DEZAN
NUMERO 012, 2017
UAC, Juillet 2017
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Toute correspondance est adressée au :
Comité de Rédaction de la revue DEZAN
01 BP 526 Cotonou, République du Bénin
[email protected]Toute reproduction sous quelle forme que ce soit est interdite et de ce fait
passible des peines prévues par la loi 84-003 du 15 mars 1984 relative à la
production du droit d’auteur en République du Bénin.
ISSN 1840-717-X DU 4ème trimestre
Dépôt Légal N°6378 du 4ème trimestre
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Ce numéro a été réalisé grâce à l’engagement, aux conseils et
observations d’enseignants et chercheurs du Département de
Sociologie-Anthropologie et d’autres entités de la Faculté des Lettres,
Arts et Sciences Humaines de l’Université d’Abomey Calavi.
Nous tenons à témoigner de notre reconnaissance aux Professeurs
Michel BOKO, Guy Ossito MIDIOHOUAN, Ambroise
MEDEGAN, Bertin YEHOUENOU et Maxime da CRUZ.
Dr. TOGBE Codjo Timothée a assuré le recueil, l’agencement et la
mise en forme des textes. Le tout, sous la supervision du Rédacteur en
Chef Dr. Abou-Bakari IMOROU.
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Sommaire
LA META-EVALUATION : UNE EXIGENCE METHODOLOGIQUE POUR UNE
EFFICACITE DANS L’ATTEINTE DES OBJECTIFS DE DEVELOPPEMENT
DURABLE AU BENIN ………………………………………………..………………. 7
Albert TINGBE-AZALOU & Beaudelaire HOUNLIHO
L’ETHNICITE DANS LES STRATEGIES DE CAPTATION DES AIDES AU
DEVELOPPEMENT DANS LA COMMUNE DE TCHAOUROU …………..………. 25
Bélou Abiguël Y. ELIJAN, & Albert TINGBE-AZALOU
LE NIHILISME DANS L’ECRITURE POETIQUE DE MAXIME N’DEBEKA ……. 51
TA BI GOHI JONAS
MOMENT D’APPRENTISSAGE ET PERFORMANCES COGNITIVES DES
COLLEGIENS EN AFRIQUE …………………………………………………………. 61
Jean-Claude HOUNMENOU & Ghislaine SOTTIN GLELE
CROYANCES ENDOGENES ET GESTION PARTICIPATIVE DE LA FORET
SACREE DE BADJAME DANS LA COMMUNE D’APLAHOUE (SUD-BENIN) … 71
Rachad Kolawolé Foumilayo Mandus ALI, Jules ODJOUBERE, Gomido Xavier
KOOKE & Brice A. H. TENTE
LA GESTION DES CARRIERES DES AGENTS L’ETAT PAR LE MINISTERE DU 89
TRAVAIL, DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DES AFFAIRES SOCIALES ET
L’INSATISFACTION DES FONCTIONNAIRES …………………………………….
Jaurès B. KOUIN
L’EDUCATION ET SES IMPLICATIONS SOCIO-POLITIQUES CHEZ JOHN
LOCKE ………………………………………………………………………..………. 111
Maxime Kobenan KOUMAN
LES PREMIERS PAS DE LA COMMUNE DE OUINHI (SUD-BENIN) EN TANT
QUE MAITRE D’OUVRAGE DANS LE SECTEUR DE L’EAU POTABLE ……… 125
Jérôme Kotchikpa OROUNLA
CONVENANCES SOCIALES ET NORMES MEDICALES DE PLANIFICATION
DES NAISSANCES A ZE : ENTRE CONTINUITE OU RUPTURE …........................ 151
Philippine SONON, Abou-Bakari IMOROU & Nassirou BAKO ARIFARI
LES RESISTANCES DES ACTEURS LOCAUX FACE A L’ENREGISTREMENT
DES DROITS FONCIERS DANS L’ARRONDISSEMENT D’ATCHANNOU AU
BENIN ……………………………………………………………………………......... 167
Timothée Codjo TOGBE
LA MISE EN SCENE DES RATIONALITES AUTOUR DES PROJETS DE
DEVELOPPEMENT EN MILIEU RURAL AU BENIN : UNE THEORISATION A
PARTIR DU PROJET D’APPUI A LA DIVERSIFICATION AGRICOLE (PADA)
DANS LA COMMUNE DE MATERI ………………………………………………… 187
Marius K. VODOUNNON TOTIN & Pius EGBOOU
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DETERMINANTS SOCIOLOGIQUES DE LA RECURRENCE DES GROSSESSES
NON DESIREES EN MILIEU SCOLAIRE : CAS DU COLLEGE
D’ENSEIGNEMENT GENERAL 1 DE OUINHI …………………………………….. 209
TOUNGAKOUAGOU SAMA Tchokomi Sabine & HOUMENOU Hognidé Bernard
RESPONSABILISATION DES FEMMES CADRES ET PESANTEURS
PSYCHOSOCIALES : UNE ETUDE DE CAS DANS LA FONCTION PUBLIQUE
BENINOISE …………………………………………………………………………… 227
Abriel A. VOGLOZIN
LA QUESTION DU MAL : ORIGINALITE AUGUSTINIENNE EN REPONSE
AUX CONTROVERSES MANICHÉENNE ET PELAGIENNE …………………….. 247
Dr Hermann Juste NADOHOU& William DAÏBIDJI
ROLE DE LA PRESSE PRIVEE DANS LE PROCESSUS ELECTORAL AU BENIN 261
Fourératou A. YACOUBOU & Dr Albert TINGBE-AZALOU
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MOMENT D’APPRENTISSAGE ET PERFORMANCES
COGNITIVES DES COLLEGIENS EN AFRIQUE
Jean-Claude HOUNMENOU
Enseignant-Chercheur à l’Ecole Normale Supérieure de Porto-Novo
Ghislaine SOTTIN GLELE
Inspecteur de l’Enseignement Secondaire au Bénin
Résumé
L’étude dont rend compte l’article ci-dessous, visait à tester en contexte
africain, l’hypothèse selon laquelle, les performances cognitives des
apprenants varient selon le moment des apprentissages. Ladite étude, qui
s’est déroulée en Mai 2015, a consisté en une analyse corrélationnelle de
données recueillies dans les emplois du temps hebdomadaires, et des
moyennes obtenues en Mathématiques et en Français, par une population de
collégiens de l’agglomération d’Abomey-Calavi, au Nord-Ouest de Cotonou,
au Bénin.
Au terme de l’étude, il apparaît que même en Afrique, il peut être bénéfique
pour des apprenants de suivre leurs cours à des moments considérés comme
propices par la littérature scientifique en chronopsychologie et en
chronobiologie. Cependant le facteur qui s’est révélé le plus déterminant
pour les performances cognitives des sujets dans les disciplines considérées,
c’est le mode de répartition des apprentissages dans l’emploi du temps. En
particulier, des apprentissages extensifs se révèlent plus rentables sur le plan
cognitif que des apprentissages intensifs.
Mots-clés : Moment d’apprentissage – emploi du temps – performances
cognitives – collégiens – apprentissage extensif.
Abstract
The study, reported in this paper, aimed to test in an african context, the
hypothesis that the cognitive outcomes of school learners, are linked with the
moment of the learning. The study, which was carried in may 2015,
consisted in a correlational analysis of data gathered from the weekly time
tables, and the scores performed in Mathematics and French language by a
sample of secondary school pupils, from the town of Abomey-Calavi, near
Cotonou, in Benin.
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As a conclusion, it seems cognitively beneficial for the pupils, to hold their
courses at the moment identified by researchers in chronobiology and
chronopsychology as good. Nonetheless, the main outcome of this study, is
that, the must influential time factor in the cognitive performances of the
learners, is the way the learning subject is spread on the time table.
Particularly, extensive course seems to be better than intensive course.
Keywords: Moment of learning – time table – cognitive achievement –
secondary school pupils – extensive course.
Introduction
Définie par Paul FRAISSE (1980) comme l’étude des rythmes du
comportement, c'est-à-dire des variations du fonctionnement psychologique
des êtres humains, la chronopsychologie a enregistré beaucoup de recherches
sur l’efficience des apprenants en milieu scolaire, et en particulier, sur les
variations périodiques de leur activité cognitive.
Ainsi, certaines études ont porté sur les variations des performances
mnésiques. C’est le cas de la recherche effectuée par Folkard et ses
collaborateurs en 1977, qui a conclu notamment, que les performances de
mémoire à court terme sont meilleures le matin que l’après-midi, et qu’à
contrario, ce qui est appris l’après-midi est mieux mémorisé à long terme
que ce qui est appris le matin (Folkard et al.1977).
D’autres chercheurs comme Lambert et Leconte, se sont intéressés à la
variation de l’attention dans le temps, et ont pu montrer par exemple, que les
performances augmentent dans la matinée, chutent en début d’après-midi, au
moment de la digestion, pour remonter à nouveau dans l’après-midi (Leconte
et al. 1988 ; Leconte et Lambert, 1990 ; 1994).
Dans la même veine, nombre d’auteurs ont établi que les performances des
apprenants varient lorsque la tâche cognitive à effectuer présente une
certaine complicité et nécessite une recherche contrôlée. Ainsi, ces
performances sont élevées aux périodes d’éveil psychologique que sont le
milieu de la matinée et la deuxième moitié de l’après-midi, alors qu’elles
sont plutôt faibles aux moments de baisse cognitive que sont la première
moitié de la matinée et le début de l’après-midi.
La question que pourraient susciter ces conclusions de recherche effectuées
en Europe, est celle de leur pertinence dans d’autres contextes
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sociogéographiques d’apprentissage. Concrètement, peut-on, dans le
contexte africain qui est le nôtre, postuler que les élèves sont également
sujets à des rythmes, à des variations de leur activité cognitive?
Le développement qui suit, rend compte d’une étude qui est partie de cette
problématique, et a porté sur une population d’élèves de fin de 1er cycle de
l’Enseignement Secondaire au Bénin. Ladite étude, qui s’est déroulée à la fin
de l’année scolaire 2014-2015, visait à tester l’hypothèse selon laquelle, les
performances cognitives des apprenants, varient selon le moment de
l’apprentissage.
Avant d’en présenter les résultats, il nous a paru important de clarifier
synthétiquement le contexte conceptuel et empirique qui l’a sous-tendue.
1- Contexte conceptuel et empirique de l’étude
1-1Clarification conceptuelle
Les concepts dont il semblait important de préciser de sens dans le cadre de
l’étude sont : moment d’apprentissage, performances cognitives et
apprenants.
Le moment d’apprentissage désigne ici la plage horaire réservée dans
l’emploi du temps d’une classe de la semaine scolaire, à l’étude d’une
matière donnée du programme. Il peut s’agir de séquences horaires situées
dans la première moitié de la matinée, dans la 2ème moitié de la matinée, dans
la période entre midi et quinze heures, dans la première partie ou dans la
deuxième moitié de l’après-midi.
Quant à l’expression performances cognitives, elle renvoie dans cette étude,
aux résultats enregistrés par les apprenants à des épreuves intellectuelles
auxquels ils ont été soumis dans la cadre des évaluations sommatives portant
sur les matières étudiées en classe. Les matières considérées sont le Français
et les Mathématiques, disciplines instrumentales par excellence. Les
indicateurs de performance retenus sont le nombre d’apprenants ayant
obtenu une moyenne annuelle de 10/20 au moins dans la classe et la plus
forte moyenne annuelle, dans chacune des deux matières.
Enfin, le concept apprenants se réfère à des élèves ayant suivi le cursus de
la Troisième, c’est-à-dire de l’année d’étude terminale du 1er cycle de
l’Enseignement Secondaire Général au Bénin, durant l’année scolaire 2014-
2015, dans la série Moderne Court. Dans cette série, les matières dites
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littéraires et celles dites scientifiques ont un poids à peu près équivalent dans
le programme d’études. Toutefois, un léger avantage est accordé aux
Mathématiques (coefficient 3), et au Français avec ses deux composantes
(communication écrite, coefficient 2, et lecture, coefficient 2, soit un
coefficient total de 4).
1-2 Contexte empirique et méthode de l’étude
L’étude s’est déroulée au Collège d’Enseignement Général La Verdure dans
la Commune d’Abomey-Calavi, agglomération semi-urbaine très peuplée,
située au Nord- Ouest de Cotonou, au Bénin. La population-cible retenue
dans ledit établissement est constituée de l’ensemble des groupes
pédagogiques de la Troisième, soit 11 classes en 2014-2015, pour un effectif
total de 499 apprenants.
Deux types de document ont été recueillis et consultés auprès de
l’administration du collège, l’emploi du temps hebdomadaire, et le registre
de notes de chaque classe.
Les emplois du temps ont été analysés pour identifier les différentes plages
horaires réservées respectivement aux cours de mathématiques et au cours de
français, sans considération du jour de la semaine scolaire concerné. Cette
analyse a débouché sur un regroupement des classes en fonction de la
similitude des plages horaires réservées aux apprentissages concernés.
Quant aux registres de notes, leur analyse a consisté pour chaque classe, à
compter le nombre d’apprenants ayant obtenu une moyenne annuelle de
10/20 au moins dans la matière, puis identifier la plus forte moyenne. Les
résultats ainsi obtenus ont été synthétisés puis agglomérés, en fonction des
regroupements issus de l’analyse et de la synthèse des données fournies par
les emplois du temps.
Enfin, les données issues de ce double travail d’analyse et de synthèse des
deux types de documents, ont été résumées, pour chaque discipline, dans un
tableau statistique permettant de croiser les groupes de classe identifiés en
fonction du profil de plages horaires des apprentissages, avec les différents
indicateurs de performance cognitive. Il s’agissait ce faisant, de vérifier
l’effectivité de la relation entre moments d’apprentissage et performances.
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2- Résultats de l’étude
2-1 Moments d’apprentissage et performances en mathématiques
Tableau de relations 1
Performances
Groupes et Nombre de Plus forte
moments d’apprentissage moyennes moyenne
N° Effectif Heures du cours
S1-7hà10h 05
A 186 10,55
S2-7hà10h (02,68%)
S1-10hà13h 18
B 86 13,50
S2-10hà13h (20,93%)
S1-16hà18h 11
C 53 12,66
S2-14hà17h (20, 75%)
S1-7hà10h 01
D 45 12,11
S2-13hà16h (02,22%)
S1-14hà16h
18
E 45 S2-14hà16h 17,55
(40%)
S3-9hà11h
S1-7hà10h
11
F 44 S2-10hà12h 15,55
(25%)
S2-9hà11h
S1-10hà12h
01
G 40 S2-8hà10h 10,94
(02,50%)
S3-7hà9h
Légende : S1= Séance 1 ; S2= Séance 2, etc.
Le tableau n°1 précédent laisse entrevoir l’existence d’un lien entre les
moments où les différents groupes suivent le cours de mathématiques et
leurs performances dans cette matière. Ainsi, parmi les plusieurs groupes
d’apprenants identifiés en fonction de la place des cours de mathématiques
dans l’emploi du temps, ceux qui enregistrent les meilleurs résultats, sont
ceux dont les cours se déroulent essentiellement dans les périodes horaires
considérées comme des périodes de grand éveil physiologique et/ou
psychologique. C’est le cas ;
- du groupe B, qui a ses deux séances hebdomadaires de
mathématiques de 10h à 13h ;
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- du groupe C, dont les deux séances se déroulent respectivement de
16h à 18h, et de 14h à 17h ;
- du groupe F, dont deux séances sur trois ont lieu de 10h à 12h et de
9h à 11h.
En revanche, les 3 groupes les plus faibles, sont ceux qui ont suivi leurs
cours de mathématiques, principalement dans des périodes horaires réputées
comme étant celles de bas dynamisme physiologique et/ou psychologique.
C’est le cas pour :
- le groupe A, dont les deux séances hebdomadaires ont lieu entre 7h et
10h ;
- le groupe D, qui effectue ses apprentissages en mathématiques de 7h à
10h, puis la séance d’après, de 13h à 16h ;
- le groupe C, dont deux des trois séances d’apprentissage se passent
entre 8h et 10h, et 7h et 9h.
Dans le même temps, il y a un très grand écart entre les scores de réussite de
ces trois groupes, respectivement de 02,68%, 02,22% et 02,50% et ceux des
trois premiers groupes évoqués, qui enregistrent respectivement 10,93 (B),
20,75%(C), et 25%(F) de taux de réussite.
Le même grand écart s’observe entre les deux catégories de groupes
lorsqu’on compare leurs plus fortes moyennes. Ainsi les trois groupes qui
ont suivi leur cours de mathématiques à des heures relativement propices
affichent comme plus fortes notes, respectivement: 13,50% (B) 12,66(C) et
15,55(F) ; quant à ceux dont les séances d’apprentissage se sont déroulées à
des moments peu favorables, ils présentent les plus fortes notes suivantes :
10,55(A) 12,11(D) et 10,94(G).
On peut donc conclure à l’existence d’un lien consistant entre les moments
où les différents groupes d’apprenants ont suivi leur cours de mathématiques
et les performances de ces groupes dans cette discipline.
Cependant, il semble qu’une autre variable temporelle intervienne, seule, ou
concomitamment avec le moment de l’apprentissage, pour conditionner les
performances des apprenants dans la matière : il s’agit du mode de
répartition des apprentissages dans le temps. Ainsi on constate que le groupe
E, dont les apprentissages se sont effectués, pour l’essentiel pendant des
plages horaires considérées comme peu propices, obtient de loin les
meilleures performances, avec 40% de moyennes, et aussi la plus forte
moyenne, plus de 17,50/20. La différence entre ce groupe et les groupes qui
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ont été relativement performants parce qu’ayant effectué leurs
apprentissages à des moments favorables, c’est que la masse horaire
hebdomadaire réservée au cours de mathématiques a été répartie en 3
séances de 2 heures, alors que chez les autres, elle a été subdivisée seulement
en 2 séances de 3 heures. De sorte que chez ce groupe le plus performant de
l’échantillon observé, les apprentissages ont été extensifs, c'est-à-dire assez
bien distribués dans ce temps, tandis que chez les groupes A, B, C et D, ils
ont été plutôt intensifs. Cet effet positif de la bonne distribution des
apprentissages dans le temps, s’observe également chez le groupe F. Ce
groupe est l’un des trois dont les apprentissages ont été répartis en 3 séances
de 2 heures. Curieusement, il enregistre la 2ème meilleure performance de
toute la population, après le groupe E : 25% de moyenne, et 15,55/20 comme
plus forte moyenne.
C’est dire que, si le moment de l’apprentissage paraît affecter les
performances en mathématiques, la bonne distribution de cet apprentissage
dans le temps, conditionne également ces résultats, et ce de façon plus
déterminante que le moment de l’apprentissage.
Ce constat se vérifie encore plus nettement, lorsqu’on analyse les liens entre
les aspects temporels de l’apprentissage et les performances des apprenants
en français.
2-2 Moments d’apprentissage et performances en français
- Tableau de relations 2
Performances
Nombre de Plus forte
Groupes et moments
moyennes moyenne
d’apprentissage
N° Effectif Heures du cours
S1-10hà13h 64
A 148 14,80
S2-10hà13h (43,24%)
S1-7hà10h 93
B 184 16,61
S2-10hà13h (50,54%)
S1-7hà10h 10
C 38 13,50
S2-7hà10h (26, 31%)
S1-14hà16h
25
D 40 S2-7hà9h 15,08
(62,50%)
S3-9hà11h
S1-9hà11h
38
E 45 S2-12hà14h 16,83
(84, 44%)
S3-7hà9h
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68
S1-9hà11h
23
F 44 S2-16hà18h 13,50
(52, 27%)
S2-9hà11h
Certes, lorsqu’on analyse le tableau n°2 ci-dessus, qui porte sur les
performances des sujets en français, il semble que le moment de
l’apprentissage puisse, dans une certaine mesure, être retenu comme facteur
explicatif de ces performances. Par exemple, pour les groupes A et B, les
deux séances hebdomadaires de 3 heures se déroulent presque entièrement,
ou partiellement à des moments d’éveil physiologique et psychologique ; ces
groupes enregistrent des performances nettement meilleures que celles du
groupe C, dont les deux séances de 3heures, coïncident avec des périodes
faiblement propices. C’est d’ailleurs ce groupe C qui affiche les moins bons
résultats de toute la population étudiée, avec 26,31% de moyennes en
français.
Il n’en demeure pas moins que le facteur le plus déterminant des
performances desdits sujets en français, reste incontestablement le mode de
distribution des apprentissages dans le temps. Ainsi, mieux les
apprentissages sont répartis dans le temps, meilleures sont les performances
produites. La preuve, c’est que les 3 groupes dont la masse horaire
hebdomadaire de 6 heures de français a été distribuée sur trois séances, sont
également ceux qui présentent les meilleurs scores de réussite. Il s’agit des
groupes D, E, F, avec respectivement 62, 50%, 84, 44% et 52,27% de
moyennes. Ensuite, c’est l’un de ces trois groupes qui affiche la moyenne le
plus forte de toute la population observée : le groupe E, avec 16,83/20.
Enfin, ces groupes dont les apprentissages de français ont été mieux
distribués dans le temps, enregistrent de bien meilleures performances que
les autres groupes dont les apprentissages ont été plus intensifs, quand bien
même à des moments réputés propices.
La démonstration est donc faite que, si le placement des cours à des
moments réputés favorables sur les plans chronobiologique et
chronopsychologique, est susceptible de faciliter l’apprentissage de l’élève,
l’efficacité de cet apprentissage dépend davantage de la façon dont il est
distribué dans le temps. Qu’il s’agisse d’une matière de relative complexité
sur le plan cognitif, ou qu’il s’agisse d’une matière plus ou moins
automatisée comme le français, l’apprentissage est efficace s’il est extensif,
c'est-à-dire s’il est bien distribué dans le temps, et non pas concentré,
intensif.
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2-3 Discussion
Les résultats ainsi obtenus confirment dans une certaine mesure les
conclusions de certains travaux, qui tendent à établir une relation entre les
performances des apprenants dans certaines tâches cognitives, et les
moments d’apprentissages ou de réalisation desdites tâches, comme ceux de
Folkard et al (1977) ; Testu, (2000, 2008) et Leconte, (2011).
Toutefois, les résultats de la présente étude, notamment en ce qui concerne le
rôle clé joué par le mode de distribution des apprentissages dans le temps,
semblent compléter voire aller au-delà des théories établies dans la littérature
scientifique rendant compte des recherches sur les aspects
chronopsychologiques et chronobiologiques des performances scolaires. Il
semble que ces travaux n’aient pas, ou pas suffisamment montré
l’importance du mode de distribution des apprentissages scolaires dans le
temps, et son rôle éminent dans les performances des apprenants. Même si
deux chercheurs américains, Presley et Harris (1990) avaient déjà souligné
la nécessité, pour faciliter la mémorisation des connaissances, de distribuer
les apprentissages dans le temps, plutôt que de les effectuer de façon massive
ou intensive. Les présents résultats, qui démontrent l’existence d’une relation
certaine entre le mode de répartition des apprentissages dans l’emploi du
temps hebdomadaire, et les performances dans les matières étudiées, vont
dans le même sens que cette recommandation des deux chercheurs
américains. Que ce soit en mathématiques ou en français, un apprentissage
extensif, c'est-à-dire bien distribué dans le temps, est une garantie de réussite
de l’apprenant dans les disciplines scolaires.
Conclusion
Au terme de l’étude, il apparaît de façon inattendue, que pour ce qui est des
facteurs temporels des performances scolaires, le plus déterminant est le
mode de répartition des apprentissages dans l’emploi du temps. Certes, il
peut être bénéfique pour les apprenants de suivre leurs cours à des moments
considérés comme propices aux plans chronopsychologique et
chronobiologique. Mais le plus important, c’est de leur créer les conditions
d’un apprentissage extensif, et non intensif.
Par conséquent, les directeurs d’écoles primaires, les chefs d’établissements
secondaires, les directeurs des études dans les établissements
d’enseignement supérieur, devraient veiller à répartir la charge horaire de
chaque matière, en autant de séances de cours de durée aussi moyenne que
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possible : par exemple des séances de 30 à 45 minutes au primaire en
fonction de l’âge des élèves, des séances de 1h à 2h au premier cycle, de 2 h
au second cycle du secondaire, et de 2 à 3h au maximum à l’université.
Références Bibliographiques
Folkard, S. Monk, T. (1980) « Circadian rhythms in human memory »
British journal of psychology,71, pp 295-307
Folkard, S & al.(1977) « Time of day effects on school children’s
immediate and delayed recall of meaningful material», British Journal
of Psychology, 68, 45-50
Fraisse, P. (1980) « Eléments de chronopsychologie, Le travail humain,
vol. 43, pp 353-372
Leconte Lambert C. (2001) « Chronopsychologie et éducation: des
temps de l’école aux expériences d’aménagement des temps scolaires »,
in G. Masclet, coord. Les écoles et le management, Paris, Aubin Ed. pp
115-175
Leconte, P. & Lambert, C. (1994) « Fonctionnement attentionnel et
chronopsychologie: quelques données actuelles chez l’enfant de
maternelle et primaire », Enfance, 4, 408-414
Leconte, P. & Lambert, C.(1990) La chronopsychologie, Paris, PUF
Leconte, P. & al.(1988) Chronopsychologie : rythmes et activités
humaines, Lilles, PUL, 1988
Leconte, C. (2011) Des rythmes de vie aux rythmes scolaires : quelle
histoire ! Lille, Presses Universitaires du Septentrion, Coll. Savoir mieux
Presley, M. & Harris, K.R. (1990) « What we really know about strategy
instruction », Educational leadership, September
Testu, F. (2000) Chronopsychologie et rythmes scolaires, 4ème édition,
Issy-Les-Moulineaux, Masson
Testu, F. (2008) Rythmes de vie et rythmes scolaires : aspects
chronobiologiques et chronopsychologiques, Issy-Les- Moulineaux,
Elsevier Masson.
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71
CROYANCES ENDOGENES ET GESTION PARTICIPATIVE DE LA
FORET SACREE DE BADJAME DANS LA COMMUNE
D’APLAHOUE (SUD-BENIN)
Rachad Kolawolé Foumilayo Mandus ALI
Jules ODJOUBERE
Gomido Xavier KOOKE
Brice A. H. TENTE
Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE),
DGAT/FASHS/UAC
[email protected]Résumé
Le caractère sacré de la forêt de Badjamè au sud du Bénin est banalisé, ce
qui met à mal les mesures de protection et de gestion. La présente recherche
se focalise sur l’état de dégradation et les différentes stratégies endogènes
pratiquées par les structures de gestion participative. Les travaux de terrain
ont permis d’apprécier l’état de dégradation de la forêt sacrée. Des enquêtes
ethnobotaniques sur la base de questionnaire ont été réalisées. Un échantillon
raisonné de 31 personnes a été interrogé. L’efficacité des structures de
cogestion a été évaluée. Les différentes données collectées ont été traitées et
analysées selon le modèle SWOT. Les résultats de terrain ont permis de
savoir que, des prières sont dites dans la forêt à la source d’eau Badja
lorsqu’il arrive qu’il ne pleuve pas. Pour la satisfaction de ces prières, des
interdits sont édictés. Mais, aujourd’hui les populations environnantes à la
forêt sacrée Badja ne pratiquent plus les rituels d’antan. La mise en œuvre du
plan de suivi (MEPS) et l’assurance des fonctions rituelles et thérapeutiques
(AFRT) sont faiblement réalisées par les structures de cogestion tandis que
la matérialisation de l’emprise de la forêt (EM) est moyennement réalisée.
La gestion durable des forêts sacrées devrait être envisagée pour assurer une
conservation et une protection efficiente des ressources naturelles.
Mots-clés: Badjamè, forêt sacrée, croyances endogènes, gestion
participative.
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Endogenous beliefs and participatory management of the sacred forest
of Badjamè in the Township of Aplahoué (South-Benin)
Abstract
The sacred character of the forest of Badjamè in the south of Benin is
trivialized, what puts protective and management measures in difficulties.
The present research focuses on the state of deterioration and on the different
endogenous strategies used by the structures of participatory management.
The field works had contributed to appreciate the shape of deterioration of
the sacred forest. Ethnobotanical investigations on the basis of questionnaire
had been achieved. A reasoned sample of 31 people has been interrogated.
The efficiency of the co-management structures had been valued. The
different collected datas had been treated and were analyzed by the SWOT
model. The field results allowed to know that, many entreaties are said in the
forest at the source of water of Badja when there is no rain. For the
realization of these entreaties, the unallowables are established. But,
nowadays these unallowables of the sacred forest Badja is being made a fool
of by the surrounding populations without worries. The execution of the
follow-up plan and the insurance of the ritual and therapeutic functions are
weakly achieved by the structures of co-management while the
materialization of the ascendancy of the forest is fairly achieved. The
sustainable management of the sacred forests should be considered to ensure
conservation and an efficient protection of the natural resources.
Keywords: Badjamè, sacred forest, endogenous beliefs, participatory
management.
Introduction
Les forêts constituent de grands réservoirs de diversité biologique et jouent
un rôle fondamental dans la satisfaction de nombreux besoins de base des
populations locales. Elles constituent des ressources indispensables pour le
maintien de l’équilibre écologique et le bien-être de l’homme (Biaou, 2005).
Les populations surtout tropicales, dépendent des ressources forestières,
sources indispensables d’aliments, de médicaments, de matières premières et
de revenus monétaires (FAO, 2010). Ces forêts tropicales subissent aussi des
menaces croissantes de fragmentation et de dégradation, attirent de plus en
plus l’attention du monde entier depuis plusieurs décennies (Allomasso,
2001).
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Au Bénin, la forte dépendance des populations locales en ressources
forestières a entraîné la fragmentation des forêts. Ainsi, de vastes
écosystèmes forestiers sont réduits en des forêts reliques (Ali, 2014). Dans le
passé, elles échappent à des pressions humaines pour des raisons diverses:
existence d’un fétiche, d’un arbre sacré, des lieux de culte traditionnel (Tenté
et al., 2011). Les forêts sacrées sont mieux protégées. Elles contribuent ainsi
à la sauvegarde du patrimoine culturel local, à la conservation de
l’écosystème, à la sauvegarde des essences en voie de disparition et à la
protection de l’environnement.
Ces forêts sacrées, intéressent de plus en plus les scientifiques et les
organisations de protection de la nature pour participer à la conservation du
patrimoine forestier (Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifié de la
Forêt Sacrée Badja, 2013). Bien qu’elles bénéficient d’une protection
culturelle et religieuse, elles subissent de forte pression de dégradation liée à
la pression démographique et socio-économique de plus en plus aiguës
(extension des champs de cultures, habitations, exploitation frauduleuse des
arbres de valeur, feux de brousse, influence de nouvelles religions). Les
habitats de nombreuses espèces sont dégradés, fragmentés ou ont disparu
dans certains cas, ce qui met en péril la survie de l’ensemble de la diversité
biologique (Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifié de la Forêt Sacrée
Badja, 2013).
Les fonctions dévolues aux forêts sacrées ne sont plus bien assurées et se
voient perturber avec les prélèvements exagérés des plantes médicinales, des
abattages à coupe rase, même les cultures itinérantes sur brûlis et les
pâturages répétés et exagérés (Mbala, 2009). Dès lors, la dégradation de
l’environnement s’accentue avec une irrégularité des pluies, une sécheresse
très longue, et une pénurie considérable de bois de feu et des plantes
médicinales (Kokou et al., 2006).
Cette recherche se propose d’évaluer les effets environnementaux de la
gestion participative de la forêt sacrée de Badjamè dans la Commune
d’Aplahoué afin d’identifier des stratégies pour une meilleure conservation
de la biodiversité.
1. Dispositif méthodologique
1.1 Description du cadre de la recherche
Ces caractéristiques ont pris en compte la situation géographique de la forêt
sacrée de Badjamè, les facteurs physiques et humains.
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1.1.1 Situation géographique de la forêt sacrée de Badjamè
La forêt sacrée de Badjamè se trouve dans la zone guinéo-congolaise en
particulier dans le district phytogéographique du Plateau de la République du
Bénin. La forêt sacrée de Badjamè est localisée dans l’arrondissement de
Lonkly et située entre 7°07’20’’ et 7°07’40’’ de latitude nord et 1°38’43’’ et
1°39’02’’ de longitude est. Elle couvre une superficie de 33 ha 65 a 71 ca et
est limitée à l’est par les domaines de Tchihounkle N’Glé, Kponhinto Benoît,
Kpake Sèdro, Kpinhouto Houinsin, Hodji Gaston et Gbassou Tchihoundro, à
l’ouest par les domaines de Tchala Folly, Tchala Amoussou, Assou Dégbè,
Tchala Amoussou, au nord par les domaines de terres de Donamon Codjo,
Sodji Jacob, Kowe Adrien et Kpake Koudégnan, au sud par les domaines de
Kouissode Djamalé, Koudouvo Mahouna, Djouhoungbe Belmond et
Noumonvi Kokou (Hounto, 2014). La figure 1 présente la situation
géographique de ladite forêt.
Figure 4 : Situation géographique de la forêt sacrée de Badjamè.
1.1.2 Facteurs physiques et humains
Les précipitations moyennes annuelles varient entre 900 mm et 1.100 mm
sur la Commune de Aplahoué qui jouit d’un climat du type guinéo-congolais
caractérisé par deux saisons de pluie alternant avec deux saisons sèches et
d’inégales durées. Les perturbations climatiques enregistrées dans le secteur
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d’étude se traduisent par un retard dans l’installation des pluies de la grande
saison, une modification dans l’espace et dans le temps du régime pluvial, un
raccourcissement de la petite saison, une rupture brutale des pluies
(ASECNA, 2013). Les croyances endogènes du village de Badjamè sont en
harmonies avec les réalités naturelles.
La forêt sacrée de Badjamè est sur le plateau d’Aplahoué. Elle est établie sur
un sol ferralitique. Ce potentiel pédologique favorise le développement
d’une végétation luxuriante qui regorge d’une diversité biologique.
Les résultats des recherches confirmés par les travaux de terrain réalisés au
cours de cette recherche ont permis d’identifier des essences telles que :
Adansonia digitata ; Albizia adianthifolia ; Triplochiton scleroxylon ;
Antiaris toxicaria ; Milicia excelsa ; Albizia ferruginea ; Dialium
guineense ; Afzelia africana ; Ceiba pentandra ; Cola gigantea et Tectona
grandis. Selon Mahougbé (2011), les espèces animales actuellement
rencontrées sont surtout les rongeurs dans les palmeraies et les friches. La
diversité des mammifères est assez fournie à savoir : crocodile (nom
scientifique); tantale (Chlorocebus aethiopstantalus), aulacode (Thryonomys
swinderianus), naja (Naja melanoleuca, Naja nigricollis), vipère (Bitis
arietans), varan (Varanus niloticus), rat de Gambie (Cricetomys gambianus),
rat palmiste (Xerus erythropus), l’écureuil (Heliosciurus gambianus), lièvre
(Lepus crawashayi), ....
L’arrondissement de Lonkly dans lequel se trouve la forêt sacrée de Badjamè
dispose de plusieurs cours et plans d’eau (Amoussou, 2010). Ce réseau
hydrographique est principalement constitué de deux cours d’eau
permanents à savoir Sinlin et Badja. C’est le cours d’eau Badja qui a
conféré la sacralité à cette forêt. Au plan humain, la population du village est
de 1786 habitants avec 56 % de femmes et 44 % d’hommes (INSAE, 2013).
Cette population en complicité avec le roi de Tago au Togo gèrent cette forêt
car cette portion étant sur le territoire béninois était gérée par ce roi et les
seuls détenteurs des rituels effectués sont les habitants de Tado. C’est surtout
pour cette raison que la partie béninoise est obligée de faire recours au Roi
de Tado.
1.2 Recherche empirique
Elle prend en compte la collecte à deux niveaux que sont les centres de
documentation et les investissements en milieu réel.
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1.2.1 Recherche documentaire
Cette partie a permis l’acquisition d’information sur les forêts de façon
générale et de façon particulière sur les forêts sacrées.
1.2.2 Travaux de terrain
C’est la phase du contrôle sur le terrain. Elle a consisté à se rendre dans la
forêt afin d’identifier les pressions exercées sur les ressources et également
procéder aux enquêtes auprès des autorités et la population.
Population cible
Elle est composée :
- des structures de cogestion (commune, inspection forestière des
départements du Mono et du Couffo, comité de gestion villageois et
comité communal de gestion). Elles sont ciblées parce qu’elles
détiennent les informations liées à la gestion de cette forêt ;
- des prestataires du Projet d’Intégration des Forêts Sacrées dans le
système des Aires Protégées du Bénin (PIFSAP) ; ciblés parce
qu’étant des acteurs clés pendant la durée du projet dans la gestion
de la forêt ;
- des représentants de l’Etat, constitués des Chefs d’Unité
d’Aménagement et le Responsable de la Section Communale de
l’Environnement et de la Protection de la Nature (R/SCEPN), pour
prendre connaissance de l’évolution au fur et à mesure de la gestion
de la forêt afin de faciliter la mise en exécution de certaines mesures.
Ces groupes ont été ciblés parce qu’ils sont censés travailler en synergie afin
de mieux gérer les ressources de la forêt sacrée Badja. Ainsi, plusieurs
données sont collectées auprès des populations.
Echantillonnage lié à l’analyse de l’efficacité des structures de
cogestion
Deux étapes ont été franchies pour constituer la base de l’échantillonnage.
D’abord, la recherche documentaire a permis d’avoir une liste des membres
des structures de cogestion. Ensuite, une enquête exploratoire dans le secteur
d’étude a permis de recenser les prestataires et les représentants de l’Etat.
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Compte tenu du nombre limité des acteurs dans la cogestion de la forêt, tous
les acteurs ont été pris en compte comme le disait Danne et al. (1992), qu’il
vaut mieux impliquer tous les membres dans la recherche si la population est
de taille restreinte (tableau I).
Tableau I : Acteurs enquêtés
Prestataires Structures de Représentant de l’Etat
cogestion
Villages Comité Comité Inspection
PIFSAP Pépiniériste Local Villageois Forestière/Mono- Mairie
de de Couffo
Gestion Gestion IF/M-C
CLG CVG
Badjamè et 5 4 7 13 1 1
Lonkly
Source : Travaux de terrain, octobre 2015
De l’observation du tableau I, il ressort que 31 personnes sont impliquées
dans le renforcement de la gestion participative de la forêt sacrée Badja. Il
s’agit de 9 prestataires, 20 membres des structures de cogestion et 2
représentants de l’Etat.
Données collectées
Ces données concernent le rôle des structures de cogestion, leur organisation
et leur fonctionnement, les activités contenues dans leur cahier de charge,
leurs relations avec les prestataires et les représentants de l’Etat, leurs forces
et leurs limites. Il s’agit des données liées aux relations avec les structures de
cogestion, les principaux facteurs qui les ont motivés à aménager la forêt
sacrée Badja.
1.3 Traitement et analyse des données
Méthodes d’analyse de l’efficacité des stratégies de gestion
participative
L’efficacité des structures de cogestion a été évaluée à travers la
performance dans la réalisation des activités qui leur ont été confiées par la
population. Il en est de même des prestations devant leur apporter des
compétences techniques.
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Technique d’évaluation de l’efficacité des structures de cogestion
Pour évaluer l’efficacité des structures de cogestion, leurs membres, ainsi
que les prestataires qui leur apportent des compétences techniques, ont été
soumis à un test d’auto-évaluation. Celui-ci consiste à demander à l’enquêté
d’attribuer une note de réalisation aux différentes activités contenues dans
son cahier de charge. Cette note varie de 1 à 10 points. Lorsque la note
attribuée à une activité est en dessous de 5 points, alors l’activité n’a pas été
moyennement réalisée. Si au contraire, elle est supérieure ou égale à 5
points, alors l’activité est moyennement réalisée. Cette technique avait été
utilisée par Olivier et Gentry cités par Nguenang et al. (2010), pour évaluer
l’importance des forêts secondaires pour la collecte des plantes utiles chez
les Badjoué de l’Est du Cameroun et expérimentée aussi par Odjoubèrè en
2014.
Traitement des données d’évaluation de l’efficacité des
structures de cogestion
Les données ont été dépouillées manuellement. Les scores moyens de
réalisation des activités ont été calculés afin d’évaluer les scores d’efficacité
des structures de cogestion.
Détermination du score moyen des activités
Le score moyen d’une activité est la moyenne des notes attribuées à
l’activité par l’ensemble des enquêtés. Pour une activité ß, son score noté Sß
est déterminée à partir de la formule :
Sß
Sß : Score moyen de l’activité ß ; ou Score attribué à l’activité par
l’enquêté i et α : Nombre total d’enquêtés. A chaque score est affectée une
modalité (tableau II).
Tableau II: Modalités, scores moyens et niveaux de réalisation des activités
Modalités Scores moyens Niveaux de réalisation
Sß
0 [0-2,5] Médiocre (activité pas du tout réalisée
1 [2,5-5] Assez-bon (activité faiblement réalisée)
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2 [5-7,5] Bon (activité moyennement réalisée)
3 [7,5-10] Très bon (activité régulièrement réalisée)
Source : Adapté de Odjoubèrè, 2014
NB : La méthode de quartiles a été utilisée pour déterminer l’intervalle des
scores moyens
Le modèle SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities and Treats) ou
FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces) a été utilisé pour
évaluer les forces et les faiblesses des structures de cogestion.
2. Résultats
Il s’agit des croyances endogènes de gestion de la forêt sacrée Badja,
l’efficacité des structures de gestion participative, des forces et limites des
structures de gestion participative.
2.1 Croyance endogène de gestion de la forêt sacrée Badja
Les populations des villages de Badjamè, de Lonkly et de la communauté de
Tado croient à la source d’eau Badja qui a donné son nom à la forêt sacrée.
Seule cette source est vénérée dans ladite forêt. Elle confère à cette forêt son
identité sacrée et protège les ressources naturelles qui s’y trouvent. Les
environs immédiats de la source Badja où s’effectuent les rituels pour
favoriser la pluie sont matérialisés par des banderoles de couleurs diversifiés
(rouge, noire, blanche) nouées aux troncs des arbres (photo 1 et 2).
Photo 1 : Source d’eau Badja Photo 2 : Alentour de la source.
Prise de vues : Kooké, novembre 2015.
La photo 1 présente la source d’eau Badja vénérée par la population et la
photo 2 présente le lieu d’invocation de la source Badja. Ainsi, selon les
enquêtes de terrain, le caractère sacré de cette forêt est basé sur le respect des
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interdits liés à cette source principale. Les croyants consultent régulièrement
l’oracle pour savoir les dangers qui les guettent et les dispositions à prendre
pour les éviter. Comme dans d’autres forêts sacrées, aucun arbre n’est
identifié sacré dans cette forêt mais c’est la sacralité du cours d’eau Badja
qui influence l’existence des ressources forestières dans cette forêt.
Quelques interdits liés à la source d’eau Badja
La source d’eau sacrée vénérée n’est pas une divinité au titre des autres et
par conséquent n’a pas d’adeptes. En effet, certaines forêts sacrées abritent
des divinités à partir desquelles sont consacrées les forêts.
Des prières lui sont adressées lorsqu’il arrive que la pluie ne tombe pas. Le
caractère sacré de ce lieu ne va pas sans restriction des comportements et
libertés. Il y a des interdits qui sont édictés par la royauté de Tado pour
assurer la sacralisation dont l’observance est assurée par le Roi de Tado
assisté par un comité local dans le village Badjamè. Il est en effet interdit
de :
- se laver dans le cours d’eau sacré lorsqu’on est une femme en
menstrues ;
- faire la vaisselle dans le cours d’eau sacré ;
- se laver dans le cours d’eau sacré ;
- fumer dans la forêt ;
- abattre et prélever du bois ;
- pratiquer l’agriculture et la chasse.
La source d’eau sacrée est l’épine dorsale de l’existence de cette forêt. Elle
doit être protégée à tout prix. Le caractère secret des différents rites qui
nourrissent le lien entre lui et les humains exigent essentiellement une
végétation dense et haute. La puissance reconnue de la source d’eau fait
qu’il est un intérêt particulier pour les dignitaires et les collectivités
propriétaires de la forêt de la préserver. Cette source d’eau est d’une grande
utilité pour toute la population.
Situation actuelle du respect des interdits
Aujourd’hui, les populations environnantes à la forêt sacrée Badja, négligent
les interdits sans être inquiétées par qui que ce soit. En effet, le cours d’eau
qui sert d’eau de boisson est pollué par les mauvaises utilisations à savoir la
lessive intensive effectuée au fond de ce cours et surtout en saison sèche la
majorité de la population va s’y doucher (photos 3 et 4).
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Photo 3 : Activité de lessive dans la rivière Photo 4 : Une dame se douche dans la rivière
Prise de vues : Kooké, novembre 2015
La photo 3 montre des filles faisant la lessive dans le lit du cours d’eau et la
photo 4 une femme se douchant dans le même cours d’eau et l’un des guides
pour la réalisation des travaux de terrain. Ces pratiques rendent cette eau
polluée et par ailleurs ces comportements affaiblissent la sacralité de cette
forêt. Quelques activités interdites sont en cours dans la forêt sacrée Badja. Il
s’agit surtout des activités agricoles (photos 5 et 6).
Photo 5 : Dégradation des ligneux Photo 6 : Champ de maïs dans la FS
Prise de vues : Kooké, mars 2014 et novembre 2015
La photo 5 montre un arbre abattu à cause de la demande intense de terre
cultivable qui ne cesse d’accroître. Ce besoin incessant oblige les
populations environnantes à faire pression sur la forêt sacrée de Badja. En
effet, les riverains de cette forêt sacrée pratique l’agriculture itinérante sur
brûlis qui est peu respectueuse de la nature. Cette forme de pression est la
plus remarquable aujourd’hui. Selon les déclarations d’enquête, la pression
foncière qui s’exerce sur la forêt serait plus l’œuvre des togolais que les
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habitants de Badjamè. La photo 6 montre l’aperçu des secteurs occupés par
l’agriculture.
2.2 Mesure prise pour empêcher l’avancée du domaine agricole sur la
forêt
Ces mesures prises dans le PAGS sont exécutées par les comités de gestion
participative. La forêt sacrée de Badjamè a subi une forte pression foncière
de la part de ses riverains. Cette pression a réduit considérablement
l’emprise de la forêt à cause des besoins en terre cultivable. Grâce à l’effort
des structures de gestion participative, les limites de cette superficie sont en
cours d’être matérialisées. Les photos 7 et 8 donnent une idée sur l’effort
fourni pour la sauvegarde des limites proposées par consensus pour le
nouveau zonage décrit dans le Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifié
de la Forêt Sacrée Badja.
Photo 7 et 8 : Borne sur les limites de la forêt Badja
Prise de vues : Kooké, novembre 2015
L’un des objectifs du PAGS est de rendre visible les limites de la forêt par
l’installation d’une clôture vivante composée de plants de Milicia excelsa et
de Triplochiton scleroxylon. Sur le terrain, il est constaté la présence des
bornes en matériels durs implantées sur les limites de la forêt. Les enquêtes
de terrain ont révélé que l’option de la clôture vivante n’a pas prospéré et il
faille appliquer une autre option (cf. photos 7 et 8). Cette option a également
eu des insuffisances, car sur dix bornes implantées, il est dénombré en
moyenne cinq bornes déterrées.
2.3 Efficacité des stratégies de gestion participative
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83
Cette efficacité est appréciée à travers les acteurs impliqués dans la gestion
de la forêt sacrée Badja.
Efficacité des structures de cogestion
Il s’agit du score moyen par activité des membres de CVG et de CVL. Ces
activités ont été réalisées en collaboration avec les deux structures de
cogestion appuyées aussi par les confréries villageoises des chasseurs. Ces
confréries villageoises des chasseurs sont consultées pour chaque activité par
les structures de cogestion afin d’atteindre les objectifs visés.
Niveau de réalisation 1
Niveau de réalisation 0
Figure 2 : Score moyen par activité des CVG
Source : Travaux de terrain, novembre 2015
PDREA : Les parties dégradées sont reboisées avec les essences
autochtones
MEPS : Mettre en œuvre le plan se suivi
EM : L’emprise de la forêt est matérialisée
AFRT : Assurer les fonctions rituelles et thérapeutiques par les
stratégies de gestion
PEF : Promouvoir l’écotourisme dans la forêt
De l’analyse de la figure 2, il ressort que cinq activités des comités villageois
de gestion, deux activités (à savoir : le reboisement des parties dégradées par
les essences autochtones (PDREA) et la promotion éco touristique) ont un
score moyen nul.
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Deux activités à savoir : la mise en œuvre du plan de suivi (MEPS) et
l’assurance des fonctions rituelles et thérapeutiques (AFRT) ont un score
moyen entre 2,5 et 5 points. Elles ont été faiblement réalisées. Une seule
activité : la matérialisation de l’emprise de la forêt a un score moyen variant
entre 5 et 7,5 points. Elle est alors moyennement réalisée. L’exécution de ces
activités liées à la forêt Badja se réalise davantage avec les populations du
coté béninois que de celui de Tado au Togo qui traditionnellement
continuent d’avoir plus d’autorité sur la forêt à travers leur Roi.
2.4 Forces et limites des structures de cogestion
Le modèle SWOT (figure 3) présente les forces, les faiblesses, les
opportunités et les limites des structures de cogestion.
Disponibilité et esprit d’équipe des populations à participer à la gestion
participative de la forêt sacrée Badja
Fo
rc Disponibilité des ressources forestières
Fa es
ct Existence des prestataires locaux pour la fourniture de compétences
techniques
eu
rs Incapacité de mobiliser les ressources financières internes
Fa
in
ibl Conflits fonciers liés à la pression agricole
te
es
rn
Mauvais traitement à l’endroit des prestataires
se
es
Os
Intervention du PIFSAP
pp
Fa ort Existence des ONG pour accompagner les structures de cogestion
cte un
ur ité
s s Problème de financement du plan
ex M Application difficile da la loi réglementant la mise en œuvre du plan
ter en d’Aménagement
ne ac
s Demande croissante des besoins en produits forestiers
es
Figure 3 : Modèle d’analyse des forces et limites des structures de cogestion
Source : Kooké, novembre 2015
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85
L’analyse de la figure 3 montre que certains facteurs internes et externes
sont favorables au fonctionnement des structures de cogestion tandis que
d’autres constituent des handicaps pour la réalisation de leurs activités.
3. Discussion
Cette recherche a analysé les croyances endogènes dans la gestion
participative de la forêt sacrée Badja. Il ressort de l’analyse des résultats que
les interdits liés à cette forêt sont de moins en moins respectés. Cela rend
difficile la réalisation des activités de protection par les comités de gestion
participative de cette forêt. Les résultats obtenus sont comparables à certains
travaux antérieurs réalisés au plan national et international.
Il y a plusieurs divinités dans le panthéon Goun / Fon au Sud du Benin et du
Togo représentées par des animaux et des plantes qui sont des totems
(Kokou et al., 2006). Ce mode de gestion reposant sur le sacré, les interdits
et la surveillance collective est observé dans la Commune de Aplahoué où le
sacré repose sur la rivière badja. Par conséquent, contrairement aux autres
forêts sacrées, c’est la rivière Badja qui confère la sacralité à la forêt de
Badjamè. Ce mode de gestion basé sur le sacré est conforme à celui constaté
par Ali (2014) dans la basse vallée de l’Ouémé, par Juhé-Beaulaton et
Roussel (1999) pour les forêts et bois sacrés de l'ancienne Côte des esclaves.
Mais ces formes de gestion ont évolué et se sont plus ou moins adaptées aux
réalités du monde moderne. C'est ainsi, que l'entrée dans la forêt sacrée n'est
plus seulement l'apanage des adeptes, des prêtes et des fidèles. Les
scientifiques sont autorisés à y faire des recherches sur des conditions. C'est
ce qui a favorisé ce travail dans la forêt sacrée Badja. La création de comités
de gestion locale de la forêt témoigne une fois encore la tendance à une
approche beaucoup plus participative.
Le mode de gestion a été dans le temps, influencé et perturbé par le pouvoir
d'état. C'est le cas observé à Badjamè où les gens sont venus du sud-Mono
couper les gros arbres de Ceiba pentandra pour aller fabriquer des pirogues
(Ago, 2000). Actuellement, les recherches dans la même forêt ont montré
que l’agriculture est la grande menace qui pèse sur la pérennité de ladite
forêt.
Face à ces constats, le renforcement des pouvoirs locaux, la sensibilisation
des acteurs chargés de la gestion de cette forêt et la motivation apparaissent
comme des impératifs dans toutes les propositions de plan d'aménagement. Il
se dégage une approche traditionnelle, culturelle et religieuse de
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86
conservation et de gestion des ressources naturelles au niveau des
populations qui est basée sur le respect du sacré. Cette approche pourrait
contribuer à l'amélioration des approches modernes de conservation des
ressources naturelles.
Si rien n'est fait, la plupart de ces forêts vont disparaître. Il serait souhaitable
qu'un dialogue permanent et sincère soit instauré entre l'administration
forestière et les populations pour le maintien, l'extension voire la restauration
des forêts sacrées. Mais la satisfaction des besoins fonciers pour l’agriculture
et celle des besoins en produits forestiers ne demeure-t-elle pas le problème
majeur.
Conclusion
Cette recherche sur l’évaluation environnementale de la gestion participative
de la forêt sacrée Badja a permis de connaître le niveau de réalisation des
activités à travers les scores moyens de l’efficacité des structures de
cogestion et les stratégies mises en œuvre pour l’atteinte des objectifs.
La forêt sacrée Badja est soumise à une forte pression se traduisant par la
disparition des terres, des espèces végétales et animales au profit des
champs. Le Plan d’Aménagement et de Gestion Simplifié de cette forêt fait
ressortir les différentes fonctions, le degré de menace qui pèse sur les
ressources naturelles. Malgré les avantages liés à cette forêt, elle est
confrontée à une dégradation forte qui est la conséquence d’une évolution
démographique galopante. Soulignons que le caractère sacré de cette forêt
n’existe plus, ce qui ne favorise plus le respect des interdits. Ainsi,
l’aménagement de la forêt sacrée de Badjamè doit se faire de manière
participative et rigoureuse et avoir pour objectif la conservation durable des
ressources naturelles.
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NOTE A L’INTENTION DES CONTRIBUTEURS
DEZAN est la revue scientifique du Département de
Sociologie-Anthropologie de la Faculté des Lettres, Arts et
Sciences Humaines de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin. De
sa dénomination «dézan » signifiant «rameau» en langue béninoise
« fכֿngbé », elle est représentative de la symbolique du changement
social en culture africaine. De ce fait, la Revue DEZAN se donne
pour vocation première de contribuer à une configuration
décloisonnée des sciences de l’homme et de la société, pour une
synergie transversale et holistique génératrice d’une
interdisciplinarité plus fertile à un développement convergent où
l’endogène et l’exogène sont en parfaite cohésion. Elle paraît au
rythme de deux numéros par an. Les articles y sont rédigés en
français, anglais, allemand, ou en langues nationales africaines.
Le comité de lecture est habilité à accepter pour publication
ou non les articles soumis. Chaque article est résumé en une page
au plus assorti de cinq mots clés du travail. Le manuscrit de 20
pages au plus est soumis en exemplaire original, recto seulement,
saisi à l’intérieur d’un cadre de frappe 21 x 29,7; police Times New
Roman, point 12, interligne 1,5. Il est accompagné d’un CD-RW
ou d’une clé USB comprenant les données. Chaque auteur est
appelé à donner son adresse électronique et son institution
d’attache. Les cartes et les croquis sont scannés et notées de façon
consécutive.
L’usage de l’Alphabet Phonétique International pour
transcrire les termes en langues nationales est vivement conseillé.
Les références bibliographiques dans le texte sont faites selon
l’approche Van Couver ou Harvard dans une parfaite harmonie
selon le choix de l’auteur. Chaque auteur apporte une participation
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