Original article
Principaux insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie
péruvienne. Données préliminaires
Cesar DELGADO1*, Guy COUTURIER2
1 Inst. Investig. Amazon. Peru., Major pests of cashew in the Peruvian Amazon. Preliminary data.
Programa investig.
biodiversidad, Apartado 784, Abstract – Introduction. The cashew (Anacardium occidentale L.) is mainly grown for the
Avenida Abelardo Quiñones, production of cashew nuts, but also for the pseudofruit. The insect pests of the plant were
Iquitos, Perú, studied in Peru, where this fruit is consumed. Materials and methods. Samples were taken
[email protected] from 1998 to 2005 in different localities of the department of Loreto in the Peruvian Amazon
2 Mus. Natl. Hist. Nat. and
to identify insect pests of cashew. Field observations and laboratory farms were used to char-
Inst. Rech. Dév., case 50, acterize the damage caused by each insect. Results. Seven species of insects cause significant
57 rue Cuvier, 75231, Paris, damage: five species attack the pseudofruit: Acanthocephala parensis (Hemiptera: Coreidae),
Cedex 05, France Anastrepha obliqua (Diptera: Tephritidae), Conotrachelus sp. (Coleoptera: Curculionidae),
[email protected] Trigona amalthea and T. amazonensis (Hymenoptera: Apidae). The pest Aphis gossypii
(Hemiptera: Aphididae) infests the inflorescences, buds and young fruit. The larvae of Macro-
copturus cf. tristis (Coleoptera: Curculionidae) develop in buds and young shoots. Three new
species are pests which have not yet been reported. Conclusion. Given the potential of the
cashew apple production and the possible development of the culture of the cashew tree in
the Peruvian Amazon, a more extensive study of the insect pests is desirable.
Amazon / Peru / Anacardium occidentale / Anacardiaceae / pests of plants / data
collection / pseudofruits
Principaux insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie péruvienne.
Données préliminaires.
Résumé – Introduction. L’anacardier (Anacardium occidentale L.) est surtout cultivé pour
la production de l’amande ou noix de cajou mais aussi pour le pseudofruit. Les insectes nui-
sibles à cette plante ont été étudiés au Pérou où celui-ci est consommé. Matériel et
méthodes. Des prélèvements ont été réalisés de 1998 à 2005 dans différentes localités du
département de Loreto en Amazonie péruvienne afin d’identifier les insectes ravageurs de
l’anarcadier. Des observations de terrain et des élevages au laboratoire ont permis de caracté-
riser leurs dégâts et des éléments de la bio-écologie pour chacun de ces insectes. Résultats.
Sept espèces d’insectes ont été identifiées, qui commettent des dommages notables : cinq
espèces s’attaquent au pseudofruit : Acanthocephala parensis (Hemiptera : Coreidae),
* Correspondence and reprints
Anastrepha obliqua (Diptera : Tephritidae), Conotrachelus sp. (Coleoptera : Curculionidae),
Trigona amalthea et T. amazonensis (Hymenoptera : Apidae). L’espèce Aphis gossypii
Received 23 October 2013 (Hemiptera : Aphididae) infeste l’inflorescence ainsi que le fruit. Les larves de Macrocopturus
Accepted 17 January 2014 cf. tristis (Coleoptera : Curculionidae) se développent dans les bourgeons et les jeunes
rameaux. Trois espèces parmi celles qui ont été identifiées sont de nouveaux ravageurs qui
n’avaient pas été encore signalés. Sept espèces d’importance secondaire ont également été
Fruits, 2014, vol. 69, p. 293–302 observées. Conclusion. Compte-tenu du potentiel que représente la production de pomme
© 2014 Cirad/EDP Sciences cajou et du développement possible de la culture de l’anacardier en Amazonie péruvienne,
All rights reserved une étude plus approfondie des insectes nuisibles à cette production est souhaitable.
DOI: 10.1051/fruits/2014018
www.fruits-journal.org
Amazonie / Pérou / Anacardium occidentale / Anacardiaceae / Ravageur des
RESUMEN ESPAÑOL, p. 302 plantes / collecte de données / pseudofruit
Article published by EDP Sciences
Fruits, vol. 69 (4) 293
C. Delgado and G. Couturier
1. Introduction 2. Matériel et méthodes
Le cajou (Anacardium occidentale L. : Ana- Notre étude a été réalisée entre 1998 et 2005
cardiaceae) est un petit arbre natif de la côte à l’Instituto de investigaciones de la Amazo-
nord du Brésil. En raison de son intérêt com- nia Peruana (IIAP, Pérou) dans ses centres
mercial il est maintenant cultivé au Vietnam, de recherche de Quistococha et Allpahuayo
en Inde, au Brésil, au nord de l’Australie, à (03°49’ S, 73°16’ O) ainsi que dans les com-
Hawai, aux îles Fidji et au sud de la Floride munautés de Varillal (03°52’ S, 73°20’ O),
principalement [1–3], ainsi que dans diffé- Peña Negra (03°51’ S, 73°20’ O), Nauta
rents pays d’Afrique : Nigeria, Tanzanie, (04°34’ S, 73°32’ O) et Jenaro Herrera
Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mozambique (04°54’ S, 73°40’ O). L’altitude moyenne de
et Bénin [4]. C’est une espèce qui peut ces localités est de 145 m au dessus du
niveau de la mer. Elle a été réalisée de façon
s’adapter à un large spectre écologique [5].
ponctuelle, sans protocole particulier, en
Au Pérou, Anacardium occidentale a sur-
fonction de nos possibilités de déplacement
tout une importance locale et c’est la pulpe
et ne prétend pas être exhaustive. Les pré-
du pédoncule hypertrophié du fruit, ou
lèvements ont été réalisés au hasard en révi-
pseudofruit, qui est consommée sous forme sant à vue les arbres accessibles dans les
de jus de fruits, glaces et sorbets. vergers (figure 1). Les insectes ravageurs
Pour l’agro-industrie mondiale c’est ont été collectés manuellement à différents
l’amande ou noix de cajou qui présente stades de développement sur les différentes
actuellement le plus d’intérêt. Selon la parties des arbres ; ils ont été ensuite trans-
FAO, le marché des noix de cajou s’est portés au laboratoire pour élevage et obten-
considérablement développé, les pays asia- tion des adultes. Les larves ont été élevées
tiques étant les plus importants producteurs dans des cages en plastique aérées et révi-
[6]. En 2004, le Vietnam occupait la première sées quotidiennement pour changer l’ali-
place avec 640.000 t, suivi de l’Inde avec mentation et nettoyer les cages.
460.000 t, du Brésil avec 223.941 t et du Nous n’avons pas pris en compte les
Nigéria avec 186.000 t. parasitoïdes. Des observations de terrain et
au laboratoire ont permis d’obtenir des
En Amérique du sud, c’est principalement
informations sur la biologie, l’écologie et le
le Brésil qui a développé des technologies
type de dégâts.
de production de cette culture et plus par-
ticulièrement vis-à-vis des ravageurs [7–10]. Le matériel biologique collecté a été
Bien que la noix de cajou soit l’enjeu prin- déposé dans les collections de l’Instituto de
cipal de cette culture, plusieurs auteurs [2, Investigaciones de la Amazonía Peruana à
4, 11–13] font valoir l’intérêt du pseudofruit Iquitos (Pérou) et celles du Muséum natio-
dont la teneur en vitamine C est environ nal d’Histoire naturelle de Paris (France).
5 fois supérieure à celle de l’orange, soit
(200 à 300) mg⋅100 g–1 [2]. Sous utilisé, trop
souvent considéré comme sous produit ou 3. Résultats
même délaissé, le pseudofruit de l’anacar-
dier peut être utilisé sous forme de jus, sor- Durant notre étude nous avons observé
bets, confiserie, boisson fermentée ainsi que sept ravageurs qui commettent des dégâts
pour l’industrie des cosmétiques. Au Pérou, d’importance majeure ou pouvant nuire à la
celui-ci est fréquemment vendu dans les productivité. Parmi eux, cinq attaquent le
supermarchés et sur les marchés locaux. pseudofruit : Acanthocephala parensis,
Anastrepha obliqua, Conotrachelus sp.,
Nous avons inventorié les principaux in- Trigona amalthea et T. amazonensis ; le
sectes nuisibles à l’anacardier observés en sixième, Aphis gossypii, infeste l’extrémité
Amazonie péruvienne, et étudié certains élé- des rameaux, les inflorescences et les jeunes
ments sur leur biologie et leur écologie, né- pseudofruits et le septième, Macropturus cf.
cessaires pour mettre en place des méthodes tristis, fore les rameaux. Sept autres rava-
de contrôle intégré de A. occidentale. geurs identifiés produisent des dégâts moins
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Insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie péruvienne
importants : Gymnetis pantherina ssp.
meleagris Burmeister, Hoplopyga liturata
Olivier, Megalopyge lanata Stoll, Membracis
sp., Oncideres crassicornis Bates, Peri-
phoba hircia Hübner et Zoreva sp.
3.1. Ravageurs d’importance
majeure
3.1.1. Acanthocephala parensis (Dallas)
(Hemiptera : Coreidae)
Acanthocephala parensis est une punaise
de grande taille, environ 22 mm de long, de
couleur noire. Ses fémurs postérieurs pré-
sentent une série de 5 à 6 « dents » fortes ;
les tibias postérieurs montrent une expan-
sion latérale aplatie sur toute leur longueur,
ainsi qu’une denticulation fine chez le
mâle ; le tarse est marron clair. Les jeunes
et adultes s’alimentent du pseudofruit vert
ou en processus de maturité (figure 2). Si le Figure 1.
fruit attaqué est jeune, il se dessèche et noir- Anacardiers aux abords du village de Varillal (Pérou).
cit. À un état de développement plus avancé
du pseudofruit, celui-ci prend une colora-
tion sombre et il est attaqué par divers cham-
pignons. Acanthocephala parensis a aussi
été observé sur le fruit. Cette espèce est
signalée pour la première fois sur l’anacar-
dier. En Amazonie péruvienne, nous l’avons
observé dans les stations de Quistococha, el
Varillal et Jenaro Herrera.
3.1.2. Anastrepha obliqua Macquart
(Diptera : Tephritidae)
Anastrepha obliqua est une mouche des
fruits mesurant 7 mm de long ; les ailes sont
transparentes avec de larges bandes brun-
jaune légèrement brunies (figure 3). C’est
une espèce polyphage largement distribuée
dans toute l’Amazonie et la zone néotropi-
cale. Les femelles perforent l’épiderme du
pseudofruit avec leur ovipositeur et y insè-
Figure 2.
rent leurs œufs. Les larves se développent Acanthocephala parensis sur
dans la pulpe du pseudofruit ; à leur com- un pseudofruit d’anacardier.
plet développement elles mesurent 8 mm
de longueur. Leur développement terminé infestés sont recommandés. En Amazonie
les larves se laissent tomber au sol où elles péruvienne plusieurs espèces de mouches
s’empupent à faible profondeur. Ce sont des des fruits ont été citées sur d’autres arbres
asticots qui ne doivent pas être confondues fruitiers où elles occasionnent des dégâts
avec les larves de Conotrachelus sp. (voir notables [14, 15–17]. Anastrepha obliqua
ci-dessous). Comme pour ce dernier, le est largement distribuée dans toute l’Ama-
ramassage et la destruction des pseudofruits zonie. Sur l’anacardier elle a été observée
Fruits, vol. 69 (4) 295
C. Delgado and G. Couturier
Figure 3.
Divers ravageurs provoquant des dégâts plus ou moins importants sur anacardier au Pérou.
296 Fruits, vol. 69 (4)
Insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie péruvienne
à Iquitos et à Pucallpa, où elle cause des 3.1.5. Aphis gossypii Glover
dégâts considérables. (Homoptera : Aphididae)
3.1.3. Conotrachelus sp. (Coleoptera : Aphis gossypii Glover est le « puceron du
cotonnier », insecte de couleur jaune clair à
Curculionidae)
vert sombre, mesurant jusqu’à 1,8 mm de
Le genre Conotrachelus comprend de très long. Il vit en colonies denses, suce la sève
nombreuses espèces dont beaucoup sont des bourgeons, inflorescences et fruits en
nuisibles aux cultures fruitières. Elles sont le formation (figure 3). Il s’ensuit un dessèche-
plus souvent spécifiques d’une espèce ou ment des fleurs et bourgeons qui provo-
d’un genre végétal. L’espèce qui s’attaque quent des malformations sur les pseu-
au pseudofruit de l’anacardier n’est pas dofruits. Les sécrétions sucrées émises par
décrite ; elle est considérée comme nou- ces insectes (miellat) favorisent la présence
velle pour la science (C.W. O’Brien, com- de fumagine qui nuit à leur développement
mun. pers.). La larve est de couleur blanc- et c’est la présence de fourmis (non identi-
crème, à tête marron ; elle s’alimente de la fiées) qui, en consommant ces sécrétions,
pulpe du pseudofruit qui peut être totale- favorise leurs pullulations en les protégeant
ment détruite ; celui-ci durcit et se nécrose. des prédateurs. Différents insectes préda-
À la fin de son développement larvaire, la teurs (coléoptères Coccinellidae, larves de
larve abandonne le fruit se laisse tomber au diptères Syrphidae) limitent cependant ces
sol où elle s’enterre à faible profondeur. La pullulations. La production de l’anarcadier
nymphose dure 6 à 8 jours. L’adulte mesure peut être affectée : Melo et al. indiquent que
5 mm de long et le rostre fait 1,5 mm. De jusqu’à 76 % d’inflorescences peuvent être
couleur marron à marron clair, le pronotum détruites [18]. Bleicher et al. ont observé que
et les élytres sont recouverts de protubé- les pertes de production peuvent atteindre
rances caractéristiques (figure 3). Durant le 36,8 % [19]. Aphis gossypii est une espèce
cosmopolite, polyphage, connue sur de
jour les adultes restent au sol, dans la végé-
nombreux hôtes appartenant à différentes
tation ou dans les débris accumulés sur les
familles végétales en Amérique du sud [10,
branches. Au crépuscule ils montent sur le
20–23]. Dans le cadre de notre étude,
tronc, s’accouplent et pondent sur le pseu-
l’insecte a été observé dans les stations de
dofruit. Au cours de notre étude l’espèce a été
Quistococha, Nauta et Jenaro Herrera ; il a
observée dans les stations de Quistococha,
été récemment rapporté sur une myrtacée
Allpahuayo et Jenaro Herrera. locale, Myrciaria dubia [24].
3.1.4. Trigona amalthea (Olivier) 3.1.6. Macrocopturus cf. tristis (Heller)
et T. amazonensis Ducke (Hymenoptera : (Coleoptera : Curculionidae)
Apidae)
L’adulte de Macrocopturus cf. tristis (Heller)
Trigona amalthea (Olivier) et T. amazo- est un charançon de couleur noir-brillant de
nensis Ducke sont deux abeilles de couleur 5 mm de long ; il montre un rostre long,
noire de 6 à 7 mm de long, sans aiguillon ; replié au repos sur la face ventrale et attei-
leurs ailes sont sombres, bleutées, plus gnant l’abdomen (figure 4). La larve est de
larges que l’abdomen. Ces espèces vivent couleur blanc-crème ; la tête est marron ; la
dans des nids contenant de très nombreux larve mesure 6 à 7 mm de long. La femelle
individus. Les adultes s’alimentent du pseu- adulte dépose ses œufs dans le bourgeon
dofruit à tous les stades de son développe- terminal d’une branche d’anacardier. La
ment (figure 3). Sur le pédoncule mûr elles larve pénètre dans celui-ci et fore une gale-
peuvent creuser de profondes cavités pour rie descendante dans le rameau où elle s’ali-
en extraire la pulpe ; ces cavités servent mente pendant plusieurs mois. Il peut y
d’accès à d’autres insectes détritivores qui avoir plusieurs larves sur une même
favorisent ainsi la décomposition du pseudo branche mais seulement une seule larve par
fruit. Si ces abeilles étaient trop abondantes, galerie. La plante exsude une abondante
la lutte consisterait à les détruire après loca- résine gommeuse, transparente, qui durcit
lisation de leurs nids. et prend une coloration marron (figure 5) ;
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C. Delgado and G. Couturier
la première fois au centre scientifique de
Quistococha puis à Jenaro Herrera et dans
la localité de Varillal.
3.2. Ravageurs d’importance
secondaire
3.2.1. Gymnetis pantherina ssp.
meleagris Burmeister et Hoplopyga
liturata Olivier (Coleoptera :
Cetoniidae)
Les adultes des deux espèces Gymnetis pan-
therina ssp. meleagris Burmeister et Hoplo-
pyga liturata Olivier s’attaquent aux pseu-
dofruits mûrs ou en début de maturité ; ils
s’alimentent de la pulpe, causant des lésions
importantes et rendant le fruit impropre à la
consommation. Gymnetis pantherina ssp.
Figure 4. meleagris (figure 3) est de couleur brun-
Macrocopturus cf. tristis, galerie ouverte et insecte adulte sur anacardier. verdâtre avec de nombreuses taches noires
sur le pronotum et les élytres ; il mesure
20 mm de long. Hoplopyga liturata est plus
petit (17 mm de long) et les taches sont
beaucoup plus fines et nombreuses. Nous
n’avons pas observé de larves, qui se déve-
loppent habituellement dans les bois
décomposés et les terreaux. Les dégâts dus
à ces deux ravageurs sont sporadiques et ne
justifient pas d’intervention particulière.
Toutefois, les adultes visibles sur les pseu-
dofruits peuvent être prélevés et détruits
pour limiter la prolifération de ces espèces.
3.2.2. Megalopyge lanata Stoll
(Lepidoptera : Megalopygidae)
La chenille de Megalopyge lanata Stoll est
défoliatrice ; elle est de couleur blanc-bleuté
et pourvue de longues soies très urticantes.
Polyphage, elle est connue sur 14 familles
Figure 5.
botaniques différentes mais sa rareté en fait
Exsudation de sève sur
anacardier, due aux attaques
un ravageur très secondaire. L’adulte est de
de Macrocopturus cf. tristis. couleur brun clair, variable. Les ailes sont
partiellement transparentes. L’incidence des
attaques est négligeable.
à l’ouverture la galerie présente une colo-
ration noire caractéristique (figure 4). Les 3.2.3. Membracis sp. (Hemiptera :
branches sont fragilisées et peuvent casser Membracidae)
sous l’effet du vent ou d’une forte charge
en fruits. Les dégâts se remarquent facile- Les jeunes ravageurs du genre Membracis
ment par la présence de boules de gomme. sont de couleur blanche ; ils peuvent recou-
Ce ravageur ne semble pas avoir été vrir presque entièrement le fruit (figure 6)
signalé auparavant. Il a été rencontré pour et nuisent à son développement. Les adultes
298 Fruits, vol. 69 (4)
Insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie péruvienne
mesurent 8 mm de long ; ils sont de couleur
noire, tachés de blanc, aplatis latéralement
et leur pronotum, en forme de lame,
recouvre l’ensemble de l’abdomen. Leurs
dégâts sont limités en raison du faible
nombre de pseudofruits attaqués peuvant
être détruits.
3.2.4. Oncideres crassicornis Bates
(Coleoptera : Cerambycidae)
Les femelles de Oncideres crassicornis
Bates (figure 3), ravageur longicorne, pon-
dent dans les branches de l’anacardier
qu’elles découpent ensuite. Les larves se
développent en plusieurs semaines ou plu-
sieurs mois. L’espèce est polyphage. Les
dégâts sont le plus souvent très localisés et
peu importants. Il est préconisé de détruire
Figure 6.
les branches coupées qui contiennent les
Jeunes de Membracis sp. sur
larves. fruit d’anacardier.
3.2.5. Periphoba hircia Hübner
(Lepidoptera : Saturniidae)
Les chenilles de Periphoba hircia Hübner
s’alimentent du feuillage ; elles mesurent de
5 à 6 cm en fin de développement, sont de
couleur verte et présentent des soies urti-
cantes blanches (figure 3). Lorsqu’elles sont
nombreuses, elles peuvent défolier les
arbres de façon notable. Le papillon adulte
est de couleur marron uniforme excepté, sur
les ailes postérieures, deux lignes courbes,
concentriques plus ou moins en zigzag, plus
foncées que le fond de l’aile et, sur les ailes
antérieures, trois lignes de même aspect
(figure 3). L’espèce a été observée dans la
station d’el Varrillal. Ravageur secondaire,
Periphoba hircia devra cependant être prise
en considération en cas de pullulation. Dans
ce cas il conviendra d’éliminer les chenilles. Figure 7.
Adulte de Zoreva sp. piquant
3.2.6. Zoreva sp. (Hemiptera : un pseudofruit d’anacardier.
Coreidae)
Larves et adultes de Zoreva sp. se rencon- 4. Discussion et conclusion
trent sur les pseudofruits où ils provoquent
des nécroses. C’est une punaise de 15 mm Au Pérou, la production de noix de cajou
de long de couleur jaune et brun-noir pour la consommation locale et l’exporta-
(figure 7). Cette espèce est rare sur l’ana- tion est négligeable. Le pseudofruit, cepen-
cardier et ne justifie pas d’intervention dant, est localement très consommé et, en
particulière. Amazonie, il provient de petits vergers plus
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C. Delgado and G. Couturier
Table I.
Insectes nuisibles à l’anacardier observés en Amazonie péruvienne de 1998 à 2005.
Genre, espèce Ordre, famille Partie attaquée Incidence
Ravageurs importants
Acanthocephala parensis Hemiptera : Coreidae Pseudofruit Élevée1
Anastrepha obliqua Diptera : Tephritidae Pseudofruit Élevée1
Aphis gossypii Hemiptera : Aphididae Extrémité des rameaux, bourgeons Faible
Conotrachelus sp. Coleoptera : Curculionidae Pseudofruit Élevée1
Macropturus cf. tristis Coleoptera : Curculionidae Rameaux, bourgeons Élevée1
Trigona amalthea, Hymenoptera : Apidae Pseudofruit Élevée1
T. amazonensis
Ravageurs secondaires
Gymnetis pantherina Coleoptera : Cetoniidae Pseudofruit Faible
Hoplopyga liturata
Megalopyge lanata Lepidoptera : Megalopygidae Feuilles Faible
Membracis sp. Hemiptera : Membracidae Pseudofruit Faible
Oncideres crassicornis Coleoptera : Cerambycidae Branches Faible
Periphoba hircia Lepidoptera : Saturniidae Feuilles Faible
Zoreva sp. Hemiptera : Coreidae Pseudofruit Négligeable
1
Incidence élevée ou potentiellement élevée.
ou moins bien entretenus ou de plantes iso- péruvienne [16, 17]. Au Brésil, T. spinipes est
lées. L’anarcardier, d’une culture relative- citée comme ravageur de l’anacarde [20].
ment facile, mériterait d’être planté sur des Différentes études réalisées dans d’autres
terres qui parfois sont impropres à des pays producteurs ont montré l’intérêt de la
cultures plus exigeantes. En raison du faible consommation du pseudofruit d’un point de
nombre d’arbres cultivés en Amazonie péru- vue nutritionnel ; ils relatent que ce sous-
vienne, la diversité des insectes nuisibles est produit est trop souvent négligé. En raison
limitée. Cependant, plusieurs espèces que du potentiel représenté par cette espèce
nous avons identifiées sont considérées pour l’agro-industrie nationale péruvienne
comme étant de nouveaux ravageurs et ainsi que pour la consommation locale, il
s’ajoutent à la liste de ceux d’Amérique du apparaît nécessaire d’adapter les techniques
Sud qui sont déjà connus sur l’anacardier. et les variétés qui permettraient le dévelop-
Plusieurs espèces du genre Conotrachelus pement de cette culture en Amazonie. Cette
ont été rapportées récemment en Amazonie démarche passe par le contrôle des insectes
péruvienne sur différentes myrtacées : la nuisibles qui sont un facteur limitant pour
goyave (Psidium guajava), l’araza (Eugenia la production de pseudofruits de qualité.
stipitata) et le camu camu (Myrciaria Des méthodes de contrôle intégré devront
dubia) [15, 17, 24]. Dans l’état d’Amazonas, être mises au point.
au Brésil, l’anacardier est cité comme
unique plante-hôte d’Anastrepha leptozona
[25, 26], bien que celle-ci soit connue sur
d’autres plante-hôtes. Dans le Nordeste bré- Remerciements
silien le papillon Anthistarcha binocularis
(Lepidoptera : Gelechiidae) cause des Cette étude a été réalisée dans le cadre de
dégâts similaires à ceux de M. tristis sur la convention existant entre l’IIAP et l’IRD
l’anacardier [10]. Les abeilles du genre Tri- (Institut de recherche pour le développe-
gona sont connues comme ravageurs de dif- ment) et financée par le projet INCAGRO.
férentes plantes fruitières en Amazonie Les auteurs remercient les ingénieurs
300 Fruits, vol. 69 (4)
Insectes nuisibles à l’anacardier en Amazonie péruvienne
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Principales insectos plagas del marañón en la Amazonía peruana. Datos
preliminares.
Resumen – Introducción. El anacardo (Anacardium occidentale L.) se cultiva principal-
mente para la producción de almendras o castañas de cajú, sino también para el pseudofruto.
Los insectos plagas de la planta fueron estudiados en el Perú, donde se consume. Materiales
y métodos. De 1998 a 2005 se tomaron muestras en diferentes localidades del departamento
de Loreto en la Amazonía peruana para identificar las plagas de los anacardos. Las observacio-
nes de campo y de laboratorio se utilizaron para caracterizar el daño a cada uno. Resultados.
Siete especies de insectos cometen un daño significativo: cinco atacan el pseudofruto: Acan-
thocephala parensis (Hemiptera: Coreidae), Anastrepha obliqua (Diptera: Tephritidae), Cono-
trachelus sp. (Coleoptera: Curculionidae) Trigona amalthea y T. amazonensis (Hymenoptera:
Apidae). Aphis gossypii (Hemiptera: Aphididae) infesta la inflorescencia, el fruto joven y los
brotes. Las larvas de Macrocopturus cf. tristis (Coleoptera: Curculionidae) se desarrollan en los
brotes y ramas jóvenes. Tres especies son nuevos reportes para el cultivo. Conclusión. Dado
el potencial de la producción de manzanas de marañón y el posible desarrollo de la cultura del
anacardo en la Amazonía peruana, un estudio más profundizado de los insectos plagas es
deseable.
Amazonia / Perú / Anacardium occidentale / Anacardiaceae / Plagas de plantas /
colección de datos / pseudofruto
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