Le Grand maître de la voie démoniaque Extra - Chap.

114-116 – Banquet -1

Banquet

Lan WangJi se tourna vers Wei WuXian. « Attends-moi ».

« Et si je t’accompagnais ? »

Lan WangJi secoua la tête. « Il sera furieux si tu viens aussi. »

Wei WuXian y réfléchit et en convint. Chaque fois que Lan QiRen le voyait, on
aurait dit la flamme vacillante d’une bougie et il semblait au bord de la crise
cardiaque. Même sa respiration devenait plus bruyante qu’à l’ordinaire. Wei
WuXian se dit qu’il devrait lui rendre service et lui éviter l’exaspération de sa
présence.

Lan WangJi le regarda comme s’il voulait ajouter quelque chose. Wei WuXian lui
coupa la parole : « D’accord, je sais. Pas marcher trop vite. Pas parler trop fort. Pas
ci, pas ça, je ne me trompe pas ? Ne t'inquiète pas. Maintenant que je suis de retour
ici avec toi, je ferai très attention à ne pas violer la moindre des règles gravées sur
votre mur. Très attention. »

Lan WangJi n’y avait même pas pensé. « C’est bon. Même si tu les violes… »

Les oreilles de Wei WuXian se dressèrent. « Hum ? »

Lan WangJi sembla avoir réalisé ce que ses paroles avaient d’inconvenant. Il
détourna la tête un instant avant de tourner à nouveau vers lui un visage sérieux.
« Rien. »

Le visage de Wei WuXian exprimait la confusion. « Que se passerait-il si je les

violais ? »

Lan WangJi savait qu’il posait la question en connaissant la réponse. Il demeura

impassible. « Attends-moi dehors. »

Wei WuXian agita la main. « J’attendrai, alors. Ne sois pas aussi agressif. Je vais
aller jouer avec tes lapins. »

Lan WangJi partit donc seul subir le sermon de Lan QiRen, tandis que Wei WuXian,
agrippé à la longe d’un P'tite Pomme parti comme une fusée, courait pour ne pas

Cette version française du roman web « yaoi » pour adultes « Mo dao zu shi » de Mo Xiang Tong Xiu réalisée
par une fan est la traduction/adaptation de la traduction en anglais réalisée par K. de ExiledRebelsScanlations.
Ce travail bénévole n’a aucun but lucratif et n’est pas destiné à être monnayé par qui que ce soit dans un
quelconque but.
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se laisser distancer. Depuis son arrivée à la Retraite dans les nuages, l’âne semblait
tout excité et débordait d’énergie. Wei WuXian ne parvint même pas à le faire
ralentir quand ils arrivèrent sur une étendue d’herbe verdoyante.

Plus d’une centaine de petites boules de neige grassouillettes se pelotonnaient

dans l’herbe. De temps en temps, leurs bouches roses en forme de triple pétale
tressaillaient et elles secouaient leurs longues oreilles rosées. La tête haute, P’tite
Pomme les rejoignit et trouva un espace où se glisser entre elles. Wei WuXian
s’accroupit, attrapa un lapin au hasard et se demanda, tout en lui grattant le
ventre, Étaient-ils aussi nombreux lors de ma dernière visite ? Celui-ci est-il mâle
ou femelle ? Oh, mâle.

Ce faisant, Wei WuXian réalisa qu’il ne s’était jamais soucié de savoir si P’tite
Pomme était un âne ou une ânesse. Il ne put s’empêcher d’y jeter un regard. Mais
avant d’avoir bien vu, il entendit un bruit et se retourna pour en découvrir la cause.

Un petit panier à la main, une fillette menue hésitait à s’approcher. Voyant Wei
WuXian se retourner brusquement pour lui faire face, elle se figea sur place, timide
et rougissante.

Vêtue de l’uniforme de la secte GusuLan, elle portait aussi avec solennité un

bandeau blanc dénué du motif de nuages. Extraordinaire ! Je n’arrive pas à croire
que j’en rencontre une vraie !

Il s'agissait d'une cultivante. Une cultivante de la secte GusuLan.

Connue pour sa rigueur, la secte GusuLan déversait des dizaines de milliers de fois
dans les oreilles de ses disciples que, du fait de leurs différences, les hommes et les
femmes ne devaient pas se montrer trop intimes les uns avec les autres. Les
bâtiments d’étude et de repos des cultivants et des cultivantes étaient strictement
séparés afin d’éviter toute tentation. Les garçons et les filles s'aventuraient
rarement en dehors de leurs espaces respectifs et même les chasses nocturnes
n'étaient quasiment jamais mixtes. Cette attitude inflexible avait quelque chose
d’horrifiant. Lors de ses études à la Retraite dans les nuages, Wei WuXian n'y avait
presque jamais vu de jeunes filles et doutait sérieusement de l'existence de
cultivantes en ce lieu. Plusieurs fois, il avait cru entendre des voix féminines réciter
les textes sacrés et voulu satisfaire sa curiosité. Immédiatement, quelques
disciples aux sens aiguisés qui patrouillaient dans les jardins l’avaient découvert et
avaient appelé Lan WangJi. Au bout de quelques tentatives, Wei WuXian perdit
tout son enthousiasme et ne repartit plus jamais en exploration.

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Mais en cet instant, il avait effectivement rencontré une vraie cultivante à la

Retraite dans les nuages. Une vraie ! Cultivante !

Wei WuXian se redressa immédiatement, les yeux brillants. Alors qu’il s’apprêtait à
s’approcher d’elle, P’tite Pomme le précéda, se précipita vers la fillette et dans sa
hâte faillit le renverser.

Wei WuXian se demanda ce qui se passait.

Arrivé à côté de la fillette, l’animal baissa doucement la tête et tendit son front et
ses oreilles vers sa main de son plein gré.

Wei WuXian en resta interloqué.

Rougissante, la fillette le regarda et s’arrêta, surprise, ne sachant pas quoi dire.

Wei WuXian plissa les yeux. Elle lui semblait vaguement familière. Un instant plus
tard, il se souvint. Ne s'agissait-il pas de la fillette au visage rond qu'il avait
rencontrée après son départ du village de Mo, puis à nouveau à deux reprises sur
le mont Dafan ?

Même s’il ne l'avait jamais rencontrée auparavant, il aurait plaisanté et se serait

montré chaleureux, alors s'agissant d'une gentille petite fille qu'il avait croisée
plusieurs fois... Il agita immédiatement la main dans sa direction. « C’est toi ! »

Visiblement, elle se souvenait parfaitement de lui, avec ou sans maquillage. Après

un moment de gêne, les doigts tripotant le panier, elle répondit d’une voix douce :
« C’est moi. »

Wei WuXian laissa tomber le lapin qu’il caressait et dont il avait déterminé le sexe.
Les mains dans le dos, il s’approcha d'un peu plus près. En voyant des carottes et
un choux dans le panier, il sourit : « Tu es venue nourrir les lapins ? »

La fillette hocha la tête. En l’absence de Lan WangJi, Wei WuXian n’avait rien à
faire et son intérêt grandit. « Tu veux que je t’aide ? »

La fillette ne savait pas comment réagir. Elle finit par approuver de la tête et Wei
WuXian sortit une carotte du panier. Tous deux s’accroupirent dans l’herbe. P’tite
Pomme enfonça le museau dans le panier à la recherche de pommes. Sa
recherche ayant été vaine, il s’en accommoda et entreprit de grignoter une
carotte.

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Les carottes étaient extrêmement fraîches. Wei WuXian en croqua un morceau lui
aussi avant de poser la carotte à proximité de la bouche des lapins. « Tu nourris ces
lapins d’habitude ? »

« Non, je viens seulement de commencer. Quand HanGuang-Jun est là, c’est lui qui
s’occupe d’eux. Sinon, ce sont le Jeune maître Lan SiZhui et les autres. Je viens
quand aucun d’eux n’est là. »

Wei WuXian se demanda en son for intérieur, Comment Lan Zhan s’est-il mis à
nourrir les lapins ? Depuis quand s’en occupe-t-il ? Venait-il ici avec un petit panier
à la main lui aussi ?

S’ôtant de l’esprit quelques scènes plus adorables les unes que les autres, Wei
WuXian demanda : « Tu es une disciple de la secte GusuLan maintenant ? »

La fillette répondit docilement : « Oui. »

« La secte GusuLan est très agréable. Depuis quand y es-tu ? »

La fillette répondit en caressant le doux pelage d’un lapin : « Peu de temps après le
mont Dafan. »

À cet instant, ils entendirent le bruit léger de bottes foulant l’herbe. Wei WuXian se
retourna. Comme il s’y attendait, Lan WangJi se dirigeait vers eux.

La fillette se dépêcha de se lever et le salua respectueusement. « HanGuang-Jun. »

Lan WangJi la gratifia d’une inclinaison de la tête, tandis que Wei WuXian, toujours
accroupi, levait vers lui un visage fendu d’un large sourire. La fillette semblait
terrifiée par Lan WangJi. Rien de plus normal, puisque tous les jeunes disciples de
son âge le craignaient. Toute agitée, elle souleva le bas de ses robes et partit en
courant. Wei WuXian l’appela : « Fillette, jeune fille ! Ton panier ! Hé, P’tite Pomme !
Reviens, P'tite Pomme ! Pourquoi cours-tu comme ça ? P’tite Pomme ! » Ni la
fillette ni l'âne ne s'arrêtèrent pour autant. Wei WuXian tapota les quelques
carottes qui restaient dans le panier et se tourna vers Lan WangJi. « Lan Zhan, tu
lui as fait peur et elle est partie. »

De toute évidence, Lan WangJi avait fait exprès qu’ils l’entendent arriver.

Wei WuXian lui tendit une carotte avec un grand sourire. « Tu en veux une ? Tu
nourris les lapins et je te nourris. »

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Lan WangJi baissa les yeux vers lui. « Debout. »

Wei WuXian lança la carotte derrière lui et tendit paresseusement une main.
« Tire-moi. »

Lan WangJi tendit un bras dans sa direction, mais Wei WuXian l'agrippa avec force
et l’attira à lui.

Leur territoire ayant été envahi par d’étranges humains, les lapins réagirent
comme s’ils se trouvaient face à un grand ennemi et se mirent à courir dans tous
les sens autour des deux corps allongés l'un sur l'autre. Ceux qui connaissaient
bien Lan WangJi se dressèrent même sur leurs pattes arrière et s'agrippèrent à
son flanc comme s'ils s’inquiétaient de l’effondrement soudain de leur maître. Lan
WangJi les écarta avec douceur et énonça d'une voix calme : « Septième règle du
Mur des Règles de la Retraite dans les nuages – Il est interdit de perturber les
cultivantes. »

« Tu as dit que je pouvais violer ces règles sans problème. »

« Ce n’est pas vrai. »

« Pourquoi es-tu comme ça ? Parce que tu n’as pas terminé ta phrase, tu ne l’as
pas dit ? Qu’est-il arrivé au HanGuang-Jun qui tenait toujours ses promesses ? »

« Tous les jours. »

Wei WuXian lui caressa le visage et dit d’une voix tendre : « Ton oncle t’a grondé ?
Raconte-moi. Laisse ton Gege te faire une gâterie. »

Lan WangJi ne réagit pas à ce brusque changement de sujet. « Non. »

« Vraiment ? Alors, que t’a-t-il dit ? »

Lan WangJi le serra contre lui sans bruit. « Rien. Il est rare que nous soyons tous
réunis et un banquet aura lieu demain. »

Wei WuXian sourit. « Un banquet ? D’accord, d’accord, je me tiendrai très bien et ne

te ferai pas perdre la face. » Tout à coup, pensant à Lan XiChen il demanda : « Et
ton frère ? »

Après un moment de silence, Lan WangJi répondit : « Je le verrai après. »

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ZeWu-Jun était en retraite depuis des jours. Lan WangJi avait décidé d’avoir une
longue conversation à cœur ouvert avec lui. Wei WuXian serra à son tour Lan
WangJi dans ses bras et lui tapota doucement le dos. Peu après, il reprit la parole.
« Au fait, pourquoi n’ai-je pas encore vu Si Zhui et les autres ? »

Avant, les jeunes les auraient entourés et n’auraient pas cessé de parler depuis
l’entrée de la montagne. En l’entendant mentionner SiZhui et ses camarades, Lan
WangJi défronça un peu les sourcils. « Je peux t'emmener les voir. »

À leur arrivée, Lan SiZhui, Lan JingYi et les autres les accueillirent avec des bruits
inarticulés. Ils auraient volontiers manifesté leur joie autrement, mais ils ne le
pouvaient pas.

La douzaine d’adolescents faisaient le poirier à l’entrée de la véranda. Tous avaient

retiré leurs robes de dessus et n’étaient vêtus que de légers vêtements de dessous
d’un blanc immaculé. Tête en bas et pieds en l’air, ils faisaient face à quelques
feuilles de papier vierges et une pierre d’encre. En appui sur la main gauche, ils
tenaient un pinceau dans la droite et écrivaient avec beaucoup de difficulté des
caractères très serrés sur le papier.

Comme les pans de leurs bandeaux ne pouvaient pas toucher le sol, ils les
serraient entre les dents, trempés de sueur. Ils ne pouvaient donc rien dire non
plus. Des bruits étouffés et des yeux brillants leur tinrent lieu de cris de joie. Les
voyant vacillants et tremblants, Wei WuXian demanda : « Pourquoi doivent-ils
faire le poirier ? »

« Ils sont punis. »

« Je sais que c’est une punition. Je vois bien qu’ils copient les règles de la secte Lan.
J’ai mémorisé Rectitude en mon temps. Pourquoi sont-ils punis ? »

Lan WangJi répondit froidement : « Ils sont rentrés à la Retraite dans les nuages
après l’heure prescrite. »

« Oh. »

« Ils ont accompagné le Général fantôme en chasse nocturne. »

« Ah ! Vous avez vraiment du cran. »

« Pour la troisième fois. »

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Wei WuXian se toucha le menton. Il était naturel que Lan QiRen, qui détestait le
mal sous toutes ses formes, leur inflige cette punition. Copier les règles de la secte
en faisant le poirier était ridiculement facile.

Il s’accroupit devant Lan SiZhui. « Oh, SiZhui, pourquoi ta pile est-elle aussi
épaisse ? Je m’imagine des choses ? »

Lan SiZhui nia de la tête.

Lan WangJi intervint : « C’est le meneur. »

Wei WuXian aurait voulu tapoter l’épaule de Lan SiZhui, mais il n’y avait pas de
place pour sa main. Au bout d’un moment, il posa sa main dessous et le tapota de
bas en haut, confiant. « Je le savais. »

Lan WangJi passa brièvement en revue les feuilles des garçons. Il dit à Lan JingYi :
« C'est mal écrit. »

Mordant le pan de son bandeau, Lan JingYi répondit à travers ses larmes : « Oui,
HanGuang-Jun, je vais refaire celle-ci. »

Ceux auxquels il n’avait rien dit avaient réussi l’examen. Tous poussèrent des
soupirs de soulagement. En partant, Wei WuXian se rappela ses propres
souffrances lorsqu’il était puni autrefois et se sentit désolé pour eux. « Tenir la
position est déjà suffisamment dur. Je ne pourrais probablement pas écrire la tête
en bas. Et je ne pourrais probablement pas écrire convenablement même assis. »

Lan WangJi le regarda. « Effectivement. »

Wei WuXian savait que lui aussi se souvenait des jours où il l’avait supervisé quand
ils copiaient les règles de la secte. « Était-ce pareil dans ta jeunesse ? »

« Jamais. »

Bien sûr. Lan WangJi avait été un disciple modèle depuis sa plus tendre enfance.
Chacune de ses paroles et chacun de ses actes semblaient mesurés au cordeau.
Comment aurait-il pu faire une erreur ? Et s’il ne faisait jamais d’erreurs, comment
aurait-il été puni ?

Wei WuXian lui lança un grand sourire. « Je pensais que la force choquante de tes
bras était due à ça. »

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« Ce n’était pas des punitions, mais elle est effectivement due à ça. »

« Pourquoi faisais-tu le poirier si tu n’étais pas puni ? »

Lan WangJi regarda droit devant lui. « Ça calme l’esprit. »

Wei WuXian se trouvait juste à côté de l’oreille de Lan WangJi. La voix telle un
hameçon, il demanda : « Alors, qu’est-ce qui troublait le calme du glacial
HanGuang-Jun exactement ? »

Lan WangJi le regarda sans rien dire. Wei WuXian jubila. « D’après ce que tu as dit,
si tu as commencé à pratiquer le poirier dans l’enfance, tu peux absolument tout
faire à l'envers, n'est-ce pas ? »

« Mmm. »

Voyant ses paupières se fermer presque comme s’il était un peu gêné, Wei WuXian
se fit encore plus audacieux : « Tu peux même me prendre la tête en bas ? »

« Je peux essayer. »

Wei WuXian éclata de rire. « Qu’est-ce que tu as dit ? »

« Je peux essayer ce soir. »

Wei WuXian en eut le bec cloué.

Quoi qu’il en soit, ce soir-là ils n'eurent pas l'occasion « d’essayer ». Lan WangJi
devait d’abord aller parler avec Lan XiChen, qui était en retraite depuis un bon
moment.

Ces derniers temps, Wei WuXian avait pris une étrange habitude. Il aimait dormir
sur Lan WangJi, soit allongé sur lui, soit accroché à sa poitrine le visage tourné vers
lui. Sans cet oreiller humain, il ne parvenait pas à dormir. Toute honte bue, il mit le
jingshi1 sens dessus dessous et parvint à y trouver des choses intéressantes.

Depuis l'enfance, Lan WangJi faisait tout de façon formelle et convenable. Sa

calligraphie, ses peintures et ses essais étaient tous parfaitement rangés et classés
par année. Wei WuXian commença par les exercices d’écriture qu’il faisait enfant,
riant en les feuilletant avec délice. Ses dents grinçaient chaque fois qu’il voyait les

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ou Pavillon de quiétude, lieu de résidence de Lan WangJi à la Retraite dans les nuages.

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observations en rouge de Lan QiRen. Mais des milliers de pages plus tard, il n’avait
trouvé qu’une seule feuille comportant une erreur. Après, Lan WangJi avait copié
cent fois le caractère erroné sur une autre feuille. Wei WuXian fit claquer sa
langue. Pauvre gamin. Il ne reconnaissait probablement même plus le caractère
après l’avoir autant copié.

Il allait continuer à feuilleter ces vieilles pages jaunies quand une faible lueur
éclaira l'obscurité extérieure.

Bien qu’il n’ait pas entendu de pas, il roula habilement dans le lit de Lan WangJi et
se cacha sous la couverture. Quand Lan WangJi ouvrit doucement la porte pour
entrer, il eut l’illusion que la personne dans la pièce dormait profondément.

Lan WangJi se déplaçait de toute façon sans faire le moindre bruit. Voyant que
quelqu’un était déjà « endormi », il retint sa respiration et ferma lentement la
porte. Après un moment de silence, il finit par s'approcher du lit.

Avant même d’en être à proximité, son torse se retrouva enveloppé dans une
couverture volante.

Wei WuXian bondit hors du lit, serra étroitement dans ses bras Lan WangJi dont la
tête était couverte et le poussa sur le lit. « Viol ! »

Lan WangJi resta muet.

Bien que les mains de Wei WuXian s’égarent avec vulgarité sur son corps et le
tripotent un peu partout, Lan WangJi resta parfaitement immobile et se laissa
faire. Au bout d’un moment, Wei WuXian ne trouva plus ça amusant et dit :
« HanGuang-Jun pourquoi ne résistes-tu pas un minimum ? Si tu restes là sans
bouger, te violer n’a plus rien de drôle ! »

La voix étouffée de Lan WangJi lui parvint à travers la couverture. « Que veux-tu
que je fasse ? »

Wei WuXian le conseilla : « Quand je te maintiens allongé, tu me pousses et tu

m’empêches de monter sur toi, tu serres les jambes, tu te débats le plus possible et
tu appelles à l'aide... »

« Il est interdit de faire du bruit à la Retraite dans les nuages. »

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« Alors, tu peux appeler à l’aide sans crier. Et quand je t’arrache tes vêtements, tu
fais de ton mieux pour résister et protéger ta poitrine. »

La couverture resta silencieuse un moment.

Lan WangJi finit par répondre : « Ça a l'air plutôt difficile. »

« Vraiment ? »

« Mmm. »

« Je suis à cours d’idées dans ce cas. Et si on inversait les rôles et que tu me

violes... »

Avant qu’il ait terminé sa phrase, son champ de vision pivota et la couverture
s’envola. Lan WangJi l’avait déjà plaqué sur le lit.

Parce qu’il avait été prisonnier de la couverture pendant un long moment, son
ruban et son bandeau éternellement impeccables étaient un peu de travers. Ses
cheveux étaient défaits, quelques mèches pendaient et ses joues d’un blanc de
jade avaient rosi. À la lumière des bougies, il était tout le portrait de la beauté
timide. Malheureusement, la force dans les bras de cette beauté était absurde et
ses mains maintenaient dans une poigne de fer un Wei WuXian suppliant :
« HanGuang-Jun, HanGuang-Jun, pardonner est une vertu. »

Les yeux de Lan WangJi ne clignèrent pas tandis qu’y tremblait le reflet de la
flamme vive de la bougie. Son expression était calme. « Oui. »

« Oui, quoi ? Poirier ? Viol ? Hé ! Mes vêtements. »

« Tu l’as dit toi-même. »

Tout en parlant, il s’installa entre les jambes de Wei WuXian et resta sans bouger
pendant un moment. Wei WuXian attendit quelque temps, mais rien ne vint.
« Quoi ! »

Lan WangJi se redressa légèrement. « Pourquoi ne résistes-tu pas ? »

Wei WuXian enserra sa taille entre ses jambes en se frottant lentement contre lui,
refusant de le laisser partir. Il le gratifia d’un grand sourire. « Eh bien, je n'y peux

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rien. Quand tu m’allonges sur le lit, mes jambes s’ouvrent toutes seules. Je ne peux
pas les refermer, alors comment aurais-je la force de résister ? C’est dur pour toi,
mais c’est dur pour moi aussi. Arrête, arrête, viens ici, laisse-moi te montrer
quelque chose d’abord. » Il sortit une feuille de son revers. « Lan Zhan, comment
as-tu pu faire une faute sur un caractère aussi facile ? Tu avais des problèmes pour
étudier ? Où avais-tu la tête ? »

Lan WangJi jeta un coup d’œil à la feuille et ne dit rien, mais le message de son
regard était limpide : comment quelqu’un comme Wei WuXian, qui recopiait les
textes sacrés avec une cursive indisciplinée et lambinait tout en faisant autant de
fautes, avait-il le culot de lui reprocher d’avoir fait une erreur sur un caractère ?

Wei WuXian prétendit ne pas comprendre ce regard et poursuivit : « Regarde la

date en bas. Voyons voir… Tu avais quinze ou seize ans à l'époque, non ? Faire une
telle erreur à cet âge-là, tu… »

Mais en réfléchissant attentivement à la date en question, il réalisa qu’elle

correspondait aux trois mois qu’il avait passés à étudier à la Retraite dans les
nuages.

Immédiatement fou de joie, Wei WuXian dit exprès : « Ce pourrait-il que dans sa
jeunesse, Lan Er-gege n'ait pas prêté attention à la lecture et à l'écriture parce que
j'étais tout ce qui occupait son esprit ? »

Lorsque Wei WuXian avait été consigné au Pavillon de la bibliothèque, il piquait

des crises, paressait tous les jours devant Lan WangJi et le harcelait de mille
manières. Il perturbait tellement la tranquillité de Lan WangJi que celui-ci avait du
mal à ne pas « penser à lui », mais pas ce genre de « penser à lui ». Dans ces
circonstances, il était extrêmement admirable que Lan WangJi ait réussi à
supporter la situation et à superviser les travaux de copie de Wei WuXian tout en
continuant à accomplir ses propres tâches, le tout au prix d’une unique erreur.

Wei WuXian lança « C’est encore ma faute ? Tu vas me le reprocher de nouveau. »

Lan WangJi dit à voix basse : « Ta faute ! »

Sa respiration se fit haletante quand il essaya d’attraper la feuille qui souillait sa

vie parfaite par ailleurs. Wei WuXian adorait pousser Lan WangJi dans ses
retranchements. Il enfouit immédiatement la feuille dans ses vêtements et la
cacha contre sa peau. « Viens la chercher si tu es aussi bon que ça. »

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Lan WangJi n’hésita pas à plonger les mains sous les vêtements. Et ne les ressortit
pas.

« Tu es vraiment incroyable ! »

Ils passèrent plus de la moitié de la nuit à se livrer à divers ébats. Il fallut en

attendre la deuxième partie pour qu’ils aient une conversation sérieuse.

Wei WuXian n'avait pas desserré son étreinte et, le visage enfoui dans le cou de
Lan WangJi, il s'imprégnait de l’odeur mêlée de bois de santal et de sueur
qu’émanait le corps de son amant. Envahi par une grande paresse, il dit, sans
ouvrir les yeux : « Ton frère va bien ? »

Lan WangJi enlaça son dos nu et le caressa longuement. Après un moment de

silence, il répondit : « Pas vraiment. »

Tous deux étaient collants de sueur. Wei WuXian sentit un frisson aller de sa peau
au fond de son cœur sous la caresse de Lan WangJi. Un peu inconfortable, il
bougea légèrement et Lan WangJi s’enfonça en lui encore plus profondément.

Lan WangJi baissa la voix. « Pendant mes années de retraite, mon frère a toujours
été là pour me réconforter. »

Mais aujourd’hui, la situation s’était inversée.

Wei WuXian n’avait pas besoin de demander ce que Lan WangJi avait fait pendant
les années en question. Il lui embrassa le lobe de l’oreille et tira la couverture sur
eux deux.

Le deuxième matin, Lan WangJi se leva à 5 heures comme d'habitude.

Ils vivaient ensemble depuis quelques mois et dès le début il avait tenté, en vain, de
changer les habitudes de sommeil de Wei WuXian. Après qu’un disciple ait apporté
l'eau chaude pour le bain, Lan WangJi, habillé depuis longtemps, sortait un Wei
WuXian nu comme un vers de sous la mince couverture et le portait jusqu'à la
baignoire en bois. Wei WuXian parvenait à continuer à dormir même dans l’eau.
Lan WangJi lui imprimait de légères poussées, il attrapait la main de Lan WangJi,
en embrassait le dos et la paume, la frottait contre sa joue et se rendormait.
Quand les petites poussées commençaient à vraiment l’agacer, il gémissait un
peu, attirait Lan WangJi vers lui, les yeux toujours fermés, prenait son visage dans

Cette version française du roman web « yaoi » pour adultes « Mo dao zu shi » de Mo Xiang Tong Xiu réalisée
par une fan est la traduction/adaptation de la traduction en anglais réalisée par K. de ExiledRebelsScanlations.
Ce travail bénévole n’a aucun but lucratif et n’est pas destiné à être monnayé par qui que ce soit dans un
quelconque but.
Le Grand maître de la voie démoniaque Extra - Chap. 114-116 – Banquet -13

ses mains pour y déposer plusieurs baisers et murmurait : « Sois gentil. Arrête de
m’embêter. Tu es content ? Je me lève dans une minute. Oui. »

Et avec un bâillement, il se rendormait, agrippé au bord de la baignoire.

Lan WangJi savait que, même si le pavillon brûlait, Wei WuXian trouverait
probablement un autre endroit pour dormir. Mais il persistait à le réveiller à
5 heures et endurait, le visage impassible, des douzaines de petits baisers.

Il alla chercher le petit-déjeuner, le déposa sur le bureau que n’occupaient

autrefois que de l'encre, du papier et des pinceaux, sortit un Wei WuXian
profondément endormi de la baignoire, l'essuya, l'habilla et noua ses ceintures.
Puis il prit un livre sur l’étagère, l’ouvrit à la page marquée par la fleur séchée,
s’assit au bureau et commença lentement à lire.

Comme prévu, à près de 11 heures, Wei WuXian s’assit d’un coup dans le lit avec
une extrême ponctualité avant d'en descendre à tâtons presque comme un
somnambule. Il commença par toucher Lan WangJi, le prit dans ses bras pour se
frotter un peu contre lui, puis lui serra la cuisse par habitude. Après s’être lavé le
visage et brossé les dents à la vitesse de l’éclair, un peu plus éveillé, il flotta vers le
bureau et fit deux bouchées d'une pomme. Quand il vit la quantité de nourriture
empilée dans la boîte, un coin de ses lèvres tressaillit. « Tu n’as pas un banquet
aujourd’hui ? Est-ce une bonne idée de manger autant avant ? »

Calmement, Lan WangJi ajusta le ruban et le bandeau que Wei WuXian avait
dérangés en se frottant contre lui. « Remplis-toi l’estomac d’abord. »

Wei WuXian avait déjà fait la connaissance de la nourriture de la Retraite dans les
nuages. Le plat principal consistait en un bouillon aqueux et des légumes. Et la
table, couverte de plantes médicinales allant de racines à des écorces, était
uniformément verte. Chaque plat dégageait une puissante amertume,
bizarrement teintée d’un vague goût sucré. C’est à cause de cela qu’autrefois Wei
WuXian avait eu l’idée de faire rôtir les deux lapins. Un banquet dans leur secte
avait peu de chance de rassasier qui que ce soit.

Wei WuXian savait que la secte GusuLan accordait une extrême importance à cet
aspect des choses. Sa présence ou son absence au banquet dépendait de la
reconnaissance de son statut de partenaire en pratiques spirituelles de Lan
WangJi. Celui-ci n’arrêtait pas d’intervenir auprès de Lan QiRen pour qu’il le lui
accorde. Wei WuXian soupira et dit avec un grand sourire : « Ne t’inquiète pas. Je
ferai de mon mieux pour ne pas te faire perdre la face. »

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En dépit de leur nom, les banquets de secte de la Retraite dans les nuages étaient
loin de ressembler à l’idée qu’en avait Wei WuXian .

Dans la secte YunmengJian, un banquet consistait à dresser une douzaine de

grandes tables carrées dans le champ d’entraînement de la Jetée des lotus. Les
convives s'asseyaient où ils voulaient et s’adressaient les uns aux autres comme ils
l’entendaient. La cuisine se faisait à l’extérieur. Le feu et l’odeur émanant de toute
une rangée de marmites et de fourneaux montaient haut dans le ciel. Chacun
allait se servir et mangeait ce qu’il voulait. Si les quantités étaient insuffisantes, on
cuisinait du supplément. Bien qu’il ne soit jamais allé à un banquet réservé aux
disciples de la secte LanlingJin, celle-ci ne se privait pas d’en répandre partout les
détails extravagants tels que célèbres numéros de danse des épées, arbres de
coraux et mares de vin ou kilomètres et kilomètres de tapis de brocart rouge.
C’était toujours un spectacle étonnant.

En comparaison, le banquet de secte de la Retraite dans les nuages n’était ni

animé ni somptueux.

La rigueur extrême de la secte GusuLan interdisait de parler pendant les repas et

dans son sommeil. Bien que le banquet n’ait pas encore commencé, tous les
convives se taisaient. En dehors de ceux qui venaient d’arriver et saluaient leurs
aînés dans un murmure, quasiment personne n’ouvrait la bouche et personne ne
riait. Ils portaient tous les mêmes vêtements blancs, les mêmes bandeaux blancs
ornés de nuages, la même expression solennelle et presque indifférente, comme
s’ils sortaient d'un même moule.

En regardant cette salle emplie de « vêtements de deuil », Wei WuXian prétendit ne

pas voir les regards surpris ou même hostiles des personnes présentes et
commenta en silence, Est-ce un banquet de secte ? C’est encore plus sérieux qu’un
enterrement.

À ce moment-là, Lan XiChen et Lan QiRen pénétrèrent dans la salle. Lan WangJi,
assis en silence à côté de Wei WuXian, bougea enfin légèrement.

Probablement parce que la vue de Wei WuXian lui déclenchait une crise cardiaque,
Lan QiRen décida de ne pas le regarder et fixa son regard droit devant. Lan XiChen
se montra agréable comme toujours, avec aux lèvres ce soupçon de sourire qui
évoquait toujours une brise printanière. Mais peut-être à cause de sa retraite, Wei
WuXian le trouva un peu frêle.

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Une fois le chef de la secte assis, Lan XiChen prononça quelques paroles de
courtoisie et le banquet commença.

Le premier plat était une soupe.

La secte GusuLan avait l’habitude de boire de la soupe avant le repas. Elle était
servie dans un bol en porcelaine lisse et noire sans décoration, qui tenait dans la
paume de la main. Son petit couvercle masquait, comme prévu, des feuilles vertes
et jaunes, des racines et des écorces.

À cette vue, les sourcils de Wei WuXian tressaillirent. Il en porta une cuillère à sa
bouche et, bien qu’il s’y soit préparé, ne put s’empêcher de fermer les yeux et
d’enfouir son front dans sa main.

Il lui fallut un moment pour se remettre de l’hébétement dans lequel l’avait plongé
la violente attaque sur ses papilles gustatives. ll parvint à se redresser en
s’appuyant sur un coude et se dit, Si le fondateur de la secte Lan était un moine,
c’était à coup sûr un ascète.

Le souvenir de la grande marmite emplie à ras-bord de soupe aux racines de lotus

et aux côtes de porc sur le terrain d’entraînement de la Jetée des lotus remonta
brusquement à sa mémoire. L’arôme embaumait sur des kilomètres et attirait tous
les enfants des environs qui s’accrochaient aux murs d’enceinte et salivaient en
jetant un œil à l’intérieur. Lorsqu’ils rentraient chez eux, ils imploraient en pleurant
leur famille de devenir disciples de la secte YunmengJiang. Il ne savait pas qui était
le plus à plaindre : lui, dont la bouche était assaillie par un étrange goût doux-
amer, ou Lan WangJi, qui ne mangeait que ça depuis sa naissance.

Mais en voyant tous les autres disciples terminer leur soupe médicinale sans
changer de visage, leurs mouvements et leurs expressions à la fois calmes,
élégantes et naturelles, Wei WuXian n’osa pas en laisser autant dans son bol. En
plus, il se rappelait que sur les quatre mille – non, il ignorait combien de milliers il y
en avait maintenant – règles de la secte, plusieurs concernaient la courtoisie
pendant les repas, par exemple, ne pas être difficile, ne pas gaspiller et ne pas
manger plus de trois bols. Il considérait ces règles comme le comble du ridicule,
mais ne voulait pas que Lan QiRen le rejette pour le moment.

Mais alors qu’il allait prendre son courage à deux mains et avaler d'un coup
l'étrange breuvage, il s'aperçut que le bol devant lui était vide.

Il en resta interloqué.

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Il ne put s’empêcher d’attraper le délicat petit bol en se disant, Je ne viens de boire

qu’une minuscule gorgée, non ? Y a-t-il un trou au fond ?

Mais la table était d’une propreté impeccable, sans la moindre trace de soupe.

Il jeta un regard de côté. Au même moment, Lan WangJi finissait la dernière

gorgée de soupe comme si de rien n’était. Il reposa le couvercle de porcelaine,
baissa les yeux et s’essuya le coin des lèvres avec un mouchoir d’un blanc
immaculé.

Mais Wei WuXian se souvenait clairement que Lan WangJi avait vidé son bol il y
avait longtemps.

Il découvrit aussi que la table de Lan WangJi semblait beaucoup plus proche de la
sienne qu'au début du banquet. Elle paraissait s’être déplacée ni vu ni connu.

Wei WuXian leva un sourcil et articula en silence : HanGuang-Jun, tu es du genre

rapide, hein ?

Lan WangJi posa le mouchoir et regarda dans sa direction un moment avant de

détourner calmement le regard.

Plus il était sérieux, plus Wei WuXian brûlait d'envie de lui jouer des tours.

D’un doigt il tapa légèrement sur le bol de porcelaine noire et émit des sons
cristallins audibles pour eux seuls. En les entendant, les yeux de Lan WangJi
tournèrent de manière imperceptible dans sa direction.

Wei WuXian savait que Lan WangJi remarquerait le moindre de ses mouvements
du coin de l’œil, quelle que soit la mesure dans laquelle ses yeux bougeaient. Il leva
donc le bol et prétendit en avaler une gorgée. Il le fit tourner dans sa main, s'arrêta
là où Lan WangJi avait bu et en couvrit le bord de ses lèvres.

Comme il s’y attendait, Lan WangJi ne changea de position et garda les mains
convenablement posées dans son giron, mais les doigts cachés sous les manches
blanches se recroquevillèrent légèrement.

À cette vue, des ailes poussèrent au cœur de Wei WuXian. Détendu, il allait se
laisser aller contre Lan WangJi sans pouvoir se contrôler quand Lan QiRen émit

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une toux sèche. Wei WuXian redressa immédiatement son corps à demi-incliné et
reprit une posture convenable.

Le plat principal fut servi peu après que la soupe ait été terminée. Sur chaque
table, trois petites assiettes contenaient trois plats verts ou blancs. Ils étaient en
tout point semblables à ceux qu’il mangeait lors de sa période d’étude à la secte.
Après toutes ces années, hormis une amertume encore plus prononcée, rien
n’avait changé. En partie à cause de sa région d'origine et en partie par goût, Wei
WuXian aimait les saveurs fortes, notamment les épices, et considérait la viande
indispensable. Les plats fades de ce genre ne lui ouvraient pas l’appétit et il les
avalait sans même savoir ce qu’il mangeait. Lan QiRen le fusillait du regard de
temps en temps, comme dans sa jeunesse, prêt à s'en prendre à lui et à le faire
sortir à tout moment. Mais, contrairement à ses habitudes, Wei WuXian se
comportait tellement bien qu’il ne put rien faire et finit par abandonner.

Après ce repas insipide, les serviteurs enlevèrent les assiettes et les tables. Comme
d’habitude, Lan XiChen commença à résumer les projets récents de la secte. Mais
au bout de quelques phrases, Wei WuXian remarqua qu’il était distrait. Il fit même
deux erreurs sur l’emplacement de chasses nocturnes et ne s’en aperçut qu’une
fois sa phrase terminée, ce qui provoqua quelques regards en coin de Lan QiRen et
de l’agitation dans son bouc. Quelques instants plus tard, il ne put résister à lui
couper la parole. Heureusement, le banquet arriva à son terme, non sans une
certaine précipitation.

Un début ennuyeux, un déroulement ennuyeux et une fin ennuyeuse. Wei WuXian

avait été contraint de s’ennuyer pendant plus de deux heures. Il n’avait ni dégusté
de plats savoureux ni passé un bon moment. L’atmosphère était tellement
suffocante qu’il avait l’impression d’avoir des puces depuis six mois. Après, Lan
QiRen ordonna à Lan XiChen et à Lan WangJi de le suivre, probablement pour leur
faire un sermon de plus à tous les deux simultanément. Il n’avait personne à
embêter. Après s’être promené quelque temps, il remarqua un petit groupe de
juniors. Il allait les saluer et les entraîner pour aller s’amuser, quand quelque chose
changea sur le visage de Lan SiZhui, de Lan JingYi et des autres en l’apercevant. Ils
firent immédiatement demi-tour et repartirent en sens inverse.

Wei WuXian comprit. Il s’enfonça dans une partie un peu plus cachée de la forêt.
Au bout d’un moment, les jeunes finirent par réapparaître. Lan JingYi expliqua :
« Sénior Wei, nous n'avons pas fait exprès de vous ignorer, mais Monsieur a dit que
quiconque vous parlerait copierait les règles de la secte Lan de la première à la
dernière. »

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« Monsieur » était le terme honorifique que tous les disciples et les cultivants de la
secte GusuLan utilisaient pour Lan QiRen. Toute mention de « Monsieur » ne
désignait que lui. Wei WuXian jubila. « C’est bon, je le savais. Ce n’est pas la
première fois que votre Monsieur sort sa protection contre le feu, les voleurs et Wei
Ying. Vous avez vu avec quel succès. Il pense probablement que son chou bien gras
a été déterré par un cochon2. Il est normal qu’il soit un peu plus agressif que
d’habitude. »

Lan JingYi ne dit rien, mais Lan SiZhui éclata de rire.

Wei WuXian avait fini de plaisanter. « Bon. Lan WangJi m’a dit l’autre jour que vous
aviez été punis parce que vous aviez fait des chasses nocturnes avec Wen Ning. »

Il demanda à Lan SiZhui : « Comment va-t-il ? »

« Il est probablement caché quelque part au pied de la montagne en attendant

que nous le retrouvions pour notre prochaine chasse nocturne. » Après un instant
de réflexion, il reprit d’un ton inquiet : « Mais quand nous nous sommes séparés, le
Grand maître Jiang semblait toujours furieux. J’espère que nous ne lui avons pas
compliqué la vie. »

Wei WuXian demanda : « Euh, Jiang Cheng ? Comment se fait-il que vous l’ayez
rencontré lors d’une chasse nocturne ? »

Lan SiZhui expliqua : « Nous avions invité le Jeune maître Jin à se joindre à nous,
alors… »

Wei WuXian comprit immédiatement.

Il n’était pas difficile de deviner que Wen Ning ne restait pas inactif quand Lan
SiZhui dirigeait le groupe de chasseurs. Il devait les avoir suivis dans l’obscurité
pour les protéger et les aider s’ils se trouvaient en danger pendant la chasse. Jiang
Cheng devait quant à lui avoir suivi Jin Ling en cachette également, dans la crainte
qu’il lui arrive de nouveau quelque chose. Et les deux s’étaient rencontrés par
hasard dans des circonstances dangereuses. Il posa la question aux adolescents et
obtint confirmation qu’il avait deviné juste. Il ne savait pas s’il devait en rire ou en
pleurer.

2
Façon courante en Chine pour les parents d’exprimer ce qu’ils ressentent quand leur fille chérie tombe
amoureuse.

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Après une pause, il s’enquit : « Comment vont le Grand maître Jiang et Jin Ling ? »

Après la mort de Jin GuangYao, l’héritier au sang le plus pur de la secte LanlingJin
était Jin Ling. Mais de nombreux aînés de branches latérales de la secte
observaient goulûment, prêts à saisir la première occasion de s’en débarrasser. La
secte LanlingJin était méprisée à l'extérieur, mais à l'intérieur s'y côtoyaient
différents intérêts personnels. Jin Ling était encore jeune. Comment pourrait-il tout
conserver ? Au final, Jiang Cheng s’était rendu à la Tour des carpes dorées, Zidian
à la main, et en avait fait le tour une fois afin de sécuriser temporairement la
position de Grand maître de la secte de Jin Ling. Quant à ce qu’il se passerait dans
l’avenir, personne ne le savait.

Lan JingYi dit d'un ton boudeur : « Ils avaient l'air en pleine forme. Le Grand maître
Jiang est toujours prêt à frapper les gens avec son fouet. Le caractère de la Jeune
maîtresse ne s’est pas amélioré. Dans le passé, il répondait trois fois à son oncle
pour une seule réprimande. Maintenant, il peut le faire dix fois. »

Lan SiZhui lui reprocha : « JingYi, comment peux-tu appeler quelqu’un comme ça
derrière son dos ? »

Lan JingYi protesta : « Je l’appelle clairement comme ça en face. »

En entendant Lan JingYi, Wei WuXian se détendit légèrement. En vérité, il savait

que ces questions n’étaient pas celles qu’il souhaitait vraiment poser. Mais comme
apparemment Jiang Cheng et Jin Ling allaient très bien, il n’y avait rien d’autre à
dire. Il se leva et épousseta le bas de ses robes. « Bien. C’est parfait. Qu’ils
continuent comme ça. Allez-y tous seuls. J’ai quelque chose à faire. »

Lan JingYi lança d’un ton dédaigneux : « Vous passez votre temps à traîner sans
rien faire à la Retraite dans les nuages. Qu’avez-vous à faire ? » »

Wei WuXian ne prit même pas la peine de se retourner. « Grignoter mon chou ! »

Il était rare qu’il se lève aussi tôt le matin. De retour au jingshi, il dormit un long
moment et se réveilla presque au crépuscule. Il avait manqué le dîner et n'avait
rien à manger. Il n’avait pas faim non plus. Il continua à fouiller dans les
calligraphies et les projets d’essais de Lan WangJi en l’attendant. La nuit tomba,
mais son gros chou n’était toujours pas de retour.

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Le Grand maître de la voie démoniaque Extra - Chap. 114-116 – Banquet -20

Il finit par réaliser qu’il avait vraiment le ventre vide. Mais l’heure du couvre-feu
était passée. Selon les règles de la secte, les personnes non autorisées n’avaient
pas le droit de se déplacer à l’extérieur et encore moins de faire le mur pour sortir.
Autrefois, quoi qu’il n’ait « pas pu faire », quoi qu’il ait été « interdit », Wei WuXian
aurait mangé quand il avait faim, dormi quand il était fatigué, taquiné quand il
s'ennuyait et couru quand il avait des ennuis. Mais la situation avait changé. Cela
retomberait sur le dos de Lan WangJi maintenant. Affamé et mort d’ennui, il ne
pouvait que pousser de longs soupirs et prendre son mal en patience.

À ce moment-là, un léger bruit se fit entendre à l’extérieur. La porte s’entrouvrit.

Lan WangJi était de retour.

Wei WuXian s’allongea sur le sol et fit le mort.

Il entendit Lan WangJi marcher doucement vers le bureau et y déposer quelque

chose sans rien dire. Wei WuXian voulait continuer à faire le mort, mais Lan
WangJi semblait avoir ouvert un couvercle et une puissante odeur d’épices
masqua la senteur froide du bois de santal qui imbibait le jingshi.

Wei WuXian roula sur le sol et se leva d’un bond. « Er-gege ! Je ferai tout ce que tu
diras jusqu’à la fin de ma vie ! »

Impassible, Lan WangJi sortit les plats de la boîte et les disposa sur le bureau. Wei
WuXian se dirigea vers lui. La vue de rouge sur une demi-douzaine d’assiettes
blanches le mit de bonne humeur au point qu'une lueur rouge s'alluma dans ses
yeux. « Tu es trop gentil, HanGuang-Jun. C'est très attentionné de ta part d'aller
jusqu'à me rapporter à manger. Tu pourras me donner tous les ordres que tu veux
à partir de maintenant. »

Pour terminer, Lan WangJi sortit une paire de baguettes en ivoire, les posa à
l’horizontale sur le bol et dit d’une voix tranquille : « Il est interdit de parler en
mangeant. »

« Et tu dis qu’il est interdit de parler en dormant. Toutes les nuits je parle et je fais
plein de bruit, pourquoi ne m'as-tu jamais arrêté ? »

Lan WangJi le regarda. « D’accord, d’accord, d’accord. J’arrêterai. Au point où nous

en sommes, pourquoi es-tu encore aussi gêné ? Un rien t’embarrasse, mais c’est

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exactement ce qui me plaît chez toi. Es-tu allé chercher tout ça au restaurant de
cuisine du Hunan de Caiyi ? »

Lan WangJi ne dit rien et Wei WuXian prit son silence pour une confirmation. Il
s’assit au bureau. « Je me demande si ce restaurant est toujours ouvert. Autrefois,
nous y mangions toujours, sinon je n’aurais pas survécu à ces quelques mois avec
la cuisine de ta secte. Oh, regarde-moi ça ! Voilà à quoi devrait ressembler un
banquet de secte. »

« Nous ? »

« Jiang Cheng et moi. Parfois Nie HuaiSang et quelques autres aussi. »

Wei WuXian balaya Lan WangJi du regard et sourit. « Pourquoi me regardes-tu

comme ça ? HanGuang-Jun, n’oublie pas. À l’époque je t’ai invité à dîner dehors
avec moi. J’ai essayé avec passion ! C’est toi qui refusais de venir. Chaque fois que
je te parlais, tu me lançais un regard noir et chacune de tes phrases commençait
par ‘non’. Je me suis heurté à tant d’obstacles. Je n’ai pas encore mis les choses au
point avec toi et voilà que tu n’es pas content. En parlant de ça… » Il se glissa à côté
de Lan WangJi. « Je me suis forcé à ne pas sortir en cachette pour ne pas violer de
règles et je t'ai attendu ici bien sagement. Qui aurait pensé que tu violerais les
règles toi-même et sortirais me chercher à manger, HanGuang-Jun ? Violer les
règles comme ça. Si ton oncle le savait, il aurait de nouveau une crise cardiaque. »

Lan WangJi baissa la tête et enlaça Wei WuXian. Il semblait calme et immobile,
mais Wei WuXian sentait ses doigts lui caresser la taille, volontairement ou
instinctivement. Les doigts étaient si chauds que la chaleur traversait ses
vêtements et pénétrait directement dans sa peau. La sensation était extrêmement
claire. Wei WuXian l’enlaça à son tour et murmura : « HanGuang-Jun… J’ai bu la
soupe de ta secte et j’ai un goût amer dans la bouche. Je ne peux rien manger. Que
faire ? »

« Une gorgée. »

« Oui. Je n’en ai bu qu’une gorgée, mais ta soupe a des effets secondaires

puissants. Son amertume est descendue du bout de ma langue au fond de ma
gorge. Dis-moi, que puis-je faire ? »

Après un instant de silence, Lan WangJi répondit : « Équilibrer. »

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Wei WuXian demanda avec humilité : « Comment ? »

Lan WangJi leva la tête.

Un léger arôme médicinal s’échappa de leurs lèvres quand elles se rejoignirent. Sa

légère amertume fit durer le baiser un long moment.

Quand ils finirent par se séparer, Wei WuXian souffla : « HanGuang-Jun, je viens de
me rappeler. Tu en as bu deux bols. Tu es encore plus amer que moi. »

« Mmm. »

« Mais tu as quand même un goût sucré. Comme c’est étrange. »

« Mange. » Après une pause, il ajouta : « Nous attendrons que tu aies fini. »

« Je vais commencer par le chou. »

Lan WangJi fronça légèrement les sourcils, comme s’il ne comprenait pas pourquoi
il parlait de chou tout à coup. Wei WuXian enroula un bras autour de son cou en
riant.

Il y a des banquets qu’il vaut mieux tenir derrière des portes closes.

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