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ORDONNANCE
n°23
du 06/10/23
poor
Référé administratif
soca
Affaire:
n° J/396/RG/23
02/10/23,
pon
- Ousmane Sonko
(Me Kaoussou.K. Bodian, Me
Ousseynow Fall, Me Massokhna
Kane, Me Ciré Clédor Ly, Me
Cheikh Khoureyssi Ba, Me
Théophile Kayossi, Me Martin
Diatta, Me Macodou Ndour, Me
Youssoupha Camara, Me Joseph
Etienne Ndione, Me Khady
Camara, Me Amadou Diallo, Me
Juan Branco, Me Larifou Said,
Me Guy Hervé Kam, Me Patrice
Tacita, Cabinet L:Bourjac, Me
Henri Valentin Gomis, Me
Mouhamadou Bamba Cissé, Me
Ousseynou Ngom, Me Emmanuel
Diatta, Me Babacar Niang, Me
Abdou Aziz Djigo, Me Ndoumbé
Wane, Me Djiby Diagne, Me
Magna Brice Sylva, Me
Abdoulaye Tall, Me Babacar
Ndiaye, Me Francois Kandjak
Senghor, Me Bamba Fall, Me
Moussa Baldé)
CONTRE
- Etat du Sénégal
(AJE)
PRESIDENT ;
Abdoulaye Ndiaye
PARQUET GENERAL :
Maréme Diop Gudye
GREFFIER :
Matar Saloum Camara
MATIERE :
Administrative
RECOURS ;
Liberté
REPUBLIQUE DU SENEGAL
AU NOM DU PEUPLE SENEGALAJS
ocr
COUR SUPREME
LE PRESIDENT DE LA PREMIERE
CHAMBRE ADMINISTRATIVE DESIGNE E)
QUALITE DE JUGE DES REFERES
ooood
A L’AUDIENCE PUBLIQUE SPECIALE DE
VACATIONS
DES REFERES DU VENDREDI SIX OCTOBRE
DEUX MILLE VINGT TROIS
ENTRE:
~ Ousmane Sonko: expert fiscal, détenu la maison
d'arret de Sébikotane et ayant pour conseils : Me
Kaoussou.K.Bodian, Me Ousseynou Fall, Me
Massokhna Kane, Me Ciré Clédor Ly, Me Cheikh
Khoureyssi Ba, Me Théophile Kayossi, Me Martin
Diatta, Me Macodou Ndour, Me Youssoupha
Camara, Me Joseph Etienne Ndione, Me Khady
Camara, Me Amadou Diallo, Me Juan Branco, Me
Larifou Said, Me Guy Hervé Kam, Me Patrice
Tacita, Cabinet L.Bourjac, Me Henri Valentin
Gomis, Me Mouhamadou Bamba Cissé, Me
Ousseynou Ngom, Me Emmanuel Diatta, Me
Babacar Niang, Me Abdou Aziz Djigo, Me
Ndoumbé Wane, Me Djiby Diagne, Mc Magna
Brice Sylva, Me Abdoulaye Tall, Me Babacat
Ndiaye, Me Francois Kandjak Senghor, Me Bamba
Fall, Me Moussa Baldé, tous avocats la Cour
mais élisant domicile en [’étude de Me
Mouhmadou Bamba Cissé au 38 avenue Malick Sy
a Dakar;
DEMANDEUR,
D'une part,
ET:
© L’Etat du Sénégal pris en la personne de Monsieur
Vagent judiciaire de I’Etat, en ses bureaux sis au
Ministére de Economie et des Finances, building
Peytavin, Avenue de la République x Avenue Carde a
Dakar ;
DEFENDEUR,
L D’autre part
x
Page 1/8Vu la requéte recue le 2 octobre 2023 au greffe central par laquelle Ousmane Sonko
élisant domicile aux études de Maitres Kaoussou Kaba Bodian, Ousseynou Fall,
Massokhna Kane, Ciré Clédor Ly, Cheikh Khoureyssi Ba, Théophile Kayossi, Martin
Diatta, Macedou Ndour, Youssoupha Camara, Joseph Etienne Dione, Khady Camara,
Amadou Diallo, Juan Branco, Larifou Said, Guy Herve Kam, Patrice Tacita, Cabinet
L. Bouriac, Henry Valentin Gomis, Mouhamadou Bamba Cissé, Ousseynou Ngom
Emmanuel Diatta, Babacar Niang, Abdou Aziz Djigo, Ndoumbé Wane, Djiby Diagne,
Magna Brice Sylla, Abdoulaye Tall, Babacar Ndiaye, Frangois Kandjak Senghor,
Bamba, Moussa Baldé, avocats a la Cour, a saisi le juge des référés liberté aux fins
de déclarer recevable son recours, de dire et juger que le refus de la Direction générale
des Elections (DGE) de lui délivrer des fiches de collecte de parrainage en tant que
candidat a Ia candidature en vue de I’élection présidentielle du 24 février 2024, est
une atteinte manifestement grave A une liberté fondamentale, d’ordonner la délivrance
des fiches de parrainage, numérotés en son nom & son mandataire requis et
la restitution de l'amende consignée ;
Vu exploit du 2 octobre 2023 de Maitre Weyndé Dieng, huissier de justice 4 Dakar,
portant signification de la requéte a I’ Agent judiciaire de Etat ;
Vu la Constitution ;
Vu la Charte africaine des Droits de I" Homme et des Peuples ;
Vu la loi organique n°2017-09 du 17 janvier 2017 sur la Cour supréme, modifiée par
Ja loi organique 2022-16 du 23 mai 2022 ;
Vu le Code électoral ;
Vu les piéces du dossier ;
Oui Monsieur Abdoulaye Ndiaye, Président de Chambre, Juge des référés,
en son rapport ;
Oui Madame Maréme Diop Gueye, Premier avocat général, en ses conclusions tendant
a faire droit & la requéte :
‘Sur la Compétence :
Considérant que "Etat du Sénégal a soulevé Fincompétence du juge des référés
au motif que le fond ne reléve pas de sa compétence ;
Considérant que le juge des référés liberté tire sa compétence des dispositions
combinges des articles 83 et 85 de la loi organique sur la Cour supréme :
Qu’il y a liew de se déclarer compétent :Sur la recevabilité ;
Considérant que "Etat du Sénégal, aprés s*étre rapporté sur la recevabilité dans
ses écritures du 4 octobre 2023 et conclu au rejet de la demande comme mal fondée, a
excipé, a l'audience, de 'irrecevabilité de la requéte motif pris de Pinexistence
de décision administrative :
Considérant qu’il résulte du procés-verbal de constat du 29 septembre 2023, versé
au dossier, que Maitre Weindé Dieng, huissicr de justice a Dakar et le député
Mouhamed Ayib Daffé n’ont pu accéder & la salle pour le retrait des fiches de collecte
et ont été éconduit malgré leur insistance ;
Que dés lors, ce comportement émanant de ’autorité administrative s‘analyse
en un refus de délivrer les fiches de collecte de parrainages susceptible de requéte en
référé liberté au sens de l'article 85 de la loi organique sur la Cour supréme ;
Qu ily a lieu de déclarer la requéte recevable ;
Considérant que Ousmane Sonko a exposé que le vendredi 29 septembre 2023,
Vhonorable député Mouhamed Ayib Daffé s'est présenté a la Direction générale des
Elections (DGE), pour retirer les fiches de parrainage et la clé USB en son nom et pour
son compte en tant que candidat a la candidature en vue des élections présidentielles ;
Que cette demande lui a été refusée par la DGE au motif que son mandant, candidat
4 la candidature n‘est ni électeur ni éligible ;
Qu’il a produit au dossier un procés-verbal de constat établi le 29 septembre 2023 par
Maitre Weyndé Dieng, huissier de justice a Dakar ;
Que le requérant a fondé sa requéte sur les dispositions de Particle 85 de la loi
organique sur la Cour supréme en faisant valoir l'urgence et une atteinte suffisamment
grave et caractérisée & une liberté fondamentale ;
Sur Purgence
Considérant que le requérant a fait valoir qu’il y a urgence compte tenu des délais de
collecte de parrainage fixés entre cent cinquante jours francs au plus avant le jour du
scrutin et soixante jours francs au moins avant le jour du scrutin et de la complexité
des opérations liées a la duplication des fiches pour couvrir les quatorze régions du
Sénégal, les 45 départements et 558 communes ainsi qu’au niveau de la diaspora,
outre, la saisie et la logistique énorme qui requiérent du temps pour étre dans le délai ;
Que selon le requérant, tout retard dans la mise a disposition des fiches de parrainage
aura des conséquences absolument ficheuses sur le processus de leur remplissage et
de leur disponibilité dans le délai imparti ;
t o Page 3/8Sur latteinte suffisamment grave et caractérisée 4 une liberté fondamentale :
Considérant que le requérant a soutenu qu'il résulte de l’arrété du 25 septembre 2023
du Ministre de I'Intérieur relatif au parrainage que la délivrance des fiches de collecte
par I’administration n'est pas la reconnaissance d'un quelconque statut au candidat
4 la candidature :
Que lautorité administrative n'est pas juge de la recevabilité des candidatures et ne
peut étre fondée a refuser 4 un candidat a la candidature une fiche de patrainage a sa
demande ;
Que, selon le requérant, l’article 8 de la Constitution et les instruments internationaux
ratifiés par l’Etat du Sénégal comme la Charte africaine des Droits de l'homme et
des Peuples prévoient que tous les citoyens ont le droit de participer a la direction
des affaires publiques de leur pays ou a tout le moins d’y prétendre ;
Qu’il a estimé que Iacte de retrait des fiches est une simple prétention a la candidature
ne préjugeant pas de sa recevabilité qui sera tranchée par le Conseil constitutionnel ;
Qu’aussi, en refusant de délivrer les fiches de parrainage, la DGE a porté attcinte a sa
liberté de candidater et méconnu la compétence du Conseil constitutionnel ;
Que selon le requérant, la DGE n’a aucune compétence pour apprécier I’éligibilité,
la recevabilité ou la validité de la déclaration de candidature, d'une part, et, d’autre
part, il ne ressort nullement des dispositions de la Constitution et du Code électoral
que le Directeur général des élections bénéficie d’une délégation de compétence pour
refuser a un citoyen la fiche de parrainage et le déclarer inéligible, compétence
exclusivement dévolue 4 ’organe supréme qu’est le Conseil constitutionnel ;
Considérant que, dans son mémoire en défense, I"Ftat du Sénégal a posé la question
de savoir si la liberté de candidater 4 une élection présidentielle, invoquée par le
requérant, peut étre considérée comme une liberté fondamentale pour autant que ces
libertés et droits fondamentaux représentent juridiquement ensemble des droits ou
libertés essentiels garantis par la Constitution, placés sous Ia protection des juges dans
un Etat de droit ; Que ce droit, selon I’Etat, n’est pas, au regard de l'article 6 de la
Constitution, un droit fondamental ou du moins ne constitue pas un droit intangible
puisqu’il ne peut s*exercer que dans le strict respect des lois et reglements ;
Qu’en outre, Etat a soutenu qu’a la suite de la décision de la chambre criminelle
du Tribunal de Grande Instance de Dakar et en vertu de Particle 312 du Code
de Procédure pénale, le requérant ne jouit méme plus du droit dont il allégue
la méconnaissance par la DGI
Page 4|8Qu’enfin, il a estimé que le fait qu’il ne se soit pas fait délivrer des fiches de collecte
de parrainage ne constitue pas une atteinte & son prétendu droit de candidater, encore
moins a une liberté fondamentale ;
Considérant que le requérant a fondé sa requéte sur les dispositions de Particle 85
aux termes desquelles «Saisi d'une demande justifiée par 'urgence, le juge
des référés peut ordonner toutes mesures nécessaires & la sauvegarde d'une liberté
fondamentale a laquelle une personne morale de droit public ou un organisme de droit
privé chargé de la gestion d'un service public aurait porté, dans Uexercice d'un
de ses pouvoirs, une atteinte grave et manifesiement illégale
Le juge des référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures. »
Qu’il résulte de ce texte, les conditions suivantes :
- Purgence caractérisée ;
- Un acte ou un comportement émanant d’une personne morale de droit public ou
dun organisme de droit privé chargé de la gestion d’un service public :
- Un acte portant atteinte a une liberté fondamentale :
- Une atteinte grave et manifestement illégale ;
Considérant qu'il y a urgence lorsque la décision administrative contestée préjudicie
de maniére suffisamment grave et immédiate a un intérét public, a la situation
du requérant ou aux intéréts qu'il défend ;
Considérant qu’en I'espéce, la décision attaquée est susceptible de porter atteinte
aux intéréts que le requérant défend;
Qu’ainsi, eu égard aux délais dans lesquels est inséré le parrainage, il y a urgence
caractérisée ;
Considérant que Varticle 8 de la Constitution indique que «La République
du Sénégal garantit & tous les citoyens les libertés individuelles fondamentales, les
droits économiques et sociaux ainsi que les droits collectifs ;
Que ledit article cite de maniére non exhaustive ces droits et libertés ;
Considérant que Varticle 13 de la Charte africaine des Droits de I’Homme et des
Peuples qui fait partie du bloc de constitutionnalité dispose que « tous les citoyens ont
le droit de participer librement & la direction des affaires publiques de leur pays, soit
directement, soit par Uintermédiaire de représentants librement choisis, ce,
conformément aux régles édictées par la loi
Que tous les citoyens ont également le droit d'accéder aux fonctions publiques
de leurs pays ;
Page 5|8Que toute personne a le droit d'user des biens et services publics dans la stricte
égalité de tous devant la loi » ;
Quw ainsi, la liberté de se porter candidat 4 une Election est une liberté fondamentale ;
Considérant, cependant, qu’aux termes de l'article 8 in fine de la Constitution tous
ces libertés et droits s'exercent dans les conditions prévues par Ia loi 5
Considérant qu’en vertu des articles premier et 2 du Code électoral combinés,
le Ministére chargé des Elections est, dans les conditions et modalités déterminées par
le Code électoral, compétent pour la préparation et Morganisation des opérations
électorales et assure la gestion des listes électorales et du fichier général des électeurs ;
Que Particle 3 du méme Code précise que sous lautorité du Ministre chargé des
élections, les services centraux, en relation avec les autorités administratives, assurent
la mise en ceuvre des prérogatives indiquées dans les articles premier et 2 du Code
électoral ;
Considérant que l'arrété du 25 septembre 2023 du Ministre de I"Intérieur est fondé
sur les dispositions des articles L 57, L 120, L 121 et R76 du Code électoral et a pour
objet de fixer le nombre d’électeurs et d’élus requis pour le parrainage d’un candidat
ainsi que le modéle de la fiche de collecte en format papier et électronique en vue
de I’élection présidentielle du 25 février 2024 ;
Que selon article L 57 du Code électoral, tout sénégalais électeur peut faire acte
de candidature et éire élu, sous réserve des conditions d”age et des cas d’incapacité ou
dinéligibilité prévus par la loi ;
Qu’ainsi, si le principe de la liberté d’étre électeur et donc éligible est affirmé
a Particle L28 du Code électoral, c’est dans les conditions fixées par la loi ;
Considérant qu'il ne saurait étre discuté que selon les articles 29 et 30
de la Constitution, 120 et suivants du Code électoral , la recevabilité, la validité,
le contréle des candidatures, l’arrét et la publication de la liste des candidats relevent
exclusivement de la compétence du Conseil constitutionnel ;
Qu’en Fespéce, I'administration chargée de la délivrance des fiches de collecte
de parrainage est fondée a vérifier l’inscription sur les listes électorales des candidats
a la candidature avant de délivrer les fiches de collecte et non de contréler
la recevabilité, I'éligibilité ou la validité de la candidature a I’élection présidentielle ;
4
Page 6|8Qu’au demeurant, le cas contraire aurait conduit la DGE a devoir délivrer les fiches
de collecte de parrainages & tous les citoyens sénégalais, en Age de voter et non-inscrits
sur les listes électorales ;
Considérant qu’en matiére électorale, l’on distingue le contentieux de |’inscription,
Je contentieux des candidatures et le contentieux des opérations électorales ;
Qu’en l’espéce Ie refus de délivrer les fiches de collecte est la conséquence
de la radiation du candidat a la candidature relevant du contentieux de linscription
pendant devant le tribunal d’instance et dont ne saurait connaitre le Conseil
constitutionnel ;
Considérant que contrairement aux allégations du requérant, le fait pour
Padministration de ne pas délivrer un citoyen non inscrit sur les listes électorales et
donc inéligible, en application des dispositions du Code ¢lectoral, ne viole
ni les droits et libertés garantis par la Constitution qui s"exercent dans les conditions
prévues par la loi ni la Charte afficaine des Droits de I’ Homme et des Peuples ;
Considérant qu’en définitive, le requérant n’établit pas que le fait pour la DGE
de ne lui avoir pas délivré les fiches de collecte de parrainages dans les conditions
déterminées par la loi porte une atteinte grave encore moins manifestement illégale
sa liberté de se porter candidat a la candidature en vue des élections présidentielles ;
Qu’ainsi, lavrequéte encourt le rejet ;
Par ces motifs
Se déclare compétent :
Déclare la requéte recevable ;
Rejette la requéte en référé liberté de Ousmane Sonko aux fins de dire et juger que
le refus de la Direction générale des Elections (DGE) de lui délivrer des fiches
de collecte de parrainage en tant que candidat a la candidature en vue de I’élection
présidentielle du 24 février 2024, est une atteinte manifestement grave a une liberté
fondamentale, d’ordonner la délivrance des fiches de parrainage, numérotés
en son nom 4 son mandataire requis et la restitution de 'amende consignée ;
Ainsi fait, jugé et prononcé par le Président de la premiére chambre
administrative, désigné en qualité de juge des référés, en son audience publique
spéciale de vacations des référés tenue les jour, mois et an que dessus et oit
étaient présents :
Abdoulaye Ndiaye, président,
Maréme Diop Guéye, avocat général ;
Matar Saloum Camara, greffier ;
x
( Page 7/8En foi de quoi la présente ordonnance a été signée par le président et le greffier.
Le Président Le greffier
Abdoulaye Ndiaye
Page 8|8
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