Recueil de farces, moralités
et sermons joyeux / publié
d'après le manuscrit de la
Bibliothèque royale, par
Leroux [...]
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Michel, Francisque (1809-1887). Auteur du texte. Recueil de
farces, moralités et sermons joyeux / publié d'après le manuscrit
de la Bibliothèque royale, par Leroux ["sic"], de Lincy et
Francisque Michel. 1831-1838.
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart
des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus ou dans le
cadre d’une publication académique ou scientifique est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source des contenus telle que
précisée ci-après : « Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale
de France » ou « Source gallica.bnf.fr / BnF ».
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service ou toute autre réutilisation des contenus
générant directement des revenus : publication vendue (à
l’exception des ouvrages académiques ou scientifiques), une
exposition, une production audiovisuelle, un service ou un produit
payant, un support à vocation promotionnelle etc.
CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE
2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de
l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.
3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation
particulier. Il s'agit :
- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur
appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.
4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le
producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.
5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica
sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.
6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions
d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.
7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,
contacter
[email protected].
SERMON
JOYEUX
DES .IV. YENS.
Se vend place du Louvre,
Chez Techener, libraire.
SOIXANTE ET SEIZE EXEMPLAIRES.
N°
Sfvmon
30monx
Heg .tttt. ïïtotjsî.
4 6 0 4
In nomine Palriz, et Fili,
Et Spiritu Sanly, Amen. -,
Quatuor ventus de mondo
Faciunt mirabilia,
:
le dis in diverso mundo
Quatre vens au monde il y a,
Prudenteassistence, et je va
En ma brefue colation,
-
Vous donner l'exposition.
Pour endoctriner homme & femme.
Aucuns vous prefchent le karesme,
Les quatre temps & les auens;
Mais iediray des quatre vens;
Lesquelz vens, comme ie gage,
Pour soufler les gens au visage,
En les faisant haster d'aler,
Reculer & triquebaler,
Voler, tumber,saulter souuent.
Et pour vous garder de tel vent,
le dirai les propriétés.
Mais auant que d'icv partes,
Et que procédé plus auant,
le vous recommande deuant.
Nostre couuent qui est oyseulx.
Nous sommes bons religieulx,
Et bien poures moynes rcigles,
Âussy chanoynes defreigles ;
Vous eognoifles assesl'affaire,
Et ne voulons iamais rien faire,
Synon boyre & chopiner,
Diner, rediner, souper,
Rire, danser, chanter, bouter,
Soublz vostre lies, a vostre bouche;
Et puis dormir sur une couche.
En blans draps, avec la fillete
Belle, douce & mignonete.
Et pourtant, par humble manyere,
Mectes la main a l'ammanyere,
Et nous regardes, par concorde,
Des gros yeulx de misericorde :
Voyla de quoy vous faictz requelle,
Dam Phlipot vous fera la queue.
Mais elcoutes, si vous poues:
Car il conuyent que vous oues,
Vous, frères par commandement,
Dont vouecy le commencement
Prions pour marchans de cheuaulx
:
Vendans vieulx cheuaulx & iumens,
Que sy ne sont trompeurs & faulx,
Combien qu'ilz facent de sermens,
La goute lestiennent en tourmens !
Ou la forte fleure quartaine,
Qui les tienne bien fermement,
Tout du long de la quarantaine !
Ou leur enuoye la bose a laine,
La chauldepiffe, ou la forte,
Afin qu'il n'en soyt de telle sorte.
Nous prirons pour ces gens d'eglise
Qui veulent femmes decepuoir,
Qu'on leur puisse soublz leur chemise
D'unes bonnes verges le cul sefer.
Pour ces bouchers a grosses lipes,
Prions qui puissent sans ares,
Estre de leurs plus hordes tripes
A merdes iusques a iarès.
Nous prirons pour muniers, munieres
Qui derobent sactz par les geulles,.
Qui puissent choir en leurs riuieres,
Ou qui trebuchent entre deux meules.
Nous prirons pour ces barbiers
Qui font la barbe a la moytie,
Qu'ilz ayent tous les yeulx creues,
Sans en auoir nule pitve.
Nous prirons pour femmes enceintes,
Que quant viendra a enfanter
Que leurs fruictz sortent sans contraillcles,
De leurs ventres, sans mal porter,
Aussy qu'ilz puissent enhorter
Leurs maris en telle malliere,
Qui leurs puissent le cul froter
Plustot deuant que par derriere.
Nous prirons singulièrement
Pour toute fille de village,
Que on puisse trouuer le moyen
Qu'elle soyt bientost a mariage.
D'un saq a chaulx & a charbon,
Et d'un gros marteau de cheron,
D'un buleteau a la farine;
Et de la pate d'un griffon
Ayes tous la bénédiction. Amen.
Notes qu'in diuerfo mondo
Quatuor ventus de modo
Facionlmyrabilia.
Bonnes gens, ie dis qu'il y a
Quatre vens de mode dyuerfe,
Qui chascun homme renuerfe,
Et font en ce monde merueille.
Et pour Dieu, que chascun s'cfueille,
Et n'entrons point en grandz argus :
On dit qu'il y a Zephyrus,
Eleos, Nodue, Boreas;
Mais ces quatre vens ne sont pas
Bien suffisans pour raporter
A ceulx que ie vous veulx conter:
La premiere est le vent du vin
Qui souuent soufle en chérubin ;
Et le second c'est des haultz vens
Des fiaiotz & haultz instrumens
Qui souuent font muer la cher,
Marcher, troter, glaser, glisser.
Le tiers est du vent de chemise,
Qui vault pirs que le vent de bile.
Le quart est le vent de derriere
Dont on se doit tirer arriere,
cause du vray sentement.
Dont en fin que mon fondement
Puisse secondement marcher,
le vous vouldray premyer toucher
:
Du plus souef vent de l'anee
C'est Bacus, Dieu de la vinee,
Qui s'aproprye a Zephyrus.
A, cela n'y a poinct d'abus,
;
Et ce vin tant plus est nouueau,
De tant plus atainct le cerueau
Ce vent est moytie froid & chault,
;
Y sifle, y souffle, y faict unsault
Au premier y semble qui tonne,
S'il n'a le passage a souhaict.
Il rend un homme de bon hect,
En sentant une odeur si bonne;
Il reconforte la personne.
Ce vent a plusieurs choffes duici:
Il engendre ioye & deduict,
Et olte la melancolye;
Il cause souuent qu'on s'alye,
Et qu'on faict enffans petis.
Il donne diuers apetis;
Y faict croistre bonnes humeurs,
Comme Zephyrus faict les fleurs,
Quant y soufle moderement.
Il aguise rentendement,
Quajit y faict les doulces virades.
Il reconforte les malades.
Homme n'est qui n'en soit trompe.
Il vous faict changer le vyaire,
,
Et faict troubler le lumvnaire.
Y faict ung homme sy hideulx,
Que d'une choffe on en voyt deulx.
Ung homme comme un celestin,
Y vous en faict un chérubin.
Y faict gens chanter, parler,
Saulter, triquer, tumber, baler,
Abatre un huys,rompre une porte,
Y semble qu'un diable l'emporte,
Tant efmeult un terible orage.
;
Se vent fait faire rouge rage
Sy une femme en est ferue,
;
La clef de son con est perdue
Car il abat, c'est choffe prompte,
La femme en bas, puys l'homme monte.
Exemple en auon bien auant :
Lo en fut frape de ce vent
Et en recuft tel pase auant
Qu'on le veist derriere & deuant;
Et telement il chancela
Que ces deulx filles racola.
Et tant d'aultres que c'efl merueille.
Et pourtant dont ie vous conseille
Ne prenes de ce vent qu'a poinct.
Et voyla pour mon premyer poinct
Qui touche de venins vinon.
L'autre vent c'est d'inftrumenton.
Oyez, bonnes deuotes gens,
Ce ventprocédé de haultz vens,
Lesquels n'ont poinct les sons hydeulx,
Mais tres doulx, tant qu'au moyen d'eulx,
Sont ieunes & vieulx refiouys.
Il auint un iour que i'oye
Se vent de flûtes & de lus,
Que i'aproprye a Deolus;
Puys ie m'en vins, pour chose lionnelle,
Tout droict en une grosse feste,
Ou tout chascun faifoyt merueille.
Se vent leursoufloit a l'horeille,
Et les faifoyt saillir en hault,
Faire un tour, un souplesault.
Iamais, dont i'aie souuenance,
Ne vis plus lourde contenance
Que se vent la leur faifoyt faire.
Un grand sot regardant l'afaire,
Les vist aller,puys recu ller,
Aucuns faifouent les bras branler.
L'un marche auant, l'autre s'auance
A.u loing; au meileu de la dance,
Se metoyt pour faire virades,
Bien montrouent qui n'eftouent malades,
Car pas n'auoyent este batus
De se vent ne de ses vertus.
Tout autant de gens qui toucha,
Chascun d'iceulx le cul haucha.
L'un soufloyt & suet de peine,
L'autre en estoyt hors d'alaine,
Chascun en estoyt boutisse.
S'il eust plus longuement soufle,
C'estoyt pour prendre la brigade
De ce vent qui faict celle aubade
Depuys l'entree iufqu'a l'issue,
;
Rend sy grand chaleur que on sue,
C'est un vent chault,envérité,
Plus que le soleil en elle.
Y vous faict efmouuoir les vaines,
Y faict suer entre deulx aines.
Ce vent est plaisant inftrunient,
Car y faict faire l'aiournement,
Et bref, il la coine, y me semble,
Faict metre homme & femme ensemble.
De nuict souuent y faict merueille:
Car ieunes filles y reueille,
Et sy les faict toute nuict estre
Pour escouter en la fenefire;
Y les faict sortir hors du lict,
Pour entendre mieulx le deduict,
!
Par quoy c'estmirabilia
Et pourtant ie dis qu'il y a
Quatre vens en ce monde ycy,
Dont voyela deulx, Dieu mercy !
Mais auant que soyonspartys,
Fron les deulx autres partys;
Les deulx aultres seront notes,
Bien deument & bien racomptes,
Comme nous auons de cou stume.
Et pourtant, en heure oportune,
Parleron du vent de chemifie,
Ausy froid que le vent de bife;
Car souuènt faict haper l'onglee,
Et faict la personne engelee
Qui s'en laisse fraper souuent;
Car y fault noter que ce vent
Premièrement frape au regard,
!
Et du regard, se Dieu me gard
Frape au cerueau & puys au coeur,
Et olle a l'homme sa rigueur,
Sa franchise & son industrie,
Et totalement le mestrie.
A tort & a trauers y rue,
Y faict l'homme courir en rue;
Et paler, en une saison, *
Centfoys deuant une maison.
Et s'une foys il 11e claquete,
Du moins il baiile la cliquete.
Ce vent souuent sans soy debatre,
Faict soudain ung homme d'embatre,
Fraper, crefmir. par fantaizie,
Prendre fieure par ialouzie;
Car quiconques en est soufle
D'engaigne en deuient. boursoufle,
Et n'a iour, ne nuict repos.
a tous propos.
Il est pensif
Sy cuide un petit sonmiler,
Ce vent vous le faicwreueiler
Et faire chafleaux en Espaigne.
Y se rapaise, y se rengaigne ;
Puys s'il espoir aucun delict,
Ce vent le soufle sus un lict,
Et hors de la maison l'emporte.
Wil ne peult sortir par la porte,
Y saulte, hors par la fenestre,
Et ne sauroit en nul lieux estre.
Y leconduict, y le pourmaine,
le
Et deuant quelque hostel mnine,
La ou il va compter le carreau,
En lieu de penser son cerueau.
Y menge des poyres d'engoyffe,
Y soufre tres mauuaife engoyffe,
En craignant duvent l'accident.
Y vous est tremblant dent a dent
Tant qui fault que par force ou loye,'3
Ce vent le faict chanter sans ioye.
Y va siflant auant le vent,
Y s'enongne & reuient souuent.
Y croquette du doy a l'huys,
Ou contre une fenestre, & puys,
Sy est nul qui le contreuerfe,
Y vient quelque un luy renuerfe
Un pot a piffer sur la teste.
Puys y iure, y se tempeste.
Le mal sur mal n'est pas sancte,
Le voyla quafy despite.
N'est pas une grand pitye,
Ainly n'y a nule amytie
A ce maudict vent de chemiffe,
Et sy a bien, quant ie m'auife.
Nonobstant ie dis qu'entre nous
Aucuns le trouvent sy tres doulx,
C'est quant il leur soufle au virage,
En faisant le pelerinagc,
-
Et le voyage Sainct Bezel,
On trouue la foys quelque efguet.
Tandy que se paffe l'orage,
Ce vent de chemise faict rage.
Pour finale eonclufion,
Tel ne dict ioy, mal, ne son,
;
Qui en peult bien estre frape
Virgille même en fut trompe,
Dauid & son fils Absalon,
Ariltote, le fort Sanson.
Sifion en fust circonfit,
Et bientolt apres on l'ocit;
Et pourtant n'en prenes qu'a poinct,
Etvoyela pour nostre aultre poincl.
De la derniere coJation,
Seigneur, pour resolution
De notre parlye derniere,
Toucheron un vent de derrierc,
Que i'aproprye a Boreas.
Ce vent soufle tousiours en bas,
Rendant souuent un bien lect ton;
Mais il reuient vers le menton,
Frapertout droit a la narine,
Sentent plus fort que poix resine,
Ce vent a deulx noms:
Procedant de bruyne espoisse.
pet & vesle.
L'aultrepetdonc n'a pas science,
le vous diray la différence.
Saches qu'il produict d'un eftroict
Bien chault & qui tire vers le froict,
Et quant froid & chault sont ensemble,
Volontiers tonne, se me semble.
Aussy, quant ce vent s'entonne,
Y semble proprement qu'il tonne,
Ou y resemble a la trompeté;
Adonc, dict on que ce vent pete.
Mais quant y soufle doulcement,
Sans rendre son aucunement,
On l'apelle le vent de vesse.
Sy ie nomme leur non, qu'en esle?
N Les parolles ne sentent pas.
Se nonobstant soyt hault ou bas,
Touches de ses deulx vens, penses
Qui sont tous deulx puans asses,
l'en eutz le sentement orains.
Ce vent procédé vers les rains
Tyrant deuers roye & cuyfi.
Entendes bien, il est ainsy
Que luy plain de layde bruyne,
En passant vient une ruyne
Et une pluye mout efpoueffe,
Et pour cela, boilnes gens, elle
Que sy puant sentiment.
Adont y soufle rudement,
Et s'efmeult un cruel orage,
Qui luy faiet faire rouge rage;
Mais la bruyne chet en bas,
Et cesse ainsy que Boreas.
Et pour ce dict on bien souuent
Petite pluye abat grant vent..
Ce vent est doulx, mais nonobstant
Il est sy fort et sy puant
Que nous en sommes bien tennes
Ausy tot qui nous frape au nés.
L'un en dict l'autre en crache.
si, &
Entendes, ie veulx bien c'on sache:
Sy soufle en bonne compaignye,
Chascun le faict, cha.scun le nye,
Et faict tirer les gens aYriere
Ausytot qui sort du deriere.
Sy soufle entre deulx amoureulx,
1
Chascun des deulx en est honteulx;
Sy soufle entre l'homme & la femme,
Y repute l'unl'autre infâme,
,
Et mesmement, sy s'est au lict,
;
Il empesche l'amoureulx delict
Car la femme sentant se vent
Ellongne son mari souuent,
Elle boute du premier sault
La teste hors, le bec en hault.
Et pourtant sy se vent sentes
Estoupes.vos nés, & notes
Que les quatre vens desus ditz
Sont dangereux, ie le vous dictz,
A sentir oultrageufement,
Et pourtant au commencement
De ceste prédication,
:
Ay prins pour ma fondation
Quatuor venlus de mondo
Facienl myrabilia.
le dis qu'm diuerso mondby
Quatre vens au monde il y a.
Ainsy vous serez qu'il y a
Quatre vens souflans a tousnés.
Gardes vous en, sy vous voules,
C'est cela que ie vous conseilles.
le vous en ay compte les merueilles
Et les maulx pour elles auenus.
le prie a Bacus & Venus
Que d'iceulx soyons absentes.
Finalement saultes, gousses,
Notes & retenes mes dis;
Que Dieu vous doinct son paradis!
FINIS.