit dans une culture oJ, dans chaque ville, chaque village, au détour d'un sentier ou dans une église,
on se retrouve en face de la représentation d'un homme cloue sur une croix. Mort ou en train de mourir. Un
homme agonisant, Dont on nous explique quill serait revenu a la vie. Ga fait partie du paysage, on 'accepte
A défaut dy croire,
Alors, merde | 0.K., j'ai annoncé la mort de DoggyBags. Ben voila, maintenant, annonce son retour.
DoggyBags revient donc parmi nous. Certes il ne va pas se mettre a rompre le pain ; notre ressuscité serait
plutot du genre a manger des cerveaux. Nous avons donc décidé de réfléchir la série entiére en saisons
les treize premiers numéros constituent une premiére saison qui n/a pas dit son nom, et le tome 14, c'est
le début de la saison 2. L'idée serait donc de repartir sur treize nouveaux numéros, si les lecteurs suivent,
évidemment (oui, vous avez ce pouvoir de vie et de mort sur une série !)
Dono, n’hésitez pas a propager la bonne nouvelle. Faites sonner les cloches partout autour de vous
—ou le tocsin, en occurrence -, faites tourer vos crécelles dans les rues : DoggyBags revient. Jésus a mis
trois jours ; nous, on a mis quasi trois ans. Et quoi ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
lest venu, il est né, il a souffert, il est mort. Ilest ressuscité...
IT’S ALIVE!
a)
HK IK I IK IIH III III III III II III II II III II IL > LECTEURS
sia enn
Moteusceueurs
Je suis out, jai eu suisamment de mal & faire mon deuil aprés le 13.
‘et vou que ca repat paur une saigon 2. Jexplique ca comment mon
pay ? Et ce nest vous qui all devo réorganieer ma bibhoteque pour
faire dela pace.
Alexis Ferrant
FOI III I toe
Je veus un buletin ¢abonnement please! aussi si @Sultya pouvait
itusierles tois quarts des Pistoies ca serait OK je pense Ps c'est pas
Lune biague je veux mabonner et les recevore cirecios
Black_ove
FO III II It toe
Cela entrain t i Fart des déctinaicons doggybags ? One shot et
Presente ?
Maximilien
RUN
FOI III II te
bien de fae des cline cent aux séies méres comme Miz
ry 68 facon vraiment infme sur ceraines planches -jusquic:
Thorreur est bien preserie mais perso jameraly vor plus de cut aussi
es monstres aquabques
‘Theo Vilaceque
RUN
FOI IO IOI IOI kt te
Longue vie & #Ooggybags ! Faites nous peur, rie, vomit, bef vive par
vor hsloires ben Ealézes ot méme malatzantes, Je prende tout ce qu
‘vous ofez, Fesprit #Ooggybags faron @label618 n'a pas fii de me
hhanter #Label619 Hseason2
Woodtiz
RUN
Pinaceae
salut dogaybags
{fetais un mec coot mais maintenant et grace @ vous je suis un serial
kilt meri |
rmrshut93
RUN
FOI II II Ib ke
wes e label,
|OUS $0! deput toujour, @ ku marttakaz et bodybags depu! le débu, mo
JsUi Un vrai fan et je voule savor si ya moy davor une planche orignal
‘gene une grande ou une super bel. pas la paine de metre mon fom
‘dessu, jst une siniature ila planche et en couleur c'est mieu
shikai
RUN
FOI III I to
Maou,
He ben putain “Mapple Square” la violence du truc mon copain ! Des
tolards déguetiasses. une ambiance ura malsaie, bret jen passe..Ok
‘Cest bon es gars, cetef's ai eu ma dose
Jsuis res sori du truc en rode malaise genre: xjme sens pas bien, ji
ie bide en vracs, comme apres un 20h de Pujadas un dimanche sor en
‘mode spt spleen /canap’ avant la reprise de 3/8 &Tusine le lendemain
2 6h du mat Du coup, ¢ ma falls une petite verveine pour réussier 8
rrvendeemi..6 ame pas la vervaine En passant un bg up & ma grand
rmére qui men refourguat quand j'étais minot... Mas bon elle sen
Sowuvient pas, lle a alzhemer (merde je devens aussi ash mo aussi
avec vos coaneres)
‘Allez sur ce a0 les degingos et belek & vos cerveaux malades |
Tetsung
RUN
FO III II ke
yesh les gas, jwoudrl des goodies doggybags est ce que ca existe
esi0ui ou je peux en acheter (en fat meme des goodkes 6191)? shut the
fuck up and take my money
grredins9
DoggyBags el Label 619, On fat ca avec le
RUN
3s lecteurs DOGGYBAGS
ih Davota daa ae
Ca
AeA eee mee ane ee
rege Nt se a Nate Wee TR RT A
COMME IL LES’ AIME, INE PETITE NOME GUI A OU CHIEN, UNE
on epee a a ol at at
St Cn a ei stele A MoM ans
FOIG-LA : CE Gul NE DEVAIT JAMAIS ARRNER ARRIVA ET LES
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Une nouvelle de Tanguy Mandias sur une idée originale de RUN. Illustrations : RUN.
Swap. Une femme sexy en cosplay & fourrure. Delile. Deux
Russes qui se mettent des baffes. Swap. Un chien famélique
sauvé dune décharge. Defle, Une file qui boit du lait par son
ez. Swap,
Le bruit du klaxon fait sursauter Michaél, La voiture de derrigre
lui colle au cul et fait des appels de phares. Michaél relache
la pédale de frein et grapille quelques centimetres dans
Tembouteillage monstre qui encombre le péripherique.
« Voila, connard, tes content ? », dts en foudroyant du regard
la conductrice. Dans le réo, la gamine aux cheveux décoiorés
lui mime un cunni avec les doigts. Sa copine, sur le siege
passager, est morte de rire
Michaél soupire et change de voie. La moto qui remonte a
toute vitesse la file des voitures klaxonne. Michaél se rabat et
le motard lui tape sur le toit, le graifant d'un doigt d'honneur
au passage,
« Putain de ! », Michaél inspire profondément. « Chaque fois
que tu ténerves, tu perds dix minutes de vie », se répéte-til
comme un mantra, Faisant abstraction du monde extérieur, il
se replonge dans ses tweets.
Défile
Romain A. @ romain
Mon coup de gueule ce matin la radio!
Caro a aimé cette vidéo. On y voit Romain A. remetire & sa
place ses interviewers. Il est question dimmigration et diden-
{ité nationale. « Quel connard », pense Michaél. Son pouce
CGique sur Laisser un Commentaite,
2) Mik47 = Calme toi, tu vas nous faire un infarctus..
@romain_a_officiel
écrit nonchalamment,
Nouveau coup de klaxon. Celte fois, cest la voiture qui se
trouve deux places derriére, La circulation a repris et lui et la
Jeune file ont oublié d'avancer. Cette demiére n'a d'aileurs,
‘lus du tout las mains surle volant, Sa copine est penchée vers.
‘son entrejambe et le tableau de bord cache sa téte occupée &
faire des va-etvient lascifs.
« Quel monde...», soupire Michaal en embrayant
La banque Lettermann domine toute la place du Vingt-Quatre-
Mai, Ses magnifiques bureaux de verre, sa structure fine et
élancée, tout dans le batiment rappelle a Michaél un paquebot
de luxe, un brise-glace vaillant, & lassaut de l'Arctique de
la finance, brisant les glaces des contrats et la banquise du
leadership.
Il gare sa voiture au parking souterrain, juste a c6té de celle
du sous-directeur, et prend I'ascenseur le menant a agence.
Il somble étre le premier & badger, alors ilallume les lumiéres
de laccueil. Les femmes de ménage sont passées, l'endroit
respire le neuf, e propre, la conquéte.
« Salut, Pepper ! », ditl au robot d'accueil importé du Japon
le mois dernier, ls ont peut-étre perdu deux employés, mais
Tentreprise a gagné en productivité. Et ga, le client en est
conscient,
Il passe le hall aux multiples plantes vertes, les salons
accueil aux alcéves intimistes, au mobiler de grand designer
norvégien, contourne la sculpture néo-primitive en plastique
moulé et arrive & son bureau de conseiller de clientele. Les
lumigres s‘allument doucement, au clquetis langoureux des
néons. Seul Juste lui et le ronronnement de la climatisation. Il repense aux
deux files dans la voiture, Les levres brillantes de une sur les
cuisses pleines de Yautre. Et sl en profitat pour se.
«T’as vu ca? », souffle Nawel en surgissant dans son dos.
Nawel. Sa libido en prend un coup tant sa cheffe aux rondeurs
affolantes lui rappelle un hippopotame coincé dans un talleur
trop étoit,
« Non, cheffe, quoi ? », demande-til en se dirigeant vers son
bureau.
«Romain machin, féditoralste de droite, 1a, le fa
dans un taxi. Crise cardiaque, apparemment...»
est mort
Le reste de a journée passe comme un film muet. Michaél
travaille sur le dossier Planchard. Michaél prend des rendez~
vous. Michaél recoil des auto-entrepreneurs et leur propose
des solutions avantageuses pour leur avenir.
« Vous crayez aux coincidences ? », demande Michal
« Hein? », répond le jeune agriculteur venu financer son projet
de ferme autogérée. Nawel se racle discrétement la gorge
quelques bureaux plus loin
« Parce que cette opportunité que nous vous offrons...»,
reprend Michaél
Michaél se pose en soufftant dans son salon.
« Bonne journée, chéri?
= Mouais.
- Tu nfoublies pas que Caro et Ju arrivent a dix-neuf heures ?
=Je sais...»
La voix de Mélanie s’éteint dans son bureau,
Il Tentend reprendee les pinceaux et se remettre au dessin.
Machinalement, sa main glisse vers son telephone portable.
Swap. Une otarie fait la grimace sur une photo de vacances.
Defile. Un groupe diactrices posent devant le bus rose du
reboot de Beautbusters.
Cine Fans 80 acinefans80_lepodcast
Le casting du remake de BeaufBusters sappréte & casser du beaut!
Michaél tique. Ses doigts volent sur le clavier digital de son
Mika? - Ce film n’avait pas besoin de vous,
Jespere que vous créverez dans votre
tour bus rose de poufs, féminazies
Michael hésite avant de valider son message. Il pense a la
Coincidence de ce matin. L'affiche du film au-dessus de lui attire
‘son regard. Entre une collection de vinyles et des statuettes de
jeux video, le logo vintage souligne son godt sir et décalé.
Le "geek est chic", comme diraient ses amis lorsquils viennent
passer des soirées jeux a la maison. On sonne a la porte. En
parlant de ses amis.
« Jarrive !», crie Michaél
Il envoie son commentaire, lance sa playlist Chill 002, vérifie
que les bols de crudités et dhoumous maison sont bien a leur
place et file ouvrir la porte,
« C’est pas une question de monomaniaques victimaires ! »,
répond Carole. « Vous n’étes pas a notre place, et vous ne
pouvez pas savoir ce que ga fat, ce qu'on resent!»
La file aux cheveux roses s'énerve en plongeant une tomate
ccerise dans la sauce au yaourt Le fru trop mor lui éclate entre
les doigts et fait gicler chair et pépins sur la table en merisier.
Mélanie soupire.
«Je vois ce que tu veux dire, Caro, mais... Enfin, Mika, tu en
penses quoi de tout ga? ». Mika glousse en placant ses index
devant sa bouche.
« Moi, ce que je pense, c’est qu'on peut plus rien dire ! »
‘Tout le monde rit et on passe & un autre sujet. Carole se leve
‘et slexcuse pour la soirée
Le lendemain, Michaé! recrache son cappuccino lorsquil voit
Tarticle au sommet de son flux ¢'informations.
Léquipe du reboot controversé des Beaufbusters vic-
time d'un terrible accident de la route ! Si les trois
techniciens les accompagnant s'en sortent miracu-
leusement, il n’en va pas de méme des quatre jeunes
femmes, dont l'état actuel est toujours “tres préoccu-
pant” selon les médecins.
Michaél tremble un peu. Une sueur froide lui coule le long
du dos. Encore une coincidence. Ce genre de choses arrive
souvent, pas vrai ?
« Tyas tbarrer, oui ? » Une vieile femme se tient devant li
casquette a lenvers, bras croisés sur son maillot des Lakers,
« Tu vois pas quiu génes ? », demande-telle en désignant
Tembouteillage que Mika vient de créer en plein milieu de la
‘queue du Starpuke.
Mika bredouille quelque chose et se drige vers la sortie.
Mika browse les réseaux a la pause déjeuner. Son sandwich
poulet-mayo laisse une odeur douceatre dans lopen space.
Swap. Une file tale de la créme solaire sur ses seins.
Detile. Un homme se fait mordre par un serpent. Sivap. Une
controverse est née sur une pub montrant une file avec
tun pénis. Dévile. Mika repense a Caro. Pauvre file. Aucun
humour... Ilitrapidement les commentaires de la file au péris.
CrotteDePoneyte - Mogt28, Prendre conscience
de ce que peuvent ressentir les autres n'est pas
une mauvaise chose, tu te souviens quand tu étais
un geek persécuté ? Mika grince des dents. Comme Caro et ses diatribes !
CrotteDePoneyte, une influenceuse de la twitlosphere,
toujours sur le front des guerres sociales... Mika pianote.
e Mika? ~ CrotteDePoneyte, internet se porterait,
‘mieux sans tes vomis verbaux...
Mika hésite. Cette fois, il sera plus calme. « Mange ta gerbe »,
finitil par écrire. Mika passe a un autre site,
Un articie sur un videaste payé par une entreprise. Mika sourit
et Kiche son commentaire.
6 ‘Mik? = Va te pendre !
Puis il hésite. Si demain on retrouve le gros Youtubeur
endu au bout d'une corde, son tweet paraltra trop suspect.
Manquerait plus quil se fasse poursuivre pour harcélement,
Alors, ilefface et tente un truc plus tordu.
6 MiK4? - Dans sa prochaine vidéo, il nous
‘montrera comment il flambe votre fric !
Il sarréte la, Et si ca marchait vraiment ? Il aura le temps de
verifier demain. Vapréssmidi semble interminable. Il se sent
comme un gosse la veille de Noel
Mika boit son café. Silencieux, il regarde Mélanie, le nez dans
‘son chocolat chaud, parcourir ses sites du matin. Elle s'arréte
soudain,
« CrotteDePoneyte, tu sais, linfluenceuse ? On vient de le
retrouver étouffée dans son vomi. Et Piitlu, le vioueur, sa
demigre vidéo le montrait en train de simmoler avec des
billets! Fake ou pas... c'est chaud !
= Oui. », dit Mika en finissant son café et en prenant ses
valises pour son voyage daffares
Broan,
Swap.
‘MiK47 - Cool, ces nouvelles résolutions,
mais t’as pas pensé & aller mourir, plutot ?
Dele
6 MiK4? ~ Pas mal, ce dernier album. Si vous
pouviez maintenant crever comme votre
chanteur...
Mika pousse un soupir en sétirant
« Tas lair heureux, Mika. C'est 2 cause des contrats juteux
‘quion va signer ? », luidemande Nawel, & cOté de lui. « Ouc'est
la perspective de passer toute une semaine en téle-a-téte avec
ta cheffe adorée ? », lui demande-tlle en posant une mai
En termes de harcélement femme-homme, sa supérieure fait
preuve d'un progressisme certain.
« Professionnellement, la premiére option, bien sir. Et,
professionnellement toujours, il ne faut jamais négliger une
‘opportunité », dit Mika d'un ton rieur. Nawel affiche un sourire
et se replonge dans le magazine people mis a disposition par
la compagnie aérienne.
Mika jubile, Il a du mal 8 contenir un fou rie. Tous ces morts,
et personne ne le soupgonne ! Ils ignorent tout du pouvoir quill
au bout du pouce. Cen est presque grisant. Mais il ne faut
pas en abuser. I faut y aller avec parcimonie, une justice &
la fois. Sur son fil Twitter, un article atte son regard. Il s'agit
du producteur des Beaufbusters, Hilary Clemens. Il déplore le
comportement des fans et le harcélement sur le Web.
« Le pire dans tout ca [NDLR : 8 propos de la mort
des actrices], c'est le comportement d'lnternet. On
est revenus une époque de chasse aux sorciéres ot
des gamins frustrés se permettent tout sous le masque
de 'anonymat. Le monde réel ne s'arréte pas une fois
entré sur la Toil
Soutenu par ses scénaristes, le producteur et les deux
‘sceurs annoncent la poursuite du tournage, sous forme d'un.
documentaire sur le cinéma de genre. Une photo illustre
Farticle, montrant Hilary Clemens et les soeurs Novak face &
la tour Eel
Des gamins frustrés ? Minables. Incompétents. Pauvres fittes
ala Solde des médias ! Laisser un Commentaire. Un dernier.
‘Quelque chose de simple, defficace.
‘Mik47 = Hilary Clemens, toi et tes chiennes de
garde allez tomber de haut. Croyez-moi,
Envoi
‘Mika s’enfonce plus confortablement dans son fauteull et éteint
son portable, le doux sentiment du devoir accompli. A ses
clés, Nawel s'est endormie et ronfle légerement.
Laéroport défile par le hublot. La chaleur des moteurs fait
onduler le paysage. Quelques secousses et favion décolle.
Les oreilles de Mika claquent et la terre s'éloigne. Des nuages:
ségrenent par le hublot. Le signal sonore indique quion peut &
présent détacher les ceintures.
Une hétesse s'approche dans le couloir. Portable & la main,
sourire au visage, elle siaréte a la rangée de sidges juste
devant Mika,
« Excusez-moi », ditelle en s/adressant aux passagers devant
hui. « Je peux faire un selfie avec vous ? Mes enfants adorent
ce que vous faites! »
Les passagers se lévent. Un homme et deux nanas. L'hdtesse
se place devant eux, et tous les quatre prennent la pose.
Michaél pense les reconnaitre... Ce n’est quand méme pas.
Lalumiére du flash lébiouit
« Merci, vous étes géniaux ! », reprend Ihdtesse. « Ga vous
plait ? », demande-telle en se tournant vers Michaél, 'écran.
de portable tendu vers son visage.
«Pardon ? »
‘Surl'écran, Hiary Clemens et les sceurs Novak font de grands
sourires et des grimaces a lobjectif. En arriére-plan, Michaél
ferme les yeux, le visage déformé par une grimace.
« Alors ? », répéte Thtesse, dont les os anguleux forment
sous Sa peau orange le masque grotesque de la mort
« Estce que ¢a vous plait ?»
Autour dielle, Hilary, les scénaristes et tous les passagers
‘se mettent a rire, marchant, s‘extippant de leurs siéges en.
direction de Michaal
«Que se passe-til7 A Vide! »
A.avant de 'avion, le plote sort dela cabine,hilare, le anche
entre les mains.
« Hein, dies | », sétoutfe Thétesse en postilonnant sur
Michaél. « Est-ce que ga vous plait ? »
Le hurlement de Michaél se confond avec celui du moteur,
tandis que Vavion plonge dans la tempéte.
‘swap.
Défile, eesti ,
‘
COICO III IOI OEIC ICO ICICI AOI IOI
\
FOR IKK Ik
NOTE D'INTENTION
Pe tee ca Reape ae
Nea arene MMell eel Buena
a aed (C2 Rot Mee od cht at
post LSSSSESSSISELAS ASA eed
POSCETU en ORL? NEE
Cee hed
L'échelle de Glasgow, encore appelée °s
est un ini
pe de Glasgow’
eur dé l'état de conscience d'un patient
permettant d’estimer la gravité d'un coma, Dans un
contexte d'urgence, elle permet au médecin de choisir
une stratégie dans loptique du maintien des fonctions
vitales, Trois critéres sont testés et notés : la réponse
verbale, la réponse motrice et ouverture des yeux.
Hae: CS
PEEREESESSSSIS SISSIES SET e See S eS STS Ieee IIT
Chaque critére est noté de 1 a 8. Additionnés, ils
constituent Is note totale qui permetira une prise en
charge adaptée de la victime.
Leéchelle va de 5 (état de mort apparente)
15 (personne parfaitement consciente).
TABLEAU DES CORRESPONDANCES
OUVERTURE
DES YEUX
la
‘Ae doule
o
XX
NS
AXE
EPONSE
VERBALE
Talis la
REPONSE
von cca
a
pomianes
Sons incompréhensibies
‘ben surcommanden
aouleur
rmale [SOSH
‘normale (ddreoratlcny
En premiers secours, on estime que les notes 14 & 10 représentent un patient somnolent ou en coma
léger. Les notes 9 & 7 caractérisent un coma lour:
état de mort clinique,
4. De 6 45, le coma est profond ow le patient est en
[SEREELISILSA A ee
Sus
TT UE
Cau ee nog
LSESESSESSSSSS SESS SSeS eee ee eee eee cee e eres
RUN : Hello MUD. Je souhaitais recontextualiser ta
Participation ce DoggyBags, parce que comme tu le
on aime bien apporter des clés de compréhension
‘nos lecteurs.
En vérité, méme si tu as déja été publié dans le
DoggyBags Présente : Beware of Rednecks, Glasgow
‘st la toute premiére histoire que tu m’as présent
Et c'est un récit inspiré d'une expérience intime, tu as
puisé dans ton vécu pour Vécrire. Est-ce que tu peux
Partager cette expérience avec ceux qui nous lisent ?
MUD : C’était en novembre 2007
Un matin, aprés plusieurs jours de courbatures, je me leve
{et je maffale sur le sol : mes jambes ne me portent plus.
Comme je suis presque incapable de marcher, je fais venir
le médecin. Il parle d'angoisses, de crises de panique.
Je sens que c'est autre chose, mais il reste sur son idée.
La matinée passe. La paralysie gagne du terrain et, le midi,
lle a déja atteint la machoire. J'abandonne mon repas et,
flippé, jappelle un deuxiéme toubib,
I mvausculte et me dit : “Croyez-moi, jl travaillé en hopital
ct je peux vous assurer que ce nest pas neurologique”.
Wrepart
Je tente de faire quelques pas. L’etfort est tellement violent
uil entraine des vomissements.
Appel aux pompiers, qui m'emménent rhopital. Sur la
Toute, ils me rassurent : "Ne vous inquiétez pas, ce soir,
‘yous serez rentré chez vous.”
Amon arrivée, aprés quelques examens, je suis placé en
neuro et on me souhaite bonne nuit. Sauf que je me révelle
‘au bout de quelques heures. J'étoutte. Incapable de respirer.
La paralysie a atteint mon systéme respiratoire SME DANE
ewes
uy Comps sane VI.
MON EXISTENCE
RECUTE A INE ILLUSION. |
ALaro
MORT. TTI >
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Py ee
x
y IX) ay J) \
a
9 N=) (a
ace ane LSESESSESESSSS SSS IES ESTE eee Eee Tee ee ETI
MUD : En réa, je suis placé dans le coma. Inconscient,
des tuyaux remplissent les fonctions que je suis incapable
daccomplir par moi-méme : respirer, me nourtr, etc.
‘Mon cerveau est le seul organe que la maladie n'a pas
atteint. Alors, il turbine. Bien qu’étant dans le coma et
incapable de bouger, il continue de donner des ordres
“Leve-toi. Marche, Hurle." Mais le syndrome a rongé son,
réseau. Les ordres n’aboutissent plus. Mon cerveau ne
Ccontrdle plus rien, mais siobstine a le croire... et & me le
faire croire. il me ment,
Enfermé a lintérieur de mon corps inerte, je fantasme la
suite des événements, mes conversations, les interactions
avec mon environnement, convaincu détre toujours
conscient. J'occulte la nuit durant laquelle jai sombré, La
vie, pour moi, continue, Dans le centre de soins que mon,
esprit a inventé, je me déplace en rampant sur le sol, un.
peu comme Hugh Glass dans The Revenant. Je crois que
je suis en train de guérirlentement, ete veux rentrer chez
‘moi. C'est une obsession. Je dois tenir. Surtout quand la,
‘maladie vient perturber mon refuge mental.
Dans ces moments-la, le fantasme de mon cerveau.
bascule dans le cauchemar. Si la fiévre est tellement
forte que Ion place sur mon corps des poches de glace,
mon esprit, lui, menferme dans un caisson dans lequel
la glace me recouvre peu @ peu. Si mes poumons se
remplissent de liquide, il m’envoie un homme sans visage
qui tente de me noyer. Des picotements dans la gorge
et jimagine que l'infrmier me visite chaque nuit pour me
faire avaler des aiguilles. Et personne ne le voit. Personne.
he vient m’aider. Trés vite, les tortures deviennent de
plus en plus rapprochées, durent des jours. Je ne me
souviens que d'un seul moment de répit. Un instant de
flottement, d'obscurité totale. Une noirceur qui n'avait rien
dieffrayant, sans gravité, sans substance. Je me suis dit
“Laisse, maintenant. C’est facile.” Ce soir-la, ils ont appelé
ma femme au milieu de la nuit. Ils lui ont demandé de
venir. Pour me dire au revoir. C'est arrivé deux fois.
Les gens qui connaissent ce que j'ai traversé me disent,
toujours que Jai fait preuve de courage. Mais c'est des
conneries ! La vérité, cst que jtais terrifié. C’est ia peur
de mourir, cst ca qui m'a poussé & m/accrocher.
RUN : Tu parles de cauchemars. Mais, bien quiin-
conscient, tu savais qu'il s'agissait de cauchemars ?
MUD : Non. Quand tu fais un cauchemar, ce n'est qu’au,
‘moment ou tu te réveilles que tu réalises que c’en était un,
que tu rationalises. Sauf que la, tu ne te réveilles pas. Le
cauchemar dure des semaines. Tu restes coincé dans le
truc et ¢a fini par devenir ta réalité parce quil ny a plus
rien d'autre. Aucune issue rassurante.
RUN : Ettuas impression d'avoir vraiment vécu dans
ce “monde paralléle” cing semaines completes ? Ou
seulement par bribes ? Parce que cing semaines,
C'est long... Tu avais la notion du temps ?
MUD : Oui, et c'est trés long. Ila fallu plusieurs jours avant
que je ne prenne vraiment conscience que ces semaines
que je pensais avoir passées dans ce centre de soins
étrange n’étaient que le produit de mon cerveau
Aujourd'hui encore, ai limpression d'avoir vraiment vécu,
tout ga. J'ai beau savoir quil s'agissait de réves, c'était
si intense que c'est encodé au méme niveau que mes,
souvenirs. Je mien souviens comme de choses que
jaurais réellement vecues.
RUN : Et done, a un moment, tu t'es réveillé
MUD : Au bout de cing semaines, je reprends conscience
Et a ce momenta, je suis convaincu d'avoir déja passé
plusieurs mois & lutter contre la maladie, et que je vais,
rentrer chez moi. Sauf que je me réveille, et je suis,
toujours totalement paralysé, tout en bas de cette foutue
échelle de Glasgow et dans un corps que je ne reconnais,
pas. Mes muscles ont fondu, mes ongles ont jauni. J'ai
perdu vingt-cing kilos. Je ne ressens plus ni le chaud ni le
froid, pas méme le contact des draps sur ma peau ou des,
‘mains qui se posent sur moi pour me manipuler.
Je ne suis plus qu'un poids mort
Le médecin me dit : "Vous avez tel syndrome et y a pas
de remade. Vous pourriez guérir complétement ou rester dans cet état de paralysie a vie... Et puis ily @ un entre-
deux qu'on ne peut pas encore définir aujourd'hui. Ga
dépend de vous.”
RUN : “Ca dépend de vous” ? Moi qui suis trés
sensible a la culpabilisation, c'est trés culpabilisant
‘comme propos, non ?
MUD : Oui, Crest dur, mais honnéte. lls peuvent parfois
étre blessants, bien que la plupart du temps bienveilants,
Daalleurs, toutes les sodnes dhépital de Glasgow sont
des situations que jai réellement vécues. Certains de
leurs mots peuvent sembler cruets, mais je les comprends
aujourd'hui. Ilfaut se mettre a leur place...
En réa, jétais dans une chambre située juste en face de
la salle des infiriers, avec une immense fenétre & la
place de la cloison afin de toujours étre sous surveillance.
Ma porte restait toujours ouverte, méme durantles visites.
Les seules fois ol elle était fermée, c'était lorsque l'un
des infiriers remontait le long couloir en poussant le
lit dun patient moins chanceux que moi. Les morts ont
une présence étrange, une aura qui impose le silence
Ces gens- la cétoient chaque jour. Psychologiquement,
la distance doit tre nécessaire pour ten. Je ne leur en
veux pas. Je leur dois chaque jour que je vis depuis.
RUN : Tu pouvais parler ?
MUD : Non, je ne bougeais méme pas les paupiéres, au
début. On me les ouvrait, les humidifiat réguligrement et,
les refermait quand il fallait dormir. Extérieurement, jtais,
tun corps inerte. Sans les moyens d'aujourd'hui pour
détecter activité oBrébrale, on m’aurait considéré comme,
un cadavre et on m/aurait enterré vivant.
Mais quand j'ai pu remuer & nouveau les yeux, ils ont
Uitilisé le systeme congu pour échanger avec les patients,
ateints d'enfermement complet, le Locked-in Syndrom,
lis te récitent les lettres de Talphabet, et tu clignes des
yeux quand ils arrivent sur la bonne lettre. C'est long et,
frustrant, mais au moins ga te permet de communiquer.
Pas de tenir des conversations, mais on peut échanger
quelques mots avec des gens comme les médecins ou,
les proches.
RUN : Le temps doit passer horriblement lentement.
MUD : lls me passaient mes disques sur un poste radio,
CD. Javais aussi une télé au-dessus de mol... que
je voyais en triple, parce que mes yeux n’étaient pas
fonetionnels (ries).
Bref, aprés ma période de coma, jai encore passé quatre,
semaines en réa juste @ pouvoir cligner des yeux. Et
quand iis ont enfin retiré le tuyau dans ma gorge, j'ai pu
parler et je suis parti en rééducation. Toujours sans savoir
jusqu‘oi jallais récupérer.
RUN : Mais alors, au final, comment ils expliquent que
tu aies chopé ca?
MUD : J'ai eu une béte angine, le déclencheur, mais la
cause exacte de existence de ce syndrome rare niest
toujours pas connue aujourd’hui. C'est juste pas de
chance. Le syndrome pousse le systéme immunitaire
confondre le systéme nerveux de son hdte avec le
Virus qu'il est censé attaquer. Done, il combat 'angine et,
bousille en méme temps ton systéme nerveux.
Du coup, meilleur est ton systéme immunitaire, et pire
Ceest pour toi. J’étals jamais malade et, sur un one-shot,
cama mis HS
RUN : C’était quoi, les chances de récupération ?
MUD : 85 %. Ga se joue dans les deux ans qui suivent,
la maladie. Tu récupéres plus ou moins selon les dégats
faits surles nerfs. Bien sar, plus t'es descendu bas et plus,
tes chances de remonter s’amenuisent.
Jai quasiment touché le fond. Plus bas, je ne serais plus
la pour en parler. Alors, j'ai gardé des séquelles, c'est sor,
mais & cBté de ce qu'aurait pu étre ma vie, c'est rien du,
tout.
Jai eu du bol TEXTES ETLUSTATONS PE IN
EE SSESSSESSSL SS ASST SSS SESS SSS S SSS SS SSS SSS
FO IOI IOI III IO II II I IOI IOI IIR ie
‘Au Moyen Age, les crimes capitaux comme le meurtre, le viol
et le val, étaient soumis aux ordalies, ou “ugements de Dieu’. I
Sagissait dépreuves somme toute irationnelles, mais qui étaient
censées révélr lejugement du ToutPuissant, et donc a culpabiité
‘ou finnocence du prévenu. Exemple tout simple : on plongeait le
presume coupable dans un lac avec une pierre altachée au pied, Sl
sumageait, cest qu'il tat innocent. Et sil se noyait, cet quil état
‘coupable. Et patois, c’étatlinverse !
Mais en 1215, le pape Innocent Il introdusit de nouvelles lois pour
que la justice soit rendue avec plus de rationale, en privilégiant
les preuves basées sur des fails objectifs. On était évidemment
‘encore bien loin de la police scientifique et des preuves AD.N.,.
mais pour Tépoque, il slagissait dun réel progres modemiste.
Malheureusement, comme souvent, des intentions humanistes
et progressistes peuvent conduire au cauchemar si les potentiels
