L’introduction au droit est une matière
classique, qui permet l’initier d’abord au
cadre conceptuel producteur des règles
juridiques.
Cette démarche se fixe comme but second
de situer l’esprit de l’étudiant dans la
rationalité qui est censée être la sienne:
l’objectivation permanente des sciences
étudiées. Ce qui donne l’assise intellectuelle
qui permet à l’étudiant d’interagir avec la
matière et, plus tard, les possibilités de la
manipuler.
Comment se produit et se développe le
phénomène étudié, le droit en ce qui nous
concerne. Et donc comment on y réfléchit?
Comprendre la genèse des règles de
droit: la naissance de l’idée de formuler
les règles de conduite, comment
convaincre rationnellement les citoyens
d’y obéir est le plus important puisque
après les choses apparaîtront plus
simples.
Les chapitres développés après
paraîtront plus faciles. Puisqu’ils
sont l’aboutissement logique du
précédent, tant au niveau de la
classification des branches de
droit qu’aux thèmes essentiels
autour desquels chaque discipline
se déploie, l’organisation qui en
découle et les conséquences que
cela implique.
L’approche permet de mieux
comprendre la division : droit
international\droit national, et
l’interactivité qui les lie. Elle rend
intelligible la distinction droit
public\droit privé en mettant en
évidence chaque fois l’enjeu réel de
la règle de droit.
L’enchaînement aboutit enfin de
lui-même à la gestion des conflits : le
rôle et les compétences de chaque
catégorie de tribunaux, les crimes et
délits et leurs sanctions.
Chapitre I:
Les enjeux de la définition du droit
La connaissance du droit s’est heurtée
dès le début au problème de sa définition.
Et le conflit intellectuel engendré a révélé
l’ampleur des intérêts qui évoluent
parallèlement à la règle juridique.
D’autant plus que des écoles de pensées
très variées, souvent contradictoires,
découlent des tendances qui se
distinguent à ce niveau. Ce qui a permis
d’enrichir le débat et mieux cerner,
identifier le sujet d’étude, appréhender ce
qu’il laisse voir et ce qu’il peut cacher.
I La définition du droit
1 - Les définitions substantielles du droit
2 - La définition formelle
1- Les définitions substantielles du droit
Jeu du contenu de la règle, le sens véhiculé
par la notion du droit. Elles constituent
globalement deux approches radicalement
opposées.
La première est qualifiée: l’école naturelle.
La seconde englobe plusieurs tendances
désignées par l’expression: approches
positivistes
a : L’école idéaliste
Platon dira que l’idéal du droit
naturel a été la recherche de ce
qui est Juste; Aristote qu’il se
veut conforme à l’ordre naturel
des choses. En somme,
l’inégalité entre les hommes est
entérinée par cette conception
du droit et l’esclavage justifié.
C’est l’effacement de la civilisation
grecque au profit de Rome qui
incitera les philosophes à une
meilleure réflexion, surtout plus
modeste. Puisque Cicéron sera le
premier à relativiser la portée des
valeurs véhiculées par le droit. Elles
changent, dira-t-il, selon l’époque, le
pays et la population.
Plus tard, au début de l’ère
moderne, Hegel admettra ce fait
en affirmant que le droit naturel
est: « l’autoréalisation
progressive de la liberté ».
Impossible d’être plus abstrait.
b - Les doctrines positivistes
Les points de vue rejettent ici toute
métaphysique pour la définition du
droit, soit-elle d’ordre naturel ou
divin. La distinction se fait
habituellement entre trois grands
courants. Et chacun est composé
d’écoles divergentes.
- L’école sociologique
Les juristes se contentent ici
d’extraire les valeurs sécrétées et
véhiculées par la société pour les
codifier. Donc la démarche
d’objectivation du droit se limite à
l’analyse de cette source : les faits
sociaux et leur interaction. Or, le droit ne
peut être un simple reflet des faits.
(Bergel.P28)
Le rôle du droit est justement
de dominer les faits sociaux. Et
s’il est capable de jouer ce rôle,
c’est qu’il lui est possible
d’influencer les faits alentour et
les relations au sein de la
société.
- L’école matérialiste
Ici le droit est l’instrument de
domination d’une classe sociale sur
les autres. Il en exprime la volonté et
protège les intérêts, parce qu’il
traduit le mode de production de la
vie matérielle et les rapports de force
qui en découlent.
De ce fait, la définition du droit
passe en second plan, au profit de la
définition préalable de l’organisation
économique et politique des relations
sociales, dont le droit est le reflet, un
reflet trompeur.
Dans les années soixante-dix, le
doyen Miaille a donné à cette
approche une dimension plus
intéressante, en évoquant : « la
structure complexe des causalités qui
appartiennent à ces différents
niveaux dans la production et la
reproduction du droit.» (Miaille. p85
et 89)
Il soulignait ainsi l’interactivité
entre l’économique, le politique et le
social dans le processus d’élaboration
des règles juridiques.
- Le positivisme purement juridique
Cette approche se dit neutre, sans a
priori idéologique ou religieux. Elle
préconise d’étudier et travailler le droit
sur les bases fournies par ce même droit,
d’une manière dite scientifique. La
définition s’apparente ici à la tendance
formelle. Seulement il y est question du
contenu de la règle juridique et des
procédures légales de sa mise en œuvre
établies par le droit lui-même. En somme,
diront les critiques, la définition tourne en
rond pour conduire au fétichisme de la loi.
En effet, l’approche confère au droit
une importance égale à celle de la
force, la répression. Elle veut briser la
résistance de l’homme pour asseoir
l’autorité de l’État moderne, sans se
préoccuper des enjeux en conflit au
sein de la société. De ce fait : les pires
abus et les plus atroces excès pourront
ainsi être légitimés, consacrés par le
droit.
2- La définition formelle
La démarche se limite ici à la règle de
conduite établie et écrite. Elle privilégie
d’abord l’aspect formel, l’écriture, la
codification. Elle ajoute ensuite un second
paramètre, la sanction.
Ainsi, toute prescription élaborée afin
d’organiser les relations économiques,
politiques et sociales, et dont
l’inobservation est assortie de sanction
est une règle de droit.
Cette approche a permis une meilleure
clarification, c’est vrai. Elle ignore le droit
coutumier, présent quoique marginal
dans pratiquement toutes les sociétés.
Mais le débat à ce propos a de moins en
moins d’importance. Puisque même les
pays « anglo-saxon »qui se distinguaient
par un droit typiquement coutumier en
sont loin dans la pratique.
Le développement rapide de la société
moderne, sa complexité et celle des
nouveaux antagonismes qui en découlent,
et la mise en œuvre des règles juridiques
obligent à la codification du doit.
Cette démarche permet deux
distinctions importantes :
a - Juridiquement, elle coupe le lien entre
la règle de droit et la règle morale
b - Elle distingue la règle juridique de
la règle sociale
II La théorie générale du droit
face aux autres disciplines
juridiques
1 - La théorie générale et les
autres disciplines juridiques
2 - La théorie générale du droit
1 - La théorie générale et les
autres disciplines juridiques
- La théorie générale du droit
- La théorie générale et la philosophie
du droit
- L’anthropologie juridique
- La sociologie du droit
Le droit est-il une science ?
Si la science est constituée de théories
capables de résoudre un problème à
partir d’un système conceptuel soumis
dans ses conséquences logiques à la
critique rationnelle, la théorie générale
du droit et ses instruments de travail
qui fondent la jurisprudence sont une
science.
Puisque cet ensemble permet de
définir et classer le connu des
rapports humains en société et
d’intégrer l’inconnu au fur et à
mesure de sa découverte, quitte
à se remettre lui-même en cause
comme toute science.